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INFORMATION PRESSE

20 septembre 2018

Logement social : L’AdCF réagit au projet de loi ELAN duquel les communautés territoriales sont mises à l’écart

« Des dispositions en rupture avec la territorialisation des politiques de l’habitat »

L’Assemblée des Communautés de France tient à exprimer sa déception à l’égard de l’accord finalement
trouvé entre députés et sénateurs à l’issue de la Commission mixte paritaire consacrée au projet de loi ELAN.
Tout en soulignant les efforts du Sénat pour améliorer le texte lors des débats, l’AdCF regrette la trop faible
place accordée aux intercommunalités délégataires des aides à la pierre et plus généralement aux
collectivités locales, dans le processus de recomposition du tissu des organismes de logements sociaux et
dans le dispositif de vente que la loi ELAN souhaite accélérer.
Si la loi comporte des avancées certaines concernant la lutte contre l’habitat indigne, et les nouveaux outils
en matière d‘aménagement et d’urbanisme par exemple, l’AdCF considère que le texte adopté passe à
côté de la nécessaire territorialisation des politiques du logement et ignore le rôle des collectivités
dans leur pilotage.

Censé relancer la production nouvelle de logements sociaux, le projet de loi ELAN s’inscrit en rupture
complète avec le processus de territorialisation des politiques de l’habitat poursuivi depuis de
nombreuses années via la délégation des aides à la pierre et la dévolution récente aux intercommunalités
du pilotage des politiques d’attribution.
A contre-courant, le texte vise à provoquer une vaste réorganisation des acteurs du logement social mais
sans y associer les collectivités pourtant en charge des responsabilités opérationnelles en matière d’habitat.

De fait, bien que comptables devant leurs administrés des politiques d’habitat et soumises à des obligations
législatives en matière de production de logements sociaux (loi SRU renforcée par la loi Duflot), les
collectivités locales n’auront aucun moyen de contrôle des cessions de biens et du processus de
regroupement des organismes de logements sociaux ; y compris de leurs propres opérateurs.
« Ce texte est d’inspiration trop jacobine et orthogonale à ce qu’il faudrait faire. Il ne tient aucunement compte
des spécificités des marchés locaux du logement et des stratégies poursuivies par les collectivités à travers
les plans locaux de l’habitat (PLH). L’Etat risque de se retrouver demain, dans les territoires, en très
forte contradiction avec lui-même.» considère le président de l’AdCF, Jean-Luc Rigaut.

Un impératif d’observation et d’évaluation

L’AdCF entend rester très vigilante dans la mise en œuvre des processus de réorganisation des bailleurs
sociaux et dans les opérations de restructuration de leurs actifs, que la double appartenance à une société
de coordination (SAC) et un groupe HLM capitalistique la loi rend désormais possible.

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Elle souhaite vivement qu’un suivi régulier et très précis de ces opérations soit effectué à l’échelle
régionale en vue d’une évaluation périodique de leurs effets au niveau local.

La pression budgétaire mise sur les bailleurs sociaux pour les inciter à se réorganiser et à vendre des
logements sociaux n’a pas, à ce jour, de véritable contrepartie en termes de régulation locale et régionale.
Les politiques de vente s’avèreront, en l’état, inefficaces pour répondre aux attentes des ménages et
assurer la fluidité des parcours résidentiels. Les occupants du parc social ne seront pas, dans la majorité
des cas, en mesure de se porter acquéreurs de leur logement.

Sortir du pilotage du logement hors-sol

L’AdCF redoute les effets à très court terme de cette « financiarisation » du logement social qui peut, s’il n’y
est pris garde, renforcer les seuls grands bailleurs nationaux, très éloignés des territoires, en précarisant les
opérateurs locaux rattachés aux collectivités qui seront spécialisés dans l’accueil des ménages les plus
fragiles. « Nous connaissons très bien la logique de ceux qui ont inspiré les ponctions sur les APL puis les
lignes directrices de la loi ELAN, a expliqué Jean-Luc Rigaut. Nous le disons haut et fort : nous la
contestons et nous savons qu’elle échouera si nous ne disposons pas de garde-fous. Nous demandons au
gouvernement d’être extrêmement vigilant et de ne pas désarmer les collectivités. Nous souhaitons des
garanties ».

L’AdCF déplore également que la politique du logement et de l’habitat reste encore trop marquée par des
zonages, des seuils et des quotas, des critères, des aides fiscales, … définis à distance des territoires,
aveugles à la diversité de nos bassins de vie et des besoins sociaux.

Les changements permanents d’orientation législative, les modifications récurrentes de la fiscalité sont, dans
les faits, les éléments les plus perturbateurs pour les collectivités, les investisseurs publics ou privés
et les gestionnaires. Les acteurs de l’habitat ont besoin de visibilité, de constance et de décentralisation des
décisions.
A défaut, l’AdCF redoute une forte chute de la commande publique en matière de logements sociaux
sous l’effet des réorganisations annoncées du tissu des bailleurs et des prélèvements opérés sur leurs fonds
propres.

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