L’acte d’apprendre implique des dimensions cognitives et affectives → nécessité pour l’éducateur de
maitriser des savoirs et techniques permettant de penser l’environnement d’apprentissage.
2 niveaux de l’apprentissage :
- Certains renvoient aux automatismes (utiliser et appliquer des procédures simples).
- Certains renvoient à la compréhension (a trait à la réflexion, au raisonnement, à la création
et à la prise de décision).
Facteurs du processus d’apprentissage :
- Manières d’apprendre
- Attention
- Motivation
- Critères de l’apprentissage
Méthodes
Place de Auteurs
Processus Dynamique associées en
l’apprenant référents
éducation
Attention et Imposition du L’apprenant est Enseignements -Locke
observation. savoir dans une un sujet frontal ou cours -Condillac
L’apprentissage logique ignorant. magistral. -Jacobson
découle d’une d’émetteur/récep
Transmission
intégration de teur
savoirs exposés ou
de savoir-faire
observés.
Conditionnement : Construction Centration sur Pédagogie par -Pavlov
L’apprentissage est inconsciente de la l’apprenant en objectifs. -Skinner
pensé comme la réponse par une termes de Enseignement -Thorrndike
conséquence d’une dynamique de comportements assisté par -Watson
Behaviorisme succession de stimulus/réponse observables. ordinateur.
(conditionneme réponse à des avec feed-back
nt) stimulations. positif ou négatif
dans un
environnement
structuré en
extériorité.
Réorganisation : Dynamique de C’est par son Méthodes -Wallon
Les nouvelles prise de activité de actives par -Bruner
connaissances et conscience et de résolution de situation de -Piaget
compétences compréhension, situations résolution de -Vigotsky
Constructivisme s’acquièrent en réorganisation problème que je problèmes.
(socio- remettant en des structures de sujet apprend.
constructivisme question des pensée et
, éléments d’action.
cognitivisme) précédemment
appropriés et
intégrés par le sujet
à partir de sa
propre activité.
Houdé met en évidence certaines limites des travaux de Piaget : Des compétences comme
l’inhibition sont des facteurs essentiels de l’apprentissage.
Giordan cherche aussi à dépasser ces modèles « simplistes ». Il propose une approche par un modèle
« allostérique » qui pend en compte les différentes dimensions d’un apprentissage (cognitive,
affective, méga-cognitive et sociale).
Meirieu attire l’attention des éducateurs sur l’antagonisme qui lie les 2 principes éducabilité et
liberté :
Au nom du principe d’éducabilité Au nom du principe de liberté
L’éducateur peut se mettre en situation En l’attente d’une motivation intrinsèque,
d’acharnement pédagogique ou de dressage l’éducateur peut être tenté de renoncer en de
face à un élève dans le refus d’apprendre. laisser l’élève en jachère.
Le sujet de l’éducation est lui-même un élément de la situation d’apprentissage dans toutes ses
dimensions cognitives mais également affectives (qui constituent à la fois un moteur et un obstacle
potentiel aux constructions de connaissances et de compétences).
→Dimension affective particulièrement prise en compte dans l’éducation spécialisé.
Beillerot définit le rapport au savoir = processus par lequel un sujet, à partir des savoirs acquis,
produit de nouveaux savoirs singuliers lui permettant de penser, de transformer et de sentir le
monde naturel et social.
Chalot, Bautier et Rochex mettent en évidence 2 notions opératoires pour comprendre les relations
que les élèves entretiennent avec le scolaire :
- Rapport au savoir : relation de sens entre un individu et les processus ou produit du savoir.
- Rapport à l’école : relation de sens entre un individu et l’école comme un lieu, ensemble de
situations et de personnes.
Ces rapports sont différents selon les cultures familiales et peuvent être source de difficulté scolaire
pour certains élèves.
La pédagogie et la didactique sont souvent associées dans le sens commun mais elles renvoient à des
dimensions de l’apprentissage et de l’enseignement différentes :
- La pédagogie se situe du coté de relationnel et de l’organisationnel (relations affectives et
organisation sociale).
- La didactique se situe au niveau des savoirs.
Selon Astolfi, Didactique = Ensemble des procédures d’apprentissage et/ou d’enseignement propre à
des champs disciplinaires.
Apprentissage et Didactique 7
2.B. Enseigner, une manière de « faire apprendre » : Les pratiques pédagogiques en milieu scolaire.
2.B.1. Les modèles de l’enseignement d’Astolfi.
La transmission :
La connaissance est vue comme un contenu qui vient s’imprimer dans la tête de l’apprenant comme
dans une cire molle.
L’élève : perçu comme passif.
Le schéma de transmission dominant : type émetteur/récepteur dans le cadre d’un cour magistral.
Rôle de l’enseignant : Exposer de manière progressive et rationnelle le savoir
Apprentissage et Didactique 8
Les + : Permet de donner la même information à tous en même temps et de diffuser une même
information à un très grand nombre.
Les - : ne fonctionne que s’il y a compatibilité des structures cognitives et culturelles entre
l’enseignant et les élèves. L’intérêt et la motivation doivent faire partis d’un « déjà là »
Le constructivisme :
Il fonctionne sur le postulat que les savoirs ne se transmettent pas par imposition mais se
construisent grâce à l’activité intellectuelle de l’apprenant qui observe, tâtonne, recherche en se
confrontant à des obstacles.
À partir de la résolution de situations problèmes, l’apprenant doit être mis en position de modifier
ses conceptions, les faire évoluer pour réorganiser ses savoirs et savoir-faire afin de construire de
nouvelles compétences.
Il s’agit d’organiser des situations nécessitant la confrontation à un obstacle en interaction avec un
enseignant médiateur ou des pairs.
2.B.2. Une grille pour analyser les situations d’enseignement : le triangle pédagogique de Houssaye
le triangle pédagogique de Houssaye d’une grille de lecture mettant en perspective dans les
approches pédagogiques la place dévolue à la logique d’enseignement (au sens restreint du
processus de transmission) et la place laissée au processus d’apprentissage de l’élève.
C’est une représentation simplifiée d’un système dans laquelle il distingue le « processus enseigner »
et le « processus apprendre » comme logique pédagogique.
Elle décrit le fonctionnement de la situation pédagogique à partir de trois expressions (savoir,
professeur, élèves) entendues comme des termes génériques et interroge les relations entretenues
par chacun de ses termes.
Il pose l’hypothèse que dans toute relation pédagogique, il y aurait en fait deux sujets principaux et
un troisième prenant la place du « mort » (en analogie au jeu du bridge : tiers passif temporairement
exclu mais sans lequel le jeu ne pourrait se faire). La relation ainsi définie est qualifiée de processus
et il en distingue trois :
- le processus « enseigner » privilégie l’axe professeur/savoir et c’est l’élève qui joue la place
du mort.
- Le processus « former » privilégie l’axe professeur/élève et c’est le savoir qui joue le rôle du
mort.
- Le processus « apprendre », privilégie l’axe élève/savoir et c’est le professeur qui occupe la
place du « mort ».
Apprentissage et Didactique 9
-
Limites de ce modèle qui peuvent expliquer les dysfonctionnements de situation scolaires:
- Les élèves deviennent perturbateurs car ils ne se sentent pas concernés par l’exposition d’un
savoir qui leur échappe et avec lequel seul l’enseignant « qui fait cours » est en connivence.
- La relation entre le formateur et le formé peut devenir tellement fusionnelle dans le
processus « Former » que le savoir peut être l’oublié de la situation : c’est le risque de
pédagogies libertaires dans lesquelles les participants sont « bien ensemble » mais au
détriment des objectifs d’apprentissage devenus totalement secondaires.
- Dans le processus « Apprendre », le retrait trop important de l’adulte de la situation en se
mettant en position de n’être plus qu’un organisateur/ observateur non intervenant peut
empêcher la mise en place des médiations nécessaires pour réguler cette relation directe de
l’élève face au savoir et l’aider à faire tout seul.
Cette modélisation permet d’interroger les formes de l’apprentissage dans leur intérêt et leurs
limites car chacun de ces processus s’articule sur une conception pédagogique de l’ « apprendre », et
hiérarchise les priorités → intéressant pour réfléchir les évolutions de la forme scolaire qui
fonctionne en identification à ce « processus enseigner » et permet de comprendre les limites des
méthodes pédagogiques.
L’enseignant efficace pour les tenants des L’enseignant efficace pour les socio
pédagogies explicites constructivistes
Enseignant qui propose des activités « très »
structurées. Il travaille à petit pas. Il arrive à
Enseignant qui organise et anime des situations
gérer son programme avec dextérité en insistant
d’apprentissage. Il construit des activités où les
suffisamment longtemps sur les matières
élèves sont mis en recherche. Par l’action, les
importantes. Il propose des évaluations qui
élèves sont amenés régulièrement à résoudre
correspondent à ce qui a été effectivement
des problèmes. Ceux-ci ont comme objectif
enseigné. Il pose de nombreuses questions et
d’amener les élèves à modifier leurs
pratique un feedback positif (des louanges rares,
représentations en les confrontant à des
mais distribuées à bon escient). Il est expert,
obstacles cognitifs. Il pratique régulièrement une
s’intéresse aux apprentissages fondamentaux et
évaluation formative, propose des travaux de
se démarque de l’enseignant « animateur ».
groupes et met en place une différenciation des
L’enseignant efficace peut travailler de manière
apprentissages. Il travaille avec les enfants en
« frontale » et négliger la différenciation des
difficulté, suscite le désir d’apprendre, explicite
apprentissages et les travaux de groupes. Il
le rapport au savoir et le sens du travail scolaire.
arrive à impliquer les élèves dans les exercices
individuels. C’est une personne rigoureuse.
Carette met en évidence que la notion d’ « efficacité » est à considérer au regard des formes
d’évaluation employées.
- Si elles sont standardisées et dans une approche de restitution et d’application, elles font
apparaître mécaniquement les élèves les plus « scolaires » des pédagogies de l’empreinte et
du conditionnement comme plus efficaces sur ce type de tâche.
- Si l’évaluation s’articule sur une logique de compétences, ce sont les approches centrées sur
l’élève d’inspiration constructiviste qui auraient, dans ses enquêtes, les meilleurs résultats.
Goigoux utilise l’expression de « Pédagogie éclectique » pour désigner son projet d’une construction
pédagogique réaliste s’appuyant sur le bilan des différentes méthodes pratiquées et cherchant à en
concilier les avantages → complémentarité de ces méthodes.
Toute méthode doit être en capacité de répondre à la diversité des profils d’apprentissage des élèves
et d’intégrer une dimension de différenciation pédagogique.
Mettre en ouvre une différenciation pédagogique systématique serait donc une compétence
professionnelle experte mais elle reste relativement limitée dans les pratiques enseignantes
observables.
Apprentissage et Didactique 12
Introduction
Dans le langage courant, le terme didactique est souvent connoté de manière négative, comme
synonyme de méthodique, rigoureux. Utilisé comme synonyme de pédagogie, il contribue à l’illusion
qu’il existerait une méthode d’enseignement efficace pour tous, indépendante des disciplines
enseignées.
Les recherches en didactique visent à étudier les relations existant entre un enseignant et ses élèves,
dans ce qu’elles ont de spécifiques des savoirs en jeu. De ce fait, toutes les didactiques ne peuvent
pas être réduites à une didactique générale.
La recherche en didactique est une première étude critique théorique pour essayer de fonder des
pratiques pédagogiques non pas sur la tradition ou l’empirisme mais sur une approche rationnelle de
ces questions.
1. Le système didactique.
1A. Une approche systémique.
L’approche systémique qui permet de mettre en relation les principaux protagonistes : le maître,
l’élève et le savoir afin de décrire et de comprendre les interactions entre l’enseignant et les élèves
lorsque l’enjeu de ces interactions est spécifique des savoirs enseignés.
Les didactiques visent à :
- décrire le fonctionnement de ce système didactique.
- identifier les phénomènes qui lui sont propres (enseigner, apprendre).
- observer les régularités du système (ce qui fait par exemple que la classe de mathématiques
ne peut pas être confondue avec la classe d’histoire-géographie).
- connaître ses possibilités d’évolution et les contraintes de son bon fonctionnement.
communautés qui leur ont donné naissance et dans lesquelles ils sont mobilisés (transposition
didactique).
L’intérêt de cette représentation est de mettre en évidence les interactions possibles entre les trois
protagonistes (enseignant, élève et savoir) et de ne jamais considérer les relations qui les lient deux à
deux indépendamment du troisième protagoniste.
L’élève :
Le projet de l’élève est d’apprendre. Il n’est pas passif dans ce projet, et ne peut être considéré
comme un simple réceptacle de l’information fournie par l’enseignant, comme cela est parfois
suggéré dans des théories transmissives de l’apprentissage.
L’apprentissage n’est ni un processus de simple transfert ni un processus linéaire et continu → l’élève
aborde un enseignement avec une structuration particulière des connaissances, qui peut ou non être
compatible avec ce que l’on souhaite lui faire apprendre.
La plupart des recherches en didactique s’inscrivent dans la lignée des travaux de Piaget et font
l’hypothèse que le sujet apprend en s’adaptant à un milieu qui est producteur de contradictions, de
difficultés, de déséquilibres.
Plus récemment, les perspectives socioconstructivistes ont été intégrées, donnant toute son
importance aux médiations sociales dans l’apprentissage, et postulant que l’apprentissage précède le
développement. Cette dernière hypothèse pose l’acte d’enseignement, et donc le rôle de
l’enseignant, comme fondamental pour apprendre.
Dans les travaux de didactique, on va parler d’apprenant plutôt que d’élève, ou d’enfant. Ce
changement de terme (enfant – élève – apprenant) n’est pas anodin mais lié au cadre théorique
mobilisé pour étudier son activité.
Pour l’élève, il faudra s’approprier une culture particulière, un ensemble de règles et de pratiques,
réaliser des tâches selon des codes donnés, ou qu’il faudra décrypter, les traditions à l’école n’étant
pas nécessairement identiques à celles de la vie quotidienne de l’élève (Cf : « métier d’élève » de
Perrenoud).
Apprentissage et Didactique 14
La didactique s’intéresse à l’élève qui, confronté à un objet de savoir en classe, accepte d’entrer
dans le jeu de l’apprentissage. Elle ne prendra donc pas en charge les aspects sociétaux (ni les
aspects liés à l’organisation scolaire (structuration de l’espace, vie de l’établissement).
Le savoir :
Le savoir présenté en classe entretient des liens culturels et sociaux avec l’extérieur de la classe. Il a
une histoire, qui conditionne à la fois ce que peut devenir le contenu à enseigner, sa place dans un
cursus, la forme de sa présentation, les activités scolaires couramment associées. Il dépend
également de plusieurs facteurs : conceptions épistémologiques dominantes dans les communautés
savantes, relations culturelles entretenues avec les domaines afférents, finalités sociales fixées à cet
enseignement.
Les termes de savoir et de connaissance ne sont pas complètement synonymes :
- Les connaissances sont à considérer du point de vue de l’apprenant. Ce sont des
constructions individuelles auxquelles il n’est pas possible d’avoir directement accès. Elles
sont reconstruites par les chercheurs via les productions (orales, écrites, gestuelles) des
apprenants.
- Le savoir est extérieur à l’individu. Il existe un texte du savoir, que l’on peut consulter (les
ouvrages universitaires par exemple). Contrairement aux connaissances, le savoir est
construit de manière communautaire, ce qui lui permet d’être validé par un ensemble
d’individus, reconnus comme les experts de ce domaine de savoir.
L’enseignant :
Le projet de l’enseignant est d’enseigner. Il s’appuie sur des conceptions sur l’élève, le savoir, la
manière dont un élève apprend, les finalités de l’enseignement qu’il prodigue, les fondements
épistémologiques des disciplines.
Le rôle de l’enseignant est d’organiser des situations qui permettront, si l’élève accepte d’entrer dans
son rôle d’apprenant, d’accéder aux savoirs.
des liens entre le professeur et les élèves, et c’est cela qui les caractérisent. Toutefois, le système
didactique a une caractéristique particulière, celle d’avoir pour finalité de disparaître : si l’enseignant
réussit sa mission, l’élève doit pouvoir maintenir sa relation au savoir hors de sa présence. Cela
suppose que s’opère un déplacement de la responsabilité par rapport au savoir de l’enseignant vers
l’élève : l’élève devient responsable de son rapport au savoir.
Cette assimilation des deux temps ne prend pas en compte les phénomènes d’après-coups, et
légitime les évaluations sommatives.
Les recherches conduites par C. Félix montrent que le système didactique auxiliaire est donc
pleinement articulé au système didactique principal (pour l’élève, faire de l’histoire, c’est commenter
Apprentissage et Didactique 16
des documents ; faire des mathématiques, c’est faire des exercices). Le transport des règles d’un
système à l’autre est source de difficultés pour certains élèves.
2. Le contrat didactique
Brousseau définit le contrat didactique = ensemble des comportements spécifiques des savoirs
enseignés du maître qui sont attendus de l’élève, et l’ensemble des comportements de l’élève qui
sont attendus du maître.
Ces comportements peuvent être assimilés à un ensemble des règles, pour la plupart implicites, qui
permet de déterminer les rôles respectifs de l’élève et du maître dans la classe par rapport au savoir.
Au fur et à mesure de l’enseignement, les règles d’interactions entre l’enseignant et les élèves
changent. De nouvelles règles apparaissent, d’autres disparaissent, ce qui était permis à un moment
ne l’est plus (compter sur ses doigts, ne pas connaître un événement historique). Ainsi, les règles du
contrat didactique évoluent avec le temps, elles sont sans cesse renégociées implicitement au travers
des tâches qui sont données aux élèves.
Les règles du contrat didactique sont le plus souvent implicites, ce qui conduit parfois à des
incompréhensions entre les élèves et l’enseignant.
Or, expliciter le contrat revient à indiquer les attentes spécifiques du maître quant aux savoirs à
prendre en compte et à la manière de les manipuler, ce qui revient à donner la « bonne » réponse à
l’élève et de fait à anéantir les possibilités d’apprentissage. On peut considérer que l’apprentissage
repose non pas sur la mise en œuvre adéquate des règles du contrat, mais bien sur les ruptures de ce
contrat didactique.
par les élèves. dans cette stratégie, il n’est pas fait cas de la procédure mise en œuvre pour
répondre : seul le résultat final compte. Ainsi, les connaissances mises en œuvre par les
élèves ne sont pas prises en charge, alors qu’elles sont souvent les indicateurs de la
compréhension des concepts en jeu dans la tâche prescrite.
- L’effet de l’attente incomprise : l’enseignant pose une question initiale, l’élève répond, et
l’enseignant évalue (bien souvent, il passe la parole à d’autres élèves avant d’évaluer). Dans
cette forme assez usuelle des interactions en classe, cela conduit l’enseignant à faire circuler
la parole jusqu’à l’obtention de la réponse attendue… comme si celle-ci allait de soi. Les
réponses fournies par les élèves dans cette situation peuvent être tout à fait acceptables si
on ne prend pas en compte les objectifs d’enseignement précis de l’enseignant. De manière
générale, les réponses à une question donnée ne vont jamais de soi. Le maître sait ce qu’il
doit enseigner, alors que l’élève est en phase d’apprentissage.
Le contrat didactique ne doit pas être considéré comme toujours néfaste à l’apprentissage. Il peut
être une aide pour les élèves, en lui indiquant par exemple quelles sont les procédures à utiliser,
quelles sont celles attendues ou reconnues par l’enseignant comme légitime à un moment donné.
Le contrat didactique peut également être une aide pour l’enseignant : connaître les règles de ce
contrat peut lui permettre d’interpréter les réponses des élèves en recherchant la signification des
réponses fournies.
Il permet aussi de faire évoluer les significations du contenu : les contenus enseignés évoluent,
vieillissent : Si on peut commencer à additionner en comptant sur ses doigts, cela n’est plus
acceptable en fin de cycle 3… Ce qui est autorisé à un niveau donné peut ne plus être acceptable à un
niveau supérieur.
Situation didactique : Situation mise en place par le maître, dans laquelle l’intention d’enseigner est
explicite : elle vise à modifier ou faire émerger les connaissances des élèves. Analyser une activité en
termes de situation permet de modéliser les enjeux et les possibilités de décisions de l’enseignant ou
des élèves, en relation aux éléments du milieu avec lequel ils interagissent.
Situation non didactique : Situation qui ne relève pas d’une intention d’enseigner. Les apprentissages
découlant de la confrontation à une situation non didactique résultent d’un moyen économique
Apprentissage et Didactique 18
d’action (répondre à une question par une opinion, faire du vélo). Pour autant, il peut arriver qu’une
situation non didactique soit mobilisée dans une situation didactique et de ce fait, puisse servir un
projet didactique.
Situation a-didactique : Correspond à la partie de la situation didactique que l’enseignant met sous la
responsabilité de l’élève : l’élève doit agir comme s’il ignorait les intentions d’enseignement du
maître. L’élève peut agir comme si la situation était non didactique. Il met en œuvre ses propres
connaissances sans que l’enseignant intervienne que ce soit par valider ou invalider leur pertinence
en relation à la situation. Cela suppose d’avoir conduit une analyse a priori des connaissances à
mettre en œuvre, en relation avec les caractéristiques de la situation, de manière à optimiser les
possibilités de mises en œuvre de connaissances adéquates par les élèves. Une situation a-didactique
est toujours spécifique d’un savoir. Si cela n’était pas le cas, il s’agirait d’une situation non
didactique. Ainsi, la construction d’une situation a-didactique doit toujours reposer sur des
connaissances préalables des élèves, de manière à ce qu’il puisse commencer à s’engager dans la
recherche de solutions adaptées.
Dévolution : Processus au cours duquel l’enseignant parvient à obtenir de l’élève qu’il s’approprie la
situation, et accepte d’entrer dans la situation d’enseignement pour en faire une situation
d’apprentissage. Pour cela, l’enseignant doit construire une situation spécifique qui va justifier le
recours aux connaissances préalables et l’introduction de connaissances nouvelles.
À la fin du processus de dévolution, l’élève se trouve dans une situation a-didactique : les actions et
les décisions des élèves ne seront liées qu’aux caractéristiques du milieu, et non une simple réponse
aux demandes explicites de l’enseignant. L’enseignant doit élaborer une situation pour laquelle les
élèves ne seront pas certains des connaissances à mobiliser. Dans ce cadre, l’erreur de l’élève devient
possible (voire même certaine si la situation vise à introduire de nouvelles connaissances par essence
non encore acquises par les élèves), et l’élève doit accepter de traiter la situation sans certitude sur
sa réussite. La dévolution implique donc nécessairement une prise de risque par l’élève.
La dévolution et l’institutionnalisation sont les deux actes d’enseignement qui encadrent le passage
d’une situation didactique à a-didactique :
Dévolution : l’enseignant personnalise et contextualise le savoir.
Institutionnalisation : l’enseignant le décontextualise et le dépersonnalise dans le but de lui attribuer
un caractère universel.
Pendant cette phase, les échanges d’informations entre les élèves d’un même groupe peuvent
prendre la forme de messages oraux ou écrits, et être formulés en langage naïf ou en langage plus
spécifique à la discipline.
Dans chaque groupe, il y aura :
- des élèves émetteurs en charge d’expliciter leur modèle jusqu’alors implicite.
- des élèves récepteurs, en charge de vérifier la compréhensibilité du message transmis.
Au cours des échanges, les justifications fournies quant au modèle développé doivent reposer sur un
ensemble de connaissances connues et partagées des élèves. Elles ne relèvent donc pas
nécessairement des savoirs disciplinaires, surtout si ces savoirs sont l’enjeu de la situation construite
par l’enseignant.
4. Les situations-problèmes
4.A. Introduction sur les problèmes scolaires. (74)
Un problème introduit une discontinuité dans l’expérience du sujet. Pour qu’il y ait problème, il faut
que les connaissances à mettre en œuvre pour sa résolution ne soient pas déjà intégrées,
automatisées par les élèves. Pour traiter un problème, il faut élaborer une procédure, une stratégie,
inventer, prendre des risques. Un problème pour un individu donné n’est pas nécessairement un
problème pour un autre qui a déjà pu construire des stratégies efficaces pour le surmonter.
Les problèmes scolaires exigent de l’élève qu’il mobilise des connaissances et des compétences de
manière relativement autonome.
Apprentissage et Didactique 21
Enseigner à partir de situations problèmes amène à une gestion de classe particulière. Les effets sur
l’apprentissage peuvent être différents selon si le travail se fait en groupe ou de manière individuelle,
si l’enseignant apporte de l’aide ou non. Dans tous les cas, l’élève doit acquérir des nouvelles
connaissances, ce qui signifie que le professeur doit assurer la dévolution du problème à la classe.
L’enseignant doit donc choisir une organisation qui permette aux élèves d’être pleinement
responsables de la solution du problème et d’être autonomes dans la recherche de solutions.
- L’implication personnelle des élèves dans la solution à obtenir, la comparaison des stratégies
en termes d’efficacité au cours des phases de débat sont autant d’éléments qui peuvent
conduire à déstabiliser certains élèves.
Avantages :
- Donne un statut légitime à l’erreur, qui devient significative d’un état de connaissances
réelles, point d’appui pour comprendre la situation proposée et proposer des solutions.
- Permet aux élèves d’adapter leurs conceptions et connaissances préalables en prenant
conscience de leurs insuffisances.
envisageable de faire construire des concepts abstraits aux enfants (par exemple en algèbre) avant
que ceux-ci n’aient atteint le stade des opérations formelle (11-16 ans).
Variables micro-didactiques ou locales : Elles peuvent être modifiées par l’enseignant à chacune des
séances. Elles sont habituellement liées aux éléments associés à la consigne donnée aux élèves.
Elles permettent :
- De modifier les types de connaissances mobilisées, les stratégies mises en œuvre
- De donner des indications sur les étapes, de faciliter ou de complexifier la résolution de la
tâche
Ces variables concernent :
- L’organisation de la séance, le discours qui accompagne la mise en activité des élèves
(présentations des objectifs d’enseignement, de l’activité proposée…)
- Le cadre dans lequel la séance est présentée (par exemple en EPS, activité en intérieur ou
extérieur, une course d’orientation en milieu connu ou inconnu…)
- Le découpage de la séance en tâches individuelles, collectives, groupe, classe entière
- Les caractéristiques de la consigne fournie : les informations à traiter, les outils à disposition
des élèves, les relations explicites entre la consigne et les activités conduites au préalable.
6. La transposition didactique
Deux concepts sont souvent opposés pour rendre compte des relations entretenus par les savoirs à
l’école et dans la société : la transposition didactique et les pratiques sociales de référence.
Pour Chevallard il est possible de produire des savoirs, de les utiliser, de les enseigner, et de les
manipuler pour les faire passer d’une institution à une autre, autrement dit de les transposer. On
peut parler de transposition didactique quand l’institution cible est une institution d’enseignement.
La théorie de la transposition didactique permet de rendre compte de toutes les transformations
opérées pour rendre une matière enseignable. Il le décline en deux types de transposition :
- La transposition didactique externe : assure le passage du savoir savant au savoir à
enseigner : décisions sur les contenus de savoir à prendre en compte, structuration des
contenus, objectifs d’apprentissage.
- La transposition didactique interne : Cette étape est à la charge des enseignants, qui
s’emparent des objets de savoir à enseigner pour les transformer en savoir enseigner. Il est
possible d’accéder aux contenus du savoir enseigné en observant ce que l’enseignant fait
dans sa classe, avec ses élèves.
Pour d’autres ce sont les savoirs qui sont transposés, les pratiques étant au service de ces savoirs, et
donc secondaires.
Un troisième point de vue concernant les relations entre pratiques et savoir consiste à les juxtaposer,
considérant qu’il ne peut exister de savoirs sans pratiques, ni même de pratiques sans savoirs