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Les sols dans le pays du Ziz

(Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

 
Ana NAVAS Abdelhamid SADIKI
 
Javier MACHIN Lahcen KABIRI
 
Leticia GASPAR Ali FALEH
 

Ouvrage financé par le projet n° AP/037737/11, du Programme de Coordination Interuniversitaire


et d’Investigations Scientifiques, du Secrétariat d’Etat de Coopération Internationale AECID

 
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Titre : Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain), caractéristiques et aspects de
dégradation
Coordinateur : Abdelhamid SADIKI
Auteurs : Ana Navas, Javier Machin, Letitia Gaspar &
Abdelhamid Sadiki, Lahcen Kabiri et Ali Faleh.
Edition : 2013
Tous droits de reproduction réservés
Dépôt Légal : 2013 MO 2450
ISBN : 978 – 9954 – 32 – 533 – 9
Impression ; Imp. Info-Print :
12 Av. El Kadissia-Lido – Fès
Tél : 05 35 64 17 26 / Fax : 05 35 65 72 47
E-mail : infoprintfes@gmail.com
Site web : http://infoprintawardspace.com

Ouvrage financé par le projet n° AP/037737/11, du Programme de Coordination Interuniversitaire


et d’Investigations Scientifiques, du Secrétariat d’Etat de Coopération Internationale AECID
Caractéristiques et aspects de dégradation

AVANT PROPOS
Les régions marocaines de bordure de l’oued. Des aménagements d’un réseau
du désert saharien subissent des conditions de khettaras et de stations de pompages
climatiques sévères. Ce sont des zones pour la mobilisation des eaux des nappes
fragiles, qu’il faut protéger et auxquelles il phréatiques ont aussi vu le jour.
faut assurer un traitement particulier
pour assurer un développement Après plusieurs décennies, la
socioéconomique durable. Dans le pays du régularisation inter annuelle des débits
Ziz, la mise en valeur agricole des sols attendue par les aménagements de grande
passe obligatoirement par la mise en place hydraulique n’a pas pu être assurée. On
d'une agriculture irriguée intensive, assiste plutôt à des déséquilibres
cependant, Les efforts des populations et écologiques et socioéconomiques qui ont
de l’Office Régional de Mise en Valeur poussé les populations à prendre des
Agricole du Tafilalet pour le décisions aggravantes.
développement de cette agriculture se Les pouvoirs publics et les instances
heurtent à une série de contraintes et internationales convaincues du rôle de la
d’obstacles qui font que les sols de la préservation des ressources naturelles et du
région se dégradent inexorablement. patrimoine agricole des zones en bordures
L’Etat à pris en main le des déserts ont réorienté leurs efforts et de
développement économique de la région. Il manière participative avec la société civile
s’est attelé la tâche de gérer les ressources afin d’améliorer les conditions de vie de la
en eaux, vecteur principal du population et d’assurer un développement
1
développement du pays du Ziz , dès les durable et une gestion efficace des
années soixante, en équipant le bassin ressources naturelles de ces zones. Ainsi,
d’aménagements de grande hydraulique. en plus des efforts consentis par l’Etat, en
Le Barrage Hassan Addakhil et un certain particulier l’ORMVAT, et le HCEFLCD
nombre de barrages de dérivations et de (l’Office Régional de Mise en Valeur
canaux construits en béton ou en Agricole du Tafilalet et le Haut
maçonnerie ont été installés pour Commissariat des Eaux et Forêts et de la
l’irrigation par dérivation des écoulements Lutte Contre la Désertification), de vastes
programmes de restauration et de
                                                            
1
Il s’agit du bassin-versant de l’oued Ziz en aval du
conservation des ressources naturelles
barrage Hassan Addakhi qui forme un territoire aussi bien l’eau que le sol des terrains de
caractérisé par « une cohésion géographique,
économique, culturelle et sociale ».

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

cultures et de parcours, ont été initiés et qui versant de l’oued Ziz située en aval du
sont en cours d’exécution. barrage Hassan Addakhil au sud-est du
Maroc. C’est une zone subdésertique où
Le présent travail s'est fixé comme des conditions hydrogéomorphologiques
objectif de contribuer à cet effort de lutte particulières ont permis l’installation de
pour la préservation de ce patrimoine en sols favorables à la mise en valeur agricole.
étudiant l’impact des changements Ces sols se développent sur les plaines
climatiques et anthropique sur la quantité d’inondations limono-sableuses très
et qualité des ressources en eaux et exigües dans le moyen bassin, sur les
d’établir le diagnostic des sols agricoles en bordures de l’oued et beaucoup plus larges
analysant leurs caractéristiques physico- en aval où la vallée s’ouvre sur la plaine
chimiques de l’amont vers l’aval du bassin du Tafilalet.
de l’oued Ziz de part et d’autre du cours
d’eau selon des transects latéraux et L’ouvrage est le fruit d’une
d’essayer de comprendre le phénomène collaboration scientifique entre chercheurs
d’ensablement et qui est considéré comme marocains et espagnols, dans le cadre de la
la phase ultime du processus de coopération bilatérale, scientifique et
désertification du milieu et qui affecte de technique, qui lie les deux pays. Les
grandes surfaces du bassin versant. Il membres de l’équipe mixte tiennent à
comporte la synthèse des réflexions et des exprimer leur reconnaissance au CSIC
interprétations déduites à partir d’une (Espagne) pour le support financier, et au
bibliographie assez fournie, de travaux de Professeur Lahcen Kabiri qui a bien voulu
terrain et des résultats d’analyses physico- développer la dynamique éolienne et le
chimiques des eaux et des sols dans le pays phénomène d’ensablement dans le pays du
du Ziz. Il s’agit de la partie du bassin Ziz.
Caractéristiques et aspects de dégradation

Introduction
Bien que le sol ne soit pas évoqué manière anarchique, on peut le dégrader
comme source de vie autant que l’eau, Il voire le perdre d'une manière irréversible.
est largement admis en tant que tel. Il est Si le sol se dégrade et disparait, cela génère
indispensable à l’existence des végétaux et dans l’environnement des conditions
des animaux. Tous les organismes vivants biotiques de type désertique. La disparition
en dépendent et pourtant il est encore très de l'homme et de toutes les formes de vie
peu connu des hommes. Les recherches qui en dépendent est inéluctable.
sur les sols, leurs caractéristiques physico- L'équilibre entre ce capital et son
chimiques et biologiques, leur genèse et exploitation ne peut être maintenu si
leur répartition géographique n’ont débuté l'homme ne se rend pas compte de son
qu’au cours de la mi-vingtième siècle. importance et de sa fragilité et n’apprenne
pas à mieux le connaître, pour l'utiliser de
Le sol se développe sur un manteau
manière plus rationnelle.
d’altération issu des substrats rocheux et se
présente sous forme d’une fine pellicule de Le sol est une formation fragile. Il
quelques dizaines de centimètres seulement faut plusieurs centaines ou milliers
mais il est le siège d’une intense activité d’années pour que quelques centimètres de
biologique et héberge un écosystème sol fertile se forment, mais il suffit de
extrêmement riche. Ses propriétés quelques années pour le détruire et
physico-chimiques et biologiques lui provoquer la désertification. C’est dans le
permettent de jouer des fonctions vitales milieu sec et aride ou semi-aride que l’on
pour la majorité des organismes vivants, se rend compte qu’il est particulièrement
notamment l’Homme, pour l’alimentation, vulnérable et fragile et que l’histoire du sol
la protection des ressources en eau et la et indissociable de celle de l’eau ; moteur
préservation de la biodiversité. Comme principal de la pédogenèse. Toutes les
l’eau et l’air, son rôle est primordial dans opérations d’altération du substrat, de
le maintient de l’équilibre écologique de lessivage, de développement de micro-
l’environnement. organismes, de décomposition de la
matière organique et d’individualisation
Le sol nait, se développe et murit. La
des horizons nécessitent l’eau. La quantité
connaissance de ses qualités permet de le
d’eau qui s’infiltre à travers un sol
valoriser dans une perspective de
conditionne la vitesse de son
développement durable. S’il subi une
développement et la durée de son
exploitation intense et irrationnelle, il
fonctionnement or la pénurie en eau se
s'épuise et disparait. Si on l’exploite de
répercute automatiquement sur la santé du

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

sol et peut conduire à sa perte et à la Le Royaume du Maroc a signé la


désertification. Convention des Nations Unies de Lutte
contre la Désertification «CNULD»
Dans le monde, la désertification ne
(Convention on Combatting
se manifeste pas simplement par
Desertification, CCD) en juin 1994 et il l’a
l'extension des déserts existants. Elle se
ratifiée en 1996. La Désertification est
produit car les écosystèmes des zones
définie par cette convention comme étant
arides, semi-arides, qui couvrent un tiers de
la dégradation de la terre dans des zones
la surface des continents, sont extrêmement
arides, semi-arides et subhumides. Elle est
vulnérables aux changements climatiques
causée en premier lieu par l'activité
et à l'usage inapproprié du sol ; La
humaine ainsi que par les changements
déforestation, le surpâturage, les pratiques
climatiques.
inadéquates de l’agriculture comme
l’exploitation de terres en pentes fortes, le Dans les zones subdésertiques, Au
défoncement des croûtes et l’épierrage des Maroc du sud-est, la rareté de l’eau épouse
sols, les incendies de forêts et des nappes la rareté du sol et la quantité de son
herbacées menacent les fonctions des sols. rendement agricole. « En dehors des zones
Cette vulnérabilité est accrue dans les pays de plaine d’inondations des cours d’eau, la
où la pauvreté, et l'instabilité politique ne culture en sec devient aléatoire. Il faut
permettent pas d’instaurer des lois donc capter l’eau de surface sur les
protégeant le sol. versants non agricoles pour la stocker
(banquettes, citernes, mares…) et
De plus en plus de personnes sont
l’orienter vers des piémonts et glacis à sols
directement touchées par la désertification
plus épais par des canaux en terre
dans plusieurs dizaines de pays. Ils sont
(séguias). Là, les techniques culturales sont
dans des situations fragiles suite à la
particulièrement adaptées à concentrer
dégradation et l’épuisement des sols. Ces
l’eau et les nutriments vers les souches des
personnes sont, pour beaucoup, des gens
plantes cultivées (billonnage cloisonné,
pauvres, marginalisés et politiquement
planches, micro-barrages, cuvettes pour les
faibles. L’humanité doit dorénavant faire
arbres fruitiers)» Laouina 2007.
face à un problème d’envergure mondiale ;
la désertification est à la fois un Les sols du pays du Ziz sont peu
phénomène naturel lié aux changements évolués et entrent dans le groupe des sols
climatiques mais aussi un processus de subdésertiques (Billaux et Bryssine, 1966).
dégradation des sols lié aux activités Ils se forment sur les terrasses et les
humaines. épandages limoneux actuels et récents et
ont été constamment rajeunis par des
Caractéristiques et aspects de dégradation

apports limoneux au cours des crues de soixante dix, les sols agricoles vivaient un
l’oued Ziz jusqu'à 1971 date de mise en certain équilibre avec les ressources en
eau du barrage Hassan Addakhil qui à eau. Dans la vallée non encore aménagée,
changé le cours d’évolution des sols de la les paysans profitaient des périodes
zone d’étude. d’inondations. Ils contrôlaient les
débordements du cours d’eau pour irriguer
Au-delà de ces zones et à part les
leurs cultures par submersion des champs.
bords très exigus de quelques affluents
Les sols se prêtant à l’agriculture étaient
temporaires de l’oued Ziz, les conditions
constamment fertilisés par les apports de
hydrogéomorphologiques ne permettent
limons grâce aux crues de l’oued. L’eau
pas le développement d’un sol. Ce sont des
profitait ainsi aux plantes notamment les
conditions désertiques qui prédominent.
palmiers dattiers et les cultures sous-
Les matériaux issus de l’altération des
jacentes et aux sols qui pouvaient diluer les
roches subissent une dynamique éolienne
sels qui cristallisent sous l’effet de
très active qui conduit à son façonnement
l’évaporation intense. En période de
en regs ou en ergs et qui menace aussi les
pénurie d’eau, les paysans irriguaient leurs
oasis du Ziz. Les regs présentent des
terres par les eaux des nappes phréatiques
surfaces planes couvertes de cailloux.
grâce aux systèmes des khettaras2.
Certains sont des regs de désagrégation,
les fragments rocheux de la tailles de Toutes les études qui ont porté sur
cailloux sont mis à nu par l’ablation l’espace oasien en général et le Tafilalet en
éolienne ou par le ruissellement en nappe particulier s’accordent sur le fait que le
lors des rares pluies, sur les glacis qui savoir faire des populations de la vallée à
forment le piémont du versant sud du Haut fait du pays du Ziz et surtout de la plaine
Atlas oriental. Il y a aussi les regs formés de Tafilalet au cours du moyen âge un
par les épandages de cailloutis alluviaux. centre commercial caravanier rayonnant
Les ergs sont des massifs sableux des dans le sud marocain et que depuis le 16ème
grandes zones d’accumulations dunaires siècle. Cet espace s’est transformé en une
isolées ou groupées en champs (Erg oasis agricole et s’est équipé par des
Chebbi plus connu sous le nom d’Erg de installations hydro-agricoles qui se sont
Merzouga). modernisés progressivement par la suite.

La vallée reçoit de très faibles


précipitations et l’évapotranspiration est                                                             
2
très importante. L’eau d’irrigation est donc khettara : galerie qui draine l’eau d’une
nappe phréatique par un aqueduc souterrain,
le principal facteur pour la mise en valeur
reliant par le fond une série de puits alignés
agricole. Jusqu’au début des années creusés à intervalles réguliers.

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

L’exigüité des sols fertiles et la rareté l’évaporation élevée, provoque la


des ressources en eau à imposé depuis le dégradation des sols et la chute de leur
moyen âge une optimisation de productivité.
l’exploitation des ressources en sols et en
L’économie des oasis3 du pays du Ziz
eau. L’année agricole de l’oasis était
a été profondément perturbée par ces
contrôlée par les eaux des crues
mutations. Le remplacement des
saisonnières et par les procédés
techniques ancestrales par les techniques
traditionnels de mobilisation des eaux
modernes et la multiplication des
(Aghrour, séguia en terre, Khettaras…).
superficies irriguées ont largement
Actuellement, les ressources en eaux et en
contribué à l’abaissement du niveau
sols connaissent une situation critique. On
piézométrique des nappes phréatiques
assiste depuis quelques décennies à leur
provoquant l’assèchement de certaines
dégradation. Celle des eaux se manifeste
khettaras, la raréfaction des ressources en
par leur diminution et l’altération de leur
eau mobilisables et la diminution de leur
qualité, celle des sols se manifestent par
qualité en aval du barrage. Ces conditions
différents processus qui aboutissent à la
ont favorisé l’érosion éolienne et hydrique
désertification ; l’érosion, la salinisation et
des sols et la fragilité du milieu.
l’ensablement.
Ce processus de dégradation néfaste
Plusieurs facteurs naturels ou
pour l’intégrité des écosystèmes a
anthropiques se sont combinés pour
commencé à se faire sentir et a conduit à la
aggraver ces phénomènes ; la sécheresse
dégradation du niveau de vie des
récurrente de ces dernières décennies, la
communautés locales dont une grande
construction du barrage Hassan Addakhil
partie s’est retrouvée dans une situation de
au début des années 1970, l’extension des
déstabilisation sociale et culturelle. Cela a
terrains de cultures hors des zones
entrainé l’exode de la population vers les
inondables et le recours au pompage qui
grandes villes et vers l’émigration
s'est généralisé depuis les années 1980. Ces
internationale. L’abandon de grande
facteurs ont considérablement réduit la
surfaces de culture, qui laissées sans
recharge naturelle des nappes phréatiques
entretien se transforment en désert.
et ont diminué les apports en limons
fertilisants et en éléments nutritifs. Les
nappes phréatiques ont vu leur niveau
                                                            
piézométrique baisser et leur salinité 3
Les oasis du sud est marocain, dont fait
augmenter. L'irrigation des sols par une partie la vallée de Ziz, ont été classées par
eau fortement chargée en sels, en plus de l’UNESCO comme étant une réserve de la
biosphère (RBOSM) depuis 2001.
Caractéristiques et aspects de dégradation

LE PAYS DU ZIZ,
CONTEXTE NATUREL

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Le pays du Ziz, Contexte naturel


Oued Ziz a façonné son bassin des plus grandes oasis du nord de
versant depuis les sommets du Haut Atlas l’Afrique ; La vallée du Ziz et la plaine du
oriental vers le sud et le Sahara. L’eau du Tafilalet. C’est un bassin versant
Ziz et ses dépôts limoneux récents et endoréique où les eaux se perdent en aval
actuels ont permis l’installation de deux dans le désert algérien.

Cadre géologique
L’étude a été réalisée sur une partie Addakhil (Fig. 1 et 2) montrant un modelé
du bassin de l’oued Ziz dans le Sud-Est de surface très spécifique au domaine
marocain. Le bassin est limité à l’est par le aride.
bassin du Guir, à l’ouest par celui du Le pays du Ziz est une dépression
Rhriss, et au nord par celui de la allongée nord-sud, encaissée en amont et
Moulouya. ouverte vers le Sud. Les formations
Le bassin de l’oued Ziz traverse trois géologiques sont en général sédimentaires.
ensembles morpho-structuraux différents : Les structures sont différenciées, tabulaires
- le Haut Atlas oriental où les hauts au nord et plissés et schistosées au sud. Les
sommets et les vallées encaissées du haut produits d’érosion de ces trois ensembles
bassin sont façonnés dans de puissantes ont participé au cours du Quaternaire à son
séries calcaires, marno-calcaires et remplissage. La succession de phases de
marneuses à structures plissées du creusement et de comblement au cours de
Jurassique. cette période et la variété des sédiments
déposés ont rendu la morphologie de la
- le bassin moyen ou sillon dépression souvent complexe localement,
préafricain ou encore le bassin crétacé et créé des conditions particulières de
d’Errachidia est sculpté dans des circulation des eaux suivant le potentiel de
formations géologiques crétacées et perméabilité de ces sédiments.
tertiaires subtabulaires
Dans le bassin crétacé d’Errachidia
- le bassin inférieur généralement formé par les séries calcaires et gréseuses
désigné par la plaine de Tafilalet est du Crétacé et du Tertiaire qui constituent
façonné dans les schistes paléozoïques. l’armature des Hamadas4 de Meski, du
L’étude porte sur ces deux derniers Guir et des Kem-Kem, Oued Ziz creuse
ensembles qu’on appelle le pays du Ziz, une vallée encaissée limitée par des
localisés en aval du barrage Hassan                                                             
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Hamada : plateau calcaire tabulaire

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

corniches façonnées dans les formations Sur les bordures de la dépression, des
hamadiennes. Les dépôts limoneux récents nappes alluviales plus anciennes forment
de l’oued forment des plaines des terrasses caillouteuses qui dominent
d’inondations étroites de part et d’autre du légèrement la plaine et se raccordent à des
cours d’eau. glacis couverts dans la partie sud-est par
En aval, La vallée s’élargit, elle les dunes de sables de l’erg Chebbi.
constitue la plaine alluviale du Tafilalt qui Ce compartimentage de la zone
correspond à une dépression façonnée dans d’étude fournit une image détaillée de la
un substrat schisteux du primaire et où diversité des paysages morphologiques. Il
oued Ziz ainsi que son voisin oued Rhriss met en juxtaposition un pays de plateau
ont étalé leur alluvions limoneux sur une tabulaire et un bas pays de plaine, que
surface longue du nord au sud sur environ draine l’oued Ziz, en les rattachant, le long
50 km et large de 15 à 20 km. C’est une d’un couloir jalonné par des oasis tranchant
plaine alluviale constituée principalement avec l’ambiance aride générale.
de limons attribués à l’Holocène.

Figure 1. Croquis géologique de la vallée de l’oued Ziz


Caractéristiques et aspects de dégradation

Contexte morpho-pédologique
Les modelés de surface, hérités des 1962). Le mécanisme qui a façonné ces
systèmes morpho-climatiques du différents modelés est lié au réseau
Quaternaires, sont issus d’une évolution hydrographique endoréique du Ziz qui
morphogénétique commune. Aux modelés, converge vers le Sud, et le travail de l’eau
étagés ou emboîtés, des terrasses et glacis- dans ses dimensions multiples et diverses,
terrasses des vallées et des dépressions depuis les processus simples d’altération
s’ajoutent les piémonts façonnés en glacis superficielle des affleurements rocheux aux
et glacis cônes, qui sont fréquemment mécanismes d’aplanissement et de
recouverts d’un encroûtement calcaire comblement des vallées à grande échelle.
différencié selon leur chronologie (Joly,

Figure 2. Cadre morphostructural de la vallée de l’oued Ziz

Les processus de météorisation sont entravent aujourd’hui l’altération


dominés par la présence de carbonates liés chimique.
aux dissolutions différentielles des roches Les formes et les différents faciès
calcaires, Ils se manifestent surtout par les d’altération météorique qui s’apparentent à
phénomènes d’encroûtement carbonaté, ces différents processus constituent
dans des ambiances de climats saisonniers aujourd’hui un héritage des systèmes
contrastés, affectant les dépôts des modelés morpho-climatiques quaternaires. Mais,
de surface. La sécheresse de l’air, la rareté malgré un changement considérable depuis
de l’eau et, surtout, la brièveté et de sa le début du Quaternaire, le réseau
présence et son agressivité mécanique

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

hydrographique du Ziz conserve une très limitée reflétant la présence


incontestable unité (Joly, 1962). d’anciennes vasières soulignant une
hydromorphie accrue.
Dans le bassin moyen du Ziz, la
plaine alluviale étroite dans la vallée Les sols cultivés sont à caractère
encaissée est constituée d’une formation limono-argileux d’origine alluvionnaire du
meuble sablo-limono-argileuse à niveaux fait des débordements des eaux de crues
caillouteux. Les sols se développent sur sur les plaines d’inondation. Ce
plus d’un mètre et présentent des horizons comportement hydrologique naturel a été
supérieurs plus fins. Il s’agit d’un sol par la suite maitrisé et utilisé par les
alluvial qui a été enrichi in-situ en matière riverains dans l’irrigation des cultures. Ces
organique par une légère pédogenèse due à sols sont par endroits riches en matière
l’installation de la végétation naturelle puis organique, ce qui leur confère une bonne
par une mise en culture irriguées de longue fertilité.
date faisant évoluer l’horizon superficiel
très localement vers un sol brunifié . La forte évaporation et le rabattement
saisonnier ou lié à la succession de période
Localement encore, certaines surfaces de sécheresse ont fait que certains de ces
sont formées par des sols bruts d’apport, sols une salure plus élevée en surface qui
liés aux crues des affluents du Ziz qui se traduit par des dépôts des sels et une
apportent des sédiments grossiers issus des tendance à l’alcalinisation en profondeur.
terrains gréseux des hamadas crétacées et En dehors des périmètres irrigués, les sols
les déposent sur la plaine alluviale du Ziz sont peu évolués du fait des conditions
sous forme de cônes de déjection. climatiques sévères.

En aval, la vallée du Ziz devient plus La multiplication des moto-pompes


large, La plaine alluviale est plus étendue sur les bordures de la palmeraie a permis
avec des épandages plus fins. Certains sites l’extension des exploitations agricoles sur
ont révélé des sols épais de plus d’un mètre les sols désertiques des hamadas loin du
très argileux passant latéralement à des périmètre d’irrigation traditionnel sur les
limons francs dominant directement le lit sols limoneux peu évolués d’apport
actuel. Localement des sols de teinte alluviale.
foncée sont disposés en aires d’extension
Caractéristiques et aspects de dégradation

Exemple de modelé de relief de versant dans le bassin moyen du Ziz.


 

Paysage de la vallée encaissé du moyen Ziz, au niveau de Rteb-Aoufous.


 

Paysage panoramique de la plaine de Tafilalet 

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Caractéristiques climatiques de la vallée de l’oued Ziz


Le climat qui règne sur la vallée de irrégularité, Au cours de l’année, le régime
l’oued Ziz est un climat aride, à forte annuel des pluies se caractérise par
influence continentale. Les reliefs l'existence de deux saisons de pluie,
montagneux du Haut et de l'Anti-Atlas qui l'automne et le printemps (Fig. 3), l’hiver
l'encadrent au Nord et à l’ouest constituent est moins pluvieux et l’été est sec. Le
un obstacle contre les influences nombre de jours de pluie par an est très
océaniques humides alors que l’ouverture réduit (en moyenne 15). Les précipitations
sur le Sud accentue l’influence saharienne printanières sont généralement plus
notamment par les vents très desséchants importantes que l’automnales, la station
de type "Chergui" soufflant de nord-est en d’Errachidia enregistre 42% des
été et ceux de type "Sahéli" soufflant du précipitations au printemps et Erfoud 34%.
sud-ouest en hiver. D’une année à l’autre, les variations
Les précipitations moyennes sont des précipitations sont aussi très marquées.
caractérisées par leur faiblesse. La forme Les écarts entre les minima et les maxima
de la vallée allongée du nord au sud du des deux stations (Tableau. I) suivent le
Haut Atlas vers la plaine de Tafilalet gradient nord sud. Les rapports entre les
contrôle la répartition spatiale des pluies maximales et minimales sont plus
précipitations suivant un gradient accentués vers le sud et atteignent 17 à
décroissant depuis l’amont au nord vers Erfoud. Les minima sont généralement
l’aval au sud. En effet, la pluviométrie enregistrés au cours des cycles de
moyenne annuelle est de 130 mm à sécheresse. Au cours des dernières
Errachidia, 95 mm à Erfoud et 75 mm à décennies, on observe une tendance
Rissani. générale vers la diminution des
Le volume moyen des précipitations précipitations (Fig. 4) tant à l'échelle
annuelles présente une très forte annuelle qu’interannuelle.

Pluies moyennes Pluies min Pluies max Rapport


Station
annuelles (mm) (mm) (mm) Max/Min
Errachidia 130 33,3 (83 – 84) 302 (95 – 96) 9
Erfoud 96,22 13,8 (92 – 93) 142,9 (79 – 80) 17,4
Tableau I : Précipitations annuelles, maximales et minimales
Caractéristiques et aspects de dégradation

Figure 3 : Répartition mensuelles des précipitations

Précipitations (mm)

Année

Figure 4 : Distribution interannuelle des précipitations dans la station


d’Erfoud (1970-2000) DRH Errachidia

Les températures moyennes annuelles En moyenne l'évaporation potentielle


sont très élevées, de l'ordre de 20°C s'élève à 2.500 mm/an, cependant, les
(Tableau II), et sont caractérisées par des palmiers dattiers créent des conditions
amplitudes annuelles et journalières très climatiques moins rudes au niveau du sol :
fortes (respectivement 50°C et 20°C). la température est plus basse, l’hygrométrie

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Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

est plus élevée et l’évapotranspiration est 1962). En se basant sur la technique du


moindre et par conséquent l'existence de ce Bac de Colorado, l’évaporation enregistre
microclimat favorise la pratique des 2300 mm/an à Errachidia et 3090 mm/an à
cultures sous-jacentes. Les conditions Erfoud. L’évaporation augmente donc du
régnant dans la vallée de l’oued Ziz font nord vers le sud. Elle est estimée à 2500
que l’évaporation potentielle est plus mm à l’extérieur de l’oasis et à 1500 mm à
élevée que l’évaporation réelle (Margat l’intérieur.

Stations Maximum Moyenne Minimum

Errachidia 26,7 19,5 12,44

Erfoud 28,8 20,0 13,7


Source : CAAD 1987

Tableau II: Température moyenne minimales et maximales


L'évapotranspiration constitue un des La variation intra-annuelle de l'Et0
facteurs importants de perte des (Evapotranspiration de référence) met en
ressources en eau. L'évapotranspiration évidence un effet saisonnier important qui
potentielle annuelle est de l'ordre de 1200 indique une variabilité des besoins en eau
mm/an avec un maximum au mois de des plantes au cours de l'année et permet
Juillet de 220 mm (soit 18%) et un d'entrevoir une meilleure gestion des
minimum au mois de Janvier de12 mm. lâchers du barrage pour l’irrigation situé à
l'amont de la région, pour compenser les
L'analyse comparée des résultats de pertes variables par évapotranspiration,
la mesure de l’évapotranspiration en par recharge artificielle (Bouhlassa et Paré
utilisant la méthode statistique de 2006). Par ailleurs la forte évaporation
Jacovides montre que les méthodes de provoque dans le sol une dessiccation
Jensen-Haise et de Thornthwaite reflètent rapide et de fortes remontées capillaires,
le mieux l'évapotranspiration de référence ce qui entraine le développement de la
obtenue par la méthode de Penman- salinisation très répandue dans la région
Monteith-FAO. Les résultats obtenus par du Tafilalet
ces trois méthodes sont concordants. Ils
sont respectivement de 1364 mm/an, 1345 Au cours du 20è siècle, la vallée du
mm/an et de 1385 mm/an. Ziz a connu des périodes de sécheresse
Caractéristiques et aspects de dégradation

plus ou moins longues (1913-1918 ; 1927- aujourd'hui vécues de manière plus intense
1931 ; 1933-1939 ; 1945-1947 ; 1955- compte tenu de la combinaison d'un
1957 ; 1973-1976 ; 1979-1984 ; 1992- ensemble de facteurs d'ordre
1995 et plus récemment la sécheresse de environnemental et anthropique : la
1998 et 2000. L’année 1974 est bien salinisation des sols, l'ensablement des
ancrée dans la mémoire de la population palmeraies, la pollution des eaux et la
locale, sa sécheresse a généré une perte de surexploitation des nappes souterraines
plus de780000 pieds de palmiers dattiers (PNUD, 2009). Cela traumatise d’autant
et induit une migration massive de la plus que les investissements dans
population vers le nord du Maroc et l’aménagement de grande hydraulique
l’Europe (Benmohammadi et al 2000). Les sont très importants.
trois derniers cycles de sécheresse ont L'homme devient un agent actif de
constitué "les sécheresses les plus sévères désertification, il en devient un
jamais observées depuis que des accélérateur. Ainsi, en combinant l'effet de
observations météorologiques et ses activités aux autres crises de la
hydrologiques sont effectuées" (Bzioui, sécheresse, il peut faire apparaître un
2004). Les diminutions enregistrées par désert en une génération et demie, là où la
rapport à la normale des apports en eau nature mettrait deux à trois millénaires
ont été, respectivement pour ces trois (Cournoyer, 2004). Or, ce sont ces
cycles de sécheresse, de 84%, 42% et de sécheresses récurrentes qui sont
75% (Royaume du Maroc, 2009a). L'effet responsables de la diminution des
de ces sécheresses s'ajoute à un cycle de ressources en eau dans l'ensemble du
précipitations déjà déficitaire. bassin du Ziz, mais aussi de la baisse du
Bien que la succession des cycles de niveau piézométrique de la nappe alluviale
sécheresse est une réalité structurelle des (Amharref, 1991).
oasis du sud-est marocain, ils sont
 

17
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

L’HOMME, L’EAU ET LE SOL

19
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Historique des activités humaines dans le pays du Ziz


Dans la vallée du Ziz, et la plaine de contrôlée par les eaux des crues
Tafilalet, L’exigüité des sols fertiles et la saisonnières et par les procédés
rareté des ressources en eau à imposé traditionnels de mobilisation des eaux.
depuis le moyen âge une optimisation de L’irrigation par submersion des champs
l’exploitation des ressources en sols et en assure des apports annuels en limons
eau. L’année agricole de l’oasis était fertilisants.

Le Tafilalet d’un centre commercial à une oasis agricole


Toutes les études qui ont porté sur site "Sijilmassa" en 729. On distingue
l’espace oasien en général et le Tafilalet généralement deux principales périodes
en particulier s’accordent sur le fait que le dans l’histoire de l’aménagement du
Tafilalet était au cours du moyen âge un système agraire dans le Tafilalet : La
centre commercial caravanier rayonnant période médiévale ou dominait l’activité
dans le sud marocain et que depuis le commerciale et où l’activité agricole était
16ème siècle, cet espace s’est transformé très limitée et la période moderne qui à
en une oasis agricole et s’est équipé par débuté au 16ème siècle ou la région a
des installations hydro-agricoles qui se connu le développement agricole et la
sont progressivement modernisés par la formation des grands traits de l’espace
suite. oasien actuel (Margat, 1977).
L’aménagement hydro-agricole de
Tafilalet a débuté avant la fondation du
Période médiévale
Du 8ème au 11ème siècle, canal qui se développera par la suite pour
Sijilmassa a connu une prospérité devenir le cours actuel de l’oued Ziz.
économique liée au commerce caravanier Du 13ème au 16ème siècle. Le
qui a été rapportée par plusieurs paysage agraire actuel a commencé à
historiens. Les premiers aménagements s’organiser. Le canal prend l’allure d’un
hydro-agricoles datent de cette période cours d’eau qui évacue les eaux des crues
selon Margat (1962) Ils se réduisaient à la de l’amont vers Tafilalet
construction sur le cours de l’oued
Amarbouh d’un petit barrage (barrage Durant le 16ème siècle, Léon
Oulad Zahra) et d’un canal de dérivation l’africain a séjourné dans le Tafilalet
des eaux de la retenue vers le Tafilalet. Ce pendant sept mois. Il décrit l’été de cette
région comme très chaud et très

21
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

poussiéreux avec une grande pénurie plus ce qui a poussé la population à


d’eau provoqué par l’assèchement des creuser les khéttaras pour acheminer l’eau
oueds et des sources alors que la majorité des nappes phréatiques vers la palmeraie.
des puits ne contenaient que des eaux Ces mutations dans le système d’irrigation
salées. Dans le même ordre d’idée et selon ont été contemporaines avec l’arrivée des
Margat (1962) cet assèchement fait que tribus arabes de l’Egypte amenant avec
l’irrigation reste tributaire des eaux de elles des technologies adaptées au système
crues. Le besoins de l’exploitation des oasien (Mayoussi 2002).
eaux profondes se fait sentir de plus en
Périodes moderne et contemporaine
Du 17ème au 18ème siècle, avec constitué un obstacle au développement
l’avènement de la dynastie Alaouite, des techniques d’aménagement et à la
l’oasis à connu une nouvelle période de continuité des travaux d’entretien
prospérité avec le sultan Moulay Rachid conduisant ainsi à leur dégradation.
(1666- 1672) et a atteint son apogée sous Toutes les initiatives de
le règne de Moulay Ismail (1672 – 1727). perfectionnement de la gestion des
Le Tafilalet a connu le fondement de la ressources hydriques dans ce système
structure agraire actuelle et les oasien ont été liées historiquement aux
aménagements hydro-agricoles. Les conditions politiques caractérisées par
barrages construits ont remplacé les l’alternance de périodes de stabilité et de
barrages édifiés en terre. troubles. Les périodes de stabilité
Le 19ème siècle a connu des amenaient la prospérité et le progrès dans
instabilités politiques qui ont provoqué les techniques de l’aménagement hydro-
une régression du pouvoir du Makhzen et agricoles alors les périodes de troubles
la multiplication des conflits tribaux sur causent des états de délaissements et de
les ressources hydriques. Cette situation a dégradations des installations.

Les évolutions du 20ème siècle


Période coloniale
Au début du 20ème siècle, le convoitées. Le Tafilalet a constitué le
Tafilalet était une zone militairement thème de plusieurs rapports et études
instable. La présence de la colonisation effectuées par les missions militaires
française en Algérie depuis 1830 a fait que installées à Bechar et Boudnib.
les zones orientales du Maroc étaient
Caractéristiques et aspects de dégradation

La colonisation du Tafilalet a connu Avant il y avait des oasis riches le long


deux périodes distinctes : des cours d’eau mais l’invasion des
1912 – 1936, après la déclaration du nomades, la résistance et la sécheresse
Protectorat sur le Maroc en 1912, les issues de la baisse du niveau
autorités françaises ont intégré piézométrique des nappes, la région est
administrativement le Tafilalet dans la devenue un pays de la soif. Les palmeraies
région militaire de Meknès. L’enjeu de la se sont fanées, le cheptel agonise et la
période 1912 à 1936 fut le contrôle population des ksour émigre…"
militaire de la région à cause de la De 1937 à 1953, c’est la période du
résistance acharnée de la population développement agricole. L’installation de
locale. Au cours de cette période le nouvelles infrastructures hydro-agricoles
barrage d’Amerbouh à été détruit par et la mécanisation de l’agriculture par les
l’armée française en 1918 privant le colons qui sont des techniques totalement
Tafilalet des eaux de l’oued Ziz. différentes du savoir faire local ancestral.
Un rapport français décrit la situation Ces interventions ont provoqué des
environnementale, économique et sociale perturbations majeures du système
de l’oasis au cours de cette période: "Lors traditionnel de la gestion des ressources
de notre arrivée, nous avons trouvé cette hydriques.
région dans une situation catastrophique.

1956, l’indépendance ; poursuite du changement, naissance d’un système oasien


moderne
La fin des années 60 début des des ressources hydriques qu’au niveau des
années 70 est la période des aménagements hydro-agricoles.
transformations majeures dans l’oasis de En 1966, une année après les
Tafilalet. 1965 a connu les inondations les inondations, la plus grande instance pour
plus importantes jamais enregistrées dans le développement agricole de la région fut
la région. Les crues ont causé créée. C’est l’Office Régional de mise en
d’importants dégâts humains et matériels Valeur Agricole de Tafilalet qui va
ce qui a poussé l’Etat à construire, sur coordonner les projets d’aménagement. La
l’oued Ziz, le barrage Hassan Addakhil création de l’ORMVAT et la construction
qui va constituer une transformation du barrage Hassan Addakhil ont marqué
majeure sur le fonctionnement du système un important tournant dans les conditions
oasien en aval du barrage tant au niveau socioéconomiques et environnementales

23
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

des oasis du bassin du Ziz. Cela à qu'humain (Ruf et Bouaziz, 2005;


constitué le début de la modernisation Darfaoui, 2005; Jari, 2005).
réelle du Tafilalet malgré les contraintes
La vallée du Ziz connaît
environnementales.
d'importants bouleversements qui
La vie de l’oasis était liée aux eaux remettent en question la viabilité des
des crues. Ce phénomène saisonnier pratiques traditionnelles. Ces
contrôlait l’année agricole et la recharge transformations sont de diverses natures
des nappes phréatiques et même les (démographique, culturelle, sociale,
procédés de mobilisation des eaux par des économique...) et de diverses intensités
moyens traditionnels (Aghrour, séguia en (de très lente à radicale), mais convergent
terre, Khettaras…). Le barrage et toutes dans la même direction : la
l’ORMVAT vont faire passer la gestion déstructuration du milieu oasien. C'est que
des ressources hydriques d'une forme les structures socio-spatiales ont changé et
particulière de structuration sociale et qu'elles subissent aujourd'hui de multiples
culturelle vers une gestion administrative pressions. L'ouverture à l'économie de
moderne. marché et le développement de
l'individualisme (Barrow et al. 2000) ont
La maîtrise de la ressource
engendré l'atomisation des communautés
hydrique a été structurante pour le système
(Labasse, 1957), mais aussi l'émergence
oasien. Les stratégies de gestion des
de nouvelles formes de socialisation. Les
ressources en eaux développées par les
disparités socio-économiques n'ont cessé
populations afin de palier à l'aridité du
de croître et ont tôt fait de gangréner le
milieu témoignent de leur ingéniosité,
milieu rural.
mais aussi d'une forme particulière de
structuration sociale et culturelle. Ce sont Cette transformation du milieu
les institutions traditionnelles, telle la oasien se fait au détriment des règles
Jmâa, qui ont préservé l'équilibre collectives et renforce la mise en place de
écologique de ce milieu fragile durant des systèmes individualisés tant sur le plan du
siècles. La gestion durable et intégrée de tissu social que de l'économie. Autrefois
l'environnement a reposé sur un savoir- tourné vers une agriculture de subsistance
faire local adapté aux conditions à laquelle participait un nombre important
climatiques rigoureuses (Oubrhou, 2005). d'individus, les oasis d'aujourd'hui
Toutefois, la région connaît aujourd'hui de assistent à la désertion des jeunes vers les
profondes mutations qui remettent en milieux davantage urbanisés et vers
question l'existence même des systèmes l’Europe.
oasiens et ce, tant sur le plan physique
Caractéristiques et aspects de dégradation

L’eau, vecteur principal du fonctionnement de l’écosystème oasien


Le fonctionnement du système Les ressources en eaux dans le
oasien est basé sur la gestion des bassin de l’oued Ziz proviennent de :
ressources en eau potable et en eau - Eaux de surfaces incluant les eaux
d’irrigation. Il s’est adapté historiquement des crues des oueds et celles du barrage
aux caractéristiques hydro-climatiques et Hassan Addakhil.
hydro-géologiques du bassin de l’oued
Ziz. La compréhension de ces paramètres - Les eaux souterraines des nappes
permet de cerner l’organisation de l’oasis phréatiques et des nappes profondes
dans le présent et dans le passé. extraites par les sources, les khettaras ou
par les motopompes.

Les eaux superficielles


Les eaux de surface sont constituées affluents et par les eaux de la retenue du
des apports de l'oued Ziz et de ses barrage Hassan Addakhil.

Le cours de l’oued Ziz


Oued Ziz présente un régime à Les débits moyens d’écoulement du
caractéristiques sahariennes avec un Ziz sont relativement faibles. La moyenne
écoulement permanent dans la partie 3,48 m3/s en amont du barrage, elle
amont. L’oued gonfle par les crues diminue en aval pour atteindre 1,78 m3/s
d’automne et de printemps. Les au niveau d’Erfoud (Fig. 5 et 6). Cette
précipitations sont très irrégulières mais la diminution de l’amont vers l’aval ne
neige d’altitude joue un rôle régulateur concorde pas avec le comportement
important. Les crues issues des montagnes hydrologique naturel des cours d’eaux qui
ont été jusqu'à la construction du barrage montrent plutôt le contraire ou le cumul
généralement de faibles importance et des eaux des différents affluents gonflent
bénéfiques mais lorsque les précipitations le cours aval. Dans le cas de l’oued Ziz
sont généralisé Les crues peuvent être deux raisons peuvent expliquer ce
soudaines et violentes. Les plus fortes ont comportement:
été observées en 1950, 1965 et 2008. La - Une raison naturelle liée à
première a atteint un débit de pointe l’absence en aval d’affluents importants et
autour de 1100 m3/s, la seconde, 3000 de résurgences importantes à l’exception
m3/s et la troisième un débit de pointe de d’Ain Meski dont le débit moyen est de
2600 m3 /s (http://www.water.gov.ma) 160 m3/s.

25
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

- Une raison anthropique liée au d’eau entre Errachidia et Erfoud et à la


prélèvement intensive des eaux du cours fréquence des lâchers des eaux du barrage.

Figure 5 : Débits moyen mensuel inter- Figure 6 : Débits moyens mensuel


annuels de la période 1975/95 inter-annuels de la période 1975/95
(Station du Barrage Hassan Eddakhil) (Station Radier d’Erfoud)
Le barrage Hassan Addakhil, « Régulateur des débits du Ziz »

Le barrage Hassan Addakhil, situé lâcher n’a été réalisé. La capacité totale a
au débouché du Haut Atlas, a été mis en été atteinte une seul fois en 2008.
eau en 1971 pour protéger la vallée du Ziz Les terres irriguées par le barrage
et le Tafilalet contre les crues constituent trois ensembles : - périmètre
catastrophiques et régulariser de recasement (813 ha), - vallée du Ziz
l’approvisionnement en eau. Le barrage (3988 ha) - plaine de Tafilalet (15 200
dispose d’une capacité totale de retenue de ha).
380 millions m3. Selon le secrétariat
d’Etat chargé de l’eau, le projet prévoyait Le périmètre de recasement a été
un volume régularisé de 140 Mm3 par an créé au moment de la construction du
dont 100 garantis : les moyennes depuis barrage dans le but de recaser les
30 ans montrent que ces objectifs étaient agriculteurs dont les parcelles devaient
surestimés. être inondées par la retenue de l’ouvrage.
Ce périmètre ainsi que la vallée du Ziz
Les apports présentent en effet une sont directement alimentés à partir du
très grande irrégularité : durant la barrage par un réseau de canaux
sécheresse de 1980/1981 à 1986/1987, principaux et secondaires.
l’apport moyen sur sept années a été de 24
Mm3 alors que la moyenne sur la période La plaine de Tafilalet, située à 70
1971-1994 est de 106 Mm3. Durant trois Km à l’aval du barrage est alimentée à
années (82/83, 83/84 et 84/85), aucun partir des eaux lâchées dans le lit de
Caractéristiques et aspects de dégradation

l’oued, jouant ainsi le rôle de canal Borouj) puis distribuées au moyen d’un
adducteur; les eaux sont ensuite reprises réseau de canaux bétonnés et traditionnels.
par un barrage de dérivation (barrage El
Longueur des canaux Longueur des canaux
Périmètre
principaux (km) secondaires (km)

Périmètre de recasement 8 38

Vallée du Ziz 108 55

Plaine de Tafilalet 50 158

Total 166 251


Tableau III : Réseau d’irrigation de l’oued Ziz
Source : Office régional de mise en valeur agricole du Tafilalet-Errachidia 

Les eaux souterraines


Les eaux souterraines dans le bassin et, d’autre part, de nappes profondes qui
de l’oued Ziz jouent un rôle primordial sont subdivisées du nord au sud en trois
dans la satisfaction des besoins en eau. unités hydrogéologiques : Le haut Atlas,
Ces ressources sont constituées d’une part le bassin crétacé d’Errachidia et la plaine
de nappes phréatiques situées le long des du Tafilalet. Les caractéristiques de ces
vallées dans les dépôts récentes et actuels nappes sont résumées dans le tableau IV.

Les nappes phréatiques Quaternaires


Le bassin du Ziz recèle quatre conjugué avec l’exploitation intensive des
nappes phréatiques (Fig. 7) dans les ressources en eau les plus accessibles, a été
dépôts quaternaires de fond de vallée. Ce à l’origine d’une baisse généralisée du
sont essentiellement des formations niveau piézométrique de la plupart des
limono-argileuses ou graveleuses nappes phréatiques. Cette baisse varie de 4
intercalées de calcaires lacustres. Ils à 5 m et peut atteindre 8 à 10 m dans les
affleurent sous forme de plaquages ou de nappes d’Errachidia et Tinjdad (M. E. M.
terrasses dans les vallées d’oueds 2008).
(AMMARY 2007). Ces nappes sont Les nappes quaternaires cantonnées
caractérisées par leur faible étendue et leur aux lits majeurs des oueds, alimentent les
dépendance directe des aléas climatiques. palmeraies par des puits, des sources et
La persistance du déficit pluviométrique des khettaras (Margat, 1977). Le volume
cumulé depuis les années 2002 - 2007, moyen exploité est estimé à 20 Mm3/an et

27
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

peut atteindre 35 Mm3/an pendant la bassin versant de Ziz et celles de Tarda, de


période de sécheresse (Yahyaoui, 1987). Tiffounassine et de Mouy dans le bassin
Les résurgences des aquifères crétacés versant de Rhéris (Joly, 1962 et Kabiri et
fournissent des ressources importantes al. 2001).
comme la source bleue de Meski dans le

Figure 7 : Les nappes d’eaux souterraines dans le bassin de l’oued Ziz


Sources : www.oecd.org/mena/governance/43316384.pdf
La plus importante de ces nappes est la nappe. La distribution spatiale des
la nappe de Tafilalet à cheval sur les transmissivités montre des valeurs
bassins du Ziz et de Rhris (Fig. 8) dans la dispersées variant de 10-2 m2/s à 10-4 m2/s.
zone d’Erfoud – Rissani. L’aquifère est Cette nappe est très étendue mais de
constitué à la base de conglomérats plus faible épaisseur (0 - 33 m), et s’écoule
ou moins cimentés et de calcaires gréseux vers le sud, sud-ouest. Sa profondeur par
lacustres, qui contiennent la réserve rapport à la surface varie entre 8 et 22 m,
essentielle de la nappe (Margat, 1977). Le sa puissance aquifère varie entre 1 et 19
sommet de la formation contient des m, et son gradient hydraulique moyen est
niveaux perméables, sables et galets, de 2 ‰ et décroît de l’amont à l’aval
recouverts de limons puissants et assez (AMMARY 2007).
inégalement répartis. Ces limons
constituent souvent la limite supérieure de
Caractéristiques et aspects de dégradation

Les nappes profondes

Depuis les études réalisées par


Margat, Chamayou et Ruhard durant les
années soixante, figurant dans les
ressources en eau du Maroc (1977), très
peu d’informations sont disponibles sur le
fonctionnement des systèmes aquifères,
essentiellement situés dans les formations
crétacées. Toutefois, la compilation de
quelques travaux et des études isotopiques
préliminaires (Louvat et Bicharat, 1990;
Michelot et al. 1992; Bouabdellaoui et al.
1995) permettent d’individualiser cinq
aquifères dans l’ensemble du bassin
hydrologique d’Errachidia-Tafilalet.
Le haut bassin abrite les aquifères du
Jurassique (Réseaux aquifères du Lias
inférieur et réseaux aquifères des nappes
de la série calcaires de l’Aalénien et du
Dogger) et du Quaternaire. Ce sont des
calcaires et dolomies intercalées avec des
marnes et des argiles, qui reposent sur les
schistes et quartzites paléozoïques ou sur
les argiles rouges et basaltes du Trias. Ils
Figure 8: Isobathes de la nappe phréatique de
affleurent au nord du bassin avec une Tafilalet (Source Margat 1977)
épaisseur de 450 m.
et de sa profondeur.
Le bassin moyen renferme des
aquifères du Crétacé (Sénonien, Turonien, La nappe des calcaires turoniens
et Infracénomanien) Ce dernier est donne naissance aux sources de
localement artésien (Ain El Atti), Il est Tifounassine, Meski, Tarda et Mouy. Le
drainé par un complexe de khettaras au bassin inférieur (plaines de Tafilalet)
sud de la zone de Goulmima-Tinjdad. renferme des aquifères dans les terrains
Cette nappe est peu exploitée en raison de anciens fracturés du Primaire et du
sa salinité dans la zone avale (Ain El Atti) Précambrien (AMMARY, 2007).

29
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Dans le bassin crétacé d’Errachidia d’environ 100 m se réduisant à 25 m au


Le système aquifère du bassin crétacé est sud. Son plancher imperméable est formé
complexe, d’une part, il est constitué de d’argiles cénomaniennes, son toit est
formations très hétérogènes aux formé par des grès et des marnes
lithologies diversifiées et épaisseurs sénoniens permettant une communication
variables et, il est d’autre part affecté par avec les formations supérieures. Ses
une tectonique en escalier provoquant des principaux exutoires naturels sont des
chevauchements plus ou moins sources dont celle de Tarda, Tifounassine,
importants. Il comprend deux aquifères et de Meski.
qui sont de haut en bas : - L’aquifère Sénonien : composé de
- L’aquifère Turonien: composé de formations continentales gréso-argileuses
formations calcaires fracturées et de très hétérogènes, comportant du gypse et
dolomies d’origine marine, sous forme de de l’anhydrite. Il affleure dans la partie
faciès karstiques. Affleurant sous forme de orientale de la zone d’étude.
plateaux fissurés, d’épaisseur moyenne

Profondeur (m) Productivité ( l/s) Salinité (g/l) Utilisation


Nappes phréatiques 1 à 3 (12 à Puits et
5 à 25 20
quaternaires Tafilalet) forages
Haut Atlas 5 et 40 Sup. à 100 Inf. à 2 Sources
Puits et
Crétacé d'Errachidia -
artésienne entre 1à5 1à forages (12
Nappe du Sénonien - 20 Sup. à 20
Bouânane-Boudnib 5 et 40 2.5 g Mm3/an) 14
Nappe du Turonien
Mm3/an
0.7 à 2 ( > 14
l'Infracénomanien 5 et 90 (localement Khettaras (3
Jusqu'à 50 au sud de
(Ain El Ati ) artésienne) Mm3)
Rteb)
Source : http://www.water.gov.ma
Tableau IV : caractéristiques des principales nappes de la zone

La recharge des nappes

La recharge des nappes se fait mesure des eaux pérennes et de résurgence


principalement par infiltration des eaux des oueds Ziz et Rhéris.
des lâchers du barrage Hassan Addakhil Les sorties des nappes sont
qui sont étalées par les Fellahs sur les constituées de khettaras, de puits et de
parcelles agricoles, et dans une moindre stations de pompages, mais surtout de
Caractéristiques et aspects de dégradation

l’évapotranspiration due au pouvoir de Les Khettaras


succions des palmiers dattiers.
Le nombre total des Khettaras est de
Les eaux superficielles sont 570 dont seulement 300 sont actuellement
mobilisées par le barrage Hassan Addakhil en exploitation. La superficie irriguée par
d’une capacité de retenue de 380 Mm3 (28 les khettaras est d’environ 16.000 ha avec
000 ha) et par les barrages de dérivation une longueur totale du réseau de 2900 km
(32 000 ha) des eaux de crues. Le barrage (Fig. 9). Le débit moyen exploité est de
Hassan Addakhil contribue, par les lâchers l’ordre de 700 l/s sur l’ensemble des
programmés en fonction du cycle végétatif khettaras.
des espèces cultivées et de leurs besoins, à
un apport annuel moyen de 106 Mm3 et à
un volume moyen annuel restitué de 90
Mm3 (Kabiri et Boudad, 2001). Les
apports des eaux souterraines sont
estimées à 200 Mm3/an et sont exploitées
au moyen des stations de pompage et de
khettaras (ORMVAT/TF, 1999).

Les sources

Selon l’origine hydrogéologique, on


distingue deux groupes de sources, Les
sources émanant des formations calcaires
du Turonien qui totalisent un volume
annuel d’environ 14 Mm3/an et les sources
d’origine jurassique qui fournissent un
écoulement annuel de l’ordre de 38
Mm3/an (ORMVA/TF, 2002).

Ces sources accusent d’importantes


fluctuations saisonnières et interannuelles.
De fortes baisses des réserves
renouvelables ont été enregistrées à cause
des périodes de sécheresses successives et
prolongées.
Figure 9: Zones irriguées dans la plaine du
Tafilalet
31
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Impacts des changements climatiques et des actions anthropiques sur


les ressources hydriques
Au cours des dernières décennies, intervalles de temps variables qui
différents phénomènes naturels et atteignent généralement plusieurs mois,
anthropiques ont provoqué un déséquilibre trois ans pendant la sécheresse des années
dans le fonctionnement de l’espace oasien 80. Ceci à causé la baisse des niveaux
et ont conduit à la dégradation qualitative piézométriques et l’assèchement de
et quantitative des ressources en eau dans plusieurs puits et khettaras. La hauteur des
le bassin de l’oued Ziz. Les périodes de nappes phréatiques subi un
sécheresses récurrentes, la construction du approfondissement annuel continu.
barrage Hassan Addakhil au début des - Le second effet néfaste concerne la
années 1970, le recours au pompage qualité de l’eau. Les analyses de la
moderne qui s'est généralisé depuis les composition chimique des eaux des puits à
années 1980, l’extension des champs l'aval du barrage ont montré que la
agricoles au delà de la palmeraie. Tous ces minéralisation des eaux évolue selon un
éléments ont déclenché une succession gradient croissant de l'amont à l'aval.
d’effets qui ont perturbé le fonctionnement
de l’écosystème oasien. Ils ont contribué Avant la construction du barrage, le
considérablement à la réduction de la système d’irrigation traditionnel était basé
recharge naturelle des nappes phréatiques sur les khettaras, sur l’alimentation en eaux
dans la vallée de l’oued Ziz. Les nappes à partir de l’oued par des barrages de
phréatiques moins alimentées par les crues dérivation et des séguias en terre et sur les
ont vu leur niveau piézométrique baisser et crues et les submersions naturelles qu’elles
leur salinité augmenter. L'irrigation par causent. Ce système permettait la dilution
cette eau fortement chargée en sels des sels dans les eaux des nappes
provoque la dégradation des sols et la phréatiques et dans les sols. Actuellement
chute de leur productivité. le système d’irrigation basé sur les lâchers
des eaux de la retenue et leur
Les perturbations observées sur les acheminement dans des canaux bétonné ou
ressources en eau peuvent être groupées en bien le pompage directe de la nappe
deux catégories: phréatique par des motopompes, a
Les premières sont d’ordre empêché la dilution de la nappe et
quantitatif : La retenue de l’eau du barrage l’augmentation de la concentration des
Hassan Addakhil à privé les nappes de leur eaux salées provenant des aquifères dans
recharge naturelle. Les lâchers périodiques les formations de grès rouges
des eaux du barrage interviennent selon des infracénomaniens riches en sels dont la

33
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

source artésienne des eaux salé de Ain El azote, en acide phosphorique et en potasse.
Ati est l’exemple type. La régularisation Ces éléments nutritifs montrent une
des débits des crues et le rabattement de la grossière diminution vers l’aval
nappe à diminué l’effet saisonnier de Le présent travail s'est fixé comme
dilution des sels et a accentué la objectif d'étudier l’impact des changements
concentration de ces derniers dans les eaux climatiques et des actions anthropiques
des puits surtout dans la partie aval de sur la quantité et la qualité des ressources
l’oued Ziz. L’utilisation de cette eau pour en eaux par le suivi du niveau des eaux des
l’irrigation commence à se faire sentir dans puits et le diagnostic de la qualité chimique
les sols dont la salinité s’accroit et qui des eaux souterraines et de surface en se
voient leur rendement diminuer. basant sur plusieurs campagnes de mesures
Les sols sont aussi affectés en des niveaux de puits et sur des analyses
quantité comme en qualité depuis l’amont chimiques des eaux le long de la vallée de
vers l’aval. En général, les sols de la zone l’oued Ziz.
d’étude appartiennent à la classe des sols Les mesures réalisées sur les
peu évolués d'apport alluvial. Ils se sont échantillons d’eau ont porté sur le pH, la
formés par le débordement des eaux de conductivité électrique et la concentration
crues et puis par la suite par la pratique, des cations et anions majeurs.
depuis plusieurs siècles, de l'irrigation par
Une campagne de prélèvements des
submersions des champs par les eaux
eaux d’une dizaine de puits et de sources
turbides des crues. Ces dépôts limoneux
et une série de six échantillons d’eau de
atteignent une puissance de plusieurs
l’oued Ziz a été effectuée le long de la
mètres. Les couches de ces limons sont vallée de l’oued Ziz. Les échantillons des
assez homogènes et ont le caractère de eaux souterraines ont été prélevées dans le
limon fin riche en calcaire. Les moyen et le bas Ziz, depuis La source
perturbations liées aux changements Meski jusqu'à un puits à Ksar Bouzuela au
climatiques et à l’aménagement de la sud d’Errissani, les échantillons sont
vallée ont accentué sa salinisation ; une indiqués par les appellations : P1 à P10
salure plus élevée est observable en surface (Fig. 10, Tabl. V).
par les dépôts de sels sous l'effet de
Les échantillons de l’oued ont été
l’évaporation. Cette dégradation est prélevés dans le moyen bassin dans le
accompagnée par le déficit hydrique ce qui cours de l’oued Ziz de Taourirt au sud
limite son exploitation. d’Errachidia jusqu'au niveau de Douira. Ils
Les sols sont généralement pauvres sont indiqués par les appellations : Z1 à Z6
en humus, mais sont assez pourvus en (Fig. 10, Tabl. V)..
Caractéristiques et aspects de dégradation

 
Eaux souterraines Eaux de surface
P1 Ain Meski Z1 Taourirt
P2 Puits Oulad Chaker Z2 Taznakht
Z1 
Z2  P 1  Z3  P3 Puits Douira 1 Z3 Meski
P4 Puits Douira 2 Z4 Oulad Chaker
Z4 
P 2 
Ksar Jdid P5 Source Ain El Ati 1 Z5 Ksar Jdid
Z5 
P6 Source Ain El Ati 2 Z6 Douira
P 3  P7 Puits Maadid 1
P 4  Z6 
P 5  P8 Puits Maadid 2
P 6 
P 7  P9 Puits Chiahna
P 8 
P 9 P10 Puits Ksar Bouzuela
Sites 
d’échantillonnage 

Tableau V : Localisation des échantillons d’eau

P 10 

Figure
  10 : sites d’échantillonnage de l’eau

Dégradation quantitative des eaux


Le pays du Ziz est l’une des région 80, conjugué avec l'exploitation intensive
du Maroc qui ne bénéficie pas des des ressources en eau les plus accessibles,
retombées de précipitations importante a été à l'origine d'une baisse généralisée du
qui se produisent au cours des cycles niveau piézométrique de la plupart des
pluvieux au Maroc en particulier le dernier nappes phréatiques de la vallée. Cette
2008 – 2010 à l’exception du mois baisse varie de 4 à 5 m et peut atteindre 8
d’octobre 2008 ou les précipitations ont à 10 m (Fig. 11).
atteint un pic de 397 mm, ce qui a permis
La hauteur des nappes phréatiques
à la retenue Hassan Addakhil d’atteindre
estimée au cours des années 80 à quelques
100% de remplissage pour la première fois
mètres, atteint actuellement en moyenne
de son histoire. La persistance du déficit
pluviométrique cumulé depuis les années (-20m) dans tout le bas Ziz. Un

35
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

approfondissement annuel continu est nappe. La figure 11 montre la diminution


observé et qui par endroits montre une des niveaux des eaux d’un puits suivi par
certaine accélération, aujourd’hui la direction Régionale hydraulique
L’assèchement de la majorité des puits et d’Errachidia entre 1966 et 1983.
des khettaras a poussé les populations à
Avant 
compenser les pertes en eau par construction  Après 
Du barrage  construction 

Profondeur 
l’exploitation des eaux de la nappe à l’aide
de stations de pompage. On assiste
actuellement à une surexploitation
anarchique de la nappe par la
multiplication de puits et de pompages
dans certaines zones. Les conséquences à
cette concentration locale des pompages
peuvent être catastrophiques et conduire à Années 
Figure 11: Evolution de la profondeur des eaux d’un
des rabattements considérables de la
puit dans la plaine d’Errissani entre 1966 et 1983
(DRH Errachidia)

Dégradation qualitative des eaux


Evolution spatiale des paramètres chimiques des eaux de surface
Le tableau VI résume les valeurs de teneurs des cations majeurs des eaux le
pH, la conductivité électrique et les long du cours de l’oued Ziz. 

CE. Mg K Na Sr Li Ca
pH
ds/cm mg/ l mg/ l mg/ l mg/ l mg/ l mg/l
Z1 7,66 0,853 28,3 4,82 63,3 1,34 0,201 44,1
Z2 7,33 1,16 46,81 3,44 93,3 2,28 0,24 81,96
Z3 7,11 1,97 68,70 0,70 216,11 3,24 0,24 130,05
Z4 7,3 2,22 79,04 4,88 263,01 3,50 0,25 118,03
Z5 7,25 0,95 34,50 6,11 83,5 1,69 0,21 60,6
Z6 7,62 0,97 35 4,92 84,4 1,64 0,21 49,6
moy 7,37 2,35 44,9 4,14 134 2,28 2,22 80,7

Tableau VI : Evolution de la salinité et composition en cations des eaux le


long de l’oued Ziz
Caractéristiques et aspects de dégradation

La conductivité électrique
La mesure de la conductivité (Fig. 12) montrant une dilution des eaux
électrique constitue une bonne appréciation superficielles en amont depuis Ksar jdid.
du degré de minéralisation d'une eau où
chaque ion agit par sa concentration et sa
conductivité spécifique.
Dans la majorité des échantillons
des eaux du Ziz, la conductivité électrique
se situe dans les classes moyennes à
faibles. Les valeurs moyennes mesurées
montrent des variations de l’amont vers
l’aval, elles augmentent depuis 0,853
ds/cm à Taourirt pour atteindre 2,22 ds/cm
à Oulad Chaker. Elle diminue ensuite à 0,9
ds/cm au niveau de Ksar Jdid puis à Douira Fig. 12 : Evolution de la conductivité
électrique des eaux du cours du Ziz

Le pH
Le pH ou potentiel hydrogène des témoignant d’une eau relativement neutre à
eaux de l’oued Ziz varie entre 7,11 et 7,66 légèrement alcaline.

Les cations majeurs


Pour les cations majeurs, on retrouve celle du Sodium et du Calcium suivie par
la même évolution que celle du degré de celle du Magnésium. Cela s’explique par
minéralisation le long du cours d’eau pour la nature chimique des aquifères origines
la majorité des cations. Le calcium, le des résurgences qui alimentent le Ziz ;
magnésium, le sodium et le strontium dans le Haut Atlas le calcaire et les
montrent tous de faibles teneurs à dolomies fournissent le calcium et le
Taourirt, des pics de concentration à magnésium et les grès rouges riches en
Oulad Chaker ou à Meski pour diminuer sels de l’Infracénomanien du bassin
ensuite au niveau de Douira. Seul le crétacé d’Errachidia fournissent le sodium
potassium montre une évolution opposée et que des affluents entre Oulad Chaker et
alors que le lithium reste relativement Ksar Jdid moins minéralisés permettent
constant le long du cours d’eau (Fig. 13). une dilution des eaux du cours d’eau.
Les concentrations les plus élevées sont

37
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Figure 13 : Evolution de la salinité et composition


des cations des eaux le long du moyen Ziz

Les paramètres et les teneurs en éléments chimiques des eaux de profondeur


La majorité des échantillons ont été déterminer la teneur cations majeurs, en
prélevées dans les puits creusés dans les carbonates CO3=, en sulfates SO4= et en
nappes phréatiques quaternaires. Les chlorure Cl-.
échantillons P1, P5 et P6 sont prélevés Les eaux des nappes phréatiques et
dans les sources de Meski et Ain El Ati. des sources montrent des concentrations
En plus du PH, la conductivité électrique, d’éléments chimiques beaucoup plus
des analyses chimique ont pu être faites élevées par rapport aux eaux de surface
sur les eaux de puits et de sources pour (Tableau VII).
Caractéristiques et aspects de dégradation

CE Na Ca K Mg Sr CO3- Cl- SO4=


puits ds/cm mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l

P1 1,94 212,88 135,06 0,66 72,47 3,32

P2 2,23 251,05 129,05 7,19 76,24 3,41

P3 9,86 1115 414 147 291,5 3,98 10,02 71,91 19

P4 10,35 955 535 128,5 347,5 5,1 8,90 77,40 23,5

P5 9,12 1240 325 32,7 226 9,33 4 61,72 19,13

P6 10,66 1140 447 149 321 2,56 11,157 77,79 28

P7 9,29 1780 467 53,9 297 11,1 3,8 67,57 60,48

P8 7,79 1360 339 54,9 205 7,29 2,54 71,72 18,31

P9 11,1 1200 988 129 212 6,35 0 73,38 45,09

P10 11,11 1430 367 42 500 15,75 5,287 75,50 45,5

Tableau VII : Constituant majeurs des sels analysés dans les puits du moyen et bas Ziz

La conductivité électrique
Les valeurs de la conductivité à la dilution des minéraux du fait de la
électrique entrent dans la classe des retenue du barrage.
moyennes à mauvaises. Elles oscillent
entre 1,94 ds/cm à Ain Meski (P1) à 11,11
ds/cm à Ksar Bouzzuela (P 10) dénotant un
gradient croissant amont – aval (Fig. 14).
Ceci s’explique à la fois par un gradient
décroissant de précipitations et une
évaporation plus importante mais aussi
par la diminution des crues qui participent Figure 14 : Evolution de la conductivité des
eaux de puits (ds/cm) de l’amont vers l’aval

La dureté totale
La dureté des eaux souterraines est essentiellement due à la présence du
liée généralement à la nature des roches Calcium et du Magnésium, constituants
sédimentaires traversées et elle est solubles des roches carbonatées en

39
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

particulier des calcaires. Cette propriété de cations Ca2+ et Mg2+ enregistrent dans cet
l'eau est gouvernée par la quantité d'ions du échantillon respectivement 447 mg/l et 321
calcium et du magnésium. Les autres mg/l (Fig. 17). Le maximum de l’ion SO42-
cations ne participent pas à la dureté de est enregistré dans l’échantillon P7, il
l'eau. Les anions qui assurent la neutralité atteint 60,48 mg/l contre seulement 3,8
électrique des cations Ca2+ et Mg2+ sont les mg/l de CO32-. Les cations Ca2+ et Mg2+
ions carbonates et hydrogénocarbonates enregistrent dans cet échantillon
(CO32- et HCO3-) et les ions sulfates SO42-. respectivement 467 mg/l et 297 mg/l.

On constate que le maximum de Ces valeurs montre que la neutralité


l’ion CO32- est enregistré dans des ions calcium et magnésium est loin
l’échantillon P6, il atteint 11,157 mg/l d’être atteinte et la dureté totale de ces
contre seulement 28 mg/l de SO42-. Les eaux est donc très élevée.
Les carbonates
Les teneurs en carbonates sont
faibles et montrent globalement une
tendance à la diminution (Fig. 15). Elles
varient de 0 enregistré à Chiahna (P9) à
11,15 à Ain El Ati. Cela s’explique par
l’éloignement des terrains calcaires et
dolomitiques pour les terrains schisteux
paléozoïques. Figure 15 : Teneurs en carbonates en mg/l
Les chlorures
La chlorosité dans les nappes
quaternaire du Ziz est moyenne; ses
valeurs moyennes varient 61,72 à 75,5
mg/l d'ions Cl- (Fig. 16). Comme
MARGAT (1962) l’a souligné, la
chlorosité des eaux de la région pourrait
bien être liée à la nature des terrains
salifères traversés. Mais l’évaporation,
l’aridité du climat et l’activité humaine
accentuent le degré de la salinité des eaux Figure 16 : Teneurs en chlore en mg/l
de la nappe phréatique
Caractéristiques et aspects de dégradation

Les sels
L’étude de la répartition spatiale de dominant dans les eaux de la nappe, avec
la salinité permet de remarquer que les des teneurs de sodium qui passe d’une
zones aval présentent de très fortes moyenne de 800 mg/l en amont à 1500mg/l
minéralisations (Fig. 17 et 18). Le faciès en aval.
sodique et calcique est le faciès chimique

Sodium (Na)

Calcium (Ca)

Magnésium (Mg)

Potassium (K)

Figure 18 : Répartition de la salinité et


composition en cations des eaux des puits le
Figure 17 : Evolution des éléments majeurs des sels
long de l’oued Ziz
depuis l’amont vers l’aval des eaux des puits en mg/l

41
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Conclusion sur les ressources en eaux


A l’issue de cette analyse, il s‘avère De tels changements dans le mode
que la qualité et la quantité des ressources d’alimentation des oasis en eau se sont
en eaux dans le bassin de l’oued Ziz se accompagnés de bouleversements sociaux :
sont fortement dégradées et la cause est les propriétaires peu fortunés, n’arrivant
liée à la combinaison de facteurs naturels pas à s’équiper de motopompes, voient au
et anthropiques :Une succession d’années contraire s’amenuiser progressivement leur
de sécheresse prolongée, des déséquilibres débit d’irrigation ; le jardinier qui se
provoqués par la construction du barrage permettait d’user de moyens traditionnels
Hassan Addakhil en amont et le sur- (saniya ou aghrour, par exemple), n’est
pompage en aval se sont traduits par la plus à l’abri de la pénurie, puisque son
baisse des niveaux piézométriques des puits, se trouvant placé dans la zone
nappes phréatiques, le tarissement de d’influence d’un puits nouvellement équipé
plusieurs puits et khettaras et l’altération de d’une pompe, enregistre rapidement une
la qualité de l’eau sous l’effet d’une baisse brutale de débit, puis un tarissement
concentration de plus en plus grande en total. Les têtes de khettaras subissent aussi
sels. le même sort lorsque ces motopompes sont
installées à leur amont.
Un autre facteur anthropique
s’ajoute à ceux cités, c’est le tourisme. La Les disparités sociales existantes ne
multiplication des unités hôtelières avec font ainsi que s’accroître à mesure que le
leur consommation excessive en eau pompage devient le mode prépondérant
exerce une pression de plus sur les d’alimentation en eau des oasis.
ressources en eaux et concurrence
Les effets des sécheresses dans le
l’agriculture.
passé n’ont pas abouti à ce désastre
L’impact des changements écologique car les moyens de prélèvement
climatiques et anthropiques sur les de l’eau des nappes souterraines sont
ressources en eau dans la palmeraie de la faibles et n’ont pas causé de déséquilibre.
vallée du Ziz permet de conclure que les Les dernières sécheresses, anormalement
systèmes de gestion et d’exploitations des longues, qui ont affecté la région au cours
ressources en eau, utilisés actuellement, des années 70 et 80 ont engendré avec les
dépassent largement les capacités de ce actions anthropiques inadéquates ce qu'on
milieu ce qui a entrainé le déséquilibre peut qualifier de sécheresse :
écologique actuel de tout le système. météorologique, hydrologique, agricole et
"sociale.
Caractéristiques et aspects de dégradation

Les sols, composant fragile et pilier de l’équilibre du pays du Ziz


Les substrats rocheux sont très Les sols présentent des horizons supérieurs
différents entre le bassin moyen du Ziz et plus fins. Il s’agit d’un sol alluvial qui a été
la plaine de Tafilalet ; ceux du bassin enrichi dans le niveau superficiel en
moyen du Ziz sont des séries calcaires et matière organique montrant une légère
gréseuses du Crétacé et du Tertiaire pédogenèse due à la mise en culture
formant l’armature des Hamadas alors que irriguée de longue date faisant évoluer
la plaine alluviale de Tafilalt est façonnée l’horizon superficiel vers un sol brunifié.
dans un substrat schisteux du primaire. Ces Localement, certaines surfaces sont
substrats fournissent un manteau formées par des sols bruts d’apports, liés
d’altération squelettique car les conditions aux apports latéraux des sédiments
arides du milieu ne permettent pas une grossiers issus des terrains gréseux des
altération et une pédogenèse profonde et hamadas crétacées qui se déposent sur la
les matériaux hétérogènes, particulaires, plaine alluviale du Ziz sous forme de cônes
ameublis très lentement par l’altération de déjection.
sont constamment pris en charge par Plus en aval, la vallée s’élargit et
l’érosion éolienne donnant au paysage un forme la plaine de Tafilalet. Les surfaces
aspect désertique avec des surfaces des sols favorables au développement de la
caillouteuses et des accumulations dunaires mise en valeur agricole sont plus étendues.
limono-sableuses instables et La plaine est large de 15 à 20 km et elle est
biologiquement stériles. longue de 50 km. Les sols de la plaine du
Les sols favorables à l’implantation Tafilalet appartiennent à la classe des sols
des cultures oasiennes se développent sur subdésertiques peu évolués d'apport
des formations d’origine allochtone issues alluvial. L’irrigation depuis plusieurs
de l’amont du bassin. Ce sont les dépôts siècles par épandage des eaux de crue sur
récents et actuels de l’oued formant des les champs et compte tenu de la turbidité
plaines d’inondations de part et d’autre du importante de ces eaux a développé des
cours d’eau. dépôts limoneux qui y atteignent une
Dans la vallée du Ziz, ces plaines puissance de plusieurs mètres.
sont très exigües et se limitent à des bandes Verticalement, ces limons sont assez
larges de quelques centaines de mètre homogènes et riche en calcaire. Certains
maximum de part et d’autre du cours sites ont révélé des sols épais de plus d’un
d’eau. La plaine alluviale étroite est mètre très argileux passant latéralement à
constituée d’une formation meuble sablo- des limons francs. Localement des sols de
limono-argileuse à niveaux caillouteux. teinte foncée sont disposés en aires

43
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

d’extension très limitée reflétant la élevée en surface et une tendance à


présence d’anciennes vasières soulignant l’alcalinisation en profondeur. En dehors
une hydromorphie accrue. des périmètres irrigués, les sols sont peu
Le dépôt des sels sous l’effet de évolués du fait des conditions climatiques
l’évaporation et du rabattement de la nappe sévères.
phréatique se traduit par une salure plus

Les rapports de l’homme et du sol


La densité de la population ressources hydriques superficielles, des
rapportée à la surface agricole utile (SAU) khettaras ou des stations de pompages.
dans les oasis dépasse largement 700 Dans cet espace désertique,
habitants au km2 alors que la densité l’exigüité des sols fertiles impose une
incluant les espaces désertiques ramène optimisation de l’exploitation des
cette valeur à 15 habitants au km2 ressources en sols et en eau. Ainsi la
(Renevot et al. 2009). structure de l’occupation des sols est basée
Bien que les conditions favorables sur une association de culture organisée en
à la vie ne soient réunies que sur des trois strates superposées de végétation : le
surfaces très restreintes, les oasis du Ziz palmier-dattier, les arbres fruitiers et les
offrent des paysages exceptionnellement cultures herbacées fourragères et
riches et variés. Elles possèdent des atouts maraîchères. Cette organisation est
et des potentialités qui ont permis le associée avec un statut foncier particulier.
développement de nombreuses activités La compréhension du processus
humaines telles que l’agriculture, le d’exploitation des eaux et des sols dans la
parcours, le tourisme et l’artisanat. vallée du Ziz et la plaine du Tafilalet
Cependant, ces potentialités se situent impose une analyse détaillée des
dans un contexte environnemental fragile structures environnementales et des types
et contraignant. La rareté de l’eau et des de cultures pour démêler la complexité du
sols agricoles ont amené l’homme à système oasien hérité des ancêtres où
s’ingénier pour pratiquer un système de existent plusieurs modalités de gestion des
production agricole traditionnel durable. parcelles selon l’abondance de l’eau
La structure de l’exploitation des d’irrigation.
sols connait une grande variation quand à L’agriculture se pratique selon le
la densité des cultures. Les finages des potentiel hydrique du fellah. Les terres qui
cultures sont liés au réseau des eaux ne bénéficient que des eaux de crues sont
d’irrigation et à l’abondance des généralement destinées aux cultures
Caractéristiques et aspects de dégradation

céréalières sèches. Sur les terres irriguées plantes, d'une part et augmente l'aération
par les lâchers des eaux du barrage, les des sols, d'autre part.
pompages ou les khettaras, les cultures - La culture sur billons, uniquement en ce
sont plus variées (Fig. 19). qui concerne les cultures d'été avec semis
Le Fellah dans le Tafilalet se heurte sur les flancs, les sels s'accumulent au
depuis plusieurs siècles aux conditions sommet de ces billons.
climatiques qui favorisent la concentration - Le choix des cultures est parfaitement
des sels dans les eaux d'irrigation. Des adapté aux conditions naturelles assez
techniques culturales ont été appliquées particulières, il correspond d'une manière
pour le maintien de la fertilité des sols, on générale aux classifications des plantes en
retient : fonction de leur tolérance en sels.
- Le mode d'irrigation adopté (la Actuellement, L’intensification
submersion), qui est le mode le plus agricole basée sur la monoculture, les
approprié pour le lessivage et la dilution. semences et les variétés végétales
- Les dimensions des propriétés, autour sélectionnées, contribue à
des puits, sont intentionnellement petites, l’appauvrissement de l’agro-biodiversité.
pour tenir compte des débits utilisés, ce Pour devenir compétitifs sur le marché et
qui permet un épandage plus important et pour répondre à la demande en produits
favorise le lessivage des sols. d’une qualité donnée, les agriculteurs
- La densité des palmiers est très élevés et s’orientent vers des productions à haut
pour augmenté les surfaces à l’ombre et rendement et à haute valeur commerciale.
créée ainsi un microclimat plus doux qui L’intensification et l’extension agricoles
protège les sols de l'insolation directe. ont entraîné la multiplication des points de
pompage d’eau et une surexploitation des
- L’apport du fumier (d'autant plus terrains agricoles des palmeraies. Des
important que les eaux d'irrigation sont terrains éloignés des palmeraies sont
plus salées) qui favorise la nutrition des actuellement exploités.

Les types d’occupations des sols


Le palmier dattier, principale charpente de production du système oasien
Le palmier dattier (Phoenix s‘alimenter en quantité suffisante en eau
dactilyfera), est un arbre qui joue un rôle grâce à ses racines profondes. C’est l’un
important sur le plan écologique. Il forme des arbres le plus répandu dans les oasis du
l’ossature des oasis, il a la capacité de Ziz, il constitue 73 % des arbres du

45
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

paysage agraire du Tafilalet. Il contribue à moyens agriculteurs (50 à 100 pieds de


hauteur de 40 à 60% aux revenus des palmier dattier) commercialisent leur
exploitants agricoles (INRA Maroc, juin production après les récoltes dans les souks
1991). avoisinants. Les grands agriculteurs (>100
Dans sa relation avec les autres arbres de palmier dattier) optent pour le
éléments environnementaux, il joue un rôle marché régional et national (Fès, Meknès,
vital pour le maintien de l’équilibre Tanger, Casablanca, Rabat), c’est une
écologique. Grâce à son adaptation aux clientèle constituée de grossistes. A noter
conditions climatiques défavorables, sa que les transactions sont plus importantes
tolérance d’une évapotranspiration au mois de novembre, et que pratiquement
importante et des températures élevées, sa toutes les dattes produites sont vendues.
présence au niveau supérieur contribue à En général, la vente des dattes se
créer un microclimat local qui adoucit les fait sur pieds, les principales causes se
conditions pour les autres cultures des résument, selon une enquête (1996)
strates inférieures. réalisée par l’ORMVA/TF :
Des études ont montré une relation - A la faiblesse de la trésorerie chez la
étroite entre la densité du palmier-dattier et majorité des agriculteurs ;
les besoins en eau des autres cultures. - A l’inexistence de l’infrastructure de
Ainsi sur le même parallèle (30° nord), la stockage et de conditionnement ;
consommation d’eau d’un hectare de
luzerne sans couverture de palmier peut - Au financement des activités agricoles ;
atteindre 16450 m3/an alors que sous une - Au coût de la main d’œuvre.
couverture de 120 palmier-dattiers, Le palmier dattier fournit une
l’hectare, la luzerne n’a besoin que de 8225 multitude de sous produit à usage
m3/an pour obtenir le même rendement domestique ou agricole:
(Toulain in Mayoussi 2002).
- Le bois (charpente, menuiserie,
Le palmier dattier joue aussi un rôle constructions diverses et pour le feu) est
important sur le plan économique de la estimé de 30 à 40 kg/an par arbre
région. La production de dattes constitue
30% du produit agricole brute de la - Les palmes sont utilisées pour la
province d’Errachidia. Les dattes fabrication des clôtures nécessaires à la
constituent des aliments très appréciés. La lutte contre l’ensablement, tandis que les
commercialisation des dattes chez les petits folioles constituent des fournitures de la
agriculteurs (< 50 pieds du palmier dattier) sparterie de la vannerie et de la corderie.
se base sur le mode de vente sur pieds. Les
Caractéristiques et aspects de dégradation

- Les noyaux de dattes servent à - La maladie du bayoud et pourritures des


l’alimentation du bétail inflorescences dans toutes les régions ;
Le développement de cet arbre - Les dégâts des parasites (Cochenille
providence se trouve confronté à plusieurs blanche et la pyrale…) ;
contraintes notamment : - L’ensablement dans la région d’Erfoud.
- Les sécheresses accentuées surtout dans
la région d’Erfoud ;

Les arbres fruitiers


Sous l’étage supérieur du palmier former une oasis d’oliviers alors que vers
dattier croissent les arbres fruitiers : des l’aval les arbres fruitiers devient moins
grenadiers, des amandiers et des figuiers abondantes pour laisser la place presque
mais les plus importants de ces arbres sont exclusivement au palmiers dattiers.
les oliviers dont l’abondance augmente L’oasis n’est presque plus composée que
progressivement vers l’amont de la vallée de deux strates.
au détriment du palmier dattier pour
L’olivier
L’olivier vient au deuxième rang un effectif de 205.400 pieds et une
après le palmier dattier, il joue un rôle production moyenne annuelle de l’ordre
primordial dans le système de production. de 5.775 T d’olives. Au niveau du site
Cette culture a fait l’objet d’une attention d’Aoufous l’olivier vient en deuxième
particulière de la part des agriculteurs du position après le palmier dattier avec un
fait que l’huile d’olive constitue la source effectif total de 115.400 pieds et une
alimentaire principale en matière grasse. production annuelle de 2.308T d’olives.
Dans les sites d’Errachidia et d’Aoufous, Par ailleurs, cette espèce ne représente que
l’olivier représente l’espèce arboricole la 12% de l’effectif total des espèces
plus répandue par rapport aux autres zones fruitières existantes dans le site d’Erfoud,
(Erfoud, Errissani). En effet, l’olivier soit 23.000 pieds avec une production
occupe le premier rang en comparaison annuelle de 437 Tonnes (Equipe ICRA-
avec les autres espèces fruitières Montpellier / Maroc avril-juillet 2002).
existantes dans le site d’Errachidia, avec

47
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Figure 19 : Carte d’occupation des sols dans la vallée du Ziz


Caractéristiques et aspects de dégradation

Malgré l’importance économique - L’état avancé du vieillissement des


de cette culture pour les agriculteurs, les arbres ;
anciennes oliveraies existant dans ces - Le dessèchement partiel des oliviers
sites, présentent des plantations suite à la sécheresse prolongée ;
anarchiques avec des arbres âgés dominés
par la (Picholine Marocaine), et que les - La manque d’entretien entraînant un
soins d’entretien accordés à l’olivier vieillissement précoce ;
restent traditionnels. L’olivier dans cette - Le matériel végétal limité en grande
région connaît des problèmes d’ordre partie à la Picholine marocaine ;
technique, économique, et écologique qui - Le mode de conduite traditionnelle ;
menacent son développement et son
maintien. L’étude du diagnostic sur la - La récolte et la trituration traditionnelle
conservation oléicole, réalisée part en liaison avec la qualité de l’huile
l’ORMVA/TF, a relaté les contraintes d’olives.
suivantes :
Les autres espèces fruitières :
Les espèces autres que l’olivier Errachidia avec une production moyenne
sont assez diversifiées et sont annuelle de 80 Tonnes, et 4% du
généralement destinées à peuplement à Aoufous. A Erfoud, ces
l’autoconsommation. On trouve espèces fruitières ne représentent que 2%
essentiellement le figuier, le prunier et la du peuplement arboricole avec une
vigne. Ces espèces représentent 7% à production d’environ 54 Tonnes (Fig. 20).

Figure. 20 : Répartition de l’arboriculture fruitière dans la zone d’étude (Source ICRA 2002)

49
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Les cultures basses

La troisième strate est composée de On y fait pousser des carottes, des navets,
cultures annuelles et saisonnières. Elles se des tomates, des oignons et des fèves.
pratiquent à l’ombre des arbres sur de Les légumineuses sont constituées
petites parcelles, périodiquement irriguées principalement par la fève, occupant
par submersion. Ces cultures céréalières, seulement 2% de la SAU totale (prés de
fourragères ou maraichères couvrent la 125hectares). A Erfoud avec une
plus grande surface irriguée (Fig. 21). production annuelle moyenne de 1455T en
Les cultures céréalières constituent sec. Par contre dans les autres sites, les
les cultures qui se pratiquent emblavements sont relativement plus
essentiellement dans les zones irriguées importants, ils sont de 500 hectares
par les eaux de crues. Le blé tendre ou environ soit 15% de la SAU à Aoufous
dur, de l’orge sont les principales céréales (6000 T de production) (ORMVA/TF,
cultivés. Erfoud vient en premier rang en 1996).
matière de production des céréales, Les cultures fourragères sont
occupant 5020 hectares et y représentent constituées essentiellement par la luzerne
78% de la SAU totale. Dans les autres (Médicago sativa), les sites d’Errachidia et
sites d’Errachidia et Aoufous les d’Aoufous se distinguent des autres sites
superficies consacrées aux céréales sont par l’importance accordée à cette culture.
respectivement de l’ordre de 1900 ha et En effet, elles occupent 1150 hectares soit
1550 hectares, représentant en proportion 48% de la SAU total au niveau d’Aoufous,
57,3% de la SAU et une production et 1100 hectares soit 33% de la SAU à
annuelle moyenne de 4.627T à Errachidia, Errachidia avec une production annuelle
et 48% de la SAU avec une production de moyenne de 99.000T en vert. Par ailleurs,
3.039T à Aoufous (ORMVA/TF, 1996). à Erfoud les superficies atteignent 400
Les cultures maraichères sont hectares, soit 6% de la SAU.
destinées essentiellement à Les surfaces des cultures
l’autoconsommation familiale, elles ne maraichères et fourragères nécessitant
représentent qu’en moyenne que 4% de la beaucoup d’eau reste très faibles par
SAU avec une production de 318 tonnes à rapport aux cultures céréalières. Un
Aoufous et 4600 tonnes à Erfoud. Ces assolement est pratiqué selon l’abondance
cultures sont particulièrement prisées des ressources hydriques, ainsi les types
lorsque les quantités d’eau le permettent. de cultures diffèrent spatialement et dans
Caractéristiques et aspects de dégradation

le temps car les assolements diffèrent et Céréales - Céréales


aussi suivant la pluviosité de l’année.
L’abondance de l’eau dans la partie
Les principales rotations amont de l’oued Ziz par rapport à la partie
rencontrées dans la vallée du Ziz sont : aval et où des surfaces irriguées sont plus
exigües fait que dans cette zone ces
En amont: Céréales - Légumineuses; cultures sont plus variées que dans la
Céréales - Jachères ; Céréales - plaine du Tafilalet ou les ressources
Maraîchage hydriques sont très insuffisantes et ou les
En aval : Céréales - Jachères ; Céréales - cultures herbacées dominantes sont les
Maraîchage ; Légumineuses – Maraîchage cultures céréalières.

Figure. 21 : Répartition des cultures basses dans la zone d’étude (Source ICRA 2002)

L’élevage

L’élevage représente une famille est constitué en général d’une


composante essentielle dans l’activité vache ou deux et quelque dizaines de
agricole oasienne sous forme d’un élevage moutons d’une race adaptée aux
extensif d’ovins, de caprins et de camelins conditions du milieu et bien intégrée avec
ou intensif de bovins et d’ovins de race. les composantes du système oasien.
L’exigüité des terres agricoles fait que L’élevage s’intègre de façon particulière
l’élevage n’est qu’un élevage de dans l’économie oasienne en fournissant
subsistance pratiqué dans des étables de la viande, de la laine et du fumier pour
familiales privées. Le troupeau de chaque la fertilisation des sols.

51
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

L’élevage ovin :
Les ovins sont constitués 8.200 à Erfoud et 16.000 têtes à Errachidia,
principalement par la race D’Man connue plus de 16420 têtes à Aoufous
par sa haute prolificité et son aptitude au (ORMVA/TF, 96).
double agnelage. Cette race compte plus de
L’élevage bovin :
L’élevage bovin dans ces régions sein de l’exploitation. Les agriculteurs
est un élevage à double fin : production de pratiquent l’insémination artificielle par
viande et de lait. L’effectif total des les vétérinaires.
bovins recensés au cours de la campagne L’alimentation du bétail est basée
1995/1996 (ORMVA/TF, 96) s’élève à essentiellement sur la luzerne (en vert et
1900 têtes dans la région d’Errachidia. Au en foin) qui est la première ressource
niveau Aoufous et Erfoud on compte fourragère disponible au niveau de ces
respectivement 1188 et 550 têtes. Les sites. A coté de la luzerne, on trouve
bovins sont constitués principalement par l’orge et la paille. En plus, les agriculteurs
la race locale peu productive et rustique, et utilisent les aliments concentrés
des animaux de la race Pie-Noire et notamment la pulpe sèche de Betterave,
d’autres. La production du lait dans ces l’orge grain et les déchets des dattes.
régions présente l’avantage d’être répartie L’élevage dans ces régions est conduit
sur une grande partie de l’année et d’une façon traditionnelle et souvent
d’assurer les besoins de confronté à des problèmes sanitaires tels
l’autoconsommation familiale et que, les maladies infectieuses (Clavelée)
contribuer au revenu des agriculteurs. et parasitaires (La gale et les poux) et des
Contrairement aux ovins, les bovins maladies d’origines alimentaires
ont l’inconvénient de demander une (Diarrhées, météorisation), ceci, en plus
alimentation par tête souvent supérieure des problèmes liés à la consanguinité.
aux ressources fourragères disponibles au
L’élevage caprin et camelin
L’élevage caprin et camelin 200000 têtes de caprins et 4200 tête de
constitue une source non négligeables de dromadaires dans la zone d’action de
viande rouge avec un cheptel qui atteint l’ORMVAT
Caractéristiques et aspects de dégradation

Caractéristiques des sols et aspects de dégradation


En 199, Guemimi A. a réalisé une - Les sols peu affectés par la salure, moins
carte au 1/20.000 des sols de la plaine de de 1,5 g/kg, représentent 38,2%,
Tafilalet et une étude sur les - Les sols pouvant être facilement lessivés
caractéristiques physico-chimiques des et lavés de leurs sels par les lâchers d'eau à
sols où il montre l'évolution de leur salure partir du barrage Hassan Addakhil,
dans le temps. Les principaux résultats de représentent 44%,
cette étude sont :
- Les sols alcalinisés et salés à lessivage
Les sols de la plaine de Tafilalet délicats représentent 10,2%
sont constitués par des 'horizons en
nombre variable, mais généralement peu - Les sols fortement alcalinisés et salés et
différenciés. La texture de ces sols est en abandonnés représentent 7,6%
majorité limono-sableuse avec des Les sols affectés par la salinité et
horizons à texture fine, très compacte l’alcalinisation représentent donc 18% du
généralement en profondeur. La porosité potentiel irrigable
naturelle des sols est faible mais la Afin d’évaluer la situation actuelle
perméabilité est favorisée par le de la dégradation et de la désertification
développement des systèmes racinaires en de l’écosystème oasien et d’établir le
particulier des palmiers et de la luzerne. diagnostic des sols en analysant les
En profondeur la porosité diminue en caractéristiques physico-chimique des
raison du tassement provoqué par les sols. Une campagne d’échantillonnage a
apports de doses massives d'eau de crue été effectuée de l’amont vers l’aval et de
lors des irrigations. part et d’autre du cours d’eau selon des
De même, la méthode d'irrigation transects latéraux (Fig. 22 et 23) pour
utilisée, accentue les effets de l'infiltration suivre l’état des sols de l’amont vers l’aval
et donne aux sols une structure favorisant et transversalement et parfois en
leur salinisation puisqu'elle facilite les profondeur sur 30 cm pour (échantillons
remontées de la solution du sol par entourés : fig. 23) pour détecter des
évaporation et par conséquent la formation processus verticaux.
d'une croûte saline en surface. Las analyses effectuées ont porté
Les études de Guemimi (1991) sur sur la granulométrie des sols, la
la salinité et le drainage des eaux salés conductivité électrique, le taux du gypse et
dans la plaine de Tafilalet ont permis de des carbonates ainsi que les nutriments des
distinguer : végétaux (l'azote (N), le phosphore (P), le

53
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

potassium (K), le carbone (C)), et les constitue le stade ultime de la


cations majeurs. Une étude désertification a été entreprise.
complémentaire sur l’ensablement qui

1. TA : Taourirt 2. KJ : Ksar Jdid Figure 23 : situations des échantillons des


3. D : Douira 4. MA : Maadid différents transects par rapport au lit du Ziz 
5. CH : Chiahna 6. ME : Meharza
7. I : Irara
Figures 22 : Situations des transects

Evolution verticale des sols


Le remaniement annuel des sols par profondeur (25 – 30 cm) sur certains
le labour sur une profondeur de 15 – 20 échantillons seront passés en revue à titre
cm ne permet pas de tirer des conclusions indicatif et permettront de voir les
quant à l’évolution pédogénétique. Les différences dans la couche labouré et
résultats des analyses effectuées en l’horizon juste en dessous.
Caractéristiques et aspects de dégradation

Granularité :
De point de vue granulométrique rapport aux argiles et aux limons vers 10-
(Fig 25), Les différents sols montrent ont 15 cm de profondeur. Ce niveau est plus
une composition limono-sablo-argileuse prononcé sur la rive gauche que sur la rive
avec une moyenne de 46% de limons, droite et il est plus profond près de cours
38% de sable et 16% d’argiles. d’eau que loin. Le profil prélevé à Taourirt
Tous les profils de Ksar jdid, montre un niveau, plutôt, plus riche en
montrent un horizon riche en sables par limon.

Figure 25 : Evolution des fractions granulométriques de quelques profils du sol de la vallée du Ziz
 

55
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Matière organique
Les sols des palmeraies du Ziz sont sol et plus l'humus obtenu est instable. Le
insuffisamment pourvus en matière rapport C/N varie de 10 à 15 pour un
organique. Sa teneur varie entre 0,5 et humus de type mull de 15 à 25 pour le
2,5% et elle montre dans la majorité des moder et de 25 à 30 pour le mor.
sols un enrichissement en haut du profil Le rapport C/N de Ziz indique
(Fig. 24). seulement quelques sols de la vallée de
Le rapport carbone sur azote (C/N) l’oued montre une évolution de la matière
est un indicateur qui permet de juger du organique vers un humus de faible qualité
degré d'évolution de la matière organique, probablement de type "mor". Dans les
son aptitude à se décomposer plus ou autres sols, la matière organique n'évolue
moins rapidement dans le sol. Il est pratiquement pas du fait de la sécheresse
couramment admis que, plus le rapport prolongée des sols. Les feuilles se
C/N d'une matière organique est élevé, dessèchent, l’humus est de type
plus elle se décompose lentement dans le "xéromoder".

Figure 24 : Evolution de la matière organique et du rapport C/N en profondeur

Eléments nutritifs
La fertilité est habituellement vue plantes. Le capital d'éléments nutritifs
en tant qu'équivalent de la capacité du sol majeurs (macronutriments) se compose
à fournir des éléments nutritifs aux
Caractéristiques et aspects de dégradation

d'azote(N), de phosphore (P2O5), de palmerais du Ziz, ces éléments nutritifs


potassium (K) et de carbone C). montrent tous une diminution depuis la
surface avec une teneur moyenne
L’échantillonnage des sols a été
d’environ 10 mg/100g de phosphores, 12
effectué en été après les moissons pour
g/kg de potassium et respectivement de
caractériser les sols après la dernière
0.1 et 10 g/kg d’azote et de carbone
compagne agricole et minimiser les
(Fig.26)
quantités des éléments nutritifs apportés
par les fumures. Dans les sols des

Figure 26 : Evolution en profondeur des proportions en éléments nutritifs

57
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Evolution des sols le long de la vallée


Granularité

Dans la région de Taourirt, les sols textures à 15 classes, le sol passe d’une
de la plaine inondable du Ziz sont limono- texture limono- sableuse vers une texture
sableux (40 % sable, 50% de limons et 10 limono-argileuse (Fig.28). Il devient donc
% d’argile). Depuis ce point jusqu'à Irara de plus en plus fin vers l’aval ce qui
au sud d’Errissani, la fraction sableuse concorde avec la morphologie de la vallée
diminue progressivement jusqu'à plus large et la pente moins forte plus on
atteindre 10% contre une augmentation s’éloigne du versant sud du Haut Atlas.
des fractions argileuse et limoneuse qui L’écoulement de l’oued devient moins
représentent respectivement à Irara 24 et énergique et la compétence des eaux plus
66% (Fig. 27). Selon le triangle des faible sur la plaine d’inondation. Les
fractions fines déposées dominent.

Figure 27 : Evolution de la granulométrie des sols le long de la vallée du Ziz

Si les sols en amont ont une texture peu perméables et mal aérés forment
relativement équilibrée. Permettant une obstacle à la pénétration des racines d’où
plus grande diversité de culture, en aval la la quasi-disparition de l’arboriculture
prédominance des fractions fines est plutôt fruitières en aval autre que le palmier
défavorable aux cultures. Les sols sont dattier. Ces conditions expliquent aussi
Caractéristiques et aspects de dégradation

l’apparition dans la région d’Errisani de prolongée de l’humidité interne par les


sols montrant localement des taches particules argilo-limoneuses.
d’hydromorphie liée à une rétention plus

Figure 28 : Evolution amont – aval de la texture des sols de l’oued Ziz

Eléments nutritifs

L’évolution des teneurs des sols en part les phosphates abondants dans les
éléments nutritifs (Carbone, potassium, zones de Taourirt et Ksar Jdid en amont
phosphates et azote) de l’amont vers l’aval chutent pour des valeurs très faibles sur le
ne montre pas d’évolution particulière à reste de la zone d’étude (Fig. 29).

Figure 29 : Evolution des teneurs moyenne en éléments nutritifs des sols


du pays du Ziz d’amont en aval

59
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Les sels
En de nombreux endroit du pays du L'eau joue un rôle par le transport
Ziz, surtout à partir de la localité de des sels à travers les horizons du sol, au
Maadid que les teneurs en sels deviennent cours des irrigations par des eaux salées
traumatisantes. Les concentrations en provenant des résurgences d’eau salées
sodium sont très élevées (Fig. 30) et comme Ain El Ati, et joue aussi un rôle
peuvent conduisent à la formation de chimique par sa concentration en sels qui
croûtes de sels. varie sous les effets de l'évaporation.
Les deux facteurs principaux qui Les sols ont une faible perméabilité
interviennent dans le processus de mais qui permet l’évaporation d’une partie
formation des sols salés sont le climat et des eaux d’irrigation et la concentration en
l'eau. Le climat du pays du Ziz, comme sels avant son infiltration. L’infiltration est
décrit plus haut, se caractérise par une très favorisée par le développement du
forte évaporation qui diminue les quantités système racinaire en particulier des
d'eau disponibles et accroît la palmiers et de la luzerne. La méthode
concentration en sels des eaux. d'irrigation utilisée, accentue les effets de
L'évaporation est favorisée par des l'infiltration et donne aux sols une
températures très élevées, une forte structure favorisant leur salinisation
insolation, une pluviométrie faible et mal puisqu'elle facilite les remontées de la
répartie, des degrés hygrométriques de solution du sol par évaporation et par
l'air très faibles, des vents fréquents, conséquent la formation d'une croûte
violents et desséchants, saline en surface.
La conductivité électrique

La mesure de la conductivité mesurées montrent des variations de


électrique donne une idée sur la l’amont vers l’aval, elles augmentent
concentration en cations libres ou retenus depuis 0,26 dS/m à Taourirt pour atteindre
sur la surface des complexes argilo- 15 dS/m à l’ouest de Maadid. Elle diminue
humiques dans un sol car chaque ion agit ensuite à 2.38 dS/m au niveau de Meharza
par sa concentration et sa conductivité pour remonter de nouveau au niveau
spécifique. Les valeurs moyennes d’Irara à 5,74 (Fig. 30).
Caractéristiques et aspects de dégradation

Figure 30 : Evolution de la conductivité électrique et des cations majeurs des sels dans les sols du pays

principale responsable de la salinité des


Pour les cations majeurs, les sols. Sa teneur est très élevée au niveau
variations spatiales des teneurs du de Maadid et à l’est d’Irara on observe à
magnésium, potassium et calcium l’ouest de cette localité des sols très salés
n’influent pas sur la conductivité avec des croûtes de sels par endroits La
électrique, seul l’évolution du sodium répartition des sols en fonction de la
montre une similitude dans la l’évolution conductivité électrique est presque
spatiale avec celle de la conductivité semblable à celle en fonction des teneurs
électrique ce qui montre que c’est bien en sodium (Fig. 31 et 32).
cette élément chimique qui est le

61
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Taourirt

Ksar Jdid

Douira

Oued Ziz
Maadid CE < 1.5
1,5 < CE < 5
Chiahna

Oued Ziz
CE > 3
Meharza

Irara

Figure 31 : Evolution de la conductivité électrique en dS/m dans les transects du pays du Ziz

Taourirt

Ksar Jdid

Douira
Oued Ziz

Maadid Na < 5
5 < Na < 7
Chiahna
Na > 7
Meharza

Irara

Figure 31 : Evolution des teneurs en sodium en g/kg dans les transects du pays du Ziz
Caractéristiques et aspects de dégradation

Conclusion sur les sols


En guise de conclusion sur les sols, que la fertilisation des différentes cultures,
une combinaison de facteurs naturels et les travaux du sol et le traitement
anthropiques a été à l’origine du phytosanitaire contre les maladies et
déséquilibre écologique actuel du système ravageurs des cultures.
oasien du pays du Ziz qui se matérialise - La reconversion des populations vers des
par une dégradation inexorable des secteurs plus rémunérateurs a laissé le
ressources en sols. palmier dattier à son sort sans soins
- Le climat chaud et sec accompagné particuliers (MAMVA, 1997).
d’une succession d’années de sécheresse - La baisse des niveaux piézométriques
prolongée, des nappes phréatiques et l’altération de la
- Les déséquilibres provoqués par la qualité de l’eau sous l’effet d’une
construction du barrage Hassan Addakhil concentration plus grande en sels.
en amont qui a provoqué l’arrêt de Les sols de la plaine de Tafilalet
l’alimentation des sols en limons souffrent du phénomène de salinité. La
fertilisant et la diminution de la recharge forte minéralisation des eaux du sol exerce
des nappes par les eaux de crues et le sur- une influence défavorable sur la
pompage en aval. production agricole et exige des mesures
- La régression des palmeraies agro-techniques spéciales. Les végétaux
principalement due l’action néfaste de absorbent les ions en excédent et subissent
beaucoup de maladies et ravageurs dont des perturbations dans leur métabolisme.
les plus importants sont le Bayoud, la La forte concentration en sel
pourriture des inflorescences et la particulièrement près des racines provoque
cochenille blanche. leur cristallisation ce qui empêche l’eau et
- Régression des luzernières due à la l’air de circuler librement dans le sol et
pénurie des eaux d’irrigation, à la empêche l’approvisionnement en
sensibilité des variétés introduites, à substances nutritives. Les conditions
l’inexistence des moyens de lutte contre deviennent désastreuses pour les végétaux
de nouvelles maladies apparues sur la et conduisent à leur disparition puis à
luzerne. l’exposition du sol, dépourvu de sa
couverture végétale, à l’érosion éolienne.
- Faible niveau de technicité des
agriculteurs et non maîtrise de certaines L’ensemble de ces facteurs contribue
techniques culturales appropriées, telles dans la tendance vers la désertification

63
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Croûtes de sel à la surface d’une parcelle Plantes halophiles envahissant les sols salés

Cours du Ziz avec les limons alluviaux Irrigation par submersion des parcelles

0,5 km 

Photo de gauche : palmiers dattiers, oliviers et luzernes. Photo de droite culture sur les bords du Ziz puis
sur son affluent oued Bou Tizgharine ensuite les plantations irrigué exclusivement par les pompes
Caractéristiques et aspects de dégradation

L’ENSABLEMENT, STADE ULTIME DE LA


DESERTIFICATION DANS LE PAYS DU ZIZ

65
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

L’ensablement Stade ultime de la désertification de la vallée du Ziz


L’ensablement est le phénomène de le Sahara accentuent l’aridification du pays
la désertification le plus spectaculaire et le du Ziz surtout en aval.
plus menaçant pour les oasis du pays du Les formes de relief plissées ou
Ziz. Ce phénomène ne date pas monoclinales, engendrent une multitude de
d’aujourd’hui mais bien au contraire couloirs et de dépressions « foums » qui
depuis des millénaires. Il constitue la favorisent les circulations éoliennes dont
forme la plus visible de la désertification l’activité morphogénétique est importante.
sur le terrain qui est matérialisée par
l’avancée du sable. Le réseau hydrographique, avec les
dépressions longitudinales grossièrement
Considéré comme la phase ultime du nord – sud qu’il engendre serait pour
processus de dégradation physique et beaucoup responsable de l'importance des
biologique du milieu, le phénomène accumulations sableuses dans cette région.
d’ensablement est une conséquence de la
sévérité des conditions climatiques et des La nature des formations
pratiques inadéquates des activités lithologiques du pays du Ziz sont très
anthropiques. diversifiées et répondent différemment aux
processus érosifs, suivant leur nature
Dans le pays du Ziz, le phénomène de minéralogique.
désertification en général et d’ensablement
en particulier affecte de grandes étendues. Les formations continentales
Il est en relation avec l’aridité du climat, (conglomérats, sables, limons, argiles)
les cycles de sécheresse de plus en plus constituent un énorme stock de matériel
longs, la pauvreté des sols et leur potentiellement mobilisable par le vent et
vulnérabilité à l’érosion et à la précarité les eaux de crue.
des conditions de vie des populations dont Les sols limoneux, en général peu
les moyens ne permettent pas une lutte évolués et souvent pierreux ou salins. Ils
efficace contre ce phénomène sont en outre, desséchés en surface durant
Les causes de l’ensablement ont deux de longs mois et n'ont plus de couverture
origines ; naturelle et anthropique : végétale protectrice. Ils sont donc souvent
le siège par excellence de l'érosion
Les reliefs du Haut Atlas constituent hydrique et éolienne.
une barrière naturelle face à la pénétration
des masses d'air océanique. Leur Les sécheresses qui se sont succédé
disposition et l'ouverture de ces régions sur dans cette région, sont caractérisées par
leurs durées anormalement longues. Elles

67
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

sont de type météorologique, hydrologique, populations rurales les pousse à


et agricole. surexploiter les ressources naturelles pour
Les pluies sont de faibles importance satisfaire leurs besoins croissants, ce qui
mais souvent concentrées dans le temps et amplifie davantage la dégradation des
l’espace sont à caractère orageux très milieux et accentue les actions éoliennes
agressifs vis-à-vis des sols fragilisant les traumatisantes.
sols et accentuant ainsi l’effet du vent. Les superficies irriguées par rapport à
Les températures moyennes la surface totale ont considérablement
annuelles sont très élevées, de l'ordre de diminué. La pénurie ou le manque d’eau
20°C et sont caractérisées par des contraint le fellah à abandonner leurs
amplitudes annuelles et journalières très parcelles qui laissées sans entretient se
fortes (respectivement de 50°C et 20°C). transforment rapidement en déserts soumis
L’'évaporation potentielle s'élève à 2.500 à la dynamique éolienne.
mm/an, Les effectifs des ovins, bovins,
Tous ces paramètres favorisent caprins et camelins constituent de plus en
l’action dynamique du vent qui va façonner plus une charge relativement élevée qui
de grandes surfaces du bassin du Ziz en s'exerce sur ces écosystèmes de plus en
modelé désertique. plus dégradés. La demande du bétail d’une
alimentation qui dépasse souvent les
Les problèmes environnementaux que ressources fourragères disponibles au sein
connait actuellement le pays du Ziz sont en de l’exploitation, d’où un surpâturage est
grande partie dus à la pression exercée par généralement observé dans différentes
les activités de l'Homme sur les ressources zones de la zone d’étude.
naturelles, pour subvenir aux besoins
croissants des populations en constant Les actions inadéquates humaines
accroissement et aux mutations sociales et sont largement volontaires, parfois liées à
économiques qui en découlent. l’ignorance et souvent déterminées par
l’accroissement des besoins dans un
Au cours des trois dernières contexte d’évolution technologique
décennies, la population de ces régions a insuffisant et d’absence de règles d’accès
connu des taux accroissements élevés ce aux ressources (Cornet, 2002) D’autres
qui a conduit à une surexploitation non auteurs y ont ajoutés l’utilisation des
contrôlée du milieu et à des pratiques ressources ne prenant pas en compte les
agricoles inadaptées, qui ne laissent pas de fluctuations climatiques (Mainguet et
possibilités de régénération du milieu. La Dumay, 2006).
précarité des conditions de vie des
Caractéristiques et aspects de dégradation

L'érosion éolienne devient plus tapis végétal sur les couvertures sableuses
traumatisante lorsque la couverture ou sur les dunes.
végétale est dégradée, la structure du sol L’ensablement menace donc
détruite par le piétinement animal ou le sérieusement le bien être de l’Homme, il
travail du sol, par le vannage éolien ou le s’avère nécessaire de mieux comprendre
lavage hydrique. Lorsque les pressions les causes et les conséquences de ce
dues à l'occupation autour des points d'eau, phénomène. Quels sont les moyens et les
le long des pistes ou dans les anneaux de efforts utilisés jusqu’ici pour la lutte ?
culture autour des villages endommagent le Quels en sont les résultats ?

Le Vent, principal agent d’ensablement


Le vent est un agent d’érosion de infrastructures. Ces vents correspondent
transport et de formation des dunes. C’est aux vents efficaces, capables d'éroder le
une masse d'air en mouvement selon une sol, de transporter les particules et causer
composante horizontale qui s'écoule des l’ensablement quand ils se délestent de leur
hautes pressions vers les basses. Il charge de sable. Les résultats obtenus et
commence à soulever les particules du sol disponibles (Kabiri et al. 2003 ; Kabiri,
et provoque leur migration à partir d'une 2004, 2005, 2006) dans cette région
vitesse comprise entre 4 et 6 m/s indiquent l’existence des vents de toutes
(Mainguet et Chemin, 1979 ; Rapport directions. Ce sont les vents du sud-ouest
AUPELF-AUF-UREF, 1998 ; Ben vers le nord-est (vents dits Saheli) qui
mohammadi et al. 2000 ; Kabiri, 2003, dominent suivi des vents qui soufflent du
2004, 2005, 2006). A partir de ce seuil, on nord-est vers le sud-ouest (dit chergui). Les
dit que le vent est efficace. vents qui soufflent du sud-est vers le nord-
Les vents sont de deux types : ouest sont non négligeables (figure 32)
Dans certaines zones, on retrouve les trois
- Les vents dominants : qui directions du vent comme c’est le cas dans
correspondent à des vents fréquents qui certaines localités comme à Yerdi comme
peuvent être sans danger. en témoigne les dunes pyramidales
- Les vents dangereux : qui peuvent « ghourdes » bien visibles dans ce site et
ne pas être fréquents mais constituent un aussi à Merzouga
danger pour les palmeraies et les

69
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
40

35

30

25

20

15

10

0
N-S NE/SW E-W SE/NW S/N SW/NE W/E NW/SE

2001 2002 2003

Figure 32 : Fréquence des directions dominantes des vents

Le Vent, agent d’érosion


L'analyse des états de surface des particulier) transportés par le vent. C'est
sols et des formations superficielles dans un phénomène d'abrasion ici par le vent.
le sud-est marocain a montré que l'érosion La surface des roches est alors luisante et
éolienne agit principalement par : i) présente un aspect gras, mais mate au
Déflation directe des substrats meubles : microscope.
sols sableux ou sablo-limoneux, dépôts Sur des roches dont les couches
alluviaux, dépressions hydro-éoliennes, ii) sont de dureté différente il y a une érosion
Vannage de la fraction fine des sables différentielle pouvant produire des
dunaires et fluviatiles. alvéoles, trous, cannelures et roches en
Une aire de départ (ou aire source) champignon.
est un secteur de déflation où prédominent Sur certaines roches nues, la
les processus d’érosion éolienne et corrasion est à l’origine des kaluts (mot
d’exportation de particules. La déflation d’origine iranien). Ce sont des figures
(balayage par le vent) est un processus d’érosion des roches par l’usure. C’est un
éolien d’érosion qui affecte les sédiments système de crêtes et de dépressions
meubles sous climats aride. Les particules parallèles creusés dans une roche
fines (limon, sable,…) sont arrachées par cohérente par le vent chargé en grains de
le vent, on parle aussi de vannage éolien. quartz.
La corrasion est le façonnage de
roches par des grains de sables (quartz en
Caractéristiques et aspects de dégradation

Pressions exercées par le bétail sur le milieu

      

Exemples de trace de l’érosion éolienne (ennoyage des palmeraies et respectivement corrosion et


déchaussement des végétaux)

71
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

En milieu alluviaux et caillouteux - le déchaussement de plantes ;


la corrasion est à l’origine des dreikanters - l’usure des stipes des palmiers
(mot d’origine allemande). Ici, le vent dattiers
emporte la matrice sableuse en laissant des
galets façonnés en dreikanters. - le déchaussement des végétaux

Le dreikanter est un caillou façonné - les figures de transport qui sont


en forme de pyramide, généralement à sous forme de poche de sable sur les
trois faces avec une base plate, des arrêtes versants ou d'ennoyage dans de petites
adoucies et une surface dépolie que l’on depressiosns topographiques ;
rencontre à la surface des déserts - les traînées de déflation, en
(Mainguet et Dumay, 2006). . général en clair sur les photos aériennes,
L'érosion éolienne se manifeste groupées par 2 ou 3 et souvent parallèles ;
dans la vallée de Ziz par la mise à nu des - les stries de corrosion (sculpture
substrats sur certaines zones, la formation éolienne) qui peuvent se matérialiser par
de regs et la multiplication des aires de des systèmes crêtes-couloirs ou des traces
dépôts ou d'envahissement sableux sous rectilignes sur roches patinées;
forme de dunes mobiles Les traces de - les traces de corrosion éolienne
l'érosion éolienne sont visibles que ce soit qui sculptent en yarding les quelques
sur le terrain ou dans les photographies banquettes résiduelles des terrasses
aériennes. On peut citer : soltaniennes, et holocènes ;
- les griffures millimétriques à - les figures de transport du sable
centimétriques qui jalonnent les surfaces sous forme d'édifices ou figures
des sols ; d'accumulation.
Le vent, agent de transport
Sous l'action d'un vent efficace dont la granulométrie des grains et de la vitesse
la vitesse est supérieure ou égale à 4.5 du vent.
m/s, le sable est mis en mouvement par - La saltation : C'est le déplacement
grains ou en masse. des grains par sauts. Le diamètre des
Par grains, le mouvement du sable particules soumises à ce régime varie de
se fait individuellement par saltation, 0,5 à 1,1 mm. La majorité des grains qui
reptation ou par suspension. Ces modes de se déplacent par saltation ne dépassent pas
déplacement sont fonction de la densité et des sauts d’un mètre de hauteur.
Caractéristiques et aspects de dégradation

- La reptation : C'est le Les résultats disponibles sur la


déplacement des grains par roulement ou région en général indiquent que le
glissement à la surface du sol. Ce mode maximum du sable est transporté dans les
intéresse les grains de forte densité et de 30 cm du sol par saltation (kabiri et al.
granulométrie variable entre 0.5 et 2 mm. 2003, Kabiri, 2004, 2005, 2006).
- La suspension : Elle est Le mécanisme de mouvement en
déclenchée au départ par une saltation, ici masse est facilement observable et peut
les particules sont très fines et leur être qualifié même de banale dans la
soulèvement et leur transport dans l'air région. En effet, le vent en rabattant le
sont assurés par le vent. revers d'une dune engraisse sa crête vive.
Ces particules, assimilables à des Celle-ci, sous le poids de sable
poussières, sont soulevées par des nouvellement déposé s'écoule en lames
courants ascendants et forment des nuages pour former une pente d'équilibre au côté
qui peuvent atteindre 4000 m d'altitude sous le vent. Le phénomène d'avalanche,
(poussières sahariennes, aérosols). Le nettement visible sur les dunes soumises à
dépôt de ce matériel ne peut jamais, à lui des vents monodirectionnels provoque des
seul provoquer un ensablement menaçant ensablements par masse qui sont les plus
car sa granulométrie est extrêmement fine. menaçants.

Le vent, agent de formation des dunes


Une dune est un relief ou un L’Erg est un mot d’origine arabe
modelé composé de sable. La formation « IRQ » qui veut dire : une région du
de celles-ci est fonction du vent mais aussi Sahara couverte de dunes. L’exemple le
de quelques autres facteurs qui vont plus spectaculaire dans la région d’étude
l’aider dans son rôle de constructeur. Ces et qui est célèbre dans le monde entier est
facteurs sont des obstacles naturels ou l’erg Chebbi (Merzouga) qui constitue
artificiels qui forment des pièges au sable l’erg le plus septentrional du désert
transporté par le vent et permettent son marocain (photo de couverture).
accumulation. Toute barrière, Le Reg est aussi un terme d’origine
proéminence de différentes sortes, toute arabe qui veut dire, une surface couverte
excavation, toute surface rugueuse et toute de fragments rocheux, dégagées par
pente peuvent selon leur efficacité ralentir vannage éolien et dont la taille varie du
la vitesse du vent et provoquer grain du sable grossier au bloc.
l'atterrissement à leur niveau du sable
transporté. Les principaux obstacles
responsables de la formation des dunes ou

73
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

tout simplement de l’ensablement se - Sa hauteur.


distinguent en trois catégories : i) les - Sa perméabilité.
obstacles naturels topographiques, ii) les - Sa flexibilité et résistance.
obstacles mécaniques et iii) les obstacles - Sa rugosité et sa pente du côté
vivants. exposé au vent de l'espace balayé.
L'efficacité d'un obstacle est
fonction de :

Le sable et ses origines et ses accumulations


Le sable est l’ensemble des cumulative, et de fréquence, indiquent que
particules et des fragments de roches ce matériel est d’origine multiples. Il est
susceptibles d'être transportés ou mis en d’origine fluviatile et/ou marine à
mouvement par le vent. De point de vue l’origine mais repris par le vent (Kabiri,
granulométrique, ce sont des particules 2004, 2005 et 2006 ; Kabiri et al. 2003).
sédimentaires (et/ou roche sédimentaire) La nature géologique de la roche
détritique meuble de la famille des mère donne aux grains des densités et des
arénites. Leur taille est comprise entre teintes différentes (Kabiri et al. 2003) ;
2mm et 0.004 mm. Les sables sont dit (Kabiri 2004, 2005, 2006). La forme des
grossiers de 2mm à 0.2mm et fins de 0.5 grains ronde est dûe aux frottements qu'ils
mm à 0.004mm). ont subis le long de leur trajectoire de
La mobilisation des sables se migration.
produit généralement à partir d'une vitesse Les accumulations sableuses de la
qui est généralement comprise entre 2 et 6 zone d’étude sont composées de sable qui
m/s. L’étude granulométrique de quelques peut provenir d'une ou plusieurs origines
dunes de la zone (Kabiri 2005) indique la (Kabiri et al. 2003, Kabiri 2004, 2005,
dominance des sables fins (0,2 mm) et 2006, El Belrhiti et al. 2010). Deux
sont bien classés: Les courbes, principales origines ont pu être définies :

Origine autochtone
On dit qu'un sable est d'origine l’ensablement provoqué est issu d'un
autochtone s'il est issu des sources situées endroit dont fait partie l'objet ensablé
à l'intérieur de la région où l'ensablement autrement dit si la formation pourvoyeuse
est constaté. A l'intérieur de cette même de grains de sable est elle-même ensablée.
origine on dit que l’origine est locale si
Caractéristiques et aspects de dégradation

Origine allochtone
Un sable est dit d'origine allochtone le vent et amené de loin. Ce transport à
s'il est issu de sources situées à l'extérieur grande distance porte exclusivement sur
de la région où l'ensablement est constaté. des particules dont le diamètre est
Le sable est fournit pas des formations inférieur à 0,05 mm. Le sable local est
géologiques n’affleurant pas dans la zone plus grossier.
ensablée. Ce sable peut être transporté par
Origine auto- allochtone
Le sable provient des deux origines provient de diverses origines locales et
précitées. Il est dit aussi d’origine mixte. régionales.
C’est le cas du pays du Ziz ou le sables
Indices déterminant les origines du sable.
Les indices déterminants pour formations géologiques qui produisent à
identifier les origines du sable peuvent l’affleurement ou contient des quantités de
être réduits aux quatre indices suivants : sable capables de former ou d'alimenter
- Sens des vents dangereux. une accumulation. Suivant leur
- Texture. importance, ces sources sont soit de
- Couleur. transition (cas d'ensablement par dune en
- Trace d’érosion. déplacement), soit d'approvisionnement,
assurant à l'origine la formation et
La détermination des sens des vents l'alimentation des dunes.
dangereux indique les directions suivant
lesquelles le sable s'est déplacé (Kabiri et Les sources (mères) potentielles
al., 2003) , (Kabiri 2004, 2005, 2006).. sont des roches qui se décomposent par
L'emplacement des formations altération en donnant naissance aux
géologiques sources d'alimentation sur les particules sableuses. Les montagnes, les
trajectoires des vents renseigne sur la regs et hamadas sont de véritables sources
nature et l'origine du sable transporté. mères inépuisables de matériel sableux
(Kabiri et al. 2003, Kabiri 2004, 2005,
La couleur, la texture et les traces 2006, El Belrhiti et al. 2010).
d’érosion observées au niveau de la zone
d’étude confirment l’origine autochtone et Les sources pourvoyeuses sont des
allochtone du matériel sableux de la zone milieux naturels de dépôts, de stockage et
d’étude (Kabiri et al. 2003) ; (Kabiri 2004, d'approvisionnement du sable (Kabiri et
2005, 2006). Les sources de sable sont les al. 2003) ; (Kabiri 2004, 2005, 2006) ; (El

75
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Belrhiti et al. 2010). Ce sont mis à nu par la disparition du couvert


principalement : végétal

- les terrasses quaternaires alluviales et des - Les manteaux d’altérations des


colluvions à matrices constituées formations gréseuses du bassin crétacé.
d'éléments fins
- les ergs et autres accumulations dunaires.
- les dépôts alluvionnaires récents surtout
les limons formant les plaines alluviales

Dépôts de sable

Les accumulations sableuses fines. Ces micros ondulations de quelques


observées au niveau de la région revêtent centimètres de hauteur sont disposées
des formes et des dimensions différentes perpendiculairement à la direction du vent
qui dépendent essentiellement des régimes qui a été à leur origine.
des vents et de la nature des obstacles qui Le voile sableux ou éolien est un
sont à leur origine. voile de sable sous forme de couche peu
Les principales formes observées épaisse, obtenu par un saupoudrage des
dans la zone d’étude sont : Ripples marks surfaces par les graines de sables. Les
ou rides, voile sableux ou éolien, forme de surfaces très rugueuses ou couvertes de
Nebka, bouclier sableux, bouclier végétation et les pentes sont les lieux
barkhanique, dièdre barkbanique, privilégiés de formation des voiles
barkhane, les sifs, les ghourds, les dunes sableux.
paraboliques et Aklés. La forme de Nebka, le mot
Les ripples marks ou rides sont des "Nebka" en arabe veut dire dune. C’est
rides transversales qu'on rencontre sur les une dunette qui se dessine au pied d'un
dunes. Elles sont constituées de particules obstacle isolé et à faible surface exposée
grossières de taille supérieures à la au vent. Les principaux obstacles à
capacité d’exportation éolienne. Les l'origine de cette formation sont les
ripples maks sont résiduelles, en effet, arbustes et buissons isolés, les touffes de
elles sont l’expression de la déflation et du végétation herbacée, les cailloux etc. On
vannage. Elles ne sont pas des indicateurs distingue deux formes de nebka :
de dépôt comme souvent il est avancé. Forme de languette en flèche
Elles indiquent en fait un remaniement et orientée suivant la direction du vent qui
une exportation des particules les plus l’a formée.
Caractéristiques et aspects de dégradation

Forme ovoïde couvrant presque - Le sif ou dune linéaire (Fig. 35)


entièrement l'obstacle et avec une légère et provenant du mot arabe saff (sable) est un
courte pointe au côté sous le vent. Cette édifice allongé, étroit, de forme étirée sur
forme est le deuxième stade de formation toute sa longueur. Il possède deux côtés à
de la nebka en flèche. pentes fortes qui se rejoignent en une crête
- Le bouclier sableux est dit aussi une active. Sa longueur est toujours plusieurs
barkhane naissante. C’est une fois plus grande que sa largeur. En
accumulation sableuse peu mobile sous moyenne les sifs ont de 2 à 3 kms de long
forme ovoïde à profil en dôme, ne et 30 à 50 mètres de large. Quelquefois ils
présentant ni crêtes ni ailes (Fig. 33). peuvent être discontinus et assemblés en
rides pouvant atteindre 30 à 40 kms de
- Le Bouclier barkhanique, à l'inverse du longueur.
précédent est une dune mobile qui se
caractérise par une légère encoche - Les dunes linéaires (figure 4) se
concave qui apparaît du côté sous le vent. produisent dans un environnement aride
Cette forme porte le nom également de parcouru par deux vents dominants de
barkhane embryonnaire. direction différente. La direction de ces
dunes est oblique par rapport au vent
- Le dièdre barkhanique, la forme du résultant annuel. Le mouvement d'une
bouclier barkhanique devient celle d'un dune linéaire se fait par allongement. Le
dièdre lorsque le dos de la dune forme vent chargé de sable en rencontrant une
avec la pente de l'encoche une crête dune linéaire dépose une partie du sable
anguleuse. Dans cette forme le dos est sur la face de la dune au vent, l'autre partie
plus large que le front de la dune (Fig. 34). franchit la crête jusqu'à la face sous le
- La barkhane est un édifice en forme de vent, Où l'effet de remous du sillage la
croissant dont le corps est exposé au vent ramène à la dune. Le sable accroché à la
dominant et les ailes de direction oblique dune migre comme le long d'un rail
juxtaposées de part et d'autre de l'axe de parallèlement à l'édifice qui s'allonge
symétrie de la dune. Ce type de dunes, en selon sa propre direction.
raison de leur progression rapide - Les"ghourds" ou dunes en pyramide. Ce
constituent le moyen de transport de sable sont des collines de sable souvent en
en masse le plus dangereux. La barkhane forme de pyramide étoilée avec trois ou
n'est jamais seule, elles se regroupent et plusieurs bras s'étalant à partir du sommet.
constituent un ensemble de barkhanes Pouvant atteindre 300 mètres de hauteur,
assez complexes qu'on appelle train ces dunes signifient l'absence de vents
barkhanique. dominants. Elles naissent à la convergence

77
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

de plusieurs flux éoliens et sont ou à des dunes linéaires. Les ghourds


pratiquement immobiles. Elles constituent peuvent être alignés et former des chaînes
une source de sable qui dépend de la ghourdiques. En géomorphologie
direction du vent et de la topographie, et dynamique, ils font partie des modelés
peuvent donner naissance à des barkhanes éoliens ou encore des formations

 
Figure 33 : Schéma montrant comment évolue le bouclier
sableux en bouclier balkanique (extrait de la FAO 1978)

Figure 35 : Schéma montrant des dunes


linéaires (extrait de la FAO 1978)
 
Figure 34 : Schéma montrant un dièdre barkhanique et
une barkhane (extrait de la FAO 1978)
Caractéristiques et aspects de dégradation

superficielles sableuses du domaine aride ou semi-aride.


- Aklé : Dense assemblage de dunes qui se (Fig. 34). La dune parabolique est peu
tassent et tendent à grimper l'une sur le mobile et ne migre généralement guère
dos de la précédente. une fois qu'elle est formée.
- Les dunes paraboliques : Ce sont des
édifices éoliens individuels ou coalescents
qui résultent d’un processus de déflation
dans des sables à topographie monticulaire
fixé par un couvert végétal. C'est une dune
dissymétrique en forme de fer à cheval à
concavité au vent souvent plus ou moins
fixée par la végétation (Fig.36). Sa Figure 36 : Schéma montrant une dune
disposition par rapport à la direction du parabolique (extrait de la FAO 1978)
vent est inverse de celle de la barkhane.

La dynamique des dunes dans le pays du Ziz


A l'état actuel des connaissances, au vent (obstacle naturel) et jouent ainsi le
dans les Oasis de Sud Marocain, les pertes rôle de peigne vis à vis du vent.
annuelles en terrains par ensablement et la L’envahissement de la palmeraie de
vitesse de progression du front dunaire Jorf, pour la seule année 1979 est de 110
restent peu connues. Il existe toutefois ha (Khardi 1999)
quelques études mais elles sont très
ponctuelles sinon très anciennes. Les images satellites (images 12-14
page suivante) constituent un outil très
Le marquage, le suivi cartographique important qui a permis d’apporter
du déplacement des dunes dans une station quelques précisons et données nouvelle
expérimentale montée et suivie dans la sur la dynamique éolienne dans cette
localité de Krair à Jorf (Kabiri et al. 2003) région du royaume
; (Kabiri 2004, 2005 et 2006), indiquent
un déplacement des dunes de 17 mètres De 1979 à 1987, l’envahissement de
par an en moyenne du Sud- Ouest vers le la palmeraie de Hanabou est de 98
Nord- Est (Vent de Saheli). Les hectares. Le déplacement maximal dans la
palmeraies s’opposent malheureusement région de Jorf, de 1986 à 1995, est de 125
m (AUPEL_UREF, 1998).

79
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Vu d’un Reg (a gauche et à droite premier plan) et d’un Erg (arrière plan)

Rides et Nebka (de gauche à droite)

Sif, barkhane et ghourde (de gauche à droite)


Caractéristiques et aspects de dégradation

L’étude de l’évaluation intégrées des trois satellites différents du programme


oasis du Tafilalet (environnementale, Landsat de 1987 à 2001 (Khattabi et al.
socio économiques et cartographiques 2009) ; (El Alaoui Al Echcheikh C, 2009),
«SIG»), effectuée dans cadre de de conclure un déplacement des dunes
l’Evaluation du millénaire (EM) par d’environ 150m dans la palmeraie de
l’Observatoire National de Hanabou (images 12). L’utilisation d’un
l‘Environnement du Maroc « ONEM » du indice d’oxyde de fer sur les Band 3 /
Secrétariat d’Etat de l’environnement Band 1 laisse apparaître le sable sans
(Ministère de l’Energie, de l’Eau, des aucune confusion sur les deux images
Mines et de l’Environnement : MEMEE) (images 12 de gauche) L’étude conclut un
et le Programme des Nations Unies pour déplacement du sable qui s’est opéré dans
l’Environnement (PNUE) a permis, grâces le sens du vent Saheli qui est de Sud-
aux mesures faites sur les images Landsat Ouest vers le Nord-Est, donc en direction
captées durant trois périodes distinctes par des palmeraies.

Menaces d’ensablement et efforts de luttes


Dans la zone, où les particules du L'ennoyage dans le premier cas,
substrat sont mobilisables par le vent, les résulte d'un effet d'obstacle introduit par
particules fines arrachées de leurs les aménagements humains sur les
emplacements initiaux sont transportées trajectoires de transport de sable. Dans le
sous forme de flux en suspension, en deuxième cas, le dépôt des particules
saltation ou sous forme d'édifices éoliens transportées par le vent hors du désert par
suite de l'essoufflement des flux éoliens ou
(barkhanes ou sifs) et sont déposées par la
l'envahissement par des dunes de type
suite dans des aires d'accumulation.
barkhane ou linéaires résultant de la
D’origines multiples, ces réactivation de manteaux sableux fixés.
accumulations sableuses constituent un
danger réel qui menace les palmeraies, les Le vent exerce alors des actions
traumatisantes sur les oasis par le
agglomérations et les infrastructures
dessèchement des parties superficielles du
hydro-agricoles et routières. La
sol, l’émiettement du sol et l’arrachage des
dégradation due au vent dans ces milieux
particules sableuses, la corrosion des
se manifeste par l’excès d'apport sableux.
roches et la végétation et la destruction par
Cet excès est responsable d'un ennoyage
déchaussement de la végétation.
par des sables mobilisés des oasis au
milieu des déserts et d'un ennoyage des
villages et des terres cultivées en lisière
des déserts par des sables mobilisés.

81
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Marquage des dunes étudiées par des piquets en fer, capteurs des sables, anémographe de la
station étudiée dans le cadre du Protars (P2T3/13)  

Images 12 : Images satellites prises en 1987 et 2001 qui montrent le sable envahissant et le
déplacement des dunes par le Saheli dans la région de Hanbou_Jorf (Khattabi et al. 2009) 
 

Image 13 : image satellite incluant la zone d’étude Image 14 : Image montrant le sable en blanc dans le
et montrant les zones ensablées (en jaune) couloir de Yerdi de part et d‘autre de l’Oued Ziz
(Khattabi et al. 2009)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Cela aboutit à une mobilisation sans - La perte accélérée des terrains agricoles
cesse accrue de matériel, qui pourra, plus (champs agricoles);
en aval dans le sens du vent, aboutir à une - Le comblement des réseaux d’irrigation
dégradation par simple accumulation modernes et traditionnels par les sables et
excessive de sable. Les Oasis de Sud la réduction de leur débitance (près de 30
Marocain en général et celles de la vallée Km de canaux, barrages, puits, et
de Ziz en particulier connaissent khettarats);
effectivement en de nombreux endroits de
sérieux problèmes d'ensablement - L’envahissement des tronçons de routes
(Mainguet et Chemin, 1979 Abouaomar, nationale et secondaire (plus de 50 Km).
1995 ; Khardi, 1997 ; Kabiri, 2004, 2005 et - Un manque à gagner tant au niveau de la
2006, Khattabi et al. 2009; (Dumay et al, productivité qu’à celui de la valeur des
2010) propriétés agricoles.
Les incidences de ce phénomène, - Envahissement du sable des autres
pèsent très lourd sur le plan écologique et infrastructures telles que les maisons, les
socio-économique et se traduisent écoles, etc.
par (image 13) :

Sites menacés par l’ensablement


Plusieurs localités de la zone présentent des sites ensablés. Il s’agit notamment de
Yerdi, Tinheras, Merzouga, Haroune, Goulmima, Tamaast, Lamrabteine, Tizougaghine, Aït
Ben Omar, Chatm, Jorf, Fezna, Bouya, Krair, Hannabou, Jbel Amelane (figure 38).
Dans le bassin versant du Ziz, la surface de la hamada de Meski, entre Meski et Oulad
Chaker, est une surface de déflation comme le confirment d’une part les dépôts sableux
éoliens sur la rive gauche de l'oued Youssef et d’autre part le saupoudrage éolien à 15 km au
sud d'Errachidia avec des rebdous.
Le saupoudrage est extrêmement bien marqué sur les versants orientés nord-est face au
village de Zaouia.
Les premières dunes du sable fortement coloré en rouge apparaissent au
commencement du niveau structural géologique de l’Anti Atlas sur la rive droite de l'oued
Ziz, formant le cordon de Yerdi (N 31°32'284 - W 04°11'077). Dans ce site, se trouve une
station de fixation des dunes qui menacent une portion de la route situant entre la source Ain
El Atti-radier d’Erfoud (Couloir de Yerdi). C'est une station qui a été montée par les Eaux et
Forêts et appartient à la commune rurale de : Arab Sbah (Erfoud, Errachidia).

83
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Conséquences de la désertification/ensablement

Envahissement des Envahissement des


canaux d’irrigation terrains cultivables
Envahissement des
routes Envahissement des
Manque d’eau Ksours
pour les cultures

Accidents de la Diminution de la
circulation
productivité agricole

Exode
Pauvreté, Handicap et
maladies
Figure 37 : Conséquence de l’ensablement sur le bien être humain

Figure 38 : Localisation de quelques sites ensablés Figure 39 : Localisation de quelques sites


et de la dynamique éolienne ensablés étudiés (Mainguet et al. 2006 b)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Envahissement des infrastructures par le sable (: seguia, école champs agricoles et route)

Couleurs des sables de part et d’autre de l’Oued Ziz dans le site de Yerdi

85
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Avant la mise en place de cette du type émoussé luisant (EL) sur le coté
station par les Eaux et Forets, la route gauche tandis que le type non usé (NU)
principale N12 qui lie les villes d’Erfoud à domine le côté droit.
d’Errachidia, est souvent menacée et Les rapports des bandes 6/4 et 5/7 de
menaçante. L’ensablement de la route peut Landsat TM ont été utiles, respectivement
se produire en une nuit et a déjà causé de pour la distinction minéralogique des
nombreux accidents et malheureusement minéraux mafiques de carbonates et de
aussi des décès humains. Quartz. Les résultats confirment la
Les trois directions éoliennes sont dominance de quartz sur les deux cotés de
confirmées : NE-SW (Chergui), SW-NE la vallée de Ziz révélés par l’analyse de
(Sahéli) et une direction NW-SE. Ceci lixiviation acide effectuée auparavant sur
explique l’état de surface en ghourds des les échantillons de sable. En outre, le
bandes sableuses et les édifices rapport des bandes 5-4 de Landsat et 2-1
barkhaniques qui ont une dynamique en d’ASTER ont été utiles pour étudier la
reverse dunes. concentration en oxydes de fer. Ils
Sur le terrain il est frappant montrent que la concentration sur le coté
d’observer qu’il y a 2 courants d’apport de gauche est beaucoup plus importante que
sable : le coté droit ce qui expliqueraient la
différence de couleur entre les deux rives
- sur la rive gauche du oued Ziz, un (El Belrhiti et al. 2010).
matériel que l’on peut qualifier de
"propre" car surtout sableux ; Les mois venteux dans cette région
s'étalent de mars à juillet. La plaine du
- les dunes de la rive droite du oued Yerdi au pied de la hamada Cenomano-
Ziz sont constituées d’un matériel dit Turonnienne de Douira est parsemée de
« sale » car beaucoup plus limono- galets provenant de la décimentation du
argileux. conglomérat de base attribués au
Quelques échantillons de sable on Quaternaire ancien. Ces galets ont un état
été recueillis à partir des sommets des de surface à poli éolien et des
dunes de Yerdi à environs 2 cm de la vermiculures prouvant l'intensité du
surface de sable. Les résultats montrent transport éolien de sable dans le secteur.
que le sable issue de la rive droite est A la traversée d'Erfoud, il existe
significativement différent de celui issu de l'ensablement sur la route et contre les
la rive gauche (El Belrhiti et al. 2010). murs, notamment près de l'école hôtelière
L’étude de la forme des grains de quartz à et de l’ensemble des grands hôtels qui
la loupe binoculaire montre la prévalence s’alignent le long de cette route qui
Caractéristiques et aspects de dégradation

ramène vers Rissani. C’est le site où « Saheli » n’apparaît pas dans cette zone,
s’organise le salon international des dates mais d’autres vents efficaces provenant
d’Erfoud (SIDATE). Le secteur d’Erfoud essentiellement du SE représentent une
est soumis aux effets opposés de deux force d’apport secondaire, à l’instar des
courants éoliens SW-NE (Saheli) et NE- secteurs d’Erfoud et de Jorf (Benalla et al.
SW (Chergui) qui mettent en mouvement 2003).
les sables, selon un phénomène de Merzouga est une oasis au pied de
balancement des dunes soit vers le NE soit l'Erg Chebbi. Cet erg est une chaîne de
vers le SW (parfois même vers le NW « ghourds » avec à son pied une ligne
sous l’influence des vents SE). végétale de palmiers et autres végétaux
A 12 km à l'Est de la sortie de notamment le Tamarix qui bénéficient de
Rissani et vers le village de Merzouga l'eau restituée par les dunes jouant le rôle
(route principale P21), on renccontre dans de réservoir.
un oued, de nombreuses taches de sable de Le village de Tinrheras à Rissani
remaniement éolien. (31°13'481 N - 04°18'283 W) subit un
A 18 km à l'Est de Merzouga (N arrivage de gros volumes de sable sans
31°13'179 - W 04°07'156), un petit cordon pouvoir dire sous quelle forme car le
dunaire discontinu barkhanique à tendance programme de fixation des dunes des eaux
ghourdique de sable clair tapisse les grès et forêts des années 1980 oblitère la forme
sombres du Famménien (Dévonien des édifices sableux. Ce programme
supérieur). Un autre site menacé par consiste en un carroyage de palmes et de
l’ensablement se localise au nord du graminées ("sbat" probablement
village Haroun (N 31°18'715 - W Andropogon gayanus) en plus du Tamarix
04°10'193): Les édifices éoliens sont sous qui a précédé la fixation biologique
forme de sifs dont l'existence est due à composée essentiellement de tamaris.
deux vents, l'un SW - NE 220° et le Malheureusement, près du village, les
second SE - NW 150°. gens sabotent les Tamaris et les chèvres
Dans le secteur de Merzouga, la endommagent gravement les jeunes
provenance et la nature des sables plants.
diffèrent de celles des autres secteurs. Le
Lutte contre l’ensablement
Le bien être des populations est coûts pour lutter contre l’avancée du sable
affecté par les conséquences de ce ou pour la réhabilitation des
phénomène à travers la création d’autres infrastructures (canaux d’irrigation,

87
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

routes, habitations, etc.), la perte de Forets avant de devenir le Haut


productivité ou de terrains agricoles, la commissariat des Eaux et Forets de Lutte
propagation de maladies liées au vent et contre la Désertification (HCEFLCD) et
aux particules transportées telles que les l’Office Régional de Mise en Valeur
maladies des yeux, etc. Agricole du Tafilalet « ORMVA/TF » ont
L’ensablement constitue une menace localement entrepris depuis 1979 des
réelle et permanente pour les oasis. La actions pour atténuer l’effet de ce fléau.
lutte contre cette adversité se faisait depuis L’avancement du sable et la formation des
l’antiquité par la population locale. Dans dunes envahissantes constituent une
les temps récents, on assiste à des actions grande menace écologique très
menées par des organismes étatiques ou remarquable pour les palmeraies, les
par des organisations gouvernementales habitats, les réseaux d’irrigation, les
ou non gouvernementales. infrastructures de base, les axes routiers
etc…
La lutte contre l'ensablement est une
préoccupation qui ne cesse d'interpeller les Les projets de lutte à Yerdi ont été
pouvoirs publics, et ce, en vue de la amorcés en 1981. Deux périodes de
sauvegarde de l'environnement et de réactivation ont eu lieu notamment en
l'amélioration de la qualité de la vie des 1989 et 1993. Actuellement, le
populations touchées. A cet effet, le programme est vieillissant ce qui a poussé
Maroc a depuis longtemps, initié des le HCEFLCD à entreprendre la mise à
efforts de lutte pour infléchir la tendance niveau de la lutte et son renforcement par
de ce phénomène et d’en atténuer la suite.
l’ampleur notamment par des réalisations La lutte contre l’ensablement est
physiques et biologiques de lutte contre menée par des techniques biologiques ou
l’ensablement par la fixation des dunes et mécaniques. Plusieurs administrations
l’amélioration sylvo-pastorale (mise en interviennent dans cette lutte ou dans
défens), l’étude pour la compréhension du
Devant cette situation les Eaux et processus d’ensablement.

Lutte mécanique.
Techniques des palissades
La palissade est un obstacle linéaire donc, le dépôt de sable.
qui s’oppose au vent dominant. Ce qui Les techniques les plus utilisées dans
engendre que la vitesse diminue entraînant la zone d’étude sont surtout les palissades
ainsi la réduction de la capacité de charge, en palme et en fibrociment. La palissade
Caractéristiques et aspects de dégradation

en palme est une bande de carroyages de protéger. C’est la palissade des palmes qui
palme de plusieurs centaines de mètres qui est la plus utilisée partout dans la région
se placent perpendiculaire au vent car c’est un produit local et biodégradable
dominat. Le nombre des carreaux de et moins cher que les plaques en
palme est souvent plus d’un et ceci dépend fibrociment couteuses et nocives vis-à-vis
de la gravité de l’ensablement du site à de l’environnement.
Méthode aérodynamique
C’est une technique qui utilise le turbulence qui permettent au vent de
vent lui même pour évacuer le sable grâce reprendre les accumulations par
à sa force et sa vitesse. Ce déblayage de augmentation de sa capacité de charge.
sable repose sur l’effet aérodynamique des Cette technique est visible à Yerdi à 20
modifications de la vitesse et la direction km au nord de la ville d’Erfoud.
du vent, sur des regains de vitesse ou de
Lutte biologique.
Elle consiste à développer une arbustives ou arborées jouant un rôle
couverture végétale pour faire face au fixateur du sable. L’exemple le plus
vent. Elle fait suite aux techniques significatif est celui des mises en défens.
mécaniques de stabilisation et de fixation Dans la vallée de Ziz et notamment à
des sables et des dunes. C’est la seule Yerdi, il y’a eu surtout recours à la
forme de lutte jusqu’ici qui est durable plantation du Tamarix aphylla (Tley en
contre les effets du vent. Elle exige de arabe), qui est parfois épaulée par des
l’eau et donc des efforts à tout le début autres végétaux comme le Calligonum,
jusqu’à ce que les plantes développent Salsola et Prosopis. Dans d’autres
leurs racines qui peuvent aller chercher en endroits, on utilise aussi Acacia raddiana
profondeur dans la nappe. comme c’est le cas notamment d’une part
Les techniques biologiques dans les régions d’Alnif, Hssia, Taous
regroupent toutes les techniques consistant (bassin versant de Maeder) et le site de
à accroitre le couvert végétal par des Tizgaghine à Ferkla (bassin versant de
espèces herbacées, buissonnantes, Rheris).

Actions entreprises par la population locale


Depuis la fin des années quarante, témoignant de l’expérience acquise et du
les populations locales n’ont cessé de génie créateur du Fellah Filali. Parmi ces
lutter contre l’ensablement et ont mis au techniques on peut citer les pierres à
point des techniques traditionnelles turbulence, les palissades à base de

89
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

branches d’arbres et de palmes, les murs L’AOFEP et en collaboration avec


de clôture en terre battue et le nivellement deux organisations espagnoles ACAM et
des terrains. Mais, l’ampleur du APIP et en partenariat avec l’AECID et
phénomène dépasse de loin les moyens l’ACCD ont développé dans diverses
des agriculteurs ce qui a mené le ministère localités de la province d’Errachidia dont
de l’agriculture à intervenir pour préserver la vallée de Ziz un programme
l’espace agricole. sensibilisation et d’éducation
Selon quelques agriculteurs, en environnementale dans divers
1958, lorsque le sable rentre dans le établissements scolaires et centres de
champ d’un paysan, alors celui-ci dresse femme en plus des ateliers oragnisés avec
un mur en pisé mais malheureusement les paysans durant la période 2008- 2012.
celui-ci est rapidement submergé. Alors il En effet, il est possible de citer les
creuse des fossés successifs et, au fur et à actions suivantes :
mesure de leur comblement par le sable, - Organisation des ateliers locaux de
utilisant l’irrigation, il plante des rangées réflexion et de création d’un comité local
de tamaris. de lutte contre la désertification (LCD)
Quelques associations ont contribué durant 2006
à la lutte contre l’ensablement dans par - Organiser des sessions de
l’implantation des arbres autour d’une sensibilisation aux bonnes pratiques
ferme traumatisée par l’ensablement dans d'agriculture, en 2006 pour plus de 120
la zone de Chtam (N 31°33'139 - W bénéficiaires.
04°57'125) quelques localités de Tafilalt
comme c’est le l’Association Oasis Fekla - Ateliers de sensibilisation au
pour l’Environnement et le Patrimoine niveau des établissements scolaires en
(AOFEP) « www.aofep.org » et ses partant qu’on ne peut pas changer les
partenaires ENDA Maghreb et la banque facteurs climatiques mais on peut changer
mondiale (2006) dans un petit projet qui les habitudes des hommes et des femmes
s’intitule : gestion participative des vis-à-vis de leur milieu.
ressources naturelles et de lutte contre la - Création des clubs pour la
désertification au niveau des zones arides protection à l’environnement
et semi-arides maghrébines. Il consiste à - Distribution et plantation de plus de
l’implantation des arbres autour d’une 900 plants d’arbres en collaboration avec
ferme traumatisée par l’ensablement dans les eaux et Forets.
la zone de Chtam (N 31°33'139 - W
04°57'125) à Ferkla .
Caractéristiques et aspects de dégradation

- Utilisation d’un film réalisé pour ce D’autres associations et notamment


but comme support pédagogique et de l’Association El Amal de Développement
sensibilisation dans les établissements Rural (AADR) de Ksar Elbouia a
scolaires de Ferkla et dans divers centres développé un projet de protection de la
féminins (analphabétisme) en palmeraie d'Elbouia contre l'ensablement
collaboration avec les groupements et la mise en valeur des terrains agricoles
ethniques « la Jmaa », les associations en 2002
locales et quelques personnes ressources
locales.

Ateliers de sensibilisation avec les agriculteurs, les nomades et les élèves sur les menaces et cause
de l’ensablement (AOFEP, 2008-2012)

Actions entreprises par les pouvoirs publics


C’est à partir de 1977 que le Désertification en 1986. Et pour honorer
ministère de l’agriculture a réellement ses engagements vis à vis de la
commencé à s’intéresser d’une façon communauté internationale notamment
appropriée à la protection du milieu vis-à-vis de la Convention des Nations
naturel et la lutte contre l’ensablement. Un Unies sur la Lutte Contre la
projet de coopération en matière de lutte Désertification (CNULD) qu’il a ratifiée
contre l’ensablement a été signé entre le en 1996. Le Maroc a mis en œuvre depuis
gouvernement marocain et la F.A.O en 2001 dans le Programme d'Action
1978. Ainsi, la région du Tafilalet a National de Lutte Contre le Désertification
bénéficié d’un programme d’urgence pour (PAN-LCD). La région, y compris notre
la lutte contre l’ensablement qui a été zone d’étude, a bénéficié des projets
renforcé d’une part par le Projet qui intégrés visant à protéger les palmeraies
s’intitule «développement rural dans le contre l’ensablement. On peut citer
Tafilalet et la vallée du Dadès ». (PDRT) comme exemple, notamment les actions
et du Plan National de lutte contre la

91
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

entreprises et réalisées à Yerdi et à La plante dite, Tamarix aphylla


Tinrheras. (Tley en arabe), est la plante dominante de
Une série de palissades de fixation qui est épaulée par des autres
fibrociment anciennes de direction NW – végétaux comme le Calligonum, Salsola et
SE ont été installées depuis 1981. Prosopis.
Malheureusement elles ont été effondrées, Les données, disponibles de 1980 à
cassées et dépassées par l’avancée du 2012, de l’ORMVA/TF et du HCEFLCD
sable. Elles constituent la marque d’une indiquent que le bilan des réalisations de
première tentative d’arrêt du sable car le lutte contre l’ensablement dépasse
volume sableux arrivant du SW était bien largement 700 ha en quadrillage (cordon)
supérieur à la capacité de retenue de ces (lutte mécanique) et 520 ha des plantations
palissades. (lutte biologique
Actions entreprises par des institutions et organismes nationaux et internationaux
L’agence japonaise internationale de été largement organisées partout dans
coopération (JICA) a réalisé durant la leurs sites d’intervention aux profits des
période (2009 – 2011) dans la province acteurs locaux dont la femme et les élèves.
d’Errachidia en partenariat avec la DGCL Le Programme de lutte contre la
et la province un projet qui s’intitule : désertification et de lutte contre la
étude sur le projet de développement rural pauvreté par la sauvegarde et la
dans la province d’Errachidia. Dans le valorisation des Oasis – composante
cadre de ce projet, des actions de lutte Tafilalet- (POT) qui est mis en œuvre par
contre la désertification et notamment la Direction de l’Aménagement du
l’ensablement ont été menées pour des Territoire (DAT) avec l’appui du
communes qui ont établi leur plan de Programme des Nations Unies pour le
développement (PCD) ou non comme Développement (PNUD) et d’autres
c’est le cas de la commune de Fezna qui a partenaires. Ce programme qui s’est fixé
bénéficié d’une action de lutte mécanique comme objectif global « le développement
contre l’ensablement qui menace leur territorial durable à travers l’atténuation
palmeraie des effets du changement climatique sur la
La sensibilisation et la formation désertification et la réduction de la
des formateurs sur notamment les pauvreté ».
problèmes causés par l’ensablement ont
Caractéristiques et aspects de dégradation

Lutte contre l’ensablement (mécanique et biologique) dans le site de Yerdi par le HCEFLCD

Lutte mécanique contre l’ensablement (palissade en Palmes et en fibrociment.

Exemples d’actions entreprises par la population locale pour lutter contre l’ensablement (mur en pisé).

Exemple d’action entreprise par la société civile pour lutter contre l’ensablement (lutte biologique et
irrigation par goutte à goutte)

93
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Conclusion sur l’ensablement


L’extension agricole au détriment Dans le secteur de Merzouga, la
des terrains occupés par la végétation provenance et la nature des sables
naturelle accentue l’érosion éolienne et diffèrent de celles des autres secteurs. Le
par conséquent le déplacement des sables ; saheli n’apparaît pas dans cette zone, mais
L’extension urbaine non contrôlée d’autres vents efficaces provenant
caractérisée par l’extension des essentiellement du SE représentent une
constructions d’une manière anarchique force d’apport secondaire, à l’instar des
élimine des obstacles naturels qui secteurs d’Erfoud et de Jorf.
diminuent l’avancée du sable ; Ainsi, on peut dire que
faible niveau d’instruction de la l’ensablement constitue une force motrice
population locale et le manque de qui exerce des pressions sur les ressources
sensibilisation face aux dangers que naturelles et constitue un danger réel pour
présente l’avancée du sable aussi bien sur le bien être de l’Homme.
les infrastructures, les terrains agricoles Les réalisations de lutte contre
que sur les habitations et la santé humaine, l'ensablement dans tout le Tafilalet ont
constitue un handicap pour lutter contre ce commencé notamment à la fin des années
fléau et éradiquer ses causes à la racine. 70 mais les sécheresses des années 80.
Le secteur de Yerdi est soumis à La lutte contre l’ensablement fait
trois courants qui sont : du Sud - Ouest appel à des techniques de fixation
vers le Nord- Est (saheli), du Nord- Est mécanique, biologique ou une
vers le Sud -Ouest (chergui) et les vents combinaison des deux. Dans les deux cas,
du Nord- Ouest vers le Sud - Est qui sont des choix pertinents doivent être faits sur
responsable des « ghourd » qu’on observe le matériel biologique utilisé, les ouvrages
dans ce site. mécaniques à ériger, l’emplacement de ces
Le secteur d’Erfoud est soumis aux moyens de lutte, et sur beaucoup d’autres
effets opposés de deux courants éoliens paramètres indispensables à la réussite de
SW-NE (saheli) et NE-SW (chergui) qui l’opération. La lutte biologique reste toute
mettent en mouvement les sables, selon un de même le moyen de lutte le plus
phénomène de balancement des dunes soit durable.
vers le NE soit vers le SW (parfois même Tant bien que mal, le nombre de
vers le NW sous l’influence des vents SE). réalisations est encourageant, toutes les
A Jorf, un seul vent efficace est de palmeraies ont été protégées par des
direction SW-NE dû au saheli, carroyages dans les années 1980 contre
Caractéristiques et aspects de dégradation

notamment le Sahéli. Des tentatives de cependant, à une calamiteuse


protection des canaux d’irrigation et des accumulation à l'immédiat amont-vent des
Khettarats ont été réalisées. Le nombre de infrastructures humaines qui, à court terme
mètres linéaires de carroyage réalisé est devient menaçante. Ceci est bien visible
grand. Malheureusement, la plupart de autours des palmeraies qui jouent le rôle
ceux qui ont été réalisés dans les années de peigne face au vent dominant qui est
1980 sont maintenant à réhabiliter. souvent le Saheli ici. Une révision de la
Les grandes difficultés rencontrées stratégie de lutte s'impose donc : elle
par la lutte contre l'ensablement dans le devra se fonder sur un examen rigoureux
secteur du Tafilalet sont l'adoption de du système régional et local d'action
stratégies à court terme et la maintenance. éolienne grâce aux images satellites,
La plupart des sites protégés datent de la photographies aériennes et aux travaux sur
fin des années 1980 et ne jouent plus leur le terrain au lieu d'intervenir dans les aires
rôle notamment s il n’y a pas la lutte d'accumulation, c'est en priorité dans les
biologique. Les menaces dépassent, certes, aires sources (aires de départ) et le long
les luttes mais on doit signaler tout de des flux de transport qu'il convient
même les grands efforts du HCEFLCD qui d'intervenir, mais avec qui, quand et
ne cesse de fournir des efforts colossaux et comment se demandent Dumay et al.
très remarquables pour atténuer les effets 2010.
néfastes de ce fléau partout dans la Vu l’urgence et le danger du
province d’Errachidia en général et dans la phénomène, Les scientifiques, les
vallée de Ziz en particulier. décideurs politiques ou non, la société
La lutte contre l'ensablement est civile, les habitants du sud ou non doivent
intervenue jusqu'à présent principalement se mobiliser et participer avec la
au niveau des aires d'accumulation, c'est à population locale en lui fournissant les
dire de dépôt, lorsque les sables sont éléments nécessaires à une meilleure
gênants pour les infrastructures et les compréhension de la désertification en
activités humaines. général et l’ensablement en particulier et
de leurs enjeux. Les connaissances
Dans les oasis du Sud marocain la scientifiques doivent être à la portée de
lutte contre l'ensablement a pour but tout un chacun et dans un langage
d'empêcher le sable et les dunes de compréhensible.
s'accumuler dans les palmeraies et à leur
périphérie. Cette stratégie aboutit

95
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)
Caractéristiques et aspects de dégradation

Conclusion générale
La population du pays du Ziz a pu se globalement plus abondantes et de meilleur
maintenir à travers des siècles dans un qualité permettant de maintenir un sol
environnement très hostile par ses relativement en bonne santé et une assez
conditions climatiques et la rareté de ses bonne production agricole mais la surface
ressources grâce au savoir faire de agricole utile est très restreinte. C’est dans
l’Homme qui a toujours vécu en équilibre la plaine de Tafilalet en aval où les
presque en harmonie et avec ce milieu surfaces agricoles sont plus larges que la
naturel fragile. Au cours des dernières dégradation est plus alarmante. Les arbres
décennies, l’augmentation de la population fruitiers disparaissent, la densité du palmier
et l’insuffisance des ressources naturelles dattier s’affaiblit et le rendement des
ont accru la pression sur l’eau et les sols cultures basses se réduit.
dans cette région déjà affaiblie par les La cause de la dégradation de la
conditions climatiques, les populations qualité et la quantité des ressources en
locales ont vu leurs niveaux de vie baisser. eaux et de l’amenuisement des surfaces
Le développement socioéconomique fertiles dans le pays du Ziz est liée à la
durable dans le pays du Ziz fait donc face à combinaison de plusieurs facteurs naturels
la rareté des ressources en eau et à la et anthropiques ; L’accroissement des
fragilité des sols. Les efforts des Fellahs et populations, l’urbanisation rapide et le
de l’ORMVAT pour le développement développement touristique ont incité l’Etat
d’une agriculture moderne et rentable se à prendre en main le développement
sont heurté à une série de contraintes et économique de la région, c’est pourquoi
d’obstacles qui font que les sols de la l’état s’est attelé la tâche de gérer les
région se dégradent. Les sols s’adaptent ressources en eaux, vecteur principal du
mal à la pénurie de l’eau, c’est pourquoi, la développement du pays du Ziz, dès les
dégradation des ressources en eau se années soixante, en équipant le bassin de
répercute sur la qualité des sols. l’oued Ziz d’aménagements de grande
L’épuisement des terres cultivables sous hydraulique pour régulariser les débits.
l’effet des sécheresses et des processus qui Il apparait après quelques décennies
en dérivent comme la salinisation des sols de la mise en eau du barrage Hassan
et l’ensablement font évoluer la région Addakhil que la régularisation inter
inexorablement vers la désertification. annuelle prévue par les aménagements de
La dégradation des sols suit un grande hydraulique n’a pas pu être assurée.
gradient du nord vers le sud du pays du C’est surtout des déséquilibres écologiques
Ziz. Au nord les ressources hydriques sont et socioéconomiques qu’elle a peut être

97
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

engendrés. La dégradation en quantité et en phréatiques estimée au cours des années 80


qualité des ressources en eau dans la à quelques mètres, atteint actuellement une
palmeraie du pays du Ziz et qui ont poussé moyenne de 20 m dans tout le bas Ziz. Un
les populations à prendre des décisions approfondissement annuel continu est
aggravantes. La population fortunée s’est observé et qui provoque, aujourd’hui,
équipée de motopompes pour le captage de l’assèchement et le tarissement de la
l’eau des nappes phréatiques de façon majorité des puits et des khettaras. Cette
anarchique et a augmenté la pression sur la diminution a un effet direct sur la salinité
ressource. La multiplication des unités des eaux de surface et de profondeur dont
hôtelières avec leur consommation la minéralisation se situe dans les classes
excessive en eau a exercé une pression de moyennes à mauvaises.
plus sur les ressources en eaux et a Dans le pays du Ziz comme dans
concurrencé l’agriculture. toutes les régions subdésertiques, l’histoire
Jusqu’aux années 70 le bilan des du sol est intimement liée à celle de l’eau
nappes phréatiques du Tafilalet était et à sa minéralisation. Par son abondance
équilibré entre l’alimentation, les ou sa rareté l'eau joue un rôle dans le
prélèvements et l’évaporation. Les transport des sels par percolation à travers
systèmes de gestion et d’exploitations des les horizons du sol par irrigation à l'eau
ressources en eau, utilisés actuellement, salée. Lorsque le profil du sol est saturé
dépassent largement les capacités de ce avec de l'eau salée et qu'il est soumit à
milieu ce qui a entrainé le déséquilibre l’évaporation directe, les sels solubles sont
écologique actuel de tout le système. De déposés. Cette forme de salinisation est
tels changements dans le mode très fréquente. Le second processus est la
d’alimentation des oasis en eau se sont salinité des sols par remontée de la nappe
accompagnés de bouleversements sociaux. phréatique salée ou sous l’effet de
Les disparités sociales existantes ne font l'évaporation, la saturation en sels induit
ainsi que s’accroître à mesure que le son dépôt ou sa cristallisation sous forme
pompage devient le mode prépondérant de croûtes. Les deux cas de processus de
d’alimentation en eau des oasis. salinisation des sols se produisent dans la
Une succession d’années de plaine de Tafilalet. Les sols les plus salés
sécheresse prolongée, la périodicité et sont rencontrés à l'aval de la palmeraie
irrégulière des lâchers d’eaux du barrage et (transect d’Irara).
le sur-pompage se sont traduits par la Une grande partie des terrains
baisse des niveaux piézométriques des agricoles de la plaine de Tafilalet ont perdu
nappes phréatiques. La hauteur des nappes leur fertilité par ces processus de
Caractéristiques et aspects de dégradation

salinisation qui se sont aggravés par les d’assurer leur survie ce qui conduit la
systèmes d’irrigation et de pompage région fatalement vers la désertification car
excessifs des nappes. Les champs agricoles plusieurs surfaces jadis fertiles sont
ont vu leur productivité baisser actuellement stériles ou couverte de sables.
considérablement ce qui s’est répercuté L’ensablement considéré comme le stade
négativement sur le niveau de vie des ultime des processus de dégradation
agriculteurs. physique et biologique du milieu affectent
L’élevage représente une composante déjà une grande proportion des surfaces du
essentielle dans l’activité agricole oasienne pays du Ziz.
mais l’exigüité des terres agricoles fait que Les sols ainsi dépourvus de leur
l’élevage est un élevage de subsistance couverture végétale protectrice et ne
destiné à l’autoconsommation. Les terrains recevant que de faibles précipitations sont
de parcours se caractérisent par la desséchés et deviennent ainsi des sites
prédominance d’une végétation naturelle pourvoyeurs de particules minérales. Ils
qui s’éclaircit de plus en plus sous les subissent l’érosion éolienne par différents
conditions décrites plus haut ce qui fait que processus ; La déflation directe, des
la demande d’alimentation du bétail substrats meubles ou le vannage de la
dépasse de plus en plus les ressources fraction fine des sables dunaires et
fourragères disponibles au sein des fluviatiles, la corrasion des roches par des
parcours d’où un surpâturage est observé et grains de sables, une érosion différentielle
qui contribue dans la tendance vers la pouvant produire des paysage désertiques ;
désertification. des alvéoles, des trous, des cannelures et
Finalement, La dégradation des sols des roches en champignon.
par la sévérité des conditions climatiques et L'érosion éolienne se manifeste dans
une mauvaise gestion des ressources en eau le pays du Ziz par la mise à nu des
sont les principales contraintes au substrats sur certaines zones, la formation
développement durable. Les sécheresses de regs et la multiplication des aires de
successives ont fortement limité la dépôts ou d'envahissement sableux sous
production du milieu et ont augmenté sa forme de dunes mobiles. Ces
fragilité. Elles ont favorisé l’érosion accumulations sableuses constituent un
éolienne et hydrique des sols et la danger réel qui menace les palmeraies, les
raréfaction des ressources en eau agglomérations et les infrastructures hydro-
mobilisable. Face à cette situation, les agricoles et routières.
populations rurales exercent davantage de La dégradation due au vent dans ces
pressions sur les ressources naturelles afin milieux se manifeste par l’excès d'apport

99
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

sableux responsable d'un ennoyage des La solution devient rapidement plus


oasis, des villages et des terres cultivées en traumatisante que le mal lui-même. Le
lisière des déserts par des sables mobilisés. faible niveau d’instruction de la population
L'ennoyage dans un premier cas, résulte locale et le manque de sensibilisation face
d'un effet d'obstacle introduit par les aux dangers que présente l’avancée du
aménagements humains sur les trajectoires sable, aussi bien sur les infrastructures et
des transferts de sable, dans un second cas, les terrains agricoles que sur les habitations
le dépôt et l'envahissement par des dunes et la santé humaine, constituent un
de type barkhane ou linéaires résultant de handicap pour lutter contre ce fléau et
la réactivation de manteaux sableux fixés. éradiquer ses causes à la racine.
Plusieurs campagnes de lutte contre La situation est critique mais non
l'ensablement ont été effectuées jusqu'à encore irréversible, une prise de conscience
présent mais principalement au niveau des de l’importance de la sauvegarde des
aires d'accumulation, et de dépôt. Le but écosystèmes du pays du Ziz est urgente à
est d'empêcher le sable et les dunes de promouvoir. Des scénarios futurs doivent
s'accumuler dans les palmeraies lorsque être élaborés pour inverser la tendance et
ceux ci sont gênants pour les contrecarrer la désertification en
infrastructures et les activités humaines. envisageant des solutions adéquates qui
Cette stratégie aboutit cependant, a une porteront sur les forces de changement, sur
accumulation au voisinage immédiat des les pressions exercées sur les systèmes, sur
infrastructures humaines qui, à court terme l’état du milieu et sur les impacts résultants
devient menaçante. Ceci est bien visible de la dégradation. Le but étant de
autours des palmeraies qui jouent le rôle de sauvegarder les oasis afin qu’ils puissent
peigne face au vent qui peuvent souffler de assurer les biens et les services dont
trois directions le "sahéli" du sud-ouest, le dépend le bien-être des populations. Ces
"chergui" du nord-est ou le vent du sud – solutions doivent être menées d’une
est dont l’action est non négligeable. manière participative par touts les acteurs
en particuliers la population locale.
Caractéristiques et aspects de dégradation

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Caractéristiques et aspects de dégradation

Table des matières 


Introduction ....................................................................................................................................................... 3 
Le pays du Ziz, Contexte naturel ....................................................................................................................... 9 
Cadre géologique ........................................................................................................................................... 9 
Contexte morpho‐pédologique ................................................................................................................... 11 
Caractéristiques climatiques de la vallée de l’oued Ziz ............................................................................... 14 
Historique des activités humaines dans le pays du Ziz .................................................................................... 21 
Le Tafilalet d’un centre commercial à une oasis agricole ........................................................................... 21 
Période médiévale ................................................................................................................................... 21 
Périodes moderne et contemporaine ..................................................................................................... 22 
Les évolutions du 20ème siècle ................................................................................................................... 22 
Période coloniale ..................................................................................................................................... 22 
1956, l’indépendance ; poursuite du changement, naissance d’un système oasien moderne .............. 23 
L’eau, vecteur principal du fonctionnement de l’écosystème oasien ............................................................. 25 
Les eaux superficielles ................................................................................................................................. 25 
Le cours de l’oued Ziz .............................................................................................................................. 25 
Le barrage Hassan Addakhil, « Régulateur des débits du Ziz » ............................................................... 26 
Les eaux souterraines .................................................................................................................................. 27 
Les nappes phréatiques Quaternaires ..................................................................................................... 27 
Les nappes profondes .............................................................................................................................. 29 
La recharge des nappes ........................................................................................................................... 30 
Les sources............................................................................................................................................... 31 
Les Khettaras ........................................................................................................................................... 31 
Impacts des changements climatiques et des actions anthropiques sur les ressources hydriques ............... 33 
Dégradation quantitative des eaux ............................................................................................................. 35 
Dégradation qualitative des eaux ................................................................................................................ 36 
Evolution spatiale des paramètres chimiques des eaux de surface ........................................................ 36 
Les paramètres et les teneurs en éléments chimiques des eaux de profondeur ................................... 38 
Conclusion sur les ressources en eaux .................................................................................................... 42 
Les sols, composant fragile et pilier de l’équilibre du pays du Ziz .................................................................. 43 
Les rapports de l’homme et du sol .............................................................................................................. 44 

105
Les sols dans le pays du Ziz (Sud-est marocain)

Les types d’occupations des sols ................................................................................................................. 45 
Le palmier dattier, principale charpente de production du système oasien .......................................... 45 
Les arbres fruitiers ................................................................................................................................... 47 
Les cultures basses .................................................................................................................................. 50 
L’élevage .................................................................................................................................................. 51 
Caractéristiques des sols et aspects de dégradation .................................................................................. 53 
Evolution verticale des sols ..................................................................................................................... 54 
Evolution des sols le long de la vallée ..................................................................................................... 58 
Conclusion sur les sols ................................................................................................................................. 63 
L’ensablement Stade ultime de la désertification de la vallée du Ziz ............................................................. 67 
Le Vent, principal agent d’ensablement ...................................................................................................... 69 
Le Vent, agent d’érosion .............................................................................................................................. 70 
Le vent, agent de transport ..................................................................................................................... 72 
Le vent, agent de formation des dunes ................................................................................................... 73 
Le sable et ses origines et ses accumulations ............................................................................................. 74 
Origine autochtone .................................................................................................................................. 74 
Origine allochtone ................................................................................................................................... 75 
Origine auto‐ allochtone .......................................................................................................................... 75 
Indices déterminant les origines du sable. .............................................................................................. 75 
Dépôts de sable ....................................................................................................................................... 76 
La dynamique des dunes dans le pays du Ziz .............................................................................................. 79 
Menaces d’ensablement et efforts de luttes .............................................................................................. 81 
Sites menacés par l’ensablement ............................................................................................................ 83 
Lutte contre l’ensablement ..................................................................................................................... 87 
Actions entreprises par la population locale ........................................................................................... 89 
Actions entreprises par les pouvoirs publics ........................................................................................... 91 
Actions entreprises par des institutions et organismes nationaux et internationaux ............................ 92 
Conclusion sur l’ensablement ..................................................................................................................... 94 
Conclusion générale ........................................................................................................................................ 97 
Table des matières ........................................................................................................................................ 105 
 

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