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INTRODUCTION :

MARCHANDS ET GUERRES TERRITORIALES

L'objectif de cet article est de présenter les plus anciens exemples de forts
swahili connus, ceux de Kilwa et de Pemba en Tanzanie. Ces édifices,
emblématiques de pouvoirs locaux à un temps donné, servaient à la fois de siège du
pouvoir et de protection des intérêts commerciaux. Chez les Swahili, les guerres
et les conflits étaient très localisés et souvent liés à des contestations de
monopoles commerciaux entre cités-États. Le style architectural de leurs ouvrages
militaires met en évidence l'influence de populations venues d'Arabie, de Perse
et d'Inde.

DU COMMERCE A L'URBANISATION

L 'islamisation de la côte du VIIIe au XIF siècle

Après avoir connu des perturbations au VIIe siècle, le commerce entre


l'Afrique orientale et le golfe Persique reprend au VIIIe siècle, mais les rapports
avec les marchands islamisés sont alors d'une nature différente puisque ceux-ci
n'hésitent pas à s'installer en Afrique et à dynamiser l'urbanisation sur la côte
est-africaine. Le КШЬ al-Sulwafi akhbar Kuhva atteste que la tribu des al-Harthy
fuit l'Oman à cette époque, à cause d'un gouverneur tyrannique. Le marin
Buzurg b. Shahriyâr d'Hormuz, relatant son voyage dans le fatâb'Adjâïb al-
Hind\ dit s'être arrêté à Kanbalu sur la côte des Zandj en 922. Selon Ibn Lâkîs
et al-Mas'udï, Kanbalu est une cité fortifiée placée sur une péninsule ou une
île2. Le témoignage de 'al-Mas'ûdî, en 915-16, nous apprend que de nombreux
bateaux appartiennent à des marins omanais3. Il nous indique aussi que les
Africains du littoral ne sont pas tous musulmans et que subsistent de nombreux
païens idolâtres. Seule la cité de Kanbalu comporte une population islamisée,
sous la domination d'un roi appelé Mfalme. Dès le Xe siècle, les Arabes
remarquent que les Zandj. parlent un dialecte différent de celui des Africains de
l'intérieur, qu'ils « ont un élégant langage et [que] les hommes prient dans cette

1 Freeman-Grenville (1962 : 9).


Freeman-Grenville (1962 : 39-40). L'identification de Kanbalu est très controversée : pour
Sheperd & Trimingham et certains autres, elle serait située à Anjouan aux Comores et pour
Horton, elle serait localisée à Pemba (Shepherd 1982 : 133).
Al-Mas'udî in Freeman-Grenville (1962 : 14-15).

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langue »4, ce qui pourrait signifier que la langue swahili est déjà fixée à cette
époque.
Le XIe siècle est une période de mutation pendant laquelle la puissance de
Bagdad décline au profit d'une nouvelle grande métropole islamique, Le Caire
fatimide. De nombreux centres urbains africains sont créés à cette période et les
constructions en pierre se développent, en particulier celles des édifices
publics, des mosquées et des enceintes. Les cités-États swahili se mettent alors
en place. Malindi et Mombasa sont mentionnées en 1 154 par al-IdrïsT qui parle
aussi de l'île d'Angazidja (Grande Comore) et de Sufala, le pays de l'or5.
Selon les Chroniques de Kilwa, quand les premiers princes shJrâzï arrivent
sur l'île au Xe siècle, une mosquée y est déjà construite6. Les Shïrâzï achètent
l'île de Kilwa contre des pièces de tissu. Pendant deux siècles, la ville de Kilwa
livre de nombreux combats contre les villes côtières de Songo Mnara, Sanje Ya
Kati, Mafia et Zanzibar7 et impose avec difficulté sa suzeraineté sur ces
potentats locaux du sud de la côte8. Sous le règne de Sulaymân b. al-Hasan, de 1 178
à 1 195, Kilwa finit par s'enrichir en contrôlant le commerce de l'or de Sofala9.

L 'apogée des cités-États swahili du XIIIe au XVe siècle

De nouveaux équilibres s'instaurent au XIIIe siècle avec les Mamelouks en


Egypte et les Rassoulides au Yémen. Le littoral swahili est alors divisé en
plusieurs principautés indépendantes, telles Kilwa, Mombasa, Malindi, Pate et
Mogadiscio (voir carte). En 1331, Ibn Baftuta donne une description détaillée
de la côte orientale10, notamment de Mogadiscio où les rites religieux sont
identiques à ceux du Yémen11. H remarque que les habitants de Kilwa, comme
tous ceux de la côte, sont des sunnites shâfi'îtes et qu'ils « sont engagés dans un
djihad, pour leur territoire adjacent aux régions des Zanj païens »12.

4 Freeman-Grenville (1962 : 16).


5 Freeman-Grenville (1962 : 19) et Guillain (1856 : 205-206).
6 Les chroniques de Kilwa désignent le dirigeant de l'époque comme un « infidèle », mais cela ne
signifie pas forcément que ce chef local suivait des préceptes religieux africains ; il pouvait être
d'une secte ou d'une confession islamique différente de celle des nouveau-venus puisqu'une
mosquée était déjà en place à l'arrivée des Shïrâzï.
7 Freeman-Grenville (1962 : 38).
8Ш. :39.
9 Barros (1552, vol. II : 227) et Strandes (1968 : 75).
10 Les cités swahili sont mentionnées dans d'autres sources moins connues tels la compilation
géographique du prince ayyoubide Abu '1-Fidâ en 1342 (M. Reinaud, 1848 : 206-208) ou al-
Manhal al-Sàjî wa 'l-Mustawjï ba'd al-Wàjî de l'auteur mamluk, Abu '1-Mahâsin en 1441 (Guillain
1856 : 299-300) et Freeman-Grenville (1962 : 23 et 33).
11 Freeman-Grenville (1962 : 27).
12 Ibn Battuta (1854 : 179-196).

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Mogadishu

Archipel de PATE
LAMU —FAZA

MANDA

ANGAZIDJA
(GRANDE COMORE)

x, NDZOUANI
О 4) (ANJOUAN)
UCHU
(MOEU) 0 MAORE
(HAYOTTE)

Carte des sites mentionnés

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Dans la litterature occidentale toutes ces civilisations et peuples sont designes comme Arabes
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La dynastie shïrâzï de Kilwa est remplacée à la fin du XIIIe siècle par la


dynastie des Mahdalï, un clan hadrami du sud-ouest du Yémen. Ce nouveau
pouvoir est lié aux Seldjoukides du golfe Persique et aux Indiens du delta de
l'bidus et du Deccan. A la fin du XVe siècle, Kilwa est secouée par des crises
dynastiques et des guerres de succession qui aboutissent à l'émancipation de
certaines villes vassales comme Sofala ou Zanzibar.
La situation politique de la côte change au XV* siècle. La cité de Pate
combat et prend les villes de Shanga et de Siyu13. La ville de Faza, qui ne veut pas
céder son indépendance, s'allie avec des Bajûn14 de Rasini. Des assaillants
s'introduisent par une brèche de l'enceinte de la ville de Pate et s'emparent
d'un quartier15. Cette victoire est de courte durée : le sultan Fumomari de Pate
soumet Faza puis continue d'étendre son territoire vers le nord - zone moins
convoitée par d'autres emporta swahili - avec la conquête de Kiunga, Tula,
Kismayu, Barawa, Merka et Mogadiscio16. Fumomari s'attaque ensuite à Manda
et Malindi, au sud de Pate.
Selon les Chroniques de Pate, toute la côte, excepté Zanzibar, aurait été
conquise17 ; Kilwa et les îles Kerimba du Mozambique seraient elles aussi
tombées sous son autorité. H s'agit bien sûr d'une exagération des victoires
militaires remportées par la cité afin de glorifier le pouvoir du sultan. Par
contre, les résultats des fouilles de Gedi ont montré que la région de Malindi
était certainement sous son contrôle. Cette influence devait s'arrêter à la crique
de Kilifi qui constitue la limite nord du territoire de Mombasa18. Ces conquêtes
militaires représentent une tentative d'étatisation de la part de la cité de Pate,
mais ce processus politique déclenché au cours du XVe siècle sera stoppé net
par l'arrivée des Portugais.

LE FORT SWAHILI, ÉDIFICE DE DEFENSE,


RELAIS MARCHAND OU PALAIS

Les premiers forts swahili servaient à la fois de résidence et de palais. Le


système politique swahili reposait sur un conseil des Anciens (Wazeé) dont les

Les Chroniques de Pate, in Freeman-Grenville (1962 : 244).


14 Les Bajûn ou wa-Gunya sont des pêcheurs qui vivent actuellement sur un territoire compris
entre l'île de Pate et Kisimayu au sud de la Somalie.
15 Freeman-Grenville (1962 : 246-247).
16 Les Chroniques de Pate in Freeman-Grenville (1962 : 248). Nous avons des doutes sur la
conquête de Mogadiscio, imprenable du temps des Portugais.
"idem: 253.
18 Les conquêtes de la cité de Pate ont été remises en question par les historiens ayant étudié les
Chroniques, mais nos recherches à Gedi et nos comparaisons avec Shanga ou Manda, montrent
qu'il s'agit d'une réalité historique pour certaines parties de la côte.

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membres étaient désignés parmi les chefs des clans dirigeants de la cité, les wa-
Ungwana (« patriciens »). Ce conseil élisait un chef suprême qui peu à peu
gouvernera seul. Ce système, dit du sultanat shïrâzî, semble apparaître au XIIIe
siècle. Cette autorité politique centrale va s'affirmer entre le XIVe et le XVe
siècle, période pendant laquelle certains sultans décident d'abolir les élections
collégiales et instaurent des royautés héréditaires. Le palais devient alors le lieu
de résidence du sultan, comme ce sera le cas à Kilwa, Malindi, Gedi, Songo
Mnara et Tumbatu19. Il se différencie des maisons ordinaires par ses
dimensions et certains éléments architecturaux, telles l'entrée monumentale du palais
de Gedi, ou la grande cour du palais de Husuni Kubwa à Kilwa. Il abrite
l'autorité centrale et à ce titre, il constitue une indication quant au système politique
en place. Certaines forteresses et palais, qui avaient une fonction
essentiellement militaire, deviennent le lieu de résidence des chefs locaux en raison du
sentiment de sécurité qu'ils inspirent. La concentration des richesses dans un
endroit donné de la cité étant une tentation bien grande pour les pillards, le
palais est souvent protégé par une enceinte (sw. borna). Mais le seigneur de la
ville peut aussi loger dans un bâtiment combinant plusieurs fonctions, par
exemple entrepôt de marchandises et résidence, comme le Mkame Ndume de
Pujini. Cette combinaison permet ainsi au dirigeant de surveiller et de taxer
tous les produits commerciaux.

Husuni Ndogo de Kilwa


Husuni Ndogo (« petit fort »)20 se trouve dans la ville de Kilwa Kisiwani,
sur l'île de Kilwa21 (au sud de l'actuelle Tanzanie). П est situé à proximité
d'une plage, à 80 m à l'est du palais de Husuni Kubwa (« grand fort »), construit
postérieurement.
Husuni Ndogo, daté du début du XIIIe siècle22, est un enclos rectangulaire
de 69,5 m sur 51 m, couvrant une surface de 109 m2 (fig. 1). Ses murailles sont
flanquées de cinq tours polygonales à six faces, deux sur les flancs nord et sud
et trois sur le flanc est. La symétrie du bâtiment est brisée par une projection
rectangulaire au milieu du mur occidental. En l'état actuel des recherches, nous
ne savons pas s'il s'agit d'une porte faisant face à la plage et accessible par une
rampe en terre, ou d'une plate-forme de tir pour défendre le palais. Les angles
du fort, dont le chaînage est réalisé en pierre de taille, sont défendus par des
tours circulaires à 9 facettes. Les murs de l'enceinte ont une épaisseur de 1,2 m
et sont constitués de lits réguliers de moellons de calcaire corallien liés par du

19 Horton (1998: 378-379).


Château ou him : le terme husuni, dérivé de l'arabe him, signifie « fort » en swahili.
21 Chittick(1963 : 187).
22 Chittick (1974: 196-198).

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mortier. Leur élévation actuelle maximum est de 2,5 m, mais l'édifice est en
ruine. Les fondations s'enfoncent à 1 m de profondeur. Des contreforts de
1,8 m de long courent tout le long des murs à l'intérieur. П s'agit en fait de
cellules placées le long de l'enceinte. L'unique entrée, aménagée au milieu de
la façade sud, est défendue par une chicane intérieure de 3,7 m de large. Au
nord se trouve un puits carré de 16 m de profondeur, associé à un réservoir
octogonal de 2 m de diamètre. Les murs incomplets et l'absence de structures
d'occupation à l'intérieur de l'enceinte indiquent que soit le fort n'a jamais été
achevé, ou qu'il a été en partie démonté au XIVe siècle pour construire le
nouveau palais du sultan à Husuni Kubwa.

Figure 1 - Fort de Husini Ndogo à Kilwa

Selon les Chroniques de Kilwa, Husuni Ndogo a été construit entre la fin
du XIIe et le début du XIIIe siècle par le sultan Sulaymân al-Hasan b. Dâwûd
(1170-1188) ou par le sultan Al-Hasan b. Sulaymân (1191-1215)23. Kilwa
prend à cette époque le contrôle de la région de Sofala et s'attribue la gestion
du commerce de l'or. De nombreux produits transitent alors par la cité qui
s'enrichit considérablement et suscite les convoitises. Ceci pourrait expliquer la
création du palais fortifié faisant office de caravansérail. Le fort aurait été le
siège du pouvoir politique local jusqu'au début du XIVe siècle.
Husuni Ndogo est abandonné au ХГ/е siècle après la construction d'un
nouveau palais, moins fonctionnel, mais plus prestigieux24. Au XVIe siècle,

23 Mathew (1963 : 1 12 et 125).


24Matveiev(1985:513).

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Duarte Barbosa mentionne que le palais du sultan se trouve près de la plage où


les vaisseaux sont déchargés ; il s'agit sans aucun doute d'Husuni Kubwa25, car
il y a souvent eu confusion entre ce dernier et le palais très proche d'Husuni
Ndogo. Lors de l'expédition de Dom Francisco d'Almeida en 1505, De Barros
précise que :
«[...] dans une partie de la ville, le roi avait ses quartiers aménagés à la
manière d'une forteresse avec des tours et des tourelles et toutes sortes de défenses,
avec une porte s 'ouvrant sur un quai pour accéder à la mer, et une autre grande
porte sur le côté de la forteresse s'ouvrant sur la ville. »26
Cette description correspond assez bien à Husuni Ndogo, daté trop
tardivement du XVe siècle par Neville Chittick. Nous pensons plutôt qu'il est
antérieur ou contemporain du palais de Husuni Kubwa, construit par Al-Hasan
b. Sulaymân П (1310-1333) ou par Dâwûd ibn Sulaymân (1333 à 1356)27. Le
XIVe siècle est une période de prospérité à Kilwa où la dynastie mahdalï
entreprend de nombreux aménagements urbains, notamment l'agrandissement de la
mosquée du vendredi et la construction d'un nouveau palais28. Ce dernier est
érigé sur un promontoire rocheux au-dessus de l'ancien palais-caravansérail de
Husuni Ndogo.
Le site de Husuni Ndogo ressemble aux caravansérails côtiers qui, liés au
commerce maritime durant tout le Moyen Âge, ont été construits des côtes de
l'Espagne à celles de l'océan Indien29. Il est à noter que le fort est tout à fait
semblable aux enceintes récemment étudiées par Monik Kervran dans la région
du delta de Г Indus, notamment celles de Raná Kot, Kuree Kot, Kanjikot et
Juna Shah Bandar30. Construits entre le XIIe et le XVIIIe siècle, ces ouvrages, à la
fois militaires et commerciaux, sont composés d'une enceinte quadrangulaire
d'environ 100 m de côté munie de tours rondes aux quatre angles et de tours
semi-circulaires le long des flancs. L'entrée, le plus souvent unique, est
encadrée par des tours jumelles31.

25Dorman(1938:64).

27
28
réoccupé
caravansérail
cité
26 Freeman-Grenville
De
Selon
parBarros,
lesau
nous,
Portugais
xvme
de
in le
Gray
1200
premier
siècle.
et(1962
àpeut
1333.
Lepalais
: deuxième
être
92).
175)
Lemême
troisième
et Freeman-Grenville
shîruzï
après
palais
(1100-1200)
palais,
1505,
fortifié,
jusqu'à
Husuni
Husuni
(1962
serait
Kubwa,
la fin
Ndogo,
:situé
85).
du fut
XVIe
à habité
aurait
l'emplacement
siècle.
également
jusqu'au du
sac
servi
borna
de de
la

Les caravansérails maritimes décrits au Kenya et au Pakistan ne sont pas des exemples isolés
dans le monde islamique. Des édifices littoraux de ce type ont été recensés jusqu'en Espagne,
notamment le fort de Saltès qui possède un plan rectangulaire de 70 m sur 40 m, proportions
assez proches de l'ouvrage de Husuni Ndogo (Bazzana 1994 : 90-91).
30 Kervran (1993 : 26-38 ; 1999 : 155-156).
31 Kervran (1999: 143).

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L'ART DE LA GUERRE CHEZ LES SWAHILI 79

La cité de Kilwa, qui engage une politique de grands travaux entre le XIIIe
et le XIVe siècle, va intégrer dans son architecture des éléments venus des
régions avec lesquelles elle est en relation : Iran, delta de l'Indus, Gujerat et
Deccan32. Les forts du Deccan ont des enceintes épaisses flanquées de tours
semi-circulaires qui sont remplacées par des tours polygonales au XIVe siècle.
Sur le plan technologique, on assiste à la même simplification de la maçonnerie
en Afrique orientale : les murs en gros blocs bien taillés font place à des
moellons irréguliers noyés dans d'épais lits de mortier33. Husuni Ndogo aurait
donc des tours inspirées par un modèle du Deccan bahmanide34. Le plan bien
organisé du fort, avec ses tours régulièrement espacées, semble être le travail
d'un architecte qualifié, peut-être venu d'une des régions précédemment
citées35. Nous savons par les Chroniques de Kilwa que de nombreux Indiens
étaient installés sur l'île, où ils participaient à la vie économique et politique de
la cité. En 1502, un trésorier ou un conseiller du sultan portant un nom
d'origine indienne, Rukn al-Dïn al-Dabuli, et surnommé Muhammed Ankoni, sera
intronisé par les Portugais après la prise de la ville en 150536. De plus, de
nombreuses sources orales parlent d'invasions armées de wa-Debuli .

Le fort de Mkame Ndume de Pemba

Le fort de Mkame Ndume est situé dans la ville de Pujini, sur la côte
orientale de l'île de Pemba, en Tanzanie. Les ruines de Pujini ont suscité
l'intérêt des historiens et des archéologues dès le début du siècle : en 1915 F. B.
Pearce décrit le fort et dégage plusieurs structures intérieures, L. Buchanan
reprend les fouilles dans les années 1930 et en 1985, tandis que С Clark et M.
Horton établissent un relevé du fort et font plusieurs sondages ; enfin, A.
LaViolette y réalise des fouilles archéologiques à partir de 1989 .
De par sa forme et ses fonctions, le fort de Mkame Ndume est une copie
locale et plus tardive de Husuni Ndogo. Les recherches de LaViolette et de
Clark & Horton ont montré qu'il avait été occupé pendant un court laps de

32 Freeman-Grenville (1962 : 202).


33 Burton-Page (1975: 1363).
34 L'influence de l'Inde bahmanide est aussi visible dans la grande mosquée de Kilwa qui est
dotée d'une cour centrale avec une extension coiffée de dômes comparable à la Djàmi'a de
Gulbarga datée de 1367. Le nord-ouest de l'Inde est un royaume musulman en 1206, les sultans
de Delhi prennent le Deccan en 1318-1320 et la dynastie bahmanide contrôle cette région en
1347. Garlake (1966: 115).
35Chittick(1959:201).
36 Chittick
37 Les wa-Debuli
(1980 : seraient
1 19) et Alpers
originaires
(1976de: 31).
Daybul dans le delta de l'Indus ou de Dabhol dans le
Deccan (Gray 1962 : 23-24).
38 Pearce (1967) ; Buchanan (1933 : 36) ; Clark et Horton (1985) ; LaViolette (1989).

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80 Stéphane Pradines

temps : construit en 1450, il fut détruit par les Portugais en 152039. Sa


construction est attribuée à Mkame Ndume qui, selon les traditions, était un
prince shJrâzï Ou debuli40 ayant régné sur l'île de Pemba dont Pujini était la
capitale. La tradition orale rapporte que pour ériger sa demeure, il fit acheminer
la pierre du nord de l'île. Ce chef, très cruel et guerroyeur, aurait été aussi un
grand bâtisseur et un bon navigateur. De plus, il aurait ouvert des chantiers de
construction navale sur l'ensemble de l'île41 : c'est dans ce cadre que le fort de
Mkame Dume aurait été construit.
Mkame Ndume était à la fois un palais, un fort et un entrepôt. Mesurant
125 m de côté et couvrant une surface de 1,5 hectares (fig. 2), l'édifice est
entouré d'un rempart de 2 m de haut et de 5 m d'épaisseur, précédé d'un fossé
au profil en V du côté nord, et relié à la mer par un canal aujourd'hui envahi de
mangroves. Les fossés ouest et sud résultent certainement de l'extraction de la
terre utilisée pour la construction de la fortification42. Le rempart est composé
d'un remplissage de terre avec un parement en calcaire corallien dont le sommet
est complètement arasé. La destruction de ce rempart a provoqué des dépôts
d'effondrement de chaque côté des murs, qui empêchent une bonne lisibilité du
tracé de l'enceinte. П est notamment difficile de savoir si des tours étaient
accrochées le long de l'enceinte. Seul Pearce a pu observer une entrée en
chicane flanquée de tours, localisée au sud-ouest du fort avec des murs percés
de trous de boulin de 15 cm de diamètre.
Actuellement on ne voit plus aucune trace des aménagements décrits dans
les années 1920. Dans l'angle nord-ouest, un escalier mène au sommet des
courtines. Trois grands bâtiments se dressent à l'intérieur du fort, l'édifice
central, doté de murs épais, mesurant 46 m de long sur 8 de large. Une aile du
bâtiment est constituée d'un portique à colonnes dont huit bases subsistent
encore. Un puits carré aménagé au sud de la cour alimentait en eau les gens du
fort. Des traces de maisons en matériaux périssables ont été découvertes au sud
de l'enceinte et à l'extérieur de l'enclos.

39 Kirkman, in Strandes (1971 : 309) et LaViolette (1989). La céramique importée forme un


ensemble cohérent de bleus et blancs et de céladons du xve siècle.
40 Les traditions orales de Pemba parlent aussi de ces nouveaux venus, les wa-Debuli qui
auraient conquis des territoires par la force puis obligé les gens à construire des maisons et des
mosquées en pierre. Les wa-Debuli seraient les premiers habitants de Pemba à construire des
édifices en pierre, ce qui conforterait notre hypothèse sur une origine indienne du travail de la
pierre en Afrique orientale et d'une double migration indienne, du Deccan et du delta de PIndus.
Les Diba seraient assimilés aux Debuli, mais il semblerait qu'ils soient issus d'une population
différente venue des îles Maldives (Gray 1962 : 27).
42 Clark et Horton (1985 : 27-40).

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L'ART DE LA GUERRE CHEZ LES SWAHILI 81

Figure 2 - Le fort de Nkame Ndume

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82 Stéphane PRADINES

LA GUERRE : SOLUTION AUX TENSIONS ÉCONOMIQUES

La cité-État swahili, une succession de pouvoirs régionaux

S'il est vrai que les richesses de la côte ont suscité la convoitise des
populations environnantes, les études sur les Swahili ont trop souvent décrit les
conflits régionaux comme des guerres entre cités côtières et populations du
continent ou envahisseurs maritimes. Nous pensons qu'à cette image de
conflits horizontaux (Swahili/intérieur/mer) il y aurait lieu d'introduire les
notions de conflits verticaux entre les différentes cités-États swahili et de
conflits internes (ou guerres civiles de succession). En effet, les cités swahili
étaient en compétition permanente pour accéder aux ressources de l'intérieur
des terres et s'approprier le commerce maritime international. Les tensions
politiques puis les affrontements militaires engendrés par cette compétition
économique nous amènent à penser que les premiers adversaires des Swahili
furent les Swahili eux-mêmes.
L'autonomie politique des villes de la côte est-africaine est mentionnée
dans le Périple de la mer Erythrée dès le début du premier millénaire : « Le
long de cette côte [...] chaque lieu a son propre chef»43. Mais les cités-État44
swahili n'apparaissent dans les textes qu'au Xe siècle avec la description de la
ville fortifiée de Kanbalu qu'en donne al-Mas'udî. Ces cités-États atteignent
leur apogée au début du XVe siècle avec les célèbres exemples de Pate,
Mombasa et Kilwa. Selon De Barros, chaque ville avait son roi et aucune n'était
vassale d'une autre45. Chaque cité avait un territoire hiérarchisé inclus dans un
réseau couvrant toute la côte orientale. Le cas des agglomérations swahili
conforte donc la théorie de la place centrale, basée sur la géographie
quantitative et l'étude du peuplement d'un territoire, qui stipule notamment que deux
cités ne peuvent pas coexister dans la même région au même moment. Ainsi
dès sa fondation, Kilwa dut se livrer à une compétition sans merci contre Songo
Mnara pour obtenir le monopole de l'écoulement de l'or46. Ces rivalités
engendrèrent des guerres entre les deux villes du XIe au XIIe siècle. Ce n'est qu'au
XIVe siècle que la ville de Kilwa eut enfin le contrôle des régions aurifères de
l'arrière-pays de la ville de Sofala, où elle plaça un gouverneur47. De Barros
précise qu'elle contrôlait toute la côte orientale, de Mombasa à l'île de Mozam-

43Mauny(1968:28).
Ce concept de cités-États a été abandonné par nos collègues américanistes travaillant sur la
zone maya ; ils préfèrent parler d'entités politiques régionales, mais il s'agit de la même notion.
45 De Barros (1552, tome II : 21).
46 Freeman-Grenville (1962 : 126).
47 Idem : 133 etMatveiev(1985 : 506).

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L'ART DE LA GUERRE CHEZ LES SWAHILI 83

bique ; elle dirigeait aussi l'île de Mafia et ses deux villes principales, Kisimani
etKua48.

L 'organisation militaire et l'armement

Les sources historiques sont avares de renseignements sur l'organisation


militaire des Swahili, leur commandement et la structure de leurs armées. Al-
Mas'ûdï signale simplement que chaque ville avait sa propre armée. Il était
généralement d'usage d'enrôler tous les hommes pour participer aux actions
défensives ou offensives de la cité. En 1634, Rezende49 donne quelques
estimations sur le nombre de soldats swahili pouvant être réquisitionnés : le roi de
Pate possédait 3 000 Maures50 armés assistés par des Caffres51 du continent ; le
roi d'Ampaza (Faza), fidèle au Portugal, avait 1 500 Maures armés ; enfin,
Lamu, qui payait aussi un tribu aux Portugais, était protégée par 1 500 Maures.
Les armées permanentes et les soldats de métier ne sont mentionnés qu'au XVIII*
siècle, quand les sultanats d'Oman et de Zanzibar emploient de nombreux
Hadrami yéménites et des Baloutchi, originaires du nord-ouest du Pakistan
actuel52.
Les cités swahili avaient des accords militaires avec certaines populations
de l'intérieur. Ces alliances permettaient à la cité de disposer d'un grand
nombre de soldats utilisés pour sa défense et aussi de canaliser les énergies
guerrières de voisins turbulents. Pate, qui avait employé des Oromo lors de conflits
avec les Portugais en 1636, 1687 et 1697, gardait des contacts avec ces derniers
et les Somali voisins. La ville de Faza fit souvent appel à des guerriers bajûni
pour faire face aux agressions oromo et somali. Les mercenaires bajûni,
associés aux Maracatos51 lors des combats de 1686 et 1697, furent enrôlés par
les Portugais en 1728 pour mener des raids sur la ville de Pate ; tandis que
4 000 d'entre eux assistèrent les Portugais en 1730 pour reprendre Fort Jésus à

48 Freeman-Grenville (1962 : 144) ; Mathew (1963 : 124) et Rezende (1634), in Gray (1947 :
175-186).
49 Rezende (1634), in Gray (1947 : 175-186).
Sous le terme maure les Portugais regroupaient tous les groupes swahiliphones (Rezende
(1634) in Gray (1947 : 175-186)).
51 L'appellation de coffre ou cafre vient du mot turc hâfir qui désigne les infidèles ou les mauvais
musulmans.
52 Les Hadramî de la garnison de Dar es-Salam étaient appelés Shihirî. En 1840, les troupes,
réparties entre Mombasa et Zanzibar, étaient constituées essentiellement de Baloutchi venus de la
région de Matrah. Guillain (1847, vol. II : 238) et Le Cour Grandmaison (1998 : 54).
53 Les Maracatos étaient des mercenaires qui, associés aux Bajûns et aux Galla, composaient les
forces armées de Pate qui assiégèrent les Portugais de Fort Jésus en 1697. Les Portugais
désignaient les pasteurs somali sous les noms de Maracatos et de Katwa.

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84 Stéphane Pradines
=Mombasa Oman was occupied by Persians - Zanzibar too
Mobasa54. Selon les Portugais, des groupes d'éleveurs moceguejos vivaient
aux environs de Malindi au XVIe siècle55. Entre 1506 et 1571, des témoignages
portugais décrivent l'impossibilité de progresser à l'intérieur des terres de
Malindi à cause des agressions des kaffirs moceguejos considérés comme très
féroces56. Les sources portugaises parlent aussi des Mozungullos pour désigner
les Mijikenda vivant dans les environs de Mombasa et de Malindi57. Une tribu
de Mozungullos, occupant les collines entre Mtwapa et Kilifi, aurait ravitaillé
les Portugais pendant le grand siège de Fort Jésus en 1696-98. Selon Guillain,
il pourrait s'agir des Chonyi qui étaient encore les vassaux du Cheikh de
Mtwapa au XIXe siècle58. 1500 Mozungullos (Mijikenda) se battaient aux côtés
des Swahili contre les Portugais en 1728. Après la prise de Mombasa en 1729,
chaque groupe swahili et mijikenda envoya un délégué à Oman afin d'obtenir
des compensations59. En 1753, les gouverneurs Mazru1! de Mombasa
demanderont l'aide militaire des Mijikenda quand ils seront attaqués par Zanzibar.
Enfin, les cités-États swahili utilisaient des étrangers pour régler leurs
conflits personnels. L'exemple le plus frappant est celui de la ville de Malindi,
dont le sultan conseilla aux Portugais de détruire et d'asservir de nombreuses
agglomérations, entre 1540 et 1560, sous prétexte qu'elles n'étaient pas loyales
ou ne voulaient pas se soumettre à la couronne du Portugal. Bien entendu, le
but du sultan de Malindi était de replacer sa ville sur l'échiquier politique au
niveau qu'elle occupait trois siècles auparavant.
La poliorcétique swahili est révélatrice de la faiblesse militaire des
assaillants avant le XVIe siècle. En effet, il n'est fait mention que de quelques
catapultes à Kilwa et à Zanzibar60, seuls moyens de défense contre les navires
ennemis. En 1505, l'allemand Hans Mayr signale quatre bombardes à Kilwa,
mais personne selon lui ne sait se servir correctement de la poudre61. Les récits
de voyageurs européens et arabes permettent de mieux reconstituer les
techniques de combats et les armes employées par les Swahili. En 1505, Dom
Francisco d'Almeida, qui lança des expéditions punitives contre les cités rebelles de
Mombasa et de Kilwa, donne quelques informations sur l'armement de Kilwa :
« Les hommes sont armés avec des arcs et de grandes flèches, d'épais
boucliers tressés en feuilles de palmier et rembourrés de coton, et des piques

54 Abungu (1989: 155-158).


Horton (1984 : 48-51 et 76-79). Les Moceguejos étaient certainement des Segeju qui aidèrent
la ville de Malindi quand elle fut attaquée par les Zimba en 1589.
56 Freeman-Grenville (1963 : 129) et Martin (1973 : 26).
57 Morton (1972: 397- 423).
58 Guillain (1848) et Kirkman in Strandes (1968 : 290 et 305-306).
59 Owen in Sperling (1988) et Spear (1981 : 95).
60 De Barros m Freeman-Grenville (1962 : 107).
Hans Mayr, voyage sur le San Rafael, bateau de la flotte d'Almeida, in Strandes (1968 : 80).

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L'ART DE LA GUERRE CHEZ LES SWAHILI 85

meilleures que celles de Guinée. Quelques épées ont été observées. Ils ont quatre
catapultes pour jeter des pierres mais ne connaissent pas encore l'usage de la
poudre [...] »62.
Les Mozungullos (Mijikenda), alliés de Mombasa, utilisaient des flèches
empoisonnées par un suc tiré du fruit d'une espèce de palmier à huile qui
provoquait des hémorragies et de violents maux de tête63. Une de ces flèches
est décrite lors de l'expédition de Dom Francisco ď Almeida contre Mombasa :
« Dom Fernando de Sa fut blessé par une flèche qui n'avait pas une pointe
en fer. Certaines de leurs flèches sont faites en bois avec des pointes de fer,
d'autres sont faites en bois durci au feu et trempé dans un poison inconnu.
Certains disent que le bois lui-même est vénéneux . . . »M.
L'essentiel de l'arsenal swahili fut très peu perméable à l'influence arabe
et resta africain : couteaux à lame fléchie, lances à pointe en flammèche,
longues piques en bois, arcs, flèches et petits boucliers circulaires. Au début du
XVIe siècle, les Portugais remarquèrent seulement quelques catapultes placées
au sommet des murailles de Kilwa ou des bombardes équipant les bourres de
Zanzibar65. Plus tard, ce sont les Omanais qui introduiront le mousquet, le
canon et le sabre. Les mousquets, vendus en grand nombre aux négriers, seront
d'ailleurs à l'origine d'une augmentation considérable de la violence et des
exactions envers les populations de l'intérieur durant tout le XIXe siècle.

CONCLUSION : LES FORTS, SYMBOLES D'UN POUVOIR


POLITICO-COMMERCIAL

L'étude des premiers forts swahili met en évidence des aspects peu connus
des échanges dans l'océan Indien entre l'Afrique, l'Arabie et l'Inde. Il s'avère
que la construction de ces forts fut étroitement liée aux activités commerciales
de la cité swahili et ce dès l'origine. Ainsi Husuni Ndogo fut construit au début
du XIIIe siècle lorsque Kilwa prit le contrôle de la région de Sofala et s'attribua
la gestion du commerce de l'or. L'importance d'une cité se mesure souvent à
ses fortifications, de même que la date de création des ouvrages militaires
renseigne sur les problèmes politiques et économiques de la côte orientale de
l'Afrique. L'inventaire et l'étude des forts swahili aboutissent par conséquent à
une approche événementielle des enjeux géopolitiques en Afrique de l'Est.

62 De Barros m Freeman-Grenville (1962 : 107).


63 Freeman-Grenville (1962 : 179).
64 De Barros in Freeman-Grenville (1962 : 1 10).
65 Dans la tradition orale de Pemba, les Indiens wa-Debulis sont associés à ces armes à feu. Il
pourrait donc s'agir de bombardes du Deccan (Freeman-Grenville (1962 : 153) et De Barros
(1503), in Gray (1962: 26)).

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86 Stéphane PRADINES

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