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Dénutrition de l’enfant
A. De Luca
La dénutrition est un état pathologique qui est la conséquence d’une inadéquation entre les besoins et
les apports nutritionnels. Chez l’enfant, on la retrouve essentiellement dans les services hospitaliers où
sa prévalence est comprise entre 10 et 15 %. Son diagnostic nécessite de peser et mesurer le patient,
et de calculer des index nutritionnels, dont l’indice de masse corporelle en premier lieu. Lorsqu’il est
inférieur au troisième percentile, cela permet de repérer les enfants nécessitant une démarche diagnostique
complète. Cette démarche comprend l’évaluation de la cinétique de croissance à la recherche d’une
stagnation ou d’une cassure pondérale et/ou staturale, la recherche de signes cliniques de dénutrition
et d’une cause. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire au diagnostic de dénutrition. Les causes
peuvent être regroupées en trois cadres principaux : diminution des ingesta, augmentation des besoins
et augmentation des pertes. L’hospitalisation est une situation où la dénutrition peut se constituer ou
s’aggraver, ce qui entraîne des complications, notamment infectieuses. La prise en charge doit comprendre
un objectif de poids, servant de base au calcul des apports nutritionnels. La renutrition doit être d’autant
plus progressive que la dénutrition est sévère, afin de prévenir le syndrome de renutrition inappropriée.
Elle peut se faire par enrichissement de l’alimentation, utilisation de compléments nutritionnels oraux,
nutrition entérale (par sonde gastrique ou par gastrostomie) ou nutrition parentérale. La prise en charge
doit privilégier l’utilisation du tube digestif s’il est fonctionnel. Par la suite, une réévaluation de la stratégie
nutritionnelle est nécessaire. L’évaluation systématique de l’état nutritionnel et l’évaluation du risque
nutritionnel permettent de diminuer les situations de dénutrition grave.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Pédiatrie 1
Volume 12 > n◦ 3 > juillet 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(17)69860-0
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4-002-L-35 Dénutrition de l’enfant
Tableau 1.
Prévalence de la dénutrition chez l’enfant hospitalisé.
Auteur, année Pays/zone Âge Définition Nombre Prévalence (%)
[4]
Hecht et al., 2014 Europe 1 mois–18 ans Z-IMC < -2 ET 2567 7
Sissaoui et al., 2011 [5] France 0–16 ans Z-P/PAT < -2 ET 923 12
De Luca et al., 2012 [6] France 0–18 ans P/PAT < 80 % 130 8
Joosten et al., 2010 [7] Hollande > 1 mois Z-P/PAT < -2 ET 424 11
Hankard et al., 2001 [8] France > 6 mois Z-IMC < -2 ET 58 12
Sermet-Gaudelus et al., 2000 [9] France > 1 mois RPA < 80 % 296 19
Merritt et al., 1979 [10] États-Unis > 3 mois P/PAT < 80 % 190 18
IMC : indice de masse corporelle ; Z-IMC : Z-score IMC ; P/PAT : rapport entre le poids de l’enfant et le poids attendu pour sa taille ; Z-P/PAT : Z-score P/PAT ; RPA : rapport
poids pour âge.
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Dénutrition de l’enfant 4-002-L-35
Tableau 2.
Définition de dénutrition selon l’indice de Waterlow.
État nutritionnel Pourcentage du poids mesuré/
poids attendu pour la taille
Normal ≥ 90 %
Dénutrition légère 80–89 %
Dénutrition modérée 70–79 %
Dénutrition sévère < 70 %
Z-score de taille
Un Z-score de taille inférieur à −2 ET est compatible avec une
dénutrition chronique. La présence d’une cassure pondérale, puis
staturale est en faveur d’un mécanisme nutritionnel.
3 11/16 = 69 % dénutrition avérée
Périmètre brachial
La mesure du périmètre brachial (PB) est peu modifiée par l’état Figure 1. Calcul de l’indice de Waterlow (d’après [16] ). Pour ce garçon
hydrique. Sa mesure est simple, utile lorsque la mesure du poids de 100 cm et 11 kg, le poids moyen pour sa taille, correspondant à un
ou de la taille pose problème. Entre 6 et 60 mois, un seuil de PB enfant de 4 ans, est de 16 kg. Son indice de Waterlow est de 11/16 = 69 %,
inférieur à 115 mm a été défini par l’OMS comme compatible signant une dénutrition sévère (< 70 %).
avec une dénutrition sévère [17] . Ce seuil, défini pour la médecine
humanitaire, est probablement trop bas pour la France car il a
été déterminé sur le risque de décès. Il est remis en cause car sa • signes de carences spécifiques : peau sèche (zinc, vitamine PP),
sensibilité est trop faible, 6 % pour un indice de Waterlow inférieur purpura, hémorragie gingivale (vitamine C), rachitisme (vita-
à −3 ET, dans une population cambodgienne [18] . De plus, il n’y a mine D), cardiomyopathie (vitamine B1 ), etc. ;
pas de seuil établi au-delà de 5 ans. • retard pubertaire, aménorrhée.
Le rapport PB/périmètre crânien (PC) est un autre paramètre
nutritionnel, moins utilisé mais d’utilisation facile en pratique Kwashiorkor
courante. Entre 3 et 48 mois, un rapport PB/PC inférieur à 0,28
est compatible avec une dénutrition. Le kwashiorkor est la forme œdémateuse de la dénutrition pro-
téinoénergétique, par prédominance d’une carence protéique. Ce
tableau apparaît plus rapidement que dans le marasme et le tissu
Examen clinique adipeux y est moins diminué. Les œdèmes se développent souvent
précocement ; ils peuvent masquer la perte de poids et mettre en
Deux formes classiques mais extrêmes de dénutrition primaire défaut les index nutritionnels.
sont décrites : le kwashiorkor et le marasme. Des formes mixtes En complément des signes cliniques (cf. supra), on retrouve éga-
peuvent exister. En France, les signes cliniques de dénutrition sont lement des œdèmes prédominant aux mains et aux pieds, une
modérés dans la majorité des cas, alors que les formes avancées se ascite, une léthargie, une apathie et/ou une irritabilité, des diar-
retrouvent essentiellement dans les pays en voie de développe- rhées et vomissements, une hépatomégalie (stéatose hépatique),
ment. une dermatose en « peinture craquelée » avec plaques sombres
aux zones de frottement qui peuvent desquamer et contenant des
Signes cliniques de dénutrition zones dépigmentées.
Une hypoalbuminémie est responsable du syndrome œdéma-
Ils sont la traduction de la perte musculaire, des réserves énergé- teux.
tiques et de carences en micronutriments. On retrouve les signes
suivants :
• fonte musculaire et du panicule adipeux, aspect de fesses Marasme
« tristes », fonte des boules de Bichat, asthénie, plus rarement La dénutrition y est à prédominance énergétique avec perte de
cheveux secs et cassants, voire décolorés (et signe du drapeau poids majeure. Le marasme peut intervenir dès les premiers mois
si les épisodes se répètent), ongles cassants, escarre, mauvaise de vie. Il peut s’y associer une asthénie, une irritabilité, mais pas
cicatrisation, pâleur (anémie), hypothermie, hypoglycémie ; de léthargie ou d’apathie, une peau moins élastique et ridée. La
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Dénutrition de l’enfant 4-002-L-35
Causes
Groupes de pathologies pourvoyeuses
Mécanisme de dénutrition
Les causes de dénutrition dépendent de trois grands cadres, L’impact des pathologies chroniques sur l’état nutritionnel est
parfois combinés. important. Les mécanismes impliqués sont des besoins accrus
(croissance rapide, catabolisme, stress, agression, etc.) et une fré-
Diminution des ingesta quente insuffisance d’apport (anorexie, environnement social,
Par carence d’apports diminution de l’absorption, etc.).
• Les troubles des interactions parents–enfant, l’anorexie du Dans la première enquête multicentrique française, regrou-
nourrisson, les troubles de l’oralité, l’opposition. pant des unités de médecine, de chirurgie et, de soins de suite
• Les erreurs diététiques, les régimes d’exclusion restrictifs (pres- et réadaptation, issues de centres universitaires ou généraux, les
crits en cas d’allergie par exemple ou à l’initiative des parents/de 56 % d’enfants qui avaient une maladie chronique représen-
l’enfant), une maltraitance/négligence. taient 66 % des dénutris [5] . La fréquence de la dénutrition était
• Les troubles de déglutition et fausses routes, les dysphagies, la plus importante dans les maladies neurologiques et du handicap,
douleur chronique, le handicap, la dépendance ; une durée du gastro-intestinales, cardiaques et chirurgicales.
repas très longue (> 30 minutes).
• Les troubles ORL, comme l’hypertrophie amygdalienne respon-
sable de troubles respiratoires nocturnes. Conséquences de la dénutrition
• L’anorexie mentale.
• La précarité (bien que plutôt pourvoyeuse d’obésité). Conséquences générales
Par malabsorption ou maldigestion Il existe une augmentation de l’eau totale combinée à une perte
• Résection digestive étendue dont le syndrome du grêle court. protéique, ce qui se traduit par la présence d’œdèmes. On retrouve
• Insuffisance pancréatique dont mucoviscidose. également une rétention hydrosodée liée à un hyperaldostéro-
• Maladie cœliaque. nisme secondaire, par diminution du débit cardiaque et de la
• Allergie aux protéines de lait de vache. filtration glomérulaire. Il existe une atteinte hépatique avec une
synthèse protéique diminuée, dont l’albumine et la transthyré-
Augmentation des besoins : hypercatabolisme tine, mais aussi des apoprotéines et lipoprotéines, favorisant une
stéatose. Le manque de stimulation entraîne une atrophie villosi-
• Par maladie aiguë : traumatisme crânien sévère, infection
taire, un ralentissement de la vidange gastrique, une diminution
sévère, postopératoire, etc.
des activités enzymatiques de la digestion ainsi que des sécrétions
• Par maladie chronique : insuffisances (cardiaque, respiratoire,
biliopancréatiques. Les fonctions cardiaque et respiratoire sont
rénale, hépatique), cancer, maladies inflammatoires chro-
altérées par diminution de la masse musculaire du myocarde et
niques, hyperthyroïdie.
du diaphragme. Il existe une immunodépression. Le système ner-
veux présente une atteinte périphérique ainsi que des fonctions
Augmentation des pertes cognitives.
• Par pertes digestives : entéropathie exsudative.
• Par pertes cutanées : brûlé, dermatoses étendues. Complications
• Par pertes urinaires : syndrome néphrotique.
Syndrome de renutrition inappropriée
Hospitalisation Le syndrome de renutrition inappropriée correspond à un
excès d’apport de nutriments dans une situation de dénutri-
Le cadre de l’hospitalisation est en lui-même un facteur de tion avancée. Il peut associer de façon isolée ou combinée une
moindre prise alimentaire. Ces facteurs peuvent être en majorité hypokaliémie, une hyponatrémie, une hypophosphorémie, une
maîtrisés grâce à l’interrogatoire des habitudes et en portant une hypomagnésémie, une hypocalcémie, une rétention hydrosodée,
attention particulière à l’organisation du service. une stéatose pour les signes le plus fréquemment observés.
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4-002-L-35 Dénutrition de l’enfant
L’apport énergétique comprend les apports en glucides et lipides Corriger les troubles hydroélectrolytiques avant
(énergie non protéique).
toute renutrition
L’hyperaldostéronisme secondaire, majoré par l’action propre
▲ Attention de l’insuline, entraîne une rétention hydrosodée. Une déshy-
dratation doit être corrigée lentement. Une restriction hydrique
modérée en fonction de l’état initial d’hydratation [22] et des
La cible d’apport énergétique est calculée à partir du poids apports restreints en sodium (0,5 à 1 mmol/kg/j) sont sou-
attendu pour la taille et non du poids au diagnostic. haitables. Cette correction prend en général 24 à 48 heures
et peut nécessiter une surveillance en milieu de réanimation
lorsqu’il existe des signes de gravité (hypothermie, bradycardie,
troubles de coagulation ou de l’hémostase, troubles ioniques
À partir de ce poids cible, les apports caloriques quotidiens sévères).
peuvent être approchés en utilisant la formule de pratique cli-
nique de Holliday et Segar (Tableau 4), utilisable aussi pour les
apports hydriques [21] . Les équations de Schofield en fonction du
poids (P) et de la taille (T) peuvent aussi être utilisées, permettant
“ Point fort
d’estimer la dépense énergétique de repos (DER), à laquelle il faut
ajouter l’activité physique estimée : Le poids doit être stable, voire diminuer un peu au début
• garçon : DER = 19,6 × P + 130,3 × T + 414,9 ; de la renutrition. Une prise de poids dans les 48 premières
• fille : DER = 16,97 × P + 161,8 × T + 371,2. heures doit faire évoquer une inflation hydrique.
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Dénutrition de l’enfant 4-002-L-35
Tableau 5.
Apports indicatifs en minéraux et vitamines à monitorer en situation de dénutrition, selon la période.
Na (mmol/kg/j) K (mmol/kg/j) P (mmol/kg/j) Mg (mmol/kg/j) Ca (mmol/kg/j) Vit B1 (mg/j) Vit B9 (mg/j) Vit A (UI en 1 fois)
Initiale 0,5–1 3 >1 0,3 0,4 100 5, puis 1 ≤ 6 mois : 50 000
6–12 mois : 100 000
≥ 1 an : 200 000
Poursuite 1–2 3–4 >1 0,6 2 – 1 –
Tableau 6.
Scores de risque nutritionnel validés en pédiatrie.
Outils État nutritionnel actuel Perte de poids Réduction des ingesta Sévérité de la maladie Autres items
[9]
SRNP X X Évaluation de la douleur
SGNA [25] X X X X Symptômes gastro-intestinaux,
capacité fonctionnelle, taille parentale
STAMP [26] X X X
PYMS [27] X X X X
NRS [28] X X X X
[29]
STRONGkids X X X X
PNST [30] X X X
PeDiSMART [31] X X X Évaluation de la douleur, symptômes
gastro-intestinaux
NRS : Nutrition Risk Score ; PeDiSMART : Pediatric Digital Scaled MAlnutrition Risk screening Tool ; PNST : Pediatric Nutrition Screening Tool ; PYMS : Paediatric Yorkhill
Malnutrition Score ; SGNA : Subjective Global Nutritional Assessment ; SRNP : Score de Risque Nutritionnel Pédiatrique ; STAMP : Screening Tool for the Assessment of
Malnutrition in Paediatrics ; STRONGkids : Screening Tool for Risk Of Impaired Nutritional Status and Growth.
Augmentation progressive des apports Huit scores ont été validés en pédiatrie ; les items prennent le
plus souvent en compte les mesures anthropométriques, la dimi-
L’augmentation des apports se fait sur 7 à 10 jours, guidée
nution des apports, la sévérité de la maladie et la perte de poids
par l’ionogramme sanguin et urinaire, et adaptée à la prise orale
(Tableau 6). Le score de risque nutritionnel pédiatrique (SRNP),
concomitante. La vitesse optimale de reprise pondérale (rattra-
issu d’une étude française, prend en compte la diminution des
page) est difficile à évaluer, souvent plus rapide chez le nourrisson
apports, la sévérité de la maladie et la douleur [9] . Le Subjective
que chez l’enfant plus grand. Une reprise trop rapide doit faire
Global Nutritional Assessment (SGNA) [26] prend en compte les
suspecter une inflation hydrique.
symptômes digestifs, la capacité fonctionnelle et la taille paren-
tale ; le Screening Tool for the Assessment of Malnutrition in
Réévaluation
Paediatrics (STAMP) [27] , le Paediatric Yorkhill Malnutrition Score
La démarche de réévaluation est indispensable. L’efficacité (PYMS) [28] et le Nutritional Risk Score (NRS) [29] incluent le poids
de la renutrition doit être évaluée par la reprise pondérale et et la taille actuels ; le Screening Tool for Risk Of Impaired Nutritio-
l’amélioration de l’état clinique. La reprise staturale intervient de nal Status and Growth (STRONGkids ) [30] et le Pediatric Nutrition
manière retardée de 2 à 3 mois. Screening Tool (PNST) [31] présentent l’avantage de demander peu
de temps pour être réalisés. Le Pediatric Digital Scaled MAlnutri-
tion Risk screening Tool (PeDiSMART) [32] est plus complexe et
Prévention en milieu hospitalier semble moins performant lorsque l’hospitalisation est supérieure
à 7 jours. Une comparaison de ces scores (hors PeDiSMART et
Évaluation systématique de l’état nutritionnel PNST) a fait ressortir le PYMS pour la possibilité de combiner
l’évaluation et le risque nutritionnel, et le STRONGkids pour sa
L’évaluation du dépistage de la dénutrition en pédiatrie fait fiabilité et sa rapidité de réalisation [33] .
l’objet d’une évaluation des pratiques professionnelles émanant
de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme
(SFNEP), parue en 2016 [24] . Tout patient doit avoir une évalua-
tion de son état nutritionnel dans les 48 premières heures suivant
Facteurs d’influence du dépistage
son entrée à l’hôpital, et (au mieux) de ses besoins protéinoéner- De nombreux freins existent, à commencer par les prises de
gétiques et de ses ingesta. mesure. Dans une étude française, le poids était mesuré dans
Malgré la mise à disposition d’outils facilitant le calcul d’indices 90 % des cas, mais seulement dans 50 à 60 % des cas pour la
d’insuffisance pondérale (disque d’IMC et disques Dédé2 de cal- taille, d’où l’impossibilité de calculer un index quel qu’il soit [8] .
cul de l’indice de Waterlow), la dénutrition hospitalière reste Dans une autre étude française, 43 % seulement des enfants hos-
insuffisamment recherchée en pratique clinique ; elle est donc pitalisés avaient une mesure du poids et de la taille, alors que le
sous-diagnostiquée et sous-traitée [25] . En France, des enquêtes personnel hospitalier l’estimait à 81 % [34] . Dans la même étude,
annuelles nationales (e-PINUT) ont vu le jour en 2010 afin de il était montré que l’évaluation subjective sous-estimait de moi-
suivre l’évolution et de promouvoir le dépistage de la dénutrition tié la dénutrition, renforçant la nécessité d’utiliser des éléments
hospitalière en pédiatrie [5, 6] . objectifs, c’est-à-dire un index nutritionnel.
La mise en place du score PYMS dans un hôpital anglais a permis
Prévenir le risque de dénutrition à l’hôpital d’améliorer le recueil de données, notamment pour la mesure de
la taille par l’équipe paramédicale, qui est passée de 4 à 62 %, et qui
Des scores de risque nutritionnels ont été conçus pour appré- persistait après 1 an de mise en place, mais malheureusement sans
cier le risque d’apparition ou de majoration d’une dénutrition au impact sur le tracé des courbes de croissance [35] . Une autre étude
cours de l’hospitalisation. Ces scores viennent en complément de montrait que l’utilisation d’un outil informatique avait un impact
l’évaluation nutritionnelle initiale. Ils ont pour but de repérer les à 18 mois sur le recueil des mesures, la démarche étiologique et la
patients à risque de dénutrition ultérieure, et de mettre en place prise en charge [36] .
une intervention nutritionnelle et une surveillance adaptée au Un niveau supplémentaire de difficulté est la nécessité de dis-
risque. poser de courbes de croissance et de les tracer. La variation
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physiologique rapide de l’IMC avant 2 ans rend difficile [4] Hecht C, Weber M, Grote V, Daskalou E, Dell’Era L, Flynn D, et al.
l’interprétation des courbes et impose de disposer des valeurs Disease associated malnutrition correlates with length of hospital stay
seuils [16] . in children. Clin Nutr 2015;34:53–9.
Enfin, des politiques de santé ont pu montrer leur efficacité [37] . [5] Sissaoui S, De Luca A, Piloquet H, Guimber D, Colomb V, Peretti N,
Le ministère de la Santé hollandais a instauré en 2007 un indi- et al. Large scale nutritional status assessment in pediatric hospitals.
cateur de performance par contrôle annuel du pourcentage de E-SPEN J 2013;8:e68–72.
patients dépistés pour la dénutrition dans les hôpitaux, ce qui [6] De Luca A, Piloquet H, Mansilla M, Simon D, Fischbach M, Caldari
a permis de passer de 51 % d’enfants dépistés en 2007 à 72 % en D, et al. Évaluation tricentrique de l’état nutritionnel chez l’enfant
2010. Pourtant, en France, la recherche d’une dénutrition chez hospitalisé. Arch Pediatr 2012;19:545–6.
l’enfant n’est pas un critère « indicateur pour l’amélioration de [7] Joosten KF, Zwart H, Hop WC, Hulst JM. National malnutrition scree-
la qualité et de la sécurité des soins » (IPAQSS), contrairement à ning days in hospitalised children in The Netherlands. Arch Dis Child
2010;95:141–5.
l’adulte.
[8] Hankard R, Bloch J, Martin P, Randrianasolo H, Bannier MF, Machinot
S, et al. Nutritional status and risk in hospitalized children. Arch Pediatr
2001;8:1203–8.
Conclusion [9] Sermet-Gaudelus I, Poisson-Salomon AS, Colomb V, Brusset MC,
Mosser F, Berrier F, et al. Simple pediatric nutritional risk score to
La dénutrition chez l’enfant est essentiellement retrouvée en identify children at risk of malnutrition. Am J Clin Nutr 2000;72:64–70.
milieu hospitalier où elle est encore souvent méconnue. La France [10] Merritt RJ, Suskind RM. Nutritional survey of hospitalized pediatric
possède des recommandations nationales proposant l’IMC infé- patients. Am J Clin Nutr 1979;32:1320–5.
rieur au troisième percentile comme seuil pour le dépistage de la [11] Sempé M, Pédron G, Roy-Pernot M. Auxologie : méthodes et
dénutrition. De nombreuses situations peuvent conduire à une séquences. Paris: Théraplix; 1979.
dénutrition et en particulier toute maladie chronique. La prise en [12] Chumlea WC, Guo SS, Steinbaugh ML. Prediction of stature from
charge doit être adaptée à la sévérité de la dénutrition et nécessite knee height for black and white adults and children with applica-
un suivi afin de réévaluer la stratégie nutritionnelle. tion to mobility-impaired or handicapped persons. J Am Diet Assoc
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[13] Rolland-Cachera MF, Cole TJ, Sempé M, Tichet J, Rossignol C, Char-
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• Les recommandations de repérage de la dénutrition BMJ 2007;335:194.
comportent en premier lieu le calcul de l’IMC puis, s’il [15] Mei Z, Grummer-Strawn LM, Pietrobelli A, Goulding A, Goran MI,
Dietz WH. Validity of body mass index compared with other body-
est inférieur au troisième percentile, la poursuite de la composition screening indexes for the assessment of body fatness in
démarche en recherchant une stagnation ou une cassure children and adolescents. Am J Clin Nutr 2002;75:978–85.
de croissance pondérale, des signes cliniques de dénutri- [16] Hankard R, Colomb V, Piloquet H, Bocquet A, Bresson J-L, Briend
tion et une cause. A, et al. Dépister la dénutrition de l’enfant en pratique courante. Arch
• La dénutrition chez l’enfant est principalement retrou- Pediatr 2012;19:1110–7.
vée à l’hôpital, sa prévalence est comprise entre 10 et [17] Organisation mondiale de la Santé (OMS). Normes de crois-
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il ne nécessite aucun examen complémentaire. [18] Laillou A, Prak S, de Groot R, Whitney S, Conkle J, Horton L,
• La renutrition doit être prudente si la dénutrition est et al. Optimal screening of children with acute malnutrition requires
sévère afin d’éviter un syndrome de renutrition inappro- a change in current WHO guidelines as MUAC and WHZ identify
priée, préférentiellement par voie orale ou entérale si le different patient groups. PloS One 2014;9:e101159.
tube digestif est fonctionnel. [19] Emond AM, Blair PS, Emmett PM, Drewett RF. Weight faltering in
• Le calcul des apports nutritionnels doit être fait sur le infancy and IQ levels at 8 years in the Avon Longitudinal Study of
Parents and Children. Pediatrics 2007;120:e1051–8.
poids cible et non sur le poids à la prise en charge. [20] Hoddinott J, Behrman JR, Maluccio JA, Melgar P, Quisumbing AR,
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