I. La croissance économique
La croissance en économie est l’évolution annuelle du Produit Intérieur Brut (PIB). Elle
désigne l’augmentation de la production d’une économie au cours d’une année.
a) Le travail :
b) Le capital :
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c) Le progrès technique :
Un bon gouvernement
L’amélioration de l’information
Le déclin des usages ou des superstitions
La croissance de l’activité mentale
L’introduction des arts étrangers
L’importation du capital étranger
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Différentes visions de la croissance chez quelques économistes
Grâce aux réflexions sur le sous-développement, les économistes se sont rendu compte
que leurs théories ne s’appliquaient qu’à une fraction de l’humanité et que les mécanismes
fondamentaux et bénéfiques qu’une économie classique considérait comme universels
n’étaient en réalité que le fait des seuls pays riches.
a) Controverses :
b) Quelle définition ? :
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Deux faits principaux :
Elle est inspirée de la théorie des « besoins essentiels » créée dans les années 1970
au sein du Bureau International du Travail (BIT). Le développement y est caractérisé
par :
- Il est lié à l’idée de progrès depuis le 18ème siècle, obsédé par l’idéologie du progrès
(Siècle des Lumières). Le progrès est non seulement un moyen pour achever la
civilisation, mais un but en soi.
- Au tout début du 20ème siècle, la notion de développement reste très proche de celle de
civilisation. Elle relève donc plus du domaine social et culturel que du seul point de vue
économique :
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méthode pour réaliser ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations
développées. »
Le PNB par tête apparaît comme le seul critère sérieux du degré de développement.
Depuis les années 1980 on redécouvre une analyse en termes de dynamiques, s’intéressant
au processus et non au seul niveau de développement.
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Le développement n’est plus appréhendé sous la forme comparative des niveaux de
développement, mais comme un processus de changement économique et social.
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marchande, du non monétaire, et inventer de nouveaux outils pour prendre en
compte le tiers secteur, de l’économie informelle, solidaire, populaire…
Ces approches critiques du développement sont présentes pour questionner ce que l’on
entend par « besoin », « progrès » et « retard du développement ». Elles remettent en
cause les théories simplistes du retard que les pays pauvres auraient vis-à-vis des pays
développés, qui proposent un modèle unique de développement applicable à tous et
prenant pour modèle la réussite européenne et américaine des décennies précédentes.
2. La notion de sous-développement
- « Pays sous développé » : terme utilisé pour la première fois par le président Harry
Truman en 1949 dans le contexte de la guerre froide pour justifier l’aide que doivent
apporter les pays riches aux pays pauvres afin d’endiguer la montée du communisme.
- « Tiers-monde » : terme utilisé par Alfred Sauvy en 1952 pour qualifier les pays sous-
développés en faisant référence au tiers état de l’Ancien Régime.
- Les pays pauvres s’allient dans un but commun : dénoncer la logique des blocs et
revendiquer leur voix dans le concert mondial des nations.
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Naissance du tiers-monde comme mouvement politique
Mouvement des « non alignés » : voie médiane entre les États-Unis et la
Russie
Emergence du « groupe des 77 »
Création de la conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (CNUCED) en 1964 : porte-voix des revendications du
tiers-monde pour un commerce plus équitable
- « Pays en développement » (PED) : terme utilisé à partir de 1980. Cette notion cohabite
avec le « Sud » (localisation géographique des PED) et du « Nord ».
1. Insuffisance alimentaire
2. Déficiences des populations : analphabétisme, maladies de masse…
3. Sous-exploitation de ressources naturelles, sous-utilisation de moyens de
production malgré l’ampleur des besoins
4. Forte proportion d’agriculteurs à basse productivité
5. Processus d’« industrialisation » incomplet
6. Hypertrophie et parasitisme du secteur tertiaire
7. Subordination économique à l’égard des pays développés organisant le marché
mondial
8. Violence des inégalités sociales : minorité privilégiée dont le pouvoir procède
d’une présence des structures capitalistes modernes et de formes de domination
qui en Europe ont disparu depuis des siècles
9. Faiblesse des structures permettant de réaliser l’intégration de la population au
sein d’un même ensemble économique, social, politique et culturel
10. Inarticulation des différents secteurs de l’économie, les progrès des secteurs
orientés vers l’exportation ne se propagent pas
11. Ampleur du chômage et du sous-emploi, participation importante des enfants à
l’économie
12. Processus de croissance démographique accélérée
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13. Par rapport à ce dernier, les ressources ne progressent que lentement
Développement sans croissance : la priorité donnée aux productions les plus utiles et une
plus grande équité dans la distribution des biens améliore les conditions de vie des
populations et crée du développement.
La qualité de la vie ne se réduit pas au bien-être matériel et comprend aussi des valeurs
telles que la justice sociale, l’estime de soi et la qualité du lien social.
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Amartya Sen : la liberté apparaît comme la fin ultime du développement, mais aussi
comme son principal moyen pour considérer en conséquence que le développement peut
être appréhendé comme un processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les
individus. Les systèmes autoritaires (dans l’économie de marché comme dans l’économie
planifiée), ont échoué.
Il peut y avoir croissance sans développement mais cela ne dure pas car pour qu’il y ait
de la croissance il faut à long terme un changement des structures sociales et
économiques.
Si le PIB s’accroît, l’augmentation des richesses produites va se répartir entre ces trois
bénéficiaires :
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Chapitre 2 : Mesure du développement, le mythe des indicateurs
Les notions de croissance et de développement sont liées car on peut supposer que la
croissance entraînera des changements socioculturels (éducation, de santé, de logement).
Si la croissance est une condition nécessaire au développement, elle n’est pas suffisante.
Des faits de la vie quotidienne augmentent le PNB sans traduire une amélioration des
conditions de vie.
À la population
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À l’environnement
À l’économie
Á l’État et aux marchés
Aux relations internationales
Les pays du monde son hiérarchisés selon une classification fondée sur le niveau de
revenu par habitant qui vise à mettre en évidence les disparités de revenu, et donc de
richesse, au niveau international. Elle repose sur une assimilation entre sous-
développement et pauvreté.
Pays à faible revenu : les plus pauvres, qualifiés depuis 1964 de pays les moins
avancés (PMA). Plus de la moitié de la population mondiale.
Pays à revenu intermédiaire : catégorie plus diversifiée. Elle renvoie non
seulement aux pays considérés comme en développement mais aussi aux pays de
l’est anciennement à économie planifiée.
Pays à revenu élevé : pays les plus riches.
Le PIB du pays est évalué en utilisant les prix intérieurs du pays considéré. Ces valeurs
sont converties en dollars, ce qui finit par ne pas refléter le pouvoir d’achat intérieur relatif
des monnaies nationales.
- Des facteurs de conversion, fondés sur la parité de pouvoir d’achat (PPA), ont été conçus
par l’ONU et repris par la Banque Mondiale.
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Ils se basent sur le fait qu’un dollar n’a pas le même pouvoir d’achat dans tous les pays.
Pour établir les PPA, des indices de prix moyens sont calculés de telle sorte que les
comparaisons de PNB par habitant faites sur cette base reflètent, dans chaque pays, le
pouvoir d’achat en biens et services indépendamment du niveau des prix.
- Un même prix sera utilisé pour chaque type de production. Ainsi, deux productions
identiques dans deux pays seront évaluées au même prix.
2. Autre limite
En utilisant uniquement le PIB comme indicateur, on raisonne par rapport à des moyennes
qui masquent les structures de répartition de revenu dans un pays.
- L’étendue de la pauvreté dans un pays dépend du nombre des personnes qui se situent
en dessous d’un seuil de bas revenu (en %).
LIR (low income rate) = q/n (nombre de personnes revenu inférieur/population totale)
Problème : il n’appréhende pas l’intensité de ces situations
- L’écart moyen des bas revenus sert à mesurer l’intensité de la pauvreté. Elle représente
la différence entre le revenu moyen de la population à bas revenu et le seuil de bas revenu
(en %).
ALG (average low income gap) = z – yq/z (seuil de bas revenus – revenu moyen de la
population à bas revenu/seuil de bas revenus)
Problème : cet indice ne permet pas de voir la redistribution qui existe au sein même de
la population à bas revenu
- Les indicateurs les plus utilisés sont : l’indice de Gini et la courbe de Lorenz
A. Sen (1976) a créé une méthode permettant de combiner ces trois éléments -l’indécence,
l’intensité et la distribution des bas revenus- au sein d’un indicateur unique de la pauvreté
utilisé pour caractériser la distribution des revenus à l’intérieur d’une population. Il est
compris entre 0 (revenus répartis de manière égale) et 1 (inégalité totale).
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Il est possible de faire une représentation graphique de ces situations : c’est la courbe de
Lorenz. On porte en abscisses le pourcentage cumulé des effectifs et en ordonnées, le
pourcentage cumulé des revenus correspondant.
3. Les principales limites du PIB renvoient, dans le cas des PED, à son mode
de calcul
La libéralisation des échanges ne s’est pas traduite par une convergence accrue des
économies, mais plutôt par un renforcement des inégalités entre pays.
De plus, les entrées d’IDE restent concentrées dans les pays développés.
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IV. Vers l’élaboration des indicateurs qualitatifs : un bilan
Les pays sont classés sur une échelle allant de 0 (développement humain le plus faible) à
1 (pour le plus élevé) et ils vont être classés en trois catégories :
- Il n’y a pas de correspondance stricte entre l’IDH et le PIB. Ils existent des décalages
entre les classifications basées sur le PIB et celles prenant comme référence l’IDH, ce qui
reflète des différences de priorités accordées par les pouvoirs publics à la santé ou à
l’éducation.
L’IPH (Indice de pauvreté humaine) abord tous les aspects de la vie humaine considérés
comme essentiels (ceux intégrés dans l’IDH), mais en les abordant en termes de manques.
Il s’agit de voir ce que les gens peuvent ou ne peuvent pas faire.
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2. Les critiques adressés aux indicateurs de type IDH
Les critiques sont liés au faible nombre d’indicateurs utilisés pour sa construction.
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Chapitre 3 : Théories et stratégies du développement
1. L’approche structuraliste
La première critique aux théories ricardiennes a été développé par la CEPAL. De cette
réflexion découlent la théorie de la détérioration des termes de l’échanges et la théorie
de substitution aux importations.
L’économiste Raul Prebisch publie avec Hans Singer un article sur les causes du sous-
développement en Amérique Latine. D’après eux, le sous-développement est la
conséquence de la division internationale du travail qui engendre la polarisation du
monde entre un centre et une périphérie, ce premier étant technologiquement en
avance par rapport à la périphérie organise les relations économiques internationales
à son profit. Il se produit une spécialisation de la périphérie dans les produits
primaires, et une spécialisation du centre dans les produits manufacturés.
Raul Prebisch a soutenu qu’en régime de libre échange, les rapports entre le centre et
la périphérie tendent à reproduire les conditions de sous-développement. La division
internationale du travail et la spécialisation accentuent les distorsions mondiales au
lieu de les corriger. Si le principe ricardien fonctionnait correctement, cette différence
de productivité entre le secteur industriel des pays du centre et le secteur primaire des
pays de la périphérie devrait se traduire par une amélioration des termes de l’échange
en faveur des pays du Tiers Monde.
Les prix des produits manufacturés augmentent plus vite que les prix des produits
exportés par le Tiers monde, provoquant un déficit permanent des balances
commerciales de ces derniers. Le centre bénéfice de l’avantage comparatif de la
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périphérie dans la production de produits primaires, sans pour autant faire profiter
celui de son avantage comparatif en produits manufacturés.
Il n’y a aucune possibilité d’accumulation dans les pays périphériques, donc aucune
possibilité d’amorcer un processus d’industrialisation :
Selon Prebisch, c’est la spécialisation dans les produits primaires et la dégradation des
termes de l’échange ce qui cause les sous-développements.
b) La théorie du dualisme
Les travailleurs sont le point de contact entre les deux secteurs. Le secteur traditionnel
monopolise la main d’œuvre disponible et empêche le secteur moderne, qui est source
d’accumulation et de gains de productivité, de se développer. En plus, il considère
que le fort potentiel de main d’œuvre du secteur primaire, au lieu de profiter aux
populations locales sous forme de hausse du niveau de vie, bénéficie plutôt aux
importations du Nord.
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2) L’importance des pouvoirs publics étant donné que les mécanismes du marché ne
peuvent pas fonctionner selon le modèle théorique. L’État doit :
Développer des infrastructures économiques et sociales
Accélérer l’accumulation du capital et l’investissement
Traiter les goulots d’étranglement
3) Le rôle des facteurs socioculturels : ses institutions et les traditions présentes dans
les pays en développement peuvent constituer une entrave au développement
économique. Il nécessite des conditions socioculturelles pour pouvoir advenir :
Changement culturel tourné vers le progrès
Logique de l’enrichissement et de l’accumulation comme but de
l’activité économique
2. L’approche marxiste
Elle analyse le sous-développement comme une conséquence de l’impérialisme.
a) L’école de la dépendance
b) L’échange inégal
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3. L’approche institutionnelle : la nouvelle théorie des institutions
La logique du marché dans les pays pauvres éloigne l’économie de l’équilibre. Le libre
jeu du marché produit des « effets de remous » qui dominent les « effets de propagation »
censés permettre une diffusion de la croissance des secteurs riches vers les secteurs
pauvres. Ces « effets de remous » sont entretenus par les institutions traditionnelles
féodales des PED. Il s’installe une « causalité circulatoire » dans laquelle les inégalités
issues du libre jeu du marché sont amplifiées par ces institutions inégalitaires.
L’intervention de l’État est plus que nécessaire pour casser ce cercle vicieux, réduire les
inégalités et favoriser les effets de propagation.
Les premières stratégies de développement des PDV sont axées sur l’industrialisation et
se sont déroulé au cours de années 1950 jusqu’à la crise de la dette du TM (début des
années 1982). L’objectif : rattraper les pays industrialisés.
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- Albert Hurschman et François Perroux : Il faut concentrer les investissements
dans les secteurs moteurs de l’économie et ne pas gaspiller le capital dans des
branches qui n’auront pas de retombées positives sur toute l’économie.
Elle est théorisée par la Commission Économique pour l’Amérique Latine (CEPAL)
et les travaux de Raul Prebisch, qui représentent le « protectionnisme éducateur » de
Friedrich List. Elle est mise en œuvre dans les années 1950.
Cette stratégie est copiée sur le modèle soviétique de priorité à l’industrie lourde. Il
s’agit de développer des activités situées en amont du système productif (sidérurgie,
métallurgie, production énergétique, chimie de base…), car elles sont censées avoir
des effets d’entraînement sur le reste de l’économie.
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c) Les stratégies d’industrialisation et de développement tournées vers l’extérieur :
le développement extraverti
- Les PED dotés de ressources naturelles abondantes vont suivre une stratégie de
spécialisation dans l’exportation de ces produits primaires.
Les ressources financières tirées de ces exportations doivent permettre d’importer
des biens d’équipement pour favoriser l’industrie du pays.
Cette stratégie s’avère ruineuse du fait de la dégradation en termes de l’échange,
qui touche aussi les pays exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite
des deux chocs pétroliers.
- La promotion des exportations : il s’agit de substituer progressivement les
exportations de produits primaires par des produits plus élaborés, plus intensifs en
capital et à plus forte valeur ajoutée.
Ce développement n’a été un succès que pour les pays qui ont su faire évoluer
leur spécialisation en remontant la filière de leurs exportations. La crise asiatique
de 1997 a démontré la fragilité de cette stratégie si la remontée de la filière ne se
fait pas assez vite.
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