•1 L'imperfection
•2 La solitude
•3 L'échec
•4 La banalité
•5 L'envahissement
•6 La trahison
•7 L'immobilisme
•8 La faiblesse
•9 Le conflit
•1 Améliorer
•2 Aimer
•3 Réussite
•4 Originalité
•5 Comprendre
•6 Œuvrer ensemble
•7 Profiter pleinement de la vie
•8 Avoir le contrôle
•9 Harmonie
•1 Engagement
•2 Bien intentionné
•3 Compétition
•4 Imagination
•5 Analyser
•6 Partager
•7 Avidité de la vie
•8 Indépendance
•9 Accommodant
Type 1
es individus de Base ennéagramme 1 sont des idéalistes.
Ils sont idéalistes dans le sens où ils colorent l’ensemble
de leurs actions, de leurs dires, et de leurs perceptions
avec un sens implicite de « comment les choses devraient
être ».
Ce sentiment d’un idéal non atteint imprègne la vision que
pose la base 1 sur le monde. C’est comme si les personnes
de cette base prenaient au même moment connaissance de
comment les choses sont et conscience de comment elles
devraient être.
Mais comme la réalité perçue à travers ce filtre exigeant
ne coïncide que très rarement avec l’idéal tel qu’elle le
conçoit, la personne de base 1 a tendance à percevoir le
monde comme étant essentiellement
désordonné, corrompu, insouciant, frivole, mauvais et
défaillant provoquant ainsi un fort sentiment de
frustration.
Devoir de rectifier ou perfectionnisme
On retrouve en base 1 des gens d’action qui ont donc
tendance à faire face à leur croyance en l’imperfection
inhérente au monde avec la conviction profondément
ancrée que quelque chose doit être fait. Les défauts
doivent être corrigés, le système réformé, le péché
expurgé.
Type 2
On retrouve en
majorité dans les personnes en Base 2, des gens
chaleureux. Ils sont émotionnellement démonstratifs et
sont généralement à l’aise avec l’expression physique des
émotions. Ils accordent une très grande valeur à leurs
relations personnelles et y consacrent une énorme quantité
de temps et d’énergie.
Ils ont tendance à être des gens pratiques qui se
développent dans des activités « opératives » d’aide aux
autres telles que l’enseignement, l’aide sociale, la santé et
le conseil. Pour prendre une expression imagée, on peut
dire que les 2 n’ont pas peur de retrousser leurs manches
ni de mettre les mains dans le cambouis.
Les personnes qui font du 2 sont également attirées par le
rôle de parent et plus particulièrement par la position de
parent nourricier, figure maternelle par excellence. Cette
caractéristique est valable chez les individus des deux
sexes, hommes et femmes, bien que l’influence du
contexte sociétal amène à un renforcement de cette qualité
chez les femmes de base 2 et tende à la refréner
légèrement chez les hommes.
Les personnes en Base 2 accordent une importance
certaine à leur apparence et sont souvent séduisantes
dans leur présentation. Cela peut sembler de prime
abord en contradiction avec la description des 2 comme
étant « de petites mères pour chacun » mais à y regarder
de plus près, on s’aperçoit que la séduction et la prise en
charge de l’autre sont des manifestations d’un même désir
inconsciemment manipulatoire de trouver un moyen
d’obtenir et de retenir l’attention de l’autre.
Les 2 « séducteurs » sont souvent efficaces ou amusants,
ce qui leur permet de susciter l’approbation de leur
auditoire. Lorsqu’ils adoptent une telle stratégie de
séduction, ils se sentent souvent en compétition avec les
membres du même sexe et jaloux de ceux qu’ils jugent
plus attirants. Cette attitude de séduction agressive, qui
s’appuie souvent sur la flatterie, entre en contradiction
avec le désir des 2 d’être admirés pour leur humilité,
aussi, quand leur désir inconscient de reconnaissance ne
peut être atteint en dépit de leurs efforts de séduction, ils
peuvent avoir tendance à adopter une attitude de dédain.
Il est tout à fait vrai de dire que les individus en Base 2
ont un cadre de référence externe, en ce sens qu’ils sont
avant tout préoccupés par ce qui doit être fait pour aider
autrui. Ainsi, lire dans les ouvrages d’ennéagramme que
les personnes de Base 2 fondent l’estime d’elles-même en
grande partie sur leur capacité à servir les autres n’est
pas du tout dénué de fondement.
Les personnes en base 2 servent souvent de « ciment
social » qui, par exemple, maintiennent le personnel de
l’entreprise informé de l’anniversaire de chaque
collaborateur, organisent les pots de départs, pensent au
petit cadeau pour le dernier né… Ils sont souvent ceux qui
s’assurent que les grandes familles se réunissent pour les
fêtes de fin d’année et pour les dates importantes, ils se
proposent de préparer le repas et vous incitent vivement à
assister à ces événements « importants » de partage. Dans
une société de plus en plus individualiste, ils sont souvent
ceux qui travaillent sans relâche pour s’assurer que
tout le monde est pris en charge, et que personne n’est
laissé au banc.
L’orgueil
La zone d’ombre de la
Base ennéagramme 2 tourne autour du besoin
d’approbation et bien fréquemment, ce besoin s’avère
mal compris par les autres. En effet, la compulsion de la
Base 2 ne consiste pas simplement à donner, mais à
donner pour recevoir en retour. La croyance sous-
jacente qui est bien ancrée, est que : pour recevoir de
l’amour et de la considération, il faut en donner d’abord,
un peu comme si l’amour était une monnaie d’échange, et
les services rendus un « crédit » bancaire. Ce que veulent
ces personnes en échange de leurs services et de leurs
conseils c’est la gratitude éternelle de ceux qu’ils servent,
afin de sentir en eux se renforcer l’image d’une personne
« aimante et désintéressée ». Ainsi, les personnes en base
2 doivent donc composer avec une compulsion de don
permanent. “Plus je donnerai, plus je pourrai recevoir, et
mieux je me sentirai”.
La mécanique ainsi enclenchée, consiste à donner
beaucoup à l’autre et à ne pas reconnaître ses propres
besoins, ce qui permet de maintenir l’interlocuteur dans
une position de « débiteur ». Ce « je peux tout te donner,
moi je n’ai besoin de rien », est une stratégie
inconsciente permettant de maintenir l’autre dans un lien
de dépendance. C’est également en raison de cette
position haute que les premiers chercheurs en
ennéagramme ont associé à la Base 2 la notion d’Orgueil.
En formation d’Ennéagramme, certaines personnes se
retrouvant en base 2, sont susceptibles d’objecter que ce
n’est pas vrai, qu’elles ne donnent pas pour recevoir, et
vont arguer que bien au contraire, elles donnent de bon
cœur, de façon tout à fait désintéressée. C’est en effet
parfois le cas, mais ce n’est qu’une vérité partielle. En
effet, le mécanisme de défense de l’égo « répression des
besoins » est si fort que les gens qui font du 2 ne sont en
général pas conscients de leur besoin de
reconnaissance, de leur besoin d’être nécessaire. Et il
est vrai que, quand ils donnent, ils sont entièrement
concentrés sur le fait d’aider l’autre personne, ils essaient
réellement d’être utiles.
Parce qu’ils se concentrent sur les autres, ils sont – et ont
tendance à rester – inconscients de leurs propres besoins,
alors que ceux qui partagent leur vie sont souvent très
lucides sur l’existence de l’attente d’un retour et pensent
souvent que toute cette aide n’est pas entièrement
désintéressée. Il est bien entendu que le programme «
donner pour obtenir » de la Base 2 est, comme tous les
programmes Ennéagramme, en grande partie inconscient,
et qu’il est très difficile pour un individu se pensant
profondément altruiste d’admettre qu’il se cache en
général des attentes, de la manipulation et de l’orgueil.
Dépendance affective
Le lien à l’autre
repose donc, en Base 2, sur un contrat tacite qui consiste à
donner à l’autre, pour recevoir sa gratitude en retour. Mais
bien entendu, il est important pour que ce contrat reste en
place, que l’autre ne me donne pas plus que je ne lui
donne.
Quand ils ne reçoivent pas la reconnaissance et la
gratitude qu’il ressentent comme étant dues, les personnes
en Base 2 peuvent devenir autoritaires et manipulatrices,
se sentant tout à fait dans leur bon droit à l’être, parce
qu’elles l’ont « mérité » et parce que leurs intentions sont
bonnes. Lorsque les 2 commencent à craindre que
l’amour et l’appréciation dont ils ont si profondément
le désir ne se matérialisera peut-être jamais, ils
peuvent devenir hystériques, irrationnels et même
parfois abusifs envers les autres ou envers eux-mêmes
(notamment via des mécanismes de « remplissages » :
nourriture, achats compulsifs…). Le crédo de
l’Inconscient peut alors devenir le suivant : Puisque
personne ne me remplit suffisamment émotionnellement,
je vais moi-même me remplir grâce à la nourriture.
Une énergie dysfonctionnelle en Base 2 peut parfois se
manifester dans ce qui est connu sous le nom classique de
personnalité « co-dépendante », pouvant parfois aller
jusqu’à la « co-soumission ». Dans ce cas, ces personnes
se sentent dépendantes de l’autre et rendent celui-ci
dépendant d’elles-mêmes : seule l’autre personne en
question peut leur apporter quelque chose d’essentiel à
leur vie ; et elles-mêmes font passer le bonheur de l’autre
avant le leur.
En d’autres termes, afin de pouvoir se sentir utiles, ces
personnes encouragent et maintiennent activement,
bien qu’inconsciemment, un état de dépendance chez
l’autre, généralement en se rendant indispensables à
certaines tâches de la vie quotidienne, ou en entretenant la
« coupure » avec ses proches, ou bien encore en assumant
toutes les charges financières. Ce sont par exemple, ces
personnes en Base 2 qui sont si soucieuses de leurs
enfants que ces derniers ne sont jamais réellement
« autorisés » et encouragés à grandir et à
s’autonomiser. Ces individus souhaiteraient
inconsciemment que les autres soient en position de
faiblesse afin qu’ils puissent eux-mêmes se sentir forts, de
telle sorte que leurs liens avec leurs proches restent intacts.
D’autres 2 qui vont mal, deviennent dépendants eux-
mêmes. Ils se retrouvent alors victimes d’une multitude de
maux (souvent physiques, puisque la répression des
besoins engendre bien souvent la somatisation) qui les
rend incapables de pouvoir s’occuper d’eux-mêmes. Ces
personnes là risquent alors d’attendre, voire d’exiger des
autres un « remboursement » pour tout ce qu’ils ont fait
pour eux auparavant.
Générosité
Les personnes qui font du 2 et qui sont épanouies sont des
gens affectueux et doux. Ils offrent l’amour et le soutien
dont tous les êtres humains ont besoin - qu’ils en aient
conscience ou pas – pour vivre ensemble. Les religions
orientales rendent hommage à cet idéal à travers l’image
du Boddhisattva, qui renonce à entrer dans le Nirvana
tant que ne serait-ce qu’un seul être vivant reste confronté
à la souffrance. Plus proche de nous, un bon exemple
pourrait être donné par ceux qui attribuent la base 2 à
Jésus de Nazareth, en s’appuyant sur son amour des
enfants, sa défense des faibles et des opprimés…
Type 3
La Base 3 en quatre concepts clés :
Adaptable, « qui excelle », Motivé et Soucieux de son
image.
Avoir et Etre
Les individus de Base ennéagramme 3 sont adaptables,
ambitieux, confiants, concentrés sur le succès et très
préoccupés de leur image. Souvent ils cherchent à susciter
l’admiration des autres et tentent d’accumuler les succès
dans le but d’y parvenir. Ils ont donc tendance à être très
sociables et à l’écoute de la manière dont les autres les
perçoivent. En effet, à un niveau très profond et
largement inconscient, les personnes en Base 3
s’identifient à la façon dont les autres les perçoivent.
Au coeur même du mécanisme égotique de la Base 3 se
situe donc une confusion fondamentale sur la relation
entre l’apparence et la réalité, l’image et la substance,
entre qui ils sont et ce qu’ils font.
Souvent, les personnes de cette base adoptent un idéal de
réussite, et de tentent de l’incarner. Cet idéal leur vient
souvent de leurs parents, de nombreux 3 tentant
inconsciemment de vivre la vie que leurs parents n’ont pas
pu vivre. Si la personne de base 3 est est moins liée à ses
parents, ou pour quelque raison trouve d’autres influences
plus convaincantes, l’idéal sera tiré de la socio-culture au
sens large. Comme la culture occidentale moderne est
diverse, il existe de nombreux idéaux possibles de
« personne à devenir ». Quel que soit l’idéal choisi
cependant, c’est quelque chose qui, par nature, ne pourra
être atteint que par quelques-uns seulement. Il faudra donc
être compétitif pour y arriver.
Les 3 ont tendance à poursuivre cet idéal choisi avec :
énergie, détermination et concentration. Ils croient en
leurs capacités innées et sont optimistes quant à leurs
perspectives. Ils ont tendance à être de bons
« réseauteurs » et à savoir comment gravir les échelons.
Ils savent comment se présenter, sont socialement
compétents, généralement extravertis, souvent charmants
et parfois charismatiques.
Image de réussite
Beaucoup de personnes de Base 3 savent subtilement et
même inconsciemment modifier leur apparence et adapter
leurs propos en fonction de la personne ou de l’auditoire
avec lequel ils sont en contact, ce qui leur vaut souvent
d’être qualifiés « les caméléons » de l’ennéagramme. Le
problème est qu’à force de jouer des rôles et de rester dans
le processus du paraître, ils perdent parfois contact avec
qui ils sont vraiment.
Il n’est donc pas surprenant que les 3 puissent parfois
trouver le domaine de l’intimité comme étant difficile à
vivre. Leur besoin d’être aimés pour leur image cache
souvent un sentiment intérieur de honte et de
confusion au sujet de qui ils sont vraiment. Le dilemme
pour les personnes en Base 3, c’est que si elles
n’atteignent pas leurs objectifs, elles ont tendance à se
dévaloriser en tant que personnes, et progressivement,
elles peuvent commencer à se demander si elles sont
vraiment aimées pour ce qu’elles sont, plutôt que pour
leurs résultats ou pour leur image.
Il est commun que les individus faisant du 3 soient, dans
les faits, réellement efficaces. Ils ont tendance à être
déterminés et ne sont pas facilement découragés par les
difficultés. Mais quelle que soit leur réussite effective, ils
ont souvent secrètement peur d’être ou de devenir des
«perdants». C’est presque comme s’ils avaient peur
d’être «démasqués» comme étant des imposteurs. Et
pour cette raison, beaucoup sont soit des travailleurs
acharnés, soit des individus sombrant dans l’auto-
victimisation permanente, qui est une stratégie alternative
permettant de ne pas assumer la présence d’un échec dont
ils seraient responsables.
La course au succès est éreintante. En cas d’inactivité,
une angoisse du vide s’installe, il est donc
indispensable de Faire quelque chose pour se sentir
Être, il faut donc toujours bouger, toujours avancer,
toujours produire. Cette course à la réussite peut aussi
être frustrante, on ne compte plus le nombre de 3 ayant
sombré dans l’auto-destruction juste avant ou juste après
avoir atteint des degrés importants de gloire ou de fortune.
C’est comme s’ils se rendaient compte combien ils sont
déconnectés de leur image grandiose, combien celle-ci est
basée sur le mensonge et l’apparence, à quel point
personne ne comprend qui ils sont vraiment et combien ils
se sentent seuls en compagnie de ceux qui les suivent avec
adoration.
Qui suis-je ?
Les individus de Base 3 ont tendance à avoir un grand
cœur, à être généreux et sympathiques, mais ils est
souvent difficile pour les autres de savoir qui ils sont
vraiment.
Les ennuis arrivent quand ils confondent le vrai
bonheur, qui est un état intérieur, à l’image du
bonheur dans laquelle ils se projettent si facilement.
Lorsque les personnes qui font du 3 perdent le contact
avec leurs vraies émotions et sensations, c’est comme si
elles utilisaient une « check-list » interne afin de
déterminer l’étendue de leur bien-être : un bon travail ->
ça c’est fait, un conjoint attractif -> ça c’est fait , de beaux
enfants -> ça c’est fait…
La perte de connexion à leur moi essentiel peut être telle
que les 3 peuvent parfois arriver à se convaincre qu’ils
sont heureux parce qu’ils ont atteint les « indicateurs de
bonheur » correspondant à l’image idéalisée du succès.
Lorsque cela se produit, ils ont tendance à ignorer les
ressentis internes de leur cœur, qui leur disent que quelque
chose de vital est peut-être absent. Sous la façade, de
nombreux 3 cachent un sentiment profond de vacuité.
Ces personnes sont sujettes aux crises d’identité et
parfois même jusqu’à la dépression, même si elles se
permettent rarement de le montrer. Il est vrai que le fait
de s’identifier à ses réalisations, amène la personne à se
couper de plus en plus de son vrai moi, à accentuer le
sentiment d’inexistence et de manque de sens, et donc, in-
fine, faire grandir la peur fondamentale de la Base 3 : celle
d’être sans valeur.
Le Mensonge
L’ennéagramme traditionnel associe à la Base 3 les
notions de «duperie-tromperie». Ceci ne se réfère pas
nécessairement à la malhonnêteté ou au mensonge dans le
sens conventionnel du terme, mais plutôt comme le fait de
présenter les choses sous le meilleur jour possible, afin
de faire avancer leurs ambitions, ou bien afin de ne pas
faire face à un échec. Il s’agit avant tout d’un mensonge
envers soi-même, puisque pour la personne s’identifiant à
ce qu’elle fait, accepter la présence d’un échec serait
accepter qu’elle « est » un échec. En effet, la principale
supercherie pour la personne qui fait du 3, réside dans le
fait de confondre l’image de façade projetée aux autres,
avec la personne qu’elle est en réalité, et d’encourager
en même temps son auditoire à ne se concentrer que sur
cette couche superficielle, se privant ainsi de la possibilité
de pouvoir être aimée en Vérité, pour la personne qu’elle
est.
A leur moins bon, certains 3 peuvent se transformer en
une « machine à faire ». Ils se plongent dans l’activité
afin de se détourner de leur sens croissant de vide
intérieur. De plus en plus coupés de leur intériorité, ils
deviennent désinvoltes et superficiels. S’ils tombent dans
le narcissisme, ils peuvent devenir froids et impitoyables
envers quiconque se met en travers de leurs objectifs. Le 3
qui apparaît d’habitude comme optimiste et chaleureux
devient alors cynique et nihiliste, incapable de croire en
lui-même, et incapable de faire confiance aux autres.
A l’inverse, les individus intégrés en Base 3, parviennent
à atteindre leurs objectifs, sans perdre le contact avec leur
réalité profonde, et ils inspirent et encouragent les
autres à vivre en accord leurs propres idéaux. Ils sont
généreux en temps et en énergie et sont prêts à aider les
autres à actualiser leur potentiel. Ils prennent des rôles de
leadership sans aucun désir de dominer ni de faire
respecter un idéal abstrait.
Type 4
La Base 4 en quatre concepts clés :
Expressif, Empathique, Sensible et Imprévisible.
Intensité émotionnelle
Dans l’Ennéagramme
traditionnel, on associe à la Base 4 la notion « d’envie ».
Cela est à mettre en lien avec la tendance de la base 4 à
se dévaloriser, ce qui l’amène souvent à idéaliser les
qualités qu’elle trouve dans d’autres, à voir que celles-
ci lui manque, et donc à devenir envieuse de ces mêmes
qualités. Ces qualités peuvent être des aptitudes mentales
(l’autre est plus « cultivé » ou « plus intelligent ») des
caractéristiques physiques (« il est plus beau », « plus
désirable ») ou être le fruit de ressentis purement
émotionnels et très subjectifs (« il est plus authentique »,
« plus spirituel », « plus sensible »…).
Par un processus connu sous le nom d’introjection, les 4
tentent parfois d’intégrer ces mêmes qualités en eux-
mêmes, ce qui, bien souvent, déclenche en eux ce fameux
conflit interne associé à la quête d’authenticité, la qualité
idéalisée étant considérée comme appartenant
essentiellement à « l’autre ». Il y a donc un « désir », une
« envie » d’avoir, ou plutôt de vivre ce qui manque, qui se
heurte à une « obligation vitale » d’être authentique,
sincère, c’est à dire d’être soi-même, et il n’est pas rare
que ce conflit débouche sur une mélancolie continue,
qui est le témoignage extérieur d’un sentiment de
frustration omniprésent.
Ainsi, l’envie telle que vécue par les personnes en Base 4,
doit avant tout être comprise non pas comme de la jalousie,
mais comme la manifestation fondamentale de leur
sentiment interne d’être « anormaux » en ce monde. Il
est important de comprendre que cela est vécu par les
individus en base 4 avant tout comme une forme de
«malédiction» continue, comme un problème récurrent,
une sensation lancinante d’être le « vilain petit
canard », jusqu’à ce que qu’ils aient atteint les vertus de
l’acceptation de soi, appelée de façon assez floue
« originalité » dans l’ennéagramme traditionnel.
En résumé, « l’envie » vécue par les personnes en Base
4 est avant tout un désir, un souhait de se sentir
connectés à eux-mêmes et au monde, un besoin d’être
eux-aussi capables de vivre les formes les plus simples de
bonheur que d’autres semblent si facilement en mesure
d’atteindre. A ce stade, on peut tout à fait comprendre
pourquoi certaines personnes qui font du 4 rejettent en
bloc les définitions qui sont parfois données par certains
auteurs ou enseignants en ennéagramme autour du
concept exclusif de « recherche de différence et
d’originalité », puisque les 4 aspirent avant tout à la
simplicité d’une vie heureuse et harmonieuse.
Souffrance et sublimation
Type 5
La Base 5 en quatre concepts clés :
Cérébral, Perceptif, Secret, et Isolé.
Energie mentale
Les individus de Base ennéagramme 5 ont la sensation de
pouvoir se défendre contre un monde qu’ils vivent
comme intrusif en se réfugiant dans la sécurité de leur
esprit. Les gens qui font du 5 ont tendance, par
conséquent, à approcher la réalité avec une certaine
distance et à demeurer suffisamment peu impliqués dans
les situations pour pouvoir s’en extraire au besoin. Ils se
sentent à l’aise et « à la maison » quand ils sont dans le
domaine de la pensée. Ils ont l’esprit constamment occupé,
sont inlassablement curieux, observateurs, perspicaces et
sont souvent intellectuellement provocateurs, parfois
mêmes cyniques ou condescendants. L’immense majorité
des 5 ont au moins quelques domaines d’expertise, qu’ils
cultivent avec une véritable passion.
Il n’est pas rare donc pour les personnes en Base 5 d’être
des intellectuels au sens classique du terme, et de
nombreux penseurs ou scientifiques célèbres ont été de
cette base ennéagramme (Aristote, Hegel, Descartes,
Einstein, Hawking…). Mais, bien entendu, tous les
individus de Base 5 ne gagnent pas leur vie en travaillant
dans des professions intellectuelles. Certains préfèrent
restreindre leur activité mentale à la sphère privée, et
gagnent au contraire leur vie en exerçant une activité
professionnelle qui ne mobilise que très peu d’énergie
intellectuelle.
Ces 5 sont reconnaissables à leur besoin d’intimité, à
l’accent mis sur la compétence, et à leur attitude
d’indifférence marquée vis à vis de la hiérarchie, des
jeux de pouvoir, des règles et des procédures en vigueur
dans le monde du travail. Ils dénotent aussi généralement
par leur façon d’afficher une vision idiosyncratique du
monde, qu’ils ont tendance à distiller par bribes,
souvent par voie de saillies ou de bons-mots
stratégiquement positionnés , mais parfois aussi par
l’intermédiaire de diatribes ou de dissertations
interminables.
Retrait
Ce que les autres remarquent chez les individus en base 5,
parfois même juste intuitivement, c’est qu’une partie
d’eux n’est pas vraiment présente. Cette partie, c’est la
part d’eux-même que les 5 réservent pour eux seuls ou
qu’ils souhaitent ne partager qu’avec quelques happy-few.
Pour la plupart des personnes en Base 5, c’est la plus
grande partie d’elles-même qui est ainsi gardée en réserve.
Donc, s’il est faux de dire que tous les 5 sont des «
intellectuels », tous partagent néanmoins certaines
caractéristiques de base. En particulier, ils ont tous
tendance à utiliser ou à sur-utiliser leurs capacités
analytiques objectives pour aborder les situations
quotidiennes de leur vie. La formule générale pour la
compréhension de cette base 5 consiste à reconnaître que
c’est leur pensée logique qui a le contrôle de leur vie, que
l’émotion est vécue comme une interférence dans la
pensée, et que les instincts sont des reliquats
d’animalité irrationnelle. On comprend alors pourquoi,
de par cette quasi-obsession du pragmatisme, il est
souvent si difficile pour les personnes qui font du 5
d’apparaître spontanées, d’exprimer un point de vue dans
l’instant, de passer à l’action rapidement, et en quoi les
notions d’improvisation ou d’intuition sont pour elles
quasiment incompréhensibles.
Ces personnes sont souvent mal à l’aise dans le domaine
des relations sociales. Cela s’explique en partie par leur
côté excentrique, au sens « étrange » du terme, qui
provient du fait qu’ils passent tellement de temps dans le
domaine de la pensée qu’ils apparaissent très facilement
déconnectés de la réalité de l’existence, un peu comme si
toute l’énergie consommée à s’expliquer les choses
faisait défaut lorsqu’il s’agit de s’impliquer dans le
monde. Les individus de base 5 ont confiance en la
justesse leurs propres raisonnements et ne ressentent que
très peu le besoin de remettre en cause leurs croyances ou
leurs conceptions des choses pour accueillir les opinions
de la majorité, opinions qu’ils jugent d’ailleurs souvent
peu profondes, voire parfois «stupides». Cette attitude
peut amener les autres à les trouver « bourrus », froids et
cyniques.
Chez la plupart des gens qui font du 5, on retrouve une
capacité très réduite à supporter les conversations
mondaines qui manquent de fond, ce qui les amène à
considérer la plupart des interactions sociales comme
étant des « draineurs d’énergie ». Lorsqu’ils sont
confrontés à des situations (fêtes de familles, par exemple)
où il est obligatoire de socialiser avec des personnes qu’ils
trouvent inintéressantes (la plupart des gens, donc) ils
trouveront souvent un moyen de s’en extraire par la porte
de service quand personne ne regarde. Le problème social
des 5 tourne autour du fait qu’il leur est difficile de
tendre la main aux autres, même quand ils tiennent
beaucoup à établir une connexion. Ce qui se cache
derrière cela est une peur d’être happé par l’autre, qui
risque d’exiger beaucoup de moi alors que je crois en
posséder si peu (d’énergie, d’information, de temps…).
Ils peuvent, par conséquent, devenir socialement isolés et
souffrent parfois de solitude.
Sensibilité
Contrairement à l’idée reçue, ces personnes de Base 5 ont
tendance à être sensibles et à se sentir fragiles, et leur
souci justement est qu’elles ne se sentent pas
suffisamment solides pour faire face à un monde extérieur
qui est vécu comme étant extrêmement dur et exigeant. Ils
sont en règle générale doués d’une grande finesse de
perception leur permettant de lire et d’entendre les
sentiments et pensées inexprimées par leur interlocuteur.
Leur ego étant ainsi doté de frontières très poreuses vis à
vis du monde extérieur, ils sont très facilement affectés
par ce qui s’y passe, ce qui alimente cette vision d’un
monde extrêmement invasif, raison pour laquelle les
personnes qui font du 5 ont recours au mécanisme de
défense de l’égo nommé isolation, qui consiste – entre
autres – à dresser des frontières entre soi et les autres,
pour préserver l’intégrité de l’ego. En psychanalyse, ce
mécanisme de défense porte le même nom, mais s’étend
également à la vie psychique, ce qui s’applique tout autant
à la base 5 : l’isolation est le processus psychique par
lequel l’individu, pour souffrir le moins possible, isole son
coeur de sa tête, ses sentiments de ses pensées, ou rompt
la chaîne associative d’un groupe de pensées pour que tout
soit compartimenté, et pour garder plus de contrôle sur
l’ensemble.
Ainsi, dans le but de compenser leur sensibilité, les
individus de Base 5 adoptent parfois une attitude
d’indifférence flegmatique ou de supériorité
intellectuelle, qui a généralement pour conséquence
fâcheuse de créer une distance plus grande entre eux et les
autres. Essayer de combler cette distance peut être
difficile pour les 5, et ceux qui les côtoient au quotidien se
retrouvent bien souvent contraints de prendre l’initiative
de maintenir le contact. Lorsque la distance est comblée
cependant, les individus qui font du 5 peuvent s’avérer
être des amis étonnamment supportifs, et être
entièrement dévoués à l’autre en tant que conjoint ou
parent.
Ces 5 qui sont intéressés par le développement de
relations cherchent avant tout à vraiment connaître leur
interlocuteur, au delà de tout masque, de tout faux-
semblant, et trouvent fastidieux d’avoir à composer avec
les apparences et la trivialité. Ils ont généralement peu de
relations, mais celles qu’ils entretiennent ont en règle
générale de la profondeur, car elles ne sont pas fondées
sur des qualités superficielles.
En tant que personnes objectives, les personnes en base 5
ont tendance à être dans le non-jugement vis à vis de
ceux qu’elles aiment, et peuvent accepter les autres tels
qu’ils sont, sans qu’ils doivent dissimuler leurs
imperfections. Elles ont tendance à vraiment apprécier les
quelques rares personnes avec lesquelles elles se sentent
réellement en lien. Le défi pour elles est de trouver des
personnes avec qui elles peuvent créer de tels liens,
quelqu’un avec qui elles peuvent se sentir comme à la
maison.
Secret
La plupart des gens qui font du 5 sont très sobres quand
il s’agit de l’expression émotionnelle, mais ils ont
souvent des sentiments plus forts que ce qu’ils laissent
paraître. Peu de gens savent ce qui se passe sous la surface.
Il y a plusieurs raisons à cette tendance marquée à la
retenue émotionnelle de la base 5.
Tout d’abord, cela est directement lié à la tendance en
base 5 de se « détacher» de l’expérience subjective.
Rappelons ici que la peur archaïque en Base 5 est d’être
sans ressources face à un monde incompréhensible,
raison pour laquelle autant d’énergie est consacrée à
comprendre le monde. Le mécanisme d’isolation consiste
donc à opérer une coupure entre la réalité du vécu
subjectif, de l’expérience, et un univers mental plus
sécurisant.
Or, comme on a pu le voir, ce mécanisme d’isolation
fonctionne également dans leur univers intérieur, et les
individus qui font du 5 éprouvent souvent une sorte de
coupure entre eux-même et leurs émotions, qui par
définition sont incompréhensibles, puisque
perpétuellement changeantes et par nature
intrinsèquement irrationnelles. Cette coupure interne des
ressentis émotionnels a pour objectif de les protéger de
la dépression qui guette lorsque surgit la question : « si je
ne comprends pas ce qui se passe en moi, alors comment
comprendre le monde tout entier et y prendre ma
place ? ». En règle générale, cette coupure s’opère en
remettant à plus tard le fait de se questionner sur ses
propres ressentis et en justifiant ceci par un leurre interne
qui consiste à considérer que l’esprit est déjà occupé à
gérer d’autres priorités, et que le ressenti du moment peut
attendre.
Ensuite, cette tendance à la coupure avec l’univers
émotionnel est à mettre en lien avec la croyance d’être
émotionnellement vulnérables, et une peur d’être
complètement débordés par leurs émotions. Cette
coupure est la manifestation d’un manque de
détermination à faire face à la réalité intérieure à laquelle
ils sont confrontés. Par ailleurs, il n’est pas rare que les
personnes de base 5 aient un sentiment généralisé de
méfiance lorsqu’il s’agit d’aller faire part de leurs
préoccupations émotionnelles à des tiers puisqu’ils « ne
peuvent pas comprendre ce que je ne comprends pas moi-
même ».
Par ailleurs, les 5 ont également peur d’être intrusifs.
Comme ils vivent les manifestations émotionnelles des
autres comme étant envahissantes, ils ont peur, s’ils
livrent leurs émotions, d’être à leur tour intrusifs et
polluants vis à vis des autres.
Et, enfin, comme les individus en base 5 peuvent
généralement sentir ce qui se passe chez les autres en
dessous de la surface, ils ont inconsciemment tendance à
attendre la même chose en retour. Mettre en mots ou
manifester physiquement l’existence d’une émotion est
parfois-même considéré comme «trop». Naturellement,
une telle dynamique conduit souvent à des malentendus,
et la sphère des relations intimes n’est généralement pas le
domaine de la vie le plus simple à équilibrer pour les
personnes en base 5.
Inadéquation
En règle générale, les personnes qui font du 5 ne se
considèrent pas comme étant des individus dénués
d’émotions aussi sont-ils souvent surpris quand ils se
rendent compte de l‘écart entre la perception qu’ils ont
d’eux même et celle que les autres ont d’eux. Cette
prise de conscience exacerbe souvent cette impression
déjà présente en eux d’être des « martiens » et ajoute de
l’eau au moulin de leur croyance que les relations
humaines sont en quelque sorte essentiellement
faussées par un monde irrationnel fondé sur les
apparences et dénué de toute logique.
En raison de leur sensibilité et de leurs craintes souvent
exacerbées d’être en inadéquation avec ce que le monde
attend d’eux, les personnes qui font du 5 peuvent avoir
tendance à aborder la vie sous l’angle de la peur, même si
cette anxiété n’est pas toujours conscientisée. Elles
craignent essentiellement d’être submergées, soit par
les sollicitations des autres soit par la force de leurs
propres émotions. Elles tentent parfois de régler ce
problème en développant un style de vie minimaliste dans
lequel elles font peu de demandes aux autres afin qu’en
retour, les autres comptent un minimum sur elles. La
majorité des individus qui sont de base 5 tente cependant
de maintenir une position de compromis entre une vie
d’Hermite et le tumulte de la vie en société. Ils
acceptent de s’engager plus avant dans le système, mais
conservent presque toujours une peur profondément
ancrée que celui-ci ne manquera pas d’exiger d’eux
beaucoup plus que ce qu’ils ne sont en mesure d’offrir.
Avarice
Dans l’ennéagramme classique, les 5 sont censés incarner
la passion d’avarice. De toute évidence, il s’agit d’une
utilisation technique du terme, et il est important de
souligner que la plupart des 5 ne sont pas matérialistes.
Plus que de se référer à une notion de cupidité, ou un désir
gourmand de jouir de ce que le monde aurait à offrir, il se
réfère surtout à une tendance à « thésauriser », à
« retenir », à « garder pour soi ».
Les personnes qui font du 5 ont tendance à ne pas se
dévoiler aux autres, à se prémunir de toute implication
émotionnelle et parfois même à bannir de leur vie toute
forme de légèreté.
Il existe de nombreux individus de cette base qui ont
accumulé une immense quantité de connaissances,
d’idées et de points de vues sur les changements et
réformes à accomplir sur le système, dont ils ne font
jamais profiter personne. Quand cela arrive, en somme,
c’est comme si leur atout principal, leur talent essentiel,
n’était pas employé pour rétablir le lien avec un monde
dont ils se sentent pourtant tellement loin, ce qui est
source de souffrances et de frustrations. Et il y a encore
beaucoup plus de personnes en base 5 qui ne partagent
que leurs connaissances, qui ne vont jamais vraiment
jusqu’à partager la profondeur ou l’unicité de leur être
même dans le contexte de leurs plus proches relations
personnelles. Au fond, leur peur les en empêche.
A leur moins bon, des individus en base 5 peuvent devenir
trop épris de leurs propres systèmes de pensée. Ils se
coupent du monde et des relations interpersonnelles. Ils
deviennent de plus en plus détachés, et parfois-même
misanthropes. Comme ils deviennent de plus en plus
déconnectés de la réalité, leurs systèmes de pensée
prennent une teinte plus sombre. Ils ont alors tendance à
être attirés par des visions franchement nihilistes du
monde ou par des explications réductionnistes, le
réductionnisme étant une forme à peine voilée du
nihilisme.
Si la compulsion 5 prend une tournure pathologique, la
tendance à filtrer l’expérience à travers la lentille d’un
cadre théorique rigide est laissée à son libre cours. Cela
débouche parfois sur une arrogance intellectuelle extrême
et déséquilibrée, où ils tentent de réduire la réalité à un
simple système de pensée, et les êtres humains qui
l’habitent, à rien d’autres qu’à des produits fébriles
issus de cette chaine de production que symbolise une
société humaine éminemment défaillante. Les 5 sous
l’emprise de ce processus sont de plus en plus provocants,
cyniques, vindicatifs, et enfermés dans un monde de
projections négatives où ils se sentent être la victime d’un
système conçu pour les annihiler.
A l’inverse, les gens qui sont de Base 5 et qui sont en
bonne santé psycho-émotionnelle finissent par trouver un
moyen de vivre pleinement leur vie, de nouer des
relations et de faire grandir le monde autour d’eux par
le partage de leurs contributions intellectuelles et
personnelles. Ils cessent de craindre d’être submergés par
le monde et sont donc en mesure de s’engager plus à fond.
Ils cessent d’avoir peur d’être dépassés par la force de
leurs propres émotions et deviennent donc capables de
développer leur aptitude à donner et à recevoir de
l’amour.
Type 6
La Base 6 en quatre concepts clés :
Loyal, Vigilant, Inquiet, et Soupçonneux
Entre confiance et méfiance
Les individus de Base ennéagramme 6 ont tendance à se
sentir en insécurité chronique, comme si la vie ne leur
avait jamais apporté suffisamment de stabilité, comme s’il
y avait ni dans leur univers intérieur, ni dans le monde
extérieur, de point d’ancrage ou de certitude qui pourrait
servir de base solide à la confiance. La fixation
ennéagramme de la Base 6, « doute et suspicion », est
donc profondément et fondamentalement de nature
existentielle. Elle est liée à la présence d’un noyau
paranoïaque plus ou moins important, un nœud serré
d’angoisse, une inquiétude quasi-permanente, associée à
un désir à la fois puissant et profond de trouver
quelque chose ou quelqu’un d’assez stable auquel il
soit possible d’accorder sa confiance.
Les diverses stratégies employées pour faire face aux
questions fondamentales de la Base 6 sont évidemment
de nature très différentes, mais elles sont toutes des
manifestations de la même angoisse sous-jacente. C’est
l’intensité de l’énergie avec laquelle les personnes de Base
6 affrontent cette problématique confiance/méfiance qui
la différencie des autres Bases qui, après tout, veulent
aussi trouver quelque chose ou quelqu’un dans lequel
placer leur confiance, quelque chose dans laquelle on peut
croire. Les questions qui se posent à la Base 6, sont alors,
à certains égards, fondamentales, puisqu’elles font partie
des préoccupations élémentaires communes à tous les
êtres humains. En revanche, elles constituent pour cette
Base 6 l’axe central du travail sur soi, puisqu’il s’agit
d’apprendre à vivre avec l’incertitude, à la surmonter
et à la dépasser, sans succomber à la peur et sans la
nier non plus.
Compte tenu de cette dynamique essentielle, il n’est pas
surprenant de constater que les difficultés auxquelles sont
confrontées les personnes en Base 6 consistent à trouver
le juste réglage de contraste entre la foi et le
scepticisme, la confiance et la méfiance, le respect
envers l’autorité et la vigilance par rapport aux abus
de pouvoir. Tous les 6 partagent ces questions mais ils y
répondent de multiples façons, faisant de cette Base
ennéagramme 6 la plus complexe et variée de toutes les
Bases ennéagramme, et très certainement la plus difficile
à décrire avec précision.
Besoin d’un point d’ancrage
Type 7
La Base 7 en quatre concepts clés :
Spontané, « aux talents variés », Gourmand, Dispersé
Refus de la frustration
Les individus de Base
ennéagramme 7 sont essentiellement attentifs au fait de
laisser des options ouvertes, de disposer de « plans B »
ou de portes de sortie en toute circonstance, de vivre
une vie sans contraintes ni engagements définitifs, de
trouver le bonheur sans être entravés par ce qu’ils
considèrent être des contingences triviales qui semblent
accaparer la plupart des gens. Les personnes de Base 7
sont déterminées à ne pas permettre à leurs vies de
sombrer dans l’ennui ou dans l’inertie, ni s’inscrire
dans la terne monotonie d’une vie tracée à l’avance.
Les 7 veulent plus que cela. Ils veulent toujours plus.
Les personnes qui font du 7 sont tournées vers l’avenir,
ce sont des gens actifs qui sont généralement convaincus
que quelque chose de mieux les attends au coin de la
rue. Ce sont des penseurs rapides qui ont une grande
quantité d’énergie et qui font beaucoup de plans. Ils ont
tendance à être talentueux dans de nombreux
domaines, ils sont créatifs et ouverts d’esprit, ce sont
des gens dynamiques qui font de leur mieux pour
apprécier leur vie. Jeunes (dans leur tête peu importe leur
âge), insouciants et positifs, les 7 sont des enthousiastes
qui aiment profiter des plaisirs des sens et qui refusent
toute forme de frugalité.
Étant donné une telle description, il pourrait être difficile
d’appréhender le fait que la Base 7 a la peur chevillée au
corps, et que cette stratégie de recherche du plaisir est
avant tout chez les individus de cette Base une stratégie
de fuite de la souffrance, une tactique permettant de
préserver un pas d’avance sur leurs démons intérieurs.
Mais tel est bien le cas. Cette recherche débridée
d’expériences nouvelles leur sert à se propulser
mentalement d’un « ici et maintenant » insuffisant vers un
« là bas » prometteur. Cette insatiabilité réelle et
permanente qui préoccupe chaque personne de Base 7 est
maintenue dissimulée du regard extérieur et voilée à la
lucidité de l’observateur intérieur par une façade
d’enthousiasme qui a pour utilité de compenser
l’insatisfaction chronique et de limiter au maximum
l’expérience consciente de la frustration.
Il y a une sorte de claustrophobie existentielle au cœur
de la Base 7. Les gens qui font du 7 sentent que les murs
sont toujours sur le point de se refermer autour d’eux.
Aussi, ils élaborent en réponse des stratégies d’évasion.
Ces stratégies sont d’ordre mental : plein de projets pour
l’avenir, idées intéressantes, pensées originales, attitudes
inhabituelles… Ils aiment à fantasmer et à
conceptualiser, mais dès qu’ils tentent d’entrer dans
les détails pour convertir ces éléments en réalités
opérationnelles, ils ont tendance à se sentir limités,
enfermés.
Hédoniste-narcissique
Pour échapper à ce sentiment de contrainte, ils passent
à l’action et changent de sujet laissant aux autres, le soin
de prendre en charge les modalités, puisque eux ont de
« bonnes raisons » de faire autre chose. Agir ainsi relève
du mécanisme de défense nommé rationalisation, qui est
caractéristique de ce profil que Naranjo qualifie d’
« hédoniste-narcissique ».
Pour cette raison, on dit souvent que les individus de Base
7 sont les plus énergiques et les plus actifs. Ils tendent
vers l’extraversion, connaissent généralement beaucoup
de gens, et sont particulièrement friands de diversité,
aussi n’est-il pas rare de compter parmi leurs amis toute
une variété de personnes extrêmement différentes les
unes des autres.
Les personnes de Base 7 ont en général un très grand
potentiel de talents restant bien souvent inexploités
faute de temps investi à la mise en pratique et à cause
de la tendance 7 à l’auto-satisfaction précoce ainsi
qu’au manque de persévérance et d’implication.
Les 7 ont également tendance à être impulsifs. Ils savent
se tenir prêts à ramasser leurs affaires et bouger à tout
moment, à pouvoir changer d’emploi sur un coup de tête
et souhaitent souvent expérimenter des modes de vie
alternatifs. Ils peuvent être de ceux qui savent qui sont les
gens « cool, » où est le meilleur restaurant, quel nouveau
groupe musical sera bientôt en haut de l’affiche, quel est
le best-seller qui vaut vraiment la peine d’être lu. L’idée
sous-jacente est de ne retenir que les choses qui en
valent vraiment la peine, des choses qui contribuent à
maximiser le plaisir, les 7 n’aiment pas se contenter de
distractions de seconde zone dans lesquelles ils trouvent
vite l’ennui, synonyme de souffrance.
Cette recherche du plaisir intense et sans limite
s’appuie sur une tendance marquée à la permissivité et
à l’indulgence non seulement pour lui-même, mais aussi
envers les autres. Il arrive en effet que les personnes de
Base 7 arborent une posture générale de laisser-faire qui
confine parfois au manque d’implication et à un déni de
la réalité. Nulle surprise donc de retrouver parmi les
adeptes de la pensée positive de nombreuses personnes
de Base 7 qui y voient une validation de leur posture
compulsive visant à « ne s’inquiéter de rien » au lieu de
saisir que la quintessence du message consiste au
contraire en un appel à la présence consciente.
Idéalisation
Comme les personnes
de Base 7 ont essentiellement peur d’être polluées par
un état d’esprit négatif, elles cherchent à se distraire
(au sens « se détourner de ») de leur problématique
dans le monde extérieur où elles excellent
généralement à réaliser plusieurs actions en simultané.
On peut compter sur elles pour apporter de l’énergie et de
l’excitation à des situations qui ont commencé à voir
poindre le spectre de l’ennui ou de la frustration. Elles ont
le don pour détecter le potentiel dans une situation, de
voir l’idéal dans le réel. Une des raisons pour lesquelles
les 7 ont un tel fonctionnement : cela leur permet de
« recharger leurs batteries ».
L’idéalisation, paradoxalement, rend l’expérience plus
réelle pour les personnes en Base 7. Là encore, la nature
mentale de l’Ego de Base 7 se manifeste. Claudio Naranjo
écrit au propos de cette caractéristique : « Il est possible
de dire que l’attitude optimiste de la Base 7 et l’humeur
joyeuse qu’elle arbore ne serait pas possible sans
l’opération de l’idéalisation à l’égard du monde en
général. Que ce soit dans la relation avec les autres ou
dans le rapport à soi-même, l’optimisme entraîne la
suspension de la critique et de la culpabilité… » En effet,
idéaliser le monde permet de pouvoir trouver celui ci
bien plus supportable. En portant compulsivement et à
chaque instant leurs fameuses « lunettes roses » sur le nez,
les 7 s’offrent le luxe de la fuite du réel, ils s’offrent la
possibilité de ne pas regarder là où la souffrance règne. Ce
qui leur permet de prendre leur place au sein du monde,
c’est que le monde dans lequel ils interagissent est
finalement le leur : celui qu’ils ont créé de toute pièce –
celui qui est positif, créatif, riche en nouveautés et où
l’ennui n’existe pas.
Dans certains domaines clés, le mécanisme
d’idéalisation peut s’avérer bénéfique, source
d’inspiration même, puisque d’autres pourraient très bien
être motivés pour tenter de rapprocher la situation réelle
de l’idéal que le 7 est en mesure d’envisager et de leur
dépeindre. L’enthousiasme des 7 peut en effet s’avérer
contagieux ! Sur le plan négatif, le mécanisme
d’idéalisation peut avoir pour impact de détourner
l’attention du 7 de la réalité de la situation à laquelle il est
confronté et à saper l’accès à une véritable intimité dans
les relations personnelles. Dans la mesure où les 7 sont
sujets à une idéalisation du partenaire, il est possible que
la personne réelle reste invisible à leurs yeux, et que la
relation demeure superficielle.
Tout comme ils ont tendance à adopter une version
idéalisée de ceux qui sont importants pour eux, les 7
ont habituellement une haute opinion d’eux-mêmes et de
leurs talents. Ils ont tendance à se concentrer sur leurs
points forts et leurs vertus et à minimiser leurs défauts
et vices. On comprend ici pourquoi l’ennéagramme
classique associe à la Base 7 la notion de narcissisme.
Peut-être serait-il plus juste de parler de « séduction par la
supériorité ». En effet, s’étant convaincus eux-mêmes
qu’ils sont vraiment plus « aboutis » que ce qu’ils ne sont
vraiment, de nombreux individus de Base 7 peuvent
généralement en convaincre les autres aussi.
Tout cela est aggravé par le fait que les 7 sont en général
des gens très compétents – intelligents et aimables,
mais une aptitude naturelle et une compréhension rapide
des bases, combinées avec une présentation engageante,
n’est pas la même chose que la véritable expertise, ce qui
explique pourquoi Ichazo a utilisé le terme « charlatan »
comme nom pour la Base ennéagramme 7. Naranjo a
préféré le terme « fraudeur », pour souligner la présence,
dans cette Base 7 d’une confusion entre la carte et le
territoire, illustrée par l’existences de multiples polarités
présentes en Base 7 : afficher au monde que l’on se sent
bien et être en même temps obsédé par le désir de
« plus », recherche égoïste de nouveauté d’un côté et
nécessité d’être apprécié comme quelqu’un de gentil
de l’autre, confusion entre imagination et réalité, entre
projets et accomplissements, entre potentialités et
réalisations…
Addiction au plaisir
Type 8
La Base 8 en quatre concepts clés :
Sûr de lui, Décisif, « Brut de décoffrage », Confrontant
Refus du contrôle
Les individus de Base ennéagramme 8 souhaitent
échapper à toute forme de contrôle exercé sur eux, soit
par les autres, soit par les circonstances. Ils sont animés
de la ferme intention d’être maîtres de leur destin,
d’assumer la responsabilité de tout ce qui se passe autour
d’eux, de faire tout ce qui doit être fait.
Les 8 sont compétitifs et expansifs. Ils ont l’esprit de
décision et sont dotés d’une très grande volonté, d’une
détermination à toute épreuve pour mettre en œuvre ce
qui doit être fait, car ils sont avant tout orientés sur la
pratique.
La majorité d’entre eux dispose d’une énorme quantité
d’énergie et ont souvent de puissants appétits physiques.
Cette énergie débordante est clairement perçue par les
personnes qui sont à leur contact : les 8 n’ont
généralement pas besoin d’annoncer leur présence pour
que les autres sachent qu’ils sont là.
Le problème central pour les personnes de Base 8, c’est
que le refus de subir toute forme de contrôle se
transforme très souvent en nécessité de tout contrôler,
en un besoin d’être « aux commandes », en une
compulsion de dominer. Cela peut conduire à toutes
sortes de difficultés relationnelles, puisque le monde
n’est pas toujours disposé à se conformer aux préceptes de
la volonté des 8. Au delà de cela, le problème plus
profond qui se pose aux individus qui font du 8, c’est que
leur besoin d’éviter tout semblant de contrôle peut les
priver des qualités de souplesse, d’écoute, d’ouverture
d’esprit et d’empathie qui sont généralement nécessaires
pour vivre une vie pleine et équilibrée et être
véritablement heureux.
Pouvoir
La majorité des personnes de Base 8 conçoit le monde
comme étant un environnement hostile où la lutte pour
la survie se joue à chaque instant, comme une jungle
dans laquelle seuls les plus forts survivent. Dans une
telle optique, vivre implique une concurrence permanente
pour être celui ou celle qui sera au sommet de la chaîne
alimentaire, puisque les 8 ont naturellement l‘intention
d’être ceux qui survivent.
Ils adoptent généralement une stratégie de survie qui
implique soit de se hisser en haut de la hiérarchie
existante, soit de sortir complètement du système en
place et de ses structures de pouvoir. Les personnes de
Base 8 qui optent pour la première stratégie se trouvent
généralement dans des postes de leader, qu’il s’agisse de
leur famille, de leur entreprise, ou de leur parti politique.
Celles qui choisissent la deuxième approche ont tendance
à être des entrepreneurs indépendants, des pigistes ou
consultants de toutes sortes, ou même des hors la loi, tout
type d’activité, en d’autres termes, qui puisse exister en
dehors du cadre conventionnel de la société civile et de
son système souvent artificiel de règles et obligations.
Quelle que soit la tactique retenue, tous les 8 ont besoin
de sentir financièrement indépendants, et bien que la
plupart des individus de Base 8 parviennent à trouver un
moyen de faire la paix avec la société, ils conservent
néanmoins un rapport difficile et conflictuel vis à vis
de tout système relationnel hiérarchique qui ne les
positionne pas au sommet.
Ami ou Ennemi ?
Bien que certains 8 choisissent d’incarner la posture du «
loup solitaire », beaucoup de personnes en Base 8 ont de
nombreux et solides liens sociaux, soit avec leur famille,
ou via un réseau d’amis ou encore en multipliant les
relations professionnelles. Elles sont très présentes dans
le monde et sont souvent extraverties.
Une véritable intimité n’est cependant pas une chose
très facile ni naturelle à établir pour ou avec un 8, les
émotions douces et tendres ayant tendance à les faire se
sentir « faibles ». Par ailleurs, développer une relation
d’intimité requiert pour les 8 d’abaisser leurs défenses
et d’accepter ainsi de devenir vulnérables. Et la
vulnérabilité, à son tour, déclenche la peur chez le 8 d’être
contrôlé. Ainsi, c’est bien souvent le domaine des
relations intimes qui constitue l’arène dans laquelle se
déroulent les jeux de pouvoir et où les problématiques
de contrôle sont les plus saillantes.
Les questions de confiance occupent ici une position
charnière. Les personnes en Base 8 ont une tendance
compulsive à tester leurs proches pour voir s’ils sont
fiables et dignes de confiance, pour vérifier s’ils sont
susceptibles de trahir et de passer ainsi dans le camp
des « ennemis ». La trahison est absolument intolérable
aux yeux des 8 et tout comportement s’en rapprochant est
immédiatement réprimé par une réaction violente dont
l’objectif est de dissuader, via une démonstration de force,
le « traitre » en puissance, de persévérer dans son
entreprise.
Les personnes de Base 8 sont à la recherche de
partenaires de vie qu’elles puissent respecter comme
étant eux-même forts et en même temps suffisamment
fragiles et sensibles pour avoir besoin de la protection
offertes par le 8. Il s’agit d’une combinaison paradoxale
bien sûr, mais il n’en demeure pas moins que l’immense
sentiment de solitude des 8, bien que nié par les
principaux intéressés, ne peut être apaisé que par un
partenaire jouissant d’une égale puissance et étant à la
fois très vulnérable et donc dépendant, car ainsi investi
du rôle de « protecteur des faibles » le 8 peut d’autant plus
oublier ses propres sentiments de vulnérabilité. Se
sachant capable de punir les « traîtres », les 8 accordent
une confiance « relative » a priori, mais comme cela a été
décrit ci-avant, une confiance qui n’exclue pas le
« contrôle ». Ceci étant, lorsqu’un individu a « passé tous
les tests » et que la personne de Base 8 l’admet à pénétrer
dans « le sanctuaire, » à « entrer dans la famille », les
relations de soutien et d’assistance deviennent
généralement fraternelles, inconditionnelles et
inébranlables. Tous les 8 ne forment cependant pas de
telles relations proches, car certains refusent
catégoriquement de baisser la garde ou sont tout
simplement incapables de prendre le risque d’y perdre un
peu de leur autonomie.
Colère
Les 8 sont souvent enclins à la colère, l’une des rares
émotions qu’ils autorisent à ressentir dans sa forme la plus
pure. Comme cela a été mentionné plus tôt, le ressenti des
émotions « tendres » telles que la compassion, l’amour, la
tristesse et la mélancolie peut amener les 8 à se sentir
vulnérables, puisque de telles émotions sont causées par –
et entrainent en retour – une sensation de perméabilité et
de fragilité, qui constituent une faille dans l’Ego. La
colère, au contraire, illustre le sentiment d’être en
opposition avec le monde et son expression, tout du moins
dans le ressenti des 8, cette colère caractérise leur
détermination à sortir victorieux de cette
confrontation.
L’expression ouverte de la colère est vécue par les
personnes en Base 8 comme une occasion de démontrer
leur capacité à maintenir intacte la frontière qui les
sépare du monde extérieur, à se prémunir de toute
agression émanant de l’environnement, en y projetant
un maximum d’énergie de manière préventive. La
problématique de la peur du contrôle est en effet
convertie en une quête de pouvoir, une recherche de
domination, qui pourrait se résumer par « je dois contrôler
l’environnement pour ne pas qu’il me contrôle, et je
montre ma puissance de façon préventive pour que
personne n’ose s’attaquer à moi ».
Dans ce cadre, il est tout à fait logique de constater que la
tendance naturelle des 8 ne les porte pas à
l’introversion ni à la remise en question. Et pourtant,
comprendre que la capacité à accueillir en conscience la
présence des émotions les plus tendres, loin d’être une
faiblesse, est en fait le signe de la véritable force
(constat primordial dans le développement d’une personne
de Base 8).
Justice
Les individus en Base 8 considèrent souvent les lois et la
morale comme n’étant rien d’autre qu’un moyen de plus
par lequel la société tente d’exercer un contrôle
illégitime sur eux. Les règles qu’ils n’ont pas définies
eux-mêmes sont facilement considérées par les personnes
en base 8 comme les armes employées par les faibles pour
tenter de dominer ceux qui, comme eux, ont été dotées de
force par la nature.
A l’instar des 6 en contre-phobie, les gens qui font du 8
se méfient des règles, et adoptent souvent une attitude
d’opposition à l’autorité. Mais, à l’inverse des 6 contre-
phobiques, ils ne nient pas l’existence du danger et,
comme ils sont généralement de fins stratèges, ils ne se
lancent que très rarement dans un combat s’ils savent
qu’ils ne peuvent pas gagner. Leur rébellion et le
manque de respect pour « les règles » est donc souvent
indirect, évacué, camouflé par l’émission de critiques, de
remarques cyniques, d’expressions de colères détournées
de l’objet réel. Ceci peut entraîner des difficultés dans les
relations avec les proches, puisque les 8 ont facilement
tendance à se « décharger » injustement sur leur
proches, dont ils pensent, souvent à tort, qu’ils peuvent
passer outre et les comprendre.
Alors que les 8 ont tendance à ne pas respecter les règles,
normes et modes de fonctionnement fixés par le monde
extérieur, ils ont souvent leur propre sens du bien et du
mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste, qui
s’appuie sur un système de valeurs et de croyances, fruit
de loyautés personnelles et d’engagements librement
consentis. Ils ont donc, pour ainsi dire, une conception
tout à fait personnelle et changeante de ce qu’est la
justice. Et les 8 ne tolèrent pas que ceci soit remis en
cause par un événement se déroulant dans leur
environnement, ils sont alors prêts à se battre, seuls
contre tous s’il le faut, pour conserver ce qu’ils
estiment être juste.
Faiblesse
A ce stade, il est important de rappeler qu’à un niveau
inconscient, les personnes qui font du 8 se sentent très
vulnérables. C’est la raison pour laquelle elles croient
qu’elles risquent d’être placées en position de
soumission par le monde extérieur. Le sous-jacent de
l’attitude expansive des 8 est donc le fruit d’une peur
fondamentale qui est celle d’être asservi par un système
ou par des personnes qui abuseront de leur innocente
fragilité.
C’est donc en contre-réaction à une telle possibilité que
les 8 tentent d’imposer au monde leurs propres règles
et modes de fonctionnement. On observe ici, une
stratégie diamétralement opposée à celle de la Base 5, qui
consiste à s’enfermer dans son château fort pour se
préserver du monde extérieur, puisque la Base 8 quant à
elle, tente de prendre le contrôle de ce monde extérieur.
La principale difficulté ici est que, faisant mal la
différence entre lui et le monde extérieur, en manquant
d’altérité, tout événement entrant en contradiction avec
son système de valeur, ses opinions ou ses désirs, est
susceptible d’être vécu comme étant une attaque
personnelle. On l’aura bien compris, nous sommes ici
face à des personnages entiers, qui prennent des décisions
et des actions rapides et tranchées, pour lesquelles il y a
« les amis » d’un côté et « les ennemis » ou « les cons
» de l’autre.
Vengeance
C’est cette dynamique de « contrepoids permanent
» opposé au monde extérieur et caractéristique du
fonctionnement 8 que l’ennéagramme traditionnel appelle
fixation de « vengeance ». En somme, c’est comme si
l’univers 8 était teinté d’une peur prégnante d’être
facilement anéanti par une action à son encontre,
perpétrée par un monde impitoyable. Dans une telle
optique, la Base 8 est extrêmement réactive, toute menace,
toute rébellion, toute trahison devant être « tuée dans
l’oeuf ». Ceci signifie que tout stimulus perçu comme
s’apparentant de près ou de loin à une telle menace
doit faire l’objet de représailles massives.
L’univers 8, dans ce cadre, fonctionne suivant une version
extrême de la loi du Talion : « pour un œil toute la
gueule ». Enfin, comme les 8 ont à la fois une nature très
protectrice et qu’ils ont également une tendance à
considérer que le monde entier doit être sous leur
contrôle, à peu près tout ce qui se passe dans leur
environnement plus ou moins proche est susceptible de
déclencher leur envie irrépressible de passer à l’action.
Sadisme
Il est donc tout à fait juste de dire que les 8 perçoivent
intuitivement la façon dont le pouvoir est utilisé et
dont on peut en abuser. Ainsi l’histoire du monde est
jalonnée d’épisodes sanglants perpétrés par des
personnalités pathologiques, de Base 8 (Staline, Mao,
Fidel Castro et Saddam Hussein en sont quelques tristes
illustrations).
Des personnes de Base 8 ayant atteint un tel niveau de
désintégration ont une attitude « bulldozer » qui consiste à
« supprimer » quiconque se mettrait en travers de leur
route vers le pouvoir en justifiant leurs exaction par
l’existence des lois de l’évolution naturelle qui font que
seuls les plus forts survivent. C’est à de tels individus,
que Claudio Naranjo fait référence lorsqu’il associe à la
Base 8 la notion de sadisme, les 8 à des niveaux très
« malsains » étant des brutes qui éprouvent du plaisir dans
le fait d’intimider ceux qu’ils considèrent comme étant
faibles, et ne ressentant aucun scrupule à écraser
quiconque croise leur chemin. Ils peuvent être cruels,
brutaux, dangereux et monstrueusement insensibles aux
sentiments des autres. Le sadisme, omniprésent dans la
perversion, est une manifestation claire et évidente de
la tentative d’atteinte du pouvoir par des moyens de
domination et d’humiliation, une faiblesse se faisant
passer pour de la force.
Si le 8 désintégré est la configuration psychique la plus
brutale décrite par l’énnéagramme, il est indispensable de
préciser que les 8 à leur meilleur, ceux qui ont
développé leur capacité d’aimer, sont parmi les profils
les plus généreux de l’Ennéagramme. Martin Luther
King Jr, Indira Gandhi, et l’Abée Pierre doivent être cités
parmi ceux-ci. Tous trois ont accédé à une forme de
pouvoir pur par l’intégration et l’acceptation des
contraintes et par la force dans l’humilité.
Excès
Dans l’Ennéagramme traditionnel, la passion associée à la
Base 8 est « la luxure. » Cela ne devrait pas être confondu
avec le désir impérieux de jouir des plaisirs des sens,
sexuels ou autres, ce qui est plus caractéristique de la
gourmandise sensuelle de la Base 7. La luxure de la
Base 8 n’est pas d’ordre « Oral-réceptif », comme en 7,
mais est au contraire de nature expansive, bien plus
« Phallique » puisque la luxure se manifeste en Base 8
par la nécessité de s’imposer à l’extérieur pour
affirmer la supériorité de son Moi sur le reste du
monde.
Ainsi, comme pour toutes les autres bases Ennéagramme,
le terme employé pour désigner la passion de la Base 8 ne
doit pas être pris à son sens premier, et la « luxure » de la
Base 8 ne correspond pas nécessairement à un besoin
d’ordre sexuel. Pour les 8 chez qui cela est le cas
cependant, il est souvent difficile de trouver l’équilibre
entre les besoins souvent énormes en termes de
satisfaction purement physique et la nécessaire
expression des émotions les plus tendres.
TYPE 9
La Base 9 en quatre concepts clés :
Réceptif, Passif, Accommodant et Content de lui
Pacifique
Les individus de Base ennéagramme 9 cherchent à
maintenir un sentiment de paix, d’harmonie et
d’équilibre et veulent par dessus-tout éviter les conflits.
Ils ont tendance à voir le meilleur chez les gens, à être
fondamentalement optimistes quant à l’avenir, ce qui, en
tant normal, agit comme un baume apaisant sur ceux qui
les entourent.
En règle générale, les 9 sont assez faciles à vivre, ils
adoptent une stratégie de « mobilité passive » qui consiste
à se laisser porter par le courant de la vie. Les
personnes de Base 9 ne sont pas du genre à transpirer
inutilement et sont en général lentes à passer à l’action,
elles savent intuitivement comment attendre les
ouvertures et incitations afin qu’elles puissent ensuite
s’insérer sans effort dans le flux défini par d’autres.
Dans l’ensemble, il s’agit de personnes plutôt effacées et
tolérantes, d’individus à l’humeur égale et sympathique.
Elles aspirent à être aidantes, affectueuses, douces et
plus que tout autre Base de l’Ennéagramme, elles sont
susceptibles de véritablement incarner ces qualités
précieuses.
Les choix
Étant donné un tel portrait, il peut sembler difficile de
comprendre ce qui est si problématique dans cette Base
9. Le problème central pour les 9 tourne autour du fait que
leur désir de maintenir la paix et d’éviter les conflits
est compulsif. La diversité humaine implique par
définition l’omniprésence de possibles divergences entre
les Hommes, représentant autant de sources de
confrontations possibles, autant de conflits potentiels.
L’incapacité de la Base 9 à faire face aux conflits avec
engagement et à les gérer avec efficacité constitue un
grave handicap quand il s’agit de vivre une vie pleine,
satisfaisante et honnête. Cette tendance – profondément
enracinée – à éviter les dissensions, se joue à la fois dans
leur univers intérieur, puisque les 9 ont énormément de
difficulté à faire des choix, et dans le domaine de l’action
extérieure où ils ne s’expriment que très
occasionnellement.
Ce problème se manifeste généralement d’autant plus
fortement que le sujet touche la sphère privée. En effet, les
personnes de Base 9 craignant par dessus tout d’être,
par leur pensée ou pour leur action, à la source d’un
trouble dans leur environnement, plus le thème les
concerne directement, moins elles sont capables d’adopter
une position nette ou d’émettre une opinion.