Vous êtes sur la page 1sur 20

L’ALUMINIUM

ET SES ALLIAGES

I. INTRODUCTION

L’aluminium est un métal bien connu, car il est présent dans beaucoup d’objets que nous manipulons
quotidiennement : canettes, etc. Ses propriétés font qu’il est également très intéressant pour des
applications industrielles dans les secteurs automobiles, aéronautiques … où il intervient dans des
alliages.

Dans cette fiche, nous proposons de nous focaliser sur cet élément chimique. Nous commencerons
par une description rapide de l’aluminium et de ses propriétés physico-chimiques. Ensuite, nous
indiquerons comment le métal aluminium est produit à partir de minerais. Après, nous indiquerons
les diverses applications de l’aluminium, de ses alliages et de ses composés.

Prérequis : La production de l’aluminium repose sur des processus chimiques. D’autre part, les
utilisations de l’aluminium tirent surtout profit de ses propriétés mécaniques. En conséquence, les
notions scientifiques abordées dans ce document concernent surtout la chimie et la physique des
matériaux. Toutefois, cette fiche reste accessible à un large public.

II. GENERALITES SUR L’ALUMINIUM



1. L’ATOME D’ALUMINIUM

Le numéro atomique de l’atome de silicium est le 13. Il existe différents isotopes du noyau
27
d’aluminium. Toutefois, 13 Al représente presque la totalité de l’aluminium présent sur Terre car il est
26
stable. Quelques traces de l’isotope 13 Al sont toutefois décelables. Ce dernier est radioactif : il est
+
émetteur β (et γ ) avec une demi-vie de l’ordre de 700 000 ans. L’atome d’aluminium a un rayon
proche de 120 pm. Dans la classification périodique des éléments, il est sur la 3ème période (ligne), et
2 2 6 2 1
appartient au 13ème groupe (colonne). Sa structure électronique est 1s 2s 2 p 3s 3 p . Il comporte
3+
ainsi trois électrons sur sa couche externe. Il peut les perdre pour former l’ion aluminium Al .

2. PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES

L’aluminium est un métal pauvre, comme le gallium, l’étain, le plomb, etc. Sa structure cristalline est
−10
cubique à faces centrées, avec un paramètre de maille a = 4,0412 Å . On rappelle que 1 Å = 10 m et

que le paramètre de maille est la longueur d’une arrête du cube définissant la maille élémentaire du
cristal.

Sa masse volumique est de 2,6989 tonnes par mètre cube, ce qui fait de l’aluminium un matériau
3
plutôt léger, notamment en comparaison des autres métaux. En effet, on a 7,874 t / m pour le fer,

11,35 t / m3 pour le plomb, mais on a par contre 0,534 t / m3 pour le lithium, qui est métal alcalin …

Dans les conditions ambiantes, l’aluminium se présente sous la forme d’un solide blanc métallique,
réfléchissant bien la lumière. Sa température de fusion est de 660 °C, et sa température d’ébullition
de 2519 °C contre, respectivement, 1538 °C et 2861°C pour le fer.

Structure cristalline de l’aluminium.

Comme les autres métaux, l’aluminium est bon conducteur électrique et thermique. Plus
6 6
précisément, sa conductivité électrique vaut 37,7 ×10 S/m , supérieure à celle du fer ( 9,93 ×10 S/m )
6 6
mais plus faible que celle du cuivre ( 59,6 ×10 S/m ) et de l’argent ( 63 ×10 S/m ). Sa conductivité
−1 −1 −1 −1 −1 −1
thermique est quant à elle de 237 W ⋅ K ⋅ m , contre 80,2 W ⋅ K ⋅ m , 401 W ⋅ K ⋅ m et

429 W ⋅ K−1 ⋅ m−1 pour, respectivement, le fer, le cuivre et l’argent. Son coefficient de dilatation
−1 −1
linéaire est de 23,1 µm ⋅ m ⋅ K , ce qui correspond à la dilatation thermique (ici en micromètre) d’un
échantillon d’un mètre pour une élévation de température de 1 K. A titre de comparaison, celui de
−1 −1
l’acier est voisin de 12,0 µm ⋅ m ⋅ K .

L’aluminium est paramagnétique. Ainsi, s’il est plongé dans un champ magnétique, il va s’aimanter,
mais cette aimantation ne se maintient pas quand le champ disparaît, à la différence des matériaux
ferromagnétiques qui conservent une aimantation.

L’aluminium pur s’oxyde très facilement et rapidement au contact du dioxygène de l’air, formant une

fine couche d’alumine Al2O3 , nommée aussi oxyde d’aluminium. Mais, à la différence de la « rouille »

du fer Fe2O3 , l’alumine est imperméable car non poreuse et ne déforme pas le matériau ( Fe2O3
occupe un volume plus grand que celui du fer). En conséquence, si la « rouille » se propage au sein du
fer quand ce dernier est exposé au dioxygène et à l’eau, la couche d’alumine formée en surface de
l’échantillon d’aluminium protège le reste du matériau de l’oxydation.

3. PROPRIETES MECANIQUES

L’aluminium a un module de Young voisin de 69 GPa1, comparable à celui du verre, nettement plus
faible que celui des aciers (200 GPa) mais supérieur à celui du bois (aux alentours de 10 GPa). Le
module de Young E est une grandeur couramment exprimée en GigaPascal. Elle permet de
caractériser la rigidité d’un matériau. Ce nombre peut être obtenu lors d’un essai en traction, qui
consiste à étirer une éprouvette de longueur initiale L, constituée du matériau utilisé, et de mesurer
son allongement ΔL en fonction de la contrainte σ appliquée. σ correspond à la force exercée
divisée par la section de l’éprouvette. La contrainte est donc exprimée en Pa. Dans la zone élastique
(l’allongement est réversible quand la contrainte cesse), la loi de Hooke indique que σ = E ⋅ ε , où
ε = ΔL L .

En outre, la courbe obtenue permet de caractériser la ductibilité d’un matériau, c'est-à-dire sa


capacité à se déformer dans la zone plastique (déformation irréversible) sans se rompre. Les métaux
sont en général ductiles. Au niveau microscopique, la ductibilité est permise par le réarrangement des
cristaux composant le matériau. L’aluminium est très ductile, mais moins que l’or. Cette ductibilité
permet à l’aluminium d’être malléable, ce qui veut dire que l’on peut le travailler facilement pour le


1
Cette valeur est susceptible de varier dans la littérature, car elle dépend de la pureté du matériau
utilisé. En outre, les alliages de l’aluminium ont des valeurs sensiblement différentes.

lui donner la forme voulue. A l’opposé, un matériau non ductile est dit fragile. Autrement dit, il se
rompt rapidement dans sa zone plastique, ou ne possède pas de zone plastique.

Essai en traction d’un métal.

De plus, l’aluminium est qualifié de mou, car sa dureté est de 1,5 sur l’échelle de Mohs. Cette échelle,
graduée de 1 à 10, caractérise la résistance à la rayure d’un matériau. Il existe d’autres méthodes
pour caractériser la dureté d’un matériau : Knoop, Brinell, Rockwell. La valeur obtenue pour
l’aluminium est à comparer à celles d’autres métaux/matériaux : 1,5 pour le plomb, 2,5 pour le zinc, 3
pour le cuivre, 3,5 pour le platine, aux alentours de 5,5 pour les aciers, 7,5 pour le chrome… Le
diamant a une dureté de 10.

III. PRODUCTION DE L’ALUMINIUM


L’élément chimique aluminium est abondant dans l’écorce terrestre. Par contre, puisqu’il s’oxyde
facilement en présence de dioxygène, la quasi-totalité de l’aluminium que l’on trouve dans la Nature

est oxydée, principalement sous forme d’alumine Al2O3 . L’alumine est particulièrement présente

dans une roche du nom de bauxite. Cette appellation vient du fait qu’elle fut découverte dans le
village de Baux-de-Provence (Bouches du Rhône, France), en 1822. La coloration rouge de cette roche
est due aux oxydes de fer qu’elle contient également. La bauxite est le minerai le plus utilisé pour
produire de l’aluminium.

1. EXTRACTION DE L’ALUMINE PAR LE PROCEDE BAYER

L’alumine étant présente au sein de la bauxite avec d’autres oxydes (de fer et de silicium), une
première étape consiste à l’extraire du minerai. Selon le type de bauxite, elle peut contenir entre 48 %
et 61 % en masse d’alumine. Une méthode très utilisée de nos jours (environ 95 % de la bauxite
traitée) est le procédé Bayer. Il fut mis au point en 1887 et appliqué dès 1894 dans des usines du Sud
de la France, comme celle de Gardanne qui est l’usine la plus ancienne qui soit encore en activité de
nos jours. Il s’imposa alors progressivement face à autres méthodes mise en œuvre à la même
époque, comme le procédé Deville. Avec le procédé Bayer, la bauxite est initialement concassée et
broyée. Elle est ensuite attaquée par de la soude concentrée (hydroxyde de sodium NaOH) sous une
pression pouvant aller jusqu’à 10 bars et à une température de 250 °C. On a alors la réaction suivante
dans le sens direct :


Al2O3 + 2 HO − + 3H 2O 2 ⎡⎣ Al ( OH )4 ⎤⎦
.


⎡ Al ( OH ) ⎤
En effet, à des pH élevés, l’aluminium se dissous pour former l’ion aluminate ⎣ 4 ⎦ , alors que

les autres constituants de la bauxite restent solides. La phase liquide constitue la liqueur d’aluminate
de sodium. Cette dernière est alors séparée de la phase solide par décantation. La fraction solide
contient les oxydes de fer, la silice et une fraction de l’alumine non dissoute. Sa coloration rouge due
à l’oxyde de fer lui vaut le nom de « boue rouge ». Quant à la liqueur, elle est ensuite filtrée, puis
refroidie et diluée. Il se produit alors la réaction de précipitation suivante, dans le sens direct :


⎡ Al ( OH ) ⎤ Al ( OH )3 + HO −
⎣ 4⎦ .

Al ( OH )3
L’espèce chimique est nommée hydroxyde d’aluminium ou hydrate d’alumine. L’ion

hydroxyde HO et une part de la liqueur sont recyclés : on les mélange à de la chaux CaO et à la
soude employée pour attaquer la bauxite au début du procédé Bayer. On parle d’ailleurs de cycle.
Al ( OH )3
subit finalement une calcination, c'est-à-dire qu’il est porté à des températures de l’ordre
de 1000 °C, ce qui a pour effet de le déshydrater. Cela produit ainsi l’alumine :

2 Al ( OH )3 → Al2O3 + 3H 2O
.

Dans la pratique, pour une tonne de bauxite traitée, le procédé Bayer permet de récupérer environ
500 kg d’alumine, engendrant une production de boues rouges proche de 400 kg.

2. LE PROBLEME DES BOUES ROUGES

Les boues rouges engendrées par le procédé Bayer constituent un déchet industriel potentiellement
nuisible pour l’environnement. En effet, elles emportent avec elles une partie non négligeable de la
soude utilisée, lui conférant alors un pH élevé, en général compris entre 11 et 14. En outre, elles
comportent également des métaux lourds, donc toxiques. Dans la pratique, les boues rouges sont
rejetées en mer2 et/ou déversées dans un bassin de stockage afin de laisser l’eau qu’elles contiennent
s’évaporer, et ainsi former un résidu solide.


2
Une bonne part de la soude est extraite avant lesdits rejets Toutefois, de par l’impact
environnemental engendré par les rejets en mer, ces derniers sont progressivement interdits.
Actuellement, 2 à 3 % des boues rouges produites dans le Monde sont rejetées en mer, alors que ce
taux était environ d’un tiers dans les années 60.

Le 4 octobre 2010 à Ajka, en Hongrie, la rupture d’une digue d’un de ces bassins a provoqué
3
l’écoulement de plus de 700 000 m de boues rouges, causant une dizaine de mort, plus d’une
centaine de blessés, de gros dégâts et causant une catastrophe écologique au voisinage du site.

Des solutions sont étudiées/appliquées pour valoriser les boues rouges et limiter leur impact
environnemental. Certaines usines parviennent à limiter la basicité de leurs boues, soit en récupérant
plus de soude desdites boues, soit en les traitant avec des acides. Des traitements existent également
pour extraire les métaux lourds. Les boues rouges traitées sont utilisables comme matériau de
construction. En outre, leur pH très basique leur permettrait de fixer des polluants comme le plomb,
l’arsenic, ou le chrome dans des sols contaminés par ces métaux.

3. PROCEDE ORBITE

Le procédé Orbite a pour vocation d’extraire l’alumine de matériaux en contenant, ce qui inclut bien
sûr la bauxite, mais aussi des argiles alumineuses, sans produire de boues rouges. Il permettrait
également de récupérer la fraction d’alumine contenue dans lesdites boues rouges engendrées par le
procédé Bayer. La littérature dédiée au procédé Orbite indique que cette fraction pourrait en effet
monter jusqu'à 25 %.

La première étape de ce procédé consiste à broyer le matériau utilisé. Ensuite, l’étape suivante est
une lixiviation, c'est-à-dire un « lessivage », réalisé par de l’acide chlorhydrique à hautes
températures. Durant cette opération, le fer et l’aluminium sont extraits et forment, respectivement,

du chlorure ferrique FeCl3 et du chlorure d’aluminium AlCl3 . D’autres composés métalliques sont

également dissous, à quelques exceptions près, comme le titane. Ce dernier et la silice (non dissoute
également) peuvent alors être retirés par filtrage.

Le chlorure d’aluminium est ensuite extrait par précipitation, sous forme hexahydratée H12 AlCl3O6 .

Par calcination, l’alumine est alors produite. FeCl3 est également traité pour produire de l’oxyde de
fer. Ces opérations permettent de récupérer les atomes de chlore, pour reformer l’acide
chlorhydrique HCl, qui peut alors resservir dans ce procédé. Les métaux autres que le fer et
l’aluminium sont également récupérables avec cette méthode.

Le procédé Orbite est récent. Il est ainsi en phase de développement. Il se présente actuellement
comme le possible remplaçant du procédé Bayer.

4. PRODUCTION D’ALUMINIUM PAR ELECTROLYSE

Une fois l’alumine extraite, elle peut être utilisée en l’état pour certaines applications décrites plus
loin dans ce document. Pour produire de l’aluminium, une étape supplémentaire est par contre
requise.

Pour des oxydes de fer, cuivre, nickel, zinc, silicium …, une méthode courante est la carbothermie.
C’est une carboréduction à hautes températures, qui consiste à réduire les oxydes métalliques par du

carbone dans des hautes fourneaux ou des fours à arc électrique, pour extraite les métaux3. Pour
étudier les réactions associées, on fait alors appel au diagramme d’Ellingham. Celui-ci nous apprend
que le carbone ne peut réduire un oxyde métallique en métal qu’au-delà d’une certaine température.
Par exemple, pour le couple NiO/Ni, elle est voisine de 730 K, ce qui rend cette méthode pertinente
pour produire du nickel. Par contre, pour le couple alumine/aluminium, il faudrait dépasser une
température de 2270 K, ce qui la rend nettement moins intéressante.

En fait, l’aluminium est produit par électrolyse, selon le procédé Hall-Héroult, mis au point en 1886.
Paul Héroult a d’ailleurs collaboré à la mise en route de l’usine de Gardanne mentionnée plus haut. En
2015, la production mondiale en aluminium par ce procédé était proche de 58 millions de tonnes…

L’alumine est déposée dans un bain de cryolite, dont la formule est Na3 AlF6 . Ce minéral a la propriété
de dissoudre des oxydes, ce qui inclut l’alumine, à hautes températures. En outre, elle est conductrice
du courant électrique, ce qui est pertinent pour une électrolyse. Avec cette méthode, le bain de
cryolite est porté à des températures proches de 1000 °C. Dans ces conditions, l’alumine se dissous en
3+ 2−
ions Al et O .

Au niveau de la cathode, les électrons sont apportés : l’ion aluminium est réduit en aluminium
3+
métallique, selon la demi-équation électronique Al + 3e− → Al . Puisque nous sommes au dessus de

sa température de fusion (660 °C), l’aluminium formé est liquide. En outre, il ne réagit pas avec la
cryolite.


3
Stricto sensu, le silicium n’est pas un métal.

Au niveau de l’anode, les électrons sont arrachés. Ladite électrode étant en carbone, il y a alors la
2−
demi-équation C + 2O → CO2 + 4e− traduisant une oxydation. A noter que du monoxyde de carbone

CO peut également être généré au niveau de cette électrode (mais en moins grandes quantités que
CO2 ) si l’alumine est apportée en quantités insuffisantes.

Pour cette opération, un courant électrique continu de plusieurs centaine de milliers d’Ampère est
utilisé dans les installations actuelles. L’effet Joule engendré par ce courant permet d’ailleurs le
chauffage du bain à la température voulue de 1000 °C. Par contre, la tension électrique requise n’est
que de quelques Volts. Dans la pratique, il faut approximativement 15 MWh (Mégawatt-heure) pour
produire une tonne d’aluminium, à partir de deux tonnes d’alumine. Les installations modernes
nécessitent une puissance excédant les 500 MW. A titre de comparaison, un réacteur de centrale
nucléaire française produit une puissance électrique de l’ordre de 1000 MW…

En outre, les installations se sont progressivement dotées de dispositifs traitant les rejets gazeux
toxiques pour l’environnement. Toutefois, cela n’empêche pas la libération de grandes quantités de
dioxyde de carbone. Dans une moindre mesure, il y a aussi des émissions de gaz fluorés comme les
perfluorocarbures, résultant de réactions parasites lors de l’électrolyse.

5. BILAN : INTERET DU RECYCLAGE

Même si l’aluminium reste un métal abondant sur Terre, sa production n’est pas aisée. En outre, elle
est particulièrement énergivore et polluante en l’état actuel des technologies employées. En effet,

l’extraction de l’alumine selon le procédé Bayer produit des boues rouges potentiellement nocives
pour l’environnement. Ensuite, la production de l’aluminium à partir de l’alumine libère des gaz à

effet de serre ( CO2 et perfluorocarbures PFC4). De plus, elle est grande consommatrice d’énergie
électrique. Selon la manière dont celle-ci est produite (centrales au charbon, gaz naturel, fioul …), cela
peut aggraver le bilan carbone de la production d’aluminium et l’émission de polluants.

Ce constat justifie pleinement l’intérêt du recyclage de l’aluminium à partir des produits


manufacturés en fin de vie. A ceci se rajoute le fait que l’aluminium fond à une température
relativement basse (660 °C) par rapport à d’autres métaux comme le fer. Dans la pratique, le
recyclage de l’aluminium demande de trier les déchets en contenant, puis de le fondre. On parle
d’ailleurs d’aluminium de seconde fusion pour désigner l’aluminium recyclé. Ensuite, selon l’utilisation
souhaitée, l’aluminium est purifié et/ou mélangé à d’autres métaux pour confectionner des alliages.
Notons que lesdits alliages sont également recyclables. Les techniques ont d’ailleurs évolué afin de
produire un matériau recyclé ayant les propriétés voulues. On retiendra ainsi que l’aluminium est
facilement recyclable, et permet d’économiser 95 % d’énergie par rapport à une production
d’aluminium effectuée à partir de la bauxite. Rappelons d’ailleurs qu’il faut 4 tonnes de bauxite pour
produire 1 tonne d’aluminium… Des projets ont actuellement pour but d’augmenter le taux
d’aluminium recyclé en France, qui était vers 2010 de l’ordre de 32 % pour les déchets ménagers,
pour un taux global en France d’aluminium recyclé de 49 % (tous types de déchets inclus). Cela serait
faisable notamment en rendant rentable le recyclage de petits objets en aluminium : emballages, etc.


4
Par exemple, le CF4 , un PFC, a une durée de vie de l’ordre de 50 000 ans. 1 kilogramme de CF4
équivaut, sur un siècle, à l’action de plus de 7 tonnes de dioxyde de carbone en tant que gaz à effet de
serre.

IV. UTILISATIONS DE L’ALUMINIUM, DE SES COMPOSES ET ALLIAGES


1. HYDROXYDE D’ALUMINIUM

Lors de l’extraction de l’alumine de la bauxite, nous avons vu qu’il y a formation d’hydroxyde


Al ( OH )3
d’aluminium . Cette espèce chimique n’est pas qu’un intermédiaire lors du processus
industriel : actuellement, 10 % n’est pas destinée à la production d’alumine. Elle présente en effet
quelques applications. Elle peut être utilisée dans des vaccins pour stimuler le système immunitaire
(mais cette utilisation est critiquée), dans certains médicaments par exemple pour neutraliser l’acidité
gastrique, dans le domaine alimentaire ou cosmétique (anti-transpirant). C’est également un
déshydratant. Elle intervient aussi dans la confection de matériaux comme retardant du feu. En outre,
elle peut servir à purifier l’eau.

2. ALUMINE

Environ 93 % de l’alumine Al2O3 produite dans l’industrie sert à la fabrication de l’aluminium. Les 7 %
restants sont destinés à utiliser l’alumine en tant que tel.

Propriétés

L’alumine est un matériau dont les propriétés sont très différentes de celles de l’aluminium.
Notamment, sa température de fusion est de 2054 °C et sa température d’ébullition de 3000 °C. A
l’état solide, l’alumine est de couleur blanche, d’aspect mat. C’est un matériau compact, quasiment
inerte chimiquement, dont la masse volumique est de 3,97 tonnes par mètre cube, c'est-à-dire

−1 −1
supérieure à celle de l’aluminium. En outre, sa conductivité thermique est de 30 W ⋅ K ⋅ m , presque
huit fois moins que l’aluminium, et cette valeur diminue avec la température. L’alumine est
17 −8
également un isolant électrique, avec une résistivité de 10 Ω⋅ m , contre 2,8 ×10 Ω ⋅ m pour
l’aluminium. Elle est aussi insoluble dans l’eau. Elle se dilate peu sous l’effet de la température. Elle
présente une bonne dureté, entre 7 et 8 sur l’échelle de Mohs, bien plus forte que celle de
l’aluminium. En outre, son module de Young est de 390 GPa, ce qui fait de l’alumine un matériau
rigide (un peu plus que l’acier). Toutes ces propriétés font que l’alumine présente des applications
que nous allons décrire.

Céramiques

On rappelle qu’une céramique désigne un matériau non métallique et inorganique. Cela peut
englober la porcelaine, la terre cuite, mais aussi les céramiques techniques, nommées aussi
céramiques industrielles. Ces dernières sont utilisées comme matériau pouvant supporter des
contraintes mécaniques fortes. Une céramique technique a ainsi souvent un fort module de Young et
une température de fusion élevée. Cela explique pourquoi l’alumine est couramment utilisée en tant
que céramique technique, par exemple pour confectionner des pièces utilisées en aéronautique, des
prothèses dans le domaine médical, etc.

De manière générale, une pièce en céramique technique n’est pas obtenue pas fusion du matériau,
mais par frittage. Ce procédé consiste à réduire la céramique en poudre, à la disposer dans un moule,
puis à la comprimer et à la chauffer. Cela a pour effet de diminuer progressivement l’espace entre les
grains et de souder ces derniers entre eux. On obtient alors la forme voulue, qu’il est par contre
difficile à modifier par la suite. En effet, une céramique est certes rigide, mais elle est aussi fragile,
dans le sens où elle ne possède pas de zone plastique. Autrement dit, si l’on exerce un effort en

traction supérieur à ce que la pièce en céramique peut supporter, elle se rompt sans se déformer
plastiquement.

Pour les céramiques en alumine, leur bonne tenue en température fait qu’elles sont employées dans
certaines applications comme matériau réfractaire. Cela concerne par exemple les briques recouvrant
les parois d’un four industriel destiné à atteindre de hautes températures.

Autres applications

L’alumine intervient également dans la composition de certains verres comme le pyrex, les fibres de
verre, les vitrocéramiques. Sous forme de poudre, l’alumine est utilisable comme agent abrasif, en
tant que phase stationnaire pour des chromatographies en chimie, comme pigment, comme
catalyseur, agent purifiant, etc. Le fait que l’alumine soit un isolant électrique permet également son
emploi dans certaines applications électriques/électroniques.

Anodisation de l’aluminium

Nous avons vu que l’aluminium s’oxyde très facilement en alumine au contact de l’air ambiant et que
de par les propriétés de l’alumine, la couche formée protège le reste de notre pièce en aluminium. On
parle de passivation. L’épaisseur naturelle de cette couche est de l’ordre de 5 nm , ce qui peut se
révéler insuffisant pour des pièces soumises à de fortes agressions extérieures. En conséquence, on
peut chercher à augmenter l’épaisseur de cette couche d’alumine.

Pour cela, une technique courante est une électrolyse du nom d’anodisation. La pièce à traiter est
plongée dans un bain électrolytique, composé par exemple d’acide sulfurique. Ladite pièce en
aluminium constitue l’anode. Elle est reliée à la borne positive. Une autre électrode sera alors la
cathode. Sous l’effet du courant électrique, il se produit une électrolyse de l’eau de la solution
électrolytique, ce qui a pour effet de dégager du dihydrogène à la cathode, et du dioxygène à l’anode.
Cela provoque l’oxydation de l’aluminium en alumine. L’acide attaque une partie de l’alumine formée,
ce qui crée des nano-pores à la surface de la pièce. Ces nano-pores permettent à la solution
électrolytique de parvenir jusqu’à l’aluminium, et ainsi de continuer l’électrolyse, l’alumine étant un
isolant électrique. Une fois l’opération terminée, ces nano-pores peuvent être colmatés, afin que la
couche d’alumine soit étanche, et protège ainsi efficacement la pièce de la corrosion et de l’usure5. Il
est également possible d’incorporer des colorants au traitement, afin que la pièce présente alors la
couleur souhaitée.

L’épaisseur de la couche d’alumine dépend de l’utilisation de la pièce traitée : elle peut aller d’une
fraction de micromètres à 150 micromètres pour les applications les plus exigeantes. Dans certains
cas, notamment si l’on souhaite que la surface de la pièce traitée soit conductrice, elle peut être
chromée. La technique d’anodisation est également applicable aux alliages de l’aluminium.

Par contre, comme le coefficient de dilatation thermique de l’alumine est plus faible ( 7,1 µm ⋅ m −1 ⋅ K −1 ) que celle de
5

l’aluminium, la couche protectrice d’alumine peut se fissurer en cas de fortes températures. Le soudage de pièces en
aluminium anodisé est donc assez délicat.

3. L’ALUMINIUM

Sous forme non alliée, l’aluminium présente quelques applications, ce qui inclut :

• Son utilisation en électronique/électricité, du fait de sa bonne conductivité électrique et


thermique.

• La confection de disques optiques.

• L’aluminothermie. Ce procédé consiste à faire réagir des oxydes métalliques avec de


l’aluminium, afin de réduire lesdits oxydes en métaux. Dans la pratique, les réactifs sont
souvent utilisés dans cette méthode sous forme de poudres. L’aluminothermie la plus

courante concerne l’oxyde de fer Fe2O3 . Le mélange Fe2O3 / aluminium (thermite) peut être
porté à hautes températures par la combustion d’un ruban de magnésium, ce qui permet la

réaction Fe2O3 + 2 Al → 2 Fe + Al2O3 . C’est une réaction d’oxydoréduction par voie sèche. Elle
est très vive et exothermique ; elle s’auto-entretient une fois amorcée. Les températures
atteintes dépassent les 2000 °C. Elle permet de produire du fer liquide pur. Elle est employée
pour souder des rails de chemin de fer et a également des applications militaires (destruction
d’équipements). La méthode est applicable pour produire des métaux comme le vanadium, le
nickel, le cuivre (soudage de câbles électriques) ou des métalloïdes comme le silicium à partir
de leurs oxydes respectifs, sans faire appel à une carboréduction.

• Des propergols (comburant + combustible) solides de fusées, en tant que réducteur. Le


procédé est très voisin de l’aluminothermie, à la différence que les réactifs sont réduits en une
poudre très fine, à l’échelle nanométrique (nanothermite ou superthermite), afin d’accroitre
leur réactivité, en augmentant leur surface de contact. Lesdits réactifs sont ainsi utilisables
comme explosifs civils ou militaires.

• Les feux d’artifices : avec le magnésium, l’aluminium donne une couleur blanche. D’ailleurs, le
cuivre donne une couleur bleue, le strontium une couleur rouge … Là aussi, il s’agit d’une
réaction d’oxydoréduction par voie sèche.

• La chimie, en tant que catalyseur, etc.

4. ALLIAGES DE L’ALUMINIUM ET APPLICATIONS

Le fer est le métal le plus exploité par l’Homme, principalement pour produire des aciers. L’aluminium
vient en seconde position. Il permet la fabrication de pièces utilisées dans le secteur des transports, et
notamment en aéronautique, astronautique, ou dans le bâtiment. Il peut être le constituant de câbles
électriques, au lieu du cuivre (même si ce dernier est meilleur conducteur). Il intervient aussi dans la
confection d’emballages alimentaires (canettes, papier aluminium), d’ustensiles de cuisine et d’objets
de la vie de tous les jours : pièces de monnaie, montres, gouttières, miroirs (en remplacement de
l’argent), réflecteurs lumineux, couvertures de survie, encadrements de fenêtres, etc.

Cette grande diversité dans ses applications vient du fait que certaines de ses propriétés sont
intéressantes, comme sa légèreté par rapport à l’acier. L’aluminium est également facilement
usinable, et réfléchit bien la lumière. En outre, avec le procédé d’anodisation vu plus haut, le matériau
est très peu sensible à la corrosion, et est même quasiment inerte chimiquement, d’où son emploi
alimentaire. Par contre, son faible module de Young peut se révéler gênant pour certaines
applications. Aussi, l’aluminium résiste mal à l’usure, et se dilate plus que d’autres matériaux sous
l’effet de la chaleur. En conséquence, l’aluminium est très employé sous forme d’alliages. En effet, en
incorporant certains éléments chimiques, on modifie les propriétés de l’aluminium afin de corriger ses
« défauts », et ainsi correspondre aux attentes.

Quelques alliages de l’aluminium :

• Aluminium-Silicium : L’ajout du silicium abaisse le coefficient de dilatation du matériau. En


outre, il améliore nettement sa coulabilité, c'est-à-dire son aptitude à remplir complètement
le moule qui va lui donner sa forme. Aussi, il diminue la criquabilité du matériau. Autrement
dit, il réduit l’apparition de petites fissures dans le métal lors de son refroidissement. Par
contre, l’alliage obtenu est relativement délicat à obtenir et requiert l’ajout d’autres éléments.
En outre, il est fragile et doit ainsi subir divers traitements pour augmenter sa résistance
mécanique. Cet alliage est utilisé dans le secteur automobile, en aéronautique, pour des
applications électriques … Il permet notamment la réalisation de pièces comportant de
nombreux détails, comme des ailettes de refroidissement.

• Aluminium-Cuivre : Le cuivre augmente la dureté du matériau, ainsi que sa coulabilité et son


usinabilité. Certains alliages aluminium-cuivre présentent une bonne tenue à la corrosion
marine6. La littérature les appelle fréquemment cuproaluminium ou bronze aluminium. Ils
sont d’ailleurs souvent constitués d’autres éléments en plus du cuivre et de l’aluminium (nickel
…), afin d’obtenir les propriétés voulues. Ils sont utilisés pour la réalisation de pièces de
bateaux, comme par exemple les hélices. Ils sont aussi utiles dans l’industrie pétrolière et
gazière, pour la fabrication de pièces en contact avec l’eau (pompes, valves), ainsi qu’en
aéronautique. En revanche, la criquabilité d’un alliage aluminium-cuivre est relativement
importante.

• Aluminium-Magnésium : Cet alliage est très facilement usinable et résiste bien à la corrosion.
Par contre, il a une coulabilité plutôt réduite et une forte criquabilité. Il est utilisé dans la
construction navale, dans l’industrie chimique …


6
Attention, d’autres alliages aluminium-cuivre mentionnés dans la littérature ont par contre un
mauvais comportement vis-à-vis de la corrosion.

• Aluminium-Zinc-Magnésium : L’alliage obtenu possède de bonnes caractéristiques


mécaniques, résiste bien à la corrosion, mais présente une mauvaise coulabilité et une
certaine criquabilité. Il trouve des applications dans les secteurs aéronautiques et militaires.

• Aluminium-Scandium : Il fut développé en Union Soviétique, afin d’améliorer les performances


de l’aluminium, pour l’utiliser en aéronautique. Il fut ainsi employé dans la construction
d’avions militaires russes (MIG-21 et MIG-29). Cet alliage a également quelques applications
civiles, pour la fabrication d’articles sportifs : battes de base-ball, cadre de vélos …

• Aluminium-Lithium : Alliage hautes performances utilisé par exemple en France pour la


construction de l’avion Rafale. De manière générale, il est employé principalement en
aéronautique et en aérospatiale, en raison de la faible masse de cet alliage.

• Aluminium-Titane : Le titane permet de réduire les grains de l’alliage, et améliore ainsi ses
propriétés mécaniques. Il est très rigide et résiste bien au feu.

• Aluminium-Nickel : Le MK magnetic steel est le nom de cet alliage, créé au Japon en 1931. Il
est utilisé dans des applications électroniques grâce à ses propriétés magnétiques : stabilité du
champ magnétique produit …

Notons que cette liste donne les constituants principaux des alliages. Il faut ainsi garder à l’esprit que
des alliages peuvent faire intervenir plus de deux ou trois

Vous aimerez peut-être aussi