technique, innovations
A - Le rôle de l’offre
Comme les individus sont motivés par le profit, ils n’innoveront que si les fruits de l’innovation leur
reviennent. Un système de droits de propriété doit être alors mis en place pour protéger les innovations
(exemple : brevet)
- plus une société aura un système de droits de propriété élaboré, plus les innovations seront
nombreuses, plus la croissance économique sera forte
- l’Etat doit alors développer une politique ciblée :
• Réduire les prélèvements obligatoires des innovateurs pour accroître leur profit et les inciter à
innover
• Mettre en place une protection des innovations
Sur le site de Sciences humaines , l’article institutions des mots de la socioéconomie ici
- définition : l’entrepreneur de Schumpeter n’est pas l’entrepreneur néo-classique. Celui-ci se contente de reproduire les
mêmes comportements dans une économie de concurrence pure et parfaite. En revanche, chez Schumpeter,
l’entrepreneur est un être solitaire , à part , capable de bouleverser les structures de production
o l’instrument de mesure, le profit étant issu de l’innovation qui a réussi sur le marché,
l’entrepreneur fait donc d’autant plus de profit qu’il est supérieur à la moyenne dans l’art
d’effectuer des combinaisons économiques par des innovations de processus de production ou par
la découverte de produits nouveaux, faciles à vendre chers.
En réalité , comme l’indique D.Guellec , les modèles IBM et Silicon Valley ne sont pas contradictoires mais complémentaires . En
effet , : « il y aurait ainsi deux modèles d’entreprises innovatrices , jouant l’un sur la souplesse , l’autre sur les économies d’échelle »
.Il n’en reste pas moins vrai que « la proportion des entreprises innovantes croit avec la taille des entreprises : de 30,5 % pour les
plus petites à 90,5 % pour celles employant plus de 2000 personnes ». En effet , dans certains secteurs comme celui de l’automobile ,
une taille minimale ( dit taille critique ) est requise pour pouvoir lancer l’innovation , ce qui explique la concentration croissante de
ce secteur .
Sur le site du CED, une vidéo : deux jeunes diplômés créent une entreprise florissante de dépollution dans un monde dominé par les
grandes entreprises : le cas Naskéo : ici
Sur le site du Ced ,une vidéo portant sur les difficultés du financement d’une entreprise innovante : ici
B. Le rôle de la demande
Dans l’analyse keynésienne , le progrès technique est largement déterminé par l’augmentation et les transformations de la demande
- En effet, de nombreux exemples tendent à prouver qu’un ordre important d’innovations sont le résultat des demandes
préalables à laquelle les innovateurs tentent d’apporter une réponse. On sait ainsi que Pasteur a commencé ses travaux
sur les levures pour répondre à une demande de brasseurs de bière, que le premier ordinateur a été conçu pour répondre
aux besoins de l’armée américaine qui voulait gérer ses stocks.
- On sait, de plus, qu’il existe une relation entre l’investissement et l’innovation : plus l’investissement est élevé, plus les
innovations seront nombreuses . Or, c’est dans les périodes de forte croissance de la demande que les investissements
progressent plus vite ( modèle de l’accélérateur ) et que les entreprises vont être incitées à lancer de nouveaux produits
afin de répondre aux besoins des consommateurs .
Sur le site du Ced ,une vidéo montrant que l’innovation ne relève pas seulement de motifs individuels et financiers : l’exemple des
expéditions polaires Grand format
II. Les conséquences du progrès technique
A.Le progrès technique et les innovations : les grands absents des théories traditionnelles de la
croissance
Postulat de base : La tradition néo-classique se situe dans le cadre d’une économie de concurrence
pure et parfaite :
- C’est-à-dire que les hypothèses du modèle de cpp sont respectées
• en particulier l’hypothèse d’homogénéité des biens (tous les biens sont
substituables)
• d’atomicité (personne ne dispose d’une position suffisante pour pouvoir
influencer le marché et fixer les prix)
- Dans ce contexte, grâce à la concurrence, l’économie de marché débouche sur une situation
optimale, c’est-à-dire qu’aucun producteur ne peut améliorer l’efficacité avec laquelle il
produit
- Ce postulat posé, la croissance ne peut résulter que d’une augmentation des quantités de
facteur de production : capital et travail utilisés pour la réaliser. On parle alors de croissance
extensive. En effet, la loi des rendements décroissants indique bien que la productivité
marginale d’un facteur diminue à mesure que les quantités utilisées de ce facteur
augmentent. A terme, la croissance économique va se réduire et l’on débouchera
inéluctablement sur une économie stationnaire.
Les insuffisances du modèle néo-classique : On se rend bien compte que ce modèle n’est pas
conforme à ce que l’on observe dans la réalité :
- En effet, comme l’a indiqué Schumpeter, ce qui est à l’origine de la croissance c’est
l’innovation or l’innovation est la grande absente du modèle néo-classique qui est basé sur un
état des techniques de production données
- la phase A ou phase d’expansion durant laquelle l’économie va s’écarter de l’équilibre initial . En effet ,
les innovations vont remettre en cause la structure du marché : les entreprises qui ont innové , par le
lancement d’un nouveau produit ou d’un nouveau procédé , vont bénéficier d’une forte augmentation de
la demande , vont accroître leur production , faire des profits supplémentaires . Ceci va avoir deux effets
contradictoires mais complémentaires :
•les grappes d’innovation : Schumpeter a constaté que les innovations ne se produisent pas de
manière continue dans le processus économique , mais de manière cyclique . Quand une entreprise
introduit une innovation radicale ou majeure , celle-ci va être à l’origine de nouvelles innovations qui
viennent en complément . On peut donc dire que les innovations s’engendrent les unes des autres par un
processus de déséquilibre successif . Schumpeter est amené ainsi à distinguer plusieurs révolutions
industrielles , caractérisées par des innovations fondamentales situées dans des branches qui vont servir
de pôle d’entraînement tirant toute l’économie , suite à l’introduction d’une innovation majeure qui a été
à l’origine d’un déséquilibre. Schumpeter distingue 3 révolutions qui se sont succédées. Chaque
révolution est caractérisée par une augmentation des innovations
- la phase B : durant cette phase , il ne se produit plus que des innovations mineures ou incrémentales , le
progrès technique se généralisant peu à peu , le dynamisme économique diminue , la croissance
économique chute ,on rentre alors dans une phase de récession .
Un article du 27/09/2009 des Echos sur la crise actuelle vue comme une phase B : ici
Sur le site de la Prépa ECE1-ECE2 du lycée Rodin, un article sur les révolutions industrielles et leurs
caractéristiques : ici
Sur le site deJ.F.Anquetil de la Prépa ECE1-ECE2 du lycée Saint-François de Salles d’Evreux, un article de
l’Expansion sur l’analyse de Schumpeter : ici
Selon Romer à long terme la croissance ne dépend pas du taux d’investissement, mais du progrès
technique qui est d’autant plus intense que le nombre de chercheurs est élevé et que le stock de
connaissances est important.
Le rôle des effets externes : Les effets externes passent par l’intermédiaire de plusieurs
canaux :
- la R-D est la source de deux externalités essentielles :
• les chercheurs sont d’autant plus productifs que le stock des connaissances
accumulées est déjà important ; chaque entreprise bénéficie donc gratuitement
des efforts de recherche ayant débouché sur l’accumulation des connaissances
menée par les agents économiques du pays : Isaac Newton disait « j’ai vu plus
loin parce que j’étais assis sur les épaules de géant »
- Le capital humain comme l’a théorisé E Lucas le capital humain va être à l’origine
d’externalités positives.En effet les individus formés sont plus performants, font bénéficier
ceux qui travaillent avec eux de leur savoir et contribuent donc à accroître la productivité. Il
existe même un processus cumulatif de croissance : chacun est d’autant plus efficace , a une
productivité élevée et des connaissances plus développées que le milieu dans lequel il évolue
est lui-même d’un haut niveau en capital humain ,avec des personnes exigeantes.
- Or, si on laisse le marché s’autoréguler , celui-ci passe par des phases de récession durant
lesquelles le taux d’investissement et l’effort de R-D des entreprises sont réduits ( du fait de la
faiblesse des débouchés anticipés par les entreprises , cf. Keynes ) . Ceci handicape la
croissance potentielle future , car l’accumulation de connaissance stagne
Il apparaît alors nécessaire de réguler le marché , en particulier l’Etat peut mettre en place des politiques
contracycliques d’investissement et de R-D qui permettent de compenser la réduction de l’effort des
entreprises et donc d’accroître la croissance future .
Remarque 2 : Si la recherche fondamentale relève du secteur public afin que chacun puisse librement
accéder à ses résultats, le changement technique, selon P Romer sera d’autant plus intense que les
innovateurs en espèrent un profit élevé, le progrès technique ne tombe pas du ciel , il est produit et son
niveau de production dépend de la rémunération attendue sous forme de droits de propriété, donc de
rente de monopole ce qui implique une concurrence imparfaite.
- le second qui se traduit par un cercle vicieux va concerner au contraire les PVD qui n’ont
pas de tradition innovatrice , pas de formation spécialisée dans la recherche . Les effets
d’apprentissage et le stock de départ sont donc réduits , l’effort de R-D sera donc d’autant
plus coûteux et incertain , alors que les entreprises ne sont pas assurées de la rentabilité de
leur découverte : les débouchés sont réduits .
Conséquences : Dès lors , l’effort de R-D des PVD est faible , ce qui accroît l’écart entre les PDEM et les
PVDet donc le différentiel de croissance, et finalement creuse les inégalités .
Solutions : Certains auteurs sont alors favorables à un transfert de technologie des pays riches vers les
PVD afin de constituer un capital de connaissances au départ ; d’autres leur répondent qu’il faut encore
que ces technologies soient adaptées au pays(cf thèse des technologies appropriées : chapitre
mondialisation)
Sur le site Eco dico de la BNP Paribas, une vidéo sur la notion de capital humain et son intérêt:ici
Sur le site de l’ENS Lettres et Sciences humaines, un dossier de Pascal Le Merrer : Une présentation générale Diapositives
(Partie 1) Diapositives (Partie 2)
Sur le site de l’ENS Lettres et Sciences humaines, un article sur la théorie de la croissance endogène : ici
A. Le modèle américain
- En apparence les EU sont un modèle de pays libéral .En réalité , l’intervention de l’Etat , en particulier par le biais de
la recherche militaire , est considérable .L’Etat va donc orienter l’effort de recherche mené par les entreprises ( cf. le
programme pour aller sur la lune de Kennedy , programme guerre des étoiles de Reagan, le rôle du pentagone dans le
lancement d’internet )
- Néanmoins , ceci n’empêche pas que les entreprises exercent un rôle important dans la recherche , en particulier dans
son orientation . Alors qu’en France , les chercheurs se consacrent principalement à la recherche fondamentale qui ne
comporte pas véritablement de débouchés économiques , aux EU , les chercheurs en particulier dans les universités
sont associés aux entreprises , créent des entreprises et font de la R-D qui débouche sur la production de biens
innovants .
B. Le modèle japonais
Dans les années 50 , les Japonais copient l’occident ; dans les années 60 , ils améliorent les produits occidentaux par des innovations
mineures ; à partir des années 70 , les innovations incrémentales se sont développées . La force du Japon repose donc sur 4 points
- un effort de formation de la main-d’œuvre très important
- comme pour l’Allemagne , une des chances du Japon a été de se voir interdire après la guerre de 39-45 de mener des
recherches militaires qui , étant secrètes n’irriguent pas le tissu économique ( handicap de la France et des EU). Le
Japon a pu alors se concentrer sur la recherche civile et déposer des brevets profitant directement aux entreprises
- le MITI : le Ministère de l’Industrie va coordonner l’action de recherche des entreprises en orientant l’effort de
recherche vers les marchés qui sont les plus porteurs , c’est-à-dire que le MITI ne se substitue pas aux entreprises ,
mais qu’il vient en complément des entreprises en gouvernant par ce que l’on a appelé l’administration guidance qui
est basée sur des mesures incitatives .
C. Le modèle européen
La recherche européenne est relativement peu performante (cf. l’informatique française) . Ceci résulte essentiellement de 2
tendances :
- chaque pays européen a voulu développer sa propre recherche , ses propres normes technologiques afin de bénéficier
de champions nationaux qui pourraient être compétitifs sur le marché mondial . Ceci se traduit au niveau européen par
des déséconomies d’échelle : plusieurs pays menant la même recherche et arrivant séparément au même résultat
- chaque pays a voulu être présent partout : les efforts de recherches ont donc été dilués . Or ,plus la taille est restreinte ,
plus l’effort de recherche doit être concentré , ce qui nécessite une spécialisation sur des créneaux .
conséquences : Face à cette situation d’échec relatif , 2 tendances peuvent être anticipées :
- le modèle anglais à l’époque de Thatcher ultra libéral : qui conduit à une retraite pure et simple : l’Etat diminuant son
effort de recherche et le déléguant aux entreprises étrangères , ce qui à terme nuirait à la compétitivité du pays
- poursuivre les efforts de recherche , mais non plus au niveau national , au niveau européen , ce qui permettrait de
mobiliser des capitaux beaucoup plus importants ( d’où économies d’échelle ) , d’éviter une concurrence inefficace ,
permettrait de lutter à armes égales avec les Américains , mais nécessiterait de la part de chaque pays un effort de
spécialisation , c’est-à-dire l’abandon de certains créneaux , une division internationale de la recherche et de la
production s’opérant au niveau européen .L’égoïsme de chaque pays conduit au pessimisme ; par contre , l’exemple
d’Airbus ou le développement des accords entre firmes européennes, les mouvements de concentration permettent
d’être plus optimistes .
Le rapport 2009 de l’OCDE : une comparaison internationale de l’effort de recherche et d’innovation, cliquez ici
Sur le site de Canal U , une conférence de Jean-Hervé Lorenzi qui donne un éclairage sur la fichesur :
Economie et innovations ici
• Présentation
• 09:06 Introduction
• 19:51 Les relations entre progrès technique et croissance
• 17:13 L'innovation dans la pensée des économistes