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1 NÉGLIGEABILITÉ
1.1 INTRODUCTION
Définition (Négligeabilité)
• Fonctions : Soient f : D −→ R et g : D −→ R deux fonctions et a ∈ D. On suppose que g ne s’annule pas au
voisinage de a — sauf peut-être en a avec dans ce cas : f (a) = 0. On dit que f est négligeable devant g au
f (x)
voisinage de a si : lim = 0, ce qu’on note : f = o(g) ou f (x) = o g(x) , « f est un petit o de
x→a g(x) a x→a
g au voisinage de a ».
• Suites : Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites. On suppose : vn 6= 0 à partir d’un certain rang. On dit que
un
(un )n∈N est négligeable devant (vn )n∈N si : lim = 0, ce qu’on note : un = o(vn ), « un est un petit
n→+∞ v n→+∞
n
o de vn ».
1 1 1 1
Exemple x2 = o x4 , MAIS : x4 = o x2 . = o , MAIS : = o .
x→+∞ x→0 x2 x→+∞ x x x→0 x2
1 1
n2 = o n4 . 2n = n
o 3 . = o .
n→+∞ n→+∞ n2 n→+∞ n
Théorème (Croissances comparées usuelles des suites) Les croissances comparées usuelles des fonctions en +∞
peuvent bien sûr être exprimées en termes de suites — remplacer x par n.
On a par ailleurs, pour tout a ∈ R : an = o(n!).
n→+∞
1
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Explication
• Nous avons introduit la notation « petit o » sous sa forme la plus élémentaire — mise en relation de deux fonctions
ou de deux suites — mais on la rencontre en réalité le plus souvent sous la forme suivante :
f = g + o(h) pour les fonctions et un = vn + o(w n ) pour les suites.
a n→+∞
Ce qui est affirmé ici, c’est que : f = g +ǫ avec : ǫ = o(h) et que : un = vn + ǫn avec : ǫn = o(w n ),
a n→+∞
i.e. que o(h) est « UNE certaine fonction négligeable devant h au voisinage de a » et o(w n ) « UNE certaine suite
négligeable devant (w n )n∈N ».
• Partons de l’affirmation : e x = 1+x+x 2 +o(x), selon laquelle grosso modo, pour x proche de 0 : e x ≈ 1+x+x 2 .
x→0
Cette approximation n’a de sens que si l’on peut y mesurer l’erreur commise. En l’occurrence, ici : ex ≈ 1 + x + x 2
À UN o(x) PRÈS. C’est un peu comme quand on dit que : π ≈ 3, 14 à 10−2 près.
Imaginez justement qu’on vous dise : « π est égal à 3,14012 à 10−2 près », vous répondrez naturellement : « Pourquoi
pas seulement 3,14 puisqu’on raisonne à 10−2 près ? » Et vous aurez raison, raisonner à 10−2 près, c’est négliger tout
ce qui est plus petit que 10−2 . Ainsi l’approximation : π ≈ 3, 14 à 10−2 près est aussi précise que l’approximation :
π ≈ 3, 141592 à 10−2 près, quand bien même on écrit deux décimales correctes dans un cas et six dans l’autre.
Il se passe la même chose avec les petits o. Comme : x 2 = o(x), la quantité x 2 est inutile dans la relation :
x→0
e x = 1 + x + x 2 + o(x) donc nous pouvons lui couper la tête : e x = 1 + x + o(x). Cette nouvelle proposition
x→0 x→0
n’est ni plus ni moins précise que la précédente mais elle est plus lisible et plus économe.
f −ℓ
Démonstration lim f = ℓ ⇐⇒ lim =0 ⇐⇒ f − ℓ = o(1) ⇐⇒ f = ℓ + o(1).
a a 1 a a
En vue des théorèmes du présent paragraphe, introduisons quelques objets une fois pour toutes :
• Soient f , fe, g, e
g et h des fonctions définies sur D et à valeurs dans R et a ∈ D. Chaque fois qu’on écrira une relation :
f = o(g), on supposera que g ne s’annule pas au voisinage de a — sauf peut-être en a avec : f (a) = 0.
a
f f λf
Démonstration Si : lim = 0, alors : lim =0 et lim = 0.
a g a λg a g
2
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
1 1 1 1 2 1 2 1
Exemple Si on admet l’égalité : en = 1+ +o , alors : 2 en = 2+ +2 o = 2+ +o .
n→+∞ n n n→+∞ n n n→+∞ n n
• Suites : Si : un = o(vn ) et en
u = o(vn ), alors : un + u
en = o(vn ).
n→+∞ n→+∞ n→+∞
un en
u un + uen
Démonstration Si : lim =0 et lim = 0, alors : lim =0 par somme.
n→+∞ v n→+∞ v n→+∞ vn
n n
Théorème (Un petit o d’un petit o est un petit o) La relation « être négligeable » est transitive.
• Fonctions : Si : f = o(g) et g = o(h), alors : f = o(h).
a a a
f g f
Démonstration Si : lim =0 et lim = 0, alors : lim =0 par produit.
a g a h a h
1
1 1 1 1
Exemple Si on admet l’égalité : e n2
= 1 + 2 + o 2 , alors comme : = o , il vient :
n→+∞ n n n2 n→+∞ n
1
2
1 1 1 1 1
e n = 1+o +o o = 1+o +o = 1+o .
n→+∞ n n n→+∞ n n n→+∞ n
3
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
En pratique Pour : a 6= ±∞, ce résultat permet en particulier de ramener par translation toute relation :
f (x) = o g(x) au voisinage de a en une relation : f (a + h) = o g(a + h) au voisinage de 0.
x→a h→0
p p
Exemple Comme : x = o(x), alors : ln x = o(ln x) après composition À DROITE par ln.
x→+∞ x→+∞
2 2
Également, comme : 2n = o 3n , alors : 2n = o 3n .
n→+∞ n→+∞
DÉVELOPPEMENTS LIMITÉS
3
2
re 2
y = ex
Ordre
Ord
2.1 INTRODUCTION
Approximation
LOCALE
Nous cherchons dans ce paragraphe à approximer les fonctions par des fonctions
polynomiales au voisinage d’un point, généralement 0. Nous allons par exemple montrer au voisinage de 0
1
re
d
r
O
x2 x3
que : e x = 1+ x + + +o x 3 . Ce résultat signifie que la fonction polynomiale
x→0 2 6
de degré inférieur ou égal à 3 la plus proche de l’exponentielle au voisinage de 0 est la
x2 x3 x2 b
Explication Plus n est grand, plus la quantité (x − a)n est petite au voisinage de a. Du coup, plus n est grand,
plus l’approximation de f obtenue au voisinage de a est précise.
1 Xn
Exemple Pour tout n ∈ N : = xk + o xn = 1 + x + x2 + . . . + xn + o xn .
1 − x x→0 k=0 x→0
X
n
1 − x n+1
Démonstration Pour tout x ∈ R \ 1 : xk = ,
k=0
1− x
x 1 Xn
x Xn Xn
or : lim = 0, donc : = xk + xn = x k + x n o(1) = xk + o xn .
x→0 1 − x 1− x 1 − x x→0 k=0 x→0
k=0 k=0
En pratique
• On peut ramener tout développement limité au voisinage de a à un développement
limité au voisinage de 0.
Précisément, si : f (x) = a0 + a1 (x − a) + . . . + an (x − a)n + o (x − a)n , alors après composition À DROITE par
x→a
la fonction x 7−→ x + a : f (x + a) = a0 + a1 x + . . . + an x n + o x n .
x→0
• Supposons qu’on ait un développement limité de f à l’ordre n : f (x) = a0 +a1 (x −a)+. . .+an (x −a)n +o (x −a)n .
x→a
On dispose alors d’un développement de f à tout ordre m ¶ n : f (x) = a0 +a1 (x −a)+. . .+am (x −a)m +o (x −a)m .
x→a
Cette opération d’oubli des termes de degré compris entre m + 1 et n est appelée troncature à l’ordre m.
4
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Théorème (Unicité des coefficients d’un développement limité) En cas d’existence, la liste des coefficients d’un
développement limité est unique.
avec a0 , . . . , an , b0 , . . . , bn ∈ R. Nous pouvons alors noter p le plus petit indice pour lequel : a p 6= b p . Après
troncature : a p (x − a) p + o (x − a) p = b p (x − a) p + o (x − a) p , donc : a p − b p = o(1), donc enfin :
x→a x→a
ap = bp — contradiction !
Le résultat suivant est une conséquence immédiate des définitions de la continuité et de la dérivabilité en un point.
Théorème (Lien développement limité/parité/imparité) On suppose que D contient 0 et que D est symétrique par
rapport à 0. Soit f : D −→ R une fonction.
• Si f est paire et possède un développement limité au voisinage de 0, alors les coefficients de rang impair sont nuls.
• Si f est impaire et possède un développement limité au voisinage de 0, alors les coefficients de rang pair sont nuls.
Démonstration Sous l’hypothèse que f est paire, commençons par écrire son développement limité à l’ordre
n au voisinage de 0 : f (x) = a0 + a1 x + . . . + an x n + o x n avec a0 , . . . , an ∈ R. Composons à droite par
x→0
2 3
x 7−→ −x : f (x) = f (−x) = a0 − a1 x + a2 x − a3 x + . . . + (−1) an x n + o x n , et donc aussitôt, par unicité
n
x→0
des coefficients : a1 = −a1 donc : a1 = 0, a3 = −a3 donc : a3 = 0, etc.
5
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Démonstration Pour tout x ∈ D \ a , g est continue sur [a, x] (ou [x, a]) et dérivable sur ]a, x[ (ou ]x, a[),
g(x) − g(a)
donc d’après le théorème des accroissements finis : = g ′ (c x ) pour un certain c x ∈ ]a, x[ (ou
x −a
]x, a[). Ce procédé nous fournit une fonction
c : D \ a −→ R telle
que
pour tout x ∈ D \ a : |c x − a| < |x − a|
g(x) − g(a) g ′ (c x ) g ′ (c x ) c x − a n
— donc : lim c x = a. Aussitôt : = = × −→ 0.
x→a (x − a)n+1 (x − a)n (c x − a)n | x − {za } x→a
| {z }
−→0 ¶1
x →a
Explication On peut donc TOUJOURS primitiver terme à terme le développement limité d’une dérivée !
g
X
n
(x − a)k+1 g′
Démonstration La fonction x 7−→ f (x)− f (a)− ak est dérivable sur D de dérivée la fonction x 7−→
k=0
k+1
X
n
f ′ (x)− ak (x − a)k . Or ici : g ′ (x) = o (x − a)n , donc d’après le lemme : g(x) = g(a)+o (x − a)n+1 ,
x→a x→a
k=0
et c’est exactement le résultat voulu.
X
n
xk x2 x3 x4 xn
Exemple Pour tout n ∈ N∗ : ln(1 + x) = (−1)k+1 + o xn = x − + − + . . . + (−1)n+1 + o xn .
x→0
k=1
k x→0 2 3 4 n
1 X n−1
1 X n−1
Démonstration Puisque : = x k + o x n−1 , alors : = (−1)k x k + o x n−1 après
1 − x x→0 k=0 1 + x x→0 k=0
X n
xk
composition par x 7−→ −x. Primitivons : ln(1 + x) = (−1)k+1 + o xn sachant que : ln 1 = 0.
x→0
k=1
k
X
n
x 2k+1 x3 x5 x7 x 2n+1
Exemple Pour tout n ∈ N : Arctan x = +o x 2n+1 = x −
(−1)k + − +. . .+(−1)n +o x 2n+1 .
x→0
k=0
2k + 1 x→0 3 5 7 2n + 1
On remarque que les coefficients de rang pair sont tous nuls — évidemment puisque la fonction arctangente est impaire.
1 Xn
1 X n
Démonstration Puisque : = x k + o x n , alors : 2
= (−1)k x 2k + o x 2n après
1 − x x→0 k=0 1 + x x→0 k=0
X n
x 2k+1
2
composition par x 7−→ −x . Primitivons : Arctan x = (−1)k +o x 2n+1 sachant que : Arctan 0 = 0.
x→0
k=0
2k + 1
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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Explication Ce résultat est avant tout un théorème d’EXISTENCE de développements limités. Sur cette question,
nous disposons à présent de deux équivalences et d’une IMPLICATION (seulement) :
Xn
f (k) (a)
n
Démonstration Par récurrence — au rang n : ∀ f ∈ C (D, R), f (x) = (x − a)k + o (x − a)n .
x→a
k=0
k!
Initialisation : Nous savons déjà que pour toute fonction f : D −→ R continue : f (x) = f (a) + o(1).
x→a
Xn
xk x2 x3 x4 xn
Exemple Pour tout n ∈ N : ex = + o xn = 1 + x + + + + ... + + o xn .
x→0
k=0
k! x→0 2 6 24 n!
Xn
x 2k+1 x 3
x 5
x 2n+1
Également : sh x = + o x 2n+1 = x + + + ... + + o x 2n+1
x→0
k=0
(2k + 1)! x→0 6 120 (2n + 1)!
Xn
x 2k x 2
x 4
x 2n
et ch x = + o x 2n = 1 + + + ... + + o x 2n .
x→0
k=0
(2k)! x→0 2 24 (2n)!
Démonstration
• L’exponentielle est de classe C n sur R donc possède un développement limité à l’ordre n au voisinage de 0
Xn
exp(k) (0) k Xn
xk
d’après la formule de Taylor-Young, et : e x = x + o xn = + o xn .
x→0
k=0
k! x→0
k=0
k!
1 X xk 1 X X
2n+1 2n+1 n
e x − e−x xk x 2k+1
• Pour sh : sh x = = − (−1)k + o x 2n+1 = + o x 2n+1 .
2 x→0 2 k=0 k! 2 k=0 k! x→0
k=0
(2k + 1)!
Tout simplement, les termes de rang pair se simplifient deux à deux tandis que les termes de rang impair
sont comptés deux fois mais aussitôt divisés par 2.
Démonstration La fonction x 7−→ (1 + x)α est de classe C n sur ] − 1, +∞[ et pour tout k ∈ ¹0, nº, sa dérivée
kème est la fonction x 7−→ α(α − 1)(α − 2) . . . (α − k + 1)(1 + x)α−k . On conclut grâce à la formule de Taylor.
7
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
X
n
x 2k+1 x3 x5 x 2n+1
Exemple Pour tout n ∈ N : sin x = (−1)k + o x 2n+1 = x − + + . . . + (−1)n + o x 2n+1
x→0
k=0
(2k + 1)! x→0 6 120 (2n + 1)!
X
n
x 2k x2 x4 x 2n
et cos x = + o x 2n = 1 −
(−1)k + + . . . + (−1)n + o x 2n .
x→0
k=0
(2k)! x→0 2 24 (2n)!
kπ kπ
Démonstration Pour tous k ∈ N et x ∈ R : sin(k) (x) = sin x + et cos(k) (x) = cos x + ,
2 2
sin(2k) (0) = 0 cos(2k) (0) = (−1)k
donc : (2k+1)
et On conclut grâce à la formule de Taylor-Young.
sin (0) = (−1) k
cos(2k+1) (0) = 0.
x3
Exemple tan x = x + + o x3 .
x→0 3
On peut déterminer explicitement un développement limité de tangente à tout ordre au voisinage de 0, mais le résultat est
compliqué et hors programme.
i π πh
Démonstration La fonction tangente est de classe C 3 sur − , donc possède un développement limite à
2 2
l’ordre 3 au voisinage de 0 d’après la formule de Taylor-Young. Il reste à calculer ses quatre premières dérivées
en 0.
tan 0 = 0, tan′ = 1 + tan2 donc : tan′ (0) = 1, tan′′ = 2 tan tan′ = 2 donc : tan′′ (0) = 0
∗ n
En pratique (Dérivation des développements limités) Soient n ∈ N , f ∈ C (D, R) et a ∈ D. D’après la formule
′
de Taylor-Young, f possède au voisinage de a un développement limité à l’ordre n et f un développement à l’ordre n − 1 :
Xn
f (k) (a) X
n−1 (k+1)
f (a)
f (x) = (x − a)k + o (x − a)n et f ′ (x) = (x − a)k + o (x − a)n−1 .
x→a
k=0
k! x→a
k=0
k!
Il se trouve alors — essayez, ça marche — que le développement limité de f ′ s’obtient en dérivant terme à terme celui de f .
$ ATTENTION ! $ ON NE PEUT PAS TOUJOURS DÉRIVER UN DÉVELOPPEMENT LIMITÉ . On le peut à l’ordre n pour une
fonction DE CLASSE C n , i.e. quand on peut appliquer la formule de Taylor-Young.
1 Xn
Exemple Pour tout n ∈ N : 2
= (k + 1)x k + o x n = 1 + 2x + 3x 2 + 4x 3 + . . . + (n + 1)x n + o x n .
(1 − x) x→0
k=0
x→0
1
Démonstration Comme x 7−→ est de classe C n+1 sur ]−∞, 1[, on n’a qu’à dériver son développement
1− x
1 X
n+1
limité à l’ordre n + 1 au voisinage de 0 : = x k + o x n+1 = 1 + x + x 2 + x 3 + . . . + x n+1 + o x n+1 .
1 − x x→0 k=0 x→0
Les formules du tableau qui suit doivent être connues PAR CŒUR sans délai et sans la moindre hésitation.
Pour les fonctions paires, les développements limités sont donnés à l’ordre 2n pour tout n ∈ N, mais par exemple, puisque
vous connaissez un développement limité de la fonction cosinus au voisinage de 0 aux ordres 0, 2, 4, 6. . . , bien sûr que vous en
x2
connaissez un à l’ordre 3, il suffit de tronquer au bon endroit : cos x = 1− +o x 3 . Notez bien que ce développement
x→0 2
x2
2
est PLUS FIN que le développement à l’ordre 2 : cos x = 1 − + o x . Sur le développement à l’ordre 3, on ne voit
x→0 2
pas de terme d’ordre 3 mais ce n’est qu’une impression, IL Y A UN TERME D’ORDRE 3, avec un coefficient 0. À l’ordre 2, c’est
différent, on ne voit pas de terme d’ordre 3 parce qu’un tel terme est réellement INVISIBLE à ce niveau de précision.
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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
1 Xn
= xk + o xn = 1 + x + x2 + . . . + xn + o xn
1 − x x→0 k=0 x→0
X
n
xk x2 x3 x4 xn
ln(1 + x) = (−1)k+1 + o xn = x − + − + . . . + (−1)n+1 + o xn
x→0
k=1
k x→0 2 3 4 n
Xn
xk x2 x3 x4 xn
ex = + o xn = 1 + x + + + + ... + + o xn
x→0
k=0
k! x→0 2 6 24 n!
x3
tan x = x + + o x3
x→0 3
X
n
x 2k+1 x3 x5 x 2n+1
sh x = + o x 2n+1 = x + + + ... + + o x 2n+1
x→0
k=0
(2k + 1)! x→0 6 120 (2n + 1)!
Xn
x 2k x2 x4 x 2n
ch x = + o x 2n = 1 + + + ... + + o x 2n
x→0
k=0
(2k)! x→0 2 24 (2n)!
x2 3 x6
Exemple ex = 1 + x + + o x 2 , donc : e x = 1 + x 3 + + o x6 .
x→0 2 x→0 2
x2 x4
2 2
De même : ln(1 + x) = x − + o x , donc : ln 1 + x = x2 − + o x4 .
x→0 2 x→0 2
Conclusion : quand on remplace simplement x par x p dans un développement limité, l’ordre du résultat est simplement
multiplié par p. Nous verrons plus loin que la situation est plus compliquée pour la composition en général.
ln 1 + x 2
Exemple On veut un développement limité de à l’ordre 5 lorsque x tend vers 0.
x
ln 1 + x 2 x 2 + . . . + o x···
Démonstration Pour commencer : = . Pour obtenir un ordre 5, il nous faut
x x→0 x
un numérateur à l’ordre 6, et pour cela, on peut partir d’un développement limité de ln(1 + x) à l’ordre 3.
x4 x6
ln 1 + x 2 x2 − + + o x6
2 3 x3 x5
= = x− + + o x5 .
x x→0 x x→0 2 3
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Exemple On veut un développement limité de ln(1 + x) sin x à l’ordre 4 lorsque x tend vers 0.
Démonstration
x2 x3 x4 4
x3 4
• Demi-échec : ln(1 + x) sin x = + −
x− + o x x − + o x
x→0 2 3 4 6
x 3
x 4
x 5
= x2 − + − + o x5 . Cette fois c’est trop fin !
x→0 2 6 6
Trop de finesse vaut mieux que pas assez, mais nous avons fait trop de calculs.
x2 x3 x3 x3 x4
• Succès : ln(1 + x) sin x = x − + + o x3 x− + o x3 = x2 − + + o x4 .
x→0 2 3 6 x→0 2 6
Exemple On veut un développement limité de e x sin x 2 à l’ordre 7 lorsque x tend vers 0.
Démonstration On ne va pas tâtonner chaque fois ! Tâchons d’anticiper. Ce qui compte, ce sont les premiers
termes des deux quantités multipliées et l’ordre 7 auquel on veut aboutir.
2
e x sin x 2 = 1 + . . . + o x··· x + . . . + o x··· .
x→0
Il nous faut ici un o x 5 . Il nous faut ici un o x 7 .
Or, pour avoir un développement limité de sin x 2 à l’ordre 7, il faut partir d’un développement limité de sin x à
x 2
x2 x3 x4 x5 5
2 x6 7
l’ordre 4. Le reste n’est qu’un calcul : e sin x = 1+ x + + + + +o x x − +o x
x→0 2 6 24 120 6
x 4 x 5 x 6 19x 7
= x2 + x3 + + − − + o x7 .
x→0 2 6 8 120
Exemple On veut un développement limité de (Arctan x)2 cos x à l’ordre 5 lorsque x tend vers 0.
2 x3 4
2 x2 3
Démonstration (Arctan x) cos x = x − +o x 1− +o x
x→0 3 2
2 2x 4 5
x2 3
7x 4
= x − +o x 1− +o x = x2 − + o x5 .
x→0 3 2 x→0 6
p 1 1 2 1 3 3 x
1 + Arctan x = 1+ x + o(x) − x + o(x)) + x + o(x)) + o x + o(x)) = 1+ + o(x).
x→0 2 8 16 | {z } x→0 2
= o(x 3 )
Le o(x) de Arctan
x p
x →0 Pas assez fin !
3
mange tous les o x 2 , o x 3 . . . Le o u de 1 + u
qui peuvent apparaître ailleurs. est irrémédiablement perdu.
p
Nous sommes partis d’un développement limité de 1 + u à l’ordre 3, mais la précision du développement
limité de Arctan x compte aussi manifestement.
p u x3
• Échec : 1+u = 1+ + o(u) et Arctan x = x − + o x 3 , donc :
u→0 2 x→0 3
p 1 x3 3
x3 3
x
1 + Arctan x = 1 + x− +o x +o x − +o x = 1 + + o(x). Pas assez fin !
x→0 2 3 3 x→0 2
| {z }
= o(x)
Le o x 3 de Arctan x x →0 p
Le o(u) de 1 + u annule
est irrémédiablement perdu.
toute la finesse du o x 3 de Arctan x.
10
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
p u u2 u3 x3
• Succès : −
1+u = 1+ + + o u3 et Arctan x = x − + o x 3 , donc :
u→0 2 8 16 x→0 3
2
p 1 x3 1 x 3 1 x 3 3 x 3 3
1 + Arctan x = 1 + x− + o x3 − x− + o x3 + x− + o x3 +o x− + o x3
x→0 2 3 8 3 16 3 3
| {z }
Le o x 3 de Arctan x = o(x 3 )
x →0
mange tous les o x 4 , o x 5 . . . Même
chose
p
ici
qui peuvent apparaître ailleurs. avec le o u3 de 1 + u.
2 3
1 x3 1 x3 1 x3
= 1+ x− −
x− + x− + o x3
x→0 2 3 8 3 16 3
1 x 3
1 2 1 x x 2 5x 3
= 1+ x− − x + x3 + o x3 = 1 + − − + o x3 .
x→0 2 3 8 16 x→0 2 8 48
p
La précision globale du calcul effectué dépend À LA FOIS du o x 3 de Arctan x ET du o u3 de 1 + u. Cela
veut dire qu’il faut toujours réfléchir à la précision choisie pour les DEUX fonctions qu’on compose quand
on calcule un développement limité d’une composée.
Exemple On veut un développement limité de Arctan x 3 e x à l’ordre 11 lorsque x tend vers 0.
Démonstration On part de ceci : Arctan u = u + . . . + o u··· et x 3 e x = x 3 + . . . + o x··· .
u→0 x→0
À cause du u et du o x··· , il faut pousser x 3 e x à l’ordre 11, donc e x à l’ordre 8. À cause du x 3 et du o u··· , il faut
pousser Arctan u à l’ordre 4. Ensuite il faut calculer — ici c’est affreux !
1
En pratique Pour calculer un développement limité de au voisinage de 0 lorsque : lim f = 1, on compose
f 0
1
simplement un développement limité de f au voisinage de 0 avec un développement limité de lorsque u tend vers 0.
1+u
1 x 2 5x 4
Exemple = 1+ + + o x4 .
cos x x→0 2 24
x2 x4 1
Démonstration Comme : cos x = 1 − + + o x 4 et = 1 − u + u2 + o u2 , alors :
x→0 2 24 1 + u u→0
2 2
1 1 x2 x4 x x4
= 2 = 1− − + + − + + o x4
cos x x→0 x x 4 x→0 2 24 2 24
1+ − + + o x4
2 2 24 4
x x4 x x 2 5x 4
= 1− − + + + o x4 = 1 + + + o x4 .
x→0 2 24 4 x→0 2 24
11
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
x3 3x 2
Exemple = 6− + o x2 .
sh x − x x→0 10
x3 x3 6 x2 2
3x 2
Démonstration = 3 = = 6 1 − + o x = 6− + o x2 .
sh x − x x→0 x x 5 x→0 x 2 x→0 20 x→0 10
+ + o x5 1+ + o x2
6 120 20
x − 2 (x − 2)2 (x − 2)3
Exemple ln x = ln 2 + − + + o (x − 2)3 .
x→2 2 8 24
Démonstration On ramène le problème en 0 grâce au changement de variable : x = 2 + h. Chercher un
développement limité de ln x à l’ordre 3 lorsque x tend vers 2 revient alors à chercher un développement limité
h h h2 h3
de ln(2 + h) à l’ordre 3 lorsque h tend vers 0. Or : ln(2 + h) = ln 2 + ln 1 + = ln 2 + − + + o h3 .
2 h→0 2 8 24
1 1 π 1 π 2 1 π 3 π 3
Exemple cos x = p − p x − − p x− + p x− +o x − .
x→ π
4 2 2 4 2 2 4 6 2 4 4
π
Démonstration On ramène le problème en 0 via le changement de variable : x= + h.
4
π cos h − sin h 1 h2 h3 1 h h2 h3
cos +h = p = p 1− + o h3 − h − + o h3 = p − p − p + p +o h3 .
4 2 h→0 2 2 6 h→0 2 2 2 2 6 2
3 ÉQUIVALENCE
3.1 INTRODUCTION
Définition (Équivalence)
• Fonctions : Soient f : D −→ R et g : D −→ R deux fonctions et a ∈ D. On suppose que f et g ne s’annulent pas
au voisinage de a — sauf peut-être en a toutes les deux. On dit que f est équivalente à g au voisinage de a si :
f (x)
lim = 1, ce qu’on note : f ∼ g ou f (x) ∼ g(x).
x→a g(x) a x→a
1 1 1
Exemple x2 + x + 5 ∼ x 2. x + x 2 ∼ x. + 2 ∼ . 3n + 2n ∼ 3n .
x→+∞ x→0 n n n→+∞ n n→+∞
$ ATTENTION ! $ Quand vous cherchez un équivalent, votre résultat ne doit JAMAIS se présenter comme une SOMME
DE DEUX OU TROIS TERMES DE TAILLES DISTINCTES. Par exemple, si l’on vous demande un équivalent de x − 3x 2 + x 5 lorsque
x − 3x 2 + x 5
x tend vers 0, ne répondez pas : x − 3x 2 + x 5 ∼ x − 3x 2 . C’est correct puisque : lim = 1, mais non
x→0 x→0 x − 3x 2
2 2
abouti car vous pouvez encore comparer x et x , et en l’occurrence : x = o(x). L’équivalence intéressante est donc :
x→0
2 5
x − 3x + x ∼ x. En résumé : IL NE DOIT EN RESTER QU ’UN — le plus gros, celui qu’on voit de loin.
x→0
Explication Dans l’armoire des suites, la notion de limite crée des tiroirs qui permettent de faire un premier tri.
Dans le « tiroir +∞ » sont rangées toutes les suites de limite +∞, dans le « tiroir 2 » toutes les suites de limite 2. . . et dans
le « tiroir sans limite » toutes
les suites sans limite. Or dans certains tiroirs, il serait intéressant que de nouveaux sous-tiroirs
soient créés. Les suites n2 n∈N , n2 + n n∈N et 2n n∈N sont toutes trois dans le « tiroir +∞ » par exemple, mais on sent bien
que n2 n∈N et 2n n∈N portent des infinis de tailles différentes tandis que n2 n∈N et n2 + n n∈N portent le même infini.
12
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§ −∞ π +∞
Les tiroirs −2 0 1 Pas de limite
b b b b b b b
« limite »
p
−2n −n3 1 e−n n n! n sin n
− (−1)n
1 p n 1
n − 2n+ n −n3 + 2n n e−n
+4 −n
n + ln n n! − 4 ne sin n
n
Les nouveaux p
−2n n −n4 n 1 n+1 (n + 2)! (−1)n n2 en n sin n
sous-tiroirs ! p − p p
n+ n n + sin n n2 + 1 e + n4
n
1 + e−n n4 + 3 n2 + 2
3
e3n + 1
... ... ... ... ... ... ... ...
1 p
« Tiroir −2n » « Tiroir −n3 » « Tiroir − » « Tiroir e−n » « Tiroir n» « Tiroir n! » « Tiroir (−1)n » « Tiroir n sin n »
n
En vue des théorèmes du présent paragraphe et des suivants, on introduit une fois pour toutes quelques objets :
• Soient f , fe, g, e
g et h des fonctions définies sur D et à valeurs dans R et a ∈ D. Chaque fois qu’on écrira une relation :
f ∼ g, on supposera que f et g ne s’annulent pas au voisinage de a — sauf peut-être en a toutes les deux.
a
Théorème (La relation « être équivalente à » est une relation d’équivalence) Qu’on parle de fonctions au voisinage
d’un point ou de suites, la relation « être équivalente à » est une relation d’équivalence.
Explication Les classes d’équivalence de la relation « être équivalente à » sont exactement les sous-tiroirs dont
nous venons de parler. Dire que : x 2 + x ∼ x 2 , c’est dire que les fonctions x 7−→ x 2 + x et x 7−→ x 2 portent
x→+∞
fondamentalement la même charge infinie au voisinage de +∞ — méritent le même sous-tiroir.
Démonstration
f
• Réflexivité : = 1 donc : f ∼ f .
lim
f a a
f g f
• Transitivité : Si : f ∼ g et g ∼ h, alors : lim =1 et lim = 1, donc : lim =1
a a a g a h a h
par produit, i.e. : f ∼ h.
a
f g
• Symétrie : Si : f ∼ g, alors : lim =1 donc : lim = 1, i.e. : g ∼ f.
a a g a f a
• Suites :
(i) Si : un ∼ vn , alors soit (un )n∈N et (vn )n∈N ont toutes les deux une limite, en l’occurrence la même, soit
n→+∞
aucune de ces deux suites ne possède de limite.
(ii) Si : lim un = ℓ avec ℓ RÉEL et NON NUL, alors : un ∼ ℓ.
n→+∞ n→+∞
Explication
• D’après (i), deux fonctions ou suites qui sont dans le même « tiroir-équivalence » sont aussi dans le même « tiroir-
limite », de sorte que les « tiroirs-équivalence » sont bien des SOUS-tiroirs des « tiroirs-limite ».
• D’après (ii), pour tout ℓ ∈ R∗ , TOUTE suite de limite ℓ est équivalente à la suite constante (ℓ)n∈N , donc le « tiroir ℓ »
n’a pas de sous-tiroir. Nous n’avons par conséquent créé des sous-tiroirs que pour quatre « tiroirs-limite » — le « tiroir
−∞ », le « tiroir 0 », le « tiroir +∞ » et le « tiroir sans-limite ».
13
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lim f = lim g =⇒ f ∼g
a a a Ne pas comprendre ceci,
$ ATTENTION ! $ c’est ne rien comprendre au chapitre.
lim un = lim vn =⇒ un ∼ vn
n→+∞ n→+∞ n→+∞
De plus, si (un )n∈N possède une limite : lim un+1 = lim un , mais en général : un+1 ∼ un — pensez par
n→+∞ n→+∞ n→+∞
exemple à la suite 2n n∈N .
Explication Résultat essentiel selon lequel : IL Y A TOUJOURS UN PETIT o DANS UNE ÉQUIVALENCE, un
petit o caché qui contrôle l’approximation de f par g ou de un par vn .
f f −g
Démonstration f ∼g ⇐⇒ lim =1 ⇐⇒ lim =0 ⇐⇒ f − g = o(g).
a a g a g a
Explication En résumé, le PREMIER TERME NON NUL d’un développement limité peut tenir lieu d’équivalent. Les
équivalents usuels au voisinage de 0 sont ainsi les suivants :
x2
ln(1+x) ∼ x. e x −1 ∼ x. (1+x)α −1 ∼ αx. sh x ∼ x. ch x−1 ∼ .
x→0 x→0 x→0 x→0 x→0 2
x2
sin x ∼ x. cos x − 1 ∼ − . tan x ∼ x. Arctan x ∼ x.
x→0 x→0 2 x→0 x→0
Démonstration Les fonctions Arcsin, Arccos et th sont de classe C 1 au voisinage de 0, on peut donc utiliser la
formule de Taylor-Young à l’ordre 1.
$ ATTENTION ! $ Ne présentez jamais vos équivalents comme une SOMME DE TERMES DE TAILLES DISTINCTES car
dans une telle somme en réalité, seul le plus grand des termes compte, les autres sont négligeables.
À la place de : e x − 1 ∼ x, n’écrivez donc pas : e x ∼ 1 + x. Cette équivalence est correcte, mais comme :
x→0 x→0
x x
x = o(1), écrire que : e ∼ 1+ x c’est écrire ceci : e ∼ 1 — résultat moins précis ! En d’autres termes, la
x→0 x→0 x→0
x
précision de l’équivalence : e −1 ∼ x est o(x) alors que la précision de l’équivalence : ex ∼ 1 + x est o(1).
x→0 x→0
14
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Théorème (Dans les petits o, on peut remplacer toute fonction/suite par une fonction/suite équivalente)
• Fonctions : Si : f = o(g) et g∼e
g, alors : f = o(e
g ).
a a a
• Suites : Si : un = o(vn ) et vn ∼ e
vn , alors un = vn ).
o(e
n→+∞ n→+∞ n→+∞
un vn un
Démonstration Si : lim =0 et lim = 1, alors : lim =0 par produit.
n→+∞ vn n→+∞ e
vn n→+∞ e
vn
∼ x
z x}|
→0
{
Exemple sin(sin x) = sin x + o(x) = x + o(x) + o x + o(x) = x + o(x) + o(x) = x + o(x).
x→0 x→0 x→0 x→0
On aurait pu procéder autrement en composant l’équivalence : sin x ∼ x avec elle-même : sin(sin x) ∼ sin x ∼ x.
x→0 x→0 x→0
• Suites : Si : un ∼ en
u et vn ∼ e
vn , alors : un vn ∼ en e
u vn .
n→+∞ n→+∞ n→+∞
1 1
Si : un ∼ vn et si : un 6= 0 à partir d’un certain rang, alors : ∼ .
n→+∞ un n→+∞ vn
Si : un ∼ vn et si : un > 0 à partir d’un certain rang : uαn ∼ vnα pour tout α ∈ R.
n→+∞ n→+∞
p ln x
Exemple x 2 + ln x − x ∼ .
x→+∞ 2x
v
ln x p t ln x ln x ln x
Démonstration lim = 0, donc : x2 + ln x − x = x 1+ 2 −1 ∼ x× 2 ∼ .
x→+∞ x 2 x x→+∞ 2x x→+∞ 2x
p
Exemple etan x − 1 + x 2 ∼ x.
x→0
Démonstrationp Nous ne savons pas ici à l’avance à quel ordre nous devons pousser nos développements limités
de etan x et 1 + x 2 lorsque x tend vers 0, nous devons donc avancer à tâtons, tâcher d’anticiper et faire preuve
d’intuition.
p p
etan x − 1 + x 2 = e x+o(x) − 1+o(x) = 1+x+o(x) − 1+o(x) = x+o(x), donc en effet : etan x − 1 + x 2 ∼ x.
x→0 x→0 x→0 x→0
15
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x4
Exemple ln 1 + x 2 − sin2 x ∼ − .
x→0 6
Démonstration Le tatônnement s’impose, espérons juste que le premier terme non nul n’est pas d’ordre 50.
2
2 2 x4 4
x3 4
2 2 x4 4
2 x4 4
x4
ln 1+x −sin x = x − +o x − x− +o x = x − +o x − x − +o x = − +o x 4 .
x→0 2 6 x→0 2 3 x→0 6
π π2
Exemple ch e−n − cos ∼ .
n n→+∞ 2n2
π
Démonstration Nous allons composer les limites : lim e−n = lim
= 0 avec les développements
n
n→+∞ n→+∞
x 2
limités suivants au voisinage de 0 : ch x = 1 + o(x) et cos x = 1 − + o x 2 . Pourquoi ces ordres
x→0 x→0 2
1 pour ch et 2 pour cos ? Parce que ça marche, mais on ne peut le comprendre qu’en essayant.
π π2 1 1 π2 1 1
ch e−n − cos = 1 + o e−n − 1 − 2 + o 2 = o 2 − − 2 +o 2 car : e−n = o 2
n n→+∞ 2n n n→+∞ n 2n n n→+∞ n
π2 1 −n π π2
= + o , donc en effet : ch e − cos ∼ .
n→+∞ 2n2 n2 n n→+∞ 2n2
ln(n + 1) ln n ln n
Exemple − . ∼
n n+1 n2 n→+∞
ln(n + 1) ln n (n + 1) ln(n + 1) − n ln n
Démonstration − = . Il nous suffit de trouver séparément un
n n+1 n(n + 1)
équivalent du numérateur et un équivalent du dénominateur. Or :
1 1 1 1
(n+1) ln(n+1)−n ln n = (n+1) ln 1 + +ln n = (n+1) +o +ln n = 1+ +o(1)+ln n = ln n+o(ln n),
n n→+∞ n n n→+∞ n n→+∞
4 DOMINATION
Définition (Domination)
• Fonctions : Soient f : D −→ R et g : D −→ R deux fonctions et a ∈ D. On suppose que g ne s’annule pas au
voisinage de a — sauf peut-être en a avec dans ce cas : f (a) = 0. On dit que f est dominée par g au voisinage
f
de a si la fonction est bornée au voisinage de a, ce qu’on note : f = O(g) ou f (x) = O g(x) , « f est
g a x→a
un grand O de g au voisinage de a ».
• Suites : Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites.
On suppose : vn 6= 0 à partir d’un certain rang N . On dit que
un
(un )n∈N est dominée par (vn )n∈N si la suite est bornée, ce qu’on note : un = O(vn ), « un est un
vn n¾N n→+∞
grand O de vn ».
Explication En particulier, pour les fonctions : O(1) = « une fonction bornée au voisinage de a », et pour
n
1 (−1)n 1
Exemple sin = O(1). p = O . e = O en .
x x→0 n− n n→+∞ n n→+∞
16
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• Suites : Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites. On suppose : vn 6= 0 à partir d’un certain rang.
Si : un = o(vn ) ou un ∼ vn , alors : un = O(vn ).
n→+∞ n→+∞ n→+∞
f f
Démonstration Si lim vaut 0 ou 1, la fonction est bornée au voisinage de a.
a g g
$ ATTENTION ! $ La domination n’implique ni lanégligeabilité, ni l’équivalence — c’est le contraire qui est vrai. Par
exemple : 2x 2 = O x 2 , mais : 2x 2 = o x 2 et 2x 2 ∼ x 2 .
x→0 x→+∞ x→+∞
Exemple
x2 x3 x2
• Puisque : ex = 1 + x + + + o x 3 , alors : e x = 1 + x + + O x 3 . Ce résultat est plus fin qu’un
x→0 2 6 x→0 2
développement limité à l’ordre 2, mais plus grossier qu’un développement limité à l’ordre 3.
x2
• Puisque : cos x = 1 − + o x 2 , alors : cos x = 1 + O x 2 . Ce résultat est plus fin qu’un développement
x→0 2 x→0
limité à l’ordre 1, mais plus grossier qu’un développement limité à l’ordre 2.
Les théorèmes du paragraphe « Opérations sur les petits o » sont tous vrais avec des grands O à la place des petits o :
— les grands O absorbent les constantes multiplicatives,
— la somme de deux grands O est un grand O,
— un grand O d’un grand O est un grand O,
— avec le produit, tout va bien,
— avec la composition À DROITE et les suites extraites, tout va bien.
5 EXEMPLES ET APPLICATIONS
X
n
1 X
n
1
Explication En particulier : = ln n + O(1), et même : ∼ ln n.
k=1
k n→+∞
k=1
k n→+∞
X
n
1 X
n
1
Démonstration Posons pour tout n ∈ N∗ : un = − ln(n + 1) et vn = − ln n.
k=1
k k=1
k
17
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
• Nous allons montrer que les suites (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ sont adjacentes. Cela montrera bien que (vn )n∈N est
convergente, disons de limite γ. Pour tout n ∈ N∗ :
— La suite (un )n∈N∗ est croissante et la suite (vn )n∈N∗ décroissante car pour tout n ∈ N∗ :
X
n+1 X
n Æ
1 1 1 n+2 1 1
un+1 − un = − ln(n + 2) − + ln(n + 1) = − ln = − ln 1 + ¾0
k=1
k k=1
k n+1 n+1 n+1 n+1
X
n+1 X
n Æ
1 1 1 n −1 −1
et : vn+1 − vn = − ln(n + 1) − + ln n = + ln =− + ln 1 + ¶ 0.
k=1
k k=1
k n+1 n+1 n+1 n+1
1
— Enfin : vn − un = ln(n + 1) − ln n = ln 1 + −→ 0.
n n→+∞
π 1 1 π
Exemple lim n e n − Arccos = + 1.
n→+∞ 2 n 2
1
Démonstration Forme indéterminée « +∞ × 0 » au premier abord, mais : = 0, donc : lim
n→+∞ n
π 1 1 π 1 1 π 1 1 π 1 1
n e n − Arccos = n 1+ +o − − +o = n + +o
2 n n→+∞ 2 n n 2 n n n→+∞ 2n n n
π
= + 1 + o(1). C’est le résultat annoncé car o(1) signifie « suite de limite nulle ».
n→+∞ 2
p
5
p3
1 + 6x − 1 + x 13
Exemple lim = .
x→0 3 sin x − ln(1 + x) 30
0
Démonstration » au premier abord. On cherche séparément un équivalent du numé-
Forme indéterminée «
0
rateur et un équivalent du dénominateur.
p p
5
p3 6x x 13x 5
p
3 13x
1 + 6x − 1 + x = 1 + + o(x) − 1 + + o(x) = +o(x), donc : 1 + 6x− 1 + x ∼ .
x→0 5 3 x→0 15 x→0 15
3 sin x − ln(1 + x) = 3 x + o(x) − x + o(x) = 2x + o(x), donc : 3 sin x − ln(1 + x) ∼ 2x.
x→0 x→0 x→0
p p 13x
5 3
1 + 6x − 1 + x 15 13 13
Conclusion : ∼ ∼ −→ .
3 sin x − ln(1 + x) x→0 2x x→0 30 x→0 30
1 1 x
ax + bx p
Exemple Pour tous a, b > 0 : lim = a b.
x→+∞ 2
1 ln a 1 1 ln a 1
Démonstration D’abord : donc :lim= = 0, = 1+ +o . ax e x Pareil pour b x .
x→+∞ x x→+∞ x x
1 1 p
ax + bx ln a ln b 1 ln a b 1
Ensuite : = 1+ + +o = 1+ +o .
2 x→+∞ 2x 2x x x→+∞ x x
18
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1 1 p p
ax + bx ln ab 1 ln a b 1
Et un coup de logarithme à gauche : ln = ln 1 + +o = +o ,
2 x→+∞ x x x→+∞ x x
1 1 1 1
+ ax p
bx ax +bx p
puis on multiplie par x : x ln = ln a b + o(1), et donc : lim x ln = ln a b.
2 x→+∞ x→+∞ 2
On compose enfin à gauche par la fonction exponentielle.
Explication Soit f : D −→ R une fonction et a ∈ D. On suppose que f est définie au voisinage de a à gauche et à
droite et admet un développement limité au voisinage de a : f (x) = a0 + a1 (x − a)+ an (x − a)n +o (x − a)n avec n ¾ 2
x→a
et : an 6= 0. Nous savons qu’alors : a0 = f (a) et a1 = f ′ (a), donc : f (x) − f (a) − f ′ (a)(x − a) ∼ an (x − a)n .
x→a
De plus, d’après l’équivalence précédente, la position du graphe de f au voisinage de a par rapport à sa tangente en a dépend
du signe de la fonction x 7−→ an (x − a)n au voisinage de a.
— Si n est pair, x 7−→ an (x −a)n a le signe de an au voisinage de a. Le graphe de f est situé au-dessus de sa
tangente en a au voisinage de a si : an > 0 et en-dessous si : an < 0. Si de plus : a1 = 0, f
Point possède un extremum local en a — un maximum local si : an < 0, un minimum local si : an > 0.
d’inflexion b
— Si n est impair, x 7−→ an (x − a)n change de signe en a, donc le graphe de f traverse sa tangente en a,
a on dit que f possède en a un point d’inflexion.
f x sin x
Exemple La fonction x 7−→ possède un minimum local en 0.
1 + x2
Démonstration Nous cherchons le premier terme non nul d’ordre au moins 2 dans le développement limité de
f au voisinage de 0. Pas possible de savoir à l’avance à quel ordre nous allons trouver ce terme, nous pouvons
juste espérer qu’il n’est pas trop grand. Ici, tout simplement : f (x) ∼ x 2 , donc : f (x) = x 2 + o x 2 .
x→0 x→0
En particulier, f est positive au voisinage de 0 avec : f (0) = 0, donc possède un minimum local en 0.
g ln(1 − 2x)
Exemple La fonction x 7−→ possède en 0 un point d’inflexion de tangente la droite d’équation : y = −2x.
1+ x
Démonstration Un calcul à l’ordre 2 ne suffit pas ici, on pousse à l’ordre 3 — mais pas moyen de le deviner à
l’avance !
28x 3 3
8x 3
g(x) = −2x − 2x − +o x 1 − x + x2 + o x2 = −2x − + o x3 .
x→0 3 x→0 3
8x 3
Comme annoncé, la tangente de g en 0 a pour équation : y = −2x, et comme :
, g(x) + 2x ∼ −
x→0 3
le graphe de g est au-dessus de sa tangente en 0 au voisinage de 0 à gauche et en-dessous à droite — point
d’inflexion !
Définition (Asymptote d’une fonction en ±∞) Soit f une fonction réelle définie au voisinage de +∞ — on ferait
de même en −∞ — et a, b ∈ R. On dit que f admet la droite d’équation : y = a x + b pour asymptote au voisinage de
+∞ si : f (x) = a x + b + o(1).
x→+∞
19
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f (x)
Explication En particulier : a = lim et b = lim f (x) − a x .
x→+∞ x x→+∞
x 3 + ⌊x⌋2
Exemple La fonction x 7−→ admet la droite d’équation : y = x +1 pour asymptote au voisinage de ±∞.
x2 + 2
Démonstration Tout d’abord : ⌊x⌋ = x + O(1), donc : ⌊x⌋2 = x 2 + O(x). Conclusion :
x→±∞ x→±∞
x 3 + ⌊x⌋2 x 3 + x 2 + O(x) 1 2 1 1
= = x +1+O 1− 2 +o = x +1+O = x +1+o(1).
x2 + 2 2 x→±∞ x x x 2 x→±∞ x x→±∞
x2 1 + 2
x
f x2 1
Exemple La fonction x 7−→ ecos x possède une asymptote au voisinage de +∞ d’équation : y = ex − e et son
x +1
graphe est situé au-dessus de cette asymptote au voisinage de +∞.
Démonstration
1
• On peut se ramener au voisinage de 0 grâce au changement de variable : h=— il ne faut pas
x
toujours faire CE changement
de variable, tout dépend de ce à quoi f ressemble. Il s’agit donc d’étudier la
1
fonction h 7−→ f au voisinage de 0.
h
• Se demander si f possède une asymptote au voisinage de +∞, c’est alors
se demander s’il existe des réels
1 a
a et b pour lesquels : f (x) = a x + b + o(1), ou encore : f = + b + o(1).
x→+∞ h h→0 h
• Si on veut plus précisément connaître la position du graphe de f par rapport à son asymptote au voisinage
de +∞, il suffit de connaître un équivalent de x 7−→ f (x) − (a x + b) au voisinage de +∞, i.e. de trouver
un terme plus fin que o(1).
1 ecos h 1 h2 2
• C’est parti : f = = 1 − h + h2 + o h2 e1− 2 +o(h )
h h(1 + h) h→0 h
e 2 2
h2 2
e eh
= 1−h+h +o h 1− +o h = −e+ + o(h).
h→0 h 2 h→0 h 2
e 1
Après réécriture en x : f (x) = ex − e + +o . En particulier : f (x) = ex − e + o(1),
x→+∞ 2x x x→+∞
donc f admet la droite d’équation : y = ex − e pour asymptote au voisinage de +∞. Enfin, comme :
e
f (x) − (ex − e) ∼ est positif au voisinage de +∞, le graphe de f est au-dessus de son asymptote
x→+∞ 2x
au voisinage de +∞.
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