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Le Procès
Principes de l’exercice
Ø Objectifs
Linguistiques : - Savoir parler d’un évènement dans son contexte politique, culturel
et social
- Etre capable de restituer le contenu d’une information de manière
précise et concise
- Savoir exprimer une opinion
- Savoir défendre un point de vue
Culturels : - Connaître les problématiques sociales, politiques et culturelles du
monde francophone contemporain
Ø Principes de l’exercice
Ø Structure
Temps
Chaque parti disposera de 10 minutes, soit 3 minutes environ pour chaque étudiant,
réparties comme vous le voulez. Les membres du jury auront une vingtaine de minutes pour
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FREN 2095 – French Intermediate: Composition and Conversation, II Spring 2018
Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
poser des questions aux différents partis, pour exposer leur position et finalement pour rendre
leur verdict.
Contenu
ü Si vous êtes membre d’un parti, préparez collectivement et individuellement votre
intervention.
- Chez vous : Collectivement, réfléchissez aux différents arguments que vous voulez
développer soit pour accuser (si vous êtes victime) soit pour vous défendre (si vous êtes
potentiellement responsable de ce qui arrive). Vous pouvez décider de parler
collectivement, en tant que groupe, ou décider de jouer des rôles individuels, avec des
personnalités et des opinions spécifiques. Dans tous les cas, chaque étudiant doit parler
la même quantité de temps par groupe. Le temps de parole est le même pour chaque
étudiant.
- En classe : Chaque parti du débat présentera ses arguments tour à tour. Puis les membres
du jury vous poseront des questions de manière à délibérer et à rendre leur verdict.
ü Si vous êtes membre du jury,
- Chez vous : lisez attentivement les documents du sujet et préparez quelques questions
que vous aimeriez poser. Faites-vous une opinion et prenez position dans le débat qui
est présenté. Demandez-vous quelles informations vous sont disponibles, et quelles
informations il vous manque pour comprendre les enjeux du problème et établir vos
conclusions.
- En classe : Une fois que les différents « partis » auront présenté leurs argumentaires,
vous leur poserez des questions de manière à pouvoir juger le conflit et à délibérer. Vous
prendrez ensuite quelques minutes pour choisir le parti qui vous a le plus convaincu et
rendrez votre verdict.
ü Quel que soit votre rôle, vous serez évalué(e) sur votre capacité : 1) à comprendre les
enjeux du débat en question ; 2) à imaginer la position que pourrait avoir le parti que
vous représentez et à « jouer » votre rôle en conséquence ; 3) la précision de vos
arguments, et notamment votre capacité à utiliser les informations fournies par les
documents pour formuler votre argumentaire ; 4) votre capacité à user de ressources
rhétoriques (exemples, anecdotes, questions oratoires, expression des sentiments,
précision logique de votre argumentaire, etc.) pour convaincre les membres du jury de
votre position.
Ø Conseils :
-‐ Prenez le temps d’imaginer votre rôle : Qui êtes vous ? En quoi êtes-vous concerné(e) par
ce débat ? Comment réagiriez-vous si vous étiez dans cette position ?
-‐ Limitez votre intervention (individuelle) à un ou deux arguments, mais travaillez sur la
précision de leur élaboration.
-‐ Soignez la correction grammaticale de votre intervention, et veillez à prendre des risques.
-‐ Le respect du temps qui vous est imparti est important et sera évalué.
-‐ Utilisez les ressources de vocabulaire proposées dans ce document.
NB : N’hésitez pas à contacter votre instructeur et à prendre rendez-vous avec lui pour préparer
votre présentation.
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Ø Sources
• Trois sources documentaires vous sont fournies dans ce document. Ces articles ne vous
donnent pas explicitement des arguments en faveur ou à l’encontre de votre position. Ils
vous aident cependant à comprendre pourquoi il y a une polémique.
• Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire des recherches supplémentaires et vous aider
de sources que vous aurez trouvées (prises dans des journaux, des reportages, etc.).
Autres sources disponibles pour le sujet 2 :
1) https://www.youtube.com/watch?v=2NFWHVBfsY4 ;
2) https://www.franceculture.fr/politique/edouard-philippe-et-lecriture-inclusive ;
3) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/11/23/cinq-idees-recues-sur-l-
ecriture-inclusive_5219224_4355770.html
Ø Les groupes
Attention, vous devez être inscrit(e) une fois pour chaque sujet.
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Etudiant 4
Etudiant 5
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Le gisement d’Imouraren, au Niger, n’était pas un bon filon pour Areva, géant français de
l'énergie. Après l’affaire Uramin, la justice enquête.
Une installation minière d'Areva à Arlit, au Niger. C'est dans ce pays qu'Areva connaît des déboires avec une
autre mine. (Reuters)
Une nouvelle tuile en perspective pour Areva. Selon nos informations, la brigade financière a
reçu mi-mai une étude sur Imouraren, un potentiel gisement d'uranium au Niger, qui remet en
question la valorisation du site retenue dans les comptes 2016 du groupe nucléaire. Des
auditions ont déjà eu lieu et ce dossier spécifique pourrait déboucher sur l'ouverture d'une
enquête préliminaire, à côté des deux instructions judiciaires déjà lancées sur les comptes
d'Areva et le rachat d'Uramin.
C'est au milieu de la précédente décennie que le groupe, alors dirigé par Anne Lauvergeon,
décide de reprendre l'exploration d'Imouraren, situé à quelques dizaines de kilomètres au sud
d'Arlit, où il exploite deux mines en fin de vie. A l'époque, l'entreprise souhaite reconstituer son
portefeuille minier et va acquérir, dans des conditions parfois troubles, plusieurs projets qui ne
déboucheront pas : comme Uramin, une société canadienne propriétaire de trois gisements en
Afrique pour lesquels Areva a dépensé, en vain, quelque 3 milliards d'euros (investissements
compris).
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Dans la foulée, Areva va dépenser environ 900 millions d'euros pour mettre en exploitation le
gisement. Un chiffre qu'Areva refuse de commenter. Les travaux vont se poursuivre jusqu'au
début de 2014. Mais tout s'arrête en mai de cette année-là : Areva annonce que les conditions
de marché ne permettent pas la poursuite du projet. Le groupe licencie le personnel nigérien,
rapatrie les salariés français et vend une partie des équipements.
Surprise, dans les comptes 2014, Areva n'intègre aucune provision pour déprécier sa
participation dans Imouraren. Si le gel du projet l'a obligé à passer une charge de 48 millions
d'euros en exploitation, il se contente d'indiquer que les actifs corporels et incorporels
immobilisés à Imouraren sont évalués à 865 millions d'euros. L'année suivante, le groupe
commence à déprécier le site nigérien : une provision pour perte de valeurs de 194 millions,
ramenant la valeur des actifs à 694 millions (sans compter une nouvelle charge pour report du
projet de 42 millions). En 2016, Areva a de nouveau dévalorisé sa participation dans Imouraren,
pour un montant de 316 millions. La valeur des actifs tombe donc à 348 millions d'euros.
Pour quelles raisons ne pas avoir mis à zéro la participation dans Imouraren dès 2014, le projet
étant abandonné? D'autant qu'à la lecture des témoignages de géologues qui connaissent bien
le site, on a l'impression qu'Imouraren ne sera jamais le "gisement de classe mondiale" promis
un peu trop rapidement par Areva. Mais un mirage comparable à Uramin. Dans un e-mail
envoyé en juin 2012 à Luc Oursel, le successeur d'Anne Lauvergeon, un géologue qui a
longtemps sillonné le Niger pour le compte du groupe écrit : "Vous êtes dans l'incapacité d'en
connaître les réserves récupérables (exploitables) avec certitude. Imouraren!!!… C'est 50.000
tonnes commerciales au grand maximum." Avant de conclure : "Maintenant, il est de votre
responsabilité de recadrer tout cela… Avant que ça ne finisse comme Uramin… Par un scandale
médiatique!!!"
Areva n'a pas réalisé l'ensemble des analyses nécessaires avant de prendre la décision d'investir
à Imouraren. Il aurait fallu creuser un puits et quelques galeries pour étudier le minerai et sa
géométrie. Cela n'a jamais été fait
"Areva n'a pas réalisé l'ensemble des analyses nécessaires avant de prendre la décision d'investir
à Imouraren, raconte un ancien géologue du groupe. Comme le minerai se trouve à plus de 100
mètres sous terre, il aurait fallu creuser un puits et quelques galeries pour étudier le minerai et
sa géométrie. Cela n'a jamais été fait. Areva s'est reposé sur des relevés de radiométrie, alors
que cette méthode donne des résultats imprécis et parfois faux." Ce géologue préfère d'ailleurs
parler de site à propos d'Imouraren et non de gisement, puisque les minéralisations d'Imouraren
n'appartiennent à aucun modèle géologique connu. Il précise qu'il y aurait peut-être 30.000 à
50.000 tonnes d'uranium récupérables dans la zone centrale, baptisée Imfout, si les conditions
du marché le permettaient.
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Le consultant Behre Dolbear ne dit pas autre chose. Dans un rapport remis à EDF en mars 2012,
il lui déconseille fortement d'investir dans Imouraren : Areva propose alors à l'électricien de
prendre une participation de 19%. Constatant lui aussi qu'Areva ne dispose d'aucune étude
sérieuse sur la géologie du site, il met ouvertement en doute le niveau de ressources en uranium
annoncé. L'électricien ne donnera pas suite à la proposition d'Areva. Pour justifier la
valorisation du projet, Areva affirme que "le site d'Imouraren n'a pas été abandonné. Il a été mis
sous cocon dans l'attente d'un redémarrage. La valeur retenue dans les comptes correspond à
l'estimation de la valeur recouvrable de l'actif après prise en compte de la baisse du prix de
l'uranium intervenue ces dernières années". Un discours déjà entendu quand Areva a dû justifier
les provisions passées sur Uramin.
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Document 2 : Areva au Niger et l'uranium d'Arlit
Par Catherine Le Brech@GeopolisAfrique | Publié le 23/05/2013 à 11H23, mis à jour le
23/05/2013 à 13H38
Un soldat nigérien chargé de la surveillance à la mine d'uranium Areva d'Arlit, le 26 septembre 2010. © AFP
PHOTO / ISSOUF SANOGO
Le groupe nucléaire français Areva exploite de l’uranium dans la région d'Arlit, au nord du
Niger, non loin de la frontière malienne. Alors que l'exploitation de Somaïr, où plusieurs
Français ont été enlevés en septembre 2010, a subi une attaque terroriste le 23 mai 2013, coup
de zoom sur les sites miniers nigériens.
L'attaque de la mine de Somaïr a eu lieu malgré la présence annoncée, le 3 février 2013 par le
président nigérien Mahamadou Issoufou, de forces spéciales françaises sur les sites d'uranium.
Un agent d'Areva à Arlit, au nord du Niger, avait confirmé peu avant avoir «aperçu trois 4x4
avec des militaires français à bord» près du site minier.
La crainte terroriste bien présente
En septembre 2010, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait enlevé sept salariés d'Areva
et de son sous-traitant Sogea-Satom (filiale du groupe de BTP Vinci), travaillant à Arlit. Le
groupe français avait alors évacué la plupart de son personnel expatrié au Niger.
Quatre employés (un d'Areva et trois de Vinci) – Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand
et Marc Féret – sont toujours retenus comme otages. Ils sont «vivants» et se trouveraient au
Mali, non loin de la frontière avec l'Algérie, dans les montagnes des Ifoghas, a précisé
Mahamadou Issoufou.
Otages Arlit
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Les otages français enlevés le 16 Septembre 2010 au Niger par une ramification d'Al-Qaïda au
Maghreb islamique. En haut, Daniel Larribe et Marc Feret; en bas, Thierry Dol et Pierre
Legrand. © AFP/photo d'archives des familles
Des enjeux économiques énormes
Areva, second producteur mondial d'uranium en 2011, exploite dans le nord du pays sahélien
deux sites via deux sociétés lancées respectivement en 1971 et 1977. La Somaïr (détenue à 64%
par Areva et 36% par le Niger) et la Cominak (34% Areva, 31% Niger, 25% au japonais Ourd
et 10% à l'espagnol Enusa).
Le Niger, quatrième producteur mondial d'uranium – 9% du marché mondial, derrière le
Kazakhstan (36%), le Canada (17%) et l'Australie (11%) – est la deuxième source
d'approvisionnement du groupe français après le Kazakhstan et devant le Canada. Rien qu’en
2012, le site de la Somaïr a battu son record de production, en dépassant les 3.000 tonnes
annuelles d’uranium.
Uranium qui, une fois importé en France, alimente les centrales nucléaires françaises et
participe de ce fait à l'approvisionnement énergétique du pays.
La mine à ciel ouvert d'Arlit en plein désert du Sahara au Niger. Le minerai d'uranium est situé très près de la
surface. © AFP PHOTO/PIERRE VERDY
Le 28 octobre 2012, le gouvernement nigérien s'est indigné de ne tirer que «5% des recettes du
budget national» du précieux minerai, premier produit d'exportation du pays. Il a alors demandé
un «renforcement de sa participation à la gouvernance du secteur». Et le président nigérien a
lancé un pavé dans la mare en se disant prêt à ouvrir le secteur à la Chine ou à d’autres
investisseurs.
Dans ce pays extrêmement pauvre, qui a pris de plein fouet en 2012 une crise alimentaire et les
conséquences des troubles au Mali voisin, la demande de davantage de bénéfices pour la
population résonne de plus en plus.
Niamey signifie qu’il ne veut pas être lésé
Areva, qui doit aussi réfuter des accusations de pollution sur ses sites, défend son partenariat :
«Il y a 150 millions d'euros d'achats par an, plus de 100 millions de retombées fiscales.»
Et pour faire montre de bonne volonté, le leader mondial du nucléaire a indiqué le 13 janvier
qu’il versera 35 millions d'euros au Niger, en «compensation» de l’année de retard prise dans
le chantier d'Imouraren. Et ce, dans un contexte difficile pour la production du minerai, dont
les cours ont fortement chuté depuis la catastrophe de Fukushima, au Japon, en mars 2011.
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Document 3 : Niger : « A Arlit, les gens boivent de l’eau contaminée par
la radioactivité »
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
Quand j’étais petite déjà, la mère d’un de mes camarades avait des problèmes de santé à chaque
fois qu’elle venait à Arlit. Il fallait l’évacuer à Niamey, à plus de mille kilomètres, pour la
soigner. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne pouvait pas vivre ici. Plus tard, quand j’ai voulu
faire le film, j’ai questionné des scientifiques et des médecins sur les dangers de l’activité
minière. À Arlit, il y a beaucoup de problèmes de santé. Difficultés respiratoires, cancers,
femmes qui accouchent d’enfants mal formés… Petits, on voyait tout ça, mais on ne faisait pas
le lien. Les gens avaient l’habitude de dire, comme souvent en Afrique, « c’est son destin, c’est
Dieu qui lui a donné un enfant comme ça ». Ce sont surtout les retraités de la mine qui sont
touchés. Beaucoup meurent de paralysies et de maladies étranges.
Dans le documentaire, vous montrez cette poussière radioactive, l’eau empoisonnée, les
maisons construites avec la terre des mines, la nourriture contaminée, le bétail qui
meurt…
Je voulais faire ressortir la vie quotidienne, montrer toutes les activités de la ville. On voit la
fabrication des marmites : les gens récupèrent la ferraille de la mine, la fondent et la
transforment en ustensiles de cuisine qu’ils vendent à la population ou exportent au Nigeria. Ils
ne mesurent pas le danger de cette activité. Lorsqu’ils fondent le fer, la radioactivité se libère.
C’est là qu’Areva doit intervenir, en empêchant la population de récupérer cette ferraille
contaminée.
Des maisons doivent même être détruites car les murs d’argile contiennent de la
radioactivité.
Il faut comprendre qu’au début, Arlit était un campement, une cité de mineurs, puis les gens
sont venus s’installer, espérant tirer profit de cette activité. Aujourd’hui, il y a près de 150 000
habitants, dont environ 4 000 travailleurs de la mine. Areva a créé cette ville de toutes pièces.
Il fallait que les travailleurs aient toutes les conditions possibles pour rester. Ils avaient des
enfants, il a fallu des écoles. Ils étaient malades, il a fallu des hôpitaux. Pour construire, les
habitants ont utilisé l’argile contaminée autour d’eux. Certains quartiers sont à moins de 200
mètres de la mine. Les normes ne sont pas respectées. Et les tempêtes de sable propagent la
radioactivité dans la ville.
On voit aussi des femmes dont le bétail meurt inexplicablement.
Quand on boit l’eau d’Arlit, on sent qu’elle n’est pas tout à fait potable, qu’elle est différente
du reste du pays. Les femmes parlent des employés d’Areva qui ne boivent que de l’eau
minérale, alors qu’elles n’ont pas les moyens. Une des mines se trouve en dessous de la nappe
phréatique. Certains se font donc livrer l’eau des régions voisines. Un château d’eau vient d’être
construit, mais il n’est pas suffisant pour alimenter toute la ville.
Vous ne présentez pas votre film comme une enquête, il n’y a pas de scientifiques ou
d’organisations qui viennent appuyer vos propos. Pourquoi ?
Je n’ai pas voulu m’attarder sur les chiffres, mais donner la parole à la population. Trop souvent,
on donne la parole aux responsables d’Areva. Mais de nombreuses organisations ont fait des
recherches et des analyses sur la radioactivité de la région, comme la Criirad [Commission de
recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité], Greenpeace, l’OMS
[Organisation mondiale de la santé]. Les taux de radioactivité sont supérieurs au reste du pays.
Que reprochez-vous à Areva ?
Qu’ils se soient accaparé nos richesses sans prévenir les travailleurs des risques encourus. Ils
ont tablé sur l’ignorance de la population pour faire du profit. Les ouvriers vivent dans une cité
où ils ne paient ni l’eau, ni l’électricité, ni le loyer. Il y a un certain luxe qui permet de les
conserver dans le silence, car il est difficile de cracher dans la soupe. Le Niger a un taux de
chômage très élevé. Un jeune sans emploi ne va pas y penser à deux fois si on lui propose ces
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avantages. Il s’habitue à ce luxe et même s’il se rend compte des effets néfastes sur sa santé, il
ne dira rien de peur de perdre son travail.
Avez-vous subi des pressions d’Areva durant le tournage ?
Non, pas du tout, ce sont plutôt les autorités nigériennes qui ont voulu me bloquer. J’avais
obtenu des autorisations de tournage du Centre national de la cinématographie et de la mairie
d’Arlit. On s’est fait arrêter deux fois, mais puisque j’étais en règle, ils m’ont laissée tranquille.
Le titre du film, La Colère dans le vent, m’a beaucoup aidée. Ils ont cru que je faisais un film
sur le vent, le désert, sans trop chercher à connaître le synopsis.
Pourquoi le film a-t-il été censuré au Niger ?
Par peur. Quand je propose le film à des exploitants de salles de cinéma, ils me répondent qu’ils
ne veulent pas de problèmes. Ils ont peur que mes producteurs, qui font partie du milieu
alternatif, soient perçus comme des opposants. J’ai diffusé mon film dans plusieurs instituts
français en Afrique. Celui de Niamey voulait aussi le diffuser, mais il n’a pas reçu l’aval de
l’ambassade de France.
Cette crainte est aussi présente dans la population ?
Le mot Areva fait peur. C’est un sujet tabou, sauf si c’est pour magnifier l’entreprise. Les gens
ont envie de parler, mais comme le gouvernement nigérien, ils se sentent impuissants face à
cette multinationale. Quand je faisais mes repérages, beaucoup de personnes me disaient que je
me mettais en danger. Ici, lorsqu’on parle d’Areva, c’est comme un Dieu, il ne faut pas appeler
son nom à haute voix.
Le film a-t-il eu du succès à l’étranger ?
Oui, il a fait le tour du monde depuis 2016 et a remporté une dizaine de prix. Après le Brésil et
les États-Unis, j’ai été invitée au Japon. Je ne pensais pas un jour faire un film qui serait vu
jusque là-bas. C’est une fierté, je me dis que mon travail a servi à quelque chose. Mais j’ai fait
ce film pour mon pays d’abord et j’espère qu’un jour il pourra y être vu.
Vers la fin du film, un groupe de jeunes Nigériens dit : « Nous avons la richesse dans notre
sous-sol, mais tout ce qu’on nous laisse, c’est la radioactivité. » Est-ce un sentiment
partagé ?
Ces jeunes font partie d’une association dont le slogan est : « l’après-mine ». Ils se disent que
l’uranium est une ressource naturelle qui s’épuisera un jour ou l’autre. A Arlit, qui n’existe que
par l’uranium, si cette ressource disparaît ou si Areva décide de ne plus l’exploiter, que va-t-on
devenir ? La ville va-t-elle continuer d’exister ? Si Areva s’en va aujourd’hui, le seul héritage
qui leur restera, ce sont ces déchets radioactifs. Il faut prévoir cet « après-mine » maintenant. Il
faut se préparer à ça.
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Le débat sur l’évolution de la langue n’en finit plus de diviser les Immortels de cette institution
à nette dominante masculine.
LE MONDE | 13.12.2017 à 05h00 • Mis à jour le 13.12.2017 à 17h21 | Par Raphaëlle Rérolle
Les académiciens Alain Finkielkraut et Dominique Bona, à l’Institut de France, en janvier 2016.
Daté du 26 octobre, le communiqué ne laisse aucune place à l’ambiguïté : dans un texte court,
mais pugnace, l’Académie française formule une « solennelle mise en garde » contre l’écriture
« dite » inclusive. Confusion, illisibilité, les changements orthographiques et grammaticaux
destinés à améliorer la visibilité des femmes dans la langue feraient courir à cette dernière un «
péril mortel ».
Pour autant, l’institution ne reste pas insensible aux demandes émanant, notamment, des
milieux féministes. Il est prévu qu’à compter du jeudi 7 décembre, une série de séances
hebdomadaires soient consacrées à ce sujet qui divise les Immortels.
Car s’ils ont approuvé le communiqué, ceux-ci ne sont pas quarante têtes – dont quatre femmes
– sous un même bicorne. Derrière la bannière de leur secrétaire perpétuel, Hélène Carrère
d’Encausse – qui refuse de féminiser son titre (et d’en parler avec Le Monde) –, les sages du
quai de Conti ne sont pas unanimes sur tous les aspects d’une hypothétique réforme. Certains
profitent aussi de l’occasion pour faire souffler un petit vent de contestation sur le
fonctionnement de l’Académie.
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Un seul sujet, dans les batailles actuelles, les rassemble sans l’ombre d’une hésitation : le point
médian. Hommes ou femmes, conservateurs ou progressistes, ils rejettent énergiquement cette
nouvelle graphie selon laquelle, dans un groupe comprenant des mots masculins et féminins,
les genres sont emboîtés (exemple : des instituteur·trice·s).
Le symptôme le plus évident de cette hostilité ? Les noms d’infirmités, voire de maladies, dont
ils affublent le fameux point voyou. Un « bégaiement ridicule » pour Alain Finkielkraut, « une
sorte d’eczéma sur les pages », selon Michael Edwards, qui parle aussi de « boiterie » et de «
hoquet ». Le poète et critique franco-britannique fait remarquer qu’on ne peut pas prononcer
cette forme oralement. « Or, même lorsqu’on lit un texte en silence, on l’entend dans sa tête »,
ajoute-t-il, en concluant que ce fossé entre l’écrit et l’oral constituerait un « appauvrissement
subtil, presque furtif » de la langue.
Faudra-t-il, demande ironiquement Alain Finkielkraut, réécrire tous les classiques, pendant
qu’on y est ? Et ne va-t-on pas tomber dans une chasse obsessionnelle du féminin, redoute
l’académicienne Dominique Bona ? Fragiliser la langue française en la compliquant ? Sans
compter, remarque en souriant Frédéric Vitoux, que cette écriture laissera de côté les
transgenres et qu’elle est impossible à transcrire en braille… Enfin, le président Giscard
d’Estaing rappelle que la langue appartenant à tous et non à des « lobbies », un changement de
cette envergure devrait être soumis au Parlement.
Remettre la féminisation sur le métier ?
Sur la féminisation des noms de métiers, de titres et de fonctions, en revanche, les avis sont
beaucoup moins uniformes. En principe, on observe sous la coupole une décision réaffirmée en
2014. L’Académie « n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de
métiers et fonctions, qui découle de l’usage même », mais elle refuse catégoriquement l’« esprit
de système ». Elle admet tout de même avoir « en quelque sorte libéré l’usage, en laissant
rivaliser des formes différentes sans chercher à en proscrire autoritairement aucune, jusqu’à ce
que la meilleure l’emporte. »
Dans l’espace ouvert par cette déclaration, les positions s’entrechoquent, souvent argumentées
mais aussi teintées de subjectivité, parfois aussi arbitraires que la répartition des genres dans
une langue sexuée au petit bonheur. On dit une table et un fauteuil, le vice et la vertu, sans autre
logique que celle de l’héritage du bas latin.
« Le masculin n’est pas neutre, il a été choisi comme genre dominant »
Danièle Sallenave
Qu’on en juge : si tout le monde admet qu’une dame fabriquant du pain est une boulangère, il
en va autrement pour une femme qui écrit. « Auteure », pas question, cela violerait l’étymologie
; mais alors, pourquoi pas « autrice », sur le modèle d’actrice ou de factrice (admis dans l’édition
de 1935 du dictionnaire de l’Académie française) ? « Horrible ! lance Alain Finkielkraut. Une
craie qui crisse sur un tableau noir ! » Ne parlons pas d’« écrivaine », dans lequel on entend «
vaine » : beaucoup trouvent ce mot « laid », quoique personne n’ait remarqué « vain » dans
écrivain. Un article au féminin (« la professeur »), passe encore (bien que pas toujours), mais
la féminisation des noms de métiers continue de diviser. Plus on monte dans la hiérarchie des
professions, plus on arrive aux emplois traditionnellement exercés par des hommes et plus le
sujet devient sensible.
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Pour une partie des académiciens, le débat serait tranché une fois pour toutes, donc clos. Pour
d’autres, comme Dominique Bona, il mérite d’être rouvert et de manière officielle, afin de
clarifier la situation. L’académicienne n’a pas voté contre la déclaration du 26 octobre,
condamnant le point médian dont elle ne veut pas, mais elle s’est tout de même abstenue. « A
titre personnel, je suis pour la féminisation généralisée des noms de métiers, explique-t-elle.
Les femmes ont passé des diplômes, accédé à toutes les professions, montré leurs talents,
pourquoi leur refuserait-on cela ? »
Même écho du côté de Danièle Sallenave, pour qui « faute de changements, les femmes
resteront invisibles ». Ce mouvement doit toutefois se faire au cas par cas, sans passer par « des
évolutions contre-nature », conclut-elle. « On ne manipule pas la langue comme un objet qu’on
démonte et remonte. » Entre les deux, fatalisme ou conviction, les académiciens sont une
majorité à penser que la féminisation passera la rampe, de toute façon.
Reste que la controverse fait rage sur l’épineuse question du neutre. On sait que la langue
française ne connaît pas cette forme, contrairement à l’anglais. Mais dans son texte de 2014,
l’Académie défend l’emploi du masculin grammaticalement neutre, incluant un féminin virtuel
dans lequel les femmes sont priées de se reconnaître.
Faux, rétorque Dominique Bona, cette affirmation relève d’un « grand mensonge ». Soit on
admet le masculin, affirme-t-elle, « soit on généralise la féminisation ». Danièle Sallenave la
rejoint sur le fait que « le masculin n’est pas neutre, il a été choisi comme genre dominant ».
« Nous avons réussi la diversité, mais pas encore la mixité »
Jean-Christophe Rufin
Les noms de fonction sont les plus affectés par la bagarre autour du neutre. Si « secrétaire » est
épicène (il désigne indifféremment le masculin ou le féminin), il n’en va pas de même pour «
président », « préfet », « ambassadeur », etc. Que faire ? Car, « dans un certain nombre de
fonctions, le féminin désigne l’épouse du titulaire : ambassadrice ou préfète, par exemple »,
rappelle Frédéric Vitoux. Par ailleurs, ajoute-t-il en évoquant le cas de « ministre », ce n’est pas
une personne qui signe un décret, mais la fonction qui lui survivra. « Peut-être qu’on pourrait
s’arranger avec ça ? », s’interroge Jean-Christophe Rufin.
L’accord de proximité, qui donnerait le dernier mot à l’ultime nom d’un groupe (« les hommes
et les femmes sont douées »), suscite une perplexité polie, mais ne révulse personne. A peine
est-il traité de « misérable petite rustine » par Frédéric Vitoux. « Je ne suis pas emballée, mais
cela aurait le mérite de donner un coup d’arrêt au point médian », avance, de son côté, Danièle
Sallenave. Bien sûr, cette manière d’écrire a eu cours jusqu’au XVIIe siècle, mais on la
soupçonne volontiers de favoriser l’ambiguïté.
La double flexion (« ils et elles », « chacun et chacune »), quant à elle, suscite moins d’intérêt,
comme s’il était évident que cette prolifération aurait du mal à tenir la distance. Surtout, elle ne
suppose aucun changement de règle. Ce qui n’empêche pas Alain Finkielkraut de trouver «
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
L’usage, justement. Une notion essentielle, pour qui considère la langue comme un organisme
vivant. Très politique, Valéry Giscard d’Estaing estime qu’il faut « respecter les vœux des
femmes et faire preuve de tolérance » au sujet des métiers et fonctions, même s’il doute que «
plus de 2 % des intéressées demandent cette féminisation ».
Il importe d’« éviter qu’un système imposé par un comité Théodule s’applique à des millions
de locuteurs du français, observe Jean-Christophe Rufin en parlant du point médian. Des
novlangues, l’histoire en a déjà connu… »
Derrière les propos des uns et des autres, une vision de la condition des femmes. Florence
Delay, que la question ne passionne pas (elle n’est pas la seule : plusieurs de ses confrères se
sont défaussés, faute d’opinion sérieuse sur le sujet), place « l’égalité des salaires bien avant la
langue ». Alain Finkielkraut, lui, soupire en se demandant si les femmes seront « plus libres,
plus joyeuses » grâce à l’accord de proximité. « Ce qui compte, c’est qu’il y ait des femmes
dans ces fonctions. C’est dans cette langue qu’elles se sont émancipées. Et maintenant, une fois
les conquêtes réalisées, on invente de nouveaux combats artificiels, preuve que la victoire a eu
lieu. »
Et puis, il y a ceux qui, comme Marc Fumaroli, trouvent le masculin plus valorisant pour les
femmes ayant accédé à de hautes fonctions, présidence, ambassade, ministère. Dans un
entretien accordé au Figaro (4-5 décembre), il traite de « niaise flatterie » le recours à des
formules comme « madame la présidente » ou « madame l’ambassadrice ».
Tous les académiciens ont beau revendiquer leur absolue loyauté vis-à-vis de l’institution, ces
divergences font émerger des contestations. Pourquoi les femmes sont-elles si peu nombreuses
? Accueillant sous la coupole la première Académicienne à porter l’habit vert, Marguerite
Yourcenar, Jean d’Ormesson se réjouissait de pouvoir enfin prononcer « un mot inouï et
prodigieusement singulier : madame. » C’était en 1981. Aujourd’hui, quand bien même Danièle
Sallenave fait observer que les femmes « sont très présentes aux séances », elles n’occupent
jamais que quatre des quarante fauteuils.
Avec Alain Finkielkraut, certains jugent que le talent doit servir de boussole pour le choix des
nouveaux académiciens, pas le sexe. Mais « chacun sait que l’Académie sollicite les
candidatures, alors, si l’on ne va pas chercher du côté des femmes… » remarque Jean-
Christophe Rufin. « Nous avons réussi la diversité, dit-il en nommant Amin Maalouf ou Dany
Laferrière, mais pas encore la mixité. »
Plus grave, glisse un·e académicien·ne, « Hélène Carrère d’Encausse dit qu’elle est pour
l’ouverture, mais elle massacre toutes les candidatures féminines qu’on lui soumet. Nous avons
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eu plusieurs réunions sur le sujet : la plus dure, c’est elle. » Et comme, sous la coupole, il n’y a
pas de limite d’âge pour occuper le poste de secrétaire perpétuel, le problème peut encore durer.
En attendant, dans une notice du 30 juin publiée sur le site de l’Académie, les Immortels
regrettent toujours la disparition de leur « confrère » Simone Veil.
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Isabelle Cabat-Houssais (à gauche), professeure des écoles à Paris pratique l'écriture inclusive
avec ses éléves depuis 15 ans et Emmanuelle de Riberolles (à droite), professeur au collège en
Picardie y est fermement opposée.
(c) DR
En publiant, en mars 2017, le premier manuel scolaire en écriture inclusive, les éditions
Hatier ont ravivé le débat sur la féminisation de la langue française. Faut-il l'employer à
l’école ? Deux enseignantes, Emmanuelle de Riberolles fermement opposée à son application
et Isabelle Cabat-Houssais qui la pratique depuis 15 ans avec ses élèves nous livrent leurs
arguments. Entretiens croisés avant le grand débat que TV5MONDE vous propose mardi 17
octobre 2017, en direct sur Facebook, à 18h30
16 oct 2017 -- Mise à jour 16.10.2017 à 09:53 -- par Lynda Zerouk
Colère de l'une, enthousiasme de l'autre, deux enseignantes jugent l'écriture inclusive
Isabelle Cabat-Houssais, est professeure des écoles en primaire, à Paris. Elle pratique depuis
15 ans auprès de ses élèves l'écriture inclusive, une graphie visant à l'égalité des sexe dans la
langue française. Elle l'emploie également dans toutes ses communications avec les
parents, ses collègues et sa hiérarchie.
Emmanuelle de Riberolles, est professeur de Lettres modernes, dans un collège en Picardie.
Elle est opposée à la pratique de l'écriture inclusive à l'école mais aussi au collège et au lycée.
Elle a co-créé une page Facebook à la suite de la réforme du collège axée sur les contenus des
manuels scolaires. Entretiens croisés.
La langue reflète notre société comme la société reflète notre langue. Elle s'inscrit dans un
système patriarcalIsabelle Cabat-Houssais, professeure des écoles en primaire
Emmanuelle de Riberolles - Elle n’a rien à faire à l’école, ni dans le primaire, ni dans le
second degré ou même après. Dès lors que cette graphie a été choisie pour lutter contre
l’invisibilité des femmes, comme le rapporte le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et
les hommes, elle est, de fait, militante.
Or, les enfants ne doivent pas être entraînés dans des luttes qui ne les concernent pas. Et
l’école laïque et républicaine ne doit pas accueillir en son sein un discours prosélyte véhiculé
à travers cette écriture. Neutralité et discrétion sont indispensables. Les professeurs eux-
mêmes s’y astreignent.
Un établissement scolaire doit donc être comme un sanctuaire. Comme le disait Jean Zay,
ancien ministre de l’Education nationale (1936 à 1939) « les écoles doivent rester un asile
inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ».
Je pratique l'écriture inclusive avec les élèves très facilement depuis 15 ans mais je ne
l’enseigne pas
Isabelle Cabat-Houssais
Justement vous pratiquez cette écriture avec vos élèves depuis 15 ans, rencontrez-vous des
difficultés ?
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Isabelle Cabat-Houssais - Je la pratique avec les élèves très facilement depuis 15 ans mais je
ne l’enseigne pas. Elle n’est pas au programme et le ministre de l’Education s’est dit « très
réservé » sur cette question. D’où mon enthousiasme avec l’arrivée de ce manuel scolaire
chez Hatier.
Il est très intéressant d’enseigner l’Histoire de la langue aux élèves, de montrer qu’elle évolue,
que les mots y rentrent et en sortent. Je veille, à l’oral comme à l’écrit à m’adresser toujours
aux garçons et aux filles. Pour y parvenir, il suffit de chercher des génériques, d’employer le
langage épicène c'est à dire qui à la même forme selon les deux genres, la double flexion
(formateurs et formatrices) et d’éviter des expressions telle que « droits de l’Homme » qui
m’écorche les oreilles.
En revanche, je n’ai jamais employé « les points milieux » avec mes élèves de primaire. Je les
utilise dans mes communications avec les parents, mes collègues et ma hiérarchie et cela ne
m’a jamais valu de remarques, sinon positives. Puis, si les points choquent certaines
personnes ou qu’elles jugent que c’est lourd, au lieu d’écrire « les professeur.e.s », il suffit
d’écrire « le corps enseignant ».
Cette graphie est source de confusions, elle bat en brèche les règles grammaticales
Emmanuelle de Riberolles
Et vous, Emmanuelle de Riberolles, pensez-vous que l’écriture inclusive puisse poser des
difficultés sur un plan pédagogique ?
Emmanuelle de Riberolles - Cette graphie est source de confusions, elle bat en brèche les
règles grammaticales. Tout le concept de cette écriture peut amener à la négation d’une partie
de la grammaire. A l’image de la règle d’accord qui veut que « le masculin l’emporte sur le
féminin au pluriel ». Je vois d’ici l’idée qu’on va la changer, pour procéder aux accords de
proximité qui aboutiraient à dire « les hommes et les femmes sont belles».
Je ne doute pas que certains parviendront à enseigner cette graphie, comme on fait des
« twictées » sur Twitter et non des dictées en disant que cette pédagogie fonctionne bien.
Cependant, je demande à voir les résultats dans 10 ans pour ces élèves.
A l’heure où on enregistre un taux d’illettrisme important et persistant dans certains territoires
notamment, faire usage de cette graphie inclusive qui présente de nombreux défauts, c’est
mettre la charrue avant les bœufs. D’autant que pour expliquer les fondements de cette
graphie aux enfants, on entrerait dans des considérations sociales, sociologiques, et
idéologiques à l’école, où elles n’ont rien à faire.
L’écriture inclusive au vu de tous ces défauts est, selon moi, un luxe qu’on peut se permettre
quand on est adulte, qu’on maîtrise déjà les codes de la langue. On peut dans ces conditions
s’amuser à la pratiquer, si on considère qu’elle fait avancer la cause des femmes.
Je peux être amenée à leur expliquer que les grammairiens ont estimé que le masculin avait
plus de valeur que le féminin.
Isabelle Cabat-Houssais, professeure des écoles
La règle qui veut que « le masculin l’emporte sur le féminin » soulève souvent des
interrogations de la part des élèves, comment y répondez-vous ?
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Isabelle Cabat-Houssais : C’est intéressant de montrer aux élèves quand on travaille les
accords au CE1 et CE2 (des élèves de 7 et 8 ans) que cette règle de grammaire n’est pas
immuable, d’expliquer qu’elle n’a pas toujours existé et, qu’avant, le masculin ne l’emportait
pas sur le féminin. On pouvait dire et écrire, « des jours et des nuits heureuses » au regard de
la règle de proximité ou de contiguité, qui veut que l’adjectif s’accorde avec le terme le plus
proche.
S’ils me demandent pourquoi cette règle a changé, en fonction de l’âge de mes élèves, je
m’adapte et réponds aux questions en n'allant jamais au-delà de leurs propres
interrogations. Ainsi, je peux être amenée à leur expliquer que les grammairiens ont estimé
que le masculin avait plus de valeur que le féminin.
Emmanuelle de Riberolles : Au collège, les élèves ne m’ont jamais posé de questions sur
cette règle. Mais si on m’interrogeait, je leur répondrais que ce n’est pas la première fois
qu’on apprend une règle, et qu’elle doit être étudiée comme on étudie la fonction du
complément d’objet direct.
S’il le faut, je préciserais également aux élèves qu’au stade de leur scolarité, l’enseignement
de l’Histoire de cette règle est complexe. Sinon, on perd de vue notre efficacité, surtout dans
des classes de 6ème et 5ème.
Par ailleurs, je refuse d’y voir l’intrusion de la main de l’homme contre la femme ou un
quelconque machisme pour une règle qui, à mon sens, relève davantage de l’arbitraire de
genre contenu dans notre langue, comme on peut l’observer à travers des dénominations telles
que « le soleil », « la lune ».
Isabelle Cabat-Houssais : Elle a autant d’importance qu’à l’écrit. L’oralité est très présente
dans une classe. Je m’adresse toujours aux garçons et aux filles, et je n’utilise jamais le
masculin censé « être neutre ». Je dis « bonjour à toutes et tous » par exemple. Et cela
n’aurait aucun sens de l’utiliser à l’écrit sans l’employer à l’oral.
L’idée, c’est d’avoir une pédagogie qui soit la même pour les éléves. Beaucoup d’études ont
démontré que le corps enseignant ne se comporte pas de la même façon avec les garçons et les
filles. Exemple : on va être plus exigeant avec les filles sur la façon d’écrire et on sera plus
souple avec un garçon si l’écriture n’est pas soignée.
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Comme l’avancent des linguistes, la langue a un impact sur les constructions mentales et
les représentations sociales... L’écriture inclusive ne contribuerait-elle pas à plus d’égalité
entre les femmes et les hommes ?
Emmanuelle de Riberolles : J’avais des idées très arrêtées sur le sujet, j’ai donc écrit
quelques mots en écriture inclusive, qui concerne aussi la féminisation des noms de métiers.
Et je suis arrivée à la triste conclusion que lorsqu’on écrit « professeur.e.s », on aboutit à un
effacement du métier et de l’individu.
Je vois juste que je suis une femme, qu’on ne s’adresse à moi qu’à travers ce statut, et non en
tant que personne. Or, si je suis professeur agrégé, je le dois à mes compétences, mes études
et mon travail, mais ici on me renvoie en pleine figure ma féminité. Je le prends comme une
insulte.
L’universalité contenue dans les mots comme « professeur » s’efface et surgit dans la graphie
une lutte qui, pour moi, ne sera pas résolue par l’écriture inclusive. Linguistiquement le
français n’a pas de neutre, la grammaire française est faite d’arbitraire mais je ne vois pas en
quoi ça porte atteinte aux femmes.
En revanche, je pense que c’est insulter les vrais combats, les vraies discriminations et
violences faites aux femmes. Elles existent et doivent être combattues mais avec l ‘écriture
inclusive, on devient des « Précieuses ridicules » à militer comme ça. On maltraite notre
langue, qui n’est plus jolie à regarder, on ralentit la lecture, sa fluidité, au profit d’une lutte
qui ne fera pas avancer le combat des femmes. Pour moi, c’est quasiment une escroquerie.
Inclusif signifie inclure les deux genres et ne pas en exclure un, en considérant que le
masculin représente les deux.Isabelle Cabat-Houssais
Isabelle Cabat-Houssais : Absolument, l'écriture inclusive peut contribuer à l'égalité des
sexes. Prenons la féminisation des noms de métiers, il subsiste encore de nombreuses
résistances, à l’idée de dire « madame la Maire » ou « madame la ministre » au lieu de
« madame le ministre ». Pourquoi dit-on aussi facilement infirmier et pas chirurgienne ? C’est
la preuve que la langue assigne des places de pouvoirs. On observe que c’est précisément là,
où persiste le plafond de verre, que les résistances se font plus tenaces.
Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on va utiliser l’écriture inclusive qu’on aura autant de
chirurgiens que de chirurgiennes, de maîtres que de maitresses mais ça y participe dans le
système patriarcal qui est le nôtre.
Je pense aussi qu’à terme une écriture générique serait plus simple. Inclusif signifie, inclure
les deux genres et ne pas en exclure un, en considérant que le masculin représente les deux.
L’idée serait d’enlever le masculin et le féminin qui assignent, au profit de termes génériques
comme artiste, journaliste, car la langue française est très genrée contrairement à l’anglais
plus « neutre ».
Comment expliquez-vous tant d'oppositions en France, n’y a-t-il pas des raisons politiques
?
Emmanuelle de Riberolles - Il est vrai qu’il se dégage des tendances politiques si on observe
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les obédiences des personnes qui s’y opposent ou y adhèrent. Pourtant, le débat devrait se
placer au-dessus des clivages politiques.
J’essaie autant que possible de m’exprimer en tant qu’enseignante, en livrant mes arguments
sans me poser la question de savoir s’ils sont raccord avec le parti auquel j’appartiens
éventuellement.
Pour ma part, je suis syndiquée dans l’Education nationale et, en effet, mon syndicat ne
pratique pas l’écriture inclusive, à la différence de nombreux autres organisations syndicales
d’enseignants qui le font. Il doit donc y avoir forcément des convictions d’ordre politique au-
delà des considérations personnelles.
Cependant, la politique n’a rien à voir avec la langue qui évolue d’elle même. Le français
arrive du latin et que d’évolution à travers les siècles ! Toute une série de mots se sont
féminisés alors qu’ils ne l’étaient pas au départ, et c’est devenu un réflexe de les employer.
Aujourd’hui, on en fait beaucoup à coup de marche forcée, c’est aussi pour cette raison que le
sujet devient source de dissensions et de clivages.
Il y a une frange de la population qui conserve une vison très spécifique de ce que doivent être
le féminin et le masculin au sens large. La place des femmes et celle des hommes, seraient
axées pour les premières autour de la maternité, la beauté…etc., et pour les seconds autour
des postes de pouvoir.
Je ne comprends par pourquoi on s’y oppose, de la même façon que je ne comprends pas
qu’on s’oppose au mariage pour tous. Qu’est-ce que cela enlève ou coûte à ces personnes ?
Une partie d’entre eux ne veut pas que la société change et pour rejeter cette écriture
inclusive, on invoque souvent qu’elle est féministe et donc militante. Mais la langue évolue
avec les mouvements. Etre féministe, c’est comme être antiraciste, c’est être pour l’égalité.
Après la publication d'un manuel scolaire chez Hatier rédigé avec l'écriture inclusive, le débat
sur la féminisation de la langue française s'invite à l'école.
(c) Dragan Lekic
L'écriture inclusive, une polémique qui s'en va et revient
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L’éditeur a donc suivi ici les recommandations du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes
et les hommes qui a largement encouragé ce type d’écriture dès 2015 en publiant un guide
pratique « pour une communication publique sans stéréotype de sexe. » Hatier s’est alors
félicité d’être le premier à faire usage de la féminisation de langue dans un manuel, mais
l’initiative a déchaîné des foules d’opposants sur Twitter. Comme l'un d'eux qui écrit « si mes
enfants reçoivent un tel manuel, la solution sera simple, je le brûle».
Très fier.ère.s d'avoir publié le premier manuel scolaire en écriture inclusive ! Magellan
Questionner le Monde CE2. https://t.co/lKnNN1wfJV
Désormais de nombreux gosses seront illettré.e.s et non plus illettrés, ça change tout.
Vous êtes surtout très ridicules... si mes enfants reçoivent un tel manuel, la solution sera
simple, je le brûle...
Le patriarcat terrifié par les féministes armées d'un stylo et d'une nouvelle règle d'accord
grammatical, ça donne ça. #lesdéliresduFigaro pic.twitter.com/fJG2UOZ0Nu
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« La formule le masculin l’emporte sur le féminin, répétée semaine après semaine durant
toutes les premières années de nos apprentissages, nous met dans la tête un ordre politique
bien plus qu’une règle linguistique – dont, le français peut se passer, explique-t-elle. Toutes
les langues romanes laissent le choix de l’accord, et pratiquent bien souvent, comme cela
s’est fait en français jusqu’au XIXe siècle, « l’accord de proximité », c’est avec le mot le plus
proche. Parce que c’est la première chose qui se propose à l’esprit : les conducteurs et
conductrices sont arrivées. » En respectant cette règle de proximité, cela reviendrait à dire et
écrire, par exemple, les « des jours et les nuits heureuses ».
C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie
délibérément vers le masculin.Raphaël Haddad, fondateur de l’agence de communication
Mots-clé
De même pour Raphaël Haddad, fondateur de l’agence de communication Mots-clé et
enseignant en communication à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « Une langue qui
rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle second. C’est
bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément
vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des
sexes. »
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> Les points milieux : il s’agit d’inclure ici le féminin dans les noms . Exemple : candidat·e·s,
ami·e·s ou encore agriculteur·rice·s. Cette graphie suscite néanmoins de vives critiques, au
motif qu’elle rendrait les textes illisibles. Or, le linguiste belge Michel Francard, interrogé par
la RTBF, considère que « l’accoutumance fait que la complexité est réduite. Si on en fait
usage, elle perdra sa pénibilité. » Notons toutefois que l'on peut pratiquer l'écriture inclusive
sans jamais avoir recours au point médian.
> Le langage épicène : Il permet d’employer des mots qui ne sont pas marqués du point de
vue du genre grammatical. Exemples : journaliste, adulte, artiste, élève etc.
On peut également recourir à des formulations inclusives, comme « le corps enseignant »,
« les personnalités candidates ».
> La double flexion : on appliquera ici les deux termes pour marquer le féminin et le
masculin. Exemple : les formateurs et formatrices. Il faut cependant respecter l’ordre
alphabétique pour le placement des mots. Ainsi on dira, « les maires et les mairesses », et en
appliquant la règle de proximité, on écrira : « les maires et les mairesses étaient enchantées ».
Du côté de l’Académie française même si elle n’a pas réagi officiellement, l’académicien
Michaël Edwards, interrogé dans les colonnes du Figaro, nous apprend qu’officieusement des
immortels sont « scandalisés» et lui-même qualifie l’usage de l’écriture inclusive « de
français défiguré », invitant à « commettre des erreurs ». « C'est aux partisans de la
féminisation de la langue, poursuit-il de proposer un moyen d'y arriver qui évite cette
intolérable laideur. Qui ne produise pas une langue que l'on n'aurait plus envie de parler ni
d'écrire (…) »
L'Académie française est finalement sortie de son silence. Par communiqué publié le 26
octobre, l'institution "élève à l’unanimité une solennelle mise en garde" contre l'écriture
inclusive. Selon les Académiciens et Académiciennes, "la démultiplication des marques
orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans
son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité". L'Académie française ajoute
: "la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès
aujourd’hui comptable devant les générations futures."
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Au micro de LCI, le ministre de l’Education français, Jean-Michel Blanquer, s’est dit lui
« très réservé » pour son usage à l’école.
Aujourd’hui, l’écriture inclusive ne fait pas seulement débat en France, mais à travers le
monde. « En Afrique, le français est plus souple », explique Ousmane Ndiaye, rédacteur en
chef à TV5Monde qui rappelle, par exemple, que l’écrivain et homme d’Etat « Leopold Sedar
Senghor avait beau être académicien, il s'est battu néanmoins pour faire entrer dans le
dictionnaire des « sénégalaiseries » comme primature ou essencerie... » Le débat suscite
également moins de crispations en Belgique, en Suisse et au Quebec, là où se pratique aussi le
français avec enthousiasme.
Lynda Zerouk
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Les académicien·ne·s n’ont de cesse de torpiller depuis plus de trente ans toute évolution
égalitaire du français. Haro sur l’écriture inclusive est leur dernier et stérile combat.
Après un mois de polémiques sur «l’écriture inclusive», provoquées par quelques titres d’un
manuel de CM2 - lequel n’aurait dû susciter que des débats techniques sur le protocole retenu
par Hatier pour favoriser le langage inclusif - voilà donc que l’Académie française vient
d’entrer dans la danse avec une nouvelle «déclaration». C’est la cinquième fois, si l’on ne
considère que son histoire récente, qu’elle se prononce solennellement contre les propositions
des partisan.e.s d’un langage non (ou plutôt moins) sexiste. Elle fait une nouvelle fois la
preuve de sa flagornerie, de sa détermination à contrecarrer la marche vers l’égalité, et surtout
de son incompétence. Ce qui paraît aujourd’hui l’aspect le moins connu d’une maison
notoirement marquée à droite, d’où le général de Gaulle avait dû déloger Pétain, Maurras et
quelques autres collabos (1).
La troisième déclaration date de mars 2002, soit de l’époque où s’ouvraient les campagnes de
la présidentielle et des législatives, qui furent l’occasion d’intenses débats sur la parité… et
notamment sur la «parité linguistique», que nous appelons aujourd’hui le langage inclusif.
Nul doute que la droite était allée tirer la compagnie par la manche pour qu’elle «dise son
mot». Elle assène donc - déjà - qu’« il est inutile, pour désigner un groupe de personnes
composé d’hommes et de femmes, de répéter le même substantif ou le même pronom au
féminin, puis au masculin». Avant de s’en prendre aux termes nouveaux qu’elle voit fleurir,
«tels que professeure, ingénieure, auteure, docteure, proviseure, procureure, rapporteure».
Sans toutefois pousser le zèle jusqu’à expliquer que professeuse , autrice , doctoresse ,
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proviseuse , rapporteuse existent depuis des siècles, et qu’ ingénieure est parfaitement
recevable en français.
Cependant la caravane passe. D’où la grosse fatigue perceptible dans la «Mise au point»
d’octobre 2014, suite à la pression de députés UMP l’appelant à voler au secours de Julien
Aubert, sanctionné pour avoir tenu à donner du «Mme le président» à Sandrine Mazetier (2) .
La brève déclaration de cet automne renoue avec la violence des années 80 et 90 , avec le
recours à la peur (la langue courrait un «péril mortel», les «promesses de la francophonie»
seraient «anéanties»), mais aussi avec la surdité face aux besoins de la société française, qui
travaille depuis de longues années déjà à défaire le sexisme de la langue que les XIX e et XX
e
siècles lui avaient léguée. Il faudrait qu’elle éclaire, qu’elle conseille, elle ne sait que jouer
au père Fouettard. Elle ose se dire «sensible aux évolutions et aux innovations de la langue»,
alors qu’elle met cinquante ans à les reconnaître, après les avoir combattues. Et préoccupée de
«la tâche des pédagogues», alors qu’elle leur a pourri la vie pendant ces vingt-cinq dernières
années, en imposant que la dernière réforme de l’orthographe ne soit pas appliquée, et donc
que les deux formes d’environ 5 000 mots coexistent ! La seule chose qui importe à
l’Académie est de se présenter comme «gardienne de la norme», tâche que personne ne lui a
jamais confiée, et qu’elle serait moins que quiconque capable d’exercer si la chose était utile.
A l’heure où l’Etat rogne sur des financements de première nécessité, il serait temps de laisser
l’Académie voler de ses propres ailes (ses richesses sont colossales), vu qu’il n’aura jamais le
courage de la mettre au travail et de lui imposer d’œuvrer pour l’égalité.
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defendant défendeur
lorsqu’un juge n’est pas d’accord avec le reste du tribunal (Etats-
dissent
Unis)
dock (the) lieu où les accusés s’assoient pendant le procès
duty devoir
enact promulguer (une loi)
enforce assurer qu’une loi soit respectée
estate biens
evidence preuve
fault faute
felony crime
file ajouter officiellement un document au dossier lors d’un procès
fine amende
guilty coupable
hearing audition
hold tenir
homicide homicide
human rights droits de l’homme/ droit humain
illegal illégal
imprison emprisonner
indict accuser quelqu’un d’un crime
infraction infraction
infringe enfreindre
innocent innocent
intellectual property propriété intellectuelle
judge juge
judgment jugement
jurisdiction juridiction
jury jury
law le droit / la loi
lawful licite
lawsuit procès
lawyer avocat
lease bail
legal juridique
legislate légiférer
liability responsabilité
litigate plaider
magistrate magistrat
manslaughter homicide involontaire
misdemeanor délit
negligence négligence
offense infraction
overrule annuler
overturn changer une décision
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FREN 2095 – French Intermediate: Composition and Conversation, II Spring 2018
Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
own posséder
patent brevet
personal property biens personnels
plaintiff demandeur
plea appel
precedent précédent
probate homologuer
proof preuve
property propriété
prosecute poursuivre
real estate immobilier
remedy compensation légale lorsqu’un droit a été enfreint
responsibility responsabilité
reverse inverser
right droit
rule donner la décision officielle
sentence peine (à laquelle quelqu’un est condamné)
settle s’entendre avant qu’un action en justice soit menée
solicitor avocat (Royaume-Uni)
sue poursuivre en justice
swear jurer
testify témoigner
theft vol
title titre (de propriété)
trial procès
tribunal tribunal
violate enfreindre une loi, un règlement …
will testament
witness témoin
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Le grand procès D.Tissot/E.Finielz
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Grille d’évaluation
Critères d’évaluation individuelle « L’info du jour » 1 (1) (2) (3) (4) (5)
-- - -/+ + ++
RESPECT DU TEMPS
- Exposé de 3 minutes ; présentation équilibrée
CONTENU // MEMBRE D’UN PARTI
- Originalité et pertinence de l’argumentaire
- Bonne compréhension du débat et/ou de la polémique
- Capacité à prendre en compte les données fournies par les ressources
documentaires
- Approche critique et personnelle du sujet
- Arguments et exemple précis, clairs, logiques
- Force de persuasion
CONTENU // MEMBRE DU JURY
- Originalité et pertinence de l’argumentaire
- Bonne compréhension du débat et du positionnement des partis
- Approche critique et personnelle du sujet
- Capacité à justifier son point de vue
SYNTAXE, VOCABULAIRE ET PRONONCIATION
- Respect des constituants basiques de la phrase (sujet, verbe, compléments,…)
- Maîtrise des différents systèmes de temps (passé, présent, futur) et de leur
articulation (antériorité, simultanéité, postériorité des évènements)
- Accords basiques (sujets-verbes ; noms-adjectifs…)
- Absence de répétitions (noms, adjectifs, structures syntaxiques…)
- Concision de l’expression
- Complexité des phrases (alternance entre phrases simples et complexes,
composées d’une proposition principale et d’une ou de plusieurs
propositions subordonnées)
- Mise en œuvre d’un vocabulaire varié et précis
- Bonne maîtrise du registre de langue (ni familière, ni littéraire)
- Prononciation intelligible ; intonations adaptées à la situation
SUGGESTIONS : FONCTIONS LINGUISTIQUES A TRAVAILLER ET A REVOIR
- Description et comparaisons - Expression du temps
- Expression des préférences - Expression du lieu et du mouvement
- Expression de l’opinion - Expression des quantités
- Expression du regret - Expression du refus ou de la restriction
- Expression du souhait et de l’ordre - Expression de l’interrogation/exclamation
- Expression des faits hypothétiques - Expression du doute et de la négation
NOTE ET COMMENTAIRE
1
Notez que la présentation fait l’objet d’une évaluation globale. Le détail des critères présentés ici vous aide à cibler votre degré
d’acquisition des compétences (de (1) = compétence non maîtrisée… (3) = compétence en cours d’acquisition… (5) = compétence
parfaitement maîtrisée)
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