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Efficacité énergétique dans le bâtiment

Chapitre 5 : Solutions de confort dans les bâtiments non climatisés.

Nous allons dans ce qui suit préconiser des dispositifs architecturaux


et des choix de matériaux de construction propres à maintenir les
conditions intérieures aussi proches que possible de la zone de confort
thermique. Ces recommandations doivent prendre en compte les conditions
extérieures ce qui nous amène à différencier ces propositions selon les deux
grands types de climats tropicaux :

1. Le climat tropical sec

a. La toiture

Dans la zone tropicale (t < 23°), c’est la surface la plus exposée au


rayonnement solaire. Il est impératif de limiter les apports de chaleur à
travers la toiture, ceci peut se faire de plusieurs manières :

 En protégeant la toiture du rayonnement solaire : très difficile à


réaliser car au maximum d’ensoleillement, le soleil est
pratiquement à la verticale.
 En choisissant une couverture possédant des propriétés
optiques appropriées : faible pouvoir absorbant vis-à-vis du
rayonnement solaire, pouvoir émissif élevé dans l’IR. Selon ces
propriétés, il est possible de classer les toitures par ordre de
qualité décroissante.

Couverture αpo Αp
Tôle galvanisée peinte en blanc 0,3 0,9
Tôle aluminium 0,15 0,15
Tuile ciment blanc 0,3 0,9
Tuile ciment rouge 0,65 0,9
Tôle galvanisée oxydée 0,8 0,3

Propriétés optiques des principales couvertures

La meilleure solution est la tôle peinte en blanc, le problème est la durée


de vie de la couche de peinture qui commence à s’écailler au bout d’un
an seulement. La tôle d’aluminium s’oxyde et se recouvre de poussière et
ses propriétés optiques diminuent au cours du temps. D’un point de vue
thermique et en tenant compte de l’inévitable dégradation des
propriétés optiques au cours du temps, la meilleure solution nous
semble être la tuile, si possible réalisée en ciment blanc. Sa pose

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nécessite une pente de toiture minimale qui assure un meilleur


nettoyage lors des pluies. La tuile possède également un certain pouvoir
de rétention de l’eau qui lui permet de se maintenir à une température
proche de la température extérieure pendant plusieurs heures après une
pluie ou un arrosage.

 En isolant thermiquement le plafond : la meilleure solution en est


la pose de laine de verre (une couche de 5mm) dans l’épaisseur du
plafond. Il est impératif d’assurer une étanchéité parfaite de la
toiture car la laine de verre mouillée perd ses propriétés isolantes
et doit être remplacée.
 En refroidissant la couverture par ventilation de sa face
intérieure : technique souvent mal maîtrisée et peu pratiquée, les
dimensions des orifices de ventilation sont souvent de section
dérisoire alors que la toiture devrait être pratiquement décollée
du plafond.
 En utilisant une toiture lourde ayant une forte inertie thermique :
dalle en terre ou en béton. Permet de limiter les apports
calorifiques pendant le pic d’ensoleillement mais restitue la
chaleur emmagasinée la nuit.

En résumé, nous proposons les solutions suivantes selon les moyens


disponibles et par ordre d’efficacité croissante :

1) Toiture dalle de terre (ou béton), à recommander tout


particulièrement pour les locaux occupés seulement dans la
journée : bureaux, salles de classe…

2) Toiture tôle ventilée : refroidissement nocturne très rapide


surtout par temps sec.

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3) Tuile ventilée avec arrosage surtout en fin de journée

4) Toiture tuile ventilée avec faux plafond et contre plaqué, arrosage


nocturne également recommandé.

b. Les murs

Comme pour les toitures, une forte inertie thermique doit être recherchée
pour les locaux occupés seulement dans la journée : bureaux, salles de
classe…On évitera dans ce cas les blocs creux de béton et on s’orientera vers
les blocs en terre (stabilisées) ou les blocs pleins en béton (épaisseur = 30
cm).

Dans le cas de locaux occupés principalement la nuit et non climatisés, une


forte inertie thermique n’est pas souhaitable et le bloc creux de béton est
une bonne solution.

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Pour des locaux occupés à toute heure, on choisira une inertie thermique
moyenne (paroi pleine de 20 cm) avec ventilation nocturne du local.

Dans tous les cas, une protection solaire des murs doit être réalisée :

 Utiliser un revêtement extérieur de couleur claire et lisse de


préférence.
 Ombrager les murs Nord et Sud par des avancées de toiture d’environ
1 m.
 Ombrager les murs Est et Ouest par des plantations d’arbres à
feuillage dense : acacia, neem ou par du lierre grimpant. On cherchera
à réduire la surface de ces murs en privilégiant une orientation Est –
Ouest du bâtiment.

L’isolation thermique d’un mur présente moins d’intérêt dès lors que son
inertie thermique amorti la charge calorifique maximale. Elle peut être
envisagée pour des locaux climatisés présentant une faible inertie
thermique. Elle n’est pas recommandée pour des locaux non climatisés.

c. Les ouvertures.

Elles constituent une source d’apport calorifique non négligeable et doivent


être étudiées soigneusement. Leur surface n’occupera pas plus de 20 % de
la surface totale du mur. Elles seront protégées du rayonnement solaire par
un écran placé de préférence à l’extérieur : des lames métalliques
pivotantes recouvertes de peinture claire sont une excellente solution
(fonction anti-vol combinée). Des protections solaires intégrées au
bâtiment (avancées verticales et/ou horizontales de bord de fenêtre)
peuvent être prévues dès la construction.

La disposition des ouvertures devra être étudiée pour favoriser la


ventilation nocturne par simple ouverture des fenêtres. Des ouvertures en
regard sur deux façades opposées faciliteront cette ventilation.

2. Le climat tropical humide.

Sous ce type de climat, les variations journalières de température sont


faibles (refroidissement nocturne limité), on évitera donc l’utilisation de
matériaux à forte inertie thermique et on accordera une grande attention à
la protection solaire du bâtiment.

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a. Toiture.

Les recommandations sont les mêmes que pour le climat tropical sec, mis à
part la toiture de type 1 (dalle lourde) à proscrire. L’arrosage de la toiture
est beaucoup moins efficace.

b. Murs

Ils doivent présenter une faible inertie thermique et être bien protégés de
l’ensoleillement : avancée de toiture ou arbres suivant l’orientation,
couverture extérieure lisse et claire. Le bloc creux de ciment crépi est une
bonne solution. Pas d’isolation.

Claustra

c. ouvertures.

Bien protégées du rayonnement solaire, elles devront être de surface


suffisante et bien disposées pour permettre une ventilation efficace et
permanente du bâtiment. On évitera également de les disposer sur les
façades Est et Ouest.

3. Conclusion

Les recommandations ci-dessus énoncées sont destinées à être prise en


compte lors de la conception d’un bâtiment. Du fait d’un manque de
formation des concepteurs, elles le sont rarement et le problème qui se
pose le plus souvent est de réduire les apports calorifiques dans un
bâtiment existant pour diminuer les charges de climatisation.

Les actions envisageables sont par ordre de priorité et en tenant compte de


leur faisabilité :

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1) L’isolation du toit (laine de verre ou mousse de polyuréthane de 5


cm)
2) La protection solaire des murs avec par ordre d’efficacité :

 Application d’un revêtement blanc extérieur


 Plantation d’arbres (façades Est et Ouest)
 Réalisation des auvents (façades Nord et Sud)

3) Protéger les vitrages par des pare-soleil ou des volets de couleur


claire (lames métalliques amovibles par exemple).

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