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ÎLE-DE-FRANCE
Lionel Flageul
Dans les starting-blocks
La région parisienne
est friande de produits
de la mer. Aussi, les
transformateurs doivent
répondre le plus
rapidement possible
S i un matin, vous voyez un trans-
formateur qui n’est pas débordé,
c’est là qu’il y a un problème »,
plaisante Jean-Philippe Bataille,
Pdg de Transgourmet Seafood. La
remarque s'affirmer à tous les profession-
nels des produits de la mer. Pour autant, la
17 %
des volumes de produits
aquatiques en France
sont consommés en
région parisienne.
Pour autant, le marché international reste
un indispensable poumon de l’alimentaire
francilien, malgré des tonnages en baisse
cette année. Et son flux constant profite à
la fois aux entreprises installées à l’intérieur
et à celles des alentours. « Il est plus impor-
tant d’assurer les départs que les arrivées,
C’est la deuxième région
tendance des produits transformés conti- témoigne Alain Bailly, directeur de Fish is
aux commandes, tant la plus consommatrice
nue de s'affirmer et les délais de réalisa- derrière le grand ouest Life à Thiais (Val-de-Marne). Si un camion de
la concurrence est rude. tion sont toujours plus courts en Île-de- matière première est en retard depuis l’aé-
(22 %). L’Île-de-France
France. « Chaque jour est une course est surconsommatrice roport Charles-de-Gaulle, on peut le rattra-
contre la montre, poursuit-il. Paris est de produits traiteurs. per, mieux vaut réduire la distance entre nos
un marché privilégié car plus concurren- Source : Kantar Worldpanel clients et nous. » Ce besoin de proximité est
tiel, les clients sont très regardants sur la accru par le nombre grandissant de clients
qualité et surtout sur la réactivité. » Une qui commandent au dernier moment « Les
course de vitesse qui oblige les entreprises chefs passent commande le soir après leur
à s’installer en proche banlieue sud, entre service et nous devons être en mesure de
Rungis et Paris, pour satisfaire leur clien- les livrer le lendemain avant midi », affirme
Enquête : Guillaume JORIS tèle intra-muros. Stéphane Chauvelière de Kaviari.
ÉCH S d’ENTREPRISES
Ces modes opératoires s’expliquent en
partie par la montée d'une nouvelle géné-
ration de chefs parisiens et l’émergence de
concept stores où la surface commerciale
est privilégiée, pour rentabiliser des loyers
Fish is Life, prêt pour la transition écologique
▼
astronomiques, au détriment de la cui-
sine et de leurs stocks. Plus qu’un besoin
de fraîcheur, c’est un manque de place qui “ On ne sait pas comment sera gérée la logistique à terme dans Paris.
En nous installant à Thiais, nous avons équipé nos zones de chargement
les oblige à être livrés quotidiennement par
pour pouvoir recharger des camions électriques. Pour l’instant, nous
leurs fournisseurs.
n’avons pas de véhicule de ce type en circulation mais nous serons
Mais les restaurateurs ne sont pas les
seuls à se sentir à l’étroit dans Paris intra- prêts si la réglementation change. Tout est flou, alors nous nous équi-
muros. Kaviari a déménagé il y a deux ans pons et nous attendons que des lois soient mises en œuvre avant
à Ivry-sur-Seine pour s’offrir 3 000 m2 de de bouger. Plusieurs réformes écologiques pourraient nous
locaux. Un bel outil qui lui permet d’assurer toucher comme la gestion des déchets des professionnels
le conditionnement du caviar, le filetage du dans Paris. Les caisses en polystyrène, très peu recyclées,
saumon et de continuer le développement sont susceptibles d’être attaquées pour leur impact écolo-
de nouveaux produits. Fish is Life a lui aussi gique. Nous l’anticipons et utilisons de plus en plus de caisses
dû quitter son emplacement à Rungis pour en carton fabriquées à partir de matériaux recyclés. »
des raisons de place. L’importateur s’est ins-
G.J.
tallé à Thiais car son atelier sur le marché Alain Bailly, directeur général du site Fish is Life de Thiais
est arrivé à saturation, bloquant sa crois-
sance. En plus de ses produits ultrabasse
température et frais, l’entreprise déve-
Fjord King élargit sa gamme
▼
G.J.
groupe la Saumonerie de Choisy - Fjord King
son reste environ quatre heures chez nous,
détaille le directeur de Fish is Life. La matière
première atterrit à Roissy-Charles-de-Gaulle
vers 8 heures, elle arrive chez nous un peu Kaviari en B to C
▼
lités qu’il faut anticiper pour ne pas se retrou- Stéphane Chauvelière, responsable des achats chez Kaviari
ver derrière ses challengers. n
914
F
Mais convaincre les professionnels de la depuis les années quatre-vingt, observe
nécessité d’une transition numérique n’est Clément Proyer, nouvellement nommé
M€
ace à l’essor d’internet dans tous pas toujours chose facile. « Il était nécessaire directeur des opérations chez J’Océane
Le chiffre d’affaires
les secteurs de l’alimentaire, Rungis que la Semmaris soit en mesure de proposer pour moderniser les pratiques du gros-
réalisé en 2017
a décidé de créer sa propre plate- par les 43 entreprises ce type de service avant de se faire distan- siste. Les acteurs du poisson travaillent
forme de mise en relation entre de produits de la mer cer par des acteurs comme Amazon, qui ne tête baissée toute la journée et n’ont pas
fournisseurs et clients. Le site, baptisé présentes sur le marché. sont pas du tout spécialistes des produits de le temps de prendre de la hauteur, mais il
Rungismarket.com, existe depuis juillet. Source : Semmaris
la mer », poursuit le responsable du secteur. faut aussi regarder ce qu’il se passe au-delà
Il permet aux entreprises présentes sur le Pour l’instant, un seul acteur du A4 est du péage. » J’Océane est optimiste quant à
marché d’avoir un catalogue de produits présent sur la market- l’utilisation de la plateforme. « Cela va être
visible et de recevoir des commandes direc- place : J’Océane. bénéfique pour tous nos clients en pro-
tement en ligne. « Le nom Rungis a une D’autres, comme vince, sans court-circuiter le marché actuel,
valeur et chacun doit pouvoir en profiter, Demarne ou R & O, poursuit-il. Le site internet ne pourra jamais
affirme Claude Taussac, responsable du qui possède déjà son être financièrement concurrent du carreau
pavillon de la marée. Cette place de mar- propre site de vente et les clients parisiens qui se déplacent
ché virtuelle va aussi permettre à nos gros- en ligne, devraient continueront à le faire. » Difficile, en effet,
sistes d’avoir une vitrine à l'international, de reproduire virtuellement les négocia-
où la plupart des entreprises sont mécon- tions qui ont lieu sous le A4. « Il faut
nues, contrairement à Rungis. » Une équipe que tout le monde joue le jeu,
est prévue par la Semmaris pour démarcher que cela ne devienne pas juste
des clients à l’étranger et élargir les oppor- une grille de prix, il faut créer
tunités des grossistes. des relations avec les clients. »
Rungismarket.com offre également des La plateforme permet aux
Claude Taussac, responsable
garanties de paiement au fournisseur et grossistes d’adapter les
du pavillon de la marée à la
un service de livraison mutualisée qui per- prix pour chaque client,
Semmaris : « Rungis est, de
met, par exemple, à un restaurateur de fait, une place de marché. et ceux-ci ne sont visibles
faire ses achats de poisson, viande, fruits et Elle trouve maintenant son que par les acheteurs ins-
légumes en ligne, puis de se faire livrer par crits par la Semmaris. n
C.A.
prolongement sur internet. »
A
avec un producteur de fraises en Sologne Deux projets AMP - Saumon de France n’est pas la seule
pour valider la bonne maturité des fruits. d’aquaponie ont déjà entreprise à s’intéresser à l’aquaponie.
MP - Saumon de France a ouvert « Les résultats des études ont montré que remporté le concours D’autres projets sont à l’étude ou en
une première ferme aquaponique les fraises produites en aquaponie sont plus Parisculteurs. cours, à l’instar de Green’Elle. Le projet
à Cherbourg cet été. Le groupe grosses que les fraises classiques, assure porté par Cécile Roux, ingénieure spéciali-
duplique ce modèle de polyculture Pascal Goumain. Nous n’avons pas encore sée dans le financement des innovations, a
de poisson et de végétal en Île-de-France toutes les réponses scientifiques et des ajus- remporté l’appel à projets des Parisculteurs
dès le 1er décembre. Une première ferme tements seront faits au fur et à mesure. » pour s’installer sur les réservoirs de Grenelle
sera installée à Asnières-sur-Seine (Hauts- Afin d’assurer un rendement suffisamment (15e arr.). Le plus dur, pour les entreprises
de-Seine), d’autres suivront à La Défense important, Saumon de France a installé qui veulent se lancer dans ce type de pro-
ou encore à Poissonnier (18e arrondisse- une pisciculture dans l’Eure pour élever les jet, est d’obtenir les espaces nécessaires
ment) en 2019. « C’est un système plus bio truites arc-en-ciel qui termineront leur gros- délivrés uniquement par concours. Les villes
que le bio, affirme Pascal Goumain, direc- sissement pendant environ deux mois dans françaises sont de plus en plus sensibles à
teur d’AMP - Saumon de France. Le seul la ferme d’Asnières-sur-Seine. ce type d’agriculture urbaine durable et les
intrant est la nourriture garantie sans colo- En plus des produits issus de l’aquapo- consommateurs de plus en plus deman-
rant ni OGM. C’est un circuit fermé très nie, dont une partie sera destinée à la res- deurs de productions locales ayant un faible
économe en eau par rapport à une pro- tauration collective, la boutique rattachée à impact environnemental. n
duction classique. » la ferme proposera toute la gamme de pro-
L’entreprise est partie du constat que les duits Saumon de France. « La ferme ser-
villes peuvent devenir nourricières en déga- vira également de point de vente en direct
geant du foncier à cet effet. Après avoir pour nos produits et de relais pour les com-
remporté un appel à projets lancé par la ville mandes passées en ligne, explique Pascal
d’Asnières-sur-Seine, désireuse de dévelop- Goumain. La ferme seule est difficilement
per son agriculture urbaine, AMP - Saumon rentable, la surface est réduite et il faut
de France a pu s’installer sur une partie de embaucher au moins deux personnes pour
l’ancien marché de la commune. Selon les assurer une permanence sur le site. »
On nourrit
Source : AMP - Saumon de France
les poissons
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Les poissons évacuent • •• • L’eau est renvoyée
des déchets dans l’eau • propre aux poissons
G.J.