Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
BIBLIOTHEEKGENT
111946
MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE.
ANTOINE (de Ro*ill«), professeur a [Institut agri- LECLERC-TnOl'IN (Oscar), ces Soc. d'agricul- -
cola de Ro ille (Meorlhe). tnre et d'horticulture.
Al DOUN, professeur su Muséum d'histoire natu- I.OISELEUB DES LOVGCBAMPS, dea Soe. d'à-
relie, membre de la Société centrale d'agriculture. gricu ture et d'horticulture.
BERLEZE (l'albé), des Soc. d'agriculture et d'hor MACABEL. conseiller d'état, professeur de dro t
ticulture. administratif, des Soc. d*borlicultuie et d'encoura
BIEIIHAKI, prnpri t. -cultivât., ancien ministre de gement.
l'intérieur en Pologne. MALhPEYBE (L. ), avocat è la Cour royale de
RIXIO (Aleaaudre), docteur en médecine. Paris.
BONIFOL9, directeur dn Jardin holanique de MASSON FOl'B, ex professeur t l'éeo'e forestière
Turin, correspondant de l'Institut, de la Société de Nancy, directeur du Jour al cfe^ iculture pra
d'agriculture, liyue.
CHAPELAIN Octave de), propriét -cultiv. dans la MICII AIT, correspondant de l'Institut, de la Soc.
Lozère. d'agriculture.
DAILI.Y, propriét. -cul Ht. à Trappes (Seine -et- MIBBEL. de l'Académie dea Science-, de la Soc
Oise'. des Sociétés d'agriculture et d'horticulture d'agriculture profeaaeur au Muséum d'histoire na
de Paria et de Versailles. turelle.
DEBONNAIRE DE GIF, eona. d'état, de la Soc. MOI, A HI>, de l'Acad. dea Sciences et de la Soc.
d'agriculture. d'kgricultnre.
DEBY, propriét. -cultiv. dans le Loir-et-Cher, de la MOI.I., professeur a l'institut agricole de Roville.
Soc. d'agi icult ure. IlOHIN DE SAINTE-COLOMBE, des Soc. d'à
DESJOBEBT&, député, cultiv. * Riiui (Seine-In gricultiire el d'Ijot tieultnre.
férieure). NOIBOT de Dijon), anteur de plusieurs ouvrages
DUPIN (Charles), député, président de l'Académie d'agriculture forestière.
des Srienci-a profeaaeur an Conservatoire desarta NOIKOT-BONNET, géomètre forestier à Langres
et métier*, etc. (Haute-Marne).
FEBUUIEB. dea Soc. d'agriculture et d*h rUeallure ODART (le comte), président de la section d'agri
de Paris et de Versaiilea. culture de la Soc. d agriculture de Tours, proprié
GASPABIN (de), sous secrétaire d'état de l'inté taire agronome dans Indre et-Loire.
rieur, de la Soc. d'agriculture, etc. ODOI A M Dl S NOS. auteur di plusieurs ouvra
GIR4IW), de l'Acad. dea Sciences, de la Soc. d'a- ges sur les arts industriels et agricoles.
sricultae. PAiEV, manufacturier-chimiste, des Soc. d'agricul
Glll WIDIV (Emile de), député, fondateur de l'ins ture d'horticulture et d'encouragr ment.
titut statuai de Coéibo- POITEAL', dea Soc. d'agrirulluie et d'horticulture,
GOLBI.IER, architecte des Travail» Publics de Pa auteur du Ion Jarilt»trr,r\c..
ris, de la Soc. d'encouragement, etc. POLONCEAU, inspecteur divisionnaire des ponts et
GUYOT (Jules), docteur en médecine i Gyé-fur- chaussées, des Soc. d'agriculture, d'horticulture et
Seine Aute). d'encouragement
IIH! IC A UT DE TBDRY (v comte), de l'Acadmie POMMIEH, directeur de \'Etho du hallet el ma -
des sciences, président des Soc. d'agriculture et rh*t.
d'ho'ticullure. PLVIS, président de Soc d'sgricultnre de l'Ain.
IIERPIN, propriét. -cultiv. dana l'Indre, de la Suc. RAMBIJTEAU (de), député, conseiller d'état, prér. t
d'agiirulture. de la Stine, président de Soc. d'.igriciillnre.
UO.Y1BIIKS-F1BMAS ( e ha on d*. , correspondant RIVIÈRE (baron de), propriét..cultiv. dans la Ca
de l'Institut et de la Soc. royale et centrale d'a margue, correspondsnf de la Soc. d'agriculture.
griculture, propriétaire agronome d.tns le Gard, etc. 80l'LANGE-BO";)IN, des Soc. d'agriculture, d'hor
111 l IVNi: Dr. l'OMMEUSE, des Suc. d'agriculture, ticulture et d'encouragement, fondateur de l'ins
d'horticulture et d'encouragement. titut horticole de Fromont (Seine-et-Oi«e)
nUZAItl) père de l'Académie des Sciencea, archv. SYLVESTBE (baron de), de l'Académie des Scien
de la Soc. d'ag iculture, inspecteur des écoles vé ce», secrétaire perpétuel de la Soc. d'agricul
térinaires de France. ture.
HLZ4BO Gis, des Soc. d'agriculture, d'horticulture TESSIEB, de l'Acad. dea Sciences et de la Soc.
e d'encouragement. d'agriculture.
JAl.IIK-SAIM-IIII.AIHF, de la Soc. d'agricul TUBI'IN de l'Acad. des Sciencea et de la Soc.
ture, auteur de la Flore et de la Pomone Fran - d'horticulture.
fi***. VILMORIN, des S.*, d'agriculture et d'horticul
LABBE, de» Soc. d'agriculture et d'horticulture. ture, propriét. -cultiv. ans Barres (Loiret), etc.
LADOUCETTE, député, dea Soc. d'agriculture, YIREY, député, de la Soc. d'agricult re, etc.
d'horticulture e. d'eocour.igement. YVABT, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort,
LASSAIGNE, professeur à l'école vétérinaire d'Al- de 1 1 Soc. d'ugricL'Iture.
fort. YIJrVG, rédaccui du l.uilctin de* eeiencet agric du
LEBLANC, professeur au Conservatoire des arts et et de l'Agronome.
métiers.
Tous les articles de la Maison Rmtique sont signés de l'un de ces nom*.
DU XIX- SIÈCLE.
oomnn
LIS MEILLEURES MÉTHODES DE CULTURE USITÉES PARTICULIÈREMENT EN FRANCE, EN ANGLETERRE,
EN ALLEMAGNE ET EN FLANDRE; — TOUS LES BONS PROCÉDÉS PRATIQUES PROPRES A GUIPEB
LE PETIT CULTIVATEUR , LE FERMIER , LE RÉGISSEUR ET LE PROPRIÉTAIRE, DANS l'eXPLOITA-
TION D'UN DOMAINE RURAL; — LES PRINCIPES GÉNÉRAUX d'AGRICULTURE , LA CULTURE DE
TOUTES LES PLANTES UTILES; — L'ÉDUCATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES, L'ART VÉTÉRINAIRE,
— LA DESCRIPTION DE TOUS LES ARTS AGRICOLES; — LES INSTRUMBNS ET BATIMBNS RURAUX; —
L'ENTRETIEN BT L'EXPLOITATION DES VIGNES, DES ARBRES FRUITIERS, DBS BOI4 ET FORÊTS, DES
ÉTANGS, ETC.; — L'ÉCONOMIE, L'ORGANISATION ET LA DIRECTION D'UNB ADMINISTRATION BU
BALE; ENFIN LA LÉGISLATION APPLIQUÉE A l'aCRICULTURB ;
mwih
PAR DES TABLES MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE,
PAR LA LUT» DU HOC»»» BTCCLL» DU 1UEVIATIOIS ET ODY1AGM CITÉ»;
(Cours ér<m«nf«ir<, eonLofrf tl mttfobtqut
D'ÉCONOMIE RURALE,
AYEC PLUS DE 2000 FIGURES REPRESENTANT TOUS LES INSTRUMENS, MACHINES, APPAREILS,
RACES D'ANIMAUX, ARBRES, ARBUSTES ET PLANTES, BATIMENS RURAUX, ETC.,
Ra'diga <i profoua
Par une réunion d'Agronome» et de Praticiens appartenant aux Société, agricole* de Franoe,
•OH la •■■■enoa
0* M. MlaLrptjne aine,
De la leelaM caatrale d'Ajricullura.
TOME TROISIÈME.
ARTS AGRICOLES.
M DCCC XXAV1.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME
La laiterie est le lieu où l'on dépose le lait Les produits de la laiterie pouvant subir
après qu'il a été extrait des mamelles de la diverses transformations, c'est au fermier à
vache, soit pour le conserver pendant quel- calculer sous laquelle d'entre elles il est le
3ue temps, soit pour obtenir la séparation plus avantageux pour lui de les débiter. Les
es divers principes qui le composent, et les profits qu'il en retire, sous telle ou telle for
transformer en beurre, eu fromage, ou en me, dépendent en grande partie de son acti
quelques autres produits propres a la nour vité, de son industrielle la nature et surtout
riture des hommes ou des animaux. de la situation de son établissement agricole.
Les travaux de la laiterie sonl les plus agréa Ainsi, les fermiers qui résident près des vil
bles et en même temps peut-être les plus pro les trouvent tort avantageux d'y envoyer
fitables parmi tous ceux de l'agriculture. Le vendre leur lait en nature ou la crème qu'ils
lait forme en effet, tant en nature que_par en retirent; ceux qui sont plus éloignés des
les autres produits qu'on en relire, un des villes et qui ne peuvent régulièrement s'y
principaux alimens de la famille; sa vente à rendre plus d'une ou deux fois par .semaine
l'état frais, ou sous celui de beurre ou de tirent plus de profit de leur lait en le con
fromage, est toujours prompte et facile, et vertissant en beurre on en fromages frai»,
fournit des bénéfices presque journaliers qui comme on le fait àlsigny.a Gournay, à Neuf-
permettent de pourvoir en grande partie aux chalel,etc.Enfin,les cultivateurs qui,par suite
Desoins du ménage agricole. de leur éloignement des centres deconsoin-
AGRICULTURE. III - »
ARTS AGRICOLES : LAITERIE. LIV. IV.
■nation, de la difficulté des transports, du bien d'une glacière, ou d'un puits. On l'éloi-
mauvais état des routes, fréquentent rare niera généralement de tout ce qui exhale
ment les villes, les foires ou les marchés, ont des vapeurs ou des miasmes insalubres. En
intérêt à transformer leur laitage en produits pays de montagnes, comme dans le Mont-
qui puissentétre de garde et voyager au loin, d'Or, le Cantal, l'Aveyron et la Suisse, on
tels que le beurre fondu ou sale, comme cela la creuse quelquefois dans le roc quand
se fait en Bretagne, et les fromages, ainsi il est sec et de nature convenable. En
que nous le voyons dans une multitude de fin, quand toutes ces conditions ne se ren
lieux divers de la France et des pays étran contrent pas, on la place sous les bâtimens
gers. Il y a aussi des circonstances où il est de la ferme, dans la partie la plus propre,
plus profitable de faire consommer dans la sous celle qui sert d'habitation, afin de pou
ferme tous les produits de la laiterie. voir y exercer une surveillance très-active.
On peut distinguer trois sortes de laiteries, L'exposition au nord parait être la plus
suivant la destination qu'on donne à cet éta favorable ; celle au nord-ouest est également
blissement, savoir : 1° la laiterie à lait; 2° la bonne, ou au moins la laiterie doit avoir vers
laiterie à beurre; 3° la laiterie à fromage. ces expositions une de ses faces percée d'ou
Cette distinction est tout arbitraire , puis vertures pour qu'on puisse y admettre un
qu'on fait souvent du beurre dans les laite courant d'air dans ces directions. Autant
ries où l'on conserve et débite du lait frais, et que possible, elle sera ombragée du côté du
qu'il n'est pas rare de voir fabriquer du beurre midi. Ce qu'il importe c'est que cette salle
et du fromage dans le même établissement ; soit sèche, bien aérée, à l'abri des grandes
mais elle sert à faire saisir plus nettement les chaleurs en été, et des vents froids et violens
travaux qui sont propres à chacune de ces en hiver.
branches distinctes de la laiterie. Leplan en est bien simple ; c'est une salle
carrée ou mieux en carré long, ayant une
Section i™. — Laiterie à lait. porte d'un côté et deux ouvertures opposées
pour renouveler l'air. A cette salle est atte
§ l°r. — Construction de la laiterie. nante une autre pièce sans communication
directe avec la première et quelquefois un
La laiterie à lait est celle qui sert uni simple appentis où se font la plupart des
quement à conserver ce liquide pendant manipulations et des travaux de propreté, et
plus ou moins de temps et à y recueillir qu'on nomme le lavoir ou échaudoir.
la crème pour les débiter ou les consom L'étendue dépend de la grandeur de l'ex
mer journellement. ploitation et de la quantité de produits qu'on
L'établissement d'une pareille laiterie est veut y déposer. Dans tous les cas, il est avan
fort simple, et ce n'est souvent qu'une cham tageux que la laiterie soit spacieuse, ainsi
bre, une cave, ou une pièce fraîche dans la qu'on le pratique généralement en Hollande,
quelle on dépose le lait après la traite jus parce qu'il est plus aisé d'y renouveler l'air,
qu'à ce qu'il soit livré à la consommation. de la sécher complètement, qu'elle est plus
Néanmoins, comme nous la considérons ici salubre, et qu'il n'est pas nécessaire alors de
comme le premier degré d'un établissement mettre les vases ù lait les uns sur les autres,
agricole étendu, où l'on fabrique tous les pro comme on le pratique à tort quelquefois.
duits divers qu'on peut retirer du laitage,nous Marshal assigne à une laiterie où 1 on dé
entrerons dans tous les détails nécessaires pose le lait de quarante vaches, 20 pieds de
à la formation et à la direction d'une grande longueur sur 16 de largeur, et ajoute que
exploitation de ce genre, chacun pouvant, 40 pieds sur 30 suffisent pour une laiterie de
suivant le besoin ou la localité, modifier les cent vaches. Dans quelques pays on com
dispositions , les plans ou les travaux que pose la laiterie de plusieurs petites pièces
nous allons faire connaître. contiguës ; dans d autres, comme clans la
Dans l'établissement d'une laiterie il faut vallée d'Auge (Calvados) , on ne lui donne
avoir égprd & plusieurs considérations qui pas plus de 5 pieds d'élévation; mais ces dis-
ont une influence très-marquée sur la con Îiositions ne sont pas convenables, en ce que
servation et la perfection des produits, et es unes nuisent a la salubrité de la laiterie
par conséquent sur les profits qu'on en retire. et les autres à la propreté, à la célérité
La convenance de la situation est la pre des travaux, et ne permettent pas d'établir
mière chose qu'il faut envisager avant <fen promptement une température égale et fixe.
treprendre une construction de ce genre. En La construction. Une bonne laiterie devant
effet, si cette laiterie est mal exposée, si être à quelque profondeur au-dessous du ni
elle est située dans un lieu incommode, d'un veau du terrain extérieur, afin d'être fraîche
accès difficile pour les hommes et les ani en été et chaude en hiver, c'est la nature du
maux, trop loin des bâtimens d'exploitation terrain qui déterminera la profondeur à la
ou d'habitation, ou dans un endroit insa quelle on doit la construire. Celle qui est re
lubre, etc., non seulement on perd beaucoup présentée en tête de cet article (fîg.ï), et qui
de temps dans les travaux, mais encore rien se trouve à la belle Ferme anglaise de Billan
ne marche convenablement et les produits court, près le pont de Sèvres, nous a paru un
qu'on obtient sont de médiocre qualité. bon modèle à offrir. Dans un terrain sec, sa
L'emplacement est le deuxième objet qu'il blonneux, on l'enfonce quelquefois au-des
faut prendre en considération. La laiterie sous du niveau du sol, quoique cette mé
doit, autant que possible, être située dans thode présente quelques difficultés pour la
l'endroit le plus tranquille et le plus ombragé ventilation et surtout pour l'écoulement
de la ferme, près d'une petite rivière, d'un des eaux; dans un terrain humide et su
misscau, d'une source, d'une fontaine ou | jet aux infiltrations, il faut au contraire la
INTÉRIEUR DE LA. LAITERIE A LAIT.
sortir en partie de terre, pour ne pas l'ex Fig. 2.
poser à une trop grande humidité. La for
me la plus avantageuse est celle d'une salle
voûtée en plein cintre qu'on recouvre d'un
toit en planches, en ardoises, en tuiles ou
en chaume, quand elle n'est pas surmon
tée par d'autres bàtimcns. La hauteur de la
voûte sous clef doit être de 2 met. 5 à 3 met.
Les /m/rjr et la voûte sont construits en moel \ -Ri- ^3>
lons de pierre calcaire ou autre, ou en bri
ques bien cimentées. Dans les terrains humi 1 3Î
des on fera usage de chaux hydraulique pour ^ i«
n •--i 30. i=4r
le mortier. L'intérieur des murs est revêtu
d'un crépi de plâtre ou de ciment bien uni
que l'on blanchit à la chaux. Dans les laiteries
de luxe ces murs au-dessus des banquettes
sont revêtus en marbre; on peut remplacer
ce revêlement par des plaques de faïence,
qui sont bien moins dispendieuses et d'une
propreté fort agréable.
Le plancher, qui doit être légèrement en
pente pour faciliter l'écoulement des eaux,
est un bon pavage au ciment, ou bien un car
relage en briques ou en carreaux sur mortier,
ou, ce qui vaut beaucoup mieux, un dallage verses hauteurs dons ses parois, et fermées
en pierres dures polies ou en marbre com par des châssis à vitres mobiles, permettent
mun, comme on en voit en Hollande ; le tout d'y établir des courans d'air dans ses diffé
également posé sur ciment et mastiqué dans rentes couches. B est la porte placée du côte
les joints avec du ciment romain. Sur ce dal du uord; e une auge en pierre qui entoure
lage on ménage des rigoles qui conduisent toute la chambre, dans laquelle circule
toutes les eaux de lavage au dehors ou dans un courant d'eau fraîche, et qui sert à re
des gargouilles qui se ferment hermétique- froidir le lait en y plongeant les vases qui le
ment.Telles sont les laiteries du pays de Bray contiennent, ou à maintenir la température
(Seine-Inférieure), si renommé pour la déli basse de la laiterie.Tout autour de cette salle
catesse de ses beurres. Ce sont des caves voû régnent plusieurs ran^s de tablettes. lien est
tées, fraîches, sèches et profondes, où le lai de même dans les passages. C'est la salle
tage est à l'abri des variations brusques de qui sert de lavoir ou échaudoir pour les usten-
température et des effets de la chaleur, du siles.Elle est garnie d'une cheminée dans un
froid et des vents violens. des angles sur laquelle est une chaudière
Les ouvertures qu'on doit ménager dans en fonte; d'une pierre d'évier dans l'autre
une laiterie sont une porte, autant que pos angle, de tablettes et de tables pour dé
sible placée au nord, ou au moins au nord- poser les vases propres et les outils. F est
ouest ou au nord-est , et 2 fenêtresd'un demi- une porte de communication bien close en
mètre carré environ de surface, situées, soit tre la laiterie et le lavoir; elle est surtout
des deux côtés de la porte, soit dans 2 faces utile l'été et l'hiver, parce qu'on n'est pas
opposées du bâtiment. Elles servent à renou obligé pour entrer d'ouvrir la porte B. La
veler l'air, assainir et sécher la laiterie, et en fenêtre en vitrage intérieure c correspond à
même temps procurent la clarté nécessaire celle extérieure g, et toutes deux sont a châs
pour les travaux, les soins de propreté et la sis dormant i est un vasistas qui ouvre et
recherche des insectes, des araignées, des ferme toute communication entre l'air exté
limaces, etc. rieur et l'intérieur de la laiterie, et qui sert
Un autre plan a été proposé parle docteur à l'aérer; nn des ouvertures qu'on ferme ou
Anderson, lorsqu'on ne peut pas construire qu'on ouvre à volonté pour établir un cou
une laiterie souterraine. Nous en donnons le rant d'air dans les passages, afin d'élever ou
p\an_fig. 2 d'après le dessin qu'a bien voulu d'abaisser la température, ou renouveler l'air.
nous communiquer M. de Valcourt. Il con § II. — Disposition intérieure de la laiterie.
seille, dans ce cas, d'établir la laiterie sur un
terrain sec, de la manière suivante : A est la Les dispositions intérieures d'une laiterie
laiterie: elle est environnée de passages qui jouent également un rôle important dans la
forment ainsi une double enceinte dont les bonne direction de cette industrie agricole.
murs sont construits en pierres, en briques, Nous allons faire connaître les meilleures.
ou en pans de bois enduits de plâtre ou de La porte d'une laiterie doit fermer hermé
mortier des deux côtés. Le toit est également tiquement, afin que l'air extérieur ne puisse
double : le supérieur est en tuiles ou en ar y pénétrer. Quand on ne peut pas salisfaird
doises -, l'intérieur est un bon plafond enduit, à cette condition, ou quand cette porte n'a
ainsi que l'autre, d'un crépi de plâtre fin. pu être placée au nord, ou enfin lorsqu'on
Os toits sont surmontés d une cheminée d désire une clôture plus parfaite, on doit faire
faisant fonction de ventilateur au moyen du la porte double. Dans le haut, on pratique
vasistas dont elle est munie. Ce ventilateur une ouverture qui se ferme avec un volet
est recouvert par un petit toit contre la pluie. qu'on tient ordinairement clos, mais qu'on
Le sol de la laiterie est plus élevé que celui peut ouvrir, soit pour aérer ou sécher la lai
de* passages: des ouvertures placées à di- terie, soit pour élever ou abaisser la tempé
ARTS AGRICOLES : LAITERIE. LIT. IV.
rature pendant le jour, soit enfin pour profi renommé par l'excellence du beurre qu'on y
ter de la fraîcheur des nuits en été, pour fabrique.
rafraîchir la salle dans cette saison. Quand Quelques tablettes en bois ou des rayons
on ouvre le volet on place sur l'ouverture, sont établis souvent au-dessus des banquettes
ou même on peut laisser à demeure, un châs pour déposer les vases vides et propres, et
sis sur lequel est tendu un canevas ou treillis, quelques autres ustensiles; nous pensons que
ou mieux une toile en fils métalliques, à ■ces tablettes sont mieux placées dans le lavoir,
mailles serrées, pour empêcher l'introduc si on veut éviter qu'en pourrissant elles ne
tion des mouches ou autres insectes. Si l'on donnent à la laiterie une odeur de moisi, et
a placé un canevas , il faut mettre devant et quelques accidens assez fréquens dans les
extérieurement un grillage en fer qui écarte laiteries où règne de l'activité.
ïes chats, les rats et les souris, qui perceraien t L'eau étant une chose indispensable dans
le canevas. une laiterie, il faut faire toutes les disposi
Lesfenêtres sont garnies de châssis à vitres tions utiles pour s'en procurer. Cette eau,
fermant également bien , et sur les carreaux autant que possible, doit être abondante, afin
desquels on colle des papiers huilés pour de faire de fréquens et copieux lavages ;
détruire l'impression trop vive de la lumière. pure , pour ne pas déposer en s'évaporant
Ces châssis peuvent encore être défendus des matières fermentescibles; et fraîche, afin
par des volets qu'on ferme en hiver, et qu'on d'opérer, en été, par son simple écoulement,
recouvre même de paillassons dans les jours un abaissement de la température dans la
très-froids ou humides. Au printemps et en laiterie. Dans les chalets delà Suisse et dans
été on enlève les voletset les châssis, et on les d'autres pays de montagnes, où les filets
remplace par des persiennes ou des jalou d'eau sont nombreux, on les fait passer au
sies en lattes, qu'on ferme au moment le plus milieu de la laiterie. Dans tous les lieux où
chaud du jour, et devant lesquelles on établit l'on pourra disposer d'une eau courante, on
un canevas et un grillage , ou mieux un devra la diriger de manière à ce qu'elle
cadre sur lequel est tendue une toile métal puisse couler a volonté sur le plancher
lique. C'est ainsi qu'on éloigne les animaux même de la laiterie. Dans tous les autres en
malfaisans, et qu'on établit ou entretient à droits, on aura des réservoirs qu'on rem
. volonté une douce ventilation, tout en inter plira d'eau par le moyen le plus économi
disant l'accès aux rayons solaires. que, et qu'on placera de manière à ce que
Des tables ou banquettes garnissent tout le le liquide s'y maintienne, même pendant les
pourtour de la laiterie; c'est sur elles qu'on temps chauds, à une basse température.
dépose les terrines ou les vases qui contien Cette eau doit être distribuée dans toute l'é
nent la crème et le lait. Ces tables sont quel tendue de la laiterie par un ou plusieurs
quefois en chêne, en frêne ou en orme, et ont tuyaux qui rampent dans tout son pourtour
au moins 1 décim. (4 pouces) d'épaisseur.Elles au-dessus des banquettes, et qui s'ouvrent
doivent être polies et varlopees avec soin, de distance en distance par des robinets. Si
avoir une très-légère inclinaison et être po l'on peut placer plusieurs de ces robinets
sées sur des supports en maçonnerie,en pierre aux points les plus élevés de la voûte, on se
ou en fer, à une hauteur d'environ 8 décim. procure ainsi, en les ouvrant, une pluieabon-
( 2 f pieds environ ). Quelquefois on y prati dante qui abaisse très-promptement la tem
que des rainures dans le sens delà longueur, pérature et favorise le renouvellement de
pour faciliter l'écoulement des ordures et l'air.Après avoir coulé sur le plancher, toutes
des eaux de lavage. Cette méthode est mau les eaux de lavage doivent pouvoir se réunir
vaise, parce que les terrines ne reposent pas dans les rigoles du dallage, d'où elles sont
solidement sur ces tables, et qu'il est difficile dirigées au dehors ou dans un conduit ou
de nettoyé» le fond des rainures ou rigoles , gargouille qu'on doit entretenir dans un état
oui finissent par contracter un mauvais goût. constant de propreté, pour qu'il n'exhale au
Les meilleures tables sont celles en pierres cune odeur, et dont on ferme l'ouverture
dures , telles que la pierre de liais , le mar avec un grillage en fer à mailles serrées, ou
bre, le granité, le basalte, le schisle-ardoisc, mieux par une pierre plate bien ajustée et
dans les pays où ces pierres sont communes munie d'un anneau pour la soulever. C'est le
et à bas prix. Ce qu'if importe surtout, c'est meilleur moyen pour s'opposer à l'introduc
que ces pierres soient polies et mastiquées tion des animaux ou à celles d'émanations
soigneusement dans leurs joints , parce que provenant de la gargouille ou du puisard dans
le lavage en est plus facile, et qu'elles con lequel se perdent les eaux.
tractent plus difficilement une odeur de lait Pour chauffe* la laiterie, opération qui est
aigri. Parfois on établit ces tables en forme quelquefois nécessaire afin de favoriser le dé
de gradins ou de rayons , jusqu'à une cer part de la crème, on peut, comme dans les
taine hauteur, et au milieu du la laiterie on laiteries d'Isigny , entretenir du feu pendant
■^)Iace une autre grande table en pierre au les temps froids. Un poêle, un calorifère
tour de laquelle on peut circuler ; ce qui fa dont la porte ou le foyer seraient placés en
cilite et accélère les travaux. Ces disposi dehors de la laiterie , ou une bouche de cha
tions, dont la laiterie de Billancourt (y?,?-. 1) leur, rempliraient fort bien cet objet ;_ tou
donne l'aspect, sont plus coûteuses, mais tefois le moyen le plus parfait est celui em
elles sont préférables à l'usage où l'on est ployé en Angleterre, et qui consiste à entre
dans certains pays de déposer les terrines tenir dans le lavoir une petite chaudière d'où
sur le dallage et de les empiler les unes sur parlent des tuyaux en plomb qui rampent
les autres pour occuper moins de place; ar dans toute l'étendue de la laiterie, et dans
rangement qui est regardé comme très-dés lesquels circulent de l'eau chaude ou de la
avantageux, surtout dans le Uolstein , pays vapeur.
CHAH. 1' USTENSILES DE LA LAITERIE A LAIT.
§ III. — Ustensiles et instrumcns de la laiterie. de diamètre, et fermés dans plusieurs en
Les ustensiles et les vases dont on fait usage pour droits avec un couvercle. On en fait usage
dans une laiterie sont de diverses sortes et va fermetransporter le lait des pâturages à la
; dans ce but on passe dans des ou
rient dans leur forme,leur nature,leurnombre vertures
ou leur capacité, suivant les habitudes loca douves quicirculaires pratiquées dans deux
excèdent les autres en longueur,
les, les besoins ou les ressources du fermier. un bâton qui sert à les charger sur les épau
Nous allons faire connaître seulement les les de deux hommes. Dans les établissemens
plus commodeset les plus usités, en nous at de l'Auvergne on a un assortiment de ger-
tachant à leur usage el à leur forme d'abord, les qui contiennent depuis
puis ensuite à leur nature, leur nombre, six seaux et plus. — En Suissedeux jusqu'à
et leur capacité. ce sont des
tonneaux couverts et ovales nommés brende,
I. Sous le rapport de leur usage el de leur
forme, les ustensiles de la laiterie peuvent munis de deux courroies qui servent à les
charger.sur les épaules comme des crochets.
être classés de la manière suivante :
Fig. 3. 1° frases à traire. Ce Adistance
l'intérieur, vingt clous en cuivre placés de
en distance sur la hauteur, servent
sont des seaux à traire ou à mesurer à vue la quantité du lait. On fait
des tinettes. Les premiè usage dans le canton Fig. 7.
res sont des seaux ordi de Zurich (fig.T) pour
naires {fig. 3 ) en bois lé cet objet, d un seau
ger, tels qu'on les rencon à bec dont l'anse,
tre dans une grande par- fixée par une baguet
tiedelaFrance etenLom- le qui traverse deux(
bardie ; ou des seaux lé douves saillantes ,
gèrement coniques com peut s'enlever à vo
me ceux employés dans lonté, et qui sert en
presque toute la Suisse même temps à assu
(/?g-.4).elformésde douves jettir un couvercle
de chêne, d'érable, etc., en bois dont on re
cerclés en frêne ; ce der couvre le seau dans
Fig. 4. nier vase a 26 centim. ( 9 les transports. Dans
; po.) dans son plus grand les laiteries anglaises
diamètre, 15 cent (5 j po.) le rafraichissoir est Fig. 8.
dans son plus petit, sur un grand vase [fig. 8)
30(11 po.) de hauteur; en fer-blanc ou en
une de ses douves, qui s'é zinc, muni de deux
lève au-dessus des autres poignées qui servent
de 2-1 cent. ( 9 po.), sert a l'enlever pour le
de poignée. On y prati transporter dans la
que des trous pour sus laiterie.
pendre le vase ou pour 3° Ustensiles à cou-
mieux le saisir avec les lerle lait.On lesnom-
doigts. — Les tinettes sont des vases plus me couloirs ou pas
larges à leur fond qu'à leur ouverture et mu- soires. Les passoires
p-„ j_ nies de deux poignées sont de formes très-variées. Les plus simples
°' {fig. 5) formées par deux et les moins coûteuses sont des demi-spheres
douves opposées qui s'é ou sortes dejattes en terre ou en bois de frêne
lèvent au-dessus des au ou d'érable, percées à leur fond d'un trou
tres et sont percées de rond auquel on adapte un linge bien propre
Irous ovales pour y pas ou un tissu de crin fixé avec une corde qu on
ser lamain;ellesservent tourne dans une gouttière ménagée autour du
à transporter le lait : trou. Les couloirs employés en Suisse et en
quand on procède à ce Souabe {fig. 9.) sont en bois et ont 4 décim.
transport, ces vases, qui Fig. 9.
doivent avoir de la ca
pacité, reçoivent un dis-
| que de bois léger qu'on
place sur le lait pour
l'empêcher de ballotter et de répandre.
2° Vases à transporter le lait. Ces vases
Fig. 6. qu'on nomme
dans les locali
tés où l'on s'en
serl, bastes, ger-
les, comportes,
rafratchissoirs ,
etc. , sont de
grands seaux {fi
gure 6 ) en bois, ( 16 i po.) dans leur plus grand diamètre et
de 6ï décim. (2 22 cent. (8 po.) de haut. On les place sur un,
pi.) de hauteur support ou porteur de 9 décim. (2$ pi.) de
sur 6(22 pouces) longueur, le diamètre de l'ouverlure dans la
ARTS AGRICOLES : LAITERIE. MV. IV.
quelle se place le couloir ayant 36 cenlim. mauvais goût. En Angleterre, dausles grandes
( 13 po.). Une autre passoire fort usitée aussi laiteries, les passoires sont garnies d'une
Fig. 10. en Suisse , est celle toile métallique d'un tissu très-fin et en fil
représentée fig. 10; d'argent.
on la fait en fer- 4° Us tensiles à puiser le lait. Ce sont des
blanc ou en bois de jattes, des sébiles, des cuillers à pot, des
sapin; elle a 21 cent.( vases cylindriques munis d'une anse pour
8 po.) à son orifice, les saisir, etc.
4 (18 lig.) à la base, 5° Pases à contenir le lait. L'expérience a
et 21 (8 po.) de hau- prouvé que la crème montait plus proinpte-
teur.Son porteur est ment et plus complèlementà la surface dans
une fourche {fig. 11) les vases plus étroits à leur fond qu'à leur
f>osée sur le vase k partie supérieure, ou dans les vases plats qui
ait, et portant à son n'avaient que peu de profondeur. Ceux dont
talon un montant à on se sertie plus communément en France,
crochet auquel on sont des terrines
adapte la passoire, {fig. 14) en terre. Fig. 14.
Fig. 11. dont pex Les plus favora
trémitéest bles a la sépara
garnie de tion de la crème,
feuillages celles donlon fait
de sapin , usage dans le pays
de l'écorce de Bray et en
intérieure beaucoup d'au
du tilleul très lieux,ont -40 c.
ou rVune (lôpo.)par le haut, 16 (6 po.) par le bas, et 16
poigiuV de à 19 (6 à 7 po.) de profondeur.Ces terrines doi
clématite vent avoir un rebord épais pour pouvoir les
des haies saisir, les déplaceravec facilité, et pour aug
ou herbe- menter leur solidité, et un bec pour l'écou
aux-gueux lement du lait. Quelques-unes ont, pour cet
( Clematis objet, un trou percé près de leur fond, qu'on
vitalba), la bouche avec une cheville. Au reste , chaque
vées et sé- pays a sa forme de terrines, qui différent en
chées,etau core d'un endroit à l'autre par leur capacité
travers desquelles passe le lait. Ce porteur ou et leur couleur. Dans quelques localités on
support reçoit souvent une autre forme a la bonne habitude de tenir ces vases cou
Fig. 12. (fig. 12 . En Hollande, verts. Dans le Cantal, dans la Suisse et dans
la passoire est un plat la majeure partie de la Hollande, les vases à
creux percé par le contenirle Fig. 15.
lond et garni d'un ta lait ( fig.
mis de crin. Celle du 15) sont en)
Mont-Cenis (fig. 13 ) bois blanc
est en bois et ovale, à cerclés en
fond concave, et per frêne , et
cée d'un trou qu'on n'ont que 5
garnit d'un bouchon à 8 cent. (2
de paille, de feuilles à 3 po.) de hauteur, sur 65 à 97 (2 à 3 pi.) de
de mélèseoude chien diamètre.—En Angleterre, le lait est aussi
dent.—Dans une fou versé généralement dans des vases de terre
le de lieux c'est un ou de bois, mais depuis peu on en a fait en
tamis de crin, qu'on plomb, en zinc, en etain, en marbre, en ar
tientà lamainau-des- doise, etc. Leur forme est communément
sus des terrines, ou ronde ; ils n'ont que 6 à 8 cent. ( 2 1 à 3 po. )
F/g. 13. sur une sor deprofondeur, et un diamètre de 45 à 60 cent.
te d'enton- ( 1 1 à 2 pi.), Dans les grandes laiteries de ce
voir muni pays,on en fait même de plusieurs longueurs,
d'une poi ou bien en forme d'auges scellées le long
gnée, etc. Un des murs, et de 65 à 97 cent. (2 à 3 pi.) de
tissu de crin, largeur, avec des trous percés h l'un ou plu
selon Tbaer- sieurs de leurs angles, pour laisser écouler
est bien pré le lait,et mettre la crème à sec. Dans le Glou-
férable aux cester, pays souvent cité à cause de la bonne
linges de lai tenue de ses laiteries et ses excellens froma
ne et de toi ges, les vases sont très-plats, et on n'y verse
le , quoique le lait qu'à la profondeur <lc 2 à 3 centim.
ceux-ci puis ( 1 po.) seulement. Au reste, les vases un peu
sent être profonds valent mieux en hiver, et les plais
changés et sont d'un emploi avantageux pendant les
lavés chaque temps très -chauds, où le lait se caille avant
jour; mais il faut avoir soin d'eaipécher le que la crème ait le temps de se séparer, parce
crin de s'encrasser et de contra .-tir aucun que la séparation s'opère plus promptement
ciikp. i". USTENSILES DE LA. LAITERIE A LAIT.
A ces vases il faut ajouter des baquets pour sous un angle de 45 degrés, Fig. 1 7
verser le lait écrémé et le transporter hors un certain nombre de che
de la laiterie. villes qui servent à accrocher
6° Ustensiles pour écrémer. On se sert dans les seaux dans une situation
bien des endroits pour lever la crème, de la renversée pour les faire è-
valve droite de la coquille de l'Anodonle goutter ou sécher jusqu'à ce
( Mytilus cygneus L.), qu'on nomme vulgaire qu'on s'en serve. Une forte
ment crémière, crémetteou écrémette, et qui branche d'arbre encore gar
est commune dans les étangs et les eaux à nie de ses petites branches
fonds vaseux. Sa forme, sa grandeur, sa lé et écorcée, forme aussi un
gèreté, son bas prix la rendent propre à cet bon égouttoir ;, — h des tor
usage. On fait encore des crémières en fer-J chons et des linges pour es
blanc, enélain, en fonte douce; on en fa suyer les vases quand ils sont
brique aussi en buis ou autres bois durs, pour rincés;— i des balais de bou
Ïiouvoir les tailler très-minces d'un côté. Cel leau, toujours tenus très-
és en ivoire sont très-propres et excellentes. f>ropres, pour laver, rincer
Quelquefois on les perce de trous pour lais a laiterie , et conduire les eaux de lavage
ser égoutter le lait, ou on leur donne la forme au dehors , etc.
d'une cuiller ou d'une écumoire. Au reste, la IL La propreté la plus rigoureuse est une
matière dont les écrêmoirs sont faits est in condition indispensable pour les vases, et
différente, pourvu qu'ils ne communiquent nous renvoyons à cet égard aux détails que
aucune altération au lait; l'important, quant nous donnons dans le paragraphe suivant.
à la forme , est qu'ils portent d'un coté un III. La nature des vases et vaisseaux n'est
tranchant très-fin, qu'on puisse faire passer pas indiflérente et joue môme un grand rôle
entre la crème et le lait pour séparer bien dans une laiterie. On s'est servi pour leur
nettement les deux produits. A ces ustensiles fabrication de tant de matières diverses, qu'il
il faut ajouter des tranche-créme , sorte de serait difficile de les faire connaître toutes;
couteaux de bois de 40 cent. (15 po.) de lon nous passerons seulement en revue les ma
gueur, servant à remuer fréquemment la tériaux qui sont leplusgéncralement en usage
crème pour empêcher qu'il ne se forme des aujourd'hui, en cherchant à faire connaître
sus une pellicule jaunâtre; et un petit cou- les avantages ou les défauts de chacun d'eux.
tenu d'ivoire ou d'os très-mince, et fait ex Le bois. Les vases de bois, surtout ceux en
près pour détacher la crème des bords des bois légers, tels que le frêne, le saule, le mé
vases auxquels elle adhère. lèze, le sapin, le châtaignier, le tilleul, l'éra
7° Vases à conserver la créme. On dépose ble, ce dernier surtout, méritent sous tous
souvent la crème dans des terrines ou dans les rapports la préférence. On en fait un
des plats; mais il vaut mieux donner aux usage fort étendu en Suisse, dans les Vosges,
vases où on la conserve une forme contraire, la Savoie, dans une grande partie de l'Alle
c'est-à-dire celle des cruches ou des pots magne, et une foule de lieux. On fabrique
Erofonds, étroits par le haut, larges par le ainsi des seaux à lait , des bastes ou rafrai-
as, et coiffés d'un couvercle fermant exac chissoirs, des vases à faire crémer le lait, des
tement. baquets, etc., etc. Ordinairement ils sont for
8° Ustensiles pour nettoyer. Les ustensiles més de douves joinlives cerclées en frêne, eu
qui servent à échauder, laver et approprier châtaignier ou tout autre bois flexible. Dans
les vases de la laiterie, sont : a une petite quelques pàrties de la Suisse et de l'Allema
chaudière en fonte ou en cuivre, montée dans gne, onen fabrique d'une seule pièce de bois
un fourneau en maçonnerie, ou simplement creusée qui sont excellens. et très propres.
suspendue au-dessus du foyer de la chemi En Hollande, les terrines en bois sont, à 1 inté
née du lavoir, et destinée à seprocurer à tout rieur et à l'extérieur, revêtues d'une couleur
instant de l'eau chaude ; — o plusieurs ba- à l'huile. Toutefois, l'emploi des vases de bois
Fig. 16. nuets ifS- 16) Pour est soumis à quelques conditions de rigueur.
lessi\er, laver et D'abord ils doivent être eu bois très-fin, très-
rincer les vases, homogène, unis et polis avec beaucoup de
après qu'on les a soin à l'intérieur. Ensuite, ce sont en général
récurés sur la pier ceux qui exigent les soins les plus minutieux
re à évier (fig. S); et les plu#altentifs de propreté, parce qu'ils
— c des brosses s'imbibent plus facilement de lait, et en ou
en poils, en chien tre que, leurs douves ne joignant pas avec
dent, fermes, lon une ligoureuse exactitude, il reste toujours
gues , et de formes dans les intervalles quelques particules de
et d'espèces va lait que la brosse et les lavages ne peuvent
riées; —d des gou enlever, et qui finissent par s'aigrir et par
pillons pour net faire cailler le lait qu'on dépose dans leur
toyer les pots , intérieur. Il faut donc, savoir les démonter,
partout où la main puis les remonter après les avoir lessivés ,
et les brosses ne peuvent pénétrer; — frottés et lavés partout. Dans le cas où l'on
e des morceaux de bois pointus pour frotter aurait laissé séjourner par négligence le lait
et dégager les angles et les joints ; — / des assez long-temps pour qu'il s'aigrisse dans un
éponges diverses, pour laver les vases, les vase de bois,on le remplit d'une eau bouillante
murs, lestables, le dallage, etc.;— g un égout- de lessive de cendres, ou d'une dissolution
toir ou arbre a seaux (fig. 17 ), formé par une légère de potasse ou de sel de soude ; on laisse
pièce de bois dans laquelle sont implantées, séjourner cette eau pendant 10 ou 12 heures,
ARTS AGRICOLES : LAITERIE. lit. r».
eu la renouvelant même au besoin, puis on pas de les nettoyer convenablement et lais
récure fortement partout avec la brosse; on sent souvent filtrer le liquide.
vide la lessive, on passe et on frotte le vase Le plomb, dont on se sert dans le Cheshire
plusieurs fois dans de l'eau bouillante; on en Angleterre, doit être soigneusement
répète cette opération dans l'eau fraîche, on banni (Tune laiterie, par suite de la facilite
égoutte, essuie, sèche au soleil et à l'air, et avec laquelle le lait aigri l'attaque et le
on n'en fait usage que 24 heures après. Au dissout en formant avec lui des combinai
reste, les vases de bois conservent bien le lait; sons très-vénéneuses.
seulement il s'y refroidit un peu moins vile La fonte douce e'tamc'eel polie a joui long
que dans la terre. Ils ont en outre le mérite temps en Angleterre et jouit encore en Ecosse
a'êlrepeu fragiles et de soustraire en grande d'une grande réputation. Les vases qu'on en
partie le lait à l'action des couraus électri fabrique refroidissent promptement le lait,
ques qui hâtent sa coagulation. et donnent, dit-on, une plus grande quantité
La terre. Les terrines en terre commune de crème d'un poids égal de lait. Ils sont so
sont très-employées et très-propres à déposer lides, ne se cassent pas même en tombant
et à conserver le lait. Les meilleures terrines d'une grande hauteur,d'un prix modéré,d'une
sont d'une pâte compacte, fine, polie, bien longue durée, faciles à rétablir par un éta-
cuile et qui ne se laisse pas pénétrer par le mage peu coûteux, et fortaisémentmaintenus
lait. Quand la pâte en est légère et poreuse, propres en les frottant avec de la craie dé
on les recouvre d'un vernis; mais il faut évi layée dans l'eau et un tampon de laine ou
ter avec soin que ce vernis soit à base de d'étoupes.
plomb, parce que le lait aigri en dissout tou L'ctain est employé surtout dans le Glou-
jours une petite portion qui peut rendre les cester, pour contenir le lait et la crème, et
produits dangereux pour la santé des con faire les écrémoires. Les ménagères de ce
sommateurs. On fait d'excellentes terrines pays assurent que les vases en élain font
et pots à crème avec là poterie dite de grès, monter une très-forte proportion de crème.
surtout avec celle qui est recouverte d'un en Le cuivre et le laiton sont les matériaux les
duit vitreux salifère et qu'on fabrique près plus dangereux dont on puisse faire usage
de Briare, à Martin-Camp près Neufchàtel pour déposer le lait. C'est tout au plus si on
en Bray (Seine-Inférieure), à Sartpoterie doit s'en servir pour le transport momentané
(Nord), à Moulet près Charolle (Saône-et- de ce liquide. Cependant on fait un fréquent
Loire), etc. — En général, les vases de terre emploi du laiton et du cuivre dans les laite
sont très-fragiles et, malgré leur bon marché, ries de la Hollande; mais il faut, pour qu'il n'y
finissent, quand on en casse beaucoup, par ait nul danger, avoir contracté, comme dans
devenir d un entretien dispendieux. On a ce pays, l'habitude de la propreté la plus ri-
essayé avec quelque succès de les doubler en goureusectlaplus attentive. Dans leLodésan
bois pourles rendre plus durables. Les vases on fait aussi usage de vases de cuivre poli et
de grès ont un autre inconvénient; c'est de étamé, dont le fond est arrondi pour facili
casser très-aisément quand on les plonge ter le nettoiementqui se répète fréquemment.
dans l'eau bouillante ou quand on en verse Le zinc, employé depuis long -temps en
dedans sans précaution. On a essayé l'usage Amérique et dans le Devonshire, parait ap
des vases de verre, de faïence et de porce pelé en Angleterre à remplacer tous les autres
laine, qui sont très-bons, mais trop chers et matériaux. Des expériences, qui paraissent
trop fragiles pour les laiteries ordinaires. décisives, ont constaté jusqu'ici que les vases
La terre de pipe n'est pas d'un emploi avan de zinc donnent une quantité de crème plus
tageux. considérable que tous les autres. Seulement,
Lefer-blanc oufer étaméesi très-bon pour jusqu'à ce qu'on ait rassemblé plus de faits
faire des terrines, des rafraichissoirs, des précis sur l'emploi de ce métal, il faudra user
vases à transporter le lait, qui s'y refroidit avec précaution du lait qui aura séjourné
et conserve très-bien, mais qu'il ne faut pas long -temps dans ces vases, et ne donner
toutefois y laisser séjourner jusqu'à ce qu'il qu'aux animaux le petit- lait qu'on y recueil
s'aigrisse. Seulement, quand on fait usage lera, parce que ces produits, qui attaquent
de ces vases, il faut avoir l'attention de les évidemment le métal, pourraient bien avoir
remplacer ou de les faire étamer dès que des propriétés astringentes et émétiques, qui
l'étain en aété enlevé, et de les construire de à la longue nuiraient à la santé.
forme hémisphérique au fond, parce que IV. La capacité des vases varie d'une laite
c'est dans les angles et dans les coins que le rie à l'autre, et suivant les pays. Nous avons
fer se découvre et se rouille plus aisément, et déjà fait connaître celte capacité pour plu
qu'on a remarqué que la rouille formait une sieurs d'entre eux ; nous ajouterons seule
combinaison qui altère à un haut degré le ment que les vaisseaux trop grands sont in
goût et la qualité des produits de la laiterie. commodes, et s'ils sont fragiles, qu'ils sont
Le marbre,emp\oyé dans quelques laiteries proportionnellement plus dispendieux que
de luxe de l'Angleterre et de la Hollande, les petits. Ceux-ci, à leur tour, établis sur des
est d'un prix trop élevé et d'un poids incom dimensions rétrécies, sont affectés trop rapi
mode ; il conserve bien le lait, qui toutefois dement par les variations de température, et
l'attaque et le dissout quand il s aigrit. ne donnent pas à la crème le temps néces
L'ardoise est très-employée dans le centre saire pour se former. La capacité la plus fa
de l'Angleterre et fournit des terrines qui vorable pour les terrines est celle de 12 à 16
rafraîchissent et conservent assez bien le lait. litres, produit moyen d'une bonne vache.
La forme angulaire qu'on estobligé de donner V. Le nombre des vases est également va
aux vases de cette substance, et lajonction im riable dans les divers pays, et dépend d'ail
parfaite des pièces assemblées, ne permettent leurs du nombre des vaches et de l'impor
r.nAP. i". COMPOSITION ET QUALITÉS DU LAIT. >
tance de l'établissement. En général, dans dant,30 de ces degrés ou parties égales.—Voi
une ferme bien administrée, on a un double ci maintenant l'usage qu'on peut faire de ce
assortiment d'ustensiles pour la laiterie, afin instrument. On verse dans fe tube, et avec
de nettover et de sécher les uns pendant qu'on précaution, du lait jusqu'au cercle supérieir
se sert des autres. ou bien au point marqué 0", et on l'aban
VI. Le bon ordre dans les ustensiles n'est donne à lui-même pendant 24 heures plu
pas moins avantageux que la propreté, et ou moins. La créaie monte peu-à-peu, 4
tous doivent être disposes et rangés réguliè lorsque son épaisseur est stalionnaire, oi
rement, de manière à les reconnaître, les sai lit sur l'échelle le nombre de degrés on
sir et s'en servir avec promptitude et facilité. centièmes qu'occupe cette partie bulirei-
VII. Les instrumens nécessaires dans une se, et celte proportion indique la richese
laiterie pour donner aux opérations plus de en crème du lait, ou sa valeur vénale. Pa*
régularité et de précision, sont le thermo exemple, si, après avoir mis du lait en e:-
mètre, le baromètre et le lactomètre. périence, on trouve, après 24 heures, que a
1° Le thermomètre ( fig. 12, tom.\) , con crème montée occupe 14 parties ou degris
sulté fréquemment, sert à faire connaître la de l'échelle graduée, on en conclura que ;è
température intérieure de la laiterie, et à la lait fournit 14pourceutde crème, ce qui p<r-
régler, suivant le besoin, au degré convenable met d'apprécier sa valeur. Des experiemes
par les moyens déjà indiqués. comparatives ont, en effet, prouvé que dais
2" Le baromètre {fig. 1,2, 3, tom.i), par ses un même lait pur, puis mélangé avec jn
indications, fera connaître à l'avance les quart, moitié et trois quarts d'eau, l'ép.is-
changemens de temps, les grandes secousses seur de la couche de crème diminue propor
atmosphériques qui nuisent à la marche ré tionnellement à la quantité de lait enlevi et
gulière des travaux de la laiterie, et permettra remplacé par de l'eau, ou que le nombre de
de se mettre en garde contre leur influence. centièmes occupé par celte crème indiqiait
3° Le lactomètre , ou instrument propre à très-approximativement la richesse du ait.
mesurer la quantité de crème fournie par le On peut faire monter la crème plus pranp-
lait, est d'un emploi bien précieux dans une tement en plongeant le lactomètre dam un
ferme. C'est ainsi qu'il permettra d'apprécier bain-marie maintenu à une température de
la richesse en crème et en beurre de tout le 30 à 36 degrés; mais il vaut mieux attendre
lait qu'on recueille, ainsi que celle du produit sa séparation spontanée à la température or
de chaque animal en particulier, suivant la dinaire. Au reste, cet instrument, qui xirte
saison, l'état de santé, la bonne ou mauvaise une division fort exacte, peut servir dans
condition, le régime alimentaire, etc.; — de une foule d'occasions où il s'agit de mesu
mêler des laits de richesses diverses pour en rer avec précision de petites quantités de li
obtenir des produits particuliers;— de mesu quides. Seulement il faut se rappeler, quand
rer la quantité de crème fournie par un lait on en fait usage pour le lait, que la quantité
qu'on achète, et de ne le payer exactement de crème n'est pas la mesure de celle du
qu'à un prix proportionnel à cette quantité; beurre, les quantités égales de crème don
—de constater si l'on recueille, dans ses ma nant souvent un poids fort différent en
nipulations en grand, toute la matière buti- beurre. M. Collardeau, qui fabrique tet ins
reuse indiquée par les essais en petit ; —d'ap trument à Paris, rue du Faubourg-S'-Harlin,
précier, dans les laiteries banales, la richesse n° 56, vend les lactomètres 10 fr. la douzaine
du lait apporté par chaque associé, afin de et 2 fr. la pièce.
répartir les bénéfices proportionnellement à Les aréomètres, les galactomètres et autres
la quantité de matière utile et marchande instrumens qu'on emploie souvent pour me
qu'il apportera , etc. Le Fig. 18. surer la qualité du lait au moyen de la den
lactomètre {fig. 18), in sité ou pesanteur spécifique "de ce liquide,
venté en Angleterre par sont, sous ce rapport, des instrumens infi
Banks, et importé en H 2 ddcil. dèles, la densité du lait n'étant nullement la
France par M. de Val- :10 mesure de sa richesse en crème, et pouvant
< m ht , ou celui de 20 1 i décil d'ailleurs être modifiée par une foule de
M. Schubler, est un tube •30 moyens qui altèrent la qualité du lait, et sont
de verre de 16 centim. destinés à en imposera l'acheteur ignorant
(6 po. ) de hauteur, 40 1 décil. ou indifférent.
milliro. (18 lig. ) de dia
mètre intérieur, ouvert i décil. § IV.—Du lait, de ses espèces et qualités diverses.
par le haut, fermé par
le bas, et porté sur un Tout le monde connaît les caractères gé
pied circulaire. Ce tube y néraux du lait ; c'est un liquide opaque, blanc
peut contenir un peu au- i mat, d'une odeur agréable et qui lui est pro
pre, surtout quand il est chaud; d'une saveur
delà de 2 décilitres. A partir de sa base, on douce
a désigné, par un cercle gravé au diamant, crété par et légèrement sucrée, et qui est sé
chaque demi-décilitre, c'est-à-dire la hauteur les glandes mammaires des femel
àlaquelleatteindraient±,i,iiet2demi-décil. lesLes de divers animaux.
principes constituons du lait, quelle
de liquide, si on les versait dans le tube. La que soit la femelle dont on le recueille, sont
hauteur du tube, depuis le fond jusqu'auprès les mêmes. Ces principes ne sont pas unis
du4«cerclequi marque2décil.,aété partagée par une grande affinité, et le simple repos
en 100 parties égales, et, à partir de ce cercle
ultime où se trouve marqué le 0° ou zéro de suffit pour les séparer. Ce sont :
La crème ou matière bulireuse, élément
l'échelle, c'est-à-dire le point où elle com
mence, on a gravé sur le verre, en clescen- du beurre ;
AGRICUI.TIÎRE. III.— a
10 ARTS AGRICOLES : LAITERIE.
Le caillé , matière caséeuse ou caséum , Le meilleur lait de vache n'est ni trop clair
élément du fromage ; ni trop épais; il est d'un blanc mat , d'une
Le petil-lait ou sérum. saveur douce et agréable. Au-dessus de 15 de
Lorsqu'on abandonne du lait au repos dans grés du thermomètre, le lait devient aigre en
nn lieu frais et tranquille, il se forme, au peu de temps; au-dessus de 20° à 25°, cette
bout de quelque temps, à sa surface, une acidification s'opère dans l'espace de quel
■ çouche d'une matière légère, épaisse, onc- ques heures. Par cette prompte coagulation
Itueuse, agréable au goût, ordinairement d'un la matière caséeuse enveloppe et entraîne la
1 plane mat, qu'on appelle crème. Le lait qui crème , qui se précipite en même temps
reste après Fenlèvement de la crème a une qu'elle, et ne peut plus monter à la surface.
pli» grande densité qu'auparavant, une cou La crème est une matière épaisse , onc
leur moins opaque, et une consistance moins tueuse, agréable au goût, ordinairement d'un
onctueuse : on le nomme lait écrémé. La crè blanc mat, passant, par le contact de l'air, au
me, soumise à l'agitation à une température blanc jaunâtre. La première couche qui se
de 12 degrés, se prend en partie en une masse forme sur le lait n'a presque pas de densité,
jaunâtre, de consistance ferme, qui constitue mais h mesure que Je beurre se sépare, la
le beurre. La partie de la crème qui ne se con crème s'épaissit. Cette crème monte plus fa
crète pas, et qui ressemble à du lait écrémé, cilement sur le lait, quand celui-ci présente
se distingue sous le nom de lait de beurre, une surface assez étendue au contact de l'air,
babeurre, baratté, etc. sous une faible épaisseur. La température la
Le lait écrémé, abandonné à lui-même, ou plus favorable à cette séparation de la crème
mêlé avec un grand nombre de corps de na est celle de 10 à 12 degrés du thermomètre
ture très-diverse, forme un coagulum blanc , centigrade.
mou, opaque,floconneux, qui se sépare d'un Les variations que présente le lait de vache
liquide jaune -verdàtre et transparent. La sont si nombreuses qu'elles paraissent insai
partie solide est ce qu'on nomme le caséum, sissables. Elles portent surtout sur la cou
matière caséeuse, fromage, etc. La partie li leur, la saveur, l'odeur, la consistance ou
quide est le sérum ou petit-lait. densité, la quantité des principes consti-
Enfin, en faisant évaporer ce dernier liqui tuans et leurs rapports entre eux. — Les va
de, on obtient un corps cristallisé, d'une sa riations dans la qualité peuvent provenir de
veur douce et sucrée, auquel on a donné le causes extérieures ou être dues à l'animal
nom de sucre de lait, et qui est contenu dans qui fournit le lait.
la proportion de 35 dans 1000 parties de lait. Les phénomènes extérieurs accidentels qui
Les seuls laits dont on fasse usage dans peuvent changer la qualité du lait après Sun
l'économie rurale en France sont ceux des extraction , sont toutes les variations brus
femelles <les ruminans en domesticité, telles ques de l'atmosphère, l'état électrique ou
3ue la brebis, la chèvre et la vache, et celui orageux de l'air, les brouillards puaus, les
e l'ànesse. gaz odorans, l'humidité, les émanations in
Le lait de brebis ne diffère pas, à la simple salubres, la poussière, etc.
vue, du lait de vache ; c'est Je plus abondant Quant aux variations dues à l'animal, elles
en beurre celui qu'il fournit est jaune pâle, sontencore plus nombreuses. Ainsi certaines
de peu de consistance, et se rancit aisément. races donnent un lait de qualité différente
Le caillé est abondant; il conserve un état de celui des autres races. Cette différence
gras, visqueux, et n'est pas aussi ferme que s'observe aussi entre les animaux d'une
celui de vache. même race, dans ceux d'une même famille,
_ Le lait de chèvre est d'une plus grande den et même jusque dansle même individu, dont
sité que celui de vache, et moins gras que le le lait peut changer de caractère à chaque
lait de brebis. Il conserve une odeur et une saison, chaque jour, à chaque traite et à
saveur-propres à l'animal, surtout lorsque la chaque instant par une foule de causes diffi
chèvre entre en chaleur. C'est celui qui four ciles à apprécier. Les principales sont les
nit le moins de beurre, niais le plus de fro suivantes.
mage. Ce beurre, d'une blancheur constante, 1° L'organisation et l'étatphysiologique de
est ferme, d'une saveur douce et agréable, l'animal..11 est clair qu'un animal faible, épui
et se conserve long-temps frais. Son caillé, sé, altaquéjd'unemaladiequelconqu'e, ne peut
très-abondant et d'une bonne consistance, fournir qu'un lait peu riche ou de mauvaise
est comme gélatineux. On prétend que l'o qualité. Une santé florissante et robuste, une
deur caractéristique de ce lait est moins pro bonne constitution, sont donc les premières
noncée dans celui qui est fourni par les chè qualités requises pour fournir du lait d'une
vres blanches et les chèvres sans cornes. grande valeur. Plusieurs phénomènes phy
Le lait de -vache, celui dont on fait le plus siologiques changentaussiles qualitésdulait;
Iréquemment usage, et qui est, presque par ainsi celui des vaches en chaleur a un goût
tout, à lui seul l'objet des travauxde la laiterie, particulier et fort peu agréable, et celui des
contient moins de beurre que celui de brebis vaches qui sont prêles à vêler a aussi des
et plus que celui de chèvre. Son fromage est qualités toutes particulières.
aussi moins abondant; mais les principes se 2°XV^e.Lelait n'arrive à sa perfectionque
séparent aveo plus de facilité. lorsque la femelle atteint l'âge convenable.
Le laitd'ânesse a beaucoup d'analogie avec On a remarqué qu'il fallait que la vache eût
celui de femme; il donne une crème qui n'est porté 3 ou 4 fois pour que l'organe mammaire
jamais épaisse ni abondante. Il contient aussi fût en état de préparer un excellent lait, et
moins de matière caséeuse que ceux de vache, continuât à le fournir tel jusqu'au moment
de chèvre et de brebis, et cette matière est où, la femelle passant à la graisse, la lacta
plus visqueuse. tion diminue et cesse entièrement : ce qui
cuap. i". CONDUITE DE LA LAITERIE A LAIT. 11
arrive communément vers la 10e ou 12' an qu'on a nommé colostrum, est épais, jaune
née, ou après le 7e ou 8e vêlage. foncé, mucilagineux, et ne donne que de
3° Le régime alimentaire joue le rôle le faibles quantités de crème. Ce n'est guère
fil us important dans la qualité du lait. Ce- qu'après 12ou 15 jours qu'il commence à être
ui des vaches nourries avec la tige et les bon. A partir de cette époque, il s'améliore
feuilles de maïs, ou le marc de betteraves, successivement jusqu'à 8 mois, époque à la
est doux et sucré; celui de la vache alimen quelle il a acquis tout son degré de perfection.
tée avec des choux ou des navets, de l'ail, Boisson a trouvé que chaque £ kilog (1 liv.)
de la moutarde sauvage et beaucoup d'autres de lait d'une même vache qui venait de vêler,
Etantes, a un parfum et une saveur désagréa- donnait en beurre 15 gram. 10 ( 3 gros 48 gr.)
les; les pailles d'avoine, d'orge et de seigle à 2 mois, 18 gram. 50 (4 gros 64 gr.) à 4 mois,
donnent un lait de mauvaise qualité, suivant et 22 gram. 30 (5 gros 62 gr.) à 8 mois. Il est
Sprengel et M. Mathieu de Dombasle.Lelait aussi des vaches qui donnent de bon lait
des animaux qui broutent les prairies humi toute l'année, excepté les quinze jours qui
des est séreux el fade; celui des vaches nour précèdent et suivent le vêlage ; d'autres qui
ries dans les pâturages élevés a plus de con tarissent au 7e mois de la gestation.
sistance et est plus savoureux. Le change 8° L'état moral de l'animal joue aussi un
ment de nourriture, le passage brusque du rôle important : ainsi , on voit toujours la
vert au sec, altèrent constamment pour quel qualité du lait changer et se détériorer chez
que temps la qualité du lait. L'abondance, les vaches à qui l'on enlève leur veau, et qui
la fraîcheur et la bonne qualité des alimens manifestent leur douleur par des mugisse-
sont donc des conditions pour obtenir un mens plaintifs et par l'agitation ; chez celles
bon lait et en grande quantité. Enfin, certai qu'on sépare de leurs compagnes, qu'on
nes plantes ne portent leur action particu change même de' place à l'étaDle , ou qui
lière que sur l'un ou l'autre des principes du éprouvent une affection morale quelconque.
lait, les unes augmentant la quantité de la 9* Le climat et la saison. Les pays un peu
crème, d'autres celle du fromage, etc. La humides et tempérés donnent un lait plus
quantité et la qualité de la boisson influent abondant. Au printemps, ce liquide est sa
aussi notablement sur le lait. L'eau très-pure, voureux, abondant, plus crémeux et plus
et donnée à discrétion, fournit constamment riche qu'en hiver.
les meilleurs produits. On peut faire varier les qualités du lait à
4° Les soins hygiéniques ne doivent pas être volonté en ayant égard aux remarques pré
négligés. La vache est un animal délicat qu'il cédentes, et un fermier intelligent ne man
faut garantir contre les grandes intempéries quera pas de recueillir et d'appliquer cel
des saisons. Uu exercice modéré, du repos les qui sont les plus favorables à ses in
sans fatigue, une habitation salubre, un état térêts, à l'excellente qualité de ses produits,
habituel de tranquillité, permettent à cet et à la bonne administration de son exploi
animal de fournir un lait plus crémeux et tation rurale.
plus délicat. Les vaches qu'on fait courir,
celles qu'on maltraite, contrarie ou tour § V. — Soins généraux à donner à la laiterie.
mente, ne livrent guère qu'un liquide pauvre
et peu abondant. Enfin, on s'est très-bien _ Aucune branche de l'économie rurale . dit
trouvé en Saxe, en Bavière, en Flandre et en sir John Sinclair, n'exige des soins aussi at
Angleterre, d'étriller, brosser et laver, tous tentifs et aussi constans que la laiterie. Si
les jours, les vaches avec le même soin que les vases employés sont malpropres, si l'un
les chevaux. d'eux seulement reste souillé par négli
5" L'époque de la traite. 11 faut au moins gence , si la laiterie elle-même n'est pas en
12 heures pour que le lait puisse s'élaborer tretenue dans un état constant de propreté,
convenablement dans l'organe mammaire, si elle est en désordre, enfin si l'on néglige
et prendre tous les principes dont il est sus- une foule de soins minutieux et de petites
ceptible de se charger. Plus les traites sont attentions, la majeure partie du lait est per
fréquentes, plus aussi le lait est abondant, due, ou l'on n'en retire que des produits de
mais moins il est chargé en principes. médiocre qualité. Ces soins sont de tous les
Réciproquement, une vache qu'on ne trait jours et de tous les momens, et il n'y a que
qu'une fois par jour donne un lait qui con la fermière et ses filles qui puissent s'en ac
tient un septième de beurre de plus. Le'lait quitter convenablement : on, ne peut guère
du matin a constamment plus de qualités que les attendre d'un serviteur à gages.
celui du soiri « ■ La propreté admirable des laiteries hollan
6° La p$noàr>âe la traite. Le premier lait daises, dit M. Aiton , était pour moi à cha
tiré estîOt-cfair, plus séreux, moins riche que pas un sujet d'étonnement. De tous les
en crenK. Sa consistance et sa qualité s'amé peuples de la terre, les Hollandais sont assu
liorent successivement jusqu'au dernier tiré rément ceux qui apportent les soins les plus
qui est le plus riche. La quantité de crème attentifs dans toute leur économie domesti
produite par les dernières portions de lait, que : leurs laiteries, leurs ustensiles , sont
comparée à celle du lait qui sort le premier, aussi nets, aussi purs que nos vases polis de
est au moins 8 fois plus considérable; com- cristal ou de porcelaine; el c'est, sans aucun
munémentelle l'est 10 à 12 fois, et peut même doute, à ces attentions constantes de pro
al 1erjusqu'il 16. Le lait, dépouillé de sa crème, preté, que ce peuple doit la bonne qualité
présente aussi de fort grandes différences , de ses beurres.
suivant la période de la traite. Les laiteries les mieux tenues , telles
7" Le temps qui s'est écoule depuis le part. que celles du pays de Bray, d'Isigny, de
Le premier lait qui suit la parturition, rt la Prévalayc, de la Hollande, de la Suisse,
13 ARTS AGRICOL ES : LAITERIE. uv. r».
sont précisément celles qui fournissent les des variations brusques de température, soit,
meilleurs beurres ou les fromages les plus lorsqu'on prévoit un changement de temps
délicieux; il est donc de la plus haute impor par la chute ou l'élévation du baromètre (1),
tance, dans la direction d'une laiterie, non en fermant toutes les ouvertures et les recou-
seulement d'avoir une connaissance parfaite vrantavec des paillassons,soit pardes lavages.
de l'art, mais de veiller avec la plus scrupu La température constante des eaux des puits
leuse exactitude à l'accomplissement des artésiens, qui en toute saison est d'environ
soins généraux qui assurent d'excellens pro 12°, serait très-propre, si on pouvait à vo
duits. lonté introduire leurs eaux dans la laiterie,
La température qu'il faut faire régner et à maintenir l'uniformité de température la
conserver dans la laiterie est un point im plus favorable au laitage.
portant , qui doit fixer sans cesse l'at- L'état orageux de F atmosphère est très-nui
teution de la ménagère. Cette température sible au lait, dont elle détermine la coagu
doit, autant que possible , être en toute sai lation prématurée, et avant que la crème
son de 10 à 12 degrés du thermomètre cen soit séparée de la matière caséeuse. Pour se
tigrade (8 à 10 de celui de Réaumur), parce garantir de cet effet, on n'a d'autre ressource
que c'est à ce degré de chaleur que la crème que de répandre partout de l'eau fraiche dans
se sépare plus complètement du lait. Si la la laiterie, puis d'en fermer toutes les issues.
température est plus élevée, le lait s'aigrit Foubcboy pensait qu'on pouvait prévenir ou
promptement , se caille et ne fournil plus au moins refarder les effets funestes des
qu'une couche mince de crème, celle-ci temps orageux en faisant traverser toute la
n'ayant pas eu le temps de monter à la sur laiterie par un lil ou conducteur métallique.
face. Au contraire , quand la température La propreté la plus minutieuse est non seu
est trop basse, la crème se dégage mal, lement indispensable dans une laiterie, mais
monte avec difficulté, et contracte une saveur c'est la véritable base de toute son économie.
arrière qui nuit à son débit ou à la délicatesse En vain vous posséderiez des vaches laitières
du beurre. On doit chercher autant que pos excellentes, vous les nourririez dans les pâ
sible à maintenir une température constante turages les plus riches et les plus abondans,
de 10° en été et de 12° en hiver. si la propreté ne règne pas dans votre laiterie,
Pour régler la température , on fait usage vous ne pouvez recueillir , malgré vos soins
du thermomètre (1), et pour la diriger on dans la manipulation, que des produits de
emploie les moyens suivans. — Si, malgré les qualité inférieure. Le lait est un liquide très-
précautions prises, la température en hiver délicat que la moindre exhalaison, la souil
descend au-dessous de 10°, on la rétablit en lure la plus légère peuvent considérablement
faisant circuler de l'eau chaude ou de la va altérer. Une bonne ménagère n'épargnera
peur dans des tuyaux disposés pour cet objet, donc ni peine ni soins pour rechercher et
en allumant du feu dans le poêle ou le calori maintenir cette propreté si précieuse, et elle
fère, ou bien en apportant dans la laiterie y parviendra par les moyens suivans :
un petit baril et mieux une petite caisse en 1° Les lavages fréquens et abondans. Ils
tôle remplie d'eau bouillante et soigneu doivent avoir lieu avec de l'eau pure et fraî
sement fermée ; on peut encore déposer che une fois tous les jours pour la laiterie
dans la laiterie quelques briques ou cailloux entière, et ils seront répétés toutes les fois
rougis au feu , dont on augmente le nombre qu'on aura fait quelque opération qui aura
ou qu'on renouvelle suivant le besoin; mais donné lieu sur les banquettesousur le dallage
il faut bien se garder, ainsi qu'on le fait dans à l'épanchement d'un peu de lait ou de crème,
quelques localités , d'apporter dans cette à des caillots de matière caséeuse ou à du pe
salle des réchauds, des fourneaux découverts tit-lait- Ces matières répandues ne tarde
ou tout autre vase à feu qui laisse échapper raient pas à s'altérer, à faire cailler le lait
des vapeurs, des cendres ou de la fumée, dans les terrines, et à donner à toute la lai
parce que, outre le danger d'asphyxier ceux terie un goût d'aigre et de moisi. Ces lavages
qui se trouvent ou entrent dans la laiterie, on doivent se faire à grande eau et en frottant
apporte encore des malpropretés et on com les endroits souillés avec la brosse, de petits
munique au lait un mauvais goût que parta balais de chiendent ou d'écorce de bois, ou
gent les produits qu'on en retire. — Au con des linges imbibés d'eau. Les vases se récu
traire, si, pendant les chaleurs de l'été, la tem rent avec du sable fin et de la cendre dont on
pérature s'élève au-dessus de 12°, ou si le lait charge une poignée de paille ou de feuilles
apporté encore chaud tend a faire monter d'ortie. Enfin toutes les eaux-du lavage doi
le thermomètre, on peut abaisser cette tem vent être dirigées, avec jn balàrbien propre,
pérature en plaçant a divers endroits de l'a dans lesgargouillesqu'onla'sera eUles-mêmes
telier quelques morceaux de glace qui, en se à l'eau pure et avec beaucoup S^md.
fondant, rétablissent l'équilibre du calori 2° L'assèchement prompt et comjfc-* de la
que. Pour cela il faut avoir une petite gla laiterie aussitôt après les lavages eSf- une
cière économique attenant à la laiterie, condition nécessaire, parce qu'on a remar
comme on le voit dans quelques parties del'An qué que la vapeur d'eau qui s'élève contenait,
gleterre, ainsi que dans le Lodésan où se fabri malgré les soins les plus scrupuleux, assez de
que l'excellent fromage de Parmésan. A dé particules fermentescibles pour faire tour
faut de glacière on abaisse la température ner le lait ou donner à la laiterie un goût de
en faisant tomber en pluie de l'eau fraîche, moisi, et que la crème et le lait conservent
ou même par de simples lavages. Ce qu'il bien plus long-temps leur douceur dans une
importe surtout, c'est de se mettre à l'abri atmosphère sèche que dans un air humide.
(1) Cet instrument est décrit et figuré dans le ehap. I*', livre !**•
chaf. i". TRAVAUX DE LA LAITERIE A LAIT. 13
On parvient à sécher promptement la laiterie terie, et seulement lorsque cela sera rigou
en la frottant partout avec des éponges for- reusement nécessaire. Pour tous les travaux,
tementexprimées,puisavec des linges blancs il vaut mieux , en été , n'y entrer que le ma
et secs, et en établissant, aussitôt après, un tin ou le soir, et en hiver vers le milieu du
courant d'air assez vif qui achève d'enlever jour, parce que c'est l'époque de la journée ,
les dernières particules aqueuses. dans ces saisons , où l'air extérieur s'éloigne
3° Le lavage de tous les ustensiles doit se le moins de la température moyenne.
faire non pas dans la laiterie, comme on le 7° On ne doit rester que le temps nécessaire
pratique quelquefois , mais dans le lavoir aux opérations, parce que la présence prolon
contigu qui est destiné à cet usage. Tout vase gée d'un être vivant dans la laiterie en élève
ou ustensile qui a servi à contenir, passer la température; — que l'agitation produite
ou filtrer du lait, de la crème ou du petit-lait, par le mouvement nuit à la bonne séparation
doit être soumis à un lavage. Ce lavage se de la crème ; — et que la transpiration et la
donne à l'eau bouillante , qui est toujours respiration y versent des miasmes qui altè
sur le feu à cet effet, et en frottant les objets rent la fureié de l'air.
partout avec des brosses ou de petits balais, 8' taire toutes les manipulations au dehors
puis avec un gros linge. Cette opération est une ri gle dont on s'est bien trouvé dans
ayant été faite soigneusement, on les rince à plusieurs localités, mais qui peut néanmoins
l'eau pure et froide, on les fait égoutter, on entraînai' à plusieurs inconvéniens assez gra
les essuie avec un linge sec et très-propre, ves. Dans te us les cas, si on aime mieux faire
puis on les expose au soleil, à l'air ou sur des tous les travaux à l'intérieur, il faut se hâter,
planches bienaérées pour les sécher complè dès qu'ils sont achevés, d'enlever tous les
tement et afin qu'il ne s'y forme pas de moi- vases ou ustensiles qui ont servi, ou ceux
sissure. Enfin, quand ils sont très-secs, on les qui ne doivent plus y rester, et exécuter les
range sur des planches où on les trouve fa lavages convenables.
cilement quand on en a besoin. Dans les 9* // faut nettoyer a fond une fois par an,
temps humides, brumeux et froids, où l'air ou plus souvent, si cela est nécessaire ; c'est-
ne suffirait pas pour les sécher, on procède à-dire qu'il faut une fois chaque année faire
à cette opération en les plaçant devant le gratter, laver, réparer et recrépir les murs ,
feu. Tous les vases qui ont contenu du lait, et les blanchir à la chaux dans toute leur
après un temps plus ou moins long de ser étendue.
vice, ou dans lesquels il se serait aigri ou gâté, 10° On opérera des fumigations ou l'as
doivent être préalablement échaudés avec sainissement quand la laiterie aura contracté
une lessive bouillante de cendres, ou bien un goût aigre et de moisi que les lavages or
de potasse ou de soude faible, frottés partout dinaires ne peuvent enlever, et lorsque la
dans cette lessive avec la brosse et le gou crème ou le lait manifestent promptement
pillon , soumis de rechef à cet échaudage des taches de moisissure. Dans ce cas, il faut
s'ils ne sont pas bien nets et conservent en vider tous les vases, asperger de l'eau par
core une saveur ou une odeur aigre et acide, tout, boucher toutes les ouvertures, et faire
et enfin passés à l'eau bouillante, rincés à brûler au milieu de la laiterie, dans un plat
l'eau froide et séchés de la manière indiquée de terre,quelques poignées de fleur de soufre.
ci-dessus. On ouvre ensuite toutes les issues pour opé
4° Ecarter du voisinage de la laiterie tout rer une ventilation, et on lave partout à plu
ce qui pourrait corrompre i'air, tel que fu sieurs reprises. On peut encore nettoyer tous
miers, urines, mares, eaux ménagères, im les ustensiles en bois et la laiterie entière
mondices, etc.; — établir ou chasser au loin avec de l'eau de Javelle, ou de l'eau dans
tous les travaux ou tous les objets qui occasio- laquelle on a délayé du chlorure de chaux
nent de la fumée, de la poussière, ou soulè ( ces substances se trouvent à bas prix chez
vent et agitent un air chargé de principes fer- tous les pharmaciens); après cette opération,
mentescioles, sont autant de conditions uti il faut laver plusieurs fois à grande eau, ven
les à remplir. tiler, et n'introduire de nouveau lait dans la
5" // nefaut rien introduire de malpropre laiterie que lorsque toute odeur d'eau de Ja
dans l'intérieur de la laiterie. Ainsi on éloi velle ou de chlorure aura complètement dis
gnera tous les animaux quelconques. On aura paru.
soin de ne pas apporter avec les pieds, quand § VI.— Travaux de la laiterie.
y on entrera , de la boue , de la poussière,
des fientes. Le mieux , pour éviter cet incon Toute l'économie d'une laiterie consiste à la
vénient, est d'imiter les bonnes ménagères diriger avec la plus parfaite régularité, à
du pays de Bray, qui n'entrent jamais dans faire chaque chose au moment convenable,
la laiierie qu'avec des sabots de bois nui res sans en bâter ou en différer l'exécution, ce
tent toujours à la porte , et qu'on chausse qui, dans les deux cas, nuit à la qualité des
après s'être préalablement dépouille de sa produits. Tout dépend de l'exactitude, de
chaussure ordinaire. On doit, en outre, avoir l'activité, de l'habileté et de la propreté de
l'attention de ne pas manger ou fumer dans la personne chargée de sa direction. Ses oc
la laiterie; — de ne pas y apporter de sub cupations, ses soins, sa vigilance commen
stances odorantes ou fermentesciblcs , qui cent et ne doivent finir qu'avec le jour. Les
donneraient un mauvais goût au lait ou le soins généraux à donner à une laiterie ont
corrompraient; — de ne pas y entrer la nuit été expliqués avec assez de détails pour que
avec des lampes, des torches ou autres lu nous n'ayons plus à y revenir; ce sont donc
mières qui chargent l'atmosphère d'une fu les manipulations qu'on fait subir au lait
mée épaisse et puante , etc. aussitôt après son extraction des mamel
6" On entrera le moins possible dans la lai- les de la vache, qui vont seules nous occuper,
14 ARTS AGRICOLES . LAITERIE. L1V. IV.
ce que nous aurons à enseigner pour traire un fermier pourra, par le goût, l'odeur, l'as
les \aches laitières , appartenant au chapitre pect, les autres qualités physiques du lait, et
consacré à ces animaux. —Les manipulations des essais au lactomètre répétés de temps à
du domaine de la laiterie sont relatives au autre, noter et surveiller toutes les varia
transport du lait, à son coulage, à la forma tions qui surviendront dans ses produits, et
tion de la crème et à l'écrêmage. qui seront dues au changement de nourri
1°'Transport du lait.he lait, recueilli dans les ture, au régime, à la santé de ses animaux,
seaux à traire (fig. 3, 4), est porté immédiate ou à beaucoup d'autres causes accidentelles.
ment à la laiterie, si elleestà proximité, ce qui Cette méthode lui permettra d'ailleurs de
est peut-être le mode le plus avantageux, ou porter immédiatement remède à des acci-
versé dans lesbastesou rafralchissoirs (fig.G), dens dont il ne se serait pas sans doute au
de la contenance de plusieurs seaux, et trans trement aperçu, d'améliorer, par des mé
porté ainsi quelquefois de points fort éloi langes ou des manipulations raisonnées, la
gnés, soit à la main, soit au moyen d'un bâ qualité des produits de sa laiterie, et d'éloi
ton, sur les épaules de deux hommes. gner tout ce qui pourrait nuire à ses profits.
Cette méthode de traiter le lait, qui est 3° Formation de la crème. Les terrines, une
presque partout en usage, a cependant été fois remplies, seront posées doucement et
reconnue pourêtre désavantageuse. D'abord avec précaution à l'endroit où elles doivent
on mêle ainsi le lait de toutes les vaches ce rester. On lave toutes les taches du lait qui
qui est contraire aux intérêts du fermier dans aurait pu se répandre sur les bords des vases,
bien des cas. Ensuite le lait, secoué, agité et les banquettes, etc., et on enlève les rafral
battu par le transport, donne moins de chissoirs, couloirs et autres ustensiles dont
crème, et cette crème est moins bonne et on a fait usage. Les terrines se placent, la
moins épaisse. Enfin, en transvasant ainsi plupart du temps, sur les banquettes; en été,
plusieurs fois le lait, on forme de la mousse on les pose souvent sur le plancher, parce
qui s'oppose au facile dégagement de la que c'est là où la température est la plus
crème, et on provoque des courans électri égale et la plus fraîche.
ques qui hâtent sensiblement sa coagulation. La crème est montée ordinairement au bout
2° Coulage. C'est une opération qui a pour de 24 heures, quand la température est de
but de séparer du lait les poils et les mal- 10 à 12 degrés; elle peut se faire attendre
proprétés qui auraient pu y tomber pendant 36 heures et davantage. Par une température
la mulsion ou le transport. Elle se fait de la plus élevée, elle se forme plus vite , et peut
manière la plus simple en puisantle lait dans être recueillie au bout de 16 heures, et même
les rafralchissoirs, et en le versant douce de 12 et de 10 heures. Pendant les temps
ment dans la couloire ou la passoire {fig. 9), d'orage, elle monte aussi avec célérité.
qu'on tient aussi près que possible de la sur 24 heures, à la température ordinaire de la
face du lait dans les terrines, pour ne pas pro laiterie, paraissent nécessaires à la complète
voquer de la mousse ou un jaillissement qui séparation de la crème.
souillerait les vases et les tables de la laiterie. La première portion de créme , c'est-à-dire
Le lait doit être coulé encore chaud dans les celle qui monte la première à la surface,
terrines (fig.14, 15), suivantle doct.Audkbson. est d'une meilleure qualité et plus abon
Selon lui, le lait porté à une grande distance, dante que celle qui monte ensuite dans le
agité et refroidi avant d'être mis dans les même espace de temps; la crème qui monte
terrines, ne produit jamais autant de crème dans le deuxième intervalle est plus abon
ni d'aussi bonne que s'il eût été versé aussi- dante et meilleure que celle qui monte dans
iôt après la mulsion. Ce principe, qui parait le troisième espace de temps égal à chacun
fondé sur l'observation, n'est cependant mis des deux autres, et ainsi de suite , la crème
en pratique presque nulle part, et dans la décroissant en qualité et en quantité jusqu'à
majeure partie des grandes laiteries, le lait ce qu'il ne s'en élève plus à la surface du lait.
a eu le temps de se refroidir dans les rafral Pour obtenir une crème abondante,fine et
chissoirs avant d'être coulé dans les terrines. délicate, il faut donc ne la recueillir que sur
— Il y a plus, et dans quelques pays on suit le lait qui est tiré le dernier pendant la mul
une marche absolument contraire; ainsi, sion, et enlever celle qui monte la première
dans quelques parties de l'Angleterre, et en à la surface. Si l'on veut obtenir, dit An-
Hollande clans les belles laiteries des envi derso.n, des beurres délicats et fins, il faut,
rons de Rotterdam et de La Haye , le lait à une température modérée , lever la crème
chaud est versé dans de grands vases en cui au bout de 6 ou 8 heures, et si la laiterie
vre qu'on plonge immédiatement dans l'eau est assez considérable pour faire des beurres
froide pour enlever le plus rapidement pos extrêmement fins, il faut, dans ce cas, lever
sible la chaleur du lait avant de le verser la crème au bout de 2, 3 ou 4 heures.
clans les terrines où il doit former sa crème. Un lait ^>aif produit une moindre quantité
En Lombardie, on entoure même les vases de la crème qu'il contient qu'un lait plus
à lait de glace pour les rafraîchir avec plus liquide ou plus maigre; mais celte créme
de célérité. Quoi qu'il en soit , il parait Bien est de meilleure qualité. Si on verse de l'eau
reconnu qu'il est avantageux de refroidir dans ce lait épais, il produira plus de créme;
promptement le lait dans les terrines à mais cela nuit beaucoup à la qualité.
crème, mais en évitant de le transvaser, de Plus les vases présentent de surface, plus
le battre et de l'exposer trop au contact de aussi la créme semble se former avec facilité,
l'air. a ou4 pouces paraissent être l'épaisseur dulait
Couler séparément le lait de chaque vache la plus favorable au départ de la crème. En
dans des vases distincts, est une pratique qui Angleterre, dans les grands vases plats dont
a de nombreux avantages. En agissant ainsi, ou se sert quelquefois , et où le lait n'a pas
ciiap. i-'. CONSERVATION ET ' RANSPORT DU LAIT. )iS
plus d'un pouce de hauteur, la crème monte 1° On place la terrine sur le bord de 1 la
Vite, mais imparfaitement, et elle est pres banquette ; on déchire avec le doigt pW -s
que toujours sans consistance. du bec la pellicule crémeuse qui recouvi e
On peut hâter la séparation de la crème au tonte la surface, et, en inclinant le vase, o n
moyen d'une chaleur artificielle. C'est ainsi fait écouler lentement, par l'ouverture qu'o: n
qu'en hiver seulement, dans les laiteries d'Isi- a faite, la totalité du lait, qu'on verse dans le s
gny, on entretient une douce chaleur pour baquets (fîg. 16), ou autres vases destinés à
faire plus promptement monter la crème, et le recevoir. C'est la méthode qui est usité e
que, dans quelques autres pays, tels que le dans le pays de Bray et en beaucoup d'aï i-
Devonshire, et le Bocage dans la Vendée , on tres points de la France. — 2° On enlève U -r
accélère constamment cette séparation par chevilles ou les bouchons qui garnissent 1< -s
l'application d'une chaleur factice. Ce der ouvertures percées près du fond desterrini »s
nier moyen donne des produits abondons, ou des vases plats, eton laisse écouler le la it
mais de qualité inférieure, et le beurre qu'on jusqu'à ce que la crème reste à sec au fond
fait dans ces pays rancit très-promptement. des vases. C'est le procédé le plus employé
4° Ecrémage. Quand on ne fractionne pas en Angleterre. — 3° La méthode la plias
la crème, c'est-à-dire lorsqu'on ne la levé usitée de toutes consiste à enlever la crénie
pas à mesure qu'elle se forme, la question avec l'écrômoir. Pour cela on commence p ar
est de connaître le moment où il est Le plus la détacher des bords de la terrine avec le
avantageux d'écrémer. Les avis sont partagés couteau d'ivoire, qu'on passe tout autour du
sur ce point; les uns croient qu'il faut laisser vase, puis on attire doucement cette crème
le lait s'aigrir et se cailler avant d'en enle à soi au moyen de l'écrômoir, et quand -elle
ver la crème; d'autres, au contraire, et avec est bien rassemblée, on l'enlève avec pré
raison, pensent qu'on doit procéder à cette caution, de manière à l'avoir tout entière
opération avant qu'il se manifeste la moindre et exempte de lait. Cette opération d«ma nde
aigreur. En effet, pour peu qu'il y ait de l'a une dextérité qui ne s'acquiert qu'avec l'ha
cidité , la crème s'associe à des parties ca- bitude. De la bonne manière d opérer dé
séeuses qui augmentent, il est vrai, le pro pend en partie le succès de la laiterie , car
duit, mais qui nuisent à la qualité; car on ne si on laisse de la crème on perd une quantité
fait du beurre très-fin, délicat et de bonne proportionnelle de beurre, et si l'on prend
garde, qu'avec de la crème douce. du lait on nuit à la qualité du produit.
Le moment important à saisir est celui où La crème ainsi levée est déposée aussitôt
toute la crème est rassemblée à la surface , dans les vases destinés à la contenir, jusqu'à
sans qu'il y ait encore des signes prononcés ce qu'elle soit livrée à la consommation, ou
d'acidité. Dans la Frise hollandaise, où l'on convertie en beurre. Plus elle est exempte [
fabrique un beurre si excellent, la crème est de lait, mieux elle se conserve. La crènae est
levée ordinairement 12 heures après le dépôt un composé de beurre et de matière cas.éeuse
du lait dans les terrines, et jamais on ne mêlés avec un peu de lait; elle ne contient
laisse passer 2-1 heures avant de procéder à pas la totalité du beurre qui se trouve pri
cette opération. Il en est de même dans le mitivement dans le lait , mais la majeure par-
Holstein, la Suisse et la Lorabardie, où l'on' lie. — Tout étant terminé, les laits écrémés
fait d'excellens beurres. Ce moment varie, sont enlevés de la laiterie pour être employés
au reste, avec la température. Il est plus à l'usage auquel on les destine.
long dans les temps froids, et plus court
dans la saison chaude et les temps d'orage. § Vil.—Conservation et transport des produits
Le signe employé ordinairement pour, le re de la laiterie.
connaître , c'est de presser du doigt la sur
face de la créine; si on le retire sans em Les principes constituons du lait ont une
preinte de lait, on pense que tout le beurre tendance si prononcée à se séparer, qu'il est
est monté à la surface. Dans le Holstein, on à peu près impossible de couserver le lait
plonge dans la crème un couteau; si le lait avec toutes ses propriétés caractéristiques.
ne revient pas à la superficie, c'est le moment Le seul et unique moyen de le garder frais
opportun pour écrémer; et tel est le soin pendant quelques jours, c'est de le déposer
qu on met dans ce pays à cette opération, dans un heu froid, dans l'eau très-fraîche»
que lesménagèresattentivesveillenl pendant et dans laquelle on peut jeter de temps à
la nuit pour saisir l'instant précis où la crème autre quelques morceaux de glace, de le ;
est entièrement montée, ce qu'elles recon remuer souvent et de le recouvrir d'un linge ■
naissent en employant le moyen indiqué. mouillé qu'on imbibe d'eau ou qu'on change
Le meilleur moment pour lever la crème, souvent
pendant les mois les plus chauds de l'année, On prolonge encore la durée du lait, mais
c'est le matin et le soir. Pendant l'hiver, ce en altérant ses qualités à divers degrés, en
moment est subordonné aux circonstances. plongeant les vases qui le contiennent dans
Dans les temps orageux, où le lait se caille l'eau bouillante, puis les tenant exactement
promptement, il faut une surveillance plus clos. M. Gay-Lussac a trouvé qu'en chauffant •
iclivc, et dès qu'on entend gronder l'orage du lait frais jusqu'à 100 degrés, et répétant
dans le lointain, on doit courir à lu laiterie, cette opération tous les deux jours, et même
comme on le fait dans le pays de Bray, bou tous les jours, si l'on est en été, le lait peut
cher les soupiraux, rafraîchir le carreau et ensuite être gardé des mois entiers sans qu'il
écrémer toutes les terrines où la crème est s'aigrisse. On a aussi conseillé de verser
un peu faite. dans chaque chopine de lait, pour le con
Pour opérer Vécrémage on se sert de trois server, une cuillerée à bouche d'eau distillée
méthodes différentes : de Radis sauvage {Raphanus raphanistrum).
» ARTS AGRICOT ES : LAITERIE. uv. nr.
le cette manière, dit-on, le lait se conserve clair que pour le voyage on doit faire choix
tais pendant 8 jours, et la crème s'en sépare des moyens de transport qui agiteront et
tomme à l'ordinaire et sans mauvais goût. battront le moins le lait, garantir autant
Infin , on a proposé bien d'autres moyens que possible les vases du contact du soleil, et
jour saturer l'acide à mesure qu'il se for- les maintenir, si on le peut, dans un état de
ne, et empêcher le lait de se cailler; tels fraîcheur constant ; aussi la nuit et le malin
s>nt une petite quantité de magnésie, de sont-ils les momens les plus favorables à ce
sus-carbonate de potasse ou de soude, etc. transport.
La conservation de la crème est plus facile § VIII. — Altération du lait.
qia nd cette substance est bien exem pte de ma-
tère caséeuseet de petit-lait. Il surfit alors de
li placer dans des pots à ouverture étroite et Les altérations spontanées du lait, telles
frasant exactement, qu'on dépose dans un que sa séparation en ses principes consli-
leu frais, pour la soustraire au contact de tuans, sa coagulation par le développement
l'iir et aux variations de température de d'un acide qui se manifeste d'autant plus
l'itmosphère. Exposée à l'air, la crèmi», au promptement que la température est plus
but de 3 ou 4 jours, devient jaunâtre, très- élevée, sont des faits qui ne doivent plus
é|aisse, et dans l'espace de 8 à 10, sa sur- nous arrêter. Nous n'avons pas non plus à
t«e se recouvre de moisissures. En même nous occuper ici des altérations qu'il éprouve
fenps elle contracte un goût d'aigre, noircit par l'application de la chaleur, par l'agita
enuite , puis se corrompt. Dans le Glouces- tion, par son mélange avec une foule de
tei, aux environs de Londres, en Hollande, corps divers, parée que nous avons déjà si
et tn beaucoup d'autres lieux, on verse cha- gnalé plusieurs de ces faits, et que les autres
qui jour la crème d'un vase dans un autre, seront considérés plus loin avec les détails
et ivec un couteau de bois on la remue nécessaires. Il nous reste seulement à faire
chamc jour et même plusieurs fois par jour connaître quelques altérations qui affectent
poir empêcher qu'il ne se forme à sa sur le lait dans sa couleur, son odeur, sa saveur,
face cette pellicule jaunâtre qui nuit à ia et quelques autres de ses propriétés phy
délcatesse du beurre, et pour s'opposer siques.
ausa à ce que la crème ne s'épaississe à con La couleur du lait est souvent changée
sistais de colle, ou ne prenne un aspect d'une manière remarquable. Les altérations
gélaineux, circonstance qui se présente, le plus souvent observées sont les suivantes:
dit-ai, quand le lait provient de vaches 1° Lait rouge. Il est connu depuis long
nouries dans de trop succulens pâturages. temps. On peut l'attribuer à deux causes. La
Le vase le plus propre à conserver la première a lieu quand la vache a mangé
crème, dit Andebson, est un petit baril bien quelques plantes fournissant une matière
fait, ermant exactement avec un couvercle, tinctoriale rouge telle que les caille- laits
et percé près de son fond d'un trou fermé ou gai Mets garance, jaune, boréal (Galium
par une cheville de bois, un robinet ou une rubioïdes, verum, boréale, etc.), qu'on trouve
chan.epleure, qui sert à faire écouler les fréquemment dans les prairies et les pâtu
partes séreuses ou le lait qui se trouvent et rages. Dans ce cas, le beurre que fournit le
se séparent encore de la crème, et qui al- lait est coloré en rouge..Dans la seconde, au
téreriient la qualité du beurre. Cette ouver contraire, le beurre est sans couleur, et la
ture dans l'intérieur du baril est garnie d'une couleur rouge du lait provient sans aucun
gaze ou d'une toile fine en fil d'argent, qui doute de la piqûre de quelque insecte dans
retient la crème et laisse écouler les par l'intérieur du trayon; pendant lamulsion, la
ties liquides quand on a soin d'incliner le blessure s'ouvre et laisse échapper quelques
baril du côté de cette ouverture pour favori filets sanguins qui se mêlent avec le lait-
ser l'écoulement. On peut conserver encore Dans ce dernier cas, il faut traire avec pré
la crème, mais aux dépens de sa qualité, en caution, et donner à la blessure le temps
la soumettant, comme le lait, à la chaleur d'un de se cicatriser. Dans l'autre, on doit chan
bain-marie, et en la renfermant dans des ger la nourriture de ranimai, ou au moins
vases soigneusement bouchés. en écarter les plantes qui produisent l'alté
Le transport du lait et de la crème , quand ration.
il se fait à une petite dislance, n'offre pas de 2" Lait bleu. Dans quelques circonstances
difficulté. Pour la lait, il suffit, s'il est frais, on a remarqué que le lait de vache qui , au
de le verser dans des vases de far-blanc plus moment delà mulsion, ne présentait aucun
hauts que larges , à ouverture étroite et fer caractère particulier sous le rapport de la
mant bien, et d'emplir ces vases jusque près couleur, de l'odeur ou de la saveur, se cou
de leur orifice. Quand le lait est de la veille, vrait, après 24 heures de séjour dans les ter
on doit le battre et l'agiter dans les terrines rines, d'un grand nombre de petits points
où il a passé la nuit, avant de le verser dans bleus qui s'étendent de plus en plus, et finis
les vases qui servent à le transporter. Enfin sent quelquefois par couvrir toute la surface
quand il doit être envoyé à une grande dis de la crème d'une couche uniforme d'une
tance, il faut le verser tout frais dans les belle couleur indigo. Le lait de brebis est
vases de transport, boucher aussi exacte aussi sujet à devenir bleu. La crème que
ment et fortement que possible ceux-ci , et fournit le lait bleu ne diffère de celle que
les soumettre pendant une heure au bain- donne un lait non altéré, que par sa couleur;
marie jusqu'à l'ébullition. Quant à la crème, le beurre qu'elle fournit est pur et sans as
on peut la transporter au loin dans de pe pect particulier. Le fromage fabriqué avec
tites cruches de grès, coiffées d'un bouchon le lait bleu est également bon et ne présente
entouré d'un linge blanc et propre. — Il est aucune coloration. Depuis long-temps on a
oiiP. I*. ALTÉRATIONS DU LAIT, 17
étudié ce singulier phénomène; mais malgré de-terre, les oignons, l'ail , les poireaux, les
les recherches de Parmentier et Deyeux, de cosses de pois verts , le trèfle blanc [Trifo-
Chabert, Bremer, Germain et Hermbstaedt, lium repens) , la luzerne et les herbes des prai-
il est encore difficile d'assigner d'une ma riesartificielles,les renoncules, toutes les plan
nière précise les véritables causes de sa pro tes àcres, les fourrages de mauvaise qualité,
duction. Voici les plus probables. Certaines etc.,communiquent souvent au lait une saveur
plantes, telles que l'Esparcette (Hedysarum Ïieu agréable. Les fleurs de châtaignier, dont
onobrychis), la Buglosse (Anchusa ojjîcinalis), es vaches sont très-avides, donnent, ainsi
la Prêle des champs {Equisetum arvense), la qu'on l'a observé aux environs de Rennes ,
Mercuriale vivace et annuelle {Mercurialis où se fabrique le beurre de la Prévalaye , au
perennis et annuà) , la Renouée des oiseaux lait et au beurre un goût détestable. Un peu
{Polygonum aviculare), le Sarrazin {Polygo de sel commun, administré aux vaches, fait
num fagopyrum) et autres, qui contiennent parfois disparaître le mauvais goût. En An
une matière colorante bleue, se rencontrent gleterre, pour enlever la saveur désagréable
communément dans les champs et les prai que les turneps qui sont administrés jour
ries, et qui, dam l'état de santé ordinaire nellement aux vaches donnent au lait , on
des vaches , ne produisent aucun change y ajoute 10 à 12 grammes (2 à 3 gros) de
ment dans le lait, peuvent, sous certaines salpêtre délayé dans de l'eau bouillante pour
conditions, communiquer à ce liquide une 9 à 10 litres (10 à 11 pintes) de lait au mo
couleur bleue. Ces conditions sont : le pâtu ment où on verse celui-ci dans les terrines.
rage dans des champs moissonnés et sur des Nous avons déjà dit que le lait des vaches
herbes dures et coriaces; — une exposition en chaleur ou de celles qui sont prêtes à
prolongée des vaches aux ardeurs du soleil, vêler a égalemen t un goût peu flatteur.
aux venis froids et autres intempéries des 2° Lait amer. Ce lait est souvent confondu
saisons;— la fatigue, la mauvaise nourriture, avec le précédent. On a remarqué cependant
un régime hygiénique mal dirigé, et beaucoup que les vaches qui mangent beaucoup de
d'autres causes sans doute qui paraissent paille d'avoine donnent un lait constamment
avoir une influence très-marquée sur les amer, et qu'il en est de même de la paille
organes de la digestion. Pour faire dispa d'orge et de seigle, quoiqu'à un moindre
raître le lait bleu, il faut, quoique la vache degré. Les marrons d'Inde, l'absinthe, les
ne paraisse pas indisposée, relever l'énergie feuilles d'artichaut, le lailron des Alpes
de ses organes en lui administrant chaque {Sonchus alpinus), les feuilles des arbres lors
jour une poignée de sel dans une pinte d'eau, qu'elles tombent dans l'arrière-saison , don
ou une pinte d'une décoction d'une forte nent aussi au lait une saveur amère. Il en
poignée de Rhue et de Sabine.dans lesquelles est de même pour les chèvres qui mangent
on délaie, avec urt jaune d'œuf, un gros les pousses du sureau.
d'assa fœtida: — changer la nature des ali- 3" Lait alliacé. Cette sorte de lait est due
mens, et en donner de plus délicats; — veil aux plantes à odeur d'ail, et qui sont très-
ler avec plus de soin au régime de ces_ ani nombreuses.
maux et a leur bonne tenue ; — les saigner 4° Lait sans goût. On prétend qu'il est
si cela est nécessaire , etc. fourni par les vaches qui mangent de la
3° Lait piqué, ou lait sur lequel on remar Prêle fluviale {Equisetum Jluviatile.)
que un assez grand nombre de points qui 6° Lait à goût acide. On assure que les
peuvent différer dans leur nature. Tantôt feuilles de vigne fraîches donnent a ce li
ces points sont bleus, et peuvent être dus quide un léger goût acide quiu'est pas sans
aux mêmes causes que le lait bleu ; tantôt agrément.
ce sont des petites taches de moisissure. 6" Lait salé. Ce lait, selon Twamley, est
Dans tous les cas, on est porté à considérer ordinaire chez les vaches qui n'ont pas porté
l'apparition de ces points comme due à la pendant la saison précédente. Le premier
température trop élevée de la laiterie, à sa lait extrait est le plus salé; le goût diminue
malpropreté et à celle des vases qui reçoivent jusque vers le milieu de la traite, où il dispa
le lait. raît entièrement.
4° Lait jaune. On présume que cette cou Les autres altérations du lai» peuvent être
leur est produite par le Souci des marais réunies sous la classification suivante :
( Caltha palustris) , par le safran , etc., mangés 1° Lait non coagulable. On a avancé que ce
par les vaches. lait était produit par l'ingestion des gousses
L'odeur du lait éprouve souvent de graves de pois verts et celle des menthes.
altérations. Dans l'état ordinaire, cette odeur 2° Lait promptement coagulable. Dans ce
est douce et fade. Elle est vive et aromatique lait, la matière caséeuse se coagule si promp
quand les vaches ont mangé des plantes de tement, qu'on ne peut recueillir à sa surface
la famille des labiées, dont les huiles essen qu'une quantité très-légère d'une crème flui
tielles passent dans le lait; — désagréable, de et sans consistance. Cette altération pa
quand ces animaux ont mangé des crucifères, rait produite par un temps orageux, une tem
quand ils courent et s'échauffent, ou quand pérature trop élevée, des vases de bois dont
on les fait passer brusquement de la nour les pores sont imprégnés de lait quia tourné
riture verte à la nourriture sèche, etc. à l'état aigre ou acide , ou enfin par la négli
La saveur An lait est peut-être le caractère gence des soins de propreté dans la lai
qui est soumis au plus grand nombre d'alté terie, où il s'élève, à la moindre agitation,
rations. Voici les principales : une grande quantité de particules imper
1° Lait h saveur désagréable. On sait géné ceptibles et très-légères de lait aigri ou de
ralement que le choux, surtout les feuilles matières fermentescibles qui se déposent sur
avariées, les turneps, les fannes de pomme- \ le laitfrais, et le font promptement passer à
àCVCULTCHB. III. 3
G'-1
X
18 ARTS AGRICOLES : LAITERIE. Liv. iv.
l'ctat de coagulation, avant que la crème ait bonne qualité, provenant d'animaux sains, et
eu le temps de se séparer. réunissant toutes les conditions désirables,
3° Laitfilant ou glutineux.il a de l'analogie doit contenir environ 12 à 15 pour cent de son
avec le précédent, et est du sans doute à la volume en crème pure et de bonne qualité au
même cause, c'est-à-dire à l'insalubrité et à la lactomètre quenous avons décrit (fig. 18, p.9);
malpropreté de la laiterie. La grassette com que la diminution du volume de la crème est
mune [Pinguicula vulgaris), dit M. Berzemtjs, proportionnelle à la quantité delait enlevé et
épaissit tellement le lait quand il passe à l'ai remplacé par de l'eau; c'est-à-dire que si on
gre, qu'il en devient filant, et cette propriété se a ajouté au laitmoitiéeau,le lactomètre n'in
communique au lait frais avec lequel on le diquera plus que 6 à 7 pour cent de crème
mêle ensuite. Les vases en bois dans lesquels et que si l'on a ajouté les trois quarts, l'échelle
on a gardé ce lait pendant quelque temps ne marquera plus en crème que 3 ou 4 pour
conservent toujours la propriété de le rendre cent du volume du liquide essayé.
filant, et il est difficile de les en dépouiller,
à moins de les démonter. Dans quelques pro Section ii. — Laiterie à beurre.
vinces de la Suède celait est employé comme
aliment. La laiterie où se fabrique le beurre, lors
4° Lait purgatif. Plusieurs euphorbes , la qu'on veut opérer en grand, doit être com
posée de quatre pièces : l'une laiterie à lait,
gratiole, etc., donnent au lait des propriétés voûtée,
médicamenteuses. dans laquelle on dépose et on fait
5" Lait nui ne donne pas de beurre. Le pre crémer le lait ; 2° un lavoir ou échaudoir pour
mier lait des vaches qui viennent de mettre le lavage et récurage des ustensiles et des
bas, celui des animaux vieux, épuisés, atta vases; 3° une salle où l'on bat le beurre;
qués de quelque maladie organique, est ordi 4° une autre salle où l'on conserve le beurre
nairement séreux et presque dépourvu de après qu'il a été fabriqué.
matière butireuse. Plusieurs autres causes, La construction de la laiterie à beurre est
encore inconnues , peuvent aussi concourir laiterie basée sur les mêmes principes que celle de la
à produire cette anomalie. proprement dite, que nous avons
On apeu étudié ces diverses altérations du fait connaître en détail et sur laquelle nous
lait, et les détails dans lesquels nous sommes ne reviendrons plus.
entrés sont fort incomplets. Il est cependant Les soins généraux pour sa bonne direc
probable qu'en suivant attentivement leur tion sont également les mêmes, c'est-à-dire
apparition, leur marche et leur développe qu'on doity régler avec la même intelligence
ment, et en faisant des expériences compa et la même activité tout ce qui concerne la
ratives, on arriverait à une foule d'applica ventilation, la propreté des salles, celle des
tions utiles dans le gouvernement des vaches vases, outils et ustensiles, les lavages, etc.
laitières , et aux travaux de la laiterie. Quant à la température, il est fort avanta
geux de la maintenir aussi à 10° ou 12" dans
§ IX. — Falsification du lait. la chambre où l'on bat ordinairement le
beurre, par des motifs que les principes rai-
Les principales falsifications qu'on fait or sonnés de la fabrication du bon beurre nous
dinairement subir au lait sont de l'alonger permettront plus loin d'apprécier ; mais, dans
avec de l'eau ordinaire, et de le dépouiller la petite pièce où l'on conserve lebeurre frais
en partie de sa crème. Quiconque a la moin jusqu'à sa vente ou sa consommation, on ne
dre habitude du lait frais , comme aliment , saurait entretenir une température trop
ne peut pas se méprendre en faisant, simul basse ; c'est une condition rigoureuse pour la
tanément pour l'essai , usage de l'aspect , de conservation de ce produit dans toute sa
l'odorat et du goût, sur la nature d'un lait qui fraîcheur.
a été ainsi falsifié. Le lait étendu d'eau a une Dans quelques pays on bat le beurre dans
consistance moindre et un aspect bleuâtre ; le lavoir et on le conserve dans la laiterie à
son odeur est presque nulle et sa saveur fade. lait, ce qui n'exige que deux pièces; dans
Le lait dépouillé de crème, c'est-à-dire de d'autres, on a une laiterie, un lavoir et une
son élément sapide, n'a plus rien qui flatte salle à battre le beurre ; mais ces dispositions
le goût. oui paraissent économiques, et qui peuvent
Nous ne passerons pas ici en revue toutes 1 être en effet dans les petits ménages ruraux,
les autres falsifications inventées par la cu cessent d'être avantageuses dans les grandes
pidité des laitiers qui approvisionnent les exploitations, et surtout dans celles où l'on
grandes villes, pour augmenter la quantité veut produire des beurres extrêmement fins
de leur marchandise , et masquer ensuite et de première qualité.
leur fraude, parce que ces moyens doivent
répugner à un honnête cultivateur; qu'ils § I". — Du beurre.
sont d'ailleurs rarement mis en usage dans
les campagnes, et que les procédés chimi Le beurre est un corps de nature grasse ou
ques propres à faire découvrir ces fraudes huileuse qui, sous la forme de globules, est
sont souvent très-compliqués. Mais nous en suspension dans le lait, et qui s'élève à sa
recommanderons, toutes les fois qu'on achè surlace en vertu de sa moindre densité , en
tera du lait en abondance, ou régulièrement traînant avec lui du sérum et de la matière
dans certaines saisons, de l'essayer fré casecusj , avec lesquels il forme la crème.
quemment au lactomètre; la quantité de Le beurre commence à fondre à 20 à 24° du
crème qu'il fournira ainsi étant la véritable thermomètre centigrade.
mesure de sa valeur vénale et de sa pureté. Le beurre se sépare de la crème par le bat
Il surfit de se rappeler que du lait pur de tage, opération qui o pour but de favoriser
CÉAP. I". DU BEURRE. 19
Tagglomération des globules bntlreux et de 80 lieues autour de Paris, qui so divisent en
les réunir en une masse homogène. Une cer core en ronds et en longs. Parmi les beurres
taine température douce, qui, sans faire pas salés, on estime ceux de la Bretagne, et sur
ser le beurre à l'état liquide, permet cepen tout celui des environs de Rennes, connu
dant aux globules de s'accoler les uns aux sous le nom de beurre de la Prévalaye, et les
aulres, est nécessaire pour sa formation. beurres de Flandre, etc., etc.
Le beurre \s'altère assez promptement par
le contact dé l'air. L'altération est due, sui § II. — Des barattes et autres ustensiles.
vant quelques chimistes, à sa combinaison
avec le gaz qui fait partie de l'air , et qu'ils La baratte ou battoir est un vaisseau ordi
ont nommé oxigène. Cette combinaison com nairement en bois qui sert pour battre la
munique au beurre un goût âcre, piquant et crème dont on veut retirer le beurre. Beau
désagréable, qu'on désigne sous le nom de coup de pays ont des barattes qui leur sont
rancidité. particulières et qu'on y préfère à toutes les
On a cru pendant long-temps que dans le autres, et on a proposé pour ces vaisseaux et
battage ou barattage , l'oxigène était le prin pour le mécanisme qui les fait fonctionner,
cipe le plus actif de la formation du beurre; un grand nombre de formes variées, tantôt
mais des expériences faites dans ces derniers bonnes, tantôt mauvaises; toutefois, avant de
temps ont prouvé que cette formation pou faire connaître quelques-uns des ustensiles
vait avoir lieu en vaisseaux clos, qu'il n'y a de ce genre qui sont les plus usités, nous
pas d'oxigène enlevé à l'air pendant cette indiquerons les principales conditions que
opération, et que la séparation se fait aussi leur construction doit remplir.
bien dans le vide que dans tous les gaz qui Une bonne baratte doit: —l°être construite
n'exercent pas d'action chimique sur la en bois bien sec, homogène, et qui ne com
crème. munique aucun goût ou odeur au beurre;
Le beurre s'altère d'autant plus prompte elle sera cerclée en fer. On en construit
ment qu'il contient plus de sérum et de ma aussi de très-bonnes en fer-blanc, en étain et
tière fromageuse. C'est pour l'en débarrasser même en terre; — 2° être facile à nettoyer, à
autant que possible qu'on a recours à une visiter intérieurement et à faire sécher promp
opération appelée délaitage. tement; — 3° être construite avec beaucoup
Le beurre de lait de vache, auquel s'appli de précision, toutes les pièces joignant avec
quent les détails dans lesquels nous veuons exactitude, et avoir le moins possible d'an
d'entrer, n'est pas le seul en usage dans l'é gles aigus, de vides, de fissures et de réduits
conomie domestique et rurale. On prépare oii la brosse et le balai ne peuvent pénétrer;
encore du beurre avec le lait d'autres ani —4° permettre un écoulement facile du petit
maux. Les plus usités en France sont : 1° le lait, le lavage parfait et l'enlèvement aisé du
beurre de brebis, qui a moins de consistance beurre; — 5° offrir des moyens prompts et
que celui de vache, est jaune pâle en été, sûrs de réunir le beurre, une fois qu'il est
blanc en hiver; est gras, rancit facilement formé, en une seule masse solide:—6° don
lorsqu'il n'est pas très -soigneusement lavé, ner accès à l'air et à son renouvellement;—
et entre plus aisément en fusion ; 2° le beurre 7° exiger le moins possible de force pou r trans
de chèvre , qui est constamment blanc, et a former en beurre une quantité déterminée
un goût particulier ; il se conserve plus long de crème;—8° permettre un mouvement lent,
temps sans altération, mais il est en quantité régulier et mesuré. Un défaut des barattes
moindre que les deux aulres dans un même tournantes, c'est qu'on est disposé à leur
volume de lait; 3" le beurre d'dnesse, qui imprimer un mouvement trop rapide ; —
est mou, blanc, assez fade, rancit aisément 9°' fabriquer le beurre avec célérité sans
et est difficile a extraire. nuire cependant à sa qualité ou sa quantité;
La fabrication du beurre exige non seule — 10° être d'un service et d'un emploi com
ment la plus stricte propreté , si on ne veut mode; — 11" être solide, facile à construire
pas perdre sur la qualité et la quantité, mais partout, d'un prix modéré, et peu coûteuse
ce corps s'attachant à tout ce qu'il touche , a entretenir.
il faut, pour prévenir cette adhérence, net La grandeur des barattes dépend de la
toyer tous les vases et ustensiles avec une quantité de beurre qu'on veut fabriquer;
lessive faite de cendres fines, ou les frotter mais dès que ces vases surpassent une cer
avec des orties grièches macérées dans l'eau, taine capacité , il devient nécessaire d'em
de sorte qu'elles ne piquent plus. La per ployer, pour faciliter le travail, divers méca
sonne qui relire le beurre de la baratte, et nismes qui varient suivant les pays, ou bien
?|ui le pétrit, est également obligée de se d'y appliquer la force des animaux, du vent,
rotter les mains et les bras avec la lessive de l'eau, soit au moyen de roues verticales, de
pour empêcher qu'il ne s'y attache. manèges, soit à l'aide d'autres appareils m<;-
Les beurresfrancaislcs plus délicats et les caniques.Ces mécanismes, tout eu abrégeant
plus fins, sont, pour les beurres frais en le travail, ont l'avantage de procurer en outre
mottes, ceux du pays de Bray (Seine-Infé un mouvement plus régulier.
rieure), dits de Gournay ; ceux du Calvados Les barattes doivent être constamment de la
et delà Manche, dits beurres d'Isigny, etc. plus rigoureusepropreté, et les bonnes ména
Sur les marchés de Paris ces beurres, dits gères hollandaises les couvrent même d'une
d'élite, sont divisés en mottes de premier chemise de toile pour que la personne qui
choix, beurre fin , bon et commun, viennent bat le beurre ne puisse les salir extérieure
ensuite les beurres en mottes de la Sarthe et ment
de l'Orne, dits petit beurre, et enfin les Les barattes les plus nsitées sont les sui
beurres en livres provenant d'un rayon de vantes :
ARTS AGRICOLES : LAITERIE. ilY. I*.
La baratte ordinaire, qu'on nomme aussi d'une toile lessivée, et par-dessus lequel on
beurriiretbaratte àpompe,serène,e\.c.{fig.iW), passe une cheville de fer qui entre de force
Fig. 19. qui est la plus dans deux gâches DD fixées au baril. E est
généralement un trou garni d'un bouchon de bois qui sert
usitéeenFran- à faire écouler le baratté ou babeurre. —
ce et à l'étran Pour faire usage de la serène, on verse la
ger, est un crème par l'ouverture C qu'on referme avec
rase de ton soin ; on tourne la baratte avec une vitesse
nellerie fait en modérée de 30 à 35 tours par minute ; les
chêne, sapin planchettes BB soulèvent la crème à chaque
ou autre bois révolution et la laissent ensuite retomber.
de 80 cent, à Quand le beurre est fait, ce qui a lieu souvent
1 met. (30 à 36 au bout de 18 à 20minutes, et ce qu'on recon
po. ) de hau naît au bruit qu'il fait en tombant, on retire
teur sur 16, 22 le bouchon du trou E, on fait écouler le lait
on 28 cent, de de beurre, et au moyen d'un entonnoir on
grosseur, en verse dans la baratte un seau d'eau fraîche.
forme de cône On bouche le trou, on tourne pour laver, puis
c. •< c tronqué ou de on évacue l'eau, et on répète cette opération
baril, et qu'on jusqu'à ce que le liquide sorte clair. Alors on
peut fermer enlève le beurre par l'ouverture, on le lave
avec une ron de nouveau et on le forme en mottes. On
delle plane AA ou une sébile de bois percée f>eut faire avec cet instrument 60 kil. (100
d'un trou assez grand pour permettre à iv.) de beurre en peu de temps.
un bâton BB de 1,66 à 2 mètres (5 à 6 pi. ) La baratteflamande, donton faitaussi usage
d'y glisser avec facilité. Ce bâton porte à sa dans l'Anjou et en Hollande {fig. 21el22),dif-
partie inférieure un disque de bois CC peu
épais , souvent percé de trous destinés à di Fig. 21.
viser la crème et à donner passage au lait
de beurre à mesure que le beurre se forme.
Ce bâton avec sa rondelle se nomme batte-
beure, baratton ou piston. C'est en élevant
et abaissant par un mouvement alternatif
ce piston dans la crème qu'on parvient à
former le beurre.
La serène, dont on se sert dans la i or-
mandie, notamment dans le pays de Bray ,
en Autriche, dans les Pays-Bas et dans quel Fig. 22.
ques contrées de l'Allemagne ( fig. 20), est
Fig. 20.
de(!) L'eaudans
chaux de javelle, étendue decomme
cette application, a ou 3 fois
dansson volume d'autres.
beaucoup d'eau, peut remplacer la solution ue
de cniorore
chlorure
(a) Lorsque dans un seul endroit on abat et l'on saigne un grand nombre d'animaux, comme dans
les
vasesclospour
d «auams^ge et dansnous
le traiter comme les abattoirs,
le dirons on doit
plus recueillir tout le sang dans des baquet
loin. ««4"<-is ou
ou autres
autres
(3) Nous verrons plus loin dans le traitement ultérieur des cba.rs, comment on peut, par une fort,
«uusoa à la vapeur ou dans l'eau, détacher des os toutes les parties qui j sont adhéWtèJ.
roux 111 g
ARTS AGRICOLES : UTILITÉ DÉS ANfMAFX. MORTS.
et notamment les | Itoh essais, à des distantes éloignées, oot
porcs. donné ce rfsnltat.
Dislocation des sabots, onglons, ergots, et Cuisson dt's- squefrttrs inctihiptëtement aV-
leurs empioi*. — On parvient de plusieurs c^ar/kw. — Ifotw avons indiqué Fes moyens dé.
isa nièces à séparer des* os des pieds la subs dépecer Je* a-nïma'uT. et d, extraire la plus
tance cornés qoi la recouore chez les chevaux, grande partie de- Ba chair adhérente aux os-
bœufs, montons, ele>. L'une des plus simples semens ; cette dernière opération est assez
consiste à mettre ces parties dans l'eau, et les Ion, h.- i;i il 1 1 1 n m I . ■ .t pratiquer daast Les cavi
y laisser jusqu'à ce que l'a- substance molle, tés irrégulières, les intervalles et les anfrac-
pulpeuse, qui est interposée entre I*os in tuosités des os de la colonne vertébrale, du
terne et l'ongte, soit distendue et presque cou et des côtes ; elte, deviendrait même im
délayée; en. cet état, il suffit d'insérer- tine possible, en raison des Irais de main-d'œu
lame die couteau dan» cet intervalle amolli vre, pour l'exploitation d'un certain nombre
en partie, pour opérer la séparation. d'animaux disponibles à la fois dans les éta-
blissemens d'éqiiarris$age. îïousj avons cons
Section ni. — Conservation , préparation et taté en grand, dans noire fabrique, l'effiea-
emploi de lu cftaèr, dli sang et des os. cîté du procédé suivant, applicabble dans
cette circonstance.
Chair musculaire; s» préparation, res On construit une chamI>revoùtée(>/^.56) en
usages. — Des essais réitérés sur la cherr des Figt 56.
chevaux, les plus maigrés et qui avaient suc
combé à un état maladif bien marqué, nous
donnent la conviction queToir ne court au
cun risque, et que l'oa recueillera, aw con
traire, des avantages certains en annualisant
la nourriture des animaux de basse-cour avec*
cette viande cuite et' légèrériïeiit salée ; à cet
effet, on la coupe en tranches, on lt> ptakzé
dans l'eau, et l'on mai»tient- celle-ci à l'c'bul-
lition pendant troisouqiuitrc heures dtros une
chaudière rocouvertev dfant la vapeur ne s'é'-
chappe qu'avec peine1, le couvercle étant ['
chargé d'un poids et posé sur un bourrelet |
de vieux linge.
Il n'y a aucun (langer d'explosion dans ce
mode de coctiun, connu sous le nom de cuis
son à L'étouffée (1).
La viande est alors facile à diviser, à l'aide
d'un couteau, d'un hachoir [fig. 53), ou mieux briques très-cuites, réunies par desjoiol sans-
ces ea mortier de chaux, et ciment; un- enca
encore de drement et une porte ou obturateur en>
râteaux à fonte, la ferment hermétiquement, à l'aide
dents ai de boulons à clavettes. Adulés- qu'on y a ent-
es, et tassé le plus grand nombre possible de car
courts casses charnues, on- ouvre le robinet d'un
ches.
54 et I:P tujypu,en communication avec une chaudiènev
afin d'y introduire un jet de \ apeur ea quan
,. Mé: tité suffisante pour produire une pnesaiooi
Fig, 54. langée a- constante de deux ou trois- pieds d eau; en,
vec trois, moinsde- trois heures la coctionest terminée,
ou quatre etil'on peut diriger,, àj L'aide. de< robinets, 1»
fois son vapeur dan» une seconde chambre disposée
volume comme oellorci.
de, pom Les! chainsi adhérentes, aux ossemens s'en
mes - de- détaohsntj alors avec la plus- grande facilité,
Fig, 55. ter-re cuit surtout avant que le refroidissement sait
tes. (2) ou complètement effectué:-,. Peau condensés, sur
de recou ces débris. d,'animauxi entraîne le» parties dis
pes, aux.- soutes par lîélévationide lai température, nu-
quelles, tamment-de iagéluti/ie avec laigraisse rendue
on peut ajputer l'eau employée; pour la coc- fluide. Gette dernière substaneo est- facile à
tion, elle constitue une excellente nourriture séparer . puisqu'elle acquiert de la consis
Eour les chjeus, les. porcs, et les.oiseaux.de tance en> refroidissant», et qu'elle surnage. Oa<
asse-cour; simplement, émiettééiet roulée peut l'épurer ensuite par une fusion- suffi»
avec deux ou trois fois son volume de grain, samment prolongée. Quant au liquide géla
les poules la mangent avidement : ce régi tineux, il est très-convenable, soit pour ani-
me parait les exciter à pondre; du moins maliser les alimens des animaux domestiques
(t) Le degré de cuisson utile pour rendre la viande suffisamment friable, s'obtient très facile
ment, à l'aide de la vapeur, sous une pression de deux atmosphères. L'appareil digesteur, pour l'ex
traction de la gélatine dej os, serait également propre à cet usage.
(I) «ont
•ule Les pommes-de-terre
alors rompue». cuites sont plus nourrissante» que crue», parce
r que le» enveloppes
rr de la ffr
~
«Ar. 8». CONSRHTÀÏTON , PRÊPARA/HON ET EMPLOI t)È LA CHÀÎR, ETC. «t
et ttotamrnenl de» porcsi, soit pour être mé «m fait dessé Fig. ST.
langé avec de la terre sèche, et former ainsi cher à l'air li
un engrais actif. bre, ou dans un
D« quelque minière que l'on ait fait cuire séchoir à l'air
et divisé ta viande^ on pourra la rendre sus chaud ( fig. 57),
ceptible d'une longue conservation en la fai le coagulum di
sant ensuite dessécher le pl*s possible an visé.
four, s1"' des plaques en fonte ou en tôle L'autre pro
chauffées avec précaution, et, dans ce cas, cédé mis en u-
en la remuant de temps à autre. sage pour pré
Cette opération utile, soit pour ekpédier parer selon la
au Isini, soft ptHir conserver tme provision méthode de M.
disponible dam Itsnroména opportuns, per Gay-Lussac la
met de porter pkis lom la division? H suffit, substance a Illu
en effet, alors, de broyer eetle matière deve mine use sèche,
nue friables s",ls 4e prlon, <>u dans MM moulin disso lubie, pro
à meules vertiefrlesi, ou mêarre à l'aide dîme pre anx clarifi
batte «a boiss comme *ta écrase le plàtTe \ï). cations, consis
Préparation et Ufaige du (rtfc*)*. —- Cette te à séparer d'a
substance* <lonl on ne tire généralement au* bord la fibrine
i parti, relativement à la plupart des ani- dn sang, puis à
px tués dans les campagnes , et même répaifdre le li-
^ les boucheries isolées et quelques abat quidea diverses
toirs publiés-, est cependant une dételles reprises sur dos
qui pentem être le plus facilement applica pi lés aérées de
bles aux besoins de toutes tes localités. Le buehès rnermès,
sang tfes anima** qui périssent de mort en bois dur, dis
violente, et probablement même de ceox qui posées entre les
meurent de maladie, peut entrer I*ï>m la mont-ans d'un
confection des ahinens salubrïs tè* si&slêtn- bâtimenfdegra-
tiels , tout aussi bien que cettri du eot-hon , diiation^g-.Sfi),
auquel cet emploi est exclusivëhieot réservé ou encore dans
dans notre pays.
On prépare CM Suède pour Ifs gens p*B
fortunés, un pain très-nutritif àklec le #àte
des animaux de boucherie et la pâte ordi-
naire de farine de blé; il n'y aurait pas pli«
d'inconvéniens a destiner au même usage )e
sang delà plupart des autres anima**'; mai!»,
danslouslescas, pourquoi ne consacrerait '6h
pas à la nourriture des anitnaitic <fc basse-ktoiir
un pain de cette sorte ? Il suffit, pour lè pré
parer, d'apprêter la pâte comme à l'ordi
naire, en employant, au Ifeu d'eirti,*» mé
lange liquide de moitié eeus moitié sang.
Cette sorte de pain , confié e* trànobes ri
desséché «u four, ootMtft'ue «ne très-boir-oe
matière d'approvisionnement', et «ermtet lie
tirer parti <d'u«e grande qnanlii<: de sang
• li m Ion pourra il .lis poser a la fois.
Il «st toujours préférable de se «ctvir,
pour cette préparation , de saog frais t, Mais,
y employât-on mcmte 'du sang On pèu fer
menté, il n'en résulterait pas plWs ■êteceA-
dens twe d« ta «tarification dn sacre opérée
avec m sang corrompu , o»r les ga* ide la tontes les capacités d:wa «échoir à courant
putréfaction se dégagent par la température d'aîrOhaUffé an-dessous de 60".
de la cuisson dn pain , comme dans 1 evapo tm S* procédé consiste à mettre dans une
rat ion des .sirops. icbarrdiere (fig. 99) en fonte «m eu tôle une
L'un de des procédés, décrit éirrn trti bre ïmantiléde sang suffisante pour occuper une
vet de MM. Païen et BOibuer, fut d'abord bailleur de six à huit powces; chauffer jus-
appliqué a I* fabrication des produits taw- qu'.i fVbtrilitfon, en agitant sans cesse avec
niaeauv ; il consiste, à faire coaguler le sang line spatule en fer, s«e petite pelle de fer,
par nne température de IW, soit directe on tout autre outil analogue.
ment à ftfu nu, soit à la vapeur; on 'extrait Le sang ainsi traité 'se sépare en deux par
par une forte pression la partie liquide, puis | ties, l'une liquide «Uns laquelle l'autre se
(I) Une partie des tendons intercalés dans la chair, ainsi que les cartilages, résistent & ces moyens
de pulvérisation. 11 esl facile de les séparer a l'aide d'un crihlc : on peut les réserver pour être vendus
ans fabricans u> bien de pràssc oo de prorfnits ammoniacaux. On parvient à les diviser pour les uti
liser comme engrais en les faisant dessécher de nouveau dans le four jusqu'au point où légèrement
torréfiés ili deviennent friables.
68 ARTS AGRICOLES UTILITÉ DES ANIMAUX MORTS. ht. nr.
coagule en gros flocons (1); ceux-ci perdent | les indispensables pour cette opération.
Fig. 69. On coupe en tranches de 2 à 5 lignes
d'épaisseur toutes les parties celluleuses des
os gras; ce sont notamment les bouts arron
dis qui se rencontrent dans les articulations
ou jointures; le corps de l'os est concasséd'un
coup de tête de la hache et laisse la moelle à
nu; lescôtessontseulement fendues en deux,
ainsi que la partie inférieure des mâchoires,
ce qui ouvre un passage suffisant à la graisse
logée dans une large cavité. Non-seulement
les os entiers que l'on a extraits des ani
maux, mais encore ceux qui ont accompa
gné la viande alimentaire dans le pot-au-feu,
ou rôtis, etc., sont utilisés de la sorte. Il eslseu-
f>eu à peu la plus grande partie de l'eau qui lement indispensable qu'on évite d'attendre
es mouille, et se divisent de plus en plus troplong-lemps avant d'en tirer parti; caria
par l'agitation continuelle quon leur fait graisse se fixerait dans le tissu osseux, dès
éprouver. Lorsque le sang est ainsi réduit en que celui-ci, par une dessiccation spontanée,
une matière pulvérulente humide, on peut ne serait plus imprégné de l'eau qui s'op
achever sa dessiccation en modérant le feu pose à l'infiltration de cette substance grasse.
et remuaut toujours, ou retirer cette sub On doit traiter à part, et avec plus de pré
stance et la faire dessécher complètement caution, les os qui, en raison de leurs for
en l'agitant sans cesse sur la sole du four mes, leurs dimensions, et lorsqu'ils n'ont pas
après la cuisson du pain. Il convient alors été endommagés, peuvent être vendus aux
d'augmenter la division en l'écrasant le plus tableliers; ils se nomment os de travail. Ce
possihle à l'aide d'une batte, ou mieux sous sont 1° les os plats des épaules de bœufs et
la roue d'un manège. de. vaches
r (fig.
^ ne
Nous avons aussi indiqué, tome I", page 93, 61) (ceux-cf
un autre procédé fort simple pour dessécher doivent être di
au four le sang mêlé avec de la terre. visés que dans
On met le sang sec en barils, caisses ou leur bout ar
sacs, que l'on conserve dans un lieu à l'abri rondi et sur les
de l'humidité; on en fait usage pour l'engrais bords égale
des terres ou pour nourrir les animaux, de ment spon
la même manière que de la viande hachée et gieux, en sorte
desséchée, dont nous avons parlé plus haut. que la plus
Issues, vidanges et déchets des boyaux. — grande partie
Nous ne conseil Ions pas de l'aire dessécher ces de la table soit
matières animales, parce- que cela offrirait conservée in
d'assez grandes difficultés, relativement aux tacte); 2° les os
■vidanges des intestins, qu'une partie des pro cylindriques
duits gazeux de la fermentation, déjà com des gros mem
mencée dans les déjections, serait perdue et bres de bœufs
infecterait jusqu'à uni' grande distance les en et de vaches;
droits où l'on voudrait opérer cette dessicca ( fig. 62); on en
tion. Quant aux déchets de boyaux, foie, sépare, a l'aide
poumons, cœur et cervelle, ils peuvent, sans d'une scie, les
incoiivéïiieiis, être desséchés de la même ma bouts, de manière à ouvrir la ca
nière que la viande {vojr. les procédés décrits vité cylindrique qui renferme la
plus haut), et donner une substance presque moëlle,en ménageant tout le reste
d'égale valeur pour les mêmes emplois, ou du corps de l'os : les bouts spon
être employés comme nous l'indiquons 1. 1", gieux séparés sont tranchés en
p. 94, pour l'engrais des terres. trois ou quatre fragmens pour ou
Préparation et emplois des os. — Toutes vrir les cellules; 3° les parties com
les parties creuses, de même que les por pactes et les plus larges des cô
tions spongieuses des os ré les (fig. 63) de ces mêmes ani
cemment tirés des animaux, maux : on coupe à la hache, en
contiennent une matière grasse
que l'on peut en extraire en Fig. 63.
lui ouvrant un passage et la
faisant liquéfier sous l'eau par
la chaleur : un billot fait avec
le moyeu d'une roue hors de
service, une hache (fig. 60),
bien trempée, ijne scie à main,
et une chaudière ou mar Fig. 64.
mite, sont les seuls ustensi-
(t) Cette coagulation, déterminée par la chaleur, rend plus lente et plus régulière la décomposition
«lu saug dans I* terre; en sorte qu'il fournit un engrais préférable A «lui sue donne ie sans **-
«hàp. 2*. CONSERVATION , PRÉPARATION ET EMPLOI DE LA CHAIR, ETC.
cinq ou six fragmens, les bouts spongieux, correspondante à celle du liquide enlevé par
tout le reste est réservé; 4° enfin, les os de l'évaporation et l'imbibition des os: on ra
la partie inférieure des membres) jambes)des nime le feu et l'on recommence une deuxième
bœufs, vaches, moutons, chevaux (fie. 64), opération semblable.
sont encore traité» chacun à part, et d abord La graisse de tous les os hachés et concas
préparés à la scie, comme les os cylindriques sés est seulement refondue et mise immé
ci-dessus indiqués. diatement en barils, pour être livrés aux fa-
Tous les os ainsi préparés se traitent en bricans de savon ; on peut l'employer en cet
suite de la même manière que nous allons état pour assouplir les cuirs des chaussures
décrire; mais les os des jambes, lorsqu'ils et des harnois; chauffée avec précaution jus
sont débouillis séparément, donnent des qu'à ce que, par une ébullition lente, toute
produits gras différons et plus estimés; ce 1 eau interposée soit évaporée, on en obtient
sont les huiles dites de pieds de bœufs, de une graisse brune très-convenable pour lu-
pieds de moutons et de pieds de chevaux : les bréfier les essieux de roues de charrettes, de
deux premières s'emploient avec avantage charrues, des vis, axes et tourillons, des pres
pour la friture et le graissage des pièces de soirs, etc.
mécanique en fer, fonte ou cuivre; la der Une troisième sorte d'os est mise à part
nière est fort recherchée comme huile, pour sans en extraire de matière grasse. Elle com
alimenter la combustion dans les lampes des prend : 1° les os de tètes de bœufs (fig.68), dits
émailleurs, souffleurs de verres et fabricans Fig. 68.
de perles fausses.
On verse dans une chaudière (fig. 65 ) ,
ordinaire
ment en
fonte, de
l'eau jus
qu'à la moi
tié de sa
rapacité ;
on la fait
chauffer
jusque
près de l'é-
bullition, et l'on y ajoute des os coupés,
jusqu'à ce que ceux-ci ne soient plus re
couverts d'eau que d'un quart environ de
la hauteur totale, à laquelle ce liquide ar canards; V les parties osseuses, légères, qui
rive : on continue à chauffer jusqu à l'ébul- remplissent l'intérieur des cornes, dites cor-
lition , en remuant dans la chaudière de nillons (fig. 69); 3° celles du même genre qui
temps à autre avec une forte pelle en fer sont insérés dans les onglons des bœufs, va
trouée comme une écumoirejon laissealors ches (fig. 70 ); 4° les os plats et minces des
en repos. La graisse continue à se dégager épaules de moutons (fig. 71).
des cavités qui la renferment, et vient sur Fig. 69.
nager à la superficie. Après environ une demi-
heure on couvre le feu, on apaise l'ébulli-
tion par une addition d'eau froide, et l'on
écume toute la matière, grasse fluide, venue
à la superficie, avec une cuiller peu pro-
Fig. 66. fonde, mais larj<e (Jig. 66) (comme
une petite poêle). On délermine
encore un mouvement d'ébulli-
tion, on agite les os, afin que le
changement de position permette
à la graisse, engagée dans leurs
interstices, de m-iuter à la sur
face et d'être enlevée de même à
la cuiller. Toute la graisse est pas
sée au tamis au fur et à mesure Tous ces os, ainsi que ceux des jambes
qu'on l'enlève, et recueillie dans de moutons(trop minces pour servir à la ta
un baquet bletterie, mais ((ont on a scié les bouts, afin
On puise ensuite tous lesosavec d'en faire sortir la graisse), se vendent avec
une pelle (fis. 67 ) trouée pour les avantage aux fabricans de gélatine ou de
jeter hors de la chaudière. colle d'os, qui les traitent, soit par l'acide
Fig. 67. hydrochlorique, soit par l'eau ou la vapeur,
à la température et sous la pression corres
pondant à deux ou trois atmosphères.
Nous a\<uis vu comment sont traitées sé-
f>arément les deux sortes d'os, d'où résultent
es os de travail et les os hachés, les uns et
les autres privés de graisse. Les derniers se
vendent aux fabricans de charbon animal et
On ajoute dans celle-ci une quantité d'eau de produits ammoniacaux; les fermier* peu
70 ARTS AGRICOLES : UTILITÉ, ÇES, AWMÀP* WORTS,. UY,
vent les utiliser directement pour l — l'engrais
- —o" — I
destirresen les réduisant en poudre gros Fig- 7*.
sière daus uu moulin à cylindres cannelés.
Exposés pendant deux heures à la vapeur
chantier sous trois atmosphères de pression,
il» deviennent très-faciles à diviser sous le
marteau ou dans un moulin à, meules verti
cales en fonte.
Broiement des os.—L'expérience a démon
tré qu'il est nécessaire de diviser les os pour
en ej traire- convenablement graisse et la
gélatine; nous avons dit plus t comment
elle doit être obtenue, nous s >;>ons donc-
ici que les os en sont privés.
Le moyen le plus simple et, le moins dis
pendieux de premier établissement pour
broyer les os en menus fragmens consiste à
les frapper à l'aide d'une masse sur un billot
: ; voici la description des
1 -. ustensiles
relatifs à ce procédé :
{Fi(f. 72.) Plan et élévation du billot en bois
dans lequel est encastrée une plaque de fonte
taillée en pointes de diamant.
(Fig.lZ.) Plan et élévation du cadre en bois
qui eidoure la plaque en fonte pour retenir
les os lorsqu'on les frappe avec la masse.
(Fis. 74.) Masse eu bois dur, garnie en des Section iv. — Préparation et emploi de quel
sous d'une plaque de fer taillée en pointes de ques autres produits des animaux.
diamant aciérees, ou d'un grand nombre de >
clous à forte téte pointue. Nous allons entrer dans quelques détails
sur l'emploi que l'on pourrait faire de quel
Fig. 74. Fig. 73. ques autres produits qu'on relire des animaux
morts et des préparations qu'on pourrait
leur faire subir pour augmenter encore Heur
utilité ou les profits qu'on peut en tirer.
Crins, poils, laines, plumes, t- Toutes ces
substances peuvent être conservées par les
Et mêmes moyens; on les fait dessécher au
!ir, après s'être assuré préalablement que
Fig. 72. la température n'y est plut assez élevée pour
opérer sur elles quelque altération; il suffit
ensuite de les emballer dans des caisses, des
ri Ik ou tout autre vase bien clos et le plus sec
'ssilile'.on aura plus de chances encore d'une
lionne conservation, en les mettant en con
tact avec le gaa du soufre en combustion
avant de tes tirer du feu t pour cela, on fait,
en écartant ces matières, une place nette au
milieu de la soie, on y pose deux briques, et
l'on place dessuis un pot à fleur ou tout autre
vase en terre ou'en fonte, peroé de quelques
trous au fond, dans lequel on a mis un mor
ceau allumé ( la moitié, par exemple ) d'une
On S Mt encore servi de machines i pilons; mèche Soufrée. Dès ijue le soufre cesse de
ceux-ci étaient terminés par une plaque en ùlcr, on se hâte d'emballer les substances
fer taillée en pointes de diamant, comme la qui1 ont été exposées à son action. Si l'on
masse que nous venons de décrire, et le voUlaH prolonge* pendant plusieurs années
fond du mortier présentait cies barres en la conservation de ces objets, il serait bien
fer plàcées de champ, entre lesquelles les de renouveler, avant les chaleurs de l'été, la
menus fragmeus d"0s se dégag Bat sot\s la dessiccation et le soufrage que nom venons
r><"rcus8,K>" «l'indiquer.
j ni )tne p, on- L'emploi des plumes est généralementTon-
\ cylindres à ;es nn, même dans les campagnes: mais il est
m assez rare que l'on y emploie les procédés
)n termine Ie broyage çn fqisant repasser susceptibles de prévenir leur prompte dété
les os ainsi concassés entre deiix autres paires rioration. Nous donnerons plus loin la pré
de cylindres cannelés, en tout semblables, paration des plumes à écrire, et nous ajoute
mais plus rapprochés et à dentures plus rons seulement ici que les plumes défec
fines. IJoo machine à vapeur est ordinaire tueuses et toutes celles qui ne peuvent servir
ment appliquée à faire mouvoir ces trois ni pour les lits ni pour écrire seront aisément
paires de cylindres, qui exigent une jgrande utilisées comme uu excellent engrais, en les
force mécanique. (Fbrez pour l'emploi des os mettant dans des sillons creusés près des
broyé"ftvTF, pag. 9L) ^ plantés et le» recouvrant de lerre,
chap. Y. PRÉPARATION et emploi de quelques PRODUITS DES ANIMAUX. 71
Les crins longs, tels que ceux de la queue fruit le long des murailles et à quelques au
des chevaux dits à tous crins, doivent être tres usages des clous à tète.
mis à part comme ayant beaucoup plus de Cornes, sabots, ergois, onglom, etc. — Tous
râleur que les crins courts; ces derniers ne ces produits «les animaux sont formés d'une
servent qu'à filer des cordes, à rembourrer même substance : aussi ont-ils plusieurs
des cous*,ins, meubles de siège, seUesde che- .usages communs; leur couleur et leurs di
vaug, etc., tandis que le» premiers «'em mensions les font sentes différer d'utilité dans
ploi e#t dans la confection des étoffes de luxe linéiques emplois. Le premier soin à pren
«dont le prie est assez élevé : la fabrication dre «près les avoir rassemblés est donc de
(des étoffes ide crin ■acquiert beaucoup d'ex- lés assortir suivant ces caractères physiques.
jtensiDB, et déjà la matière première lui man A insi , on mettra ensemble tous ceux de ces
que en France. Si J«s habillas des campagnes objets qui offriront à peu près la même
préféraient .fairje usage des crins plutôt que nuance ét la même grandeur; ceux qui, étant
de les vendre, il leur serait très-facile de ées à la fois le moins colorés et les plus grands,
.filer, soit par eux-mêmes ou par des gens du n'ayant d'ailleurs aucune sorte de défectuo
métier, en corde» fFuoe grande solidité , très- sité, auront la plus grande valeur; récipro
durables lors même qu'elles sont exposées quement, les plus petits et les plus colorés,
aux intempéries des saisons -, sous ce rapport, comme ceux qui offriront des déchirures, des
les cordes de crjii sont très-convenables pour trous, des entailles ou des formes trop irré-
étendre le linge, auquel, d'ailleurs, elles ne gultères, ne pourront se vendre qu'à un prix
roui mu m m | iieut pas je traces brunes, comme moindre; toutefois, parmi tes plus grands,
cela arrive avec las cordes de chanvre alté on mettra à part ceux qui seront sans défaut,
rées par l'humidité. S'ils voulaient préparer et on réunira en un seul lot tous les défec
Je crin pour rembourrer quelques meubles, tueux; les cornes et les sabots peu colorés,
ils l'exposeraient à la vapeur de l'eau bouil mais difformes, seront aussi mis de côté;
lante en tresses, qui, aprèsle refroidissement, enfin, on réunira tous les petits ernots et les
conservent les formes «adulées, utiles pour rognures ou fragnvens de Ires-petites dimen
1)1 rendre élastique. sions, i " > > ■ <
Les soie» de cochon, que l'on extrait, en Tous les sabots, cornes, onglons entiers
quelques endroits, après l'échaudage de ces se Vendent aux aplatis retors, qui les préparent
animaux, peuvent être assimilées aux crins pour la fabrication des peignes et autres ob»
courts et vendus comme tels aux bourreliers îets en cornet c*ux qni sont défectueux ne
et fabricant de meubles ou aux appréleurs sont propres qu'à la préparation de la pou
de crins. ' dre et rà pure de corne Mondé du brune;
La hourre, ou poils de diverses peaux, enle enfin, les déchets, menus fragmene et petits
vée» l'aide d'une macération dans l'eau de ergots s'emploient par les fabriitans de prus-
chaux, sert à la sellerie grossière et à fabri siate de potasse t il est probable qu'on trou
quer les feutres pour doublage des vaisseaux; vera moyen de les employer dau» la tablet
mais cette matière de peu de valeur ne terie, et qu'alors il sera utils do les assortir
peut guère être obtenue que chez les tan suivant leur nuance.
neurs : il eu est de même des déchets dès La préparation de la poudre et de la repure
peaux tondues. Au reste, beaucoup de peaux de corne est si simple et Si facile, que le»
de petits animaux, n'ayant de prix qu'en habitans des campagnes ne peuvent manquer
raison de leurs poils, et les autres pouvant de s'v livrer avec fruit ! il suffit, en effet, de
être vendues sans en être débarrassées, il saisir l'objet qu'on veut diviser ainsi, entré
oon vie n t, en généra l,an\ gensdes campagnes le» mâchoire» d'un étau, sous le valet d'un
que toutes les peaux qu'ils pourront se pro établit °" même entre deux morceaux de
curer eu dépouillant les animaux morts bois serrés par une édrde, puis d'user la
soient conservées avec leurs poils, comme corne ainsi maintenue, à l'aidé d'une forte
août le verrons plus loin. ' • ' : rape; la rapuré ou corde divisée est recueil
Fers\ clotit. — Les bœufs, chevaux, ânes, lie, et lorsque l'on en a amassé Une certaine
mulets sont souvent munis de fers plUs ou quantité, on péut la rendre aux tabletiers : il
moins usés lorsqu'ils meurent on sont abat conviendrait dé la tamiser préalablement,
tus. Les vieux fers qui ne peuvent être forgés afin de donner plus de Valeur à 1* poudre
seuls sont' encore très-utiles aux forgerons; plus fine, et dé tirer ainsi tin parti pllis avan
on les chauffe fortement trois Ou quatre à la tageux de là totalité. On doit éviter avec soin
fois, on lessoUdeen lés corroyant ensembleau dé répandre de Phulleou déà matières grasse»
marteau, et les fers neufs, afqsiqite les autres sitr celte poudre, et même d'y mêler tout
ouvrages de forge qui eu résultent, sont aUtré corps étranger; quî, pouvant s'dpposef
fibreux, d'excellente qualité, et auêUttcmettt à son agglomération, là rendrait Ittiprdpre à
sujets à casser.' Ce fep corroyé est très- la fabrication d'objets ên corïièfondue.
propre au service de la grosaerié ( ferremens Quant auxfragmfns' decofttes, de sabots et
de charronnage ) , en raison de sa grande d'onglês, trop pèu vdlutniriéU* pour être
ténacité. Les clous arrachés de» pieds de ces employés entier» dh réduits en râpures, on
animaux s'emploient utilement, sous le nom parviendra fâélfèment à tirer parti de ces
de ranointt i , pour hérisser les pièces de bois débris en les nettoyant à Feau frdjde, les di
qui doivent être recouvertes dê plâtre ou de visant grossièrement à l'aide d'un hachoir,
mortier ; on s'en sert dan» niusieurs pro couperet ou coufeaii, les mêlant avec un
vinces, ét surtout en Auvergne, pour ferrer qttiti, de léur Volume de rapuré (le coénes .
les sabots et rendre cette ehanssnre plus dnj passant le tout dans dé l'eau bouillante ou
rable; ils peuvent servir à ftxêf fes loque», délà FéSsiVè faible peodanl une bii déux heu
au moyen desquelles on palisse les arbres à res, puis les maintenant cc^prlriics pèhdànfc
»« ARTS AGRICOLES : UTILITÉ DES ANIMAUX MORTS. LIV. IV.
nne heure dans un cercle de fer entre deux Peaux. — Cette partie est l'une de celles
disques chauds en même métal. On atteindra qui ont le plus de valeur dans les animaux
la température convenable en faisant chauf morts : en effet, depuis les peaux de taupes
fer presque au rouge naissant ces disques, et de rats, que les tanneurs apprêtent pour
qui doivent avoir de six à neuf lignes d'épais certaines fourrures, celles de lapins, de liè
seur; puis les plongeant pendant une seconde vres, dont les chapeliers extraient le poil,
dans 1 eau froide au moment de s'en servir. jusqu'aux plus grands cuirs, aux toisons les
Le cercle ou moule, dont nous venons plus estimées et aux fourrures les plus pré
•d'indiquer l'usage, sera tout trouvé en em cieuses, toutes les peaux peuvent se vendre
ployant ces demi-bolles de roues enfoncées avantageusement. Lorsque les élablissemens
•dans le çros bout des moyeux; elles seront manufacturiers dans lesquels on travaille les
même Ires-propres à cet usage. Après un long peaux sont peu éloignés, on peut les y porter
service, la forme conique de leurs parois fa toutes fraîches; les plus grandes s'y vendent
cilitera la sortie de la galette qu'on y aura au poids.
moulée. La conservation, et, par suite, le trans
Les deux disques en fer seront découpés port des peaux à des distances assez considé
dans des rognures de tôle ou forgés avec rables sont faciles; il suffit généralement d'en
quelques morceaux de ferraille. éliminer le plus possible les substances char
On pourrait obtenir une pression suffi nues ou grasses adhérentes, puis de les éten
sante a l'aide de coins en bois serrés dans dre à l'air jusqu'à ce que leur dessiccation
l'intervalle de deux pièces de bois; mais on soit complète; cependant, lorsqu'il s'agit de
se procurera sans peine une presse plus les garder long-temps, et surtout afin de
commode et peu dispendieuse, soit en fai pouvoir en accumuler une quantité de quel
sant usage d'un était de serrurier dans les que valeur jusqu'au moment de les expédier,
momens où il est libre, soit en taraudant avec il est utile de les imprégner d'une substance
la filière d'un fort boulon le haut ( renforcé antiseptique; à cet effet, on peut suivre l'un
■en cet endroit) d'une bande de roue con des procédés économiques suivans :
tournée en forme d'étrier; on serrerait le 1° Les peaux destinées aux tanneurs se
boulon avec une clef ordinaire; quelques conservent assez long-temps, et même se
fragmens de fer ou de fonte posés sur le dis transportent humides ( dites à l'état vert),
que supérieur recevraient la pression directe en les imprégnant d'un lait de chaux léger
et la transmettraient à la matière renfermée fait en délayant environ une demi-livre de
dans le moule. chaux éteinte en pâte dans deux seaux d'eau.
Les galettes ainsi préparées seront facile 2° Lorsque les peaux sont desséchées, on
ment réduites en ràpure et vendues avec les suspend dans un cabinet clos ; on place
avantage aux tabletiers et fabricans de bou dans une des encoignures un tesson de vase
tons, ainsi que nous l'avons dit plus haut. en terre couteuaul quelques copeaux sau
Ce dernier travail pourrait occuper des poudrés de soufre ; on les allume, puis on
enfans et même des aveugles. La même ferme la porte le plus hermétiquement
presse, dont nous venons d'indiquer la con possible; l'acide sulfureux, qui s'introduit
struction simple servirait à l'aplatissage ci- (à l'aide d'un peu de vapeur d'eau) dans les
après décrit aes grands morceaux de cornes poils et le tissu de la peau, les défend assez
propres à la confection des peignes. long-temps de toute altération spontanée,
Aplatissagedes cornes et ergots.—On prend comme des attaques des insectes : ce moyen
toutes les cornes et ergots susceptibles de sera d'autant plus efficace, que l'on pourra
donner des morceaux d'une étendue de deux enfermer les peaux dans des vases mieux
à trois pouces au moins, en tous sens; on clos, immédiatement après cette fumigation.
supprime d'un trait de scie le bout plein des Il serait utile, dans certains cas, de renou
cornes; on les fend, de même que les ergots, veler cette opération peu coûteuse.
à l'aide d'une scie à main ou d'un, ciseau 3° Lorsque les peaux serout à demi sèches,
mince à tranchant, dans leur courbure in on les plongera dans un vase contenant une
terne; on les plonge dans l'eau, qu'on fait solution de sel marin ou d'alun en quantité
chauffer à l'ébullilion pendant environ une suffisante pour qu'elles y soient complète
demi-heure ; elles sont alors assez amollies ment plongées.
pour être ouvertes et développées à l'aide La solution de sel marin et d'alun se fait
de tenailles ou de coins en bois; on les sou en délayant dans l'eau froide du sel de cui
met, ainsi étendues, à l'action de la presse sine ou de l'alun en poudre, que l'on y ajoute
entre des plaques en fer un peu plus grandes successivemeut par poignées, en agitant de
que ces cornes, développées et chauffées temps à autre, jusqu'à ce que la solution
comme nous l'avons dit. On peut mettre en soil complète. Il faut employer environ un
1>resse à la fois cinq ou six cornes, en ayant douzième du poids des peaux en sel, ou moi
e soin d'interposer entre chacuue d'elles tié de celte quantité en alun : un vase en
une plaque en fer ; on conçoitque, pour cette grès, un seau, un baquet, etc., sont propres
opération, la virole ne sauraitêlreemployée, a cette opération.
puisque l'étendue des morceaux comprimés Lorsque les peaux ont' été trempées ainsi
doit varier librement, afin qu'ils s'aplatissent pendant trente-six à quarante-huit heures,
saus obstacle. on les étend à l'air sec ou dans un lieu chauffé
Les cornes aplaties se placent avec avan f>ar uu poêle pour les faire dessécher, et on
tage chez les fabricans de peignes et les ta es renferme dans des caissas ou des ton
bletiers; elles trouvent un débouché très- neaux, et on les garde dans un endroit sec
facile à différons prix, suivant leur nuance jusqu'au moment de les expédier. Si l'on de
et leurs dimensions. vait trop tarder, il conviendrait de les expo
cuap. r. PRÉPARATION ET EMPLOI DE QUELQUES PRODUITS ANIMAUX. 71
ser à la vapeur de la combustion du sou Ce procédé s'applique avec beaucoup d'a
fre, comme nous l'avons indiqué ci-dessus. vantage à l'assainissement des plumes de
Les peaux de bœufs, bouvillons, vaches, gé lits, qu'un long usage a fait pelotonner et un
nisses, chevaux, mulets, ânes, veaux, se ven Îieu putréfier; elles reprennent h peu près
dent aux tanneurs et hongroyeurs; celles de eur volume primitif et sont assainies : dans
chèvres, chevreaux, de moutons (tondus) , tous les cas, il est convenable de battre les
d'agneaux, cerfs, biches, etc., sont achetées plumes avec des baguettes lisses pour en éli
plus particulièrement par les mégissiers. Les miner la poussière.
maroquiniers achètent en général les plus Graisse. — Lorsque la matière grasse a été
belles parmi celles de chèvres et de mou extraite par la dissection, comme nous l'a
tons. vons dit plus haut, on la taillade en petits
Les peaux de moutons, desquelles on n'a fragmens gros comme des amandes environ;
pas extrait la laine par la tonte, se vendent on en remplit une chaudière ou marmite ,
aux négocians laveurs de laine; celles des sous laquelle on allume du feu : à mesure
lapins, des lièvres sont livrées aux chape que la graisse fond, elle s'écoule des cellules
liers sans autre préparation que d'avoir été ouvertes du tissu adipeux; la température,
desséchées, étendues à l'air, le poil en de en s'élevant, dilate et fait crever celles que
dans, et avec le soin d'éviter que le sang et le couteau n'avait pas tranchées. A l'aide
tout autre liquide animal se répandent sui d'une écumoire , on enlève successivement
tes poils. les lambeaux de tissu cellulaire, en expri
La plupart des autres peaux se vendent mant à chaque fois la graisse qu'ils recèlent
aux fourreurs. encore par une pression opérée avec un
Débourrage des peaux. — Les peaux à poils corps arrondi, le fond d'une cuiller, par
ras (celles des chevaux, bœufs, ânes, mu exemple.
lets, etc.), qui ne s'emploient généralement Si l'on pouvait réunir de grandes quantités
que débarrassées de leurs poils , peuvent de matière grasse pour les fondre ainsi, il
être débourrées facilement par les gens de serait utile «ravoir une presse, afin d'extraire
campagne; il leur suffira, en effet, de plon moins imparfaitement ce qui reste engagé
ger ces peaux dans de la lessive qui a servi dans ces fragmens écumés; dans tous les cas,
au lessivage du linge, et de les y lai ser ma ces derniers sont encore utilisés pour annua
cérer jusqu'à ce que le poil s'arrache très- liser la nourriture des chiens.
facilement Si l'on a l'occasion de changer le Lorsque la graisse est ainsi épurée et
liquide une fois ou deux pendant la macé fluide, on la décante à l'aide d'une cuiller,
ration, celle-ci sera plus promplement ter on la passe à travers un tamis dans un baril
minée et les poils seront plus propres; ceux ou dans un pot de grès; ce dernier doit être
de bœufs, ainsi traités, seront mieux dispo- échauffé graduellement avec les premières
sésàservirpourrembourrerles selles, comme cuillerées qu'on y introduit, afin d'éviter
f>our fabriquer des couvertures grossières et qu'il ne se casse par un changement brusque
e feutre des doublages de navires. de température.
A défaut d'eau de lessive, on peut se ser Un procédé pour fondre le suif, qui est
vir d'un lait de chaux contenant environ encore préférable sous le rapport de la quan
trois kilogrammes de chaux pour cent kilo tité et de la qualité du suif qu'il donne, a été
grammes d'eau. indiqué par M. d'Arcet; il consiste à mettre
Dès que la macération sera amenée au dans la chaudière, outre la substance grasse,
Ïioint convenable, on rincera les peaux en de l'eau et de l'acide sulfurique dans les
es changeant plusieurs fois d'eau ou les proportions suivantes :
exposant à un courant d'eau vive; puis on Suif. 1500 grammes.
raclera sur une table ou un large tréteau Eau 750
toute la superficie extérieure avec un racloir
à pâte ou tout autre outil analogue. Acide sulfurique. 24
Les peaux débourrées seront étendues à On fait bouillir le tout ensemble, on laisse
l'air, desséchées et expédiées ou conservées déposer lorsque toutes les cellules sont assez
par les moyens que nous avons indiqués pré attaquées; on décante l'eau à la partie infé
cédemment. Avant de les faire dessécher, il rieure ou le suif qui surnage, on passe celui-
serait bien, afin de les rendre plus souples, ci au tamis.
de les mettre tremper, pendant deux ou trois Si l'on voulait éviter les émanations très-
jours, dans de l'eau blanche faite avec une incommodes dégagées pendant cette opéra
poignée de recoupes délayées dans un demi- tion, il faudrait recouvrir la chaudière d'un
seau d'eau. chapiteau, adapter au bec de celui-ci un
A défaut d'autre usage, le débourrage des serpentin, et opérer ainsi à vase clos la fonte
peaux forme un excellent engrais. du suif; on soutirerait le liquide aqueux par
Apprêt et assainissement des plumes de lit. la vidange (ou robinet) intérieure; on enlè
— Nous avons vu que les plumes destinées à verait ensuite le chapiteau pour terminer
remplir des enveloppes (lits de plumes, tra l'opération, comme nous lavons dit ci-
versins, oreillers, etc.) Peuvent être rendues dessus.
faciles à conserver en les faisant sécher et Boyaux. — Les intestins grêles ou boyaux
soufrerai! four; on atteindra plus sûrement longs et droits, ainsi que les cœcums ou boyaux
encore le même but en les soumettant à l'ac courts, naturellement fermés d'un bout, les
tion de la vapeur sous la pression de deux uns et les autres provenant des bœufs, va
atmosphères et à la température correspon ches, moutons, chevaux, servent à la fabrica
dante, puis les faisant sécher et soufrer à tion des boyaux insufflés que l'on exporte en
l'étuve. Espagne, de la baudruche que les batteurs
AGRICULTURE. tome III. — ICI
74 ARTS AGRICOLES : UTfLITE DES ANIMAUJt ftlORTS. uv. IV.
.'or emploient, des cordes harmoniques, des ayant de 5 à 6 pouces d'épaisseur : on la re
irdes à mécaniques, des cordes à raquettes couvre de paille posée légèrement et en pe
x fA...i, j .. i ~ ;iti«J ,1* ~ .. ~ tite quantité seulement, dans le but de dé
fendre de l'ardeur du soleil la superficie des
matières animales. Bientôt les abouches, at
tirées par J'ofjeur,, s'abattent sur la paille,
qu enes trawr.vnt pour aller déposer leurs
mais partout on peut s'occuper oaufs à la surfape des débris des animaux.
utilement de préparer le^ boyaux, de ma- Quelques jqurs «près, pu Irouve à la place
pjèrp séulemept a ce qu'ils puissent èlre des matière* égalées ,yne ipasse mouvante
fransporlés iusqu aux établissemens qui doi d'asticots mêles d'un résidu semblable au
vent les utiliser. terreau ; or sépare a la main quelques Lam
Dès qu'un animai est mort et qu'on a en- beaux de inahnv, animales; un emplit à la
yé sa peau, cpmnie pous l'avons indiqué, pelle des &a£S de ces vers, qui s'expédient
(oit se hâter de Ytder les boyaux désignés ainsi et se veulent a La mesure.
5 et fie Jes plonger dans l'eau fraîche, Les pécheurs à la ligne en font une grande
es bien riucer ; on enlève ensuite la consommation dans certaines localités, elles
issf restç* #4!»vrÇnte» e0 !es raclant légè- paient souvent assez cher. Ln des emplois
nent ayeç un couteau, afin $çy'\i$r ,<jfe Içs l^s pins unies que i on puisse faire des asti
, iper. Pour faciliter cette opération relati cots consiste à les donner aux poissons des
vement apx grands boyaux, on attache un étangs; ceux-ci se développent et s'engrais
bout (Je 4 à 5 pieds à un bâton fixé horizon sent très-promptement avec cette nourriture.
talement à f) j)iedb de hauteur aurdessu» du (^U peut obtenir ainsi 3 et 3 fois plus de pois-
si il. et lorsque ce bout est dégraissé on le fait sqns dans je même étang, et 8 à 10 fois plus
descendra en le remplaçant par la portion de produits; ear le défaut seul de nourriture
suivante du même intestin, et ainsi déduite, diminue le nqmbçe de ppissons, lorsque par
jusqu'à ce que toute la longueurait .subi cette mi eux il ne s'en trouve pas de voraces, et
sqrte de nettoyage. °» finep encore les qu'ils sont à l'abri des diîfépens animaux
boyaux, oni les jes piîssp
jpa,ss,e enfre
enjre \^
les dpigts en
i les jchthyophages.
comprimant, .aliu de faire sortir le plusi d'eau Cqnvarsion des tendons et rognures de peaux
Îiossible; on Ips, é.lehd sur des pordes pour en colle-forte. — La fabrication de la colle-
es faire sécher- Lprsque leur dessiccation forte est une de celles qui peuvent très-faci
est à demi opérée, on (us expose, dans une lement être mises à la portée des gens de
chambre c}ose* au gax du soufre en cptnhus- campagne , et dont Les produits sont consom
tion, comme Jjpus J avons indiqué plus haut; més dans presque toutes les localités. On
qn les étend de nouveau pour achever de les fajt tremper dans un lait de chaux (formé d'un
faire sécher, qn, |e.s plle, tandis qu'ils sont km. de chaux vive éteinte en bouillie et dé
encore souples; qn les expose une seconde layée dans 60 lui. d'eau environ) les matières
fois à la vapeur du soufre, et, après cette opé- premières ci-dessus désignées, aussitôt qu'on
rat ion, an les embaMe» dans des caisses ppur les a extraites de l'animal , ou même des
les expédier. , | • ■\• .. séchées , suivant les procédés décrits ; on
Les pis de vache coupés au rez de la tétine, renouvelle le lait de chaux tous les huit
et préparas de la même manière, peuvent se jours pendant un mois, et ensuite une fois
vendre aux personnes qui s'occupent de fa par mois en hiver et deux fois en été. En
briquer d^s flibeirons pquy } allaitement arti préparant le lait de chaux plus faible de
ficiel. ; ■>..■,. moitié, c'est-à-dire dans fa proportion d'un
Les intestins et leurs débris, ainsi que la de chaux pour too d'eau, on peut pro
chair musculaire el toutes les issues, excepté longer leur conservation de celte manière
la vidange, peuvent encore-être utilisés, du jusqu'au moment de la saison favorable,
rant tout le cours de Vêlé, par le développe et même pendant plus d'une année, si l'on
ment île ces larves désignées squs le nqm.de veut attendre qu'on en ait amassé une quan
vers blancs qu atJUqts «Vans les localités où tité un peu considérable pour se livrer à
les pécheurs! la ligne, qui s'en servent pour leur traitement; toutefois, dans le deuxième
amorcer »e poisson bfanc et garnir leurs ha mois, ces matières sont prêtes à être mises
meçons, en font une consommation ass< en œuvre, i
grande, ou lorsqu'on peut les envoyer aux Lorsqu'on veut commencer la fabrication,
personnes qui s'occupent «l'élever el de nour- ou vide les vases ( baquets, tonneaux, fosses
fir des fa isa 84 pu des poissons; ces vers peu glaisées ou cimentées, etc. } de toute l'eau de
vent être employés à (a nqurriture des poules chaux qu'ils contiennent, après l'avoir agitée
et autres oiseaux de basse-cour, en ayant le pour mettre la chaux en suspension; on en
soin de Leur donner alternativement des ali- lève les matières animales dans des mannes
raens végétaux; ils favorisent singulièrement en osier, et on les lave le plus exactement
le développement des dindons, petits-pou possible, soit en tes agitant dans plusieurs
lets, et de tous les jeunes oiseaux élevés dans eaux claires, soit, et mieux encore, eu les
lés basses-cours, et remplacent, avec Utu exposant à un courant d'eau vive, et les re
avantages marqués, les œufs de fourmi pour tournant de temps à autre pendant 34 ou
cet usage, de même que pour élever les per 36 heures.
dreaux, les petites cailles, les rossignols, les On les étend ensuite à l'air sur le pavé ou
fauvettes- Voici comment on favorise la pro sur un pré ras, en couches aussi minces que
duction de ces vers à Moulfa ucou près Paris. possible, et on les retourne une fois ou deux
On forme sur la terre une couche de détri en 12 heures, pendant 3 ou 3 jours.
tus des boyaux, d'autres issues et de viande, Alorsnn procède à la cuisson , en emplissant
cpap. 2*. PRÉPARATION ET EMPLOI I)E QUELQUES
comble une chaudière (/fg-.76)avec ces substan- sont posées sur' des filets bu dès
Fig. 76. Fig. 79.
(1) Leur valeur est très-variable en raison de la proportion de crins longs, qui seuls ont du prix pour
la confection des étoffes.
(2) On peut sans peine, cependant", mettre à part les intestins grêles et les faire sécher pour la fabri
cation des cordes a mécaniques, rouets, etc., et eu »irer ainsi plus de profit.
ciup. 8*. APPRÊT DES PLUMES A ÉCRIRE. 77
tirer des produits équivalens à une centaine rions démontrer que lé dépècement de la
de francs! Un bœuf, une vache, dont le poids plupart des animaux moins volumineux of-
s'élève souvent jusqu'à 400 kil., leur donne- frirait aussi des résultats fort utiles,
raient plus de profit encore, et nous pour- A. Patin.
U.B.
82 ARTS AGRICOLES : INCUB ATIOTï ARTIFICIELLE, LIT. IV.
tuyau DG, sert au dégagement de l'air cpptenji | tuyaux GG, et passent.à l'aide des Ouvertures
dans l'eau; up autre tube L adapté à l'uue des II, dans le gros tuyau H d'où ils se rendent
parties inférieures, mais qui monte au niveau daps la cheminée. Ainsi, dans le chemin que
des tubes de circulation les | lus élevés, est suivent les produits gazeux de la combus
surmoulé d'un eiiionuoir par lequel on rem tion, on voit qu'ils communiquent à l'eau
plit I appareil, et sert eu même temps de tube une grande partie de leur chaleur et sortent
_e sûreté, pu conçoit facilement comment de la cheminée à une température peu éle
l'eau échauffée dans le calorifère s'élèye vée.
dans le tuyau D, circule dans tous les tubes, Lorsqu'on veut faire éclore dds poulets
et est ramenée à la chaudière par le tuyau R, dans cet appareil, on allume le feu dans le
quand elle a été dépouillée par l'air de la calorifère, et dès qu'on a obtenu dans l'éluve
majeure partie de sa chaleur. Ce mouve le degré de température de l'incubation,
ment, une fois commencé, doit se prolonger qu'on mesure au moyen des thermomètres
tant que l'eau continue à s'échauffer dans le placés à l'intérieur, on i an.e les œufs les uns
calorifère, et être d'autant plus actif, que près des autres sur «les tabletles a rebords
l'eau est à une température plus inégale dans MM,y^. 87, qui sont fixées au-dessous de cha-
le calorifère et dans les tubes. quejeu de tubes; et pour entretenirl'air dans
Le calorifère A proprement dit, dont on I état de moiteur nécessaire, on pose à l'in
lit 2 sections verticales dans les figures 88, térieur quelques assiettes NN remplies d'eau.
-, et les plans au niveau de la grille et à la Pour conserver la température de l'éluve
Fig. 88. au degré déterminé sans nécessiter une sur
veillance continuelle, M. Bonnemain adaple
à son appareil un régulateur du feu qui main
tient la température à demi-degré de Réau-
mur près , et qui est fondé sur ces deux prin
cipes de physique : 1° la chaleur dilate les
métaux; 2° les métaux soumis à une même
température n'éprouvent pas tous une même
dilatation. Voici comment ces principes ont
servi à établir le régulateur.
Lue tige en fer X 0^.92), taraudée à son ex
trémité inférieure , Fig. 92.
s'engage dans une x
embase de cuivre Y_>m£
renfermée dans une
boite ou tube <les|
plomb terminé par
une rondelle de cui
vre Z. Ce tube est
plonge dans l'eau du
calorifère à côté du
tuyau Gifig.SS, 89).
La dilatation du
plomb étant plus
grande à tempéra
Fig. 90. ture égale que celle
partie supérieure dans les figures 90 et 91, est du fer, aussitôt que
ainsi construit : A fourneau, B grille, C cen la, température s'est
drier, D porte du cendrier, E E tuyaux par élevée au degré vou
lesquels |a fumée monte en sortant de l'o lu , l'alongement du
rifice Fdu foyer; G G autres tuyaux par les tube met en contact
quels redescend la fumée pour lemonter en la rondelle Zavec le
suite en passant par les ouvertures I, et s'é talon A du levier
chapper par le gros tuyau H; L enveloppe courbé A B D ; alors
extérieure du calorifère; toute la capacité P le plus léger ac
comprise entre celte enveloppe et les parois croissement de chaleur alonge de nouveau
extérieures des tuyaux est remplie d'eau; M le tube, et la rondelle soulevant le talon
bouche dont l'ouverture correspondante sert du levier, fait abaisser d'une quantité plus
à allumer le feu et à nettoyer la grille; IN cou considérable son extrémité D. Ce mouve
vercle du fourneau. Quand on veut mettre ment abaisse à son tour l'extrémité du ba
ie calorilèreeu activité, on enlève le couver lancier E qui le tivnsmet agrandi à la tringle
cle, on remplit le foyer à moitié ou aux 2/3 de fer V. Celle-ci est attachée il la moitié in
de charbon de bois, on replace lecouvercle, férieure R d'un registre à bascuIeSS, contenu
puis on ôte le bouchop M, et l'on introduit dans une boite, formant saillie à l'extérieur,
par cet orifice quelques charbons embra et est mobile autour d'un axe U qui diminue
sés. Lorsque le feu commence à s'allumer, on en se fermant l'accès de l'air vers le loyer et
réplace le bouchon, et on ouvre la porte L) du ralentit la combustion. La température s'a-
cendrier jusqu'à ce que le tirage se soit éla- baissant alors dans le calorifère, le tube X se
bli ; puis on ferme toutes les issues. Les pro contracte et dégage le talon du levier. Le
duits de la combustion qui se dégagent du contre-poids G , fixé au balancier E , en fait
loyer s'introduisent par l'orifice F dans les relever l'extrémité en soulevant le bout D du
JluyaiuascendansEE, redescendent dans les levier autant qu'il en faut pour faire porter
CHAF. 4». COUVOIR SOREL.
le talon de ce levier sur la rondelle Z du calottes hémisphériques en cuivre, ou plutôt
tube; le registre à bascule S, entraîné dans c'est une espèce de cloche à double paroi, dont
ce mouvement, s'ouvre et offre une plus l'inter\alle B forme la chaudière proprement
grande section de passage à l'air qui active dite et que l'on remplit d'eau par le tuyau C,
e nouveau la combustion : ainsi la tempé qu'on bouche ensuite avec un tampon. Celte
rature est régularisée dans le calorifère, et par chaudière est placée sur un fourneau D en
conséquent les tubes qui circulent dans ré- briques , de manière que c'est sa concavité
tuve y portent constamment la même quan E qui forme la voûte du fourneau; elle esl
tité de chaleur dans un temps donné. soutenue par trois ou quatre pieds étroits F.
Mais celte condition ue suffit pas encore afin que la fumée unisse circuler tout autour
pour entretenir dans l'étuve une température La paroi extérieure de la chaudière est percée,
constante, puisque la température atmos près de sa partie supérieure, d'un trou pour
phérique varie beaucoup. Pour balancercette recevoir le bout du tuyau de circulation en
influence, l'inventeur a terminé la tige en fer cuivre ou en zinc, placé bien horizontale
X qui maintient le régulateur par une tête de ment , et qui, après avoir fait un double
boulon H (j%.93): une aiguille adaptée à celle- coude, revient parallèlement à lui-même, se
Fig. 93. plie deux fois à angle droit, et rentre enHau
point le plus bas de la chaudière. Le four
neau D se compose de deux portes I, l'une
pour le foyer Q, l'autre pour le cendrier R,
qui sont séparées par une grille P. Les chefs
du potager du roi ont apporté à cet appareil
un perfectionnement notable : c'est une pla
que en tôle S placée verticalement et qui
divise le foyer en deux parties inégales. Celle
pj permet de faire tourner la tige et par consé plaque ne louche pas à la chaudière, et a l'a
vantage que la flamme, en frappant contre la
quent la vis Yqui esl à l'autre bout, qui abaisse partie la plus élevée de la paroi intérieure de
91} élève le tube de plomb. Qaps leprem'iercas, cette chaudière, échauffe davantage l'eau
e talon s'abaissant, fait ouvrir le registre à dans celle partie et détermine une circula
bascule, et il faut une température plus éle tion plus facile. La chaudière
vée pour Je fermer en dilatant le tube; on on l'entoure d'une maçonnerieétant en place,
obtient donc ainsi une température réguliè- mortier ou plâtre, en laissant Mtout en brique,
autour
renient plus haute. Si , au contraire , pu élève entre cette chaudière et la bâtisse quelques
le tube en tournant l'aiguille dans un autre pouces de distance pour la circulation de la
sens, le registre offre une ouverture moindre fumée qui s'échappe enfin par la cheminée O.
~» se
et - ferme
e à4 une température
- ; . ■ _ 1haute
moins ._ ;
ou obtient donc dans ce cas une température tuyaux Une petite soupape soudée à l'extrémité des
constamment plus basse. Il est facile de dé à l'endroit où ils font le coude, permet
terminer ainsi à l'avance le degré de tempé de remplir les tuyaux, de voir l'eau et de
rature que l'on veut donper à l'eau du calo nable. mesurer sa température si on le juge conve
rifère et des tubes ; et pour fapiliter le moyen La figure 95 représente un autre thermosy-
on trace des divisions sur un cadran placé
sous l'aiguille , et on inscrit les mots chaleur Fig. 95.
faible et chaleurforte, qui indiquent le sens
dans lequel on doit tourner pour obtenir
l'un ou l'autre effet.
Le calorifère à eau chaude de Bonnemaip
a plé applique en Angleterre avec succès au
chauffage
"fage des serres, et a reçu c|ans dans sa forme
es, luodifications
des modifications qui en oui ont simplifié
s:- et la
dite l'usage." Revenu en France avec le nom
Rêve,M. Misspy,
•herrit<)<.ri>h<>n,
non, inspecteur des
ns de la couronne
couru. , l'a fait construire au
prdu roi à Versailles pour le chauffage
àphes et serres de cet établissement, phon , plus simple encore, imaginé par
us cette nouvelle forme il ue sera pas MM.Massey et Gr|so\; les mêmes lettres dé
uns utile à ceux qui se livreront en grand signent fes mêmes objets que dans la figure
'incubation artificielle, précédente. On peut adapter à ces tner-
thei mosyphon {fg. <J4) est formé de deux mosiphons les régulateurs des appareils pré-
cédens, et faire circuler la fumée dans des
Fig. 94. conduits particuliers oii elle se dépouille
encore de la plus grande partie de son calo
rique au profit de l'étuve.
§ IV. — Çouvoir Sorel.
On doit à M. Souci, un appareil de ce genre
3ni parait réunir tous les avantages et qui se
istingue surtout par la manière fort ingé
nieuse et très-précise employée pour régler
la température.
Ce couvoir est représenté en coupe par le
Si ARTS AGRICOLES : INCUBATION ARTIFICIELLE. liv. ir.
la fig. 96. Il se compose d'une cet air qui sert à régler la température. En
effet, quand l'eau de la chaudière acquiert,
par l'intensitéde la combustion dans le foyer,
une chaleur plus considérable que celle qu'on
a voulu déterminer, l'air placé sous le flot
teur y participe très - promptement , se di
late, et par l'augmentation de son volume,
refoule 1 eau et rend le flotteur plus léger.
Celui-ci monte aussitôt dans le liquide, et en
s'élevant bouche les trous qui surmontent le
tuyau de la cheminée et intercepte ainsi le
courant d'air ; la combustion étant alors
moins active, la température de l'eau baisse
et reprend celle qui a été fixée. Le contraire
aurait lieu si la température s'abaissait, le
flotteur descendrait et permettrait, au moyen
d'un plus grand accès d'air, d'avoir une com
bustion plus vive.
Ce moyen, aussi simple qu'ingénieux, se
règle avec une extrême précision et pour
toutes les températures qu'on désire; c'est la
quantité d'air qu'on laisse sous le flotteur qui
détermine son degré de sensibilité. Seule
ment, quand on est arrivé par quelques essais
faciles à faire fonctionner le flotteur à peu
chaudière en cuivre, en forme de cylindre près à la température requise, on achève de
A, percée à son milieu, pour livrer pas déterminer le point précis au moyen de quel
sage à la cheminée B qui s'élève au-dessus ques anneaux légers de métal dont on charge
d'elle, et par laquelle s échappent, non pas sa partie supérieure, ou qu'on lui enlève sui
par la partie supérieure qui est fermée, mais vant le besoin. Lorsqu'on est parvenu à ce
par des trous percés sur la circonférence, point, la chaleur dans le couvoir se maintient
les produits ou gaz de la combustion qui se a 31° ou à 32° à volonté, pendant 24 et 36
dégagent d'une lampe ou d'un petit feu de heures, sans varier de-' nu même de { degré
charbon placé dans le foyer C. La chaudière pendant tout cet intervalle. Avant de placer
s'évase tant à sa partie inférieure qu'à sa dans le couvoir les œufs, qui se posent, comme
partie supérieure, pour former à chacune on le voit dans la figure, sur le fond de la
d'elles des disques creux dans lesquels l'eau chaudière et sur une tablette en bois garnies
chaude se répand. Ces deux disques commu de ouatte de colon, on le fait marcher pendant
niquent aussi entre eux par un certain nom quelque temps, et lorsqu'il est arrivé à une
bre de colonnes ou tubes verticaux et creux, ma relie constante, on enfourne les œufs et
placés de distance en distance autour de on referme les portes ou coulisses dont l'ap
l'appareil. Ces colonnes descendent jusque pareil est muni.
sur le plancher du foyer C qui est lui-même Ce que ce couvoir présente encore d'inté
à double fond et dans lequel l'eau peut aussi ressant, c'est qu'il est à circulation d'eau
se répandre. La face supérieure de la chau chaude; en effet, l'eau chaude, en s'élevant à
dière qui forme couvercle peut s'enlever à l'extrémité supérieure de la partie cylindri
volonté tant pour remplir le vase d'eau que que de la chaudière, se déverse sur le dis
pour ajuster le flotteur. Ce flotteur E est un que qui la couronne. Là elle perd une petite
vase renversé, placé dans la partie moyenne quantité de son calorique, et pressée d'ail
de la chaudière, et surmonté d'un cylindre leurs par celle qui monte incessamment, elle
qui embrasse la cheminée le long de laquelle ne trouve d'autre issue que quelques-unes
il peut monter et descendre librement; il des colonnes creuses par lesquelles elle des
s'élève ainsi jusque près de son extrémité. cend jusque dans le double fond du plan
Voici maintenant la manière de se servir cher du foyer sans communiquer dans son
de l'appareil, et le jeu du flotteur. passage avec le disque inférieur de la chau
On enlève le couvercle de la chaudière et dière, ainsi qu'on le voit dans la partie
on y verse de l'eau chaude. Cette eau se ré droite de la figure par la direction des flè
pand dans les colonnes et le double fond du ches. Mais bientôt, appelée par le vide qui
foyer. Quand la chaudière est remplie et que se fait dans la chaudière, elle remonte par
le plateau inférieur de son disque supérieur la colonne opposée et rentre par le disque
est couvert d'eau, on ajuste le flotteur. Pour inférieur, qui en cet endroit lui présente
cela on le plonge dans la chaudière; cepen une ouverture. On voit par là qu'il y a une
dant , comme un vase renversé ne peut se répartitiou très -égale de température dans
remplir de liquide par suite de l'air qui ré toutes les parties de l'appareil, comme on
siste , on ouvre un oouchon fermant un pe peut s'en convaincre au moyen des thermo
tit tube e qui surmonte le flotteur, et on laisse mètres , qu'on place en divers endroits.
écouler l'air, lequel s'échappe aiusi à me- Pour entretenir la moiteur nécessaire
I sure que le flotteur descend. Mais, avant à la santé et au développement des poulets
. que tout cet air soit échappé , on referme le dans les œufs, la chaudière est entourée d'une
bouchon, et lt, flotteur se maintient en équi double enveloppe en cuivre, dans l'intervalle
libre dans le liquide au moyen du petit de laquelle on verse un peu d'eau qui, par
volume d'air qui s'y trouve emprisonné. C'est son évaporation lente, donne à l'air la
chap. 4e. REGLES PRATIQUES SUR L'INCUBATION DES OEUFS.
quantité de vapeur nécessaire à la tempéra au développement parfait des embryons.
ture. Quand on fera éclore des poulets pour les
La partie supérieure de la chaudière peut livrer régulièrement à la consommation, il
également pendant l'incubation recevoir des sera convenable de ne garnir les appareils
œufs placés sur du coton . mais dès que les le premier jour que du nombre d'œufs né
Îtoulels sont éclos , on enlevé la ouatte et on cessaires pour subvenir au débit journalier,
a recouvre d'une toile cirée pour en former et d'en ajouter chacun des jours suivans une
une cage D, où l'on tient ces jeunes animaux quantité égale pendant les 20 premiers jours,
pendant un jour ou deux avant de leur don puis ensuite de remplacer par des œufs les
ner à manger. poulets éclos, afin d'obtenir journellement
Sous le plancher du foyer est une poussi- un même nombre de poulets, et d'avoir un
nière garnie d'une peau de mouton F sous la travail régulier pendant toute l'année.
quelle les poulets sont logés chaudement On doit faire choix des œufs les plus frais
jusqu'à ce qu'on puisse les laisser vivre en et rejeter tous ceux qui sont âgés de plus de
plein air. 15 à 20jours. Les œufs vieillissent plus tôt en
Tout l'appareil, qui est carré, octogone ou été qu'en hiver. On doit préférer les plus
mieux de forme ronde, est entouré d une en gros parce qu'ils donnent les poulets les plus
veloppe en bois ou en carton , dans laquelle forts et les plus vigoureux. On rejettera ceux
il y a un certain nombre de portes à coulisses qui ont deux jaunes, ainsi que ceux qui en
pour placer, retirer et retourner les œufs, en sont privés ou qui présenteront d'autres ac-
lever les poulets, enfin pour tous les travaux cidens semblables. Tout œuf qui, vu par
du couvoir. Un certain nombre de trous très- transparence à la lumière, a dans son inté
fins, pratiqués à diverses hauteurs, servent rieur un vide très-grand, qu'on peut rendre
a fournir l'air nécessaire à la combustion, sensible par le balottement, est déjà ancien
ainsi qu'à la ventilation intérieure. Enfin des et n'est plus propre à être couvé. Il n'y a au
ouvertures un peu grandes, garnies d'un cun signe appréciable pour s'assurer si des
verre mastiqué, permettent de voir dans l'in œufs ont été fécondés ou non ; la chaleur de
térieur de l'appareil sans qu'il soit nécessaire l'incubation , qui donne aux matières trans
d'ouvrir chaque fois les portes à coulisses. parentes et claires contenues à l'intérieur
des œufs féconds, un aspect louche et opa
§ V. — De quelques autres méthodes d'incubation. que après un certain temps, peut les faire
reconnaître. Un œuf non fécondé reste clair
On a essayé encore quelques autres mé après plusieurs jours d'incubation , et quel
thodes pour faire éclore des poulets. Ainsi quefois même tout le temps qu'elle dure,
on a cherché à profiter de la chaleur perdue sans manifester des symptômes appréciables
des fours de boulangers, de pâtissiers, des de putréfaction.
fours banals des villes et villages , etc. , et Les expériences entreprises par M- Girou
on pourrait employer avec avantage celle de Buzareingues, sur la reproduction des
oui se dissipe en pure perte chaque jour animaux domestiques, ont prouvé : 1° que
dans les fours, les fourneaux, les machines à dans une même basse-cour et avec une même
vapeur, et dans une foule d'établissemens race de volaille, les plus fortes femelles pro
industriels, où l'on entretient continuelle créent un plus grand nombre relatif de fe
ment du feu, et qui pourraient fournir une melles que les plus petites; 2° qu'il n'y a pas
température égale, constante et très-écono de rapport certain entre le sexe du poulet et
mique. la forme de l'œuf; 3° que l'éclosion des œufs
On a également fait des essais dans de les plus petits est plus hâtive que celle des
simples chambres chauffées par un poêle et œufs les plus gros.
garnies de tringles, où l'on suspend les pa
niers d'oeufs plus ou moins près du foyer de § II. — Manière de diriger l'incubation.
chaleur, suivant le besoin. Ces chambres
toutefois exigent des attentions continuelles
pour être gouvernées convenablement. Les œufs ayant été choisis, on inscrit le
Enfin M. d'Arcet a proposé de profiter de quantième du mois sur le petit bout , et
la chaleur des eaux thermales pour faire on les range dans le couvoir ou l'étuve,avec
éclore artificiel lemijnt des poulets et des pi les précautions indiquées. Les œufs étant
geons. Cette idée ingénieuse a déjà été mise placés , on ferme les ouvertures et les issues
par lui avantageusement en pratique à Vi pendant un certain temps pour faire remon
chy eu 1825. et en 1827 à Chaudes-Aiguës. ter la température, que l'introduction des
œufs et l'ouverture de l'appareil ont dû faire
baisser, et, au bout de ce temps, on consulte
Section II. — Règles pratiques sur l'incuba les thermomètres pour la régler et la main
tion des œufs et l'éducation des poulets. tenir ensuite au point conveuable.
Une fois les œufs introduits, il y a quatre
$ I". — De l'établissement des appareils; choix des circonstances auxquelles il faut avoir égard
pour bien diriger l'incubation : la tempéra
œufs. ture des appareils , l'évaporation d'une por
tion des parties liquides de l'œuf, la respi
L'appareil destiné à l'incubation des pou ration des poulets et leur développement
lets sera placé dans un endroit calme, retiré, normal.
à l'abri des vents, des changemens subits La température , d'après tous les essais de
de température, et surtout du bruit et des Réaumur, doit être, autant que possible, de
cbranlemcns fréquens, qui sont contraires 32" R. (40 cent.) du thermomètre. Suivant ce
86 ARTS AGRICOLES : INCITATION ARTIFICIELLE. LIV. IV.
savant, il y a plus à craindre pour les poulets Les œii is, abstraction faite de leur coquille,
d'une chaleur trop forte que d'une chaleur perdent par l'incubation, suivant Réaumilr,
trop faible; cependant Une chaleur rtiomen- ail 5* au 6° de leur poids par Yévanoration
tanée de 38° R. (47 cent.) ët rnénté ,40 R. où transpiration insensible qui s opère à
(50 cent.), ne parait pas leur être funeste, travers la coquille d'une partie des fluides
surtout s'ils sont encore éloignés du terme aqueux qu'ils contiennent. M. Geoffroy-St.-
de leur naissance ; ces hautes températures HiLaIrë, etl pesant des œufs entiers au com
sont plus redoutables aux poulets qui mencement et à la tin de l'incubation , à
sont près de naître. Une chalenr supérieure
à 32" qui règne dans l'éluve oii le pouvoir
pendant tout le temps de l'incubation., fait L 3"J7I CL13Ci3f Mil Uni, OV O UU.
eclore les poulets un et quelquefois plus de ont su)>i une diminution1 à lieu près égale au
deux joursavantle vingt-uuièiue.Uné tempé 7* de leur poids. Ainsi, eh ayant égard I cfes
rature trop faible parait généralement inouïs résultats et 5 celix ôbleHhs' par Prout sur
dangereuse pour les poulets à tous les âges, des œufs non couvés, un œuf perd pal- l'IHcli-
même quand elle se prolohge un certain bation huit fois autant dè sou poids qu'il en
temps. Enfin, ajoute-t-il,une teinpéràtùrëqui perd pendant le même temps dans lés cir
pendant toiite la durée de l'incubation à été constances ordinaires. Si cette évapoi-àtidh
de 31° R. (38° 50 cent.), ou un peu moins, fait nécessaire à l'évolution et à là respirâtiôn dh
éclore les poulets quelquefois un jour plus poulet ne peut se laire à cause de l'humidité
tard que sous la poulè. t de "
. Ces résultats, que Réaùmur devait à l'obser 01
vation dans des essais d'incubation faits dans d
ses fours, ne sont pas entièrement d'accord a remarqué , quand cet état avait duré long
avec ceux annoncés par quelques personnes temps, qu'il se produisait alors des altérations
qui se sont occupées depuis lui de l'art de très-variées dans le développement des pou
faire éclore artificiellement 1rs poulets. Sui lets; que l'incubation échouait, où bjiië cès
vant les uns, la chaleur doit élre entre 2S° et animaux naissaient mal conformés et hon
32° Redescendre raremeritâ i8u, monter èh- viilbles. Il faut donc, autant que possible, en
core plus raremënt à 32°, et eh moyenne, tretenir dans les appareils une atmosphère
rester autant que possible à 30". M. Lotz, imprégnée d'uneqnanlite de vapeurmoyenné
qui s'est beaucoup occupé en Alleraàgrie d'in et conforme à sa température en se servant
cubation artificielle, assure que, d'après sa de Vases remplis d'eau qu'on place dans les
pratique, sur plusieurs sortes d'oeufs d'oi convoirs et surtout dans les éluves.
seaux, la chaleur doit être progressive : mo D'après les observations de plusieurs sa-
dérée d'abord , et commençant le premier yans modernes, au bout de 15 à 20 heures
jour par 4° R. , elle doit s'élever successive d'incubation et jusqu'à la fin de cette opéra
ment de jour en jour jusqu'au milieu de l'in tion, le poulet respire, et dès la 30e heure il
cubation, où il faut la porter à 24° (30° cent.) , possède les principaux organes qu'il doit
"°OÙ conserver à l'état adulte. Cette respiration a
ître lieu au moyert de l'air qui se tamise au tra
vers de la coquille et qui arrive au contact
nieux de Montpellier, qui, en se livrant à des membranes vasculaires de l'animal. En
cette industrie, avait, dit-il, remarqué qu'à entravant, en suspendant ou en viciant cette
mesure que le poillel Se développait dans respiration, on arrête le développement du
l'œuf, et que là circulation du sang s'établis poulet, ou bien les diverses parties de son
sait, la chaleur naturelle de l'animai augrheh- corps s"e développent d'une manière inégale.
tait. En conséquence de cette observation, On conçoit ainsi qu'il est nécessaire d'environ
il éloignait insensiblement chaque jour du ner les œufs d'une atmosphère pure et fré
poêle ou calorifère qui chauffait son étuve, quemment renouvelée si on veut avoir des
les paniers suspendus à des tringles qui con fioulets bien conformés, ou si on ne veut pas
tenaient ses œufs. es voir périr dans l'œuf.
Ce qu'il y a de certain aujourd'hui , aii mi Tous les jours les ovipares dans l'incuba
lieu de ces opinions contradictoires, c'est tion retournent régulièrement leurs œufs ,
que l'incubation peut avoir lieu et réussir dè- ramènent ceux du centre à la circonférence,
puis24°R. (30° cent.) jusqti'a36° R. (45° cent.) , et réciproquement. On doit imiter cette pra
mais que la température la plus convenable, tique et retourner chaque jour les œufs d'un
celle qui donne les poulets eri plus gràild demi ou d'un quart de tour, les changer de
nombre, les plus sains et les iriielix confor place , c'est-à-dire mettre dans les endroits
més, est celle de 31° à 32° R. pendant toute les plus chauds ceux qui étaient dans les
la durée de l'incubation. Lés physiologistes places les plus froides des appareils, èt réci
ont en effet remarqué qu'une température proquement. Par cette manœuvre la respira
qui n'est pas convenable , ou qui offre des tion du poulet, qui s'exécute par toute la
alternatives fréquentes, développait trop surface de la coquille, a lieu d'une façon
rapidement, ou arrêtait dans sa marché le plus parfaite, et la nutrition s'opéra nt d'une
développement du système sanguin-respira manière régulière dans toutes l"s parties de
toire, et qite dans le premier cas lé poulet l'embryon , on a des poulets plus vigoureux
s'atrophiait, ou périssait asphyxié dans le se ët mieux conformés.
cond, ou enfin présentait des disproportions La plupart des appareils què nous avons
bizarres dans les diverses parties de son corps. décrits ayant des régulateurs dii feu, une ou
La pratique au reste peut enseigner promple- plusieurs visites dans les 24 heures sont suf
jnent le meilleur mode d'opérer. fisantes, surtout dans les premiers temps de
RÈGLES PRATIQUÉS SUR L'ÉDUCATION DES POULETS. 8?
rn»p. 4«
l'incubation. Mnis il faut plus d'attention avec un corps dur. Dès que cela est fait, le»
quand il survient des variations brusques de efforts du poulet suffisent pour séparer l'une
température dans l'atmosphère, ou quand de l'autre les deux parties de la coquille.
on a été obligé par une cause quelconque de Quelquefois l'introduction de l'air dans la
changer ou de modifier l'allure des couvoirs, coquille a séché les portions du blanc de
ou enfin les jours qui précèdent la naissance l'œuf qui humectait les plumes appliquées
des poulets et ceux où ils ëclosent. contre la membrane, elle poulet se trouve
fixé à sa place; pour le tirer de cette position,
§ III. — Naissance des poulets. on peut priser la coquille en morceaux; mais
il vaut mieux, pour ne pas le faire souffrir,
Le terme moyenauquel les poulets écloseht linge mouiller avec le bout du doigt ou avec un
est le ii' jour de l'incubation; ce terme, au fin , légèrement humecte, tous les en
reste , suivant les observations des natura droits oh le duvet est collé ; le ~ *
listes, peut varier beaucoup, par des causes, ge alors lui-même.
a plupart inconnues , comme on le verra par
$ IV.—Premiers soins a aux pontets.
1 e tableau suivant des termes extrêmes et
moyens de l'incubation des oiseaux douie Les poulets oui viennent de naître dans les
tiques. fours, les couvoirs ou le* étuves, s'y ressuient
peu-à-peu, et au bout d'une heure ou deux
TERME TEHUE cherchent à faire usage de leurs jambes. Pour
OISEAUX DOMESTIQUES. I*faible. plut k plu) qu'il ne leur arrive aucun mal, on les dépose
ordinaira presque aussitôt dans une boite ou un pa
nier île forme indifférente, qu'on replace dans
le four, l'étuve,ou la mère artificielle, où
i4
Dindri couvant i i Pouln. '7
'< '7
on peut les laisser ainsi 24 ou 36 heures sans
songer à eux et sans qu'ils soient pressés par
oeuf» île . . • ■ j Diodea. il >6
Jo la nécessité de manger. On leur en fait naître
Poule» coavaol del i Catiri. >6 l'envie en jetantdevant eux quelques miellés
tpufi ilt I Poule».. de pain, soit seules , soit mêlées a des jaunes
Cioel . 3o
Oit. .' . '7 1o d'œufs durs et des grains de millet ; plusieurs
Pigeout. 16 ,8 5(1 essaient sur-le-champ de faire usage oe leùr
bec, el au bout de 24 heures on les verra tous
becqueter les miettes et les grains qu'on aura
Quelques faits mieux observés auraient mis a leur portée. Si on a soin de placer dans
petit-êtl-e rendu aisément compte de ces ano leur boite un petit vase rempli d'eau tiède, on
malies ; ainsi M. Dumas a eu l'occasion de en verra qui iront y plonger le bec et avaler. en
se convaincre plusieurs foiset d'une manière élevant la tête, la goulled'eau qu'ilsy auront
positive, que les œufs qui ne sont pas récem puisée. Dès qu'ils auront moniré du goût pour
ment pondus se développent plus tard que manger et pour boire, on sortira la boite de
les autres, et de rappeler que l'incubation ne l'éluve et on en relèvera le couvercle; la lu
commence réellement que du moment où le mière leur donnera de la galté, de l'agilité et
jaune a acquis la température de 30 à 32 R. de l'appétit , surtout si le soleil brille sur
Le poulet a besoin d'un rude travail avant l'horison et qu'on les expose à ses rayons,
que de naître. D'abord il pratique , en frap l orsque l'air n'est paS extrêmement doux
pant sur sa coquille au moyen d'une petite et que le soleil ne luit pas, après les avoir
proéminence cornée dont le bout de son bec laissés jouir du grand air pendant un quart
esi armé , une fêlure simple et courte, ce d'heure, on les fera rentrer dans l'éluve,
qu'on appelle bêcher. Cette fêlure sous ses pour les en retirer au bout de 2 à 3 heures ,
coups s'étend, se multiplie, s'agrandit; quel et leur faire faire un V repas. On leur en fera
quefois l'écaillé tombe et laisse à découvert faire 5 à 6 pareils par jour; plus on les mul
la membrane qui tapisse l'intérieur de la tipliera, mieux ils se porteront. Après qu'ils
coquille; en même temps on entend de petits ont mangé et respiré un air plus pur, la cha
piaulemens qui témoignent de l'impatience leur leur est nécessaire.
de ceS animaux pour sortir de leur prison. Le traitement du 2e jour et des suivans
Enfin , cette coquille étant fracturée, l'ani doit être semblable à celui du l'r, et On le
mal déchire ses enveloppes membraneuses et continuera plus ou moins, suivant la saison.
sort de l'œuf tout mouillé et se soutenant à K.n hiver, on pourrait les tenir ia four pen
peine sur ses jambes. Au bout de quelques dant un mois oit 6 semaines, mais il vaut
heures il se sèche, se tient droit sur ses mieux, au bout de 3 à 4 jolirs, cesser de les y
pattes, et est revêtu d'un duvet fin et léger. taire rentrer, âllù de les élever avec moins
Les poulets naissent ordinairement par de sujétion.
leur propre force; mais quand ils restent dans
leur coquille 24 heures ou plus après qu'elle § V.—bes chapons conducteurs deS pôusSInières
a commencé à paraître bêchée, c'est un signe et mères artificielles.
qu'ils ont besoin de secours étranger poul
ies eu dégager. Le poulet peut être trop fai Les poulets éclos dans les fours oit les cou
ble pour achever l'ouvrage qui lui reste à voirs sont privés de leur mère et doivent ce
faire, et on lui rend alors un grand service en pendant, une fois qu'on les a habitués à vivre
cassant la coquille dans toute la circonfé i l'air libre, être garantis du froid et de l'hu
rence de l'endroit où elle a commencé à être midité, surtout pendant la nuit. Ce qu'il y a
.brisée, et en frappant dessus à petits coups de mieux à faire dans une ferme quand on
88 ARTS AGRICOLES : INCUBATION ARTIFICIELLE. LIV. IV.
D'à qu'un petit nombre de poulets, et ainsi Les poulets seraient encore plus chaude
que cela se pratique quelquefois dans les ment sous la mère artificielle si une de ses
campagnes, c'est de confier ceux nouvelle- extrémités était fermée ; elles peuvent l'être
xneut nés à un chapon , qui s'affectionne à l'une et l'autre par un rideau de flanelle qui
eux autant que l'aurait pu faire la poule qui oppose peu de résistance à ceux qui veulent
leur aurait fait voir le jour. Le chapon con entrer et sortir ; mais , dit Réaumur, il faut
ducteur ne le cède en rien en talens et en as bien se garder d'en fermer l'une des deux
siduité à la poule la plus attachée à ses pou avec un corps arrêté fixement, attendu que
lets et la plus attentive à les soigner. Un seul les poulets ayant l'habitude de s'entasser les
chapon peut suffire à élever autant de pou uns sur les autres , les plus forts montent sur
lets qu'en élèveraient 3 ou 4 poules, et en les plus faibles, et les écrasent si ceux-ci ne
conduit bien 40 à 50. D'ailleurs il reçoit tous trouvent pas à s'échapper par l'ouverture la
ceux dont on veut bien le charger, et il lui est plus basse de la mère. On voit au reste que
indifférent quel âge ils aient, surtout quand l'inclinaison du châssis favorise le classement
par des leçons on lui a donné une éducation des poulets , les plus petits s'avançant pins
convenable. avant que les plus gros.
Lorsqu'on n'a pas de chapon conducteur, il Malgré la fourrure et l'entassement des
faut préparer aux poulets un nouveau loge poulets, il est rare, surtout dans la saison
ment où ils puissent jouir d'un air chaud et froide, qu'il règne en tout temps dans la ca
salubre. Ce logement ou poussinière est une pacité de la mère une chaleur suffisante.
cage ou mieux une boite proportionnée au Pour pouvoir y entretenir une température
nombre des poulets qu'on veut y faire vivre, qui doit être environ de 15 à 18 degrés ,
ainsi qu'à leur âge. Cette boite est à peu près Réaumur conseille dans ce cas de placer en
trois lois aussi longue que large, et est munie dessous une boite contenant une chaufferette,
d'un couvercle à charnière. Une des lon- remplie de braise couverte de cendre. Il vaut
Eues faces de la boite est grillée du haut en mieux introduire dans cette boite un vase
as, dans toute sa longueur, en fil de fer ou en de grès, de fer ou d'étain, rempli d'eau
barreaux de bois, comme les cages d'oiseaux. bouillante, qu'on renouvelle 3 fois par jour
La poussinière qui n'est destinée qu'à loger dans les temps les plus froids. En été et dans
50 poulets nouvellement nés, sera assez spa une partie du printemps et de l'automne,
cieuse , si elle a 3 pieds de long, 1 pied de l'eau chaude renouvelée le soir suffira pen
large et autant de hauteur. dant toute la journée. Un thermomètre placé
Pour réchauffer les poulets et leur tenir dans la mère sert à déterminer la température
lieu des ailes de la poule, la poussinière est qui règne dans son intérieur.
garnie d'une mère artificielle. Cette mère est Dans le système d'incubation de Bonne-
une sorte de pupitre {fie. 97) dont le bout le main, on chauffe la poussinière en introdui
Fig. 97. P'us bas est encore as sant dans son intérieur, au-dessus des châssis
sez élevé au-dessus du qui portent la peau de mouton, les tubes qui
plan sur lequel la mère ont circulé dans l'étuve, et au moment où ils
est posée, pour qu'un vont se rendre de nouveau dans le calori
pelit poulet puisse pas fère , (fie. 98); ce Fig. 98.
ser dessous sans trop qui suffit poury
fléchir les jambes. entretenir une
Toute sa surface inté chaleur douce
rieure est tapissée de peau de mouton ou d'a et constante.
gneau, bien fournie de laine douce. La petite La mère doit
charpente de cette mère est un châssis fait en être placée à
toit; ce châssis laisse à la peau fourrée qui est une des extré
tendue à sa surface inférieure, une flexibilité mités de la poussinière, mais elle n'en sera
qu'elle n'aurai t passi ce toit était fait d'un ais,et pas assez proche pour la toucher, et on aura
il est posé de chaque côté sur une planche mise soin de laisser entre elle et le bout un déga
de champ, plus haute à sa partie antérieure, gement capable de contenir quelques poulets.
ou plutôt il est porté sur 4 pieds, dont les La poussinière sera garnie de juchoirs placés
postérieurs sont très-courts. Une hauteur de à diverses hauteurs, de petites trémies pour
2 pouces leur suffit si la mère est destinée à contenir les grains et la nourriture des pou
des poulets nouvellement nés. Les 2 pieds an- lets, et d'un vase rempli d'eau, mais à ou
té rieurs ont alors assez de 4 pouces; on, leur verture étroite, afin que ces jeunes animaux
en donne davantage et on augmente propor ne puissent se mouiller les pieds ou quelques
tionnellement celle des pieds postérieurs , à parties de leur plumage. Dans les essais d'in
mesure que les poulets deviennent plus cubation artificielle faits en Angleterre , on
grands , ou si la mere est destinée à des pou lui a donné un double fond mobile comme
lets plus âgés. aux cages d'oiseaux, pour favoriser le nétoic-
Cette mère peut occuper toute la largeur de ment quotidien, et chaque jour ou répandait
la poussinière. Sa longueur est arbitraire ; sur ce fond une couche de terre sableuse,
il suffit d'en avoir une de quinze pouces, pulvérulente et séchée au four.
si elle n'est destinée qu'à recevoir quarante Pendant la nuit, et dans tous les jours où
ou cinquante jeunes poulets à la fois. le temps est rude, les poussinières doivent
Ceux de la poussinière ne sont pas long être mises à couvert dans une chambre bien
temps à connaître à quoi la mère peut leur close qu'on chauffera même en hiver, ou, ce
être utile ; ils savent se rendre dessous toutes qui est plus simple, elle sera rapprochée des
les fois qu'ils songent à prendre du repos et fours ou des foyers où l'on entretient une
à se mettre chaudement. chaleur constante. Mais lorsque les jours ne
chap. 5". CONSIDERATIONS ECONOMIQUES SUR L'INCUBATION ARTIFICIELLE. 8»
sont ni froids ni pluvieux; on ne doit pas ment, comme Chaptal l'a vu pratiquer avec
hésiter à mettre les poussinières au grand succès à Montpellier, des viandes ou ma
air, en faisant choix des endroits à l'abri du tières animales communes, soit rôties ou
vent et exposés aux rayons solaires. bouillies, soit crues, hachées et mêlées avec
Nous n'avons parlé que des poussinières du grain, des criblures, des vannures, etc.
pour les petits poulets; de beaucoup plus Les vers de terre, les asticots sont aussi
grandes, mais sur le même modèle, sont né fort du goût des poulets, et on fera bien de
cessaires pour ceux d'un âge plus avancé. leur en donner quand on pourra s'en pro
On pourrait construire des poussinières à curer en grande quantité et à bas prix 'for.
compartimens qu'on enlèverait à mesure que t. III, p. 74). On peut aussi leur distribuer
les poulets deviendraient plus forts. Dans des piaules potagères crues et du mouron ;
tous les cas, quand ces boites ont de grandes mais il faut leur donner cette nourriture
dimensions, il faut les monter sur des rou avec discrétion, et ne pas en faire leur prin
lettes pour les faire facilement changer de cipal aliment.
place. Les soins à donner aux autres oiseaux de
Si on exploitait un peu en grand l'incubation basse-cour qu'on ferait nattre par des moyens
artificielle, il serait à propos de faire con artificiels sont à peu près les mêmes que
struire, aussi économiquement que possible, ceux mis en usage pour les poulets. Il fau
une grande poussinière qui consisterait en drait seulement varier la nourriture suivant
un bâtiment rond ou octogone, ayant au cen les espèces, et apporter quelques modifica
tre un poêle pour le chauffer, et un assez tions au régime d'après les mœurs ou les ha
grand nombre de compartimens où les pou bitudes propres à chacune d'elles.
lets seraient réunis par âge, chose importan
te si on ne veut pas exposer les plus jeunes
élèves à être écrasés ou affamés par les plus VII.—Considérations économiques sur l'incuba
gros. Des portes à coulisses pratiquées sur le tion artificielle.
devant permettraient aux poulets de venir
s'ébattre pendant la chaleur du jour dans L'incubation artificielle est avantageuse à
de petits jardins correspondans à chaque pratiquer dans tous les lieux où il est né
compartiment. Pour les oies et les canards, cessaire de faire éclore de jeunes poulets
on établirait de petits bassins dans ces jar dans les saisons où les poules ne couvent
dins, qu'on pourrait d'ailleurs orner et om pas, ou bien dans les circonstances locales où
brager de plantes ligneuses qui n'ont rien il s'agit de produire régulièrement un grand
à redouter de ces jeunes animaux. nombre de poulets au milieu d'un petit es
pace. Dans les grandes villes, près des cen
§ VI. — Nourriture des poulets. tres de grande consommation et des lieux
où la volaille peut se débiter à un prix élevé
Les poulets nés par des moyens artificiels et où les produits des couvaisons naturelles
ne se nourrissent pas autrement que ceux ne suffiraient pas aux besoins, on réalisera
éclos sous la poule. sans doute des profits en faisant éclore ainsi
On est assez dans l'usage de leur offrir ces jeunes animaux. En outre , une consom
pour première nourriture du jaune d'oeuf mation beaucoup plus étendue de la chau
durci et mis en miettes; cette nourriture est des oiseaux de basse-cour par le peuple des
chère. Souvent on mêle le jaune d'oeuf avec villes et des campagnes pourrait encore ren
du pain émietté; mais on peut s'en tenir à dre cette industrie plus lucrative. Mais il
ne leur donner que de la mie de pain seule. faut se rappeler que partout elle doit tou
Ils sont en état, dès les premiers jours, de di jours être exercée d'après les principes de
gérer des graines, et on peut mêler du millet la plus stricte économie, et qu'elle ne pour
à la mie de pain qu'on leur donne. Outre le rait être entreprise d'une manière profita
millet, qu'ils aiment beaucoup, on peut leur ble dans les endroits où le combustible et
donner de la navette, du chenevis, du fro les salaires sont à des prix élevés, et surtout
ment, du seigle, de l'avoine, du sarrazin, du dans les lieux où ou ne pourrait se procurer
mais mondés ou concassés grossièrement , à très-bas prix tous les matériaux néces
du oaillé égoulté avec soiu et coupé en pe saires à la nourriture et à l'engraissement
tits morceaux, des pommes-de-lerre cuites à de ces oiseaux. Au reste, l'art de faire éclore
l'eau ou à la vapeur, réduites en farine gros les poulets n'offre pas de difficulté; ce qui
sière, et qu'on laisse légèrement sécher à est dilficile, c'est de les préserver des épidé
l'air, etc., etc. mies qui frappent tous les rassemblemens
Ou peut encore leur faire des pâtées avec d'animaux de même espèce, et de pouvoir
de l'orge crevée dans laquelle on fait entrer les élever à un prix inférieur à celui des pou
de la mie de paiu et du lait; leur distribuer lets élevés dans les campagnes. L'expérience,
des pâtées faites avec les restes du pot-au- le temps et les lieux peuvent seuls décider
feu ou la desserte de la table, des matières des avantages qu'on peut retirer de cette in
grasses, des os concassés ou broyés fine dustrie. F. M.
On donne le nom de laine à des poils d'une I moutons. Ces poils , appelés brins, se rap-
nature particulière qui recouvrent la peau des | orochentordinairenient les uns desautres, près
AGRICULTURE. TOMB III. 13
»0 ARTS AGRICOLES : Lavage des laines. liv. tv.
de leur extrémité supérieure, pour formerdes est bieti cotintte, 6ii dont les toisons jouissent
groupes réguliers ou des toUttes auxquels on des qualités qu'on recherché dans le coni-
a donné le hom de mèches. C'est l'ensemble inerce.D'ailleurs, les laines sliperfines perdant
des brins ou des iiièches qui constitue la toison en général jusqu'à 75 p. % Su lavage, les frais
de l'animal. de transport, cjui en définitive retombent tou
Tous les brins dé là laine, telle qu'on la re jours â là charge du producteur, sont beau
cueille par la tonte sur le dos des moutons, coup ihoiijdres pour les laines lavées préala
sont revêtus d'un enduit gras naturel duquel blement. Enfin, connaissant mieux sa laine,
on a donné le noni de suint. Cet enduit mas le riourrisseùr saitre qù'il vetid, et rie peut plus
quant la blaiicheur de là laine, ainsi que son être dupe du fnàrcharid, qu'une longue habi
éclat, et forriiant, dans les opérations de la tein tude et des1 achats journaliers rendent fort ex
ture, un obstacle à l'applicatiolt des niordans et pert dans1 la conhaissauéè de ceJ produits.
des matières colorantes, il est nécessaire de En Allemagne les. laines soht toujours soU-
l'eu débarrasser p ur approprier cette sub tnises à liri lavages ÎS dos,et èh Espagne à ufl t rii-
stance filamenteuse £ nos besoins ; ce sont les pe consciencieux et à un bon lavaee en loi sort ,
manipulations que l'on util subir à la laine (jùi ont contribué à fàlre rechercher lès pro
pour la débarrasser de son suilit, qil'ou dési duits de cvs pays par les peuplés étrangers.
gne sous le tiom de lavage des laines. Le parti le plus sage, pour les propriétaires
t.es lavages que reçoit la làlne avant d'être de troupeaux, seràil donc d'avoir recours aiix
cardée où peigtiée, puis filée et tissée, sont de lavoirs a façori , quand ces étàblissèhieris Itii
2 sortes. Les r" lui sont doùliés par les éle offriront les' sécurités désirables, ou bien de
veurs ou propriétaires de troupeaux, ou par procéder eux-mêmes au làvagedelâ laine qu'ils
les laveurs de laine, et les 2", plus connus sous récoltent daiis letirs domaines.
le nom de dégraissage, par Jes fabricans, avant Le lâvage des laines silr le dos des ânimatlx
de la mettre en œuvre. Cette dernière mani- ù'olfre pas de difficulté, et èst souvent Suffi
nipulation, n'étant pas du ressort de l'agricul sant, surtout pour les làlhes côriirriufiês, pottr
ture, ne doit pas nous occuper ici; quant à procurer S l'éleveur les avantages doht nous
l'autre, nous entrerons à siill égard dans tous venons de parler; riiàis quand oh veut laver lés
les détails nécessaires pour la taire bien com laines en toison pour fixer d'Une manière plus
prendre aux cultivateurs. firécise leur véritable vàleùr cotrihlerciale, deS-
ijepuis Un petit nombre d'anriées il s'est ors il faut les soilhietîl e mx opérations d'as
Tonné, dans diverses localités de la France où le sortiment, de triage ei dé lavage, qui exigent
commerce des laines a quelque activité. des éta- qu'on joigne à beaucoùpde pratique uiieïoh-
blisseniens. connus sous le nom de lavoirs de gue expérience , puisque là connaissance des
laines, qui achètent pour teùr propre compte laines ne s'acquiert qu en se livrant avec saga
la laine aux éleveurs, l'assortissent, là trient, cité et pendant long-temps à ce travail. Ce
la lavent et la revendent aux tabricans. D'au pendant , comme un éleveur, à moins qu'il
tres établisseuiens, sous le nom de lavoirs à he soit propriétaire d'immenses troupeaux,
façon, se sont aussi élevés dans le but de rece comme en Espagne, h'àlirait ainsi par ànqu'unc
voir en dépôt la laine récoltée par les cultiva quantité trop petite de laine pour apprendre et
teurs, de l'assortir, de la trier selon ses qualités faire àvatitageusethelit le classement et le la
et de la laver, puis de la vendre âux manu vage lui-même, nous pensons qu'il serait peut-
facturiers, ail profit des eiitreposans, moyen être plus utile pour totis les propriétaires de
nant une légère indemnité. Ces derniers éta- troupeaux d'une commune , d'un canton ou
blissemens ont rencontré dans leur marche d'un arrondissement, de former à frais com
des difficultés qui les ont empêchés de s'éten muns un lavoir banal , d'après les principes
dre, malgré les avantages qu'ils semblaient des frditières suisses (voy.t III. p. 57), où I on
promettre. s'occuperait du classement, du triage et du la
En France, les laines communes et fines in vage de leurs laines, pont- leur propre compte,
digènes sont, la plupart du temps, lavées avec et où les marchands et fabricans, comme dans
ou sans triage avant la vente ; il n'en est pas de un dépôt central, trouveraient réunies des
même des laines des races perfectionnées qui laines de toute finesse et de qualités diverses.
sont toutes vendues en suint.C.ependant, en li C'est àfiii de mettre les éleveurs et les proprié
vrant ses toisons en cet état, le propriétaire taires â irlème d'assortir, de trier et de laver
ignore :a qualité de sa laine, la proportion des à frais communs leurs laines, et de former de
diverses sortes qu'elle contient, ainsi que son pareils lavoirs, oit seulement pour leur ap
rendement au lavage. Il manque ainsi des con prendre quels sont le but et les détails de ces
naissances nécessaires pour classer son trou opérations, que nous allons entrer dans les dé-
peau, pour déterminer quelssont les animaux veloppettteus nécessaires pour éclaircir ce
qui donnent des profits et ceux dont l'entretien sujet.
offre de la perte. Il n'a plus de guide pour se Pour exercer avantageusement cette branche
diriger dans la voie des améliorations,ou pour iritérèssahte de l'industrie agricole il faut âp-
suivre les changemens que réclament les goûts Î'(rendre: 1° à connaître les qualités et les de-
ou les besoins du public. àuts de la laiiie; 2° à l'assortir et à la trier;
Quand la laine est triée et lavée , les pro 3" les divers procédés de lavage.
priétaires, au contraire, connaissent avec exac
titude son rendement au lavage, soit en Section Ire. — Qualités et défauts de la
1", 2" ou 3e qualités, ainsi que le mérite absolu laine.
de leurs récoltes. A l'aide des indications qu'ils
obtiennent ainsi , ils peuvent classer les bétes Nous ferons ici connaître les qualités qu'on
pii composent lettrs troupeaux, h'adtnèttre S doit surtout rechercher dans les laines fines
reproduction que celles dont la finesse leur ou de 1er choix, parce que ces sorte* de laines
cbap. 4». QUALITÉS ET DEF ÀUTS UE LÀ LAINE. 91
devant les réunir presque toutes au plus haut les laines fines que les bouts rompus iè re
degré,ilsera facile, d'après ce que nous eh di tirent sur eux-mêmes en reformant leurs on
rons, de juger de la nature des laines plus dulations primitives, tandis que les bonis
communes; ensuite, nous procéderons, d'après d'une laine commune traitée de la même ma
les mèities principes, â rémunération des dé nière, restent S peu près droits et ne repren
fauts; seulement nous rappellerons aupara nent plils leur fol-nie première. En masse, là
vant que lès laines1 françaises peuvent être di laiiie fiiie comprimée peut être téduite pro
visées en_ laines indigènes , laines de mérinos portionnellement à un plus petit volume qdë
métis, laines de mérinos purs, et laines lon là laiiie commune. L'élasticité e»t une qualité
gues des moutons anglais , importés èn France, précieuse pour là fabrication . et Qu'il faut ap^
ou de leurs métis.
$ Qualités dè la laine. prehdi
la finesse et les autres Qualités jihécieuses de la
ftous pensons qu'il est superflu d'entrer «ta lis laiiie ne se sont giière rencontrées jusqu'ici
des détails techniques sur fa structure du brin (pie daiis des laines qui lie sont ni courtes m
de la laine, sur son mode de croissance et au longues, c'est-. i-dif-e dont le briri étendit a de
tres objets dont la connaissance est de peu d'ù- 2 et denii a 4 pouces de longueur. I es fabri-
tilité daus la pratique; ce que nous crovohs de cans d'étoffes foulées préfèrent les laines fines
voir rappeler ici, c'est que les laines indigènes, et courtes; l'éleveur, au contraire, devràit
mélis ou mérinos puces, ont des caractères s'efforcer d'obtenir des laines fines et longues.
propres et spéciaux qui ne permettent pas à Le brin moelleux et transparent d'une laide
un œil exercé de les confondre. fine s'alonge ordinairement, par suite de ses
Ceci posé, voici les qualités qu'on doit sur ondulations, des deui tiers environ de là lon
tout rechercher dans les laines de 1" choix, gueur de la mèche.
d'après les agronomes français et allemands 6° Le moelleux est ithë qualité qui donne
les plus 'habiles dans cette matière: aux étoffes un toucher soyeux, plus recherché
i° La Jinesse. C'est la qualité principale de Quelquefois cpie la finesse. Lhe laide est d'ail-
la laine, et celle qui lui donne généralement tant plus douce et moelleuse (pie le briti ëH
la plus haute valeur vénale. I.a finesse est le est plus fin , plus rond , plus égdl,.èt les oii-
plussouveutun indice des aulresqualités pré dulations plus petites. C'est par le toucher
cieuses qu'on recherche dans ce produit; elle qu'on juge de celte qualité. On appelle revéche
se rnesure par la grandeur du diamètredecha- une laine qui tnanque de moelleux et de doif-
quebrin ; une laine est d'autant plus fine que ceur.
ce diamètre est plus petit. Les laines fines de i° La.fo«/>/er.re.TJue làihè élastique ét moel
mérinos sont ordinairement ondées ou omlu- leuse cède au blus léger effort de pre.ssiori, èl
tées, c'est-à-dire forment sur leur longueur une laine souple, tirée suivant le sens de sa lon
un certain nombre de courbures oli ondula gueur, s'alonge jusqu'à un certain degré avant
tions; en général, plus ces ondulations sont de se rompre. Il arrive parfois que les laines
petites, basses, étroites et multipliées, plus d'une moindre finesse sont plus souples que
là laine à de finesse. des laines très-fines. Cette propriété1 repose sans
2° L'égalité du brin. On entend par ces mots doute sur la structure organique du brin.
que le brin est uniforme et d'un' diamètre par 8° La légèreté est une qualité qui , dans la
faitement égal à l'extrémité, î'jeu ou a sa laine des animaux bien portans, doit, selon les
racine- ('.'est une qualité préeK-i... pour la fa règles, accompagner la finesse, là douceur, le
brication des beaux tissus, qui ne se rencon moelleux et la blancheur dii suint. Elle est
tre guère qiië cl i ies troupeaux perfection très-recherchée des fabricans. puisqd'avec un
nés et accompagne presque toujours la grande même poids de laine saine on fabrique une
ikiesse. plus grande surfàce d'étoffe , et due le produit
3° Le , parallélisme des brin*. On désigne est plus léger et mieux corsé, l 'éleveur doit
ainsi la structure identique, la netteté et l'uni toutefois veiller à ce que les toisons de ses
formité dans la croissance et la longueur des animaux ne deviennent pas trop légères, et
brins. Ces brins, rapprochés par groupesde 10 s'efforcer de suppléer à ta légèreté spécifique
à 15, uniformément ondes, se suivant parallè du briri par là densité et le tassé de la toison.
lement dans toutes leurs ondulations depuis Il lie faut pàs confondre cette qualité avec lfi
leur racine jusqu'à leur extrémité, doivent se légèreté des laines mortes ou d animaux ma
réunir en groii j>es pour former près de celle-ci lades.
line mèche bien distincte et dans laquelle on 9° Le lustre, Vécla't où le brillant. ■■ •■»
i) 'aperçoit pas des poils ou brins courant ou se toutes les laines possèdent celle propriété,
dirigeant au hasard. Une toison bien nourrie, mais ellese rencontreà un degré emment dans
c'est-à-dire celle où les brins sepressent et se la laine des mérinos. Cè sont les laines de ce
tasseiit ainsi parallèlement , offre un des ca genre les plus fines, les pliis moelleuses,
ractères d'une laine très-perfeçtiohriée. celles où les brins courent bien parallèlement,
4° L'élasticité. Toutes les laines sont élasti- qui la possèdent au plus haut de^ré et chez
Î|ues, mais non pas de la même manière. Lne lesquelles elle se conserve eh grande partie
aine dont le brin est grossier, dilr et roide, après toutes les manipulations eu fjbridiie.
reprend presque instantanément son volume Une laine malle désigne un aniinal malade.
primitif quand on la presse en masse d'une i0° Le nerf où la Jorce. C'est là résistance
manière quelconque; une laine fine, au con plus oli moins forte Que le brin oppose à la
traire, ne reprënqlesien qu'avec une certaine rupture quand on y suspend un poids, ou bien
lenteur, tn tirant iiii brin de laine entre les lorsqu'on le preriffentre le police el i'iudev de
doigts, jusqu'à le rompre, on remarque dans chaque mai il et qu'on écarte celles ci assel
92 ARTS AGRICOLES : 1 AVAGE DES LAINES. liv. iv.
vivement l'une de l'autre. Il est vrai que, plus lités et prend mal la teinture , l'autre est or
une laine est grosse, plus elle oppose de résis dinairement trop courte lors de la tonte, et
tance ; mais la laine fine proportionnellement se perd au lavage , etc.
à son diamètre en oppose davantage, et à 4° Laine inégale. Cette laine est à son ex
grosseur égale, un fit de laine fine filée est trémité plus grosse, moins ondulée et moins
plus fort qu'un fil de laine commune. A finesse élastique que dans le reste du brin, et souvent
égale, on doit donner la préférence à la laine est morte clans cette partie de sa longeur. Un
qui a le plus de nerf. mauvais régime chez les moutons en est sou
11° la. facvlté de feutitr. C'est une pro vent la cause. On la rencontre aussi souvent
priété qui di pend de la structure des brins chez les métis des 4 premières générations.
de la laine. Les laines qui possèdent au plus 5° Laine vrillée. La laine vrillée , tordue ou
haut degré cette qualité donnent aussi à la cordonnée, est celle dans laquelle les brins ,
filature les fils les plus beaux, les plus égaux, tournant sur eux-mêmes , s enlacent les uns
à grosseur égale les plus fins et les plus so dans les autres pour former de petits cordons
lides , et après la foule les draps les mieux ou écheveaux,dontla réunion forme des sortes
corsés. Cette qualité ne se rencontre guère de mèches spirales, terminées par un nœud
dans toute sa perfection que dans les toisons ou bouton ; ce défaut rend cette laine peu pro
où les mèches sont courtes et tassées; elle s'al pre à la carde. C'est aux épaules qu'il faut sur
lie très-bien à une grande douceur et à beau tout la chercher dans une toison.
coup de moelleux. 6" Poils roides ou Percanino des Espagnols.
12° La pureté ou la netteté. On doit donner Ces poils, qu'on rencontre quelquefois même
la préférence aux toisons pures et propres, et dans les plus belles toisons, sont courts, poin
où le sable , la poussière ; les impuretés de tus , luisans, lisses, d'un blanc brillant et plus
toute nature n'ont pas absorbé le suint et gros près de leur racine. Ils ne jouissent d'au
enlevé à la laine sa douceur et sa souplesse. cune des propriétés de la laine et s'en séparent
On entend aussi quelquefois par ces mots, que en grande partie au lavage , au battage, etc.
dans une toison les mèches sont composées Ils n'ont d'autre désavantage que de diminuer
de brins bien égaux, entre eux et non pas de la quantité de la bonne laine sur le dos de l'a
poils les uns fins et les autres de nature gros nimal, et d'augmenter inutilement le poids des
sière, comme on le voit parfois chez les métis toisons.
des premières générations. 7° Les jarres ou poils de chien. Les jarres
13" La mollesse. C'est une propriété dis sont des poils longs qui s'élèvent au-dessus de
tincte de la souplesse , de la douceur et du la toison et qu'on remarque surtout aux aines,
moelleux , et qu'on apprécie au moyen du aux cuisses, à la queue et aux plis du cou ; ils
toucher. On la recherche dans les laines feu sont dépourvus de douceur et ne prennent
trantes pour les draps les plus fins, et c'est qu'imparfaitement la teinture. C'est un des plus
une qualité nécessaire dans les lames dépeigne grands défauts des toisons quand on les ren
pour la fabrication des cachemires , des mé contre en grande quantité, et une laine jar-
rinos , bombasins , etc. reuse ne peut servir qu'à des ouvrages gros
siers.
§ II. — Défauts de la laine. 8° Laine bourrue. On donne ce nom à des
brins qu'on rencontre surtout chez les métis
1° Laine feutrée. On nomme ainsi les toi des Ie" degrés, et qui, par suite de leur plus
sons où les brins, au lieu de croître parallèle fort diamètre et de leurs ondulations irregu-
ment, s'enchevêtrent et s'enlacent les uns lières, manquent de moelleux. Ils s'élèvent en
dans les autres, de manière à former une quantité plus ou moins grande au-dessus des
sorte de feutre qu'on ne peut ouvrir sans mèches et nuisent beaucoup, en fabrique, à l'é
rompre la laine. C'est un grave défaut qui galité, à la douceur et à l'uniformité des pro
rend cette substance impropre à la fabrica duits manufacturés.
tion des étoffes. Les mérinos purs présentent 9° Laine plate. Cette laine, en fabrique, se
rarement cette imperfection ; on la trouve prête mal au filage et nuit à la bonté , au feu
Îiarfois chez les métis et fréquemment chez trage et à la solidité des étoffes ; elle manque
es moutons communs. d'anleurs en partie de douceur , d'éclat et de
2° Laine fourchue. C'est le résultat d'une moelleux ; il suffit pour la reconnaître, quand
maladie chez l'animal, ou du passage subit le toucher est exercé, de rouler quelques brins
d'une nourriture pauvre , prolongée pendant entre les doigts.
long-temps à une nourriture abondante, sa- 10° Laine maigre. C'est la suite de la mau
lubre et de bonne qualité , ou réciproque vaise nourriture des moutons. Cette laine, au
ment. La laine, arrêtée dans sa croissance , premier coup-d'œil, parait être fine, mais elle
meurt à son extrémité , mais elle reste unie manque des qualités recherchées dans les fa
près de sa racine avec la nouvelle laine qui briques ; elle est faible, sèche, tendre, matte ,
pousse et forme ainsi un brin double dont terne, et a perdu sa douceur et son élasticité.
les deux filamens se séparent au moindre 11° Laine brouillée. On donne ce nom aux
effort. toisons dans lesquelles les brins se croisent et
S" Laine morte. C'est le résultat de la vieil s'entrelacent , et, par suite de l'inégalité de
lesse chez les moutons, ou d'une maladie de leurs ondulations, ne croissent pas dans une
l'animal, pendant laquelle la laine cesse de direction parallèle. Cette laine a peu de valeur,
croître et meurt. Dans ce dernier cas, lorsque parce qu'elle est difficile à travailler, qu'elle
la santé se rétablit, l'ancienne laine est chas ne peut donner des produits de lr" qualité et
sée par la nouvelle et se détache avec facilité. prend mal les couleurs claires.
Ni 1 une ni l'autre de ces deux laines n'ont de 12° Laine sèche et cassante. La sécheresse et
prix pour le fabricant; l'une a perdu ses qua- la facilité à se rompre dénotent généralement
CBAl>. 5' CLASSEMENT ET TRIAGE DES LAINES.
une laine grossière et d'une forme irrégulière; qui décroissent ainsi successivement jusqu'aux
elle ne fournit que des étoffes roides, sans élas laines les plus communes. Dans les laines fines
ticité et dépourvues de moelleux. on fait encore un plus grand nombre de qua
13" Laine faible et tendre. On la recueille lités. Ainsi, on désigne sous le nom A'extra-
sur des animaux malades, faibles, jeunes ou prime ou d'extra-frne la laine superfine des
morts, ou bien c'est une laine de bonne nature races améliorées de moutons français ou étran
qui, après la tonte, a été abandonnée dans un gers; telles sont les laines du troupeau de Naz
lieu humide et a perdu ses qualités ; elle n'a (Ain), ou des troupeaux qui en sont issus; celles
presque aucune valeur. des moutons de la Saxe , de la Bohème , de la
14° Laine colorée. Ce n'est pas, à proprement Silésie ou de la Moravie importés en France ,
parler, un défaut, mais un accident qui enlève ou croisés avec nos métis ou nos mérinos de
aux laines fines une partie de leur valeur, sur pur sang. Après cette laine vient la prime, qui
tout pour celles destinées aux étoffes les plus est encore une laine de choix, récoltée sur
belles et teintes en couleurs délicates et clai quelques parties du corps des mérinos fins, ou
res. On a remarqué que la laine de couleur sur nos métis, puis une série de qualités dé
était généralement plus grosse, plus dure et signées sous le nom de lre, 2', 3', 4', 5', etc.,
moins souple que celle qui est blanche. qu'on abat sur des mérinos moins fins, sur des
métis dont la toison n'a pas encore atteint un
Section II. — Classement et triage des haut degré d'amélioration, etc.
laines.
§ I". — Classement des moutons ou des toisons.
Deux opérations sont nécessaires pour as Pour être à même de classer des moutons
sortir et classer les laines suivant les qualités ou leurs toisons, il faut d'abord connaître les
ou les propriétés qui les font rechercher dans principales espèces de laines que produit le
les arts et les manufactures. La 1** est le clas sol français. Nous n'avons pas la prétention de
sement des moutons, ou bien le classement de classer toutes les laines françaises, travail im
leurs toisons, après qu'on les en a dépouillés, mense et très-difficile, mais nous pensons que
opération qu'on nomme quelquefois déchif comme 1" division elles peuvent être rangées
frage ou détrichage des toisons. La 2°" est le sous les quatre catégories suivantes.
triage ou séparation des diverses portions de 1° Les laines indigènes. Ces laines comptent
ces mêmes toisons, suivant les qualités com un très -grand nombre de variétés que nous
merciales de chacune de ces parties. chercherons toutefois à réduire aux trois sui
Avant d'entrer dans des détails sur le clas vantes.
sèment et le triage des laines, nous allons Les laines grossières provenant de moulons
donner un aperçu sommaire des noms sous indigènes abâtardis , malheureusement très-
lesquels on distingue les différentes espèces répandus encore sur notre sol. Les toisons de
sur le marché de Paris. ces animaux sont généralement composées
On partage d'abord les laines en plusieurs d'une laine grossière, inégale, sans ondulations,
espèces,savoir : laines de toison, ou laines enle roide. jarreuse, kl plupart du temps brouillée,
vees au moyen de la tonte sur des moutons vi- et qui n'est guère propre qu'à la grosse dra
vans ; laines de moutons gras, ou celles qui ont perie, aux tapis et moquettes, à la grosse cou
été enlevées en toutes saisons sur les moutons, verture, aux lisières des draps fins et communs,
avant de les livrer à la boucherie ; laines de à la grosse bonneterie et passementerie, enfin
peaux, ou dépouille de la peau des moutons aux matelas bons et ordinaires.
qui ont été abattus, et qui diffèrent des suivan Les laines communes , moyennes et bonnes
tes en ce qu'elles sont recueillies en suint; lai sont aussi très-nombreuses en France, et con
nes d'abat,pelures,pelades, ou laines enlevées nues sous le nom de beauceronnes, picardes ,
sur les peaux des moutons livrés au boucher, sologne, médoc, béarnaises, bayonnaises, etc.;
au moyen de la chaux:elles n'ont plus ce moel elles servent à la fabrication des draps pour l'ha
leux et ce nerf que conservent les laines vi billement des troupes, des londrins pour les
vantes; laines mortes , morines, celles abat échelles du Levant, l'Asie et les Amériques ,
tues sur la peau d'animaux morts d'accident ainsi que pour les couvertures ordinaires et
ou attaqués de maladies. mi-fines, les molletons, les grosses flanelles,
Les lames sont en suint, surges ou en grœt, les serges, les cadis, les tricots , la bonneterie
quand elles n'ont pas été passées au lavage; et la passementerie, etc. Ces laines sont géné
lavées à dos ou surpied, quand elles ont subi ralement , ainsi que les précédentes , lavées
cette opération sur le dos des moutons; et la sans triage et conservées en toisons.
vées, blanches, ou en blanc, quand les toisons Les laines mi-fines, fines et superfines ou
ou les laines triées ont été soumises au lavage. refins indigènes, récoltées les 1r" dans les dé-
Les pelures assorties par qualités par les la partemensde l'Hérault, de l'Aveyron, de l'Aude,
veurs, et épurées par le lavage, sont connues des Pyrénées-Orientales, etc., et les autres
sous le nom d'écouailles. dans le Gard , les Bouches-du-Rhône, le Var,
En général les laines,quelleque soit leur ori Vaucluse, et dans les anciennes provinces du
gine ou leur nature, sont assorties par quali Poitou, du Berry, de la Champagne et la So
tés. Ces qualités portent, soit des noms, soit logne, etc. Ces laines, suivant leur degré de fi
des numéros, dont l'ordre est déterminé sui nesse, peuvent souvent être classées avec celles
vant la finesse du brin; ainsi, parmi les laines des métis de mérinos et brebis communes des
indigènes on distingue la prime , c'est-à-dire , 2* , 3* ou 4' générations; elles servent à la
la laine la plus belle et la plus fine, qu'on ré fabrication desdraps mi-fins et autres tissus, et
colte sur la toison de nos moutons indigènes; ne sont pas généralement livrées au commerce
viennent ensuite les 1"', T, ">', 4* qualités, en suint, mais lavées.
94 ARTS AGRICOLE» : LAVAGE DES LAINES. MV. IV .
5*° Les hunes des métis ou laines indigènes la Saxe, dites électorales, importées en Frappe,
ncrfectionne'cs, qui diffèrent beaucoup entre tels que le troupeau deVillotte, Côte d'0n,etç.;
elles suivant le degré de perfectionnement où 2° en mérinos purs ou moutons des plus
le métis est arrivé, c'est-à-dire depuis le 1" beaux troupeaux de la France, mais qui n'ont
croisement ou une amélioration sensible se pas encore atteint le degré de perfection des
manifeste déjà,jiisqu'au 30", où les animaux, si précédeus, tels que ceux de JVÏ. de Pplignac
l'on a observé avec rigueur les principes rai- dans le Calvados, le troupeau de Rambouil
spnnés de la propagation avec des béliers su- let, etc.; 3° en mérinos ordinaires issus direc
Îierfins. sont parvenus à la fixité du type et à tement de races espagnoles et fournissant
a constance du sang, et donnent des produits des laines semblables à celles de ce pays.
au moins aussi beaux que ceux des mérinos Parmi ceux-ci on pourrait distinguer les ani
superfins. Nos métis, avec les races espagnoles, maux qui descendent des races léonaises, sé
fournissent déjà aux 2" et 3' croisemens des goviennes ou sorianes. qui sont les 3 types
laines comparables aux plus belles ségoviennes, qui fournissent les laines les plus fines et
sorianes et eslramadures; aux 3e ou 4r, des qu'on a le plus fréquemment importées en
laines aussi belles que les léonaises, et aux 4", France pour la propagation. La première
5* et 6e, des produits presque aussi perfection surtout, qui est la plus perfectionnée , pré
nés que les mérinos purs. sente encore plusieurs variétés parmi les
3° Les laines de mérinos de pur sang, qui quelles celles appelées Infantado, Guada-
sont celles qui réunissent les qualités les plus loupe, Paular, Negretli, Escurial, etc., sont
précieuses pour la fabrication des draps su les plus nobles et les plus belles, mais offrent
perfins et des étoffes les plus belles. Ces laines, des différences appréciables dans les carac
ainsi que les précédentes, sont maintenant ré tères physiologiques, ainsi que dans la nature
pandues avec assez d'abondance sur le soi de des toisons.
la France, mais toutefois avec les différences Dans les bergeries les mieux tenues de la
qu'apportent la race, la variété, la famille et le Saxe et de la Bohème, après que les animaux
régime. ont été classés suivant une des catégories
4° Les laines longues et lisses des moutons précédentes, ou leurs subdivisions, on les
anglais des races de Leicester, Dishlcy, Lin sépare epeore en brebis, moutons, béliers et
coln , Teeswater , Romney-Marsh , importées agneaux, qu'on lave et qu'on tond sépareuiept.
récemment en France, ou celles clj leurs Noq seulement la brebis l'emporte sur le
métis, entre autres ceux obtenus depuis peu mouton, et celui-ci sur le bélier pour la finesse
à Alfort par M. Yvabt avec des brebis arté de la laine , mais on peut établir comme un
siennes et mérinos, et qui servent surtout a la fait constant que les plus vigoureux ou les
fabrication des étoffes rases. plus jeunes le cèdent sous ce rapport aux
Les quatre catégories précédentes seront plus faibles et aux plus âgés.
généralement suffi santés, pour classerdes trou Les manufacturiers , indépendamment de
peaux, à l'éleveur ou propriétaire qui posséiie la finesse, classent ordinairement les toisons
diverses races de moutons et qui vend 8a suivant l'emploi que l'on fait de la laine dans
laine en suint; mais quel que soit le degré les arts, pans ce système on peut comprendre
d'amélioratiou d'un troupeau , il y a toujoui-s dans une V division toutes celles dont la
des différences sensibles entre les toisons des laine est fine, owirte (2 à4po.) et ondée, qu'on
animaux qui le composent, et si on veut sépa uommeaussi laine decarde, et qui, par la facj-
rer ces divers degrés de finesse, il faut proi é- litéaveclaquelleelle se feutre, est éminemment
der à une classification plus précise et plus propre a la fabrication des étoffes drapées;
détaillée. telles sont celles de la plupart des mérinos
Dans les trois classes de laines indigènes ou de leurs métis et d'un grand nombre de
on pourra aisément former des lots de tous moii^ops mdigèues.—Dans la 2* division on
les animaux qui se rapprochent le plus par range les (a/nes de peigne, laines lissçs, laines
la finesse de leurs toisons. Daus la caté lingues et brillantes, qui sont celles qu on
gorie des métis on peut subdiviser encore destine à la fabrication des étoffes rases, telles
Ces animaux suivant le point de perfection que burats , étamities, bouracans, camelots,
où ils sont arrivés, ou bien suivant la quan popelines, bombasins, étoffes pour gilets,
tité de laine prime qu'ils peuvent donner. flanelles, passementerie, etc. Ces laines sont
Ainsi à la 4e génération un métis adulte issu généralement à mèches longues (5 à 22 po. ),
de béliers superflus donne en moyenne, dans d'un aspect spyeux, brillantes, sans ondula-
les établissemens bien dirigés, 25 p."/.. de tipus, susceptibles d'acquérir et de conserver
prime, 50 p. °/0 de l"'qualité, et 25 de V et 3°. par le pei^uage et la chaleur un parallélisme
Après 16 à 20 générations, et toujours avec parfait entre les brins et ne se prêtant qu'avec
des béliers superfins, un métis donnera 20 difficulté au feutrage. Telles sont les laines
p. "/„ d'extra- prime, 50 de prime, 20 de V fournies par nos moutons de la Picardie, de
et 10 de 2' qualité. Quand on ne veut pas l'Artois, ae la Flandre, du pays deCaux, de la
multiplier les divisions, on peut simplement Champagne, de la Bourgogne, du Soissonnais,
classer ces moutons en métis fins, 2', 3' , 4" et par les moulons anglais récemment intro
croisemens, et en métis surfins, 4', 5", 6? croi duits, ou celles 'les moutons d'Oostfrise.Dans
semens. ces laines la finesse du brin a moins d impor
Quant aux mérinos proprement dits, on tance que la longueur.— On peut former une
peut les classer : 1° en moulons de race super» 3e division pour les laines qui réunissent la
fine, tels que ceux du troupeau de Naz, ou longueur à un certain degré de finesse, et qui
des troupeaux de Beaulieu (Marne), de Pouy sont destinées à la fabrication de ces tissus
(Yonne), de Pontru (Aisne), etc., qui eu sont moelleux et solides connus sous le nom de
issus, ou les moulons descendus des races de mérinos. On distinguera encore daus cette
CHAP.
p* 5*. » CLASSEMENT ET TRIAfîE DES LAINES 95
(jivisipn |es lajnes propres à la fabriçatjoii di's la înauyajse laine qiie nous avons fait con
cibles, ai) bpochp', etc. , et a la bonneterie naître', oii peut avoir recours "k quelques
dEstame, ou objets de bonneterie qui sont autres signes extérieurs, parmi lesquels nous
le produit (Je (aines longues et lisses préparées citerons les suivans.
à' la filature par le peignage.— Enfin o(i peut La structure de la toison. Cette structure
établir une 4e division pour des laines propres es( ordinairement caractéristique dans les
k Ja chapellerie et qui ,comme celles de Brème bûtes fines, et ' avec l'examen du brin elle
Qu l)ien celles récoltées sur les moutons prove- fournil les notions les plus exactes sur les
nps du croisement de nos races indigènes avec qualités de la laine. Suivant les éleveurs alle
dfs béliers égyptiens ou abyssins, se feutrent mands, une belle toison est celle qui présente
aypp au ant d"euergie que les laines ondées, une grande homogénéité, et qui est uniforme
(esquèljes qonnem un feutre ras, tandis que depuis le chiguou jusqu'au bout de (a queue,
celles-là ont ('avantage de laisser ressortir l'ex ce|(è où (es brins sppt bps, moelleux, fixe
trémité (Jes brins pour former le poil d,u feutre. ment ondulés , uniformément et régulière
Ces làiqes seraient aussi très-propres à la pas ment développés, coupant piép uara|ie{en|eal
sementerie, à la confection des lisières des entre eux , puis se réunissant vers leûr extré
peaux draps poirs de Sécjau , et à remplacer mité au nombre de 2,000 à 3,000 pour former
pe qu'on appelle le poil de chèvre d' Vngora une mèche distincte, courte, ronde, obtuse
pont on fabrique des éloffes légères, e|c. au sommet et égale sur toute l'étendue de la
Après que les moutons auront été rangés toison.
suivant les catégories ou divisions que nous Les ondulations du brin.\a laine est d'au|aul
avons fait connaître précédemment, on pro plus finement ondulée qu'élle'est ëllg-n^eçfie
cédera à la tonte; mais on peuf très-bien at fins fine, et le nombre de ces ondulations
tendre après cette opération pour classer les peut même servir à déterminer le degré d,e sa
toisons. Quoi qu'il en soit, si l'éleveur n'entre finesse. Nous trouvons daiis'tes "auteurs, alle
prend pas lui-mime le lavage de ses laines en mands la table suivante ('es ondulations, fou-
toison, il les exposera pendant quelques jours tenues dans une longueur d*'un pouce pour
a l'air sur une prairie bien propre et par un des laiues de la Saxe de diverses qualités:
beau temps , ou dans des endroits suffisam Super-électa . . 30 3G — 40 oudulalioiis.
ment aères, pour les faire sécher; ensuite il Electa 1" choix
lécla 1' 28 à 34 ' — "
les meltr aen paquets, puis eu balles pour les choix 26 à 27
expédier ou les livrer aux marebauds, bénéfi- Prime 1" choix 22 à 24
pieurs , laveurs de laines, ou fabricans. — 2e choix |9â2"
Pour mettre la laine en paquets on étend la Second? 16 à li
toison sur une table, la face qui tenait au corps Troisième I2à |5
■ |e l'animal eu dessous, et on replie tous les Quatrième JOà 12
bords sur le milieu de l'autre face. Ou fait du Il j a toutefois des laines d'iuie grau,de finesse
tout un paquet, qu'on arrête eu alougeaut qui restent lisses et nè forment pas ({ondula
quelques parties de laine que l'on noue ensem tions.
ble, ou qu'on lie avec des ficelles, de la paille Le tassé de la toison. Les mérinos allemands
ou de l'écorce de tilleul. Les toisons disposées ont la laine moins tassée que les niériuos fran
de cette manière sont livrées, ou emballées, ou çais; cependant le tassé est un caractère qpi
bien mises en las jusqu'au temps de les ven indique généralement que l'animal est d'une
dre. race fine et qu'il était dans une bonne coudi-
Dans les lavoirs à façon, chez les marchands lion au moment où il a été dépouillé. Vpe
de laine qui s'occupent principalement de toison peu fournie el peu lassée indique qu'une
l'assortiment et du lavage des laines fines, où laine est commune, ou que l'animal sur lequel
l'on reçoit des laines de troupeaux divers qui on l'a enlevée était malade ou succombait
diffèrent par leurs caractères et leurs proprié sous les coups de la vieillesse.
tés, et où l'on fait enfin un très-grand nombre La couleur de la laine. La laine grasse varie
de qualités diverses pour répoudre à tous les dans sa couleur suivant celle du suint, guj est
besoins des arts et a toutes les demandes du tantôt blanc, tantôt jaune paille, tauKUjaupe
commerce, op doit procéder à l'assortiment et foncé et même brun et rou.ge; néanmoins (es
au triage avec plus de soin que les proprié éleveurs allemands donnent ta préférence aux
taires. laines fines dout le suint est de couleur claire
Les qualités les plus importantes pour les et de nature huileuse, parce que nou seule
laines de premier choix , celles qui doivent ment elle se blanchit mieux, mais, suivant
servir de base à l'assortiment, sont la finesse, eux encore, parce qu'elle prend mieux les
l'égalité du brin, le moelleux, l'élasticité, le couleurs, surtout les plus claires, et qu'elle
nerf et la qualité feutrante, Généralement la a plus d'éclat. Bien entendu qu'il ne s'agit
finesse est la qualité qu'on recherche le plus ici que des laines fraîchement tondues, puis
dans la laine; mais l'égalité du brin .1 une telle que, après un certain temps, le suint prend
importance pour les éloffes feutrées, qu'à éga par l'exposition à l'air une couleur jaunâtre
lité de finesse, et même à finesse un peu in ou brune , plus ou moins foncée. Quant aux
férieure, on donne la préférence à la laine laines lavées, la blancheur et l'éclat sout avec
dont le brin est égal dans toute sa longueur. la finesse les propriétés les plus recherchées.
Après ces qualités , c'est pour les uns le moel Dans le classement on ne doit assortir que
leux et pour d'autres le nerf ou la qualité des toisons où se trouve delà laine d'une égale
feutrante qui donnent le plus de valeur à la finesse, et la laine fine ne peut guère être
laine, suivant l'emploi auquel on la destine. associée qu'avec la laine fine. Ou réussira
Pour se guider dans l'assortiment des toi d'autant mieux dans le classement qu'on as
sons , outre les caractères de la bonne et de sortira des laiues d'animaux d'une même va»
ARTS AGRICOLES LAVAGE DES LAINES. trv. iV.
riété, d'une même race, d'une même famille côtés du corps et sur les cuisses, et la tierce,
ou d'un même troupeau. On conçoit que l'on sur la gorge, le ventre, la queue et les jam
ne devrait pas classer ensemble des laines bes.
courtes et longues , des laines ondées et des Ce triage ne suffit pas, dès qu'il s'agit de
laines lisses , des laines moelleuses et souples moutons à laine fine, et depuis long-temps
avec celles qui sont sèches et cassantes, une les Espagnols en avaient adopté un autre
laine plate avec une laine ronde; qu'il faut, d'autant plus commode que leurs troupeaux
autant que possible, que les laines qu on assor étant fort nombreux et tous les animaux qui
tit se rapprochent sous le rapport de la nuance, composent chacun d'eux étant à peu de
de la couleur, etc., etc. Cependant on fait chose près uniformes sous le rapport des toi
parfois, pour les besoins des arts, des mélanges sons, la laine enlevée sur telle ou telle par-
où l'on cherche, en réunissant des toisons de lie se trouve par cela seul classée commer
qualités diverses, à obtenir une laine de qua cialement. Les Espagnols appellent :
lité moyenne , plus propre et mieux adaptée 1° Rafinos ou 1" classe, la laine qui se
à la fabrication des tissus qu'on désire ob trouve sur le dos, l'épaule, les flancs et les
tenir. côtés du cou ;
«2° Finos ou 2* classe, la laine du chignon
§ II. — Triage des laines. Tt de l'arête supérieure du cou, celle qui se
trouve au bas des hanches et de la partie du
Excepté dans les races de mérinos très- genou de devant au commencement de l'é
perfectionnées, telles que les races de la Saxe, paule, et celle du ventre et de la gorge ;
dites électorales, celle de Naz , etc., où la 3° Terceros ou 3' classe, la laine du jarret
majeure partie de la toison est d'une finesse de derrière à la hanche, du genou de devant
presque égale,même celles des pattes, une toi jusqu'au pied et de la partie inférieure de la
son, la plupart du temps, renferme diverses gorge;
qualités de laines qu'il s'agit de séparer. C'est 4° Cayda ou 4* sorte, la laine des extré
le travail nécessaire pour cette séparation au mités ou les portions prises des fesses aux
quel on a donné le nom de triage. Cette opé extrémités de derrière, entre les cuisses, etc.
ration est assez délicate et exige infiniment A l'imitation des Espagnols, les Saxons
d'aptitude et d'exercice pour juger et mettre ontclassé les diverses qualités de leurs belles
à part dans une toison les diverses qualités toisons en quatre classes principales, sa
3u'elle peut renfermer. Un triage rigoureux voir :
onne cependant de la valeur aux laines; 1° Vélecta, qu'on trouve sur le dos, les
le défaut de triage ou un triage négligé est flancs, les hanches, l'épaule de devant et les
au contraire une cause de discrédit. côtés du cou ;
Pour procéder régulièrement au triage, 2° La prime, qu'on recueille sur les cuisses
oncommence par jeter sur le plancher d'une de devant, le ventre, l'arête supérieure du
pièce propre et bien éclairée toutes les toi cou, la tête et la gorge;
sons assorties d'une même division; on les 3° La seconde, celle qu'on rencontre aux
délie, si elles sont en paquets, puis on les cuisses de derrière et aux jambes de devant,
déroule et les étend sur une table. Toutes les du genou à l'épaule, à la partie inférieure
loquettes ou mèches et portions détachées de la gorge, le chignon et la queue;
sont mises à part. Si les toisons sont trop ser 4" La troisième, celle qu'on trouve sur les
rées ou tassées, on les ouvre avec un instru jambes de derrière, entre les cuisses, au
ment de fer appelé fourchette, à pointes scrotum et aux parties de la génération.
courtes, écartées et recourbées, en évitant Les établissemens de lavage en Allema
toutefois de briser la laine. Cela fait, on éplu gne forment un bien plus grand nombre de
che ou nettoie la toison, c'est-à-dire qu'on qualités, et la plupart du temps subdivisent
enlève toutes les portions où la laine a les précédentes en 1" et 2* choix ; ainsi dans
subi quelque altération grave, ainsi que les le 1", ils ont de la laine super-électa et élec-
croltinsoubien les corps étrangers d'un cer ta; dans le 2* de la prime de 1" et 2e choix,
tain volume qui s'y rencontrent quelquefois. et ainsi de suite.
Tous ces rebuts, qui contiennent de la laine, Ou a reproché depuis quelque temps en
sont recueillis pour être lavés à part ou avec France aux laveurs et négocians en laine, le
les dessous de claies ou ordures qui passent nombre de qualités diverses qui ont été in
à travers les claies au battage. Après cela on troduites dans le commerce et qui tendent à
sépare encore de la toison toutes les portions apporter de la confusion ou à favoriser la
colorées, puis celles souillées par l'urine ou fraude, et on a pensé qu'à l'imitation des Es
les excrémens et qui sont connues sous le pagnols, trois qualités, indépendamment des
nom de jaunes. Enfin, ce travail terminé, on rebuts ou caydas, seraient suffisantes pour
déchire la toison pour séparer les diverses tous les besoins des arts. Nous laissons aux
qualités qu'elle présente, et qui sont jetées, gens de l'art à décider cette question, et
chacune a part, dans des boites, des cases uous préférons donner quelques détails sur
ou bien des compartimens formés par des la répartition des diverses qualités sur le
claies, en ayant le plus grand soin de ne pas corps des moulons perfectionnés.
mêler les qualités. THAEB,dans ses Annales de Mœglin, nous a
Voici maintenant les principes qui peuvent fait connaître les résultats d'observations
servir de guide dans le triage des toisons de très-précises qu'il a faites sur des races de
toute nature. mérinos pour distinguer les diverses qualités
Dans les toisons très -communes on ne dis de laine que présente la toison des moutons
tingue guère que trois qualités, la mère-laine, de cette race. « La partie du corps, dit-il, où
sur le cou et le dos; la seconde laine sur les la laine croit le plus régulièrement, est à 2
tMKP. 5«. CLASSEMENT ET TRIAGE DES LAINES. Ù7
onces de l'échiné a (fig. 99) en descendant, | parties du cou. Elle égale ordinairement
celle de la partie supérieure de l'arête du
cou ; toutefois, dans les toisons très-serrées,
elle se rapproche davantage de la laine
des parties latérales de celui-ci. «Ces dif
férences entre la qualité de la laine sur
différentes parties du corps, ainsi que les
limites où elles sont circonscrites, soi
variables avec les races, les familles et
même d'individu à individu, et il est
des troupeaux, tels que ceux dits de race
électorale et le troupeau de Naz, etc.i
où la laine est presque uniformément
belle sur toutes les parties du corps.
Nous avons fait connaître plus haut
les divisions par qualités qui sont adop
tées en France pour les laines indigènes
et les laines fines, nous ajouterons seu
lement ici que les pelures en général
sont partagées en 4 classes : commune,
ilfin, bas fin, et mélisou mérinos, sui-
it leur finesse, et que les laines fines
de ce genre lavées, c'est-à-dire les é-
couailles, sont classées par qualités d'a
près la méthode employée pour les lai
nes de toison. Il en est de même des jau
nes, des crottins, des pailleux, etc., qui,
triés et lavés, se divisent en 2 ou 3 qua
lités.
ou a 2 pouces de l'omoplate, dans la direction § III. — Des moyens pour mesurer la finesse des
du garrot à l'ombilic. Dans la pl upart des indi laines.
vidus et dans les races pures sans exception,
la laine est dans cet endroit à la fois la meil D'après les détails dans lesquels nous
leure et la plus fine de toute la toison. A en venons d'entrer, on conçoit sans peine que
viron 3 pouces plus en arrière, on trouve le classement et le triage des laines se font
sur le dos b la qualité moyenne de la généralement d'après l'ensemble de leurs
laine. Sur la croupe cet dans les parties voisi qualités ou suivant les besoins , mais que la
nes, la finesse est un peu plus marquée, mais plupart du temps c'est la finesse du brin qui
.a laine est plus courte, moins tassée et moins sert à fixer le mérite respectif et la valeur
nette. En général, elle parait en ces endroits des laines. Quelque exerce que soit l'œil ou
avoir moins de nerf et une teinte matte et la main du propriétaire ou du marchand de
blafarde. Vers la naissance de la queue d en laine, il est difficile déjuger de la finesse de
descendant, la laine se montre un peu plus ces filamens, surtout aujourd'hui que les lai
longue, elle est plus frisée et s'échappe en nes ont acquis une grande ténuité, sans faire
pointe. La finesse est encore moindre. A en usage d'un instrument qui grossisse le
viron un pouce au-dessous de la naissance brin et serve en même temps à en mesurer
de la queue e commence une ligne qui forme le diamètre. Un assez grand nombre d'in-
la limite naturelle entre la laine de la toison strumens de ce genre ont été inventés et dé
supérieure et la laine toujours décroissante signés sous les noms de mensurateurs des
de la cuisse. Au jarret / se trouve en majeure laine* , de micromètres et dV:riomètres ; les
partie la laine la plus commune de toute la Clus connus sont ceux de Dollond , de I.ere-
toison. A l'épaule g, de même que près du ours, de Voigtlander, de Schirmer, etc.
genou, la laine gagne en finesse et est très- Tous exigent beaucoup d'habitude pour être
frisée. Celle du ventre h est rarement bonne, employés convenablement , et il est très-
elle est trop mince et sujette à se tordre; difficile dans leur usage d'éviter de graves
malgré sa finesse, qui égale celle des meil erreurs. Un autre instrument de ce genre,
leures qualités, elle est de peu de valeur. La du à M. Kœhler, et dans lequel on mesure
laine du garrot i se fait remarquer par sa Car un procédé mécanique l'épaisseur de 100
disposition à se cordonner; moins elle est rins à la fois, n'est pas susceptible de donner
tassée, plus elle est disposée à se tordre, et une grande exactitude. Enfin l'ériomètre de
quand elle est dure, ses extrémités sont pres- Skiadan, qui mesure la finesse de la laine en
ue toujours défectueuses. Des deux côtés cent millièmes parties d'un pouce, parait
d u cou k la laine est d'une belle venue, elle donner avec promptitude des appréciations
cède peu à celle des meilleures parties; elle exactes; mais son mécanisme est compliqué,
est en général plus longue que ces dernières. et il a en outre le défaut , ainsi que les autres
Dans les toisons un peu drues elle a un lustre instrumens de ce genre mentionnés précé
qui lui est propre. La qualité de la laine des demment, d'être d un prix élevé et peu à la
parties supérieures de l'arête du cou / va portée des cultivateurs.
toujours en décroissant. Dans plusieurs in Nous avons pensé qu'avec un microscope
dividus, la laine de la nuque m décroît sensi composé, disposé d'une certaine façon, on
blement en proportion de celle des autres parviendrait à mesurer la finesse des laine*
AGRlCULTCnS tome HJ. — 13
98 ARTS AGRICOLES : ^AVAGE DES LAINES. lit. nr,
avec un degré d'exactitude bien suffisant mesurer un brin de laine soumis au microsco
pour tous les essais d'améliorations auxquels pe , en effet, si l'on met en contact la pointe P
un propriétaire voudrait se livrer, ou pour de la vis H avec le bord de l'image G produite
juger de (a valeur respective des diverses es f»ar l'objectif C D dans l'intérieur de l'ocu-
pèces de laines, et M. Charles Ciievameh (; 1 1, aire double E, F, puis qu'on tourne la vis de
jeune opticien très-instruit, à qui nous avons manière à ce que son extrémité pointue P
demandé quelques renseignemens à cet traverse entièrement cette image en tenant
égard, nous a indiqué plusieurs moyens de compte du nombre de tours et de fractions
se servir de cet instrument qui remplissent de tours qu'on aura fait faire à la vis pour lui
parfaitement le but proposé. faire parcourir le d ia mètre de l'image, comme
Le premier nécessite l'emploi d'un micro on connaît avec exactitude l'écartement du
scope horizontal et d'une chambre claire : il filet de cette vis ou la hauteur de son pas, il
est très-exact; mais, comme il est compli est évident qu'il sera très-facile de détermi
qué et qu'il demande du soin et quelques ner la grosseur de l'objet ; car si le pas de la
calculs, il ne nous a pas paru d'un usage assez vis est de 1/4 de millimètre et sa tête divisée
simple pour être décrit ici. Quant à un autre en 100 parties , il est clair qu'à chaque révo
moyen qui peut être mis en usage même avec lution entière on comptera 1/4 de millimètre,
les microscopes lesplus coin ni u n s,nous allons et à chaque division du cadran 1/400 de mil
en donner la description. AB C D (Jlg.100) est limètre, ce qui donne un moyen très-facile et
très - exact de connaître le diamètre ou la
Fig. 100. finesse des laines. Ainsi une laine , pour la
quelle il aura fallu tourner la vis de 8 divi
sions, aura pour épaisseur 8/100 de 1/4 de
millimètre ou 2/100 de millimètre, c'est la
finesse des mérinos ordinaires ; et une autre
où il aura fallu la tourner de 1/5 de tour
aura pour diamètre 20/400 ou 5/100 de milli
mètre, épaisseur d'une laine ordinaire.
Un autre procédé , encore plus commode,
consiste à placer seulement dans l'oculaire
E, F, sur le diaphragme R, un verre divisé en
parties égales. Ces divisions devront corres
pondre au grossissement du microscope ,
c'est-à-dire que si, par exemple, cet instru
ment grossit 100 fois en diamètre, chaque di
vision, pour représenter 1/10 de millimètre
placé devant 1 objectif, devra avoir sur le
verre placé dans l'oculaire un écartement
d'un centimètre ; mais, comme ce large es-
Ipace peut être facilement partagé en dix par
ties , \1 en résultera des subdivisions repré
sentant chacune des centièmes de millimè
tre. Maintenant, si à la place de la division
en dixièmes de millimètre que nous sup
posons placée en L sous la lentille , on met
un fil de laine, il sera facile de juger de son
diamètre en le comparant aux espaces tracés
sur le verre du diaphragme de l'oculaire, de
manière à avoir des mesures exactes à 1/50
el même à 1/100 de millimètre près. On con-
le corps ou tube d'un microscope compose , çoit qu'il serait possible, par ce moyen, d'avoir
garni de ses verres; C D la lentille ou 1 objectif, des mesures encore beaucoup plus petites en
e! E,!" les verres composant l'oculaire double augmentant le grossissement de l'instrument,
(in microscope. H est une vis très-fine dont et en employant des divisions encore plus
on connaît exactement l'écartement du pas, fines.
et dont l'extrémité de la tige P est terminée
en pointe très-déliée. I tête de la vis ou ca Sect. m. — Lavage des laines.
dran divisé en parties égales, par exemple en
100 parties. P pointe très-déliée de la vis,
placée au foyer de l'oculaire E, auquel on ap Nous avons dit que le but du lavage des
plique l'œil. L'objet L placé devant l'objectif laines était de les débarrasser d'une espèce
CD, dans le cas actuel, est un brin de laine de graisse qui les enduit, à laquelle on a
dont on ne voit que la coupe transversale; G donné le nom de suint, et qui les empêche de
est l'image de cet objet grossi et tel qu'il est vu recevoir les couleurs qu'on veut leur appli
dans l'oculaire quer. Il importe, avant de décrire les procédés
On voit que tout ici estdisposé comme dans de lavage, de connaître la nature et les pro
un microscope composé ordinaire, à l'excep priétés de cette graisse , afin de mieux appré
tion de la vis H placée sur le côté du tube de cier les procédés employés pour en débarras*
."oculaire et pénétrant dans son intérieur. ser la laine.
Maintenant, rien n'est plus facile que d
peut facilement admettre et vider l'eau, et nuant insensiblement pour que les mor.tons
de plus qui est d'une grandeur proportion puissent descendre et remonter facilement.
née au nombre des moutons qu'on veut Suivant M. Pétri, dans un hassin de ce genre
laver, on pratique à chacune des extrémités de 12 pi. de large, 60 de long, avec un nom
une vanne disposée de telle manière que le bre suffisant île travailleurs et une abondance
bassin ne contienne que 2 à 3 pi. d'eau. Aux convenable d'eau, on peut laver par jour de
deux bouts, la profondeur doit aller en dimi 900 à 1000 i
ÎO'I ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES. Mr. t*i
Le trempage a lieu comme précédemment la plupart du temps en suint, on fait peu
en faisant traverser le bassin à la nage par d'usage du lavage a dos *, en outre, la toison
les moutons, sans laisser écouler d'eau, mais des mérinos français étant plus tassée que
en renouvelant seulement celle qu'ils enlè celle des mérinos saxons, la laine se lave plus
vent avec leur toison. Pendant ce passage difficilement, les moulons sont plus long
une partie du suint se dissout et forme, avec temps à sécher, ce qui est préjudiciable à
Venu du bain tiédie par le soleil, uue sorte de leur santé.
dissolution savonneuse qui contribue au net-
tojage de la laine dans les immersions sui- B. Lavage à froid des laines en toison.
vai ites.Otte première opération sert, comme
on voit, à humecter et à pénétrer la laine, Pour procéder à ce lavage à froid, on jette
ainsi que les malpropretés qu'elle contient. la laine dans des cuves d^au à la tempéra
Dès que le dernier mouton sort du bain, ture de l'atmosphère, et on l'y laisse trem
on reprend le premier qui avait passé , puis per environ 24 heures. Elle pourrait, si elle
dans le même ordre tous ceux qui l'ont était très-malpropre et impure, y rester 3 ou
suivi, et on leur fait traverser le bassin une 4 jours sans que le brin éprouve d'altéra
2* fois. L'eau du bain a dans ce moment ac tion. Lorsque Veau a bien pénétré partout,
quis toute sa propriété dissolvante et détache on procède au lavage, qui se fait avec rapi
la plus grande partie des impuretés des toi dité, en enlevant la laine, là déposant dans
sons. A cette 2e opération succède une 3' im des paniers ou corbeilles, qu'on plonge à plu
mersion après laquelle, malgré les malpro sieurs reprises dan.; une eau courante, en
pretés qui flottent dans le bain, la laine est ayant l'attention de soulever de temps à autre
assez blanche et nette. Quand elle est ter- la laine avec un bâton lisse, mais sans la tour
mitiée, les moutons sont reconduits prompte- ner. Quand elle est ainsi suffisamment lâvée,
ment à la bergerie, où on les maintient chau on la déposé sur des claies ou des tables
dement sur une litière de paille fraîche et faites en lal tes minces, croisées et polies où
épaisse. elles'égoutte. Delàelle est transportée sur un
Après le bain on ouvre la vanne d'aval ou gazon bien propre, sur un plancher eu bois
de chasse , on vide le bassin qu'on remplit ou des toiles placées au grand air où elle
ensuite d'eau nouvelle et pure, qui se renou achève de se sécher: on peut aussi se servir
velle sans cesse par la vanne d'amont qu'on pour cet objet de claies ou de filets élevés
laiose entr'ouverte à cet effet. au-dessus du sol, ce qui facilite encore l'éva-
Le lendemain matin dès l'aube du jour on poration de l'eau.
procède au lavage. Des laveurs disposés sur Quand le local ne permet pas de laver la
2 rangs et avec de l'eau jusqu'à la ceinture, laine dans l'eau courante, on peut y procéder
se passent les moutons de main en main en dans des cuves de 4 à 5 pi. de longueur, 2 ou
sens inverse du courant, chacun pressant 4 de largeur et 3 de profondeur. Si l'on peut
la laine et en exprimant le liquide trouble disposer d'un filet d eau qui renouvelle sans
au elle contient, et ainsi de suite jusqu'au cesse le liquide de ces cuves, la laine en sor
dei nier placé près de la vanne où l'eau af tira plus pure et plus blanche. Dans une
fluante est la plus propre et la plus pure. semblable cuve un homme peut laver un
Si les localités permettent de déverser Veau quintal de laine par jour.
daits le bassin par un certain nombre de Dans le lavage à froid des lainés, celles-ci
filets tombant de quelque hauteur, on place f>erdent à peu près autant que dans les bons
au-dessous de ces petites chutes les mou avages à dos, c'est-à-dire qu'il faut encore
tons au moment de les faire sortir du bassin, les dépouiller de 15, 20 ou 25 p. 100 de leur
poi.r achever de donner à leur toison une poids pour les mettre en état de recevoir la
blancheur et une pureté parfaites, sans qu'il teinture.
no il besoin, comme dans le procédé précé 2° Lavages à chaud.
demment décrit, de faire passer tes animaux
un grand nombre de fois dans le bain de Les lavages à froid ne sont guère pour les
lavj>ge. laines fines qu'une sorte de dépuration déjà
1 e trempage parait être aux auteurs alle fort utile pour faire apprécier les qualités de
mands une opération si nécessaire pour un la laine, la débarrasser de ses impuretés et de
)>or lavage,qu'ils conseillent, faute de bassins son suint, mais qui n'ont pas le même but
ou lavoirs, de l'exécuter dans des fosses creu que le lavage à chaud, destiné en général à
sées en terre, garnies de planches et rem les purger de toutes les impuretés qu'elles
plies d'eau, dans des cuves, des auges, ou contiennent, ët à dépouiller le brin de
tout autre grand vase quelconque; quant au l'excès de matière grasse qui l'enduit. Le la
I ivî-ge définitif, il faut, autant que pos vage à chaud peut aussi se faire de plusieurs
sible, le donner à l'eau courante ou au manières; nous citerons seulement celles
dio. ds dans une eau dormante très-propre. usités dans les pays où la production des
l e lavage saxon enlève une plus ou moins laines fines a le plus d'activité.
grande quantité de suint et de matière
grasse, selon qu'il est plus ou moins bien fait A. Lavage à dos et a chaud.
les laines superfines de la Saxe, traitées
ainsi, ont un rendement de 38 p. 0/0, parce «Leiàvageàdbs età froid, dit laSociétéd'a-
que les toisons sont ordinairement très-pro griculture de l'Irlande, ne parait pas suffi
pres et légères. Elles subissent encore un dé sant pour purifier les laines quand les brins
chet de 30 p. 0/0 lors du triage et dégraissage et les mèches sont agglutinés par une grande
à cl.aud. quantité de fiente, ou quand le suint est fort
En France, où les laines fines se vendent abondant. Il vaut rniêtix , dans ce cas, avoir
chap. 5'. LAVAGE A CHAUD DES LAINES. 103
un grand cuvier, rempli d'eau à la tempéra çonnerie. On descendait dans le lavoir par
ture du sang humain (32* R.), dans lequel on 3 marches, età l'extrémité du canal se trouvait
plonge l'un après l'autre les moutons jus- une bonde pour videra volonté les eaux, un
Su'à ce que la laine en soit bien ouverte, bourrelet de 16 pouces de hauteur pour re
n les lave ensuite dans l'eau de rivière tenir les eaux dans le canal, et une cage en
comme à l'ordinaire. Ce procédé ne serait bois couverte d'un filet à mailles très-serrées
pas d'une exécution difficile ni dispendieuse; pour arrêter les laines qui pouvaient être
la chaleur du corps des moutons suffirait entraînées par le courant par-dessus le bour
pour conserver la température du bain, et relet. Près du bassin était une chaudière
dans tous les cas quelques chaudronnées montée sur un fourneau et destinée à four
d'eau bouillante pourraient rendre à celui-ci nir de l'eau chaude à des cuves oh l'on met-
la chaleur qu'il aurait perdue. » lait les laines en immersion. Des grillages en
Le célèbre Bajlewell, dans son ouvrage sur lattes servaient à recevoir et à faire égoutter
la laine, est aussi d'avis que tous les mérinos les laines à la sortie des cuves, et un massif
et leurs métis devraient être lavés de cette en talus avait la même destination quand
manière. «Il est impossible de nettoyer con elles sortaient du lavage; voici les opérations
venablement, dit-il, la toison de ces animaux qu'on faisait dans ce lavoir, telles que les dé
par une simple immersion dans l'eau des ri crit M. Poiféré de Cère dans son mémoire.
vières, par suite du tassé de leur toison. Le « L'eau étant donnée au lavoir et les laines
travail, et les frais que nécessiterait ce avant été triées, on remplit les cuves d'eau
lavage dans des cuviers avec de l'eau chaude chatide jusqu'aux 2/3 de leur hauteur; cette
aiguisée d'un peu de lessive de potasse ou de eau est tempérée par de l'eau froide versée
soude, se trouveraient complètement com à volonté. Ln homme pour en faire l'essai y
pensés par l'excellent engrais que fourni plonge une jambe et y fait ajouter de l'eau
raient les eaux de lavage. » chaude ou de l'eau froide jusqu'à ce que le
« En Suède, dit le baron Schutz, on fait degré de chaleur soit tel qu'il puisse le sup
souvent usage de grands cuviers qu'on rem porter sans être brûlé; il donne alors le si-
plit d'une partie de lessive de cendres de bois §nal de mettre la laine en immersion : ln
tirée à clair, de2 parties d'eau tiède et d'une urée de cette immersion se règle sur l'in
petite quantité d'urine. Les moutons sout tervalle qu'il faut pour vider la 2' et la 3* cuve
d'abord plongés dans ce bain; quand ils en avant de revenir a la 1", et chaque fois on
sortent, on les fait entrer dans un second, à renouvelle entièrement l'eau du bain, ce
laméme température, mais où l'onn'a mêléà qui est un des traits principaux du lavage es
l'eau qu'une bien moindre quantité de les pagnol. Un ouvrier descend dans une cuve,
sive ; enfin ils sont retournés sur le dos et retire une certaine quantité de laine, et en
rincés dans un 3" cuvier contenant de l'eau remplit des paniers d'osier déposés sur le
claire et chaude, et le lavage se termine tou bord du grillage à égoutter. Des enfans, se
jours, après que le mouton est sorti de ce tenantàdescordel les, montent sur la laine con
dernier bain et est sur ses jambes, eu versant tenue dans les paniers, et la pressent de leurs
sur lui une quantité suffisante d'eau pure, et pieds pour en exprimer l'eau du suint dont
en exprimant en même temps avec les mains elle est imbibée, la versent alors sur le gri liage
toutes les parties de sa toison. » où 3 enfans la ramassent, la divisent et la dé-
Posent sur le bord du lavoir. Un ouvrier, c'est
B. Lavages des laines à chaud. homme important pour le lavage, placé sur
une des marches du lavoir, prend la laine
Il y a plusieurs modes de lavages des lai poignée à poignée, la divise encore et la laisse
nes à chaud : nous nous contenterons d'indi tomber dans le bassin. Deux hommes placés
quer les suivans, en rappelant qu'il y a gé dans ce bassin et appuyant leurs mains sur
néralement 3 opérations distinctes dans ce une traverse solidement fixée dans les parois
mode de lavage, savoir : Véchaudage, qui con intérieures, agitent alternativement lajambe
siste à plonger la laine dans un baiu quel droite et gauche pour refouler l'eau et divi
conque; le lavage, qui se fait dans une eau ser les flocons de la laine. Il y a 11 à 12
pure ou courante, et le séchage. pouces d'eau dans le lavoir. Quatre ouvriers
placés dans le canal et s'appuyant de leurs
1* Lavage espagnol. mains snr les bords, répètent le mouvement
des 2 hommes précédons. Quatre autres ou
L'Espagne, qui a régénéré nos troupeaux , vriers aussi placés dans la canal ramassent la
nous avait aussi enseigné une manière par laine à mesure qu'elle est entraînée par le
ticulière de laver les laines et de les amener courant; ils en forment des paquets ou peces
au degré d'épuration qu'elles doivent avoir sans la tordre ni la corder, en expriment l'eau
avant de subir les opérations ultérieures en et la jettent sur le plancher des bords du
fabrique. lavoir, où un enfant la reprend et la jette sur
Le plus considérable et le mieux organisé i'égouttoir ou massif en pente. Deux autres
des établissemens formés en Espagne pour enfans la relèvent et la font successivement
nettoyer les laines, était celui d'Alfaro, à peu passer à un ouvrier qui la ramasse pour la
de dislance de Ségovie, dont M. Poyfeké de déposer en Us sur le sommet de I'égouttoir,
LEke, qui l'avait visité avant sa destruction, où elle reste pendant 24 heures. Après cela
nous a laissé une description exacte. on la porte sur une prairie voisine, qui a été
Ce lavoir se composait d'un bassin ellipti- ratissée et même balayée avec soin, et sur la
3ue alimenté d'eau par des réservoirs et suivi quelle on l'étend en petites parties jusqn'à ce
'un canal revêtu de madriers. Les berges qu'elle soit bien sèche, ce qui exige ordinai
du bassinet du canal étaient revêtues en ma- rement S à 4 jours. La laine qui échappe aux
104 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES. LIV. IV.
4 derniers ouvriers est entraînée dans la cage guol, la laine est simplement soumise à l'ac
en bois oii 3 hommes la remuent avec les tion de l'eau chaude sans addition d'aucune
pieds à mesure qu'ils la rassemblent, et en matière alcaline ou savonneuse. On estime
forment de petits las qu'ils expriment avec que la température du bain, qui est beau
les mains et qu'ils jettent sur le plancher où coup trop élevée, est d'environ 60" R., et que
2 enfausla reçoivent dans de petits paniers, la laine des mérinos du pays ainsi traitée, et
l'expriment et la portent sur le grand tas au qui est alors dite en surge, perd 50 p. 0/0 de
sommet de l'égoultoir. • son poids eteonserve encore 15, 20 et 25
Quand la laine ne rend plus d'eau, les ou p. 0/0 de matière grasse qu'il lui faut enlever
vriers, avons-nous dit, la portent sur le pré, parle lavage en fabrique.
où ils la laissent en petits monceaux. Le len-
malin on la remue en prenant une portion 2° Lavagefrançais.
de laine qu'on secoue à la main. On la laisse
ainsi une ou 2 heures, ensuite on l'étendsur En adoptant en France le lavage espagnol,
le pré , et on la retourne 3 fois dans le jour nous l'avons amélioré sous le rapport de la
jusqu'à ce qu'elle soit sèche. Tandis que la santé des ouvriers, perfectionné sous celui de
laine est étendue ou qu'on la retourne, les la pureté et qualité des produits, et simplifié
apartadores ou trieurs en retirent la laine relativement aux manipulations et à la mise
défectueuse et celle dont la qualité ne répond de fonds. En effet, il suffit aujourd'hui, pour
pas à sa classe. entreprendre le lavage des laines fines, d'a
On voit que, dans le mode de lavage espa- voir un magasin pour les laines en suint, un
Fig. 103.
hangard {fig. 103) pavé ou dallé, placé au bord plus faciles à épurer. Le bain étant à la tem
d'une eau courante, légèrement en pente vers pérature fixée, on y plonge la laine à dessuin
l'eau, et sous lequel est placée une chaudière ter par petites portions, et on l'y soulève con
montée sur son fourneau et munie d'un ro tinuellement à l'aide d'une petite fourche ou
binet, quelques cuviers, et des paniers ou de baguettes lisses, afin d'en ouvrir les mè
corbeilles. Des baguettes de bois lisses ou des ches et de les pénétrer de liquide. Si on la re
petites fourches, des brouettes, des toiles à tournait, elle se cordonnerait. Au bout d'un
sécher et une chambre ou magasin à empi demi-quart d'heure, ou un quart-d'heure au
ler, emballer et conserver la laine jusqu'à la plus, la laine est suffisamment dr.ssuintée ;
vente, sont encore nécessaires. on l'enlève alors avec la petite fourche ou
Pour opérer le lavage tel qu'il est pratiqué les baguettes, par flocons d'un sixième de livre
aujourd'hui , on commence par remplir la chacun, pour la déposer dans des mannes,
chaudière d'eau pure.Celte eau est portée à la paniers ou corbeilles d'osier qu'on tient sus
température de 30° à 40° R.; lorsqu'elle y est pendus un instant au-dessus des cuves, afin
parvenue on en fait écouler une partie dans de perdre le moins possible d'eau saturée
une cuve placée au-dessous, et on y plonge de suint; là elle s'égoutte pendant quelques
de la laine qu'on laisse ainsi tremper pen momens, puis elle est transportée dans les
dant 18 à 20 heures sans la remuer. Une corbeilles au lavoir placé sur les bords d'une
partie du suint de cette laine se dissout, et eau courante. Depuis quelque temps les la
cette première eau qui est, à proprement veurs font usage de mannes en cuivre per
parler , une dissolution de savon à base de forées de trous, ce qui prévient la perte assez
potasse.devient le principal agent du dessuin- notable de laine qui s'échappait quelque
tage. Cette dissolution est versée dans des fois par les ouvertures des paniers cTosier.
cuves , et on y ajoute autant d'eau chaude Les avis paraissent partagés sur le mo
qu'il en faut (un quart environ) pour porter le ment où il faut plonger la laine dessuintée
bain à une certaine température que la main dans les eaux de lavage. Les uns assurent
par l'exercice apprend facilement à mesurer. que plus la laine est encore chaude quand
On estime que celte température ne doit pas on la lave à l'eau courante, plus elle s'épure.
dépasser 45° R. pour les laines primes , 40° Des laveurs et filateurs m'ont assuré an con
Îiour la 1" qualité, 30° pour la 2* , 25° pour traire qu'ils laissaient constamment refroi
a 3* , etc., et que pour les laines communes dir la laine avant de la laver, parce que,
elle doit à peine être tiède , parce que ces disent-ils , elle devient plus blanche, et que
i contiennent moins de suiut et sont n'ayant pas été saisie par la différence de
CHAP. 5'. LAVAGE A CHAUD DES LAINES. 105
température, elle a phis de douceur et se file Pour sécher promptement la laine, surtout
plus aisément. Ce qu'il y a de certain, et ce dans la saison avancée, et en même temps
qui parait avoir élé constaté par M. Che- la rendre plus blanche en exprimant la plus
vreul, c'est que les laines qui ne sont lavées grande quantité possible creau de lavage
qu'après avoir été refroidies complètement qui entraine toujours avec elle quelque
prennent mieux la teinture et ne blanchis saleté, on peut la tordre dans des toiles, la
sent pas par le frottement et l'usure lors fouler dansles paniers, ou la mettre dans des
qu'elles sont confectionnées en draps et en caisses percées de trous, et la soumettre ainsi
habits. à l'action d'une petite presse. Les instrumens
Quoiqu'il en soit, les paniers remplis de de ce genre que nous avons fait connaître
laine sont passés aux laveurs placés soit sur dans les figures 45, 46, 47, 50 et 52 du tome III,
le bord de l'eau , soit dans un bateau , soit et dont la forme est très-simple, pourraient
dans un tonneau défoncé d'un bout et en être employés à cet usage.
terré dans le massif du quai ou au milieu Après que la laine est bien sèche, on peut
même du courant; ceux-ci prennent les pa encore Véplucher à la main pour en retirer
niers, les plongent dans l'eau jusque près les pailles ou autres saletés qui n'ont pas été
des bords, les tiennent ainsi suspendus au enlevées parle lavage et quialtèrent encore sa
moyen de cordes accrochées au bateau ou pureté. Alors on la transporte dans le maga
au tonneau, puis, à l'aide de la fourche ou sin, où elle est empilée dans de grandes cases
des baguettes lisses, ils promènent vivement en planches jusqu'à ce qu'elle soit emballée
la laine , la soulèvent et l'ouvrent le plus et expédiée. Par le lavage français, la laine
Eossible, mais sans jamais la retourner , la fine de mérinos, dépouillée de son suint et
rouiller ou en déterminer le feutrage. d'une grande partie de sa matière grasse,
Lorsque la laine est suffisamment épurée, perd 66 à 75 p. 0/0 de son poids, et conserve
ce que l'on juge par sa teinte uniforme dans encore 4,5,6,7 p. 0/0 et au-delà de matière
tous les brins, par sa blancheur , par l'eau grasse, suivant la nature de la laine et le soin
qui en découle lorsqu'on la soulève et qui apporté dans les manipulations, ou les habi
ne doit pas être colorée , ou parce que cette tudes du laveur.
laine surnage à la surface sous forme de Un bon laveur n'est pas une chose com
nuage, on l'enlève par poignée au moyen des mune, et un ouvrier qui est habile dans cet
baguettes, et on la jette dans des paniers ou art doit livrer des laines propres et bien pur
sur des claies où elle s'égoutte, ou bien on la gées, blanches, non cordées , nouées ou cas
dépose sur des brouettes qui servent à la sées, et d'une nuance uniforme.
transporter au lieu où doit se faire le sé Depuisbien long-temps on fait usage dans le
chage. midi de la France, et surtout dans le Lan
Ce séchage s'opère ordinairement à l'air guedoc, d'un excellent mode d'échaudage
libre. Pour cela on étend la laine sur un pour les laines, sans avoir recours à d'autre
gazon bien propre et bien fourni , ou bien moyen de dessuintage que le suint lui-même,
sur un lit de cailloux de rivière de moyenne parce qu'on a reconnu que tous les autres
grosseur lavés avec soin , ou enfin sur des agens durcissaient le brin et altéraient sa
claies. Dans un grand nombre de lavoirs des qualité.
environs de Paris, les laines fines sont sé- Pour cela on emploie une grande chau
chées sur des toiles étendues sur le gazon dière remplie d'eau qu'on fait chauffer do
on sur des filets suspendus par les extrémités. 40 ou 60° R. suivant que la laine est plus
Cette dernière méthode donne la faculté de ou moins difficile à nettoyer. Au-dessus de
rassembler et rentrer très-promplement la 60° la laine serait altérée. On se sert de 2 filets
laine s'il survient une pluie ou un orage. La à mailles serrées comme ceux employés par
plupart des agronomes conseillent d'éten les teinturiers en laine. Lorsque I eau se
dre la laine mouillée à l'ombre , parce trouve au degré de chaleur convenable à la
que, disent-ils , le soleil gâte et durcit le laine qu'on veut dégraisser, on jette dans la
brin en le desséchant trop promptement; chaudière un des filets chargé de 30 kilog.
cependant des laveurs des environs de Paris , de laine en suint. On commence ordinaire
qui font sécher les laines les plus belles au ment la 1" jetée avec les basses qualités ,
soleil , ne paraissent pas en avoir éprouvé soit patins, ou cuisses, pour garnir le bain de
d'inconvénient, et sont peu disposés à renon suint. Le bain ainsi garni, on commence une
cer à une méthode qui accélère le travail et V* mise de laine fine, et on juge s'il est au
le rend plus complet. degré nécessaire par le prompt dépouille
Pendant que la laine est sur les cailloux ment du suint. Lorsque la laine est dans la
ou sur le gazon, on la retourne souvent avec chaudière on la remue avec un bâton, et après
des fourches de bois et on la rentre le soir pliée 5 ou 6 minutes de séjour on relève le filet
dans de grandes toiles. Si une journée d'ex avec un tour placé sur la chaudière et sem
position sur le séchoir ne suffit pas, on l'é- blable à celui des teinturiers. Pendant que
tend de nouveau le lendemain ; ainsi de suite cette l"mise égoutte, on jette le 2' filet, dans
tous les jours jusqu'à parfaite dessiccation. lequel on met autant de laine que dans le
Quand les laines ont été enlevées des cuves, 1"; et durant l'intervalle que cette laine reste
on recommence une 2* opération, en ajoutant dans la chaudière, on porte la tr« mise aux
de l'eau de suint pour remplacer celle qui a laveurs.
été entraînée par la laine, et de l'eau chaude Dans le Midi, les paniers de lavage sont
pour faire remonter au degré voulu la tem ronds, en fer ou en chêne; d'autres sonl eu
pérature du bain ; seulement quand l'eau carré long entourés d'un filet à mailles ser-
devient trop bourbeuse, qn la soutire et on , rées. Le fond de ceux-ci est en planches de
la remplace par de nouvelle eau de suint. I chêne oonrque la laine ne puisse s'échapper.
AGRICULTURE. to.me III. — i4
106 ARTS AGRICOLES I LAVAGE DES LAINES. liv. it.
Pour bien épurer une laine, 3 laveurs bain d'eau de suint qui ést l'agent le plus actif
ayant chacun un panier devant eux se placent de cette épuration, et un laveur attentif doit
au milieu d'un courant d'eau. La distance veiller avec soin à la conservation de ce li
entre eux est de 3 pieds , et ils sont séparés quide , pour former le bain soit quand on
l'un de l'autre par un plateau sur lequel ils mauque de laines en suint, soit pour dé
se passent la laine successivement. Chacun graisser celles raanquées au 1" lavage , don
tient une fourche bien polie à 3 cornes re ner un supplément de suint aux agnelins,
courbées, dont le manche, a 4 pieds de long. aux laines mal nourries ou lavées par la
Le 1" laveur prend une ou 2 livres de laine pluie, pour laver les pelures à la chaux, aux
à la fois, la met dans son panier, la retourne quelles il rend de la douceur et du moelleux,
et la remue avec sa fourche, faisant en sorte soit enfin pour achever le dégraissage chez
de ne pas la cordonner, et lorsqu'il l'a re le fabricant avant la mise en teinture, ou pour
muée un certain temps, il la remet au 3* qui le foulage des draps et autres étoffes de
la lave, la remue à son tour, puis la passe au 3e laine. Au reste, l'opération de l'échaudage
lui la lave encore jusqu'à ce qu'elle soit bien exige qu'on la fasse avec intelligence, et le
épurée et que l'eau en découle claire ; alors laveur se rappellera que les laines offrent
il la jette sur le gravier. Chaque laveur donne plus ou moins de résistance à l'action du bain,
à peu près à la laine 3 à 4 tours à droite suivant qu'elles sont plus ou moins chargées
et autant à gauche. Dans le midi on lave de suint, que cette matière a plus ou moins de
aussi à la jambe dans la belle saison; les consistance, que la laine est restée un temps
laveurs sont dans les paniers et font faire plus ou moins long en balles, et a fait un plus
avec la jambe 3 ou 4 tours à gauche , puis long voyage ; il observera aussi que le bain
autant à droite, à la laine qu'ils se passent de de suint varie suivant son activité et sa force;
l'un à l'autre. Le 3' laveur achève le lavage qu'il y a un degré de température variable
en mettant la laine lavée par lavée dans un pour chaque espèce de laine, etc.; tous dé
grand panier ovale qui peut en contenir 60 tails dans lesquels nous ne pouvons entrer
environ et que 2 hommes portent à l'éten- ici, mais que la pratique enseignera aisément.
dage.
Le séchage ne diffère pas de la méthode 3° Lavage Russe ou Davallon.
espagnole que nous avons décrite ci-dessus.
Quand la laine est sèche, on la met en piles, En 1828 M. Davallon a introduit en France
puis en balles. un lavoir qu'il avait déjà établi à Odessa , et
On voit que dans le lavage français c'est le qui parait offrir de notables avantages.
Fig. 104.
CelavoirtySg-. 104)est composé 1° de 2 réser lent par la partie supérieure de cette vanne.
voirs supérieurs A, ayant 1 toise cube chacun, Ce canal est divisé en 4 cases G , H , I , J for
placés en léle d'un canal-lavoir. L'un de ces mées par des enclayonnages en osier assez
réservoirs contient de l'eau propre, et l'autre serrés pour que la laine ne passe pas facile
de l'eau de suint, dont il est alimenté par ment à travers. Ces cases ont la forme de tré
une pompe D qui la puise dans une citerne B mies ; chacune d'elles est de la largeur du cana I
au moyeu d'un tuyau d'aspiration descendant et de la longueur de 6pieds. Après la case J ou
à peu près jusqu'au milieu de sa profondeur. en aval du canal, dans la division K. est pla
Tous deux versent les liquides qu'ils contien cée une 2° vanne par-dessus laquelle se dé
nent daus le canal par les robinets E.—2° Un verse le trop-plein des eaux qui s'écoulent
canal-lavoir F,K., long de 36 pieds, de 4 1/2 à 5 dans une rigole qui fait le tour du lavoir et
de profondeur, et d'une largeur de 22 pouces, les conduit en C dans la citerne B. Les van
construit en bois, solidement établi sur des nes sont placées pour que l'eau ne trouve
charpentes, et fortement arebouté par des pas d'issue dans le fond du canal, parce que
liens. Ce canal est divisé en 6 parties. La son écoulement, au moins en forte quantité,
division F ou d'amout reçoit des réservoirs par-dessous les vannes ou sur les cotés, re
A l'eau propre et celle de suint qui s'y mé lèverait les boues du fond , et troublerait la
langent. Une vanne qu'on peut élever ou propreté du bain.—3° Deux ou trois chaudiè- .
abaisser à volonté sert à introduire dans le res L placées sur les bords du canal et en
reste du canal ces eaux mélangées qui cou aval à droite contenant au moins chacune
Cil ip. a'. CONSERVATION DES LAINES. 107
six hectolitres. C'est dans ces chaudières, troué : l'eau qui s'en égoutte rentre dans le
auxquelles ou adapte un double fond troué , canal. Un ouvrier relève cette laine et la
que se fait le bain des laines. La chaleur doit met dans une presse pour éliminer la plus
y être portée de 28" à 35°, soit par le chauf grande partie de l'eau qu'elle retient , et qui
fage direct, soit par la vapeur d'une autre s'écoule dans le canal. Cette presse se com
chaudière M alimentée d'eau par un réser pose d'une caisse U percée d'une multitude
voir X. Il faut aussi savoir qu'il existe, de de trous, et sur laquelle, quand on l'a rempli
côté et d'autre du canal, ainsi qu'on le voit de laine, on place un pilon qu'on abaisse au
Fig. 105. dans la coupe transver moyen d'un levier, et dont on augmente l'ef
sale (fig. 105) du canal, fet par un treuil V qui sert à en exprimer for
un plancher ee recou tement tout le liquide.
vert d'une couche de Dans ce nouveau mode de lavage on opère
bitume légèrement en d'une manière continue; un des ouvriers qui
penle,auquel on monte s'arrêterait un seul instant entraînerait la
par les escaliers T ( fig. suspension de travail de tous les autres. 11
104), qui sert tout a Ta faut 4 laveurs , un homme aubain de la laine,
foisauservicednlavoir, un G" ouvrier à la presse, enfin un ouvrier
et pour ramener dans pour les chaudières; en tout 7 hommes qui
le réservoir les eaux de peuvent préparer 1500 kil. de laine par jour
suint que le lavage fait née de travail. Si on agit sur de la laine gros
jaillir. C'est aussi sur ce plancher prolongé sière, on en prépare une plus grande quan
à droite que sont placées les chaudières L et tité, par la raison qu'on l'agite moins long
la presse dont nous parlerons plus bas. temps avec le piion. L'eau circule dans toute
On procède à l'opération du lavage de la la longueur du canal, et traverse ainsi les
manière suivante : Les laines sont plongées cases trouées, sans que l'action du pilon,
dix ou douze minutes dans le bain chaud ; qui dans chaque case la relève à plus
pendant ce temps on les retourne avec d'un pied, la reude trouble dans le bassin;
une fourche, de manière que celles qui se au contraire, les matières dont la laine
trouvent dans le fond du bain reviennent à est chargée se précipitant au fond pour ne
la partie supérieure. Un ouvrier prend alors plusse relever. Les matières légères qui sur
la laine avec une fourche, la place dans une nagent sont entraînées hors du lavoir. Les
caisse carrée N , trouée sur toutes ses fa laines frappées perpendiculairement par le
ces et au fond; un châssis placé sur la chau pilon ne sont ni nouées, ni cordées, cas
dière L sert à soutenir cette caisse; l'ouvrier, sées ou feutrées; les filamens ou les mèches
après y avoir mis une certaine quantité ont conservé leur position naturelle, et elles
de laine, place dessus une planche de mê ressemblent à des laines lavées à dos. Il ne se
me largeur que la caisse, il la presse, et perd aucune portion de laine. Le savon à base
l'eau qui en sort rentre dans le bain. Cette de potasse et les sels qui recouvrent la laine se
pression opérée, il jette la laine dans la tré dissolvent et forment l'eau de suint, tandis
mie ou case J qui se trouve en face des chau que la matière grasse insoluble se rassemble
dières où se fait le bain. à la surface et est expulsée hors du lavoir.
Un ouvrier placé du côté opposé, armé L'eau de suint, recueillie et enlevée par la
d'un piton F de forme pyramidale, d'un pied pompe au milieu du réservoir, ne porté dans
carre à sa base, creux, et par conséquent le réservoir supérieur qu'une eau savonneu
très-léger, enfonce ce pilon dans la caisse et se, douce, claire et pure, et très -propre à
au centre, le relève rapidement, et continue nettoyée la lainè. Le lavage peut s'opérer à
avec célérité ce mouvement alternatif qui divers degrés de dessuintage , soit en retirant
agite l'eau et par conséquent la laine qui se la laiue dans la 1", la 2e ou la 3e case. On ob
trouve dans la case; il su Hit de continuer ce tient une uniformité de nuance de la laine.
mouvement pendant quelques minutes , mais Cette opération est facile , et tout individu
plus ou moins suivant la finesse de la laine. peut y concourir. Il y a économie de main-
Il place ensuite le pilon à sa gauche, s'arme d'œuvre et de combustible. Ce lavoir peut être
du bâton lisse O ou d'une fourche 2 qui est à placé dans toute position. Il n'exige qu'un
sa droite, retire avec ce bâton la laine de la emplacement d'environ 50 pieds de longueur
case J pour la jeter dans la deuxième case I. et 20 de largeur. En mètre à 1 mètre et demi
L'ouvrier qui est posté à cette deuxième tré cube d'eau suffit pour laver 1500 kil. de laine.
mie, au fur et à mesure que la laine y est je Enfin, les matières qui se précipitent dans le
tée, l'agile vivement à l'aide de son pilon, fond du lavoir peuvent être employées utile
jusqu'à ce que la première trémie ait été en ment comme engrais.
tièrement vidée dans la sienne. Aussitôt que
l'ouvrier de la trémie J a fait passer la laine Section iv. — Conservation des laines.
qu'elle contenait dans celle I, il lui en est
fourni de nouvelle sortant du bain, et qu'il La laine doit être conservée dans un maga
travaille comme ci-dessus. L'ouvrier de la sin à l'abri du soleil et de la chaleur qui di
trémie I, dès que toute la laine du n" 1 lui minue son poids, des dangers du feu, de l'hu
est fournie, prend son bâton et la fait passer midité, et de la poussière. Elle se conserve
dans la trémie H ; l'ouvrier de la trémie H fait mieux en suint et simplement lavée que dé
la même opération, et transporte la laine graissée. On ne doit l'emmagasiner que lors
dans la trémie G. L'ouvrier placé près de qu'elle est bien sèche , l'humidité la gâterait
celle-ci, armé d'une fourche, en retire la très-promptement, et seulement après qu'elle
laine au fur et à mesure qu'elle lui çst jetée a perdu la chaleur que lui a communiquée le
par l'ouvrier n" 3; il la place sur un plancher soleil, et qui l'altérerait dans les piles.
108 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES. LIV. IV.
Le plus redoutable ennemi qu'on ait à Section v. — Vente et emballage des taines.
craindre quand on conserve long-temps les
laines en magasin, est l'insecte connu sous le La manière dont les laines sont livrées au
nom de teigne des draps (Tinea sarcitella, commerce varie suivant les pays. Par exem
Fab.),qui est un petit papillon d'un grisargenté ple, les laines communes et lavées de la
avec un point blanc de chaque côté du tho Beaiice, de la Picardie, de la Sologne, et les
rax. C'est sous forme de larve ou chenille pelures, sont vendues en tas et sans embal
que la teigne fait ses ravages en dévorant la lage; au contraire, les laines fines indigènes,
laine et en se formant un fourreau de soie celles des métis, des mérinos, les écouailles,
ayant le plus souvent la forme d'un fuseau. sont emballées dans des sacs de toile pour
Ses excremens ont la couleur de la laine les préserver de tout accidentel les expédier
qu'elle a rongée. au loin.
Ces insectes voltigent depuis le commen Pour emballer la laine en toison , on prend
cement d'avril jusqu en octobre, et déposent un sac formé de grosse toile à emballage, et
sur la laine de petits œufs oui éclosent en on le suspend entre deux poteaux, en main
>ctobre, novembre ou décembre, suivant la tenant la partie supérieure ouverte avec un
.empérature. Les chenilles restent engour cerceau. Un homme descend dans ce sac, et
dies pendant l'hiver, mais au printemps elles on lui passe les toisons empaquetées séparé
grossissent et mettent une grande activité à ment, qu'il place également et uniformément
évorer la laine et à former leurs fourreaux dans toutes les parties du sac , en les foulant
qui ont 4 à 5 lignes de longueur. Lorsqu'elles d'une manière uniforme à la circonférence
ont pris tout leur accroissement, elles quit avec un de ses pieds, tandis que son autre
tent la laine, se retirent dans les coins du ma jambe reste fixe au milieu du sac, afin de ne
gasin, se suspendent au plancher pour se laisser ni de vides ni de poches où l'eau,
transformer en chrysalide. Au bout de 3 se pendant le transport, pourrait pénétrer et
maines environ, elles percent leur enveloppe séjourner. Le sac, à l'extérieur, doit avoir,
et sortent sous la figure d'un papillon. après l'emballage, une forme aussi ronde
Il est difficile de se garantir entièrement mie possible; mais il ne faut cependant pas
des dommages causés par les teignes; mais louler trop la laine, parce qu'on éprouve
on peut les éviter en partie. Faites enduire rait ensuite trop de difficultés, surtout au
en blanc, dit Dacbenton, les murs et plafon bout de quelques mois, pour la diviser, l'as
ner le plancher du magasin, afin de mieux sortir et fa trier, et qu'en outre dans certai
apercevoir les papillons qui s'y reposent. nes races, telles que celles Infantado et Ne-
Placez les laines sur des claies soutenues à 1 grelti, la matière grasse se durcit et colle en
pied du carrelage , puis, avec un bâton ter semble les brins des toisons.
miné à son extrémité par un bouton rem En général, les laines en toison ou simple
bourré, frappez sur les laines pour en faire ment lavées, et qui ne sont pas destinées à
sortir les teignes qui s'envolent et vont se être transportées au loin, sont peu foulées à
poser sur les murs ou le plafond où il est fa l'emballage; on doit au contraire presser da
cile de les tuer, en appliquant sur elles l'extré vantage et donner plus de fermeté aux bal
mité du bâton rembourré. Un enfant suffit lots de laine dégraissée qui doivent éprouver
pendant les 3 mois de la ponte pour soigner un transport lointain.
un magasin. L'emballage des laines lavées se fait de la
On a aussi conseillé de placer dans les ma' même manière que celui des toisons, en les
gasins de laines en suint quelques mauvaises transportant dans le sac par poiguées ou
toisons de laine lavées sur lesquelles les teignes brassées, qu'on foule à mesure qu'elles sont
feront leur ponte de préférence. On brûle en introduites.
suite ces toisons avant que les chenilles subis En Espagne, la laine étant séchée est éten
sent leur métamorphose. due sur une claie ou espèce de grillage de
L'odeur du camphre et de l'essence de té bois bien uni. par petites portions, pour que
rébenthine ou de quelques autres substances les trieurs la repassent. Lorsque ce repassage
d'une odeur très-pénétrante, paraissent éloi est terminé, on la porte à la balance, et on
gner ces insectes, mais ne préservent pas en la pose ensuite sur Cestrive.On donne ce nom
fièrement de leurs ravages. Les vapeurs sul a 4 grosses cordes où sont suspendues les
foreuses très-concentrées les font périr ; mais toiles des balles. Un homme entre dans la
ce procédé n'est pas praticable dans un grand balle et un autre lui passe la laine qu'il foule
magasin, et, d'ailleurs, il fait contracter aux bien avec les pieds.
laines une odeur fort désagréable. On pour Les sacs ou balles se font avec de la toile
rait, comme les drapiers, conserver les laines de Picardie. En Allemagne, surtout pour les
dans des sacs d'une toile à tissu très-serré, laines superfines transportées à l'étranger,
ou dans des caisses calfeutrées avec soin, on fait le sac double pour mieux les garan
etc.; ces moyens sont dispendieux et n'of tir, ou bien le sac est en coutil et enveloppé
frent pas une entière sécurité, et il vaut d'une autre toile commune.
mieux battre les laines dans les magasins et Le poids des balles varie avec les pays. Les
tuer les papillons. En Allemagne on emploie laines communes de la Beaiice, de la Picar
avec succès des fumigations ammoniacales die, etc., sont en balles cordées de 100 à 150
que les teignes paraissent redouter beaucoup, kilog. ; les laines fines indigènes du Roussil-
et quand la laine est empaquetée on eouvre lon, du Berry et de la Provence, en balles et
les sacs d'une certaine quantité de liges d'ab ballots de 50 à 100 kil.;les laines mérinos, en
■inlhe ou de mélilot en fleur. balles rondes et longues de 100 à 130 kilo
grammes, etc.
Quand les balles sont remplies , on en coud
chap. 6'. DE LA SALAISON DES VIANDES. 10»
l'ouverture, on les pèse, ou marque dessus petite ouverture qui sert à prendre des
la qualité ou la classe, le poids brut et le échantillons et à juger de la qualité renfer-
tare , et on pratique sur un des côtés une mée dans chaque balle. F. H.
coupe d'une construction de ce genre dans '2 nriques, et voûtée , est placée, à l'un dos au-
I sens perpendiculaires l'un à l'autre, et par le gles, une cheminée à manteau B, dans la
J centre; nous allons faire connaître la manièrr quelle on allume le feu qui doit produire la
dont on doit disposer et construire ces appa fumée nécessaire au boucanage. On entre dans
reil. Dans un cellier ou dans une cave A de cette caveparuneportc placéeau bas de l'esca
10 pieds de longueur, 7 de hauteur et 6 qe lier C, (iiii est en race de la cheminée. Au<
r, construite en sus de celle eave, et h fleur de terre, s'(
116 ARTS AGRICOLES CONSERVATION DÈS VIANDES MV. IV
une S* voûte P de 2 pieds de hauteur, ouverte 8 pieds de longueur, et 110.
a ses 2 extrémités , et sous laquelle sont pla laisse par conséquent
cés 4 tuyaux DD circulaires et en fonte , ou à l'opposé du tambour
bien autant de conduits quadrangulaires en H , par où s'introduit
briques cimentées et revêtues, à l'intérieur , la fumée, une ouver
d'un enduit de plâtre, ou simplement réunies ture de 2 pieds surtoute
par un mortier de terre grasse. Ces tuyaux la largeur de la cham
comme on le voit dans la fig. 109, bre. Le 2* plancher a la
Fig. 109. même longueur que le
l" j mais l'ouverture
qu'il laisse dans la
chambre est placée à
<. l'extrémité opposée de I
I celle du premier, dispo-
sition faite pour faciliter la circulation de la
fumée. En effet, celle-ci, en s'échappant des
maillet du canevas H, se répand dans 1 étage in
férieur qu'elle parcourt en entier en touchant
et ont chacun 10 pieds de longueur. A cha et enveloppant toutes les pièces de viande
cune des extrémités où les tuyaux de fonte se qu'il renferme; parvenu au bout de la cham
réunissent, ils sont fermés par des tampons à bre, elle s'élève par l'ouverture que laisse le
vis qu'on enlève à volonté pour pouvoir net plancher L, parcourt la longueur du 2* étage,
toyer l'intérieur et les débarrasser de la suie monte par l'ouverture du 2* plancher M , se
qui les obstrue. Si les tuyaux sont en briques, répand de même dans le 3* étage, et s'échappe
en plâtre ou en ciment, on ménage à ces ex enfin par la cheminée N placée sur la voûte
trémités des portes qu'on peut ouvrir à vo de la chambre , à l'oppose de l'ouverture du
lonté pour procéder au nettoyage. D'après 2* plancher. Cette cheminée, qui peut être
cette disposition , on voit que la fumée qui double, est munie d'une trappe O, qu'on
s'est formée dans la cheminée B s'élève sous ouvre ou qu'on ferme au degré voulu , au
le manteau qui perce la voûte de la cave, puis moyen d'une corde munie d'un anneau qu'on
entre en £ (Jîg. 109)dans les tuyaux D, les par accroche à des clous fichés dans le mur,
court dans le sens des flèches, et que, parvenue soit pour favoriser le tirage , soit pour faire
à l'extrémité, elle s'élève verticalement dans séjourner plus long-temps la fumée sur les
le tuyau G, qui perce à son tour la 2* voûte, viandes. Le t" étage est destiné à recevoir
et pénètre enfin dans la chambre placée les plus grosses pièces, telles que les jambons,
au-dessus, après avoir passé à travers un les gros gigots , les pièces de bœuf de forte
tambour H revêtu d'un canevas de toile qui dimension, etc.; on peut en placer 2 rangs
règne dans toute la largeur de la chambre, et au moyen de tringles en bois , glissant à vo
est de toute la hauteur du 1er étage. Là elle lonté de part et d'autre sur des liteaux oui
se sépare des parties grossières qu'elle au régnent à diverses hauteurs sur les parois les
rait pu entraîner dans son cours. Cette fumée plus longues de la chambre. Les pièces sont
a donc parcouru environ un espace de 60 suspendues à ces tringles par des ficelles ou
pieds avant d'être admise dans la chambre , par de forts crochets en fil de fer étamé. Le
et n'arrive dans celle-ci que beaucoup refroi 2* étage a également 2 rangs qui sont compo
die et à l'état tiède , comme l'exige la bonne sés de petits gigots, de jambonneaux , d'oies,
préparation des viandes. Cette chambre II est de langues et de petites pièces de bœuf. Quant
construite en planches bien jointes et à re au 3* étage, il est composé de 3 rangs char
couvrement, ou, ce qui vaut mieux, en bri gés, en commençant par le rang le plus bas et
ques cimentées avec de l'argile; elle est voû en montant jusqu'au plus élevé , de gros sau
tée dans ce dernier cas , et consolidée par des cissons, d'andouilles, de boudins, de cerve
liens en fer et des cercles boulonnés placés à las , de saucisses , etc. On voit que la grosseur
l'extérieur. On peut lui donner pour dimen des pièces diminue régulièrement à mesure
sions 10 pieds de hauteur sous clé, autant de qu'on s'élève dans la chambre, ou plutôt à
longueur , et 6 pieds de largeur. Dans l'inté mesure que la fumée se refroidit et contient
rieur d'une pareille chambre, on peut fumer une moindre quantité de principes actifs. Le
4 à 6,000 kilog. de viande en une seule fois. chargement de cette chambre est très-facile.
Cette chambre est divisée dans sa hauteur en En effet , on entre par la porte placée sur ht
3 étages inégaux, par 2 planchers ou dia petite face opposée au tambour H, on monte
phragmes L et M. Le 1" étage, ou l'inférieur, sur le plancher L , on démon)/ le plancher H
peut avoir 4 pieds de hauteur , le 2*, ou celui et on fait glisser toutes les tringles derrière
du milieu, 3 \ pieds , et le supérieur 2 \. Les soi. On commence alors à suspendre les peti
dia hragmes sont des planchers mobiles re tes pièces dans l'étage supérieur , en com
posant sur des tringles fixées dans les parois mençant sous la cheminée .k, en reculant
de la chambre, et ils sont composés, comme successivement et replaçant les planches à
on le voit dans lafig.lXQ, d'une série de plan mesure qu'on recule. Ceci terminé, on des
ches bien jointes et réunies , à rainure et lan cend et on démonte le plancher L, puis on
guette. Ils peuvent être enlevés à volonté pour charge simultanément le 2* et le 1" étages ,
faciliter le chargement de la chambre , puis en replaçant peu-à-peu ce dernier plancher, et
rétablis à mesure que les pièces à bou aner reculant jusqu'à la porte qu'on ferme enfin et
sont suspendues à leur place. Ces planchers qu'on enduit de terre grasse sur les fissures
ne s'étendent pas sur toute la longueur de la quand tout est bien rempli. Le décharge
chambre {fig. 108). Le premier L n a guère que ment de la chambre se fait par une manœuvre
CHAP. 6*. DU BOUCANAGE DES VIANDES 117
contraire et en enlevant, dans un ordre in maine, avec un mélange fait dans la propor
verse, toutes les viandes fumées contenues tion de 10 parties de sel et 1 de salpêtre. Au
dans la chambre. La porte dont nous avons bout de ce temps, ils ont donné une quan
parlé est une ouverture qui règne sur toute tité de saumure suffisante pour couvrir la
la hauteur de cette chambre , mais qui est moitié de ce qui est salé. On ajoute a cette
fermée par plusieurs trappes à coulisse s'ou- saumure, en supposant qu'on opère sur 34
vrant à différentes hauteurs. Il est utile de jambons, 1/4 de livre de sel ammoniac, ré
ménager, dans les parois de la chambre, et à duit en poudre très-fine, et une livre de Mlle
chaque étage, des ouvertures qu'on ferme moscouade. On incorpore avec la saumure, et,
ensuite avec des châssis à vitres mobiles, bien après quelques minutes de battage, on verse
joints , soit pour voir ce qui se passe dans celle-ci sur les jambons qu'on retourne 7 a 8
l'intérieur, soit pour l'aérer au besoin. Une fois, à 2 jours de distance. Après cette époque
pareille ouverture sera aussi pratiquée près on les enlève, on les lave et on les pend dans
du tambour en canevas H, pour pouvoir, de un endroit sec pendant une. semaine. Alors
temps à autre, le battre avec une baguette, et on les transporte dans la chambre à fumer ou
empêcher que la suie déposée n'obstrue ses dans la cheminée, où on fait un feu de bois
mailles et ne fasse refluer la fumée. Une sou de chêne que l'on recouvre aux S/4 de sciure et
pape P, placée sur le tuyau vertical G, sert à de feuilles de genièvre mêlées ensemble et hu
régler la quantité de fumée dont on a besoin, mectées d'eau. On laisse les pièces exposées
et des thermomètres suspendus à l'intérieur à l'action de la fumée de 1 à 8 jours, au bout
devant les fenêtres servent à déterminer la desquels on les retire et on les soumet a l'ac
température aux différentes hauteurs de la tion d'une température modérée et à un cou
chambre. Si la cheminée placée dans le cellier rant d'air. Lorsqu'elles sont desséchées, on les
n'était pas assez grande, on pourrait en cons emballe dans des caisses, en mettant une cou
truire une de toute la largeur de cette pièce, che de sel au fond, puis une couche de jam
ou en établir 2 avec une double série de tuyaux bons et une couche de sel de 3 pouces d'épais
conducteurs de' la fumée, comme dans les seur, et ainsi de suite jusqu'à ce que les caisse»
chambres hambourgeoises. soient remplies.
Dans les fermes et dans les ménages , quand Cest par des procédés tout-à-fait analogues
on n'a qu'une petite quantité de lard ou de qu'on peut fumer les oiseaux de basse-cour,
viande a fumer, on peut, ainsi que cela se surtout les oies. Après les avoir vidées et net
pratique presque partout, les suspendre dans toyées soigneusement, on les sale, soit en cou
la cheminée ; alors il est avantageux d'enve pant la carcasse en 2 portions, soit en la
lopper les pièces à fumer dans de la toile , ou conservant entière, en ayant soin, dans ce
bien de les rouler préalablement dans de la dernier cas, de la frotter de sel aussi bien à
farine ou du son, pour empêcher les portions l'intérieur qu'à l'extérieur. On plonge ensuite
les plus grossières de la fumée de se déposer les oies, ainsi préparées, dans la saumure
sur les viandes , et ne permettre qu'aux plus pendant le temps convenable, puis on les fait
subtiles de les pénétrer. égoutter et sécher, et on les suspend dans la
Donnons encore ici quelques notions uti chambre, enveloppées d'une toile. Elles sont
les pour fumer les viandes. entièrement fumées en 6 ou 8 jours, au bout
On préférera pour les jambons qui doivent desquels on les expose pendant quelques
être fumés, ceux des porcs engraissés avec jours à l'air libre, puis on les frotte avec du
des glands, des pois, des fèves, des haricots, du son, et on les conserve dans un lieu sec et
maïs et autres grains. La chair des cochons frais.
nourris avec des résidus de distilleries, de Les mêmes moyens réussissent fort bien
brasseries ou des herbages, est moins propre pour fumer les boudins, les andouilles et les
à être boucanée. Il faut, avant d'exposer les saucisses, etc. ; seulement, en les enveloppant
pièces dans la chambre ou la cheminée, les d'un linge, on leur donne un goût plus un et
frotter fortement avec un mélange de 8 parties une plus belle apparence.
de sel à gros grains et sec et une de nitre, bien Les poissons, après avoir été salés, peuvent
pulvérisées et mêlées avec soin.Onles entasse également être fumés. Les saumons et les an
ensuite dans un tonneau, où on les laisse 8 à 10 guilles doivent être coupés par tronçons, ce
jours, au bout desquels on les en retire pour qui n'est pas nécessaire pour les autres pois
les faire plonger autant de temps dans une sons. Le temps du boucanage dépend de la
saumure, a laquelle on ajoute quelques feuilles grosseur; il varie depuis 8 ou 4 jours jusqu'à
de laurier. Ainsi prépares, on les retire et on 3 ou 4 semaines. On sait que les harengs fu
les fait sécher en les exposant deux jours à més, dits harengs-saures , ne sont autre chose
l'air, puis on les soumet au boucanage, qui est que ces poissons passés à la saumure, puis ex
terminé au bout de quelques jours si on agit posés dans des cheminées pendant 24 heures
dans une chambre. On peut de la même ma a la fumée d'un feu de menu bois.
nière préparer et fumer les morceaux de Un boucanage lent et prolongé, une com
lard, les gigots de mouton, et même de la bustion peu active avec un dégagement mo
viande de veau. déré de fumée, sont préférables à une fumée
En Angleterre on fait souvent usage du abondante et un fumage rapide, parce que ,
procédé ci-après. On met les pièces de co dans le 1" cas, les principes empyreumati-
chon, les gigots de mouton, le bœuf ou les ques ont le temps de pénétrer la viande avant
langues tremper pendant toute une nuit lu'elle soit sèche. On peut empêcher la suie
dans une dissolution de sel dans l'eau pour le s'attacher à la viande en enveloppant les
en extraire le sang et les parties solubles. On pièces avec des torchons, ou en les roulant et
les en retire ensuite pour les faire égoutter tes enduisant
et le» frotter chaque jour pendant une se* l'opération.
1 s ARTS AGRICOLES CONSERVATION DES VIANDES. Lrv. iv.
traversant l'appareil dans toute sa longueur,
Section m. — Autres moyens de conserver les de sorte que l'opération est continue; les
viandes. ouvertures sont hermétiquement fermées
par des portes. A la partie antérieure on fait
Lorsqu'on prépare le charbon de bois en arriver un courant d air au moyen d'un ven
vases clos, c'est-à-dire en soumettant du bois tilateur ordinaire ou de toute autre machine
renfermé dans des vases de métal, à l'action soufflante; cet air s'échappe du côté opposé
du feu, et en recueillant les produits de la par un tin au vertical. On porte sa tempéra
distillation, ainsi que nous l'indiquons plus ture au degré convenable en le forçant de
loin, on obtient un produit liquide qu'on a traverser des tuyaux chauffés par un four
nommé acide pyroli^neux et qui est en grande neau extérieur, et on peut augmente» sa puis
parlie composé' dd'acide acétique, d'huiles era- sance siccative, avant d'élever sa température,
pvreumal iques et de goudron. Cet acide, sur- en le faisant passer dans un espace peu élevé
toul par la créosote qu'il contient, possède à sur du chlorure de calcium (muriate de
un haut degré des propriétés antiseptiques, chaux). Le conduit est construit en briques
et est par conséquent éminemment propre à ou en bois; les tuyaux à air sont en fonte.
conserver les substances animales. De la Un appareil de ce genre desséchera dans 24
viande plongée pendant quelque temps dans heures, et à peu de trais, un quintal de viande.
l'acide pyroligneux et séchée à l'air libre, Les viandes ainsi desséchées doivent être
ne manifeste plus de tendance à se pourrir; soumises à une pression considérable pour
elle perd en partie, au bout de quelques leur faire occuper un plus petit volume; en
jouis, l'odeur des huiles empyreumatiques suite on les emballe dans des caisses qu'on
et ressemble à de la chair boucanée; seule peut recouvrir à l'intérieur d'un enduit de
ment elle se dessèche davantage,gonfle moins charbon.
à la cuisson et est moins tendre. Préparées de cette manière, les viandes de
M. S wsu\ a proposé d'apprêter en peu de bœuf paraissent bien se conserver; elles sont
moinensla viande qu'on veut conserver, en la compactes, même un peu sonores ; la cou
plongeant dans une saumure faite avec de la leur est noirâtre à la surface et rouge à l'in
suie brillante, qu'on peut recueillir près du térieur; eu cet état elles" fournissent un ali
foyer. Les essais qui ont eu lieu à Munich, en ment très-su lista n tic I dont la saveur rappelle
182-1, ont constate, en effel, qu'un jambon de celle des saucissons crus. Cuites dans l eau,
8 livres dont la préparation avait duré seule elles reprennent seulement une partie de leur
ment S heures, ouvert au bout de 11 mois, avait volume, et ne diffèrent du bouilli ordinaire
étélrouvé parfaitement conservé. la saumure qu'eu ce qu'ellessont un peu filamenteuses et
se fait «n délayant une partie de fumée dans 6 que la saveur n'en est pas aussi agréable que
parties d'eau froide. Quelques minutes seu celle de la viande fraîche. Le bouillon, assure
lement, d'après ce procédé, suffisent pour l'inventeur, diftère peu de celui de la viande
préparer les petitespièces, tellesuue langues, ordinaire de bœuf, et a presque toute son
saucisses , etc. Il parait aussi qu on a par là odeur et sa saveur.
l'avantage sur la fumigation ordinaire de Depuis long-temps la Société d'encourage
mieux conserver le poids, le volume et le suc ment de Paris avait proposé un prix pour la
des viandes, et de pouvoir faire cette sorte découverte d'un moyen de conservation des
de préparation dans toutes les saisons de viandes oui, tout en desséchant ces substances
l'année*; mais on ne peut nier que par ce convenablement, leur permit de reprendre
moyen de conservation la viande n'acquière par Iacoction dans l'eau une souplesse et une
une amertume et une acre lé auxquelles il est saveur analogues à celles du bouilli de mé
difficile de s'accoutumer, et qui, même d'a nage, de donner un bouillon sain et agréable,
près les découvertes de la chimie moderne, et d'offrir sous toutes les latitudes une nour
pourraient bien avoir une influence dange riture substantielle aux marins. Un grand
reuse sur la santé, si an consommait eu nombre de concurrens se sont présentés,
grande quantité les viandes ainsi préparées. mais aucun d'eux n'a rempli les conditions
Ou peut avantageusement employer la des du problème, surtout celles relatives au ren
siccation à la conservation des viandes, et des flement et à la saveur agréable de la chair.
essais de cette nature, pour rendre la viande Un des concurrens, M. Decheniaux, pro
des animaux propre a servir aux approvi- fesseur de chimie à Sorèze, a eu l'idée de
sionaemens aie la marine et de l'armée, faire sécher les pieds de veau, qui se sont
avaient été tentés depuis long-temps; mais parfaitement conservés, et qui, employés sur
un des procédés les plus simples en ce mer dans les pays les plus chauds du globe,
genre est celui proposé par M. Fhichou, et ont donné d aussi bons résultats que des
qui consiste à soumettre les viandes à la pieds de veau frais. Ce qui prouve que la con
dessiccation au moyen d'un courant d'air, servation des substances gélatineuses offre
élevé à une température de 20" à 24°, qui leur beaucoup moinj de difficulté que celle de la
enlève l'eau qu'elles contiennent. viande ou chair musculaire. M. Mubaoye a
. La partie principale de l'appareil que aussi adressé des viandes qui se sont assez
M . Kwceou a proposé pour dessécher les bien conservées dans les hautes latitudes, et
viandes, est un conduit horizontal ayant in ont fourni par la cuisson un bouillon lim-
térieurement Jm 10 de hauteur, 0°> 80 de Eide, de couleur brune, d'un goût assez a gi ca
large et 10 à 12 mèt. de long. Au plafond, on le, mais différant sensiblement de celui du
place une suite de tringles de 1er glissant bœuf frais; la viande bouillie était sèche et
dans des coulisses et portant des crochets dure, se détachant en longs filamens presque
pour suspendre les viandes. Celles-ci entrent sans saveur. San procède consiste à saisir la
par une extrémité et sortent par l'autre, en l viande par de l'eau bouillante, dans laquelle
chat. 6«. AUTRES MOYENS DE CONSERVER LES VIANDES. fit
on la plonge; puis, après l'avoir laissée se qu'avec toutes ses autres propriétés utiles-
ressuyer, à la plonger dans du vinaigre af Voici les expériences sur lesquelles sont fon
faibli', bouillant; et ensuite à la laissersécher dées ces prévisions , et qui pourraient met
à l'air sans autre précaution. Il parait que tre sur la voie pour la découverte d'un
par ce moyen on conserve surtout parfaite- procédé usuel et pratique. Si l'on soumet la
" les parties grasses des viandes, qui res chair musculaire d'an animal récemment
tent blanches et sans altération. abattu à une élévation brusque de temi>éra-
Une des plus grandes difficultés qu'ont ture, an moyen d'un corps qui. comme l'eau,
rencontrées jusqu'ici ceux qui ont préparé des a une grande capacité pour la chaleur, on fait
viandes pour les marins, a été de préserver gonfler et rompre un très-grand nombre de
ces substances desséchées de la moisissure et cellules qui contiennent les sucs de la viande :
de la piqûre des insectes. M. Dbrosnb à cette celle-ci peut alors laisser écouler, sous l'in
occasion s'est livré à quelques essais qui lui fluence d'une forte pression, plus des 8/10 du
ont permis de remédier facilement à cet in liquide qu'elle renferme. Si l'on fait alors des
convénient en renfermant les viandes sèches sécher ces sucs par un courant d'air chauffé
dans un milieu qui ne permettrait pas aux de 5o à 60 degrés, puis qu'on renferme le pro
larves des insectes de vivre, et qui absorbe duit dans des flacons bien secs , on les con
rait lui-même l'humidité qui pourrait se servera pendant plusieurs années sans crain
trouver dans le peu d'air existant lors de la dre les variations atmosphériques. Comme la
fermeture des boites de métal ou de bois température, pendant la préparation de ces
bien sec et verni à l'intérieur, dans lesquel sucs , n'aura pas été élevée au point de déve
les on renfermerait ces viandes, ou même lopper ni d'enlever le principe aromatique ,
celle qui pourrait encore être renfermée dans celui-ci se produira lorsqu'on dissoudra et
ces viandes incomplètement desséchées. Le fera chauffer à 100 degrés la substance sèche
corps ou milieu dont il a fait choix et qu'on conservée. Un à 2 centièmes suffiront pour
avait déjà maintes fois appliqué à cet usage, donner à l'eau la saveur et les qualités du
est le charbon très-divise, soit pur, soit com bouillon. Le résidu de chair musculaire pressé
biné avec des substances terreuses, tel qu'on sera desséché avec la plus grande facilité dans
le trouve dans le noir animal ordinaire, dans une étuve à courant d'air chaud, et donnera
les noirs schisteux de Menai et dans les noirs de son côté, employé en quantité suffisante,
terreux faits artificiellement. Les expériences un bouillon fort agréable ; mais la viande cuite
ont été faites avec du noir schisteux de Me ainsi aura conservé trop de cohésion et perdu
nât, qui, par ses propriétés absorbantes, pa trop de sucs sapides pour être aussi tendre
rait plus propre à cet objet que le noir ani et d'un goût aussi agréable que le bouilli or
mal ou le charbon végétal réduits en poudre. dinaire.
Des viandes ont été complètement séchées Il ne nous reste plus qu'à parler du pro
sans l'emploi de la chaleur, en les mettant cédé de M. Appbbt, appliqué à la conservation
simplement en contact avec do noir de Me des substances animales, et dont plusieurs
nât très-sec et réduit en poudre impalpable. années d'expériences et d'essais ont suffisam
On s'est borné à renouveler les couches ment constaté l'efficacité. Tout le monde con
charbonneuses au fur et à mesure aue dans naît ce procédé, qui consiste: I" à renfermer
les t*" jours elles se trouvaient saturées d'hu dans des bouteilles ou bocaux, et dans des
midité. Par ce procédé simple on a amené boites de fer-blanc ou de fer battu , les sub
facilement à l'état complètement sec des stances que l'on veut conserver; 2° à boucher
viandes qui contenaient à l'état naturel 62 à ou souder ces différens vases 'avec la plus
63 pour 100 d'humidité, et on les a rendues grande précision , opération d'où dépend sur
aussi sonores que du bois. Conservées dans tout le succès ; 8° à soumettre ces substances ,
cette même poudre de charbon , ces viandes ainsi renfermées, à l'action de l'eau bouil
au bout de 1b mois n'offraient pas la moindre lante d'un bain-marie , pendant plus on moins
trace de moisissure ou de piqûre de vers, et de temps , selon leur nature; 4° à retirer les
elles ont fourni par décoction dans l'eau un bouteilles ou bottes du bain-roarie au temps
bouillon d'une saveur agréable, mais parti prescrit pour chacune des substances.
cipant de la saveur du bouillon fait avec le Nous ne pouvons entrer ici dans les détails
petit-salé ou la viande rôtie. sur la nature des bouteilles et des bocaux, sur
Il est constant, d'après les efforts qui ont les bouchons, le bouchage, le ficelage , le lut
été faits jusqu'ici, que l'on peut parvenir à et la confection des bottes; ni sur la construc
conserver les viandes sans le secours de la sa tion du bain-marie et la manière de l'appli
laison et du boucanage, en les frisant des quer aux bouteilles ou bottes qui renferment
sécher par divers moyens, mais qu'il est très- les diverses substances alimentaires; nous
difficile de conserver à la chair desséchée une renvoyons, pour avoir des renseignemens
proportion d'eau telle et tellement répartie étendus sor cette matière, à l'ouvrage que ,
que l'on puisse en obtenir des mets aussi M. Appert a publié lui-même sons ce litre :
agréables et aussi tendres qu'avant la dessicca Le livre de tous les ménages , ou l'art de con
tion. Toutefois, notre savant collaborateur, server pendant plusieurs années toutes les sub
M. Pa.yem, a pensé qu'il était possible de pro stances animales et végétales, en regrettant
curer , avec de la viande sèche, aux gens des seulement que ce procédé ingénieux, pratiqué
campagnes, aux soldats et aux marins, du un peu en grand , ne soit pas d'une exé
bouillon de viande avec la saveur toute spé plus facile et d'une application plus <
ciale qui le rend si agréable au goût, ainsi mique. P.
130 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS-A-SOIE. LIV. IV.
I". — Histoire naturelle du ver-à- son état de larve qu'a celui d'insecte parfait,
soie. est assez bien connue, grâce aux travaux de
$ 1er. — Description du papillon, de la chenille et quelques naturalistes anciens, parmi lesquels
f de la chrysalide du ver-à-soie. on doit surtout distinguer Malpighi , à cause
de l'exactitude et de la délicatesse de ses dis
Le papillon que produit le ver-à-soie ap sections. Nous tâcherons de faire connaître
partient à une famille très-nombreuse, dési cette structure, en lui empruntant les princi
gnée, par les entomologistes, sous les noms paux détails que nous allons donner.
de Bombycites ou Bomoyciens. Il fait partie Occupons-nous d'abord de l'organisation
du fjeure Bombyx proprement dit, et il a été intérieure de la chenille, nous passerons ensuite
distingué sous le nom de Bombyx mori, Bom à l'étude de quelques organes spécialement
byx à soie. L'insecte parfait ou le papillon propres au papillon.
dont lay^-.l 1 1 A. représente le mâle et la fig. Quand on ouvre une chenille de Bombyx
112 B la femelle, est reconnaissante aux carac mori, et ces dissections doivent toujours être
tères suivans : antennes peclinées, moins dans faites dans l'eau , de telle sorte que ce liquide
lesfemelles que dans les mâles, d'un brun plus recouvre entièrement l'objet dont on pour
,?u moins clair ; ailes blanches avec quelques suit l'étude ; quand on ouvre, disons-nous, une
lignes transversales brunes, les supérieures chenille de Bombyx mori, on voit que sa peau,
.débordées par les inférieures dans le repos , composée de plusieurs couches , est tapissée
et recourbées en faucille, surtout dans le intérieurement de divers muscles qui, les uns
'mâle. droits, les autres obliques en sens inverses,
Fig. 111 A, 113 B et 113. sont destinés à imprimer aux anneaux du
corps les mouvemens variés qu'ils exécutent.
Des petits muscles spéciaux se fixent aux pat
tes proprement dites, et. à ces autres pattes
en couronne pourvues de petits crochets, à
l'aide desquels la chenille s'accroche et se
tient fixée sur les feuilles dont elle se nour
rit, ou sur tout autre corps étranger -
Son canal intestinal (fig. 114} est un tube
Fig. 114. Fig. 115.
l'atelier de tirage dans lequel se trouvent 14 (8 pi.) au-dessus du sol , comme on le voit fig.
appareils. Nous n'en avons représenté qu'en 147 sur une plus grande échelle. Un long
viron la moitié, ce qui est suffisant pour faire tuyau carré en bois BB conduit la vapeur
concevoir l'autre moitié qui se répète exacte dans la longueur de l'atelier. Les extrémités
ment depuis A jusqu'en B. — La fig. 144 est de ce tuyau sont plus élevées de65 cent. (2 pi.)
Fig. 144. 3ue le milieu, afin que la vapeur qui se con-
ense puisse retomber dans la chaudière. 14
tuyaux appelés rameaux descendent vertica
lement du tuyau B pour conduire la vapeuf
dans l'eau des bassines ou auges D, jusqu'à
9 millim. (4 lig.) du fond. Ces tuyaux sont en
cuivre, ils ont 20 millim. (9 lig.) de diamè
tre; ils doivent entrer de 14 millim. (6 lig.)
dans l'intérieur du tuyau B, afin que l'eau for
mée par la vapeur condensée ne puisse, en
s'en retournant dans la chaudière, descendre
dans les bassines. Chaque tuyau ou rameau
est muni d'un robinet E (fig. 143 ). On peut
faire usage des rameaux fig. 145 . Le 1" a la
une coupe verticale selon la largeur du même forme d'un T renversé bouché aux extré
bâtiment. Le tuyau A est en fonte, il est adapté mités inférieures et percé de petits trous
«ur la chaudière et traverse le mur à 2 m 60 dans la partie horizontale. Le 2* porte à s»
160 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS-A-SOIE, L1V. IV.
Fig. 145. partie inférieure une
plaque ou disque de 8"
cuivre servant à em-
bècher le bouillonne
VkT. ment de l'eau.
Les bassines D {fîg-
146 ) sont en bois de
sapin de 40 millim. (!S
lig.) d'épaisseur, 975
milliin. ' 3 pi. ) de long
H 488. millim. (18 pn.)
■tffe: elles sont
s par des sup-
i) !>'>is F, et relf'
ir des vis. Sur le
t fixé pareille-
nirnt avec des visun pe
tit tasseau en bois dans
lequel entre le bout du
rameau afin qu'il ne sou fond un petit tuyau en enivre muni d'un
puisse pas vaciller. robinet L qu on ouvre lorsqu'il est nécessaire
La bnà<jalèf"eGt%. d'alimenter la chaudière. Le tube d'épreuve
144 et 147) est dispo en verre T indique constamment la hauteur
sée sous un toit à de l'eau dans la chaudière et, lorsque son
l'extérieur et au mi niveau S'abaisse trop, on ouvre le robinet L
lieu de la longueur qu'on rèferhie lorsqu'on a introduit l'eau. La
u bâtiment, elle est chaudière G est hermétiquement fermée par
de douves en un bon couvercle en bois, solidement retenu
e chêne de 81 par An fortes traverses et des boulons à écrous
im. ( 3 po. ) d'é ètl fér R. Le fourneau M ne présente rien de
paisseur retenues particulier; on voit en O la portedu loyer par
par dès cércles de fer. laquelle on introduit le combustible et en N
La cuve H , pleine celle du cendrier. R est une soupape de sû
d'eau, est destinée à reté et Y la tige d'une autre soupape placée
dans l'intérieur de la chaudière, qui est con
Fig. 147. stamment poussée contre le fond par un res
sort à boudin. On tient cette soupape ouverte
poids sur sa tige afin de laisser
moment de la condensation
du refroidissement de l'appa-
ut, pour éviter tout accident, que l'ou-
largé de la conduite du feu ouvre
tous les soirs cette soupape Y et la laisse
ouverte jusqu'au lendemain lorsqu'il va allu
mer le feu.
On voit eu Q (Jtg. 144 ) le tour à filer dont
nous allons parler plus bas et la chaise N
sur laquelle la tireuse est assise.
Cet appareil offre les avantages suivans:
d'abord on peut faire usage dans le foyer
commun de nouille ou charbon de terre, ce
qui ne pouvait avoir lieu dans l'ancien mode
de chauffage où il y avait un foyer sous cha
que bassine, parce que la fumée du charbon
se répandait dans l'atelier, ternissait la soie
et nuisait à sa qualité. On n'a plus qu'à en
tretenir un seul feu, et l'appareil ne con
somme guère au-delà du tiers du combustible
employé précédemment dans les ateliers mon
tés d'après l'ancienne disposition. Les robi
nets placés sur les rameaux permettent de
porter en peu d'instans la température de
l'eau de la bassine au degré voulu, et de l'y
remplacer l'eau de la chaudière à mesure maintenir avec égalité et une régularité par
qu'el le s'évapore par l'effet de l'ébullition.La faite. On remplace les bassines de cuivre par
te-. 148 représente la coupe horizontale d« cette des vases en bois, et on ne risque plus ainsi,
chaudière prise un peu au-dessus du tuyau KK. dans l'intervalle des battues, quand on dépose
qui conduit la fumée. Ce tuyau est en ser les cocons montans sur les bords de la bassine
pentin, il s'élève au centre de la cuve, tra pour les mettre à l'abri du balai, de les brû
verse pareillement la cuve H dans son centre, ler par l'effet de la chaleur du métal. L'eau
sort au-dessus en I, et porte la fumée dans des bassines, renouvelée sans cesse parde l'eau
le tuyau de la cheminée. La cuve H porte à extrêmement pure, puisqu'elle est distillée,
CHAP. 7*. pRÉPÀRAîtofàs h)L La soie. isi
donne à la soie plus de perfection, de pureté et soutenue. La croisure estd'unenécessité ab
et d'éclat, ce qui convient surtout aux soies solue pour unir d'une manière inséparable les
blanches dont le beau lustre est souvent al brins qui forment lesfils, pour en détacher une
téré par l'impureté des eaux du par la cha g'rafldequâfitilé d'eaUqni se dissipe en vapeur,
leur qu'elles éprouvent dans une bassiné Ex pour que Ces fils sèchent plus prompteirièdt
posée à feu nu, et dont il était très-difficile sur l'asple, et que chacun d'eu x ne se colle pas
de régler convenablement là température. La quand on fait monter l'une sur l'autre ses
tireuse n'est plus incommodée par la chaleur diverses circonvolutions. Par la croisure , les
du foyer et par la vapeur du charbon qui ~ls acquièrent le nerf et la force nécessaires
s'en dégage, et la tourneuse, qui n'est plus fiour être mis en œuvre et la consistance qui
chargée de l'entretien du feu , peut donner es rend propres à l'usage auquel on les des
tout son temps et son attention à son travail. tine. En outre, elle rend les soies nettes, les
Quand on ne fait pas usage de l'appa déterge, les arrondit également comme pour
reil Gensoul, ou bien quand il faut renou rait le faire une filière, de façon qu'il ne passe
veler dans celui-ci l'eau des bassines, ou ni bouchon, ni bavure, ni aucune inégalité
doit avoir l'attention de se servir d'eau pure, de grosseur, conditions nécessaires pour for
légère et douce. Les eaux de rivière et de mer de bonnes soies ouvrées et de beaux tis
pluie sont les plus convenables pour le ti sus. Enfin c'est elle qui, par le frottement en
rage. Celles qui sont crues et dures forment hélice qu'elle fait éprouver aux fils, les em
avec la gomme une sorte de savon calcaire pêche de se rompre , de s'écorcher et de de
qui se précipite sur la soie , la rend dure et venir bourrus. On croise 18 à 23 fois et plus
nuit à la perfection de ce brillant produit. les soies les plus fines, et un plus grand nom
La cAa&urdel'eaudans les bassinesdoit être bre de fois , à proportion de leur grosseur,
de 75° de Réaùmur pour faire la battue; mais les soies communes.
unè fois que les bouts ont été trouvés et Les circonvolutions des fils, en se déposant
croisés, on abaisse cette température à 65° sur l'asple, ne doivent pas se coller les unes
bu 70° au plus, qui est celle à laquelle on doit aux autres , ce qui rendrait l'opération sub
continuer le tirage. Cette chaleur suffit d'un séquente du dévidage impossible ou au moins
côté pour ramollir la gomme et pour dérou occasionerait un déchet considérable. La
ler le fil, et de l'autre pour lier les brins tirés soie, en sortant de la bassine, est enduite de
ensemble et n'en faire qu'un seul fil. Les sa gomme amollie par la chaleur, et si les di
cocons doubles exigeât pour leur dévidàge vers tours que le fil fait sur l'asple se tou
une température plus élevée. chaient dans leur longueur, ils se colle
raient , ce qu'en terme de l'art on appelle
4° Conditions pour un bon tirage. bouts baisés. On a évité cet inconvénient dans
le tour piémontais et dans tous ceux qu'on a
Là machine dont on fait usage pour tirer proposés depuis sur son modèle , au moyen
la soie se nommé, avons-nous dit, un tour Les d'un mécanisme particulier appelé va-et-vient,
mécaniciens ont inventé plusieurs machines que nous i
de cette espèce; mais la plus généralement stitue r
répandue est celle qfli porte le nom de tour le fil en
de Piémont avec les perfectionnemens que ce fil se distribue sur ubè partie de la lon
Vaucauson, Villard, Tabarin et autres ont gueur de cet asple et ne vient se coucher de
apportés à sa construction- Avant de décrire nouveau sur l'échevedu qu'après un certain
cette machine, disons un mot des conditions nombre de révolutions.
qu'il faut remplir pour obtenir un bon tirage. Il faut éviter le vitrage ; on donne ce nom
La soie est ordinairement dévidée en fils à un arrangement vicieux des fils sur l'asple
ou bouts composés1 Artra certain nombre causé par le mouvement trop souvent répété
lie brins ou fils dè cocons réunis, arrondis du va-et-vient, qui ne donné pais à ces fils un
et agglutiné» par ht chaleur et les difrèYè'ns temps suffisant pour sécheravant qu'on puisse
frottemeds auxquels on les soumet. La fileuse coucher dessus un nouveau fil. On remédie ai-
file ordinairement 2 de ces bouts à la fois. sémentà ce défaut en modifiant le mécanisme.
Tirés à part d'abord, ils sont ensuite croisés Ainsi , dans les anciens tours du Piémont, le
entre eux un certain nombre de fois» et enfin fil ne repassait sur lui-même qu'après 876 ré
écartés et enroules séparément sur l'asple ou volutions de l'asple; dans les nouveaux tours,-
dévidoir du tour. ce nombre ayant paru trop limité, il ne se
Voici les conditions principales : croise plus ainsi qu'après 2,601 révolutions ,
Le fil doit, autant que possible, être parfai nombre bien suffisant pour lui donner le
tement égal dans toute son étendue. Pour cela temps de sécher. On voit donc que cette dis
il faut que la fileuse rattache avec soin les position des fils facilite le second dévidàge ,
brins cassés, qu'elle fournisse de nouveaux prévient les ruptures et par suite les noeuds
cocons à mesure qu'il y en a, qui sont épuisés qui rendent les fils inégaux dans leur gros
par le dévidage. Comme les brins de soie sont seur, nuisent à la beauté de l'organsin ,
plus faibles et plus déliés vers la fin qu'au au tissage régulier et à la oerfeclion des
commencement, elle doit, quand les cocons étoffes. . ,
tirent à leur fin, augmenter le fil d'un ou deux La fileuse doit faire attention qu'il ne se
nouveaux brins pour lui rendre la force et forme pas de mariages. En terme d'art, on
l'épaisseur qu'il commence à perdre à mesure donne ce nom à un défaut qui provient sou
que le dévidagë avance. Soutenir l'égalité du vent delà croisure ou déboursions qui mon
brin est une des principales qualités d'une tent, ou bien de ce qu'un des fils étant plus
bonne fileuse. fort que l'autre •e, le fait casser et l'entraiuè
La croisurc des/ils doit être égale, régulière avec lui sur le écheveau, ce qui forme
163 ARTS AGRICOLES : EDUCATIOU DES VERS-A-SOIE. liv. iv
un fil double que l'asple enveloppe sur une
certaine longueur avant que la filcuse s'en 5" Tour à tirer la soie.
aperçoive. Houe porter remède à cet incon
vénient, les nouveaux mécanismes permet Le tour de Piémont, perfectionné parVau-
tent de faire et de refaire avec une merveil canson, Villard, Tabarin et autres, dont on
leuse facilité la croisure, de renouer les fils voit une coupe verticale dans lafig. 149 et dont
et d'enlever les mariages. lafig. 150 représente une >
Fig. 149.
par-dessus, se compose aujoura nui d'un l'autre, et combinées de telle manière qu'elles
bâtis en bois A A à l'extrémité duquel sont ne se retrouvent dans la position initiale d'où
2 montans qui soutiennent l'asple ou dé elles sont toutes parties au commencement
vidoir C, sur les laines duquel la soie se forme du mouvement qu'après 2,601 révolutions.
en écheveau. D est la manivelle qui fait tour C'est cette disposition qui produit le va-et-vient
ner celui-ci et dont l'arbre porte une roue et par suite le réglage ou distribution en zig
dentée E, fig. 151 , qui engrène dans un pi zag du fil sur l'asple. Sur le milieu du bâtis
gnon F moulé sur l'ar du tour sont 2 traverses X et Y, portant des
bre du dévidoir, ce qui cavités dans lesquelles peut tourner libre
facilite et accélère le ment un arbre ou axe vertical L. Cet arbre,
mouvement decelui-ci. du côté du système des' roues dentées, a un
Sur l'autre extrémité bras Q dont l'extrémité, terminée en four
de l'arbre ou axe de cet chette, reçoit le bout d'une bielle P; l'au
asple, est également tre extrémité est percée d'un œil qui entre
monté {fig. 14'J) un se sur une cheville excentrique O, portée par la
cond pignon G qui en roue K. Au-dessus de la traverse supérieure X,
grène dans un système l'arbre L porte un autre bras incliné à l'hori
de roues dentées, HIK zon M, terminé par 2 potences sur lesquelles,
se commandant l'une sont placés 2 guides ou grijfes en fil de fer
chap. 7'. PRÉPARATIONS DE LA SOIE. 153
ou en verre, au travers desquels passe la soie ont, sur leur face intérieure, une rainure
avant de s'enrouler sur l'asple. — On voit ai profonde dans laquelle peut tourner, monter
sément ainsi comment la roue K, par ses ré ou descendre librement, mais sans ballotter,
volutions, tire et pousse successivement la une lunette à gorge S S, qui porte 2 guides
bielle P, puis le bras O, imprime à l'autre implantés sur sa circonférence intérieure.
bras M ce va-et-vient, ou mieux ce mouve Cette lunette est suspendue à une corde sans
ment alternatif en arc de cercle qui sert à fin croisée T, qui passe sur une poulie U, la
distribuer le fil sur l'asple, et ne lui permet quelle a le même diamètre que la lunette et
de se coucher sur lui-même qu'après le nom est traversée par un arbre reposant sur des
bre établi de révolutions. coussinets fixes sur le châssis R . Sur chacune
Dans l'ancien tour de Piémont, la fileuse, des faces de celte poulie est attachée un»
après avoir assemblé ses fils, et les avoir pas corde V tendue par des poids, et dont l'une
sés à travers les filières placées au-dessus est enroulée autour de l'arbre quand l'autre
de la chaudière, les roulait entre le pouce et pend de toute sa longueur. On conçoit qu'en
l'index pour leur donner la croisure, les sépa tirant la corde enroulée on fait tourner la
rait ensuite, les passait à travers les guides poulie, et par suite la lunette, d'un nombre
du va-et-vient et les livrait à la tourneuse qui de révolutions égal aux enroulemens que la
les attachait aux lames de l'asple et mettait corde faisait sur l'arbre; en même temps, la
aussitôt ce dernier en action. corde pendante, oui était restée jusqu'ici dé
Cette disposition présentait des inconvé- veloppée, s'enroule à son tour sur cet arbre
niens : elle laissait a la discrétion des ou d'un nombre de tours égal à celui dont l'au
vrières le nombre de tours à donnera la croi tre se déroule, mais en sens contraire. On
sure, et ne pouvait mettre à l'abri de leur voit ainsi que si les 2 fils de soie, en sor
négligence sur ce point. La croisure donnée tant de la bassine et des barbins Z Z placés
aux fils dans un seul sens ne faisait frotter au-dessus, sont passés successivement a tra
l'un contre l'autre que la moitié de leur sur vers les filières de la lunette, puis des griffes
face, ce qui ne leur donnait pas le degré de du va-et-vient, et qu'on déroule ensuite en la
pureté et d'éclat des soies bien tirées. tirant une des cordes de la croisade, ces fils
Pour remédier à ces inconvéniens, Vaucan- vont se croiser en avant et en arrière de la
son imagina la double croisure, qui a été per lunette et en sens contraire, d'un nombre de
fectionnée depuis par d'autres mécaniciens, tours identiquement égal à celui que la corde
et qui offre 1 avantage aujourd'hui de for aura fait faire à la poulie U, et pour que le mé
mer deux croisures, dont l'une est en sens canisme soit entièrement à l'abri de la négli
inverse de l'autre, et de fixer invariablement gence de l'ouvrière, ce mouvement de dérou
le nombre de tours de cette croisure, sans lement, une fois commencé, continue seuj au
qu'il soit à la liberté de la fileuse de croiser moyen de contrepoids, jusqu'à ce que la
plus ou moins. Voici la construction de la corde tirée soit entièrement développée.
croisade perfectionnée, telle qu'elle est em Le nombre des enroulemens de la corde
ployée dans les ateliers français. dépend de celui des tours qu'on veut donner
Sur le devant du tour est placée cette croi à la croisure. Mais quel que soit ce nom
sade qu'on voit en coupe daus la fig. 149, par bre, il est très-facile, quand un brin de soie
dessus dans la fig. 150, et de face par-devant casse, quand il se forme un mariage, etc.,
dans la fig. 152. £lle se compose de 2 mon- d'y porter remède. On n'a qu'à tirer la corde
Fig. 152 enroulée pour défaire la croisure, à renouer
ou rétablir les bouts défectueux, reformer la
croisure en tirant la seconde corde et conti
nuer le travail avec une perle très-légère de
temps et peu de déchets.
§ II. — Du moullnage des soies.
1° Des moulins,
Les soies, après avoir été tirées, reçoivent
avant d'être tissées diverses préparations
qui sont plutôt du domaine des fabriques et
des manufactures, mais qu'il est important
pour l'éducateur de vers-à-soie de connaître.
La 1" de ces opérations est le dévidage qui
a pour but de transporter, sur de petits guin-
dresou sur des bobines, les fi\s enroulés sur les
asples, ce qui se fait à la main au moyen d'un
rouet ou par le secours de machines qui, en
dévidant un grand nombre de fils à la fois,
accélèrent le travail.
La 2e opération à laquelle on soumet la
plus grande partie des soies est celle du
moulinage proprement dit, et qui consiste
à faire éprouver aux fils un certain degré de
torsion, afin de leur donner la force néces
tans verticaux et égaux N N qui supportent saire pour résister au travail du tissage. Cette
un châssis quadrangulaire R R. Ces montans torsion se donne le plus généralement au
AGKlCCl/Mjr.E. tome III. — 20
154 ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES VERS-A-SOIE. L1V. IT.
moyen d'une grande machine appelée moulin. fil, sert à déterminer sa valeur vénale. La
Le plus communément employé est le mou longueur choisie est 400 aunes (475 mèt. 40),
lin de Piémont. Vaucansok avait aussi in et c'est le poids en grains anciens de cette
venté pour cet objet une machine que sa longueur de soie qui détermine le titre. Ainsi
complication a fait abandonner. D'autres la soie dont une pelotte ou ëcheveau de
mécaniciens, plus heureux, tels que MM. Bel- 1200 aunes pèse un gros, est au titre de 24
i.v, Beauvais de Lyon, Bugaz de St.-Cha- deniers; si elle pesait un gros et 24 grains,
mond (Loire), Durand, aux Blaches (Ardè- elle Serait au titre de 32 deniers , et a celui
che), Amaretti de Verceil, etc., en ont pro de 48 si elle pesait 2 gros.
posé d'autres qui ont été mis avec succès en La principale espècë de soie qu'on travaille
activité dans le midi de la France. au moulin est l'organsin, qui est un fil com
Le moulin de Piémont est une sorte de posé de 2 bouts' de soie grége, quelquefois dè
grande cage circulaire, tournant de gauche 3et mêmede4, qui sont d'abord tordus séparé
a droite sur un axe central et vertical, et mue ment au moulin, tors auquel on donne le nom
par un homme, des animaux, un cours d'eau de premier apprêt ou filage, et qui se donné
ou par le secours de la vapeur. Cette machine à droite et varie suivarit la qualité, la nature
a depuis 1 1 jusqu'à 15 pieds et au-delà de dia ou la destination de la soie. A ce 1" ap
mètre et 7 à 15 pieds de hauteur. Suivant sa prêt succède le doublage, opération qui con
grandeur, elle est divisée en 2, S ou 4 tar siste à réunir au nombre de 2, 3 ou 4, sur
gues ou étages, qui portent un certain nom des guindres oii sur des bobines, les fils tor
bre de fuseaux ou broches munies d'ailettes dus, soit à la main, au moyen d'un rouet,
et de bobines, comme dans les métiers à fi soit avec dés machines appropriées à cet
ler le coton ou la laine, et sur lesquelles la objet et appelées moulins a doubler. Ces fils
soie, déroulée de dessus les guindres ou les de soie réunis sont alors reportés au moulin
bobines où elle a été reportée par le dévi à organsiner pour recevoir le second apprêt
dage, s'enroule et se tord en même temps oïl tors qui se donne à gauche, et qui roule
au degré déterminé par diverses pièces dd les uns Stir lès autres les fils assemblés, dé
mécanisme. Le nombre des guindres et des manière qu'ils ne paraissent n'en composer
broches et bobines mis en mouvement qu'un seul. C'est le fil, lorsqu'il a subi cette
varie suivant la grandeur du moulin. Ceux 2* torsion, beaucoup moins considérable que
de 11 pi. ont ordinairement lî guindres la 1", qui reçoit lë nom d'organsin, et qu oi
pour chaque vargue et 72 broches; ceux de emploie principalement pour la chaîne daus
15 pi., 16 guindres et 96 broches, etc. Ces la fabrication des étoffes de soie.
différentes parties reçoivent le mouvement La trame, dont le nom indique l'usage,
du moulin lui-même au moyen de disposi c'éSt-à-dire qu'elle est employée â faire la
tions particulières* celui des broches ayant trame de* étoffes, est une soie montée â 2
lieu de droite à gauche. oit 3 bouts qui n'ont pas subi dé 1er apprêt,
Telle est à peu près l'idée qu'on peut se et dont le tors, qui se donne comme le 2* ap
faire du moulin de Piémont qui, pour être prêt de l'organsin et dans le mêmè sens, est
décrit, exigerait un très-grand nombre de très-léger et sert seulement à réunir lès fils,
planches. Nousallons maintenantdonnerune en leur conservant la mollesse nécessaire a
idée des diverses espèces de soies qu'on pré celte sorte de Soie.
pare avec ce moulin ou d'autres semblables, Le poil est une soie grége à un seul bout
et de quelques produits de ce genre qu'on qui a subi l'apprêt au moulin. Cet apprêt
trouve communément dans le commerce. varie avec la finesse de la soie; le principal
emploi de cette soie, connue dans le com
2° Des principales espèces de soies tirées et merce sous le nom de poil d'Alais, est pour
ouvrées et du pliage. la passementerie, la rubannerie, la brode
rie, etc.
On nomme soie grége ou grèze la soie qui On fait usage en France de plusieurs es
n'a été soumise à aucune autre opération que pèces de soies gréges: l°les soies/ermej,parmi
celle du tirage, et qui est le produit immé lesquelles on distingue la grège d'Alais et de
diat du cocon, quel que soit le nombre des Provence, qui se compose de la réunion de
brins, qui peut varier de 2 à 20 et au-delà. 12 à 20 cocons, et se distingue en plusieurs
La soie ouvrée est eetté qui a sùbi une prépa qualités qui sont converties en soies ovalées
ration quelconque qui la rend propre à dif- de différentes grosseurs, en soies à coudre,
férens emplois dans les manufactures. Là en soies plates et cordonnets; la grège du
soie crue ou écrue est celle qui , suivant sa Levant, dite Brousse , la grége de Valence,
destination, a, sans avoir subi de débouilli, toutes deux tirées de 15 a 25 cocons, et la
été tordue et retordue au moulin. La soie grège de Vérone, tirée de 15 à 30 cocons qui ,
cuite a, au contraire, été débouillie dans avec la grége de Jtegglo, dite San-Batilli, ser
l'eau chaude four en faciliter le dévidage ; vent au même usage que celle d'Alais, puis
quant à la soie décreusée, c'est celle qui a les gréges de Bengale, de la Chine, etc. ; T les
été débouillie du savon pour lui enlever le soiesfines (grége blanche etjaune de France),
vernis de nature gommeuse qui l'enduit, lui employées à la fabrication des rubans, gazes,
donner ainsi plus de mollesse et de douceur, baréges, etc., et ouvrées en trames et or
et la rendre plus propre au blanchiment et gansins.
à la teinture. Parmi les soies ouvrées on distingue l'or
Avant d'aller plus loin, disons ce que c'est gansin de Piémont, monté à 2 ou 3 bouts et
que le titre de la soie. On entend par ce mot qui s'emploie pour chaîne ; l'organsin du pays,
le poids de la soie sur une longueur déter mon lé de même dans le Vivarais et en Pro
minée qui, indépendamment de la beauté du vence, et qui sert au même usage; les trame»
CHAr, 7'. PRÉPARATIONS DE LA SOIE 155
doubles qui, outre leur destination ordinaire, industrie tout trouve un emploi utile et avan
servent encore dans 1a passementerie et la tageux.
bonneterie; la trame double (nankin) du Toute l'enveloppe grossière qui entoure le
bourg de l'Argental ( Ardèche), qui est une cocon et qui est connue sous le nom de filo-
soie d'un blanc supérieur, employée à la fa selle, bourre de soie, fleuret, bave, etc., les
brication des blondes. cocons tachés ou gâtés par une cause quel
La soie ovale ou avalée réunit plusieurs conque , et qui forment ordinairement une
bouts de soie grége (2 à 12 et quelquefois 1C) matière dure, sèche, tenace et cassante,
qui sont faiblement tordus au moyen d'une sont jetés dans l'eau où on les laisse macérer
petite machine nommée ovale. Cette soie sert pour dissoudre la plus grande partie de la ma
a faire des lacets, des broderies, à coudre tière gommeuse dont ils sont imprégnés. On
des gants et dans la bonneterie. les soumet ensuite à la presse pour en faire
La soie plate est une grége commune as sortir le plus d'eau gommée possible, on remet
semblée par 20 à 25 brins et employée pour dans de nouvelle eau, et c'est en répétant ces
broder la tapisserie. La grenadine est une opérations qu'on parvient à dégommer com
grége ouvrée ù 2 bouts et tres-serrée, généra plètement. Alors on exprime l'eau à la presse,
lement employée à faire les effilés ou a la fa on fait sécher, on bat fortement, on enduit
brication des grosses dentelles des environs légèrement d'huile et on carde. C'est en tra
du Puy, et du tulle bobin. La plus fine sert à vaillant ainsi cette bourre à plusieurs repri
faire les blondes noires. La grenade ou ron- ses qu'on la met en état d'être filée, tissée ou
delettine est montée à 2 bouts très-tordus; tricotée.
elle s'emploie dans lapassementerie et la fabri On file la bourre, soit au rouet et à la que
cation des boutons; il en est de même de la nouille, soit au fuseau comme le chanvre et
demi-grenade ou rondelette pour la fabrica le lin, soit par machine, comme la laine et le
tion de laquelle on emploie communément coton. Dans cet état celle qui est cardée et
les doupions. filée à 1, 2 ou 3 tirages, ou montée à 2 bouts
La soie ondée dont on se sert pour nou pour chaîne ou trame par des machines,
veautés est montée à 2 bouts dont l'un est pfend le nom de jantaisie fine et sert à la
gros et l'autre lin. Le gros bout reçoit un pre bonneterie, à la fabrication des châles de Lyon
mier apprêt adroite ou à gauche à volonté; dits de bourre de soie, et à celle d'un assez
le bout fin est avec ou sans apprêt, en obser grand nombre de belles étoffes. Celle qui est
vant, lorsqu'il y a de Pdpprêt, qilë ce soit en filée à la main S'appelle fantaisie commune et
sens inverse de celui du gros bout. Ces 2 bouts sert, il Nîmes, à la passementerie, à la fabrica
sont ensuite doublés pour recevoir le 2° ap tion des bas, à la tapisserie, etc. On connaît
prêt toujours eh sens inverse de celui du gros aussi,sous le nom deffeuret monté,des déchets
bout. C'est aussi par des procédés particu de soie écrue, cardés et montés très-retors
liers qu'on apprête en crêpe la soie grége dans les environs de Lyon, oii ils forment ce
ou cuite ou teinte en couleur, ou avec brin qu'on appelle des galettes qui servent à la
cuit et brin cru, pour la fabrication de l'é passementerie et à1 former la chaîne des galons
toffe de ce nom ; et eh marabouts pour la fa d'or et d'argent. Les déchets de cardes, battus
brication des rubans de gaze. et cardés de nouveau, sont transformés en
Les soies gréées et ouvrées sont soumises ouate de soie. On mélange quelquefois la
dans le commerce à un mode particulier de bourre ou la soie avec la laine ou le duvet de
pliage, qui n'est pas toujours le même pour cachemire, et on les file ensemble. Ce dernier
les diverses espèces et pour celles des diverses article, qu'on travaille surtout a Lyon, porte
provenances. Généralement ces soies sont le nom de Thibet.
réunies en matteaux composés de 4, 5, 6, 7 Ou Les peaux, ou dernière enveloppe du ver
8flottes, échets ou écheveaux, tordus et pliés dans le cocon et qui reste dans les bassines
de façon qu'ils ne se dérangent pas. On as Sans avoir pu êlre dévidée, sont traitées de
semble quelquefois'un certain nombre de ces même que la bourre et employées au même
matteaux pour former des masses, et c'est usage. On ouvre aussi quelquefois ces peaux
avec ces masses ou ces matteaux qu'on com- et 6n les découpe avec des instrumens appro
fpose des balles qu'on recouvre de toileet dout priés pour la fabrication des fleurs artificiel
ë poids est très-variable. Par exemple, les les. Les coter et Jrisons, sorte de soie grossière
soies gréges fines de France sont pliées en de plusieurs pieds de longueur que Ta fileuse
matteaux de 490 à 595 millimètres, pesant tire à la main de dessus les cocons jetés dans
90 à 100 grammeà, réunis en masses de 1 à la bassine avant de trouver la bonne soie,
10 et emballés en toile fine écrue recouverte Sont, de même que la bourre, cuits, blanchis,
de toile Commune, les balles pesant de 00 à cardés et filés, et transformés en fantaisie.
75 kilog. L'organsin du pays est plié en mat- La soie ouvrée destinée à faire des tissus
teaux tortillés altdchésh hn des bouts parun raides est simplement blanchie, au moyen de
fil désole, pesant de 00 à 70 grain., ét en balles l'acide sulfureux, dans des soufroirs adaptés
de 75 kilog. envirofi, étc. à Cet objet, (luant à celle qu'on emploie pour
la fabrication des tissus moelleux
"leux et doux,
doi
3" Bourre ou filoselle, fantaisie, blanchiment elle est soumise à iule opération onn particulière
particulii
partie
et teinture des soies. pour lui enlever le vernis naturel
lurel qui la
couvre et lui donne encore de la raideur.
Les diverses parties des cocons qui n'omt Celte opération , qui Se nomme drereu-
pu être dévidés, les déchets qu'on fait au suge, consiste principalement en trois pré
dévidage, soit par les bouts baisés Ou les ma parations : 1" le dédommage ou ébnllition
riages, les bourres qui nuisent à l'égalité des dans de l'eau pure contenant 10p. 0/0 de savon
soies, etc., ne sont pas rejetés, et dans cette blanc; 2" la cuite ou immersion de la soie eu»
156 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES ABEILLES. LIV. IV.
fermée dans des sacs dans un second bain brillantes et aussi pures que possible, on
d'eau, mais qui ne contient qu'une moindre l'expose, dans un soufroir,à l'action de l'acide
Quantité de savon; 3° Vazurage, qui consiste à sulfureux humide. Enfin, les soies ainsi pré
onner à la soie un léger reflet agréable parées sont mises en œuvre par le fabricant
au moyen dit rocou ou de l'indigo. d'étoffes, ou envoyées au teinturier pour re
Lorsque la soie décreusée doit être blanchie, cevoir les couleurs dont les nuances peuvent
soit parce qu'on la destine à confectionner des varier à l'infini.
tissus qui doivent être blancs, soit parce F. Deby.
qu'on veut la teindre en couleurs claires,
Section i".—Histoire naturelle des abeilles. organes qui sont avortés dans l'ouvrière. En
fin son aiguillon est plus long, recourbé vers
§ Ier. — Espèces, variétés. \ < le haut, et il n'a que 4 dentelures.
De touslesinsectesconnusiusqu'à ce jour, Fig. 154. Fig. 155.
l'abeille est sans contredit le plus utile à
l'homme par le miel et la cire qu'elle lui
fournit. Aussi s'en est-il occupé de temps im
mémorial et a-t-il étudié avec beaucoup de
soin son histoire pourla bien cnltiveretpour
rechercher les moyens d'en obtenir d abon
dantes récoltes. Nous allons entrer ici dans
les détails nécessaires pour soigner avec
avantage ces insectes précieux dans tous les
départemens de la France. Le mâle (fig. 155),moinslongque la mère, a
Ily a beaucoup d'espèces d'abeilles, mais
il n'y en a qu'une indigène des parties tempé le corps plus gros, plus aplati que l'ouvrière et
rées de 1 Europe qui soit cultivée. On la d'une couleur noirâtre. Ses mâchoires et sa
nomme simplement abeille et mouche à trompe sont plus petites; ses pattes n'ont ni
miel ( Apis metlifica, Lin., Fab. ). On en con brosses, ni palettes, et il n'a pas d'aiguillon.
naît quatre variétés dont celle nommée pe Son abdomen est. engrande partie, rempli par
tite hollandaise a obtenu la préférence dans les organes de la génération qui se retour
In culture, parce qu'elle est plus active, plus nent et s'élèvent en sortant, et dans cet état
douce et plus facile à apprivoiser. ressemblent un peu à une tête de chèvre avec
ses cornes. Le grand bruit qu'il fait en vo
§ II. — Famille ou essaims d'abeilles. lant lui a fait donner le nom de faux bour
don.
Un essaim contient 1" une mère ou reine;
2° plusieurs milliers d'abeilles neutres ou ou § III.—Mœurs et gouvernement des abeilles.
vrières ; 3" quelques centaines de mâles. L'a
beille étant un insecte généralement connu, Uabeillc a un caractère fort doux et elle
il est inutile de le décrire, et il suffira ici de est rarement l'agresseur dans les combats
faire connaître les formes et les couleurs qui qu'elle livre. Très-aclive et uniquement oc
distinguent les mères, les ouvrières et les cupée de ses travaux, elle se contente d'être
mâles. sur la défensive et d'avoir à l'entrée de l'ha
Fig. 153. "Vabeille ouvrière bitation une garde qui veille à la sûreté de la
(fig. 153) est petite, famille, et qui la prévient du danger si elle
et sa taille varie sui- craint une attaque. Dans ce cas les abeilles
,0^7 vant la grandeur de sortent en foule et ne craignent de combattre
l'alvéoledanslaquel- ni l'homme ni les animaux les plus redouta
/*43&jɧ^ le elle a été élevée. bles, et de les poursuivre à une certaine dis
Sa couleur est d'un tance. La crainte de la mort ne les arrête pas,
— — roux brunâtre. Sa quoiqu'il en périsse souvent un grand nom
trompe est longue. bre dans ces attaques, parce qu'elles laissent
Ses pattes ont des brosses, et les deux de ordinairement leur aiguillon dans la plaie
derrière, plus longues que les autres, ont qu'elles ont faite, et perdent leur gros intes
une palette ou petite cavité. Enfin, son ai tin qui tient fortement à cet aiguillon. Ce
guillon est droit et a 6 dentelures. pendant il est des circonstances où elles
La mère abeille (fig.là4), un peu plus gran prennent l'offensive; ainsi, quelques heures
de et plus grosse que l'ouvrière, s'en dislingue avant l'orage, la moindrechose les irrite, et il
au premier coup-d'œil par son ventre ou ab est alors dangereux de les approcher, et sur
domen beaucoup plus alongé quand elle est tout en faisant du bruit. Le nectar des fleurs
pleine, ce qui est son état ordinaire. Elle est du châtaignier les agite également beaucoup.
plus rousse, mais ses pattes, plus longues, sont L'odeur des personnes à cheveux rouges et
d'une couleur plus claire et dénuées de de celles dont les pieds exhalent une forte
brosses et de palettes. Elle a deux ovaires, odeur, les incommode au point que lorsque
CHAP. 8', HISTOIRE NATURELLE DES ABEILLES. 157
ces personnes s'approchent près d'un essaim, trent dans l'habitation et se suspendent à
une ou deux abeilles volent aussitôt près de un des groupes. Elles y restent immobiles
leur visage, et par un mouvement vif de gau pendant que le nectar dont elles se sont
che à droite et de droite à gauche, accompa- gorgées se change en miel dans leur premier
?né d'un son très-aigu, semblent les menacer. estomac on en cire dans le second, suivant
I faut alors se retirer pour éviter leur aiguil les besoins delà famille; alors elles dégor
lon. Enfin, si elles manquent de vivres, elles gent leur miel, soit pour le distribuer aux ou
se décident à attaquer un autre essaim bien vrières, soit, plus tard, pour le déposer dans
approvisionné. les magasins. Elles en font autant d'une par
Les abeilles sont très-laborieuses et très- tie de la cire qu'elles rendent sous la forme
actives. Douées d'un odorat très-fin, on les de bouillie et qui est employée sur-le-champ
voit sortir, dès la pointe du jour, de leur ha pour lier entre elles le surplus de la cire
bitation, pour se rendre directement, d'un vol qu'elles ont confectionnée et qui sort de leur
rapide, vers les fleurs sur lesquelles elles abdomen entre les écailles, sous la forme de
comptent trouver du nectar qu'elles avalent, 1>etites plaques. Ainsi elles produisent à vo-
et du pollen ou de la propolis qu'elles placent onté du miel ou de la cire avec le nectar
dans la palette de leurs pattes de derrière. comme avec la miellée, le sucre et toutes les
Pendant qu'elles s'approvisionnent, d'autres matières sucrées.
s'occupent des travaux de l'intérieur. Elles Quant à la propolis, substance nécessaire
ne souffrent pas de bouche inutile. pour attacher les constructions au haut et
Leursycux sont disposés de manière à voir sur les côtés de l'habitation, des ouvrières la
pendant la nuit comme pendant le jour. Aussi détachent des pattesde celles quil'apportent,
travaillent-elles à ces deux époques à la con parce qu'elle y tient fortement. Elles en gar
fection de leurs rayons. nissent les parties supérieures où elles veu
Elles sont susceptibles d'attachement et re lent commencer et suspendre leurs con
connaissent ceux qui les soignent. Leur structions, car elles construisent de haut en
amour pour leur reine ou mère est tel qu'el bas.
les se sacrifient au besoin pour la sauver du Ce travail achevé en partie, elles s'occupent
moindre danger. de faire un 1" rayon. Lorsqu'il a 3 ou 4 pouces
Quant à leur instinct, leurs travaux dé de longueur, elles en commencent un 2" et
montrent qu'il est très-développé, comme bientôt un 3* qu'elles placent à droite et à
les faits suivans le prouveront. Leur cri ou gauche du premier, et ainsi de suite jusqu'à
chant très-varié leur donne les moyens de ce que toute l'habitation en soit remplie.
s'entendre. Les rayons, qu'on nomme aussi gâteaux,
Leurgouvernement est maternel. C'est une dont on voit le plan dans la fig. 156, la coupe
mère de famille constamment dans l'habita fig. 157 et la vue perspectivefig. 158, sont pfa-
tion, qui surveille les travaux de ses enfans, Fig. 156. Fig. 157.
qui s'occupe une partie de la journée de re
produire son espèce et qui ne demande en
échange que le simple nécessaire. Ses sujets
sont tous égaux. Ils s'occupent indifférem
ment, à l'exception des mâles, de tous les
ouvrages utiles à la société, et ils jouissent
en commun des provisions qu'ils ont dépo
sées dans leurs magasins.
§ IV.—Travaux des abeilles.
Dès qu'un essaim a choisi pourson habita
tion, soit un trou d'arbre, soit un creux de
rocher, son premier soin est de le nettoyer et Fig. 158.
d'en boucher tous les trous et crevasses, à
l'exception d'une ouverture qui servira pour
entrer et sortir. Pendant ce travail une
partie des ouvrières s'attache, avec les cro
chets dont leurs pattes sont munies, au som
met du local, et d'autres s'accrochant aux
1"', elles forment comme un ovale ou une
grappe de raisin.— Bientôt le groupe se sub
divise pour commencer le travail des rayons. cés parallèlement et à 4 lignes de distance;
Î[ui représentent des rideaux séparés de ils sont faits avec de la cire et sont compo
açon à laisser un intervalle de quatre li sés de cellules hexagones, alongées, nommées
gnes entre eux. Ces dispositions faites, alvéoles, de 5 2 3 lignes de profondeur sur
elles emploient les matériaux qu'elles ont 2 2/5 lignes de diamètre. Les alvéoles sont
apportés, et bientôt un grand nombre d'ou construits horizontalement et un peu pen
vrières se rendent dans les forêts ou les chés du côté du fond. Placés des deux
champs, jusqu'à une lieue de distance, pour côtés du rayon, ils sont disposés de manière
butiner sur les fleurs, pour se procurer de que leur fond couvre le tiers du fond de trois
l'eau et même d'autres substances qu'elles alvéoles placés de l'autre côté, ce qui donne
recherchent sur les fumiers, dans les urines plus de solidité.
et au bord des mares. Lorsqu'elles sont suf Les parois des alvéoles n'ont que 1,6" de
fisamment chargées et remplies, elles ren- 1 ligne, mais les bords de leur ouverture sont
158 ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES. LIT. IV.
i par un petit cordon de cire. Les qui se sont détachés de son corps par l'ef
rayons ont ainsi 11 1/3 lignes d'épaisseur. Ils fort que la femelle a fait pour s en séparer
sont destinés : 1° à élever des ouvrières aux après la fécondation, opération qui suint au
quelles ils servent de berceau, 2° à y placer du moins pour un an. Elle commence sa ponte
miel et du pollen. Mais s'il existe dans l'ha 2 jours après. C'est alors qu'elle devient sou
bitation des parties qui ne sont pas propres veraine de l'habitation. Vierge, les ouvrière*
à la première destination, les ouvrières font ne paraissaient y faire aucune attention ; fé
des alvéoles qui varient de longueur suivant conde, elles lui donnent une garde qui l'ac
l'emplacement et qui peuvent avoir jusqu'à compagne partout, et de temps en temps
un pouce de profondeur. Elles terminent une ouvrière vient lui fournir sa nourriture,
quelques rayons des côtés par des alvéoles de qu'elle a l'art de varier, soit pour rendre
même forme que les Ie",mais de 6 1/2 lignes cette reine plus féconde, soit pour diminuer
de profondeur sur 3 1,2 lignes de diamètre, ce sa ponte, soit pour la faire cesser. Cette ponte
qui réduit un peu la distance entre les rayons continue en France jusqu'à l'automne, et elle
qui est généralement de 4 lignes. Ces alvéoles se prolonge même plus tard si, la saison
sont destinées à l'éducation des mâles et ser étant belle, les abeilles trouvent du nectar
vent ensuite de magasin. et du pollen. Mais si elles ne pouvaient re
Les ouvrières laissent au milieu des rayons cueillir que de la miellée, elles arrêteraient la
du centre, pour le passage d'un rayon à l'au ponte, après avoir consommé leurs provisions
tre, une ouverture d'environ 1 1/2 pouce ^ de pollen, cette substance leur étant indis
2 pouces dans laquelle elles construisent des pensable pour la nourriture de leurs petits.
alvéoles qui ont en dedans un pouce de lon La mère Jait sa ponte en se promenant sur
gueur sur 3 1/2 lignes de large: ces alvéoles les rayons, en enfonçant son abdomen pour
sont ovales-oblongs, très-polis dans l'inté y déposer un œuf dans les alvéoles, après les
rieur, el leurs parois ont pi us d'une ligne d'é avoir examinés pour s'assurer qu'ils sont
paisseur; ils sont isolés, verticaux, ont l'ou propres. L'incubation ne dure que 3 jours, à
vert lire en bas et suspendus de manière raison de la chaleur du centre de l'habitation
à figurer la cupule du gland avec son pédon qui est de 27 à 29° R. (34 à 36° cent.). Il sort
cule, lorsqu'ils ne sont faits qu'à la moi de ces œufs un petit ver {fig. 159 ) sans pieds
tié de leur longueur, ce qui a toujours lieu blanc, mou el ridé, et roulé sur lui-
jusqu'à la ponte dans ces alvéoles. Ils ser même : on le nomme larve. Des Fig. 159.
vent de berceau pour les reines ou mères qui ouvrières s'empressent de lui ap
peuvent y développer facilement tous leurs porter une nourriture consistant
organes. eu une bouillie composée de miel
Les ouvrières concourent en commun à et de pollen dont elles varient les
tous ces travaux et s'entr'aident. On en voit proportions suivant l'âge de cette
en outre qui se mêlent dans leurs rangs uni larve.
quement pour leur donner de la nourriture La larve prend tout son accrois
en dégorgeant le miel de leur estomac sur sement en 5 à 6 jours. Alors les
leur trompe. ouvrières bouchent l'alvéole avec
Indépendamment de ces alvéoles, les ouvriè une couche mince et un peu bom
res font quelques travaux accidentels. Si des bée de cire. La larve renfermée garnit
ennemis plus torts el plus gros les attaquent son alvéole d'une toile fine à laquelle elle
de temps à aulre, elles bouchent l'ouverture travaille 36 heures. Trois jours après, elle est
de l'habitation et n'y laissent que quelques métamorphosée en nymphe très-blanche, et
trous suffisans pour leur entrée et leur sortie. 7 1/2 jours ensuite, ou 20 jours après la ponte,
Un gros insecte ou un petit quadrupède en insecte parfait ou abeille ouvrière, époque
vient-il à s'introduire dans l'habitation, elles à laquelle elle sort de l'alvéole après en avoir
l'attaquent, le tuent, et ne pouvant le traîner crevé lecouvercle.— Des ouvrières la brossent
dehors, elles l'enveloppent d'une couche de sur-le-champ, lui donnent de la nourriture
cire suffisante pour arrêter la putréfaction, ou et nettoient l'alvéole dont elles ne détachent
au moins pour empêcher les miasmes putri pas la toile. Il en résulte que ces toiles s'ac-
des de corrompre l'air de la ruche. Elles c'utmijant par des pontes successives dans les
s'entendent pour tous ces travaux et se recon alvéoles du centre, ceux-ci diminuent ainsi
naissent si bien malgré leur grand nombre, d'étendue au point d'être réduites de 14 et
qu'une ouvrière étrangère qui entrerait dans même de 1/3, et que les dernières ouvrières
1 habitation serait attaquée et tuée sur-le- élevées dans ces alvéoles sont plus petites'
champ, si elle ne pouvait s'échapper. que les premières. D'oii il suit que, passé la
l'ourse procurer les matériaux et les appro lrf année, les ouvrières varient plus ou
visionnement nécessaires, des ouvrières sor moins de taille et de grandeur. — Vingt-qua
tent, au printemps, depuis l'aurore jusqu|au tre à 36 heures après la sortie de l'alvéole, la
crépuscule; mais pendant les chaleurs fortes jeune ouvrière peut se livrer aux mêmes tra
de l'été, elles restent sédentaires de midi à vaux que ses compagnes et aller dans la cam
deux ou trois heures. pagne.
Lorsque la saison continue à être favorable
$ V.— Ponte, incubation, larves, nymphes. pour la cueillette du nectar et du pollen, le
ventre de la mère s'alonge beaucoup et elle
Si la mère abeille est fécondée, elle com commence une ponte d'œu/s de mdles. Les
mence tout de suite sa ponte. Si elle ne l'est ouvrières traitent les larves des mâles avec
pas, elle s'élance dans les airs de 11 à 3 heures, les mêmes soins que celles des ouvrières. Ce
pour rencontrer un mâle. Elle rentre une pendant ces larves mettent 5 jours de plus
demi-heure après avec les organes du mâle pour devenir insectes parfaits. La ponte des
cnAP- ?*• CULTURE DES ABEILLES- 159
mâles est plus ou moins considérable suivant mer. Nous entrerpns plus tard, relativement
la force des essaims. à l'essairaage,dans les détails nécessaires pour
Cette ponte est à peine terminée que la le bien connaître et le diriger.
mère en commence une d'ouvrières. Alors Les abeilles continuentcependant de ramas
aussi, en s'approchant des alvéoles destine ser ce qu'elles trouvent dans les campagnes.
aux mères, eflè y pond un œuf chaque jour A défaut de nectar, elles recueillent la miel
ou tous les 2 ou 3 jours. Cet œuf ne diffère lée qui couvre les feuilles de plusieurs es
en rien de ceux qu'elle dépose dans les al pèces d'arbres, et elles tirent parti des fruits
véoles d'ouvrières, car l'expérience a démon sucrés, soit tombés et un peu crevés par
tré qu'on pouvait tirer un œuf d'un alvéole leur chute, soit percés par de petits animaux,
d'ouvrière pour le mettre dans un alvéole par des oiseaux et par des insectes, car elle»
royal, et qu'on obtenait une jeune mère, et ne les attaquent jamais lorsqu'ilssonl entiers.
qu'en faisant l'opération inverse, on avait Kl les mettent aussi de l'ordre dans leurs
dos ouvrières. firovisions. Dès qu'elles n'ont plus de pol-
L'expérience a également prbuvé que si la en, elles arrêtent la ponte de leur mère par
mère abeille d'une habitation vient a périr, les le changement de nourriture. "
ouvrières la remplacent en choisissant uu ou Les travaux ne cessent que lorsqu'une tem
deux œufs ou larves de moins de 3 jours, et pérature pluvieuse et froide vient les inter
en démolissant autour 2 ou 3 alvéoles pour en rompre. Alors elles ne sortent de leur habi
construire un grand. Nous présentons ici {fig. tation que lorsqu'un beau soleil réchauffe
160 A) le dessin très-curieux d'un rayon que de temps à autre l'atmosphère- Elles y pas
Fig. 160. sent tranquillement l'hiver en usant sobre
ment de leurs provisions.Si le froïdaugmente
beaucoup, elles s'engourdissent et restent
dans cet état sans manger jusqu'à ce que la
i chaleur vienne les vivifier et leur rendre leur
I activité.
On a vu que les mâles ou faux-bourdons
ne vivaient que quelques mois; les ouvrières
n'ontpas beaucoup plus d'un an d'existence ,
parce que, pendant leurs travaux, elles sont
la proie de plusieurs espèces d'oiseaux et
d'insectes qui en détruisent un grand nom
bre, et que des orages subits et de très-forts
coups de vent en font périr un grand nombre.
Les mères au contraire peuvent vivre plu
sieurs années, parce qu'elles ne courent de
nous possédons, dans lequel les abeilles ont dangers que lorsqu'elles sortent pour se faire
transformé des cellules d'abeillesouvrièresen féconder.
alvéoles de mères. Ainsi, d'une part la gran Tels sont les faits principaux de l'histoire
deur de l'alvéole, de l'autre une plus grande naturelle des abeilles, ceux dont la connais-
quantité d'une nourriture différente de celle sauce est essentielle aux cultivateurs pour
donnée aux larves d'ouvrières, produisent établir leur culture sur des principes cer
cette métamorphose. La différence de nour tains qui puissent les dédommager de leurs
riture a tant d'effet dans ce changement, avances et payer avantageusement leurs tra
que si les ouvrières en ayant trop, en donnent vaux.
à des larves dans de petits alvéoles, il en sort
de petites mères, mais qui ne pondent que Section ii. — Culture des abeilles.
des mâles et qui sont détruites par la mère
principale lorsqu'elle les rencontre. Il y a 3 considérations importantes pour
Les ouvrières ont le plus grand soin des
larves des mères, qu'elles veillent jour et nuit réussir dans une bonne culture d'abeilles.
La 1" est relative aux avantages et aux in-
avec facilité parce que leurs alvéoles sont convéniens des lieux où l'on veut placer un
isolés. C'est a la fin du 16° jour, depuis la certain nombre d'essaims. La 2e consiste
ponte, que la jeune mère parvient à l'état dans la fbrme et dans la matière des pa
d'insecte parfait. niers ou boites nommées ruches qui servent
de logement aux abeilles, et dans la manière
§ VI.—Essaimage, hivernage. de les garantir autant que possible des ora
ges, du vent et de l'humidité. La 3* est le
C'est à cette époque que la famille prend mode de culture pour en tirer le plus grand
la résolution d'envoyer une partie de sa po profit possible.
pulationformer un nouvel établissement. Plu
sieurs raisons la délermiment à cette sépara Abt. I".— Cantons plus ou moins favorables.
tion. Le nombre des ouvrières a considéra
blement augmenté; il y a déjà une partie Tous les terrains ne fournissent pas aux
des mâles parvenus à Pétatd'insectës parfaits, abeilles la même quanlitéde nectar, de pollen
et des nymphes de mères sont sur le point et de miellée. Cela dépend des plantes qui y
d'achever leur métamorphose, si elles ne croissent spontanément ou que l'homme y
l'ont déjà fait; (rois causes indispensables cultive. Or le nombre des essaims doit être
sans lesquelles les abeilles, ne pouvant com proportionné aux moyens de nourriture et
pléter une nouvelle famille, nommé essaim, d'approvisiounemeiit des abeilles.
ne pourraient former une colonie ou essai- Dans les cantons couverts de prairies na-
16Ô ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES. LIV. IV.
turelles et artificielles, de bois formés d'es les remplissent de miel. On bouche ce trou
sences diverses pour l'époque de la floraison, avec un morceau d'ardoise, de bois ou de
et dont les fleurs très-inultipliées produisent fer-blanc quand on enlève le vase.
beaucoup de nectar et de pollen, enfin de Rucheen vannerie (/g-.161)debois de bour
jardins fruitiers et de jardins d'agrément, daine, d'osier, etc.: A manche, B entrée des
on peut réunir jusqu'à cent essaims dans un abeilles. Rucheen paille {fig. 162): A poignée
mener, et si ces cantons sont rapprochés de Fig. 161. Fig. 162
collines ou montagnes couvertes Je plantes
odoriférantes, on les considère comme les
meilleurs pour la quantité et la qualité du
miel. — Si le terrain ne réunit qu'une partie
de ces avantages, le nombre des essaims doit
être réduit. — On ne peut en établir qu'un
petit nombre dans les lieux où Con cultive en
grand des céréales et des vignobles et dans
lesquels les prairies et les arbres sont rares.
Les cultivateurs ont des moyens sûrs d'a-
méliorer ces derniers terrains en y plantant
un certain nombre d'arbres, tels que les chê
nes, mélèzes, robiniers, sophoras, féviers, et
quelques pins ou sapins; en ajoutant à leurs cé-
réalesla culture deprairies artificielles, com qu'on remplace par un manche lorsqu'on met
me trèfle, luzerne, sainfoin ou chicorée, et à manger aux abeilles sur le plateau ; B ou
en semant quelques pièces de terre de plantes verture dans laquelle on place le petit vase
oléagineuses , ou en garnissant les environs de fer - blanc Fig. 163.
du rucher de sarriète vivace , lavande, dont le fond est
marjolaine, romarin, réséda et thym. La garni de trous
culture du sarrasin est très-utile dans les et le dessus cou
terres dénuées d'arbres, et conséqnemnient vert d'un bou
de miellée , parce que sa floraison est tardive chon en bois.
et que celte plante a toujours des fleurs jus Ruche en bois
qu'au moment de la récolte. {fig. 163): A en
trée des abeil
Art. II. — Des ruches et des ruchers. les s'il n'y en a
Les ruches sont des paniers faits avec de pas une sur le
la paille de seigle, avec de l'osier ou des plateau.
branches d'autres essences de bois bien sou- § H.—Ruche» composées.
Eles, ou ce sont des boites de bois légers dits
ois blancs,de bois résineux (les ineilleursde On fabrique les ruches composées de paille
tous), et enfin de liège. On les fabrique, dans ou de bois. Les 1"' sont ordinairement de
certains cantons, avec des parties de tronc 2 pièces; la pièce supérieure A [fig. 164) a la
d'arbres creusés. Leurs formes et leurs di forme d'une demi-sphè
mensions varient suivant la qualité des ter re plus ou moins apla
rains. Dans les meilleurs pour la culture des tie, et est de la con
abeilles, on leur donne 2 pieds cubes. Elles tenance du quart au 5"
ne doivent contenir qu'un pied et demi dans de la ruche. On la nom
les cantons médiocres, et seulement un pied me capote OVL couvercle;
clans les mauvais. elle a dans son extrémi
té supérieure un trou
§ 1".— Des ruches simples. de 2 pouces de diamètre
dans lequel on place
On nomme ruches simples ee'îes d'nnescnh: le petit vase de fer-
pièce, sans division dans l'interieur.;Les cul blanc dont le fond est
tivateurs les faisant eux-mêmes en paille, en percé de petits trous:
vannerie ou en bois, il est inutile de les dé ce vase sert pour don
crire; on doit seulement remarquer: 1° que ner de la nourriture
plus les rouleaux de paille qu'on dispose en aux abeilles. Souvent
spirale sont serrés et réunis avec l'écorce de ce trou est rempli par un morceau de bois ar
la ronce commune, moins on laisse de vide rondi de 8 pouces, dont on se sert pour manier
entre les brins d'osier ou d'autres bois, et le couvercle, lequel dans sa partie inférieure
plus les ruches sont solides et durent long a le diamètre du corps de la ruche qui doit
temps ; 2° que lorsqu'on ne recouvre pas être le même pour toutes les ruches d'un
avec des surlouls de paille les ruches fabri établissement. Ce corps de ruche B est un cy
quées avec des planches, il est utile que le lindre couvert d'une planche mince G qu'on y
dessus soit en pente sur le derrière, qu'il attache avec du fil de fer recuit. Cette planche
déborde pour écarter l'eau de pluie, et qu'il a dans son pourtour des ouvertures DU de
ait une couche de peinture grossière ; ce der 3 ou 4 lignes sur 3 pouces de long pour le pas
nier précepte est applicable à toutes les ru sage des abeilles. On place dans le milieu du
ches en bois. On fait aussi dans le milieu de corps île la ruche deux tringles pour soutenir
la couverture un trou d'un pouce de diamè les rayons ou gâteaux. Si le plateau E sur le
tre pour y placer un pelil vasequeles abeil quel on pose la ruche n'a pas de passage
chai-. 8'. CULTURE DES ABEILLES, l(il
pour y pénétrer, on fait une coupe F de 2 1/2
pouces de long sur 5 lignes de haut au bas de Fig. 167.
la ruche. Cette ruche est nommée ruche villa
geoise, ou ruche à la Lombard si le corps de la
ruche est divisé en 2 parties.
Les ruches en bois se divisent de plusieurs
manières :
l"Sur la hauteur. C'est la ruche à hausse de
Palteau avec des modifications faites par
BlANGI, BoiSJUGAN , CuiNGHIEN , UUCARNE DE
Massac, Beville et M. Martin. Ce sont {Jig. 2 on 3 boites sans fond mises les unes der
165) 3 ou 4 tiroirs ou hausses superposées, BB , rière les autres, avec des trous à chaque boite
pour la communication.
3° Sur la largeur , c'est la ruche de Geliéu,
modifiée par Huber, Bosc. puis par moi-
même. C'est une boite {fig. 168) coupée en 2
parties égales sur la
largeur; chaque partie,
a une cloison avec de
ouvertures de commu
nication. Bosc en a re- ^
tranché les cloisons
Huber, au lieu de 2
parties, en a fait autant
qu'il a désiré de rayons de cire. Ainsi, cha
que segment représente un cadre dont le bois
a 15 lignes 1/4 de large; c'est une mesure
qu'il faut élablir pour les ruches coupées
le fond en dessus, garnis d'ouvertures sur les sur la largeur; il faut autant de fois 15 li
côlés pour le passage des abeilles et recouverts fgnes sur la -largeur,
- o t plus 4 lignes, qu'on
par une planchette de même diamètre, main y veut de rayons; on ajoute 4 lignes, parce
tenue par des barres AA fixées elles-mêmes qu'il a 9 ou 11 passa; ;s sur 8 ou 10 rayons,
en CC. On maintient ces hausses avec des cro J'ai modifié cette rue e {Kg. 169), 1- en sup-
chets ou des chevilles II, du fil de fer ou primant le fond ; Fig. 169.
même avec de la ficelle ou de l'osier. On place 2° en rétrécissant
ces attaches au même pointà toutes les haus sa partie supé
ses pour pouvoir les changer de place ou les rieure d'un tiers
mettre d une ruche à une autre ; toutes les sur la profondeur,
hausses doivent être de même dimension et en augmentant
pour toutes les ruches d'un rucher. M. Ra- sa base d'un tiers,
a fait de ces ruches en paille {fig. 166) ; ce qui double la
Fig. 166. elles sont rondes com profondeur du
me les ruches villa bas de la ruche ;
geoises, et les rou 3° en donnant à
leaux sont doublés la couverture as
aux points de jonction. sez de pente pour
On peut faire à cha l'écoulement des eaux de pluie au dehors et
que hausse, par-der de celles produites par la condensation des
rière, une ouverture vapeurs dans l'intérieur. 11 suffit à ceteffet d'é
D d'un pouce de haut lever le derrière plus queledevantde la ruche.
sur 2 ou 3 de large. On maintient l'erartement du devant et du
On la ferme avec du derrière des 2 parties de la ruche au moyen
verre qu'on recouvre d'une tringle de 6 ligues qui traverse les
d'une planchette mo- planches, et qu'on y asstijétit avec un petit
billeou volet F.M.Mar coin. On met la tringle à 4 ou 6 pouces de hau-
tin a enlevé les côtés teur.avec l'attention delà placer sous un rayon,
des hausses, et les a remplacés par 4 fortes non sous un sentier, pour qu'elle ne bouche
chevilles d'une longueur proportionnée à la pas le passage des abeilles. On cloue une
hauteur qu'il veut donner à chaque hausse. autre tringle à angle droit sur celte tringle
Ainsi, ces hausses sont entièrement ouvertes pour soutenir les rayons. On peut faire un
de 4 cotés; il recouvre le tout avec une toile trou à chaque partie de la couverture pour
forte et peinte, placée sur 4 cadres réunis y placer un vase de verre. On nomme cette
plus larges que les côtés des hausses; la cou ruche la ruche perfectionnée, pour la distin
verture est en toiture à 4 pans terminés eu guer de celle de Bosc dont je lui avais donné
pointe. Au moyen d'une ficelle placée a la primitivement le nom. On en réunit les par
partie supérieure ou pointe et d'une poulie ties comme on l'a dit pour les ruches à hausse.
placée plus haut, on peut soulever cette cou Les ruches du même rucher doivent avoir
verture et voir les abeilles et leurs travaux. les mêmes dimensions.
Les abeilles peuvent aussi prolonger leurs La fig. 170 représente la ruche à expérien
rayons en dehors des hausses. ces, divisée en 8 segmens sur la largeur; elle
2* Sur la profondeur ou longueur, c'est la est fermée sur les cotés par un châssis vitré,
ruche de Seb ain. On la compose {Ag. 167) de recouvert d'un volet si la ruche est dans un ru-
AGRICULTURE* tome J*t.— ai
163 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES ABEILLES. L1V. IY.
Kg. 170. cher couvert ; ports. On peut remplacer ceux-ci par une
si elle est en Kierre, un tronc d'arbre, ou un cône ou cy-
plein air, il ne ndre de terre cuite rempli de terre.
faut pas de vo Les ruches sont couvertes, au moins dans les
let , mais on re pays pluvieux, par un surtout on chemise, or
couvre la ru dinairement de paille de seigle dont un coupe
che d'une bot les épis, qu'on lie fortement dans la partie
te aux côtés de supérieure, et qu'on outre pour le placer sur
laquelle on pla la ruche en donnant plus d'épaisseur du côté
ce des plan d'où viennent les pluies. On peut le mainte
chettes à cou nir au moyen d'un cerceau sur lequel on le
lisse pour in fixe. Dans les pays chauds, on doit aug
specter la ru menter l'épaisseur de la couverture des ru
che sans déranger la boite. ches si on ne se sert pas de surtouls, parce
Il faut dans les ruches divisées sur la lar que le buis s'échaufianl, pourrait, s'il était
geur, diriger le premier travail des abeilles mince, aitiollir beaucoup la propolisel déta
pour n'être pas exposé à briser des rayons cher les rayons lorsqu'ils soni remplis de
lorsqu'on écarte les deux parties de la ruche. miel ou de couvain.
A cet effet, on suspend a chaque partie de
la couverture, à 2 ligues des points dejonction, $ III. — Des ruchers.
un morceau de rayon d'uu pouce de hauteur
sur 4 à 6 de. longueur ; on 1 y maintient avec 1° Ruchers en plein air.
du fil de laiton recuit. On a l'attention, en
plaçant ces morceaux, de les mettre dans leur Un rucher en plein air est un terrain sur
position naturelle, de manière que le bord
des alvéoles soit plus élevé que le fond. Les lequel on place les ruches à une petite dis
tance de l'habitation, du côtéopposéà la cour
abeilles prolongent perpendiculairement ces des volailles lesquelles mangent les abeilles
morceaux de rayon. Celle précaution n'est
nécessaire que pour les ruches entières qui qui viennent y boire ou se poser sur le fu
n'ont pas servi, car il suffit qu'un coté d'une mier. Si le de terrain est grand, on peut mettre
ruche soit plein ou même ait servi pour que beaucoup distance entre les ruches, et
garnir les intervalles d'arbrisseaux et de
la propolis employée à attacher des rayons plantes qui produisent beaucoup de nectar.
dirige le placement des nouveaux rayons à Si l'espace est petit, on plante en avant des ru
construire.
Si on désire une ruche pour les expérien ches, et on met celles-ci (Jîg. 171 et 172) sur 2
ces, on peut prendre la ruche perfectionnée, Fig. 171 et 173.
la diviser en autant de segmens qu'on veut
de rayons, maintenir la partie intérieure de
chaque segment avec une tringle, et rempla
cer les planches des côtés par des châssis vi
trés recouverts d'un volet si la ruche est dans
un rucher; si elle est en plein air, il ne faut
pas de volets, mais on recouvre la ruche
d'une boite, comme nous l'avons dit ci-des
sus.
Toutes les ruches doivent être pesées et
numérotées avant de s'en servir.
On place ces ruches sans fond sur des pla
teaux composés de planches, de plâtre coulé,
d'ardoise é|>aisse, ou de pierre. La surface doit
en être unie. Ces plateaux, de l'épaisseur d'un
à 2 pouces, ont 2 pouces de large et ô de long
de plus que les ruches. On y creuse sur le de
vant, au milieu , un passage en pente douce
de 2 1/2 pouces de large sur un pouce de
profondeur au bord du plateau, profondeur
qui se réduit à zéro dans l'intérieur de la ru
che et qui a au moins 7 à 8 lignes au point
d'entrée et de sortie des abeilles, c'est-à-dire
à 2 pouces du bord. Ces plateaux, qui sont sou
tenus par 4 pieux de bois d'autant plus longs rangs, à 5 à6 pieds de distance entre les rangs
que le terrain est plus humide, out ordi et 3 pieds entre les ruches, à l'exposition du
nairement 3 1/2 pieds. On enfonce la partie levant ou du midi, en les abritant par un
inférieure de ces supports, qui est terminée mur Q du côté du nord ou de l'ouest. On ne
en pointe, d'environ 1/2 pied en terre; ceux de laisse pousser aucune plante sous les ruches
devant le sont de 10 à 12 lignes plus que ni à 2 pieds, et si le sol est humide, on en
les autres, afin de donner un peu de pente au lève dans cette partie 6 ponces de terre qu'on
plateau pour l'écoulement des eaux. Il faut remplace par du gros sable. Quand on a uu
que le plateau déborde les supports d'un courant d'eau, on établit un bassin supérieur
pouce au moins. On fera bien de consolider O, soutenu par un talus en gazon A et un
ces plateaux au moyen de quatre chevilles qui bassin inférieur N, qui reçoit les eaux du
les traverseront et qui entreront dans las sup- bassin supérieur par 2 ou 3 filets très-minces
chap. ••. CULTURE DES ABEILLES.
16S
II, conrant sur le terrain et où les abeilles petite croisée et une porte à une de leurs ex
rte peuvent se noyer. A défaut de courant trémités, mais seulement une croisée à l'au
d'eau dans le rucher oh aux environs, on Ire. On fait sur le devant un petit passade
enfonce un ou deux baquets rez-terre. On y pour les abeilles de chaque ruche, et on y
jette 8 pouces de lerre pour y planter du met une planchette qui déborde de 3à4 po.
cresson d'eau, et on les remplit d'eau. Enfin, Il y a 2 i pi. entre chaque ruche et la même
on détruit autant que possible tous les in dislance entre le rang du bas el le rang su
sectes et les petits oiseaux dans le rucher, le périeur. L'épaisseur des ruches en boit, peut
quel doit être clos de murs, d'un treillis ou être réduite d'un tiers parce qu'elles sont à
au moins d'une forte palissade. SI la tempé couvert. Tous les ruchers doivent être à uue
rature du canton était très-bumide, il faudrait certaine dislance des lieux où l'on fait beau
placer les ruches sur des arbres, et à défaut coup de bruit, des chemins très-fréquenlés,
dans des greniers. des marécages et des établisseinens qui pro
duisent de. exhalaisons nuisibles, et même des
2° Ruchers abrités et couverts. raffineries, où les abeilles périssent par mil
liers dans les chaudières. On détruit autant
Dons les lieux où les forts coups de vent, qu'on le peut les nids de guêpes et surtout
les orages, les pluies prolongées et la grêle de frélons
sont fréquens, on établit son rucher sous a de fausses des environs des ruchers, et s'il y
des appentis longs et ouverts, ou seulement vides des morceauxteignes, on met dans 2 ruches
fermés du côté d'où viennent ces météores; attirer, les faire pondre de vieux rayons pour les
c'est ce qu'on nomme ruchers abrités{Jlg. 173); et les y détruire.
Fig. 173. Aht. m. — Mode de culture des abeilles.
$ V. —Achat et transport des abeilles.
On achète les abeilles : 1° à Vessaimage si
on adopte une ruche différente de celle du
canton, et on évite ainsi les fausses teignes ou
Sailéries {Galleria cereana. Fab.) , s'il y en a
ans le rucher où on achète. Les tm essaims,
qui peuvent peser jusqu'à 6 livres au plus et
ordinairement 4 i 5, valent le double des se
conds essaims, plus légers el venant plus
tard; le grand nombre des ouvrières, et 8 à 15
jours d'intervalle entre la sortie des essaims
secondaires produisent une différence con
sidérable pour l'approvisionnement de l'hi
ver en miel.
2° Au printemps et non à l'automne, pour
éviter les pertes qui peuvent avoir lieu jus
qu'au retour de la belle saison. A cette épo
que on connaît la valeur de l'essaim par le
poids de la ruche qui donne celui du miel
et de la cire après en avoir déduit celui de
la ruche et des abeilles. On ne peut se trom
bien dans des batimens clos de toutes per que dans l'achat des vieilles ruches.qui
, appelés ruchers couverts ^fig. 174). contiennent quelquefois du pollen ou rouget
dans beaucoup d'alvéoles.
Fig. 174. Les acquéreurs voisins du lieu d'achat les
font transporter le soir même de l'essaimage.
Après la rentrée des abeilles, on soulève
doucement et sans bruit la ruche pour la
poser sur une toile claire ou un canevas qu'on
relève tout autour et qu'on y serre avec de
la ficelle. Un seul homme peut en porter 2
ou 4 sur l'épaule, attachées à un bâton.
Mais si on a fait un achat considérable,
qu'on enlève le tout à la fois, et qu'on soit à
quelques lieues, on garnit bien de paille une
voiture, et on pose dessus de fortes gaules qui
laissent de l'air entre la paille et les ruches.
A l'arrivée on met de suite les ruches à leur
place, et une demi-heure après on tire la ser
pillière; et si ce sont des essaims nouveaux,
on la remplace par une assiette contenant
une demi-livre de miel couvert d'une toile
très-claire ou d'un papier épais auquel on
fait des coupures étroites et alongees, ou
Leur longueur ou leur dimension est relative même de brins de paille croisés. Le trans
au nombre des ruches dont on fait 2 rangs port n'a lieu que la nuit.
l'un sur l'autre. Ce* ruchers fermés ont une
164 ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES. uv, IV-
leurs vers, s'il survient, dans cette saison, un
§ II. — Soins généraux à donner aux abeilles.' vent très-sec qui enlève le nectar à mesure
que les fleurs en produisent, ou un temps
Visiter souvent les abe*i)les pour qu'elles pluvieux qui délaie cette substance; qu'elles
connaissent les apiculteurs, le faire sans fourniront plus tôt des essaims et produiront
bruit, parler bas, point de mouvemens brus une récolte plus abondante de miel. En effet,
ques; se baisser si une abeille annonce par plus les abeilles sont dans l'abondance à l'en
un bourdonnement particulier et par son trée du printemps, plus le renouvellement,
vol devant l'apiculteur l'intention de l'atta d'une ponte considérable a lieu; plus les
quer, et ne se relever que lorsqu'elle s'est abeilles multiplient, plus elles recueillent de
retirée ; ne soulever ni ouvrir les ruches que miel et peuvent en déposer dans les maga
lorsque les soins l'exigent, et toujours dou sins, puisque s'il faut la récolte journalière
cement ; détruire dans ces visites les arai de 10a 15,000 ouvrières pour la consommation
gnées, les limaces, ainsi que les fausses tei de l'essaim, c'est-à-dire pour la nourriture
gnes qu'on trouve entre le surtout et la des vers et des abeilles, et qu'il y ait 30,000 ou
ruche ; brûler les guêpiers et les fourmilières vrières dans une ruche, la moitié de leur ré
avec le feu ou l'eau bouillante; enfin, faire colte peut être économisée, pendant qu'un
la chasse à la famille des rats et aux oiseaux. essaim qui n'a que 10 à 15,000 ouvrières ne
§ III. - Vêtement des apiculteurs. peut pas faire une réserve en miel s'il a un
fort couvain à nourrir, et est exposé à la
Les abeilles sont en général assez douces disette s'il survient un mauvais temps.
el n'attaquent que ce qu'elles considèrent Si les ruches contiennent moins de 12 livres
comme nuisible. de miel au moment de la visite, et que le
On s'oppose aux piqûres des abeilles en se temps ne soit pas froid, on leur donne le
couvrant.- 1° d'un pantalon à pied ou d'une soir, comme ou l'a dit plus haut, des sirops
ftaire de guêtres pour recouvrir le soulier et faits avec des fruits sucrés et préparés d'a
e bas du pantalon ; 2° d'un gilet qui ferme vance, ou du miel commun jusqu à la con
bien ; 3° de gants épais, assez longs pour être currence d'une livre qu'elles ramassent pen
liés sur la manche; 4° d'un camail de coutil dant la nuit. On continue jusqu'à leur com
ou de toile cirée qui enveloppe la tête et le plet approvisionnement. Si la température
cou el qu'on serre dans le bas pour que les est froide la nuit, on doiuie le sirop ou le
abeilles ne puissent pas piquer ces parties. miel un peu tiède, le malin, après y avoir
On fait devant la figure, pour pouvoir respi mêlé un peu de vin ou du cidre, et pendant
rer, une ouverture suffisante pour y mettre au'on lechauffeon saupoudre le plateau avec
un masque bombé, composé avec de la toile u sel de cuisine; mais en donnant la nour
fine de laiton, dont les mailles permettent riture le matin, il faut pousser la ruche en
de voir et empêchent les abeilles de passer. arrière pour réduire la hauteur de l'entrée
A défaut de camail, les dames peuvent em et empêcher que les ouvrières des ruches voi
ployer la gaze blanche, en l'écartant un peu sines ne viennent s'emparer d'une partie du
de la figure. Ainsi vêtu, on opère tranquille miel.
ment et sans crainte détre piqué par les Si on avait trop retardé cette opération ,
abeilles ou de les tuer. etque le froid et l'humidité eussent augmenté,
Comme on ne prend pas ces précautions on donne alors aux abeilles des ray ons rem
dans les visites de simple inspection, on doit plis de miel dont on enlève les couvercles
avoir sur soi un flacon A'alcali volatil. Dès avec une lame mince. On les pose à plat sur
qu'on est piqué, on s'empresse d'arracher le plateau qu'on a préalablement saupou
1 aiguillon de la plaie et d'y verser une goutte dré de sel.
de ce liquide. Les autres alcalis peuvent au Si on se servait de la ruche perfectionnée,
besoin le remplacer, même la chaux vive, et ou autres divisées sur la largeur, et qu'on eut
à défaut un peu d'huile ou de miel. On des essaims fortement approvisionnes et d'au
presse et on suce la plaie, si on le peut, avant tres qui ne le fussent pas assez, on cherche
de rien mettre dessus. à égaliser leurs vivres. On donne à l'essaim
mal approvisionné la moitié de la ruche qui
§ IV. — Soins à donner aux abeilles à l'entrée a beaucoup de miel , et on remplace cette
de la mauvaise saison. voitié par celle de l'autre ruche. Mais pour
réussir on prend les précautions suivan
Dès qu'il n'y a plus de fleurs, de feuilles et tes : Après s'être vêtu pour se garantir des
de fruits poui fournir de la nourriture aux piqûres, on enlève le surtout de la forte
abeilles, on doit peser toutes les ruches. On ruche, et on défait les crochets qui réunis
défalque de leur poids, celui de la ruche, plus sent ses 2 parties. On frappe 2 ou 3 coups con
5 livres pour les abeilles et 2 livres pour la tre le côte de la ruche qu'on veut laisser en
cire. Le surplus doit être du miel dont il faut place pour y attirer la reine. Des abeilles
12 à 15 livres par essaim fort ou faible, fait veulent-elles sortir, on les en empêche au
étonnant, mais constaté par l'expérience. Ce moven de vieille toile ou serpillière roulée
poids est une moyenne proportionnelle, car au bout d'un petit bâton , et dont on met à
plus l'hiver est doux, plus les abeilles con l'entrée de la ruche, l'extrémité à laquelleon
somment de miel. a mis le feu, mais sans flamme. C'est ce qu'on
On ne prend pas de miel aux essaims qui nomme fumeron. La fumée qu'on souffle
n'ont que 20 à 25 livres, parce que les abeil dans l'entrée s'oppose à la sortie des abeil
les aussi bien approvisionnées seront plus les et les détermine à environner la reine.
actives au printemps , qu'elles seront moins Ellesy font un bourdonnement qu'on nomme
exposées a manquer de vivres pour elles et bruissement. Alors on soulève la moitié de la
CHAP. 8'. CULTURE DES ABEILLES. 165
ruche qu'on veut emporter. On passe dessous soulève les surtouts pour tuer celles qui s'y
le fumeron qu'on secoue pour produire plus de cachent pendant le jour; et si on aperçoit des
fumée afin d'en chasser les abeilles qui y res ruches dont les abeilles font peu de meuve-
tent. Ensuite on enlève cette moitié pour la mens, on les lève un peu par-derrière pour
remplacer par une moitié vide dont on s'est vérifier s'il n'y a pas des crottes de fausses
muni. On la rapproche d'abord par le der teignes sur le plateau, ou de leurs fils entre
rière en poussant sur les joints de la fumée croisés entre les rayons. Dans ce cas, après
pour écarter les abeilles et ne pas en écraser. avoir mis les abeilles en état de bruissement,
On apporte la moitié pleine auprès de la on enlève les rayons des côtés ou partie de
ruche faible à laquelle on l'adapte par le ces rayons qui sont attaqués par ces insectes ;
même procédé. Ensuite on revient à la ruche on nettoie le plateau et on remet la ruche en
forte à laquelle on retire prompteinent la place. Si les dégâts étaient considérables, il
moitié vide pour la remplacer par celle de vaudrait mieux transvaser les abeilles et leur
la ruche faible. On fournil facilementdumiel donner le soir du miel pour commencer des
aux ruchesvillageoises et aux ruchesà hausses rayons dans leur nouvelle ruche. On nettoie
en échangeant leur couvercle ou hausse supé tout de suite l'ancienne, et on y passe le feu,
rieure, s'ils sont vides, contre un couvercle ou et après avoir extrait le miel, on fait tout de
une hausse qui contient du miel et qu'on a suite fondre les rayons pour détruire les œufs
conservé à cet effet. et les vers des fausses teignes* ainsi que les
Bientôt le froid augmente d'intensité et rayons mis dans des ruches vides pour attirer
annonce la gelée, la neige et le givre. Alors celte vermine, ruches qu'on visite en même
il est utile de tourner l'entrée des ruches au temps que les autres. S'il y avait du couvain
nord-est pour empêcher les abeilles de sortir, on le rendrait aux abeilles, soit en le suspen
ou de les transporter dans un lieu obscur et dant, soit en posant les rayons verticalement
sec qui ait une ouverture du côté des vents sur deux petites fourches de bois fendues dans
secs. C'est le temps de surveiller les souris, le haut ou de fil de fer dont l'extrémité infé
les rats, les pic-verts, les mésanges, surtout rieure est enfoncéedans un morceau de plan
lorsque les ruches sont de paille ou d'osier, che de-l à 5 pouces de long sur 2 1/2 pouces de
parce que les abeilles engourdies sont sans large pour y poser au besoin 2 morceaux de
défense. rayons. Le tout préparé est placé sur le pla
La méthode employée ci-dessus pour tra teau dans la direction des rayons.
vailler sans danger une ruche et qu'on nomme Mais s'il survient dans cette saison des
état de bruissement, est toujours celle qu'il pluies qui durent plus de 8 jours, qui empê
faut suivre quand on veut se rendre maître chent les abeilles de sortir, ou des veuts
des abeilles. secs qui enlèvent le nectar à mesure de sa
production, et forcent les ouvrières, qui
§ V.—Opérations au commencement du printemps. ne trouvent que du pollen à consommer
le miel en provision, il faut redoubler de
Dès que la saison se radoucit, que les sau vigilance, s'assurer s'il reste du miel dans
les, marsaults, coudriers fleurissent, et que les ruches, ou si les ouvrières en man
lesabeilles ranimées commencent leurs mon- quent, ne pas leur épargner le sirop ou le
veraens, on visite de nouveau les ruches pour miel, car la consommation en est considé
nettoyer les plateaux et y répandre un peu rable k cette époque pour le couvain. Si on
de sel, couper 2 ou 3 pouces du bas des négligeait de le faire, on serait exposé à per
rayons, pour peu qu'il y ait de la moisissure, dre une partie de ses essaims, les uns parce
enfumer les ruches pour en renouveler l'air, que la famine les détruirait, les autres parce
et enfin couper 1 ou 2 rayons des côtés s'ils que le couvain qui aurait péri entrerait en
sont vides , et qu'où y soupçonne des œufs ou fiutréfaction et occasionerait non seulement
larves de fausse teigne. Ensuite on remet cha a mort des ouvrières de la ruche, mais pour
que ruche dans sa position ordinaire après rait encore entraîner la destruction du ru
s être assuré de son approvisionnement. cher en y développant une maladie épidémi-
Aux premiers beauxjours, on place devant que. Il ne sortirait pas des ruches des essaims
les ruches des assiettes remplies d'un sirop précoces qui sont la richesse de l'apiculteur,
tiède qui contient un peu de liqueur fermen- et on trouverait dans beaucoup d'alvéoles des
tée, comme du vin, etc. , pour les préserver, ruches conservées du pollen découvert qui
conjointement avec le sel, de la diarrhée qui durcit, dont les abeilles ne peuvent faire
peut les attaquer dans cette saison, surtout usage, et qui par son poids trompe sur la
si le temps ou la température du canton est quantité de miel contenu dans les ruches. Le
humide. C'est principalement dans ces can sirop et le miel qu'on leur donne jusqu'au
tons que la fausse teigne multiplie le plus et retour de la saison favorable ne sont qu'une
que l'abeille est moins active. On place en avance que les abeilles rendront plus tard
conséquence 2 ruches vides sur le plateau avec un grand bénéfice. Dès que le temps
desquelles on met des débris de vieux rayons change, on enlève les ruches mortes, on tire
de cire pour attirer et détruire ces parasites. des ruches conservées le couvain qui a péri,
C'est aussi le meilleur moment pour faire la et on en extrait, s'il est possible, la cire. Dans
chasse aux guêpes et frelons avec des filets le cas contraire, on enterre le tout pour em
dits échiquiers. pêcher les ouvrières d'en approcher.
La saison est-elle favorable aux abeilles, Les amateurs des ruches villageoises dont
on les visite 1 ou 2 fois par semaine pour les corps ont 3 ans, profitent du moment de
s'assurer à la simple vue s'il y a de l'activité la grande abondance du nectar pour les re
dans les travaux. Seulement, dans les cantons nouveler. A cet effet ils tirent le couvercle et
où les fausses teignes sont communes, on le remplacent par une planchette; ils sou IN
166 ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES.
vent le corps de la ruche pour placer dessous Lorsqu'une grande partie des ouvrières est
un autre corps; ils garnissent les points de réunie, si elles sont à terre, on pote une ru
contact des 2 corps avec du pourget (mé che dessus, en la soulevant d'un roté de deux
lange de chaux, de bouse de vache, d'argile pouces pour l'entrée des abfilles, et on in
et d'un peu d'eau), et s'il y a une entrée au tercepte les rayons solaires qui donnent sur
corps supérieur, ils la bouchent. Ils peuvent la ruch». On accélère l'entrée des ouvrière*
également faire cette opération sur quelques avec de la fumée ou le plumasseau, et dès
ruches avant le commencement de la ponte, qu'on voit des abeille» se placer à l'entrée de
lorsqu'ils désirent augmenter la récolte et la ruche et y battre de» ailes pour rappeler
diminuer la production des essaims. Dans ce celles qui sont dehors, on les laisse
dernier cas ils laissent le couvercle. ouille» jusqu'à ce que le calme soit
dans l'es»aim.
§ VI Essaimage. Si les abeilles se groupent contre une bran
che qu'on puisse secouer, on place la ruche,
I. Essaims naturels, l'ouverture en haut, le plus près possible de
j l'essjkim, et on donne à la branche une ou
Pendant la saison dont nous venons de par deux secousses promptes pour en détacher
ler, la multiplication des abeilles est consi l'essaim qui tombe dans la ruche. S'il reste
dérable; aussi un bruit sourd se fait-il enten encore beaucoup île mouche» contre la bran
dre, et il augmente chaque jour d'intensité. che, pn le» fait tomber avec le plumasseau.
Bientôt ou voit sortir de quelques ruches, de On pose ensuite la ruche auprès de l'arbre
1 1 heures à 8 heures, des mâles ou faux bour sur un plateau, uu paillasson ou une toile, en
dons; c'est un indice que la mère a pondu la retourpanl bien doucement, ce uni n'em
depuis 8 à 10 jours dans les alvéoles de reine, pêche pas la plupart de» abeilles de rouler
et qu'il sortira avant peu un etsaim. On dis- et de sortir de la ruche, dont elles ont bien
Êose en conséquence des ruches qu'on nettoie tôt couvert les paroi» extérieure». On agit
ien et qu'on parfume eu les frottant avec des comme ci-dessus pour les faire renl rer,mai» si
plantes aromatiques ou avec l'extrémité de la mère est retournée »ux la branche, bientôt
tiges fleuries. On prépare également un sac de» ouvrières y retournent et y forment un
dans lequel on fixe deux cerceaux pour en groupe autour d'elle. On les ramasse comme
écarter les parois, et placés assez loin de l'ou auparavant, mais dan» le couvercle, dont on
verture pour qu'on puisse le fermer à vo fait tomber les abeille», spit dans la ruche
lonté; 2 grands balais ou une petite pompe qu ou a retournée, soit sur le plateau après
à main comme celle des jardiniers, un setui avoir seulement penché la ruche en arriére.
plein d'eau, 1 fumeron ou 2, une ou 2 lon Dès que des ouvrières sonnent le rappel, l'o
gues perches terminées par un crochet à pération est terminée, et on se contente de
l'extrémité supérieure, un plumasseau et à taira de la fumée sou» la branche pour chas
défaut une petite branche à feuilles Roupie», ser les ouvrières qui y reviennent, et si elles
une branche d'un pied et demi dont la léte, s'obstinent à y revenir, on frotte la branche
de 6 à 10 pouces de long, est taillée en avec de |a chélidoine, de la camomille puante
boule alongée, on plateau, un couvercle 4e ou de l'éclair, dont l'odeur les chasse.
ruche, un ou 2 paillassons de jardinier ou un Lorsque la branche est trop grosse pour
ou 2 grands tordions, un camail et du sable être secouée, on oblige les abeilles è se bien
fin, enfin un peu de miel pour eu délayer réunir, soit avec la fumée ou avec le plumas
au besoin avec de l'eau. seau, et en passant les barbes d'une forte plu
Tout cet attirail disposé, on place quel me entre l'essaim et la branche, on les fait tom
ques-unes des ruches sur des plateaux, ou ou ber dan» la ruche. Quand l'essaim s'esl placé
les suspend à des arbres autour du rucher- entre deux ou trois branches et qu'on peut
On peut même en mettre dans les places des poser dessus la ruche qu'on a aspergée d'eau
ruchers qui sont vides. Alors il ne reste plus miellée, on y fait entrer l'essaim; mais si on
qu'à faire une garde exacte pour épier la ne peut l'aire iisape de la ruche, ce qui a lieu
sortie des essaims qui peut avoir lieu de surtout lorsque l'essaim s'est niché dans un
puis 10 heures du malin jusqu'à 3 heures du trou d'arbre ou de mur, alors, après avoir
soir dans les temps ordinaires, mais qui peut trempé l'extrémité ou branchage de la
commencer depuis 9 heures jusqu'à 4 par de grande branche dans l'eau miellée, on la
fortes chaleurs. pose sur le trou, on l'y enfonce et on la
On laisse l'essaim sortir tranquillement et tourne bien doucement, et quand une grande
se balancer dans l'air; c« n'est que lorsqu'il partie des abeilles s'y est attachée, ou les se
prend une direction contraire à celle qu'on coue dans la ruche.
désire, qu'on s'empresse de lui lancer du Les essaims, et principalement les essaims
sable et de l'eau et qu'on fait beaucoup de secondaires, s'écartent quelquefois du ru
bruit, non seulement pour empêcher les ou cher. Le sac est alors plus commode pour les
vrières d'entendre et de suivre leurs conduc rapporter, parce qu'après les y avoir fait
teurs, mais encore pour prévenir les voisins entrer on le ferme pour rapporter l'essaim,
qu'il est sorti un essaim. Le bruit, l'eau, le et si on a été obligé d'employer la branche
sable sont un orage pour l'essaim qui s'arrête miellée pour le recueillir, on la place dans
et se place, soit contre une branche d'arbre, le sac dans lequel on la suspend, avec l'atten
soit contre un mur, et quelquefois se pose à tion, en nouant celui-ci pour le fermer, d'en
terre. On garantit les abeilles des rayons du laisser sortir quelques pouces.
soleil, s'il est possible, pendant quelles se Si les abeilles qui sont placées sur une
groupent en formant une boule ou unegrappe branche la quittent pour retourner à la ruche-
de raisiq. mère, ou si, entrées dans la ruche, elles n'y
CHAP. 8'. CULTURE DES ABEILLES. 167
sonnent pas as le rappel et en sortent peu-à- le nouvel essaim, et on la replacerait sur le
peu, c'est U preuve que la reine n'est point plateau qu'on aurait garni d une demi-livre
avec l'essaim; dans ce cas, ellc6 ressortiront de miel.
de la ruche-mère le lendemain ou lesurleude- Ces opérations sont utiles dans les cantons
main. Mais, lorsque l'essaim n'abandonne la très- favorables aux abeilles, parce qu'on
ruche qu'un jour ou deux après leur entrée, peut sans danger en laisser sortir 2 essaims,
c'est qu'elle ne leurconvient pas ; i I est indis surtoutsion trouve à en vendre; mais, dans
pensable de les mettre dans une autre, et de les arrondssemens médiocres il ne faut
flamber et frotter la première avant de l'em permettre que la sortie d'un essaim, parce
ployer de nouveau. Quoique les essaims sortis que la ruche-mère, trop affaiblie en ouvriè
soient ordinairement fort doux, la prudence res, ne peut s'approvisionner d'autant de
exige qu'on prenne des gants et qu on mette miel ni se défendre aussi bien contre sesen-
son cainail. On porte l'essaim à la place qu'on uemis. Or,c'est une règle certaine que 12 ru
lui destine, aussitôt que l'ordre est établi ches jortes donnent plus de profit que 24
dans la ruche et qu'on ne voit plus que quel médiocres. Ainsi, dans les cantons médio
ques ouvrières rôder autour. cres, il faut faire rentrer dans la ruche-
Quelquefois 2 essaims sortent à la fois et mère les essaims secondaires le soir même
il sur la inèine branche. S'ils sont de leursorlie.
I les oblige à se rapprocher et à se
; pour n'en former qu'un bon ; mais 11. Essaims forcés, artificiels et par sépara
s'ils sont forts, on emploie le fumerou et le tion.
plumasscau pour les écarter et (es faire
tomber au même instant dans 2 ruches qu'on, On vient de voir toutes les peines qu'il
pose à terre, en plaçant plus près de l'arbre faut se donner pour ramasser les essaims;
celle dans laquelle il y a moins d'abeilles. mais, comme dans un grand rucher il peut
Deux essaims se mêlent quelquefois dans en sortir plusieurs à la fois, que d'une autre
l'air ou sur l'endroit qu'il ont choisi, et ne part la saison peut retarder la sortie et don
forment qu'un groupe. On les fait tomber ner le temps à la reine-mère de tuer toutes
dans une ruche pour les verser ensuite sur les jeunes reines, ce qui pourrait empêcher
un paillasson ou un linge étendu à terre, et l'essaimage pendant un mois et plus, et con-
aux extrémités duquel on a mis 2 ruches, y séquemiweut ne procurer que des essaims
compris celle dont on a chassé les abeilles. plus à charge qu'utiles , ou a pris le parti de
On sépare le las d'abeilles en 2 parties pour prévenir ces inconvépiens en les faisant soi-
les diriger vers les ruches soulevées d'un même dès qu'on s'aperçoit, par la sortie des
pouce du côté du linge et les y faire entrer; mâles et par le bruit qu'on fait dans les ru
et si le rappel sonne aux 2 ruches, l'opéra ches, que l'époque de l'essaimage est arrivée.
tion a réussi. S'il n'avait lieu qu'à une ruche, On y parvient de plusieurs manières :
c'est que les deux reines y seraient entrées, l°En forçant tes abeilles d'abandonnerleur
et tout serait à recamMiencer, à moins qu'on ruche. Pour y parvenir, on a un tabouret de
n'eut à sa disposition une jeune reine qu'on la hauteur d'une chaise, recouvert d'une
donnerait à l'autre ruche, ou un granu al planche au milieu de laquelle on a fait un
véole contenant nue nymphe qu'on y place trou assez grand pour v faire entrer la partie
rait. Si, en séparant les 2 essaims, on aper supérieure d'une ruche d'une seule pièce,
çoit une des reines, on la prend avec facilité qu'on y place, l'ouverture en ha ut, après avoir
parce qu'elle ne se sert de son aiguillon mis les abeilhs en étal de bruissement. On
qu'autant qu'on lui fait mal, et on la met en met une vide à sa place pour amuser les
sous un gobelet pour la donner à une (les ru ouvrières qui reviennent des champs. On
ches, dès qu'on sonnera le rappel à l'autre. couvre la ruche en expérience par la ruche
J'ai dit que lorsque 2 Jaibles essaims sor préparée et destinée pour l'essaim, on la
tent et se rapprochent, il faut les réunir ; maintient aux points de jonction par une
mais si on les ramasse dans 2 ruches, on ligature , assez large pour couvrir le bord
pose l'une sur son plateau et l'autre à terre des 2 ruches et même les entrées laites dans
auprès. Le soir, on retourne cette ruche, on leur parois. 3 ou 4 minutes après, on frappe
pose l'antre dessus, et d'un fort coup on dé avec des baguettes la ruche pleine, en com
tache l'essaim de la ruche supérieure; on met mençant par sa pointe, pour remonter très-
celle-ci de côté pour preudre l'autre et la lenleuicnt jusqu'à la ruche vide, et on con
placer sur le plateau ou un a niisunc assiette tinue jusqu'à ce qu'on entende un fort
qui contient line demi-livre de miel; on la bourdonnement dans cette dernière ruche.
retourne bien doucement ep la posant. Le Alors, pendant qu'on continue les coups,
lendemain ou vérifie s'il y a une reiue morte une personne défait la ligature et lève dou
au pied de la ruche; s'il n'y en a pas, on cement la ruche vide et seulement assez
lève la ruche par-derrière pour examiner s'jl pour voir de quel côté les abeilles moment.
s'est formé 2 groupes, ce qui obligerait à re Ou soulève alors cette ruche du côlé opposé
commencer le soir l'opération, parce que 2 pour s'assurer s'il y a assez d'abeilles pour
essaims travaillant séparément dans une ru former un bon essaim, et lorsqu'il y en a
che dont les dimensions sont pour nu seul suflisamment, on enlève cette ruche pour la
essaim, donnent eu général de mauvais ré mettre en place, après avoir posé une demi-
sultats. Si on voulait réunir 2 essaims sortis livre ou mieux une livre de miel sur le pla
à 3 ou 4 jours d'intervalle, on mettrait le teau. On diminue l'entrée de la ruche, ou
plus ancien en état de bruissement; on as même on la ferme pendant un quart-d'heure.
pergerait la ruch*; avec de l'eau miellée après On donne du miel, parce que, prises à {'im
l'avoir retournée; ensuite on y ferait tomber proviste, les abeilles ne se sont pas gorgées,
168 A.RTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES. Lrv. iv.
au lieu que les essaims naturels s'approvi sent sortir les essaims à n'en avoir qu'un
sionnent pour 3 jours. petit nombre, quoique leurs ruches soient
Si la reine y est montée avec les ouvrières, trop garnies d'abeilles, et qu'une partie soit
dès que ces dernières sont libres il en sort forcée de passer la nuit sous le plateau où
plusieurs; mais, bientôt , d'autres abeilles elles se forment en groupe. Alors ils peuvent
sonnent le rappel, et les premières rentrent. former des essaims de la manière suivante.
Dans le cas contraire, il n'y a point de rap Us prennent une ruche bien préparée qu'ils
pel, l'opération est manqueeet à recommen emmiellent un peu ; s'ils ont de jeunes reines,
cer, et les ouvrières sortent peu-à-peu pour ilsen prennent une dontilsemmiellent les ai
retourner à la ruche-mère, ce qu'elles Tout, à les pour l'empêcher de voler. Ensuite, après
moins qu'on n'ait une jeune reine, dont on a avoir retourué la ruche, ils passent une
miellé les ailes, à leur donner, et après l'en plume entre le plateau et un groupe d'abeilles
trée de laquelle on ferme la ruche pendant pour déiacher ce dernier et le faire tomber
un quart d heure. dans la ruche, puis ils en font autant à d'au
Quant à la ruche-mère qu'on a tout de suite tres groupes, le tout très-promptement, jus
remise en place, les ouvrières qui reviennent qu'à ce qu'ils trouvent l'essaim assez fort.
des champs y entrent, et si la mère y est' res Alors ils le mettent tout de suite en place avec
tée, l'ordre s établit tout de suite ; mais si elle une livre de miel; ou bien, s'ils ont une ruche
est avec l'essaim, beaucoup d'ouvrières sor très-forte en abeilles qui n'essaime pas, a près
tent, volent autour jusqu'à ce que la vue des avoir disposé une ruche comme ci-dessus, on
nymphes de reine ou, à leur défaut, d'oeufs ou la met de onze heures à midi à la place de
de vers d'ouvrières de moins de 3 jours, dé la ruche qu'on emporte dans la partie la plus
terminent lesabeillesquisont dans l'intérieur éloignée du rucher. Les abeilles qui revien
à battre le rappel pour rétablir l'ordre, ce nent chargées de provisions, après être en
qui fait connaître que l'opération a réussi. trées et sorties de la ruche, se décident à y
2° Si on veut agir sur les ruches villageoises rester à la vue du couvain ou de la reine
ou à hausse , on les met dans leur position qu'elles nettoient, et elles sonnent le rap
naturelle sur le tabouret; mais cet instru pel. Alors l'essaim est formé.
ment doit alors avoir son ouverture fermée Quelquefois, un essaim sort sans avoir
avec un morceau de toile de fil de laitou. On trouvé un lieu pour se fixer, et il s'abat dans
garnit ses côtés avec de la serpillière qu'on le rucher pour se réunir à un autre essaim.
y cloue tout autour, excepté sur le devant, Si ce dernier est faible et de l'année, on l'y
où la toile n'est attachée que dans le haut laisse entrer; mais si cet essaim est fort et
pour qu'on puisse mettre sous le tabouret de l'année précédente, on s'oppose à la réu
un fumeron ou un réchaud contenant des nion, parce que, dans le 1" cas, les 2 essaims
charbons en feu, sur lequel on a jeté des pourraient en donner un qui sortirait trop
débris de toile ou de la bouse de vache des tard pour réussir, et que cependant on n'em
séchée. On tire le couvercle à la ruche vil pêcherait pas toujours sa sortie en augmen
lageoise ou la hausse supérieure de la ruche tant les dimensions de la ruche ; dans le 2* cas,
à hausse. On place sur la 1" le corps d'une il y aurait un combat entre le nouvel essaim
ruche vide qu on recouvre du couvercle de et l'ancien -qui ferait périr beaucoup d'abeil
la ruche- mère, si cette dernière contient les, et la destruction pourrait être Ires-grande
beaucoup de miel. On en fait autant à la ru si les abeil les des ruches voisines se joignaient
che à hausse; on met alors le fumeron ou le aux combattans. Pour prévenir cette perte,
réchaud sous le tabouret. Les coups de ba on diminue beaucoup l'entrée de la ruche
guette, joints à la fumée, réduisent à moitié, attaquée, on y répand de la fumée, et on pré
au moins, le temps nécessaire pour faire sente au nouvel essaim une ruche bien pré
monter l'essaim. Ensuite on agit cou. me ci- parée et emmiellée dans laquelle il finit par
dessus, sauf le miel qu'on ne donne pas à l'es entrtr:
saim, à moins qu'on ne soit forcé de rendre
le soir le couvercle ou la hausse aux ruches- ni. Essaims secondaires.
mères, si elles n'en ont pas d'autres. On lait
ces essaims depuis 9 heures du malin jus On ne doit faire ou laisser sortir un second
qu'à 3 heures du soir. essaim d'une ruche, que lorsque le canton
3° Quant à ceux qu'on forme par sépa leur est très-favorable et qu'on en a besoin
ration avec les ruches qu'on divise sur pour soi ou pour la vente. S'il en sort un, il
la largeur, il faut, la veille, les ouvrir pour faut le ramasser, et, à la nuit tombante, le
s'assurer de quel côté sont les alvéoles jeter devant la ruche où les ouvrières ren
de reine. On rapproche les 2 parties sans trent. Ensuite, on met les abeilles en état de
les attacher, et le lendemain, depuis la bruissement, et on lesy tient quelque temps,
pointe du jour jusqu'à la nuit, après avoir si la forme_ de la ruche ne permet pas de
attiré par quelques coups la reine du côté voir les alvéoles de reine et de les enlever.
qu'on veut emporter, et avoir mis les abeilles Les jeunes reines développées profitent du
en état de bruissement, on sépare les 2 par moment pour s'échapper de leurs alvéoles ;
ties de la ruche, on applique à chacune une elles s'attaquent jusqu'à ce qu'il n'en reste
partie vide. On apporte celle qui contient la qu'une de libre dans la ruche, et on trouve
mère de l'autre côté du rucher et on laisse les autres le lendemain matin au pied de la
l'autre en place. Les 2 ruches, ayant moitié ruche. On enlève en outre un ou 2 rayons de
du couvain et des provisions, n'ont besoin de chaque côté, qu'ils soient vides ou pleins de
rien. miel, et on coupe l'extrémité inférieure des
4° Les mauvais tempsow. d'autres causes ex autres rayons. La destruction des jeunes
posent quelquefois les apiculteurs qui lais - reines et le vide produit dans la ruche em
CHAP. 8*. CULTURE DES ABEILLES. 169
pèchent ordinairement les seconds essaims a encore des mâles, on peut sauver cette
de se former. Aussi doit-on, pour en préve ruche. Pour y parvenir on l'emporte à une
nir la sortie, faire ces opérations, 4 à 5 jours certaine distance ; on lui donne la jeune reine
après le départ du 1" essaim; mais on doit ou le morceau de rayon , et on bouche l'en
les retarder de 16 à 20 jours dans les ru trée pendant une heure, ainsi que celle de
ches perfectionnées auxquelles on a pris une l'autre ruche. Après ce temps on remet la
moitié pleine pour la remplacer par une 1" en place. Au cas qu'on ne puisse pas lui
vide. Au surplus, l'augmentation du bruit in fournir une reine ou du couvain, ou bien
dique dans toutes les ruches l'intention des qu'il n'y ait plus de mâles, on tient la ruche
abeilles d'essaimer. Quand on a tiré des fermée jusqu'au soir, avec une toile claire
rayons des ruches perfectionnées, on ne qui en recouvre la partie inférieure, et on la
manque jamais de changer leurs cotés de remet sur son plateau élevée de 1 à 2 pouces.
place pour que le vide fait par l'enlèvement La nuit, on met les abeilles du faible essaim
des rayons des côtés soitau centre des ruches, en étal de bruissement, on détourne ensuite
parce que les ouvrières s'occupent tout de la ruche pour poser dessus l'autre ruche sans
suite d'y construire des rayons pour le rem la toile, et on force les abeilles à monter. Si
plir, ce qu'elles ne font pas toujours dans les c'est une ruche perfectionnée, on oblige les
vides des autres parties des ruches. abeilles d'une ruche à repasser du côte gau
che et celles de l'autre du côté droit, et on
§ VII.—Soins à donner aux abeilles l'été réunit ces deux parties qu'on enfume et qu'on
et combats entre elles. remet sur le plateau avec une livre de miel.
Si on n'a aucune de ces ressources et qu'on
Les soins à donner aux abeilles ne consis veuille profiter du miel , on étouffe les abeil
tent qu'en une simple visite pour s'assurer les et on emporte la ruche.
si elles sont également en activité dans toutes Mais si la ruche sans reine ne contient pas
les ruches. S'il y a peu de mouvement dans de provisions, et qu'où n'ait pas d'essaim fai
une ruche, c'est que les provisions sont ble, on ferme la ruche où les ouvrières veu
complètes : alors on leur prend quelques lent entrer, et on leur donne un peu de miel
rayons de miel, ce qui les oblige au travail pour les faire rentrer dans la leur et les réu
po'ur remplacer ce qu'on leur a enlevé ; ou nir ensuite à un autre essaim.
bien ce sont les fausses teignes qui y com Quelquefois le nectaret la miellée viennent
mettent leurs ravages, ce qu'on reconnaît à manquer daus le canton, ce qu'on recon
facilement à leur odeur infecte et à leurs naît facilement au peu de mouvement qui a
excrémens qui couvrent le plateau. On s'em lieu dans le rucher. On visite les ruches et on
presse de les détruire. donne des provisions aux essaims qui en man
Quelquefois, les abeilles redoublent d'acti quent, si on désire les conserver ; dans le cas
vité parce qu'elles trouvent beaucoup de contraire, on les étouffe. Mais si l'essaim qui
nectar et de pollen, le bruit augmente dans n'a pas de vivres attaque une autre ruche, il faut
les ruches: cest l'indice d'un nouvel essai tout de suite fermer l'entrée de la ruche atta
mage. Dans ce cas, on s'oppose à la sortie quée, jeter de la fumée devant, et donner un
des essaims par les moyens indiqués, et on peu de miel aux assaillantes dans leur ruche
coupe le bas des rayons qui contient du cou pour les y faire rentrer, ensuite leur en mettre
vain de mâle , parce que ces essaims tardifs de nouveau à la nuit si on veut les conserver,
épuisent la mère -ruche, réussissent rare ou les étouffer tout de suite. A cet effet on a
ment, et obligent à leur donner de la nour fait fondre d'avance du soufre, où on a plongé
riture pour fhiver. On surveille les abeilles, À 2 ou 3 reprises des cartes ou de petits mor
et si un essaim partait malgré les précau ceaux de toile; on met le feu au bout soufré
tions prises, on le ferait rentrer le soir qu'on enfonce dans la ruche par l'entrée
même, attendu qu'un essaim sorti d'une qu'on bouche aussitôt.
ruche n'y est plus admis passé le 3" jour, et
3u'il y a un combat, ce qui a également heu § VIII. — Voyage des abeilles pendant l'été.
ans les 2 circonstances suivantes.
Une reine meurt-elle sans que les ouvriè On transporte les abeilles d'un lieu dans
res puissent s'en procurer une autre, si elles un autre, lorsque les ouvrières ne trouvent
n'ont pas de provisions, elles veulent se réu plus rien autour du rucher. Si on les fait
nir à un autre essaim qui les repousse, et la voyager par terre et en voiture, il faut re
terre est bientôt couverte de milliers d'abeil doubler d'attention pour ne pas les étouffer.
les mortes; mais, quand la ruche contient du A cet effet, on emploie de la toile claire, on
miel, des ouvrières en prennent et viennent mouille la couche du fond de la voiture, et on
se placer sur le plateau de la ruche qu'elles en sépare les ruches de 2 pouces au moins.
ont choisie. La garde sort pour les chasser; On couvre la voiture d'une toile pour garan
mais au lieu de fuir, elles dégorgent leur miel tir les ruches des rayons du soleil. Quant
sur la langue qu'elles développent. Les ou aux voyages par eau, il suffit de les ranger
vrières de la ruche s'en emparent, et plu dans les bateaux, ainsi qu'à terre, dans le
sieurs suivent les étrangères. Bientôt les 2 es même ordre que dans le rucher, chose facile
saims se confondent en dépouillant la ruche lorsque les ruches sont numérotées.
sans reine, et la réunion se fait sans combat.
Si l'on s'aperçoit promptement de cet effet $ IX. — Transvasement.
et qu'on ait de jeunes mères de quelques
iours, ou la possibilité de se procurer un Le transvasement s'opère en juillet et août,
morceau de rayon contenant des œufs ou d'après la saison plus ou moins favorable à
des vers de 3 jours au plus, surtout s'il y une bonne récolte de nectar. Aprfes s'être
AGH1CULTTJRB. tome III. — aa
170 ARTS AGRICOLES : EDUCATION DES ABEILLES. LIV. IV
assuré que le corps de ruche qu'on a ajouté et le corps de ruche, ou entre les deux haus
a une ruche villageoise, ou la hausse placée ses, un (il de fer ou mieux encore une feuille
sous les autres dans une rurhr à hausses, est de fer-blanc de la largeur et longueur des
bien remplie, on attire la reine dans le bas planchettes. On enlève alors la calotte ou la
de la ruche par quelques coups, et on met hausse pour remplacer la 1'* par une hausse
les abeilles en état de bruissement. On en vide et la seconde par une simple planchette,
lève à la l" la ruche supérieure, et ou couvre parce qu'on mel une hausse vide sous la ru
le corps inférieur d'une calotte vide, et à la che. C'est aussi le cas, si on veut préparer le
seconde on prend les deux hausses supé transvasement d'une ruche villageoise, de
rieures et on la recouvre avec la planchette. placer dessous un corps de ruche et de ne
On en) porte la ruche ou les hausses dans un mettre qu'une planchette eu place de la ca
atelier un peu sombre, auquel une ouver lotte. On a le soin de recouvrir les calottes et
ture entr'ouverte est ménagée, et on frappe les hausses d'une serviette aussitôt qu'on les
la ruche, retournée pour la sortie des abeil- détache, pour empêcher les abeilles d'y venir,
lés, ou les hausses, avec des baguettes pour comme on a le soin de rendre obscur le ma
en chasser les ouvrières. S'il y en avait beau gasin oii on les dépose en laissant seulement
coup, il faudrait retirer la calotte pleins de une ouverture pour la sortie des abeilles i
miel pour la remplacer par une calotte vide; tées entre les rayons. On pourrait prent
et en frappant le corps de ruche, et, pour deux hausses si le poids de la ruche élait c
opérer plus vite, en faisant entrer un peu de sidérable.
fumée pendant qu'on donne les coups, ou Quant aux ruches perfectionnées, 15ou 20
oblige les ouvrières à monter dans la ca jours plus tard, après avoir attiré la reine au
lotte qu'on met à la place de la calotte vide milieu, on relire la planche de l'ancien côté,
qu'on avait placée provisoirement sur la ru et avec une lame mince de couteau on dé
che restée en place. On recouvre également tache un rayon qu'on dépose dans un vase
au besoin les deux hausses par une vide pour après avoir chassé les ouvrières qui sont des
la porter sous la ruche. A la visite pour véri sus, avec une pjume. On recouvre tout de suite
fier l'état des ruches à l'automne, on donne d'une serviette et on reprend uu ou deux au
à ces ruches la quantité suflisante de sirop tres rayons pleins de ipie), qu'on distingue
ou de miel, si les ouvrières n'ont pu re de eux qui contiennent du couvain, parce
cueillir de quoi passer l'hiver. que les alvéoles dans ces derniers sont bom
bés et que la couverture n'est pas blanche
Section m. — Récolte du miel et de la cire. coni"'e celle plate qui recouvre le miel. En
suite on change les côtés de place pour que
On voit par les articles précédens, qu'à le vide se trouve au milieu.
l'époque fixée ppur celte opération une par Les ruches d'une seule pièce s'opèrent de
tie de la récolte e>t déjà en magasin. Cel|e 2 manières. Dans les bons cantons, les api
époque yarje suivant les lieux et les vegé.aux culteurs qui font eux-mêmes leurs ruches
qui couvrent leur surface, parce que la sai qui ne leur coûtent que peu de chose, en
son n'est pas en même temps favorable dans coupent la partie superieui e jusqu'au point
tous les cantons pour recueillir le nectar, et où ils présument qu'il y a du couvain, puis ils
que tous les végétaux ne fleurissent pas si posent dessus la ruche neuve qui la recou
multanément. D une autre part, il y a des vé vre (le quelques pouces. Biais, pour récolter
gétaux dont le nectar fournit un miel d'une dans les rucb.es qu'on veut conserver, on est
médiocre qualité, el celui que les ouvrières forcé de. les retourner. Après les opérations
font avec la miellée esl inférieur àcederuier. préliminaires, on détache el on poupe les
Dans les temps ordinaires uu premier rayons au mojen d'une lame de couteau et
essaim s'approvisionne au moins su|lisain- de l'instrument suivaul. C'est une lame mince
ment pour passer l'hiver ri recommencer d'acier d'un pouce de longeur, de quatre li
les travaux du printemps. Ainsi la récolte gnes de large, mince et coupant des deux
doit se faire après l'essaimage, à inoins côtés. Sa tige cq fer, ropde, (Je (rois lignes de
qu'une température contraire ne s'y oppose. diamètre, assez longue pour aller jusqu'au
Les ruches doivent être alors bien garnies de haut du troisième rayon el a^ant un manche
miel, si on n'a laissé dans l'année précédente de bois, lait un angle droit avec la lame dont
sortir qu'un essaim, si les abeilles oui été les trancliaus sont horizontaux. C'est avec
constamment dans l'abondance à l'entrée du cet instrument qu'on sépare de la ruche les
printemps, et si une saison malheureuse n'a rayons qu'il faut ensuite couper dans leur
pas détroit une partie du nectar. longueur avec la lame du couteau, parce que
La récolle estjacileàfaire dans les ruches les deux baguettes qui traversent la ruche
villageoises, à hausses el perfectionnées. On pour les soutenir s'opposeraient à ce qu'on
pèse les ruches la veille pour s'assurer de pût Jes tirer. On agit de même si pu veut
leur pojds, et on détache, sans les changer de prendre quelques rayons dans le corps des
place, toutes li s parties à enlever ou a sépa ruches villageoises, en les enlevant des deux
rer pour faire la recelé. I.e lendemain, après côtés.
avoir attiré la reine par quelques coups dans Si les abeilles trouvaient le nectar en assez
le milieu du bas de la ruche et avoir mis les grande abondance pour donner lieu à une
abeilles en étal de bruissement, on détache seconde récolte, on opérerait comme la pre
avec une lame de couteau, ou un ciseau de mière fois avec l'attention de prendre les
menuisier ou de serrurier, la calotte ou la rayons dans la ruche perfectionnée du coté
hausse collée par sa partie inférieure avec de opposé , c'est-à-dire dans la partie de la ru
la propolis. Si ces parties sont en outre atta che où on en a déjà enlevé, pour en renouve
chées par les rayons, on passe entre la calotte ler entièrement la cire, parce que les alvéo
CHAP. 8e. RECOLTES DU MIEL ET DE LA. CIRE. 171
les anciens contiennent moins de miel, que par ce point, de manière que les ouvrières,
les ouvrières qu'on y élève sont plus peti qui sont dans l'obscurité, se retirent promp-
tes, et que les fausses teignes les attaquent tement et directement par ce passage au lièu
davantage. de se tuer contre les carreaux de vilre. On
Dans les cantons où les fruits et les com bouche la cheminée et on se sert d'un fourneau
bustibles sont à bas prix, et oit la valeur pour empêcher les abeilles de venir par mil
des sirops est conséquemment très-inférieure liers se précipiter et périr dans la chaudière
à celle du miel, on peut prendre plus de lorsqu'on fait la cire. Dans ce laboratoire, on
miel aux abeilles pour le remplacer par du a : 1° un ou plusieurs cuvters A d'une dimen
sirop qu'elles savent transformer en miel. sion relative au nombre des ruches, au fond
Telle est la marche à suivre pour la récolle desquels on adapte un tuyau de 8 à 4 pouces
du miel et (le la cire dans les cantons favora sur 1 pouce de diamètre, muni d'un bou
bles à la vente des essaims! mais si on n'a chon ; 8° plusieurs pots et barils B B de pro
vait pas cet avantage, ou serait malheureuse portions diverses, une chaudière C, des mou
ment forcé de détruire Vexrédant des es les pour couler la cire, une cuillère de même
saims que les environs du rucher ne peuvent contenance que les moules et une ou deux
nourrir et tenir dans une abondance suffi spatules; 3° plusieurs paniers D d'un diamètre
sante pour les ouvrières et les apiculteurs. un peu plus petit que l'ouverture des cuviers :
En les multipliant outre mesure, on s'expo le fond de ces paniers, qui a 13 à 13 po. de
serait à tout perdre, et on ne tirerait aucun diamèlre, et dont les côtés sont droits, est
profil. Dans ce cas, à l'époque de la seconde composé de brins d'osier placés parallèle
récolte, ou lorsque, après la première, on s'a- ment à une demi ligne de distance; des trin
erçoit que les mouvemeus diminuent dans gles assez fortes pour soutenir le» paniers
.es ruches, on choisit dans son rucher les sur les cuviers, et plusieurs morceaux de
meilleures ruches nécessaires pour compléter toile claire nommée canevas; A' enfin un pe
le rucher, en préférant les nouveaux essaims tit pressoir E ou nue petite presse à coin.
aux anciens, à valeur égale. Ce choix fait, ou On prépare son miel en prenant les rayons
pourrait y a|outer une, 2 ou S ruches pour un à un, avec l'attention d'en chasser les
remplacement en cas d'une perle qu'il est abeilles, dont on a dû faire partir la presque
bon de prévoir, et ensuite, quelque attaché totalité lorsqu'on a porté les calottes ou les
qu'on puisse élre à ces insectes aussi utiles hausses, etc., dans le laboratoire, en fermant
qu'industrieux, on sera dans la nécessité ab les volets et en ouvrant un peu le carreau
solue d'étouffet* le surplus de ses essaims. mobile; on eulève des rayons les abeilles
mortes, le couvain et le pollen ou rouget.
parce que tous ces objets donneraient un
Section rv. — Du miel et de la cire. mauvais goût au miel. On peut mettre k parti
pour l'usage de la table, quelques rayons
( 1".—Manipulation du miel. nouveaux reconnaissables à la blanche
leur cire.
Pour manipuler le miel et la cire, lors Si on veut faire du miel vierge, on choisit
qu'on a un rucher d'une certaine étendue, il les rayons récens et ordinairement blancs
faut une chambre nommée laboratoire, ayant dans lesquels il n'y a point eu de couvain ni
2 croisses qui ferment bien et qui aient des de pollen. Ces rayons, plus lourds que les
volets. Ou bien, si on peut disposer convena autres parce qu'ils sont entièrement pleins
blement d'un local, on le compose (j:g. 175J de miel, n'étant pas diminués par les toiles
filées pur les vers, sont placés droits dans un
Fig. 175 panier posé sur le cuvier, après qu'on a en
levé, avec une lame mince de couteau, la
fine couche de cire qui ferme les alvéoles. II
faut que le bas des rayons dans la ruche soit
eu haut dans le panjer, pour que l'inclinai
son des alvéoles, dirigé*- vers le fond, faci
lite l'écoulement du miel. Si on veul donner
une odeur à ce miel, on met au fond du pa
nier des fleurs d'oranger ou de robinier, ou
d'autres substances.
On met dans un autre panier, pour faire
du miel de deuxième qualité, les autres par
tiel de rayon, qu'on écrase avec In main au-
dessus du panier dans lequel on fait tomber
le miel et tous les débris des alvéoles.
Ces deux opérations faites, on laisse cou
d'une pièce d'entrée L, d'un laboratoire M et ler le miel dans les baquets, et, pendant ce
d'une chambre N où se trouve la presse. Une temps, on enferme les rayons qu'on veut con
des vitres doit pouvoir s'ouvrir au besoin, et server dans des vases de terre vernissée
la porte doit avoir dans le haut une ouver au'on couvre bien. Ce miel est le meilleur
ture fermée par une planchette a coulisse e toute la récolte, il se conserve plus long
Ces dispositions sont nécessaires pour re temps et peut se manger avec la cire, qui cor
nouveler l'air et pour chasser au besoin les rige sa propriété relâchante.
Le miel de lr' qualité, ou miel vierge,
abeilles. A cet effet, on a aussi une ouver
ture daus un volet en face de la vitre mo étant écoulé, on en brise les rayons qu'on
bile, pour ne laisser pénétrer la lumière que mêle avec le miel de J' qualité. II faut fe
172 ARTS AGRICOLES : EDI) CATION DES ABEILLES UT. iv.
marquer que pour que ces 2 qualités de miel employé sous ce rapport pour le transport au
se séparent en grande partie de la cire, et loin de greffes, d'œufs, de graines et même
pour achever de les en extraire au moyen de de certains fruits. On s'en sert pour amélio
la presse, il faut que le laboratoire ait de 24 rer les vins dans les années mauvaises pour
à 25° de chaleur du thermomètre de Réau- la maturité du raisin, et dans les cantons qui
mur. n'en produisent que de médiocre. A cet ef
Dès que le miel ne coule plus et qu'on a fet on en fait bouillir avec un quart de son
assez de rayons brisés pour remplir le seau poids d'eau, et on le verse chaud dans le
de la presse, on met dans ce dernier un moût.
très-fort canevas assez grand pour le dou Tous les restons de miel peuvent aussi être
bler par-dessus la cire sur la longueur et la utilisés. Ainsi, après la dernière pression de
largeur. Alors on jette les débris de cire dans la cire, comme il y reste encore du miel, on
le seau qu'on remplit bien en foulant la cire brise le marc et on l'émiette. On verse des
avec les mains. On recouvre avec le cane sus l'eau qui a servi à laver les instrumens ,
vas ; on met un baquet ou cuvier sous la dans le rapport d'une partie sur dix de marc;
presse, et on fait faire quelque tours à sa vis, on y joint les écumes des miels des 2e et 3°
jusqu'à ce que le miel coule bien. Quand l'é qualités, et, après 24 heures, on presse. Le
coulement diminue, on augmente peu à peu miel obtenu par cette opération est mêlé
la pression, jusqu'à ce qu'elle soit suffisante. d'eau qu'on fait évaporer à un feu doux si
On opère ainsi sur tous les rayons, moins on veut se servir de ce miel de dernière qua
ceux qui sont vides, avec l'attention, si on a lité, soit pour soigner les bestiaux, soit pour
beaucoup de rayons , de ne pas mêler ceux nourrir les abeilles auxquelles on ne le
qui sont blancs avec ceux qui ont pris de donne qu'après l'avoir fait bouillir, éctimé
la couleur, parce que ces derniers, ne pou et mêlé avec un peu de liqueur fermentée.
vant se blanchir dans certains cantons, co Si au contraire on veut en faire de l'hy
loreraient la cire des blancs et nuiraient à dromel, on brise de nouveau le marc et on y
sa valeur. On peut remplacer la presse or jette de l'eau en quantité plus ou moins
dinaire par celle à coin. A défaut des moyens grande, suivant qu'on désire que la liqueur
de forte pression, on place tous ses débris soit un véritable hydromel ou produise un
dans des vases qu'on fait entrer dans un petit cidre. On presse de nouveau; on mêle
four dont la chaleur soit à environ 40° pour cette eau avec le miel obtenu par l'avant-
amollir la cire. Si on n'a ni pressoir ni four, dernière pression; on fait bouillir pendant
on dispose une étuve qu'on maintient à la plus d'une heure, après quoi on met l'hydro
température ci-dessus. Enfin si on est dénué mel refroidi en futaille ou en bouteille, sui
de toutes ces ressources, on jette les débris vant la quantité. C'est une liqueur commune,
de cire dans une chaudière exposée à un mais fort saine.
feu doux et sans flamme. On les remue con Quant au mélange plus chargé d'eau, après
tinuellement pour échauffer la cire sans la qu'il est froid on le verse dans des futailles
fondre et sans la laisser s'attacher contre le ou dans une cuve couverte pour l'y laisser
fond de la chaudière, où elle pourrait brû fermenter, et si on désire rapprocher cette
ler, brunir et communiquer un goût désa liqueur d'une bière légère, on y met quel-
gréable au miel. Quand la cire est amollie ues branches de genièvre, pu l'extrémité
par l'emploi d'un des moyens ci-dessus, on 3 e branches d'épicéas ou de sapinetle du Ca
en met dans une toile forte et claire , •on l'y nada (hemlocA spruce).
pétrit et on la comprime par une forte tor On fait encore une espèce d'hydromel plus
sion pour en extraire le miel qui n'est que vineux et qui peut remplacer le vin ordi
de 3e qualité. On laisse ce miel dans le cu naire. A cet effet, on prend 12 livres du miel
vier 3 ou 4 jours pour qu'il s'épure, et on de 3* qualité, 36 livres d'eau ; on fait bouillir'
enlève l'écume qui le recouvre quelquefois, cette eau dans laquelle on a mis infuser 3
ainsi que le miel de 2° qualité; ensuite on le onces de fleur de sureau pendant un quart-
met en baril. d'heure. On y mêle alors 2 onces de tartrate
Si on trouve du miel candi dans les rayons, acidulé de potasse, et 4 à 5 grains d'acide
on le sépare pour le jeter dans une chau borique. Lorsque le tout commence à refroi
dière placée sur un feu assez doux pour ne dir, on y délaie le miel et 2 livres de levure
pas élever l'eau qu'elle contient à plus de 40°. de bière; on place ce mélange pendant 15
On manie et on remue le miel dans l'eau, jours dans une futaille couverte et dans un
puis on sépare, par la pression, la cire du lieu à la température de 20°, et l'opération
liquide qu'on expose à un feu doux le temps est terminée. Si on désirait que la liqueur
nécessaire pour le réduire en sirop. fût plus spiritueuse, on y ajouterait une de
Le miel est une nourriture fort saine, mais mi-livre d eau-de-vie. On double ou ou tri
un peu relâchante, et qui, par celte consi ple la quantité de chaque substance, si on
dération, est très-utile pour les enfans en veut faire le double ou le triple du vin.
bas âge. Il sert de remède contre plusieurs Enfin on fait avec le miel un vin de liqueur
maladies, et l'expérience a prouvé qu'en agréable. Il suffit de mêler 3 parties d'eau
mettant un peu de miel dans la pâte faite bien pure avec une partie de miel de 1" qua
avec la farine d'un blé mal purgé d'ergot, il lité. On le fait bouillir à petit feu et eu re
peut préserver de la gangrène sèche. muant bien et en écumant jusqu'à évapora-
tinn suffisante pour qu'un œuf frais surnage.
5 U. — Emploi du miel. On a préparé une ou plusieurs futailles dans
lesquelles on a mis les substances dont on
Le miel est un agent conservateur pour les veut donner le çoût et l'odeur à la liqueur
substances qu'on en couvre, et il peut être qu'on verse bouillante jusqu'à la bonde. On
OtxP. 8'. RECOLTES DU MIËL ET DE LA CIRE. 173
Couvre cette dernière. La liqueur, placée à le remplit de marc bien pressé, et, après
18 ou 20° de chaleur, fermente pendant près avoir fermé exactement son ouverture en la
de 2 mois et rejette beaucoup d'écume. On liant avec de la ficelle, on le plonge dans la
tient la futaille toujours pleine avec un peu chaudière qui contient de l'eau tiède. Des
de liqueur conservée à cet effet. Après la fer tringles de Dois d'un pouce carré placées au
mentation on met une boude, on place la fu fond de cette chaudière, ou bien une plan
taille dans un lieu frais, et on continue à chette garnie de trous, empêchent le sac de
remplir tous les 15 jours, jusqu'à ce que la porter au fond et la cire de brûler. On met
liqueur ait acquis sa qualité. Alors on met sur le sac un poids assez lourd pour l'empê
en bouteille, qu'on laisse pendant un mois cher de surnager, attendu qu'il est nécessaire
debout, les bouchons à moitié enfoncés. En qu'il soit recouvert d'un pouce d'eau au
fin on achève de boucher les bouteilles, et moins. La cire fond peu à peu à mesure que
on les couche. la chaleur augmente, et elle couvre la super
La préparation du sirop de miel est main ficie de l'eau. On l'enlève avec une espèce de
tenant très-connue. Il suffira de dire qu'on cuillère et on la jette dans un baquet où il y
ajoute une partie d'eau à cinq parties de a de l'eau chaude pour la manier comme on
miel, et qu'on purifie avec le charbon. Ce l'a dit plus haut. Dès qu'il ne s'élève plus de
sirop peut remplacer celui de sucre dans les cire, on enlève le poids, on retourne le sac,
liqueurs et les confitures. on le presse en tous sens et on remet le poids:
ce remaniement produit un peu de cire.
$ m. — Manipulation de la cire. Si on n'a que 4 à 5 ruches et conséquem-
ment qu'un peu de miel et de cire, après avoir
Le marc du miel qui contient la cire est exprimé le miel delà cire, par la torsion dans
de nouveau émietté et jeté dans une chau un canevas, on émiette le marc et on le jette
dière remplie au tiers d'eau chaude à 40 ou sur une toile devant les ruches. Les ouvrières
50°. On laisse au moins 3 doigts ou 2 po. de l'ont bientôt couvert et enlevé le peu de miel
vide, et on remue. Lorsque l'eau bout, on qui y reste. On met alors les débris dans de
diminue le feu, et si la cire s'élève trop on I eau> tiède, on les y laisse pendant 24 heures:
y jette un peu d'eau froide pour l'empêcher puis','après les avoir bien maniés, on les fait
de se répandre au dehors. On continue un fondre dans le sac comme on l'a dit plus
feu doux jusqu'à ce que le marc soit bien haut. On évite par cette marche une dépense
divisé et la cire fondue. On verse alors le inutile d'instrumens.
tout dans le seau de la presse garni du fort Aussitôt après l'extraction du miel ou de
canevas très-clair et d'un second plus fin la cire, il faut enlever le marc des canevas
par-dessus, après avoir mis sous le pressoir ou des sacs, parce qu'il serait très-difficile de
un cuvier ou un baquet qui contienne un peu l'en retirer s'il se refroidissait, surtout après
d'eau tiède. On prend les extrémités du ca qu'on a extrait la cire, car il devient dur
nevas qu'on soulève un peu à droite et à gau comme du boiset brûle comme lui. Ce marc,
che pour faire écouler une partie de 1 eau en outre, a une vertu détersive, elles vétéri
et de la cire, et on plie les extrémités par naires s'en servent pour les foulures des che
dessus, dès que la chose est possible , pour vaux. On peut aussi le concasser, à défaut de
commencer la pression. On détache la cire vieux rayons, pour mettre sous des ruches
qui se fige sur la maye, et on continue la vides, afin d'y attirer les galléries de la cire
pression jusqu'à ce qu'il ne coule plus de qui y viennent pondre et qu'on y détruit fa
cire. cilement
Dès que la cire est assez refroidie dans le
cuvier pour pouvoir être maniée, on la pé |IV.- t et emploi de la cire.
trit par petites poignées qu'on jette dans un
baquet à moitié plein d'eau chaude; là on la Pour blanchir la cire et la débarrasser de
pétrit de nouveau et, par ces 2 pétrissages, ses impuretés, on commence par la fondre
on débarrasse en grande partie la cire des dans une chaudière qui contient de l'eau,
substances étrangères qu'elle contenait en puis on la fait couler en filet mince sur un
core.! cylindre de bois que l'on fait mouvoir avec
Il ne s'agit plus que de la fondre avec un lenteur horizontalement, et qui est plongé à
peu d'eau pour la mettre dans des moules, en demi dans une cuve remplie d'eau. La cire se
enlevant avec une écumoire les saletés qui fige aussitôt et se réduit en lanières minces
pourraient encore s'élever à la surface. Lors- qu'on expose ensuite au soleil en la plaçant
[u'elle est à moitié refroidie, on la détache sur des toiles étendues sur dés cadres , et en
Ies bords des moules si elle parait se crevas la couvrant au besoin pour la mettre à l'abri
ser à la superficie. Dèsqu'elleest froide, on la des vents et des brouillards. Le soleil et la
retire des moules pour la ratisser par-dessus, rosée blanchissent peu à peu la cire, qui doit
s'il y a des matières étrangères. Cette cire être arrosée avec de l'eau quand il ne tombe
peut alors être livrée au commerce. pas de rosée. Cette opération doit être répé
Toutes ces opérations terminées, on peut tée plusieurs fois, et quand la cire est bien
faire fondre les débris de cire provenant du blanche, on la fond et la coule dans des
ratissage et des écumes pour en former un moules pour en faire des bougies, des cier
pain de cire grossière qui peut servirà frotter ges, etc. On peut aussi blanchir très-promp-
les planchers. tement la cire par sa fusion avec une solu
Si on n'avait pas de pressoirs, on pourrait tion de chlore ou de chlorure de chaux,
employer les moyens suivans pour extraire la mais dans ce cas elle absorbe du chlore , dont
cire du marc. On fait un sac de canevas pro l'odeur se manifeste quand on la fond et qui
portionné à la grandeur de sa chaudière; on empêche les bougies de bien brûler.
1T4 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES ABEILLES.
1 Les arts l'ont une grande consommation fixent le produit net d'une ruche à 12 fr. par
de cire, et la chirurgie et la pharmacie l'em an après la déduction des frais et des pertes des
ploient avec succès. essaims. M. Lombard avait porté ce bénéfice
à 24 fr. à Paris , mais j'ignore s'il en avait dé
Section v. — Produit d'un rucher. duit les frais. Je préférerais, dans tous les cas,
m'être trompé en moins qu'en plus, pour ne
Rien n'est plus difficile à fixer que le pro pas donner de fausses espérances à ceux qui
duit annuel d'un rucher, parce que la recette se livreront à la culture de ces insectes inté-
brute varie beaucoup, suivant que le canton ressans, et qui seraient encouragés par un pro
est plus ou moins favorable pour fournir aux duit plus considérable que celui sur lequel
abeilles une abondante récolte; que la tem ils doivent compter.
pérature influe beaucoup sur cette abon Je terminerai ce précis en faisant obser
dance, et que le miel varie de qualité et con- ver que si je n'ai pas indiqué les travaux des
séqucmment de valeur suivant la bonté du apiculteurs mois par mois, comme la plu
nectar, qui n'est pas le même dans toutes les part des auteurs, c'est parce que la culture
fleurs et qui perd de sa qualité par le mé des abeilles se règle : 1° par la température
lange de la miellée. Une bonne culture dé si variée du nord au midi de la France, tem
termine aussi une augmentation de produit. pérature qui, dans le même canton, est sou
D'une autre part, c'est le produit net qui est vent plus ou moins avancée d'un mois, d'une
à considérer. Il faut déduire au moins les année à l'autre; 2' par les végétaux indigènes
frais de dix années, de la recette de dix années, à certains arrondissemens et ceux qu on y
et diviser ce qui reste en dix parties pour cultive, qui ne sont pas les mêmes partout.
établir une recette annuelle moyenne; ces Ce précis, fait pour toute la France, ne pou
frais varient également dans les divers dé- vait donc contenir que des préceptes appli
partemens de la France, parce que le prix cables dans tous ses départemens. Ceux qui
du bois , de la paille et celui de la main-d'œu désireraient de plus grands détails, se pro
vre, diffèrent Beaucoup. Le produit moyen cureront le Traité complet théorique et pra
et net d'une ruche n'est donc pas le même tique sur les abeilles, chez madame Huzard,
partout, et on ne peut guère l'établir que libraire, rue de l'Éperon, n. 7, à Paris.
par cantons.
Mes calculs à Versailles pendant 20 Féburier.
Section I".
*. — Du vin et de ta nature. [ tance que les autres vins. Les vins secs sont
ceux dans lesquels tout le sucre a disparu.
Sous la dénomination de vins prise dans Cette classe, divisée par Julien en vins secs
l'acception la plus stricte de ce mot, on com proprement dits et en vins moelleux,comprend
prend les boissons ou liqueurs obtenues par un grand nombre de variétés de liquides, de-
la fermentation du moût ou suc de raisins. fiuis les vins fins ou de choix jusqu'aux vins
Les chimistes modernes ont généralisé cette es plus communs.
expression et comprennent dans la classe Les vins mousseux, sont des liquides ordinai
des vins toute liqueur sucrée qui a subi la rement blancs, dont la fermentation a été in
fermentation vineuse. Cette extension scien complète et qui ont retenu en combinaison de
tifique a jeté de la confusion dans la classi l'acide carbonique lequel, en se dégageant,
fication des vins et donné à la fraude des donne naissance à une mousse blanche qui s'é
moyens nouveaux pour altérer les qualités lève sur le vin en produisant une sorte d'ébul-
des vins proprement dits, et les faire déchoir lition ou effervescence qui fait le principal mé
de leur ancienne réputation. Elle a contribué rite des vins de Champagne et de ceux qu'on
à donner une nouvelle direction au goût des traite par des procèdes analogues.
consommateurs et par conséquent à nuire Telles sont les trois qualités principales qui
aux intérêts du commerce qui fait la princi résultent du travail par la fermentation. Dans
pale richesse des contrées viticoles de nos dé- le commerce on distingue les vins par le nom
partemens. du pays et du clos de vigne qui les produit;
Le but ,que je me propose «Uns ce résumé, ainsi on dit vins de Bourgogne, de Champagne,
est d'exposer tous les faits avérés par la pra de Bordeaux, du Midi, du clos Vougeot, de
tique et d'en tirer des règles générales ap- Château-Laffitte , d'Arbois , etc.
Ehcables à chaque localité, au moyen de ta Les qualités du raisin, et par conséquent
ies calculées d'après la composition élé celles des vins, dépendent de plusieurs cir
mentaire du moût du suc exprimé du constances dont il est important de tenir
raisin. Je donnerai aussi la description et l'u compte, telles que la nature du sol et du sous-
sage des instrumens qui doivent former le sol, le climat, l'exposition , le mode de culture,
laboratoire de l'œnologue ou œnotechnicien la variété ou espèce de cépage, et la marche
fabricant de vin. On verra dans ce travail des saisons aux époques qui ont la plus grande
ce qui a été fait et on jugera par-là qu'il reste influence sur la formation et la maturité. du
encore beaucoup à faire pour compléter l'art fruit. Il est peu de pays où ces observations
de la vinification. aient été.faites aveesoin et la statistique œno
logique de l'arrondissement de Beaune par le
Section II. — Division ou distinction générale qui docteur Morelot est , à notre avis , un travail
mérite une attention particulière sous ce
des vins. rapport. Il serait à désirer que ce savant ar
< un(.1 très: grand nombre de variétés de chéologue et viticole ait des imitateurs, sur
H existe tout dans nos vignobles les plus renommés ;
vins qui diffèrent entre eux par la couleur, le on parviendrait ainsi à se procurer pour chaque
bouquet ou parfum , la saveur et la consis localité des renseignemens certains sur 1 in
tance. fluence des circonstances favorables à la pro
Couleur. "Les vins sont en général blancs ou duction. J'aurais encore voulu trouver dans
rouges , suivant qu'ils proviennent de raisins cet intéressant ouvrage des analyses quantita
blancs ou noirs. L'intensité de couleur varie ; tives des sucs de raisins de diverses qualités.
les uns sont rosés, pelure d'ognon, les autres Ce sont des renseignemens de la plus haute
d'un rouge vif; quelques-uns, nommés teintu importance quand on compare les différens
riers, sont même d un rouge brun foncé, et
sont employés aujourd'hui en grande quantité vins , ainsi que J'influence des causes locales
ou accidentelles et des méthodes de vinifica
pour colorer des mélanges de vins rouges et tion.
blancs. Paris est sans doute le Heu où il Les opérations principales pour la confec
se fait la plus grande consommation de ces tion des vins sont : la récolte des raisins ou
derniers vins. vendange, — l'égrappagc, — le foulage, —
Saveur et consistance. Les vins sont liquoreux la mise en cuve ou cuvage , — la cuvaison ou
ou secs. Les vins liquoreux et doux sont ceux marche de la fermentation, — le décuvage,
dans lesquels le suc n'a pas été décomposé com — le pressurage, — l'entonnaison, — la mise
plètement ; ils sont plus ou moins forts et spiri en cave et les soins à prendre jusqu'à
tueux ; tels sont les vinsdeFronti'gnan,Lunel, le vin soit refroidi et jusqu'au premiercesouti que
Rivesaltcs, Condrieux, etc. ; ces vins en outre rage. A cette époque le vin est fait, mais il n'est
ont en général une saveur particulière due aux pas encore prêt a boire; il exige pour se par
raisins d'où ils' proviennent cl qui sont de la faire et se conserver d'autres opérations non
classe des raisins muscats, et plus do consis- moins importantes (pie les premières.
AGRICl'LTURK. 03' livraison, tome III.— 23.
178 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS. uv. rv.
§ II. — Signes auxquels on reconnaît la maturité du
Section III. — De la vendange. raisin.
§ Iw. — De la vendange proprement dite. La queue de la grappe devient brune ; la
grappe est pendante ; la pellicule du grain est
mince, translucide, non cassante sous la dent;
Parmi toutes les opérations successives aux- sa couleur prend une teinte plus foncée. Lors
3uelles donne lieu la transformation du suc qu'on enlève la fleur ou poussière blanche qui
u raisin en liqueur fermentée ou en vin , la couvre la baie, la peau est lisse et parait pres-
vendange, c'est-à-dire le mode et les soins qu'on Sue noire; les pépins n'adhèrent pas au paren-
apporte à recueillir le raisin, a une influence îyme et leur couleur est moins verte; la
bien grande sur la nature et la qualité des grappe laisse facilement échapper le grain ; la
produits. Malheureusement, c'est en général pulpe offre une saveur douce , sucrée , agréa
celle qui est la plus négligée, en raison de cir ble , sensiblement acidulé. Quant aux raisins
constances qu'il me parait difficile d'écarter. blancs, on reconnaît la maturité à l'aoutement
Tout le monde sait et convient que ce sont les du bois, à la transparence de la grappe, à la sa
bons raisins, c'est-à-dire les raisins mûrs, qui veur sucrée et à des taches brunes. Lorsqu'on
font les bons vins; mais en même temps on n'i laisse le raisin sur le cep jusqu'à ce que la
gnore pas que cette maturité parfaite n'arrive maturation soit arrivée au plus haut degré .
pas au même moment pour toutes les espèces les grains se détachent facilement , la peau est
de cépages ;que l'époque n'est pas la même sous sphacelée et se sépare du grain à la moindre
tous les climats et toutes les années ; que par pression.
conséquent, sion veutobtenir des vins de quel
que mérite, il est de toute nécessité de cueil- §111. — Des instrumens et ustensiles nécessaires pour
lir le raisin à diverses reprises, de le trier ou de la vendange.
séparer des grappes les grains dont la maturité
n'est pas complète ou qui sont pourris ; d'asso La serpette et le couteau doivent être défen
cier les espèces lorsqu on en cultive plusieurs dus pour la coupe des raisins; ils sont lourds,
dans le même vignoble, de ne commencer la ré- et fatiguent la main, donnent au sarment et à
coltequ'après que le soleil aura dissipé la rosée, la grappe une secousse qui fait tomber les
de couper le raisin net et sans secousse , de le grains de raisin et les feuilles qu'il faut éviter
manier avec précaution pour qu'il ne s'égrène de mêler à la vendange, Le sécatnir dont on
pas, et de le transporter de la vigne au lieu où se sert aujourd'hui dans beaucoup de vigno
doit se faire le vin sans qu'il éprouve aucun bles est le meilleur et le seul instrument qu'on
cahot qui le comprime , l'écrase et en exprime doive confier aux mains des vendangeurs ; il
le jus. Ces conditions, je l'avoue, sont difficiles coupe net , sans effort ni secousse , et il est
à obtenir, mais elles ne sont pas impossibles. filus expéditif; on le voit représenté dans
Lorsque les moines de Citeaux étaient en es fig. 181 et 182. Il se trouve partout ; son
possession du fameux clos de Vougeot (Côte- Fig. 182. Fig. 181.
d'Or), c'était en grande partie avec toutes ces
précautions que se faisait la récolte de ce do
maine précieux; une cloche annonçait aux
vendangeurs l'heure d'entrée dans la vigne;
survenait-il un brouillard , un nuage qui ca
chait le soleil ou menaçait de la pluie, ou tout
autre accident , la même cloche rappelait les
ouvriers au logis et toute récolte était sus
pendue jusqu'à ce que le temps redevint favo
rable.
Ce n'est en effet qu'avec des soins analogues
et tout particuliers qu'on parviendra à obtenir
ces vins exquis qui ont une réputation univer
selle , mais dont la qualité finirait par décroî
tre si on ne faisait une sérieuse attention à
toutes les conditions , même celles qui parais
sent indifférentes, delà fabrication. Les ven
danges n'étaient autrefois , pour les proprié
taires , qu'une époque de plaisirs et d'agré
ment; le vigneron était le seul fabricant, toute prix ordinaire est de 5 francs, mais dans une
la surveillance du maître se bornait à ce que fabrication en grand on pourrait l'établir à 3
ce dernier ne détournât à son profit aucune francs et peut-être à moins , parce qu'il n'est
portion des raisins ou de vin fabriqué. Il en pas nécessaire qu'il soit d'une grande dimen
est tout autrement aujourd'hui ; le proprié sion. Comme il serait difficile d'obtenir des
taire dirige lui-même la vinification , et son in vendangeurs qu'ils fissent l'acquisition d'un
térêt est d'obtenir les produits les plus par sécateur , c'est une dépense à la charge du
faits possibles et ceux dont U pourra retirer propriétaire , dont il sera amplement dédom
le plus grand bénéfice. Dans plusieurs de nos magé par la célérité du travail et la conserva
départemens, dans ceux même qui sont les tion de ses raisins. A défaut de cet utile instru
moins favorisés par le climat , on obtient ainsi ment , on ne doit permettre aux vendangeurs
des qualités de vin particulières par des pro que l'usage de ciseaux bien affilés qui , après
cédés que je ferai connaître et qui confirment le sécateur , offrent le moins d'inconvéniens.
les préceptes que j'ai énoncés ci-dessus. L'ouvrier qui emploie le sécateur ou les ci
CHAP. 9*. DE LA VENDANGE. 179
seaux soutient le raisin de la main gauche et chez M. Bouscaben, une cuve en bois et
le coupe de la droite ; il le dépose ensuite coûte moitié moins; elle ne fuit pas, elle est
dans un petit panier en osier qu'on nomme moins pesante qu'un vase en bois, et avec son
vendangereau ; si les raisins sont bien mûrs, secours, 2 mules portent 10 hectolitres de ven
on recommande de placer le panier dessous dange. Cette méthode de transport me parait
le cep , pour ne rien perdre. Dans le pays où digne de fixer l'attention de ceux qui fabri
les raisins n'ont pas assez de fermeté pour se quent des vins de primeur , et qui ont intérêt
maintenir en entier et ou l'on peut craindre à ce que les raisins arrivent dans un état intact
que le jus ne s'écoule en pure perte , au lieu à la cuverie. Cette toile réunit, à l'avantage
de vendangereau , on se sert d'une petite d'une longue durée, celui de se conserver
teille de forme ronde ou ovale (tom. III, p. 5, d'une année à l'autre sans se détériorer ni
fig. 3 et 4), faite en sapin ou autre bois léger ; prendre de mauvais goût, commeles vaisseaux
dans la première il existe une douve plus qui demandent tous les ans de nouvelles ré-
longue avec un trou pour saisir le vase et fa Îiarations. On pourrait garnir avec cette toile
ciliter le transport; dans la seconde on laisse es paniers à vendange et des tombereaux sus
deux douves pareilles vis-à-vis l'une de l'au pendus dans le (jenre des seaux à incendie, et
tre, dans lesquelles on passe une ficelle ou pe on remarquait a l'exposition de l'industrie
tite corde qui sert d'anse. On peut y adapter française en 1834 des seaux en toile à voiles,
aussi une anse en osier ou autre bois flexi fabriqués à la mécanique par M. Gcémn, qui,
ble. remplis de liquide, n'en laissent pas échapper
Lorsque les vendangeurs sont introduits de une seule goutte et qui seraient encore propres
vant la vigne , on les range sur une même li à la récolte de la vendange. Mais dans tous les
gne , faisant face aux ceps , et chacun d'eux cas on doit mettre la plus stricte économie
s'avance droit devant lui, coupant tout ce qui dans l'achat de ces sortes d'ustensiles, et les
se présente, jusqu'au bout de la pièce de vi dépenses de ce genre qui sont un peu élevées
gne, où chacun retourne dans le même ordre, ne conviennent guère qu'à de riches proprié
pour revenir au point où il est parti , si cela taires ou à ceux qui fournissent des vins de
est nécessaire. Lorsque les paniers ou les prix. Le revenu delà vigne est si éventuel dans
seaux sont pleins, des porteurs, qu'on nom te centre et* dans le Nord de la France qu'on
me vide-pantert , versent les raisins dans des ne doit pas s'étonner que les petits proprié
grands paniers ou des hottes en bois qui sont taires abandonnent la culture du plant fin et
placés derrière les vendangeurs et près des préfèrent la quantité à la qualité Les acci-
sentiers. Lorsque les vignes sont autour de la dens et les maladies auxquels la vigne est su
maison ou cuverie, les raisins sont portés dans jette, la rareté des bonnes années, la concur
ce bâtiment par les hommes qui les chargent rence des vins du Midi, enfin le manque de
sur leurs épaules , s'ils sont en paniers , ou les débouchés ont porté un préjudice notable au
portent sur leur dos , au moyen de bretelles , commerce des vins fins de Bourgogne , Cham
s'ils sont déposés dans des hottes ou tendelins. pagne, Bordeaux, etc.
Lorsque les vignes sont éloignées, on vide les
paniers dansuneutn'erde forme ovale, arrangé $ IV. — Epoque de la vendange, triage et autre»
sur une voiture ou charrette, et qu'on nom ■oint.
me balonge. Ces voitures, attelées d'un ou deux
chevaux, suivant la capacité de la balonge, La vendange se fait du8au20septembredans
transportent le raisin au pressoir, bâtiment le Médoc, les départemens de l'Hérault, des
plus ou moins spacieux où sont placées les Bouches-du-Rhône et dans presque tout le
cuves. Quelquefois on place les paniers sur midi; dans ceux de l'Indre et de la Loire,
des charrettes , et on les empile les uns sur de.Loir-et-Cher, du Loiret, de la Marne, de
les autres. Mais de tous ces moyens de trans- la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, de l'Yonne
Cort , le meilleur est celui à dos d'homme ou et les autres départemens , sauf quelques ex
ien à dos de mulet , quoiqu'ils ne soient pas ceptions que je ferai connaître en passant en
toujours praticables. Les balonges et les hot revue les diverses qualités de nos vins, on
tes sont bonnes pour les raisins qui ne don commence la récolte du 20 au 30 septembre
nent que des vins communs, tandis que, pour dans les années précoces, et plus ou moins
les vins fins , les vins blancs mousseux , faits avant dans le mois d'octobre si l'année est tar
avec les raisins noirs , on ne saurait prendre dive. Ainsi il y a peu de différence entre le
trop de précautions pour qu'ils arrivent intacts Nord et le Midi , ce qui nedoit pas étonner si on
de la vigne à leur destination. considère que dans le Midi la végétation de la
M. Bouscaren a proposé, pour transporter la vigne est suspendue par la sécheresse et les
vendange, l'emploi d'unetotïe/brfequi, relevée frandes chaleurs de l'été, et qu'elle ne reprend
devant, derrière et sur les côtés, se place 'activité qu'aux premières pluies, ou lorsque
sur une charrette comme un hamac de matelot; les nuits devenant plus longues , les rosées sont
elle est fixée par des ficelles ou petites cordes Îilus abondantes; en revanche, dans le Midi,
à des têtières ou ridelles qui sont elles-mê es raisins ont presque toujours atteint leur
mes fortement maintenues sur la charrette et maturité et les neaux jours que l'on peut en
bridées de manière à ce qu'elles ne puissent core espérer, permettent dattendre le mo
pas se rapprocher. Au-dessous de la toile on ment le plus favorable a cette opération.
établit un bon lit de paille pour que le fond Dans le centre et le Nord surtout, on est
n'éprouve aucun frottement; cette toile ainsi forcé de cueillir avant la maturité complète,
disposée devient raide et imperméable à l'eau, parce qu'on a déjà des nuits froides et qu'on
en ayant soin de l'arroser plusieurs fois deux Jieut craindre les pluies continuelles et les ge-
jours avant de s'en servir. Depuis trois ans, ées, qui nuisent surtout aux raisins qui sont
une semblable toile remplace avec avantage , encore verts. Le meilleur remède à cet incoiv
180 ARTS AGRICOLES : FAJ RICATION DES VINS. liv. tv.
vénient est de trier les raisins et de faire plu eau , lessivés avec un peu d'eau de chaux ou
sieurs citvées; on est toujônrs certain de de cendres, pour enlever le goût de moisi qui
cette manière de fabriquer un vin passable, së communique si facilement.au vin et dont
auquel on appliquera les procèdes d'amélio il est difficile ensuite de le débarrasser. Cette
ration qui seront indiqués. La meilleure ma saveur est même si persistante qu'on s'en
nière d'opérer le triage dés raisins est celle aperçoit encore quelquefois au goût dans de
que donne M. Rougier de la Bergerie. On l'eau-de-vie qui provient d'un vin moisi. Pen
établit 'au lieu où se charge la vendange, une dant plusieurs annéesje me suis servi avec suc
ou plusieurs tables triangulaires , ayant un re cès , pour affranchir les tonneaux du goût de
bord de 7 à 8 pouces sur les côtés et dont moisi, d'acide sulfurique étendu de 12 ou mê
chaque angle, porte sur une banne , un grand me 20. parties d'eau en poids, ou bien le dou
panier on un tonneau défoncé. Où verse les ble en volume. Après avoir lavé les futailles
raisins sur ces triangles et des personnes pré avec ce mélange , on les rince ensuite avec un
posées en font le triage convenable selon le lait de chaux on une lessive de tendres, puis
degré de maturité; on extrait des grappes les avec de l'eau fraîche ; on laisse sécher ou bien
grains verts, secs ou pourris, et on assortit les oh mèche et on ajoute un peu d'eau-de-vie de
espèces suivant l'usage ou la qualité de vin bon goût. Les cuves se nettoient, de la même
désirée. Cette opération me parait indispen manière.
sable toutes les fois que par une circonstance La récolte élant faite en temps opportun,avec
quelconque, on se trouve dans l'impossibilité les précautions qui ont été recommandées se
de couper les raisins à plusieurs reprisés. lon les circonstances météoriques, et la vendan
Autant que possible, il faut vendanger lors ge étant amenée à la cuverie, il ne s'agit plus
que le soleil a dissipé la rosée ou desséché le que de la disposer à se convertir en vin et de
raisin et la terre, s'il a plu la veille ou quelques la préparer pour être mise dans la cuvé ou la
jours auparavant. Il faut employer à cette futaille dans laquelle doit s'opérer la fermen
opération un nombresuffisant de vendangeurs tation. Dans ce hut , nous allons traiter en pre
pour qu'elle soit faite avec célérité. mier lieu des manipulations relativès aux vins
Dans quelques pays on place la vendange rouges, la fabrication des vins blancs offrant
dans un tonneau qu'on fonce ensuite; on la quelques différences essentielles dont nous
laisse ainsi quelques jours avant de la fouler; traiterons à part.
dans d'autres , on étend le raisin sur des claies
ou sur le plancher, dans un lieu'sec et chaud. § V. — De l'égrappage.
On sait que tous les fruits pulpeux , tels que
les pommes, les poires, acquièrent, lorsqu on Cette opération a pour objet de séparer les
les laisse en tas après la récolte , dans un lieu grains de la rafle et cette séparation peut être
sec et d'une température modérée , une ma totale ou partielle.
turité qui leur manquait au moment où on les Est-il utile ou non d'égrapper en tout ou en
a recueillis ; le raisin est dans le même cas. partie? C'est une question qui depuis long
C'est ainsi qu'à Clamecy , à Limoux et aux en temps a divisé et divise encore aujourd'hui les
virons de Saumur, on garde les raisins en viticoles et les œnologues. Nous pensons que
tas , pendant 5 ou 6 jours avant de les fouler. la pratique est le seul guide à consulter et à
Ils éprouvent dans cette situation une matu suivre dans cette occasion. On a observé que
rité qui Convertit en sucre les principes qui la rafle active la fermentation, qu'elle donne
dominent dans le verjus. Ce procédé de au chapeau une perméabilité nécessaire pour
saccbarification était connu des anciens Grecs le dégagement de l'acide gazeux qui se pro
et se. pratique encore dans plusieurs Iles de duit, et qu'elle renferme un principe acerbe ,
l'Archipel, en Espagne, en Italie, et il se astringent, qui contribue à la conservation des
recommande aux œnologues qui onPun lo vins qui ne contiennent qu'une petite quan
cal convenable , une espèce de cépage qui en tité o'alcool ou d'esprit de vin. Quant aux
mérite la peine, et qui désirent au moins pré vins destinés à la distillation, l'égrappage est
senter sur leur table un vin du cru digne de inutile. La rafle introduit dans la liqueur une
recevoir les éloges des gourmets et des con plus grande quantité de ferment qui favorise
naisseurs. la décomposition complète et la transforma
Dans plusieurs vignobles de la Bourgogne, tion en alcool de la matière sucrée. Dans les
on foule le raisin à demi , pour en conduire années propices, la rafle est sèche, ligneuse
une plus grande quantité à la fois; dans la et ne cède pas aussi facilement ses principes
Franche-Comté , on 1'égrappc à la vigne. Cette à la liqueur en fermentation ; l'égrappage est
méthode peut bien ne pas avoir de graves in- plus avantageux lorsque leraisinn'apas acquis
convéniens lorsque le raisin est mur et que une maturité parfaite. Lorsque le moût n'a
la température atmosphérique est assez qu'une saveur douce, sucrée, sans mélange
élevée; mais si le raisin a besoin d'être trié , prononcé d'acidité et d'astringence , on laisse
si la saison est froide , on amène alors à la la rafle en plus grande quantité; si on opère la
cuve un moût qui entre très lentement en vinification en vaisseaux clos, on doit laisser
fermentation ; dans tous les cas , cette prati moins de grappes que dans le cas oii la fermen
que est vicieuse et ne convient tout au plus que tai ion a lieu en cuves non couvertes et dure peu
pour les vins ordinaires et les gamais. de jours. Sans vouloir établir une loi ou règle
Je crois utilederappelericiaux viticoles que, général , je pense que l'égrappage ne doit pas
15 jours ou plus avant la vendange, ils doivent être pratiqué én totalité ,et dans les pays où le
visiter les instrumens et vases destinés au ser raisin cuve sans grappe , on a sans doute des
vice de la récolte et à la fabrication du vin. motifs plausibles qu une longue pratique a
Les paniers, teilles, balonges, hottes ou sanctionnés. Nous conseillons cependant à
; baquets seront soigneusement lavés b grande ceux qui enlèvent la rafle en totalité è't à Ceux
cbap. 9". DE LA VENDANGE, 181
qui la maintiennent en totalité de se livrer à ! Fig. 186. é
quelques ex]
indiquerons
départemens
trouve , suivant _
égrappe la vendange.
S VI. — Manière dYgrappcr.
Pour égrapper le raisin , on se sert , dans
beaucoup de localités , d'une fourche à trois
dents {/ig. 183, 184) que l'ouvrière tourne ou
Fig. 184. Fig. 183.
Fig. 185.
détachent delà grappe et passent à travers l'es
pace des baguettes ; la rafle reste dans le cy
lindre. Quand l'opération est terminée, on ou
vre une petite porte E, placée sur une des bases
de ce cylindre, et on retire les rafles. Les grap
pes ainsi traitées sont parfaitement égrenées
en peu d'instans , et les grains sont pressés
sans qu'il soit nécessaire de les toucher avec
les mains ou les pieds. Un enfant peut met
tre toute la machine en action.
§ VII. — Du foulage.
Si les viticoles sont divisés sur la question
3 l'égrappage, ils sont tous d'accord sur la né
agite circulairement dans un petit cuvier où cessité de fouler la vendange, pour obtenir
sont déposés les raisins. Par ce mouvement ra une fermentation prompte, uniforme et régu
pide , elle détache les raisins de la grappe, et lière, et d'une certaine quantité de raisin
ramenant celle-ci à la surface , l'a sépare avec plus de vin de première qualité. "
la main. , Dans quelques pays on foule le raisin dans
On procède aussi à l'égrappage avec un cri un baquet et on le verse au fur et à mesure
ble en fil de fer ou en osier dont les mailles dans la cuve. Daus quelques autres on jette
ont 9 à 1 4 millimètres ( 4 à 6 lignes de diamètre ) ; la vendange dans la cuve a mesure qu'elle ar
ce crible est surmonté d'un bourrelet d'osier, rive de la vigne, et lorsque cette cuve est
serré et placé sur des tasseaux, au-dessus d'un pleine, on fait descendre 2 ou 3 hommes nus
cuvier ou d'une cuve. L'égrappeur agite par qui foulent les grains avec les pieds et écra
dessus et avec les mains , les raisins que l'on sent avec les mains ceux qui surnagent. Cette
y dépose et tourne dans tous les sens, jusqu'à dernière méthode est presque abandonnée
ce que la grappe soit totalement dépouillée de partout, et avec raison.
grains. On doit avoir soin de ne jamais met On se sert assez communément aujourd'hui
tre les raisins en trop grande quantité , afin pour cette opération d'une caisse carrée, ou
que les grains puissent passer plus com verte par le haut et dont le fond est perce de
modément. Un bon ouvrier peut, au moyen de trous en forme de liteaux qui laissent entre eux
ce procédé , égrapper 7 h 8 muids de raisins un petit intervalle; cette caisse est placée
par jour ( 16 à 18 hectolitres). sur deux pièces de bois .qui reposent sur les
(!n instrument que nous avons vu dans le bords de la cuve elle-même; dans son inté
midi de l'Allemagne nous parait très propre à rieur est un vigneron dont les pieds sont ar
hâter cette besogne. Cet égrappoir (fig. 185 ) més de gros sabots. Il piétine alors vivement
se compose d'une trémie A ou l'on jette les la vendange, le suc exprimé coule dans la cu
grappes et d'un demi-cylindre B, dont les ba ve ; ensuite, au moyen d'une porte latérale à
ses ou fonds sont formés de deux planchettes. coulisses , il fait tomber le'marc dans la cuve,
La surface convexe est à claire-voie et formée ou le rejette au dehors si le moût doit fermen
par des baguettes rondes de bois, de 8 à ter seul. Il continue cette manœuvre jusqu'à
0 lignes de diamètre et assez rapprochées ce que la cuve soit pleine ou que la vendange
l'une de l'autre pour ne laisser passer que les soit épuisée.
grains pressés et rompus. Un volant à deux On a inventé et proposé diverses machines
ailes G {fig. 186) , dont l'axe porte une mani pour fouler les raisins plus complètement
velle M , est placée dans ce cylindre. L'égrap- et plus promptement que par la pratique or
poir se monte sur une cuve au moyen de deux dinaire. Celles de MM. Gay et de i!oi u.mssac
barres D de bois qui le soutiennent au-dessus. de Montpellier sont peu répandues , parce
On introduit les grappes dans la trémie et on qu'on les a trouvées trop dispendieuses.Dans la
imprime un mouvement demi-circulaire de va fouloirc de M. Gay, il est a craindre que les
et vient à la manivelle ; les grains rompus se grappes brisée*; découpées et hachées par les
182 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS.
lames du battage, ne se trouTent trop divisées Îilacés sur le même plan; il est essentiel que
et ne communiquent plus facilement leur eur parallélisme soit exact. Ils agissent com
principe acerbe au moût où elles trempent, me des laminoirs par pression et frottement ;
lorsque la fermentation se prolonge. Les meu ils sont mis en mouvement par le moyen de
les de M. de Boubnissac peuvent écraser trop 2 roues dentées D de différens diamètres,
ou trop peu, suivant 1 écartement qu'elles pour communiquer à l'un des rouleaux un
conservent; elles agissent d'ailleurs sur les mouvement plus accéléré. Chaque cylindre
pépins qu'elles broient, ce qui donne au vin porte une des deux roues dentées ; la mani
une plus grande âpreté. velle A est adaptée à l'axe de la plus petite.
La machine inventée par M. Guébin de La grande roue a 25 cent. ( 10 po. ) de diamè
Toulouse est recommandée par M. Louis de tre: la petite n'a que 16 cent. (6 po. 1/2).
Villeneuve dans son Manuel d'agriculture. Lescylindresoccupent le fond d'une trémie E,
Depuis plusieurs années elle fait chez lui le dans laquelle on jette les raisins égrappés;
service des vendanges avec le plus grand suc cette trémie est placée au-dessus d'un baquet
cès et une notable économie. Elle est simple, F ou de la cuve elle-même.
expéditive, et ne coûte que 54 à 70 fr. Sa con La fouloire dont nous allons donner la des
struction est facile et peut être exécutée par cription est représentée dans l'ouvrage que
tout. Je la recommande avec d'autant plus de M. Lenoib a publié sur la culture de la vi
coufiance que j'ai fait moi-même usage avec gne et la vinification ; nous remarquons seu
succès d'une machine semblable pour écraser lement ici que dans la fouloire de M. Gué-
des cerises et d'autres fruits à baies dans une bin , la vendange a besoin d'être égrappée ,
distillerie. La fouloire de M. Guérin a beau tandis que dans celle de MM. Lomeni et Le-
coup d'analogie avec celle de M. Lomeni, au noir on peut jeter les raisins tels qu'ils arri
teur d'un excellent traité sur la fabrication vent de la vigne , seulement après le foulage
du vin ; la seule différence, c'est que dans la on sépare, au moyen d'un crible en osier, ou
première les cylindres sont unis, tandis que un filet en ficelle, la quantité de rafles qu'on
clans l'autre ils sont cannelés. Avant de passer désire enlever suivant la maturité. La fouloire
h la description de ces appareils, nous croyons de M. Lenoir , qui nous parait réunir toutes
devoir rappeler que l'on pourrait employer les conditions désirables, est représentée en
avec avantage pour le foulage des raisins le élévation dans la fig. 189, et par-dessus dans
moulin qui a été décrit liv. III, pag. 32, fig. la fig. 190. Elle se compose d'un bâti AA, d'une
35 et 36. Il suffirait d'augmenter la longueur Fig. 189.
du cylindre, et de laisser un peu plus d'inter
valle entre les chevilles pour que la grappe ne
soit pas froissée et les pépins écrasés. 11 se
rait peut-être encore utile d'arrondir un peu
les chevilles au lieu de les laisser angulaires;
celles-ci, en passant entre celles de la trémie,
conserveraient une distance suffisante pour
ne livrer passageà aucun grain entierde raisin.
Cette machine, au reste, ressemble à celle qui
aété exécutée parM.TniEBAULTDEBEBNEAUD,
mais elle mérite la préférence sur celles-ci,
en ce que Tes chevilles sont en bois et ne
peuvent communiquer un goût étranger et
aucune couleur au moût.
La fouloire de M. Guébin, que la fig. 187
Fig, 187.
T
Fig. 190.
trémie G, et de 2 cylindres accolés, en bois,BB,
IV « IX de 9 po. 8 lig. de diamètre, avec des tourillons
en fer tournant dans des coussinets posés sur
la partie DD du bâti. Ces cylindres sont can
nelés dans le sens de la circonférence. FF
sont des renflements d'une ligne et demie
à 2 lignes aux extrémités de chaque cylindre.
Ces renflemens doivent être en contact. Il
existe alors un intervalle de 3 à 4 lignes, entre
les cylindres ou rouleaux, et en pratiquant tle
Fig. 188. légères cannelures ou dents transversales sur
la périphérie de ces renflemens, il suffil d'im
représente vue d'en haut, et dont la figure 188 primer le mouvement à un seul des cylindres
offre une coupe perpendiculaire, est compo pour que l'autre tourne en sens contraire ,
se de 2 rouleaux ou cylindres en bois , B G, ce qui dispense d'un engrenage. L'essentiel ,
çhap. 9'. DE LA VENDANGE, 183
c'est que les cylindres soient bien cintrés; il coulerait dans la cuve; et comme le bâti est
serait très avantageux que les coussinets de monté sur des roulettes ou galets , on le trans
l'un des cylindres fussent mobiles, afin défaire porterait facilement et successivement au-
varier à volonté leur écartement qui doit être dessus de chaque ouverture. L'entonnoir s'en
proportionné à la grosseur des raisins et sur lèverait et servirait pour toute la cuverie, les
tout à la force des rafles. On peut obtenir ouvertures du plancher ayant les mêmes di
cette mobilité en fixant le coussinet sur une mensions. Après le foulage, on fermerait les
platine de fer un peu large, qu'on engage dans ouvertures du plancher au moyen d'une plan
une coulisse à rainures latérales ; le coussinet che de même grandeur appuyée sur des rai
peut être poussé ou tiré par une vis de rappel nures ou munie de rebords sur les côtés.
ou par des coins. Cette machine pourrait être Voici maintenant la description de la fou-
établie dans une pièce située à un étage supé loire de M. Lomeni , représentée dans les
rieur à la cuvene ; au-dessus et vis-à-vis de fig. 191 à 195, et qui se compose essentielle
chaque cuve on pratiquerait une ouverture ment de 2 cylindres assemblés dans un bâtis
carrée, munie d'une espèce d'entonnoir ou en bois, sur des axes en fer. Les 2 cylindres
tuyau en bois par lequel la vendange écrasée AA, ( fig. 191 et 195) ont 1 mèt. de longueur
Fig. 194. Fig. 191.
(l) Formule pour l'addition du sucre ou d'un sirop dans le moût. La densilé du sucre sec de canne ou de
raisin e*t représentée par 1600, l'eau étant 1000.
Celle d'un sirop quelconque s'obtient par le mustimètre et se calcule par la InMc de concordance n. 2. On
commence par retrancher 1000 de toutes les densilés, pour abréger le calcul dont voici un exemple. Soit a le
moût de la cuve = 85 hectolitres; b la densité de ce moût = 43 ; c la densilé voulue = 83 ; d la densité du
sucre =600; x la proportion en volume de sucre qu'il faut ajouter au moût, on aura la formule:
* (C — 4)X « (83— 43) X M- ; 1000 - ■-- \ tj x
d— c 600— 83 Bi7 '
Ainsi il faut ajouter 1 hect. 93 litres de sucre pour amener la densilé du moût do 13 à 83. On réduit le vo .
lume en poids en multipliant 1,93 litres par 1000 grammes, on aura 308 k. 800 pour le poids du sucre em
ployé et 103 litres pour l'augmentation de volume; c'est prés de 010 fr. de dépense pour une cuve d'environ
13 pièces de 328 litres, ou SO fr. par pièce. On consommerait dans ce cas * hectolitres de sirop Foucliard ou
683 kilog. qui, 1 33 fr. le quintal, ne reviendraient qu'à 107 fr. et lionificraient de * hect. en volume. Daim
le l" cas, la quantité d'alcool formée est de 150 litres, et dons le second elle n'est que de 00 litres. On ob
tiendra avec le sucre un vin riche a 10 pour cent en alcool et le sirop produira un vin ne contenant que 7 pour
cent de richesse alcoolique.
108 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES TINS»
représentent 18 kilog. 750 gram.de sucre ou 37 18" cent. Aussitôt que la
lr.50c.de déboursés; c'est 24 fr. de plus que tueuse serait arrêtée, je soutirerais le vin en-
par la méthode généralement suivie et préco core trouble dans un foudre foi de la même <
nisée. tenance à peu près que la cuve et avec le»
Valcool ne donne pas de douceur au vin , mais précautions que j'indiquerai plus bas; c'est à
il fait tomber la verdeur d'une manière très celte époque que j'additionnerais l'alcool avec
sensible en précipitant le tartre; il lui com un entonnoir a longue tige; je placerais en
munique de la chaleur et la faculté d'être de suite la bonde hydraulique. Je crois qu'en en
garde. On doit effectuer l'addition de l'alcool tretenant quelque temps la température, la
au moment où la fermentation tumultueuse combinaison s'opérerait; en ayant soin de rem
est apaisée; on fait arriver le liquide au fond plir et de cesser de chauffer, le vin pourrait
de la cuve au moyen d'un entonnoir à longue rester jusqu'au premier soutirage et ae boni
douille, et on brasse ; on replace le couvercle fierait très certainement. Cette opération se
de la bonde et on attend que la température ferait peut-être dans nos tonneaux ordinaires;
de la cuve soit abaissée pour décuver. c'est un essai qui ne donnera aucun résultat
En résumé, danscertainesannées,on pourra fâcheux et qui doit être tenté.
employer concurremment le sucre et l'alcool Les signes que l'on indique pour reconnaî
pour améliorer les vins; dan» beaucoup d'au tre le moment le plus opportun pour soutirer
tres l'alcool seul suffira, et, dans un bien petit la cuve, sont : 1° la diminution de densité du
nombre, on ne fera aucune addition. Ce que moût qui descend jusqu'à 0 et même au-des
j'ai dit, au reste, servira de guide aux œnolo sous. Cet indice n'est pas sûr; quelquefois le
gues; mais nous avons encore besoin d'obser moût conserve une densité supérieure à celle
vations bien faites et d'une série d'expériences de l'eau pureet le vin est fait, etla densité peut
bien conduites pour fixer notre opinion sur descendre à 0 et le vin n'être pas encore fait.
plusieurs points essentiels de la fabrication La température et la présence de l'acide car
dans nos vignobles renommés. Je sais qu'en bonique sont aussi une cause d'erreur. 2° la sa
Bourgogne, à Beaune même, on se sert du veur qui, de douce ou sucrée, passe à un goût
sucre et de l'alcool ; mais ce procédé n'est pas piquant, chaud ou vineux ; Yodeur qui est ce
général et je ne sache pas qu'il soit pratiqué qu on nomme fragrante; 3° la couleur; le vin
avec une exactitude rigoureuse. Les instru acquiert une teinte rouge plus ou inoins fon
ments que j'ai annonces permettront de ré cée, communiquée par la matière colorante
gulariser la méthode d'amélioration, et la de la pellicule des raisins noirs.
science ne sera plus accusée d'avoir substitué Tous ces signes, comme on le voit, sont
une routine à une autre. équivoques, et nous pensons, avec M. Gat*
Nous allons nous occuper du décuvage ou Lusbac, que le moins sujet à varier est celui
entonnaison , opération qui se fait ordinaire que l'on déduit par la distillation, seul moyen
ment avec assez de négligence, et qui com de s'assurer du moment précis auquel il ne
prend le pressurage ainsi que la distribution se forme plus d'alcool. En effet , la véritable
du vin de presse. époque de décuver doit être marquée par la
Section VI. — Du décuvage. terminaison réelle de la vinification ou fer
mentation alcoogénique.
Les oenologues ne sont pas d'accord sur le Au moment de la vendange, au milieu d'oç>
moment que l'on doit choisir pour opérer le dé cupations multipliées, cette méthode, quoi
cuvage, c'est-à-dire pour soutirer le vin de la que la meilleure, offrira peut-être quelque
cuve, le séparer du marc et le distribuer dans embarras et ne sera pratiquée que par un pe
les futailles où il doit être conservé. On ne tit nombre d'œnotechniciens instruits et zélés.
peut donner à cet égard aucun précepte ab Nous donnerons toutefois plus loin la descrip
solu et applicable dans tous les pays ; la pra tion d'un appareil distillatoire, lorsque nous
tique locale, la qualité du vin que l'on désire parlerons de l'analyse du vin ; il nous suffira
obtenir, sont autant de circonstances qui font d'établir ici que le vrai moment de soutirer la
varier l'époque du décuvage. Lorsque l'on cuve doit être saisi lorsque, par la distillation
destine le vin à l'alambic, c est-à-dire à la fa du liquide de la cuve, on s'est assuré que la
brication de l'eau-de-vie , on ne lire la cuve proportion d'alcool formé n'augmente plus;
que lorsque le sucre est complètement con cette épreuve me parait convenir plus spécia
verti en alcool; mais lorsqu'on recherche de lement aux vins destinés à la fabrication de
la finesse , une couleur belle, mais peu foncée, l'eau-de-vie.
on se guide sur ces caractères, et je crois que, La méthode de Brajvde , plus expéditive et
dans ce cas, il y aurait plus de danger de dé plus commode pour essayer le vin de la cuve,
cuver trop tard que de soutirer trop tôt. Si, est peut-être suffisamment exacte. On prend
lorsque la fermentation tumultueuse est ar un tube {fig. 209) de 2 à 6 cent, de diamètre
rêtée, on ajoute de l'alcool, on peut soutirer et de 20 à 25 cent, de haut ; ce tube est divisé
aussitôt que la chaleur sera diminuée et que en 150 parties égales. On verse du vin de ma
la saveur indiquera un commencement de nière à remplir 100 divisions ; on ajoute en
combinaison. Quelques personnes pensent, suite du sous-acétate de plomb liquide jusqu'à
avec raison, qu'en mêlant l'alcool dans la cuve ce qu'il ne se forme aucun précipité ; on laisse
lorsque le marc n'est pas séparé, celui-ci ab reposer; on jette ensuite par petites portions
sorbe une partie de l'alcool, etqu'il se fait une du carbonate de.potasse, sec et chaud, Jusqu'à
perte qu'on pourrait éviter. Je me hasarde de ce qu'il ne se dissolve plus dans le liquide. Ce
proposer un moyen que l'expérience seule sel déliquescent s'empare de l'eau, ou, pour
pourra faire apprécier. Je voudrais que, près de mieux (lire, de la plus grande partie de I eau,
la cuveric, se trouvât un cellier dont la tempé et forme une solution plus dense que l'eau ;
rature serait maintenue ;iar un poêle à 15" ou l'alcool existant dans le viu se trouve séparé
DU PRESSURAGE 190
par ce procédé facile et nage i Fig. S09. ) tes. Ces vases de transport contiennent or
sus de la solution de potasse carbo dinairement 60 à 70 litres et sont en chêne.
natée. Le nombre de degrés mesu Lorsque la cave ou cellier est placée dans le
rés par la coucbe alcoolique donne ,0 voisinage de la cuverie, le soutirage se ferait
la proportion, en volume, d'esprit »» commodément au moyen d'une pompe placée
à 0,825 de pesant, spécif. contenue « sur le couvercle de la cuve et munie d'un
dans les 100 mesures de vin. Comme tuyau en cuir ou en toile sans couture passant
H ne s'agit que de s'assurer de l'ins à travers le mur et dirigeant le vin dans les
tant où la formation d'esprit-de-vin tonneaux à la distance désirée. Pour cela, oh
s'arrête, il s'ensuit que , si deux es aurait un tuyau composé de plusieurs pièces
sais Indiquent consécutivement le se réunissant par des vis ou des tubes, entrant
même degré, il est temps de tirer les uns dans les autres, et à baïonnette. Nous
le Vin de la cuve, c'est-à-dire de parlerons dans l'autre section des vaisseaux
procéder à l'entonnage. vinaires.
On se procurera aisément les Lorsqu'on entonne le vin encore chaud , on
sous-acétate de plomb et carbonate ne remplit point les tonneaux de surmoût ou
dè potasse purifié cher les pharma premier vin; on conserve du vi'de pour la dis
ciens ou fabricans de produits cb: tribution du vin de pressurage.
miques. Cette méthode n'est pas
négliger et je la recommande. On sait que VII. — Du pressurage.
l'alcool d'une densité de 0,825 contient
encore 15 centièmes d'eau ; avec ce rapport On n'enlève de la cuve, par le soutirage, que
on calculera la quantité d'alcool absolu ou de le motlt tout-à-fait liquide et libre, mais il
0,792 de pesant, spécif. renfermée dans le li reste à s'emparer du vin que les grappes et
quide essayé. les pellicules retiennent et que l'on présume
Le déctivage se fait généralement avec si peu contenir plus d'alcool que celui qui est resté
de soins, même dans nos vignobles renommés, fluide. Cette présomption n'a pas été vérifiée
u'il est indispensable d'introduire une mé par des essais comparatifs au moyen de la dis
thode
S plus convenable pour la conservation tillation ou du tube de Brande.
du vin. Je ne décrirai pas la routine ordinaire
qui met le vin encore chaud en contact avec J Ier. — Des pressoirs.
l'air, et même avec le marc, et occasionne
une déperdition considérable d'alcool que l'on Les pressoirs sont les machines à l'aide des
peut évité!'. Le vin, ainsi secoue et aeré, est quelles on exprime le marc et on en extrait le
plus disposé à s'aigrir. Ceux qui opèrent avec vinqu'ilcontient. Ces machines varient de bien
les nouveaux appareils ont déjà réformé une des façons et opèrent d'une manière plus ou
grande parlie des vices du soutirage ordi moins parfaite le pressurage. Les avantages
naire. 3ue l'on reconnaît quelquefois dans chacune
Lorsque les cuves sont assez élevées au- 'elles dépendent souvent plutôt de l'habi
dessus du sol et qu'elles sont munies d'un tude et de la routine que du mérite réel de
robinet près du fond , on place le tonneau sous l'appareil.
ce robinet, on adapte à la bonde un lube en Un bon pressoir doit être solide, facile à
cuir ou rn toile èans couture tfig. 210 ) dont un construire, peu dispendieux à établir, aisé à
bout entre dans le robinet. Dë cette manière manœuvrer, et doit donner la plus grande
le vin coule dans le fut sans être exposé au quantité possible du vin contenu dans le marc.
contact de l'air. Mais comme les celliers sont Les pressoirs les plus généralement em
plus ou moins éloignés des cuveries et que ployés dans les pays de vignobles sont ceux
les tonneaux sont places sur les marres on chan qu'on nomme pressoirs à leviers ou à tesson,
tiers, d'avance et a demeure, ou trouvera tou pressoirs à coffre simple ou double, et pres
jours plus commode de les remplir avec les soirs à étiquels.
fines. Dans ce cas, je voudrais que les tines Les pressoirs à levier ou à tesson sont sim
{fig. 911) fussent foncées ou bien couver- ples, mais ne produisent pas de grands effets;
Fig. 310. ils exigent en outre une place étendue pour
le jeu du levier et pressent inégalement les
matières soumises à la pression, ce qui force
de les y présenter de nouveau et à plusieurs
reprises dans différentes positions, et allonge
la durée de l'opération.
Les pressoirs à coffre simple ou double sont éga-
lement peu coûteux, mais ils sont lents dans
leur opération et ne donnent qu'une pression
très faible. Quand on veut augmenter leur
force, il faut leur appliquer des engrenages
métalliques très dispendieux et qui résistent
difficilement au travail rude et suivi du pres
surage.
Les pressoirs d éliquet sont simples, solides,
économiques, résistent bien au travail et
exigent un petit nombre d'hommes pour les
faire mouvoir. Dans le système ordinairement
employé, la vis du pressoir esl mise en mou
vement par une roue dont la périphérie est
200 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS. uv. iv.
creusée en gorge, dans laquelle s'enroule l'ex exercer une bien forte pression', qu'un homme
trémité d'une corde dont l'autre bout s'en ou deux au plus qui agissent en grande partie
roule aussi sur un cabestan. Ce système exige par leur propre poids. On estime qu'avec un
encore 4 hommes pour sa manœuvre, et la pressoir de cette espèce on peut faire, dans
corde, qui s'use assez rapidement, finit par de 15 heures de temps, un pressurage d'environ
venir un objet dispendieux. 20 pièces de 260 bouteilles chaque. .
Dans le pressoir dont nous donnons ici le Leprestoir à percussion inventé par M. Ré-
le modèle (1) on a cherché à diminuer le nom villon est fondé sur le même principe que
bre d'hommes dans la manœuvre et à se passer le balancier qui sert à frapper les monnaies,
de câble. Comme tous les pressoirs , celui-ci, adapté à la presse à vis ordinaire. Cette ma
représenté fig. 212, se compose de 2 fortes ju- nière d'appliquer la pression a déjà reçu de
Fig. 212. nombreuses applications et nous présenterons
ici la figure d'un pressoir de cette espèce, dans
le système vertical, comme plus conforme
aux habitudes contractées dans nos pays de
vignobles, et tels que les établit aujourd'hui
M. Beugé, ingénieur mécanicien à Paris, rue
des Vieux-Augustins, n. 64.
Ce pressoir (fig. 213), est simplement une
Fig. 213.
(î) Drscription de pluaieur» instrument nouveaux pour oonserrer et améliorer les vint, par J.-Ch. HEunti.
V.it'k, 1843, in-H.
CHAP. 9". DES SOINS A DONNER AU VIN. 215
destinées à la conservation du gaz, on remplit cune secousse, et sans se mélanger nullement
entièrement la futaille et on la ferme exacte avec le vin du tonneau ou avec celui du rem
ment au moyen du bondon. plissage.
On laisse le vin dans cet état, ayant soin de Cet appareil est construit en fer-blanc. La
remplir les futailles tous les quinze jours ou longueur du tube A doit être de 40 à 48 cent.
tous les mois au plus tard; car le vinqui est dans ( 15 à 18 po. ) ; son diamètre à la partie supé
les tonneaux s'échappe par les pores du bois, il rieure est de 10 cent. (4 po. ), le corps du tube
diminue par l'évaporation , et après quelques est de 18 millim. (8 lig.); enfin l'ouverture in
semaines il existe un vide plus ou moins con férieure est de 5 mill. (2 lig. et 1/2). Le tube
sidérable dans la futaille. B doit avoir de diamètre 9 mill. ( 4 lig. ) et de
La couche supérieure de vin qui est alors en, longueur 8 à 10 cent. (3 à 4 po.) Le cône C
contact avec l'air se recouvre de moisissure, doit avoir de diamètre, à sa partie supérieure
de fleurs, de pourriture; ce vin se tourne en ou la plus large, 48 mill. ( 22 lig. ), à sa partie
vinaigre ou il se gâte. Lorsque l'on remplit une inférieure 33 mill. ( 15 lig. ); il est fermé de
futaille en y versant du vin avec une cruche, toutes parts. La tringle doit traverser le bou
comme cela se pratique d'ordinaire, on fait chon et le maintenir en dessus et en dessous
rentrer, on refoule dans le bon vin, le vin gâté au moyen de deux petites rondelles de métal.
3ui se trouve au-dessus, et on l'y enfonce A la place de la tringle et du bouchon, on
'autant plus profondément que l'on verse de pourrait mettre au bas Fig. 232.
plus haut. On peut facilement se convaincre du tube un morceau
que ce mélange nuisible a lieu comme nous le de taffetas gommé ou
disons , si l'on fait attention à ce qui se passe de vessie, qui s'ouvri
lorsque l'on verse du vin sur de l'eau dans un rait de dedans et en
vase de verre. Quoique la pesanteur spécifique dehors, et ferait l'of
du vin soit moindre que celle de l'eau , on voit fice d'une soupape ou
néanmoins tout le liquide prendre à l'instant valvule. Les figures
une teinte uniforme. 231 , 232 , représen
Pour éviter en partie, dans le remplissage tent cette disposition.
des vins, le grave inconvénient que nous si La 1™ (231) est le plan
gnalons, on pourrait faire usage d'un entonnoir de l'extrémité infé
ayant un long tube qui plongerait de quelques rieure de l'entonnoir.
pouces dans le vin du tonneau. En versant La 2e (232) est la coupe
avec précaution le vin par cet entonnoir, le de la partie inférieure
tonneau se remplirait sans secousses, et le vin de l'instrument. Fig. 231. Fig. 230.
gâté sortirait par l'ouverture de la bonde.
Voici l'instrument que nous proposons et qui § II. — Soutirage.
nous parait remplir son objet d une manière
exacte et avantageuse. Lorsque la fermentation s'est apaisée, dit
Il se compose 1° d'un tube vertical ou enton Chaptax, et que la masse du liquide jouit d'un
noir A (fig. 230), par lequel on verse le liquide repos absolu, le vin est fait;, mais il acquiert
destiné à remplir le tonneau; 2° d'un tube de nouvelles qualités par la clarification; on
coudé B, destiné à la sortie de la couche de le préserve par cette opération du danger de
vin gâté ; ces deux pièces traversent un bou tourner.
chon conique en fer-blanc C , que l'on entoure Cette clarification s'opère d'elle-même par le
de linge et que l'on place dans la bonde du temps et le repos; il se forme peu à peu un dé
tonneau ; 8° crime tringle de fer D , portant un pôt dans le fond du tonneau et sur les parois,
bouchon E, destiné à fermer l'orifice inférieur qui dépouille le vin de tout ce qui est dans
de l'entonnoir. une dissolution absolue ou de ce qui y est en
Pour faire usage de cet instrument , on en suspension; ce dépôt qu'on appelle fie, est
fonce la tringle et le bouchon dans le tube, un mélange confus de tartre, de libres, de ma
de manière à en fermer l'ouverture inférieure, tière colorante et surtout de ce principe vé-
on introduit dans le tonneau l'instrument géto-animal qui constitue le ferment.
jusqu'au cône C, que l'on a garni de linge, et Mais ces matières, quoique déposées dans le
on le fixe solidement dans le trou de la bonde. tonnt-au et précipitées du vin, sont suscepti
On emplit ensuite l'entonnoir avec du vin ; bles de s'y mêler encorepar l'agitation, le chan
alors on relève le bouchon dequelques pouces, gement de température, etc. ; et alors, outre
au moyen de la tringle, et l'on continue à qu'elles nuisent à la qualité du vin qu'elles
verser le vin dans l'entonnoir. Lorsque le ton rendent trouble, elles peuvent lui imprimer
neau est plein, la couche de vin gâté passe par un mouvement de fermentation qui le fait dé
le tuyau B et s'écoule au dehors. On doit en générer en vinaigre.
laisser sortir une certaine quantité que l'on C'est pour obvier à cet inconvénient qu'on
met dans un tonneau à part ou que l'on cm- transvase le vin à diverses époques, qu'on sé
filoie pour faire du vinaigre. On enfonce alors pare avec soin toute la lie qui s'est précipitée.
e bouchon dans l'entonnoir , au moyen de la Cette opération s'appelle soutirer, traverser,
tringle, et l'on retire l'instrument du tonneau transvaser, déféquer les vins. Le soutirage con
que l'on bondonne comme à l'ordinaire. siste principalement à tirer le vin de dessus
On voit que le remplissage se fait ainsi d'une sa lie et à le transvaser dans une futaille bien
manière parfaite. Le vin de remplissage est ra nettoyée.
lenti dans sa chute par le bouchon qui est resté Dans quelques contrées ( Issoudun, etc. ),
dans le tube et il s'écoule lentement; le liquide le vin reste pendant plusieurs années ( môme In
'élève peu à peu dans la futaille; le vin gâté et 12 ans) dans le fût où il a été primitivement
st soulevé et tranî^orté au dehors sans au déposé après la rreolte. On n'y touche plus,
-2M ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS. LIV". IV.
si ce n'est pour remplir; il ne sort de la fu veau, il faut, comme nous l'avons dit, adapter
taille que pour être livré à la consommation. à la bonde un soufflet, à l'aide duquel on in
La lie déposée au fond des tonneaux où le vin troduit avec force dans le tonneau une grande
a été conservé pendant plusieurs années est quantité d'air qui exerce une pression sur le
dure et consistante. Souvent le vin dont nous vin et qui l'oblige à sortir d'un tonneau pour
parlons a contracté un léger goût d'amertume monter dans l'autre ; c'est alors que ce pro
ou de pousse; on lui donne le nom de vin cédé devient éminemment défectueux. En
bouté. effet, on emploie d'un côté tous les moyens
Dans nos Ie™ vignobles on est généralement de soustraire le vin au contact de l'air, et de
dans l'usage de soutirer ou de transvaser les l'autre, on comprime, on presse de l'air dans
vins au moins une fois par an. Le soutirage a le vin, on les force à se mêler. Ce mélange est
lieu ordinairement au mois de mars et au sans doute infiniment nuisible à la liqueur.
mois de septembre ; on doit choisir un temps On peut diminuer et même faire cesser les in
sec et froid pour exécuter cette opération : convénient que nous signalons en employant
car les temps humides et les vents du sud le gaz sulfureux au lieu d'air, au moyen de
peuvent troubler les vins. l'appareil suivant. Ajustez à la soupape A
Le soutirage doit toujours se faire avec (fig. 233 ) du soufflet, un tube de cuir,
beaucoup de soin et de propreté; on doit d'une douille qui s'a- pj~ 233.
prendre garde surtout que le vin soit le dapte au baril. Ce ba
moins possible en contact avec l'air atmos ril a trois ouvertures:
phérique et à ce que la lie ne soit point agitée l'une e pour recevoir
pendant l'opération ; car, outre que le vin s'é la douille du tube de
vente à l'air, c'est-à-dire qu'il perd une quan cuir; l'autre D qui
tité considérable de parties spiritueuses et doit rester ouverte ;
aromatiques, le contact de l'air et les mouve- la troisième c qui est
mens de la lie le disposent à s'aigrir. fermée par un bou
Le soutirage s'exécute ordinairement à l'aide chon ou méchoir au
de seaux ; mais on doit employer de préfé quel est attachée une
rence les syphons (pag. 211) ou des tubes, soit mèche ou une ficelle
en cuir soit en fer-blanc, ou de longs enton soufrée que l'on al
noirs plongeant presqueaufond du tonneau, lume lorsque l'on veut faire usage de l'appa
q^ui permettent de transvaser le liquide sans reil.
1 agiter et surtout sans l'exposer a l'action On conçoit maintenant que le soufflet au
dangereuse de l'air atmosphérique. En Cham lieu d'aspirer de l'air commun, aspirera le
pagne et dans d'autres pays vignobles on fait gaz sulfureux, ou plutôt l'air privé de son
usage du moyen suivant: On a, ditCHAPTAL, oxigène, contenu dans le baril, et le portera
un tuyau de cuir en forme de boyau, long de dans le tonneau. Cette addition ne peut qu'ê
4 à G pi., ou davantage, et d'environ 2 po. de tre extrêmement utile pour la conservation
diamètre. On adapte des tuyaux de bois aux du vin.
deux bouts. Ces tuyaux vont en diminuant de Nous avions émis, dans le mémoire précité,
diamètre vers la pointe. On les assujétit for quelques observations critiques sur le souti
tement au cuir à l'aide de gros fil; on ôte le rage des vins, lesquelles paraissent avoir été
tampon de la futaille que l'on veut rempliret accueillies et mises à profit en plusieurs en
l'on y enchâsse solidement une des extrémi droits et notamment dans le royaume lom-
tés du tuyau ; on place un bon robinet à 2 ou bardo-vénitien (1). Nous croyons devoir rap
3 po. du fond de la futaille que l'on veut vider peler succinctement ces observations.
et l'on y adapte l'autre extrémité du tuyau. Le soutirage est-il le meilleur moyen pour
Par ce seul mécanisme, la moitié du tonneau parvenir au but que l'on se propose ? Non, il
se vide dans l'autre; il suffit pour cela d'ou s'en faut de beaucoup ; car le vin soutiré plu
vrir le robinet et l'on y fait passer le restant sieurs fois s'affaiblit considérablement, et après
par un procédé simple. Ou a des soufflets d'en une certaine époque, chaque nouveau souti
viron 2 à 3 pi. de long et 15 à 18 po. de lar rage en accélère la décrépitude. Ajoutons à
geur; on adapte l'extrémité du soufflet dans cela les inconvéniens immenses qu'entraîne
l'ouverture de la bonde du tonneau que l'on le soutirage : d'autres tonneaux, beaucoup
veut vider. Une petite soupape de cuir s'ap d'ouvriers , une perte de temps considérable,
plique contre le bout du soufflet et s'y adapte et par conséquent une dépense très forte.
fortement pour empêcher que l'air n'y re Tout le monde connaît les nombreux incon
flue lorsque l'on ouvre le soufflet. Quand l'on véniens de cette pratique, surtout lorsqu'on
pousse l'air, au moyen du soufflet, on exerce est obligé de transvaser des foudres d'une
une pression sur le vin, qui l'oblige à sor vaste capacité et qui n'ont besoin d'aucune
tir d'un tonneau pour monter dans l'autre. réparation.
Lorsqu'on entend un sifflement à la cannelle L'objet du soutirage est de séparer le bon
on la ferme promptement; c'est une preuve vin de la lie. Et pourquoi ne pas faire sortir la
que tout le vin a passé. lie seule et laisser le vin dans le tonneau? Le
Les auteurs font un éloge pompeux du pro moyen en est très simple. Supposons une ou
cédé que nous venons de décrire. Ce procédé verture, une bonde, un robinet à la partie
est avantageux, il est vrai, lorsqu'on v£ut inférieure du ventre du tonneau, c'est-a-dirc
faire passer le vin d'un vase supérieur dans dans celle où les lies se réunissent. Si l'on dé
un vase inférieur; m;iis, lorsqu'on se propose bouche cette ouverture la lie s'échappera la
de faire mouler le vin nu-dessus de son ni- première ; lorsqu'elle sera sortie, ainsi qu'une
li; ll.ibtr. Sulla fabricalioDC dei vini. Milano. I8î4.
chap 9«. DES SOINS A DONNER AU VIN. 21T
partie du vin épais, on refermera cette ou pération pour verser une autre portion de
verture, et voilà cette opération terminée ; on moût, et lorsque la barrique est remplie, à 5
n'aura plus qu'à remplir le tonneau avec du ou 6 po. au-dessous de la bonde, on achève de
nouveau vin. la remplir avec un moût qui a été muté à
Cette opération, comme l'on voit, est très part dans un petit baril. Quelques personnes
simple; elle n'est ni longue ni coûteuse. Tou mutent ainsi par petites portions dont elles
tefois, l'appareil ou le robinet dont nous par emplissent un tonneau fortement méché.
lons ne peut guère être appliqué avec avan Avec le fourneau méchoir, dont le tube plon
tage aux vaisseaux qui contiennent moins de gerait dans 50 à 60 lit. de moût déféqué, écu
huit hectolitres. Pour les futailles d'une di me à frdîd ou bouilli, et placé dans un baril
mension ordinaire, on peut facilement enle de capacité double, on saturerait ce liquide
ver la lie déposée au fond du vase à l'aide d'acide sulfureux sans être incommode par
d'un siphon en fer-blanc, préalablement rem cette vapeur.
pli de vin, et que l'on fait plonger au fond du M. J.-Cu. Lelchs a trouvé dans le noir ani
tonneau, ou le syphon à pompe (pag. 21 1). On mal un très bon moyeu de conserver le moût de
peut aussi employer avec avantage une petite raisin. Mêlez avec un litre de moût 6 gram. de
pompe en fer-blanc, semblable à celle qui sert charbon animal en poudre et lOgram.silemoût
pour les huiles, que l'on introduit par la bon contient beaucoup de matières ou élémens du
de et que l'on enfonce jusqu'au bas de la fu ferment. Cette dose donne 2 kilog. pour une
taille. En faisant agir cette pompe, on enlève Îiièce de 230 lit. Lorsque le liquide est déco-
peu à peu la lie déposée au fond du tonneau, oré et s'est éclairci, on le soutire dans un
et ensuite une portion de vin trouble; après autre vaisseau qui doit être tenu plein et bien
quoi l'on retire la pompe, l'on remplit et l'on bouché. Ce moût n'entre pas en fermentation,
ferme la futaille comme à l'ordinaire. même dans un vase ouvert ; le charbon s'est
De ces trois nouveaux procédés de souti emparé de l'albumine et du gluten qui don
rage de la lie, que nous avons proposés il y a nent naissance au ferment et de celui qui a pu
Î|uclques années, le dernier moyen, la pompe se former par le contact de l'air. Ce ferment,
oulante, est celui auquel on parait donner la combiné au charbon, n'a pas perdu ses pro
préférence en Italie efla plupart des ferblan priétés, car si on laissait cette combinaison
tiers de Milan construisent aujourd'hui de dans le moût nelui-ci recommencerait à fer
nos pompes à enlever la lie. menter; il faut donc séparer le dépôt aussi
tôt que le vin muet est clair. Cette opération
J III. — Soufrage. doit se faire à froid. Le moût clarifié à chaud
avec le noir entre en fermentation.
L'un des plus puissans moyens de conser Cette méthode est bien préférable au mu-
vation des vins est le soufrage, qui consiste à tage par le soufre, qui laisse au vin une sa
imprégner soit les futailles soit le vin lui- veur peu agréable et qui ne préserve pas le
même d'une quantité plus ou moins forte de moût de la fermentation lorsque l'été est très
vapeurs sulfureuses (gaz acide sulfureux). Ce chaud ; ce qui oblige de renouveler le mu-
moyen a pour objet d'empêcher ou de retar tage si on aperçoit quelques signes de fer
der la fermentation vineuse et d'expulser des mentation.
tonneaux l'air atmosphérique dont le contact $ IV. —Collage.
sur le vin pourrait le faire passer à l'état de
vinaigre. Pour faire cette opération, on intro Le soutirage ne suffit point pour débarras
duit par l'ouverture de la bonde d'un tonneau ser le vin de toutes les impuretés qu'il con
vide une mèche soufrée , c'est-à-dire une ban tient, et surtout des matières qui restent sus
delette de toile enduite de soufre et allumée. pendues dans le liquide. C'est au moyen du
On y suspend cette mèche par un fil de fer collage ou de la clarification que l'on donne
et l'on ferme légèrement la bonde; ou, mieux, au vin ce brillant, cette limpidité qui fait l'un
on fait usage du petit appareil décrit à la des principaux agrémens de cette liqueur.
pag. 212. I/air intérieur Se dilate d'abord et On colle toujours les vins avant que de les
s'échappe avec sifflement. Lorsque la com mettre en bouteille. On emploie ordinaire
bustion est terminée, le tonneau est plein de ment, pour clarifier les vins, la colle de pois
gaz sulfureux ; néanmoins les parois du vase son, les blancs d'oeufs, liquides ou desséchés,
sont à peine acides. On remplit ensuite le la gélatine ou la colle forte transparente et
tonneau. même la gomme arabique. Les proportions
D'autres fois on soufre le vin lui-même; de ces substances varient suivant la densité
c'est ce qu'on nomme aussi muter , faire du vin du liquide et selon qu'il est plus ou moins
muet. Ce vin muet ne fermente pas et sert à charge d'impuretés. Lorsqu'on emploie la
soufrer les autres vins. colle de poisson ( la dose varie de 2 gros à une
Le soufrage rend d'abord le vin trouble et demi-once par hectolitre) on la déroule avec
le décolore légèrement ; mais la couleur ne soin, on la coupe par petits morceaux, on la
tarde pas à revenir et le vin s'éclaircit. fait tremper dans un peu de vin; alors elle se
Pour faire le vin muet, on verse dans un ton ramollit et forme un liquide épais et gluant
neau méché à refus un quart de moût ( envi que l'on verse dans le tonneau. On agite for
ron 50 à GO lit. ) ; on boude et on agite forte tement le vin au moyen d'un bâton fendu en
ment; on ouvre; on brûle sur le vin 4 à 5 quatre, que l'on introduit par la bonde et que
mèches; si elles refusent de brûler, on chasse 1 on fait mouvoir rapidement. On laisse en
l'air en introduisant la douille d'un soufflet, suite reposer pendant 10 ou 15 jours. La colle
si on ne se sert pas du fourneau méchoir. Après se précipite lentement à travers le liquide et
avoir versé 50 lit. de nouveau inoùt, on agite entraîne avec elle les impuretés qui troublent
comme pour la p'^fois. On recommence l'o- lu liqueur.
AOMClXTUftB. tome III. — 26
218 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS. . rv.
Quand on emploie les blancs d'oeufs, on les sorte plus d'écume. Lorsque ce moyen ne
fouette avec un petit balai, et lorsqu'ils sont réussit pas, on a recours à d'autres plus effi
en mousse, on les verse dans le tonneau ; caces.
quelquefois on y laisse les coquilles ; le car Puisque c'est l'absence de l'alcool, le i
bonate qu'elles contiennent parait diminuer que de tartre et de tannin qui sont les <
un peu 1 acidité naturelle du vin. principales de cette maladie, l'on doit
J. Ch. Herpin. nir à sa guérison en rendant au vin ces trois
substances ou l'une d'elles séparément. Les
j V. — Sur un mode accéléré de traitement des vins. vins qui ont plus de 7 à 8 centièmes d'alcool
ne sont pas sujets à la graisse ; il en est de
Le vin s'améliore ou se parfait dans les même des vins rouges qui, quoique moins
tonneaux que l'on a soin de tenir constam spiritueux, contiennent du tartre et du tan
ment pleins ; c'est l'eau qui s'évapore seule à nin. L'alcool précipite l'albumine et le muci
travers le bois. La proportion d'alcool aug lage, le tannin agit sur le gluten ou du moins
mente dans les vins ainsi' vieillis. Sommering sur un de ses principes, Ta gliadine, avec la
a découvert que le vin se fait très bien dans quelle il forme un précipité insoluble. Si l'on
un vase de vérre bouché avec une vessie, et emploie un acide, on se sert du jus de citron
que l'amélioration de ce liquide était très ou d'acide tartrique; 30 à 40 gram. du 1" et
prompte dans les caves, quand il était sou moitié d'acide tartrique suffisent pour une
mis à une température de 18 à 25° centigra barrique de 228 lit. de vin gras; on augmente
des. C'est d'après ce principe qu'une vaste la dose s'il est nécessaire. M. Herpin a pro
étuve a été construite près de Chassagne, vil posé la crème de tartre ; mais on donne la
lage sur les confins des dép" de la Cote-d'Or préférence au tannin indiqué par M. Fran
et de Saône-et-Loire, pour donner ainsi en çois. On trouve le tannin dans l'écorce et les
quelques mois, ou même quelques jours, aux copeaux de chêne, les noix de galles, le su
vins des qualités qu'ils n'auraient acquises mac, les cormes, les nèfles et les pépins de
qu'au bout de quelques années. Les vigne raisins dans lesquels M. Doebereiner a re
rons qui sont dans l'habitude de conduire connu l'existence d'une grande quantité de ce
toutes les semaines leur vin sur l'étape, à Di corps. On peut préparer soi-même ou se pro
jon, ont recours à ce mode de chauffage pour curer du tannin sec chez les pharmaciens.
se procurer promptement des vins propres à Pour préparer une teinture de tannin, on fait
la consommation. Je n'ai pu me procurer au bouillir pendant une heure, sur un kilogr. de
cun document particulier sur ce vaste éta noix de galles ou de pépins de raisins con
blissement et je ne suis pas à même de dis cassés, 100 gram. de potasse et on ajoute,
cuter sur son utilité ou ses inconvéniens; je après refroidissement, un litre d'alcool pour
sais seulement qu'il se fait une forte évapo- conserver cette teinture qui s'emploie à la
ration. Avant de se prononcer sur ce mode dose de 300 gram. sur une barrique. Le plus
de traitement, il faudrait un examen chimi sûr moyen est de se servir du tannin sec, à
que du vin à son entrée et à sa sortie de l'é- la dose de 200 gram. , dissous dans 2 lit. d'eau
tuve, et une indication exacte de la tempéra ou de vin.
ture qu'il y éprouve et du temps qu'il reste 2° La pousse. Une fois tourné au gras le vin
exposé à cette opération de chauffage. ne tarde pas à passer à la pousse ou au poux.
Dans cet état sa couleur est louche, tire au
Section XII. — Des maladies des vins. brun et se fonce après quelques minutes d'ex
position à l'air. La saveur est désagréable, re
Pendant leur séjour à la cave et jusqu'à ce butante, c'est un mélange d'amertume et de
qu'ils soient prêts à boire, les vins éprouvent pourriture. Les vins rouges tournent au poux
quelques altérations qui constituent ce qu'on sans graisser. Cet décident est dû à uue dé
appelle les maladies des vins ; voici les princi composition putride spontanée de l'acide tar
pales : trique. Dans cet état il se dégage de l'acide
1° La graisse. Cette maladie est celle qui se carbonique; la potasse, devenue libre, réagit
présente le plus souvent ; elle attaque sur sur l'albumine et le gluten et il se forme de
tout les vins peu spiritueux, et principalement l'ammoniaque. Un remède simple est d'ajou
ceux qui contiennent peu de tannin et de tar ter par tonneau 30 gram. d'acide tartrique;
tre. Cette altération Deut être attribuée à une l'acide carbonique se dégage et le vin se gué
action particulière du ferment sur le sucre rit. Pour les vins tournés récemment, on leur
nou décomposé et sur les autres principes du ajoute de l'alcool et on mèche fortement.
vin. Elle est peut-être due à un phénomène C'est par le bas du tonneau que l'altération
analogue à celui qui est connu sous le nom de commence, et, si on l'observe à temps, il de
fermentation glaireuse, phénomène en tout vient facile de séparer avec le robinet, la pom
semblable à celui que j'ai souvent observé pe ou le syphon le vin gâté de celui qui ne l'est
dans les mélanges pharmaceutiques qui cons pas. Dans tous les cas, le vin poussé, rétabli
tituent les potions dans lesquelles il entre de de quelque manière que ce soit, est de peu
l'éther sulfurique. de valeur et de mauvaise garde. Générale
Les vins gras sont lourds, Mans comme de ment ce vin donne très peu d'eau-de-vie. On
l'huile; quand on les verse dans un verre ils a observé que les vins qui contiennent seule
tombent sans faire de bruit. Quelquefois ils ment 3 p. 0/0 d'alcool passent rarement à la
guérissent d'eux-mêmes ou par le battage qui pousse.
sépare la graisse et la fait sortir du tonneau 3" L'amer. Cette maladie n'attaque et ne
sous forme d'écume; dans ce cas on tient le peut eu effet attaquer que les vins dont le su
fût aussi plein que possible ; on remplit et cre est complètement décomposé ; les vius
l'on continue le battage jusqu'à ce qu'il ne rouges seuls sont sujets à cette altération que
chai*. 9"- MALADIES DES VINS. 219
l'on «bserre particulièrement dans les vins 5° Vivent. Le goût d'évent on de piqué se
fins de Bourgogne; dans ceux ci le tannin guérit par le procédé que nous venons d'indi
parait y avoir disparu. Quelquefois les vîds quer pour le bisaigre.
amers, ceux en bouteille principalement, se 6° Le goût de fût et de moiti. Cette maladie
rétablissent seuls. Dans ce cas, de très clairs est une des plus tenaces et la plus difficile à
qu'ils étaient ils deviennent troubles. Dès guérir. Aussitôt que l'on s'aperçoit que le vin
qu'ils s'éclaircissent de nouveau ils sont gué contracte un goût de fût , on le soutire dans
ris. Ceux qui sont en fûts se traitent de la un tonneau bien affranchi. On a proposé,
manière suivante: Après avoir brûlé dans un comme moyen le plus efficace, l'emploi de
tonneau, sain et bien lavé, 2 à 3 po. carrés de l'huile d'olive récente; on mélange cette huile
mèche soufrée, mettez-y 3 à 4 livres de bonne avec le vin par une forte agitation , on laisse
lie fraîche de vin blanc nouveau qui n'a pas ensuite reposer; l'huile vient surnager et s'est
été collé; roulez le tonneau et versez-y un emparée du goût de moisi , on soutire le vin
1/2 litre de bon alcool, doucement et de ma et on le colle avec un peu d'alun (1). Le vin
nière à ce qu'il reste à la surface de la lie; al ainsi rétabli est employé à des coupages et
lumez l'esprit-de-vin et s'il est trop faible pour mis de suite en consommation.
s'enflammer, ajoutez-en un autre 1/2 litre, Les autres altérations des vins sont moins
ayant soin de choisir le plus fort possible. à craindre et plus faciles à corriger.
Aussitôt que l'alcool est enflammé, bouchez Les vins blancs qui jaunissent sont décolo
le tonneau que vous tiendrez exactement fer rés au moyen du nuitâge ; on les soutire et
mé pendant 24 heures. Introduisez ensuite on les clarifie au lait et à la colle de poisson.
un kilog. de sucre raffiné en poudre; rem Les vins rouges se décolorent par In vétusté;
plissez avec votre vin amer et tenez par mais lorsqu'avant l'âge ils se troublent et
faitement bondé; en peu de jours il s'établit deviennent noirâtres , c'est un indice de ma
une fermentation qui fait disparaître l'amer ladie. Ils sont alors soutirés, mis dans une
tume; ordinairement on attend 15 jours, mais cave fraîche et on leur ajoute de l'alcool si on
quelquefois il faut un temps plus long. "Si le le juge convenable.
tonneau n'est pas muni d'une bonde à soupape Les vins qui déposent doivent être transva
et à ressort, il est essentiel de le surveiller sés avec précaution. Ceux que les chaleurs sur
pour lui donner vent, si la fermentation fai prennent sont transportés dans un lieu plus
sait pousser les fonds; ce vin, ainsi guéri, est frais, frappés de glace, ou mutés, pour arrêter
chaud , agréable , mais il a perdu en grande la fermentation. L'acide sulfureux décolorant
partie son bouquet. les vins rouges, on les soutire et on ajoute de
4" L'aigre. On reconnaît facilement qu'un l'alcool; on pourrait refroidir les vins en les fai
vin tourne au bisaigre, quand on lui trouve sant passer dans un serpentin à plaques, entou
du feu. Si le tonneau est muni d'une bonde ré de glace ou d'eau de puits dans laquelle on
hydraulique, l'eau remonte dans le haut et met du sel. Quant aux vins surpris par la gelée,
laisse accès à l'air. Cette maladie n'attaque le plus court et le meilleur parti est de sépa
que les petits vins, ceux dont la richesse al rer la partie liquide des cristaux de glace qui
coolique est moindre de 6 à 7 centièmes; elle ne contiennent que de l'eau. Les vins gelés
n'arrive que lorsque le sucre est complète sont spiritueux , chauds et capiteux; ils ga
ment décomposé et semble indiquer que gnent en vieillissant. On les mêle avec des vins
les vins ont été négligés ; laissés en vidange plus faibles et prêts à boire.
ou tenus dans une mauvaise cave. C'est par le Les vins verts et plats sont corrigés par le
haut du tonneau que le vin commence a s'ai coupage avec des vins qui ont des qualités op
grir. Le meilleur remède est l'emploi du tar- posées.
trate neutre de potasse, qui se convertit en Il faut, autant que possible, prendre des me
tartrate acidulé dont une partie se précipite. sures convenables pour prévenir les maladies
Il reste en dissolution de l'acétate de potasse. des vins. Il y aura toujours moins de dépenses
On met à peu près 2 à 3 décilitres de cette so et moins de perte par suite des mesures qu'on
lution syrupeuse par pièce de vin. On peut prendra , que par les opérations qu'il fau
aussi clarifier, avec du lait à haute dose , en dra faire en cherchant à les guérir. Lorsqu'on
donnant la préférence au lait écrémé; le fro connaît la cause de la dégénérescence des
mage se précipite entraînant avec lui l'acide vins , rien ne s'oppose h ce que, par des soins
acétique. En évaporant le lait écrémé, et le convenables, un examen attentif de ces liqui
réduisant de moitié ou des 3/4, on diminue la des, une surveillance presque continuelle,
dose de petit-lait qui reste dans le vin. Il faut surtout pendant la pousse et la floraison de la
avoir soin de ne mêler au vin le lait réduit vigne ainsi qu'à l'époque de la vendange, on ne
qu'après son entier refroidissement. Lorsque fiarvienne à prévenir toutes les maladies qui
le vin est éclairci on le soutire; s'il n'est pas es attaquent. Il faut savoir se rendre maitre
complètement guéri, on le traite comme le de la fermentation insensible, comme de celle
vin amer, en ajoutant au sucre 250 gram. ou de la cuve ; alcooliser les vins faibles, ajouter
une 1/2 livre d'alun en poudre et 2 a 3 litres du tartre ou du tannin à ceux qui en man
de bon alcool. Si la dégénérescence est trop quent, et, s'il est besoin , du sucre ou du fer
avancée et si le vin n'est pas d'un prix élevé, ment ; enfin avoir recours au vin muet et à la
le mieux est de le vendre au vinaigrier. lie fraîche du vin blanc.
(I) On a conseillé, pour la désinfection des tonneaux futés, l'usage du chlore gazeux et du chlorure de chaux ;
mais l'odeur de chlore est difficile à faire disparaître. Le charbon animal en poudre grossière enlève, dit-on, la
goût de moisi; nous donnons la préférence à l'huile, pourvu qu'elle n'ait aucun goût, parce qu'elle n'agit en
aucune innnièr; sur les principes du vin.
220 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES VINS. L1V. IV.
Section XIII. — De l'essai des vins. s'échappe par le bec M. L'éprouvette N sert de
récipient, pour l'eau-dc-vie et de mesure pour
La détermination de la quantité d'alcool en le vin à distiller ; elle est divisée en 3 parties de
volume contenu dans les vins, par la méthode chacune un décim. La cucurbite entre dans
de Brande, et le tube œnalcoométrique, p. 198, un fourneau en tôle PP, dans lequel est une
est suffisante pour les cas auxquels nous 1 avons lampe àesprit-de-vin O, introduite par une ou
appliquée; mais lorsqu'il s'agit d'une appré verture ménagée à cet effet.
ciation exacte, c'est à une distillation d essai Actuellement rien de plus facile que l'essai
qu'on doit avoir recours de préférence. On a d'un vin quelconque. On en mesure 3 décili
proposé, pour cet effet, plusieurs appareils tres dans l'éprouvette et on le verse dans la
qui conviennent assez bien, mais que les in cucurbite A. On place ensuite le chapiteau C
venteurs ont établi à un prix qui nous parait avec ses accessoires; on applique une bande
trop élevé. Comme nous voulons généraliser de toile ou de papier enduit de colle à froid
le procédé de l'essai des vins par distillation, ou du lut sur les jointures BB; on remplit
nous allons décrire un alambic très simple, d'eau le réfrigérant et le tube réfrigérant H,
peu dispendieux, et qu'un ferblantier ou chau qui contient le tube G qui plonge dans l'é-
dronnier, même de village, pourra exécuter Erouvette. Si celle-ci est un peu large, on la
sans aucune difficulté. ouche avec un liège à travers lequel passe ce
L'appareil {fig. 234) se compose d'une cu- tube. Le tout ainsi disposé, on allume la lam
Fig. 234. pe et on chauffe le vin qui ne tarde pas à
bouillir. Les vapeurs passent d'abord dans le
serpentin ; de là l'alcool ou partie spiritueuse
se rend, par le tube latéral, dans le récipient.
On rafraîchit l'eau des réfrigérans au moyen
de l'entonnoir L. Aussitôt que l'on a obtenu
un décilitre de liqueur distillée, c'est-à-dire
d'eau-de-vie, on arrête la distillation en reti
rant la lampe. On prend ensuite, avec l'alcoo
mètre, le degré de l'eau-de-vie ( voy. l'art.
distillation des eaux-de-vie) préalablement re-
froidieà 15°C. En distillant le vin au tiers, on
est presque certain que ce qui reste dans l'a
lambic ne contient plus d'alcool. Si l'eau-de-
vie provenant de la distillation porte 24° de
l'alcoomètre centésimal ou 13° 3/4 de l'aréo
mètre de Cartier, en divisant par 3 on ob
tiendra la richesse alcoolique du vin essayé
qui, dans ce cas, sera égale à 8; ce qui indi
quera que le vin contient 8 p. 0/0 d'alcool en
volume ou bien 10 en cau-dc vie à 10° de Car
tier.
Table de la quantité d'alcool absolu et d'alcool
d'une pesanteur spécifique de 0,825 contenue
dans plusieurs espèces de vins de France.
ALCOOL CONTEHO 1
(le la puanteur
curbite A, cylindre droit auquel on donne 9 spécifique (le
cent. ( 3 po. ) de diamètre et 12 cent. (4 po. ) VINS. "—
de hauteur; en BB estsoudée tout autour une
petite gouttière de 2 cent, de large et autant 0,825 0,792
de hauteur, qui laisse l'espace nécessaire pour
recevoir la 2' partie de l'appareil ou le chapi
teau C, cylindre de même diamètre à peu Ilermitage blanc. 17,43 10,21
près que la cucurbite sur laquelle il entre à Id. rouge. 12,32 11,40 |
frottement juste dans la rigole ou gouttière Côte-Rôtie. 12,32 11,40
BB. Ce chapiteau, qui a 5 cent. ( 1 1/2 po) de Frontignan blanc. 12,79 11,90 t
haut, est percé dans la partie supérieure d'un Lune). 15.52 14,43 j
trou D, sur lequel est soudé un serpentin plat Roussillon blanc. 17,09 15,81
en zig-zag E. Ce serpentin est fixé dans un Id. rouge. 18,13 10,87
cylindre réfrigérant, de 12 cent, de hauteur, Bourgogne. 14,57 13,55 |
auquel le chapiteau C sert de fond et est adap Id. 10,00 15,54 |
té par son bec dans un tube G, coudé et légè Bordeaux. 15,10 14,04 |
rement incliné. Ce tube passe à travers un au- Champagne. 13,80 12,83
tretube carré H, qui l'enveloppe, qui est d'un Id. mousseux. 12,89 11,90
coté soudé dans une échancrure carrée du Id. rouge. 11,93 11,10 |
réfrigérant, et de l'autre est soutenu par un Sauterne. 14,22 13,22 i
support X, également soudé au même réfri A in de Grave. 13, 37 12,43 i
gérant. En L un petit entonnoir sert à verser Barsac. 13,80 12,88 i
un filet d'eau froide pour opérer la condensa Anjou blanc. 14,00 13,20 .
tion des vapeurs alcooliques; l'eau échauffée
CHAP. 9'. MISE EN BOUTEILLES. 221
Les petits vins des environs de Paris ne forme varie suivant les pays : en Angleterre, le
contiennent, suivant M. Gay-Lussac, que 5 cou est court, écrasé et le corps cylindrique
p. 0/0 d'alcool ; j'en ai distillé quelques-uns dans toutes ses parties; en France, la forme
qui n'ont rendu que 3 centièmes. Les vins qui est arbitraire, chaque vignoble renommé a
renferment moins de 6 à 7 ne sont pas de pour ainsi dire la sienne; ainsi les bouteilles
garde et il faut une richesse de 15 à 16 pour de Bordeaux diffèrent de celles de la Bourgo
qu'un vin souffre le voyage. Ceux qui se trans gne et de la Champagne. Quant à la con
portent avec moins de danger, par eau ou par tenance elle n'est pas moins variable, ce oui
mer, sont les vins qui abondent le plus en favorise la fraude. Les bouteilles marchandes
tannin; aussi les vins de Bourgogne sont-ils doivent contenir trois demi-setiers ou 0,75 de
trop délicats pour se bien comporter dans les litre; la plupart de celles de nos débitans à
traversées et ils ne conviennent pas pour les la bouteille ne renferment que 6 à 6 1/2 déci
voyages de long cours. La plupart des vins litres, c'est un litre de gagne sur 10 bouteilles.
du midi sont plus ou moins chargés d'alcool La couleur du verre n'influe en rien sur la
suivant les localités, et se rapprochent, sous bouteille, pourvu que la vitrification soit
ce rapport, des vins de l'Italie. Aujourd'hui parfaite, la masse homogène, sans bulles,
on les recherche principalement pour les cou stries ou cordes. L'embouchure de ce vase
lages ; ils soutiennent les vins faibles mais en- doit être plus large à l'extrémité de une à
fièvent le bouquet aux vins fins et délicats, deux lignes de plus qu'au-dessous de l'anneau
tels que ceux de la Bourgogne. ou le bouchon doit pénétrer; son ouverture
bien ménagée est ronde sans saillie; son cou a
Section XIV. — Mise en bouteilles. 4 po. de longueur au plus; le ventre doit
avoir une courbure régulière et conserverune
Nous avons vu que le vin s'améliore ou, forme cylindrique ou conique pour faciliter le
comme l'on dit ordinairement , se fait dans les rangement; le verre doit être à cet endroit
tonneaux ; mais lorsqu'il est parvenu à un d'une épaisseur égale; lecul bombé en dedans
d'une épaisseur moyenne, ne doit pas for
mer, comme cela n'est que trop commun, un
; que possible : l'époqi cône rentrant qui occupe la moitié de la hau
pas la même pour tous les vins; ceux qui sont teur et constitue une véritable fraude. Il faut
forts, corsés, se conservent plus long-temps en refuser les bouteilles dont le verre contient
futailles que ceux qui sont fins et délicats. La trop de fondans ou substances alcalines; ce
décomposition étant plus rapide dans les que l'on reconnaît en les essayant avec une
tonneaux en raison de la masse , il est de fait eau acidulée par l'acide nitrique ousulfurique
qu'elle sera plus lente dans les bouteilles; et qui dissout les matières non combinées.
c est pour cette raison qu'on tire le vin en bou On commence à donner une attention plus
teilles lorsqu'il est suffisamment amélioré : sérieuse au choix et à la fabrication des bou
c'est le meilleur moyen de le boire sans alté teilles, et la Société d'encouragement a pro
ration jusqu'à la fin; tandis que si on le tire posé un prix à ce sujet; il faut espérer que
du tonneau au fur et à mesure du besoin , il ce concours provoquera des essais qui amène
éprouve par son contact avec l'air un commen ront de bons résultats. MM. Darche, proprié
cement d'acétification qui nuit à sa qualité. taires de la verrerie d'Haumont près Mau-
La mise en bouteilles est une opération sim beuge, et Bixm frères, d'Épinal près Autun,
ple et facile, mais qui exige cependant cer ont déjà offert des bouteilles bien confection
taines précautions que l'on néglige trop sou nées et qui ont soutenu une pression de 21 à
vent au détriment du vin ; ainsi il faut avoir 24 atmosphères à la presse de M. Collardeau;
égard à l'époque de l'année, au choix des bou et si, comme M. Hachette l'a constaté par
teilles et des bouchons, à la préparation du expérience, une bouteille pleine de vin mous
goudron , au mode de tirage, enfin au range seux confectionné n'a pas éprouvé dans le
ment des bouteilles. moment de sa plus grande fermentation une
On ne met le vin en bouteilles qu'au bout pression qui surpasse 4 atmosphères, on doit
de 13 ou 14 mois après la vendange, et quel- penser que la condition de soutenir une haute
3uefois'après la 2« et 3e année selon la qualité pression continue n'est pas la seule qui puisse
e la vendange, ou uivant que l'année a été offrir une garantie assurée contre la casse dans
bonne ou mauvaise. On colle le vin avant de la fabrication des vins mousseux. La qualité
le tirer et l'on choisit un temps sec et frais. du verre, la situation des bouteilles droites
On doit éviter de mettre en bouteilles aux ou couchées, l'épaisseur des parties, les varia
saisons de l'année où le vin travaille. Rien de tions de températures, sont autant de causes
filns mauvais que du vin tiré en sève, surtout dont on doit se rendre compte, si l'on veut
e vin rouge, c'est-à-dire pendant la pousse chercher le moyen de remédier à cette perte
delà vigne et la vendange, l'automne et l'hi qui augmente le prix du vin.
ver sont les époques les plus favorables pour Nous devons à M. Collardeau l'invention
cette opération, si l'on tient à obtenir un vin d'une machine destinée à l'essai des bouteil
de garde. Lorsqu'on voudra conserver du vin les dont on veut constater la force de résis
en perce sans altération, jusqu'à la dernière tance. Cette pompe ou casse-bouteille esteom-
goutte, on y versera une quantité suffisante posée d'une griffe à l'aide de laquelle une
d'huile d'olives ou d'huile douce récente, qui bouteille, préalablement remplie d'eau, est
formera à la surface une couche mince desti pincée par son goulot. Une presse hydrauli
née à garantir le vin du contact de l'air. que, dont la communication avec la bouteille
La bouteille est, commel'on sait, un vaisseau est établie par la pression d'une vis sur un ob
de verre ou de grès servant à contenir des turateur, permet d'en éprouver immédiate
petites quantités de vin ou autres liquides; sa ment la résistance. Cet ingénieux appareil
222 ARTS AGRICOLES FABRICATION DES VINS. ttv. n .
d'un savant physicien est désormais indis Fig. 235.
pensable à ceux qui se livrent à la fabrication
des vins mousseux et aux recherches expéri
mentales qui tendent à perfectionner ce genre
d'industrie (1).
Que les bouteilles soient neuves ou non, le
premier soin est de les laver. Cette précaution
est indispensable surtout pour celles qui sont
fabriquées et recuites dans les fourneaux où
l'on chauffe avec la houille, dont la poussière
s'attache à la surface; pour peu qu'il s'en in D
troduise dans l'intérieur ou qinl en reste,
elle détériorerait le vin. Ce lavage doit avoir
lieu jusqu'à ce que l'eau sorte propre et claire ?
de la bouteille. L'on doit préférer la méthode
usitée en Champagne, ou cette opération se
fait avec de l'eau tirée d'un cuvier monté sur ?
un trépied et muni d'un robinet. On lave
d'abora l'extérieur avec une éponge, et en
suite on coule de l'eau dans l'intérieur et on
rince à la chaîne en fil de fer préparée à cet
effet et dont les bouts de chaque chainon sont
armés de pointes qui détachent par le frotte
ment les matières étrangères attachées à la
surface intérieure; on place ensuite les bou l'extrémité inférieure porte un cône solide en
teilles, le goulot renversé, sur des planches bois D. Cette crémaillère en descendant i fait
trouées, afin de les faire égoutter. On peut y pénétrer ce cône dans un cylindre court, co
passer du vin ou de l'eau-de-vie. nique et creux E, placé dans une ouverture de
Si l'on tient à tirer le vin hors du contact de la traverse F, qui sert de point d'appui. On a
l'air, on se sert de la cannelle aérifèredeM. plusieurs cônes de rechange, de divers dia
Jullien. Les bouteilles une fois remplies, il mètres, qu'on substitue les uns aux autres
ne s'agit plus que de les boucher. suivant le diamètre du col des bouteilles à
Les bouchons dont on se sert se font avec boucher et la grosseur du bouchon. G est un
du liège. Il n'y a pas d'économie à se servir cercle de bois mobile sur 2 broches de fer
de mauvais bouchons qui peuvent occasion qui traversent le plan H, lequel se fixe avec
ner la perte du vin. Un bon bouchon ne doit une tige de fer à la hauteur voulue dans le
point avoir de noir; il doit être rond, taillé montant I percé de trous à cet effet et dont
net et sain; un bouchon mou ne vaut rien; il on règle ensuite l'inclinaison par le secours
en est de même d'un liège dur et poreux; on du coin L en bois qui entre à frottement dans
rejelera celui qui est aussi gros par un bout une rainure pratiquée dans l'autre montantM,
que par un autre. Le bouchon bien fait a 18 et de manière que le col de la bouteille vienne
lig. de hauteur sur 9 à 10 lig. de diamètre ; la toucher l'extrémité inférieure du cône creux
partie inférieure est plus étroite de 2 lig. que la E, et que sou ouverture se trouve au-dessous
partie supérieure. Lorsqu'on bouche la bou de celle de ce cône. Pour se servir de la ma
teille le bas du bouchon doit entrer avec quel chine on introduit les bouchons, frottés très
que peine dans son ouverture ; c'est à la pa légèrement d'huile d'olive superfine, dans le
lette à faire entrer le reste. Avant de placer cylindre creux E; on amène le col de la bou
le bouchon il convient de le mouiller avec du teille sous ce cylindre; on tourne le pignon
vin ou de l'eau-de-vie faible. Ceux qui les im au moyen de la manivelle dont son arbre est
bibent d'eau ont tort, parce que ce liquide muni ; la crémaillère s'abaisse et le cône solide
donne naissance à des fleurs ou chênes qui qui la termine enfonce de force le bouchon
surnagent sur la liqueur et sont désagréables sans endommager la bouteille et sans risquer
à la vue sans nuire cependant à la qualité du de briser celle-ci, parce que le cylindre creux
\in. On conserve les bouchons dans un en qui porte sur la traverse reçoit tout l'effort
droit sec et non à la cave. de la pression à laquelle il résiste mieux que
On a proposé plusieurs machines pour bou le verre. Cette machine fonctionne avec célé
cher les bouteilles et prévenir les accidens qui rité et exactitude, et la bouteille étant bou
n'arrivent que trop souvent quand on se sert chée, on n'a plus qu'à la goudronner ou à la
d'une batte en bois pour faire entrer le bou coiffer d'une capsule métallique comme nous
chon dans la bouteille qu'on tient à la main ; allons l'expliquer.
nous décrirons de préférence celle qu'on doit Pour empêcher toute communication entre
à M. Zetta, de Varèze en Lombardie, parce le vin et l'uir extérieur, on obvie à la perméa
qu'elle nous semble la plus simple et la plus bilité du liège et on préserve le bouchon de
commode. Cette machine est composée d'un toute humidité en le couvrant d'un mastic ou
bâtis quadrangulaire en bois(/?</. 235)dans la goudron, composé de poix-résine, de poix de
traverse supérieure A duquel est logé un pi Bourgogne, de térébenthine et de cire; on y
gnon B qui fait mouvoir la crémaillère C, dont ajoute quelquefois du suif. Le tout est coloré
(!) Le prix de la pompe avec la griffe et autres accessoires, tels que manomètre, clc, est de 300 et 400 fr.
On IrouTe aussi chez M. Collardeau, rue du Faubourg-Saint-Marlin, n° 80, un alambic d'essai en fcr-Llanc
«t en çuiTre, ainsi que les alcoomètres, aréomètres, mustimètres, tarlrimèlres, etc. , établis avec le plus grand,
•oia.
chap. 8». MISE EN BOUTEILLES
par du noir d'os, du vert-de-gris, de l'ocre, coupe la capsule qui est molle et l'on évite
du minium, du vermillon, etc. Le goudron l'inconvénient de se salir ou de s'écorcher les
bien fait ne doit être ni trop mou, ni trop mains , ainsi que de mêler dans le vin des frag-
cassant; on l'applique à une chaleur modé mens de mastic ou de goudron. Le bouchon
rée ; trop chaud il se boursouffle et enduit est parfaitement garanti du contact de l'air et
mal , trop froid il n'adhère pas; ce qui arrive de 1 humidité. On peut, si on le désire, se pro
aussi lorsque la bouteille est humide. On peut curer des capsules portant le nom du négo
adopter la formule suivante: Poix-résine, 1 ciant et celui des vins de toutes qualités. Le
kilog. (2 liv.); térébenthine et cire jaune, de dépôt de M. Dupre et compagnie est rue Cas
chaque 100 gram. (3 onces); ocre rouge ou sette, n° 22, à Paris. Le prix des capsules est
ciment fin, suffisante quantité pour donner de 50 fr. le mille. Ce mode est plus écono
de la couleur et de la consistance. On fond la mique et plus commode que l'emploi du fil
résine dans un vase de terre à un feu doux ; de fer et de la cire à bouteille.
on la chauffe jusqu'à ce que l'eau soit évapo Nous devons à M. Delkuze, rue Philip-
rée; on ajoute ensuite la cire, puis la teré» peaux, n" 11, l'invention d'un syphon vide-
benttiine, et enfin la matière colorante bien Champagne qui mérite d'être connu et peut
desséchée ; on tient ce mastic en fusion tran recevoir d'autres applications ; c'est un robi
quille au bain-marie, et on trempe dedans le net de petite dimension, dont la queue, per
cou des bouteilles jusqu'au-dessous de la ba cée de petits trous, est façonnée en forme de
gue ou de l'anneau. lire-bouchon de manière à pouvoir être in
M. Dupbé vient de proposer un nouveau troduite dans la bouteille à travers le bou
moyen très simple pour remplacer le fil de chon. Si on ouvre le robinet en inclinant la
fer, la ficelle et le goudron employés jusqu'à bouteille, le vin est chassé avec force à tra
ce jour pour le bouchage des bouteilles de vers le syphon et tombe dans le verre sans se
vins mousseux, vins fins, français et étran répandre au dehors sur la table ou sur les
gers, ainsi que les eaux gazeuses. I) emploie convives. On est maître de régler son émis
a cet effet des capsules métalliques très duc sion.
tiles, et cependant assez résistantes, qui enve Lorsque les bouteilles ont été remplies,
loppent le bouchon et s'appliquent exacte bouchées, ficelées et goudronnées ou revê
ment sur le verre; elles sont étranglées au- tues d'une capsule métallique, on les range à
dessous de la bague. Cette nouvelle méthode la cave, où l'on en forme des piles ou tas d'une
de boucher s'exécute au moyen d'une ma longueur ou d'une hauteur indéterminées.
chine très simple et expéditive.ÈI le se compose Les bouteilles doivent, autant que possible,
i/ig. 236; d'un châssis en bois monté sur 2 pieds. être couchées horizontalement, afin que le
Le bouchon , re bouchon soit constamment mouillé parle vin.
couvert de la cap Quelques personnes placent les bouteilles
sule , est enfoncé dans des espèces de caveaux et les couvrent
dans le cou de d'une couche de sable. Je donne la préférence
la bouteille pla aux tas isolés, et c'est pourquoi je recom
cée sur une plan mande les empiloirs ou casiers fabriqués par
che par la pres M. Manon, rue des Enfans-Rouges, n° 13, et
sion d'une vis A. rue Porte-Foin, n° 1. Ils offrentTavantage de
Une corde passée ranger les bouteilles d'une manière commode,
préalablement au régulière et solide. Ces casiers sont placés
tour du cou et bien horizontalement et on peut facilement
que l'on tend au retirer isolément chaque bouteille sans nuire
moyen de la pé à la masse. Chaque qualité de vin peut avoir
dale R , forme un son casier à part < u seulement un rang du
premier étrangle casier. Les bouteilles étant isolées ne portent
ment de la capsule ; on l'achève en saisissant pas les unes sur les autres ; et lorsqu'il s'en
avec la main la bouteille après avoir des casse, rien ne se trouve dérangé dans la pile
serré la vis de pression sans lâcher la corde. lors même que la forme des bouteilles ne se
Lorsqu'on veut déboucher la bouteille, on rait pas régulière. Masson-Four.
Section I". — De l'eau-de-vie, de l'esprit-de-vin sins ou autres, extraire Yalcool qui s'y trouve
et des matières dont on les retire. tout formé et qu'on obtient mélangé d'une
plus ou moins grande quantité d'eau.
Nous avons vu dans le chapitre précédent C'est sous 2 états différent de concentration
que toutes les liqueurs qui contiennent du qu'on rencontre le plus communément l'al
sucre ou qui peuvent être converties en ma cool étendu d'eau dans le commerce. Le 1",
tières sucrées sont susceptibles d'éprouver connu sous le nom d'eau-de-vie et qui sert de
line réaction chimique, appelée fermentation boisson, contient généralement 50 à 60 pour 0/0
vineuse ou alcoolique, et sont transformées en d'alcool pur à la température de 15° C. Le 2'
vins qui doivent en grande partie leurs proprié est appelé esprit et contient environ 70 à80 pour
tés à l'alcool qui s'est formé aux dépens du su 0/0 (l'alcool réel à la même température.
cre pendant la fermentation. On peut extraire de l'cau-de-vie d'un grand
On petit , par la distillation des vins de rai nombre de substances diverses. Les unes cou-
224 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. lit. rv.
tiennent immédiatement le principe sucré et miel délayé dans l'eau, éprouve facilement la
entrent aussitôt après leur extraction en fer fermentation vineuse et donne de l'eau-de-vie
mentation , lorsque la température est favora à la distillation.
ble ; les autres exigent un traitement particu Toutes les eaux-de-vie n'ont pas le même
lier pour être transformées en matières sucrées goût et la même qualité. Celle de cidre , par
susceptibles d'éprouver la fermentation alcoo exemple , a en général un mauvais goût dû à
lique. l'acide malique dont une partie passe avec
Les substances qui contiennent immédia l'eau-de-vie à la distillation. Les eaux-de-vie de
tement le principe sucré sont ordinairement grains, distillés avec les marcs, ont une saveur
des sucs extraits de diverses parties des végé désagréable qu'on masque en les rectifiant sur
taux, telles que le fruit, la tige ou la racine; des baies de genièvre et en ajoutant , comme
quant à celles qui exigent un traitement par en Angleterre , un peu d'essence de térében
ticulier pour être transformées en matières thine, etc.
sucrées, ce sont communément des corps qui Les eaux-de-vie qu'on rencontre le plus
contiennent en plus ou moins grande quantité communément dans le commerce sont celles
de l'amidon, et qu'on désigne sous le nom de de vin , de grains ou de fécule. Nous allons
matières ou substances amylacées. entrer dans quelques détails relativement à
Les sucs des fruits dont on recueille de l'eau- la fabrication des unes et des autres.
de-vie après la fermentation alcoolique , sont
ceux du raisin ou le vin ordinaire, qui est le Section II. — De la fabrication des
liquide le plus généralement employé en de vin.
France; puis ceux des pommes ou des poires
ou le cidre et le poiré , du prunier cultive ( pru § I" — De la brûlerie.
nus domestica) , du cerisier-merisier ( cerasus
avium ) dont on retire la liqueur connue sous Le local dans lequel on opère la distillation
le nom de kirsche, du framboisier (rubusidœus), des vins se nomme une brûlerie; les vases au
du fraisier commun (fragaria sylvestris), de moyen desquels elle se fait, appareils distilla-
l'airelle myrtil ( vaccinium myrtillus ), des mû toires; l'homme qui en conduit les opérations
riers ( morus alba et nigra ) , du genévrier et qui dirige les ouvriers est le bouilleur; le
commun (juniperus communis ) , de l'arbousier dishllateur est le négociant ou fabricant qui
commun (arbutus unedo), du sorbier des oi achète des vins, les distille et vend des eaux-
seleurs (sorbus aucuparia ), etc. de-vie. Beaucoup de fabricans sont à la fois
Les sucs des tiges de végétaux sont en 1er lieu distillateurs et bouilleurs.
ceux qu'on extrait de la canne à sucre ( arundo Une brûlerie établie d'après les meilleurs
saccharifera ), qui contient 12 à 16 pour 0/0 de principes doit être composée d'une cave pour
sucre et donne immédiatement par la fermen déposer les vins jusqu'au moment où on les
tation et la distillation, dans les Indes-Occi distille, d'un celh'erpouremmagasinerles eaux-
dentales, la liqueur connue sous le nom de de-vie et les esprits depuis le moment de leur
rhum. On peut ranger encore dans cette caté fabrication jusqu'à celui où ils doivent être li
gorie l'eau chargée de sucre qu'on soumet à vrés au commerce, d'un atelier ou brûlerie
la fermentation, ainsi que les mélasses qui dans lequel se font tous les travaux de la dis
donnent le taffia, les écumes, les eaux du bac, tillation , et enfin de hangars ou appentis où
eaux-mères, eaux grasses ou petites eaux des on répare les tonneaux et où le combustible
établissemens où on fabrique et raffine les su est déposé.
cres ; en second lieu , ce sont la sève , qu'on On a fait connaître dans l'article précédent
extrait de la tige de l'érable, du bouleau , puis toutes les conditions que doit remplir une cave
celle de quelques espèces de palmiers qui four pour que les liquides spiritueux s'y conservent
nit dans les Indes la liqueur alcoolique appe en bon état, et on est entré dans des détails
lée arack. étendus sur les vases les plus propres à con
Les racines sont la betterave, qui contient 7 server ces liquides, ainsiquesur la manière de
à 8 pour 0/0 de sucre, puis le suc du panais les soigner et d'empêcher qu'ils ne perdent
(pastinaca sativa), de la carotte (daucus carota), leur spirituosité ; ce qui nous dispense de re
du navet ( brassica napus ), du navet de Suède venir sur ce sujet.
( brassica rutabaga ), qui , par une addition Le magasin ou cellier qui reçoit les futailles
d'orge germée, passent promptement et d'une d'eau-de-vie et d'esprit doit être voûté et en
manière régulière à la fermentation alcooli partie enfoncé en terre; les murs en seront
que. épais pour y conserver à l'intérieur une tem
Quant aux substances amylacées qui exigent pérature fraîche et uniforme; les portes et les
l'emploi de procédés particuliers pour êtm ouvertures qu'on jugera nécessaire d'y prati
transformées en matières sucrées susceptibles quer seront tournées vers le nord et disposées
d'entrer en fermentation , ce sont : de manière à pouvoir y établir un léger cou
1° Les graines, telles que le froment, le sei rant d'air ; elles fermeront avec exactitude.
gle, l'orge, l'avoine, puis le sarrasin, le riz, qui Les futailles seront établies sur des chantiers
fournit Te rack, et le maïs, ainsi que quelques en maçonnerie semblables à peu près à ceux,
graines de légumineuses, comme haricots, usités pour les vins de Champagne mousseux,
pois, lentilles, etc.; et qui permettent de vérifier avec facilité le
2° La pomme de terre , ou la fécule qu'on en coulage des pièces et de recueillir les parties
extrait , qu'on peut saccharifier par divers pro du liquide qui s'en sont échappées.
cédés ; L'atelier sera proportionné dans ses dimen
3» Les fruits fèculens, tels que ceux du mar sions à la nature et au nombre des appareils
ronnier d'Inde, du châtaignier, du chêne, etc. 3u'on veut y faire fonctionner. Tout y sera
Une substance produite par les animaux, le isposé de la manière la plus convenable pour
CHAP. 10*. FABRICATION DES EAUX-DE- VIE DE VIN. 225
que la main-d'œuvre et les manipulations y peut les distiller en tout temps. Les vins qui
soient aussi simples et aussi peu multipliées ont commencé à tourner à l'aigre fournissent
que possible; tout doit y être dans un ordre peu d'eau-de-vie et elle est de mauvaise qua
parfait et disposé pour marcher sans interrup lité.
tion, avec célérité et régularité. On y prendra Au reste, dans 1e choix des vins qu'on veut
toutes les précautions convenables, soit dans la soumettre a la distillation, on se laissera gui
construction de la brûlerie, soit dans le roule der par l'expérience qu'on a acquise relative
ment des travaux , pour éviter les incendies ment à chaque localité. On les soumettra si
malheureusement fréquens et très dangereux multanément à l'inspection, à l'odorat, àla dé
dans ces sortes d'étabrissemens. gustation, puis à quelques essais qui non-seu
Une brûlerie a besoin, pour condenser les lement feront connaître la quantité d'eau-de-
vapeurs dans les appareils distillatoires, d'une vie qu'ils rendront, mais pourront en outre
grande quantité d'eau , et on doit, quand on le éclairer sur les qualités de ce produit.
peut, la placer près d'un courant d'eau , nne Dans ces sortes d'essais, au reste, on fera
source ou une fontaine. Lorsqu'on ne peut une distinction entre les vins vieux et les vins
pas remplir cette condition il faut y suppléer nouveaux. Dans les vins vieux bien fermenté»
de la manière la plus économique, au moyen et bien dépouillés, les matières sucrées ont
d'un puits et du travail des animaux ou, dans presque toutes été transformées en alcool;
les localités qui le permettent , par un puits on n'a donc besoin que de les soumettre aux
foré qui fournira la quantité d'eau nécessaire. petits alambics d'essai, dont nous avons parlé,
pour connaître immédiatement leur degré de
$ H. — Du choix des vins propres à brûler. spirituosité. Quant aux vins nouveaux, il faut
procéder d'après le principe suivant. L'ins
« Tous les vins, dit Chaptai,, et générale tant le plus favorable pour faire les achats
ment les liqueurs fermentées ne fournissent étant celui de la décuvaison, à cette époque
nilamlme quantité ni la même qualité d'eau-dc- les vins nouveaux n'ont pas encore achevé
vic. Les vins du Midi donnent plus d'eau-de-vie leur fermentation et ils tiennent encore en
3uc ceux du Nord; on en retire jusqu'à 1/3 suspens une quantité plus ou moins considé
es lm, le produit moyen est de 1/4, tandis rable de matière sucrée. Pour déterminer la
que dans les vignobles du centre c'est le 5', et quantité d'eau-de-vie que fourniront ces vins
dans le Nord du 8' au 10«. Dans le même pays à la distillation, il est donc nécessaire d'abord
de vignoble, on observe souvent une très d'en faire l'essai au moyen des petits appareils
grande différence dans la spirituosité des vins. dont nous venons de parler, et en second
Les vignes exposées au midi et placées dans lieu de les traiter comme un moût de raisin
un sol sec et léger produisent des vins très et d'après les règles qu'on a posées ( pag. 187)
chargés d'alcool, tandis qu'à côté et dans une pour déterminer la quantité de sucre qu'ils
exposition différente et sur un terrain humide contiennent encore et par conséquent" celle
et fort, on ne récolte que des vins faibles et d'alcool qu'ils sont susceptibles de fournir
peu riches en alcool. La force des vins peut quand leur fermentation sera terminée.
se déduire de la proportion d'alcool qu'ils con
tiennent, mais leur bonté, leur qualité, leur Section III. — De la fabrication des eaux-de-
prix dans lecommerce ne peuvent se calculer vie de fécule.
d'après cette base; le bouquet, la saveur qui
en font rechercher la plupart sont des qua Art. I. — De la fécule, de la diaslase et de la des-
lités étrangères et indépendantes de la quan trine.
tité d'alcool qu'ils renferment. En général les
vins riches en alcool sont forts et généreux, La fécule ou amidon est une substance qu'on
mais ils n'ont ni ce moelleux ni ce parfum trouve à l'état libre dans les cellules d'un
qui font le caractère de quelques autres. » grand nombre de végétaux et qui se présente
Les vins blancs ne donnent pas généralement au microscope sous la forme de grains arron
une quantité d'alcool plus grande que les rou dis, durs et transparens qui affectent des for
ges, mais elle est plus sucrée et de meilleur mes différentes et divers diamètres, suivant
goût. Ces vins sont en outre moins chers que les végétaux dont on extrait la fécule ou l'âge
les rouges, parce qu'ils sont moins générale de la plante.
ment employés comme boisson, et que, se dé Chaque grain de fécule est composé d'une en-
pouillant plus tôt, on peut sans inconvénient veloppe ou tégument et d'une substance inté
les distiller peu de temps après la vendange. rieure à laquelle on donne le nom d'amidon?.
D'après les principes que nous avo»s éta On peut, par divers procédés, faire rompre
blis sur la transformation des matières su les tégnmens des grains de fécule; alors l'a-
crées en alcool, on voit que le moment le plus midone s'échappe dans le liquide qui sert de
favorable pour soumettre les vins à la distil véhicule et se sépare des tégnmens qui peu
lation est celui où le goût sucré a disparu, vent être éliminés complètement
celui où tout le sucre qu'ils contenaient a été L'amidone est convertie en grande partie en
transformé en alcool par la fermentation in sucre par divers procédés que nous ferons
sensible qui continue encore quelque temps, connaître dans un autre chapitre. Nous di
en un mot, comme disent les distillateurs, ce rons seulement ici qu'on détermine, après la
lui où la fermentation eut terminée. Ce principe rupture des grains de fécule, la sacehariliea-
est surtout applicable aux vins faibles et mé tiou de l'amidone au moyen d'une substance
diocres qui, une fois arrivés au terme, per nouvellement découverte par MM. Payen et
dent, quoique avec lenteur, une partie de leur Ptnsoz, et à laquelle ces chimistes ont donné
alcool ; pour ce qui regarde les vins géné le nom de diaslase.
reux ou bien fermentes et bien dépouilles, on La diaslase existe dans les semences d'orge.
AGRICIXTI.RE. 00e livraison. tome III. — 29
228 ARTS AGRICOLES FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. ut. it.
et de blé germes, et dans les germes de la core pour chacune, suivant le climat, la va
pomme de terre. On peut l'en extraire par un riété, le terrain et quelques causes acciden
procédé simple et facile(l). telles. Ces principes sont l'amidon, qui en
L'orge germée contient une proportion de forme la majeure partie, le gluten, qui s'y
diastase d'autant plus forte que les grains trouve en quantité variable, l'albumine, le
éprouvent le plus simultanément possible la mucilage, une petite portion de matière sac
germination et que les progrès de celle-ci ont charine, et dans quelques-uns du phosphate de
le plus développé la gemmule, jusqu'à une chaux et divers sels.
longueur égale à celle de la graine. Chez les Parmi ces principes c'est l'amidon ou fécule
brasseurs l'orge germée contient souvent 3ui jouit de la faculté d'être saccharifiée et de
moins d'un millième de son poids de diastase, onner lieu à la fermentation alcoolique et à la
et rarement plus de 2 millièmes. production d'eau-de-vie. Le gluten et l'albu
L'amidone constitue au moins les 995/1000" mine végétale possèdent la propriété de trans
du poids des fécules ; les 4 ou 5 millièmes res former 1 amidon en une matière sucrée, mais
tant sont composés : 1° de 2 millièmes environ cette transformation s'opère beaucoup mieux
d'une huile essentielle, dans laquelle réside au moyen de l'acide sulfurique, des alcalis,
le principe du goût particulier des fécules , de ou mieux de l'orge germée et de la diastase.
carbonate et pnospfiate de chaux, de silice et En Allemagne, où l'on s'est beaucoup ap-
accidentellement de plusieurs oxides; 2° de pliquéàladistillation des eaux-de-vie de grains,
2 à 3 millièmes de tégumens qui, d'après les on a calculé que les différentes graines four
expériences récentes de M. Payen, sont eux- nissaient les quantités d'eaux-de-vie suivantes,
mêmes composés d'amidoue, douée de plus de de 19 à 20° de Cartier.
cohésion que les parties intérieures et dont 100 kilog. de froment donnent 40 45 lit.
l'huile essentielle et les autres corps qui adhè Seigle 36 42
rent à leur surface augmentent encore la ré Orge 40
sistance à l'action de la diastase. Avoine 36
Sarrazin 40
A»t. II. — De§ eaux-de-vie de grains. Mais 40
Ainsi toutes ces semences, prises an poids,
La fabrication de l'eau-de-vie de grains est donnent, terme moyen, pour 100 kilog. de
une branche d'industrie très répandue dans grains, 40 litres d'eau-de-vie à 50° de l'alcoo
le nord de l'Europe et en Angleterre ; elle a mètre centésimal ( 19" de Cartier ). Le résultat
commencé, depuis un certain nombre d'an est fort différent quand on les prend à la me
nées, à se propager en France, où on la con sure, car elles n'ont pas toutes le même poids
sidère, ainsi que dans les pays précédens, à mesure égale, et le froment, par exemple,
comme très utile à l'agriculture. En effet, les Pèse ordinairement à peu près le double de
denréés qu'on traite pour en extraire l'eau-de- orge.
vie profitent au cultivateur de 3 manières: Quand on veut extraire de l'eau-de-vie des
d'abord il retire en eau-de-vie le prix de la graines céréales, il convient de faire choix de
denrée qu'il a employée, avec un bénéfice de celles qui sont à meilleur marché. On fait
fabrication ; il retire ensuite le prix des bes principalement usage du seigle et de l'orge.
tiaux qu'il a nourris avec les résidus; enfin il On emploie quelquefois des mélanges de
produit une masse d'engrais qui, en augmen grains, tels que froment, avoine et orge, seigle
tant pour l'année suivante la récolte des grains froment et orge, etc., qui paraissent à peu
qu'il destine à la vente, accroît le bénéfice de près inutiles, mais toujours, comme on voit,
la distillation et laisse ses terres dans un état avec addition d'une certaine quantité d'orge
d'amélioration toujours croissant. qui détermine la liquéfaction de la fécule
Les grains qu'on traite principalement pour contenue dans les grains et sa conversion en
en extraire de Veau-de-vie sont ceux des céréales, sucre.
c'est-à-dire du froment, du seigle, de l'orge et Le maltage, ou la conversion du grain en
de l'avoine. malt ou en drêche, se fait comme nous l'ex
Les graines des plantes céréales sont com pliquerons dans la fabrication de la bière.
posées d'une enveloppe qui forme le son, et Tantôt on malte toute la masse du grain à sac-
d'une partie intérieure qui, réduite en poudre charifier, tantôt on n'en malte qu'une partie
sous la meule, prend le nom de farine. Cette et l'on emploie l'autre à l'état cru. Le 1«
farine, dans les 4 sortes de grains que nous moyen donne plus facilement des solutions
venons de nommer, contient elle-même di claires; le 2e exige moins de travail et est plus
vers principes dont les proportions varient productif; mais les produits en sont moins
non-seulement dans chacune d'elles, mais en- purs et moins agréables. Quand on sacchari-
(!) Voici le procédé économique auquel M. Pateit s'est arrêté pour préparer la diastase. On écrase dans un
mortier de l'orge fraichement germée, on l'humecte avec environ la moitié de son poids d'eau et on soumet le
mélange à une forte pression. Le liquide qui en découle est mêlé avec assez d'alcool pour détruire sa viscosité
cl précipiter la plus grande partie d'une matière azotée qui accompagne la diastase et que l'on sépare a l'aide de
là filtration. La solution filtrée , précipitée par l'alcool, donne la diastase impure; on la purifie a 3 autres solu
tions dans l'eau, et précipitations par l'alcool en excès alternativement. Enfin une dernière fois recueillie sur un
filtre, elle est cnlc\ée humide, desséchée en couche mince sur une lame de verre par un courant d'air chaud
'43 à S0°), broyée en poudre fine cl mise en flacons bien bouchés. Elle peut d'ailleurs se conserver long-temps à
l'air sec. Quand on a fait agir la diastase sur delà fécule misedans une grande quantité d'eau, élevée à une tem
pérature de 60 a 65° C. , il y a d'abord rupture des enveloppes des grains de fécule , puis transformation do
j'amidone ou matière intérieure des grains en une substance lluide composée de gomme et de sucre, à laquelle
on a donné le nom de dextrine.
Chat. 10*. FABRICATION DËS EAUX-DE-VIE DE FÉCULE
fie l'orge seule, on en prend 1/3 germée et heure ou 3 quarts-d'heure, on introduit dans
2/3 non germée. Au moins ce sont là les pro la cuve environ 2 hectolitres d'eau presque
portions usitées en Allemagne. En Angleterre bouillante ( 85 à 95° C ), suivant la saison; on
c'est 1/4 d'orge germée et 3/4 au moins non brasse fortement la pâte dans l'eau, jusqu'à
germée. Si on fait usage à 1 état cru du fro ce que le tout ne forme plus qu'une masse
ment ou du seigle, ou d'un mélange des deux bien homogène. La cuve est couverte soigneu
grains avec ou sans addition d'avoine, on re sement pour y conserver la chaleur , et aban
garde 1/8 à 1/4 d'orge malté comme suffisant donnée 2 à 3 heures pendant lesquelles on
pour opérer fa saccharification. brasse à plusieurs reprises.
On a conseillé, dans le mouillage dea grains On étend alors le moût avec de l'eau froidejus
à militer et dans le trempage des grains crus, qu'à ce que la température de ce liquide soit
de renouveler l'eau à plusieurs reprises, pour tombée à 20 ou 25° C, suivant la température
enlever autant que possible aux enveloppes de la saison. La quantité d'eau ajoutée ainsi
des graines l'extractif qu'elles contiennent et est à peu près égale à 5 fois le poids de la fa
qui donne aux eaux-de-vie un goût peu flat rine d'orge germée ou de grain cru employée,
teur. Cependant M. Rosenthajl a démontré de façon que le moût a environ au total 8 fois
récemment qu'on perdait ainsi au moins le poids au malt. Pendant cette addition on
8 p. 0/0 de malt et qu'il était bien préférable remue continuellement la masse pour que la
de ne faire qu'un trempage peu prolongé, puis température soit répartie uniformément.
de faire germer en arrosant à plusieurs re On peut jeter dans le moût un peu de crais
prises le tas de grains avec de l'eau tiède, de ou y suspendre, dans un linge, un peu de mar
manière seulement à l'humecter et à le re tre ou de la pierre à chaux réduits en mor
muer pour répartir la chaleur. ceaux gros comme des noisettes , tant pour
Le grain germé ne doit être que modérément saturer l'acide acétique qui s'est formé dans
séché sur la touraille et converti seulement en l'acte de la germination du grain que pour
malt pâle ou jaune ambré; en poussant plus s'opposer à la formation de cet acide pendant
loin la dessiccation on caraméliserait une par la fermentation.
tie de la matière sucrée, ce qui nuirait au bon Aussitôt que le moût est arrivé, par l'addi
goût des eaux-de-vie. C'est dans la fabrication tion de l'eau froide, à la température convena
des eaux-de-vie de grains qu'on reconnaît tous ble, on le met en levure. On peut faire usage
les avantages des tourailles chauffées à la va Ïiour cet objet de la levure qui surnage dans
peur. a fabrication de la bière ou de celle qui se dé
Au reste, pouf éviter ces appareils et le pose au fond de la cuve guilloire; ordinaire
travail de la dessiccation, M. Dobrffurts vient ment en Allemagne, pour la distillation des
de proposer, pour la distillation, de ne pas eaux-de-vie de grain , on donne la préférence
faire sécher le grain germé et de l'écraser en à la seconde, quoiqu'il en faille le double de
core à l'étal mou entre deux cylindres. Il as la 1". Pour 100 kilog. de grain malté et cru
sure que les germes ne communiquent aucun on prend 8 kilog. de levure bien fraîche de
goût a Peau-de-vie , que la fermentation est dépôt ou 4 kilog. de celle qui surnage; on
aussi active, la mouture très facile, et qu'on mêle d'abord cette levure avec un peu de moût
obtient ainsi une plus grande quantité de li chaud et avant qu'il soit étendu d'eau, de
quide spiritueux. façon qu'elle commence à fermenter au mo
Plusieurs procédés sont en usage pour opé ment de la mise en levure; puis on la môle
rer le brassage ainsi que pour diriger la fer aussi uniformément que possible dans le li
mentation et Ta distillation des grains. Nous dé quide. On couvre alors la cuveeton abandonne
crirons ici les méthodes allemande et anglai le moût à la fermentation.
se, et nous y ajouterons quelques détails sur Cette fermentation est dirigée comme nous
une 3e qu'on pourrait appeler méthode fran l'expliquerons au chapitre de la fabrication de
çaise, puisqu'elle est basée sur des découvertes la bière. Nous dirons seulement ici qu'au bout
récentes dues à des chimistes français. d'une heure environ elle a commencé à se'
manifester et qu'après 5 heures le chapeau est
S I". — Méthode allemande pour distiller le« grains. déjà formé. A cette époque la température du
moût s'est élevée à 36 ou 40° C ; au bout de 36
En Allemagne, et dans tout le Nord de heures elle est à son plus haut point d'activité;
l'Europe, on est dans l'habitude d'exposer à après ce temps le chapeau tombe , la tempé
la fermentation alcoolique le moût qu'on a rature s'abaisse, les matières solides tenues en
obtenu du brassage du malt dans l'eau chaude, suspension se précipitent, la liqueur s'éelaircit,
sans le tirer à clair, et d'introduire ce moût la masse passe au repos et la fermentation est
fermenté avec son marc dans la chaudière des terminée eu 48 ou 60 heures.
appareils distillatoires. ■Suivant M. Koelle, il est avantageux,
\'opération du brassage se fait comme il pour rendre plus complète la fermentation
suit. Supposons qu'on veuille mettre en fer du moût, au moment où le chapeau tombe, de
mentation 100 kilog. de malt concassé et de brasser fortement le liquide après y avoir ajouté
farine de grain cru ; on fait chauffer de l'eau un peu d'eau chaude pour le réchauffer. La fer
dans une chaudière ; quand cette eau est à 55° mentation se prolonge encore quelque temps,
C. en été et 60° en hiver, on en prend environ quoique avec peu d'énergie, et est plus com
un hectolitre qu'on verse peu à peu sur la fa plète.
rine placée dans une cuve, et on pétrit et agite Quand on juge qu'elle est achevée, on laisse
continuellement jusqu'à ce que cette farine le vin de grains reposer pendant quelque
en soit bien pénétrée dans toutes ses parties temps jusqu'à ce qu'il se manifeste à la sur
et qu'il n'y reste plus aucun grumeau. Ce pé face un commencement de réaction acide; le
trissage ayant été continué pendant une demi- but de cette pratique est de s'assurer que la
AHTS AGRICOLES : FABRICATION DËS EAUX-DË^tm Kit. rr.
fermentation alcoolique est terminée et que fait arriver de nouveau , par le conduit latéral,
tout le sucre a été transformé en alcool. L art 800 litres d*eau bouillante. Le brassage, cette
consiste à saisir, pour la distillation, le mo fois, doit durer un quart-d'heure environ ; puis
ment où la liqueur contient le plus d'esprit, on laisse en repos pendant une heure au moins.
ce qui a lieu ordinairement 60 à 72 heures A cette époque, le grain qui se trouve noyé
après la mise en levure. Ce point une fois re dans l'eau doit être précipité au fond de la
connu , on transporte toute la masse dans les cuve et être recouvert d'une couche de li
appareils et on procède à la distillation. quide clair. On ouvre un robinet qui com
En été , et surtout au printemps , on pré munique avec l'espace entre deux fonds , et
vient l'altération des moûts en y jetant des comme le fond supérieur forme une espèce
morceaux de charbon de bois, un peu de sel de filtre par les trous coniques qu'il forme à
marin, ou bien de la magnésie ou de la craie, sa surface et la couche de paille qui le recou
•'il s'est formé de l'acide acétique. vre, tout le liquide s'écoule par le robinet et
Les avantage* de la méthode allemande sont est transporte dans les cuves à fermenta
qu'elle nécessite peu de main-d'œuvre, etl'em- tion.
ploi d'un petit nombre de vaisseaux , qu'elle « Cette première extraction faite, on amène,
n'exige par conséquent que peu de capitaux, et toujours par le même conduit, 600 litres d'eau
fournit une plus grande quantité d'eau-de-vie; bouillante, et les ouvriers brassent encore
mais elle a plusieurs inconvénient graves. D'a pendant un quart-d'heure; on laisse reposer
bord, la grande quantité de matières étran une heure et l'on soutire cette extraction
gères mêlée au moût fait que la fermentation comme l'autre, pour la mettre en fermenta
n'v marche pas d'une manière aussi parfaite tion. Le grain qui reste sur le double fond
et aussi uniforme que dans un moût tiré à après ces deux extractions est assez bien
clair; la quantité de matière à distiller est plus épuisé de la substance fermentescible que
considérable et exige des appareils dislillatoi- l'eau a emportée à l'état de dissolution.
res et des foyers plus grands ; les dépôts ou « Le liquide déposé dans les cuves à fermen
marcs causent beaucoup d'embarras pour les tation est mis en levain quand la température
transporter à l'alambic et les en retirer, et ils est tombée à 20 ou 30" C , suivant la capacité
contribuent à donner un mauvais goût à l'eau- des cuves , et l'on obtient ainsi un vin sans
de-vie , d'abord par certains principes que dépôt qui peut être soumis avec avantage à
contient l'enveloppe du grain ou de la fécule, la distillation.
ensuite parce que les marcs s'attachent facile « Si l'on trouvait que le grain resté sur le
ment au fond de la chaudière, brûlent, et don double fond ne fût pas suffisamment épuisé,
nent aux produits distillés ce goût de brûlé ou on pourrait lui faire subir une 3e extraction. »
4'empyreume qui leur enlève beaucoup de leur Nous ajouterons ici quelques observations
valeur. Enfin on éprouve plus de difficultés à qui pourront être utiles.
se servir des appareils de distillation continus, 1° La pratique seule peut apprendre à bien
qui offrent cependant de notables avantages. diriger la fermentation alcoolique dont la mar
Ces inconvéniens sont assez graves pour en che dépend, comme on l'a déia vu, de l'éléva
gager les propriétaires d'établissemens ru tion ou de l'abaissement de la température ;
raux qui voudraient se livrer à la distillation c'est au praticien à employer suivant les sai
des grains à abandonner cette méthode, mal sons, les moyens propres a entretenir dans la
gré sa simplicité, et à lui préférer celles qui cuve celle à laquelle cette fermentation
permettent de traiter des sol utions claires sem marche avec régularité sans être ni lente ni
blables au moût des brasseurs ou des distil trop tumultueuse. L'activité de la fermenta
lateurs anglais, dont nous allons faire tion dépend encore de la masse qu'on soumet
tre les procédés. à cette action chimique, delà densité du moût
ou de la quantité de matière solide qu'il con
$ II. — Méthode anglaise pour distiller les tient, de Vétat du malt qui a fourni le moût,
les grains germés donnant en général i
« Cette méthode, suivant M. Dubbunfact, qui fermente plus vite que celui de
consiste à traiter les grains dans une cuve à crus, etc.
double fond, pour en faire un extrait à peu près 2° Dans la fabrication de la bière on a pour
à la manière des brasseurs. Le grain étant but de conserver dans la liqueur fermentée
mélangé dans la proportion de 80 kilog. de une certaine quantité de sucre , c'est le con
seigle cru et moulu grossièrement sur 20 de traire dans la distillation du grain; tout le sucre
malt d'orge concassé, on dépose dans cette doit y être transformé en esprit.
cuve à double fond une couche de courte L'eau-de-vie extraite par le procédé précé
paille de 2 centim. d'épaisseur, on étend par dent est plus pure que celle distillée sur les
dessus 200 kilog. des grains mélangés; alors marcs; elle a un goût plus agréable et peut
on fait arriver, par le conduit latéral qui com être recueillie au moyen des appareils conti
munique avec 1 espace ménagé entre les deux nus ; mais elle exige une plus grande quantité
fonds, 400 litres a'eau à la température de 45 de vaisseaux , plus de main d'oeuvre et plus
a 50' C, pendant qu'un homme ou deux, ar de capitaux.
més de râbles , sont occupés à brasser forte
ment. Ce brassage dure 5 à 10 minutes envi J III.— Méthode française pour l'extraction des
ron; puis ils abandonnent la matière à elle- caux-de-vic de grains et de fécule.
même pendant un quart-d'heitre ou une demi-
heure, afin qu'elle se pénètre d'eau. Les travaux récens des chimistes sur la nature
« Immédiatement après cette trempe les de l'amidon et la découverte de la diastase et
ouvriers reprennent leurs râbles et recotn- de ses propriétés, que nous avons fait connaî
t à brasser la masse , pendant qu'on y tre au commencement de cette section, qoX
chap. 10*. APPAREILS DISCONTINUS. 229
jeté un grand jour sur le phénomène de la avoir lavées , râpées grossièrement et soumises
saccharification des grains et permettent au àunappareil coustruit sur les principes du fil
jourd'hui de diriger cette opération de la ma tre-presse de M. Real, leur a enleveainsi leur
nière la plus simple et la plus avantageuse. eau de végétation puis les a fait sécher au
Grâces à leur secours, on transforme aujour grand air. De cette manière il est parvenu à
d'hui en un instant la fécule en dextrine, qui les conserver parfaitement pendant long
contientune qnantitéconsidérable de sucre, et temps; quand on veut s'en servir on les moût
on ne soumet à la fermentation et à la distilla comme le grain et on les travaille de même.
tion que des solutions parfaitement claires et Enfin on a transformé les pommes de terre
homogènes, donnant des eaux-de-vie exemptes en fécule, en amidon, en sirop de dextrine, etc.
cl cm yiy remue et du goût particulier aux eaux- C'est au distillateur à calculer, suivant les
de-vie"de grains. Dans l'article qui traite de la localités où il se trouve, ses ressources, l'é
fabrication de la bière nous indiquons(sect.Il, tendue de son exploitation, etc., sous quelle
§ II ) comment on opère pour obtenir cette forme il est plus économique pour lui d'ac
transformation. Nous dironsseulementicique quérir, pour les soumettreà la distillation, les
lorsqu'on a obtenu des liquides clairs, on matières amylacées et féculentes.
étend le moût ou solution de dextrine et
de gomme, soit avec des solutions faibles, soit Section IV. — Des appareils dislillatoires et de
avec de l'eau froide, pour le rameuer à une la manière de les diriger.
densité de 6° de l'aréomètre de Baumé et
à la température de 20 à 25° C. Arrivé à ce La distillation a pour but en général de
point, on peut le mettre en levain et diriger séparer des produits volatils de ceux qui ne le
fa fermentation comme nous l'avons indiqué sont pas ou qui le sont moins dans les mêmes
pour les moûts ordinaires. circonstances. Dans la distillation des liqueurs
Cette transformation de la fécule en dex fermentées, l'alcool à divers degrés de densité
trine réussit moins bien, suivant M. Lceders- est le liquide qu'il faut séparer. On détermine
DORFt-, avec la farine de céréales qu'avec leur ordinairement la séparation des produits par
amidon, et celle-ci passe plus dilficilement à le moyen de la chaleur convenablement mé
l'état fluide et donne moins de sucre que la nagée, qui réduit en vapeur le plus volatil
fécule de pommes de terre. d'entre eux; cette vapeur est ensuite conden
M. Lampadius a observé qu'il est de toute sée et ramenée à l'état liquide par un abaisse
nécessité que le malt d'orge soit récent pour ment de température. On peut encore opérer
faire crever les graines de fécule et jiquétier la distillation à de basses températures en di
la dextrine; au bout de 4 ou ."> semaines il a minuant la pression atmosphérique que sup
perdu cette propriété. porte la vapeur; celle-ci, ne trouvant plus
d'obstacle à sa volatilisation, se vaporise et est
A ht. III. — Des eaux-de-vie de pomme* de terre. condensée comme précédemment. La plupart
du temps la distillation se fait sous le poids
La pomme de terre est très propre à fournir ordinaire de l'atmosphère.
de l'eau-de-vie par la distillation; en effet, elle Cette opération s'effectue au moyen de
contient 20 à 25 p. 0/0 de matière solide dans vases qui prennent le nom d'appareils dislil
lesquels la fécule entre pour 62 à 88 p. 0/0, latoires. Les appareils de ce genre inventés
c'est-à-dire que 100 kilog. de pommes de terre jusqu'ici sont nombreux; nous nous conten
fraichement récoltées contiennent 16 à 18 terons de décrire d'abord les plus simples et
kilog. d'amidon. par conséquent ceux qui paraissent les mieux
Divers procédés ont été proposés pour sac- appropriés à l'économie rurale, puis nous fe
charifier la fécule qu'on extrait de ce tuber rons connaître les appareils perfectionnés em
cule; nous les ferons connaître dans le chapi ployés avec avantage dans les grandes exploi
tre qui traitera de la fabrication de l'amidon et tations.
des divers produits qu'on peut extraire de la On peut diviser les appareils dislillatoires
pomme de terre. Nous dirons seulement en deux grandes sections. Les uns sont discon
qu'une fois la fécule transformée en dextrine tinus, c'est-à-dire qu'après chaque chauffe on
et celle-ci en sucre, on étend convenablement est obligé de les ouvrir pour les nettoyer et re
la solution, on fait fermenter, puis on distille commencer une autre opération; les autres
par les moyens qui vont être indiqués. sont continus et marchent sans interruption
La quantité d'eau-de-vie qu'on retire des jusqu'à ce que l'encrassement des vases ou le
pommes de terre dépend de leur état et de manque de matière lre détermine à arrêter
leur qualité. Elles en donnent d'autant plus leur marche.
qu'elles sont fraîchement récoltées. Les
pommes de terre germées ou altérées n'en AnT. i". — Des appareils discontinus.
fournissent qu'en petite quantité, et le pro
duit des dernières tient en dissolution un Les appareil discontinus peuvent marcher
principe d'un goût amer et désagréable. à feu nu, au bain-marie, à la vapeur ou au
L'impossibilité de distiller les pommes de bain de sable; souvent même cesmoyens sont
terre toute l'année, les frais assez considéra combinés. Les plus simples sont ceux qui à
bles qu'occasionne le transport de ces tuber chaque chauffe sont chargés de liquide froid
cules, ont fait rechercher s'il ne serait pas et ou l'eau sert à condenser la vapeur. D'au
avantageux et économique d'obtenir leur par tres pour éviter la perte du calorique, échauf
tie féculente à l'état sec. C'est ainsi qu'on les fent en même temps le vin froid ou le moût,
a soumises à la presse, qu'on les a cuit à la va ou bien rectifient simultanément les liquides
peur, puis qu'on les a fait sécher et conservées spiritueux qu'ils produisent. Donnons des
en cet état. M. Prixuti. de Vienne, après le» exemples des uns et des autres
230 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-BE-VIE.
Fig. 238. renversés, ajustés
5 I". — Appareil discontinu à feu nu ordinaire. l'un à l'autre et ré
unis par les 2bouts.
L'appareil le plus simple est l'alambic or Ces cônes laissent
dinaire, vase de cuivre solidement étamé à entre eux un in
l'intérieur et composé ordinairement de 3 tervalle e e, où se
pièces distinctes. Voici celui dont la forme est fait la condensa
regardée comme la meilleure. Les trois pièces tion, et qui est fer
sont : me en haut et en
1° La chaudière A.(fig. 237) espèce de chau- bas par des an
Fig. 237. neaux soudés aux
parois des cônes.
Voici les propor
tions relatives de
ce réfrigérant. En
désignant par D le
diamètre du cône
extérieur Aà la partie supérieure,la hauteur de
ce cône sera 2 1/2 D, le diamètre supérieur
du cône intérieur 7/10 D, les diamètres in
férieurs de ces cônes 4/7 D et 1/2 D. Ainsi
l'espace entre les 2 cônes est supérieurement
3/10D et inféiïeurement 1/14 D. Gestletube
qui reçoit le bec du chapiteau, II les piedsqui
dron de forme cylindrique fermé par 2 fonds sont au nombre de 3 et KK la cuve remplie
convexes et qui porte des rebords par lesquels d'eau froide. Les plus grands condenseurs de
il s'appuie sur la maçonnerie du fourneau ce genre ont environ 2 mètres de hauteur et
dans lequel il est noyé. Au niveau de son fond servent pour des alambics d'environ 3 mètres
part un gros tube B, fermé par un robinet qui cubes de capacité.
sort au dehors du massif du fourneau et sert, Ce condenseur présente dans un petit es
après une chauffe, à faire évacuer les marcs pace une grande surface pour la condensation,
et la vinasse. Cette chaudière porte un robi mais il a, comme le serpentin, ('inconvénient
net x pour Fessai des vapeurs, et sur son de ne pouvoir être nettoyé facilement. De plus
fond supérieur une gorge qui en rétrécit les vapeurs, s'y condensant promptementdans
l'ouverture. la partie supérieure, tombent aussitôt à l'état
2° Le chapiteau D, ou couvercle de la chau fluide dans le fond, où elles s'écoulent dans le
dière cylindrique, qui porte par le bas une récipient sans être suffisamment refroidies.
gorge qui entre juste dans celle de la chau On a cherché à perfectionner cet appareil en
dière, et est fermé en haut par une calotte le combinant avec le serpentin ou en élevant
sphérique soudée en 66 au-dessous de son sa partie supérieure au-dessus de la cuve à
bord supérieur, ce qui forme un anneau qu'on eau froide, afin que les vapeurs-, refroidies seu
remplit d'eau pour opérer une fermeture her lement par le contact de l'air, se déposent en
métique. Au milieu de cette calotte est une un liquide qui coule lentement et se refroi
ouverture E qu'on ferme avec un bouchon en dit ensuite le long des parois.
métal et qui sert à charger le moût dans la Un condenseur plus commode est celui qui
chaudière. Sur le côté de ce cylindre est soudé est représenté dans la fig. 239 et qui se com-
un gros tuyau G légèrement conique, qu'on Fig. 239.
nomme bec du chapiteau.
3" Le réfrigérant ou condenseur H dans lequel
les vapeurs alcooliques, après s'être élevées
de la chaudière, être montées dans le chapi
teau et en avoir traversé le bec, viennent se
condenser par le refroidissement qu'on leur
fait éprouver.
Le réfrigérant le plus en usage est celui qui
est connu sous le nom de serpentin, et qui
consiste en un long tube II, contourné en
hélice, qui, par son orifice supérieur F, s'a
juste avec le bec du chapiteau, et qui, par
l'inférieur, verse la liqueur condensée dans pose de 3 tubes cylindriques AB, CD, EF,
le vase destiné à la recevoir. Ce serpentin est d'un mètre chacun de longueur, soudés l'un
enfermé dans une cuve MNOP remplie d'eau, à l'autre sous un certain angle et se communi
qu'on renouvelle continuellement. Cette eau, quant sans interruption. Le tube AB a un
fournie par un réservoir supérieur, est versée diamètre égal à celui du chapiteau; par l'autre
dans l'entonnoir L, coule par le tube qu'il sur extrémité il est uni avec l'extrémité D du
monte et entre par la partie inférieure de la tuyau CD en bec de flûte. Les 2 parties as
cuve. A mesure qu'elle s'échauffe elle s'élève semblées sont soudées à un bout de tuyau cy
à la surface, où un tuyau de trop plein M la lindrique G qui porte un pas de vis extérieur.
conduit hors de l'atelier. H est un robinet par Ce tuyau est fermé par une boite ou couvercle
lequel on vide entièrement l'eau de la cuve. H taraudée intérieurement pour s'ajuster sur
M. Gedda a inventé un condenseur {fig. 238) le tuyau G. On place un cuir entre cette boite
qui se compose de 2 cônes, AA, BB, tronqués, et l'embase du tuyau, afin de fermer her
CHAT. 10*. APPAREILS DISCONTINUS. 2S1
métiquement les 2 tuyaux à la fois ; les 2 tu des tonneaux. Dans les grands appareils on
bes CD, E F sont ajustés de même. Tout l'ap emploie des tonneaux pour recevoir l'eau-de-
pareil est soudé aux points A, G, I, F dans vie ou l'alcool.
une bâche de cuivre ou de zinc M, L de 20 à 1° Distillation des vins.
24cent. de largeur, et remplie d'eau froide qui
se renouvelle par le fond pendant la distilla Une fois qu'on a fait choix du vin qu'on veut
tion. distiller dans un appareil à feu nu, on procède
Les vapeurs entrent par le tube AB ; là elles de la manière suivante.
se condensent ; le liquidé coule lentement On commence d'abord par laver la chau
dans le tube DC, qui est un peu incliné, de là dière avec le plus grand soin; cette opération
dans le tube E F, ou elles tombent refroidies préliminaire est de la plus haute importance.
dans le récipient par le bec F. Si l'on craignait « Une extrême propreté, dit M. S. Lenobmand
qu'un trajet de 2 mètres ne fût pas assez long dans son art du distillateur, doit présider
pour refroidir entièrement la liqueur, on pour à toutes les opérations du bouilleur. Il doit
rait ajouter 2 tubes de plus. visiter souvent et avec soin tous les vases
Cette disposition donne la facilité de net qu'il emploie dans la brûlerie, ne pas permet
toyer les tuyaux lorsqu'on a distillé ; il suffit tre qu'on remplisse les chaudières sans être
pour cela de dévisser les obturateurs H et I, assuré qu'elles ne renferment aucune partie
et , à 1l'aide d'une brosse en crin et d'eau, de couverte de vert-de-gris ; c'est un des points
frotter l'intérieur des tuyaux. les plus importans. Pour y parvenir d'une ma
C'est d'après ce principe, mais d'une ma nière plus assurée, il doit, aussitôt qu'une
nière plus simple, qu'est construit le con chauffe est terminée et dès l'instant qu'il a fait
denseur de M. Koelle , représenté dans les couler la vinasse ou résidu de l'opération qui
fig. 240, 241, et qui se compose d'une série vient de finir ou tout au moins a la fin de la
Fig. 241. Fig. 240. journée et au moment de quitter les travaux,
y verser de l'eau par la douille supérieure, l'y
laisser séjourner en l'agitant avec un écou-
villon, la faire couler ensuite au dehors et y
passer une seconde eau pour enlever tous les
résidus. La chaudière est propre lorsque l'eau
sort limpide.
« Ce n'est pas tout encore, et le bouilleur
doit souvent oter le chapiteau ou les pièces qui
surmontent la chaudière, et ouvrir celle-ci
pour éviter la formation ou enlever une croûte
qui se forme sur les parois intérieures par la
précipitation du tartre de la lie, de l'extractif
de tubes courbés sous un angle aigu et et des sels à base calcaire que les eaux dont il
au sommet de l'angle desquels est un an se sert tiennent souvent en dissolution. Cette
neau oui s'accroche à des clous à crochet croûte entraine la prompte destruction de la
placés a différentes hauteurs dans la bâche à chaudière et communique d'ailleurs à l'eau-
eau froide. Les extrémités ouvertes de ces de-vie le goût de feu ou de brûlé qui nuit beau
tubes, qui sortent en dehors des parois de coup à sa bonne qualité. On remédie à cet
cette bâche, sont réunies de deux en deux par inconvénient sans nuire, dit-on, à la boute
des bouts de tuyaux courbes, comme on le des produits, en versant dans la chaudière, par
voit en A A, et afin de placer un plus grand hectolitre de vin qu'elle contient, 125 grain,
nombre de tuyaux dans le envier, on ne les de fécule, transformée en empois avec de l'eau
met pas les uns au-dessus des autres, maison tiède, puis étendu de 2 litres de vin. On verse
les dispose en zig-zag, comme le représente l'empois dans la chaudière, dont le liquide
la série des n™ dans la fig. 241. est déjà chaud, et en même temps on agite
Nous renvoyons à l'article bière pour la des avec un bâton, afin que le mélange soit com
cription d'un réfrigérant fort ingénieux de plet. On suit avec avantage ce procédé et la
l'invention de M. Nicuols, et qui, avec de lé croûte ne se forme pas.
gères modifications, peut être adapté à la « Ce que nous avons dit de la chaudière est
condensation des vapeurs alcooliques. applicable à tous les autres vases. Le chapiteau,
On calcule ordinairement qu'un conden le condenseur doivent souvent être nettoj és
seur, quand la distillation marche avec régu et continuellement visités.
larité et l'eau de condensation, qu'on renou « Une seconde condition importante, c'est
velle, étant à la température moyenne de 10° 3u'il ne se fasse aucune fuitepar lesjointures des
C, doit présenter une surface de condensa ifférentes pièces. On ne saurait apporter trop
tion égale à peu près an double de celle de la de soin à cet égard, parce qu'un appareil qui
partie de la chaudière exposée au feu. fuit donne lieu a des pertes qui, en,se renouve
Lue pièce, qui fait aussi partie des ap lant sans cesse, finissent par devenir notables.
pareils distillatoires, est le bassiot ou ba Plusieurs pièces des grands appareils actuels
quet () (fig. 237), petit baquet à double fond, sont terminées par des collets que l'on assujétit
dont le supérieur est perce de 2 trous. L'un R par des pinces ou griffes en fer, qui prennent
reçoit l'eau-de-vie et la verse dans l'intérieur, entre leurs lames les collets de 2 pièces con-
on lui donne la forme d'un entonnoir; l'autre tiguës. On interpose entre les collets des ron
S sert à laisser échapper l'air à mesure que delles de papier gris frit dans l'huile, ou des
le bassiot se remplit etȈ puiser de la liqueur feuilles minces de plomb. Quelques coups de
quand on veut essayer son degré de spirituo- marteau sur les griffes suffisent pouroperor
6ité. Quand le bassiot est plein on le vide dans une fermeture exacte. Dans tous les cas,toii
332 ARTS AGRICOLES: FABRICATION DES EAUX-DE-VIE.
tes les jointures des appareils doivent être lu- condenseur. De cette manière la
tées avec le plus grand soin, au moyen de ban recommence presque aussitôt.
des de linge trempées dans des blancs d'oeufs Les distillateurs appellent chauffe une opé
et saupoudrées avec un mélange de chaux vive, ration entière, c'est-a-dire depuis l'instant ou
éteinte avec un peu d'eau et mélangée d'un ils chargent l'appareil jusqu'à celui où ils font
tiers de son poids de craie en poudre fine. écouler la vinasse.
On prépare aussi un bon lut avec parties éga On redistille séparément l'eau-de-vie seconde,
les de farine de seigle et de craie en poudre à un feu doux , pour l'obtenir eu totalité à
très fine; ou bien 1 partie de cette farine avec un plus haut point de concentration. Cette
autant . de sablon très fin. On délaie ce mé opération s'appelle repasse. On mêle quelque
lange dans des blancs d'oeufs pour en former fois la repasse avec le vin pour en opérer de
unebouillie épaisse qu'on applique sur les ban nouveau la distillation.
des de toile dont on recouvre les jointu A mesure que les bassiots qui reçoivent
res. l'eau-de-vie sont pleins, on les vide dans des
Du moment que la chaudière est bien net futailles de bois de chêne qu'on lient dans le
toyée on y verse le vin; on la remplit à peu cellier pour éviter l'évaporation. Le séjour
près aux 3/4, ce qu'on reconnaît facilement que fait l'eau-de-vie dans le bois neuf lui fait
au moyen d'une petite jauge en bois, qu'on acquérir une couleur jaunâtre qui n'altère pas
plonge dans le liquide. Dès que la chaudière aa qualité. L'eau-de-vie en vieillissant perd le
est remplie on s'occupe de mettre en train ou goût de feu qu'elle a souvent quand elle est
de donner le coup de feu. A cet effet on allume fraîche ; elle devient plus agréable et plus
un feu vif dans le fourneau pour hâter l'ébul- suave.
lition ; on place le bassiot pour recevoir les pro
duits ; on ferme l'ouverture du chapiteau avec 2° Distillation des marcs de raisins.
son bouchon à vis ; on verse de l'eau dans
l'anneau qui l'entoure et on lute avec soin Les marcs de raisins qu'on destine à la dis
toutes les autres jointures. tillation sont d'autant plus propres à cet usage
Dès que la chaleur commence à pénétrer, il qu'ils sont restés plus long-temps en contact
se dégage beaucoup d'air par l'extrémité infé avec le vin; ils fournissent alors plus d'alcool,
rieure du condenseur, et peu à peu les va et cette quantité , dans les années favorables,
peurs s'élèvent. On juge du chemin qu'elles peut aller du 10e au 8e, tandis que des vins
font dans toutes les capacités de l'appareil par pressés aussitôt après la récolte on n'en peut
la chaleur que preunent successivement tous extraire au-delà du 12e au 10e.
les conduits qu'elles parcourent. Il passe d'a Quand on ne distille pas les marcs de suite,
bord un alcool qui n'a ni goût ni odeur agréa il faut les préserver du contact de l'air qui les
ble. On sépare ce 1" produit pour le distiller ferait tourner à l'aigre et détruirait l'alcool.
uue seconde fois. L'alcool qui succède est très Pour cela , après qu'us ont été pressés, on les
concentré et de bonne qualité ; il se nomme entasse dans des cuves où ils sont foulés avec
tau-de-vie première, et on en détermine le titre les pieds de manière à les condenser le plus
par l'alcoomètre en établissant à demeure cet possible. Les cuves étant pleines, on les recou
instrument à l'ouverture du bassiot, ce qui vre d'une couche de terre molle. Alors il s'o
permet de juger du degré de l'alcool pendant père, au bout de 15 jours, une nouvelle fer
tout le temps de l'opération. mentation qui augmente encore la richesse
L'alcoomètre se maintient à peu près au alcoolique des marcs. Dans des vases peu po
même degré pendant quelque temps; mais reux ils peuvent se conserver plus loug-temps
peu à peu l'eau-de-vie perd de sa force. Lors sans altération et même pendant une partie
qu'il est tombé au-dessous de 50° de l'alcoo de l'année.
mètre (19° Cartier ) on ne recueille plus que Lorsqu'on veut commencer la distillation,
de.l'eau-de-vie mêlée de plus ou moins d'eau, on enlève le chapeau de terre ainsi que la sur
qu'on nomme eau-de-vie seconde ou petites eaux. face du marc qui est ordinairement moisie, des
Quand cette eau-de-vie a passé pendant quel séchée ou aigre,et tout ce qui se trouvealléré;
que temps et ne contient presque plus rien et chaque lois que l'on puise pour charger la
de spiritueux, on ouvre de temps a autre le chaudière on recouvre le reste d'une étoffe
petit robinet placé sur la chaudière et on pré quelconque. La chaudière est chargée de ma
sente une allumette enflammée aux vapeurs nière que les marcs et le liquide qu'on y in
qui en sortent en renouvelant cet essai jus troduit laissent entre le chapiteau un espace
qu'à ce que les vapeurs ne s'enflamment plus. pour l'ébullition et les vapeurs. On met or
Dès ce moment l'opération est terminée; on dinairement un seau d'eau pour 2 seaux de
couvre le feu pour faire écouler la vinasse, marc. Cette quantité de liquide est nécessaire
nettoyer la chaudière et la remplir de nouveau. pour empêcher les marcs de s'attacher à la
La quantité de bonne eau-de-vie qu'on re chaudière. Quand on a des vins faibles ou gâ
cueille est d'autant plus considérable qu'on a tés, des vins de grains, de fécule, ou tous au
mieux ménagé le feu et qu'on a entretenu le tres liquides pouvant donner de l'alcool, il
même degré de fraîcheur a l'eau des conden est avantageux de les employer, au lieu d'eau,
seurs. à cette distillation. Le feu doit être toujours
On peut ménager le combustible et le temps égal et conduit avec beaucoup de soin , un
en plaçant entre l'alambic et le condenseur coup de feu pouvant déterminer de suite la
un baquet de la contenance de la chaudière, brûlure au fond de la chaudière.
qu'on remplit de vin, qu'on chauffe pendant Dans quelques parties de l'Allemagne les
le cours de la distillation précédente jusqu'à chaudières qui servent à distiller les marcs
55 ou 60° C, par un tour de serpentin qui de grains ou de raisins portent un agitateur
circule dans le baquet avant de se rendre au qu'oa met en mouvement de temps a outre,
10'. APPAREILS DISCONTINUS. 233
surtout au commencement de l'opération , lation que la propreté parait être une
pour empêcher les matières épaisses de tou tion des plus importantes.
cher le fond et les tenir en suspension dans le
liquide. 4" Distillation des mélasses de betteraves.
Les mélasses qu'on recueille dans la fabrica
3° Distillation des moûts de grains et de fécule. tion des sucres, mises en fermentation, don
nent un volume égal au leur de bonne eau-de-
Pour procéder à la distillation des moûts de vie. Il arrive quelquefois qu'au moment où la
grains avec le marc , on les agite pendant quel cuve où on les dépose après les avoir mises en
que temps, puis on les transporte dans la cnau- levain semble marcher convenablement, la fer
dièrequ'on remplit au 2/3 de sa hauteur. On al mentation cesse subitement sans qu'il soit
lume le feu, qu'on répartit aussi également possible de la rétablir. M. Tim.oy conseille
que possible sous la chaudière, et en même alors de battre dans une chaudière 150 kilog.
temps le bouilleur, de moment en moment, de mélasse avec 2 fois autant d'eau et d y
brasse le moût avec un agitateur pour empê ajouter peu à peu 7k,5 d'acide sulfurique préa
cher les parties épaisses de se rassembler au lablement étendu d'eau. On brasse forte
fond et de brûler. Arrivé au point d'ébullition
et après le dégagement du gaz acide carboni- ment le mélange, on fait bouillir une de-
mi- lieu iv, puis on fait écouler dans une
ue , on ferme le chapiteau , on dispose le con- cuve dans laquelle on verse 5 à 6 fois autant
enseur et on lute toutes les ouvertures. Dès
que la distillation commence on soutient le d'eau dans
qu'on a employé de mélasse. On délaie
ce liquide une quantité convenable de
feu et on l'entretient de 'manière que l'opéra
tion marche avec activité et régularité. On levure et la fermentation marche régulière
ment. La quantité d'acide varie suivant la
continue ainsi jusqu'à ce que les portions qui composition de la masse; le mélange doit seu
passent ne marquent plus que quelques de lement être légèrement acide. Une fois la fer
grés à l'aréomètre; on fait alors écouler les mentation alcoolique terminée, on distille
marcs qu'on donne aux bestiaux.
Le liquide qu'on obtient ainsi, et qu'on comme pour le vin.
La plupart des autres matières sucrées et
nomme flègme , est une eau-de-vie étendue fermentees se distillent les unes comme les
d'eau qui ne marque pas plus de 15 à 20° de vins, les autres
l'alcoomètre (12 à 13° Cart). Outre le goût ou les mélasses. comme les grains, les marcs
d'empyreume qu'il possède, il contient sou
vent une certaine quantité d'acide acétique; § IL — Appareil discontinu à feu nu arec rectification
aussi, exposé à l'air, il ne tarderait pas à être simultanée à la vapeur.
converti en vinaigre si on ne le soumettait à
la cohobation ou rectification. Dans ce but , on L'alambic ordinaire présente plusieurs vices
le remet dans le même appareil , ou mieux on inhérens à l'appareil lui-même. D'abord il
le transporte dans un autre plus petit, où on faut modérer le feu avec assez d'habileté pour
le distille à un feu doux. La liqueur qui passe ne faire monter que les parties alcooliques;
d'abord est de l'eau-de-vie 1™ qu'on recueille un coup de feu trop fort fait monter une
à part; celle qui coule ensuite est plus faible, masse de fluides aqueux et ne donne qu'une
et en fractionnant les produits on finit par ob eau-de-vie faible qu'on est obligé de distiller
tenir un liquide peu alcoolique qu'on redis une seconde fois pour la porter au degré con
tille, avec les flegmes, à l'opération suivante. venable. En second lieu il est difficile d'ex
Quand on distille des eaux-de-vie desti traire les dernières portions d'eau-de-vie con
nées pour boisson, telle que celle dite geniè tenues dansle vin sans qu'elles soient chargées
vre, il faut arrêter la distillation dès que les d'une immense quantité de parties aqueuses.
flegmes ne marquent plus que quelques de L'eau-de-vie a souvent un goût de brûlé et est
grés centésimaux, parce que c'est vers la fin rarement très limpide; Ta condensation y
que les acides et les huiles empyreumatiques, étant imparfaite, il y a déperdition de vapeurs
qui altèrent leur qualité, passent à la distilla alcooliques qui se répandent en pure perte
tion. Aussi les derniers jets, lorsqu'on pousse dans l'atelier. Enfin on consomme une quan
l'opération jusqu'à ce que le liquide ne mar tité considérable de combustible eton nepeut
que plus rien, sont-ils infects et nauséabonds, obtenir d'alcool 3/6 ou autre que par une nou
et est-on obligé, dans ce cas, lorsqu'on pro velle distillation.
cède à la rectification ou à une nouvelle opé C'est surtout dans la distillation des moûts
ration, de placer un godet sous l'orifice du de grains et des marcs que ces défauts sont
serpentin pour recueillir et rejeter une cer le plus sensibles. La nécessité de laisser re
taine quantité d'eau acidulé et infecte qui pré froidir les flegmes avant de les soumettre à la
cède le véritable produit de la distillation. rectification, puis de les réchauffer pourcette
Pour empêcher la déperdition notable d'al opération, occasionne une dépense énorme
cool qu'on éprouverait si le jet était à l'air li de combustible et une déperdition fort con
bre, on enveloppe d'une caisse en fer-blanc, sidérable en alcool dans les transvasemens.
qui s'ouvre par un volet , l'issue du serpentin On a cherché de bien des manières à remé
et l'entonnoir, et on ajoute dans celui-ci un dier à ces défauts et à s'opposer à ces pertes ;
morceau de flanelle qui sert de filtre et sépare nous ne pouvons donner ici toutes les combi
une matière floconneuse oui contient de l'oxide naisons qui ont été inventées; mais avant de
de cuivre provenant de 1 appareil et empêche passer à la description des grands appareils
les corps étrangers d'obstruer le tuyau con employés de nos jours, nous ferons connaître
ducteur. un appareil simple inventé par M. Pistorius
A la fin de chaque opération on nettoie tous et employé avec beaucoup de succès pour les
les appareils, car c'est dans ce genre de distil- moûts de grain qu'il distille et rectifie en
AGRICULTURE. tome III.— 30
234 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. LIV. IV.
même temps. Voici la description de cet ap rectificateur A. muni d'un appareil séparé de
pareil. condensation C. La chaudière A est plate; son
Entre un alambic ordinaire M (fig. 242) et diamètre est 6 à 7 fois plus grand que sa hau
son réfrigérant N, on place un autre alambic teur et sa capacité la moitié de celle de la
Fig. 242.
_JP»
cnâûdière M. Une enveloppe de cuivre BB, trëTde hauteur, suffit pour faire monter ces
sorte de chaudière cylindrique, entoure la flègmes dans la chaudière à rectification.
chaudière qui s'y trouve suspendue à S ou 6 F. M.
centimètres tant des parois que du fond au
moyen des rebords de son couvercle qui sont $ III. — Appareil au bain-maric , de M. Chibssekot.
soudés sur la paroi intérieure de l'enveloppe.
Celle-ci reçoit d'un côté dans une douille le Cet appareil , qui marche au bain-marie et
bec D du chapiteau et de l'autre elle porte avec diminution de la pression atmosphérique,
près de son fond un tuyau E qui entre dans peut s'appliquer avec succès à la distillation
l'ouverture supérieure du serpentin. Ce tuyau des eaux-de-vie et liqueurs d tin goût délicat,
est un peu incliné pour favoriser l'écoulement et surtout à celle des eaux aromatiques. L'au
des liquides qui se rassemblent entre la chau teur s'occupe de simplifier encore sa construc
dière A et son enveloppe. L'intervalle entre les tion, tout en ménageant les moyens de graduer
2 vases A et B forme déjà une sorte de conden à volonté les progrès de la condensation des
seur où une grande partie des vapeurs soule vapeurs. Dans l'état actuel il se compose des
vées dans l'alambic M viennent se liquéfier. pièces suivantes.
Cette condensation donne lieu à un dégagement A (fig. 244), chaudière contenant le liquide
de calorique qui chauffe les flègmes qu'on a
versés dans la chaudière A et qui distillent Fig. 244.
ainsi à unedouce chaleur. Afin d'éviter encore
la perte du calorique, on peut adapter au
tuyau E un bout de tuyau à robinet F par
lequel on soutire les flègmes peu alcoolisés qui
se sont condensés entre les 2 fonds, et qu'on
verse encore bouillans dans la chaudière à rec
tification.
Au moyen de cette disposition on diminue
beaucoup la perte en alcool ; on obtient par
le robinet O du réfrigérant une eau-de-vie
presque rectifiée, et par le serpentin C un
produit infiniment plus pur et d'un degré su
périeur à celui recueilli par les procédés or
dinaires.
On peut disposer l'appareil d'une manière à distiller; elle plonge dans un bain-marie,
encore plus avantageuse; pour cela il n'y a qu'à chauffé par le foyer du fourneau C. Un
donner au fond de l'enveloppe de la chau tube à double courbure FF. met en commu
dière A (fig. 243) la forme d'une calotte sphé- nication la capacité de la chaudière A avec
celle d"un vase et récipient condenseur F.
Fig. 243. Celui-ci, plongé dans une enveloppeG qui re
çoit de l'eau froide par un entonnoir U, se
remplit complètement, et laisse passer l'eau
par un tube dans la double enveloppe K du
tube à double courbure K; enfin, un trop
plein L porte au dehors l'excès du liquide
réfrigérant.
Conduite de l'appareil. L'appareil étant ainsi
rique. et souder au point le plus bas un monté et la chaudière A remplie aux 2/3 de
tuyau R en forme d'S de 12 millimètres de dia la substance à distiller (vin ou mélange d'eau
mètre intérieur. Ce tuyau se relève et pénè et d'une substance aromatique), on allume le
tre dans la chaudière à travers le couvercle. feu dans le foyer C, et dès que le bain-marie
Lorsqu'il s'est assemblé une certaine quanti est chauffé à 40° environ, on remplit de va
té de flègmes sur le fond sphériqur, on ferme peur d'eau toutes les capacités F, E,A,à l'aide
le robinet H; la pression qui s établit dans d'un petit bouilleur >', qui s'adaple pendant
l'appareil, dès qu'elle équivaut à peu près à quelques instants au robinet M. I.a vapeur en
celle d'une colonne d'eau de 20 à 2|ceiiliinè- excès sort bientôt avec un sifflement par le
chap. 10". APPAREILS DISCOITTiNUS. 235
robinet O. (Ces a derniers robinets sont L'habitude anciennement contractée d'un
constamment plongés dans l'eau que main arôme moins fin et même légèrement empy-
tient autour d'eux une petite capsule qui s'y reumatique pour certaines eaux-de-vie peut
trouve adaptée ; cette ingénieuse disposition encore les faire préférer; mais l'usage de li
garantit la fermeture hermétique qui est in queurs plus suaves, qui commence a se ré
dispensable.^ Dès qu'on est certain que tout pandre, fera de plus en plus attacher de l'im
l'espace précité est bien rempli de vapeurs, portance aux appareils du genre de celui-ci;
on ferme à la fois les deux robinets, et l'on on ne saurait en douter en observant quelle
démonte le petit bouilleur. répugnance nous inspirent aujourd'hui les
Le vide commence à s'établir ; on l'entre boissons alcooliques à odeur nauséabonde, à sa
tient en faisant couler de l'eau froide par l'en veur âcre, que préfèrent encore certaines po
tonnoir H dans le fond de la double enve pulations du Nord.
loppe G du récipient. Celle-ci s'échauffe peu
à peu en s'élevant autour de ses parois, et de § IV. — Appareil discontinu à feu nu et à la vapeur,
Ïtlus en plus en montant ensuite dans l'enve- avec rectification si in ul lance de l'alcool et chauffe-Tin.
oppe K par le tube I ; puis elle sort, après
avoir utilisé toute sa faculté réfrigérante, par Cet appareil, de l'invention de M. P. Alêgiie
le trop plein L. Le vide incomplet établi de qui l'a nommé rectificateur, et qui est propre à
cette manière dans toutes les capacités A, E,F, distiller toute espèce de liquides ou de ma
détermine une distillation active à une tempé tières pâteuses , et à sécher le malt, est em
rature de 40 à 50°, et comme celle-ci est don ployé a Paris et dans les environs , notam
née par l'intermédiaire du bain -marie, elle ment pour la distillation des sirops de fécule.
est également répartie, et ne saurait caramé La préférence que lui ont accordée de bons
liser aucune des substances distillées. Aussi praticiens nous engage à le faire connaître.
obtient-on dans cet appareil des eaux aroma La figure 245 présente une vue extérieure,
tiques (de roses, de fleurs d'oranger, etc.) et la figure 246 une coupe de l'appareil; a;
ou des eaux-de-vie plus suaves que par aucun fourneau ; b, porte du fourneau ; e, cendrier;
autre procédé. d, grille du fourneau ; e, chaudière inférieure ;
Fig. 246. Fig. 545.
f, robinet de la chaudière, dit vidange; g,ro- I quer le trop plein; h, ligne ponctuée indi-
pinct adapté à la même chaudière, pour indi- | quant le niveau de l'eau ou du vin dans la
236 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. MV. IY.
chaudière e, quand on distille-, t, tubulure dière supérieure; e', bassin circulaire placé
adaptée sur la chaudière e; on la tient hermé sur le collet de la chaudière supérieure et
tiquement fermée à l'aide d'un couvercle formant réfrigérant ; «f, tuyau à robinet con
bridé qu'on n'ouvre que lorsqu'on veut net duisant l'eau du bassin réfrigérant e' dans la
toyer 1 intérieur de la chaudière*, k, robinet chaudière inférieure; e', vase déforme ellip
d'épreuve pour la distillation du vin ; i, chau tique réuni au collet de la chaudière supé
dière tupérieure superposée; n», robinet de rieure par les brides et boulons f; g* , deux
vidange de la chaudière /; n, tuyau courbe tuyaux plongeant dans un petit vase ou
portant robinet, et établissant la communi godet, et servant à l'écoulement du liquide
cation entre les deux chaudières e, l; o, robi aqueux qui retombe dans la chaudière infé
net dn trop plein de la chaudière l;p, ligne rieure; , tuyau à robinets et à double bran
ponctuée indiquant, dans la chaudière l, la che pour conduire à volonté les liquides
superficie du liquide à distiller; q, fond qui aqueux du vase elliptique e' dans l'une ou
sépare les deux chaudières e, i;r, tuyau prin l'autre chaudière; f, tube qui s'élève verti
cipal ajusté verticalement au centre du fond calement dans l'intérieur du vase e' jusqu'à
f ; il est ouvert des deux bouts, et s'élève vers la distance d'un pouce à peu près de la paroi
e collet de la chaudière l; t, cylindre creux supérieure de ce vase; il est nien bouché en
ouvert par le bas, et fermé à son extrémité haut par un fond, et tout près de ce fond le
supérieure; il sert d'enveloppe au tuvau r; tube t est percé horizontalement de plusieurs
s in bord inférieur repose sur 3 pieds d'un petits trous; k', cylindre creux qui recouvre
pouce de hauteur, soudés sur le fond q, le et enveloppe le tube f; il est muni en haut
fond de ce cylindre ne touche pas tout-à-fait d'un fond qui repose sur le tube t', et son
le bord supérieur du tuyau r; f, 3c cylindre bord inférieur descend jusqu'à un pouce de
creux dont le bord inférieur est soudé sur le distance du fond du vase elliptique r; F, tu
fond q; ce cylindre, qui enveloppe les 2 précé- bulure pratiquée sur le vase elliptique pour
dens, est ouvert par le haut, et son bord supé permettre de le nettoyer intérieurement; elle
rieur s'élève d'environ 15 lignes au-dessus du se ferme avec un bouchon en bois ; m', bassin
cylindre $ ; u, 4« cylindre creux, ouvert par le placé sur le vase «'; il sert de réfrigérant; on
bas, fermé par le haut, et enveloppant le 3e cy vide ce bassin au moyen du tube à robinet n'.
lindre t. Le bord inférieur de ce cylindre est, o', p\ q', r', «', o*, six compartimens , ou dia
comme celui du cylindre s, porté sur 3 pieds phragmes rectificateurs montés les uns sur
d'un pouce de haut, soudés sur le fond q; son les autres, et formant par leur réunion une
fond supérieur s'élève d'un demi-pouce au- colonne cylindrique. Ces compartimens com
dessus du bord du cylindre t; o, 5e et dernier muniquent l'un à l'autre au moyen des 6 petits
cylindre creux, servant d'enveloppe à tous tubes t', disposés dans leurs cases chacun de
les autres ; son bord inférieur est soudé sur la même manière que le tube ( l'est dans le
le fond q, et le fond supérieur du tube u, vase elliptique e'. Ils sont, comme ce dernier,
agrandi, sert aussi à le boucher par le haut. enveloppés chacun d'un cylindre en forme de
Ces 5 cylindres sont placés les uns dans les chapeau , et leur extrémité supérieure est
autres, comme le représente la fi(*. 246, de percée d'une grande quantité de petits trous.
manière que la vapeur puisse aisément les Le fond de chaque compartiment (' a, comme
parcourir successivement. L'intervalle qui le montre la figure, un petit tuyau logé dans
sépare chacun de ces cylindres de son voisin un godet et servant à écouler les petites eaux
est d'environ un pouce ; x, tubes placés à condensées qui descendent d'un comparti
égale distance autour de la partie supérieure ment dans l'autre et finissent par se rendre
qui bouche les 4e et 5e cylindres, w, «; ils dans le vase elliptique «', lequel à son tour les
sont courbés obliquement, et descendent jus- conduit dans l'une ou l'autre des 2 chaudières
3u'à 2 pouces du fond q, qui sépare les chau- par les 2 branches du tuyau à robinets h\ Ce
ières. La fig. 246 ne laisse voir que 2 de ces passage de la condensation s'effectue en mémo
tubes ; il faut supposer qu'il y en a un 3c après temps que les vapeurs alcooliques s'élèvent et
la partie qui est enlevée ; y, tube de sûreté parcourent, en se rectifiant, les 6 comparti
pour empêcher l'absorption de la substance mens et les doubles tuyaux qui se trouvent
contenue dans la chaudière supérieure par dans chacun d'eux ; u', long cylindre vertical
les 3 tubes plongeurs x. Ce tube traverse le enveloppant les 6 compartimens /', et laissant
collet de la chaudière l, son extrémité supé entre ces compartimens et lui un intervalle
rieure, qui a la forme d'un entonnoir, est en annulaire de 6 pouces. Ce cylindre, au moyen
contact avec l'atmosphère, et son autre extré du liquide qu'on y introduit, sert de réfrigé
mité communique avec l'espace cylindrique rant. Le liquide est évacué par le gros tuyauta',
formé entre les 2 cylindres u, v. Ce tube est qui le fait passer à volonté dans la chaudière
recourbé de manière à ce qu'il touche par le supérieure. x\ cylindre formé de deux pièces
milieu, à peu près, de sa longueur la super assemblées à charnière, s'ouvrant et se fer
ficie de la matière renfermée dans la chau mant à volonté; on le tient fermé par des
dière /; il est interrompu, dans sa moitié qui loquets y\ (fig. 245), que l'on ouvre quand on
s'approche du centre de l'appareil , par un veut. L'espace ouvert par le haut et compris
renflement 2, formant un cylindre creux qui entre cette enveloppe et le cylindre u' peut
peut contenir environ 2 litres d'eau, intro servir à recevoir le grain qu'on veut sécher
duits par l'entonnoir. après qu'on l'a fait germer. La surface de cette
a', robinet d'épreuve de la chaudière supé enveloppe est criblée de petits trous qui li
rieure; 6', tubulure pratiquée sur la chaudière'f vrent passage aux vapeurs humides qui s'é
de la môme manière que l'est la tubulure t sur chappent du grain, et sa base repose sur un
la chaudière inférieure c; elle s'ouvre aussi rebord saillant soudé au cylindre u' et qui lui
lorsqu'on veut nettoyer l'intérieur delà chau- sert en même temps de fond. «', 2 ouvertures
10*. APPAREILS DISCOimTOTS. 337
IPratiquées à la bas» de l'enveloppe x\ par s'était accumulée dan9 la chaudière inférieure
esquelles on retire le grain lorsqu'on le juge sort de là par le robinet f; pendant l'écoule
à propos. ment, on introduit un balai par l'ouverture t
a'- tube recourbé à angle droit; l'un de ses de la chaudière inférieure, afin de bien la net
bouts est en communication avec l'intérieur toyer et de faire sortirtoutce qu'elle contient.
du cylindre réfrigérant u\ et dans l'autre bout, Cette chauffe à l'eau a aussi pour but de
qui a la forme d'un godet, est logée l'extré chauffer l'intérieur de l'appareil et la substance
mité d'un tube conique b* en verre, qui sert à distiller qui se trouve clans le cylindre u' et
à indiquer la hauteur du liquide dans le cylin Je cylindre rectificateur, ainsi que celle qui
dre «';€*, tuyau à robinet, servant à intro est dans la cuve B. Lorsque l'appareil est neuf,
duire la substance qu'on veut distiller dans le cette opération est nécessaire pour enlever
cylindre réfrigérant u'.Quel que soit le liquide la résine et d'autres corps provenant des sou
qu'on y introduise, il s'y prépare, en augmen dures. Elle ne devra se répéter qu'autant
tant de température, pour descendre ensuite qu'on pensera que l'appareil en a besoin, et
dans la chaudière supérieure; si c'est une lorsqu après avoir suspendu la distillation
substance farineuse , elle reste dans cette pendant quelques jours on voudra la repren
chaudière pour y être distillée, et si c'est du dre. Quand la distillation se fait sans inter
vin on le fait descendre dans la chaudière in ruption, il est inutile de laver les chaudières ;
férieure en ouvrant le robinet h'. il, tuyau à lorsque l'on cesse de distiller, il faut, pour la
robinet servant à introduire le vin lorsqu'on propreté et la conservation de l'appareil, le
veut en distiller dans le cylindre u'; e*, tube remplir d'eau que l'on vide quand on veut
par lequel on introduit de l'eau dans le cylin recommencer à travail ler.Les chaudières étant
dre formé par les compartimeus (' pour net vides, on ferme les robinets f, », et l'on rem
toyer dans toute son étendue ce cylindre plit d'eau la chaudière inférieure jusqu'à ce
central qu'on nomme rectificateur; f^, tuyau qu'elle sorte par le tuyau g, qu'on referme de
par lequel s'élèvent les vapeurs spiritueuses suite, puis on aetive le feu en ouvrant la sou
rectifiées pour se rendre dans le serpentin et pape de la cheminée ; on ferme aussi l'ouver
s'y condenser ; g'-, tuyau servant à dégager la ture i et les robinets du tuyau h', et l'on ouvre
faible portion de vapeur qui se forme dans le le robinet du tuyau o et celui du tuyau «',
cylindre u' et qui va se rendre dans le petit pour faire passer dans la chaudière l la ma
serpentin, place avec le grand, où elle se con tière qui se trouve dans le cylindre w' , jus
dense et sort en esprit par son extrémité infé qu'à ce que cette chaudière soit pleine, ce qui
rieure au bas du tonneau A. Ii- , cheminée est indiqué par le tube o du trop plein ; on
ayant un registre au moyen duquel on règle ferme le robinet de ce tube aussitôt qu'on a
l'intensité du feu, que l'on doit diminuer pen vu couler la substance; on ferme également
dant qu'on cliarge. celui du tuyau «', et l'on ouvre celui du tuyau
1° Conduite de la distillation. Quand l'appa c*, afin de faire passer la substance qui est
reil est disposé pour la distillation, comme on dans la cuve B dans le cylindre u' jusqu'à ce
le voit fig. 245, tous les robinets doivent être que le cylindre soit rempli, ce qu'on voit aisé
fermés, excepté celui qui indique le trop ment par le tube de verre i*; alors on ferme
plein. On commence l'opération par remplir le robinet du tuyau c*, puis ou remplit de
d'eau le tonneau A , dans lequel sont pla nouveau la cuve B avec la substance qu'on
cés le petit et le grand serpentin; on remplit distille. Il faut avoir soin que l'eau du ton
ensuite, avec la substance qu'on sepropose de neau A soit toujours froide, ce qu'on obtient
distiller, la cuve B, où se trouve un 3' petit en ouvrant les robinets /• et n*,fig. 245. Ce der
serpentin qui aboutit au grand serpentin du nier est supposé arrêter l'eau qui arrive d'un
tonneau A; on charge d'eau froide la chau réservoir quelconque plein d'eau froide, éla-
dière inférieure par l'ouverture t, puis on bli dans un endroit convenable pour le service
allume le feu. de l'appareil. L'eau froide qui arrive dans le
11 faut laisser l'eau se distiller jusqu'à ce fond de- la cuve A chasse l'eau chaude qui se
que la substance qui est dans le tonneau B trouve à sa superficie et la fait sortir par le
setrouveà30°R.environ;alorsonferme le ro robinet i*. Un tuyau à robinet »»' sert à éva
binet du tuyau c* et on laisse continuer la dis cuer à volonté l'eau de la cuve A.
tillation. On remplit de nouveau le tonneau B Les choses étant en cet état, la charge se
cer la quantité de substance qui trouve faite, et pendant le temps qu'un a em
sortie pour se rendre dans la colonne ployé a la faire, le feu ayant toujours été
cylindrique ; ou ouvre les 2 robinets du tuyau actif, l'eau qui se trouve dans la chaudière
k', pour que l'eau qui s'est condensée dans le inférieure est mise en ébullition. La vapeur
cylindre rectificateur et dans le vase ellipti élevée de cette chaudière chauffe le fond de
que e' se vide; on ouvre en même temps les la chaudière supérieure, qui renferme la subs
robinets t1 et A*, fig. 245, pour remplir d'eau tance à distiller, monte dans le tuyau r, par
froide, arrivant du tonneau A, le réfrigérant court tous les cylindres *, /, ttqui enveloppent
c' de la chaudière supérieure et celui m' du ce tuyau et les échauffe; elle entre ensuite par
vase e'. Ces réfrigérans étant pleins, on ferme le hautdans les trois tuyaux obliques x, qu'elle
les robinets , on ralentit le feu en le couvrant échauffe aussi, et arrive dans le fond de la
de charbon mouillé et en fermant momenta chaudière supérieure où elle communique sa
nément le registre de la cheminée. température à la substance qu'elle traverse;
Cette 1" chauffe étant faite avec de l'eau quelle que soit la nature de cette substance,
dans l'intention de laver l'intérieur de l'appa elle se met en ébullition, et les vapeurs alcoo
reil, U fout ouvrir les robinets des tuyaux liques qui s'en dégagent s'élèvent, passent
d I» *% l'ouverture i pour vider les 2 chau- dans le vase elliptique e' et sont ~ '
Par ce moyen toute l'eau de lavage qui par les tuyaux »' , k\ où
538 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. LIV. IV.
lyse qui se continue en parcourant successi le réfrigérant du vase elliptique et achever de
vement les six compartimens o', p', <f, r\ ë, o* remplir celui de la chaudière. Dans cet état,
et leurs doubles tuyaux, qui forment le cylin la seconde chauffe est en activité; elle est ter
dre rectificateur. minée deux heures après que la charge a été
Les partie* les plus légères qui ne sont pas faite. Toutes ces opérations se répètent à cha
condensées s'élèvent dans le tuyau f* et pas que chauffe? quelle que soit la substance fari
sent dans les deux serpentins, où elles se con neuse soumise à la distillation.
densent, et sortent en alcool par le tuyau p* 2° Mode de dessiccation des grains. Lorsqu'on
en formant un filet qui coule dans le réci veut dessécher du malt ou du grain, on l'in
pient, tandis que les parties aqueuses, qui se troduit par le haut dans l'espace annulaire
sont condensées pendant leur marche, ne
pouvant pas continuer leur ascension, descen compris entre le cylindre m' et l'enveloppe a;',
dent par les tuyaux d'écoulement pratiqués où la chaleur le dessèche ; on le fait ensuite
sortir par les ouvertures z' lorsqu'on le juge
au fond de chacun des 6 compartimens du assez sec, et on le remplace par d autre. Cette
cylindre rectificateur. Au fur et à mesure que méthode est économique, parce qu'on pro
ces liquides se rapprochent de la source du fite du calorique
calorique, leur partie la plus spiritueuse se par-là de faire undefeu l'appareil, et qu'on évite
particulier pour cette
sépare et s'élève, pendant que la portion opération.
aqueuse descend dans le vase elliptique. Cette
marche ascendante et descendante continue 3° Distillation du vin. Quand on veut dis
jusqu'à ce que la substance en distillation se tiller du vin, on enlève l'enveloppe a;', en ou
trouve entièrement dépouillée d'alcool, ce vrant les trois loquets y' qui la tiennent fer
dont on s'assure en présentant devant le mée. La cuve B et son petit serpentin, deve
robinet d'épreuve a', que l'on ouvre, une nant aussi inutiles, sont également supprimés,
flamme aux vapeurs qui s'en échappent. Si ces et l'on adapte un tuyau que l'on voit ponc
vapeurs ne s'enflamment plus, on est certain tué en g* ( fig. 245 ) ; un bout de ce tuyau tient
qu'il n'y a plus d'alcool ; alors la chauffe est à la bride du tube fx de la colonne, et l'autre
terminée et l'on peut en recommencer une bout tient à l'ouverture saillante du grand
autre. serpentin de la cuve A.
Comme pour faire cette lr* chauffe on rem L'appareil étant disposé de cette manière,
plit la chaudière inférieure d'eau froide, elle on commence par remplir devin du tonneau A
dure environ 3 heures ; mais les opérations le cylindre u' et la chaudière inférieure e,
suivantes n'exigeront pas plus de 2 heures, en faisant usage des robinets comme nous l'a
parce que l'eau de la chaudière inférieure se vons indiqué précédemment. La chaudière
trouvera toujours chaude, aussi bien que tout supérieure reste vide pendant la première
l'appareil. chauffe ; on allume le feu et l'opération com
Pour opérer la seconde chauffe on commen mence.
cera par ouvrir l'ouverture b' et les robinets Lœnquetevinestenébullition, lesvapeurs s'é
des tuyaux m, o, pour vider la chaudière supé lèvent et suivent les mêmes routes que celles
rieure et en faire sortir le résidu de la ma qui ont été indiquées et arrivent par.le tuyau
tière distillée. Pendant que ce résidu s'écoule, ponctué 9> au grand serpentin du tonneau A,
on introduit dans la chaudière supérieure un où elles se condensent La chauffe se continue
balai par l'ouverture b\ afin de remuer et de jusqu'à ce que tout le vin contenu dans la
chasser au dehors tout le résidu ; ensuite on chaudière inférieure soit entièrement dé
ferme le robinet du tuyau m et l'ouverture 6' , pouillé de son alcool, ce que l'on reconnaît
on ouvre le robinet du tuyau v' pour charger en présentant une lumière au robinet k, qu'on
la chaudière supérieure avec la substance ouvre pour que les vapeurs en sortent. Si elles
chaude contenue dans le cylindre «*'. Lorsque ne s'enflamment pas, on est assuré qu'il n'y a
cette chaudière est remplie, on ferme les robi plus d'esprit-de-vin. Dès lors la chauffe étant
nets des tuyaux o et u'; on charge de nou terminée , on ralentit le feu, en le couvrant
veau le cylindre u' en ouvrant le robinet du de charbon mouillé et en fermant la soupape
tuyau c*, qu'on referme aussitôt que le cylin de la cheminée.
dre est plein; on ouvre les deux robinets du Pour commencer une seconde chauffe, on ou
tuyau h , pour que les petites eaux accumu vre les robinets des tuyaux g et k pour laisser
lées dans le vase ë pendant la chauffe précé communiquer l'air extérieur avec la chau
dente passent dans la chaudière inférieure, dière inférieure ; ensuite on ouvre le robinet
dont le robinet du trop plein g doit se trouver du tuyau f pour faire sortir de la chaudière
ouvert, permettant ainsi de voir quand la la vinasse qu'elle contient, et on le ferme
chaudière est pleine. Si les petites eaux du lorsque la chaudière est vide. Immédiatement
vase ë ne suffisent pas pour remplir la chau après on ouvre les robinets des tuyaux n et
dière e, on ouvre le robinet du tuyau <f du v , pour que le vin qui est dans le cylindre u'
réfrigérant c' de la chaudière supérieure, en descende dans la chaudière supérieure, et de là
sorte que l'eau chaude qu'il contient y passe passe par le tuyau n dans la chaudière infé
et achève de la remplir; alors on ferme le ro rieure, qui doit toujours se remplir jusqu'à
binet d' et celui du trop plein g, et l'on active la hauteur du trop plein g. On ferme les ro
le feu. binets des tuyaux g, n, k et c', et l'on ouvre le
Peu de temps après que le filet s'est établi, robinet supérieur du tuyau A', pour faire pas
on ouvre le robinet du tuyau n', afin que l'eau ser dans la chaudière supérieure les eaux fai
chaude du réfrigérant m' du vase elliptique ë bles que contient le vase elliptique ë , puis
descende dans le réfrigérant ë de la chaudière; on referme ce robinet. Dans cet état de
on ferme ensuite et l'on ouvre les robinets choses le cylindre u' se vide, la charge est
des tuyaux i * et k * , pour remplir d'eau froide faite, l'on active le feu.
chai-. 10». APPAREILS CONTINUS. «9
Si, avec cette chauffe, on veut faire de l'eau- tivement leur concavité en haut et en bas, et
de-vie de 54 à 60° de l'alcoomètre centésimal portant, sur leur surface, des fils de cuivre
( 20 à 22° Cartier ), on laisse le cylindre u' tel soudés et disposés enrayons pour transmettre
qu'il est, c'est-à-dire vide ; et si l'on veut de le liquide goutte à goutte d'une calotte supé
Veeprit de 86 d 90° ( 33 à 36° Cart. ), on le rem rieure à l'inférieure. Les 10 couples portent
plit de vin, en ouvrant le robinet du tuyau d*. de petites douilles qui sont enfilées le long de
Pour remplacer le vin qui sort du tonneau A, très forts fils de fer q, qui les maintiennent les
on ouvre le robinet n*, qui laisse passer le uns au-dessus des autres. Au-dessus de ces
vin froid venant du réservoir, qu'on suppose 10 couples il s'en trouve un particulier qui
être placé convenablement dans le local. sert à recevoir 2 tubes r, s {fig. 247 et 249 ),
Chaque chauffe^ après la 1", ne dure qu'une dépendant de la pièce supérieure. Le manchon
heure au plus. B porte en outre une douille l correspondante
Avec 1 appareil que l'on vient de décrire, à une douille semblable t dans la colonne C,
uelle que soit la nature de la matière qu'on lesquelles reçoivent l'indicateur n; K et m sont
a istille. on peut obtenir au premier coup de les collets rabattus de la colonne.
feu, et à volonté, de l'eau-de-vie ou de l'esprit, Le rectificateur ou colonne de rectification C,
depuis 54° (20° Cart. ) jusqu'à 87° ( 34° Cart.), qu'on voit en coupe dans la fig. 249, livre pas
et même 92° ( 37° Cart. ), sans que les pro sage d'abord au tube r, qui se rend au chauffe-
duits soient atteints des mauvais goûts de cui vin D ; y et y' sont aussi des tubes s'ajustant
vre, de brûlé ni d'empyreume. par des brides avec d'autres tubes dépendans
du chauffe-vin. Ils descendent, le 1" lusqu'au
Art. II. — Des appareils continus. dernier réservoir du rectificateur, d'où il se
relève jusqu'au 5«, et le 2« tube jusqu'au 3" ré
Ces appareils, dont on doit la première idée servoir, pour se relever au-dessus du 2«; au
à Edouard Adam, ont été depuis perfectionnés point de courbure chacun doit être muni d'un
par d'autres inventeurs. Le plus remarquable robinet zz', pour prendre à volonté le titre du
aujourd'hui, sous ce rapport, est celui de liquide ramené dans le rectificateur. Celui-ci
M. Cellier-Blumenthal, amélioré par M. Ch. se rétrécit supérieurement en un tube t qui
Deros$e, qui offre, pour ainsi dire, la réunion s'ajuste avec un tube semblable du chauffe-
de tous les autres. Dans son état actuel, les vin. A l'intérieur il est occupé par 6 réser
combinaisons sont telles qu'on y met à profit voirs fixes composés de plaques circulaires u*,
toute la chaleur émise par la condensation des percées à leur centre d'un trou sur lequel est
vapeurs, soit pour cnauffer le vin ou les soudé un manchon. Ce manchon est emboîté
moûts, soit pour la rectification simultanée de manière à laisser assez d'intervalle entre
de l'alcool ; qu'il fournit de 1" jet de l'al leurs parois pour un couvercle x' soutenu au-
cool aux divers degrés de concentration de dessus du manchon et à une certaine distance
mandés par le commerce, et qu'il offre en au moyen de bandes métalliques soudées sur
outre le précieux avantage de la continuité. la plaque d'une part et sur le bord du cou
Le vin est introduit dans cet appareil par un vercle de l'autre. Chacune des plaques est en
filet constant ; il se dépouille, chemin faisant, outre percée sur un côté d'un trou plus petit
de tout l'alcool qu'il contient et qui se déverse dans lequel s'élève une petite portion de tu
par l'extrémité opposée, en telle sorte que si be s s, de même hauteur que le manchon..
le liquide soumis a la distillation n'était pas C'est par ces tubes que la vapeur est admise
susceptible d'encrasser les vases, il marcne- dans l'espace laissé entre chaque réservoir;
rait sans interruption. v,u,x, indicateur du rectificateur.
Voici cet appareil ( fig. 247 ) tel que l'établit Le chauffe-vin D, vu en coupe (fig. 250), ren
aujourd'hui M. Derosne. ferme un serpentin horizontal s, dont chacun
Description. 1° AA', 2 chaudières qui doi des 10 tours est percé à sa partie la plus basse
vent être encaissées dans la maçonnerie ; 2° B, d'un trou auquel on a soudé un tube 1, 2, 3,
colonne de distillation ; 3° C, colonne de rec 4, etc., se rendant au dehors dans un conduit
tification ; 4° D, condensateur chauffe-vin; 5° commun 6; a, prise de liquide du conduit b
E, réfrigérant; 6° F, vaseau de vendange ou qui se raccorde a un prolongement a' qui com
régulateur d'écoulement, surmonté d'un ro munique à volonté avec y" au moyen d'un ro
binet A' àflotteur F; 7» G, réservoir. La chau binet; c,d, autres prises à robinets aboutissant
dière A a une vidange a munie d'un robi au tube e raccordé au tube f; t,p, tubulures
net b; c est un tube terminé par une douille s'ajustant avec celle * du rectificateur et celle
dans iaquelleon introduit un tube de verre d, u du réfrigérant ; t, tubulure donnant passage
'ajusté avec du mastic sur la vidange a et ser au vin qui, par le conduit g, laisse couler le
vant d'indicateur, h ouverture de la chaudière vin dans le tube r; h, k, tubulure à robinet,
fermée par un couvercle muni d'une soupape servant à vider le chauffe-vin à la fin d'une
do sûreté e; g, autre ouverture qui se raccorde opération. Le chauffe-vin est un cylindre ter
avec le tube f et conduit, au moyen d'un se miné par des calottes convexes et percé su
cond raccord g', »', la vapeur de A dans A'. périeurement de 3 ouvertures fermées par des
a' b' c" d", tube indicateur et vidange de la couvercles i, m, n, entrant à frottement; une
chaudière A'. Cette vidange plonge jusque cloison q le partage en 2 portions D, D', dans
près du fond de la chaudière A par le tube le rapport de 2 à 1. Cette cloison ne laisse de
recourbé t. communication entre ces 2 portions que par
( Fig. 248 ). Vue de l'intérieur de la colonne une ouverture ménagée à la partie inférieure;
de distillation B, sortie du manchon qui la con dans la portion D, est un conduit demi-cylin
tient. Cet appareil se compose de 10 couples drique, criblé de trous; le vin s'y déverse par
décalottes mobiles, o etp, présentant alterna- le tube o.
ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE.. lit. r».
Fig. J50.
Fig. J47.
Le réfrigérant E, dont on voit l'intérieur l'entonnoir g", arrive au fond du réfrigérant
(fig. 251), n'offre rien de particulier ; c'est dans E, le remplit, vient sortir par o dans le chauf
le réservoir » que le liquide ou la vapeur se fe-vin, se répand dans le conduit criblé, s'é
rend avant d'arriver dans le serpentin ; y* lève dans D et D', jusqu'à la hauteur de f, qui
est la sortie de ce serpentin ajustée avec le le déverse par g et r, dans la colonne B, dont
tube a' du vase E' ( fig. 247 ), d'où l'alcool s'é il parcourt tous lescomnartimens. Mais le vin
coule par le dégorgeoir V; c', d',couvercle por de A étant parvenu à l'ébullition, la vapeur
tant un tube sur lequel se raccorde le tube passe par g, f, g' et »', dans la 2e chaudière A.'
o; h\ robinet pour l'évacuation du liquide qui, chauffée par les vapeurs et par les gaz
chaud ; f, tube amenant le vin du réservoir au qui s'échappent du foyer, est bientôt mise en
bas du réfrigérant; il est terminé par un en ebtillition. La vapeur qu'elle produit se dé
tonnoir g', dans lequel tombe le vin du seau de gage par h', pénètre dans la colonne B, y ren
vendange F par le robinet f. contre le vin qui en parcourt tous les conipar-
Travail de l'appareil. La chaudière A timens, change avec lui son calorique contre
étant remplie jusqu'à 2 à 8 po. au-dessous de de l'alcool, arrive dans C, où elle s'alcoo
la partie la plus élevée de l'indicateur, la chau lise encore davantage, entre dans le chauffe-
dière A' ayant 3 à 4 po. de vin, on porte le li vin, se dépouille en partie des vapeurs aqueu
quide de A à l'ébullition. En même temps on ses qui l'accompagnent et qui reviennent par
ouvre le robinet t' de F ; le vin tombe dans le tube a' ou par les tubes c, d dans la colonne
1*. DÉSINFECTION DES EAtJX-DË-VIE DE VTN, MARCS Ëï PÉCULE. 241
de rectification, à moins que, ces tubes étant mèneront tous deux le liquide dans C par
fermés, elle ne prenne sa direction en passant les tubes e, f, y. Pour obtenir les 3/6 ( 85° alcoo-
de plus en plus à l'état liquide, vers le réfri- mét. ) du commerce on a reconnu que, géné
?érant E, qui la rend a une température peu ralement parlant, il faut laisser les 3 robinets
levée au-dessus de celle de l'air par le tube ouverts. Veut-on diminuer la spirituosité du
b' du vase E'. produit, il n'y a qu'à fermer d d abord, puis e.
Manoeuvre de l'appareil. Mise entrain. On Terminaison de la distillation. N'ayant plus
commence par emplir les chaudières A et A' à distiller que ce qui reste dans l'appareil, les
comme nous l'avons dit. Ou adapte les diffé réservoirs G et F étant épuisés, on vide A et
rentes pièces dans l'ordre décrit , et, tous les on le remplit du liquide de A'; on suspend
robinets étant fermés, on ouvre le robinet f de un instant le feu et on fait arriver en A' le li
F. Le vin suit la marche tracée et quand on quide de D en ouvrant le robinet h de D. On
s'aperçoit, par l'indicateur d', qu'il est par vide en même temps le réfrigérant E. On
venu en A', on ferme f et on met le feu sous amène alors de l'eau en G, on delute le tube
la chaudière A. La vapeur suit la route que g de D et on le détourne de manière que l'eau
nous avons indiquée et on obtient de l'eau-de- ne puisse rentrer par r dans B. On ouvre
vie ou de l'alcool, suivant la richesse du vin, les robinets de G et de F et on recom
par le dégorgeoir b'. On laisse couler ce 1" pro mence à chauffer. L'eau remplit alors les
duit qui a un goût de cuivre désagréable, et fonctions du vin pour la condensation. On
lorsqu'il coule de bon goût, on continue la dis continue ainsi en rafraîchissant avec de l'eau
tillation si on veut se borner à recueillir de froide. Si vers la fin de l'opération, on ne
l'eau-de-vie, et lorsque le chauffe-vin D est veut pas obtenir une trop grande quantité
chaud au point de ne plus y tenir la main, on d'eau-de-vie faible et de petites eaux, on peut
ouvre f de F et l'opération est entrain. Si au augmenter la proportion d'eau en D et laisser
contraire on veut obtenir de l'esprit, après ouverts tous les tubes de rétrogradation.
avoir laissé couler tout ce qui a le goût de Lorsque ce qui arrive en b' de E' ne marque
cuivre, on ouvre les robinets de rétrograda plus sensiblement de degrés , on termine la
tion c et d, par où le liquide condensé reflue distillation.
sur C pour enrichir d'alcool les vapeurs qui Rectification. Cet appareil, quoique spé
s'y trouvent, s'analyser avec elles et revenir cialement destiné à la distillation des vins et
enfin se condenser dans les dernières portions des liquides fermentés, peut très bien servir à
du serpentin ou dans le réfrigérant. Arrivée la rectification des eaux-de-vie et conserve
à ce point, l'opération est également en train. encore dans ce genre de travail une grande
La partie D étant chaude, on ouvre également f supériorité sur les autres appareils. Mais alors
de F et la continuité s'établit. les eaux-de-vie ne présentant pas une masse
Vidange des chaudières. Lorsque l'indicateur de liquide suffisante pour condenser les va
de A' indique que cette chaudière est près peurs produites en plus grande abondance
d'être pleine, on fait sortir une partie du li que dans la distillation des vins, l'emploi de
quide de A par son robinet b, de manière à 1 eau devient indispensable. Il y a 2 manières
ne laisser que 6 po. de liquide au-dessus du de procéder à la rectification : par la conti
tuyau de décharge; puis, b étant fermé, on nuité en ajoutant à l'alcool une quantité d'eau
ouvre 6' et on laisse écouler le liquide dans A telle que le mélange ne fût pas plus riche que
jusqu'à ce que A' n'en conserve plus que 5 à les vins les plus alcooliques, c'est-à-dire qu'il
6 po. ; on ferme 6' et on continue le travail, ne contint pas au-delà du 5e de son volum»
Marche de l'appareil. Pour juger de ce qui en eau-de-vie à 60° C (22° Cart.) et sans conti
se passe dans l'appareil on consulte les indi nuité, ce qui parait préférable, et en se ser
cateurs et on manœuvre les robinets z et z' vant de l'eau pour remplir F, E , D, comme
de C. Lorsque la distillation est très abon nous l'avons dit pour terminer la distillation,
dante, que le degré de spirituosité diminue cette eau s'épenchant quand elle aura été
rapidement et que le liquide monte en m, au- chauffée par le tube i.
delà du milieu de l'indicateur, il y a trop de On se fera une idée assez précise des avan
vapeurs aqueuses fournies par A; il faut di tages que réalise l'emploi des appareils con
minuer le feu en poussant le registre dans la tinus, ou du moins à concentration simulta
cheminée. Lorsque le liquide de cet indicateur née de l'alcool en échauffant le vin , si l'on se
se colore, il est urgent de diminuer le feu, rappelle que les distillations successives
sans quoi on verrait le liquide à distiller arri
ver dans le serpentin avec les produits de la
distillation. Pour cela, on pousse le registre ou t jusq
bien on augmente l'écoulement du vin. C'est ou esprit rectifié, tandis qu'aujourd'hui on
sur le jeu des robinets a, e, d, qu'est fondé le ne consomme en houille qu'un dixième en
système de rectification qui permet d'obtenir viron de la quantité de l'alcool à 36° ou un
avec les matières les plus pauvres les esprits cinquième de l'eau-de-vie à 22" qu'on obtient.
les plus forts. Par exemple, si a rend 38" al- Payen.
coométriques ( 16° Cart. ), e pourra en rendre
46 à 53 ( 18 à 20 Cart.) et d 65° (24 Cart.) et au- Section V. — Désinfection des eaux-de-vi» de
delà. Veut-on augmenter la richesse en alcool vin, marcs et fécule.
fournie par les ouvertures , on pourra faire
retour en fi du liquide a; par suite, les ouver Les eaux-de-vie de vin, distillées avec soin,
tures c, d, laisseront couler un liquide mieux ont ordinairement un goût pur, franc, aroma
analysé et plus riche. On augmentera encore tique et agréable; mais celles qui ont été ex
la richesse alcoométrique en ouvrant le robi traites sans précaution et les liquides spiri
net c et bien plus encore en ouvrant d qui rs tueux qu'on relire des matières pâteuses ont
AGRICULTURE 70 lîrraison. tome III. — 31
343 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-PE-VŒ. pv. IV.
souvent nne odeur particulière et une saveur la quantité juste pour que le chlorure opère
insupportable. avec succès et qu'il ne laisse pas par son ex
cès un goût tout aussi désagréable que celui
qu'on voulait enlever. En général il suffit d'un
laquelle, demi-millième environ du poids de l'eau-de-
listiliation, accompagne les jH« et les derniè vie en chlorure pulvérulent pour réagir sur
res vapeurs et donne aux produits de cette l'huile odorante que celle-ci contient. Un es
' opération un goût détestable. Nous avons yq sai préalable sur de petites quantités est au
qu'en fractionnant les produits et en cher reste indispensable pour s'assurer de la dose
chant à ne recueillir que des produits d'un nécessaire du chlorure désinfectant, M. Wrr-
degré alcoomélrique élevé, on obtenait en gé i.uiG a mélangé 2 onces de chlorure dissous
néral des eaux-de-vie de via exemptes de ce à 300 litres d'eau-de-vie et en a chargé l'ai
mauvais goût. lambic. Le 1" liquide qui a passé avait l'o
eau-de-vie de marc de raisin a ordinaire deur du chlore et a été mis à pari ; l'eau-de-
ment une saveur insupportable due à la pré vie qu'il a ohtenue ensuite était, assure-t-il,
sence d'une huile volatile qui existe, selon parfaitement exempte de goût ou d'odeur de
M. Aiîç.EijGiEft, dans les pellicules de ce fruit. chlore, ou d'enapyreume.
Cette huile a, lui goût extrêmement acre et Les moyens indiqués ci-dessus ont donné
quelques gouttes suffisent pour gà,ler une en apparence des eaux-de-vie pures et dé
cau-de-yie parfaitement pure. pouillées du funsel; il parait toutefois, sur
Tout le monde sa.it que les eaux-de-vie de tout quand on emploie le charbon animal,
grains ou de punîmes de terre possèdent une qu'elles reprennent, au bout d'un certain
adeur et une saveur qu'on désigne sous le temps, une odeur d'huile animale fort désa
Hom defouscl. On. sait également aujourd'hui gréable, ou que l'ancien goût d'empyreume
qu'une huile particulière est le principe qui finit par reparaître. Ces moyens sont donc iu-
leur communique çetle odeur, ainsi que la sa suffisans. Le procédé de KxArnuTu, qui con
veur qu'on leur reproche. Pans ces derniers siste a distiller les e«uix-de-vie de marcs et de
temps M. Payen a prouvé que e'esl la fécule, fécule avec de Yacide sulfurique concentré et du
et sa partie tégiimentaire seule, qui renfer vinaigre, offre plus de chances de succès. Par
ment cette substance huileuse M. Di mas, qui ce moyeu on enlève non-seulement une par
a étudié la composition d'une huile de celle tie du mauvais goût aux eaux-de-vie, mais
nature, qu'on recueille dans la fabrication des elles acquièrent nue saveur d'éther acétique
eaux-de-vie de pommes de terre, a trouvé, fort agréable. Néanmoins ces liqueurs, pour
après des rectifications ménagées, que c'était un palais exercé, décèlent encore leur origine
un liquide limpide, incolore, d'une odeur et ne peuvent guère çtre employées pour l'u
nauséabonde particulière, bouillant à 13°,5 C, sage dés liqueurs fines et de la table. M. Wobh-
et que c'était un corps de la famille des cam Ibh propose de les rectifier sur du mangané-
phres OU des huiles, essentielles analogues. sate dépotasse {caméléon minéral), et assure
On a cherché, par une infinité de moyens, à qu'alors elles ont un goût tout aussi pur et
faj,re disparaître le. mauvais g"ût deseaux-de- aussi flatteur que les eaux-de-vie de vin les
vie de marc, de grain ou de fécule; mais peu mieux préparées. Yoiçi les proportions qu'il
d'entre eux ont eu du succès : nous devons indique pour désinfecter 100 litres d'eau-de-
même dire que la découverte de la dextrine vie.
c\ de la diastase rend aujourd'hui, au moins Acide sulfurique concentré, 300 grammes.
pour les eau^-de-vie des 2 dernières espèces, Vinaigre fort, 1200 li.
ces. moyens, inutile^. Néanmoins, comme on Laissez digérer pendant 24 heures, distilles
distillera encore long-temps par les anciens au baiu-marie, puis rectifiez sur 600 gram. de
procédés, nous allons fajre connaître quel manganésate de potasse.
ques-uns des moyens proposés par les chi
mistes pour détruire le goût particulier des Section VI. — De la mesure du degré de spiri-
eaux-de-vie de grain. '- des eaux-de-vie.
tes uns out introduit dans l'eau-de-vie des
odeurs agréables ou des substances qui en Les liquides spiritueux , connus dans le
masquent en partie le goût empyreumatique; commerce sous les noms d'eau-de-vie et d'es
mais il est; toujours resté un goût particulier prits, sont des mélanges, à proportions varia
çt le liquide est quelquefois devenu trouble. bles, d'eau et d'alcool parfaitement pur. Leur
D'autres ont distillé l'eau-de-vie sur du char valeur dépend, en générât, de la quantité d'al
bon de pin ou de sapin, ou bien ont filtré à plu cool qu'ils renferment.
sieurs reprises les caux-de-vie infectées à tra Les aréomètres ou pèse-esprits, tels que ceux
vers un ht épais de braise récente concassée et de liAi'ui: et de C \iuu ii, dont on se servait
lavée. On a fait aussi usage du charbon animal pour mesurer le degré de concentration des
pour le même objet. Pour réussir par ces liquides spiritueux, étant des instrumeus fau
moyens, ï| faut que le charbon soit bien brû tifs qui ne donnaient aucune notion sur la
lé, bien pulvérisé, qu'il reste long-temps en quantité d'alcool réel contenu dans ces liqui
macération avec l'eau-de-vie^avant la distilla des et ne tenaient pas compte des changement,
tion et qu'il soit employé en grande quantité. que la température apporte dans leur volume,
Plusieurs savans ont recommandé le chlorure ont été abandonnés et ont fait place à l'alcoo
de chaux, qu'on mêle au liquide spiritueux mètre centésimal de IVL Gav-Lussac, qui fait
avant la rectification. Pour cela on délaie le connaître d'une manière exacte la quantité
chlorure dans l'eau et, la solution étant fil d'alcool que les spiritueux contiennent à toutes
trée, on l'ajoute à l'eau-de-vie et on laisse re les températures.
poser le mélange. La difficulté est de trouver Pour déterminer cette quantité, M. Gav-Lis.
cuap. 10°. MESURE DU DEGRÉ DE SPIRITUOSITÉ DES EAUX-DE-VIE 213
bac a pris pour terme de comparaison l'alcool réelle 49°; et qu'à la température de 15° son
pur en volume, à la température de 15° G volume, au lieu d'être 1000 litres, serait
(12° R), et eu a représente la force par cent 1009 litres. Tandis que 1000 litres d'une
centièmes ou par Yuniti; conscquemment, la autre eau-de-vie , mesurés à la température de
force d'un liquide spiritueux est le nombre 25°, et ayant une force apparente de 63°, n'ont
de centièmes, en volume, d'alcool pur que ce en réalité qu'une force de 49» 3, et que leur
liquide renferme à la température de 15° C. volume ramené à 15° se réduit à 993 lit. Les
l/instrument qui sert à mesurer cette force a mêmes calculs servent aussi à déterminer le
été désigné par le nom d'alcoomètre centési volume à 15° des liquides plus spiritueux que
mal, et est, quant à la forme, un aréomètre l'eau-de-vie , après qu'on a ramené leur force
ordinaire. Il est gradué à la température de apparente à la force réelle.
15° C. Son échelle est divisée en 100 parties Ces tables, fort commodes et qui sont conte
ou degrés dont chacune représente 1/100* d'al nues dans l'instruction pour l'usage dp l'alcoo
cool; la division 0 correspond à l'eau pure et mètre centésimal publié par M. Gay-Lussac (1),
la division 100 à l'alcool pur ou absolu. Plongé permettent d'eflieptuer ces calculs avec une
dans un liquide spiritueux à la température grande rapidité, et en outre, de résoudre
de 15°, il fait connaître immédiatement sa plusieurs problèmes quj se présentent fré
force. Par exemple, si, dans une eau-de-vie quemment dans le commerce des eaux-de-vie,
supposée à cette température, il s'enfonce entre autres celui du mouillage, c'est-à-dire
jusqu'à la division 50, il avertit que la force de la quantité d'eau ou d'un liquide spiritueux
cette eau-de-vie est de 50/100", c'est-à-dire plus faible qu'il faut ajouter à un esprit d'une
qu'elle contient 60/100" de son volume d'alcool force connue pour le convertir en un liquide
pur. Dans un esprit où il s'enfoncerait jusqu'à spiritueux d'une force donnée et plus faible,etc.
la division 86, il indiquerait une force de Varéomètre de Cartier étant encore d'un
86/100" en alcool. usage étendu, nous allons donner, d'après
La chaleur faisant varier le volume des li M. Gay-Lussac, la concordance de cet instru
quides spiritueux, l'alcoomètre doit s'enfon ment avec l'alcoomètre centésimal, en suppo
cer davantage dans ces liquides quand ils sout sant que les indications du premier de ces
chauds que quand ils sout froids, et récipro instruinens, qui est ordinairement gradué à
quement. I.a chaleur altère donc en même )a température de 12° 5 C (10° R), sont rame-
temps les indications de l'alcoomètre et lej pées à 15" C (12° R), température pour la
volume du liquide. Les variations qui résul quelle est gradué le second.
tent de ces 2 causes réunies peuvent s'élever
à plus de 12 p. 0/0 de la valeur du liquide de 0° 1* Évaluation des liquides spiritueux en de
à 30° de température. Il faut donc, dans les grés de Cartieh et en degrés centésimaux à 16*
essais, avoir soin de mesurer la température de température (2).
du liquide à essayer au moyen d'un petit
thermomètre qu'on y plonge. S ? M ? ? g
Pour corriger les indications relatives à la F ■» I ? r- l ? S
température et au volume des liquides spiri r ? I a.
tueux, M. Gay-Lussac a dressé des tables qui F 8S « ag « 8o 8g n s o 8c
font connaître avec exactitude la richesse en EU
¥ H ¥ u
¥ »■» s- —. ¥ ? ¥
alcool des liquides spiritueux, ou le nombre de r
litres d'alcool pur, à la température de 15",
que contiennent 100 litres d'un liquide spiri ;10 0,0 16 37,9 22 59,5 28 74,8 34 86,9 40 95,9
tueux, pour chaque indication de l'alcoometn 1 1,3 i 39,1 1 60,2 i 75,3 1 87,7 87,3 t 9G,2;
S 96,5!
(0° à 100°), et à toutes les températures de 0 s 2,6 * 40,2 a 60,9 t3 75,9 a
à 30°. 13 3,9 3 41,4 3 61,6 76,4 s 88,1 S 96,8,
!n 5,3 17 42,5 1>3 62,3 77, 35 88,6 41 97,1
1 6,7 1 43,5 t 63, t 77,5 i 89, a1 97,4
donnée par l'instrument est de 48° à la tempé 3 8,3 t 44,5 1 63,7 * 78, t 89,4 97,7,
rature de 0°, a une force réelle de 6?" 5 , qui 3 9,9 s 45,5 3 64,4 3 78,6 3 89,8 3 98,
est la force qu'accuserait l'alcoomètre, si h 12 11,6 18 46,5 34 65, 30 79,1 3G 90,2 42 98,2'
température de l'eau-de-vie , au lieu d'être 0° , 1 13,2 1 47,4 1 65,7 af 79,6 1 90,6 ai 98,4;
s 15, ç> 48,3 S 66,3 80,1 a 91, 98,7
13 16,8 ?- 49,2 3 67, 3 80,7 3 91,4 3 98,9;
27°, n'a en réalité, suivant la table, qi jis 18,8ri9 50,1 25 67,7 81 81,2 37 91,8 43 99,2
force de 43" 4. 1 20,6 i 51, 1 68,3 1 81,7 i 92,1 1 99,5
On suit absolument la même marche > » 22,5 t 51,8 68,9 » 82,2 a 92,5 a 99,8
fait usage des nièmes tables pour rameix 3 24,3 3 52,6 3 69,6 8 82,7 s 92,9 3 100,0
esprits a leur véritable force, quand leur 14 26,1 20 53,4 2(i 70,2 32 83,2 38 93,3 44
perature est au-dessous ou au-dessus de 1 27,9 i 54,2 i 70,8 i 83,6 1 93,6 i
On trouve encore dans ces tables la correc S 29,5 2 55, 2 71,4 9 84,1 1 94, a
tion que doit subir le volume des liquides spi S 31,1 3 55,8 S 72, 3 84,6 3 94,3 3
ritueux , lorsque la température de ces liqui 15 32,6 21 56,5 27 72,6 :» 85,1 39 94,6 45
» 34, i 57,2 1 73,1 i 85,5 1 94,9
2 35,4 a 58, S 73,7 2 86, 2 95,2 n
température < 3 36,6 s 58,8 3 74,3 3 86,5 3 95,6
J
(l) L'alcoomètre de M. Gay-Iussac se vend chez M. Collabdeau, rue du Faubourg-Sain t-Marlin, n. 86^
le prix de celui de la régie est de S fr. 30 c. , et celui de l'instruction 3 fr.
(a) Les pelito chiffres |, a, 3 entre les degrés de Cartier représentent des quarts de ces degrés.
944 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES EAUX-DE-VIE. uv. nr.
2* Évaluation de la force des liquide* spiri l'alcoomètre ( 21° 3/4 à 22° Cart. ), à la59*
tes); elles sont censées marquer 58°8 à 5à
tem
tueux en degrés centésimaux et en degrés de
Cartier à 15° C. pérature de 15° C.
Le commerce de Paris ne roule guère que
sur des eaux-de-vie de ce degré et sur les es
I prits de 85 à 86° alcoométriques (33 à 34° Cart.),
1
?
1 S * I 1
? appelés (roi'.' six. Les esprits les plus répandus
a. 8" s* sont ceux de la Saintonge, de La Rochelle, de
Qn C:artier. Ci r>M
a o
p**ï 1
s. o o-1 oS •1 Montpellier, de Provence, et les esprits fins
f c. s f Bn de fécule.
9 *-io *-i A Paris, la vente des eaux-de-vie et des es
prits se fait à l'hectolitre ou par 27 veltes
0 10,00 26 13,98 52 19,56 78 29,46 ( 205ll,-,45 ). Ainsi, quand le cognac rassis est
î 10,19 27 14,12 53 19,88 79 29,93
2 10,38 28 14,26 54 20,18 80 30,41 coté 180 fr. , c'est le prix des 27 veltes qu'on
3 10,57 29 14,42 55 20,50 81 30,89 entend toujours.
4 10,75 30 14,57 56 20,84 82 31,39 une Dans le midi de la France, où l'on prépare
5 10,93 31 14,73 57 21,16 83 31,89 très grande partie des eaux-de-vie du
6 11,11 32 14,90 58 21,48 84 32,411 commerce, on distingue 2 sortes d'eaux-de-
7 11,29 33 15,07 59 21,81 85 32,961 vie; la preuve de Hollande ou eau-de-vie du
8 11,45 34 15,24 60 22,15 86 33,5lj àcommerce, qui doit porter 19 à 20° Cart. (50
53° alcoom. cent. ), et la preuve d'huile, qui
9 11,62 35 15,43 61 22,51 87 34,07 marque communément23°(62°alcoom. cent.).
10 11,76 36 15,63 62 22,87 88 34,64 On reconnaît jusqu'à 11 qualités d'esprits,
11 11,91 37 15,83 63 23,24 89 35,25 qu'on désigne d'une manière assez incorrecte
12 12,07 38 16,02 64 23,61 90 35,87 au moyen d'une fraction qui sert à faire con
13 12,22 39 16,22 65 23,98 91 36,50 naître grossièrement la quantité d'eau qu'ils
14 12,36 40 16,48 66 24,35 92 37,15 contiennent. Les titres de ces esprits
15 12,50 41 16,66 67 24,73 93 37,81 d'être constans ; mais voici une tablesont loin
qui in
16 12,63 42 16,88 68 25,11 94 38,52 dique la fraction par laquelle on les désigne,
17 12,77 43 17,12 69 25,51 95 39,29 ainsi que le degré qu'ils doivent marquer à
18 12,90 44 17,37 70 25,93 96 40,09j
19 13,02 45 17,62 71 26,34 97 40,92 l'aréomètre de Cartier et à l'alcoomètre cen
20 13,17 46 17,88 72 26,77 98 41,82! tésimal à la température de 15° C, pour être
21 13,30 47 18,14 73 27,22 99 42,75| au titre.
22 : 13,42 48 18,42 74 27,65 100 43,84»
23 18,55 49 18,69 75 28,09 [fracl. fract.
24 13,70 50 18,97 76 28,54 Cart. Alcoom. cent. Cart Alcoom. cent.
25 13,84 51 19,26 77 28,99
Section VIL — Du commerce des eaux-de-vie 4/5 24 65°» 5/9 31° 81°,2
et des esprits. 3/4 25 67,7 6/11 32 83,2 ;
2/3 27 72,6 3/6 33 85,1
Les eaux-de-vie les plus estimées sont celles 3/5 29 77 » 3/7 35 88,6
dites de Cognac, reconnaissantes à leur bou 4/7 30 80 » 3/8 37 à 38 91 à 93
quet particulier; le goût et l'âge établissent les
différences dans le prix de ces liquides, qu'on
divise en eau-de-vie nouvelle, eau-de-vie ras Ces anciennes dénominations devraient être
sise et eau-de-vie vieille. Après les eaux-de- abandonnées; on éviterait ainsi, en cotant le
vie du canton de Cognac, viennent celles de titre des esprits a l'alcoomètre centésimal , une
La Rochelle, Marmande, Montpellier, Pro foule de contestations qui s'élèvent dans le
vence, etc. Ces eaux-de-vie sont ordinaire commerce de ces liquides et les opérations
ment expédiées dans des barriques contenant dites de réfaction pour faiblesse du titre.
456 à 685 lit. ( 60 à 90 veltes ), ou dans des . F. M.
fûts plus petits, de 152 à 167 lit. (20 à 22 vel-
Section Ira. — Du sucre de betteraves et de la tare de chair ou sang secs en poudre, ou 1200
à 1500 kilog. d'os pulvérisés, ou 12 à 15 hecto
cultotre de cette plante. litres de noir animal résidu des clarifications,
ou 18 hectolitres de poudrette , ou encore 12
La fabrication du sucre de betteraves est hectolitres de noir animalité(i), mêlés avec
une industrie nouvelle pour la plupart de nos leur volume de terre du champ et répandus
cultivateurs, et qui mérite de fixer leur atten dans les sillons , soit avec la graine, soit sur
tion. Depuis un certain nombre d'années elle les betteraves, ou avec les racines dans le trou
a pris un prodigieux développement dans du plantoir au moment du repiquage, acti
quelques-uns de nos départemens du Nord, et vent très utilement la végétation et augmen
chaque jour elle s'étend davantage dans nos au tent de beaucoup les produits, sans nuire en
tres départemens. Nous nous proposons, dans aucune manière à la qualité sucrée du jus
ce chapitre , de faire connaître d'une manière (voy, l'article Engrais, Tom. 1", p. 82).
succincte et précise les procédés au moyen M. De Valcourt a obtenu les meilleurs ré
desquels on extrait ce sucre, et d'indiquer les sultats du repiquage des betteraves sur ados
perfectionnemens qui ont été introduits ré ou billons; c est en effet un moyen économi
cemment dans cet art agricole et manufactu que de donner le plus de profondeur en terre
rier. meuble à ces racines charnues que le fonds
Le sucre de betteraves est sensiblement du sol arrête presque toujours dans une par
Identique avec le sucre obtenu des cannes a tie de leurs developpemens.
sucre dans nos colonies et dans l'Inde. Les Parmi les procédés (ïemmagasinement des
procédés au moyen desquels on obtient le betteraves, l'un de ceux que j'ai indiqués
f>remier peuvent même s'appliquer, sauf de consiste à les enfouir dans les silos étroits
égères modifications, au traitement du jus (5 à 6 pi. de large, 5 pi. de profondeur, sur une
recueilli dans les colonies, et les améliorations longueur indéterminée), et à les recouvrir de
les plus importantes introduites dans nos su terre; il a obtenu généralement la préférence
creries indigènes ont été exportées la plupart sur Ions les autres.
dans nos possessions coloniales. Afin de mieux nettoyer et ameublir les
Dans la culture des cannes et des bette terres', ou pour avoir une provision plus
raves, des applications en grand ont démontré grande de betteraves lorsque le terrain à dis
3ue les engrais de matière animale produisent position ne suffit pas pour alterner les cul
e très bons effets s'ils sont employés en doses tures, on peut obtenir plusieurs années de
convenables et s'ils ne sont pas assez rapide suite des récoltes de betteraves, sur le même
ment altérés pour être classés parmi les fu terrain ; mais dans ce cas , on ne profite pas
miers chauds. Ainsi , 500 à 750 kilog. par hec pour la culture des céréales et autres du net
(l) Cet engrais, employé dani la proportion de 1 S hectolitres par hectare, a donné lieu dans la grande cul
ture qu'on vient de fonder à Montesaon, près Paris, & la production de très belles betteraves à sucre dans un
sol de médiocre qualité.
CHAF. 15". DU TRAVAIL DES BETTERAVES. 279
toiement du sol par les façons que nécessitent cessai re à la fabrication journalière ; le surplus
et paient la culture et la vente des betteraves. est déposé dans des silos à proximité de l'u
Dans chacun des trois binages, il convient sine, pour être traité postérieurement.
d'enlever les grandes feuilles couchées sur le Il y a un double avantage à commencer le
sol ; elles servent de nourriture aux bestiaux, traitement des betteraves avant leur complété
tandis qu'elles ne larderaient pas à s'altérer si maturité ; 1° elles contiennent alors presque
on les laissait aux plantes. autant de sucre, qui est d'une plus facile ex
M. Gbenet-Pélé de Thoury a cultivé pen traction ; 2° le tempsde l'arrachage seprolonge
dant dix années de suite des betteraves dans aisément, et les betteraves non arrachées s'al
la même terre, et obtenu de très heureux tèrent moins encore que dans les silos, ne
produits en ajoutant en proportions conve fût-ce que parce qu'elles n'ont pas encore été
nables des engrais et notamment du noir ani froissées, meurtries, ni blessées; 3° enfin,
mal. lorsque la fabrication se prolonge au-delà de
Nous allons passer maintenant aux diverses 4 mois , dans les derniers temps on en obtient
opérations qu'on fait subir aux betteraves , beaucoup moins de sucre.
puis au jus qu'on en exprime, et aux sirops A l'entrée dans la fabrique , la première opé
de plus en plus rapprochés; enfin nous don ration à faire consiste dans un nettoyage, dont
nerons la description des principaux appa le but est d'enlever d'abord la terre adhérente
reils de cuite récemment introduits dans la et les cailloux.
fabrication. Deux moyens sont employés pour y par
venir.
Section II. — Du travail des betteraves. Le 1er, plus simple, quoique moins économi
que dans une grande exploitation, consiste
S Ier. — Récolte, nettoyage, lavage. à râcler avec un couteau toutes les parties
couvertes de terre ; on tranche même les pe
Les betteraves, dès qu'elles sont bien mûres tites racines qui recèlent des pierrailles.
ou même 15 jours ou 3 semaines avant, sont Le 2» mode de net toyâge consiste en un lavage
arrachées, effeuillées dans les champs, et les feuil dans un cylindre appelé laveur, dont on voit
les portées aux bestiaux, qu'elles nourrissent l'élévation de face et de profil dans les /ty. 270,
pendant un a 2 mois. Durant cet intervalle, on 271 la coupe longitudinale dans la pg. 272 et la
arrache et l'on porte à la râpe la quantité né- coupe transversale dans la pg. 273. Ce laveur se
Fig. 2T2. Fig. 270.
Fig. 273.
compose d'un grand cylindre creux en bois A, rayons plats , partant d'un moyeu alésé , calé
dont les douves sont écartées de 12 à 15 lignes sur l'arnre D. F, disque ou plateau en bois,
à l'extérieur, et de 5 à 6 vers l'intérieur. Ce fermant entièrement l'extrémité inférieure
cylindre tourne sur son axe en fer, en plon du cylindre , sauf l'ouverture K, ci-après in
geant à sa partie inférieure dans une caisse en diquée; il est armé à son centre d'une largo
bois B, remplie d'eau. Cette caisse doit être en rondelle ou douille, qui est aussi calée sur l'ar
bois de chêne et présenter une grande soli bre, comme le moyeu du cercle E. G, 2e fond,
dité; elle repose sur des cales qui , par la dif qui ne remplit que la moitié de la surface du
férence entre leur hauteur, règlent la pente cercle F, et dont l'ouverture J est toujours
que l'on veut donner à l'appareil. Elle doit accessible à la betterave qui roule dans le cy
avoir une profondeur telle que la terre déta lindre, tandis qu'une claire-voie a (fig. 271) la
chée des racines puisse s'y amasser sans venir ramène contre le plateau ou disque extérieur,
toucher le cylindre. Dans la partie inférieure qui est percé en ce point du trou K, par où la
de cette caisse, et du côté de la pente, doit se betterave s'échappe et tombe sur le plan in
trouver un trou d'homme qui permette d'y cliné L. Les cercles MM, que l'on aperçoit au
entrer pour faire évacuer chaque jour toute la tour de l'axe du cylindre dans la fig. 273, sont,
vase qui s'y est accumulée. CC, petites cm- comme on le voit dans la fig. 272, la projection
poises en fonte, boulonnées sur les traverses, d'une espèce de tambour ou noyau, qui n'a
qui forment le bâti de la caisse; elles sont gar d'autre objet que de porter la betterave à la
nies de coussinets en cuivre , dans lesquels circonférence du cylindre creux A. Celui-ci se
tourne l'arbre en fer D , qui traverse le cy compose de douvettes ou de liteaux en bois
lindre A. E, cercle en fonte, soutenu par 4 refendu; la section de ceux-ci présente des
230 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES, lit. iv.
prismes dont le côté le plus large est appliqué réservée pour les bestiaux. Il est assez im
sur le cercle en fonte E , et sur le disque ou portant d y joindre la pointe du cône, formant
plateau extérieur F, où ils sont -vissés (l'abord le bout de la tête , et que l'on tranche égale
et consolidés par deux larges cercles en fer HH, ment au couteau, parce qu'il renferme une
( fig. 270, 272) fortement serrés et bien ajustés. sorte de dépôt d'un suc salé analogue à celui
L'ouverture longitudinale que ces liteaux lais- des pétioles.
sententreeuxn'estque de 1 ligues à l'intérieur Il reste toujours, soit dans les épluchures à
du cylindre, tandis qu'elle doit être d'un pouce la main, soit dans la vase du laveur, de petites
à l'extérieur. racines qu'on doit en extraire par un lavage
Le mouvement est ordinairement donné à sur un crible , pour les donner aux animaux ;
re laveur par une courroie qui enveloppe la car, n'offrant que trop peu de prise, les râpes
poulie N ; celle-ci doit être en fonte, afin de ne ne les réduiraient pas en pulpe.
point se gauchir. Cette poulie tourne à frotte Les betteraves, nettoyées par l'un des deux
ment doux sur l'arbre du cylindre, et ne l'en procédés ci-dessus , sont déchirées à la râpe.
traîne dans son mouvement de rotation, que Nous allons nous occuper de cette opération,
quand on la fait avancer vers un embrayage qui en prévenant que nous indiquerons plus loin
est fixé sur ledit arbre par deux clefs. P est une autre machine appliquée depuis quelque
la trémie qui reçoit les betteraves. On voit temps à l'extraction du jus des betteraves.
qu'elle est construite de manière à ne pas les § IL — Du rapage des betterave».
arrêter sur son fond; disposition utile que
n'offrent pas ceux des laveurs , dont la ma Plusieurs sortes d'ustensiles connus sous le
nœuvre est souvent arrêtée par l'engorgement nom de râpes sont destinés à déchirer les utri-
de la trémie. cules ou le tissu cellulaire qui, dans les bet
Lorsque le cylindre fait 12 à 15 tours par mi teraves , contiennent le suc liquide. Les
nute il peut alimenter la râpe la mieux servie. différens systèmes des râpes, désignées sous
Bien construit, il nécessite peu de puissance më- les noms des constructeurs, sont ceux de
canique et consomme peu d'eau. Caillon , de Pichon , de Burette , d'ODOBEL
Il convient généralement , dans une fabri et de Thierry,
que de sucre de betteraves, de se servir de Dans des fabriques où le râpage s'est fait à
bœufs ou de vaches pour imprimer la puissance bras d'hommes , la râpe de Pichon , très com
mécanique au laveur, aux râpes, presses, pom mode, donnait de la pulpe très fine et bien effi
pes, tire-sacs, etc.; car ces animaux, nourris en lochée; on pouvait proportionneraisémentl'ou-
grande partie avec le marc pressé de la pulpe , vrageà la force et au nombre (2 à -1) des hommes
rendent, soit en accroissement de chair mus et aussi en raison de la dureté des betteraves;
culaire, soit en produit de lait, une valeur qui car il suffit de charger plus ou moins le char-
représente celle de ces résidus et les utilise riot sans fin qui les amène au cylindre dévo-
ainsi. Un manège attelé de six animaux, ce qui rateur.
eu suppose 24 à l'écurie pour se relayer, suffit La râpe de Thierry, perfectionnée dans son
Cour une usine traitant 5,000,000 kilog. de exécution par M. Moulfarine, et qu'on voit
etteraves. en coupe verticale par-devant dans la fia. 274
Les betteraves, telles qu'elles arrivent des et de côté dans la fig. 275, est la plus généra
champs , sont jetées dans la trémie P, à l'un lement employée aujourd'hui. Elle se compose
des bouts du cylindre laveur; elles s'avancent, d'une trémie A, posant sur le bâti en fonte B,
en frottant les unes sur les autres , au milieu au moyen de la semelle a, qui y est maintenue
de l'eau , puis sortent débarrassées de la par 2 boulons ; cette trémie est divisée en 2
terre et des pierrailles à l'autre bout du cylin parties par une cloison b {fia. 276) fondue avec
dre sur le plan incliné L. On change l'eau seu elle. C , tambour ou cylindre creux , dont le
lement lorsqu'elle est devenue trop bour corps ne fait qu'une seule pièce avec les rayons
beuse et même on peut n'enlever que le dé et le mamelon c, ajusté sur l'arbre D qu'il n«
pôt et remplir d'eau. touche que vers ses extrémités. A chacun de;
La sommité de la tète, où sont insérées les rebords d de ce cylindre , on a pratiqué una
feuilles (pétioles), qui est plus dure et moins rainure circulaire, dans laquelle entrent à cou
sucrée que le reste de la betterave, doit être lisses les lames dentées e (fig. 277 et 278) et les
Fig. 278.
I 1 > l i i 'i 1
afin d'éviter l'altération du jus qui y séjourne séparation du jus, et qu'en chauffant jusqu'à
rait pendant les intervalles du travail. l'ébullition on détruit la vitalité dans la racine
J V. — Des procédé* île macération. de betteraves. Je suppose que celte tempéra
ture, déterminant la rupture des cellules,
Cent de betteraves épluchées contiennent, laisse le suc qui s'y trouve contenu libre de
terme moyen, 14 parties de substances sèches, 86 suivre les lois ordinaires de l'écoulement des
d'eau; sur les 14 centièmes, la portion disso- liquides.
luble forme 10 à 1 1 pour 0/0, et le tissu orga (juclle qu'en soit au reste la cause, M. de
nique ou la matière ligueuse envirou 3 à 4 ; le Dombasle a reconnu qu'après une coction à
jus constitue donc au moins les 96 centièmes 100° les betteraves, facilement coupées en
du poids de la betterave. Ce qui s'oppose à ce tranches, peuvent , après avoir été chauffées
que l'on extraie facilement le jus , c est qu'il h 100°, être lessivées par bandes comme les
est selon moi renfermé dans des cellules ou matériaux salpêtres sur sept filtres en forme
utricitles dont plusieurs parties ne sont pas de tonneaux remplis de ces tranches; l'eau
atteintes par la râpe. M. Mathieu de Dom- passée successivement se charge de plus en
basle admet qu'un principe vital s'oppose à la plus de jus tandis que, par des additions
284 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES, liv. it.
successives de solutions de plus en plus fai robinet est à 3 fins et communique avec 3
bles, chaque filtre épuise à son tour les tran tuyaux; l'un de ces tuyaux conduit le jus
ches de betteraves qu'il contient. On soutient dans le cylindre chauffeurE, le 2« mène le lus
la température par des tubes chauffés à l'aide saturé dans un réservoir, et le 3« sert à l'é
de la vapeur et plongés dans chaque filtre. coulement des eaux de lavage. E, cylindres
En résumé , cette méthode permet d'obte chauffeurs dans lesquels est un serpentin F ,
nir, en baissant seulement d'un degré environ chauffé par la vapeur introduite par le tuyau
(sur 7 ou 8), les 90 centièmes du jus que con à robinet G. Ces cylindres communiquent
tiennent les betteraves , au lieu de 65 a 75 que par le bas avec la chambre C , et de l'autre
l'on obtient communément; le râpage et le côté avec le godet I. H est un tube pour éva
pressurage seraient d'ailleurs supprimés et cuer l'eau de condensation. K , petit tuyau
' remplaces par la division en tranches et la coc- par lequel le jus réchauffé dans le cylin
| tion bien moins coûteuses. M. de Dombasle dre E se rend dans le godet I. Nous devons
■ annonce être parvenu à traiter le jus cuit en ajouter ici que ce système de réchauffage a
opérant la défécation à 70°, et laissant déposer été depuis abandonné, et que la macération
au lieu de faire monter l'écume. se fait aujourd'hui avec de l'eau à 90°, qu'on
M. de Beaujeu a modifié cet appareil en le verse dans le t<f tonneau , et qui , en passant
' rendant continu, et en disposant a'un tonneau successivement dans les tonneaux suivans,
à l'autre des tubes qui ramènent à la partie épuise suffisamment les tranches de bettera
' supérieure le liquide filtré sur un tonneau ves, sans qu'il soit nécessaire de la réchauffer,
' précédent. Dans les détails que nous allons malgré son abaissement graduel de tempéra
■ donner , nous supposerons l'application de la ture.
' chaleur restreinte aux premiers momens de L'appareil ainsi disposé, voici comment il
' l'introduction des tranches de betteraves, fonctionne lorsque les opérations s'y succè
' puisque cette innovation récente, due à M. de dent. Tous les tonneaux sont remplis de bet-
Beaujeu, constitue une amélioration évi raves découpées en tranches , ou mieux en
dente. rubans, et inégalement épuisées. Supposons
Pour la facilité du service, les tonneaux qu'on vienne de vider par son robinet inférieur
macérateurs A peuvent être disposés en cercle le tonneau n. 7, qui contenait le liquide le plus
comme le montre la fig. 282 , ou rangés sur chargé de suc; le tonneau n. 1, par lequel
une ligne; dans tous les cas, leurs rebords avait commencé la circulation, sera entière
sont exactement au même niveau. ment vidé ; on fermera le robinet de commu
Dans l'appareil dont on voit l'élévation nication , puis on remplira ce tonneau avec
dans la fig. 282 et la coupe verticale de 2 des tranches de betteraves récemment cou
tonneaux ou cuves successives dans la fig. pées; alors, en faisant arriver l'eau dans le
283, tonneau suivant, n. 2 , le liquide passera suc
Fig. 282. cessivement d'un tonneau a l'autre, c'est-à-
dire traversera le n. 3, puis les n. 4, 5, 6, 7, et
viendra remplir les intervalles entre les tran
ches du tonneau n. 1 , qu'on vient de charger.
Alors , pour faire rompre les cellules de ces
tranches et faciliter l'écoulement de leur suc,
on portera à environ 90° en injectant la vapeur
dans le chauffeur correspondant par le tube
correspondant, et aussitôt après on commen
cera à soutirer tout le liquide qui se trou
vera le plus chargé de toute la série.
On fermera le robinet de ce tonneau n. 1 ,
et, en continuant déverser de l'eau froide dans
le tonneau n. 2 , le tonneau n. 1 se remplira
de nouveau avec le liquide qui aura passé suc
cessivement dans tous les autres. Alors le n. 2
sera suffisamment épuisé; on le videra entiè
rement, on le remplira de tranches neuves;
puis, fermant son robinet de communication
avec le tonneau n. 3 , on fera arriver l'eau
froide dans celui-ci, en sorte que le liquide,
traversant tous les tonneaux suivans jusqu'au
n. 2, remplira les intervalles vides eutre ces
tranches. On fera arriver la vapeur pour rom
pre les cellules de ces tranches par l'élévation
brusque de la température; on soutirera le
Fig. 283. liquide suffisamment chargé de ce n. 2, tandis
que l'on continuera de verser l'eau froide
B est un demi-cylindre en tôle de cuivre, percé dans le n. 3. Ce dernier étant à son tour épui
d'un grand nombre de trous, et qui est ajusté sé, on le videra pour le remplir de tranches
solidement sur le fond des tonneauxA. Ce cylin minces, et ainsi de suite.
dre est enveloppé par une caisse en bois, per On voit que l'on n'échauffera jamais ainsi
cée elle-même de trous pour l'écoulement du que le liquide le plus chargé, et seulement
jus sur le cylindre. C , chambre dans laquelle au moment de le porter à la chaudière, eu
se rend le lus après qu'il a traversé le cylin sorte que l'altération par la chaleur sera le
dre; D , robinet dans lequel le jus monte. Ce moins possible influente, et tandis que l'é
chap; 15'. TRAITEMENT DU JUS.' 285
puisement continuera de se faire méthodique ché avec raison à fous les jprdfeédés de'macé-
ment et à froid dans toutes les parties de fap- î-ation en usage de faire éprouver une altération
pareil. plus ou moins grave au suc, et de le rendre
MM. Martin et Champonnois ont encore difficile à traiter. Tout récemment M. de
simplifié la manœuvre des appareils macéra- Beaujeu a annoncé qu'il était parvenu à éviter
teurs en assurant la continuité de l'opération. cet inconvénient en achevant d'épuiser à l'eau
Le nouvel appareil qu'ils ont inventé pour cet froide les tranches de betteraves portées d'a
objet vient de donner de bons résultats dans bord un instant à la température qui doit ren
plusieurs fabriques; voici comment il est dre le jus libre. On conçoit en effet qu'une
construit. A (fig. 284), tube siphon cylin- température beaucoup moins long-temps éle
vée doit produire bien moins d'altération nui
Fig. 284. sible; enfin d'après les derniers et favorables
résultats de l'appareil Martin et Champon
nois on peut espérer que le procédé des macé-
rateurs, si économique de 1™ mise de fonds et
de main d'oeuvre, devra être définitivement
adopté.
taux , assemblés dans un plan vertical , au sur le 4s et ainsi de suite, jusqu'au tube le
moyen de coudes creux qui établissent une plus bas, en sorte que tous les tubes sont
libre communication d'un tube à l'autre. constammment mouillés de jus sur toute la
Dans ces tuyaux circulent la vapeur qui se surface extérieure, pendant que la chaudière
génère dans la chaudière close , et c'est sur close lance dans leur intérieur la vapeur
leurs parois intérieures que s'opèrent la li qu'elle génère, et dont la liquéfaction déter
quéfaction et le refroidissement. De là le nom mine sur leur face externe une évaporation
de condensateur, par lequel on désigne les- qui extrait du jus un poids d'eau presque égal
dits assemblages de tuyaux. On l'appelle aussi à celui des vapeurs liquéfiées et refroidies au
évaporateur , parce qu'il accomplit une autre dedans. Cette récente combinaison double à
fonction simultanée, ci-après indiquée. peu près l'effet utile, sans augmentation de
En a est un réservoir qu'on alimente de la dépense en combustible.
jus déféqué ; le tuyau 6, par lequel ce jus s'é Après avoir subi , sur le condensateur-éva
coule dans les deux trémies c, est muni d'un porateur, un commencement de concentra
robinet qui gradue l'écoulement. tion, le jus est reçu sur un plan incliné,
Au-dessus de chacun des assemblages de aboutissant au tuyau e, qui le verse dans le
tubes condensateurs-évaporateurs est placée réservoir f, et c'est dans ce réservoir qu'on le
une des trémies c, qui sert à distribuer d'une puise pour alimenter la chaudière close.
manière uniforme, sur toute la surface du Le tuyau le plus bas du condensateur-éva-
premier tuyau de sa série, le jus que lui porateur étant en communication avec le cy
fournit le réservoir o. Du 1" tuyau le jus lindre D , l'eau de condensation est recueillie
tombe sur le 2', et en mouille aussi la surface dans ce cylindre. On évacue cette eau à vo
externe; de là il tombe sur le 3e tube , puis lonté sans laisser l'air s'introduire dans tout
CUAP. 15*. TRAITEMENT DU JUS 297
l'appareil et sans suspendre le travail de la un grand tonneau ouvert des deux bouts,
vaporisation dans la chaudière close et sur le haut et bas , qui accélère le tirage d'air et I'é
condensateur C. Pour cela, après avoir fermé vaporation, en économisant l'eau. En effet,
le robinet d, on projette dans le cylindre D on n'emploie à la condensation, dans ce»
de la vapeur fournie par le générateur, et l'on établissemens, que l'eau provenant de I'éva
ouvre le robinet de décharge j de ce cylindre, poration des sirops dans la chaudière close.
comme si on voulait le purger d'air. Lorsque
l'eau qu'il contenait est évacuée, on ferme les 6" Appareil à colonnes de MM. Martin et Cham-
robinets de décharge et de vapeur, et l'on ouvre ponnois.
de nouveau le robinet d.
Dans le cas où le cuiseur aurait négligé L'un des appareils à vapeur les plus simples
d'introduire, au moment opportun, du beurre de construction est, sans contredit, celui de
ou tout autre corps gras daus le liquide soumis MM. Martin et Champonnois. On voit par la
à î'évaporation , ou bien si ce liquide recélait fig.ZlG qu'il se compose de 3 ou d'un piv.s
beaucoup de gaz , et qu'il s'y prononçât une
ébullition tumultueuse qu'on ne pût maî
triser eu y introduisant un corps gras ou en
modérant la chauffe, il y aurait projection de
sirop hors de la chaudière ; mais ce sirop
serait recueilli dans le cylindre D, allongé de
très peu d'eau. Ce cylindre sert d'ailleurs à
un autre usage; si, durant une opération, il
s'introduit un peu d'air dans l'appareil , la
capacité du cylindre étant une fraction nota
ble de la capacité totale de l'appareil , il est
évident qu'en le purgeant d'air on amoindrit
très sensiblement la quantité totale de l'air
qu'on veut expulser; on pourrait, en répétant
cette opération plusieurs fois de suite, rétablir
le vide sans suspendre la vaporisation.
Au-dessous de la chaudière A est un cylin
dre B , destiné à recevoir le sirop dès qu'on a
opéré une concentration suffisante dans la
chaudière évapora loire , ou la clairce , après
qu'on l'y a portée au degré de cuite. Un ro
binet n est établi sur le tuyau qui unit la
chaudière au cylindre , en sorte qu'on peut à
volonté ouvrir ou fermer la communication
entre ces deux vases clos. Le robinet n est
fermé quand on purge d'air tout l'appareil; grand nombre de colonnes AAA, de S pieds de
par conséquent, le cylindre B ne se vide pas diamètre sur 15 pieds de haut, en tôle de cui
d'air par la même opération, mais il est muni vre épaisse d'une ligne. Chacune de celles-ci
d'un robinet qui lance à volonté de la vapeur est à nu, ou recouverte extérieurement d'une
fournie par le générateur, et d'un robinet de toile métallique claire; une galerie circulaire
décharge ; on peut donc à volonté expulser B, crénelée, reçoit d'un réservoir D, par des
l'air du récipient B, sans interrompre le tra robinets c c, le sirop qui se distribue ensuite
vail de la chaudière évaporatoire, et lorsque sur toute la surface de la colonne , et s'éva
celle-ci doit être déchargée, on ferme les ro pore en coulant en couche mince, sous la
binets m, m', et l'on ouvre le robinet n; en double influence de l'air extérieur et de la
même temps, que pour établir un équilibre de température élevée par la vapeur qu'envoie
tension dans la chaudière et le cylindre, on continuellement à l'intérieur le tube L d'une
ouvre le robinet adapté sur un tube de com chaudière disposée à cet effet.
munication entre ces deux vases. C'est ainsi Le sirop rapproché se rassemble dans la
qu'on décharge la chaudière sans laisser l'air gorge inférieure f, et coule par un tuyau à
s introduire dans tout l'appareil. Il en résulte robinet g dans un réservoir à proximité H; on
qu'aussitôt qu'elle est déchargée on peut as l'y reprend à l'aide d'une pompe I. afin de le
pirer une nouvelle charge, et les opérations se reporter suilla colonne; 3 voyages de ce genre
succèdent ainsi rapidement. suffisent pour achever la concentration au
L'appareil ci-dessus décrit convient aux degré de 28 à 30, où la dernièie filtration doit
fabriques de sucre de betteraves. Les deux avoir lieu ; et l'on conçoit que chaque parti
systèmes de tuyaux condensateurs-évapora- cule de sirop ne se trouve soumise que 2 ou
teurs étant accessibles de tous les cotes, le 3 minutes à la température de l'ébullition.
fabricant peut conduire à son gré la première On voit à la partie inférieure des colonnes
concentration du jus. Tout nouvellement des tubes k, pour le retour au générateur de
monté dans la belle fabrique de Melun, il y l'eau condensée , et à la partie supérieure un
a déjà produit les résultats remarquables, robinet e pour l'introduction de l'air au mo
ci-dessus indiqués. Dans les raffineries, on ment où l'on cesse les opérations, pour que la
verse de l'eau sur le condensateur, et l'on pression atmosphérique ne comprime et ne
n'est pas astreint à la même nécessité. Aussi déforme pas les colonnes.
les appareils que M. Degrand a fait cons Cet appareil fonctionne donc dans des cir
truire pour cette destination ont -ils pour constances très favorables; il faut le nettoyer
condensateur un serpentin enveloppé dans fréquemment. Plusieurs manufactu-
AGRICULTURE. tomk III. — 3ti
298 ARTS AGRICOLES : FABRICATION" DlTSTJCfiE DE~BETTERAVES. " Uv.lr.
riers , autant pour faciliter le nettoyage que pose fie 7 chaudières contenant la clairce ou
mieux répartir le sirop sur les colonnes , ont le suc, 3° d'un chauffoir où l'air prend la tempé
supprime les toiles métalliques, et chargent rature utile, et 3° d'une machine soufflante qui
un ouvrier de passer continuellement une lance dans le chauffoir , puis dans le double
brosse courbe emmanchée d'une longue tige, fond des chaudières , la quantité d'air néces
sur toute la superficie extérieure. saire pour opérer la concentration en quel
On pourrait sans doute étaler plus unifor ques minutes.
mément encore le sirop qui s'écoule en dé Le sirop contenu dans chaque chaudière
terminant une légère friction continue par est chauffé à la vapeur, au moyen d'une dou
des brosses qu'un mouvement circulaire diri ble grille composée de tubes en cuivre rouge;
gerait mécaniquement autour des parois ex la vapeur entre par une des extrémités des
térieures. grilles et sort par l'autre extrémité avec l'eau
de condensation , qui est ramenée à la chau
7° Appareil de M. Brame-Chevallier. dière par un retour d'eau.
Le chauffoir a l'apparence extérieure d'un
L'appareil de M. Bbamb-Chbvallier , qu'on grand cylindre, dont la base supérieure pré
voit représenté en coupe par le milieu dans la sente la forme d'une calotte bombée; dans l'in
fig. 317, et par-dessus daus la fig. 320, se com- térieur de ce cylindre se trouvent, près des
Fig. 317. Fig. 319.
extrémités, 2 bases planes portant un grand I La machine soufflante est mise en inouve-
nombre de trous correspondant, dans les I ment par une machine à vapeur oscillante ,
quels sont soudés des tunes ouverts par les dont la disposition bien connue nous dispense
2 bouts ; les espaces compris entre ces bases d'en donner la description. Les cylindres à
intérieures et les extrémités du cylindre sont air DD de cette machine soufflante sont à
donc en communication par le moyen des tu double effet; l'air est aspiré par des ouvertu
bes; c'est là le chemin que parcourt la vapeur. res, et refoulé par des ouvertures analogues
Taudis que l'air est jeté par la machine souf situées de l'autre côté des cylindres, et qui
flante dans le corps du même cylindre, entre viennent aboutir à un conduit; c'est dans ce
les tubes qui l'échauffeut par leur contact, au dernier conduit que les tuyaux D prennent
sortir du chauffoir, il arrive ùjiis les 3 co l'air pour le porter au chauffoir.
lonnes qui s'élèvent verticalement au-dessus Le chauffoir est un grand faisceau de tubes
du fond supérieur de chaque chaudière, pour e, ouverts par les 2 bouts ; très près de leurs
se répandre ensuite dans l'intervalle qui a été extrémités , ces tubes traversent des espèces
ménagé entre ce fond supérieur et le fond in de plaques ou platines E, dans lesquelles ils
férieur ; arrivé là avec l'augmentation de pres sont exactement soudés {fig. 317); à la partie
sion qu'il a reçue de la machine soufflante, supérieure du faisceau , un peu au-dessous de
l'air est forcé de s'échapper par une foule de la platine supérieure, se trouve encore un
trous très fins, dont est percé le fond de la diaphragme, percé d'un grand nombre de
chaudière sur lequel repose le sirop ; il se di petits trous, et destiné seulement à dévier le
vise donc en bulles très petites pour traverser mouvement de l'air pour le mettre mieux en
de bas en haut l'épaisseur du liquide , et se contact avec les tubes du faisceau qu'il enve
trouve ainsi dans des conditions favorables loppe de toutes parts; une enveloppe cylin
pour se saturer de vapeur autant que le per drique F , exactement fixée sur le pourtour
met la nature de la dissolution. des 2 platines E, vient clore hermétiquement
i5«; DU JTJSJ,
Fig. 220.
l'espace qui reste libre enlre les tubes à va d'un rebord d'environ 15 pouce* de hauteur,
peur t, et c'est dans cet espace que les 2 grands qui porte une large bride d'assemblage à sa
tubes à air D introduisent l'air poussé par la partie inférieure; on réunit solidement ces 3
machine soufflante; les espaces réserves aux pièces après avoir séparé les 2 fonds sur leur
2 extrémités du chauffoir sont destinés, l'un pourtour par une épaisseur convenable. La
à donner la vapeur aux tubes e, l'autre à re fig. 317 montre clairement aussi la disposition
cevoir l'eau de condensation de la vapeur qui du robinet de vidange J , qui se manœuvre au
a servi. moyen de la clef j.
L'air convenablement chauffé dans cet ap- La chaudière étant à bascule, il importe d'in
ftareil en sort, vers la .partie supérieure , par diquer comment ellepeutse mouvoir. A cet ef
es 2 tubes horizontaux G {fig. 320) pour se ren fet elleesl entourée par un bâti à 4 pieds M, liés
dre dans le tube G', qui n'en est que le pro entre eux par des traverses diagonales dans le
longement, et ensuite dans G", aussi horizon .sens de la longueur de la chaudière, et par des
tal, mais perpendiculaire à G'. A chacune de traverses horizontales dans le sens de sa lar
ses extrémités le tube G" se recourbe de haut geur; les deux pieds qui sont opposés au robinet
en bas, comme on le voit dans la fig. 319, de vidange se bifurquent vers le haut, et don
et se termine par une boite destinée à rece nent naissance à des appendices sur les
voir les 2 tubes coudés H, qui doivent être quels reposent les 2 extrémités arrondies
mobiles dans cette boite, de manière à y pren d'un axe m', solidement boulonné sur le
dre au besoin un mouvement de rotation au bord de la chaudière; cet axe seul porte le
tour du boulon gg , qui les tient serrés pour bout dont il s'agit; l'autre bout, celui du ro
qu'il n'y ait pas de fuite d'air; les tubes H binet de vidange , est porté par une traverse
sont pareillement coudés à leur partie infé semblable n', par 2 liges verticales , et par
rieure pour s'adapter dans une 2* boite h, le double levier N, mobile autour de l'axe
semblable à la îrj", et dans laquelle ils peuvent n' N'; chacune des tiges est articulée à
aussi tourner. L'écartement des tubes H est l'une des extrémités de la traverse n', et
empêché par la pince h' h'; la boite h porte un à l'extrémité de l'un des leviers N ; les
robinet H' (fig. 317) qui arrête l'air quand il axes n' de rotation du levier sont fixés sur les
est fermé, et qui lui permet de passer dans le pieds correspondans du bâti. Le poids de la
grand tube H; l'air descend par Ies3 colonnes chaudière et du sirop lend à faire descendre
[ pour se répandre dans l'espace compris en le petit bras du levier N et à relever le grand
tre les 2 fonds L et L', d'où il ne peut plus | bras du même levier, mais une traverse, qui
s'échapper que par la multitude de petits s'ajuste dans la rainure m des pieds du bâti,
trous dont le fond supérieur se trouve percé, arrête le mouvement, et permet par la même
comme nous allons le voir. raison de niveler exactement le tond L de la
Les deux chaudières étant tout-à-fait pa chaudière.
reilles, nous décrirons seulement l'une d'en Quand la cuite est finie, on soulève celte
tre elles ; le plau (fig 320) en fait voir la traverse; le double levier N la suit, et la chau
forme extérieure, et, pour avoir une idée de dière s'incline du côté du robinet de vidange,
son ajustement, il suffit de jeter les yeux sur que l'on ouvre en même temps pour donner
la coupe [fig. 317). On voit qu'elle se coin- issue au liquide. Ce mouvement de bascule
pose du fond inférieur L', du fond supérieur fait bien comprendre les motifs d'ajuste
L , criblé d'une foule de trous très petits , et ment des tuyaux H dans les boites g" et h ,
300 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES, liv. ïv.
car il est évident que les colonnes I, boulon sont contenus les rafralchissoirs et les cristal-
nées sur le fond L, se déplacent -avec lui, et lisoirs ; cette pièce doit être à proximité des
entraînent par conséquent le tube H", qui ne chaudières à cuire , et entretenue à une tem
peut suivre qu'en déplaçant les tuyaux H , et pérature douce, afin que le sirop conserve la
en les faisant tourner d'abord dans la boite A, fluidité utile à la cristallisation.
et ensuite dans la botte g". Crittallitoirt. Lorsque les diverses cuites
Comme les grilles à vapeur ne pourraient opérées au nombre de 6, 8 ou 10, sont réunies
participer au mouvement de bascule de la comme nous l'avons dit dans les rafraîchis-
chaudière sans une assez grande complication soirs, on laisse leur température s'abaisser
d'ajustemens , on a préféré les laisser immo jusqu'à 50 à 55°; alors la cristallisation com
biles; elles sont soutenues à 2 pouces du fond mence à s'opérer lorsque le jusétantd'ailleurs
L par des tiges ( {fig. 317), qui sont elles- d'une bonne qualité, toutes les opérations
mêmes attachées aux 2 grandes et fortes tra ont été bien conduites.
verses TT {fig. 317 et320);les extrémités de ces On agite avec une grande spatule en bois ,
traverses reposent sur les sommets des pieds en raclant les parois afin d'en détacher les
M du bâti; on peut donc, sans faire éprouver cristaux adhérens et de les répandre dans la
à la grille le moindre dérangement, manœu masse ; on porte aussitôt après tout ce sirop
vrer la chaudière au moyen du levier N, et la cuit dans les cristal lisoirs, a l'aide de puisoirs
faire tourner autour de son axe m' jusqu'à ce (pucheux) et de bassins à anses. Les cristalli-
que le fond L vienne rencontrer le fond des soirs peuvent avoir différentes formes. Lors
boites S. qu'ils présentent le sirop sur une assez grande
On peut remarquer que, pour laisser voir surface , en contact avec l'air atmosphérique,
plus complètement le fond L et la disposition la cristallisation marche plus vite. C'est en
des trous , on a enlevé sur l'une des chaudiè effet ordinairement à cette superficie qu'elle
res de la fig. 320 le système des grilles et des commence. Il semble que l'action de l'air ait
tuyaux qui conduisent la vapeur. une influence marquée dans cet effet; toute
Jeu de l'appareil- La chaudière étant rem- fois, on se contente des grandes formel, dites
Slie, le sirop, même peu concentré et très bâtardes, dans la plupart des fabriques. La
uide, ne peut pas couler par les trous du g. 321 indique ces vases en terre cuite; on
fond L ; ces trous, qui sont assez grands pour uche avec un linge tamponné le trou dont
laisser passer l'air, sont trop petits pour lais leur fond est percé, et on le pose sur ce fond
ser passer le sirop, à moins qu'il ny ait une pour les emplir, et, lorsque la cristallisation
aspiration entre les 2 fonds , ce qui n'arrive est achevée , on les débouche , puis on les
pas; le liquide est donc à peu près comme s'il place sur des pots {fig. 322). J'ai employé avec
était sur une toile sans pouvoir passer au tra succès des cristallisoirs en forme de trémies
vers. On donne à la fois la chaleur et l'air en bois doublé de cuivre ou de plomb. Les
pour concentrer; la vapeur, en secondensant, fig. 323 et 324 montrent ces vases. Une laine ou
communique au travers des parois des grilles
tabulaires sa chaleur constituante, qui, échan Fig. 321. Fig. 324. Fig. 323.
gée ainsi en faveur de l'eau du sirop, trans
forme celle-ci eu vapeur, et l'air, arrivant au
travers des trous , et se formant eu bulles qui
se renouvellent sans cesse, ouvre dans la masse
sirupeuse des espaces où la vapeur se répand
et s'exhale librement. Le sirop lui-même, re V/. A.
cevant par les grilles, intérieurement chauf
fées à 150°, autant de chaleur qu'il en perd 1 rrn ,c, xJ T K
par l'évaporation , reste à la température de
tage à le faire.
0
$ VII. — De la cristallisation et de la recuite des
sirops. Fig. 322.
Les appareils de cuite que nous venons de faux-fond mobile en cuivre, perforée comme
décrire sont nombreux , tous sont employés une écumoire, est posée en A avant d'emplir ;
dans des fabriques différentes, et il n'est pas elle sert à soutenir les cristaux.
impossible que de la comparaison de leurs ef Quelle que soit la forme des cristallisoirs,
fets il ne naisse encore quelque nouvelle il conviendrait que le sirop non cristallisé pût
combinaison plus avantageuse. s'en écouler dans un réservoir commun. Trois
Les degrés de rapprochement que nous avons dispositions concourent à faciliter cet effet.
indiqués s'appliquent au mode de cristallisa 1° Les cristallisoirs précités ont, à la partie
tion dite confuse, ou en masse; c'est ce basse et antérieure, un ajutage B, ou bout de
lui dont nous allons d'abord nous occuper. tuyau que l'on débouche lorsque la cristalli
Nous donnerons ensuite la description de la sation est achevée. On facilite encore l'écou
cuite applicable à la cristallisation régulière lement, s'il s'arrête, en enfonçant une broche
ou lente, afin de compléter la description de ou tarrière dans l'épaisseur des cristaux , et
ce mode d'opérer jusqu'à la confection du jusqu'au bout de la rigole, sous le faux-fond.
sucre brut livrable au commerce. 2° Les cristallisoirs sont posés sur 3 chan
Empli. On désigne sous ce nom la pièce où tiers , en sorte que celui de l'un des bouts
CHAP 15*. TRAITEMENT DU JUS. 301
étant enlevé, le cristallisoir bascule sur le cuites, et voûtée, afin de mieux résister à
chantier du milieu; c'est dans cette position l'action constante de l'air chaud, chargé d'hu
qu'on place chacun d'eux pour achever l'é- midité; elle a de 9 à 10 pieds de hauteur.
gouttage. Dans la partie supérieure, sous les voûtes,
3° Une rigole ou gouttière en cuivre étamé sont pratiqués plusieurs vasistas que l'on
C, disposée sous les ajutages de tous les cris- ouvre à volonté, afin de laisser des issues à la
tallisoirs , conduit par une pente suffisante le vapeur dont se charge l'air en passant sur les
sirop qui y tombe jusque dans un réservoir sirops. Le poêle ou calorifère en fonte, placé
inférieur. On obtient des résultats analogues au bas de l'étuve , doit suffire pour y entrete
en implantant les anciennes formes bâtardes nir, à 43o environ dans le bas et 500 dans le
dans les trous , sur un plancher percé , sous haut la température de l'air qui s'y renou
lequel des gouttières en cuivre étamé reçoi velle constamment , et d'autant plus lente
vent le sirop et le conduisent vers un réser ment que les sirops très rapproches sont en
voir commun. plus grande proportion. Le calorifère doit
Recuite de» l**1 sirops. Les sirops égouttés et être revêtu d une double enveloppe en bri
rassemblés en quantité suffisante pour emplir ques qui , laissant circuler l'air , s'oppose ce
un cristallisoir, peuvent quelquefois être rap pendant au rayonnement direct des surfaces
prochés, afin de produire une 2*, et même une métalliques sur les cristallisoirs les plus rap
3* cristallisation. prochés , et par conséquent prévient un
Ainsi, l'on obtient jusqu'à 4 cristallisations échauffement trop fort , capable de s'opposer
des jus traités sans clarification et par 3 fil- à la cristallisation.
trations; les recuites n'offrent rien de particu Tous les jours on casse avec un outil en
lier, si ce n'est qu'elles exigent plus de pré bois la croûte cristalline formée à la superfi
cautions encore pour éviter d'altérer le sucre cie, qui s'opposerait à l'évaporation ultérieure.
cristal lisable qui y existe en moindre propor Peut-être aussi que la petite quantité de po
tion; les mêmes procédés lui sont applica tasse libre retenue dans le sirop, soit par suite
bles , et ceux qui opèrent le plus rapidement de l'action de la chaux sur le malate de po-
présentent, pour ces sirops de qualité infé tasse, soit parce que le lait de chaux employé
rieure, des avantages bien plus marqués en à la défécation en contenait , se carbonatant
core. En effet , on parvient a rapprocher et à à l'air, s'oppose moins à la cristallisation; le
faire cristalliser ensuite des sirops trop vis développement remarquable que prend tou
queux pour être rapprochés dans la chaudière jours la cristallisation , dans les surfaces en
à bascule sang une forte altération , en se contact avec l'air, permet de le supposer.
servant des chaudières Roth, Degrand, ou
des appareils d'insufflation de M. Brame-Che j VIII. — Égouttage du «ucre.
vallier. Ces derniers ont surtout une grande
efficacité lorsqu'il s'agit de sirops trop alca Les sucres cristallisés à l'étuve exigent,
lins qui éprouvent difficilement l'ébullition pour être mis sous la forme commerciale de
et qu'on nomme pour cette raison immobiles. «ucre brut , quelques manipulations particuliè
Cuite relative a la cristallisation lente. Ce res. Lorsque la plus grande partie ( de 50 à
procédé, d'abord le plus généralement suivi, 60 centièmes) de la masse est cristallisée, et
d'après M. Crespel de l'Isle , et qui a rendu en suivant l'ordre de la plus grande ancien
des services signalés à cette industrie , est à neté des cristallisoirs placés à l'étuve, on
son tour remplacé peu à peu dans les fabri fiorte ceux-rci dans la chambre à égoutter; on
ques, et fort avantageusement, par la cristal es renverse sur les trémies, où ils s'égouttent,
lisation en masse; il pourra cependant encore et toute la portion fluide ainsi extraite est re
être utile relativement aux sirops de 2* ou 3* portée à l'étuve dans des cristallisoirs formant
cuites , trop impurs pour cristalliser promp- une 2* série, que l'on marque d'une lettre ou
tement. d'un numéro d'ordre.
Les sirops que l'on veut faire cristalliser à On emplit des sacs en fort coutil avec le
l'étuve ne doivent être rapprochés quejusqu'à sucre solide extrait des cristallisoirs, dont on
32° Baumé environ; on peut les obtenir ainsi a brisé les plus grosses agglomérations ; puis
directement , en clarifiant et filtrant à ce de on soumet, en lits alternatifs avec des claies
gré, qui a été reconnu le plus convenable pour en lattes, ces sacs à l'action d'une forte presse
soumettre les sirops à l'étuve; au-dessous, ils hydraulique ou d vis en fer. La plus grande par
resteraient assez long-temps étendus d'eau tie du sirop , engagé entre les cristaux , est
pour s'altérer sensiblement et perdre en par ainsi expulsée. Afin d'achever cette opération,
tie la propriété de cristalliser; au-dessus de ce on relève le plateau de la presse, on refoule
terme, le sirop est plus coloré, la cristallisa le sucre dans les sacs; ils sont ensuite remis
tion se fait plus confusément ; par suite , les sous la même presse, et soumis graduellement
cristaux sont plus petits, la mélasse plus ad à une forte pression pendant 10 à 12 heures.
hérente, plus épaisse , et difficile à expulser. On retire alors le sucre pressé, on le porte
Cristallisation lente. Lorsque le sirop à 32° sur la presse à cylindres; là, entraîné par
aréométriques est refroidi à 55 ou 60° centési leur mouvement de rotation, il s'écrase entre
maux, il est porté à l'étuve, où des cristal li- eux. On l'y repasse 4 ou 5 fois, et par la divi
soirs en tôle étamée, ayant environ 22 po. de sion ainsi obtenue la nuance, de brune qu'elle
long, 14 po. de large et 4 po. de profondeur, était , devient blonde. On recharge ce sucre
contenant environ 20 litres, sont disposés pâteux dans des sacs en toile forte plus serrée
pour le recevoir sur des bâtis régnant autour que celle des 1ers sacs, et on les soumet à la
de la pièce. même pression. On conçoit que la division des
L'étuve est ordinairement construite en ma cristaux, laissant de moins grands interstices,
çonnerie de moellons durs ou briques bien force l'issue d'une partie du sirop resté inter
802 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES, liv. iv.
posé. Après 10 ou 12 heures de cette dernière bouche; elles servent actuellement à préparer,
pression, on retire les sacs contenant environ par fermentation dite airunit que et art tique,
10 kilog. de sucre. Celui-ci émolté est livrable une sorte de vinaigre très commun, dont le
au commerce ou au raffinage. Si on l'emma mauvais goût ne nuit en rien à son application
gasine eu tas , on doit de temps à autre le re spéciale, car il sert à remplacer, au fond des
muer à la pelle , comme on ferait du grain , pots à fabriquer la céruse, les vinaigres ordi
afin d'empêcher qu'il ne s'agglomère en gros naires. On sait d'ailleurs que la mélasse sert à
ses masses dans 1 intérieur desquelles se dé la fabrication de l'alcool et peut être avanta
veloppe un mouvement de fermentation alté geusement mêlée, en petite proportion, aux
rant le sucre et lui donnant une odeur' parti alimens des bestiaux (1).
culière. Le sucre brut, obtenu par l'un des 2 procédés
Le sirop obtenu par expression , et reporté dont nous avons donné les détails, est destiné
comme nous l'avons dit aux cristallisoirs , au raffinage. On remarque qu'à nuance et sic-
marque à l'aréomètre Baumé de 35» 1/2 à cités égales, et pour un même grain, il pro
36° 1/2. Lorsque la cristallisation est assez duit plus au ralfinage que le sucre tiré des
avancée, on traite cetU2" série comme la ire; colomes, La principale, et peut-être la seule
la mélasse qui s'en égoutte, soit spontané cause, parait tenir à l'altération que subit la
ment, soit à la presse, marque 38° environ; le dernière sorte durant la traversée.
sucre qu'on en obtient est de qualité un peu
inférieure au 1er. Section IV. — Disposition d'une nouvelle
Les mélasses sont encore reportées à l'étuve fabrique,
comme les 2» sirops, et donnent une 3e cris
tallisation, que l'on traite comme ceux des 2 La vue d'ensemble ci-dessous indique les
1res cristallisations; ou a le soin de marquer dispositions générales prises dans une des fa
cette 3e série. Le sucre cristallisé est sensible briques le plus récemment montées à 31e-
ment plus coloré et plus gras. lun, et mises en activité seulement depuis un
Lorsque les mélasses extraites marquent mois.
jusques à 423, elles sont à peu près incristalli- Au rez-de-chaussée en A on voit le laveur
sàbles. mécanique employé lorsque les betteraves
Quelquefois les sucres de la 3e cristal lisation arrivent trop chargées de terre; en A' un
sont trop colorée et trop visqueux pour être homme charge les. godets d'une chaîne sans
vendus avantageusement; il convient dans ce fin A' B mue aussi par machine ; en C un en
cas de les étendre, de les impréguer d'un peu fant dirige vers les coulisses de la râpe les
d'eau par des aspersions, puis de les soumettre betteraves qui tombent sur le plan incliné;
successivement à la presse à cylindre et à la un homme D est sans cesse occupé à pousser
presse à vis ou hydraulique ; ils deviennent alternativement de chaque main les deux ra
alors d'une nuance à peu près égale à celle bots qui pressent dans la coulisse les bettera
des sucres obtenus en ire cristallisation; le ves contre le cylindre dévorateur.
déchet qu'ils ont éprouvé est ordinairement Un aide prend à la pelle la pulpe sous la
de 18 à 21 p. 0/0. Les sirops exprimés, résul râpe et la verse dans le sac posé sur une claie
tant de cette manipulation , marquent de 34 à reposant elle-même sur des tasseaux qui lais
8Go; jjs peuvent être réunis aux mélasses de sent écouler le jus sur la table creuse doublée
2c cristallisation , dans les cristallisoirs de la en cuivre; une femme E aplatit et égalise au
3e série. rouleau l'épaisseur (réglée à 12 ou 15 lie.).
Tous .les sacs employés à ces. expressions Chaque claie ainsi garnie est portée a l'une
doivent être fortement secoués , et même ra- des presses hydrauliques F, que l'on charge
tissés, pour en extraire la plus grande partie ainsi , tandis que les trois autres fonctionnent.
du grain adhérent, puis lavés chaque fois dans La pulpe pressée est livrée directement aux
plusieurs eaux, dont les plus chargées succes nourrisseurs à un prix qui peruiet de négli
sivement sont rapprochées dès qu'elles mar ger d'en extraire une nouvellequantité de jus;
quent de 20 à 2,1"; ensuite portées par l'évapo- par les moyens que nous avons indiqués , on
ralion à 32»; elles sont alors mises a l'étuve et obtient ainsi 70 à 72 de jus pour 100 de bette
donnent une cristallisation de sucre commun. rave.
Tous les sirops qui refusent de cristalliser , Le jus coule directement dans celle des 4
amenés au degré de la mélasse ordinaire , 45° chaudières à défécation et qui se trouve vide ;
environ, se vendent sous cette forme aux dis un homme surveille attentivement chaque
tillateurs. opération avec les soins précités; il soutire le
Une grande quantité de ces mélasses restait jus déféqué à l'aide du robinet G G'; les pre
invendue, lorsqu'on lui trouva un nouveau dé mières portions troubles coulent par une gout
(I) On a tout récemment annonce un procédé à l'aide duquel il ne resterait plus de mélasse, et tout le sucre
serait obtenu à l'etal cristallisé.
Ce moyen consiste i reverser dans le jus d'une opération subséquente, et avant la défécation , la première
mélasse égoutlée du sucre brut, puis à conlinuer la fabrication comme à l'ordinaire.
On conçoit qu'il se peut faire qu'on obtienne ainsi plus de sucre, par la raison que l'on compense on excès
ou un défaut de chaux d'une opération sur l'autre, et qu'on évite l'altération plus profonde qui en serait résultée
dans le rapprochement de la mélasse ; il y aura donc lieu d'essayer, et probablement d'employer ce moyen eu
grand.
Mais il n'est pas moins évident que l'on ne devra y recourir qu'an nombre très limité de fois, pas plus
sans doute que a ou 3, car les substances tolubles étrangères au sucre, notamment le* tels, la portion de sucre
altéré cl rendu incrislallisable, le* matières azotées non précipitables par la chaux s'accumuleraient bientôt au
point de l'opposer à la cristallisation des produits du jus auquel on aurait à tort mélangé cette mélasse.
p. 15'. DISPOSITION D'UNE FABRIQUE. 303
tière H dans tin filtre à poche ou tay lor ; dès clos en cuivre, dont la partie supérieure com
que le liquide coule clair on le dirige dans munique à volonté lorsqu'on en ouvre un
la conduite H', d'où il se rend dans le réser robinet avec la calotte supérieure de la chau
voir I; celui-ci alimente une rangée de filtres dière ; si alors on ouvre un second robinet, le
Dumort K à l'aide des robinets à flotteur. liquide de la chaudière coulera dans le tube;
Ces filtres alimentent le réservoir L qui des fermant alors les deux robinets, le dernier
sert le serpentin évaporateur M de l'appareil mettra de plus le tube en communication
Dkgrand, précédemment décrit, et qui est avec l'air extérieur; il ne reste alors qu'à
construit actuellement par MM. Derosne et ouvrir un robinet inférieur pour faire écou
Cail; la hotte N enlève les vapeurs et en dé ler et recevoir dans une éprouvette le li-
barrasse l'atelier; le jus marquant à froid 7* à 3uide tiré de la chaudière, puis en observer le
7°, 5, et seulement 4,5 après la défécation et egré en y plongeant un aréomètre.
première filtration, arrive au bas de ce serpen Ce liquide étant à 25*, on le tire de la chau
tin marquant de 9 à 10* (1); il coule dans le ré dière par les moyens indiqués pag. 297; puis
servoir O, d'où l'ouvrier surveillant de la chau on le fait couler dans le réservoir Q des
dière P le fait aspirer à volonté pour le con deuxièmes filtres Di mont; au sortir dsceux-ci
centrer iusques a 25*. Nous avons indiqué le il coule dans le réservoir S, d'où ou le reprend
jeu des diverses pièces de cette chaudière opé à la fin de la journée pour terminer la cuite
rant dans le vide; mais il nous reste à décrire dans la chaudière P ; les cuites tirées dans le
un petit ajutage propre à faciliter la vérifica réservoir sont portées dans le rafratchissoir U,
tion du degré de concentration du liquide ; on puis mises dans les formes V.
voit par la fig. 325 qu'il se compose d'un tube La chaudière à vapeur T met en jeu la ma-
Fig. 225.
chine X qui communique le mouvement aux données positives sur les produits de ses dif
laveur, chaîne sans fin, râpes, presses, et une férentes variétés, lorsque je me suis proposé
deuxième chaudière Y' fournit toute la vapeur de remplir ces lacunes par une analyse dont
utile au service des chaudières et évapora- voici les principaux résultats.
! ions. On établit en ce moment une autre Tous les principes contenus dans les bette
grande usine dans les environs de Paris (à Mon- raves varient en proportions , suivant les va
tesson, près Saint-Germain); les défécations riété», les terrains, les saisons, les soint de la
et concentrations y seront opérées à l'aide des culture, etc. C'est ainsi que, dans une terre fu
appareils Brame Chevallier. (Voy. leur des mée avec les boues de Paris, j'ai trouvé des
cription, page 298). betteraves donnant une égale quantité de
sucre et de nitrates, tandis que généralement,
Section V. — Analyse des betteraves et théorie la proportion du sucre est au moins vingt
de leur traitement. fois plus oonsidérable que celle des ni
trates ; quelquefois même a peine trouve-t-on
On fabriquait depuis plusieurs années en des traces de ces sels. Au reste, le plus ordi
grand le sucre de betteraves chez nous et nairement, les substances qui constituent la
cependant on ignorait encore la composition betterave sont dans l'ordre suivant, rangées
chimique de la betterave; on n'avait pas de d'après leurs plus fortes proportions. 1" Eau
(l ) Le suc dépose sur les tubes des sels calcaires qu'il importe d'enlever en brossant fortement tout les jours
une fois les surface* métalliques; faute de ce soin l'évaporalioo serait considérablement ralentie.
304 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES. liv. iv.
(de 85, environ, à 90 centièmes). 2° Sucre ment faibles des substances renfermées dans
eristallisable, identique avec celui des cannes les autres parties de la racine.
(de 11 à 6 pour 100). 3° Sucre incristallisaole. Les betteraves offrent, près de leur som
D'après mes expériences, que celles de M. Pe- mité, une sorte d'alvéole remplie d'une masse
louze ont confirmées, il est démontré que ce cellulaire demi-transparente, qui diffère de
sucre ne préexiste pas dans la betterave , mais texture avec le reste de la racine, par l'ab
qu'il est le résultat d'une altération du sucre sence totale de vaisseaux fibreux et de grosses
eristallisable, soit dans les betteraves gardées, fibres, et dont la composition chimique est
soit par les agens de la fabrication ou même différente surtout par le manque de sucre et
de 1 analyse. 4° Albumine, coagulable par la par une plus forte proportion de sels ; elle se
chaleur, etc. 5" Acide pectique (1) ou pectine. rapproche par cette composition des pétioles
6° Ligneux, en fibres fortes et en utricules ex des feuilles à leur origine. Il convient de sé
cessivement minces. 7° Substance azotée, so- parer cette alvéole avec la sommité ligneuse
luble dans l'alcool . analogue à l'osmazone. de la tête, dans l'épluchage.
8» Matière colorante brune, et quelquefois Des expériences faites sur plusieurs variété*
rouge ou jaune. 9° Substance aromatique, of de betteraves venues la même année dans le
frant une odeur analogue à celle de la vanille. même terrain, semées et récoltées à la fois, etc.,
10° Matières grasses, l'une fluide à 10°, l'autre ont offert des résultats variables, sous le rap
consistante à cette température. 11° Malates, port du sucre cristallisé que l'on a obtenu ,
acides de potasse, d'ammoniaque et de chaux. depuis 0,05 jusqu'à 0,09; cependant elles ont
12» Chlorure de potassium. 13° Nitrates de po sensiblement conservé le même ordre, placées
tasse et de chaux. 14° Oxalate de chaux. suivant les plus grandes proportions de sucre
15» Phosphate de chaux. 16* Chlorophile. Cette obtenu.
substance n'existe en proportion sensible que 1° Betterave blanche (beta alba); c'est auss
dans le tissu fibreux sous l'épiderme, et seu celle qui contient les plus fortes fibres li
lement dans les parties des racines sorties gneuses, le plus d'acide pectique, et qui est
hors de terre, colorées en vert. 17» Huile la plus dure. Elle ne donne que la matière co
essentielle, principe de l'odeur vireuse des lorante brune.
betteraves, en partie soluble dans l'eau , à la 2° Betterave jaune ( tuteo major), de graine
quelle elle communique un goût désagréable de Castelnaudary (2).
et son odeur forte. 18" Silice, soufrej etc. 3° Betterave rouge(ruora romana), de graine
La pulpe sèche des betteraves incinérée de Castelnaudary.
laisse un résidu de 0,05 à 0,07 de son poids, Viennent ensuite les betteraves jaunes et
blanc grisâtre , qui , lessivé et la solution rap rouges communes , puis enfin la disette ( beta
prochée, donne en salin de 0,5 à 0,6 du poids silvestris),
des cendres, blanc, riche en sous- carbonate La densité du suc de toutes ces betteraves
de potasse, employant 0,68 à 0,72 d'acide sulfu- est d'autant moindre que la proportion du
rique à <56° { 1845, poids spécifique ) pour être sucre est moins considérable; elle diminu-
complètement saturé. Les résultats variables dans les parties voisines de la tête ; la densité
entre les limites indiquées ci-dessus ont été du jus extrait de ces parties est moindre
obtenus de diverses variétés venues dans aussi; enfin la densité et la proportion du
différens terrains. sucre y sont moindres encore lorsque la par
Les betteraves sont composées physiquement, tie supérieure sortie de terre est restée expo
savoir : au centre, d'un cordon de fibres dures, sée à la lumière et a pris une teinte verte
longitudinales, formant un double faisceau de Î>rononcée. On peut conclure de ces faits que
vaisseaux séveux contournés en hélice, auquel a densité du jus est (toutes circonstances
viennent se rattacher les fibres ou vaisseaux égales d'ailleurs ) un indice de la richesse rela
des petites racines latérales. Ce faisceau re tive en sucre, et qu'en relevant la terre près
çoit donc les fibres ou canaux divergens; il des betteraves sorties en parlie on évite la
est enveloppé d'une couche épaisse, fusi forme, déperdition du sucre.
d'une substance charnue ou tissu cellulaire Si l'on applique la connaissance des pro
composé d'une multitude d'utricules rem duits immédiats contenus dans les betteraves
plies de suc. A cette couche succèdent alter à la discussion des procédés mis en usage par
nativement une enveloppe de vaisseaux fi les fabricans de sucre indigène, on fera les
breux et une couche excentrique charnue, observations suivantes. D'après le procédé
ordinairement au nombre de quatre des pre analogue à celui des colonies, la chaux, ajoutée
miers, dont deux contournés en hélice, et dans le jus au moment où la température est
trois des secondes; viennent ensuite trois en près de l'ébullition, sépare l'acide pectique
veloppes fibreuses de plus en plus colorées, et (en formant du pectate de chaux), et avec
enfin la dernière, très mince, de couleur gri l'aide de la chaleur une partie de l'albumine,
sâtre sur toutes les betteraves et qui forme qui viennent en écumes abondantes ; l'oxalate,
leur épidémie. le phosphate et le malate de chaux, la silice
Le suc contenu dans les vaisseaux fibreux et quelques matières terreuses sont en par
est incolore, d'une saveur faible, douce, et tie entraînés dans ces écumes ; le liquide re
ne contient que des proportions excessive- tient de l'albumine , un excès de chaux et de
(i) Cetlesubslance gélatiniforme est capable de donner une gelée consistante arec 100 fois ton poids, d'eau. Je
>'ai trouvée dans la partie corticale, bous l'épiderme de Vajrlanthus glandulosa, et j'ai constaté ses propriétés
caractéristiques dans un mémoire i la société Philomalique, le 17 avril 18Ï4.
(*) Des expériences antérieures faites sur les betteraves cultivées dans les mêmes circonstances, m'ont dé
montré qu'après, ou entre les deux variétés ci-dessus, on peut placer la betterave blanche â peau rose ( sous va
riété de la première), puis la betterave panachée.
CHAP. 15*. DU CLALRÇAGE. 305
la potasse, provenant de la décomposition du On verse à la fois 3 kilog. de cette clairce
malate de potasse, etc. Le charbon animal que sur chaque forme égouttée, contenant en su
l'on ajoute dans le suc décanté enlève la cre cristallisé environ 35 kilog. si la cuite
chaux ; il reste un peu de potasse libre, qui, qu'on y a versée pesait 56 à 60 kilog. On re
dans le cours de l'évaporation, altère le sucre nouvelle cette addition trois fois à 12 heures
et en rend une partie incristallisable, plus de' d'intervalle, et on laisse égoutter pendant 3
l'albumine qui communique, en s'ait cran t, ou 4 jours. Au bout de ce temps, le sucre peut
un mauvais goût aux sirops, sucres et mélasses. être embarrillé; il est bien plus sec et moins
Une partie du malate de chaux, les sels solu- altérable que le sucre brut ordinaire.
bles et les autres substances non éliminées 2" Les sucres de deuxième cristallisation
restent dans les mélasses. sont traités de même. La clairce que l'on y
Quelques fabricans avaient l'habitude d'a consacre doit être plus dense, 33 à 33",5 bouil
jouter une petite quantité d'acide sulfurique lant, ou 37 à 37°,5 froid. Elle est préparée
après la défécation; ils saturaient ainsi la avec des sucres plus communs, dont la solu
chaux et la potasse; mais un très léger excès tion est filtrée et rapprochée comme il est dit
de cet acide rendait une grande quantité de ci-dessus.
sucre incristallisable. On a généralement Si l'on clairçait des sucres raffinés, il fau
abandonné ce mode d'opérer. drait y employer des sirops de sucres presque
Nous terminerons cet article par quelques purs, qui, saturés, ne marqueraient guère que
détails sur le clairçage, sorte de raffinage 33° froids. C'est en effet à peu près le degré
opéré aujourd'hui dans presque toutes les fa des sirops couverts du sucre raffiné.
briques de sucre indigène, et enfin nous pré
senterons le compte des prix coûtans du su Section VII. — Révivification du noir animal.
cre brut dans quelques localités en France. Toutes les tentatives faites jusqu'à ces der
niers temps, pour rendre au noir animal son
Section VI.— Du clairçage. énergie décolorante, avaient été infructueuses
On nomme clairçage une épuration par fil- ou peu avantageuses, parce qu'employant cet
tration d'un sirop saturé de sucre à la tempé agent réduit en poudre fine , Ton y ajoutait du
rature où l'on agit. Celui-ci, incapable de dis sang pour le séparer du liquide et cette sub
soudre du sucre, chasse au contraire , en le stance donnait un charbon brillant, inerte
déplaçant, le sirop plus coloré qui salit Its qui enveloppait une partie du noir décolorant.
cristaux de sucre à leur superficie; il se subs Depuis que la plus grande partie du noir
titue dans les interstices, s'égoutte à son animal est employée en grains dans les filtres
tour, et laisse le sucre bien moins coloré. Dumont, cet inconvénient n'a plus lieu et plu
Les conditions essentielles du succès sont : sieurs appareils à calcination ont réussi à
1° que la clairce soit assez chargée de sucre faire servir un grand nombre de fois le même
cristalisable pour n'en dissoudre que très noir.
peu ou point dans sa filtrat ion ; 2° que la den Ceux que l'on a employés généralement se
sité de la clairce soit à peu près la même, ou composaient de cylindres d'un petit diamètre,
très peu moindre, que celle du sirop à dépla (4 à 8 po.), chauffés au rouge dans des fours
cer ; la clairce trop dense coulerait mal ; trop analogues ou même tout-à-fait semblables à
étendue, elle glisserait sans entraîner le sirop ceux usités dans la fabrication du noir animal
ou mélasse adhérent aux cristaux. On doit neuf.
donc employer à la préparation de la clairce Dernièrement un procédé plus simple et
des sucres d'autant plus impurs que les su breveté a été employé par M. Debosne dans
cres à claircer le sont davantage ; car les si la belle fabrique de sucre de betteraves sise à
rops saturés de sucre cristallisable sont d'au Melundont nous venons de parler; il consiste
tant plus denses et visqueux qu'ils contiennent à sécher et calciner à l'air libre sur des pla
en outre davantage de sucre incristallisable et ques en fonte le noir lavé à l'eau (1).
d'autres substances solubles ; 3* que la cris La fig. 326 en donne par une coupe longitu.
tallisation dans les formes soit régulière et Fig. 326.
Ï»eu serrée; elle doit commencer et finir dans
e_ même vase; 4* que la température du lieu
où se fait le clairçage ne varie pas trop et soit
au moins de 15°.
Voici comment on opère :
1° Pour les sucres bruts de premier jet, la
cristallisation opérée toute dans la forme est
terminée en 15 ou 20 heures. Alors on enlève
avec une racloire la couche superficielle lisse
qui recouvre chaque basedes pains, on nivelle
bien la superficie.
Ces grattures (ou plutôt celles d'une opé
ration précédente ) et les sucres empâtés de
sirop ont servi à préparer une clairce que dinale une idée suffisante. On voit que le
l'on a filtrée à 28 ou 30° bouillant, sur un fil foyer A chauffe directement la plaque en
tre Di-mont, ou que l'on a rapprochée à 32° fonte B C sur laquelle s'opère la calcination;
bouillant, ce qui répond à 36° et demi, envi cette opération est facilitée par une agitation
ron, à 11° de température. continuelle à l'aide d'une racloire, et lorsque
(l) Un tarage préalable i l'acide chloroliydrique (muriatiqne ou hydrochlorique ) étendu, en touillant le noir
dans un baquet, améliore le noir en enlevant la plui grande partie des sels calcaires déposes à sa superficie.
agriculture. 78' livraison. tome III. — 39
SOS ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES, uv. iv.
l'ouvrier chargé de ce soin a observé que kilog. de betteraves, d'après M. Dardant-
toutes les parties se sont trouvées à la tempé Majambost, fabricant à Limoges.
rature du rouge cerise, il retire tout le noir Dépenses.
qui chargeait Ta plaque et attire sur celle-ci
les parties voisines qui sur la suite des plaques Betterave», 500,000 kilog. à 16 fr.
(de C en D) sont échauffées et desséchées; (c'est le prix auquel elles revien
cette dernière portion du fourneau reçoit la nent, y compris un bénéfice de fr. c.
chaleur des produits de la combusticn echap- 75 à 100 fr. l'hectare). 8,000 »
f»ée du même foyer A dans leur trajet jusqu'à Dans cette usine on travaille
a cheminée E; on recharge d'ailleurs près de 5,500 à 6,000 kilog. par jour.
l'extrémité D le noir le plus humide afin que, Il faut 91 jours pour terminer
rapproché peu à peu de la plaque la plus l'opération.
chaude B C, où la calcination s'achève, il soit Main ctœuvre. On emploie 18
préparé en utilisant, autant que possible, la hommes à 1 fr., 5 femmes à 30 c,
chaleur que la fumée entraîne. 4 enfans à 25 c. Ensemble 22 fr.,
Au fur et à mesure que les portions assez et environ 6 fr. de veillées pour
calcinées sont mises en las et encore chaudes, une partie des ouvriers ; en tout
on les agite fortement sur un tamis de toile 28 fr. par jour, ou pour 91 jours. 2,548 »
métallique en fer, afin de détacher les plus Combustible. Il s'agit de concen
fines particules contenant le plus de.substances trer 39 hectolitres de jus jusqu'au
étrangères déposées à leur superficie. point de cuite, c'est-a-dire de 6°
Un appareil analogue, opérant d'une ma Baumé à 40° environ. On peut
nière continue, fait partie d'un brevet d'in compter sur la consommation de
vention obtenu par MM. Paye.v , Bour 100 kilog. de bois sec pour 3 hec
sier et Pluvinet frères; la fig. 327 indique tolitres de jus, soit 1,300 kilog.
Fig. 327. de bois par jour. Le mètre cube
pèse 487 kilog. environ, et vaut,
rendu à la fabrique, 6 fr. 50 c. ; il
en faudrait donc deux mètres 2/3
par jour. Mais comme il n'est pas
toujours très sec, on porte la dé
pense à 4 mètres par jour, en y
comprenant les recuits, ce qui
fait 26 fr. par jour, et pour 91
jours. 2,366 ■
Charbon animal, environ 100
kilog. par jour à 38 fr., 1/3 neuf
2/3 revivifié. 2,368 •>
p;w une coupe la disposition de cet appareil. Boeufs, 18, dont la nourriture
Il se compose de deux disques convexes en est évaluée -à 18, fr. par jour, coû
fonte A et B ; l'un inférieur fixe est muni à teront, pour le temps qu'on les
son centre d'un mamelon élevé C qui supporte emploie au manège. 1,638 »
une sorte d'anil D et le maintient ainsi sou Menu» frai», chaux, sang, en
levé plus ou moins à l'aide d'une vis ; tretien des bacs et claies, éclairage,
le plateau soulevé pivote sur ce mamelon; il etc. 881 >
est d'ailleurs perce comme la meule tour Intérêts des capitaux et entretien.
nante d'un moulin, . d'une ouverture centrale Pour20,000 fr. en mouvement dans
d'environ 4 à 5 po. de diamètre sur laquelle est la fabrique pendant 6 mois, à 5
fixé un rebord circulaire, et dans ce dernier p. 0/0. 500 »
est introduit librement la douille d'une courte Entretien et intérêts du mobilier
trémie ou entonnoir F. à 10 p. 0/0. 3,600 »
Un foyer G chauffe au rouge brun le disque Directeur. Le chef remplissant
inférieur, et la fumée utilise une partie de seul cet emploi (sauf ceux de
la chaleur qu'elle emporte, en desséchant sur contre-mailres, exercés par des
la suite des plaques H I le noir en grains la ouvriers qui ont une liante- paie
vé et dispose comme il est dit ci-dessus. comprise dans les journées ci-des
Le noir calciné tombe spontanément autour sus), cet article est ici porté pour
des disques par le mouvement lent, giratoire mémoire.
imprimé à l'un d'eux par la force centrifuge, Il convient d'ajouter, pour em-
il se recueille soit sur le sol autour du four magasinemens, extradions des silo»,
neau, soit dans un étouffoir circulaire; ou voit transports à la fabrique. 900 »
que la calcination peut facilement ainsi être Pour loyer des bàlimens, cours,
régularisé. etc. * r,<io -
Section \IB..—Des frais de fabrication du tuere 23,401 >
de betterave». Produite.
Nous présenterons ici un extrait de l'un des M. Dardant dit avoir toujours
comptes dressés par les fabricans de sucre in obtenu environ 5 kilog. et demi
digène qui ont obtenu des médailles au con de sucre pour 0/0 du poids des
cours de la Société d'encouragement (décem racines; mais comme générale
bre 1831 ). ment on n'en obtient encore que 5,
Voici les résultats du traitement de 500,000 nous n'admettons à ce taux que
«MAP. 15*. FRAIS DE FABRICATION.
25,000 kilog. pour 500,000 kilog. doit recueillir, et sur lesquels on pou ra comp
de betteraves, dont 18,000 kilog. à ter à tout événement , en annexant la fabri
1 fr. 50 c. à cause de sa belle qualité. 27,000 » cation du sucre des betteraves à une grande
Et 7,000 kilog. à lfr. de secondjet. 7,000 » exploitation agricole, sont :
125,000 kilog. de pulpe con 1° De nettoyer, d'ameublir une étendue de
sommée dans la propriété, évaluée terrain 4 ou 5 fois plus considérable que celle
à 16 fr. les 1,000 kilog. 8,000 » nécessaire à la production annuelle des bette
Vente des mélasses et résidus 1,800 » raves, en réglant les assolemeus de manière à
37,800 » bonifier ainsi périodiquement chacune des
A déduire le montant des frais 23,401 » parties du domaine; 2 d'augmenter la pro
portion des engrais par les résidus des défé
On voit qu'il reste en bénéfice 14,399 » cations et clarifications, mêlés à leur volume
Lors même que l'on ne compterait le prix de terre sèche et semés sur le sol, ce qui con
de tout |e sucre qu'à 1 fr., le bénéfice serait stitue une deuxième cause de fertilité des
encore de 5,000 fr,; et, en y ajoutant celui terres; M. Dardant a même très bien utilisé,
d'exploitations nécessaires, telles que la dis sous ce rapport, les vinasses résidus de la
tillation des mélasses , la fabrication du cidre distillation des mélasses, en les faisant servir
et l'extraction de la fécule de pommes de à l'irrigation ou arrosage, et à l'engrais des
terre, comme l'a fait M. Majambost, il ne terres emblavées; 3' de cr er des industries
serait pas difficile d'en obtenir un surcroît de f>roductives et consommations nouvelles dans
bénéfices montant à 3,500 fr., dans des cir es contrées qui en étaient privées ; 4" enfin
constances assez peu favurables. de multiplier les bestiaux, en rendant à la
Si nous substituons aux données précé fois profitables leur engraissement et leur
dentes celles relatives aux départemens du travail, ce qui augmente les engrais dans la
Nord, nous obtiendrons des résultats aussi même proportion, et par suite la fertilité des
avantageux; en effet, les betteraves reviennent terres. Tous ces avantages concourent en
là à 14 Fr. (1), ce qui, pour 500,000 kilog., porte même temps à accroître de beaucoup la va
le prix à 7,000; en y ajoutant pour tous frais leur des propriétés et à répandre l'aisance
15,400, la dépensé totale s'élève à 22,400 fr.; dé- chez les travailleurs. Il est juste, toutefois,
duisantles pulpeet mélasse portées à 3,800 fr., d'ajouter que les dispendieuses améliorations
il reste 18,600, et si l'on obtient, à 5 p. 0/0, dans les appareils évaporaloires, macérât eu rs,
25,000 kilog., qui coûtent 18,600 fr., on voit presses et râpes, ont absorbé jusqu'ici la plus
que }00 kilog. coûteront 74 fr. 40 c; à 6 p. 0/0, grande partie des bénéfices.
30,000 kilog. , coûtent 18,600 fr. , on voit Déjà l'an dernier la fabrication du sucre de
que 100 kilog. coûteront 62 fr. ; à 7 p. 0/0, betterave en France a produit 20 millions de
35,000 kilog. coûtent 18,600, il en résulte que kilog. de sucre brut, c est-à-dire plus du cin
100 kilog. coûteront 53 fr. quième de la consommation; tout annonce
D'après la commission du Havre, on arri que cette année on obtiendra, par l'interven
verait encore à des conclusions à peu près tion de 50 nouvelles usines, 30 millions de
égales eu effet , admettant le prix de 14 fr. kilog., qu'enfin l'accroissement de la consom
pour 1,000 kilog. de betteraves, et les frais mation, pour peu que les prix s'abaissent,
20 fr., tares et escomptes, 4 fr. total , 38 fr., assurera un vaste débouche aux fabriques
si l'on suppose un rendement de 6 p. 0/0, on nombreuses dont la création est encore en
voit que 60 kilog. coûtant 88 fr., 100 kilog. projet. Quant à la consommation générale,
coûteraient 63 fr. 34 c, eu, à 7 p. 0/0, 70 kilog. qui n'était en 1815 que de 17 millions de kilog.,
coûtant 30 fr. 100 coûteraient 54 fr. elle est aujourd'hui déjà de 94,680,000 kilog.
Mais les plus grands avantages que l'on Paye*.
machine se compose d'un plateau circulaire un bout par une forte cheville. La pièce ou mâ
horizontal A , porté sur son centre par un choire inférieure est montée sur 4 pieds in
arbre vertical B,avec lequel il peut tourner. clinés pour lui donner plus de solidité, et est
Ce plateau , sur sa face supérieure, est sillon élevée d'environ 812 (30 pou.) afin qu'elle soit
né de cannelures qui partent de la circonfé à la portée de la main de l'ouvrière qui tra
rence, et vont toujours, en diminuant de lar vaille debout. Elle consiste en une pièce de
geur, converger vers le centre. Sur la moitié bois de 14 à 16 centim. (5 à 6 po.) d'écarrissage,
de la surface de ce plateau , sont posés 9 cy et de 2"> 27 à 2"' 60 (7 à 8 pi.) de long creusée
lindres coniques également munis de can dans presque toute sa longueur par 2 grandes
nelures identiquement semblables à celles mortaises , larges de 27 mill. (1 po.), qui la
du plateau. Le 1" et le dernier cylindre sont traversent dans toute son épaisseur. Les 3
en fonte et ne touchent pas les autres languettes que laissent ces mortaises sont
qui sont en bois, et placés très près les uns taillées en couteaux non tranchans dans leur
des autres. Ce 1er cylindre C porte un axe en fiartie supérieure. Une autre pièce moins
fer qui se prolonge au-delà du bâti, et sur le arge que la trt, la mâchoire supérieure, mu
quel est monté un volant D , muni d'une ma- nie d'un manche par un bout et portant sur
nivelleE. C'est lui qui, par les cannelures dont sa largeur 2 languettes pareillement taillées
il est muni, engrène dans celles du plateau elle en couteau et par-dessous, est attachée sur la
fait mouvoir circulairement. Les axes de tous 1™ par une cheville de fer qui les traverse
autres cylindres portent des ressorts d'acier, toutes deux par le bout oppose au manche, et
qui les font presser contre ce plateau. Pour fait l'office de charnière. Les 2 languettes de
briser le lin, un enfant en prend une poignée la mâchoire supérieureentrent librement dans
qu'il étale sur le plateau , de manière à n'en les rainures de la mâchoire inférieure.
couvrir que la moitié, à partir de la circonfé Pour broyer le lin , l'ouvrière en prend une
rence. Aussitôt que ce lin, par suite du mou poignée de la main gauche, et de la droite
vement qu'un homme imprime à la machine, soulève par le manche la mâchoire supérieure
est passe sous le 1" cylindre, l'enfant en étale delà broyé. Alors elle engage le lin entre les
une 2" poignée, puis une 3', et ainsi de suite. 2 mâchoires, puis abaissant fortement et à
Quand le disqueachève son tour entier, l'enfant plusieurs reprises la mâchoire supérieure,
enlève le lin tout broyé et parpoignées, àme- elle brise la chenevotte et l'oblige, en tirant
surequ'ilsort de dessous le dernier cylindre; à elle la poignée, à quitter la niasse. Quand
ou bien si le broyage n'est pas suffisant , il lui la poiçnée est bien broyée et secouée jusqu'à
donne un second tour, avec l'attention de re la moitié, elle reporte sous les lames de la
tourner sens dessus dessous les poignées. Le broyé l'autre moitié qu'elle tenait à la main ,
lin étant sulfisamment broyé, il l'enlève, et ne la quitte plus qu elle ne soit entièrement
donne un coup de brosse sur les cannelures broyée. Cette manipulation est répétée sur
du plateau pour les nettoyer des brins de che- plusieurs poignées, jusqu'à ce qu'il y ait en
nevotte, puis recommence à charger le pla viron 2 livres de filasse; alors elle en fait un
teau. Tout cela marche avec.assez de célérité paquet qu'elle plie en 2 en le tordant légère
pour que l'opération soit continue. ment et en le nouant par le bout. C'est ce
En général, le lin maillé avec soin n'a pas qu'on nomme ordinairement queues de cheval
besoin au broyage d'avoir été séché à une tem ou filasse brute.
pérature aussi haute; il conserve plus de lon En Bohême, le lin séché au soleil est d'a
gueur, sa soie est mieux divisée et devient bord soumis à une broyé en gros , qui n'a
plus finepar le travail ultérieur; enfin les poin qu'une languette et qu'une rainure; de la. il
tes qui donnent. la filasse la plus belle n'é passe à la broyé en fin , qui a 2 languettes et
chappent plus à la broyé, et ne sont plus en autant de rainures; quelquefois il ne subit
levées en pure perte à 1 espadage. cette 2' opération, qu'après avoir passé quel
Le macquage fait éclater l'enveloppe fi ques heures dans le hâloir. Dans quelques
breuse du lin, et commence à briser et à dé pays on ne fait usage que de la broyé en gros,
tacher la chenevotte ; il ne s'agit plus mainte mais seulement pour les chanvres et lins gros
nant que d'achever de rompre celle-ci, de la siers; dans d'autres, les broyés ont 5 lan
séparer de l'enveloppe et de réduire cette guettes et rainures, et même plus. En Langue
dernière en filasse. Onatteintce butau moyen doc, on passe en 1" lieu dans une broyé dont
du broyage qui se donneavec la iroyc, instru les languettes sont dentées en scie, puis dans
ment bien connu et très répandu. La broyé une autre à languettes unies comme la broyé
{fig. 332) est formé de pièces de bois réunies à ordinaire. Enfin il est quelques pays où on
chat. 16'. DE L'ESPADAGE ET DE L'ÉCANGUAGE. 315
travaille d'abord le lin avec une broyé dont les de bois à 2 tranchans mousses de 2 pi. de lon
languettes supérieures jouent très librement gueur, large de 4 à 5 po., épais de 6 à 7 lig. et
dans les rainures inférieures, puis ou on l'affine ayant à une de ses extrémités une poignée
avec un instrument de ce genre , ou ces par par laquelle l'ouvrier le tient de la main
ties entrent presqu'à frottement juste les unes droite. Il secoue sa poignée après l'avoir frap
dans les autres. pée, la retourne, la frappe encore, travaille
Il faut que les arêtes de» languette» et de» la pointe comme il a fait les pattes, prend
rainure» soient arrondie» soigneusement , si on soin de bien frapper le milieu qui est souvent
ne veut pas couper la soie, et ou doit veiller à le plus mal travaillé, et nettoie ainsi son lin des
ce que les ouvrières ne les rendent pas tran brins de chenevotte , de la plus grossière
chantes pour hâter la besogne. On fera même étoupe et des portions non brisées par la
bien avant de consacrer une broyé neuve à la broyé.
préparation des lins fins et de I" qualité, de L'espadage est une opération importante qui
l'employer au moins un an sur le enanvre ou exige, pour être bien faite, nn ouvrier exercé.
le lin commun. On ne doit tirer ta poignée de Celui-ci doit tenir fermement la poignée dans
filasse, que lorsque la mâchoire supérieure sa main pour qu'il ne s'échappe pas de fils qui
est à moitié soulevée; d'abord on procédera se bouchonneraient, et toucher le lin avec l'es
avec lenteur et seulement lorsque les extré padon plutôt en frottant ou en glissant qu'en
mités seront déjà débarrassées de leur chene- frappant. Quelque soin qu'il prenne, il coupe
vo'te, autrement on briserait beaucoup de fils; encore beaucoup de brins sur l'arête vive de
et on ne tirera avec quelque vivacité que lors l'échancrure de la plane lie et les fait ainsi tom
que toute la poignée sera bien réduite en fi ber en étoupes.
lasse, pour l'ai Une r et l'adoucir. Pour être espadé convenablement, le lin
La broyé, comme on le voit, est un instru doit être trèttec, et dans le Wurtemberg, sur
ment grossier; on lui reproche les iiiconvé- tout da.is les temps humides, on lui commu
nieus suivaus : elle broie imparfaitement les nique le degré de siccité convenable en le pas
pointes où se trouve la filasse la plus fine; les sant au four ou dans un hâloir.
tiges engagées entre les mâchoires et pressées Une partie de la filasse tombe sous l'ecan-
Ear les lames, ne pouvant s'étendre convena- gne et l'espade avec la chenevotte ; ces 2 ma
lement, cèdent sous le choc de la mâchoire tières mélangées se nomment vulgairement
supérieure, et se brisent ; le froissement que équignon»; elles sont séparées par des ouvriers
la filasse éprouve entre les lames la fait bour qui font avec les débris de la soie un fil gros
rer, mêle les brins, et malheureusement ce sier pour la fabrication des toiles d'emballage.
sont toujours les fils les plus fius et les plus Lorsque le lin, au sortir de l'espadage, con
beaux qui se rompent ou se brouillent ainsi , serve d» la rudesse et que le milieu des poi
et sont ensuite enlevés au sérançage ; enfin la gnées est encore chargé de débris de chene-
manœuvre de cet instrument est longue et vottes, on passe en quelques pays cette partie
très pénible, surtout pour des femmes qui sur Yaffinoir, lame de fer polie à son bord in
sont généralement chargées de ce soin. térieur et formant un tranchant mousse,
large de 3 à 4 po., épaisse de 2 lig., longue de
J III.— De l'espadage et de IVcanguagc. 2 pi. 1/2, posée verticalement et bien attachée
à un poteau. L'affineur prenant de la main
Le lin qui a été broyé n'est pas pour cela droite une poignée de lin par les pattes, la
débarrasse de toute sa chenevotte; il eu con passe derrière la lame et en saisit les pointes
serve encore une grande quantité qu'il s'agit de la main gauche; il appuie le milieu sur le
d'enlever par une opération que l'on nomme tranchant du fer, tirant fortement et alterna
espadage ou écouchage. L'espadage se fait sur tivement les 2 mains, de manière que tous les
une planche K (fig. 333) attachée verticale brins et les différentes parties de brins soient
ment à une forte pièce de bois B qui lui sert de frottés successivement contre ce tranchant.
pied ; cette planche a vers le haut une entaille On donne encore au lin pour l'affiner nue au
demi-circulaire C, ou quelquefois elle n'est tre préparation qui consiste à le passer sur un
éehancrée que sur le coté. L'espadeur ploie frottoir; cette opération, qui parait préjudicia-
de la main gauche une poignée de lin, qu'il >le à cette matière textile, sera décrite quand
appuie sur Fentaille ou l'échancrure C de la nous parlerons du travail du chanvre.
planche, il frappe la portion de lin qu'il lient Les Flamands, avons-nous dit , ne broient
le long de la planche avec le tranchant de pas le lin, et se contentent de le mailler; mais
Yespade ou espadon (fig. 334), sorte de couteau a ce maillage ils font succéder Vicanguage ,
sorte d'espadage énergique préférable à l'es
padage ordinaire et qui se donne de la manière
suivante. Vécangue (fig. 336) est une sorte de
hachoir ou couperet plat et minée, ni uni parle
haut d'une tétequi est deslinéeà lui donuerplus
de poids ou de la volée ; le manche est court ,
aplati, fixé sur une des faces du couperet
Car des chevilles de bois. Cet écangue est en
ois dur et lisse, d'une épaisseur de 5 mill.
(2 lig.) et ne pèse pas au-delà de 5 quarterons.
La planche à écanguer A (fig. 336) a 4 pi. de
hauteur, 1 de large et 1 po. d'épaisseur; elle
est assemblée verticalement sur une autre
planche horizontale B qui lui sert de patin
fig. 334 Fig. 333. ou pied, et porte à 2 pi. 1/2 de hauteur une
31G ARTS AGRICOLES PRÉPARATION DES PLANTES TEXTILES. liv. iv.
échancrure E de 3 po. de hauteur et 4 de pro larges de 10 lig., mais plus étroits vers le
fondeur. Une des arêtes inférieures de cette manche , et dont le tranchant est arrondi.
échancrure, celle du côté où frappe l'écangue, Ces couteaux sont de 3 espèces , et vont en
est taillée en biseau (fig. 337) pour que cet augmentant de finesse. Le lin est frotté , ra
tissé de cette manière dans sa longueur 3 fois
Fig. 335. consécutives,jusqu'à ce que les débris de che
nevotte et dégomme soient enlevés. EnWest-
phalie où on se sert du même procédé, l'ou
vrier ratisse le lin sur son genou qui est cou
vert d'une peau de sanglier, le côté lisse en
dehors, et ne se sert que de 2 couteaux . Les dé
chets sont assez considérables; ceux du 1er
frottement servent à faire des toiles d'embal
lage, ceux des autres à confectionner des fils
pour les toiles à sac ou de grosses toiles de mé
nage. Ainsi préparé, le lin est plié par boites
de 1 kilog 375 (2 3/4 liv.), et remis auxfileuses
ou aux peigneurs.
§ IV. — Du peignage ou sérançage.
Le lin nettoyé de toute sa chenevotte par
l'espadage, doit, avant d'être filé, être soumis
a une dernière opération qui a pour but d'eu-
lever les dernières traces de la gomme-résine
qui salit encore ses fils , de le démêler , de le
refendre et de l'affiner. Cette opération se
Fig. 337. Fig. 336. nomme peignage ou sérançage; elle est faite
par les nleuses elles-mêmes ou mieux par des
écangue en tombant ne soit pas arrêté par ce ouvriers appelés séranceurs, qui travaillent le
bord et ne coupe pas la filasse. Le patin B ou lin au moyen de peignes ou sérans.
planche inférieure a 5 pi. de long, 1 1/2 de large Les peignes ou sérans sont en général for
et 2 po. d'épaisseur. Du côté où l'ouvrier se més d'une planche de bois dur sur laquelle
place, et à chaque extrémité sont 2 forts mon- sont implantées des broches de fer, de cuivre
tans ou pieux D de 1 pi. 1/2 de hauteur, qui re ou d'acier pointues et polies. La forme de ces
çoivent une grosse courroie en cuir C fortement dents varie avec les pays et la finesse de la fi
tendue , qui sert à garantir les jambes de l'ou lasse qu'on veut obtenir; tantôt elles sont uni
vrier pendant le travail ou la chute de l'écan formément rondes dans leur longueur, excep
gue. L'écangueur prend dans sa main gauche té vers l'extrémité supérieurequi est pointue,
autant de lin qu'elle peut en contenir, passe ou bien elles sont coniques depuis le pied jus
celui -ci dans l'échancrure jusqu'au milieu de qu'au sommet; tantôt elles sont taillées en lo
sa longueur, l'étend sur le bord inférieur, puis sange ou en carré. Parfois on les plante en
frappe verticalement dessus, du côté du bi lignes droites, les unes devant les autres sur
seau , avec l'écangue qu'il tient de la main les planches; le plus souvent aujourd'hui ,
droite; il roule, retourne et frappe ainsi sa comme dans les peignes anglais, elles sont dis
poignée jusqu'à ce que la chenevotte soit dé posées en échiquier ou diagonalement avec
tachée et qu il ne reste que la soie, puis passe beaucoup de précision. Leur longueurs éga
successivement d'une portion écanguée à lement très variable, et dans un atelier de sé
celle qui ne l'est pas. Un ouvrier dans une rançage, on a ordinairement un assortiment
journée de travail peut écanguer ainsi 5 kilog. complet de sérans , depuis les plus gros jus
de filasse provenant de 20 kilog. de lin roui. qu'aux plus fins, à travers lesquels on passe
Il y a aussi dans ce pays des fermiers qui em successivement la filasse suivant le degré de
ploient un moulin à ailes de bois pour écan finesse qu'on veut obtenir. On a pour l'ordi
guer leur lin ; cette machine se meut à bras. naire des peignes de 4 grandeurs ; les dents des
L'opération est plus rapide que par l'espadon plus grands sont carrées ou en losanges, et
ou l'écangue qu'on tient à la main, mais le ont par le bas une ligne carrée sur 3 po. de
lin se casse davantage et est moins fort. En longueur ; celles des plus fins sont rondes
employant 4 hommes, un moulin de cette et grosses comme des aiguilles à coudre la toile
espèce peut espader 22 kilog. de lin par jour, de ménage.
tandis qu'un bon ouvrier n'en espade à la main Pour procéder au sérançage, le peigneurfixe
que 4 1/2 à5 kilog. On fait aussi usage pour l'es- ses sérans sur une table solide , selon l'ordre
padage, en Angleterre, d'une machine mue par de leur finesse, puis prend de la main droite
un cours d'eau et en forme de tambour ver une poignée de lin vers le milieu de sa Ion
tical qui porte des espadons et M. Girard est gueur, et avec un des bouts pendans, or
inventeur d'une machine ingénieuse destinée dinairement les pointes, il enveloppe celle-ci
au même usage. une ou 2 fois pour lui donner plus de force.
Le lin, étant espadé , reçoit encore en Flan Leséranceur serre alors fortement la main, et
dre un autre apprêt qui se donne de la ma imprime verticalement à la poignée un mou
nière suivante : l'ouvrier assis prend le lin vement circulaire, qui fait tomber la filasse
par petites parties, le met sur un tablier de sur les dénis du peigne le plus gros ; s'il
cuir qu'il porte devant lui, et le ratisse avec éprouve trop de résistance à tirer la filasse
des couteaux de fer d'environ 1 pi. de long, horizontalement, il l'enlève doucement pour
cmap. 16«. PRÉPARATION DU CHANVRE. 317
en engager une moindre quantité. Quelque jour il se divise mieux dans le peigne et donne
fois il lève la poignée de dessus le séran, l'ouvre moins de déchets.
et ladivise; quelquefois il la passe et la repasse Après le peignage le lin reçoit souvent un
vivement. Lorsque la pointe est bien démê maillage qui est destiné à lui donner de la
lée, il en engage une plus grande longueur , douceur, h diviser ses fils et à le préparer au
et continue ainsi peu à peu jusqu'à ce que la filage. Ce maillage se donne sur un bloc de
filasse passe sans difficulté entre les dents bois, au moyen d'un maillet aussi en bois qui
du peigne; après quoi, tortillant autour de sert à frapper les paquets. En Bohême où on
sa main la partie démêlée , il peigne l'autre pratique avec soin cette opération , le lin est
bout avec le même soin. On passe ainsi la fi mis en paquets et tordu pour qu'il ne se mêle
lasse sur des peignes de plus en plus fins, où pas, puis maillé soigneusement pouce par
elle se divise, acquiert de la souplesse et de pouce, en retournant le paquet de temps à
la douceur. La filasse obtenue la 1" est con autre et le frappant toujours, jusqu'à ce qu'il
nue sous le nom de 1" brin. On en plie les devienne chaud; alors on le prend à la main
poignées en 2 moitiés tortillées l'une sur l'au et on le froisse vivement et dans toute sa lon
tre,, pour former des paquets. L'étoupe res- | gueur pendant plus ou moins de temps. Le
tée dans les sérans se travaille de nouveau, maillage, cet échauffement et ce froissage sé
et fournit*un brin fin, mais plus court et plus parent les filamens, les affinent et les adoucis
dur qu« le 1er, qu'on nomme second brin. Le_ sent. Ce travail pourrait, comme on voit,
reste de l'étoupe qu'on peut carder est em s'exécuter plus promptement au moyen des
ployé à divers usages. procédés de macquage que nous avons indi
On ne sérance guère que les lins destinés à qués ci-dessus.
la fabrication des toiles ordinaires ; le lin ramé Les lins amenés à ce point gagnent encore en
qui sert à celle des batistes n'acquerrait pas Jnesse, en douceur et en nerf, avant d'être filés,
ainsi assez de finesse, et ne serait pas suffi être conservés dans des caisses garnies de
samment débarrassé de sa gomme et de ses papier et placées dans un lieu sec et frais.
impuretés. Pour lui donner le degré de finesse
requis , on le soumet à l'action de la brosse. Section IL — De la préparation du chanvre.
Cette brosse qui ressemble à une balle d'im
primeur, est composée d'un manche long de J I". — Du rouissage.
5 po. auquel est attachée une demi-sphère de
12 po. de circonférence, garnie, sur sa surface Le chanvre, ainsi que nous l'avons vu au
convexe, de poils de sanglier d'environ 3 lien, chapitre de sa culture, est une plante dioïque,
de hauteur, placés à une ligne de distance les c'est-à-dire que ce sont des pieds différens
uns des autres. On brosse sur une planche qui portent les organes sexuels mâle et fe
lisse de 1 pi. de largeur sur 3 de long, à melle (1). Il mûrit par conséquent à 2 époques
une des extrémités de laquelle est implantée différentes et on l'enlève en 2 fois, savoir : le
une cheville verticale qui sert à fixer par 2 ou chanvre mâle au mois de juillet ou d'août, et
3 tours la poignée de lin, ou bien on en prend le chanvre femelle six semaines après, vers
une petite partie grosse comme le doigt qu'on celui de septembre ou d'octobre.
tortille par le haut sur l'index gauche et qu'on On reconnaît la maturité du chanvre mâle
maintient fortement avec le pouce ; le reste lorsque les fleurs ayant répandu leur pous
de la poignée est étalé avec soin sur la planche sière fécondante se détachent, que les feuilles
et on y passe la brosse qu'on tient de la main se flétrissent, que la tige jaunit par le haut et
droite, en 1" lieu du côté de la patte et d'a blanchit vers la racine. Quant à celle du
bord avec précaution, puis un peu plus éner- chanvre femelle, elle est indiquée par la ma
giquement suivant le degré de finesse qu'on turité de la semence et la sécheresse de la
veut obtenir. Cela fait, on retourne le fin et tige. Il faut s'appliquer à saisir avec exacti
on le travaille de même du côté de la pointe, tude cette époque de maturité, parce que le
puis on tord légèrement et l'on plie vers le chanvre mûr à point se rouit plus prompte
milieu de cette partie, qui s'appelle un cordon ment, donne une filasse qui se détache plus
de jin. Lorsque le lin est bien sec, les fils se facilement que celui qui a été récolté vert ou
divisent, la gomme-résine qui enveloppe en qui est reste trop long-temps sur pied.
core ses fils s'exfolie, s'enlève en poussière, La récolte des chanvres mâies et femelles
et on obtient une filasse fine, douce et douée étant faite à temps, il ne faut pas, comme cela
de beaucoup d'éclat. Les bottes de 2 liv. 3/4 se pratique en quelques lieux, les réunir pour
se trouvent ainsi réduites à 1 3/4 liv. et même les rouir ensemble; les derniers étant plus des
1 1/2 liv. Les étoupes qui sont fines donnent séchés sur pied, seraient à peine rouis lorsque
des fils propres à fabriquer de belles toiles de les autres commenceraient à éprouver dans
ménage, du linge de table, etc. le routoir un commencement de décomposi
Dans plusieurs pays on pense que le lin doit tion putride.
être bien sec pour êtresérancé, et on fait même Le chanvre étant mûr, estarraché de terre, et
chauffer les sérans quand le temps est humide posé en petits faisceaux sur le sol pour le faire
ou quand ils ont séjourné dans un lieu froid. sécher; il faut pour cela 8 à 10 jours. Au bout
Au contraire, dans d'autres on conserve le lin de ce temps on bat le chanvre femelle pour en
i la cave avant de le peigner, parce que l'ex extraire la semence ; quelques personnes ont
périence semble avoir prouvé que par ce sé- | conseillé de rouir le chanvre avant qu'il soit
(<) Par une habitude bizarre on donne presque partout en France et en Belgique le nom de chanvre mâle
aux tiges qui portent la graine, et celui de chanvre femelle à celles qui portent les organes ro.Mes de la plante.
Nous ne pouvons adopter ces locutions vicieuses et nous employons dans le texte les mots de chanvre mile et
femelle dans leur véritable acception.
318 ARTS AGRICOLES : PRÉPARATION DES PLANTES TEXTILES. uv. IV.
bien sec, en assurant qu'il présentait alors fera bien de couper en 2 ou 3 parties les tiges de
moins de résistance au rouissage, mais l'usage 12 à 15 pieds; de cette manière ces tiges sont
a prévalu dans les pays où l'on cultive cette plus faciles à travailler, elles s'adaptent mieux
plante, de ne le soumettre à cette opération aux dimensions des routoirs, donnent de plus
qu'après l'avoir fait sécher complètement, en longs brins , moins d'étoupes au peignage et
alléguant comme fait d'expérience qu'il donne une filasse toute aussi résistante.
alors une filasse plus nerveuse et plus du Par le rouissage à l'eau on obtient générale
rable, et qu'il est moins sujet à pourrir dans ment , quand l'opération est bien conduite et
le routoir. qu'il y a un léger renouvellement de l'eau,
On a aussi prétendu que les feuilles intro une filasse blanche et nerveuse; dans les rou
duites dans les routoirs avec les tiges pas toirs à eau stagnante elle est blonde, jaune ou
saient très promptement à l'état de décom verdâtre. Par un bon rorage i) parait qu'elle
position putride et altéraient la qualité du est grise, douce et facile à blanchir. Les chan
chanvre; cependant en Alsace, où on produit vres noirs ou marqués de taches brunes, sont
de très belles filasses, on fait rouir le chanvre trop rouis, échauffés ou altérés. Au reste, la
avec ses feuilles. Au reste, si on craignait couleur des chanvres, très variable* dans cha
quelque mauvais effet de leur présence, on cune de nos provinces qui les culliwnt, dé
peut enlever celles du chanvre mâle au moyen pend en grande partie de la nature du sol, du
d'un peigne à dents de fer ou de toute autre degré de maturité de la plante, du mod de
manière; les feuilles du chanvre femelle tom rouissage et des eaux où il s'est opéré.
bent généralement au battage.
Avant de rouir le chanvre on fera bien d'en- $11. — Du halage, te il] âge, broyage, etc., du
lever le» racines et les sommités qui ne produi
sent rien ou presque rien, qui concourent à Le chanvre parfaitement roui est ordinaire
brouiller les filamens, à faire perdre du temps ment séché sur le pré, nettoyé, mis en bottes
aux ouvriers et à augmenter les déchets. On et conservé dans un lieu sec jusqu'à ce qu'on
fait cette opération en plaçaut les tiges sur le soumette aux manipulations qui ont pour
un billot et en coupant les racines ou les som but d'en séparer la filasse.
mités avec une hache, ou bien en les mettant La manière la plus simple de séparer la fi
entre 2 planches et retranchant les parties lasse de la chenevotte est le leillage à la main,
nui passent avec une vieille faux emmanchée qui se fait ordinairement à la campagne par
a:ans un morceau de bois. des femmes, des enfaus ou des vieillards. Les
Le but du rouissage du chanvre est le même femmes tiennent ordinairement sous le bras
que celui du lin; c'est-à-dire au moyen de l'eau gauche ou dans un tablier une botte de chan
ou bien de la lumière, de la rosée et de la pluie, vre, dont elles prennent 2 ou 3 tiges qu'elles
de faire passer à l'état de décomposition le rompent entre les doigts; la chenevotte se
principe gommo-résineux qui enveloppe et casse, elles la détachent de la couche filamen
agglutine les fils, de rendre la chenevotte cas teuse dont elles entourent leurs bras Lors-
sante et de séparer celle-ci de la couche fi 3u'elles ont rassemblé une quantité suffisante
breuse qui l'environne. e fihsse pour en former une poignée, elles
OnfaitroutV le chanvre sxk moyen deprocédés la tordent de 3 à 4 tours pour q'ie les brins
analogues à ceux dont on se sert pour le lin, ne se brouillent pas. Cette façon, très en
tels que le rorage et le rouissage à l'eau. Ce usage encore en Bourgogne et en Champagne,
dernier est le plus généralement employé; est longue et on lui reproche de donner une
quant au rorage, qui mériterait la préférence, filasse qui n'a pas toute la longueur de la tige,
suivant M. Nicolas, professeur de chimie à et qui cause par conséquent beaucoup de dé
Caen, il est déjà usité daus les Vosges et dans chet au peignage; en outre cette filasse enle
quelques autres lieux de la France ainsi que vée en rubans reste couverte de plaques de
de l'Allemagne. On peut voir à la section pré gomme qui augmentent son poids au détri
cédente la manière de pratiquer ces 2 procédés. ment de l'acheteur; elle n'est pas débarrassée
Le rouissage du chanvre est plus prolongé que du limon et autres impuretés qui l'ont salie
celui du lin. Le chanvre mâle reste dans le dans les routoirs, et est très dit (ici le à blan
routoir 8 à 10 jours et le chanvre femelle 15 chir.
loiirs et plus long-temps encore, même daus Ces inconvéniens font qu'on donne la pré
les temps les plus favorables de l'année. On férence à la broyé otdinaire pour le travail des
reconnaît qu'il est complet à des indices sem chanvres; mais auparavant de faire usage de
blables à ceux qu'on emploie pour le lin, tels cet instrument il convient de sécher les tiges
que l'état cassant de la chenevotte, la facilité au hâloir comme celles du liu.
avec laquelle la filasse se délache sur toute la Nous conseillons, si on veut obtenir une
longueur de la tige; enfin, lorsqu'on a conservé belle filasse, de soumettre préalablement,
ics feuilles, au peu d'effort qu'il faut faire ces tiges à un bon macquage par un des moyens
po ir les séparer. que nous avons indiques ci-dessus.
Les tiges du chanvre s'élevant quelquefois La broyé qu'on emploie pour le chanvre est
à 12, 15 et même 18 pi. (le hauteur, il est im la même que pour le lin et se manœuvre de
possible de les mettre debout dans les rou la même manière; seulement, les tiges de
toirs; mais ici les sommités et les racines chanvre étant beaucoup plus grosses et plus
étant retranchées , toutes les autres portions dures, on se sert de broyés dont les languettes
de la tige peuvent se rouir plus également et sont moins hautes que pour le lin et entrent
être placées transversalement sur des perches plus librement dans les rainures, pou ne pas
en plusieurs couches successives qu'on assu- éprouver trop de résislance; ou bieu on com
îétit ensuite par des liens, et qu'on immerge mence le travail avec une broyé à une seule
a la manière ordinaire dans les routoirs. On languette et rainure très libre et très facile, et
ghap. 16*. DE L'EMPLOI DES MACHINES. 319
on l'achève avec une autre à doubles rainures la poignée, tandis que la droite frotte le chan
et languettes à frottement un peu plus juste. vre sur les éminences. Celle manière d'affiner
Les chanvres, surtout les plus forts et les la filasse est très efficace, mais elle la mêle
plus nerveux, sont en grande partie vendus beaucoup et occasionne du déchet.
tels qu'ils sortent de la broyé et livrés aux On a proposé uu grand nombre de moyens
cordiers ou aux ateliers de la marine, où on pour adoucir le chancre et le lin, pour leur don
leur donne les autres préparations pour en ner de l'éclat et faciliter le blauchlment des
fabriquer des câbles, cordes et cordages. A fils et des tissus qu'on en fabrique. Les uns font
î'étatbrut, le chanvre de bonne qualité doit bouillir la filasse dans l'eau avec de l'argile et
avoir le brin d'une longueur de 1 m. à 1 m. 50, du sel, d'autres la plongent dans l'alcool, d'au
être gras, brillant, exempt de chenevotte tres dans l'eau de chaux pendant G heures ,
et très résistant. Les poignées doivent être Euis la lavent à l'eau acidulée, et enfin la font
composées de brins égaux entre eux et les ouillir dans une lessive faible. Quelques-
tètes non fourrées d'étoupes; tels sont géné uns se contentent d'une dissolution de savon
ralement les chanvres de l'Anjou, delà Tour- dans laquelle ils cuisent les paquets de filasse.
raine, de la Champagne , etc. On assure qu'on a obtenu des résultats avan
Après le broyage le chanvre qu'on destine à tageux en faisant macérer à froid pendant 48
la fabrication des fils et des toiles reçoit diffé heures les lins et les chanvres dans une lessive
rent apprêt». Dans quelques lieux on en forme de cendres dans une cuve à double fond fer
de petits paquets qu'on place dans un vaisseau mée, puis faisant couler la lessive et introdui
rempli d'eau, et qu'on laisse macérer pendant sant un jet de vapeur d'eau pendant une heure,
quelque temps, avec l'attention de ne pas trop évacuant l'eau de condensation, faisant macé
prolonger cette macération, qui pourrirait le rer de nouveau dans une eau de potasse faible,
chanvre. Généralement, le chanvre mis en soutirant ce bain au bout de 24 heures , re
paquets tressés est pilé sur des billots avec heures
de gros maillets, pour le diviser, l'adoucir et ue
en séparer les fragmens de chenevotte. Ce
travail s'exécute aussi quelquefois dans des et le chanvre qui ont alors une belle couleur
moulins à pilons ou sous une meule, comme gris-argenté et une grande douceur , etc.
dans les moulins à huile. Dans tous les cas Ces manipulations, sorte de déercusage,
il faut veiller à ce que les fils ne se brouil sont longues et coûteuses; elles font perdre
lent pas, si on ne veut pas éprouver de gran au lin ou au chanvre une partie de leur force,
des pertes au peignage. et souvent, faites par des mains inhabiles, elles
Dans les corderies le chanvre e»t espadi de altèrent la filasse et lui donnent une coloration
la même manière que le lin et avec des ins- qu'il est impossible de faire disparaître sur les
trumens à peu de chose près identiques, puis fils et les toiles lors du blanchiment en fa
soumis au peignage. Ce peignage se fait au brique.
moyen de sérans de plusieurs grandeurs ; les
filus grands sont à dents carrées de 13 po. de Section III. — De» machines employée» à la
ongueur, ceux de la seconde grandeur n'en préparation de» plante» textiles.
ont que de 7 à 8 po., ceux de 3' de 4 à 5, et
les derniers les ont encore plus courtes, plus Lalenteur du rouissage, son insalubrité et la
menues et plus serrées C'est à ce peignage difficulté de conduire cette opération au point
que se borne la préparation du chanvre pour précis de perfection , la qualité inférieure
1 usage ordinaire. Pour les chanvres destinés des lins et des chanvres qui l'ont subie d'une
à faire de belles toiles, les peignes sont beau- manière imparfaite, ou trop prolongée, et le
coupplus fins, et souvent, entredeux peignages danger, pour la santé des ouvriers, des travaux
consécutifs, le chanvre est maillé une 2e fois, subséquens pour la conversion de ces plan
pour favoriser la séparation des fils et le dé tes en filasse, enfin l'énorme déchet que l'on
gommage. éprouve dans ces travaux , ont depuis long
Les qualités des chanvres peignés peuvent temps suggéré l'idée d'appliquer les machines
varier à l'infini, par suite des causes qui in à la préparation des plantes textiles. Quelques-
fluent sur celles du chanvre à l'état brut et unes des machines inventées n'ont eu d'autre
que nous avons fait connaître plus haut, ainsi but que de remplacer la broyé ordinaire et ne
que suivant le degré d'affinage auquel ils ont été dispensent pas du rouissage; les autres, au
amenés par l'ouvrier et l'habileté de celui-ci. contraire, ont été destinées à préparer le lin
Ces qualités reçoivent souvent différens noms et le chanvre sans rouissage préalable, et de
dans le commerce, et ces noms paraissent va l'amener à un degré plus ou moins parfait de
rier avec les provinces. Quelquefois, avant finesse et de douceur (1). On a aussi proposé
d'être livré aux fileurs, le chanvre est passé des moyens mécaniques pour espader, Drosser
pour l'assouplir encore à Vaffinoir et au frottoir. et peigner la filasse, et plusieurs des machines
L'aTfinoir est semblable à celui du lin et s'ap inventées donnent aussi ces façons au lin ou
plique de même; quant au frottoir, c'est une au chanvre après l'avoir soumis au broyage.
pla.iche percée au milieu , dont la surface est Ln plupart des machines proposées jusqu'ici
travaillée en pointes de diamants; on fait en opèrent le broyage du lin ou du chanvre au
trer le chanvre dans le trou de planche sous moyen de cylindre» cannelé»; d'autres em
laquelle la main gauche retient un bout de ploient des moyens mécaniques qui les rap-
(l) Parmi rcs nombreuses machines noua nierons celles inveniées en Angleterre, par Lie, Hill et Bcndt,
etc. ; en Fiance, par Gillaboz, Moktakke, Drjiunn, Christian, Laforest. Louilliard, etc. ; en Allemagne, par
Hf.»> ki., Wi.isTKt p, Ki tiu , H. Sciil'Sabtii ; en li.«lie, par Rocgbko, Catliritti; en Amérique, par Goolsell,
Bpid, ILiua et Baie, et celle importée par M. A. Dilcodkt, etc.
320 ARTS AGRICOLES PRÉPARATION DES PLANTES TEXTILES. ut. Mr.
prochent plus ou moins de la broyé ordinaire, lasse, et82 kilog. J25 de déchet. Celles qui ont
et en général elles terminent l'affinage par des eu lieu à Hohenheim ont été plus étendues;
moyens analogues ou par des dispositions va elles ont été faites sur 1600 liv. de lin (la livre
riées. de Wurtemberg est égale à 470 gram.), pro
Les tentatives faites jusqu'ici pour la cons duit brut moyen d'un morgen (31 ares 51)
truction d'une bonne machine pour le travail dans chaque expérience, et ont offert pour le
des chanvres et des lins n'ont pas répondu lin, traite soit par le rouissage, soit par le ro-
aux espéranoes des inventeurs et à l'attente rage, les résultats suivans :
du public, et presque partout on en est revenu
au travail à la main. Ces essais infructueux, et Nombre de* PHODDIT EN
qui nous dispenseront de décrire ces ma journée* c
chines, la plupart déjà tombées dans l'oubli , de travail
de u fa.
ont paru établir avec assez de certitude les MODE
i
faits suivans : • i d1 .c
!• On n'a pas réussi à remplacer par des pro É" tHs •5—
cédés mécaniques l'opération purement chi V
mique du rouissage; 2« le broyage par ma H
chine, sans rouissage préalable, donne une
filasse dure et rude, mal purgée du vernis 1600 lir. de Un, réduite» a îeoo Ii't. par le naÎMAge, ont donné t
gommo-résineox qui la couvrait, et ne pou moyenne
vant être filée qu'en bas numéros, c'est-à-dire i° Par la broya tl). I 7» i4o,t5 l3s,9o i48,to 678,76
propre seulement à la fabrication des toiles t* deParflamande. la métho
71 ■ 80 • l9»,8o 167,60 oib>4o
grossières et communes; 3° cette filasse, mal 3°. Par 1» machine
décapée et convertie en fils ou en toiles, blan de H. Kctiib. 7..S3 • 7li7* i64,6o l6J,6o 610,16
chit avec difficulté, éprouve dans cette opéra 4* Par la broyé et
le mailiage. ■ ;S,CC 130,60 111,7s 1*4,15 60s, 60
tion un retrait considérable et donne des tis
sus dont la détérioration est très rapide ; 4* les 1600 lir. de liu. -édullcl 1 iso0 lir. par le rortjt. ont don ]é en
lins et chanvres broyés, espadés et peignés mojrnnc :
par machines éprouvent un déchet considé i° Par la broyé. . iM.I» ■(>• I4«,l5
rable, sans pouvoir être amenés au même point s- flamande. Par la méthode
■ S64 (7,10 iSS.So l(9>> 5 935,io
de finesse, de douceur et d'éclat que ceux tra 3° Par la machine 7»
vaillés à la main. Dans ce dernier cas l'ouvrier de If. Kvtui. 67 ■ Soi 141, fo 1(4,16 toi »
qui fait usage de la broyé, de l'espadon et du 4° \vParmaillât?. la broyé et
45 » 5l6 ■ 116,16 161,10 861.76
séran, a sans cesse égard a l'éclat, à la nature,
à l'aspect de la filasse, et a recours à des pro Nous n'ajouterons rien aux conséquences
cédés variés qui exigent de l'intelligence et de ce tableau , si ce n'est que le lin travaillé à
donnent lieu à une foule de manœuvres qu'on la broyé était plus dur, moins moelleux et
ne peut attendre d'une machine simple à plus court que celui préparé par les autres
mouvement uniforme et continu ; 5° la plu
part du temps on est obligé d'avoir recours à méthodes donné des
, et que la machine de M. Kuthe a
filasses aussi belles, aussi pures et
un décreusage dispendieux pour adoucir et d'une qualité
dégommer la filasse; 6° enfin plusieurs de ces présentées le non moins belle que celles qu'a
travail flamand.
machines sont d'un prix fort élevé, volumi
neuses, compliquées, exigeant, pour les mou Section V. — Filage des matières textiles.
voir, une force assez considérable et dispen
dieuse, et peu propres à devenir des instru- Le (mi et le chanvre se filent en général de la
mens usuels dans 1 économie rurale. même manière. Le lin le plus fin est destiné à
produire les fils précieux pour les dentelles
Section IV. — Produit du lin en filasse par et points, ou pour la fabrication des batistes ou
divers procédés. des linons, ou des belles toiles dites de Hol
lande. Celui d'une qualité moins belle sert à
Suivant M. André dans son Mémoire sur la faire des toiles de ménage de tous les degrés
culture et le travail des lins, 1000 livres de lin de finesse. Quant au chanvre, on le file éga
récolté dans les environs de Moy (Aisne) , dé lement en fin pour en fabriquer des toiles qui
pouillé de sa graine et de sa menue paille, est diffèrenten qualité suivant le degré de finesse
réduit par le rouissage à 800 livres, qui four du fil, ou bien on en fait des fils grossiers qui
nissent par l'écanguage 200 liv. de filasse. Les servent, soit à la fabrication des toiles à voiles
expériences faites à Saint-Ouen, lors de l'essai ou d'emballage, soit à celle des câbles, cordes
de la machineà broyer le lin sans rouissage de et cordages.
M. Delcourt , ont prouvé, que par les procé On file le lin et le chanvre de plusieurs ma
dés ordinaires usités en Picardie, lOOkilog. de nières: au fuseau , au rouet de bonne femme ,
lin en baguettes rendaient, après avoir été au rouet de cordier et par des mécaniques
rouis, broyés et espadés, 17 kilog. 875 de fi- d'invention moderne. Les 3 1™* méthodes son»
(1) Le lin du n° I a été broyé suivant la méthode Wurlembergeoise, c'est-à-dire par une broyé en gros, puis par une
broyé en fin, espadé à la manière ordinaire et sérancé avec des peignes anglais. Le n° » a été maillé , écangué
suivant la méthode flamande et peigné de même que le précédent. Le n° S a été broyé par une petite machine
à 3 cylindres cannelés de l'invention de M. Kdtbz dont nous avons donné la figure et la description dans lejour
nal des Connaissances Utiles de 1834, écangué à la flamande et peigné comme le n° l. Le n° . , broyé comme
le n° 1, a ensuite été maillé par poignées et pendant une heure chacune dans un moulin, puis espadé à la ma
nière ordinaire et peigné comme les précédens, seulement le lin de rorage a été maillé plus long-temps et non
espadé.
UUF. W. FILAGE DES MATIÈRES TEXTILES. 32 1
seules du ressort de l'agriculture; la 4*, exi soins et de la dextérité de l'ouvrière, et la fi
geant des capitaux et des bàtimens assez con lasse la mieux choisie produit des fils de dif-
sidérables, des connaissances étendues et une férensprix, suivant l'habileté de la fileuse. La
«urveil lance de tous lesinstans, rentre dans finesse, la force et l'uni constituent la perfec
îe domaine des manufactures et ne doit pas tion dans ce genre.
nous occuper ici. Afin de ne pas accumuler trop de fil au même
Tout le monde connaît la manière de filer au endroit sur la bobine, ce qui ferait changer
fuseau, et sait que la matière textile, lin ou son degré de tors et sa force , on a cherché à
chanvre, est chargée mollement sur une que le distribuer également sur toute la longueur
nouille., bâton de roseau ou de bois léger, et que de la bobine. Le moyen employé depuis long
la fileuse tenant cette quenouille à sa gauche, temps consistait à garnir l'ailette sur les côtés
attire peu à peu la filasse avec sa main gauche, de crochets en laiton ou épinglierssur lesquels
forme un bout de fil qu'elle roule sur l'extré on rejetait successivement le fil, à mesure que
mité du fuseau, qu'elle fait aussitôt tourner les tours ou rangées formaient sur le point
avec sa main droite , pour donner à ce fil le correspondant de la bobine un bourrelet ou
degré de tors convenable. L'aiguillée étant renvidage suffisant. Ce moyen, comme on le
faite, c'est-à-dire le fuseau étant arrivé à terre, voit, est imparfait, et on doit préférer pour
la fileuse envide le fil sur ce fuseau et re cet objet le rouet continu anglais de Spbnck,
commence comme précédemment. Elle a soin, où le fil se roule également sur la bobine &
pour unir son fil, de le mouiller , soit avec sa mesure que la fileuse le produit , sans qu'elle
salive, soit avec de l'eau contenue dans un pe ait besoin de s'arrêter pour changer le fil de
tit gobelet de fer-blanc placé convenablement crochet ou d'épinette.
pour qu'elle puisse y tremper les doigts. Le Voici la description de ce rouet (/fy.336 et 330}:
fuseau , long d'environ 5 à 6 po. , est en bois
léger, de forme arrondie, renflé au milieu. La Fig. 339.
pointe par laquelle on lui imprime le mouve
ment est en ier; son extrémité est sillonnée
en vis allongée, et se termine par une petite
coche sous laquelle passe et s'arrête le fil, où
il éprouve un léger frottement, qui suffit pour
soutenir le fuseau en l'air.
Ce mode de Mage n'est pas expéditif et n'est
guère pratiqué que par des femmes âgées qui
ne pourraient se livrer à d'autres travaux , ou
par des bergères; mais il procure un beau et
bon fil , qu'on emploie plus particulièrement
à coudre.
On file au rouet de bonne femme des fils de
toutes les grosseurs, et c'est avec cet instru
ment qu'on travaille les fils de Malines ou fil»
de mulquinerie, qui servent à la fabrication et
au raccommodage des dentelles , et à faire les
batistes et les linons, et qui se vendent depuis
2 jusqu'à 3,000 francs la livre.
Il existe des rouet* de différentes formes, et
qui se tournent les uns avec le pied, les autres
à la main. Les rouets sont en, général compo
ses d'une roue très légère de. 20 à 24 po. de
diamètre, qu'on fait tourner à l'aide d'une ma A6 plateau horizontal en bois sur lequel sont
nivelle ou d'une pédale , et qui met en mou fixés les 2 montaps C, E, D, F, qui portent
vement, au moyen d'une corde ou d'une pe vers le milieu l'axe à manivelle PV la roue
tite courroie, une broche horizontale garnie GH , et vers leur sommet la broche CD qui
d'une petite poulie ou noix placée dans le tourne dans des oreilles de cuir. I, poulie fixée
plan vertical de la roue. Cette broche porte sur la broche dans le même plan vertical que
une bobine et des ailettes comme les broches la roue GH- K, bobine placée librement sur la
des machines à filer le coton par mouvement broche, dont une des têtes porte une gorge
continu. Le fil , partant de la quenouille, est comme la poulie, mais d'un diamètre plus
passé dans l'œillet de l'ailette qui le main petit d'environ un quart. Une même corde
tient perpendiculairement à la bobine et fa les embrasse l'une et l'autre, et. d'après leur
cilite son enroulement sur elle ; alors la fi diamètre, la bobine tourne un quart plus vite
leuse, faisant tourner la roue, continue de que la broche. L'ailette a la faculté, tout en
tirer la filasse par portions égales et à tour tournant avec la broche, de se mouvoir dans
ner d'un mouvement léger, doux et régulier; le sens de sa longueur, de manière à dis
et c'est de la combinaison de ce mouvement tribuer le fil sur toute la longueur de la bo
et de celui de l'ailetteque résulte lerenvidage bine. A cet effet, le levier IN, articulé au
et le degré de tors du fil. f>oint O et embrassant à fourchette la tête de
L'art de la fileuse, soit au rouet , soit au fu 'ailette, reçoit un mouvement de va et vient,
seau, consiste à ne prendre chaque fois que ce au moyen de l'excentrique M, attaché a une
qu'il faut de filasse pour former un fil fin égal et roue d'engrenage que mené la vis sans fin
fort en même temps, et à lui donner toujours Un ressort R tient toujours le levier N appli-
le même degré de tors. La beauté et la qua Sié contre l'excentrique. Les têtes de la bro
lité de ce fil dépendent en grande- partie des ie et de l'ailette sont forées, et c'est parce
flCiirc". i.n :î r.. 84* Ucraiton. XOMB IIL— 41
8)3 ARTS AGRICGLÉS : PRÉPARATION DES PLANTES TEXTILES uv. r*.
trou que le fil passe et arrive sur la bobine on rieure du rouet , et la fig. 348, la bobine montée
il s'enveloppe par l'effet de la différence de sur la broche, vue séparément. AA sont 4
■vitesse qu} existe entre la broche et cette bo montans assemblés par des traverses BCDE.
bine. " Entre les montans est disposée une roue
verticale J, dont l'axe porte une manivelle
à laquelle est attachée d'une part une corde L,
système de filature du lin et du chanvre avec communiquant avec la pédale H que le pied
un rouet à volant età ressorts élastiques, et au de la fileuse fait mouvoir, et de l'autre un
moyen d'une poupée volante, qui otfre letri- ressort à boudin élastique N, qui fait agir 2
file avantage de faciliter le travail, d'augmen- leviers cintrés à bascule K, dont on verra plus
er le produit et surtout de donner un fil d'une bas l'usage. La roue J est entourée d une
Sualité supérieure. Commençons par décrire corde O qui passe sur la poulie P, montée
î rouet nouveau. sur la broche v , et lui imprime un mouve
On sait quelerenvidage du fil sur les rouets ment rapide de rotation. La pression de cette
ordinaires Se fait au moyen d'une pression lé fioulie contre la bobine y, au lieu d'être con-
gère qu'on exerce sur 1 un des côtés de la bo inue, est intermittente; elle s'exerce par 2
bine pour ralentirson mouvement ; cette pres ressorts élastiques q, enveloppant une vjrole
sion, qui est continue, a l'inconvénient d'oc polie , faisant corps avec la bobine , l'un au-
casionner deux frottemens : celui de la bobine dessus et l'autre en dessous (fig. 842 et 343).L'in
contre la petite corde, et celui de cette bobine termittence se fait par la tige à bascule o , en
sur la broche. Ce double frottement, qui pro acier, placée horizontalement et parallèlement
duit la rupture des fils fins, ne permet qu'a à la broche; elle offre à la partie postérieure 2
vec difficulté de les obtenir sur le rouet ordi petits leviers cintrés kk ; un plus court à droite
naire mù par le pied. Le rouet de M. Lebec pour soutenir un contre-poids t , qui concourt
résout ce problème.Ce rouet est vu en élévation a faire remonter la tige o; l'autre plus long au
et de côte dans la fig. 840, par derrière dans la quel est attaché le ressort élastique N(/fj. 340
fig. Z41. Lafig. 342 est le plan de la partie supé- et 341). La tige à bascule o est munie d un pe
Fig. 340. Fig. «41. tit crochet auquel sont attachés les ressorts
élastiques q, et de 2 coussinets pour la por
ter et la maintenir en place. En faisant tour
ner la roue J, on imprime à latigeà basculeo,
et conséquemment à son crochet, des mou-
vemens d'élévation et d'abaissement qui se
communiquent aux ressorts q, lesquels, étant
alternativement tendus et relâchés , exercent
une pression intermittente sur la virole de la
bobine y. Les ressorts q étantréunis à leur au
tre extrémité à un cordon passant sur une
cheville *,on peut les tendre au degré con
venable en tournant cette cheville. Il en est
de même du grand ressort N , auquel est at
taché le ressort u, muni également d'un cor
don enveloppé sur une cheville La pression
sur la bobine étant très faible, au moyen de
cette disposition, on peut filer les fils les
plus fins. Le rouet a toute la solidité et la fixi
té nécessaires pour ne pas éprouver de vibra
tions pendant le filage. Pour adoucir et régler
les mouvemens , un volant est placé sur la
tétede la broche v ; il se compose de 4 petites
masses, dont 2 sont munies de tiges, ser
vant, au moyen du crochet glissant o.d'épin-
glier. Les montans A sont implantés sur un
plateau F , réuni au marche-pied G par une
co'onne I, au moyen d'un écrou.
La poupée volante est représentée en éléva
tion et vue de profil dans la fig. 344, et par
dessus dans la fig. 345. La fig. 346 est un pei
gne circulaire vu de face et ouvert, et la fig. 347,
es 2 brosses vues de face et fermées. Elle se
le!
compose d'une planchette inclinée B, le long de
laquelle monte et descend un chariot E, porté
par de petits galets a a . Cette planchette, so
lidement fixée sur le socle A, lequel est as
semblé avec les montans de gauche du rouet,
est soutenue par un support C et munie à sa
partie supérieure d'une traverse portant 2
poulies D F, sur lesquelles passent les cor
dons I et t. Le charfot E, ou la poupée vo-
laute proprement dite, est formé dune petite
planchette moins épaisse et moins longue que
Fig- 343. le plan B et portant de chaque côté des gui-
V
GfcAP. 16*. FILAGE DES MATIERES TEXTILES. 328
Fig. 340. Fig. 847. Fig. 844. grande quantité ; ou bien on tire sur un brin
par son bout inférieur, tandis que le bout su
périeur est amené par les filamens précédais ;
alors ce brin vient en double , et encore ces
filamens se prennent avec ceux qué les brins
de lin ont souvent au milieu de leur longueur,
et celui qui est pris ainsi vient aussi en double.
Tous ces obstacles, qui rendent la filature du
lin si difficile et si lente, sont évités par l'em
ploi des peignes ci-dessus et par ce nouveau
mode de filage.
Pour les fils destinés aux batistes, dentelles
et linons , la filasse est disposée dans la pou
pée de manière d prendre les filamentpar leurs
pointes; mais pour les toiles , on double le lin
des 2/3 au tiers , et on le place ainsi dans les
peignes et brosses, de manière à ce que le pli
ne dépasse celles-ci que d'un pouce au plus.
Le fil obtenu par ce moyen a toute la force
nécessaire pour faire la chaîne des toiles.
On connaît l'effet produit sur le fil de lin
par l'humidité que lui procurent les doigts de
la fileuse imprégnés de salive, et qu'elle porte
Fig. 345. continuellement à sa bouche. M. Lbbec a ob
des G, pour diriger son mouvement. Sur ce servé que cette pratique, en facilitant le fi
chariot sont fixés 4 peignes, dont un droit L lage, donne un fil plus uni et plus régulier,
est composé de 3 rangées d'aiguilles verticales mais qu'elle épuise les fileuses au point de les
et longues ; les 3 autres peignes K sont circu forcer souvent à renoncer à leur travail. L'eau
laires et formés d'un certain nombre d'aiguil froide et une eau légèrement gommée ne
les de diverses grosseurs d, dont lestêtessont pourraient y suppléer, parce que c'est prin
attachées à une garniture et dont les pointes cipalement la chaleuret la viscosité delà salive
convergent toutes au centre. Ces peignes sont qui entretiennent dansle lin la souplesse et la
destines à séparer, étaler et même diviser au flexibilité auxquelles le fil doit sa bonne qua
besoin les brins de lin. Pour cet effet , on fait lité. Pour remplacer cette méthode par un
entrer d'abord la filasse N sur le peigne droit moyen simple, il fait passer dans la filasse
L; puis, après avoir ouvert les petites portes montée sur sa poupée un courant de vapeur
c des peignes circulaires K, on la pose sur les d'eau bouillante, et il a reconnu mie la vapeur,
aiguilles de ces peignes ; on ferme les petites en se condensant sur le lin, produit le même
portes , et on les attache au moyen d'un petit effet que la salive, amollit lagomme contenue
cordon f; le lin se trouve alors saisi entre les dans le lin , fait entrer dans le fil une grande
aiguilles. Deux petites brosses M, fixées sur la quantité de filamens plus pressés et mieux
base du chariot E, sont destinées à tenir le tordus, et évite ainsi l'inconvénient de faire
lin écarté et à l'empêcher de se tasser. La des toiles creuses. L'appareil est simple; il se
brosse supérieure est montée dans une garni compose fig. 344) d'un support a fixé par 2
ture mobile à charnière qu'on ouvre pour vis au socle A du rouet, et muni d'un cro
donner passage au lin; après l'avoir rabattue, chet auquel on suspend un petit réchaud b en
on l'attache au moyen du cordon g , s'enrou- tôle, percé de trous à sa partie supérieure,
lant sur une cheville h. Pour faire glisser le et renfermant une petite lampe qui sert à
chariot le long du plan incliné , on attache à chauffer une bouilloire posée sur 3 pattes ;
urt crochet b, dont il est muni, 2 cordons, un un tuyau en cuivre , soudé au couvercle de la
pins court I qui passe sur une poulie verti bouilloire, dirige sur la filasse la vapeur
cale F et auquel est suspendu un contre-poids qui sort par son extrémité ; ce tuyau repose
H un peu moins lourd que la poupée volante, sur un anneau à vis g. Un orifice ferme par
afin qu'elle retombe toujours a'elle-même. Le un bouchon sert pour verser l'eau dans la
cordon (, après avoir passé sur la poulie D, se bouilloire sans ôter le couvercle.
termine par une boucle O que l'ouvrière passe
sur le poignet gauche. A mesure qu'elle tire Section VIL—Dévidage, ourdissage, encollage,
le lin avec cette même main gauche pour fa tissage des fils de lin et de chanvre.
briquer le fil de la main droite, elle fait re
monter la poupée volante et le chariot E. On Lorsque le fuseau de la fileuse ou la bobine
obtient par cette manœuvre 2 longueurs de du rouet sont suffisamment chargés de fil , on
fils en même temps au lieu d'une seule. Les en opère le dévidage. Cette opération se fait
brins de lin, tirés par les 2 bouts , s'étendent ordinairement au moyen d'un asple ou dévi
également et se placent à côté les uns des au doir , machine bien connue de tout le monde,
tres; ils se trouvent ainsi dans la condition et qui se compose d'une roue à plusieurs ailes
la plus Xavorable pour faire le fil le plus égal ou lames, traversée à son centre par un axe à
et le plus uni, tandis que, quand on fait le fil manivelle appuyé sur 2 montans ou des tra
par les procédés ordinaires, le mouvement de verses. On attire le fil de la bobine sur l'une
torsion imprimé a chaque brin se continue des ailes de la roue, et le mouvement continu
jusqu'à sa pointe, «ordinairement divisée en de la manivelle enroule le fil et en fait un
plusieurs filamens; ceux-ci se prennent à leurs éclieveau. Lorsque l'écheveau est de la gros
i, et la filasse rient mal et en trop seur ou de la longueur voulue, on l'arrête en
324 ARTS AGRICOLES : PRÉPARATION DES PLANTES TEXTILES. liv. iv.
cassant le fil qu'on fait tourner plusieurs fois de la bobine donne le degré de tors nécessaire.
autour de cet écheveau et en liant les bouts On peut le faire varier en changeant la gran
par des nœuds pour former ce qu'on appelle deur relative des poulies à gorge de la broche
la centaine. et de la bobine.
Dans les grands établissemens, on a des dé Nous avons expliqué ci-dessus comment on
vidoirs à compte, mis en mouvement par le détermine dans le commerce le titre des fils
moteur général de l'usine , qui dévident un destinés à la fabrication des tissus ; ceux à
grand nombre de fils à la fois. Le contour de coudre de diverses qualités ne sont guère con
Fasple est précisément égal à 1 mètre, et un nus que par des noms particuliers ou celui
compteur adapté à la machine avertit par une des pays qui les fabriquent; nous croyons à
sonnette ou un coup de masse du moment où cet égard superflu d'entrer ici dans des détails
on a fait faire 100 tours à l'asple, c'est-à-dire qui nous mèneraient trop loin.
où l'on a dévidé un fil de 100 mètres de lon Les fils travaillés au fuseau, au rouet ou par
gueur ; c'est ce qu'on nomme une échevette. machines, doublés, retordus et blanchis, si
Un écheveau est composé de 10 échevettes de cela est nécessaire, sont maintenant propres à
100 mètres, et contient par conséquent un fil la fabrication des dentelles, des tissus ou des
de 1000 mètres de longueur. C'est le nombre toiles. Bornons-nous simplement ici au tissage
desécheveaux qu'il faut pour peser un 1/2 kil. de ces dernières. Ce tissage se fait dans de
ou 500 grammes, qui détermine le numéro ou grands établissemens qui mettent en mouve
degré de finesse de ce fil. Ainsi, quand on dit ment un grand nombre de métiers mécaniques
qu un fil est du numéro 24 , cela signifie qu'il au moyen de la force de la vapeur ou d'une chu
faut 24 écheveaux de ce fil ou une longueur te d'eau, comme dans la bel le fabrique de toiles
de 24,000 mèt. pour peser un 1/2 kil. Il en est que M. Tebnacx avait établie à Boubers, dé
de même pour les fils des nM 30, 36, 40, etc., partement du Pas-de-Calais, ou bien il est exé
qui sont formés de fils dont il faut 30 , 36 ou cuté à la main par un tisserand, sur un métier
40,000 mètres, ou 30,36 ou 40 écheveaux pour dont nous parlerons ci-après.
former un 1/2 kilog. Ainsi un fil est d'autant Quel que soit le mode de tissage adopté, le
plus fin ou a un plus haut titre qu'il est d'un fil en écheveaux qui formera la chaîne, doit
numéro plus élevé, puisqu'il en faut une lon être bobiné, c'est-a-dire dévidé et transporté,
gueur plus considérable pour peser un même à l'aide d'un bobinoir, sur des bobines, afin
poids. On voit de même que le poids d'un d'être ensuite ourdi. Vourdissage a pour but de
écheveau détermine le titre du fil , et qu'un disposer les fils qu'on destine à former la
écheveau qui pèserait 12 1/2 gram. serait chaîne des toiles, de manière que ces fils puis
composé de fil du numéro 40, puisqu'il en sent être montés facilement sur le métier de
faudrait ce nombre pour peser 500 gram. On tisserand et être passés avec facilité dans les
a dans l'usage ordinaire de petites balances ta» et dans le peigne. Cette opération se fait
fort justes, qui servent à peser les écheveaux au moyen d'un instrument qu'on nomme our
et à déterminer ainsi le titre du fil. dissoir. La chaîne étant ourdie est pliée et Li
Les fils dévidés qu'on destine à la fabrica vrée à l'encolleur, qui l'enduit d'un parement
tion des toiles sont envoyés au blanchiment ou espèce de colle, qui a pour but d'abattre le
ou livrés au tisserand; mais en cet état ils n'ont duvet des fils et de les rendre lisses, afin que
pas toujours la force nécessaire pour former la navette glisse facilement, que les fils se
la trame des tissus, et dans ce cas on les sou cassent moins en frottant dans les dents du
met à un retordage léger dans le sens où ils peigne, enfin pour leur donner une élasticité
ont été filés ou bien à un doublage et retordage. suffisante pour résister à la tension qu'ils
Quant aux fila à coudre, destinés à être passés éprouvent et assez de souplesse pour se prêter
à plusieurs reprises à travers des tissus serrés à un tissage régulier; c'est ce qu'on nomme
où ils s'écorcheraient et casseraient à chaque parer la chaîne.
instant, on augmente constamment leur force Dans les pays où l'on fabrique spécialement
par l'une et l'autre de ces opérations. les toiles fines, les tisserands placent généra
Le doublage a pour but de réunir 2 fils en lement leurs métiers dans des lieux souter
un seul, et \erelordage d'enrouler ces fils l'un rains, où l'air toujours humide conserve plus
sur l'autre en les tordant dans le sens opposé long-temps au parement dont leur chaîne est
à celui du 1" tors donné par la filature. Ces enduite unè moiteur qui donne aux fils cette
opérations se font à la main dans les campa souplesse et cette élasticité qui les fait céder
gnes et dans les ménages où l'on fabrique des sans se casser à la tension qu'ils éprouvent
fils à coudre de lin ou de chanvre. Dans les pendant le travail , et donne en même temps
établissemens industriels on se sert pour ces au tissage plus de régularité. Ce séjour pro
objets de retordoirs ou moulins à retordre , longé dans des lieux bas et humides porte
qui accélèrent l'opération , mais qui ne doi une atteinte notable à la santé des ouvriers,
vent pas nous occuper ici. et on a dû chercher les moyens qui leur per
Le doublage des fils à la main est fort simple missent de travailler dans des lieux plus sa I li
et n'exige pas d'explication. Quant au retor bres , tout en conservant à la trame de leur
dage, il se fait sur le fuseau ou sur le rouet. ouvrage les conditions favorables à une bonne
Le 1" moyen ne diffère guère de la filature, et fabrication. On a tour à tour préconisé pour
le fil, après avoir été doublé, est tordu , lissé cet objet divers ingrédiens;jnais celui qui pa
avec de l'eau ou de la salive, et renvidé comme rait donner les résultats les plus avantageux
à l'ordinaire. Quant au second, rien n'est plus est le parement au lichen d'Islande , dont on
facile; il suffit d'attacher à la bobine du rouet doit la découverte à M. Mobin de Rouen.
le bout des 2 fils qu'on tient dans la main Voici la recette donnée par l'auteur. On fait
droite, et de faire tourner la manivelle. La bouillir pendant une demi -heure 4 kilog. de
vitesse relative de l'ailette oh de la broche et lichen d'Islande dans 24 lit. d'eau ; on passe
nAP. fO*. TISSAGE DES MA HERES TEXTILES. 32S
avec expression à travers une toile très ser liquide qui s'en écoule soit insipide an goût.
rée. Par le refroidissement la liqueur prend C'est alors qu'on le fait bouillir avec l'eau
un aspect gélatineux; d'autre part ou délaie pour en former la gelée sans couleur qui sert
dans 3 lit. d'eau 1 liv. de farine de froment a préparer le parement fondamental. Si on ne
ou de riz qu'on fait chauffer en remuant con veut pas faire usage immédiatement de ce li
tinuellement. On mêle celle-ci avec la liqueur chen, on l'étalé sur le tamis où on le laisse
de lichen pour obtenir un mélange homogène. sécher.
C'est en ajoutant à ce parement fondamental du Quant aux fils qui doivent former la trame
parement fait avec de la farine seule, qu'on de la toile,, ils sont dévidés sur de petits
modifie ses propriétés hygrométriques sui tuyaux de roseaux appelés canettes, qu'on
vant que l'atmosphère est plus ou moins hu place ensuite dans la poche de la navette. Ce
mide. dévidage est fait au moyen de rouets à ca
Ce parement a une teinte grisâtre qui empê nettes ou de cantres.
che quelques ouvriers de s'en servir surtout Nous ne nous arrêterons pas à décrire les
pour certains tissus d'un blanc pur ou qui différentes opérations, ni les machines on m-
doivent être teints en couleurs tendres et dé strumens qui servent à l'ourdissage et à faire
licates. L'inventeur a cherché à lui enlever les canettes, parce que la plupart du temps
cette teinte grise en faisant macérer le lichen elles sont exécutées par des ouvriers parti
pendant 36 heures dans l'eau, et en ayant soin culiers et dans des ateliers spéciaux qui li
de le malaxer de temps à autre avant de le vrent aux tisserands les chaînes toutes our
faire bouillir dans une nouvelle quantité dies et encollées, et les fils de trame dévidés
d'eau. Ce moyen ne remédie pas entièrement sur ces canettes. Nous n'insisterons pas non
à cet inconvénient , et M. Thommsdorff en plus sur la manière de monter la chaîne sut*
a proposé un autre qui donne un résultat plus te métier, de passer les fils dans les lisses ou
satisfaisant. A une livre de lichen d'Islande dans les peignes, parce que cette description,
on ajoute une once de bonne potasse , et on qui nous mènerait fort loin , serait encore in
met le tout dans un pot de grès, en versant complète et n'équivaudrait jamais aux notions
dessus suffisamment d'eau froide pour en faire précises que fait acquérir la pratique.
une sorte de magma qu'on pétrit de temps en Le métier de tisserand pour la toile ordinaire
temps au moyen d'un pilon de bois et qu'on est très simple dans sa construction et est
laisse pendant l'intervalle dans un lieu tran généralement à deux marches; nous allons
quille et frais. Au bout de 24 ou 30 heures décrire un métier de ce genre, à navette vo
on jette le tout sur un tamis ; il s'en écoule lante, et où un seul ouvrier peut fabriquer
un liquide brun et amer; alors on pétrit le des toiles de la plus grande largeur.
lichen dans le tamis sous un filet d'eau froide La fig. 348 est une vue de face de ce métier
jusqu'à ce qu'il devienne incolore et que le et la fig. 349 une coupe verticale par un plan
Fig. 348. Fig. 349
perpendiculaire à la largeur. A, bâtis en bois, les lisses assujéties l'une a l'autre par des
d'une largeur proportionnée à l'étoffe qu'on cordes qui passent sur les poulies de renvoi
veut fabriquer; B, banquette sur laquelle le G ; H, battant du métier. C'est avec cette pièce
tisserand s'assied; C, 1" ensouple qui porte oscillante que le tisserand bat ou serre la
la chaîne; elle est fixée au moyen d'une roue duite, après chaque passage de la navette.
à crochet et d'un arrêt a, que le tisserand, I peigne ou ros maintenu dans des rainures
sans se déranger, lâche à mesure qu'il con entre les 2 pièces de bois e f placées au bas
fectionne la toile, en tirant la corde b. D, 2" du battant. La pièce inférieure se prolonge
ensouple sur laquelle s'enveloppe la toile. A à droite et à gauche des montans du bat
l'aide d'une clef on peut la faire tourner sur tant d'une quantité suffisante pour rece
son axe. E, lisses qui opèrent le croisement voir la navette comme on le voit fig. 350 , ou
des fils de la chaîne, pour le passage de la na elle se place pendant que le tisserand bat la
vette; F, pédales ou marches à l'aide des toile. Une planchette, mise en avant, fait
quelles le tisserand fait jouer alternativement que le contre ■ coup ne la jette pas à terre.
326 A.RTS AGRICOLES : PREPARATION DES PLANTES TEXTILES. LIV. IT.
J, petits tasseaux fourchus garnis de cuir, glis
sant librement le long de la tringle h un cor
don un peu lâche dont les bouts sont attaché*
aux branches inférieures des tasseaux J et qui
est muni d'un manche I à son milieu , sert
au tisserand à chasser la navette tantôt d'un
côté, tantôt de l'autre, en faisant un mouve
H ment léger, mais assez brusque pour que la
navette, après avoir traverse la chaîne dans
toute sa largeur, ait encore assez de force
pour faire reculerjusqu'au bout le tasseau op
posé.
petits pois), sous l'influence d'une solution très commodes pour cela ; on délaie ht pulpe
moitié moins forte , produit des effets analo dans une ou deux fois son volume d'eau ; on
gues; elle se gonfle plus régulièrement parce verse le tout sur un tamis placé au-dessus
qu'elle n'a pal encore reçu de l'âge les diffé d'une terrine; on fait couler un filet d'eau sur
rences de cohésion que présentent les grains la pulpe en l'agitant continuellement à la
des fécules plus mûres. main afin de laver toutes les parties déchirées;
L'espèce d'empois que l'on peut former à le liquide passe au travers du tamis, entraî
froid, comme nous venons de le voir avec de nant une grande quantité de fécule, et lais
faibles solutions alcalines, trouvera sans doute sant dessus les parties les plus grossières de la
quelque application dans les arts industriels. pulpe ; on continue ces lavages et le départ pré
Il nous resterait à exposer la réaction de la cite, jusqu'à ce que l'eau s'écoule limpide, ce
diastase sur la fécule ; mais comme elle forme qui annonce qu'elle n'entraîne plus de fécule.
la base d'une industrie spéciale, nous la décri Tout le liquide, passé au travers du tamis est
rons après avoir indiqué les procédés d'extrac rassemblé dans un vase conique, où bientôt
tion de la fécule, tels qu'on les pratique au la fécule se dépose. Lorsque l'eau surnageante
jourd'hui et quelques-unes de ses plus sim n'est plus que légèrement trouble, c'est-à-dire
ples préparations. au bout de 2 1/2 à 3 heures, on la décante; le
dépôt blanc opaque de fécule, qui se trouve
Section II. — Extraction de. la fCcule des au fond du vase, est délayé dans l'eau ; puis
pommes de terre. on le laisse de nouveau se précipiter au fond
du vase; on répète ce lavage deux ou trois
S I". — Extraction de la fécule dans les ménagea. fois.
Une petite quantité du tissu cellullaire
Nous exposerons d'abord les détails de cette échappe au tamisage et salit encore cette fé-j
opération, telle qu'on peut la faire, sur de très cule; on l'en débarrasse en la mettant de non-'
petites quantités ; elle est fort simple dans ce veau en suspension dans l'eau et passant le
cas et n'exige aucun ustensile difficile à se tout par un tamis très fin en soie ou en toile
procurer. Voici comment on s'y prend : on métallique ; on laisse encore déposer la faible
réduit la pomme de terre en pulpe, en la quantité de corps légers et on achève de les
frottant contre les aspérités d'une lame de éliminer en raclant la superficie ou bien y
tôle ou de fer-blanc percée de trous; une râpe versant de petites lotions d'eau; les eaux de
à sucre ou une râpe à chapeler le pain sont lavages, qui entraînent une certaine quantité
(1) On nomme aimi une solution commerciale de soude caustique marquant Se* à l'aréomètre de IUumx.
AGRICUITIRE. tomb III. — 42.
330 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DE LA FÉCULE. UT. Ï»V
de fécule, sont réunies h une nouvelle quan lide en chêne A, B, C, D. Un cylindre E , de
tité de fécule brute, ou passées sur un tamis 2 pi. de diamètre et 8 po. de hauteur, traversé
fin, puis déposées et décantées. par un axe qui repose sur les deux longues
Le» dépôts de fécule, ainsi recueillis, peu membrures du bâti», est garni sur toute sa
vent être égouttè* facilement en penchant len circonférence de lames de scie de 7 po. de
tement les vases qui les contiennent. On ter long, au nombre de 128; elles sont dentées
mine l'égouttage dans une toile, puis on les très régulièrement à la mécanique ( fig . 858 \
étend sur des votes aplatis ou des tablettes, Flg. 358.
et on laisse la dessiccation s'opérer dans une
chambre échauffée, dans une étuve, ou même à
l'air libre lorsque le temps est sec. |AAVW\AA>
$ II. — Extractioa de ta fécule en grand.
La préparation de la fécule en grand est
basée sur des manipulations analogues à celles
que nous venons d'indiquer; mais pour obte
nir des résultats avantageux, sous le rapport
de la main-d'œuvre, il faut y apporter quel
ques modifications et surtout employer des
usteusiles appropriés les plus expeditifs pos
sibles.
Nous diviserons encore en deux classe»
cette opération, suivant 1* qu'elle s'applique
à de petites fabrications à la portée de foutes
les exploitations rurales, et 2° qu'elle est re
lative à une grande manufacture ayant à se Fig. 357.
procurer le* matières premières en très posées parallèlement à l'axe et séparées par
grandes masses et devant pourvoir aux moyens des tasseaux en fer. Les lames et les tasseaux
de transformer les produits afin de s'assurer sont fixés sur le cylindre, à l'aide de deux
des débouchés suffisans. cercles en ter formant rainure autour du
bâtis en fonte; on introduit alternativement
X. Extraction dans une petite fabrication. dans cette rainure une lame déniée, puis un
tasseau, et lorsque l'on a ainsi garni le quart
1° Lavage des tubercules. Cette lre opération de la circonférence du cylindre, on assujétit
se fait en versant dans un baquet un volume fortement le tout à l'aide d'un dernier tasseau
d'eau à peu près égal à celui des pommes de formant coro, que l'on introduit et qu'on
terre ; un homme armé d'un balai de bouleau chasse à petits coups de marteau, par une ou
aux 2/3 usé les agite vivement et avec force afin verture latérale du bâtis en fonte.
que le frol bernent détache dan» le liquide le» On conçoit que pour enlever et change!
partie» terreuse» adhérentes et même une tout ou partie de la garniture d'un quart du
partie du tissu superficiel grisâtre, plus ou cylindre, il suffit de repousser le même
moins altéré, en sorte que fes tubercules de tasseau en coin en le frappant par le bout
viennent blanchâtres. Cela l'ait, on jette le» opposé. L'axe du cylindre porte, à l'un de se»
I idi n mes de terre sur un chtyonnage , afin bouts, un pignon P de 16 dents, qui engrènent
qu'elles s'y égouttent, et pour peu que l'eau dans celles d'une roue divisée en 120 dents ;
coûte de main-d'œuvre à se proeurev, on 1» une manivelle adaptée à- l'une de» extrémi
rert ici I le dans «u» grand baquet ou envier d'où tés de l'axe de eette roue, et de l'autre côté à
les matière» terreuses étant déposées on peut la même distance de l'axe, mats sur une des-
reprendre le liquide clair pour un autre la braeches de la roue, permet à deux hommes
vage. de mettre le cylindre en mouvement. (Daw
2" Réduction en pulpe. Le but de cette opé les grandes féculeries, on fait mouvoir de»
ration est de déchirer le plus gratté nombre pos râpes semblable», mais de plus fontes dimen
sible de» cellules végétales qui renferment sions, à l'aide d'un manège tiré par des- che
tous les grains de fécule ; les meilleures râpes, vaux, OU' au> moyen d'une machine à vapeur. ]
appliquée» à cet usage, sont donc celles qui Une auge ou un baquet en bois F, est place
donnent la pulpe la plus fine, et dan» un travail sous le cylindre et reçoit la pulpe produite
économique un ràpyge mécanique est indis par la râpe. Sur la faee antérieure du bâtis, et
pensable. près de la circonférence du cylindre, est
Parmi les ustensiles de ce genre, mus à bras ajusté un volet H en bois, mobile, et décou
d'hommes, la râpe de Burette, perfectionnée pé dans le bas, de manière à représenter en
et construite avec beaucoup de soin» actuelle creux la forme du cylindre, et à toucher
ment par MM. Robet. et Rafpin, nous sem presque celui-ci par sa partie inférieure ; il fait
ble présenter le plus d'avantages; elle a d'ail corps avec deux tourillons qui dépassent de
leurs été récemment approuvée par la société chaque côté les planches de la cage supé
d'agriculture. Construite sur le plus petit rieure; une entarile à jour de Gelles-ci per
modèle, elle coûte 70 fr. et peut être mue par met au volet {le se mouvoir sur son axe, mai*
un seul homme; le modèle d'une dimension limite ce mouvement ; deux ressorts de rap
plus forte coûte 150 fr. et exige la force de pel S, tirant aux deux bouts les tourillons, font
deux hommes. presser le volet contre les pommes de terre
La fig. 357 représente cette râpe h bras ; on et les appuient sur le cylindre dont l'armure
voit que toutes les parties du mécanisme sont i dentée les réduit en pulpe.
disposée* sur l'assise supérieure d'un bâtis so- I Toutes les parties de cette machine, qui
cflw. if: EXTRACTION DE LA FÉCULE DES POMMES DE TERRE. 331
\ surrpbntëht le bâtis, sont recouvertes d'une d'autant ; mais il reste encore des mêmes dé
cage en planches minces M, N,0, vue en bris qui la salissent. Comme ils sont plus
roupe dans la figure. Cette enveloppe forme long-temps en suspension , ils se déposent a
on encaissement N, O. Q, dans lequel on sa superficie et on peut les enlever mécani
charge les tubercules à râper; l'enfant qui quement à l'aide d'une racloire en fer-blanc.
ordinairement sert la râpe, pousse ces tuber On doit opérer un troisième lavage, en dé
cules, un à un dans l'ouverture M, N, d'où ils layant la fécule dans de l'eau claire, la lais
tombent sur te cylindre dévorateur. sant déposer et décanter.
Cette râpe, mue par 3 hommes relayés par 4°.Égouttage.—-La fécule déposée est en masse
un troisième, peut réduire en pulpe de 2,500 assez dure, qu'il est facile d enlever par mor
à 3,000 kilog. de pommes de terre en 12 ceaux; on la porte dans des sacs en toile qui
heures de travail; J* quantité d'ouvrage va garnissent des paniers légèrement coniques ;
rie suivant que les pommes de terre, venues on la lasse par quelques secousses, là elle perd
dans un terrain plus ou moins humide, ou l'excès d'eau qui pouvait la rendre pâteuse;
pendant une saison plus ou moins pluvieuse, on enlève les toiles; on les vide sur des ta
offrent une dureté moindre ou plus considé blettes en bois blanc dans un grenier, les
rable. Dans tous les cas, la pulpe qu'elle donne pains qui en sortent se sèchent peu à peu et
est aussi fine qu'il ait été possible de l'obtenir se brisent alors spontanément ; on ensache la
jusqu'à ce jour dans un travail économique. fécule pour l'expédier.
Les réparations à faire à cette râpe sont La fécule obtenue de cette manière con
très faciles; elles se bornent en général au tient encore beaucoup d'eau; dans cet état
remplacement et à l'affûtage des lames den elle occasionnerait des frais de transport trop
tées qui arment le cylindre, et l'on a remar considérables pour être envoyée au loin, il
qué que leur dispositron rend ces réparations faut donc la consommer sur lieu : quand oa
très aisées. doit la traiter très près de la fécuterie, oa
3° Tamisage de la pulpe. Afin d'extraire la évite même quelquefois t<
fécule mise en liberté par le déchirement sic-cation, et on la livre en :
du tissu cellulaire, au fur et à mesure que la paniers d'égouttage, et après I
pulpe est fournie par la râpe, on la porte sur seulement 2 ou 3 jours à Pair.
des tamis cylindriques en crin ou en toile de 5°. Dessiccation. —Lorsque la fécule doit être
cuivre, de 2 pieds de diamètre environ sur conservée ou expédiée au loin, il faut qu'elle
8 po. de hauteur. Ces tamis sont disposés soit privée, à quelques centièmes près, de l'eau
sur des traverses au-dessus de baquets; cha qu'elle a retenue après l'égouttage et le sé
que charge occupe à peu près la moitié de la chage à l'air; pour y parvenir, on la porte
hauteur du tamis. Un ouvrier malaxe vive dans une étuve à courant d'air , dont nous
ment la pulpe, soit entre ses mains, soit à donnerons plus loin un modèle. Dans les pe
l'aide d'une raclette en bois, afin de renouve tites . exploitations
J» 1 I on se *contente
J _ J _ générale»
I.LI-tl
ler sans cesse les surfaces exposées à un cou
rant d'eau qu'entretient un filet continu. en sapin posées à un pied du sol, au-dessus on
L'eau passe au travers du tamis entraînant la dispose sur un bâtis en bois des châssis ten
fécule avec elle et formant une sorte d'é- dus de toile forte placés à 8 ou 10 pouces les
mulsion. Lorsque le liquide s'écoule limpide uns Jes autres. Ou étend la fécule brisée en
au travers du tamis, ou est assuré que tous petits morceaux sur ces tablettes ou ces
les grains de fécule mis en liberté sont ex châssis, ou l'y retourne une fois par jour et
traits de la pulpe; celle-ci, ainsi épuisée, est lorsqu'elle est sèrhe, on la met en sacs ou en
mise de côté pour des usages que nous indi tonneaux pour l'expédier ou la conserver.
querons. On met sur' le tamis une nouvelle La température est ordinairement élevée
charge de pulpe, on laisse couler le filet de dans cette chambre à l'aide d'un poêle placé
l'eau, et ainsi de suite. au milieu, et un renouvellement d'air est ir
Si on veut économiser l'eau, il faut tenir le régulièrement ménagé par le tirage du poêle et
tamis plonge dans le baquet rempli aux trois quelques ouvertures à la partie inférieure et
quarts d'eau , agiter la pulpe avec les mains , nrès du plafond.
comme nous lavons dit; la fécule, pour la _ Les produit* que l'on obtient en fécule va
plus grande partie, est entraînée dans le li rient suivant les saisons, les terrains dans
quide , et il suffit de faire ensuite couler le lesquels ou a cultivé les pommes de terre,
filet d'eau pendant quelques instaus sur le les variétés de ces tubercules, etc. En opérant
tamis tiré au-dessus du niveau du liquide, bien , le produit s'élève , année commune, à
pour achever l'épuisement delà pulpe. 25 kilogrammes de fécule humide ( dite fé
On réunit dans un tonneau debout et dé cule verte) ou 16 à 17 kilogrammes de fécule
foncé par le haut, les liquides produits par sèche par 100 kilogrammes de pommes de
deux ou plusieurs tamisages ; puis on met terre.
toute la masse en mouvement et on laisse
déposer, en sorte que la fécule se rassemble B. Extraction en grand de la fécule.
tout entière au fond du vase. On décante
nlors l'eau surnageante, à l'aide de robinets 1° Essai de la proportion de substance séché
ou de chevilles placées à plusieurs hauteurs. des tubercules. 11 est rare que l'on ait une ex
On ajoute de l'eau claire sur le dépôt, envi ploitation rurale, annexée à cette industrie,
ron une fois son volume, puis on le met en sut lisant ment étendue pour pourvoir» l'appro
suspension ; alors on passe dans un tamis très visionnement de sa matière première. Il y a
fin tout le mélange liquide. donc généralement nécessité d'acheter aux
Une partie des débris du tissu cellulaire cultivateurs, ou sur les marchés, les tuber
reste sur ce tamis et la fécule passée est épurée cules qu'on traite dans une fabrique où l'on
ARTS AGRICOLES : FABRICATION DË LA FÉCULE. L1V. IV.
832
•'occupe en grand de l'extraction de la fécule. Fig. 359.
Le fabricant ne saurait être guidé, dans le
choix des tubercules que le commerce lui
offre, autrement que par un essai nie limi
naire!, soit en opérant l'extraction de la fé
cule par le procédé indiqué au commence
ment de cet article, soit, et mieux encore, par
la dessiccation de plusieurs échantillons de
pommes de terre coupées en tranches min
ces. Ce dernier mode d'essai est fort simple
et ne saurait être trop recommandé, car sui
vant la variété cultivée, le sol et les saisons,
la proportion de la substance sèche varie entre
des limites très étendues, de 14 à 27 pour
cent par exemple, et le rendement en férule
diffère plus encore ; et rien dans les caractères
extérieurs des pommes de terre n'annonce
ces énormes variations.
Voici les détails de l'essai en question : on
place sur l'un des plateaux d'une balance
aussi sensible que l'on peut se la procurer , utile de
une lame de verre à vitre mince et bien rompre les germes.
essuyée avec un linge sec; on pose sur cette
lame (qui peut avoir la surface d'un carré de Fig. 161.
2 pouces 1/2 de côté ) un poids de cinq gram
mes et on tare exactement ; on ôte alors le
poids et l'on met sur la lame une ou deux
tranches excessivement minces de chacun des
tubercules de différentes grosseurs pris
comme échantillon commun. Lorsque l'équi
libre est complet on est assuré d'avoir
& grammes de tubercules ainsi divisés; nu
porte la lame de verre sur un poêle chauffé de
60 à 90° (à défaut d'une petite étuve), et
au bout de deux ou trois heures , la dessic
cation doit être terminée ; on replace la lame
de verre sur le plateau de la balance, et la
quantité de poids que l'on ajoute pour réta
blir l'équilibre indique la perte en eau. 3° Disposition d'une grande usine. Avant de
Si l'on n'était pas assuré que la dessiccation décrire les opérations successives de la fécu-
fût poussée assez loin, on la continuerait pen lerie en grand et les divers ustensiles dont
dant une demi-heure, et l'on verrait si la on fait usage , nous croyons devoir présenter
perte d'eau a augmenté. l'ensemble d'une usine, et nous choisirons
2° Emmagasinage et conservation des tubercu l'une des plus perfectionnées que nous con
les: Dans la plupart des grandes féculcries naissions, en donnant comme modèle en ce
qui reçoivent leurs approvisionnemens des ex genre celle que MM. Fouschahd et Chai s-
ploitations rurales a proximité, on a rare senot ont fondée à Neuilly ; les détails seront
ment une provision excédant le travail de plus faciles à saisir après cette première vue
quelques journées, et dans ce cas une arrière générale (fig. 362).
petite cour ou un cellier suffisent pour rece Les pommes de terre sont jetées à la main
voir les pommes de terre, au fur et à mesure dans le laveur mécanique A ; en traversant
de leur arrivée ; mais lorsque le local le per celui-ci, elles se débarrassent de la terre
met , il est souvent utile d emmagasiner soit adhérente et d'autres corps étrangers; au fur
sa propre récolte, soit les quantités achetées et à mesure qu'elles arrivent dans l'auge B,
aux cultivateurs : on conserve très bien cet située à l'autre bout, une chaîne sans fin à
approvisionnement dans des silos creusés en godets C les prend et les monte au plan in
terre; ce sont des espèces de fosses (/îa.359, 360) cliné D, d'où elles roulent aussitôt sur les
de 5 à 6 pieds de profondeur, autantde largeur, râpes E; là elles sont réduites en pulpe qui
sur une longueur indéfinie; les côtés sont spontanément aussi se dirige vers le tamis
en talus, afin que les terres se soutiennent; mécanique G G', le mouvement de traverses
on les remplit de pommes de terre que l'on montées sur chaînes à la Taucanson et tour
amoncelle et qu'on recouvre de litière, puis nant autour des bâtis cylindriques H, en
de -terre à une épaisseur d'un pied; de S en traine la pulpe du bas en haut (de G en G' )
5 pieds , on implante une fascine qui facilite de la toile métallique, le marc alors épuisé
le dégagement des gaz échauffés. Le but est rejeté au dehors, tandis que l'eau coulant
"u'ou se propose et que l'on obtient ainsi est en sens contraire ramène la fécule tamisée
a.e prévenir, à l'aide des masses de terre envi vers le bas; un conduit latéral fait couler ce
ronnante, les changemens de température. mélange liquide dans le î™ cuvier I , d'où elle
Il est mieux encore d'avoir de ces silos à de est portée en l'épurant et la tamisant dans
meure , en construisant les côtés en maçon les cuviers I' I", et puis mise à égoutter
nerie et recouvrant le tout en chaume (fig. 361). I dans des paniers J ; ceux-ci ( lorsqu'on n'en
A l'époque de la germination il est souvent 1 tire pas la fécule verte pour la livrer) sont
il: ftAÇTIOIf DE LA FÉCULE DES POMMES DE TERKE.
portés aux séchoirs K , y sont renversés sur Près de l'autre extrémité de l'axe E E' est
des tablettes , et les blocs de fécule divisés en une roue d'angle B, qui fait tourner une roue
4 à 6 morceaux éprouvent une 1"* dessicca correspondante, montée sur un axe vertical
tion. F. Celui-ci porte, vers son extrémité infé
Lorsque le séchoir est rempli, les parties de rieure, une roue d'angle qui commande une
fécule qui y sont arrivées les premières en roue semblable montée sur l'axe horizontal
sont reprises pour être étendues sur des chas- de la grande roue G. Cette dernière com
sis à tiroir de l'étuve Là air chaud, et lorsque mande un pignon . dont l'axe porte sur une
la dessiccation est à son point, on tamise la fé grande roue I. Celle-ci commande les deux pi
cule dans le bluteur mécanique M ; on l'en gnons H H, sur les axes desquels sont les deux
sache dans la même pièce, puis on la livre au cylindre» dévorateurs du rdptt.
commerce; ou bien on la fait couler, par un
conduit en bois N. dans le magasin boisé O,
afin de l'y conserver jusqu'au moment de la
vente.
La puissance mécanique est communiquée à
toutes les parties mobiles des ustensiles pré
cités, ainsi qu'aux pompes, par une machine à
vapeur, indiquée en P et représentée dans la
fig. 363.
On pourra se reporter à cette première des
cription générale, en examinant les détails
descriptifs dans lesquels nous allons entrer
relativement à chaque ustensile en particu
lier et aux effets qu'on en obtient dans l'opé
ration en grand.
Voici d'ailleurs comment s'opèrent les trans
missions de mouvemens depuis la machine
motrice jusqu'aux divers ustensiles ci -dessus
indiqués ; la fig 364 montre l'ensemble de ces
communications.
On voit en A une roue d'angle, adaptée à
l'axe de la machine. Sur le même axe se trou
ve une roue à cuir, qui transmet le mouve
ment à la roue A' et fait ainsi mouvoir le cy
lindre laveur et la roue à chapelet.
La roue d'angle A engrène avec la roue
d'angle B', montée sur l'axe transversal E' E.
D'un bout E', cet axe fait tourner la grande
roue C, qui commande le pignon D'; et celui-
ci transmet, par son axe, le mouvement à une
d'angle F', qui fait agir, par une autre Le même pignon transmet le _
à la 2* grande roue d'engrenage K.; celle-ci 1«
ARTS AGRICOLES : FABRICATION DE LA FÉCULE. L1V. IV4
communique à la roue dentée L, qui engrène agitée. Dans toute son étendue cette caisse
avec la roue M de l'un des tamit mécanique». est garnie d'un grillage en bois B au-dessus
Le même axe de la roue L porte une 2e de son fond, et munie de 2 portes C, au-des
roue L' qui donne le mouvement à une autre sous de ce grillage. Ces portes ferment her
roue pour la chaîne sans fin d'un 2* tami* mé métiquement à l'aide d une barre transver
canique. sale qui les presse.
Nous allons maintenant entrer dans les dé Au niveau des bords supérieurs de la caisse,
tails des opérations successives, en décrivantforte, sur des coussinets, l'axe d'un cylindre
chacun des ustensiles suivant l'ordre de son claires-voies D. Celui-ci est formé par des
emploi, dans l'extraction, l'épuration, le sé liteaux ou tringles en bois, maintenues près
chage et le blutage de la fécule. des extrémités par un cercle intérieur et sou
4° Lavage de* tubercules. Cet le première opé
tenues par trois autres cercles à croisillons E,
ration se fait mécaniquement , à l'aide du dont la fig. L fait voir la construction.
laveur ( fig. 865 et 366 ), qui se compose L'ensemble-de ce cylindre reçoit un mou
Fig. 866. vement de rotation à l'aide d'une entre-toise
ou traverse qui s'adapte à volonté à la fois
dans la fourchette G, qui termine l'axe du
cylindre et sur le bout de l'axe mû par la
poulie à cuir ci-dessus indiquée. La fig. H
1 offre le détail de cet emmanchement.
La caisse étant à demi remplie d'eau, les
l A , A A' pommes de terre sont versées par le bout le
l plus élevé du cylindre qui, dans sa rotation,
les conduit peu à peu, et en les lavant, jus
qu'à son aulre extrémité, où elles sont ramas
sées continuellement par la chaîne à augels
dont nous allons parler.
Les matières terreuses, détachées dans l'eau
Ï>ar le frottement des tubercules les uns sur
es autres et contre les liteaux, se déposent
en grande partie sous le grillage; on les en
expulse de temps à autre, par les deux portes
latérales C C.
6° Montage ie$ tubercules lavés. La fig. 367
indique la chaîne à augets A , qui reçoit
le mouvement de l'axe principal de la ma
Fig. 365. chine et le transmet à l'axe du laveur. On
d'une longue caisse A , ayant un avant- voit aisément comment les pommes de terre,
corps A' où l'eau est olus abondante et moins arrivées ai) bout de la caisse, roulent dans
17». EXTRACTION DE LA FÉCULE DES POMMES DE TERRE 885
Fig. 367. l'ouverture an deux chaînes sans fin, qui passent sur un au
térieure!) BB de tre cylindre semblable H, sont réunies par
l'espace cylin des tringles en fer. assemblage qui forme donc
drique où pas une sorte d'échelle sans fin servant à monter
sent les augets la pulpe et à l'étendre sur toute la surface du
du bas de la tamis mécanique J, J, à l'extrémité supérieure
chaîne (A', A" duquel tombe la pulpe épuisée.
montrent les dé 7° Tamisage de la pulpe. Cette opération, que
tails de leur em nous venons d'esquisser, se fait mécanique
manchement ). ment sur le tamis précité, dont les détails de
On voit que ces construction sont indiqués ci-dessous {fig. 369,
augets, successi 370).On n'a toutefois montréqueles extrémités
vement remplis, supérieures et inférieures, les parties intermé
remontent en diaires n'offrant rien de particulier et occu
laissant écouler pant une trop grande étendue pour notre
l'eau par leurs cadre.
Tonds à jour. L'ensemble de ce tamis a 42pi.de longueur
Arrivés aux et une pente de 6 pi.; il est double, c est-à-
croisillons su dire offre les deux nappes A A' de toile métal
périeurs C, ils lique. Ces toiles sont tendues sur des châssis
versent, parleur ayant 4 pi. de long et 10 po. de large. Entre
rotation sur les chaque châssis se trouve un pallier plein B B,
axes qui les u- garni de lames espacées d'un pouce, et sur
nissent , les tu lesquelles la pulpe est frottée par les traverses
bercules sur un de l'échelle àchalues sans fin. Ces palliersont
Elan incliné, en chacun 6 po. de largeur; c'est au-dessus d'eux
ois , bordé de que les jets d'eau sont dirigés par les cannelles
bandes parallèles C C ( fig. 370 et 371 ) communiquant avec un
(cov. le dessin d'ensemble ci-dessus en D, réservoir supérieur par les tuyaux D.
C/lf.'863.) Fig. 871.
«• Ldpage des pomme* d» terre. Les tuber
cules, en arrivant sur le plan incliné, roulent
et tombent dans la trémie de la râpe E du
e. La fig. 368 montre cette râpe,
Fig. 868.
L A_._ X
E
f
An-dessous des nappes de tamis se trouve
une auge plus large en bois E, recevant tout
le liquide qui passe au travers des tamis. Cette
auge est divisée en compartimens ou augets
de 4 pi. 6 po., et un tube G, H, recevant d'un
bout G le liquide tamisé et la fécule qu'il en
traîne, le reporte au-dessus du tamis suivant
en H, sur un pallier, afin qu'il serve une 2»
(bis, ce qui économise l'eau.
Chaque échelle sans fin, composée de deux
chaînes II et de traverses ou tringles eu fer K,
espacées de 6 po., s'enroule aux deux extré
mités du tamis sur deux cylindres à claires-
voies L L; elle est soutenue par le bâtis en
dont la principale pièce est le cylindre dévo- bois M, et son mouvement est facilité par les
rateur A, de construction semblable à celui rouleaux montés de distance en distance N. et
qtie nous avons décrit page 330. Ce cylindre, tournant sur leurs axes.
armé de lames de scie, épaisses et dentées à Ces échelles remontent constamment la
la mécanique, fonctionne d'autant mieux que pulpe, au fur et à mesure qu'elle coule dans
la rapidité de sa rotation est plus grande ( il une portion de trémie O, en avant du cylindre
(ait de 600 à 900 tours par minute). Un volet inférieur ; elles sont mues avec une vitesse
B, a pression constante à l'aide d'un ressort de 1 mètre par seconde. La force d'un cheval
C, ou à mouvement alternatif, vient appuyer suffit pour tamiser la fécule d'environ 600 hec
les tubercules contre la surface dentée qui les tolitres de pommes de terre parjour.
dévore. La pulpe fine, qui résulte de cette Toute la. fécule arrive en définitive dans les
trituration, coule sur un plan incline E (fig. augets inférieurs et coule avec l'eau par le
862 du plan d'ensemble), jusqu'auprès d'un large conduit en bois P dans le premier cu-
double croisillon formant cylindre à jour H, vier.
et entraînant dans sa rotation la pulpe, et les La fécule arrivée dans le premier cuvier est
33C ARTS AGRICOLES : FABRICATION DE LA FÉCULE. UT. IV.
Fif. »7û.
Fig. 397.
une coupe verticale. A, montans du bâti; puyé contre la paroi du bac; le fourneau i est
B, traverses horizontales servant de guides aux mobile et se rapproche de v pendant la pres
maillets C. D, portant les mentorinets aa'. E, sion. Ces 2 fourneaux portent sur leurs flancs
leviers portant les galets b. Ils sont montés des rainures qui permettent à l'huile de s'é
sur l'arbre F et servent à soulever les menton- couler pour aller gagner une goulottp prati
nets des mailleli, hyes ou moutons, c, leviers quée au fond du bac, en traversant un fond
3u'on meut au moyen de cordes d passant sur en fonte percé de trous, et sur lequel viennent
es poulies, et qui, venant se placer sous les s'appuyer les fourneaux, k In, cales nommées
chevilles e, empêchent le maillet de redes tcards, interposées entre la clef m servant à
cendre et tiennent le mentonnet hors de la dépresser les fourneaux et le coin o qui re
portée du galet b- G, bacs ou bassins dans les çoit l'action du maillet. Les wards, la clef et
quels on place l'ëtendelle et le sac plein de fe coin sont en charme. Un ressort en bois ,
graine qu on veut exposer à l'action de la placé sur la traverse inférieure B, sert à main
presse. La partie droite de la fig. 397 re tenir la clef à une distance convenable du fond
présente la coupe de l'un de ces bacs faite pa du bac; de cette manière elle se trouve natu
rallèlement à la face de la presse, et laissant rellement en prise quand l'ouvrier dispose
voir toutes les pièces qui s'y trouvent placées. toutes les pièces, et il pose son coin et ses
v i,fourniaux ou pièces de fonte entre lesquels cales avec facilité. Le mouvement étant donné
on place l'ëtendelle h. Le fourneau v est ap- par le moteur à l'arbre F et aux leviers E, on
364 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES HUILES GRASSES. liv. iv.
place le sac de graine chauffée de la manière rer de Rouen, de M. Farcot, à Paris, etc. La
indiquée dans le profil et en plan, dans les fig. 1™ est employée avantageusement dans le dé
399 et 400, c'est-à-dire qu'on pose le sac en A, partement du Nord ; les autres, qui ont paru
a l'exposition de 1834, n'ont pas reçu encore la
sanction de la pratique.
Lorsque le 1er tordage est terminé et que
l'huile est bien égouttée, les tourteaux de
froissage sont reportes sous les meules; c'est
ce qu'on nomme le rebat ; mais pour que l'ac
tion de ces machines soit plus efficace, il faut
concasser ces tourteaux, qui forment une
Fig. 399. Fig. 400. masse solide et dure. Ce travail se fait parfois
à la main; il vaut mieux y employer les ma
Ïiuis qu'on rabat d'abord la partie gauche, puis chines, et en particulier celle à écraser les
a partie droite ; des poignées servent au trans graines, que nous avons fait connaître page
port. Après avoir mis l'élendelle ainsi chargée 359, en jetant dans la trémie le gâteau brisé
entre les 2 fourneaux v et i, on place lecoin o et grossièrement.
l'on décroche la corde d engagée sous un cran Quand la pâte a été suffisamment rebattue,
pratiqué dans le tasseau J. Le maillet C tombe on la porte au chauffoir, où, après un 2' chauf
Ï>ar son propre poids sur le coin, puis est re- fage, moins prolongé que le 1er, on la reçoit
evé par les leviers E. Il retombe encore dans les sacs de lame, qu'on enveloppe dans
lorsque ceux-ci abandonnent le mentonnet,et les étendelles et qu'on soumet une seconde
ainsi de suite. Ilest important, lorsqu'on veut fois à la pression; l'huile d'une qualité infé
commencer, d'enlever d'abord le maillet à rieure à la lr0 qu'on obtient ainsi se nomme
l'aide de la corde, puis de le descendre douce fuite de rebat. Cette huile, pour être extraite,
ment et de ne l'abandonner que lorsqu'on exige une pression plus considérable que celle
sent que le mentonuet appuie sur le galet des de froissage, et 36 a 45 coups et plus de mail
leviers E; saus cette précaution on serait ex let sont ici nécessaires quand on emploie la
posé à briser ces leviers. On donne pour le presse à coins. On mélange quelquefois ces 2
froissage 10a 12 coups. Lorsque la pressée est huiles.
terminée, on engage de nouveau le levier c Les tourteaux de rebat ou pains qui restent
sous la cheville e et la corde sous le cran J, en de cette 2e pression sont durs, secs, solides
ayant soin de suivre le maillet clans son mou et fermes, et n'ont plus guère qu'un demi-
vement ascensionnel pour éviter les chocs. Au pouce d'épaisseur. On les énarbe avec un cou
bout de quelques minutes nécessaires pour teau fixé verticalement dans un des aïtés
donner à l'huile le temps de s'écouler d'une boite qui reçoit les rognures, et on les
et que les ouvriers emploient à préparer de conserve pour la nourriture des bestiaux ou
nouveaux sacs de farine, on dépresse; on dé pour servir d'engrais, en les répandant sur les
gage avec les mêmes précautions le maillet D, terres.
qui, saisi par legaleto, retombe sur la clef m. 11 y a des huileries où l'on se sert de pres
En même temps que celle-ci est frappée, on ses hydrauliques pour le froissage ou 1™ pres
relire le coin o; après le coup de maillet, la sion et où l'on fait tous les rebats ou dernier
clef m se relève au moyen du ressort. travail des tourteaux, qui exigent un effort
On varie le poids et la hauteur de la chute plus puissant à la presse à coins. Dans quel
du maillet avec l'effort qu'on veut produire. ques autres, le froissage se fait à la presse-
En Russie, où l'on se sert depuis long-temps muette de M. Mallette, et le rebatà la presse
des presses à coins pour l'extraction des hui hydraulique de M. Spillers, etc.
les de graines, on a adopté des coins plus gros Les pilons, ainsi que nous l'avons dit, aussi
qu'en France et on les enfonce horizonta bien que la presse à coins, ont contre eux l'in
lement à l'aide d'un bélier. — Le poids des convénient d'un bruit continu, qui rend leur
maillets est ordinairement de 250 à 300 kilog.; voisinage insupportable, et l'ébranlement
la hauteur de chute sur le coin au minimum qu'ils causent aux fondations et à toutes les par-
d'eutrure est de 40 cent, environ et de 55 au lies du bâtiment leur est nuisible. On a pré
maximum; la hauteurde chute sur la clef est tendu que la graine nui y était broyée rendait
de 25 cent. Le nombre de coups que l'on bat plus d'huile que celle soumise à l'action des
est variable avec la force du coin , la nature meules , mais cette assertion est peu proba
du travail et de la graine; il peut varier de 10 ble; il faut tantôt 4 hectolitres de colza pour
à 50 coups. Dans les moulins à vent du Nord, une barrique d'huile, et tantôt 3 1/2 hectoli
ona adopté un cadran mû par un encliquelage tres, cette différence tenant entièrement à la
et dont l'aiguille indique le nombre de coups qualité de la graine. Avec les pilons on est
battus, en même temps qu'il agite une son obligé d'ajouter une certaine quantité d'eau à
nette après le nombre de coups voulus. la graine; avec les meules on en ajoute moins.
L'effet d'une bonne presse à coins, comme Il faut, pour mettre en mouvement une
celle que nous venons de décrire, peut être paire de meules, une force de 4 chevaux (de
évalué à 50 ou 75,000 kilog. sur chaque tour vapeur), et pour les cylindres à concasser, la
teau ayant à la grande base 20 cent., 18 à la presse à coins et les chauffoirs, une force ad
plus petite, et 45 de hauteur ou 7,5 décim. ditionnelle de 2 chevaux ; de sorte qu'une ma
carrés de surface. chine de la force de C chevaux est suffisante
Les mécaniciens ont aussi inventé divers pour un moulin. Une paire de meules exige
genres de presses pour l'extraction des huiles. la même force et fait plus de besogne qu'une
Nous citerons entre autres celles de M. Mal batterie de 5 pilons.
lette d'Arras, de MM. Sudds, Atki.ns et Bar
CBAP. 18*. DE L'EXTRACTION DE L'HUILE DES OLIVES. 36T,
Ce filtre est formé d'une caisse garnie de mé
§ VI. — De l'épuration des huiles de graines. tal ; l'étoffe et les matières filtrantess'interpo-
sentenlre2 treillis àcarreaux en bois soutenus
Les huiles, telles qu'elles sont recueillies par 2 cadres en bois AA. Tout cet appareil
après les opérations précédentes, contiennent porte sur une saillie C, pratiquée dans lacaisse,
encore une quantité considérable de mucilage, et est pressé à l'aide de 4 vis D mobiles dans
de matière colorante et de principes résineux 4 écrous fixés sur les bords de la caisse. A
qui les colorent et leur donnent une odeur et l'aide de ces dispositions, les matières que l'on
un goût particulier. Le seul séjour prolongé Îilace entre les treillis sont comprimées par
de cette rutile dans de grands vases de terre, 'effort des vis, et celles-ci fixent en outre cet
exposés dans un lieu frais, les clarifie jusqu'à appareil dans la caisse, de manière à l'empê
un certain point; iLse forme un dépôt, et cher de sortir si une force tendait à produire
l'huile est plus limpide, plus pure et meil cet effet. Ce filtre ainsi organisé, on amène
leure. Mais les huiles de graines ne sont pas l'huile à filtrer à travers le tube à robinet E.
encore, en cet état, propres à l'éclairage, et Elle passe dans le milieu F où elle exerce une
employées à cet usage elles obstruent les pression qui varie avec la hauteur du liquide
pores de la mèche et brûlent en donnant une dans le tube E. Cette pression détermine le pas
flamme faible et beaucoup de fumée. Il faut sage du liquide à travers le filtre; il passe ainsi
donc les épurer pour leur enlever, autant clans la cavité supérieure, d'où il sort par un
que possible, leur couleur, leur goût et leur robinet H placé au-dessus du treillis. On sait
odeur, ou les rendre assez limpides pour que la vitesse d'écoulement des fluides varie
qu'elles brûlent sans fumée et donnent une comme la racine carrée de la colonne liquide
lumière vive et claire. On doit à M. Tiiémard, superposée à l'orifice d'écoulement, et ce filtre
Eour cet objet, un procédé qui donne d'assez a pour objet de rendre la filtration rapide avec
ons résultats ; voici comment on le prati la petite quantité de liquide contenue dans le
que. tubeE qui répartit le liquide dans la caisse in
On met l'huile à épurer dans un tonneau, de férieure uniformément et dans tous les sens.
manière que celui-ci ne soit rempli qu'àdemi, Dans le cas où l'huile contiendrait des matiè
et on y verse, en filet mince et en changeant res susceptibles d'obstruer prowptement l'é
continuellement de place, 2 centièmes de la toffe, le liquide ayant une marche ascendante,
quantité d'huile d'acide sulfurique concentré. les matières arrêtées par l'étoffe peuvent re
Cela fait, on brasse long-temps avec un mor tomber au fond du vase par leur propre poids.
ceau de bois pour favoriser le contact des 2 Les huiles ainsi préparées portent dans le
liquides et jusqu'à ce que toute la niasse ait commerce le nom d'huiles blanches.
pris une couleur verdàtre. On laisse repo Si les huiles sont extrêmement épaisses et
ser 24 heures. L'acide se combine alors avec chargées, on peut augmenter la quantité d'aci
le mucilage ou à la partie colorante, qu'il pré de et la porter à 3 p. 0/0 ; on peut même re
cipite en flocons d'un vert noirâtre. Au bout commencer cette opération une 2" fois, si la
de 24 heures on ajoute à la masse un volume lre opération n'a pas donné de résultats satis
d'eau pure égal aux 2/3 de celui de l'huile, faisais.
cette eau étant chauffée préalablement à 75° Les huiles traitées ainsi perdent depuis 2
C. (60" R.), et l'on agite beaucoup, jusqu'à ce jusqu'à 5 p. 0/0 de leur poids. On a aussi pro
que le liquide ait une apparence laiteuse. On pose, au lieu d'une addition d'eau, de faire ar
laisse alors reposer 2 ou 3 semaines, dans un river de la vapeur d'eau dans l'huile jusqu'à
lieu dont la température est de 25 à 30". Le ce que le tout ait atteint la température de
fluide s'éclaircit peu à peu, l'huile claire sur J00" et de laisser déposer le mélange comme
nage à la surface et il se forme au fond du à l'ordinaire. Ce moyen n'a pas eu grand suc
tonneau un dépôt noirâtre nommé fèces. On cès.
décante alors l'huile claire au moyeu d'un ro Le procédé d'épuration par l'acide est long,
binet placé à une certaine hauteur sur le con et l'huile relient toujours , quand elle n'a pas
tour du tonneau, et on la reçoit dans des cu été abandonnée au repos pendant un temps
ves percées de trous garnis <fe mèches de co suffisant, une quantité notable d'eau qu'on ne
ton ou de laine cardée. L'huile filtre à travers peut chasser que par une forte chaleur à feu
ces mèches et s'écoule parfaitement épurée nu ou une longue évaporation au bain-marie;
et propre à l'éclairage. on a proposé récemment de le modifier de la
Au lieu de filtrer les huiles épurées par l'a manière suivante : On mêle avec l'acide sulfu
cide à travers des mèches de coton, M. Du- rique à la manière ordinaire, on brasse et on
brunfait s'est servi avec avantage, pour celles attend que le dépôt des fèces ou flocons noirs
de colza, d'un filtre dont la fig. 401 repré commence à s'opérer. Alors on ajoute à l'hui
sente la coupe par le milieu. le, et par petites portions, une bouillie épaisse
Fig. 401. d'eau et de craie et on agite fortement la mas
n n se. Lorsqu'on a ajouté ainsi environ 1/3 en plus
de la craie nécessaire pour saturer l'acide sul
furique et former du sulfate de chaux, et lors
que le papier de tournesol, plongé et agité
dans le liquide, ne change plus de couleur, on
verse l'huile dans les cuves à dépôt, dans les
quelles les flocons noirs, le sulfate de chaux
formé et la craie surabondante ne tardent pas
à se précipiter. Après quelques heures l'huile
peut être décantée dans les cuves à filtration
garnies de mèches de coton. Ce mode de dé
366 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES HUILES GRASSES. m. iv.
puration épargne tout le temps du lavage à nerait donc surtout le parenchyme de la
l'eau, qui est au moins de 12 jours, et on n'é graine qui se trouve en suspension dans l'huile
prouve que très peu de déchet ; parce que la et qu'on ne peut en séparer par un simple
craie, préalablement saturée d'eau, ne s'im repos. Il parait que, dans ce mode d'épuise
bibe pas sensiblement d'huile. M. Poltet dit ment des fèces d'épuration, l'eau, en se com
avoir employé avec beaucoup de succès, au binant avec les matériaux du tourteau, sépare
lieu de craie, du marbre blanc réduit en pou l'huile qu'ils retenaient. Un simple égouttage
dre fine. sur un filtre sépare la majeure partie de l'huile,
Au lieu d'achever l'épuration de l'huile la et la matière qui reste sur le filtre acquiert
vée à travers le coton ou le filtre, opération alors une consistance qui permet de la sou
toujours longue et embarrassante, on se sert mettre facilement à l'action de la presse.
dans le Nord et'à Paris d'un procédé qui donne Une fois épurées, les huiles de graines peu
de bons résultats. L'huile lavée ainsi que nous vent être livrées à la consommation ; mais
l'avons dit est déposée dans une futaille dé lorsqu'on ne peut les débiter sur-le-champ,
foncée et posée sur son Tonds; cette futaille il est avantageux, pour éviter les pertes et
peut contenir 7 hectolitres. Ou y verse 6 hec- leur altération, de les conserver, ainsi qu'on
tolit. d'huile acidifiée, lavée et encore louche, le fait maintenant dans le département du
et on la bat avec 50 kilog. de tourteaux de Nord, dans de vastes citernes en briques et
colza bien secs et bien pulvérisés. Ce battage mortier de chaux hydraulique, construites à
dure une demi-heure, puis on laisse déposer l'instar des fosses destinées, sous le nom de
9 jours-, après ce temps on peut décanter 4 piles, a la conservation des huiles d'olive dans
tonnes ou liectolit, clairs et les remplacer par les provinces méridionales.
une pareille quantité d'huile louche; on bat Les huiles de graines se débitent générale
de nouveau, et 3 jours après on soutire, et ment dans de petits tonneaux d'une conte
ainsi de suite jusqu'à ce que les 50 kilog. de nance de 90 à 91 litres, plâtrés sur les 2 fonds
tourteaux aient épuisé leur force clarifiante, pour éviter les fuites. M. Mertian a proposé
ce qui arrive après un soutirage de 200 tonnes des tonnes métalliques qui paraisseut avanta
d'huile clarifiée. geuses pour la conservation, mais qui sont
Dans l'épuration des huiles de graines par sujettes à plusieurs inconvénients dans le
l'acide sultnrique, les fèces épaisses et brunes transport et d'un prix élevé.
surnagent l'eau acidulée et se trouvent ainsi
placées entre les couches d'huile et d'eau, ce Section IV. — De la quantité d'huile fournie
qui prouve déjà leur richesse en corps gras. par d'autres graines ou fruits.
Dans le nord de la France, ces fèces sont ven
dues aux savonniers pour la fabrication des Avant de terminer ce chapitre nous donne
savons mous. Ces matières ne sont que faible rons ici un tableau de la quantité d'huile
ment acides et ne contiennent que peu d'a que peuvent fournir beaucoup de graiues
cide sulfurique libre. Après un repos très ou de fruits quand elles sont de bonne qualité,
prolongé elles ne rendent qu'une faible pro dépouillés soigneusement de leurs siliques,
portion d'huile; chauffées, elles n'en ren enveloppes, bois, tiges, et de toutes les par
dent pas davantage. Si l'on traite ces matières ties qui ne renferment pas d'huile, et que
par la vapeur d'eau, ou, ce qui est à peu celle-ci est obtenue par les meilleurs moyens
près la même chose, si on les fait bouillir d'extraction.
dans une chaudière avec de l'eau, qu'on laisse
reposer pour séparer par décantation l'eau Quantité 100 parties en poidl de Quantité
excédante, on obtient un magma qui, jeté dbuilc. d'huile.
chaud sur un filtre, rend spontanément un Ito à 70 Euphorbe épurge . s°
fort tiers de son volume d'une huile brune Hiein commun
Nois<-tle
Sa
Go
Moutarde sauvage 3o
t.ameliue lS
qui brûle à peu près comme l'huile non épu Cresson alénois 56 à SS Gaude 19 à 36
rée et qui subit bien l'épuration. Le résidu AmandeAmende
douce
amêic
4o à 54 Courge
aS à 46 Citroumer
ai
11
resté sur ce filtre est estimé pouvoir rendre, OEillelle ou paroi S6 à 63 Ouoporde acanthe aS
~>ar nue pression énergique comme celle de Radis Seaarne
oléifère
jiifioline
30 iraine d'épicéa ■4
14 à al
faa presse à coins ou de la presse hydraulique, Tilleul d'Europe Sa Chcnerù
48 Lin 1 1 à 11
une quantité d'huile qui, jointe à celle qu'on Arm-bide 45 Moutarde noire 13
llhoui
a retirée par filtrat ion , donne au moins Moutarde blanche 30 à 39 Fait» il a 1-
3G à 33 Soleil 15
80 p. 0/0 du poids de la fèce. La matière qui Chou na, et et navet de Pomme épineuse il
reste après la pression a la consistance, l'as Suède 33,1 Pépins de raisin 1,4 • 11
Prunier domestique 33 3 Marrons d'Inde 1,1 a 8
pect et la saveur du tourteau, et il est vrai Coin 36 à 4o Julienne 18
semblable qu'elle est de même nature. L'acide Navette 3o a 3G
sulfurique employé dans l'opération entrai- F. M
Fig. 416.
fourneaux souterrains consistent d'ailleurs en
une simple fosse de 10 pi. de diamètre sur 9
de profondeur, dont on répare de temps en
temps les parois avec de la terre battue. Le
fond du fourneau est remblayé avec de la
terre à potier, légèrement humectée et battue
jusqu'au niveau des évens, .c'est-à-dire à 6 po.
de hauteur, en donnant un peu de convexité
à cette aire.
A 9 po. au-dessous du bord est pratiqué un
trou rempli par un tuyau de terre cuite de 9
po. de diamètre. Celui-ci est un peu incliné
vers l'intérieur du fourneau et aboutit à une
caisse carrée H de 18 po. de long sur 1 pi. de
large, et 15 po. de hauteur, construite en bri
que sur le terrain et ouverte par le haut.
Fig. 413. Cette caisse porte une gorge qui reçoit une
plaque de tôle destinée a la fermer. L acide et
même fourneau suivant la ligne A, B. L'en le goudron qui pourraient obstruer le passage
semble de ces figures montre les objets sui- s'écoulent par une ouverture percée à 2 ou 3
vans : A, moitié du plan au niveau du rem po. au-dessus du fond de la caisse et bouchée
blayage du fond ; B, moitié de l'élévation à à volonté. De cette caisse partent des tuyaux
vue d oiseau ; C, demi-coupe sur la cheminée; verticaux, en tôle ou en terre cuite, qui s'é
D, demi-coupe sur les courans d'air; E, rem lèvent à environ 4 1/2 pi. et se prolongent ho
blayage du fond; G, ouvreaux c'es courans rizontalement ou légèrement inclinés jusqu'à
d'air formés en brique; F, évens pratiqués 15 pi. du fourneau. A cette distance, il ny a
dans le terrain pour former des courans d'air; f>lus à craindre que le feu prenne; le reste de
H, caisse en brique et tuyau conducteur des 'appareil peut être en bois et le condensateur
fumées; I, entourage en brique, sur lequel peut être placé vers ce point.
doit poser le couvercle. Le chapeau en fer P est formé de plaques de
La fig. 415 représente un fourneau construit tôle consolidées par un cercle en fer plat et
au-dessus du sol, moitié en plan, moitié en par des bandes mises de champ, qui maintien
élévation à vue d'oiseau, et la fnj. 4 1*1 la coupe nent sa surface supérieure. Il est légèrement
du même fourneau , sur la cheminée et les bombé et pèse 250 à 275 kilog.; on lui donne
courans d'air; L, est la moitié du plan de ce 10 pi. 6 po de diamètre, afin qu'il porte de 3
fourneau, au niveau du remblayage du fond; po. sur le fourneau ; il doit être assez solide
M, la moitié de l'élévation à vue d oiseau; N, pour ne pas s'affaisser quand on marche des
une perche plantée en terre pour soutenir sus. Au milieu on pratique un trou D de 9 po.
la partie de la caisse qui dépasse le fourneau; de diamètre, garni d'un collet et fermé par un
il en faut 2 parallèles, réunies par une tra bouchon en fer ; 4 ouvertures semblables 6, b,
verse. La fig. 414 fait connaître la structure mais de 4 po. de diamètre seulement, sont
du chapeau ou couvercle P, qui est en tôle fer percées à 1 pi. du bord du couvercle. Ce cha
rée; D, le soupirail pour la mise en feu; 6,6, peau se manœuvre très aisément au moyen de
des soupiraux pour les 1™' fumées et pour ré 2 leviers en fer et de quelques rouleaux en
gulariser le feu. bois, ayant 12 pi. delongueur, pourqu'ils puis
Les tuyaux à courans d'air sont formés par sent traverser le fourneau et poser sur le ter
des tuyaux de terre de 2 pi. de diamètre. Ces rain.
tuyaux, soit en dehors, soit en dedans du four Pour construire les fours élevés au-aessus du
neau, aboutissent à des cavités en brique. sol , il faut d'abord tracer sur le terrain 2 cer
Une couronne en brique forme le bord du cles concentriques, l'un de 4 pi. 1/2 de rayon,
fourneau et sert à supporter le chapeau. Les l'autre de 8 1/2 pi. L'espace de 4 pi. qui reste
C!IAP. 20'. DE LA CARBONISATION DANS LES FORETS.
entre eux sert de base pour la muraille de par le trou central du chapeau, dans l'espèce
gazon à construire; on élève celle-ci paras- de cheminée ménagée au milieu de la masse;
sise, en ayant soin de battre chaque couche elle tombe au fond du fourneau et embrase le
de gazon, afin d'en lier les parties sur toute menu charbon et le bois sec qui s'y trouvent
l'épaisseur: sa hauteur est de9 pi. Par le haut, placés, et afin que la flamme se distribue
et à cause du talus, cette muraille n'a plus vers les bords du fourneau on bouche her
que 3 pi- d'épaisseur. Le bord intérieur est métiquement l'orifice central du chapeau ,
garni d'une rangée de briques posées à plat. dont on lute le bouchon avec de la terre à po
Les évens de ces fourneaux de gazon sont tier humectée. On laisse agir pendant quel-
au nombre de 8, pratiqués à 6 po. du sol natu que temps l'embrasement; mais aussitôt qu'on
rel , et au niveau du sol intérieur, élevé par s aperçoit que la flamme bleue preud une
un remblai ; ils sont garnis de tuyaux de po couleur blanchâtre et forme des nuages , on
terie ou de briques. Le chapeau en fer est le ferme légèrement les soupiraux du couvercle
même que pourles fourneaux souterrains; seu et on diminue les ouvertures des évens, afin
lement il est muni de 3 anneaux pour recevoir de laisser très peu de passage à l'air; on dirige
une triple chaîne , qui est attachée au bout ensuite l'opération suivant la nature du dé
d'une grue tournante et à bascule , qui sert à veloppement des fumées et on bouche entière
le soulever, à le replacer et à enlever les pa ment les soupiraux.
niers de charbon. Si l'abondance des vapeurs était telle qu'el
Les tuyaux de ces fourneaux sont les mê les ne pussent être convenablement attirées
mes que ceux des fourneaux souterrains, avec par la cheminée extérieure placée au bout du
cette différence qu'ils vont en descendant condensateur, il vaudrait mieux perdre un
jusqu'à la 1™ caisse, qui n'a pas besoin d'être peu d'acide et laisser échapper quelques va
aussi grande, et continuent depuis cette caisse, peurs par les soupiraux du chapeau, plutôt que
toujours en descendant, jusqu'à la 1" pièce de voir l'opération se ralentir et peut-être le
de l'appareil condensateur. feu s'éteindre.
Dans l'un et dans l'autre de ces fourneaux L'opération doit durer 60 à 80 heures pour
cet appareil condensateur est formé d'une sé obtenir du charbon de bonne qualité. Au
rie de futailles que la fumée est obligée de moyen d'une sonde on peut reconnaître l'é
traverser avant de se rendre dans une chemi tat de la carbonisation , soit en retirant des
née où l'on fait un peu de feu pour établir un morceaux de bois carbonisé, soit en examinant
tirage convenable. si le tassement est égal dans toutes les parties
Avant de mettre le fourneau en activité, il du fourneau. S'il ne T'est pas, on ouvre l'évent
faut bien le sécher en y faisant un feu de brous du côté où ce tassement est le moins consi
sailles ou de copeaux; cette opération termi dérable, et le soupirail opposé, et bientôt
née , on procède au chargement de la manière l'équilibre se rétablit.
suivante : Lorsque l'opération est terminée , on trouve
On plante au centre de l'aire un poteau 3ue le bois s'est affaissé d'environ moitié
rond de 4 po. de diamètre et de la même hau e sa hauteur , s'il a été empilé horizontale
teur que le fourneau ; on le fait entrer légè ment.
rement dans le sol , et on le maintient droit Quand on est assuré que la carbonisation
en l'entourant au pied avec un 1/2 hectol. de est complète, soit par le sondage, soit par la
menu charbon. On choisit, parmi le bois à nature et la couleur du peu de fumée qui peut
charbonner, les bûches les plus fortes, et on encore se manifester, on donne le coup de force,
en forme entre les évens des rayons horizon c'est-à-dire qu'à l'exception de l'orifice cen
taux, mais qui ne doivent cependant s'appuyer tral du chapeau , on ouvre toutes les autres
ni contre le poteau ni contre les parois du ouvertures et les évens ; alors il se produit
four. L'intervalle ménagé entre les rayons, un dégagement d'hydrogène qui n'avait pu
qui est de 4 à 5 po. au centre, et de 16 à 18 être évacué en totalité. Si on n'effectuait pas
vers la circonférence, forme autant de cou- ce dégagement, le charbon conserverait une
rans d'air partant des évens et aboutissant au teinte rougeàtre qui nuirait à la vente.
centre du fourneau. Sur ces rayons on pose Lorsqu'on voit à travers les soupiraux la
transversalement une 1" couche de bois surface du tas devenir incandescente, on pro
qui s'appuie contre le poteau , mais dont les cède à la suffocation , en bouchant herméti
morceaux doivent être aussi rapprochés que quement et avec beaucoup de soin toutes les
possible. Cette couche en reçoit successive ouvertures ; on enlève la terre qui était sur
ment d'autres, jusqu'à ce que le fourneau soit le couvercle, et on le badigeonne au pinceau
entièrement chargé, avec la précaution de avec de la terre délayée dans l'eau. Pour clore
remplir les vides, surtout vers la circonférence, les soupiraux du couvercle, on y introduit les
ce qui se fait en alternant la longueur des bû bouchons de tôle ; on les surmonte de man
ches, qui est de 56 à 42 po. chons de tôle ou de terre cuite d'un plus
Le fourneau étant chargé, on enlève le po grand diamètre et d'une plus grande hauteur
teau du milieu; on place le couvercle, dont que les collets, et on les remplit de terre
on ouvre les 5 soupiraux et qu'on recouvre de qu'on enlève de dessus le chapeau.
2 po. de terre ou de sable sec, de débris, etc., La durée du refroidissement est d'environ 72
pont* qu'il y ait le moins de condensation pos à 80 heures dans les fourneaux qui ne chô
sible des vapeurs dans l'intérieur du four ment jamais.
neau ; on ouvre également tous les évens laté Dès que le fourneau est refroidi on le décou
raux. vre et on s'aperçoit que le charbon, sauf le
Pendant ce temps on a allumé de la braise retrait, a conservé la forme du bois sans mé
à côte du fourneau; on la verse toute incan lange de terre ni d'aucune impureté. Pour le
descente , et au moyen d'un grand entonnoir , retirer, un ouvrier descend, sans le moindre
374 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DU CHARBON DE BOIS. inr. rr.
danger pour lui , dans le fourneau, enlève à faut, relativement à cette application, que le
la main, et sans le briser, tout le charbon en charbon soit bien calciné, comme la braise des
morceau, et ramasse ensuite avec une pelle fours à boulangeries, afin qu'il soit bon conduc
le peu de menu et de poussier qui pourraient teur ; 3* pour tapisser les parois intérieures des
rester au fond. S'il trouve quelques fume tonneaux destinés à la conservation de l'eau
rons il les met à part ; mais ii est rare qu'il y dans les voyages de Ionç cours et la garantir
en ait. ainsi de la fermentation putride. A cet effet on
Dans le cas ou le refroidissement n'aurait carbonise tout simplement les parois intérieu
pas été complet, l'ouvrier se sert d'une main res des barriques en y faisant brûler des co
de fer ; s'il était resté du feu dans le fourneau peaux à plusieurs reprises. Aujourd'hui on pré
par suite de la clôture imparfaite des évens, fère généralement se servir de caisses en tôle,
il n'en faudrait pas moins le vider. Le char qu'on préserve de Foxidation par un enduit de
bon allumé ou mal éteint est porté sur une bitume et d'huile de lin, et dans lesquelles on
aire voisine, où il est étendu avec des râ dépose de la ferraille pour préserver l'eau de
teaux, ce qui suffit pour qu'il s'éteigne de lui- la putréfaction ; 4° pour la dépuration des eaux
même. potables; 5* pour la désoxidation d'un grand
Quand le fourneau est vidé on le recharge, nombre de substances ; 6° pour la préparation
et on s'occupe à en vider un autre. Cinq de la poudre à canon, des crayons, etc.
ouvriers suffisent pour le travail de huit four
neaux. Section IV.— Des diverses variétés de charbon.
Le produit annuel de ces 8 fourneaux a été
de 20 p. 0/0 dans l'établissement de M. De la Nous terminerons cet article par une cou-
Chabeaussiéke, où on a obtenu pour sidération importante sur la valeur et les pro
2,000 stères bois de chêne, pesantl, 250,000 kil. priétés spéciales du charbon de bois, suivant
16,000 hectol. charbon pesant 250,000 deux circonstances données de sa prépara
1,000 pièces d'acide acétique tion.
impur pesant 223,500 Dans les procédés suivis, soit pour carboni
"Ladépensedeconstructionàt chaque fourneau ser en perdant tous les produits volatils, soit
est d'environ 450 fr., dont 400 fr. pour le cha en recueillant les vapeurs condensables et
peau et le surplus pour le fourneau. En cas de brûlant à parties gaz, toutes les fois que l'o
déplacement, il n'y a de perte réelle à faire pération faite sur de grandes masses est lente
que celle des fourneaux , dont l'entretien est et régulièrement graduée, toutes choses égales
presque nul, les ouvriers pouvant les réparer d'ailleurs, et, par exemple, pour des bois d'é
eux-mêmes au fur et à mesure des dégrada gale densité apparente, le charbon a pris plus
tions. On ne fait pas entrer dans celte évalua de retrait, par conséquent il est plus lourd sous
tion la dépense de l'appareil de condensation, le même volume et moins dispendieux à prix
qui, une fois construit, est facile à transpor égal, puisqu'on l'achète à la mesure ; il est
ter sans de grands frais. d ailleurs de beaucoup préférable pour obte
Ce procédé offre sur les méthodes ordinai nir une haute température dans les fonderies
res les avantage* suivons : le charbon est ob en bronze, etc. ; en effet, il développe dans un
tenu en plus grande quantité et de meilleure même espace une plus grande quantité de
qualité; l'opération est plus facile à conduire chaleur.
et à surveiller; il y a économie de temps pour Le charbon plus léger, qui résulte d'une ra
le chargement et le déchargement du four pide carbonisation, offre l'avantage de s'allu
neau ; le charbon est facile à recueillir; il n'est mer plus vite et d'accélérer ainsi de petites
mêlé ni déterre ni d'aucune impureté; les opérations de laboratoire ou d'économie do
fumerons y sont très rares ; les appareils sont mestique.
simples, peu coûteux à établir, et exigent peu Une 3' variété de charbon, peu en usage en
d'entretien; enfin, on peut à volonté perdre core, a été utilisée depuis deux ans par les con
ou recueillir les produits volatils. seils de M. Dufoubnel, élève de l'école cen
En traitant des produits résineux nous in trale des arts et manufactures de Paris, et In
diquerons la préparation du not'r de fumée, qui diquée comme une grande amélioration dans
n'est autre chose qu'un charbon très divisé, l'emploi économique de ce combustible; nous
cl nous décrirons un mode particulier de car voulons parler de l'application des fumerons ou
bonisation des bois épuisés de térébenthine, mouchots, c'est-à-dire du bois incomplètement
à l'aide duquel on obtient des goudrons moins carbonisé ou amené seulement à l'état de
colorés et plus résistans que par les procédés charbon roux.
habituels. F. M. Les 1e™ essais ont eu lieu dans la forge de
M. Jobard, en employant un tiers de la char
Section III. — Emploi dit charbon. ge du combustible en fumerons. Ces sortes
de résidus, que l'on croyait devoir rejeter
Il serait trop long d'éhumérer ici tous les naguère et que l'on extrayait à dessein des
usages du charbon de bois ; nous nous con meules carbonisées, et souvent daus la pro
tenterons de rappeler qu'il est employé : 1« portion de 5 à 10 p. 0/0, n'ont rien changé à
comme combustible, surtout dans les circon l'allure du fourneau, et ont procuré par consé
stances où l'on veut obtenir une température quent une économie notable.
intense sans un fort tirage et sans lu niée dans On en a tiré la conséquence qu'il y aurait
de petits fourneaux d'une construction très beaucoup plus de profit encore a carboniser
simple; 2° pour garnir le pied des paraton exprès, seulement à ce point, la totalité du
nerres, afin de distribuer dans le sol ou d'en bois à charbon. On peut se faire une idée des
soutirer le fluide électrique capable de neu avantages qu'on doit retirer de cette innova
traliser l'électricité contraire des nuages. I! tion par les données suivantes, que pou» r<s
ou*. 50*. FABRICATION DU CHARBON DE TOURBE. 375
produisons avec l'autorité du nom de M. Beb- plus grand produit est en charbon roux, quand
thieb, membre de l'Institut, directeur des même ou le supposerait encore de 5 p. 0/0 au-
mines, et dont l'opinion est entièrement favo dessous. Vient ensuite la carbonisation en
rable à l'emploi précité du charbon roux. grandes meules qui, à la vérité, lorsqu'elle est
Le tableau suivant permettra de calculer ces mal soignée, ne donne que 20 à 22 p. 100 au
avantages; il indique dans la 1™ colonne les lieu de 29.
divers charbons obtenus suivant les procédés
mis en usage ; dans la 2* se trouve la quantité Section V. — Produits de la carbonisation des
de chaque sorte de charbon pour 100 kil. de diverses natures de bois.
bois ordinaire contenant 13 d'eau hygromé
trique, et représentant donc 87 de bois séché Le charbon obtenu des meules ordinaires
à l'etuve ou 38 de charbon pur ; dans la 3* co forme au plus le 5e du poids du bois et quel
lonne on voit la quantité de carbone ou char quefois seulement le 6*, et terme moyen 18
bon supposé pur que représente chaque va p. 0/0 de charbon. Dans ce dernier cas la
riété de charbon, et dans la 4* l'équivalent en perle en équivalent de charbon pur est de 50
charbon pur de la perte faite dans chacune des p. 0/0. La carbonisation en vases clos produit
opérations en regard. au plus 28 p. 0/0, mais qui n'équivalent, à
cause des matières volatiles, qu'à 24 de char
C hpur
a r b o n chpur.arbon bon pur. Souvent on n'obtient que 23 repré
Quantités obtenues. représenté. cn|
Perte sentant 20 de carbone. Le dernier résultat fait
voir combien est grande l'influence de la ra
pidité dans la carbonisation , puisqu'en effet,
en calcinant dans un creuset de laboratoire
le môme bois, qui contient 38 p. 0/0 de char
Charbon roux 36 31 7 bon pur, on n en obtient que 12,5, c'est-à-
Charbon des grandes dire que l'on en perd plus des 2/3.
meules 29 28 10 Nous donnerons, à cet égard ici le tableau
Charbon des meules des résultats que M. Jukckeb, ingénieur des
ordinaires 25 24 14 mines, a constatés , à la demande de M. Beb-
Charbon en grands thieb , près des usines de Poulaouen , sur di
vases clos, rapide verses essences de bois.
ment fait 28 24 14 Tous les bois ainsi essayés étaient âgés de 32
Charbon en petits va ans ; les meules avaient un égal volume , leur
ses clos, très rapi contenance était de 5 cordes. On a mesuré les
dément obtenu. . . 13 12,5 27,5 charbons aussitôt après le défournement, et
ils ont été pesés immédiatement ensuite, et
avant qu'ils n'eussent encore absorbé les 6 à 9
p. 0/0 d'eau qu'ils ne tardent guère à prendre
Tous ces résultats obtenus dans des opéra dans l'air atmosphérique. Les cinq premières
tions soignées sont des maxima; mais enfin fournées ont été faites en août et les cinq der
on peut y prête îdre, et l'on voit que, sous le nières en janvier , par un temps très défavo
rapport des quantités du combustible pur, le rable.
CHAP. XXI. —De la fabrication des salins, potasses, soudes naturelles, soudes ar
tificielles , SELS DE SOUDE, CRISTAUX DE SOUDE, BICARBONATES, etc.
Section Ir". — Des potasses et salins. usuel , et nous indiquerons plus loin ses divers
usages ainsi que ceux que la soude lui enlève
Le nom de potasse, vient de deux mots an maintenant.
glais réunis pour composer un seul substan A l'état de pureté la potasse est un métal
tif; ce sont les mots : pot et ashes, équivalens oxidé (protoxidede potassium ). Cet oxide est
en français à pot et cendres, et dont le mot une des bases les plus puissantes, aussi, le
composé , s'applique en effet à désigner un trouve-t-on toujours uni avec divers acides
produit de l'incinération calciné autrefois dans dans la nature ; à la température ordinaire il
des pots. est solide, blanc, inodore, excessivement caus
La potasse a été long-temps l'alcali le plus tique ;
CIIAP. 21" DES POTASSES ET SALINS. 38 1
il est composé d'un atome de hangar, afin de les garantir des eaux pluvia
potassium 489,90 les. La cendre vieillie est plus facile a laver
et d'un atome d'oxigène 100 que celle qui est récente , parce qu'elle se
le poids atomique du protoxide de po mouille mieux, ayant déjà absorbé de l'humi
tassium est donc égal à 589,90 dité dans l'air. Il convient de l'humecter d'a
vance , à l'aide de 4 à 8 pour 0/0 d'eau , lors
Ce que l'on connaît dans le commerce et dans qu'on ne peut la laisser assez long-temps à
les arts agricoles et manufacturiers , sous le lair.
nom de potasse, est en général formé de potasse Après avoir légèrement tassé les cendres
caustique et dépotasse carbonatée, mélangée sur un filtre À. (fig. 420 ), formé d'un tonneau
avec plusieurs sels.
Les potasses viennent toujours de l'inciné
ration de végétaux, et notamment en Améri
que, en Russie, en Allemagne et en Toscane
où les arbres sont très abondans sur certains
points , et du lavage des cendres qui en résul
tent. La lessive, chargée de tous les sels solu-
bles que contiennent les cendres, c'est-à-dire de
carbonate de potasse , de sulfate dépotasse,
de chlorure de potassium (muriate de potas défoncé , muni d'un faux fond percé de trous,
se), etc., évaporée à sec, procure le salin. Celui- on les soumet à 3 lavages. Le 1" fournit
ci, chauffé au rouge, donne la potasse vendable, une lessive assez riche , le 2" une lessive plus
le résidu insoluble (cendres lessivées) est com faible , le 3e une lessive encore moins chargée ;
posé de silice, d'alumine, de carbonate et de les eaux de lavages sont repassées sur de nou
phosphate de chaux, d'oxide de fer, d'oxidede velles cendres d'un 2« tonneau B, puis après
manganèse et de quelques parcelles de char avoir traversé celui-ci, sur un 3e C, jusqu'à
bon échappées à l'incinération. ce qu'on les ait amenées à 15° de l'aréomètre
Le salin a presque toujours une couleur deBAUMÉ, environ; alors elles sont bonnes
brune plus ou moins foncée, qu'il doit à la pré à évaporer.
sence de Pulmate de potasse , dont la propor Pour que ces lavages se fassent avec promp
tion varie avec la température à laquelle il a titude et pour qu'ils aient un effet assuré, il
été soumis. Par la calcination au rouge, l'a est bon d'y employer de l'eau chaude. A cet
cide u I inique se brûle; l'ulmate de potasse se effet, on dispose une chaudière qui chauffe l'eau
transforme ainsi en carbonate , et la couleur destinéeau premier lessivage, ainsi que les lessi
brune du salin disparait, mais alors le résidu ves qu'on veut repasser sur de nouvelles cen
Erend ordinairement une teinte rouge, ou dres. Pourquele lessivage par filtratioD soit fa
leuâtre. La première provient delà présence cile, on pose sur le double fond percé de trous
du péroxide de fer , la seconde est due au une couche mince de paille avant de le char
manganésiate de potasse, qui prend toujours ger de cendres humides. Un perfectionnement
naissance quand le salin contient du manga notable consiste à placer un tube vertical de
nèse et qu'on le chauffe au rouge avec le 5 à 6 lig. de diamètre, qui laisse échapper l'air
contact de l'air. chassé entre les deux fonds ; enfin on doit lais
Par une calcination ménagée , la potasse de ser la superficie des cendres toujours cou
vient blanchâtre, légère et pulvérulente. Si verte de liquide, eu ménageant l'écoulement
on pousse davantage le feu, elle fond et pro au robinet ; cela régularise la filtration et pré
duit des masses dures et compactes. vient les fausses voies. Il est bon de laisser
La préparation de la potasse est facile : On pendant 8 ou 10 heures les cendres ainsi im
réduit d'abord en cendres les végétaux que mergées avant de commencer le soutirage, qui
l'on veut exploiter. Pour cela, on pratique, peut ensuite être continu mais très lent.
une grande fosse en terre; le fond et les parois On commence l'evaporation des lessives
doivent en être bien battus; on y jette succes à 15° dans des chaudières de tôle; on la ter
sivement les arbres et les plantes que l'on veut mine dans une chaudière en fonte. Le résidu
brûler, après avoir mis le feu au tas, et on laisse qu'on obtient ainsi est le salin , que l'on déta
le tout se consumer jusqu'à parfaite inciné che à l'aide d'un ringard et que 1 on emmaga
ration. Si le feu était trop vif , il y aurait beau sine. La disposition générale d'un atelier est
coup de cendre entraînée par les courans d'air. facile à comprendre : Un long fourneau (fig.
Un met ensuite les cendres à couvert dans un 421) supporte trois chaudières accolées; deux
Fig. 421. 0
D
883 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES, liv. iv.
en tôle A, B, pour l'évaporation , une en i et vient ressortir près delà porte C, par laquelle
fonte C, pour la dessiccation du salin. La fu Fig. 423.
mée passe sous une ou deux chaudières D, E,
en tôle, qui sont destinées à chauffer les eaux
de lessivage.
A côté de cet appareil se trouvent quinze
tonneaux, partagés en trois rangées ou bandes;
ce sont les tonneaux de lessivage. De sorte
que dans un travail courant, on dessèche le
salin , on évapore les eaux fortes et on chauffe
l'eau pure ou les eaux faibles qui doivent servir
aux lessives. Au moyen de tuyaux convena
blement placés, des chaudières D, E, où le li
quide s'échauffe, on envoie dans les tonneaux
( fig. 420). on introduit le salin. On chauffe le four au
Voici comment on conduit l'opération : Tou rouge, puis on le charge en salin. Celui-ci se
tes les eaux obtenues du lessivage à 15" sont dessèche peu à peu et saus changer d'état,
versées dans la chaudière A, ou elles com quand il ne contient pas trop d'eau; mais s'il
mencent à s'évaporer, puis, au furet à mesure était trop humide, il fondrait et ne serait re
que l'évaporation laisse de la capacité libre tenu qu'avec peine sur la sole. Au commence
dans la chaudière suivante B, on y fait couler ment de l'opération le salin décrépite, ce qui
le liquide de A, que l'on remplit comme la pre provient delà présence des chlorures alcalins;
mière fois. Le liquide plus concentré eu B, ensuite il fond uu peu et se boursouffle. Il con
sert à remplir la chaudière eu foute C, sous la tracte de l'adhérence avec la sole; mais en re
quelle est disposé le foyer. Une vive ébulli- poussant la croûte supérieure du gâteau, à
tion a ordinairement lieu dans celle-ci, et dès l'aide d'un rable A (fig. 424 ) tantôt sur le de-
qu'elle a enlevé une partie de l'eau indispensa Fig. 424
ble pour tenir en solution les sels solubles, ces
derniers commencent à se précipiter; il faut
alors racler fortement de temps à autre les pa
rois unis de la chaudière , à l'aide de ringards
aciérés (indiqués sur plat et sur champ , fig.
422 ) , que l'on plonge vivement dans la chau-
Fig. 422. vant , tantôt sur le derrière du four, la flam
me qui agit sur la croûte inférieure la fait
boursoufuer à son tour, et la force bientôt à
se détacher d'elle-même.
Au bout d'une heure environ , l'acide ulmi-
que et les autres matières organiques con
dière en les tenant dans la position de l'ouvrier tenues dans le salin prennent feu. Les surfa
O ( fig. 420). Lorsque la précipitation estabon- ces exposées à la flamme noircissent , puis
dante, on laisse plonger dans la chaudière une blanchissent, en retournant la matière avec un
capsule en tôle , suspendue comme l'indique la large ringard B et une ratissoire C (fig- 424)
figure, par deux poulies et une corde atta de temps à autre, le salin se trouve converti en
chée à un bout de chaîne en fer, qui s'adapte à potasse. Quoique cette opération semble fort
l'anneau réunissant les trois tringles. simple, il arrive souvent que le salin étant
Cette capsule est percée vers ses bords de 4 très riche en chlorures, ceux-ci fondent avant
rangées de trous ; ainsi disposée , elle reçoit la que la combustion soit terminée. En ce cas,
pl us grande partie des selsque l'ébullition agite les morceaux de potasse présentent au centre
dans les autres parties du liquide tandis qu'elle des parties brunes qui ne sont point dépouil
leur offre un repos relatif. Lorsqu'elle est suf lées de matière organique. Pour éviter cet in
fisamment chargée, l'ouvrier l'enlève à l'aide convénient , il faut conduire la calciuation très
de la corde , puis la laisse suspendue s'égout- lentement, et faire en sorte que la combustion
ter; il passe le ringard fortement dans le fond soit complète avant que la fusion s'effectue.
de la chaudière et retire la plus grande partie La sole des fours doit être en grès ou en fonte.
de ce qui reste de sel en suspension , en cou Les soles en briques peuvent servir, mais el
vrant un instant le feu pour faire cesser l'é les sont trop promptement corrodées par la
bullition, ajoutant même un seau de liquide potasse.
froid et péchant au fond avec une large écu- Pour calciner 1200 kilog. de salin, on con
moire (ayant de 10 à 12 po. de diamètre), il somme 2 stères de bois. Celui-ci doit être
remplit alors avec de la solution prise dans la choisi sec et donnant une longue flamme. Le
chaudière B, décharge la capsule dans une tré salin perd de 10 à 20 pour 0/0 a la calcinalion.
mie en bois doublée de plomb, et ainsi de suite; Des essais nombreux ont été faits pour ap
à la fin de la concentration , on dessèche avec précier le rendement en potasse de divers
précaution le liquide et le salin dans la même plantes ou bois. On a remarqué que, toutes
chaudière en agitant sans cesse à l'aide du rin choses égales d'ailleurs, les plus jeunes bran
gard. ches des arbres , les arbustes et plus encore
Il s'agit alors de ralciner le salin ainsiobtenu. les feuilles, les plantes herbacées, sèches et in
Cette opération se fait dans un four, de forme cinérées à temps, donnent plus de potasse que
particulière ( fig. 423). Il a deux foyers A, dont les vieux bois et toutes les parties très ligneu
U flamme pénètre jusqu'au fond B, du four, ses ; mais ces résultats sont entre eux variables
chap. 21'. SOUDE DE WARECH. 383
suivant les saisons, les terrains et les engrais. Les diverses cendres dont on a extrait des
D'après les expériences de Vauqueun, sels solubles par les moyens ci-dessus indi
Daucet et Pebtuis, on voit que : qués en retiennent toujours quelques traces;
elles contiennent d'ailleurs plus ou moins de
100 kil- bois de chêne, hêtre, tremble pharme carbonate de chaux. Par ces deux raisons elles
donnent en salin de. . 100 à 200 grain. peuvent être employées sur les terres en cul
100 kil. sureau, faux-ébé- ture comme de bons amendemens calcaires,
nier, noisetier 315 à 250 doués d'une légère action stimulante, capables
100 kil. orties, chardons des d'ailleurs d'alléger graduellement la couche
grains,fougère, glayeu ls 1000 à 500 arable des sols argileux et compactes.
100 kil. de marrons d'Inde. 1750 Certaines cendres neuves, trop pauvres en alcali
pour être employées à l'extraction de la po
Section II. — Cendres gravelées. tasse ou même au lessivage et blanchissage
du linge, comme celles de la tourbe et du
Sous le nom de cendre gravelée, on désigne bois flotté, peuvent être utilement appliquées
plus spécialement la potasse qui provient de à l'absorption de divers liquides charges de
la combustion des lies de vin. Cette opération matières azotées (sang, urine, etc. ) et servir
peut se pratiquer avec avantage dans tous les ensuite d'engrais. Nous indiquerons, à la fin
Cays vignobles ; elle repose sur l'existence du de cet article, la composition et les usages
i tarira te de potasse dans la lie. Ce sel y existe communs et spéciaux des diverses potasses
en assez grande quantité , mais il y est mêlé et soudes commerciales.
de diverses matières organiques, de sulfate de
potasse et de quelques autres sels. Quand on Section III. — Soude de warech.
peut le faire, il vaut mieux en extraire le bi-
lartrate de potasse, qui a bien plus de valeur On connaît dans le commerce sous le nom
que la potasse qu'il peut fournir, et il suffît de soude de warech un produit que sa compo
pour cela de dissoudre à chaud , laisser dépo sition range en réalité parmi les potasses.
ser et cristalliser : toutefois, si les dépôts sont Cette substance se prépare sur les cotes de la
pauvres en tartrate, on les traite de la manière Normandie, au moyen de plantes marines con
suivante : nues sous le nom de goémon ou fucus, qui peu
Quand le vin est soutiré, on rassemble les vent flotter sur l'eau. Cette propriété permet
lies qui en proviennent dans des tonueaux, d'en former des radeaux que l'on fait arriver
où on les laisse en repos. Au bout de quelques aisément aux endroits où ils doivent être des
jours , on soutire le vin qui s'est séparé du dé séchés et brûlés.
pot épais , et on place celui-ci dans des sacs, La combustion du goémon se fait dans nne
que 1 on met sous presse. Dans chaque sac fosse, et à mesure que le résidu de l'incinéra
on met 18 kilog. de lie décantée; quand la ma tion entre en fusion ii se rassemble en masses;
tière est suffisamment pressée , on la sort des c'est la soude brute qu'emploient les verre
sacs sans briser le pain qu'elle forme , puis on ries à bouteilles. Pour en extraire les sels
termine la dessiccation à l'air. Chaque pain de warech, on lessive cette soude et on éva
est courbé en forme de tuile laitière , et posé pore la liqueur par des moyens analogues à
debout sur un plancher ou un sol battu, pen ceux que nous avons décrits ci-dessus. Les
dant quelques jours. On peut exposerai! soleil eaux-mères retiennent les combinaisons d'io
à cette époque tous les pains essorés, et les de; c'est de là qu'on extrait ce corps simple
sécher ainsi , au point de pouvoir être cassés employé notamment en médecine pourle trai
net et avec bruit ; chaque pain doit peser en tement des goitres, dans les arts pour la prépa
viron 3 kilog. ration del'iodure de mercure, et dans les labo
La lie est alors bonne d brûler. On opère ratoires pour déceler la présence de l'amido-
cette ciniilni.fi ion au dehors, sur une aire bien ne, etc. Les sels qu'on extrait des soudes
battue, que l'on a eirtourée d'un mur ou abri brutes de warech par le lessivage contiennent
de 2 mètres de diamètre sur 25 centimètres de en poids:
hauteur. Ce mur est fait en briques ou tui
les, sans mortier. Au milieu de cette enceinte , . Sulfate de potasse. . . 19
on dispose un fagot de menu bois, que l'on Sur 100 parties J Chlorure de potassium 25
entoure d'une vingtaine de pains de lie pour ( Sel marin 50
commencer la combustion. Dès que ceux-ci M. Gay-Lussac a donné cette composition
sont bien enflammés, on en ajoute de nou comme la moyenne de plusieurs essais. Ces sels
veaux. On continue de la sorte, en élevant le sont d'un grand intérêt par leur richesse en
petit mur à mesure que l'on accroît le tas. On potasse, qui permet de les appliquer à la fabri
s'arrête quand on a mis environ mille pains cation de l'alun et à celle du salpêtre. On recon
de lie dans le four. La combustion doit se naît les sels de warech à la présence de quel
faire de manière à n'être ni trop lente ni ques traces d'iodure de potassium ; on peut en
trop active. On a observé qu'elle s'opérait séparer une grande partie du sel marin par pré
mieux avec les lies récentes qu'avec celles cipitation à chaud; les autres sels cristallisent
qui avaient éprouvé une fermentation déga par refroidissement. Le sel marin ainsi obtenu
geant des gaz putrides. peut servir aux bestiaux ou élre employé dans
3000 kilog. de lies ainsi brûlées fournissent les mélanges réfrigérons.
500 kilog. de cendres gravelées. Celles-ci sont Le carbonate de soude, qui constitue la
ordinairement blanclies et parsemées de mor substance utile des soudes naturelles, s'ex
ceaux tachetés de bleu ou de vert ; leur saveur trait, en France, en Espagne, etc., des plantes
est brûlante, elles donnent environ la moitié qui croissent sur le bord de la mer. Celles-ci
de leur poids de potasse de bonne qualité. contiennent de l'oxalate de soude qu'on troua*
384 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES tIV. 1T.
forme en carbonate par la calcination et qu'on
débarrasse des matières étrangères par lessi Section V. — Soude artificielle.
vage et précipitation.
Cette soude est venue remplacer, dans pres
que tous leurs emplois, avec d'immenses
Section IV. — Soudes naturelles. avantages pour la France, et les potasses exo
tiques et la soude naturelle qui nous étaient
On désigne sous cette dénomination les fournies par les Espagnols avant la révolution
soudes brutes qui sont un résidu à demi fondu de 93. On obtenait cette dernière, en France,
de l'incinération de divers végétaux. sans autres soins que ceux donnés à la récolte
Pour extraire la soude des plantes marines, et à l'incinération des plantes; ce fut alors
on coupe celles-ci et on les fait sécher à l'air; l'un des objets les plus usuels et les plus né
on les brûle ensuite dans des fosses dont la cessaires que nous fournissait le commerce
profondeur est d'environ 1 mètre et le dia étranger. La soude, en effet, est l'une des
mètre de 1 mètre 3 décimètres. Cette com principales matières premières des verreries,
bustion se fait en plein air, sur un sol bien des fabriques de savons, des buanderies, des
sec, et dure plusieurs jours. Elle procure, au blanchisseries de toiles, des opérations de tein
lieu de cendres, une masse saline, dure et ture; dans plusieurs autres arts industriels
compacte, à demi fondue et un peu boursouf- on en fait un usage journalier. On ne pouvait
flée que l'on amasse et qu'on verse dans le la remplacer que par la potasse; mais nous ne
commerce sous le nom de soude. Les diverses pouvions recevoir cette substance, pour la
soudes se distinguent par le nom du pays d'où Ïilus grande partie, que de l'étrançer,qui nous
elles sont tirées ou par celui de la plante qui a refusait, et ce que nous possédions deve
les fournit. nait, pour la fabrication du salpêtre, d'une
Ces soudes brutes renferment, en propor impérieuse nécessité.
tions diverses du carbonate et du sulfate de Un ingénieux manufacturier, Carny, pro
soude, du sulfure de sodium, du sel marin, posa, à cette époque où nous étions privés des
du carbonate de chaux, de l'alumine, de la ressources du commerce étranger, de publier
silice, de l'oxide de fer et enfin du charbon ses moyens de fabriquer la soude. Leblanc .
échappé à l'incinération. Elles contiennent Dizé et Schée furent les im qui formèrent uri
quelquefois du sulfate de potasse, du chlorure établissement pour l'extraction économique de
de potassium, de l'iodure et du bromure de la soude du sel marin et dotèrent la France de
calcium. cette nouvelleindustrie.Dans la belle fabrique
La plus estimée est la barille ou soude d'Es qu'ils fondèrent à cette époque, presque tout
pagne, connue dans le commerce sous le nom avait été prévu par eux; une amélioration re
de soude d'Alicante, de Carthagène, de Malaga; marquable fut apportée dans la construction
ou l'extrait de plusieurs plantes, mais parti des tours à réverbère par Payen et M. Bour
culièrement de la barille, espèce de saIsola relier, qui bientôt après exploitèrent le pro
cultivée avec soin sur les cotes d'Espagne. cédé de MM. Leblanc et Dizé. Depuis lors
Cette soude contient de 25 à 35 p. 0/0 de car tous les manufacturiers ont suivi les mê
bonate de soude sec. mes erremens , à quelques heureuses modifi
Les soudes qu'on récolte en France sont cations près, que nous indiquerons dans le
loin d'offrir cette richesse ; ou en dislingue de cours de cet article et qui furent indiqués par
3 sortes. MM. Darcet, Clément, etc.
Le salicor ou soude de Narbonne, qui pro Parmi le grand nombre des procédés ingé
vient de la combustion du salicornia annua nieuxi proposés| à cette époque, nous citerons,
cultivé aux environs de Narbonne. Cette plan dans l'ordre de vérification qui en fut faite
te est semée et récoltée dans la même an alors :
née. On la coupe après l'époque de la fructi 1° Celui de P. Malherbe, suivi chez le sieur
fication; la soude qui en provient contient de Alban, dans une manufacture sise à Javelle
13 à 15 p. 0/0 de carbonate de soude; on l'em près Paris : il consistait à décomposer le sel
ploie dans la fabrication du verre vert. marin par l'acide sulfuriq>ue dans des cornues.
La blanquette ou soude d'Âigues-Mortes, qui L'acide muriatique dégage était condensé dans
s'extrait entre Froutignan et Aigu es- Mortes de des ballons et utilisé à la fabrication du chlore.
toutes les plantes salées qui croissent sur les Le sulfate de soude était décomposé dans un
bords de la mer. Ces plantes sont le salicor four à réverbère sous l'influence du charbon
nia europœa, le salsola tragus, Yatriplex por- et du feu;
tulacoïdes, le salsola hali et le statice limo- 2° Le procédé du sieur Athénas, fondé sur
nium. C'est la première de ces plantes qui la décomposition du sel marin par le sulfate
donne le plus de soude et la dernière qui en de fer;
donne le moins. Toutes abondent en sel ma 3° Le procédé anciennement connu en An
rin, que l'on en extrayait autrefois pour évi gleterre, qui consiste à décomposer le sel ma
ter de payer sur ce produit la taxe du sel. La rin par le plomb et qui fut appliqué en grand
blanquette ne contient que 3 à 8 p. 100 de par MM. Chaptal et Bérard ;
carbonate de soude. 4° Le procédé de MM. Guyton et Carny-,
Le warech ou soude de Normandie, dont consistant à décomposer le sel marin par
nous avons parlé ci-dessus en la classant par l'oxide rouge de plomb.
mi les potasses, ne donne que de 1 à 2 degrés MM. Guyton et Carny ont encore proposé
alcaliniétriques, et n'est par conséquent utile la décomposition du sel marin : 5* par le felds-
que par le sulfate de potasse, le chlorure de Eath; 6° par ia potasse. La soude, devenue li
potassium et de sodium ainsi que l'iodure de re, est rendue caustique par la chaux; le
potassium. tnuriate de potasse (chlorure de potassium ) se-
CHAP. 31*. SOUDE ARTIFICIELLE.
paré par cristallisation ou précipitation , était dres B, B' placés sous Fig. 425.
utilisée par les fabricans de salpêtre. Ce pro une voûte, et ordi
cédé rappelle celui des savonniers allemands, nairement 10 à 12
qui obtiennent du savon à base de soude en paires de cylindres
ajoutant du sel marin à la solution du savon de sont ainsi rangés en
potasse ; batterie dans autant
7* Par l'acétate de plomb, obtenu au moyen de fourneaux conti-
de l'acide pyroligneux. Ce procédé est analo gus. On peut changer
gue à celui suivi dans ces derniers temps pour ces vases sans démolir
obtenir l'acétate de soude et la soude, en dé autre chose du four
composant le sulfate de soude par l'acétate de neau que quelques
chaux ; briquesde la devanture et du fond. Chacun des
8° Par la baryte ; bouts des cylindres est fermé par un obtura
9° Le sieur Ribaucourt a proposé la décom teur ou disque en fonte épais de 15 lig., perce
position du sulfate de soude par le charbon près de ses bords d'un trou de 2 po. D(fig. 426)
seul ;
10° Le même chimiste a opéré la décompo
sition du sel marin par la litharge à froid et
un broyage dans l'eau. Si le muriale de plomb
avait une assez grande valeur, ce procédé
pourrait être applicable ;
11° Enfin on a proposé et effectué la dé
composition du sel marin par la pyrite mar
tiale (sulfure de fer natif).
Parmi tous ces procédés et plusieurs autres II11! fini |'ii||i'>|l
que nous omettons ici, parce qu'ils offraient
moins de chances de succès encore, celui de IMblkli]
MM. Leblanc et Dizé parut à cette époque le
plus économique; c'est aussi celui que nous
allons décrire, en prévenant qu'il a eu un tel
succès et qu'il a pris tellement d'extension
que la valeur des produits fabriqués annuelle
ment en France, tant en soude brute qu'en
sel de soude raffinée , dépasse 20 millions de
francs.
Ce procédé se compose de 2 parties distinc
tes: 1 une a pour but la préparation du sul
fate de soude, et déjà quelques arts, celui de la
verrerie notamment, utilisent directement la Fig. 426.
soude du sulfate; l'autre se compose de la
conversion du sulfate de soude en soude brute. que l'on tourne vers la partie supérieure du cy
On pourrait considérer encore comme une lindre. On adapte dans le trou du disque posté
3> opération distincte le raffinage de la soude rieur B' un ajutage ou tube en grès F, dont ou
brute, et comme une 4e fabrication le traite laisse saillir en dehors environ 4 po. Sur ce
ment du sel de soude qui en résulte pour en bout de tube,on adapte une allonge courbe fi
obtenir le carbonate de soude cristallisé. Enfin, dont la partie inférieure s'introduit dans le
la conversion de ce dernier en carbonate sec goulot d'une I™ bonbonneH; celle-ci est mise
ou en bicarbonate. en communication avec une 2e qui fait partie
En effet, la préparation de ces produits a d'une 2' rangée de bonbonnes communiquant
lieu dans des ateliers et à l'aide d ustensiles toutes entre elles et avec la 1™, et indiquée
particuliers. Nous décrirons successivement par H I dans la fig. 427, qui représente une
chacun d'eux. vue générale à vol d'oiseau de l'appareil. Cette
2e rangée communique avec une 3' KL, qui
$ I". — Fabrication do sulfate dit des cylindres, et envoie de même les g^az dans toutes les bon
de l'acide muriatique. bonnes d'une 4" rangée M N; quelquefois une
5* et même une 6e rangée reçoivent de même
On désigne sous le 1er nom, dans le com successivement dans toutes leurs bonbonnes
merce, le sulfate de soude fabriqué dans des les produit» gazeux échappés à la condensa
cylindres en fonte, en décomposant, à un feu tion. Voici du reste comment ou conduit l'o
gradué, le sel marin par 80 centièmes de son pération :
poids d'acide sulfurique concentré; c'est sur Tous les joints de l'appareil étant bien lu-
tout dans les localités où l'acide hydrochlorl tés avec de l'argile mêlée de crottin et recou
que trouve un débouché facile que l'on donne verte de terre franche, et le bout antérieur B
la préférence à ce mode d'opérer. seulement étant ouvert, on cliarge à la pelle
Les vases cylindriques en fonte sont épais le sel marin, on adapte et on Iule l'obtura
de 15 à 18 lignes; ils ont 5 pi. de longueur et teur ; puis on introduit dans son ouverture nu
un diamètre de 18 po. ou de 2 pi. Dans le entonnoir courbe P (fig. 426) à l'aide duquel
1'' cas, la charge de chaque cylindre est de on verse l'acide sulfurique. On retire l'enton
80 kil. de sel et de 66 lui. d'acide sulfurique noir et on ferme l'ouverture avec un tampon
à 66°; dans le 2e cas, on emploie, pour chaque en grès qu'on lute.
cylindre, 160 kil. de sel et 130 kif. d'acide. On commence le feu que l'on augmente peu
Un même foyer A(/ty. 425) chauffe 2 cylin à peu. Il est préférable d'employer comme
AGRICULTURE. 96« lie raison. tome III. — 4'J
380 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES, lit. rv.
combustible «le la tourbe ou du bois plutôt dans la 2* partie du four; H, 2« capacité close,
que de la bouille, parce que la température dans laquelle est adaptée iule chaudière I en
est moins inégale clans toutes les parties du plomb, a bords relevés, sans soudure; K, voû
cvlindre. te en briques qui recouvre cette chaudière;
"L'acide sulfiirique attaque graduellement le L, ouverture rectangulaire, fermant en 2 par
sel marin (chlorure de soriinm); l'eau conte ties par 2 obturateurs M; N, conduits par
nue dans le mélange, et notamment celle de lesquels passent les produits de la combustion
l'acide employé qui forme du 5* au quart de du foyer B, et les vapeurs dégagées du 1er four
son poids est décomposée, sonoxigène oxide D, et de la 2« partie ou chaudière I, pour se
Je sodium qui se combine à l'acide sulfiirique rendre dans une chambre en briques O, où
et produit du sulfate de sonde; son hydro- s'opère un f" refroidissement. Les gaz et va
fène s'unit au chlore et forme de l'acide cblor- peurs passent ensuite dans une série de 20 à 25
ydrique (mnriatique) qui se volatilise, en grandes tourilles P à l'aide de larges tubes en
traînant de l'eau en Tapeur. Ce gaz, rencon grès Q (Ifons n'avons dessiné que les 2 pre
trant dans chaque bonbonne un peu d'eau et mières et la dernière tourilles; on supposera
une plus basse température, se condense et aisément toutes celles qui sont intermédiaires
produit l'acide commercial qui marque de 21 et absolument semblables) j R, grande chemi
a 23°, contient de 0,38 à 0,40 d'acide pur, et née où se rendent en définitive, pour s'exha
équivaut, pour la force saturante, à 0,5 de son ler dans l'air, les gaz et les vapeurs. Un foyer
poids d'acide sulfiirique concentré à 66°. A, pratiqué au pied de cette cheminée, sert à
Lorsqu'il ne se dégage plus rien, quoique la y déterminer un tirage constant. On peut évi
température des cylindres soit au rouge brun, ter la dépense du combustible, qu'il faut y en
on enlève le sulfate avec des pinces et on re tretenir enflammé pour le tirage, en introdui
commence une autre opération. sant dans la même cheminée le conduit de la
flamme d'un four à soude construit à proxi
5 II. — Sulfate de soude de» mité. Dans ce cas, le foyer supplémentaire A
ne serait allumé que dans les momens d'in
On connaît sous ce nom, dans le commerce, terruption du four à soude.
le sulfate de soude préparé dans l'appareil que On conçoit que le long appareil réfrigérant
nous allons décrire, auquel on a donné le nom pouvant suivre tontes les sinuosités qu'on veut
de bastringue, par la raison que le bruit de lui faire parcourir et même être ramené près
l'ébulli lion qui s'y produit a quelque analogie du point de départ, il sera toujours facile de
avec celui d une danse publique. Cet appareil choisir l'emplacement le plus convenable pour
se compose d'un four à réverbère à la suite la cheminée et le four à sonde qui, en raison
duquel est placée une chaudière à décompo de l'économie de la main-d'œuvre, doit être
ser le sel marin ; puis un appareil condensa peu distant du four à sulfate.
teur qui varie suivant qu'on veut recueillir l'a Si l'on n'a pas d'emploi de l'acide hydrochlori
cide hydrochlorique ou que l'on préfère que, et que, par conséquent, il ne convienne pas
laisser perdre cet acide, en le condensant de le recneillir,il faut cependant chercher les
toutefois pour éviter les dommages qu'il cau moyens de le condenser, afin d'empécherqu'il
serait à la végétation des alentours s'il se ré se répande dans l'air et aille altérer la végéta
pandait dans l'air. tion des alentours à une grande distance; d'un
Le» figures ei-j«intes représentent l'appareil autre côté, il est impossible d'affecter une
de» bastringues propre à recueillir l'acide mu- forte dépense à cette condensation, puisque la
fiatique. Les mêmes lettres indiquent les mê fabrication de la soude offre, par suite de la
mes objets dan» la coupe ( fig. 429 ), l'éléva- grande concurrence, peu de bénéfice.
t»n(/t0.428)et la coupe horizontale (jig. 430). Une foule d'essais ont été entrepris pour
Fig. 430. arriver k la solution de ce problème difficile,
et d'autant plus important, que les fabricans
de soude ont eu fréquemment de très fortes
indemnités à payer anx agriculteurs dont ils
détruisaient la récolte.
Dans les fabriques voisines de la mer ou des
rivière», on est parvenu à condenser assez bien
les vapeurs acides, en les dirigeant, au sortir
du 2« four, dans une longue et large conduite
en briques cimentées d'argile, où coule cons
tamment, sur une légère pente (un 1/2 po. par
toise), une nappe d'ean ; une cheminée d'ap
pel chauffée directement, ou mieux par le
Fig. 429. four à soude, enlève à une grande hauteur les
gaz et vapeurs non condensés, afin que, dis
A, cendrier; R, grille dn foyer; C, mur de séminés sur une grande étendue, ils perdent
séparation, dit autel du foyer; D, sole du four ce qui leur restait d'action nuisible.
à réverbère, construit en briques réfraetaires l!ne autre circonstance locale qui a facilité
cimentées à joints serres avec de l'argile réfrac- la condensation à peu de frais des vapeurs nui
: ou terre d creuset. Toutes les parois et la sibles, c'est le voisinage de vastes carrières
Profite F de cette partie dn four doivent être abandonnées, dans lesquelles on faisait débou
construites avec les mêmes soins. F, mur de cher l'issue de la cheminée ou conduit, an
séparation entre le four ci-dessus et la chau sortir du deuxième four.
dière à décomposition ; G, ouvreaux par les Lorsque l'on ne peut pas profiter de ces
quels les produits de la combustion passent dispositions locales particulières, on a recours
cuAr. 21'. SULFATE DE SOUDE. 387
aujourd'hui à la construction d'une longue un dallage en grès. La disposition suivante,
conduite construite en murs épais de moel qui m'a bien réussi pour un appareil en petit,
lons calcaires , et remplie de semblables offrirait sans doute le moyen d'éviter en
moellons plus tendres et spongieux, superpo grand cet inconvénient grave.
sés à sec, et de façon à laisser entre eux Les figures 431 et 432 représentent isolée
beaucoup d'interstices libres. Cette conduite Fig. 432.
aboutit à une cheminée d'appel. Fig. 431.
Les vapeurs acides, en parcourant tons les
mlervalles entre les pierres calcaires amon
celées et celles des parois de la conduite, atta
quent lé carbonate de chaux, forment du
chlorure de calcium soluble, et dégagent de
l'acide carbonique.
Ce mode de condensation, assez efficace,
offrait cependant d'assez graves inconvéniens; la 2' partie du four à laquelle se rapporte la
les murs, trop promptement attaqués, exi disposition ci-dessus vue en coupe et en élé
geaient des réparations dispendieuses, et des vation. A, bouche du four au niveau de la sole
infiltrations de liquide acide causaient des et fermée par deux portes superposées ;
éboulemens quelquefois dangereux. Après B, chaudière en plomb percée au milieu vis-
avoir essayé de garantir les parois de l'action à-vis et près la porte d'un trou circulaire C,
de l'acide "par diverses matières, on s'est der dans lequel s'adapte un bout de tuyau brâsé
nièrement arrêté à la moins coûteuse de sur le fond de la chaudière, à la soudure forte
tontes et qui parait bien atteindre le but; ou au plomb pur; D, voûte soutenant la sole
c'est le marc ou résidu du lessivage de la soude sur laquelle repose la chaudière; cette voûte,
brûle (voy. plus loin). Cette matière, appli en briques dures à joints très serrés d'argile
quée en couche épaisse et fortement tassée, réfraclaire, est percée pour laisser passer le
durcit et résiste assez long-temps, elle ne coûte bout du tuyau C; l'espace ou chambre voû
d'ailleurs rien, puisqu'elle était généralement tée E, est garnie à son fond d'une nappe de
rejetée hors des fabriques, que l'on était plomb épaisse, à bords relevés; la devan
même, en quelques endroits, obligé de la por ture de cette chambre est close, 1» à l'aide
ter au loin dans une décharge publique. d'une barre de fer doublée de plomb G G,
Il est convenable de disposer au commen soutenant un petit mur en brique F; 2» par
cement de la longue conduite précitée un ré une large règle en bois enveloppée de plomb
servoir toujours plein d'eau, afin que les gaz H H, formant le 4' colé delà nappe de plomb,
se chargent d'humidité et se condensent plus dont le bord est rabattu seulement du côté
facilement. de cette devanture; I, tampon ou obturateur
Les dispositions précédentes ont été indi d'un seul morceau de plomb très épais, ser
quées et très bien prises par M. Rogieb de vant à fermer le trou C, durant l'opération;
Sei'temne; elles lui ont valu un prix de la un peu de glaise foulée sous ses bords rend
fondation Monthyon décerné par l'Institut. cette fermeture hermétique, et, maintenant
Ce prix fut motivé sur la disparition dans la le tampou un peu soulevé, laisse une prise
localité des graves inconvéuiens de vapeurs facile pour l'enlever à l'aide d'une pince, lors
acides qui naguère attaquaient jusqu'à plus que la décomposition est assez avancée; les
d'une lieue des fabriques les parties foliacées joints que laisse la règle H, se bouchent à
des plantes et rendaient l'air incommode et l'ajde d'un peu de terre argileuse.
insalubre à respirer. On conçoit facilement l'effet de cette dispo
On dispose dans les conduites ainsi enduites sition; lorsque l'on veut tirer la matière du
1rs moellons tendres de la manière que nous four, on enlevé le tampon, puis, à l'aide d'un
l'avons dit. râble, on amène successivement toute la pâte
Le tnuriale de chaux qui résulte des procédés fluide vers le trou; elle tombe sur la nappe
de condensation s'écoule encore dans des de plomb en traversant l'espace voûté , sans
lacs, puisards, ruisseaux, fleuves ou à la mer, que la vapeur puisse se répandre dansl'atelier.
<wi pure perte pour les l'abricans; cependant Lorsque toute la matière est ainsi retirée du
l'industrie et 1 agriculture, l'obtenant à très four, on replace le tampou, on charge comme
bas prix, pourraient en tirer un parti avan à l'ordinaire, et l'opération recommence. Ln
tageux en l'employant en petite proportion matière tombée et étendue sur la nappe de
dans le chantage des grains, pour remplacer plomb, s'y fige en refroidissant; lorsqu'elle
le sel dans les mélanges réfrigérans, etc. est assez dure, on ôte la règle fermant la de
jpent-étre un jour les emplois du chlorure vanture ; à l'aide de pinces on soulève et l'on
de chaux, plus généralisés dans l'économie brise en morceaux le sulfate, on le relire an
domestique et dans le blanchiment des pâtes moyen d'unrâlile, puis on replace la règle H 11
à papier, des toiles, etc., ouvriront-ils un large qu'on lute avec de la glaise comme la pre
débouché aux masses énormes d'acide hydro- mière fois. Lorsque la portion du four oii le
chlorique perdues en ce moment. se! marin se décompose est en grès dur au lieu
Un des inconvéniens de l'appareil dit des d'être en plomb, il est possible d'y achever
bastringues résulte de l'énorme quantité de l'opération en remuant assez souvent au rin
vapeurs acides qui se répandent dans les gard pour éviter la prise en masse de toute la
ateliers et incommodent fortement les ou matière.
vriers, lorsqu'en levant les obturateurs L, M L'appareil dans toutes ses parties et avec
de la chaudière en plomb, on fait tomber, à les modifications adoptées, étant bien compris
l'aide de râbles, tout le mélange pâteux d'a- I par ce qui précède, nous allons indiquer les
cide et de sel incomplètement décomposé, sur I dosages de l'opération et sa marche.
888 ARTS AGRICOLES FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES. Liv. ir.
on obtient ainsi un sulfate contenant à peine
'ici marin 400 kil. produit 478 k. 4 à 5 centièmes de matières étrangères.
! acide sulfurique sulFaiede sou- Les vapeurs d'eau et d'acide hydrochlorique,
à 80°. . . •M de blanc an- mêlées avec les gaz de la combustion, se con-
hydre. densent dans les grandes jarres en grès du
Îtremier appareil indiqué ; on soutire cet acide
Lorsque l'on traite dans cet appareil comme orsque les vases sont aux trois quarts ou aux
dans les cylindres le sel gemme, il est indis quatre cinquièmes pleins, en ayant le soin
pensable de le réduire en poudre très fine, d'en laisser quelques litres pour favoriser la
que l'on passe au tamis, afin de multiplier les condensation ultérieure.
points de contact. Cette précaution n'est L'acide hydrochlorique ainsi obtenu ne
pas utile lorsque l'on traite du sel marin peut atteindre le maximum de la densité, en
( dit des marais salans ). Les cristaux de cette raison du mélange de gaz incondensables et
sorte de sel résultent de lamelles lâchement de la température et du courant qui s'oppo
agglomérées, entre lesquelles l'acile sulfu sent à une condensation plus complète; il est
rique peut s'insinuer, et par conséquent agir généralement plus pur que l'acide recueilli à
sur une surface très étendue ; aussi, pour obte la suite dej'appareif à cylindres; il est même
nir ce résultat avantageux, préfère-t-on sou presque complètement exempt de fer, lorsque
vent extraire le sel gemme en le dissolvant l'on ne se sert pas de plaques en foute pour
et faisant rapprocher la solution saturée recouvrir la chaudière I en plomb et soutenir
(coy. plus loin l'extraction du sel ); on char la maçonnerie au-dessus. Les briques très
ge le sel dans le four H ( fig ■ 429 ), on l'étend cuites vernissées, le grès dur même, ainsi que
eu une couche égale sur toute la surface du les plaques en fonte, ne résistent pas fort
fond de la chaudière en plomb, on verse long-temps à l'action corrosive de la vapeur
alors l'acide à l'aide d'un entonnoir en plomb acide; c'est une des causes de dépenses assez
( placé à l'instant sur une potence en dehors) lourdes dans cette fabrication.
dont la douille pénètre par une ouverture au Lorsque l'on se sert des autres moyens de
travers de la paroi latérale du fourneau, au- condensation des vapeurs acides, le produit
dessus du fond de la chaudière; à l'aide du en est perdu et l'on n'utilise alors que le
râble, on mélange l'acide dans toute la masse sulfate.
de sel ; on charge toute la partie D du four,
avec du sulfate en morceaux préparé par une Ç III.— Usages agricoles et commerciaux du sulfate
décomposition précédente opérée dans la de soude.
chaudière en plomb, puis on active le feu
après avoir clos les portes latérales L,M; plu M. Mathieu de Dombasi.e a fait une heu
sieurs fois durant le cours de l'opération, on reuse application du sulfate de soude brut au
agite avec le râble afin démultiplier les points chaulage des grains : dans 100 litres d'eau, il
de contact. L'acide sulfurique peu à peu s'u fait dissoudre 8 kilog. de sulfate de soude;
nit à la soude résultant de ta combinaison du puis il immerge le grain dans cette solution,
sodium avec l'oxigène d'une partie de l'eau, et l'en retire pour le mettre en tas.
le chlore uni à l'hydrogène se volatilise à l'é Alors, et pendant qu'il est mouillé, il y
tat d'acide hydrochlorique ou chlorhydrique. ajoute 2 kilog. de chaux éteinte récemment et
L'action de l'acide sulfurique devient plus en poudre. Le grain étant bien mélangé peut
vive à mesure que la température s'élève; être semé immédiatement. Par ce procédé
l'augmentation du dégagement de la vapeur simple, la récolte de blé est préservée de la
acide l'indique évidemment. Dès que le mé carie, quand même on aurait a dessein in
lange étant bien opéré, le dégagement des va fecté de froment carié le grain de semence. ,
peurs n'a plus lieu aussi abondamment, qu'en Le sulfate de soude s'emploie comme fon
fin l'état de fluiditéa diminué, la décomposition dant. Pour les verreries, celui des cylindres
est assez avancée. Si l'on attendait plus long donne du verre coloré en vert, parce qu'il
temps, il deviendrait impossible de faire cou contient du fer. Le sulfate de* bastringues
ler le sulfate et le plomb pourrait fondre. peut servir à la fabrication du verre incolore
Il est temps de tirer la cuite, soit hors du des gobeleteries.
four sur les dalles extérieures, ce qui offre Les plus grandes quantités de sulfate de
les inconvéniens signalés plus haut, soit sous soude s appliquent à la fabrication de la soude.
l'arche intérieure E (fig. 431 , 432), en soulevant En faisant dissoudre à chaud, déposer et cris
le tampon I, et ramenant toute la matière talliser le sulfate de soud», on prépare le sel
dans le trou C. On remet ensuite les choses de glaubert et, en troublant la cristallisation,
dans l'état primitif, puis on fait une nouvelle le sel d'epsom, usités en thérapeutique comme
charge. légers purgatifs, et dans la médecine vétéri
D'un autre côté le sulfate cassé en morceaux naire.
3ne l'on a étendu dans la deuxième partie D Le sulfate de soude peut encore servir pour
u four, remué de temps à autre, s'epure en transformer le chlorure de calcium en sel
raison de l'achèvement de la réaction de l'a marin, opération utile aux salpêtriers el quel
cide sulfurique sur le sel à une température quefois aux raffineurs de sel.
graduellement élevée; l'acide hydrochlorique, Applications de l'acide chlorhydrique. Cet
la vapeur d'eau se dégagent ainsi qu'un petit acide sert principalement à la fabrication du
excès d'acide sulfurique ; quelques matières chlore et du chlorite de chaux; à extraire le
organiques qui salissaient le sulfate brut se tissu fibreux des os pour préparer la géla
charbonnent, brûlent et laissent un produit tine; à confectionner les eaux minérales ga
plus blanc et plus pur. zeuses; à laver les sables ferrugineux pour la
En employant du sel marin de belle qualité, cristallerie; à enlever les incrustations cal
ciiAP. 21 . CAB.BONATE DE SOLDE, 389
cure* des conduites d'eau el des chaudières La quantité de sulfate indiquée suppose que
à évaporer les jus de betteraves; à épurer le ce sel est à peu près sec et pur, comme celui
noir animal en grains que l'on revivifie dans des bastringues qui ne contient que 3 à 4
les fabriques de sucre indigène. p. 0/0 de matières étrangères ; on mettrait
une proportion d'autant plus forte, qu'il se
§ IV. — Transformation du sulfate de rait plus impur. Ainsi le sulfate des cylindres,
tonale ( procédé Leblanc ). qui ne représente que 82 p. 0/0 environ de
sulfate pur, doit être employé dans la pro
Pour convertir le sulfate de soude en soude portion de 120 au lieu de 100. Il en est de
plus ou moins carbonatée, voici comment on même de la craie dont on augmenterait la
opère : le sulfate de soude des cylindres ou dose si elle était impure , en raison des ma
des bastringues est pulvérisé dans un moulin tières étrangères.
à meules verticales en fonte, puis passé dans Les matières mélangées exactement à la
un tamis en toile métallique dont les mailles pelle, sont prêtes à être chargées dans le
offrent des ouvertures de deux lignes envi four. Une particularité remarquable que nous
ron. avons annoncée relativement a celui-ci, con
D'un autre côté on pulvérise (1) et l'on ta siste dans la forme de la sole et des parois
mise de même le poussier de charbon (2) ou qui la circonscrivent; il importe beaucoup
de houille. La première de ces substances est qu'au lieu d'être rectangulaire, ainsi qu'on les
généralement préférée par les manufacturiers, construisait dans l'origine, elle soit elliptique.
lorsque la soude qu'ils fabriquent doit être L'ancienne forme laissait mal chauffées et in
employée pour le blanchissage du linge et à complètement décomposées les matières accu
l'état brut; dans ce cas, il convient d'ajouter mulées dans les angles, où d'ailleurs les outils
au mélange environ un dixième du poids du peuvent difficilement les atteindre pour les
charbon, en morceaux assez volumineux, pour remuer.
que la plus grande partie, échappant à la Une autre disposition importante est celle
combustion, restent engagés dans la pâte de du cadre dans lequel on coule la soude cuite
la soude brute et lui donnent l'apparence à au point convenable; ce cadre doit être large
laquelle sont habitués les consommateurs. et peu profond, afin que le refroidissement
Ces fragmens concourent à faciliter l'accès de ait lieu promptement.
l'air, la division, et par suite le lessivage de la Les figures 433 à 436 feront suffisamment
soude et son épuisement par l'eau. Fig. 433. Fig 435.
On emploie dans le même but pour prépa
rer la soude brute dite des blanchisseurs, du sul
fate de soude retenant encore 10 à 12 p. 0/0
de sel marin non décomposé. Ce sel facilite le -T.n
délitement de la soude brute à 1 air hu
mide; elle se réduit ainsi spontanément en El W\ xr
poudre, et son lessivage peut se faire aisément P P ■se
sans recourir à une pulvérisation mécanique. 0 i FF
On préfère comme plus économique la Fig. 434. Fig. 436.
houille au charbon de bois partout où la soude comprendre les détails de celte construction,
brute doit être employée à la fabrication des par deux coupes et les élévations des deux fa
sels de soude ou de savon. ces principales, les faces opposées n'ayant au
On pourrait, ce me semble, réunir les cun percement.
avantages des deux procédés dans l'application A, cendrier; B, foyer; C, voûte en briques
spéciale au blanchissage du linge, el obtenir réfractaires; D, sole en mêmes briques; E,
l'apparence commerciale voulue, en ajoutant mur de séparation, dit autel, entre le foyer et
à la houille pulvérisée très fin, un cinquième le four. Ce mur exige la meilleure qualité de
de son poids de charbon de bois en morceaux. briques réfractaires; car, chauffé fortement
D'un autre côté on se procure de la craie sur 3 faces, il éprouve une température plus
le plus possible exemple de sable et même élevée que les autres parties du four; F, por
d'argile. Pour s'assurer de cette qualité, on te du foyer; G, porte du cendrier; H, porte
en délaie 10 grammes dans un excès d'acide latérale au niveau de la sole; I, porte au même
hydrochlorique; on y ajoute de l'ammoniaque niveau, au bout opposé au foyer ; J, naissance
en excès, puis on filtre, on évapore à sec et des 2 carneaux de la cheminée, qui vont se
l'on redissout; la craie qui dans cette opé réunir dans un seul corps K; L, rouleau mo
ration d'essai laisse le moins de résidu est bile tournant sur son axe dans 2 fourchettes
celle que l'on doit préférer. On la fait dessé scellées sur le devant du four; ce rouleau sert
cher par la chaleur perdue de la cheminée ou à faciliter les motivemens des longs et lourds
de l'extrados de la voûte du four, puis on la ustensiles (râbles et ratissoires) avec lesquels
réduit en poudre fiue qu'on tamise. on remue, puis on tire la soude ; M, cadre en
Les matières premières étant ainsi préparées, tôlede 6 po. de haut, pose sur une plaque en
on les mélange dans les proportions suivantes : fonte et servant à recevoir et contenir la sou
Sulfate de soude. 100 de coulée hors du four.
Craie 110 Lorsqu'il s'agit d'une 1" opération, on fait
Charbon de bois. 55 ( ou 60 de houille ). chaufffer le four très graduellement, en éle
(l) Dans plusieurs fabriques, où l'on n'a pas de moulin, on éirasc les matières avec des baltes en bois garnies
de caboches en fer.
(9) On nomme poussier le charbon en poudre grossière et en menus fragmens, qui se trouve au fond des
magasins ou des batcaui, Jon! on a enlevé le gros charbon.
390 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES. liv. m
vaut la température jusqu'à ce que toutes les utiles pour donner à la marbrure les i
parois soient portées au rouge vif ; alors on voulues. Une importante modification, récem
ouvre la porte latérale, et l'ou enfourne par ment faite dans la construction des fours par
celle-ci, eu jetant le mélange à la pelle à 2 M. Clément, a consisté à leur donner une di
hommes, tandis qu'un 3« l'etend en couches mension 3 fois plus grande. Ainsi, au lieu de
régulières sur tout* la sole à l'aide d'un râ 8 pi. de long sur 6 de large qu'ils eurent dans
ble, qui agit en allant et venant dans toute l'origine, et de 12 pi. sur 8 qu'on leur donna
la longueur du four, appuyé sur le rouleau L. plus tard, ils ont actuellement jusqu'à 20 pi.
11 est utile de clorre en partie le registre de long sur 12 de large, et l'on a graduelle
de la cheminée pendant le chargement du ment ainsi diminué la dépense en combus
four, afin d'éviter qu'un fort tirage n'entraîne tion. On pense bien qu'on ne pourrait remuer
en poussière une partie du mélange au de et tirer la soude par une seule porte G au
hors. bout de tels fours. La fig. 437 fait voir cora-
Dès que le mélange est étendu, on ferme
les portes, on ouvre le registre et on laisse la Fig. 437,
matière s'échauffer par son contact avec la
sole en dessous et en dessus par la réverbé
ration de la flamme. Elle commence à s'ag
glutiner à la superficie ; alors on remue de
temps à autre leutement avec le râble, de ma
nière à renouveler les surfaces et à faire pé
nétrer la chaleur sans donner de secousses
qui feraient élancer et entraîner dam la che
minée une partie de la poudre. Peu à peu
l'agglomération gagne et toute la matière de
vient pâteuse; bientôt des bulles, de plus en
plus multipliées de gaz oxide de carbone, se ment, à l'aide de 3 portes latérales A, B, C au
dégagent et brûlent au-dessus de la surface du lieu
mélange avec le gaz hydrogène carboné pro mentd'une, 3 ouvriers peuvent continuelle
opérer le mélange, et ensuite tirer en
venant de la décomposition de l'eau ou de la semble toute la soude d'un si énorme four.
houille. Il faut alors brasser continuellement
la matière, afin que la calcinstion ne soit pas Matières employées.
poussée trop loin dans les parties fondues. La
Sàte devient de plus en plus fluide; les jets de t atome* aulfaLe de soude sec - 1 78 4 i l 41
anime sont moins nombreux; alors la soude ,8 — carbonate de chaut 1896 1 1 4i
étant bien homogène et partout également *8 — charbon , , , ,— 668 ,ou< 15
fluide, ou se hâte de la tirer hors du four à H6s\ I 100
l'aide d'une large ràcloire que le rouleau L
permet de pousser aisément au bout de la sole Produits obtenus,
près du miirou autel. La matière fonduecoule ■ atomes carbonate de «pude «ec rr 1356 j
entre le rouleau et la paroi extérieure du four, 1 — chaux . . . 386
revêtue d'une plaque en fonte verticale-, sur la * — sulfure decalcium 614 12701
plaque horizontale Moii elle s'étend, semoule, 16 — oxide de carbone. . lTes/0*
arrêtée par le cadre, et se fige promptement
en un pain très dur, mais encore poreux et de 4371
6 po. d épaisseur. A peine le four est-il vide
que l'on recommence une 2° opération en le Ce tableau démontre que lorsqu'on calcine
chargeant de nouveau, comme la 1™ fois. Ce parties égales de sulfate de soude sec et de
travail doit continuer jour et nuit sans inter craie, avec la dose indiquée de charbon, il se
ruption, de même que les fours à sulfate,jus- forme des produits dont on peut expliquer la
Î[u'à ce que des réparations indispensables productiou, en supposant que le sulfate de
orcent d'arrêter. soude et une partie de la craie se transforment
L'opération ayant été bien conduite, le pro en sulfure de calcium, carbonate de soude, etc.
duit obtenu, s'il est destiné aux blanchisseurs Il faut observer encore que si l'on meltail 2
et par conséquent fabriqué avec du sulfate atomes de craie seulement, le sulfure de .cal
contenant 10 à 12 p. 0/0 de sel marin et un cium, en se dissolvant dans l'eau, serait dé
dixième de charbon de bois en morceaux, doit composé par le carbonate de soude et l'on
marquer à l'alcalimètre de 31 à 33«, tandis aurait reproduction de la craie et du sulfure
que la soude fabriquée avec du sulfate plus de sodium; c'est ce qui n'a plus lieu quaud
pur et du charbon entièrement en poudre fine, ou emploie 3 atomes de craie, parce quajors
plus riche en alcali réel, marque de 40 à 42°. il reste 1 atome de chaux libre qui, combiné
Le sulfure de sodium, exigeant pour être sa avec les 2 atonies de sulfure de calcium, pro
turé une quantité d'acide proportionnée à duit un composé iusoluble daus l'eau froide.
l'alcali qu'il représente, mais ne pouvant agir Ainsi, le carbonate de soude formé sedjssout
dans les applications de la soude comme de seul et échappe à la réaction du sulfure pro
Y alcali, donne nu titre inexact. En effet, dans duit.
le raffinage de la soucie brute, ce composé, On voit par-là que tout le secret de celte
converti spontanément, comme par une lon fabrication, qui a exercé une si grande in
gue exposition à l'air, en sulfate, est perdu. fluence sur notre commerce, repose sur l'em
A la vérité, la soude peut agir aussi dans le ploi de proportions convenables et atomiques
blanchissage par les sulfures et les sulfites, entre la craie et le sulfate de soude. Quant au
et, dans l'art du savonnier, les sulfures sont I charbon, la dose peut varier. En effet, il faut
en mettre plus que le calcul n'en iudique,
cn.vp. 21". CARBONATE DK SOUDE. 391
pour remplacer celui qui est brûlé pendant laisse quelque temps sans la tirer, le bour-
l'opération ; d'ailleurs, un excès de charbon ne soufflement diminue, la matière devieut plus
peut nuire qu'en rendant caustique une par liquide. Ainsi, suivant l'époque ou elle est li
tie de la soude, inconvénient de peu d'impor re.-, la soude est plus spongieuse ou plus eom-
tance. Cacte ; mal cuite, elle est trop sulfurée. Le
Voici le dosage employé par Leblanc et les on dosage est de la plus haute importance.
produits alors obtenus: Si l'on prolonge la calcinalion, on obtient
1,000 sulfate de soude sec. une soude plus dure, plus dense, moins spon
1,000 craie. gieuse, dont la pulvérisation et la lixivialioa
550 charbon. sont plus difficiles. On doit faire observer en
2,550 mélange employé. fin que la dosa, on plutôt l'excès du char»
1,530 soude brute obtenue, bon, doit être d'autant moindre qu'on est par»
ou 900 carbonate de soude cristallisé, pro venu à mener les opérations plus rapide
venant de celle-ci. ment.
1,000 résidu insoluble laissé par la soude On substitue souvent la houille en poudre
au charbon de bois, et suivant qu'elle contient
brute. plus un moins de matières combustibles, on
Ce dosage était convenable à l'époque où le eu doit employer de 54 à 56 centièmes du sul
sel, incomplètement décomposé, donnait un fate réel contenu dans 1s mélange.
sulfate de soude ne représentant que 0,83 de Voici le tableau du prix de fabrication de la
sulfate pur; c'est encore ce qui a lieu pour la soude brute dans une suite d'opérations faite»
soude, dite des blanchisseur»; mais pour la près de Paris et destinée aux blanchisseurs. ■
soude riche, obtenue avec du sulfate presque fr. c.
pur, il convient d'employer |1$0 environ de 14,982 sulfate des cylindres à 17 fr, 2,546 9$
craie pour 1000 de sulfate, 13,500 craie a 10 fr. les 1,000 kjj. , , 135
Pour économiser le temps et le combustible 7,680 poussière de charbon à 3 fr.
dans la fabrication de lasoude, il convient que la 75 c- les 100 kil. 288
fonte des matières se fasse rapidement. Pour 36,162
que ce résultat soit obtenu, il faut : lu que le 10 voies ( 150 hectolit. ) de
four soit bien construit ; 2° que le feu soit con houille à 40 fr 400
duit avec soin ; 3" que la charge de matières Main d'oeuvre , . 250
à fondre ne soit ni trop forte ni trop faible: Frais généraux, etc 4US 09
4° qu'elle soit convenablement remuée; 6" 72 barriques pour embaril-
que le mélange soit très fusible. ler la soude , . , 180
Relativement au 1" point, la forme du four, Produit 22,440 kil. de soude"
nous l'avons indiquée plus haut; nous devons ayant coûté 4,285
de plus faire observer qu'il doit être le plus D'où l'on voit que le quintal métrique ou
grand possible, c'est-à-dire que les dimen les 100 kil. reviennent à 19 fr. 9 c. Le cours
sions ne connaissent de bornes que celles qui actuel est de 22 fr, ; par conséquent le béné
sont posées par la nécessité de porter facile fice est de 2 fr. 91 c. par 100 kil.
ment, sur tous les points de la sole, les ins- Dans cette localité, le prix coûtant établi ci-
trumens qui servent à remuer la soude; il dessus ne permet guère de fabriquer le sel et
doit plutôt pécher par excès que par défaut les cristaux de soude; aussi la totalité de la
de tirage. soude est-elle employée à l'état brut par le*
Relativement au 2e point, il convient de ne blanchisseurs.
as faire de trop fortes charges de combusti- A Marseille, la plus grande partie de la soude
>le; elles doivent plutôt être légères et mul brûle est destinée, soit au raffinage pour être
tipliées; c'est le moyen d'obtenir un feu vif expédiée en sel de soude à Rouen, Paris, etc.,
et d'éviter que le màche-fer ne se forme en soit à la fabrication du savon qui se fait dans
grosses masses qui obstrueraient la grille. la localité, et tout l'acide chloriiydrique est
Sur le troisième point, on doit remarquer perdu; l'acide sulfurique est employé à ."i<i%etc;
que lorsque les charges sont trop fortes, une aussi le compte de fabrication est-il différent.
partie de la matière reste long-temps sans Le voici approximativement présenté, en y
couler; que, lorsqu'elles sont trop faibles, on comprenant les 2 fabrications du sulfate et de
perd aussi du temps, parce que le four est la soude qui toujours sont annexées l'une à
trop fréquemment refroidi; une quantité de l'autre.
125 kil. a la fois par mètre carré de surface . Sel marin, 3,600 kil à I fr. 36 fr.
de la sole parait la plus convenable. t.. • I. Acide sulfurique
En remuant la matière dans les 1"' mo- Fabrication 45 y, ^ ^ frà 60",» 450
meus on retarde la foute; on doit donc, après du sul < HouilleTT Ml ^ 49
l'avoir chargée et étendue sur la sole en une fate. j Main - d'oeuvre et frais
couche d'égale épaisseur, attendre que la su ' généraux . , 62
perficie commence à couler. Alors on la sil ÎCraie, 4,500 kil G5
lonne avec la quarre du râble ; ce qu'on répète Houille (combustible et
de temps en temps jusqu'à ce que plus de la mêlante) 125
moitié de la matière ait commencé à fondre. Main-d'œuvre et frais
Ce moment arrivé, on doit remuer plus sou généraux 60
vent. Une fois la matière aux 2 tiers fondue,
on doit agiter continuellement ; vers la fin, il Produit: 6, 160 kil. de soude coûtent. . 838
faut brasser et mélanger le plus exactement 100 kil. reviennentà 13 fr. 60 c.
possible. La matière se boursouffle et il en La soude brute peut être employée direc
sort de longs jets de flamme blanche ; si on la tement dans la fabrication du verre à bouteil
392 ARTS AGRICOLES : FABRICATION DES SOUDES ET POTASSES. LIV.
les ; mais, pour toutes les autres applications, soude caustique, car la chaux se sera emparée
il faut en extraire la partie soluble, que l'on de tout l'acide carbonique et se sera précipitée
utilise seule, et en raison du carbonate de à l'état de carbonate de chaux ; cette solution
soude qu'elle contient. de soude rapprochée à 36° Baume, constitue
C'est par un lessivage analogue à celui des la lessive caustique que l'on emploie pour fa
matériaux salpêtres quecetteopérationa lieu; briquer les savons à froid et à divers autres usa
un filtre, semblable à ceux de M. Dumont, in ges.
diqués dans l'article sucre, p. 389, est fort com C'est à l'état caustique que la soude agit le
mode pour cela; on peut y substituer, poin plus dans le blanchiment des toiles et le blan
tes opérations usuelles, des tonneaux défoncés chissage du linge.
d'un bout ou des baquets préparés à cet effet; La lessive caustique de potasse, rapprochée
la fig. 420 indique les dispositions y relatives: jusques au point de ne contenir plus que les
A 1 po. au-dessus du fond on maintient un 0,16 d'eau qui constituent l'hydrate solide,
grillage en bois à l'aide de 2 traverses échan peut être coulée à chaud dans des moules ou
crées pour laisser passer le liquide. Dans ce sur une plaque de fonte unie; elle se prend en
grillage est engage un petit tube qui monte masse dure par le refroidissement, et consti
jusqu aux bords du tonneau. On recouvre le tue la pierre a cautère, que l'on doit conserver
grillage d'une toile forte, claire et bien ten dans des flacons bien clos.
due ; on emplit à moitié le tonneau de soude La soude pure est formée de 1 atome de
brute, préalablement humectée et écrasée; on sodium ou 290,9 1 ,on 0
verse de l'eau froids ou tiède jusqu'à 1 ou 2 Plus 1 atome d'oxigène. 100 j aau'a
po. au-dessus de la soude ; lorsque tout l'air
interposé est échappé par le petit tube, on ou Ce protoxide est blanc , extrêmement
vre un peu le robinet et l'on a soiu que l'écou caustique, très soluble; dissous, il ver
lement aille un peu moins vite que la filtra- dit fortement le sirop de violette et la tein
tion, afin que le marc soit toujours complète ture de mauves, il attire énergiquement l'hu
ment baigné; on ajoute de l'eau jusqu'à midité et l'acide carbonique contenus dans
épuisement complet de la soude, et la solution l'air, il est fusible à la température rouge clair,
filtrée peut servir immédiatement à lessiver son énergie sur les acides est très grande;
le linge; si l'on veut l'évaporer pour en ex aussi peut-il s'unir à divers oxides qui dans
traire le sel de soude, il faut avoir 5 ou 6 ton- la combinaison font fonctions d'acides ; tou
neaux semblables, afin de renforcer la liqueur tes ces propriétés lui sont communes avec le
en la repassant sur les autres filtres, et ne la protoxide de potassium ou potasse, qui s'en
rapprocher que lorsqu'elle est de 20 à 24° à distingue dans plusieurs de ces sels, et entre
l'aréomètre. On emploie un lessivage plus ex- autres par le carbonate, qui attire l'humidité
péditif en immergeant la soude hydratée et de l'air, tandis que le carbonate de soude s'y
écrasée dans des espèces de paniers en tôle dessèche spontanément; nous verrons ail
leurs quelques applications spéciales de ces 2
percés de trous et la changeant de vases jus alcalis.
qu'à épuisement.
Les solutions s'évaporent dans des chaudiè Le carbonate de soude sec et pur est coin-
res plates étagées, dont trois sont successive acideposé de : soude 390 J
ment chauffées par les produits de la combus eu ajoutant carbonique 276 |
tion qui ont d'abord chauffé directement une d'eau ou 10 équivalens
chaudière hémisphérique en fonte où le rap- 1,125
firochement se termine, et la précipitation a on a le carbonate cristallisé
ieu, comme dans la précipitation de la po égala 1,791
tasse ( voy. ci-dessus, page 381 ). Le carbonate de soude pur est blanc, âcre,
Le carbonate de soude, ainsi recueilli, mis un peu caustique , plus soluble à chaud qu'à
à égoutter et desséché à l'étuve ou dans un froid ; sa solution, faite à chaud, cristallise par
four à réverbère, de manière à rester pulvéru refroidissement en prismes rhomboïdaux ; ces
lent, se vend dans le commerce suivant la pro cristaux, exposés à l'air, s'el'fleurissenl en per
portion de soude libre ou carbonatée qu'il dant l'eau de cristallisation et tombent en pou
contient et que l'on évalue par un essai dans dre très fine. Ils peuvent se foudre à une
lequel on constate la quantité d'acide sulfuri- température peu élevée, dans leur eau decris-
que employépoursaturer complètement cette tallisation; desséchés, ils n'éprouvent de fu
soude. Aujourd'hui on fabrique des sels de sion qu'à une température au-dessus du rouge.
soude qui équivalent à environ 92 p.O/Odeleur Le carbonate de soude cristallisé, soumis à
poids de caroonate de soude pur. un courant d'acide carbonique, en absorbe
En faisant dissoudre à chaud ces sels, lais une double proportion et passe ainsi à l'état
sant déposer la solution pendant 6ou8 heures, d'un bicarbonate qui ue contient qu'un équi
etla soutirant au clair dans des terri ries, on ob valent d'eau c'est-à-dire environ 0,1 de son
tient par refroidissement des cristaux blancs, poids, c'est la base des pastilles de Vichy.
diaphanes, formés de carbonate de soude et Voici, en résumé, les principales applica
d'eau dans la proportion de 62, 69 de celle-ci tions des diverscarbonates de soudecommer-
pour 100 du carbonate cristallisé. ciaux, du bicarbonate et de la soude caustique.-
Si l'on fait dissoudre le même sel de soude Le carbonate s'emploie dans la verrerie, la
dans 8 fois son poids d'eau , que l'on y ajoute gobeleterie et la fabrication des glaces, où il est
environ les 6 dixièmes de son poids de bonne transformé en silicate de soude ; il forme la
chaux grasse, préalablement éteinte et très base du borax ou borate de soude, des phos
divisée, et que l'on agite pendant dix minutes, phates, tarlrates et bicarbonates employés
puis qu'on laisse déposer, on pourra soutirer en médecine.et ces derniers dans la préparation
un liquide clair qui ne contiendra que de la du soda-water ; on s'en sert pour préparer un
Chap. 22». PRODUITS RESINEUX. 393
suinte employé à blanchir la sparlerie et dans Presque toutes ces applications apparte
la précipitation des laques colorées , notam naient a la potasse caustique ou carbonatée,
ment de la garance ; il est fréquemment en mais le prix plus élevé de celle-ci a restreint
usage dans la teinture. ses usages à la fabrication du cristal (silicate
A l'état plus ou moins caustique, la soude de potasse et de plomb), encore s'occupe-t-on
sert à blanchir les toiles, le linge, les chiffons d'y substituer la soude; la potasse sert ex
à papier, sert à préparer les savons durs , le clusivement à préparer le chlorate de potasse
savou économique de résine, et la pâte rési employé surtout dans la pâte inflammable
neuse employée au collage du papier, à essayer des alumettes oxigénées, soit libre soit unie
les tissus mélangés de /Us de chanvre ou lin et à plusieurs sels; on emploie la potasse dans
de laine, parce que, étendue d'eau, elle dissout la fabrication du salpêtre ( nitrate ou azo
celle-ci sans attaquer les fils ligneux; la même tate de potasse), des chromâtes de potasse,
solution sous le nom d'eau seconde , s'applique pour la teinture et la peinture, les savons
à nettoyer les objets enduits d'ancienne pein mousseux, la pierre à cautère et l'alun arti
ture à l'huile; on l'emploie encore concur ficiel.
remment avec la potasse, pour fabriquer l'eau
de javelle, chlorite de soude ou de potasse, Paten.
agent de décoloration et de désinfection.
et on pourrait, au contraire, prétendre que la farine fabriquée dam un moulin à vapeur a plus de qualité, at
tendu que le mouvement des meule» peut être plus facilement régularisé. Ce qu'il y a de plus vrai, c'est que,
de bon établissement i la vapeur, à bon établissement a l'eau, et aussi à qualité de grains égale, et a moulure,
également bien dirigée et soignée, il ne peut j avoir dan* la farine de différence sensible.
404 ARTS AGRICOLES DE LA MEUNERIE. liv. iv.
§ Ier. — Des roues horizontales à cuveile, dites ceux qui sont établis sur les grandes rivières,
Turbines. soit sur des bateaux, soit sur les ponts , soit
La roue hydraulique d'un moulin à cuvette sur pilotis.
est horizontale et reçoit l'action de la percus 1* Det moulins à bateaux.
sion de l'eau. L'arbre de cette roue est ainsi
vertical et sert de gros fer à la meule courante, Le nombre des moulins à bateaux diminue
laquelle est adaptée à son sommet. L'extré tous les jours ; ils ont l'inconvénient de gêner
mité inférieure de cet arbre pivote dans une la navigation , de ne pouvoir moudre par les
crapaudine posée sur une sorte de palier. fortes gelées à cause des glaçons mouvans qui
L'eau est lancée contre le dessus de la roue briseraient les aubes de la roue , d'être aussi
dans une direction tangente à sa circonférence. plus sujets que les autres moulins aux incon-
"Les fia. 451 et 452 représentent en élévation et véniens de la sécheresse et des grandes eaux.
en plan une roue a pj„ Les bateaux étant soumis aux oscillations con
cuvette dont l'arbre tinuelles causées par le mouvement des eaux,
est appliqué à donner le mécanisme du moulin n'est jamais dans
le mouvement à une l'état de stabilité convenable et les meules
meule. La roue tour sont conséquemment sujettes à des dérange-
ne dans une cuve en mens , accidens qu'il faut surtout éviter pour
bois analogue à l'ar- obtenir une bonne mouture.
chure d'une meule de On distingue deux sortes de moulins sur
moulin, et qui s'élève bateaux :
assez au - dessus de 1° Ceux dits moulin à double harnais , parce
cette roue pour em qu'il y a deux roues , une de chaque côté du ba
pêcher l'eau de s'en teau; ces deux roues sont montées sur un
échapper et la forcer seul arbre et s'entr'aident ainsi pour donner
à tournoyer de ma le mouvement aux o-ganes du moulin.
nière à ce qu'elle en Cette construction est vicieuse; l'eau en
traîne les aubes. Les frappant l'avant-bec du bateau estobligée de se
aubes sont disposées diviser et prend naturellement des directions
obliquement, afin que latérales obliques qui l'éloignent des flancs
l'eau puisse les ren du bateau et conséquemment des roues, qui
contrer à angle droit. alors ne sont frappées que par des portions
Aussitôt après le du courant dont la vitesse est amortie par ces
choc, l'eau s'échappe dérivations.
de tous côtés sous la Comme il n'y a ni coursier ni vannes , on
roue , comme on le Fig. 453.
voit dans la figure. ne peut régler la prise d'eau, ni par consé
Les avantagent'* roues à cuvette sont ceux- quent régulariser le mouvement du moulin.
ci : leur extrême simplicité, le peu d'entre On ne peut même l'arrêter qu'au moyen d'un
tien qu'elles coûtent, puisqu'elles donnent frein analogue à celui dont on se sert dans les
directement l'impulsion à la meule et qu'on moulins à vent.
n'a ni dents ni fuseaux à réparer; leur peu Si la vitesse du courant n'est pas égale de
de frottement. chaque côté du bateau , ce qui ne peut man
Leurs inconvénient sont les suivans : l'eau quer d'arriver, surtout quand les eaux bais
n'agit pas contreelles avec avantage, pareeque, sent, une des deux roues ira nécessairement
en général, pour donner aux meules la vitesse plus vite que l'autre; et, dans ce cas, la roue
convenable, on est obligé de faire ces roues qui aura le moins de vitesse, entraînée par
si petites que les aubes en occupent le tiers du 1 autre, sera en quelque sorte obligée de pous
diamètre. L'eau agit avec moins de puissance ser l'eau au lieu d'en être poussée ; consé
que contre les roues en dessous , parce que , quemment grande déperdition de force.
étant moins enfermée lorsqu'elle frappe une 2° Les moulins d bateaux dits à simple har
roue h cuvette, la perte causée par sa non nais , parce qu'ils n'ont qu'une seule roue placée
élasticité se réalise entièrement. Il faut une entre deux bateaux. Cette construction n'offre
grande quantité d'eau pour les faire agir avec pas les mêmes inconvéniens que celle dont
la puissance nécessaire; aussi ne les voit-on nous venons de parler. Les deux bateaux éta
ordinairement employées que sur des grandes blissent, dans l'espace compris entre eux, une
rivières et particulièrement dans le midi de espèce de coursier, dont l'embouchure, au
la France. moyen des avant - becs des bateaux , est très
Une considération importante et qui doit favorable à l'introduction de l'eau. Ce cour
aussi empêcher qu'on ne donne la préférence sier est garni d'une vanne et conséquemment
aux roues horizontales, c'est qu'il est assez le mouvement du moulin peut se régler et
difficile de monter et surtout de maintenir s'arrêter avec facilité.
avec justesse l'arbre vertical sur la crapaudine Les deux bateaux forment une base très
et dans le collet supérieur qui doit le contenir large qui donne à tout ce mécanisme autant
exactement dans la verticale , condition essen de stabilité que peut en comporter ce mode
tielle pour que la mouture s'opère régulière de construction.
ment et avec profit. Le moulin à bateaux à simple harnais est de
beaucoup préférable au moulin à double har
$ II. — Des roues verticales pendantes et des moulins nais; cependant, de tous les genres de moulin,
pendant. les moulins à bateaux sont, sous tous les rap
ports , les moins convenables.
On désigne sous le nom de moulins pendant
chap. 53'. DES ROUES HYDRAULIQUES qua
Fig. 454.
2* Des moulitu d roues pendantes.
Ces moulins , comme les moulins à bateaux,
sont construits sur les grandes rivières, tour
nent comme ceux-ci au fil de l'eau, mais ont
sur eux l'avantage d'être soutenus, ou par des
pilotis en bois, ou par des piles en maçonne
rie. Ils ont également l'inconvénient de gêner
la navigation , aussi en a-t-on beaucoup détruit
depuis vingt ans, particulièrement ceux qui
étaient établis sur les ponts, dont ils ébran
laient la solidité. Cependant il en existe en
core un grand nombre, principalement sur les
bras non navigables des grandes rivières (1).
Ils tirent leur nom de la nécessité où l'on
est de rendre mobile la grande roue qui les
met en mouvement; cette mobilité est indis
pensable; autrement, dans les grandes eaux,
la roue serait submergée, et dansles eaux basses
elle resterait suspendue au-dessus du courant.
Pour obtenir cette faculté de monter et de des
cendre à volonté, la roue Jig. 453 ) R est pla
quarrissage et de 24 à 25 pi. de long, lequel
B sert d'axe au grand hérisson de l'intérieur,
0 Fig. 453. ,B r qui donne le mouvement aux meules et à tout
S 0 le mécanisme. Cet arbre vertical repose aussi
6 n sur le châssis mobile, en sorte que, comme
les autres parties, il suit le mouvement d'élé
9 1 vation et d abaissement donné à la roue.
Vf** c Le hérisson intérieur, qui donne le mouve
V ment à une ou plusieurs paires de meules,
0 • porte assez ordinairement de 9 pi. Il po.
c a 10 pi. de diamètre; il est armé de 82 c lie-
» î> rlau. "—^ 1 villes espacées entre elles de 4 po. 3/4, et
• t 3 ni engrènent , soit dans des lanternes , soit
ans de petits hérissons dentés, montés sur
chacun des gros fers qui servent d'axe aux
\K5m/' meules courantes. Dès lors ce grand hérisson
doit être fixe, c'est-à-dire qu'il ne peut mon
ter ni descendre comme le reste de l'appareil
établi sur le châssis. Pour atteindre ce but, on
fixe au centre du grand hérisson un fort
cée sur un fort châssis horizontal C C, composé moyeu creux dans lequel l'arbre vertical, qui
de pièces de bois de 14 à 15 pouces d'équaris sert d'axe à ce grand hérisson , passe libre
sage. Aux angles de ce châssis sont des pou ment et de manière à s'y mouvoir avec facilité ;
très ou règles verticales R qui traversent le puis, lorsque le châssis est arrêté à la hauteur
plancher du moulin Ces règles sont compo voulue , on fixe l'axe du hérisson dans le
sées de pièces de bois méplat de 6 à 13 po moyeu par de forts coins en bois. Ces coins
et soutenues chacune par une traverse qui s'ôtent toutes les fois qu'il faut monter ou
s'appuie sur de fortes vis en bois V {fig. 454), descendre le châssis. Le moyeu, formé d'un
appelées vcrrin*, ou bien sur des crics placéssur tronc d'orme , est appuyé en tournant sur des
le premier plancher du moulin. L'expérience moises ferrées de 16 alumellcs; ces moïses
parait avoir donné aux verrins, tels que nous sont ordinairement garnies de dents de che
les représentons et malgré leur construction val. On a soin de graisser le collet, afin que le
grossière, la préférence sur les crics. La frottement ne l'échauffé pas au poiut de faire
charge qu'ils ont à supporter est si forte que craindre l'embrasement.
ceux-ci Unissent toujours par ne pas opposer La roue hydraulique qui a ordinairement
assez de résistance. Les règles sont percées de 16 à 17 pieds de diamètre, sur 15 à 16 de
de trous éloignés de 6 à 7 po. les uns des largeur, doit présenter beaucoup de solidité,
autres, et c'est au moyen de ces trous et de parce qu'elle reçoit de fortes secousses quand
forts verrous de fer D, que l'on y introduit, les eaux sont hautes, et par les temps de glaces.
que le châssis et tout ce qu'il supporte est fixé Les aubes larges de 3 pieds et longues de 15
à la hauteur convenable; c'est ce qu'on ap à 16, doivent être assez fortes pour recevoir,
pelle mettre d l'eau et mettre hors l'eau. sans plier, l'impulsion du courant; elles sont
Le rouet de ces moulins est adapté à la roue ordinairement disposées de manière à pouvoir
même; il a ordinairement 13 pi. de diamè être rapprochées plus ou moins près du gros
tre et 64 chevilles au moyen desquelles il en arbre on axe de la roue, afin que dans les
grène dans une lanterne ou hérisson, moulé grandes eaux , lorsque le châssis ne peut plus
sur un arbre vertical en bois d'un pied d'é- monter, on puisse diminuer le diamètre de la
(i) A Mcaux (Seine-et- Maroc) les moulins rcudana sont remarquables par leur nombre et par leur
forte.
406 ARTS AGRICOLES : »E LA MEUNERIE. ut. iv.
roue, assez pour pouvoir tourner encore; il l'eau ne monte pas sur les cintres de la roue.
peut aussi être nécessaire d'enlever les aubes Il faut aussi bien auber de calibre, c'est-à-dire
entièrement, pour éviter l'effet des glaces ou de manière que toute l'eau porte bien sur
des inondations extraordinaires. les aubes et qu'il ne s'en échappe pas inuti
Le gros arbre porte ordinairement de 20 à lement sur les côtés.
24 po. de diamètre; il s'appuie à chaque ex Dans les anciennes constructions, le dia
trémité sur un fort tourillon qui tourne mètre le plus ordinaire des roues en dessous
dans une poélette que l'on a soin de garnir de était de S™, 198 à 5m,523 (16 à 17 pi.), jusqu'à
graisse. l'extrémité des aubes. Le coursier ou reiUire
I.;i vanvc;\\ ipelée aussi décrottoir, ferme tout avait 18 à 20 po. de large; les aubes, à partir
l'espace dans lequel la roue hydraulique est du cintre de la roue, avaient environ 2 pi. de
établie; elle se monte ou descend à volonté, hauteur. Le nombre de ces aubes était habi
soit par une roue à treuil , soit par un cric dis- tuellement de 24 à 30. Passé ce nombre l'eau
f>osé au premier étage, et auquel communique serait sujette à pajotter. Chaque roue condui
adite vaune, par un madrier ou épée, sem sait sa paire de meules, et l'on estimait que_ le
blable à ceux qui soutiennent le châssis. diamètre du rouet devait être un peu moins
La construction des moulins pendans, est de moitié de la roue ; c'est-à-dire que si la roue
en général trè» dispendieuse; leur mécanisme hydraulique était de 17 pi., le rouet devait
est encore lourd et matériel, et on peut dire avoir 8 pi
qu'ils sont stationnaires en comparaison des Olivieb Evans établit que, dans un moulin
moulins de pied ferme établis sur les rivières en dessous à engrenage simple, la meule doit
non navigables. Tous les appareils que nous faire 3 tours 1/2 à 3 tours 3/4 pendant que la
venons de décrire sont donc anciens; et il est roue en fait un, un peu plus un peu moins,
probable qu'à mesure des réédifications, des selon la quantité d'eau à dépenser. Dans ce cas
mécaniciens habiles seront appelés à faire dans le rouet avait ordinairement 48 chevilles à6po.
ces moulins des changemens notables. de pas ou d'intervalle d'une cheville à l'autre,
et la lanterne 8 fuseaux.
§ III. — De» roues verticales en dessous, mues par La fig. 455 représente cette roue verticale
impulsion. Fig. 455.
On appelle roues en dessous celles sur les
aubes desquelles l'eau, en fuyant dans un
coursier, vient frapper au point le plus bas
possible de cette roue. De là le nom de mou
lins en dessous.
On a reconnu aujourd'hui que c'était une,
grande erreur que de faire agir l'eau par im
pulsion toutes les fois qu'on pouvait la faire
agir par sa gravité. Selon Olivier Evans, les
roues en dessous à percussion ne possèdent
qu'un peu plus de la moitié de la puissance
des roues qui sont mues par la gravité ou le
poids de l'eau. Aussitôt après son premier
choc l'eau perd toute sa force; voilà pourquoi
il est nécessaire, dans ces sortes de roues, que en dessous: A, rivière; B, vanne; G,coursier;
l'eau vienne frapper au point le plus bas, et de E, gros arbre ; F, aubes.
manière à ce que le plus petit nombre possi
ble d'aubes soit à la fois dans l'eau. $ IV. — Roues verticales mues par la pression, ou
Les 2/3 de la vitesse du courant sont la va roues à la Poncelet.
leur de la vitesse qui convient à cette espèce
de roues. L'eau dépensera alors sa force en M. Poncelet, capitaine de génie, membre de
parcourant l'espace de 4 palettes; elle com l'Académie des sciences, convaincu par expé
mencera à fuir à la 3». La 5e palette sera tout- rience de la perte de puissance que faisaient
à-fait hors de l'eau. les roues en dessous mues par impulsion, cher
Au-dessous ou au-dessus de cette propor cha à en modifier la forme de manière à leur
tion l'eau perdrait de sa puissance; car, quoi faire produire un effet utile qui s'approchât
que la roue éprouve un plus grand eflort par davantage de la force absolue du courant; de
un mouvement lent que par un mouvement telle sorte que l'eau n'exerçât aucun choc à
rapide, si ce mouvement était trop ralenti, son entrée clans la roue ni dans son intérieur,
l'eau ayant perdu de sa force aussitôt après le et la quittât également sans conserver aucune
choc, l'effet de la roue serait amoindri; de vitesse sensible.
môme que si la roue était trop rapide elle Il crut remplir cette double condition en
n'aurait pas le temps d'opposer à l'eau assez remplaçant les aubes droites des roues ordi
de résistance et son effet serait moindre en naires par des aubes courbes ou cylindriques
proportion. présentant leur concavité au courant et de
Quelques constructeurs ont prétendu que la manière à former une courbe continue. Il est
vitesse de la roue ne devait être que du tiers résulté de cette nouvelle forme donnée aux
de la vitesse de celle de l'eau; d'autres pré aubes des roues recevant l'eau en dessous,
tendent qu'elle doit être des 2/3. Nous pen que l'eau agit par pression et non pas par le
cherions pour ce dernier avis. choc. On peut consulter à leur égard les mé
I);nis tous les cas, il faut calculer exacte moires que M. Porcelet a publiés à Metz en
ment la hauteur de l'aube, de manière que 1827 ; les diverses expériences qui y sont rap
CHA*. 23". DES ROUES HYDRAULIQUES. 407
portées ont prouvé que l'effet de ces roues en pourtant ce nom de roues de côté, qu'on leur
dessous était supérieur à celui des roues en a donné jusqu'ici dans les arts.
dessus à aubes planes. Ces roues diffèrent des roues à aube et à
La fig. 456 représente une roue verticale à augets en ce que l'eau se meut dans un cour
sier courbe, appelé ordinairementeot de cygne,
Fig. 456. lequel embrasse une partie de la roue, depuis
sa base jusqu'au point où elle reçoit l'eau par
une vanne plongeante, ou à déversoir; le point
d'arrivée de l'eau est à peu près au milieu de
la roue, entre son sommet et sa base; il n'est
jamais au-dessous de l'axe de la roue; mais
lorsque la chute est considérable, il peut être
élevé au-dessus.
Les avantages des roues de côté consistent
essentiellement en ce que, d'une part, l'eau y
agit par son poids comme dans les roues en
dessus, et, de l'autre, en ce qu'elles sont sus
ceptibles d'utiliser, comme les roues à aubes,
la plus petite chute d'eau, ce que ne font pas
les roues en dessus, dont l'emploi est presque
uniojuement borné aux chutes qui dépassent
3 mètres et ne débitent pas un très grand vo
aubes courbes, disposée de façon à éviter, lume d'eau.
autant qu'il est possible, le choc de l'eau et Les roues de côté doivent être d'autant plus
la perte de vitesse qui a lieu d'ordinaire après larges que les chutes sur lesquelles on veut
qu'elle a agi. Ces aubes sont encastrées par les établir sont moindres.
leurs extrémités dans 2 plateaux annulaires, Beaucoup de mécaniciens sont d'avis de leur
à la manière des roues à augets, sans néan faire recevoir l'eau sur une très grande largeur
moins recevoir de fonds comme celles-ci; etdemanièreàceque lalamed'eau soitlemoins
elles peuvent être composées de planchettes épaisse possible, proportionnellement à la
étroites, lorsqu'on les exécute en bois, autre force que l'on doit employer. 5 po. d'épaisseur
ment elles doivent être d'une seule pièce, soit par exemple, pour une force capable de mettre
de fonte de fer, soit de tôle, et alors on peut en mouvement 6 paires de meules à l'anglaise.
se dispenser de les encastrer dans les pla D'autres prétendent, au contraire, qu'on a
teaux annulaires, en y adaptantdes oreilles ou poussé trop loin la théorie de ce principe;
rebords cloués ou boulonnés sur ces plateaux. qu'en répartissant l'eau sur une faible épais
Dans certains cas, on trouvera plus à propos seur, il y a risque d'en perdre beaucoup. En
de supprimer les anneaux et de les remplacer effet, pour peu que le bout des aubes éprouve
par des systèmes de jantes, ainsi que cela se quelque altération ou qu'un peu d'eau fuie
pratique ordinairement pour les roues en sur toute l'étendue d'un col de cygne de 16 pi.
dessous Les aubes courbes devront alors être de large , par exemple, il y aura une déperdi
soutenues par de petits bras ou braçons en tion considérable, qui serait beaucoup moin
fer, dont la partie inférieure soit boulonnée dre si la largeur de la roue n'avait été que
par la jante après l'avoir traversée; le reste de 10 à 12 pi., par exemple. Le propriétaire de
du braçon, plus mince et plié suivant la cour moulin doit encore, à cet égard, consulter
be, devra être percé, de distance en dislance, d'habiles ingénieurs.
de petits trous, pour recevoir les clous ou L'expérience a démontré que l'effet utile
boulonnets destinés à fixer l'ailette. des roues de côté était compris entre 50 et 60
Quant à Yécarlemenl des aubes, on peut se pour 0/0 de la force totale du cours d'eau ,
diriger d'après les principes suivis pour les suivant qu'elle est plus ou moins bien cons
roues en dessous ordinaires. Ainsi, pour des truite.
roues qui auraient de 4 h 5 mèt. de diamètre, La fig. 457 représente une roue verticale de
on ne risquera rien d'adapter 36 aubes et plus Fig. 457.
même, si l'épaisseur de la lame d'eau intro
duite dans le coursier est faible, par exemple,
10 à 15 centimèt., ou si la roue possède un
diamètre plus grand encore.
Il paraît convenable de donner au fond du
coursier qui verse l'eau une pente de 1/10 en
viron.
J V. — Des roues de côté.
Les roues dites de côté participent à la fois
du système des roues en dessus par la ma
nière dont l'eau leur communique le mouve
ment, et des roues en-dessous par le sens côté, prenant l'eau juste à la hauteur de l'axe.
dans lequel elles tournent et par la manière
dont l'eau s'écoule. § VI. — Des roues en dessus.
D'après cette définition , il nous semble
qu'elles eussent été plus rationnellement De tous les récepteurs hydrauliques, les
nommées rouet de milieu. Nous conserverons roues en dessus, mues par le poids seul de
40!» ARTS AGRICOLES : DE LA MEUNERIE.
l'eau, sont les plus puissant ; la théorie et la î Fig. 459.
pratique s'accordent à cet égard."
L'eau arrive au sommet de ces roues, s'in
troduit dans des augets en forme de petits
pots , entraîne ainsi tout l'appareil , et quitte
ces augets lorsqu'ils ont atteint à peu près la
ligne perpendiculaire. Ainsi qu'on le voit,
l'eau tend à s'éloigner de la roue et par sa
fuite naturelle et par l'effet de la force cen
trifuge , avantage que n'ont aucune des autres
roues.
On estime que la force transmise par les
roues en dessus est des 3/4 de la puissance
du courant. S'il était possible de leur livrer
l'eau sans vitesse ou de la faire vider précisé
ment au bas de la verticale, elles atteindraient
la quantité totale d'action mécanique possédée
par le cours d'eau.
Il faut donc, toutes les fois que la chute est
assez grande (3 mètres au moins) adopter de
préférence la roue en dessus.
Il faut avoir soin , dans cette construction ,
de combiner la vitesse du courant et celle de
la roue de telle manière que les augets re
çoivent toute l'eau, et que celle-ci ne passe pas t" La force d'eau, plus ou moins considéra
par-dessus les bords de ces augets ; on conçoit ble ; la manière d'en disposer et de la diriger
que, s'il en était autrement , il iy aurait déper sur la roue hydraulique, et de la renvoyer à
dition de force ; il faut éviter que la roue pro volonté au moyen d'un système de vannage ;
jette son eau. 2° La roue hydraulique montée sur son arbre
En général on donne à ces roues le plus tournant;
grand diamètre et la plus grande largeur pos 3° Le rouet ou hérisson, et les diverses com
sible. binaisons d'engrenages au moyen desquels
La fig. 458 représente une roue en dessus les meules tournantes sont mises en mouve
ordinaire. ment.
4° Les meules horizontales superposées, d'un
Fig. 458. diamètre parfaitement égal, 1 une faisant sur
son axe des révolutions plus ou moins nom
breuses et qu'on appelle meule courante,
l'autre inerte nommée gite ou meule gisante;
5* Le gros fer, le punit al, sur lesquels la
meule courante est suspendue et équilibrée;
6° L'engreneur ou baille-blé, qui distribue ré
gulièrement le blé sous les meules ;
7* Les récipient où tombe la farine qui s'é
chappe des meules par une ouverture ou con
duit, qu'on appelle anche;
8° Les bluteaux ou bluteries, dans lesquels
la farine est séparée des sons, et celles où le
son (écorce du blé) est séparé de toutes les
parties non encore réduites en farine, et où il
est aussi divisé en différentes espèces, suivant
son degré de ténuité ;
9° Le nettoyage à grains, mécanisme essen
tiel, dont on a aujourd'hui beaucoup varié la
forme et les effets.
10° Enfin toute lespièces accessoires, comme
On voit des roues de ce genre qui sont mouvemens de transmission, chaines de go
monumentales ; celle dont nous donnons le dets ou noria, tire-sacs, refroidisseur, etc.
modèle, /fy. 459, a près de 60 pi. de hauteur; elle
a été construite par M. Corrêge, mécanicien, $ I".—De§ meules.
rue de l'Ouest , a Paris, pour mettre en mou S'il est essentiel, pour tirer partie de toute
vement une scierie de planches à Tannery, sa force d'eau, de confieràdes hommes habiles
arrondissement de Fontainebleau (Seine-et- la construction de la roue hydraulique, il n'est
Marne). pas moins indispensable, pour obtenir dans
la mouture la quantité et la qualité du pro
Section V. — Des pièces principales dont se duit, d'apporter la plus grande attention à
compose le mécanisme des moulins à blé. tout ce qui concerne les meules, savoir : leur
dimension ou diamètre, la qualité de la pierre,
Il existe différens systèmes pour moudre le- leur équilibrage, leur repiquage ou rhabillage.
grain, mais ces différences consistent plutôt
dans la manière d'appliquer les organes, ou § II. — Du choix dei meulei et de leur confection.
pièces qui effectuent le travail, que dans la di- Toutes les pierres ne sont pas également
ch.vp. 23". DES PIECES DES MOULINS. 409
convenables pour effectuer la mouture du blé. recherche et supportent très bien l'action du
Les roches calcaires et les grès sont impropres marteau. On a reconnu de bons effets de leur
à cet emploi; elles formeraient par leur frotte mariage avec des pierres de La Ferté. Lesigny
ment sur le grain, soit de la poussière, soit se met alors en gisante.
du gravier qui, en se mêlant avec la farine, en Autrefois, il n y a pas encore vingt ans, les
altéreraient la quantité d'une manière dés meules étaient généralement d'un seul bloc,
agréable et même nuisible. ou de 2 ou 3 morceaux ; aussi était-il très rare
Les meilleures pierres à moulin à farine sont de rencontrer une meule parfaite; elle péchait
celles dont la nature est siliceuse; on les a, toujours en quelque place. La science, en fai
pour cette raison , appelées pierres meulières. sant des progrès, a fait reconnaître qu'il était
Il en existe en France d'assez nombreuses essentiel, surtout pour le parfait équilibrage
carrières; mais les plus renommées sont des meules, condition première de ton le
celles de La Ferté-sous-Jouare, petite ville du bonne mouture , que les pierres dont les
département de Seine-et-Marne, sur les bords meules sont formées fussent toutes, autant
de la rivière de Marne. Non-seulement c'est que possible, de qualité homogène. C'est pour
là que se fournit de meules une partie de la atteindre ce but que l'on fabrique maintenant
France et surtout le rayon d'approvisionne les bonnes meules à l'anglaise, de petits
ment de Paris, mais encore il s'y fait de nom morceaux, de grandeur égale ou inégale, peu
breuses expéditions pour l'Angleterre et l'A importe, pourvu que leur qualité soit bien la
mérique du Nord. même. On les rapproche et on les lie ensem
Quoique la monture dite à la française tende ble avec du plâtre.. Les joints sont taillés au
chaque jour à perdre de son importance, nous burin et doivent être faits avec autant de soin
croyons pourtant utile d'entrer dans quelques à l'intérieur qu'à l'extérieur (fig. 460). Quel
détails sur les meules qui lui convienuent. ques constructeurs de fjg. 4go.
Les meules dites à la française ont le plus meules s'attachent à ca
généralement 2™,003 (6 pi. 2 po. ); on en voit cher les joints dans les
aussi un assez grand nombre de lm,624 à lm, profondeurs du sillon ou
787 (5 pi. à 5 pi. 1/2); quelques-unesont 2m,437 rhabillage ; c'est une très
(7 pi. ), mais c'est le plus petit nombre; leur bonne méthode. Le des
épaisseur est de 12 à 15 po. sus de la meule, ou la face
La carrière de Tarterel, appartenant à la opposée à la monture, est
maison Gueuvin, Bouchon et C", était la plus égalisé avec des débris de ,
renommée pour les meules à la française; pierre et du plâtre, et le
c'est une pierre blonde, œil de perdrix, semée tout est consolidéau moyen 1
de petites parties bleues et blanches, légère de cercles en fer placés au
ment transparentes. tour de la meule , pour
La meule gisante ne devait pas être si empêcher l'effet de la force
ardente que la courante. Par meule ardente, centrifuge qui tend, pen
on entend une pierre qui a des inégalités na dant la rotation, à en disjoindre les parties
turelles qui la rendent coupante; les inégalités pour les lancer au loin par la tangente.
s'appellent des éveilhtres. Nous parlerons de l'équilibrage des meules,
Pour la mouture anglaise ou américaine, en donnant la description du gros fer, de Va
le diamètre des meules varie de 1<°,218 à nille et du pointai.
1»,299 (3 pi. 1/2 à 4 pi.); cette dernière
dimension est la plus générale et celle qui per § III. — Du rhabillage ou repiquage des meules.
met le mieux d'utiliser la force de l'eau sur
les rivières dont le cours est variable. Cette Pour que les meules puissent bien moudre
mouture a aussi apporté des modifications il faut que leurs surfaces soient parfaitement
importantes dans le choix de la pierre. On planes. C'est jusqu'ici au moyen de la règle et
veut toujours que la meule gisante soit un du marteau qu'on est parvenu à obtenir cette
peu moins dure que la meule courante ; on rectitude. La maison Gueuvin , Bouchon et
ne recherche plus les meules éveillées; mais Cie, de La Ferté-sous-Jouare, donne, dit-on,
au contraire des meules pleines, compactes, aujourd'hui à ses meules un riblage parfai
et d'un silice pur. Le bois de la Barre, près tement plane, au moyen d'un procède parti
La Ferté-sous-Jouare , d'une couleur bleue culier.
ardoisée et d'un grain dur et plein, sont Une fois les meules bien dressées ou mises
celles qui, jusqu'ici, ont obtenu la préfé en bon moulage , on leur donne la rhabilhire
rence. La raison qui fait qu'on recherche, convenable. La plupart des meuniers à la
pour la mouture anglaise, des meules tout- française avaient la mauvaise habitude de rha
a-fait pleines , c'est que le rhabillage qui biller ti coups perdus; cette méthode n'est plus
leur est propre est une science qui, au moyen usitée que dans les moulins où l'on fait des
du marteau, pratique elle-même les éveillu- moutures grossières. Les habiles meuniers à
res au degré qu'elle juge nécessaire. Un la française pratiquaient des rayons de 12 à 14
défaut essentiel de la pierre et qui la ren lignes Je large , venant aboutir insensiblement
drait tout-à-fait impropre à recevoir un bon vers le centre à quelques points de l'anille.
rhabillage, serait qu'elle éclatât sous le mar La manière de les disposer et de les espacer
teau. dépendait de la qualité de la pierre , du plus
Depuis quelques années on a ouvert à Le- ou moins de sécheresse des blés; plus les
signy, près La Haye (Vienne), des carrières blés étaient secs, plus on ménageait le rha
de pierres meulières d'un grain moins bleu et billage, i.
plus tendre que la pierre du bois de la Barre, Aujourd'hui , ainsi que nous l'avons déjà
niais elles ont en général la compacité que l'on dit , le rhabillage des meules est une science,
ÂGIIIC.VLTIRE. tome III,—52
410 ARTS AGRICOLES DE LA MEUNERIE. LIV. IV.
et dans tous les éta- Fig. 46». Fig. 463.
bl issemens soigneux de
leurs produits, il y a
un homme ad hoc, qui
occupe le premier rang
dans le moulin.
Ainsi que l'indiquent
les fig. 461 et 462, le rha
billage se divise en
plusieurs compartiment
contenant chacun un
nombre donné de
rayont. Ces comparti Fig. 462.
mens sont ordinaire
ment au nombre de 10
ou 12 et contiennent
chacun 3 ou 4 rayons comme on le voit en g"; lorsqu'il est plus
ou sillons; en tout, sur avancé, qu'il est arrivé en g', par exemple,
la surface de la meule il est pulvérisé et amené entre les surfaces en
36 à 40 rayons, suivant contact qui achèvent le travail. Ces surfaces
que la pierre est plus Fig. 464.
ou moins éveillée. Les
rayons ou sillons doi
vent être creusés de ma
nière que la profondeur de l'avant-bord ne
dépasse pas la grosseur d'un graiu de blé et
<ju il suive une pente régulière de 25 millim.
jusqu'à l'arrière -bord, dont l'arête doit se en contact sont garnies de tailles légères et
trouver sur la surface même de la meule; régulières faites au moven du marteau {fig. 465
c'est cette arête qui travaille, qui attaque et 466). L'habileté de l'ouvrier consiste à faire
le blé, et qui développe et nettoie le son. Fig. 465. Fig. 466.
Ce mode de rhabillage est commun à la
meule gisante et à la meule courante, mais
avec cette différence que la meule gisante est
toujours parfaitement plane, tandis qu'on
peut donner à la meule courante un peu
d'ouverture, c'est-à-dire que, depuis le bord
de l'œil lard jusqu'à 27 centim. au-delà, on
peut la creuser de manière qu'il y ait à
l'ouverture une profondeur égale à l'épais
seur d'un grain de blé ou d'environ 4 millim.,
et qu'à partir de ce point la surface suive celle les tailles les plus régulières et les plus fines
d'un cône très ouvert, dont la plus grande possible; un bon rhabilleur doit avoir la pré
base aurait 4 décimètres de rayon. De cette cision du ciseleur, et ne faire pas moins de 30
sorte le graiu entre librement au bas de l'œil- ciselures dans la largeur d'un pouce; il y a des
lard, et ne se trouve pas subitement attaqué mains habiles qui en fout bien davantage.
par les meules ; mais entraîné d'abord par la Une paire de meules , avec des blés d'une
force centrifuge, il est bientôt froissé par les sécheresse ordinaire , peut travailler 7 à 8
tailles de leurs surfaces, et est d'autant plus jour* sans avoir besoin d'être rhabillée. Sur
pressé qu'il s'éloigne du centre. Les sillons un moulin de 7 paires 'de meules il y en a tou
ont pour but de permettre à l'air de pénétrer jours une paire au rhabillage.
bien avant sous les meules et de rafraicliir Pour faire un bon rhabillage , il faut avoir
ainsi les surfaces en contact. des marteaux aussi durs et aussi tranchans
Quand les meules sonteu travail, leurs can que possible (1). On passe, sur la surface des
nelures se présentent entre elles, suivant des meules émoussées, une règle rougie, et s'il
angles aigus tels qu'on les voit fig. 463 de existe des parlies trop saillantes, elles seront
manière a faire pendant le mouvement l'effet marquées du rouge que cette règle y laissera.
d'une cisaille. On abaisse alors ces parties en les sillonnant
Ainsi, vers l'œillard, quand une cannelure d'un grand nombre de tailles ; les tailles doi
de la meule supérieure rencontre celle cor vent toujours être disposées parallèlement
respondante de la meule inférieure , elles for aux sillons. Il faut aussi avoir soin de repi
ment à elles deux la figure en g* {fig. 464). quer le fond des sillons pour les maintenir à
Le grain de blé se trouve ïo^é entre elles et la profoudeur nécessaire ; on peut employer
va, dans le mouvement, être entraîné de pour cette opération des marteaux émoussés.
droite à gauche; à mesure que la meule Quelques meuniers adoptent le rhabillage
tourne, sa cannelure glisse successivement cintré (fig. 4M); rien n'indique que ce système
sur tous les points de la cannelure inférieure, soit plus avantageux.
de telle sorte que le même grain est bientôt En Angleterre, quelques fabricans ont
développé par l'arête des arrières -bords, adopté depuis peu un rhabillage à rayons
(l) Le sieur Camus-Rochou, rue de Charonnc à Paris, est renommé pour la fabrication des marteaux à
rhabiller.
CHAP. 23*. DES PIÈCES DES MOULINS. 411
leaucoupplutnombreuax Fig. 467. Fig. 470.
La disposition est la
même, mais au lieu
de 36 à 40 rayons, par
exemple , ils en met
tent de 70 à 100. Ils pré
tendent que par cette
méthode ils peuvent
donner plus de véloci
té à la meule tournante
sans échauffer la mou
ture.
Les meuniers à la française ont adopté le
rayonnage anglais, mais comme en général la
pierre de leurs meules est plus ouverte , ils
multiplient moins les sillons {fig. 468). pierre même de la meule. Au juste milieu de
$ IV. — Disposition cette anille est une cavité semi-circulaire qui
Fig. 468. reçoit le bout du gros fer T, qui forme boule
des meules. en O, et qu'on nomme pointai.
Les meules gisantes Vattemblage se fait au moyen d'un man
reposent sur un plan chon en fonte composé de 2 pièces ajustées
cher A- A, solidement l'une sur l'autre d'une manière fixe. La pièce
construit que l'onnom- inférieure P' se monte sur le bout du fer; elle
mebéfroi (ftg.409); elles est percée latéralement d'une ouverture tra
doivent être placées versée par l'anille, dont une partie s'engage en
dans une horizontalité même temps dans la pièce supérieure P*.
parfaite et parfaitement La fig. 471 représente une autre forme d'a-
centrée» par rapport au gros fer. A cet effet, on nille.
les fait appuyer sur 3 vit verticales p", dont les Fig. 471.
écrous sont engagés dans l'épaisseur de )■
charpente. Ces vis, équidistantes vers la cir-
Fig. 469.
^—*~~è.
La flq. 485 représente le» deux cylindre»
A. B est le frottoir, C le levier à romaine,
qui sert à presser le frottoir.
Cette disposition ne peut suppléer comme
moyen de mouture à l'insuffisance des cylin
dres, et elle est essentiellement vicieuse sous
le rapport de l'emploi de la force motrice, car
le frottoir agit à la manière d'un frein dynamo
métrique, et épuise une grande partie de la
puissance.
Ce que nous venons de dire des moulins &
cylindre» peut s'appliquer aussi aux mou
lins à meules verticales.
M. Maître de Yili.ote, et après lui, M. Tn prendre que dans «on écarteraient ou son
Nodi.er, ont établi sur ce système des mou rapprochement de h meule courante, le gîte
lins d'une construction légère et véritable i<e peut avoir d'autre mouvement que celui
ment séduisante; mais jusqu'à présent, ni rigoureusement commandé par les excentri
l'un ni l'autre ne sont parvenus a vaincre la ques, et que, du moment ou la position du
grande difficulté : la variabilité des touril gite est déterminé par ces excentriques, la
lons, sur lesquels est supporte l'aie de la mouture ne peut éprouver aucune variation.
meule tournante, et la presque impossibilité Ou comprendra de même avec quelle préci-
de tenir les deux meules en parfait rapport
entre elles. Conséquent ment ils ne peuvent Fig. 188.
obtenir des sous parfaitement nettoyés; ils
sont obligés de lesretnoudre, systèmevicielix,
comme nous l'avons indiq.ié plus liant.
En faveur des moulins à meules verticales
de MM. Maître et INodler, nous devons dire,
que nous les croyons les mieux appropriés
aux cas exceptionnels qui peuvent faire adop
ter les moulins à bras ou à manège; la guerre
en pourrait l'aire un très bon emploi dans une
campagne de montagnes Ils pourraient fonc
tionner en faisant roule.
La/ty. 486 représente l'ensemble du moulin sion on peut ribler et rhabiller le» meule»,
Fig. 486. puisqu'il suffit de rapprocher peu à peu le
gltc de la meule courante qui, dans sa rota
tion, indiquera les places ou le glle doit être
retouché ou exauce, jusqu'à ce qu'entin le»
deux circonférences soient parfaitement cy
lindriques et de même rayon. On aura Jù
préalablement rendre la meule courante |«ar-
i'ailement cylindrique, ce qu'on obtient au
moyen d'une règle placée sur le biti du mou
lin, parallèlement a l'axe de celte meule.
Voici la description de ce moulin : A, meule
avec son arbre et ses coussinets en cuivre de
24 lig. de longueur. B, glle ou meule gisante,
soutenue par deux excentriques. C C, 2 ex-
ce. triques de même calibre dont les arbres
reposent sur des coussinets. )), arbre de la
meule courante auquel est adaptée d'un côté
de M. Nodi.ei», moins l'enveloppe en bois qui une poulie qui reçoit l'action du moteur au
doit éviter I évaporalion de la farine. La fia. moyen d'une courroie ; l'autre extrémité de
487, exécutée sur une plus grande éclielle cet arbre est en communication avec le dis
pour en mieux faire apprécier les détails, est tributeur du grain à moudre. E E, arbres des
une coupe dans laquelle on a fait figurer: 1* deux excentriques. 6' , parlie supérieure du
une partie seulement de la meule courante; gîte, parfaitement droite et unie. Sa surface
2" la totalité de la meule gisante (ou gite) , est toujours tangente à l'excentrique, b ,
avec le système tle rapprochement et d'écar- partie demi-circulaire servant de base au gite.
tement qui fait la base de l'invention de Elle embrasse avec exactitude la moitié Je la
M. Noolbr. La fig. 488 représente : 1* un circonférence de l'excentrique sur lequel «U«
424 ARTS AGRICOLES DE LA MEUNERIE. uv. iv.
repose, et ne permet ainsi au gtte d'autre au moyen d'un pivot, sur le plancher et tour
mouvement que celui commandé par l'excen nant librement sur lui-même. A son extré
trique. H H, secteurs dentés communiquant mité supérieure, une traverse B avec arc-
aux excentriques. OO, tiges en fer avec leurs boulant , laquelle est percée à son extrémité
vis sans fin servant à faire mouvoir les sec et reçoit une forte vis D, laquelle, au moyen
teurs au moyen d'une clef, p, roulettes en d'un écrou armé de 2 bras E, monte et des
fonte; elles servent à faire glisser le gtte sur cend à volonté. L'extrémité inférieure de la
un chemin de fer qui le conduit sans dévia branche qui forme vis supporte un demi-cer
tion sur l'excentrique. cle en fer G percé à chaque extrémité. Ce der
nier cercle embrasse la meule et se fixe
Section XI. — Différente autres sortes de sur ses parois au moyen de 2 errons que l'on
moulins. passe dans les trous qui sont à l'extrémité du
demi-cercle et dans les trous correspondans
Outre les moulins à cylindres, et à meules pratiqués dans la meule. Alors on remonte la
verticales, on a essayé aussi de moudre le blé vis; la meule s'enlève, on lui fait faire bas
au moyen de meules d'acier horizontales, cule dans le demi-cercle et on la pose, en des
taillées en forme de lime. L'échauffement de cendant la vis, sur le plancher du côté qui ne
ces meules par le frottement a bientôt obligé travaille pas, de manière à ce que la face mou
l'inventeur d'y renoncer. lante soit en dessus. Dans cette position, elle
hepantriteur, espèce de vaetvient circulaire, est livrée au rhabilleur ; puis, par un mouve
dont le nom indique assez la destination , fort ment semblable, on la reprend après le rha
convenable pour la trituration de certaines billage; on lui fait faire une 2' fois la bascule,
graines, broyait le blé plutôt qu'il ne le mou et on la descend sur le pointai. Ce mécanisme
lait. est le plus simple et le plus commode de tous
On a essayé aussi de moulins à cônes ren ceux qui sont usités pour lever les meules,
versés; des moulins à noix, comme nos mou 2° Le conducteur {fig. 490) est une vis
lins à café ; toutes ces méthodes n'ont pu ré fin formée par 2 filets Fig. 490.
sister à la pratique, en ce qui concerne la minces et saillans, dis
mouture du blé, qui ne se fait manufacturié- posés en hélice, et mi
rement que par des meules horizontales , en se en mouvement dans
France, en Allemagne, en Angleterre, et aux une auge. La marchan
États-Unis, partout enfin où la mouture s'est dise , blé , mouture ou
perfectionnée. son, donnée à une ex
trémité de cette auge,
Section XII. — Des différentes pièces acces est conduite à l'autre
soires aux moulins à blé. extrémitéoùelleest re
çue , soit dans des élé
En donnant quelques détails sur la mou vateurs , soit dans des
ture à l'anglaise , nous n'avons parlé que des trémies d'engrenage ;
organes principaux dont l'action confec on évite ainsi des ensa-
tionne la mouture ; il eût fallu rompre le fil chemens et par consé
de cette opération , pour donner la descrip quent de la main-d'œu
tion de plusieurs pièces accessoires que l'art vre. On se sert aussi ,
du mécanicien ou du manufacturier a intro pour transporter la
duites dans le travail, pouren simplifier ou en marchandise d'un en
perfectionner la marche. Voici les plus im droit à un autre , de
portantes de ces pièces accessoires : courroies sans fin, mi
1° grue pour lever les meules {fig. 489). Soit ses en mouvement au
Fig. 489. tour de 2 poulies dont les axes sont placés
presque dans le même plan horizontal. Cette
courroie sans fin est quelquefois garnie de
petits râteaux qui entraînent la farine au
fond de la huche qui la renferme. Alors ce
mécanisme prend le nom de ramasseur.
3° Trémie pour ensacher la farine. Au-des
sous de la chambre à mélange sont pratiquées
les trémies pour ensacher la farine.
4° Monte-sacs {fij. 491). Soit un treuil T,
autour duquel s'enroule un câble de la gros
seur voulue. A l'extrémité de ce treuil et sur
le même axe est une poulie P sur laquelle est
une courroie lâche correspondant en même
temps à une autre poulie de moindre diamè
tre P'. Cette dernière est mise en mouvement
par les engrenages E, etc. Puis, quand on veut
se servir du .nonte-sacs, au moyen de la bas
cule BB et du . iilcau R qui y est adapté, on-'
fait pression sur les courroies. La poulie du
haut est aussitôt mise en mouvement avec le
treuil. Quand le sac a atteint la hauteur vou
lue on lâche la bascule, le rouleau cesse de
un montant en bois A, s'adaptant haut et bas, faire pression sur les courroies et la poulie du
cuap. 23«. MOULINS A CYLINDRES 425
haut, et par consé Fig. 491. 4 colliers ;
quent le treuil reste 4 paires de manchons pour ledit arbre;
inactif. 1 pignon d'angle, de 3 pi. de diamètre;
5* Brouette. Cet 1 roue horizontale, de 8 pi. 4 po. idem
instrument, par le 1 roue d'angle, de 5 pi. de diamètre, pour nettoyage
quel l'homme utilise et bluteries;
ses bras, est des plus 1 pignons de 90 pour id. ;
simples et des plus 1 tire-sac complet, moins le cible et les poulies de
connus; nous n'en renvoi ;
parlons ici que pour Tous les boulons nécessaires;
faire voir ( fig. 492) 1 giue à lever les meules.
que les roues étant
placées à l'intérieur, BÉFROI.
il faut moins de pla
ce pour circuler, ce 1 plat, formé en 2 parties ;
qui est un avantage 6 colonnes en fonte;
quand on a des ma-jj| l corniche d'une seule pièce;
gasins bien garnis. 6 boites à pollettes ;
8 poiletles avec mécanisme à régler la mouture;
8 fers de meules ;
6 pignons de 24 po. ;
Fig. 492. 6 bollards complets ;
6 anillcs et leurs manchons (système perfectionné) ;
6 triangles porte-meules ;
6 paires de meules de 4 pi.;
8 archures;
6 arches;
Tous les boulons nécessaires.
RXTTOTAGK.
1 tarrare émotteur avec ventilateur ;
4 cylindres cribleurs
1 batteur à 6 volans, avec ventilateur;
Devis d'un moulin A l'anglaise à 6 paire* de i paire de cylindres coin primeurs;
meule*. Tous les élévateurs et conducieurs nécessaires ;
Tous les arbres de couche, tambours, poulies, chai
Lorsqu'on a commencé à construire des ses et courroies nécessaires.
moulins dits à l'anglaise, on estimait les frais
du mécanisme complet, posé et prêt à fonc
tionner, à la somme de 10,000 fr. par paires de
meules; c'est-à-dire qu'une usine de 6 paires 6 bluteries, tant pour farine que pour sons et mar
de meules aurait coûté 60,000 fr., non com chandises, avec leurs coffres, augets d'alimentation ,
pris les bâtimens et tout ce qui les concerne. mais sans les soies;
Depuis, la concurrence a un peu modifié ces 1 récipient circulaire;
prix ,et ce même mécanisme ne coûterait guère 1 grand élévateur;
que 50,000 fr. 1 vis conductrice pour amener un râteau;
Quoique le devis suivant soit bien imparfait, 1 râteau refroidisseur;
puisqu'il présente le prix en bloc et non pièce 8 engrcneurs;
par pièce, nous le donnons cependant tel quel, Tous les arbres de couche, chaises, tambours et
parce qu'il peut encore servir de guide; c'est courroies nécessaires ;
du reste l'œuvre d'un de nos meilleurs et plus Tous les élévateurs et conducieurs nécessaires ;
consciencieux constructeurs. Lee brouettes et balances avec leurs poids ;
La roue hydraulique complète 15 pi. de large, 1 ensachoirt.
15 p. de diamètre compris si s aubes et ton vannage
complet. Le tout complet, posé et prêt à fonctionner
S pallier» et leur rouleaux; pour la somme de cinquante-un mille cinq
1 première roue droite, de 10 pi. A po. de diamètre; CENTS FRANCS.
1 premier pignon droit, de 3 pi. 8 po. Le transport à la charge de l'acquéreur.
1 roue d'angle. 8 pi. de diamètre; Six mois pour l'exécution et la pose.
1 grande crapaudine; On garantit pendant un an.
l arbre vertical en 4 parties; Pommier.
(l) Nous avons parlé à l'article nettoyage des grains, de l'appareil laveur- sëcheur que M. de Mactou a
établi à Etampes ; la Guerre ne devrait-elle pas, après s'être assurée du mérite de ce système, l'appliquer r. toutes
ses manutentions militaires? Un ministre qui adoplerait une telle mesure rendrait le plus éminent service au
pays; et carte victoire remportée sur les ahus ilH'slnrnit l'h.Mnire 'p.i «aurait y nttaclnr «on non»
4S6 MTS AGRICOLES : DE LA BOULANGERIE. ut. it,
té qu'aux 5/3 de la chaleur qu'il faut ordinai et une eau de végétation qui forment le9
rement pour le pain. Au bout de ce temps, on 2/3 au moins de son poids; mais elle se cul
les retire du four avec précaution et ou les tive aujourd'hui partout et dans chaque
place dans des caisses contenant de 25 à village il y a de la pomme de terre; de telle
50 kilogr. qu'on porte dans une étuve ordinai sorte qu'elle n'est |amais grevée de frais de
rement placée au-dessus du four. C'est là que transport bien considérables.
le biscuit achève de perdre son humidité et Dans les momens de cherté les boulangers
se dessèche complètement. On ne met pas de ont essayé d'augmenter, au moyeu de la
sel dans la pâte qui sert a la confection du pomme de terre, la masse de leurs farinés. La
biscuit, dans la crainte qu'il n'attire l'humi manière la plus générale d'opérer était celle-
dité de l'air. Il est permis de croire que le sel, ci : On faisait cuire les pommes de terre, on
bien dépouillé par sa solution dans l'eau les pelait, ou les écrasait avec un rouleau, de
des muriates de chaux et de magnésie, ne manière à les réduire en une espèce de pâte
produirait pas l'effet qu'on redoute. très déliée sans laisser de grumeaux. Sans at
Le biscuit bien préparé et de bonne qualité tendre que cette pâte fit! refroidie, on la dé
est sec et cassant ; sa couleur est jaune-bru layait dans la totalitéde l'eau qui devait servir
nâtre; sa cassure est vitreuse; sa mie sèche et au pétrissage de la pâte; les boulangers soi
blanche, elle se gonfle beaucoup dans l'eau, gneux, pour éviter les grumeaux, passaient
sans al 1er au fond ni se diviser en miettes. Les celte mixture dans un tamis de fer à mailles
Anglais le préparent, dit-on, sans levain ; aussi assez ouvertes ; puis on pétrissait comme à
est-il presque toujours fade, d'un blanc mat, l'ordinaire. On avait soin de mettre ce pain un
et ne trempe pas bien. peu vert au four. On employait ainsi du 10» au
5* en farine de pommes de terre.
Section XIV. — Du pain de teigle. Dans ces mêmes années désastreuses, quel
ques meuniers ont trouvé un grand bénélice
Le seigle contient moins de gluten que le à mêler dans leur farine une certaine quan
blé; c'est à celte différence qu'il faut attribuer tité de fécule de pommes de terre; mais les
l'infériorité de sa panification comnarée à celle boulangers qui ont employé celte farine ont
du blé. Dans certaines localités de la France été victimes de cette supercherie, et c'est à
et dans le nord de l'Allemagne, le peuple ne cette cause qu'il faut attribuer, en grande
se nour. it que de pain de seigle Pour pani partie, les desastres qui ont eu lieu dans la
fier convenablement le seigle, il faut em- boulangerie de Paris, h la suite des années de
Ï(loyer plus de levain que pour le blé, couler cherté de 1828, 182!) et 1830; désastres qui
'eau pins chaude, tenir la pâle plus ferme, y sont naturellement relombés sur ceux qui en
mettre moins de sel et la laisser plus long avaient été la cause. C'était justice. Conçoit-
temps au four. on en effet qu'un meunier abuse de circon
En Belgique, en Hollande, en Suisse et en stances difficiles pour vendre, comme bonnes,
Allemagne, on fait du pain de seigle pur pour des farines dont le produit seul peut servir à
les chevaux qui voyagent; ils en sont très le payer? Plus le boulanger est pauvre, plus
friands. son fournisseur doit s'efforcer de lui donner
On fait aussi, dans beaucoup de campagnes, de bonnes farines, c'est pour ce dernier la
du pain de méteil, mélangé de 2/3 de blé et seule condition de succès. Or, les meuniers
1/3 de seigle plus ou moins Le nain se traite fraudeurs, au moyen de la fécule, travaillaient
à peu près comme celui de seigle, en se rap justement à la ruine du boulanger, et consé-
prochant néanmoins des conditions nécessai quemment à leur ruine propre. La Société
res à la bonne panification du froment pur. d'encouragement de Pans, et le syndicat de
_ « On n'a pas suffisamment apprécié le mé la boulangerie, ont proposé des prix impor-
rite du pain de méteil, dit Parmk\tif.r; il tans pour un procédé à l'aide duquel on pour
tient le premier rang après celui de froment ; rait facilement et instantanément découvrir
il reste frais l«ag-temps sans rien perdre de la présence de la fécule de pomme de terre
sa saveur, avantage précieux pour les habi- dans la farine de blé, et dans quelle propor
taus des campagnes qui ne cuisent pas sou tion ce mélange aurait été fait. Plusieurs mé
vent. » moires ont été présentés, et celui qui a mé
rité non pas le prix ( la question est remise au
Section XV. — Dupai» de pommée de terre. concours de 1836), mais une médaille d'or,
pour la simplicité de son procédé, est le mé
On a beaucoup essayé de panifier la pomme moire de M. Boi.AND, maître boulanger à
de terre. Les corps savans, les sociétés d'en Paris, rue et Ile Saint-Louis.
couragement ont promis des récompenses aux Voici en quoi consiste le procédé de M. Bo-
personnes qui trouveraient des procédés pour land, tel qu'il le décrit lui-même :
atteidre ce but. Jusqu'à présent, rien de ce «Constater d'abord laqualitéde la farine, en
qui a été essayé n'a réussi. Est-ce un malheur séparant, comme il a été dit plus haut, le glu
pour l'humanité? Nous ne le croyons pas. La ten de l'amidon par les moyens ordinaires
pomme de terre, c'est du pain tout fait ; faites- qui sont de prendre 20 grammes de farine, en
la cuire dans l'eau, sous la cendre, au four, faire une pâle ni trop ferme, ni trop molle.
de telle manière que vous voudrez, c'est une On se servira d'une tasse et d'un tube de
nourriture saiue aimée de tous. verre. Malaxer cette pâle dans le creux de la
Le seul avantage qui pourrait se rencontrer main, sons un très petit filet d'eau. Il est in
dans la panification de la fécule de pommes dispensable d'avoir sous la main un vase c<>-
de terre serait d'épargner les frais de trans nique, ou espèce de verre à pied, surmonté
port. La pomme de terre est lourde à trans d'un petit tamis pour recevoir l'un l'eau de
porter et contient un parenchyme ligneux lavage qui entraîne l'amidon, et l'autre le glu.
24'. PAIN DE POMME DE TERRE. 437
teu grenu qui provient, d'une farine mal fa l'augmenter jusqu'à 30 p. 0/0, il n'y mirait
briquée. Lorsque l'eau de lavage découle lim plus de panification possible dans l'état ac
pide, il reste dans la main, pour résidu, le tuel de la boulangerie. C'est donc depuis 10
gluten élastique que l'on pèse. , p. 0/0 jusqu'à 25 qu'il faut étudier les propor
« Ou laissera reposer pendant une heure l'eau tions de fécule; en les iudiquaut par S* on re
de lavage contenue dans le vase conique; il connaîtra néanmoins, par ce procédé, la pré
se forme à la parlie inférieure du vase un dé sence de la plus petite quantité de fécale,
pôt qu'il faut avoir soin de ne pas troubler; même au-dessous de 5 p. 0/0.
décanter, avec un siphon, l'eau qui le sur «Ainsi, eu enlevant du cone d'amidon 5 cou
monte; deux heures après, aspirer avec une ches successives d'un gramme chacun, et eu
pipelte l'eau qui l'a encore surmonté, les éprouvant par ordre, de la manière pres
« En examinant ce dépôt on remarquera fa crite ci-dessus , la coloration bleu fonce que
cilement qu'il est formé de 2 couches dis donnera l'épreuve indiquera positivement
tinctes : la supérieure, d'une couleur grise, l'additiou de 5 p. 0/0 de fécule de pomme de
est le gluten divisé, sans élasticité; l'antre terre par couche éprouvée.
couche, d'un blanc mat, est l'amidon pur. « Il est important de procéder exactement
«Quelques temps après, on enlève avec pré de la manière et avec les instrumens indiqués
caution, en se servant d'une cuillère à café, plus haut, car autrement les résultats soumis
une parlie où toute la couche de gluten qui se a des conditions différentes changeraient et
divise; une résistance, qu'il ne faut pas cher jetteraient l'observateur dans uue erreur
cher à vaincre, indique la présence de la cou complète. Par exemple, pour abréger l'opé
che d'amidon, qu'il faut laisser sécher entiè ration, on sera peut-être tenté de triturer la
rement jusqu'à ce qu'elle devienne solide; fariue sans séparer le gluten de l'amidon.
dans cet élat, la délacher en masse du verre, Alors on n'obtiendra aucune coloration ,
en appuyant légèrement l'extrémité du doigt quelle que soit la quantité de fécule de pom
tout autour jusqu'à ce qu'il cède , en lui con me de terre qui pourrait s'y trouver, parce
servant toujours sa forme conique. que le gluten uni sert d'enveloppe à l'amidon
«La fécule de pomme de terre, plus pesante le protège de l'action du pilon et l'empêche
quecelle du blé, s'étaut précipitée la première, d'être déchiré; l'amidon reste, par consé
se trouve placée à l'extrémité supérieure du quent, insoluble.
cône. Mais comment la reconnaître dans cette «Un mortier de verre ou de porcelaine
masse uniforme où la loupe, et même le mi émaillée est insuffisant; leur paroi intérieure
croscope, ne laissent apercevoir aucune diffé trop unie laisse glisser la fécule sans la dé
rence, du moins assez sensible, pour la con chirer.
stater? Par un réactif, le seul qui agisse uni ■ Un mortier en biscuit, sans être émaillé,
formément sur toutes les fécules, l'iode qui présente au contraire des aspérités trop sail
possède, comme on sait, la propriété de lantes, la chaleur qui se manifeste à la tritu
colorer en bleu foncé toutes les substances ration, ou une autre cause qu'on ne peut ex
féculautes, excepté cependant dans la circon pliquer, fait prendre à la dissolution de blé
stance qui sert de base à ce procédé. une couleur sinon bleue, du moins violette
« La fécule de pomme de terre insoluble à si foncée, qu'il y aurait du doute dans les
l'eau froide, triturée dans un mortier d'agate, comparaisons.
sa dissolution filtrée, prend, au contact de la «Le mortier d'agate est le seul qu'on doive
teinture d'iode concentrée une couleur bleue employer.
foncée. Une dissolution de fécule de blé sou « Il faut éviter aussid'exposer à la chaleur le
mise à la même épreuve se colore à peine dépôt qui se forme dans le verre conique
d'une très légère teinte jaunâtre, qui se perd pour obtenir une dessiccation plus prompte;
presque aussitôt, tandis qu'il faut plusieurs une température trop élevée, en dissolvant
jours à la fécule de pomme de terre pour se d'abord les fécules, et un commencement de
décolorer entièrement. fermentation, établirait entre elles une iden
« Ainsi, en enlevant avec un couteau un tité si parfaite qu'il serait impossible d'en re
gramme d'amidon ou vingtième de la farine connaître la différence.
éprouvée, de l'extrémité supérieure du cône, « Il est de la dernière importance d'opérer
pour le soumettre à l'épreuve ci-dessus indi toujours dans les mêmes conditions et avec
quée, la coloration en bleu foncé qui se ma des qualités semblables.
nifestera aussitôt par le contact de l'iode in « En résumé, il faut séparer legluten de l'a
diquera positivement la fécule de pomme de midon et le peser pour apprécier la qualité de
terre; et la preuve qu'elle n'est pas mélangée la farine; laisser reposer et sécher après dé
dans la niasse conique, c'est que si on enlevé cantation de l'eau le dépôt qui se forme au fond
du même cone tronqué une deuxième couche du vase conique pour ensuite le détacher en
d'amidon d'un poids égal à la première, pour la masse, en ayant soin de ne pas détruire sa forme
soumettre à la même épreuve, on n'obtiendra conique. Enenlcver5couches successives, d'un
plus de coloration bleue, à moins qu'il n'y ait gramme chacune, en commençant par la partie
un excès de fécule de pomme de terre; alors supérieure du cône; les laisser sécher com
on continuera l'opération jusqu'à ce qu'elle plètement pour les pulvériser séparément et
ne se présente plus. par ordre. Triturer dans un mortier d'agate
« Pour apprécier la qualité de fécule de la |i* couche, ou, pour plus de facilité, une
pomme de terre ajoutée à la farine, la série partie de cette couche, d'abord avec la mo
de proportion à examiner n'est pas très con lette sèche, ensuite légèremeut mouillée, en
sidérable. Les meuniers ne commencent à ajoutant peu à peu de l'eau jusqu'à ce que là
trouver de l'intérêt à falsifier qu'avec une dissolution soit complète. Faire filtrer au pa
addition de 10 p. 0/0 de fécule; s'ils voulaient pier cette dissolution. Plonger l'extrémité
AU ARTS AGRICOLES : DE LA BOULANGERIE. liv. iv.
d'un tube de verre dans la teinture d'iode ajoute peu à peu 6 autres livres de farine de
concentrée, l'agiter dans la dissolution filtrée. froment et on pétrit de nouveau; enfin, on
La couleur bleu foncé qui se manifestera termine le pain comme par les procédés or
aussitôt par cette combinaison indiquera la dinaires. «
fécule de pomme de terre, et chaque couche, Voici le résultat d'un essai de la méthode
d'uu gramme , soumise à cette épreuve, qui ci-dessus :
donnera ce résultat, constatera une addition 13 livres d'eau, 2 livres de riz, 12 livres fa
de S p. 0/0 de fécule de pomme de terre sur rine froment ont donné 20 livres 10 onces de
les 20 grammes de la farine qu'on aura essayée. pain cuit. On ne compte pas les 8 livres de le
Lorsque la farine sera pure , la dissolution vure qui ont été retirées.
filtrée ue prendra, au contact de l'iode, qu'une Les résultats annoncés par M. Arnal dans
très légère teinte jaunâtre qu'elle perdra quel les mêmes conditions étaient de 24 livres de
ques miuutes après.» pain.
On voit, par ce que nous venons de décrire,
Section XVI. — Du pain de riz. de quelles difficultés, dans la pratique, serait
entourée cette préparation 1» de riz, et com
Depuis long-temps on a essayé la panifica bien de mécomptes auraient eu lieu lorsque
tion du riz. M. Parmentieb, qui dans ces l'on eût été forcé de livrer ce travail à des
Questions forme autorité , a toujours regar- garçons boulangers.
é cette panification comme une chimère. A l'appui de ce que nous avons dit sur la pa
11 prétend que l'addition du riz cuit en di nification du riz et delà pomme de terre, nous
verses proportions avec la farine de froment citerons l'autorité compétente de M. Raspail.
rend le pain qui en provient compacte, fade et Dans un de ses ouvrages il s'exprime ainsi :
indigeste. Pour nous, nous disons du riz ce « Il ne faut pas dire : Le pain fait.avec du
que nous avons dit de la pomme de terre: ■ riz sera plus ou moins nutritif, parce que le
c'est du pain tout fait! Le froment et le sei « riz suffit ou ne suffit pas à la nourriture de
gle, cuits en grain, formeraient une mauvaise a certaines peuplades ; mais seulement il fau-
nourriture. Le meilleur moyen d'utiliser pour « dra demander à l'expérience de l'alimenta-
la nourriture de l'homme le froment et le « lion les moyens de décider que, dans telle
seigle, de les rendre agréablesaugoût, a été de « localité, telle substance est plus alimentaire
les réduire en farine, puis en pain à l'aide d'une « qu'une autre.
fermentation particulière dont le gluten qu'ils « Ce n'est pas le rendement, c'est-à-dire
contiennent les rend susceptibles; mais la « Yaugmentation de poids qui peut permettre
pomme de terre, mais le riz forment, par le « de préjuger la question; car l'augmentation
fait seul de la cuisson, une excellente nourri « de poids est due à la partie aqueuse, et l'eau
ture, sans exiger de manipulation, sans trans « absorbée pendant le repas est tout aussi
formation en pâte; il n'y a pas même pour le a bonne pour l'alimentation que le surcroît
riz comme pour la pomme de terre la raison « de l'eau absorbée par la pâte. Il faut de l'eau
spécieuse de l'économie des frais de trans- « pour favoriser la fermentation 1"; mais
fiort. Pourquoi donc s'efforcer de changer « une fois que la fermentation s'établit, avec
'indication donnée par la nature, sans qu'il « une quantité d'eau donnée, le surplus n'a
en résulte aucun bien pour l'humanité? it joute qu'un poids absolument inerte à la
Dans ces derniers temps (1835), M. Aknal, « masse.
médecin à Paris, a beaucoup insisté pour que • On a fait beaucoup d'expériences sur la
l'Académie de médecine reconnût et procla « panification depuis 60 ans; mais ou a tou-
mât l'excellence d'un pain fait avec addition « jours désespère d'associer avec succès à la
«le 1/7 de riz. L'Académie goûta ce pain, le « farine de froment le riz et la fécule de pom-
trouva bon, mais s'abstint de prononcer, et « nies de terre. Nous ne saurions blâmer les
bien elle fit. « efforts que font les simples particuliers
Voici quel est ou plutôt quel était le procé « pour arriver à un résultat, car leurs succès
dé de M. A rival : « ue pourraient que profiler aux consomma-
« Préparation du riz : 13 litres d'eau à l'ébul- « leurs ; mais nous préférerions apprendra
lition. ; répandre peu à peu la farine de riz « que l'esprit des observations se porte plu-
(2 livres), en agitant bien le mélange jusqu'à « tôt vers l'art d'augmenter la production des
ce qu'il forme bouillie et que celle-ci soit éga « substances alimentaires de ln qualité que
lement visqueuse sur tous les points. Il faut, « vers les moyens d'en diminuer la consom-
pour verser la farine de riz dans l'eau bouil « ination en les associant à des substances
lante, prendre la précaution importante delà « d'une qualité inférieure. »
délayer préalablement dans une petite quan On a cherché à différentes reprises à pani
tité d'eau froide. fier la farine de haricots, de pois, et c'est
« Pétrissage. On prend la moitié du riz un tou jours dans les momens de grande cherté
peu refroidi, jusqu'à ce que la température que ces essais ont été tentés; mais ils ont
puisse être supportée par le pélrisseur ; ou en général, plutôt pour but des gains parti
pétrit avec un levain de huit livres, pris chez culiers que le profit de l'humanité. Les ha
un boulanger, et on y incorpore peu à peu ricots surtout ont donné de si mauvais ré
6 livres de farine de froment, toujours en pé sultats que plus d'une fois l'autorité a été
trissant; on laisse reposer et lever cette pâle obligée de faire saisir et de détruire les fari
dans une corbeille. nes qui avaient ainsi été falsifiées.
« Lorsque le levain ci dessus a suffisamment Section XVII.— De l'introduction dans le pain
fermenté, au bout de 20 minutes à peu près, de substances nuisibles à la santé.
on verse dessus l'autre moitié du riz, qu'on a
>a|é et mis refroidir. La pâte délayée, on y Tout ce que nous allons dire sur l'adultéra
chap. SUBSTANCES NUISIBLES A LA SANTÉ. 430
tion du pain, par suite d'introduction dans la QUiBIlTt
pâle de sels vénéneux, est ou extrait ou cité de iuir.u icmii
textuellement du savaut rapport que M. Khul- de du forrocjrenure de l'bjrdrooulfote
man , chimiste distingué de Lille, a fait en cuivre
doua du poUwuni. d'eenmoniaqne.
1831 à la Société des sciences de Lille. le pain.
J I". — Du sulfate de cuivre. III I
Les chimistes sont assez généralement d'ac mi
cord sur ce point: qu'il existe dans les céréa 10.300
les des traces de cuivre. C'est donc avec la mi i
plus grande circonspection qu'il faut se pro 8,700 rolortlion eu roM treo
pperenle.
noncer dans les essais faits sur le pain pour I coloration en rote pieu
découvrir les substances qu'on a accusé les k« < prononcée.
7,Mo
boulangers d'y iutroduire. Il faut, toutefois,
que la santé publique puisse trouver une R« • rouge de eaog.
garantie contre les fraudes dont la cupidité J.oqo
et l'ignorance pourraient se rendre coupa Ht • cramoisi foncé contour Brunâtre ap
parente.
bles.
Il parait certain qu'à la suite des fatales
années de 1816 et 1817, plusieurs boulangers
de la Belgique et du nord de la France ont Le procédé par le ferrocyanure de potas
cru trouver de l'avantage à introduire dans le sium, simple et à la portée des personnes
pain une certaine quantité de sulfate de cui même étrangères aux connaissances chimi
vre. « Les avantages qu'ils en retiraient, dit ques, serait insuffisant pour déterminer la
« un journal du temps, étaient de pouvoir se présence dans le pain de très minimes quan
« servir de farine d'une qualité médiocre et tités de sel cuivreux.
« mêlée, d'avoir moins de main-d'œuvre, en Voici la méthodeanalytique suivie et décrite
« épargnant l'emploi du levain dont la pré- par M. Kulmann : « Je fais incinérer oomplé-
« paration exige beaucoup de travail, et une « teinent dans une capsule de platine 200
« panification prompte donnée à la paie, ce « gram. de pain ; le produit de l'incinération,
« qui rend la mie et la croûte plus belles; de a après avoir été réduit en une poudre très
« pouvoir employer une plus grande quan- « fine, est mêlée dans une capsule de porce-
• t îté d'eau, ce qui fait augmenter le poids du « laine avec assez d'acide uitrique (8 à 10
« pain, etc. » « gram. ) pour former une bouillie très li-
Quoique la présence du sulfate de cuivre ■ quide. Je soumets ce mélange à l'action de
dans le pain à une dose aussi minime que a la chaleur, jusqu'à ce que la presque tota-
celle qui parait avoir été employée par les « lité de l'acide libre soit évaporé et qu'il ne
boulangers (un petit verre à liqueur dans 250 ■ reste qu'une pâte poisseuse que je délaie
livres de pâte environ) ne puisse présenter « dans environ 20 gram. d'eau distillée, en fa-
d'iiiconvéniensgraves sur l'économie animale, « ci li tant la dissolution par la chaleur ; je fil-
son introduction dans le pain n'en doit pas » tre et sépare ainsi les parties inattaquées par
moins être considérée comme un attentat a la « l'acide, et dans la liqueur filtrée je verse
santé publique- En effet, l'emploi d'un agent « un petit excès d'ammoniaque liquide. Après
auss dangereux est laissé dans une boulan « refroidissement, je sépare par le filtre le
gerie à la discrétion d'un garçon boulanger; ■ précipité blanc et abondant qui s'est formé,
il doit en mesurer une téte de pipe pleine; « et soumets la liqueur alcaline à l'ébullition
mais qui sait si la main n'a pas tremblé lors n pendant quelques instans pour dissiper l'ex-
qu'il a versé le poison? Qui nous garantira cc cès d'ammoniaque et la réduire au quart de
contre les conséquences de ce raisonnement « son volume. Cette liqueur étant rendue lé-
de la part du boulanger que si une portion « gèremeut acide par une goutte d'acide ni-
donne de bons résultats une double portiou « trique (le plus souvent l'ébullition dévê
en donnera de meilleurs? Qui peut nous as- te loppe une acidité suffisante), je la partage
surerque, se confiant au pouvoir magique de « eu 2 parties: sur l'une, je fais agir le ferro-
son secret, il n'a pas négligé de pétrir sa pâle « cyanure de potassium, sur l'autre, l'acide
suffisamment et par suite le poison ne se ci hydrosulfurique ou hydrosulfale d'ammo-
trouve assez accumulé en certaines places du « iliaque.
pain pour occasionner la mort? » Eu suivant ponctuellement ce procédé le
Heureusement la chimie nous fournil les « pain, dût-il ne contenir que 1/70,000 de sili
moyens de reconnaître facilement la fraude et ce iate de cuivre, la présence de ce sel véné-
par conséquent d'en assurer la répression. « neux serait rendue apparente. »
Eu opérant sur du pain blanc, l'action directe Le sulfate de cuivre exerce une action ex
du ferrocyanure de potassium se manifeste trêmement énergique sur la fermentation et
déjà, lors même que ce pain ne contient la levée du pain. Cette actiou se manifeste de
que 1 partie de sulfate sur environ 9,000 de la manière la plus apparente, lors même que
pain, par une couleur rose produite presque ce sel n'entre dans la confection du pain que
immédiatement. pour 1/70,000 environ, ce qui fait à peu près 1
Résultats obtenus par M. Kulmann sur du partie de cuivre métallique sur 300,000 par-
pain blanc contenant diverses parties de sel lies de pain, ou 1 grain de sulfate par 7 livres
cuivreux : et 1/2 de pain. La proportion qui donne la levée
la plus grande, est celle de 1/30,000 à 1/15,000;
mais en augmentant davantage la dose de
440 ARTS AGRICOLES : DE LA BOULANGERIE. LIT. IT.
sulfate, le pain devient plus humide, il ac porte la quantité d'alun employé à 240 gram.
quiert par là une couleur moins blanche. sur 109 kil. de fleur.
En faveur de la propriété qu'a le sulfate de Enfin, cette quantité d'alun est encore em
enivre de raffermir la pâte, on peut facile ployée dans la proportion de 1 kil. pour 127
ment obtenir un pain bien levé avec des fa kil.* de fleur, donnant 80 pains de 4 livres, ou
rines dites lâchantes ou humides. I .'augmen 12,40 grain, d'alun par pain. ( Art. boulangerie
tation eu poids du pain, par suite d'une plus du supplément de V Encyclopédie Britannique.)
grande quantité d'humidité retenue, peut s'é Cette quantité d'alun' paraît devoir varier
lever jusqu'à 1/16* ou une once par livre, sans selon la quantité des farines employées, et
que la qualité du pain en souffre. C'est surtout remplace eu tout ou en partie le sel marin
eu été que le besoin de raffermir les pâtes et 3ni entre ordinairement dans la confection
de les empêcher de pousser plat se fait sentir. u pain. , •.
Ou y parvient habituellement par l'emploi Dans les diverses proportions données, la
du levain et du sel marin; mais l'action d'une quantité d'alun varie de 1/127 à 1/974 de la
très petite quantité de sulfate de cuivre peut farine employée, ou de 1/145 à 1/1077 du pain
dispenser de faire entrer l'un et l'autre de ces obtenu. , : .,
produits dans la pâte, mais dès lors il devient L'action de l'alun sur l'économie animale
nécessaire d'augmenter un peu la quantité de n'est pas à comparer pour sou énergie à ceHe
levure. du sulfate de cuivre, aussi la présence d'une
L'action du sulfate de cuivre est plus favo- petite quantité d'alun dans le pain ne pourra
rableau pain blanc qu'au pain bis; ce dernier, pas facilement occasionner des accideus im
humide par sa nature, le devient encore da médiats ; cependant il est à craindre que ce
vantage pour qu'on y mette de ce sulfate. sel n'exerce une action funeste par son intro
La quantité de sulfate la plus grande qui duction journalière dans l'eslomac, surtout
Euisse être employée sans altérer très scusi- chez les personnes d'une constitution faible.
leinent la qualité du pain, est celle de Il sera facile de reconnaître la présence de
1/4,000; pasée cette proportion le pain est très ce sel dans le pain, en suivant le procédé dé
aqueux, à grands yeux, et avec 1/1,800 de sulfa crit par le docteur Urk, dans son Diction
te de cuivre, la pâle ne peut nullement lever, naire de chimie, vol. IV, et qui consiste^ à
toute fermentation semble arrêtée, et le paiu faire agir un sel de baryte sur l'eau distillée,
acquiert une couleur verte. En supprimant, dans laquelle on a émietlé le pain. Ce procédé
dans ce dernier cas, l'emploi du levain et en ne déterminant que la présence de l'acide
mettant plus d'eau dans la pâte, le pain lève sillfll riqtie, el par suite d'un sulfate quelcon
bien, il devient très poreux , avec de grands que, il peut être utile dans des recherches de
yeux; mais il est humide, verdaire et a une ce genre d'avoir recours à l'incinération. La
odeur de levain très prononcée et très désa grande quantilé, et surtout le volume des
gréable. cendres, servira déjà d'indices. Il faut tou
.11 me parait évident que dans le sulfate de jours avoir égard à la petite quantité d'alu
cuivre c'est bien inoins l'acide que la base qui mine que peuvent contenir les cendres de
influe sur la panification; car le sulfate de quelques céréales. La présence de quelques
soude, le sulfate de fer, et même l'oxide sul- traces de cette base a élé reconnue dans les
furique, ne m'ont donné dans des essais com cendres de seigle par Sciirader.
paratifs aucun résultai analogue. Les résultats de l'emploi de l'alun dans la
fabrication du pain sout à peu près les mêmes
{ IL — De l'alun, île son emploi dans In boulangerie que ceux obtenus avec le sulfate de cuivre,
et des moyens d'en reconnaître la présence dans le mais ce sel agit avec beaucoup moins d'éner
pain. gie à dose égale. Ainsi, 1/3,000 de sulfate de
cuivre est une bien trop grande proportion,
Je ne sais à quelle époque peut remonter à tel point qu'au lieu de favoriser la levée de
l'usage de l'alun dans la fabrication du pain; la pâte, on la diminue. Cette même propor
cet usage parait être fort ancien, et adopté tion d'alun ne produit encore aucun résultat
presque généralement à Londres. apparent. Pour obtenir un effet sensible, il a
Voici ce que disent sur cet objet les diffé- fallu élever la quantité d'alun à 1/686; à la
rens auteurs anglais qui se sont occupés d'hy dose de 1/176, l'effet a élé plus remarquable.
giène. M. A.ccum, dans son trailé sur les poi Il est possible cependant qu'une beaucoup
sons culinaires, dit que la qualité inférieure plus grande quantité d'alun puisse, comme
de la fleur de farine dont les boulangers de un excès de sulfate de cuivre, arrêter le gon
Londres font habituellement usage pour la flement de la pâle. L'action qu'exerce l'alun
fabrication du pain rend nécessaire l'addition sur la pâte est absolument la même que celle
d'alun, afin de donner au pain le coup d'oeil du sulfate de cuivre; il retient, pour me ser
blanc du pain fait avec de la belle fleur. vir d'un terme usité par les boulangers, el fait
Cet emploi d'alun semble permettre de pousser gros.
mêler à la fleur de la farine de fèves et de
pois, sans nuire à la qualité du pain; selon le $ III. — Sulfate de zinc.
docteur IIiie, la moindre quantité d'alun né
cessaire pour produire avec une farine de Le sulfate de zinc, ou vitriol blanc, paratt
qualité inférieure un pain léger et poreux, est aussi avoir élé mis en usage par les boulan
de 113 grammes pour 109 kilogrammes de gers pour faciliter la levée du pain; peut-être
fleur. ce sel a-t-il élé confondu avec le sulfate de
Le docteur P. M*nKnAM, dans ses considé cuivre, vitriol bleu. Voici un moyen analyti
rations sur les ingrédiens que l'on emploie que que j'ai mis en usage pour déceler la pré
pour frauder sur la fleur de farine et le pain, sence de ce sel éminemment vénéneux.
CHAT. 24'. PÉTRINS MÉCANIQUES. 441
Le zinc étant volatil isable, j'ai dû avoir re mis en usage ; je présume que c'est dans le
cours à l'analyse par voie humide. La présence but de retenir plus long-temps l'humidité
de l'ncide sulfurique ayalit été délerminée dans le pain. Cette fraude est facile à recon
pnr l'action d'un sel de baryte sur l'infusion naître par l'examen des cendres, car, lors
aqueuse du pain, j'ai fait évaporer une partie que celles-ci proviennent d'un pain non so
de cette infusion aqueuse en consistance si phistiqué, elles ne contiennent que peu de
rupeuse, et je l'ai délayée dans de .'eau légère matières solubles et surtout peu d'alcali li
ment ammoniacale. La liqueur filtrée elsalti- bre.
rée par un acide a été mise eu contact avec le Le carbonate d'ammoniaque ne m'ayant
ferrocyainire de potassium et de l'hydrosul- donné aucun résultat bien remarquable, quoi
fate d'ammoniaque, qui donnèrent l'un et que j'aie fait 2 essais avec ce produit, je ne
l'autre des précipités blancs de ferrocyauure pense pas qu'il puisse être d'un grand secours
et de sulfur* de zinc hydratés. pour faire du pain, à moius d'être employé à
Les résultats obtenus par le sulfate de zinc une dose très forte. Eu se convertissant eu
ont été peu sensibles et nou comparables avec acétate, ce sel partage peut-être avec les car-
ceux donnés par l'emploi du sulfate de cuivre. bouatesde potasse et de soude la propriété de
conserver plus long-temps au pain son humi
Ç IV. — Carbonate de magnésie. dité.
M. Edmond Davy, professeur de chimie à J VI. — Produit» divers.
l'institution de Cork, a fait des expériences
desquelles il résulte que 20 à 40 grains ( I ou 2 Un grand nombre d'autres substances, tel
grammes environ ; de carbonate de magnésie, les que la craie, la terre de pipe et le plâtre,
intimement mêlés avec un pound ( environ ont encore été employées pour l'adultération
453 grammes) de fleur de farine de mauvaise du pain. L'emploi de tous ces corps parait
qualité, améliorent matériellement la qualité n'avoir eu lieu que dans le but d'augmenter
du pain fabriqué avec ce mélange. Ce procédé le poids du pain et peut-être sa blancheur.
parait avoir été mis quelquefois en usage (Dic Comme ils ne peuvent présenter quelques
tionnaire de chimie du docteur Lut, v. IV. resullatsavaulageux aux boulangers que lors
pag. 135), qu'ils sont introduits eu assez grande quanti
Le carbonate de magnésie, en si petite quan té pour pouvoir influer sur le poids du pain,
tité, doit être, pendant la fabrication du pain, l'incinération seule suffira pour faire aperce
converti en grande partie en acétate. Ce der voir ces sortes de fraudes par l'augmentation
nier sel, quoique jouissant de propriétés pur du poids des cendres. La nature des corps
gatives, ne se trouvera pas dans le pain en qui peuvent avoir été introduits dans le pain
quantité suffisante pour incommoder. Dans peut être déterminée par des moyens analy
les recherches qui auraient pour but de dé tiques fort simples, dont l'expose donnerait
couvrir la présence de ce sel magnésien, il trop d'étendue à ce travail sans en augmenter
faudrait avoir égard au phosphate de magnésie l'utilité.
oui se trouve eu grande quantité dans les cen L'emploi du blancd'œuf, de l'eau de gomme,
dres des céréales. La présence des phosphates de la colle de poisson et d'autres substances
dans le pain fait que lesvasesde plaliuequiser- visqueuses daus l'art du pâtissier et du con
venl à l'incinération s'altèrent prompteinent. fiseur, a pu porteries boulangers à faire usage
Le carbonate de magnésie ne produit pas un daus la confection du pain de quelques
grand effet sur la levée du pain ; mais dans la substances organiques, daus le but de donner
proportion de 1/442 il communique au pain plus de liant a la pâte.
une couleur jaunâtre qui peut modifier d'une Le docteur Pkrcbval recommande l'emploi
manière avantageuse la couleur sombre que de 30 gram. de salep par kilogr. de fleur, pour
donnent au paiu quelques farines de qualité obtenir un pain plus beau et en même temps
inférieure. plus pesant que par le travail habituel.
$ V.— Carbon a Ici alcali m. Section XVIII.— Des pétrins mécaniques
Un grand nombre d'auteurs ont avancé que Dans l'énumrralion dei divers instrument qui ser
le carbonate d'ammoniaque pouvait être d'un vent à la boulangent-, nous avons décril le pélriu ordi
puissant secours pour faire lever le paiu et en naire; en voici la ligure (Jig 606 ).
augmenter la blancheur; la propriété qu'a ce Fig. 506.
sel de se réduire en vapeur par l'action de la
chaleur semble justifier cette assertion; je
doute cependant qu'une grande quantité de ft-
carbonate (à moins de faire l'emploi d'une
très forte dose de ce sel ) puisse se sublimer
ainsi au four, et produire l'effet mécanique de
soulever la pile et de la rendre poreuse; car
l'acide du levain doit être le plus souvent en
quantité suffisante pour convertir en acétate
la totalité du sel alcalin S'il faut admettre un Ê
effet mécanique, c'est plutôt dans le dégage Le garçon boulanger, penché sur le pétrin,
ment de l'acide carbonique du carbonate soulevant avec effort et à diverses reprises
qu'on le trouvera. une lourde pâle qui exige une manipulation
D'autres carbonates alcalins, ceux de po prompte, exerce un travail des plus pénibles.
tasse et de soude, semblent aussi avoir été Au milieu d'une atmosphère d'au moins
AGJUCCLTCM . TOftU III. — 56
412 ARTS AGRICOLES : DE LA BOLLAiNGERIE. L1V. IV.
20" il est obligé de travailler nu, et, pres Fig. 607.
que toujours, son corps, lorsqu'il pétrit,
est couvert de sueur. Qui n'a pas entendu, en
passant le soir auprès d'une boulangerie, ces
gémissemens du pétrisseur? cette espèce de
cri de souffrance, accompagnementobligé des
efforts qu'il est obligé de faire pour élever et
battre la pâte? Ou plaint l'homme condamné
chaque nuit à d'aussi durs travaux; peut-être
rejetterait-on le pain qui lui a coûté tant de
peines, si l'on pensait a quelles impuretés le
pétrissage à bras d'homme condamne la fabri
cation du pain. L'humanité, la propreté si
nécessaire dans la préparation des alimens, re
commandent donc à la fois l'usage des pétrins
mécaniques. Cependant, nous le disons à re
gret, jusqu'ici la boulangerie de Paris, qui est
certainement la boulangerie la plus avancée
de France, n'a pas adopté les pétrins qui lui très facilement la portion qui forme porte.
ont été offerts. Dans ce refus, nous faisons Alors, un seul homme, au moyen d'une ma
bien la part des préjugés, des habitudes et nivelle armée de 2 pignons de diamètres iné
surtout de la crainte de mécontenter la classe gaux, met le pétrin en mouvement. La rota
des ouvriers boulangers; mais il faut recon tion est de 4 tours par minute ; 15 minutes,
naître aussi que la plupart des pétrins qui ont par conséquent 60 tours suffisent pour ter
été essayés ne présentaient pas d'avantages miner le pétrissage.
sur le travail ordinaire, quant aux frais de « Nous avons mis nous-mêmes la main à la
manutention, et laissaient aussi beaucoup à manivelle de ce pétrin; il nous a semblé
désirer sur la qualité de l'ouvrage. La diffi exiger moins de force que ceux que nous
culté, à Paris, consiste, dit - on, à faire méca avions vus jusqu'alors. La charge de toute la
niquement des pâtes propres au pain à grigne , pétrissée pèse il est vrai sur les tourillons ;
des pâtes qui se fendent nettement et propre mais, une fois en mouvement, le cylindre,
ment. Pour des pains d'autres façons, le travail qui n'a pas moins de 34 po. de diamètre,
des pétrins réussit mieux. Cependant, nous ne forme volant et entraîne par lui-même et ré
croyons pas celte difficulté invincible, et pour gularise la rotalion. L'homme fait environ
la meilleure condition du garçon boulanger 40 tours de manivelle par minute C'est sur
comme pour la satisfaction et la santé du con tout vers la fin de la pétrissée, au moment
sommateur, nous espérons que la boulange ■ où la pâte prenait toute sa consistance, que
rie n'aura plus bientôt que des pétrisseurs : les pétrins mécaniques, qui sont venus avant
mécaniques. celui de M. Fontaine, exigeaient le plus de
force, au point que ce n'était pas trop de 2
J I". — Pélriu Foutaine. hommes pour achever l'ouvrage Le pétrin
. Fontaine, au contraire, n'offre aucune diffé
Parmi les pétrins dont on se sert aujour rence sous ce rapport; au commencement
d'hui, nous devons distinguer le pétrin Fon . et à la fin, la pâte se manipulant d'elle-
taine. même dans l'intérieur du cylindre, pendant
Voici le compte qu'eu a rendu l'Echo des que ce cylindre tourne sur lui-même, peu
halles et marchés dans son numéro du 8 mars importe qu'elle soit à l'étal liquide ou à l'é
1835. tal solide, le poids ne varie pas.
« M. Fontaine, boulanger, rue de Cha- « Pour bien concevoir le maniement inté
« ronne, faisait depuis long- temps des re- rieur de la pâte, il faut savoir que 2 barres
« cherches et des expériences sur nn pétrin transversales se placent dans chaque com
« mécanique de son invention. Cette persévé- partiment avant île pétrir. Ces barres sont
« rance, aidée d'une connaissance parfaite de en bois mi-plat de 2 po. de large. La lre,mise
« la panification, l'a conduit à des résultats immédiatement au-dessus du levain, est
« qui nous ont paru des plus simplet et des disposée de manière à former une pente as
« plus avantageux. M. Fontaine se sert ex- sez rapide; la 2e ne se place que lorsque
« clusivement de ce pétrin mécanique, et eu a l'eau et la farine nécessaires sont ajoutées;
« fourni un à M. Tissier, boulanger, rue Saiut- sa disposition est horizontale et n'est pas dé
« Martin, n° 59, qui a supprimé aussi loulau- clive comme celle de la lr0. L'office de ces
•< tre pétrin. C'est chez ce dernier que nous barres est de traverser la pâte pendant
« l'avons vu fonctionner. qu'elle tourne avec le cylindre dans lequel
"Qu'on se figure (/fy 507) un tonneau parfai- elle est enfermée, et, au moyen de la décli
« tement cylindrique, long de 3 pi. 1/2 et sus- vité de l'une de ces barres, la pâle ne peut
« pendu sur un fort châssis de bois. Dans toute pas couler sans être atteinte. Ces barres,
« la longueur de ce cylindre, une portion mo- inertes par elles-mêmes, fout à travers l'eau
<- bile, qui s'ouvre pour l'introduction de la et la farine qui les rencontrent l'effet des
« farine et de l'eau, se ferme hermétiquement bras de l'homme.
« pendant l'opération du pétrissage. A l'inlé- « Le pétrissage que nous avons vu était ex
« rieur, 2 compartiinens de chacun 21 po. ; cellent, et, sous ce rapport, le pétrin Fon
« c'est là que les levains sont disposés. La taine nous parait un des meilleurs dont on
« quantité d'eau nécessaire étant coulée et la se soit servi jusqu'ici. Il offre aussi un avan
« farine ajoutée, on ferme hermétiquement et tage que ne présentent ni le pétrin Selligie,
ciiap. 24'. PÉTRINS MEC .NIQUES. 443
« ni celui de Lasgohseix, ni celui de Ferrand, Fig. 50».
« c'est qu'il se nettoie avec une extrême faci-
« lité, au moins aussi facilement que les pé-
« trins ordinaires. Il prend peu de place, 5 pi.
« environ, exige peu de hauteur, parconsé-
« quent peut s'établir dans les caves; et sa
« construction est si simple qu'il coûte moi-
« tié moins que les pétrins Ferband, Lasgob-
« seix et autres, pour lesquels on ne deman-
« dait pas moins de 16 à 1800 fr.
" M. Fontaine fabrique des pétrins de ne-
« t i te dimension pour les fermes et autres eta-
« blissemens. »
§ II. — Pétrin David vent, la laissent retomber en rubans et l'achè
k{fig. 608 ) cuve en bois sur pivot ; R, cône du mi vent parfaitement; mais ils font mal le dé
lieu ; C. palettes tournantes; D, axe imprimant le mou layage des levains ou du inoins ne le font pas
vement à lout l'appareil ; E, manivelle et volant; P, assez vite. On a reproché à ce pétrin un net
poche qui distribue la farine dans le pétrin. toyage difficile, le refroidissement que les cer
ceaux en fer impriment à la pâte, puis la
Fig. 508. force motrice qu'il exige quand le travail s'a
chève. Puis enfin les difficultés des répara
tions en cas d'accident.
§ IV. — Pétrin Ferrand.
Entre le pétrin Ferrand et le pétrin Las-
gorseix la différence est minime; c'est aussi
uueauge demi-cylindrique dans laquelle tourne
un axe eu fer armé de cerceaux. C'est dans la
disposition de ces cerceaux que la différence
existe. Dans le pétrin Lasgorseix, les cerceaux
sont séparés les uns des autres; dans le pé
trin Ferrand, ils forment une hélice, une
vis. Ainsi, par l'effet de cette vis, la pâte est
M. Guettabd, boulanger , rue Gai lion, se amenée à l'extrémité du pétrin; puis, en tour
sert depuis plusieurs années du pétrin David. nant eu sens iuverse, la pâte est ramenée à
Ce pétrin, comme l'indique la figure, se l'autre extrémité, ainsi de suite jusqu'à l'a
compose d'un récipient ou cuvier, mouté sur chèvement. On conçoit que de cette manière
pivot. Au milieu est un cône; de chaque côté le délayage des levains puisse s'opérer bien
un appareil de palettes disposées en double mieux que dans le pétrin Lasgorseix ; mais la
croix et montées chacune sur un axe verti force motrice doit être encore plus graude
cal. Le cuvier tourne sur lui-même, entraine que pour celui-ci. En effet, toute la pâte étant
la pâte avec lui, et les palettes intérieures, qui accumulée sur un point, quand elle s'épaissit,
sont mises en mouvement au moyeu d'en le travail devient extrêmement rude. Il est
grenages et de roues d'angle , la frappent, aussi plus difficile à nettoyer que la machine
la prennent , la reprennent , la tire - bou Lasgorseix.
chonnent, pour ainsi dire, jusqu'à ce qu'elle Pour éviter le refroidissement de la pâte
ait assez de consistance. L'office du cône pla par le contact du fer, M. Febrand avait ima
cé au milieu du cuvier est de repousser la pâte giné d'élablir un double fond à son pétrin et
que la force centrifuge éloignerait des palet d'y introduire de l'eau chaude au degré né
tes , et de la forcer ainsi à être complète cessaire. L'idée était heureuse, mais exigeait
ment soumise à leur action. des soins qu'il est difficile de demander aux
On voit, par cette seule description, que ce ouvriers boulangers. Le prix de ce pétrin pas
pétrin est plus compliqué que le pétrin Fon sait 2,000 fr.
taine, et qu'il offre aussi l'iuconveuienl d'exi D'autres pétrins ont été essayés qui of
ger plus de force à la fin de l'opération qu'au fraient à un plus haut degré encore les incon-
commencement. véniens signalés dans ceux-ci : Cherté dans le
prix, graude force motrice, difficulté dans le
$ III. — Pétrin Lasgorseix. nettoyage. Le pétrin Fontaine est jusqu'ici
celui qui nous parait réunir le plus de chances
A (Jtg. 809 ), auge demi-cylindrique; B, appareil de succès.
des cerceaux; C, manivelle et volatil. Un temps viendra sans doute où la mé
canique, aidée de la science .du chimiste et
Dans une auge en bois demi-cylindrique est du physicien, apportera dans l'art du bou
horizontalement placé un arbre en fer garni langer les perfection nemens qu'il réclame. Le
de cerceaux légèrement inclinés. Cet appareil pain sera plus travaillé, plus substantiel, plus
est mis en mouvement par une manivelle ar proprement manutentionné; de grandes fati
mée d'un volant. On conçoit facilement l'effet gues seront épargnées pour ceux que le ha
de ces cerceaux ; ils fendent la pâte; puis, sard condamne à des travaux aussi utiles cl
lorsqu'elle commence à se lier, ils la soulè- jusque-là si pénibles,
ARTS AGRICOLES : DE LA BOULANGERIE
Les hommes qui s'intéressent à la santé
publique et pour lesquels l'humanité n'est pas
un vain mot appellent de tous leurs vœux
ces importantes améliorations.
Section XIX. — Diverses espèces de fours à
cuire le vain.
$ I". — Four» à chauffdge extérieur.
Le four dont nous avons donné la descrip
tion est celui dout l'usage est le plus général.
Le voici (fig. 510; vu de face.
Fig 510.
par la manière dont il se chauffe, procédé
d'autant plus digne de remarque qu'il semble
□a détruire tout ce que nous savons sur la théo
rie de la combustion, et que les inventeurs,
b^ESE, M Lemarre, l'un de nos plus célèbres calo-
' - 1 r^^HÏPPPIIii^i^^^lHfF,*r" n*'('*i et M. Jametel aine, ne peuvent eux-
mêmes l'expliquer d'une manière qui soit sa
tisfaisante pour eux et pour le public; et ce
pendant ce four se chauffe et la combustion
se fait MM. Mouchot frères ont établi à Mont-
A diverses époques on a essayé de cons rouge une boulangerie remarquable sous
truire des fours dont le chauffage ne se ferait beaucoup de rapports, et n'ont d'autre four
fil us dans l'intérieur même de l'àtre et dans que le four aérolherme dont ils se plaisetit à
esquels, par conséquent, le dessous du pain proclamer les avantages, lorsque, surtout, on
ne devrait plus être en contact avec les parties peut rappliquer à une manutention considé
de cendres et de braise qui, malgré le rouabe et rable et à une cuisson non interrompue.
Pécouvillon, restent toujours sur l'àtre dans Voici ce que nous en disions dans Y Echo des
les fours actuels L'administration de la guerre halles el marchés du 26 janvier 1835: « MM Le-
(manutention des vivres - pain) a fait des es « maure et Jametel viennent de construire
sais nombreux en ce genre; mais, nous de « au Pelit-Mout-Rouge, n" 52, leur four aéro-
vons le dire, ses efforts et ses sacrifices n'ont « therme, dont on a vu le modèle en petit à
presque jamais été couronnés de succès ; c'est- , « la dernière expositiou des produits de l'in-
a-dire; qu'à
qu" quelques avantages nouveaux se , « dustrie. Aucun combustible ou fumée n'en-
joignaient
aient toujours des incouvéniens nui for- i « tre dans le four; la chaleur y pénètre par
çaien t de recourir à l'ancienne méthode Elle ; « un courant d'air partant d'autour d'un
s'est servi d'un four chauffé au charbon de « foyer placé sous l'être, à la distance de 40
terre; le foyer était en avant, et la flamme,au « centimèt., et entrant dans le four à la tem-
moyen d'un tirage ingénieusement ménagé, « pératm e de50 k 60°. Un espace vide est laissé
entrait dans le four. Le chauffage s'opérait « dessous, dessus et autour du foyer. Le feu
assez également, à l'exception pourtant de la « se fait avec du bois ou du coak dans un
bouche où la chaleur était toujours trop « foyer large de 60 centimèt. sur t mèt. de
grande et où le pain se brûlait. Cetle difficul « profondeur. La région du feu et de la fumée
té, qui n'était pas sans remède, mais qui né « est parfaitement distincte de celle de l'air,
cessitait de nouveaux frais, a fait abandonner « condition essentielle. Les corps solides ou
ce mode de chauffage. Ce four est maintenant « autres, placés dans le four, s'y trouvent
chauffé .au bois et à l'ancienne méthode. « sous l'impression d'une température qui
Le four dont cette administration se sert « peut varier à volonté jusqu'à 400°
aujourd'hui a été construit par M. Lbsfinassb ; « Le phénomène inhérent au four et qui
il se chauffe la bouche fermée, avec (lu bois « embarrasse les savaus eux-mêmes, c'est
placé comme dans les fours ordinaires On « qu'aussitôt que le combustible, bois ou
conçoit que, par ce moyen, le chauffage « coak, est en ignitinn, l'ouverture par la-
puisse se faire plus vile et plus économique « quelle l'air s'introduit est fermée de la ma-
ment. La Guerre fait 17 fournées de pain eu « nière la plus exacte, lutée même, et que
24 heures dans ce four. « l'ignition continue de la manière la plus
« complète, quelle que soit la quantité de
$ II. — Du four aéiotlierme. « combustible placée dans le foyer; on peut
« même fermer la clef du tuyau de la chemi-
A [Jig- 511 ), Umclie du four; R, bouche d'air « née ; le feu persiste, mais avec moius d'é-
frais; C , bouches de chaleur; D, porte du loyer ; V, « clal (l). »
cheminée. Les avantages de ce four dans une grande
manutention seraient :
Ce four est non-seulement curieux par son I* Une grande économie de combustible t
application à la cuitson du pain, mais encore 2° Une grande économie de main-d'œuvre;
(l) Il parait a peu près démontré que l'air nécessaire a la combuslion s'introduit nr le foyer, par l'sffel
même de la prande chaleur qui dilate U paroi des murailles et eo élargit assez les porcs pour qu» là quaulitc
d'air alinieutaire puisse pénétrer.
CBàr. Ï4«. FRAIS GÉNÉRAUX D UNE BOULANGERIE. 44»
car on n'a jamais à mettre le bois dans le four, tien de ce matériel, notamment du fonr, étant
à l'allumer, à tirer la braise, à balayer les cen très onéreux, uue allocation de 15 p. 0/0 n'est
dres; il suffit, à chaque 3* ou 4' fournée, de pas exagérée. . . 450 fr.
jeter dans le foyer uue ou deux pelletées de 6° et 7° Le boulanger qui cuit trois fois par
coak ; jour est tenu à un approvisionnement de
3* Une propreté parfaite, le dessous du 130 sacs. Le prix moyeu de la farine doit être
pain ne pouvant recueillir ni cendre ni char porté à 60 fr. les 159 kilogr. ; il faut aussi
bon ; compter sur cet approvisionnement 6 p. 0/0
4* Une cuisson plus régulière et plus uni d'intérêts, soit. 468 fr.
forme dans toutes les parties du pain. 8* Un gindre, 4 fr. par jour; un aide,
Des inconvéniens pratiques ont été signalés 3 fr. 75 c. ; un troisième, 2 fr. 75; un por
dans le principe, comme il arrive toujours teur de pain, 1 fr. 25. Total : 11 fr. 75 c,
dans les applications nouvelles; mais il pnrall soit par an 4,288 fr. 75 c.
que MM. Mouchot, boulangers instruits et 9° Un kilogr. de pain par jour, à 35 c, pour
progressifs, sont parvenus à faire disparaître 3 ouvriers, 1 fr. 5c; plus, un petit pain le
tous ces iuconveuiens et qu'aujourd'hui la matin, usage consacre, et le pain consommé
cuisson du pain, dans le four aérotherme, ne la unit, qu'on peut évaluera une demi-livre
laisse plus rien a désirer. par ouvrier, ci 383 fr. 25 c.
10" Le prix du bois varie au chantier de 26
Section XX. — Des frais généraux d'une bou à 30 fr. la voie; il faut y ajouter 50 c. pour le
langerie, cuisant à Paris { taux moyen ) trois cordage, 1 fr. pour le transport. Total en
sacs de farine de 159 kil. par jour. moyenne 29 fr. 50 c.
Une voie de bois brûlé produit 34 boisseaux
de braise; la braise se vend 40 c le boisseau.
pana vaalà Pour Total 13 fr. 60 c.
•nnuela ;»urDa*
lirr. On emploie, pour 6 fournées de Paris 10/30
FRAIS GÉNÉRAUX. pour pour
A »aca 3 aara- 1 aae de voie de bois, ce qui fait. . . 9 fr. 83 c.
On eu retire pour les 10/30 de
L ..
i"•• Achat du fort 'a de eoniraarco. ... ifM a «f i>e f.1 e.48 braise 4 53
Uj.r >6oO a 4 3» 1 46 I Différence constatant les frais
S" f'r>iilril>uliona . - . •61 «O • 7' ' 14 i
4" Etilrotam de la maiMitention, reooo- d:t combustible 5 fr. 30 c.
rllritietil du matériel . aio a
I* t|.-i>laae «Ira lu nti rn magaain. . . •73 7» ». 73 »J a «■
a if par jourou 88 c 2/1000 par four
6» «I 7" Intérêt du i née.
rapi'sil plare j rhri Va bnulanirer, 4M ■ Quant aux boulangers, s'il en existe, qui
vu far ura ) au di pot de garanti* > a« a 4»
fendent la braise au-dessus de 40 c. le bois
FRAIS tARTII'.rjLIEnl. seau, ils ont, à raison de leur quartier, des
B' Haiiuteniioii. paie dea ouariara . . . 4i88 7» 11 7» 3 9a frais de maison plus considé
q* lliilnhu'inu de pain lui ou*nrrf . ItJ ai 1 ot a it rables, ci ...... . 1,934 fr. 50 C.
io* ( onil-uililile aaua déduction de la
kra m- ■934 M 1 So 1 77 Il" Le prix de l'éclairage est plutôt porté
1 1* Kel.irare du fourni! tt de la boutique »9« ■ 01 80■ a *7 au-dessous qu'au-dessus de la vérité.
tes . a ,S aa 33 at 12° On emploie pour 3 sacs de farine de
S» Sri •73 ^i
Reinnulae* .1 fleurira U 70 a iS • 0 159 kilogr. 1 kilogr. 1/4 de levure à 80 c. le
(* 1 an- de la réi lûcation dei poida «I kilogr; 1 fr. par jour. 365 fr.
i S> ■ 1 a a
ifc* Traii'porta dea farioca de la balle i 13" On emploie pour 3 sacs 1 kilogr. 1/2 de
la bouinnrerie a at a I sel à 50 c. , 75 c. par jour ; par an 273 fr. 75 c.
■ 7* Cnmburtble employé au cbaulTaga
de I eau S4 -> a il a 10 14" Les quantités de fleurage et de reinou-
ToraL(1). ■•••a 41 34 Ol Il 3A 1 lage que fournissent comme son les meuniers
vendeurs de farines sont insuffisantes; d'ail
Observations sur le tableau ci - dessu*. leurs, la Halle n'en fournit pas, et le boulan
1° L'acquisition a lieu sur le pied de 8,0i'0 à ger achète du tiers au quart de ses farines
1(1,000 fr. pour chaque sac fabriqué journelle sur le carreau de la Halle 70 fr.
ment ; c'est eu moyenne 27,000 fr. de capital 16" Le prix du transport de la Halle chez le
à 6 p. 0/0, taux dû commerce. • . 1,620 fr. boulanger est à la charge de celui-ci. Cette
2* Les loyers des boulangers varient suivant dépense est évaluée en moyenne par an
le quartier et les localités, de 1 ,200 à 2,000 fr. à 91 fr. 25 c.
et plus, terme moyen 1,600 fr.
4° Le capital d'un matériel de boulangerie Pommier.
doit être porté à 3,000 fr. au moins. L'eutre-
(l) Il résulte de ce lalileau que 1rs frai» du boulanger «ont plus considérables par chaque sac, que l'a'localion
qui* l'udintiii^lralioii lui accorde; mais malgré celle contradiction apparente, les chiffres que nnus avons donnés
doivent être maintenus. Nous ferons remarquer qu'ils sont le résultai d'une moyenne, et qu'a Paris un boulin,
ger qui ne cuit que 3 sacs ou au de-sous, ne parvient i faire honneur i ses enyageavetf»* atu'avec la plus grand*
difficulté, et en apportant sur les frais de loua geores la plus sévère économie.
4M ARTS AGRICOLES : EXTRACTION DU SEL. LIV. IV-
PRODUITS MINÉRAUX.
une écluse ou vareigne E. Ceréservoirdoit con suite de bassins moins profonds e, c, c, nom
tenir une hauteur de 2 pi. d'eau au moins et més couches; de .ceux-ci, au moyen du faux-
6 pi. au plus. Dans ce jas l'eau de mer com gourmas ( autre tuyau souterrain placé en f),
mence à dégager de la vapeur, mais sur elle passe dans \emort M; c'est un canal qui
tout elle se dépouille des corps qu'elle tenait fait tout le tour du marais et auquel on donne
en suspension. Au moyen d'un tuyau souter jusqu'à 4,000 nièt. de développement. Lemorl
rain ou gourmas, ou la fait passer dans une ;,inène l'eau dans de nouveaux bassins f,
448 ARTS AGRICOLES : EXTRACTION DU SEL. tnr. nr.
connus sous le nom de table»; de cei ceux-ci elle ] est connu sous les noms de«I brut, tel marin,
passe dans une série de bassins semblables tel de cuisine, tel commun, etc. Les sels anciens
m, m, désignés sous le nom de muant; du sont toujours préférés aux sels nouveaux.
m uanl l'eau arrive enfin dans les aires a, a, a, a La récolte du sel est d'autant meilleure que
où s'achève son évaporalion; elle y parvient la saison a été plus sèche et plus chaude ; quel
par des canaux b, b, 6, nommés brastours, qui quefois elle est presque nulle, si la saison a
chacun versent l'eau dans 4 aires par des con été très pluvieuse. Alors le cours du sel marin
duits souterrains qu'on ouvre et qu'on (erme augmente et il s'en fait peu d'expéditions.
à volonté à l'aide de tampons. L'eau arrive
très concentrée dans les aires et ne tarde pas § II. — Exploitation des sources salées.
à y taliner. Le dépôt du sel s'annonce ordinai
rement par une li inte rongeât re qui se déve Ces sources résultent de la solution des dé
loppe dans l'eau et vient à la superficie. Cette pôts salifères ou bancs de sel gemme par les
coloration est due à la séparation d'une-ma- eaux souterraines. L'exploitation s'en fait par
tière organique particulière inaperçue dans des procédés qui varient suivant les circon
l'eau où elle était très étendue ou dissémi stances locales, niais qui, généralement, com
née. M Dimas, qui en a recueilli une petite prennent l'évaporation spontanée ou à l'air
quantité, a reconuu que c'est elle qui exhale, libre, et l'évaporation à l'aide de combus
aux alentours des tas de sel des marais, l'o tibles.
deur de violette signalée par divers observa Les eaux salines des sources t-nferment or
teurs. dinairement du chlorure de sodium, du chlo
Le sel cristallise à la superficie de l'eau ; de rure de magnésium, du sulfate de magnésie,
temps à autre on brise la croûte el, lorsqu'il du sulfate et du carbonate de chaux et quel
gVst formé une couche assez épaisse, ou ra quefois du carbonate de fer dissous par un
masse le sel avec des ràtissoirs et on le met excès d'acide carbonique. Dans ce dernier
en las sur le chemin v, v qui sépare les aires cas, elles laissent former un dépôt firrugineux
et qu'on désigne sous le nom de vie. Dans abondant au moment de leur sortie du sein
certains marais, au lieu de briser la croûte de de la terre, ou dans les tuyaux de conduite
sel, on la recueille en l'écrémant avec un râ qui les amènent au lieu de l'exploitation, en
teau a long manche. sorte que, là, elles sont presque toujours dé
Le travail des marais salans commence au pouillées d'oxide de fer. Lue parlie du car
mois de mars et se termine en septembre. bonate de chaux dissous par l'acide carboni
Au commencement de la saison, pour mettre que se dépose en même temps. Dans la boue
le marais en étal de fonctionner, on doit le qui résulte de ces 2 dépôts, croissent souvent
nettoyer. Pour cela, on ferme la communica des couferves qui s'y putréfient après leur
tion entre le muant et les tables el l'on ouvre mort et communiquent à l'eau une odeur in
le conduit souterrain C désigné sous le nom fecte plus ou moins sensible, mais que l'éva
de coy. Les eaux du niuaut s'écoulent et en poration et la cristallisation font disparaître
traînent avec elles les dépots On jette dans des produits.
le muant toutes les eaux que contiennent les
aires el l'on nettoie celle-ci. On ferme alors 1" Des bâtiment de graduation.
la communication entre les couches el les ta
bles et l'on vide ces dernières dans le muant. L'eau étant parvenue dans la saline, on
Les tables étant nettoyées, on pourrait en commence son évaporalion dans les bdtimtnê
faire autant des couches, mais ordinairement de graduation. Ces bâtimens sont des han
on s'en dispense. gars très longs, assez élevés, ouverts à tous
Le marais étant nettoyé, on amène l'eau du vents, et dans lesquels on dispose des appa
jas dans les couches, de là dans le mort, les reils destinés à diviser, pour l'aérer autant
tables, le muant, les brassours, et enfin dans qu'on le peut, l'eau de source. On se sert
les -lires. Quand il y a I po. d'eau au plus dans généralement pour cela de fagots d'épines
Faire, on ferme la communication ; l'eau qui amoncelés par couches horizontales en pa-
arrive clans les aires est, dans les 1'" temps, rallélipipèdes rectangles. On a aussi employé
peu saturée, parce qu'elle n'a pas séjourné des cordes tendues verticalement du haut
assez de temps dans les bassii.s intérieurs et eu bas du hangar; quelquefois, enfin, les
que la saison est encore peu chaude. Il faut surfaces évaporantes sont des tables légère
alors 8 jours pour que le sel se produise dans ment inclinées. Dans le 1" cas, l'eau qu'on
l'aire; mais, dans la bonne saison et quand veut concentrer est versée continuellement
les eaux ont subi une évaporalion convenable sur les fagots où elle se divise en couches ex
avant d'arriver dans l'aire, on saline 2 ou 3 cessivement minces, court d'une branche à
fois par semaine, quelquefois même tous les l'autre et se trouve, pendant tout son trajet,
jours. en contact avec l'air qui circule au travers
Le sel se ramasse eu tas coniquesP,P, nom des fagots.
més nilols, ou en tas pyramidaux V, V, qu'on Lorsqu'on se sert de cordes, l'eau ruis
appelle vaches. Ces tas sont recouverts de selle autour d'elles; elle se divise donc en
paille ou d'herbages qui les garantissent de core beaucoup et offre à l'air de nombreux
la pluie. Le sel, ainsi conservé en tas, s'égoutte points de contact.
el sepnrifienième, en ce que les sels déliqnes- Dans les bâtimens à labiés en bois, à re
eens qu'il coutient attirent peu à peu l'humi bords très peu élevés, deux rangées de celles-
dité de l'air atmosphérique et s'écoulent en ci sont disposées sous le hangar. Deux cu
solution. vettes sont légèrement inclinées alternative
Lorsque le sel a été ainsi suffisamment ment, la première dans un sens, la deuxième
égoutté, on l'expédie dans le commerce où il dans l'autre; à leur partie la plus basse t$X
chap. 25*. SEL DES EAUX SALÉES, 440
pratiqué un trou qui permet à l'eau ver
sée sur le boutoppose de la tablette supérieure ts 3 éEauvaporée.
de tomber dans celle qui est au-dessous, et £S S
ainsi de suite. L'air passe entre les tablettes, 22 m
et, séchant la couche mince d'eau salée qui 1i _CHUTES.
s'y trouve, emporte de la vapeur aqueuse et, •Es
se renouvelant sans cesse, accélère l'évapora- 1
tion.
Les bâtimens de graduation à fagots d'épines Ira et 9e 1,010 0,0
(fig. 516) ont été d abord employés en Lom- 3«, i ci — ....... 5,158 1,023 0,540
4% 5% 6e, T, 8" et 9". . 2,720 1,072 0,335
Fig. 516. 0,062
Évapora (ion totale. 0,935
Eaurealantà 1,140 de deniiléV 0,065
Eau employée à 1,010 de densilé 1,000
Produit du iraYail des â« Dernier Eaux- Produits d'une cuite sur 46,900 Ml.
eaux-mères. dépôt. dépôt. dépôt. mères. d'eau â SOo.
Sulfate de magnésie. kl
11,74 0,25 V » 4.2 7900
— de soude. . 46,36 56,5 95 » 6» 340
Chlorure de magnés. 0,60 0,25 » » 5,4 210
— de sodium. . 41,30 43, » 5 » 19,9 2050
» » 64,5
ïôôT 100 » |100 » |100 » 10,50o|
La dernière partie des tableaux ci-dessus des 5 autres, reçoit l'eau salée. Celle-ci dé
indique les résultats d'une cuite faite par pose et se rend dans la poêle de graduation G
M. Berthier, à Moutiers, sur 46,900 kil. d'eau par la pente naturelle. Concentrée là, au point
à 20" contenant 10,500 kil. de substances sa- de schlolage, on la fait couler dans la poêle de
liui'S. On a employé dans cette cuile 50 stères préparation H H; on schlote jusqu'au degré
de bois de sapin ou mélèze refendu, savoir : de saliner; l'eau coule dans la poêle de cristal-
25 pour schloter et 25 pour saliuer. litalion I I ; le salinage s'y opère sans ébulli-
Nous ferons observer que le déchet en eaux- tiou; on recueille le sel sur une trémie, dont
mères et perte est trop fort; on n'évalue qu'à le plan incliné laisse égoutter l'eau dans la
1/7 ou 1/8, dans le travail courant, la perte poêle.
réelle. Il est évident qu'on n'a pu traiter tou
tes les eaux-mères, puisque, d'après le résul
tat moyen d'une année, celles-ci fournissent
en sulfate de soude le 10' du poids du sel
marin obtenu II faudrait donc ajouter ici en
viron 790 kil. de sulfate de soude aux pro
duits.
A Moutiers, on consommait alors 1 stère
de bois pour évaporer 7,5 quintaux métriques
d'eau à 20° de Bai mé. Cette quantité de com
bustible est énorme, puisque chaque kil. de
bois forme à peine 2,5 de vapeur. Les chau
dières construites par Cloiss, à Rosenheim Fig. 518. Fig. 519.
en Bavière, sont plus avantageuses; elles La fig. 518 montre la disposition des pla
évaporent environ 3,5 kil. d'eau par kil. de ques en tôle, soutenues par des piliers de
bois, et sont indiquées par la fig. 517 en plan, fonte. On voit {fig. 520), un cone
et par les fig- 518 et 519 en coupe suivant cuivre lesté, servant d'aréomètre.
les lignes A. B et B C de la fig. 517. Dans
cette figure , on voit ces 6 chaudières ,
Fig. 517.
v
Fig. 530.
Rappelons qu'en se servant de choux pour
purifier les eaux salées, on simplifie de beau
coup la marche du travail ; on se débarrasse
de divers produits accidentels ; enfin on ob
tient, en moins de temps et avec une grande
économie de combustible, une plus grande
dont une, le potion P, chauffée par les fumées quantité de sel marin, puisqu'on recueille
CHAP. 2.V. DES EMPLOIS DU SEL. 483
tout celui que l'eau renferme et même uu peu Le sel raffiné que l'on vend le plus commu
plus. nément, destiné à Vusagede la tablr, doit être
Cette amélioration est applicable, non-seu en cristaux fins, légers. Il faut, pour l'ob
lement aux sources salées, mais encore à tou tenir, que l'évaporation ait lieu rapidement.
tes les exploitations de sel marin. Ainsi, quand Lorsqu on vent, au contraire, obtenir le sel
on dissout le sel gemme pour le faire cristal en très gros cristaux, pour fournir à la con
liser, on se retrouve dans les mêmes condi sommation particulière de cette sorte de sel,
tions, et, lorsqu'on exploite l'eau de la mer, il faut que la cristallisation se fasse plus len
elles se reproduisent encore. On pourra ju tement, et, à cet effet, que l'ébullition soit
ger de l'influence de ces améliorations en faible. La masse du liquide n'étant pas alors
examinant, dans les tableaux ci-dessous, la fortement agitée, les cristaux qui se produi
composition des sels obtenus en Russie (en sent à sa surface augmentent de volume peu
concentrant les eaux par la gelée et conser à peu, le léger mouvement du liquide n'em
vant ainsi les maxima de chlorure) ; et re pêchant pas les rudimens de cristaux de
marquons que ces sels ne contiennent que 77 venir s'y agglomérer et de former de larges
à 91 p. 0/0 de sel marin pur, tandis que les trémies.
produits vendables de l'étang de Berre con La consommation du sel pour les salaitons
tiennent de 95 à 96 de sel pur; enfin, si l'on des viandes est considérable; «on en emploie
compare, dans le tableau de ces derniers pro beaucoup aussi pour saler la morue dans les
duits, les résultats de l'ancien mode d'opérer expéditions maritimes; mais on préfère un
avec les nouveaux moyens mis en pratique, sel acheté en Portugal, connu sous le nom de
on verra qu'aujourd'hui les sels contiennent tel de Sétuval. On a vainement cherché, dans
plus de 99 centièmes de sel pur, tandis qu'ils la composition chimique de ce sel, la raison
n'en renfermaient autrefois que 94 à 96. de la préférence qu'il mérite; elle nous sem
ble due à la plus forte cohésion de ses cris
Section III. — Des emplois du sel. taux. On obtiendrait probablement les mêmes
résultats avantageux en se servant de sel
Le sel marin brut est employé dans l'éco gemme en grains d'égale grosseur, ou des
nomie domestique, dans certains arts et pour cristaux lourds, formes au fond des bassins
différentes fabrications, entre autres pour la par une évaporation lente.
préparation de la soude, du sulfate de soude, de Avant d'indiquer les applications du sel ma
l'acide hydrochlorique, du chlorure de chaux rin, nous présenterons la composition des
et de différens autres produits chimiques. Ce principales variétés de sel qu'on trouve dans
sel se raffine de la manière ci -dessus indi le commerce, autres que celles comprises
quée relativement au sel gemme. dans les tableaux ci-dessus.
SALIMES DIS ENVIRONS D'iRXOCISl ET MER
SELS d'oibotsi.
extraits par la gelée , OBSERVATIONS.
( analyse de M. Hess ). Mer Salines Salines
d'Okhotsk. d'Oiislkout. dlrkontsk.
PAR LES PROCÉDÉS ANCIENS. PAR LES PROCÉDÉS NOUVEAUX. AUTRES SELS
employés 1 Mar
Sel qui seille pour fabri
Dépôt sol Sel Sel de Sel cristallise Sel quer la soude.
selénl- de de la pièce ordinaire en aiguille I des
teux. 1831. 1831. maîtresse 1833. sur les tas eaux- Sel délai ^'dû-
1833. de sel | valdac. Langue
marin. mères. doc.
Sulfate de chaux hydraté. 86 0,07 1,58 0,76 I 0,39 0,12 1,24
Carbonate de chaux. 8 )J M « 1)
Argile. 1 0,20 0,26 0,01 0,05 0,12 0,14 6,26 0,14
Sel marin. . . 1 96,12 94,46 99,23 99,12 56,57 84,48 78,5 98,70
Perle. . , . . . 4 » » » » «
Sulfate de magnésie, 1,97 2,64 0,44 42,71 13,68
— de soude. 1,64 1,58
Chlorure de magnésium. 1,00 0,60
1(10 100 100 » |l 100 ]!;(! io"ô~
ARTS AGRICOLES : EXTRACTION DU SEL. LIT. IV.
DIVERS SELS COMMERCIAUX , Matière
( analyse uV M. Henry, los autres de Sel
marin. Magnésie. Chlorure de rlinux. Insoluble. Eau.
m. Berlliier. )
Nous n'insisterons pas sur les emplois or veur du sel , mais d'antres mélanges ont pré
dinaires du sel, que chacun connaît, mais nous senté des dangers réels.
devons indiquer encore plusieurs autres ap Le sulfate de chaux (plâtre cru), que l'on
plications d une grande importance, que le pulvérise exprès pour être mélangé au sel ma
bon marché seul pourrait permettre. Dans rin, ne produit pas non plus des inconvéniens
l'extraction des mines, le sel ne coule que très graves, bien qu'il soit déjà une cause
25 à50 c les 100 kil., et dans les marais sa- d'insalubrité pour quelques personnes; car
Ians60c.à2fr. 50 c. A. ce dernier prix, et même ou sait que les eaux sélénitenses ont généra
au double, il pourrait être d'une grande uti lement une action défavorable sur les in
lité pour élever des bestiaux et pour faire ma testins el l'estomac. Mais le sulfate de chaux
cérer les fumiers, sans que leur décomposition en poudre, servant aussi pour être mêlé à
les altérât trop. Ou sait que les plantes trop l'ox'de d'arsenic, diminue son prix el per
aqueuses dont se nourrissent les bœufs, les met de donner cette marchandise à meil
moutons, les chèvres, dérangent l'estomac de leur marché; il parait que ce sulfate broyé
ces animaux, qu'elles ont une action nuisible dans le même mortier où l'on avait pulvé
sur leurs intestins. On pourrait remédiera risé l'arsenic, a été vendu pour être mé
Ces inconvéniens en donnant une petite quan langé avec du sel marin ; celui-ci, livré à la
tité de sel aux bestiaux, en même temps que consommation, a donné lieu à plusieurs acci-
des herbes aqueuses, ou seulement si on lais- dens assez graves qui ont éveillé l'attention
saità leurdisposilion une pierre de selgemme de l'administration Au reste , quelle qu'en
qu'ils iraient lécher tour à tour. Une petite soit la cause, des expériences irrécusables ont
proportion de sel peut encore être fort utile décelé, l'année dernière, à Paris, dans le sel
a la conservation et à la facile digestion des marin, la présence de Arsenic. D'autres ac-
feuilles d'arbres que l'on donne aux chèvres, cidens ont été attribués à ïo.ride ds cuivre, et
des marcs de pommes de terre, de bettera par suite, l'administration a décidé que les
ves, etc. On a d'ailleurs remarqué que les bes chaudières en cuivre seraient dorénavent sup
tiaux, les moutons surtout, engraissent beau primées pour le raffinage du sel. Il ne parait
coup plus et se portent mieux lorsqu'on leur pas que 1 effet délétère observé vint de cette
donne un peu de sel On sait, enfin, que la cause; cependant ou a bien fait de prendre
viande en est de meilleure qualité : tout le cette mesure, puisque les chaudières en cui
monde connaît la réputation des moutons dits vre ne sont pas indispensables et que, depuis
de prés salés. long-temps, elles ont été remplacées, en An
Malheureusement pour les fermiers inté gleterre, par des chaudières en tôle de fer.
ressés à ces applications, un impôt très lourd Dans l'examen que l'on a fait à cette occa
( 30 fr. par 100 kik>g. ) pèse sur le sel marin; sion de la plupart des sels du commerce, on*
il équivaut de 12 à 120 fois le prix revenant du trouvé encore, dans quelques échantillons,
sel. Ce droit, n'ayant pu encore être remplacé, une certaine proportion A'iod . Les eaux-mè
paralyse les divers emplois que nous venons res du sel marin, recueillies dans les marais
de signaler et cause ainsi une perle réelle de salans, contiennent en effet un composé
richesse territoriale. d'iode; et si ou livrait ce produit à la consom
mation immédiatement après qu'on l'a ras
Section IV. — De la falsification du sel. semblé sur le bord des fosses, il s'y trouve
rait encore une petite proportion de celte
Le sel marin, qui devait être à heauronp matière dont la présence ne serait pas sans
meilleur marché que tous les autres sels, quelques inconvéniens, L'iode n'a pas, à fai
est au contraire I un des plus chers; c'est ble dose, des propriétés malfaisantes, puis
aussi lui qui est l'objet des fraudes les plus qu'on s'en sert en médecine pour faire dis
nombreuses, puisque l'on trouve un grand soudre les goitres, mais il parait que celte
profil à augmenter son poids par l'addi propriété peut avoir des résultats fâcheux
tion de plusieurs autres sels Ainsi on l'a lorsqu'elle n'est pas utile pour faire disparaî
mélangé : 1" avec le mtfate de sonde cristalli tre les grosseurs informes dont nous parlons.
sé, qui ne coûte enviro.i que les 2/.S du prix Il esl donc important de n'employer le sel
du sel raffiné; 2» avec les sels qu'on obtient parmi nos aliincus que lorsqu'il a subi une
en raffinant les soudes de vareck. Jusqu'ici il purification naturelle. Il suffit, à cel effet, de
n'y a rien d'insalubre dans ces mélanges; le laisser égoutter spontanément l'eau -mère à
1" pourrait à peine êlre légèrement laxatif; travers les tas de sel marin; l'eau pure dépo
l'un et l'autre changent plus ou moins la sa sée par l'air humide opérant une sorte de la
chai-. 25\ EXTRACTION DES ARGILES. 455
vage, entraîne, avec quelques centièmes du Le chlorure de sodium pur est formé de :
sel, le composé d'iode et les substances étran 1 atome de sodium 390,01
gères solubles. 2 atomes de chlore. ..... 442,64
Ce n'est effectivement qu'après que le sel 743,56
marin a été ainsi purifié qu'il est ordinaire
ment expédié dans le commerce. ce qui équivaut p. 0/0 à 39,65 de sodium, et
60,35 de chlore.
Section V. — De la composition du sel. Un
un caractère qui distingue ce composé
com de
la plupart des sels solubles consiste ddans une
Le sel marin, dans la nomenclature chimi- solubilité à l'eau froide presque égalee à sa so-
3ue ancienne, était appelé muriale de soude; lubilité dans l'eau chaude; sa savet saveur salée,
epuis que l'acide muriatique a été décompo agréable au goût, le caractérise bien aussi. On
sé en chlore et hydrogène, et désigné sous le le reconnaît enfin à ce que ses cristaux dé-
nom d'acide hydrochlorique ou chlorhydrique, crépiteut (ou produisent de petites explosions)
on a nommé le sel marin hydrochlorate de au l'eu ; que, chauffé très fortement , il se
soude; et enfin, ayant démontré que ce sel fond, devient liquide et peut se volatiliser
pur résulte de l'union du chlore avec le so complètement eu répandant des vapeurs blan
dium , et ne contient pas d'eau on te nomme châtres. Cette propriété a permis de l'appli
actuellement chlorure de sodium. quer au vernissage des poteries communes.
Le sel gemme cristallise ainsi anhydre dans
la nature; celui même qu'on obtient par les Payen.
moyens exposés ci-dessus ne contient d'eau
que celle interposée dans les cristaux.
I i .i Pcr- 1
ARGILE PLASTIQUE. 1 Silice. Alumine oiide. USAGES.
1 1 de fer. 1
De Forges-les-eaux. . . 73 » 27 » 1 traces. Creusets de verrerie et divers vases réfractaires des
j laboraloires.
De Saint-Aman<L . . . 73,3 1[ 24 » 2,7 Poteries dites de grès.
De Stourbridge . . . . 73,4 1 24,6 1 2,0 Creusets pour fondre le verre et l'acier.
27 » traces. Carreaux, tuiles, briques et poteries.
Dans cette variété , la silice contient 3 fois l'oxigène de la base. Dans la suivante elle n'en
contient que le double environ.
I i Per- |
AF.GILE PLASTIQUE. Silice. Alumine, oxide | USAGES.
' 1 lin fer.
i .
59 » 41 » traces. Gazettes à porcelaine.
57 » 43 » traces. Fayence fine antiaise.
D'Aiideunes près Namur. 64,3 33,3 1 2,5 Creust-ls à laiton.
chap. 26'. EXTRACTION DES ARGILES. 457
4° Argile smectiqueou terre à foulon. Grasse et atarnr de Bellevillt Maine de Virodaj,
prèl Parie. prèl VertaiUaa.
onctueuse au toucher, elle se laisse polir avec Silice. ... 46 29
l'ongle, se délaie promptement dans l'eau , y Alumine . . 17 11
forme une espèce de bouillie, mais n'y ac Peroxide de fer. 6 6
quiert pas une grande ductilité ; elle contient Carb. de chaux. 28 . 52
souvent de la magnésie à la présence de la
quelle plusieurs de ses caractères extérieurs 97 98
paraissent être dus. Les marnes plus ou moins calcaires ont
Les couleurs de cette argile sont variables; souvent une grande utilité dans leurs appli
la plus ordinaireest le gris jaunâtre elle vert cations à l'agriculture; elles peuvent amélio
olive; il y en a aussi de brunes , de couleur rer les terres soit dans leur constitution phy
rouge de chair; sa cassure est tantôt rabo sique, soit dans leur composition chimique
teuse , tantôt schisteuse , quelquefois con- ( voyez à cet égard le chapitre des amende-
choïde. mens et des engrais, t. Ier, p. 59 et 82 ).
L'argile smectique est assez compacte , La propriété remarquable dont jouissent
happe très peu à la langue. Plusieurs variétés toutes les argiles délayables et marnes argi
du cette argile noircissent par un premier feu leuses, de prendre à la température rouge
et deviennent blanches ensuite, ce qui indi une dureté telle que l'eau ne les puisse plus
que la présence d'une matière combusti délayer, explique l'un des effets avantageux
ble. Enfin , elles se fondent à un feu plus vio de l'écobuage des terres fortes argileuses :
lent. cette calcination change complètement leur
5° Krijilc figuline. Les argiles de cette variété nature physique; de grattes et compactes
ont presque toutes les propriétés extérieures qu'elles étaient, elles deviennent ainsi mai
des argiles plastiques; beaucoup sont, comme gres et graveleuses, susceptibles par consé
elles, douces au toucher, et font avec l'eau une quent d'amender par leur mélange la terre
pâte assez tenace; mais elles sont en général trop lourde dont elles faisaient naguère par
moins compactes, plus friables; elles se dé tie.
laient plus facilement dans l'eau, plusieurs Les argiles, plus ou moins plastiques calci
aussi sont fortement colorées et, loin de per nées, donnent des sortes de pouzzolanes arti
dre cette couleur au feu, elles y deviennent ficielles, ou cimens, capables de former avec
souvent d'un rouge très vif; enfin elles ont les chaux de construction de très bons mor
une cassure irrégulière, raboteuse et nulle tiers.
ment lamelleuse. Quoique douces au toucher, On emploie avec succès les argiles plasti
elles n'ont pas ordinairement l'onctuosité des ques pour conserver à l'état humide certai
argiles à foulon. Quelques-unes font une lé nes parties des végétaux : c'est ainsi que l'on
gère effervescence avec les acides et se rap parvient dans les transports à maintenir fraî
prochent tellement des marnes qu'il est dif ches les boutures et greffes, à retenir dans des
ficile de les eu distinguer. La chaux et l'oxide sols arides l'eau d'arrosage près des racines
de fer que contiennent ces argiles, les ren de divers arbustes, des mères et rejetons en
dent fusibles à une température souvent fort pépinière, etc.
inférieure à celle que les argiles précédentes Plusieurs argiles ocreuses sont désignées
* peuvent supporter sans altération. Ces argiles sous les noms de bols, ( argila bolus, wall ;
sont employées dans la fabrication des faïen bole, kirwan; bol. werx); elles contiennent
ces et poteries grossières, à pâte poreuse et assez d'oxide de fer pour présenter une
rougeàtre; on en fait des statues et vases dits nuance prononcée de jaune ou de rouge, les
de terre cuite pour les jardins. premières acquièrent la couleur rouge par
Voici l'analyse de deux de ces argiles : une calcination à l'air.
Argile de Protin» d'aprèe Argile de Liinuine (Lot} La sanguine est rangée parmi les bols ou
AI. Ac iiit. d'aprèt M. BiBTauea. argiles ocreuses; elle sert à préparer les
Silice ... 57 3 .... 60 » crayons rouges.
Alumine . . 37 » . . . . 30 » Onconnalt sous la dénomination Aebolà'Ar
Peroxide de fer. 17.... 76 ménie une variété de l'argile ocreuse rouge,
Chaux ...40.... 24 très estimée autrefois et tirée de l'Ile de Lem-
100 0 100 0 nos par Conslantinople. Les prêtres insu
6* Argile marne. Elle varie en consistance, laires, qui la préparaient exclusivement, en
mais_ n'est jamais assez dure pour ne point éliminaient le sable par lévigation, puis en for
se délayer dans l'eau ; elle est au contraire or maient de grosses pastilles sur lesquelles ils
dinairement très friable et même quelquefois apposaient le sceau de Diane, de là est venu le
pulvérulente. Le passage de l'humidité à la nom de terre sigillée. On imprime encore sur
sécheresse suffit souvent pour en désunir les cette argile le cachet du gouverneur de l'Ile
parties; elle tombe en poussière dans l'eau ou celui du Grand-Seigneur avant de le livrer
et forme avec elle une pâle qui n'a point de au commerce; une argile ocreuse tirée des
liant. Elle fait nue vive effervescence avec l'a environs de Bloiselde Saumur est employée
cide chlorohydrique, et souvent cet acide dis en France maintenant pour préparer le bol
sout plus de la moitié du mélange. Elle se a'Arménie.
fond facilement au chalumeau; sa cassure est On traite cette argile par lévigations et ta
toujours terreuse, sa texture est assez ordi misages à l'eau, on laisse déposer, et la pâte
nairement feuilletée, et dans ce cas, elle ne se ocreuse mise en trochisques, puis en petits
distingue de l'argile feuilletée que par l'action pains arrondis et empreints d'un cachet, cons
des acides et par sa grande fusibilité. titue le bol d'Arménie vendu chez les pharma
Voici la composition de deux sortes de mar ciens et employé en médecine.
nes analysées par M. Buisson. Argile ocreuse jaune, ocre jaune. Cette argile
ACtUCL'LTUnie Tomb III — 58
458 ARTS AGRICOLES : PRODUITS MINÉRAUX. lit. rv.
se trouve en France près Vierzon , et dans le glaces et des verres blanc»; ceux qui sont mê
département de la Nièvre, àBitry, non loin de lés de carbonate de chaux d'oxidedefer et de
Samt-Amand ; clic est exploitée par puits et détritus des plantes servent à la fabrication
galeries, puis calcinée, lavée convenablement des verres noirs ; ils sont même plus propres,
elle donne un ocre rouge; l'ocre de Bilry, relui en ce que ces matières étrangères, en reagis
de Motague et de Saint- Pourrain se vendent sant entre elles au feu, forment du silicate de
quelquefois naturels ou calcinés sous les noms chaux, favorisent ainsi la vitrification et qu'on
de jaune et rouge d'Italie. Ou les emploie n'a pas besoin d'ajouter autant d'alcali pour
comme les autres ocres dans la coloration l'opérer.
des papiers peints, les peintures communes en Dans l'art du mouleur, on rejette les sables
détrempe et les peintures extérieures à trop secs et purement quartzeux ; on préfère
l'huile, pour défendre les volets, persien- ceux qui, étant mêlés d un peu d'argile et de
nes, inslrumens aratoires, clôtures en bois, mica, font corps avec un peu d'eau et sont
charrettes, etc, des effets de la pluie ou de susceptibles de se comprimer assez pour re
l'humidité. Souvent les ocres jaunes sont mé cevoir le moule des modèles. Dans les fonde
langés avec les bleus de Prusse afin d'obte ries, on recherche aussi les sables légèrement
nir des nuances vertes pins agréables pour argileux, destinés à former le sol dans lequel
diverses sortes de peintures. - on opère le coulage des grosses pièces.
Des sables à gros grains, surtout mêlés de
Section II. — Extraction et emploi du table. débris d'argile calcinée et de mica, sont préfé
rés pour la fabrication des mortiers, surtout
On désigne sous les noms de sables des sub de ceux qui, étant susceptibles de se durcir
stances minérales granuliformes ou pulvéru sous l'eau presque autant que la chaux hy
lentes, qui se rencontrent tantôt étendues en draulique, peuvent remplacer celle-ci dans
couches plus ou inoins épaisses à la superficie les constructions humides ou submergées.
de la terre, tantôt à une certaine profondeur du Une partie de chaux grasse et 3 ou 4 parties
sol ou formant le lit des eaux des fleuves, des de ces sables, dits arènes, forment un mélange
rivières, de la mer, qui lescharrient continuel convenable, a défaut de chaux hydraulique.
lement et les déposent sur leurs bords, dans On se sert des sables de rivière, de carrière
les endroits où le courant est encore trop ra ou fossiles pour la pllration des eaux, môme
pide pour laisser précipiter aussi les matières dans d'immenses filtres applicables h épurer
limoneuses Parmi ces sables, les uns parais les eaux après avoir laisse déposer dans des
sent avoir existé de tout temps à cet état et réservoirs la plus grande partie de leur ma
être le produit d'une cristallisation plus ou tière limoneuse; les eaux de rivière qui doi
moins confuse, les autres sont évidemmment vent être distribuées dans les villes ou celles
les détritus de roches quartzenses, granitiques, qu'emploient les fabriques de papiers blancs,
micacées ou métalliques, divisées ou par l'ac les blanchisseries, teintureries, doivent sou
tion des eaux qui les entraînent dans leurs vent être ainsi épurées; on en forme la cru
torrens, ou par les chocs des fragmens de ro che supérieure dans les filtres à charbon. On
chers les uns contre les autres. Enfin, on dis se sert journellement de ces sables pour re
tingue encore les sables argileux ou débris couvrir les allées des jardins; par cette addi
pulvérulens naturels ou factices des argiles tion, qui donne à la terre de la consistance,
cuites ; tels sont les pouzzolanes, les divers ci- on prévient la formation de la boue dans les
mens de briques, tuiles et potenes pilées, des temps de pluie et l'on rend la marche plus
morceaux de gazettes à porcelaine, etc. agréable.
Les 1"», qu on a nommés sables cristallins, Un usage bien plus important auquel on
sont abondamment répandus dans la nature. emploie les sables cristallins, est celui qui a
Les plaines immenses, connues sous les déno pour objet Yamendement des terres. On donne
minations de déserts, de steppes, de landes, etc., la préférence aux sables marins, à cause des
si multipliées en Afrique en Asie et en Eu sels et des détritus de substances animales
rope, sont entièrement recouvertes de ces dont ils sont naturellement imprégnés et
sables; le fond des fleuves, des rivières en est qui sont très propres à activer la végétation.
formé; l'Océan en rejette sur ses bords une C'est une sorte de sable très fin de ce genre
grande quantité qui s y amoncelle en dunes. qui constitue la tangue ou cendre de mer; elle
Ces sables, presque entièrement composés de renferme, sur 100 parties, d'après un échan
très petits grains de quartz hyalin ou de quartz tillon envoyé d'Avranches et qui me fut remis
laiteux, constituent la variété connue sous le par la société d'horticulture :
nom de quartz arénaci. Le plus souvent ces
grains ont une forme irrégulière; ils sont tan Sable et lamelles de mica 55,195
tôt arrondis, tantôt anguleux. Cependant, dans Carbonate de chaux 42,330
quelques localités, on en a trouvé qui, vus Matières organiques azotées. . . . 2,000
au microscope, offraient des cristaux régu Chlorure de sodium et de magnésium. 0,310
liers de quartz à doubles pyramides. Les sa Sulfates de chaux, de potasse et de
bles cristallins sont souvent mêlés de parti soude O.lfiâ
cules d'argile, de paillettes de mica, de sels, 100,000
de détritus des végétaux et animaux ; tels sont
ceux qu'on appelle vulgairement sables de ri Le sable de cette tangue est assez un pour
vière ou de mer ; selon qu'ils sont purs ou im- traverser presque en totalité un tamis de soie
Î>urs, ils sont propres à différens usages dans ordinaire; ses grains se trouvent recouverts
es arts. d'une incrustation formée de carbonate de
Les plus purs et les plus blancs sont em chaux et des autres substances. On voit que,
ployés de préférence pour la fabrication des par cettp raison, il doit tMre regardé comme
CHAP. 26*. CSAGE DES CENDRES PYRITEUSES.
un excellent amendement sableux et calcaire ces exploitations est ordinairement noirâtre,
pour les terres argileuses compactes; qu'en velouté, tendre et friable, à cassure lamelleu-
ou Ire, la matière azotée et la petite propor se. On y rencontre presque toujours des cris
tion de sels lui donnent une action comme taux de sulfate d'alumine et de fer ou alun
engriiis et stimulant ; il pourrait en outre de plume. On extrait ce schiste de la terre et
avantageusement entrer dans la composition on l'expose plus ou moins long-temps au con
des terres de bruyères factices. tact de l'air; on le grille ensuite. Pour quel
Les sables qui proviennent de la désagré ques schistes, comme celui de Frieuwalde, le
gation des roches ont été pour la plupart re grillage n'est même point nécessaire; il suf
couverts par des terrains de formation posté fit, pour que les réactions utiles aient lieu,
rieure, très différens par leur composition des d'exposer la substance brute pendant un an
sables proprement dits, dont ils n'ont reçu le à l'air. Ki.ai'uoth suppose que dans ce schiste
nom que parce qu'ils en ont la forme pulvé le soufre n'est pas entièrement à l'état de
rulente ou grenue. Les sables aurifères, plati- pyrite.
nifères, cuprifères, stannifères, titauifères et Dans la plupart des cas , il est nécessaire de
ferrugineux renferment un grand nombre de friller ; ce grillage se fait en tas , sur une aire
substances, indépendamment de celle qui do atlue, et dont le sol a une pente qui aboutit
mine dans chacun d'eux, et que, dans beau à une rigole, au moyen de laquelle les eaux
coup de cas, ou exploite avec avantage, à pluviales se rendent dans un bassin. On dis
l'aide des irrigations, qui laissent plus abon pose d'abord sur le sol un lit de fagots de 3
dantes les substances métalliques plus lour pi. de long, sur un diam de 6 po. dans une
des, après avoir plusieurs fois décanté les longueur de 100 pi. el une largeur de 6 ou 7.
parties suspendues dans le liquide. On recouvre ce lit d'une couche de schiste
Les sables fins sont encore employés dans de 2 pi. d'épaisseur. On allume les fagots au
la confection des briques, tuiles et carreaux, centre du tas, et on dirige la combustion en
soit pour mélanger avec l'argile plastique et ouvrant çà et là des évents au moyen de la
diminuer ainsi son retrait à la dessiccation et pioche, pour rendre la combustion plus géné
au feu, soit pour saupoudrer l'intérieur des rale.
moules et favoriser le démoulage. On dispose une nouvelle couche de fagots
au-dessus du lit de schiste ; on recouvre les
Section ITT. — De l'extraction et de l'usage fagots d'une 2* couche de schiste et l'on attend
dis cendres pyriteuses. qu'elle soit embrasée à son tour pour conti
nuer l'élévation du las, qui doil se composer
On connaît sous les divers noms de cendres de 8 à 10 couches de chaque sorte, et se ter
pyriteuses, cendres sulfuriques végétatifs, ren miner par nue couche de schiste Irès me
dus noires de Picardie, terres noires sulfureu nu , destinée à garantir le tas des eaux plu
ses, soit les résidus des pyrites alumiueuses viales.
( bisulfure de fer aluniineux ), effleuries el les La combustion dure 6 semaines ou au plus
sivées, soit la matière terreuse, brune, pulvé 2 mois. Quand le schiste est suffisamment
rulente qui recouvre en différentes localités, chargé de bitume ou de houille, le premier
et notamment dans l'ancienne province de rang de fagots suffit ; ou n'en met donc pas
Picardie, les amas de pyrites ferrugineuses, d'autres et, dans ce cas, on charge en schiste
ou bisulfure de fer natif On nomme cendns dès qu'on voit la flamme apparaître sur les di
rouges le résidu de l'incinération des pyrites vers points du tas.
ou des terres pyriteuses daus lesquelles la La présence des cendres provenant de la
combustion du sulfure de fera laissé former combustion du boit complique les produits
du peroxide ou sesqui-oxide rouge de fer. de celte opération • la potasse qu'elle contient
Les cendres rouges ayant, relativement à donne naissance à du sulfaté de potasse, et par
l'agriculture, des propriétés el des applica suite, à de l'alun de potasse.
tions spéciales , nous en traiterons à part. Nous On peut remplacer le bois par de la houille
nous occuperons d'abord des cendres pyriteu dans ce grillage; alors il se forme encore de
ses, el, pour donner une idée exacte de leur l'alun au moyen de l'ammoniaque qui pro
nature, nous exposerous brièvement les opé vient de la houille. Ou a donc ainsi du sulfate
rations industrielles dont elles forment le ré d'ammoniaque, el par suite, de l'alun à base
sidu, et qui d'ailleurs produisent le sulfate d'ammoniaque.
d'alumine impur vendu sous le nom de mag- Les produits du grillage sont nombreux et
tnas aux fabricans d'aluns par les propriétai les réactions compliquées. Pendant la calcina-
res qui se livrent à celte fabrication peu com lion, une partie du soufre quitte le bisulfure
pliquée. de fer et s'exhale en vapeurs partiellement
Le sulfure de fer seul, par une calcination brûlées, au contact de l'air; il se dégage donc
ménagée, se transforme au contact de l'air eu du gaz sulfureux et du soufre qui sont per
sulfates de protoxide et de sesqui-oxide de fer ; dus pour la formation des sulfates d'alumine
mais dans les schistes qui renferment en ou- et de fer; malgré cette perte, le résidu con
tredcl'argile, la présence de l'alumine change tient beaucoup d'acide sulfurique combiné
les résultais; le sulfate de peroxide de fer se sous diverses formes. Il renferme en effet, ou
transforme en sulfate d'alumine, et le sesqui- tre le schiste et le sulfure de fer non altérés,
oxide devient libre, ou du moins passe à l'é du peroxide de fer, du sons-sulfate de per
tat de sous sulfate, en sorte que, si l'on pro oxide de fer, du sous- sulfate d'alumine, et
longe l'opération de manière à ce que la ma probablement de l'alun alumine, produits iu-
jeure partie du fer soit peroxidée, on obtietil solubles. Il doit contenir en outre des sulfa
du sulfate d'alumine presque exclusivement. tes d'alumine, d'alumine et de potasse, d'alu
Le schiste alitmineux le plus convenable à mine et d'ariiinr'iiiaq'io , des sulfates de prot
4C0 ARTS AGRICOLES : PRODUITS MINÉRAUX. uv. IV.
oxide et de peroxide de fer , du sulfate de bris organiques, de charbon et une matière bi
protoxide de fer et d'aliimiDe, eufiu, du sul tumineuse, contiennent toutes les substances
fate de peroxide de fer et de potasse ; produits renfermées dans les cendres pyriteuses ci-
solubles qui ne se rencontrent pas tous à la dessus; le sulfure de fer très disséminé s'ef-
fois probablement, mais qui peuvent tous ré fleurit lentement à l'air humide et donne peu
sulter du grillage et varier en proportion, se à peu les solutions précitées. On peut s'en
lon le temps et Ta température employés dans assurer eu posant un échantillon de ces ter
l'opération. res humectées sur des entonnoirs et obser
Parmi les produits solubles, ceux que l'on vant les solutions obtenues par une fillratiou
cherche surtout à recueillir sont : l'alun, le d'eau pure, à des espaces de temps différens:
sulfate d'alumine et le sulfate de fer. On sou les lr" eaux seront beaucoup moins chargées
met pour cela le schiste grillé à 3 ou 4 lava que celles recueillies après une influence plus
ges qui s'opèrent par décantation quand la prolongée de l'humidité sur ces terres. On
matière est très divisée, et par fi It ration à la pourra s'assurer que ces solutions ont une
manière des plâtres salpêtres quand elle est forte réaction acide et qu'elles contiennent
en poudre plus grossière. On repasse dans tous une grande quantité de sulfate de fer.
les cas, sur des schistes grillés neufs, les eaux Les cendres noires de Picardie ont été
de lavages faibles pour Tes enrichir, etc. On employées avec succès sur les prairies pour
les amène ainsi à 10 ou 12°. détruire la mousse et quelques plantes para
Les solutions, ainsi obtenues le plus fortes sites.
possible, sont évaporées dans des chaudières On les a plusieurs fois mélangées avec de
en plomb dont le fond est soutenu par des véritables engrais pulvérulens de couleur bru
plaques en fonte garnies de terre; lorsqu'el ne analogue
les sont concentrées au point de marquer 85° Les schistes pyriteux sont quelquefois in
on les fait déposer afin d'éliminer plusieurs cinérés complètement à l'air, alors ils don
sous-sels insolubles, notamment parmi ceux nent des cendres rouges dans lesquelles il ne
à base de sesqui-oxidede fer; puis on achève la reste presque plus rien de soluble; celles-ci
première concentrât ion et on les verse dans des ont donc une vertu stimulante très faible, au
vases plats où le refroidissement fait cristalli cune action comme engrais , mais elles peu
ser une partie du protosulfale de fer; le li vent constituer un bon amendement pour les
quide sirupeux surnageant, ou l'eau-mère, est terres fortes, dont elles diminuent la compa
rapproché- dans la même chaudière, au point cité, et sur lesquelles on en fait quelquefois
de se prendre en masse en refroidissant; ar usage.
rivé à ce terme, on le coule dans des ba
quets. Lorsque toute la masse dans chacun Section IV. — De la chaux et de sa fabri
d'eux s'est figée, elle offre l'aspect d'un pain cation.
de graisse ; ou l'expédie en cet état aux fabri-
caus d'alun. $ Ier. — Des matières qui fournissent la chaux.
Le résidu de la lixiviation ci-dessus décrite
contient encore une petite quantité de toutes On désigne sous le nom de chaux une sub
les substances solubles que nous avons énu- stance qui, dans l'état pur, est blanche, soli
mérées, plus la totalité des matières insolu de, dont le poids est de 2,3 ( l'eau sous le mê
bles ; parmi ces dernières, il se trouve du me volume réel pesant 1); sa saveur est àcre,
sulfure de fer mis dans les conditions con caustique, urineuse; elle n'est soluble que
venables pour produire ultérieurement de dans 635 fois son poids d'eau ; le double de
nouvelles efflorescences , et se transformer cette proportion d eau est nécessaire pour la
ainsi, sous l'influence de l'air et de l'humidité, dissoudre à la température de 100' (ou l'eau
en sulfates de fer èl d'alumine. bouillante). On peut l'obtenir cristallisée en
Ce sont ces réactions sans doute qui, met hexaèdres à l'état d'hydrate contenant 0,25
tant enjeu les forces électriqes, donnant lieu d'eau combinée.
à la décomposition du carbonate de chaux sur Cette substance est l'un des agens les plus
les terres cultivées , peuvent échauffer quel utiles de l'agriculture, quoique son usage mal
ques points du sol, dégager de l'acide carboni employé ait pu donner lieu à bien des mé
que, produire du sulfate de chaux, en un mot, comptes; ces considérations justifient l'inté
agir de plusieurs manières comme slimulans rêt puissant attaché à la chaux , et les détails
des forces végétatives. On remarquera aussi dans lesquels nous allons entrer relativement
que ces agens de nature saline, doués même à son état naturel, son extraction, ses usages,
d'une réaction acide, ne sauraient être consi la théorie de ses effets, son dosage et ses diffé
dérés comme aliments des plantes ou comme rens modes d'application.
de véritables engrais. Il importe beaucoup La chaux est un composé de calcium et
d'établir cette distinction, afin que l'on com d'oxigène, qu'on désigne sous le nom de prot
prenne bien le parti qu'on peut tirer de tels oxide de calcium ; cet oxide plus ou moins im
auxiliaires, cl que l'on évite les mécomptes pur s'extrait du carbonate de chaux. Elle est
graves éprouves naguère par suite de l'em d'ailleurs contenue dans une foule de matiè
ploi exclusif de terres pyriteuses sur des ter res abondantes dans la nature : à l'état de sul
res argileuses où, soit la marne, soit la chaux, fate de chaux elle constitue le gypse ou plâ
eussent été utiles et les véritables engrais in tre cru, le plâtre cuit , l'albâtre gypseux , le
dispensables. sulfate des eaux séléniteuses ; combinée à l'a
On peut ranger dans la même catégorie cide phosphorique, la chaux forme ce sel neu- '
des stimulans les terres noires pyriteuses qui tre insoluble appelé phosphate de chaux, qui
recouvrent ordinairement les couches de py compose la plus grande partie de la matière;
rites ferrugineuses. Ces terres, outre des dé inorganisée des os. Les terres salpétrées ren-
chap. 26e. DË LA. CHA.UX ET DE SA FABRICATION. 461
ferment du nitrate ou azotate de chaux ; on peut fritter la chaux des pierres qui contien
trouve dans différentes parties des plantes nent des proportions notables de silice et d'a
la chaux dans les états ci-dessus, et encore lumine. Ces 3 matières s'unissent et forment
combinée aux acides oxalique, malique, tar- nue espèce de verre grossier (silicate et alu-
trique, etc. minale de chaux), qui n'a plus aucune des
La matière lr« qu'on emploie le plus géné propriétés utiles de la chaux , et que l'on ap
ralement pour en extraire de la chaux est une pelle vulgairement biscuit. Il faut donc se
combinaison de cette substance avec l'acide garder de pousser le feu au point d'atteindre
carbonique; elle est plus ou moins compacte, cette tempérai ure; il est d'ailleurs convenable,
répandue en très grande quantité dans la na même pour les pierres calcaires les plus pu
ture, la craie, les débris d'albâtre calcaire, de res, de borner la température au degré utile-
marbre, et dans quelques localités les coquil à ladécomposition du carbonate, ne fût-ce que
les d'huttres, offrant les principales variétés pour économiser le combustible , et éviter
usuelles de chaux carbonalêe. La chaux que d'altérer les parois internes du fourneau.
donne le marbre est la plus pure; elle ren Si la calcination de la pierre a été bien con
ferme moins d'argile que la chaux préparée duite, la chaux grasse obtenue a la propriété
avec les autres pierres calcaires. C'est celle d'absorber l'eau avec une grande énergie et
que l'on emploie dans les laboratoires et dans de s'y combiner eu proportions fixes; cette
certaines fabrications de produits chimiques, union donne lieu à une augmentation de tem
et qui est susceptible de produire à poids égal pérature assez considérable et qui, lorsqu'on
le plus d'effet en agriculture ; relativement à ménage l'eau, peut s'élever au-dessus de 150«,
cette dernière application, celle qui nous in puisque durant l'extinction elle peut enflam
téresse le plus ici, on doit donc de même que mer des allumettes soufrées. Le volume de
dans les opérations des arts chimiques , re chaque particule augmentant aussi brise tou
chercher les pierres calcaires qui, contenant te la masse. Cette action est utile dans plu
le moins de matières étrangères (sable, si sieurs applications pour réduire la chaux en
lice, alumine) plus ou moins divisées , peu poudre extrêmement fine et sans qu'il en
vent donner de la chaux la moins impure , coûte de puissance mécanique , et en même
dite chaux grasse, celle dont le volume aug temps qu'on rend l'agent plus énergique par
mente leplus par l'extinction. On l'obtient en son union avec l'eau.
employant : 1° un calcaire très compacte des Pour obi enir ces résultats , il suffit d'im
environs de Paris , qui contient près de 0,98 merger la chaux dans l'eau, puis d'ajouter une
de carbonate de chaux ; 2° les fragmens de la nouvelle quantité d'eau à mesure que l'ab
pierre de Chdteau-Landon ; ils contiennent sorption a lieu et que la chaleur développée
0,97 du même carbonate; la pierre de Saint- vaporise une partie du liquide.
Jacques du Jura, qui eu renferme 0,96; celle On désigne aussi mais improprement, sous
de 1 Ain, équivalente à 0,94,et celle de l'Ardè- le nom de biscuit, les fragmens de pierre qui,
che à 0,95, etc. , tandis que la pierre tendre n'ayant pas été chauffés suffisamment , n'ont
des environs de Paris ne donne à l'analyse perdu que très peu ou point d'acide carboni
que 0,78 de carbonate calcaire et produit de la que. Ces morceaux ne peuvent plus être que
chaux maigre. La pierre de Senonches , celles très difficilement convertis en chaux , ayant
dites à ciment romain, ou ciment russe, comme perdu, avant d'être décomposés, toute la quan
les galets de Boulogne, et tous les calcaires tité d'eau qu'ils contenaient, et dont la vapo
compactes contenant de 60 à 80 centièmes risation à une plus haute température aurait
de carbonate de chaux et 15 à 20 de silice très favorisé le dégagement de l'acide carbonique,
divisée, au point d'être soluble dans l'acide réalisant ainsi l'une des plus importantes con
hydrochlorique, fournissent de la chaux hy ditions de succès dans cette fabrication.
draulique très utile pour les constructions ,
mais d'autant moins bonne pour l'agriculture $ III. — De la calcination de la chaux.
qu'elle épuise en partie son action en réagis
sant sur ses propres élémens , formant ainsi Les fours d chaux les plus simples ancien
des sortes de pétrifications ou silicates de nement usités se composent d'une cavité cy
chaux solides, mais sensiblement inertes sur lindrique ou rectangulaire, quelquefois creu
les sols. sée dans le sol et revêtue de briques, ou même
à nu lorsque la terre est assez compacte. On
$ II. — Théorie de la fabrication de la chaux. voit dans les fig. 521, 522, 523, les dispositions
de ce four indiquées par 2 coupes et une éléva
Avant de décrire les procédés usuels de la tion. Aindique toute la cavité légèrement coni-
fabrication de la chaux nous indiquerons Î|ue rempliedespierresà chaux ; E E, la plate-
la théorie de cette opération afin de mieux orme au niveau de l'ouverture supérieure du
faire comprendre l'utilité des préceptes que four; D, la charge en menus fragmens qui ter
nous recommandons. mine et surmonte la fournée Une ouverture
Pendant la calcinationdelapierreàchaux, la latérale B, C, à la partie inférieure , permet
chaleur enlève d'abord en la vaporisant une par de construire a sec une voûte CC, avec de
tie de l'eau de mouillage qui est interposée mé gros fragmens de pierres à chaux j cette voûte
caniquement dansces pierres; à une tempéra laissant le plus possible d'interstice entre les
ture plus élevée, voisine du rouge blanc, l'a pierres qui la forment est chargée des mêmes
cide carbonique qui était combinée à la chaux pierres à chaux , mais concassées de plus en
(dans la proportion de 76 du 1» pour 356 de plus menues; et lorsque toute la capacité est
la 2*) se dégage sous forme de gaz; il reste remplie de cette manière, on allume un feu de
alors de la chaux vive. bourrées et menu bois sous la voûte. Le feu
Si l'on pousse trop loin la calcination , on est soutenu jusqu'à ce que les parties supé
4«2 AliTS AGRICOLES : PRODUITS MINÉRAUX. LTV. Vf.
Fig. 621. Fig. 522. chaux, et que la partie supérieure est échauf
fée jusqu'au rouge vif.
On calcine plus économiquement encore
en mettant dans le même four un lit de ma
tière combustible, puis un lit de pierre à chaux,
et successivement ainsi jusqu'à ce que le four
soit rempli complètement. On allume la par
tie inférieure à l'aide de bourrées dp bois sec,
et le charbon (houille sèche ou mélange de
coke et de houille) prend feu en gagnant la
partie supérieure. Lorsqu'une partie est cal
cinée suffisamment, on I extrait par le bas du
four, et l'on ( barge la partie supérieure d'au
tres matières premières et de la houille al
ternativement. On consomme généralement,
pour obtenir un mèt. cube ou 10 hectol. de
chaux grasse, un mèt. cube de bois, ou un
Fig. 523. peu moins de 2 mèt. cubes de tourbe, ou en
core environ un demi-mèt. cube ou 5 hect.
rieures soient échauffées an rouge vif; alors de houille.
on laisse un peu refroidir, puis on lire la chaux Il nous reste à décrire maintenant avec quel
afin de recommencer une autre calciuation ques détails le four à calcinalion continue, qui
sans attendre que les parois du four soient est le plus économique de combustible ; il
trop refroidies. consomme seulement 35 à 40 hectolitres de
Ce mode de fabricalion, quoique grossier, houille sèche ou peu bitumineuse pour pro
peut encore être employé dans les localités duire 100 hect. de chaux.
où les matériaux et lés ouvriers constructeurs La fig. 527 représente une élévation , la fig.
manquent, ou lorsque l'on \eut, sans trop de 528 une coupe horizontale au niveau du s<>|
frais, essayer en grand quelques pierres cal carrelé, et la fig. 529 une coupe verticale de
caires; enfin dans le cas ou au commencement ce four par un plan passant dans l'axe du cône
d'une exploitation rurale, on veut économi et partageant tn 2 l'une des gorges A, a.
ser les frais de 1er établissement.
On fait usage maintenant de divers fours Fig. 528. Fig. 630.
plus économiques de combustible que ceux
que l'on employait autrefois. La forme que
Ion préfère généralement aujourd'hui repré
sente un cône renversé et tronqué si le four
est à travail intermittent; à la base se trouve le
foyer, comme l'indiquent les fig. 524,525, 526;
A, cavité coniquecontenanl la pierre à calciner;
B, voit te servant à communiquer du dehors
avec l'intérieur du four; CC, voûte à sec en
pierre à chaux formant le foyer. On met des
bourrées ordinairement dans ce foyer (1); la
flamme arrivant sur la pierre élève sa tempé
rature et détermine la séparation de l'eau et
de l'acide carbonique. On retire la chaux lors
que toute la masse a acquis la température
utile à la décomposition du carbonate de
Fig. 525. Fig. 524.
Fig. 529. Fig. 527.
La partie supérieure la plus évasée, B, de ce
four a 12 p. de diamèt., et se rétrécit, suivant
la forme d'un cône renversé , jusqu'à 18 po.
du sol carrelé où elle n'a plus que 3 pi. 1/2 de
diamèt. Celte forme est irès facile a donner
en implantant un calibre dans l'axe du cône,
et le faisant tourner autour d'une tringle for
mant cet axe au fur et à mesure que l'on élève
la construction intérieure en briques dures
et réfractai res.
Dans les 3 fig. ce massif rectangulaire en
forte maçonnerie et les fondations sont indi
quées par les lettres d,d; dans l'axe de la ca-
Pocilé conique est placé à la partie inférieure
axe d'un petit cône E, scellé dans la fonda
tion et s'élevant à 2 pi. 6 po. au-dessus du car
relage ; sa base, au niveau du sol a 28 po. de
Fig. 526. diamèt. ; cette sorte de borne est d'un seul
f«i A Paide d'nne grille il eet facile d'j brûler de I».l.ouille.
CBAP. 26*. DÉ LA CHAUX ET DE SA FABRICATION. 463
morceau en grès très dur. 3 piliers G sont On allume alors le feu au fond des 3 gorges-
disposés autour de la borne E, à 7 po. de sa il gagne peu à peu, et dès qu'on l'aperçoit vers
base; ils sont également d'un seul morceau en les couches supérieures, on continué d'ajou;
grès très dur ayant 30 po. de haut, et 6 po. de ter successivement un lit de charbon de I po.
larg.; ces piliers et 3 autres piliers intermé et une couche de 6 po. de pierres, jusqu'à ce
diaires, H, élevés à la même hauteur en bri que le four soit complètement rempli.
ques dures, supportent 3 tailles I, formant Si l'on ne voulait faire qu'une seule opé
réunies un cercle de 3 pieds et demi à l'inté ration, elle serait terminée lorsque toute la
rieur. Elles ont 12 po. de largeur et une épais partie supérieure deviendrait rouge , incan
seur de 6 po. descente , et l'on aurait environ une toise
On voit que d'après ces dispositions, il reste cube et demie, ou 12 mètres cubes, ou 120
près du centre du four 6 ouvertures ( dites hectolitres de chaux. Dans ce cas, 5 hommes
gorgeront) K, ayant 15 po. de large au Tond de jour et 1 de nuit dirigent la calcination de
et 18 po. de hauteur. Les détails de celle par la manière suivante.
tie inférieure du four sont très importantes Dès six heures du matin, toute la masse
à bien observer et achever solidement avec étant échauffée au ronge, on jette dessus 5
soin; le reste de la construction ne présente ou 6 pellées de charbon, et aussitôt on tire
pas de difficultés. On élève graduellement par le bas avec un grapin en fer 6 hectolitres
évasée, la partie conique intérieure, les pa par chaque gorge; on recouvre immédiate
rois externes à plomb, en ménageant dans ment ce produit ou bien on le charge dans
toute l'épaisseur de la maçonnerie les trois un tombereau pour le transporter à destina
grandes gorges on portes voûtées A. Elles ont tion.
8 pi. de haut et 8 pi. de largeur, et 2 pi. de On répand autour de la superficie abaissée
hauteur dans le fond, à l'endroit le plus res de la masse dans le four un cordon de houille
serré. employant 5 hectolitres, que l'on recouvre
A la partie supérieure du four se trouve d'un cordon de pierres contenant 36 brouet
une plate-forme horizontale M, N, où se fait tées de 1 pi. cube et 1/2 chacune. Un quart
le principal service. Les ouvriers y arrivent d'heure après on tire encore 6 hectolitres de
avec leurs brouettes chargées de pierres ou chaux par chaque gorge et on répand sur la
de combustible, par un plan incliné en bois fournée un 2' double cordon avec 4 hectoli
( fig. 530 ) O, P, extérieur à la maçonnerie et tres et 1/2 de houille, puis 30 brouettées de
maintenu sur des poteaux, R R. pierres; 2 heures et demie après on tire en
Pour le chauffage de ce four continu, on core des 3 gorges une tournée de 18 hectoli
emploie de préférence comme combustible tres de chaux, et l'on charge le four d'une
du charbon de terre un peu ou pas bitumi double couche, dite mite sur toute la super
neux, comme la houille de Fresnes; on peut ficie avec S hectolitres et 1/2 de houille et
réaliser souvent une grande économie en y 46 brouettées de pierres;' 2 heures et demie
ajoutant la moitié ou les deux tiers de son vo après, on réitère la même tournée en em
lume d'escarbille» provenant des feux de for ployant pour la mise 8 hectolitres et 1|2
gerons ou de loyers brûlant incomplètement de houille et 46 brouettées de pierres; enfin
la houille; celte sorte de résidu ne donne on tire en 2 fois, dans l'intervalle de 6 heu
presque plus de fumée , n'a qu'une très res, 36 hectolitres de chaux, et l'on charge
faible valeur commerciale; c'est même une une double mise avec 9 hectolitres de houille
sorte de coke. et 52 brouettées de pierres.
La pierre brute à calciner doit être concas En additionnant aussi les 9 à 10 hectolitres
sée en fragment d'épaisseur aussi égale que de houille employés pour réparer le feu et
possible, d'environ 1 po. ; il convient que leur couvrir le soir, on verra que la consomma
largeur soit assez grande, quoique très irré- tion en 24 heures est de 42 hectolitres pour
gulière, afin qu'ils descendent plus uniformé calciner 200 brouettées ou 300 pi. cubes de
ment et laissent assez de passage entre eux pierres , qui produisent 108 hectolitres de
pour les produits de la combustion. C'est en chaux ou 10 mètres cubes 8 dixièmes.
fénéral un bon moyen d'économiser le com- En conduisant ainsi ce four si l'on aperçoit
ustible et de rendre la calcination régulière quelques pierres mal calcinées ou crues arri
pour la chaux comme pour le plâtre, que de ver dans les gorges, on doit augmenter la
casser les pierres en morceaux peu épais, quantité de houille ; si au contraire quelques
puisqu'alors la température utile se commu pierres sont noircies, il y a excès de charbon
nique rapidement jusqu'au centre de tous les ou défaut d'air; on diminue le combustible et
morceaux; on y parvient d'ailleurs aisément l'on augmente le tirage en enfonçant une
en frappant les morceaux de pierre de champ barre en fer en quelque partie de la surface;
dans le sens de leurs lits naturels et à l'aide c'est ce que l'on appelle barreyer. Enfin on ne
de marteaux en coins. doit jamais tirer la chanx en assez grande
Manœuvre de l'opération. Lorsqu'on veut abondance pour que le charbon incandescent
commencer la calcination, on place autour de descende aussi dans les gorges, ce qui occa
la borne quelques bourrées ou fagots de bois sionnerait une perte de chaleur.
sec, qu'on recouvre de lit formé de 5 hectoli On peut très facilement modérer la calcina
tres de charbon de terre en fragmens dits tion: ainsi le samedi on tire 3 ou 4 tournées
gaillettes ; on étend dessus 3 hectolitres de de plus qu'à l'ordinaire, on charge 2 doubles
pierres en une couche horizontale, puis on mises plus haut, et on peut laisser le diman
charge 6 fois alternativement un lit épais che un seul homme régler le feu, couvrir les
1 po., de charbon menu mêlé d'escarbilles, endroits où il devient trop actif, ouvrir avec
puis un lit de 6 po. d'épaisseur de pierres la barre des passages là où trop de ralentisse
ment H manifeste, ménageant ainsi la jour
4*4 ARTS AGRICOLES : PRODUITS MINERAUX. LIV. IV.
née que la plupart des ouvriers conlructcurs dre qu'il forme alors parait complètement
consacrent au repos. sèche.
Si le travail devait être interrompu 1,2 et Tenue dans un vase sous l'eau, la chaux
même 3 mois, pour reprendre ensuite, on garde sa causticité presque entière ; c'est un
couvrirait complélement le dessus du four et moyen d'en faire provision d'une quantité
l'on fermerait le fond des gorges avec de la connue pour la fabrication du sucre, pen
cendre ou des poussiers de chaux , et lors- dant une saison. Abandonnée à l'air, elle ab
3u'on voudrait remettre en train, il suffirait sorbe l'eau et l'acide carbonique, et se con
e découvrir ou enlever la couche supérieure, vertit peu à peu, en tombant en poussière, en
d'ajouter quelques hectolitres de gaillettes, hydrate, puis en carbonate. C'esta cette action
tirer une ou deux tournées de chaux par les de l'atmosphère, régénérant en quelque sorte
gorges, laisser respirer (ou le tirage s'activer) la pierre calcaire que l'on doit surtout la
pendant 3 ou 4 heures, et reprendre l'allure grande dureté acquise si lentement aux mor
habituelle. tiers de chaux grasse, tels que ceux des Ro
Avec le même four on parvient encore soit mains, tandis que les chaux hydrauliques im
à travailler à demi-charge en produisant seu proprement appelées cimens romains doi
lement 50 hectolitres de chaux par 24 heures, vent, comme nous l'avons vu, leur rapide
ou charger comble (2 mises par-dessus les solidification à l'union de la silice avec la
bords ) et retirer 120 hectolitres au lieu de chaux, union qui se fait d'autant plus rapide
108 chaque jour. ment que les parties constituantesen présence
La même construction, en ôtant la borne et dans la chaux sont mises sous l'influence
l'un des pieds en grès, pourrait servir à la d'un excès d'humidité.
cuisson de la chaux par les bourrées, fagots,
etc. $ V. — Emplois de la ebaux.
Pour chauffer avec de la tourbe, il convien
drait de poser une grille sous laquelle on pût Les principaux usages de la chaux sont, eu
tirer les cendres. Avec ces combustibles l'o agriculture, dans l'amendement des terres, la
pération ne serait pas continue; chaque four macération des engrais, lechaulage des grains.
née serait cuite en entier avant de tirer, et C'est un agent précieux pour plusieurs ex
pour soutenir les fragmens de pierres, une ploitations agricoles et manufacturières, no
première voûte en pierres plus grosses serait tamment la fabrication du sucre de bette
d'abord établie à sec, laissaut le plus possible raves et de cannes, la préparation de l'indigo,
d'interstices pour le passage de la flamme, les constructions hydrauliques, le blauchi-
comme nous l'avons indiqué plus haut pour ment des fibres textiles, fils, toiles, etc. On
les autres fours intermittens. s'en sert très utilement dans la fabrication de
la colle-forte, du savon, des chlorures; pour
$ IV. — Propriété» usuelles de la chaux. l'épilage des peaux , l'assainissement des pui
sards infectés par l'acide carbonique ou l'a
Cette substance, dont nous avons déjà indi cide sulphydrique ( hydrogène sulfuré ), des
qué les caractères à l'état de pureté, diffère murs d écuries et d'étabfes ; la confection
un peu dans son état ordinaire; elle est d'un des badigeons, des fonds en certaines cou
blanc jaunâtre ou grise, caustique; bien que leurs pour les papiers peints, ainsi que pour
son poids spécifique soit de 2,3, l'eau étant 1, l'épuration du gaz-light tiré des houilles.
le dégagement de l'acide carbonique ayant Parmi ces diverses applications importantes,
laissé la pierre très poreuse, 1 hectolitre ne sur lesquelles nous ne saurions entrer dans
pèse qu'environ 80 kilogrammes ; les graines beaucoup de détails sans sortir du cadre de
ne germent pas dans sa solution, ce qui ex cet ouvrage, ce qui intéresse le plus l'agricul
plique la nécessité de laisser aérer, ou, pour ture est relatif à l'amendement des terres et
mieux dire, carbonater la chaux dans les à l'amélioration de quelques composts et en
chaulages abondans, et de ne pas laisser long grais végétaux. Ce sujet a été traité dans le
temps immergées les graines dans le lait de tome I, page 61, avec les développemens qu'il
chaux. L'hydrate de chaux retient l'eau en si comporte et nous y renvoyons le lecteur.
intime combinaison qu'il ne l'abandonne pas,
chauffé même au rouge brun, et que la pou- Payen.
ca*p. 27*. PRODUITS DES ANIMAUX. 465
Dans les 3 titres qui précèdent nous avons bitans de tous les pays; mais aussi, quand
cherché à décrire la plupart des arts qui se ils sont exercés avec intelligence , ils nécessi
rattachent particulièrement à l'agriculture et tent une faible avance de capitaux et peu
ui peuvent s'allier avec l'exploitation d'un vent améliorer sensiblement la condition des
omaine rural. Dans cette description, nous plus pauvres familles.
avons cru devoir entrer dans des détails tech On ne doit pas s'attendre à trouver ici une
niques de quelque étendue, afin de mieux faire description détaillée de tous les arts dont les
comprendre le but et les moyens d'exécution petits cultivateurs pourraient entreprendre
de ces divers arts, les perfectionnemens nui l'exploitation, parce que le succès dépend plu
leur ont récemment été appliqués et enfin les tôt de l'intelligence que de la perfection des
avantages et les profils qu'ils procurent quand méthodes, que l'apprentissage n'en est ni long
ils sont exploités d'après les procédés les plus ni difficile et que ces arts varient à l'infini,
accrédités ou les mieux entendus. suivant les localités, les goûts et les moeurs
Mais il existe une foule d'autres industries des habitans ou par suite de la mode ou des
plus humbles qu'on peut exercer avec profit améliorations successives introduites dans l'é
dans les campagnes, et un grand nombre tat social des populations; mais noussignale-
d'occupations fructueuses que peuvent se créer rons de préférence ceux où les travaux , faci
les petits cultivateurs et qui vont faire l'objet les d'ailleurs à conduire et à diriger, peuvent
d'un examen rapide dans le présent litre. Ces être pris et abandonnés à plusieurs reprises
industries ou ces occupations, que celui qui dans la journée, sans préjudice pour la bonne
exploite un domaine de quelque étendue est confection des produits, ceux qui s'exercent
la plupart du temps forcé de négliger, parce j sur des matières 1™' qu'on a généralement
que les travaux des champs, la surveillance ; sous la main, et qui trouvent un écoulement
des serviteurs, la vente des produits l'occu | facile, sur et abondant, un marché presque
pent exclusivement ou parce qu'il peut faire I toujours ouvert et dont le prix ne varie que
un emploi plus avantageux de son temps et dans d'étroites limites. Nous aurons soin de
de ses capitaux sont au contraire une res citer fréquemment les populations labo
source précieuse pour les petits cultivateurs rieuses de nos campagnes qui se distinguent
dont les travaux des champs n'absorbent pas par tel ou tel genre d'industrie, pour engager
tous les momens, surtout pour ceux qui ont celles qui ne marchent pas encore dans cette
contracté l'habitude d'une vie active et labo heureuse voie à imiter leur exemple, si elles
rieuse et qui élèvent leur famille dans l'amour veulent accroître par ce moyen leur bien-être
de l'ordre, de l'économie et du travail. et leur aisance. Enfin, nous terminerons ce
Plusieurs de ces arts exigent, pour donner chapitre en indiquant aux classes pauvres des
quelques bénéfices, un travail soutenu, une campagnes quelàues occupations qui pour
extrême économie dans la main-d'œuvre et raient diminuer leur détresse et les soulager
une persévérance dans le travail qu'on ne ren dans leurs besoins
contre pas dans tous les lieux et chez les ha-