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Trouville-sur-Mer (14)
Laurent DUBOIS
Plan de l’exposé
1. Introduction et exemples
2. Qu’est-ce qu’un glissement de terrain ?
3. Hydrogéologie des versants instables
4. Mesures des déplacements en profondeur et en surface
5. Techniques de stabilisation
6. Synthèse : points à retenir
7. Exemples de stabilisation de glissements de terrain en
Normandie
1. Introduction et exemples
⇒ connaissance du comportement des talus (remblai et
déblai) et des versants naturels déterminante :
infrastructures linéaires de transport, projets
d’aménagement (versants naturels avec forte pente,
versants instables, bassins de rétention, canaux, etc.) :
chantier et exploitation
- analyse détaillée de stabilité
- dimensionnement des solutions de stabilisation
(drainage) et/ou de confortement (terrassement,
inclusions, etc.), connaissance de leur efficacité
urbanisme et sécurité civile :
- surveillance des versants (suivi cinématique)
- prévision de l’évolution des déplacements (vitesses) au
cours du temps (en particulier futur proche)
- risque de rupture catastrophique ? à quelle date ?
(DDE972)
Glissement de terrain du Cirque des
Fosses du Macre à Cricquebœuf et
Villerville (14)
→ climat tempéré (océanique)
→ existence de quatre grands
glissements de terrain
présentant la même
cinématique dans le versant
côtier entre Trouville-sur-Mer
et Cricquebœuf (14)
→ réactivation des
mouvements lors des hivers
très pluvieux : 1967, 1975,
1982, 1988, 1995 et 2001
→existence de fluctuations
annuelles marquées
acycliques de pluviométrie,
(DIREN BN / SIDPC14, avril 2001)
prise en compte de l’effet
cumulatif de successions
pluriannuelles de pluies
efficaces
Glissement d’un talus de
déblai du contournement du
Puy-en-Velay de la RN88 (43)
Glissement de la Sézia à
Corps (38)
→ profil mixte déblai-remblai
→ h = 50 à 60 m, pente = 16°
→ glissement ancien avec
réactivations pendant les périodes
pluvieuses
bourrelet de pied
À retenir :
τf = c + σg x tan ϕ
σg = σ’ = σn – u
(TERZAGHI) pentes naturelles
Paramètres d’état : Caractéristiques intrinsèques :
• sols fins purement cohérents saturés • sols purement frottants (sable) :
(argile) : caractéristiques non drainées caractéristiques drainées (effectives)
c = cu ≠ 0 kPa et ϕ = ϕu = 0° c = c’ = 0 kPa et ϕ = ϕ’pic ≠ 0°
• sols fins non saturés : • c’ = 0 kPa pour tous les sols sauf les
caractéristiques apparentes marnes
c = cuu ≠ 0 kPa et ϕ = ϕuu ≠ 0° • c’ = 0 kPa et ϕ’ = ϕ’résiduel ≤ ϕ’pic le long
des anciennes surfaces de glissement
dans des terrains plastiques
(BLIVET)
Stabilité à court terme :
⇒ ouverture d’une tranchée
⇒ diminution des contraintes
totales au voisinage du talus
⇒ tendance au gonflement
⇒ diminution de la pression
interstitielle pour les sols peu
perméables
A : paramètre de SKEMPTON
A = 0 : argile surconsolidée
A = 1 : argile normalement consolidée
glissement de type circulaire
affectant un talus de déblai de la
déviation de la RN 179 à Ouilly-
le-Vicomte (14)
À retenir :
σn = (q0 + γ x z) x cos2 β
τ = (q0 + γ x z) x sin β x cos β
u = γw x (z – zw) x cos2 β
(RAT)
Remarque :
⇒ mécanisme de rupture typique pour les glissements de terrain dans
des matériaux argileux (cohérent avec le modèle de comportement
des argiles saturées CAM-CLAY) :
→ alimentation en continu de la zone de cisaillement avec maintien
de u élevée pendant une longue période
→ augmentation de u ⇒ augmentation de e (indice des vides)
⇒ augmentation de volume (dilatance) ⇒ tendance à diminuer u et à
stabiliser provisoirement les mouvements
→ concurrence entre l’alimentation en continu et l’effet stabilisateur
de la dilatance
→ dans ces conditions, une augmentation brutale de u place la zone
de cisaillement dans un état hautement instable, ce qui explique les
grandes vitesses de déplacement
Calculs de stabilité :
1er cas : vérification de la stabilité d’une pente ou d’un talus (par exemple en
phase études avant travaux)
Principe :
- réalisation d’un calcul de stabilité : calcul d’un coefficient de sécurité à la rupture
(pour un grand nombre de surfaces circulaires potentielles ou pour une surface
non-circulaire potentielle)
- logiciels : TALREN, GEOSTAB, PETAL-LCPC, NIXES-TROLL, STARS, etc.
- plusieurs méthodes de calcul (des tranches) : Fellenius, Bishop / Bishop
modifiée / Bishop simplifiée / autres dérivées, perturbations, etc. (un coefficient de
sécurité est lié à une méthode)
rupture non-
Interprétation (Bishop) : circulaire
- F > 1,5 : stabilité assurée dans des
conditions de sécurité satisfaisantes
- 1 < F < 1,5 : incertitude (rupture F = 1,05
possible)
- F ≤ 1 : rupture
modèle
géotechnique
Calculs de stabilité :
F = 1,35
F = 1,00
rupture circulaire
Synthèse :
⇒ eau = principal facteur déclenchant « naturel » des glissements de
terrain
⇒ rabattement / diminution des pressions interstitielles = solution très
efficace pour la stabilisation des glissements de terrain
⇒ éléments essentiels pour l’analyse de la stabilité d’un glissement
de terrain :
- géométrie du glissement
- résistance mécanique mobilisable sur la surface de glissement
- pressions interstitielles
→ fluctuations saisonnières du niveau piézométrique de la
nappe et des pressions interstitielles
→ conditions d’alimentation (hydrogéologie)
3. Hydrogéologie des versants instables
a. Généralités
b. Problèmes rencontrés
Très souvent :
⇒ schématisation extrême
⇒ ou mauvaise connaissance des conditions hydrogéologiques
écoulement humidification /
formations permanent à la infiltration / alimentation
superficielles de base évapotranspiration / amont
pente = écoulement ruissellement
hétérogènes et hypodermique
complexes (nappe perchée
temporaire)
substratum géologique en
place (marneux ou argileux) :
infiltration ou écoulement aquifère fissuré plus ou
alimentation aval ascendant (nappe moins continu
(mise en eau de captive ou semi-captive)
retenues de barrages)
+ infiltrations en provenance d’ouvrages
ou de réseaux enterrés
4
12/11/2002
03/12/2002
5
04/03/2003
25/04/2003
6 sonde PAC2
7
9 sonde PAC1
10
∆u ≈ constante = 22 à 26 kPa
Problèmes majeurs :
→ nappes temporairement en charge dans les formations
superficielles de pente
→ nappes profondes en charge dans le substratum sous une
couverture argileuse (avec écoulement ascendant : risque de
sous-estimation des surpressions interstitielles par des sondes
placées dans les argiles)
→ alternance de couches plus ou moins perméables dans le
substratum avec circulations d’eau en charge (dans des niveaux
sableux par exemple)
→ délai très court entre le début des précipitations et la reprise
des déplacements (parfois temps de réponse de quelques heures
seulement)
⇒ mesures trop ponctuelles et espacées dans le temps :
→ difficulté pour connaître les niveaux piézométriques les
plus hauts (les plus défavorables)
→ intérêt de l’utilisation de piézomètres enregistrés
violent orage du 1er juin 2003 : montée brutale, puis descente
lente du niveau piézométrique (caractéristiques de la réaction
d’un massif à dominante argileuse)
(Université de Caen)
4. Mesures des déplacements en profondeur
et en surface
a. Inclinométrie
b. Pendule inversé
c. Géodésie
d. Surveillance
Principe de l’inclinométrie : mesurer les variations d’inclinaison
d’un tube scellé au terrain dans un forage, en fonction du temps
et de la profondeur (mesure des coordonnées du vecteur
« accélération de la pesanteur » dans le plan de la sonde)
sonde
inclinométrique
biaxiale
(« torpille »)
exemple de mesures
inclinométriques :
glissement de terrain
plan affectant un
versant naturel à
Villers-sur-Mer (14)
surface de glissement
entre 5,5 et 6 m de
profondeur
TN
flotteur
terrain en mouvement
terrain fixe
Surveillance automatisée d’un versant instable
⇒ une solution sûre : éviter la zone des désordres (si possible) par
une déviation de la route ou une dérivation de la rivière.
1) terrassements
⇒ nouvelle géométrie de la pente
⇒ τf = c’ + (σn – u) x tan ϕ’
principales techniques de
stabilisation des talus de déblai
massif poids (travaux d’urgence)
en pied d’un versant instable le
long de l’A01 au Lamentin (972)
drain protégé
par un
géotextile
pente longitudinale
élevée (environ 5 %)
→ 4 à 5 x d15 (terrain en place) < d15 (filtre) < 4 à 5 x d85 (terrain en place)
→ Cu = d60 (filtre) / d10 (filtre) ≈ 2 (limiter les risques de ségrégation sous la nappe)
ou largeur des fentes < d60 (filtre) ou diamètre des trous < d10 (filtre) pour un tube
schémas de principe
lanterne tube crépiné
de drains (tube crépiné)
manchon
collecteur
subhorizontaux imperméable
Galerie Dufayel à Sainte-Adresse (76)
Longueur : 80 m
Date : entre 1905 et 1939
Débit : 2,3 m3/h (0,6 L/s)
dans la craie
Galerie dans la Balme de la
Quarantaine à Lyon
Galerie en amont du
glissement de la Sézia à
Corps (38)
Versant instable du Siaix (73)
15 drains subhorizontaux en
éventails (20 à 50 m)
Date : 1995
Débit : faible
Problème d’entretien au bout de
10 ans : perte d’efficacité
- drains verticaux ou inclinés :
avec évacuation des eaux gravitairement en profondeur : drains
de décharge, drains plats géotextiles, puits perdus
avec évacuation des eaux vers le haut par pompage (aiguilles
filtrantes, pompes immergées, pompes électropneumatiques
jusqu’à 40 m de profondeur) ou par siphonnage (drains siphons
jusqu’à 10 m de profondeur)
(TPGEO)
surface de
glissement
zone frontale :
3 millions de m3
appréciation globale
⇒ bon état : pas de travaux particuliers d’entretien ou de réparation
⇒ état moyen : quelques travaux à réaliser
⇒ mauvais état : nécessité de travaux importants ou d’une étude
complémentaire en vue de modifier la conception de l’ouvrage
6) état de l’art
⇒ guides techniques IFSTTAR/Cerema
Guide technique
Prévention et
stabilisation des
glissements de
terrain : conception,
mise en oeuvre et
maintenance des
dispositifs
RD86
limon argileux
“gaize” argileuse
(marne)
argile
glauconieuse
sable glauconieux
LE BEC-THOMAS
Analyse de la stabilité : hypothèses retenues :
⇒ c’ = 0 kPa (pas de cohésion mobilisable à long terme)
⇒ rupture plane d’une pente infinie
⇒ surface piézométrique parallèle à la pente
⇒ absence de surcharge
a × γ w tan ϕ
'
b×γ w tan ϕ
'
F1 = 1 − ×
γh tan β
γh
b = 1,3 × a − 0,3 ×
γw
On obtient : b = 0,23, soit un rabattement de 2,3 m
⇒ b fonction croissante de a : une surestimation de a au départ
conduit à une sous-estimation du drainage
LE BEC-THOMAS
Objectif du schéma de drainage : rabattement de 2 m du niveau
piézométrique sur toute l’étendue du glissement
⇒ 1 tranchée drainante longitudinale au niveau de la RD 86 en amont du
glissement (profondeur = 4,5 m, à la trancheuse)
⇒ réseau de tranchées drainantes en épis distantes de 15 m (profondeur =
3 à 4,5 m, à la trancheuse), avec deux tranchées collectrices
trancheuse “française”
à Ouilly-le-Vicomte (14)
LE BEC-THOMAS
15 m
glissement
zone instable
(IGN)
BEAUSSAULT
⇒ piézométrie : niveau piézométrique entre 0,5 et 2,8 m de profondeur par
rapport au TN en juin 2002
⇒ circulations d’eau dans les colluvions, temporairement en charge
⇒ inclinométrie : rupture rapide du tube, surface de rupture en deçà de 2,3 m
de profondeur
remblai
crayeux
limon
argileux 20,7 ≤ wnat ≤ 24,4 %
(colluvions)
21,5 ≤ wnat ≤ 59,8 %
Argiles du
Gault 5m wl = 50 %, IP = 27 % (Ap)
(c’ = 7 kPa, ϕ’ = 18°)
coupe géologique schématique
BEAUSSAULT
Technique de stabilisation retenue : bêche en pied de glissement
(rétablissement d’une butée de pied suffisante et rabattement du niveau
piézométrique)
Dimensionnement : gain de sécurité = 20 % (∆F/F0 = 20 %)
⇒ calcul de calage : F0 = 1
c’ = c’résiduelle = 0 kPa
ϕ’ = ϕ’résiduel
logiciel TALREN
BEAUSSAULT
⇒ calcul de dimensionnement de la bêche : ∆F/F0 > 20 %
logiciel TALREN
BEAUSSAULT
⇒ réalisation de la bêche sur chantier :
terrassement de la bêche
(CG76)
BEAUSSAULT