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Le golfe de gênes - Poème

Poéme / Poémes d'Alphonse de Lamartine

Que j'aime à contempler dans cette anse écartée

La mer qui vient dormir sur la grève argentée,

Sans soupir et sans mouvement !

Le soir retient ici son haleine expirante

De crainte de ternir la glace transparente

Où se mire le firmament.

De deux bras arrondis la terre qui l'embrasse À la vague orageuse interdit cet espace
Que borde un cercle de roseaux ;
Et d'un sable brillant une frange plus vive
Y serpente partout entre l'onde et la rive
Pour amollir le lit des eaux.

Là tremblent dans l'azur les muettes étoiles ;


Là dort le mât penché, dépouillé de ses voiles ;
Là quelques pauvres matelots
Sur le pont d'un esquif qu'à fatigué la lame,
De leurs foyers flottants ont rallumé la flamme,
Et vont se reposer des flots.

Le chêne aux bras tendus penche son tronc sur l'onde ;

Le tortueux figuier dans la mer qui l'inonde

Baigne, en pliant, ses lourds rameaux

Et la vigne y jetant ses guirlandes trempées,

Laisse pendre et flotter ses feuilles découpées,

Où tremblent les reflets des eaux.

La lune qui se penche au bord de la vallée,

Distille un jour égal, une aurore voilée,

Sur ce golfe silencieux ;

La mer n'a plus de flots, les bois plus de murmures ;

Et la brise incertaine y flotte à l'aventure,

Ivre des parfums de ces lieux !


Sur ce site enchanté mon âme qu'il attire
S'abat comme le cygne, et s'apaise et soupire À cette image du repos.

Que ne peut-elle, ô mer, sur tes bords qu'elle envie,


Trouver comme ta vague un golfe dans la vie,
Pour s'endormir avec tes flots !

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