Faut dire
Faut dire qu'en sortant
D'une vague mourante
Je les vis s'en allant
Comme amant et amante
Faut dire
Faut dire qu'ils ont ri
Quand ils m'ont vu pleurer
Faut dire qu'ils ont chanté
Quand je les ai maudits
Faut dire
Que c'est bien ce jour-là
Qu'ils ont nagé si loin
GEORGES BRASSENS
Oncle Archibald (1957) " Si tu te couches dans mes bras
Alors la vie te semblera
O vous, les arracheurs de dents Plus facile
Tous les cafards, les charlatans Tu y seras hors de portée
Les prophètes Des chiens, des loups, des homm's et des
Comptez plus sur oncle Archibald Imbéciles
Pour payer les violons du bal
A vos fêtes " Nul n'y contestera tes droits
Tu pourras crier "Vive le roi!"
En courant sus à un voleur Sans intrigue
Qui venait de lui chiper l'heure Si l'envi' te prend de changer
A sa montre Tu pourras crier sans danger
Oncle Archibald, coquin de sort ! "Vive la Ligue!"
Fit, de Sa Majesté la Mort
La rencontre " Ton temps de dupe est révolu
Personne ne se paiera plus
Telle un' femm' de petit' vertu Sur ta bête
Elle arpentait le trottoir du Les "Plaît-il, maître?" auront plus cours
Cimetière Plus jamais tu n'auras à cour-
Aguichant les hommes en troussant ber la tête"
Un peu plus haut qu'il n'est décent
Son suaire Et mon oncle emboîta le pas
De la belle, qui ne semblait pas
Oncle Archibald, d'un ton gouailleur Si féroce
Lui dit : " Va-t'en fair' pendre ailleurs Et les voilà, bras d'ssus, bras d'ssous,
Ton squelette Les voilà partis je n' sais où
Fi ! des femelles décharnees ! Fair' leurs noces
Vive les belles un tantinet
Rondelettes ! " O vous, les arracheurs de dents
Tous les cafards, les charlatans
Lors, montant sur ses grands chevaux Les prophètes
La Mort brandit la longue faux Comptez plus sur oncle Archibald
D'agronome Pour payer les violons du bal
Qu'elle serrait dans son linceul A vos fêtes
Et faucha d'un seul coup, d'un seul
Le bonhomme
Mon but n'est pas de chercher noise Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Au guérillas, non, fichtre, non Qui ferm' les yeux quand on la couche
Guerres saintes, guerres sournoises Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui n'osent pas dire leur nom, Qui fait Maman quand on la touche
Chacune a quelque chos' pour plaire
Chacune a son petit mérite Je subis sa loi, je file tout doux
Mais, mon colon, celle que j'préfère Sous son empire
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit Bien qu'ell' soit jalouse au-delà de tout
Et même pire
Du fond de son sac à malices Un' jolie pervenche qui m'avait paru
Mars va sans doute, à l'occasion, Plus jolie qu'elle
En sortir une, un vrai délice Un' jolie pervenche un jour en mourut
Qui me fera grosse impression A coup d'ombrelle
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorite Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Cell', mon colon, que j'voudrais faire Qui ferm' les yeux quand on la couche
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui fait Maman quand on la touche
Et le cœur d'Hélène
N'savait pas chanter
Les trois capitaines
L'auraient appelée vilaine
Et la pauvre Hélène
Etait comme une âme en peine
Ne cherche plus longtemps de fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène
Va-t'en remplir ton seau