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Résumé
L'auteur essaie de tracer une distinction entre le cliché littéraire du « vol magique », qui date au moins de l'époque de Néron et
qu'on retrouve dans les histoires de Simon le Mage et de Térébinthus (précurseur de Mani), et les passages du polémiste
chrétien Arnobe concernant la remontée de l'âme à son origine céleste. Quoique la polémique d'Arnobe soit dirigée contre deux
doctrines différentes (mais semblables entre elles à quelques nuances près), il semble que ses adversaires soient, en premier
lieu, admirateurs des Oracles chaldaïques. Enfin, l'auteur essaie de démontrer que les « ailes » dont ces gens prétendent
pouvoir se parer ne sont pas des ailes faites de plumes, comme le croyait F. Cumont, mais tout simplement les « ailes de l'âme
» du "Phèdre" (249 d-250 c), dont il s'agit aussi dans un fragment douteux des "Oracles chaldaïques" (Procl. in Remp., II 126,
23-6 = fr. 217, p. 118, 4-6 Des Places).
Culianu Ioan Petru. Le vol magique dans l’Antiquité tardive (quelques considérations). In: Revue de l'histoire des religions,
tome 198, n°1, 1981. pp. 57-66;
doi : 10.3406/rhr.1981.4901
http://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1981_num_198_1_4901
été nourri par les anges sur les montagnes. Il disputa avec
les mithriastes, et ne parvint à gagner à ses vues qu'une
vieille femme. Un matin, monté sur une terrasse et après
certaines incantations magiques, il tenta de s'envoler, mais
tomba, fracassé, au sol. La vieille femme l'enterra... »6.
« Le vol magique projeté par Térébinthe, et dont la tentative
se solde par un échec sanglant, rappelle les lévitations
attribuées par ses croyants à l'Apôtre de la Lumière »7.
Apollonius de Tyane est l'héritier des prophètes grecs
et on ne s'étonnera pas que Philostrate lui attribue la faculté
de se rendre sans délai d'un point de l'espace à un autre8.
Comme Empédocle, Apollonius aurait été ravi au ciel dans le
sanctuaire d'Artémis-Dictynna de Crète9. Dans son voyage
en Inde, Apollonius et son disciple Damis rencontrent « les
brahmanes indiens qui vivent et ne vivent pas sur la terre,
cloîtrés sans clôture, sans possession sauf celle du monde
entier »10. Les brahmanes restent en lévitation à trois pieds
au-dessus de la terre, « et cela non pas par vanité, car telle
chose leur est étrangère, mais parce qu'il faut qu'ils
pratiquent leurs rites au Soleil au-dessus de la terre, comme le
Soleil même ». Les philosophes nus d'Egypte sont inférieurs
à leurs confrères indiens. Ils ne flottent pas dans les airs,
mais arrivent néanmoins à faire parler un arbre11.
Les passages si problématiques d'Arnobe, concernant les
facultés des Mages de transporter leurs clients aux cieux,
ne s'intègrent pas dans le même contexte merveilleux. Il est
probable qu'ils se réfèrent à une doctrine bien précise, que nous
allons essayer d'identifier.
12. Arnob., II, 62 ; cf. Chr. Elsas, Neuplatonische und gnostische Weltab-
lehnung in der Schule Plotins, Berlin - New York, 1975, p. 48 et mon compte
rendu ad loc, dans Aevum, 51 (1977), p. 189 a ; P. Mastandrea, Un neoplato-
nico latino : Cornelio Labeone, Leiden, 1978, p. 130.
13. Elsas, ibid.
14. Enn., II, 9.
15. Cf. mon c. r. à Elsas, op. cit., dans Aevum, 1977, p. 188 b.
16. Ibid.
17. Cf. II, 16.
18. Cf. II, 29.
19. Cf. II, 33 : uos in aulam dominicain tamquam in propriam sedem
remeaturos uos sponte nullo prohibente praesumitis.
20. Cf. II, 13 : secretarum artium ritus, quibus adfamini nescio quas potes-
tates, ut sint uobis placidae neque ad sedes remeantibus patrias obstacula
impeditionis opponant.
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22. Schol., in Stat., Theb., IV, v. 516, apud J. Bidez-F. Cumont, Les
Mages hellénisés, Paris, 1938, vol. I, p. 226, 15.
23. I, 52.
24. Cf. H. Lewy, Chaldaean Oracles and Theurgy, Le Caire, 1956
(reproduction anastatique par les soins de M. Tardieu, Pari6, 1978), pp. 177, 413, 487.
25. Lewy, p. 178.
26. Psellus, Commentaire, 1132 a, dans Oracles chaldaïques. Avec un choix
de commentaires anciens, éd. et trad, par E. Des Places, Paris, 1971, p. 169,
8-12.
27. H. Lewy, p. 191.
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32. H. Lewy, p. 418 ; cf. p. 410 et aussi le Corpus Hermeticum, XVI, 16,
où l'initié est saisi par les rayons du soleil anagogue.
33. Chr. Elsas, loc. cit., et mon c. r., p. 188 b.
34. Cf. Numénius, fr. 30-35, dans Numénius, Fragments, éd. et trad, par
E. Des Places, Paris, 1973 ; pp. 80-87 et notes, pp. 116-119.
35. F. Cumont, Lux perpétua, p. 294.
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loan P. Gulianu,
Rijksuniversiteit, Groningen.