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Texte : Un parent sur deux espionne son ado

Inquiets et curieux de l’usage que font leurs enfants d’Internet, les adultes consultent leur
compte en catimini.

Quarante-cinq pour cent des Français ont accédé au compte Facebook de leur enfant à son
insu! C’est ce qu’il ressort d’une étude publiée par la société de sécurité AVG, menée en ligne
dans onze pays auprès de 4.400 personnes dont les enfants ont entre 14 et 17 ans. Comme
pour légitimer leur ingérence, ces parents espions sont aussi nombreux à redouter que les
interactions de leurs adolescents sur les réseaux sociaux – une photo compromettante comme
un commentaire malheureux – ne leur portent préjudice au moment de se lancer sur le marché
du travail.
"Parce que nous sommes dans un contexte de panique morale qui génère de l’angoisse, les
parents cherchent des stratégies pour vérifier que leurs enfants ne font pas tout et n’importe
quoi", explique la sociologue Laurence Le Douarin, qui s’interroge sur le nombre de fois où
les parents ont accédé au compte de leur enfant ainsi que sur la fréquence de ces intrusions.
Laurence Le Douarin évoque "des tensions sociales entre l’autonomie d’un côté et le contrôle
de l’autre". Les mêmes dans la sphère familiale que dans le monde du travail. "Ces
équipements qui favorisent l’autonomie et la flexibilité sont, en même temps, des outils de
surveillance", rappelle la spécialiste de la sociologie des usages, auteur d’un essai sur Le
Couple, l’ordinateur, la famille (Payot).
Aujourd’hui, la crise d’adolescence se vit sur Internet
Si les mères sont les plus intrusives (49% contre 39% pour les pères), elles ont plus de mal
que les hommes à concevoir que leur progéniture puisse avoir des activités numériques
inavouables : accès à des sites pornographiques, jeux d’argent en ligne, téléchargement
illégal, échanges de contenus électroniques sexuellement explicites. […]
Sur Facebook, 92% des parents sont amis avec leurs enfants et 72% connaissent leur mot de
passe, selon un sondage réalisé en janvier dernier auprès de 500 internautes par la société
américaine Lab42, spécialisée dans les études marketings via les réseaux sociaux. Too much?
Pour le psychologue Michael Stora, membre fondateur de l’Observatoire des mondes
numériques, "beaucoup de parents vont utiliser Internet comme un outil de contrôle parce
qu’ils ne supportent pas que leur ado leur échappe". Aujourd’hui, la crise d’adolescence serait
surtout virtuelle. "La transgression se fait de plus en plus sur les écrans, insiste Stora. Au
fond, cette fenêtre sur le monde, cet espace de liberté, les jeunes l’ouvrent depuis leur
chambre."
Si le réseau social aux 900 millions d’utilisateurs est une vitrine où l’adolescent joue de son
image, c’est également un espace aussi intime qu’un journal dans lequel les adultes cherchent
à comprendre ce qui les dépasse. Les ados, qui ne sont pas dupes, savent ce qu’ils montrent.
Ils connaissent les subtilités de la négociation et développent des stratégies de
contournements. Michael Stora, qui dirige la cellule psychologique de la radio Skyrock, le sait
bien : "Lorsqu’un ado qui tient un blog le montre à ses parents, c’est souvent qu’il en a
d’autres beaucoup plus sulfureux…"
Chr. De Traddeo, Le Journal du Dimanche, 6 mai 2012

Questions :
1-Précisez si les affirmations ci-dessous sont vraies ou fausses et justifiez votre réponse.
a) Près de la moitié des français se sont rendus sur le compte Facebook de leur enfant
sans le lui dire.
b) Cette étude a été faite par téléphone dans onze pays.
c) Les parents prétendent protéger ainsi l’avenir de leurs enfants.
d) Les parents s’inquiètent de ce que leurs enfants pourraient faire sur les réseaux
sociaux.
2- Quel est le paradoxe que présentent les équipements de télécommunication ou
informatiques ?
4- Quel rôle joue Internet pour les parents ? Pourquoi ?
5- Conscients des « intrusions » de leurs parents sur leur compte Facebook, que font les
adolescents pour y échapper ?

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