CENTRALE THERMIQUE
Paramètres chimiques d'eau centrale thermique
La pression et les caractéristiques de la chaudière définissent la qualité de l’eau qui est nécessaire à la
production de vapeur.
La séquence des traitements est fonction de l’espèce et de la concentration des éléments de
contamination qui se trouvent dans l’eau d’appoint et de la qualité de l’eau traitée que l’on désire
obtenir.
Trois phénomènes indésirables liés à la qualité de l'eau sont redoutés dans les chaudières:
la formation de dépôts
la corrosion
le primage
Les dépôts
Les composés les plus courants que l’on retrouve dans les dépôts sont le phosphate de calcium, le
carbonate de calcium et les divers oxydes de fer. Les dépôts forment une isolation sur le tube et
réduisent par conséquent la diffusion de la chaleur donc le rendement de la chaudière. Des dépôts
importants peuvent provoquer des surchauffes locales qui peuvent conduire à des percements voire des
ruptures du tube.
La corrosion
La corrosion de l'acier par l'eau neutre ou légèrement alcaline est lente.
Si le pH de l'eau est légèrement acide, dû le plus souvent à la présence de gaz acide dissous, la corrosion
est plus rapide.
Elle est encore accélérée par la présence de traces d'oxygène. Elle peut avoir lieu dans le système
d’approvisionnement d’eau, dans le générateur de vapeur et dans les tuyauteries de retour de
condensats.
La lutte contre la corrosion des circuits d'eau et de vapeur, passera par l'élimination de l'oxygène par des
moyens physiques ou chimiques.
Un autre type de corrosion est dû à une attaque par des produits alcalins (corrosion caustique ou caustic
gauging). Elle se produit dans certaines zones lorsqu’il y a concentrations caustiques due à la formation
de bulles de vapeur (alternance vapeur / eau avec formation de dépôt des sels suite à l’évaporation, puis
corrosion sous dépôt).
Le primage
Le troisième problème important est l’entraînement de l’eau de la chaudière dans la phase vapeur. Cela
peut être dû à :
- Un effet mécanique : entraînement de l’eau par la vapeur
- La volatilité de certains sels de l’eau de chaudière comme la silice ou les sels de sodium
- La formation de mousse.
Les trois principes fondamentaux qui permettent de maîtriser ces problèmes sont:
- Le pré-traitement de l’eau avant de l’introduire dans la chaudière pour réduire les éléments chimiques
non souhaitables (calcium …) les gaz et les matières en suspension.
- Le traitement de l’eau d’alimentation de la chaudière, de l’eau de chaudière, des condensats avec des
produits de conditionnement.
- La purge, pour limiter la concentration en produit chimique de l’eau de chaudière par évacuation d’une
partie de l’eau contenue dans la chaudière.
Traitements réducteur d'oxygène
L’oxygène est excessivement corrosif lorsque dissous dans l’eau. L’oxygène présent dans l’eau de
chaudière peut générer une pile de corrosion avec le fer et se manifeste par l’apparition de «pitting»
provoqué par le passage en solution de fer au niveau d’une anode :
Anode : Fe ==> Fe2+ + 2e-
Cathode : H2O + O2 + 4 e- ==> 4OH-
Cette corrosion se présente sous forme de piqûres qui progressent très vite en profondeur jusqu’à la
perforation du métal.
La réduction de l’Oxygène est principalement assurée par un dégazage thermique de l’eau à la vapeur au
niveau du dégazeur. Dans la plupart des cas cette opération n’est pas suffisante et il est nécessaire de
réduire chimiquement l’oxygène restant.
Cette réduction complémentaire de la teneur en oxygène est souvent réalisée par des réactif chimiques
tels que:
- l'hydrazine
- les hydroxylamines
- les cétoxymes
- la carbohydrazide
Contrairement aux réducteurs minéraux (sulfites par exemple), ces réducteurs organiques n’apportent
pratiquement pas de salinité.
Sulfite de sodium
Le sulfite de sodium est le premier réducteur chimique d'oxygène largement utilisé dans la production de
vapeur. Il réagit avec l'oxygène pour former du sulfate.
2Na2SO3 + O2 ==> 2Na2SO4
La stoechiométrie de la réaction indique qu'en poids il faut 8 parts de sulfite pour consommer 1 part
d'oxygène.
La vitesse de réaction du sulfite augmente avec la température et le pH de l'eau.
Le sulfite n'aide pas à la passivation du métal pour le protéger contre d'autres sources de corrosion.
Le sulfite assure une protection contre l'oxygène depuis les circuits d'alimentation en eaux jusque dans la
chaudière, mais pas sur les circuits vapeur puisqu'il n'est pas volatil et reste donc dans l'eau.
Il augmente la teneur en sels de l'eau en chaudière, et donc le besoin en purge.
Il se décompose à partir de 250°C produisant des sulfures et dioxyde de soufre volatils conduisant à des
gaz acides dans la vapeur produite et des corrosions potentielles dans les circuits avals. Pour cette raison
l'utilisation de sulfite dans des productions de vapeur supérieure à 40 bars est déconseillée.
TRAITEMENT A L'HYDRAZINE
Malgré sa toxicité et son caractère éventuellement cancérigène, l'hydrazine est l'additif anti-corrosion le
plus utilisé depuis les années 1960.
A la fois anti-oxygène et inhibiteur de corrosion, il agit aussi bien en phase liquide qu'en phase vapeur.
Cependant sa volatilité est faible et il demeurera essentiellement dans l'eau. Il n'augmente pas la teneur
en sel de l'eau en chaudière.
Réaction avec l'oxygène:
N2H4 + O2 ==> N2 + 2H2O
La température, l'excès d'hydrazine, les pH élevés et la présence de catalyseur sont les principaux
facteurs qui favorisent la vitesse de réaction.
Certaines qualités activées (Levoxin de Bayer, Liozan de Atofina) réagissent plus rapidement avec
l'oxygène.
Action inhibitrice de la corrosion:
L'hydrazine accélère l'oxydation du FerII en FerIII avec formation d'une couche passivante de magnétite
dès 50°C:
3 Fe(OH)2 + N2H4 ==> Fe3O4 + N2 + 2 H2O
Cette réaction est défavorisée par la présence d'hydrogène dans la vapeur.
De même l'hydrazine converti les couches oxydées d'oxyde cuivrique en oxyde cuivreux plus stable:
La principale caractéristique à considérer dans le choix d'une amine neutralisante est son coefficient de
partage entre phases vapeur et liquide dans les conditions opératoires. Le coefficient de partage se défini
comme:
concentration dans la vapeur / concentration dans l'eau liquide
Les amines neutralisantes les plus courantes sont:
- la Morpholine (faible coefficient de partage: 0,4 à P atm et 1,3 à 40 bars)
- la Cyclohexylamine (coefficient de partage élevé: 4 à P atm et 6,6 à 40 bars)
- la Monoethanolamine (MEA),
- la Methoxypropylamine (MOPA)
- le Diéthylaminoéthanol
- l'Aminométhylpropanol
Elle est injecté dans le dégazeur.
Amines filmogènes
Dépose un film protecteur sur les surfaces exposées.
Un défaut de dosage peut entraîner des zones non protégées, tandis qu'un surdosage peut provoquer
des moussages.
Traitement aux phosphates
Une technique maintenant ancienne pour assurer un pH alcalin dans l'eau de chaudière consiste en
l'addition de phosphate trisodique (Na3PO4), éventuellement en mélange avec du phosphate disodique
(Na2HPO4) . Dans l'eau il est capable de libérer de la soude, provoquant l'augmentation du pH.
Na3PO4 + H2O ==> Na2HPO4 + NaOH
Le principal avantage du traitement aux phosphates est effet tampon qui augmente la tolérence aux
intrusions d'impuretés pouvant affecter le pH de l'eau.
Un autre avantage de ce traitement est la réaction avec les sels de calcium, de magnésium et la silice
pour former des précipités non adhérents qui peuvent être aisément éliminés sous forme de boues avec
les purges:
10 Ca2+ + 6 PO43- + 2 OH- ==> 3 Ca3(PO4)2.Ca(OH)2 (hydroxyapatite de calcium)
3 Mg2+ + 2 SiO32- + 2 OH- + H2O ==> 2 MgSiO3. Mg(OH)2.H2O (serpentine)
Différentes stratégies de traitement utilisant les phosphates de soude sont proposées; elles visent à:
- maintenir un pH suffisant
- éviter une corrosion caustique dûe à un excès de soude localisé ou généralisé
- éviter la précipitation de phosphate sur les surfaces chaudes