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Les Accords de Locarno

Le sujet traité dans le présent travail est la conférence qui a lieu à Locarno, en octobre
1925. Cette conférence s'inscrit dans la droite lignée des réunions inter-étatiques qui ont lieu
dès la fin de la Première Guerre mondiale, en vue de statuer sur le sort de l'Europe et des
relations entre les puissances de l'époque.

Contexte historique :

Le traité de Versailles : Le 28 juin 1919, il met fin à la Première Guerre mondial.


Conclu entre la France, ses alliés et leurs associés américains, et l'Allemagne, ses principales
clauses sont : la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France ; l'administration de la Sarre par la
S.D.N. ; l'organisation d'un plébiscite en Silésie ; la création du "couloir de Dantzig" donnant
à la Pologne un accès à la mer ; le principe de Réparation et l'obligation par l'Etat Allemand
de verser l'équivalent de 20 milliards de marks-or à titre de premier "acompte" à payer entre
1919 et 1921 aux alliés ; l'attribution à l'Allemagne de l'entière responsabilité de la guerre, le
"Kriegesschuld" ; le désarmement de l'Allemagne ; ainsi que l'interdiction de réaliser
l'"Anschluss", et ainsi réduire la potentielle source de menace allemande
On y constate la volonté de régler les questions territoriales, économiques et militaires de la
puissance allemande.
Territoriale : L'Allemagne abandonne 70'000km2 aux alliés, soit environ 7 millions
d'habitants et le huitième de son territoire, diminué de l'Alsace-Lorraine et de la Prusse
occidentale de la Pologne et de la Tchécoslovaquie.
Economique : L’Allemagne est sommée de payer d’énorme somme en Mark-or en guise de
réparation pour les dommages causés lors de la Grande guerre. Outre les Réparations, elle doit
subir toute une série de mesures en vue d’avantager la présence économique des alliés sur son
territoire.
Militaire : Le traité de Paris, au moyen de différentes mesures, met un terme à la menace que
constitue la " Reichswehr ".
S.D.N. : Outre les points "matériels", les puissances ont examiné dès le début de la
conférence l'aspect du Traité qui semble être le plus fragile et le plus nébuleux : la création
d'une Société des Nations.
Le traité de Versailles, censé mettre fin aux tensions européennes, se solde par un
cuisant échec au niveau des faits.
Pourtant, dès 1924, le jeux d’alliances consécutifs à l’échec du traité de Versailles
semble s'adoucir. La crise économique est troquée contre une certaine reprise: c'est la détente
générale. L'Allemagne se relève petit à petit grâce à l'assoupissement de la politique française
à son égard. Les Américains parviennent à persuader leurs alliés, et débiteurs, du bien fondé
qu'une aide économique apporterait à l'Allemagne et à long terme, à tout le continent : le plan
Dawes (1924) prend naissance.
En 1925, la question de l'Anschluss semble refaire surface et susciter une inquiétude à
travers tout le continent européen. C'est pour cette raison que bons nombres de sources
s'accordent sur le fait que la conférence de la "paix négociée" (non plus "imposée) a lieu à
point nommé.
La conférence de Locarno s’inscrit dans la droite ligne du cycle de négociations et de
la vague d’espoir ("esprit de Genève") issue des rencontres de la SDN a Genève.

Les acteurs principaux, Briand (France), Stresemann (Allemagne), Chamberlain


(Grande-Bretagne), tous trois ministres des affaires étrangères et bénéficiant d’une grande
popularité, le bon déroulement de la conférence et son succès relatif est due en grande partie à
leur esprit d’ouverture et de conciliation. Briand et Chamberlain surtout, sont en partie
motivés par un certain espoir et idéalisme de la paix. Cependant, ils sont tous empreint de
réalisme. En effet, à leur esprit d’ouverture s’oppose leurs intérêts nationaux respectifs.

A la conférence de Locarno (5 au 16 octobre 1925) prennent part en plus des pays


susmentionnés, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Belgique et l’Italie. Les grands absents de
la conférence sont les Etats-Unis, qui optent pour une politique de désengagement physique
de l’Europe tout en y conservant une sphère d’influence notamment au moyens de l’aide
financière.

On peut diviser les accords de Locarno en trois actes diplomatiques distincts :

• Le Traité de garantie mutuelle, appelé le Pacte Rhénan, conclu entre l’Allemagne,


la Belgique, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie.
• Quatre Conventions d’arbitrage, entre l’Allemagne d’une part, la Belgique, la
France, la Tchécoslovaquie et la Pologne d’autre part.
• Deux Traités de réassurance, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie avec la France.

Une note collective à propos de l’article 16 du Pacte de la Société des Nations est en
outre contenu dans le texte des accords.

Le Pacte Rhénan : L’Allemagne, la France et la Belgique s’engagent à maintenir le statu


quo
territorial défini par les frontières entre l’Allemagne et la France d’une part, et l’Allemagne et
la Belgique d’autre part ; et à maintenir l’inviolabilité de celles-ci.
L’Allemagne, la France et la Belgique s’engagent à ne se livrer en aucun cas à des actes
d’invasion et à ne pas recourir à une guerre, quelle qu’en soit la raison, juridique ou politique.
L’Allemagne, la France et la Belgique s’engagent à régler tout différend par voie pacifique en
le soumettant soit à des juges, soit à une commission de conciliation.
L’Italie et la Grande-Bretagne sont garants de la bonne exécution de ces engagements.
Le Pacte Rhénan entre dans le cadre de l’application des principes du Pacte de la Société des
Nations.

Quatre Conventions d’arbitrage : Les deux premières conventions d’arbitrage, entre


l’Allemagne et la France d’une part, et entre l’Allemagne et la Belgique d’autre part,
définissent avec plus de détails les méthodes de règlements des conflits prévues par le Pacte
Rhénan. Les deux autres conventions, entre l’Allemagne et la Pologne d’une part, et entre
l’Allemagne et la Tchécoslovaquie d’autre part, élaborent un système complexe de
conciliation et d’arbitrage.
Les quatre conventions d’arbitrage sont intégrales, c’est-à-dire qu’elles ne laissent aucun type
de conflit en dehors du cadre de règlement pacifique des conflits. Toutes contestations, "de
quelque nature qu’elles soient, au sujet desquelles les parties se contesteraient
réciproquement un droit et qui n’auraient pu être réglées à l’amiable par les procédés
diplomatiques ordinaires, seront soumises à un tribunal arbitral, soit à la Cour permanente de
justice internationale.

Deux Traités de réassurance : par eux il fut tenté de résoudre le problème de la sécurité en
Europe centrale. Avec le Pacte Rhénan et les Traités d’arbitrage, ils forment un ensemble créé
pour garantir la meilleure sécurité possible, en Europe occidentale comme en Europe centrale.
Les implications des accords de Locarno :
L’avancée est importante pour la politique et le droit international. Les Etats signataires des
accords se sont engagés de régler tous les types de conflits de manière pacifique, que ces
conflits soient d’ordre juridique ou d’intérêt politique. C’est une grande entrave mise à la
guerre dans l’Europe Occidentale et dans l’Europe Centrale, et surtout, c’est aussi, fort
probablement, la suppression de la guerre pour des décades entières. Les accords de Locarno
permettent aussi à l’Allemagne de retrouver peu à peu son titre de puissance sur un pied
d’égalité avec les autres puissances européennes. Cela permet la formation d’une nouvelle
psychologie européenne et d’un nouvel équilibre européen.
De plus, la note collective va permettre à l’Allemagne d’entrer dans la Société des
Nations, et ainsi, on consolide cette dernière, car elle n’aurait su fonctionner complètement
sans l’Allemagne. C’est un pas en avant en faveur du renforcement de la S.D.N. De même,
les accords de Locarno sont une nette avancée en matière de droit international, car de tels
engagements entre de grandes et petites puissances n’étaient pas encore envisageables peu
d’années avant leur création.

La note collective : elle concerne l’interprétation de l’article 16 du Pacte de la S.D.N.,


facilitant ultérieurement l’entrée de l’Allemagne à la S.D.N.

Locarno : espoirs et désillusions

- 1926 : entrée de l’Allemagne dans la S.D.N.

- 1926 : échec de la rencontre de Thoiry : en échange de l’entrée de l’Allemagne dans la


S.D.N. et de son engagement d’un versement anticipé de réparations prévues par le
Plan Dawes, on lui concède notamment l’évacuation anticipée de territoires
occupés.

- 1927-1928 : stagnation de la politique bilatérale franco-allemande à cause de l’échec de la


conférence de Thoiry en vue d’éviter un cul-de-sac de la politique extérieure
de la France, Briand propose au secrétaire d’état américain Kellogg un
accord bilatéral de renonciation à la guerre, qui sera étendu par la suite en un
accord multilatéral.

Suite du contraste franco-allemand, aggravé par la montée au pouvoir des nazis, de la


mauvaise conjoncture économique (crise de 1929). En examinant le cours de l’histoire, on
constate un parallèle entre l’intensité de l’esprit de Locarno et la marche à la guerre de
l’Allemagne, aboutissant au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La
remilitarisation de la Rhénanie par Hitler, contraire à l’article 2 du Pacte Rhénan, met fin
définitivement aux accords de Locarno.

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