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AMVEF- 2007
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
Rédaction :
Pr. Laarbi JAIDI
Coordination :
Hayat ZIRARI et Saâdia WADAH
avec l’appui de
Najia ZIRARI et Yamna GHABBAR
Partenaire :
UNIFEM
www.unifem.org
Coordonnées de l’association :
37, rue Abderrahman Sahraoui, App 6, 5ème étage- Casablanca / MAROC
Tel/Fax : 00 212 22 26 86 66 /67
E.mail : ecoute@menara.ma
Site web : www.amvef.org
Impression :
Comuneg - Casablanca - Maroc
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Remerciements .....................................................................................................9
Préface ................................................................................................................. 11
Chapitre 3 :
Le temps de travail invisible : L’approche par le budget temps....................71
1- Le budget-temps et les activités non rémunérées ......................................71
2- Finalité et méthode des enquêtes budgets-temps? ....................................73
3- Le temps de travail non comptabilisé et non rémunéré au Maroc : une
mesure appropriée de l’activité économique ..............................................78
4- La répartition du temps de travail domestique: un éclairage
sur le travail invisible des femmes .............................................................84
5- Les limites de l’usage de l’enquête ............................................................88
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Chapitre 4 :
L’Expérience internationale : les conséquences patrimoniales du divorce...92
1- Trajectoire des régimes patrimoniaux ........................................................94
2- La liquidation du régime matrimonial en Allemagne ................................99
3- La liquidation du régime matrimonial en Angleterre et pays de Galles ..102
4- La liquidation du régime matrimoniale en Espagne ................................105
5- La liquidation du régime matrimoniale en France ...................................109
Bibliographie ....................................................................................................247
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Remerciements
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Préface
Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du code de la famille,
l’Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des
femmes a engagé plusieurs initiatives dans l’objectif de consolider
les acquis et veiller au respect de la philosophie sous jacente au
nouveau code de la famille, à savoir l’égalité et l’équité entre les
deux époux.
Pourquoi une étude portant sur la mise en oeuvre de l’article 49 et
les perspectives de son application ?
A quoi réfère cet article – si contesté lors de l’élaboration du
projet de réforme du statut personnel- du code de la famille ?
Pourquoi il présente autant de difficultés de sa mis en œuvre ?
La répartition des ressources matérielles au sein du couple
interpelle t-elle le rapport à l’argent et à la propriété entre les hommes
et les femmes dans notre société ?
Les contraintes rencontrées sont-elles liées à la sensibilité de la
dimension matérielle dans la relation entre les époux ?
L’analyse du processus et des conditions de «production» de
l’article 49, quant à lui, a mobilisé beaucoup d’acteurs publics et a
donné lieu à plusieurs rumeurs et déformations non conformes au
texte initial.
L’article reflète un consensus qu’on peut dire fragile entre deux
conceptions du règlement des différents au sein du couple sur la
gestion du patrimoine, et tous les débats au sein de la commission de
la réforme du code de la famille en témoignent.
L’article 49 débattu au sein de la commission se référait
implicitement au travail domestique et la prise en compte de cet
effort invisible des femmes ; il aurait ouvert la perspective d’une
reconnaissance du travail domestique.
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Chapitre Introductif :
Objectif et méthodologie de l’étude
La réforme du Code de Statut Personnel (Moudouwana), en
février 2004, a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives au
changement de la condition de la femme. Le Code de la Famille a
constitué une avancée sociale indéniable entre autres par la mise en
place de mesures relatives au divorce qui permettent une plus grande
protection des droits des femmes; l’énoncé d’une disposition de
partage des biens acquis pendant le mariage ; la mise en place de
juridictions spécialisées dans le droit familial, i.e. les Tribunaux de
la Famille etc..
Toutefois, le nouveau texte ne décline pas de façon explicite les
modalités de partage des biens acquis durant la vie conjugale, ce qui
laisse une porte ouverte à une interprétation libre de la doctrine. En
outre, un décalage considérable existe entre la norme juridique et
l’application du droit – prioritairement dans le cas des femmes.
La question du partage des biens acquis au cours de la période
conjugale est d’une grande importance pour plusieurs raisons :
D’un côté, rappelons que malgré l’allongement de la période du
célibat, le mariage demeure la réalité lourde, massive, dominante
d’une vie conjugale. Dans la perspective de diminuer la conflictualité
des divorces, le législateur a introduit des innovations dans le code de
la famille en ouvrant la possibilité aux époux de se mettre d’accord
sur les conditions de fructification et de répartition des biens qu’ils
auront acquis pendant leur mariage.
Mais d’un autre côté, le divorce tend à devenir un acte volontaire
des deux époux. Si le Code de la famille a permis une simplification
relative des procédures dans le cadre général du divorce, il n’a pas
encore résolu les critiques adressées aux modalités de partage des
biens en cas de divorce. A cet égard, puisque l’on veut adapter la
législation à l’état des mentalités, l’humanisation du divorce passe
donc par le respect de règles équitables dans le partage des biens.
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2. La démarche méthodologique
Dans la formulation des attendus de l’étude, les termes de référence
évoquent l’élaboration d’un modèle méthodologique d’évaluation
du travail domestique qui permettrait un partage équitable des biens
cumulés durant la vie conjugale.
Tout d’abord, il nous semble que la notion de modèle ne correspond
pas à la nature des tâches et de l’attendu de l’étude.
Une modélisation suppose l’observation d’une série de cas
et la définition de propriétés communes à ces cas pour les rendre
exprimables en une seule représentation cohérente et susceptible
d’expliquer tous les cas empiriques rencontrés dans la réalité.
Ce type de convention s’applique mal à une réalité complexe qui
nous interpelle, celle de définir un mode opératoire pour résoudre le
partage équitable d’un patrimoine considéré comme commun. Ce
critère doit faire référence au travail domestique, lui-même estimé
à partir de tâches multidimensionnelles, réalisées par des personnes
aux qualifications différentes, sur la trajectoire d’une vie et qu’il
s’agit d’exprimer en valeur monétaire.
Des situations aussi complexes ne peuvent faire l’objet d’un
processus d’abstraction uniformisant la diversité en un seul modèle
explicatif ou interprétatif. Nous préférons aborder la question en :
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des Nations Unies que les pays élaborent des «comptes satellites» de
la production des ménages.
Il est de plus en plus pertinent de bien saisir le travail non rémunéré
des ménages dans le cadre des décisions en matière de politiques
économiques et sociales. Des questions comme le nombre d’heures
consacrées par les femmes à divers types de travail non rémunéré
au cours de l’année, l’évolution de ces heures au fil du temps, et la
contribution des femmes, font ressortir les coûts cachés (du point
de vue de la production non marchande réduite des ménages) de la
croissance économique.
Les données sur les résultats et la productivité du travail invisible
et non rémunéré, ainsi que sur les différences de qualité entre les
services fournis par les membres des ménages peuvent contribuer à
une évaluation plus équitable de la contribution de chaque membre
du couple à la création de sa richesse matérielle, à l’accumulation du
patrimoine familiale.
Des études sur la mesure du travail domestique non rémunéré
des ménages, en général, et de celui des femmes, en particulier, ont
été menées partout dans le monde. Différentes travaux académiques
ou institutionnels ont permis d’élaborer des méthodes de cerner des
pratiques de mesure et d’évaluation du travail non rémunéré.
Il sera utile pour les objectifs de l’étude de présenter cette revue
de l’Etat de l’Art sur la question et comprenant un aperçu des
pratiques utilisées. Ces pratiques mettront en lumière les différences
entre les tâches domestiques non rémunérées effectuées par les
femmes, et feront ressortir le rôle important que jouent les femmes
dans la production des ménages, ainsi que l’évolution continue de
ces différences au fil du temps.
A la Direction des Statistiques, on n’a pas entrepris de travaux
pour compiler un compte satellite complet, mais il existe quelques
études en ce qui a trait à la compilation de la composante du travail
de la production des ménages. Il s’agit notamment de l’étude sur le
Budget-temps et des travaux sur le secteur informel.
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Chapitre 1 :
Le Code de la Famille :
L’enjeu du partage des biens
La réforme du Code de Statut Personnel (Moudouwana), en
février 2004, a permis d’améliorer le statut juridique des femmes
marocaines et d’ouvrir de nouvelles perspectives au changement
de leur condition. Cependant, trois ans après la mise en œuvre
du Code, beaucoup reste à faire pour garantir l’effectivité de la
loi et ses dispositions, consacrer l’égalité entre les époux dans la
responsabilité partagée de la famille, renforcer la mise en place des
moyens institutionnels nécessaires à la bonne application du droit et
ainsi contribuer à la considération des droits humains des femmes
au Maroc.
D’autre part, le Code a constitué une avancée sociale indéniable
entre autres par la mise en place de mesures relatives au divorce
qui permettent une plus grande protection des droits des femmes;
l’énoncé d’une disposition de partage des biens acquis pendant le
mariage ; la mise en place de juridictions spécialisées dans le droit
familial, i.e. les Tribunaux de la Famille, etc..
Cependant, le nouveau texte connaît des limites à la consécration
des droits humains des femmes. Par exemple, il ne décline pas de
façon explicite les modalités de partage des biens acquis durant la
vie conjugale, ce qui laisse une porte ouverte à une interprétation
libre de la doctrine. En outre, un décalage considérable existe entre
la norme juridique et l’application du droit – prioritairement dans
le cas des femmes. En effet, les bilans de l’application du Code
de la Famille sont encore mitigés. Les diverses études, recherches
ou études thématiques réalisées viennent rappeler, au moins, cinq
constats:
• Le Maroc s’est engagé dans un processus important et irréversible
de réformes, notamment des droits humains des femmes ;
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1.1- Le mariage
Il ressort du bilan général relatif au mariage, que durant les quatre
années d’application du code de la famille (du 2004 à fin décembre
2007), une moyenne annuelle de 263005 actes de mariage ont été
enregistrés, ainsi que 14330 jugements récognitifs de mariage, soit
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1.2- Le divorce
Concernant le divorce, les statistiques, après quatre années
d’application du code de la famille indiquent 39707 cas par an. Tandis
qu’en 2003, 44922 actes ont été enregistrés, ce qui laisse apparaître
une diminution importante, de l’ordre de 11,6%, ce qui constitue une
forte baisse sur les dix dernières années. Cette diminution serait due
à la combinaison de différents facteurs, dont la mise en œuvre des
procédures de conciliation par les sections du Droit de la famille.
Le nombre de divorces (Khol’) moyennant compensation a
connu un net recul, en passant de 21076 actes en 2003 – soit 47%
de l’ensemble des divorces- à 10169 actes par an à l’entrée en
application du code de la famille, soit 25,6% de l’ensemble des
divorces.
Le nombre de divorces révocables a connu à son tour une
diminution importante, en passant de 12462 actes en 2003 à 5631actes
par an durant la période d’application du code de la famille, soit une
proportion de 14,2% de l’ensemble des divorces. Cette diminution a
don été de 54,8%.
Le nombre de divorces avant la consommation du mariage a
également connu une diminution en passant de 5477 à 4642 divorces
révocables, durant la période d’application du code de la famille –
soit une proportion de 11,7% de l’ensemble des divorces, soit une
diminution de 15,2%.
Les divorces prononcés à la suite des deux précédents divorces
successifs, et ceux prononcés à l’initiative de l’épouse exerçant
un droit d’option (tamlik), représentent, chacun, une très faible
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1- Plan d’Action National pour l’Intégration de la Femme au Développement. Secrétariat d’Etat chargé
de la Protection sociale, de la Famille et de l’Enfance. 1999.
2- Certes, le nouveau code de la famille ne répond pas à toutes les attentes des femmes et des hommes
attachés aux principes d’égalité et d’équité. La polygamie n’a pas été interdite de façon claire et nette,
de même que les dispositions en matière d’héritage sont restées largement discriminatoires. Cependant,
les avancées indéniables qui ont été enregistrées sont venues valider la stratégie mise en œuvre par les
organisations féminines depuis le milieu des années 1980.
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3- Royaume du Maroc. Haut Commissariat au Plan. Prospective Maroc 2030. « La femme marocaine
sous e regard de son environnement social ». Enquête. Principaux résultats. Septembre 2006. Enquête
réalisée sur un échantillon composé de près de 3700 ménages.
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Oui Non
Homme Femme Homme Femme
Célibataire 54,74 83,08 45,26 16,92
Marié - e 40,35 79,66 59,65 20,34
Divorcé-e / veuf-ve 50,00 79,41 50,00 20,59
Source : Etude Le Code de la Famille : Perceptions et
pratique judiciaire. Fondation FES
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Chapitre 2 :
La mesure du travail domestique:
Evaluation de la production non
marchande des ménages.
Traditionnellement, beaucoup de services et des bien produits
par les femmes sont ignorés ou sous évalués dans le système de
comptabilité nationale. On dit qu’ils sont « invisibles ». Quatre types
d’activités notamment sont peu représentés : le travail domestique, le
travail bénévole, la production de subsistance et le secteur informel.
Hommes et femmes sont impliqués dans ces secteurs mais les deux
premiers, majoritairement féminins, soulèvent les problèmes de
comptabilisation les plus difficiles.
Même si la production de subsistance, qui ne passe pas par le
marché et demeure souvent non monétaire, a été de mieux en
mieux prise en compte, l’incorporation de travail féminin dans
ce secteur l’est encore difficilement. Pourtant, la contribution
des femmes à l’économie agricole est souvent considérable : les
femmes accomplissent une part considérable du travail associé à
l’agriculture de subsistance, en assumant notamment la quasi totalité
de l’approvisionnement du ménage en eau et en bois de chauffage, et
en participant largement au stockage et au transport de la nourriture,
au travail de labour et de désherbage, au travail de récolte et de
commercialisation des produits. Le fait que les tâches domestiques
soient systématiquement non rémunérées implique une dépendance
monétaire au moins partielle des femmes vis-à-vis de la famille, ou
de la communauté.
On a longtemps considéré que cette question était «naturellement»
réglée par la complémentarité des tâches féminines et masculines au
sein du ménage, mais la division du travail fondée sur le genre est
un des principaux vecteurs de la subordination des femmes. D’autre
part, le nombre croissant de ménages «dirigés par des femmes» (en
l’absence de chef masculin) dans les pays en développement a montré
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sur le marché ainsi qu’à leur propre consommation (par exemple les
costumes qu’un tailleur professionnel fait pour ses propres fils) ; les
biens de capital fixe produits pour compte propre doivent aussi être
ajoutés à la production brute. Les services ne sont pas mentionnés, à
l’exception des services de logement que les propriétaires occupants
se rendent à eux-mêmes.
Dans le SCN révisé (version de 1991), la définition de la
production (appelée dans le SCN «frontière de la production»)
couvre désormais tous les biens produits par les ménages pour leur
propre consommation mais exclut tous les services, à l’exception des
services de logement que les propriétaires se rendent à eux-mêmes et
le stockage qui est considéré comme un prolongement du processus
de production des biens.
Dans la version révisée du SCN, la non-prise en compte des services
produits par les ménages est expliquée de la façon suivante:
La réticence des comptables nationaux à imputer une valeur à la
production, aux revenus et aux dépenses associés à la production et
à la consommation de services domestiques et personnels au sein des
ménages tient à plusieurs facteurs, à savoir :
‹ l’indépendance et l’isolement relatifs de ces activités par
rapport aux marchés,
‹ l’extrême difficulté de faire une estimation économiquement
significative de leurs valeurs,
‹ les effets négatifs que cela aurait sur l’utilité des comptes
pour l’orientation de la politique économique et l’analyse des
marchés et de leurs déséquilibres - analyse de l’inflation, du
chômage etc.
En effet, cela pourrait aussi avoir des conséquences «inacceptables»
pour les statistiques de la population active et de l’emploi. D’après les
directives du BIT, les personnes économiquement actives sont celles
participant à des activités de production se situant dans la frontière de
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3. Quelques résultats
Le tableau 6 présente des estimations du temps consacré chaque
année au travail domestique par les hommes et les femmes dans cinq
pays. La population de référence, qui diffère d‘un pays à l’autre a bien
entendu une incidence sur les résultats. Le tableau indique aussi le
nombre d’heures de travail rémunérées et la dernière colonne montre
que le temps consacré au travail domestique dépasse dans la plupart
des cas le temps consacré au travail rémunéré. En Allemagne, les
heures de travail domestique ont diminué entre les années 80 et les
années 90, alors qu’elles ont augmenté en France durant la même
période. Les enquêtes sur les budgets-temps réalisées pour la France
(INSEE) montrent que le temps consacré au travail domestique par
les hommes et les femmes chaque jour s’est accru de 2% environ.
L‘augmentation du nombre total d’heures consacrées au travail
domestique est attribuable essentiellement à la croissance de la
population urbaine.
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Conclusions
Quelle que soit la méthode d’évaluation utilisée, la valeur du
travail domestique non rémunéré est importante par rapport au PIB.
La production non marchande des ménages est un élément important
du revenu, de la consommation et du bien-être des ménages.
Les données présentées ici montrent que les estimations de la
valeur de la production domestique varient beaucoup en fonction
de la méthode utilisée. Au plan théorique, l’approche par l’output
est plus satisfaisante en ce sens qu’elle permet d’évaluer les biens
et services produits dans le ménage aux prix auxquels on pourrait
se les procurer sur le marché; c’est ainsi que la production est
généralement évaluée dans les comptes nationaux. Jusqu’à présent,
cette méthode a rarement été mise en oeuvre en raison de l’absence
de données quantitatives et qualitatives sur la production effective
des ménages. Bien que la méthode du « coût d’opportunité du temps
» ait été utilisée dans de nombreuses études, elle est peu défendable
car elle impute des valeurs différentes à des services identiques en
fonction de la personne qui les produit.
En outre, elle évalue les services produits dans le ménage au
coût de production de biens et de services tout à fait différents sur le
marché. La méthode du « substitut global» aboutit généralement aux
valeurs les plus faibles, ce qui peut être considéré comme un avantage
par ceux qui souhaitent limiter le recours aux imputations dans les
comptes. En revanche, elle repose sur l’hypothèse non vérifiée que
le travail domestique exige peu de qualifications. Une méthode plus
vraisemblable et, en même temps, plus facilement réalisable est celle
du « substitut spécialisé », qui différencie les catégories de tâches
domestiques et relie le niveau de salaire au type de travail effectué.
S’il est vrai que les statistiques conventionnelles du SCN ont un
grand nombre d’utilisations qui n’ont pas besoin d’estimations de la
production non marchande des ménages et qui risquent même d’être
compromises par la prise en compte de cette production, il n’en
reste pas moins qu’elles donnent une image fortement déformée
de l’importance, de la composition et de l’évolution des activités
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Chapitre 3 :
Le temps de travail invisible :
L’approche par le budget temps
Les enquêtes sur les budgets-temps visent à recueillir des
informations sur la manière dont les individus répartissent leur temps
entre les diverses activités auxquelles ils se livrent quotidiennement
et qui ont un impact majeur sur leur sécurité financière, leur santé,
leur bien-être et leur bonheur en général.
Les résultats de ces enquêtes peuvent contribuer à donner
des réponses à un vaste éventail de questions économiques et
sociologiques. L’intérêt croissant porté aux données concernant
les budgets-temps par les économistes, les sociologues, les milieux
d’affaires, les décideurs politiques, les défenseurs des droits des
femmes et les statisticiens a conduit des pays de plus en plus
nombreux à effectuer au moins une enquête sur les budgets-temps et
créé le besoin de prendre cette notion en compte dans la production
régulière de statistiques12.
12- C’est ainsi que 95 enquêtes sur les budgets-temps ont été réalisées dans 19 pays de la région de
la CESAP depuis 1960 (voir graphique, dont 44 au cours des 14 dernières années et 8 depuis 2000. À
l’échelle mondiale, 82 pays ont mené au moins une enquête de ce type
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13- Ainsi, l’enquête sur les budgets-temps réalisée en République de Coré a conclu qu’en moyenne les
femmes consacraient 21 heures par semaine de plus que les hommes à un travail non rémunéré et que
leur semaine de travail dépassait de près d’une heure par jour celle des hommes.
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non rémunéré mais aussi sur le travail rémunéré, lequel n’est souvent
pris en compte qu’incomplètement par les systèmes de collecte de
données traditionnels de ces pays.
Les données sur les budgets-temps ont servi à vérifier les
informations concernant les catégories de travailleurs «difficiles
à mesurer», telles que les travailleurs familiaux, les employés de
maison, la main-d’oeuvre temporaire, les travailleurs du secteur
informel, etc., dont le nombre est sous-estimé dans les enquêtes
classiques sur la main-d’oeuvre. Les données sur le temps de travail
effectif, le travail des enfants, le temps consacré aux déplacements,
aux activités de loisirs, etc. peuvent également contribuer à améliorer
les informations recueillies dans le cadre d’autres enquêtes.
En combinant les données relatives aux budgets-temps et les
données démographiques, il est possible de comparer les emplois du
temps de différents groupes. Ainsi, les analystes pourraient comparer
le temps consacré à diverses activités rémunérées et non rémunérées
par les hommes et les femmes, les jeunes et les personnes âgées, les
personnes avec et sans enfant, la population urbaine et rurale, etc. La
réalisation d’enquêtes régulières sur les budgets-temps permettrait
aux chercheurs et aux analystes de repérer les changements intervenus
dans la répartition du temps au fur et à mesure de l’évolution des
normes sociales et de l’économie.
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14- Voir à ce sujet : Djamila Chekrouni : Analyse multivariée du marché du travail au Maroc : Modèles
d’évaluation de la participation de la femme à l’activité économique nationale. Thèse de doctorat
d’Etat en Sciences économiques. Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Rabat-
Agdal. Octobre 2001.
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Chapitre 4 :
L’Expérience internationale :
les conséquences patrimoniales du
divorce
Dans les pays occidentaux, les régimes matrimoniaux sont l’une
des pièces maîtresses du dispositif du droit patrimonial de la famille,
aux côtés des successions et des libéralités. Ils ont pour objet de
régir les relations pécuniaires qu’entretiennent les époux aussi bien
entre eux qu’avec les tiers. Ces relations, créatrices de droits et
d’obligations, ont été l’objet d’importantes réformes au cours des
dernières décennies.
Gérard Cornu définit les régimes matrimoniaux comme étant
«un ensemble de règles ayant pour objet de gouverner les rapports
pécuniaires des époux ». Ils couvrent l’ensemble des biens des époux,
quels qu’en soient la date et le mode d’acquisition. Ils déterminent
si ces biens restent propres ou entrent, en tout ou en partie, dans
une masse commune, ainsi que les dettes à la charge de chaque
masse de biens. Ils déterminent aussi le pouvoir de chacun des deux
époux d’administrer ces biens et leurs rapports patrimoniaux avec
les tiers.
Les régimes matrimoniaux ont des liens aussi bien avec le divorce,
les libéralités et la succession. A titre d’exemple, le Code civil
Français traite des régimes matrimoniaux aux articles 1387-1581.
Ces articles ne couvrent cependant pas tous les aspects patrimoniaux
du mariage. Ainsi certains aspects sont traités sous les obligations
qui naissent du mariage (réglées aux articles 203-211) ou sous le
titre des devoirs et des droits respectifs des époux (réglés aux articles
212-226).
Selon Deschenaux-Steinauer, «le régime matrimonial désigne
le statut des époux quant à leurs biens. Il comprend les règles par
lesquelles s’exprime l’influence que le mariage exerce de quelque
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n le patrimoine commun, qui est constitué des biens que les époux
possèdent au moment du mariage et ceux qu’ils acquièrent par
la suite ;
n le patrimoine propre de chaque époux, qui est composé des
droits instransmissibles, tels qu’un usufruit, une créance
insaisissable ou un droit à réparation d’un préjudice moral ;
n le patrimoine réservé de chaque époux, c’est-à-dire les biens
expressément exclus de la communauté par contrat de mariage
ou par l’auteur d’une libéralité. Sauf aménagement prévu par
contrat de mariage, les époux administrent conjointement les
biens communs. En principe, ils ne peuvent disposer des biens
communs que conjointement.
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16- La notion de trust implicite joue lorsqu’un époux est le propriétaire légal d’un bien et que l’autre
époux, qui n’a pas de titre de propriété, veut faire valoir ses droits sur le bien parce qu’il a payé une
partie du prix d’achat ou financé des travaux importants. Le demandeur doit établir, d’une part, qu’il
existait une intention commune de partager la propriété du bien et, d’autre part, qu’il a lui-même agi à
son détriment. Si ces deux éléments sont prouvés, le tribunal considère que le propriétaire en titre tient
le bien en trust pour le compte du demandeur et délimite les droits de chacun. Cependant dans le cas
où l’épouse est seule titulaire du droit de propriété d’un bien dont elle n’a pas payé la totalité du prix
d’achat, la jurisprudence, de manière un peu anachronique, fait jouer en sa faveur une présomption de
libéralité, mais cette présomption n’est pas irréfragable
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ont pu léguer par testament ou dont ils ont disposé par donation sans
l’accord du conjoint, et les créances à l’encontre de l’un ou l’autre
des époux. Les dettes restant dues par les conjoints sont déduites de
ce patrimoine.
La comparaison entre le patrimoine originaire et le patrimoine
final permet de déterminer le montant de la créance de participation
de chacun des conjoints. Cette créance est payée en argent.
En principe, chaque époux bénéficie, à hauteur de moitié, des
acquêts de l’autre, mais le contrat de mariage peut prévoir une
proportion différente.
c) La séparation de biens
Le divorce n’a aucune conséquence sur le patrimoine de chacun
des époux. Lorsqu’il est impossible de prouver auquel des deux
conjoints appartient un bien, il est réputé appartenir indivisément
aux deux époux, sauf si le contrat de mariage en décide autrement.
Il y a lieu éventuellement de procéder au remboursement des
sommes avancées par l’un des époux pour le compte de l’autre, afin
de rétablir l’évaluation de chaque patrimoine. Le cas échéant, il faut
procéder ensuite au partage des biens indivis.
En conclusion
Dans les pays occidentaux, l’institution d’un patrimoine familial
confirme le partenariat de deux personnes unies par les liens
du mariage ou de l’union civile et garantit l’égalité juridique et
économique des conjoints, en assurant à chacun une juste part de
ce patrimoine. Les règles régissant la constitution et le partage du
patrimoine familial s’appliquent à tous les couples mariés ou unis
civilement au moment de la dissolution de leur union par suite du
décès de l’un des conjoints ou par suite d’un divorce, d’une séparation
de corps, d’une dissolution d’union civile ou d’une annulation
de mariage ou d’union civile, et ce, quel que soit leur régime
matrimonial ou d’union civile, et qu’ils aient ou non des enfants.
Lors d’une séparation de corps, d’un divorce ou de la dissolution
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d’une union civile, les biens sont partagés entre les conjoints. Ce
partage se fait d’abord selon les règles de partage du patrimoine
familial puis selon les règles du régime matrimonial ou du régime
d’union civile des conjoints.
Dans ces pays, les lois ont réformé les conditions et les
conséquences du divorce. Celui-ci est toujours prononcé par un juge.
Les règles relatives aux conséquences patrimoniales du divorce
figurent dans le code civil, qui comporte les dispositions applicables
à la pension alimentaire due aux enfants, aux compensations ou
pension éventuellement due aux conjoint, au sort du logement
familial et à la liquidation des principaux régimes matrimoniaux.
Il existe différents types de contrats de mariage.
Le régime légal de la communauté de biens réduite aux acquêts.
On distingue : les biens propres de chacun des conjoints, acquis avant
le mariage, ou qu’ils ont recueillis ensuite par donation ou succession;
le patrimoine de la communauté, constitué par les biens acquis par
les époux, ensemble ou séparément, pendant la durée du mariage et
avec leurs revenus. Chacun des époux peut administrer seul les biens
communs et même en disposer. Toutefois, le consentement des deux
époux est nécessaire notamment pour une donation portant sur des
biens de la communauté.
La participation aux acquêts : Il fonctionne comme un régime
de séparation de biens pendant toute la durée du mariage, chaque
époux gérant son patrimoine personnel. Toutefois, un époux ne peut
disposer d’un bien à titre gratuit sans l’accord de son conjoint.
La séparation de biens. Chaque époux conserve l’administration,
la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels.
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Chapitre 5 :
Leçons de l’expérience
internationale : Eclairage sur le
régime des acquêts
L’expérience des pays occidentaux montre l’existence d’une
diversité de régimes matrimoniaux. Chacun des régimes a ses
caractéristiques dans le traitement de la liquidation du patrimoine.
Nous mettrons l’accent dans ce chapitre sur :
- les critères du choix d’un régime,
- les caractéristiques particulières du régime des acquêts.
Dans la séparation de biens, le divorce n’a aucune conséquence
sur le patrimoine de chacun des époux. Lorsqu’il est impossible de
prouver auquel des deux conjoints appartient un bien, il est réputé
appartenir indivisément aux deux époux, sauf si le contrat de
mariage en décide autrement. Il y a lieu éventuellement de procéder
au remboursement des sommes avancées par l’un des époux pour le
compte de l’autre, afin de rétablir l’évaluation de chaque patrimoine.
Le cas échéant, il faut procéder ensuite au partage des biens indivis.
Dans le régime de droit commun, lors du divorce, la communauté
est dissoute et liquidée. Il est établi le compte des «récompenses »
que chaque époux doit à la communauté ou que la communauté leur
doit. Les biens de la communauté sont évalués à la date du partage.
On y ajoute les récompenses dues par les époux ou on déduit les
sommes dues par la communauté, le solde constituant la masse à
partager. L’actif de la communauté ainsi déterminé est partagé par
moitié entre les époux17.
17- Le partage peut être fait en nature (attribution d’un lot), ou en nature et en espèces lorsqu’il est
impossible de définir des parts égales. En cas de désaccord entre les conjoints, les biens peuvent être
vendus et le prix de vente partagé.Le partage peut être fait en nature (attribution d’un lot), ou en
nature et en espèces lorsqu’il est impossible de définir des parts égales. En cas de désaccord entre les
conjoints, les biens peuvent être vendus et le prix de vente partagé.
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18- Le patrimoine final comprend tous les biens appartenant à chacun des époux, estimés selon leur
état à l’époque de la dissolution et d’après leur valeur au jour de la liquidation, y compris les biens
qu’ils ont pu léguer par testament ou dont ils ont disposé par donation sans l’accord du conjoint, et
les créances à l’encontre de l’un ou l’autre des époux. Les dettes restant dues par les conjoints sont
déduites de ce patrimoine. La comparaison entre le patrimoine originaire et le patrimoine final permet
de déterminer le montant de la créance de participation de chacun des conjoints. Cette créance est
payée en argent.
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aussi, bien que cela soit moins avouable mais pourtant réel, le
régime que l’époux égoïste et riche qui pense se ménager un
divorce à meilleur compte.
• Familial : le régime de séparation de biens est très souvent le
régime qu’adoptent les couples en cas de remariage lorsque
existent des enfants de la précédente union, ou en cas d’enfants
naturels. Un tel régime a, en effet, pour mérite d’éviter la
confusion des patrimoines est de faciliter la liquidation des
droits des époux à la dissolution du mariage.
• Et surtout d’ordre professionnel : la séparation de biens est
le régime très fréquemment conseillé en as de métiers ou de
profession à risques financiers, ce qui est le cas des commerçants
et des industriels. Il préserve en principe la fortune du conjoint
en cas de liquidation ou de redressement judiciaire, sauf
si ce conjoint s’est engagé solidairement ou a cautionné les
obligations de l’époux débiteur. Il présente beaucoup moins
de dangers pour les créanciers de l’époux in boni, si on le
compare au régime de communauté. La séparation de biens
est également conseillée lorsque l’un des époux doit exercer
une profession incompatible avec celle de l’autre. Tel est le cas
notamment du conjoint d’un notaire qui ne peut en principe
être commerçant. Des raisons fiscales tenant à la possibilité de
déduire intégralement les salaires du conjoint peuvent servir de
critère au choix d’un régime de séparation de biens. Toutefois,
les réformes fiscales dans certains pays tendent, sans y parvenir
totalement, à aligner le régime fiscal des époux communs en
biens sur celui des époux séparés de biens.
b- Critères conduisant les époux à adopter un régime de
communauté universelle
Double préoccupation. Assortie généralement d’une clause
d’attribution intégrale de la communauté au survivant, la communauté
universelle réponds à une double préoccupation des époux.
La première est d’ordre matériel. En adoptant un tel régime, les
époux cherchent à réserver au survivant des conditions d’existence et
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• Acquêts de Madame Y :
Appartement 1 000 000 Euros
TOTAL ACQUETS MADAME 1 000 000 Euros
Détermination du débiteur et du montant de la créance de
participation en l’absence de clause d’exclusion des biens
professionnels19
Il faut comparer les acquêts réalisés par chacun des époux. Ceux
de Monsieur sont supérieurs ; il est donc débiteur de la créance de
participation.
Montant de la créance de participation due par Monsieur X à Madame Y :
(7 500 000 – 1 000 000) / 2 = 3 250 000 Euros
En l’absence de clause d’exclusion, Monsieur X pourrait voir sa
situation financière gravement compromise ; en effet, dans la mesure
où il ne possède pas suffisamment de biens non professionnels pour
s’acquitter de la créance due à son épouse, il pourrait être conduit à
vendre son entreprise qui constitue l’essentiel de son patrimoine.
Détermination du débiteur et du montant de la créance de
participation avec le jeu de la clause d’exclusion des biens
professionnels :
19- En l’absence de précisions nous supposons que les époux n’avaient pas de biens originaires
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Lorsque les époux ont prévu dans leur contrat une clause excluant
les biens professionnels, ceux-ci ne sont pas pris en compte lors du
calcul de la créance de participation : on ne retient que les acquêts
non professionnels en les comparant aux acquêts de l’épouse pour
déterminer le montant de la créance :
- Acquêts non professionnels de Monsieur X : 500 000 Euros
- Acquêts de Madame Y : 1 000 000 Euros.
Par le jeu de la clause Madame Y devient débitrice de la créance
de participation à hauteur de :
(1 000 000 – 500 000) / 2 = 250 000 Euros
Par l’effet de la clause, le débiteur et le créancier sont inversés.
Ainsi Madame Y devient-elle débitrice du règlement de la créance
de participation alors même que ses acquêts sont inférieurs au total
des acquêts de son époux.
Cette solution est critiquable car elle conduit à un résultat contraire
à l’équité et qui n’est d’ailleurs pas souhaité au départ par les futurs
époux quand ils adoptent le régime de participation.
Remarque : Ces constats ont conduit les praticiens à imaginer
d’autres procédés permettent de protéger efficacement les biens
professionnels sans qu’il soit pour autant porté atteinte à la vocation
primaire de l’adoption du régime de participation aux acquêts (II).
b. La tentative de compromis pour éviter les écueils de la clause
d’exclusion des biens professionnels
Deux solutions sont envisageables si nos deux époux parviennent
à s’entendre, afin d’éviter les avatars de la clause d’exclusion tels
que nous les avons envisagés.
• Le plafonnement de la créance de participation.
Normalement prévue par le contrat de mariage, cette clause
permet de corriger les résultats de la clause d’exclusion et d’éviter les
conséquences trop lourdes que peut avoir le règlement de la créance
de participation par le conjoint débiteur.
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• La minoration de la participation
Ce procédé permet de réduire la participation à une fraction
inférieure à la moitié de l’excédent d’acquêts de l’époux débiteur,
soit par exemple 1/3 ou _. Cependant cette quotité est modulable au
gré des époux. Au lieu de partager les acquêts par moitié, les époux
peuvent décider d’un taux de participation différent, sans qu’il ne
soit fait aucune référence aux biens professionnels.
Identification du débiteur de la créance de participation
Total acquêts de Monsieur X : 7 500 000 Euros
Total acquêts de Madame Y : 1 000 000 Euros
Monsieur X est débiteur.
Montant de la créance due par Monsieur X à Madame Y :
Imaginons la minoration de la participation à 1/3 :
(7 500 000 – 1 000 000) / 4 = 1 625 000 Euros
Les biens non professionnels de Monsieur X (500 000 Euros) étant
insuffisants pour s’acquitter de ce règlement, ses biens professionnels
seraient mis en péril.
Il est possible d’imaginer une fraction encore inférieure, toutefois,
le meilleur compromis semble celui du plafonnement de la créance.
En outre, cette solution semblerait plus s’inscrire dans la logique
choisie par nos deux époux initialement puisqu’elle maintiendrait la
clause d’exclusion tout en atténuant ses effets.
Reste cependant à envisager l’hypothèse dans laquelle les époux
ne parviendraient pas à s’entendre et où Madame Y demeurerait
débitrice du règlement de ladite créance…
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Chapitre 6 : L’Expérience
internationale : les pays arabes et
la Turquie
20- Les organes de l’Etat étudient la possibilité d’introduire un contrat de mariage type qui ne donnerait
pas matière à litige et éliminerait la nécessité de recourir à l’arbitrage des tribunaux. La loi qui régit
les litiges liés au statut personnel est également en cours de révision, l’objectif étant de simplifier les
procédures en vigueur.
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divorce sans faute, qui est plus rapide, et elle doit renoncer à tous
ses droits financiers. Si on ajoute à ces difficultés d’ordre juridique
les difficultés psychologiques, on peut aisément comprendre que les
femmes souhaitant divorcer, encouragent leur mari à demander le
divorce à leur place afin d’éviter d’insurmontables complications
juridiques. Le facteur social est, par ailleurs, particulièrement
déterminant pour ce qui est de l’aggravation des inégalités. Les
femmes, dans le cadre de la procédure de divorce, doivent renoncer à
tous leurs biens, il est donc évident que le choix du divorce peut être
seulement fait par des femmes aisées qui peuvent disposer d’autres
ressources.
22- La somme est calculée sur la base d’une pension alimentaire d’au moins deux ans et elle est due par
le mari à la fin de la retraite légale (pendant laquelle il payait une pension d’un autre type)
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23- Récemment, l’Egypte a crée des Tribunaux familiaux afin de rationaliser les procédures liées
au divorce. Tous les litiges sont ainsi rassemblés dans un seul dossier traité par un unique tribunal.
Certes, s’il s’agit d’un pas en avant à certains égards, force est de constater que ces nouveaux tribunaux
appliquent lois et pratiques aussi discriminatoires que le système précédent.
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24- Les ONG Egyptiennes demandent que ce codicille facultatif soit ajouté de façon permanente à tous
les contrats de mariage. Cette suggestion, faite maintes fois par le passé, va cependant à l’encontre des
traditions culturelles et se heurte à une opposition non seulement de la part des hommes, mais aussi
de celle de maintes femmes qui disent ne pas vouloir porter atteinte à la virilité de leurs futurs maris.
Cependant, bien que la loi permette de rajouter le codicille à n’importe quel moment durant le mariage,
il est rare qu’un mari accepte de le faire une fois le contrat signé.
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25- L’article 12 Qadri dispose: N’est pas valable, le mariage soumis à une condition ou à une
circonstance dont la réalisation est incertaine. Mais le mariage contracté sous une condition illégale
est réputé valable et la condition comme inexistante; tel est le mariage dans lequel le mari stipulerait
qu’il n’y aurait pas de dot.
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27- Chez les Kurdes de Turquie comme d’Irak, la guerre a renforcé la structure patriarcale en affirmant
le rôle supérieur des hommes. Le statut de la femme a souvent été pris en otage par la lutte menée par
le PKK contre le gouvernement turc et le projet de turquisation des populations kurdes, l’application
des règles sunnites représentant un des emblèmes de l’affirmation d’une identité kurde en opposition
aux principes laïcs de la Constitution turque.
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28- Dès octobre 1917, le gouvernement Jeune Turc transformait l’acte du mariage en un acte public
nécessitant la présence d’un représentant de l’Etat, relevait l’âge du mariage pour la fille et pour le
garçon, créait une procédure de divorce devant un juge civil et instaurait la possibilité d’inclure des
clauses sur la monogamie et le droit au divorce.
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29- En plus des quatre sources majeures du droit islamique (le Coran, la Sunna, le consensus (‘ijmâ)
et le raisonnement analogique (qiyas)), les hanéfites reconnaissent comme sources complémentaires
annexes le recours à l’opinion personnelle (ra’y), dite aussi choix préférentiel (istihsân), ainsi que
l’opinion du compagnon Prophète (madhab as sahâbî). Ils admettent également que certaines lois
en vigueur chez les gens du livre avant l’avènement de l’islam, et mentionnées par le Coran ou la
Sunna, s’appliquent aux musulmans (la loi du talion par exemple). L’école hanéfite de jurisprudence
(Turquie, anciennes provinces de l’Empire ottoman, Irak, Afghanistan, Inde…), n’est à l’origine
qu’une dénomination générique d’un système juridique irakien (l’école de Kûfa), opposé à l’école
de Médine plus traditionaliste dont se réclament à la fois le rite malékite (Maghreb) et le rite chaféite
(Egypte, Syrie, Afrique noire…). Voir à ce sujet J. N. Coulson : Histoire du droit islamique, Paris, PUF,
1995, 234 p.
30- Cette présence plus ou moins directe de l’islam a certainement influencé le rite du mariage. Il
convient néanmoins de discerner ce qui, concernant le mariage, est dicté par le droit musulman et les
dérives d’un islam confrérique populaire enraciné dans la tradition rurale de ce qui est imposé par des
traditions ancestrales et de définir ces dernières.
31- Dans le cas d’un mariage au sein d’une même famille, le baslik n’a plus lieu d’être puisque le
mariage ne dépossèdera pas la famille de la fille. Cette exception au baslik explique, parmi d’autres
données, la tendance fréquente des mariages endogamiques au sein d’une même famille, d’un même
clan dans les structures tribales de l’Anatolie.
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32- La pratique de la dot (baslik ou mehir) est catégoriquement refusée par les Alévis qui y voient une
transaction matérielle ayant pour objet central la femme. Concernant la dot (baslik ou mehir), il est
nécessaire de souligner que son montant augmente si la femme est à l’étranger et permet à l’homme de
s’établir à l’étranger. Dans ce cas, elle peut atteindre 25 000 euros. Au contraire, une famille vivant en
France par exemple, déboursera peu pour une bru venue de Turquie.
33- Femmes pour les droits des femmes (WWHR, Istanbul), Women’s eNews, 13/01/2002, MEI, 11/
01/2002.
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35- Le CSP stipule notamment : l’abolition de la polygamie (le non-respect est passible de sanction
pénale) ; l’institution du divorce judiciaire, l’interdiction de la répudiation et l’octroi aux deux époux
du droit au divorce ; la limitation à 17 ans de l’âge légal pour le mariage de la jeune fille sous la
condition de son consentement ; la femme peut ester en justice et être assignée en son propre nom,
elle a les mêmes possibilités d’accès aux services judiciaires au même titre que l’homme ; l’octroi à
la mère, en cas de décès du père, du droit de tutelle sur ses enfants mineurs ; l’institution, en matière
d’héritage, du legs obligatoire en faveur des enfants de la fille en cas de décès de celleci avant son père;
la loi du retour : la fille unique hérite tout le patrimoine de ses géniteurs.
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36- Si le mari demeure le principal pourvoyeur économique, l’obligation économique faite à l’épouse
n’est contraignante que si celle-ci a des ressources propres. Cette situation est justifiée par les réalités
économiques nationales qui font ressortir, selon le recensement national de 1994, que la population
féminine active ne constitue que 24% de la population active totale. Néanmoins, le rôle de la femme
dans le développement des ressources économiques de la famille est de plus en plus ressenti dans la
conscience collective.
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37- C’est précisément le but visé et atteint par la loi du 30 novembre 1998 qui énonce au paragraphe 2
de son premier article que “ce régime a pour but de rendre un immeuble ou un ensemble d’immeubles
propriété indivise entre les époux lorsqu’ils sont propres à l’usage familial.”
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1 Signification du concept
Le droit coutumier appelé Al Kad ou S’aya a suscité entre les
fouqahas marocains un grand débat. Ils ont tenté à travers leurs avis
inspirés du fiqh et leurs fatwas enraciner dans ces us et coutumes
rattachés à ce droit, chercher son origine, discuter sa nature, évaluer
son adéquation (correspondance), aux jugements de la chari’a. Ce
qui exige une réflexion sur sa finalité, ses éléments constitutifs et sa
métamorphose juridique.
Le droit Al Kad ou S’aya est considéré comme une des coutumes
répandues dans certaines régions marocaines et il correspond à ce
que reçoit le S’aai en contrepartie de son travail dans la formation et
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de son mari en lui concédant la moitié des biens laissés par son mari,
dans la mesure où elle était tisserante et qu’elle ait contribué de ce
fait à la constitution de son association».
Le professeur Chmanti Houari considère que quelle soit la véracité
de ce récit sur le jugement de Omar Ibn Al Khattab dans cette affaire,
le jugement en question s’inscrit dans Maqasid chari’a dans les
principes qu’elle défend notamment ceux qui se réfèrent au respect
de la justice, à la condamnation de l’usurpation des biens d’autrui,
et il n’est pas étonnant que ce genre de jugement soit prononcé par
Omar qui était connu pour son intransigeance sur le respect des droits
des personnes dans plusieurs affaires.
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• Les us et coutumes
La troisième tendance est celle qui impute ce droit à la coutume
et aux habitudes. Ainsi Abderrahman Abdellah Ben Mohammed Al
Jagtimi a écrit : « J’ai essayé de savoir quelle est l’origine de S’aya et
j’ai pris connaissance des fatwas reprenant les avis des Foukahas du
Souss sur la requête de la femme, j’ai trouvé que la grande majorité
d’entre eux l’ont permis en s’appuyant sur la tradition et la coutume».
Cet avis est confirmé par l’étendue et les limites de l’application des
droits d’Al Kad ou S’aya dans une zone géographique déterminée
qui est la région de l’Anti Atlas, de ses plaines environnantes et de
quelques régions du Grand Atlas, c’est-à-dire la région du Souss.
Il est rare de trouver une personne ou d’un membre d’une tribu qui
n’est pas entendu parler de ce droit, qui ne le connaît ou qui rejette
son application même quand il le concerne. La tradition parmi les
population de cette région est de permettre au S’ai de disposer
spontanément de sa part et le moindre reniement de ce droit par une
personne le conduit à se marginaliser de son environnement familial
ou tribal. Dans cette éventualité, il sera perçu comme une personne
qui ne respecte pas les coutumes de la communauté.
Ces us et coutumes ont imprégné les fatwas des foukahas qui ont
eu à traiter de ces questions et appliquer le principe de l’ijtihad tel
qu’il est stipulé dans la Chari’a. Ainsi la récurrence de ces fatwas,
leurs évolutions ont consolidé le principe d’accorder à la femme ses
droits en contrepartie de l’effort qu’elle fournie. Les tribunaux de
la région ont confirmé cet ijtihad à travers la résolution des conflits
portant sur ce droit. Le Conseil Supérieur a, de son côté, appuyé ces
jugements comme l’indique sa décision sur le dossier soumis à son
avis le 12 mai 1980. Dans ce dossier, il fait référence aux pratiques
d’Al Kad ou S’aya dans la région et appuie la demande d’une
plaignante pour bénéficier d’une partie du patrimoine accumulé par
son époux.
Il est à souligner que la plupart des Foukahas de fès n’ont pas
reconnu ce droit et ont cherché à limiter son application au monde
rural. Par contre les tribunaux de première instance d’Agadir, tout en
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reconnaissant que le droit d’Al Kad ou S’aya n’a pas acquis le statut
d’une institution juridique, il renvoie néanmoins à une coutume
locale et aux écrits des foukahas qui ont statué sur l’incontestabilité
du droit de la femme sur le patrimoine commun s’il a été prouvé
qu’elle participé aux côtés de son époux à sa formation.
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d’enregistrer son nom sur le titre foncier sachant qu’elle est associée
dans la moitié de sa valeur.
La plaignante a appuyé sa requête par une copie de promesse de
vente et d’un chèque tiré auprès d’une banque locale d’une valeur de
100 000 dirhams.
La défense de l’époux a fait valoir que c’est l’époux qui a acquis
le bien objet du conflit et qu’il a financé cette acquisition par un crédit
contracté auprès de l’établissement où il travaille que le titre foncier
est l’objet d’une saisie conservatoire et que, lors de la conclusion de
l’acte définitif d’acquisition, il était divorcé de son épouse et qu’ils se
sont mis de nouveau ensemble qu’en 1998. La défense considère que
son client ne peut en aucun cas céder ou réaliser des transactions sur
une partie du bien immobilier dans la mesure où l’établissement qui
a financé le crédit d’acquisition a hypothéqué le bien en question.
La défense a réclamé le rejet de la requête dans le fonds et dans
sa forme. Elle a appuyé sa demande par des photocopies d’une
promesse de vente, de l’acte définitif d’acquisition et des reçus des
droits d’enregistrement et des frais d’immatriculation, du contrat de
crédit, du titre foncier et de la saisie conservatoire.
L’enquête ouverte par le tribunal, l’écoute des témoins impliqués
dans la transaction immobilière et l’examen des documents soumis
par les conjoints ont prouvé que la plaignante a conclu une option
d’acquisition du bien en question et qu’elle a versé à ce titre 100 000
dirhams d’avance comme l’indique le document sur l’engagement
de vente et le chèque tiré sur la banque de la place.
Tenant compte du fait qu’il n’existe aucun accord consigné entre
les époux séparé de l’acte de mariage sur les modalités de gestion
et des biens acquis pendant la relation conjugale, le tribunal a eu
recours aux règles générales de preuve tel que stipulé dans l’article
49. Dans ce cas de figure, les preuves ont consisté dans les propos
des témoins, la situation des conjoints et leurs efforts communs. Le
tribunal a conclu sur le fait que l’épouse a effectivement participé
dans une certaine mesure au financement de l’acquisition du bien
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a aussi présenté des témoins qui ont affirmé que l’épouse a bien
participé à la mise en valeur des ressources de la famille et augmenté
la valeur de son patrimoine. Parmi les onze témoins figuraient le fils,
le frère de l’épouse et des proches.
La défense de l’époux a demandé le rejet de la plainte vue que
l’épouse n’a pas produit de preuves justifiant sa contribution à la
formation de ce patrimoine. Elle affirme aussi que la plaignante
n’exerçait aucun commerce, elle était une femme au foyer
analphabète, elle n’a pas participé à une prise en charge financière
des dépenses domestiques, qu’elle disposait d’une machine à tricoter
pour ses besoins propres et qu’elle ne faisait qu’assurer les travaux
domestiques comme toutes les femmes au foyer. La défense a aussi
avancé que l’époux ne disposait que d’un logement modeste et d’un
cabanon. Elle souligne que l’époux a consigné un montant de 60
000 dirhams en compensation aux préjudices du divorce et que ce
montant est en adéquation avec les normes en vigueur. Elle relève
aussi que la participation matérielle de l’épouse dans la constitution
du patrimoine n’est pas prouvée et que l’épouse vivait sous la
dépendance de son conjoint, qu’elle ne disposait pas de revenus
propres, elle ne faisait qu’accomplir son rôle de femme au foyer et
qu’elle privait son époux de ses droits maritaux, ce qui a été la raison
de son divorce. Comme elle considère qu’elle doute de l’objectivité
des quelques témoins proches de l’épouse.
Le tribunal a pris la décision de réaliser une expertise sur le
patrimoine constitué par les conjoints qui a été évalué à 1,2 million
de dirhams.
Considérant qu’il a prouvé que l’épouse exerçait une activité à
domicile, qu’elle disposait d’un équipement de tricotage. Sur ce, le
tribunal fait valoir que l’article 49 stipule que chaque conjoint peut
disposer d’un patrimoine distinct du patrimoine de l’autre.
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Considérant que d’un autre côté il a été prouvé, par des témoignages
sous serment, que l’épouse avait avancé une somme d’argent
(10000 dirhams) à son conjoint dans la perspective d’acquérir un
bien immobilier.
Considérant que la relation du mariage a duré 34 ans et que
dans cette durée l’épouse a assumé ses tâches quotidiennes dans la
gestion des affaires domestiques et que l’acte de mariage n’oblige
pas l’épouse à prendre en charge les tâches domestiques (le tribunal
fait référence dans ce considérant aux jugements d’Ibn Hanifa et de
Ibn Malik et de Chafii qui estiment que le mariage n’est pas destiné
à faire assumer à l’épouse les services domestiques et que l’époux
est tenu de prendre en charge l’entretien du foyer conjugal)
Considérant que la richesse accumulée par l’époux pendant la
relation conjugale n’a été possible que grâce à la participation de
l’épouse et que le droit islamique, le fikh, stipule la nécessité d’assurer
à l’épouse une stabilité matérielle quand la relation conjugal prend
fin et que ce principe est reconnu depuis la Nazila de Omar Ibn Al
Khattab.
Considérant aussi que le droit d’Al Hak ou S’aya qui puise son
référentiel dans la pratique coutumière de la région du Souss et qui
reconnaît la participation de la femme dans la formation des richesses
du foyer et que les Fatawis d’Ibn Ardoun au cours du XVI siècle
ont accordé un grand intérêt au travail de la femme précisant que la
femme n’était pas tenu de réaliser les tâches ménagères et qu’elle a
droit quand elle participe à la constitution du patrimoine familial de
disposer de la moitié de la valeur de ce patrimoine avant de recourir
au partage découlant de la succession en cas de décès de l’époux.
Considérant enfin que les titres de propriété prouvent que le
patrimoine foncier de l’époux a été constitué durant la période de la
relation conjugale et que ce patrimoine a fit l’objet d’une expertise
quant à sa valeur.
Tenant compte de tous ces considérants, le tribunal condamne
l’époux à céder à la plaignante la somme de 150 000 dirhams comme
équivalent à sa participation par son travail dans le patrimoine acquis
durant la relation conjugale.
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s’agit-il, que les terrains en question n’ont pas été titrés. La défense
a estimé que la plaignante a tenté les insuffisance de ses preuves en
réclamant le bénéfice de ses efforts sur la base du principe d’Al Kad
ou S’aya. Cette demande paraît irrecevable à la défense des héritières
dans la mesure ou elle n’est pas accompagnée de témoignage sur cette
contribution et qu’il ne fait pas référence au régime des biens des
époux, ni le degré de leur participation respective et leur association
dans le patrimoine financier de son époux. La défense a aussi fit
savoir que l’épouse gérait ses propres biens et ses revenus de son
travail et qu’elle était propriétaire de son domicile. Elle a aussi fait
savoir que les héritières n’avaient aucune connaissance d’un accord
de partage des biens entre les conjoints et qu’elles ne savent pas qui
a acheté ces biens fonciers et que ces derniers sont la propriété de
tous les héritiers.
Tenant compte de l’enquête du tribunal et de l’examen des
documents fournis par les deux parties et des témoignages sur le
contentieux, il est apparu que la plaignante exerçait une activité
salariale et qu’elle prenait en charge les dépenses courantes du foyer,
ce qui prouve et qu’elle a contribué, de ce fait, à la constitution du
patrimoine familial aux côtés de son époux durant toute la relation
conjugale.
Tenant compte de ces considérants et des références au fikh et aux
principes d’Al Kad ou S’aya qui spécifient que le critère essentiel
dans la répartition des biens acquis durant la relation conjugale est le
travail et l’effort fourni par les conjoints et que cet effort a été prouvé
dans le cas d’espèce.
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que les juges donnent à cet article. Le nombre limité de cas étudiés
réduit forcément le champ de l’analyse et, partant, la pertinence des
conclusions. Toutefois, les cas rapportés permettent d’appréhender,
même sommairement, l’application qui est faite par les juges des
dispositions de l’article 49 du code.
Le tableau en annexe vise à présenter une synthèse de ces cas sur
la base de quatre critères :
• Le cas en question a-t-il eu recours à une enquête portant sur la
valeur du patrimoine familiale et sur la mesure du temps de travail ?
Sept cas sur les neuf étudiés ne font pas mention d’une enquête sur la
valeur du patrimoine, ni d’une mesure objective du temps consacré
par la femme au travail domestique.
• Le cas en question a-t-il fait référence au principe d’Al Qad
ou S’aya dans l’approche du travail domestique de la femme ?
Pratiquement tous les cas (sept cas sur neuf) font référence à ce
principe comme une forme de reconnaissance du travail domestique
de la femme, mais cette référence est évoquée comme un argument
dans le jugement prononcé, elle ne se décline pas en un procédé
d’estimation de la valeur du travail domestique.
• Le cas en question a-t-il fait référence à l’article 49 dans le
prononcé du jugement ? Sur ce cas aussi, l’article 49 constitue la
norme juridique fondamentale à laquelle recours le juge pour établir
son jugement. La référence en question est évoquée sans aucune
précision sur son contenu.
• Le cas en question recours-t-il à la preuve pour statuer sur le
conflit entre les conjoints ? Dans la plupart des cas, l’examen des
preuves est appliqué, mais le témoignage oral est la preuve la plus
sollicitée.
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40- L’interprétation officielle de l’article 49 (voir guide pratique du code de la famille : Royaume du
Maroc. Ministère de la Justice. Publications de l’Association de Diffusion de l’Information Juridique
et Judiciaire (A.D.I.J.J). Collection des guides pratiques – numéro 6. Ière édition. Février 2005. pages
43-44.
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Le contrat peut être établi auprès d’un notaire. Mais, c’est moins
le choix du personnel de la justice qui est en cause que la perception
et la comportement des futurs époux. On peut se demander aussi si
la faible adhésion de la population concernée à cette disposition ne
relève-t-elle pas de la prégnance et de la culture dominante, du peu
de recul vis-à-vis de cette réforme. L’étude réalisée sur l’application
du Code par les Tribunaux de la famille apporte quelques éléments
d’explication au rejet de tout contrat économique préalable au
mariage:
‹ La majorité des nouveaux mariés trouvent qu’il est
particulièrement embarrassant de traiter la question du partage
des biens au moment même où l’on s’apprête à signer le contrat
de mariage;
‹ Le statut social de la plupart des femmes qui se marient dont
la majorité sont des femmes au foyer, qui n’exercent pas un
travail à l’extérieur, « elles ont tendance, elles et leurs familles,
à ne pas accorder d’intérêt à l’information que leur annonce
le ‘Adel, lors de la contraction du mariage, leur suggérant de
rédiger avec leur futur mari un contrat parallèle concernant le
mode de partage des biens qui seraient accumulés pendant le
mariage»;
‹ La difficulté que nombre de femmes affronte pour se marier,
ou pour trouver un mari capable de subvenir aux besoins de sa
famille;
‹ La crainte des hommes de se trouver obligés de partager
leurs biens avec leur épouse, met d’emblée les femmes dans
une position de faiblesse pour exprimer leur point de vue sur
un mode équitable de partage des biens;
‹ Les femmes mariées ne manifestent pas avec vigueur la
volonté de défendre leurs droits Elles subissent toujours les
effets d’une éducation traditionnelle qui leur a inculqué l’idée
qu’elle doit remettre toute la responsabilité de la gestion des
affaires économiques entre les mains de l’époux.
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42- Les articles 53 à 58 consacraient cette possibilité. Les motifs retenus étaient le défaut d’entretien de
l’épouse par son mari, la découverte d’un vice rédhibitoire chez son conjoint, le fait qu’elle soit sujette
à des sévices de la part de celui-ci, l’absence du mari pendant plus d’une année dans un lieu connu et
sans motif valable, le serment de continence ou de délaissement prêté par le mari.
43- En effet, le verset 35 précité dit « Si vous craignez qu’il y ait discorde entre les époux, faites alors
appel à deux arbitres issus l’un de la famille du mari, l’autre de la famille de l’épouse. Si les deux
arbitres veulent vraiment les réconcilier, Allah les aidera dans leur tâche et fera aboutir leurs tentatives.
Allah est Tout -savant et parfaitement informé».
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44- Il en est ainsi lorsqu’un des conjoints persiste à manquer aux obligations qui naissent des droits et
obligations réciproques du couple tels que prévus par l’article 51 du Code.
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lois est une nécessité, parce qu’il est impossible, et d’ailleurs peu
désirable, que la loi renferme l’indication de toutes les hypothèses
particulières, susceptibles de se présenter, et règle chacune d’elles
par une disposition spéciale.
Pour demeurer claire, la loi doit rester concise, et contenir
simplement l’énonciation de règles générales, en laissant à
l’interprétation le soin d’adapter ces règles aux espèces concrètes.
En principe, c’est à celui qui a fait la loi qu’il appartient d’en donner
le sens. Mais, qu’on s’adresse pour cette mission au législateur,
l’interprétation législative ne suffit pas ; et l’on est obligé de remettre
au juge, qui est chargé d’appliquer la loi, le pouvoir d’en déterminer
la signification.
Toute interprétation suppose la recherche de ce qui est la loi, c’est-
à-dire de ce qu’a voulu et de ce qu’a fait le législateur. II y a là une
double détermination, dont l’ensemble seul constitue la loi, parce
que ce que le législateur a voulu sans l’exprimer dans un texte n’est
pas la loi, n’étant pas dans la loi (exemple : les lois imparfaites), et
parce que ce que le législateur a fait, sans l’avoir voulu, bien qu’étant
dans la loi, doit être, autant qu’on le peut, rejeté de celle-ci, comme
n’y étant pas rationnellement. Cela revient à dire que la loi est dans
la combinaison raisonnée de son esprit et de sa lettre.
Techniquement, l’esprit de la loi est dans la perception du but
que s’est proposé le législateur, en édictant les prescriptions qu’il
a prises. Pratiquement, l’esprit de la loi se trouve dans les travaux
préparatoires de la loi, c’est-à-dire dans les discussions qui ont
précédé son adoption, et qui en éclairent le sens.
L’esprit d’un texte qui a été voté sans modification est à chercher
avant tout, s’il s’agit d’un projet de loi, dans l’exposé des motifs qui le
précède. L’esprit d’un texte est également à chercher, principalement
dans le discours fondateurs, et, dans les discours des membres du
Parlement, qui ont pris la parole à cette occasion. Enfin, l’esprit d’un
texte, est à demander de préférence aux discours des acteurs qui se
sont tenus le plus près du but que la disposition législative a pour
objet de réaliser.
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Au reste, c’est à la pensée des auteurs de la loi qu’il faut s’en tenir,
et non pas à. ce que pourrait être celle-ci en présence des besoins
actuels et nouveaux : la loi est, en effet, inséparable de la volonté qui
l’a rédigée.
La détermination de la lettre de la loi est donnée par l’examen
et l’analyse logique de son texte, c’est-à-dire des expressions qu’il
renferme, appréciées dans leur sens et leur position dans la phrase.
Comme il arrive souvent qu’une expression possède dans la langue
arabe des significations différentes, la précision du sens qu’elle doit
recevoir est à chercher d’abord dans le langage juridique, en laissant
de côté la langue ordinaire (sens technique et sens vulgaire des mots);
et ensuite entre plusieurs acceptions juridiques, dans le but spécial
poursuivi par le législateur : d’où la maxime, la lettre de la loi tue, si
on ne la vivifie pas au moyen de son esprit.
Comme il vient d’être dit, l’interprétation judiciaire est simplement
la déclaration de ce qui est la loi. Pour faire cette déclaration,
le juge doit prendre la loi telle qu’elle est. Si des erreurs se sont
glissées dans le texte d’une loi, il ne lui appartient pas de les corriger.
D’autre part, si une lacune apparaît dans son contenu, il n’échoue
pas davantage à l’autorité judiciaire, si haut placée qu’elle soit, de la
faire cesser : ce serait substituer une oeuvre différente au monument
législatif. Limitée à ce qui est la loi, l’interprétation doit dégager
uniquement ce qu’a voulu et fait le législateur. Mais, dans ces bornes,
l’interprétation est libre pour donner à la règle légale toute l’étendue
qu’elle comporte, et lui faire embrasser toutes les hypothèses, mêmes
nouvelles, que contiennent logiquement ses prescriptions.
Il y a lieu d’admettre des principes supérieurs d’équité, qui
régissent la pratique du droit, non pas sans doute en l’absence de
toute disposition législative, mais au delà des termes des applications
qui en sont faites, et dont la présence dans la législation en suppose
la reconnaissance implicite.
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Chapitre 9 :
Recommandations de l’étude
1. Premiere recommandation
Considérant que :
‹ L’article 49 vise à opérer une simplification et une
pacification des procédures de divorce devant le juge des
affaires familiales, en particulier en matière de partage des
biens.
‹ L’objectif est de permettre un règlement à la fois plus rapide
et plus complet des conflits familiaux, tout en garantissant le
respect des droits de chacune des parties ainsi que de l’intérêt
des enfants.
‹ L’article en question favorise les accords entre époux
et rationalise les conséquences de la dissolution du lien
matrimonial, notamment financières en cas d’absence d’un
contrat entre les époux et adapte les différents cas à l’évolution
des situations conjugales,
‹ La Justice a la charge de mettre en œuvre la protection
juridique, prévue pour la famille avec toutes ses composantes
et ce, dans un esprit de modernisme qui reflète la modernité
des innovations du Code de la Famille
‹ Le Ministère publique vise à amener la jurisprudence
à mieux mettre en œuvre les objectifs de l’article 49, et
notamment les innovations introduites dans sa formulation
afin de contribuer au processus de construction d’une justice
de la famille, compétente et efficace
222
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
Il est recommandé de :
‹ D’étudier l’opportunité d’élaborer et de diffuser une
circulaire consacrée à la mise en œuvre de la réforme du
divorce et à celle de la procédure en matière familiale.
‹ La circulaire en question pourrait être composée de deux
parties : l’une mettant l’accent sur les respect de l’esprit du
Code de la Famille et plus particulièrement de l’article 49 :
celui de l’égalité entre l’homme et la femme sur le plan de la
conclusion de l’acte de mariage, de la garde des enfants, du
droit de mettre fin à la relation conjugale mais aussi sur le
plan de la gestion des affaires de la famille. Cette partie de la
circulaire réaffirmerait par ailleurs avec force les principes de
protection et de responsabilité, indispensables à un traitement
juste et équitable des séparations conjugales.
‹ La circulaire pourrait, dans sa seconde partie, édicter des
modalités propres à la résolution des conflits; aux modes de
preuves de l’existence d’un patrimoine. Elle pourrait également
indiquer des solutions concernant les procédures de partage
des biens. La circulaire indiquerait les solutions à adopter en
vue de donner aux dispositions de l’article 49 une application,
prenant en compte la situation des époux et le partage équitable
des biens.
‹ La circulaire tout en simplifiant les procédures et en
harmonisant les possibilités de règlement du partage des biens
devrait permettre de mieux répondre aux attentes des couples.
‹ La circulaire permettrait également un accompagnement
des juges afin de les aider à organiser les conséquences de la
séparation le plus efficacement possible, dans le souci d’éviter
la résurgence de conflits après le prononcé du divorce.
223
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
2. Deuxième recommandation
CONCEVOIR ET DIFFUSER DES MODELES DE
CONTRAT DE PARTAGE DES BIENS
Considérant que :
‹ L’article 49 laisse l’option ouverte à la conclusion du
contrat.
‹ Les considérations psychologiques, sociologiques
ou culturelles freinent l’adhésion au principe de la
contractualisation au moment du prononcé du mariage.
‹ L’existence d’un ou de modèle(s) de contrat pourrait
faciliter les règlement des modalités de partage des biens entre
les conjoints.
Il est recommandé de :
‹ Déployer des efforts en vue de sensibiliser les citoyens
et citoyennes sur l’intérêt de recourir à la contractualisation
sur la gestion des biens acquis pendant la période de la vie
conjugale,
‹ Inciter les adouls à user de leurs pouvoirs pour informer les
candidats au mariage à l’intérêt de recourir à cette formule des
notaires,
‹ Elaborer un ou des modèles types de contrats et les mettre à
la disposition des citoyens,
‹ Diffuser ces spécimen de contrats parmi l’ensemble des
imprimés requis pour la conclusion du mariage.
224
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
3. Troisième recommandation
INCITER A LA PRISE EN COMPTE DU TEMPS
NON REMUNERE DANS LA COMPTABILITE
NATIONALE
Considérant que :
‹ Les statistiques économiques conventionnelles, comme les
comptes nationaux et les mesures de l’emploi, sont conçues
dans une large mesure pour mesurer l’économie de marché
et elles excluent la plupart des activités productives non
marchandes des ménages.
‹ Le travail non rémunéré occupe 28 % des heures qu’une
personne passe éveillée, mais il ne fait pourtant pas partie des
mesures types de l’activité dans notre société.
‹ Les biens et services découlant de ces activités sont une
source d’utilité pour les membres d’un même ménage et les
autres ménages et contribuent à leur bien-être.
‹ Le volume de la production des ménages est important :
en moyenne, les personnes consacrent environ 10 % plus de
temps à un travail non rémunéré qu’à un travail marchand.
‹ Le volume même du travail non rémunéré et son rapport
avec le travail rémunéré plaident largement en faveur de
mesures types plus complètes pour de nombreuses applications
et analyses.
‹ Mettre en lumière les différences entre les tâches productives
non rémunérées effectuées par les hommes et les femmes, et
faire ressortir le rôle important que jouent les femmes dans la
production des ménages, ainsi que l’évolution continue de ces
différences au fil du temps.
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
4. Quatrième recommandation
AFFINER ET REALISER REGULIERMENT DES
ENQUETES BUDGET - TEMPS
Considérant que :
‹ Les informations sur la façon dont les individus répartissent
leur temps entre activités rémunérées et non rémunérées peuvent
aider à mesurer l’impact des politiques macroéconomiques sur
le bien-être des personnes et des groupes de population.
‹ Ces informations pourraient être particulièrement utiles
aux décideurs et aux analystes économiques, qui pourraient
ainsi intégrer l’ensemble de l’économie productive dans leurs
politiques et prévisions.
‹ Le constat d’ordre général corroboré par toutes les études
entreprises était que les femmes supportaient une charge de
travail plus lourde, tant en ce qui concernait le travail non
rémunéré que la totalité des heures de travail.
‹ Les données et les études sur les budgets-temps peuvent être
converties en registres nationaux de l’emploi du temps, c’est-
à-dire un ensemble d’estimations sur la façon dont les ménages
répartissent leur temps entre travail rémunéré, activités non
rémunérées et loisirs.
227
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
228
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
5. CINQUIEME RECOMMANDATION
AMELIORER LE SYSTEME D’INFORMATION
DE LA JUSTICE
Considérant que :
‹ Un système d’information fiable et pertinent participe à un
meilleur suivi des politiques publiques.
‹ L’effort fait par le Ministère de la Justice pour se doter d’une
infrastructure informationnelle performante (programmes
d’informatisation des tribunaux…) en vue d’assurer ce suivi.
‹ A l’issue de quatre années d’application du Code de la
Famille, les données sur le divorce, le partage des biens
manquent parfois de cohérence.
‹ L’exigence d’un recensement et d’un suivi des problématiques
soulevées par l’entrée en vigueur de l’article 49 : contrats de
partage des biens.
Il est recommandé au Ministère de la Justice :
‹ D’affiner ses méthodes de collecte et de traitement des
information statistiques notamment sur les questions de
contrats et de partage des biens.
‹ Répertorier et classer les problématiques liées à ces
questions et de les soumettre à un examen régulier : surtout en
ce qui concerne le référentiel des prononcés du jugement (droit
positif, droit coutumier, kad ou s’aya, chari’a…)
‹ D’organiser des journées d’études à destination des
magistrats pour permettre de dépasser les problèmes
d’interprétation de certaines dispositions et d’y apporter des
solutions en phase avec l’esprit du code
‹ Ces problématiques ont trait aux dispositions de l’article
49, et particulièrement au traitement du travail domestique
à l’évaluation du patrimoine familial, aux preuves liées à
l’existence du patrimoine familial
229
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
6. SIXIEME RECOMMANDANTION
RENFORCER L’INTERPRETATION DE L’ARTICLE
49 DANS LE SENS DE L’EGALITE ET L’EQUITE
Considérant la nécessité de :
Renforcer les tendances des juges et des représentants du barreau
et des autres agents concernés dans le sens d’une interprétation
du nouveau code de la famille qui soit encore plus conforme aux
principes de l’égalité de genre et de la non-discrimination entre les
sexes.
La réalisation d’un tel objectif requiert ce qui suit :
• Préciser le sens de concepts clés dont on fait usage pour lire
et interpréter le nouveau code de la famille. Nous nous référons
essentiellement à des concepts tels que celui de «effort dans le
travail», de «responsabilité conjointe», de «partage des biens», etc ;
• Revoir les critères d’évaluation de la contribution féminine à
l’accumulation des biens et propriétés familiales dans le sens d’une
meilleure prise en compte de la valeur économique réelle de la
totalité de ses prestations familiales ;
• Entreprendre les enquêtes nécessaires pour s’assurer des vrais
revenus de l’époux avant que le tribunal ne prenne de décision
concernant la répartition des biens entre les époux ;
• Assurer que les ‘Adouls informent les personnes qui s’apprêtent
au mariage de l’intérêt de faire un contrat de gestion des biens qui
seront éventuellement accumulés pendant le mariage, ainsi que de
préciser les modalités de leur partage en cas de nécessité, et ce, en
dépit de l’embarras qu’une telle intervention risque de produire ;
• Renforcer les conditions d’une meilleure interprétation en vue
d’atteindre les objectifs suivants:
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
7. SEPTIEME RECOMMANDATION
S’INSPIRER DES LOIS ET DES PROCEDURES DE
PAYS OU LE DISPOSITIF DE PARTAGE DES BIENS
A FAIT SES PREUVES
Considérant que :
‹ Dans une grande majorité de pays, il existe des règles
concernant les principes fondamentaux et /ou le fonctionnement
particulier des relations patrimoniales, pécuniaires et
personnelles entre époux, dont l’objectif principal est protéger
les époux tant dans leurs rapports entre eux que vis-à-vis des
tiers,
‹ Quelle que soient leurs appellations, « régime primaire » ou
autre, l’essentiel est que ces règles entendent établir les droits
et devoirs des époux (selon le principe d’égalité et de solidarité
entre eux) de façon impérative,
‹ Ces règles, qui se trouvent normalement dans ces régimes,
ont trait à l’obligation de contribuer aux charges du mariage
ou de s’engager de façon solidaire aux dettes de ménage, à la
protection du logement familial, à l’exercice d’une profession
par un époux, aux comptes bancaires et coffres détenus par
les époux, à la représentation entre les époux et à la protection
contre les actes d’un époux qui mettent en péril les intérêts
patrimoniaux de la famille,
‹ Ces règles reposent sur la notion d’«intérêt de la famille»
et essayent de rétablir un juste équilibre entre la situation des
époux pendant le mariage et celle les tiers créanciers,
‹ Le régime ordinaire de la participation aux acquêts se
rapproche le plus de l’esprit de l’article 49,
‹ Le régime de la participation aux acquêts comprend les
acquêts et les biens propres de chaque époux et épouse,
232
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
Il est recommandé de :
‹ Etudier de plus près les composantes de ce régime, son
mode de fonctionnement et les dispositions sur lesquelles il est
bâti,
‹ Définir de façon précise les notions de patrimoine, de biens
propres, d’acquêts,
‹ Examiner les modes de liquidation du régime matrimonial:
les preuves, les délais, les formes contractuelles de partage des
biens.
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
8. HUITIEME RECOMMANDATION
ETABLIR DES CRITERES POUR HARMONISER
LES JUGEMENTS DANS LA REPARTITION DES
BIENS
Considérant que :
‹ L’absence de règles uniformes en matière de répartition des
biens est gênante, parce qu’elle complique la liquidation du
patrimoine,
‹ Cette absence de règles uniformes peut également constituer
pour les citoyens une certaine entrave à l’exercice de leur
droit,
‹ Ces difficultés tiennent aussi, il est vrai, à la divergence des
règles actuellement en vigueur,
‹ Ces divergences sont regrettables dans un espace de sécurité
et justice.
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
9. Neuvième recommandation
AMELIORER LA FORMATION DES JUGES
Considérant que :
‹ Le Ministère de la Justice déploie des efforts de formation,
de formation continue et de spécialisation au profit de tous les
cadres concernées par le fonctionnement des sections de la
justice de la famille,
‹ Ces programmes se font en coordination avec l’Institut
de la magistrature, comme dans le cadre de la coopération et
l’ouverture sur le milieu universitaire, la société civile et tous
les autres acteurs, institutions et instances intéressées par la
justice de la famille,
‹ Si l’on veut accepter que la formation des juges participe
d’une politique d’amélioration d’ensemble de la qualité de la
justice,
‹ La crédibilité de la justice, concept distinct de celui de la
légitimité passe par une véritable compétence juridique des
juges et une réelle capacité à juger,
‹ L’état est responsable naturel de cette exigence de formation
puisqu’il doit garantir au citoyen une justice de qualité,
‹ L’état ne peut se désintéresser du fonctionnement des
tribunaux de la Famille et de la qualité de la justice qu’ils
rendent.
Il est recommandé de :
‹ Renforcer la formation des juges eu égard à leurs
responsabilités dans le prononcé des jugements sur l’article
49,
‹ Consolider leur formation dans les domaines économiques
et financiers pour leur donner cette capacité juridique et cette
capacité à juger,
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
237
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
Considérant que :
‹ Différents spécialistes en matière de partage des biens
interviennent sur cette question qui a connu une expansion,
‹ Chacun de ces groupes en présence, reprend à son compte
ou réinterprète les différents principes qui successivement ou
simultanément guident le traitement des questions relatives au
partage des biens,
‹ Sur cette question, les différents intervenants de la sphère
socio-juridique répondent aux attentes des divorcés, et suivent
le mouvement tendant à faire en sorte que la prise de décision
fasse davantage place à la volonté des parties elles-mêmes,
‹ Tout en s’adaptant à la demande de leur environnement
les professions structurent les réponses nouvelles qu’elles
proposent en fonction des logiques qui leur sont propre,
‹ La problématique du partage des biens offre aujourd’hui
l’image d’un champ où s’exercent de vives tensions.
Il est recommandé :
‹ Eu égard à l’importance du rôle que peuvent jouer certains
auxiliaires de justice, de profession libérale, intervenant à
divers titres dans l’application des dispositions du code de la
famille, organiser des séminaires à destination des notaires,
des adouls, qui expriment des interrogations et préoccupations
suscitées par l’application de l’article 49, en relation avec leurs
missions notamment sur :
238
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
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Référence Référence
Nature plainte Jugement Preuve Enquête à Quad à article
Ou S’aya 49
Cas 1 Femme d’émigré réclamant part Compensation Témoignages. Non Oui Oui
dans patrimoine familial Jugements
Apport en travail
Cas 2 Maltraitance, privation ressources Récupération bien Pas de preuve Non Non Non
et demande divorce chikak par épouse
Cas 3 Demande partage beine acquis et Acquisition par Témoignage Non Oui Oui
logement familial épouse du 1/3 du Situation du
logement conjoint
Cas 4 Demande partage pour contribution Forfait estimatif Témoignage Non Oui Oui
Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine.
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Cas 5 Demande partage pour contribution Compensation Témoignage Oui Oui Oui
financière à acquisition des biens financière
Cas 6 Demande de bénéficier de la moitié Acquisition par Témoignage Non Oui Oui
du logement familial épouse du 1/3 du
logement
Cas 7 Plainte veuve contre iniquité Acquisition Travail conjoint Non Oui Oui
Tableau 15 : Synthèse des études de cas
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V. Dispositions diverses :
a) Répondant au souci de Sa Majesté le Roi, Commandeur
des croyants, de préserver les droits des Marocains de
confession juive, le Code de la Famille réaffirme le
principe de leur soumission au Statut Personnel hébraïque
marocain. (Dispositions expressément consacrées par le
nouveau Code).
b) Le nouveau Code de la Famille utilise une formulation
moderne qui élimine les termes dégradants pour la femme
ou la chosifiant, la hissant désormais au rang de partenaire
de l’homme en droits et en obligations, conformément à
la ferme Volonté Royale de rendre justice à la femme, de
consolider la protection de l’enfant et de préserver la dignité
de l’homme.
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Bibliographie
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PRESENTATION
DE
L’ASSOCIATION
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
La mission :
L’association vise la lutte contre la violence à l’égard des femmes
fondée sur le genre, considérée comme une violation des droits
humains des femmes et un obstacle au développement durable et
équitable.
Les objectifs
- Renforcer les capacités des femmes pour faire face à l’acte
de violence à travers une chaîne de services (écoute, soutien
psychologique, orientation juridique, accompagnement spécifique,
assistance judiciaire, médiation familiale) dispensée par une équipe
de professionnelle.
- Agir sur les politiques publiques et les législations discriminatoires
pour la prévention de la violence fondée sur le genre et la protection
des femmes ;
- Contribuer au processus de changement des mentalités et des
pratiques discriminatoires pour lutter contre la violence à l’égard
des femmes.
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Code de la famille : l’égalité genre et partage du patrimoine. AMVEF- 2007
Les moyens
- Mise en place de centres d’accueil pour femmes victimes de
violences ;
- Des actions de sensibilisation et de plaidoyer en direction des
concernés ;
- Observation, documentation et suivis des actes de violences à
travers les cas reçus par le centre et la recherche-action ;
- Renforcement des capacités de divers acteurs par la formation
notamment
- Monitoring des politiques publiques en matière de lutte et de
protection des femmes contre la violence ;
- Organisation des activités d’information, de communication sur la
violence à l’égard des femmes et fondée sur le genre ;
- Mise en réseau, coalition et coordination avec des acteurs partageant
la même vision.
256