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Présentée par :
Romain V ERNET
Directeurs de Thèse :
Laurent DAVID
Lionel T HOMAS
Ce mémoire est l’aboutissement de mes travaux réalisés au sein du Laboratoire d’Etudes Aérodynamiques
(LEA) à Poitiers, sous la direction de Laurent DAVID et Lionel THOMAS. Je tiens tout particulièrement à les
remercier pour leurs encouragements permanents durant ce travail de recherche ainsi que leurs conseils scienti-
fiques avisés et les nombreuses connaissances qu’ils m’ont apportés. Je remercie également le laboratoire qui m’a
accueilli ainsi que son directeur Yves GERVAIS.
Dans un second temps, je tiens à remercier Monsieur Michel RIETHMULLER et Monsieur Serge SIMOENS
de m’avoir fait l’honneur de rapporter ce travail de thèse. J’exprime ma gratitude également Monsieur Bertrand
LECORDIER et Monsieur Alain STRZELECKI d’avoir accepté de participer au jury de cette thèse et Monsieur
Jacques BOREE de l’avoir présidé au cours de cette journée du 11 janvier 2010.
La troisième vague de remerciements est destinée à l’ensemble des personnes ayant travaillé avec moi au la-
boratoire. Je remercie une seconde fois Laurent DAVID et Lionel THOMAS pour leur disponibilité, leur bonne
humeur que ce soit au cours des manipulations, des réunions de travail ou lors des débriefings sportifs les len-
demains de match. Je remercie Raphaël FRATICELLI pour ses conseils et les résultats de son travail qui ont été
réalisé en amont de mes recherches. Je remercie tous les services du laboratoire sans qui je n’aurais jamais pu
réaliser ce travail : Patrick et Romain pour les montages optiques et le temps passé sur la mezzanine autour de
la veine d’essai ; Christian, Laurent, Patrice et Jean-Christophe à l’atelier en outre pour la réalisation des prismes
et les petits bricolages de dernière minute ; Yvan pour les problèmes de pilotage de la pompe canadienne et les
deux informaticiens Vincent et Francis qui ont dû me supporter tous les jours avec mes problèmes informatiques et
lors de l’entraînement au semi-marathon. Bravo Vincent pour cet exploit ! ! ! Merci à l’ensemble du personnel, les
permanents, les techniciens pour leur contribution à mes expériences, les secrétaires et étudiants avec lesquels j’ai
partagé ces trois années et quelques mois dans la joie et la bonne humeur. Je remercie enfin les doctorants du labo-
ratoire et particulièrement Malik qui m’aura supporté pendant ces années ainsi que Christophe, mon collègue de
l’Est, pour la fameuse ’énigme de l’après-midi’. Je remercie également les footeux avec qui on a gagné le tournoi
et la coupe du championnat inter-labo : Vincent, Thierry, Tony, Malik, Jo, Michel, Hicham ... puis ceux qui sont
partis au cours de ma thèse : Alex, Loule, Max, Lolo et particulièrement Sylvain pour ses relectures anglaises de
mes articles, et enfin les autres doctorants : Boni, Antoine, JC ...
i
ii Remerciements
Je ne pourrais clore ma liste sans adresser un immense merci à mon frère Julien qui a su s’organiser et continuer
sa vie après mon départ sur Poitiers, mes oncles et tantes pour leur soutien. J’ai également une pensée pour mes
parents qui seraient fiers de moi aujourd’hui. Ils ont contribué à ma réussite et m’ont permis de m’épanouir dans
ce que je fais.
Enfin et surtout, un merci tout particulier à la femme qui partage ma vie, Hélène, que j’ai rencontrée au labo-
ratoire et qui m’a apporté le soutien, l’affection et les attentions dont j’ai eu besoin lors des semaines difficiles de
rédaction de la thèse ...
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements i
Nomenclature vii
Introduction 1
iii
iv Table des matières
Conclusion 159
Bibliographie 169
Nomenclature
Acronymes
bit Binary Digit
laser Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation
pixel (px) Picture Element
CCD Charge-Coupled Device
CMOS Complementary Metal Oxide Semiconductor
FFT Fast Fourier Transform
HI Holographic interferometry
HPIV Holographic Particle Image Velocimetry
LIF Laser Induced Fluorescence
Nd :YAG Neodymium-doped Yttrium Aluminium Garnet
PDF Probability Density Function
PIV Particule Image Velocimetry
PLIF Planar Laser Induced Fluorescence
PTV Particle Tracking Velocimetry
POD Proper Orthogonal Decomposition
pH Potentiel hydrogène
RMS Root-Mean-Square (Écart-type)
SPIV Stereoscopic Particule Image Velocimetry
voxel Volumetric Pixel
Lettres latines
A paramètres de l’équation de la trajectoire du jet
B paramètres de l’équation de la trajectoire du jet
c(~x) concentration au point ~x
cs concentration seuil pour binariser un champ de conentration
dp diamètre moyen des particules d’ensemencement [m]
D diamètre d’un jet rond [m]
DB dimension de boîte (dimension fractale)
Df dimension fractale
H(k) entropie de configuration pour une image
vii
viii Nomenclature
Lettres grecques
αR rapport cyclique d’injection
γ taux de production du gradient de concentration local
Γ taux de production du gradient de concentration
∆t intervalle entre deux images ou volumes de particules [s]
λlaser longueur d’onde d’émission du laser [m]
ρc f masse volumique de l’écoulement transverse [kg.m−3 ]
ρj masse volumique du jet [kg.m−3 ]
⇒
Ω tenseur de rotation [s−1 ]
Le Laboratoire d’Etudes Aérodynamiques (LEA) de l’université de Poitiers s’efforce de poursuivre des activi-
tés sur la compréhension et la prédiction de la dynamique et des transferts dans les écoulements instationnaires,
depuis les bas jusqu’aux hauts nombres de Reynolds. Le présent travail de recherche s’inscrit dans le cadre d’une
étude fondamentale sur un jet pulsé émanant d’un orifice de forme carrée dans un écoulement transverse pour
des faibles nombres de Reynolds. Il poursuit des études précédentes déjà réalisées au sein de l’ancienne équipe
Dynamiques et Transferts Instationnaires du laboratoire par Calluaud (2003) sur l’écoulement naissant et établi
autour d’un parallélépipède et plus récemment par Fraticelli (2008) sur un jet continu dans un courant principal.
Cette étude porte sur l’interaction entre deux fluides et notamment leur mélange qui est un phénomène crucial
dans certains contextes tels que la combustion (mélange comburant/carburant), la convection naturelle (thermique
du bâtiment), l’isolation ouverte (rideaux d’air), les procédés industriels (agro-alimentaire) ou encore l’environ-
nement (dispersion de polluant dans l’atmosphère, éjection d’eau chauffée en rivière en sortie de centrale, rejet
d’eau douce dans l’océan). Contrôler ces écoulements serait la garantie d’économies d’énergie substantielles et
limiterait l’impact environnemental, ce qui constitue un des enjeux majeurs de ce siècle. Il est donc très important
de caractériser ces processus de mélange afin de pouvoir, à terme, espérer les contrôler.
Ce travail de thèse vise à décrire et comprendre l’écoulement formé par l’interaction d’un jet pulsé et d’un cou-
rant transversal à un faible nombre de Reynolds. Connaissant plus précisément l’écoulement non forcé et dans un
souci d’augmenter le mélange et la pénétration du jet dans le courant principal, une approche consiste à le pulser.
Plusieurs paramètres contrôlent l’impact des pulsations sur le comportement du jet tels que la fréquence, l’ampli-
tude ou encore le rapport cyclique d’injection (temps d’injection du fluide par rapport à la période de pulsation).
Dans ce mémoire, l’influence de la fréquence d’excitation du jet est étudiée. L’objectif consiste à caractériser et
quantifier la dynamique tourbillonnaire et le mélange lors de la variation de ce paramètre. De plus, ces différents
aspects sont comparés à l’écoulement non forcé tout au long de ce manuscrit. Cette étude s’appuie sur des mesures
expérimentales bi- et tridimensionnelles de vitesse et de concentration dans l’écoulement. En parallèle à cette ana-
lyse, une technique de reconstruction tridimensionnelle est appliquée sur des champs de vitesse trois composantes
enregistrés dans plusieurs plans et fournit un modèle simplifié de l’écoulement.
Dans le premier chapitre, une étude bibliographique relative au jet continu et pulsé dans un écoulement trans-
verse est proposée. Elle montre la complexité de ce type d’écoulement et présente les structures engendrées lors de
1
2 Introduction
l’interaction entre les deux fluides. La majeure partie des recherches se base sur l’analyse de la trajectoire du jet, la
topologie et le mélange entre le jet et l’écoulement transverse. Les paramètres qui influencent la dynamique de ce
type d’écoulement sont recensés. Enfin, sachant que les études sur les jets de forme carrée sont peu nombreuses,
quelques travaux sur ce type d’orifice sont exposés.
Dans un second temps, le dispositif expérimental et les techniques de visualisation bi- et tridimensionnelles
utilisées durant cette thèse sont présentés. Les deux techniques optiques de mesures employées, la vélocimétrie
par image de particules et la fluorescence induite par laser, sont ensuite exposées en détails. Puis, une technique
de mesures couplées, ayant servi à obtenir des champs de vitesse et de concentration dans deux plans simultanés
de l’écoulement, est détaillée. Enfin, une dernière partie est dédiée aux problèmes liés au couplage de ces deux
techniques.
La troisième partie présente, dans un premier temps, des analyses qualitatives à partir de visualisations pour ex-
traire les caractéristiques principales des écoulements engendrés par la fréquence de pulsation du jet. Il en découle
le choix des trois fréquences représentatives des différents régimes sélectionnées pour cette étude. La seconde
partie est une analyse quantitative de la dynamique tourbillonnaire générée à proximité de l’orifice carré du jet et
dans le sillage de l’écoulement. Différents mécanismes pour trois fréquences d’excitation sont mis en évidence à
l’aide de grandeurs statistiques et dérivées de la vitesse au cours de la pulsation au moyen d’analyses basées sur
des champs moyens de vitesse, des champs moyennés en phase et enfin des champs instantanés.
La quatrième partie présente les résultats des mesures de concentration sur l’écoulement. Elle permet de quan-
tifier le mélange au travers de plusieurs critères. Ces grandeurs géométriques et cinématiques sont tout d’abord
détaillées à l’aide d’exemples simples afin de comprendre ce qu’elles caractérisent. Ensuite, la qualité du mélange
est analysée sur la période d’injection dans le plan longitudinal médian de l’écoulement ainsi que l’influence de la
vitesse du jet sur son évolution. Enfin, la propagation de ce mélange dans la direction transversale du jet est étudiée
à l’aide des mesures couplées des champs de concentration.
Dans un dernier chapitre, une modélisation tridimensionnelle de l’écoulement est proposée au moyen de la
décomposition orthogonale aux valeurs propres. L’objectif est tout d’abord l’interprétation physique des premiers
modes spatiaux afin de comprendre dans chacun des plans les effets du forçage, pour ensuite les intégrer dans un
modèle de l’écoulement. L’influence des données d’origine, des trois composantes des vitesses et de la localisation
du plan sont mises en exergue. Une modélisation associant les modes représentatifs de la moyenne, du forçage et
des instationnarités naturelles est réalisée puis comparée à des plans transversaux de mesure.
CHAPITRE
1
Le jet pulsé dans un courant transverse
Sommaire
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 Jet continu dans un écoulement transverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.1 Structure de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Caractéristiques principales de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Vers le forçage du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3 Jet synthétique dans un écoulement transverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.1 Etude qualitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.2 Etude quantitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4 Jet pulsé dans un écoulement transverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.1 Excitation acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.2 Excitation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5 Jet libre à orifice carré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3
1. Introduction 5
1 Introduction
L’interaction entre un jet et un écoulement transverse est un type d’écoulement très complexe, assimilable au
mélange d’un fluide débouchant dans un autre milieu fluide. Son étude est importante et reste un enjeu majeur
afin d’améliorer le mélange entre les deux fluides par exemple. Dans notre quotidien, des exemples de cet écoule-
ment sont nombreux. Il peut être mis en oeuvre d’un point de vue environnemental dans des exemples d’éjection
d’eau chaud en rivière en sortie de centrale, de rejet d’eau douce dans l’océan ou encore l’interaction entre les
fumées des cheminées d’usine et l’air extérieur affectant la dispersion de polluants dans l’atmosphère sur la figure
1.1(a). De la même manière, l’efficacité des moteurs à injection peut être améliorée par le mélange entre le jet
(essence) et l’écoulement (air/oxygène). L’amélioration des qualités d’injections du combustible dans la chambre
de combustion d’un moteur sur la figure 1.1(b) est prépondérante pour les constructeurs. Enfin, les systèmes de
refroidissement dans une aube de turbine sur la figure 1.1(c) sont utilisés afin d’améliorer la durée de vie des ins-
tallations. Un film liquide injecté par de petits orifices permet une pseudo-isolation des parois à la forte chaleur
présente dans le système. Ce panel non exhaustif permet de se rendre compte des intérêts de ce type d’écoulement
dans beaucoup de secteurs tels que la combustion, la propulsion ou encore la dispersion de polluant. L’importance
de la compréhension de l’écoulement est essentielle afin de pouvoir par la suite le contrôler ou améliorer les proces-
sus de mélange. Dans une première partie, les caractéristiques d’un jet continu dans un écoulement transverse sont
(a) Cheminées d’usine (b) Chambre de combustion (c) Aube d’une turbine
synthétisées brièvement. Cette partie rappelle les différentes zones et structures tourbillonnaires qui composent cet
écoulement. Margason (1993) a réalisé un résumé plus détaillé des recherches sur cet écoulement au cours des cin-
quante dernières années étoffé d’une bibliographie abondante. Ces différentes références permettent d’approfondir
la connaissance des jets gazeux, liquides ou autres sous des aspects théoriques, numériques ou expérimentaux.
D’autre part, les recherches ont évolué pour améliorer les performances des jets (le mélange et la pénétration par
exemple). Une approche consiste à perturber le jet par des oscillations à sa sortie de l’orifice. La suite de ce chapitre
est consacrée aux différentes façons d’y aboutir. Dans une seconde partie, le jet synthétique (sans apport de masse)
dans un écoulement transverse est présenté. Ensuite, une partie est dédiée au jet pulsé avec apport de masse pour
des excitations acoustiques ou mécaniques. Ce chapitre met en évidence de nombreuses recherches avec un aspect
expérimental et un petit panel d’études numériques sur les jets dans un écoulement transverse. Quelques papiers
sur la formation de structures spécifiques relatives à la forme carrée de l’injection sont relatés car la plus part des
études se focalisent sur les jets ronds.
6 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
F IG . 1.2 – Schéma des différentes régions d’un jet dans un écoulement transverse et des lignes de références pour
l’étude de sa trajectoire (Brizzi, 1994)
et de concentration quasi-uniforme à la sortie du jet. Dans une zone de transition, le jet se courbe rapidement. Il
se déforme longitudinalement vers l’intérieur dans la partie de faible vitesse, sous le jet : c’est la formation des
tourbillons contrarotatifs. Ces tourbillons se distinguent par une forme en haricot dans une section transverse de
l’écoulement lorsqu’ils sont réellement développés (Fearn & Weston, 1974). Ils jouent un rôle important dans le
sillage lointain du jet (Broadwell & Breidenthal, 1984).
L’interaction entre le jet et l’écoulement transverse engendre des structures tourbillonnaires très différentes.
Fric & Roshko (1994) établissent un schéma type de ces principales structures sur la figure 1.3. Elles sont au
nombre de quatre :
− les tourbillons en fer à cheval : Ils se forment en amont de la sortie du jet. Dans cette région, le fluide
à proximité de la sortie du jet ralentit et tend à la contourner. Suite à ce blocage de l’écoulement par le
jet (comme un obstacle), un décollement tridimensionnel de la couche limite s’opère. L’intensité de ce
décollement est liée aux conditions du fluide injecté par rapport à celui du courant principal. Le fluide
contournant la zone d’injection se rapproche ensuite du plan médian en aval de la sortie du jet. Une forme
en fer à cheval est identifiable ce qui a donné le nom à cette structure au cours du temps (Krothapalli et al.,
1990).
− les tourbillons contrarotatifs : Ce sont les paires de tourbillons contrarotatifs évoqués précédemment.
Ils prennent naissance dès la sortie de l’orifice et se forment dans le sillage lointain. Ils sont clairement
2. Jet continu dans un écoulement transverse 7
F IG . 1.3 – Schéma des structures d’un jet dans un écoulement transverse (Fric & Roshko, 1994)
visibles dans des vues de coupe de l’écoulement (Cortelezzi & Karagozian, 2001).
− les tourbillons de sillage : Ces tourbillons se situent en aval de la sortie du jet. Ils s’étendent de la couche
limite vers la frontière inférieure du jet. Ils sont formés de tourbillons sortant de la couche limite et parfois
se rattachant au jet selon les conditions d’injection (Fric & Roshko, 1994).
− les tourbillons de la couche de cisaillement : Ces tourbillons sont observés sur la frontière supérieure
ou inférieure du jet. Ils sont le résultat des instabilités de Kelvin-Helmholtz entre le cisaillement du jet
et du courant principal (Megerian et al., 2007). Dans des champs de vitesse moyennés, ils ne sont pas
observables. Ils sont dépendants également du taux d’injection.
Dans cette équation, ρc f et ρ j sont les masses volumiques de l’écoulement transverse et du jet. Pour le rapport
entre les quantités de mouvement du jet et de l’écoulement transverse, il devient un rapport entre la vitesse du jet
et de l’écoulement transverse Uc f lorsque les deux fluides ont la même densité (majeure partie des études). Cette
vitesse Uc f est la vitesse de l’écoulement principal hors de la couche limite, lorsqu’elle est constante.
Les paramètres principaux étant posés, un point important des recherches sur cet écoulement est la caractéri-
sation de la trajectoire du jet. Ce principal intérêt provient du fait que l’on rattache la trajectoire à sa pénétration
8 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
(Hasselbrink & Mungal, 2001). Pratte & Baines (1967) introduisent une formulation de référence de la trajectoire
du jet selon l’équation 1.3.
z x B
=A (1.3)
RD RD
Cette formulation est valable dans le sillage du jet mais très peu souvent à proximité de la sortie du jet. Keffer &
Baines (1963) montrent l’utilité d’une échelle en R2 D dans le champ proche de la sortie du jet au lieu de RD. Le
terme de trajectoire est souvent utilisé dans la littérature mais il faut faire attention à son emploi. On parle plus
facilement d’axe délimité par la ligne centrale issue de l’orifice du jet, de l’axe du maximum de vitesse, de concen-
tration, de température, de pression ou encore du maximum de quantité de mouvement. Smith & Mungal (1998)
mentionnent la pénétration comme étant la frontière supérieure du jet. Brizzi (1994) schématise les caractéristiques
employées au cours des différentes recherches sur la figure 1.2. Sur cette figure, cinq lignes principales du jet sont
matérialisées par : AD pour la frontière supérieure du jet, OF l’axe du maximum de vitesse, OG la ligne centrale du
jet, OH l’axe du maximum de température et BE la frontière inférieure du jet. Selon la définition de la trajectoire
du jet, les paramètres A et B de l’équation 1.3 prennent des valeurs différentes. Des exemples de résultats sont
répertoriés dans la tableau 1.1 pour les jets continus. Margason (1993) réalise une liste des différentes valeurs des
Littérature Référence A B
Smith & Mungal (1998) max de concentration 1,5 0,27
Pratte & Baines (1967) max de concentration 2,05 0,28
Su & Mungal (1999) max de concentration 1,95 0,302
TAB . 1.1 – Constantes de l’équation 1.3 pour l’axe d’un jet continu dans un écoulement transverse
constantes et conclut que les données expérimentales montrent A compris entre 1,2 et 2,6 et B entre 0,28 et 0,34. Il
est à noter une caractéristique supplémentaire : le taux d’ouverture du jet associé à l’intervalle pris entre les deux
frontières. Selon Smith & Mungal (1998), ce paramètre augmente avec le taux d’injection.
D’autre part, des auteurs se focalisent sur l’influence de la forme de l’orifice du jet. Haven & Kurosaka (1997)
recherchent l’influence de la forme de sortie du jet sur l’expansion de la formation tourbillonnaire. Plus récemment,
Salewski et al. (2008) mettent en évidence que les formes elliptiques à fort rapport d’aspect et les formes carrées
d’injection offrent une efficacité de mélange plus importante dans l’écoulement transverse. Lim et al. (2001) réa-
lisent des visualisations par colorants d’un jet pour un taux d’injection R = 4, 6 et un Re = 1600. Grâce à ses
observations, ils modélisent la formation des structures principales issues de la sortie du jet. Kelso et al. (1996)
résument, sous forme de graphique, le type de structures existantes dans cet d’écoulement en fonction du Re et de
R sur la figure 1.4. Récemment, Megerian et al. (2007) présentent des résultats expérimentaux sur le comportement
des instabilités de la couche cisaillée du jet pour des rapports d’injections compris entre un et dix.
D’un point de vue numérique, Karagozian (1986) examine l’influence des tourbillons contrarotatifs et leurs
implications dans la pénétration du jet. Récemment, Muppidi & Mahesh (2005) montrent que le profil de vitesse
à la sortie de l’orifice et l’épaisseur de la couche limite affectent la diffusion du jet dans l’écoulement. Ils font
varier le taux d’injection entre 1,5 avec Re = 1500 et 5,7 avec Re = 5000. Ils étudient la pénétration avec une loi
en puissance identique à celle de l’équation 1.3. La pénétration est maximale avec un profil parabolique et une
épaisse couche limite.
F IG . 1.4 – Graphique des structures présentes pour un jet dans un écoulement transverse (Kelso et al., 1996)
expériences de forçage de jet en écoulement transverse suggèrent que les variations temporelles de la vitesse du jet
permettent à la pénétration et la diffusion du jet d’être augmentées à des conditions spécifiques d’excitation. Une
des multiples explications est liée au contrôle de la génération des tourbillons du jet dans le temps.
Avant de parler des expériences sur les jets pulsés dans des écoulements transverses, l’intérêt est de comprendre
comment des oscillations ou perturbations à la sortie de l’orifice influent sur les jets libres (jet débouchant dans un
environnement au repos). Crow & Champagne (1971) observent que de petites oscillations périodiques de forçage
à la sortie d’un jet gazeux produisent de grand changement dans la structuration de l’écoulement. Vermeulen et al.
(1986) étudient l’effet de grandes amplitudes acoustiques sur des jets d’air. Ils observent des augmentations de
l’entraînement des tourbillons jusqu’à une certaine distance de la sortie du jet. Bremhorst & Hollis (1990) dé-
terminent des taux d’entraînement deux fois supérieurs à ceux observés dans le jet non pulsé dans des jets d’air
subsoniques. Pendant leurs périodes d’injection, le jet est complètement arrêté, le forçage est donc irrégulier. Gha-
rib et al. (1998) introduisent le nombre de formation Ld /D selon l’équation 1.4 comme la longueur adimensionnée
de fluide injecté sur une période de pulsation T . Dans cette équation, u j est la vitesse instantanée du jet.
Z T Z
1
Ld = u j dSdt (1.4)
S 0 S
Pour un jet libre rond de surface S, ils parlent de la formation d’anneaux tourbillonnaires avec une colonne fluide
à un nombre de formation Ld /D > 4. En dessous de cette limite, la structure tourbillonnaire seule se forme. Avec
l’augmentation de la longueur d’injection, la colonne de fluide générée sous les tourbillons s’étirent. De plus,
d’autres tourbillons se créent sur cette colonne de fluide. Ce papier est une référence dans la détermination d’une
échelle de longueur universelle de la formation d’un anneau tourbillonnaire.
Le problème majeur au commencement de ces études sur le forçage est la caractérisation du jet pulsé dans
l’écoulement transverse. Tout d’abord, les principaux nombres sans dimensions sont utilisés comme le nombre de
Reynolds (équation 1.1), le rapport d’injection (équation 1.2) et le nombre de Strouhal (équation 1.5) basé sur la
10 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
fréquence d’injection f .
fD
St = (1.5)
Uj
Dans cette équation, U j est la vitesse caractéristique du jet. Dans les études sur le jet continu, la vitesse du jet est
toujours identique donc le problème est simplifié. Le choix de cette vitesse est moins évident et discutable suivant
les paramètres d’injections (amplitude, fréquence, forme du signal) pour les jets pulsés. Les principales définitions
de cette vitesse caractéristique extraite de la littérature seront proposées tout au long de ce chapitre.
La caractéristique principale des jets synthétiques est leur vitesse moyenne nulle. Une période d’excitation du
jet est constituée d’un temps d’aspiration et d’un temps de refoulement du fluide. La détermination de la vitesse
caractéristique du jet est le point de départ important de toute étude sur ce type d’écoulement. Les différentes
échelles de vitesse recensées dans la littérature sont : la moyenne de la vitesse du jet sur la période d’injection du
fluide selon Smith & Glezer (1998) ou encore Glezer (1988), la vitesse maximum du jet (Kral et al., 1997) ou une
vitesse moyenne du jet à une distance de la sortie du jet selon Mallinson et al. (1999) ou encore Rizzetta et al.
(1999). Une échelle de vitesse plus appropriée est utilisée en étudiant l’écoulement à la sortie du jet introduite
par Cater & Soria (2002). Sachant que la vitesse moyenne du jet est nulle et considérant que le piston possède
une position moyenne alors aucune masse de fluide n’est injectée dans l’écoulement. Cependant, une quantité de
mouvement à travers l’orifice du jet existe et une énergie est transférée à l’écoulement transverse. Donc, le jet pulsé
est caractérisé par une quantité de mouvement moyenne à travers l’orifice du jet. Sa vitesse caractéristique U j est
donc extraite de cette quantité de mouvement selon l’équation 1.6.
Z T Z 1
1 2
Uj = u2j dSdt (1.6)
ST 0 S
Les paramètres dimensionnels gouvernant ce type d’écoulement sont le diamètre du jet D, le diamètre du piston
D p , la fréquence des oscillations f (ou la période T ), l’amplitude des oscillations a, la vitesse caractéristique du jet
U j , la vitesse de l’écoulement transverse Uc f et la viscosité cinématique du fluide ν. Ils déterminent les paramètres
adimensionnels de l’écoulement (équation 1.7) en fonction des simples paramètres du système.
√
D2 2π f aD p Uj
St = √ Re = R= (1.7)
2πD p a ν Uc f
thétique dans un écoulement transverse grâce à des mesures de concentration. Le nombre de Reynolds Re de
l’équation 1.7 est constant. Les auteurs font varier le St entre 0, 08 et 0, 56 (5 cas différents), ainsi que le taux d’in-
jection R. Les vingt cas obtenus sont représentés sur la figure 1.5. Pour 0, 08 ≤ St ≤ 0, 11, le jet possède seulement
F IG . 1.5 – Structures de vingt jets ronds synthétiques dans un écoulement transverse à Re = 1066 avec 0, 08 <
St < 0, 56 et 2 < R < 5 (Tomar et al., 2004)
une trajectoire principale dans l’écoulement transverse. De plus, avec l’augmentation de R, le jet tend à s’aligner
verticalement dans l’écoulement transverse. Ce phénomène est lié à la quantité de mouvement prédominante du jet
par rapport à celle de l’écoulement principal. Ils identifient des jets à simples et multiples trajectoires. La transition
entre ces deux types de jets est définie avec l’augmentation du nombre de Strouhal à St = 0, 19 pour la séparation
de la trajectoire du jet en une seconde trajectoire. La trajectoire principale est celle qui pénètre le plus loin dans
l’écoulement transverse mais il y a une seconde trajectoire émergeant de la première qui forme un angle aigu avec
celle-ci. L’angle entre les deux trajectoires du jet augmente avec le taux d’injection R lié à la progression de l’ali-
gnement du jet avec son axe vertical. Il est fonction du St et de R. De plus, une étude (Gordon et al., 2004) est
réalisée sur deux types d’écoulement : un exemple dans la limite de la multi-trajectoire (St = 0, 19) et l’autre dans
le cas d’un écoulement avec multiples trajectoires (St = 0, 56).
Plus récemment, Zhong et al. (2007) étudient l’effet du rapport des vitesses R et du nombre de Reynolds
Re sur les structures d’un jet synthétique dans un canal en eau à l’aide de visualisations par colorants. Avec
l’augmentation du rapport des vitesses, trois types d’écoulement sont observés et présentés sur les figures 1.6(a)
12 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
à (c). La première structure pour de faibles Re et R est la présence de fins tourbillons en épingle sur la figure
1.6(a). Avec l’augmentation de ces deux paramètres, la structure devient similaire à des anneaux tourbillonnaires
sur la figure 1.6(b) avec l’apparition d’une forme en champignons sur l’anneau à la sortie du jet. Enfin, la figure
1.6(c) présente des anneaux tourbillonnaires qui se déstructurent au fil de leur propagation. La structure est de
plus en plus turbulente et désordonnée. Ils concluent que le rapport d’injection R détermine la pente des anneaux
F IG . 1.6 – Visualisations d’un jet synthétique dans un écoulement transverse à Uc f = 0, 05m/s et un jet à une
fréquence de 2 Hz (Zhong et al., 2007)
tourbillonnaires. De plus, l’augmentation du Re mène à un désordre plus important des structures engendrées.
Enfin, la variation du nombre de Strouhal St détermine l’espacement entre les différents anneaux tourbillonnaires.
En conclusion, Zhong et al. (2007) réalisent un graphique résumant les différentes structures observées sur la
figure 1.7 en fonction du rapport des vitesses R et de la longueur d’injection Ld (équation 1.4). On retrouve dans
ce graphique les trois types de structures illustrées sur les figures 1.6(a) à (c).
F IG . 1.7 – Effets du rapport des vitesses R et de la longueur d’injection Ld sur les structures de l’écoulement
(Zhong et al., 2007)
F IG . 1.8 – Champs de vitesse moyennés en phase et champs de vorticité pour le jet à 5 Hz (St = 0, 016 ; Re = 1240
et R = 4, 6) à 4 temps différents où T = 200 ms (Gordon & Soria, 2002)
représente un moment où le piston est dans une phase de poussée du fluide. Le corps de l’anneau tourbillonnaire
est localisé par une flèche. L’écoulement à ce point est similaire à la propagation d’un anneau tourbillonnaire libre
(Gharib et al., 1998). Cependant, une distinction importante entre l’anneau tourbillonnaire libre et la structure du
jet synthétique dans l’écoulement transverse est la dissymétrie du second. Cette caractéristique est liée essentiel-
lement à la présence de l’écoulement transverse. Avec l’augmentation de la distance à la paroi, la région de forte
vorticité s’allonge et se courbe dans la direction de l’écoulement transverse. Cette période d’expulsion du fluide
est également identifiable pour le jet à une fréquence de 10 Hz avec une région de plus forte vorticité sur les figures
1.9(a) et (b). La période d’aspiration du fluide, quant à elle, se caractérise par de petites zones tourbillonnaires
dans l’écoulement sur figures 1.8(d) et 1.9(d). La transition entre ces deux instants se caractérise par une zone tour-
billonnaire s’atténuant d’instant en instant pour devenir quasi-nulle sur les figures 1.8(c) et 1.9(c). Pour quantifier
F IG . 1.9 – Champs de vitesse moyennés en phase et champs de vorticité pour le jet à 10 Hz (St = 0, 014 ; Re = 2960
et R = 7) à 4 temps différents où T = 100 ms (Gordon & Soria, 2002)
ces phénomènes, un paramètre faisant référence au débit de fluide passant par les plans de mesure est introduit. Ce
paramètre est le rapport entre le débit de fluide par unité de hauteur y de la sortie du jet Qy et le débit maximum
expulsé par la pompe Qymax . La représentation de cette quantité sans dimension pour différentes hauteurs est illus-
14 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
trée sur les figures 1.10(a) et (b). Les résultats sont donnés pour des hauteurs y/D allant de 0 à 3. Une observation
(a) 5 Hz (b) 10 Hz
F IG . 1.10 – Débit du jet adimensionné par le volume maximum débité par la pompe dans un plan (Gordon & Soria,
2002)
rapide de cette figure montre une zone où le débit reste nul pendant un temps court, avant d’augmenter rapidement
ce qui correspond à la phase de poussée du piston. Puis, le débit diminue plus ou moins graduellement suivant le
cas pour redevenir négatif dans la zone d’aspiration du piston. D’après Smith & Glezer (1998), les résultats du
débit adimensionné dans la direction perpendiculaire à la paroi montre que le comportement du jet synthétique
dans un écoulement transverse est similaire au comportement d’un jet synthétique libre dans une région proche de
la sortie du jet (y/D < 3). Cependant, au-delà de cette limite, le jet synthétique dans un écoulement transverse se
comporte comme un jet pulsé libre car il n’y a aucun effet visible de fluide aspiré (débit nul au delà de y/D = 3).
Ce phénomène a déjà été observé par Bremhorst & Hollis (1990) sur un jet libre circulaire d’air caractérisé par
St = 0, 011 et Re = 60000. Mesurant les oscillations temporelles à une distance de 20D, la vitesse du jet augmente
rapidement quand t/T = 0, 2 et diminue graduellement jusqu’à zéro. Ce comportement est donc similaire à l’os-
cillation temporelle de vitesse des figures 1.10(a) et (b).
D’autre part, une comparaison aux résultats de la trajectoire du jet continu de la tableau 1.1 est présentée dans
le tableau 1.2. Les paramètres A et B fluctuent suivant les conditions d’injection et la référence choisie.
TAB . 1.2 – Constantes de l’équation 1.3 pour l’axe d’un jet synthétique dans un écoulement transverse
le taux d’injection sont utilisés. Puis, un autre rapport a commencé à être employé plus récemment : le rapport
cyclique d’injection αR selon l’équation 1.8. Il représente le rapport entre le temps τ où le fluide est injecté dans le
système et la période de pulsation T .
τ = αR T (1.8)
Ce rapport αR peut être relié au nombre de formation défini par Gharib et al. (1998) par l’équation 1.9 en fonction
du nombre de Strouhal St.
Ld αR
= (1.9)
D St
Johari (2006) met en évidence ce rapport et réalise un état de l’art sur les jets pulsés dans un écoulement transverse
en fonction de ces deux paramètres. Une classification des différents régimes de jets pulsés est faite. Tout d’abord,
son rapport de vitesse se base sur la vitesse moyenne du jet pendant la période d’injection et est compris entre trois
et dix. Cette cartographie est présentée sur la figure 1.11 avec la variation des deux paramètres que sont le rapport
cyclique αR et le rapport Ld /D.
F IG . 1.11 – Carte des différents régimes d’écoulement observés pour un jet pulsé dans un courant transverse avec
R > 3. Les données expérimentales proviennent de Johari et al. (1999), Eroglu & Breidenthal (2001), Chang &
Vakili (1995) et M’Closkey et al. (2002).
à l’expansion du jet d’être augmentés à des conditions spécifiques de forçage. Aux vues des récentes publications,
il apparaît que la compréhension des instabilités de la couche cisaillée de la structure du jet peut avoir un profond
impact sur le contrôle du jet (Megerian et al., 2007).
Narayanan et al. (2003) réalisent des expériences sur des jets gazeux avec les conditions suivantes (R = 6 et
Re = 500). Ils indiquent des réponses significatives du jet à de faible forçage sinusoïdal, avec des amplitudes en
dessous de 30% de la vitesse moyenne. Dans leur étude, une augmentation de la pénétration (de l’ordre de 40%)
se produit durant le forçage à un nombre de Strouhal de 0, 2, correspondant à deux fois la valeur de la fréquence
de l’écoulement non forcé. D’autre part, Kelso et al. (1996) étudient également le forçage sinusoïdal acoustique
d’un jet (R = 2, 2 et Re = 13640). L’amplitude de ces perturbations est de 10% de la valeur moyenne du jet. Ils
suggèrent que la structure globale de l’interaction entre le jet et l’écoulement n’est pas changée à moins que le jet
soit forcé très proche du nombre de Strouhal associé avec la couche cisaillée du jet non forcé.
Des expériences systématiques sur le contrôle des écoulements transverses à l’UCLA (University of California,
Los Angeles) se focalisent sur des excitations acoustiques de jets gazeux ronds injectés perpendiculairement à
l’écoulement principal à faible vitesse. Un actionneur est développé dans leurs expériences pour produire avec plus
de précision la forme du signal à la sortie du jet. Les détails et la démonstration de ce contrôleur sont expliqués dans
M’Closkey et al. (2002). Un compensateur dynamique permet d’augmenter l’amplitude pour obtenir un signal à
tendance moins sinusoïdale. À de relativement faibles taux d’injection (2, 56 ≤ R ≤ 4), l’excitation sinusoïdale du
jet a de faibles influences sur sa réponse, même avec de très grandes amplitudes d’excitation, excédant 75% de la
moyenne du jet. Cela est considéré quelle que soit la fréquence d’excitation, c’est-à-dire si le forçage est employé
à la fréquence de la couche cisaillée non forcée, des sous-harmoniques ou autres. D’autre part, M’Closkey et al.
(2002) examinent le forçage pour des signaux carrés sur des jets d’air avec des rapports cycliques αR variant de
0, 1 à 0, 6. Les visualisations par fumée de ces expériences sont illustrées sur les figures 1.12(a) à (c) pour un
forçage sinusoïdal et sur les figures 1.13(a) à (f) pour un forçage carré. Le forçage sinusoïdal appliqué avec ou
(a) jet non pulsé (b) f = 73, 5 Hz, non compensé (c) f = 73, 5 Hz, compensé
F IG . 1.12 – Visualisations par fumée d’un jet dans un courant transverse avec R = 2, 58 ; Re = 1500 et forçage
sinusoïdal (M’Closkey et al., 2002)
sans compliance ne permet pas d’obtenir de modification de la structure du jet. Au contraire, le forçage carré
perturbe considérablement l’écoulement. Une pénétration et une diffusion optimale du jet sont observées pour
des fréquences d’excitation à des sous-harmoniques de la fréquence naturelle du lâchage tourbillonnaire du jet
(à 1/5, 1/4, 1/3 et 1/2 de cette fréquence). Dans tous les cas optimaux, le rapport cyclique conduit à un temps
d’injection τ compris entre 2, 7 et 3 ms. A d’autres rapports cycliques d’injection, la pénétration n’est pas aussi
grande. Mais lorsque ce temps est dans la fourchette déterminée à une fréquence autre qu’une sous-harmonique,
la pénétration est significative mais pas optimale sur la figure 1.13(e). Des études systématiques sur les conditions
spécifiques (excitation, fréquence de forçage, rapport cyclique, amplitude) indiquent que des valeurs spécifiques de
temps d’injection peuvent fournir la fusion optimale des structures tourbillonnaires (Shapiro et al., 2003). Shapiro
4. Jet pulsé dans un écoulement transverse 17
F IG . 1.13 – Visualisations par fumée d’un jet dans un courant transverse avec R = 2, 58 ; Re = 1500 et forçage
carré (M’Closkey et al., 2002)
et al. (2006) suggèrent les mêmes conclusions sur l’augmentation de la fusion et l’appariement des structures
tourbillonnaires menant à une pénétration en hauteur des structures à grandes échelles. Une interprétation de cette
échelle de temps associée avec cette optimisation rejoint l’idée de Gharib et al. (1998) sur l’existence d’une échelle
de longueur universelle requise pour la formation d’anneaux tourbillonnaires cohérents.
Les jets pulsés à excitation mécanique sont souvent appliqués en environnement aqueux. En général, les per-
turbations de la vitesse du fluide sont engendrées par une pompe. Les études qui suivent sont récentes et elles se
basent sur les mêmes paramètres déjà discutés précédemment tels que le rapport cyclique d’injection et le nombre
de Strouhal.
Johari et al. (1999) examinent deux jets fortement pulsés avec une excitation de forme carrée ayant des rapports
Ld /D proches. Les caractéristiques du jet sont les suivantes : R = 5 et Re = 2250. Ils étudient la variation du rapport
cyclique d’injection pour αR = 0, 3 et αR = 0, 5 ce qui donne des temps d’injection respectivement de 70 ms et de
110 ms. Pour de petits temps d’injection, les structures sont espacées et elles pénètrent en profondeur dans l’écou-
lement sur la figure 1.14(b). A l’inverse, avec de grands temps d’injection de fluide, la pulsation apparaît similaire
à des segments d’écoulements turbulents allongés dans la direction du courant transverse sur la figure 1.14(c).
La figure 1.14(a) présente le jet continu pour ces mêmes paramètres. Avec l’augmentation du rapport cyclique, la
distance entre les structures diminue résultant d’une augmentation de l’interaction entre elles et d’une réduction de
leur pénétration. Eroglu & Breidenthal (2001) travaillent sur deux écoulements à nombre de Reynolds différents
avec le même rapport cyclique αR = 0, 5 pour un signal carré d’excitation. Ils comparent la structure de l’écoule-
ment entre un jet pulsé et un jet continu à un faible nombre de Reynolds Re = 650 et Ld /D = 1, 8, et un jet pulsé
à grand nombre de Reynolds Re = 6200 et Ld /D = 13. La figure 1.15(a) présente un jet continu où une couche
cisaillée se forme sur le dessous du jet. Dans cette zone, un mécanisme de fusion des structures tourbillonnaires se
réalise lorsque deux anneaux proches et de vorticité opposée se rencontrent. La première fusion de deux structures
est représentée par une flèche. Plus loin, des structures plus développées dues à cette fusion sont visibles. En pul-
sant le jet, l’écoulement est très différent : deux branches peuvent être visibles. Une première branche, proche de
18 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
F IG . 1.14 – Jet continu et pulsé dans un écoulement transverse à R = 5 (Johari et al., 1999)
F IG . 1.15 – Comparaisons entre un jet continu et un jet pulsé (Eroglu & Breidenthal, 2001)
4. Jet pulsé dans un écoulement transverse 19
la paroi où les structures tourbillonnaires ne sont pas étirées et une autre où les structures ont tendance à pénétrer
plus en profondeur dans le courant principal sur la figure 1.15(b). A de plus grands nombre de Reynolds Re, les
observations précédentes sont similaires mais les structures sont beaucoup plus compliquées sur la figure 1.15(d).
Dans les deux cas, la direction de la branche la plus proche de la paroi est similaire à celle du jet continu. De la
même manière, Chang & Vakili (1995) observent que des anneaux tourbillonnaires individuels pénètrent en hau-
teur dans le courant principal liées à leurs vitesses auto-induites. Les mêmes conclusions sur l’influence de petits
rapports cycliques d’injection sont obtenues par Hermanson et al. (1998) pour de faibles fréquences d’injection,
de l’ordre de l’unité.
D’un point de vue numérique, les recherches sont également abondantes. Un exemple intéressant est obtenu par
Sau & Mahesh (2008) sur une simulation numérique directe. Leurs paramètres importants sont quasi-identiques
aux paramètres de nos manipulations expérimentales. Le nombre de Reynolds est de Re = 600 dans leur simu-
lation, le rapport Ld /D varie entre 1, 6 et 8 et le taux d’injection R entre 1 et 6. De leur étude, une classification
des différents types d’écoulement est présentée sur la figure 1.16. Les anneaux tourbillonnaires dans un courant
F IG . 1.16 – Cartographie des trois régimes d’écoulements avec différentes structures (Sau & Mahesh, 2008)
principal peuvent être classés en trois régimes. Une séparation importante est faite pour les écoulements à des
taux d’injection faibles (R < 2). Cet écoulement est caractérisé par la formation de structures tourbillonnaires en
épingle à cheveux allongées dans la direction de l’écoulement principal. Pour des taux d’injection supérieurs, un
anneau tourbillonnaire est identifiable et deux régions différentes sont caractérisées. Une région où un seul anneau
tourbillonnaire se forme ayant une inclinaison vers l’amont de l’écoulement (faibles Ld /D) et une région où la
formation tourbillonnaire est suivie d’une colonne de fluide (Ld /D plus important). Dans ce dernier cas, l’anneau
tourbillonnaire au-dessus de la colonne de fluide a une inclinaison vers l’aval de l’écoulement. La séparation entre
ces deux régimes est matérialisée par une ligne courbe sur la figure 1.16. De plus, une dernière caractéristique est
montrée par la variation du nombre de Reynolds Re. Ce nombre adimensionnel n’a pas d’influence sur l’inclinaison
de l’anneau tourbillonnaire mais les instabilités de la colonne de fluide sont plus prononcées avec son augmenta-
tion. Ce type de comportement et les différents régimes décrits par Sau & Mahesh (2008) sont comparables aux
régimes déterminés dans la partie expérimentale de ce chapitre.
20 Chapitre 1 - Le jet pulsé dans un courant transverse
(a) Topologie des anneaux en sortie d’un jet carré (b) Comparaison avec ou sans plaque plane
F IG . 1.17 – Topologie du démarrage d’un jet libre de forme carrée (Grinstein & DeVore, 1996) et comparaison de
deux orifices en sortie du jet (Ai et al., 2005)
rotation apparente de l’anneau autour de l’axe du jet. L’anneau est convecté à la vitesse de 0,3 fois la vitesse de ré-
férence U j avec une fréquence de rotation des axes caractérisée par un nombre de Strouhal StDe de 0,4. Ce nombre
est défini par StDe = f · De /U j avec De le diamètre équivalent d’un cercle qui a la même surface que le carré de
côté L (De = 2Lπ−1/2 ). Le lâcher des anneaux tourbillonnaires est périodique et il est caractérisé par un nombre de
Strouhal compris entre 0,43 et 0,55 selon Grinstein & DeVore (1996). Pour l’étude sur le jet continu à Re = 500 et
R = 1, Fraticelli (2008) calcule la gamme de fréquence entre 0,24 et 0, 31 Hz avec Ure f = 1, 7 cm/s et De = 34 mm
si le jet a les mêmes modes que le jet libre. Il détermine la fréquence de lâchage dans la zone de sillage à 0, 28 Hz
étant comprise dans la gamme de celle du jet rond. Cette analogie peut être faite avec le jet pulsé pour déterminer
les fréquences dans les zones de sillage, le but étant de caractériser la vitesse de référence.
La figure 1.17(b) présente une étude de Ai et al. (2005) sur le départ de jet carré débouchant d’un orifice sur
une plaque plane ou d’un tube. Ils montrent que la formation tourbillonnaire est perturbée lors de sa formation à
partir de 3De pour le jet émanant d’un orifice. Ce phénomène est lié à l’expansion des tourbillons dès leur sortie.
Dans un cas, leur mouvement est libre et dans l’autre cas, il est perturbé par la plaque en sortie de l’orifice.
6 Conclusion
Cette revue bibliographique met en avant la complexité de l’interaction entre un jet pulsé ou non et un courant
principal. Dans une première partie, l’accent est mis sur les structures dans un jet continu. Ce rappel permet
d’établir une base solide pour la compréhension de l’écoulement lorsqu’une oscillation temporelle est appliquée à
6. Conclusion 21
la sortie du jet. Un panel des possibilités pour forcer le jet est établi dans les parties suivantes en passant par le jet
synthétique et les jets pulsés acoustiquement et mécaniquement. Il apparaît au fil des recherches que les auteurs se
sont fixés sur des paramètres principaux afin de caractériser leurs jets tels que le nombre de Reynolds Re, le nombre
de Strouhal St et le taux d’injection R. Néanmoins, la caractérisation de la vitesse du jet reste toujours un problème
pour comparer les études suivant les auteurs. La forme du signal d’injection joue également un rôle important dans
le processus de pénétration et de mélange. Plus récemment, le rapport cyclique d’injection αR est un paramètre
attractif dans beaucoup de recherches pour moduler la structure du jet. Enfin, très peu d’études sur les jets carrés
dans un écoulement transverse ont été réalisés au profit du jet rond. A la vue de la dernière partie, l’influence de la
forme de l’orifice d’injection n’apparaît pas être négligeable sur la topologie de l’écoulement. L’étude précédente
sur le jet continu dans un écoulement transverse au sein du laboratoire (Fraticelli, 2008) ayant motivé cette thèse
est résumée brièvement dans le chapitre 3 afin de comprendre les structures présentes aux conditions d’injection
étudiées. Elle servira ensuite de base comparative aux cas pulsés.
CHAPITRE
2
Dispositif expérimental et techniques de
mesure
Sommaire
1 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.1 Système d’alimentation du fluide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.2 Veine hydrodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2 Instrumentation de la manipulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.1 Système d’enregistrement des images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2 Sources lumineuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 Système de synchronisation et pilotage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.4 Système de contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3 Ensemencement de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1 Particules solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Traceurs fluorescents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4 Visualisations et techniques de mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.1 Tomographie laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.2 Visualisations volumiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.3 Vélocimétrie par image de particules (PIV) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.4 Vélocimétrie par Image de Particules Stéréoscopique (SPIV) . . . . . . . . . . . . . . . . 36
4.5 Fluorescence Induite par Laser (PLIF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5 Mesures couplées SPIV-PLIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
5.1 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5.2 Synchronisation et enregistrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5.3 Problèmes engendrés par le couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
23
1. Montage expérimental 25
Ce chapitre traite dans une première partie du dispositif expérimental générant un jet pulsé dans un écoulement
transverse. Puis, les différents moyens de mesure et de contrôle nécessaires aux expérimentations sont présentés.
Ensuite, les techniques de mesures utilisées lors de cette thèse sont introduites : la vélocimétrie par image de
particule, la mesure de concentration, ainsi que des techniques plus sophistiquées. Enfin, une dernière partie est
dédiée aux problèmes liés au couplage de ces deux techniques.
1 Montage expérimental
Toutes les mesures présentées dans ce manuscrit ont été effectuées sur la même veine hydrodynamique. L’écou-
lement étudié est un jet pulsé débouchant dans un courant principal. Le schéma de principe de l’expérience est
montré sur la figure 2.1. Le fluide utilisé lors de ces expériences est de l’eau. Un écoulement principal se déplace
de la gauche vers la droite et passe sur une plaque noire (zone de visualisation). La vitesse de cet écoulement trans-
verse, notée Uc f , présente un profil constant avec une réduction dans la couche limite sur la plaque. Les grandeurs
caractéristiques de cette couche limite sont : l’épaisseur de couche limite à 99% qui est de 19 mm, l’épaisseur
de déplacement qui vaut 7, 6 mm, l’épaisseur de quantité de mouvement qui est de 2,7mm, l’épaisseur d’énergie
cinétique qui vaut 4, 11 mm ce qui donne un facteur de forme H égal à 2,8. Débouchant perpendiculairement à
celle-ci, un jet se mélange au courant principal. La sinusoïde sur la figure 2.1 représente la variation de la vitesse
instantanée du jet u j qui est pulsé entre zéro et deux fois la vitesse de l’écoulement principal. La vitesse moyenne
de ce jet U j est donc égale à la vitesse de l’écoulement transverse impliquant un rapport d’injection R basé sur ces
deux vitesses égal à 1. Sur ce schéma, la longueur caractéristique de l’écoulement L est le côté du carré d’injection
du jet. L’étude se base sur l’interaction entre ces deux fluides et leurs évolutions spatiales et temporelles.
Les axes du repère direct présents sur la figure 2.1 sont toujours identiques pour caractériser les différents plans
de mesure dans la suite de ce manuscrit. L’axe x indique la direction longitudinale, y la direction transversale du
jet et z la direction verticale. L’origine du repère est située au centre de l’arête amont du carré d’injection.
26 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
rentes mesures et les visualisations, le circuit fonctionne en boucle fermée ou ouverte. La cuve principale alimente
l’écoulement transverse et le jet lors du fonctionnement en boucle fermée. A l’inverse en boucle ouverte, la cuve
principale achemine le fluide pour le courant principal et la petite cuve pour le jet. Ce fonctionnement est mis
en oeuvre seulement lorsque l’un des deux écoulements est ensemencé en colorant (mesure de concentration par
exemple). Dans ce cas, un approvisionnement en eau placé au-dessus de la petite cuve (visible sur la figure 2.2) per-
met de conserver un niveau constant dans celle-ci pendant les expériences. De plus, le niveau d’eau entre les deux
cuves est identique impliquant une pression toujours constante dans la veine hydrodynamique. Cette contrainte
limite le temps de manipulation en boucle ouverte à environ vingt minutes.
Afin d’acheminer le fluide dans la veine hydrodynamique, on utilise un système de trois pompes PCM Moi-
neau à rotor excentré à vis sans fin pilotées au moyen de motoréducteurs Leroy Somer et de variateurs de vitesse.
Ces pompes ont un débit constant proportionnel à leurs vitesses de rotation. La gamme de débit de ces pompes
est présentée dans le tableau 2.1. Des rotamètres placés entre les pompes et la veine hydrodynamique indiquent le
TAB . 2.1 – Gamme de variation de débit des trois pompes PCM Moineau
débit alimentant le jet et l’écoulement principal. Les pompes 2 et 3 servent exclusivement à alimenter l’écoulement
uniforme et la pompe 1 le jet continu. Au début de ces travaux, une mesure de vitesse par traceurs solides a permis
d’étalonner la vitesse de l’écoulement transverse en fonction de la fréquence des variateurs. Grâce à cet étalon-
1. Montage expérimental 27
nage, un ajustement de la vitesse de l’écoulement principal en fonction des variations de température de la salle
de manipulation est obtenu lors des différentes mesures. Ce calibrage a également été effectué pour la vitesse du jet.
Pour le jet, le fluide acheminé par la pompe 1 est un courant continu. Afin de le pulser, une autre pompe Super
Pump ViVistro System est insérée entre la pompe 1 et la sortie du fluide sur la plaque plane. Un signal sinusoïdal
appliqué à cette pompe (figure 2.1) génère une variation temporelle du débit du jet. La gamme de fréquence possible
avec cette pompe est de 0 à 200 Hz. De plus, un débitmètre T110 Transonic System est placé après la pulsation
du débit afin de le contrôler. Celui-ci se compose d’un tuyau souple de diamètre 5 mm et d’une sonde ultrasonore.
Une sortie sur l’appareil est disponible afin de récupérer via un oscilloscope les variations et la forme du signal de
débit du jet.
− la zone de visualisation : Le fluide débouche ensuite dans la zone de visualisation. Dans cette partie, une
plaque plane délimite la couche limite inférieure de l’écoulement. Sur cette plaque, se génère le croisement
entre le jet et l’écoulement transverse. Le jet carré de côté L=30 mm sort de cette plaque à 125 mm de
son bord d’attaque. Cette distance entre le début du jet et la plaque est choisie pour que la couche limite
laminaire soit complètement recollée (Fraticelli, 2008). Le bord d’attaque de la plaque se situe à 285 mm
du réseau de paille.
− la zone de sortie : Le fluide passe dans un convergent de mêmes dimensions que le divergent d’entrée.
Cet organe raccorde la veine hydrodynamique au réseau principal pour que le fluide puisse retourner dans
la cuve principale.
Trois parties distinctes constituent l’acheminement du jet :
− la zone d’entrée : Le fluide du jet continu est acheminé par la pompe 1. Un raccord en T de diamètre
30 mm connecte le tube souple de la pompe 1 et la pompe agissant sur le débit pour le pulser. Le jet
est donc pulsé dans ce tube perpendiculairement à la veine d’essai. Ensuite, le fluide passe dans le tube
souple de 5 mm de diamètre appartenant au débitmètre ultrasonore. Ce tube est toujours présent lors des
expérimentations pour le contrôle et le réglage du débit. Les pertes de charge qu’il engendre sont donc
prises en compte dans la mesure.
− la zone d’homogénéisation : Le fluide traverse une zone d’homogénéisation. Cette zone de diamètre
100 mm est constituée d’un réseau de pailles très resserrées de longueur 100 mm chacune. Cette zone a
les mêmes fonctions que la zone précédente pour l’écoulement transverse (guidage et laminarisation de
l’écoulement).
− la zone de sortie : Le fluide est ensuite accéléré dans un convergent qui se termine au niveau du carré
d’injection sur la plaque plane. Cet organe impose au fluide un passage d’une section de diamètre 85 mm
au carré d’injection de côté 30 mm. Le jet débouche dans la zone de visualisation où il se mélange à
l’écoulement transverse.
2 Instrumentation de la manipulation
Après un descriptif du dispositif expérimental, le matériel utilisé pour les mesures de vitesse et de concentration
est présenté. Que ce soient les systèmes d’enregistrement des images, les sources lumineuses, les systèmes de
pilotage et contrôle, tous sont nécessaires à la conduite des mesures.
Des visualisations par traceurs solides ont permis de caractériser la vitesse de l’écoulement transverse à l’aide
d’appareils photographiques reflex numériques. Les principales caractéristiques des deux appareils utilisés sont
2. Instrumentation de la manipulation 29
illustrées dans le tableau 2.2. Pour des mesures temporelles, il est possible d’utiliser un déclencheur manuel avec
télécommande pour piloter le début de la prise de vue. Celle-ci peut être un simple cliché ou des rafales de 20
photographies maximum pour la compréhension des sens de rotation des structures tourbillonnaires par exemple.
Dans le même principe, des visualisations de l’écoulement sont enregistrées à l’aide d’un caméscope numérique
de type Panasonic NV-MX300B. Cet appareil a été privilégié pour sa résolution temporelle (25 images en une
seconde) comparée à nos vitesses de fluide de l’ordre du centimètre par seconde lors de l’étude qualitative des
différents écoulements.
L’acquisition des données pour les différentes mesures de vélocimétrie et de concentration a été effectuée
avec des caméras numériques. Au cours des différentes manipulations, deux types de caméras sont utilisés. Leurs
caractéristiques sont résumées dans le tableau 2.3. Les caméras Lavision ont servi à la première campagne de
mesure au début de la thèse. Elles ont une dynamique de 12 bits et sont intensifiées. Leur avantage principal est
le lien avec le logiciel de traitement d’images Davis permettant un traitement immédiat des données. Néanmoins,
leur fréquence d’acquisition reste faible lors de l’utilisation des deux caméras (inférieure à 5 Hz). Afin d’obtenir
des enregistrements quasi-résolus en temps, les caméras Jai ont été employées. Lors de l’acquisition, de simples
images sont enregistrées au format TIF. Elles doivent ensuite être converties au format du logiciel Davis (fusion
pour en obtenir des quadruplets ou doublets d’images, attribution des paramètres d’enregistrements). Cette étape
s’avère être très lourde en temps de calcul lorsque le nombre d’images est conséquent. De plus, ces caméras sont
indépendantes et doivent être synchronisées avec le laser par un boîtier extérieur, ce qui complique encore la phase
de manipulation.
Les spots à découpe sont des spots de type cinéma. Ils sont constitués d’une lumière blanche de 500 W, d’un
miroir parabolique et d’une lentille. Des plaques métalliques placées en sortie du spot canalisent le faisceau lu-
mineux pour éclairer une zone de l’écoulement. Placés au-dessus de la veine d’essai, ils permettent l’éclairement
d’une zone d’environ 60 mm de largeur sur 200 mm de longueur.
30 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
Une source laser est capable de produire un faisceau étroit composé de photons de lumière à la même longueur
d’onde. Ces radiations lumineuses sont obtenues par la stimulation d’atomes afin d’obtenir des énergies très dif-
férentes. En d’autres termes, une source laser est une source de lumière spatialement et temporellement cohérente
basée sur l’effet laser, étant un principe d’amplification de la lumière par émission stimulée.
Différentes sources laser sont disponibles au laboratoire afin d’effectuer des mesures. Pour éclairer en continu
une tranche d’un écoulement, un laser Argon est utilisé. Il émet dans le visible à des longueurs d’ondes s’étalant
de 480 nm à 515 nm avec une puissance maximum de 7 W. Pour les mesures de vélocimétrie, les sources laser
continues sont employées avec des obturateurs présents sur les caméras. Néanmoins, leur puissance reste limitée.
Pour s’affranchir de ces difficultés, les sources laser pulsés sont depuis peu de temps les plus utilisés dans les labo-
ratoires pour leur caractère instantané. Ils servent à figer le mouvement du fluide (durée du flash laser très courte et
négligeable comparée au déplacement des particules). Trois sources laser pulsés Quantel à double cavité Nd-YAG
TAB . 2.4 – Sources laser pulsés Quantel à double cavités Nd-YAG (λlaser = 532 nm)
de longueur d’onde λlaser = 532 nm ont servi au cours des expériences. Le laser Nd-YAG émet de la lumière avec
une longueur d’onde typique de 1064 nm, dans l’infrarouge. Les sources laser du laboratoire ont une longueur
d’onde dans le visible (afin d’améliorer la sécurité de travail par exemple) : une lumière verte à 532 nm provenant
du doublage de fréquence des sources Nd-YAG. Leurs caractéristiques principales sont présentées dans le tableau
2.4. δt pulse correspond à la durée d’éclairement d’une cavité laser, ∅ f aisceau au diamètre du faisceau en sortie de la
cavité laser et la stabilité de l’énergie au pourcentage d’erreur de l’énergie entre deux tirs du laser.
Au cours des mesures de vélocimétrie, des particules solides sont utilisés avec un laser pulsé. Tout d’abord,
elles doivent paraître figées pendant le temps d’illumination du laser δt pulse , c’est-à-dire que leur déplacement doit
être négligeable durant un flash laser. De plus, afin d’obtenir des illuminations distinctes temporellement l’une
de l’autre, il est préférable que le temps ∆t entre deux flashs laser soit grand devant le temps d’illumination du
laser (∆t ≥ 10δt pulse ). Ces deux critères sont satisfaits pour nos mesures de vitesse (δt pulse est de l’ordre de la
nanoseconde alors que ∆t est de l’ordre de la microseconde).
de mesures (appareil photographique, caméra, laser). Cette synchronisation est importante pour le positionnement
temporel de la mesure par rapport à la phase du signal de pulsation.
3 Ensemencement de l’écoulement
Le choix de l’ensemencement de l’écoulement est une étape importante dans la mise en oeuvre d’une manipu-
lation. Dans ce domaine, les traceurs utilisés dans cette thèse sont parfaitement connus et maîtrisés au laboratoire.
Ces traceurs ont déjà fait l’objet de qualification. Dans cette partie, une description des caractéristiques des parti-
cules solides pour la vélocimétrie et des traceurs fluorescents pour la mesure de concentration est effectuée.
rement, le diamètre moyen des particules doit être très supérieur au libre parcours moyen dans le fluide porteur
(distance moyenne parcourue par une molécule entre deux collisions successives). Dans l’eau, cette distance est de
quelques nanomètres comparée aux diamètres des particules de l’ordre du micromètre : le milieu vu par la particule
est donc considéré comme continu. Des paramètres intrinsèques aux particules servent également de critères pour
un choix plus judicieux :
− la taille : Les particules doivent être assez petites pour pouvoir suivre parfaitement l’écoulement et réagir
aux perturbations du fluide (changement brutal de direction par exemple). Il est nécessaire que le diamètre
moyen des particules d p soit faible devant la plus petite échelle caractéristique de l’écoulement (échelle de
Kolmogorov en régime turbulent). Les particules sont alors considérées comme isolées dans les structures
tourbillonnaires de taille plus importante. Ainsi, le champ de vitesse au voisinage de la particule est
supposé uniforme et les forces de portance dues à la rotation de la particule sous l’effet du cisaillement
exercé par le fluide environnant sont négligeables. Néanmoins, elles doivent être assez grosses pour être
visibles sur les images (propriété de diffusivité des particules).
− la concentration : La distribution des particules doit être homogène dans l’écoulement. L’interaction
entre les particules doit être négligeable pour éviter les chocs entre particules et l’influence du sillage
d’une particule avec sa voisine. Cela se traduit par une distance grande entre les particules comparée à
32 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
leur diamètre. Le critère donné par l’équation 2.1 traduit ces propriétés et doit être vérifié. Dans cette
équation, l p représente la distance moyenne entre les particules.
dp
≪1 (2.1)
lp
Pour les expériences avec le taux en particules le plus important (concentration en particules de 10 g/m3
avec un diamètre de 15 µm), la distance l p est d’environ 627 µm en considérant les particules sphériques.
Ce critère est vérifié et vaut 0,024. Cette concentration la plus défavorable est donc adaptée pour les
mesures.
− la masse volumique : La masse volumique des particules doit être proche de celle du fluide porteur. Elle
garantit leur maintien en suspension et de ne pas interagir avec les particules fluides. De plus, un rapport
des masses volumiques du fluide et des particules proche de un minimise le retard de vitesse lié à la
traînée et l’inertie de la particule. Pour un nombre de Reynolds caractéristique de la particule (écoulement
de Stokes) très petit, le temps caractéristique de la particule τ p (temps de relaxation) est calculé avec
l’équation 2.2. Il traduit une bonne réaction des particules aux sollicitations plus ou moins brutales du
fluide lorsqu’il est négligeable comparé au temps caractéristique dans l’écoulement.
d 2p ρf
τp = 1+ (2.2)
18µ 2 · ρp
Dans cette équation, µ est la viscosité dynamique du fluide porteur. ρ f et ρ p sont les masses volumiques
du fluide et de la particule. Le temps τ p est égal à 24 µs pour les particules de 15 µm dans l’eau. Dans
notre cas, ce temps est négligeable comparé aux temps caractéristiques des structures se déplaçant à des
vitesses voisines du centimètre par seconde. Enfin, la masse volumique des particules utilisées dans ces
expériences est supérieure à celle du fluide porteur (ρ p = 1400 kg/m3 ), c’est pourquoi la vitesse de sédi-
mentation de ces particules uS liée aux forces gravitationnelles est un deuxième critère de choix (équation
2.3).
ρ p d 2p
uS = g (2.3)
18µ
Pour les particules de 10 µm, la vitesse de sédimentation est de uS = 8.175.10− 5 m/s ce qui est faible
comparé au temps d’une expérience.
− la diffusivité : Les particules doivent refléter efficacement la lumière émise par le laser à la même longueur
d’onde que celle qu’ils reçoivent. Pour les mesures de vélocimétrie, le diamètre des particules est supérieur
à la longueur d’onde du laser, ce qui correspond au régime de diffusion de Mie. Sachant que cette diffusion
de la lumière Idi f est proportionnelle à d 2p (équation 2.4), le diamètre des particules doit être optimisé en
tenant compte des conditions de visibilité du traceur dans l’écoulement.
2
dp
Idi f ∝ (2.4)
λlaser
De plus, la présence d’une couche argentée sur leur surface augmente leur diffusivité lorsqu’elles sont
éclairées par une source laser.
dans de l’eau déminéralisée. Ils ont des propriétés différentes et sont choisis en fonction de la grandeur à mesurer.
Pour obtenir la température, la Rhodamine B convient parfaitement. Pour des mesures de concentration, la Rho-
damine 6G est utilisée. La fluorescéine, quant à elle, est employée dans les deux cas. Ayant à notre disposition un
laser Nd-YAG à une longueur d’onde de 532 nm et d’après le tableau 2.6, le colorant choisi est la Rhodamine 6G
pour les mesures de concentration. Sur la figure 2.4(a), les deux spectres de la Rhodamine 6G sont représentés :
le spectre d’absorption en bleu et le spectre d’émission en vert. La longueur d’onde du laser λlaser est matérialisée
par un trait rouge. Le signal de fluorescence de la Rhodamine 6G varie avec la concentration en restant inchangée
(a) Diagramme des spectres d’absorbtion et d’émission (b) Influence de la température extrait de Düwel et al. (2004)
des autres grandeurs que sont la température et le pH. L’influence de la température sur la Rhodamine 6G est illus-
trée sur la figure 2.4(b). On peut remarquer que cette grandeur n’influence pas le signal de fluorescence pour une
gamme de température importante. Les deux autres colorants du tableau 2.6 ont été utilisés pour des visualisations
par colorants.
concentration ou de température. Ces méthodes sont basées sur des techniques optiques, les rendant non intrusives.
Tout d’abord, les techniques qualitatives sont présentées avec la tomographie laser ainsi que les visualisations par
colorant. Ensuite, les techniques de vélocimétrie par image de particules et les techniques de mesure de concen-
tration par fluorescence sont décrites plus en détail. Enfin, avec la maîtrise de ces deux techniques, une méthode
couplée a été employée pour comprendre plus précisément l’écoulement tridimensionnel généré par l’interaction
du jet dans l’écoulement transverse. Elle est décrite à la fin de cette partie.
de fluorescéine, Rhodamine B ou 6G. Ils sont injectés en certains points soit dans l’écoulement transverse, soit
dans le jet. Cette technique est une première approche à l’explication d’écoulements complexes d’un point de vue
qualitatif. Dans notre étude, ces acquisitions ont permis tout d’abord de déterminer différents types d’écoulement
afin de cerner les mesures quantitatives à réaliser dans un second temps. La résolution temporelle de cette mesure
est de 25 images par seconde avec l’utilisation du caméscope numérique.
structures tourbillonnaires présentes dans l’espace sont difficilement interprétables lorsqu’elles sont nombreuses
dans la profondeur mesurée.
Par principe, l’écoulement est ensemencé par un traceur solide ou fluide. Une tranche de l’écoulement est
éclairée par une nappe laser générant un plan de mesure. L’image des tâches de lumière diffusées par les particules
est enregistrée sur un support, typiquement une caméra CCD ou auparavant un film photographique. Deux flashs
laser espacés de ∆t sont générés afin d’obtenir deux éclairements de l’écoulement enregistrés sur deux images.
Ces deux images sont nécessaires pour déterminer la vitesse des particules grâce à une corrélation entre les deux
entités. Ce principe de corrélation des images de particules, nommé inter-corrélation, est présenté sur la figure 2.6.
En pratique, cela revient à chercher un motif de la première image ressemblant le plus possible au sens statistique
avec un motif de la deuxième image. Le résultat de cette corrélation est un pic plus ou moins distinct des autres
pics sur l’espace d’une fenêtre. Il représente le déplacement privilégié des particules dans cette fenêtre d’analyse.
→
− →
−
Enfin, connaissant le temps entre deux enregistrements ∆t et le déplacement des particules ∆ d , la vitesse V est
déduite selon l’équation 2.5.
→
−
→
− ∆d
V = (2.5)
∆t
La distinction du pic de corrélation est un critère de qualité de la mesure. Cette distinction est faite avec le rap-
port signal sur bruit calculé ici comme le rapport entre le pic principal et le pic secondaire (lorsque ce rapport est
proche de un, le pic de corrélation principal n’est pas vraiment identifiable parmi d’autres). Les vecteurs vitesse
sont donc évalués à partir de la position des principaux pics de corrélation sur chaque fenêtre d’analyse de l’image.
1 Acronyme de l’anglais Particle Image Velocimetry
36 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
La valeur du pic de corrélation peut être améliorée avec une approximation de l’enveloppe le constituant par une
fonction d’interpolation sub-pixel. Elle peut engendrer un biais de mesure appelé peak-locking pour des signaux
non symétriques ou très aplatis par exemple.
Dans la pratique, cette inter-corrélation se calcule sur une fonction discrète. Les images de particules sont alors
divisées en un sous-ensemble de fenêtres d’analyse de taille M px × Npx . Cette fenêtre sur la première image est
appelée fenêtre d’interrogation et sur la seconde image fenêtre de recherche. Elles sont centrées sur la position i, j
pour la première image et sur la position i + dx, j + dy pour la seconde (dx et dy représentent un pixel de l’image).
On cherche pour chaque sous-image la position dx, dy d’une fenêtre de même taille maximisant le coefficient
normalisé de corrélation (équation 2.6) .
M px −1 N px −1
∑ ∑ [g1 (i, j) − g¯1 ] · [g2 (i + dx, j + dy) − g¯2 ]
i=0 j=0
C(dx, dy) = v (2.6)
uM px −1 Npx −1
∑ ∑
u
t [g1 (i, j) − ḡ1 ]2 · [g2 (i, j) − ḡ2 ]2
i=0 j=0
g1 (i, j) est le niveau de gris du pixel à la position (i, j) de l’aire d’interrogation de la première image
g2 (i, j) est le niveau de gris du pixel à la position (i, j) de l’aire d’interrogation de la seconde image
ḡ1 et ḡ2 sont les niveaux de gris moyens des fenêtres d’analyse de la première et seconde image
Ce coefficient est une fonction normalisée de corrélation directe. Son avantage principal est la possibilité de
choisir une taille quelconque de la fenêtre d’interrogation, mais pour un coût de calcul très élevé. Une solution
alternative au calcul direct de l’inter-corrélation est l’emploi de la transformée de Fourier rapide (FFT). Cela
implique des temps de calcul réduits et l’utilisation de fenêtres d’interrogations de taille carrée Npx × Npx et de
dimensions 2n (avec n entier) pour la FFT standard (des FFT plus évoluées sont possibles avec des tailles de
2 · ln N , alors
fenêtres d’interrogation quelconques). Le nombre d’opérations pour ces fenêtres carrées est de Npx px
4 (exemple pour une fenêtre 16 × 16 pixels, 65536 opérations pour la
que pour la corrélation directe, il est de Npx
corrélation directe et seulement 710 pour la FFT).
La Vélocimétrie par Image de Particules Stéréoscopique, appelée par la suite SPIV2 , est une technique de
mesure dérivée de la PIV pour déterminer les trois composantes de la vitesse. Cette technique est donc classée
dans les techniques 2D-3C (2D pour les mesures dans un plan et 3C pour les trois composantes de la vitesse).
La notion de stéréoscopie traduit la technique mise en oeuvre pour reproduire une perception du relief à partir de
deux images planes permettant de déterminer la composante de vitesse hors plan de mesure. La SPIV nécessite
l’utilisation de deux caméras. La figure 2.7(b) illustre la mesure stéréoscopique au contraire de la figure 2.7(a) qui
montre la mesure de PIV des deux composantes de vitesse dans un plan. Sur cette dernière figure, le déplacement
d’une particule est matérialisé dans l’épaisseur de la nappe laser afin de se rendre compte des erreurs commises
lors de mesure de PIV. Pour la configuration stéréoscopique, les deux caméras sont positionnées avec un angle par
rapport à la nappe laser sur la figure 2.7(b). Elles permettent de voir une particule sous deux angles différents. Les
étapes de cette technique de mesure sont détaillées par la suite de la mise en place à l’obtention des champs de
vitesse.
Les premières mesures de SPIV ont été réalisées au laboratoire au cours de la thèse de Calluaud (2003) où
une revue bibliographique pour ces mesures stéréoscopiques est détaillée (configuration parallèle et angulaire). La
configuration parallèle consiste à positionner deux caméras parallèles à la nappe laser. Elle offre des avantages
(grandissement uniforme sur chaque caméra, peu de détérioration liée aux aberrations optiques) mais l’inconvé-
nient majeur est la faible précision sur le calcul de la composante hors plan. Cette précision est reliée au faible
angle entre les caméras (limité par la performance des lentilles des objectifs) impliquant une zone commune mi-
nimum. Ces désavantages sont levés avec la configuration angulaire où les caméras sont orientées avec un angle
par rapport à la normale à la nappe laser sur la figure 2.8. De plus, les performances des lentilles des objectifs ne
sont plus restrictives avec l’augmentation de l’angle entre les caméras. Le problème de la zone commune étant
résolu avec la configuration angulaire, il reste deux problèmes majeurs pour ce type de configuration : la netteté
de la zone visualisée et les aberrations optiques liées à l’inclinaison des caméras par rapport à la nappe laser. Des
solutions à ces problèmes ont déjà été proposées avec le dispositif de Scheimpflug et l’utilisation de dioptres. Cette
partie présente brièvement ces deux solutions employées lors de nos mesures.
38 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
Position des caméras CCD Le positionnement et les réglages des caméras CCD sont essentiels pour effectuer
des mesures convenables. Il est lié à la possibilité de la caméra à capter la lumière émise par les particules. Selon
la polarité de la lumière laser et la taille des particules pour l’ensemencement, la lumière émise n’est pas la même
dans toutes les directions de l’écoulement. L’étude de la diffusion de la lumière est nécessaire pour savoir si
chaque caméra peut capter une quantité de lumière suffisante. D’après les caractéristiques des particules solides, le
diamètre des particules (10 − 15 µm) est très supérieur à la longueur d’onde du laser (532 nm), ce qui correspond
à de la diffusion de Mie pour la lumière. Le diagramme de la figure 2.9 illustre la répartition angulaire de la
diffusion par une particule sphérique de 10 µm de diamètre éclairée par un rayon lumineux venant de la gauche.
La lumière est mieux diffusée pour des angles par rapport au rayon laser incident proche de 0 ou 180◦ . Dans les
manipulations réalisées, la source laser est positionnée au-dessus de la veine hydrodynamique. Les caméras sont
toujours positionnées avec une incidence de 90◦ par rapport à l’émission de la nappe laser et elles sont localisées
de part et d’autre de celle-ci.
Cette relation implique pour l’obtention d’une profondeur de champ suffisante et donc la netteté sur toute la zone
de mesure, que le nombre d’ouverture de la pupille soit très faible. C’est-à-dire beaucoup plus petite que ceux
possibles avec les objectifs des caméras. La solution n’est donc pas dans l’augmentation de la profondeur de champ
mais dans son réajustement sur la zone de mesure. Pour y parvenir, la rotation du capteur CCD par rapport au plan
de la lentille est possible de telle manière que les plans objet, lentille et image soient concourants en un point
unique. C’est ce que l’on appelle dans le milieu de la photographie l’arrangement de Scheimpflug (Scheimpflug,
1904). Cette configuration angulaire est illustrée sur la figure 2.10(b) au contraire de la configuration sans cette
rotation de la CCD sur la figure 2.10(a). L’angle θ représente l’angle entre le plan de l’objectif et la nappe laser
(angle entre le plan lentille et le plan objet).
tan α
M= (2.8)
tan θ
L’angle de rotation du capteur CCD est noté α (angle entre le plan image et le plan lentille). La zone de netteté sur
les deux images est la zone grisée. La valeur de l’angle α est décrite par l’équation 2.8.
4. Visualisations et techniques de mesure 39
Prismes Les mesures de SPIV dans des écoulements liquides entraînent un problème important lié aux aberra-
tions optiques. Il est augmenté par le fait que les caméras ne sont pas placées perpendiculairement à la nappe laser
mais avec un certain angle. L’interface air-paroi-liquide traversée par le chemin optique détériore les images. Par
exemple, l’astigmatisme est présent généralement sur les bords de l’image : les particules apparaissent allongées
soit dans la longueur, soit dans la hauteur. Il est possible de déterminer une position optimale réduisant les erreurs
de mesure. Mais dans le cas de la configuration angulaire, Prasad & Jensen (1995) proposent un artifice mécanique
pour corriger ce problème. Des prismes remplis du même liquide que l’écoulement sont plaqués contre la veine
d’essai. Les caméras sont ensuite placées de telle façon que leurs chemins optiques soient perpendiculaires à la
face d’entrée dans le prisme. La photo de la figure 2.11 montre des prismes utilisés pendant nos expérimentations
pour des mesures de SPIV. Au préalable, une phase de dimensionnement des prismes est nécessaire par des tracés
de chemins optiques suivant la configuration souhaitée.
Une calibration est indispensable pour reconstruire la modélisation du capteur et nécessite la connaissance de
plusieurs plans dans l’espace. La méthode de calibration repose sur la détermination de fonctions de calibrage
reliant les coordonnées tridimensionnelles d’un point dans le plan objet à son image de coordonnées bidimen-
sionnelles sur le capteur. Cette approche consiste à placer une mire de calibration en coïncidence avec la nappe
40 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
laser et à en effectuer des enregistrements successifs en la déplaçant dans la section de mesure. Ainsi, un maillage
tridimensionnel de l’espace de mesure est défini et connu précisément avec ses projections bidimensionnelles sur
chaque plan image de chaque caméra. La détermination de cette matrice de calibration est réalisée avec le logiciel
Davis 7.2 de la société Lavision. Il offre la possibilité entre deux modèles de calibration : un modèle linéaire de
type Pinhole et un modèle polynomial. Les détails sur le modèle linéaire sont donnés par Hartley & Zissermann
(2000). Il est basé sur la modélisation de chaque caméra du système. Il repose sur l’écriture des relations reliant
le système optique composé du capteur CCD, de l’objectif et de son orientation par rapport au plan objet défini
par la nappe laser. Ce modèle de caméra est dit sténopé (absence de non-linéarités). Il ne prend pas en compte
les distorsions optiques ou les réfractions. Néanmoins, il est possible de modéliser physiquement ces aberrations
optiques par la résolution d’un système d’équations non-linéaires (Willert, 2006). Cette correction est prise en
compte dans le logiciel d’imagerie. Le modèle polynomial est proposé par Soloff et al. (1997). Son principe est de
constituer une approximation polynomiale des fonctions de calibrage 3D afin de tenir compte de la non uniformité
du grandissement et des distorsions optiques. Cette procédure ne nécessite à aucun moment la connaissance de la
géométrie du dispositif expérimental. Ces différentes approches de la calibration stéréoscopique sont détaillées par
Prasad (2000).
La seconde étape de calibration en SPIV est la correction de désalignement de la nappe laser (Wieneke, 2005).
Cette étape ne peut pas être réalisée en PIV classique car il faut avoir aux moins deux points de vue différents
de la même zone de mesure. Le concept de désalignement de mire est illustré sur la figure 2.12. Dans la théorie,
lorsque la calibration est parfaite, la nappe laser est alignée exactement avec le plan de calibration. Sur une image,
une particule présente dans la nappe laser est donc vue par les deux caméras au même endroit. Sur la figure 2.12,
le problème est exagéré pour une meilleure compréhension. Le plan de calibration est à l’endroit où se trouve la
mire de calibration alors que la nappe laser (en vert) est excentrée de cet endroit. La vision de la même particule
par chaque caméra est calculée dans le plan de calibration. La distance entre les deux points forme un vecteur
mesurant l’erreur commise lors de la calibration. Une carte de disparité est obtenue pour se rendre compte des
transformations (rotations et translations) à appliquer aux coefficients de la matrice de corrélation. Des exemples
de champ de désalignement (ou carte de disparité) sont présentés sur les figure 2.13(a) et (b). Sur la figure 2.13(a),
une itération sur une centaine d’images de particules est présentée. Les vecteurs de disparité sont orientés de la
droite vers la gauche ce qui implique une translation majeure du plan de calibration dans la profondeur. De plus,
un passage à zéro des vecteurs dans la direction verticale implique une rotation du plan par rapport à l’axe hors
plan. Une deuxième itération sur la figure 2.13(b) affine les résultats. L’erreur moyenne de désalignement est de
4. Visualisations et techniques de mesure 41
La reconstruction du champ de vitesse tridimensionnel est obtenue par la détermination des trois composantes
de la vitesse à partir de deux visualisations de l’écoulement (matérialisées par les deux caméras). La première étape
est un prétraitement des données. Une soustraction de la valeur minimum ou de la moyenne des niveaux de gris
sur une série d’images permet de supprimer les éventuelles réflexions parasites sur l’image. Un masque peut être
appliqué sur les images pour cibler la région où la corrélation doit être effectuée. Il réduit les dimensions de l’image
pour le traitement. Ainsi, le temps de calcul des champs de vecteurs vitesse est lui aussi diminué. Les images sont
analysées séparément afin d’obtenir les champs bidimensionnels de vitesse de chaque caméra. Le traitement du
champ bidimensionnel fait appel à des algorithmes itératifs avec décalage et déformation locale des fenêtres d’ana-
lyse. On parle de traitement par multi-passes avec des tailles adaptatives de fenêtre. L’accumulation des passes
stabilise et tend à faire converger la solution. Les pertes de particules d’une fenêtre à l’autre sont donc limitées.
La résolution spatiale et la précision des résultats sont améliorées. L’inter-corrélation des images est réalisée avec
une FFT standard pour les premières passes et une FFT normalisée pour les passes finales. Un facteur de poids
donne également de l’importance aux particules aux centres de la fenêtre de corrélation en utilisant une fonction
gaussienne. Cette fonctionnalité est très coûteuse en temps de calcul. Enfin, une étape de triangulation permet de
combiner ces champs bidimensionnels afin de déterminer le champ de vitesse tridimensionnel. La détermination
des relations de passage du plan objet au plan image passe par la connaissance des fonctions tridimensionnelles
reliant les points d’une caméra aux points de l’espace objet définis lors du calibrage.
Le tableau 2.7 présente les paramètres de corrélation utilisés pour les deux campagnes de SPIV effectués lors
de cette thèse. Le pourcentage de recouvrement des images a pour effet d’augmenter artificiellement la résolution
TAB . 2.7 – Paramètres du traitement des champs SPIV (
correspond au facteur de poids utilisant une gaussienne
alors que correspond à aucun poids)
42 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
spatiale des champs de vecteurs. Pour la première campagne de manipulation, l’espace de 16 pixels correspond
à un pas de 1, 35 mm alors que pour la seconde campagne, la résolution spatiale est de 0, 89 mm (8 pixels). Le
traitement des images de particules est réalisée avec le logiciel Davis 7.2 de la société Lavision.
Dans cette équation, VCM représente le centre de masse de l’histogramme. Si VCM est égal à 0, Vpeak−locking vaut 1
ce qui correspond à un fort effet de peak-locking et à l’inverse plus le centre de masse se rapproche de 0,5 et plus
l’effet est compensé. Pour les deux histogrammes des figures 2.15(a) et (b), Vpeak−locking vaut respectivement 0,094
et 0,04 ce qui confirme une effet négligeable de ce défaut.
La deuxième partie de la validation des résultats passe par la précision du logiciel d’imagerie utilisé pour obte-
nir les champs de vitesse à l’aide des images de particules. L’approximation des déplacements est testée en prenant
une image de particules obtenue lors de nos mesures et en lui imposant des déplacements contrôlés de fraction de
pixel compris entre 0,1 et 1 pixel dans les deux directions de l’image. Elles sont ensuite corrélées afin de détermi-
ner le déplacement moyen obtenu sur l’ensemble du champ pour chaque déplacement. La figure 2.16 représente
l’erreur moyenne obtenue (déplacement imposé - déplacement mesuré) en fonction du déplacement imposé. La
fluctuation autour des valeurs obtenues est représentée pour chaque point. La réponse du logiciel sur la gamme de
déplacement testé est cohérente et ne présente pas d’erreur sub-pixel privilégiée.
4. Visualisations et techniques de mesure 43
5000
1400
4500
1200 4000
nombre de vecteurs
nombre de vecteurs
3500
1000
3000
800
2500
600 2000
1500
400
1000
200
500
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
déplacement (fraction de pixels) déplacement (fraction de pixels)
0.03
0.02
0.01
erreur
-0.01
-0.02
-0.03
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
déplacement imposé
Le dernier paramètre vérifié est le nombre de vecteurs remplacés dans la phase de post-traitement des données.
Sur les champs de vitesse instantanés obtenus, des vecteurs erronés apparaissent de manière aléatoire à cause de
défauts ponctuels d’ensemencements ou de manière régulière (réflexions parasites ou défauts du plan laser). Afin
d’éliminer ces vecteurs aberrants, on applique systématiquement une étape de post-traitement des données basée
sur des critères de validation :
− rapport signal sur bruit : Le rapport signal sur bruit est déterminé afin de choisir correctement l’am-
plitude du pic principal par rapport au pic secondaire de corrélation. Pour toutes les mesures de SPIV, ce
rapport est égal à 1,3.
− filtre médian : Un filtre médian est appliqué dans une fenêtre 3 × 3. La médiane est calculée avec les huit
vecteurs voisins afin de valider, à l’aide de critère sur les fluctuations, la valeur du vecteur au centre de la
fenêtre. Si il est considéré comme erroné, il est remplacé par le vecteur médian.
44 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
− interpolation : L’interpolation et le remplissage des vecteurs non déterminés sont utilisés afin d’obtenir
un vecteur sur tous les points du maillage.
Au final, les champs de vitesse obtenus contiennent 8450 vecteurs par images pour la première campagne de me-
sure dont 100 à 150 vecteurs erronés (soit moins de 2% de vecteurs interpolés) et 27800 vecteurs par images pour
la seconde campagne dont 4 à 10 vecteurs erronés (soit moins de 0,1% de vecteurs erronés).
Le nombre d’échantillons nécessaires afin d’estimer les grandeurs statistiques est associé au taux d’incertitude
et au pourcentage d’erreur avec lesquels on souhaite faire nos mesures. Ainsi, les liens entre la vitesse moyenne U r
et l’écart-type de la vitesse u′RMSr obtenu et les valeurs estimées U et l’écart-type de la vitesse u′RMS sont données
par les équations 2.10 et 2.11.
u′2
U r = U + / − λp √ r
RMS
(2.10)
N
u′2
u′RMSr = u′RMS + / − λ p √ r
RMS
(2.11)
2N
Le nombre d’échantillons nécessaires N pour faire l’estimation peut être déterminé en choisissant le taux d’incer-
titude λ p et l’erreur d’estimation acceptée. Ce nombre d’échantillons dépend en partie de la fluctuation dans le
champ de vitesse. L’écoulement étudié présente de fortes variations à la sortie du jet et des zones pour lesquelles
la fluctuation est ensuite beaucoup plus faible. En sortie du jet, les fluctuations peuvent atteindre des valeurs de 0,5
ce qui correspond à une erreur inférieure à 1% avec un taux de confiance de 99% pour 4000 champs de vitesse.
Pour les moyennes de phase, la valeur maximale des fluctuations est de 0,3 ce qui correspond à une erreur de 2%
avec un taux de confiance de 95%. De la même manière, u′RMS est mesuré avec 5% d’erreur et un taux de confiance
de 95% sur les 200 champs moyennés en phase.
Le nombre total d’échantillons étant défini par l’expérimentateur, il est indispensable pour chaque expérience,
d’évaluer la convergence des grandeurs calculées afin qu’elles soient représentatives de l’écoulement étudié. Ces
contrôles ont été menés aux points où l’intensité est maximale dans l’image. Les figures 2.17(a) et (b) présentent
l’évolution de la convergence des vitesses et des fluctuations sur 200 champs de vitesse ayant servi à calculer une
moyenne de phase. Il est à noter que pour ce point de variation maximale des fluctuations, les moments d’ordre 1
et 2 sont convergés pour une mesure avec 200 champs à un instant de la période de pulsation. La même procédure a
été appliquée aux 4000 champs de vitesse afin de déterminer la convergence des champs moyens. La convergence
est encore plus nettement atteinte dans ce cas.
0.005 0.005
0 0
-0.005 -0.005
vitesse (m/s)
vitesse (m/s)
-0.01 -0.01
-0.015 Vx -0.015 u’
Vz w’
’
-0.02 Vy -0.02 v
-0.025 -0.025
-0.03 -0.03
0 50 100 150 200 0 50 100 150
nombre d’images nombre d’images
l’amélioration des techniques optiques, les mesures de PLIF dans un volume sont possibles. Tian & Roberts (2003)
étudient un jet turbulent en illuminant l’écoulement avec une nappe laser passant dans un miroir tournant. Consi-
dérant la vitesse de balayage de la nappe laser négligeable par rapport aux vitesses présentes dans l’écoulement,
un champ de concentration volumique peut être obtenu.
Dans cette thèse, toutes les mesures de concentration sont des mesures planaires. Leur mise en oeuvre et le
principe de la PLIF sont sensiblement les mêmes que ceux de la PIV. L’écoulement est ensemencé par un traceur
fluorescent. Une nappe laser éclaire une tranche de l’écoulement. La fluorescence émise par le colorant excité est
captée par des capteurs CCD. Le résultat correspond à des images en niveaux de gris. Le traceur fluorescent doit
avoir une longueur d’onde d’absorption compatible avec la source lumineuse. De plus, il faut que le colorant soit
réactif à la grandeur à mesurer. Le tableau 2.6 dresse une liste des colorants et de leurs caractéristiques disponibles
au laboratoire. La Rhodamine 6G a été employée pour toutes les mesures de concentration. De plus, il existe deux
manières pour réaliser des mesures de concentration : soit on injecte du traceur fluorescent dans le fluide ambiant
(procédure directe) ou soit on colore le domaine de mesure de façon homogène et on y introduit du fluide pur (pro-
cédure inverse). La méthode inverse est appliquée en colorant l’écoulement transverse avec le traceur fluorescent
et en injectant de l’eau pure dans le jet pulsé. Cette solution est employée car elle permet de conserver une zone de
l’écoulement où la concentration en colorant est uniforme afin de tenir compte des défauts de caméras par exemple
par simple division d’images.
Dans cette partie, un petit rappel théorique est fait sur les mécanismes mis en oeuvre lors de l’excitation d’un
traceur fluorescent par une source lumineuse. Puis, la majeure partie de cette section détaille le traitement des
images en niveaux de gris afin d’obtenir des champs de concentration normalisées.
Lorsqu’une molécule absorbe de l’énergie sous forme de radiation électromagnétique, plusieurs processus
de désactivation sont possibles afin de permettre son retour à l’état d’équilibre. La fluorescence est l’un de ces
processus, de nature radiative. Jabloński (1935) illustre ces différents processus compétitifs qui sont alors mis en
jeu à l’aide d’un diagramme sur la figure 2.18. Lorsqu’une molécule de traceur est excitée par un photon de lumière,
46 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
elle passe de son état singulet fondamental (S0 ) à un état excité. Selon le spin, on distingue deux états excités
d’énergie de nature différente : l’état Singulet instable (S) et l’état Triplet métastable (T ). Si l’émission radiative
se produit entre deux états de même multiplicité (singulet excité - singulet fondamental), le phénomène est appelé
fluorescence. Si l’émission se produit entre deux états de multiplicité différente (triplet - singulet fondamental), le
phénomène est appelé phosphorescence. En approfondissant la description, trois possibilités s’offrent à la molécule
excitée. Premièrement et de manière générale, la molécule retourne à son état S0 en émettant un photon après une
reconversion énergétique interne : la fluorescence. Deuxièmement, au lieu d’émettre un photon, le retour à l’état
S0 se fait sans émission de photons (non radiatif) : le quenching. Troisièmement, un basculement du spin de la
molécule la conduit à un état métastable T1 . Cela implique une désexcitation lente et peu probable de nature
radiative : la phosphorescence. Le quenching expliqué ci-dessus est un terme évoqué pour désigner la décroissance
de la fluorescence, statique ou dynamique. Le quenching dynamique est lié aux collisions entre les molécules
excitées ou non et est favorisé par la présence d’oxygène dans le milieu. Le quenching statique consiste en une
formation d’entités chimiques indépendantes non fluorescentes. Ce mécanisme est appelé photobleaching. Une
estimation de sa contribution est réalisée par la suite.
Les images obtenues sur les capteurs CCD sont des images en niveaux de gris. Le but du traitement d’image est
la conversion des niveaux de gris en une concentration représentative de l’écoulement à un point donné. Lors de la
mesure, la concentration en colorant diminue au cours du temps car de l’eau pure est injectée dans l’écoulement.
Le circuit est une boucle semi-ouverte, c’est-à-dire que l’eau de la grande cuve est diminuée afin de maintenir
un niveau constante et celui de la petite cuve servant d’alimentation au jet pulsé est augmentée. Le principe de la
mesure est basé sur l’équation 2.12 (Crimaldi & Koseff, 2001) donnant la relation entre le signal de fluorescence
reçu par la caméra F(x, y,t), l’intensité du laser I(x, y,t), la concentration en colorant C(x, y,t) et la fonction de
transfert optique α(x, y). Dans cette équation, Fn (x, y,t) représente le niveau de bruit de la caméra.
Différentes hypothèses doivent être vérifiées afin de convertir les images en champ de concentration et sont décrites
ci-dessous :
− l’absorption : L’équation 2.12 est valide lorsque l’absorption est négligeable. Cela suppose que la dé-
croissance de l’intensité lumineuse lors de la propagation de la lumière dans le milieu doit être faible
avec la concentration en colorant utilisée. Le taux de Rhodamine 6G dans les expériences n’excède pas
8, 3.10−8 mol/L. A cette concentration maximum, l’absorption est considérée comme négligeable. Il est
à remarquer que si l’absorption n’est pas négligeable, on devrait avoir une concentration supérieure à un
dans la zone sous le jet ce qui n’est pas le cas.
− la linéarité de la fluorescence : L’intensité de la fluorescence mesurée par la caméra doit être proportion-
nelle à la quantité de colorant introduite dans l’écoulement. Pour nos mesures de PLIF, cette linéarité a été
vérifiée et est illustrée sur la figure 2.19(a) dans la gamme de concentration utilisée (concentration maxi-
male de 8, 3.10−8 mol/L). La linéarité de la fluorescence en fonction de l’intensité laser est également
450
niveaux de gris
niveaux de gris
600
400
400
350
200 300
250
0
0 2E-08 4E-08 6E-08 8E-08 1E 40 50 60 70 80 90 100
concentration Rhodamine 6G pourcentage d’intensité laser
vérifiée avec les concentrations en Rhodamine 6G utilisées lors des manipulations pour le laser 120 mJ
employées en PLIF sur la figure 2.19(b). De la même manière, l’étude sur le laser 30 mJ utilisé pour le
plan orthogonal vérifie la même linéarité.
− le bruit de la caméra : Dans l’équation 2.12, le bruit de fond de la caméra numérique est modélisé
par Fn (x, y,t). Sa valeur est faible mais elle n’est pas négligeable. Une mesure sur une série d’images de
l’écoulement sans intensité laser est effectuée afin de déterminer cet offset. Ce niveau moyen correspond
à 1% de la valeur maximale des niveaux de gris sur l’image avec une variation temporelle négligeable
(inférieure à 0,1%). Le niveau de bruit Fn (x, y,t) est donc approximé par un niveau ne dépendant plus du
temps F̄n (x, y). Dans la suite de ce paragraphe, la notation de l’équation 2.13 est utilisée afin de simplifier
les expressions de F(x, y,t) par F ′ (x, y,t).
− la fonction de transfert optique : La fonction de transfert α(x, y) est une fonction indépendante du temps.
Elle prend en compte toute la configuration optique et les défauts de la caméra. Il y a deux possibilités
pour l’obtenir : soit on modélise toute la configuration optique afin de la déterminer directement ou l’on
utilise une image de référence enregistrée indépendamment de la manipulation.
48 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
− la réflexion : Déjà observées sur les images de SPIV, les réflexions (de la lumière laser sur la plaque plane)
sont également visibles sur les images de PLIF. Il est possible de réduire cet effet avec un traitement des
images en niveaux de gris. Lors de nos mesures, les réflexions sont éliminées dans le calcul de l’image de
référence.
− le photobleaching : Un problème déjà évoqué précédemment est le photobleaching. Il est causé par la
formation d’entité non fluorescente dans la veine. Crimaldi (1997) estime le photobleaching avec un
critère en fonction de la puissance laser et la fréquence d’éclairement dans un point de l’écoulement.
Ce paramètre permet en dessous d’un certain seuil de considérer que le photobleaching est négligeable.
Larsen & Crimaldi (2006) estiment également ce phénomène mais pour des mesures dans un plan. Lors de
nos mesures couplées, une étude est réalisée afin de mettre en évidence ce phénomène et de le quantifier.
− les variations spatio-temporelles de l’intensité du laser : Les données constructeurs des sources laser
indiquent un pourcentage d’erreur sur l’intensité du laser d’un tir à l’autre. De plus, la mesure de concen-
tration implique la génération d’un plan laser où l’intensité n’est pas uniforme. La figure 2.20 présente la
variation temporelle relative de l’intensité du laser sur une série de 60 images d’une solution de concen-
tration uniforme prise dans la veine d’essai (sans ajout d’eau pure). Il apparaît que l’intensité du laser à
intensité relative du laser (%)
2
0 10 20 30 40 50
numéro de l’image
F IG . 2.20 – Variation temporelle de l’intensité relative du laser sur une série d’images de concentration uniforme
deux temps distincts d’acquisition n’est jamais identique. La variation non négligeable de l’intensité se
situe aux alentours de 6% de la valeur moyenne. Ces variations spatio-temporelles de l’intensité laser sont
corrigées sur les images en niveaux de gris et constituent le problème majeur du traitement des images de
PLIF. Deux solutions sont proposées dans la littérature pour palier à ce problème. La première consiste à
récupérer l’intensité de chaque pulse laser pendant la manipulation avec une lame séparatrice par exemple.
L’image de concentration est corrigée à posteriori (van Cruyningen et al., 1990). La deuxième solution est
une correction globale de l’intensité à l’instant t en mesurant la variation d’intensité du laser directement
dans l’image à un endroit où la concentration est connue. Cette correction est utilisée dans nos mesures.
Néanmoins, une correction plus élaborée permet d’ajuster localement la variation des raies du laser. Cette
correction locale est détaillée dans la suite de cette partie.
La conversion des images en champ de concentration est réalisée au moyen d’une correction locale ou globale.
Cette méthode de correction a été développée et mise en oeuvre au sein du laboratoire par Lionel Thomas. La
4. Visualisations et techniques de mesure 49
méthode se base sur le calcul d’une image de référence. Cette image de référence est prise sans jet (pas d’ajout
d’eau pure) ce qui permet d’obtenir une concentration uniforme C0 sur toute l’image. L’équation 2.12 prend la
forme de l’équation 2.14 pour l’image de référence.
Le temps tr est différent du temps t des images prises pendant les manipulations. Ce temps représente le temps
des images de référence prises indépendamment des expérimentations. Fr′ (x, y,tr ) représente la fluorescence reçue
par la caméra pour l’image de référence. Le problème est de déterminer l’intensité du laser. Cette intensité peut
être mesuré directement pendant la manipulation avec un puissance-mètre. L’autre solution, développée pour nos
mesures, consiste à obtenir l’intensité laser de deux façons différentes.
Premièrement, elle est modélisée par une fonction I(x, y,t) = IS (x, y)IT (t) composée d’une partie spécifiant les
variations spatiales IS (x, y) et une partie les variations temporelles de l’intensité du laser. Utilisant cette hypothèse,
le champ de concentration normalisé est défini selon l’équation 2.15.
C(x, y,t) F ′ (x, y,t) IT (tr )
= ′ (2.15)
C0 Fr (x, y,tr ) IT (t)
L’intérêt de la division des images (une de référence et une pendant la manipulation) est de s’affranchir des pro-
blèmes liés aux défauts des caméras. Ce rapport est déterminé expérimentalement, mais il est nécessaire d’avoir
une zone de référence sur les images de concentration. La figure 2.21(a) présente un image de référence obtenue
avec une série d’images de concentration uniforme et la figure 2.21(b) une image de concentration à un instant t.
Les raies laser se propagent de haut en bas. Il est donc nécessaire d’avoir une zone de l’image où la concentration
est uniforme. Cette zone est matérialisée par un rectangle rouge sur les deux images des figures 2.21(a) et (b). Le
rapport entre les intensités de l’image de référence et d’une image à un instant t est donné par l’équation 2.16.
IT (tr ) < Fr′ (tr ) >re f
= (2.16)
IT (t) < F ′ (t) >re f
Dans cette équation, < . >re f est un opérateur de moyenne spatiale à l’intérieur de la région de référence. Cette
correction est appelée correction globale. Elle repose sur le postulat que l’intensité laser a un changement global
dans le temps.
La deuxième correction suppose que le rapport d’intensité du laser est constant le long de lignes provenant
d’une origine unique. Les lignes sur l’image de la figure 2.22 représentent les raies du laser liées au passage dans
50 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
l’altuglass (couvercle de la veine). Leurs intensités ne sont pas constantes d’une raie à l’autre mais le rapport
d’intensité d’une raie apparaît être constant. L’origine unique est considérée comme l’origine des raies laser. Elle
est déterminée expérimentalement sur les images de concentration uniforme. Le rapport des intensités est modélisé
par une fonction β∗ (q∗ ;t,tr ) selon l’équation 2.17.
I(x, y,tr )
= β∗ (q∗ ;t,tr ) (2.17)
I(x, y,t)
Dans cette équation, la quantité q∗ détermine un rapport en fonction des coordonnées x et y de l’intensité laser dans
la zone de référence et des coordonnées x∗ et y∗ du point origine moyen d’intersections des raies laser (équation
2.18).
y − y∗
q∗ = (2.18)
x − x∗
La fonction β(q∗ ;t,tr ) est également déterminée expérimentalement avec la nécessité d’une zone de référence sur
les images de concentration. L’équation 2.19 donne le calcul de cette quantité sur une zone de référence entre
l’image de référence et une image à un instant t.
Z
1 x2 Fr′ (x, y∗ + q∗ (x − x∗ ),t)
β∗ (q∗ ;t,tr ) = dx (2.19)
x2 − x1 x1 Fr′ (x, y∗ + q∗ (x − x∗ ),tr )
Cette correction est appelée correction locale. Elle est le plus souvent utilisée car elle permet une précision plus
fine des résultats sur les champs de concentration. Dans notre cas, la correction locale permet d’enlever l’effet
éventuel des bulles sur la paroi supérieure. Elle est effectuée dans le traitement de l’image.
Un exemple sur une série de 50 images de concentration uniforme a été réalisé avec les deux corrections et
est comparé aux images non corrigées. La figure 2.23 présente la variance moyenne de la concentration pour ces
trois configurations. Sans correction, le résultat est mauvais et instable (environ 6% d’erreur). Avec une correction
globale, l’erreur est de 2% mais il y a de petites fluctuations de l’erreur. Enfin, l’erreur est stable et légèrement
inférieure à 2% avec une correction locale.
8 aucune correction
correction globale
correction locale
0 10 20 30 40 50
numéro de l’image
F IG . 2.23 – Variance moyenne de la concentration sur la mesure d’un champ de concentration uniforme
Dans cette équation, Ddi f est le coefficient de diffusion et C représente le champ de concentration. Il est donc
intéressant de mesurer simultanément les champs de vitesse et de concentration. Le terme mesure couplée est
utilisé pour désigner des mesures simultanées de grandeurs obtenues par des techniques expérimentales différentes.
D’un point de vue expérimental, ces mesures possèdent des atouts importants. Tout d’abord, les mesures sont
réalisées simultanément donc cela permet d’étudier les couplages entre des grandeurs physiques différentes (vitesse
et concentration dans notre étude). De plus, les mesures ne sont pas effectuées deux fois donc les manipulations
sont réalisées plus rapidement. Dans cette thèse, les mesures couplées lient les techniques de SPIV et PLIF. Dans
la littérature, les premières mesures couplées ont été obtenues en un point avec des anémomètres laser Doppler et
des mesures de LIF par exemple. Pour les mesures dans un plan, un exemple de couplage entre la PIV et la PLIF
est mise en oeuvre par Simoëns & Ayrault (1994) dans un écoulement turbulent. Diez et al. (2005), puis Cárdenas
et al. (2007) mesurent la vitesse et la concentration dans un jet débouchant dans un écoulement transverse par
une technique couplée. Hishida & Sakakibara (2000) combinent la PLIF et la PIV pour mesurer simultanément la
vitesse et la température. D’autres techniques sont possibles, comme le couplage DPTV/PLIF dans un jet turbulent
(Webster et al., 2001). Dans la suite de cette section, le montage et la synchronisation sont présentés pour des
mesures simultanées de SPIV-PLIF dans un plan longitudinal à l’écoulement avec un autre plan de PLIF orthogonal
au précédent. Enfin, une discussion est ouverte sur les problèmes liés aux mesures couplées.
Pour l’éclairement, le laser 120 mJ servant à obtenir le plan longitudinal à l’écoulement est situé à côté de la
veine. Un bras composé de 7 miroirs achemine le faisceau au-dessus du canal hydrodynamique. Une lentille permet
l’obtention d’un plan laser de dimension 420 × 1, 5 mm2 au niveau de la plaque plane. Le laser 30 mJ, plus léger,
est situé sur une poutre au-dessus de la veine. Grâce à un renvoi d’angle et une lentille, la nappe laser de dimension
390 × 0, 5 mm2 au niveau de la plaque est générée. Les systèmes de synchronisation et d’acquisition sont placés
en retrait de la veine. Une photographie de la manipulation est visible sur la figure 2.11 avec les 4 caméras et les
prismes plaqués contre les parois de la veine.
Les mesures couplées de SPIV-PLIF sont enregistrées dans le plan longitudinal à l’écoulement y/L = 0. Le
temps de séparation entre les deux pulses laser pour la mesure de SPIV est ajusté avec les vitesses présentes dans
l’écoulement et il est égal à 20 ms. La mesure de PLIF est enregistrée sur le pulse laser de la première cavité. Le
champ de vitesse calculé par inter-corrélation issu de la SPIV est obtenu entre les deux pulses laser. Le champ de
concentration est donc obtenu 10 ms avant le champ de vitesse. Entre les deux pulses laser, une deuxième nappe
est générée pour obtenir une mesure PLIF dans un plan orthogonal au premier plan de mesure (x/L = 3, 95). Ce
champ de concentration est donc enregistré au même instant que le champ de SPIV calculé sur le plan longitudinal.
Un ensemble de chronogrammes sur la figure 2.25 illustre l’acquisition complète d’une mesure de chaque image.
La période de mesure est de 80 ms ce qui nous donne une fréquence d’acquisition de 12, 5 Hz. Ces chronogrammes
sont effectués avec le logiciel EG et se déclenchent sur un signal d’horloge temps réel obtenu par un boîtier de
synchronisation AdWin. Ce boîtier permet d’obtenir une mesure précise qui ne dérive pas dans le temps. Nos
mesures sont donc en phase avec le signal de pulsation de la pompe du jet pulsé. En détaillant le chronogramme,
les caméras 1 et 2 représentent les capteurs de SPIV, la caméra 3 de PLIF longitudinal et la caméra 4 de PLIF
orthogonal. Le laser 120 mJ est le laser du plan longitudinal (y/L = 0) alors que le laser 30 mJ est utilisé pour le
plan orthogonal. L1 représente le déclenchement du flash lampe 1 alors que Q1 est le Q-Switch de cette même
5. Mesures couplées SPIV-PLIF 53
lampe. Le décalage entre les deux fronts montants de L1 et Q1 permet de régler la puissance du pulse laser. En
général, il est compris dans l’intervalle 150 − 300 ns. Pour la deuxième cavité, la lampe flash fonctionne de la même
manière avec L2 et Q2. Le décalage entre L1 et L2 permet de déterminer le ∆t entre les deux images de SPIV. On
peut voir que la caméra 3 de PLIF se déclenche sur le premier pulse laser alors que la caméra 4 de PLIF est ouverte
lorsque les autres caméras sont éteintes et lorsque le laser 30 mJ s’illumine. Une fois les chronogrammes effectués,
ils sont envoyés sur des boîtiers de synchronisation relayant l’information aux sources laser et aux caméras.
625
niveaux de gris
niveaux de gris
620
560
615
610
540
605
F IG . 2.26 – Décroissance de la fluorescence au cours du temps sur chaque caméra (effet de photobleaching)
Concernant le couplage entre les mesures de SPIV et de PLIF, il y a quatre problèmes majeurs liés à cette
technique :
− la séparation des signaux : Le premier problème est la séparation des signaux issus de chaque mesure.
La méthode la plus utilisée dans la littérature est l’ajout de filtre devant les caméras : un filtre passe-bande
pour les caméras de SPIV et un filtre passe-haut pour les caméras de PLIF. Elle a déjà été employée
par Cárdenas et al. (2007) pour des mesures couplées de PLIF et PIV. Ils utilisent des filtres avec un
miroir dichroïque afin de séparer la source lumineuse pour chaque caméra. Une autre méthode consiste à
enregistrer les informations sur une caméra, puis à séparer les signaux des particules et du colorant par un
traitement d’images (Martin & García, 2009). Dans notre étude, les caméras sont localisées à des endroits
différents et donc un simple filtre est utilisé sur chacune d’elle. Les deux caméras de SPIV sont équipées
chacune avec un filtre passe-bande à 532 nm. Les deux caméras de PLIF, quant à elles, sont montées avec
des filtres passe-haut à 540 nm.
− la résolution spatiales des grandeurs : Les résolutions spatiales des champs de concentration et de
vitesse sont limitées par la dimension d’un pixel du capteur CCD et le grandissement du système optique.
Pour la PLIF, la résolution se cantonne à cette dimension alors que pour les mesures de SPIV, la résolution
est déterminée avec la taille des fenêtres de corrélation ainsi que le taux de recouvrement. La difficulté
est présente lors du calcul de grandeurs faisant intervenir la concentration et la vitesse (résolution de 1
pixel pour la concentration et de 8 pixels pour la vitesse). Dans nos mesures, lorsque la concentration est
étudiée seule, la résolution est conservée à 1 pixel et dans le cas de grandeurs couplées, la concentration
est moyennée sur un maillage associé au vecteur vitesse. Cette opération s’appelle le binning.
− le décalage temporel SPIV-PLIF : Le troisième problème est le décalage des mesures SPIV-PLIF. Ce
temps entre le champ de vitesse et le champ de concentration sur le plan longitudinal médian de l’écou-
lement est de 10 ms. Il est également de 10 ms entre les deux champs de PLIF dans le plan orthogonal et
longitudinal. Pour une vitesse maximale de 2 cm/s, le décalage de 10 ms correspond à un déplacement de
0,04 pixels. Il est donc négligeable et les mesures sont considérées comme simultanées.
− la fluorescence hors-plan : Le dernier problème important est le phénomène de fluorescence hors plan.
5. Mesures couplées SPIV-PLIF 55
Ce phénomène est illustré sur la figure 2.27. Dans la nappe laser, deux types d’ensemencement sont pré-
sents. Les molécules de Rhodamine 6G excitées par le laser émettent dans toutes les directions et donc
excitent d’autres particules de fluorescence présentes hors du plan de mesure (particules roses). Cette lu-
mière parasite est captée par les caméras PLIF. Les microsphères de verre servant aux mesures de SPIV
réfléchissent également de la lumière dans toutes les directions excitant la Rhodamine 6G (particules
noires). Le niveau de lumière de cette excitation récupéré par les caméras n’est pas négligeable et dépend
de plusieurs paramètres : des paramètres intrinsèques à la manipulation (puissance laser, épaisseur de la
nappe laser, taux en particules) mais également de l’épaisseur d’eau pure dans le chemin optique de la lu-
mière. Cette épaisseur est maximale à la sortie du jet. Un exemple de traitement de mesure PLIF couplée
sans prise en compte de ce phénomène est illustré sur la figure 2.28(a). Pour corriger la fluorescence hors
F IG . 2.28 – Comparaison de la même image avec et sans correction de la fluorescence hors plan
plan, une estimation de ce niveau de gris est réalisée. Sachant que le jet est constitué d’eau pure à sa sortie,
une moyenne est effectuée dans le jet sur une zone proche de l’injection. Ce niveau ainsi obtenu est re-
tranché aux images de PLIF. La même image que précédemment est obtenue après correction sur la figure
2.28(b). La zone du jet est bleue donc la concentration en eau pure est respectée. Maintenant, se pose le
problème de soustraire ce niveau maximum à toute l’image. L’épaisseur d’eau pure sur le chemin optique
varie en fonction des interactions entre le jet et l’écoulement transverse. Cette correction globale tient
compte du niveau maximum de fluorescence hors plan. Une correction locale serait plus judicieuse mais
difficile voire impossible à mettre en oeuvre pour des mesures planaires. Pour nos mesures, la fluorescence
hors plan implique une diminution de 267 niveaux de gris sur 1024 niveaux soit une diminution de la dy-
namique de 26%. Cette fluorescence hors plan prend en compte l’effet des molécules de Rhodamine 6G et
des particules de SPIV. Cet effet est également présent sur le plan orthogonal à l’écoulement. Sur ce plan,
aucune référence n’est possible comme la sortie du jet sur le plan longitudinal. Une comparaison des pro-
fils de concentration à l’intersection des deux plans a permis de déterminer la correction à appliquer sur le
champ de concentration x/L = 3, 95. Il s’est avéré que la meilleure corrélation entre les profils de concen-
56 Chapitre 2 - Dispositif expérimental et techniques de mesure
tration est obtenue pour une correction de la fluorescence hors plan identique sur les deux plans de mesure.
Deux expériences ont permis de mettre en évidence le phénomène de fluorescence hors plan généré par
les particules solides de SPIV, d’une part, et par les molécules de traceurs fluorescents d’autre part. Les
figures 2.29(b) et (a) présentent les deux configurations utilisées vues de dessus. Dans les deux expé-
F IG . 2.29 – Schéma de principe des deux expériences pour la mise en évidence la fluorescence hors plan
riences, une grande cuve de 12 L est remplie d’une concentration de 8, 3.10−8 mol/L de Rhodamine 6G.
Elle correspond à la concentration maximale utilisée lors de nos mesures. Dans la première expérience sur
la figure 2.29(b), on dispose d’une petite cuve remplie d’eau pure qui est placée dans la grande cuve. Une
nappe laser traverse le milieu de cette petite cuve qui est enregistrée par une caméra numérique. La mani-
pulation consiste en l’ajout de particules solides dans la petite cuve afin de quantifier l’effet de la lumière
diffusée par ces particules sur la Rhodamine 6G. Les séries d’images enregistrées à des concentrations en
particules différentes sont traitées avec une correction globale. La variation de la concentration normalisée
est représentée sur la figure 2.30(a) en fonction de la concentration en particules. Dans cette expérience,
0.3 0.84
0.83
C/C0
C/C0
0.25
0.82
0.2
0.81
(a) Influence de la concentration en particules solides (b) Influence de la distance en volume de traceur fluoresscent
F IG . 2.30 – Variation de la concentration normalisée issue des deux expériences des figures 2.29(b) et (a)
la référence est obtenue lorsque la concentration en particules est nulle. On observe une croissance de
la concentration normalisée avec l’ajout de particules solides. Cette augmentation n’est pas linéaire sur
5. Mesures couplées SPIV-PLIF 57
la plage de concentration étudiée. Pour une concentration de 0, 01 g/L, on détermine une intensité lu-
mineuse engendrée par les particules solides à environ 24% de la concentration maximale. Lors de nos
mesures couplées, ce taux en particules est équivalent à celui présent dans la veine hydrodynamique. Cette
première expérience démontre l’influence non négligeable de la présence des particules solides sur le phé-
nomène de fluorescence hors plan. La deuxième manipulation (figure 2.29(a)) est effectuée sur le même
dispositif à l’inverse que la petite cuve est placée à une distance dc de la paroi de la grand cuve. Elle est
remplie uniquement d’eau pure et recouverte d’un fond noir afin de limiter l’épaisseur de Rhodamine 6G
excitée dans la grande cuve. La nappe laser ne traverse plus la petite cuve (elle est située entre la paroi de
la grande cuve et la petite cuve). La caméra numérique enregistre un plan de concentration uniforme de
traceur fluorescent. L’expérience consiste à augmenter la distance dc afin d’accroître le volume de Rhoda-
mine 6G pouvant être excité. La concentration normalisée est représentée sur la figure 2.30(b) en fonction
de la distance dc . On ne possède pas de niveau de référence pour cette expérience. On peut observer une
croissance non linéaire de la concentration normalisée. Néanmoins, l’augmentation du niveau de l’inten-
sité lumineuse est moins importante que pour l’expérience avec les particules solides en considérant que
la distance dc est équivalente aux valeurs comprises dans notre manipulation couplée. Ces deux manipu-
lations ont donc permis de mettre en évidence la fluorescence hors plan avec un découplage entre l’effet
des particules solides et celui du traceur fluorescent. Dans les deux cas, on retrouve une augmentation du
niveau de gris de la caméra qui n’est pas linéaire dans les plages étudiées. Enfin, le phénomène lié aux
particules solides apparaît prédominant devant celui généré par le traceur fluorescent.
CHAPITRE
3
Influence de la pulsation du jet sur la
dynamique tourbillonnaire
Sommaire
1 L’écoulement non forcé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2 Etude qualitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
2.1 Variation de la fréquence de pulsation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.2 Exemple du jet pulsé à 0, 25 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.3 Jet pulsé à une fréquence supérieure à fC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.4 Etude de la transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
2.5 Conclusion sur l’étude qualitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3 Quantification de la sortie du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.1 Déphasage de la vitesse du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2 Profil de vitesse au niveau de l’orifice carré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.3 Conclusion sur l’étude de la sortie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4 Etude quantitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.1 Ecoulement moyen du jet pulsé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.2 Structures instationnaires proches de la sortie du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.3 Structures instationnaires dans la région de sillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5 Conclusion sur l’influence de la pulsation du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
59
1. L’écoulement non forcé 61
La première structure stationnaire est le tourbillon en fer à cheval. Dans la région en amont de l’injection, le
fluide proche de la plaque plane ralentit à proximité du jet et tend à le contourner (le jet est considéré comme un
obstacle). Suite à ce blocage, un gradient de pression inverse s’établit dans la couche limite et induit un décolle-
ment tridimensionnel de celle-ci. Cette structure se forme à l’amont du jet puis elle contourne la zone d’injection.
Elle est mise en évidence sur la visualisation volumique de la figure 3.1 par le tourbillon dans l’écoulement interne
à la couche limite. Sur cette visualisation, le jet est ensemencé de colorant. Des alimentations ponctuelles en amont
et aval de la sortie du jet colorent des structures tourbillonnaires particulières. Ces structures en amont contournent
le jet en progressant dans un plan horizontal. Elles se reconnectent dans le sillage et sont redirigées vers le haut
jusqu’à être bloquées par la frontière inférieure du jet. Elles interagissent avec la couche de mélange du jet. La
seconde structure stationnaire est le tourbillon de bec (zoom sur la figure 3.1). Elle est située entre le tourbillon en
fer à cheval et le jet. Elle est alimentée par du fluide du jet d’où elle provient. Son mouvement est entretenu par la
F IG . 3.1 – Visualisation volumique face au jet et injections ponctuelles de colorant en amont et aval de la sortie du
jet (Fraticelli, 2008)
vorticité de la couche limite se développant sur la paroi amont de l’orifice du jet. Sa dimension transversale est de
l’ordre de L car il se développe sur la face amont du jet. Le tourbillon se poursuit sur les faces latérales du jet où
il est entraîné par celui-ci à cause d’une moindre résistance de l’écoulement transverse. En amont de l’injection, le
fluide à l’extérieur de cette couche limite est dévié au contact du jet puis il est accéléré sur la frontière supérieure
de celui-ci. La ligne verte de colorant sur la figure 3.1 matérialise la limite entre le fluide alimentant le tourbillon
en fer à cheval et celui dévié par le jet. Il est injecté à l’aide d’une canne dont on peut régler la hauteur dans
l’écoulement.
L’étude des champs instantanés de vitesse et les visualisations mettent en évidence des mécanismes concernant
62 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
la zone cisaillée. Des tourbillons prennent naissance dans la couche cisaillée sous le jet toujours au même endroit
à peine à un diamètre après l’injection. Ces tourbillons sont visibles sur une tomographie laser dans le plan médian
sur la figure 3.2(a). Ils suivent ensuite la ligne du maximum de vitesse pour rejoindre l’axe central du jet. Le long
de leur trajectoire, la taille du tourbillon croît, augmentant ainsi la surface de contact entre les deux fluides (mou-
vement de rotation plus important). La forme de tube de cet anneau tourbillonnaire est visible sur la figure 3.2(b)
avec une visualisation au-dessus du jet. La tridimensionnalité de ces structures est également observable ainsi que
leur répétition quasi-périodique. Ces tubes tourbillonnaires sont ensuite déstabilisés en leur sommet. La naissance
de cette instabilité semble être du même type que celle observée sous le jet, c’est-à-dire de type Kelvin-Helmholtz.
Elle se déclenche plus tard que celle dans la couche cisaillée inférieure. Cela est lié à un plus faible gradient de
vitesse à l’amont du jet et une courbure stabilisante. La régularité de leur passage est quelque peu perturbée par
des fusions et déstructurations tourbillonnaires. Ces différents mécanismes influent sur le mélange avec l’étirement
des structures et la formation de concavité sur la frontière supérieure du jet. Enfin, une étude fréquentielle dans la
zone de forte fluctuation indique un pic de fréquence dans le spectre de vitesse de 0, 28 Hz sur les composantes Vx
et Vz . Cette valeur est cohérente avec celle déterminée pour un jet carré libre indiquant une ressemblance dans les
mécanismes mis en oeuvre dans le lâcher tourbillonnaire.
Le sillage du jet comporte des tourbillons instationnaires qui redirigent le fluide de la structure en fer à che-
val vers le haut et donc vers la paire de tourbillons contrarotatifs (schéma de ces tourbillons sur la figure 1.3).
Ces tourbillons sont visibles dans une coupe transversale de l’écoulement et sont répartis en moyenne de part et
d’autres du plan médian. Le battement des tourbillons de sillage présente une régularité avec un nombre de Strou-
hal compris entre 0,11 et 0,16. Les tourbillons de sillage sont la source des tourbillons ascendants. La figure 3.3
adaptée de David et al. (2007) présente un champ de vitesse instantané obtenu par Tomographie PIV. Il est associé
aux iso-surfaces de l’intensité tourbillonnaire. La couche cisaillée située entre le jet et la zone de recirculation
est couverte de rouleaux tourbillonnaires. Dans le sillage, on peut identifier des tourbillons S1 et S2 raccordant
la couche limite inférieure à la couche de mélange. Ils sont nommés tourbillons de sillage. Ils sont la source des
tourbillons ascendants. Le tourbillon S1 trouve sa source dans l’écoulement transverse et participe à alimenter la
couche de mélange tout en étirant sur son passage le fluide en provenance du jet. Ce tourbillon est matérialisé par
un point rouge sur la visualisation 3.4(a). Ce tourbillon continue son mouvement vers le haut jusqu’à atteindre
la couche de mélange. Le tourbillon S2, quant à lui, correspond à une structure traversant les plans orthogonaux
de l’écoulement et formant les tourbillons contrarotatifs le dominant. Cette paire de tourbillons observée sur les
champs moyens est, en fait, composée d’une multitude de paires de tourbillons contrarotatifs. La figure 3.4(b)
1. L’écoulement non forcé 63
F IG . 3.3 – Champ de vitesse instantané obtenu par Tomo-PIV ainsi que les iso-surfaces d’intensité tourbillonnaire
adapté de David et al. (2007)
(a) Tomographie laser dans le plan z/L = 1/2 - le point (b) Champ de vitesse et du produit de la partie positive du
rouge identifie le centre d’une structure ascendante S1 critère Q2D et de la vorticité ωy dans le plan x/L = 3
issue de la figure 3.3
F IG . 3.4 – Mise en évidence des structures ascendantes et des tourbillons contrarotatifs dans un jet continu débou-
chant dans un écoulement transverse (Fraticelli, 2008)
illustre ce phénomène dans le plan x/L = 3. On retrouve l’iso-contour de la vitesse Vx = 0 en vert (vitesse négative
à l’intérieur et positive à l’extérieur) et le produit entre la valeur positive du critère Q2D et la vorticité ωx (structure
tournant dans le sens horaire en bleu et direct en rouge) dans le plan x/L = 3. Dans le plan x/L = 1, on retrouve ces
tourbillons S2 avec une intensité plus importante. Ils correspondent aux tourbillons émanant du tourbillon de bec.
A la vue de ces résultats, les structures S2 sont semblables aux anneaux tourbillonnaires décrits par Brizzi et al.
(1996) sur les schémas des figures 3.5(a) et (b) pour un jet rond. Plus récemment, ils ont été mis en évidence par
Sau et al. (2004) à l’aide de simulation numérique sur un jet carré à un nombre de Reynolds de 225 et un rapport
d’injection de 2,5. Ces anneaux sont composés du tourbillon de bec, deux bras et un rouleau tourbillonnaire dans
la couche de mélange. Les bras sont étirés par l’écoulement transverse. Une coupe d’un de ces bras est visible sur
la visualisation 3.4(a) au-dessus du tourbillon ascendant en coupe.
64 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
F IG . 3.5 – Schéma du tube tourbillonnaire d’un jet rond continu dans un courant principal (Brizzi et al., 1996)
En conclusion, les caractéristiques importantes du jet continu dans un écoulement transverse sont la présence
de deux structures stationnaires formées à l’amont de la sortie du jet : le tourbillon en fer à cheval et le tourbillon
de bec. Il est à noter le déclenchement d’une instabilité sur la frontière inférieure du jet qui croît par la suite pour
former des tubes tourbillonnaires déstabilisant ensuite la frontière supérieure du jet. L’augmentation du taux d’in-
jection implique un redressement de l’écoulement et une déstabilisation de la frontière supérieure plus précoce
(augmentation du taux de cisaillement de la couche de mélange). Enfin, des mesures volumiques ont permis de
mettre en évidence les tourbillons ascendants ainsi que la multitude de petits tourbillons formant la paire de tour-
billons contrarotatifs dominant l’écoulement.
Avant d’étudier les impacts de la pulsation du jet sur le mélange entre les deux fluides, ce chapitre est consacré
à l’étude des structures engendrées par la variation de la vitesse du jet. Sachant que les structures tourbillonnaires
jouent un rôle majeur dans le processus de mélange, leur formation ainsi que les mécanismes liés à leur expansion
peuvent permettre de déterminer les lieux du maximum de mélange. Dans notre étude, la vitesse du jet pulsé
varie entre zéro et deux fois la vitesse de l’écoulement principal (cette amplitude est conservée pour toutes les
mesures). Le paramètre influant est la fréquence d’excitation du jet pulsé. La plage de fréquence étudiée se situe
entre 0 et 10 Hz. Une première approche qualitative consiste par des visualisations par colorants à extraire des
caractéristiques des différents écoulements engendrés par la pulsation. Par la suite, des mesures quantitatives ont
été menées sur trois fréquences caractéristiques afin de comprendre plus précisément les structures formées au
cours d’un cycle de pulsation. Pour ce faire, les mesures sont réalisées en moyenne de phase ce qui permet de
contrôler les prises de vue et de pouvoir les identifier vis à vis de la forme du signal de pulsation.
2 Etude qualitative
Cette étude qualitative s’appuie sur des visualisations par colorants. Elles sont soient volumiques lorsque la
zone d’éclairement est un volume (spot à découpe) ou encore des tomographies laser quand elle est illuminée par
une nappe laser. Afin d’analyser plus en détail ces images, une description eulérienne de l’écoulement à l’aide
de diagrammes spatio-temporels est mise en oeuvre. Elle consiste à se placer sur une ligne fixe dans l’image et à
observer les modifications des propriétés du fluide qui défile sur cette ligne. On choisit une abscisse de l’image afin
d’y extraire la même colonne sur chaque image. On forme une nouvelle image avec les lignes extraites de chacune
d’elles. Cela nous donne un diagramme en fonction de la ligne de l’image et du nombre d’images prises pour le
calcul (assimilable à un temps). L’exemple de la figure 3.6(b) montre le diagramme spatio-temporel de la droite
extraite sur la figure 3.6(a). La continuité de l’image est assurée par le taux d’acquisition du caméscope numérique
(25 images par seconde). Afin de comparer la formation tourbillonnaire dans les jets pulsés, les diagrammes spatio-
temporels sont extraits à différentes abscisses.
2. Etude qualitative 65
Le premier objectif de cette partie est de distinguer différents régimes d’écoulements en faisant varier la fré-
quence d’excitation du jet. Il est à noter que la fréquence des tourbillons formés dans le jet non forcé présente un
point de départ pour cette étude. Cette fréquence se situe à 0, 28 Hz et correspond au passage des structures de la
couche cisaillée, loin dans le sillage. Cette fréquence caractéristique est notée fC par la suite.
La pompe ne permet pas d’obtenir les variations en amplitude souhaitées sur une plage de 3 à 8 Hz Ce pro-
blème est lié à une résonance avec le système. De plus, les fréquences inférieures à 0, 2 Hz sont tronquées car le
jet impacte la couche limite supérieure de l’écoulement. La plage de fréquence étudiée se situe donc entre 0,2 et
3 Hz et entre 8 et 10 Hz. Un balayage en fréquence est présenté sur les figures 3.7(b) à (f) issues de tomographie
laser dans le plan longitudinal de l’écoulement y/L = 0. Une visualisation du jet continu est également montrée
sur la figure 3.7(a). Les cinq images de jets pulsés sont extraites lorsque la vitesse en sortie du jet est maximale
correspondant à la plus grande largeur au niveau de l’orifice. On peut observer à la fréquence de 0, 25 Hz une for-
mation tourbillonnaire à l’amont et l’aval de la sortie du jet sur la figure 3.7(b). Elle apparaît déséquilibrée entre le
tourbillon amont et aval. Ce déséquilibre est lié aux différents gradients de vitesse présents dans ces deux zones de
l’écoulement. Ces deux tourbillons sont ensuite propulsés puis convectés par le courant principal lorsque la vitesse
du jet diminue. Le jet est morcelé : la bouffée formée en sortie n’est pas reliée au reste du jet. Il présente des
discontinuités de formation liée au cisaillement de l’écoulement transverse lorsque la vitesse du jet est faible. Avec
l’augmentation de la fréquence de pulsation, la taille des tourbillons tend à diminuer. Le tourbillon en amont du jet
n’est plus propulsé dans l’écoulement mais seulement entretenu. A la fréquence de 0, 35 Hz sur la figure 3.7(c), la
discontinuité des structures n’est plus présente en sortie du jet. Les structures dans le sillage sont étroitement liées
par des filaments de fluide. Ces structures interagissent plus entre elles avec l’augmentation de la fréquence de
pulsation illustrée par la figure 3.7(d) pour la fréquence de 0, 75 Hz. Le jet pulsé à une fréquence de 1 Hz présente
une structure moins filamentaire que les jets pulsés précédents sur la figure 3.7(e). A cette fréquence, le tourbillon
en amont n’est plus visible et le tourbillon en aval est de taille plus faible que ceux créés aux fréquences inférieures.
Sa taille décroît avec l’augmentation de la fréquence de pulsation car il est formé à cette même fréquence. De plus,
ce tourbillon est formé à la même cadence que la période de pulsation du jet. Enfin, le jet à 10 Hz sur la figure
3.7(f) possède des structures de plus grande taille dans le sillage que les autres cas pulsés. Cet écoulement est le
plus ressemblant au cas non forcé sur la figure 3.7(a) aux niveaux de la sortie et du sillage du jet. Concernant la
structure globale, le jet pénètre plus en hauteur dans l’écoulement transverse sur les premiers diamètres pour les
fréquences inférieures ou proches d’une fréquence caractéristique de transition fT . A l’inverse, il se courbe plus
rapidement dans le courant principal pour les fréquences supérieures à fT . Cette limite fréquentielle semble être
proche de la fréquence caractéristique des structures dans le jet continu fC . Néanmoins, l’ordre entre ces deux
66 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
(c) f = 0, 35 Hz (d) f = 0, 75 Hz
(e) f = 1 Hz (f) f = 10 Hz
fréquences n’est pas établi. Une étude de la transition entre ces deux écoulements est réalisée dans une partie sui-
vante. Pour le moment, seule la fréquence fC est connue et sert de point à départ à la séparation de ces deux régimes.
Des visualisations par colorants prises au-dessus du jet sont présentées sur les figures 3.8(a) à (d) pour les
mêmes fréquences de pulsation que les tomographies laser. On peut observer pour la fréquence de 0, 25 Hz sur
la figure 3.8(a) une quasi-symétrie des structures par rapport au plan longitudinal médian. De plus, les structures
générées par la pulsation et le cisaillement en sortie du jet sont identifiables. Trois bouffées bien distinctes sont
visibles sur cette figure. Elles restent tout de même interconnectées par deux branches tourbillonnaires. Elles sont
étirées dans la direction transversale du jet. La troisième bouffée semble plus déstructurée que les deux précédentes.
Avec l’augmentation de la fréquence de pulsation, les anneaux tourbillonnaires de la couche cisaillée supérieure
sont plus proches les uns des autres pour les fréquences de 0, 75 Hz et 1 Hz sur les figures 3.8(b) et (c). A la fré-
quence de 10 Hz, les tubes tourbillonnaires ont une plus grande ampleur que pour les fréquences inférieures. La
frontière du jet semble moins perturbée et similaire à celle du jet continu sur la figure 3.2(b).
Le balayage en fréquence à l’aide de visualisations par colorants a permis de distinguer deux types d’écou-
lements différents. Lorsque la fréquence de pulsation est inférieure à la fréquence caractéristique fC déterminée
avec le jet continu, le jet pulsé présente des bouffées de fluide séparées spatialement, engendrées par une forma-
2. Etude qualitative 67
(a) f = 0, 25 Hz (b) f = 0, 75 Hz
(c) f = 1 Hz (d) f = 10 Hz
tion tourbillonnaire en amont et aval de la sortie du jet. Le jet pénètre plus en hauteur dans l’écoulement sur les
premiers diamètres. Avec l’augmentation de la fréquence de pulsation, le jet se courbe plus rapidement dans le
courant principal. Les bouffées de fluide deviennent des anneaux tourbillonnaires interagissant entre eux. Au ni-
veau des structures créées dans le sillage, leur comportement est filamentaire proche de la fréquence fC . Lorsque la
fréquence de pulsation croît, les structures possèdent une taille plus conséquente semblable à celle du jet continu.
Le schéma de la figure 3.9 présente ces premières conclusions. Dans la suite de cette étude qualitative, les deux
types d’écoulements sont détaillés ainsi que la transition autour de cette fréquence caractéristique fT .
la fréquence d’excitation du jet contrôle la formation des tourbillons à proximité de la sortie du jet. La première
conclusion est de dire que pour cette fréquence, l’écoulement généré est parfaitement répétitif. Ce aspect a déjà
été mis en évidence par Johari et al. (1999) lorsqu’il pulse un jet avec un rapport cyclique d’injection faible, les
bouffées sont bien séparées et répétitives.
Au regard des différents cycles de pulsation, cette répétitivité s’opère sur toute la période de pulsation. Il est
donc possible d’établir un scénario pour comprendre la formation tourbillonnaire dans l’écoulement. Le déroule-
ment d’un cycle est détaillé sur les figures 3.11(a) à (o) issues de tomographies laser dans le plan médian y/L = 0. A
l’instant t/T=0 sur la figure 3.11(a), la référence du cycle de pulsation est prise lorsque la vitesse du jet est nulle sur
la sinusoïde de débit, c’est-à-dire lorsque aucune quantité de mouvement ne sort de l’orifice du jet. A cet instant,
la largeur du jet en sortie est minimale, la vitesse de l’écoulement transverse est nettement supérieure à celle du jet
(cisaillement de la sortie). La naissance du tourbillon en aval de la sortie du jet est visible sur la figure 3.11(b). Ce
tourbillon est une instabilité liée à la croissance de la vitesse du jet et à la zone de faible vitesse dans l’écoulement
interne de la couche limite. La bouffée de fluide créée par la forte poussée du jet est déséquilibrée en son sommet.
Ce phénomène est lié aux gradients de vitesse présents dans ces zones. Ce gradient est plus intense dans la région
aval et la formation tourbillonnaire devient plus rapide. Sur la figure 3.11(c), la vitesse du jet atteint son maximum.
Le tourbillon en amont de la sortie est visible. Cette structure est assimilable au tourbillon de bec, évoquée dans le
jet continu. Il se crée entre le jet et le tourbillon en fer à cheval. Le mécanisme lié à sa formation est mis en évidence
par la suite à l’aide de champs de vitesse. La bouffée de fluide est constituée d’un dôme en forme de champignon.
Cette forme est visible sur la figure 3.8(a) extraite d’une visualisation au-dessus du jet. On peut observer la première
bouffée à la sortie du jet avec une surface assez lisse matérialisée par un cercle sur la figure 3.11(b). La surface
de la deuxième bouffée (identifiée par un cercle sur la figure 3.11(c)) est déjà déstructurée par le fluide arrivant
hors du plan de mesure. Son étirement dans la direction transversale du jet est lié à l’entraînement des tourbillons
créés par la pulsation. Sur la figure 3.11(d), le tourbillon en aval s’est détaché de sa zone de formation. Sa vitesse
d’ascension est proportionnelle à la différence de vitesse entre les deux couches cisaillées dans cette zone. Ayant
atteint un maximum, la vitesse du jet décroît. La frontière aval du jet présente une convexité qui augmente avec la
diminution de la vitesse du jet. Du fluide coloré apparaît (venant hors du plan) à proximité de cette forme bombée
sous le tourbillon aval sur la figure 3.11(e). Ce fluide remonte dans la bouffée afin de la désorganiser (cercle sur la
figure 3.11(f)). Le tourbillon en aval est étiré dans la direction longitudinale à l’écoulement sur la figure 3.11(g).
Ce fluide hors plan interagit avec la couche cisaillée supérieure du jet scindant la bouffée en deux parties et créant
une concavité entre les deux tourbillons amont et aval sur la figure 3.11(h). Il est à noter que la largeur du jet a
diminué avec la décroissance de sa vitesse. A t/T=1,15 sur la figure 3.11(i), la vitesse du jet est déjà passée par
2. Etude qualitative 69
F IG . 3.11 – Cycle de formation tourbillonnaire pour une fréquence de 0, 25 Hz issu de tomographie laser
un minimum et recommence à croître. Dans la suite du scénario, un tourbillon se crée dans la zone située sous la
frontière supérieure du jet sur la figure 3.11(j). Ce tourbillon tourne dans le sens opposé au tourbillon amont. Sa
création est liée à la diminution de la largeur du jet et à l’entraînement du tourbillon en aval. Puis, il se retrouve lié
au tourbillon amont (cercle sur la figure 3.11(k)). Cet ensemble tourne ensuite dans le sens trigonométrique sur la
figure 3.11(m). Le tourbillon en aval, quant à lui, a déjà effectué plus d’un tour sur lui-même entraînant du fluide de
l’écoulement transverse sur la figure 3.11(l). Les deux instants suivants présentent la désorganisation de la bouffée
en petites zones filamentaires. La pénétration de la bouffée de fluide augmente avec sa propagation dans l’écoule-
ment. Les tourbillons sont convectés à vitesse constante dans le canal sous l’effet de la vitesse du courant principal.
70 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
F IG . 3.12 – Schémas des phénomènes de la formation tourbillonnaire dans un jet débouchant dans un courant
principal. Ces schémas sont adaptés de Lim et al. (2001)
Ce phénomène d’enroulements formés en amont et aval a déjà été illustré pour des jets dans un écoulement
transverse par Lim et al. (2001) sur les schémas de la figure 3.12. Sur la vue de coupe, la formation des tourbillons
amont et aval présents dans la phase de poussée du jet est explicite ainsi que l’évolution de ces enroulements sur
la frontière inférieure du jet. Ces schémas sont réalisés après l’observation d’un jet rond non forcé dans un écou-
lement transverse à un nombre de Reynolds de 1600 et un taux d’injection de 4,6 à l’aide de visualisations avec
plusieurs colorants. Certains colorent la totalité du jet et d’autres sont injectés localement à proximité de la sortie
afin de mettre en évidence seulement une structure particulière.
F IG . 3.13 – Abscisses utilisées pour la comparaison du jet pulsé à 0, 25 Hz (x/L = 0, 9 - x/L = 2 - x/L = 3, 1 et
x/L = 4, 2)
La figure 3.13 illustre les quatre abscisses utilisées (x/L = 0, 9 - x/L = 2 - x/L = 3, 1 et x/L = 4, 2) afin d’obser-
ver le passage des structures tourbillonnaires sur une ligne fixe de l’écoulement. Les diagrammes spatio-temporels
pour la fréquence de 0, 25 Hz sont présentés sur la figure 3.14. Sur cette figure, les lignes rouges matérialisent la
fréquence d’excitation du jet. A l’abscisse x/L = 0, 9, on peut observer la phase de poussée du fluide ainsi que les
coupures d’alimentation correspondant aux trous de la structure obtenue. Les tourbillons situés au-dessus des creux
correspondent à l’ensemble de tourbillons contrarotatifs constitués avec le tourbillon de bec. Avec l’augmentation
de l’abscisse, les bouffées de fluide se déstructurent et les zones filamentaires sont de plus en plus présentes. Pour
les trois premières localisations (x/L = 0, 9 - x/L = 2 et x/L = 3, 1), la répétitivité des structures est présente. A
partir de l’abscisse x/L = 4, 2, la partie supérieure et inférieure du jet sont désorganisées mais la séparation entre
2. Etude qualitative 71
les périodes d’injection est encore visible. Cette distinction entre les structures apparaît jusqu’à environ six dia-
mètres. Cela permet de conclure que la fréquence d’excitation du jet domine la formation tourbillonnaire sur les
six premiers diamètres du jet.
Pour les écoulements à une fréquence inférieure à fC , un scénario à partir d’images de tomographie laser a
permis de mettre en évidence les formations et les détachements des tourbillons formés par l’excitation en amont
et aval de l’orifice. Cette bouffée de fluide est ensuite convectée et déstructurée dans l’écoulement. Les diagrammes
spatio-temporels ont permis également de quantifier le caractère répétitif des structures sur les premiers diamètres
de la formation tourbillonnaire.
moins ondulée. Sur ce type de jets pulsés, on retrouve des structures ayant un mouvement apparent inverse à celui
des tourbillons principaux dans la zone de cisaillement. Ces perturbations sur la frontière supérieure du jet sont
visibles sur la figure 3.15 sur toutes les structures tourbillonnaires. Ce phénomène a déjà été observé par Bernard
(1993) sur un jet rond. Ces structures participent au mélange en augmentant la surface d’échange entre le jet et le
courant principal.
Pour ce type d’écoulement, la fréquence de 1 Hz est étudiée à l’aide de diagrammes spatio-temporels. La figure
F IG . 3.15 – Tranches utilisées pour la comparaison du jet pulsé à f=1 Hz (x/L = 1, 5 - x/L = 2 - x/L = 2, 5 et
x/L = 3, 1)
3.15 présente les quatre abscisses utilisées (x/L = 1, 5 - x/L = 2 - x/L = 2, 5 et x/L = 3, 1) afin de distinguer la
fréquence des structures traversant les plans de mesure.
Les diagrammes spatio-temporels pour la fréquence de 1 Hz sont présentés sur la figure 3.16. Sur cette figure,
les lignes rouges matérialisent la fréquence d’excitation du jet. A l’abscisse x/L = 1, 5, on peut observer une régu-
larité de la frontière supérieure du jet. L’anneau tourbillonnaire créé en sortie du jet est déjà formé à cet endroit. Il
est contrôlé par la fréquence de pulsation car les lignes rouges sont comprises de part et d’autre de la perturbation
sur toute la série temporelle. La couche de mélange entre le jet et la plaque plane s’étend sur toute la hauteur de
pénétration. A l’abscisse suivante x/L = 2, la fréquence de passage du tourbillon est encore visible sur la partie
supérieure et semble moins évidente sur la partie inférieure dans le couche de mélange du jet. D’autres mécanismes
interagissent avec l’anneau tourbillonnaire formé à la fréquence de 1 Hz. Ces constatations sont également visibles
sur les abscisses suivantes. Dans la couche de mélange sous le jet, on ne voit pas seulement le tourbillon mais les
effets tridimensionnels d’entraînement du fluide. En conclusion, ce type d’écoulement est également influencé par
la fréquence de pulsation du jet jusqu’à une distance de 1,5 diamètre environ.
Une comparaison est faite entre le jet pulsé à 1 Hz et à 10 Hz avec des visualisations au-dessus du jet. Les
figures 3.17(a) et 3.17(b) présentent les quatre abscisses utilisées (x/L = 1, 1 - x/L = 2, 1 - x/L = 3, 15 et x/L = 5)
lors de l’extraction des lignes de l’écoulement. Les diagrammes spatio-temporels réalisés sont présentés sur les
figures 3.18(a) et 3.18(b). Les traits rouges sont espacés d’une fréquence de 1 Hz. Ils ne correspondent pas à la
fréquence de pulsation pour la fréquence de 10 Hz afin de rendre plus lisible la figure. Pour la fréquence de 1 Hz,
le passage des anneaux tourbillonnaires formés à la fréquence de pulsation est visible à l’abscisse x/L = 1, 1. La
désorganisation est déjà mise en oeuvre à x/L = 2, 1 et continue jusqu’à x/L = 3, 15. Au contraire, le jet à 10 Hz
présente une frontière peu perturbée à x/L = 1, 1. A x/L = 2, 1, le diagramme présente quelques irrégularités de
2. Etude qualitative 73
F IG . 3.17 – Lignes utilisées pour la comparaison de deux jets pulsés (x/L = 1, 1 - x/L = 2, 1 - x/L = 3, 15 et
x/L = 5)
chaque côté du jet. Un diamètre plus loin, les structures présentent quelques lacunes et l’apparition de plis au ni-
veau de chaque tourbillon. Cet élément correspond à la déstabilisation des tourbillons étirés en leur sommet et sur
leur largeur. A l’abscisse x/L = 5, le même type de mécanisme est visible pour les deux fréquences. La déstabili-
sation des anneaux tourbillonnaires a augmenté. La variation dans l’envergure du jet de ces structures correspond
aux battements latéraux de l’écoulement. Cette déstabilisation a déjà été observée par Fraticelli (2008) pour un jet
carré. Les diagrammes spatio-temporels extraits du jet continu sont présentés sur la figure 3.19(a) à x/L = 5, 5 et
sur la figure 3.19(b) à x/L = 7. Dans un jet libre, le lâcher tourbillonnaire de l’instabilité primaire est périodique
au niveau de la couche cisaillée. Lorsque le jet débouche dans un écoulement transverse avec une vitesse inférieure
à celle du courant principal, le mécanisme est modifié. La vorticité de la couche limite de l’écoulement transverse
74 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
(a) 1 Hz (b) 10 Hz
F IG . 3.18 – Diagrammes spatio-temporels extraits de visualisations au-dessus du jet pour deux fréquences de
pulsation
(a) x/L = 5, 5
(b) x/L = 7
F IG . 3.19 – Diagrammes spatio-temporels extraits de visualisations volumiques au-dessus du jet pour le jet continu
(Fraticelli, 2008)
bloque le développement de la partie amont de l’anneau tourbillonnaire. En aval et sur les côtés du jet, il n’y a aucun
blocage et un anneau attaché de part et d’autre de l’arête amont de l’orifice est lâché dans l’écoulement. La suc-
cession d’anneaux enchevêtrés est le résultat du couplage entre les anneaux stationnaires et instationnaires générés.
Les visualisations par colorant mettent en évidence la courbure plus rapide du jet dans le courant principal
comparée aux jets à fréquence faible ainsi que les différentes déstructurations dans le sillage de l’écoulement. Les
diagrammes spatio-temporels permettent également d’identifier une frontière supérieure du jet moins perturbée
avec l’augmentation de la fréquence de pulsation (grosses structures comparées aux plus petites observées pour
les fréquences inférieures à 1 Hz). Ces diagrammes indiquent aussi l’absence de répétitivité des structures dans le
sillage liée à leur interaction.
2. Etude qualitative 75
(a) 0, 31 Hz (b) 0, 32 Hz
(c) 0, 31 Hz (d) 0, 32 Hz
la bouffée de fluide est encore visible sur la figure 3.20(a) à 0, 31 Hz alors que la figure 3.20(b) ne le montre pas
pour la fréquence de 0, 32 Hz. La continuité de l’injection est rompue autour de cette fréquence. Avec des visua-
lisations au-dessus de la veine, trois bouffées de fluide sont distinctes sur la figure 3.20(c) alors que les anneaux
tourbillonnaires sont plus resserrés et déstructurés sur la figure 3.20(d). Une étude plus détaillée est effectuée sur
la transition entre ces deux écoulements avec des diagrammes spatio-temporels issus de fréquences autour de cette
limite (0, 3 Hz sur la figure 3.21(a) et 0, 35 Hz sur la figure 3.21(b)). Les abscisses utilisées pour extraire les lignes
de l’écoulement sont les mêmes que sur la figure 3.15 (x/L = 1, 5 - x/L = 2 - x/L = 2, 5 et x/L = 3, 1). Pour la
fréquence de 0, 3 Hz, on retrouve la même configuration que sur les diagrammes spatio-temporels à la fréquence de
0, 25 Hz sur la figure 3.14. A l’abscisse x/L = 1, 5, la structure dominante est l’appariement formé par le tourbillon
amont et celui formé par l’entraînement du tourbillon aval. On peut observer les trous d’injection correspondant
aux bouffées de fluide entre deux ensembles tourbillonnaires. Aux abscisses suivantes, on retrouve une répétitivité
de ces structures mais elle est moins nette que pour la fréquence de 0, 25 Hz. A l’inverse pour la fréquence de
0, 35 Hz, on peut observer le passage du tourbillon aval dans la partie basse à x/L = 1, 15. L’ondulation de la fron-
tière supérieure correspond aux variations de la vitesse du jet. Comme pour l’exemple de la fréquence de 1 Hz, on
peut observer des tourbillons ayant un sens de rotation inverse au tourbillon formé à l’aval de la sortie du jet aux
abscisses suivantes. Ces effets sont amplifiés avec l’augmentation de la distance de la ligne de mesure : tourbillons
plus nombreux, déstructuration de la frontière supérieure et effets tridimensionnels plus importants dans la couche
de mélange inférieure.
76 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
(a) 0, 3 Hz
(b) 0, 35 Hz
Il est à noter que le nombre de formation Ld /L pour le jet à une fréquence de 0, 31 Hz est de 5,5 ce qui
correspond quasiment à la frontière déterminée par Gharib et al. (1998) et Johari (2006) pour Ld /L = 4. Cette
limite correspond au passage d’un régime d’anneaux compacts isolés à un régime de structures tourbillonnaires
plus resserrées.
formé en amont de la sortie du jet, le tourbillon de bec. Il est ensuite propulsé dans l’écoulement. Les structures
créées sont répétitives, distinctes et bien séparées sur les premiers diamètres. Le jet pénètre en hauteur dans l’écou-
lement lors de sa sortie de l’orifice. Il est à noter que la fréquence caractéristique du jet non forcé fC reste quand
même très proche de cette transition. Au contraire, pour les fréquences supérieures à 0, 31 Hz, le jet se courbe plus
rapidement dans l’écoulement. En sortie du jet, le tourbillon de bec n’est pas expulsé dans l’écoulement mais seule-
ment entretenu. Le jet est dominé par le tourbillon en aval du jet formé à la fréquence de pulsation. Les anneaux
tourbillonnaires sont de plus en plus resserrés au-dessus du jet et interagissent entre eux. Le sillage se compose de
zones filamentaires dès lors que l’on s’éloigne de la sortie du jet. Néanmoins avec l’augmentation de la fréquence,
des grosses structures apparaissent dans le sillage aux détriments des plus petites. L’exemple de la fréquence de
10 Hz présente une structuration semblable au jet continu.
Afin de quantifier ces premières analyses, le choix qui a été réalisé est de travailler sur trois fréquences repré-
sentatives des régimes d’écoulements : 0, 25 Hz afin de comprendre les mécanismes mis en oeuvre pour propulser
le tourbillon de bec dans l’écoulement, quantifier le basculement de l’ensemble des tourbillons contrarotatifs et
les effets tridimensionnels de déstructuration, 1 Hz et 10 Hz afin de distinguer la différence entre le comportement
filamentaire et la création de structures plus importantes. Les mécanismes liés aux formations tourbillonnaires sont
prépondérants pour le mélange du fluide entre le jet et l’écoulement transverse. La surface de contact entre les deux
fluides est liée à ces tourbillons et leur entraînement. Il est intéressant de savoir si les zones filamentaires offrent
un mélange plus conséquent que l’entraînement de plus grosses structures. De plus, la plage de fréquences choisie
s’étale sur quasiment trois décades.
78 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
Pour ces trois fréquences de pulsation, l’écoulement est caractérisé par la fréquence de pulsation mais peut
également l’être par le nombre de formation ou le nombre de Strouhal. Les valeurs sont de 0,44 pour 0, 25 Hz, 1,76
pour 1 Hz et 17,6 pour 10 Hz pour les trois nombres de Strouhal ainsi que des valeurs de 6,8 pour 0, 25 Hz, 1,7
pour 1 Hz et 0,17 pour 10 Hz pour le nombre de formation Ld /L.
D’autres décalages sont mesurés pour déterminer son évolution au cours du temps pour les fréquences com-
prises entre 0 et 1 Hz. La figure 3.24(b) présente les signaux pour une fréquence de 1 Hz. Le temps de décalage
est de 901 ms. Un problème se pose pour les fréquences au-delà de 1 Hz où le signal du film chaud est très faible
donc peu précis. Il est donc possible d’établir le graphe des décalages obtenus en fonction de la période d’injec-
tion sur la figure 3.25(a). L’évolution du temps de déphasage en fonction de la période est quasi-linéaire, ce qui
implique que le fluide débouche sur la plaque au même endroit sur la sinusoïde de débit par rapport au départ du
piston. Ce déphasage correspond au temps de propagation du signal à la vitesse maximale du piston en première
approximation. Si l’on considère l’amplitude des pulsations identiques pour toutes les fréquences sachant que le
3. Quantification de la sortie du jet 79
débitmètre
film chaud débitmètre
trigger film chaud
pompe pulsé trigger
pompe pulsé
2890ms
901ms
(a) 0, 25 Hz (b) 1 Hz
F IG . 3.24 – Chronogrammes des vitesses du jet (le signal en bleu correspond à la vitesse du piston, le signal en
rouge est la mesure au niveau du débitmètre, le signal vert la mesure film chaud et le signal trigger en noir)
2
6000
5000 1
déphasage (ms)
4000
Uj
3000
-1
2000
1000
-2
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
période d’injection (ms) t/T
(a) Graphe de déphasage en fonction de la période de forçage (b) Sinusoïde de la vitesse du jet en fonction de la
période adimensionnée
déplacement du piston est égal à Acos(ωt), sa vitesse maximale Aω est proportionnelle à ω. Si on considère que
le fluide parcourt une distance k à la vitesse du piston, le temps mis par la bouffée de fluide pour atteindre la sortie
du jet est donné par l’équation 3.1. Cette étude permet de dire que le déphasage est quasi-proportionnel avec la
période de forçage. Néanmoins, les mesures n’ont pas permis de confirmer cette tendance pour la fréquence de
10 Hz à cause de la faible réponse du film chaud.
k k
t= = T (3.1)
Aω 2πA
Par la suite, les instants des champs moyennés en phase sont decalés en fonction du retard, afin d’avoir pour toutes
les mesures les mêmes repères temporels par rapport à la sinusoïde de vitesse du jet sur la figure 3.25(b). La
deuxième partie est une mesure locale de la vitesse du jet sur le carré d’injection afin de comprendre l’évolution
de la quantité de mouvement pendant la période d’injection.
80 Chapitre 3 - Influence de la pulsation du jet sur la dynamique tourbillonnaire
Y Y
X X
F IG . 3.26 – Profils de vitesse moyennée en phase en sortie de l’orifice du jet pour deux fréquences de pulsation
en rouge. De plus, les profils sont symétrisés afin de recouvrir la totalité de l’orifice du jet. Sur la figure 3.26(a)
pour la fréquence de 0, 25 Hz, le profil est extrait dans la phase de poussée du fluide. On peut noter le déséquilibre
lié à l’écoulement transverse entre l’amont et l’aval du jet. De la même manière, la figure 3.26(b) présente le profil
lorsque la vitesse est minimale pour la fréquence de 10 Hz. On peut noter l’inversion du signe de la vitesse sur
la partie amont de l’orifice. Cette inversion est liée à la faible vitesse du jet dans cette zone. La vitesse maximale
du jet est déduite de ces mesures pour les trois fréquences de pulsation. Elle correspond en vitesse adimensionnée
à : 2,46 pour la fréquence de 0, 25 Hz ; 2,47 pour la fréquence de 1 Hz et 2,28 pour la fréquence de 10 Hz. Cette
valeur est supérieure à la vitesse débitante maximale. Cela s’explique car le profil de vitesse en sortie n’est pas de
type top-hat dans notre écoulement et la survitesse au centre de l’orifice compense les réductions sur les bords de
la forme carrée. Les vitesses maximales sont identiques pour deux fréquences mais légèrement inférieures pour la
fréquence de 10 Hz.
Une autre façon de caractériser le jet est de calculer une vitesse caractéristique basée sur la quantité de mouve-
ment (Gordon & Soria, 2002) selon l’équation 3.2. Cette vitesse caractéristique est comparée à la vitesse débitante.
Z T Z 1
1 2
Uj = u2j dSdt (3.2)
ST 0 S
Les profils de vitesse moyennés en phase sont ensuite intégrés sur la surface du jet afin d’en déduire la vitesse
débitante. Les figures 3.27(a) et (b) illustrent l’évolution de ces deux vitesses du jet sur une période d’injection
adimensionnée pour les trois fréquences de pulsation. Le zéro pour le départ de la période adimensionnée a été
établi comme référence et correspond au signal trigger au début de la période d’excitation. L’évolution de la vitesse
a une tendance similaire à celle obtenue sur les chronogrammes de vitesse des figures 3.24(a) et (b) lors des mesures
de déphasage. Le profil, quant à lui, est toujours positif. L’amplitude crête à crête entre les deux évolutions des
signaux est différente et vaut 1,7 pour la vitesse débitante et 1,4 pour la vitesse caractéristique. De plus, ces deux
3. Quantification de la sortie du jet 81
1.8 2
1.6 1.8
1.4
1.6
vitesse caractéristique
vitesse débitante
1.2
1.4
1
1.2
0.8
1
0.6
f=0,25Hz 0.8
f=0,25Hz
0.4 f=1Hz f=1Hz
f=10Hz 0.6
f=10Hz
0.2
0 0.4
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
t/T t/T
F IG . 3.27 – Profils des deux vitesses calculés sur une période de pulsation
amplitudes sont inférieures à celle normalement imposée à la vitesse du jet. La vitesse débitante varie autour de 1
alors que la vitesse caractéristique varie autour d’une valeur supérieure à 1. Les calculs de vitesse sont présentés
dans le tableau 3.1 pour les trois fréquences d’excitation. Il apparaît que la vitesse débitante du jet est sensiblement
TAB . 3.1 – Comparaison des vitesses débitantes et caractéristiques pour les trois fréquences de pulsation
sous-estimée par la vitesse obtenue en PIV. Cet écart entre la théorie et les mesures est inférieur à 6 %. En ce
qui concerne la vitesse caractéristique obtenue avec la quantité de mouvement, elle est sensiblement supérieure
à la vitesse débitante (environ 10 %). Ce résultat paraît assez logique car la quantité de mouvement est le carré
de la vitesse et donc elle ne fait pas la différence entre une vitesse négative et positive lors de l’entrée de fluide
dans l’orifice du jet par exemple au contraire du calcul sur la vitesse débitante. Enfin, l’écart relatif de la vitesse
caractéristique comparé à cette même vitesse théorique est de l’ordre de 9%. La vitesse théorique est obtenue en
considérant une sinusoïde parfaite entre zéro et deux. Elle correspond à 1,22 fois la vitesse de référence quelle que
soit l’amplitude des oscillations.
pas de modification de régimes si l’on choisit l’une des deux vitesses. Enfin, la sinusoïde de la figure 3.25(b) reste
la référence dans la suite de ce manuscrit car toutes les mesures sont repositionnées en fonction du même point de
départ.
4 Etude quantitative
L’étude quantitative du jet pulsé dans un écoulement transverse s’appuie sur des mesures de PIV et SPIV dans
la veine hydrodynamique. Dans l’étude sur le jet continu, les structures stationnaires sont mises en avant comme
le tourbillon en fer à cheval et le tourbillon de bec ainsi que les structures instationnaires développées dans le
sillage du jet. Dans notre étude, la pulsation du jet fait disparaître toutes les structures stationnaires au détriment
de structures évoluant dans le temps que ce soit en amont ou en aval de l’orifice carré.
Les figures 3.28(a) à (d) présentent les champs de norme de la vitesse pour les trois fréquences de pulsation ainsi
que le jet continu dans le plan médian y/L = 0. Tout d’abord, l’intensité de la vitesse moyenne est plus importante
(c) f = 1 Hz (d) f = 10 Hz
F IG . 3.28 – Champs moyens de la norme de la vitesse de l’écoulement pour les 3 fréquences d’excitation dans le
plan médian y/L = 0
dans le cas non forcé. L’action de pulser le jet avec une grande amplitude diminue l’intensité de la norme de la
vitesse moyenne sur tout le champ de mesure. On retrouve l’aspect qualitatif lié à la pénétration du jet. Le jet à
0, 25 Hz pénètre plus en hauteur dans l’écoulement. Il débouche perpendiculairement dans le courant principal à
4. Etude quantitative 83
sa sortie de l’orifice. Le jet est matérialisé par un cône de vitesse constante (zone rouge) non déformé sur la figure
3.28(b). Les jets à une fréquence supérieure à fT sont plus courbés dans l’écoulement transverse sur les figures
3.28(c) et 3.28(d) pour les fréquences de 1 Hz et 10 Hz respectivement. Avec l’augmentation de la fréquence de
pulsation, la largeur du cône de vitesse en sortie de l’orifice croît. De plus, le sommet du cône est déplacé vers
l’aval de l’écoulement lorsque la fréquence augmente. Le fluide situé sous le jet a un mouvement moyen inverse
au mouvement de l’écoulement transverse sur la figure 3.28(a) pour le jet continu, c’est la zone de recirculation.
Cette zone est limitée par la frontière inférieure du jet et la paroi du dispositif. Elle est alimentée par une source
discutée par la suite. Elle participe au cisaillement de la frontière inférieure du jet. Cette zone possède des régions
de faibles vitesses matérialisées par des zones bleues sur la figure 3.28(a) pour le jet continu. En pulsant le jet, cette
région sous le jet est quasiment inexistante à la fréquence de 0, 25 Hz alors qu’elle est prédominante à la fréquence
de 10 Hz.
L’écoulement moyen présente des points singuliers, points pour lesquels la vitesse est nulle. Ces points sont
classés en catégories suivant qu’ils caractérisent le foyer d’une structure ou matérialisent une séparation. Les
points singuliers ainsi que les pseudo-lignes de courant pour les trois écoulements pulsés sont montrés sur les fi-
gures 3.29(a) à (d) et comparés au jet continu. On parle de pseudo-lignes de courant car il s’agit de l’écoulement
dans une coupe bidimensionnelle d’un écoulement tridimensionnel. Les points F1 et F2 représentent des foyers
(c) f = 1 Hz (d) f = 10 Hz
F IG . 3.29 – Points singuliers et pseudo-lignes de courant de l’écoulement pour les 3 fréquences d’excitation dans
le plan médian y/L = 0
des structures tourbillonnaires. Le foyer F1 est le centre de la structure en fer à cheval pr