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AVANT -PROPOS 1 PAGE 5 ·L'inégal accès au bac des catégories ·La surface des logements selon la
sociales catégorie sociale
·L'origine sociale des étudiants
INTRODUCTIONS SANTÉ 1 PAGE 100
DIFFICULTÉS SCOLAIRES 1 PAGE 60 ·L'inégal accès à la complémentaire santé
·Par Patrick Savidan, Président de l'Ob-
·Retard scolaire : le grand écart entre HANDICAP/ PAGE 102
servatoire des inégalités. 1 PAGE 9
milieux sociaux ·Les personnes handicapées face à
• Par Louis Maurin, directeur de l'Ob- EDUCATION ET EMPLOI / PAGE 61 l'emploi
servatoire des inégalités. 1 PAGE 12 ·Le taux de chômage selon le diplôme ·Des catégories sociales inégales face
·L'insertion professionnelle des jeunes: au handicap
de fortes inégalités selon le diplôme
1 REVENUS
PRATIQUES CULTURELLES 1 PAGE 105
1 PAGE 17 ·Les inégalités d'accès à la formation ·Qui va au musée ou au théâtre?
LA FRANCE POPULAIRE DECROCHE profe ssionnelle ·Un accès au livre profondément inégal
cr: FILLES ET GARÇONS À L'ÉCOLE 1 PAGE 67 selon les milieux sociaux
l- NIVEAU DEVIE / PAGE 18
·Qui est riche et qui est pauvre ? ·Les filles, pas vraiment meilleures CONDITIONS DE VIE 1 PAGE 107
• 15 années de progression des iné- élèves que les garçons ·Les inégalités face aux vacances
galités ·De s parcours différenciés dans ·Des services à domicile réservés aux
• Pendant la crise, les plus riches s'en- l'enseignement supérieur plus fortunés
richissent • L'homophobie reste présente dans la
PAUVRETÉ 1 PAGE 26 société française
· + 800 000 pauvres depuis 2008 NOUVELLES TECHNOLOGIES 1 PAGE 113
·Les seuils de pauvreté ·La fracture numérique diminue
·Les minima sociaux en France
EMPLOI / PAGE 71
LA MARQUE DE LA CRISE
·En pleine crise, la pauvreté en condi -
tions de vie diminue selon les statis- CHÔMAGE 1 A t
7
2
tiques officielles - ·Les jeunes aux premières loges
·La grande pauvreté persiste
·La pauvreté selon l'activité
::: · Les plus âgés ont plus de mal
à retrouver un emploi 5 CATEGORIES SOCIALES
oJ.J
LE RETOUR DES CLASSES SOCIALES ?
1 PAGE 11 1
LES REVENUS DU TRAVAIL 1 PAGE 35 STATUT, CONTRAT DE TRAVAIL 1 PAGE 74 x REVENUS 1 PAGE 118
·Les inégalités de salaire • 12 o/o de salariés précaires ii: ·Les cadres supérieurs s'enrichissent
·Professions : qui gagne combien? ·Le temps partiel subi frappe d'abord :§ ·Le niveau de vie des CSP
LES HAUTS REVENUS 1 PAGE 39 les femmes ~· ·Inégaux face à la pauvreté
·Une envolée au sommet de la pyra - ·Deu x millions de travailleurs pauvres ·Le patrimoine selon la catégorie
mide CONDITIONS DE TRAVAIL 1 PAGE 18 sociale
·Les revenus démesurés des grands ·Les salariés les moins qualifiés inégaux EDUCATION 1 PAGE 122
patrons et des cadres dirigeants face aux horaires de travail ·La fracture du diplôme
PATRIMOINE 1 PAGE 43 ·Travail pénible : les ouvriers à la peine ·De la sixième aux études supérieures:
·Qui possède combien ? · 2.2 millions de salariés exposés à un les ouvriers éliminés
·Les 10 plus grandes fortunes produit cancérigène EMPLOI / PAGE 124
·Davantage de congés pour les cadres ·Ch ômage: changement de régime
que pour les ouvriers pour les non qualifiés
·L'ascenseur social n'est pas bloqué
SANTÉ / PAGE 128
EDUCATION 1 PAGE 47
2::::
RETOUR A LA LUTTE DES CLASSES
1
cèdent difficilement à l'autonomie
.._, LITE a:' CELLE DES GRANDES VILLES
a: ·Les jeunes dépensent beaucoup plus t::
pour se loger :<
~:J
REVENUS 1 PAGE 139 REVENUS 1 PAGE 185
·Les in égalités de salaires I ·Premier bilan de l'impact de la crise
u
·Le rattrapage salarial au ralenti pour les communes
·Davantage de femmes pauvres ·Où vivent les pauvres ?
·Les hommes touchent des retraites ·Le s taux de pauvreté des 100 plus
beaucoup plus élevées grandes communes
EMPLOI / PAGE 145
·Une répartition déséquilibrée
des professions
8 ETFRANÇAIS
~
ETRANGERS! PAGE 765
ENTRE DISCRIMINATIONS ET
CHÔMAGE 1 PAGE 192
·Les régions et les départements
in également touchés
·Premier emploi : les femmes plus 6: FRACTURE SOCIALE CONDITIONS DE VIE 1 PAGE 194
souvent en temps partiel <(
·Des professions médicales mal ré-
·Egau x devant le tau x de chômage 0 EDUCATION 1 PAGE 166
parties
·Les enfants d'immigrés réussissent
CONDITIONS DE VIE 1 PAGE 148 LES QUARTIERS EN DIFFICULTÉ 1 PAGE 196
mi eux à l'école que les autres
·Espérance de vie : avantage au x ·Des revenus inférieurs de 40 %
femmes ·Les écarts de réussite
·Des niveau x de dipl ôme mo ins élevés
·Qu i fait le ménage? REVENUS 1 PAGE 169
·Un chômage deu x foi s plu s important
POLITIQUE 1 PAGE 151
• 38 % de pauvres
·Qualité de vie et logement
·La représentation des femmes à EMPLOI / PAGE 169
l'Assemblée et au Sénat • Deux fois plus de chômeurs
·Les femmes en pol itique au •Quelle est la part des discriminations?
niveau local ·Que disent les testings ?
·Des jeunes qui peinent à s'ins érer RÉALISATION DU RAPPORT
dans l'emploi Direction d'ouvrage: Louis Maurin et
·Un quart des jeunes de parents nés à Valérie Schneider
l'étranger se sent discriminé Rédaction: Louis Maurin, Patrick
·S,3 millions d'emplois interdits Savidan, Nina Schmidt, Valérie Schneider
7 AGE ETGENERATIONS / PAGE755
Li.!
LES JEUNES SONT-ILS SACRIFIES ?
·Beaucoup plus souvent de milieux
populaires
·Mobilité sociale : les enfants d'immigrés
Relecture: Didier Aviat, Maxime
Ladaique, Pascale Maurel,
a: REVENUS 1 PAGE 156 Annick Météfia, Sarah Psimaras
t ·Les inégalités de niveau de vi e font aussi bien que les autres Conception graphique
$ ·La pauvreté CONDITIONS DE VIE 1 PAGE 182 et mise en page: Marc Degois
G ·1 ,2 million d'enfants « de » pauvres ·Des logements surpeuplés http:// thedegois.busi nesscata lyst.com
·Le patrimoine ·Me sure des discriminations à l'accès Imprimerie: Printteam 435, rue Etienne
EMPLOI / PAGE 161 au logemen t par t esting Lenoir - Zac km delta- 30900 Nïmes.
·Un t iers des 1S-29 ans actifs en Prix : 7,5 €
contrat précaire ISBN 978-2-9553 059
La montée des inégalités fait peser une me- donné suite. (( Le groupe de travail demande
nace croissante sur la cohésion du pays. la mise en place d'une publication centrale
Non seulement ce phénomène heurte les annuelle sur les inégalités (..). Il souhaite
valeurs de la République, ma is il nuit à la qu'une version soit établie dès 2007 JJ, écri-
performance économique. Le débat sur le vaient alors les auteurs. Notre document
sujet est omniprésent désorma is dans les répond à cette préconisation sans bénéfi-
médias, mais l'information demeure sou- cier des importants moyens de la statistique
vent parcellaire et désordonnée. L'absence publique et ne constitue sans doute qu'une
de données factuelles précises laisse la approche partielle du phénomène. L'Obser-
place à l'exagération et aux discours simpli- vatoire des in égal ités, qu i n'est pas un
ficateurs. Les inéga lités sont à la « mode n, centre de recherche, n'est à même ni de
sans que l'on sache bien de quoi on parle. travailler directement sur les données
L'objectif de la publication de ce premier brutes, ni de mener ses propres études.
« Rapport sur les inégalités en France,, est L' objectif de ce rapport est de centraliser
de fournir un ensemble de données faciles et de diffuse r les données existantes
d'accès et actualisées, de dresser un état concernant les inégalités pour les mettre
des lieux complet et de faire le point sur les à la portée du plus grand nombre. Il s'ins-
principales évolutions dans un grand crit dans la filiation des travaux sur les
nombre de domaines, des revenus à l'école, in dicateurs sociaux l2l en France et du
en passant par la santé ou les inégalités Centre d'études des revenus et des coûts,
entre les femmes et les hommes. Après les fondé en 1967 par le général de Gaulle,
synthèses de Patrick Savidan et de Louis supprimé en 2010 par Nicolas Sarkozy.
Maurin, respectivement président et direc-
teu r de l'Observatoire des inégalités, le lec- Notre rapport, document non officiel, n'a
teur trouvera chapitre par chapitre un en- été commandité par personne. Il est l'œuvre
[l) « Niveau de vie et
inégalités sociales >>, semble de tableaux chiffrés commentés. d'une association indépendante qui réalise
Rapport d u groupe de
Ce rap port va dans le sens d'une des propo- depuis plus de dix ans un état des lieux des
travail dirigé par jacques
Freyssinet, Conseil national sitions principales formulées par le groupe inégalités en France. Au même titre que le
de l'i nformation statistique,
de travail « Niveau de vie et inégalités so- rapport annuel sur le mal-logement publié
mars 2007. Proposition
n°60. ciales,, dirigé par Jacques Freyssinet au sein par la Fondation Abbé Pierre l3l, ce rapport
[2) « Les indicateurs
du Conseil national de l'inform ation constitue un document d'expertise indé-
sociaux >>, jacques Delors,
Sedeis, 197 1. statistique P1, à laquelle il n'a jamais été pendante hors de l'institution publique. Il
est le fruit du travail rigoureux d'une petite seraient glissées dans ce travail.
équipe de salariés et d'un ensemble de On ne trouvera pas de « recommandations
bénévoles qui l'appuie. Sa publication n'a ,, au fil du texte. Nous souhaitons très clai-
été possible que grâce aux soutiens de rement séparer le constat, les analyses et
centaines de donateurs privés qui ont par- les préconisations. Notre site Internet www.
ticipé à l'opération de financement parti- inegalites.fr n'est pas avare de propositions
cipatif lancée pour l'occasion, et dont vous (on y trouve une rubrique dédiée). Mais
trouverez les noms ci-dessous. Par ailleurs, nous pensons que l'information est une
il a été soutenu par le magazine Alterna- arme, et qu'elle doit nourrir ceux qui ont à
tives Economiques et la Fondation Abbé proposer un programme, des syndicats aux
Pierre, partena ires de longue date de l'Ob- partis politiques notamment.
[3] « Lëtat du mal logement
en France », 20e rapport
servatoire des inégalités, ainsi que par la Ce premier rapport fait suite à la publ ica-
annuel, Fondation Abbé Macif. tion de deux ouvrages sur l'état des inéga-
Pierre, février 2015.
[4].« Lëtat des inégalités en
Enfin, un grand nombre de chercheurs lités en France aux éditions Belin en
France 2007 >>, Ed Belin, ont apporté leur caution à notre dé- 2006141, puis en 2008 151, ainsi que de deux
octobre 2006.
[5] « Lëtat des inégalités en
marche, ce qui ne signifie pas qu' ils par- hors-séries du magazine Alternatives écono-
France 2009 >>, éd. Belin, tagent l'ensemble des analyses conte- miques sur le même thème, en 2010161et
novembre 2008.
[6] « Les inégalités en
nues dans ce rapport. 2012 171. Notre objectif est de produire ce
France >> , hors-série poche Nous remercions chaleureusement l'en- document tous les deux ans, constituant un
Alternatives Economiques
n°043, mars 2010.
semble de ces citoyens qui se sont mobi- rendez-vous de référence en fournissant un
[7] « Les inégalités en lisés. Il va de so i que seule l'équipe de outil concret, préalable à une salutaire
France >> , hors-série poche
Alternatives Economiques
l'Observatoire assume d'éventuelles er- confrontation de points de vue .
n° 056, septembre 2012. reurs ou mauvaises interprétations qui se En produisant un tel document, l'Observa-
L'Observatoire des inégalités tient à remercier particulièrement tous ceux qui par leur soutien financier et leur!
Daniel Adam, Anne Adam Pluen, Manuel Aguilar Hendrickson, Pierre Ai mard, Charles-Antoine Arnaud, Pascale Arraou, Saint-Avertin Avenir. Bertrand
Avril, Fanny Baldellou, Stéphane Balme, Benjamin Baratta, Armelle Barré, Rémi Barrère, Martine Barthelemy, Anne Basque, Jérôme Beaufrère, Fawzi
Benarbia, Mayouf Bendjebel, Olivier Berard, Claude Beraud, Chantal Berby, Didier Besombes, Martine Billanou, Hélène Blanchard, Francis Bordet,
Sandrine Bohan-Jacquot, Marie-Claude Boninsegna, Antoine et Antoinette Bonini, Jean Bonnet, Murielle Bonnet-Langagne, Jean-Clément Bonthoux,
Roger Bordier, Michel Boulenger, Frédéric Brance, Jean-Matthieu Braux, Maryse Bresson, Alain Breut, Didier Brisebourg, Marie-Thérèse Bruas, André
Bruston, Nicolas Buns, Andrea Caizzi, Elisabeth et Gérard Ca lié, Jack Carasco, Jean Cartellier, Etienne Carton De Grammont, Emmanuelle Cathelineau,
Nathalie Chantagrel, Violaine Chantre!, Fabien Chauveau, Marius Chevallier, Marie-Laure Chicoisne, Gilles Cholet, Eric Chometon, Laurent Claud,
Jacques Clavier, Amélie Clément, Laurent Cochard, Françoise Cocuelle, Françoise Comby, Marie-Pierre Coronel, Philippe Coulangeon, Patrick Courtet,
Denis Courtois, Arthur Coussy, Jean- Baptiste Coutelis, Yves Cravic, Elise Cruzel, Jean Dangoumau, Danièle D'Antoni, Michel Davila, Anne-Claire Davy,
Colette Deleplace, Marc-Philippe Denis, François De Pablo, Grégoire Desbrosses, Jean luc Descot, Gilles Deverines, Jérôme Deyris, Bernard D'heilly,
Marie Donius, Ali Doua ri, Didier Doublet, Thomas Doussau, Marie-Thérèse Drelon, Aurélie Druet, Jean-Marc Dubois, Hélène Duffau, Jacques Dughera,
Bernard Du lieu, Cathy Dumont, Martine Du puis, Pierre Du roselle, Philippe Du ru, Eliane Dutarte, Tommy Eleouet, Florent Exbrayat, Julie Falcon, Frédéric
Fernandes, Denise Ferrisse, Cristina Filgueiras, Jean-Pierre Filiatre, Pascale Filloux, Charles Fornier, Michael Forster, Josette François, Nicole
Françon-longa, Christian Fray, Alexandra Frenod-Dunand, Dominique Freslon, Dominique Frugier, Delphine Gagnon, Alain Gay, leo Garros, Jérôme
Gautié, Christian Gautier-Valentin, Pascal Geiger, Madeleine Gérald, Francois Gilardin, Daniel Goldberg, Denis Gouzerh, Bernard Graciannette, William
Gras, Marie-Claude Grenaille, Michel Grun berger, Henri Gua ri nos, louise Guyot, Elisabeth Guéret, Michel Guglielmi, Florent Gu ille, loïc Guillem, Janique
Guiramand, Jacques Guyard, louise Guyot, Claudette et Jean-Pierre Harbers, Bernard Haumont, Maxime Hauray, Marc Hérouard, Jean-Paul Hue, Marc
Humbert, Dan Israel, Andre Jacob, Marielle Jappiot, Claudine Joly, Emmanuel Jouvin, Jean Kaspar, Marc Kieny, Elsa Kieken, Michel Koebel,
encouragements ont rendu possible la réalisation de ce rapport. Nous leur en sommes vivement reconnaissants.
Maxime Ladaique, Patrick Lafievre, Hervé Lambert, Henriette langagne, Rémi Lantreibecq, Noam leandri, Laurent le Biniguer, Nicolas lechopier,
Mathieu Le Corre, Jeannine le Courtois, Damien Lecomte, Danielle Coz, Philippe legrain, Eric lemoine, Yves le Rolland, Jérôme lesavre, Maxime
Lescurieux, Ayate leshaf, Arnaud Levy, Michalis Lia nos, Yves Lichtenberger, Alain Lienard, Jean-Jacques Longuenesse, Nadine lorin, Jacques Mac
Faria ne, Daniel Maffiolo, Marc Maine, Glenn Mainguy, Eveline Manna, Bruno Margain, Patrick Marti nez, Aurélien Mascolo, Mn Masson, Jean-Baptiste
Mathieu, Guy Mau rau, Pascale Mau rel-Bigarré, Claire Maurin, Nicolas Meisel, Joanna Melodista, Denis Metivier, Philippe Meurquin, Fabien Meynier,
Claire Marie Mille, Serge Millien, Jocelyne Misat, Gérard Moine, Xavier Molénat, Chantal Et Pierre Mon nin, Véronique Moreau, Annie Moriat, Thomas
Mosser, Thierry Mougin, Hélène Moyer, Jennifer Navarro, Laëtitia Ngatcha-Ribert, Jean-Jacques Nicolas, Yolande Nochumson, Adrien Nones, luc
Orts, Gérard Ozan, Anne-Marie Ozzola, Bruno Palier, Vanessa Pasquet, Jean-Jacques Paul, Laurence Pecaut-Rivolier, Eric Peigné, Catherine Perruchon,
Bernadette Picard-Robin, Valery Picavet, Marie-Noëlle Pinson, Ol ivier Pipard, Guillaume Poignon, Françoise Poitet, Raphael Porcherot, Joel Pothier,
Prabodh Pourouchottamin, Thierry et Anne-Claude Pradeilles, Nicolas Prigent, Marie-Françoise Proust-Baudry, Sarah Psimaras, Nicolas Rabaud,
Christophe Ramaux, Frédéric Ransan, Philippe Rassemusse, Véronique Rat-Morris, Gérard Reibel, Mina Reig, Philippe Remy, Frédéric Rey, Eveline
Richet, Fabienne Rigal , Hélène Rival, André Robette, Agnès Roche, Denis Rochette, Antoine Rode, Isabelle Roudil, Catherine Rousseau, Cécile
Rouyer, Xavier Rzepka, Ricardo Saez, Franck Savage, luc Schoepfer, Olivier Schulz, léon-Paul Schwab, Alain Seugé, Dominique Seydoux, Laurent
Sousa, Catherine Souterbicq, Robert Spizzichino, Christine Tabouret, lucie Tanguy, Marie-Thérèse Taupin, Alexis Tchernoïvanoff, Bruno Theret,
Isabelle Therond, Olivier Thevenon, Jean-Baptiste Triquet, Jerome Trossat, Frédéric Trouillot, Guy Vaganay, Guy Valette, Jacques-Henri Vandaele,
Francoise Vauquois, Emmanuel Veneau, Christine Vercoutre, François Vergnes, Laurent Vernet, Roger Vial, Sylvain Vidal, Jean-Jacques Vi nu rel,
Raphael Viollet, Thomas Viutti, Nicolas Wallet, Jean-Pierre Zirotti, Jean-Yves Zordan, Cgt Culture, Forces de Progrès en Côte-D'Or, Ville Simplement.
Le rapport sur les inégalités en France a été contre les inégalités qui menacent notre
soutenu par un grand nombre d'experts, de modèle social. Il va de soi que ces soutiens
l'économie à la sociologie en passant par la ne témoignent pas nécessairement une ad-
philosophie. Beaucoup d'entre eux nous ont hésion de leur part à tout ce qui est publié
d'ailleurs fait confiance dès 2003, alors que sur notre site Internet et dans ce rapport.
l'Observatoire des inégalités n'en était qu'à La variété des soutiens qui nous ont été
ses débuts et nous les remercions très cha- témoignés et le pluralisme de l'Observa-
leureusement. Si l'Observatoire des inégali- toire des inégalités impliquent d'ailleurs
tés cherche à toucher le plus grand nombre, des analyses divergentes qui font d'ailleurs
il nourrit ses données et analyses des tra- la richesse du débat. De la même façon
vaux de nombreux scientifiques. qu'il est indépendant de tout parti politique
Par ce geste, ils témoignent de l'importance ou entreprise, l'Observatoire des inégalités
de la question des inégalités pour l'en- ne s'inscrit dans aucune école de pensée
semble des sciences humaines et appuient particulière. •
le travail de l'Observatoire pour lutter
Guillaume Allègre, économiste, département versité Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheur Laurence Proteau, sociologue, maître de confé-
des études de I'OFCE au Centre d'Economie de la Sorbonne rences à l'université de Picardie Jules Verne,
Christian Baudelot, sociologue, professeur Bernard La hire, sociologue, professeur à l'ENS CESSP-CSE
émérite à l'Ecole normale supérieure de Paris de Lyon Stéphanie Pryen, sociologue, maître de confé-
Christophe Benavent, sociologue, professeur à Hervé Le Bras, démographe, directeur d'études rences à l'université de Lille Ill, membre du
l'université Paris Ouest - Nanterre La Défense à l'Institut national d'études démographiques Clersé (Cnrs/ Li lle 1)
Nathalie Bonini, anthropologue, maître de (lned) et enseignant à l'Ecole des hautes Christophe Rameaux, économiste, maître de
conférences à l'université de Tours études en sciences sociales (EHESS) conférences à l'université Paris 1
Françoise Clavairolle, anthropologue, maître Arnaud Lecheva lier, économiste, maître de Frédéric Rey, sociologue, maître de conférences
de conférences à l'université de Tours conférences à l'université Paris 1 Panthéon-Sor- au Cnam
Denis Clerc, économiste, fondateur d'Alterna- bonne Cédric Rio, philosophe, Centre Maurice Hal-
tives économiques Danièle Lochak, professeure de droit émérite bwachs, coordinateur du réseau européen sur
Ph ilippe Coulangeon, sociologue, directeur de de l'université Paris Ouest- Nanterre La Dé- les inégalités lnequality Watch
recherche au CNRS fense Christophe Robert, sociologue, délégué géné-
Geneviève Cresson, sociologue, professeur Eric Maurin, économiste, directeur d'études à ral de la Fondation Abbé Pierre
émérite à l'université Lille 1 l'Ecole des hautes études en sciences sociales Bernard Schlemmer, sociologue, ancien cher-
(EHESS) cheur à I'IRD (Institut de recherche pour le
Johanna Dagorn, sociologue, Observatoire
Pierre Mercklé, sociologue, maître de confé- développement)
européen de la violence scolaire
rences en sociologie à l'Ecole normale supé- Catherine Sélimanovski, géographe, maître de
Julien Daman, sociologue, professeur associé
rieure de Lyon conférences à l'université de Montpellier 2
à Sciences Po Paris
Pierre Merle, sociologue, professeur à l'Ecole François de Singly, sociologue, professeur à
François Dubet, sociologue, directeur d'études supérieure du professorat et de l'éducation l'université Paris Descartes
à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (ESPE) de Bretagne
(EHESS) Georges Solaux, économiste et sociologue,
Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de professeur émérite à l'université de Bourgogne,
Marie Du ru-Bellat, sociologue à l'Observatoire
recherches au CNRS, Laboratoire Méditerra- IREDU
sociologique du changement (OSC-Sciences néen de Sociologie (LAMES, Aix-en-Provence)
Po) et à l'Institut de recherche en Education Vanessa Stettinger, sociologue, maître de
Marco Oberti, sociologue, professeur des uni- conférences à l'université de Lille 3 (CeRI ES)
(IREDU)
versités, directeur de l'Observatoire sociolo- Vincent Troger, sociologue, maître de confé-
Jeanne Fagnani, directrice de recherche hono- gique du changement
raire au CNRS, chercheure associée à l'Institut rences en sciences de l'éducation, Centre de
Bruno Palier, économiste, directeur de re- recherches en éducation de Nantes.
de recherches économiques et sociales (IRES)
cherche du CNRS (Sciences Po) Louis-André Vallet, sociologue, directeur de
Michael Forster, économiste à l'OCDE, division
Camille Peugny, sociologue, maître de confé- recherche au CNRS
des politiques sociales.
rences à l'université Paris 8 Pierre Volovitch, économiste, ancien chercheur
Jean Gad rey, économiste, professeur honoraire
Thomas Piketty, économiste, directeur d'études à l'IRES (Institut de Recherches Economiques
à l'université Lille 1
à l'École des hautes études en sciences sociales et Sociales).
Jérôme Gautié, économiste, professeur à l'uni- (EHESS)
Après une période de relative occultation nus dans leur pays sont trop importantes,
ou d'indifférence non délibérée, la ques- 90% en Chine, 91 %en France et en Es-
tion des inégalités a commencé à revenir pagne, 73% en Suède, 74% en Australie,
dans le débat public au milieu des années et même 65% aux États-Unis ...
1990, pou r y prendre une place prépondé-
rante au début des années 2000. Dès lors, Que faire alors ? Quel type de so-
de nouvelles données ont été prises en ciété viser ?
compte, de nouvelles recherches ont été A ces questions, on obtient également des
engagées et un savoir nouveau s'est dif- réponses concordantes. Dans tous les pays
fusé dans la société. L'heure était aux fortement industrialisés ou en voie de dé-
constats mieux informés, et plus justement veloppement, on déclare souhaiter une
critiques. La crise de 2008 n'a fait qu'am- société moins inégalitaire : très peu de
plifier le mouvement et nourrir l'inquié- gens pauvres, très peu de riches et une
tude, parfois la colère, devenant une situa- classe moyenne peu différenciée qui
tion qui apparaissait au plus grand constitue l'essentiel de la population, voilà
nombre de plus en plus injuste parce que, l'horizon social jugé désirable[ll. Indépen-
dans certains domaines importants, de damment des inflexions nationales, sans
plus en plus inégalitaire. A tel point qu'au- qu'influent véritablement les critères socio-
jourd'hui, près de huit Français sur dix professionnels, on observe ainsi, depuis
déclarent souhaiter voir advenir une so- plusieurs années, dans tous ces pays, la
ciété plus égalitaire. formation de majorités d'opinion progres-
sistes fortes, parfois écrasantes, qui se re-
Cette aspiration n'a rien d'une curiosité joignent dans les aspirations sociales et
locale. Elle s'exprime dans la plupart des morales qu'elles expriment.
pays comparables. Presque partout dans
le monde, le nombre est nettement du Et dans le même temps, pourtant, les iné-
côté de ceux qui déplorent les inégalités galités de revenus ne cessent de se creuser.
[ 1] International Social
Survey Programme, Social
excessives: 92 %des Argentins sont d'ac- Elles ont même, dans les 34 pays de l'Or-
Inequality IV, 2009. cord pour dire que les différences de reve- ganisation de coopération et de dévelop-
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBSER VATOI RE DES INËGALITËS j 11
7.
PAR LOUIS MAURIN, DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS
En ce printemps 2015, la situation sociale gagné (au minimum) 243 000 euros (avant
est sombre pour les milieux populaires. Le impôts) de plus en 2011 , qu'en 2004.
pouvoir d'achat augmente pour les plus Les trois dixièmes de la population situés
riches et diminue pour les plus pauvres. La entre les 40 % les plus pauvres et les
crise ne frappe qu'une partie de la popu- 30% les plus riches ont vu leur situation
lation : les plus modestes, déjà fragilisés stagner. Ces classes moyennes ne sont pas
par des décennies de chômage. Les jeunes, « étranglées )) selon l'adage médiatique,
les ouvriers et les employés, les femmes, la leur situation n'est pas la plus difficile,
main d'œuvre peu qualifiée travaillant mais cette stagnation constitue une rup-
dans les petites entreprises du secteur ture pour des catégories au cœur d'une
privé et les immigrés sont en première société où l'on consomme toujours plus.
ligne. De l'école à l'entreprise, de la Enfin, parmi les 40 % du bas de la hié-
consommation à la santé, les exclus et les rarchie sociale, les revenus ont diminué
privilégiés de la France d'aujourd'hui ne se entre 2008 et 2012 de 300 à 500 euros.
limitent pas aux franges extrêmes de la
population. Un changement social inédit
Du point de vue des revenus, trois France Ce décrochage de la France d'en bas, que
se distinguent. Parmi les 30 % les plus l'Observatoire des inégalités a été le pre-
riches, les revenus ont continué à progres- mier à mettre en lumière, est inéd it.
ser entre 2008 et 2012 : + 500 euros[ll pour Jusqu'au milieu des années 2000, les iné-
les 10 % les plus aisés. La crise, les 30 % galités s'accroissaient par le haut. Les très
du haut de la pyramide, ne la connaissent riches comme l'ensemble des catégories
pas vraiment. A ce niveau de vie (au moins aisées (déguisées en « classes moyennes
2 200 euros par mois pour une personne supérieures ))) voyaient leurs niveaux de
seule), on vit bien et surtout on continue vie progresser bien plus que les autres. Et
à gagner plus, même si on est loin des encore, la situation de 2015 est sans au-
[1] Les montants sont
touj ours donnés pour une sommets. Les gains demeurent toutefois cun doute plus dégradée que ce que nous
personne seule dans un beaucoup plus faibles que ceux qu'on ob- présentons dans ce rapport, mais elle n'est
ménage, après impôts et
prestations sociales. serve chez les 0,1 % les plus riches qui ont pas visible dans les statistiques de l'Insee,
12 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRA NCE 2015
connues avec deux années de retard . De- Une pa rtie importa nte des salariés est à
puis 2012, date des dernières données l'abri de la précarité et du chômage, soit
disponibles, tout porte à croire que les plus du fa it de son statut de fonctionnaire (en-
pauvres se sont encore appauvris et les viron 4,5 mill ions de personnes), soit du
plus riches enrichis. fa it de son niveau de diplôme qui lui as-
A l'origine de ce basculement, la hausse sure de retrouver du travail dans de brefs
du chômage. A la mi-2008, on comptait déla is dans l'immense majorité des cas.
trois millions de chômeurs inscrits à Pôle A niveau de vie équivalent, savoir que
emploi (catégories A, B etC). Début 2015 , l'on disposera d'un salaire jusqu'à sa re-
ils sont 5,3 millions, + 70 %. Parmi eux, tra ite, pa r la stabilité qu 'il procure et pour
on trouve 8 % de cadres et 70 % d'ou- les droits qu'il ouvre, notamment dans
vriers ou d'employés. En matière d'emploi , l'accès au logement, est devenu, au bout
il existe une fracture dans la fracture, mas- de 40 ans de chômage de masse, un dé-
quée par les moyennes, et qui ne date pas term inant central des conditions de vie .
de 2008. A l'intérieur de l'ensemble du Une partie des fonctionnaires - c'est le
monde ouvrier, les mo ins qual ifiés sont cas, par exemple, des enseignants du pri-
beaucoup plus frag ilisés que le reste des ma ire - acceptent en contrepartie des
actifs. Dès le mil ieu des années 1990, leur revenus limités, rapportés à leurs qualifi-
taux de chômage a atteint 17 % . Redes- cations. Il n'en demeure pas moins que
cendu à 13% en 2001, il a ensuite grimpé l'avantage est là .
et dépasse désormais les 20 % . Le statut La taille de l'entreprise- publique ou pri-
de l'emplo i et le type d'employeur vée- joue, elle aussi, un rôle essentiel. Le
comptent de plus en plus. Et ces données statut des salariés des grandes structures
ne prennent pas en compte les décro- du secteur privé est sans commune me-
cheurs de l'emp loi, notamment des sure avec celui des petites et moyennes [2] Il suffit de se souvenir
femmes peu qua lifiées, qui, devant la dégra- entrep ri ses. La condition salariale, du ni- des réactions à l'o uvrage
de Pierre Bourdieu, << La
dation des conditions d'emploi (précarité et veau de salaire à la couverture santé en dom ination masculine >>,
bas salaires), ne postulent même plus. passant par les multiples avantages du par u au Seuil en 1998.
RAPPORT SUR LE S INÉ GALITÉS EN FRA NC E 201 5 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 115
LES PLUS PAUVRES La France appauvrie n'est pas
DÉCROCHENT, périurbaine
QUI S'EN SOUCIE? La France qui subit le plus lourdement les effets de la crise est
bien loin d'être la France pavillonnaire du périu rba in. La pau-
vreté et les inégalités se concentrent dans les grandes vil les :
les deux tiers des pauvres vivent au cœur des grandes aires ur-
baines. Le taux de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian
atteint son maximum- 18% - dans les villes de 100 000 à 200
un poids démesuré dans les décisions des 000 habitants. Dans les communes des banlieues défavorisées
politiques publiques. ou les qua rtiers popula ires des grandes villes, le taux de pauvre-
té dépasse souvent les 40 %. Les quartiers les plus en difficul-
En face, la France peu qualifiée salariée du té - parfois présentés comme bénéficia ires du dynamisme des
privé ou au chômage est peu audible. Les métropoles - ne sont pas des ghettos à l'abandon, mais pa ient
quelques mouvements de soutien aux plus un tribut beaucoup plus lourd à la crise que la campagne ou la
France pavillonnai re. Le taux de pauvreté y atteint 36 %, trois
précaires (pauvreté, sans-papiers, mal-loge-
fois pl us que le reste du territoire urbain. Entre 2006 et 2011 , ce
ment, etc.) se concentrent sur les situa-
taux a augmenté de 6 points, contre 0,8 hors des zones urbaines
tions les plus difficiles avec de maigres
sensibles.
moyens. Les synd icats ne représentent plus
qu'une fraction ultra-minoritaire des sala-
riés- moins de 5 % dans le secteur privé - ou aux sympathiques chartes de la diver-
concentrés dans les grandes entrep1ises. sité. Cela ne mange pas de pain .
Les nouveaux mouvements militants, issus
de milieux cultivés et urbains, se pas- Reste à attendre le moment où la contes-
sionnent pour les causes modernes d'une tation sera telle que ces milieux favorisés
société post-68 comme la préservation de se sentiront vraiment contraints de redis-
l'environnement, les inégalités dont sont tribuer, un peu, les cartes. Beaucoup de
victimes les femmes ou les homosexuels, citoyens partagent la volonté de réformes
voire la diversité ethnoculturelle. Des en profondeur, savent bien que chacun
causes justes, à condition qu'elles doit balayer devant sa porte et sont prêts
n'amènent pas à oublier les hiérarchies à faire un effort. Mais s'indigner est une
sociales. chose, agir en est une autre. Reste à savoir
quand ces couches favorisées prendront
La montée des extrêmes est-elle finale- conscience qu'à trop profiter et si peu par-
ment si importante que cela pour le haut tager, elles risquent de perdre bien plus
de la hiérarchie sociale qui pleure pour ses qu'elles ne gagnent aujourd'hui . A trop
impôts? Elle se préoccupe de l'orientation tirer sur la corde des privilèges tout en fai-
de ses enfants, de ses futurs congés ou de sant miroiter l'égalité pour tous, le risque
son alimentation bio, plus que de la situa- est grand d'entraîner des mouvements de
tion des immigrés, des ouvriers qui tra- contestation de grande ampleur et que
va illent à la chaîne, des caissières, ou du d'autres forces, beaucoup plus conserva-
fonctionnement de l'entreprise ou de trices, prennent les choses en main. Cela
l'école. Toute une partie des catégories ne paraît pas trop inquiéter les privilégiés
favorisées s'intéresse aux« questions socié- d'aujourd'hui, mais il n'est pas certain
tales)) comme on dit, au« social business)) qu'ils soient éternellement à l'abri. •
16 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAP PORT SUR LES INËGALITËS EN FRAN CE 2015
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LA FRANCE POPULAIRE
S'APPAUVRIT
En pleine crise, les plus aisés continuent de si l'on utilise le seuil de pauvreté à 50% du
s'enrichir et les plus pauvres s'appauvrissent, niveau de vie médian et 8,6 millions si l'on
du jamais vu depuis les années 1970. Il utilise le seuil à 60 % du niveau de vie
s'agit d'un tournant historique. L'enrichisse- médian. Ce mouvement de hausse consti-
ment d'une partie des« super-riches>> a été tue un tournant dans l'histoire sociale de
considérable, mais le problème de la France notre pays depuis les années 1960.
aujourd 'hui n'est plus vraim ent là : c'est La dégradation économique enregistrée
un fossé croissant qui se creuse entre les depuis 2008 pèse tout particulièrement sur
catégories populaires et les couches favori- les moins favorisés. Pour la seule période de
sées au sens large. La « crise du pouvoir 2008 à 2012, le nombre de pauvres au
d'achat», si souvent mise en avant, n'est seuil à 50 %, comme à celui à 60 %, a
valable que pour la partie inférieure de la augmenté de 800 000. Depuis, le phéno-
hiérarchie des revenus. mène n'a fait que se prolonger.
Les inégalités de patrimo in e restent tou- Si l'on prend en compte la pauvreté en
jours aussi fortes : les 10 % des ménages termes de conditions de vie (contraintes
les plus fortunés disposent de près de la budgétaires, restrictions de consommation,
moitié de l'ensemble de la richesse du pays, difficultés liées au logement), les choses
les 50 % les moins fortunés en possèdent s'amélioreraient selon l'Insee. Toutes les
7 %. L'inégalité des patrimoi nes est encore grandes dimensions du taux de pauvreté en
plus accentuée que cel le des revenus. Ces conditions de vie ont connu un recul entre
énorm es écarts de richesse sont à la source 2004 et 2012. De 3,2 points pour les diffi-
de la reproduction sociale de génération en cultés de logement, à 0,3 point pour l'insuf-
génération par le biais de l'héritage. Les fisance des ressources. Seule cette dernière
patrimoines matérialisent en quelque sorte dimension a légèrement augmenté depuis
la transmission des inégalités dans le la crise, passant de 12,7 %en 2008 à
temps. 13,7 %en 2012. Ces données indiquent
La pauvreté, quant à elle, a baissé des an- que le modèle social français, dont on dit
nées 1970 au milieu des années 1990. qu'il coûte cher, est aussi, en contrepartie,
Depuis le début des années 2000, elle re- performant : il évite que des millions de
part à la hausse. La France compta it cinq personnes ne se retrouvent à la rue. •
millions de pauvres en 2012, selon l'Insee
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 117
tt 1 REVENUS
NIVEAU DE VIE
Qui est pauvre, moyen ou riche selon le publions des données détaillées de l'an-
type de ménage? Délimiter des frontières née 2011 par type de ménage. Elles sont
de niveaux de vie est une construction sta- obtenues à partir des déclarations d'im-
tistique. L'exercice est pourtant essentiel si pôts, auxquelles l'Insee a retiré les impôts
l'on veut comprendre la société. Encore directs payés et les prestations reçues (voir
faut-il prendre quelques précautions. Nous encadré méthodologique).
9000
Richesse:
8000 double du
rev_ méd ian
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
Personnes Familles Couples Couples Couples Couples
seules monop. sans enft avec un avec deux avec trois
en ft enfts enfts et+
Unité : euros par moi s
30% 80%
Couples avec trois enfts et+ 1 884 3 001 3 768 5 621 7 535
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 119
tf 1REVENUS
Les écarts de niveau de vie ont baissé si Rapport entre le niveau de vie min. des 10% les plus
riches et max. des 10 % les plus pauvres
l'on se place sur une longue période. Ce-
pendant, elles repartent à la hausse de-
5,0
puis une quinzaine d'années. Principale-
ment parce que les niveaux de vie des très
riches se sont envolés mais aussi parce que
ceux des plus pauvres ont diminué dans
les années récentes. Le jugement que l'on
peut porter sur les inégalités de revenus
dépend de l'échelle de temps et de l'instru-
ment de mesure que l'on utilise.
2012 . ,o,'l<:; ,o,"-"' ,o,'<><:; ,o,'<>"' ,o,"'<:; ,o,"'"' -fe:;<:; -.,<:;<:;'-> -.,c:;'<:;-.,c:;'"'
2012* Evolution
(en%)
Niveau de vie moyen des 10 o/o les plus pauvres 8 530 7 999 - 53 1 -6,2
Ecart entre les 10 o/o les plus riches 42 780 49 37 1 6 591 18,0
et les 10 o/o les plus pauvres (en euros)
*Les valeurs 2012 ont été recalculées pour éviter une rupture de série en 201 O. Elles diffèrent des données que publie
l'Insee sur l'année 2012, non comparables avec les données antérieures.
l'égalité (tous les individus ont le même inégalités que le rapport interdécile car il
revenu). Plus il est proche de un, plus on synthétise en quelque sorte l'information
est proche de l'inégalité totale (un seul sur l'ensemble des revenus. La France est
individu reçoit tous les revenus). un pays de plus en plus inégal du po int de
vue des revenus, et le phénomène ne date
Là aussi, la situation s'est nettement amé- pas d'hier, mais de la fin des années 1990.
liorée entre les années 1970 et le début
des années 1990: cet indice est passé de
0,331 à 0,277 en 1990. Depuis l'indice de Les 10 dernières années
Gini a nettement augmenté : il atteint dé- Entre 2002 et 2012, le niveau de vie
[1] Attention, il ne faut
sormais 0,299, le niveau de la fln des an- moyen annuel des 10 % les plus pauvres [11
pas confondre le niveau de
vie moyen d'une tranche nées 1970. a baissé de 6,2 %, soit une perte de 541
de 10 % de population avec euros, une fois l'inflation déduite. A l'op-
un décile, qui est la limite
de la tranche. Cet indicateur décrit mieux la réalité des posé, celui des 10 % les plus riches a
22 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- RA PP ORT SUR LES INÉG ALI TÉS EN FRANCE 2015
connu une nette augmentation , de catégories aisées progressent, mais ceux
+ 11,8 % soit un gain de 6 000 eu ros. des plus modestes dim inuent. Entre 2008
et 2012, le nivea u de vie moyen annuel
En 2002, les 10 % les plus riches ava ient des 10 % les plus riches a augmenté de
un revenu six fois supérieur aux 10 % les 450 euros, alors que celui des 10 % les
plus pauvres. C'est ce que l'on appel le plus pauvres a ba issé de 540 euros. Et la
l'écart relatif. En 2012 , cet écart s'est situation s'est probablement dégradée de-
creusé puisque les plus aisés touchent pu is 2012 du fa it de la progression du
maintenant 7,2 fois plus que les plus mo- chômage. On passe d'un régime de pro-
destes. En valeur absolue, c'est-à-di re en grès mal partagé à un régime au sein du-
euros, cet écart est passé de 42 780 euros quel les diffé rentes catégories sociales
en 200 2 à 49 371 euros en 2012 . s'éloignent les unes des autres. Ceci est
très différent et constitue un moteur ma-
Depuis 2000, on assiste à un changement jeu r des tensions sociales. •
de taille. Non seulement les revenus des
,.,. .
~t ~ ~~. .
201 2 Variation
2008-2012
,:· (en %)
' . .. .
Données après impôts et prestations sociales, pour une perso nne seule.
Entre 2008 et 2012, la masse globale [l l d'euros, la masse de leurs revenus est pas-
de l'ensemble des revenus des ménages sée de 342 milliards d'euros en 2008 à
(après impôts et prestations sociales) s'est 353 milliards en 2012 . A lui seul, ce
accrue de 21,2 mill iards d'euros, inflation dixième le plus riche a reçu la moitié de
déduite, selon les données de l'Insee. La l'ensemble de la croissance de l'ensemble
crise est loin de frapper toutes les couches des revenus entre 2008 et 2012. Globale-
sociales. Les 10 % les plus pauvres ont ment, entre 2008 et 2012, les 40% les
perdu deux milliards d'euros, la masse glo- plus pauvres ont perdu 6,6 milliards d'eu-
[1] Tous les revenus bale de leurs revenus passant de 50,7 à ros. Les 40 % les plus riches ont engrangé
distribués (salaires, revenus
48,6 milliards d'euros au cours de ces 19,8 milliards.
du patrimoine, prestations
sociales, etc.) moins les quatre années. Les 10% les plus riches ont L'Insee ne diffuse pas de données plus ré-
impôts directs.
gagné sur la même période 10,8 milliards centes. Depuis 2012, les hausses d'impôts
La t rois ième colonne indiqu e l'évolutio n en milli on s d'e uros du revenu gl ob al de l'en sembl e d'une tranche de 10% de la pop ul ation . La derni ère indique l'évo-
luti on en %. Donn ées après impôt s et prestations socia les.
PAUVRETÉ
La France comptait cinq millions de vie méd ian. Dans le premier cas, le taux
pauvres en 2012 selon l'Insee [l l si l'on de pauvreté est de 8,2 %, dans le second
utilise le seuil de pauvreté à 50 % du de 14,0 %. En 2012, le seuil de pauvreté
niveau de vie médian et 8,6 millions si situé à 60 %, pour une personne seule,
l'on utilise le seuil à 60 %du niveau de est de 993 euros mensuels, celui à 50%
de 828 euros.
<li
dation économique enregistrée depuis
1a.
2008 pèse tout particulièrement sur les
V\
~ moins favorisés . Pour la seule période de
2008 à 2012, le nombre de pauvres au
• Seuil à 50 "/o Seuil à 60 "'o seuil de 50% comme à celui de 60 % a
Unité : milliers.
augmenté de 800 000. On notera que
pour l'an née 2012, le nombre de pauvres
[1] I.:institut a changé de au seuil de 60 % a baissé de 200 000,
méthode en 20 12. Nous
avons recalculé les données du fait de la diminution du niveau de vie
2011 et 20 12 pour qu'elles médian, qui a eu pour conséquence de
soient compatibles avec les
années antérieures. réduire le seuil. •
19
17 ...
15 ...
13
11
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Qi
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Unité :%
de notre société. En 2012, le seuil de pau- (adultes et enfants et l'âge de ces derniers).
vreté a baissé par rapport à 2011, selon On passe alors du revenu disponible au ni-
l'Insee: de moins huit euros pour une per- veau de vie dans le langage de l'Insee. Par
sonne seule pour celui à 50% et de onze exemple, un couple avec deux enfants en
euros pour celui à 60 %, ceci du fait de la bas âge est pauvre si ses ressources ne dé-
baisse du niveau de vie médian. passent pas 1 727 euros ou 2 073 euros
Pour tenir compte de la composition des par mois selon que l'on considère respecti-
ménages, on élève le seuil de pauvreté en vement le seuil à 50% ou à 60% du ni-
fonction du nombre de personnes du foyer veau de vie médian (données 2012). •
Seuil à SO%
Unité : eu ros
Entre fin 2008 et fin 2014, le nombre de et d'avoir assez cotisé, un nombre croissant
titulaires du RSA socle [lJ a augmenté de de personnes doit avoir recours aux minima
[1] Depuis le 1er juin 550 000, soit +42 %(données France en- sociaux. l'évolution du nombre de Rmistes,
2009, le Revenu minimum
tière). En décembre 2014, près de 1,9 mil- et aujourd'hui d'allocataires du RSA, est en
d'insertion (RMI) et
l'Allocation de parent isolé lion de personnes percevaient ce minimum effet très fortement liée à la croissance de
(API) ont été remplacés social. La progression est due à l'accentua- l'activité et à la conjoncture de l'emploi, très
par le Revenu de solidarité
active (RSA). tion de la crise depuis 2008. Faute d'emploi dégradée dès 2009.
Taux de pauvreté en conditions de vie 14,6 13,3 12,7 12,5 12,9 12,6 13,3 12,5 11,9
Insuffisance de ressources 14,0 13,4 13,6 13,6 12,7 14,1 15,1 14,6 13,7
········· ····· ······· ··· ···· ··· ······ ····· ················ ······· ·········· ··················· ···· ······ ······ ····················· ······· ···· ····· ····· ······ ···· ···· ····· ··· ··
Restrictions de consommation 14,2 12,4 12,0 12,2 13,6 12,7 12,7 12,4 11,8
······ ······· ··· ··· ·············· ········· ········· ····· ····· ····· ···················· ··············· ············· ······· ··· ··· ·· ····· ····· ····· ·· ········· · ······· ·········· ··
Retards de paiement 11,5 9,8 9,0 9,2 8,0 9,6 9,2 8,6 8,5
············ ··· ········ ······· ····· ····· ···· ······ ···· ····· ········· ······ ············ ·· ······ ·· ························· ············· ····· ···· ·· ········· ····· ········ ······ ··
Difficultés de logement 10,1 8,9 8,2 8,8 8,2 7,3 7,4 6,8 6,9
···· ··· ········· ·· ······ ···· ··· ···· ····· ·· ··· ····· ···· ·· ····· ····· ······· ··· ······ ····· ········ ·· ·· ········ ·········· ········· ······ ··· ···· ······ ·· ··· ··
Unité :%
RAPPORT SUR LES INËGALITtS EN FRANCE 2015- OBSERVATO IRE DES INÉ GALITÉ S 1 31
Ü 1 REVENUS
:;Personnes viv~nt sous le seuil à 40% du revenu médian (Insee- 2011) 2 160 000
Personnes sans domicile personnel (Fondation Abbé Pierre - 2012) 694 000
t • 141 500
Personnes hébergées chez des tiers dans des conditions de logement très difficiles (Fondation Abbé Pierre- 2012) 411 000
185 000
Personnes vivant dans un logement inconfortable, de mauvaise qual ité (I nsee- 2006) 1 325 000
-~ ~
1
-Banques alim entaires · . . ·, . : : ,· 740 000
" - ' ..,t "'" ~,... -:~ ;t;Jrl>"~ ......."...._.. ~ ._Y.• .---~--·.oc .... :-~~,.._~ ~
- Croi.x-Rouge ; 46 000
. .. ~ .
unité: nombre
* Personnes qu i o nt passé la nuit précédant l'enquête dans un lieu non prévu pour l' habitation, halte de nuit, o u dan s un se rvi ce d 'hébergement (hôtel, dor -
toir ou chambre d'hébergeme nt coll ectif, etc). **Vivant à l'an née dans un mobile-home ou un ha bitat de fortu ne. Selon les est imat ions de l'Insee, plu s de 10
000 person nes vivraient da ns la rue (données 2012).
Source: Insee, Fondation Abbé Pierre, Cnaf, CN A, CNRS
Selo n l'Insee, on co mpte 140 000 sa ns Au total, même s'i l est difficile de donner
dom icil e fixe, dont un peu pl us de 10 000 un chiffre précis, on peut es ti mer à un peu
dorme nt dans la rue. mo ins de 4 mill ions les pe rsonnes qui
vivent de très faibl es revenus (a llocataires
En 2006, pas moins de 1,8 million de per- de minima sociaux) qu i ne leur permettent
sannes dé ela raient à 1' 1nsee ne pas avair pas d'acheter de la nourriture et des vête-
pri s un repas complet au moins une journée ments de façon convenable et qu i vivent
au cours des deux dernières semaines. 3,5 sous la dépendance d'une institution,
mill ions de personnes auraient eu recours d'ami s ou de la famille . Plus ieurs ce n- [3] << Aide alimentaire et
accès à l'alim entation des
à l'aide alimentaire en 2010 (Banques al i- ta ines de mill iers vivent dans des cond i- populations démunies en
mentaires, Restas du cœur, etc), selon le tions de logement très difficiles, 140 000 Fran ce >> , avis du Conseil
National de l'Alimentation,
Conseil Nationa l de l'Alimentati on [31. n'ont pas de domicil e. Dans l'un des pays publié en 20 12.
RA PPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRA NCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 33
'Ji~ 1 REVENUS
les plus riches au monde, des dizaines de une population très modeste mais dont
milliers de personnes vivent dans des une partie vit dans des conditions très éloi-
conditions peu éloignées de celles de pays gnées des plus pauvres. On touche là un
en développement. Et encore, ces données niveau de pauvreté bien loin des normes
ne prennent pas en compte la période de la société française, et qui n'est pas
2013-2014 où les conditions de vie se sont marginal. Cette situation est d'autant plus
encore dégradées pour les plus démunis. violente que cette misère s'intègre dans
une société où les niveaux de vie sont éle-
Certes, on est loin des neuf millions de vés en moyenne, que les conditions de lo-
pauvres au seuil de 60% du niveau de vie gement se sont améliorées au cours des
médian, chiffre le plus souvent avancé dernières décennies et que l'accès à la
dans le débat public, qui concerne plutôt consommation s'est largement diffusé. •
Le salaire net mensuel médian s'élève à Niveaux de salaires par sexe et par tranche de 10%
1 675 euros en équivalent temps plein Salaires mensuels nets équivalent temps complet
Les inégalités de salaires sont plus élevées 70 % ... 2 111 2 266 1 903
chez les hommes que chez les femmes, ces
80 % ... 2 510 2 734 2 212
dernières étant beaucoup moins nom-
breuses à toucher de hautes rémunéra- 90% ... 3 317 3 663 2 812
tions. Le salaire minimum des 10 % des
95 o/o ... 4 286 4 797 3 489
femmes les mieux rémunérées est de 2 812
euros, contre 3 663 euros pour les 99 % ... 7 654 8 798 5 635
hommes. Si l'on prend en compte les 1 %
Rapport entre les 90 o/o et les 10 o/o 2,9 3,1 2,6
les mieux rémunérés, c'est encore pire : les
femmes gagnent 5 635 eu ros et les Ecart entre les 90 o/o et les 10 o/o (en 2 175 2 466 1 716
hommes 8 798 euros. euros)
36 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INÉGA LI TÉS EN FRANCE 2015
Professions :qui gagne combien ?
Les cadres supérieurs et chefs d'entreprise que les cadres sont en moyenn e plus
salariés, avec un salaire mensuel net jeunes que les ouvriers. Cela signifie qu'à
moyen de 4 032 euros en équivalent âge équivalent, l'écart est plus important.
temps plein, touchent deux fois plus que Enfin, il n' intègre pas le temps partiel, ce
la moyenne des salariés, 2,6 fois plus que qu i condu it à surestimer le revenu salarial
les employés et 2,4 fois plus que les ou- réel des femmes, beaucoup plus nom-
vriers, selon les données 2012 de l'Insee. breuses parmi les bas niveaux de rémuné-
Chaque mois, un cadre supérieur dispose rations.
de 2 500 euros de plus à dépenser qu'un
salarié des catégories populaires. Les Ceux qui touchent le plus et ceux
écarts sont encore plus importants chez les qui touchent le moins
hommes parce que les cadres supérieurs Si l'on observe l'ensemble de la hiérarchie
mascul ins touchent des salaires beaucoup des salaires, l'écart va quasiment de un à
plus élevés en moyenne : 4 354 euros dix et équ ivaut à 12 000 euros mensu els.
contre 3 408 euros pour les femmes. Les cadres dirigeants, ceux des marchés
financiers, affichent des salaires mensuels
Ces données concernant les fiches de paie bruts supérieurs à 11 000 euros et re-
ne représentent pas avec précision les ni- ço ivent en outre de nombreux bonus.
veaux de vie. D'un côté, les cadres paient Parm i les professions les mieux payées, on
davantage d'impôts directs que les ou- compte notamment les avocats (7 963
vriers. Mais bien d'autres éléments jouent euros), les médecins hospitaliers (entre
en sens inverse : ces salaires ne com- 7 000 et 8 000 euros bruts en moyenne),
prennent pas l'ensemble des avantages les directeurs techniques des grandes en-
financiers des salariés. Ensuite, ils ne treprises (9 000 euros).
tiennent pas compte de l'ancienneté alors
Salaires nets mensuels moyens selon la catégorie sociale, en équivalents temps plein.
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 20 15 - OBS ERVATO IRE DES INÉ GA LI TÉS 1 37
li ~ 1 REVENUS
Unité : euros. Données pour des équivalents temps plein des entreprises privées et secteur
para-public. Ne comprennent pas: les stagiaires, les apprentis, les chefs d'entreprise, les ac-
tivités domestiques et les fonctionnaires.
Les 50 o/o des personnes les plus riches gagnent au moins 18 100 19 500 + 7,7 + 1 400
Les 10 o/o les plus riches gagnent au moins 36 600 39 200 + 7,1 + 2 600
....... ............... . ... . .................................
Les 1 o/o les plus riches ........ 83 200 93 000 + 11,8 + 9 800
................. .............. .. . .. . ... .. .... .. ... ... . .. ... . .. . .... .. -.
Les 0,1 o/o les plus riches ........ 207 600 256 000 + 23,3 + 48 400
Les 0,01 o/o les plus riches ........ 567 700 810 700 + 42,8 + 243 000
Unité : en euros de 2011. Ces revenus ne prennent pas en com pte les impôts et le s prestations soc iales.
Source: Insee, France métropolitaine· Personnes appa rtenant à des ménages fi scaux dont les revenus déclarés sont strict ement positi fs
RAPPORT SUR LES IN ÉGALITÉS EN FRANCE 2015 · OBS ERVATOIRE DES INÉGALIT ÉS 1 39
li ~ 1 REVENUS
Part des revenus déclarés détenue par les plus riches menté beaucoup plus rapidement que
Evolution entre 2004 et 2011 ceux des autres salariés.
Gain en euros
Les 50 % des personnes les plus riches gagnent au moins 19 000 19 500 2,6 500
Les 10 % les plus riches gagnent au moins 38 500 39 200 1,8 700
Les 0,1 % les plus riches ........ 248 400 256 000 3, 1 7 600
Les 0,01 % les plus riches ........ 760 200 810 700 6,6 50 500
Unité : en euros de 201 1*. Ces reven u s ne prenn ent pas en co mpte les impôts et les p resta t ions sociales. *(i nfl ati on d éd uite) .
Source: Insee, France métropolitaine - Personnes appartenant à des ménages fiscau x dont les revenu s déclarés sont strictement positifs
5,4 .
6,5 5,2
RAPPO RT SUR LES INËGALITËS EN FRA NCE 201 5 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 41
'R if\ 1 REVENUS
Le revenu annuel d'un grand patron repré- ce que le talent, l'investissement person-
sente de 400 à 1 110 années de Smic, nel, la compétence, le niveau élevé de res-
selon les données 2012 publiées par ponsabilités ou la compétition internatio-
Proxinvest dans son 15e rapport« La Ré- nale peuvent justifier. Ils vont bien au-delà
munération des Dirigeants des sociétés du de ce qu'un individu peut dépenser au
SBF 120 n (novembre 2013). De 4,8 mil- cours d'une vie pour sa satisfaction per-
lions d'euros (équivalents à 358 années de sonnelle. Ils garantissent un niveau de vie
Smic) pour Maurice Lévy (Publicis) à 14,9 hors du commun, transmissible de généra-
millions d'euros (1 112 années de Smic) tion en génération, et permettent de se
pour Bernard Charlès, patron de Dassault lancer dans des stratégies d'investisse-
Systèmes. ment personnel (entreprises, collections
artistiques, fondations, etc.). Il faut ajouter
Les revenus pris en compte dans cette que ces dirigeants disposent aussi de mé-
étude totalisent les salaires fixes, variables canismes de protection considérables en
etjou exceptionnels, les stock options 111 et cas de départ forcé de l'entreprise.
les actions gratuites. Ils ne comprennent
pas en revanche certains autres avantages Les PDG ne sont pas les seuls à être les
comme ceux en na tu re (voitures, loge- mieux rémunérés. Certains très hauts
ments de fonction par exemple), le complé- cadres ou des sportifs peuvent avoir un
ment de retraite sur-complémentaire al- revenu annuel moyen astronomique : 35
loué à certains dirigeants de grandes années de Smic pour un sportif de haut
entreprises notamment. niveau, 23 années pour un cadre du sec-
teur de la finance, 18 années pour un diri-
Ces revenus demeurent bien supérieurs à geant d'entreprise salarié. •
Revenus annuels *
(en milliers d'euros) 1 ~.:.a:u.w.~o::s.:a:.LZ,w.u.:~
RAPPOR T SUR LES IN ËGA LI TËS EN FR ANC E 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 43
li~ 1 REVENUS
Ensemble , 50
.. -~v •. œw~A:'-i~
Unité:%
* Cela signifie par exemple que les ménages compris entre les 9 et les 8% les plus riches disposent d'un patrimoine d'au
moins 590 800 euros. ** Cela signifie par exemple que les ménages situés dans la tranche de 1 %comprise entre les 9 %
les plus fortunés et les 8 % les plus fortunés ont un patrimoine moyen de 616 500 euros.
Lecture : Début 2010, les ménages les 10 % les plus riches détenaient en moyenne 569 600 euros de patrimoine. Le patri-
moine financier représenterait 15 % de la masse détenue par ces ménages.
Patrimoine
professionnel en 2014
en milliards d'euros
·· · ···· · ·· · · · ························· · ~
Vincent Bolloré Bolloré Transport, média s 10,0 737 463 "
"0
<11
· · ··· · · · · ·· · ······ · ·· · · · · ··· · · · · ······ · ·Cl
c:
<11
Xavier Niel lliad Free 8,5 626 844 ]
··· · · · ·· · · ···· · ···· ···· · · · ··· · · · · · ·· · · u
<11
RETOUR À LA LUTTE
DES CLASSES
L'école n'a plus ri en à voir avec ce qu 'elle laires, selon les enquêtes de l'OCDE. Ce
était dans les années 1950. Elle n'est plus phénomène est désormais connu, large-
réservée à une élite et toutes les catégo- ment médiatisé. En cause : un système
ries sociales ont bénéficié de l'élévation du hyper concurrentiel , qui fonctionne par
niveau d'éducation, grâce à un effort na- l'échec sur une base très scolaire. Sur le
tional sans précédent en faveur de l'acqui- fond et les méthodes, il a peu évolué de-
siti on du savo ir pour tous, des ann ées pu is les années 1960, contrairement aux
1950 à la fin des an nées 1980. De même, autres pays. Un système aussi qui coûte
la situation des filles a complètement peu cher quel que soit l'échelon, par rap-
changé: à un nivea u général, elles font jeu port à ceux des pays comparables de
égal, voire mieux que les garçons. l'OCDE. Il ne faudrait pourtant pas idéali-
ser ce qui se passe ailleurs. En termes
Pourtant, il suffit d'aller un peu plus loin d'échec scolaire, de reproduction dans le
dans les détails pou r comprendre que le temps des écarts, la France n'est pas en si
paysage n'est pas aussi rose que cela . Les mauvaise position . •
chances de réussite ne sont pas les mêmes
selon les milieux sociaux. Les scolarités se
sont al longées certes, ma is les barrières se
sont déplacées au niveau supérieur. Ce
n'est plus au collège, mais au lycée que les
écarts se creusent entre les catégories so-
ciales. De la même façon , la progression
des filles est souvent exagérée : les garçons
continuent à être bien plus représentés
dans les filières qui conduis ent à
l'« excellence n scolaire.
DONNÉES GÉNÉRALES
Le niveau réel de diplôme des Français est certificat d'études primaires? On confond
au moins au ssi éloigné des discours les souvent le niveau scolaire des jeunes gé-
plus courus que le niveau de richesse. Qui nérations qui sortent du système éducatif
sait qu'en France, seuls 14,3 % de la po- et celui de l'ensemble des générations.
pulation disposent d'un diplôme supérieur Certes, entre 25 et 49 ans une personne
à bac +2 et c.ue 28,7 % ont, au plus, le sur cinq a un diplôme supérieur à bac +2.
Mais les générations les plus âgées ont
étudié à un moment où le système éduca-
Niveau de diplôme des Français tif était beaucoup moins développé :
56,4 % des plus de 65 ans n'ont aucun
titre scolaire.
Aucun dipl. ou CEP 15,0 30,0 56,4
Bien sûr, le diplôme ne dit pas tout : une
Brevet 6,1 8,6 7,2 partie de la population, sortie du système
de formation initiale peu diplômée, s'est
CAP, BEP ou équiv. 22,6 27,7 16,4
formée par la suite, via la formation pro-
Bac, Brevet prof. ou équiv. 19,6 13,4 9,3 fessionnelle ou à travers des expériences
Bac+ 2 15,9 8,9 3,7
personnelles. Il n'en demeure pas moins
que le décalage reste grand entre l'image
Dipl. sup. 20,8 11,4 7,0 que se donne la société et la réalité du
Unit é : o/o niveau d'éducation. •
Les inégalités de durée de scolarité aug- Depuis le milieu des années 1990, la situa-
mentent. Entre le milieu des années 1980 tion s'est dégradée: l'âge moyen de sortie
et 2010, la durée de scolarité s'est accrue a baissé pour ceux qui quittent l'école le
de quatre années pour le dixième qui a été plus tôt de 0,2 année et a continué à aug-
le plus longtemps à l'école, contre 1,3 an- menter pour ceux qui quittent l'école le
née pour le dixième qu i a connu le par- plus tard (+ 1,5 année). Seule une partie
cours le plus court. de cet écart s'explique par la diminution
Variation <li
1996-2010
1
c
0
·;:;
Age maximal de sortie des 10 % 15,7 17, 2 17,2 17,0 1,3 -0, 2
:J
"0
sortis le plus tôt
....... ..... ..... .. .. ..... ... ........... ... <li
"0
i':'
20 % sortis le plus tôt 16,8 18,3 17,9 17,9 1,1 -0,4
~~
<li
70 % sortis le plus tôt 19,5 22,3 22,4 22,4 2,9 0,1 ë:
.... . <li
"0
Lecture: ce tableau représente la répartition des perso nnes qui quittent l'éco le par tranche de 10 %. Les 10% so rt is le plus
tôt ont quitté l'éco le à 15,7 ans au maximum en 1985-1986 et 17 ans en 2009-201 O.
Le coût d'un élève ou étudiant pour la collectivité niveaux traduisent, en grande partie, les
différences liées à l'encadrement en per-
sonnels enseignants et à leurs profils :
taille des classes, nombre d'heures d'ensei-
Pré-élémentaire 5 790 gnement par élève et statut des ensei-
Elémentaire 6 060 gnants.
2012
Unité : euros 20 12
Source: mi nistère de l'Education nationale
Orientation en seconde générale et technologique dans les résultats des élèves. Une partie
Selon la note du brevet (contrôle continu} des inégalités est en effet liée à des élé-
ments objectifs, parfois matériels: le loge-
Note de 10 a 12
ment, le diplôme des parents, les pratiques
Ouvriers non qualifiés 30 59 de loisir et de sociabilité, etc. Une autre
partie résulte d'éléments subjectifs : un
Ouvriers 37 64 ensemble de mécanismes sociaux font
Employés 43 73 qu'on se sent plus ou moins légitime à
s'orienter dans telle ou telle filière, à ni-
Professions intermédiaires 50 81
veau équivalent.
Cadres supérieurs 66 91
Unité : %
Pour partie, les familles anticipent des
Source : m inistère de l'Education nat iona le, élèves entrés en 6e en 2007 difficultés qui sont effectivement plus
grandes pour les mil ieux sociaux mo-
la ires intériorisent leur position sociale, le destes au lycée, même à niveau équiva-
système éducatif ne contrebalance pas cet lent au collège, compte tenu de l'acadé-
effet. Le min istère note au passage l'effet misme des programmes. Mais pour partie
négatif du redoublement : les élèves ayant aussi, elles se forgent des barrières sym-
redoublé expriment d'eux-mêmes des boliques qui n'ont pas lieu d'être, et
vœux moins ambitieux et ils sont orientés contribuent d'elles-mêmes à la reproduc-
11 de façon plus sélective par les conseils de tion sociale. Le système d'orientation ne
classes qui donnent moins souvent satis- corrige pas le tir. Autant il est intéressant
faction à leur demande 11. Les redoublants de constater que de nombreux discours
portent le stigmate de leur échec passé. publics conduisent les filles à sortir des
filières qui leur sont prédestinées, autant
On tient là l'une des explications essen- le système éducatif est muet pour ce qui
tielles de l'impact des inégalités sociales est des milieux sociaux. •
52 1 - OBSERVATOIRE DES INÉGALI TÉS -RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
ECOLE ET ORIGINE SOCIALE
La France est l'un des pays où le milieu Impact du milieu social sur le niveau en mathématiques
social exerce la plus grande influence sur
le niveau scolaire des élèves. Il joue pour
57 points (sur un indicateur d'intensité de France 57
100) en mathématiques, selon l'enquête République tchèque 51
Pisa menée par l'OCDE en 2012. Cette in-
Belgique 49
fluence du milieu social est encore plus
importante qu'en Allemagne (43 points), Hongrie 47
dont le système scolaire est pourtant jugé Autriche 43
très inégalitaire. Des pays très différents
Allemagne 43
ont les meilleurs résultats: de l'Italie (30)
au Portugal (35), en passant par le Ca- Corée 42
Pologne 41
La mauvaise position de la France peut
Japon 41
s'expliquer par plusieurs facteurs. Les pro-
grammes valorisent plus qu 'ailleurs la Pays-Bas 40
culture des catégories socialement favori- Danemark 39
sées comme par exemple la maîtrise d'un
Moyenne OCDE 39
savoir mathématique théorique. A partir
du collège, le système très académique Irlande 38
défavorise ceux qui peinent à entrer dans Suède 36
le moule. Les évaluations à répétition dé-
.... 00 .......... · ·"
~ ......... ~ .............. , . .......................... .
Etats-Uni s 35
valorisent et contribuent à l'échec des plus ............. .. ............. ~ ............. ...... ...... .
Norvège 32
Canada 31
Italie 30
Quelles filières?
Selon le milieu social, les élèves ne suivent
Agriculteurs exploitants 94,2 pas non plus les mêmes filières. Ainsi, les
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 89,0
enfants d'ouvriers représentent 30,7 %
des admis au brevet pour la série techno-
Cadres, professions intellectuelles supérieures 96,2 logique[11 et 29,8 % pour la série profes-
- Dont professeurs et assimilés 97,4 sionnelle, contre 19,7% pour la série géné-
rale. A l'inverse, les enfants de cadres
Professions intermédiaires 91,1
supérieurs représentent 23,3% des admis
-Dont instituteurs et assimilés 95,8 dans la série générale, contre seulement
5,6% en série technologique et 5,1 %en
Employés 85,7
série professionnelle. Les enfants d'ou-
Ouvriers 80,2 vriers et d'employés représentent la moitié
des élèves admis au brevet série technolo-
gique et professionnelle, contre 5 % des
Unité :% enfants de cadres.
BacS (2002)
Unité : o/o
Lecture: 90,6 % des enfants d'enseignants contre 40,7% des enfants d'ouvriers non qualifiés étaient bacheliers (général
et technologique) en 2002.
Cadres supérieurs, 76 14 10
Les bacs généraux, technologiques et pro-
professions intellectuelles fessionnels, qui n'ont pas la même valeur
sur le marché des diplômes, ne permettent
Professions intermédiaires 58 23 20
pas d'accéder aux mêmes formations de
Employés 49 26 24 l'enseignement supérieur. L'élévation de la
part de bacheliers dans les catégories les
Ouvriers 31 23 46
moins favorisées résulte pour une partie
Retraités 38 21 41 de l'essor du bac professionnel à partir de
la fln des années 1980. Dans les années
Ensemble
récentes, la part de bacheliers a baissé
Unité :% chez les enfants d'ouvriers non quali1iés et
Lecture: parmi les enfants d'ouvriers bacheliers, 31 % ont obtenu un bac
général en 2012, contre 76 % pour les enfants de cadres supérieurs d'inactifs.
bacheliers.
"'
"0
Enseignants
--------------------~----------------------------
86,7 90,6
~ë='
Ë
:J
"0
Cadres supérieurs 87,7 87,6 0,9 1,4 ...~"'
···· ········ ··· ······· ····· ······· ···· ·· ····· ··· ···· ····· ··· ········· ·· ····· ········· ······ ·· ··· ·· ······ ·· ····· ·········· ········· ······· ······· ······ ··· ····· ····· · ....
Professi ons intermédiaires 74,0 76,7 2,3 2,9 .,
........................ . . . . · · ···· ···· · · · ·· · ··· · ······· · · · ······ · ···· · c
0
Employés de bureau 59,1 62,1 4,5 5,9 ~
.... ........ ....... ... .. .... .. ................ ........ ...... .... ............... ... ..... ... ..... ....... ............. .......... ······ ······· ······ ····· ··· ···· ··· ········ ~
3
Ensemble . . . . . ___. . ······· :::.~2:,:~: .:: .t :::: . · : ::.::::.:. ·.: :~~~·.::·. : . . . . .....__......,;,;,. . . . .~~. ]
Unité :%
Lecture: un enfa nt d'enseignants a, en 2002, 15,7 fo is plus de chances relatives d'avoir le bac qu'un enfa nt d'employés
de service.
Le rapport de chances
Le rapport de chances (« odds ratio )) en ang lais) Les enfants d'ouvriers non-qualifiés sont 40 % à
calculé dans notre tablea u mesu re le rappo rt entre obten ir leur bac. La probabil ité qu'un enfant de
d'un côté la probabilité d'avoir le bac pou r les en- cette catégori e soit bachel ier rapportée à celle qu'il
fants d'ense ignants comparée à cel le de ne pas ne soit pas bachelier est donc de 40 % (avoir son
l'avoir, et de l'autre le même rapport pour les autres bac) / 60 % (ne pas l'avoir), soit 0,66. La probabi-
catégories sociales. On compare entre elles deux lité inverse (ne pas avoir son bac rapporté à avoir
probabilités. son bac) est de 60/ 40 = 1,5.
Prenons un exemple. Si l'on veut calculer le rappo rt Dit autrement, les enfants d'ouvriers non qualifiés
de chances entre les enfants d'enseignants et d'ou- ont 1,5 fo is« plus n de chances (si on peut dire ... ) de
vriers non qualifiés, on procède de la façon su i- ne pas avoir leur bac que de l'avoir.
vante : les enfants d'enseignants sont 90 % à être Le rapport de chances est alors la division entre les
bacheliers. La probabi lité qu'un enfant de cette probab ilités des deux catégories d'avoir leur bac
catégorie soit bachelier est donc de 90 % (avoir son contre celle de ne pas l'avoir, soit 9 pour les cadres
bac) divisé pa r 10 % (ne pas l'avoir)= 9. Dit autre- et 0,66 pour les ouvriers non qualifiés : 9/ 0,666 =
ment, les enfa nts d'enseignants ont neuf fois plus 13,63 (14 dans le tableau du fait des arrondis).
de chances d'avoir leur bac que de ne pas l'avoir.
Comment évoluent les chances d'ac- 8,9 fois plus de chances relatives d'être
cès au bac selon les catégories ? bacheliers que les enfants d'ouvriers
Pour mesurer l'évolution des inégalités, non-qualifiés. En 2002, c'est 14 fois plus.
nous avons calculé la variation du « rap- Vis-à-vis des enfants d'inactifs, le rapport
port de chances)) (voir encadré) : cet ind i- est passé de 15 à 25 fois plus.
cateur mesure le rapport entre la probabi-
lité pour un enfant d'enseignant d'être Le mouvement est donc double. D'un côté,
bachelier, plutôt que ne pas l'être, et celle la proportion de bacheliers tend plutôt à
des autres catégories sociales. Entre 1996 augmenter dans tous les milieux sociaux
et 2002, ce rapport s'est accru vis-à-vis de sur une longue période. Mais dans les an-
toutes les catégories sociales. En 1996 - nées récentes les inégalités dans la proba-
génération d'enfants entrés en sixième en bilité d'accès au bac se sont accrues entre
1989 - les enfants d'enseignants avaient catégories sociales. •
Ecoles
paramé-
dicales et
sociales
Cadres et professions 30,4 28,4 13,9 49,8 48,2 47,8 38,7 18,9
intellectuelles supé -
rieures
Unité :%
Master
DIFFICULTÉS SCOLAIRES
Retard scolaire · le grand écart entre milieux sociaux
Retard scolaire à l'entrée en 6e
20,5 %des élèves issus de milieux défa-
vorisés (voir définitions) ont redoublé au
moins une fois à l'arrivée en sixième (don-
nées 2011 ), soit six fois plus que les
élèves dont les parents sont très favorisés
(3,6 %), indique une étude de l'lnseelll.
Garçons 13,6
Un tiers des élèves de nationalité étran-
Selon l'origine gère (32,4 %), eux-mêmes plus souvent
de milieux populaires, sont concernés
Nationalité française 11,8
contre 11,8 % des élèves de nationalité
Nationalité étrangère 32,4 françaisel21.
Le taux de chômage des non diplômés est Évolution du taux de chômage selon
presque trois fois plus élevé que celui des le niveau de diplôme
personnes qu i disposent d'un diplôme ni-
veau bac+ 2 en 2013. On compte 6 % de 18%
chômeurs chez les dét en t eurs d'un di-
16%
plôme supérieur à bac + 2, contre 16,8 %
chez les non diplômés. Le diplôme de- 14%
Evolution ,o,co"' ,o,co"> ,o,o,r:; ,o,o,'-> ,.,r:;r:;r:; ,.,r:;r:;'-> ,.,r:;' r:; ,.,r:;' "'
30-49 ans
Un ité :%
Source : Insee - Don nées 2013, chô meurs au sens du Bureau International du Trava il (BIT)
ment augmenté, creusant encore les iné- Cela ne signifie pas que les diplômés
galités. La forte progression du chômage n'aient aucun problème d'emploi. D'abord
amorcée depuis 2009 a particulièrement parce que tous les diplômes ne se valent
frappé les non diplômés : leur taux de pas. Ensuite parce que même si leur taux
chômage est passé de 12,7% en 2008 à est faible, leur part dans l'ensemble de la
17,1 % en 2012 . Au total, le taux de chô- population active augmente : le nombre
mage des non diplômés était 2,2 fois su- de chômeurs diplômés progresse aussi . •
périeur à celui des diplômés du supérieur,
le rapport va aujourd 'hui de 1 à 3.
Les deux tiers des jeunes sortis du sys- des titulaires d'une licence et 46 % des
tème éducatif en 2007 ont signé un détenteurs d'un bac +5 . Le diplôme pro-
contrat à durée déterminée pour leur pre- tège de la précarité dans l'emploi, mais
mier emploi . Mais c'est le cas des trois pas totalement.
quarts des non diplômés, contre 61 % Il y a précarité et précarité. Certains
Non diplômés 20 74 23 19 6
CAP-BEP 29 67 20 16 4
Baccalauréat 24 73 18 16 3
Bac+2 30 66 18 8 4
Licence 37 61 13 7 2
Bac+4- Master 1 41 55 8 6 4
Bac+S - Master 2 51 46 7 2 3
Doctorat 33 58 2 9
........... ............................. ...... ... ...... ..........
""""""~ ~~~~~ ............. .. . .......... .. . .. . .. . . ..........
~~~-
Ensemble !1 65 16 12 4
Un it é:%
Doctorat 60 27 13
Trois ans après la fin des études: les
écarts se creusent Ensemble 61 34
Trois ans après la fin des études, les Unité : %
écarts se sont enco re creusés en foncti on
des titres scolaires. Les jeun es ayant ob-
tenu un di plôme niveau bac +5 sont Catégorie socioprofessionnelle des jeunes trois ans après
leur sortie du système scolaire selon le diplôme
17 % à occuper un emploi à durée déter-
minée, contre 55% des non diplômés et Ouvriers Professions
40% pour les titulaires d'un CAP-BEP. Un intermé-
marché du trava il à dou ble vitesse co m- diaires
Bac+2 ne 11 20 61 7
Le milieu social trois ans après la fin .. .. .. .. .... .. .. .. .... .... .. ..
des études Licence ne 6 17 60 17
Plus d'un ti ers des jeunes ayant fin i leurs Bac+4 - Master 1 ne 5 11 45 39
études en 2007 appartiennent à la caté-
gorie des professions intermédiaires en Bac+S - Master 2 ne ne 5 31 62
.. ............. .
2010 , 23 % sont ouvriers, autant em- Doctorat ne ne ne 11 88
ployés et 17 % cadres supérieurs. Neuf
titula ires d'un doctorat sur dix sont ftC n 23 36 17
RAPPORT SUR LES INÉGALI TÉS EN FRANCE 2015- OBS ERVATOIRE DES INÉGALITÉS - 1 63
'ti "' 1 EDUCATION
•
,.
l'
laire équivalent à 1 140 euros, les docto-
rants à 2 220 euros. 700 euros mensuels
Non diplômés 1 140 séparent ces jeunes, avec des conséquences
très concrètes en termes de conditions de
CAP ou BEP 1 200
vie : surface et localisation des logements,
Baccalauréat 1 200 consommation, vacances, loisirs, etc.
Bac+ 2 ans 1 460
Quels enseignements?
Licence 1480 Face à la précarité, au chômage et aux bas
Bac+ 4 ans 1 730 salaires, le diplôme demeure un atout es-
sentiel pour les jeunes. Certes, pour une
Ecoles de commerce, Bac+ 5 ans 2 000 partie des plus diplômés- notamment des
Doctorat 2 220 filières généralistes de l'enseignement su-
périeur - la situation n'est pas toujours
facile et l'insertion souvent plus lente.
Unité : euros
Bac 51 Public 63
Unité :%
Source: Insee- Données 2012, population des 18-64 ans
1 à 10 salariés 34
11 à 19 salariés 42
20 à 49 salariés 50
50 à 249 salariés 56
Unité: o/o
Sou rce : Insee - Données 2012, popu lat ion des 18-64 ans
Les filles ont de meilleurs résultats seo- Maîtrise du français et des mathématiques selon le sexe
laires en français que les garçons dans les
petites classes. L'écart s'est même accru
ces dernières années: en 2007, 89 % des
fil les maîtrisa ient les compétences de base
en français au prima ire, contre 83,7 % des
- Mathématiques 88,1 91, 1 90,3 91,4
garçons, soit 5,3 points d'écart. En 2012 ,
elles sont 91,8 % à maîtriser ces bases, -Français 89,0 83,7 9 1,8 85,1
contre 85,1 % des garçons, soit 6,7 points
d'écart. Ma is les garçons ont de meilleurs Elèves de troisième
Unité: %
Au lycée, les cand idates au bac l'ob- Lecture: 87,6 % des garço ns et 86,8 o/o des filles maîtrisent les mathé-
matiques de base à la fin du co llège en 20 12.
tiennent plus souvent que les ga rçons Source: ministère de l'Education nationale, élèves de CM2 et de troisième scolarisés en France en mars 2012.
génieurs.
RA PPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OB SER VATOIRE DE S INÉGA LI TÉS- 1 67
1i ~ 1 EDUCATION
l'école. Au bout du compte, ces derniers différenciés selon le sexe. Ces réalités ex-
continuent à être davantage présents au pliquent la plus ou moins grande réussite
niveau le plus sélectif. Ni les filles, ni les scolaire dans certains domaines, et sur-
garçons, ne sont meilleurs élèves par na- tout, les choix d'orientation vers telle ou
ture mais leurs modes de vie, leur éduca- telle filière. •
tion, les choix de leurs parents ou le fonc-
tionnement du système éducatif restent
Evolution de la part des filles à l'université Les filles ont investi les bancs des universi-
tés ces cinquante dernières années, pas-
sa nt de 42,8 % des effectifs en 1960-
60 ···· ·· ··· ··· ·········· ·· ········ ··· ·· ··· ····· ············· ·· ······· ···· ······ ··· ··· ········· ·····
1961 à 58,4% en 2012-2013. Mais les
parcours universitaires demeurent nette-
55 ment différenciés selon le sexe. Alors que
les filles constituent 77 % des étudiants
en lettres et sciences humaines, elles sont
50
moins de 30 % dans le domaine des
sciences fondamentales. Dans les classes
45 préparatoires, elles sont majoritaires dans
les prépas littéraires (73 %) mais ne repré-
sentent que 30% des pré pas scientifiques.
40 ··· ·· ··· ··· ············· ······· ······· ····· ····· ············ ········ ·········· ······· ········· ····
l -
PlurHettres, langues, sciences humaines
-
~
227 589
Part de filles
en %
77,4
- Economiques 19 316 54
ENA* 81 40
Polytechnique* 399 14
LA MARQUE
DE LA CRISE
CHÔMAGE
Les jeunes aux premières loges
L'évolution du taux de chômage pour tous Le taux de chômage des 50-54 ans reste
les actifs entre 20 et 54 ans est significa- le plus faible même s'il est passé de 1,8%
tive de la dégradation de l'emploi depuis en 197 5 à 6,9 % en 2012, soit près de
les années 1970. En 2012, plus d'un jeune quatre fois plus de chômeurs de cet âge
actif sur cinq (22 %) de 20 à 24 ans est sur la période. Pour cette tranche d'âge, le
sans emploi . C'est cinq fois plus qu'en chômage a des conséquences désastreuses
1975 (4,4 %). Une part importante de la en termes de niveaux de vie, car passé un
hausse du taux de chômage des jeunes a certain âge, il devient plus complexe de
eu lieu entre 1975 et 1985, passant de retrouver un emploi . Il s'agit souvent d'un
4,4% à 15,5 %. Les actifs de 25 à 49 ans processus dont il est plus difficile de se
sont beaucoup moins touchés que les 20- défaire : la durée du chômage des plus de
24 ans : en 2012, leur taux de chômage 50 ans est très supérieure à celle des plus
est 2,5 fois moins élevé (8,6 %) que les jeunes.
jeunes, même s'il a aussi progressé (il était
de 1,8% en 1975). Des records
Depuis 2008, année de début de la crise
L'évolution du taux de chômage selon l'âge depuis 1975 financière, les données moyennes trimes-
trielles publiées par l'Insee montrent une
25 .. ·~· .. ., . ., -·-· ....... --·-··-·· ... -~· ... ..... -~---~- --~· ... .......·- - ... ... ... ·--- ·· .. .... ·---~·-·. -· ·~·. nette augmentation du taux de chômage
pour les trois tranches d'âge, mais tout
particulièrement pour les plus jeunes. Ce-
lui-ci a augmenté de quatre points en
quatre ans pour les 20-24 ans, contre trois
points pour les 25-49 ans et deux points
~ pour les 50-54 ans. Mais d'une certaine
•~ façon, pour les jeunes, c'est comme si le
g_
g mal était déjà fait : le chômage est massif,
'E
~ mais ce n'est pas nouveau . La majorité des
.t jeunes peu qualifiés savent qu'ils passe-
·o
1 ront par le chômage et la précarité avant
.~ de pouvoir s'intégrer dans la vie profes-
g- sionnelle. Pour eux, le niveau actuel du
~ chômage a des répercussions qui vont au-
'" delà des niveaux de vie : difficultés à se
::l
0
stabiliser, à trouver un logement, à partir
20 à 24 ans • 25 à 49 ans • 50 à 54 ans en vacances, à s'établir en couple, etc. •
Les 2,8 millions de chômeurs recensés en fort pour les plus âgés qui ont plus de dif-
2012 étaient sans emploi depuis 14 mois ficu ltés à reprendre un emploi : moins mo-
en moyenne. 19,7 %d'entre eux éta ient biles, avec des sa laires en moyenne plus
sans activité professionnelle depuis pl us élevés, etc. Une grande partie d'entre eux
de deux années. L'ancienneté au chômage doit alors réduire ses exigences salariales
des femmes est légèrement inférieure à et donc son niveau de vie. Mais alors qu'à
celle des hommes : 13,4 mois contre 14,5 20 ans on peut toujours imaginer de pro-
mois. gresser ultérieurement, à 50 ans, il est
beaucoup plus difficile d'amorcer une se-
La durée du chômage s'accroît nettement conde carrière. •
avec l'âge. Les chômeurs de plus de 50 ans
étaient au chômage en moyenne depuis Ancienneté au chômage selon l'âge et le sexe
22 mois. 34,8 % d'entre eux depuis plus
de deux ans. Pour le mill ion de jeunes sans Ancienneté
moyenne au
emploi, la moyenne d'ancienneté au chô- chômage en mois
mage s'élevait à 9,3 mois et 11,3 %
étaient dans cette situation depuis plus de
De 15 à 29 ans 1 074,2 9,3
deux ans. Les jeunes hommes sont davan-
tag~ conc~rnéç par l~ç longu~ç périodes De 30 à39 ans 637,2 12,9
d'inactivité professionnelle: 9,9 mois contre De 40 à 49 an s 573,9 16,6
8,5 mois pour les jeunes filles. 12,6 % des
jeunes hommes au chômage étaient sans 50 ans et plus 525,3 21,8
......,...........
~~- · · · · · ······ · ·· · · · · · ······
Ensemble 25 762,1
Lecture: parmi l'ensemble des actifs occupés, 12,3,% ont un statut précaire.
27 % des salariés à temps partiel dé- 15-29 ans en temps partiel souhaiteraient
clarent vouloir travailler davantage (la trava iller. Tous âges confondus, la propor-
définition officielle du temps partiel subi). tion est encore plus élevée chez les
Mais cette moyenne masque des écarts : hommes, mais ces derniers ne représentent
le taux atteint 13,7 % chez les femmes que 20% des salariés à temps partiel. Un
cadres supérieurs contre 35 ,1 % chez les million de femmes travaillent à temps par-
ouvrières. Pou r les jeunes, l'intégration tiel et déclarent souhaiter travailler plus,
dans l'emploi, via le temps partiel est très contre 300 000 hommes.
souvent un pis-al ler : plus de 40 % des Ces données minimisent la situation. Une
Part de temps partiel subi partie des salariés ne déclarent pas souhai-
ter travailler plus car ils intègrent le fait
que cette probabilité est très faible ou par
exemple qu'ils (et surtout« elles))) ne dis-
15 à 29 ans 42,8 41,7 43,3
posent pas de solution pour faire garder
30 à 39 ans 26, 1 45,5 22,4 leurs jeunes enfants à un prix abordable.
Dans un contexte plus favorable, rien ne
40 à 49 ans 25, 1 31,5 24,2
dit qu'ils ne souhaiteraient pas accroître
50 à 59 ans 23, 1 28,0 22,0 leur temps de travail. •
60 ans et plus 9,9 8,3 11 ,1
Selon le diplôme
Selon l'origine
Ensemble
Unité: %
CONDITIONS DE TRAVAIL
47 % des employés du secteur du com- les plus concernés avec une hausse de 5,2
merce et des services travaillent le di- points sur la période (de 42 à 47 %),
manche, au moins occasionnellement. Les contre+ 2,1 points pour la moyenne des
employés administratifs (11 %) et les ou- salariés résidant en France métropolitaine
vriers non qualifiés ( 17 %) sont les moins (26 à 28 %).
concernés. La pression est forte pour élar-
gir le temps consacré à la consommation 15,5 %des salariés sont au moins occa-
dans notre société et la part de ceux qui sionnellement à leur poste la nuit, entre
travaillent le dimanche a augmenté entre minuit et cinq heures du matin, proportion
2005 et 2013, selon les données du minis- stable depuis 2005 (15,2 %). C'est le cas
tère du Travail, mais différemment selon de 23,4% des ouvriers qualifiés, de 17,5%
les catégories socioprofessionnelles. Les des ouvriers non qualifiés, contre 11,8 %
employés de commerce et de services sont des cadres supérieurs et 4% des employés
Horaires variables selon les jours, fixés par l'entreprise 16,9 18,8 1,8
Unité :%
• Hora ires à la carte: sa lariés q ui choisissent la modalité ainsi formulée • vos horaires sont modifiables par vous-même d'un jour à l'autre, da ns un sys-
tème du type • ho rai res à la carte • ».
Source : minist ère du Travail - Enq uêtes Condit ions de travail, salariés de France métropolitaine
administratifs. Les ouvriers non qual ifiés • Qui est soumis à un contrôle de ses ho-
sont davantage concernés en 2013 par le raires?
travail de nuit qu'en 2005 : leur propor- 45 ,3 % des salariés sont soumis à un
tion est passée de 14,8 % à 17,5 %. Les contrô le de leurs horairesl11 en 2013,
professions où le travail de nuit est le plus contre 48,5% en 2005, soit 3,2 points de
répandu appartiennent principalement au moins. Les écarts sont considérables entre
secteur tertiaire: chauffeurs routiers, poli- catégories sociales : 60 % des ouvriers [1] Horloge pointeuse,
badge, signature, fiche
ciers, pompiers, infirmiers, sages-femmes, sont concernés, contre 25 % des cadres horaire et assimilé, contrôle
mais aussi les ouvriers dans l'industrie. supérieurs. par !e ncadrement ou autre.
• Qui connaît ses horaires à l'avance? commerce et services (23,3 %) sont les
20 % des salariés n'ont pas connaissance plus concernés. 22,8 % des cadres
de leurs horaires de travail un mo is à connaissent aussi cette situation , mais
l'avance, situation particulièrement diffi- pour des motifs différents : en contrepar-
cile en matière de rythmes de vie. Cette tie de leurs responsabilités et de leurs
contrainte a connu une légère progression niveaux de rémunération , on exige un
(1 ,3 point) entre 2005 et 2013 . Les ou - investissement plus grand et des horaires
vriers qualifiés (25,8 %) et les employés de plus extensibles. •
Unité : o/o.
Source: ministère d u Travai l - Enquêt es Conditions de travail, salariés de France mét ropolitaine
riés, déclarent subir au moins trois Employés de commerce et services 19,9 28,0
contraintes physiques [21 . La part des sala-
Ouvriers qual ifiés 47,3 54,0
riés qui subissent ces pénibil ités a aug-
menté de six points entre 2005 et 2013 Ouvriers non qualifiés
chez les ouvriers qua li fiés , passant de
Ensemble
57,2 % à 63,2 %.
Unité: %
Source: ministère du Travail- Ensemble des salariés, France métropolitaine.
Qu i est sou mis au rythme d'une ma-
chi ne?
Entre 1978 et 2013, la part de salariés Contraintes physiques liées au travail selon la catégorie
socioprofessionnelle
soumis au déplacement automatique
d'une machine est passée de 3 % à 8 %.
La proportion de ceux qu i sont soumis à la
Cadres 6,5 7,9
cadence d'une machine a augmenté d'un
point sur la période (de 6 à 7 %). Le minis- Professions intermédiaires 22,7 25,0
tère du Travail ne livre pas de données sur
Employé s ad mi nistratifs 9,3 10,8
le travail à la chaîne par catégorie sociale
en 2013, ma is les derniers chiffres dispo- Employés de commerce et services 45,0 46,1
nibles (2005) n'ont sans doute pas beau-
Ouvriers qualifiés 57,2 63,2
coup évolué. Pour l'essentiel, il s'ag it d'ou- ······ ···-······--··· ···
RA PPORT SUR LES INÉG ALI TÉS EN FRANCE 201 5- OB SE RVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 81
1i ~ 1 EMPLOI
Part des salariés dont le travail est soumis au rythme d'une machine
Unité :%
Source: ministère du Travail - Ensemble des salariés, France métropo lit aine.
Employés 1,8 3,6 3,8 5,6 dire entendre une personne placée à 2 ou
3 mètres à condition qu'elle élève la voix,
Ouvriers 24,4 29,7 35,2 38,8 contre 6,4 % des cadres supérieurs, soit
Ensemble 9,6 12,0 13,1 14,0 cinq fois plus.
Unité :%. Travail à la chaine ou rythme de trava il soumis à la cadence d'une machin e ou
rythme de travai l dépendant d'un dépl acement automatique d'un produit ou d'une pi èce. Qui travaille dans un environne-
Source: min istère du Travai l - Ensemble des salariés, France métropolitaine
ment hostile?
En 2013, près d'un salarié sur trois subit
des nuisances liées à son environnement
de travail telles que la poussière, la fumée,
ou encore le contact avec des produits
dangereux. Parmi eux, deux tiers des ou-
vriers exercent leur métier dans la saleté,
Sources:
contre 10,9 % des cadres supérieurs. La
Deux types d'études sont disponibles pour appréhender moitié des ouvriers sont au contact de pro-
les conditions de travail des salariés. Une<< enquête sur duits dangereux, contre 13,4% des cadres.
les conditions de travail n, plus globale, réalisée tous les
sept ans auprès de personnes en emploi (27 000 en Qui subit des pressions au travail?
2013), qui recueille les conditions de travail telles A la pénibilité physique s'ajoutent de plus
qu'elles sont perçues par les enquêtés, et une<< enquête en plus des contraintes de stress liées à la
de surveillance médicale des expositions aux risques rationalisation des tâches, notamment
professionnels >> (dite Sumer [31 ) , qui porte davantage dans le secteur des services. Les cadences
sur les liens entre santé et conditions de travail. Toutes ne sont plus l'apanage de la chaîne ou-
deux apportent des éclairages intéressants. vrière, les caissiers ou les télé-opérateurs
en savent quelque chose, même si physi-
[3] " Les expositions aux risques professionnels - Les contraintes organisationnelles et
quement leur travail est malgré tout moins
relationnelles » - Enquête Sumer 2010, Dares, Synthèse. Stat', no 07, aout 2014. usant Les situations de tensions, que ce
Ensemble
soit avec le public ou avec les supérieurs
Unité: %*. Salarié déclarant entend re une perso nne placée à 2 ou 3 mètres à condition qu'elle
hiérarchiques, sont présentes à peu près élève la voix.
Source: ministère du Travail - Ensemble des sala riés, France métropolita ine.
dans les mêmes proportions pour tou tes
les catégories sociales.
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 20 15- OBSERVATOIRE DES INÉGALI TÉS 1 83
li ~ 1 EMPLOI
Unité :%
Sou rce: ministère d u Trava il - Enq uêt e Sumer - Ensemble des salariés, France métropolitai ne.
la situation pour les catégories les moins de plus en plus de salariés qui occupent
qualifiées. Ces déclarations résultent aussi des emplois qui ne figurent pas parmi les
d'une pression accrue sur les salariés dans plus prestigieux et qui ont moins d'auto-
un contexte de chômage de masse. Pour nomie. La rationalisation de l'organ isation
ce qui est des cadres, le groupe se« massi- de la production dans les services se réper-
fie)) en augmentant de taille : on y trouve cute aussi sur eux. •
Professions intermédiaires de la santé et du travail 44 7,3 L'écart entre ces deux catégories sociales
social s'explique aussi par les dispositifs d'amé-
nagement du temps de travail mis en
Techniciens, contremaîtres, agents de maîtrise 40 6,7
place depu is la lo i sur les 35 heures. Pour
Professions intermédiaires administratives et com- 37 6,2 les cadres, le dépassement des 35 heures
merciales des entreprises
hebdomadaires leur permet de bénéficier
Employés 35 5,8 de dem i-journées ou de journées com-
plètes de repos ou de jours de congés com-
Employés civils et agents de service de la fonction 43 7, 1
plémentaires. Pour les employés et les
publique
ouvriers, en particulier les moins qualifiés,
Employés administratifs d'entreprise 36 6,0 le temps de trava il s'est adapté à l'activité
Employés de commerce 30 4,9 et ne dépasse pas les 35 heures hebdoma-
daires.
Personnels des services directs aux particuliers 27 4,5
c:
-Etat 48 8,0
. ....................... "..,
- Co llectivités locales 45 7,4
"'c:c:
"'
-~
'o
-Hôpitaux publics 44 7,3
26 4,3 c:
-~
36 5,9 c:
>-
..,
- De 1 à 9 salariés 29 4,9
~
è
- De 10 à 49 salariés 32 5,3
~
..,"'
-De 50 à 199 salariés 37 6,1 c:
c:
0
0
les très petites entreprises, les salariés ne [1] Les règles en matière de [2] Hors personnels
congés payés font référence enseignants du secteur
disposent que de cinq semaines de congés à la notion de jours de l'éducation non pris en
payés, soit en moyenne le minimum léga l. ouvrables. Sont considérés compte dans les chiffres
comme tels tous les jours de l'Insee.
Le secteur des particuliers-employeurs est de la semaine à l'exclusion
celui où le nombre de jours de congés est du dimanche (ou du jour
de repos hebdomadaire s'il
le plus fai bl e : 26 jours annuels, so it est différent) et des jours
quatre semaines, deux fois moins que dans fériés chômés. Un salarié
qui prend une semaine de
la fonction publ ique d'État. • congé consomme 6 jours
ouvrables.
à un ordinateur et à Internet se généralise. Enfin, une partie des écarts se logent dans
En la matière, comme pour la lecture, les l'immatériel et deviennent moins simples
inégalités se logent de plus en plus dans à mesurer : comme, par exemple, le type
l'usage. Il ne faut pas pour autant oublier de livre lu, d'émission télé suivie, d'usage
qu'une grande partie des plus âgés et des d'Internet, le type de vacances. L'achat du
milieux populaires n'y ont toujours pas temps des autres aussi, des femmes de
accès. ménages aux cours privés pour améliorer
Le paysage relativement optimiste que la scolarité des enfants. Dans ces do-
nous présentons doit être nuancé à plu- maines, le processus de distinction sociale
sieurs titres. Pour partie, les écarts sont est permanent et les inégalités demeurent
masqués par les moyennes. Ainsi par sans cesse à défricher.
exemple, en matière de logement, la situa- Il en est de même pour certaines popula-
tion des jeunes est bien plus dégradée que tions. Ainsi, les données dont on dispose
ce que montrent les moyennes. En matière sur l'homophobie demeurent malheureu-
de nouvelles technologies, c'est le cas des sement parcellaires. La mesure des appels
plus âgés. Les populations laissées pour à l'association SOS Homo phobie peut tra-
compte du progrès ressentent d'autant duire une progression des actes, comme de
plus violemment ces fossés que le reste de la capacité à déclarer un acte. Une grande
la population vit de mieux en mieux. Etre partie des faits dénoncés, de l'insinuation
mal-logé dans la France de 2015 n'a pas sournoise à la violence physique en pas-
le même sens qu'en 1950 quand des cen- sant par la discrimination dans l'emploi,
taines de milliers de personnes habitaient ne sont tout simplement pas mesurés. Du
des bidonvilles. Certaines données sont coup, les inégalités restent invisibles alors
encore anciennes et ne prennent pas en qu'elles n'en sont pas moins réelles. Cet
compte la baisse des niveaux de vie des écart entre les faits d'un côté et leur invi-
plus défavorisés depuis 2008, notamment sibilité est particulièrement violent pour
dans le domaine du logement. La crise ceux qui en sont les victimes. •
agit sur la société avec un effet retard du
fait de notre modèle de protection sociale
et de l'endettement des ménages.
.0
- Moins les personnes cumulant inconfort et surpeuplement (comptées deux fois) -145 000 . 1
Gens du voyage qui ne peuvent accéder à une place dans les aires d'accueil aménagées 51 632 ]
TOTAL **
* Logements inconfortables, de mauvaise qualité et logements en su rpeu ple ment accentué (hors double compte).** Hors do ubl e compt e.
Les données extraites du rapport de la Fo ndation Abbé Pierre émanent de différentes sources dont les modes de co ll ecte so nt différents et peuvent porter
sur des années différentes. Pour partie, elles datent de 2006.
RA PPORT SUR LES INËGA LIT ËS EN FRANC E 20 15- OBSERVATOIRE DES INËGALITÉS- 1 91
,._, 1 MODES DE VIE
La France compte 140 000 sans domicile, recense pas, par définition, les SDF qui ne
selon une évaluation réalisée par l'Insee s'y rendent pas ou ceux qui vivent dans
dans les centres d'hébergement en des communes qui ne disposent pas de
2012 [11. Parmi eux, 22 500 sont des de- tels lieux. Elle tend donc à minimiser leur
mandeurs d'asile qui vivent dans des nombre. Malheureusement, on ne dispose
centres d'accueil. d'aucune estimation par grande ville de
Les personnes « sans domicile)) sont défi- France.
nies comme celles qui ont passé la nuit
précédent l'enquête dans un lieu non Qui sont les sans domicile?
prévu pour l'habitation, halte de nuit, ou Les plus défavorisés sont en majorité des
dans un service d'hébergement (hôtel, étrangers (notamment des demandeurs
dortoir ou chambre d'hébergement col- d'asile qui ne disposent pas d'autorisation
lectif, etc.) . Selon l'Insee, 9 % des sans de travail), plus souvent des hommes (on
domicile sont des sans-abri , c'est-à-dire compte 20 % de femmes), des personnes
vivent à la rue, soit environ 12 000 per- seules, et des jeunes (un quart a entre 18
sonnes. et 29 ans). Il s'agit pour une part impor-
Ces données restent très approximatives. tante de personnes qui vivent à la rue
D'un côté, les personnes sont recensées à faute d'autorisation légale de travail (les
un moment donné, cela ne signifie pas étrangers) ou de Français marginalisés du
que 12 000 sans domicile vivent à la rue fait de leur faibles qualifications, de diffi-
en permanence. Les sans domicile dé- cultés personnelles ou de santé notam-
clarent avoir été huit mois et demi en ment. Il faut noter qu'un quart des sans
[1] « L' hébergement des moyenne dans cette situation en 2011 . domicile (35 000 personnes) occupe un
sans domicile en 2012 >>,
Insee prem ière n° 1455,
D'un autre côté, l'enquête est réalisée emploi dont les revenus sont insuffisants
juillet 2013. dans les centres d'hébergement : elle ne pour obten ir un logement.
tiques de lutte contre les sans-papiers ont Dans une halte de nuit 8
rendu encore plus difficile le logement
des demandeurs d'asile. L'élévation du Dans une voiture 4
prix des logements (et l'ampleur des ga- Total
ranties locatives demandées) empêche Unité: %
une partie des jeunes en difficulté d'accé- Ces d onnée s ne portent que sur les personnes francophones .
der à un toit, ceci dans un contexte de Où sont hébergés les sans domicile ?
forte progression du chômage qui pèse
sur leurs revenus. •
Dans la rue 9
A l'hôtel 12
En logement d'urgence 33
;rotai 100
Unit é:%
moyens que de chercher à se loger dans le contre 15,3 % pour les 10 % les plus
privé où les loyers sont supérieurs. Pour les riches, soit 2,6 fois plus, selon les données
locataires du parc privé, le taux d'effort 2006. Entre 2002 et 2006, le poids des
net moyen est de 39,1 % pour les 10 % dépenses de logement a progressé de 3,2
des ménages aux revenus les plus faibles, points pour les plus modestes, de 1,2 point
~ Secteurprivé
1988 . .
Les 30 à 40 % 16 20 20 28
Les 70 à 80 % 14 16 18 21
Unité :%
Ménages locataires du secteur social ou privé dont la personne de réfé rence n'est pas étudiant e -1988-2006
Taux d'effort net selon le revenu pour les locataires du parc privé
~ 2006
Ensemble
Unité :%
Lecture: en 2006, dans le parc privé, pour les 10 % des ménages aux revenus les plus faibles, le
taux d'effort net moyen est de 39,1 %.
Les données sur les niveaux de vie qu i doit lu i-même subvenir à tous ses be-
masquent une inégalité rarement prise en soins, entre le retraité qui vient de termi-
compte, qui se décline souvent en fonction ner de rembourser ses emprunts et celui
de l'âge : le coût du logement. Les moins qui doit piocher dans sa retraite pour
de 25 ans consacrent 22 % de leurs reve- payer son loyer.
nus aux dépenses de logement (18,5 % Si le taux d'effort net est resté stable
pour les 25-29 ans) contre 8,6% pour les pou r les 45-59 ans et les plus de 60 ans
45-59 ans. ces vingt dernières années, le coût du lo-
Pour les plus de 60 ans, ce taux d'effort gement pour les plus jeunes s'est nette-
représente seulement 4,6 %. A l'intérieur me nt élevé de 12,6 % en 1984 à 18,5%
même des classes d'âges, les inégalités en 2006 pour les 25-29 ans, de 12,3 %
sont majeures entre l'étudiant dont le à 22 % pour les mo ins de 25 ans. •
loyer est payé par les parents et le jeune
25-29 ans
Taux d'effort brut moyen en o/o 32,1 21,3 17,2 9,4 5,3 11,6
Attention, ces données globales incluent à la fois locataires et propriétaires. Le taux d'effort rapporte les charges
1G,3
......._....
de loyer ou d 'emprunt aux revenus du ménage. Le taux d'effort 'net' tient compte des aides au logement.
Si l'on ajoutait aux revenus des proprié- ché locatif[1J. Logiquement, l'impact de la
taires (qu'ils aient des remboursements prise en compte des loyers imputés dé-
d'emprunts ou non) les loyers qu'ils n'ont pend de la proportion de propriétaires
pas à verser, le niveau de vie moyen an- dans chaque tranche de niveau de vie.
nuel global de la population (après im- Comme le note l'Insee, ce n'est pas tant
pôts et prestations sociales, pour une la hiérarchie globale des revenus qui est
personne) augmenterait de 8 %, soit de bousculée (on compte aussi une part de
1 840 euros (données 201 0). Le niveau propriétaires dans les faibles tranches de
de vie des 10% les plus pauvres s'accroî- niveaux de vie) que celle des revenus se-
trait de 6 % (soit de 660 euros) et celui lon l'âge, puisque la part de propriétaires
des 10% les plus riches de 10% (soit de s'accroît nettement avec celui-ci. En in-
3 450 euros). L'écart du niveau de vie cluant les loyers imputés, les revenus des
moyen annuel entre les plus riches et les 25-29 ans augmenteraient de 4 %,
plus pauvres ne serait plus de 25 840 contre 14% pour les plus de 65 ans. Au
euros mais de 28 630 euros. passage, le taux de pauvreté au seuil à
60% du niveau de vie médian passerait
Dans son rapport sur les revenus et le de 14,1 à 15,1 %du fait de l'élévation du
patrimoine des ménages 2013, l'Insee niveau de vie médian, et la composition
publie une évaluation inédite de ce que de la population pauvre serait modifiée,
[1] Nous avons repris les
données sur les loyers
les statisticiens appellent les « loyers im- plus jeune encore et avec plus de familles
imputés nets : ceux dont putés n : ces loyers que devraient verser monoparentales.
on a déduit les intérêts des
emprunts versés par les les propriétaires s'ils avaient à se loger
propriétaires. dans un logement comparable sur le mar- Les données publiées par l'Insee restent
malheureusement très générales. On ne
dispose pas d'éléments détaillés par
tranche de revenu, par diplôme, par mi-
Niveau de vie moyen annuel avec et sans loyers imputés
lieu social ou territoire notamment. L'In-
Niveau de Ecart see ne publie que le gain moyen de l'en-
vie avec en% semble de la population et non celui
loyers impu- réalisé par les seuls propriétaires: on sait
tés*
que la dépense de loyer atteint souvent
Moyenne globale 22590 24430 1840 8% un tiers du revenu des locataires. Il serait
.... ....... ...... .. ......... .... . . .. ....... .... . .. ... ..... ....
tout aussi intéressant de mesurer l'impact
Seuil des 10 o/o 10430 11 090 660 6%
les plus pauvres
du coût des loyers en fonction des terri-
toires. L'opération pose une question très
Seuil des 50 o/o 19270 20950 1680 9% délicate : ces coûts sont-ils choisis ou su-
Seuil des 10 o/o 36270 39720 3450 10 o/o bis? •
les plus riches
Unité : euros. * Net s des intérêt s d'emprunts.
logement
inconfortable ou Ensemble des ménages 14
;~selon l'âge
surpeuplé?
Moins de 30 ans 28
30-39 ans 22
40-49 ans 17
Les jeunes générations qui ont emm é- 50-59 ans 10
nagé dans la période de flambée des prix
60 ans et plus 7
ont dû revoir leurs aspirations à la ba isse
Selon la catégorie socioprofessionnelle
vis-à-vis de leu rs aînés : 28 % des moins
de 30 ans vivent dans un logement inco n- Agriculteurs 14
2006
20 et 30 % 15,3 1 1, 1
30 et 40 % 11 ,2 9,4
40 et 50 % 8 ,7 7,8
50 et 60 % 7,6 7,0 Q)
:ê"
60 et 70 % 5 ,6 5,6 g_
... g
'E
70 et 80 % 4 ,7 4 ,5
80 et 90 % 3, 1 3,0
Ensemble 10,6
pauvres
Unité :%
.... l
Lecture: en 2006, près de 23 % des ménages dont le revenu est inférieur au seuil des 10 % les
plus pauvres, vivent dans un logement surpeuplé.
~;trzk;r~;;;t:?~Ei?!r« ;.~: ~ ~
de 12 fois moins que les plus pauvres. Ce imm euble insalubre. 182 000 n'ont pas
rapport était de 9,5 en 2002. d'accès à l'eau chaude. •
Les ouvriers disposent en moyenne d'un périeurs à un cadre vivant dans une vil le
logement de 30 m2 par personne, contre moyen ne de province pour obt enir la
43 m2 pour les artisans, commerçants et même surface . Et les salaires ne com-
chefs d'entreprise. Les inégalités face au pensent qu 'une partie des écarts de prix
logement sont fortement liées au revenu des loyers ou des m2 à la vente. •
et donc à la catégorie sociale : plus le re-
venu s'élève, plus on peut se loger confor-
tablement. Les agriculteurs explo itants
disposent de la plus grande surface
(46 m2 ) et ont connu l'évolution la plus
marquée entre 1984 et 2006: +15m 2 par Surface moyenne par personne selon la catégorie sociopro-
personne, contre + 5 m2 pour les profes- fessionnelle
sions intermédiaires et employés. La situa-
tion des agriculteurs face au logement ne
traduit pas toujours un plus grand confort. Agricu lteurs exploitants 31 46
Elle est liée en partie au vieillissement de
cette catégorie sociale, où l'on trouve da- Arti sans, commerçants, chefs d'entre- 30 43
pri se, professions libérales
vantage de personnes âgées sans enfants.
A catégorie sociale équivalente, plusieu rs Cad res supérieurs 33 38
facteurs peuvent modifier sensiblement les
Professions intermédiaires et employés 29 34
conditions de logement : l'âge et la com-
position familiale, ma is aussi bien entendu Ouvriers 23 30
......................... ...............................
la localisation géographique. Un cadre
Unité: m2
parisien doit disposer de revenus bien su- Source: Insee, enquêtes logement, France métropolitaine, résidences principales
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALIT ÉS- 1 99
'Ji ~ 1 MODES DE VIE
SANTÉ
L'inégal accès à la complémentaire santé
Motifs d'absence de couverture complémentaire 94,4% des Français disposent d'une assu-
rance maladie complémentaire (commu-
nément appelée« mutuelle))) selon l'Insti-
N'en n'a pas les moyens ou c'est trop cher* 52,8 tut de recherche et documentation en
économie de la santé (lrdes)[11. Mais si
12,4
2 %des plus aisés (plus de 2 120 euros
En cours d'adhésion 9,3 par mois pour une personne seule) ne sont
pas couverts, c'est le cas de 11 %des mé-
8,6
nages les plus modestes (moins de 926
Autres 13,2 euros). Le système de soins français est
parmi les meilleurs au monde et la mise
Unité :o/o
* L'info rmation « C'est t rop cher >> n'a pas été pro posée en tant que telle. Elle est issue de la en place de la couverture maladie univer-
remontée des moda lités « autres ».
Source : lrdes, enquête su r la sa nté et la protect ion socia le · Données 2012, personnes n'aya nt pas de complé - selle complémentaire (CMU-C) en 2000 a
mentaire santé, 515 personnes interrogées.
constitué une étape importante dans l'ac-
cès pour tous à une mutuelle. Pourtant,
Couverture santé complémentaire selon la tranche de
5 % de la population n'est toujours pas
revenu mensuel par personne
protégée. Pour certaines prestations (no-
Sans cou- Avec une Couver- tamment en optique ou en soins den-
couver- ture
taires), les sommes qui demeurent à la
ture collective
charge des malades restent très impor-
Les 20 % les plus bas 11,1 87,9 27,3 45,0 15,0 tantes. L'accès à une couverture maladie
(0-926 €)
...
complémentaire constitue un élément es-
········ · ································ ~
Entre les 20 et 40 % 5,2 94,5 3,3 59,0 31,9 -~ sentiel pour pouvoi r bénéficier de soins de
(926-1 264 €) qualité en temps et en heure. Plusieurs
''''fl,l
c
c facteurs expliquent les inégalités d'accès
Entre les 40 et 60 % 3,3 96,5 1,2 58,7 36,0 0
N
Entre les 60 et 80 % 2,4 97,3 0,7 54,8 41,5 r<
~
• Le niveau de vie
(1 600-2 120 €)
.................. . "'c
· ·· · ·~ 11,1 % des personnes les plus pauvres
c
Les 20 % les plus 2,3 97,4 0,3 46,9 49,7 c3 n'ont pas de couverture complémentaire
hauts (2 120 € et plus) santé contre 2,3 % des plus aisées. Et
chaque mutuelle ne propose pas la même
couverture. 46,9 % de la population aux
Unité: %
revenus les plus élevés est couverte par
[1) <<Enquête sur la santé et la protection sociale 2012 »,Les Rapports de l'Irdes, n°556, juin 2014. une complémentaire maladie qu'ils f i-
[2) La << CMU complémentai re » (CMU-C) est une couverture complémentaire dont le contenu est
nancent eux-mêmes (d ite individuelle) et
défini par l'Etat. Les ménages dont les ressources sont inférieures à un certain plafond (720 € par
mois pour une personne seule, 1 080 € pour deux personnes, etc.) y ont accès gratuitement. 49,7 % par une assurance complémen-
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- 1 101
11 n 1 MODES DE VIE
HANDICAP
Le taux de chômage des travailleurs han- est en activité, seulement 53 % des per-
dicapésl1Js'élève à 21 % contre 9 % en sonnes handicapées le sont.
moyenne pour l'ensemble de la population
en âge de travailler {15-64 ans) en 2011. Ceux qui occupent un travail sont le plus
Le taux de chômage augmente avec l'am- souvent employés dans les secteurs les
pleur du handicap. 44% des plus handi- moins qualifiés. 74% des travailleurs han-
capés exercent une activité professionnelle dicapés reconnus par la Commission des
contre 71 % de l'ensemble de la popula- droits et de l'autonomie des personnes
[1] Qui entrent dans le
champ de l'obligation tion, tous âges confondus. Cet écart est à handicapées {CDAPH) sont soit ouvriers,
d'e mploi applicable aux son maximum pour les 40-49 ans: alors soit employés, contre 50% de l'ensemble
entreprises et à la fonction
publique. que 90% de cette partie de la population des actifs, 6 % seulement sont cadres
contre 18 % des actifs.
Taux de chômage des handicapés selon l'âge Les difficultés d'intégration des personnes
Population
handicapées dans le monde du travail sont
handicapée doubles. D'une part, leur parcours scolaire
définie au sens étant plus difficile, elles souffrent souvent
large (2)
d'un niveau de qualification inférieur à la
Tous âges 21 13 9 moyenne. D'autre part, sans négliger les
difficultés qui existent pour les entreprises,
15 - 24 ans ns* 31 22 celles-ci font peu d'efforts pour leur facili-
.. ... .... .. .... .. .. ....... . ...... . •• ••.
Population handicapée
définie au sens large
Tous âges 44 64 71
15 - 24 ans ns*** 48 35
25 - 39 ans 59 82 88
40-49 ans 53 82 90
..,"'"'
"0
0\
c
50 - 64 ans 37 51 61 ,,,
0
~
Taux d'emploi ** g_
~
Tous âges 35 56 64 "'c
'Oi
c
0
0
15 - 24 ans ns*** 33 28
25-39 ans 47 67 79
40-49 ans 41 73 84
50-64 ans 30 47 57
Unité: %
* Rapport entre le nombre d'actifs (actifs occu pés et chô meurs) et la population de 15 à 64 ans correspondante.** Rapport
entre le nombre de personnes ayant un emploi (actifs occupés) et la population de 15 à 64 ans correspondante. *** non
significatif
Population reconnue
handicapée
35 25
Employés 29 39 34
Professions intermédiaires 25 17 23
Cadres 18 6 11
Autres 8 4 8
Unité :%
Source : ministère du Tra vail - Données 2011 , population de 15 à 64 ans- France métropolitaine
commune mesure selon les catégories so- Risques de handicap selon la catégorie socioprofessionnelle
ciales. On sait par ailleurs que les plus di-
plômés sont en moyenne plus attentifs à ~~griculteurs ~ 67
Femmes
Les pratiques culturelles (lecture, ci- mo ins une fois dans l'année une exposi-
néma, musées, théâtre, etc.) se sont dif- tion, un musée ou un site du patrimoine
fusées au cours des trente dernières an- contre 44 % des bas revenus. •
nées, notamment parce que l'élévation
du niveau de diplôme et des niveaux de
Pratiques culturelles selon les revenus
vie s'est conjuguée avec la croissance de
Personnes ayant visité au moins une exposition, un musée, un monu-
l'offre culturelle et sa meilleure mise en ment, un site historique au moins une fois dans l'année
valeur (bibliothèques, patrimoine cul tu-
rel, expositions ... ). Malgré tout, les éca rts <à 1 200 euros 44
restent nets: en 2012 , 63 % des cadres Entre 1 200 et 1 900 euros 53
supérieurs sont allés au théâtre ou au
Entre 1 900 et 3 000 euros 71
concert au moins une fo is dans l'année
contre 23% des ouvriers selon l'Insee. > à 3 000 euros 78
80% des premiers ont lu au moins un
Ensemble 61
livre contre 31 % des seconds, soit 2,5
Unité : %. Source: Crédoc - Données 2012, personnes âgées de 18 ans et plus, interrogées
fois plus. Les niveaux de revenus ne sont entre décembre 2011 et janvier 2012. Revenus mensuels pour une personne.
pas à négliger. 78 % des personnes Lecture: 78 % des personnes ayant des revenus supérieurs à 3 000 euros
ayant des revenus mensuels supérieurs mensuels ont visité au moins un musée, contre 44 o/o de ceux dont les re-
à 3 000 euros par mois ont visité au venus sont inférieurs à 1 200 euros.
Sont allés
au cinéma
Cadres supérieurs 80 63 69 82
Professions intermédiaires 69 47 52 78
Employés 60 32 32 67
Ouvriers 31 23 20 55
Ensemble 57 34 37 59
Unité :%
Source: Insee- Données 2012, France métropolitaine- Personnes de 16 ans et plus.
Lecture: en 2012, 31 o/o des ouvriers ont lu au moins un livre dans les douze derniers mois.
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 201 5- OBSERVATOIRE DES IN~GALIT~S- 1 105
'Ji ~ 1 MODES DE VIE
CONDITIONS DE VIE
Les inégalités face aux vacances
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRAN CE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - 1 107
tt 1 MODES DE VIE
Taux de départ en vacances selon le niveau de vie depuis quinze ans, alors que celui des plus
modestes ne dépasse pas 40 %.
En 2014, près de la moitié des personnes
déclaraient ne pas envisager de partir en
:: ! ....•••••••••••••••••••••••.••••••.•••••••••••••••••••••••.... .......... vacances dans les prochains mois pour
des raisons financières. Il faut dire qu'une
75 semaine de location équivaut souvent au
minimum à un demi-Smic. D'autres ne
prévoyaient pas de partir pour des rai-
sons de santé (16 %), professionnelles
55 (9 %) ou familiales (8 %). Un peu plus
d'une personne sur dix n'est pas partie
par choix (13 %).
De 1 200 à 1 900 € 50
Pour partir l'hiver, il faut tout d'abord dis-
poser de congés. La majorité des sala riés De 1 900 à 3 000 € 68
qui en ont utilisent leurs cinq semaines Supérieurs à 3 000 € 86
l'été et à Noël. Il faut aussi en avoir les
Ensemble de la population 60
moyens : les prix des stations de ski sont
prohibitifs pour la plupart des ménages. Un ité: %
RA PPORT SUR LES INËGALI TËS EN FR ANCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITËS- 1 109
tt 1 MODES DE VIE
Taux de recours aux services à domicile selon le niveau de vie En 2011, 13% des ménages ont employé
du personnel à domicile au cours des
10 o/o les+ pauvres 6,9
deux derniers mois, selon une étude du
20 o/o 10,2 ministère du Travail 111 . Jusqu'aux 70 %
les moins fortunés, moins de 10% des
30 % 12,1
ménages sont concernés. Pour les 10%
40 % 10,9 les plus pauvres, la proportion n'est que
de 6,9 %. Si 17,7% des cadres supérieurs
SO o/o 10,1
emploient du personnel à domicile, ce
60 % 10,0 n'est le cas que de 2 % des employés ou
des ouvriers, qui représentent près de la
70 o/o 9,0
moitié des actifs. Et encore, ces données
80 % 11 ,1 mélangent des familles qui font appel à
90 % 18,0 une heure de ménage occasionnelle, et
d'autres qui en utilisent plusieurs par jour
10 o/o les + riches 33,5 et régulièrement.
Unité : % De plus, les formes d'aide à domicile sont
Sou rce: ministère du Trava il, d'après Insee - Données 2011
hétérogènes : du ménage ou du soutien
Taux de recours aux services à domicile selon la catégorie scolaire pour les cadres supérieurs finan-
sociale cés par des réductions d'impôts, à l'aide
Agricu lteurs aux personnes âgées dépendantes dému-
nies, qui peut être prise en charge par les
Artisans, commerçants 5,5
conseils généraux.
Cadres 17,7 Si l'on restreint le champ aux ménages
avec enfants, les écarts sont encore plus
Professions intermédiaires 8,4
grands. La moitié de ceux dont les reve-
Employés 1,9 nus s'élevaient à 5 000 euros ou plus
( 10% des ménages) étaient employeurs
Ouvriers 2,0
réguliers de personnel à domicile en
Unité:%
Source : ministère du Travail, d'après Insee- Données 2011 2005121. Jusqu'à 3 000 euros mensuels
(62 % des ménages concernés), le taux
était inférieur ou égal à 3 % . Au total, les
[1] << Les services à la
personne : qui y recourt 10% les plus aisés bénéficient de 60%
? Et à quel coût ? >>, Dares des avantages fiscaux alors que les 20 %
Analyses n°63, août 2014.
[2] Les données du les plus pauvres n'en profitent pas et seu-
ministère du Travail sont
lement 4 % vont aux moins favorisés
anciennes, mais ont sans
doute peu varié depuis. (entre les 20 et 50 %). •
L'association SOS homophobie a reçu Evolution des appels reçus par SOS homophobie
2197 témoignages de personnes victimes
de discriminations du fait de leur orienta- 4000
tion sexuelle en 2014. En 2013, les per-
sonnes qui ont contacté SOS homophobie ~
..,"'c
sont majoritairement des hommes c
0
0
(51 %). 27% des appelants sont âgés de
35 à 50 ans.
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBS ERVATOIRE DES INÉGALITÉS - 1 111
'M ~ 1 MODES DE VIE
[!]Données 2013 Typologie des témoignages reçus par tement, de prise en charge par un taxi,
SOS homophobie
par exemple.
Inconnue
1 sation du public. •
30 0
...
0
N
< 18 ans
:J
18-24 ans 14
0
c.
c.
25-34 ans 19 cr::
t]
.....•....••........ Q)
35 - 50 ans 27
> 50 ans 6 Vl
Inconnu
Unité :%
RAPPORT SUR LE S INËGA LI TËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INËGALITËS - 1 113
li~ 1 MODES DE VIE
Evolution des inégalités d'équipement- Indicateur jours, même si le taux est moindre chez les
synthétique d'inégalités ouvriers, les indépendants et les retraités.
Les démarches administratives par Inter-
45 net concernent 51 % de la population,
40
mais seulement 52 % des ouvriers contre
90% des cadres. Les trois quarts des mé-
35 nages dont les revenus mensuels sont su-
périeurs à 3 100 euros font des achats sur
Internet, contre 32 % de ceux dont les
25 .
revenus sont compris entre 900 et 1 500
20 euros.
15
• • • • •' C Les réseaux sociaux, qui servent à regrouper
10 des amis, mais aussi à étoffer son réseau
professionnel, partager des informations ou
des images, commencent à s'implanter.
Ceci dit, tout le monde est loin d'utiliser
Facebook, Twitter et autres : moins de la
Unité : coefficient de Gini des inégalités en matière d'équipement.
moitié des plus de 12 ans s'y sont connectés
en 2013. Seuls 20 % des 60-69 ans sont
• Ordinateur à domicile Connexion Internet à domicile • Téléphone mobile • Smartphone dans ce cas. La référence permanente à ces
réseaux traduit leur utilisation par une mi-
norité culturellement favorisée, notamment
Personnes connectées à Internet à domicile
dans les médias, mais reste en décalage
selon le diplôme
avec la grande majorité.
100
Les inégalités diminuent dans le domaine
de l'accès aux nouvelles technologies,
notamment du fait de la baisse des prix
des produits. La fracture qui persiste est
essentiellement générationnelle: les plus
anciens restent souvent à l'écart d'un uni-
vers dont ils ne voient pas vraiment l'uti-
lité et qu'ils ne comprennent pas tou-
jours. Demain, on peut imaginer que, peu
ou prou, tout le monde sera connecté et
équipé. Reste qu'aujourd'hui, faire
comme si tout le monde l'était demeure
une vue de l'esprit. •
Unité :%
114 1 -OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS-RA PPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
Les usages d'Internet
Employés 77 57 36 66
Professions intermédiaires 83 51 38 81
Indépendants 75 34 26 62
Cadres supérieurs 92 48 37 90
Ouvriers 75 52 32 52
Retraités 61 11 5 26
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRAN CE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- 1 115
116 1 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS -RAPPORT SUR LES INÉGALITÉ S EN FR ANCE 201 5
5
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o_
<(
I
u
L'une des explications des tensions so- chômage des ouvriers non qualifiés dé-
ciales actuelles est à chercher dans la vio- passe les 20 %, quatre fois plus que celui
lence de la crise subie par les plus défavo- des professions intermédia ires, cœur des
risés. Les catégories aisées continuent à classes moyennes.
s'enrichir quand les couches populaires Pour ces catégories sociales méprisées
voient leur niveau de vie baisser. Entre les pour leur mode de vie pavillonnaire, ce qui
deux, les classes moyenn es constatent compte, c'est l'écart entre leur vécu et ce
avec amertume le décalage entre leu rs à quoi elles aspirent. Souvent issues d'un
aspirations et la réalité sociale. Une frac- processus de mobilité ascendant (ruraux,
ture sociale s'ouvre. ouvriers, immi grés notamment), elles
Les classes populaires- en particulier les voient leurs enfants peiner à accéder à
jeunes qui en son t issus - sont aux pre- une situation équivalente à la leur. Ces
mières loges du mal emploi. Les trois ménages se situent dans le creux des poli-
quarts des chômeu rs supplémentaires de- tiques socia les : ils ne profitent ni des pres-
puis 2008 sont ouvriers ou employés. tations sociales pour pauvres (en particu-
Entre 2008 et 2012 , les cadres supérieurs lier des allocations logement), ni des
ont gagné 300 euros de revenus annuels niches fiscales pour riches.
supplémentaires, ouvriers et employés en Les plus aisés, travestis en « classes
ont perdu 500. Depuis 2012, la situation moyennes supérieures u, repoussent hors
a empiré. Cela sign ifie que la France popu- du progrès une part croissante des mé-
laire s'enfonce depu is maintenant sept nages popula ires et moyens. Les élections
ans. Du jamais vu depuis les années 1930. départementales de mars 2015 l'ont bien
La situation des couches moyennes est montré, les classes sociales se rappellent
meilleure. Au fil des effets de mode idéo- au bon souvenir de la classe politique. Non
logiques, on est passé de la « moyenn isa- pas qu 'elles aient disparu :bon nombre de
tion u à l'annonce de la « fin des classes commentateurs ont confondu la transfor-
moyennes u. Une dramatisation qui fait mation des milieux sociaux et la perte de
vendre sans co rrespondance avec la réa- consistance du social. On a mis en avant
lité . Certes, les revenus des couches de « nouvelles inégalités u (le sexe, l'âge,
moyennes stagnent, ma is leurs difficultés le territoire, la couleu r de la peau , etc.)
restent sans rapport avec celles que ren- pour ne pas voir que la partie se jouait
contrent les milieux populaires. Le taux de aussi entre milieux sociaux.
REVENUS
Toutes les catégories sociales gagnent da- pour les employés, 1 448 euros pour les
vantage en 2012 qu'en 2000, selon les professions intermédiaires, 1 829 euros
données de l'Insee (après impôts et pres- pour les ouvriers et 2 682 euros pour les
tations sociales). La hausse du niveau de cadres su péri eu rs.
vie moyen par personne est de 1 146 euros
Le niveau de vie moyen annuel des ou-
vriers est passé de 16 820 euros en 2000
Niveau de vie annuel moyen des individus selon à 18 649 euros en 2012, soit une hausse
la catégorie sociale de 10,9 %. Leur niveau de vie reste le
moins élevé de l'ensemble des catégories
2012 Gain entre
2000 et 2012 sociales. Les professions intermédiaires ont
(en euros) connu une augmentation de+ 6 %, soit
Cadres supérieurs 35 310 37 992 7,6 2 682
+ 1 448 euros. Les employés, dont les re-
venus sont aussi parmi les plus bas, ont
Professions 24 230 25 678 6,0 1 448 connu le gain le plus fa ible entre 2000 et
intermédiaires 2012 : + 1 146 euros, leur revenu passant
Employés 19 270 20 41 6 5,9 1 146 de 19 270 à 20 416 euros. Les cadres su-
périeurs, qui ont gagné 2 682 euros
Ouvriers 16 820 18 649 10,9 1 829
(+ 7,6 %) entre 2000 et 2012, ont le ni-
Ensemble 20890 2400 veau de vie le plus élevé avec 37 992 eu-
ros annuels en 2012, contre 35 310 euros
en 2000.
Le niveau de vie mensuel moyen des indi- professions de l'information, des arts et
vidus des catégories sociales les plus ai- des spectacles à 4 300 euros pour les pro-
sées (ca dres supérieurs et professions libé- fessions libérales. Les professions intermé-
ral es) varie de 2 400 euros pour les dia ires vivent avec 2 000 euros en
Ouvriers 1548 §:
o u u u u u ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' '' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ouuu'''''''''''''''''''''''•••u•uuu••••uouuououooououuoou••••u• uouououou ououuuuou uuu ouuo o uu••••••••••uoouuuoououu•••'•'''''''''''''''' uuuu••••••'''''''' ~
Chauffeurs 1623
................. N
g
Ouvriers qualifiés de type artisanal 1553 ~
' ''''''''''''''''''''''''''•'''''''''u•••u•••••••••••••••oo•ouuuuuuuu•••••••••••••••••••••u••••••••••• uuuo•OHHHHOHHHHOOHHHH''""""'''''''''''''''''''''u ''''''''' uu'''''''''''''''''' • u•u•u•••••••••• uuouu••••••••••'OH••••••••••••''''''''''''''''' ou g
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015 · OBSERVATOIRE DES INÉGALIT ÉS 1 119
Ü 1 CATÉGORIES SOCIALES
moyenne par mois pour les contremaîtres que ceux dont disposent les catégories les
et les agents de maîtrise, au maximum plus favorisées.
avec 2 250 euros pour les admin istratifs A l'heure de la retraite, la hiérarchie des
de la fonction publique. Chez les catégo- revenus évolue de la même manière : les
ries populaires, le niveau de vie mensuel anciens ouvriers disposent en moyenne d'à
moyen oscille entre 2 000 euros pour les peine 1 500 euros contre un peu plus de
employés administratifs d'entreprise et 3 000 euros pour les anciens cadres supé-
1 340 euros pour les ouvriers non qualifiés rieurs, soit un revenu mensuel moyen deux
de type artisanal. Des montants qui fois moins élevé pour les premiers. •
peuvent être jusqu'à trois fois moins élevés
120 1 OBSERVATOIRE DES IN~GALIT~S - RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
ls
Le patrimoine net (dettes déduites) mé- à la fois des jeunes peu fortunés et des
dian des ouvriers non qualifiés est de générations plus âgées qui ont accumulé
5 500 euros (données Insee 2010). Em- un patrimo in e (notamment leur loge-
ployés et ouvriers (la moitié des actifs) ment). •
possèdent des patrimoines médians infé-
rieurs à 30 000 euros. Les cadres supé-
rieurs disposent d'un patrimoine net mé-
Montants des patrimoines* nets médians selon la catégorie
dian sept fois plus élevé (214 500 euros)
sociale
que ces derniers.
Patrimoine
'!et médian
Chez les non salariés, les patrimoines sont
beaucoup plus élevés, autour de 500 000 Agriculteurs 539000
euros pour les professions libérales et les
Artisans, commerçants, industriels 266800
agriculteurs, 266 000 pour les arti sans,
commerçants et industriels. Mais ils com- Professions libérales 482600
prennent la valeur de l'outil professionnel.
Cadres 214500
Dans ces catégories, les écarts de patri-
moine sont beaucoup plus importants que Professions intermédiaires 111000
pour les salariés. Entre l'artisan maçon ou
Employés 21700
l'agriculteur de montagne et l'avocat d'af-
faires ou le chef d'entreprise de grande Ouvriers qualifiés 28800
taille, les fortunes n'ont rien à voir. Ouvriers non qua lifiés 5500
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS !121
'Ji ,._ 1 CATÉGORIES SOCIALES
EDUCATION
La fracture du diplôme
Ouvriers, employés et agriculteurs se dis- rement dans notre pays d'accéder à des
tinguent du reste de la population par leur postes d'encadrement.
faible niveau scolaire. 1,7 % des ouvriers, La transmission du diplôme n'est pas mé-
6,4 % des agriculteurs et 7,1 % des em- canique, mais ceux qui viennent de mi-
ployés disposent d'un diplôme supérieur à lieux peu qualifiés doivent faire des efforts
bac+ 2, contre 66,1 % des cadres supé- plus importants pour réussir. Les deux tiers
rieurs. Près d'un tiers des ouvriers a au des enfants d'enseignants et de cadres
maximum le certificat d'études primaires. sont titulaires d'un diplôme supérieur ou
Très peu de cadres, en revanche, ne sont égal à bac +3, contre 12 % des enfants
pas diplômés (1,6 % seulement). Ces don- d'ouvriers non qualifiés. 60% de ces der-
nées traduisent l'importance en France niers disposent d'un diplôme inférieur au
des diplômes, mais aussi les faibles possi- bac ou n'ont pas de diplôme •
bilités de promotion interne et de valorisa-
tion de l'expérience. Avoir un niveau de
diplôme peu élevé ne permet que très ra-
Un ité :%
Lecture: 66,1 % des cadres supérieurs ont un niveau de diplôme supérieur à bac +2.
Enseignants 9 15 9 29 38 100
~ Agriculteurs 32 17 17 17 17 100
re . . ......... . ............................•... . .. . • . . ......................• .. .. . ... . ·· · ··· · · · ······················ · ·· · ··· · · ·· · · • . . .. .......• . ....
Cl..
Artisans, commerçants 37 20 13 15 15 100
Employés 43 22 11 15 9 100
Unité: %
A mesure que l'on s'élève dans les études, tandis qu 'ils sont 42 % à être diplômés
la proportion d'élèves des couches sociales d'un bac +5 et représentent plus de la
les moins favorisées diminue. Pour le co m- moitié (55 %) des élèves de classes pré pa-
prendre, le ministère de l'Education natio- rato ires.
nale a suivi la scolarité d'une génération Si les inégal ités sont présentes dès l'école
d'élèves entrés en sixième en 1995. Alors maternelle, elles s'accentuent au fur et à
qu e les enfants d'ouvriers, d'inactifs et mesure que le niveau d'études aug mente.
d'employés re présentent la majorité des Le <<handicap )) du milieu social n'est pas
élèves au début du collège (56 % pour les insurmontable : même s' ils sont peu nom-
deux catégories cumulées), ils ne sont plus breux, et même s'ils do ivent redoubler
que 24 % à avo ir un diplôme de niveau d'efforts, des enfants d'ouvri ers et d'em-
bac +5 et ils ne constituent qu'une faible ployés sont présents dans les fil ières les
part ( 16 %) des élèves de cla sses pré pa ra- plus difficiles à atteindre. •
toi res aux grandes écoles. A l' inverse, les
enfants dont les parents sont cadres ou
exercent une profession li bérale, ne rep ré-
sentent que 16 % des élèves de sixième,
RAP PORT SUR LES IN ËGA LI TËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALIT ÉS 1123
11~ 1 CATÉGORIES SOCIALES
Inscrits en classe
préparatoire aux
grandes écoles en
2002
Ouvriers, inactifs* 38 29 19 9 14
Employés 18 16 14 7 10
Professions intermédiaires 17 21 24 20 24
Unité :%
Source : ministère de l'Education nationale, Les inactifs sont des personnes de milieu social très proche de celui des ouvriers.
Lecture: les enfants d'ouvriers et d'inactifs représentaient 38 % des élèves de sixième en 1995.
* Les inactifs sont des personnes de milieu social très proche de celui des ouvriers.
EMPLOI
Chômage: changement de régime pour les non qualifiés
124 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- RA PPORT SUR LES INÉG ALITÉS EN FR ANC E 20 15
ls
18 ....
Que se passe-t-il depuis 2008?
16
:t:: , , , ~
des ouvriers qualifiés est passé de 7 à
11 %, celui des ouvriers non qua lifiés de
15 % à 21 %. De son côté, le taux de
chômage des cadres a augmenté de 3 à
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0
3,9 %, niveau qui est proche du plein em- ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
RAPPORT SUR LES INÉGA LI TÉS EN FRANCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 125
li ~ 1 CATËGORIES SOCIALES
Destinées sociales
Répartition de la catégorie socioprofessionnelle du fils en fonction de celle du père
Agriculteur 22 2 0 0
Profession intermédiaire 17 23 25 33 28 23
Employé 9 9 6 9 17 12
Ouvrier 37 24 9 17 26 46
Lecture: parm i 100 fils de pères appartenant à une CSP donnée, tant sont devenus ...
concernait 40 % des hommes et représen- 1970 à 2000 environ . On parle d'un ascen-
tait donc près des deux tiers de la mobilité seur ancien. La prochaine enquête de l'In-
sociale totale, preuve que l'ascenseur so- see ne devrait pas apporter de résultats
cial n'était pas bloqué. Mais après avo ir avant 2016 .
progressé entre 1977 et 1993, elle a ré- Depuis 2003 , la situation de l'emploi s'est
gressé entre 1993 et 2003 . Au total, on encore dégradée. Le sociol ogue Camille
est pourtant loin de l'égalité des chances. Peugny s'est intéressé à la situation des
L'Insee note que si l'on prend deux hommes personnes ayant quitté la formation ini-
au hasard, l'un fils de cadre, l'autre fils d'ou- tiale depuis 5 à 8 ans en 2009. Il prend
vrier, le premier a huit chances sur dix d'oc- donc en compte des personnes nées
cuper une position sociale supérieure ou jusqu'à la fin des années 1980. Il montre
égale à celle du second . que depuis 2003 l'imm ob il ité sociale
stagne, voire tend à augmenter légère-
Et depuis 2003? ment : un tiers des personnes appar-
Les données les plus récentes de l'Insee sur ti ennent toujours à la même catégorie
la mobilité ont été mesurées il y a dix ans. sociale que leur père.
Elles portent sur des hommes âgés de 40 Plusieurs raisons expliquent le sentiment
à 59 ans : cela veut dire qu'ils sont nés que l'ascenseur social est bloqué. Tout
entre 1940 et 1960. Certains sont entrés d'abord, on monte toujours, mais on des-
sur le marché du travail dès la fin des an- cend aussi plus souvent. Entre 1983 et
[2] Les données de l'Insee
nées 1950, d'autres jusqu'aux années 2003, si l'on prend les hommes et les ne concernent que les
1980. Les données sur la mobilité socia le femmes 121 âgés de 30 à 59 ans, la propor- hommes. Lëlévation du
taux d'activité féminin rend
décrivent un ascenseur qui a vieilli pa r tion de personnes en ascension sociale est plus difficile à interpréter la
rapport à son fonctionnement des années passée de 37,7 à 38,7 %. Mais la part de mobilité sociale des filles.
Artisan, Profession
commerçant, intermédiaire
chef d'entre-
Ensemble 1,5
Unité : %
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 127
'Ji ~ 1 CATÉGORIES SOCIALES
ceux qui sont descendus dans la hiérarchie Au fond, ce qui marque les esprits, c'est le
sociale par rapport à leurs parents est pas- changement par rapport à la période pré-
sée de 18,6 à 21,9 %. Le rapport entre cédente. Les Trente Glorieuses ont assuré
ceux qui montent et ceux qui descendent une promotion sociale massive. Cette pro-
a diminué de 2,2 à 1,77 [31. motion existe toujours, mais à un niveau
La mobilité sociale est exagérée car elle qui n'est plus du tout équivalent en partie
enregistre des passages entre milieux très du fait de la dégradation de l'emploi, alors
proches. Un fils d'ouvrier devenu livreur sera que les jeunes sont de plus en plus quali-
[3] Voir « Éducation
comptabilisé comme mobile mais sa posi- fiés. Aujourd'hui le taux de précarité at-
et mobilité sociale : la tion dans la hiérarchie sociale change peu. teint 50 % chez les jeunes. Il faut un
situation paradoxale des
générations nées dans les
Ce chiffre minore l'immobilité, du fait de la temps encore plus long pour s'insérer du-
années 1960 »,Camille ressemblance entre les ouvriers et employés rablement dans l'emploi. Une partie des
Peugny, Economie et
Statistique n°4l0, Insee,
en matière de statut social. En 2010, parmi couches moyennes issues de milieux mo-
août 2008. les jeunes sortis depuis trois ans de forma- destes (ouvriers et agriculteurs notam-
[4] « Quand l'école est
finie ...Premiers pas dans la
tion initiale, 61 %dont le père était ouvrier ment) voient leurs descendants peiner à
vie active d'une génération, et 54% de ceux dont le père était employé rééditer les mêmes parcours alors qu'ils
enquête 20 10 >> ,enquête
Génération 2010, Céreq, 1er
étaient eux-mêmes soit ouvriers, soit em- sont plus diplômés qu'eux. •
trimestre 20 12. ployés, selon les données du Céreq [41 .
SANTÉ
Les cadres supérieurs vivent bien plus longtemps
L'espérance de vie à 35 ans a augmenté et un cadre, tandis qu'il est de trois années
en moyenne de 4,4 ans pour les femmes chez les femmes. En revanche, les évolu-
et de cinq ans pour les hommes depuis la tions se croisent : chez les hommes, l'écart
fin des années 1980. Mais cette avancée entre les cadres et les ouvriers s'est réduit
a davantage profité aux catégories so- depuis la fin des années 1990 (de 7 à 6,3
ciales favorisées . A 35 ans, un homme années en 2000-2008), et le phénomène
cadre pouvait espérer vivre 47,2 ans et un est inverse chez les femmes (de 2,6 à 3
ouvrier 40,9 ans selon les conditions de années sur la même période).
mortalité du début des années 2000; l'es-
pérance de vie à 35 ans d'une femme L'écart entre les hommes et les femmes
cadre était de 51 ,7 ans contre 48,7 pour s'est de même stabilisé à sept années en-
une ouvrière. viron. Les femmes vivent plus longtemps,
Les différences d'espérance de vie à 35 ans quelle que soit la catégorie sociale. Les
entre catégories sociales sont plus élevées ouvrières ont même une espérance de vie
chez les hommes que chez les femmes : à 35 ans supérieure de 1,5 année à celle
l'écart est de 6,3 années entre un ouvrier des hommes cadres.
128 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- RAP PORT SUR LES INÉGA LI TÉ S EN FRAN CE 201 5
ls
Cadres supérieurs 41,7 43,7 45,8 47,2 47,5 49,7 49,8 51,7
Artisans, commerçants et chefs d'entreprise 39,6 41 43,1 44,8 46 47,4 48,8 50,3
Totale 47 41 6
Unité : années
Avertissement: les données des deux tableaux ne sont pas établies pou r les mêmes années et
donc non directement comparables.
Chez les hommes, l'écart d'espéra nce de vie problèmes sensoriels et physiques est de 34
à 35 ans sans incapacité entre cadres supé- ans, contre 24 ans chez les ouvriers, soit un
rieurs et ouvriers est encore plus grand que éca rt de 10 ans. En cla ir : non seulement les
l'écart d'espérance de vie totale. Ainsi, l'es- cadres vivent plus longtemps, mais au ssi en
péra nce de vie à 35 ans des cadres sans meilleure santé •
RAPPORT SU R LES IN ÉGALI TÉS EN FRANCE 201S - OBSE RVATOIRE DES INÉGA LI TÉS 1 129
11 ~ 1 CATÉGORIES SOCIALES
[1) llibésité est déterminée taille élevée au carré. On compris entre 25 et 30. Roche en collaboration [3] Part de la population
en fonction de l'<<indice de parle d'obésité quand !'!MC [2) ObEpi : enquête avec l'Inserm et l'hôpital de touchée par la maladie.
masse corporelle » (!MC}, dépasse 30 et de surpoids menée tous les trois ans à la Pitié-Salpêtrière.
rapport entre Je poids et la quand cet indicateur est l'initiative du Laboratoire
130 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
ls
CONDITIONS DE VIE
Couples :on se marie toujours entre semblables
Qui se ressemble s'assemble : le milieu so- conjointes), alors que ce n'est le cas que
cial détermine pour beaucoup la compos i- d'un tiers des cadres [21. Seuls 2,2 % des
tion des couples. Les sociologues français ouvriers vivent avec une femme cadre su- [1] << Ülpport des modèles
d'association à l'analyse
n'étudient plus guère ce phénomène pour- périeure (dont la catégorie constitue pour- multidimens ionnelle
tant essentiel, appelé l'« homogamie )), Les tant un dixième des conjo intes). 29 % des de transformations
temporelles. lllustration
dernières données sur le sujet datent de cadres supérieurs forment un couple avec à travers J'homogamie en
1999. Un travail peu connu du sociolog ue une femme de même catégorie sociale. France », Milan Bouchet-
Valat, Congrès de I'AFS,
Milan Bouchet-Valat, présenté à l'automne Une autre étude récente [31 apporte des Nantes, 2 septembre 2013.
2013 [11 , vient à po int pou r actual iser ces éléments sur l'homogamie en fonction du [2] Données pour les
couples dont au moins
données. Il fait apparaître une diminution diplôme des conjoints. Là aussi , les résul- une personne a entre 30
de l'h omogam ie dans le temps long , tats sont édifiants : les deux tiers des et 59 ans.
(3] « Avoir un diplôme pour
même si cel le-ci persiste. hommes sans diplôme nés en 1970 vivent faire une bonne carrière
En 2011, 83,4 % des ouvriers vivent avec en couple avec une femme ayant au mieux ou un bon mariage ? »,
Pierre Courtioux et Vincent
une ouvrière ou une employée (dont la le BEP. 82 % des bac+ 5 sont homogames Lignon, Edhec Business
catégorie représente seulement 60% des avec une femme disposant au moins d'un School, mai 2014.
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 131
-..~ 1 CATÉGORIES SOCIALES
Répartition des hommes en couple selon leur groupe social et celui de leur conjointe
Conjointe
. P;of~s;i~~ int~r~~~i;ire . ....•.• .•••.•••• ~,4 ••• •• ••••. ••••• ~. 1•••••••.· •••• ;,~ •••• •••.•• •• 31.~ ••••• ••••••• 4;,~ •••••••..••• 1~.~ •• ••. 1~< ~
Employé 0,0 1,9 5,8 21,2 60,6 10,6 100 c:
.... .... ...... ... ........ ........... . ....... ...... ...... ..... ... ...... ... ......... ...... ...... .. ......................... ............ .. ......... ..... ............... ~
bac+ 2. Seuls 4% des bac+ 5 cohabitent més se marient toujours autant entre eux,
avec une femme sans diplôme. mais globalement, la massification de l'en-
L'amour entre deux personnes n'est pas seignement a transformé la formation des
que le fruit du hasard et des goûts person- couples. « Au total, la société française
nels. Plus exactement, ces goûts sont so- paraÎt ainsi plus ouverte aujourd'hui que
cialement orientés en fonction du milieu dans les années 7960 )), explique le socio-
social : on aime vivre avec une personne logue.
qui partage un mode de vie similaire, de Reste qu'un facteur rend très difficile la
mêmes habitudes de loisirs, des centres comparaison dans le temps : l'élévation
d'intérêt communs, une même façon de très marquée du taux d'activité féminin,
parler, etc. Autant d'éléments qui dé- passé de 47 à 85 % pour les femmes
pendent en grande partie de l'origine so- âgées de 30 à 59 ans. Entre 1969 et 2011,
ciale. les catégories sociales des femmes ont été
Les premiers résultats des travaux de Mi- totalement bouleversées[51 . Enfin, on
lan Bouchet-Valat, sur la période 1969- l'évoque rarement, mais la hausse de l'ac-
2011, font apparaître une tendance à la tivité féminine associée à l'homogamie a
[4] In « Les évolutions de diminution de l'homogamie entre catégo- accru les inégalités de revenus entre les
l'homogamie en France »,
Milan Bouchet· Valat, Revue
ries sociales ou entre diplômés et non di- couples. Ceux-ci se composent en effet de
française de sociologie plômés. « L'homogamie en termes de di- plus en plus souvent de deux actifs de ni-
n°55-3, 2014.
[5] C'est pour cette raison
plôme, de classe sociale et de classe veau de vie semblable. •
que l'on mesure touj ours la sociale d'origine a clairement décliné en
mobilité sociale entre les
pères et les fils , sans tenir
France au cours des quarante dernières
compte des filles. années)), indique-t-il [41 . Seuls les plus diplô-
Répartition des hommes en couple selon leur diplôme et celui de leur conjointe
Conjointe
- Bac 16 19 28 33 4 100
Bac + 2 à+ 4 8 11 18 53 10 100
Unité: %
LIEN SOCIAL
Peu d'ouvriers à la télévision
Représentation à la télévision selon la catégorie sociale plus favorable. Ensuite, ceux qui prennent
la parole à la télévision doivent maîtriser
le discours en public. La parole est donnée,
dans l'immense majorité des cas, à ceux
qui manient le mieux la langue, c'est-à-dire
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 3 4
les plus diplômés.
Agriculteurs exploitants Il n'en demeure pas moins que l'écart est
énorme. Au total, les cadres sont huit fois
Cadres et professions intellectuelles supé- 7 57
rieures plus présents qu'ils le devraient si le temps
d'antenne était réparti en fonction de leur
Professions intermédiaires 10 9 part dans la population et 28 fois plus
Employés 12 14 présents que les ouvriers. L'égalité de pré-
sence des catégories sociales à la télévi-
Ouvriers 9 2
sion n'aurait pas grand sens, mais l'am-
Retraités 20 3 pleur seule du déséquilibre est marquante.
Ce phénomène a des conséquences auprès
Sans activité professionnelle ** 38 10
de la population et des commentateurs, sur
Unité : % Source: CSA- Baromètre de la diversité, données 2013, semaines du 17 au 23 jUi n et du 16 au 22
la construction de l'image des catégories
septembre 2013.
* Dan s la fiction française, les divertissements et les maga zines produits en France et les sociales et sur la représentation des intérêts
programm es d 'information sur les sujet s français.** Enfants, adolescents, étud ia nts, femmes
au foyer, ch ômeurs. des catégories les moins favorisées. •
POLITIQUE
De quel milieu social viennent les députés?
Si la parité entre les sexes à l'Assemblée tant à candidat, il faut appartenir aux ré-
nationale occupe le débat public, sa com- seaux du pouvoir et tisser des liens qui
position sociale intéresse peu les commen- dépassent la sphère politique (amis, rela-
tateurs. Alors que les employés et les ou- tions de travail, etc.). Il est nécessaire de
vriers représentent la moitié de la savoir et d'oser s'exprimer en public, de
population active, seuls 3 %des députés maîtriser les « bons )) codes du langage.
proviennent de leurs rangs, selon les don- Toutes ces compétences vont de pair avec
nées du Cevipof [11. A l'inverse, les cadres et un bon niveau de diplôme. Il faut par ail-
professions intellectuelles su péri eu res re- leurs pouvoir consacrer de longues heures
présentent 82 %de l'ensemble. à la politique au-delà de son temps de
Comment expliquer cet écart? Les partis travail :s'investir dans les réunions où les
politiques ne sont plus des partis de masse enjeux de pouvoir se décident. Les salariés
rassemblant une part importante d'adhé- du privé sont très défavorisés. En cas
[1] << Les députés de rents issus des catégories populaires, mais d'échec après un mandat, rien ne garantit
2012 : quelle diversité ? >>,
Les otes de recherche,
des groupes constitués pour l'essentiel de leur avenir dans l'entreprise. Les fonction-
Cevipof, juillet 20 12. diplômés. Pour passer du statut de mili- naires peuvent se mettre en disponibilité
134 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAP PO RT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
ls
Députés selon l'origine sociale
Unité: %
Lecture : 2,6 % des députés sont des emp loyés, cette catégo ri e soc iop rofessionnelle représente 28,9 % de la
population active occupée en 201 O.
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RAP PORT SUR LE S INÉ GALITÉS EN FRAN CE 2015- OB SERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 135
'Ji ~ 1 CATËGORIES SOCIALES .
136 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015
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Hommes-Femmes
Les inégalités entre hommes et femmes écoles les plus sélectives. Dans l'emploi, de
dans notre société se réduisent. Par le nouveaux secteurs d'activité du tertiaire
haut: les scolarités des filles ont rattrapé, s'ouvrent aux femmes, mais celles-ci n'en
voire dépassé celles des garçons. Elles re- représentent encore qu'une infime mino-
présentent 57 %des étudiants à l'univer- rité des dirigeants. Tous temps de travail
sité en 2013-2014, contre 43 %en 1960- confondus, les femmes touchent encore au
1961. Les taux d'activité féminins ont total un salaire 19% moins élevé que ce-
considérablement progressé. Les femmes lui des hommes ou, dit autrement, les
investissent un nombre plus important de hommes gagnent 24 % de plus que les
secteurs et occupent une part croissante femmes. A poste et expérience équivalents
des postes de cadres. Le salaire des toutes choses égales par ailleurs, les
femmes se rapproche de celui des hommes. femmes perçoivent 9 % de moins. Les
Ce rapprochement entraîne aussi une éga- temps partiels subis et les contrats à durée
lisation par le bas. L'homogénéisation des déterm inée restent dans leur très grande
modes de vie fait que si les femmes vivent majorité occupés par des femmes.
toujours plus longtemps en France, l'écart Que les femmes aient ou non un emploi,
d'espérance de vie à la naissance entre les elles sont toujours les« championnes)) du
sexes s'est réduit entre 2000 et 2014, pas- travail domestique, comparées aux
sant de 7,6 à 6,2 années en faveur des hommes. En moyenne, les femmes y
femmes. Le taux de chômage des hommes, consacrent 3h26 par jour en 2010, contre
principalement frappés par la crise de l'in- 2h pour les hommes. Avec l'arrivée d'un
dustrie, est désormais supérieur à celui des enfant, ce partage inégal perdure, voire se
femmes. creuse. Et cette situation n'évolue que très
Encore ne faut-il pas verser trop vite dans lentement dans le temps.
l'optimisme: les inéga lités entre les sexes En politique, la loi de 2000 sur la parité a
se cachent parfois derrière des déta ils. A contribué à une meilleure représentation
l'école, les garçons continuent à être très féminine dans les exécutifs nationaux et
majoritaires dans la filière S, la plus pres- locaux. Mais seulement 26,9% de femmes
tigieuse du lycée, et dans les grandes siègent à l'Assemblée nationale. Au
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INËGALITËS 1137
1i~ 1 HOMMES -FEMMES
rythme actuel de progression, la parité entre les hommes et les femmes tout en
devrait être atteinte dans 15 ans. Au ni- défendant un modèle concurrentiel de so-
veau local, seule une femme est à la tête ciété. Qu'importe la forme de la compéti-
d'une région, alors qu'elles représentent tion, pourvu qu'elle soit« équitable >l .
près de la moitié des conseillers de ces On ne peut pas espérer améliorer la situa-
instances. 16 % des maires sont des tion des femmes dans le monde du travail
femmes, et 14,6 % sont à la tête de com- sans lutter pour l'égalité des chances en
munes de plus de 100 000 habitants. même temps que l'on remet en cause les
Beaucoup de progrès restent donc à faire. hiérarchies sociales. Pour cela, il faudrait
Malheureusement, une partie de ceux et concevoir l'égalité hommes-femmes non
de celles au sein des élites qui se battent comme un alignement de la situation des
pour la progression des femmes, s'accom- femmes sur le modèle masculin, mais
mode fort bien de la précarité de l'emploi comme une transformation de ce modèle
féminin . Les femmes cadres touchent trois dominant. Les hommes y gagneraient lar-
fois plus que les ouvrières : cela ne frappe gement. •
pas grand monde. Cette insensibilité aux
inégalités sociales, dont les femmes sont
les premières victimes, constitue une vision
élitiste du problème. Quand elle ne sert
pas à faire diversion. Réduire le problème
de l'accès des femmes aux postes de direc-
tion permet de combattre les inégalités
138 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 201 5
REVENUS
Le salaire mensuel net moyen des hommes Salaire mensuel net moyen selon le sexe
est de 2 339 euros pour un équivalent
~ Ensemble
temps complet en 2012, celui des femmes
de 1 890 euros, soit un écart de 449 eu- Hommes 2339
ros, presque un demi-Smic. Les hommes
Femmes 1890
perçoivent donc, en moyenne, un salaire
supérieur de 24 % (en équivalent temps Ecart en euros -449
plein) à celui des femmes. Ou, ce qu i re- Unité: euros. En équivalent temps plein
Source: Insee, OAOS - Données 2012
vient au même, les femmes touchent en
moyenne 80,8 %du salaire des hommes
soit 19,2% de moins (page suivante notre
encadré méthodologique sur la façon de
mesurer l'écart).
Plus on progresse dans l'échelle des sa- Ecarts de salaires par sexe en fonction du salaire
laires, plus l'écart entre les femmes et les Ecart
hommes est important, les premières étant femmes/
hommes
beaucoup moins no mbreuses dans le en euros
haut de l'échelle. Toujours en équivalent
temps complet, le salaire maximal des 10 % 1 238 1 136 1 184 - 102 - 8%
des sala-
10% des femmes les moins bien rémuné- riés gagnent
moins de
rées est inférieur de 8 % à celui des
hommes ( 1 136 euros pour les femmes 20% ... 1 393 1 248 1 321 - 145 - 10%
contre 1 238 euros pour les hommes). Le
30% ... 1 530 1 349 1 444 - 181 - 12%
salaire minimum des 10% des femmes les
mieux rémunérées est inférieur de 22 % à 40 % ... 1 673 1 456 1 576 - 217 - 13%
celui des hommes (soit 2 965 euros pour 50 % ... 1 838 1 582 1 730 - 256 - 14%
les femmes contre 3 788 euros pour les
hommes). Au niveau médian des salaires, 60 % ... 2 046 1 747 1 924 - 299 - 15%
les femmes gagnent un salaire inférieur de 70% ... 2 340 1 976 2 185 - 364 - 16%
14 %, ce qu i représente un écart de 256
euros par mois. 80 % ... 2 840 2 305 2 608 - 535 -19%
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 139
tt 1 HOMMES -FEMMES
Unité: euros et %
Sou rce: Insee - Données 2012 -
1- L'écart total : les femmes touchent
Sa lariés en éq uivalent temps com plet d u secteur privé et des en treprises publiques y compris bénéfi ciai res de 24%de moins
contrats aidés. Hors apprentis, st agiai res, sa lariés ag ricoles et sa lariés des part iculiers-employeurs.
Tous temps de travail confondus (temps
partiels et complets confondus), les sa-
laires féminins valent en moyenne 76 %
des salaires masculins, selon les données
2009 publiées par le ministère du Travail.
Les femmes touchent donc 24 % de moins
Dans quel sens mesurer les inégalités (100% -76% = 24 %} que les hommes.
hommes-femmes? Vu autrement, les hommes touchent 31 %
Un peu de mathématiques appliquées aux inégalités. de plus (1 00 divisé par 76, voir notre en-
L'écart de salaires hommes-femmes est, dans l'immense cadré méthodologique).
majorité des cas présenté du point de vue masculin. On
2- L'écart pour des temps complets : les
mesure combien les femmes touchent de moins que les femmes touchent 14% de moins
hommes. Dans notre calcul, les hommes touchent 100,
les femmes 76, ce sont les chiffres de la Dares. Elles Le premier facteur explicatif des inégalités
perçoivent donc 100-76 = 24. 24 en moins rapporté aux de salaires provient des différences de
100 des hommes, cela fait 24% en moins. Rien n'em- temps de travail. Les femmes sont cinq fois
pêche de voir les choses autrement, du point de vue des plus souvent à temps partiel que les
femmes. Si l'on rapporte les 24 aux 76 des femmes, cela hommes: leur revenu tous temps de trava il
fait 24/ 76 = 31 %. Les hommes touchent 31 %de plus confondus est logiquement inférieur à ce-
que les femmes. La différence entre 31 et 24% est liée lui des hommes. De plus, le temps de tra-
au fait que les pourcentages ne sont pas réversibles, car vail des hommes est aussi accru par les
ils ne s'appliquent pas à la même base de départ. Baissez heures supplémentaires qu'ils effectuent
un prix de 50% pour un bien de 100 euros, vous l'avez plus souvent que les femmes. Pourtant, en
à 50 euros. Augmentez-le de 50%, et le voilà à 75 euros comparant des salaires à temps complet,
(car 50 % de 50 euros= 25 eu ros). Entre hommes et les femmes perçoivent encore 14 % de
femmes, aucune des deux méthodes n'est plus« juste n moins (ce qui revient à dire que les
ou meil leure. Mais il est frappant de constater que celle hommes touchent 16% de plus).
qui aboutit au chiffre le plus faible s'est imposée dans
le débat publ ic. 3- L'écart à poste et expérience équiva-
lents: les femmes touchent 9% de moins
Si l'on tient compte des différences de sta-
140 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LE S INÉGALIT ÉS EN FRA NCE 2015
tut d'emploi (cadre, employé, ouvrier), Décomposition des écarts de salaires entre hommes et
femmes
d'expérience, de qualification (niveau de
diplôme) et de secteur d'activité (éduca-
24 'lo
tion ou finance, par exemple) envi ron
9% de l'écart demeure inexpliqué se lon
les données de l'Insee. Cette différence
de traitement se rapproche d'une me-
14 'lo
sure de la discrimination pure pratiquée
12 'lo
par les employeurs à l'encontre des
femmes. Cependant, d'autres facteurs
non mesurés ici peuvent entrer en jeu et
justifier partiellement ce phénomène, à
l'instar de la situation familiale, du do-
maine du diplôme possédé ou des inter-
ruptions de carrière. La discrimin ation
pure serait de l'ordre de 6 ou 7 %. •
Source : Insee, ministère du Travail - Données 2009, salariés des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur
concurrentiel
Les facteurs explicatifs des écarts de salaires utilisés sont le niveau de diplôme, l'expérience
professionnelle, la catégorie socioprofessionnelle, le type de co ntrat de travail, le temps
partiel, le secteur d 'activité et la taille de l'entreprise.
Deux grandes raisons expliquent le rat- Que s'est-il passé entre 1998 et 2004 [1) On ne dispose pas
d'éléments historiques pour
trapage. Les discriminations purement pour que le rattrapage soit stoppé, alors
les salai res tous temps de
liées au sexe (difficiles à mesurer) ont que le niveau scolaire des femmes n'a travail confondus.
RAPPORT SUR LES IN ÉGA LITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 141
1l n 1 HOMMES-FEMMES
Salaire moyen des femmes à temps complet rapporté à plois qu'elles occupent se trouvent dans le
celui des hommes
secteur des services peu qualifiés où les
salaires sont faibles: grande distribution,
services domestiques, etc. En même temps,
85, .. ... . ... ...... ........ ... ... .... ...................................... : ...... ....... : ............... ..
de nombreux postes à responsabilités les
mieux rémunérés leur restent fermés. En-
fin, une proportion plus importante de
femmes que d'hommes semble refuser la
compétition qui résulte d'un marché du
travail très hiérarchisé et de plus en plus
tendu . Pour de nombreuses raisons : par
choix personnel (orienté notamment par
l'éducation des jeunes filles) du fait de
601 ........................................ .. ... .. . ...... .. .. .. . ,.... ... .... .. , ......... .. .... . contraintes (comme le fait de garder leurs
enfants) ou parce qu'elles savent qu'elles
551 ...... .. ....... ........ ...... ........................ ............ .. .... ;.. ...... .. , ............. .. . partent dans la compétition avec un han-
dicap.
La pauvreté selon le sexe au seuil à 50 % du niveau de vie Au total, 8,2 % de femmes sont pauvres
médian au seuil à 50% du niveau de vie médian!,)
(15 %au seuil à 60 %), contre 7,7 %
d'hommes {13,6% au seuil à 60 %). On
compte près de 2,6 millions de femmes et
Hommes 2275 7,7 46,9 2,3 millions d'hommes pauvres, au seuil à
50% du revenu médian. Si l'on considère
Femmes 2580 8,2 53, 1
le seuil à 60 %, on compte 4,7 millions de
4855 7,9 100 femmes et 4 millions d'hommes. Cepen-
Lecture : Les femmes représentent 53,1 % de la population pauvre.
dant, la pauvreté ne touche pas les
8,2 % des femmes sont pauvres. hommes et les femmes de la même façon .
RAPPORT SUR LES INËGALI TËS EN FRANCE 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 143
'Ji~ 1 HOMMES -FEMMES
Les femmes perçoivent une pension de à avoir exercé un emploi à temps partiel,
retraite du régime général de la Sécurité même si l'essor du phénomène est plus
sociale inférieure de 21 % à celle des récent. L'écart de niveau de retraite moyen
hommes, selon les données de la Caisse résulte donc pour partie d'inégalités entre
nationale d'assurance vieillesse (Cnav) au hommes et femmes et pour partie de choix
31 décembre 2012. Au total , les femmes de vie. Au jour le jour, les femmes retrai-
touchent 57 3 euros par mois en moyenne, tées disposent de niveaux de pension très
contre 725 e:Jros pour les hommes, soit inférieurs à ceux des hommes. Un grand
152 euros de moins. Les écarts reflètent nombre de femmes seules vivent avec des
d'abord les inégalités de salaires entre retraites très modestes, même en incluant
hommes et femmes sur le marché du tra- les pensions de réversion [11.
vail, d'autant plus importants que l'on
s'élève dans la hiérarchie. Ils proviennent L'évolution des pensions
ensuite des écarts de taux d'activité : Si l'on considère les bénéficiaires d'une
même si les jeunes femmes sont au- retraite tous régimes confondus, le mon-
jourd'hui presque aussi souvent actives tant mensuel moyen des pensions s'élevait
que les hommes, ce n'était pas le cas pour à 1 256 euros en 2011 . 1 603 euros pour
les générations qui prennent leur retraite les hommes, contre 932 euros pour les
[1] Partie de la retraite dont aujourd'hui , nées dans les années 1940. femmes, soit 671 euros de moins pour ces
bénéficiait ou aurait pu
bénéficier l'assuré décédé Les femmes interrompent aussi beaucoup dernières. Autrement dit, les femmes per-
(salarié ou fonctionnaire) plus fréquemment leur activité profession- çoivent une retraite inférieure de 42 %à
reversée au conjoint
survivan t ou à le ou les nelle pour s'occuper des enfants. Enfin, les celle des hommes, contre 45 % en 2004.
ex-conjoint(s). femmes sont beaucoup plus nombreuses L'écart a eu tendance à diminuer notam-
Droits directs avec carrière complète au régime général (l l 1 040 1 106 957 - 149 - 13
Unité: eu ros
(1) Pensio ns de d ro its direct s calculées à t aux plein et sa ns prorat a de d urée d 'ass urance au rég ime général de la Sécurité socia le.
(2) Sans d roits d irect s au régime général (ava ntage att ribu é au co njoint survivant co mpte tenu des droits acqu is par l'as suré décédé).
EMPLOI
Une répartition déséquilibrée des professions
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 145
li ~ 1 HOMMES-FEMMES
Nombre de Partd~mmes
femmes en : · en %"
milliers
..~~~~.~:.~.~ .~.~ .~.~~~.0~ ... ..... . ... . . .. . . .... . . . . . . . . .. . . . . .. . .. .... . ..... . ... . . . .... . . . . . . . ... . . . ...... ~~·~· ... ... .... .. .. . ... . .. ~3? ...... ... . .... . ... .?~,3···· ..j
Lecture: 97,7 % des aides à domicile, aides ménagers et assistants maternels sont des femmes.
ma 2012 ;va~!!_on
plus diplômées, sont davantage présentes
aux postes d'ingénieurs et de cadres d'en-
- · en% treprise ou dans les professions libérales,
Agriculteurs 29,8 28,3 - 1,5 où leur progression est la plus forte (res-
pectivement+ 4,2 points et+ 3,5 points).
Artisans 21,7 22, 1 0,4
Ce qui explique sans doute une hausse
Commerçants et assimilés 39,8 35,8 -4,0 importante de leur représentation dans la
Chefs d'entreprise de 10 salariés ou plus 19,2 16,4 -2,8
fabrication d'équipements électroniques
et informatiques (+ 4,1) et de l'énergie
Cadres et professions intellectuelles 37,3 40,2 2,9 (+ 2,4}, même si ces secteurs sont parmi
Professions intermédiaires 50,3 51,2 0,9 les moins féminisés. A l'inverse, leur pro-
portion augmente dans le domaine des
Employés 77,3 76,6 -0,7
services où elles étaient déjà largement
Ouvriers 20,1 19,6 -0,5 représentées, passant de 67,2 %en 2008
à 70,5% en 2012 (+ 3,3}.
(23,1 %) ou des transports (26,3 %}, et ne
sont plus que 10,4 % dans celui de la Les femmes sont toujours peu nombreuses
construction. dans les professions incarnant les« vertus
dites viriles >> (force et technicité) : elles
L'évolution de la situation entre 2008 et représentent 2 % des ouvriers du bâti-
2012 permet de constater deux mouve- ment, 10% des chauffeurs, 15 %des po-
ments différents : les femmes, de plus en liciers, pompiers et militaires. •
146 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 201 S
Premier emploi : les femmes p'us souvent en temps
partiel
Parmi les jeunes âgés de 35 ans ou mo ins Temps partiel et premier emploi selon le sexe et le niveau
de diplôme
sortis du système éducatif en 2010, 30 %
des femmes ont été embauchées en temps
partiel pour leur premier emplo i, contre
17% des hommes, quel que soit le niveau Non qualifiés 25 48
de diplôme. Pour les jeunes non qualifiés, CAP ou BEP 16 39
la proportion de temps partiel est même
deux fois plus grande chez les femmes Bac 21 39
Du mili eu des années 1970 à la Jin des Fin 2014, le taux de chômage des hommes
années 1980, l'écart de taux de chômage est supérieur à celu i des femmes ( 10,4
entre les femmes et les hommes s'est ac- contre 9,7 %}. Sur le long terme, les
cru . Il a atteint quatre points en 1989. Pa r femmes ont tiré davantage profit des créa-
la suite, les in dicateurs ont progressive- tions d'emplois dans le secteur des ser-
ment convergé jusqu'à l'égalité en 2010. vices, de la grande distribution aux em-
CONDITIONS DE VIE
Espérance de vie : avantage aux femmes
En moyenne, les garçons nés en 2014 en 2014 peuvent compter sur 23,2 ans
peuvent compter vivre 79,3 ans et les filles d'espérance de vie et les femmes du même
85,5 ans, soit 6,2 années d'écart en faveur âge 27,7 ans, soit 4,5 années d'écart. En
des femmes. Les hommes âgés de 60 ans raison de leur espérance de vie plus
Unité : années
148 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS - RAPPORT SUR LES INÉGALITËS EN FRA NC E 2015
longue, les femmes qui ont travaillé profi- Ecart d'espérance de vie entre hommes et femmes à la
naissance
teront donc davantage de la retraite que
les hommes. Très peu d'indicateurs sont
favorables aux femmes, mais celui-ci est 8,5
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 201 5 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 149
li ~ 1 HOMMES-FEMMES
Ménage, cuisine, linge, courses, etc. 01:04 01 :08 00:04 03:06 2:35 - 00:3 1
Soins aux enfants et adu ltes 00:11 00:18 00:07 00:27 0:36 00:09
Jardinage, soins aux animaux 00:14 00:14 00:00 00:11 0:10 00:01
Unité : heures et minutes. Durée moyen ne au co urs d'une journée (du lundi au dimanche).
Source: Insee- Enquête emploi du temp s 2009-20 10 - France métro politaine- Hommes et fem m es ayant un emploi
POLITIQUE
La représentation des femmes à l'Assemblée
et au Sénat
La représentation des femmes en
Depu is 2012 , la proportion de femmes dé- politique
putées atteint 26,9 %, en net progrès par [-
rapport à 2007 où elle s'élevait à Part de
femmes
18,5 % . A ce rythme de progression en ~
ê en%
nombre de sièges obtenus par les femmes
(+ 48 par rapport à la dernière législature), Députées 2012 26,9
la pa rité serait atteinte à l'Assemblée natio-
Sénatrices 2014 25,0
nale dans une qu inzaine d'années. En
2014, 87 femmes ont été élues au Sénat. Ma ires 2014 16
Elles représentent 25% de la Haute Assem- Conseillères 2015 50
blée, contre 17 % il y a dix ans. départementales
La pa rité se rapproche pour certaines fonc-
Conseil lères régi ona les 2010 48
tions : les femmes représentent 48 % des
conseillers régionaux, 40% des conseillers Conseillères mu nicipales 2014 40,3
mun icipaux, 43 % des députés européens
Députées françaises au 2014 43,2
et la moitié des conseil lers départemen- Parlement européen
ta ux. Par contre, seuls 16 % des maires
Source : Haut Conseil à I'Ega lit é entre les femmes et les hommes, minis-
sont des femmes, et elles ne dirigent que t ère de l'Intérieur, Sénat.
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015 - OBSERVATO IRE DES IN ÉGALITÉS 1 151
li~ 1 HOMMES-FEMMES
Unité :%
152 1 OBSERVATOIRE DES IN~GALIHS- RAPPO RT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 201 5
Part de femmes conseillères générales
60
50
40 ..... . .. . ... . .. . .
30 .. ... ........ ...... ... ... .. .. .. .. ... .... ..... ... ... ....... ..... ... .... ........ .... .... ..
Unité: %.
100 000 habitants et plus. Paris et Lille, Les femmes dans les conseils régionaux
dont les maires sont des femmes (lJ , sont
des exceptions qui masquent l'absence de 60
femmes à la tête des métropoles : elles ne
dirigent que six des 41 communes de plus 50
de 100 000 habitants.
[1) Respectivement
Anne Hidalgo et
Martine Aubry.
RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015- OBS ERVATOI RE DE S INÉGALITÉ S 1 153
154 1 OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS- RAPPORT SUR LES INËGALITËS EN FRANCE 2015
7
w
a:
t:
a_
<(
I
u
Ages et générations
Les jeunes adultes sont incontestablement a augmenté de 158 000, dont 110 000
les plus touchés par les difficultés écono- sont des très jeunes enfants (moins de 6
miques. La moitié des 15-24 ans actifs ans), selon Eurostat. Le taux de pauvreté de
occupent un poste d'intérimaire, de sta- l'ensemble des moins de 18 ans est passé
giaire, un contrat aidé ou à durée détermi- de 8 à 9 %. Ce n'est pas une« explosion n,
née. Un quart des 20-24 ans actifs est à la mais la dégradation est réelle pour cette
recherche d'un emploi. catégorie d'âge. Encore faut-il noter qu'il
Les inégalités de revenus, d'accès au loge- n'existe pas d' « enfants pauvres ,, en soi,
ment, ou à l'emploi, entre les générations mais qu'il s sont dans cette situation du
ne dépendent pas seulement du fait d'être fait de cel le de leurs parents, eux-mêmes
jeune ou âgé. Le mil ieu social d'origine joue victimes des bas salaires, de la précarité
un rôle primordial dans les écarts. Log ique- ou du chômage.
ment, le niveau de vie progresse avec l'âge Pour les jeunes adultes, devenir autonome
: on gagne en ancienneté et en expérience, est difficile, d'autant plus s'ils sont issus
on progresse plus ou moins vite et plus ou des classes modestes. 71 %des enfants de
moins mécaniquement dans la grille des cadres supérieurs ne vivent plus chez leurs
salaires. Mais les faibles revenus concernent parents trois ans après avoir quitté l'école,
davantage ceux, jeunes ou âgés, qui n'ont contre 45 % des enfants d'ouvriers et
pas pu obtenir un diplôme à l'école, qui 47 % des enfants d'employés, selon le
occupent des emplo is non qualifiés sous Centre d'études et de recherches sur les
payés, quand ils ne sont pas au chômage. qualifications (Céreq). Inégaux dans leurs
Ce sont eux que l'on retrouve en situation parcours scolaires et professionnels, les
de pauvreté, de ma l logement. La fracture jeunes le sont en fln de compte aussi dans
entre âges ou générations complète la frac- leur capacité à vivre leur propre vie. En
ture sociale. conséquence, les moins favorisés doivent
Les enfants, dont les parents subissent la «s'arranger n, en restant ou en retournant
détérioration de la situation économique, chez leurs parents, chez d'autres membres
ne sont pas épargnés. Entre 2003 et 2012, de leurs familles ou chez des am is, ou en
le nombre d'enfants vivant sous le seu il de vivant en colocation au sein de logements
pauvreté à 50% du niveau de vie médian surpeuplés jusqu'à des âges élevés. •
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 155
tt 1 AGES ET GÉNÉRATIONS
REVENUS
le niveau de vie selon l'âge La tranche d'âge la plus aisée est celle des
50-59 ans: son revenu mensuel moyen par
2243 2258 personne de 2 258 euros est près de
r-- r--
2031 20 % supérieur à celui de la génération
1966 r--
1881 1872
1743 r--
~
r-- des 20-29 ans (1 881 euros). L'écart est
1729 1703 1729
r-- ,...---,
r-- r-- également significatif(+ 15 %) avec la
tranche d'âge des 30-39 ans (1 966 euros
mensuels). Après 60 ans, l'âge de la re-
traite est marqué par une diminution des
ressources, mais c'est aussi une période de
la vie où les besoins ne sont plus les
mêmes en général. Les plus pénalisés alors
sont ceux qui n'ont pas eu les moyens de
devenir propriéta ires et qui doivent sup-
porter un loyer tout au long de leur vie, ce
que nos données ne mesurent pas.
Unité: euros
27000
25000 ..... ... .... ..... . ~~ . .... .....~..1 ~~4.-.1~~8. ... ...... ... ..... ... .. ..
/
",,.. ---- 1939- 1 94~ .
···· -;""'·~ -~ ----,;
23000
/ ........ 1!i34:1ii3~/ ··· ··· ···· ·· ··· ········· ····· ··· ····· ···· ···
19000
17000
15000
21 25 29 33 37 41 45 49 53 57 61 65 69 73 77 81 85
Chaqu e courbe donne les revenus avant impôt s d'une géné rat ion, po ur chaque âg e, exprimés en euros de 2008.
Elle est beaucoup plus lente ensu ite. Ma l- Mais la progress ion est moins forte et
heureusement, on ne dispose de l'évo lu- moins linéaire, marquée par des paliers
tion que sur une petite partie de la vie qui corres pondent aux crises écono-
active et ces données ne permettent pas miq ues, aux ruptu res dans l'activité pro-
vraiment de décrire la carrière sa laria le fessionne ll e. Cette situation serait encore
des générations 111. On notera tout de plus ma rquée si l'on tenait compte du
même que la génération 1979-1983 a boo m des prix de l'i mmob ilier jusqu 'en
mieux commencé que la génération 2008, qu i a davantage pesé sur les ni-
1974-1978, ma is qu 'à 26 ans elle a un veaux de vi e rée ls des jeunes générations
niveau de vie équ ivale nt. Le processus qu e des plus anciennes, déjà établi es.
d'enrichissement successif se ma intient et Enfin, on raiso nn e ici sans tenir compte [1] Ce manque de données
en dit long sur le réel intérêt
c'est heureux : en moyenne nos sociétés de l'élévat ion co nsidérable des niveaux porté à cette question en
continu ent à élever leur niveau de vie. de diplôme entre ces générations. • France.
La pauvreté
La pauvreté touche en prem ier lieu les en- ti ers du total) sont des enfants et des ado-
fan ts de mo in s de 10 ans (10 ,9 %), lescents. La notion « d'enfants pauvres ))
12, 3 % des adolescents (10-19 ans) et les ca che la pa uvreté des parents. Les enfants
jeun es adultes (20-29 ans) dont plus d'un pauvres le sont parce que leurs pa rents
sur dix est pauvre. Parm i les 4,8 millions disposent de revenus insuffisants.
de pauvres au seu il à 50 % du niveau de Les plus de 60 ans sont moins souvent
vie médian, 1,7 milli on (un peu plus du concernés par la pauvreté que les autres
RAPPORT SUR LES INtG ALI TtS EN FRANC E 2015 - OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1 1 57
tt 1 AGES ET GÉNÉRATIONS
1,2 million d'enfants, soit un peu moins L'expression est trompeuse : ces enfants
d'un sur dix, sont pauvres en France si l'on sont des enfants « de ,. pauvresl11, de tra-
utilise le seuil fixé à la moitié du niveau de vailleurs pauvres ou sans emploi. Parmi ce
vie médian, le plus restrictif, selon les don- 1,2 million, un tiers, soit un peu plus de
nées 2012 d'Eurostat. Enfants pauvres? 400 000, sont de très jeunes enfants de
moins de 6 ans, 27% (340 000) sont des
enfants de 6 à 11 ans et 39% (480 000)
des adolescents. Ces derniers sont les plus
La pauvreté des enfants au seuil à 50% du revenu médian touchés parmi les moins de 18 ans : un
adolescent sur dix vit dans une famille
dont les revenus sont inférieurs au seuil de
Moins de 6 ans 6,8 7,9 8,9 pauvreté, c'est le cas de 9 % des plus pe-
tJ!. ......... ............ . ...... ..• .. . ... .. . ...... .... .. . .... ... .... .. . ......... . .. . .......... . .............
tits et de 8% des 6-11 ans. La détériora-
~ De6à 11 ans 9,0 9,1 7,9
x
::;J . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
tion de la situation économique pèse sur
~ De 12 à 17 ans 9,3 9,8 10,5 les familles et par conséquent sur les en-
fants. Entre 2003 et 2012, le nombre d'en-
Ensemble des moins de 18 ans ,.,~ *~,}~, 8,9
~ .lt,_,. fants vivant sous le seuil de pauvreté à
Moins de 6 ans 312 000 384 000 422 000 50 % du niveau de vie médian a aug-
~ ·········· · · · ···· · ········· · · ·· ·········· ··· ··· ······· ········· ······· ···· ··· ··· ······ ············· ···· menté de 158 000, dont 110 000 très
E De 6 à 11 ans 362 000 362 000
0 .................. .......... . ..... . ..... . .... . ........................ . .... .. ........ . .. . . . .......... .
340 000
jeunes enfants. Le taux de pauvreté de
z
De 12 à 17 ans 41 3 000 421 000 483 000 l'ensemble des moins de 18 ans est passé
de 8 à 9 %. La dégradation de la situation
Ensemble des moins de 18 ans g 1 08Z 000 1 167 000
des enfants dans notre société est réelle.
RAPPORT SUR LES INÉGALITÉS EN FRANCE 2015- OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS 1159
li~ 1 AGES ET GÉNÉRATIONS
L'ampleur du chômage dans les catégories modeste pèsent sur les enfants. Rien n'est
populaires, le temps partiel contraint (no- joué à la naissance, mais vivre dans une
tamment des femmes) et plus générale- famille pauvre constitue un handicap et
ment les bas salaires, sont les éléments l'une des composantes de la reproduction
qui, concrètement, débouchent sur la pau- des inégalités: le manque de moyens,