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Allergie aux hyménoptères

Entomologie
Epidémiologie

Bruno Girodet (Lyon)


Entomologie
DEFINITION « HYMÉNOPTÈRE »
(dictionnaire Larousse)

 nom masculin
 (grec humenopteros, aux ailes membraneuses)
 Insecte à métamorphose complète qui, comme les
abeilles, guêpes, fourmis, possède quatre ailes
membraneuses, inégales, des mandibules faites pour
broyer, les autres pièces buccales pour lécher et
aspirer les liquides. (Les ailes antérieures et postérieures
du même côté sont couplées par des crochets
[hamules] ; elles peuvent être réduites ou absentes.)
 Dans la classification du vivant, c’est un ORDRE
Au début de la vie sur terre,
il y avait « LUCA »
 LUCA : Last Universal Common Ancestor
 Points de départ :
 4 bases pour les acides nucléiques
 20 acides aminés pour les protéines
 Un code génétique universel reliant les triplets de bases
aux acides aminés
 Tous les êtres vivants actuels sont ses
descendants

Bio-informatique: Principes d'utilisation des outils


de Denis Tagu et Jean-Loup Risler
Après LUCA :
l’évolution darwinienne

 Tous les organismes vivants actuels sont les résultats de la


dualité modification/sélection
 Modifications par mutations au niveau des gènes
 Par erreur de copie au niveau de l’ADN polymérase
 Par modification des bases sous l’effet des rayonnements
 Par déplacement d’une portion de chromosomes
 Modifications des protéines qui peuvent aboutir à :
 Disparition de l’individu ou de ses descendants
 Apparition d’une nouvelle variété allélique
 Amélioration de l’espèce
 Spéciation d’une nouvelle espèce
Les trois domaines du vivant

 Classification
selon Carl R. Woese
& George E. Fox
 Etablie par l'analyse
phylogénétique de
la séquence de
l'ARN ribosomique
16S

LUCA
Vespoïdes
Classification des hyménoptères piqueurs

ORDRE HYMENOPTERA

SOUS-
APOCRITES
ORDRE

SECTION ACULEATES

SUPER-
APOIDEA VESPOIDEA
FAMILLE
EUMENIDAE MASARIDAE
FAMILLE APIDAE FORMICIDAE VESPIDAE
(guêpes solitaires)

SOUS- VESPINAE
FAMILLE

GENRE BOMBUS APIS VESPULA VESPA POLISTINAE

SOUS- VESPULA SENSU STRICTU


DOLICHO
GENRE VESPULA

V. vulgaris Dv. geeri P. gallicus


ESPECE V. germanica
V. rufa
Dv. sylvestris
V. crabro
P. nimpha
Les Guêpes
Les différentes guêpes
Les guêpes sociales
Elles forment des colonies annuelles fondées au printemps par une
femelle fécondée, la reine. Le nid est constitué d'alvéoles de « carton »
que les guêpes produisent en mastiquant du bois pour le mélanger à
leur salive

Les guêpes fouisseuses (solitaires)


Pour son nid, la femelle peut utiliser diverses cavités (tiges creuses,
anfractuosités)ou bâtir de toutes pièces des loges (en terre) ou creuser
plusieurs cellules dans le sol
Le nid peut être rempli d'arthropodes (insectes matures, larves,
araignées) souvent paralysés à l'aide de son venin et sur lesquels elle
pond

Les pompiles (solitaires)


La femelle nourrit ses larves avec des araignées (une araignée par œuf)
Soit, elle utilise le nid de l'araignée, soit elle utilise une cavité
préexistante, soit elle creuse un terrier avant ou après avoir capturé une
proie

Les guêpes maçonnes (sociales ou solitaires)


Ce sont des guêpes formant des petits nids d'argile ou de boue ou de
particules de sable et argiles agglomérées avec de la salive
Une pompile
Guêpe fouisseuse

Photographie Jean-Louis Brunet


Guêpe maçonne

Photographie : J. CHARREAU
Guêpe vespula

Photographie Jean-Louis Brunet


Guêpe poliste
Nid de polistes

Photographie Jean-Louis Brunet


Les œufs dans les alvéoles
Evolution de la larve
Les Frelons
Les frelons
 Pouvant atteindre 45 millimètres de longueur, les frelons sont les plus grands
insectes eusociaux
 Une piqûre de frelon n'est généralement pas plus dangereuse qu'une
piqûre de guêpe ou d'abeille mais elle est particulièrement douloureuse à
cause d'un taux plus important d'acétylcholine
 De plus, le frelon est assez pacifique et n'attaquerait qu'en dernier recours,
surtout aux environs de son nid lorsqu'il sent celui-ci attaqué
 Les frelons sont des prédateurs redoutables pour d'autres insectes comme
les guêpes, les abeilles ou encore les mouches

 Vespa velutina ou frelon asiatique, récemment apparu en France, est


responsable de la disparition d'abeilles, voire de ruches dans certaines
régions
 Vespa orientalis est présent en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient
mais pas en Sardaigne, ni au Maghreb méditerranéen, ni dans la
péninsule ibérique
 Vespa Crabro est présent sur quatre continents :
Europe, Asie, Afrique et Amérique
Frelon européen

Photographie Jean-Louis Brunet


Vespa orientalis
Frelon asiatique
Nid de frelon asiatique
Les Abeilles
Les abeilles sociales
 La colonie est composée de trois castes :
 La reine, l'unique femelle fertile et fécondée du groupe, mère
de toute la colonie. Son espérance de vie est d'environ trois à
quatre ans
 Une majorité d'ouvrières, femelles stériles qui assurent
l'entretien et le ravitaillement du nid, ainsi que les soins
au couvain (sorte de maternité où se développent les futures
abeilles). Elles assurent successivement toutes ces tâches au
cours d'une vie durant de quelques semaines à quelques mois
 Des mâles (ou faux-bourdons) dont le seul rôle connu est la
fécondation des futures reines et qui meurent après
l'accouplement. Le mâle (ou faux-bourdon) vient au monde
par un mode de reproduction appelé parthénogenèse
gamophasique. Il naît donc d’un ovule de reine non fécondé
 Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle
survit à la saison froide
Abeille domestique
La reine et ses ouvrières
Le faux bourdon
Carte de distribution : Apis Mellifera

Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées


sur la planète
Les abeilles solitaires
 La majorité des abeilles sauvages sont solitaires et ne
fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle)
 les abeilles femelles construisant individuellement un petit
nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou
dans un arbre, coquille d'escargot, etc.).
 Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui
habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes
à moelle
 D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des
galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par
des insectes xylophages
 D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois
de terre sèche ou dans le sol
Andrène

Genre d'insecte
hyménoptère (abeille
inférieure), mellifère,
porte-aiguillon, solitaire,
nidifiant dans les sols
sablonneux et présentant
de nombreuses espèces
en France
Abeille sauvage

Photographie Jean-Louis Brunet


Abeille charpentière

Photographie Jean-Louis Brunet


Les Bourdons
Les bourdons
 Insectes sociaux ou solitaires au vol bruyant, plus trapus et
plus velus que les abeilles sauvages ou domestiques.
 La reine de bourdons fonde sa colonie en édifiant le nid et
l'approvisionne au début
 Les bourdons ne sont pas des insectes agressifs et ne
piquent que par autodéfense quand ils se sentent
menacés ou quand on dérange leur « nid »
 Les bourdons sont de grands pollinisateurs encore actifs
dans des conditions climatiques peu favorables et sont
essentiels pour la biodiversité
 Ils sont utilisés dans les serres de fraisiers, tomates,
aubergines, etc. et dans le cadre de l'agriculture raisonnée
Bourdon

Photographie Jean-Louis Brunet


La vie sexuelle particulière des bourdons
Ann-Marie Rottler-Hoermann de l'Université de Ulm
Journal Royal Society Open Science

 Le cycle de vie d'une colonie de bourdons commence au printemps, quand la reine se


réveille de son hibernation. Elle trouve alors un endroit où se poser et y pond ses premiers
œufs, les premières ouvrières
 Ces dernières prennent en charge la collecte de nourriture, la construction du nid et
l'alimentation des larves alors que la reine se concentre sur la ponte et la production
d'ouvrières
 Lorsque la colonie a atteint une certaine taille, la production des ouvrières s'arrête et on
commence à préparer l'avenir en produisant les futurs reines et des mâles qui les
féconderont
 Les ouvrières n'ont pas besoin de s'accoupler pour pondre des œufs mais n'engendrent
que des mâles (dont le rôle se limite à féconder les futurs reines à la fin de l'été)
 Mais quand elles commencent à pondre... elles sonnent le glas du développement
paisible de la ruche
 Les ouvrières deviennent alors des rivales pour la reine. Les ressources (nourriture, soins),
qui sont nécessaires pour élever les larves, sont précieuses et limitées
 Les ouvrières deviennent soudain très agitées, allant parfois jusqu'à se battre ou tuer les
œufs des autres. Des conflits si violents qu'ils peuvent même se solder par la mort de la
reine
 Certaines ouvrières se mettent à pondre des œufs alors que d'autres restent
éternellement au service de la communauté. C'est un changement dans la composition
de la cire qui déclencherait la course à la reproduction
 Chez certaines espèces d'insectes hautement sociaux, les ouvrières ne sont pas du tout
capables de se reproduire. On n'observe alors aucun conflit potentiel
Les Fourmis
Les fourmis
 Les fourmis appartiennent aux Formicidés, l’une des familles de la section
des Aculéates avec les Apidés et les Vespidés
 Les fourmis sont des insectes sociaux et les femelles sont majoritairement
des ouvrières
 Les gynes sont pourvues d’ailes à leur éclosion et les perdent après leur
fécondation par les mâles, également ailés, après le vol nuptial
 La plupart des fourmis sont dépourvues d’aiguillons, c’est le cas pour les
sous-familles des Formicinae et des Dolichoderinae. Les Ponerinae sont
de très petites fourmis noires qui, bien qu’équipées d’un aiguillon et
possédant du venin, ne piquent pas.
 Enfin, chez les Myrmicinae, quelques espèces sont capables de piquer,
comme les fourmis du genre Myrmica ou Manica rubida. En dehors des
éventuelles réactions allergiques, ces piqûres désagréables sont
relativement peu douloureuses et sans danger
 Par contre, les fourmis sont capables de mordre la peau en surface et d’y
déposer un peu d’acide formique, qui est sans danger. La sensation
désagréable part presque immédiatement mais la peau peut conserver
quelques rougeurs plus longtemps.
 Mais les fourmis les plus dangereuses (autant que les abeilles et les
guêpes) vivent en Amérique centrale et au Sud des Etats-Unis (Solenopsis,
« fire ant » ou fourmi de feu) et en Australie (Myrmecia, « bull ant » ou
fourmi bélier), posant dans ces pays un problème sanitaire important
Une jeune reine (gyne)
de Formica truncorum juste
avant l’envol nuptial. Elle perdra
ses ailes après l’accouplement.
© L. Sundström
Fourmis

Accouplement d’une reine


de Formica paralugubris après
le vol nuptial. Le mâle à
gauche va bientôt périr. La
reine à droite va bientôt
perdre ses ailes. © A. Maeder
A fire ant worker, queen, and male

S.E. Thorpe
Fourmis

Photographie Jean-Louis Brunet


Les sosies…
Syrphe (Episyrphus balteatus)
Sirex géant (Urocerus gigas)
Tenthrède du Rosier
Les venins
Aiguillon de guêpe
Composition des venins d’hyménoptères
ABEILLE GUEPE FRELON POLISTE
histamine histamine histamine histamine
dopamine dopamine
sérotonine sérotonine sérotonine
acétylcholine
noradrénaline noradrénaline noradrénaline noradrénaline
melittine
apamine
peptide MCD
bradykinine bradykinine bradykinine
phosphat. acid phosphat. acid phosphat. acid
phospholip. A phospholip. A phospholip. A phospholip. A
phospholip. B phospholip. B phospholip. B phospholip. B
hyaluronidase hyaluronidase hyaluronidase hyaluronidase
Allergènes des venins d’APIDAE
 Phospholipase A2 (Api m 1)reconnue par 90% des patients allergiques et
différente de la PLA1 des Vespidae
 Hyaluronidase (Api m 2) réactivité croisée 10 % avec hyaluronidase des
Vespidae (Ves v 2)
 Mélitine (Api m 4)
 Phosphatase acide (Api m 3)
 Dipeptyl-peptidase IV (Api m 5)
 Protéines 8 et 9 de la gelée royale (Api m 11)
 Icarapine (Api m 10)
 Vitellogénine (Api m 12)
 Api m6, Api m7, Api m8, Api m9, Api m13
NB : presque 70% des patients ont une sensibilisation à des allergènes qui ne
sont pas présents dans les thérapeutiques de désensibilisations (ex de Api m 3
et Api m 10, seules IgE spécifiques vis-à-vis du venin d’abeille chez 5% des
patients)

Julian Köhler & col.


The Journal of Allergy and Clinical Immunology - May 2014 (Vol. 133,
Issue 5, Pages 1383-1389.e6, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.10.060)
Component resolution reveals additional major allergens in patients with
honeybee venom allergy
Julian Köhler, MS, Simon Blank, PhD, Sabine Müller, MD, Frank Bantleon, DiplBiol, Marcel Frick, MS, Johannes Huss-Marp, MD,
Jonas Lidholm, PhD, Edzard Spillner, PhD, Thilo Jakob, MD

Journal of Allergy and Clinical Immunology


Volume 133, Issue 5, Pages 1383-1389.e6 (May 2014)
DOI: 10.1016/j.jaci.2013.10.060

Diagnostic sensitivity of sIgE to different


combinations of HBV allergens. Detection of IgE
reactivity to a panel of HBV allergens increases
diagnostic sensitivity in patients with HBV allergy (n
5 144)
Allergènes des venins de VESPIDAE

 Phospholipase A1 (Ves v1 ou Dol m1)


 Hyaluronidase (Ves v2 ou Dol m2)
 Antigène 5 (Ves v5 ou Dol m5 ou Pol
d5)

 Allergénicité croisée +++ entre


Vespula et Dolichovespula
Vespula et Vespa crabro
Epidémiologie
La sensibilisation

 Prévalence dans la population générale


 Tests cutanés et/ou IgEs :
 Adultes : 9,3 - 28,7%
 Enfants : 3,7%
 IgEs abeille : 6 - 17%
 IgEs guêpe : 12 - 21%

 Prévalence chez les apiculteurs


 IgEs abeille : 36 - 79%

J. Birnbaum / Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 45 (2005) 489–


492
Réactions locorégionales
 Caractéristiques :
Situées au point de piqûre
Survenue dans les 30 min - parfois retardée
Taille > 10 cm - Durée > 24 h
Douleur, prurit, œdème ++
Extension locorégionale (articulaire)
Evolution bénigne
IgE spécifiques positives dans 50 à 80% des cas

 Prévalence :
adultes : 2,4 - 26,4%
enfants : 19%
apiculteurs : 31 – 38%

 Valeur prédictive :
Environ 5%de risque de réactions systémiques

J. Birnbaum / Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 45


(2005) 489–492
Les réactions systémiques

 Prévalence des réactions systémiques après piqûres


d’hyménoptères : 0,3 à 7,5 %
Bilo BM et al, 2005
 Les apiculteurs ont plus de risques : 14 à 43 %
Annila IT et al, 1996
 Les enfants sont moins à risques : 0,15 à 0,3 %
Bilo BM et al, 2005
 Risque de décès : 0,03 à 0,48 décès /an/ 1000000
habitants
USA: 40 - 50 morts/an; France : 10 - 20 morts /an
 Antécédents répertoriés de réactions systémiques
chez les patients décédés : 40 à 85 % (≠100 %)
Mosbech H, 1983
Sensitization to Hymenoptera venoms is common, but systemic
sting reactions are rare
Gunter J. Sturm, Bettina Kranzelbinder, Christian Schuster, Eva M. Sturm, Danijela Bokanovic,
Junta Vollmann, Karl Crailsheim, Wolfgang Hemmer and Werner Aberer
J Allergy Clin Immunol 2014;133:1635-43.
Merci de votre attention

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