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Empirisme logique

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L'empirisme logique (parfois nommé positivisme logique, néo-positivisme, ou empirisme


rationnel) est une école philosophique principalement illustrée par le Cercle de Vienne, fondé
par un groupe réunissant des scientifiques et philosophes viennois dans les années 1920. Le
Cercle de Vienne était avant tout un lieu de discussion entre scientifiques (Niels
Bohr et Einstein y sont occasionnellement intervenus) et philosophes qui ne partageaient pas les
mêmes convictions.

Il se forme autour du philosophe Moritz Schlick, et on y trouve notamment les


mathématiciens Hans Hahn et Karl Menger, le physicien Philipp Frank, le sociologue Otto
Neurath, les philosophes Rudolf Carnap et Victor Kraft, ainsi que des étudiants en philosophie
comme Friedrich Waismann et Herbert Feigl. À la même époque, à Berlin, des sympathisants se
regroupent autour de Hans Reichenbach et de la Gesellschaft für Empirische
Philosophie (Société pour la philosophie empirique). Fondée en 1928, celle-ci accueillit Carl
Gustav Hempel, Richard von Mises, David Hilbert et Kurt Grelling.

Le Cercle de Vienne est l'auteur d'un manifeste, publié en 1929 sous le titre La conception
scientifique du monde, où il expose ses thèses principales. On peut aussi citer Alfred J. Ayer, qui
a résumé les grandes thèses du positivisme logique, dans son œuvre Langage, Vérité et
Logique (1936). On peut brièvement synthétiser celles-ci ainsi : il n'existe pas, comme le
prétendait Kant, de jugement synthétique a priori. Par conséquent, la métaphysique ne peut être
une science. D'autre part, tout énoncé de connaissance est soitanalytique, soit synthétique a
posteriori, et donc vérifiable par l'expérience. Dès lors, les
énoncés éthiques et métaphysiques sont, en tant qu'énoncés prescriptifs et nondescriptifs et
vérifiables, nécessairement « vides de sens » 1. Le positivisme logique est ainsi à l'origine de la
dichotomie tranchée entre les « faits » et les « valeurs » (reprise par le positivisme juridique), qui
a été par la suite partiellement remise en cause1.

Sommaire

 1L'héritage positiviste
 2La dimension « logique » du positivisme
o 2.1La théorie vérificationniste de la signification
o 2.2Traduire le vocabulaire théorique dans le vocabulaire observationnel
o 2.3L'émotivisme d'Alfred Ayer
o 2.4La conception instrumentale des théories scientifiques
o 2.5Le statut de la logique
 3Critique de l'empirisme logique
 4Notes et références
 5Voir aussi
o 5.1Bibliographie
 5.1.1Textes fondateurs
 5.1.2Introduction et commentaires
o 5.2Articles connexes

L'héritage positiviste[modifier | modifier le code]


Le positivisme logique, ou néo-positivisme est issu du positivisme de Ernst Mach, d'Henri
Poincaré et de la pensée du jeune Wittgenstein. Le positivisme est avant tout porté sur l'étude de
la science. Il cherche à rompre avec les méthodes de la théologie et de la « métaphysique », qui
chercheraient, selon eux, des dieux ou des causes mystérieuses pour expliquer les phénomènes.
Le positivisme renonce à donner des causes aux phénomènes et ne cherche qu'à donner des
lois permettant de les décrire et de les prédire. Sur ce point, le positivisme logique est
parfaitement fidèle au premier positivisme, formulé au XIXe siècle par Auguste Comte (on pourrait
même ajouter qu'il ne diffère pas, sur ce point, de la critique kantienne distinguant entre la
connaissance des phénomènes et celle, impossible, des noumènes : le positivisme logique
partageait ainsi, dans une certaine mesure, le point de vue du kantisme sur la distinction entre
science et croyance2). Il s'agit de décrire et de justifier les découvertes scientifiques en analysant
leur démarche et leurs principes, de se poser la question comment le monde peut-il être ainsi ?
(et non pourquoi est-il ainsi ?).

Il se distingue cependant du positivisme d'Auguste Comte par son empirisme. Chez Comte en
effet, l'expérience sensible est très largement déterminée par les théories dont nous disposons
pour la comprendre et n'a aucune priorité, alors que le positivisme logique considère, dans la
continuation de l'empirisme de Locke et de Hume, que la sensation est le fondement de la
connaissance. Les sensations sont absolument indubitables, et peuvent donc, une fois formulées
dans un langage précis, servir à créer des théories scientifiques. Les sensations doivent prendre
la forme d'énoncés protocolaires décrivant qu'une certaine sensation a été ressentie à tel lieu et
tel moment par telle personne. Les propositions protocolaires étant absolument vraies, la science
n'a plus qu'à comprendre les relations entre ces propositions pour obtenir une théorie complète
de la réalité physique. En cela, Ernst Mach est le véritable précurseur du Cercle de
Vienne [réf. nécessaire], car il défendait déjà l'idée selon laquelle le concept de réalité objective n'était
pas utile en science. La science ne ferait selon lui qu'organiser de façon rationnelle et précise les
relations entre nos sensations.
Si les sciences peuvent toutes se fonder sur les propositions protocolaires, alors les sciences
auront une unité non seulement méthodologique mais aussi théorique. Il n'y a plus de raison de
principe de distinguer les différentes sciences en fonction de leur domaine, comme le faisait
Comte. Ultimement, d'après Quine, l'unité de la science repose sur l'unité du réel. Tous les
phénomènes (biologiques, sociaux, culturels, etc) sont réductibles à des phénomènes physiques,
c'est-à-dire qu'ils sont entièrement descriptibles à partir des lois fondamentales de la physique.
Ce réductionnisme des sciences à la seule physique prend le nom de « physicalisme ».

Par ailleurs, le positivisme logique, tout comme le positivisme, n'est pas sans préoccupations
politiques. Proches du socialisme et de la social-démocratie, le Cercle de Vienne et la Société de
la philosophie scientifique de Berlin identifiaient d'une part la lutte contre l'idéalisme allemand au
projet global d'élimination de la métaphysique, et d'autre part considéraient leur critique comme
une forme de résistance à l'irrationalisme de l'idéologie fasciste 3. Selon le manifeste de 1929, la
science est une conception du monde à part entière, et pas simplement une discipline à laquelle
on peut ou pas se livrer. La politique aussi doit renoncer à ses « dogmes métaphysiques » et être
dirigée par des principes scientifiques [réf. nécessaire]: le projet comtien, précurseur de
la technocratie, est repris. Neurath, notamment, a donné sa dimension politique au Cercle de
Vienne [réf. nécessaire].

La dimension « logique » du positivisme[modifier | modifier le code]


La principale nouveauté du Cercle de Vienne consiste dans son usage de la logique développée
par Frege et Russell pour l'étude des problèmes scientifiques. La conception de la philosophie
est ainsi radicalement modifiée, pour se concentrer sur l'épistémologie et la philosophie des
sciences : tout le reste ne serait que des faux problèmes pour lesquels on ne peut attendre
aucune solution scientifique. La philosophie doit être la « logique de la science », c'est-à-dire
examiner les théories scientifiques, et en dégager les relations logiques. Elle doit montrer
comment le langage d'observation constitué par les « propositions protocolaires », ou « énoncés
observationnels », fournit les prémisses sur lesquelles on peut déduire les propositions
scientifiques, ou théoriques, proprement dites.

La théorie vérificationniste de la signification[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Théorie vérificationniste de la signification.

La science, quant à elle, serait menacée par la métaphysique, simple mythe assimilable à
la poésie. Carnap dira du métaphysicien qu'il est « un musicien sans talent musical » 4. Selon le
positivisme, la plupart des énoncés métaphysiques ne sont ni vrais ni faux : ils ne seraient que
« non-sens » (Unsinnig), dans la mesure où il ne s'agit ni d'énoncés analytiques, ni d'énoncés
synthétiques empiriques et donc vérifiables par le recours à l'expérience, et qu'enfin l'existence,
affirmée par Kant, des jugements synthétiques a prioriest niée. Avec le passage du positivisme
au positivisme logique [réf. nécessaire], la critique de la métaphysique est passée d'une critique sur
ses méthodes et ses thèses à une critique sur sa signification elle-même.

La logique va donc servir ici à distinguer le sens du non-sens : on utilise comme critère la théorie
vérificationniste de la signification. Le sens d'une proposition est réduit à sa signification
cognitive, autrement dit à la valeur de vérité de celle-ci : une proposition qui n'est ni vraie ni
fausse est, selon le Cercle de Vienne, dépourvue de signification. C'est en ce sens que le
positivisme affirme que les énoncés poétiques, ou métaphysiques, sont des énoncés sur le
langage, et non sur le monde : ils n'ont pas de valeur de vérité, celle-ci dépendant
d'une correspondance avec les faits empiriques.

Selon la théorie vérificationniste, la signification logique d'un énoncé dépend en effet de la


possibilité de sa vérification empirique: « le sens d'un énoncé est la méthode de sa vérification »
(Carnap 5). Selon le positivisme, les énoncés se divisent en énoncés analytiques (les propositions
de la logique et des mathématiques, réductibles à destautologies) et en énoncés synthétiques,
qui constituent les sciences empiriques. Les énoncés analytiques n'apprennent rien sur le
monde, et sont vrais de par la signification des termes qui les composent (ainsi, « tous les
célibataires sont non-mariés »). Ce sont des propositions sinnlos et non pas unsinnig: non pas
« absurdes », mais « vides de sens » 6. Le réductionnisme logique de Frege et Russell montrerait
alors, en réduisant à la logique mathématique les énoncés des mathématiques, que ces derniers
sont formés de tautologies6. En se ralliant à Wittgenstein, Russell abandonne ainsi sa position de
1903 (dans Principles of Mathematics), où il considérait que Kant avait eu raison, dans laCritique
de la raison pure, de qualifier les mathématiques de « synthétiques », mais qu'il aurait aussi dû
accorder ce statut aux énoncés logiques6.

Pour qu'un énoncé synthétique ait un sens, il faut donc qu'il porte sur un fait empirique
observable. S'il n'est pas vérifiable à l'aide de l'expérience, alors c'est soit de la pseudo-science,
soit de la métaphysique. Ainsi une proposition affirmant « il y a un Dieu » n'est ni vraie, ni fausse,
mais tout simplement dénuée de signification, car invérifiable. L'empirisme logique divise ainsi les
énoncés des théories scientifiques en « expressions logiques » et en « expressions
descriptives » : les expressions logiques rassemblent lesconnecteurs logiques et
les quantificateurs, et sont partagés par toutes les sciences, tandis que les expressions
descriptives sont spécifiques à chaque science (par exemple le concept de « force »,
d'« électron » ou de « molécule ») 6. Les termes descriptifs eux-mêmes se divisent en « langage
observationnel » et en « langage théorique »: le langage observationnel désigne les entités
publiquement observables (c'est-à-dire observables à vue nue, par exemple une « chaise »),
tandis que le langage théorique comporte des termes désignant des entités non observables (ou
plus difficilement observables, comme un « proton ») 6.

À partir de cette distinction entre les énoncés descriptifs observationnels et les énoncés
descriptifs théoriques, la théorie vérificationniste de la signification en arrive à postuler qu'« un
énoncé a une signification cognitive (autrement dit, fait une assertion vraie ou fausse) si et
seulement s'il n'est pas analytique ou contradictoire et s'il est logiquement déductible d'une
classe finie d'énoncés observables. » 6

Traduire le vocabulaire théorique dans le vocabulaire


observationnel[modifier | modifier le code]

Conformément à la distinction, parmi les énoncés descriptifs, entre les énoncés observationnels
et les énoncés théoriques, les positivistes tentent de « traduire le vocabulaire théorique dans le
vocabulaire observationnel » 7, puisque seul celui-ci peut fournir un appui empirique à la
connaissance. Dans La Logique de la physique moderne (1927),Percy Williams Bridgman,
futur prix Nobel de physique et partisan de l'opérationnisme, affirmait qu'il était possible de
réaliser une telle traduction intégrale7. De même, Ernst Mach, avant lui, et Rudolf Carnap,
dans Der Logische Aufbau der Welt (1928), pensaient qu'une telle réduction au vocabulaire
observationnel était possible7.

Mais en 1936-1937, Carnap montre l'échec de ce programme, dans un article intitulé Testability
and Meaning 8. Prenons l'énoncé « Un corps est soluble si et seulement si lorsqu'on l'a plongé
dans l'eau il se dissout », qui permet de traduire en termes observationnels le concept théorique
de « solubilité » 8. L'antécédent (un corps est soluble) est vrai même lorsque l'antécédent de la
seconde proposition est faux : autrement dit, tout corps est soluble tant qu'on ne l'a pas plongé
dans l'eau 8. Carnap propose alors d'utiliser des énoncés de « réduction », par exemple « Si un
corps est placé dans l'eau (à l'instant t), alors ce corps est soluble si et seulement s'il se dissout
(à l'instant t). » Carnap inverse donc les connecteurs logiques : le biconditionnel (si et seulement
si) prend la place du conditionnel8. Mais cet énoncé de réduction est plus faible que la définition
en termes observationnels: il ne spécifie que partiellement la signification de « soluble » 9.

Les positivistes vont ensuite distinguer, parmi les théories scientifiques matures,
et axiomatisables, entre le vocabulaire théorique, formé d'axiomes ou postulat, et
de théorèmesdérivés de ceux-ci, et les prédictions observationnelles, formulées à l'aide de
termes du vocabulaire observationnel, celles-ci étant rattaché à celui-ci par un système de
« règles de correspondance » (Carnap et Nagel ; Reichenbach parle de « définitions
coordinatrices »; F.P. Ramsey et Campbell[Qui ?] de « dictionnaire », et Hempel de « système
interprétatif » 9).

L'émotivisme d'Alfred Ayer[modifier | modifier le code]

Alfred Ayer critiqua ainsi, pour ce motif, l'idéalisme du philosophe britannique F.H. Bradley, dans
son livre Language, Truth, and Logic (1936), qui popularisa les thèses du positivisme logique
dans le monde anglo-saxon. Le critère vérificationniste était aussi destiné à être employé dans
les sciences, pour pourchasser les énoncés métaphysiques qui y étaient encore présents. Ayer
défendit par ailleurs une conception méta-éthique qualifiée d'émotiviste dans cet ouvrage, qui
s'oppose à tout cognitivisme moral : les valeurs morales ne pouvant faire l'objet de propositions
logiques, il n'est pas possible, selon lui, d'argumenter rationnellement en matière de morale.

La conception instrumentale des théories scientifiques[modifier | modifier le


code]

De plus, le Cercle de Vienne partage une conception instrumentale des théories scientifiques :
celles-ci doivent permettre de faire des prédictions observables, et non d'expliquer la réalité,
c'est-à-dire de donner des représentations (vraies ou fausses) de la réalité10.

Le statut de la logique[modifier | modifier le code]

Par contre, le statut de la logique ne fait pas l'unanimité dans le Cercle de Vienne, et a été sujet à
des changements de vues. Schlick défend une conception, proche deWittgenstein, qui fait de la
logique une activité et non une théorie [réf. nécessaire]. La logique ne pouvant rien dire de sensé, elle
a seulement pour rôle de donner des éclaircissements sur les propositions scientifiques. Par
conséquent, la théorie vérificationniste de la vérité, qui est censée distinguer le sens du non-
sens, serait elle-même un non-sens [réf. nécessaire].

Carnap défend une vision opposée de la logique. Certes, la logique ne parle pas des objets du
monde, mais elle est bien une théorie, elle établit la syntaxe des propositions
scientifiques [réf. nécessaire]. Il est possible de parler du discours sans se perdre dans la
métaphysique. Mais si en 1934, Carnap affirme, dans la Syntaxe logique du langage, qu'il est
possible de distinguer dans un langage les énoncés dotés de sens des énoncés absurdes
(Unsinnig) à l'aide d'une simple « analyse formelle purement syntaxique » 11, il reconnaît
dans Introduction to Semantics (1942), écrit après les travaux de Tarski, « la nécessité de
recourir à des concepts sémantiques (comme ceux de référence et de vérité) pour déterminer le
statut cognitif des énoncés d'un langage » 11.

En 1934, l'analyse syntaxique, logique, de Carnap, lui permet de reformuler dans l'« idiome
formel » les phrases de l'« idiome matériel », ce qui lui permet de montrer, selon lui, que certains
énoncés métaphysiques ne sont pas absurdes, mais « donnent l'illusion de transmettre une
information sur le monde » 11. Il rejoint alors la thèse de Wittgensteindans le Tractatus logico-
philosophicus, qui distingue radicalement la science de la philosophie : les énoncés
philosophiques, lorsqu'ils ne sont pas absurdes, ne portent pas sur le monde, mais sur le
langage: ils expriment une préférence à l'égard d'un cadre linguistique11.

Critique de l'empirisme logique[modifier | modifier le code]


Dans la Logique de la découverte scientifique, Karl Popper a critiqué l'usage du critère
vérificationniste en tant que critère de démarcation scientifique, distinguant ce qui est de la
science et ce qui n'en est pas. Pour lui, une théorie (et non un énoncé) n'est scientifique qu'à
condition d'être réfutable.

Quine, dans les Deux Dogmes de l'empirisme, s'en prend de façon plus radicale aux thèses de
l'empirisme logique. Il attaque l'idée que l'on puisse faire une distinction tranchée entre énoncés
synthétiques, portant sur des « faits », et énoncés analytiques, vrais de façon a priori et
nécessaire, en vertu des seules règles logiques. Pour lui, la notion d'énoncé analytique est mal
définie.

Le second « dogme de l'empirisme » selon Quine, celui du réductionnisme de tout énoncé à des
énoncés portant sur des sensations (les « énoncés protocolaires » ou « observationnels ») n'est
pas tenable. Quine défend une approche holiste : l'expérience ne peut infirmer un énoncé
particulier, mais met en jeu l'ensemble de la théorie, l'expérimentateur ayant le libre choix de
modifier les énoncés qu'il veut (qu'ils soient « observationnels » ou « théoriques ») afin
d'accorder sa théorie à l'expérience. Dès lors, il laisse entendre que la logique peut, elle aussi
dans une certaine mesure, et en dernière instance, être révisée, comme n'importe quel énoncé
de fait. Contrairement à Carnap, qui croyait en l'existence d'énoncés analytiques vrais a priori,
Quine pense qu'aucun énoncé vrai, fût-il a priori, n'est irréfutable12. Il met en avant que même
la géométrie euclidienne a été remplacée par une géométrie non euclidienne, et que rien
n'empêche, a priori, d'affirmer que la logique classique ne pourrait être remplacée par une autre
logique12.

Une autre critique, portant sur la dichotomie établie par Carnap entre les « énoncés
observationnels » et les « énoncés théoriques », ainsi que sur l'espoir de Carnap de construire
un langage formel, précis, sans passer par des termes imprécis, « pré-scientifiques », a été
élaborée par Hilary Putnam, dans un article intitulé « Ce que les théories ne sont pas » 13. Celle-ci
repose sur deux points principaux :

 les « énoncés observationnels » ne désignent pas des choses seulement publiquement


observables, mais aussi des entités non observables; inversement, il y a des termes
théoriques qui désignent des choses observables;
 l'interprétation d'une expérience ne porte pas uniquement sur les « énoncés
observationnels », mais aussi sur les « énoncés théoriques »: « la justification, en science,
s'effectue dans toutes les directions possibles »; des énoncés observationnels sont justifiés
par des énoncés théoriques et vice-versa.

Notes et références[modifier | modifier le code]

1. ↑ a et b Antoine Corriveau-Dussault (Université Laval), Putnam et la critique de la dichotomie


fait/valeur [archive], revues Phares, vol. 7, 2007
2. ↑ Friedman, Michael, Reconsidering Logical Positivism. Cambridge, UK: Cambridge University Press,
1999.
3. ↑ Introduction de Pierre Jacob in De Vienne à Cambridge (dir. P. Jacob), Tel Gallimard, Paris, 1980,
p.11.
4. ↑ Antonia Soulez, Manifeste du cercle de Vienne et autres écrits : Le dépassement de la métaphysique
par l'analyse logique du langage, PUF, 1985, p. 176-177
5. ↑ Carnap, 1930, p. 172.
6. ↑ a b c d e et f Introduction de Pierre Jacob in De Vienne à Cambridge (dir. P. Jacob), Tel Gallimard, Paris,
1980, p. 16-17.
7. ↑ a b et c Pierre Jacob, op. cit., p. 19.
8. ↑ a b c et d Pierre Jacob, op. cit., p. 20.
9. ↑ a et b Pierre Jacob, op. cit., p. 21.
10. ↑ Introduction de Pierre Jacob in De Vienne à Cambridge (dir. P. Jacob), Tel Gallimard, Paris, 1980,
p.10.
11. ↑ a b c et d Introduction de Pierre Jacob in De Vienne à Cambridge (dir. P. Jacob), Tel Gallimard, Paris,
1980, p.14-15.
12. ↑ a et b Pierre Jacob, op. cit., p. 34.
13. ↑ Putnam, « Ce que les théories ne sont pas », traduit et publié dans De Vienne à Cambridge. L'héritage
du positivisme logique, prés. par Pierre Jacob, éd. Gallimard, 1980, p.241-261

Voir aussi[modifier | modifier le code]


Bibliographie[modifier | modifier le code]

Textes fondateurs[modifier | modifier le code]

 Cercle de Vienne, « La conception scientifique du monde », 1929, in Antonia Soulez


(dir.) Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, Paris, PUF, 1985
 Hans Hahn, Logik, Mathematik und Naturerkennen, 1933
 Otto Neurath, Einheitswissenschaft und Psychologie, 1933
 Rudolf Carnap, Die Aufgabe der Wissenschaftlogik, 1934. Tr. fr. "La tâche de la logique de la
science", in S. Laugier et P. Wagner, dir. Philosophie des sciences, vol. 1, Paris, Vrin, 2004.
 Philipp Frank, Das Ende der mechanistischen Physik, 1935
 Otto Neurath, Was bedeutet rationale Wirtschaftsbetrachtung, 1935
 Otto Neurath, E. Brunswik, C. Hull, G. Mannoury, J. Woodger, Zur Enzyklopädie der
Einheitswissenschaft. Vorträge, 1938
 Otto Neurath, « Unified Science as Encyclopedic Integration », International Encyclopedia of
Unified Science, University of Chicago Press, 1938, vol. 1, no 1, p. 1-27
 Richard von Mises, Ernst Mach und die empiristische Wissenschaftauffassung, 1939
 W. V. Quine, « Deux Dogmes de l'empirisme », Du point de vue logique : Neuf essais logico-
philosophiques, 1951, Vrin, 2004
 Stöltzner, Michael et Thomas Uebel, éd., Wiener Kreis, Hambourg, Felix Meiner, 2006
[collection de textes fondateurs; plusieurs sont traduits in Christian Bonnet et Pierre Wagner,
dir. L'Âge d'or de l'empirisme logique, Paris, Gallimard, 2006].

Introduction et commentaires[modifier | modifier le code]

 Collectif, Pierre Jacob (dir.), De Vienne à Cambridge. L'héritage du positivisme logique,


Gallimard, 1980
 Christian Bonnet et Pierre Wagner (dir.), L'Âge d'or de l'empirisme logique. Vienne-Berlin-
Prague, 1929-1936, Paris, Gallimard, 2006
 Jacques Bouveresse, Essais VI, Les lumières des positivistes, Agone, 2011 (ISBN 978-2-7489-
0066-8)

 Michael Friedman, Reconsidering Logical Positivism, Cambridge, Cambridge University


Press, 1999
 Mélika Ouelbani, Le Cercle de Vienne, PUF, 2006 (ISBN 2130550908)
 Louis Vax, L’Empirisme logique de Bertrand Russell à Nelson Goodman, Paris, PUF, 1970
 Pierre Wagner (dir.), Carnap's Logical Syntax of Language, Palgrave Macmillan, 2009

Articles connexes[modifier | modifier le code]

 Cercle de Vienne
 La Conception scientifique du monde : Le Cercle de Vienne
 Phénoménisme
 Positivisme

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 Portail de l’entre-deux-guerres

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