DES
MONUMENTS CAMS
DE L'ANNA~i
PAil
H. PARMENTIER
Al\CHITECTE DIPLÙlIÉ PAR LE GOL~'·ER:'iE'Œ:ST
TOME II
ÉTUDE DE L'ART èA.\(
PA RIS
ÉDITIONS ERNEST LEH.OUX
28, RUE BO:'lAPARTE, VI"
1918
r~TnODUCTION
Dnlllilé (le la 1I1(;lhod ... ; la mélhotl .. c1assiqlle. - ~éccssité (l'IIIIC anll'c métho(le. -
Emploi !l'un postulllt. - Cc po~lulat. - ~a justification; réscrvcs dans son
Plllploi. - L'illustratioll. - Ahl'l;yilltiolls et cOllYl'ntions.
(1) L'art khmèr I)\'ésen le deux périodes }lièces, un e remm'(IUahle sculpture. La se-
bien tranchées, l'une llui YU du n " au . conde correspond au merveilleux épa-
aer,iècle; l'autre ([IIi est poslérieure ail x·, noui ssement IL\ilkor, avec ses Îmmellscs
La première périollc offre llc ]ldit8 élli~ édifices tIc grès, mais sa ml~ ,lio cre sta-
lices en briques ct lUontl'C, en qnell{llCs tnail'e, YoÎl' pOUl' pIns de llélails, p, '{7!J,
x INTHODUCTJON
Annam (1!WO-HH5).
INVENTAIHE DESCRIPTIF
DES
v
CAMS
DE L'ANNAJ\lI
LIVRE PREMIER
LES FORMES DE L'ART èAlU
CHAPITRE PREMIER
GRANDES DIVISIONS ET REPÈRES CHRONOLOGIQUES
J 'ahord les Annales eltinoi:;es Oll allnamites , les rares textes éams
qui ont survécu: tous sont muets sur l'hi stoire de l'art (1) ; seules, les
inscriptions datées (2) nous apportent quelques données précises.
Encore demandent-clIcs il ètre so umiscs il une critique sé vère.
Par leur nature ces .inscriptions sc divisent en deux groupes:
ce sont ou des ades de consôcration ou bien de simples rappels
de faits. Dans le premÎf)r cas, la formule est constante: tel person-
nage érige telle divinité ct lui consacre des dons . Par le premier
terme il faut compren(lre, c·cst un fait connu, que le donateur
construit un temple, y place l'idole du dieu, en organise ]e culte, le
dote il, perpétuité. Le LùtimeJlt lui-lllème n'est jamais spécifié, ct cc
n'est que dans le cas où plusieurs divinités sont énumérées qu'il y a
lieu de supposer l'érection lIe plusieurs kalaJL Ainsi l'inscription
31 C 2° il Nha Trang: trois d jvinités y sont nommées ensemble, et
trois sanctuaires, dont la distinction es t garantie par trois nouvelles
inscriptions, y furent élevés en mème temps (3). En revanche, les
constructions accessoires ne sont jamais mentionnées (4); il semble
que la formule les implique comme dépendances.
Dans l'utilisation de ces inscriptions datées, deux cas sont il con-
sidérer, suivant qu'elles sont gravées 1° sur le monument ou 2° sur
une stèle voisine. Dans le premier cas, une nouvelle suIJtlivision est
nécessaire.
(1) Ce n'est pas llue ces documents lie contraire sc vérifier l'un 11ar l'autre,
fourni ssent souyent des renseignements (2) 11 est bien entendu qne pal' (( da-
très intéressunts sur la civilisation came tées )), nous n'entendons pas uniquement
que nous serons amené ici même il.faire qu'elles )Irésenterit une année précise; un
connaitre cn partie, d'après sa traducti on simple nom de roi, eonnu par ailleurs, 011
sculptée; mai s seule l'élude ré<luile aux la forme caracléristilluc d'une i~c l'itUl'c,
éléments arti stiques est de notre reS80rt, IH)llvent fournir un renseignement ines-
et nous ne ferons appel aux r enseigne- timable.
ments fo umi s par les textes qne eo mme (3) Tour.principale : iuse. 31 C 2°; foUi'
contrôle. Ainsi cet essai et Je traŒil Ile N.-O .: insc. 37; élliculeS .-E.: inscripti on
M. G. Maspéro sur l'histoire des èams, le nouyelle.
Royaume dL! Champa, dressé d'apl'üs ,les (i) Exception doit êtr'c faife pour l'i ll-
llocuments il lin point de yue plus net- scl'iption!H il l\Ii 80'n. Cf. I.' I:\ OT, n.E.C.
tement bistori(lue, ne ris(lueront ,pas E.-O., IV, p. !.l43.
de faire llouble emploi ct pourront aIl
ET REPÈRES · Clll\ONOLOGIQUES 3
(1) En Ull cas au moins, Mi SO'Il BI (2) BEIIG ,UGIŒ, Illse. sans". de Campcï,
XXV (86), l'inscription sll}lérieure est de donne, page %3, la date de 706 ç. que
quelques années plus ancienne que l'in- 1\1. Barth, (lans la note 3, rectifie cn
férieure. 703 ç.
GRAN DES DIVISIONS
(1) Il est en outre très vraisembla- permettre le ravalement, et cette face la-
ble que la forme allongée de A6' quand térale étant aujourd'hui visible, elle eût
.les autres templions sont carrés. est due été certainement achevée si A6 se fût
au manque de place; la distance étant élevé après AIO.
(l'ailleurs suffisante entre AG et AIO pour
GRANDES DIVISIONS
semble avoir une pt'édilcction particulièrc, monumcnt vicllt alors Cil quatrièmc dans
le grand temple F sous le nom un peu l'inscription 81 (Mt Sü"n VI),
différent de Viimabutbe~vat'a: ce demiel' (1) cr. p. 3, note 2,
12 GRANDES DIVISIONS
ploi d'un morceau qui parait, pour son pl'ofil caché il, l'intérieur,
être du VIle ou du VIII siècle. Il y aurait donc tout lieu de penser
C
(i) Il Y a liell de supposer, YU la rnine <les trois sancluàires que semblait Ï1uli-
rapide du sanctuaire de Satyayarman, quel' la description du Icoça tombe !l'ellc-
qu'il était en cons truction légère ct que même ayec la valenr nonvrllc fixée pour
sa porte seule était en pierre, mais la nou- cc mot (cf. note précédente). D'autre part,
yelle interprétation donnée par M. Finot l'argument tiré !le l'absence d'nn soma-
(B.E.F.E.-O., IV, p. 912) du mot Icoça ne sûfra, contrait'e à notre première thèse,
llermct plus d'appliqner il cette baie le favorable il la seconde, est il négliger, une
lermed' (( entrée splendide )l, comme nous sorte de conlluit analogue ayant été dé·
l'avions fait précédemment (B.E.F.E.-O., couvert en 1909 dans la partie O. des
Il, p . 44). fondations de la nouyelle tour S. (cf.
(2) Cf. B.E.F.E.-O., IX, p. 347, II, p. 44, B.E.F.E.-O., IX, p. 347).
et VI, p. 297. Notre discussion au sujet
ET REPÈRES CHHONOLOGIQUES 13
(1) Cf. ]<'I1iOT, n.E.p.B.-O. , III, p. 83, montre qne ces tonrs sont alltél'ieurcs à
Ilote 3. cette date et, d'autre part, lc sanctuaire
(2) Cf. n.E.F.E.-a., Ill, p. 84. ékvé par Vikriinluyarman III à Nha Trang
('3) Bien que la date ne soit pas por- (premiè['e moitié du IX· siècle) offre
tée sur le monument même, il semLle (ians ses faiLles restes des formes Î11ell-
qu'aucun doule nc soit poss ible. En effet, tiques à celles de Bong DUO'llg.
lu présence (le l'in~cription du XIe 8iècle
GRANDES DIVISIONS
(1) Cf. FL';OT, B.E.P.E.-O., IV, p. !lO,t de Al que fut trouvée cette pi erre. Il
(~) Une faute ù'impression au cata- suffit !l'ailleu rs de sc r eporter il la page 84
logue des inscriptions (le Ml So-ll, donné (In tomo IV pour s'eu convaincre. Voir
par M. Finot il la fin de ~on ilrt.icle ,(lu ('galement le JOLlrnal des fOLlilles ma-
B.E.F.E.-U., IV, SUI" MlSan, il égaré par la l1uscrit, déposé à l'Écol e.
suite M. Cœdès !lan~ son CatalogLle des (3) B.E.F.E.-O., IV, Il. 911.
illscriptiolls cames. C'est près de BI et non
ET REPtRES CHRONOLOGIQUES 15
qu'une seconde inscription, celle de la stèle 101 (Mi SO'n XI), vient
confirmer la pl'emière, 100 (Mi SO'n XX).
Nos 8-11 el! t G.-Les dernièl·es dalaLions sont ragues, muis peu dou-
teuses; les inscriptions Hil 11, et 1113, nous apprennent fpte le temple
de Pô Klauù Garai ct le kalan de l'ail Prurl furent construits par
.raya Siùhavanntln Ill, prince lI<1l·iji l (1). Pout" fixer approximative-
ment la daLe de ces édifices, il nous fuwlmil connailre celle de son
règne. Nous sayons seulemenl qu'il monta sur le trône entre 1280
et 1298, qu'il réguait cne ure en 1aoû ; mais nous ignorons la date de
sa mort. En 1280 le roi régnant ne peut ètre Harijit, cal' Marco Polo
. (lui vit le souverain iL cette date le dOlllle tOlllme de « grand ùge » ct
(lui « depuis longtemps a teHu son rôgllc en paix. » (2) ; et cette yieil-
lesse mème annonce la Hu de son règne. Fils d'lin yieillanl, il est yrai-
semblable que Harijit n'était plus un jeune hOUlllle quand il parvint
au pouyoir; il avait eu un1ils en 1274 ct Cil 1282-1284 .menait réso-
lument la campagne contre les troupes chinoises, puisqu'il ohligea
les soldats de Khouhilaï Khan tL se retirer; en 1306 il peut donc avoir
au grand minimum cinquante ans et plus probaulement il dépasse
la soixantaine; il est tL présumer que son règne ne peut durer long-
temps encore. 1\""os motmmcnts doivent donc s'enfermel' entre 1280
ct 1320 ct 110US He courrons guère le risque de les yieillir en les
comptant du déhut du XIY" sièeIe.
No' 42 et 1. - Les inscriptions 42 et 1 ne présentenl pas de diffi-
cultés, mais ne sc rapportent (IU'à des sculptures.
Nu 16. - Enfin la l)l't~senced'inscriptions relalivement modernes
sur les piédruits de ln tOlU" tic Po Homé confirme la tradition (lui
fait de cc mOlHlIllent le mausolée de cc roi dOIlLla ChroniqucHoyale
donne les dates de règne (11327-1 üii 1) (3) .
Les renseignements ainsi obtenus permettent de constituer le
tableau suiyanl qui nous servira de hase.
(1) Cf. }'l''OT, lJ.E./" .E.-O., III , p. 641. (3) Cf. E.-M. DUlIA"n, B.E.F.E.-O., V ,
(2) Cf. Marco Polo, PAUTllIEII, II, ill-4. p. 3i8. Ces (lates Ile sont, d'ailleurs, rien
l'ari,;, F. Didot, ·1865, pp. 55ti et 555. . moins Illle certain('s.
ET REPBRES CURONOLOGIQUES 17
(1) Nous ajoutolls à cette liste la date tics constructions dans cette province
du transfert de la capitale au Dinh Dinh, (MAsPI\no, Royaume dll Cha mpa, 19 H .
c1ate qui fixe sans doute le déh ut cie l'ère p . i7).
"~,"A\(. - Il.
:l
18 GRANDES DIVISIONS
(1) Type lIoà Lai , pl. XVI à XVI1I. (4) Type Po IOauù Garai, pl. XIII ..
\2) Type Mî SCYllA" pl. LXXl ctLXXII. (5) Type PÔ Nagar de Nha Trang
(3) Type Tour d'ul'gent, pl. XXXV. tour S., pl. XXiV.
20 GRANDES DIVISIONS
Ml p,;m,'", \ 1
1
Art mixte :
XC
1
Art seoondairc :
, 1
Art classiquc :
1
Art pyramidal :
Xe-XIVe .
1
1
Art dérivé :
1
CHAPITRE II
Nous allons reprendre ici, en suivant le plan adopté pour les no-
tices et le chapitre Il du tome l, le détail de tous les éléments qui
constituent un monument cam, en appliquant l'ordre chronologique
esquissé dans le chapitre précédent: nous pourrons ainsi suivre la
filiation des diverses parties; mais nous n'en étudierons l'origine que
plus tarù, nous contentant ici de prendre comme point (le départ les
formes· présen tées par les premiers édifices de l'art primaire.
Nous n'avons que peu de chose il signaler su r le nom môme du
sanctuaire, et cela se conçoit, un temple n'étant guère connu aujour-
J'hui que par l'appellation du village annamite sur les terrains duquel
se trouvent ses ruines ; mais pour les habitants mêmes, l'édifice est
la Tour ou peut-être plus exactement, le Monum ent ou le Tomheau,
Thap. Parfois quelque surnom tiré de sa silhouette le caractérise :
L'A H C Ir IT E C T U H E
nous avons ainsi TJuip Gay (1),~ la tour hrisée; Thap IMi (2), Tarn
Thap (3), les deux, les trois tours :~C0 Thap (4), la vieille tour; o.u encore
Banh Il (5), qui est un gùteau pyramidal, Canh Tiôn (6), une patate
hérissée de tuhercules; les ka/an sont désignés aussi par les Anna-
mi tes sous le nom de tour cambodgienne, Thap Môn (7), Thôc Lôc (8).
Quand le nom se rapporte aux divinit(\s que le sanctuaire abritait,
celles-ci sont invariablement nommées Buddha ou Déesse, Phi,lt ou
Bà (9). ct le nom spécial par lequel les vainqueurs d,Ssignent les Cams.
Lôi, est souvent ajouté alors pour distinguer l'édifice des pagodes
annamites: Chùa Ph~t Loi (10), Bit Lôi (11). Parfois, seule l'iMe de di-
•
vinité est exprimée, mais elle prend une valeur particulière, souligne
Ult souvenir èam, Ilu fait que le mot annamite n'est que la transçrip-
tion exacte d'un vieux mot èarn qu'on retrouve encore chez les sau-
vages. l.je premier terme dans les TlOms Yait Proù (12), YaÏ! Mum (13), a
la môme prononciation que le second dans Côn Dimg (14), tùm Dimg(15),
et indique sans doute le sens qu'il faut attribuer ~l cc terme qui, en
annamite, n'en présente aucun. Les citadelles sontplussouvent carac-
térisées par leur ancienneté, C,)Lfty(iG), « yi eux rempart», oule nom de
leurs constructeurs, soit sous sa forme normale, Th~mh Lôi (17), soit sous
sa forme péjorative, les barbares, Th~mh Hô (18). Nous ne connais-
sons qu'un nom propre de monument, ct il est annamite, Ducmg
Long (19), qui peut-être veut dire « dragon céleste, supérieur».
Aucun des noms èams du Sud n'a de valeur réelle; abusés par des
légendes locales, les Cams considèrent les édifices comme des bàti-
ments funéraires ct leur donnent les noms de leurs derniers ou de
(1) Cf. I.e., l, p. 214. (Il) Cf. I.e., l, p. 516.
(f) Id.,p. H6. (12) Id., p. 557.
(3) Id.,p. 157. (13) Id., p. 559.
(4) Id.,p. 157.
(14) L'éminence des génies, id., p. 530.
(S) Id.,p.157.
(1.5)Le hois des génies, id., p. 526. Cf.
(6) Id.,p. 204.
L. CAIJlÈIIE, B.E.F.E.-O., V, p. 194.
(7) Id.,p. 72.
(16) Cf. I.e., l, p. 235.
(8) Id.,p. 214.
(17) Id., pp. 2~2, 548.
. (9) Thâp Bà Màu Thiên: tours de la
(18) Id., p. 137.
Dame de grande vertu, id., p. 157. (19) Id., p. i85.
(10) Id., pp. 526, 53!.
DISPOSITIONS D'UN TEMPLE" CAM 25
leurs plus fabuleux rois (1). Enfin les.. inscriptions ne révèlent aucune
appellation de temple, ct la chose n'a rien d'extraordinaire puisque
le fondateur ne mentionne jamais que la divinité; les r(~parations
mümcs ne sont pas autrement indiquées, et les rois sc vantent seule-
ment d'avoil' relevé les « liliga (2)dll NOl'd ct dn Sud (3) ».
Les Camssemblent avoir recherché avec grand soin toutes les
. occasions (r(~lever leurs temples sur des mamelons au-dessus des
campagnes cnvir~nnantcs. Pourtant, près des deux tiers sont cons-
truits on plaine. L'explication dn fait est aisée: elle git dans la
difficulté de trouver réunies toutes les conditions nl~cessaircs. Il
fallait que le mamelon fùt de petite hauteur: un seul monument,
l..in11 Thai, s'élève sur une colline yéritahle, de près de 150 mètl'I!s,
je crois; les autres ont leur assise inférieure à :30, f)Q mèh'es
au-dessus de ]a plaine. Il fallait aussi qu'il fùt d'un accès facile,
dùt-il ne pas t'ltre normal: c'est le cas pour Po JOauù Garai, où
la tour d'entrée n'est précédée d'aucun emmarchemeilt et dont
l'arrivée dnt être nécessairemerit au N.; de Po Borné, qui paraît
hi en a voir possédé un escalier fort raide il l'E., mais (lui semble
desservi au S. par une pente naturelle. Il fallait que l'assiette supé-
l'leme offrît une surrace suffisante, hien qu'il l'occasion, si l'emplace-
ment était par ailleurs parfait ct les matériaux de rcmhlai h peu de
distance, les Cams. n'aient pas hésité il augmenter l'assiette supé-
rieure artificiellement: e'est cc qu'ils firent il Pô l'agar de Nha
Trang avec les madrépores de la lagune voisine. :\litis il Po Klauù
Garai, de denx collines presque contiguës ils préférèrent la plus hasse
il l'autre, encomhrée de rocs énormes. Cc dernier exemple montre
que les èams n'attachaient pas Hne grande importance au filit que le
temple pùt ütre dominé; parfois l'édifice s'élève au flanc d'une col-·
line, sur une terrasse ou un échelon natllrel (4). 1\Ii SÛ'n Ai est non
(1) PôRomë , I.e., l, p.61; PÔ J{]auùGa- fran~ais comme « Toul' d'or », simples
rai, id., p. 81. fantaisies absolument inconnues <les in-
(2) Inse. 86 (Mi So-n XXV). Cf. B~E.F. digènes.
E-')., IV, p, 976. (4) So-n Trièu, PÔ Dam.
(3) Nous négligeons les quelques noms
26 L'ARCHITECTURE
(1) Pho IIùi, l'ô nomë. (t) Les textes chinois indiquent cc
(2) An Kién. dernierrôle. cr. pt:LLIOT,n.E.F.E.-O. , IV, .
(3) Pô Nagar de Nha Trang, Tonrs d'ar- pp. 208 et 412.
gent. (5) Phông Lç, Bi~i IIjlu, Tours d'argent.
DISPOSITIONS D'UN TEMPLE CAl\I 27
(1) Mi SO"n DI pour Dt primitif ; E, pOUl' au èampa ell (Ieux salles, qui, dans UII
Et ; Pô Nagat· (le Nha Trang, lIoà Lai, logis de roi gardé par ses femmes était
Hong DuO"ng. si naturelle, ni la présence de décor s spé-
\2) Mi SO"n G, Cballh Le), Dl1O"ng Long. ciaux (roi massé par deux reines, Hong
(3) Mi SO"n II, 1'0 IOauÎl Gurai. Dl1O"ng 1; bas-relief inlél'icUl' à ras de
\~) Prùsà t Khnà, édifice (le l'angle terre, Mi SO'Il A13 ; tympans aux lions
S.-E. de la cour. Cf. CœDl~;s, /J.E.F.I!.'.- qui semblent d'uu carac tère plus civil
O., XI, p . 405. qn c l'eligieux, ;\12-13; lit <le massage (?)
(5) La découycrte de cettn ill ~crjpli oll dans l'édifice dépendant 116' à Mi Sail
si eUl·ieuse Ile lève el'IWndant IJas tOIiS ('ucore, clc.). Aussi, et d'ailleurs égale-
les doutes, IIU moins pour les édifices m ent pour ne pas chan gcr de (lénomina-
('ams. L'usage indiqué par cc nom n'ex- tion au cours d'un même ouvragc, gar-
plique pas leur division presqueconstan le derons-nous ici le nom d 'édifice Sud.
DISPOSITIONS D 'UN TE~lPLE CAM 31
monuments (1) COlllllle parmi les .derniers (~), ct leur l'ole n'est pas
douteux, car à Mi SO'n l'une d'elles, G5 , et encore une autre, D3' plus
ruinée, contenaient, renversées, les stèles qu'elles avaient abritées. La
position de la tour centrale de fMng Duo'ng sur l'axe même rend à
nos yeux européens celte attrihution étrange, puisque la stèle vient
ainsi couper l'axe général: cette disposition n'est pas plus bizarre
que la présence constante du mur-écran dans les pagodes et les
maisons lL la mode chinoise.
L'ensemble du temple ne fut développé que dans un cas unique,
uu grand monument houddhique de Bông DuO'ng, par la multiplica-
tion des enceintes, des porteries et des salles; mais le plus souvent,
le plan ne s'augmenta que par l'addition successive de nouveaux
sanctuaires (3) ou la reconstruction en briques des annexes rui-
nées (4) • .
Le sanctuaire principal n'est cepeIH]ant pas toujours simple: c'est
là une disposition curieuse, commune aux pays d'Extrême-Orient où
l'art hindou fnt transporté, ct qui ne paraît cependant pas appartenir
il co del'ltier. Java, le Cambodge et le Campa présentent souvent
dans le môme temple un groupe de sanctuaires presque identiques
ct disposés snimnt un plan régulier. A Java (5), au Cambodge (6) ce
plan est parfois en quinconce; au Campa, et bien plus souvent encore
au pays hhmèr, trois sanctuaires s'alignent sur un même axeN.-S. En
cette dernière .contrée, la composition triple ne parait pas le résultat
d'une conception primitive, mais le fait d'adjonctions successives. Ce-
pendant l'existence, à l'apogée de l'art khmèr, de groupes importants
d'une seule yenue, comme Loley ct Bakô, atteste la possibilité, à
cette époCJue au moins, dos groupes ternaires plus simples. Ce n'est
au Campa que dans l'art secondaire llue nons voyons des trinités do
(1) ~Ii SÛ'1l D4' Bon~ Dtrrl'llg tour hiilll'VU, lllilÎl~u dUl"O ; rééllilïcalion (I(lla
S.-S.-O ., tonf central(l. lour S. pour Çiva encore, 1145 ; sunc-
(2) Toul'S !l'argent, l\lï SÛ'1l G~ et D3' tlluil'l~ lie Miilçliùgeçvul'l, 1256.
(3) Ex . : PÙ î\'ugUI' tle Nha Tl'ung.: sallc- (il Mi Sali AS_9 l'l '\11_1 3'
luaire pl'Ïmitif Ile Çiva, ï8·1 ; tic Bhaga\'ll- \:,) 1'l'amltalltlU, pat' exelllllle.
li, 817; de Gm:tl'~'a ct Skundu,813 j cie 1\[a- (6) Loley; pat' exemple.
32 L'A R CHI TEe T URE
~
kalan construi tcs d'un j ct. ExaminYons succcssi ,'cment chacun dc ccs
groupcs (1).
(lu sanctuaire le plus aucien; hien que ces trois kalan ne paraissent
pas de date très éloignée, le dernier constl'llit Ile présente plus les
'luel'illes sages précautions encore en usage daIis les deux précé-
dents pour le soulagement des linteaux continus, ct son état de ruine
pllls amllcé indique une constnlCtion bien inférieul'e.
Celle inteutioll de symétrie est du plus haut intérèt, car elle date
l'épullllC où l'on s'iwisa, au Campa au moins, de ren'et heuréux de
ecs trinités accidentelles de IlUtal!. IIung Tlu,tuh, incomplet aujour-
d'hui , nous IllOllt1'O un gl'oupe triple conçu d'un seul jet: il n'existe
pas dedilr.~rellces d'al'l enh'c les motifs des deux tours encore debout
et les débris de la troisième.
Plus gl'ande est la silllilitLule entre les lt'~is tours de "àn Tllang,
exact~ment écartées et aliglu)es. Fussent-elles 1t moitié d'origine
étrangèl'e, ces tours n'en montrent pas moins 'lue ce parti multiple '
du sanctuaire élait désormais connu au Campa: il semble qu'on en
retl'Ouve une tI'ace fort nette dans la composition ternaire des ba-
mlIIi du llinh Thu~n.
Dans ce petit nomhl'e de cas seulement nous voyons les sanc>-
tuaires lIou"eaux s'aligner a\'ec le ka/an principal: le plus souvent
les temples accessoires vinrent se groupel' un peu au petit bonheur
Ilans l'ellceinte du stlnetuaire originel, utilisant sans doute les moin-
dres places qu'y laissait l'entassement des constl'llctions légères
uujoUl'd'hui disparues. Ainsi s'explique l'édification de CG à Mi San
.\S~All .. - u.
34 L'ABClIl TECTU 1l~
tions antérieures (1). Les autres tours munies d'un vestibule traité
en édifice long n'avaient pas les mèmes chances de ruine ct, pour
la plupart; ont leur entrée dans l'état de la tour (2). Deux !.-alan seuls
sont franchement du type réduit, la tour de Thu Thiên ct celle de
YaÎl Mum.
Le kalan de type complet est rarement conçu de telle sorte que
son plan réponde exadement il celui qu'indiquent ses façades: deux
salles carrées qui se suivent, d'importance différente, et correspon-
dant. la l'lus gmnde au l((llalt proprement dit, la plus petite au !ralan
en réduction que forme le vestibule. Un éditice comme Cl à Mi S<Yn
est parfaitement traité à ce point de vue. Mais, parmi les kalan, il
n' existe que la tour S. de IOm<Yng My qui soit rigoureusement com-
posée snr ce parti si franc: dans celle-ci, comme on peut le voir sur
la planche LVI, la petite salle qui forme entrée est axée sur les faus-
ses portes du vestibule; partout ailleurs la première salle intérieure
n'a pas ses parois concentriques à l'extérieur et à l'intérieur. La tour
principale de Pô Nagar, une des mieux tracées cependant, présente
en cc point dans une enveloppe carrée une salle rectangulaire. A la
tour centrale de Klnwng My, le parti de la tour S. n'est déjtt plus res-
pecté, et, s'il cxis te une première salle, son axe transversal ne concorde
pas avec l'axe des façades latérales. C'est encore le système que nous
retl'OllYOTlS en Mi S<YTl E4' copie de Ai' mieux comprise en cela que l'ori-
ginal, ear rien n'est plus illogique en plan que Ai' A1O' les to~rs de lIoà
Lai, où de véritables petits kalan écrasent d'étroits couloirs. A ce
point de vue le type réduit est bien plus natu:r:el, soit que la porte
n'ait guère plus de saillie qu'une fausse porte, soit mème que le couloir
intérieur vienne se traduire it l'extérieur par un bâtiment allongé.
De ces observations résulte cette constatation intéressante que, si
la salle antérieure ne se rencontre qu'une fois dans l'art primaire et
(1) Tours de cuivre, d'or, Chiên Bàng, Trang, tour centrale D\mng Long, Po
Ihrng Thl.mh. KlauÏl Garai, YaÏl ProÏl où le vestibule
(t) ·1{n/nn principal des Tours d'argent, se perce de fenêtres comme un porche de
B, à Mt SÜ'n, tour S. de PÔ Nagar à Nha portes.
38 L'AHCHI'1'ECTUItE
dans des dimensions telles quon n'y peut voir qu'un lieu de passage,
et si, dans là presque totalité des cas, elle cède la place à un simple
couloir, c'est qu'au début de l'art que nous étudions elle n'était déjà
plus qu'une simple survivance, alors que' dans 'l'Inde elle s'est main-
tenue jusqu'à nos jours.
Cependànt ce parti donnait lieu ù. l1n imposant motif de façade:
il dut sans doute lt sa valeur décorative de se conserver jusqu'au
moment où la ttansformation du vestibule en porche llli rendit une
raison d'être.
Terminons l'indication des données générales concernant le
!talan en signalant les quelques formes octogonales qui paraissent au
cours de la seconde période et qni n'eussent guère été possibles
avant la création Ilu type pyramidal (Bâng An, Chành LQ).
Le plus beau type de portei'ie voûtée nous est roumi il trois exem-
plaires - un (luatl'ième n'a pas encore été dégagé - par le grand
temple houddhique de Dông Duang. Nous avons déjà indiqué (1) que,
si leurs caractéristiques les montrent d'époques . différentes, c'est
qu'elles ont dù seulement remplacer les porteries en matériaux
légers que comportait le plan primitif et ses enceintes multiples. Le
troisième porche dut être exécuté ainsi il uue liasse époque, tant la
constl'llction ct les matériaux y sont défectueux. Le porche II seul
pal'ait faire partie du plan initial. Quant à la porterie l, elle doit dater
d'un des premiers re-
manieinents, sans doüte
dans la période de l'art
mixte. Bien que le por-
che 1 et surtout le porche
III montrent dans l'exé-
cution des parties bas-
ses, l'un de légères fau-
tes, l'autre de grossières
erreurs, les masses gé-
némles sont trop pa-
reilles pour que le parti
d'ensemble n'ait pas été
unique. Nous l'étudie-
rons sur le meilleur
exemple (fig. 3 et 4).
liig. 3. - IMng Duo'ng JI.
Porche: schéma du plan. Echelle: 0 m. on llar m ètre n. L'entrée est triple (2),
mais la porte centrale
donne seule réellement passage; les deux autres ri'ouvrent que des
logettes, qui enferment d'admirables avârapâla. L'épaisseur bien plus
forte des murs indique partout au centre la présence d'une tour
niyCau dans les diverses padies d'un plan èam, des rampcs ou des
escaliers sont SOllYent nécessai~cs. 11 n'cIl l'cstcpl'esque rien. A Pô
Nagal' Ile Nha Trang, l'escalier, aux marches très hautes, suit une
car il n'en est rien resté. Un';petit abri qui sert de porche à Po Romê
peut la rappeler, et un souvenir s'en retrouve sans doute dans le bras
vertical du plan en T des bamun du Binlt Thu;.in.
est abritée sous une tOlll' carrée, pcr'cée de quatre haies sans yan taux,
de plain-pied ou llIuuie de perrOIls. A Mi SO'Il D., la plus ancienne
construction de ce type, une seule des quatre haies est précédée d'un
escalier. A Dông DuO'ng, au contrail'e, Hn'est qu'une seule ouverture
dépourvue de penon, celle du N., S~lIS (lU' on voie duiremeut la rai-
SOIl de cette hizarre disposition. Dong DuO'ng, Cil son enceinte 1, pos-
sède encore deux tours semblables: l'une, à l'US de telTC et (lU' on fut
obligé de murer postérieurement, la tOut' S.-S.-O., abrita peut-être la
stèle dédicatoire (stèle 1 de Dong DuO'ug); l'autre s'élève devant la
tour N., comllle la tO.U1' ceutrale dèvant la tour principale. Les Tours
d'argent nous Cil montront encore un bon exemple, lu tour S., dont les
pcrroIls uc sont plus reconnaissables. A Mi SO'n, Gs ne fut pas cou-
vert d'une voûte, et Da eside la dernière décadence.
(1) Nous laissons de côté dans cet geur ulteiIit presque H mètrl's ct leur
eXam('ll gt;nél'al les énormes tOUl'S DmJllg hauteur approche de 40, quand les pIns
Long, il Vùn TuO"ng, qni diffèrent autant hautes tours vraimcnt ('alUes n'url'ivcnt
par la Illusse q ne par la composition des pas à 30 mètres.
vraies tours bllnes; leur plus grande lal'-
DISPOSITIONS D'UN TEMPLE
.
CA~1 49
tion cUl'ir.use de l'art cuuitiue; mais une réserve est il faire: les
ohservations précédentes ont mis en opposition le sanctuaire prin-
cipal ct les sanctuaires annexes, en y mal'quant une dilfé,rence de
masse. En réalité, les !.-a/an se divisent en deux groupes hi en tran-
chés, gl'Unds ct petits, avec une série mal dMinic d'intermédiaires;
mais il s'en faudrait de heaucoup que tous les
grands soient principaux, tous les petits, an-
nexes, En plan, 24 des é(lifices représentent le
, grand !.-a{an : 7 y oscillent autour de 10 mètres,
17 autour de 8 m. 30, avec comme minimum les
7 m. 50 de la tonl' principale de itông DuO'ng
cl comme maxilllum les tOm. 45 du grand lia-
lan des Tours d·,u'gent. De 7 Ill. ,2 0à 4 m. 90 ,
9 édifices s'écheloJlllellt, ut nous l'etl'O\1VOllS un
nouyeall groupe d'lIlle quinzaine, constituant
celui des petits sanctuaires; 9 oscillent antolll' Fig. 7. - I{hunh ThQ .
de 4 m. Hi; 8 alltour de :! Hl. 40, le plus Bong. Slupa aux cô-
. tés du Dmldha.
grand et le plus petit étant ~t Mi San, Bi avec Demi-grandeur.
(l) Moyenne exacle des moyennes des (livel's arts, primitif, classique el dérivé,
2,0!i1.
.\S.,AM. -- II.
L'ARCHITECTURE
la hauteur moyenne dans l'~rt primitif n'est que 1,94; elle croit avec
l'art classique et l'art dérivé pOUl' atteindre respectivement 2,04
et 2,08; mais tel édifice particulièrement élancé de l'art primitif dé-
passe déjà les dernières moyennes (B3 : 2,20), n'étant pas loin des maxi-
mums derniers (Tour d'or: 2,37; N1Wn Tluip, 2,30). L'art cubique
s'oppose nettement avec une proportion qui n'atteint pas 1,5 (1), et
Jans sa fusion avec l'art primitif, l'arl mixte dépasse il peine cette
valeur: 1,65. A quoi tiennent ces ditrérences si grandes dans les pro-
portions verticales, au corps même ou à la combinaison des étages?
Examinons tout d'abord les proportions du corps même; eUes ne
sont dans les arts opposés nullement uniformes et dans les extrêmes
l'écart va jusqu'à renverser la proportion: l'art cubique y montre le
minimum avec 0,65 en Mi SaIl C7, tandis que l'art classique donne
1,32 à la tour N. de Chiên :ltàng, et l'art pyramidal 1,57 à la tour S.
de Rung Th<.tn. L'art primitif présente pour les hauteurs du corps
. des proportions qui sont très voisines de la moyenne générale dans
l'art èam: 1,18 par rapport à 1,08; l'art cubique reste très au-des-
sous: 0,87 ; l'art mixte, comme on doit s'y attendre, sc l'approche de
la moyenne: 0,93. Toute la seconde période reste dans les données de
l'art primitif avec une tendance marquée vers plus de hauteur, ten-
dance qui s'accentue encore dans l'art pyramidal pour fléchir seule-
ment il la fin de l'art dér~vé L'importance de-l'espace entre les cours
de moulures haut et bas suit assez régulièrement ces variations pour
ne se réduire d'une façon sènsible qu'à la fin de l'art dérivé, par suite
de l'exagération d'importance donnée à ces cours de moulures.
Les rapports des étages avec le corps sont, à peu de chose près,
les mêmes dans l'art cubique et l'art primitif, au moins pour le pre-
mier étage; c'est, dans les deux cas, environ le 1/3; l'art cubique ·
regagne cependant un peu de hauteur par le fait que les étages s'y
réduisent beaucoup moins vite, et furent peut-être d'une unité plus
nombreux. Par contre, les arts de la seconde période s'étirent en
(i) Il existe cependant au moins une (2) Ml SO'H Bi' lour principalc de Po
cella en longueur, cell e de Mi SO'n Ci' mauÎl Garai.
mais lc bâtiment quila r enfermc est traité (3) Ml SO'n Alo, par exemple.
en édifice long, non cn lw/ail à étage.
L'INTf;RIEUR DU SANCTUAIRE 53
(1) Yail Mum , IhrngTh1.lnlt, par exemple. (1) Briques trouvées dans le dallage de
(2) Cf. plus loin l'étude (lu piédestal. la galerie Bu à Mi Srrn.
(3) Dong DuO'ng tour principale, ~Ii (5) Pl. LVI ct LVII.
SO'n Al> nt.
L'AHCIIITECTURE
(1)Cf. 1.C., 1, p. 249, fig. 47. chacun de ces piliers était double.
(2)Une seule porte, à la tour principale (3) Entré au musée de l'École sous le
de Bong DuO'ng, présente des piédroits . nO S. 26, fig. 44.
aussi allongés j mais cet édifice semble, (4) Pl. CL-B, F.
d'après les proportions de ses bases, (5) N°'1î4, 48 et 98 j cf. I.C., l, pp. 327
avoir été étiré en hauteur, et d'ailleurs el 325.
L'INTÉHIEUR DU SANCTUAIHF: 55
(1) Hoà Lai, Pô Dam. Art mixte: Dong longue et dispendieuse d'échafaudages,
DuO'ng tour pl'incipale. nous avons dû nous contenter de cotes
(2) Mi SÜ'n A'., Cl où ellcs sont sans obtenues par le calcul du nombre des
profondeur. rangs de briques et de leurs moyennes,
(3) Tour d'entrée aux Tours d'argent,à prises dans les parties lJasses ; or, il n'est
Pô Klaun Garai; simple mouvement de la pas absolument sûr qu'elles aient tou-
paroi aux tours DuÜ'ng Long. jours le même calibre, et quand il en
(4) Chapitre IX. serait ainsi, la lecture de joints de bri-
(5) L'étude des formes de la voûte est la ques, même à la lorgnette, est sujette à
partie de notre travail qui présente le caution qUI\IlfI elle se fait à (les distances
moins de garanties, car l'examen dcs de 30 mètres comme aux tours DUÜ'llg
assises supérieures, perdues dans une Lon~.
obscurité presque complète, fut toujours (6)Par exception, le vestibule du {fa-
. très délicat; les mensurations directes lallprincipal des Tours d'argent est voûté
étant impossibles sans la construction suiyant ce système.
56 L'ARCHITECTURE
Coupe .sur
l'AxeA-B
A liryieatP:. ,lés
Ec~e.lle chljta!,J
A------
Fig. 8. - Mi SO'n C2 •
La voûte.
L'INTj.~RIEUR DU SANCTUAIRE 59
(1) Tour de cuivre, tour S. de Pô Nagar pied de l'applique S. de la' face O. au Ille
de Nha Trang, pl. LI et XXIII. étage; à B1' dans le fronton des fausses ni-
(2) Mi SO'n Cl' pl. LXXXII. ches du Ile; à la même place en Al l et en
(3) Tous nos relevés étaient faits A13 ; il semble en exister un à la base des
depuis longtemps et bon nombre de nos pignons en B6' Ceux de la grandetourdePô
planches dessinées quand nous eûmes la NagardeNha Trangsontau centrecles fron-
bonne fortune de découvrir ce curieux tons antérieurs des fausses niches aulne
système. Nous avons pu reconnaitre les étage (pl. XXI), à Hoà Lai au même point,
mêmes modes d'aération en place à Hoà mais au 1er • Enfin il ya nue trémie étroite
Lai et à PÔ Klaml. Garai, sur photographies sur le vestibule de l\li SO'n A11' et sans
en divers édifices de Ml SO'11. On distingue doute elle correspondait au même système.
un orifice d'aération à Ml SO'n Al dans le (') Cf. B.E.F.E.-O., VI, p. 296.
60 L'ARCHITECTURE
furent parfois utilisés ensemble (i). Nous donnerons avec les acces-
soires du culte les quelqucs renscignements que nous possédons à ce
sujet; il n'est lieu ici d'étudicr ces deux moyens de pl'Otection que
dans leurs rapports avec l'édificc mème. Les dais paraissent avoir
porté directement sur le sol, et C7 de .Mi San montre, encastrées dans
son dallage aux quatre coins du piédestal, les pierres qui devaient
porter les colonncs de l'abri . .H3 • dans le même lieu, n'en montre
qu'une et serrée dans un angle de la tour, sans qu'on puisse savoir
exactement si les trois autres angles étaient arrangés de même: le
dais eùt, dans ce cas, tcnu prcsque toute la largcur de la cella, dis-
position qui n'a ricn d'impossible si l'on remarque que dans cette di-
mension extrême il est encorc plus petit que les dais de Ai ou de AiQ'
Quant au velum, sa présence n'est indiquée que par lcs picrrcs
de suspension (2) ou les crampons (3) métalliques qui servaicnt à le
tendre. Les premières sont de IJctites dalles plates, fichécs dans le
mur et pcrcées d'un trou pour le passage d'une corde; clles sont
horizontales d'ordinaire, parfois vcrticales (4) (pl. CXXVlI-ll).
Les niches à luminaire ont, comme la voilte et dans le même temps,
un caractère ncttement utilitairc, et prenncnt avec ellc, dans la période
secondaire, une certaine valeur décorativc. Lc rôle que nous leur
attribuons cst, comme celui assigné aux pierrcs dc suspension, hypo-
thétique: il est confirmé par l'habitude actuelle des Cams de mettre
un lumignon dans chaque niche au cours de leurs dernières céré-
momes.
Les tout petits sanctuaires(5) cn sont dépourvus, quoiqu'ils possè-
dent il l'occasion une cheminée d'aération (6). Nous n'en voyons pas
davantage dans les sanctuaires intermédiaires (7), bien que parfois ils
en aient une seule (8). Par couh'e clles semblent n'avoir jamais
manqué dans les grandef; cellas (1), mais elles y ont mainte fois
disparu dans l'afTouillemen~ général des parois, tenté par les cher-
cheurs de trésors. Leur nombre classique est de trois; il n'est pa~
rare qu'un désir plus grand d'éclairage it) ou des dispositions spé-
ciales de plan (3) amènent leur multiplication. Placées sur les axes
quand ils sont libres, elles se dé.saxent parfois dans la seconde
période, salls que la raison en apparaisse clairement(4).
Leur forme, très simple à l'origine, est une cavité rectangulaire
couverte par un dièdre de minces assises encorbellées (pl. CXVI-D).
Elles montrent un aspect plus riche (5) dans l'art secondaire (m.
pl.-E), mais prennent parfois alors la simple valeur d'un pur dé-
cor (6). Elles furent toujours prévues dans la construction, et nous
ne les rencontrons qu'une fois taillées après coup (7).
Parfois sur les axes elles reçoivent des dimensions telles (8) qu'on
se demande s'il n'y a pas eu confusion entre la nidw à luminaire et
les grandes niches partant de fond, indiquées plus haut. Une autre
niche est l'estée un mystère pour nous; on ne la rencontre que dans
de rares exemples de la première période (9) ou dans leur copie de la
seconde (10), alors décorée. C'est une retraite peu profonde, un peu
moins haute que large, réservée à ras du sol dans l'écoinçon S. de
la paroi O. du sanctuaire (m. pl.-F).
En tant que (;Culre architectural du ka/an, l'idole ne donne lieu à
aucune observation intéressante; les temples qui ont conservé leur
divinité eIl place sont d'ailleurs bien rares (11) ; par contre le nombre
des idoles et des piédestaux retrouvés est assez grand pour permettre
sans difficulté de recomposer leur ensemble: nous lui consacrerons
plus loin un chapitre spécial pour ne pas interrompre ici l'étude des
dispositions générales du sanctuaire.
Les dernières ne nous retiendront guère: elles se rapportent uni-
quement aux communications de la cella avec l'extérieur. A l'excep-
tion unique de Mi San Ai' le sanctuaire n'est jamais ouvert que sur
une face, par un passage étroit opposé il la divinité. Parfois ce cou-
loir trave~se l'épaisseur des maçonneries de la tour et du motif
d'entrée, quel qu'il soit, sans modification; mais toujours, en un
point de sa longueur, qui, le plus souvent, est en avant de l'aplomb
extérieur du kalan, se trouve un encadrement robuste de pierre, sus-
ceptible d'ètre fermé. Dans l'art cubique, cette porte se trouve près
de l'entrée (1); il n'est pas de porche, ou, s'il en existe un, il est minus-
cule; tout le couloir devient ainsi une annexe du sanctuaire. Dans
les autres formes d'art, le couloir s'élargit fréquemment en avant de
la porte pour constituer parfois une petite salle (i), rarement, et dans
. l'art primitif seul, un véritable vestibule (3), souvent peut-ètre, dans
l'art secondaire, un porche il plusieurs entrées (4).
Entre la porte et la cella, le couloir est toujours fort simple:
parfois il l'entrée dans le sanctuaire, il a les angles abaUus (<i); rare-
ment il montre un décor, soit de simples pilastres (6), soit de colon-
nes (7) ; il peut, comme nous l'avons vu plus haut, recevoir un pla-
fond. En avant de la pode, il est, suivant son importance, couvert
par une voùte en berceau ou par une pyramide.
Son décor ne consiste guère que dans le motif du tympan de la
porte (8), motif qui ne foumit qu'une fois l'occasion d'une composi_
(1) Mi SO'Il A't, FI' Hoà Lai, l'ô i'iagar (4) Mi San GI> Bang AIl; Yaù l'roù
de ~ha Trang tour O., l'ii Dam. fenêtres seulement.
(2) l\hllO'ng My tour centrale, l'à l'iagar (:i) l\Ii SaIl A' 10 etc.
tuurs principale et S., Tours d'argent (") Chièn :l:tàllg tOUl' S.
I.alall principal, Pli Klauit Garai, l'li (') MI ::lan Ai' entrée O.; C2 •
Rume. (8) l'ô i'iagar de i'iha Trang tours S. et
(3) KhllO'ng My tour ::l., ~Ii ::lan Ci' pl'ineipale; Tours d'argent ka/ail principal.
64 L'AnCHITECTURE
tion importante (1); elle est dp l'art primitif. Dans l'art secondaire, un
certain efl'et esttiré de l'asp~ct même de la voûte (2), qui souvent ne
présente plus un simple encorbellement avec suite d'arêtes brutales,
mais offre des surfaces lisses soigneusement parementées sui~ant
une courbe particulière; on le voit en outre muni de niches à lumi-
naire (3), dont le l'ole ne peut être que décoratif, puis(IUe ce couloir
est en communication directe avec l'extérieur; elles aU'ectent alors une
forme spéciale et qui accuse nettement leur rôle ornemental. Couloir,
porche ou vestibule s'ouvrent directement sur l'extérieur par Ull\)
baie encadrée de piédroits qu'unit un linteau. Sa composition est
traitée pour le dehors; aussi l'étudierons-nous dans l'examen des
façades extérieures.
La clôture du sanctuaire sc fait pal' la porte qui interrompt le
couloir ou sl!pare celui-ci du vestibule. Sa forme est immuable:
c'est un cadre énorme de pierre; la traverse supérieure constitue le
linteau et supporte la murette qui clôt la voùte; la tt'ayerse infé-
rieure repose sur le sol ct forme un seuil relevé; des deux côtés ulle
petite marche de pierre (4) permet souvent d'en gravir la forte saillie.
Seuil et linteau débordent largement les piédroits ct portent ulle
large feuillure percée de crapaudines énormes, où d'ordinaire (5) les
vantaux furent encastrés au cours du montage.
Cet encadrement de porte est toujours en pierre dans la première
période. Dans l'art classique, nous voyons parfois les montants exé-
cutés en briques (6). Le cadre tout entier peut même être constitué de
bois assemblés (7)~ ct c'est de cette sorte (!uesonl exécut<les toutes les
ouvertures, sans distinction, du monument de Po Klaun Garai, à la
réservé du sanctuaire principal.
En avant parfois, et souvent en arrière, un nouveau linteau vienl
compléter l'ensemble, étrésillon d'ailleurs plutôt qu'arrière-linteau,
(1) KhuÜ'ug My tour S. (5) DuÜ'ng Long, lIung Th~nh.
(2) Chièn Dàllg, DUÜ'lIg Long. (6) Tours d'al'gent /calan principal.
(3) Mi So-n E•. (7) Tours !l'argent étiHice S., tour
(') 1\It SO'n Al, l'ô Nagar Ile Nha Trallg tl'entrée.
tour principal!).
L'INTÉHIEUR DU SANCTUAIHE (Hi
de Mî San A ct H, enfin les petits Çiva des templions (le Dông Duang,
ces derniers tl'Ouyés en place, en sont dépourvus. Peut-ètre ces pe-
tites statues ne sont-elles que lGs images d'autres dieux venant envers
le dieu principal ajouter leur tribut d'adoration il celui des fidèles;
peut-être plus simplement la raison de cette suppression est-elle dans
l'exiguïté de leurs cellules où le prèb'e n'mH pu entrer debout: on
sc contentait sans doute alors d'un simple hommage verbal jeté de
l'extérieur.
Il est intéressant de constater que le piédestal, lorsqu'il est ainsi
réduit par la suppression de la cuve it un simple dé, est exactement
semblahle au trône sur lequel s'asseoient (ou marchent) les divinités
dans les has-reliefs, mais encore et surtout les rois et les reines dans
toutes leurs figurations. Il est vrai qu'il Dông Duang cet élément se
décore d'antéfixes qu'on ne voit jamais sur les piédestaux des idoles,
mais l'antéfixe est un motif courant dans cette forme d'art et par
suite négligeable; il semble donc bien qu'on ait attribué au dieu le
siège honorifique que sur terre on réservait aux grands person-
nages.
Le piédestal est toujours exécuté en pierre; nous n'en possédons
qu'un exemple en briques et de basse époque, dernier reste du sanc-
tuaire de Mât~lingeçvarî à Nha Trang et daté ainsi de 1256 (1). Il sem-
ble cependant qu'une matière aussi peu luxueuse ait été acceptée
aisément, au moins à l'origine, car un des sanctuaires des temples A
(1) Il est enrobé dans un massif de maire construction ni dans aucun des
ma~onnerie au c.entre des ruines d'nn édifices conservés à Nha TI'ang. Nous
bàtiment très grossier qui s'élevait dans avions' attribué faussement les pièces
rangle N.-O. du temple de PÔ Nagar à d'accent (B.E.F.E.-O., II, p. :lO) il la
Nha Trang, sur l'emplacement même du tour S. ; les travaux de c.onsolidation de
sanctuaire de l\Iiitrliùgeçvari (cf. B.E.F. cet édifice ont montré qu'il en était dé-
B.-O., II, p. 48). Ces ruines ne peuvent pourvu. Construit à une basse époque,
être celles (lu sanctuaire même, carl'exis- le sanctuaire de Miitrlirigeçvari n'a pas
tence de celui-ci dans une forme diffé- plus duré que beaucoup d'autres de cette
rente est attestée par la pr,'sence d'Un période et s'est écroulé comme déjà Bi à
grand nombre (le Ceuilles rampantes en Mi San, ct les débris de son piédestal
terre cuite et de grandes pièc.es d'aec.ent ont été dérasés jusqu'au nh'eau du dal-
analogues à celles de HI il Mî San, qui ne lage nouveau, bien supérieur à celui de
trouvent leur place ni dans cctte som- l'ancienne construction.
iO L'ARCHITECTURE
ou A' II Mi Sdn aurait reç.u un piédestal de briques; rey(~ tll , il est vrai,
d'argent, avant d'avoir son pi(~destal définitif en pierl'e (1). Il n'en
,
existe pas non plus de spécimen complet en matière plus précieuse
que cette dernière, mais il esC vraisemhlable que la richesse de la
statue devait entraîner celle du piédestal. Ainsi dans ]e trésor de
Mi San les petits li1iga d'or sont fix6s sur des cuyes il ahlutions d'ar-
gent (fig. 88). Le métal parait avoir été utilisé en applications pour
rehausser la valeur du piédestal. ' Nous en ayons un exemple dans
celui trouvé en débris dans A'p mais les plaqiles métalliques ont
naturellement disparu, et ]eur existence ne nous est connue que par
une double mention dans les inscriptions (2).
La mat.ière employée le plus souvent ' est un gt'ès blanc 011
gris, parfois une pierre dure h grain très fin , susceptible d'être
polie, et presque noire. Elle est généralement de même nature que
celle où est sculptée la divinité. Le piédestal est formlS parfois d'nn
seul morceau, surtout quand il est petit (3) ;'il peut être même mono-
lithe avec la statue, mais pour des figures assises ct minuscules (4)
d'ordinaire il est composé de pièces qui s'emholtent légèrement. La
cuve est toujours prise dans une seule dalle; le dé, parfois divisé
dans sa hauteur par des lits horizontaux, rarement dans la largeur
par des joints verticaux (5); dans des cas exceptionnels et qui indi-
quent une reprise postérieure; il présente quatre faces indépen-
dantes (6). La grande dalle de base est, en raison de ses dimensions
considérables. divisée presque régulièrement en deux pièces; il plus
forte raison se décompose-t-elle en de nombreux éléments quand
elle forme un yaste degré orné (7). Mais en ' aucun cas le piédestal
dans son ensemhle n'est constitué d'nIt l'emplissage grossier revètu
(i) Cf. lIunEII, B.E.F.E.-O., Xl, p. 261>, (3) Piédestal de l'l'à ]{j~u, à la Mission;
et plus haut p. 8, note 2, inse. H ,stèle X de Phumang, à la Résidence.
de Ml Son. (~) Divinités de Trà l\i~II , des templions
(2) Inse. 74 (voir note i); l'autre men- de Mi Son et rie Dong DIlO'ng.
tion est celle du revête~ent en ar"ent o (;)Mi Sm\ AI'
d'une rigole qui dut être celle du piédestal (G ) Mi Sm\ El' FI'
dans la tour S primitive de Nha Trang, (7) ~H · SO"n E, .'\10' '\1'
stèle de Nha Trang, 88 D.
MOBILIER DU SANCTUAIRE 7t
(1) Mi SaD El' FI' (6) Phuoc Tjnh, Yi!?l)u de Biên Hoà,
(2) ~Iî San, statues de tem)1lions; T"à i nse. 44, 45 et 1, etc.
J\içu. (7) Petite rléesse de Pli Nagar de Nha
(3) Mi San A et E, inse. 80 et 97. Trang, reine Suèih à Pô Itomë, inse. 39
(4) Mi San A et D, inse. 79 et 91. et n;
(5) Hà Lam, insc. 65.
L'A nCHITECTUHE
l'extérieur pour être bues sans doute par la terre. Nous avons con-
servé dans les inscriptions l'indication du canal nécessaire, le soma-
siitra, et dans les monuments l'orifice où il aboutissait. Cette dispo-
sition ne sc reconnaît que dans les édifices de l'art primaire ou leur
copie dans l'art secondaire (1). L'orifice d'évacuation est d'ordinaire
au milieu de la fausse porte (2), parfois il côté de celle-ci (3), au ras
tlu sol (4) ou au niyean de la cuve (5). A terre, il deyait ètre constitué
par un canal de pierre dont nous avons retrouvé quelques fragments
près de Et il 1\Ii San et dont il existe un spécimen presque complet
au musée de Phnorp Péii, avec la cuvette nécessaire il recevoir l'épa-
nouissement inévitahle du jet au point où. il tombe dans ce canal.
Relevé, il devait être mobile pour ne pas empêcher la circulation
autour du dieu et par suite la pradak~i~ta. Une des inscriptions de
Nha Trang (6) nous apprend que ces rigoles pouvaient donner lieu il
do riches motifs, car elle mentionne pour l'une d'elles un recouvre-
ment d'argent (7).
A l'extérieur de la tour, une gargouille simple (8) ou dans la forIlle
classique dù 1I1akara (9) rejetait les eaux en dehors (fig . . 10). Où al-
laient-elles ensuite? Nous n'avons rencontré qu'unefois, il Chièn B-àng
tour S., un canal extérieur; broyé sous la chute d'une énorme mé-
tope, il nous fut impossible de le suivre plus loin qu'un mètre ou
deux de la tour. A Nha Trang, des fouilles assez profondes en face de
l'o['ifice n'ont rien révélé de spécial; cette partie de la colline est, il
est vrai; en remblai, et les eaux pouvaient s'y perdre aisément dans
les interstices des madrépores.
Un autre système parait avoir été utilisé pour faire disparaître,
sans qu'ils soient pollués, les liquides qui ont touché ~ la divinité.
(t) Ml SO'n At, Fi; tour S. primitive de (5) Ml SO'Il At, Fi' etc.
Pô Nagar à Nha Trang, tOUt· pl'ineipale du (6) Inse. 38 Ù. 10 •
même groupe; Ml SO'n C7 , d'une part; (7) A moins que cette· couverture ne
- Ml SO'n Et ; t{)ur S. de Chiên :Dàn a de doive être rapportée direcLement au pié-
l'autre. 0'
destal, comme IIuber semble le sup-
(Z) PÔ Nagar de Nha Trang, eLc. poser. B.E.F.E.-O., XI, p. 265.
(3) Chiên :Dàng Lour S. (8) Ml So-n Ai'
(4) Exemples précédents des notes::! et 3. (9) Ml SQ'n Bi'
L'ARCHITECTURE
(1) Piédestal rond du Skanda trouvé Trà l{j~u un, ce dernicr aujourd'hui au
près ll3 à ~H SO'n (mais le l'apport des deux Jardin dc Tourane.
pièces n'cst pas absolumcnt certain). (3) Hung Thl.lnh. Tour d'or, Bl.Ii Huu.
(2) Mî SO'n n'en préscnte pas moins (4) Découvert depuis la publication du
de cinq, dont un approximath·cment daté tome I.
du VIII" siècle; lIà Trtmg en avait deux, (5) Cf. B.E.F.E.-O., IV, p. 870, fig. 34.
MOBILIER DU SANCTUAIRE 77
(1) Une partie de colonne semblalJle fût (1) Ce lüédestal n'cst pas mentionné
trouvée près de MI SO'n E•. dans le tome 1; je n'en ai eu connaissance
(2) Nha Trang tour N.-O. qu 'npI'ès ln pllblieatioll de ce volume, pnl'
(J) Piédestal !le Tril 1\i(~11 il la ~[issiun. un excellent el'oquis (l(~ M. CIL-B. Mayhon.
78 L'ARCHITECTURE
(pl. CLXVII-K); cependant, lit co mIlle partout ailleurs, les deux sphères
s'orncnt d'un boulon qui n' est pas ccntral. mais placé un peu au-
dessous du centre réel, ce qui leur donne exactement le profil d'un
sein de femme. L'ensemble du piédestal ainsi composé devient le
motif classique ct duI'C en s'abàtardissant jusqu'aux derniers jours
de l'ad bun (1). Ces motifs s'y réunissent en une simple moulure
continue; les moulures s'y défol'ment encore, les ornements spé-
ciaux il l'ad de la dernière période ,'iennent parfois s'y sculpter: ainsi
est outenu uudes demiers exemples, celui de Po Nraup, d'une cu-
rieuse silhouette dyssymétrique (pl. CXXII-A).
Dans les piédestaux circulaires, ce motif tic perles (2) ne fut pas
employé, mais les diverses moulures y reçurent de heaux décors
de feuilles de lotus, qui, simples dans l'art primitif (3) (pl. CLXIX),
deviennent d'UllC richesse inouïe il IIung Thl,Ulh, pour se simplifier
de nou\'eau ailleurs (pl. CLX).
Quelques piédestaux présentent des formes ou des décors parti-
culiers, soit qu' ils s'ornent d'appliques élégantes comme le pié-
destal de My TIH~nh (qui parait de l'art primitif), ou de figures
comme les dés il trois faces ornées d'atlantes, trouvés dans la
cour D h Mi San (4), ou le gl'and piédestal de Klmaug My (5) : celui-
ci présente SUI' une face une belle pousse de lotus, SUI' deux
autres la projection maladroite d'un chal' avec son cavalier monté;
sur la dernière, qui parait avoir été adossée, une simple tète de
cheval, en haut. Thil Thi~1l montre un piédestal composé d'un lion
humanisé accroupi ct qui forme cari,ttide sous un plateau circulaire.
Une pagode ,"oisine, ruil\ée, montre un élégant piédestal octogonal
décoré de perles et tic liolls ùressés (pl. CXXI-F). Disons toutefois
que le classement de ces diverses pièces. dans la série ùes piédes-
taux est hypothétique; nul n'ayant gardé de cuve il abluLions.
(1) Mi SO'n Gl , Pô I{!anil Garai, l'aù (3) Tour d'or, Mi SO'n Hl' B\IÏ Hlm.
Mum, l'hu6'c 1'11111., Pô Home. (4) Cf. I.e., l, p. 398, fig. 38. .
(Yi ~lî Sm}; piédestaux: A, H, E; Trà (5) Cf. id., p. 2(j5, fig. 51 ou ici fig. 96
Kiçu, ml Trung. et 135.
80 L'ARCHITECTURE
(IJ Nous n'avons décrit dans la pre- tique, mais nous ayons, ùans notre article
mière partie de cetInventaire que les par- SHr « les MOllumculs dn cirque (le Mi
lies extérieures du piédestal final , afin SlYll n, étahli le rait très curie ux Ile cette
ùe n'introduire dàlls celte section de mOllification. Cr. B.E .F.E.-O., IV, p . 869
llotre traYail aucun élément hypothé- sqq. et fig. 34, p. RiO .
.\~~AlI. - Il. (;
L'AHCIIITECTUHE
bieu assis, durent infiniment mieux résister. Qu'un besoin crée une
préférence pour une forme et 'lue celte forme reste appliquée alors
qu'elle n'a plus de raison d'e1re, c'est-à-dire, ici, sous un temple
. incombustible, c'est uu fait si fréquent dans l'histoire de l'tu·t qu'il
n'y a pas lieu de s'en étonner. Mais tout ccci n'est qu'hypolhèse ct
nous n'y insisterons pas.
Les deux piédestaux de:&ong DI1O'ng vont nous révéler une
disposition spéciale, parce qu'ils se rapportent h une représentation
honorée ct non adorée; ils nous permettront en outre de nOlis
rendre compte d'llll élément particulier qui a disparuparlout, il une
exception près, des sanctuaires, dans son type grandiose, le retable,
ct ne s'est conservé lIue dans les petites idoles, où il figure sous sa
forme réduite, le chevet.
Souvent simple (1), parfois très riche (2) ou très découpé (3), il
n'cst guère que les figures de GaJ.lcça et les rares statues debout
qui n'ell préscntent point. Nous n'en avons, conservé en place dans
un sanctuaire, qu'un seul exemple ct de la deuxième période, le
retable de ThCl ThiOn (pl. CXXIV).
Les deux piédestaux de fMng DI1O'ng se complètent; tous deux
sont ruinés il est vrai, mais par honheur ils le sont cIe façon dif-
férente. Dans la tour prillcipale de l'enceinte l, le gradin inférieur du
piédestal est resté en plaee ainsi que la base du retableadosstl au
mur du fond. Nous anms retrouvé une cles quatre dalles qui côu-
vr~ient ce degl'l~ et masquaicn t le remplissage de briques, elle dé
central qui s',Slevait au-dessus. Il est orné de quatre perrons et ne
laisse au milieu qu'une assiette exiguë. La place de ces éléments
est hypothétique, mais leur décor est tellement identique il celui du
degré général que leur rattachement est illliisculable; ils ont d'ail-
leurs été dégagés dans cette tour el immédiatement à cùté, COlllllle
les pièces du chevet; nous possédons tmis de ces dernières qui cor-
(1) Cf. J.C., I, p. 3ï9, fig. 84; diyi- Id. il droite. Umiî de "ha Tl'ang.
(2)
nités tics tcmpliOIls de)!i San A. Cr. I.C., (3)Divinité h'ouyée dans la cour D
l, p. 31>5, fig. 76, fI gauche. de .m San (fig. 12j.
~IOBILlEH DU SANCTUAIRE 83
(1) Cf.lliuell Tsallg (Vie et Voyages), tra. l'étage supérieur d'un pavillon, une pe-
duction STA:-ilS~AS JUJ,LIE:-i. Paris, 1853, lile tour formée de mlltières précieuses
Imp.lmpél'., in-S. P. 77 , il mentionne, dans qui contient une rcli<!ue.
84 L'ARCHITECTURE
tics de pierre. Deux petits perrons de grès venaient s'ajuster sur les
cotés, tandis qu'en avant un degré plus important n'est indiqué que
par l'existence de deux éléph~nts de pierre, semblables il ceux qui,
dans le piédestal t flanquent le p(lrron principal. Deux autres, dont
l'un est encore en place, debout ct la trompe en l.'air, étaient dressés
en avant, derrière une llHtI'che finement cisel(~e qui traversait toute la
nef (fig. 13). Sur la plateforme s'élevait un degrlS presque identique il
celui de la tour principale, mais sans doute tl deux étages, car les pièces
s'y rapportent à deux types tin peu diH'ércnts. L'un des étages devait
être couvert par une série de dalles longues t10nt la tranche est pro-
fil'Je en doucine renversée. Le groupe supérieur correspond au dé
central du piédestal 1; mais il est ici fort large et recevait une statue
de Buddha, assis sur un siège creux, qui portait un coussin de pierre.
Derrière la statue sc dressait un chevet analogue il celui de la tour
prin cipale ct traité tout entier décorativement. Au-dessus semble
s'êlre élevé un bloc orné de lotus et portant deux culs-de-lampe
saillanls (lui purent recevoir des slatues. Huit figures ornaient celte
composition, moines dehout on agenouillés, ces derniers présentant
un hrùle-parfulll réellement utilisable, Çiva dressés ou assis, tous
par paires. Une petite figure en pIns en suppose peut-êlre une symé-
trique. Cet ensemble, déjiL compliqué, s'augmentait encore d'une
gloire importante; elle dut reposer sur un faux linteau muni dans les
deux sens de mortaises et terminé par deux makara sous lesquels
viennent s'assembler des tèles de pilastres, dont le Las, il peine dé-
grossi, l'CS la certainement inyisible derrière la statue.
Cette dernièrc disposition, qui termine l'ensemble du piédcstal
de la salle lit n'est pas hypothétique, car le retable de Thu Thi~n
(pl. CXXIV) montre clairement qu'il en était ainsi; le décor de la
gloire y est seulement remplacé par un ()tagement d'apsaras.
Nous avons, de cette façon, l'indication d'un motif curieux de
cheyet, dont quelques traces sc sont conservées dans les plus anciens
édiHccs. A Doug D11'0'11 g, et forcément il Thil Thi/)Il, les 1IIakara
sont sculptés sur \lIle face seulement. Or, on rencontre il Kllll'O'ug
~lOBILIEB DU SA:XCTUAIIŒ 85
(I)Cr. I.C., I, p. 268,lettresV, V', V". Nous avions P['oposé ponr tontes ces
. (2) cr. id., p. 329, nOS 64, 67, 68, 73 . lJièees le rôle de bouts de balustrades .
Yoir note 4. ou celui d'échiffres de perrons. L'e déve-
(3) Cr. id., p. 229 et p. 231, fig. 44. Ces loppement. rl.e nos études nous a permis
pièces, ponr les détails et les costumes des 'de reconnaître l'uniformHé absolue des
personnages, pal'aissent plus anciennes échiffreS dans 1111 type tout différent, et la
. que le reste dn monument et n 'y euh'\), rareté, sillon l'ahsencc complète, des ba·
rent peut-être qu'en réemploi. . Instmdes.
(4) Cf. I.C., I, p. 330, nOS 29 et 32. (5) MïSo-n E4'
86 L'A He IIITECTUHE
(1) Cf. Fll'lOT, B.E.P.E.-O., IV, p. 9t2. (3) 1\1. Finot, n.E.F.E.-O., IV, fig. 43, 44,
Le Cambodge nous offre dans son art pri- p.913, en donne lieux exemples. Le Musée
mitif, à Sambor l'rei lüik S2' un exemple Guimet en possède deux fort intéres-
parfait <le cette intéressante disposition, sants, nOS 5[193 et 6000, d'origine hindoue,
mais en pierre. Le musée indochinois du et le South Kensington (musée indien)
Tl'Ocadéro en possède une repro(!ucLion. un autre plus important sous la cote
(2) Cf. I.e .,;1, p. 412, fig. !) 1 au centre. W. 1-53, 1884.
~IOBILIEH DU SANCTU AIlÙ: 87
manquent pas de leur oll'rir des noix d'arec; il est de règle, cri toute
autre visite, de mettre au moins nne poignée d'herbe devant eux,
niais ils ne sont, en aucun cas, honorés d'un véritable sacrifice. Des
éléphants de pierre ou de hois, tout harnachés (2) (fig. JI), rangés
(1) Les coulis qui ont. fouillé, pour en qui est entré depuis au Jardin de Tou-
èxtr'aire les briques, les ruinl's (le la lour ranc sous le nO83. Ils IlC paraissaient pas
de PhtÎng Lç, m'ont affirmé qn'nn uulre d'ailleurs l'ayoir YU, ct il s'agit p eut-être
~nnllin . ou, comme il s (li so nt, IIU /lutre Iii d'un e (le ces s uppositions har(lies dont
cheval, était resté dans la 10l1r ; il se trou- ils sont coutumiers.
vait en face de celui qui en fut retiré et (2) En pierre il YaùMum, aujOlIrll'hui au
88 L'A nCHITECTURE
musée de Hanoï; Cil hois à PÔ IClauù Garai, il n'y aurait plus là qu'une rencontre qui
l'ô Borné, Pho Uài , PÔ l'iagar de Nha Trang. serait intéressante, cnr elle montrerait
(1) Cf. Archœological Survey of ln dia, l'origine très vraisemblable des rasU/i
AnIlUal Report, 1902-1903, p. 139, fi g .t25 uatau, dont l'emploi, d'ubor(l domestique,
et 126. La similitude de forme et de di- serait devenu ensuite essenti ellement re-
mensions entre ces objets et les rasUli ligieux. au moins au Campa. LeR. P.
ua/au, comme la présence d'une marque Durand a déjà signalé (B. E.F.E .-O ., VII,
spéciale, anormale sur un objet d'usage p. 353) cet intéressant rapprochement. Un
commun (croix entourée d'un cercle sous autre rasu n ba/au est mentionné dans l'Ar-
la pièce), nous font écarter l'hypothèse chœological Survey, 1908-1909, pl. XXXIII,
proposée d'un ustensile domestique : ' n° 23, sous la désignation de « black granite
tout mortier mit d'ailleurs été préférable grinder with four legs, 181/ x 101/ X 7" »,
pour broyer du santal ou du curry. Si et est considéré comme préhis torique éga-
cette opinion cependant était appuyée sur lement, malgré la découverte voisine d'une
une pratique encore en usage dans l'Inde, image deGane~a.
MOBILIEllDU SANCTUAIRE 89
(1) cr. B.E.F.E.-O., VII, p. 352, fig. 32 rencontré plusieurs, à l'encontre ùe l'ob-
et 33, et App('nùice, p. 589. servationdeM. L. ùe Lajollquière(B.C.A.l.,
(1) cr. B .E.F.E.-O., IV, p. 679, fig. 5 . . 1!l09, p. 2Hi), complets ou ne présentant
(3) Inse. 117, id. loc. que la table ou le rouleau, au Camliodge,
(.) Un auh'C il été déposé devallt le <iu eOlH'S Il 'une d e nos dCl'nières tournées,
linga de llûng An depuis notre élude rIe 19B.
ce sanctuaire. Il en fut trouvé un autre (5) Cf. B.E.F.E.-O., V, pp. 20 ct 21,
non inscrit au Dat'Iae, ct nous en avons fig. 10 ct H.
CHAPITRE V
NOLIS ayons dit plus haut qu'a1lcun lien n'existait entl·û la fonne
extérieure du kalan ct le tmcé de la cella qu'il enfermait. Un éll~
ment .Schappe par sa position II ce tte remarque: c'est le soubasse-
ment qui s'étend sous toutes les parties ùe l'édifice.
Sa présence n'es t du reste pas ohligatoire, ct 1l0mtH'e de monu-
ments l':ams, Cil tout temps, g ' élevèrent sur un simple hahut (2) , quand
ils ne furent pas cOllstl'Uits il ras de terre. Mais cc ne fnt pas le sys-
tème préféré, ni à l'origine où l'architede se plaît il tirer llll mo-
tif heureux du soubassement, ni dans l'ad sccondairn qui manifeste
une tendance continue ü l'exagération des constructions en hauteur
et profite de cet éMlllent pour les relever tll's la hase: s'il Il'est pas
rare alors de rencontrer des édifices élevés SUl' un simple hahut,
IHù' contre celui-ci prend une hauteur considérahle (3).
décors spéciaux (1). Mais cette forme périt anc lui, et seul le soubas-
sement de l'art primitif dure jt~fqu'allx derniers joursd~l Campa.
Par un parallélisme significatif, la forme du soubassement dans
l'art primitif (2) correspond il l'autre type du piédestal, celui qui,
propre au même art, enfanta la forme vraiment viable. Si l'on ne
tient pas compte des appliques de C2 (3) à 1\Ii SaIl ct des ressauts ùu
profil, il est facile de voir que ce soubassement (pl. CXXX-O) est
identique, dans le principe, aux dés des petites divinités de A et de
B (4) (pl. CXIX-I); il en est de même des beaux motifs de travée et
d'angle d'un soubassement sans doute contemporain (5) (pl. CXXX-C)
qui entourait le groupe BCD comparé au piédestal de 1\Iy Tll<.mh (6).
Un simple corps de moulures courant en ligne droite sous tout
l'édifice eùt semblé nu ct froid au Cam, qui sc plaisait, comme son
maître l'Hindou, à une luxuriance folle{?') de décors. Aussi cette
ligne fut-elle mouvementée comme les parois par une série d'avan-
(1) l\li San AI2 _13 , 8' Bong Duang tours trOll bien au mouvement des façades qui
centrale et principale. amène cette vive composition de pilastres
(2) Il existe cependant dans ['art pri- et d'entrepilastres, et parce que l'on peut
mitif un soubassement qui semble sc rap- dire qu'il est l'àme même de la constitu-
procher beaucoup de ceux de l'art cu- tion des soubassements dans tout l'art
bique ct qui, comme ceux-ci, tire son prin- cam.
cipal décor de l'emploi d'appliques. C'est (4) Cf. I.C., l, p. 335, fig. 76.
ù l\li Scm celui du sanctuaire A' 4; les ap- (5) Nous avons cru longtemps et dit
pliques n'y sont d'ailleurs qu'en épanne- (I.C., l, p. 398) ces piioces moins an-
lage, ct leur masse spéciale correspond ciennes, à cause de leur profil identique à
peut-être à des niches analogues, mais celui de base ct de corniche de l'art clas·
simplifiées, à celles de AI' sique j mais cc profil sc rcncontre déjà
(3) i\OllS ayons IH"is comme exemple le dans les monuments de la première pé·
soubassement de C2, parce qu'il est com- riode, Nha Trang, Blnh Làm, Bang An, et
plet ; nous lui eussions préféré celui l'étude des appliques montrera plus loin
de El' si la partie baute, symétrique aux qu'on ne pent datcr celles de ces dés que
moulures !Jasses, s'était conservée, mais des premiers temps de l'art primitif.
il n'est pas possible de savoir si les mou- (6) Cf. I.C., l, p. 185, fig. 34.
lures s'opposèt-ent autour du dernier filet (1) L'état d'épannclage où sont restés
ou si elles laissèrent un nu de quelques tous ces édifices la masque en partie,
!Jriques. Il n'est pas davantage possible mais il suffit de voir un bâtiment achevé,
de savoÎl' sûrement si les moulurcs y comme Al à Mi Son, pour sc rendre
filèrent rigides ou si elles se mouvcmen. compte que, complètement terminés, pas
tèrent en plans successifs. Ce dernier un point de leur surface n'aurait dû
parti est vraisemblable, car il corœspond rester salls ornementation.
SOUBASSEMENT DU KALAN 93
(1) Partie supérieure tlu soubassement extrêmement pénible dans l'état de déla-
«le MI 80'u A•. brement où se tl'ouve celle IJarlie de l'édi-
(!) Dien que la lecture eu soit 'des pIns fice, nous pouvons garantir entièrement
délicates et que la reslHu tion en ai tété l'exactitnde de cc relevé.
9 ,i, L'ARCHITECTURE
(1) ~(( SO'n fi3' fi:;. Cl' My n'est à cet égar(1 d'aucune utilité :
If) Soubassement de l'étage de Mi San c'est une base ct non Ilil souba ssement.,
8;. C!, puisqu'il est dépourvu d'assiette supé-
(3) Id •• de 11 , rieure.
6
(1) Le fragment (l'Mifice antérieur (~) !ÜlUO'llg My, llinh Làlll.
trouvé sous la tour centrale de KhuO"ug (6) Pô Nagar (le Nha Trang.
4XNAll. - ]J. 1
\)8 L' ARCHITECTU nE
(1) Signalons ccpcndant la préscncc (1) Bong DIfI)'[[g tour prillcillalc, tour
possiblc (l 'nll pC ITon de cc gcnrc ù ;'Ilî centrc-~.
Scm B4, mais Ic fait Il'est pas ccl'lain et (5 ) "Il Sail D4'
serait si anormal 111I'il esL bien dou- (6) l\hmJllg )Iy , tlébris.
teux. (7) ;'Ill SaIl El! FI, piéllestal de El'
(2) Terrasse Ile"Iî SO"n El' (~) Pô Xagar d e ~ha Trang.
(3) "Il San D.I' (V) Aùkor Yat, par exemple.
SOUBASSE;\rENT DU KALAN Hl!
hauteur(i), ct, dans certains cas, un travail compliqué fut exécuté dans
les assises de pierre pour lem donner des dimensions normales (2)
(m. pl.-D). La contremarche semhlait appeMe il. recevoir une orne-
mentation (3); le perron de E i h Mi San (4) et le gradin continu qui
relevait le « chœur » de la salle III il Dông Duang, montrent h quelle
(1) BOng Duo-ng tour principale. \3\ Bong DI1O'lIg tour principale.
(2) ~It So-n BI. . (4 ) Cf. I.C., l, p. 409, fig. 90 C.
102 . L'ARCIIITECTUIŒ
(1) Dong DuO'ng, tour centrc-N. par (7) Dong Du:O'ng tour lll'incipale, partie
exemple. supéricure ruinée du perron.
(~) Chlinh L<), mltréc 1. (8) Chunh L<}, entrées 1 ct JI. .
(3) ChUnh L<}, perron de la tour prin- (9) 1\[i SO'n A 2- 7 , Dong Dtro-ng toUt'
cipale. centre-N., centrale. .
(4) IIà Tru:ng. (10) Dong DllO'ng, porche II.
(5) KhllO'ng My. Cf.1.e., l, p . 266, fig. 52, (li) Dong DllO'ng, templion O.
perron du piéclestal de Mî SO'n El' Id., (12) Dong DllO'ng tour N., Mi SO'Il "-2_"
p. 409, fig. 90, A, D. A'l •• ·
(6) Piédestal de 1\[i SO'n El'
CHAPITRE VI
(1) Po Dam tours S.-E. ct S.-O. par (3) Salle de Hoà Lai, de Bong
exemple. Duang II. etc.
(2) Tous les édifices longs de !IIi Sau. (4) 1\1i San, FI' Fa, C7 •
LES CORPS DU KALAN t07
une faible longueur 'Ille l'on pellt se rendre eompte de lem' nombre
et de 10 lU' liu'gem' : avancées ct retraites sont égales ct tlo faiblo
saillie. Dans cet exomplo !t'ès spécial ct qui, s'il n'est pas le plus an-
cien on date, nous a consenù peut-ôtl'e un sounmir du type le plus
reculé, le recoupement Cil travées est sans nombre.
Dans l'art primitif ct la l)()riode secondaire au contraire, la divi-
sion on cillq pilastres Ilt quatre enlt'epilastres est génlSl'nle (1). Le
pilastl'o du milieu disllaraH sous la fausse porte ct le plus souvent no
se mUllifeste que par le mouyement déterniiné tIans la corniehe ; il
s'élargit ou se réduit suiYil11t les hesoins de la composition, que déter-
minent lI'ès visiblement lestleuxécoinçons laissés par lafuusse porte.
Quand elle fait défaut, cc qui n'al'ri\'eguère que pour de pet.its édi-
fices, le nomhre tIcs pilastres s'ahaisse IL (Iuatre (t),parfois mème 10
ll1U!' l'este nu (3), mais c'est lil un cas exceptionnel, ct le plus sou"ent
(1) Il Y a cependant une exception: la (2) Po Nagar deNba Trang tour N.-O.
tour S. de I(ll\l'Ü'ng My ne possède que (3) Id. édicule S.-E.
quatre pilastres, mais ils sont tellement (4) Mi SÜ'n AZ-7' B7 - 13 •
semblables à ceux de l'ar~ cubique qu'il (5) Pô Nagar de Nha Tl'ang tour prin-
y a certainement là emprunt et que cipale.
nous les étudierons avec ceux de cette (6) Mi SÜ'n B3' CI' etc.
classe. (7) Tour d'or, TM Thi~n.
108 L'ARCHITECTURE
(1) 6 pilastres aux tours S. et N., 7 à la (8) Comme les piédroits des fausses
tour centrale de Chièn Dùng. portes de Mi Sail Al'
(2) Tours d'argent é,lificc S" - ~Iî San
(n) Mi Sail E" ; ils sont rcst,~s en épan-
Gi> -Nha Trang tour S" - Thmg Th:,mh. nelage, mais il est probable qu'ils
(3) ~Iî San G4 , 5; JIN; ~ane de Po
n'eussent pas dû ètre recoupés, car l'ap-
Klauù Garai.
plique ne monte pas assez haut pour
(1) Yaù ~lum.
masquer comme ailleurs la lerminaison
(,,) PO Rome,
de la rainure,
(6) ~Iî San CI'
(10) lIH San CI'
(7) ~lî Son E,.
(11) lIli San Es.
LES CORPS DU KALAN 109
(1) ~li S(m Al' et ici, fig. 18. Nous Ile sa'·OIlS si, dans
(2) Mi SO'n ll6' D4' la pensée du décorateur, la hasc était
(3) TOUl'S d'Ill'gent; Mi SO'n D2' E,; également en plusieurs sections verti-
Chiêll Bàng. cales, cette partie étant toujours masquée
(4) Cf. n.E.F.E.-O., IV, p. 816, fig. 20, par une applique.
tlO L'ARCHITECTURE
d'or, à I1ung Th~nh, la saillie devient de plus en plus faible; elle est
nulle ou tt pen près à YaÏ! Mum, à PÔ Romë, malgré le redoublement
tlu pilastre dans le dernier cas. Seul le pilastre extrème, support de
l'amortissement d'angle, ne peut se réduire CIl saillie, car l'élément
supporté ne pourrait pas sc détacher de l'angle de l'étage supérieur:
il en résulte que, dans la seconde période, ce pilastre semble pœndre
chaque jour une importance plus grande par rapport aux autres;
cette supériorité de saillie, il peine sensible il la Tour d'argent, s'ac-
centue jusqu'à la fin (1). Ce l'ole de support avait amené, dès l'âge
. tic ~Ii San Ai' une augmentation Je la largeur de ce pilastre (2); 1I0US
la retrouvons parfois dans la seconde période (3).
A la différence dans le nornbre des pilastl'Cs entre l'art primitif ct
l'art cuhique, correspond une différence ellcoreplus grande dans la
forllle. Le pilastre est ici hien plus large; il atteint en A'2 de Mi Sail
près du quart llu côté: O,22ï. Il sem hie il l'origine présenter deux
types, L'un A, voisin du type de l'art primitif, offre deux handes 01'-
né'cs sépaI't~es par une rainure; il sc dilférencie du type de l'arl pri-
mitif par l'importanco donnée tt cette rainure, qui semble compter
pInto! comme un motif que comme une simple coupure; elle est
peu profonde et peut s'orner d'un cadre long (1). CetLe tendance il
uno division en trois est nettement marquée dans le type B qui
comporte tl'Ois bandes, celle du centre généralement bombée, mais
sans sortir du plan des deux autres (5) (pl. CXXXVII-A).
Le type A ne se modifie que par l'élargissement plus gl'and de la
rainure centrale, qui pent deYenir un champ plat entre deux faces
ornées (6).
Le type B sc varie davantage par la position des sculptures. Il
est possihle que, dans la première pensée des décorateurs, aucune
des trois bandes n'ait dù rester nue. Ce système complet ne nous est
(1) Mêmegroupe tour d'enlréeE., Tour (3) ' ThU Thiçll, Tour d'or, Chièn
lle cuivre, Tour d'Ol', tour principale et Bàllg.
tour d'cnl!'(;!) à l'ô T\)auù (iarai, ~hl:ln (4 ) MI &Yn B4'
TMp, MI SO'II li,. (:i) Dong DuO"ng tour S.
(2) Mi SO'n CI' LI;;. (n) :\Ii Sail A' 2'
lt2 L'ARCHITECTUHE
mcnts dans l'art cubique, fail que le pilash'e d'angle n'est jamais pIns
large qlle les autres. Par contre, art cubique ct art mixte montrent
aussi des pilastres ~t double plan (1).
Y a-t-il eu parfois, dès les premiers temps, mélange youlu des
deux types? ou la présence. dans de rares édifices de l'arl primitif, du
parti tle pilastres del'al't cubique est-elle un simple accident? NOliS
Ile saxons. La tour S. de KlmO'ng My offre une composition de pilas-
tres nettement tI'arl Gubique: Ghaque face montre en effet quatre pi-
lastres. (SIlOI'Il)(~S, di visés eu trois parties, celle du centre bombée;
les déGors y sont ceux des deux arts, avec prédominance de l'art pl'i-
mitif (III. pl.-A). Un fait prouve Hettement comLien celle composi-
lion est anormale dans ce dernier art, c'est qu'elle ne s'y est pas
mainlenue ct que ln tour Genlrale postérieure montre ses cinq pi-
lastres recoupés il la façon tle Mi Sml.
C'est seulement pour les hesoins de l'étude que nous ayons sé-
paré ici les pilastres ct entrepilastl'es de leur ensemhle : nous allons
encore èlre forcé d'employer celte diyisioll ndJilraire pOUl' l'examen
des moulures de corniche ct de hase. Mais ilfaut nettement conce-
voir que l'ensemhle des pilastres et de ces corps de moulures n'est
pas en réalité plus d(~composable que les corps tic moulures d'un
soubassement ct les ressauts qui l'intéressent dans toute sa hau-
teur, ou, llOur reprendre notre première comparaison, ne pas
croire ces moulures de base ct tIc cornidw plus faciles il séparer llu
parement que les handes horizontales d' une étoffe plissl'e ycrticale-
ment ne le sont de ceUe étoll'e mème. Nous ne sépat'erons pIns ici,
par contre, l'étude de la lJase de celle de la cOl'llicllO (mème dans
l'art primaire, elles sont souvent identiques), mai:; nons ferons passer
la comiche en premier, patTe que, si la ruine des édifices en fait les
exemples plus rares, elle a tenu cependant une place prépondé-
rante: par sa position mème en elfet, elle contrihue il l'impression
générale plus que la hase.
(') ;\"OIlS Ile dessillons, hien entelltlu, cernure l'oùcé dans les exemples choisis.
que les élônents constants de chaque (i) La réllarLition de ces profils ayant
t.ype, et lIOUS les soulignons d'un trait de une grande importance pour le classement
LES CORPS DU KALA~ ll:>
(fig. 18). La corniche de Ba en donne un ùon exemple débarrassé des
multiples détails qui en compliquent ailleurs la lecture (m. pl.-l) .
. Comme on le yoit, la doucine supérieure repose par l'intermédiaire
.. . . @-@
.
"
'.. 1
1
1
1
1
Fig. '1j. - Tableau des rapports entre les divers profils de base et de corniche'.
des Mifices, nouS donnons chaque fois correspond ailleurs aux deux quarts tIc
les listes complètes des bâtiments qui rond opposés. Les copies Dz ct. g4 mOIl-
montrent chaque type. Ici pour Ill> nous kent cc profil ai' mais E4 avec le rcmpla-
arons : Mi SCYIl AI ; Il3 , 5' 6; CI ••1 ; Di. Les ·cement des deux quarts rIe rond par !les
templlons A 2.:" 7 offrent cc lirofll Un doucines opposées, qui est de,'enu cons-
peu modifié dans la IJÙrtie inférieure qui taut à cette époque.
116 L'AHCllITECTURE
(1) Dés do SOUlllll!80ment Mt S(1I\ !leD, l'OUI' llc cuivre; l'bu Thi9Il; Jhrng
. (3)
piédestal de MS: Th~lIh. T111~nh ; Po Ii:Jaun Garai; Nhl;\n TlHip.
(2) Pô ~agar d e Nha TI'ang Loms lll'Ïn- (4) Tours d',irgent édirice S.; Chiên
cipule et N.-O.; Tonrs d 'argent klllan Dàug tours S. et centrale; Yan Pron; ~[i
prillciIlUI et Min ce S.; Bung An; i\"ha Scm III' e ct D3'
Trang tour S. ; Ml SO'u Gt .
LES CORPS DU KALAN H9
(1) Avec fil ell\lî SÜ'n A'4; 133 , 5' G; CI; (4) Phông Lç, Phu Thll~ll paraissent
Dl ; D.; E2 ; IOl11Ü'ng My tour centrale avoir eu la même corniche l)l' ~Ii SO'n
où il s'oppose à la corniche b, ; - sans D6' Ea' eurent la Illême hase b'l'
met Mi SÜ'1l A2- 7 avec corniche bj ; llH3 ; (5) l\li SO'u A' 1-2 ; Boug DUÜ'I1g tours
CH· S., S.-O ., porche JI ont gardé la même
(2) l\1î SO'Il CG' FI' F3 ; Bong DuO'ng Imso; I10à Lai, PÔ Dam, Bong DuÜ'ng
édifice S., tour N .-0. tours S.-O., S., piliers salle Ill, la même
(3) Mi SÜ'n Al ' C~ , A', . base et la même corniche.
120 L'ARCHITECTUHE
Il était tout Iwlul'Cl alors, quand l'art cubique se fondit dans l'art
prini.itif, qu'il adoptùt uniquement ce profil commun. Ainsi l'art
mixte présente-t-il d' une faQOn presque constante, cn base comme
en corniche, la forme "2
(1).
"I\e de tètes de lions (full dessin assez déformé, mais très accentué,
/'
Quelqucs pn rticnlal'i tés sont eucore il signaler ailleurs, Dans la pre-
miùre période, où tant de formes di verses sont réunics, nous rencon-
Irons deux exemples de base redoublée; l'une dans l'tU't primitif à
~li San D4 (pl. CXXX-.T), l'autre dans l'al't cuhique en A't; (Jans les
dcux cas, la hase inférieure est traitée en souhasseIllent supplémen-
taire; mais c'est cependantune hase, car elle est interrompue pal'la
coupure des portes (t)
La base donne licu parfois il d'antres cnrichisscmcnt.s : ainsi tout
l'ad de Dong OUO'llg lIIonh'e un l'edo.ulJlcmenl de la plinthe infé-
ricure, détail sans grande impol'tance tians la composition du profil,
mais qui fournit uu clfet l,'ès helli'cux, Enfin. dans la période secon-
daire, où remploi de la piene scmhle avoir eu tant de vogue, nOIll-
hm debases sont, comme le souhassement, traitées en cctte matièrc;
ainsi que lui. elles ont dispal'll et po Ill' les mèmcs raisons. II en
{"lait de mèlllc il Mi Sail BI' {~lJifice (lui parait d'ailleurs ayoil' été
pl'é\'11 tOllt Cil piene ct qui, il peine flu-dessus de la hase, dnt ètrc
conlinul) en briques, Cette base monh'e un curieux exemple d'ar-
chaïsme; elle répète la forme I/'!., courante li MiSo'n il la helle épo-
qne ct perdne complùtement dcpuis ; par contre la corniche, comme
le montrent les dalles d'arète, y était du type ordinairc (tt.
EII outre des appliques et dcs pièccs d'accent qui scront étudiées
dans le chapitre suinml, hase ct corniche re\;ul'cnt de riches décors,
dans l'art primitif tout d'abord, et surtout dans les arts cubique ct
mixte, Deux (J'entre ccs décOl'S méritent seuls d'èlre examin(~s, parce
qu'ils sout propres il ces élôments. La corniche ((0' qui ne sc rencon-
lm qu'il Mi SO'n, a SO!! groupe supérieur, doucine et cavet, comme
découpé à jour d'échancrures en forme de fleurons, Jllolif étrange
dont le sens échappe ù première yue (2),
(1) J:état du mOllumcnt nc pcrmel pas loUl' ccntrale dc DJng Dlfang, oilllcs l'ni-
<l'arlirmcr compli'lcmcnllc fait ponr NI; sons spécialcs néecssitèrcnt l'emploi de
il sc peut alors (IU'il JI'y ait là qll'Ult sou- ct'lle combinaisoll.
IJussemclll supph~mentairc comIllC Ù la (2 ; Lc mêmc décor se rclrouye, mais
t22 L'ARCHITECTURE
tés (1), de singes (2), de gajasi1]ÛUl (3), parfois d'ascètes enfermés dans
des ogives décoralives (1) (fig. 19). Elle est il l'occasion traitée en
pierre. il l'époque où cette matière jbne un si grand r61e (5),
C'est pou).' mieux soutenir l'amortissement qu'elle ressaute sur
le pilastre d'angle (6); si l'amortissement est multiplié, ou au con~
traire supprimé, elle ressaute il chaque pilastre (7), cas fort rare, ou
ne ressaute sur aucun (8).
Enfin , comme support de pièces d'accent, elle s'accompagne, aux
angles, de renforts que nous étudierons avec la pièce d'accent qui en
est la raison d'ètre. Notons seulement ici que leur sens se perdit it
l'occasion et que nous voyons ces renforls employés comme orne-
ments dans l'axe dn pilastre d'angle ct snI' les amortissements il Thil
Thi(jn, tandis qu'ils figurent mème aux angles de la corniche de
Nlw.n Thap qui ne possède pas de pièces d'accent.
La grande face de corniche ne sert pas, comme on pourrait s'y
attendre, de départ au terras:on qui recouvre sur un corps l'espace
lq,issé lihre par le corps immédiatement suivant. Un bahut, qui
trouve Illal sa raison d'èlre dans un édifice en briques, s'interpose.
Parfois, il est vrai, il est réduit dans l'art primilif 11 très peu de
(1) Tours d'argent ka/an principal, (6) Elle est rigide snr la tour centrale
t or étage j Ihrng T1wnh. de .1'0 Dam, sur celle de Bong Du()"ng, il
(2 ) DllO'llg Long tour centrale. l\U S()"n .E~ et à Po Rome.
(3 ) Id. tour N. (7) lIoà Lai; la multiplicaliondes amor-
(~) DUO'llg Long tour S. tissement.s Il'e~t ici qu'une hYrothè~e.
r') Tour d'or ; Tour de cuiVl'e j tOlll' cen- (R) Tour S. des Tours (l'argcnt, ]hmg
lrule de Chièll Billlg. Thl.mh, Yaù )(1II11.
LES CORPS DU KALAN 127
chose (1), mais par contre il est souvent assez important (2), Le décor
en est obtenu par de peLits personnages ou dcs atlalltes (:1), des ani-
maux dcvant des chevcts (i) , des figures ùans dcs nichcs ajourécs (5),
ou des orants dans dcsniches pleines (fi) , Plus fréqucmment la petiLe
ligure, (lui autrefois nécessita la présence duche"et, ~ disparu, ct il nc
reste que le fond ùevant lequel elle sc détachait; c'est ou un simple
dé Illoulul'é ct orné lle petites feuilles aux angles, analogue it ccux
(lui ol'ilent le soubassemellt Ile l'étage it ~Ii S(J1l ila (7), ou de simples
a ppliqucs (S) ,
A ces appliques se réduit pad'ois tout le hahut apparent dans la
seconde période et, si le tCl'1'asson ne vient pas mourir ù leur pieù, il
s'arrête en arrière SUl' une simple face verticale (9), Ces mêmes appli-
ques garnissent encorc lc bas dcs voûtes raidcs qui ne comportcnt pas
de bahut (iO). Mais le plus souvcnt tout décor manque, ct scul subsisle
le fond sur lequel se détal!haiellL souvent les motifs décoratifs, un
simple cours de doucines opposées:(tI), Alors le bahut qui, ù l'origine,
était interrompu pal' le soubassement proprc des amortissements
d'anglc, filc sur toutc la longueur de la l!ornidlC, jusqu'au jour où,
comme il fallait s'y attendrc, il se confond avec celle-ci (L~),
Cet élémcnt dans l'art cubiquc s'accusc a,'cc moins de netteté j
cependant la présence d'antéfixes au-dessus de la grande facc de cor-
niche dans les édifices dc Boù Lai indique son existence d'une façon
(1) Mï SÛ'n ils, 6; c2• (8) Vestibule de 1\11 SÛ'1l Bs, terras son
(l) Ml San AI> Pô Xagar tic Nha Trang des appuis de fenêtres de l\Ii San Bs, 6 ;
tours principale ct No-O. tour centrale de Iihl1O'ng My, où trois
, (3) Mï SÜ'1l B,:;, 6' OÙ ces détails sont appliques correspondellt à un pilastre;
malheureusement ruinés et il peine re- tour N.-O. de Nha Trang, où une seule a
connaissables. gardé une ou deux briques de SOIl fronton;
(1) Mï SÛ'n CI' véritables métopes de (') PO I\laull Garai.
pierre dont le rôle n'est ({u'hypothétique. (10 ) Tour N.-O. de PÔ Nagar rie Nha-
Cf. I.e., I, p. 385, fig. 85. Ce motif se Trang, étage, édifice S.-E. ; vestibule du
retrouve dans l'art secondaire, à Hl1ng . "alall principal aux Tours d'argent, il PO
Thlmh. Klaull Garai, Bang An, etc.
(5) Ml SÛ'll Cl' (U) Kalan princlpal des Tours d'argent,
(S) Mi SÛ'n AI' llinh Làm. avec appliques; Tours tic cuh're, tl'or;
• (1) l'ô l'iagar de Nha Trang t.our prin- Thu Thi~Il.
Cipale. pt) Yaù Mum; 1'0 Home.
128 L' AHCHlTECTU RE
Un autro décor, qui eut une vogue I1SS0Z grande dans l'art primitif
pour être seul copié dans les répliques postérieures, est le motif que
nous avons désigné du terme approché de métopes; elles sont soit
taillées dans la hrique même ùe la paroi, soit en pierre et détachées
en avant. La tour de BinhLûrn BOUS montre un bel exelllple du pre~
mier systèmè, lions dressés de prolil au 1er étage, apsaras au second,
lion ou petite figure qui de ses_bras ékndus étreint des serpents au lU·.
Pô Nagar de Nha Trahg, dans sa tOUI' principale, offre en ce rôle oies,
biches ct éléphants; Chièn Bàng re:nplace les biches par des lions.
Un des édifices deTrit Ki~u compoi·tait le même décor, car une oie,
métope, n° 69 du Jardin de Tourane, paraît en provenir. Les petits
gajasù?ûw de terre cuite trouvés près de G1 iL Mi Sail avaient sans doute
le même rôle (pl. CLXXIV-D). Peut-être cc motif si curieux n'est-
il point spécial il l'art cam et le retrouverait-on i.t Java: ~l est diffi-
cile d'interpréter autrement les oiseaux qui figurent dans une des
représentations d'édifice (1) que nous y avons rencontrées, à moins,
chose d'ailleurs peu probable, que cc ne soit l'image d'oiseaux véri-
tables. Au premier système se rapportent peut-être les tètes ùe Phu
Ninh, de Qua Giàng: c'est au moins cc que semblcnt indiquer la
petite représentation de kalan du tympan de Fi i.t Mi San (2), ct à Java
encorc le Candi Bima de Dieng (3).
D'étage en étage tous les éléments sc répètent en se réduisant
et Cilse simplifiant, jusqu'au Ille étage, rarcIncnt conservé, ct
qui cst traité différcmmcnt dans lcs quelques excmples où il il
subsisté. Le SOllllllCt de la tour est octogonal( i) ou carré (5); il est
ronù il Yiin TllO'ug, mais cettc disposition pumlt, comme les trois
tours, exccptionnelle. 11 est vraisemblahle que les deux prcmières
. formes furent iL l'origine employées COIlCUITCIllIllClIt, pcut-ètre uvee
une certaine prépondérance de la forme octogonale pour les grands'
(1) Gunang Gansir. Cf. B./i.P.B.-O., (4) Pô Nagar de Nha Trang tour prin-
VII, pl. Il, nO 39. cipale.
(2) Cf. I.G., l, p. 425, fig. 95. (5) Mî San D~.
(a) Cf. B.E.F.S.-O., VlI,p. 13,fig.97.
t32 L'AHCHITECTURE
hée au pied de ila (Ill. pl.-il). Dans les deux cas elle sort d'une
espèce de calice de lotus. Mème alors que la pierre est carrée,
ce support se rapproche du plan octogonal par la saillie plus
grande que présentent les feuilles des axes (m. pl.-A2), de telle
sorte qu'une pierre terminale carrée pouvait fort bien trouver
. place sur une terminaison à huit pans. Cc même support, intermé-
diaire comme masse, existe au contraire à Phti Hung sous une ter-
minaison circulaire, dont il ne reste d'ailleurs que le contour de
base (m. pl.-O).
Nous avons rencontré en plusieurs points des sortes d'antéfixes en
LES CORPS DU KALAN t33
(1) ~Ii 80'11 AI' Pli Nugal' de Nha Trallg (5) TMp Thâp, Linh Th(tÏ, Ymi PI·OÙ.
tour pl'Încipale ;~li San E~; Nhan mh. (6) Le R. P. Durand li cru y voir )'01/1-
(2) 1)~li Il ïm . küra quatre fois répété. Cf. n.E.F.E.-O.,
(3) Chânh Le}, B~IÏ Hïrn, Mission tle III, p. 591!.
Phanrang, tertre de Padaran; Mi San GI> (7) Les Tours kiames du Binh Dinh.
couronnement trouvé ù MiSanellh'eD etH. Exc. et Rccom. T. XIV, nO 32, p. 'HO.
(4) Pô Nagar de Nha Trang tour S. Cf. I.e., l, p. 196.
13i L'ABCIIITECTURE
khmères de Van TuO'ng. Elle ne serait possiùle que sur la haute tour
centrale, car l'une de celles de côté, la tour S., a son couronne-
ment presque complet en pierre! Le fait serait encore, ainsi, assez
exceptioniwl: tou'tefois il conviênt de signaler dans les f~agments
cons errés 11 Pô Nagar de Nha Trang la présçnce d'une belle pierre
porte-hampe d'exécution certainement ancienne (1) (fig. 45, 46).
'Nous n'avons aucune donnée sur les termina.isons d'édifices dans
l'art cubique et mixte. L'extrême fin de la tour S.-O. de Po Dam fait
défaut et ce détail n'es t pas lisible sur la. reproduction d'édifice du
tympan de Ft à Mi Sem.
Nous abordons dans ce chapitre une des études les plus intéres-
santes qu'offre l'art cam: celle des éléments qui lui sont propres,
qu'on ne retrouve dans aucun art voisin, ni même, ü notre connais-
sance du moins, dans aucun autre art. Faut-il supposer que cette ori-
ginalité fut cherchée des Cams? Ce serait mal connaître le tradition-
nnlisme et les habitudes d'anonymat de l'artiste oriental. Ces formes
ont dù naître naturellement des lJesoins divers ct si, pour la plupart,
elles sont déj~t constituées lors de l'apparition brusque, au Vile siècle,
dc.l'art cam dans sa perfection, il ne parait pas cependant impossible
d'en reconstituer la genèse. II est. rare en tout art qu'après ]e passage
(1) Planches CXLIlI il CXLVJ. éléments que nous avions appelés dans
(2) Planches CXLVII il CXJ,JX. nos Caraclérisliques de l'art èam, B.E.F.
(3) ltappelons (VOil'llOtC'l, p.n, J.C ., 1) E.-O., J, p. 2M) ct suiv., respectivement
que les mots ({ applique », « pièce <l'ac- « pileUe ù ogive n, « acrotère» cl « pi-
cenl l) cl (, amol'Iis~cmellt n désignent les nacle l),
136 L'A nCHITECTU nE
(1) ~ous en ayons un exemple typique . l'art primitif du Cambodge ( Vile-X' siècles)
dans l'art de Jaya: Cf. B.E.F.E.-O., et dans certaines constructions de l'art
VII, p . 50 en bas. médiéyal dans l'Inde.
(2) L'appliqne n'est Ilas rigoureuse- (3) ~n San D4 par exemple.
ment propre à l'art cam; on la trouye (4 ) 1\Ii San 1-'3' par exemple.
sous une forme un peu spéciale dans
f:LÉMENTS SPf:CIAUX A L'ART CAM l3i
et non la figure seule, ce . qui était la règle dans les niches précé-
dentes. Mais ce soubassement formait une surface nue; celle-ci
dcmandait une ornementation: elle fut obtcnue soit par la chute
d'un tapis SUl' lequel est assis le personnage abrité, soit pal' un
animal, éléphant ou lion; cc dernier est vu de ÎJrofil ou (le face,
assis SUl' l'arrière-train. ])e là salis ùoute est née l'antéfixe d'applique,
propre à la série ùe l'art cubique.
Nous retrouvons la mème niche au piédestal de AiO' il 1\[i San
encore (fig . 22), mais ici la figure est presque placée devant ct deux
petites bandes latérales viennent interrompre les profils pour déter-
miner l'espace vide où se dresse le petit personnage. Cette dispo-
sition marque nettement la tendance à traiter d'une seule masse
tOllte cette niche en détaillant seulement l'arc supérieur, ou mieux
en le transformant en un fronton de rinceaux. L'évidement central
H2 L'ARCHIT!ECTURE
est conservé encore pendant quelque tcm.l)S (i) (pl. CXXX-D), mais il
finit par se perdre, ct nous nou~trouvons, il Po Dam ct dans les édi-
fices primitifs de Dong JhfO'ug,' on présence d'un corps plein sur-
monté d'un fronton de décOl's fod bas (m. pl.-G). Nous avons alors un
nouveau type d'api)lique qui ne sc tlifl'érencie de celui Je l'art primitif
que par la forl11e spéciale de ce fronton, la proportion générale néces-
sairement plus lourde ct l'emploi de l'antéfixe; en outre, détail inté-
ressant pareo qu'il permet de fixer l'àge Je certaines appliques, les
profils dérivant des moulures toutes simples des petits piliers n'y
consistent qu'en quelques filets, tandis que le corps mème se raie de
cannelures, décor fréquent dcs piliers initiaux. Cette simple orne-
mentation dut sans doute paraitre insuffisante, car nous voyons une
série d'appliques des édifices primitifs de Dong DuO'ng s'orner dans
le plein du corps de toute espèce de motifs, rinceaux, lions assis,
animaux divers (fig. 64 et (5).
L'art primitif avait décuplé l'hommage rendu h la divinité par la
présence de toute une foule d'orants fictifs aux flancs du temple: l'art
cubique chercha le même résultat, connne le bouddhisme avec ses
milliers de réductions de stupa, par l'exécution, aux côtés de ce
lIlèm ~ temple, d'images minuscules de sanctuaires: c'est le sens
des appliques Je Ft à Mi SaD, qui, si on les examine de près, se
lisent très clairement comme des représentations de monumenls à
étage et à pignon, tel que fut sans doute le bùtiment dont elles ve-
naient omor la hase. Un vestibule précède. le petit édiflce fictif ct
par la porte entr'ouverte, d'où descend un perron, on aperçoit le
prètre en prière au foud du temple (pl. CXLlV-A). Les granùes appli-
ques du soubassement sont aussi il deux corps, mais dans la fonne
de niches, la première seule coutenant un persolluage agenouillé
(I?l. CXXVlIl). A la tour centrale de Hott Lai la composition est in-
termédiaire entre ces ùeux motifs: le second plan est d'un édifice
(f) "li San, piédestal Ei' AIO ; soubas- sement ct hase de F3 avec piédestal et anté-
sement et base de A'i avec soulJassement fixe, souhassement et hase A' 2' hase C;
et lion ou éléphant Cil antéfixe, souuas. salls soubassement.
ÉLÉMENTS SPÉCIAUX A L'AIn' CAM 143
détaillé, mais le premier est une véritable niche qu'il faut considérer
sans doute comme le porche ou la porte du faux sanctuaire qui
s'élèvc cn arrière (pl. CXLlV-B). Nous rctrouverons encore des appli-
ques à deux plans; mais, landis que dans l'art primitif ces plans se
suivent, en quelquc sortc concentriquement, les deux éléments sont
ici de dimensions toutes ditrérentes (i). 11 est vrai, d'ailleurs, que la
simplicité des bases dans l'art cubique ne nécessite pas une saillie
considérable d'appliques: de même, la similitude des profils de sou-
bassement et de base dans cet art permet l'utilisation des mêmes
appliques dans les deux cas, chose rare dans l'art primitif.
. Nous avons amené les deux systèmes d'appliques, parties d'ori-
gines diil'érentes, à des masses analogues il la fiu de l'art primitif et
de l'arl cubique. L'art mixte, en fondant les formes de ces deux arts,
devait unifier les appliques. Eu end, celle que nous y trouvons a
bien tous les caractère's de l'applique CIl art primitif, profils impor-
tants de moulures qui sont coupés par une bande plate, fronLon
ogival orné de la chute de feuilles, mais tous ces éléments sont
couverts de décors caractéristiques de l'arl cubique et souvent une
antéfixe ou une applique minuscule se détache en avant. Dans la
fusion de ces formes la bande verticale, restée d'ordinaire nlJ.c
dans l'art primitif, se couvre presque régulièrement de décors et
parfois, par un retour curieux qui trouve sa raison dans la propor-
tion même de cette bande, s'orne à nouveau d'une figure d'orant
cn très bas relief (2). La fin de l'art mixte à B-ông DuO"ug montre dans
ce système des appliques d'une silhouette plus élancée que les
plus minces de l'art primitif (fig. 23). 11 est vrai qu'avec la bande
décorative formant molif principal, rien ne retenait l'étirement de
l'applique, si quelque raison de composition l'exigeait, et c'est le
cas à la tour principale de :Sông DuO"ng, traitée avec une recherche
(i) Nous n'en avons d'exemple qu'à la cette bande ainsi occupée une lois, au
tour centre-Nord et la tour N. de Boug milieu d'appliques normales: c'est au
DuO'ng, qui sont d'arl mixte. soubassement tle la tour S. à Bong
(2) L'art cubique nous montre déjà DuO'ng.
J4.4 L'A RCHliTECTUn'E
sellce de l'applique est un fait l'Ure dans l'art primaire en raison de.
l'hommage qu'apportait l'orant ou la réduction dn sanctuaire, dé-
pourvue ensuite de tout élément qui lui donnùt un sens religieux,
elle téndit il, se perdre (lans l'art secondaire, ct nombre de monu-
ments qui ne sont pas parfois des moins importants en sont dépour-
10
146 L' ARCIIltECfU lU~
(1) Art mixte, Mi SÛ'n Cs; - classique, (2) 11 existe au dépôt de Bl.nh Dinh un
Thii. Thiçn; - pyramidal, BAng An, HUllg (l'onlon analogue qui pourrait d'ailleurs
Th~nh; - dérivé, annexes de 1)0 "Iauit ayoÏ!' la même origine (fig . 59).
Garai. Nh~n Thap, PO Romë.
ÊLÊMENTS SPÊCIAUX A L'ART CAM 147
(1) C'est par erreur que nOllS aVons pièce, sculement glissée de la corniche d'u Il
dessiné IleS pièces d'Ilcccnt aux angles Ile' élagc lin tcrrasson immélliatcment infé-
la grande face (le corniche à YaÏl l'l'OÙ; rieur, ponr que la tour AI3 de Ml Scm nous
les pièces tl'accent en tête de bœuf qui en ait conservé un spécimen complet.
furent retrouvées /lu pied de ce monu· (3) Ml SO'n Ai ct série corl'cspondante,
ment devaient sans doute oruer, comme l'hông Lç. Gf. B.E.F.E.-O., l, pp. 253 et
à la tour S. de Nha Trang et à PO Rome, 255, fig. 43, PÔ Xagar de Nha Trang, etc.
Un motif supérieur. (4) Nhan mêu. Cf. B.E.F.E.-O., l,
(2) Ainsi la totalité des pièces d'accent p. 251, fig. 40; Mi Scm Ai; PÔ Nagar de
de Bong Dmmg, tours principale et cen- Nha Trang tours l)rincipale et N.-O. Il en
Irale, d'un type pIns robuste, se sont bri- existe encore au Jarùin de Tourane un
sées, et il Il fallu l'heureux hasard d'une spécimen qui doit venir Ile Trà Ki~u.
14·8 L' ,\.HCHITECT.UHE
début, devient d'un usage courant dans l'art secondaire et figure une
tète de lIIaka/'{f. Un quatrième; qùi n'eut qu'une courte forlune ail
temps de l':Ù't mixte . tl'ouYepeut-ètl'e son origille dans l'art cubique.
Enfin nous ne citerons que pour mémoire une pièce d'accent ol'llée
d'une scène, rencontrée il. Phông L~ .
Si l'on s'en tenait seulement au nombre des spécimens retrouvés,
ce serait la pièce d'accent en buste d'apsaras (fig. 25) qui dominerait:
en fut-il ainsi dans la réalité? Observons tout d'abord que sa robus-
tesse relative la préservait en partie d'une rupture inéyituble pour
tLf:)IE~TS SPf:CIAUX A L'ART CA)[ 149
(1) Voir note 4, p. H7. ne pent guère pro\l~nir que (l'une pièce
(2) Nous ayons cepenrlant retl'ouyé à d'accent.
Th~p ' Thâp nn petit buste d'apsaras qui (3) Six en tout , en comptant po Ill' un
150 L'ARCHITECTURE
les édifices de la série A. tIe l\li San: les les pièces d'accent ornementales de l'art
autres sont Chim Sem, Hinh Lùm, ]{huang primitif cam la transposition Cil décor
l\ly,Nba Trang ct lIiing An; encore Chim .d'un groupe de na[la; la présence cons-
San est-il si ruiné que nous n'avons pu tanle de ceux-ci comme antéfixe d'angle
en donner de relevé, et oucune pièce d'o(}- au Cambodgo et la vogue du type nu
cent, s'il y en eut aux corniches, ne s'est makam, à moitié confondu au èampa
conservée à Binh I.àm et il I{huO"ng My. avec le lIaga, semblent confirmer celle
(1) Plus probante est la présence, ùans hypothèse.
le groupe de sculptures au caractère si (3) Mi SO'n A., D3' ~ , C2 ; Pô Nagar de
ancien de Phu Hung, (l'nne crête de ma- 'Nha Trang tour principale, DAng An.
"ara qni semble hien provenir d'uno (4) Mi SO'n, diverses; Phông L~; Nha
pièce d'accent.. Trang.
(2) Feu le docteur Brandès , dont les (5) Tours d'argent, de cuivre.
idées si intéressantes snr la tl'Unsforma- (6) Mi San Il., Cluinh L9
tion continue des décors hindous ont (1) Th*p Thûp, Phuo-c Tjnh, PÔ IUauü
péri en grande partie avec lui, voyait dans Garai.
ÉLÉ:\IENTS SPÉCIAUX A L'ART CAM f5t
Malgré tout, cette silhouette pleine a perdu son esprit; pour lUI rendre
du caractère, le décorateur relève les feuilles basses en crochets
circulaires au-dessus et au-dessous de la queue droite (t) (m. pl.-A),
tandis que, pour varier l'effet, il couche les feuilles supérieures sur
un contour lisse (m. pl.-G), détache celles d'en-dessous en saillies
aiguës (2). On voit encore la corne sc retourner en arrière (3) (m. pl. -1\1),
la masse se décorer d'ornements floraux en spirales plates qui rap-
pellent les crosses de fougères (4.), l'ensemble s'{lVider à nouveau sur
l'axe (5) (m. pl.:E). Leplus curieux n'est pas cependant cette variété
de transformations, mais bien la persistance du type initial: on le
retron ve presque identique, soit en pierre, soit en terre cuite, dans
toute l'époque classique et jusque dans les édifiecs de date avan-
cée (6). Il est tout naturel que nous rencontrions le type primitif ft
Ml San E4 (pl. CXL VlI-l) au milieu de motifs très différenciés,
mais il est plus curieux de le revoir à Chiên IHmg, plus découpé
encore qu'il Ml SaIl. Cette survie n'empêcha pas. cependant, cet élé-
ment de se transformer finalement en une masse presque informe
que le dernier goût éam, celui qui inspira les sculpteurs du Binh
Thu~n, mua à Pô Homë en sortes de larmes (pl. CXLVIII-D) et
maintint sous un aspect de cornes grossières jusque dans les
modernes bamll1i de Phanri (m. pl.-.1).
La pièce d'accent en forme de makara paraît avoir été réservée
presque exclusivement pour le. décor des arêtes intérieures de la cor-
niche sur le pilastre d'angle: elle est sculptée en has-relief et non
en ronde bosse ct sur une seule face; l'autre, tournée du côté du mur,
était presque invisible ct resta nue. En un seul cas, daris une pièce
assez petite, autrefois conservée ft la banque de Tourane, les deux
faces sont sculptées, et il est probable que cette piècé d'accent ornait
un angle extérieur. Dans les exemples en pierre, le modelé est assez
Nous voyons alors naitre une. forme qui paraît dérivée d'éléments
analogues il la petite pièce d~ Mî San A f i ; elle s'empàte au départ
dans une masse curviligne très originale; et celle-ci lui donne la
robustesse qui manquait iL la pièce d'accent de l'art primitif (i)
(pl. CXLIX-K). Elle disparut avec l'art mixte et ne laissa aucune
trace dans l'art secondaire.
A quelque type qu'elles appartinssent, les pièces d'accent étaient
fixées diagonalement dans la maçonnerie par une longue queue de
pierre: cette disposition présentait l'inconvénient signalé de dé-
couper l'angle droit en deux autres angles de 45° dont la pointe, en
matériaux aussi petits que la brique, était de conservation précaire.
Les Cums s'en étaient rendu compte et cherchèrent par divers
moyens à diminuer les chances de rnine. L'un des plus fréquemment
employés consiste iL augmenter la masse oe chaque languette de
briques par un renfort: il affecte une forme courhe qui le rapproche
du dessin d'une aile; aussi peut-on se demander si l'origine n'en est
pas dans celles des apsaras, pièces d'accent qui. eomme nous l'avons
vu, en sont toujours dépourvues dans leur partie de pierre. Un fait
confirme cette maniôre de voir: c'est la présence d'ailes finement
taillées dans la brique aux apsaras des fausses portes de Binh Lûm.
Un autre semble à première vue y contredire :à Ml SO'n B5 1es mêmes
renforts sont couverts d'élégants rinceaux; la difficulté n'estpeut...;être
qu'apparente, car, ornementales, ces pièces ne pouvaient être accom-
pagnées d'ailes véritables (pl. CXLVII-D 3).
Dans d'autres cas, la qüeue de la pièce d'accent s'engage dans
une rainure ménagée dans une pierre de coin (2) (pl. CXLII-D) ou
même dans un véritable canal de pierre (3). Malgré ces précautions,
intérieurs font Iléraut" dans les l'arcs élli- primitif, a fourni une pièce d'accent qui
lices debout: Bong Dl1Cmg tour centrale, pourrait, dans une certaine meS\lre, servir
l'U SonA 12 , 13' et tontes manquent dans d'intermédiaire entro la pièce d'accent de
d'autres, l'U SO'u Alo , B~. l'li San A' 1 et celle-ci (pl. CXLIX-L).
(1) Bong DI1Ü'ng tours. principale et (2) Mi SÜ'n BI ,Phli ThU1~n.
centrale, Mi SÜ'n A12 , 13' La tour A'4 de (3) Mi SÜ'n At.
Mi SÜ'u, qui parait cependant plutât d'arl
ÉLÉMENTS SPÉCIAUX A L'ART CAM tà!S
(1) Mi San AI' B3' 5' C2 • qu'ils ont duré dans (les édifices moins
(2) Mi San Cl' 3' hien conservés.
(3) Mi San '\2-7' B;-13' 11 6 , lissez impor- (4) Cf.).C., 1, p. IGi.
tant cependant, fait. exception ct dut en (5) La ruine absolue des angles laisse
être dépourvu, cal' il est. peu vraisem- toute liberté à.la discussion, et le seul ar-
blable, dans l'état où sc trouvent sa cor- gument qui nous décidait avant l'exécu-
niche etson terrusson, que les amortisse- tion des planches,la présence de métopes,
ments aient totalement. (lisparu, alors que les amortissements eussent cachées,
f~LÉI\I.ENTS SPÉCIAUX A L'AHT CAM {57
dc Y[tn TuO'ng,
L'amortisscmcnt d'anglc rcposc, soit pal' son soubassement
propre, soit pal' l'intcrm{!diaÎl'c du bahut g<Snéral, sur la gl'amlc fac.:c
dc cornichc, L'assicttc nécessairc est obtenuc pal' une saillie plus
grandc ùe la cOl'niche au droit du pilastre d'angle; pcut-ètro sel'ait-il
mème plus juste dc dit'c que c'est le seul point où la cOl'lliche ait son
yérilablc profil et que padout ailleurs elle cst c.;amiu'(lée pOlll' donner
au lMcrochcUlent (le la gl'andc fac.:c une saillie plus forte. Aillsi
. le départ (le l'amortissemcnt est netlCllWllt mal'(llllJ ct les pi(~l'cS
d'acCIlnt aux angles int<'~l'ieu['s viennent eileore l'aeeuscl', Malgl'll la
l'éduction de l'étage en lal'gelll'" l'amo1'lissement est souvent g(~llé et
tuuche l'arète du corps {lu'il cnferme : it la lOlU' principale tIc ~ha
T,'ang, lc constructeur n'a pu exéeutcI'le couronnement de celui du
H" étagc, enl' il se flH rcncontré a\'ec la pièce ù'accent del'ullgle
du Ille, pal' bonheur rcstéc en place.
L'histoit'c dc l'aIllodisscmcnt d'anglc est des plus curieuses, cl,
à la dill'él'cllec ùe celle de l'appli(Iue, toutes les transformations s' y
sont suc,c édé dans le temps mème où les monuments conscrv(~s
. nous permettent de connaître sùrell1ent l'ad du Campa. On peut y
distingucr trois périodes bien tranchées. Dans unc premièl'eépoquc,
qui correspond it l'établissemcnt des édifices dc la série Mi San Ai'
l'amodisscment est tl'aité en véritable petite tOUl'éley(lc h l'angle
de l'étage immédiatemcnt inférieur, Dans urw seconde période, qui
(i) Les planches LXXI et LXXII, qui se petit nous avait échappé. Aussi avions·
rapportent à la tour Mi SOIl At, sont nous indiqué à tort ce garw/a comme
fausses sur ce point. ~ous n'avons pu éta- servant seulement de support à la figure
blir cette lecture définitive, que nom ga- centrale du petit corps de /calan.
rantissons, que .sur l'agrandissement d'uIl (2) Mî SCfIl il.:;, (;2'
cliché où cc détail de soubassement trop (3) Mî SOIl n ,
J
É L É i\1 EN T S S P É ClAU X A 1: A ln CA 1\1 1!,9
la corniche sur laquelle ce del'Iüer court seul entre les motifs d'an-
gles, A ce moment l'amortissl1ment a complètement changé de sens
et il a pris définitivement son caractère d'union d'un étage iL l'autre.
La façon dont les rangs de moulures s'interrompent devant les fron-
tons d'applique (1) montrent bien il Thil ThiOn (pl. XLI) que tout
souvenir du sens primitif est perdu; les renforts tIc pièces d'accent
prennent une importance prépondérante et viennent, d'une façon fort
inattendue, garnir les façades moulurées en leur milieu. Ainsi s'ac-
cuse la modification qui va donner il l'amortissement un troisième
aspect. Nous retrouvons le mème système iL Nhl}-n Thap (pl. XXIX),
mais alors que les renforts d'angle subsistent, les pièces d'accent ont
disparu. Sans doute quelque intermédiaire nous manque, quelque
édifice où des retards dans l'exécution ou l'approvisionnement des
pieri'es firent laisser iL vide les angles qui attendaient leur éner-
gique décor. En cet état de Nh<;tIl Thap il suffisait de quelque nou-
velamortissement resté en épannelage pour amener la naissance
d'une forme analogue iL celle de Po mauÏl_Garai, ct nous la voyons
déjil réalisée aux amortissements des fausses niches de cet édifice
même de Nhl}-n Thap. C'est qu'en effet, l'amortissement dans la
multiplication continue de ses rangées de moulures, de ses anciens
étages si l'on veut, s'était rapproché de plus en plus de la forme
d'une pyramide curviligne; que la nécessité d'y incruster des
pièces d'accent se perdit, ct il était tout naturel de constituer cette
partie de l'édifice dans l'épannelage qui indique sa forme, pour le
ravaler ensuite d'après ses plans de moulures, suivant la méthode
constante employée pal' les Cams, Le passagene dut pas cependant
être immédiat entre l'épannelnge inachevé ct la forme nouvelle, car
l'amortissement de Po mauit Garai (fig, 25 et 27) présente certains
décors spéciaux qui le rattachent iL la composition de l'art pyra-
midal, où la voùte extérieure naquit peut-être d'un processus ana-
logue. Hien, dans l'amortissement çle Thü Thi~n et de N1Wn Thap,
Dans ce cadre vaste, nous ferons tout d'abord entrer ce qui est
réellement baies dans les édifices ca ms : portes et fenêtres; - puis
des éléments qui s'y rattachent de très près: fausses portes, ou de
plus loin: fausses niches. A vrai dire, certaines des fausses portes ne
peuvent guère être considérées comme des copies d'ouvertures:
quelques-unes, dans l'art cubique, semblent plutôt des annexes
pleines accolées aux parois; mais nous compliquerions cette étude
inutilement si nous les séparions des simples fausses portes dont
elles occupent la place. Les fausses niches ne sont rattachées à ce
chapitre que par un lien plus subtil encore: elles tiennent aux étages
(1)Tour d'ol" Van TuO'ng. (3) Mi SO'n A G' figure sur éléphant et
(2)Art primitH : D7 -13 à :Mi Scm, . édi- devan t chcvet ; C;;, figure en élJanllelage;
fice S.-E. cIe P Ô· Kàgar cIe Kha Trimg; PÔ Kagar de Nha Trang tour K.-O.,figure
art cubique: édifices S.-o. et S.-E. de Pii sur éléphant, lion .et yarwta.
Dam. représentation d'édifice au tympan
deMi SO'n FI'
LES BAIES 'EXTÉRIEURES t67
(1) Exception doit ètre faite pour qucl- qu'il s'agit là d'un système spécial dans
ques portes de l'art cubique, PÔ Dam en l'art cam.
particulier, mais nOlis verrons plus loiu
168 L'A RCHITECTURE
(1) ~li Scm Ci' ÂI> A1O' E~, ctc. (3) Il est généralcmfnt désigné dans la
\2) ~Iï So-Il Rh n~, Thü Thi~n. Mi So-n pl'cmière pal'tic Ile l'Inventaire sous le
D2 • olt l'al'riùre-corps, de style différent nom de troisième corps, parce que, à cette
du rcste, semble avoir été ajouté au mo- étape de notre étude. nous n'avions pas
dèle Di qui ne parait pas en avoir com- encore senti la dualité que nOlis expo-
porté; voir p. HI5. sons ici.
170 L'ARCHITECTURE
(i) L'art du Laos, qui semble nous (2) Cf. B.E.F E.-O., VII, pl. l, fig. H .
avoir conservé dans ses répétitions per- rJ ) Niches du soubassement général
péluelles en matériaux sans durée des de Ai à Mi SO'Il, corps antérieur tIcs
formes extrêmement anciennes, donne de fausses niches de la tour principale à PÔ
nombreux exemples de portes réelles Nagar de Nha Trang.
cons tituées d'arcs aussi légers dépourvus (4) Mi SO'Il B3 , Ci' AI' ele.
de tirants enlre leurs sommiers; That (5) Appliques de IIoà Lai tour cen-
Panom, etc. trale.
LES BAIES EXTERIEURES 17t
cn bas les tètes Je lIwkarct (1); ces dernières sont alors parfois rem-
placées par les mêmes feuilles redressées, mais ornées en ce cas
d'une métope d'arc (2), Le motif le plus fréquent est le gajasi1!lha la
trompe en l'ail', au galop, monté par un cavalier (pl. CLVI) (3); ailleurs
c'est un 'é léphant qui porte sur sa tètè une figure assise (4), ou bien
encore on voit des démons volants (5), Jes lions dehout de trois
quarts (6), souvent un motif en épannclage (7), parfois rien (8):
Une autre forme, - plus proche ou pIns éloignée du motif initial,
nous Ile savons, - ·se rencontre encorè·'dans le fronton de certaines
appliques de l'art primitif(9). Ièi la ligne d'arc n'est plus continue, ou
mieux disparaît sous une suite de feuilles qui sc redressent, produisant
un contour ondulé il l'intérieur, mais qui peut s'enfermer aisément dans
une ogive it l'extérieUl' (10). La porte d'entrée de la tour S. tt Khuang
My rappelle peut-être l'origine de cette combinaison; chaque crosse y
représente une tète de nii.1(l (pl. CLIX); ce motif se reproduit dans l'art
cubique en Mi San A1O' Un décor intermédiaire fort heureux sc voit
au pignon de la tour 1".-0. il Nha Trang (fig. 30) ct en copie dans un
des pignons de la porte de Dz il Mi San. Dans ces deux cas, les vo-
lutes servent d'origine il une feuill e ample, d'un dessin très élégant.
Le décor de l'arc sc complète, dès qu'il prend une certaine im- .
portance et tend ù s'enfermer dans une ogive, par une série de
feuilles décoratives qui continuent le mouvement des feuilles ter-
minales. Peut-être ont-elles pris leur origine dans les motifs précé-
dents; peut-être plutot répètent-elles autour de l'arc, pour le ra-
mener au contour ogival, le d~cor constant de feuiHes qui orne la
bande concentrique visible du éhevet où il s'appuie.
A la fin de l'art primitif, le décor d'arc constitué par la suite de
feuilles, indiqué plus haut, tend (l sc simplifier, la ligne onduleuse
intérieure (1 sc r~dresser (1) : il donne encore le motif d'un certain
nombre d'arcs simples de l'art mixte (2), mais les feuilles sont trans-
formées en plaques de rinceaux d'art cubique. Avant la période
secondaire, l'arc même disparaît au profit du chevet devant lequel
il se détachait, ct la composition du décor des baies prend un carac-
tère tout spécial; toute idée d'évidement disparaît, et le linteau n'est
. plus appelé qu'à soutenir une superposition de pignons courbes
n'ayant plus rien (L voir avec l'expression d'une entrée: la porte de
la tour principale à Pô Nagar de Nha Trang montre déjà un exemple
complet de cette forme inférieure.
La composition des supports de l'arc yarie. En gélllSral, lorsqu'il
s'agit de petites ouvertures, uaies ou fausses, cc sont de fines colon-
nettes circulaires profilées dans le système à cavet. Pour des ouyer-
turcs plus grandes, niches plus importantes ou fausses portes, le
pilastre est préféré, soit droit et orné seulement de la frise à guir-
landes pendantes qui lui sert de chapiteau (3), soit muni d'une base
et d'une corniche d'un beau profil tl doucine (4) ; il est généralement,
dans ce cas, agrémenté de riches rinceaux (5) et parfois redenté (6).
Quand l'ouverture est une porte, ce sont d'ordinaire des piliers
redentés de pierre (7) qui en constituent les piédroits; ils sont profilés
en haut ct en bas ct parfois ornés de larges feuilles aux extrémités
du fût (8); quelquefois droits (9), ils présentent plus souyent une
(1) Binh Lâm, PÔ ~agar de Nha Trang (5) Mi San AI> toutes fausses portes.
tour principale. (6) Mi San C,.
(2) Appliques de Bong Duang. (7) Phông L~·.
(3) Mi San AI' fausses portes. (8) Mi San Ba, 5. 6' CI' etc.
(4) Mi San AI' fausses portes du vesti- (9) Mi San Bù'
bule; Ba. CI'
LES BAIES EXTÉRIEURES 173
(1) Mi SÛ'n 11 3 , 5' CI' D~. (5) Mi SÛ'n FI' A'I; Dong DllOUg.
(2) Mi C 2, portes.
:50'1l (GI Dong DllltUg, ~Ii SÛ'n .\ JO' IIz.
(3) Hà T1'lrllg, V'n Diêm. \') Ml San AI'
(4) lIà Tmllg.
L'ARCHITECTURE
(1)Mî So-n CI en place, Al?' Ft. (3) Pù Nagar de Nha Trang tour S.
(t: ~Iî
8Ù"p E , elChùllh LI) , l'oi en touré <le « ) ~lî San El. Cf. I.e., l, p. 411>,
ses femmes ; Chùllh LI), (lallses guel'rières. fig. 93.
Ho L'ARCHITECTURE
dont les motifs, au décor près (1), ne sont que des variantes d'un
arc surbaissé. Cc système ~dans l'art éam donna les linteaux-tym-
pans de ?IIi San El (2) ct tIc Phu 'l'hg (fig. 126) ct les linteaux
décoratifs de Bong nl1allg tour N .-0. , ct tic i\IiSan B4 (pl. CLIII) ,
ces demiers en particulier neLlement apparenlés avec le type II
ldlmèr.
Quant aux tyml'alls qui d'abord occupent le vide ùe l'arc, puis le
centre tlu fronlon lorsque celui-ci s'est substitué à l'arc, il est assez
rare qu'ils soient laiss(\s en briques , s'ils doivent ètre sculptés. Nous
elt ayons cependant à Mi Sun deux excmples inl'~l'cssaItLs, l'lin petit,
orllé tic J'inceaux éléganls, à la porle de B7' l'autre de graudes ,li-
mcnsions a yet: des (~léphants qllisecouent un adll'e, à la fenètt'e 0,
tle ll". En g'~Il(Sl'tl1 ils sout tai1lés dans lIne dalle tic pierre encastrée
dans la llHH;Ollnel'ie ; tians le plus grillHI nOIllhre de cas ils por-
lenl l'illlage du dieu tl(lol'l~ dalls le telllple ou se rattaehent à lui par
C}uel'lue lien naturel.
Duns les fausses Hieltes OH les l'odes très pelites, le tympan pent
être occupé pal' 1111 sinlple dlScOt, (3), UIIO tète dc lion dont sortent
doux tètes de lItakara (~), IlIl niiga lIIultiple (;;) on sinlpl e (G). Si les tètes
de Phu Ninh (pl. CLXXYIII-C) ct de Qua Giàng ne sont pas tics mé-
topes, elles purent jouer cc rôle; c'est sùrement celui des apsaras
de Phong Lê, de Long lluch (7). Quelques rares exemples, analogues
à certains motifs pI'illlitifs llu Cambodge, montrent le tympan occupé
pat' une rédudion t1 't!dificc (S), forme qui, dans l'art mixte ct la plS-
l'iode secondaire, sc tmduisit peut-ètl'e par l'introduction d'une
applique fort inattendue (9).
Dans les tylupans de pierre, la dalle est, jusqu'à la basse époque,
faite d'un Is eul morceau, et ce n'est que dans les derniers édifices
qu'elle est exécutée en plusieurs pièces (1).
Le corps m6me du chevet, percé seulement en bas de l'ouvert.lll'c
nécessaire au passage, est parfois muni de pilastres (2) , redentés il
l'occasion (3), gal'nis d' une base et d'une cornidwcomplètes; il sup-
porle un fronlon dont lc LOt'd extérieur lIC COlllpOl'te jamais d'autres
décors qu'un rang d'élégantcs feuilles. Ce corps ne · cOllsen'e pas
IOllgtelllps une division de pilash'es; ses prolils, à l'origine, sont,
comllle tous ceux des détails clans les édilices cIe l'art primitif, du
type à cayet; ils Ile tarùent pas il ètre tt'acés tians ce style à clollcine
qui ennthit et unifie tout l' Milice dans lIne triste monotonie. La
silhouette lIn frontoll varie davantage; au début, qualld son contour
circonscrit l'arc renversé et ses décors, il peut être tracé suivant
une ogi "c trapue, Ull arc en tiers-point outrepassé, ea.r le motif en-
ferllltl n'cs t pa.s très étit'é en hauteur. Cette pl'Opodion reste la
moyenne dans tout le cours de l'arl èUIll; on voit souvent aux
fausses lIiches l'arc s'élargir de la hase, mais le plus souvent, èt dès
Nha Trang (8 li), il tend il s'étirer en hautem, surtout aux fausses
pOl'les; les deux segments d'are au-dessus de la ligne des centres
se rapprochenl de ùeux droites et forment un arc ùe plus en plus
aigu (4), lundis qne les segments inférieurs prennent un rayon chaque
jour moins long, une courbure qui va sans cesse en s'accentuant.
Enlin les côtés ùe la pointe de l'arc s'infléchissenl en dedans et don-
nent ainsi au fronton une forme voisine de celle d'un as de pique
très aigu (5) • .
En mème temps le fronton se modifie autrement: les faces s'y
multiplient, et il adopte même bientôt une forme bombée très carac-
lél'istique (6).
Le corps postérieur affecte, à l'origine, deux aspects: la projec-
(1) Th.!p Thàp, Mi So-n II,. (5) lIung Thl)lIh, ~li So-n HI'
(2) Fausse porte ùe ~1i So-n Ai' (6)Pô Nagar de Nha Trang tour S.
(3) Fatl~se lIich(! de ~[i SO'lI .\ l' Cf. /J.E.F.B.-O., n , p. :'10, fig. 8.
(') Pô :"iagal'o(! ~haTl"an~, rau~se~ pori es.
,\N~A:\l . - Il.
liS L'ARCHITECTURE
semblable que le petit nombre des édifices conscrvés nous aient gardé
la totalité des formes primitives. Nous n'insisterons pas ici sur le
détail de cette composition dont nOlis aVOlls donné une lecturc M-
taillée dans l'Inventaire pro~rement dit (1); remarquons seulement,
ct ceci vient il l'appui de l'idée émise quelques lignes plus haut,
que la silhouette évoquée par cette réduction de tour n'est pas
celle d'un kalan ordinaire : elle montre des fausses niches, mais
pas d'amortissement d'angle, ct, dalls son ensemble, éveille plu-
tôt l'image d'une construction dont la tour S. du gr-oupe des Tours
J'argent serait ulle réplique postérieure. Cette fausse porte de Binh
Lâlll montre en outre une disposition spéciale ct qui vient il l'appui
de notre système de rapports entre la fausse porte ct le yeslihule
précédé de la porte: derrière elle sc dresse un grand fronlon ogival
richement orné, et le vestibule se détachait sur un frouton de même
forme, mais nu, accolé il la muraille.
A la tour S. de Klllwng My, le corps postérieur des fausses portes
constitue une véritable réduction de kalan il, trois étages,ayec fausses
niches ct amortissements d'angle, peut-être même pièces d'accent
(pl. CLV). Le sanctuaire central nous montre un exemple plus fruste
de la même composition; la fausse porle est, dans ces deux derniers
cas, très étirée en hauteur.
Ces seuls exemples sont tout . cc qui reste, en .art primitif, de
ce type: nous le retrouvons jusqu'aux derniers jours de l'art cam,
en beaucoup plus simple et avec un intérêt artistique hien moindre.
Dans l'art classique, les étages ct les fausses niches sont nettement
marqués, mais en nombre réduit: deux; les amortissements, ruinés,
sont clairement indiqués par le vide qu'ils ont laissé (~). La fausse
niche supérieure prend à ThfI Thiên une importance dévorante et
vient il, compter plutôt comme un pignon terminal. Le corps posté-
rieur, peu saillant, offre dans ces divers exemples une hauteur dé-
mesurée: il est vrai que, dans l'art classique la largeur des fausses
portes est sensiblement plus petite · que dans l'art primitif, et, la
hauteur moyenne du corps principal du kalan ne variant pas, l'ar-
rière-corps qui doit toujours at.teindre la corniche s'étire .
La tour S. de Van Tuang 'montre un remarquable exemple de
cette composition, mais ici, naturellement, les amortissements des
étages sont remplacés, comme dans l'art khmèr que ces tours rap-
pellent, par des antéfixes d'angle en niiga (pl. XLVII) .
Cette combinaison d'étages se rencontre également .aux fausses
uiches d'un monument de Lasse époque, Nh~n Thap, mais à l'état de
rémiuiscence (pl. XXIX) ; des amortissements bulbés se dessinent
aux angles, tandis qu'au centre un autre amortissement plus impor-
tant correspond à la pyramide d'étages.
Le mode de composition du corps postérieur en pignon d'édifice
a été appliqué dans l'arl primitif au plus grand nombre des fausses
portes et des portes, toutes très voisines de formes. Sur l'arrière-
corps s'élève, au centre, un étage qui supporte un pignon (fig. 160),
taudis que les angles laisses libres sont occupés par des amortisse-
ments. Bien que les exemples de portes (1 ) ne manquent pas, aucune
n'est suftlsamment consenée pour pel'meLtl'c l'étudc du type; pal'
contre, les fausses porLes (2) nous en fournissent des spécimens d'une
composition charmante et d'unc consenation remarquable. Le pi-
gnon supérieur est traité comme un arc (pl. CLVI), ct Mi San B3
en donne un hon exemple (fig. 1(2). Aussi fréquentes et d'un effet
moins heureux, sont les fausses niches traitées de cette manière,
comme à Mi San B3' au vestibule de Al'
Ce système complet ne se montre plus aux fausses porles que
dans la copie de Mi San Al exécutée en E4' mais l'étranglement du
corps inférieur rend la proportion aussi maigre qu'elle est ample
dans le modèle (pl. XCI).
Comme nous avons retrouyé l'arrière-corps en kalan, nous voyons
reparaîlt'e l'arrière-corps en pignon sur étage il Duang Long tour N.,
(i) Ainsi que les fausses niches de Khml'ng My tour S., Dinh Làm.
182 L' AnCHITECTUn E
alllène aux incohéren ces ridi cules de Qi' Hp K de l\Ii SO'Il (pl. XCVI
e t XCVII).
Ces diverses form es ne sont,{ dans l'art secondaire, que des sur-
yivan ces; la disposition propre~ cette période est celle iL fronlons
concentriques; elle sc différ en cie de la combinaison précédente iL
frontons successifs pai' le fait suivant: dans lé cas des frontons su c-
cessifs, l'arrière-corps cessant tIc dominer, le conlour de son fronton
est parallèle, au moins dans le haut, au bord du dOl'nier fronton du
corps antérieur; mais le dép art des différenls arcs es t ù des niveaux
différents, ou, s'ils sc font SUl' un e imposte unique, les corps so nt
cependant d e composilion différenle. Dans le cas des frontons con-
centriques, tous les arcs partent d' un seul niveau ct les corps sont
identiques . Les fausses portes du kalan principal aux Tours d 'argent,
donnent un bon exe mple de fronlons successifs (pl. XXXIV), les
faus ses niches de la Tour de cuivre de frontons concentriques
(pl. LU), La division n 'est pas d'ailleurs très tran chée c t les deux
forlll es paraissent avoir existé parallèlernent. Il semble bien, néan-
moins, que la forme iL fronlons concentriques soit l' ultime simpli-
fic ation du système il pignon avec, comm e intermédiaire, le type à
pignons successifs. Aussi ne la ren controns-nous que dans les élé-
m ents accessoires aux premiers édific es de l'art secondaiœ (1 ) ; elle
n'occup e la place prépolldéranle qu e dans l'art d';,l'i vé (2). Le dernier
terme d e cette série est donné rai' la tour de Yan Mum, où portes ct
fau sses porles sont couvertes par une petite vo ùLe, analogue à celle
de l'édifice , mais qui n 'a plus rien il voir avec l'idée d ' une entrée
(pl. CVlI) .
Nous avons systémaliquementlaissé de côté l'art cubique ct son
dérivé l'art mixte ; nous n'aurons guère affaire il d'autres arts en nous
occupant de labaie en coupure c t de la fausse porte en aile. P ourquoi
cette dernière es t-elle conslilu<Se ici comllle une avancée plus basse
( 1) Mi San E4' vcs lilm}P, fau ss l' ~ po r- (") )11 San (;1' Pi) l,lauIt Garai, Po
t es; Toul' .Ic cuh-rc, Toul' d'or, fau sses ni- Homë, où elle llevient 11lLique.
chcs ; I3ling An édifi ce S.-O ., fa usses port(!s.
LES BAIES EXTf:RIEURES 183
du corps principal? A-t-on voulu répétel' sur les faces latérales, non
la porte même, mais tout le vestibule, parce que la porte, simple
coupure, ne comptait pas aussi fortement que la riche combinaison
d'entrée de l'art primitif? Cette opinion parait vraisemblable, et la
présence de vantaux simulés à la fausse porte de la tour S. de Hoà
Lai écarte toute idée d'aile véritable au bénéfice de l'hypothèse
d'une réplique du vestibule.
En coupure la porte était tI'ès simple: si on voulait l'effet moins
brutal, il suffisait d'encadrer le vide entre deux pilastres, ceux-ci
supportant, par l'intermédiaire du linteau, le pignon de façade du
vestibule. Il est fort possible que, dans l'art cubique, les vantaux de
fermeture se soient trouvés parfois immédiatement en arrière de
ces pilastres (1 ); la porte cxtérieni'c était alors tout il la fois l'entrée
du temple et la clôture de la cella. Aucune disposition de ce genre
n'a subsisté intacte; par contre, nous voyons, en des exemples bien
conservés, la porte réelle du sanctuaire, si elle n'cst pas contiguë cl
l'entrée, du moins très cn avant de la cella (2) . Dans ce dcrnicr cas,
la baie extérieure s'ouvrait-elle sous un arc ou sons un simple lin-
teau? Nous n'avons àce sujet aucun renseignement. Le cadre creux
des fausses portes, que termine souycnt en haut un décor analogue
à celui du linteau 1chmèr, rappelle-t-il nn système spécial d'entrée
dont les fausscs portes du yes tihule de Hoà Lai, tour centrale, nous
donneraient alors une idée ?Cela n'est rien moins que st'tr, et tant que
quelquc découverte nouvelle, si jamais elle se produit, ne confir-
mera pas une semblabl e hypothèse, il conviendra de rester dans
l'expectativc, d'autant qu'un motif très analogue ct couronné de
. même figure dans la composition des fausses niches, où il serait
alors assez déconcertant. Faute d'un exemple complet de porte dans
l'art cubique, nous serons obligé de laisser ce problème en suspens .
Si nous examinons les fausses portes dans ces arts, nous sommes
. amené cl les ranger dans deux classes : celles qui sont simplement
(1) l'ô Dam, Hoà Lai, surtout Mi (2) Mi So·n Ft> premières tours de
SO"n A'l ' B(ing Dmrng, ~H San AI 0>I%,13'
t84 L' ARCHITECTURE
(1) C'es t suivant ce système que non! teau et non descendre jusque sur le dé
avions Ilessiné notre restitution erronée qui termine Je piédroit. Le linteau, non
cependant surunpoinl: l'arc (pl. LXXXII) axé, paraît un réemploi et sC/'ait alors
dutrencon trer un pe Lit hahut de\"ant le Iin- la plus vieille scnlpturo èame.
LES BAIES EXTERIEURES 18i
(1) NOlIS avons dû, dans la planche n'est qn 'une hypothèse pour l'endl'C plus
LXXVI, trancher arhitrairement la ques- aisée la lecture des parties du plan COIl-
tion, mais comme l'indique le trait léger servées, parois intérieurcs indiquées par
nOIl renforcé de cernnfC, notre contour le trait plein et sonbllssemcnt.
188 L'ARCHITECTURE
nés brutalement, (lui sont parfois (tours S., S.-S.-O.) remplacés par
une colonne octogonale saillante.
C'est le parti généralement rulopté dans l'art mixte ct les colonnes
y sont de briques ou de pierres'. Le seul motif complel qlle nous en
ayons existe à la tour centrale de B-ông Duang (fig. Hi7); les portes
y sont à deux plans ne formant qu ·un corps antérieur unique, et les
colonnes octogonales supportent, en ayant du dlCvet, un are resté
en épannelage ct qui peut avoir attemln un décor de serpents
analogue à celui des fausses portes de ;\11 San AiO" La baie d'entrée
de la tom principale devait être différente de la baie d'entrée de
la tour annexe. Les piédroits, extrêmement amincis, élaient doublés.
Bien que leur trace sur le sol permette tl'ell fixer exactement la
position, il n'est pas possible de reconstituer sùrement cette baie
donl nous possédons cependant encore le tympan (i).
Les porles de Mî SO"n Ai2 ct A13 présentent les frontons successifs
du dernier art primitif ct n'ont de curieux que lems étranges tym-
pans décorés de lions (2).
Dans l'art secondaire, une seule des portes est intéressante: celle
de l'iii SO"n BI' parce qu'elle pl'ésente,à une date où cette forme paraît
perdue depuis longtemps, les coloIlnes octogonales d'entrée. Les
autres manquent d'intérêt; le parti le plus fréquemment employé
d'abol'd est celui des frontons successifs, même lorsque le réemploi
de piédroits de l'art primitif a pu appeler un essai de renaissance
de l'arc ct des dispositifs an'ciens (3i; finalement les fl'Ontons concen-
triques prennent toute l'importance, ct les piédroits sont, comme
ils l'étaient déjà à Pô Nagar de Nha Trang au début dù IX e siècle,
constitués par de simples piliers rectangulaires.
Si nous reprenons dans ses grandes lignes l'histoire des fausses
porles, un fait se dessine clairement: dans toute la durée de l'art
éam, la fausse porte ne cesse de deyenir plus saillante et moins large.
\1) Il , existe cependant : Tours de (5i Art classique, Tours d'argent ka/an
cuivre et d'or; Ducl'llg Long Lour S. principal; dérivé, ~li San Hi; pyramidal,
(2) De mème ~H SCl'll'E4 , Duang Long, Hung Th1.lnh, Nha Trang tour S.
tour :Ii. (6) Art pyramidal, llimg An; dérivé,
(3) Chièn Bùng. Mi San G, Pô Klaun Garai, PÔ ltomê.
(4) Thû Thi~lI.
LES BAIES EXTÉRIEURES t9!
S'il ne fallait compter que sur le décor figuré entre les piédroits
du , corps antérieur des fausses portes pour savoir ' exactement il.
quelle idée il faul rapporter ces éléments, souycnirs de vieilles
portes ou niches colussalcs, on serait fort elllbarrassé, cal', en nombre
il peu près égal, les unes montrent le parti d'imitation de vantaux
(pl. CLIX-Ai' B1' B) et les aulres enfel'IllCn t un orant (fig. 01), yoire un
dviimpiila. Ce dernier parti semble avoir la prépondérance, et Mi SaIl
dans ses édifices anciens (1) montrc plutôt l'orant; il,cn est de même
il Nha Trang, aux Tours d'argent ka/an principul, à Chièn f)àng, à Mi
San E~ d'une purt, et de l'autre ù Hoù Lai tours centrale et N. et dans
plusieurs édifices anciens dc Dong DuO'ug ; dUIlS tous ces divers cas
la figure se dresse seule, et si petite parfois' qu'il est difficile d'y
\'oir autre chose qu'un décor pour parer un mur: la fausse porte
peut d'autant moins être considérée comllle Ulle nichc que l'orant cst,
tll\Ii San, le plus souvent placé dans uIl encadrement propre. Lc sys-
tème intermédiaire qui montre une surface nue derrière l'orant est
plusrai'c dans l'art prilllitif (2), fréquent dans l'arl cubique el dcvicnt
la règle il la fiu de l'art secondaire (3). Un exemple est particuliè-
rement curieux, parce qu'il vient uppuycr l'idée de portc accusée
ailleurs pur l'indication de vautaux (4). C'est la tour de Phu Hung,
où une niche profonde semble rappeler un véritable passage
(pl. CLXIlI -E). L 'indicalion de vanlaux, qui paraît de l'àge primitif,
se prolonge fort avant dans lu suile. L'uu el l'uutrc modes de décor
disparaissent aux derniers temps de l'art cam avec les pilastres du
corps antérieur, et ce n'est plus qu' une face lisse que présentent
certains édifices de l'art dernier (;).
Quant aux fausses niches, leur histoire est simple. Elles n'offrent
que deux formes: pignons du type à étage au début, puis frontons
successifs et concentriques. Elles affectent cependant il. l'origine
(1) Orant: Mi SÛ'n Ai> ll3' Cl. Van- (4) KhuÜ'ng My, IIoà Lai tour S., 1\Ii
taux: Az_.,sauf Ac, A'4' E;,. SO'Il AIO' Hung Th/.lllh, Mi SÛ'n BI'
i2 ) llinll Liim, Phu lIung . (:;) ~1I SÜ'n G, l'li Romê.
(3) Pli J\lauù (jurai, Yaù ~lllln, etc.
11:)2 L'AllCIII TECTUHE
(1) Ml Scrn AI, B:l' Kllllcrng ~ly, sou- (2 ) Binh Lâm , PÔ l'Iagar tour princi-
cipal, Thil Thi~n, Mi San E4' Chiên (3) Boug DllO'11g tour cenll'alc.
Dàng. (1) TOUl' d'or, Y,in TllO'ng.
(1) Tours de cuivre, d'or; l'ô I\lamY (5) ~H San B". C;j'
Garai, 1'0 Romë. (G) ~1î Sail EJ, épalluclagc.
(2) IIoù Lai tour S. (7) l\1î SO'11 D".
A:\"~A'l1. - IJ~ 1l!
19.4 L' ARCH ITE CT URE
sit dans l'art mixte pOUl' s'enferme r tIans le cadrc d 'une fausse
portc ou d 'une composiLioll a nalogu c diviséc pal' des meneaux vcr-
tica ux (i) cl parfois un croisillon horizon lai (2). Cc sys tèm c subsista
longlclllps (3) , ct sans doute pOlll' micux aércr les tlorrn curs élentlus
à terre, cc genre de fenê tres, déjà basscs par clles-mêmcs, finit pur
s'ouni!" au ras du sol (1) . La co mbinaison la plus hClll'cuse, qui fut
aussila plus éphémère,. cOll sista dans l'étahlissement d'un cadre r ec-
tangulaire plus large 'Ille haut, tli,-isü pal' trois halust rcs d(~ pierre
assemblés au cours de la co nstru ction. Ulloyoùl.e de déchargc sou-
tieul le mur en arrière Llu lintea u: nous aVOllS ·ce m otif <l, l'étal
simple aux étages de 135 , C3 à JIi SO'I1, en imitatioll <l, ce lui de Ci;
SOli exislence esl imliquée ùilleurs par la (11~couY e rte de Jmluslres
isoles, ronds (J) ou carrés (Iii. Le plus sou ,'ent, la haie rectangulaire
cs t enfermée Qulre des motifs d ' am~ ge, de fri se ct de lympan dans
l' encmlre1l1 enl d'uu arc (i); fait cUl'ieux, lorsqu'il s'agit d ' une paroi
d'édifice CIL longuem où celte cU lldl.Înaisull es tpllls dil1icil elll erll de
luise, elle es l cepelldant eJllplo yée (pl. CLXIl). Mais l'are dispaealt,
le tympan sc t.ransforlllc CIL faux linleau ou cn fri se sup érI e ure ct les
m étopes seu les subsistont au SOllllne t des piédroits laléraux qui
ne porlent plus l'Îell <lu'elles (~) . 11 wllvieut de signaler, pour être
cO/uplet, la pülite haie Cil losalJge de l'édifice S. de !)6 Home
(pl. CLXUI-13) (lui paraît si pou éallle, les haies simples d c celui de
l)ü Klauù Garai trait(~ es CIl portes basses, cl les fenêtres du vestibule
de YaùProit qui, sculcs d e loull'al'l éam, s'ouvrent à l'extérieul' sous
une "oùle il encorhel1clllclll apparenle . Ces di" el'ses fenùtl'es, au
JIIoill s d ans l't~difÎl:o eu hl'i(lUCS, Ile paraissent pas avuir reç u de fer-
(l1)LI So'u Ail' E~ , Bung ])mmg pa- \ 1) ,'LI SOll G." 11 2' 4'
vill on ~, t:,) l'lllr lItrug, l'hÙllg LI), Dùug ))mrIlg
(2),'II Sou .\12' 13 ' étlilïce S.
(3) On le rell'ouye, agl'<tudi eL [l'a i lti P'l l'hàùg L~ , l;alJil Il . Cr. l.e. ,J, [1 . li7,
Cil hoi ~ , it la s all e rlc 1'0 l\J a llil (;umi, n ° 4:l.
olt les lJ al ll ~ ll'cs <Ic lIois qui f(, l'muic nt (l) Mî SO'n U;" 6; C3, 4; El '
·les fcnê(n's ont Jllalh e lll' c n~clIl e llL fl b - (S ; :\li Sfm DI '
pal'II e t ne s oul pIn s indh{ués filW IHll' .
ICl1r mortube d'encas trcmen t.
LES fi A lE S E :\ T l~ HIE U Il E S I!);j
(1 ) .\insi seulement lleut s'expliIPll'['la "P illeS cOllse tTéelS : mnis s lIr cc pnl'Ii
lli spal'ilion complète du pignon O. d e la tl ' lIll art hi en tIélïJlI se greffe lin décOl'
sall e Il. qUllud le pignon O. Ile D2 s'es l (Lili vi enl oentpcr lout. Je pi gnon e t qtli
parfailement co nservé et qu'il l'l's le a~ sez es t tl'ilu cal'aclèl'e co mpl è leme nl ,Iiff(!-
tlu pignon E. rlc \)2 ' pins cxpos0 i't l'éJJl':m- reùt ; il montre 10 sys t(\me de rl'onlom;
lemen t causé par le rayage des ca ux, pour co nct'nirilllll's il faihl e (~paiSS c llr que nOlis
qll 'o n pui sse a ffirm ct' SOli existencr,. Vn lW l'encoull'ons pal' aill e lll's IJlI t: dan s la
fait vienl tl'ailleurs eonfirm er ecl lu hy- ~l'eo llllc [lét·iotle. (Cf. !JI. LXXXVl-:2.)
p o tb è~e: la porte ll 'cnlré e Il e ]) 2 s llitnl'i- \" i De 1I1 l: IIW il ~Iî SO'1l n.; .
tement rad de la série ~1I SO"n '\1 c t floit . l'I) .\li S(m Bil' l'ô :'\ag;u' de .\ha 1'1'11111;
ôtre une copie exacte Ile celle de ])\1 d onl ,~ tlifice ~ .-0.
elle répè le Irai lieurs les parties Lasses (4) 'l'OUI'" tl 'argen t, !'li I\Jault Uarai .
HW L'AnCHIT~C'ru RE
tains cas àl'ol'igine, cal' si notre releyé est exact, le profil répond
à une acuité d'angle extrèlll~; quel que soit le relôvemeut qu'ou
suppose à l'al'ôteou faile, le pignon l'esle lrès écarlé lIe la verticale.
L'étude ou vestibule du kllfan desToul's d'argent montrera commeut
le relôvement de celte courbe pouvait s'ohtellir; le teuOu inf(:l'ieul'
de la corne posttSrieure ,'t Phù Iltrng (pl. Cl.l~JV-E) indique de son
côté par quel procédé, au cours de la pose, la pièœ était retenue
dans les maçonueries encore fraîehes.
Couverture en voùte !~ourbe et pignon incliIHS . semblent la tl'a-
ductioll en hri(lues d'une toitmc Mgl~l'ü, et il n'est pas jusqu'au décor
des frontons extrêmes qui n'accenlue eclle ressemhlance, ear ils
sont terminés au sommet, COlllllle la plupart des toitures l(\.gèrcs en
Extrôllle-Orienl, pal' des motifs aigus qui pl'olongent eH avant laliglle
inclll'Yéü du faite. A l'origiile ces lllotifs paraissent avoir alfecl(:\
plut6t la fOl'lllC d'uue antéfixe iudinée (1), mais dès Mi Sail nous
tl'oumlls dôjà une de ces cornes précédée d'un I/üga(t) (pl. CLXXII-I).
La ruine générale de (;Cs pignons el, dans les rares ~as où ils ont
duré, leu!' état d'épallllclage, ne perrnul pas de sc renllre hicn compte
de leur décor. Aux t'onnes d'anlélîxes en f1emons détaill(~s corres-
pOllllait-il, tOut In long tic la courhe (lu pignou, des feuilles ram-
pantes ciselées (Ialls la hrique, motif identiflue alors an décor (Ics
petits al'~S de ni~hes ct tics frontons d 'appliques primitives? L'UIlté-
fixe y tenait-elle ainsi la place dn décor en ,amande qui termine ces
petits ôléments? Bien quo le fait paraisse fml pro]mble, nous ne pou-
vons l'affirmer, car le seul pigllOll Ol'I\(J, celui de l'étage au sanc-
tuaire N.-O. de Pù Nagar, est justement llllpOUl'VU d 'antéfixe supé-
rieure (fIg. 30). C'est un aœ aux ridws feuilles rampalltes qui se
dllveloppent autour lIe crosses et encadrent un tytupan ruiné dont
les restes ;,informes semblent indiquer ulle figlll'e Ù liras multiples
(1) Mi SO'n Ca on ves tilnile CI' 11:" sommet. des fau sses portrs dn yestibllie
Phông LI); avec corne: Mi So-n FI' l'hù \lue sOL'le Ile' tMc de mOllslt·{· (pli parail
Ihrng . anssi anormale, et il faut sc l'nppclt'l' qlle
(2) ~li 8lrU C,. l'ellt ..(:tre n'est-ce li, la recherche de la val'iélé est ellcore cous ..
li Il 'une fantaisie, cal' 1101lS IrouyollS au lante il celle épolj ne.
LES ILUES ESTÉRIEU,R E'S J9ï
(1) 'l'OUI' ll'or, 1)0 Ii:lauù Garai. (1) Voil' celle de l'hù HUllg, pl. CLXIY -E.
(2 1~H Srm El, Cltil~1l Hitng, )1i .so·un" l") Yoir' .\ppen<li ce, p.57;-; .
G1• l';) ~lï SOIt ,\ i, faus se !lOr!e S., exemple
\3nli ::3o·n E4, Chùnh L(l. enll'e mille . .
LES BAIES E~Tl:; RIEUnES 19û
CHAPITRE IX
L'ARCHITECTURE. - LA CO~STRUCTION
Bien que visiblement les èams n'aient jamais attaché une gl'antle
importance à, la construelion, nons ne pouvons tl'aitel' la question
avec la même tlt'lsinvollllrc, ct notre tltude drs formes architcc-
hu·ales serait incomplNe si nous ne chel'chions à, nous rendre
compte des moyens par lesquels dlcs ont été réalisées. Nous allons
donc examiner les divers matériaux employés, la façon dont ils
ont été mis en œuvre, les précautions adoptées pour leur conser-
vation. Dans les procétlés tIc construdion nous envisagel'ons tout
d'abord les dispositions. communes, appareil, ravalement, mon-
tage, et l'esprit même qui les dirige, puis les arrangements par-
ticuliers à certains points de l'édifice: la question si importante
des fondations, celle si délicate des couyertures. Les procédés
d'entretien que HOUS devons examiner en demier ne nous retien-
dront guère, car ils furent à, peu près nuls.
Si nous passons en revue les matériaux utilisés, en adoptant
LA CONSTRUCTION 201
(i ) Stèles de Nha Trang, Glai Lamau, (4) Pô Nagar de Nha Trang, Ilcing
~Ii8o-n II, et.e. DLro-ng III, Hà TrLlLlg.
(2) Inse. 92 , Mî 80"n XXl\T. L'm't primitif (0) Le système par flexion consiste
dn Camhodge lions cn ,10nne Iles spéci- (lans l'emploi pl'épondérant des pontres
mensen piene; l'lin , edui ,lelatolll'S! de horizontales sur lesqnelles toutes les
Sambor l'l'ci IŒk, a été r eproduit en mou- pièces de la ferme, soutenant latoilure,
lage au musée du Trocadéro. posent comme sur un sol résistanl(fig. 31,
( ~) Dais Ile Pli Nagar de Nha Trang, gauche) ; dans le système par triangula-
de Pô KlauÏl Garai, tours principales, tion au contraire, ce sont les deux cotés
202 L'A Il C II ITEC TU HE
Nons n'ayons gardé qne ln, tracc des plafonds et des vantaux qui
1
durcnt èlre eXtScutés cn bois :i lOmlriel's l~pais ct lourds, plateaux
tra\'aillés comme ulle matière ~ompaele, semblent en ayoil' foumi la
lIIasse, ct rieu Ile réyNe l'utilisation tl 'assemhlages. Plus sages que
les Khmèrs ct d'ailleurs moins günés pal' les problèmes à résoudre,
les Cam!; n'out l'ail que rarcment usagc du hois pOUl' soulager des
portées !t'op longues. 11s n'y reCOlll'Ul'ClIt qu'allx derniers temps, ct
sculmueIlt ù Po KIauù Garai, pOUl' des encadrements de haies ou le
supérieurs (In triangle qui pOl'l ent 100ites même pal' une chaine si l'on voulait.
les charges (fig. 3 1, droite); il s SOllt (1) Q(land nOlis entreprîmcs la consoli-
retenus dans leur position par l'cntrait, tlalioll des tours de l)ô K1ami. Garai, les
pièce horizontale qui corl'cspon!j il la poutres, vi eilles <l e six sièclcs,étaient
poutre précé(jcntc, mais qlli JW so utient cncore assez résistantes pOlll' qu'aüeun
rien elle-mênw et jone sculcmcnt le accidcntue se fût produit; il était temps,
l'ole de tell(jcllL'; aussi pCllt-clIe êlre il est vrai, qù'elles fusscn t renouve-
rcmplacée pal' \llle simple tringle, voire lées.
LA CONSTTIUCTIO:\' 203
rleur; les briques (1)y sont plus considérables que celles des plus
vieux édifices conservés. J!CS hriques ptill1itives retrouvées au
même lieu. matériaux d'ant;ques substructions, JJlontrent de gros-
sières tlgurcs géométri(Illes tmeées SlIt' le l'lat; 1I0US n'ayons pu en
tirer aucune donnée précise.
Avec le temps, les dimensions s'ahaissent ; nous les trouyons au
dlSbut de la p,)riode secondaire, à la Tour de cuine, d'un gaharit
encore respectable (:1G Xl 0 X 8) . .A la tour S. de Pô Xagur de l'ha
Trang (114;~), elles ont ù nOlIveau dill1illu(~ . toul ell restallt encore à
peu près dOlihles des nùtres, mais leur malaxage et leur cuiss·on ont
bien perdu de leurs qualités; en parement la surface exposlSe aux
intempéries s'érode, surtout aprt!s la faille; le cœur apparait noif' et
se creuse rapidement, et seules les surfaces de joint lJien cuites et
non retaillées conservent à la maçonnerie son inttSgrité.
Lorsqu'il en fut hesoin, les èams n 'ht!sitôrent pas à exécuter des
briques de modèles très spéeiaux ; de cette façon la construction pou-
nit être grandement facilitée. JI en fut ainsi pour les piliers oetogo-
naux de la grande salle il Pô Nagar (le Nha Trang; les lI1at(Sriaux en
sont des hriques trapl!zoïdales d'un gahal'Ît unique. D'autres hl'iqnes
paraissent ayoir ret~u une forme splSeiale pOIll' constituer sans doute
los carrelages: un certain nombre en fut retrouylS dans un tertre
voisin de la mission de fMng PlllIe (Quàng Ngai); elles él.aient car-
rées .et de plus de 30 centimètres de côté ; leur (Spaisseur était forte
et sans doute voisine de 0 m. 10.
La pierre vient apl'(\s la hrique, aussi hien par ordre de temps
que par ordre d'importance, dans la eOllstmctioll. A nai dire, eUe ne
serrit presque jamais de matière . unique, et les Cams ne semhlent
guère ayoir tenté plus de deux fois, ct dans la basse époque, l'édifi-
cation d' un bâtiment tout en pierre; les deux fois d'ailleurs ils
l'ul'aissent y avoir reIlO!lCIS bien avant l'aeltèvelllent. De ces essais
infmetucux l'un cst un édifice en longueur qui devait s'élevel' près
(1)41x22 x 9.
LA. CONSTRUCTION 205
(li '.\Ii SO'II Cl ' Br" ct. dall s la période lS) TOUl' ti c cuiyre .
archaïsant e l'III Srrn E 4 , Chi':'11 nùn g . ('1 La la léri te est 1I11 e roch e arg il o-
(~, Th(tp Thiip (l onx pièces, :\Ii SO'II HI fc rru g in e uso, dont l'aspec t, 10r Sfjll 'ell e est
i:l pi èces. utili sah le Cil co nslru clioll, es t asse;.: \' oi ~ in
('l) Chünh J.() sall c', Lilllt Thüi. pi erre L , de celui Ile la l11e uli è!ro. Ell e es t très fr é-
i" ,"[[11 TlrO'lI g , TOIll's tI 'or, !l ee uin·e. qurnl o r\:lx pay~ l l"Op icaux , n o lanUll c llt
l"l 111m g Th'.1Il1t. Cil J Il (10 ('] IÏ Il C, e l !-;l'éc iakmoll t Cil Cochi 11-
('" 1'0 111' ù ·or . chin e, ,cc qui lui valut le n om d e pi erre
ej Tours (l'argc llt k aloll prilH:ipal. d e Bi èn 11011. On la CO liroll11 trop so uvent
LA CONSTRUCTION 207
si grand rôle ne fut employée Îl.:i que pOUL' quelques travaux utili-
taires, notamment l'exécution de murailles de villes (1); sa résis-
tance aux inlmnpéries, plus grande llue celle des mauvaises briques
de la deuxième période, la fit utiliser CIl l'evêtement pour la protec-
tion d es surfaces directement exposées à la pluie (2).
La pierl'e ne fut pas seule à fournir une matière plus continue
que la brique pour l'exécution des scu1lltures, et dôs l'origine la
terre cuite fut utilisée dans cc rôle; cependant son usage ne se
généralisa qu'à la hasse époque. Au début elle ne foumit guère que
quelques peLites pil~ces d'accent (3) cl llalurellelllenl les décors de
toitures en tuiles(~). Dans l'art secondaire, le remplacement des
feuilles rani pan tes, dil'ectCluent sculptées dans la brique, pal' de pe-
tites piôces indépendantes fichées dans l'extrudos, donne une nou-
yelle illlpuision à l'emploi de la terl'e cuite. Bienlôt on exécuta cn
celle matière la plu part (les Mémonls qui précéllomment élaioùl
faits de pierre, pU~cüs (l'accelll(:J) IlIÔllHl de gl'allde Laille, métopes
fixes ou délachées ((;), pi(~ ces lel'luinalos (l"alllol'lisseuwllls (i), voiœ
lympans euliers (~), de pelite taille, il osl vrai. Le dessin y est tou-
jours modelé ct HOIl moulé, sculpté et môme laillé avant la cuisson,
et grâce à la franchi se de pl'océdé ces pièces gardent un esprit
t.:C
réel que Ile présenle plus la sculpture sur pierre à celte époque.
Le grès vernissé, enfin, il fourni ùans la seconde période, outre la
matière des seules poteries ({l1O nous ayons découvertes (Clliinh LO,
IIoà Lai) , celle dedeux belles figures de dvürapiûa polychromes trou-
vées Cil délH'is il raù Arum et llOllt l'une fut rcmontée en partie au
musée de Hanoï (D 21-1), <lYCC (luelques fragmenls d'ull pendant.
Quant au mélal, il ne Illtl'ail avoir scrvi qu'cil de Lrl~S rares cas,
avec la limonite, plus métallique ct qui (4) InllombralJks cornes faitières des
ne sc cons titu e pas en bancs exploitables grandes salles i't l'iha Trang, Dong nmmg
pour la !Jàtisse, li ct ltl, ct tètes terminales du del'lli el'
(1) èaban. exemple (fig, ;jO),
( 2) Mî So-n Gi , Ci) TI1(lp Thiip, 1'6 Klauil Garai.
(31 ~lî So·n.\'1> amortissement de la (G ) ~11 SO'n fi:, .
tour IH'ÎIlI'ipa!t· il l'à ~agar dü ' :\lIa (7) hl.
Traug . (8 ) hl.
208 L'ARCHITECTURE
(1) Insc. 74 , stèle X de lIli SO'Il. Cf. IIIJ- a\'1l1lt sa ruine; nous n'Il\-ons cn c[(et
BER, B.EY.E.-O., XI, p. 265. llaS trouvé trace d'argent dans les fouilles
(2)Inse. 92, stèle XXIV de Mî Suu. Cr. et les quelqucs gramllles d'or rencontrés
FlIiOT , B.E.F. E.-O., IV, Il. 974. Çl'! Jaya devaient provenir du dépôt supérieur (lui
IndravaI'man dépense plus de 1.470 kilo- aurait facilcment échappé aux spoliateurs.
grammes d'argent (je néglige les 1) !.'Ii/'; !lI' (3) Exception faite cependant pour
valenr inconnue, mais qui Ile doiyenl pas (IUl'l(I'ICS atlaches métalliques de dais
représen ter eu raison de leu ['place u Il granll dans les lours de l\)lltO'Ilg lIly.
poids) et 3 kgr. 034 d'or il la décoralion . (1) Hung Th(llIh ou YClIl l'UUllg (voir
de Bi de lIlî SO'Il. ]~n raison de la quan- Il . 133).
tité, on peut supposel' le premier utilisé (j ) Il n'est cependant pas certain que
ell pla(IneS de r evêtement, le second en celte pièce ait servi !le couronnement, car
applications de feuilles minces sur les nous Ile l'avons pas trouvée en place.
mnorti ssemenl s . Si cette interprétation est (6 ) FOlldatious de lIlî SO'Il AI' Fi'
exa cte, il faut constater qlie le monument (1) lIlî SO'n H2' 11:,.
avait élé hien soigueus('ment dépouillé (8 ) Pô Nagar <le ;\"ha Tmug tour S.
LA CONSTRUCTION 209
(1) Ainsi à Mi San Bt, l'inscription 82 a in-folio, Leroux, -1910, pal'tie de la pl. 66
sa ligne centrale gravée à la fois sur deux des galel'Ïes intérieures (fig. 32) . La même
pierres, de telle sorte que le moindr'e scène s'y répète deux fois ct exige chaque
mouvement des maçonneries l'eût rendne fois quatre ouvriers, ou bien les appareils
illisible. sont couplés. Dans cbaque éqnipe deux
(~) Voir à cc point de vue les joints des hommes sont accroupis et tiennent cha-
planches de notre article sur l'archilec- cun à deux mains un .b<Hon horizon lai
turc représeutée dans les bas-reliefs de avec lequel ils impriment il la piene
Java. B.E.F.E.-O., VII,p.'l ct sqq. : pl. l , un mouvemenl de va-el-vient. (Suivant
nOS 2 et 3; U, n° 34; Ill, nOS 50 et 58; IV, une convention fréqueute dans ces bas-
n° 99, et surtont IV., n° 69. reliefs l'horizontale fuyante est tradnite
(3) Bayon d'AIlUlcor Thom, bas-reliefs. llar une yerticale et . le bàton apparaît
Mission Il. DUFouu avec la collaboration debout.) Le poids corisidérable de la
de C. CARPEAUX; publié par la Commis- pierre est soulagé par un levier, elle est.
sion Archéologique de l'Indochine. l'aI'is , rattachée à sa tête ct, sur l'extrémité oppo-
A~:'iA~l. - II. H
210 L'ARCHITECTURE
(fig. 32). L'opération, plus facile avec la brique, s'accuse chez les
Cams par l'absence complète d'épaisseur aux joints; ceux-ci se tra-
duisent seulement par une lig,~e presque théorique et souvent invi-
sible : quand les briqués sont sl~parées, on retrouve entre elles la
trace de la boue sèche produite par leur frottement.
D'aulres délails de pose ré"èlent encore chez les Cams un senti-
ment délicat des difficultés propres ù l'emploi de la matière imposée
ct qui contraste encore avec leurs fùcheuses superpositions. Ainsi
dans la construction des extrados curvilignes qui se relèvent aux
extrémilés(l), il était difficile d'exécuter, et surtout de conserver après
le ravalement, les languettes aiguës que produisait la taille, quand
sée, 11Il homme pèse à volonté, (liminuant la ligature, précaution uliJe pour empê-
d'autant le coefficient de frollement qui, cher lellr rupture. Mais le sculpteur, dans
surtout au début de l'opération, empêche- cetle opération déjà bien complexe à re-
l'nit le mouvement de la pierre ou exige:'" présenter pour lui, l'aurait-il encombrée
rait un pel'sonnel bien plus important. encore de ce personnage supplémentaire,
Mais il lui seul il ne peut suffil'e à cet d'un rôle alors si modeste? Et comment
effet. Ce kvier est attaché lui-mème à n'aurait-il pas indiqué le récipient d'où
une pièce horizont.ale qui semble (groupe s'écoulerait l'cau?
de gauche) fixée seulement d'un côté. Au On pent sc demander si la lecture dè
bont opposé et libre est lin personnage cc bas-relief ne pourrai t pas être pIns
accroupi. Cette pièce, ({n'il fant supposer simple et s'il ne s'agit pas seulemont
maintenue latéralement, fornle ressort de de la mise en place des pierres : dans ce
has Cil hant, ct le personnage supérieur, cas, le couli debout laisserait doucement
en sc déplaçant légèrement (l'arrière en descendre la pierre, dont les personnages
avant, allénue pl'ogressivement sa réac- accroupis régleraient la ycrticalité et
tion ct permet ail frottement de sc faire l'aplomb avec des guides verticales. Cette
(le 111us CIl plus serré. Les deux groulles interprétaLion ne nous parait pas accep-
semblent indiquer deux temps de la même table, parce qu'il n'est l)as douteux que
opération. A tiroi te, le travail est en pleine les monu menls khmèrs aien t été construits
lIIarche, le persollllage supérieur recule en IJlocs grossièrement laillés dont le ré-
1\n bout du ressort, l'aide d'en bas pèse glage vertical n 'était par conséqu~nt pas
slIr le levier. A ~auche, l'opératiou est nécessaire, au moins avec celte minutie. Il
fiuie; les polisseurs quittent leurs barres suffit d'examiner l'appareil des blocs ct les
de traction, J'aide lâche son levier ct le languettes impossihles àobtenir dans une
travailleur d'en haut <lui s'est rapproché taille antérieure à la pose pour s'en con-
de la ligature s'occupe à la défaire. vaincre. D'ailleurs un certain nombre
M. de Mf'cquenem (/J.E.F.E.-O., xm, 2, d'édHices, ct non des moindres, comme le
p. 20, note 1) présente une lecture réduite, l'l'ùsùt Takèo d'Aùkor, sont restés à ce
mais analogue (le la même scène j il in- stade de leur exécution.
terprète le personnage supérieur comme (1) Vestibules, voûtes d'édifices longs.
un couli chargé !l'arroser les rotins de
LA CONSTRUCTION 2lt
Fig. 3:2. - Polissage des joints, bas-reliefs !lu nayo~ !l'Aùkor, galeries intérieures.
I_argeur totale: environ 0 m. 85 (').
(i) Ruines du sanctuaire de Mat~liÏl- angles, au point que sur toute la hauteur
geçvari, par exemple. Ile l'arête S.-O. l'arête intérieure s'ou-
(2) A Nha Trang la tour S. était ainsi vrait à ·jour sur l'extérieur.
complètemf'nt disloquée par les quatre
LA ÇONSTRUCTION 213
(1) Nous avons pu étudier spécialement (2) Expérience faite du haut de la Tour
cette disposition au cours des réparations de cuivre, soit de 25 mèt.rcs environ, et
des édifices N .-0. et S.-E. à Nha Trang l'édifice n'est déjà pIns du temps des
(8f3). meilleures exécutIons.
214 L'AHCHITECTUHE
(1) M. Aymonier(Cambodge, 1, p.104) si- (2) On n;ignore pas, à ce sujet, que les
gnale un système analogue pour l'ancienne Annamites obtiennent par la macération
construction en briques en ce pays, etl\!. de et la fermentation du papier dans une eau
llarthélemy (Jlupays Moï,in-Bo ,Paris, Plon, additionnée de chaux et de sucre, un en-
1904, p.18:l) indique l'emploi de l'écorce duit, le voimal, tellement résistant qu'il
du bdng loch pour un usage probablement acquiert avec le temps la dureté de la
semblable. Ennnie R. P.lI. de Pirey nous meilleure pierre. (Cr. POUVOURVILLE, Art
signale au même titre le bai loi nhat (te- Indochinois, Enseignement des Bcaux-
thrantera laurifolia, d'après Génibrel). Arts, Quentin, p: 117.)
LA CONSTRUCTION 215
(1) Sous
cettcréserve,piédroits dePhôllg (2) Série de Mi SO"n Al' tour centrale
L~, colonnes de porte à Bong Dmmg 1 ùe IIoà Lai.
tour principale, lions des tympans de Mi (3) Pô Nagar de Nha Trang.
80"n Al2 et Aw
216 . L'ARCHITECTURE
Bien que le travail de ravalement, dans les rares cas où il fut con-
, 1
duit jusqu'an bout, ait toujours i~té efTectué avec la pIns grande minu-
tje, il fut sysMmatiqucment évit'é dans toutes les parties masquées (1).
Il semble difficile, avec un ravalement soigné et un parti de
ciselure complet, que les Cams aient jamais caché un parement
aussi fini (2): nous n'ayons d'ailleurs retrouvé aucune trace
d'enduits. Et cep'endant nous devons constater parfois d'étranges
comhinaisons de mat(Sriaux de couleur différente, dont le bariolage
en un même motif ne peut gnè.re rester apparent. Ainsi, au halan des
Tours d'argent, la frise il guirlandes pendantes, motif important de la
corniche an corps principal, est coupée dans sa hmiteur par la subs-
titution de la pierre il la brique: son ô l é~ant décor est ainsi blanc
dans le haut, rouge dans le bas. De même le pilastre d'angle de la
Tour de cuivre, constitué, aux trois quarts en surface, de pierre vio-
lette qui se décolore aux intempéries, est pour le'reste en hriques.
Il est vrai que le discor souligne plntot ici le changem ent de matière.
Faut-il supposer que certaines surfaces reçurent des applications de
métaux précieux, or ou argent, comme diverses inscriptions le fe-
raient supposer (3)? L'emploi d'un enduit ou mieux d'tin badigeon
exh'êmement fin après le polissage des surfaces est reconnaissable
à l'intérieur ' de cCI'Laines tonrs (4): il put très bien recevoir des
peintures en poudres môtalliques itl'cxtérieur. Tous ces raffinements
se perdentaycc les dernières constructions, ct cell es-ci, loin de re-
cevoir à l'extérieur comme à l'intérieur un véritable poli, finissent
par montrer en parement de légers joints au mortier de chaux (5).
Nous n'avons aucune donnée sur les méthodes de montage; la
disposition même des voûtes permettait, dans la plus grande partie
(1) ~H Sail il;;, C3 an voisinage du mur : été appliqués sur la lJrique même, sculp-
séparatiC, :Mi San AI, llinh Lâm, parties tée des mêmes motifs,
cachées par les templions, le ycsti- (3) Voir Ilote 2, p. 208,
lmle, etc , (4) Quclques linéaments, d'ailleurs . in.
(t) Ceci Il'est pas lIlle preuYe, car lin ,formes , sont encore reconnaissables aux
Cambodge, en tout temps, des enduits de parois intérieures de]a tour Mi San C2 ,
chaux à peine plus finement traités ont (5) Mi Sail II2' bamuri. de Po Nraup,
LA CONSTRUCTION 2t7
(1) Ces deux formes furent rencontrées turcs en picrre semblent la . traduction
à IJoà Lai, dans les décombres bien en- d'un système analogue.
tendu. (5) Bông DuÜ'ng III grande salle.
(2) Notamment dans celui de Tù Ly . (6) Une supposition de cc genre parait
(3) A canal et à rccom'rerllcnt, celle aujourd'hui toute gratuite, parce qu'à
qu 'cn France nous appelons romaine. notre époque de truquages nous sommes
(4) Au Cambodge, toutcs . les couver- toujours libres d'adopter telle forme qu'il
LA CONSTRUCTION 22t
voûtés se sont ruinés, alors que nos vieilles églises, souvent plus
anCIennes que ces édifices orientaux, ont suhsisté presque toutes
jusqu'à nos jours, quand elles ont échappé il la pioche des démolis-
seul's. Nos voûtes, en effet, sont en quelque sorte élastiques, surtout
celles de l'art gothique,et nombre, dans celles de nos cathédrales,
nous plaît ou, à son défaut, son appa- bleaux Iles voùtcs l'arc brisé, celui-ci est
rence. Il n'en était pas de même lorsque soigneuscmcnt évité dans tous les points
le jeu des matériaux était réduit à son plus apparents, arcs de portes et de le-
minimum. Rappelons qu'un lait sem- nêtres et spécialement dans les arcatures,
blable à celui que llOUSSupposons s'es t nettement décoratives.
produit Cil France aux débuts de l'art du (1) Cr. LF.llo:'i, les Jlollumenls de l'inde.
moyen âge, quand des nécessités de Firmiu Didot, Paris, i893, in·4, p, 35.
construction imposant dans les dou-
222 L'ARCHITECTURE
l \1-_
..:
.. peut se disloquer. Le côté qui a le moins
S tassé est ··()bligé de houder vers l'extérieur;
tous les jointsbàillent à l'extrados, détermi-
nant une sériede poussées normales aux in-
clinaisons prises, et la résultante totale de-
vient oblique (fig~ 37). Or rien n'est conçu
Fig. 37 . - bchéma mon- pour résister il une composante horizontale
trantla déformation des
voùtes encorbeIlées et l!édificctend à s'ouvrir. Un exemple ty-
apr(!s tassement irrégu- .
lier.
pique de ce mode de dislocation est fourni
par la nef du Pràsùt Top 1'110111 (1) (fig. 38) au
Cambodge. Suivant l'hahitude dlSplorable des Khmèrs, aucune clef
n'unit le sommet de la yoùte, mais toute une tour élevée au-dessus
charge l'arc.l~difice et voûte se sont fendus, et les maçonneries supé-
rieures tendent ù descendre dans le vide de l'arc en faisant boucler
les assises des voûtes qui, il leur tour, écartent lems piédroits. La
voùte qui devrait avoir la forme A a pris la forme B, et la ruine est
imminente.
S'il est 11 peu près impossible que cette voûte dorme réellement,
elle est par contre des moins avantageuses comme rendement. Ré-
A
Fig. 38. - Croquis schématique de la ruine du Pràsàl Top Thorp.
telle voûte ne donne qu'une faible surface abritée au prix d'une dé-
pense de matériaux effrayante.
Bien exécutée, cette voûte peut cependant rendre de réels services~
et si la construction en est parfaite, elle permet d'élever à une grande
hauteur des matériaux lourds sur ùes murs relativement minces;
mais il faut alors compter pour la plus grande part sur l'adhérence
ùes lits, et la construction s'écroule dès que cette adhéren'ce cesse.
La ruine de Bi à Mi San ne doit pas avoir d'autre cause; celle de B2
est imminente, alors que d'anciens édifices, même d'une hardiesse
étonnante, comme B3 (pl. LXXX), ont pu résister jusqu'à nos jours,
et avec un peu d'entretien dureraient longtemps encore.
Si l'on s' en rapporte il la figure 39, le rapport théorique du vide
à la surface couverte par une voûte normale dut donc être du
224 L'AltCHITECTURE
ment des murs dé bas en haut. Les niches viennent ramener le vide
total à 0,227;), entre le quart elle cinquième. Le maximum l'le har-
diesse est donné dans cet art par la tour O. de l\'ha Trang: le vide
y était des deux cinquièmes; il faut dire d'ailleurs que la construc-
tion n'a pas duré jusqu'à nos jours. La moyenne est voisine de la
moyenne gélH~ralc 0,29.
L'art classique se l'approche de l'arl prilllitif salis atteindre sa
hardiesse: 0,34; il ne montre pas les mèmes éCiu'tS. Plus tard la
crainte des constructeurs semble s'augmenter sans cesse, ct elle est
parfaiLemenljustifiée, la réduction des vides ne compensant lJaS lcs
défauts de fabrication des briques : cc sont les l~difices les plus
anciens qui, de beaucoup, sonl les mieux conservés. Certains hàti-
ments de Vart çlassique témoignent encore d'une grande hardiesse,
comllle l'édifice S. des Tours d'argent: bien que percé de quatre
baies énormes, il présente, sans les compter; un ville voisin de
la moitié, 0,46. Par contre d'autres sanctuaircs, comIlle Thù Thiên,
montrent la plus grande timidité; elle a d'ailleurs sauvé celui-ci,
envahi par un banian gigantcslplC. Le vide n'y atteint pas le quart,
0,21.
Enfin, Hon contents de réduire l'espace libre, les derniers con-
structeurs descendcnt la voùte jusqu'au so], et dans ces conditions
mème Yan J\lum montre un vide de moins du cinquième, 0,19. ,'lais
la moyenne générale reste au-dessus du IIuart, 0,279 ou 0,273, sui-
yant que l'on réunit tont l'art secondaire ou (lue l'on tient compte
seulement de l'art déri ,"é, La dernière construction Yoùtéc, Po Bomé,
donne cependant un chiffre un peu supérieur, 0,28, bien que net-
tcment infüieur il la moyenne générale.
Cette Yoùte, comme toute autre, IH'éselltc. des garantics absolues
si elle est pratiquée dans un pan de muraille; aussi les C:ams s'en
servirent-ils pour constituer d'excellents arcs de décharge: ce fut
d'ailleurs, dans ]a plupart des cas, silllple question d'économie (il.
\1) Évidement dans les fausses l'orles de lIoit Lai, de lhwllg Long.
.\"~.'\~I. - Il. 15
226 L'ARCHITECTURE
(1) Tour de enivre, PÔ l{)anu Garai. c·) ~Ii SÛ'n E, IMng Duo'ng cour 1 j
(2) :IIi SÛ'n IIi' pOUl'les besoins <lu chantier nous avons
(3) :m SÛ'n G. dû créer Ul'Li [iciell('ment nu égout <le sec-
f i Chipu Hàn~, Cluillh LI). Lion MeuIllée qui Ile pamil vas exagéré.
LA CONSTRUCTION 227
(1) Les caux torrentueuses qui ont passages relevés sans en laisser aucune
raviné tout ce groupe ont emporté ees trace.
CHAPITRE X
donlla Ilimensioll connue rappelle Il l'mil qu'ils traitent de manière identique dellx
l'idéc de la taille humaine cl fait ainsi Mifices de ùimensions très différentes.
sentil' la lIallt:!nl' l'éellc dl' l'é:li!ice. Ulln l'un !l'nne tl'entaine de m;}l!'os, l'aull'c
eom\mraison rupide des édilïce,; éams ' Il'lIlIe dizaine, COIllUW il ~H Slrn la tOlll' AI
montre quc lelll's ailleurs n'ont jamais eu et Jo sallctuail'C Ba. (Cf. pl. LXXii el
Je moindre ;;cnlimelll cie l'échelle, puis- LXXX,)
L'ORNEMENT 231
des molifs du beau pi(Sdroit de Trà J(i~u (fig. 40), (l essilléu à grande
échelle, donne assez nettemenlle caracti~rc de cc d,~c or. Cn tel motif
pourrai t sc continuer indéfinim ent: il est d 'aill e Ul'~ surprenant par-
fois de yoit' le nombre d'ondulations que subit " !"
(1) Cnrll'es d'entrepilastre de Hoù Lai (3) Dépôt de BinhBinh. Cf. B.E.F.E. O.,
tour centrale . . l , p. 25i , fig. 45, 3.
(2) Dalle inférieure du piédestal circu- (1) Mi Scm, détails dans les s oubasse~
laire de lIà l'mng. mentsdel'élage àC t , desfenêtresdeDI' etc.
232 LA SCULPTURE
paraît encore rattaché à l'art primitif, mais semhle il\'oit' (Sté forte-
1 · ,
ment influencé par l'art cuhiqut. Malhellrellsernentles,exemples sont
trop rares, ft cette époque où la: surface décorée se rédùit de plus en
plus. pOUt' qu'on puisse parler Ile cette division aveec'e rtitude. Nous
allons cependant essayer de la marquer avec qu?lqùe prl~cision,
Examinons tont Il'allorll la forme illterm{~(liail'e : le. chevet de
Pt) Nagal' (pl. CXXlII) nous en donne un exemi,lc' trt'·s rmnal'quahlc
qui uuit les qualités des deux at'ts en (Svitaut.la . Hwigrcur un peu
sèelw du premiet', la confusion et la 1t101Iolollic du second. Nous
y l'etrou \'0 ilS cucore les suites de feuilles, Il 'lm effet si heUt'eux, qui
se contournent SUl' el1es-Jll(~mcs.
D'autres exemples, assez rares il est vrai. nous montrent comme
dans l'art primitif des l'inccaux il hampe continue. Mais par suite de
l'abandon des pointes dans l'art cuhique, l'importance passe il la
petite volute !Jui leur servait do Mpart dans l'arL p!'imitif. La tnul-
til'lication de ces pelites l'olutes lraittJes pt'esque en: houles (pl.
CLX\'IlI-A) donne Ull aspect tl'(~S cal'llcl(~l'istique de lleco[' perlé il l'en-
sem hl o. C'est là ce qui fait l'originalité des pignons orien ta ux du gntlld
kaZal! et (10 l'(~(liflce S. aux TOl1l's ll'al'gcnt(l) (pl. XXXII). Ce parti s'ac-
cuse tIe plus en plus (2), aussi hièn dans des décors importants comme
anx f['onlons tIcs fausses niches de Nlu;Ul Tluip, quo dans de petits
dMails d'al'l'iUlgemcllt, COIllIllO au chevet du bodhisattva de Plmac
Tinh (Ill. l'l.-D), ou de costume, comme il en est au lJtllk1t!a du Çiyu
de B~lÏ IIlm (l'L CLXXIV-E), Il n'est pas jusqu'aux pièces d,'accent,
élémellts (llW cc d(~cor spécial ne semblait pas pouvoir atteindre
facilelltPltt, (lui ne le montrent. En effet, faute d 'adl'ésse peut-être
dans la taille de ces dalles, ' ou négligence, celles-ci ne présentent
plus les ajours anciens qui leur donnaient sur le ciel une si hardie
silhouette. Lisses, elles deviendraient trop pauvres; aussi les cro-
(1 ) 11 Cil est tIc mème sur un rinceau Cf. B.E.F.E .-O . , 1, p. 257, fig , 45,3.
Illat de Blnh llinh (pl. CLXVU-L), slIr (2) Sur un des lions de Vtin Tucrng ce
le beau l'illl:,call aux yajasil?!ha ailés parti est très apparent (pl. CLXXIII-B).
(fig. 59), même sur la suite des crosses.
...
o
!:j) :::.
~ C)
236 LA SCULPTURE
(') Sur le coiTre, coiffe el tiares royales, (1) Ml Sail RI' Phl1cfc Tjnh, Pô I\IauÎl
n, cavan alah, boutons d'oreilles et
k lrlll Garai.
bracelet. Accroché à l'anglll (lu coffl'e, (2) Plinthes dans les éllifires des deux
dia(lème religieux, Sur la l)Oite deux pério(les à Itong Duang, yoÎreallres, fig. 2.
mitres de rcines ct boutons d'oreilles. (3) Y,in Tuang et !Jièccs qui en !H'oyj"n-
Al)puyées à la boite, coiffes à jonr central I]('nl pent -êt re, à la lIésidcnce (leQlIi Nhall.
qui recoyaient les diadèmes de reine. Sur (Ii Piédestal de Th'~Jl Thap, suite de ro-
la table bal'l, diadèmes de rcine, boutons saces au dépôt de lJinh Itjnh, entrepi-
d'oreilles, bracelets, poignard. La boîte, lastres il l'édifice S. des Tours d'argent,
le coffre ct la natte qui forme fond sont an mur extérieur de Chanh L(l, aux lin-
d'art annamitp· teaux et impostes de Van TuÛ'ng.
L'ORNEMENT 237 ,
Campa, l''Ïnügarai (1) (pl. CLXVIH-D). C'est, avec quelques motifs trôs
simples, le décor final de l'~lrt cam. .
Aprôs cette vue d'ensel~hle SUl' l'ornementation de cet art, repre-
nons partie par partie les surfaces décorées ct les motifs qui plus
spécialenlCnt y sont utilisés.
L'élément qui tient le plus de place à l'origine est la suite de
rinceaux qui décore le pilastre. Or que cc pilastre soit long ou court,
une de ses dimellsiolls excède tellemellt l'autre que la donnée géné- .
raIe reste toujours .'t peu près la même. Aussi le décor n'y cbange-t-il
guère.
Le motif initial est un rinceau il courbes régulières oscillant
autoUl' d'un même axe ct dont chaque sinuosité est occupée par une
sorte de large feuille trôs découpée qui sc redresse dans le sens du
mou\'elllent montant. Ce mutif est particulièrement apparent dans
la série Mi SUIl A~ el plus spécialCluent sur celte tour même (fig. 4<1
et pl. CLXV-N, G, 0). Lorsque la bande à décorer devient trop étroite,
en pal'ticulie[' dans l'encadrement des pilastres, le nombre des folioles
ù chaque feuille se réduit ct peut finir par n'être que de trois pe-
tites(2); si au contraire l'espace s'élargit, le nombre des él(~ments se
modifie. Les folioles sont gl~néralelllent très fines ct trl~s lIé tachées
les unes des autres (m. pl.-G); certains exemples cependant les
montrent plus serrées et plus nourries (3) (m. 1'1.-.1). Ce décor est
apparenté d'une façon remarquable, et surtout dans ce dernier cas,
avec le d(~cor des pilastres d'un des plus beaux monuments de Jaya,
d'un siècle ou deux postérieur au plus sans doute, le éandi Kalassan.
Cependant l'esprit même de la composition, la façon dont les motifs
su~cessifs se détachent de la hampe sinusoïdale,primitive, sellllJlent
indiquer qu'il n'existe pas de parenté dircde entre ces deux heaux
motifs.
Le même rinceau vient en double orner le tympan de briques de
Mi Sun B7 ; on le voit aussi entrer en eOlllpositiolt dalls un cadre .de
(1) Cf. )J.EY.B.-O., Ill, p. 4,;0 et V. (2) PiJuslt'cs tic pierre ù Hil Trlrng.
p.20. (:J) J\lItTO'ug :\Iy tour ~.
L'ORNEMENT 239
mît. Dans son type le pIns riche ct le pIns franc, au linteau présumé
de 1\1i SO'n Ai (fig. 29 ct pl~ CLXV-Q), elle est constituée par des l'in;..
ceaux opposés sortant d' Ul~motif de feuillage dont une rosace occupe
le centre. Les motifs doubles se rencontrent et sc joignent sur une
sorte de cartouche èntoLlrl~ également de feuillage. Le même motif
réduit sc présente aux pilastres du piMestalde MI SO'n 1'\ (pl. CLXVI-
F), et les masses sur lesquelles yenaient se joiiulre les rinceaux op-
posés sont remplacées par des cartouches triangulaires. Au lin-
teau Ci le motif est plus cOlllpad, et le raccord se fait autour d' uu
losange ~leuri qui ne laisse riell subsister du blanc heureux de la
première composition. Celle..:ci du l'este, dans l'ensemble même du
linteau de Mi SO'Il Ai' Ile nous est donnée que par un des motifs .
occupé seulement CIl son centr(~ par une toute pelite ' rosace : aux
autres une rosace aussi Ïlnportante (PIC celle du centre est nSpélée
cl fail perdre tl l'ensClnble la Ilellelé .de sa composition (fig. 29).
Ce décor, qui par sa richesse peut se prèler ù l'ornementation
de surfaces considérables, peut aussi se réduire à presque rien, ct
nous le voyons ainsi orner la cimaise du piédestal de ?\H SO'n Ei ct
le devaut de ses échiil"res (i) (pl. CLXV-A, C) .
. L'arl cubique 1100S présente sur les pilastres lIeux motifs: l'un
paraît sortir de la même Ol'igine lointaine que le <lécor en rinceaux
de l'art primitif (pl. Cl.,xVI-O, J3) ; l'autre semhle au contraire
parent du décor, ornement des linteaux dessus dits, mais rétluil
alors aux seuls éléments montants (m.pl.-G, H, .Ji). Enfin un troi-
sième système montre les suites de feuilles dans le mêmc sens,
parlant d'uu côté unique du panneau ù décorer (m. pl.-D).
De ces trois éléments le premier motif (2) semble parliculii!-
rement dominer, le second est encore fréquent, le troisième est
rare . . 11 est remplacé parfois, dans les bandes étroites ct surtout
dans les décors horizontaux, par la série de motifs en dcmi losange
déjà sigllall~s ; /lons les YOYOllS dt-Ft aIL sOllhassenlr.nt primitif de
(Il cr. I.e., l , p. 409 , fig. 90 C. J 3 exceptionnl'lIe, l"excmple tlOllllé est
(t, La ful'IlI(' 0 e:<t [rl~'lUent e , la forme unique.
L'ORNEMENT 241
(') Sur la pierre, tête d'apsa ras pièce about de tuile ronde. A la réserve du ra-
d'accent; face postérieure d'une tête rie swi balau qui fut trouvé à Ban Matl'uot
Gar:tec:a ct frag ment d'épi de crète en (Darlac), ces divCl·S objets proviennent des
terre cuile. En bas, TYlsUli ')Ql au, el riessus terrains de PÔ Nagar.
A~XA'\{. - Il. 16
242 LA SCULPTURE
cas, une tentative a été faite pour le décorer (t); elle n'ajoute rien à
l'étude de l'art ol'neulental-
Si du plan des pilastres nous passons au décor des moulures . les
deux motifs COlllmuns dans la première période sont, pour les filets,
des suites de petites rosaces plus ou moins écartées qu 'unissent de
•
petits rectangles, tandis . CJue les parties courbes s'ornent des lo-
tus en diverses formes.
Tout l'art de Mi SO'n At nous montre des exemples des petites
rosaces (pl. CLXVI-I, E). Plus tard elles sc simplitIcnt, le Mcor sé-
paratif sc réduit~ ct le motif disparaît, comme Lant de décors, avec
l'art primaire. Momentanément, à Chiên Bàng, des rosaces à quatre
feuilles tentent de les rappeler, mais disparaissent à leur tour
(pl. CLXVIII-L).
Quant aux lotus, ils se montrent sous deux formes bien différentes,
suivant qu'ils viennent orner des tores et des quarts de rond ou bien
des doucines plates.
Sur les quarls de rond, ils se prJsentent il l'origine, il Mi San et
à I{huang My, en feuilles -bifides convexes, plutôt allongtles et
très souvent sur deux rangs en hauteur (pl. CLXIX-F, 1). Il est plus
rare qu'elles affectent la forme de rais de cœur plus habituelle ail-
leurs (m. pl.-E. J). Le porte-hampn. de Pô Nagar de Nha Trang
montre nettement opposés les deux Iypes en question (fig. 43 et 40
et m. pl.-D) , Parfois la forme est iIl-
termédiaire, comme on le voit sur l'é-
nigmatique dalle de Tinlt Yün (Hg. 47).
Sur les tores, les lotus de type bi-
fide s'opposent par leurs extrémités ct
parfois laissent entre leurs groupes
des sphères nues (1) (m. pl.-G). Ces deux
systèmes disparaissent avec l'art pri-
maIre.
Sur les dOll cines et plus spéciale-
ment sur celles des piédestaux, les
lotus sont toujours sous la forllle géné-
rale des rais de cœur cl le plus sou- Fig. 4ï. - Tinh Yên.
PieTro à lotus .
vent Cil deux ran.gs. Le piédestal de Echelle: 0 m. 05 par mètre (").
Trâ. Kiêu, les deux dalles circulaires
de lIit Trang, le piédestal trouvé près de Mî SO'Il E(\, les colonnes B14
dans le même groupe, en donnent de fort beaux et fort riches
exemples (m. pl.-H, A, C, E). Ni l'art cubique ni l'art mixte par
contre n'utilisèrent ce décor en ce point. Nous le retrouvons en
revanche dans l'art secondaire en deux formes curieuses. Sur
(') Peut-être cette pierre. dont le rôle tecture dl! Sud de l'Inde, p. 1;;;;, fi g. 60.
nous est inconnu en arl cam, a-t-elle quel- Annales !In musÎ'e (il1imct , lome XX"I?
que rapport avec le balipidam, sorte d'au- ill-4°, Paris, (jeuthnt"r,W14.) ,
tel cxtérieul' des temples aeluels du Sud (1) lIoà Lai tour centmle.
de l'Jnde. (Cf. Joun:.w-DuIIIIEUIL, L'archi-
LA SCULPTURE
L'espace cnh'e les feuilles, d'abord occupô par une simple côte,se
couvre finalement de chevrons (1) (m. pl.-L , F, A et fig. 40). Des
fragments qlli pro,'icnncnt sans doute tl ' ul1e d'os loms de Ihrng
-rJw,nh montront ce système de lotus tout en vahi de petits crochets
en oS (m. pl.-L), mais la plus belle cxpl'ession de celle eomlJi-
nalson nouvelle est dOnllée par les remarquables pit~destaux circu-
laires du müme monument (m. pl.-B, K ct fig. 48).
Les lotus reprennent leur forme classique lorsqu'ils sel'\'ont de
départ aux voùtes (5) (pl. CVIl); mais plus tant on ne les retrouve
(1) Pô Nagar de Nha Trang piédes tal de Ile la Tour d'ol', corniche de Bai Hlm.
l'idole principale (pL CXXIlI), piédestaux (1) Corniche de la tour S. de Yün
de )lï Scm E4' Cf i , lie Chunh LI) (pl. CXXl- Tucrn g et [r'agments conse rvés à la llési-
G, n, C) . t!CIlC(' (ln Qui NhO'Il.
(2) Dépôt de Qui Nhcrn. l") Yaù ~IUln,
(3) Piédestaux ùe Mi So-n UI , HI, el
L'ORNEMENT 245
plus que l't~dllits à do très secs (~léments sur t{llClques kut du llinh
Thu~n (i) (pl. CLXXX-L, II).
(i) Fausses portes de Vân Tuo-ng, dépùt (2) Id., même figure.
de Binh Binh. Cf. B.E.F.E.-O., l, p. 257, . (3) Linteaux de Mi San.
fig. 45, 1.
24R LA SCULPTURE
même que dans une antéfixe de Phàng L~ (pl. CLXIV-L), mais c'est
encore un enchevêtrement qe cCI'cles qui forme le seul décor de car-
relage que les Camsnous a~llt laissé (1) (pl. C.\YI-C).
L'emploi des rosaces est un peu plus fréquent dans l'art secon-
daire, soit comme à Thi),p Thap en décor de piédestal, semble-t-il
(1) Po Romë. Les (( hati Il sont des étoffes imprimées à la main pal' un proc6dé à
la cil'c très ingénieux.
f
•
CHAPITRE XI
{Il lU San A et n. Cr. I.C., l, p. 355, de basse époque; elle parait bien pIns
fig. 16;TràKi0u.C U.C., J,p.306,fig.67. ancienne que cette ontrée, qui seule fut
i2} Trouvée près de Mî So-n K édifice . reconstruite.
LA FIGURE ANDIALE 253
La place que tient ce décor dans l'art cubique est bien moindre:
tout l'effet, pcut-êtrc plus riche qu'élégant, y cst d\1illcurs demandé
à une ornemcntation floralc d'un caractèl'c très· spécial. Cc· parti
n'est pas encore accusé ayec la même nettct6 en 1'\ à 1\li SO'n; la
figurc humaine ~' tient encore une certaine place; enfermée dans
tics niches importantes. elle forme les molifs principaux du souhas-
sement (pl. CXXVIII). 1\li SO'n A'p sauf en son tympan, ne paraît
glll~re pn;sentel' Il lie quelques lions; il est Hai qu'il cu reste hi en
pCll de chosc. La représcnlation animée lient plus dc placc à Hoà
Lai avec lcs intércssantcs figures des fausses portes; des (~léphants
d'un dessin amusant viennent appuyer de lcur croupe la saillie des
frontons; des ga/'lt(la en cariatides soulicnnent la cOl'l1iche.
Les prcmières constructions dc Bong DuO'ng montrent une rc-
cherche .spéciale de variélé dans le décor, ct celui-ci est générale-
ment emprunté aux êtrcs vivants, surtout dans les appliques: on y
voit même paraître, à côté d'animaux classiques, des bètes inatten-
dues (fig. 64, (5), cheval, sanglier, papillon (1\ même de petites
scèncs d'une applique à l'autre, chien qui guette un oiseau, etc.
Duus l'art mixte, la représcnlation figurée sc réduit à presque
,'ien : orants aux fausses portes de B., à ?Iii SO'n, cariatides de cor-
niches ct ga/'ll{lade pignon (?) aux tours centrale ct principale dc
Bong Dlwng, nc tienncnt qu'une maigl'e place dans un ensemblc qui.
prcsquc entièrcment, est ornemental. Cepenùant les piédestaux des
parties 1 et III offrent un granù développcment de scènes.· L'impor-
tance plus gl'ande dn décor y est marquée par un fait significatif: les
figUl'cS ne jouent plus lihrementdans l'espace que leur réservent lcs
moulures; elles sont enfcrmées dans des cadres richement ciselés;
clles n 'ont lcur libcrté entière que dans les parties dépourvues de
profils.
Avcc la seconùe période, nous ne voyons pas la représentation
animéc rcprendre clans la d(~coration l'impol'lance qu'clIc avait
Ce décor disparaît dans les derni ers édifices (it); seule, la figure
hlllllaine pel'siste aux tympans ct r eparait une fois iL Po Klaun Garai
nn pièce d'accent.
Nous venons de passer en r evue dans ses gmndes li gnes le rôle
de la représelltation animée dans les diverses périou es de l'arl cam.
(1) Nandin de Tlulp Thàp , aujoul'fl'hui P) Tnt 1{j ~Il , au Jardin d e Tonl·ane.
dP.truit (cf. I. e" l, [1. 209 K). (lO) Chlinh LQ.
(2) É1éphanls du (lépOt (le Binh Bjllh, \7) Hà Tmn g , piédcslal.
(1) Cepenùant on trouve ùans les Mé- lecture, ou l'auteur chinois a t-il fait lui-
moires suries Chinois, t. Xl V, p. 1.1. et sqq., mème une confusion avec le tigre?
mf'ntiOll de lions. Est~cc uue mauvaise
256 LA se t: LP1TRE
fourni t' . suri r h aut ùu co rps. landi s que le rcs le J e l'anim al, sauf
Irs clli ss(· s. res te nu ; il a la qucue lun gue. lerlllin ée d'o l'Jin aire
pa r IIn e touffe de poil s. SO UYCllt styli sée . La tète pl'l~' s ('lIle scule
IIl1 e allure très spéc ialt' et par c ( ~ I' Laills trait s sl'carLe lIetLemenl
d(\ la tè Le du li on africaill : poillt illlpodallL. k s cara cl/'I'i stiqucs
( ' (~ SS(' lIt (r ètl'll k s IlI tlllf( ~S : cell(·, dll li on-tYIH' cUlIsi stn dilll S sun abon-
danle crilli èru; elle compl!' il pein(' clr!'l, ]t' liun b llll cL les Jé-
tilil s fr apJJallls SU llt auLl'c's : loill d'l'Ll'c pris ù Iii lIallll'l'. il s lui
sont op(lOS('·s . L' 1I11 esl IlIiI l'IJ 11(" d,'s l'ol'igill e 1'\, Sil li S dOlllf' pruyienl.
dll nll)(l ùll' ; ralltl'l'. peu a CC IIS( '· illl dl·llllt. s· aC(·(·llt.Ut' dl'. jOli l' en jour
jII Sqll ·illl\. df'l'lIi('l's klllpS de rad Gillll. LI' l'relllic'r l'l'sidn dall s ln
runll e Jes ~ e ux. Plu s saillallts qu l' lIature ell'llls rUlld s, ils [,('lIlolllenl
' 'l'I'S lf's lt'lIqws pill' un e filasse spirali(l'l L' allalu glu' Ù la Lerlllin aisoll
d 'ull e co m e d'abulldall ce (1 ) . L' uri gill l'. de ce motif bizltlT(\ es t l'roba-
bl('m ent dans ]( ~ s profond es inflex iull s de l'tm;ad e so ul'c ilil~ r e che/,
cel animal , illflexioll s (lui lui donn ent. so us le cadre de la crini ùrc.
ce cara cti'l'e de pensée et de lI olJlessn, canse rrulJa bl e de sa ficLi ve'
l'oyaut.l·,
L'antre trait se rapporte à la dislml sion ùe la gueule , Qnand Ir
lion lJàille ou cherche à mOl'dre, les màchoirE's s'écad r nL tt'llr. ll1 enl
(III 'un dom pLeur peut facilclfwllt illlrodni1'O la I.èt.t' rrllr(\ ell es . CeLLr
Vl'lIl cnl. diffi cil n à réalisr r, elllUi co rres pond à pcu près à CC qu'on
appelle pour les clriens « monlrer les denLs » : l'importance prise'
pal' ce mouvemenL résulte san s doute dl' la gê nt' où se trouvèrent
les I))' (~ llli (' l'S arti stes, ail pays où na1lu i llf' mod èl(', q uanù il s 'ou-
IUI'cnt r(, pl'ése nler lin li on furi eux : il fallaiL le fi gurer la gueul e ou-
ve rtt' dan s 1.0 111.(\ S Oli anlpll'IIJ', mais le Inf'nlon. ('ela Li ve nwlIl min ce,
dl'\f'llilil illtll'S l'I'il g'il(· illl Il'iI\ilil dll (,iSI'illl : illlssi dlll'c'Irf-ils ro nsi-
l' I Cf' d é la il e,, 1 lI'ès "i s illll' ~ 1I1' la fi g . 70, p . 3:1li. e l la J'i g. 71 , p . :HH ri" l'J .C .. 1.
LA FIG U RE ANIMALE 2~ï
dérer comm e Ull expèdirnt lt',~:,; h eureux d'oble ni,' UII tenllll so lid, ~
joignant les l: I'Ol:S cxag,'~ rés, Ce l'ictus passa E' nsllil e l'hei', le Cali 1
l'II
possède une crinière e t Cil lllOnll'e un e égalem ent lorsqu 'il es t ass is
en chien (3) (m, pl.-F), L' a rt mixte il unf'. If' ndalll' e Ù 1( ~ (It'd'o rm el' :
nous n'insiskt'ons pas su l' les gross ii'res ,'. hallc Il ('S dl's tyllipa ns ('II
bout el assis, et la tèle délac hée dcya nl. unn sorte de ct'ini'~ re (4)?
A Dông Duan g, d(~ bollt aux angles du piédestal de la sall e Ill , il
(II Lions du piédes t.nl de (fà Tl'lrng , Snï go n , provenant san s doute . da n s ces
(pl. CX IX-L), dll so uhnsseuwnt ri e Al li df' lI x de mi pl's po inls, de l'l'à l\i ~ lI .
Mi Sau (pl. CXXIX) (ces dell x ex empl es (21 Pi éd cs ta l rlc Uu Hi èm ( pl. I:LXXIII -
don l lcs p Ins g ralld s l'appo r ts c t so nl lw i- F I.
de llllllenl dps r é pliqnes d'nn lIlolif 1'0 11 - (31 Mol if d e lIast' d c~ l' lIl'i ell ses Il ich p~ d Il
ralll), de l'hù Jllr ll g , du J a rdin de TOlll'ail e so uuassemcnl d e MI SO'1l F, (1'1. CXXV III ).
ctdu mu s.··.. d es Élud e~ llidur hill ()i s . ,~ il l'I I Gr. I .e. , 1, p . 353 , fig. 71).
.\ :'\:'\'\ \1 . - II. 17
258 LA'.L SC U L P T URE
montrc uéjà une com c l'l'OJllule ( 1) (pl. CLXXlll-E), landi s quc ]rs
faîtage' ue la gralldc salle répèlcnt en tcrre cuilc ('(' curieux molif
(fi g. 36) en l'accentuant en<.:orc. C'l' ·t ici. sa il pOUl' Ir li on enti r l'
assis (.~), soit 1IOIU' la lNr sr ulclllenl (:1) (ILlC nous Yoy ulls l'ullilllai sr
Il'ansforlTIr[' cO lllpH'le)mrnl rn rincrulI\.
Dalls la PUIl\ l'l'le'· lt ahillll'lli- dl' la 'cL'u lld c pél'iouc en repl'l'se n-
talions anill1 ~c , il n'esl pas éloll-
Ilant q Lle HallS nc ll'OLl \'ion guère
de lions à étudier: ell Gure son t-
ils parfois lellrlllclll hUlllani 'és
(luïl faut uuc <.:(' daill e fui [JUUl'
les l'e<.:onnaill'c ; ils [Jorlcnlll1('l1I o
Ir sumpot ou Ull Ill UillS UIl C su d c
uc calcçon pal'faitcllleul illui(IU('·.
Ainsi sont les atlanlc ' J c ll·ilificc
. des Tours Ù'lll'gPJlt (pl. CXX.\l-
C) : il ' n'ont du liul1 réel que lcs
pi eu ' et la gucule, LIll Jiun nou-
\ cau que la <':Ul'lJ C Ge lltmle. Lc
pi t; l\(>S ta 1J c 'l'hG. Thi ~ lI , où la fi-
glu'C c t agl' Il ouill ée, H' aL'CUSr sa
Fi~. J3. - DlrO'ng LOIIg.
mllurequc pal' la l'(Jl'I ur L1 rs paUrs
Tuur ce"trale ('n li"" : carialid e l'ulle " cs
rail . CS purle'. lIaule lll': 1 lit. pt dela L' l'illi(·l'c; Ja fa ce IIlUllqllt)
J'aill cur . 11 cs t parl'uis cO ll1pl èlc-
llI elll slyli se" t'l fULlrllit aillsi d'ad lllil'abJe mo lifs ~l Yall 'l'uO'n g (fig. 53
et pl. CLXXIH-C) ; niais le plLlS sourClll ilu'cst (lue dénatul'é. La posc
la plus fréq ucn le esl celle Je l'art pl'Îlllilif, deboul et de lrois quarts (4) .
mais OH JI' l'C'l1con ln' dl' profil IllillTlt anl sur ses C]ualrr pallps. il la
ressemblance san doul!' du gaja:;Î/!tha u\'('c Irq url il a de gran ds
(1)Cf. I.e., 1, p. 49i , fig. 114. la LOIII' S.-O., far e Il ., fig. Iii!), el piédes-
t21Boug DlrO'ng, CMpS d'app lique dc la Laux des lemp li on;: l, fi g. '109 el pl.
[our :\' .-0., fucl' ri . CLX \'1-1..
(3 ) Hong IhrO'ng. r.oe'p" d 'applique de (i l Cbi,'u I:làn g, Chành LQ .
LA FIG U B E .\ N 1~L·\L E 259
la 1'01'111' y 1':,1 dl" 1'11111' :,i 111"('I':,:,ail'l' qlll'. ~' I\llaldl' l'I'l'l'llIlall1 tlall:'
:-:' Ullha :-i", CIIl Cllt , li uli d · ~ II g- l c . 1-I ;l lIl c llr : 1 1I1.} I),
pr'e nu la représe ntation du lion : l't't'ciso lls ell I[urlques Illoi s les
altiluù es pl'éféréf>s sous lpsqupllrs il ('st li gul'é pt qll elle. parlies de
ré difice il déco re plus ol'di ll ail'l'Illeill. CI' 1I·L's lqu ·e \.cl! l:ltiollll cllell1cn l
qu' il appül'aît couché ( 1) uu l'i1 ll1panl au Sl'ns lIalul'cl cln mot ( 2\ :
"l'bout Slll' srs qun.ll·e pallrs. il III' '-1' l'f' ll,'ulltrp iso]/· ([u'ulle roi s. en
r() lIdp lIossr . ré clIlployé dalls lIli \'il'IIX 101l1l'1'1I11 i1nnamil(' dl' la ciln-
dr ll e ùr Caban (3) (m, pl.-G). Il nI' prul ici IlIalh CllrPllsPlllrllt, par
slIil!' d, ) sun J'(· clllpl oi. ètre l'u pPod(' ~l IIn e ùalr ce l'laim': 1'l'\';(,lIlioli
Il 'l' 1l es l pas':d'nillrlll's. bicn l'Plnal'quable. P1IIs so uyrnl.mais, CO llll11 e
IIOIIS Ll\'ons YU. pl'csqur uniqnrll1PIII· clan s l'arL cubiquc. ·il esl u' sis
dl' ra!' (' SUI' so n train dc drl'ri,\ rp. l('s [Jaltrs dl' dl'null posuill SUI'
l" so l (, llIl'e ]ps pallps poslt' ripul'('s (III. piA'). :\[ai s la ]Jo l' \ l'lli-
1111'111 1I0rillaie du lion psl drllolil. slir 5PS pal!ps postt" rirul'f's : on
1(' \ oi l alors de profil [JOUI' le bas dll cor ps l'll cs jantbps l','ad,'' rs.
dl' facl' pUlIl'lf' hnllt ellps palll's anll"ri"III"'S l'llllll' IIt'·PS de\ anlla poi-
Iri li l' dalls la l'0si li ull d'allillill" (1) : IOI's([lI'i l dt',l'ol'P. 1111 éléln elll \ ('l'li-
n t! alloll gé, il ('sl d, · rae!' ('III's l'alles illf0rit'llrl's ulli C's. Dan s le [Jrl' llIi C' 1'
l'as . les sCll lplurl's du .I al'dill dr' T'Jlllïlllr (III. l'I.-D) , '[Iii olll llOllt' OI'i-
~· ill e prubablL' Trù ]\i r~lI. I,·s Sl'ldl'llll'I'S du pi,"dl'slnl dl' Hù T/'ltn g (pl.
<: .\1.\-1... ). du SU UI'(\SSû lll ent de Al' ù Mi ~O'n (pl. C.\X.IX). lrs belles
IIléloprs de :Blnh LÙI1l , 1I0US en ùonnent dc rClIlarquables exernples.
[)all s le sC'co lld cas, ils SO llt moins fréq \L('llls. Les a11('g(':; des fenûlt'es
de lu sulle Dl Ù .\11 ' o'JI puur l'a.d pl'illlilif. lrs anglrs du piédes lal dû
Boug DucYli g III pOUl' l'art cubique et llli.\.le. nous Pil rourni ssent des
spéci mens d'un dessin l'ranG (5) . Déjù ils pl'pnll enlIe L'Ô1(' de carialid es (6)
li) Une paire de lions couché, a u pose, mui s les jambes rep li él's e n arr ièr e,
Jardin de Toura ne prol'iennent sa ns figuré à Tr\f(Yng An yolant , comml' les
do ule de Tt'à l\i ~u. ftpSftf'(lS et co mme r 1l rs so nl le pll1 8 ,0 11 -
\2) Les faussf' s podes des (ours de' \'iin y enl , sa n,. ail es.
TI1O'Jlg rn monlrrnl que]qurs rXt'mp]rs, (;;) La LOllr dl" Blnh Lam IlI·ail ses an-
mais il est facilr de ,"oir qu e celle ulli- g les cil' rencontre des fall ssrs porl1'8 ul' ec
tilde le ur ful imposér par le cad re mêm e Ir. parois ga rlli s de m otifs analogurs e n
qu ' il s clécorrnl. IIri qurs; ils so nt complr lrmrul ruinés .
\3\ er. r.r:. , I , p. 202. ItH Graml Jli rrll'~ If\1 ci e Trà lii~u . Cr.
(41 11 est uno foi presqlle dan s cl'Ile I. C .. l, il '194, Iï~ . (i) !l 1;4, e t pl. CXIX-L.
262 LA SCULPTl.;RE
soutenant de lcurs pattes antéri eures l'arête qui lcs ùOlllin e : r t c'est
sous cettc fOl'm e pluLôt qu c nous lcs /'etrourCl'ons dall s la périod e
seco nd ai rc (1),
MoillS cmpl oyés ù ce tl e époque, nous rcncon Ll'O Il S cnco l'C lc.
lions, mai s tl'ès défol'Ill {'s . rll métopr il Chi èll: :l:tùng (pl. CL\\III-I )
et aux soubasscmen ts di\ ers dc Chanh Li), mèn le aux angles
(pl. C\.\XJ-F . G) . Il s fi gnl'r nt sOIl Yrn l. dan s cr Ltr pl ~ l'iodr. l'n
frises d'un dessin spil'itu el (fig. 55), opposés t'n luU t's illl.el'l11i -
"ables ou mêlés il d'autrcs animaux (2), cn particulicr rm'c r! rs ga-
jasÏ1!lha dont il dcvient diffi t.:il c tIr Irs di stin guer ; ils pl'eHn enL
alol's parfois un c allure hUilliIiiie très cal'ae Léri sée ct s'arnl r nt dc
sa IJres (3) (pl. CL\\lU-C, .r, ~l) .
.Enfin 10, lion rst rnLrl" so u\'rnt dan. la dl~coratio ll pOU l' la tètr sr ule:
ainsi un c tl'tf' de lion fOl'l1Ie. co mm e Ù J.,,'a. II' départ ti rs {'rhifTl'es
dc prrron au piédc LaI de' Et.' à -'Ii San (4\ . Dall s la srco llli r pt"/'i ode,
on voit la tètc dc lion fOl'IIl Cl' dcs fris es (:J) (m. pl.-1\:) ou ol'nrr
de métopes de sOllbassr /1l ent (3) (nI. pL-Tl) . -'lai s :;il pln t' t' TI 0 1'-
1I1alr ti ans Lout l'al·t ca m rst au sommrt drs HI'CS (i) . Dr sa. gll r ul e
(l) Piédcstal'? dr Thu Thi \'n (JlI . I:XX I-F), Cr. / .1..:., 1, p. 40!1, fi~ . !l0.
, 1)
so ubasscmPlll dr l'édifi er ~. dps Tours Ch i,\ " Iiùn g tOIlI' :'1 ., ro rllil'll l' ; 11-
1:')
d'argent (pl. CXXXI-C), antrles dll ~O lllJ a~ prrif'ul'c dll " ps lilJlI l(' il la 10111' c,' ulrall'
sement de G, il ~Iï Sem (fig. 51,.). ri e Yün Ttrml f!.
(2) Frisl:l tour 1\" . de r /ln TlfCmg. (3) ~Ii ::-0'11 (;, .
(3) Débri s pro,'cnanL de Htrn g Th (ll1h , (7) Cc molj[ fIl' la tète de mOll stl'c qui
tour détruite .! dévorc des sCl'pe ul s ou dcs IItr1kara, si
LA FIG URE .-\~IMALE
I, ·s disli lJ guor alors (1 ) , Plus lard JlOU:-; \ 0)"011::; il Dlrallg' Long le lion
d"'chircl' de ses pall,'s inréricl1l'o ' des llii(ja, talldi s qu e drs l'ill t.:ea ux
hizill'I'C ou ull e Jüuble qu eue se lldd"lll l,· :-;uufcnil' dcs ailes
qd, CLXXTII -B ). Enlin il esl SU U\I 'ILl dilrl"ill', slIrluul au cU llrs de}u
SI"'Olltll' pél'i odl ', dl' sa\ oil' si rOll il ,,1)';lil'" ;'t 1111 lioll 1111 il Uil t" ll'I'
l!llm ai ll rl si l,· d{'COI' qlli Ir ('011. \ l'l' cs l 1111 li sS II 1111 1I1l f' toiso n (21,
],'d('p halll, dOlll l',,rli slr n\ail ('ÙIlSI""III1'lIl l" IlIlIdi·I,' SII IIS Irs
yellx, es l ,'Il !ji' ll l·ral d' IIIl" r.xét.: lltioll 1' \ (;I' [l l' lIt r; d' ull Ilalurei pm,rail
da Il :-; l'url pl'ilililil'. il <a lourdil 1' 1 SI' slylisf' IIlalildruitellH' lIt dans la
l'('l'i odr S l'colldair,~ : U'l épllôllil ('Jl lOlll telllpS l'st SO ILYf'llt représl'nlr
harll tlc hl', CO Il1'O IIiIl" d' lin liU/kI/fa qui de\ ail rairl' parlie du h al'llilChe-
IIl elll de lu).. !' et, ('0 1111111' loute III0ntnre, POUI' \'U du coUi er de grelots,
L'arl prilllilif nou:-; lc IlI ÙlIll'C rn Ù('IIX po:-;cs - passan t. la tèle
(1) Tour ~ . -O . de Pô l'iagar dr :"iha tnre~ co nl1lw drux (JOl'lI(ln 0101'5 qu 'il n'Cil
Tran g : nOli s y l'limes pl'i s au début de est qu' un seul m.E.r.H .-O., H, 31),
nos études ct (laDS la desCI'i pl ion ri c cell e (2) Li on? de Thü Thi ~ lI .
J'l'tourn ée (1); de face, portant une fi gure (2); - dans les deux cas,
niais plus so u\'ent dans 10 seco nd. il ti ent une branche dans l'en-,
ro ulement de lu ll'o mpe . Dans le pl'emi cr. il sert souvellt de métopé.
ddat: hée . eu pi elTC(3) (fi g. :-; (j ct pl. CL.\.\IV-L).
L'Méphant pamît pClI dall s l'a rt cnhi4IH' . A JTOt'l Lai, enln·il/u es .
il cale J e sa r l'oupe le fmnt on drs faussrs portl's ~ ur la eo miche df\
l'ani èl'e-corps. 11 ne tient une pl aee un peu impod ante que dans la
eo mposition des piédestaux, Slll'lout llall s l'clic dl' leul's petTOns (4)
(fi g. 57). L'('xécution en es t souvent moins bonne ct les Ol'cilles
so nt déjà génér alemeut stylisées (5) . Nous le rctl'O uvo ns dans l'al·t
secondaire h r ureusclIlcnl traité en métopes à Chièn :&àng; il es t
(1) P iédes tal de Tlà TWll g, so u lJllsse- ~J'and,' tOU I' il 1'(, :\"aga r de Kha Trang.
men t de Mt SO'I\ Al (pl. CXJX-L et CXXlX). (II Pi('d,'s la nx 1 cl III de Dong DlrÛ' ng.
(2) Soubassemen t de ~fi San A, (pl. Cf. I.Ç. , J, p . 4ïi , fi g. t05 ; il exi s le III
CXXIX ), par exem ple. tro mpe e n J'ail' ti a ns ce rle l'llier ; r PI'I'o n
(3) Jardin de To uran e. Cr. I .e., l, ri" la tnul' jll'in cipalc.
p. :128, nO' 24, 20 et 13 dont J' orig inr est (5) Cr. J.C., l, p. /.99 , fi g. H 6.
Fi g. a8. - Caban .
Éléphant. H au le ur:.2 m ètres _
dilion annamite qui les rait tmllsporlel' LIu Ql1àng Xam lors de l'in-
slallation de la nouvell p capital e èame : ils ne sont. en tout cas. pas
à leur place pl'imitiye, et leur nom-ell e position ne rim e plus il ri en.
Quel rôl e est censé jouer !"éléphant dan s la clécora,tion ? 11 pst
assez difficile de le délermill cl'. 011 le rell conlr'p !li en dans lrs Jel'-
niers lieux où un 1.:1111e est enco re l'eHdu. détaché pt co n~pl"tanl le
mohilier du tcmplr, soit en pierre (1), soit ell bois (2) , ct co mme s'il
pouvait, il l'égal de ~andin, servÎt' accidenlellrment de monlUl'e il
la divinill',. )·'aut-il J'appol'leL' il quelque id ée de ce genre CC liX qui
ornent les édifices ? Cependant, isolés, ils sont généralement harna-
II) Yuil Mum , auj ourd 'hui au musée de \2) l'ô ~a ga l" de' Nha Tl"an g (fi g. 11),
l'École à Hanoï. PÔ Klauù Garai , Pô Rome, Phô Hài.
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268 LA SCU LPT URE
clIés; au contf'ail'e, dans le décor, ils sont plus souven t nus, même
quand ils portent un e fi gul'c sur la tête.
L'éléph ant ne paraît que rUI'enl enl dan s des poses spéciales : il
figure au naturel et liLr'e dans le tyll1palt de Mi San Ft (t); une fois,
sauvage et poursuivi à coups de fl èches, il entee dans la décol'ation
de Mi San D2 ; le piédestal de :Sông DuO'ng 1 le montre chargé d'une
tour de gucrre ; deux éléphants secouent de Jeues trompes enlacées
un arbl'C qui for'm e le centre du tympan à lafe nêtre O. de Ml San B5 :
une autre pait'e arrose Lak~mï sur un e applique de l'édifice S.
(fig. f 28) rt SUL' un hea u tympan de :Sông DLl"O'ng (2).
La tête srllJ c, nu e Oll cO II/'onnée, forme padois d(\col' d'antéfixe
ou de métope (l e so ubassement (3) .
Comme vâ,hana (l'Indr'a, nous le trouvons deux fois co uché et dans
une jolie posc, à Tr'à J(içu (4), un e foi s tl ?bout, i't Ml San B.La tète
se uJ e porte Indra S UI' un mauYais tympan de basse époque trouvé à
Ther ThiÔli (3) .
Ajouto lts pour finil' qu e jamuis au Campa l'élépliant ne fut le
lIIotif de grandes cOllll'0siLions déco r'u ti ms comm e ' on en voit au
Cam lJodge, où sa masse puissante es t utili sée dans la composition tles
parties hasses d'édific es ou au décol' cl es souJJassements de lerrass e(ô) .
Le gajasù!ûta, form e co mplexe des deux êtres précédents, est, je
crois, pl'es<.jue spécial iL l'ad carn. Il n'eut, en tout cas, dan s aucun
ad, fortun e pareille. La co mposition d'aill eurs ell est très heureuse.
JI es t toujours figuré co mm e un lion li, tête d'éléphant qui passe,
queue et trompe relevées, soit au pas, soit, plus rarement, au galop.
Dans ce dernier cas, il est monté et n'est utilisé qu 'en métope d'arc
dans les bàtiments de Mi San qui font partie de la série At. Il est
(I I ~Iî Sem CL ' l'hù IlttLL g. Cf. I. e., L, 1"1 Cr. 1. (;" L, p. 1i6, nO30.
p, 245 , derni ère li p:nc, où il ps i pli L' crl'CUf (' 1 CL I .e . , l, p, 2ï7 , fi g, ;)5; peu l-être
appel é malmra , Illrn ~ TlH)LLh 10LL r X, gard ait -il j 'IIYCLLLL e d' IILL tr mplp en COllS-
(2) Mi Scm (~ L' trllrli oll l égère ul1jollrcl'hlii di sparll ,
(31 t'Ill Scm EL ' Tl'ù lCi ~ II , Cf. I. e., l , 181 Cf. I. e. , J, p. 329 : lin grollJle anll-
p, 307 L , lop:uc prov ir nl du Cam horl p:r ; il e~ l r ntrE'
(-1 ) van T ml'Il g LOllr S. ail ml1 sée de Phn o'] l l'l' Ii ,O LL S l a co le S
(jl lllrtlg Tlt',ILLh t01l1' N .. SO LLhl\ s~e m !' nl. :H , ':l : c l. IU: ,"',I' ,-IJ. , XII, :-1 , p. 33.
270 LA SCUL PT URE
(1) To ul's DuO' ng Long, ù r [lI l TmJ'll g, (3) ~'ii (' il f'S
d U SO U ba~ SC lll c u lri e ~Ii SO'Il Al '
faus,;c l'o d e S" tO UI' N, \4I ,\ï cil l" 1'1 appliqul':; dl's 0Ia;ies ;1 ~Iï
\2 ) ~ O U ' al'OIl S él udié arec le rh ey c: 1 SO'II ' \ J' rall""I" p o l'l c~ c l J'a u s('~ ui cllt's
(p, Il:!) les gra udes I,\lcs dl' /11 (( 1>(11'11 de de /Iillil Li'lIn; rall "SI 'S lIi ches de la loul'
nlwa llg ,\15', cl .. ,; cli cs dn l'ell t, ('Oln ille pl'ill cipale ci e i\ ha Tran g,
celles du dossier de Pc) ;\'agal', fillir UII arc (51 Cr. I ,e" l, p , 4/0 , f ig, 90 bi.,
el l'ellll'elli aill si d it ll '; l" l'a, il lC li q u{o i.. i , (6) C'c 1 lù U IJ mol il' pli remeu 1 ca lll -
LA FIG RE Ar IMALE 27i
demi transform é en rinceaux qu'il orne les obj ets du lrésor de Tinh
MY(!) . Ses têtes multiples peuvent èll'e indépenJantes comm c il la co-
lo nne deXuàn San (2), ou se redresscl' aulong d'un COl'pSuniquc(3). Sous
la forme de l'é vcntail dc tètes, il n'a pparaît guèee Jans la premitll'e
pél'iode qu'en décor d'échiffl'es(4), ou comme 1lI0tif de bijoux (1) (5) ;
dans la seconde, et peut-être sous une influence cambodgienne bien
III l:trquée, il prend momentanément une illll.lOrtance considérable (6)
(Iig. 61 et pl. CLXXIV-E), mais disparaît ensuite complètement.
So us la forme multiple, et dès l'Ol'igine, il acco mpagne cedaines
divinités soit en idoles, soit en tympans, qu'il leur ser ve de siège et
d'abri, comme pour le beau Bodhisattva de bl'onze du musée de
l'École (7) , qu'il les accompagne seulement, comme au bas-relief de
Phùng L~( 8), ou que, comme il Khuang My (9) et il, l'étage de Mi San
ll6 ( lU), il entoure Gal"UJ a comm e sa victime désignée. Lorsqu'il
fo rma si ège, il s'enroule horizontalement dans le plus grand nombre
des cas (11 ), mais parfois, mal compris à la basse époque, ses nœuds
se placent verticalement (12) .
Avec le gan t4a, nous at'rivons au dcm ier èh'c animal qui joue
un rùle considérable J ans la décoration éame. Celui-ci, l'oiseau-roi
des légend es hindoues, est le grand ennemi des scrpents; c'est aussi
la 11l0nture préférée de V i ~f.lu. Il Jevrait donc surtout être traité en
oiseau. et par le fait nous ne le voyons jamais ici l'epl'ésenté, comme
ill'est il, Java, en homme à tète de vautour, tenant Vi ~f.lu il, califour-
Ghon sur ses épaules . Le type éam est interm édiaire. Si la tôle es t
•
(1) l llogal'ai du lrésor (Les rois cams. (6) Vli n TuO' ng, décors des fa usses
Cr. B.EY .E.-O. , V, p. 20 ct fi g. 11. portes, Lo ur N. de Ulrn g Th(olDh .
(2 ) Cr. pl. CV. (i ) cr. I.e" l, p. 573, fi g. 133,cl lJ .E.F.
(1 ) li:lllfO'ng ~ I y loul' S., pOI'le d'en- E ,-O. , L, p. 24, fi g . !I.
trée ; Mï SO'll A 10' fausse porle; forme (S) Cf. I ,C ., L, p. 32i.
dé l'ivée aux ft'oulo ns d 'appliques de la (g) CI. I. e., l, p. 26i , fi g.53,
lour cen ll'Ille de Hoù Lai. (10) CI. I. C., l , p, 371 , el IJ,E. F.E.-O. ,
(4) Phu Huug, lUnrO'ng MS', 1.0111' prin- IV, p. 839, fi g, 25.
t ipale de Bo ng DlrO' ng. ( I I) Mï SO'Il GJ • Cr. I. C" l, p. 432, fi g.
p. 335. p, 30 1, E,
AS~ .\\I . - Il .
274 LA SCU LPT UjR:E
plan. el r nse rrcnt plusi/'urs /Il/!Ja ( Il (nt. pl.-A) ; les palles anV'-
ril' lIrcs Sil Il 1 Oll dall s Ir grs lr d'a lliHI"r ( ~ I . l'l dall s ("1'\,1(, post' main-
li l'lllll'lIl lps jalnbps d l' \ï ~ 1)1I (:11 . (I ll (' II CO rl ' li cllll r nL dl'S S(' I"IWllb ("1.
~ llIlrPIl I. IIII 'il su it uu IIUII chargé dll (li r ll . ll's l/ it(JlI r('III (IIII'('III (51 (l ll
lu i flll"IIll'llt llii dais (Ü) . Il sr' IIlbl!' d'ailll'III'S fil/(' J"arlislr' ca lll II C
vo ir pa s dall s Il's sl' l"pl'nls Ltlilll('nl Italiil/l( 'l dll !J((r/t~/(l l'l IIllïl les
in diqlll' [lllllM romill e Ilii nu,:olllpagll elll('lIt ordillair!' de rd lr 1'1' -
l'rc"osc nlalion.
La U'Lr l'sL rarcmr nl nec lI s('c dan s la forll1 r Hair dr cr ll l' d'tlll
oisl'au pt I)/"('s(' nl<; SU Il\'crtl plul,ùt Uil IHllspali d(' sill gr (fi g. Oz ) (l1l ·lllt
lirc de YlIIlIUlIr ; il l'sL \rai qll e l'aefo is il offrr
Ir's IrOll s (' II virgilIo I]lIi, dans Ir bec, ('U I"-
rl's pOlldrll1 ail.\. llU ri Il es (7) (rn. pl. -.\ ) . 1\OIIS
nI' II"IIII\OIl S If' caracU're d'oisCilU lin l)('1l
miclI'I: 111 (1 rI] 11(; qu e dan s \ln e l'epn"s(' llla-
lion ill)('i ('1111 r. le linl l'a n-lympan de 1[i ~ O"I
El ( ~l ; l'lleUrl' la tNe, sauf les yf' II X r(Jll(l~.
l's l-l' ''I ~ l'1"('SIl"('
IltIlfl ain e el le !Jartl~a a- l-il l"ig . 62. - Pl1ông Lç.
Tèle ue yam~a .
dl's bra s: Illais les ex Lrémilés inf(;ril'ur!'s. " ,,"lc"r : 0 111 .2,; CII\iron.
fj llni(l'[(' ll"ailt',ps forl· malariroilplI1f'1I1. S('III -
blf'nL bi en des palles d' oisca u filLe Lr mlill cltI, tirs sel'l'I's.
Le fJaJ 'Il (lcl III' Lil'nL [Jas ull e Lrl's gralldl ' plll('r dallsla d{'col'al ifln (HI ;
il forill e plulùt JI10lir isolé (10) rl spéc ial elll(' lll lel"llIilll' les frontons
i/lljlorLaltls d l 'dili('ps (II I, l'al'rois ~11I11('lIill" la ('111'111' r"ili i' I"(' ( 121.
était ol'néc ri e Hgnrcs d'allimaux divlll'", ,,(' ulptées dan s un bois lrl'S
dm, mais ne nous donn c aucun aulrc détail à ce suj et.
Parmi les animaux qui paraissc nt acC'identellcment, signalons
d' abord crnx fl' l'o n l'Nll'Ollll'r rn ,-ëihfllW, nr parnssr nt-ils qn ' un p
rois'• lc chcval (1) , le paon (2) , l'oie (3) , Ic sanO'lier(4)
L'l , le l'hinocéros (5)