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GUEYE
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3.1 – GENERALITES
3.1 – GENERALITES
Les fondations « profondes » sont celles qui permettent de reporter les charges dues à
l’ouvrage qu’elles supportent sur des couches situées à des profondeurs variant de quelques
mètres à plusieurs dizaines de mètres, lorsque le sol en surface n’a pas une résistance
suffisante pour supporter ces charges par l’intermédiaire de fondations «superficielles».
Les deux (2) types de fondations (superficielles et profondes) différent dans le calcul par la
prise en compte ou non d’un frottement sur les parois latérales de la fondation.
Pour les fondations profondes, le mode de travail et l’intersection avec le sol environnant
conduisent à l’introduction de la notion de «profondeur critique» que sera développée plus
loin, mais qu’en première approximation, on peut définir comme le niveau au dessous
duquel, en sol homogène, la résistance sous la base n’augmentent plus.
Les fondations profondes ont leur base située au dessous de cette profondeur critique : ce
sont les pieux pour lesquels le rapport D/B est pratiquement toujours supérieur à 10. Entre
les deux extrêmes, fondations superficielles et profondes, on trouve les fondations «semi-
profondes», dont la base se situe au-dessus de la profondeur critique et dont le rapport D/B
est compris entre 4 et 10, mais pour lesquelles le frottement latéral ne peut être négligé : il
s’agit des pieux, puits ou parois de faible longueur et de plusieurs types de caissons.
(c)
(a)
(b)
(d)
(e)
Figure 3.1 : Types de fondations sur pieux
3.1.3 - Types de pieux
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Les pieux sont des pièces longues cylindriques, coniques ou prismatiques – les matériaux
employés (bois, béton, béton armé, ou précontraint, acier) et les dimensions (longueur et
section) des pieux sont déterminés d’après la nature des couches du terrain ; par contre, la
nature des pieux (pieux préfabriqués ou exécutés sur place) est déterminée d’après les
conditions économiques et pratiques.
a) – pieux préfabriqués
Ces pieux sont enfoncés dans le sol, soit par battage, soit par pression, rotation, lançage ou
vibration. Leur section (circulaire, carrée ou polygonale) est en général constante, mais elle
est quelquefois élargie à la base. Ils peuvent être creux, ou évidés ou à vis. (Fig. 3.2).
Tête
Fût
Pointe
On doit distinguer deux catégories de pieux exécutés dans le sol : les pieux moulés ou forés
et les pieux à tubes battus. Pour réaliser les pieux forés moulés dans le sol, on excave,
grâce à une foreuse, le volume qui sera celui du pieu et le béton est coulé dans le tube créé.
Les pieux à tubes sont également bétonnés en place, à l’intérieur d’un tubage provisoire
métallique, qui est battu et ensuite, après damage énergétique du béton, relevé
progressivement au fur et à mesure du bétonnage, sauf en cas de gaines perdues.
2
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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La figure 3.3 ci-dessous donne une idée générale sur les charges que les pieux supportent
ainsi que leurs longueurs les plus courantes.
a- pieu de bois
b- pieu en béton moulé sur place
c- pieu d’acier tubulaire (creux)
d- pieu avec tubage permanent
e- pieu d’acier tubulaire rempli de béton
f- pieu d’acier en H
g- pieu cylindrique en béton précontraint
20 m 20 m
25 m 25 m
30 m 30 m
40 m
(a) (b)
(c) (d)
(e) (f)
3.1.5 – Classification
Les pieux transmettent la plus grande partie des charges par l’intermédiaire du frottement
latéral (fig.3.4).
3
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Ils reportent pratiquement toutes les charges sur une couche résistante profonde (fig. 3.5) :
Q Q
Sol
Sol mou compressible
Sol résistant
Roc ou gravier
Sol mou
Ce sont des pieux flottants dans leur partie supérieure et transfèrent la charge à un sol
résistant à leur base.
4
Mécaniques des sols II et Fondations – Fondations profondes I. GUEYE
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Pour déterminer la force portante des pieux isolés, on peut recourir aux méthodes
suivantes :
Utiliser des formules basées sur les résultats du battage des pieux,
Interpréter les essais de mise en charge d’un ou de plusieurs,
Utiliser les formules statiques de la force portante établies à l’aide de la mécanique
des sols (méthode c et φ),
Interpréter les diagrammes de pénétration obtenus soit le pénétromètre statique, soit
avec le pénétromètre dynamique,
Utiliser des formules établies à l’aide de la théorie de programmation des ondes.
a) Equations
De très nombreux types de pieux sont enfoncés dans le sol par battage à l’aide d’un mouton
et d’une sonnette. Le problème est schématisé à la fig.3.6. Sous un coup de mouton de
masse M tombant d’une hauteur H, le pieu (masse M’avec les accessoires de battage :
casque et coussins) s’enfoncent de la quantité « e » appelé « refus » (on mesure
habituellement l’enfoncement sous une volée de 10 coups de mouton, et l’on prend la valeur
moyenne par coup).
M
M : masse du mouton
M’ : masse du pieu et des accessoires
Casque, C H
C : casque et autres accessoires
P : pieu
H : hauteur de chute du mouton
M’
e : refus ou enfoncement
Sol
P
En écrivant que l’énergie transmise par la chute du mouton est égale à l’énergie nécessaire
pour enfoncer le pieu de « e », on aurait :
Q.e = M g H
En réalité, cette formule a été modifiée pour tenir compte des pertes d’énergies diverses, et
de nombreuses expressions ont été proposées. On en citera quelques unes qui sont bien
connues :
1 M gH 1
Qadm = × ×
F e 1+ M'/ M
Dans laquelle il est d’usage de prendre F = 6
- Formule de CRANDALL :
1 M gH 1
Qadm = × ×
F e 1+ M'/ M
e+ 1
2
- Formule de HILEY :
1 M gH M + τ '2 M '
Qadm = × × ×f
M + M'
F
e+
1
{e1 + e2 + e3 }
2
Dans les formules de CRANDALL et de HILEY, le coefficient de sécurité est pris égal à 3 ou
4.
3
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Exemple 1 :
- Caractéristiques du pieu
- Caractéristiques du marteau
Energie (M g H) = 48.8 m - kN
Masse (M) = 6364 kg
Efficacité (f) = 0.78
Coef. de restitution (τ) = 0.50
- Autres caractéristiques :
Solution
Qx16.75
e1 = QD / AE = −2 6
= 76.10 −7 Q
1.1045 x10 x199.81x10
3064.64
=
38 x10 −5 Q + 2.24
4
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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− 5.89 ± 8.19 3
= x10 = 1150 KN
2
Q
Réponse : Qadm = Si F = 3 ⇒
F
Q 1150
Qadm = = = 383KN
3 3
Qadm = 383KN
Le résultat d’une formule dynamique est d’autant plus près de la réalité que le poids du
mouton est grand par rapport au poids du pieu.
Les formules de battage ne sont pas applicables lorsque la pointe du pieu repose sur du
rocher ou un terrain de grande compacité.
Les formules de battage ne sont pas valables en terrain argileux car le sol est remanié
autour du pieu et sa résistance est très faible.
La méthode dynamique donne des résultats assez valables dans les terrains pulvérulents et
relativement compacts et perméable (sables, graviers).
Le battage est l’opération qui consiste à enfoncer un pieu dans le sol. Plusieurs procédés ont
été mis en œuvre pour enfoncer les pieux ; le plus ancien d’entre eux est le battage au
marteau.
5
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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6
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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a) – Généralités
Cet essai a pour but de déterminer directement sur un pieu d’essai la courbe charge –
enfoncement du pieu (fig.3.11) et d’en déduire la charge nominale ou admissible QN
correspond à des déplacements verticaux admissibles on a recours à un essai de cette
7
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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importance que lorsque les méthodes décrites en 3.2.1.1 et 3.2.1.3 ne sont pas sûres et
que l’on peut extrapoler les résultats à un nombre suffisant de pieux sur le même site.
L’essai est effectué soit sur l’un des pieux du futur ouvrage, soit sur un pieu analogue à ceux
de l’ouvrage, en dehors de l’emprise de celui-ci. Le délai à observer entre la mise en place
du pieu et l’essai (délai de repos) est donné ci-après.
Type de sol
Sables denses Sables lâches saturés Argiles
Type de pieu
8
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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La charge nominale réelle du pieu est la plus petite des deux valeurs :
Qf Ql
QN = ou Q N =
F1 F2
Les coefficients de sécurité F1 et F2 variant respectivement de 1.2 à 1.6 et de 2.0 à 2.5,
suivant la fiabilité des résultats, l’homogénéité du sol et la nature des charges appliquées.
9
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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a) – Formule classique
Considérons un pieu dont la base ou la pointe est située à la profondeur D dans un sol
homogène. Ce pieu, dont on néglige le poids, est chargé verticalement en tête par une
charge Q (fig. 3.13)
Sol
Qp = résistance en pointe
La charge Q est équilibrée d’une part par la résultante Qƒ des forces de frottement qui
s’exercent sur la surface latérale du pieu au contact avec le terrain et d’autre part par la
résistante que rencontre le pieu sur sa pointe. Si Qp est la résistance moyenne sous la
pointe, la résistance à la pointe Qp est donnée par :
Qp = qp x Ap (terme de pointe)
Q = Qp + Qf
10
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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qp = 9 c + γ D = 9 c + po
Q’p = (9 c + γ D) - γ D = 9 c
En ce qui concerne le frottement latéral, le battage du pieu affaiblit le sol qui l’entoure et la
résistance en parois est plus faible que la cohésion ; la résistance entre le pieu et le sol est
appelée au « adhésion ». Le graphique de la figure 3.14 montre la relation entre la cohésion
(non drainée) du sol et l’adhésion sol-pieu. La résistance au cisaillement devient donc égale :
τ = Ca = adhésion
Qf = τ x Ap = Ca x Af
De plus, Qnette = Q’p + Qf
Ca/Cu 1.0 0.9 0.80 0.70 0.62 0.54 0.46 0.40 0.36 0.32 0.29 0.27 0.26 0.25 0.25 0.25
Ca (kPa) 20 27 32 35 37,2 37,8 36,8 36,0 36,0 35,2 34,8 35,1 36,4 37,5 40,0 42,5
11
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1,00
0,90
0,80
0,70
Rapport Ca/Cu
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
0,10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170
Exemple 2 :
Déterminer Qadm nette (F = 3) pour un pieu carré de 0.3 x 0.3 m (en béton)
Qadm nette ?
0,3 m
0,3 m
3
Q nette = Q’p + Qf = Q’p + ∑ Q f
1
12
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Terme de frottement :
Couche 1 : Cu = 30 kPa → Ca = 0.90 x 30 = 27 kPa
Qƒ [1] = τ x Af = 27 x (4 B) x D1
= 27 x (1.20) x 3 m = 97.2 kN
3
Qf = ∑ Q fi = 97.2 + 76.8 + 126 = 300 kN
i =i
Remarque : Des études récentes ont montré que la résistance au cisaillement en paroi d’un
pieu peut être calculée aussi en utilisant la formule ci-dessous :
τ = 0.3 p’o
c) – Sols pulvérulents (c = o)
Terme de pointe :
Tout comme pour les fondations superficielles, la capacité portante en pointe d’un pieu fiché
de D mètres dans un sol d’angle de frottement φ peut s’écrire comme suit :
1 B
q p = γ D N q + γ B Nγ 1 − 0 .4
2 L
Pour un pieu, B est souvent égal à L et on obtient :
qp = γ D Nq + 0.3 γ B Nγ
D’autre part, étant donnée que B<<<D, l’expression ci-dessus s’écrit ou se simplifiant
considérablement :
qp = γ D Nq et Qp = Ap x qp = Ap x γ D Nq
13
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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q’p = γ D (Nq – 1)
Remarques :
L’expérience montre que la charge limite (à la rupture) dans un sol homogène augmente
avec la profondeur D (tel qu’indiqué dans l’expression ci-dessus), jusqu’à une profondeur
critique « Dc » au-delà de laquelle elle reste constante ; la profondeur critique peut être
calculée par la formule suivante :
De plus, le coefficient Nq de capacité portante pour un pieu n’est pas la même que celui
calculé pour une fondation superficielle. La valeur de Nq peut être calculée par l’expression
suivante :
N q ≈ e 7 tauφ
Terme de frottement :
Le frottement latéral sur la surface latérale d’un pieu peut être exprimé par l’expression
suivante (voir fig.3.16).
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Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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pieu
Sol : c, φ
Z Distribution de la contrainte
normale au pieu :
σh = γ Z K
(où K = coefficient de frottement
latérale)
Distribution du
frottement latéral :
τ = σn tan δ
Remarques : Comme dans le cas de qp, le frottement latéral augmente avec la profondeur,
jusqu’à une profondeur critique Dc, au-delà de laquelle il reste constant (si le
sol est homogène).
Valeurs de K
Type de pieu δ
φ < 30° , N corr < 10 φ > 36°, N corr > 30
Force portante :
En addition les deux termes on obtient l’expression de la capacité portante d’un pieu fiché
dans un sol granulaire :
Q = q p × A p + Σ τ × Af = γ D N q × A p + Στ × A f
Si l’on désire calculer la capacité portante nette, nous avons la formule suivante :
Qnette = q 'p × A p + Στ × A f = γ D (N q - 1) × A f + Στ × A f
15
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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γ = 20 kN/m3.
Déterminer q’p et qp (prendre 10 m de profondeur)
(Nq – 1) = 55.9
q p = γ D N q = 20 ×10 × 56.9 = 11380 kN / m 3
Exemple 4 : pour le pieu indiqué ci-dessous calculer la capacité portante admissible nette
(F = 3).
Qadm nette
Sable : γ = 18 kN/m
3
p’0
Dw = 5 m γ = 21 kN/m
3
72 90
D = 12 m
Ncorr = 20 coups/0,30 m
K tan δ = 0,80
τ = K p’0 tan δ
134,7 168,4
Ap = π 0,4 /4 = 0,125 m
2 2
Solution :
Pour Ncorr = 20 ⇒ φ = 33° (chapitre I )
0 + 72 72 + 134,7
= (π × 0,4 ) × 5 + (π × 0,4 )× 7 m = 226 + 909 = 1135 kN
2 2
16
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Qnette 3107
Qadm nette = = = 1036 kN
F 3
L’application de cet essai au calcul des pieux a fait l’objet de nombreuses recherches
principalement en Amérique du Nord et c’est à MEYERHOF que l’on doit la méthode la plus
connue.
a) – Terme de pointe :
Où : - Qp = charge à la pointe, kN
- N = Indice de pénétration standard corrigé, c/.30 m
- Ap = aire de la section droite du pieu à la pointe, m2
b) – Frottement latéral :
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Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Pour déterminer la capacité portante admissible à l’aide de cette méthode, il est conseillé de
prendre un coefficient de sécurité de 4, c'est-à-dire :
Qadm =
Q
4
=
1
4
[
400 N × A p + N A f ]
Exemple 5 :
Par la méthode de MEYERHOF, déterminer la capacité portante admissible du pieu carré en
béton ci-dessous.
Qadm (F = 4)
Pieu carré en béton armé
0,3 m
D = 15 m
2 2
Ap = 0,3 = 0,09 m
2
Af = (4 X 0,3) X 15 = 18 m
Remarque importante : Tous les résultats ci-dessus sont valables pour le sable et le sable
seulement
18
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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W1
Mouton
Bois
Casque
W2 R2 Elément
W3 R3 Résistance
Pieu
W4 R4
W5 R5
W6 R6
Qp = Résistance à la pointe
Dans le cas où le pieu est mis en place dans un terrain sous consolidé, c'est-à-dire qui tasse
encore sous son propre poids, sans aucune surcharge, des frottements négatifs se
produiront sur le pieu et augmenteront la charge que le pieu aura à supporter.
Si le sol est normalement consolidé, mais surchargé, par un remblai, des frottements
négatifs peuvent également se manifester dès lors que les tassements du sol provoqués par
cette surcharge sont supérieurs à ceux des pieux.
2
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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B B
h1 γ 1, δ 1
Z
Sol γ, δ h
compressible Sol
h2 γ 2, δ 2 compressible
σ 'v = p + γ z
σ 'v = K ( p + γ z)
La contrainte tangentielle (la résistance au cisaillement sol-pieu) limite sur le fût sera :
τ = K tan δ ( p + γ z )
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’une couche même très résistante, mais surchargée,
pourra exercer un frottement négatif si elle repose sur une couche compressible.
Le cas illustré sur la figure 3.18 b, et on trouve facilement par généralisation de la formule
précédente.
h h
Fn = π B K 1 tau δ 1 h1 ( p + γ 1 1 ) + K 2 tan δ 2 h2 p + γ 1 h1 + γ 2 2
2 2
3
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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0,30 m 2
p = 100 kN/m
p = 100
2m
(p + γz) = 156,4
γsat = 16 kN/m
3
Argile : 4m K2 tan δ2 = 0,2
0,20
(p + γz) = 181,2
Gravier
Pieu circulaire : B = 0.3 m.
Fn = 276.7 kN
Remarque : Cette charge doit être ajoutée à toute autre charge provenant de la structure
supportée par le pieu.
4
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Jusqu’à présent on a traité que la force portante d’un pieu isolé. Mai dans la pratique, les
pieux sont presque toujours battus ou forés par groupe. Il convient d’étudier l’influence de ce
voisinage sur la force portante et sur le tassement de l’ensemble.
Il peut arriver que la charge limite du groupe QG soit différente de la somme des charges
limites Qa d’un pieu isolé. On définit le coefficient d’efficacité d’un groupe de n pieux par
rapport :
ch arg e lim ite du groupe QG
Cc = =
somme des ch arg es lim ites des pieux n × Qa
Une idée intuitive de l’effet de groupe est donnée par des pieux battus dans un sable lâche.
Le battage et la pénétration des pieux resserrent la structure et compactent le sol entre les
pieux, ce qui confère au groupe une force portante améliorée (C e > 1) . En milieu serré au
contraire, du fait de la distance, la pénétration des pieux produit un relâchement de la
structure avec augmentation de l’indice des vides, qui se traduit par une diminution de la
capacité portante du groupe (C e < 1) .
Parmi les différentes méthodes qui ont été avancée pour le calcul de la capacité portante
d’un groupe de pieux, on indiquera la méthode basée sur le coefficient d’efficacité. Pour le
calcul du coefficient d’efficacité, on se sert de formules empiriques telles celle de « Los
Angeles » :
C e =1 −
B
×
1
s π mn
[
m (n − 1) + n (m − 1) + ]
2 (m − 1)(n − 1)
Ce = 1−θ
(n − 1) m + (m − 1) n
90 m n
Où : θ = tg −1 (B / S ), en deg ré .
5
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Une autre méthode qui donne des résultats comparables est celle de la « Règle de Feld ».
On admet que chaque pieu a pour charge, portante d’un pieu isolé diminuée d’autant de fois
(1/16) de sa valeur qu’il a de pieux voisins.
4m
Fondation : 3 x 5 pieux :
1m m=3 n=5
Pieux flottants : B = 0.40 m
L = 1 m (espacement)
0.4
θ = tg −1 (B / S ) = tg −1 = 21.8°
1 .0
Ce = 1 − θ
(n − 1) m + (m − 1) n = 1 − 21.8°
4× 3 + 2×5
= 1 − 0.36 = 0.64 (64 % )
90 m n 90 × 3 × 5
Exemple 7 b – Utilisation de Ce
Groupe de pieux : 3 x 3
Pieux flottants
Solution :
Sur le schéma, les pieux tels que (a) auront une charge portante égale à (13/16), soit 81 %,
de celle d’un pieu isolé ; celle des pieux tels que (b) sera égale à (11/16) soit 69 %, quant au
pieu (c), sa charge portante n’est que la moitié (8/16 ou 50 %) que celle du pieu isolé.
6
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Au total, chacun des pieux du groupe ne peut supporter en moyenne que 72 % de ce qu’il
aurait supporté s’il avait été tout seul.
3.3.2 – Capacité portante des groupes de pieux battus dans les sols
pulvérulents (sables et graviers)
Les règles suivantes sont conseillées pour la conception des fondations sur pieux :
Exemple 8 :
Déterminer la capacité portante d’un groupe de pieux (9) dans un dépôt de sable.
Sable : γ = 19 kN/m3
φ = 35° N q = e7tgØ = 134.5 Ktg δ = 0.75.
Pieux circulaires en béton avec B = 0.30 m
7
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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1m 1m Qadm (F= 3)
τ et p’0 [kPa]
1m
0,3 m
12 m
p’0
1m
171 228
z
0 .3 2 × π 171
= 228 × 133.5 × + (π × 0 .3)×12
4 2
= 251 + 967 = 3118 kN
3118
Qadm pieu = = 1039 kN
3
3.3.3 – Capacité portante des groupes de pieux battus dans les sols
cohérents (argiles et silts argileux)
Pour déterminer la capacité portante des groupes de pieux battus dans ces sols, il est
conseillé de suivre les règles suivantes :
Pour un espacement s = 3.0 B, le coefficient d’efficacité est = 70 % et :
QG = 0.70 x n x Qpieu.
Pour un espacement S = 8 B, le coefficient d’efficacité est = 100 % et :
QG = n x Qpieu.
Pour des espacements 3 B < S < 8 B, trouver le coefficient d’efficacité par
interpolation et :
QG = Ce x n x Qpieu.
8
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Pour des espacements S < 3 B, le calcul de la force portante du groupe doit être
effectué selon la méthode préconisée par TERZAGHI ET PECK qui consiste tout
simplement à assimiler le groupe de pieux à une fondation monolithique ayant pour
dimensions celles du prisme circonscrit au groupe (fig. 3.19)
L B
D B
Où : q p = 5.14 × C u × 1 + 0.2 1 + 0.2
B L
Cette façon de procéder doit être toujours vérifiée dans le cas pieux flottants et dans celui de
pieux prenant appui sur une couche résistante reposant elle-même sur une couche
compressible.
9
Mécaniques des sols II et Fondations – Chap. 3 – Fondations profondes
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Qadm
γsat = 16 kN/m
3
Argile :
φ = 0°, c u = 30 kPa
10 m
0,40 m
Ici S/B = 0,80 / 0,40 = 2 < 3
0,80 m 0,80 m
QGroupe = B × L × q p + 2 (B + L ) × C u × D
D B
Mais q p = 5.14 × Cu × 1 + 0.2 1 + 0.2
B L
D
Valide pour < 2 .5
B
D 10
ici = = 5 > 2.5 → voir chapitre 2 Nc * = 9
B 2
q p = 9 × Cu
Q groupe = 9 Cu x B x L + 2(B + L ) C u × D
= 9 × 30 × (2 × 2 ) + 2 (2 + 2 )× 30 ×10
=1080 + 2400 = 3480 kN
3480
Si F = 3 ⇒ Qadm groupe = = 1160 kN
3
Remarque
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Au lieu de suivre les règles énoncées au paragraphe 3.3.3, certains géotechniciens préfèrent
agir ainsi pour S < 8B
Calcul de n x Q pieu
Calcul de QG par la méthode de TERZAGHI et PECK
Utilisation de la plus petite valeur ainsi calculée.
3.3.4 – Capacité portante des groupes de pieux dans les sols stratifiés
Dans le cas des groupes de pieux reposant sur un sol stratifié, il est nécessaire de vérifier
aussi la capacité portante des couches profondes (fig. 3.20)
γ 1 , c1 γ1 , φ1 1
φ1 = 0° 1 Argile C1 = 0
Sable
γ2 , φ2
C2 = 0 γ2 , φ2 2
2 2 Sable 2 C2 = 0
Sable
1 1
γ 3 , c3 γ3 , φ3 1
φ1 = 0° 3 Argile C3 = 0
Sable
Figure 3.20 : Capacité portante des pieux dans les sols stratifiés
Dans le cas des groupes de pieux, la valeur de σ’v (section 3.2.2) est réduite par l’effet
d’accrochage du sol sur les pieux. Il s’ensuit une réduction du frottement négatif, qui dépend
de l’espacement et de la rugosité des pieux. Des méthodes ont été proposées pour tenir
compte, au moins partiellement, de ce phénomène.
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Les tassements d’un pieu isolé sous une charge nominale sont généralement faibles
(inférieurs à 1 ou 2 cm), et l’on ne s’en préoccupe pas. Par contre, les dimensions d’un
groupe de pieux sont telles qu’il peut transmettre les charges qu’il supporte à des
profondeurs assez importantes au dessous la pointe des pieux, ce qui peut entraîner des
tassements non négligeables des couches sous-jacentes.
TERZAGHI et PECK ont proposé les méthodes suivantes pour prévoir le tassement d’un
groupe de pieux flottants dans l’argile : On considère une semelle fictive située au 2/3 de la
longueur des pieux et qui supporte les charges permanentes Q appliquées sur la semelle de
liaison (fig. 3.21a). On calcule le tassement de cette semelle en prenant une répartition des
contraintes en profondeur à 1 pour 2.
Q Q
2/3 D 2/3 D
D Sable
D
q Argile q
q = Q/BL
q = Q/BL H
2 2
H Argile
1 1
Dans ce cas, le tassement est égal à celui de la couche d’épaisseur H. Par ailleurs, le cas de
pieux battus dans un dépôt de sable reposant sur une couche compressible, l’on procède de
la même façon, sauf que H représente l’épaisseur de la couche d’argile (fig.3.21b). La même
procédure est suivie aussi lorsque les pieux travaillent en pointe, mais le sable repose aussi
sur une couche d’argile assez compressible (fig.3.22)
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Sable ou gravier
q = Q/BL
compact
2 H Argile
De plus s’il y a frottement négatif, il faut que les charges causées par ce frottement soient
incluses dans les charges totales que le groupe de pieux doit supporter. Dans le cas des
sables, les tassements sont en général faibles et rapides et ne posent guère de problèmes.
Toutefois, dans le cas des pieux flottants dans un sable lâche, on pourra par sécurité,
appliquer la méthode de la semelle fictive décrite précédemment.
Les efforts horizontaux généralement admis pour les pieux verticaux sont résumés au
tableau ci-dessous :
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Remarque :
L’encastrement est réalisé si le pieu est « noyé » de 50 cm minimum dans le béton
de la semelle
Dans le cas des argiles molles, les efforts horizontaux admis sont de l’ordre de 5 KN
Les pieux en béton fondés dans de l’argile molle et soumise à des efforts horizontaux
supérieurs à 5 KN devront être armés en flexion
Les déplacements horizontaux admis dans le cas des édifices courants sont de
l’ordre de 6 à 7 mm et de 12 mm dans les autres cas.
Dans le cas où les efforts horizontaux sont supérieurs à ceux indiqués au tableau
précédent, il est peut être plus économique d’utiliser des pieux inclinés.
Pour qu’un pieu, supportant en tête un effort vertical QV et un effort horizontal QH, ne subisse
que des efforts de compression axiaux (résultante QR passant par l’axe du pieu) il faut
l’incliner (fig. 3.23) d’un angle :
α = Arctg Q H Q
V
QR
QV α
QH
B α
C’est en général cet angle d’inclinaison qui est fixée, et un pieu ainsi incliné peut donc
reprendre un effort horizontal QH, fonction de l’effort vertical QV applique :
Q H = QV tgα
L’effort axial étant limité par la charge nominale ou admissible du pieu :
QV
QR = ≤ Q N , soit QV ≤ Q N cos α
cos α
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QN est généralement calculé comme pour un pieu vertical. Les valeurs admissibles
QV
QV
1
2 3
Fig. 3.24 : Disposition avec une file de pieux travaillant à l’arrachement (file 3)
Si, au cours de la vie de l’ouvrage, le système de charge se modifie, le pieu doit résister en
fléchissant et mobiliser la butée latérale du terrain. Dans ce cas on a recours à des théories
faisant appel à la réaction latérale du sol.
3.6 – FLAMBEMENT DES PIEUX
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Le phénomène se développe lorsque la fibre neutre prendre une forme de sinusoïde dont
l’amplitude va croissante ; or le sol autour du pieu oppose au développement de cette
amplitude une réaction croissante de butée.
Exemple 10
QV
Tige circulaire de 20 mm
3.7 – CONCLUSIONS
Le comportement du pieu isolé, s’il est assez bien connu sous les charges verticales, l’est
moins bien connu sous les charges horizontales, en particulier lorsque l’on veut prendre en
compte la réaction latérale du sol.
Le comportement des pieux en groupe (répartition des charges sur les pieux, modification de
la force portante ou de la résistance aux efforts latéraux par effet de groupe) est un
phénomène encore mal connu. Quelques méthodes ont été proposées, elles ne résolvent
que partiellement les problèmes.
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