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Corynébactéries

Cours 3ème année Pharmacie


Pr ag Cherifa CHAOUCH
Année universitaire 2016-2017

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Introduction
• Bacilles à Gram-positif, immobiles, droits ou incurvés avec des
renflements
• Disposition particulière en caractères chinois ou encore en
palissade
• Diverses espèces commensales sont décrites chez l'homme et
l'animal.
• La plus importante pour l'homme est C. diphtheriae ou bacille de
Klebs et Loeffler,
• D'autres espèces peuvent être opportunistes : C. urealyticum et C.
jeikeium.
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Corynebacterium diphteriae

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Introduction
• Espèce rencontrée uniquement chez l’homme

• Agent de la diphtérie: maladie toxinique associant


manifestation clinique liées au bacille et toxinique liés à la
production de toxine

• Maladie ré-émergente, hautement contagieuse

• Diphtérie= urgence diagnostique et thérapeutique

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Historique
• La diphtérie est connue depuis longtemps :
• Klebs, en 1883, décrit l'agent responsable, que Loeffler réussit à
cultiver en 1884.
• En 1888, Roux et Yersin démontrent le rôle de la toxine.
• En 1890, Behring découvre l'antitoxine et en 1923, Ramon produit
l'anatoxine.
• En 1970 enfin, est précisé le mécanisme moléculaire d'action de la
toxine.

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Caractères bactériologiques
Morphologie
• bacille à Gram positif, non ramifié, non sporulé, non
capsulé et immobile.

• Les bactéries se présentent souvent en forme de massue et


groupées en amas donnant des images en palissade, en
paquets d'épingles ou en lettres de l'alphabet.

• Facilement décolorés par l’alcool

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Caractères bactériologiques
Morphologie
• Certaines techniques de coloration (Del Vecchio ou
Ernst-Neisser) mettent en évidence des granulations
métachromatiques à l'intérieur des corps bactériens.

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Caractères bactériologiques
caractères culturaux

• C diphtheriae est une bactérie aéroanaérobie,

• exigeant la présence de nombreux facteurs de croissance (du

fer en particulier) et par conséquent nécessite des milieux

nutritifs enrichis de sérum, de sang, ou de sérum de bœuf

coagulé (milieu de Loeffler).

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Caractères bactériologiques
caractères culturaux

Les colonies obtenues en 24h


d’incubation à 37°C sont de petite
taille (1-2 mm) , hémolytiques,
crémeuses, lisse S (smooth), en
tâches de bougie.

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Caractères bactériologiques
caractères culturaux

Milieux sélectifs: contenant du


tellurite pour inhiber la culture des
germes commensaux (milieu de
Tinsdale ou milieu GHT). Les
colonies suspectes apparaissent
grises ou noires selon les types.

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Caractères bactériologiques
caractères biochimiques

• Des caractères biochimiques (catalase +, urée - , glucose +,

saccharose - , dextrine +, nitrate réductase +, H2S +)

distinguent le bacille diphtérique des autres corynebactéries.

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Caractères bactériologiques
caractères antigéniques
• antigènes O polyosidiques, communs à toutes les souches,
• antigènes protéiques de surface K, définissant des types
sérologiques (mais le sérotypage n'est pas standardisé et
est peu utilisé).
• Les anticorps éventuellement produits ne permettent pas
d'envisager de reconnaître l'infection en pratiquant un
sérodiagnostic.

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La toxine diphtérique
• exotoxine protéique de 62 kDa, sécrétée en croissance
exponentielle et inhibant la synthèse protéique des cellules de tous
les tissus de l’hôte infecté (toxine pantrope).
• On lui distingue 2 fragments A et B :
– le fragment B (38 kD) permet la fixation sur un récepteur cellulaire
– le fragment A (24 kD) est le support de l'activité toxique.

• La toxine diphtérique est codée par le gène tox porté par le


bactériophage ß. Seules, les souches lysogènes sont toxinogènes.

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La toxine diphtérique
• Après fixation de la toxine, le fragment
A, clivé par des enzymes membranaires,
libère dans le cytoplasme une activité
enzymatique (ADP riboxylase) qui, en
présence de NAD cellulaire, inhibe le
facteur d'élongation EF2 nécessaire à la
constitution des chaînes
polypeptidiques : les synthèses
protéiques de la cellule s'en trouvent
donc bloquées.
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La toxine diphtérique
• Le gène tox est inhibé par un répresseur chromosomique tox R qui
est actif en présence de fer.

• La toxine n'est donc produite que si la concentration du milieu en


fer est inférieure à 100 µg/l ce qui correspond bien aux conditions
de survie dans les sécrétions oro-pharyngée où le fer disponible est
en très faible quantité.

• (à noter : la croissance optimale de la bactérie nécessite cependant


des concentrations en fer plus élevées).

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La toxine diphtérique

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Immunité contre la diphtérie
• La toxine diphtérique est fortement antigènique et suscite des
anticorps spécifiques neutralisants protecteurs.

• L’ immunité anti-diphtérique est humorale. Elle est liée à la


production d’anticorps:
– (1) anticorps opsonisants les antigènes K qui facilitent l’adhésion des
bactéries aux cellules de l’oropharynx ; cette immunité est spécifiques
de type ;

– (2) les anticorps neutralisants la toxine qui sont protecteurs et


constituent la base du traitement (sérum anti-toxine) et de la
prévention (vaccination) de la diphtérie. 17
Pouvoir pathogène

• La diphtérie est une toxi-infection qui se manifeste par des


lésions locales dues à une colonisation des tissus par la
bactérie et à des manifestations générales à distance dues à
l'action de la toxine.

• Maladie à déclaration obligatoire

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Pouvoir pathogène
1. La forme typique est une angine

pseudomembraneuse caractérisée

par la formation sur l'amygdale et

la luette d'un enduit blanchâtre,

extensif, cohérent et adhérent avec

adénopathies satellites.

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Pouvoir pathogène

2. Il existe d'autres localisations de la diphtérie


dont la plus connue est la diphtérie laryngée
ou croup avec le risque d'asphyxie, par
obstruction des voies respiratoires, qui peut
être mortelle.

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Pouvoir pathogène
3. Dans les formes sévères, il existe en outre des manifestations
toxiniques donnant lieu précocement ou secondairement à
– des paralysies vélo-palatines avec troubles de la phonation,

– des polynévrites des membres

– une myocardite survenant chez 10% des patients avec troubles du


rythme, hypotension et collapsus. Cette myocardite entraîne une
mortalité par collapsus (30%) au cours de la 1ère semaine, avec risque
de mort subite imprévisible pendant la convalescence.

– des troubles rénaux et digestifs ainsi que des hémorragies.

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Pouvoir pathogène
4. Parmi les formes atypiques de diphtérie, il existe des formes
nasales, des formes cutanées et des formes génitales, oculaires ou
auriculaires. Ces formes atypiques sont de diagnostic difficile et
sans signes toxiques.
5. Formes invasives de l’immunodéprimé
C. diphtheriae peut parfois chez certains patients
immunodéprimés (toxicomanes, malnutris, alcooliques) se
comporter comme une bactérie opportuniste : septicémies,
endocardites, arthrites. Les souches isolées de C. diphtheriae sont
peu ou pas toxinogènes. La mortalité peut atteindre 30%.

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Epidémiologie de la diphtérie
• La diphtérie est une maladie strictement humaine sans portage
animal ni survie dans l’environnement.
• La contagion est donc exclusivement interhumaine.
• La maladie a totalement disparu des pays développés où la
vaccination systématique des enfants a été rendue obligatoire.
• La diphtérie est une maladie très répandue dans le Tiers-Monde.
elle atteint surtout les enfants 3-6 ans avec une mortalité de 5-10%.
Chaque année, de nombreuse épidémies sont déclarées en Asie,
Afrique et Amérique Latine.

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Maladie à déclaration obligatoire
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Diagnostic bactériologique
• C’est un examen d’urgence

• Il faut y penser devant toute angine à fausse membrane

• Diagnostic direct, nécessitant la mise en évidence d'une souche


toxinogène de Corynebacterium

• Diagnostic délicat du fait de la fréquente présence dans


l’oropharynx et sur la peau, de corynébactéries commensales,
proches de C diphtheriae telles que C. haemolyticus, C.
xerosis ou C. pseudodiphtheriticum.

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Diagnostic bactériologique
Prélèvements:

• Prélèvement de gorge

• pharyngé, nasal, cutané ou autre se fait par écouvillonnage


des lésions

• Acheminement rapide au laboratoire

Examen microscopique

• A l’examen direct, les fausses membranes apparaissent


comme un tapis de polynucléaires avec de nombreuses
bactéries à Gram positif dont la morphologie et la
disposition sont évocatrices.

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Diagnostic bactériologique
Culture
• milieu de Loeffler
• Gélose au sang, GSNa
• milieu sélectif contenant du tellurite pour inhiber la culture des
germes commensaux (milieu de Tinsdale ou milieu GHT)
Identification
• ED, catalase, galeries miniaturisées
( API coryné, carte vitek )

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Diagnostic bactériologique
Mise en évidence de la production de toxine:
• Inoculer à un cobaye une suspension de la souche isolée pour
observer à l'autopsie les lésions caractéristiques.
• On peut aussi effectuer la recherche de la toxine par une réaction
d'immunoprécipitation en milieu gélosé en présence d'un sérum
antitoxique spécifique (test d'Elek).
• Mis en évidence du gène
de la toxine diphtérique par PCR

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Traitement
• Le diagnostic biologique de certitude demande plusieurs jours et il
est préférable de commencer le traitement dès que le diagnostic
est suspecté.

• Le traitement curatif repose sur:


– la sérothérapie antidiphtérique qui doit être instituée rapidement car
l'antitoxine n'a plus d'effets quand la toxine s'est fixée sur les cellules.

– une antibiothérapie par pénicilline ou érythromycine pour détruire la


source de toxine.

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Prophylaxie
Vaccination

• Le traitement préventif repose sur la vaccination par l'anatoxine,


obligatoire en Tunisie dans le courant de la première année.
• Elle nécessite 3 injections sous cutanées avec rappel après un an puis tous
les cinq ans.
• Elle est presque toujours associée (vaccinations antitétanique,
antipoliomyélitique, anticoquelucheuse...)
• Elle a permis l’éradication complète de la maladie dans les pays où elle a
été appliquée systématiquement.

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