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m.
1
ET LES THÉORIES .DE M. LANG
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~J! ici, COS~tJt!~
EN VENTE
EN 1889
L'ORIGINE
DES
PAR
Emmanuel COSQUIRf
PARIS
BIBLIOTHÈQUE DES ANNALES ÉCONOMIQUES
4, Rue Antoine-Dubois, 4
PLACE DE L'ÉCOLE DE- MÉDECINE
1891
L'ORIGINE
DES
Messieurs,
(1) Introduction aux Contes des frères Grimm, traduits en anglais par
mistress Hunt (Londres, 1884), pp. xlii, xliii.
(2) Introduction à Perrault, p. cxv.
dont la fable de Psyché est un spécimen altéré, tous ces contes qui se
retrouvent, identiques au fond, en diverses parties du monde, peu-
vent parfaitement n'avoir rien de commun pour l'origine. Je
cite (1) « Il n'est pas absolument nécessaire de supposer que le
« conte a
été inventé une fois pour toutes, et qu'il s'est répandu
« d'un seul centre originaire, bien que cela puisse avoir eu
« lieu. »
Ainsi, d'après M. Lang, une « combinaison fortuite » d'éléments
fantastiques pourrait avoir donné, en même temps, dans vingt pays,
la suite d'aventures que voici jeune fille qu'on est obligé de livrer
à un serpent ou autre monstre, lequel est en réalité un homme sous
une forme animale, et qui épouse la jeune fille –
défense faite à
Fliéroine par son mari (qui ne vient que la nuit) de chercher à le
voir, et désobéissance amenée par de perfides conseils; dispa-
rition de l'époux mystérieux; pérégrinations de la jeune femme
à la recherche de son mari; tâches impossibles qui lui sont
imposées par sa belle-mère et qu'elle finit par exécuter, grâce à
l'aide de divers animaux réunion des deux époux.
C'est M. Lang qui jugera lui-même la vraisemblance de son hypo-
thèse. Dans un de ses derniers livres (2), il m'a fait l'honneur
de reproduire, en l'approuvant et la faisant sienne, ma réfutation du
système qui explique les ressemblances des contes en faisant
dériver ceux-ci de vieux mythes se décomposant partout de même
f^içon, puis, sous leur forme nouvelle, se groupant partout sponta-
nément en des combinaisons, en des récits identiques. Je me
permets d'attirer son attention sur le passage de cette réfutation (3)
où je me demandais notamment comment l'on pouvait admettre
que, « 'sans entente préalable, plusieurs peuples se soient accordés
pour grouper les prétendus éléments mythiques dans le cadre de
tel ou tel récit bien caractérisé. » « N'est-ce pas là, ajoutais-je, une
impossibilité absolue »
Mettez « éléments anthropologiques » au lieu d'« éléments mythi-
ques », et le raisonnement, ce me semble, ne perdra rien de sa
force, et l'impossibilité d'attribuer au conte de Psyché, ou à
n'importe quel autre conte répandu partout, plusieurs lieux
d'origine, restera également certaine.
Pour être en état de juger s'il existe entre tel et tel récit une
ressemblance véritable, il importe de ne point perdre de vue les
observations que jeviens d'essayer de formuler. Quand on se borne à
considérer, dans les contes, les idées générales, dépouillées des
détails caractéristiques qui les spécialisent; quand, de plus, on
n'examine que d'un œil distrait les combinaisons, si caractéristiques
elles aussi, de ces idées spécialisées, on en arrive facilement a voir
des ressemblances partout. C'est ainsi que M. Lang trouve, dans les
productions informes de l'imagination des sauvages, force rappro-
chements à faire avec nos contes c'est ainsi qu'il va demander
à toutes ces peuplades la solution du problème qui nous occupe.
mt_ Kaffir
n_" Theal.
(t) Mac Call n_m. nr.n_ cn.
~oon, Voir le
mrc_. Folklore (Londres, 1882). ,1~
1~ dernier conte.
"n~r>.
(2) J. C. Poestion. Lapplxndisclie Mœrclien (Vienne, 1886), p.
(3) Emile Legrand. Quatre contes grecs, recueillu à Smyrne en iS75, n° 2
(Dans la Revue de l'histoire des religions, année 1884).
(4) Revuedes Traditions populaires, novembre 1888, p. 615.
(5) Miss M. Frère. OUI Deecan Duys. 2« édition, p. 279.
(6) Callaway, p. 18.
Cette histoire rappelle tout à fait un conte allemand bien connu
de la collection Grimm (n°15). La petite Grelhel, que la vieille sor-
cière veut faire cuire dans le four, feint de ne pas savoir comment
s'y prendre pour y entrer. La vieille s'approche alors de la bouche
du four, et avance la tôle pour montrer àGrethel comment on fait, et
Grethel la pousse dans le four ardent, qu'elle s'empresse de fermer.
Un trait du conte allemand que le conte zoulou n'a pas, c'est la
feinte maladresse du héros ou de l'héroïne. Nous allons retrouver
ce trait, avec le chaudron du conte zoulou, dans un conte de
l'île de Zanzibar et dans un conte des Kamaoniens de l'Inde
septentrionale (1). Dans ces deux contes, un démon (ou un ogre)
veut faire bouillir un jeune homme dans un chaudron, où il le
poussera par surprise pendant que le jeune homme jouera h certain
jeu (conte de Zanzibar) ou marchera d'une certaine façon autour du
chaudron (conte kamaonien); mais le jeune homme, quand le démon
lui dit de jouer (ou de marcher), répond qu'il ne sait pas comment
on fait; et, pendant que le démon le lui montie, le jeune homme
le pousse lui-même dans le chaudron.
Ces deux contes font lien, on le voit, entre le conte zoulou et les
contes européens du même type que le conte de la collection Grimm.
(1) Voir, dans les Contes populaires de Lorraine, les pages 145-146 et 149-
150 du tome premier.
(2) Journal Asiatique, livraison do juillet 1888, p. 144.
dans la transmission des contes asiatico-européens « en bien des
endroits, ce sont eux qui ont servi d'intermédiaires entre les Arabes
et les populations jdeJ'Afnque centrale, et occidentale. » Est-ce que,
de l'Afrique centrale, quelques-uns de ces contes n'ont pas pu, de
proche en proche- priver chez les Zoulous et se mêlera leurs contes
indigènes'' Qu'y_a-t-il là d'invraisemblable ?
fa,
Quant aux contes des sauvages de l'Amérique, l'influence euro-
péenne est visible partout où il y a lieu à des rapprochements
sérieux entre ces contes et les nôtres. En voici un exemple assez
curieux.
Un des thèmes les plus connus de nos contes européens, c'est celui
de la poursuiteet des transformations, que j'ai étudié dans lesremai-
ques du conte lorrain n° 9, l'Oiseau vert. Rappelons les principaux
traits de ce thème Un jeune homme s'enfuit de chez un ogre ou
autre être malfaisant avec la fille de celui-ci. Au moment où l'ogre,
qui s'est mis à leur poursuite, va les atteindre, ils lui échappent par
diverses transformations. Ainsi, dans tel conte de cette famille, la
jeune fille se change en jardin et change le jeune homme en jardi-
nier, lequel répond (tout de travers aux questions que l'ogre lui
adresse au sujet des fugitifs. Puis elle se change en église, et le
jeune homme en sacristain, etc. On peut constater que la trans-
formation des jeunes gens en église et prêtre ou sacristain se
retrouve dans la plupart des contes européens de ce genre.
Voyons maintenant un conte algonquin, publié en 1884 par
M. Lelaud (1). Chat Sauvage poursuit Maître Lapin. Celui-ci, sans
doute un peu sorcier, piétine quelques instants la neige, y enfonce
unepetite brancheet s'assied dessus. Et, quandChat Sauvage arrive,
voilà qu'il y a en cet endroit une jolie cabane (wigwam) et, dedans,
un vieillard très respectable. Chat Sauvage lui demande s'il a vu
passer un lapin. « Des lapins ? répond le vieillard; bien sûr que
j'en ai vu beaucoup il y en a tout plein dans les bois. » II invite
Chat Sauvage à souper et à coucher. Le lendemain, Chat Sauvage
se réveille dans la neige le vvigwametle vieillard ont disparu. Chat
Sauvage reprend sa poursuite. Il arrive dans un village, près d'une
église. « Avez-vous vu un lapin? » dit-il à un homme. « Atten-
dez que l'office soit terminé. » On le fait entrer à l'église et entendre
T- l'ai
Je ~l. dit
Il- déjà 7. dans 1'
_1_ l'introduction
1 n
aux Contes populaires1
n.. dea Lor-
raine ce sont des arguments extrinsèques, historiques, qui m'ont
r
(1) Ilakluyt Society. Narrative of ihe nies and laws oftlie Yncas (Londres,
1873), n° 3, chap. v, pp. 135, seq.
(2) F.-M. Luzel. Veillées bretonnes, pp. 262, seq. et Légendes chrétiennes de
la Basse-Bretagne (II, pp. 116, seq.]^r tif\lffP*fPT Contes populaires de la
Basse-Bretagne (I, p. 131). /A^-–^</X
r(-fi F1) Si
ce temps qu'elle est malade; il faut tuer le crapaud, caché à tel
endroit, reprendre l'hostie, etc. Un conte norvégien (1) et un
conte de Bohême (2), l'un et l'autre du même type que les précé-
dents, contiennent le même passage, où le vieux conte s'est égale-
ment christianisé. •
Ici encore je ferai la réflexion que j'ai déjà faite. Ce conte péru-
vien offre une ressemblance réelle avec des contes asiatiques et
européens donc il existe entre eux et lui un lien historique. De
deux choses l'une ou une version européenne est arrivée au Pérou
avec les Espagnols, maîtres incontestés du pays depuis 1533, et
elle s'y est acclimatée durant les soixante-dix ans et plus qui ont
précédé la rédaction de l'ouvrage de Francisco de Àvila; ou bien
une version, asiatique sans doute, est venue du pays encore in-
connu d'où sont sortis les immigrants qui ont peuplé le Pérou. En
tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il y a un lien historique entre le
conte péruvien et les contes asiatico-européens, et ce lien se décou-
vrira peut-être quelque jour.
g¡pl'nII~f~'
travail.
Congrès de l'intervention des pouvoirs publics dans le prix des
Congrès de l'intervention des pouvoirs publics dans les condi-
tions du
l'immigration.
tion et
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3 fr. 50
Congrès de l'intervention des pouvoirs publics dans l'émigra-
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B Ce Recueil est honoré de Souscriptions clc.i Ministères du Commerce et de r7rt-=*sM
p- duslrw, de l'Agriculture, de la marine et des Colonies, du Conseil municipal
mk; de l'aris, des Grandes Administrations de l'Elut et des Principales Ecoles de
E. commerce de France et de l'Etranger il figure également dans les Grandes
m Bibliolliciques cl Utms tes Cercles.
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Armand MASSIP, $£, %£, Direclnir-Gérant;
Louis MAGNÉ, Secrétaire de la
COMITÉ DE REDACTION
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BARBEY, sénateur;
Rédaction.
Léon BOURGEOIS,
député; E. CHABR1ER. 0 &. «dministrateur de la Compniînie
gcQérale transatlnntique- G. GO-MPAYRE. Paul DESCIIANEL,
BURDEAU.;
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K député: Léon DONNAT. O $s, ancien membre du Conseil muni-
m cipal de Paris: Eugène ETIENNE: Félix FAURE, >$, députés;
m Fernand FAURE; FCJURNIER de FLAIX, publiciste; GERV1LLE-
m REAGHE, député; 1SAAG, sénateur JAMAIS, député; JAURES;
R.< JOURDAN, *jfe, directeur de l'Ecole des Hautes Etudes commer-
B ciale?; de LANESSAN et A. PRAUON. députés: Arthur RAFFA-
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LOVIGH. O1^, publiciste: Julks RUEFF,
SABATIER
de l'lnstitut.
armateur; Camille
Yves GUYOT. député; E. J.EVASSEUR, membre ,^j
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CORRESPONDANTS ÉTRANGERS ^sa
m. V. MATAJA. professenr à l'Université de Vienne (Autriche}; Van
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HOUTEN, membrede la deuxième chambre des Etats Généraux
de la Haye; J. WEIIjLER, ingénieur aux charbonnages de
Mariemont et Bascoup (Belgique). ÉÊÊ
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K Les Annales Économiques cûtitieniir-nt «M
K Des éludes inédites émanant des écrivains les plus autorisés, sur toutes les 'Jasa
K "questions d'économie politique et sociale i
W' Une analyse et un commentaire des principaux articles de revues, de
K: journaux et'de documents officiels ayant trait à l'économie politique
K Une revue générale de tous les faits économiques de la France et rie l'Etranger;
d'État, Etablis-
)
m- Une chronique du mouvement linancier budgets. Banques j
K sements de crédit. Emissions, Chemins de fer, Affaires industrielles
K Une revue des Livres, des Congres, des Sociétés et des Conférences. j
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Les Annales Économiques' paraissent en livraisons de 100 pages; elles
forment donc un volume de 1,200 pages, chaque semestre. j
Grâce au prix très modique de "l'abonnement, elles constituent le plus f
m ay^^eux des ouvrages de vulgarisation économique qui ait été créé jusqu'ici. J
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