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TERRASSEMENTS DIRECTEUR
D’OPÉRATION ROUTE
DES TAMARINS
Photo 1
Le tamarin, figure emblématique, Philippe Cappello
fait partie du patrimoine culturel de l’île DIRECTEUR
COMMERCIAL
The tamarind ("tamarin"), an emblematic figure,
is part of the island’s cultural heritage Stips SA
© Eiffage/Razel
a Route des Tamarins est sans doute ac- Cette route nationale est le principal axe structu-
Figure 2
Profil en travers type
à 2 x 2 voies
Typical two-lane
dual-carriageway
cross section
Figure 3
Extrait du profil
en long -
Zone de ravines
Excerpt from
the longitudinal
profile -
Ravine area
© Photomontage CR Réunion
TPC, du raccordement nord jusqu’à la RD10 ;
◆ d’une 2 x 2 voies, soit 2 x 7 m avec TPC, de la
RD10 au raccordement sud.
La Route des Tamarins se situant à flanc de mon-
tagne, le profil en travers est souvent en profil mix-
te (déblai côté montagne/remblai côté mer).
Le profil en long (figure 3) est coupé par de très
nombreuses ravines transversales, zones d’écou- Photo 2
lement vers l’océan des eaux pluviales provenant ◆ 23 ouvrages d’art non courants, jusqu’à 260 m Photomontage
des hauteurs de l’île. Rappelons que, même si la de long ; du viaduc sur Grande-Ravine
côte ouest est le secteur le moins pluvieux, la Ré- ◆ plus de 120 traversées de ravines. Photomontage
union détient tous les titres mondiaux de pluvio- of the viaduct over
Grande-Ravine
métrie entre douze heures et quinze jours. Planification des travaux
Ces ravines marquent profondément le socle ba-
saltique : par exemple la Grande Ravine a 200 m L’opération est envisagée en une seule section
de profondeur à son intersection avec le tracé, et fonctionnelle, sans phasage. Les travaux ont dé-
330 m de large (photo 2). Les ravines seront fran- buté en mai 2003, et l’ouverture de la Route des
chies soit, pour les plus petites, par des ouvrages Tamarins est prévue en 2008. A fin 2005, la plu-
hydrauliques (voûtes ou cadres), soit par des ou- part des marchés de travaux seront attribués.
vrages d’art non courants (OANC), soit par des via-
ducs exceptionnels (Ravines Trois-Bassins, Grande
Ravine, Ravine Fontaine), pour les plus importantes. ■ TERRASSEMENTS
Sur le secteur de Saint-Leu, compte tenu d’une pen- SUR TOARC 1/TOARC 2
te très forte du terrain naturel, les chaussées se-
ront en profil en long décalé (figure 4). La section 2 de la Route des Tamarins comprend
La Route des Tamarins compte sur son tracé : quatre lots TOARC à maîtrise d’œuvre Scetaurou-
◆ 9 diffuseurs ; te. Les lots TOARC 1 et TOARC 2, entre la Ravine
◆ 4 ponts exceptionnels, jusqu’à 750 m de long ; Saint-Gilles et la Ravine Fontaine, ont été attribués
◆ 3 tunnels ou tranchées couvertes ; au groupement Eiffage TP, agence Fougerolle Bal- ®
Figure 4
Profil en travers type
du secteur en profils en long
décalés
Typical cross section
of the sector in staggered
longitudinal profiles
© Eiffage/Razel
nuité du tracé à plus ou moins brève échéance.
Toutefois, dans la plupart des cas, le terrassement
s’achèvera avant la fin de construction des grands
ouvrages d’art ;
Photo 4 ◆ les pentes transversales du terrain naturel sont
Vue aérienne souvent très importantes. Par exemple, au sud du
des aires viaduc Trois-Bassins (RD9), la section courante pas-
de la Saline
se en profil déblai, avec une dénivelée de 42 m
Aerial view
of the Salina areas côté montagne et 33 m côté océan. Sur ces pentes,
les remblais sont systématiquement accrochés à
la pente par des redans réalisés en déblai (photo
4) ;
◆ le terrain naturel est souvent constellé de blocs
de rochers isolés, dont la stabilité sur pentes ne
tient généralement qu’à la présence de la végéta-
tion tropicale. Cette instabilité a par exemple conduit
à interdire le trafic des usagers sur la RD9 pendant
le temps nécessaire au dégagement des emprises
© Hervé Douris
Classification géotechnique
des matériaux rencontrés
© Hervé Douris
© Eiffage/Razel
phase 1 - Salina
area) Exécution des déblais/remblais -
ressources matériel
© Eiffage/Razel
◆ une diminution des stockages et des transports
de produits explosifs ;
◆ une suppression des manutentions sur le chan-
tier de produits explosifs ;
◆ une limitation des quantités produites journel-
® teau entre la métropole et la Réunion (trois à quatre
rotations par an) ;
lement aux seuls besoins locaux ;
◆ une diminution des risques de vols.
◆ aux capacités de stockage limitées du dépôt d’ex-
plosifs de l’île (25 t). Fabrication d’explosifs sur site
L’un des enjeux stratégiques du chantier est donc
de garantir la continuité de l’approvisionnement en Le nitrate d’ammonium (NA) conditionné en big bags
explosifs sur l’île. d’une tonne arrive par bateau spécifique (matières
C’est pourquoi l’entreprise Stips, sous-traitante du dangereuses classe 5-1) sur la commune du Port.
groupement a proposé, en relation avec différents Ces big bags sont stockés dans un bâtiment spé-
partenaires sociaux économiques de l’île (DRIRE, cifique chez l’importateur. Quotidiennement, en
entreprises, préfecture, maîtrise d’œuvre, maîtrise fonction de la quantité consommée, les produits
d’ouvrage…), de s’affranchir en grande partie de sont :
ces contraintes en proposant une solution tech- ◆ soit chargés directement dans la trémie de l’UM-
nique permettant la fabrication d’explosifs à partir FE (photo 9) ;
d’une unité mobile de fabrication d’explosif sur site ◆ soit livrés sur chantier (le remplissage de la tré-
(UMFE). mie UMFE s’effectuant dans ce cas sur chantier).
Cette unité permet de fabriquer sur chantier jus- Les cartouches amorces et les détonateurs élec-
qu’à 8 t d’explosifs de type nitrate fuel par jour. triques sont stockés au dépôt de la Hogue et Gue-
Pour éviter la pénurie en explosifs encartouchés, ze et transportés quotidiennement par Stips sur les
ceux-ci sont réservés à des usages nobles (car- zones de tir à bord de fourgons spécialement amé-
touches amorces pour initier la colonne d’explosifs nagés à cet effet.
fabriqués sur site). L’UMFE transporte séparément des produits non
Les intervenants associés à cette opération de dis- explosifs, puis les mélange selon un certain mode
tribution et de fabrication d’explosifs sont : opératoire et en certaines quantités sur le site de
◆ la société Nitrochimie : mise à disposition à la chargement du tir.
société Stips d’une UMFE ; L’UMFE est un camion 4 x 4 équipé d’une trémie
◆ La Hogue et Gueze : importation et stockage des contenant le nitrate d’ammonium (capacité 3 t),
explosifs encartouchés et artifices de mise à feu d’un réservoir de fuel et d’une vis sans fin de type
nécessaires à l’amorçage du nitrate fuel fabriqués Archimède.
sur site ; Le mélange nitrate d’ammonium/fuel s’effectue de
Organisation du minage
© Eiffage/Razel
et méthodologie de déroctage
à l’explosif
Contraintes environnementales
Conclusion
Figure 8
Principe Les objectifs conjugués du chantier sont :
de fonctionnement ◆ de réaliser le minage de ce chantier dans des
du Rocktec
Terminator RX500 conditions de qualité et de sécurité optimale ;
Operating principle
◆ de limiter les impacts des tirs sur les structures
of the Rocktec Terminator environnantes ;
RX500 ◆ d’obtenir pour les terrassiers dans ces matériaux
complexes une fragmentation acceptable et com-
patible avec la mise en remblais.
Dans un contexte complexe principalement lié à la
distance, l’insularité, et à la réglementation fran-
çaise sur les installations classées, l’utilisation de
nitrate fuel fabriqué sur site sur un chantier dont
la nature des matériaux est très hétérogène offre
une solution permettant de réaliser des tirs de bon-
ne qualité avec des rendements compatibles avec
® diamètre, équipées de compresseurs haute pres-
sion et haut débit :
une cadence de terrassement élevée.
la Route des Tamarins deux brise-roches à haute (deux par TOARC) espacés de 3,5 à 4 km le long
énergie (62 000 Nm) de type Terminator RX500 de de l’axe et positionnés de manière à rendre la cou-
la société Rocktec. Les bâtis de ces brise-roches verture parfaitement régulière sur l’ensemble des
sont portés par des pelles hydrauliques sur che- 14,5 km du chantier. Cette répartition assure
nilles de 45 t, de type Caterpillar 345, équipées en une distance maximum de 2 km entre tout point
attache rapide (photo 12). du chantier et la station de référence la plus proche.
Contrairement aux brise-roches hydrauliques conven- Tous les travaux de positionnement peuvent donc
tionnels, qui utilisent la force de pénétration dy- être réalisés conformément aux tolérances et aux
namique d’un pic, le Terminator exploite la chute précisions demandées.
libre d’une masse sur une sorte de pointerolle por- Ces pivots sont réalisés en "dur" suivant un dis-
tée par le bâti. Celui-ci est posé par l’opérateur sur positif mis au point et éprouvé sur de nombreux
le bloc à fractionner, le plus verticalement possible. chantiers. Les antennes et capteurs GPS les équi-
L’effort dynamique transmis à la roche par le mar- pant sont de type Leica SR530.
teau de 5 t en chute libre sur le marteau, d’une Une fréquence radio propre au chantier a été mise
hauteur de plus de 5 m, suffit en général à frac- en place afin d’éviter toute perturbation interne
tionner en un seul coup le bloc rocheux, même si et externe sur les transmissions des informa-
celui-ci est de dimensions métriques. La remontée tions entre les différents capteurs.
© Eiffage/Razel
de la masse est assurée par un système de vérin L’ensemble des travaux de topographie (polygona-
hydraulique à démultiplication (figure 8). Le rende- le secondaire, levés, implantations…) est réalisé
ment au fractionnement est ainsi très supérieur à par des GPS mobiles du type Leica 1230 univer-
celui des brise-roches hydrauliques conventionnels, sel. Présentant une meilleure fréquence d’actua-
et, pour l’environnement du chantier, le bruit gé- lisation de positionnement que le SR530, ces Photo 13
Station de référence fixe GPS (pivot)
néré par le Terminator est très inférieur au lanci- équipements sont particulièrement bien adaptés à
Fixed GPS reference station (pivot)
nant "Tacatac" de ceux-là. La frappe puissante et un travail rapide et fiable.
ciblée du Terminator peut être répétée toutes les Cette nouvelle génération de capteur GPS mobile
quatre à huit secondes. est également utilisée comme outil de localisation
Seule limite au système : le Terminator doit fonc- pour les dispositifs de guidage et d’asservissement
tionner le plus verticalement possible. Ce matériel D & PS (Driving Positionning System) pour les dif-
n’est donc pas adapté au dressement de talus ro- férentes opérations de réglage par bouteur et ni-
cheux par exemple. veleuse.
Rappelons que, outre le gain de temps notable,
l’utilisation d’un tel réseau présente l’intérêt de ga-
■ RÉSEAU GPS rantir l’homogénéité de l’ensemble des mesures
topographiques et des besoins de positionnement
Un réseau de stations GPS permanentes a pour du chantier, tout en éliminant les risques d’erreur
but d’assurer de façon continue et en temps réel liés au manque de cohérence des références et
tout besoin de positionnement centimétrique sur des techniques utilisées en mode traditionnel par
l’ensemble d’un chantier, pour la durée des travaux les divers intervenants sur le site.
et suivant des précisions adaptées aux différentes
activités.
Dans le cas d’un chantier linéaire, ce réseau est ■ LE SYSTÈME DPS
composé d’une série de pivots GPS (stations de
référence) répartis le long de la trace du projet, en Le système de guidage et d’asservissement 3D-
tenant compte de la topographie du site, de la pré- D & PS est de plus en plus utilisé sur les chan-
cision recherchée et des contraintes liées au sys- tiers de terrassement en métropole : la qualité et
tème GPS (figure 9). Ces pivots servent de point la précision des résultats obtenus en matière
de référence aux GPS mobiles utilisés en temps de réglage par bouteur et par niveleuse n’est plus
réel sur le chantier (topographie, guidage de ma- à prouver.
chine…) (photo 13). Rappelons que le guidage 3D repose sur la com-
Après avoir prouvé son efficacité et sa fiabilité sur paraison en temps réel de la position instantanée
plusieurs chantiers en métropole, Eiffage TP et Ra- de l’outil (lame de l’engin guidé) avec sa position
zel ont décidé de mettre en place un tel réseau de théorique définie par le projet. La position XYZ de
positionnement sur leur chantier de la Route des l’engin, connue avec précision dans le réseau GPS,
Tamarins. est comparée à la modélisation du projet. Un lo-
Le dispositif est constitué de quatre pivots GPS giciel embarqué permet de calculer les corrections ®
Travaux n° 825 • décembre 2005 59
TERRASSEMENTS