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PROGRAMME DE FORMATION

EN GESTION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

POLITIQUES SOCIALES
POLITIQUES SOCIALES

INTERVENANT :
TOURE DRISSA
INSPECTEUR A LA CNPS
I - DEFINITION DU CHAMP D’APPLICATION DE
LA POLITIQUE SOCIALE

Mais que faut-il entendre par « social » ? Etymologiquement, l’adjectif « social » implique
tout ce qui a trait à la vie d’une société. Dans la langue courante, il évoque tout ce qui concerne les
besoins humains. Le contenu du terme large ou étroit selon la conception que notre société se fait des
besoins (et des priorités) que la collectivité doit couvrir. Le contenu peut-être aussi plus ou moins
étendu, dans une société donnée, selon que l’on qualifie de « sociale » telle ou telle dépense. Une
conception extensive considère comme dépenses sociales non seulement les dépenses d’assistance et
de prévoyance mais aussi toutes les activités publiques et privées qui tendent à élaborer une justice
sociale ; selon cette conception, l’enseignement est social… tout est alors social, puisque le sujet de
la politique et de l’économie est l’homme vivant en société.

En fait, il n’y a pas de frontières exactes. Le contenu du « social », pris dans ce sens, varie
selon le vouloir et le sens… social des parlements, des syndicats et de la société.

Cependant, le mot est doté encore d’une autre signification. Comme l’indique Myrdal, le
social couvre les besoins qui ne peuvent être satisfaits que par des mesures de politique générale,
c’est-à-dire par une action collective concertée dans le cadre d’une société organisée. Ces mesures
exigent des sacrifices qu’en termes économiques on désigne par «coût ».

II- LES ACTEURS OU INTERVENANT DU DOMAINE SOCIAL


La protection sociale est l’ensemble des formules utilisées par les sociétés pour se prémunir
contre les risques de perte du revenu en raison de la maladie, de la vieillesse, ou de la baisse du
revenu de la naissance d’enfants.

Ces formules peuvent consister en la solidarité familiale, la bienfaisance, l’assistance sociale,


l’épargne privée, les assurances sociales, les mutuelles ou la sécurité sociale. La protection sociale
est une réponse individuelle ou collective à la précarité sociale.

2.1 La sécurité individuelle

2.1.1 Définition

Dans cette formule les individus s’organisent librement et individuel pour se garantir contre
les risques dits sociaux. Cette sécurité individuelle peut révertir plusieurs formes :

- la famille
- l’épargne individuelle
- l’assurance privée
- la charité.

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2.1.2 LA FAMILLE

1. L’entraide familiale, forme première d’organisation des hommes pour assurer la sécurité,
fut longtemps la seule méthode appliquée. Au sein de la famille, du clan ou de la tribu, hommes et
femmes, jeunes et vieux se répartissent les tâches et restent ensemble, des premiers balbutiements de
la vie jusqu’au dernier soupir.

2.1.3 L’EPARGNE

2. L’épargne est également une des premières formes d’organisation des êtres humains pour
se protéger des aléas de la vie. Comme la fourmi, la famille, la clan ou la tribu mettent de côté les
aliments, les herbes pour se soigner afin d’être assurés, le jour ou cela va mal, de pouvoir se subvenir
et se soigner. Dans les sociétés plus avancées, l’épargne sert à économiser des ressources monétaires
chez soi ou dans une banque, ou encore à investir dans des affaires mobilières (actions etc.) ou
immobilières (maisons, terrains) pour pouvoir réutiliser ces biens en cas de pépins ou de nécessité

2.1.3 L’ASSURANCE PRIVEE

Le développement du libéralisme au 19ème siècle ne favorisera pas l’accroissement du


rôle de l’état dans la protection sociale.
Les techniques de prévoyance individuelle, à travers les compagnies d’assurances, les
caisses d’épargne et les sociétés mutuelles sont encouragées.
La technique de l’assurance repose sur la compensation des risques. C’est-à-dire que le
risque connu pour l’ensemble de la population ne surviendra qu’à une partie de la population. Si on
est en mesure de prévoir la probabilité que ce risque survienne on sera en mesure de déterminer le
montant de la prime à faire payer à chaque membre de la population concernée de manière à
indemniser ceux chez qui le risque surviendra et couvrir les charges et bénéfices de l’assureur.
L’assurance devient scientifique dès la fin du 18ème siècle. Ce sont les techniques de la
statistique qui permettent de maîtriser les prévisions de survenance des risques. Les techniques
d’assurances sont cependant difficilement applicables à la sécurité sociale.
D’un coût forcement élevé, en raison de la rémunération de l’initiative capitaliste, les primes
tiennent compte de la probabilité de survenance du risque, si bien que les populations les plus
fragiles se verront réclamer des primes plus élevées. Ce qui rend les prestations d’assurances
inaccessibles à ces couches de population. La mutualité sociale palliera ces inconvénients.

2.1.4 LA CHARITE

La bienfaisance est une action de secours, et de prise en charge des miséreux


assumées en général par les communautés religieuses, les corporations, les confréries et les
compagnonnages. Elle n’a d’autre fondement que l’humanisme, la sensibilité à la condition d’autrui,
la morale et les principes religieux.

2.2 LA SECURITE MIXTE

2..2.1 Définition

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Dans cette formule les individus s’organisent librement et collectivement pour
assurer leur sécurité l’exemple par excellence est la mutuelle.

2.2.2 – La mutualité sociale

La mutualité sociale est une forme de prévoyance volontaire fondée sur un système
d’engagement réciproque par lequel les membres d’un groupe moyennant la paiement d’une
cotisation, s’assure contre certains risques (maladie, blessures, infirmités, chômage) ou se promettent
certaines prestations (frais funéraires, secours aux ascendants, veuves, orphelins) en se garantissant
les mêmes avantages sans d’autres distinctions que celles qui résultent des cotisations fournies en
excluant toute idée de bénéfice. La mutualité initiée par les organisations professionnelles utilise les
techniques de l’assurance par la compensation des risques, mais pallie en même temps les
inconvénients de l’assurance en ne liant pas les cotisations aux risques. La mutuelle repose avant tout
sur la solidarité de ses membres. Elle devrait être plus accessible dans la mesure où elle exclut tout
bénéfice dans son mode de fonctionnement. Ce caractère la rapproche des assurances sociales. Elle
en demeure distincte cependant par son caractère volontaire.

La mutuelle pose correctement le problème de la couverture des risques sociaux ; elle


demeure limitée comme solution en raison de son caractère corporatiste. Le volontariat qui le fonde
empêche sa généralisation en dehors de son corps socioprofessionnel. Manifestement, le rôle de
l’Etat est ressenti comme nécessaire. Les pressions sociales nées de l’idéologie socialiste, ainsi que la
faillite du modèle individuel de prévoyance, vont aider à l’interventionnisme social de l’état.

2.3 LA SECURITE SOCIALE

La sécurité sociale est constituée d’un ensemble de mesures collectives et


obligatoires.
Dans le cadre de ce cours nous retiendrons deux définitions.

2.3.1 DEFINITION RESTREINTE (Convention N°102 du BIT)

La sécurité sociale est un système d’ensemble comportant une série de mesures générales
tendant :

a)- à protéger la population (ou une grande partie de la population) de la misère économique
dans laquelle risqueraient de la plonger la maladie, le chômage, la vieillesse ou la mort, en
interrompant les gains ;

b)- à assurer à la même population tous les soins médicaux nécessaires ;

c)- à accorder une subvention aux familles élevant des enfants.

2.3.2 Définition large

La sécurité sociale se définit comme :

a)- un ensemble de prestations octroyées aux ménages et aux individus ;

b)- en vertu d’accords publics ou collectifs ;

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c)- pour les protéger contre un niveau de vie bas ou en baisse ;

d)- découlant d’un certain nombre de risques (maladies, chômage, vieillesse, mort) et de
besoins de base.

III- ROLE ET IMPORTANCE DE LA SECURITE SOCIALE DANS


LA SOCIETE

La sécurité sociale est avant tout un idéal. En effet, la sécurité sociale au niveau conceptuel le
plus élevé vise à instaurer et/ou renforcer au sein de la société des valeurs telles que l’humanisme, la
dignité humaine. Pour s’en convaincre, écoutons les propos de Monsieur Pierre LAROQUE, père
fondateur de la sécurité sociale française : « Quelles sont alors les préoccupations qui, pour moi,
constituent la base, le fondement de la Sécurité Sociale ? Débarrasser les travailleurs de la hantise du
lendemain, de cette incertitude génératrice chez eux d’un complexe d’infériorité paralysant
l’expansion de leur personnalité et origine réelle, de la distinction des classes entres les possédants,
sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les non possédants, constamment sous la menace de la misère.
Mon souci est donc d’atteindre à plus de justice sociale, de réduire les inégalités existant entre les
hommes sur le plan de la sécurité du lendemain ».

A ces propos de Monsieur Pierre LAROQUE, j’ajouterais le slogan de l’Association


Internationale de la Sécurité Sociale (AISS) qui est : « Pas de paix durable sans justice sociale, pas
de justice sociale sans sécurité sociale ».

Donc en définitive, l’ambition de la sécurité sociale c’est de contribuer à l’instauration d’une


société harmonieuse au sein de laquelle règne la paix préalable à tout développement. C’est pour
cette raison essentielle que la sécurité sociale figure en bonne place parmi les droits fondamentaux de
l’Homme. En effet, les articles 22 et 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
adoptée par l’ONU le 10 décembre 1948 consacrent le droit à la sécurité sociale.

« Article 22 – Toute personne, en tant que membre de la Société, a droit à la sécurité sociale ;
elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à
sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération
internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays ».

« Article 25- 1° Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son
bien être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins
médicaux, ainsi que les services sociaux nécessaires : elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de
maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse, ou dans les autres cas de perte de ses moyens de
subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ;

2° La maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciale. Tous les enfants,
qu’ils soient nés dans le mariage ou hors du mariage, jouissent de la même protection sociale ».

La plupart des états modernes ont emboîté le pas à l’ONU ou l’ont précédé en inscrivant le
droit à la sécurité sociale dans leur constitution. Ainsi par exemple le préambule de la Constitution
française du 27 Octobre 1946 stipule : La nation assure à l’individu et à la famille les conditions
nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux
travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain

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qui en raison de son âge, de son état physique et mental, de la situation économique, se trouve dans
l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

Notre pays, la Côte d’Ivoire a fait à la sécurité sociale un droit constitutionnel.

Le droit à la sécurité sociale transparaît en filigrane dans les article 5, 6, 7 de la nouvelle


constitution ivoirienne.

Pour atteindre ses objectifs, quels sont les principes, mécanismes et techniques que la sécurité
sociale met en œuvre ?

Le premier principe qui fonde la sécurité sociale c’est la solidarité. Il s’agit en effet de faire
jouer la solidarité entre les membres d’une communauté nationale ou d’un groupe
socioprofessionnel. Cette solidarité est réalisée par un mécanisme de redistribution de la richesse
nationale qui s’opère par un transfert de ressources entre les malades et les bien-portants, entre les
actifs et les inactifs, entre les familles dont les charges sont limitées et les familles nombreuses et
démunies.

Au plan économique, la sécurité sociale selon son organisation financière peut constituer un
puissant moyen de mobilisation de l’épargne nationale. C’est pourquoi de par le monde, les
institutions de sécurité sociale sont des investisseurs institutionnels importants à des degrés divers.

Malgré son importance, la sécurité sociale n’est pas une génération spontanée et les valeurs
sur lesquelles elle est fondée ne datent pas de nos jours.

IV- LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DE LA SECURITE


SOCIALE ET LEURS CARACTERISTIQUES
Au plan théorique, la sécurité sociale se fonde sur deux conceptions :

4.1- CONCEPTION UNIVERSALISTE

La déclaration universelle de l’ONU dispose en son article 22 que :


« toute personne en tant que membre de la société a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée
à obtenir la satisfaction des droits économiques, culturels indispensables à l’épanouissement de sa
personnalité grâce à l’effort national et à la coopération internationale compte tenu de l’organisation
et des ressources de chaque pays ».

Conformément à cette déclaration, la conférence de Philadelphie en 1944 a défini les


principes fondamentaux de la sécurité sociale ; ainsi elle avait pour vocation à couvrir l’ensemble
des risques sociaux de toute la population (cf Etat - providence en matière de sécurité sociale). Ce
concept se fonde sur le principe, de solidarité nationale dite «horizontale » qui lierait toutes les
composantes sociales d’un pays donné.

Ici, l’octroi ou le bénéfice des prestations n’est pas subordonné à une quelconque contribution
du bénéficiaire.

En conséquence, les prestations sont dites non contributives ou universelles. La sécurité


sociale des pays européens scandinaves ou anglophones s’inspire de ce concept.

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Ces pays passent pour généralement avant-gardistes en la matière, puisque leur sécurité
sociale se rapproche du modèle idéal défini par la déclaration universelle.

Cependant, ils n’échappent pas à la critique de l’état - providence qu’on pourrait


généralement traiter d’utopique par rapport à l’autre type de concept.

4.2 - CONCEPTION CORPORATISTE OU PROFESSIONNALISTE

Ici, la sécurité sociale devrait s’organiser à partir des groupes et réalités


socioprofessionnelles censés être plus homogènes par leurs caractéristiques et leurs besoins.

Ce système se base sur le principe de la solidarité verticale ou inter-groupes ou inter-


entreprises. Il est dit contributif dans la mesure où le bénéficiaire acquiert des droits par ses
cotisations, son travail. Cette approche se prétend plus réaliste, pragmatique, en mettant l’accent
sur l’individu incité à s’engager personnellement, donc à être plus responsable.

Cette conception à la base de la création de la sécurité sociale française a inspiré les


embryons de sécurité sociale des pays africains francophones comme la République de Côte
d’Ivoire. C’est ce qui expliquerait l’existence d’une « mosaïque » de Régimes ou de Caisses de
base, à l’image des structures professionnelles qui les ont inspirées.

4.3- LES SYSTEMES MIXTES

Les régimes contributifs co-existent avec des régimes non contributifs. Un même organisme
unique peut gérer par exemple des prestations contributives (maladies) et des prestations universelles
(prestations familiales).

Dans nos pays on peut se poser la question de savoir comment adapter les différents concepts
à nos valeurs africaines ?
Cette question est d’importance parce que avant de chercher à appliquer une méthode à un
groupe social, le bon sens commande de chercher à en cerner les bases culturelles les valeurs
majeures. Ce qui pose un problème d’éthique.

L’ETHIQUE : c’est l’ensemble des valeurs partagées par une collectivité sociale.

4.3.1- LES PRINCIPES DE BASE DE L’ETHIQUE DE L’APPROCHE


UNIVERSALISTE

Ce sont les trois (3) U ; ils constituent la charpente de l’édifice; conçu par Lord Beveridge.

L’Unicité

Le principe de l’unicité vise à éviter de discriminer entre les citoyens d’un même Etat. A cet
effet tous les citoyens sont couverts par une seule législation et s’adressent à une seule institution. Ce
faisant l’on assure une parfaite égalité entre les citoyens dans l’accès au service public de la sécurité
sociale.

L’Universalité

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Il implique la suppression de l’exclusion sociale puisque toute la population est couverte.

L’UNIFORMITE

C’est l’harmonisation générale des prestations, de leur « alignement ».

4.3.2- LES PRINCIPES DE BASE DE L’APPROCHE CORPORATISTE

Au plan administratif la conception corporatiste met en application le principe de la gestion


paritaire fondé sur les valeurs de démocratie sociale. De quoi s’agit-il ?

La gestion paritaire peut-être définie comme la gestion des organisations de sécurité sociale
par les représentants des personnes cotisantes. Dans notre système de sécurité les personnes
cotisantes sont constituées par les salariés et les employeurs.

Au départ la doctrine voulait que la représentation soit proportionnelle à la cotisation c’est-à-


dire fonction de la part patronale et salariale. Ce principe s’apparente au mode de gestion des
sociétés par actions où le pouvoir de décision est des systèmes actuels de sécurité l’on compte un
nombre égal d’assurés et d’employeurs dans les conseils d’administration. Quelques caisses
comptent un nombre de représentants de salariés plus élevé que celui des employeurs.

Historiquement la gestion paritaire s’inspire de la pratique suivie par les sociétés anglaises de
secours mutuel. Précisions au passage que les sociétés mutualistes sont des « associations constituées
volontairement aux fins d’apporter à leurs membres une aide financière en cas de besoin ».
Les ressources provenant pour l’essentiel des cotisations des mutualistes et la gestion était assurée
par eux-même. Ils élisaient en leur sein un président et un trésorier. Le principe de la gestion directe
par les cotisants a été par la suite adopté dans d’autres pays d’Europe c’est que la tradition a été
établie.

La convention 102 de l’Organisation Internationale du Travail a repris et codifié la tradition


mutualiste.

En effet, elle pose deux principes :

a)- le gouvernement doit assumer la responsabilité d’une administration adéquate, de même


qu’il doit être responsable de la solvabilité du régime.

b)- les personnes protégées en tout cas, et éventuellement les employeurs et les pouvoirs
publics, doivent participer à l’administration, mais pour autant seulement que le gouvernement lui-
même n’administre pas directement le régime en question.

La mise en œuvre des principes de la gestion paritaire suppose l’autonomie. Mais le


corollaire de l’autonomie c’est la surveillance des pouvoirs publics. Cela va de soi car l’on ne peut
s’engager à assurer la bonne réalisation du contrat (il s’agit bien d’un contrat social) sans un
minimum de surveillance sur les conditions d’exécution de ce contrat. Il faut que les prestations
promises en contre-partie des cotisations soient payées dans les règles ; la loi présume que les
institutions autonomes appliquent ses dispositions. Le gouvernement doit s’assurer que les actes
administratifs sont conformes à la loi. C es ont ces idées qui fondent et justifie la composition
tripartite (Etat, Employeurs, Salariés) des Conseils d’Administration des régimes.

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Les recettes proviennent généralement des cotisations versées par les salariés et les
employeurs et, pour la branche de prestations concernée, du produit des fonds placés.
V- MODES DE FINANCEMENT ET ORGANISATION
FINANCIERE DE LA SECURITE SOCIALE

5.1 Sources de financement

5.1.1 (1) FISCALISATION : elle semble plus adaptée à la conception universaliste de la


sécurité sociale. Il s’agit soit :
- de taxe affectée ou d’une couverture assurée par le budget général de l’Etat ;
- d’impôts directs ou indirects, sélectifs ;
- en cas de fiscalisation partielle d’un régime, on peut introduire une technique de
financement structurel en termes de « parts » ou de type de risque » à financer.

Exemple, en France, de la contribution sociale généralisée en vue de financer en partie les


systèmes de retraite par répartition.

5.1.2 Les cotisations des travailleurs et des entreprises

a) cotisations employeurs : pour l’assiette, la base de cotisation, les références sont


les rémunérations, le chiffre d’affaires, les bénéfices, la valeur ajoutée.

b) cotisations sur salaire : forfaitaire ou proportionnelle, plafonnée ou libre …

De nombreuses études et recherches alimentent le débat toujours renouvelé sur


les avantages, inconvénients, les limites des divers modes de financement.
Le débat porte sur le poids et l’impact des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales).

Ces prélèvements sont traditionnellement accusés d’être trop lourds et, de ce fait, de réduire
les incitations au travail et à l’épargne, de décourager les couches les plus dynamiques de la
population, de porter atteinte à la compétitivité des entreprises et d’être un facteur de chômage.

5.2 Organisation financière et maintien de l’équilibre financier

5.2.1 NOTIONS D’ORGANISATIONS FINANCIERE D’UN REGIME


DE SECURITE SOCIALE

II.1 – Définition

Par organisation financière d’un régime ou d’une branche de sécurité sociale, on entend la
méthode suivie pour percevoir et gérer les recettes qui sont destinées au paiement des prestations et
au fonctionnement administratif du système.

Les recettes proviennent généralement des cotisations versées par les salariés et les
employeurs et, pour la branche de prestations concernée, du produit des fonds placés.

Toute organisation financière doit tenir compte de deux principes fondamentaux :


- la solvabilité du régime ou de la branche : c’est à dire que la méthode

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de financement doit toujours assurer le paiement des prestations à leur échéance
et la couverture des frais d’administration ;
- la stabilité du taux de cotisation pendant une période plus ou moins longue.

5.2..2.1- La répartition (annuelle, étalée ou pluriannuelle).

Dans ce système, l’on prend en considération une certaine période (généralement portant sur
le court-terme) pendant laquelle toutes les cotisations reçues servent à payer les prestations sans
constitution de réserves techniques. Cette technique semble plus adaptée aux prestations à court-
terme et au mode de financement par l’impôt.

5.2.2.2- La capitalisation

Une personne ou un groupe de personnes cotisent dans un régime pendant la période


d’activité ; ainsi se constitue une réserve qui permettrait de payer des prestations quand l’heure de la
retraite sonnera.

Cette technique semble plus adaptée aux prestations à long terme. Le choix d’une des
techniques soit être en rapport avec les objectifs macro-économiques assignés à la sécurité sociale.

5.2.2.3- Les mérites des deux techniques

Deux paramètres essentiels que sont le taux de cotisation et le rapport démographique


constituent les bases principales de la répartition ; d’où maintenir l’équilibre financier d’un tel
système passe par des réformes concernant directement ces paramètres.

Malgré tout la répartition présente des avantages principaux qui se traduisent par :

- la revalorisation des pensions à un niveau comparable à l’augmentation des


salaires, sous réserves d’une stabilité de la structure de la population. C’est un système
qui peut résister à l’inflation ;

- le versement immédiat des retraites à des personnes qui n’ont jamais ou peu
cotisé ; on parle alors de validation gratuité des services passées.

Les principaux handicaps de la capitalisation

- on ne peut servir de retraite tant qu’un capital n’a pas


été constitué.

- il faudra cotiser très longtemps si on veut être certain


de bénéficier durablement de la retraite espérée.

- La capitalisation est exposée à l’inflation, à la volatilité des marchés


financiers, aux accidents de gestion ou de conjoncture ; la modification du montant
des cotisations ou des retraites à peu d’effet dans l’immédiat.

Toutefois, il ne faudrait pas occulter certains avantages de la capitalisation à savoir :

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- sa plus grande facilité d’accès à de petits groupes ; voire un individu isolé, ce
qui justifie son caractère idéale pour les compléments individuels de retraite ;

- sa très grande souplesse de gestion ;

- son indépendance quasi totale à l’égard des problèmes démographiques


même dans le cas de capitalisation globale des fonds – gestion collective des fonds de
pension

- sa clarté et la relative facilitée de compréhension par les bénéficiaires.

5.2.5- NATURE ET ROLE DES RESERVES

Généralement, trois (3) types de réserves sont constitués :

1- le fonds de roulement ou réserves de trésorerie :

Il est prévu pour pallier à des difficultés conjoncturelles de trésorerie. Le montant minimum
est fixé à l’équivalent d’un trimestre de dépenses de prestations dans certains cas (plus
fonctionnement dans d’autre).

Il doit être liquidé et placé à très court terme (un à trois mois) avec possibilité de déblocage à
tout instant en cas de besoin.

2- la réserve de sécurité :

Elle est généralement constituée au titre des prestations à court terme et financée suivant le
système de la répartition. Son objectif est de faire face aux fluctuations aléatoires qui peuvent
affecter les recettes en cours de période.

Elle est équivalente à un ou deux trimestres de prestations de l’année ou des deux années
précédentes.

Elle pourrait être placée sur une période plus longue que le fonds de roulement (trois à six
mois) avec également une clause de déblocage en cas de nécessité.

3- La réserve technique :

Constituée dans le cadre de la gestion des prestations à long terme (pension de retraite, rentes
viagères des risques professionnels), elle doit non seulement faire face aux engagements futurs de la
branche mais également éviter une fluctuation générées par leurs placements.

Dans le cas des rentes de la branche des Risques Professionnels, son montant est au moins
égal aux montants des capitaux constitutifs des rentes ;

Concernant les pensions vieillesse – invalidité - décès, la réserve technique est au moins égale
au montant des prestations techniques payées au cours des deux derniers exercices.

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Ainsi, compte tenu de l’importance et de la stabilité de ces deux réserves, elles peuvent être
placées à long terme car représentant des ressources de financement de prestations à long terme.
Elles peuvent être placées dans les domaines suivants :

- l’immobilier de rapport si le marché est intéressant c’est-à-dire le rendement satisfaisant ;


- les titres de participation et de placements remplissant les conditions suffisantes de sécurité
et de rendement.

En second lieu, l’examen doit porter sur la qualité des éléments d’actif qui représentent la
contrepartie desdites réserves. Ces actifs doivent respecter quatre (4) conditions qui portent
essentiellement sur :

- leur sécurité formelle et réelle : la sécurité formelle porte sur la nature du débiteur,
sa solvabilité et les garanties prises en contrepartie de la créance. La sécurité
sociale vise le maintien du pouvoir d’achat et du rendement des actifs ;
- leur liquidité : ils doivent être liquidés ou facilement réalisables. Ceci est
particulièrement valable pour le cas des réserves de sécurité et celles
correspondant aux fonds de roulement.
- leur contribution au développement économique et social : cette condition est
particulièrement applicables aux réserves techniques ;

Les actifs acquis en contrepartie de ces réserves devraient remplir un double objectif à savoir,
concourir au développement d’activités productives ainsi qu’à l’amélioration du bien être collectif et
procurer un meilleur rendement aux capitaux investis tout en préservant leur sécurité.

VI- LES PRESTATIONS SERVIES, INSTRUMENTS DE POLITIQUES


SOCIALES

6-1 LA GAMME DES PRESTATIONS SERVIES

Les prestations servies permettent aux bénéficiaires de faire face à la perte ou la réduction du
revenu d’une part, et d’autre part d’avoir des ressources complémentaires en cas d’accroissement des
charges. La convention 102 du BIT à prévu à cet effet neuf éventualités :

1- soins médicaux
2- indemnité de maladie
3- prestations de chômage
4- prestations de vieillesse
5- prestations en cas d’accidents du travail et de maladies
professionnelles
6- prestations aux familles
7- prestations de maternité
8- prestations d’invalidité
9- prestations de survivants

Les Etats qui souhaitent ratifier la convention 102 ne sont pas obligés d’avoir une législation
couvrant les 09 éventualités, il suffit qu’ils aient déjà un système de sécurité sociale couvrant au
moins 03.

6.2 - LES PRESTATIONS COMME INSTRUMENT DE POLITIQUE :

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EXEMPLE : CAS DES PRESTATIONS FAMILIALES

Pour comprendre les enjeux, je voudrais partager avec vous le débat qui a eu lieu en France
sur le sujet « natalité et protection sociale ».

Un débat passionnant à dépassionner

« Le don de la vie, acte intime s’il en est, peut-il relever de l’approche économique, qui, par
méthode, ignore la gratuité ? Adam Smith s’est lancé sans hésitation, disant que « la demande
d’homme règle nécessairement la production des hommes, comme fait la demande à l’égard de toute
autre marchandise ». Tous les classiques lui ont emboîté le pas ; la théorie économique de la natalité
est un axe de recherche reconnu. Il est naturel, dans cette perspective, de procéder à une analyse
économique des rapports entre natalité et protection sociale.

Cependant, un effort particulier de prise de recul par rapport aux débats idéologiques est
nécessaire dans ce domaine : les prises de position, les passions, s’y affrontent avec vigueur. En
1990, la »guerre des indices » a fait rage dans les média, opposant un chercheur de l’I.N.E.D.H. Le
Bras, à son directeur G.Calot et à la majorité de ses collègues, sur la question du renouvellement des
générations en France. Pourquoi ce dérapage ? A cause de l’enjeu du débat : la politique
démographique. Le monde politique français, contrairement à ses homologues anglo-saxons,
considère depuis la Première Guerre Mondiale qu’il est du devoir de l’Etat d’encourager la natalité si
elle est insuffisante. Mais qu’est-ce qu’une natalité suffisante ou insuffisante ? Une sorte de
consensus s’est créé sur le sujet : le critère est celui du renouvellement des générations. S’il n’est pas
assuré, l’Etat doit intervenir. Au minimum, il doit maintenir des générations. S’il n’est pas assuré.
L’Etat doit intervenir. Au minimum, il doit maintenir les mesures existantes en faveur des familles.

Depuis trois décennies, l’évolution de la protection sociale en France va dans le sens d’un
déclin relatif des prestations familiales par rapport aux retraites, à l’assurance maladie, à
l’enseignement, au logement et à l’assistance. Les devoirs démographiques de l’Etat étant une idée
largement répandue, ce déclin crée quelque mauvaise conscience. Les partisans d’une accentuation
de ce déclin peuvent utiliser deux stratégies : soit l’attaque frontale contre l’idée de responsabilité
démographique de l’Etat, soit une attaque contre ses arrières, c’est-à-dire contre la manière usuelle
de mesurer le degré de renouvellement des générations. S’ils pouvaient convaincre la population et
les politiciens qu’ils ont été trompés par les démographes leur affirmant (pour simplifier) que
renouvellement des générations signifie indice conjoncturel de fécondité égal à 2,1 et qu’en fait, avec
le nombre de naissance actuel, le renouvellement a bel et bien lieu, l’ennemi serait pris à revers. La
controverse technique sur la notion de renouvellement des générations est fort ancienne. L’avis de H.
Le Bras n’avait aucun caractère de nouveauté par rapport à Henry (1965). Mais il était utilisable
comme fer de lance d’une attaque contre les arrières de la politique démographique.

Cet épisode montre combien les questions relatives à la politique que certains appellent
familiale, d’autres démographique, et d’autres encore nataliste, sont chargées idéologiquement et
politiquement. Une question importante est celle de l’efficacité démographique des prestations
familiales et autres mesures analogues : le taux de fécondité varie-t-il, et, si oui, dans quelle mesure,
en fonction de la politique familiale qui est menée ? Les enjeux de cette question sont les mêmes que
ceux du taux de reproduction.

- Les prestations familiales, versées surtout sous forme d’allocations périodiques pour chaque enfant,
ont été introduites pour différentes raisons :

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- soit en vue d’encourager les naissances dans les pays où la situation démographique était
considérée comme critique (POLITIQUE NATALISTE);

- soit pour prévenir une hausse générale des salaires en limitant l’augmentation aux familles ayant
des enfants (SUR SALAIRE FAMILIAL);

- soit pour permettre aux familles déshérités d’élever leurs enfants dans de meilleures conditions et
d’assurer par là une certaine égalité de chances aux jeunes générations (JUSTICE SOCIALE).

CONCLUSION
L’objectif essentiel que je visais dans cet exposé était de faire comprendre aux auditeurs
l’importance de la sécurité sociale dans un Etat moderne.
Aucun Etat quelque soit son niveau de développement ne peut se permettre d’ignorer la sécurité en
ne mettant pas en place ne serait-ce qu’un embryon de régime de protection sociale.

Or dans les Etats africains la sécurité sociale est mal connue. J’espère que ce cours aura comblé ce
déficit de connaissances sur une matière aussi importante.
Par ailleurs, les auditeurs sur ce programme, qui sont des cadres africains de haut niveau peuvent être
appelés à siéger dans les Conseils d’Administration des Institutions Africaines de sécurité sociale. En
leur qualité d’administrateurs, ils se doivent de bien comprendre à défaut de maîtriser les
fondamentaux de la sécurité sociale. Cet aspect constitue le deuxième objectif majeur de ce cours.

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