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Les Fondamentaux Du Droit

SAMIR LABDI

DOCTEUR D’ETAT EN DROIT

2016
Les Fondamentaux Du Droit

Ce document comprend :

1. Les objectifs du module


2. Le contenu du module
3. Le mode d’évaluation et examen final
4. Les thèmes de recherche (seront communiqués en TD)
5. La bibliographie indicative
6. Plan sommaire

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Objectifs :

 Appréhender les fondamentaux du droit

 Comprendre la pertinence de l’élément légal et contractuel dans la vie de l’entreprise

 Mesurer l’importance de la responsabilité de l’entreprise

 Etre apte à analyser, comprendre et qualifier les différentes relations qu’entretient


l’entreprise avec ses différents partenaires :

◦ Fournisseurs ; Clients ; Concurrents

◦ Salariés ; Banques ; Administrations

◦ Etc. …

Contenu du module

 Le droit objectif

 Les droits subjectifs

Mode d’évaluation et Examen final

 Contrôle continu : (CC note sur 20)

 Travaux dirigés (exposé rendu) (TD sur 20)

 Examen final (EF note sur 20).

 La présence en cours est obligatoire.

 La note finale (NF) est obtenue par la formule :

◦ NF = 0.30*(CC) +0.20*TD +0.5*EF.

◦ Le Module est validé pour tout étudiant ayant obtenu une note supérieur ou
égale à10/20.

Thèmes de recherche :Seront communiqués en TD

BIBLIOGRAPHIE

 Mercati A. L’Essentiel du cours de Droit, Edition Nathan.

 Rémy Cabrillac, Introduction Générale au Droit, 10e Edition Dalloz.

 Mohammed Jalal ESSAID, Introduction à l’étude du Droit, 5ème Edition.

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Plan sommaire :

 Partie I : Le droit objectif


 Partie II : Les droits subjectifs
 Partie III : Introd. au droit des contrats
 Partie IV : Introd. au droit des sociétés
 Partie V : Introduction au droit du travail

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FONDAMENTAUX DU DROIT

INTRODUCTION GENERALE

 QU’EST CE QUE LE DROIT


Lorsqu’on veut définir le terme « droit », on s’aperçoit immédiatement de la
difficulté de trouver une définition unique.

Le droit est l’ensemble de ces mots que tout le monde emploie, mais qu’il est très
difficile de définir. Et cette difficulté vient d’abord du fait qu’il existe plusieurs définitions
possibles selon le point de vue à partir duquel on souhaite émettre une définition.

A travers vos recherches vous pouvez rencontrer une dizaine de définition du mot
« droit ». Toutefois, 4 définitions sont importantes.

 DEFINITION 1: LE DROIT EST UNE CERTAINE IDEE DE LA JUSTICE ET DE


L’EQUITE.
C’est en ce sens qu’on utilise le mot dans des expressions telles que le bon droit, être
dans son droit, etc. C’est le sens le plus courant, mais c’est aussi le moins intéressant d’un
point de vue technique, parce qu’il est trop vague.

 DEFINITION 2: LE DROIT EST L’ENSEMBLE DES REGLES QUI GOUVERNENT


LA CONDUITE DE L’INDIVIDU.
On dira par exemple : il faut respecter le droit.
Il faut ajouter dans un sens très voisin la science qui étudie cet ensemble de règles ainsi que
les différentes branches de cette science. Exemple :
 Droit privé
 Droit des contrats
 Droit commercial
 Droit civil
 Droit du travail

 DEFINITION 3: LE DROIT EST UN RAPPORT JURIDIQUE CONCRET,


CONSIDERE DU COTE DU CREANCIER.
Par exemple, lorsqu’on emploie des expressions telles que :

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Céder des droits, exercer un droit, etc., on considère bien une situation juridique concrète
et on l’envisage du côté de celui qui peut exercer un pouvoir, du côté du sujet actif.

 DEFINITION 4: LE DROIT EST UNE ESPECE PARTICULIERE DE RELATIONS


JURIDIQUES POSSEDANT DES CARACTERES COMMUNS.
Exemple : On parle du droit de propriété : on veut dire par là que dans certaines
situations juridiques par ailleurs très diverses, on retrouve des caractères communs.
Il est bien évident que le droit d’une telle personne sur sa maison par exemple n’est
pas le même que celui de telle autre personne sur sa voiture.
Ces droits sont différents parce qu’ils n’ont pas le même titulaire, parce qu’ils n’ont
pas le même objet, mais aussi parce qu’ils n’ont pas la même valeur.
Ces droits sont différents, mais pourtant il s’agit toujours d’un droit de propriété. Ce
qui implique que l’on retrouve dans les deux cas les caractéristiques essentielles de ce droit de
propriété.
Il apparait immédiatement que ces quatre définitions peuvent être regroupées deux
par deux.
Dans le cas de la 1ère et la 2ème définition, il s’agit en effet de ce qu’on appelle plus
précisément le droit objectif qui est ainsi appelé parce qu’il s’impose à tous. Il n’est pas
particulier à telle ou telle situation individuelle.
Au contraire, dans la 3ème et la 4ème définition, on trouve des prérogatives
individuelles qui sont accordées à certaines personnes qu’on appelle des sujets de droit.
C’est le cas notamment du droit de propriété. On parlera alors des droits subjectifs.
Les droits subjectifs sont ainsi appelés parce qu’ils appartiennent à des individus, à
des sujets de droit et qu’on les rencontre dans des situations innombrables. Donc, le droit
objectif s’oppose aux droits subjectifs.
Dans le 1er cas, on emploie toujours le singulier : le droit objectif pour bien montrer
qu’il s’agit d’une notion unique, d’un droit qui s’impose à tous.
Au contraire, à propos des droits subjectifs, on peut employer le pluriel parce que ces
droits appartiennent aux individus, aux sujets de droits et qu’on les rencontre dans des
situations innombrables.

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PARTIE I: LE DROIT OBJECTIF
Le droit objectif est l’ensemble des règles juridiques applicables dans un pays à
une époque déterminée.
On l’appelle également souvent, le droit positif pour bien montrer qu’il ne s’agit pas
d’un droit théorique, il ne s’agit pas du droit qui s’est appliqué dans le passé, ou qui pourrait
s’appliquer dans l’avenir, il s’agit bien du droit qui s’applique présentement.
A propos de ce droit objectif deux remarques préliminaires doivent être faites :

 1ère remarque : les règles de droit qui composent ce droit objectif ne sont
pas les seules lignes de conduite qui s’imposent à l’individu : on trouve
également les règles morales, les principes religieux et même en cherchant
bien on peut ajouter des systèmes tels que la mode ……
Par conséquent, il faudra d’abord définir ce qu’est exactement la règle de
droit, en l’opposant à d’autres ensembles de règles qui peuvent également
s’imposer à la conduite humaine. Cette première remarque doit être
complétée par une seconde.
 2ème remarque : dans la plupart des systèmes juridiques modernes, les règles
de droit sont contenues dans des textes écrits. Cela permet notamment
d’éviter toute incertitude sur l’existence et la signification de ces règles. Mais
il faut bien comprendre que ce système de droit écrit n’a pas été toujours le
système en vigueur.
Pendant très longtemps, les règles de droits ont été contenues dans des
coutumes orales transmises d’une génération à une autre par la tradition.
Il faut ajouter que ce droit coutumier n’a pas entièrement disparu :
 D’abord il existe dans certaines régions particulièrement attachées à leur
coutume ;
 Ensuite on le retrouve dans certaines professions aux coutumes très
modernes. C’est le cas notamment dans les bourses.

Cette 2ème remarque nous conduira à examiner quelles sont les diverses sources
(origines) possibles de la règle de droit (écrit –coutume).
Par conséquent, deux séries de questions seront étudiées dans le cadre des deux
chapitres de cette première partie .

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CHAPITRE I : LA REGLE DE DROIT

La règle de droit est une règle accompagnée de sanction qui s’impose à l’homme
dans la vie sociale.
Cette définition indique certains caractères de la règle de droit. Elle précise ensuite
quel en est le domaine. Enfin, elle nous conduira à nous interroger sur le fondement de la
règle de droit, car, il faut savoir pourquoi les individus sont obligés de respecter la règle de
droit.

SECTION .1: LES CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT

La R.D a un caractère premier qui est le plus important : c’est la généralité.

Elle a d’autre part un caractère social.

Et enfin, elle a un caractère contraignant, c'est-à-dire quelle est accompagnée d’une


sanction.

§1: LE CARACTERE GENERAL DE LA REGLE DE DROIT


Lorsqu’on parle du « caractère général de la règle de droit », on veut indiquer que
cette règle s’impose absolument à tous les individus ou plus exactement à tous les individus
qui se trouvent dans une situation donnée.

Ainsi par exemple : si une loi est applicable au contrat de travail, elle réglemente
tous les contrats de travail sans tenir compte de la personnalité du contractant.

§2: LE CARACTERE SOCIALE DE LA REGLE DE DROIT


Le droit ne se préoccupe du comportement de l’homme que dans la mesure où ce
dernier est en relations avec ses semblables. C’est uniquement dans le domaine de la société
que la règle de droit trouve à s’appliquer.

Il en résulte une opposition sur ce point entre la règle de droit et la règle morale. On
peut dire qu’entre la règle de droit et la règle morale, il y a d’abord une indépendance

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indiscutable, mais qu’il y a aussi une interdépendance. Car ces deux règles de conduite ne
peuvent pas totalement s’ignorer.

1. L’ INDEPENDANCE DU DROIT ET DE LA MORALE

La règle de droit et la règle morale ont d’abord des buts différents. En effet la morale
recherche avant tout l’épanouissement de l’individu. Il existe d’ailleurs à côté de cette morale
purement individuelle une morale sociale. Mais cette morale sociale recherche une forme de
justice qui est très exigeante et qu’on pourrait appeler en un certain sens du terme «la charité».

Le droit, lui, a des préoccupations très différentes. Il recherche essentiellement


l’ordre dans la société. Pour cela, il ne peut pas se désintéresser de la justice.

En effet, l’expérience montre que toute injustice qui se prolonge finit par provoquer
un certain désordre dans la société. Mais la forme de justice que recherche le droit est
beaucoup moins exigeante que celle recherchée par la morale. Il ne s’agit plus ici de la
charité. Il s’agit de la justice et de l’équité au sens le plus large du terme. Cette différence de
but entre le droit et la morale va provoquer deux séries de conséquences essentielles.

1ère série de conséquences : Le droit pour parvenir à cet ordre social a besoin d’une
organisation que la morale ne connaît pas. La règle morale intervient dans la conscience de
l’individu qui est à la fois le principal intéressé et son propre juge. Bien entendu, cela ne serait
pas concevable en matière juridique. C’est pourquoi on rencontre en cette matière une
organisation qui se manifeste à trois points de vue.

 D’abord : une organisation au niveau de l’élaboration de la règle de droit.


c’est l’organisation législative.
 Ensuite : une organisation au niveau de l’application de la règle de droit.
C’est l’organisation judiciaire
 Enfin : une organisation au niveau de la sanction de la règle de droit.
Car il faut contraindre les individus à respecter cette règle de droit.

2ème série de conséquences : C’est que la règle de droit et la règle morale ont des
domaines distincts.

On trouve cependant une partie commune au droit et à la morale. Par exemple : le


principe selon lequel on ne doit pas nuire à autrui est à la fois une règle morale et une règle
sanctionnée par le droit. Mais à côté de cette partie commune on trouve un domaine
particulier au droit et un domaine particulier à la morale.

Exemple : les règles concernant la circulation automobile : ces règles sont


sanctionnées par le droit. Ces règles sont étrangères à la morale. Circuler à droite ou circuler à
gauche n’a aucun impact sur la morale. Ces règles concernent l’ordre dans la société. C’est
donc un problème purement juridique.
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En revanche la morale se préoccupe non seulement des actes des individus mais
aussi de leur intention. On peut dire qu’au point de vue morale, une mauvaise intention est
aussi répréhensible (coupable) qu’une mauvaise action. Cette recherche de l’intention
appartient au domaine moral mais non au domaine juridique. Le droit se désintéresse en
général des intentions des individus pour ne considérer que leur action.

Il existe cependant en matière juridique une certaine notion qu’on appelle la


tentative. Mais il faut bien comprendre que la tentative est un peu plus que la simple
intention.

Exemple : prenons le cas d’une personne qui a l’intention de tuer quelqu’un et qui
pour cela se procure une arme, mais qu’au dernier moment renonce à son projet simplement
parce qu’elle a peur des conséquences :

 Au point de vue morale cette personne est aussi coupable que si elle avait tué.
 Au point de vue juridique : On ne trouve strictement rien à reprocher à cet
individu car il en est resté au stade de l’intention pure.

Supposons maintenant que cette personne a utilisé son arme et a manqué sa cible. Au point
de vue juridique, on est en présence d’une tentative, c'est-à-dire non seulement d’une
intention mais d’un début d’exécution qui n’a pas produit les effets recherchés. Et il est vrai
que cette tentative est sanctionnée par le droit.

Supposons enfin que l’auteur de cet acte n’a pas manqué sa cible et qu’il a vraiment tué sa
victime :

 Au point de vue morale, la situation est exactement la même. Ce n’est pas en


effet la simple maladresse qui peut constituer une excuse.
 Au point de vue juridique par contre, la situation sera aggravée, car il n’y a
plus seulement tentative de meurtre, mais il y a meurtre.

2. L’ INTERDEPENDANCE DU DROIT ET DE LA MORALE

Malgré leur indépendance, le Droit et la morale ne peuvent pas rester totalement


étrangers l’un à l’autre. Dans ce domaine un premier point est certain : le droit et la morale ne
doivent jamais s’opposer. Il faut même ajouter que le droit et la morale doivent dans la
mesure du possible exercer une influence l’un sur l’autre.

Développons ces deux points de vue.

D’abord le droit et la morale ne doivent jamais être opposés :

Il en résulterait en effet une situation déplorable de l’individu qui devait choisir entre
ses convictions et le respect de la loi.

Dans certains cas, on pourrait croire cependant qu’une opposition existe entre les
deux règles de conduite, mais une analyse détaillée permet de voir que cette opposition n’est
que superficielle.

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Exemple : il existe en droit civil un problème connu sous le nom du problème de la
lésion. Il résulte du fait que dans un contrat, les prestations de chaque contractant n’ont pas du
tout la même valeur. Elles sont déséquilibrées. Par Exemple : une personne vend un bien à un
prix inférieur à la valeur réelle. Cette situation est certainement immorale. On constate
cependant que le droit ne sanctionne pas d’une façon générale la lésion. Mais en réalité, cela
ne signifie pas que le droit sur ce point s’oppose à la morale. Cela signifie qu’une autre
préoccupation l’a emporté dans l’esprit du législateur. On a voulu éviter que les contrats
soient remis en cause trop fréquemment. Mais ce qui montre bien que le droit prend en
considération la morale même sur ce point c’est que la lésion sera tout de même sanctionnée
dans les deux cas les plus graves, c'est-à-dire lorsqu’elle résulte de la tromperie de l’un des
contractants. Et l’autre cas c’est celui dans lequel le contractant lésé est incapable.

Le droit et la morale ont souvent une influence réciproque.

D’abord le droit a une influence sur la morale puisque l’une des règles de la morale
est précisément de respecter l’ordre juridique établi. Ensuite la morale exerce une influence
bienfaisante sur le droit. C’est ainsi par exemple : lorsqu’un contrat a un objet immoral, il
peut être annulé par le droit. C’est bien la preuve qu’une notion purement morale influence la
réglementation juridique.

§3: LE CARACTERE CONTRAIGNANT DE LA REGLE DE DROIT


On peut dire que le droit s’oppose à la morale. Sur ce point également il suppose en
effet la possibilité d’une contrainte. La règle de droit n’a d’intérêt que si l’on peut forcer les
individus à la respecter. Cette sanction juridique nous l’étudierons à un double point de vue :

Nous verrons d’abord que la sanction est nécessaire ;

Nous examinerons ensuite quelles sont les formes qu’elle peut prendre.

1. L A NECESSITE DE LA SANCTION
Cette sanction sans laquelle la Règle de Droit n’aurait aucune valeur est
généralement une sanction positive.
C’est par exemple : l’obligation faite au débiteur de payer ses dettes ou encore au
contribuable de payer ses impôts.

Parfois aussi cette sanction peut prendre un aspect négatif.

Ce sera une interdiction, notamment l’interdiction de nuire à autrui. De toute façon, il


faut une sanction.

2. L ES FORMES DE LA SANCTION

Il faut distinguer sur ce point deux catégories de sanctions qui d’ailleurs


interviennent souvent en même temps, mais qui peuvent fort bien être prononcées séparément.
Ce sont :
 La sanction Pénale ;
 La sanction Civile.

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A. LA SANCTION PENALE
La sanction pénale intervient toutes les fois que l’ordre public est en cause, toutes les
fois que l’intérêt de la société doit être protégé. Cette sanction n’a donc pas pour but de
réparer un préjudice individuel. Elle a pour but de réprimer, de punir une faute contre la
société toute entière. Pour bien mettre l’accent sur ce qui la distingue de la sanction civile,
nous allons prendre trois exemples.

1er Exemple : un automobiliste ne respecte pas la signalisation routière, commet un


excès de vitesse. Il n’y a pas d’accident ni de victime. Dans ce cas, aucune sanction civile ne
sera envisagée. En revanche, une sanction pénale pourra être prononcée, car l’ordre public
exige que de tels actes soient réprimés. C’est pourquoi une amende pourra frapper cet
automobiliste.
Dans ce premier exemple, on est en présence d’une sanction pénale mais pas de
sanction civile.

2ème Exemple : supposons que l’automobiliste ne respectant pas la signalisation


routière provoque un accident entrainant une victime. Il sera condamné à indemniser cette
victime. Il devra réparer le dommage qu’il a causé. C’est une sanction civile,. Mais en plus la
sanction pénale sera évidemment, toujours possible.
Dans cet exemple, on est en présence d’une sanction pénale et d’une sanction civile.

3ème Exemple : un automobiliste qui n’a commis aucune faute perd le contrôle de
son véhicule sur un virage et de ce fait, blesse une personne. Dans ce cas aucune sanction
pénale ne sera prononcée, mais il faudra toujours réparer le préjudice causé à la victime.
Dans cet exemple, on se trouve en présence d’une sanction civile.

B. LA SANCTION CIVILE
Lorsqu’on évoque la sanction civile, on ne prend plus en considération l’ordre
public, mais seulement l’intérêt d’un individu ou de plusieurs individus. De ce fait les
mesures à adopter ne seront plus du tout les mêmes. On ne rencontrera jamais d’amende. En
revanche, il faudra utiliser en matière civile des moyens de coercition. Ces moyens sont de
trois sortes : On trouve d’abord :

 Les moyens de coercitions directes

Par Exemple : lorsqu’un vendeur refuse de livrer le bien qu’il a vendu, l’acheteur
pourra s’adresser à la justice pour obtenir que le bien soit saisi dans le patrimoine du vendeur
et qu’il lui soit remis. C’est le moyen de contrainte le plus simple et le plus efficace. Mais
parfois, ce moyen de contrainte directe n’est pas utilisable. C’est notamment le cas lorsque
l’obligation du débiteur possède un caractère très personnel : si par exemple : un peintre, un
artiste s’est engagé à faire un tableau, on ne pourra évidemment pas le contraindre
directement à le faire. Dans ce cas on utilisera une deuxième catégorie de procédés qui sont :

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 Les moyens de coercitions indirectes

Il s’agit plus particulièrement de ce qu’on appelle une « astreinte ». L’astreinte


c’est la condamnation d’un débiteur au versement d’une somme qui varie en fonction de son
retard dans l’exécution d’une obligation.

Par Exemple : on condamnera à une astreinte de 200 DH par jour de retard.

Enfin un troisième procédé de coercitions intervient souvent, c’est :

 L’exécution par équivalent

Dans ce cas, on constate que l’obligation principale ne peut plus être exécutée. Cela
pour des raisons diverses.

Par Exemple : parce que l’objet à remettre a été détruit ou encore parce que la
prestation n’avait d’intérêt que pendant un certain délai qui était écoulé. Dans toutes ces
hypothèses, le débiteur versera à la place de son obligation une indemnité en argent. On
appelle cette indemnité des « dommages intérêts ». Il faut bien comprendre la différence
essentielle entre l’amende et les Dommages Intérêts.

L’amende a un but de dissuasion : c’est à dire qu’elle doit faire peur (inspirer la
crainte) aux personnes qui seraient tentées de commettre une infraction.

Au contraire les dommages intérêts ont pour but de réparer le préjudice causé à
une personne. Il en résulte en particulier que les dommages intérêts ne doivent jamais
dépasser le montant du préjudice provoqué.

SECTION .2 : LE FONDEMENT DE LA REGLE DE DROIT


Il est assez grave d’imposer à l’individu le respect d’une règle de droit et d’utiliser
pour cela des sanctions. C’est pourquoi les juristes et même les philosophes recherchent
depuis longtemps quel peut être le fondement de cette Règle de Droit.

On peut diviser en deux mouvements de pensée les théories qui ont tenté d’expliquer
ce problème. On trouve :

 D’une part les théories qu’on appelle « Idéalistes », et


 D’autre part les théories « Positivistes »

§1: LES THEORIES IDEALISTES


On leur donne souvent un autre nom. On les appelle aussi les théories de droit
naturel. Pourquoi ce terme ?

Parce que les partisans de cette théorie ont d’abord la notion d’un idéal de justice. Or,
cet idéal de justice ne parvient pas des lois humaines, il résulte de la nature même des choses.
Ce droit naturel va exercer une influence sur les lois, autrement dit sur ce qu’on appellera par
opposition au droit naturel, le droit positif.

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Le droit naturel a fait l’objet d’interprétations très nombreuses et très diverses. Il y a
eu un droit naturel dans l’antiquité, il y a eu un droit naturel libéral issu notamment de la
révolution française et des principes nouveaux qu’elle a inspiré. Il y a un droit naturel
moderne. Cette diversité constitue la faiblesse du droit naturel.

En effet, alors qu’on peut être certain de l’existence d’une loi de droit positif, on
s’interroge bien souvent sur le contenu exact du droit naturel. C’est pourquoi il est difficile de
mettre en parallèle un droit positif qui n’est peut être pas parfait mais qui a en tous cas le
mérite d’être certain avec un droit naturel qui entraine une insécurité totale. Cela dit il faut
reconnaître que le droit naturel a deux fonctions incontestables qui le rendent irremplaçable :

En 1er lieu : il ya un minium de droit naturel sur lequel presque tout le monde est
d’accord. Par exemple : le respect de la vie humaine, le respect de la dignité de l’homme, le
respect de la liberté, etc.

De tels principes sont généralement inscrits dans la loi. Mais, même si la loi écrite ne
les proclamait pas, il faudrait les reconnaître comme faisant partie de ce droit naturel.

Quant à la deuxième fonction du droit naturel, c’est d’inspirer dans certains cas au
droit positif des idées de réformes.

L’évolution d’une société fait en effet apparaître de nouvelles idées, de nouvelles


nécessités. C’est d’abord le droit naturel qui en prend conscience et dans une seconde étape,
ce droit naturel peut finir par se transformer en droit positif.

§2: LE POSITIVISME JURIDIQUE


A l’origine du positivisme juridique, on trouve une théorie philosophique selon
laquelle ses partisans déclarent qu’il est sans intérêt de rechercher un idéal incertain de droit
naturel, ce qui compte seulement c’est le droit positif, d’où le nom de positivisme.

Le juriste doit analyser ce droit positif, mais il n’a pas à le critiquer. Il n’a pas à le
comparer à son idéal personnel.

Les principaux auteurs de cette théorie sont des juristes allemands ou autrichiens.

 Juriste allemand IHERING


 Un autre juriste allemand d’origine française SAVIGNY
 Un autre juriste autrichien KELSEN

Pour KELSEN, tout le droit s’explique par le jeu de ce qu’il appelle des normes. La
norme c’et la règle juridique et ces normes juridiques sont organisées sous la forme d’une
pyramide. Prenons l’exemple d’un créancier qui demande la saisie des biens de son
débiteur. Cette saisie qui devra être décidée par un tribunal constitue une norme juridique au
sens que KELSEN donne à ce mot. Il faut alors se demander :

 Pourquoi cette norme est possible ?

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La réponse est claire. La saisie n’est possible que parce qu’il existe une créance.
Autrement dit, la norme saisie n’est possible que parce qu’il existe une autre norme juridique
qui est la créance.

 Pourquoi cette créance existe-t-elle?

Plusieurs explications sont possibles. Supposons qu’elle résulte d’un contrat.

Le contrat a créé une créance et cette créance a créé une saisie.

Contrat Créance Saisie

Il faut aller plus loin et se demander pourquoi les juges recevant la demande du
créancier, doivent accepter cette demande. L’explication est évidente : c’est parce que le
contrat dont il s’agit est conforme à la loi. S’il n’est pas conforme à la loi, les juges devraient
le constater et il ne serait pas question de faire appliquer un tel contrat.

Par conséquent la norme contrat que nous voyons apparaître ici ne tire sa force que
de sa conformité à une norme supérieure qui est la loi. Il y a encore un stade à franchir ;

Pourquoi les tribunaux doivent ils appliquer cette loi ?

Parce qu’elle est conforme à la loi supérieure qui organise le fonctionnement de


l’Etat, c'est-à-dire : la constitution.

Constitution

Loi Loi

Contrat Responsabilité

Créance Indemnité

Saisie

Cela pose tout de même un problème. Ce problème est le suivant : lorsqu’on arrive à
la constitution, le raisonnement s’arrête. On ne peut plus trouver une norme supérieure qui
justifie la norme constitution. Pour KELSEN il y a là un postulat qu’il faut admettre. La
constitution existe, elle est considérée comme correspondant aux aspirations des citoyens et
elle n’a donc besoin d’aucune justification. Donc la tâche du juriste et sa seule tâche c’est
d’assurer qu’à tous les échelons du processus, toute norme, juridique correspond à une norme
supérieure et ceci jusqu’à la constitution, mais pas au-delà.

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En effet, le positivisme conduit à une négation du droit naturel. Certains sont allés
plus loin et ont ainsi abouti dans une perspective lointaine à la négation même du droit. C’est
la position du marxisme au point de vue juridique.

Pour le marxisme, d’abord il n’est pas question de reconnaître l’existence d’un droit
naturel car cela conduirait au conservatisme. Or pour le marxisme tout dépond de
l’organisation de la production et par conséquent tout peut toujours varier, rien n’est
immuable. Mais le marxisme aboutit même à longue échéance à nier le droit.

En effet pour le marxisme, le droit n’est que l’expression des besoins de la classe au
pouvoir, et par conséquent lorsque la lutte des classes disparaitra, le droit n’aura plus de
raison d’être. Cela ne signifie cependant pas que le droit disparaîtra immédiatement, car la
construction de la société marxiste suppose une phase transitoire qui est appelée la dictature
du prolétariat.

Il est nécessaire pendant cette phase transitoire de faire disparaître les vieux reflexes,
les mauvaises habitudes, et c’est pourquoi le droit existe encore dans cette phase transitoire.

SECTION .3: LE DOMAINE DE LA REGLE DE DROIT


La conséquence de tout ce qui précède c’est que la règle de droit intervient dans des
domaines très divers. Il est donc indispensable d’opérer un classement afin de délimiter le
domaine d’action de cette règle juridique.

Pour cela il faut partir d’une division fondamentale entre le droit public et le droit
privé.

Nous allons étudier le contenu du droit privé. Ensuite, nous nous intéresserons au
contenu du droit public.

§1: LE CONTENU DU DROIT PRIVE


Le droit privé est le droit qui réglemente les relations des individus entre eux. On
trouve à cet égard dans le droit marocain une distinction fondamentale entre ce qui est appelé
le Statut Personnel et ce qu’on peut appeler le Droit Patrimonial.

Le statut personnel : C’est la partie du droit privé qui étudie les questions sans
rapports avec le patrimoine, avec les intérêts pécuniaires.

Par exemple : l’état civil de l’individu, son nom, sa filiation, son mariage.

Cette partie du droit étudie aussi certaines questions qui ont un aspect pécuniaire,
mais seulement de façon indirecte.

Par exemple: les problèmes de la succession.

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Il faut savoir qu’en matière de statut personnel, le droit marocain se caractérise par
une certaine diversité. On trouve en effet un droit musulman qui est applicable au plus grand
nombre des citoyens, mais pour ceux de religion israélite, on trouve également un régime
hébraïque.

A ce statut personnel s’oppose le droit patrimonial dans lequel les problèmes traités
sont ceux qui ont un aspect pécuniaire. On distingue ici plusieurs disciplines :

D’abord le droit civil : Ce droit civil est consacré à l’étude des obligations, c'est-à-
dire du contrat et de la responsabilité.

On y trouve aussi le droit des biens.

On peut se demander pourquoi il a reçu ce nom de droit civil. En droit Romain, on


distinguait d’une part le jus civili et d’autre part le jus gentium. Le jus gentium était celui
applicable à toutes les personnes se trouvant sur le territoire romain, alors que le jus civili
n’était applicable qu’aux personnes ayant la qualité de citoyen romain.

A côté de ce droit civil, on trouve toujours dans le droit patrimonial un droit


commercial qui prend actuellement une très grande importance. C’est le droit applicable aux
actes de commerce et aux commerçants aussi bien aux individus qu’aux sociétés
commerciales.

A côté de ce droit civil et du droit commercial on trouve un grand nombre de


matières nouvelles :

Par exemple : il existe un droit social qui se préoccupe des problèmes posés par le
contrat de travail.

Il existe aussi un droit rural, un droit foncier qui étudie les fonctions des propriétés
immobilières. Toutes ces questions se situent dans un domaine purement national. Mais il
existe aussi certains problèmes internationaux qui font appel au droit pour y apporter des
solutions :

Par exemple : un Marocain conclut un contrat avec un allemand. Mais ce contrat est
conclut au Portugal. Dans ce cas, il faut déterminer quel sera le système juridique applicable ?
La partie du droit qui va résoudre ces difficultés est appelée droit international privé.

Pour faire prévaloir son droit vis-à-vis des tiers, le justiciable s’adresse aux tribunaux
du Royaume en respectant d’une part les règles d’organisation et de compétence de ces
juridictions et en observant d’autre part minutieusement les règles concernant l’exercice des
actions en justice et le déroulement du procès. La discipline qui étudie l’organisation des
juridictions et l’exercice des actions en justice porte le nom de « Procédure civile » ou de
« Droit judiciaire privé »

Enfin, il faut faire ici une place à part au droit pénal. Il est classé dans les matières
de droit privé, mais on peut le considérer comme matière à cheval entre le droit privé et le
droit public. Il en est de même pour la procédure civile.

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§2 : LES DOMAINES DU DROIT PUBLIC
Le droit public est celui qui règlemente toutes les relations juridiques dans lesquelles
intervient l’Etat. Il en résulte trois domaines d’application du droit public.

 D’abord les relations des divers Etats entre eux ;


 Ensuite les relations des diverses administrations entre elles à l’intérieur d’un
même Etat ;
 Et enfin les relations de l’Etat par l’intermédiaire de l’administration avec les
particuliers.

Dans le 1er cas, c'est-à-dire lorsqu’il s’agit des relations entre les Etats, on parle du
droit international public.

Ce doit international public est une des branches les plus anciennes du droit, mais
jusqu’à une date récente, il se caractérisait par l’absence à peu près totale de sanction.

On observe cependant depuis quelques années, la création d’organismes


internationaux qui sont chargés de veiller à l’application du droit entre les états qui en général
ne disposent pas de sanction directes mais qui obtiennent cependant des résultats positifs par
la diplomatie et /ou par la persuasion.

En droit interne, le droit public se divise en trois branches essentielles :

 Le droit constitutionnel ;
 le droit financier et
 le droit administratif

Le droit constitutionnel : c’est celui qui étudie l’organisation de l’Etat et des


principales formes d’administration de cet Etat. Il est donc amené à étudier d’abord la
constitution et en particulier l’équilibre entre les trois principaux pouvoirs de l’Etat qui sont le
pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Mais le droit constitutionnel,
s’intéresse également aux constitutions des autres pays afin d’établir une comparaison entre
les divers procédés d’organisations de l’Etat.

Le droit financier : ce droit est consacré à l’étude des finances publiques. Pour
étudier ces finances publiques, il faut distinguer deux sortes de questions. Il faut d’abord
rechercher quelles sont les dépenses de l’Etat. Et pour cela, il faut examiner ce qu’on appelle
le budget.

 Le budget : c’est une loi qui a pour but de répartir les dépenses annuelles de
l’Etat en fonction des besoins considérés comme les plus pressants. A ces dépenses de l’Etat
correspondent les recettes, autrement dit, les ressources.
 Les ressources : Elles parviennent de différentes origines, mais surtout des
impôts. Et cette étude de la fiscalité entre également dans le droit financier.

En 3ème lieu on trouve dans le droit public, le droit administratif.

18
 Le droit administratif : C’est la partie le plus importante. Comme son nom
l’indique, cette branche du droit étudie l’organisation de l’administration et ses relations avec
les particuliers. Pour cela, il faut d’abord définir l’administration, et cette définition est
double.

On peut entendre par là d’abord une certaine fonction, la fonction de gérer les
affaires publiques, et ensuite l’organisme qui est chargé de cette fonction. Cette
administration prise dans le second sens se caractérise à la fois par ses buts et par ses moyens.
Son but c’est l’intérêt général. Pour cela, elle dispose de moyens particuliers, c’est pourquoi
on la désigne par les mots de puissance publique.

. Prenons un exemple :

Une personne prétend avoir une créance contre une autre personne. Pour se faire
payer, elle devra s’adresser au tribunal et attendre bien entendu que la décision de ce tribunal
soit rendue.

Au contraire, supposons que l’administration a une créance contre un individu par


exemple : un contribuable qui conteste le montant de ses impôts. Dans ce cas le contribuable
pourra s’adresser à une juridiction qui tranchera le litige. Mais en attendant, il sera obligé de
payer intégralement ce que l’administration lui réclame. S’il ne le faisait pas, il s’exposerait à
des pénalités, notamment à une majoration de ses impôts.

CHAPITRE II: LES ORIGINES DE LA REGLE DE DROIT


Les origines ou les sources de la règle de droit sont extrêmement diverses :

 Droit,
 Religion,
 Sources internationales : traités, conventions conclus par l’Etat avec un
contenu politique, conventions internationales dont les dispositions juridiques
concernant à titre d’exemple : les sociétés internationales, les moyens de
paiement dans les relations internationales, les conventions internationales
concernant le chèque, la lettre de change, etc. …. .
Le traité est défini dans la convention de Vienne de 1969 comme étant « un
accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit
international »
Qu’en est il en cas de contradiction entre une loi interne et un droit
international.
L’article 27 de la convention de Vienne précise à cet effet qu’ « une partie ne
peut invoquer les dispositions de son droit interne comme justifiant la non
exécution d’un traité »

Parmi les sources nationales de la règle de droit il faut distinguer les sources qu’on
appelle « normatives » et les sources « interprétatives ».

19
 Les sources normatives : Ce sont celles qui contiennent des règles de droit.
Elles créent directement le droit. Ces règles sont au nombre de deux : la loi et
la coutume.
 Les sources interprétatives: Ce sont celles qui se contentent seulement de
commenter, d’interpréter les règles de droit posées par les sources
normatives.
Les sources interprétatives ont donc un rôle très secondaire. Elles ne sont pas
vraiment créatrices de droit, il s’agit de la jurisprudence et de la doctrine.

SECTION .1 : LA LOI
Nous allons étudier la loi d’abord en la définissant et en montrant quelle sont ses
caractères essentiels. Ce sera l’objet d’un premier paragraphe. Il faudra ensuite examiner
quelle sont les différentes conceptions de cette source de droit au Maroc.

§1 : DEFINITION ET CARACTERE DE LA LOI


On peut donner à la loi deux définitions très nettement différentes :

On peut dire d’abord que la loi se confond avec la règle de droit.

 1ere définition :

Une loi c’est alors une règle générale qui s’impose à tous les individus. Toutefois,
pour distinguer cette loi de la coutume on dira qu’il s’agit d’une règle de droit écrite. Cette
définition de la loi prend en considération son contenu. Par conséquent, il s’agit de la loi au
sens matériel.

 2ème définition :

On peut définir la loi comme étant une disposition qui émane du pouvoir législatif.

Normalement, le pouvoir législatif c’est le parlement. Par conséquent, la loi dans


cette seconde conception sera un texte voté par le parlement.

Il existe en effet des règles de droit qui ont une autre origine et qui n’émanent pas du
pouvoir législatif. Elles parviennent du pouvoir exécutif. On leur réserve alors le nom de
règlement, notamment les décrets qui appartiennent au domaine du règlement.

Cette seconde définition conduit donc à distinguer la loi au sens stricte et le


règlement. Il s’agit d’une définition formelle de la loi.

Récapitulation : on trouve deux conceptions de la loi.

La loi au sens matériel : C’est la définition la plus la large. Toute règle de droit
s’imposant à l’homme est une loi au sens matériel quelque soit l’organe qui est à son origine.
Un décret, c'est-à-dire un règlement entre dans cette définition très générale. Donc, c’est une
loi au sens matériel.

20
La loi au sens formel : Au contraire, la loi au sens formel est une règle de droit qui
provient seulement du pouvoir législatif par opposition aux autres règles de droit qui
proviennent du pouvoir exécutif et qu’on appelle des règlements.

§2: LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DE LA LOI

1. L A LOI AU SENS FORMEL

Il existe un grand nombre de lois au sens formel mais il en existe une qui a une
importance capitale. C’est la loi constitutionnelle qu’on appelle la constitution.

A) LA CONSTITUTION
La constitution est l’ensemble des règles générales se rapportant à l’organisation des
pouvoirs publics et des droits des citoyens.

Le Maroc à eu successivement 6 constitutions :

 La 1ere a été celle du 14 Décembre 1962


 La 2ème a été celle du 31 Juillet 1970
 La 3ème celle du 10 Mars 1972
 La 4ème 09 Octobre 1992
 La 5ème 07 Octobre 1996
 La 6ème qui est actuellement en vigueur est celle du 29 Juillet 2011.

Pour cette dernière constitution, je vous signale qu’elle peut être consultée au B.O N°
5964 bis du 30/07/2011.

Quel est le contenu essentiel de cette constitution ?

On y trouve d’abord la répartition des pouvoirs, c’est à dire surtout l’organisation du


pouvoir exécutif et du pouvoir législatif.

Le P. exécutif : Ce pouvoir appartient d’abord au Roi et ensuite au gouvernent


composé des ministres sous la direction de l’un d’entre eux appelé : le Chef du gouvernement
dont les attributions ont été renforcées par la nouvelle constitution.

Le P. Législatif : Le pouvoir législatif appartient au parlement dont les pouvoirs ont


été également renforcés dans le cadre de la constitution en vigueur. Au Maroc, le parlement
est composé de deux chambres : la chambre des représentants et la chambre des conseillers.

Il est à préciser que l’initiative d’une modification de la constitution appartient au


Roi, au Chef du Gouvernement, à la Chambre des Représentants et à la Chambre des
Conseillers. (articles 172 à 175).

21
La forme monarchique de l’état ainsi que les dispositions relatives à la religion
musulmane, sur le choix démocratique de la nation, sur les acquis en matière de libertés et de
droits fondamentaux ne peuvent faire l’objet de révision constitutionnelle.

B) LOIS ORDINAIRES
Les lois ordinaires sont les lois votées, décidées par l’organe législatif et qui vont
s’appliquer à tous les citoyens.

Pour ces lois, un premier problème se pose et qui est directement lié à celui de la
constitution.

Une loi ordinaire ne peut en effet être valable que si elle est conforme à la
constitution. Il faut donc qu’il existe un organe chargé de veiller à ce qu’on appel la
constitutionnalité des lois. Cet organe est la cour Constitutionnelle.

Ses décisions s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités


administratives et juridictionnelles. Elles ne sont susceptibles d’aucun recours.

 Quel est le domaine de la loi ?


 Comment se fait l’élaboration de la loi ?

a- Le domaine de la loi
 Sur quelles questions le pouvoir législatif est-il compétent?

Le mot compétence en langue juridique a une signification différente de celle qu’il a


dans le vocabulaire courant.

Dans le vocabulaire courant : compétence signifie habilité, efficacité.

En matière juridique lorsqu’on dit qu’un organe est compétent, on veut dire que le
droit lui reconnait le pouvoir d’intervenir dans un domaine déterminé.

Exemples

 Le tribunal compétent : (en fonction du principe de l’organisation judiciaire,


tel tribunal aura pour mission de statuer sur les litiges qui lui sont soumis)
 Compétence législative : savoir quelles sont les questions qui doivent être
réglées par la loi au sens formel. C’est le domaine de la loi.
 Compétence réglementaire : savoir quelles sont les questions qui doivent être
réglées par le règlement. C’est le domaine du règlement.

 Quel est le domaine législatif de la loi vis-à-vis du domaine


réglementaire ?

22
Les arts 70 à 72 de la constitution de 2011 délimitent le domaine de la loi et décident
que toutes les questions non énumérées dans ce domaine seront de la compétence du pouvoir
réglementaire.

L’article 71 énumère les questions relevant de la compétence législative, à savoir :

-les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et dans d’autres


articles de la présente Constitution,.
-le statut de la famille et l’état civil,.
-les principes et règles du système de santé,.
-le régime des médias audio-visuels et de la presse sous toutes ses formes,.
-l’amnistie,.
-la nationalité et la condition des étrangers,.
-la détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables,.
-l’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions,.
-la procédure civile et la procédure pénale,.
-le régime pénitentiaire,.
-le statut général de la fonction publique,.
-les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires,.
-le statut des services et forces de maintien de l’ordre,.
-le régime des collectivités territoriales dont les principes de délimitation de leur
ressort territorial,.
-Le régime électoral des collectivités territoriales, dont les principes du
découpage des circonscriptions électorales,.
-le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des
impôts,.
-le régime juridique de l’émission de la monnaie et le statut de la banque
centrale,.
-le régime des douanes,.
-le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des sociétés et des
coopératives,.
-les droits réels et les régimes des propriétés immobilières publique, privée et
collective,.
-le régime des transports,.
-Les relations de travail, la sécurité sociale, les accidents de travail et les maladies
professionnelles,.
-le régime des banques, des sociétés d’assurances et des mutuelles,.
-le régime des technologies de l’information et de la communication,.
- l’urbanisme et l’aménagement du territoire,.
-les règles relatives à la gestion de l’environnement, à la protection des ressources
naturelles et au développement durable,.
-le régime des eaux et forêts et de la pêche,.
-la détermination des orientations et de l’organisation générale de l’enseignement,
de la recherche scientifique et de la formation professionnelle,.
-la création des établissements publics et de toute autre personne morale de droit
public,.
-la nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations.
Outre les matières visées à l’alinéa précédent, le Parlement est habilité à voter des
lois-cadres concernant les objectifs fondamentaux de l’activité économique,
sociale, environnementale et culturelle de l’Etat.

23
L’art 72 ajoute que tout ce qui n’est pas ainsi réservé à la loi appartient au domaine
réglementaire.

Autrement dit, les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi
appartiennent au domaine du règlement.

b- L’élaboration de la loi
 Quel est l’organe chargé d’élaborer la loi ?
 Quel est le processus suivi pour l’élaboration de la loi ?

1- l’organe législatif :

Normalement c’est le parlement. Toutefois plusieurs dérogations sont possibles.

 En premier lieu, il est admis dans la constitution que le parlement peut


déléguer, par une loi d’habilitation, une partie de son pouvoir législatif au
gouvernent (art 70) Cette délégation est valable à condition qu’elle reste
limitée dans le temps d’abord et à l’égard des questions déterminées dont il
s’agit. Dans ce cas, les textes qui sont produits par le gouvernent entrent en
vigueur dès leur publication, mais ils doivent être soumis, au terme du délai
fixé par la loi d’habilitation, à la ratification du Parlement.
Ce qui montre bien le double caractère de ces textes. La loi d’habilitation
devient caduque en cas de dissolution des deux Chambres du Parlement ou de
l’une d’entre elles.

 En deuxième lieu, le gouvernent peut prendre lui-même l’initiative des


décrets-lois entre deux sessions parlementaires avec l’accord des
commissions concernées des deux chambres. Ils doivent être ratifiés au cours
de la prochaine session parlementaire. Cette délégation automatique résulte
de l’article 81 de la constitution.
 En troisième lieu, la loi peut résulter d’une décision directe du peuple, à la
suite de ce qu’on appelle un référendum. Cette possibilité est prévue par
l’article 172 de la constitution en vertu duquel l’initiative de la révision de la
Constitution appartient au Roi, au Chef du Gouvernement, à la Chambre des
Représentants et à la Chambre des Conseillers. Il faut préciser à ce sujet que
le rôle joué par le Roi en matière référendaire est prépondérant : Ainsi, le Roi
peut soumettre directement au référendum le projet de révision dont Il prend
l’initiative. La proposition de révision émanant d’un ou de plusieurs membres
d’une des deux Chambres du Parlement ne peut être adoptée que par un vote
à la majorité des deux tiers des membres la composant.
Cette proposition est soumise à l’autre Chambre qui l’adopte à la même
majorité des deux tiers des membres la composant. La proposition de révision
émanant du Chef du Gouvernement est soumise au Conseil des ministres
après délibération en Conseil de Gouvernement. Les projets et proposition de
révision de la constitution ne peuvent être soumis au référendum que par
dahir.
24
 La nouvelle constitution autorise le Roi à soumettre au parlement par dahir un
projet de révision de certaines disposition de la constitution (3ème alinéa de
l’articla 174). L’approbation est conditionnée par la majorité des deux tiers
du parlement convoqué par le Roi en chambres réunies.
 L’intervention du Roi en matière législative n’est plus une dérogation en
vertu des articles 41 et 42 de la constitution qui lui reconnaissent des
attributions propres dans les termes suivants :

 « Article 41 : Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de


l’Islam. Il est le Garant du libre exercice des cultes. Il préside le
Conseil supérieur des Oulémas, chargé de l’étude des questions qu’Il
lui soumet. Le Conseil est la seule instance habilitée à prononcer les
consultations religieuses (Fatwas) officiellement agréées, sur les
questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et
desseins tolérants de l’Islam. Les attributions, la composition et les
modalités de fonctionnement du Conseil sont fixées par dahir.
Le Roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à
l’institution d’Imarat Al Mouminine qui Lui sont conférées de
manière exclusive par le présent article.
 Article 42 : Le Roi, Chef de l’Etat, son Représentant suprême,
Symbole de l’unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la
continuité de l’Etat et Arbitre suprême entre ses institutions, veille au
respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions
constitutionnelles, à la protection du choix démocratique et des droits
et libertés des citoyennes et des citoyens, et des collectivités, et au
respect des engagements internationaux du Royaume. Il est le Garant
de l’indépendance du Royaume et de son intégrité territoriale dans ses
frontières authentiques.
Le Roi remplit ces missions au moyen de pouvoirs qui lui sont
expressément dévolus par la présente Constitution et qu’il exerce par
dahir. Les dahirs, à l’exception de ceux prévus aux articles 41, 44
(2ème alinéa), 47 (1eret 6èmealinéas), 51, 57, 59, 130 (1eralinéa) et
174sont contresignés par le Chef du Gouvernement. »

2- Le processus d’élaboration de la loi

Qui a l’initiative de la loi ? Autrement dit :

 Qui va soumettre un texte à l’approbation, au vote de l’organe législatif?

Dans certains cas, c’est le gouvernement qui propose un texte au parlement : il s’agit
d’un projet de loi.

Il peut aussi arriver qu’un parlementaire prenne cette initiative. Il s’agit d’une
proposition de loi. (en principe, les deux initiatives sont possibles sauf pour certaines
matières réservées au gouvernement. C’est le cas notamment du budget).

25
Le texte proposé est examiné par des commissions. Une commission est un groupe
restreint de parlementaires. Après un débat, cette commission va présenter le texte de la
proposition ou du projet au parlement.

Trois possibilités se présentent :

 Le parlement peut rejeter le projet ;


 Le parlement peut l’approuver totalement (dans ce cas là, la loi sera votée)
 Le parlement peut modifier le texte au cours du débat. Cette modification est
appelée amendement.

La loi étant votée, elle sera promulguée. La promulgation est l’acte officiel par lequel
le chef de l’état reconnait la conformité de la loi à la constitution.

Ensuite la loi sera portée à la connaissance des citoyens, car il existe un grand
principe selon lequel « nul n’est censé ignorer la loi ». La loi sera alors publiée dans un
journal particulier, « le bulletin officiel du Royaume du Maroc ».

Si une erreur glisse dans la reproduction du texte de la loi, il suffira de faire paraître
dans un nouveau bulletin officiel, un texte rectificatif. On emploi ainsi le terme d’Erratum
(qui signifie en latin erreur) et au pluriel des Errata qui ont pour but de corriger le texte
officiel.

2. L A LOI AU SENS MATERIEL : L E REGLEMENT

 La loi au sens formel émane du pouvoir législatif, du Parlement.


 La loi au sens matériel ou règlement est l’œuvre du pouvoir exécutif.
 Le pouvoir réglementaire est exercé par le Roi et le Gouvernent.
 Le Roi l’exerce par des textes appelés : Dahirs
 Le Gouvernent dans son ensemble, par l’intermédiaire du Chef du
Gouvernement, exerce son pouvoir réglementaire dans des Décrets.
 Enfin chaque ministre dans sa sphère ministérielle peut prendre des Arrêtés.

SECTION 2: LA COUTUME
La coutume se distingue de la loi par le fait qu’elle ne parvient pas d’un législateur.
Elle est l’émanation de la collectivité toute entière. Elle se transmet de génération en
génération. Cette transmission est le plus souvent orale.

La coutume n’est pas transcrite dans un texte. Toutefois, ce n’est pas là une règle
absolue.

Lorsque la coutume existe, elle se rapproche de la loi et crée une règle de droit qui
s’impose à tous les membres de la collectivité.

SECTION 3: LA JURISPRUDENCE
La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les juridictions sur les
problèmes qui leur sont soumis par les justiciables.

26
La jurisprudence ne devrait pas être une source de droit en vertu des principes
suivants :

 Principe de la séparation des pouvoirs


 Principe de la relativité de la chose jugée
 Principe de la liberté des juges.

En pratique, la jurisprudence est une véritable source de droit :

Prenons le cas d’un juge saisi par un particulier dans un litige qu’on lui demande de
trancher :

 Dans ce cas, le juge doit rechercher une règle légale directement applicable.
 Or ce n’est pas toujours le cas.
 Alors le juge doit interpréter la loi insuffisante ou obscure.
 Le juge doit trancher le problème sous peine de commettre un déni de
justice. Il se réfère au précédent.
 La cour de cassation joue un rôle important. Elle assure l’unité de la
jurisprudence.

§1 : LE ROLE DE LA JURISPRUDENCE
(ce titre fera l’objet d’un projet de recherche)

§2: L’ORGANISATION JUDICIAIRE :


(ce titre fera l’objet de projets de recherche)

1. Les juridictions de droit commun

2. Les juridictions spécialisées

3. Les juridictions d’exception

4. Les magistrats

5. Les auxiliaires de la justice

6. La procédure (l’instance, la sentence et les voies de recours)

SECTION 4 : LA DOCTRINE
On appelle doctrine, les écrits et les publications des spécialistes concernant les
questions de droit.

27
Les auteurs de la doctrine appelés aussi jurisconsultes interprètent, commentent
critiquent, comparent les règles de droit et les décisions judiciaires.

Ce sont des professeurs d’université, des magistrats ou des praticiens de droit.

La doctrine influence aussi bien le législateur que la jurisprudence.

28
PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS
Il convient de rappeler au début de cette 2ème partie que le mot droit prend deux
significations tout à fait différentes.

Lorsqu’il s’agit de la règle de droit qui est contenue par exemple dans une loi et qui
est appliquée par la jurisprudence, on parlera de droit objectif parce que c’est le droit qui
s’impose à tous.

Mais dans un autre sens du mot, le droit est la prérogative qui bénéficie à un sujet
de droit et qui pèse sur une autre personne ou sur une chose.

Exemple : Le droit de propriété d’une personne sur un bien lui permet d’utiliser ce
bien à sa convenance, le vendre, le louer, le donner, le détruire : c’est une prérogative
individuelle

Exemple : Le droit d’un créancier vis-à-vis de son débiteur lui permet de se faire
payer une somme d’argent à l’époque qui a été convenue.

Il est évident que ces prérogatives ne concernent que certaines personnes : le


propriétaire, le créancier, le débiteur. Ces prérogatives n’ont pas un caractère objectif, c’est
pourquoi on parlera ici de droit subjectif que nous avons défini ci-dessus comme la
prérogative qui bénéfice à un sujet de droit et qui pèse sur une autre personne ou sur
une chose.

Avant d’aborder cette étude des droits subjectifs, il faut préciser le sens du sujet de
droit, c’est l’être (la personne physique) ou le groupement (personne morale) qui se voit
reconnaître la possibilité d’être titulaire de droits et d’obligations l’engageant et pouvant
engager autrui.

En effet, tant les personnes physiques que morales, dans l’activité juridique, passent
des actes individuels et collectifs, il est donc nécessaire d’envisager l’être sous ses deux
aspects « isolé » et « fédéré ».

Dans les théories collectivistes, on a tendance à critiquer la notion de droit subjectif.


On fait remarquer qu’il s’agit de prérogatives égoïstes accordées à l’individu et que c’est la le
reflet d’une société libérale et individualiste qui n’est plus de notre temps.

Il n’en reste pas moins que le droit actuel connaît toujours et protège les droits
subjectifs des individus.

En revanche, il est vrai que l’on a pris conscience des possibilités d’abus par
certaines personnes de leurs droits. Ainsi est apparue une théorie relativement récente : la
théorie de l’abus de droit.

29
D’après cette théorie, lorsqu’une personne fait un usage abusif de son droit, elle doit
en être dépossédée et ne pourra plus l’exercer. Mais il reste à déterminer à partir de quand
l’usage de droit devient abusif ?

Et pour répondre à cette question, deux systèmes ont été proposés :

Dans le premier de ces systèmes, la théorie de l’abus de droit a une portée très
restreinte : il n’y a abus que lorsque le titulaire de droit agit dans l’intention de nuire à autrui.

Exemple : Il intente un procès visiblement perdu d’avance dans le seul but de


retarder la reconnaissance d’un droit.

Mais pour d’autres auteurs, la théorie de d’abus de droit est beaucoup plus large. Il
faut dire (d’après eux) que tout droit n’est donné à un individu que dans un certain but social.
Dès que le titulaire du droit veut l’exercer en dehors de cette finalité social, il doit en être
dépossédé.

Cette seconde conception semble pour le moment aller trop loin. On en trouve
cependant quelques manifestations dans la loi et dans la jurisprudence.

Exemple : Dans une société anonyme, les décisions sont prises à la majorité. On
considère que cette majorité ne possède pas le pouvoir pour satisfaire ses propres intérêts. Elle
possède ce pouvoir pour diriger la société dans le sens le plus profitable à l’ensemble des
actionnaires. Par conséquent, si elle s’écarte de ce but et si elle prend des décisions
favorables à ses propres intérêts, mais contraires à l’intérêt général, la jurisprudence applique
alors la théorie de l’abus de droit.

Sous cette réserve d’un abus toujours possible, les droits subjectifs sont donc
reconnus par le droit objectif (par la loi) et nous allons les étudier en trois chapitres consacrés
successivement aux questions suivantes :

 Les Sources des droits subjectifs


 Les Sujets des droits subjectifs
 L’Objet des droits subjectifs

CH1 : LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS


Pour que ces droits subjectifs soient protégés par la loi, il faut d’abord que leur
existence soit certaine. On est donc conduit à se demander dans quelle situation, à la suite de
quoi ces droits font leur apparition dans la vie juridique.

Ces droits naissent de deux manières :

 Par la survenance d’un fait juridique


 Par la passation d’un acte juridique

Telles sont les deux sources de droits subjectifs qu’on appelle le fait juridique et
l’acte juridique.

SECTION 1 : LE FAIT JURIDIQUE


30
Le fait juridique est un événement quelconque produisant des effets juridiques qui
n’ont pas été directement voulus.

On remarque immédiatement que cette définition met l’accent sur le facteur de


volonté.

Il ne faut cependant pas en déduire que la volonté est toujours absente du fait
juridique.

En réalité deux catégories de fait juridique doivent être distinguées.

On trouve d’abord des faits juridiques totalement involontaires.

Exemple : Le décès d’une personne produit des effets de droit : essentiellement


l’ouverture de sa succession et l’attribution de ses biens à ses héritiers. Mais dans la plupart
des cas, ce décès est totalement involontaire. C’est donc bien un fait juridique.

Exemple : De même l’âge d’une personne produit des effets de droit : capacité, droit
de vote….. , mais ces effets ne sont pas voulus.

Exemple : De même encore le lien de parenté entre diverses personnes produit des
effets de droit sans qu’il y ait à l’origine aucune volonté.

Dans une seconde catégorie, on trouve une certaine intervention de la volonté, mais
les effets produits ne sont pas en relation directe avec cette volonté. C’est pourquoi on est
toujours en présence d’un fait juridique. Deux exemples vont éclairer cette question.

Exemple 1: Un automobiliste circule dangereusement. Il


a bien la volonté d’agir ainsi, mais si un accident se produit, il faut rechercher quels sont les
véritables effets juridiques. C’est essentiellement l’obligation pour le conducteur imprudent
de verser une indemnité à la victime. Donc, s’il est vrai que le conducteur a exercé une
certaine volonté, ce n’était pas en tout cas la volonté de produire les effets que le droit prend
en considération.

Exemple 2 : une personne utilisant une arme blesse ou tue une autre personne
volontairement. L’intervention de la volonté est ici encore plus évidente. On a voulu réaliser
le préjudice causé à l’autre personne. Mais les véritables effets de droit seront au point de vue
pénal la sanction et au point de civil l’obligation, la encore d’indemniser la victime ou ses
héritiers. Par conséquent, les véritables effets juridiques n’ont pas été directement voulus.

Sous un autre angle, on peut dire que le fait juridique est une notion protéiforme qui
connait un domaine d’application très large. C’est un événement qui a pour effet, sans avoir
pour objet, de donner naissance principalement à des obligations civiles. Le fait juridique
pourra être :

Un événement ponctuel ;

Un lien personnel ;

Résulter de l’écoulement du temps.


31
Le fait juridique est un événement ponctuel :

Exemple : La faute d’abstention ou de commission engage la responsabilité de son


auteur dans la mesure ou elle a occasionné un dommage. Sans dommage, il n’y aura pas de
responsabilité. Il s’agit là de la responsabilité extracontractuelle.

Le fait juridique est un lien personnel

Exemple : Le rapport de parenté, d’alliance, sera générateur d’obligations :


(obligations alimentaires…..)

Le fait juridique résulte de l’écoulement du temps

La possession pendant 10 an de façon paisible, publique, à titre de propriétaire, et


non interrompue constitue le fondement juridique du droit de propriété des immeubles
« MELK ».

Cette possession permet d’écarter l’action en revendication. En effet, le droit


Musulman admet la prescription extinctive de l’action en revendication au profit du
possesseur. Dix ans après sa possession, le possesseur ne peut plus en principe être dépouillé
par une action en revendication. Il devient donc propriétaire.

Cette conception classique, affirmée en doctrine et admise en jurisprudence a été


retenue par la cour suprême dans un arrêt du 2 Février 1965 (R.M.D) 1965, P .391).

Cet arrêt énonce qu’ « en droit musulman, l’action en revendication est éteinte par la
prescription de 10 ans, et ne peut être intentée contre l’étranger qui a exercé une possession
décennale, paisible et ininterrompue ».

Cette prescription acquisitive ne joue pas si à l’origine de la possession, il ya eu de


la part du possesseur, un acte de violence, un acte d’usurpation, une spoliation, etc. …, car le
seul fait ne peut créer automatiquement le droit, et la prescription acquisitive n’est pas en
réalité une véritable usurpation.

En réalité la possession est une simple preuve d’un transfert régulier de propriété.

Le propriétaire originaire qui ne réagit pas face au comportement du possesseur, perd


son droit de propriété à l’expiration de 10 ans, car les lois sont faites pour ceux qui veillent et
non pour ceux qui dorment.

SECTION 2 : L’ACTE JURIDIQUE


L’acte juridique est une manifestation de volontés qui a pour objet et pour effet de
donner naissance à des obligations civiles.

On constate immédiatement la différence entre l’acte juridique et le fait juridique.


L’accent est mis sur le facteur « volonté ». Mais dans l’acte juridique, cette volonté joue un
rôle essentiel.

32
Les intéressés ont directement voulu les conséquences de leurs actes. Ces actes
juridiques sont très nombreux et très divers. C’est pourquoi nous étudions d’abord leur
classification avant d’examiner leurs conditions de validité.

1. CLASSIFICATION DES ACTES JURIDIQUES

A. LES ACTES UNILATERAUX ET LES ACTES BILATERAUX


Dans l’acte juridique unilatéral, on trouve l’intervention d’une seule volonté.

Exemple : L’auteur d’un testament veut organiser la répartition de ses biens pour
après sa mort.

Ce sont là des effets juridiques qui sont directement voulus. On est donc en présence
d’un acte juridique, mais c’est un acte unilatéral puisque l’auteur du testament agit seul.

(Le décès est un fait juridique, mais le testament est un acte juridique.)

A propos des actes unilatéraux, une question se pose immédiatement et dont vous
concevrez facilement qu’elle est importante : l’acte peut- il être source d’obligation ? C’est le
problème de l’engagement unilatéral de volonté.

L’article 14 D.O.C dispose : « La simple promesse ne crée point d’obligation. »

Pourtant, un seul acte est présenté nettement par le Dahir des Obligations et des
Contrats (DOC) comme constituant un acte unilatéral générateur d’obligations : il s’agit de la
promesse de récompense prévue et régie par les arts 15 à 17 du DOC.

Si elle est présentée comme un acte unilatéral, la promesse de récompense pourrait


tout aussi bien être comprise comme un contrat. L’art 15 du DOC dispose en effet que « la
promesse, faite par voie d’affiches ou autre moyen de publicité, d’une récompense à celui qui
trouvera un objet perdu ou accomplira un autre fait est réputée acceptée par celui, même sans
connaître l’avis, rapporte l’objet ou accomplit le fait ; …. »

A première vue une acceptation de la promesse est donc nécessaire. Il ya un accord


de volontés, un contrat.

En réalité, la promesse de la récompense est bien dans le DOC, un acte unilatéral.


Pour s’en assurer, il suffit de reprendre l’art 15 et d’y relever un petit fragment de phrase. «
La promesse d’une récompense est réputée acceptée par celui qui, même sans connaître l’avis,
rapport l’objet…. »

S’il n’est pas nécessaire de connaître la promesse pour l’accepter, il ne sert plus à
rien de parler d’acceptation et par conséquent de contrat.

Acte unilatéral, la promesse de récompense n’en est pas moins obligatoire : lorsque
l’exécution du service est commencée, elle ne peut plus être révoquée (art 16 du DOC).

Lorsque le service à été rendu, même par quelqu’un qui ignorait la promesse, celle-ci
doit être tenue et la récompense fournie.
33
A partir de quand les engagements résultants des actes unilatéraux deviennent
obligatoires ?

La réponse est donné par l’art 18 DOC qui dispose que : « Dans les obligatoires
unilatérales, les engagements sont obligatoires dès qu’ils sont parvenus à la connaissance de
la partie envers laquelle ils sont pris »

D’autres exemples d’actes unilatéraux :

La renonciation par laquelle le titulaire d’un droit abandonne ce droit : Elle est en
principe toujours possible, puisqu’en renonçant à son droit, l’intéressé ne porte préjudice qu’à
lui-même

C’est encore par des actes unilatéraux que l’on peut mettre fin à l’exécution de
certains contrats.

Par le congé, le propriétaire met fin à l’exécution du contrat de bail.

Par la révocation, la mandant met fin au contrat de mandat.

On trouve fréquemment des actes juridiques bilatéraux ou multilatéraux qui font


intervenir deux ou plusieurs volontés.

L’exemple type de l’acte juridique bilatéral est le contrat. Le contrat suppose


nécessairement l’accord de deux contractants.

Par exemple : La vente suppose un accord du vendeur et de l’acheteur.

Ou encore la donation suppose un accord du donateur et du donataire.

A propos de cette donation, il faut faire une remarque très importante : La donation
diffère très nettement du testament.

Le testament que nous venons de voir est un acte unilatéral, car son auteur agit seul
sans avoir besoin de d’accord des bénéficiaires. Au contraire, une donation ne peut être
valable que si celui qui en bénéficie l’accepte expressément. La donation est donc un contrat
et par conséquent un acte juridique bilatéral.

Nous avons dit que le contrat est l’exemple type de l’acte juridique bilatéral.

Parmi les contrats, on peut établir quatre distinctions :

B. B DISTINCTION ENTRE LES CONTRATS UNILATERAUX ET LES


CONTRATS DITS SYNALLAGMATIQUES (OU BILATERAUX)
Le contrat synallagmatique est un contrat qui crée des obligations à la charge des
deux parties. Chacune des parties est engagée envers l’autre et par conséquent, chacun des
deux contractants est le créancier de l’autre et en même temps son débiteur. La grande
majorité des contrats sont des contrats synallagmatiques.

Exemple : Le louage de chose – la vente - le mandat salarié, etc. ….


34
Le contrat unilatéral, en revanche, ne fait naître d’obligations qu’à la charge de l’une
des parties : l’un des contractants est seulement créancier, l’autre est seulement débiteur.

Il ne faut pas confondre contrat unilatéral et acte unilatéral.

L’acte juridique unilatéral est l’œuvre d’une seule personne.

Le contrat, même lorsqu’il est unilatéral, est l’œuvre de deux ou plusieurs personnes.

Dans le contrat unilatéral (c’est ce qui le distingue d’un acte juridique unilatéral), il
ya plusieurs participants, mais une obligation.

Par exemple : Les contrats dits « de restitution » sont des contrats unilatéraux.

 Ce sont le prêt ou le dépôt : L’emprunteur ou le dépositaire doivent restituer


ce qui leur a été remis. Le cocontractant, lui, ne doit rien.
Exemple : De même, les promesses de contracter sont des contrats unilatéraux. Le
propriétaire d’un immeuble s’engage envers une autre personne à lui vendre
son immeuble. Celui à qui la promesse a été faite n’est tenu d’aucune
obligation. Il n’a pas promis d’acheter. Au contraire, l’auteur de la promesse
est lié : il est tenu de vendre comme il l’a promis. Il ya deux parties, mais une
seule obligation.
Cette distinction a d’importants intérêts pratiques :
 L’exception d’inexécution.
 La résolution pour inexécution.

C. DISTINCTION ENTRE LES CONTRATS COMMUTATIFS ET LES


CONTRATS ALEATOIRES
Le contrat commutatif le plus fréquent c’est celui dans lequel les parties savent avec
précision à quoi elles s’engagent

Par EX : la vente d’une telle villa à tel prix précis.

En revanche, les contrats aléatoires ne sont pas déterminés avec certitude.

Les obligations sont soumises à un certain aléa d’où le terme aléatoire

Par EX : la vente contre une rente viagère : c’est une somme d’argent qu’on paye au
créancier durant sa vie entière (ex : on achète une propriété et le prix 5.000,00 DH /mois
pendant la vie du vendeur).

Indiscutablement l’obligation de l’acheteur est soumise à un aléa.

D. D DISTINCTION ENTRE LES CONTRATS A EXECUTION


INSTANTANEE ET LES CONTRATS SUCCESSIFS.
Cette distinction peut se réaliser de façon immédiate ou du moins très rapide.

35
Un contrat est dit à exécution instantanée lorsqu’il donne naissance à des obligations
susceptibles d’être exécutées par une seule prestation comme la vente d’un objet, l’échange, le
mandat portant sur une seule opération.

En revanche un contrat est dit successif lorsqu’il comporte l’exécution d’obligations


qui par hypothèse durent dans le temps. Les contrats se lient pour une durée déterminée ou
indéterminée.

Par EX : le contrat de bail ; louage de chose ; le contrat de travail ; le contrat de


société…..

Cette distinction présente trois intérêts :

 Problème de la nullité et de la résolution : la nullité a un effet rétroactif. Tout


se passe comme si le contrat n’avait jamais existé. C’est un moyen judiciaire
d’assurer la sanction des règles légales.

Lorsque le contrat est à exécution successive, il n’est matériellement pas


possible de revenir au point de départ.

La nullité et la résolution ne peuvent donc opérer avec effet rétroactif et se


réduisent à une résiliation opérant pour l’avenir uniquement.

La résiliation est l’acte par lequel l’une des parties met fin au contrat
successif mais pour l’avenir seulement c'est-à-dire sans rétroactivité.

 Dans certaines conditions, les contrats à exécution successive peuvent être


rompus par la volonté unilatérale de l’un des contractants notamment lorsque
ces contrats sont conclus pour une durée indéterminée à condition de
respecter le préavis. Cela n’existe pas dans les contrats à exécution
instantanée qui ne peuvent s’effacer que par l’accord des deux contractants.

 Le problème de la dépréciation monétaire : Ce problème et ses conséquences


juridiques ne se pose que pour les contrats à exécution successive.

Le déséquilibre dans les prestations survenant en cours d’exécution d’un


contrat successif a suscité le problème de la révision du contrat pour cause
d’imprévision.

E. DISTINCTION ENTRE LES CONTRATS CONSENSUELS ET LES


CONTRATS SOLENNELS.
Le contrat consensuel le plus fréquent est un contrat dans lequel la volonté seule
suffit pour le créer. Il suffit de l’accord des volontés pour former le contrat.

Le contrat solennel est celui pour la validité duquel la loi exige que le consentement
soit donné en certaines formes . Celles-ci consistent le plus souvent en la rédaction d’un acte
écrit :

Exemple : le contrat de mariage ; le contrat d’hypothèque ……


36
Exemple : la vente des biens appartenant à un mineur ne peut être réalisée qu’en
respectant un certain nombre de formalité, destinées à sauvegarder l’intérêt du mineur.

Cette diversité des contrats du point de vue technique se traduit sur la plan juridique
par une unité du point de vue philosophique concrétisée par le principe de l’autonomie de la
volonté.

F. LES ACTES A TITRE ONEREUX ET LES ACTES A TITRE GRATUIT


Dans l’acte à titre onéreux chacun des interlocuteurs recherche un avantage matériel

Par exemple : Dans la vente, le vendeur veut se procurer une somme d’argent,
l’acheteur veut se procurer un bien dont il a besoin

Au contraire dans l’acte à titre gratuit, l’un des interlocuteurs ne recherche pas un
avantage matériel et souvent même, il a accepte de s’appauvrir sans contre partie

L’acte à titre gratuit peut être unilatéral c’est le cas du testament.

Cet acte peut également être bilatéral, c’est le cas de la donation dans laquelle le
donateur s’appauvrit au bénéfice du donataire.

G. LES ACTES ENTRE VIFS ET LES ACTES A CAUSE DE MORT


L’acte entre vifs est destiné à produire ses effets alors que les personnes intéressées
sont encore vivantes la plupart des contrats constituent des actes entre vifs .

Au contraire l’acte à cause de mort est destiné à produire ses effets après le décès
d’une personne.

Le testament est l’exemple le plus caractéristique de l’acte à cause de mort.

La différence essentielle entre ces deux catégories d’actes c’est que dans la 1 ère
catégorie, on ne peut transmettre qu’un bien particulier ou plusieurs biens particuliers. C’est
ce qu’on appelle la transmission à titre particulier.

Au connaitre dans l’acte à cause de mort, mais dans celui-là seulement, on peut
transmettre l’ensemble d’un patrimoine. C’est précisément ce que fait l’auteur du testament.
Cette transmission universelle n’est possible que dans les actes à cause de mort.

H. LES ACTES DE CONSERVATION, D’ADMINISTRATION ET DE


DISPOSITION
Les actes de conservation sont des actes qui ont seulement pour but d’éviter la perte
d’un droit ou la détérioration d’un bien.

Exemple : Lorsque des réparations sont nécessaires, l’acte par lequel ces réparations
sont entreprises constitue un acte de conservation. Cet acte, non seulement n’est pas
dangereux, mais parfois cet acte se trouve indispensable. C’est pourquoi il pourra être
accompli par toutes personnes.

37
On trouve ensuite l’acte d’administration : C’est un acte qui a pour but de mettre en
valeur un bien en vue d’en retirer les revenus normaux.

Exemple : Le propriétaire d’un appartement le met en location, c’est un acte


d’administration.

Il s’agit d’un acte de gravité moyenne qui pourra donc être accompli dans un grand
nombre de cas sans formalité particulière.

Enfin, on trouve l’acte de disposition : C’est celui qui a pour résultat de faire sortir
un bien du patrimoine dans lequel il se trouve.

La vente ou la donation constituent des actes de dispositions. Ce sont les actes les
plus graves puisque, s’ils sont accomplis de façon inopportune, c'est-à-dire maladroitement,
ils peuvent entraîner un appauvrissement de leur auteur. Il en résulte que ces actes seront
parfois soumis à des autorisations particulières quand ils sont accomplis pour le compte d’un
incapable.

2 C ONDITIONS DE VALIDITE DES ACTES JURIDIQUES

On trouve deux catégories de conditions de validité des actes juridiques. Dans tous
les cas des conditions de fond, et parfois des conditions de forme.

A. LES CONDITIONS DU FOND


Parmi ces conditions de fond, deux sont indispensables pour tous les actes
juridiques :

 La Capacité
 Le Consentement

On en trouve deux autres particulières aux contrats qui sont :

 L’Objet et
 La Cause

1) LA CAPACITE
La capacité est l’aptitude d’un individu à être titulaire de droit et à exercer ses droits.

Cette définition indique qu’il existe en fait deux sortes de capacité :

 La capacité de jouissance : C’est l’aptitude à être titulaire de droit. En


dehors de cas très exceptionnels, toute personne possède cette capacité de
jouissance.
 La capacité d’exercice : C’est celle d’exercer soit même les droits dont on
est titulaire. Cette capacité d’exercice est relativement enlevée à certains
individus. Il en est ainsi dans deux cas : surtout les mineurs et les majeurs
privés de leur faculté mental. Ces personnes sont appelées des incapables et
doivent être assistées dans la vie juridique par une personne que l’on appelle
le représentant légal de l’incapable.
38
2) LE CONSENTEMENT
Pour qu’un acte juridique soit valable, il doit parvenir d’une volonté librement
exprimée. Ce consentement doit donc d’abord exister. Dans le cas contraire, l’acte serait nul.

Mais le consentement n’est pas nécessairement exprimé par l’auteur de l’acte lui-
même. Ce dernier peut charger une autre personne d’exprimer ce consentement à sa place.
C’est ce qu’on appelle la représentation.

Cette représentation résulte :

 soit d’un contrat : c’est le contrat de mandat,


 soit de la loi : c’est ce qui se passe pour l’incapable (représentant légale).
Il faut aussi que ce consentement ne soit pas atteint par certains défauts que l’on
nomme les vices de consentement.
Ils sont au nombre de trois :
 L’erreur
 Le dol
 La violence

 L’erreur : c’est le fait d’accomplir un acte juridique sous l’influence d’une


opinion contraire à la réalité.

 Le dol : c’est une tromperie ayant conduit une personne à accomplir un acte
juridique. On peut dire que c’est une erreur provoquée.

 La violence enfin : c’est une contrainte exercée sur une personne en vue de la
forcer à l’accomplissement d’un acte juridique.

Dans tous les cas, la sanction d’un vice du consentement sera la nullité, c'est-à-dire
l’anéantissement de l’acte accompli dans ces conditions.

3) L’OBJET ET LA CAUSE
Ces éléments se rencontrent précisément dans les contrats.

L’objet c’est le résultat recherché par chacun des contractants.

Exemple : dans une vente, le vendeur veut obtenir une somme d’argent, l’acheteur
veut se procurer une chose (un bien).

Quand à la cause, c’est la raison pour laquelle les contractants forment leurs contrats.

B. CONDITIONS DE FORME

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En principe, les actes juridiques ne sont pas soumis au formalisme. Il suffit que le
consentement de chacun des intéressés ait été exprimé. C’est le principe du consensualisme
que nous avons déjà rencontré.

Cependant, ce principe subit diverses exceptions dont le nombre a tendance à


s’accroitre à notre époque. Les formalités qui sont alors exigés peuvent correspondre à trois
idées différentes.

On trouve d’abord les formes solennelles : ce sont celles qui ont pour but de
protéger les contractants à propos des actes les plus graves. La conséquence est que si l’acte
est accompli sans respecter ces formalités, il sera frappé de nullité.

Exemple : la donation, acte très grave, puisqu’il entraine l’appauvrissement du


donateur, est soumis à un formalisme rigoureux.

On trouve ensuite les formes probantes : ce sont celles qui ont pour but de permettre
la preuve d’un acte juridique. Si ces formes ne sont pas respectées, la sanction ne sera pas la
nullité de l’acte. L’acte restera valable, mais il sera extrêmement difficile et peut être
impossible de prouver son existence.

En fin on trouve les formes de publicité.

Certains actes doivent être portés à la connaissance des tiers parce qu’ils peuvent
avoir des conséquences pour ces tiers.

Exemple : toutes les opérations portant sur des immeubles doivent faire l’objet d’une
publicité foncière. Lorsque cette publicité n’a pas été effectuée, la sanction sera
l’inopposabilité de l’acte aux tiers. En d’autres termes, il restera valable pour ses auteurs,
mais à l’égard des tiers tout se passe comme si l’acte n’existait pas.

CH 2 : LES SUJETS DU DROIT


Les sujets du droit sont les personnes qui interviennent dans les relations juridiques.
On parlera de sujet actif lorsqu’une personne peut exiger quelque chose de quelqu’un .

Exemple : le créancier

On parlera de sujet passif lorsqu’une personne doit fourni une prestation

Exemple : le débiteur

Le droit connaît deux catégories de personnes pouvant être sujet de droit : ce sont les

 Les personnes physiques


 Les personnes morales.

SECTION 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES

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Les personnes physiques sont les individus. Ces personnes sont des sujets de droit
depuis leur naissance jusqu'à leur décès.

Toutefois, il faut apporter ici plusieurs précisions :

1- la naissance n’est pas toujours une condition nécessaire de l’acquisition de la


personnalité juridique. Il arrive en effets que des droits soient reconnus à des enfants qui ne
sont pas encore nés.

Exemple : on peut s’assurer sur la vie au profit d’un enfant à naître.

2- la naissance n’est pas non plus une condition suffisante de l’acquisition de la


personnalité.

Si l’on constate en effet au moment de la naissance d’un enfant qu’il n’est pas né
viable, autrement dit qu’il n’a aucune chance de survie, son existence, même si elle dure
quelques jours ne sera pas pris en considération par le droit.

3- le décès n’est pas une condition nécessaire de la perte de la personnalité


juridique. On trouve en effet une autre cause que l’on appelle la disparition.

Lorsqu’une personne a disparu dans des circonstances qui font supposer son décès,
mais sans que ce décès soit établi. Une procédure judicaire pourra conduire à des
conséquences semblables à celle du décès, c'est-à-dire essentiellement l’ouverture de la
succession.

Exemple : des personnes sont disparues à la suite d’un naufrage, d’un accident
aérien, d’un combat……… Le décès est infiniment probable mais on n’a pas retrouvé les
cadavres de ces personnes.

4- le décès n’entraine pas forcément la disparition immédiate et totale de la


personnalité juridique.

Exemple : d’abord des insultes à la mémoire d’un personne décédée peuvent faire
l’objet de poursuites judiciaires.

Exemple : après le décès d’une personne, ses héritiers doivent payer ses dettes.

SECTION 2 : LES PERSONNES MORALES


Les personnes morales sont des groupements auxquels la loi reconnait la personnalité
juridique. Pour les comparer aux personnes physiques, on les a appelés « personnes morales ».
Ces personnes morales ont un régime particulier, mais elles sont très diverses.

1. L E REGIME DE LA PERSONNALITE MORALE

La comparaison avec la personne physique n’est pas évidemment parfaite. Il manque


quelques choses aux personnes morales vis-à-vis des personnes physiques. Il leur manque
certaines facultés.

41
En revanche, leur nature même les oblige à avoir quelques choses de plus : une
organisation interne.

A. LES ATTRIBUTIONS DE LA PERSONNALITE MORALE


La personne morale possède surtout des attributs d’ordre patrimonial, cela veut dire
qu’elle intervient essentiellement dans le domaine pécuniaire.

Exemple : la personne morale a d’abord un patrimoine : c'est-à-dire un ensemble de


bien. Elle a une capacité : ce qui lui permet de conclure toute sorte d e contrat, d’acquérir des
biens, de les faire fructifier, de participer à d’autres personnes morales,…....

D’autre part, une personne morale peut intervenir en justice soit comme demandeur,
soit comme défendeur.

Il faut d’ailleurs ajouter que la personne morale a également certaines facultés,


certains droits en dehors de tout cadre patrimoniale (pécuniaire) .

Exemple : elle a un nom, c’est la dénomination sociale pour une société . Elle a un
domicile, pour la société c’est le siège social. Elle a même une nationalité.

Si nous prenons comme exemple de personne moral la société commerciale, on peut


l’envisager avec une grande analogie par rapport à la personne physique et ce pour lui donner
le maximum d’efficacité dans ses rapports avec l’administration, avec la justice et avec les
autres sujets de droit.

C’est ainsi que la personne morale de la société aura une condition juridique
prévoyant sa naissance, sa vie et sa mort.

B. L’ORGANISATION DE LA PERSONNALITE MORALE


C’est encore une déférence avec la personne physique.

La personne morale étant un groupement qui a besoin d’une organisation. Cette


organisation se manifeste d’abord au niveau de la décision.

Les membres du groupement doivent se réunir en assemblée, délibérer, voter, et la


volonté qui se dégagera du vote sera la volonté du groupement.

Par contre si plusieurs personnes avaient des intérêts communs sans qu’il y ait
création d’une personne morale, toute décision concernant ces personnes devait être prise à
l’unanimité.

Au contraire dans la personne morale, il suffit que la décision soit prise à la majorité.
C’est bien ici, la preuve qu’il existe une organisation particulière de la personne morale. Cette
organisation se manifeste également au niveau de la représentation.

Il faut en effet que le groupement soit représenté dans la vie juridique par une
personne physique qui par exemple signera des contrats au nom de la personne morale. Dans
une société, c’est le gérant ou l’administration qui tiendra ce rôle.

42
2. C LASSIFICATION DES PERSONNES MORALES

Il faut d’abord mentionner l’existence de certaines personnes morales de droit


publics.

D’abord l’Etat est souvent considéré comme une personne morale.

D’autre part, certaines collectivités locales jouissent également de la personnalité


morale.

Enfin, on trouve des établissements publics, c'est-à-dire des organismes rattachés à


l’Etat mais disposant d’une certaine autonomie dans leur gestion. Ces établissements publics
sont des personnes morales.

Mais surtout dans le domaine du droit privé que l’on trouve les personnes morales les
plus importantes. On en distingue deux catégories :

 Les personnes morales à but lucratif


 Les personnes morales à but non lucratif

1. Les personnes morales à but lucratif

Les premières sont celles qui cherchent des bénéfices. Ce sont les sociétés.

On distingue d’ailleurs parmi ces sociétés les sociétés civiles et la société


commerciale.

Les sociétés commerciales sont considérées comme de véritables commerçants. Elles


ont pour objet l’accomplissement d’actes de commerce. La plus connue de ces société est la
société anonyme dont le capital est divisé en actions et qui droit être composée au moins de
cinq actionnaires.

2. Les personnes morales à but non lucratif

Parmi les sociétés morales dont le but n’est pas lucratif, c'est-à-dire qui ne
recherchant pas de bénéfices, on trouve à titre d’exemple les associations et les syndicats.

 Les associations : sont des groupements de personnes pour une œuvre


charitable culturelle, sportive…
 Les syndicats : ont pour but la défense des intérêts des membres d’une
profession.

CH3 : L’OBJET DES DROITS SUBJECTIFS


(Ce chapitre sera traité sous forme d’exemples et de commentaires lors des séances de travaux dirigés)

S1 : LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

S2 : LES DROITS PATRIMONIAUX


43
1. LA NOTION DE PATRIMOINE

2. LE CONTENU DU PATRIMOINE

A. LES DROITS
1. LE DROIT PERSONNEL OU DROIT DE CREANCE

2. LES DROITS REELS

A) LES DROITS REELS PRINCIPAUX


 Usufruit
 Nu propriété
 Servitude

B) LES DROITS REELS ACCESSOIRES


B. LES BIENS
1. LES IMMEUBLES

A) LES IMMEUBLES PAR NATURE


B) LES IMMEUBLES PAR DESTINATIONS
4) LES IMMEUBLES PAR L’OBJET AUQUEL’ ILS
S’APPLIQUENT
2. LES MEUBLES

A) LES MEUBLES PAR LEUR NATURE


B) LES MEUBLES INCORPORELS

C. LES OBLIGATIONS
1. DEFINITION

2. L’OBJET DE L’OBLIGATION

A) L’OBLIGATION DE DONNER
B) L’OBLIGATION DE FAIRE
C) L’OBLIGATION DE NE PAS FAIRE

44
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................. ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.

PARTIE I: LE DROIT OBJECTIF ............................................................................................................... 7

CHAPITRE I : LA REGLE DE DROIT ........................................................................................................ 8

SECTION .1: LES CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT ...................................................................................... 8


§1: le caractère général de la règle de droit .................................................................................................. 8
§2: le caractère sociale de la règle de droit ................................................................................................... 8
§3: Le caractère contraignant de la règle de droit ...................................................................................... 11
SECTION .2 : LE FONDEMENT DE LA REGLE DE DROIT...................................................................................... 13
§1: Les théories idéalistes ............................................................................................................................ 13
§2: Le positivisme juridique ......................................................................................................................... 14
SECTION .3: LE DOMAINE DE LA REGLE DE DROIT ........................................................................................... 16
§1: Le contenu du droit privé ....................................................................................................................... 16
§2 : Les domaines du droit public ................................................................................................................ 18

CHAPITRE II: LES ORIGINES DE LA REGLE DE DROIT ................................................................... 19

SECTION .1 : LA LOI ........................................................................................................................................ 20


§1 : Définition et caractère de la loi ........................................................................................................... 20
§2: Les différentes conceptions de la loi ...................................................................................................... 21
SECTION 2: LA COUTUME............................................................................................................................... 26
SECTION 3: LA JURISPRUDENCE ..................................................................................................................... 26
§1 : Le rôle de la jurisprudence ................................................................................................................... 27
§2: L’organisation judiciaire : ..................................................................................................................... 27
SECTION 4 : LA DOCTRINE ............................................................................................................................. 27

PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS ................................................................................................... 29

CH1 : LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS ..................................................................................................... 30


Section 1 : le fait juridique ........................................................................................................................... 30
Section 2 : l’acte juridique ........................................................................................................................... 32
CH 2 : LES SUJETS DU DROIT.............................................................................................................................. 40
Section 1 : les personnes physiques .............................................................................................................. 40
Section 2 : les personnes morales ................................................................................................................ 41
CH3 : L’OBJET DES DROITS SUBJECTIFS ............................................................................................................. 43
S1 : les droits extrapatrimoniaux ................................................................................................................. 43
S2 : les droits patrimoniaux ......................................................................................................................... 43

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