Plan
Très normalement, un État imposera ses résidents sur leur revenu mondial et
les non-résidents sur le revenu qui trouve sa source dans le pays. Cette
imposition, pratiquée par plusieurs États, peut engendrer une double
imposition juridique internationale : la même personne sera imposée sur le
même revenu dans l’État de sa résidence et dans l’État de la source du revenu
même personne sera, par exemple, considérée comme résidente par deux
États; — si deux États définissent différemment le critère d’assujettissement
réel à l’impôt, à savoir la source du revenu.
Selon la définition proposée par le conseil des impôts français, dans son
rapport consacré à l’imposition des bénéfices industriels et commerciaux :
« Une double imposition se produit lorsque les autorités fiscales de deux Etats
perçoivent un impôt comparable auprès d’un même contribuable sur une
même matière imposable et pour une même période de temps » Bien qu’elle
soit imparfaite, cette définition permet de mettre en évidence les trois
conditions qui doivent être simultanément réunies pour que la double
imposition soit caractérisée et qui tiennent à la répétition du prélèvement
fiscal, ses caractères et son bénéficiaire.
Ce n’est donc pas la même matière imposable qui est frappée dans l’un et
l’autre Etat, et le contribuable ne supporte, en conséquence, aucune surcharge
fiscale malgré son assujettissement dans les deux Etats.
A. Premier cas : « Une même personne est considérée par deux Etats comme
résidente de chacun d’eux »
B. Deuxième Cas : « Une personne est résidente d’un Etat et perçoit des
revenus provenant d’un autre Etat ou possède des biens situés dans un autre
Etat » Les Etats cherchent normalement à imposer les profits qui naissent sur
leur territoire même s’ils reviennent à des personnes qui sont fiscalement des
non résidentes. Ils se justifient par le fait que la réalisation du revenu sur leur
territoire à été rendu possible par l’utilisation d’infrastructures ou de services
publics locaux, et qu’il est donc normal que le bénéficiaire contribue aux
charges publiques dans cet Etat. Ils peuvent aussi avancer que, le plus souvent,
le profit naît parce qu’un processus économique s’est déroulé sur leur territoire
ou parce qu’un débiteur résident a payé un revenu qui a pu constituer une
charge déductible pour la détermination de son propre impôt et qu’il est
normal d’équilibrer cette déduction par l’imposition d’un profit correspondant.
Quoi qu’il en soit, le phénomène de l’imposition dans le pays de la source est
universellement répondu. En Tunisie, par exemple, l’article 3 du code de l’IRPP
et de l’IS dispose que les personnes physiques non-résidentes en Tunisie sont
assujetties à l’impôt sur leurs revenus de source tunisienne. Si une personne
perçoit des revenus dans un Etat alors qu’elle est domiciliée dans un autre, elle
risque donc de se trouver imposée : - Dans l’Etat de la source, parce que le
revenu naît sur le territoire de cet Etat. - Et dans l’Etat de la résidence, parce
que le bénéficiaire y est domicilié et qu’il doit donc contribuer aux charges
publiques en fonction de sa capacité contributive réelle; c’est à dire compte
tenu de son revenu mondial.
* Exemple : Un contribuable résident en Tunisie a acheté un appartement en
France afin de le louer durant la saison d’été.
La double imposition économique est définie par le comité des affaires fiscales
de l’OCDE comme la situation dans laquelle deux personnes différentes sont
imposables au titre d’un même revenu ou d’une même fortune. Cette situation
est beaucoup plus délicate à appréhender que la précédente, car elle met en
jeu deux contribuables différents. En Tunisie, les dividendes subissent jusqu’au
31 Décembre 1989, l’impôt sur les revenus de valeurs mobilières. Lorsqu’un
actionnaire perçoit un dividende, il s’agit d’un produit qui a déjà été soumis à
l’impôt entre les mains de la société. Mais l’actionnaire est lui même considéré
comme perçevant un revenu imposable. Le dividende sera donc une deuxième
fois soumis à l’impôt, entre les mains de l’actionnaire. Il s’agit bien ici d’une
situation de double imposition économique puisque l’impôt est payé par deux
contribuables différents : la société puis l’actionnaire. Ce phénomène de
double imposition économique se rencontre également dans la vie
internationale, toutes les fois qu’un actionnaire résident d’un Etat perçoit des
dividendes en provenance d’autre Etat.
L’exemption est dite avec progressivité ( ou avec taux effectif) dans le cas où
l’Etat de résidence, s’il n’impose pas les revenus relevant de la seule
compétence fiscale de l’Etat de la source, tient compte de leur existence dans
la détermination du taux d’imposition applicable aux revenus non exemptés.
Cette variante est appropriée à la mise en œuvre des impôts progressifs sur le
revenu, auxquels elle conserve une pleine signification. Telle disposition a pour
but d’éviter de donner au contribuable un avantage fiscal par rapport aux
contribuables dont tout le revenu ou la fortune se trouvent dans un seul Etat13
En pratique, l’impôt est d’abord calculé sur la base des revenus d’ensemble
(revenu mondial), incluant les revenus exemptés de source étrangère, suivant
le barème progressif de droit commun. Puis, le montant d’impôt effectivement
dû est calculé en appliquant à l’impôt théorique, dégagé du premier calcul, le
rapport existant entre les revenus non exemptés et l’ensemble des revenus.
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La méthode d’exemption intégrale est simple, mais cette simplicité peut être
génératrice d’effets pervers qui conduisent, bien souvent à lui préférer la
méthode d’exemption avec progressivité. D’une part, chaque fois que dans
l’Etat de la résidence, la matière imposable est assujettie selon un barème
progressif, comme cela est généralement le cas pour l’imposition des revenus
perçus par les personnes physiques et pour l’imposition de la fortune, la
progressivité est mise en échec par la méthode de l’exemption intégrale. En
effet, la progressivité a pour objet d’imposer le contribuable à un taux qui
augmente lorsque la base d’imposition augmente. Elle n’a donc de sens qu’à la
condition que le tarif de l’impôt soit appliqué à une base globale ; à défaut, le
taux d’imposition est d’autant moins élevé que la matière imposable exemptée
est importante.
L’exonération consentie n’a alors, aucun effet sur le taux effectif de l’impôt
puisque celui-ci demeure constant, quelque soit l’importance de la base
imposable.
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( elle est égale au montant de l’impôt acquitté dans l’Etat de la source) = 15 000
- Impôt dû dans l’Etat de la résidence : 37 500 – 15 000 =
22 500
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16. J.P. JARNEVIC . Op. Cit. P24 17 . B CASTAGNEDE ; S.TOLEDANO . Op. Cit. P 91
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* Les revenus provenant d’Etats non liés à la Tunisie par une convention ne
donnent pas lieu à une imputation. Ils sont soumis à l’impôt sur le revenu au
titre de la catégorie « autres revenus » ; et ceci, sauf le cas où ils ont subi un
impôt, de même nature, dans le pays de la source 19. L’imputation , lorsqu’elle
est admise, doit être faite sur un impôt tunisien dans la base du quel les
revenus étrangers sont compris. Il en résulte qu’aucun crédit ne peut être
utilisé au titre d’une année ou d’un exercice donné, si le revenu auquel il se
rattache n’est pas compris dans la base d’imposition établie au titre de la
même année ou du même exercice ; autrement dit, les crédits d’impôt non
utilisés sont perdus car ils ne sont ni reportables sur d’autres revenus, ni
restituables. La base à retenir pour calculer l’imputation est donnée par le
revenu brut étranger, c’est à dire le revenu net effectivement perçu augmenté
de la retenue à la source étrangère. * Enfin, le crédit d’impôt est plafonné au
montant de l’impôt tunisien sur le revenu auquel il est rattaché.
L’impôt dû selon cette méthode (25 000) est supérieur à celui du par la
méthode précédente (22 500).
Paragraphe 1 : Définition
Le comité des affaires fiscales de l’OCDE a décrit cette situation ainsi : « Dans
certains cas, un Etat, particulièrement un pays en voie de développement,
peut, pour des raisons particulières, accorder des avantages fiscaux à des
industriels. De même, un Etat peut exonérer de l’impôt certaines catégories de
revenus, comme les pensions d’invalides de guerre…. Lorsque l’autre Etat
applique la méthode de l’imputation, le bénéfice du dégrèvement peut se
trouver perdu pour le contribuable dans la mesure où cet autre Etat ne déduit
que le montant de l’impôt perçu par l’Etat de la source. Le trésor de l’autre Etat
obtient, du fait de ces dégrèvements, un avantage que l’on peut considérer
comme n’étant pas prévu par la convention. De son côté, l’investisseur ne
profitera nullement de l’avantage qu’avait voulu consentir l’Etat en voie de
développement.
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Tandis que le nouvel environnement mondial amène les pays à revoir leurs
structures fiscales et les politiques sur lesquelles sont fondés leurs accords
fiscaux, les pratiques en matière de crédit d’impôts fictifs font désormais l’objet
d’une attention particulière . Une nouvelle étude sur les crédits d’impôt fictif
montre que ces dispositions peuvent offrir des possibilités importantes de
planification et d’évasion fiscales aussi bien dans le pays de l’investisseur que
dans le pays où l’investissement a lieu. L’étude remet aussi en cause certaines
des hypothèses de base sur lesquelles reposent en général les crédits d’impôt
fictif. Elle soutient qu’en encourageant le rapatriement des bénéfices, ces
crédits d’impôt peuvent donner le résultat inverse de celui qui est recherché et
encourager l’investisseur étranger à n’entreprendre que des projets à court
terme. En admettant cependant que certains pays continueront à obtenir des
crédits d’impôt fictifs, l’étude recommande une série de « bonnes pratiques »
pour la conception des clauses relatives à ces crédits d’impôts. Les principes à
appliquer dans ce domaine, tels que l’insertion dans la convention d’une clause
« anti- abus » et la limitation dans le temps des crédits d’impôt fictif aideront
les pays à mieux cibler les dispositions dans ce domaine et à réduire les risques
d’abus. Cette étude recommande en conclusion que les pays de l’OCDE
envisagent de réserver le bénéfice des crédits d’impôt fictif aux pays dont le
niveau de développement économique est nettement moins élevé que le leur
et que les critères économiques utilisés pour déterminer si les pays remplissent
les conditions requises soient objectifs.
Les difficultés :
Ce n’est pas si difficile de définir ce qu’est un paradis fiscal. C’est plus une
question de volonté et de finalité. Les États, pour des raisons notamment
diplomatiques mais aussi à cause des pressions du lobby financier, ont tendance
à utiliser des définitions strictes qui aboutissent à une liste très restrictive de
territoires non coopératifs. Les ONG, qui observent de plus près les pratiques
locales, s’affranchissent des approches normatives pour proposer une liste
d’environ 60 paradis fiscaux dans le monde dont une douzaine se trouve en
Europe