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org/eps/6073
2015/1-2 :
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Varia
M T
Résumés
Français English
Depuis une dizaine d’années, les occasions d’estimer la population d’origine étrangère en France se sont multipliées, grâce à l’insertion de questions sur les
pays et nationalité de naissance des parents dans les grandes enquêtes de l’Insee (Enquête Emploi en 2005). La réalisation d’une nouvelle enquête Famille en
2011 (Enquête Famille et logements) auprès d’un très gros échantillon a été l’occasion d’une nouvelle estimation par origine. En fait, deux estimations ont été
conduites, l’une sur deux générations et l’autre sur trois générations avec une limitation aux moins de 60 ans pour des raisons techniques. La proportion de
personnes d’origine étrangère sur deux générations en 2011 serait de 19,2 %. Sur trois générations, avant 60 ans, elle approcherait les 30 %. L’inclusion des
petits enfants d’immigré(s) redonne de la profondeur historique. Ceux qui sont d’origine européenne y dominent, alors qu’ils se sont raréfiés parmi les enfants
d’immigrés(s) et plus encore les immigrés. Les populations originaires d’Afrique ont une marge de progression importante, ne serait-ce qu’en raison de
l’inertie démographique, sans parler des flux migratoires à venir. La comparaison avec d’autres pays d’immigration européens n’est pas facile en raison
d’écarts de définition. L’enquête Famille de 2011 permet cependant de se rapprocher de certaines définitions usitées ailleurs. En 2011, la France n’est ainsi,
dans une définition voisine, qu’à 1,3 point de pourcentage de la Suède qui, de tous les pays européens (très petits exceptés), a probablement la plus forte
proportion de population d’origine étrangère sur deux générations.
Thanks to the introduction of new questions on the parents’ country of birth and nationality at birth in Insee big surveys, opportunities to estimate the
foreign-origin population have greatly increased in the last decade in France. The 2011 Family Survey (Family and Housing Survey) of a big random sample
provides such an opportunity for a new estimation by origin. In fact, two estimations have been carried out. : one on two generations (immigrants and
immigrant children) and one on three generations (including immigrant grand-children) restricted to people under 60 for technical reasons. In 2011, 19.2 %
of the total population of metropolitan France are of foreign origin on two generations. Under 60, this proportion is nearing 30 % if we include a third
generation. Taking into account this generation brings historical depth. Grand children of European immigrants still largely prevail in this generation while
Europeans became increasingly scarce among children of immigrant(s) and even more among immigrants. The population of African origin can be expected
to grow if only because of demographic inertia not to mention future migratory flows. Comparisons with other European countries are not easy because of the
discrepancy between European definitions of foreign origin. Thanks to the 2011 survey, it has been possible to bring the French definition into line with some
other European definitions. So in 2011, in a Swedish definition, France is just 1.3 percentage point behind Sweden, a country that has probably the largest
proportion of foreign-origin population on two generations in Europe (very little countries set aside).
Entrées d’index
Mots-clés : origine étrangère, génération, pays et nationalité de naissance des parents, variabilité des définitions en Europe
Keywords : foreign-origin, generation, parents country of birth and parents nationality at birth, variability of definitions in Europe
Texte intégral
1 En France, rares ont été les occasions, et les tentatives, d’estimer la population d’origine étrangère. Peu de démographes s’y sont risqués,
même si, très tôt, certains se sont rendus compte que la statistique des étrangers ne suffirait pas à donner une idée de l’impact démographique
et social de l’immigration étrangère. Les tentatives d’estimation l’ont été avec les « moyens du bord », de manière plus ou moins complète,
avec l’idée que mieux valait une statistique imparfaite que rien du tout. À ma connaissance, la première tentative un peu sérieuse remonte à
1927. Elle a été entreprise par Alfred Sauvy. Il a cherché à mesurer le nombre de personnes qui auraient été étrangères si la loi n’avait prévu
aucun changement de nationalité, les enfants conservant celle du père. Il avait ainsi estimé à 1,2 million le nombre de « francisations »
intervenues entre 1872 et 1927, ce qui équivalait à la moitié de l’accroissement démographique sur la période [Sauvy, 1927]. Quinze ans plus
tard, Pierre Depoid estimait, dans le même esprit, à partir des flux d’acquisition de nationalité française, le nombre de francisés entre 1871 et
1940 à 2,9 millions. Il y ajoutait une estimation de l’effectif des personnes nées en France de deux parents ou d’un seul parent étranger : 2,7
millions [Depoid, 1942]. Dans une publication collective en 1945, il ne retenait de ces personnes nées en France que celles nées de deux
parents étrangers auxquelles il ajoutait la moitié de celles nées d’un seul parent étranger. Il coupait donc « la poire en deux » pour les enfants
de couples « mixtes ». Il ajoutait ce total (1,9 million) aux 2,2 millions d’étrangers et estimait ainsi à 4,1 millions la population « d’origine
étrangère » en 1940, soit 11 % de la population [Landry, 1945]. Ce choix provenait, à mon avis, d’une absence claire de distinction entre apport
démographique de l’immigration étrangère et population d’origine étrangère1. Conceptuellement, on est donc passé des « Francisés », à la
population d’origine étrangère, puis à la population étrangère ou d’origine étrangère vue sous l’angle de l’apport démographique.
2 Après-guerre, à deux reprises, en 1951 et en 1970-71, des enquêtes sur l’attitude des Français à l’égard de l’immigration ont recueilli des
informations sur l’ascendance des Français [Girard, 1971]. Les questions posées n’étaient pas très heureuses. Par exemple, en 1971, la question
était formulée ainsi : Avez-vous un ou plusieurs étrangers parmi vos arrière-grands-parents ? Vos grands-parents ? Vos parents ? Or on sait
que la nationalité est mal connue des personnes nées en France, plus mal que le pays de naissance [Tribalat, 1991 ; Labat, 1992]. Par ailleurs,
on peut, on a pu, être étranger et né en France. Quoi qu’il en soit, en 1971, sur les 2693 Français âgés d’au moins 20 ans interrogés, 14 %
avaient déclaré avoir au moins un parent ou un grand-parent étranger, contre 7 % vingt ans plus tôt [Girard, Stoetzel, 1953, Girard, 1971].
3 Au milieu des années 1980, à défaut d’enquêtes adéquates, je m’étais moi-même lancée dans cette entreprise en essayant d’estimer, par
reconstitution à partir de diverses sources, la population d’origine étrangère sur trois générations, comprenant les immigrés et les personnes
nées d’au moins un parent ou un grand-parent ayant immigré en France au cours des cent années précédentes : entre 13 et 14 millions, soit
près d’un quart de la population française [Tribalat, 1991]. Cette estimation très complexe avait été construite à partir d’informations très
lacunaires qui avaient nécessité de nombreuses hypothèses, notamment en matière de fécondité, d’endogamie et de sortie des enfants
d’étrangers. Les informations collectées par l’Insee privilégiaient un découpage selon la nationalité et s’intéressaient peu au découpage par
génération qui est pourtant nécessaire à la mesure de la population d’origine étrangère. Le schéma suivant montre l’insuffisance du critère de
nationalité.
4 L’introduction du pays de naissance des parents dans l’enquête Famille associée au recensement de 1999, appelée Étude de l’histoire
familiale (EHF), conçue et exploitée conjointement par l’Ined et l’Insee [Cassan, Héran, Toulemon, 2000] a permis d’autres estimations
[Tribalat, 2004 ; Borrel et Simon, 2005] avec, cette fois, des détails sur les origines. J’ai alors renouvelé mon estimation sur trois générations,
les principaux défis tenant à la nécessité d’exclure les enfants de rapatriés des pays anciennement colonisés par la France et à celle d’éviter les
doubles comptes dans la deuxième génération née en France. La population d’origine étrangère était ainsi estimée à 13,5 millions sur trois
générations - soit 23 % de la population française métropolitaine - 9,8 millions sur deux générations (contre 8,8 millions chez Borrel et
Simon). Il semble que Borrel et Simon aient largement sous-estimé la première génération née en France, à peine supérieure au nombre
d’immigrés dans leur estimation, alors qu’elle lui est toujours nettement supérieure dans toutes les estimations d’après-guerre sauf dans la
leur. L’Insee n’a d’ailleurs plus jamais fait référence à ce chiffre après son estimation de 2008. Par ailleurs, l’enquête EHF, réalisée
conjointement à un recensement déjà jugé peu satisfaisant, souffrait d’un défaut de représentation des populations immigrées. Certaines y
étaient très sous-représentées et d’autres surreprésentées, même après pondération, ce qui avait nécessité des corrections.
5 À l’occasion de l’enquête Trajectoires et origines (Teo) de 2008, l’Insee a estimé la population née en France d’au moins un parent immigré
en France métropolitaine. Il a, pour cela, combiné les données sur les mineurs dans les familles d’au moins un parent immigré tirées de
l’enquête annuelle de recensement (EAR) de 2008, celles de l’enquête Teo pour les 18-50 ans, et celles de l’enquête Emploi de 2008 qui a
recueilli le pays et la nationalité de naissance des parents après cet âge. En 2008, le nombre de personnes ayant au moins un parent immigré
était ainsi estimé à 6,5 millions [Borrel, Lhommeau, 2010, Insee, 2012]. Si l’on y ajoutait la population immigrée2 on obtenait une population
d’origine étrangère sur deux générations de 11,7 millions.
6 La nouvelle enquête Famille de 2011, appelée Enquête Famille et logements (EFL) offre l’opportunité de renouveler l’estimation avec, cette
fois, en plus du pays de naissance des parents, leur nationalité de naissance, précision utile mais qui comporte toujours l’inconvénient de
classer du côté des rapatriés des enfants nés de parents Français de naissance nés en Algérie, ce qu’étaient les « Algériens » avant
l’indépendance. Ce problème risque de persister encore un certain temps. Les plus jeunes des rapatriés ont certes dépassé les 50 ans, mais ce
n’est pas le cas des enfants de rapatriés. En 2004, je proposais d’ajouter une question supplémentaire pour les originaires d’Algérie dans
laquelle on aurait demandé aux enquêtés de parents nés en Algérie avant l’indépendance si leurs parents étaient algériens au sens
d’aujourd’hui ou non, même s’ils avaient la nationalité française à leur naissance. Le compromis trouvé par l’enquête Teo n’est pas non plus le
bon. On demande, lorsque les parents sont nés dans une ancienne colonie française, quelle a été leur option au moment de (ou dans les années
qui ont suivi) l’indépendance. Or beaucoup n’ont pas eu la possibilité de choisir. En France, un droit d’option a été offert aux « Algériens »
jusqu’en 1967. Les immigrés d’alors qui ont décidé d’opter pour la nationalité française n’en sont pas moins restés des immigrés au sens que
nous donnons à ce terme aujourd’hui. En Algérie, la conservation et la perte de nationalité française ont été décidées en fonction du statut :
droit commun (code civil) ou statuts particuliers (musulmans orthodoxes, musulman ibadite, coutumier kabyle) [Massicot, 1986].
7 Cette nouvelle enquête Famille a été conçue et réalisée par l’Insee, en partenariat avec l’Ined, la Drees et la Cnaf, auprès de 121 312 hommes
et 238 458 femmes âgés de 18 ans ou plus et vivant dans un ménage ordinaire. Elle a été appariée aux données de l’enquête annuelle de
recensement, si bien que le fichier d’enquête contient aussi ces données. L’enquête Famille n’est plus obligatoire depuis 1999, ce qui a fait
grimper le taux de non-réponses : de 3 % en 1990 à 20,6 % en 1999. En 2011 il a été de 16,2 %. Ces non réponses ne se distribuent pas de
manière aléatoire, certaines catégories de population se dérobant au questionnaire plus que d’autres (immigrés, jeunes, vieux, sans
diplôme…), ce qui oblige à des redressements compliqués. L’enquête Famille de 2011 ne comporte plus d’histoire matrimoniale, même
sommaire comme en 1999. Elle a « oublié » de demander le pays de naissance des enfants et s’ils étaient encore vivants - ce qui a conduit à
une imputation aléatoire des décès -. Mais elle a développé les questions sur la multirésidence, d’où la nouvelle appellation de l’enquête de
2011 : Famille et logements (EFL).
8 Le tableau 1 présente, pour mémoire, les résultats globaux des diverses estimations réalisées depuis 1986 sur deux générations. Le
département des statistiques, des études et de la documentation du ministère de l’Intérieur (DSED) utilise directement les données de
l’enquête Emploi dans lesquelles sont collectées le pays et la nationalité de naissance des parents auprès des enquêtés âgés de 15 ans ou plus
[Bouvier, Breem, 2014], l’Insee fournissant désormais un code spécifique « descendants d’immigrés », dans les variables d’exploitation.
Tableau 1. Différentes tentatives d’estimation de la population d’origine étrangère sur deux générations
Tribalat 1991 Tribalat 2004 Borrel Simon 2005 DSED/ INSEE 2014 Borrel Lhommeau 2010 Tribalat DSED 2014
*Addition personnelle des données sur les immigrés collectées dans les EAR et de l’estimation DSED à partir de l’enquête Emploi.
9 L’enquête Emploi trimestrielle, qui recueille depuis 2005 les informations sur le pays et la nationalité de naissance des parents et dont
l’échantillon, sur une année, est aujourd’hui relativement important, peut servir de base à l’estimation des personnes d’origine étrangère sur
deux générations, tout en sachant que son exploitation directe, sans correction des déclarations de nationalité de naissance des parents, sous-
estime la population d’origine algérienne (voir ci-après). L’avantage de l’enquête Emploi est sa disponibilité annuelle, comme les enquêtes
annuelles de recensement qui permettent d’estimer les mineurs de moins de 15 ans vivant chez les parents dont l’un au moins est immigré,
pour compléter l’enquête Emploi. Par rapport à l’enquête Emploi, l’enquête Famille, qui porte sur les 18 ans ou plus, permet de disposer d’un
échantillon beaucoup plus important3 et comprend des informations sur les enfants de moins de 18 ans. Il est ainsi possible d’aller au-delà des
deux générations habituellement visées lorsqu’on parle des populations d’origine étrangère. L’estimation se rapporte à la France
métropolitaine.
Méthode d’estimation
10 Une première investigation porte sur la représentativité d’EFL par rapport aux données du recensement de 2011 (fichiers détails, tableaux
mis en ligne). Pour mener à bien cette comparaison, nous avons donc mobilisé les tableaux détaillés par pays de naissance résultant des
exploitations principales des enquêtes de recensement et la structure par âge tirée des fichiers détails mis en ligne sur le site de l’Insee4. EFL
sous-estime la population immigrée d’âge adulte de près de 5 %, celle des ménages ordinaires, champ de l’enquête, de 2 %.
11 Cette sous-estimation globale, dans les ménages, fait la moyenne d’écarts variés selon le pays d’origine et le sexe. Le nombre d’hommes a été
sous-estimé de 7 % quand celui des femmes a été, au contraire, surestimé de 3 %. La sous-estimation du nombre d’hommes immigrés vivant
dans les ménages est croissante avec l’âge, passant de 4 % chez les 18-39 ans à 10 % chez les 60 ans ou plus. Chez les femmes la tendance est
identique, mais avec, au départ, une surestimation de 8 % qui finit, pour les plus âgés, par une sous-estimation de 3 %. Ces déformations ont
tendance à rajeunir la structure par âge des immigrés, en plus d’en altérer le nombre.
12 Les variations par pays d’origine sont beaucoup plus problématiques encore et d’une envergure beaucoup plus grande. On ne sous-estime
pas systématiquement le nombre d’hommes, même si c’est souvent vrai, pas plus qu’on ne surestime systématiquement le nombre de femmes.
C’est bien le cas par exemple des immigrés originaires d’Espagne entre 18 et 60 ans. Mais c’est tout l’inverse pour ceux originaires d’Italie. Les
écarts ont tendance à se réduire lorsqu’on regroupe les origines. Les défauts d’EFL sont ainsi moins importants sur les immigrés d’Europe du
Sud qu’ils ne le sont sur chacune de ses composantes.
13 Les écarts les plus criants portent sur les immigrés classés dans « Autre Asie »5 et sur ceux originaires d’Afrique subsaharienne. Les
premiers sont considérablement surestimés, les femmes plus que les hommes avant 60 ans. Les seconds, au contraire, sont sous-estimés, et ce
d’autant plus qu’ils sont plus âgés et surtout s’ils sont des hommes. Après 60 ans, c’est plus d’un homme sur deux qui manque à l’appel
(graphique 1).
14 Il n’est donc pas possible d’utiliser les données sur les immigrés d’EFL, trop altérées dans leur composition par origine, d’autant que celles
du recensement de 2011 sont disponibles. C’est à elles que nous ferons appel pour dénombrer les immigrés par pays de naissance.
Graphique 1. Ampleur de la sous-estimation ou de la sur estimation dans EFL du nombre d’immigrés originaires d’Afrique subsaharienne ou de
l’Asie (hors Turquie et Sud-Est Asiatique) par sexe et groupe d’âges
15 Par contre, l’enquête EFL est indispensable pour estimer la première génération née en France, composée des enfants d’au moins un parent
immigré. Néanmoins, les problèmes de sur ou sous-estimation des populations immigrées se posent pour les mineurs qui ne font pas partie du
champ de l’enquête et que l’on doit inclure en passant par les déclarations des parents. Pratiquement, il faudrait ajouter, à l’ensemble des
enfants des femmes immigrées, les enfants de père immigré seul ou vivant avec une femme qui n’est pas la mère des enfants, dont on suppose
que la mère est née en France6, ou vivant avec un conjoint né en France. L’exploitation des deux côtés de la parenté est indispensable parce
que les effectifs d’enfants ne vivant pas avec le père ou la mère n’ont pas de pondération. Contrairement à ce que l’on a pu faire jusqu’à présent
avec les EAR [Aubry, Tribalat, 2009, Tableau INSEE 20117], tous les enfants de moins de 18 ans vivant en France, qu’ils habitent ou non avec
leur parent immigré sont comptés8. Le nombre d’enfants de moins de 18 ans qui seraient présents en France alors que leurs parents n’y
seraient plus est supposé négligeable. Ces estimations sont entachées, en particulier, d’une sous-estimation des enfants d’origine
subsaharienne et d’une surestimation des enfants d’origine américaine-océanienne mais surtout asiatique (hors Turquie et Sud-Est asiatique).
Des corrections ont donc été pratiquées9.
16 Les effectifs d’adultes nés en France d’au moins un parent immigré sont tirés des déclarations des enquêtés sur les pays de naissance de leur
mère et de leur père10. Comme dans nos travaux antérieurs, les doubles comptes sont évités en hiérarchisant les origines11. Sont considérées
comme d’origine étrangère les personnes dont au moins un parent a été déclaré né à l’étranger sans être de nationalité française à sa
naissance. Mais il nous a fallu traiter autrement les enfants de parent(s) né(s) en Algérie. Le nombre d’enfants de rapatriés déduits de la
nationalité de naissance s’avérant bien supérieur à ce que l’on pouvait s’attendre d’après nos estimations antérieures. Compte tenu de la
mortalité, les enfants de rapatriés d’Algérie nés en France estimés en 1999 survivants et âgés de 18 ans ou plus en 2011 sont bien moins
nombreux que le nombre observé en 2011, si l’on s’en tient au paramètre de la nationalité de naissance. Des enfants d’Algériens ont donc, en
nombre assez important, déclaré leur père et/ou leur mère Français de naissance, ce qu’ils étaient effectivement avant l’indépendance. Ce qui
aboutit à une sous-estimation globale proche de 28 %, mais d’ampleur inégale selon les groupes d’âges et qui revient concrètement à rajouter,
au total, un peu plus de 160 000 enfants d’immigrés d’Algérie d’âge adulte.
17 Les petits enfants d’immigrés, qui forment la deuxième génération née en France, sont estimés à partir des déclarations des personnes nées
en France d’origine étrangère. Ces déclarations souffrent de deux biais – la mortalité et les départs – dont seul le premier peut être corrigé. En
effet, des petits enfants d’immigrés vivent en France sans que leur mère où leur père soit encore vivant ou présent. Comme l’enquête EFL
nécessite de passer successivement par les déclarations des femmes et des hommes, il nous faut corriger les déclarations de la probabilité des
enfants d’être orphelins, de mère, lorsque nous utilisons les déclarations des femmes et de père lorsque nous utilisons les déclarations des
hommes. Ces probabilités ont été calculées à partir d’EFL, toutes origines confondues.
18 Par ailleurs, il faut éviter de compter en deuxième génération les enfants déjà comptés dans la première. Ont donc été retenus tous les
enfants déclarés par les femmes sauf lorsque le conjoint était immigré12 et les seuls enfants déclarés par les hommes dont on suppose qu’ils les
ont eus avec une femme native au carré (née en France de deux parents nés en France). Côté père, la proportion d’unions actuelles avec une
native au carré a été tirée de l’enquête Teo et appliquée aux effectifs d’enfants de père appartenant à la première génération. Le même correctif
a été retenu pour les petits enfants d’immigré(s) d’origine algérienne que pour les enfants de même origine. Par rapport à l’estimation de 1999,
au lieu de fixer des limites d’âges variables selon les origines pour la correction de la mortalité, nous avons limité l’exercice aux moins de 60
ans pour tout le monde, afin de ne pas avoir d’effets multiplicatifs trop importants sur des variations aléatoires dues aux trop petits effectifs.
Les résultats comprenant trois générations ne porteront ainsi que sur les moins de 60 ans, ce qui semble finalement moins problématique que
de conserver, comme je l’avais fait précédemment, tous les âges et d’être obligée de prévenir que la deuxième génération née en France est
sous-estimée.
19 En raison de la grande jeunesse de la plupart des petits-enfants d’immigrés, la correction du biais lié à la mortalité n’explique que 14 % de
l’effectif total. Elle est évidemment plus importante dans les courants migratoires les plus anciens et au contraire très limitée pour les plus
récents : 23 % pour les petits enfants d’immigré(s) polonais mais 2,4 % pour ceux d’origine subsaharienne. L’estimation de 1999 avait retenu,
lorsque nécessaire, le premier conjoint pourvu que la première union ne soit pas rompue, ce qui avait un effet restrictif. Comme EFL n’a
recueilli aucune information sur les conjoints des unions antérieures, il n’y avait pas d’autre choix que celui du conjoint actuel. L’analyse de
l’évolution 1999-2011 portera donc essentiellement sur les immigrés et les enfants d’immigré(s).
20 Le champ de l’enquête est celui des ménages ordinaires soit 97,8 % de la population en 2010. L’estimation comprend les immigrés hors
ménages ordinaires, mais très peu des natifs vivant hors ménages ordinaires. Lorsque nous rapportons notre estimation à l’ensemble de la
population de la France métropolitaine, nous sous-estimons la partie née en France d’origine étrangère. Dans la première génération née en
France, seuls les mineurs susceptibles de vivre hors ménages ordinaires sont comptés (très peu nombreux, moins de 6 p. 1000 en moyenne en
France en 2010), pourvu que les immigrés vivant en foyer n’aient pas d’enfants vivant en France. La première génération née en France
composée d’adultes ne comprend que ceux nés de personnes appartenant à des ménages ordinaires. La deuxième génération est obtenue à
partir des déclarations des adultes de la première génération vivant en ménages ordinaires. Certains de ces petits enfants peuvent très bien
vivre hors ménage ordinaire. Les enfants des adultes de première génération vivant en ménages collectifs, et on pense ici notamment aux
personnes âgées vivant en maison de retraite, ne sont pas comptés.
Tableau 2. Estimation de la population d’origine étrangère sur deux générations par origine et par génération en 2011
UE25+ Norvège, Suisse et Islande 1789 32,6 2946 44,7 4735 39,2
Autre UE25+ Norvège et Islande 266 4,8 172 2,6 438 3,6
23 Malgré des techniques d’estimation différentes, on peut quand même affirmer que la croissance a été molle sur la période 1986-1999,
période de relative stagnation migratoire [Tribalat, 2013] et qu’elle a été beaucoup plus vigoureuse ensuite. La comparaison 1999/2011 ne doit
pas être prise à la lettre en raison des incertitudes et différences qui caractérisent les deux estimations, mais elle donne quand même une idée
des évolutions en cours pour les origines retenues aux deux dates. Entre 1999 et 2011, la population d’origine étrangère aurait ainsi augmenté
de près de 2,3 millions, soit un accroissement de 23 %, quand l’ensemble de la population française progressait de 7,8 %. En 12 ans, la part de
la population d’origine étrangère se serait donc accrue de 2,4 points de pourcentage. L’évolution de la composition par origine sur deux
générations au cours des 12 années qui séparent les deux enquêtes Famille est spectaculaire.
Tableau 3. Évolution de la population d’origine étrangère pour quelques origines de 1999 à 2011 (en milliers et en pourcentage)
Afrique subsaharienne 393 731 286 560 679 1291 6,9 10,7 90 %
Europe du Sud 1267 1134 2079 2049 3346 3182 34,0 26,3 -5 %
Italie 379 297 1020 894 1399 1191 14,2 9,9 -15 %
Espagne 316 245 577 542 893 786 9,1 6,5 -12 %
24 La progression a été très importante pour les courants migratoires en provenance d’Afrique et de Turquie. Les dynamiques migratoire et
démographique sont incontestablement à l’avantage de la présence africaine et tout particulièrement de l’Afrique subsaharienne. La
population d’origine africaine a beaucoup augmenté, accroissement qui fait la moyenne entre un accroissement de 40 % pour celle d’origine
maghrébine et de 90 % pour celle d’origine subsaharienne. Cette dernière a augmenté à un rythme un peu inférieur chez les immigrés (+86 %)
alors que le nombre des descendants directs en première génération a presque doublé. La présence maghrébine, plus ancienne, progresse plus
par développement naturel en France que par immigration. La population d’origine turque plus modeste s’est aussi considérablement accrue,
plus encore en raison de sa fécondité en France. L’Europe du Sud, qui a participé aux deux grandes vagues migratoires des années 1920 et
d’après-guerre, voit sa présence s’effacer peu à peu. Son relatif maintien tient surtout au dynamisme naturel de la population immigrée du
Portugal. Le poste « Autre » du tableau 3, fourre-tout, progresse surtout grâce aux nouveaux courants migratoires d’Europe et d’Asie dont les
effets démographiques se feront sentir pleinement dans quelques années.
25 La structure par âge de la population d’origine étrangère sur deux générations n’est pas très éloignée de celle des natifs au carré avec,
cependant, un peu plus de jeunes adultes et un peu moins de personnes de 60 ans ou plus. Cette proximité résulte de la compensation entre
courants anciens et courants récents. Les premiers, ceux en provenance de l’Union européenne, ont abouti à une présence d’origine étrangère
déjà âgée - deux tiers ont plus de 40 ans -, résultat inévitable dû au tarissement de courants migratoires anciens. C’est l’inverse pour les
courants plus récents ou qui se sont maintenus. Les personnes d’origine africaine se concentrent en dessous de 40 ans, conjuguant
immigration récente soutenue (qui vient grossir le nombre des 18-39 ans) et vitalité démographique (qui abonde le nombre de mineurs). Deux
tiers d’entre elles ont moins de 40 ans. On retrouve cette même jeunesse dans la population d’origine asiatique (tableau 4).
Tableau 4. Répartition par groupe d’âges de la population en France métropolitaine en 2011 selon qu’il s’agit des natifs au carré ou des personnes
d’origine étrangère sur deux générations
Dont
Tableau 5. Population d’origine étrangère sur trois générations selon l’origine pour les moins de 60 ans en 2011
France France
étrangère 3G
Effectifs Effectifs
% Effectifs (milliers) % Effectifs (milliers) % %
(milliers) (milliers)
Afrique 1930 47,0 2667 47,4 880 18,8 5477 38,0 11,3
Maghreb 1257 30,6 2110 37,5 821 17,6 4189 29,1 8,7
Algérie 529 12,9 1142 20,3 563 12,0 2235 15,5 4,6
Maroc 541 13,2 694 12,3 130 2,8 1365 9,5 2,8
Tunisie 187 4,5 273 4,9 129 2,8 589 4,1 1,2
Afrique subsaharienne 673 16,4 557 9,9 59 1,3 1288 8,9 2,7
Asie 691 16,8 620 11,0 133 2,9 1444 10,0 3,0
Sud-Est Asiatique 124 3,0 126 2,2 36 0,8 285 2,0 0,6
Autre Asie 352 8,6 257 4,6 49 1,0 657 4,6 1,4
Europe 1289 31,4 2197 39,1 3626 77,5 7111 49,4 14,7
Europe du Sud 625 15,2 1545 27,5 2326 49,7 4497 31,2 9,3
Italie 103 2,5 569 10,1 1260 26,9 1931 13,4 4,0
Espagne 107 2,6 383 6,8 750 16,0 1240 8,6 2,6
Portugal 416 10,1 593 10,6 317 6,8 1326 9,2 2,7
Belgique-Luxembourg-
118 2,9 141 2,5 408 8,7 667 4,6 1,4
Suisse
Autre Europe 241 5,9 115 2,1 84 1,8 441 3,1 0,9
TOTAL 4108 100,0 5622 100,0 4677 100,0 14407 100,0 29,8
28 En 2011, avant 60 ans, même en comptant trois générations, la présence européenne n’est plus majoritaire. Le reste du monde pèse
désormais un peu plus. Par ailleurs, l’Afrique est loin d’avoir épuisé son potentiel démographique en raison d’une immigration soutenue et
d’un début seulement de deuxième génération née en France, pour l’instant principalement liée à la présence maghrébine. D’ores et déjà, près
d’un habitant sur neuf de moins de 60 ans est d’origine africaine.
29 Avant 60 ans, sur trois générations, l’Algérie est le premier pays d’origine devant l’Italie, le Maroc, le Portugal, l’Afrique subsaharienne et
l’Espagne. Il y a douze ans, même si le calcul était quelque peu différent, les originaires d’Italie dominaient encore. C’est fini. Nous sommes à
un tournant. La domination des origines européennes va céder la place à l’Afrique d’abord, car le fort potentiel démographique reste du côté
de l’Afrique, même si la population d’origine portugaise sur trois générations devrait progresser encore, et dans une moindre mesure du côté
de l’Asie. L’immigration en provenance de ces continents, d’Afrique tout particulièrement, devrait se poursuivre à un rythme plus soutenu que
l’immigration intra-européenne à destination de la France. Mais, même en l’absence de toute nouvelle immigration en provenance du
continent africain, la population d’origine africaine sur trois générations continuerait d’augmenter fortement par la première et surtout la
deuxième génération née en France qui début à peine pour l’Afrique subsaharienne.
30 Le maintien des flux migratoires, en provenance d’Afrique notamment, au niveau relativement élevé connu dans les années 2000 devrait
avoir un effet décisif à court et moyen termes sur la première génération née en France et, à plus long terme, sur la deuxième génération née
en France, tandis que s’épuiseront les effets de la migration européenne ancienne. La population d’origine européenne n’est encore
majoritaire dans celle d’origine étrangère, que parmi les personnes âgées de 40-59 ans (tableau 6). C’est sans doute encore plus vrai chez les
60 ans ou plus. Près d’un jeune de moins de 18 ans sur cinq est originaire d’un pays non européen et près d’un sur six d’Afrique (contre un sur
dix, douze ans plus tôt).
Tableau 6. Proportion de population d’origine étrangère sur trois générations pour trois groupes d’âges en 2011 ( %)
Dont
Total Europe Hors d'Europe
Afrique Asie Amérique Océanie
31 Si l’on met de côté les immigrés de moins de 18 ans, très peu nombreux, le poids des populations d’origine européenne augmente avec l’âge
dans les trois générations. À 40-59 ans, près de sept enfants d’immigrés sur dix sont d’origine européenne et, à cet âge, la presque totalité des
petits-enfants le sont aussi (tableau 7). C’est l’inverse chez les enfants et petits enfants d’immigrés originaires d’Afrique ou d’Asie qui pèsent
d’autant plus qu’ils sont jeunes. Même si l’immigration en provenance de ces deux continents s’amenuisait, ils auraient une marge de
progression importante du fait de l’inertie démographique. Les première et deuxième générations continueraient d’augmenter.
Tableau 7. Participation des continents à la population d’origine étrangère selon le groupe d’âge et la génération ( %)
Europe Afrique
Immi-grés 1ère généra-tion 2ème généra-tion Immi-grés 1ère généra-tion 2ème généra-tion
Asie Amérique-Océanie
Immi-grés 1ère généra-tion 2ème généra-tion Immi-grés 1ère généra-tion 2ème généra-tion
Tableau 8. Définitions des populations d’origine étrangère dans quelques pays européens
Immigrés Descendants
Définition suédoise
Nés à l'étranger Nés en Suède de deux parents nés à l'étranger
étroite
Définition suédoise
Nés à l'étranger Né en Suède d'au moins un parent né à l'étranger
élargie
Définition
Nés à l'étranger d'au moins un parent né à l'étranger Nés aux Pays-Bas d'au moins un parent né à l'étranger
néerlandaise*
Nés à l'étranger
Né en Allemagne d'au moins un parent étranger, naturalisé ou ancien
Définition allemande Comprend les étrangers et les anciens Allemands de l'Est Allemand des pays de l'Est arrivé après 1949
(Spätaussiedler) arrivés après 1949
Définition belge Étrangers, Belges par acquisition et nés en Belgique d'au moins un parent de nationalité étrangère à la naissance
Définition française Nés à l'étranger, étrangers ou devenus français Nés en France d'au moins un parent immigré
36 La plupart des pays qui proposent des données sur les populations d’origine étrangère distinguent clairement les immigrés de la première
génération née dans le pays. Le Royaume-Uni publie des données sur les immigrants dans la même définition que la Suède. S’il peut
distinguer les nés à l’étranger des nés au Royaume-Uni, les catégorisations les plus fréquentes portent sur les groupes ethniques. La
codification de ces derniers est devenue d’une complication effrayante. Si l’on prend seulement le cas de l’Inde, on ne trouve pas moins de cinq
affiliations regroupant les déclarations de ceux qui ont un lien avec l’Inde et le déclarent. Cette codification ethnique n’a pas la stabilité dans le
temps des catégories fondées sur l’ascendance migratoire, laquelle est un fait immuable. La Belgique ne produit apparemment pas de données
systématiques sur ses populations d’origine étrangère. L’institut Itinera a publié une estimation qui se fonde uniquement sur la nationalité
actuelle ou antérieure. La génération née en Belgique appelée imprudemment deuxième génération compile en fait les enfants nés en Belgique
à partir de 1970 de parent(s) étranger(s) à la naissance, ce qu’étaient la plupart des enfants d’immigrés avant la modification du code de la
nationalité en 1985.
37 Cette multitude de définitions ne favorise pas les comparaisons. Ajoutons qu’aucun pays, à ma connaissance, n’a estimé la population
d’origine étrangère sur trois générations même si certains pays incluent une partie de la troisième génération dans la deuxième. Ce qui se
comprend aisément compte tenu de la faible ancienneté des flux migratoires comparée à celle de la France. Le tableau 9 présente les données
pour neuf pays en 2011 (2010 pour la Belgique), selon différentes combinaisons de définitions lorsque c’est possible pour la France, afin de la
mieux situer par rapport à ses voisins. Les données sont tirées des registres de population pour les pays du nord de l’Europe, des mikrozensus
pour l’Allemagne et l’Autriche, du recensement britannique de 2011 et d’une estimation de circonstance pour la Belgique. Sauf pour ce dernier,
ces données sont accessibles en ligne sur le site des instituts de statistique nationaux.
Tableau 9. Proportion de population d’origine étrangère sur deux générations en 2011 dans quelques pays européens selon la définition adoptée
Autriche 18,7 %
Pays-Bas 21,1 %
Danemark 10,1 %
Allemagne 18,5 %
Angleterre-
19,5 %
Galles
Angleterre 20,2 %
Belgique
24,2 %
(2010)
Source : Calculs personnels d’après l’enquête EFL et les EAR, Insee et données des instituts de statistique nationaux.
* Dans une définition qui se rapproche de la définition danoise car la Norvège ne fournit pas de données sur les enfants nés d'étrangers, eux-mêmes nés en Norvège.
38 L’enquête EFL offre l’opportunité d’estimer quel serait le nombre d’enfants d’immigrés d’après la définition suédoise élargie : 8,4 millions.
Les EAR (exploitation complémentaire des fichiers détails) donnent également le nombre de personnes nées à l’étranger en 2011 : 7,2
millions. Au total, si l’on suit la définition suédoise élargie, c’est 15,6 millions de personnes qui seraient d’origine étrangère en France sur deux
générations, soit près d’un quart de la population, proportion pas très éloignée de celle observée en Suède à la même date (26 %). Si l’on
applique la restriction néerlandaise sur la définition des immigrés16, la proportion de personnes d’origine étrangère serait encore de 24 % et
donc supérieure à celle observée aux Pays-Bas en 2011 (21,1 %).
39 Si l’on veut comparer la Norvège à ses voisins, on aura intérêt à reconvertir la définition officielle, en allant combiner les données plus
détaillées mises en ligne sur Statistic Norway, pour la rapprocher de la définition des pays voisins. La Norvège se trouve ainsi encore à
quelques points de pourcentage de la Suède, de l’Autriche, de la France ou des Pays-Bas, selon la définition adoptée. Vraisemblablement, le
Danemark, malgré sa manière particulière de compter, est lui-même encore en dessous. Il n’est pas aisé de situer précisément la France par
rapport aux autres pays. Le Royaume-Uni est particulièrement difficile à comparer. Par exemple, on ne connaît pas la propension des enfants
d’immigrants blancs notamment à se compter parmi les White British, ce qu’ils sont pleinement en vertu du droit du sol britannique. Ce que
l’on peut dire avec peu de chances de se tromper, c’est que la plus grande des minorités ethniques britanniques, celle originaire d’Inde, est
bien inférieure à l’ensemble des personnes nées en Algérie ou de parent(s) né(s) en Algérie : près d’1,5 million, côté britannique, plus du
double (rapatriés et enfants de rapatriés compris) côté français. L’ensemble des immigrés et descendants d’immigrés d’Algérie (hors rapatriés)
– 1ère et 2ème génération nées en France - est lui-même, on l’a vu, voisin de 2 millions.
40 L’Allemagne se situe, avec une définition différente comprenant ses rapatriés et enfants de rapatriés des années 1990, mais avec une
limitation sur la date de migration (194917), vraisemblablement en dessous de la France par sa proportion de population d’origine étrangère.
Si l’on rajoutait seulement les rapatriés d’Algérie et leurs enfants à la population d’origine étrangère sur deux générations, l’ensemble pèserait
plus de 21 %, contre 18,5 % en Allemagne à la même date. La population d’origine étrangère de l’Allemagne est beaucoup plus européenne que
celle de la France (56 %18 contre 43 %). Mais elle compte plus d’Européens n’appartenant pas à l’UE que la France (22 % contre 3,5 %). Les
originaires d’Afrique y sont peu nombreux (4 % contre 42 %) contrairement aux originaires d’Asie (37 % contre 12 %), ceux de Turquie tout
particulièrement. Le nombre de personnes d’origine turque, à l’allemande est de l’ordre de 3 millions dans un pays plus peuplé que la France.
C’est probablement la plus grande minorité d’origine étrangère de l’UE. L’immigration est beaucoup plus récente en Allemagne qu’en France,
qui plus est dans une Allemagne qui vieillit, accentuant ainsi le contraste avec la population d’origine étrangère : en 2012, 32 % des personnes
âgées de moins de 18 ans sont d’origine étrangère, à comparer avec 19 % en France en 2011 ; après 65 ans, seulement 9 % sont d’origine
étrangère (16 % en France chez les 60 ans ou plus). L’ampleur des transformations du peuplement apportées par l’immigration étrangère
dépend du dynamisme démographique des sociétés d’accueil. La faiblesse de la natalité allemande va accentuer l’impact démographique de
l’immigration étrangère par rapport à la France. Ces transformations devraient avancer à un rythme beaucoup plus soutenu en Allemagne
qu’en France si la fécondité y reste aussi basse qu’elle l’est aujourd’hui et si elle continue d’accueillir un grand nombre de migrants19.
41 Il est donc ardu de juger de l’importance de la question migratoire au sens large, incluant la dynamique démographique interne aux
courants migratoires, seulement à partir des flux ou des soldes migratoires récents. Et dès que l’on passe à des concepts un peu plus fins, il
faut une grande prudence en raison des écarts de définitions. Contrairement à ce qui se dit souvent, la France n’est pas la lanterne des pays
européens, mais à un stade où cette dynamique démographique a eu le temps de prendre de l’ampleur. Des sept pays pour lesquels
l’estimation est faisable, c’est en France que la proportion de personnes d’origine étrangère sur deux générations nées sur place est la plus
importante, quelle que soit la définition retenue. Cette dernière a bien évidemment une influence déterminante sur le poids de la 1ère
génération née dans le pays, notamment selon que l’on retient ou non les enfants nés sur place d’un seul parent immigré comme l’indiquent
les données sur la Suède et la Norvège (tableau 10).
Tableau 10. Proportion de natifs dans la population d’origine étrangère sur deux générations en 2011 dans quelques pays européens selon la
définition adoptée
Pays-Bas 49,4 %
Danemark 23,8 %
Autriche 26,5 %
Allemagne
33,2 %
(2012)
Source : Calculs personnels d’après l’enquête EFL et les EAR, Insee, et d’après les données des instituts nationaux de statistique.
Conclusion
42 L’antériorité du phénomène migratoire en France permet à sa population d’origine étrangère de rivaliser aujourd’hui avec celle des autres
pays européens touchés par l’immigration étrangère plus tardivement, tout en ayant souvent reçu des flux moins intenses au cours des années
plus récentes. C’est vrai sur deux générations. Ça l’est encore plus sur trois générations puisque 30 % des habitants de France métropolitaine
de moins de 60 ans sont d’origine étrangère, chiffre que peineraient à atteindre, dans une définition voisine, la plupart de ses voisins. L’intérêt
d’une mesure sur plusieurs générations est la restitution de l’écho lointain des vieux courants migratoires, dont la population immigrée, sur
laquelle on se contente bien souvent de travailler, ne donne aucun aperçu. C’est le cas pour les originaires de Pologne. Avant 60 ans, ils ne
comptent que moins de 60 000 immigrés, mais 445 000 petits-enfants d’immigrés. Pa contraste, elle permet de se figurer le potentiel
démographique, encore non accompli, des courants migratoires plus récents. C’est le cas des originaires d’Afrique subsaharienne qui
comptent aussi peu de petits-enfants que les immigrés nés en Pologne, mais plus d’immigrés que ces derniers n’ont eu de petits-enfants. Nul
doute que l’immigration à venir viendra grossir encore leur potentiel démographique. Le dynamisme démographique de la France
relativement à des pays où la fécondité s’est effondrée depuis longtemps freine la vitesse de transformation de la population qui, chez certains
de ses voisins, l’Allemagne notamment, s’en trouve accélérée.
43 À la pénurie de données qui, jusque dans les années 1990, rendait extrêmement difficile toute estimation des populations d’origine
étrangère en France a succédé, après bien des débats et des lenteurs, un ajustement aux réalités. Il est désormais acquis, y compris à l’Insee,
que, si l’on veut cerner le phénomène migratoire, on ne peut pas s’en tenir à une statistique réduite à la compilation des nationalités. La
plupart des pays européens en ont eux aussi pris conscience et ont développé, sous une forme ou sous une autre, une statistique par
génération, sous des appellations diverses. La France devrait être en mesure de fournir une série annuelle ou groupant plusieurs années, en
recourant aux données de l’enquête Emploi combinées à celles des enquêtes annuelles de recensement. Ces données permettent de suivre les
transformations considérables de la composition par origine de la population française qui s’opèrent sous la poussée des nouveaux courants
migratoires. Espérons qu’il sera possible, de temps en temps d’aller au-delà de deux générations, comme le permettent les enquêtes Famille.
C’est d’autant plus important en France, en raison de l’ancienneté du phénomène migratoire. Par ailleurs, il n’est pas impossible que, d’ici
quelques années, comme l’y autorise la Cnil, l’Insee finisse par consentir à recueillir les informations nécessaires à l’estimation des
populations d’origine étrangère sur deux générations dans les enquêtes annuelles de recensement. Elle doterait alors la France d’un outil plus
fin et mieux adapté à l’étude des concentrations spatiales.
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Notes
1 Comme l’indique une publication postérieure. « Pour avoir une idée exacte de l’apport de l’immigration en France, il est insuffisant de considérer les
nombres d’étrangers et les nombres de naturalisés, il est nécessaire de déterminer aussi les effectifs globaux de Français d’origine étrangère. », Girard,
Stoetzel, 1953, p. 20.
2 On rappelle que les immigrés sont les personnes nées à l’étranger, de nationalité étrangère ou françaises par acquisition (Tribalat, 1989).
3 En 2011, alors que l’enquête Emploi, réalisée chaque trimestre, et donc tout au long de l’année (dont un sixième des logements est renouvelé chaque
trimestre) a porté sur 162 000 individus âgés de 15 ans ou plus appartenant aux logements sélectionnés dans l’échantillon, l’enquête famille de 2011 a été
réalisée auprès de près de 360 000 personnes âgées d’au moins 18 ans. L’enquête Famille, réservée aux femmes jusqu’en 1990, a été étendue aux hommes en
1999.
4 Les données détaillées par pays d’origine mises en ligne par l’Insee distinguent les immigrés par pays de naissance, en regroupant les étrangers et les
Français par acquisition. Dans les fichiers détails mis en ligne, seuls 12 pays ou groupements de pays de naissance ont été retenus alors que les nationalités
actuelle et antérieure comprennent 49 postes. On peut alors définir l’origine des immigrés en retenant les personnes nées à l’étranger, en détaillant la
nationalité actuelle ou antérieure, et non plus le pays de naissance. Ces deux classements possibles sont à l’origine de petits décalages. Pour plus de cohérence,
la structure par âge des immigrés du second classement a été appliquée à l’effectif des immigrés du premier classement.
5 Sans la Turquie et le Sud-Est Asiatique.
6 Cette hypothèse a été remplie en donnant aux pères d’enfants vivant sans conjointe ou vivant avec une conjointe qui n’est pas la mère des enfants, une
conjointe née en France dans la proportion constatée pour l’ensemble des hommes immigrés vivant en couple.
7 http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=ENFAMIMMI
8 Nous n’avons gardé que les enfants dont les enquêtés déclarent qu’ils sont bien le père ou la mère de ces enfants, selon que l’on s’intéresse aux déclarations
des femmes ou des hommes, y compris ceux qui n’habitent pas avec eux. La seule incertitude porte sur le fait que la conjointe n’est pas toujours l’autre parent
des enfants. Nous faisons l’hypothèse que cela ne change pas radicalement les résultats. Il en sera de même pour les enfants des femmes de première
génération.
9 Les sur et sous-estimations des femmes et des hommes immigrés altèrent l’estimation du nombre de mineurs de la première génération née en France.
L’Insee a publié un tableau des enfants d’immigrés vivant en famille dont le chef de famille, ou son conjoint lorsqu’il en a un, est immigré alors que ces enfants
ont moins de 18 ans. Les âges sont exprimés en années révolues dans le tableau Insee, ce qui devrait normalement donner un nombre d’enfants total
supérieur d’environ 5 % au nôtre qui a considéré l’âge en différences de millésimes. C’est cette différence qui va nous servir de guidage pour ajuster notre
estimation. Le mode de classement visant à éviter les doubles comptes n’est pas le même à l’Insee. Ce denier ne hiérarchise pas les origines mais donne la
primeur aux hommes. Ici ce sont les origines qui sont hiérarchisées. Pour l’Insee, l’origine d’un enfant est celle du père, sauf quand il n’y a pas de père. Un
enfant de père immigré de Tunisie et de mère immigrée du Maroc sera classé ici d’origine marocaine et d’origine tunisienne d’après l’Insee. Il n’est donc pas
possible de prendre tout simplement les données de l’Insee pour les origines connues et de les corriger des différences dans la définition des âges. Voilà donc
comment nous avons procédé. Les nombres d’enfants mineurs d’origine étrangère ont été corrigés, côté mère et côté père du sous-enregistrement ou du
surenregistrement affectant les hommes et les femmes immigrées entre 18 et 59 ans, par origine. L’enquête EFL donne l’information sur la localisation des
enfants : dans le ménage du répondant ou ailleurs. Il est donc possible en appliquant la probabilité de vivre chez le répondant d’obtenir, pour l’ensemble des
origines, des données sur un champ comparable à celui des données publiée par l’Insee, à la définition de l’âge près. Au total, le nombre des mineurs d’origine
étrangère reste supérieur de 1,7 % à celui fourni par l’Insee au lieu de lui être inférieur de 5 %. L’écart qui sépare notre estimation du chiffre publié par l’Insee
corrigé de la différence de définition des âges aboutit donc à une surestimation du nombre total de mineurs de 7 %. C’est cette surestimation qui a été
appliquée aux effectifs de mineurs corrigés des sur ou sous-enregistrements des immigrés dans EFL, pour toutes les origines. Ce qui amène à un effectif de
2,601 millions en différences de millésimes, contre 2,666 millions en années révolues. L’écart, désormais de 2,5 %, rend compte des différences de définitions
des âges et de l’incomplétude des chiffres publiés par l’Insee, limités aux enfants vivant en famille. La correction a été appliquée uniformément à toutes les
origines, faute de définition comparable.
10 L’Insee a imputé les non déclarations du pays de naissance (10 % pour la mère et 12 % pour le père), pour une dizaine d’origines. Il a fallu compléter cette
imputation pour les autres origines non détaillées par l’Insee en allant chercher la nationalité des enquêtés, leur pays de naissance ou la nationalité de
naissance de l’autre parent, lorsque ces variables indiquaient une origine étrangère. Le petit reliquat a été distribué au prorata.
11 L’Insee et le DSDE hiérarchisent les sexes. Quand les deux parents sont immigrés, c’est l’origine du père qui prédomine.
12 Information figurant sans indétermination dans les données rapatriées de l’EAR, déjà corrigée par l’Insee.
13 Le découpage des pays de naissance et de nationalité détaillés retenus dans l’enquête EFL ajoute la Norvège, l’Islande et la Suisse aux pays de l’UE, mais ne
comprend pas les deux derniers entrants de 2007 (Roumanie et Bulgarie). Le regroupement correspond donc à L’Espace économique européen sans ces deux
pays, sans la Croatie évidemment qui n’en faisait pas partie en 2011, et sans le Liechtenstein, mais avec la Suisse.
14 Notamment sur les échelles temporelles des uns et des autres : privilégier la durée de séjour pour les immigrés et l’avancement en âge pour leurs
descendants (Tribalat, 1988).
15 En fait, l’Allemagne compte comme immigrants tous les étrangers et les anciens Allemands qui sont venus des pays de l’Est, hors Allemagne de l’Est après
1955.
16 En appliquant aux effectifs de personnes nées à l’étranger, la proportion de celles dont un parent au moins est né à l’étranger obtenue dans l’enquête EFL
(par grands groupes d’âges, la proportion trouvée pour les 18-39 ans étant également appliquée aux moins de 18 ans).
17 Année de création de la RFA (23 mai) et de la RDA (7 octobre), après le transfert d’Allemands expulsés d’Europe centrale et orientale.
18 Proportion calculée à partir du mikrozensus de 2012, en mettant de côté les 7,4 % dont l’origine attribuée d’après la nationalité antérieure n’est pas connue.
19 En 2013, le solde migratoire enregistré en Allemagne a été de +437 000, selon la manière de compter allemande - très large - niveau exceptionnel atteint en
1993, pour un solde naturel de -196 000. D’après les projections de destatis, base 2008, avec la fécondité actuelle et en l’absence de migration, l’Allemagne
perdrait près de 24 millions d’habitants d’ici 2060. La fonte des classes d’âges jeunes en Allemagne est très visible sur les moins de 20 ans et très rapide par
rapport à la France (outre mer compris ici). En 2004, l’Allemagne a encore 1,1 million de jeunes de plus que la France. En 2011, il lui en manque près d’un
million, alors qu’elle abrite près de 17 millions d’habitants en plus. L’écart s’est, en plus, trouvé amorti par l’immigration. Sans les jeunes d’origine étrangère,
l’écart serait de l’ordre de 2,5 millions.
URL http://journals.openedition.org/eps/docannexe/image/6073/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 392k
Graphique 1. Ampleur de la sous-estimation ou de la sur estimation dans EFL du nombre d’immigrés originaires d’Afrique
Titre subsaharienne ou de l’Asie (hors Turquie et Sud-Est Asiatique) par sexe et groupe d’âges
Crédits Source : Insee, Fichier détail du recensement 2011, Enquête EFL 2011.
URL http://journals.openedition.org/eps/docannexe/image/6073/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Auteur
Michèle Tribalat
Articles du même auteur
Les concentrations ethniques en France : évolution 1968-2005 [Texte intégral]
Paru dans Espace populations sociétés, 2011/3 | 2011
Droits d’auteur
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