Valérie Duchâteau
Pierre Lambert
Benoît Lagrange
Elisabeth Persenaire Année académique 2001 – 2002
Service de Mécanique analytique et cfao
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1 PARTIE THEORIQUE
1.1 Introduction
Les phénomènes de frottement interviennent dans de nombreuses applications quotidiennes et
industrielles : la marche, une roue qui roule, un tire-bouchon, une cale, un roulement à bille, une chaîne de
vélo, une courroie, une vis sont autant d’exemples d’applications où l’on retrouve du frottement soit utile
soit parasite. Le frottement est utile à la marche mais parasite dans le cas des roulements.
Le phénomène de frottement n’est pas un phénomène unique. En effet, il existe plusieurs sortes de
frottements :
• Le frottement sec, mis en évidence par Coulomb apparaît lorsque deux surfaces physiquement
distinctes sont en contact et sont enclines à glisser l’une contre l’autre. Ce frottement est dû à
l’encastrement des petites irrégularités positives d’une des surfaces dans les irrégularités négatives de
l’autre surface
• Le frottement visqueux apparaît lorsqu’un fluide sépare les surfaces en contact. Le frottement visqueux
est généralement moins important que le frottement sec. Il est dû à la viscosité du fluide.
• Le frottement interne apparaît au sein du matériau lorsque celui-ci est soumis à un cycle de contraintes.
Il ne sera pas évoqué ici, ce phénomène relevant plus de la résistance des matériaux.
Dans le cadre de ce séminaire, nous n’aborderons que les frottements secs. Nous donnerons tout d’abord
une introduction sur le phénomène de frottement sec. Ensuite, nous donnerons les différentes façons
d’introduire les frottements en mécanique rationnelle et finalement, nous terminerons par une série
d’applications dans la vie courante et dans la vie industrielle.
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mg Ri
mg Ri F
Pour diminuer le frottement, il ne faut pas nécessairement diminuer la taille des crêtes et des creux des deux
surfaces. En effet si l’on diminue la taille des crêtes et des creux, on augmente les forces atomiques entre
les deux surfaces et on peut obtenir l’effet inverse de l’effet recherché.
Pour diminuer les frottements, il vaut mieux diminuer la surface totale de contact des deux matériaux. On
peut ainsi dans cette optique :
utiliser un matériau possédant une surface très lisse avec de toute petites crêtes et creux en
combinaison avec un matériau dont la surface est plutôt rugueuse avec de grosses crêtes et des
creux profonds et larges
utiliser des matériaux durs moins déformables de manière à éviter que le frottement augmente sous
l’effet combiné de la force normale et la déformation locale du matériau.
Il existe un lien entre la force de frottement et la force normale à la surface.
Il existe un lien entre la force de frottement et le couple de matériaux utilisés.
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En effet, de toutes ces considérations, Coulomb a déduit et vérifié les lois qui portent son nom. Ces lois
sont expérimentales. Les expériences réalisées par Coulomb ont visé à mesurer la force de frottement en
fonction de la force horizontale appliquée à un solide posé sur un plan horizontal et soumis à la pesanteur
verticale. Elles ont montré que la force de frottement égalait toujours la force horizontale jusqu’à une
valeur maximale de la force de frottement. Ensuite, le solide se met en mouvement et la force de frottement
est constante dans une plage de vitesses pas trop élevée. Enfin, lorsque la vitesse augmente encore, la force
de frottement diminue (voir figure ci-après ).
Coulomb a établi que la force de frottement statique maximum était proportionnelle à la force normale (le
poids dans ses expériences) selon un coefficient de proportionnalité dépendant du couple de matériaux
utilisé et appelé coefficient de frottement statique : Fmax = µ s N . Étant donné que la force de frottement
ne peut mettre en mouvement le solide, elle ne peut dépasser la force P. Donc la force de frottement va
toujours essayer de réaliser l’équilibre dans la mesure de ses possibilités c’est-à-dire en restant toujours
inférieure à la force de frottement maximale admise selon la loi de Coulomb. Donc la première loi de
Figure 5 : Vue microscopique de l'interface de contact lorsque les deux surfaces sont en mouvement l'une
par rapport à l'autre
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Dans un problème de statique d’un système de solides, la démarche est identique, étant entendu qu’il
convient de considérer qu’un système de solides est en équilibre si chacun de ses constituants (eux-mêmes
des solides) sont en équilibre. On peut alors suivre la méthode rappelée ci-dessus pour chacun des solides
pris isolément (en rajoutant à la liste des forces externes les forces de liaison qui agissent sur le solide en
question) ou considérer les sous-ensembles du système de solides.
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2 APPLICATIONS PRATIQUES
2.1 La théorie du coin
2.1.1 Introduction théorique
Le coin est un des outils les plus simples, utilisé pour bloquer un élément ou pour le déplacer de manière
plus ou moins précise. Il est caractérisé par deux faces planes, non-parallèles, formant donc un angle α.
Ce coin est imbriqué entre deux pièces, qui vont exercer sur lui des réactions. Ces réactions auront,
chacune, une composante normale et une composante tangentielle s’opposant au mouvement du coin. On
représentera ces réactions sous la forme d’une seule force, dont la direction est inclinée d’un angle φ par
rapport à la normale à la surface sur laquelle cette force s’applique. Cet angle est tel que le coefficient de
frottement µs = tanφ.
La résolution d’un problème de frottement impliquant un coin peut, le plus souvent, être effectuée
graphiquement. En effet, l’incertitude sur les états de surface et donc sur le coefficient de frottement entre
deux surfaces est suffisamment importante pour que l’on ne se formalise pas des erreurs introduites par le
manque de précision des schémas.
Voyons le principe de résolution des deux principaux problèmes :
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Figure
8 : Positionnement d’un bloc
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Les tiges filetées sont utilisées pour fixer des objets , pour leur transmettre de la puissance ou pour leur
imprimer un mouvement. Dans chacun de ces cas, ce sont les forces de frottement qui permettent à la tige
de remplir son rôle. Les filets de section carrée sont généralement plus efficaces que ceux à section
triangulaire, c’est pourquoi nous nous limiterons à l’étude des tiges filetées à filets de section carrée.
Soit une tige filetée de section carrée soumise à une charge axiale W et à un moment M appliqué autour de
son axe. La tige filetée est caractérisée par un pas L et un rayon moyen r. (le pas L est la valeur du
déplacement de la tige le long de son axe quand on lui imprime un tour complet).
La force R exercée par l’écrou (le support fileté) sur une surface élémentaire du filet est située dans un plan
tangeant à la tige. Elle est inclinée d’un angle φ par rapport à la normale (avec tanφ = µ, coefficent de
frottement), elle même inclinée de α par rapport à la verticale (inclinaison du filet).
Une force R similaire intervient pour chaque surface élémentaire du filet en contact avec l’écrou .
Le moment de R par rapport à l’axe vertical est Rr sin ( α + φ ), et le moment total dû à toutes les forces R
de la tige est ΣRr sin ( α + φ ) = r sin ( α + φ ) ΣR car r, α et φ sont constants.
Si M est le moment minimum à exercer pour tourner la tige filetée et la déplacer vers le haut, l’équilibre des
moments s’écrit:
M = [r sin ( α + φ )] ΣR
W = ΣRcos ( α + φ) = [cos ( α + φ )] ΣR
M = W r tan ( α + φ ) (1)
L’angle α se détermine en utilisant la développée du filet de la tige sur un tour complet, on voit tout de
suite que α = arctan (L/2πr). (Fig. 13)
On peut utiliser cette développée pour retrouver autrement la relation (1) (cf Fig 13)
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Pour descendre la charge en tournant la tige filetée, il faut exercer un moment dans le sens opposé (Figure
14) aussi longtemps que α < φ. Dans ce cas, le triangle des forces nous donne:
M = Wr tan ( φ - α ) (2)
Si α > φ, comme représenté à la Fig 15, la tige filetée tournera toute seule, et le moment à appliquer pour
l’en empêcher sera
M = Wr tan ( α - φ ) (3)
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Le glissement des câbles ou des courroies le long des tambours qui les soutiennent est d’une grande
importance dans la conception, notamment de mécanismes d’entraînement par courroie ou dans la
conception de freins à bande.
dθ
2
dθ
T + dT µdN T
2
dN
dθ
Figure
Figure 18 : Diagramme d’un tambour 19 : Diagramme d’un élément de courroie en équilibre
On voit à la figure 18 un tambour soumis aux deux tensions T1 et T2 de la courroie, le moment M nécessaire
pour éviter la rotation, ainsi que la réaction du roulement R. Lorsque M a la direction indiquée sur le dessin,
T2 est plus grand que T1.
A partir du diagramme du corps libre d’un élément de courroie de longueur rdθ représenté à la figure 19,
écrivons les équations d’équilibre suivant la tangente et la normale à l’élément de courroie :
dθ dθ
T cos 2 + µdN = (T + dT ) cos 2
dN = (T + dT ) sin dθ + T sin dθ
2 2
dθ dθ dθ
cos sin
Etant donné qu’à la limite 2 tend vers 1 et 2 tend vers 2 , et que le produit de deux
différentielles peut être négligé en regard du terme du premier ordre,
µdN = dT
dN = Tdθ
Nous obtenons ainsi l’équation différentielle du premier ordre qui régit la variation de tension en fonction
de l’angle
dT
= µ dθ
T
ou encore,
T2 β
dT
∫T T = ∫0 µdθ
1
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On obtient enfin
T2 = T1e µβ
REP: µ = 0,244
REP: m=9,79 kg
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N N N
T T T mg
α α α
mg mg
T T
P P
y mg mg
α α
x
L’équilibre d’un corps solide indéformable placé sur un plan incliné est assuré si les équations d’équilibre
sont satisfaites:
R = 0 (1)
C = 0 (2)
Dans la réalité, le contact n’est jamais ponctuel, il s’effectue toujours sur une certaine surface. Dans le cas
d’une sphère réelle déposée sur un plan réel, cette surface de contact est un disque. La réaction du support
se répartit sur l’ensemble de ce disque de contact et la résultante de tous les efforts normaux exercés par le
plan sur la sphère se trouve décalée d’une distance a par rapport au support du poids. Dès lors, on voit que
le moment total par rapport à P est réduit:
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Γ = mgR sin α − Na
a est une longueur appelée coefficient de frottement de roulement statique, et ne dépend que de la nature
des matériaux en contact.
Une sphère de rayon R = 0.30m est placé sur un support plan horizontal. Sachant que le coefficient de
frottement statique vaut 0.2 et que le coefficient de roulement statique vaut 0.02 cm, calculer la pente
maximale que l’on peut donner au support plan avant que la sphère ne se mette à rouler.
a
tan α = = 0.038° α > α lim/ roulement
REP: R (comme lim/ glissement , la sphère se met à rouler avant de
glisser)
Etudions le patinage d’une roue motrice d’une voiture lors du démarrage. Soit un disque de rayon R,
supportant une masse M en plus de son poids propre m. Le frottement statique entre le caoutchouc et le
bitume est caractérisé par µs, et le coefficient de frottement de roulement statique est caractérisé par la
longueur a.
Quel est le plus grand couple moteur que l’on puisse appliquer à la roue lors du démarrage dans une côte de
α avant qu’elle ne se mette à patiner?
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3 EXERCICES DE SYNTHESE
Figure 25 : Laminoir
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4 ANNEXES
Matériaux µs Source
Métal sur métal 0.15 – 0.20 (1)
Métal sur bois 0.20 – 0.60 (1)
Bois sur bois 0.25 – 0.50 (1)
Caoutchouc sur béton 0.50 – 0.90 (1)
Acier sur acier (sec) 0.60 (2)
Acier sur acier (graissé) 0.10 (2)
Acier sur téflon 0.04 (2)
Acier sur babbitt (sec) (*) 0.40 (2)
Acier sur Babbitt (graissé) 0.10 (2)
Acier sur laiton (sec) 0.50 (2)
Pneus en caoutchouc sur un 0.90 (2)
pavé lisse (sec)
Elingue métallique sur une 0.20 (2)
poulie en fer (sec)
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