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QUE SAIS-JE? Signes, symboles et mythes LUC BENOIST CConervatert honoraire det Munées de France Cinguibme édiion 39° mille DU MEME AUTEUR DANS TA COLLECTION + QUE SAISJE? + Histoire de ta peinture (n® 66), 2* éd., 1977. Histoire de la seulpture (n° 74), 2° éd, 1973. La sculpture en Europe (n® 358), 2* A Mustes et muséologle (n° 904), 2° 64. L'ésolérisme (n° 1031), 4° éd., 1975. Le compagnonnage et tes méliers (n° 1203), 3* 64. 1975. Histoire de Versailles (n° 1526), 2* 64. 1980. La seulpture ise (couronné par I je des Beaux-Arts), a ggulpture francatse ( 16 par I'Académie des Beaux-Arts cnez D'AUTRES torretns Regarde ou Les elefs de Part (Hazan), 1962. Liéglise Notre-Dame-de-t'Epine (Laurens), 1933. Le chiteau de Nantes et sex mustes (8. Chiffoleau), 1970. soot son 1 La eutsine des anges, une exthétique de ta penste \c ia" Tteowe tnioersle, 180) 44a, '* Pens (Helton) (orbs Artdw monde, te splritualé di miter (Gallimard), 1941, Larnassance de Venus, ou estos ages Geta peinture (Caller), 1981. ouvnaors grumés Les tissus, 1900-1925 (Rieder), 1926. La sculpture romantique (La Renaissance du Livre), 1928. Coyseoox (Plon) (couronné par I'Académie des Beaux-Arts), 1951. ‘Sinéon graveur (Babou), 1930. ‘Michel- Ange (Edition de Cluny), 1941. Versailles ef la Monarchie (Edition de Cluny), 1947, my 2 13082857 x Dit gal — 1 édition + 1975 ‘5 edition : 1999, mai © Promes Universitaires de Franos, 1975 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris INTRODUCTION iée que l'on s’en fait communément la notion de symbole se trouverait reléguée dans un solennel empyrée ot viendraient rarement la visiter quelques curieux d'art médiéval ou de poésie mallarméenne. Il y a la une singuliére méprise. Car tout homme utilise journellement le symbolisme sans le savoir, & la fagon dont M. Jourdain parlait en prose, puisque tout mot est un symbole. Comme le disait Aristote, le mot chien ne mord pas (1). Il n’y a donc pas 1a un domaine réservé ou occasionnel, mais une pratique quotidienne oii le rdle du symbo- lisme consiste a exprimer n’importe quelle idée d'une fagon qui soit accessible A tout le monde. Etymologiquement le mot symbole vient du grec sumballein qui signifie lier ensemble. Un sumbalon était & Porigine un signe de reconnaissance, un objet coupé en deux moitiés dont le rapprochement permettait aux porteurs de chaque partie de se reconnaitre comme fréres et de s’accueillir comme tels sans s’étre jamais vus auparavant. Or dans ordre des idées un symbole est égale- ment un élément de liaison riche de médiation et d’analogie. Il unit les contradictoires et réduit les oppositions. On ne peut rien comprendre, ni rien communiquer sans sa participation. La logique en (1) Bien qu’A la limite le mot chien s'identifie symboliquement ‘ulm morse, St le transfert ne eect pas, ce que emble supposer Aristote, Il n'y a plus de symbole. Cave eanem’ 6 SIGNES, SYMBOLES ET MYTHES dépend puisqu’elle fait appel au concept d’équiva- ence et la mathématique elle-méme avec ses chi ne s’exprime qu’en symboles. La vie surtout est la source la plus féconde de ces procédés et sa plus antique utilisatrice. Elle les manifestait en méme temps que l'homme primitif émettait le premier mot articulé. C'est pourquoi un symbolisme vital et organique exprimera toujours mieux qu’un autre les vérités d’ordre spirituel, comme en témoignent les paraboles évangéliques. Crest pourquoi aussi Ia biologic d’aujourd’hui avec ses nouvelles sciences du vivant, qui se multiplient en disciplines dérivées, est en passe de remplacer dans leur ancienne primauté aussi bien une mathé- matique trop inhumaine qu’une philosophie tro Heth! plow atsaohbe’ hk tx‘ llnslomniens ‘verbal wux choses concrétes. S'il existe beaucoup de livres qui traitent de ce grand sujet, c'est, nous semble-t-il, d'une fagon particuliére et dans un champ limité, méme lors- ‘il s’agit d’ouvrages de vulgarisation. Aucun ‘eux n’explique les raisons logiques du symbolisme. Les dictionnaires ne font qu'un recensement des mots et les études peisinte ne s’aventurent pas dans le domaine de leur genése. Ce sont de simples constats et non des exégéses que l'on serait en droit aattendre. Cest pourquoi il nous a semblé utile de suivre les mutations des signes depuis leur apparition jusqu’a leur lointaine métamorphose, notamment dans le domaine des rites et des mythes, afin de bien montrer leur liaison fonctionnelle. Les mythes sont Ie langage imagé des principes. Freud les appellent des complexes, Jung des archétypes et Platon les appelait des idécs. ‘ls expliquent Vorigine d'une institution, d’une coutume, la logique d'une aven- INTRODUCTION 1 ture, Péconomie d'une rencontre. Ce sont, disait Goethe, les rapports permanents de la vie. Nous tenons surtout a préciser que dans la suite de notre développement nous resterons tou- jours au niveau le plus élémentaire, le plus pri- mitif, le plus quotidien, sans nous aventurer au tcour des spéculations de la sémantique structurale ou de la mathématique des classes, que nous avons cependant utilisées. Nous nous sommes toujours maintenu au niveau de l’expérience, car nous ne croyons pas que l'homme puisse jamais s'exprimer plus haut que sa main (1). 6 we ent 0 on Lien ee eo, 80 soos Lacing et ot Me meas teenie fie itcee tas were se omen olen haus Sea tn

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