Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
GRAMMAIRE COMPAREE
DES
LANGUES SLAVES
TOME II
MORPHOLOGIE
<s •
PAR
ANDRÉ VAILLANT
Professeur au Collège de France
Directeur d'études à l'École des Hautes-Études
LANGUES SLAVES
s
FLEXION PRONOMINALE
CHAPITRE IX
LA FLEXION PRONOMINALE
Locatif : si. -omï; lit. -amè, dial .-ami, lette dial. -amï, etc.,
avec les divers remaniements de la finale du locatif (§ 178).
Avec la postposition -p(i), le vieux lituanien a -ami-p ; le
lituanien, à la différence du slave, étend la désinence prono-
minale à la flexion de l'adjectif, avec forme déterminée
-amiame (§ 265). Cette désinence était donc -ami en letto-
lituanien, comme -omï en slave, mais par remaniement de
*-asmi, dont le slave garde une trace altérée dans la flexion
de cï(-to): v. si. ëesomï à côté de ëemï, pour *cesmï avec
réfection sur gén. ceso. Il peut y avoir eu simple substitution
à -*smi de la désinence plus courte -mi de l'instrumentai,
370 LA FLEXION PRONOMINALE [225]
naux ; lette luôs, masc., tâs, fém., et aussi tais, masc. et fém.,
mais qui est secondaire de loc. sing. lai, masc. et fém., et
ne continue pas i.-e. *toi- qui donnait lie- (§ 50). Ailleurs
skr. tésu, avec un féminin tâsu, av. -aësu, et grec ionien TOÏCTI,
avec un féminin -rfjcn, T^CTI, de i.-e. *ioisu, dial. *toisu (si. -ëxu,
et -su dans nasu, vasû).
Datif : si. -ëmu pour les trois genres ; lit. liems, masc.,
tôms, fém., et lette tiëm, masc., tâm, fém., mais v. pr. sieimans
pour le féminin comme pour le masculin, et wisseimarts, de
wis- « tout », du type pronominal, à côté de wissamans du
type nominal. Ailleurs skr. tëbhyah, masc., et fém. tdbhyah,
av. -aëibyô, masc., et fém. -âibyô, mais got. paim (dat.-instr.),
masc. et fém. . • < .
Instrumental : si. -ëmi pour tous les genres ; lit. laïs, masc.,
du type nominal, fém. tomls, mais lette tiëm, masc., du type
pronominal, fém. tâm du type nominal ; en lette, la désinence
masculine -iëm, qui est de datif-instrumental et prise au
duel (§ 132), a été étendue aux substantifs en -o-. Ailleurs
véd. tébhih, masc. (skr. tâih du type nominal), fém. tâbhih,
et av. aëibis de ayam «lui», masc., fém. âbis.
Les démonstratifs.
\
Lituanien Vieux slave Ukrainien
Sing. masc. fém. masc. neutre: fém. masc. neutre fém.
N. sis si sï se si cej ce cja
A. si sig. sï se sijç N. ou G. ce cju
G. siô siôs sego sejç c'ogô c(i)jéji
L. simè siojè sernï sei cim cij
D. siâm sial semu sei c'omû cij
I. siuomi sig. simï sejç cym cijéju
Plur.
N. sië siôs sii si sijç ci
A. siâos siâs sijç si sij<l (N. ou G.)
G. si% siil sixix cyx
L. siuosè siosè sixû cyx
D. siems siôms simu cym
I. siaïs siomis s imi cymi
Duel
N.-A. siuô-du sië-dvi sija si si
G.-L. (G. siil-dviejtl) seju
D. sîem-dviem siôm-dviem ' D.-I. s ima
I. sièm-dviem siôm-dviem
[232] FLEXION DE si 383
Évolution de la flexion.
mouillé est abolie : sor. nasogo comme togo, h. sor. teho comme
naseho, etc. Elle se maintient seulement au nominatif-accu-
satif neutre singulier en haut sorabe : to, mais nase (b. sor.
naso). Toutefois, des parlers du haut sorabe gardent toho,
dat. tomu, loc. tom, et une flexion pronominale dure distincte
de la flexion pronominale mouillée et de celle de l'adjectif.
Au féminin singulier, le génitif -eje et l'instrumental -eju
sont refaits sur le locatif-datif -ej : comme en polonais, gén.
*-ojë, -ejë se contractait en *-ë, qui a influé sur loc.-dat. -ej
avec perte de *-oj du type dur en bas sorabe comme en haut
sorabe. Au duel, le génitif -eju est de même refait sur nom.-
acc. -ej, qui est pris à la flexion de l'adjectif déterminé ,
(§ 268). La finale -/ de -ej, en regard de nom.-acc. plur. -e,
est devenue caractéristique du duel, et le haut sorabe l'a
étendue dans tous les types de flexion à loc.-dat.-instr. -maj
pour -ma.
Celui du sanskrit, masc. ka- (avec fém. kâ-), neutre ki-; mais ;
il est nouveau, car le possessif si. *cïjï « de qui » est tiré de
*kwi~, cï- masc. Il dérive d'un système balto-slave où ki-, qui
ne distinguait pas le masculin, et le féminin, mais avait une
marque du neutre au nominatif-accusatif, était doublé par
ka- qui distinguait les trois genres, et où sa flexion en -i- s'était
perdue aux cas obliques, sauf instr. sing. *kî, et était sans
doute suppléée par celle de ka- ; cf. skr. kim, mais dat. kâsmâi
masculin-neutre, etc. Le thème ki- apparaît en slave comme
une survivance limitée au nominatif-accusatif singulier
neutre, mais qui s'est constitué sa flexion propre en groupant
d'autres vieilles formes.
La flexion est en vieux slave et en russe :
v. si. russe v. si. russe
kûto kto
1 ëito ! ëto
kogo l ) )
kogô
i ceso, cïso cegô
komï kom cesomï , cemï cëm
komu komû cesomu, cïsomu ëemû
cemi kem cimï cem
Le relatif et Vanaphorique.
des formes relatives kdôr, gén. kôgar, kàr, gén. césar (§fe40) :
ce relatif de l'interrogatif, avec la caractéristique -r, de v.
si. ze, du relatif largement développée en slovène, sert de
relatif indéfini dans des tours comme kdor ne delà, je brez
jela « qui ne travaille pas ne mange pas ». •
En russe, le relatif est kotôryj, ukr. kotryj, qui a supplanté
koj du russe ancien ; en polonais ktôry ; en sorabe kôt(a)ryz,
h. sor. kotryz, en face de l'interrogatif kôt(a)ry, h. sor. koiry ;
en tchèque ktery (vulg. kerej), et en slovaque ktory. Mais le
relatif est volontiers exprimé par la particule fixée pol. et
tch. co, slovaque co, avec une flexion procurée par l'addition
de l'anaphorique, pol. co go, etc. Le sorabe, à côté de kot(a)-
ryz, a b. sor. chtoz, coz, h. sor. stôz masc., stoz neutre ; et b. sor.
kenz, h. sor. kiz, nominatif indéclinable, avec flexion gén.
kiz jeho, etc. en haut sorabe.
Le vieux polonais conserve *jïze sous la forme jenze, jenzto,
et jen par ablation secondaire de la particule -ze, qui se
maintient au contraire-régulièrement dans les autres formes,
neutre jez, fém. jaz, plur. masc. jiz, neutre jaz, fém. jet (de
*jëze). La forme nom. masc. sing. jen(ze) est'parallèle à ten
etc. (§ 235), comme b. sor. kenz. Ce pronom a duré jusqu'au
xvi e siècle, où il a disparu complètement devant ktôry. Le
vieux tchèque a de même jenz(e)<; et aussi jen (comme acc.
jen, anaphorique, § 246), avec préposition (pro) nenz, au
féminin pluriel et à l'accusatif masculin pluriel jëz(e). Le
tchèque littéraire a gardé ce pronom comme forme livresque
jusqu'à l'époque actuelle : jenz, neutre jez, gén. jehoz, fém.
jez, gén. jiz (de v. tch. jiez contracté de *jejëze), etc., avec une
distinction secondaire au génitif pluriel entre jichz et,, en
fonction de génitif possessif, jejichz refait sur sing. jehoz,
comme de jich et jejich dans l'anaphorique (§ 246).
En dehors de cet archaïsme du tchèque littéraire, les
langues slaves ne gardent plus que des vestiges du relatif
ize : v. r. ize, izï « que, parce que », oze « que, si » (de jeze, § 75),
428 ' INTERROGATIF, RELATIF ET ANAPHORIQUE [246]
ainsi dans les Rhodopes pôpat «le pope», obi. pôpatok, dat.
pôputum(u), et à Bobosciea en Albanie.
On trouve un jeu de trois articles postposés, avec les trois
démonstratifs (§ 236), dans une partie des parlers bulgares
et macédoniens : macéd. vôlot «le bœuf», et vôlov «le bœuf
ici », vôlon « le bœuf là », fém. -ta, -va, -na, etc. ; et dans les
Rhodopes, où les trois démonstratifs sont s-, t-, n-, vôlat,
volas, vôlan, fém. -la, -sa, -na, etc., avec les restes d'une flexion,
obi. -qsok, -anok, dat. -usum(u), -unum(u).
Le développement de l'article en bulgaro-macédonien,
postérieur au vieux slave, est un fait balkanique, qui n'a pas
atteint le serbo-croate : il est dû à l'influence du grec et du
roman. L'article est également postposé en roumain et en
albanais, mais le roumain connaît aussi des emplois procli-
tiques de l'article, du type général des langues romanes :
domnu-l « le seigneur », gén.-dat. domnu-lui, mais avec nom
propre Dumnezeu « Dieu », gén.-dat. Dumnezëu-lui et (a) lui
Dumnezeu. Il y a eu interaction du slave et du roman : le
roman a donné au bulgaro-macédonien l'article, et le slave
a donné au roman la placé du démonstratif, usuellement
postposé : v. si. rabu tu, rabû sï « ce serviteur », et vieux-macéd.
rabo-iû, rabo-sï (§ 59), par union étroite avec le substantif.
Le démonstratif postposé a encore pleine valeur de démons-
tratif en vieux slave, mais sa position enclitique favorisait
naturellement son affaiblissement ultérieur en article.
On retrouve l'article postposé hors d'une influence bal-
kanique, dans les parlers russes. En russe, le démonstratif
tu enclitique a disparu devant les formes toniques tôt et
ancien toj (§ 234), qui sont préposées ; mais il s'est maintenu
longtemps, et l'on a encore au xv B siècle l'adverbe casot
« aussitôt », mod. tôtcas. Il a donné dans la langue populaire
un article : muzik-ol- «le paysan», sobâka-ta «le chien». Il
était fléchi à date ancienne ; il est conservé dans de nombreux
parlers grands-russes, mais aux formes de nominatif, et qui
[246] L'ANAPHORIQUE 433
I
tendent à être remplacées par la forme fixée -io, courante
en russe populaire.
Dans d'autres langues slaves, on trouve l'influence de
l'allemand et de son article proclitique. En tchèque parlé et
dans les dialectes, l'emploi de ten préposé est usuel en valeur
d'article ou avec une valeur très proche ; il en est de même
en sorabe et en kachoube, et l'on écrivait en slovène ancien
vi ste ta sol te zemlje « vous êtes le sel de la terre ». Mais l'usage
littéraire proscrit, partout ce germanisme.
Dans les langues baltiques, le vieux prussien employait
couramment stas comme article, et avec l'adjectif le tour
stas likuis «le petit», ail. der kleine, avait fait disparaître en
grande partie les formes de l'adjectif déterminé (§ 265). En
lette, tas peut aussi avoir valeur d'article, par exemple devant
le comparatif : tas mîl'âkais « le plus cher », comme en tchèque
parlé ten nejdrazsi devant le superlatif.
N. às azu ja ^ tù ty ty
A. manç mç, mene menjâ lavç tç, tebe tebjâ
G. mançs mene menjd tavçs tebe tebjâ
L. manyjè mlnë mne tavyjè tebë tebé
D. màn mine, mi mne tâv tebë, li tebé
I. manimï munojç mnôj( u ) . tavimi tobojç tobôj
442 PRONOMS PERSONNELS ET POSSESSIFS ' [252]
Réfléchi
lit. v, si.
N. mes my my jûs v
y vy
A. mùs ny, nasu nas jùs vy, vasû vas
G. mûsy. nasû nas jûsq vasû vas
L. musyjê nasu nas jûsyjè vasu vas
D. mùms namu, ny nam jùms vamû, vy vam
I. mumis nami nâmi jumis vami vâmi
Ve
| mù-du, f é m . -dvi | iù-du, f é m . -dvi va, vu
na, ny )' ;
G.-L. mù-dviejil (G.) naju jà-dviejq (G.) vaju
D.-I. mù-dviem nama, na jù-dviem vama, va
(D.) (D.)
En vieux slave, les datifs mi, ti, si, ny, vy, na, va, sont des
formes enclitiques atones, à côté des formes toniques mine, etc.
Les accusatifs me, te,, se, ny, vy, sont d'anciennes formes
toniques, et le restent dans quelques exemples ; mais elles
sont traitées généralement comme enclitiques, et les formes
toniques sont gén.-acc. mene, etc.
[248] " SINGULIER ET RÉFLÉCHI 443
Les cas obliques sont bâtis sur les formes d'accusatif duel,
ou d'après le pluriel : gr. vcâiv, gén.-dat., sur vcb, etc. Sur na,
va et les thèmes na-, va- du pluriel, le slave a gén.-loc. naju,
vaju, dat.-instr. nama, vama. De mùdu (vèdu), le lituanien
tire gén. mùdviejïj., dat.-instr. mùdviem, et de même de jùdu,
456 PRONOMS PERSONNELS ET POSSESSIFS ' [252]
e
2 pers. nom.-acc. va; des génitifs-accusatifs naju, vaju ont
persisté jusqu'au XVII® siècle.
Bulgare. Le bulgare a les enclitiques du singulier, y compris
dat. si de large emploi, et au pluriel les enclitiques acc.-dat.
ni, vi. Le macédonien distingue, comme le serbo-croate
monténégrin, dat. ni, vi et acc. ne, ve, mais par restauration
•d'une différence entre -i et -e inaccentués (§ 48). La l r e per-
sonne du singulier est bulg. az, macéd. jas; les pronoms du
pluriel sont nie, vie, avec la finale des démonstratifs lie,
onie (.§ 236), et avec substitution à la l r e personne de n- à
m- qui se conserve dans le macédonien mie du dialecte des
« Mijaci ». Pour la flexion, on n'a au singulier qu'une forme
de cas oblique mén(e), téb(e), par confusion phonétique de
gén.-acc. -e et loc.-dat. -é, et la distinction de l'accusatif et
du datif est exprimée, soit par une préposition, dat. na mén(e),
soit par addition de l'enclitique, acc. mène me, dat. mène mi;
au pluriel, nas, vas, et dat. nam, vam ou na nas, na vas.
seur : s.-cr. gdjë pogùbih svôga sîna Mârka a quand j'ai fait
périr mon (propre) fils Marko » ; et de moj-, etc. quand le
possédé est conçu à part du possesseur : ptsi tvôme sînu
«écris à ton fils». C'est qu'en effet svoi est par ailleurs un
adjectif qui indique ce qui est à vous, ce qui vous est parent
(dérivé svojaku « parent », r. svojâk « beau-frère »), par oppo-
sition à tuzdï « qui est à autrui, étranger » (§ 263) ; cet adjectif
a un comparatif v. si. svojai (§ 288).
Le vieux slave n'a pas de possessif du duel, ni de l'anapho-
rique, ni du relatif, et il emploie le génitif des pronoms :
bratu naju « notre frère à nous deux», bratû jego «son frère
(à lui) » et bratû jejç « son frère (à elle) », bratû ixu « leur frère »,
jegoze bratû « de qui le frère».
Pour la flexion des possessifs, elle est celle du type prono-
minal mouillé (§ 230) : moi, neutre moje, gén. mojego, etc.
Des contractions commencent d'apparaître en vieux slave
aux désinences longues en -jej-: gén. fém. sing. mojç, loc.-
dat. fém. svoi, rarement, pour mojejç, svojei.
Sing. N. vïsï vïse . vïse, vïsa Plur. N. vïsi vïse, vïsa VÏS g
A. {N. ou G.) vïse vïs(j)g A. VÏSQ vïsq, vïsa vïse
G. vïse go vïsejç G. vïsëxû
L. vïsemï vïsei « L. vïsëxû
D. vïsemu vïsei D. vïsemu
I. vïsemï vïsejç I. vïsëmi
Il n'y a pas de duel : « tous les deux » est oba (§ 303). Pour
nom. fém. sing. et nom.-acc. neutre plur. vïsë, voir. § 78 ;
la variante cyrillique vïsa peut noter un durcissement du
thème vïs-, mais elle peut n'être qu'une graphie imparfaite
pour vïsja, comme vraisemblablement dans le cas de ra pour
rja, rë de la glagolite (§ 22). Au dérivé vïsëku répond bulg.
vséki, macéd. sékoj (§ 260), ce qui indique que la variante
v. si. vïsaku vaut vïsjaku, qui en bulgaro-macédonien ne se
distinguait pas de vïsëku.
La flexion de vïsï se retrouve dans sicï «tel que ceci»
(§ 259), gén. sicego, etc., mais instr. sieëmï, etc. C'est celle
[258] Vïsï « TOUT » 477
I
de deux pronoms qui n'appartenaient pas au type mouillé
en -yo-, et qui n'ont rejoint partiellement le type mouillé
que du fait de la seconde palatalisation (§ 18) : ils représentent
un balto-slave *sï-ka-, parallèle à *kâ-ka-, si. kaku, et un
balto-slave *visa- avec la variante s de s après i (§ 10). Ce s
donnait si. x, s, *é selon les cas, et ici il ne pouvait donner
que *s, c'est-à-dire vis'- dans le domaine méridional et en
russe, vis- dans le domaine septentrional (§ 13) ; des exemples
allégués de vx- en vieux russe sont illusoires. On a phonéti-
quement v. si. vïsï, sicï, etc., et gén. plur. vïsëxu, sicëxu, etc.,
sans le passage au type mouillé -ixu, etc. qui est général dans
les substantifs (§ 19).
Le pronom v. si. vïsï est balto-slave : v. pr. wissa (neutre),
avec flexion pronominale, dat. wismu, dat. plur. wisseimans
(et aussi ivissamans, § 229) ; lette viss, et lit. visas pour
*visas attendu. La répartition de s et s apparaît très irré-
gulière en lituanien (§ 10), mais comme-en polonais dialectal
(§ 14) : l'on doit penser ici, et dans d'autres cas (part, passé
-us-, § 283), que le lituanien a substitué s à s et de là s à s, et
que, faisant passer nom. plur. *visi à visl (— vis'i) comme
le polonais l'a fait dans nasi, nom. masc. plur. personnel,
pour naszy (§ 113), il en a tiré nom. sing. visas.
Ce pronom est d'ailleurs isolé en balto-slave : l'indo-iranien,
skr. viçvah (flexion pronominale), av. vlspo, est différent, et
ailleurs on a gr, -rraç, lat. tôtus (flexion pronominale) et omnis,
got. ails, etc. L'hypothèse que la forme indo-iranienne serait
altérée de *wiswo-, cf. skr, visu- « divers, de divers côtés»,
n'apporterait pas un correspondant exact de la forme balto-
slave. Les pronoms au sens de « tout », avec des nuances
variées, se renouvellent : le sanskrit sdrvah (flexion prono-
minale) et le grec ÔÀ^JOS répondent à lat. saluus «entier,
intact », et de même dans les langues slaves le vieux-slave
cëlu «sain, intact», emprunt au germanique (§ 31), a donné
r. célyj « tout entier, tout», pol. caly, etc., et "concurrence
478 LES AUTRES PRONOMS [256]
vïsï dans une partie de ses emplois. Il peut fort bien se faire
que le balto-slave *visas soit d'origine récente : en rapport,
par exemple, en partant du sens de « en tas, en touffe », avec
le nom de la « touffe », v. tch. viech, si. *vëxutï (§ 189).
Le russe ves', neutre vsë, gén. vsegô, fém. vsja, etc., garde
les formes en -ë- du vieux slave, instr. sing. vsem, etc. (§ 234).
L'ukrainien, sur usé, gén. us'ôho, etc. {us-, c'est-à-dire ws-, § 9),
a refait un nominatif masculin, singulier uvés'.
• Le slovène a vès, vsë, etc. Le serbo-croate a vas, et sâv
d'après svë, etc., gén. plur. svïjeh et svijil (§ 310), avec une
métathèse ancienne de vs- en sv-; là où la métathèse n'a pas
lieu, le u- s'est amui : cak. vas, së, etc. (§41).
Ailleurs, le pronom vïsï ne s'est conservé que partiellement,
ou même a presque disparu. Le bulgare n'a plus que le neutre
vse, et de l'ancien masculin ves il ne reste qu'une trace dans
la locution vesdén «tout le jour» : «tout» est vsicki, neutre
vsicko; fém. vsicka, dont le pluriel vsicki sert également de
pluriel à vséki «chacun» (§ 260). Le macédonien, outre le
neutre se, a avec l'article masc. sibt, neutre sélo, fém. séla,
plur. site, à côté de sicki.
Dans le groupe septentrional, la forme était vïs- : gén. plur.
vïsëxu et v(ï)sëx' en slavon morave (§ 13). Le tchèque garde
aux cas obliques gén. vseho, etc., gén. plur. vsech, etc.,
mais au nominatif et à l'accusatif il a masc. sing. vsechen
pour v. tch. ves, neutre vsechno à côté de vse, fém. vsechna
à côté de vse, et acc. vsechnu à côté de vsi, masc. plur.
animé vsichni et inanimé vsechny pour v. tch. vsi, acc. vsë.
Le tchèque parlé étend vsechna, etc. à tout le féminin singu-
lier. Outre vsechen, on a vsecek, neutre vsecko, vsecken, neutre
vseckno, et de nombreuses variantes dans les dialectes, et
dès le vieux tchèque. Le dérivé veskeren « tout (ensemble) »
présente le suffixe de collectif du type kolikery (§ 315) ; la
flexion moderne veskeren, fém. veskera, résulte d'une confusion
[258] Vïsï « TOUT » 479
i
être celui d'un locatif, comme dans v. pr. schai « ici » (§ 327) :
le locatif doit avoir exprimé non seulement la question « en
quel lieu », mais aussi la question « en quel nombre », cf. v. r.
vu malë « en petit nombre », avec l'addition de vu régulière
en slave. Il y aurait eu ainsi deux dérivés parallèles en -ka-,
*kâ-ka- « en comment, *kâ », et *kai-ka- « en combien, *kai ».
L'intonation rude de lit. kiek peut être analogique de celle
de kôk-, sans poser la question de la conservation d'un locatif
*kêi du thème ki-, comme *sëi de s r dans v. si. sinosti (§ 232).
*-/i n'avait pas été inconnue de la langue, mais elle avait été
rare, et elle avait donné une flexion spéciale (kyi, gén. kojego,
§ 242). Au contraire, on observe une certaine extension de
la flexion pronominale dans l'adjectif.
Déjà les adjectifs dérivés de la série de kaku étaient entiè-
rement passés à la flexion pronominale. Les adjectifs de la
série de koliku commencent de les imiter : en regard de gén.
fém. sing. lolïky, on trouve tolikojç, comme takojç. Ce sont
surtout les désinences pronominales .en -é- qui se substituent
aux désinences de l'adjectif : instr. sing. tolicëmï déjà plus
fréquent que tolikomï, etc.
Le cas est le même pour l'adjectif munogu « nombreux »,
que son sens rapproche des adjectifs de la série-de koliku
« combien grand », et aussi ses emplois, car le neutre fixé
munogo « beaucoup » est, comme koliko, plus usuel que l'adjec-
tif : il présente des formes pronominales en -ë-, ainsi instr.
sing. munodzëmï à côté de munogomï et déterm. mûnogyimî.
Cet adjectif est inconnu du baltique (lit. dial. minià « foule »
est l'allemand Menge), et sa finale -ogu est insolite dans un
mot slave : elle dénonce un emprunt dans d'autres mots,
comme v. si. crutogu « chambre (à coucher) », r. certôg, qui est
le persan ëârlâk, turc ëardak, emprunté une seconde fois sous
la forme r. cerddk «grenier». SI. munogu ressemble trop à
got. manags de même sens pour ne pas être pris au gotique, où
le suffixe -ags est clair, sinon la racine. La modification de
l'initiale en mun-, c'est-à-dire aussi bien min- (§ 61), peut
résulter de l'opposition entre munogo «beaucoup» et le
comparatif mïnje « moins », ou bien de munogu et de son
contraire *jïnoku « solitaire », d'où inversement inogu (§ 257).
Le cas de tuzdï, stuzdï, « qui est à autrui, étranger », est
différent. Les formes de la flexion pronominale apparaissent
au génitif et au datif, tuzdego, tuzdemu, fém. luzdei, à côté
de tuzda(a)go, etc., et ici il s'agit de l'action du possessif
svoi «à soi» auquel tuzdï s'oppose (§ 253). C'est le dérivé
492 LES AUTRES PRONOMS [256]
' flexion nominale (§ 132). Les faits sont les mêmes en lette,
si ce n'est que le lette a en outre unifié la flexion commune
aux pronoms et aux adjectifs courts et la flexion des subs-
tantifs, avec dat. sing. vîram de vlrs « homme » d'après tam
et pour lit. vijrui, etc. Le vieux prussien accuse aussi une
certaine extension des désinences pronominales à l'adjectif :
dat. sing. wargasmu de wargs « mauvais », et aussi gén. plur.
muisieson dans un comparatif (§ 286) ; mais extension limitée,
et dans des exemples comme gén. twaise mijlas Sounas «de
ton cher fils » le génitif pronominal (twaise) et le génitif
nominal (mijlas, v. pr. -as, § 131) s'opposent nettement.
Ainsi la fusion de la flexion pronominale et de la flexion
de l'adjectif est un fait récent, qui apparaît en letto-lituanien
corrime plus ou moins dans les langues slaves modernes, mais
non en vieux slave, à un moindre degré en vieux prussien, et
elle ne s'est pas opérée dé la même façon en baltique et en slave.
Elle se retrouve près du baltique et du slave, en germanique,
dans la flexion «forte» de l'adjectif qui répond à la flexion
indéterminée du balto-slave : got. blinds « aveugle », acc.
blindana, dat. blindamma, comme pana, pamma, à des degrés
ùn peu différents selon les langues germaniques.
CHAPITRE XIII
L'ADJECTIF
Plur.
N. geri geriejie nova nova]a novye
A. gerùs gerûosius novyjç novaja (N. ou G.
G. ger% ger^jq novy(i)xu nôvyx
L. geruosè geruôsiuose novy(i)xu nôvyx
D. geriems geriemsiems novy(i)mû nôvym
I. gérais geraïsiais novy(i)mi nôvymi
Duel
N.-A. gerù gèrûoju-du novaja novei
G.-L. novuju
D. gerlem qeriem-dviem ) ...
T .. , . ? novufijma
1. geriem geriem-dviem) '
Au féminin
Lituanien •Vieux slave Russe
Sing.rt indét. dét.
N. gerà gerôji novaja nôvaja
A. gërç gërçijq. novçjç nôvuju
G. gerôs gerôsios novyjç nôvoj
L. gerojè gerôjoje novëi nôvoj
D. gérai gëraijai novëi nôvoj
I. geri} yerqjg. novçjç nôvoj (u)
498 L'ADJECTIF [265]
Les désinences gén. fém. sing. -eje, etc. sont les mêmes
que dans la flexion des pronoms, qui ne diffère de la flexion
de l'adjectif qu'au masculin et neutre singulier, neutre to,
gén. logo, dat. tomu, loc. tom en bas sorabe (mais h. sor. teho,
temu, loc.-instr. tym). Le nominatif-accusatif duel -ej conserve
la désinence v, si. -ëi de féminin et de neutre du type dur ;
le haut sorabe en a étendu le -/ au masculin -aj et à la dési-
nence loc.-dat.-instr. -maj, en portant -aj, -ej dans la flexion
des substantifs masculins (§ 141) et en généralisant -maj
dans tous les types de flexion.
J '
duel tacëma, mais blagyimï, -yixu, -yimû, -yimi, -yima. Avec
l'extension dans les langues slaves de la flexion déterminée,
et avec l'emprunt au singulier de désinences de la flexion
pronominale ou une réfection sur le modèle de cette flexion;
les alternances des gutturales disparaissaient, sauf au nomi-
natif masculin pluriel, bladzi(i) comme taci, et au nominatif-
accusatif duel neutre et féminin, bladzë(i) comme iacë. Elles
ont en effet disparu dans la flexion des adjectifs beaucoup
plus que dans celle des substantifs.
Le russe, qui les a perdues dans les substantifs, l'a fait
plus tôt encore dans les adjectifs. Une locution vkrâlce
« brièvement » est un slavonisme. Le russe du x v i e siècle
avait encore usuellement (po) Velicë dni « (après) Pâques »
dans un nom religieux, et na legcë, qui est deveni nalegké « à
la légère ».
E n polonais, les alternances sont liées à la désinence -i qui
est caractéristique du sous-genre personnel au nominatif
masculin pluriel : de wysoki « h a u t »,- wysocy, et de polski
« polonais », polscy ; de nagi « nu », nadzy • de gluchy « sourd »,
glusi. On a en outre les alternances polonaises, t : é, etc. : de
bogaty « riche », bogaci, de czysly « propre », czyéci, de twardy
« d u r » , twardzi; r: rz, 1:1: de chory «malade», chorzy, de
maly «petit», mali; et s; s, n: n, etc. : de lysy « chauve »,
lysi, de ladny «joli», ladni, etc. Ces alternances, étant très
vivantes comme marque du sous-genre personnel, ont subi
des normalisations : polscy est pour v. pol. polszczy (§ 18),
puis polszcy, glusi pour le polonais ancien gluszy (§ 13). Elles
ont été étendues aux adjectifs en -szy, avec alternance nou-
velle sz: s (§ 113) : de pieszy «pédestre», piesi, et l'on a de
même i : z dans duzy « gros », duzi.
Les alternances consonantiques n ' o n t plus ailleurs l'occa-
sion de jouer dans la flexion des adjectifs. On les retrouve
.dans le type des adverbes en -ie (§318) : wysoce «hautement»,
et otwarcie «ouvertement» de olwarly, dobrze « bien » de
518 VADJECTIF [271]
hitt. -(i)yas, en gén. *-eis dans skr. -eh; le latin -is (gén.
fortis) est pris à la flexion athématique, pour *-ïs, de *-eis,
dont on peut retrouver la trace en osco-ombrien.
E n germanique, le gotique conserve dans quelques adjectifs,
et seulement au nominatif singulier de la flexion « forte », une
flexion de thèmes en -i-:'hrains « pur », masc. et fém., neutre
hrain, avec vocalisme radical bref sutis «tranquille», masc.
et fém. Tout le reste de la flexion est passé au type en -yo- :
acc. hrainjana, etc. Les autres langues germaniques n ' o n t
plus que des formes en -yo- au nominatif singulier également :
v. h. a. (h)reini.
E n baltique, où les substantifs masculins en -i- se sont pour
la plus grande part confondus en un type mixte avec les
masculins en -yo- (§ 169), les adjectifs ne présentent plus que
ce type mixte en lituanien : didis « grand », déterm. didysis
avec -y- de *-i(j)a- (§ 105), acc. didi, déterm. didiji, et gén.
didzio, etc. Le féminin est du type en -ë- recouvert par le type
nouveau en *-jâ~: didê, déterm. didziôji (et didëji), gén.
didziôs (et didés), etc. Dans les mêmes conditions, le vieux
prussien a le type arwis « sûr neutre arwi, acc. sing. -in et
-ien, et les désinences acc. plur. -ins, dat. plur. -imans,
indiquent seulement des emprunts plus importants au type
en -i- dans le type mixte en -i- j-yo-; le féminin nom. -i, acc.
-in, représente *-ë, *-ên. E n lette, le passage est complet au
type en -yo-: diês « grand », fém. diza, etc. Il est donc inutile
de demander au baltique une discrimination entre les adjectifs
anciens en -i- et les adjectifs en -yo-. : ;
Au contraire le slave, qui ne connaît plus qu'un type pur
d'adjectifs en -yo-, et qui a donc perdu le type en -i- plus
complètement que le baltique, en a gardé divers vestiges
qui sont plus clairs, parce qu'ils remontent à une époque du
balto-slave antérieure à la contamination avec le type en -yo-.
Les adverbes de la série de v. si. kolï « combien » (§ 325)
représentent des neutres fixés d'adjectifs pronominaux en -i-,
[276] PERTE DU TYPE EN -i- - 537
•_ • ' " i
cf. le type lat. quâlis, et ils conservent les débris d'une flexion
en -i-: v. si. do koli «jusqu'à quand », génitif, ordinairement
do kolë, r. dokôle « t a n t que », avec passage à la flexion en -yo-,
mais conservation dans une locution adverbiale de la forme
ancienne -ë p o u r - / a (§ 78) ; — koli « quand », r. koli « quand,
si », ukr. kolij, slov. kôli (koli) « combien grand, même si,
assez », dont l'accent (§ 218) indique un locatif, les divergences
de sens s'expliquant par les emplois d'interrogatif, «en com-
bien (de temps) », d'indéfini, puis de relatif ; -— kolïmi « com-
bien » devant un comparatif, et kolïma, formes fixées d'instru-
mental pluriel et d'instrumental duel.
Le lituanien garde l'adjectif sous la forme d'un pluriel
kéli (§ 261), avec flexion du type mixte de didis, nom. plur.
masc. didl, si ce n'est que son union avec les noms de
nombres (§ 310) lui a fait conserver .l'accusatif masculin
pluriel kells, en face de didziùs du type en -yo-. Le slave a eu
recours à un élargissement en -ku, comme dans le cas des
adjectifs en -u-, et pour" la même raison, l'impossibilité de
donner à un. thème e n - i - une double flexion d'indéterminé
et de déterminé : type koliku « combien grand », déterm.
kolikyi. Cet élargissement est parallèle à celui du type grec
irriÀÎKoç, mais il en diffère. Le maintien de k après i suppose
une forme *kalëi-ka- (§ 19). L'accentuation a été remaniée,
mais l'accent ancien doit être un accent fixe kolik- (§ 261),
s.-cr. kàlik et neutre dial. kàliko, fém. kôlika. Il indiquerait
une intonation rude, et un dérivé en -ku de la forme fixée
koli, de *kalëi, qui était celle du locatif.
D'après la coexistence- de koli et de koliku, on voit qu'un
adjectif en -i- s'est maintenu en slave, exceptionnellement,
et avec un remaniement : v. si. velii «grand», qui n'est
employé que comme indéterminé (§ 272), à côté de l'élar-
gissement veliku qui lui fournit sa forme déterminée velikyi.
La forme primitive en -i-, velï-, est restée dans l'adverbe v. si.
velïmi « g r a n d e m e n t » , r . vel'mi, t c h . velmi, s.-cr. veàma, et
538 L'ADJECTIF [265]
13
548 L'ADJECTIF [265]
L'ADJECTIF (SUITE)
du baltique, lit. toll « loin », v. pr. tâlis « plus loin ». Mais tâl-
paraît inséparable du pronom v. si. tolï « tant » (adv.), toliku
« aussi grand (que cela) », et la forme balto-slave de ce pronom
doit avoir été *tal- (§ 261). L'adjectif tâl- serait alors à l'origine
le comparatif adverbial, v. pr. tâlis, du pronom *tal-, au sens
de « plus grandement (que cela) » ; il conserverait l'alternance
quantitative a: â que le slave ne connaît plus que comme
alternance d'intonation, *mald-, compar. *mâld(j)ïs-, et qu'il
a éliminée dans le type novu, compar. novëi.
13
580 LÈ~ COMPARATIF [287]
slave des deux types, court, mlàâî, et long, nôvijï ; les rares
cas où elle apparaît brouillée relèvent de causes particulières.
Le type court, représenté par plusieurs dizaines de formes,
est resté productif en tant que lié à un fait de quantité, la
longueur de la voyelle à radical monosyllabique : vrûc
«bouillant, chaud», ancien participe présent (§ 281), jdk
« fort », ancien adjectif pronominal qui doit sa longue secon-
daire de métatonie à sa forme déterminée jâkï (§ 260), ont
reçu des comparatifs vrùcï, jàcï ; et s'ûh « sec » passant à sûv
(§ 10), le comparatif sùsï est passé parallèlement à suvljî.
Une tendance s'observe à étendre le comparatif court à des
adjectifs dérivés en v. si. -ïnu : bijèsan « furieux », compar.
bjèsnijl et dial. bjësnjï, où l'adjectif reste en rapport avec le
substantif bïjes «rage, fureur», et ne peut pas être senti
comme adjectif radical, mais où il s'agit du passage de l'oppo-
sition quantitative bijesn- .: bjèsn- à l'opposition du type
bïjel «blanc», compar. bjëljï, qui est d'autre part analogue
au passage du type d'accent dial. bïjesan, neutre bïjesno, au
type bijèsan, bijèsno de bïjel, mlâd, neutre bijèlo, mlàdo pour
bïjelo, mlâdo (§ 298). -
Le type long en -ijï répond à v. si. -ëi, avec -i- de -e- devant
/ non seulement dans le dialecte jékavien (§ 51), où le fait
est général, mais aussi dans le dialecte ékavien où un passage
de* -ej- à -ij- ne s'observe que dans quelques cas. Ici, il est
visible que nôvijï, gén. plur. novijïh, etc., pour les formes
ékaviennes en novej-, ont été refaits dans le comparatif' sur
les formes déterminées du positif, nôvï, nôvïh, etc. La variante
v. si. -cai de -ëi après gutturale a été normalisée, avec ou sans
alternance de la gutturale : krèpcijï et krèpkijï, de krëpak
« vigoureux ». En principe, le comparatif se tire librement de
tout adjectif, y compris les adjectifs en -skï : srpskï « serbe »,
compar. srpskijï. Si les adjectifs en -njï n'ont pas de compa-
ratif, c'est surtout parce que leur sens ne s'y prête guère,
mais par contre certains d'entre eux sont pourvus d'un
[291] LE COMPARATIF DANS LES LANGUES SLAVES j 583
I
slave, mais l'es formes hittites sont des abstraits en *-ti-, hitt.
-zi- et sûrement -sfi- avec -s-, des verbes en -es- dérivés d'adjec-
tifs et ce suffixe -es- doit être parallèle à *-is- des intensifs
de l'indo-européen ( § 286) : il donnait -asti- avec une
alternance -es-: -as- dont le jeu reste à préciser, tandis que
*-ÏS- donnant le superlatif *-ist(h)o-, et de là si. -ostï.
Le superlatif est rendu en vieux slave par le comparatif,
pour ce qui est du superlatif relatif : vïsëxu mïnjii « moindre
que tous » et « le moindre de touS ». Quant au superlatif
absolu, qui est un amplificatif, il s'exprime au moyen de
dzëlo « très », avec des substituts très divers et changeants
dans les autres langues slaves; ou du préfixe pré-, cf. lat.
per-, roman tra(n)s-, ital. ira-, fr. «très» : dzëlo velikû et
prëveliku « très grand ». Le slavon a donné • au russe moderne
quelques comparatifs en -sij à valeur de superlatifs, et qui
sont devenus des superlatifs absolus : dobréjsij « le meilleur,
excellent » ; des formes populaires existaient, qui ont fourni
des adjectifs simples, ainsi r. bol'sôj « grand ».
Mais on voit en vieux slave le début d'une formation
propre de superlatif, par préfixation de nai- au comparatif.
Elle est rare encore, et presque uniquement avec des compa-
ratifs adverbiaux : naivçste «le plus». Cette formation s'est
étendue ensuite, et elle est devenue normale pour l'adjectif
comme pour l'adverbe dans presque toutes les langues slaves :
s.-cr. nâjvecï «le plus grand», adv. nâjvise «le plus», pol.
najwiçkszy et adv. najwiecej, tch. nejvëtsi et adv. nejvice,
ukr. najbil'syj, etc. Le russe fait exception ; un tour naibôl'sij,
avec nai- slavon dissyllabique, est livresque, et le superlatif
s'exprime régulièrement par une construction périphrastique
avec sâmyj «(lui-)même » : sdmyj vérnyj « le plus sûr », litté-
ralement «le sûr même», comme samâ vérnost' « la sûreté
même ».
En bulgare-macédonien, où le comparatif sufïixai est perdu, ,
594 LÈ~ COMPARATIF [287]
U accentuation.
lui qu'on trouve, réduit à *(d)krrd-, dans les vieux noms des
dizaines, au duel gr. /T-KCCTI, au pluriel skr. trim-çât, etc.
C'est lui que conserve le balto-slave, antérieur aux élargisse-
ments pçtï, etc. du slave dans les nombres de « cinq » à « neuf ».
flexion gén.-loc. -cich, dat. -cim, instr. -cimi, comme pour les
nombres antérieurs.
Le tchèque a des formes en -nâcl, slovaque -nàst' : jedenâd,
dvanâd, ctrnâd, etc., avec la flexion des nombres à partir de
« cinq » : gén.-loc.-dat.-instr. jedenâdi.
Le slovène a enâjst, dvanâjst, etc., avec la flexion des '
nombres à partir de « quatre » : gén.-loc. -ih, dat. -irn, instr.
-imi.
Le serbo-croate a jedànaest (cak. jedanâjsi), dvânaest,
ceirnaesi, sèsnaest, etc., indéclinables ; la finale ancienne
• était -nadest(e).
Le bulgare a edinâjse(t), dvanâjse(t), etc.
« le sixième jour » il a tiré lit. dial. usés pour sësios « les six »,
désignant les six jours des couches et les rélevailles.
«Septième» est v. si. sedmu, v. r. semyi (§ 39), d'où
v. si. sedmï « sept», v. r. seml; et v. pr. sep(t)mas, lit. sëkmas
(cf. kl de II, § 38), avec des formes nouvelles lit. septintas,
lette septîtaïs, refaites sur le nombre cardinal *septin. Ailleurs,
des formes véd. saptâthah, av. haptaQô, v. h. a. sibunto sont
également refaites. Véd. et skr. saplamâh, lat. septimus sont
plus anciens, mais non - primitifs ; le grec sgSopios est plus
près de la forme initiale, qui devait être *sebdmo-, dérivé
thématique en -o- de *septrp, « sept ». C'est ce dérivé que
conserve le balto-slave, en baltique avec réfection en septma-
sur *septin.
« Huitième » est si. osmu, d'où osmï « huit » ; et v. pr. asma-,
lit. âsmas, avec des formations nouvelles lit. astuntas et
astuonias, lette asluôlals, refaites sur *astuo, *aslu « huit »,
mais l'ordinal ancien est conservé aussi en lette dans dial.
asmlte « huitième d'arpent ». Les formes de cet ordinal sont
particulièrement remaniées, mais gr. ôySo(F)os, parallèle à
JgSouoç, et lat. octâuus laissent apercevoir qu'il représentait
à l'origine un dérivé en -o- de la forme *oklôu du nombre
« huit ». Le germanique lui a substitué un dérivé en *-to-,
got. ahluda en regard de ahtau, et l'indo-iranien et le balto-
slave des formes analogiques des ordinaux « septième »' et
« dixième » : skr. astamâh comme saplamâh, av. asldma- comme
dasama-, balto-slave *aslma- comme *sebdma~.
«Neuvième» est si. devçtu, d'où devçlï «neuf», et v. pr.
newïnts, lit. devintas, lette devîtaïs. La forme, qui fait visi-
blement couple avec le balto-slave desimtas « dixième », est
un dérivé nouveau en *-to- de *newin «neuf » et est parallèle
à got.' niunda en face de niun. L'indo-iranien a skr. navamâh,
av. naoma-, comme skr. daçamâh, et de même, en italique,
l'ombrien nuvime (adv.) comme lat. decimus. Deux formations
sont plus anciennes, d'ailleurs de deux types différents :
[312] FORMATION DES ORDINAUX 657
LES ADVERBES
gr. f]8ù yeÀav « rire doucement », d'où lat. dulce ridenlem chez
Horace. Le sanskrit a un type normal d'adverbes en -am :
ksiprâm « vite ». E n slave, le type en -o est largement repré-
senté dans les langues qui ont gardé et développé le type
en -é : une forme skoro est celle du polonais, du sorabe et du
tchèque, comme du vieux slave et des autres langues. Le vieux
prussien présente les deux types en -a(n) et en -ai avec des
flottements : labbai et labban. E n lituanien, avec l'amuisse-
ment du -a final, le type en -ai devait s'étendre comme
caractéristique de l'adverbe : màz et mazal. Il en résulte ainsi
une opposition du tour impersonnel géra, gér « (c'est) bon »,
et de l'adverbe gérai « bien », comme en polonais de smutno
« (c'est) triste » et de smulnie « tristement » ; et même entre
l'impersonnel en fonction semi-verbale, mân gér « (c'est) bon
à moi », « je suis à l'aise », et le neutre en fonction d'attribut,
lal gérai « cela (est) bon ».
Le slave ne présente le type en -e que dans la flexion dure ;
en lituanien, -ai se rencontre aussi bien dans la flexion
mouillée : lùscias « vide », adv. tuscial, tuscel.
Même plus restreint à l'origine qu'il n'apparaît en lituanien
et dans les langues slaves septentrionales, le type balto-slave
en -ai est curieux. La forme ne peut correspondre qu'à un
locatif singulier de thème en -o-, ou à un datif ou locatif
singulier de thème en -â-. L'intonation est douce d'après le
lituanien ; en slave, bulg. dôbré est tiré d'un oxyton, et blazé,
qui peut en avoir pris l'accent, renseigne aussi peu. II est
naturel de penser qu'il s'agit d'un locatif singulier neutre,
d'intonation douce, avec lit. -aï variante de -ië (§ 131). La
conservation ou restauration de la forme ai de la diphtongue,
en regard du traitement phonétique ie, est une difficulté géné-
rale du lituanien (§50), le lette -i a d m e t t a n t les deux origines.
On peut penser ici à une influence du nominatif-accusatif
neutre en -a que -ai a concurrencé, gérai d'après géra (et
gerà) ; une autre explication est également possible (§ 319).
680 LES ADVERBES ' [322]
E n polabe, le mot est dans l'aire slave qui n'a pas fait passer
Krïslu «Christ» au sens de «croix » et où « croix » se dit kriêi,
de lat. crux (latin d'Église, non latin populaire crûce-), v. h. a.
cruci, avec -i- pour -y- comme dans Rimu (§53). Il y a donc
de bonnes raisons de penser que l'adverbe okrïstï est antérieur
à l'emprunt krïslu, et de revenir à l'explication balto-slave
par la racine dé lit. skriëli «voler en cercle», àpskritas
« rond », si. krilo « aile » (§31) : avec l'élargissement en pré-
sent en *-de- qu'atteste le lituanien skrïsti, prêt, skridaù,
okrïslï doit être l'adverbe d'un adjectif verbal *okrïstû.
L'adverbe iskrï « près » paraît inséparable de l'adjectif
pol. przykry, tch. prikry « escarpé » : le second élément serait
la racine verbale *krei- « séparer » de krai « b o r d » (§ 42).
La mutilation de la racine s'expliquerait par une forme nomi-
nale antérieure à krai et semblable au lette krija « écorce »,
donnant des locutions d'où auraient été tirés is-krï, *pri-krï,
avec transformation secondaire de *prikrï en adjectif.
' L'adverbe vysprï « en haut » paraît se rattacher de la même
façon à la racine *per- « traverser, se déplacer » de v. si. pere-
« il vole », avec une forme longue vys- du préfixe vuz- qui pose
le problème du rapport entre vuz « vers le h a u t » et le thème
vys- de vysoku « h a u t ». L'initiale vy-, et non vui- qui apparaît
ensuite en slavon, est constante en vieux slave, et confirmée
par un texte versifié où vysprï est dissyllabique.
On trouve encore, avec des composés à premier terme autre
qu'un préfixe : ocivistï « avec évidence » (r. ocevidno), qui
présente la forme oci- du thème du .duel du nom de l'« œil »,
base de toute sa flexion" de duel ( § 1 9 3 ) , et la trace d'un
adjectif verbal *vistu de vidëli « voir » parallèle à vëstû « connu »
de vëdëti ; strïmoglavï «la tête la première», de strïmuet glava ;
tokratï « tout récemment », et sekratï « à l'instant », de *kratu
« fois » (§ 330) ; raznolicï « d'aspects divers », comme razlicï ;
inostanï «constamment», proprement «d'une seule station»,
c'est-à-dire « sans quitter la place, sans désemparer » vïsesrûdï
686 LES ADVERBES ' [322]
(h. sor. wonkach) pour wenka, domach pour doma, etc. Ceci
doit expliquer les comparatifs adverbiaux en -ch du polabe
(§ 292), qui apparaissent en particulier avec lia- du super-
latif : namanach « le moins ».
-ïde après consonne mouillée dans vïsïde ; mais sïde peut être
bâti sur sï-, thème en -i-. Dans le cas de ide(ze), la forme
doideze et la graphie fréquente donïdeze à côté de donjïdeze
(§ 83) paraissent répondre à la confusion de l'anaphorique *i-
et du relatif *yo- (§ 243), et de deux dérivés différents, *i-de
de l'anaphorique et *y-ude du relatif.
On trouve une variante -zde de -de: izde(ze), vïsïzde,
inuzde, mûnoguzde « en beaucoup d'endroits », etc. Cette
variante ne peut s'expliquer que par un -g- intercalaire comme
dans le type de kogda. Dans *jïde « où », de *ju-de ou *i-de,
la particule de renforcement balto-slave *ge s'est ajoutée soit
à l'adverbe, ide-ze, soit à son thème pronominal, *ju-g-de,
*(j)i-g-de, d'où v. si. izde: c'est-à-dire que l'adverbe en -de
tiré du relatif *jï a pu l'être secondairement de sa forme
renforcée *jïze, ize « qui ». Des parallèles à cette insertion d'un
élément enclitique sont fournis par le vieux-slave izdekoni à
côté de iskoni (§ 92), et à date plus récente par le polonais
parlé jazem spal « je dormais » pour jarn spal, avec généra-
lisation de l'auxiliaire enclitique -zem, -zes, etc., pour ~(e)m,
~(e)s, etc.
. Le type adverbial en -de se conserve dans les langues slaves,
mais de façon plus ou moins limitée, et sans la petite produc-
tivité qu'il accuse en vieux slave : ainsi tch. kde, zde, onde,
jinde; pol. gdzie, (tu i) owdzie « (ici et) là », indziej avec le r/
adverbial (§ 322). Le bas sorabe, qui a (g)ze, usuellement zo,
h. sor. (h)dze, et hynzo «ailleurs», h. sor. druhdze, étend -ie
à wôterze « en maints lieux », de wôlery. E n serbo-croate, la
finale -de est passée à -de, prenant une désinence de locatif :
gdjë, ôvdje « ici », ôndje, indje remplacé par drugdje. Il en a
été de même en russe : v. r. k(u)dë, etc. ; mais.non en ukrai-
nien : (h)de, onde « là-bas » et ôndeka (§• 322), ôs'de(ka)
« ici », avec le o- de renforcement de os' «voici »(§ 324). Le russe
moderne a gde et nigdé, etc., vezdé « p a r t o u t » , et zdes' «ici»
de v . r. zdë-se. Le groupe consonantique de kde subit naturelle-
23
708 LES ADVERBES ' [322]
véd. kû, kvà de kuva, av. ku, qui acceptait des élargissements
divers, skr. kûha et kutra. Le balto-slave conservait sûrement
la forme *ku, et sur elle il a pu bâtir kur du letto-lituanien.
Mais le vieux prussien a procédé autrement : il présente quei
«où», et stwi « là » de stas, qui supposent *ku-, *tu- avec
addition d'une finale, celle d'une des désinences du locatif
disparu en vieux prussien. Quant au slave, il a utilisé la forme
élargie kûde : il devait éliminer la forme *ku, trop courte,
mais on peut penser qu'il la conserye dans la locution y. si.
nekuli « pour voir si », variante de ne...li « si ne...pas » dans
l'interrogation indirecte, comme indéfini et avec la même
valeur que gr. ITOU dans sï ITOU « si par hasard ».
D'autre part, si. lu « là » paraît ne pouvoir s'expliquer que
comme un locatif en -u, ce qui le suppose analogique d'un
locatif *ku tiré de *ku. Il a son correspondant dans v. pr. stwi,
avec cette différence que le slave a formé son locatif sur le
thème en -u-, tandis ^que le vieux prussien a adjoint à *tu-
une désinence de locatif.
Ces formations adverbiales sont variées, et les séries ne
sont pas homogènes. A côté de quei, slwi, le vieux prussien
a schai «ici », où: l'on peut reconnaître un locatif en -ai bâti
sur le thème *si-, *sj~. Le lituanien a ciè « ici », avec la finale -e
qu'il a généralisée au locatif, mais la forme, qui représente
*tje, est analogique de se, c'est-à-dire *sj-e, du pronom sis,
comme on le voit par tën « là » ( § 328) et par le lette qui conserve
te en regard de se(i). L'adverbe tiré du pronom fa-, lette te,
lit. ciè, si. tu, est à p a r t du type général, letto-lit. -ur, si. -ude,
sauf dans v. pr. slwi comme quei, et sauf en lette où à côté de
te « ici, là » a été créée une forme f u r « là ».
soit que -du soit réduit de -dau, soit qu'il représente une
substitution du slave -du au vieux-prussien -dau. Le letto-
lituanien a perdu le type, remplacé par lit. is kur « d'où »,
ïs tèn « de là ».
Les formations des autres langues indo-européennes sont
diverses : skr. kûtah « d'où », got. hwapro. Mais il y a une
certaine ressemblance entre le type balto-slave en *-ndâu et
le type latin unde, d'une part, le type grec iréOev, de l'autre.
On entrevoit un élément *-m, *-n, avec addition d'un élément
*-d(h)e : addition facultative, comme dans le cas de véd. kâ
et kuha (§ 327), et le latin a hin-c, illin-c, v. lat. illim, à côté
de unde, inde. La forme balto-slave doit avoir été *-undâu,
avec un élément de liaison -u- pris au thème de l'interrogatif
*ku-, comme dans le slave -ude, mais elle apparaît très évoluée.
Elle suppose, sur une base adverbiale *-und(h)e, le dévelop-
pement d'une forme nominale *-undu- de dérivé en -u-, puis
la fixation adverbiale d'un locatif *-undâu. Le slave paraît
conserver à la fois le locatif *kçdû, r. kudâ, s.-cr. kùdâ, et le
génitif *otu kçdu, r. otkûda, s.-cr. àlkudâ. C'est cette opposition
de deux cas différents qui doit expliquer que *kçdû « d'où »
soit passé au sens de « par où » en t a n t que locatif, secondaire-
ment et d'ailleurs incomplètement, par opposition au génitif
*olu kçdu.
L
très incorrecte : dûva kraty, tri kraty et tri krata, sedmï kralû
et sedmï kraty, suto kraty, kolï kralû et kolï kraly, mûnogy
kraty et mùnogokraty, etc. On retrouve bien un mot kralû
«fois», dans son duel krata, son accusatif pluriel kraty, son
génitif pluriel kratû, mais dont les finales casuelles sont
adverbialisées et permutent entre elles. Il donne égale-
ment des adverbes en -ï (§ 320) : tokratï «cette fois, tout
récemment », sekratï «à l ' i n s t a n t » ; et des dérivés en -ica
adverbialisés sous la forme de l'instrumental singulier :
sedmïkraticejg « sept fois » sutokraticejg « cent fois ».
Pour « une fois », le vieux slave a jedinojç, instrumental
féminin singulier fixée, peut-être par ellipse du féminin *sïdï
de -sïdi.
L'élément -sïdi est en effet le pluriel et le duel d'un subs-
tantif en -ï, *sïdï « marche, allée », de la racine verbale de
sïdu « étant allé ». Mais le substantif n'existe plus, et la for-
mation, qui n'est plus qu'une variante adverbiale de -krat-,
est livrée à toutes les altérations. On a v. si. dûvasïdi avec dûva-
masculin d'après dûva kraty (pour dûva krata), et d'autre part
-sti dans tristi, mnoyasti et mnoyysti, etc. La finale nouvelle
-sti ne-répond pas à un traitement phonétique de -sïdi réduit
à -sdi, mais elle suppose une réfection en *-sty d'après la
finale de -kraty : le groupe st s'était durci (§ 22), mais *-sty
continuait d'être écrit -sti. Le russe, qui n'a pas gardé le type
en v. si. -krat-, s'est contenté de durcir -sdi en v. r. -My,
r. mod. odndzdy « une fois », dvâzdy et ancien dvozdy, trizdy,
ëetyrezdy. Ailleurs, le type a laissé des vestiges mutilés :
bulg. (vJednâz, dvaï, triz, du moyen-bulgare dvasti et dvastï,
etc. ; s.-cr. dial. dvâs, trîs, et ancien mnogis, d'où malis «peu
de fois », de dvasti, etc., et aussi dvâzde, trîz et trlMi.
Le type en -krat- s'est beaucoup mieux conservé et reste
vivant dans plusieurs langues : slov. ênkral, dvâkrat, stôkrat,
et velikokrat, mârsikrat «quantité de fois» (§ 240), prvikrat
« pour la première fois », kalçrikral « combien de fois », etc. ;
716 LES ADVERBES ' [322]
24
724 INDEX
Pages
AVANT-PROPOS 5
PREMIÈRE PARTIE
FLEXION NOMINALE
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
138. Russe f1
54
139. Ukrainien
55
140. Polonais
58
141. Sorabe
61
142. Tchèque et slovaque
64
143. Slovène...
144. Serbo-croate : ^
68
145. Bulgare
69
146. Les masculins en -iyo-
147. Évolution de la flexion des neutres 73
76
148. Les neutres en -iyo- ••
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
La flexion athématique.
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
L'accentuation.
DEUXIÈME PARTIE
FLEXION PRONOMINALE
CHAPITRE IX
La flexion pronominale.
225. Flexion générale 365
226. Singulier masculin et neutre 367
227. Singulier masculin et neutre (suite) 371
228. Féminin singulier 373
229. Pluriel et duel 375
230. Flexion du type mouillé 378
Les démonstratifs.
231. Système des démonstratifs 379
232. Flexion de sï 382
233. Le type tûzde ...:...... 385
Évolution de la flexion.
234. Russe 387
235. Langues septentrionales 390
236. Langues méridionales ". 396
CHAPITRE X
Le relatif et Vanaphorique.
243. Flexion ,.. 420
244. Le relatif 425
245. L'article : •• 428
246. L'anaphorique 433
734 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE XI
Les possessifs.
461
253. Système des possessifs
463
254. Formation des possessifs
4
255. Les possessifs dans les langues slaves 66
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII -
L'adjectiî.
264. Observations générales 495
265. Flexion déterminée. 496
500
266. Flexion du type mouillé
267. Évolution de la flexion déterminée : russe 501
503
268. Polonais, sorabe, tchèque :
269. Slovène, serbo-croate, bulgare 507
270. Flexion indéterminée •• 510
271. Les alternances 516
272. Adjectifs à flexion unique 521
273. Adjectif et substantif • • 525
274. Adjectifs d'emprunt 528
735 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE XIV
L'adjectif (suite).
286. Le comparatif • 561
287. Formation du comparatif. • 567
288. Les deux types de comparatifs • • • 571
289. Type vysokû : vysii •. 574
290. Comparatifs isolés - T. 577
291. Le comparatif dans les langues slaves : serbo-croate, slovène, russe. 581
292. Polonais, sorabe, tchèque, bulgare , 586
293. Le superlatif . . . : . . . 591
L'accentuation.
297. Flexion i n d é t e r m i n é e . . . . . . . : . . . 605
298. Types d'accent :. 608
299. Flexion déterminée..,. 611
300. Particularités dans les langues slaves.. 614
CHAPITRE XV
CHAPITRE XVI
Les adverbes.