Chapitre 6
Le dipôle RC série
La différence de potentiel entre la base du nuage et le sol peut atteindre plusieurs gigavolts juste avant l’éclair : l’énergie
emmagasinée par ce système naturel est restituée lors de l’éclair. Un composant électrique, appelé condensateur,
emmagasine de l’énergie de la même manière…
1 – Les condensateurs
Un condensateur est un composant couramment utilisé dans des objets de la vie courante : générateurs
de tension, stimulateurs cardiaques, flash d’appareil photo, ordinateurs, etc…
D : diélectrique en céramique
E et E' : électrodes, armatures du condensateurs
M : métallisation connectant les électrodes entre
elles
S : soudure des connexions
C : connexions radiales
Le condensateur d’Aepinus, où le
diélectrique est l’air.
On représente symboliquement le condensateur par ses deux armatures. Relions un condensateur à une
pile : quand un électron arrive sur une armature, un autre électron quitte la deuxième armature, ce qui
implique que les deux armatures sont chargées et qu’il existe une différence de potentiel entre elles. Il
peut donc exister un courant électrique dans ce circuit, bien qu’il contienne un diélectrique (isolant
électrique) !
Ce phénomène est évidemment transitoire : lorsque le transfert d’énergie vers le condensateur est
terminé, l’intensité du courant s’annule, les armatures conservant une charge maximale.
qA qB
A B qA, qB en coulombs (C)
qA = – qB
Les charges portées par les deux armatures sont toujours égales et opposées : elles sont en influence, de
sorte que le composant électrique reste globalement neutre électriquement, bien qu’une différence de
potentiel puisse exister entre ses armatures.
L’intensité instantanée du courant à un instant de date to peut donc s’écrire par la limite
q (t ) q A (to )
i (to ) lim A
t to t to
soit, à un instant de date t quelconque (tout comme to), et par définition de la dérivée,
dq
i (t ) A
dt
Ainsi, dans le cas du condensateur, l’intensité s’exprime par la dérivée temporelle de la charge électrique
de l’armature A, avec la convention choisie pour l’orientation du courant ci-dessous.
qA qB
i A B
Vérifions que la convention choisie corresponde à la relation indiquée. On rappelle qu’en électricité, la
charge négative des électrons implique qu’ils se déplacent en sens inverse du sens indiqué pour le
courant i.
Quand le courant circule effectivement dans le sens choisi sur le schéma, l’intensité est
positive, les électrons de charge (–) s’accumulent en B donc sont évacués par A, qA(t)
dq A
augmente dans le temps, ce qui signifie que 0.
dt
Quand le courant circule en sens inverse du sens choisi, l’intensité est négative, les électrons
dq A
de charge (–) s’accumulent en A,qA(t) diminue au cours du temps et 0.
dt
I
A
1
On utilise pour cela un générateur idéal de courant
dans le montage ci-contre. Le condensateur utilisé u V
porte l’indication C = 5,0.10–6 F. L’intensité est
fixée à I = 15,0 µA.
Les résultats sont les suivants. Puisque l’intensité est ici constante et égale à I, on peut calculer la charge
dq
de l’armature A par la relation : qA = I × t étant donné que i (t ) A I q A (t ) I t
dt
1
On le réalise à l’aide d’un montage à amplificateur opérationnel, hors programme, que vous trouverez sur le texte de TP
n°5.
3
Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
u (V)
14
12
10
u = 3,0422 x t
8
R2 = 1
t (s)
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
qA (C)
0,00007
0,00006
0,00005
0,00004
qA = 5,10-6 x u
0,00003
R2 = 1
0 4
0 2 4 6 8 10 12 14
Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
La charge qA(t) d’un condensateur est proportionnelle à la tension entre ses bornes uAB(t). Le coefficient
de proportionnalité, noté C, est appelé capacité du condensateur et s’exprime en farads (F), en mémoire
du génial scientifique expérimentateur de l’électricité Michael Faraday (1791–1867). La capacité d’un
condensateur est une grandeur toujours positive.
C qA(t) = C × uAB(t)
i A B
qA en coulombs (C)
C en farads (F)
uAB uAB en volts (V)
ATTENTION : Cette relation n’est vérifiée que dans la convention concernant le sens réel du courant
dans le circuit et en convention récepteur pour la tension uAB.
o r S
C
e
109
o 8,85.10 12 m.kg.s 2 .C 2
9 4
C est exprimé en farad. Le farad est une très grande unité, dont on utilisera plutôt des sous-multiples
pour exprimer la capacité d'un condensateur : par exemple, le millifarad (mF), le micro farad (µF), le
nanofarad (nF) ou encore le picofarad (pF).
2 – Le dipôle RC série
2.1 – Les résultats expérimentaux
On considère la réponse d’un dipôle RC série à un échelon de tension montant ou descendant.
Expérimentalement, ceci s’obtient à l’aide d’un générateur idéal de tension et d’un interrupteur
inverseur.
u (V) u (V)
E E
Echelon montant Echelon descendant
t (s) t (s)
5
0 0
Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
uKA uAB
Les résultats sont les suivants : on observe un régime transitoire suivi d’un régime permanent.
Observer : RC.swf
uC
uC
E
Dipôle RC soumis à un échelon
descendant de tension
6
Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
R C
K i A B
uKA uAB
On peut également utiliser la méthode d’Euler pour résoudre numériquement l’équation différentielle.
La méthode d’Euler permet d’obtenir une valeur approchée d’une valeur d’une fonction en un point
lorsque la fonction elle-même n’est pas connue explicitement, mais en connaissant sa valeur en un autre
point et sa dérivée (ce qui est déjà beaucoup).
Elle permet alors également la construction d’une représentation graphique approchée de la fonction
étudiée.
Concrètement la méthode d’Euler repose sur l’utilisation de l’approximation affine de la
fonction : si f est dérivable sur un intervalle I, a et b des réels de I, b proche de a, alors :
donc si l’on connaît f(a) et f ’(a), alors on obtient ainsi une valeur approchée de f(b).
7
Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
Plus concrètement encore, plus b est proche de a, moins l’erreur commise sur f(b) est grande, ce
qui, connaissant f(a), conduit à l’idée d’obtenir f(b), b étant fixé, par une suite de valeurs intermédiaires
de f entre f(a) et f(b).
R C
K i A B
uKA uAB
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Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
du AB 1 u
u AB (t ) AB
dt RC RC
indique que RC doit être homogène à une durée. Ce produit τ = RC est appelé constante de temps du
dipôle RC série. Il s’exprime en secondes.
On considère généralement que le condensateur est complètement chargé ou déchargé au bout d’une
durée de l’ordre de 5 τ.
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Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
Io
i
t
0
– Io
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Physique – Terminale S Cours
Chapitre 6
R C
1 K i A B
uKA uAB
M
L’énergie potentielle de pesanteur gagnée par l’objet provient de l’énergie que le condensateur avait
emmagasinée. Un condensateur permet donc de stocker temporairement de l’énergie afin de la restituer.
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