Plan
Généralités
I/ La douleur
II/ Les antalgiques
Dr. A. DOUAOUI
Maitre-assistant en pharmacologie
I/ La douleur :
I.1. Définition de la douleur :
« Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire
réelle ou potentielle». Association international pour l’étude de la douleur
I.2. Mécanismes physiopathologiques:
La douleur est un processus à 03 étapes :
1) Au niveau périphérique : c’est la reconnaissance de la douleur au niveau périphérique
par suite d’activation des détecteurs spécifiques de la douleur (Nocicepteurs).
Mécanisme périphérique de la douleur :
- De nombreux médiateurs chimiques présents à l’endroit de l’atteinte tissulaire sont
capables de stimuler les nocicepteurs et ainsi de produire une douleur, ils sont désignés
sous le nom de « substances algogènes » : bradykinine, prostaglandine PGE2, histamine,
sérotonine, acétyl-choline, H+, K+, acide lactique.
Ils sont localisés dans diverses zones du système nerveux central. Leur activation conduit à
une hyperpolarisation du neurone sur lequel ils se trouvent, ce qui entraine les effets suivants :
o Récepteurs μ : analgésie (μ1), dépression respiratoire (μ2), myosis, constipation, euphorie.
o Récepteurs δ : analgésie spinale.
o Récepteurs κ: analgésie, dépression respiratoire modérée, myosis.
Les médicaments qui stimulent ces récepteurs opioïdes peuvent être des agonistes parfaits, des
agonistes partiels, ou des antagonistes.
NB : - Les antalgiques de niveau 2 et 3 sont des antalgiques centraux qui exercent une action
sur la transmission des messages nociceptifs.
o Opioïdes forts (niveau III de l’OMS) : représentés par la Morphine et ses dérivés
(Buprénorphine, Fentanyl, Méthadone, Nalbuphine…)
o Opioïdes faibles (niveau II de l’OMS) : regroupent la codéine, le dextropropoxyphène, et
le tramadol.
II. Mécanisme d’action des analgésiques opioïdes : Mécanisme d’action central sur les
récepteurs médullaire et supramédullaire μ, κ, δ
Récepteurs Effets
µ(µ₁,µ₂) Analgésie spinale et supra spinale.
Euphorie, dépression respiratoire, dépendance physique.
κ(к₁,к₂,к₃) Analgésie spinale.
Sédation, myosis.
δ Analgésie, modification du comportement affectif
III. Classification des analgésiques opioïdes : Les ligands opioïdes peuvent être
classés en :
IV. La morphine:
La morphine est un antalgique puissant appartient au niveau III de l’OMS.
Le plus utilisé pour les douleurs fortes (par excès de nociception), les douleurs
postopératoires, et les douleurs cancéreuses.
Actions respiratoires
- Action dépressive centrale (bradypnée, apnée) avec diminution de la sensibilité des centres
respiratoires aux taux sanguins de CO2 ; en outre, il semble exister une action corticale, une
inattention aux stimuli normaux (on « oublie » de respirer).
- Action anti-tussive : dépression du centre de la toux.
Action peu utilisée dans le cas de la morphine en raison de ses nombreux autres effets (mais
c’est le plus puissant anti-tussif connu). C’est cette propriété qui est mise à profit pour la
codéïne.
- Broncho-constriction par l’intermédiaire d’une histamino-libération.
Action assez modérée portant sur les systèmes sympathiques et parasympathiques, action
centrale et périphérique.
o Sympathique : stimule la libération des catécholamines des surrénales.
o Para-sympathique : stimulation du noyau central du pneumogastrique responsable
d’effets parasympathomimétiques prédominants : bradycardie, et tendance à
l’hypotension orthostatique.
o Tube digestif
— diminution du péristaltisme (entraine une constipation) avec augmentation du tonus et
des contractions, réalisant au maximum un spasme périodique
— diminution des sécrétions gastriques (HCl) et pancréatique.
o Voies urinaires
Augmentation du tonus des contractions de l’uretère. Malgré cette action spasmogène,
avec des anti-spasmodiques, la morphine peut être prescrite dans les coliques néphrétiques
en raison de la puissance de son action analgésique. .
Traitement de la douleur (douleurs chroniques, surtout cancers, mais aussi aiguës : infarctus
du myocarde, hémorragie interne)
Des douleurs chroniques par excès de nociception (s’opposant à « neurogènes »), lorsqu’on
est arrivé au troisième palier de l’OMS, après avoir essayé les antalgiques périphériques purs
du 1e palier (paracétamol) et les associations paracétamol opiacé faible (2e palier), présentant
moins de effets indésirables.
Chez le sujet cancéreux, on peut parfois le faire d’emblée.
— Chaque fois qu’on peut être efficace avec un analgésique non toxicomanogène.
— Toxicomanes simulant une douleur (toujours faire un examen clinique complet avant de
prescrire de la morphine ou toute substance du tableau des stupéfiants).
— Hypersensibilité à la morphine.
— Insuffisances respiratoires décompensées.
— Insuffisance hépatique et rénale majeure.
—Syndrome abdominal aigu, si la conservation de la douleur a une utilité (pour faire le
diagnostic par exemple)
—Sujets intolérants (nausées, vomissements malgré une prévention adaptée), femme enceinte
ou allaitante, « sauf nécessité impérieuse ».
II.1. Paracétamol :
Le paracétamol est un dérivé N-acétylé du para-aminophénol. C'est le produit le plus utilisé
actuellement comme antalgique et antipyrétique.
Parce qu’il n’a pratiquement pas de propriétés anti-inflammatoires, il n’a pas non plus les
effets indésirables qui sont liés à cette propriété. C’est ce qui fait que, comme antalgique ou
comme antipyrétique, il est largement préféré à l’aspirine, surtout chez l’enfant, chez les
hémophiles, et en cas d’antécédents d’ulcère gastro-duodénal.
Pharmacocinétique
- La résorption digestive au niveau intestinal est complète en 30 à 60 minutes. Elle est
diminuée en présence d'aliments.
- La demi-vie est de 4 à 6 heures.
- Le paracétamol est faiblement lié aux protéines plasmatiques.
- Le métabolisme est hépatique avec, à dose thérapeutique, formation de métabolites glucuro
et sulfoconjugués. Le cytochrome P450 transforme une faible fraction en un métabolite
toxique inactivé par le glutathion contenu dans les cellules hépatiques.
- Risque d’hépatotoxicité si le glutathion manque, ce qui est le cas lorsque les quantités
ingérées dépassent le seuil toxique (8 g) ou dans des situations de dénutrition ou de
surdosage : C’est là le facteur limitant à l’augmentation des doses de paracétamol.
- Le paracétamol est éliminé par voie rénale sous forme de conjugués inactifs.
Sudosage :
- Nécrose hépatique dose-dépendante : décès à partir d’une prise de 8 à 10 g chez l’adulte
normal.
- La symptomatologie clinique est tardive.
- Il existe un antidote, qui aide à reconstituer les réserves de glutathion et qui doit être donné
précocement, si la dose ingérée est importante : la N-acétylcystéine par voie orale
MUCOMYST® ou par voie injectable FLUIMUCIL®.
- Le paracétamol doit donc impérativement être gardé hors de la portée des enfants.
Effets indésirables
- Exceptionnels à dose thérapeutique (allergie : éruption cutanée, trombopénie)
- Hépatotoxicité à dose supra-thérapeutique
Indications :
En première intention pour les symptômes fébriles et les douleurs modérées mais aussi en cas
de contre-indications aux AINS
o grossesse, allaitement,
o ulcères gastroduodénaux,
o traitement par AVK...
Le paracétamol peut être utilisé en association avec des antalgiques de palier II voire III.
Des spécialités comportant des associations avec du paracétamol existent :
o efferalgan codéiné
o di-antalvic (paracétamol + dextropropoxyphène)
II.2. La Noramidopyrine :
La noramidopyrine est un analgésique-antipyrétique ayant un effet antalgique supérieur aux
salicylés. Cependant, elle reste très peu utilisée en raison du risque d'agranulocytose mortelle
imprévisible, indépendante de la dose, liée à une exposition répétitive.
III. Les antalgiques anti-pyrétiques AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) :
Voir cours AINS