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Américanistes
Rivet Paul, de Armellada Cesáreo. Les Indiens Motilones.. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 39, 1950. pp. 15-
58;
doi : https://doi.org/10.3406/jsa.1950.2379
https://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1950_num_39_1_2379
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Dangereux pour les Espagnols, les Тире ne l'étaient pas moins pour leurs,
voisins immédiats de l'Ouest, les Cimila, à qui ils disputaient les terrains,
de Valle x, de Poponi, de Poponte et les Playones del César, etc. (11, 38).
Les Čimila ou Čimile (21, 617) étaient également des Indiens redoutables.
Le Père Julian les qualifie de « corsarios, inquietos, crueles y traidores »
(16, 154).
Les groupes čimila actuels comptent de 400 à 500 individus, répandus
entre le bas Magdalena, le rio César et la Sierra Nevada, surtout dans la
région de El Dificil, La Pena, San Angel, Caracolicito, Monterrubio2, c'est-
à-dire dans l'immense forêt qui s'étend entre le Chimiquica, le César et
l'Ariguani ; certains groupes se sont retirés aux sources de ce dernier fleuve,,
déjà sur les pentes de la Cordillère de Santa Marta, d'autres atteignent les
plaines de Chimichaguá, mais le noyau principal est dans là région qui est
au Sud de El Dificil (25, 98; 12, 158, 160; 23, 4; 27; 6; 8, 460-466,.
476-478).
Les Cimila ont autrefois, sinon occupé, du moins dominé et rendu
dangereux pour les Espagnols tout le territoire compris entre Fonseca, sur le
rio Rancheria, Molino et Villanueva, aux sources du rio César, au Nord-
Est, Tamalameque, au S\iàt le Magdalena, dont ils occupaient les rives sur
plus de 40 lieues, atteignant même la côte du Pacifique au niveau de
Zamba 3, à l'Ouest, et remontant au Nord jusqu'aux rios Turunca(sans doute.
1. Les derniers de ces Indiens furent transférés à Pefión, sur le bas Magdalena, au cours
du xvine siècle (21, 620).
.2. La grande case, qui servait de temple aux Tomoko, s'appelait tupe (21, 619). L'identité
de ce mot avec le nom des Indiens Тире n'est peut-être pas fortuite.
LES INDIENS MOTILONES 21
Ceci permet d'identifier ces deux tribus čimila avec les Pacabuey (Poca-
bus) de la lagune de Zapatoza, les Indiens de Sompallón, les Malibú ou
Malebii", qui vivaient sur le Magdalena et les lagunes qui le bordent, depuis
Tamalameque jusqu'à Tenerife et même jusqu'à Malambo, atteignant à
l'Ouest la région de Cartagena, et les Mokana, installés entre Cartagena et
l'embouchure du Magdalena (36). Ainsi se trouve confirmé le renseignement,
surprenant de prime abord, du rapport de Diego Fernandez de Argote
relatif à l'extension des Čimila jusqu'à la région de Zamba, que nous avons
cité plus haut (note 3, p. 18).
Malheureusement, les documents linguistiques que nous possédons sur la
langue des Malibú sont si insignifiants et si limités que leur comparaison
avec le Čimila ne peut donner une confirmation de leur parenté. Toutefois,
le mot par lequel les Malibú désignaient le prêtre indigène et le sorcier-
médecin, mayhan, maihan (36, 143) est exactement celui que les Čimila
donnaient au grand prêtre-médecin (11, 40).
1. Grâce à l'amabilité de M. William H. Phelps Jr., de Caracas, nous avons reçu une
magnifique reproduction photographique de ce précieux document.
LES INDIENS MOTILONES 25
nomment eux-mêmes Dobokubi, et appellent les Indiens et les Nègres Kiri-
kiri, nom qui est celui de la tribu karib du Sud du lac de Maracaibo.
Cette langue est certainement celle des Kunaguasâya. Sur les treize mots
notés par G. Reichel-Dolmatoff et Carlos Gutierrez, deux sont
nettement comparables à ceux du vocabulaire des Dobokubi et sept se rattachent
à la même famille linguistique que celui-ci.
Une seconde raison justifie ce point de vue. Le Père Francisco de Catar-
roja situe les Indiens dont il a recueilli la langue dans les forêts des provinces
de Santa Marta et Ataracayo. Aristides Rojas n'a pas hésité à substituer au
nom Ataracayo le nom de Maracaibo ; cette interprétation nous paraît très
discutable. Il est certain que le mot Ataracayo ne figure pas dans la
nomenclature géographique, ancienne et moderne, de la région, mais G. Reichel-
Dolmatoff nous a suggéré (28) l'interprétation suivante à laquelle nous nous
rallions volontiers : les diverses tribus motilones se dénomment en
ajoutant au nom de la région où elles habitent le suffixe -tok ; c'est ainsi que les
Indiens du río Irápa s'appellent Irdpa-tok, ceux du río Iróka, Iróka-iok, etc..
En parlant d'un groupe qui n'est pas le leur, les Indiens remplacent le
suffixe -tok par le surfixe -tâyo. Par exemple, les voisins des Irôka-tok les
appellent Iróka-táyo, les voisins de la tribu du río Tucucú : Túku-táyo,
etc.. En résumé, à un nom géographique quelconque, on peut ajouter le
suffixe -tâyo pour désigner les habitants de la région. Par conséquent, les
riverains du río Tarra pourraient être les Tarra-tdyo, mot qui, sous la
plume inexperte de Francisco de Catarroja ', serait devenu Ataracayo. Or
les Indiens, près de qui furent recueillis les vocabulaires de G. Reichel-
Dolmatoff et de Carlos Gutierrez, au Sud du Cerro Caballito, vivent
dans le bassin du río Tarra.
G. Reichel-Dolmatoff note encore que le río Tarra appartient bien à
l'ancien gouvernement de Santa Marta et que, si le vocabulaire de Francisco
de Catarroja avait été recueilli dans une autre région au Nord de ce río,
le titre du manuscrit aurait parlé de la « gobernación » de Venezuela.
Toutes ces raisons semblent suffisantes pour justifier l'origine que nous
proposons pour le document du moine capucin.
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i. Ou du copiste qui a recopié le ms., si l'on admet que celui-ci n'est pas de la main
même du collecteur.
26 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
« chinito », qai ne comprenait pas bien l'espagnol. Son âge est difficile à
fixer ; cependant, on ne peut accepter qu'un prêtre aurait demandé à un
très jeune enfant la signification des mots « forniquer » et « organe génital
féminin », qui figurent dans le vocabulaire. Même en tenant compte de Ja
précocité sexuelle des petits Indiens, il semble que de telles questions font
supposer un âge de 13 à 14 ans.
L'ignorance de la langue espagnole devait fatalement provoquer entre
l'enquêteur et l'informateur des malentendus et par conséquent des erreurs
qu'il nous est impossible d'éliminer, mais qui expliquent certaines
synonymies :
ista, cendre, corbeille,
autu, coquille, mollet, peau,
inkiti, bas, maigre,
oka, feuille de bananier, four, grotte, fenêtre, trou,
atamà, pagne, puer,
boy, poisson, rivière,
tika, roseau, sentier,
toko, larmes, sale,
dorokwa, front, tousser.
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Agouti, tangua.
čénge, Dasyprocta sp. (Ax), tegué, conejo muletero (G4-Gc).
Aiguille, atekwa, aiguille, diko, piquer.
tignd-ne, pointe, tugù, lugùa, épine, bigé, coudre (G4), tugua, épine (G5),
duguo, duggo,. dua, épine (G8), dika (T2-T6-T7), asúka, pointe, skd-l'a,
aiguille (A3), sika-ra, síka-ra, sáka-ra (M3), skinna (Ax), diko, dikâ,
aiguille, iïké-wet, piquer, ttiúngwa, percer (Tx).
Aisselle, anako-ri.
s-nunká (A3).
Aller, bere, allons ! vyén, allons-nous-en !
biri, se promener (Ax), fan-dro, marcher (M3).
Ami, boro-kuyabî.
boni, burù, bôlo, chef (Ti), bum, chef (T2-T6-T4), pum, dieu (M3), boru,
chef (T2), pur à, chef (T3-T5).
Animal, àulu.
du, bête (Ti), du, oiseau (Ti-T2-T6-T7), dû, oiseau (Ti-T6), du, dutsët,
dutsit, dutsút, oiseau (T4), dul, oiseau (Di).
Arc, kani.
káni, jeter avec force, lancer (A5), kán : -gra, flèche (G7), karu, flèche (Gu).
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