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Antoine de Saint-Exupéry

L’homme vu du ciel
Il paraissait plutôt enclin au rêve que porté sur l’action. Et pourtant.

Avant d’être un écrivain, Antoine de Saint-Exupéry est surtout un pilote. Poète de l’action, il a trouvé ses
mots dans sa vie. Une question le taraudait : « Que faut-il dire aux hommes ? » Aventurier, voyageur
infatigable, il n’a eu de cesse de leur prodiguer des leçons d’énergie. Homme de cœur, il a martelé
obstinément son espoir en l’homme. Générosité et solidarité étaient, pour lui, les valeurs fondatrices de
l’humanité. Son “Petit Prince”, histoire de planète, d’enfant blond, de baobabs et de renard a fait le tour du
monde. Mais c’est dans “Citadelle”, son œuvre majeure, que sa pensée est la plus aboutie. Il y développe un
humanisme fondé sur une morale exigeante, où le refus du confort implique le sens du devoir et du sacrifice.
Ses idées ont dérangé.

Des intellectuels se sont gaussés de cette "belle âme" ou ont raillé sa "sainteté". Pourtant, c’est par "goût du
bonheur" et respect de la vie qu’il a osé prendre tous les risques. Il est mort entre ciel et mer, à 44 ans,
quelque part entre la Corse et le continent.

Pensées
Gagner de la hauteur
Tout homme est le messager de quelque chose qui le dépasse, car notre temps passé sur terre est très court. Pour
Antoine de Saint-Exupéry, la quête de l’absolu doit être le sens de notre combat quotidien. « On n’ensemence que
par le haut », disait-il. La vie s’ouvre aux individus exigeants, mais personne n’est en droit d’exiger des autres
quelque chose qu’il n’ait déjà obtenu lui-même. Pour accéder à la dignité, nous devons fuir la facilité et l’inconstance,
et ne négliger aucune petite vertu.
Faire l’expérience du désert
Alors que nous vivons dans un monde d’opulence et de confort, Saint-Exupéry nous invite à faire l’expérience du
désert, de sa dureté. Dans ce monde aride, la privation redonne le goût des choses simples, une gorgée d’eau ou
une escale entre deux trajets. Mais surtout, il nous incite à prendre conscience que nous avons tous, au fond de
nous, un vide, quelque chose qui nous manque, alors que nous possédons tout. Le désert nous apprend à regarder
plus loin que ce que nous avons, à voir de plus près ce que nous sommes. « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit
sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et, cependant, quelque chose rayonne en silence. »
Agir
L’homme « n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien d’autre que l’ensemble de ses actes ».
Saint-Exupéry est un pionnier, qui nous propose de devenir le héros de notre propre vie : nous devons nous réveiller,
préférer l’effort au repos, le danger à la sécurité. « Vous n’avez le droit d’éviter un effort qu’au nom d’un autre effort
car vous devez grandir. » Cet héroïsme-là est une vertu dont nous n’avons aucune fierté à tirer, car la vie, c’est
l’audace. Parce qu’elle donne un sens à la vie, l’action épanouit l’homme. Et c’est en accomplissant les actes dictés
par notre conscience que nous devenons des êtres humains.
Donner
La valeur d’une vie ne réside pas dans les biens matériels éphémères, mais dans le dévouement, le sacrifice, le don
de soi et l’échange. « Je n’aime pas les sédentaires de cœur. Ceux-là qui n’échangent rien ne deviennent rien. »
Avant de mourir, nous n’avons qu’un impératif : poser un geste gratuit. Telle une graine, ce sera notre trace, notre
participation à la moisson. Pour naître à soi-même, il ne faut pas hésiter à sacrifier pour les autres nos derniers
vivres. L’homme n’accède à l’humanité qu’en servant ses semblables. Sa puissance réside dans sa capacité à les
grandir.
Créer des liens
L’existence n’a de sens que si nous nous sentons liés à autrui, « puisqu’on est frère en quelque chose et non frère
tout court ». La source de la vie ne vient pas des choses ou des êtres, mais de ce qui fait lien entre eux. Rapprocher
les hommes : tel est le sens de la mission humaine. Nos actes doivent tendre vers l’humanité, rejoindre l’universel,
sinon ils sont vains : « Car il n’est rien à espérer de soi mais de la seule merveilleuse collaboration de l’un à travers
l’autre… » Veillons sur les autres comme des sentinelles responsables, créons des liens partout où ils sont rompus.
Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore votre rêve.

A lire
Vol de nuit, d'Antoine de Saint-Exupéry.
Une exploration des ténèbres, selon Saint-Exupéry. Ce roman le fit connaître et reçut le prix Femina en 1931
(Gallimard, 1996).
Le Petit Prince, d'Antoine de Saint-Exupéry. Un ouvrage sublime sur une improbable amitié, traduit en près de deux
cents langues, ce livre est l’une des meilleures ventes mondiales (Gallimard, 2000).
Citadelle, d'Antoine de Saint-Exupéry. Oeuvre posthume publiée en 1948. Ce livre inachevé est considéré comme
son testament (Gallimard, 2000).
Saint-Exupéry, d’Alain Vircondelet. Une biographie inédite, illustrée d’archives provenant de la femme de l’auteur,
Consuelo de Saint-Exupéry
(Editions du Chêne, 2000).
Date
 19 juin 1900 : Antoine, fils du vicomte de Saint-Exupéry, naît à Lyon. Il perd très jeune son père et un frère.
 1912 : il reçoit son baptême de l’air.
 1927 : il entre à l’Aéropostale, assure les courriers Toulouse- Casablanca et Dakar-Casablanca, puis est nommé
à Cap Juby, au Maroc. C’est là, aux portes du Sahara, que l’écrivain naît.
 1931 : il épouse Consuelo Suncin, la « rose » du “Petit Prince”.
 Fin 1940 : il s’installe à New York, où il écrit Le Petit Prince, qui paraîtra en France en 1943.
 1942 : il rejoint son escadrille en Algérie.
 1943 : ayant atteint la limite d’âge pour piloter, il devient réserviste.
 1944 : après s’être débattu pour obtenir une dernière mission, il décolle le 31 juillet au matin. A 14 h 30, on sait
qu’il ne vole plus. Son avion aurait été abattu par des Allemands, au large de la Corse.

SURSA http://www.psychologies.com/Culture/Maitres-de-vie/Antoine-de-Saint-Exupery

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