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CHAMBRE TERRITORIALE DES COMPTES

DE LA POLYNESIE FRANCAISE

RAPPORT D’OBSERVATIONS
DEFINITIVES

ASSOCIATION TE REO O TEFANA


« RADIO TEFANA »

Exercices 2001 à 2008

RAPPEL DE LA PROCEDURE

En application des articles L. 272-6 et L. 272-13 du code des juridictions financières,


la chambre territoriale des comptes de la Polynésie française a procédé, dans le cadre
de son programme de travail, au contrôle des comptes et à l’examen de la gestion, pour
les exercices 2001 à 2008, de l’association Te Reo O Tefana, titulaire de l’autorisation
d’exploiter un service de radio également dénommé « Te Reo O Tefana », plus
couramment appelé « Radio Tefana ».

Le contrôle a été ouvert le 8 septembre 2008, après avis du Ministère public, par lettre
adressée en courrier recommandé avec accusé de réception à M. Léonard TOUATINI,
président de l’association.

Le nouveau président, élu par le conseil d’administration du 8 septembre 2008, M. Vito


MAAMAATUAIAHUTAPU, en a été informé téléphoniquement et a été par la suite
l’unique interlocuteur du magistrat chargé de l’instruction.

Lors de sa séance du 18 mars 2009, la chambre a formulé des observations provisoires.


Par lettres du 17 juin 2009, celles-ci ont été adressées, en intégralité ou sous forme
d’extraits, aux présidents du conseil d’administration de l’association qui se sont
succédé durant la période examinée, ainsi qu’à M Oscar TEMARU, maire de la
commune de Faa’a, et à la présidente du Comité technique radiophonique (CTR) de la
Polynésie française.

Le délai imparti pour répondre à ces observations était de deux mois. Tous les
destinataires ont accusé réception. M. Vito MAAMAATUAIAHUTAPU, président de
l’association, s’est limité à produire en réponse les comptes 2008 certifiés, à
l’exclusion de tout commentaire écrit.

La chambre, lors de sa séance du 2 octobre 2009, a arrêté les observations définitives


reproduites ci-après.

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Observations définitives - Association Te Reo O Tefana « Radio Tefana »
Séance du 2 octobre 2009 - page 1 sur 18
SYNTHESE

L’association Te Reo O Tefana, dont le siège social est situé à l’ancienne mairie de FAA’A, a été
créée en 1984 et exploite une radio FM. Elle est présidée depuis le 8 septembre 2008 par M. Vito
MAAMAATUAIAHUTAPU qui a succédé à M. Léonard TOUATINI.

Radio Tefana, avec le soutien indéfectible de la commune de FAA’A, produit et diffuse des
programmes socio-éducatifs, culturels et informations diverses.

La diffusion sur les ondes hertziennes est encadrée par la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986
relative à la liberté de communication, sous le contrôle du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel
(CSA) et du comité technique radiophonique (CTR) qui le représente localement et in fine de
l’autorité judiciaire.

Depuis sa création, Radio Tefana a constamment bénéficié d’autorisations d’émettre délivrées par
le CSA. Actuellement, elle est autorisée à émettre dans le cadre d’une convention n° 2006-815
signée le 28 novembre 2006 pour une durée de 5 ans.

Radio Tefana disposait en 2007 d’un budget de 80 MF CFP, alimenté par des recettes publicitaires
d’environ 20 MF CFP et par une subvention municipale de 60 MF CFP, auxquelles il conviendrait
d’ajouter plus de 20 MF CFP de subventions en nature sous forme de prises en charge diverses par
le budget communal (agents mis à disposition, locaux, matériels). Il s’agit du plus gros budget de
radio associative polynésienne, grâce au soutien financier exclusif de la commune de FAA’A. Ce
budget a toutefois été réduit en 2008 par une baisse drastique et rapide de la subvention
communale.

La chambre a constaté que plusieurs remarques formulées dans le cadre de son dernier rapport
d’observations 1 relatif à la gestion de la commune de FAA’A au sujet de Radio Tefana ont été
suivie d’effet.

Les conditions dans lesquelles l’association reçoit des subventions communales ont, pour
l’essentiel, été formellement mises en conformité avec le cadre légal et réglementaire : en
particulier, une convention encadre depuis 2003 les relations financières entre Radio Tefana et la
commune de FAA’A.

Depuis 2004, date du dernier rapport d’observations adressé à la commune, la qualité des comptes
produits par l’association s’est nettement améliorée, même si des progrès en matière de
transparence comptable sont encore souhaitables.

Radio Tefana se trouve, en dépit des améliorations apportées, dans une situation fragile. Jusqu’à
présent la situation financière n’était équilibrée que grâce aux fortes subventions publiques versées
par la commune de FAA’A. L’apparition d’un déficit, provoqué par la diminution des subventions
en 2008, souligne l’extrême dépendance de la radio vis-à-vis de cette collectivité.

Le développement d’une radio non commerciale par une commune moyenne, au-delà d’un certain
format, peut en effet trouver des limites financières naturelles qui doivent nécessairement être
prises en compte dans le cadre de la convention liant la collectivité et l’organisme subventionné.

1
Commune de FAA’A, rapport d’observations définitives du 2 août 2004 (IV – La radio « Te Reo O Tefana »).
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SOMMAIRE

INTRODUCTION – PRESENTATION DE L’ASSOCIATION......................................... 4

1 – L’ASSOCIATION TE REO O TEFANA EST SOUMISE A DES OBLIGATIONS


LEGALES ET CONVENTIONNELLES QU’ELLE NE RESPECTE PAS TOUJOURS 4

1.1 – Des obligations liées à l’activité radiophonique de l’association................................. 5

1.2 – Des obligations liées au financement de l’association par subventions publiques


communales............................................................................................................................... 6
1.2.1 – L’intérêt communal ne doit pas être perdu de vue ..................................................... 7
1.2.2 – La passation d’une convention avec la commune ...................................................... 8
1.2.3 – La production des comptes à la commune ................................................................. 9

1.3 – Des obligations statutaires et conventionnelles organisant le fonctionnement de


l’association et régissant la tenue de sa comptabilité .......................................................... 10
1.3.1 - Des dispositions statutaires organisent le fonctionnement de l’association ............. 10
1.3.2 - Des dispositions conventionnelles fixent l’essentiel des obligations comptables de
l’association.......................................................................................................................... 11

2 – TE REO O TEFANA DISPOSE DU PLUS GROS BUDGET DES RADIOS


ASSOCIATIVES POLYNESIENNES ................................................................................. 13

2.1 – Les subventions communales prédominent dans l’ensemble des recettes ............... 13

2.2. – La charge salariale reste, en dépenses, le poste le plus important........................... 14

2.3 – La remise à niveau des conditions de fonctionnement de la radio va, à brève


échéance, faire apparaître des besoins de financement supplémentaires ......................... 15

CONCLUSION....................................................................................................................... 16

ANNEXE ................................................................................................................................. 18

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Introduction – Présentation de l’association

Te Reo O Tefana est une association de la loi de 1901, créée le 20 août 1984. Son siège social
est fixé à FAA’A, à l’emplacement de l’ancienne mairie (gendarmerie désaffectée).

Dans ce cadre, en application de l’article 5 de la loi du 1er juillet 1901, Te Reo O Tefana a été
soumise au simple régime déclaratif imposé aux associations pour jouir de la capacité
juridique. Des statuts ont été adoptés lors de la première assemblée générale, le 20 août 1984.
La déclaration et le dépôt des statuts sont intervenus plus tard, le 15 janvier 1985. Une
insertion au Journal officiel de la Polynésie française a été réalisée le 1er mars 1985.

Depuis sa création, l’association avait pour objet « la mise en place et l’exploitation d’une
station d’émission radiophonique en moyenne fréquence, la préparation de programmes
d’émission à caractère socio-éducatif, culturel et la diffusion d’informations diverses
(actualités, loisirs, etc…) » et depuis 1999 « l’organisation de journées culturelles sportives
et récréatives ». Après une modification, intervenue le 6 septembre 2008, l’objet associatif a
été redéfini. Il s’énonce désormais comme suit : « L’association Te Reo o Tefana a pour objet
la mise en place et l’exploitation d’une station d’émissions radiophoniques en modulation
fréquence, et à travers elle, la promotion de la lutte anti-nucléaire et l’accession à la
souveraineté ».

Te Reo O Tefana est présidée depuis le 8 septembre 2008 par M. Vito


MAAMAATUAIAHUTAPU, après l’avoir été depuis 1993 par M. Léonard TOUATINI.

L’activité principale de l’association est d’exploiter une radio locale non commerciale
émettant depuis TAHITI. Essentiellement subventionnée par la commune de FAA’A,
l’association a toujours entretenu d’étroites relations avec son maire, M. Oscar TEMARU, qui
en était le président d’honneur, jusqu’en 2008, et avec son parti politique, le Tavini
Huira’atira, qui se reconnaît sans doute pleinement dans le dernier objectif de l’association,
ajouté en 2008 lors de la modification des statuts.

1 – L’association Te Reo O Tefana est soumise à des


obligations légales et conventionnelles qu’elle ne respecte
pas toujours
En sa qualité d’association issue de la loi du 1er juillet 1901, Te Reo O Tefana jouit d’une
grande liberté d’organisation et d’administration, dans les limites fixées par la loi et les
conventions qui l’engagent. Te Reo O Tefana doit en particulier respecter pour la diffusion
radiophonique à laquelle elle a recours, les règles fixées par la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986, applicable en Polynésie française.

En outre, elle doit aussi s’astreindre à respecter les conditions qu’impose la loi au
financement par subventions publiques des radios et associations.

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1.1 – Des obligations liées à l’activité radiophonique de
l’association

Te Reo O Tefana est une association à vocation culturelle qui exploite une radio non
commerciale. A ce titre, elle doit respecter les obligations légales qui découlent de son activité
radiophonique.

Dans le cadre de la loi sur la liberté de communication, Te Reo O Tefana est également
soumise aux stipulations des conventions qu’elle signe avec le conseil supérieur de
l’Audiovisuel (CSA).

L’activité de Te Reo O Tefana, découlant de ses statuts, est essentiellement radiophonique


(Radio Tefana).

Dans la loi sur la liberté de communication qui encadre cette liberté publique « est considéré
comme service de radio tout service de communication au public par voie électronique
destiné à être reçu simultanément par l’ensemble du public ou par une catégorie de public et
dont le programme principal est composé d’une suite ordonnée d’émissions comportant des
sons ».

Une instance indépendante de régulation, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) 2 ,


s’assure du respect des réglementations en vigueur. Elle dispose à cette fin d’un pouvoir de
sanction allant de la mise en demeure publique, assortie de sanction pécuniaire, jusqu’au
retrait pur et simple de l’autorisation d’émettre. Cette autorité administrative indépendante
accorde « les autorisations d'usage 3 de la ressource radioélectrique », dans le cadre de
conventions qu’elle passe avec les associations ou organismes supports des radios. Le CSA,
en outre, dispose de comités techniques radiophoniques (CTR) qui assurent localement, sous
son contrôle, l'instruction des demandes d'autorisation d’émettre et la surveillance de
l'exécution des obligations légales et conventionnelles.

Radio Tefana relève, dans la nomenclature du CSA, de la catégorie des radios non
commerciales dites de catégorie A. A ce titre, elle doit assurer un service radiophonique de
type associatif remplissant une mission de communication sociale de proximité, pour lequel
les ressources commerciales 4 qu’elle se procure ne peuvent théoriquement être supérieures à
20 % de son chiffre d’affaires.

Radio Tefana est titulaire d’une autorisation d’émettre délivrée par le CSA. Par décision
n° 90-60 du 13 février 1990, une première autorisation d’exploiter en modulation de
fréquence lui a été donnée pour 5 ans à compter du 31 mai 1990. Depuis, par les décisions
n° 94-140 du 15 mars 1994, n° 97-174 du 29 avril 1997, n° 2001-902 du 27 novembre 2001 et
n° 2006-815 du 28 novembre 2006, le CSA a constamment renouvelé cette autorisation.

2
Autorité administrative indépendante créée par la loi du 17 janvier 1989.
3
Visées aux articles 29 et 29-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
4
Publicité de marque ou de parrainage.
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Le dernier renouvellement a été accordé pour cinq ans à compter du 31 mai 2007, après que
des réserves aient été clairement exprimées par le président du CSA 5 , dans un courrier
informant M. TOUATINI que Te Reo O Tefana ne remplissait plus les conditions lui
permettant de relever du régime des radios non commerciales. Il avait en effet été constaté
que le montant des recettes commerciales avait dépassé la limite autorisée en s’élevant à
34,4 % des produits d’exploitation en 2001 et 21,5 % en 2004. Cette situation paraissait
d’autant plus préoccupante au président du CSA que les comptes 2005, ne lui étaient pas
parvenus, ce qui ne lui permettait pas de constater l’évolution de la part des recettes
commerciales. Après des négociations, dans le cadre desquelles l’association aurait annoncé
une diminution de ses recettes publicitaires en 2007, l’autorisation d’émettre a finalement été
renouvelée.

La chambre a néanmoins pu constater que les recettes commerciales sont demeurées depuis
2004 supérieures à 20 %, y compris en 2007 : 24,73 % en 2005, 30,11 % en 2006, et 24,24 %
en 2007 (voir annexe). Il est vrai que les recettes totales apparaissant dans les comptes de
l’association n’intègrent pas la valorisation des subventions en nature accordées par la
commune. En ne procédant pas à cette valorisation, l’association se pénalise puisqu’elle fait
apparaître un taux de recettes commerciales la mettant en infraction avec la règle des 20 %.

Dans sa convention avec le CSA, l’association s’est engagée en outre à respecter une
programmation d’intérêt local ayant pour objet de remplir une mission sociale de proximité,
notamment en retransmettant sur ses ondes toutes informations d’intérêt général émanant des
services publics locaux et à respecter une durée d’émission ne dépassant pas 23h30 en
semaine, 23h le samedi et 21h le dimanche.

Dans les clauses de la convention relatives au contrôle et aux pénalités contractuelles 6 , sont
décrites les modalités permettant au CSA ou au CTR de contrôler les engagements de
l’association en termes de programmation, comme par exemple l’obligation de conserver un
mois les bandes sons, ainsi que la production sur leur demande, d’un enregistrement des
émissions.

Aucune remarque ne semble avoir été formulée par les instances de régulation sur ces deux
derniers points.

1.2 – Des obligations liées au financement de l’association par


subventions publiques communales

Le financement des associations par une commune n’est légal qu’à la condition sine qua non
que l’intérêt public transparaisse clairement dans l’action privée financée par ce moyen et que
soient respectées les règles de transparence permettant de contrôler le respect de cette
condition. En d’autres termes, la légalité du financement public suppose que soient remplies
diverses conditions, qui sont, dans l’ensemble, mieux respectées que dans le passé par Te Reo
O Tefana.

5
Courrier en date du 30 mars 2006.
6
Articles 4-1-1 et 4-1-2.
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1.2.1 – L’intérêt communal ne doit pas être perdu de vue

En premier lieu, les collectivités ne peuvent financer que des activités licites réalisées par
« des associations régulièrement déclarées 7 » qui interviennent incontestablement dans leur
champ de compétences.

L’intérêt communal justifiant l’octroi d’une subvention municipale doit, en toute hypothèse,
recouper au minimum l’objet et l’activité effective de l’association, le juge administratif
sanctionnant l’absence manifeste d’intérêt local.

Selon la jurisprudence administrative, une subvention publique n’est légale qu’à la condition
d’une part de répondre à un intérêt public et d’autre part de satisfaire « directement » aux
besoins de la population. Autrement dit, une subvention publique doit obligatoirement
présenter un intérêt public, en lien direct avec l’intérêt général de la population, et respecter le
principe d’impartialité.

La difficulté d’appréciation de la légalité de telles subventions tient à l’étendue de la mission


d’une radio locale comme celle de Te Reo O Tefana, qui peut comporter des éléments
clairement rattachables à l’intérêt local, et d’autres éléments susceptibles de s’en écarter.
Ainsi, sous le contrôle vigilant du CTR, Radio Tefana diffuse régulièrement des messages
d’intérêt local ainsi que des informations de proximité 8 et des messages sur le fonctionnement
des services publics à destination des administrés. S’il n’est pas contestable que ces
programmes répondent bien à l’intérêt général, d’autres émissions plus partisanes, répondant
à l’objectif nouvellement fixé dans les statuts, pourraient fragiliser juridiquement la décision
par laquelle la commune subventionne l’association.

La jurisprudence résume les conditions de légalité des subventions aux associations en


indiquant qu’une commune doit agir, en toutes circonstances, en respectant le principe de
neutralité du service public (CE 28 octobre 2002, commune de DRAGUIGNAN). La
subvention versée doit répondre à un intérêt public communal. Celui-ci est établi lorsqu’il est
vérifié l’existence d’un intérêt général répondant aux besoins de la population communale et
respectant une neutralité dans l’action.

Si par analogie avec cette affaire, Te Reo O Tefana devait être considérée comme une radio
partisane, la question se poserait de la légalité des subventions communales qui lui sont
versées. La présidente du comité technique radiophonique de la Polynésie française a
d’ailleurs, à ce sujet, déclaré publiquement que « beaucoup de radios non commerciales, dites
associatives, sont en réalité le porte-voix de grands partis politiques. Cela n’est en rien
interdit. Sauf lorsqu’il s’agit de prétendre à des subventions publiques ». Cette appréciation
faisait écho aux déclarations de M. BECK, conseiller d’Etat alors membre du CSA, qui avait,
dans une déclaration publique en novembre 2006, rappelé que le pluralisme était respecté en
Polynésie française par la multiplication des radios partisanes.

A cet égard, la nouvelle rédaction des statuts, issue de la modification votée le 6 septembre
2008, est susceptible de créer des difficultés. En effet, l’objet de l’association répond
désormais très clairement à une motivation politique, « la promotion de la lutte anti-nucléaire
et l’accession à la souveraineté ». Or, c’est précisément parce que la section locale de
l’association subventionnée par la ville de Draguignan avait affirmé publiquement qu’elle « se
proposait de combattre une formation politique dont l’existence était légalement reconnue »,

7
Article 6 de la loi du 1er juillet 1901.
8
Notamment sur la lutte contre l’incivilité.
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objectif partisan, que le Conseil d’Etat avait annulé la décision par laquelle la commune lui
avait accordé une aide financière, en méconnaissance principe de neutralité du service public.

Cette nouvelle rédaction des statuts n’est d’ailleurs pas en parfaite adéquation avec les
principes affirmés publiquement le jour de leur adoption par le président d’honneur, M. Oscar
TEMARU, qui rappelait fort justement la double exigence que Radio Tefana « soit ouverte à
toutes les sensibilités politiques sans exception » et que l’argent public qu’elle reçoit soit
« justifié par l’intérêt général ».

Certes, Radio Tefana, à l’instar des autres radios évoluant dans l’orbite des communes de
Polynésie française, a toujours revendiqué un caractère militant. L’audit de MM LASSAGNE
et PEYROLLE (janvier 2009), demandé par la commune, notait à ce sujet : « En 1984, lors de
sa création, la radio avait pour mission principale d’être une radio militante. Le contexte
s’étant modifié, on peut raisonnablement s’attendre à une modification de ses missions
actuelles ». Les auditeurs notaient que « la commune souhaiterait que la radio remplisse trois
missions principales : l’information diffusée aux administrés, la communication et la publicité
apportées aux réalisations de l’équipe municipale, la valorisation de la langue et de la
culture maohi. »

Pourtant, le nouveau président de l’association continue d’affirmer que Radio Tefana est une
radio militante. Il a même déclaré à la presse le 9 septembre 2008 : « Je suis militant avant
d’être journaliste. C’est cette ligne que nous devons suivre ». Effectivement, les statuts
modifiés à son initiative en septembre 2008 énoncent clairement que la cause de l’association
est militante : il s’agit de promouvoir « la lutte anti-nucléaire et l’accession à la
souveraineté ».

Il ne faudrait pas que ce glissement observé dans la définition de l’objet associatif se traduise
par un changement de ligne radicale qui conduirait la radio en dehors des engagements qu’elle
a pris devant le CSA.

1.2.2 – La passation d’une convention avec la commune

En 2000, le législateur a précisé les obligations auxquelles étaient tenues les communes
lorsque leurs subventions dépassaient un certain montant. La loi n° 2000-231 du 12 avril 2000
relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations, applicable en
Polynésie française depuis sa publication au Journal officiel de la Polynésie française le 4 mai
2000, prévoit en son article 10 : « L'autorité administrative qui attribue une subvention doit,
lorsque cette subvention dépasse un seuil défini par décret, conclure une convention avec
l'organisme de droit privé qui en bénéficie, définissant l'objet, le montant et les conditions
d'utilisation de la subvention attribuée ». En d’autres termes, les communes sont obligées de
passer des conventions avec les associations qu’elles financent lorsque le montant de la
subvention dépasse le seuil de 23 000 €, soit environ 2 744 590 F CFP.

La chambre a pu constater qu’une convention encadre depuis 2003 les relations financières
entre la commune de FAA’A et l’association, ce qui constitue un progrès par rapport à la
situation observée lors du dernier contrôle de la collectivité.

Cette convention, datée du 9 janvier 2003, sert désormais de référence aux relations entre la
commune de FAA’A et l’association Te Reo O Tefana. Elle prévoit le montant de la

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subvention, la mise à disposition gratuite des locaux et des personnels, mais aussi, les
obligations en termes de mission sociale de proximité qui incombent à la radio (informations
générales sur la vie communale, etc…). Cette convention était valable pour 5 ans à compter
du 1er janvier 2003, une clause prévoyant son renouvellement par tacite reconduction pour une
durée égale. Actuellement, une nouvelle convention est en cours de négociation.

La convention du 9 janvier 2003 prévoyait aussi la remise d’une comptabilité en dépenses et


recettes selon les dispositions comptables particulières aux associations, à savoir un compte
de résultat, un bilan et un budget prévisionnel pour l’exercice suivant. Ces documents
devaient être transmis à la commune, au plus tard le 31 décembre de l’exercice.

1.2.3 – La production des comptes à la commune

L’article L 212-14-5 du code des communes prévoyait expressément que dans les communes
de 3500 habitants et plus (cas de FAA’A), les documents budgétaires devaient être assortis,
entre autres, du bilan certifié conforme du dernier exercice connu des organismes au bénéfice
desquels la commune avait versé une subvention supérieure à 9 090 000 F CFP.

Depuis le 1er mars 2008, est applicable à la commune de FAA’A l’article L. 1611-4 du code
général des collectivités territoriales qui prévoit : « Toute association, œuvre ou entreprise
ayant reçu une subvention peut être soumise au contrôle des délégués de la collectivité qui l'a
accordée. Tous groupements, associations, œuvres ou entreprises privées qui ont reçu dans
l'année en cours une ou plusieurs subventions sont tenus de fournir à l'autorité qui a mandaté
la subvention une copie certifiée de leurs budgets et de leurs comptes de l'exercice écoulé,
ainsi que tous documents faisant connaître les résultats de leur activité. Il est interdit à tout
groupement ou à toute association, œuvre ou entreprise ayant reçu une subvention d'en
employer tout ou partie en subventions à d'autres associations, œuvres ou entreprises, sauf
lorsque cela est expressément prévu dans la convention conclue entre la collectivité
territoriale et l'organisme subventionné ».

En 2003 et 2004, la chambre territoriale des comptes avait été amenée à relever plusieurs
entorses au cadre légal auquel devaient se conformer les associations recevant en quantité de
l’argent public et à formuler quelques recommandations.

Ces recommandations ont fini par produire leurs effets, notamment dans le domaine
comptable.

Les comptes de l’association qui, dans le cadre des engagements pris à l’égard du CSA,
doivent être certifiés par un comptable agréé, ont rempli cette obligation à compter de 2003.

Depuis 2003, les comptes ont été approuvés par les assemblées générales et transmis à la
commune de FAA’A. Le dernier compte transmis est le compte 2007 certifié par le comptable
le 27 août 2008 et approuvé par l’assemblée générale de septembre 2008.

La chambre relève une incohérence dans la convention passée le 9 janvier 2003 avec la
commune, qui exige la production annuelle des comptes certifiés de l’association « au plus
tard le 31 décembre de l’exercice », alors que les comptes ne peuvent être matériellement
produits qu’au cours du premier semestre de l’année suivante. La convention mériterait donc

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d’être modifiée sur ce point, et mise en cohérence avec celle passée avec le CSA, qui prévoit
la production des comptes avant le 31 juillet de l’année suivante.

En revanche, l’évaluation des subventions en nature continue à ne pas être systématique. Elle
n’est pas intégrée aux comptes de synthèse alors qu’elle aurait toute sa place dans l’annexe.

Sans qu’il en soit fait reproche à Radio Tefana, la chambre relève que l’action de contrôle
exercée par la commune sur les comptes de l’association a simplement consisté, selon son
président, en des interventions du service de la communication de la mairie et des élus de
FAA’A au conseil d’administration : « à chaque réunion du conseil d’administration, un
membre du conseil municipal est invité afin de suivre et de contrôler l’utilisation des fonds ».

1.3 – Des obligations statutaires et conventionnelles organisant le


fonctionnement de l’association et régissant la tenue de sa
comptabilité

Deux documents délimitent le champ des obligations qui règlent la vie et l’activité de Te Reo
O Tefana : les statuts de l’association et la convention passée avec le CSA qui encadre son
activité radiophonique.

1.3.1 - Des dispositions statutaires organisent le fonctionnement de l’association

Le contrat d’association est, dans le cadre des lois et règlements, fixé librement par les
membres 9 qui déterminent, dans un document communément dénommé statut, l’objet, c’est-à-
dire la cause qui à l’origine de leur engagement associatif et le fonctionnement interne de
l’association.

L’association Te Reo O Tefana fonctionne selon des statuts types à peine remaniés. Ses
organes sont en effet ceux figurant dans les statuts types.

L’association comprend trois organes statutaires :

- l’assemblée générale est l’instance la plus haute de l’association (article 7) ; elle fixe
les orientations de l’association et contrôle l’action du conseil d’administration ; d’après le
règlement intérieur, elle se réunit chaque année au moins une fois, au plus tard avant le
31 mars ; elle entend les rapports de gestion, approuve le bilan moral et financier du conseil
d’administration et, à compter de 2008, fixe les orientations de l’association ;
- le conseil d’administration est l’organe exécutif de l’association ; ses membres sont
élus au bulletin secret par l’assemblée générale pour 3 ans ; il est composé de 15 membres
(7 membres de 2001 à 2008) qui doivent se réunir au minimum tous les 3 mois ;
- le bureau, qui comprenait « président, secrétaire et trésorier », était choisi par le
conseil d’administration parmi ses membres pour une durée fixée à un an ; à compter de 2008,
le bureau exécutif est composé de neuf membres du conseil d’administration choisis par le
président.

9
A l’exception de certains contrats dérogatoires.
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Si en principe, la tenue d’un registre, d’une feuille de présence ou l’établissement de procès-
verbaux n’est nullement une obligation légale ou réglementaire, plusieurs stipulations
particulières des statuts avaient imposé la tenue obligatoire de plusieurs de ces documents :

- article 5 : « les procès verbaux sont signés par le président et le secrétaire. Ils sont
transcrits sans blanc ni rature sur un registre spécial. » ;
- article 10 : « les modifications (statutaires) et changements seront en outre consignés sur
un registre spécial ».

Cependant, ces précisions ont été supprimées dans la nouvelle rédaction du statut en
septembre 2008.

L’association Te Reo O Tefana est composée de trois catégories de membres cooptés (actifs,
bienfaiteurs, d’honneur) qui sont agréés par le conseil d’administration. Les membres (sauf
les membres d’honneur) sont astreints au paiement d’une cotisation annuelle, dont le montant
est actualisé par l’assemblée générale.

Les fonctions dirigeantes étaient gratuites en vertu de la prohibition de toute rétribution qui
figurait à l’article 6 des statuts jusqu’en 2007 : « les fonctions au sein de l’association ne
peuvent être rétribuées ». Bien que la loi n’en fasse nulle obligation, cette disposition
statutaire, véritable loi des parties, interdisait toute rémunération ou salaire au profit des
membres exerçant une fonction particulière, notamment tous les dirigeants. Cette disposition
a été supprimée des statuts en 2008.

1.3.2 - Des dispositions conventionnelles fixent l’essentiel des obligations comptables de


l’association

La loi est muette au sujet des prescriptions en matière de comptabilité qui pèsent sur les
associations. En général, seules des dispositions statutaires organisent la tenue des comptes.

Les obligations comptables qui en résultent, varient en intensité en fonction de l’importance


de l’activité, de sa nature, du contrôle ou non de la comptabilité par un commissaire aux
comptes, ou de la proportion du financement public dans les ressources de l’association.

Dans les statuts de l’association Te Reo O Tefana, la comptabilité faisait l’objet d’une
mention unique. La prescription était minimale puisque, dans une formule laconique, il était
simplement écrit : « il est tenu au jour le jour une comptabilité par recettes et dépenses ».
Cette clause ne figure d’ailleurs plus dans les statuts adoptés en 2008.

En revanche, l’article 4-1-1, alinéa 2, de la convention du 28 novembre 2006 passée avec le


CSA, est plus contraignant :

« Le titulaire communique au Conseil supérieur de l’audiovisuel, avant le 31 juillet de chaque


année, par l’intermédiaire du comité technique radiophonique, un rapport sur les conditions
d’exécution de ses obligations au cours de l’année précédente, accompagné des comptes de
bilan et de résultat, ainsi que de leurs annexes obligatoires du dernier exercice clos, certifiés
conformes par un expert-comptable, un comptable agréé ou un organisme de gestion agréé
par l’administration fiscale ».

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Séance du 2 octobre 2009 - page 11 sur 18
Te Reo O Tefana est donc tenue de présenter avant le 31 juillet des comptes de synthèse
complets certifiés conformes par un expert-comptable, un comptable ou un organisme de
gestion agréé par l’administration fiscale.

Les obligations légales et conventionnelles qui pèsent sur Te Reo O Tefana restent légères, et
ne conduisent assurément pas à un excès de formalisme. Ceci n’est pas un encouragement à
une tenue laxiste de la comptabilité au prétexte que les obligations légales sont moindres
qu’en matière de société. Elle doit, au contraire, être interprétée comme une invitation à
appliquer avec la plus grande rigueur les quelques règles imposées à l’association.

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2 – Te Reo O Tefana dispose du plus gros budget des
radios associatives polynésiennes
En 2007, hors subventions en nature, Radio Tefana disposait du plus gros budget des radios
associatives polynésiennes : 80 MF CFP. Outre 20 MF CFP de recettes publicitaires,
l’association disposait de 60 MF CFP apportés par la commune de FAA’A, sans compter les
subventions en nature qui représentaient entre 20 et 40 MF CFP.

Cette situation perdure malgré la division par deux du subventionnement communal constatée
dans les comptes 2008. Cette brusque diminution de 60 à 30 MF CFP a ramené le budget de
la radio à 50 MF CFP au lieu des 80 MF CFP sur lesquels l’association pouvait compter
auparavant.

2.1 – Les subventions communales prédominent dans l’ensemble


des recettes

Radio Tefana est, à l’instar des autres radios associatives polynésiennes, classée dans la
catégorie des radios non commerciales, ce qui lui impose de ne pas avoir plus de 20% de ses
ressources qui soient apportées par la publicité et les contrats commerciaux.

Les règles de fonctionnement que la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 impose aux radios
associatives obligent celles-ci à faire appel, sans exclusive, soit à l’engagement associatif des
membres de la radio, soit à l’aide des collectivités publiques pour leur activité radiophonique.

Théoriquement maintenues en-dessous de 20 % de recettes, les ressources commerciales


doivent donc être complétées, à hauteur de 80 %, par des fonds publics et des cotisations.
Radio Tefana ne fait pas exception et recourt autant que possible aux recettes commerciales
tout en veillant à ne pas perdre l’autorisation donnée par le CSA en qualité de radio non
commerciale. Sur les trois dernières années, les recettes commerciales ont néanmoins
systématiquement dépassé le seuil de 20 % (voir § 1.1.)

Depuis 2001, les recettes publicitaires, sauf en 2003 où elles ne dépassaient pas 13 %, se sont
en permanence échelonnées entre 20 % et 30 % des recettes totales de la radio, apportant en
moyenne chaque année environ un quart des recettes de la radio. En 2008, sous l’effet de la
chute de la subvention publique, les recettes publicitaires, qui n’ont perdu que 3 MF CFP, ont
vu leur poids dans les recettes totales s’accroître et dépasser très nettement le seuil des 20 %
(40 %).

Durant la période examinée, l’association avait cessé de percevoir les cotisations de la part de
ses membres. Cet apport modique (98 600 F CFP en 2001 pour 66 MF CFP de dépenses
annuelles) vient, en 2008, d’être relancé, pour la valeur symbolique que représente la
cotisation.

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Séance du 2 octobre 2009 - page 13 sur 18
En définitive, le financement de Radio Tefana est essentiellement public. En 2007, les
subventions couvraient 73 % des dépenses comptabilisées de l’exercice 10 . Au cours de la
période 2001 à 2008, la commune de FAA’A a versé, au vu des comptes produits, des
subventions en espèce pour un montant total de 395,1 MF CFP. Cet effort correspond à une
subvention annuelle moyenne d’environ 50 MF CFP. Toutefois, pour évaluer encore plus
exactement la contribution de la commune de FAA’A, il convient d’ajouter à ces subventions
versées l’aide financière en nature que représentent les mises à disposition gratuite de
personnel, de locaux et d’une partie du matériel, non valorisée dans les comptes de
l’association. Au total, la contribution de la commune de FAA’A se chiffrerait alors à plus de
80 MF CFP par an, sans compter les mises à disposition des locaux et du matériel qui n’ont
jamais été évaluées.

La chambre territoriale des comptes avait déjà relevé, dans un rapport d’observations
définitives 11 consacré à la commune de FAA’A, l’importance de la subvention communale et
la nécessité de rendre parfaitement transparent le coût global de la radio pour la commune. Il
conviendrait donc de valoriser systématiquement les différentes prises en charge afin de
mieux rendre compte du coût global du fonctionnement de Radio Tefana pour la collectivité
publique. Ceci permettrait en outre de remettre l’association en conformité avec la règle de
non dépassement du seuil de 20 % de recettes commerciales.

La chambre a pris acte de la forte diminution du subventionnement public intervenue en 2008,


dont la soudaineté a entraîné l’apparition d’un déficit de 19 MF CFP qui, toutes choses égales
par ailleurs, devra être résorbé par une réduction des charges à due proportion, notamment des
charges de personnel.

2.2. – La charge salariale reste, en dépenses, le poste le plus


important

La charge la plus importante de Te Reo O Tefana correspond à la masse salariale. Le coût


élevé qui en résulte est certainement à mettre en rapport avec les objectifs que la radio
s’assigne en nombre de reportages, en production locale et avec son engagement de tenir des
chroniques régulières ainsi que des éditoriaux, conçus par des journalistes locaux.

La charge salariale est élevée et correspond dans les comptes produits ces dernières années à
la quasi totalité (80 à 95 %) de la subvention versée chaque année par la commune de FAA’A,
dont la valeur moyenne est d’environ 50 MF CFP par an. Ces charges sont très lourdes et
représentent 68 à 72 % des dépenses de l’association depuis 2004. Elles sont directement à
l’origine du déficit apparu dans les comptes 2008.

Mais les comptes ne donnent pas une image fidèle de la réalité des charges salariales
réellement générées par le fonctionnement de Radio Tefana. En effet, deux problèmes se
posent, l’un concernant la valorisation des mises à disposition de personnels, l’autre la
comptabilisation de prestations de service correspondant en réalité à des charges salariales.

10
60 MF CFP pour 72 MF CFP de dépenses.
11
ROD daté du 25 mai 2004.
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Séance du 2 octobre 2009 - page 14 sur 18
Sur le premier point, les dirigeants associatifs ont déjà été alertés sur la nécessité d’intégrer
dans leurs comptes la totalité des charges de personnel entraînées par le fonctionnement de la
radio. Le rapport d’observations définitives sur la gestion de la commune de FAA’A en
novembre 2004 insistait déjà sur cette question et concluait que la véritable charge supportée
par la commune de FAA’A au titre de l’association, était en 2002 de l’ordre de 120 MF CFP :
«Compte tenu de la mise à disposition de personnel (16 personnes dont 9 journalistes) qui
représente une charge salariale de 45 millions de F CFP, on aboutit à un coût pour la
commune qui a atteint 120 millions de F CFP en 2002 ».

En novembre 2008, l’association rémunérait 16 agents 12 , dont 2 en contrat à durée déterminée


de 6 mois, auxquels il conviendrait d’ajouter, pour évaluer l’aide totale reçue par Radio
Tefana, 6 agents mis à disposition 13 par la commune de FAA’A, représentant un coût
d’environ 20 MF CFP (coût moyen par agent, charges comprises, de 3,5 MF CFP) au lieu des
45 MF CFP de salaires supportés en 2002 par la commune au titre de mise à disposition.

Sur le second point, il faut relever que de 2002 à 2004, la totalité des charges de personnel
supportées par Te Reo O Tefana ne figurait pas au compte 64 de l’association. Des
journalistes, des rédacteurs, des animateurs étaient rémunérés en qualité de prestataires, les
dépenses étant imputées au C/622. Pour obtenir le poids exact des charges de personnel dans
les dépenses de l’association, il conviendrait de procéder à l’addition des dépenses de
prestataires aux charges de personnel inscrites dans les comptes. Ainsi, en les intégrant, le
poids de la masse salariale passerait de 29 % à 46 % en 2002, 32% à 51 % en 2003 et de 51 %
à 68 % en 2004 (voir tableau en annexe). Depuis cette date, ces charges se sont maintenues
entre 68 et 72 % des dépenses.

Ces deux problèmes sont susceptibles de fausser l’analyse que l’on peut faire de l’évolution
des effectifs et de la masse salariale de l’association.

En nombre, l’effectif réellement utilisé par l’association n’a pas augmenté depuis 2003 14 .
Mais les effectifs employés directement par l’association se sont fortement accrus en passant
de 10 salariés en 2004 à 14 salariés en 2005 par le seul effet de l’intégration des anciens
prestataires (1 rédacteur, 5 journalistes et 1 animateur). L’augmentation des charges de
personnel est surtout due à la salarisation effectuée en 2005 de collaborateurs qui étaient
auparavant prestataires.

2.3 – La remise à niveau des conditions de fonctionnement de la


radio va, à brève échéance, faire apparaître des besoins de
financement supplémentaires

Radio Tefana ne dispose pas, malgré les sommes qui lui sont consacrées, de moyens en
rapport avec les ambitions qu’elle affiche. L’instruction sur place a permis de partager le
diagnostic sévère de l’audit réalisé en janvier 2009 par la société Christophe LASSAGNE
CONSULTANT : « Les locaux sont vétustes, dangereux, inadaptés, insalubres… ». Il s’agit

12
1 directeur ; 1 secrétaire de direction ; 1 planton ; 1 femme de service ; 2 techniciens ; 2 commerciales (dont
1 CDD) ; 3 animateurs ; 1 rédacteur en chef ; 1 rédacteur en chef adjoint (CDD) ; 3 journalistes.
13
1 journaliste, 2 animateurs, 1 secrétaire, 1 assistante-secrétaire et 1 technicien pour l’entretien et la
maintenance.
14
Il a même diminué : au total, l’effectif contribuant aujourd’hui au fonctionnement de la radio est de l’ordre 22
au lieu de 32 en 2003. Seule la manière de comptabiliser les effectifs a changé.
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d’une ancienne gendarmerie, aujourd’hui désaffectée, que la commune a récupérée. La
sécurité n’est pas optimale. Les risques d’incendie sont réels eu égard à la vétusté des circuits
électriques. Les évacuations en cas d’urgence présentent des insuffisances évidentes relevées
par le rapport d’audit précité.

En outre, l’association possède un matériel technique relativement ancien qui arrive en fin de
vie. Le rapport d’audit précité notait à cet égard que le fonctionnement des matériels
radiophoniques est assuré grâce au bricolage permanent des techniciens.

Enfin, aucun contrat d’assurance « responsabilité civile » n’a été passé par l’association. Cette
situation demande à être réglée en urgence, en liaison avec les services compétents de la
commune.

Cette situation matérielle peu florissante laisse prévoir une augmentation future des besoins
de financement de la radio, alors que son coût est déjà très élevé. Avant de faire appel à son
principal financeur, l’association est donc invitée à rechercher dans sa gestion toutes les
mesures d’économie qui lui permettront de dégager les ressources nécessaires à sa rénovation
et à son développement.

Conclusion

Bien qu’ayant, jusqu’en 2007 inclus, disposé de moyens annuel supérieurs à 100 MF CFP,
principalement alimentés par les subventions directes et indirectes de la commune de FAA’A,
l’association Te Reo O Tefana ne paraît pas en mesure de faire face à ses ambitions et à ses
besoins futurs sans obtenir de la collectivité une aide qui, par définition, n’est pas extensible à
l’infini.

Il est donc essentiel que l’association et la commune poursuivent l’effort qu’elles ont déjà
accompli pour clarifier leurs relations et sécuriser juridiquement les modalités de
d’intervention de la collectivité dans le financement de l’association.

Ces points ne devraient pas manquer d’être abordés dans le cadre de la renégociation de la
convention liant la commune et l’association.

La chambre recommande donc qu’une plus grande attention soit portée :

- à la garantie de la neutralité et du respect du principe d’impartialité de l’association


qui conditionnent la légalité du versement des subventions communales et supposent
que la radio soit effectivement ouverte « à toutes les sensibilités politiques, syndicales
et religieuses » ;
- à la définition par voie conventionnelle des missions d’intérêt général confiées à
l’association ;
- au respect du seuil de 20 % des recettes totales que ne doivent pas franchir les recettes
commerciales de l’association ;

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Séance du 2 octobre 2009 - page 16 sur 18
- à la valorisation, en accord avec la collectivité, les aides en nature dont bénéficie
l’association (mises à dispositions de personnels, de matériels et de locaux, autres
avantages en nature) ;
- à la définition des mesures de rigueur et d’économie qui doivent permettre à
l’association d’assurer son développement et sa pérennité tout en atteignant les
objectifs qui lui ont été assignés.

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ANNEXE
Comptes de résultat de 2001 à 2007

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007


Production vendue de services 14 452 550 12 339 511 10 807 475 15 063 581 16 444 500 22 045 460 19 482 421
Cotisations 98 600
Subvention communale 40 000 000 48 000 000 45 000 000 50 800 000 50 000 000 51 158 400 60 254 230
Dons 72 494
reprises sur amortis. Et prov. 616 185
Autres produits 707 191 206 356 92 000 90 000 30 143 903 5 355
Produits exceptionnels de gestion 13 086 273 27 150 000 31 327 11 990
Reprises sur prov. Et transf. De ch. 936 170
TOTAL RECETTES 68 417 108 61 482 037 83 049 475 65 953 581 66 505 970 73 216 753 80 358 191(*)
Autres achats et charges externes 41 169 158 49 173 511 36 314 909 31 940 924 17 050 594 16 337 502 18 757 499
Impôts et taxes 238 742 113 658 96 763
Salaires et traitements 15 525 562 16 512 603 20 756 321 28 806 098 34 377 856 40 918 012 40 851 480
Charges sociales 3 885 204 3 984 728 4 167 539 5 847 387 7 505 910 7 661 605 8 429 437
Dotations aux Ats sur immob. 395 581 394 322 564 761 1 856 183 2 116 639
Dotations aux prov. Sur actif circ. 443 400 172 785 1 500 000
Autres charges d'exploitation 330 000 330 000 639 570 382 519 793 635
Charges financières 163 426 46 037 89 224 128 220 204 579 10 000 10 530
Charges exceptionnelles de gestion 5 720 019 16 269 678 317 318 473 416
Charges exceptionnelles sur op. en K 741 313
Impôt sur les bénéfices 442 130 369 561
TOTAL DEPENSES 66 463 369 69 955 621 78 323 252 68 505 582 61 260 086 67 894 394 72 925 544
Résultat de l'exercice 1 953 739 - 8 473 584 4 726 223 - 2 552 001 5 245 884 5 322 359 7 432 647
(*) Ce total n’intègre pas 20 MF CFP de subventions en nature (voir synthèse et § 2.1)

Tableau des charges de personnel (après retraitement)

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007


Salaires et traitements 15 525 562 16 512 603 20 756 321 28 806 098 34 377 856 40 918 012 40 851 480
Charges sociales 3 885 204 3 984 728 4 167 539 5 847 387 7 505 910 7 661 605 8 429 437
Total 1 19 410 766 20 497 331 24 923 860 34 653 485 41 883 766 48 579 617 49 280 917
Prestation publiciste 1 800 000 450 000
Prestations rédacteur 4 470 000 5 240 000 5 720 000 880 000 1 386 365
Prestations journaliste 5 107 500 6 640 000 2 910 000 108 000
Prestations animateur 2 170 000 3 600 000 1 800 000
Total 2 11 747 500 15 480 000 12 230 000 450 000 880 000 1 494 365
Total 1 + Total 2 19 410 766 32 244 831 40 403 860 46 883 485 42 333 766 49 459 617 50 775 282
Dépenses totales de fonctionnement 66 463 369 69 955 621 78 323 252 68 505 582 61 260 086 67 894 394 72 925 544
% dép. personnel // dép. totales 29,21% 46,09% 51,59% 68,44% 69,10% 72,85% 69,63%
Effectif rémunéré par l’association 9 10 14 14 15
Mise à disposition par la commune* 16 16 16 16 16
Prestataires de service 7 5 non temporaire 1
significatif
* convention de mise à disposition du 9 janvier 2003.

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