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Organisation de la Guerre et du Travail dans la tradition marxiste* (1844-1939).

Alain Alcouffe
Lirhe /CNRS/Université des Sciences Sociales, Toulouse

Parmi les nombreuses relations que l'on peut relever entre la guerre et l'économie, celles qui touchent à
l'organisation des formes de production ne sont pas les plus évidentes dans la mesure où la guerre est
associée plus facilement à la destruction. Pourtant, celle-ci ne se réalise pas sans la mise en oeuvre de
facteurs qui ont dû eux-mêmes être produits. On sait l'importance que Marx attachait à l'analyse de la
production, on a peut-être moins relevé le rôle qu'il attribuait à l'ensemble des activités liées à la guerre
dans les formes de production et en particulier dans le développement du mode de production
capitaliste. C'est que cette reconnaissance n'est pas dépourvue d'ambiguïté, cette même ambiguïté que
l'on retrouve dans le Manifeste Communiste où Marx célèbre le rôle de la bourgeoisie dans le
développement des forces productives. La relation entre l'organisation de la production et l'armée est
ainsi mentionnée durant cette période révolutionnaire de 1848 dans un tract rédigé par Marx et Engels,
imprimée à Paris en mars et diffusée à Cologne en septembre. Ce tract présente les « Revendications du
parti communiste en Allemagne». Le quatrième paragraphe concerne les armées :

Tout le peuple sera en armes. A l'avenir, les armées seront en même temps des armées d'ouvriers.
Ainsi, l'armée ne consommera pas seulement comme par le passé, mais produira encore plus que ce
qu'il lui faut pour son entretien. C'est en outre un moyen d'organiser le travail dans la société.(Marx &
Engels, [1848]1970, p. 185).

On retrouve d'ailleurs cette ambiguïté dans les analyses ultérieures de l'armée dans le courant
révolutionnaire. On trouve dans celui-ci aussi bien un antimilitarisme aux accents libertaires qu'une
dénonciation plus argumentée des liens entre armée et capitalisme. C'est cette tradition que nous allons
évoquer rapidement sans nous interroger sur la validité de ses idées, c’est-à-dire sans les rapprocher de
l'histoire de la mobilisation des facteurs de production des origines du capitalisme à nos jours.

I) Organisation de la guerre et de l'économie chez Marx.

Dans ses travaux préparatoires du Capital, datant des années 1857/8, Marx accordait une grande
importance à l'étude de la guerre et de l'armée dont il suivait l'organisation et le rôle à travers l'histoire.
Il avait, d'ailleurs, demandé à Engels de s'associer à ses recherches. Celui-ci s'intéressait aux questions
militaires, ce qui lui valut dans le cercle de ses familiers le surnom de « Général » et il a rédigé pour
Marx, et à sa demande si l'on en croit leur correspondance, un « rapport » sur l'armée durant l'été 1857.
Marx lui en accusa réception par une lettre du 25/09/1857 où il reconnaît avoir été frappé par l'ampleur
du travail d'Engels qui, semble-t-il, complétait ses propres lectures (notamment l'Histoire de Florence
par Machiavel). Mais nous pouvons surtout retenir de cette lettre une conclusion de Marx qui voit dans
ces différentes lectures d'Engels et de lui-même la corroboration de leurs idées :

Mieux que n'importe quoi l'histoire de l'armée illustre la justesse de notre conception de la connexion
entre les forces productives et les rapports sociaux. En général, l'armée est importante pour le
développement économique. Par exemple, chez les Anciens, le salaire fut d'abord complètement
développé dans l'armée. De même chez les Romains, le peculium-castrense1 fut la première forme
juridique qui reconnut la propriété meuble de ceux qui n'étaient pas pères de famille. De même, les
jurandes dans la corporation des fabri 1On y trouve, en outre, la première utilisation en grand de la
machinerie. Même la valeur particulière des métaux et leur utilisation monétaire semblent à l'origine -
sitôt que l'âge de pierre de Grimm est révolu - reposer elles aussi sur une fonction guerrière. Enfin la
division du travail au sein d'une même branche a été réalisée d'abord dans les armées. On y trouve
résumée de manière frappante toute l'histoire des formes de la société bourgeoise ». (Référence)

Il n'est pas étonnant dès lors qu'il ait placé l'étude de l'influence de la guerre très en amont des
recherches qu'il souhaitait entreprendre. Ainsi, dès l'Introduction générale de la Critique de l'économie
politique, Marx mentionne le rôle de l'armée dans la monétarisation des échanges : « Dans l'Empire
romain à son apogée, l'impôt en nature et les prestations en nature sont demeurés fondamentaux. La
monnaie proprement dite ne s'y est complètement développée que dans l'armée ». (p. 257). Comme si
cette notation lui paraissait insuffisante, Marx achève-t-il cette introduction par une quatrième section
consacrée à la production et parmi les points qu'il ne faut pas oublier figure en premier « la guerre ».
Marx résume ainsi ce point :

L'organisation de la guerre est antérieure à celle de la paix : montrer comment certains rapports
économiques comme le travail salarié, le machinisme, etc. se sont développés par la guerre et dans les

2
fabri : ouvriers attachés à l’armée.
armées avant de se développer au sein de la société bourgeoise. De même l'armée illustre tout
particulièrement le rapport entre la force productive et les institutions sociales. (Marx, 1857, p. 264).

On trouvait déjà dans Travail salarié et capital de 1849, cette référence à l'armée pour expliquer l'étroite
imbrication entre les conditions matérielles et l'organisation sociale, dans l'armée :

Les rapports sociaux noués entre les producteurs, ainsi que les conditions dans lesquelles ils échangent
leurs activités et contribuent à l'ensemble de la production, changent évidemment selon le caractère des
moyens de production. Si l'on invente un nouvel engin de guerre, l'arme à feu par exemple, toute
l'organisation interne de l'armée s'en trouvera nécessairement changée : les conditions dans lesquelles
les individus composent l'armée et peuvent agir dans cette armée en sont transformés. (Marx, Pléiade,
t.1, 212).

Il n'est pas indifférent que cette illustration des relations entre la science et les conditions sociales
trouve son origine dans l'application de la science à des activités liées à la guerre ou au moins à la
défense. On sait, en effet, que l'insertion de la science dans la société et, en particulier, dans la
production, a occupé une place importante dans la réflexion de Marx. Ainsi dès 1844, Marx proposait
l'analyse suivante :

Les historiens eux-mêmes ne se réfèrent aux sciences de la nature qu'en passant, comme à un moment
du développement des lumières, d'utilité, qu'illustrent quelques grandes découvertes. Mais, par les
moyens de l'industrie, les sciences de la nature sont intervenues d'autant plus rapidement dans la vie
humaine et l'ont transformée et ont préparé l'émancipation humaine, bien qu'elles aient dû parachever
directement la déshumanisation. (Manuscrits de 1844, pp. 94 et 95).

Vingt ans plus tard, dans les Théories sur la plus value, Marx devait rassembler des matériaux
concernant les relations entre science, technique et production. Parmi de nombreux autres auteurs, il
s'intéresse à Hobbes dont il relève que, pour lui, « c'est la science qui est la mère de tous les arts et non
pas le travail d'exécution » (souligné dans Marx). C'est dans ce cadre qu'il allait recopier des passages
de Hobbes concernant l'application de la science et les innovations. Relevons que celles-ci relèvent
toutes de la défense :

Les arts d'utilité publique, comme la construction des fortifications, de machines et autres engins de
guerre, représentent un pouvoir puisqu'ils contribuent à la défense et à la victoire ; mais bien que la
véritable mère en soit la science, à savoir les mathématiques, on les attribue cependant aux artisans,
parce que c'est la main de l'artisan qui les fait naître, de même aux yeux du vulgaire, la sage-femme
passe pour la mère. (Leviathan, English Works of Th. Hobbes, Edit. Molesworth, London, 1839-44, t.III,
p.75). (cité par Marx, Théories sur la plus value, p. 411).

Ces différents traits de la société bourgeoise, dont Marx aperçoit l'origine ou la préfiguration dans
l'armée, sont examinés de façon éparse dans ses travaux ultérieurs, mais, à notre connaissance, n'ont
pas fait l'objet d'un traitement systématique. Marx aurait souhaité que ce soit Engels qui rédige un tel
traitement et l'introduise dans le premier livre du Capital, comme en témoigne la « relance » contenue
dans cette lettre du 7 juillet 1866, un an avant la parution du Capital. Marx analyse la situation
internationale et la montée du conflit entre la France et la Prusse. Il invoque le rôle des retards
techniques pour expliquer la politique étrangère de Napoléon III et élargit son propos :

Où notre théorie de la détermination de l'organisation du travail par les moyens de production se


confirme-t-elle plus brillamment que dans l'industrie de la tuerie humaine? Il vaudrait vraiment la peine
que tu écrives là-dessus quelque chose (il me manque la compétence pour cela) que je pourrais insérer
sous ton nom comme appendice dans mon grand'oeuvre), (..) Jusqu’à maintenant je n'ai fait que des
bagatelles. (9/07/1866). Référence

Même si Marx minore ses compétences dans ce domaine, on ne trouve pas moins de nombreuses
notations dans ses écrits sur ces thèmes. Ainsi, dans les Grundrisse, Marx évoque un parallèle entre
salaire et solde des militaires romains dans le cadre de son étude du développement de la production
capitaliste :

Chez les Romains, l'armée représentait une masse - déjà séparée de son peuple - disciplinée pour le
travail, dont le surplus du temps appartenait à l'État ; elle vendait tout son temps de travail à l'État et
échangeait toute sa force de travail contre un salaire nécessaire à la conservation de sa vie de la
même façon que le travailleur le fait avec le capitaliste. C'était l'époque où l'armée romaine n'était plus
formée de citoyens, mais de Mais l'Etat n'achetait pas le travail en vue de la production de valeur.
C'est pourquoi, bien que la forme du salaire semble exister à l'origine dans les armées, cette institution
des mercenaires diffère essentiellement du travail salarié. La ressemblance vient de ce que l'Etat
emploie l'armée pour accroître sa puissance et sa richesse. (cité dans Marx - Pléiade, 1077-8).
On retrouve cette même référence à la solde des militaires pour analyser le salaire dans les manuscrits
économiques de 1863-7, quoique sous une forme plus cursive. Il note, en effet, dans un développement
consacré à la distinction qu'il souhaite établir entre travail productif et improductif, que :
« un soldat est un travailleur salarié, un mercenaire2, mais il n'est pas pour autant un travailleur
productif » (K. Marx, 1863-1867, 4.1, 111, Pléiade, II, 390).

D'autres notations historiques rapportent à l'armée l'évolution des rapports sociaux. Ainsi Marx cite dans
le Capital un long passage de l'ouvrage d'Appien Les Guerres Civiles Romaines, 1, 7 sur le rôle des
obligations militaires à Rome. Appien, traitant de l'époque qui a précédé la loi licinienne, voit dans la
conscription une des raisons du développement de l'esclavage à Rome, car les hommes libres étaient
soumis à la conscription tandis que les esclaves, qui en étaient dispensés, pouvaient se « multiplier
tranquillement et avoir une masse d'enfants ». Marx ajoute :

Le service militaire qui a tant accéléré la ruine du plébéien romain fut aussi le moyen principal dont se
servit Charlemagne pour réduire à la condition de serfs les paysans libres d'Allemagne. (Marx, Pléiade,
1, p. L183).

Mais c'est naturellement vers la société capitaliste que Marx tourne le plus son attention et c'est surtout
de façon métaphorique que Marx va utiliser le modèle militaire pour présenter la société capitaliste à
l'ère de la manufacture. Le nombre de travailleurs rassemblés dans les manufactures s'étant fortement
accru par rapport aux structures artisanales, ils constituent pour Marx de véritables armées et
poursuivant l'usage de cette image, Marx parlera d ’» armée industrielle de réserve ». Il est assez facile
de montrer qu'il ne s’agit pas simplement d'une commodité de langage pour Marx et que l'image va au-
delà d'une simple évocation de la taille des effectifs rassemblés. En effet, Marx insiste sur trois
dimensions de la révolution industrielle très marquées par le modèle militaire : la division du travail, la
discipline et une stratégie.
Le premier de ces aspects est la division du travail dont on a déjà signalé que Marx en voyait une
première application à l'intérieur de l'armée. La coopération est naturellement la réciproque de la
division du travail qui sans elle perdrait tout son sens. Marx consacre un chapitre3 à la coopération dans
lequel il insiste sur ses avantages et sur les rendements d'échelle. Il multiplie les métaphores militaires
pour appuyer sa démonstration. Ainsi :

De même que la force d'attaque d'un escadron de cavaleries ou la force de résistance d'un régiment
d'infanterie diffèrent essentiellement de la somme des forces individuelles, déployées isolément par
chacun des cavaliers ou fantassins, de même la somme des forces mécaniques d'ouvriers isolés diffère
de la force mécanique qu'ils développent dès lors qu'ils fonctionnent conjointement et simultanément
dans une même opération indivise (Marx, Pléiade, t. I, p.863).

Le second est la discipline obtenue essentiellement par des moyens de coercition. Ce thème est
récurrent par Marx qui consacre de longs développements aux règlements des fabriques. Mais nous
pouvons aussi relever des passages dans lesquels l'imposition de cette discipline suscitée par la volonté
des employeurs d'économiser le "capital constant" est assimilée à un véritable dressage :

On conçoit dès lors le fanatisme avec lequel les capitalistes cherchent à économiser les moyens de
production. Pour éviter que rien ne se perde, ni ne soit gaspillé, (...), il faut un dressage et une
formation appropriés des ouvriers ; il faut aussi une discipline que le capitaliste impose aux ouvriers qu'il
a rassemblés. (Marx 1863-7, MEGA, 4.2, 117, Pléiade, t. Il, p. 911).

Mais la discipline ne suffit pas dans la guerre économique, il faut un stratège et une organisation
structurée, deux éléments que Marx va développer toujours sur la base du même référentiel. Ainsi :

Sur le champ de la production, les ordres du capital deviennent dès lors aussi indispensables que le sont
ceux du général sur le champ de bataille (Marx, Pléiade, t. I, p.869).

Mais ce "général" ne peut conduire la manœuvre seul :

Dès qu'il se trouve à la tête armée industrielle, il lui faut des officiers supérieurs (directeurs, gérants) et
des officiers inférieurs (surveillants, inspecteurs, contremaîtres) qui, pendant le procès de travail,
commandent au nom du capital. (Marx, Pléiade, t. I, p.871).

2
« Ein Soldat ist ein Lohnarbeiter, Söldner, aber er ist desswegen kein productiver Arbeiter ».
3
Le Capital, Livre I, 4e section, chapitre 13. M. Foucault qui cite Marx a insisté sur le rôle de l’armée dans son
chapitre consacré à la discipline (note 1, p. 164).
Mais si la division du travail et la coopération se retrouvent dans toutes les formes de sociétés, d'après
Marx, c'est avec le passage de la manufacture à la grande industrie que naît véritablement la société
capitaliste. La période manufacturière s'étend, selon lui, depuis la moitié du XVI siècle jusqu'au dernier
tiers du XVIII° siècle (Marx, Pléiade, t. I, p. 875). Durant cette période, la division du travail
s'accompagne d'une transformation liée aux machines qui a pour résultat de transformer la manufacture
en un mécanisme multiple dont les travailleurs comme les machines ne sont que des pièces.

L'habitude d'une fonction unique le transforme en organe infaillible et spontané de cette fonction, tandis
que l'ensemble du mécanisme le contraint d'agir avec la régularité d'une pièce de machine. (Karl Marx,
Pléiade, t. I, p. 890).

Malgré le recours fréquent aux références militaires, Marx ne rapproche pas explicitement cette
évolution des transformations de l'armée durant la même période. Il est difficile, néanmoins, en lisant sa
présentation, de ne pas penser au parallèle que font des auteurs modernes de la théorie de
l'organisation. Ainsi, parlant de la même période, on trouve le passage suivant dans un classique de
gestion :

La division du travail s'est intensifié, entraînant une spécialisation qui a été exacerbée par la volonté des
dirigeants d'augmenter l'efficience de leurs usines en réduisant la marge de manœuvre des ouvriers
désormais dominés par leurs machines et surveillée par des contremaîtres. (...) On s'est beaucoup
inspiré de l'armée, qui, du moins depuis Frédéric le Grand de Prusse, était devenue un des prototypes de
l'organisation mécaniste. (...) Les entreprises où l'on se servait de machines ressembleront de plus en
plus à des machines et la vision qu'avait eue Frédéric le Grand d'un bras " mécanisé " est graduellement
devenue une réalité dans les bureaux aussi bien que dans les usines. (Gareth Morgan, p. ). Référence

Les textes de Marx des années 1857, puis 1863-7, nous semblent confirmer son attachement à l'idée de
la matrice militaire de la société qui est exprimée le plus clairement dans sa lettre de 1857. Ce rôle de
l'armée se manifeste dans l'introduction d'innovations, mais aussi dans l'expérimentation sociale au sens
large : application de la science dans la production, corps d'ingénieurs. À ces innovations qui annoncent
les aspects techniques de la révolution industrielle, il faut ajouter tout ce qui touche à la discipline dont
Marx souligne le rôle dans l'élévation de la productivité et dont l'armée offre, bien sûr, depuis toujours
un modèle. Cette discipline est d'autant plus nécessaire que la division du travail s'accroît. Dans cette
ensuite les formes économiques de la société. Ainsi, la discipline calquée sur celle de l'armée qui est
introduite dans la sphère de la production n'est pas connotée négativement. Naturellement, pas plus que
le rôle reconnu à la bourgeoisie dans le développement des forces productives dans le Manifeste ne
justifiait pour Marx le maintien de la propriété privée des moyens de production, pas plus le rôle attribué
à l'armée ne fait de Marx un " militariste "4.

II) Les questions militaires et économiques durant la guerre civile américaine.

Les textes de Marx que nous avons cités s'étalaient de 1844 à 1867 ; or pendant cette période, Engels et
lui devaient accorder beaucoup d'attention à la guerre civile américaine. Après l'échec de la révolution de
1848-9 en Europe, beaucoup d'Allemands s'étaient exilés aux États-Unis. On trouve parmi eux
notamment Joseph Weydemeyer, membre de la Ligue des Communistes, qui devint colonel de l'armée
nordiste, ami et correspondant de Marx et Engels. Pendant la guerre de Sécession, des volontaires
européens, hostiles à l'esclavage, se mobilisèrent pour aider les Unionistes. Cela aurait été une raison
supplémentaire si nécessaire pour que Marx, qui était correspondant en Europe de journaux américains,
s'intéressât aux différents aspects de cette guerre. Le traitement de ce conflit armé est une bonne
illustration de la répartition des thèmes entre Marx et Engels, qui voit Marx traiter des questions
économiques, politiques et diplomatiques tandis qu'Engels analyse les aspects militaires. C'est dans un
long article deThe voiunteer journal for Lancashire and Cheshire du 6/12/1861, organe du mouvement
des volontaires qui s'était formé en 1859 au moment de la menace bonapartiste d'invasion, qu'Engels
devait exposer en détail son analyse du conflit et des forces en présence. Dans ce texte, Engels insiste
sur l'importance de l'organisation et de l'entraînement militaires. Pour Engels, le conflit n'est pas près
d'une issue parce que les deux armées sont surtout formées de volontaires et manquent de toute
expérience, y compris d'un " nombre suffisant de sergents instructeurs " (p.71). De même,

4
Si nous n’avons pas trouvé de références à la réforme militaire prussienne, il y a dans la correspondance entre Marx
et Engels une lettre de 1856 dans laquelle Marx retrace de façon très négative l’histoire de la Prusse qu’il conclut de
façon significative par un vibrant « c’est dégoûtant » (t. 2, p. 158, en français dans le texte) ; l’expression utilisée
pour désigner les activités militaires « industrie de la tuerie humaine » est aussi significative.
l'encadrement lui apparat tout à fait insuffisant que ce soit dans l'infanterie ou dans la cavalerie ou
l'artillerie et les troupes du génie. Dans ces deux domaines qui ont un " caractère hautement scientifique
" (p.72), il estime que les deux armées n'ont pas dépassé " le stade préparatoire. " (p.73). Engels met
en garde les volontaires contre la présomption qui les pousserait à surestimer leurs forces.

Aucune armée nouvellement formée de civils ne peut être efficace, si elle n'est pas soutenue et aidée
par de gigantesques ressources intellectuelles et matérielles qui se trouvent entre les mains d'une armée
régulière relativement forte, en ce qui concerne surtout l'organisation, cette force principale des armées
régulières. (Ibidem, p. 74).

C'est, précisément, parce qu'il concentre son attention sur les données militaires du conflit qu'Engels en
viendra à douter de son issue. Ainsi le 9 septembre 1862, il écrit à Marx pour lui faire part de sa
préoccupation. Le sudiste Stonewall Jackson lui parait le meilleur et il se demande si " ces messieurs du
Nord réussiront à réprimer la Rébellion ". Marx, à maintes reprises, se dissocie de la vision trop partielle
que développe Engels, de ses réserves vis-à-vis de la démocratie du Nord. Il invoque la dynamique
respective des deux formations sociales pour affirmer sa confiance dans la victoire de la « république
bourgeoise » qu'est le Nord, même si « pendant longtemps la pagaille y a régné », sur « l'oligarchie » du
Sud plus apte à conduire une guerre. Quelques mois plus tard, alors que Lincoln a aboli l'esclavage,
Marx exprime de façon lyrique sa confiance5 dans la suprématie des forces socio-économiques profondes
sur les aspects purement militaires.

La plus grande victoire que le Nouveau Monde ait jamais remportée, c'est d'avoir démontré qu'étant
donné le niveau avancé de son organisation politique et sociale, il est possible que des gens de
l'ordinaire, animés de bonne volonté, réalisent des tâches pour lesquelles le vieux monde avait besoin de
héros. (Référence) p. 133).

Ainsi, durant la guerre de Sécession, le pessimisme d'Engels et son exaspération même à l'égard de
l'incapacité du Nord à tirer parti sur le plan militaire de sa supériorité économique (et, au premier chef,
de sa supériorité démographique) étaient nourris par différentes phases de la guerre durant lesquelles
les dirigeants militaires sudistes montraient plus de compétences, tandis que Marx, s'appuyant sur le
développement des formes capitalistes à l'échelle de l'Amérique et du monde, ne doutait pas de la
victoire finale des Nordistes. C'est ce même Engels qui devait développer ce point de vue de la
soumission de la guerre aux facteurs économiques dans l'Anti-Dühring. Il serait sans doute erroné
d'évaluer les positions d'Engels sans tenir compte du contexte ouvertement polémique dans lequel il a
rédigé son ouvrage. Eugen Dühring avait publié en 1872 un ouvrage dans lequel il insistait sur le rôle de
la violence dans l'histoire. Dühring, qui se présentait comme communiste, et ses thèses devaient obtenir
un écho certain dans les rangs du parti social-démocrate allemand. En 1867, Marx avait accueilli
fraîchement le compte-rendu pourtant élogieux que Dühring avait fait du Capital et il était offusqué par
l'hostilité que Dühring manifestait à l'égard de Hegel. Engels devait répliquer à Dühring en 1878. La
réponse d’Engels visait à marquer la différence entre les positions de Marx et celles qui étaient
développées par Dühring. Engels avait notamment le souci d'établir que l'économie conditionnait la
société. La violence n'était donc pas la clé de l'évolution de la société, laquelle devait être recherchée
dans l'infrastructure économique. Engels est, ainsi, conduit à affirmer pour dénoncer l'inanité des thèses
de Dühring que :

La violence est donc une fois de plus déterminée par l'état économique qui lui procure les moyens de
s'armer et de conserver ses engins. Mais cela ne suffit pas. Rien ne dépend plus des conditions
économiques préalables que justement l'armée et la flotte. Armement, composition, organisation,
tactiques et stratégies dépendent avant tout du niveau atteint par la production dans chaque cas ainsi
que des communications. (Anti-Dühring, p. 200)

Ce passage mérite ici d'être rapproché du commentaire de Marx cité plus haut sur l'antériorité de
l'organisation de la guerre par rapport à celle de la paix armée Sans se prononcer littéralement sur ce
point, Engels n'en affirme pas moins une conception de la relation entre l'armée et la société qui est
sensiblement différente de celle de Marx, exposée plus haut. Alors que Marx mettait l'accent sur la
fonction initiatrice ou le rôle précurseur de l'armée ou des activités liées à la guerre, Engels insiste sur la
dépendance de ces mêmes activités à l'égard de l'ensemble de l'économie. Là où Marx signalait que
c'était dans les activités militaires que l'on pouvait repérer les premières applications de la science ou
bien l'expérimentation de rapports sociaux nouveaux, Engels insiste au contraire sur le poids des
contraintes économiques.

5
Article cosigné mais que Dangeville attribue à Marx. (Celui-ci remaniait à l’occasion les matériaux que lui
fournissait Engels).
Bref, partout et toujours, ce sont les conditions et les moyens de puissance économiques qui aident la "
violence " à remporter la victoire, (...) et celui qui (...) voudrait réformer la chose militaire en partant du
point de vue opposé ne récolterait que des coups. (Référence, p. 204).

Ici le renversement de perspectives est presque total : Marx concevait l'armée ou les activités liées à la
guerre comme un facteur d'évolution de la société et, à tout le moins, comme un banc d'essai, tandis
que Engels cantonne la sphère militaire à n'être qu'un reflet des forces économiques. Il ne rejoint Marx
que pour voir éventuellement dans la « violence » son rôle révolutionnaire, qui en fait « selon les paroles
de Marx, l'accoucheuse de toute vieille société qui en porte une nouvelle dans ses flancs ». Référence

III) Armée et société chez Gramsci.

La place de Gramsci dans la postérité marxiste est singulière en ce sens qu'il est l'auteur qui a pensé de
façon originale l'articulation entre l'infrastructure et la superstructure. Pour lui, « l'infrastructure et la
superstructure forment un bloc historique, autrement dit l'ensemble complexe, contradictoire et
discordant de la superstructure est le reflet de l'ensemble des rapports sociaux de production » (MS,
p.39). On trouve ainsi chez lui des analyses très fines de ce que les interprétations mécaniques du
marxisme rangent parmi les « superstructures » à travers le concept d'organisme mettant toutes les
parties en relation. Il expose cette interdépendance par exemple dans un commentaire de 1932
consacré à une déclaration du Ministère de la guerre affirmant que " l'ardeur naît de la passion, la
sagacité de l'intelligence, l'équilibre du savoir ". Gramsci ajoute :

Il serait particulièrement intéressant de montrer comment l'ardeur, la sagacité et l’équilibre de dons


personnels deviennent, à travers l'organisation de l'armée, qualité collective d'un ensemble organique et
articulé d'officiers, sous-officiers, caporaux et soldats, puis que, dans l'action, les quatre grades ont une
intense vie propre et ensemble forment une collectivité organique. (Passato e presente, p.195).

Ainsi le rôle des intellectuels et de la culture dans le fonctionnement des sociétés est examiné de façon
très détaillée. Il est intéressant à relever, dans ce contexte, les termes de cette analyse.

L'organisme militaire, là encore, offre un modèle de cette gradation complexe, officiers subalternes,
officiers supérieurs, état-major ; il ne faut pas oublier les sous-officiers dont l'importance réelle est
supérieure à ce que l'on croit généralement. Il est intéressant de noter que toutes ces parties se sentent
solidaires et aussi que les échelons inférieurs manifestent l'esprit de corps le plus apparent (...) p. 10
(souligné par nous). Référence

Si les conditions de son incarcération ont empêché Gramsci de traiter de façon systématique de la
guerre, il a, à différentes reprises, traité de la question de la détermination réciproque des activités
militaires et des infrastructures économiques. Tout d'abord, il s’est intéressé à la contribution des
ingénieurs italiens à la guerre, aux XVIe et XVIIIe siècles. Ceux-ci s'étaient répandus à la fin du XVIe en
Europe pour apporter leurs compétences à la conduite des opérations militaires, mais surtout au génie
militaire. Cependant, Gramsci a saisi cette occasion pour s'interroger sur cette capacité militaire des
Italiens. D'après lui, la bourgeoisie urbaine avait une origine militaire, " en ce sens que son organisation
de classe fut militaire à son origine et que c'est à travers sa fonction militaire qu'elle réussit à prendre le
pouvoir " (p.76). Référence

Par cette observation, Gramsci rejoint les remarques de Marx sur l'influence des activités militaires sur
les structures sociales. Mais, à cet épisode historique, il faut ajouter des remarques liées à l'évolution
des armements au XXe qui là encore indiqueraient une autonomie des activités militaires, comme si la
phase de détermination absolue de la sphère militaire par l'économie n'avait été qu'une parenthèse
historique :

Sur le développement de la technique militaire. Le trait le plus caractéristique et significatif du stade


actuel de la technique militaire, et donc aussi de l'orientation de la direction de la recherche scientifique
dans la mesure où elle est liée au développement de la technique militaire (ou elle vise ce but), semble
devoir être recherché en ceci que la technique militaire, sous certains de ses aspects, tend à devenir
indépendante du complexe formé par la technique en général et à devenir une activité à part, autonome.
Jusqu'à la première guerre mondiale, la technique militaire était une simple application spécialisée de la
technique en général et, par conséquent, la puissance militaire d'un état ou d'un groupe d'états (...)
pouvait être calculée avec une exactitude quasi-mathématique sur la base de la puissance économique
(industrielle, agricole, financière, technico-culturelle). (p. 189). Référence

D'après Gramsci, depuis la guerre mondiale il en va autrement en raison des nouveaux armements qui
permettraient " à la limite à l'Andorre de produire les gaz et les bactéries pour détruire toute la France "
(Référence). Ainsi l'avancée dans les techniques militaires a une contrepartie dans le domaine politique :
Cette situation de la technique militaire est un des éléments à l'œuvre de la façon la plus « silencieuse »
dans la transformation de l'art politique qui a amené le passage, également dans le domaine politique,
de la guerre de mouvement à la guerre de position ou guerre de siège. (ibidem). Référence, page.

Avec cette remarque de Gramsci, nous nous retrouvons très loin de la détermination « quasi-
mathématique » des activités militaires par l'économie puisque, dans ce contexte, c'est la technique
militaire qui a des effets qui se font sentir dans toute la société. Par contre, Gramsci insiste trop sur la
complexité des relations entre les différents facteurs, pour se contenter d'une relation mécanique, quelle
qu’elle soit, entre l’organisation du travail et l’armée. Ainsi, dans les Notes sur Machiavel, porte-t-il un
jugement nuancé sur les tentatives de « militarisation du travail » par Trotski dans la Russie
révolutionnaire. Gramsci approuve l'idée générale et concède que « le principe de la coercition, directe et
indirecte dans l'ordonnancement de la production est juste » Référence, mais il rejette la mise en
pratique par Trotski : « le modèle militaire était devenu un préjugé funeste et les armées du travail
échouèrent » (p.458) Référence. Mais Gramsci ne précise pas en quoi ce modèle était inadapté ni les
raisons de l'échec. On peut juste déduire du contexte, une position assez nuancée sur le taylorisme et
les transformations de l'organisation du travail aux États-Unis qui sont mises en relation avec l'ensemble
des aspects psychologiques et culturels des conditions dans lesquelles l'organisation du travail s'y
modifie sous l’effet du fordisme.

IV) Guerre et Mobilisation totale.

Les inflexions de la pensée de Marx à Gramsci en passant par Engels peuvent s'expliquer par l'évolution
de l'organisation de la production d'une révolution industrielle à l'autre, mais aussi par l'évolution
parallèle de la sphère militaire de la fin du XVIIIe au début du Xxe siècle. On ne s'étonnera pas que la
Révolution française ait marqué la réflexion des révolutionnaires vis-à-vis de l'armée. Valmy et la " levée
en masse " sont fréquemment cités par Marx et Engels, mais ce n'est que plus tard que la Révolution
française parut avoir représenté un tournant dans la relation entre armée et société. Karl Korsch (1941)
affirme ainsi que :

La guerre totale moderne loin d'être, l'une des inventions diaboliques de la révolution nazie est bel et
bien sous tous ses aspects - sans excepter le langage - le produit indiscutable de la démocratie elle
même et, plus particulièrement, le fruit de la guerre d'Indépendance américaine et de la grande
Révolution française (Korsch, 1941, p. 224)

Pour Korsch, cette constatation résulte des travaux de tous les historiens qui se sont intéressés à la
relation entre l'industrialisation et la guerre, et en particulier de A. Toynbee Référence 1939. Mais ces
références historiques mettent l'accent essentiellement sur " la fameuse levée en masse décrétée par la
loi du 23 août 1793 qui fait sans précédent, plaça toutes les ressources d'une nation belligérante (...) au
service de la guerre révolutionnaire. (Korsch, 1941, p. 225). Mais l'essentiel pour Korsch réside dans
l'analyse de l'entre deux guerres et des caractéristiques qu'il pressent dans la seconde guerre mondiale.
Il entend pour cela revenir à Marx dont il cite un jugement : « Les formes nouvelles de la production
matérielle se développent par la guerre avant de se développer dans la production du temps de paix. »
(cité par Korsch, 1941, p. 230). Par conséquent, pour lui, la « guerre totalitaire actuelle préfigure les
formes économiques nouvelles que viendra parachever ensuite le passage de tous les pays du monde à
un mode de production capitaliste planifié plutôt que déterminé par le marché » (Korsch, 1941, p. 232).
En ce sens, une des singularités de la guerre en cours lui paraît résider dans ce que pour deux des
belligérants, la Russie et l'Allemagne, "leur système industriel a été dans son ensemble conformé à
l'avance, méthodiquement, aux exigences d'une guerre qui ne devait s'ouvrir que bien des années plus
tard" Référence ibidem). En réalité, l'enchaînement des deux guerres de la première moitié du XXe siècle
fut tel que ce système industriel de l'Allemagne et de la Russie était lui-même largement issu de la
première guerre mondiale. Jean Querzola (1978) a montré de façon convaincante comment l'économie
planifiée en pratique devait « à la mobilisation coercitive de la force de travail pour répondre à la
demande pressante de l'armée6 » (p. 76). Ce sont les mesures prises en Allemagne à partir de 1916 qui
firent dire à Lénine que l'Allemagne et la Russie en 1918 étaient comme « deux futurs poussins sous la
coquille commune de l'impérialisme international » (cité par Querzola, p.93) et il est exact que parmi les
belligérants de la seconde guerre mondiale même « la Grande-Bretagne et les Etats-Unis procédèrent à
une mobilisation de leur économie pour la guerre à un point dont ni Hitler, ni Hiro-hito ni Mussolini
n'avait seulement rêvé » (P. A. Samuelson, 1998, p. XXW).

Conclusion :

À la fin de la première guerre mondiale, militarisation et collectivisation apparaissaient à différents


tenants du socialisme comme le fin mot de l'efficacité économique à travers une utilisation la plus

6
Ludendorf demande la levée totale des forces. C’est Jünger qui théorisera plus tard cette fusion du travailleur et du
guerrier. Cf le texte de Jünger de 1930 publié dans Murard et Zylberman.
productive possible du travail humain. La prétention du taylorisme à représenter une organisation
scientifique du travail a certainement joué un rôle. Pourtant des auteurs comme Gramsci avaient bien
perçu que le point fort du taylorisme n'était pas la spécialisation et la séparation des activités de
conception et d'exécution conduisant à faire du travailleur « un gorille domestiqué », mais le système
d'incitation qu'il rendait possible. Dans les formes de guerre qui allaient émerger elles-mêmes, la
discipline de la « chair à canon » allait voir son importance réduite au profit de l'ingéniosité
technologique. Cependant, Marx avait, à juste titre, relevé et dénoncé le modèle militaire qui présidait
dans les premières manufactures à l'instauration d'une discipline du travail.

Mais l'erreur des sociétés totalitaires fut de croire qu'elles fabriquaient sur ces prémisses, des sociétés
nouvelles dont le travailleur serait la forme nouvelle de l'humanité socialisée. En fait, comme Hannah
Arendt7 l'a montré, elles n'aboutirent qu'à institutionnaliser la terreur qui dérivait de cette « fabrique
d'humanité ». Au contraire, au "despotisme" initial inspiré de l'armée8, les sociétés capitalistes allaient
substituer de nouvelles formes de gestion des ressources humaines, au final plus efficientes. Il serait
intéressant de relever, là encore, les relations éventuelles entre ces évolutions et les expériences des
guerres de toutes formes qui ont marqué deux siècles de révolution industrielle et l'évolution elle-même
de l'art militaire.

Bibliographie.

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trad. franç. 1969.
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Karl Korsch (1941), War en Revolution, Living Marxism, VI, 1, 1941, 1-14, trad. franç. dans
Marxisme et Contre-Révolution dans la première moitié du vingtième siècle, choix de textes traduits et
présentés par Serge Bricianer, Paris, Le Seuil.
Karl Marx (1968), Oeuvres, Économie, 2 tomes, Pléiade, Gallimard, 1968, édition établie et annotée
par Maximilien Rubel.
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Karl Marx (1861-3), Théories sur la plus value, (Livre JV du Capital), trad. franç. 1974, Éditions
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Nördlingen, reprint, 1983.
Karl Marx, Friedrich Engels (1861-5), 1970, La guerre civile aux Etats-Unis (1861-5), traduction et
présentation de R. Dangeville, Paris, Union générale d'édition.
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Dangeville, Paris, L'Herne.
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P. A. Samuelson (1998), "A golden birthday " in P. A. Samuelson & W. Nordhaus, Economics., 16e
édition, 1998, ( 1ère édition, 1948), New York, Mc Graw Hill.
Amold J. Toynbee (1939), A Study of History, Londres.

7
Cf. passages cités dans Rabinbach.
8
Cf. Jean Paul de Gaudemar 1982.

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