Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Esta es una copia digital de un libro que, durante generaciones, se ha conservado en las estanterías de una biblioteca, hasta que Google ha decidido
escanearlo como parte de un proyecto que pretende que sea posible descubrir en línea libros de todo el mundo.
Ha sobrevivido tantos años como para que los derechos de autor hayan expirado y el libro pase a ser de dominio público. El que un libro sea de
dominio público significa que nunca ha estado protegido por derechos de autor, o bien que el período legal de estos derechos ya ha expirado. Es
posible que una misma obra sea de dominio público en unos países y, sin embargo, no lo sea en otros. Los libros de dominio público son nuestras
puertas hacia el pasado, suponen un patrimonio histórico, cultural y de conocimientos que, a menudo, resulta difícil de descubrir.
Todas las anotaciones, marcas y otras señales en los márgenes que estén presentes en el volumen original aparecerán también en este archivo como
testimonio del largo viaje que el libro ha recorrido desde el editor hasta la biblioteca y, finalmente, hasta usted.
Normas de uso
Google se enorgullece de poder colaborar con distintas bibliotecas para digitalizar los materiales de dominio público a fin de hacerlos accesibles
a todo el mundo. Los libros de dominio público son patrimonio de todos, nosotros somos sus humildes guardianes. No obstante, se trata de un
trabajo caro. Por este motivo, y para poder ofrecer este recurso, hemos tomado medidas para evitar que se produzca un abuso por parte de terceros
con fines comerciales, y hemos incluido restricciones técnicas sobre las solicitudes automatizadas.
Asimismo, le pedimos que:
+ Haga un uso exclusivamente no comercial de estos archivos Hemos diseñado la Búsqueda de libros de Google para el uso de particulares;
como tal, le pedimos que utilice estos archivos con fines personales, y no comerciales.
+ No envíe solicitudes automatizadas Por favor, no envíe solicitudes automatizadas de ningún tipo al sistema de Google. Si está llevando a
cabo una investigación sobre traducción automática, reconocimiento óptico de caracteres u otros campos para los que resulte útil disfrutar
de acceso a una gran cantidad de texto, por favor, envíenos un mensaje. Fomentamos el uso de materiales de dominio público con estos
propósitos y seguro que podremos ayudarle.
+ Conserve la atribución La filigrana de Google que verá en todos los archivos es fundamental para informar a los usuarios sobre este proyecto
y ayudarles a encontrar materiales adicionales en la Búsqueda de libros de Google. Por favor, no la elimine.
+ Manténgase siempre dentro de la legalidad Sea cual sea el uso que haga de estos materiales, recuerde que es responsable de asegurarse de
que todo lo que hace es legal. No dé por sentado que, por el hecho de que una obra se considere de dominio público para los usuarios de
los Estados Unidos, lo será también para los usuarios de otros países. La legislación sobre derechos de autor varía de un país a otro, y no
podemos facilitar información sobre si está permitido un uso específico de algún libro. Por favor, no suponga que la aparición de un libro en
nuestro programa significa que se puede utilizar de igual manera en todo el mundo. La responsabilidad ante la infracción de los derechos de
autor puede ser muy grave.
El objetivo de Google consiste en organizar información procedente de todo el mundo y hacerla accesible y útil de forma universal. El programa de
Búsqueda de libros de Google ayuda a los lectores a descubrir los libros de todo el mundo a la vez que ayuda a autores y editores a llegar a nuevas
audiencias. Podrá realizar búsquedas en el texto completo de este libro en la web, en la página http://books.google.com
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
\
1
ï
'§.* \ s ~'
.d
J
_…
…WŒÆQ
M…
…
WM
.fi ~
‘ñ—~—-——— pp. -~
n J."
I
ï
n
ï
o
a
I
._d
* d
- n
.-
a
n
.-- “
' I
.
‘
u"
,D
ï
ï
4 o*
~\
aÔ
. I
c
* -
' .
.
o
I
ïa
. l
l I
c
I .
_
d. I
n
ï
I
'ï
. d
ï
s .
ï
n
1
, l o
a ï
ï ‘ a
I ï,1
I
‘ 0|!
o 3
ï
I
l
ï ï
'a
, x . -d
a
| h
I' ' d
ï x
d ſi
, .
.
d
' ï
I
.
ï
ï
'
n
S I
u.
ï
I
.
a
ï
. o
I
u ï . ~
ï»
\
o- I'
V .
.‘ . . J '
I
I
ï
I
ï
I- l .
g
ï
N z
ï
| U
*n »q v ï _ï
o d
ï
_ n
co* ſi*
- Ÿ' 4
. r . ‘ ~
x \ '
. .
~
j ' . ï a
ï
- ï
. ï I
I
F
ï
. du .
ï" u o ñ”
d . . o x ' ..Id
..-. .4
I
ſi
. I
-c
ï d- . . ñ ï* Î "
ï* ï 4 d
\ 5 Ô o _ é
'ou 4go ['.“ſi.,\~*\~\*h\
'u
nd
, I
ï ï
.--
‘ \.
.
.
d
‘ ï
ï
' _u ï ‘
ï . '
Q ï
.
.
' F
O ' z ‘
ï' ..
. ï ï
I
o
1
.ï ‘ï ~ ' t'
!I "~ '
F
, ï-ñ.
-
' ‘
| ."- - ï
.x ., z .
,X 1-. ‘ .
IV ù, - "
, .
g ñ
l ï ..I
.
ïï — :d
J ' .~ .b
' ' OP N . '
ï ' ..Y
_ ~ d.
, l ï
a'. * L , _
.‘ ’ ï. ~ ï'
l I* \
I* c ï .
I. * A ~ .tut . '
‘ : j; ſt- ;
<0 5 d ï
O ' ' j, l
' n( fnac " ï' ï -
ïï ' , r
ï*‘ . ' '. *
f . -
a. ‘ - -. — "
_ -I
‘
_ ,
I.
u
A
_
. z'. 7 ï. I
' * ' l
N... 'd "‘ t
ËÏÛ-Êàzva' " I :-Îæñvo K " - ‘ ï
l_ A. .ID-ï **dal-dac ‘
o ~’
- --ç .- ....*::;:*..':— ' ....-
. .
ï
_.1 , . .' - _ '
A.. d.
ï-ï
"‘ c ‘ Jul' ï o .a
--Ov d» .. .
I
4-.
STH-b":wffiffiffiäâwflaäffiffiêäffirflrflêäfflffi'MUËXÉMÆMÆHËÆ=&UV-M
Catalogue de ce qui eſt cbntcnu en ce premier
Tome de l'Europe.
.VG Iſcoursgene-fa] delÎEuroPeſhppleë Lïsle de Caemoſ ibid-ſſ
par leſieùr Ranclyin. page 1 L'Iſle general.
de la grande
Diſcours ſiſi Bretagne; - :il ~
‘ ~~ - " Eſtats du Roy dſEſPagnc. 1
Diſcours general. v 2- 9 L'Angleterre. ~ 2-13
L’Eſhagne enpdrticulieïç I 6l ‘ Kent.
Middlcſceæe.ct 2.Z77 6
3
L4 Caſtille. - !zz
Caſtille I4 neufue. 12.3 Suffixÿ 279 .
Caſtille la vieille. i2.7 Sune). 3T9
HczntshzctreÏ ²~ 3 l
Rgydume de Leon., 13e
Lſilsle de Vwzghtſ 'Z55'
La Galice. 151
Les A/lurzſies. 'U4
Dorſttlaire. ² 35
La Biſe-gie. 13)' Denſhire. 7-34
.Alan-z, 139 Coma/Wal. ²~ 35
Sommeïſttslzlſire. ²3 7_
Guipuſcoa; l 14°
Royaume de NauarreÎ_ 1P Vvil-slíire. Z3 9
Rioia, 1 S0 Barkslzire. 2 9°
Royaume d’ArragOn.' 151 COmtíd'EſſexÎ 29°
Catalogne. 160 Sflffblk , 7.92.
Isles dEſhagne. I 66 Norfblk. 2.95
Cdmlvridge-shzſireſſ: 2 94
Maiorquc. '[68 Hcflfiírtd-slaire. l 295
Minorque. ibid.
Cabrera, Drdgoneraka* Tormentera. 1 69 Feëlfbrddhire.
Comte' de Buckingham) dibidſi
zy 6
Iëlzſſa. 1 6;? Comſillere. 17a
Oxfizrd- slzire. ct z 97
.Les Berlingues. ibid.
Le Royaume de Vale-ned ibid. G10cdefler-shireſi 298
Le Rgaume de Murcie. 174ſ Hfrcflrd-slyixeſi 2 99'
Le Rgydume de Grenade. 17f I/'Uorccj/?er-slzire. J00
.UÃnda/uzie. , 181 Comríde VWarm-vida? zot
L'Isle de Calzizſſi - 189 NOrtamptorpshzſire. Îbidl
.Eſtrcmdduz-e. — Iya Huntingalon-Shire. 302.
Le Royaume de PortugaL_ 1p: Rurland-sbire. ibid.
Le Rqyaume dË/Îllgaruee ' 207 Comte' de Leiceflrc-Î 30;
Les Isles Açores. 2.08 Comte de Linea/ne. _ 304'
L-'Isle de S. Michel. 209 Comte-ſide NottinglMmÎ zo5
L'Iſle de Sainffe Marie. 2.10 Comtë deDarlzj. _ 305
Comtío” Baronmſie de Stdfford. ſſz 0 7
.l-'Isle de Tercere. ibid.
L4 Gracieufi. :.13 Slyropzchire. ' ibid)
L'Isle de S. George. 2.14 Comteſide Cheſter; 508
Comtíde Laneaſtrc-.ſſ l ſi' 30 9ſi
L*ISle de Pico. 2l 4
L’lsle de Fx9241. 2.15 C'amtíd'1*ork. ct 510
Emſcſilví de Durham. 513
I-*Isle de Flores. ibid:
Vrucflmorland. 3h1 AIlzemie; ou Bmyddlbin: ibíd
Currxlzcrlarzd.
ſ Ndrtlzumberland. _ 33j
315 Loqubaber. Z7 ²
R0ſſt, ('9' Ardmanoch. *' ibíd
.Przctnczſipdutí de VQMÜFF- 5x7
Stmtbnduerne. Z73
Comteſſ de PcmÉroK. 32.1 Cathnes. Îbidñ
Comtí de Caerſnarden; 32.2. Sutherland. Îbid
Glamorgdn. __ 32.2. Murray, Zadzenoth. 37N4
JLIOrztmO-ætb. 323 Ainzie, Baem', Stratbolg): ibid.
Îrcknoxe. ' 32.4. Buffle/aan, @Petits pa): voiſins ou compris
Radnor. - 1 zzſ 375
CardzganÎ 32.5 Mdr. ' Z75
Mermſis. ibid.
Comtí de Montgomeÿy: zz 6
Merionct-Shire. 527 Anglais o” AngusÎ ' ibid
Denbzſigh-shirs. 32.7
I:les appartenant” à ÏEſtOſſÈ.
.FIint-s/airc. 3 28 Les Helzrides. 3 77
Cder-naruon-shireſ 5 2.8 Les Orcades. Z53
151c d’AngIeſI). u ;Ly Celles de Shetland. . 335
I;les appartenant” à [Dírzgleterreſiſi 330
Irlande. Diſcours general. 386
151E de Man. ibid. Prouince de Leinſter. 409
Isle de Holy. 332. Comtë de _Dulz/in. 401
Comteſi de Cdffflogh. 40a
IXIe de Fame. 35; COrme' de V'UErSfiDÎ-d. ſſíbid.
ISlt' dkAldc-rnzgyſ ibid.
151e de Idſſcſiçy. ibid.
Comtëde Ki/keny. \ 4.0;
IsIedc-Gdrnſty. 334. _ ComtÉ
Comté du
de Rey.
[a Rgme.ſ ibid.
ibid.
Autres I:les, ibid.
Isles Sorlinquesſi zz; Comté de Kildare. 404.
Eſcoſſe. Diſcours general. ibid. ComteffEaflmetkv. Îbid,
Laden ou Leur/vien. ;ſa COmrë de Vfflvcflmeth. Îbid.
Comteſide Longſbrd. 40j'
Merck ou Jlleóſt. 36:.
Terfidale, Tfflcwedale, ('5' Lauder: ibid. Promſince de Mounfler. ibid.
Lideſdale , Euſhlale, Eskddle, .Annaud-cle, Comte-ſide Kery. 406 '
Û' Nidzflale. 5(z Comtêdc Deſmond. ibid.
Gallo-twa). 364. Comrëde Corke. ibid.
CotrriKe. ibid: Comtê de Vwdterflrd. ibid.
Kyle. 355 COmrë de Limerick. 407
Cunníg/vamſi _ ibid. COmrcſis de Taupe-raz); @de Sdincte Croix.
Clîdeſtlale. 3 66
ſ 407
Lennox. 367 Pronince de COndchſye. 407
T-Îwomond ou Comté de CIareſi. 408
Stirling. r ’ ibid.
Menteth
Strdthern.U* Foreſt Caledoniennc-Îſ 368
368 Comtí de 641711149". ~ ibid.
‘ Comtëde Malo. ~ 409
.F(ſi. 369 Comté de Slego. ibid.
Perth, Strdtmund, Gout-re; AthoI. ibid. Comtí de Letrimſi ibid.
Comtcſi de Roſcomdn. lbffl.
Argile, U* Knapdale. 3 70
Caug/re. 370 Prouince d'VI er. ibid.
Lame. 37² Comté de Louiſa. 410
comté de Canon) . ibiçl. Pays de ValaiSJ
Fermandgb. _ 4H Pays des Suiſſes.
Monaghan, ou MOnaglaan: jbid. Diſcours general. ’ _ſ05
Armacl). ibid. Republique de Zurich. p.3 .
Dofflxn. -libicL Republique de Berne. ' 52 z
Atrim. íbid. Republique dc Lucerne. 52.8
RePnbIzſiqæecŸVri. '559
Colran. . 412.
Comté de Tiroen. ibíd. Republique de Snitz. 53?
Comté de Donegall ou Tir-connell.. ibid. Reptzblique dïſnderwffluald. ſ35
Pays-Bas. Diſcours
Eflats d” Rep' general.
dſſEſhagnc au Pays-bas.415
Republique de Zug. 534e
. Republique de Glaris". Îbid
47-3 Lingbenſi Republique -ÏAPFE-nzel. ſ35
Comtëde ſſ4z8
Republique de Bas/e. ' ,ſ36
Brabant, Marquifizt du ſizinctEmpire, U* Republiqne de Fribaurgſi ſ39
Seigneurie :le Malines. ibíd. Republique de Soleurre. ſ40
Comté de Flandres. 433 Republique de Scbzzffinfl'. ſ41
Duché de Limbomg. 4 58 B-ailliagcs ou Gouuernemens com
Ducbëde LuxembourgJ 43,0 muns. 54L
Comté de N4mm'. 441 Baden. , ſ42,
Cambrefls. 443 Brenzgdrten. ’ 34;
Comté de-Haynault. 44_ 4 @MeI/ingcn. ibid,
C0mn? d'Artois. 445 RdPEÏſÎJTriI. l ibid.
I-ſſravucnfila'. 544_
Eſiats des Prouinces vnies des Pays_
bas. Tiago-WU. ibid.
Diſcours general. 449 Les Prouinces libres; 545
Hollande. 459 Sdmgdns. ibid.
Rbinſiſital. ſ45
Comté de Zelande. 475
Isle de Vfflvalkeren. 475 Bailliage dïtalieſi 547
ISI: de Scboæwen. ‘ 476 Lugano. 5 47
I;le de Zujdbeuelandt”. '4 7 7 Locarno. . 5 47
NOrtbeueland. , ibíd. çñſctlſendris.
V41 de ibid_
Orcſizna'. ibid.
V-zzolfxzrſzluck. 478 Bellinzona ibicl,
Lct/íbbeſſde S. Gal. _ _ſſO
D-UÎ/eland. ibid.
Tolen, ibid. Vil/t' Z9” Republique de S. Gal. 550
Ducbídc GueIcIre-.ſſ ibid.
ROÏQFUÏI. — ſ5(
ſi
Duché de Pomeranie. 817
Eueſcbëde Pa MW 773 Islcs de Pomeren. 820
Eueſcbë de Frei/big. 7 74. I;les rfi/ſido”, Velin, ('7' Rude. 821
Arcbeuffilæé de Sdltzburg. ibíd. Franconie. ibid.
Duc de Neubourg. * 77j' Duché <9' Eueſcheî dc Vwirtzbourg. 825
Ldſindgraue de Liechtemlzerg. ibid. _ Euc-ſcbe'de Bamberg. 82.6
Comtez de Hanaw. ibid. GrundMai/Ïre de l'ordre Teutoniquç, 82.7
Comte' Je 501m5- 778 Villes Imperiales de Franconie.
Comtí d'1ſemburg. ibid. Francfort ſur Ie Mein. ibid.
Comteſſ de Vvaldeek. ibid. Schvvein u”. 829
Pa); de 1'11Lbí de FuIde ou Bulchcn. 779 - Rotemburg ſi” Ie Taulæer. 8 30
Ducs de Saxe.
Saxe, l 782. Nuremberg. ibid.
Eſtats des Archiducs dUÀ-uſtriche tant
Eflats de FEIEÉIMÏ Je 54x6 en Alemagne,qu'aux pays voiſins.8zz
Ducbc' de Saxe. 733 Hongrie. Diſcours general. 859
Mzſhe, ou Muffin. 757 Boheme. Diſcours general. 8fy
Thuringe. 753 Sileſie. Diſcours general. 8; 3
_ Voitgland. ‘ 730 Morauie. 880
Comtí de Henncberg. . 790 Luſitce. 882.
Eſta: des Ducs de VWeimar. ibid. z/Iuflricbe. 883
Ducs íAldëbüîg,lſêndCb,Oï Coburg. 792 Comtí de Tirol, 887
C0mn' de Gleichem. ibid. Seigneurie; de Froeru-venbeg ('9' de Ren'
Comtë de Stolberg. _ Z93 go-v-v. S 90
Comtíde Schfflzwartzenburg. ibid. . Montafun, ('9- CIoflertlzal. 89;
Comteſi Je zfflansfeld. ibid. Comteſi de Sonneberg e~n V1241301212. 8z z
x/írcheueſche' de Magde-bourg. 794 Comtë de Vcldkircló cn Nebe/goÿv: 891
Principautë :l'Aube/t, 795 Comte de Pre-gent( ou Bregnitz. 89,,
Duché' de Bruîſiiich. 796 Conſtance U' RMOÏfCÊÜ- 893
Ducheſide gm crt/nage”. 7” Landgruuiat de Nellemlzurg. ibid,
Villingen. ct ibid.
Duchí de Lunel-aug. ibid.
Ducs de Luneboug demeurans à Dane Comté de Hahenbeóg. 394_
bng. 801 Marquiflzt de Burgamæſi ibid,
Ducs deLunc-lzourg demeurlís àHarIóurgib, Briſgoqflu. ñ 89;
Eueſchc” de, Hilzſſíesheim. 802. Vfflualdslaut. ' ibid.
Archeueſchcſi dc Breme. ibid. SEgo-vw,(9- la CEte' de Pfirt ouFerrette.895
Comtí de Rhinfelden. ibl.
Duché de Ld-ñzfzienhurg. 803
Duché de Mecklembouvg. 804 Lanjgrauiat U' Terres lſÃlſ-;ëſt- 8y7
Luluck. 807 Stir-ie. ibíd.
Hamburg. 808 Carimhie. S99
Marquis de Brandcbourg. 809 Cdmiale. ' 901
Marquis Electeur de Brandebourg. Comtíde Goritz. 902.
Murquzſht de Brandt-bang. 810 Partie de 1']ſtrie. ibid. -
Marquis dſidnffimcb ('9' de Culemlvacſ). 815 V-víndiſmarck. yoz
Anciens Ducs de Pruſſe. ibid. Partie de Ia Çroace. ibid.
Marquis \Ïzjnſſſiaacſſh ibid.
Partie du V-vindffilæland ou de I4 Sclauo
MarquifitdeCuIeml-ach. 8x6 nie. - ,_ ,O04
IN. I/,çſ
'. l.
"*. .. d
Il'
r
.
\
z
v
a d
.:\
c IL
A
a
d
o
d l
ï
I .
o
0 d
u
A .
c . p
d: .
1-
l
a v
.
a
v. .
ï
ï.
n
o
q
o o
n
ï
c .
u
D . a
I
n
D
d
I
d
a d
d
d a a
s
D\
d
d
I \l'ail \v
I
J; :1.‘ til” III-Ill .I ?lolll-din !E
ZX 0lu§.‘|4‘- I vo . ..-Iii-OI nJ-\IQ-\l ... adult-FA la.. . ZX*
IlIII
ï
. \xi-II-,Ilïîï-ÏÎ( \\ a !bol-Tl -.-.d. à a .de f
ïIïI ‘.0|\Il a I
. - d
a
. ï
ïæ
I
d I
.n v
HI
ï d
d I
a .
d
. . a
d
no. 1
I a n
o .
. n
au
ï
ï
s
.
- t
c
DESCRIPTION 'GENERALE
~ D E _' ſzwœ
WX. ~
l ~Q_VATRÏESME PARTIE DV MONDE.
~Î"z,zVEC TO²~VS SES EMPIRÆS»
ë-ROYAVMESJÆSTATS., ET” _
REPVBLIQVES
I ’ * I ) -'_ 7 O
ûſonc dcdmts &tralctcz par ordre leurs noms ,affiettc, confins, mœursmcheſſes,
forccs,gouucrncmcnt &rcliÿion; Et la. Genealogie des Empereurs, Roys ,MSc
f -1 » Fai aparP15'341( E ‘ D14&zäëzäzzzzæï
z VIT? \Seigneur de cÿârſontmarti” , Gentil/nomme
I*
1
.
I
I ï c
a
- d -
_ ï
\ a
I
. I
ï
J
ï
I
l. .n o
s
d
' ï
ï
~ n
ï \
I ' (
Q P
ï Æ* ï .s
o. ‘
I
I.
I I
u I ſ
I
. I n I
I I
‘ ï
I
I
I 0 ï ï
I
a I ' ï I
ï . ï
. nL .ï '
o ' I
‘ ï
ï ï i
I
ï l
I
1
a l
i o -ï
g ï ï '
n-o . ï ñ ñ ñ * ï PI P lu
*I ñ
. * ‘ - ., 0 -ïl I
n I ſi‘ d
n ‘ 7
'd ou
_ a c. ï . .
' \
‘ ï]
ï
l |
(I1
d
-o p . A
d ï
V'. '
a
\
ï
k
ï
I
I
n
l I
~ ï
:
|
l I
ï l
l , |
I
I
î à I
l
d ï ï \
_ h
d ï
ï . . l
1 ï
' a ï Iï
ï ft
I * '
' I ï
ï l ï ï
q' 9 .
Iï 'z î \
OI d
ct 0
ſſ n
"_ o I
_ q r- '
E __ ._ z ïï' ' _ l I
0'X ſi _ . ' I
n Ü
, .
I . ñ ï l
I *". '
ï . d. ' ï . l
p ' ’ d d
n ._ , l_ ' , '
f ~ l 1 n I
l * ſi ‘.’.
ï
I -_ i
1 _. . .
. 1 '
' d , z
ſ O v . x
. h v ï* _ .
Un* ' ,
a . ï I 4 ï
I ñ '
' ï
|
1* n g ’~ n
, l .ï ï ï ‘ ï
I -l
' *I* ï :- l Il ‘
ï
I
I
’
. A ,'10
n- k I *
ï
ſi
ï
~ aï
-s ,,1 g* ., A
ï 5 L Iïïï”
l» ‘ . d
\ï
; n** p.4 l' I'
..d
-c c* , ‘.' Û .,. ‘ 1
u. . _ ~ , V
n U* o' '
1 * *' d' :- "
‘ z
ſi .
_J
l ‘ x ' ſſ ,.
. , . I
' n
—._,, ~. A: ſ ï .
_ . a
LWS-ſi*
v" _l'î-
- - -ü
ïI'P1'uñ-”'
.:‘ a9**
ï' ...M
— . "I
ëï
ï
ï d g ‘ ï
ï ï'
n —' - ‘*‘~
-v- ï- d- -_>—.—--—.—— .d -..-- - g '~
ï a
ï- l . ‘ _ ‘I
, l
n. I , -L ‘—d
.‘ ï d. : ‘. ï'\A.
ï _a \ ï '
I l -
, .
v** — -- . ñ d” — I '
ï , l
ſ ï
ſ .
z c
l I
u '~ I h‘__
I
.
.
I
v ï l
o
’ |
»Ya-VeMMV-dffirflzffiffiäâffiffiæffiffiffiffiffiffi-“Ææffiâhſvzsäïaffiââaäh=&NAM
Catalogue de ce qui eſt cbntenu en ce PTC mlC ſ
_ Tome dc I’EurOpc.
. DE Iſcours_general defEurope ſidppleë Lïsle de CaemoJ ibid-iſi
’ , PM [eſieùr Kane/Yin. Page 1 . L'Ifle general.
de la grandeſiſi Bretagne..
~ ~ ~ î' Eſtats du Roy dſEſpagnc. 1 Diſcours . ſ - ſ16'
Diſcours general. 2- 9 L'Angleterre. ' 2-13
Lfſhdgne enParticulierz ’ 61 ' Middlcſrex.
Kent. ſ a.7-73
76
L4 Caſtille. - _ 12-2
Caſtille I4 neufue. 12-3 Std/fix; 27 9 .
Caſtille [a -vicille, i2.7 Surrey. 23?
Rgyaume de Leon.. 139 HantshireÎ 23!
La Galice. 131 L Isle de Vfvéglzt 23L
Les Aſturias. &Z4 Dorſttlzire. ²8Î
.La Biſcdje. 135 Denſlyire. 13+
zſílaud. 139 Corn-zwal. ~ 7- 3S
Guipuffiodſ y_ 14° Sommerſêrshzſire. 23 7_
Royaume de Nauarreſſz ' 14²
VTiI-slzire. 2-3 9
Rioia, l 5° Barksbire. 2 9°
Royaume d’Arragon.l~ 151 COmtÉdÈffi-xſiſſ 2 90
Catalogne. ‘ 160 .ſuffi-Ik, 2.9L
Isles d'Eſpagne. . 166 NOzfilk. 2.93
Mdiorque. ſiIGS
CdmÉridge-:IJIÏÃi
HCrtfirtd-slaire. 2-29$
94
Minorque. _ ibid.
Cabrera, Drdgonerógdy' Tormemerzz. 1 69 Îeÿlfôræïskire. _ibidſi
Iclzſſïz. 1 6p Ccnil/ere. 170 Comte' de Buckingham) 2-575
x Oxfbrd-slzire. i 2. 97
Les BET-lingua'. ibid.
Le Rey-mme de ValenceJ ibid. Gloccfler-shircſi 298
Le Rgyaume de Murcie. 174 Hercflzrsælshzſixe. 299'
Le Rey-dame de Grenade. 17ſ Vworce/iëer-slzire. 300
Lïdnddluzie. , 181 Comtí de V'var-U-Uiclæ: zo l:
L’lsle de Calóizſi
.Eſtóſi-emadure.
189
~ U0 NOrMmPtOn-shire. Îbidſ
Huntingdon-Shirt'. 302.*
Le Royaume de Portugall 191 Rutlëmd-slyíre. ibid.
Le Rtyaume dÛ/ílcgaruel ' 207 COmtc' cle Leiceflrc-Î 3'05
Les Isles Azores. 2.08 Comte de Lincolne. ſi 304,'
L’I.<Ie de S. Mic/acl. 209 ‘ Comteſſde Nottinghamï zo5
Comtë de Darby. i _ 306
L'Iſle de Sdincte Marie. 210
L’Isle de Terccre. ibid. ' Comtíou Barormie de Stdffbrd. ſſzo 7
La Graczſieufi. 2.1; Slyropnclzire. i i ibid)
L’]5le de S. George. 2.14. Comtëde Che/Ier; 308'
I-*Isle de Pico. 2.1 4 Comtíde Ldncaſtrc-J 30 9ſi
L’l&le de F43ml. 2.x; C'omteſia"York. ſ 510
Emſcſihíde Durham.
L'Iſle de Flaren_ ibid:
&L
Vwcflmorland. '314ſſ Albanie, ou Braydalhinſ ibid.
Cunxlóerland. 3;; Loquhaher. Z77
ct Northumberland. _ 3rd Ruſſe, (y- Ardmanoch, * ibid.
Principautí de Vſſzallff- 317 Strathnauerne. Z73
Comte de Pemhrox. 32.1 Cathnes. ibid
Comtí de Caermarden; zu. Sutherland. ibid
Glamorgan. _ 32.2 Marray, Badzenath. ZM
Montmoath. 325 Azſinzie, Baene, Stratholgjſ ibid.
Brcknoxe: ct 32.4 ,Bnquh-:n, @Petits pays voiſins ou compris.
Radnor. zz; 37 5
CardzganÎ 32.5 Mar; 375
COmteſi de Montgomey-Ï_ 3 z. 6 Mernis. ibid.
MeriOnet-Shire. 327 Anguis o” zíngusÎ ‘ ibid.
Denhgh-slæire. 32.7 I:les appartenant” a ÏEſEOſſÈ.
Flint-shire. 3 2.8 Les Helírzſides. 3 77
PRIVILEGE DV ROÏ…
OVIS ſſPAR LA GRACE DE‘D-iEv ROY Di-:î-.z,
FRANCE ET DE NAVARRE,ànosl'amez&lſeauitçñ oo ;.
T; Conſeillers les gens tenans nos Cours de ParlemengMaiflresdeËS l_
queſtesordinairesdenoſtreHoſlzehBailliſsSeneſchauxÿreuoſtsſleiars -
. \A '- …Ësÿ-ffl* _ Lieutenans &autres nosiuſticiers &Officiersqufilappartiëdrafialtit.
‘ En -ffl-v-z-*ÃJK
bonne Noſtrc
ville de Paris, bien
nousa faitamé CL A V D E SO aN recouuré
remonſtrerſſquil N IV S Marchand
vn liure Librairccle ríoſtre .
intitulé Leviers-Je
entier .mec toutes ſi-spdrties, Eſſais , Empires ó- Ga/iuerrzemeus. Compoſé par le S l E_V in _
__D'Av I TY, lequel Liure il deſireroit faire imprimer, ce qu'il ne peutſaire ſansauoít*
ſur ce noslettreshumblementrequeranticelles. A ces cauſes deſirant ſauorableiuent
rraicter ledit expoſant , nous luy auons peprmis Sc permetrqns par ces preſentes de faire
Imprimer, vendreô:
en celles marges debiterledit
ô: caracteres Liuredeenſois
6c autant tous les voudra
qu'il lieux 6cdurant
terres ledetemps
noſtredevin
obeyſſance
gtüans ct 5
entiersàcommencer duiourquïlſera acheué d'imprimer, faiſansdeffenſes @tous lm- '
primeurglibrairescflc autres tant eſtrangers que de noſtreRoyaume dimprimcr-,venîdre
ny diſtribuerledit Liure ſans le conſentement de Pexpoſant ou cle ceux qui auront droit ._-"
de luy , ny melme de le contrefaire , ſur peine de trois mil liures d'amende applicable vn
-tiersänousſtm tietsâPl-Ioſtel Dieu de Paris, 8c l’autre tiers à ?expoſant , de confiſca- '
tion des exemplaires, 6c de tous cleſpens , dommages 8c intereſts , àla charge qu'il ſera' 'ſi'
mis deux exemplaires dudit Liure dans noſlzre Bibliotheque publiqueÆzvn autre en cel_
le cle noſtre cherôc ſeal le ſieur Seguier Chevalier Chancellier de FranceÀpeine de
nullité de ces pteſentes,du contenu deſquelles nous voulons 6c vous mandons que vous_ ’
faciez iouyr 8c vſer plainement ô( aiſiblement ledit expoſant ou ceux qui auront char
ge de luyfaiſans ceſſer tous troub es 8c empeſchemens. Voulons auffi qu'en mettantau ,
com mencemencou à la fin dudit Liure vn extraitdes preſentes elles ſoient tenuës pour
deuëment fignifiees , 8c que ſoyy ſoit adjouſtée comme à l'original. Mandons au pre
mier noflrre Huiffier ou Sergent ſur ce requis de ſaire pour l'execution des preſentes
tous exploits neceſſaires ſans demander autre permiffion. Car tel ell noſtre plaiſignondj
obſtant clameur de Haro, cham!! Normande, priſe äpartſiie &lettres ä ce contrài
íe. Donné à Paris le zo. iour de Decembre l'an de grace r636, 6c de noſtre regne leſvinge; '
ſcptieſme. ñ _ ~ 3-. '_ L -
l - ~~ ~
. *J ' . '_ I' ’j.\'ï_ſ_
'°““‘* Strabon s'eſt pleu,8c comme eſgayé à deſcrire l'Europe , dequoy il a rempli 8c
0 _ enrichi le premier 8c ſecond liures,il luv a donné la figure d’vn Dragon , dont la
téſte 8C ce qui en paroiſt premier eſt l'Eſpagne , le col,la France, le corps, ce orand
8c vaſte pays de l’Allemagne,les aifles eſtenduës à droite 8e âgauche du Mid) , 8c
.du Septentrion ſont l'It;1li(’,8C la peninſule CimbriqueÇe qu'il Faut entendre au
jourd’huy,en ſorte que Paille droicte ſoit beaucoup plus ample que la Ëauche, en.
tant que pluſieurs lieux ont eſte deſcouuerts vers le Septentnon au de us de cete
Peninſule qui n’eſtoient pas connus des AnciensAucuns de noſtre temps , aſſez
ingenieuſement ſelon la verité ſon affietqôcde la deſcription de ſes arties,l’oi^ c
. comparée quant à ſa Forme à vne Femme affiſe , &luy ont donné l'E pagne pour
’ - teſte,cete extremité des Gaules,qui eſt ſous les monts Pyrenees pour col , 8c e re_
ſtant de la France,pour ſa poictrine 8c ſeininterieur. L'Italie 8c l'Angleterre pour
ſes bras,l’Allemagne pour ventreJa Bohème pour nombril , le reſtant du corps de
l ‘ ceteſon
,de Royne
ſiege du mondqſous
eminent,de les plis de' ſa robe,ſe trouuant
la NorvvegQDannemarch, rëpli
Suede, 8c fourni
Finland, à l’entour
Liuonie, Li
ſi tuanie,Pruſſe,Pologne, Hongrie, S clauonie, Croatie, Dalmatie, Grece,- Thrace,
- Seruie,Bulgarie,Tranſſyluanie,Vvalachie,Moldauieſſartarie Precopenſepu Mi
neure, ôc Moſcouie. ~ ~- _ y '
Les Diuiſions de l’Europe,ſoitIa naturelle ſelon les mers,les môtsôc les fleuues,
Difflſi” qui ſont bornes,conſronts,ôc ſeparations qui ne changent point , ſoit la Morale,
ſuiuant les moeurs,couſtumes
riante tant &langagesſioit
pour le paſſe',que pour le preſent, ſefinalement la Politique_
recognoiſtront cy apres&plus
';ſi~'tant vd..
aà
tour 8c deſcription en gros de toutes ſes ;parties , qu'au diſcours qui ſiuſſura des
mœurs &langages des Euro eans,8c finalement en la deſcriptionſſparticuliere de
chaque Royaume 8c Eſtats, ans qu'il ſoit beſoin d'y inſiſter maintenant parles di;
uiſions generales de l’Europe,en Occidentale 8C Orientale , 6c en cete artie qui' '
~ conſiſte éslflegſoit de la mer Oceane,ſoit de la Mediterranée , ou en la Ferre Fer.
me,8C par la deſcription &L diuiſiori enerale de tous les Eſtats 8c Royaumes, deſ
quels iuſques au moindre il ſeraſpar é dans noſtre tour , 8c en la deſcription parti
culiere de chacun d'eux par chapitrespu ſections diſtinctes 8c ſeparées , qui porte
rontleur titre. ‘ r
Dans la terre Ferme de l'Europe,l’Eſpagne~eſt la plus roehaine des Iſles Fortu
nées,ôc
ſens des delà ſe prendPtolemée
Anciens.Si le commencement de la longitu
a \ctroulu commencer e , Iſles
par-les ſelonBritanniques
l'intention 8c, 8E
le
Europe. — A ij
Z4. Europe.
quïlſoit ſuiui du commun des Coſinograpbes , leſquels neantmoins gardent en
apres peu,ou point d'ordre en la ſuite 8c diſtribution de leurs chartes particulie..
res , nous ne ferons pas mal aufli de commencer par l'Eſpagne , ui auoiſine de
fort prés 8c la mer , 8c l'Afrique , dont elle n’eſt ſeparée que par e deſtroit de
Gibraltar, comme nous auons dit -, 8c ce ſera touſiours commencer par vn bout.
L’Eſpagne ſeroit entierement Iſle , ſi les monts Pyrenées ne Pempeſchoient du
coſté dela Francqen rompant la cloſture des mers Oceane 8c Mediterraneo , qui
Penuironnent du Leuangdu Midy 8c du CouchannGibraltareſt vne ville qui ap
partient au Roy &Eſpagne dans le Royaume de Grenade , qui ſe preſente le 'pre—
mienoù ſont Grenade Arch.Malaga Eueſché. Almerie E.Guadix E.Ce Royan mc
a eſté la demeure principale des reſtes des Maures 8c Sarraſins , qui ont eſté finale
ment chaſſez par le Roy d’Eſpagne.Suit‘celuy d’Andaluſie,qui a ſon nom des An
ciens Vandales, ù ſont Seuille,Hiffi4Iz~.r.Arch. le long de la mer Oceane,ſur le fleu
ue BaetiS,O\uî/1da
_comprenant quiuir,CadiS,COrdoüa,8c
e Royaume de Toledqauſſec \à Iaen Eueſchés:
ville(ſur le Taio)Caſtille la nombril
centre 8c Nouuelle,
de '
' PEſpagn @Cuenca 8c Alcala de HenarespamplutamJZueſchés,Madrilôc PEſcurial,
- auec le ſuperbe Cloiſtre de ſainct LaurenS.Carpetane,partie du fRoyaume de To
Iede,Caſtille la vieille,où ſont Burgos Arch.Valladolid, Salamanca, Segouia, Siñ*
guença,Oſma,Auila,Plazencia,Coria,Ciudad de Rodrigo,Eueſch.l’Ancié'ne Nu
mance ou Almazan. Suiuent ſur la coſte de l’Ocean le Royaume de PortugaLLu-ñ
ſitanid où eſt Liſbone , Vlzſfcpone , ſur le Tajo Arch. Conim re Arch. Braga Arch.
Euora Arch. Eluas, Leiriaœorralegre , Porto, Garda, Viſco, Lacueco,8c Mirande
Eu.Au Portugal appartient le Royaume d’Algarbe,de petite eſtenduë, où eſt Syl
ues E. Ioint l’Eſtremadura,où eſt Badajos, Pax Auguſiî-DEÆL Meridägſixgtdſta Emeri.
td. Et plus haut le 16g de la meſme coſte eſtle Royaume de Galice prés du Cap de
fimà term , où eſt Com oſtella,auecle corps de ſainct Ia-cques l’Apoſtre, Lugo, O.
rence,Tuy,Mondoñe 0 Eu.Le Royaume de Leon,Lezio GED-manie.: , où ſont Leô',
Palencia,Aſtorga,Zamora Eu. ſuiuent ſur la mer Mediterranée les Royaumes de
Valenciapù eſtValence Arch.Orihuela,Segorbe ELLÔC Moruidrqsdgsrztasgscpe.
nia. Murcia,cù eſt Murcia,8c Carthagena E. Arragon, Où eſt Caragoça , Cæſhr A”
gſircſidgArclxl-Iueſca,Tarazona,Barbaſtro,Lerida(Ilerda)Albaracin EÆCCaIatajud,
en la place
bola.A de Pancienne
?Arragon ioint laBilbilis,dont les monuments
haute Nauarre,tenuë ſontd’Elſipagne,où
par le Ro ſur la montagne Bam.
eſt Pipe..
lune 8c Calahorra Eu. Guipuſcoapù eſt Fontarabie, 8c e pays d’Alaua Biſcaye, ‘
des anciens Cantabregprés de Ia mer Oceane , qui ſe denomme d’eux,où eſt Bil
baoſielon aucuns Flauia Briga. Ce pays eſt en partie au Roy de France, Aſturiay
touche du Leu-ant,où eſt O uiedo E. 8c l'ancienne Aſtorga. Reuenant à la mer Me
diterranéepn trouue la Cataloînepù eſt Barcelone Eu, 8c Comte' ſur la mer. Tar.
ragona Arch. Girona Elna,Vic ,Solſona,Vrgel,Tortoſe,Empurias Eu. 8c Mont
ſerrat, ldrberigColicurxaA la Catalogne ioint 8c a partient le Comte" de Roufſil_
lon,où eſt Perpignanzles Ifles appartenantes à l'E pagne ſont d’vn coſté, lestAço
res nouuellement deſcouuertes par les Flamans ou Portugais , en POcean Occi
dental,0u_ Atlantiquqioignant le Royaume de Portugal. Les Nauires reuenanfs
des Indes ont accouſtumé d’y aborder auant qu’arriuer à Liſbone où a Cadis, elles
ſont au nombre de neufiſçauoir de S. Michel,S.George,la Tercera,-ou del buen Ie
ſu,oû eſt Agraœicozoù eſt vnc fort haute montagnegFayal,GracioſàJasFlores del
_Cuemo,ôc \ſanta
entre elles du Maria.
Leuant au Celles del Cuerno
Couchannlfin 8c de
laſſmer S.Michel ſontles
Mediterranée lus efloiguées
ſont' lîlſle .de Cadis,
Gades tant celebrée parles Anciengqui a donné nom à ce deſtroigainſi que les co.
lornnes d’H—erculeS,prenants cet endroit pour le bout du monde,8c pour le lict du
Soleilgppellée auſſi Gadir mot TyriE. La pointe de S. Sebaſtiemque les Pilotes ap~
pellent auſſi le bout du monde, preſente quelques ruines du baſtiment ancien de
cete Ille que les Flamäs appeller groſſierement Calis Malis. Nous deſcouurons de
là dans la meſme mer les IſlesBaleareS,Maiorque ,Minorque, qui ont eu autreSFois
leurs Roys,qui Peſtoient auſli dela ville de Montpellier au bas Lan uedoc. L’vne "
d'icelles eſt gra11de,8cl’autre petite,d’oû elles ont eſte' denommées. [les ſont de la
couronne d’Arragon,8c ne ſont diſtances entre elles que pour quatre à cinq heures
de chemirnôc de là iuñſques à Alger pour quatre â cinq iours. Les Ifles Pitiuſes ſont
en cores dans cete mer,dont l’vne eſt appellée Yuica Ebuſus , 8C Pautre Ophiuſa,
ou Formentera, non gueres efloígnées des Baleares.
Europe. - g,
D u Midy,où eſt aſiiſe PElHagnQau Nord,auec vn traject qui n'eſt pas long , on
trouue l' A ngleterreà laque eôc aux Iſles ioignantegnous venons,afin d’eſtre plus
libres à parcourir la terre ſermgeſtants ſortis entierement de la mer Oceane , c'eſt
l'ancien Albionpu Britannia , comprenant deuxRoYaurnes en vne meſme Iſle, An.
gleterre 8C Eſcoſſefflaùtre Iſle Hibernie ou Irlandepſtlolgnante , &c eſt de la Cou
ronge d' Angleterreſiottbs le nom de la grande Bretagne. Ces Eſtats rapportent à
la ſorme triangulaireſm coin regardant le Nord dans l’Ocean Germanique , l'an..
tre la mer Britanniquepù ſont les Belges, 8c Pemboucheure du Rhin, 8c le troiſieſl
me l'Eſpagne oulamer Hibemiquazqui les bat du Couchannôc du Nord l’Eſcoſ
ſoiſe,on D euealedoniennqdu Leuant Ia Germanique, où eſt la haute Alemagne,
dont la Nordvvege eſt partie,8c du Midy la Britanniquepù eſt la France , auec vn
traject de fix lieuës entre Douure 8c Calais.L’Angleten:e a deux parties Loegrie 8c
CambriepuVvalliqprincipauté de GalleSLa Loegrie a ſept Royaumes 'fondés
parles SaXOnS Kent, ou eſt Cantorbery ArclLDouure 8c autres places. Suſſex où
eſt le Comté de Suſſex 8c la Chicheſter E. 8C Arondel 8c le Comté de Sutry où eſt
#kg-ï
Farneham. VveſtFex où ſont les Comtez de Cornvval, de Deuonshire où eſt Ex
ceſter E. de Sommerſet où ſont Briſtou,Vvelles,8c_Bathe EuDeDorſeſthii-e où eſt
DorcbeſtendeVvilshire où eſt Saliſhery E. de Hantshirepù eſt Vvincheſter E. &c
deBarkShireLe q uatrieſme Royaume eſt Vveſtanglic-,où ſont Suffolc,Norſolc,8c
'Cantabrigepù
'ſexpù eſt Ely
“ſt Londres EſurE.Le cinquieſineloing
laTamiſqnô Eaſtſexie , où ſont les ſſoù
de la mer,d’Eſſex Comtez de Midle
ſont Colcheſter,
8c Vvaruiclnô: de Herſord E.Le ſixieſme Royaume eſt Mercie ., où ſont iuſques à
dix-ſept Comtégôc villes principales,entre autres,Betford, Buq uingîſur la Tami
ſe, Oxford E.Gloceſter E. Hereſordſt/"vorceſter E.Lincolne E.Cheſter,Vvarui ch,
où eſt Conuentre E- 8: Vvaruiclnôcc. Le dern?er Royaume eſt Nortumbric-,où sôt
Lanclaſtrtgôc Yorch,Comtés 8C Durham E. Cumberland Comtépù eſt Cartyſſe
E.
tie_N
auortumbelland
Midy,où ſontComte'. La Cambrie
ſix Comtés ou Vvallie a trois Royaumes,Dehenbar
8c deux Eueſchezſhandafſſôc S. Dauids.Pouiſie,où
ſont Radnor &c MontgommerynEc laVenedotiepù ſont quatre Comtés 8c Ban
gor E. Yorch
Havresſſôc L'écran-nm
quelques , ſeconde
maiſons Londres en ioint
RoyaleæVvallie grandeur. L'Angleterre
à l'Angleterre a luſieurs
, du Micſg au Le.
x uant,à la riuiere de Savver Sabrina , prés de Briſtou 8c GloceſterzAu Couc ant elle
a PHirlande 8: ſa menauec l’lfle ancienne de Mona,Man.Les autres Ifles adjacen
tes âPAngleterre du_ Couchant ſont Angleſei MonapiaMonVectis Vviglit 8c Sor* ~
.lin guegol-Caffitendes ou Silumm inf du M1dy.Su1t Plîſcoſſe autre Royaume de
PAlbion ou Britannia , moindre que l’Angleterre,ancienne Caledonia,peu côneuë
des Anciens que par ſa ſoreſt Caledonia &clement Grampius. Elle eſt ſeparée de
l'Angleterre 8c de la Cambriepù ſont Northumbelland &Cumberlangfflarles ri
uieres de Tueda 8c de Solevvey 8c du mont Cheniota. Les Meridionaux y ſont ci
uils 'c viuent 211* Angloiſe,LeS Septentrionaux ſauuagegêc viuént à PI-Iirlandoiſe.
Edinburg eſt-la ca itale dansla baſſe Eſcoſſe , 8C bien pres de la ville , lehavre de
LeydLGl-aſco 8c ainct Andre' Arclmôc_ ſous eux vnze Eueſchégdont les deux ſont
des Iſles Hebrides 8c OrcadeS.En Pextremité du pays vers Ie Nord ſont les Cate
~ nes,däs la môtaçzne
Iflesſicauoir auoiſinée
duſiCouchant les de la-mer d’Eſcoſſ-e,
Hebrides,qui 8c lâſe voyEt
ſont iuſques à zo. 8cquantité
au Nordde
lespetites
Orca..
des,qui excedent le nombre de quarantqôc plus :tuant encor au meſme endroit du
Nord les Acmodes ou Farre,qu1 ſont ſepnE les ſont toutes de laCourône d’Eſco{l
ſe,8c non du DannemarclLUl-Iiberniepu Irlande eſt vne Iſle ioignant PEſcOſſE, .
mais non ſi grâïde, n’ayà't que 6o.lieuës d'Allemagne en lôgueunâ ce que l’Eſcoſſe
_en a bien 8o.Elle ſe trouue la plus grande de toutes les Iſles Septentrionaleszles liañ
bitans l'a epellent
couuert Eryn,qui
bois,qui a iuſquesbat au nôrz.riuieres,les
à \L011 ancien,pays pays
montueuzndeſernmareſcageux
nô gueres éloignez lects vns
des autresElle a 4.. Archeu. Armach premiere ville , Dublin ſeconde 8c Forte,de—
meure duViceroy,Caſſelh 8c Toam,8c 12..Eu. en tout le ays 33. C6téS,A rglas port
celebre.Cinq Prouinces conſtituent le ays &l'Iſle par es 4..ventsl’Agenie auLe.
uangMomonie au Midy,Conachie au lEonannVltonie au Nord , 8c la Medie au _
ñ milieu de l*Iſle,le fleuueScheuiin ſepare laConachie de la Momonie , ce fleuue tra—
uerſe le milieu du pays# va,d’vne mer en l'autre.
Dans la meſme mer Septententrionale ſont encore; certaines Ifles ſcauoir PIP
lande,ancienne 'T/Mlabout du monde aux Anciens,qui ſe preſente à ceux qui navi
Europe. A üj
5$ï
ſſO ' LUYUPCO
'gent dela Norvuege vers le P0nët,c’eſt en cete Iſle reputée la derniere des Britan;
niques , que ſe trouuele mont Hecla. Plus auant ſe void Groenland, autre Ifle , ſi
elle n'eſt point terre fermedointe à celle de l’Amerique, dont elle eſt Prochaine,
l'Iſlande a du Ponentl’lfle de Groenland 8c du Midy,celle de Friſland, qui appar
tient auons
nous au Roytoutesſiles
d’Angleterre,8c
Ifles de les deux autres
l’Ocean à celuy depar
à commencer Dannemarch , 8cqui
l'Angleterre, auec
eſt ce
la
maiſtreſſe de toutes.
Reuenaut à la mer Britannique,pour ſuiure plus cômodement toutes les parties
de la baſſe &haute Allemagnqnous prendrons les pays bas, Belgium, des Anciens,
côpoſés de 17.Prouinces,queles habitans du pays côprennent ſous ,le nom de Nie..
derlandnElles ont la Fräce du Midy 8L du Couchan t,du Nord POcean Germani
que,du Leuant la Friſe Orientale,la Vveſtphaliefiologne , Iuliers 8c Treues. Ces
17.Pr0uinces qui ſontiointes 8c s'entreſuinent,ſous diuers titres deDuchés,C6tés
‘ouSei<_T,-neuries,auec leMarq uiſat du S.E1npire,Sôt BrabänLimbourg,Luxëbourg,
Gueldresjlandres, Artois,HaynautJ-lollandelelande, Namur, Zutphen, Mar
uiſàt du S-.Empirepù eſt Anuers,Friſe OccidëtalqMechlin ou Malines,Vtrecht,
gvveryſſel ou Tranfiſalania Groningue.l,l_n’y en a que ſept diſtraites de la domi
nation d'Eſpagne ſc. Hollande , Zelande , Zutphen , Friſe OccidentaleNtrecht, 1
Ovveryſſel 8C GroningueLa premiere qui ſe preſente du Couchant au Nord , eſt
Flandres ancien- Côté,8~c le premier de la Chreſtiëtépù ſont Gand,Bruges, Tour
nay,Courtray,Douay,l’Ifle,Ypre,GraueIine côtre la France, 8c ſur la mer,comme
Dunquerque,Nieuport,Oſtende,l’Eſcluſt , &c pour Ifles adiaccntes qui ſont aux
EſtarS,Cadſant,Ooſtburg,Bierfliegauec les villes demeſme nô.ArtoiS anciê' Côté
eſt ioignant 8c plus voiſin de la France,où ſontArras,S.Omer,le Comté de S.Paul.
Boulogne, Calais,Guynes &cArdreS appartiennët à l’ArtoiS 8c sôt tenus par leRoy
de FranceÆ-Iaynaut Comté noble eſtioígnant 8c touche à la France du Midy , où
ſont Mons,Valenciennes,Cäbray 8c ſon terrOir,il a leBrabant au Nord,ôc le Liege
au Leuant. Suit Namur-Comtépù ſont les reſtes de Bouines,8c Charlemôt, baſty
par Charles le 5. Luxëbourgpù eſt Thionuille ſur la Meuſe ê( Luxëbourg ,il tou
che àla France au Barrois 8c au Liegegôc a 70. Iieuës de paysLimbourg Duché Sc
ville de meſine nom,où ſont auffi les Comtez de Valkembourg 8c Dalèjôc les eaux
de Spa à deux lieuës de LimbourgBrabät Duché,où eſt Anuers ſur l’Eſcaut,8c nô
loin de lalemer,Bruxelles,Louuain,Breda,Bofleduc_,le
priscgians Marquiſat du S.Empire cô—
Brabäqauec MalinesArſcoty eſt auffi 8c Bergen-Op-Zoomfi-Iocſhat
_ 8c
8C MegemHorne 8c leLiegeluy ſont au LeuanLVient
en l’ſſvne MiddelbourçLFleffingueLes laZelande
Ifles ſont affiſes où ſont,ſept
entre Flandres Ifles,
Brabant
Hollande 8c la mer,l'Eſcaut les diuiſe en deux,3.du Leuîgôc 4..du PonennLa prin
cipale des Ifles eſt la VvalachrieÆleffingue eſt vn port bien cogneu auxFrançois 8c
Angleigdont les Nauires y abordent. La Holande ancienne Batauie , enceinte (lè
riuieres,ou dela mer Germaniquqce qui la rëd preſq 11’Iile,.De tout le pays,qui eſt
_ de petite eſtenduëpn eſt àla mer dans z .heures.Elle eſtjou Septentrionale , ou Au
ſtrale.A l'O poſite d'Angleterre eſt la maiſon anciëne de Brittte,Chaſteau,ou Pha
re,ſurl’Em uchure- du Rhin. Dans ce Côtéſiont DordrechgAmſterdâÇLeyden,
DelſgRoterdannla Haye des Côtes ou Graneuhaghe,Harlé',Hoom,8c pour Ifles
adiacentes du Midy,BrieI geerfliet au Nord,Texel,Flietlande bons havressuic V
' trechtfltrdiectam,Gueldres,qui a luliers au Sud 8c LeuänLe Roy d'Eſpagne y tiêî:
RuremondqGeli-e nô du ays 8c VenloReſtët Arnhë,CulêburgzNiumeguqôcct
ToucheZutphíeſtät me mes de l’ancienGueldres,côme auffi Nieuſtat en Iuliers.
Suit OvveryſſeLancienne Tranſiſalaniqdu fleuue Iſhlaou Iſel bras du RhinElle a
3. villes libres.La Friſe Occidentale , Priſons maieurs , diuiſée de l'orientale par
le RhinLa mer Germanique luy eſt au Nord 8c au Couchangôcau Leuant la riuie
re d’Ems. Lievvaerden eſt la capitale,8c Harlingen bon havre. Ioint Groningue
derniere partie,ou Prouince des pays-bas. Etla Friſe Orientale , Priſons mineurs
Anciens Chances de Tac-ice &c de Pline,NortñHolandeÆſt-Friſe ,_a~uec le Comté
d'Embden,ſur leëfieilue Emgſmafugſuiuront icy auec quelques Seigneuries voi
ſinesLe Liege prés la Meuſe eſt enuironné des Prouinces du pays-bas,8c tou che à
la France , à la Foreſt d’Ardenne , pays de l'ancienne Allemagne, Bâti-ones, à quoä
Ebure village prés du Liege porte coniecturezſïeſt vn.e ville Im _ eriale 8c libre, o
toutesfois l’Eueſque eſt ſouuerain,8c pour le ſpirituel l'Arche-ue que deCologne y
eſt recogneuJe Duché de Buillon eſt voiſin# àz. lieuës du Liege , eſt Tongres,
O
ſ
Ëuropîe. 7
V?
“ - \
Europe. ~ 9
eſt ſeparer: de la Noruege parle haut mont de S cuon ;du Leuant elle a filmer , 8c
celle de Finland, du Midy e Dannemarch; 8c du Nord la Botnie , ſa partie princj.
pale; au Midy eſt la _Gothic Gotland où ſont Lodus, Scar E. 8c Colmai-:Elle eſt où
Orientale Oſtrogothie, ou Occidentale Vveſtrogothie. Les autres villes principa
les ſont S tocholm ſejour des Roys, Vpſal Arch. Sincopen E. 8C Nicopen. Finland
belle partie de la_ Suede, où eſt Abo E. ôcViburg. Botnia , autre partie, d’où ſe de
nomme la m er de ce coſté, 8c au fonds dïcelle eſt Tornia: Au deſſus de la Botnie
eſt la Scrickfinnie : ſuiuent les Lappons au Leuant , 8c fin bout de Pancienne Alle
magne, Lapocnland z les Orientaux ſauuages ſont au Duc de Moſcouie,8c les 0c
cidcntaux à laAlandes
mer , les Iſles Couronne de Suede, à laquelle appartiennent
8C Oelant. ſi auffi , 8c ſont dans ſa
Nous auons veu iuſques à la plus haute _Sc ancienne Allemagngdont nous auons
coſtoyé la mer , auançant noſtre touriuſques à la mer Septentrionale, 8c Ocean
Hyperborée , auec les mers de Suede , Finland, Botnie , 8c autres qui enfermenl:
tous ces pays ou pointle DannemarclnNoruege Sc autres Eſtats, en ſorte que puis
que l&cÿeſtendentre
veuë '- mer du Norc ou Septentrionale
Biarme, commence
le pays des depuis
Pygméespu Plflande,
Noua Zernbclaue, nous
u oùauôs
elle
Langres
E. E. Sens Arch.Chaalon
Chaſteauthſſierry, E.pays
Prouins. Ces le Côté de Ligny.Ala
confrontent Brie appartiennët
du Nord l’Artois,8c duMeaux
Leuät
laLorrainqôc ſont trauerſez par les riuieres deSaone zlrdris,Marne &c laSeineloint
le pays particulier 8c- propre de France comprenant le Duché de Valois, où ſont
Senlis 8e Creſpy,le I-Iurepois 'cômençant ſous le petit pont àParis,8c allant le long
dela Seine à Corbeil , Melun 8c Moret-,le Gaſtinoispù ſont Eſtampes , Nemours, '
~ Rochefort 8c Moret Comté, Milly &c MontargisLe Comte' 8c Vicomté de Paris,
où eſt Paris trauerſé par la Seine,Arch.LaGoele où eſt Dammartin 8C l'Iſle de Fra'
ce,où ſont S.DenyS 8c PoiſſvzVexin lCFſJflçOlS depuis Pontoiſe &Poifly iuſques à
Clermonesuit la Beaulſe où ſont Orleans EÆLDLChOrtreS E.Montſort, Dreux,le
Cótédu Perchqla Soloigne, ays de Lorris,le Blaiſoispû _eſt BloisLeCôte deD u_
noiS,oû eſt ChaſteaudumD. _ eVëdoſineJe Maine,où eſt le Mans E.Mayë'ne, Tou
raine,où eſtTOurgAmboiſqLoudñ .Le pays d'Anjou vient en ſuitc,qui eſt trauerſé
par Loirtgle pere des fleuuegôc eſt dailleursarrouſé de quantité de riuiercs qui s'y
'\
io Europe.
\ rendenLLà ſont Angersfiaumur, la Fleſche. Remontant vers la mer, d'où nous
ſommes partis, on trouue la Normandie baſſe 8c haute, en laquelle ſont Roüen
Arch.Eureux E. Sées E. Liſieus Alençon,Au1nale,Longueui le Duchez,le pays
de Vexin le Normädpù eſt Giſors,le paæs de Caux, où eſt Diepe,Hôfleur,Havre
de Grace YuetoLEn la baſſe ſont le Be m où eſt Bageux E. Caen,Falaiſe, aysſi de
Conſtantinpù eſt Conſtances E.Auranches E.Cher ounsuitla Bretagne balles(
líautepù eſt Nantes E. Rennes E. Dol E. S.Brieu E. S. Malo E. contre la mer. En
la baſſe ſont Vannes, Eueſché ,, Dinan , Lamballe , Blauet , Sainct Paul de Leon
E.Cornoüai1le E. Breſt.Ces deux Prouinces de Normandiefisc de Bretagne , qui ſe
ioignengôc ſont ſur la mer,ont certaines Iſles de peu d'un ortance , qui en depen
denrſicauoir en Normandie GerſaYJarſeY, Garnſey , Al ernay, Ornay , qui ſont
neantmoins tenuës par le Roy d’Angl.eterre.En Bretagne les Iſles de Vannes,dites
Neſiades,ouVeneticesNous ſerons ſiiiure le Poiçtou,du reſſort du Parlement de
Paris,où eſt Poictiers E. où paſſe le Clain,Mailleiez E.Chaſtelleraut,Luſſon E. Le
bas _Poictou eſt au Ponent vers la mer d'Aquitaine , Talmonr , talon du monde eſt
ſur cete mer-là , au bout du pays. Ioint le pays d'Amis, la Rochelle contre PO..
cean Occidental. En cete mer ſe trouuent les Iſles d’O_let‘on._vis à VIS l’iſſuë de Can
rente en la mer,l’Ifle deRc' à l’oppoſite de la Rochelle , l’Ifle de Nermouſtier , 8c
l'Iſle ou Peninſule d’Aulonne,l'-Iſle Dieu,de noſtre Dame deBouuin. L’Angouſ
mois où eſt AngouleſmeÆ .Le Berry où eſt Bourges Arch.YſſoudÎ-m,~Sancerre,cô'ñ
tre Loire,le Niuernoispù eſt Neuers E. où paſſe auſſi Loire. Le Bourbonnais ,îoù
eſt MoulinleLB
Roanqô( ourbon.Le
Roanois Beaujolois,où
DuchéLa eſt BeaujeuLe
riuiere (l'Allier ſepare leForez où eſt Montbriſon,
Bourbônois de l’Auuer— r
1
'Europe- 11
de Nant,Vabres E. Rodes,Ville franchepù eſt vn ſiege Preſidial , Ie haut Rouer_
gue,auoiſine le hautAuuergne entre le Mur de Barrés 8c ſainct Flour,& comprend
quelques autres lieuxLa mer Mediterranéqqui eſt aux coſtes de laProuéce en ſes
ports de Marſeille &Toulomcoſtoye Beſiers audPOYE de Vendres Vemris, Agde', Où,
ſe baſtit Maguel0nne,ancien
lier,ſc.â àpreſent vn port par Ordre deſes
ſiege de M.Eueiſiques
le Car inal , 8c â_,~vne
, Lates lieuë de
8c autres Montpel
petits ports,
nommez graus , poſſible de la graue,ou ramer. A Aygueſmortes, où eſtle grauſ
ſainct Louys,qui l' a faite baſtir 8c s’y em arqua pour la Terre ſaincte. Aliant plus_
auant dans les montagnes des Seuenes,Viuarez , Geuaudan , le Puy , qui auoiſine
l’Auuergne,O~n trouue Viuiers E. Annonay,Aubenas,les ruines de Priuas , des der -
nieres guerres,Mende E. le Vellay, ou eſt le Puyzôc reprenantle grand chemin en_
la plaineſſur les poſtes de Toulou e à Lion,on trouue Baignols ,le pont ſainct Eſ
prit,où paſſe le Roſiie,qui court le long des montagnes du Viuarez , &monte iuſ
ques à Li0n,le pont du &Eſprit regarde le LanguedoqlaP rouëce 8c le Dauphiné,
où eſt Grenoble ſur l’lſere,capitale 8c _ſiege du Parlement , auec ſes autres villes
où paſſe le Roſne,ſcauoir MOntelimar,Valence,ôc Vienne,demie iournée de Lion.
Cete Prouince a ſes môtagnes 8c autres villes,ſc_. R0mäS,Die,Gap,Ambrun Arch.
où paſſe la D urance. Apte E. Sainct Paul de Tricaſtin E. de partie de ces villes
comme Valence,Die,Gap,Grenobleſie denomment le Graſiuaudanſtſalentinois,
8C autres petits pays 8c contrées' de cete noble Prouince , titre des Dauphins de_
France. N -
Du Dauphiné nous venons à la Prouence , qui luy eſt voiſine , auec Auignon,
Comté de Venayſſe 8C principauté d’Orenge, qui ſont pays touts ioignants , d'où
nous reprendrons le cours du RhoſneJuſques à Lion,8c parcourrons la Bourgon
ne Duché 8c Comte',auec celuy de Charolois,la Breſſeÿrincipauré de Dombes,
a Sauoye,G eneue,Marquiſat de Saluſſefic ferons le tour de la Suiſſe , pays de Va- ,
lais,Griſ0ns 8c Valtoline, 8c de la paſſants les Alpes,nous entrerons en Piedmont
8C dans Fltalie. ' ' ' '
La Prouence eſt ſeparée du Dauphiné par la Durance entre Ambrun 8c Ciſted
ron,8c du Languedoc
la Prouence par le Khoſne
de ce coſté-lâflſiuîuie entreArch.
d’ArleS Beaucaire &Taraſcompremiere
Selon au bout de la Crau,ville de
ô( Aix
AſClLPlUS haut,8c auant dans le pays,ou dans la montagne ſont iainct Maximin
8c la ſaincte Baume,Nuys,Draguignan,Tende,Riés E .Frejus E.Antibe, Graſſe E.
ſainct Paul de Venſe E Glandeue E. Series E. Digne , Ciſteron E. ſur la mer Medi..
terranée 8c en ſa coſte on trouue les Mariez,le Martegue Marſeille port renommé,
colonie des Phoccens,Toulon.On va du Dauphiné en Piemont 8C à Pinerol que
le Roy de France tient par Chaſteau Dauphin, 8c autres lieux de la montagne. Le
Roſne ſepare la Ville d~Auignon,tenue parle Pape,auec le Comte de Vena ſſe,du
Languedoc âVille-neuuqdont la tour eſt gardée pour le Roy de France 8c ſainct
Andreſiôc de la Prouence par la riuiere de D urance à Taraſcon 8c Berbentane. Le
Comté de Venayſſe , que la riuiere de Sorgue arrouſe en partie,8c le Rhoſne tra
uerſe entieremenga trois Eueſchez,Carpentrasflauaillon 8c Vayſon dependants
de l-'Archeueſché d’Auign0n , vous y- auez auſſil Vaulrias , Vaucluſe 8c l’Ifle.A ce
Comte' ſontioignants du Leuant,Cabrieres 8c Merindol,qui ſont dans la monta
gnqen Prouence.La principauté d’Orenge ioignante 8c enclauée dans les terres
u Roy de France,eſt ſeparée du Languœoc par le Rhoſne â Bagnols 8c Codolet.
Elle
Iſlesaſur'la
quelques lieux~de ſon reſſort,COurtiſſon
mer Mediterranéqcelles 8c autres.
d’lereS,Æres,'Oi1 La Prouence, 8c
d’or,Stoechades a quelques.
ioiſignant
Arles celle de Camarguefaite parle Rhoſhe , appellée de C.Marius lequel y cam
pa contre les Cimbres.
Le Rhoſne nous reconduita Lion,où il paſſe auec la Saone , d'où nous remon
tons p.Our la BourgongnqDuchépù eſt Dijon ſiege du Parlement , où paſſe 'Louñ
che,8c y ſont Autun E. Chalon ſur Saone , Beaune , Maſcon-E. où ſe joignent les
deux riuages de la Saone par vn pont baſti deſſus,Semur,où paſſe Armancon, Au..
xerre E. 8Ce. LaChampagne
CouchantzLe luy eſtau
Lyonnois auMidy,8c au Nord;
Lcuant laLe Niuernoisôc
Sauoye Bourbonnoisau
&C la Franchectñ comté_ , ou —
haute Bourgongne, qui ſui ura quoy qu'elle ſoit au Roy d’Eſpagne,auec le Comté
de CharoloisÆlle a du Nord la Lorraine 8c haute Allemagnqdu Ponant le Duché
de Bourgongnqdu
Nozeray,qui Leuantles
eſt comme Suiſſes
au milieu 8c du Midy ClaudqBefſiançon
du paysſainct la Sauoye. On y trouue Salines,
ville ancienne_
12 Europe.
Imperiaſile 8L libre,Arch,Dole ſur le~DouX,Q1_i/ngey 8c Ordans où paſſe la Louue.
Le Comté de Charolois titre des aiſnez de Bourgongne, ſeparé de la Franche C6
té par la Saone, a dans ſon enclos le Vicomté d’Auſſone , entre les deux Bourñ
ongnesLe pays de Breſſe eſtioignangoù eſt Bourg,Bellay E. Elle a dépendu de
a Sauoygcomme la rincipauté de Dombes,de la Breſſe,qui eſt au Roy de Fran*
ce,~&Dombes,auec a Iuſtice, &Treuou capitale, à Madamoiſelle , fille de Mon_
ſieur le Duc d’Orleans.Dombes ioint àla Breſſe 8c n'eſt qu'à troîis lieuës de Lion.
z—_.— La Sauoye ioint à la Breſſe du Nordpü-ſont les Suiſſes 8C Geneue. Du Couchant
au Midy ſont le Dauphin e',la Proueñce,8c la BourgongncAu Leuant eſt Saluſſes,
les monts Cenis 8c ſainct Bernard &le Piedmontzle Rhoſne trauerſe le pays , auec
autres
Comtériuieres, qui en arrouſentlesvilles 8c SeigneurieszſoLe Marquiſar de Suſe,
dcteMorienne,Tarentaiſe,Foucigny,Chablais,Val d’Oſte ou p-ays deVaux,
Chambery où eſtle ParlemennEntre le mont Cenis,~partie des Alpes 8C ſain ct Ber
nard on paſſe pour l’Italie.Geneue,oi‘1 paſſe le' Rhoſhe au milieu du Lac Leman,
dit de Geneue,eſt ioignangôc le Marquiſat de Saluſſes auſii,qu1 eſt dans les Alpes.
Le Lac Leman 8c le Rhoſne encores ſeparerôtla Suiſſe dela Sauoye,c61ne le Rhin
la ſepare del' Allemagnefic le mont Iura ou de ſainct Claude,de la France.La Suiſ
ſe garnie de montagnes tresñhautes,qui la rendent comme l~e ſommet de \la Chre
'ſti-anté, &de pluſieurs vallées tres-profondes 8c bien habitées , eſt compoſée' de
treize Cätons Zurich,Tigurum,ſur les deux coſtez 'du Lac Leman, Berne,ſen
ſi ne,Vri,Svvits,Vndervval;Zi1ig,Glarits,Baſle,Fribourgsoleurre,Schaffu Lucer
ſur le
Rhin, APPCnſCh/IÔÔÆIÏIUGÏI/Æ Berne,Zurich,Bafle,&iSchaffuſei1 ſont Proteſtans
8C les autres ſont Catholiqueslauſanne eſt du canton de Berne, 8c pour con ſede- ,
reezla Suiſſe a ſainct Gal Abbayefionſtance E.le Comté de Neuſchaſtel , Neoco
mum aux Ducs de Longueuille eſt ioignant aux Suiſſes ôcconſederéLes monta.
nes de Suiſſe ſont la ſource des riuieres plus importantes del’Europe, du Rhin,
äu Danube,du Po,de la Saoneôc duRhoſneLes habitîís du pays deValais,q ui ſont
dans la plaine voiſins
Geneuqſont tirant des AlpesPënines 8c
8c conſederezdes de la ſource
Suiſſesyôcſſle duRhoſne
paysa quatreiuſques
bourgs,au
ouLac de
petits
peuples,Gomers a la ſource du Rhoſne ,Sion Escduni, Martinach Octodurm , 8c S.
Mauriceſſurgovv boden , oùsaſſemblent les Cantons,Bremogart 8c autrésſiont
pays voiſins conquis, ou gouuernez par eux. “Aux ſources du Rhin qui ſepare les
Suiſſes de l'Allemagne ſont les Griſonganciêne Rhetiqauançäts vers l'Italie , dôt
ils ſont le paſſage pour la commodité , habitan S parmy les Alpes depuis le Rhin
iuſques
ſons auleur
ôc deſſ Theſin 8c eſt
Eſta: âPAdde , où ſont Coire
la ValtolineNal E.Griſe,Meinſeld
Teil,8c &ccſoubs auec
le Comté de Chi-auenna, les Gri
les
lieux en de endants.
Au pied_ es Alpes eſt le Piemongentréeôc pa ſtage de la Lombardie,il a les mon—
tagnes du Dauphine' au Couchägles Alpes de Ligurie au Midy,le Po au Leuant 8:
la riuiere d’Orietta auNord,Turin eſt à l'entrée duVal d’Oſta,ſur le Po,Arch ,Ver
ceil , Eporedia , Aſt, Nice, 8C le port de Villafranca. '
L’Ita_lie,qui ſe trouue encloſe 8c remparée du reſtant des montagnes 8C dela mer,
qui ſe trouue diuiſée par le milietgcommençant aux Alpes deſſus Genes iuſques à
la Puglia ſur la mer,par le Mont Apennin , d'où ſortent pluſieurs riuieres, qui des
deux coſtez du pays,ſe vienn ent rêdre däs la mer,trouueicy ſon ouuerture, 8c beil-e
deſcouuerteComme les Pyrenées du coſté de la France empeſchent que l'Eſpa
gne ne ſoit entierement Iſle,de meſmes les Alpes du Coſte' de la Fran ce 8c de l'Alle
n1agne,en empeſchët l'Italie,ce quePtolemée a recogneuJors qu'il l’a voulu com
parer à vne Iſle.La comparaiſon des modernes peut auſſi auoir lieu, qui l'ont figin
rée ſemblable au pied d’vn hommqcommençant depuis la hanche,qui eſt la Lom
bardiqen y comprenant le Piedmont,iuſques au talon,8C aux orteils , qui en eſt le
boutôcle fonds.
La LiguríſieJei/ëiçra di Gmmgſuiuia le Piedmon t,Seigneurie de Genes- , le long
_ de
la mer,entre la riuiere Vdrm au Couchangôc celle de Matra au Leuant, &c le mont
Apennin au Nord,ſ1tue'e au pendant dela montagne iuſques àla mer , Genes ville
tres-grande en toute la mer Mediterranéeflauona ôcVintimiglia. La Corſegtte 8C
Sarazana
en dans Ie
leur lieu.Le terroir
fort de Toſcanqappartiennent
de Mona,Monaco,tenu à laagnólgſſîeſt
parles Eſ Seigneuriefic
dans ſeront veuës
cete mer. La
Lombardie attoucheà Genes,où 'eſt Milan capitale die ſon Duché , l’vn des meil
leurs de la Chreſtienté,tenu par leRoy d’Eſpagnqanciens-Inſubres,qui ont autres- ,
fois.
ſois Europe. 13
dominé l’Italie. A Milan abreuue' du Po , il ſaut ioindre Pauie , Lodi, ŸÎËËLPWËÈÜ?
Lazy.: Pompei-gComo auec ſon LacJ-_ariud Lana-JS( N ouarre. Crémé,qu'i eſt aux Ve-'ñ Ÿſicſi_ !ſi ſi'
niſſtiens,eſt ſeparée du Milanois,parla riuiere Addua. A la Lombardie _a_ppa.r_’i_:'ie’nſi
nent auſſi VeronegrùxVenitiengbaſtie des deux coſtés du Heuue Atheſi: ,ſi auecqua.
tre Ponts
10,8( au deſſus,8c
Cremone au bout eſt le Lac
auec ſatougioignant de Garde,
Créme,ſur le Ben-muguet Riua du'
Po,ſi8c dependant E( Duché
Barachelſi
de
Milanloint Breſcia 'auec ſa Iuriſdiction_ d’enuiron centlieuësJEſpoſI-i di Venitiani,
qui la protegennentre le Lac de Garde,le Lac Iſeo 8c les Alpes. La Marque Treui
ſane peutſuiure,où eſt Treuiſco,Padouë ſubiete aux Venitiens , auec ſon terroir-,
qui eſt ceintôc limité par Muſo 8c lſſ-Addeſqqui paſſe dans Padouë , du Midy 8L du
Nord,le Golfe de Veniſe au Leuant', 8c les montagnes Euganéesau Couchant,
Veniſe ſiir la mer Adriatiqùepu Supemmà la difference de la merTyrrhenqqui eſt
plus baſſe,Vicence aux Venitiens. Et puis que le Po diuiſe la Lombardie deça 8C
dclà,Mant~oiie aſſiſe ſur vn Lac ou marais,au ec le Marquiſàt de Montſerrat, où eſt
'Caſal 8c Albe &Venhſont de la Lombardie delai le Po , 8c en icelle l_es Venitiens
ont Bergome,Peſchiera,auec Breſcia 8( Créme ia dites. 'La Lombardie 'deça le Po
~ aurale Duché de Parme,où eſt Plaiſancgceluy de Mutine , où eſt Rqzium [eſt-idem,
Sur du
mis la mer
coſtéAdriatique
du Nord,oùeſt elle
l’Iſtrie,Iſterreich
eſt iſſeparée deaux Allemans,qui
la Croatie par des eſt preſqiflſle,
hautes horſ
montagnes.
La riuiere Riſano,ôc partie de la mer Adriatiqueluy ſontau PonentAu Midy 8c au
Couchant l'embouchure de la riuiere Arſia, qui ſepare l'Italie des Prouinces , qui
luy ſont voiſines de ce coſté—lâ.En l’Iſtrie ſont Cauo d’lſtriañ,laſhinopolzà, Paren ſo 8c
Pola.Outreles riuieres Riſàno 8c Arſia eſt la Dragogne , qui a vn cours oblique,
comme plis de Dragonzprés du Golfe de Wernero _eſt vne montagne , qui iointc
auec les Alpes ſepare l'Italie des peuples Septentrionauxgippellée Monte Magior,
que les Mariniers dcſcoilurent la premiere. Le Friul eſtioignantſhorvm Ialyjq ne les
Venitiens appellent leur patrie,où eſt l'ancienne Aquileia,dontla ville de Veniſe
a fait perdre la reputation,Vdeneflíndadde FrialÀTrieſhGrado&Palmfflplace for
temouuellement baſtie par les Venitiens,le Palatinat de Goricio,àla mai on dÏAuñ
ſtricheCe pays eſt laſrontiere des ays Septentrionaux , 8c a l’Iſtrie au Leuant, les
_ mont-agnes
au Midſſy,ſanslapides
autresau Nord,leSA
acclés pesports
que parles IuliesauCouchant , 8c la mer
de mer,dont il abonde , parAdriatique
les plaines
ſ desLa
monta nes,ou îdôné
Toſcgalnqqui ar eurnom
ſommet. ~
à ſa n1er,vient â preſentLe Tibre luy eſt au Leuant
8C Macra au Couchant,8c entre ces deux riuieres s’e_ſtend le mont Apennin au Mi
dy 8c auNord,le long dela mer.A ceDuché ou pays appartiennëtFlorëce ſur l'Ar
ne,fleur d’Italie,la
ue ſa liberté,ôc plus belle eſt
Sarazanqqui de àl’Europe
vn autreapres Anuers,Siene,
Maiſtre quïiuſſgrandLuques
Duc,Pi, e,uiLigour
conſer.
l
14' ~ ñ ~ ~ Europe.
Caiete,cleſdu Royaume,Tarè'te,BrindeS,Brurzdaſi'um,8cNapleSArch.bons havres,
8c de Naples ſont le Chaſteau-neufile plus Fort de l'Europe,8c celuy, De [0140, enui
ronné de la menauſquels dans ce Royaume il ſaut íoindre celuy deCapoüqàhuict
lieuës de Naples eſt le montVeſuue,auiourd'huy di Somma. A l'Abruzzo ap par
tiennent Beneuent,Ottona,ville anciennepù abordent les Nauires de l' Albanie,
Dalmatie &autres pays,Sulmo8cAqu_~1no patries d’Ouide 8c de S.Thomas.Au de
ſtroit Mamertin,ou deMeffineſiin duRoyaume deNaples,ſe trouuela Sicile,la plus
belle Iſle de la mer Mediterranée,grenier des Romaingautresfois continente â l’I .
talie.En ſa premiere artieJ/a//c di Demon-geſt CataniaJe mont GlbehÆtnd, Meſ
fine 8c Charibdisla (l'ange-ſenſe autreſoisEn la ſecondeJ/d/le di Mezzm-,eſt Paler—
meſEnla troiſieſmeJ/aldel mtmeſt Syracuſepù ſont Arethuſe 8c Al heus. L'Iſle
' de Malte,Melite ancienne,voiſine dela Sicile,eſt communement mi e dans l’Euro
pe,puis qu'elle n'eſt qu'à vingt lieuës de Meſlinqôc à ſoixante des coſtes de Barba
rie, Ptolomée &c noſtre Auteur la mettent dans l’Afrique,ſur ce preſuppogqifielle
eſt dans ſa mer.Elle a vn beau port,8c vne belle ville baſtie parles CheualiersDans
le Golfe de Veniſe eſt l'Iſle de CorFu , Corey”, voiſine de-la Grece, qui a trois cens
lieuës d'Italie de circuir,elle eſt aux Venitiens.En la mer Liguſtiq ue entre la Corñ'
ſegue 8c la terre Ferme d'Italie eſt l'Ifle d'Elba,voi(ine de Malte. E-lle appartient au
Duc de Florençe,p our lequel les Cheualiers de l'Ordre de ſainct Eſtienne la gar
dent,8c y a vn ſort de Medicis,qu’on a voulu nommer Coſrnopoly. L'Italie l’auoi—
ſine,8e la Seigneurie de Piôbino,qui appartiët de Seigneurs particuliers , eſt à l’op
poſiterI-'Iſl de Zerbi,de peu d'importance,mais qui a reſiſté autrefois au Turc,ſe—
ra de meſmes logée en cet endroit.A la Sicile ioint la Sardaigne , dépendant auſſi
de l’Italie,entre l'Afrique &c la Corſeguepù eſtCaglirqCalari-gſur vne haute mon.
tagne à la riue de la mer regardant l’Aſrique,demeure du Viceroy pour l'Eſpagne.
L'Iſle d’Iſchia,ſituée de meſme en la mer Mediterranée,al'op oſite du mont Miſl
ſene a diX-huict lieuës de longueunôc non gueres loin de làpſtſ; petite Iſle de Pro
chitqgrandement endommagée du Feu,pourles veines ſouſreuſc-s qui y- ſont,co1n
me
Capen'l'Ifle d’lſchia
vert vers Porte ſavoiſine. L'Iſle
Venere,& du midydela Corſegue
Sardaigne,en la meſmemer,a
dont du Nortle
elle n'eſt ſeparée que deſi ~
demi lieuë par la mer Ionique,la Liguſtiq ue l'enuironne au Couchant , 8c celle de
' Toſcane au LeuannLeS Tyrrheniês,Carthaginois,RomainS,Sarraſins,Piſans 8c les
Papes l’ont dominée,8c finalement elle eſt reuenuë aux Genois , quoy qu'elle ſoit
habitéedhommes naturellement vaillants.
Les pays de la Pannonie ancienne,qui ſont pardelà les Alpes,qu’on nomme Iu
lies,voiſins de l'Iſtrie 8x' du Frioul,que nous auons veus,ſeront icy commodément,
auant qu’entrer dans la Grece.Le nom de la Pannonie eſt bien cognu , mais non
l’origine,elle auoit du Couchant le mont Cethius,q ui depuis les ſources du San, 8C
du Drau s’cſtend pardiuers noms iuſques au Danube,du Nort 8c du Leuant leDa
nube,ôe la montagne d'Or, appellée en Hôgrie Macheh,&di1 Midy vneligne tirée
de la meſine montagne par les confluents du Lim &c de la Drune,iuſ ues à la ſour
ce de la riuiere Vna.Elle'comprend auiourd'huy la Croatie,ou pays des Crabates,
Carniole,Carinthie,Stirie,Vvindermark ou V-Uirzdorum marc/n'a , partie de l'Auſtri
c~he 8L de la Hongrie,la Sclauonie 8c la Boſnie.En la Croatie eſt SiſeclnSegeſta , ou
Siſcia,l’ettauie ou PÊtOUÎQED la StirieMuterIanbach , Jme-vd Ramæolorzia , Ober. 1
lanbach,Nauport,Laubach,Krainburg, Ciley, Comté. En la Carinthie, Villach,
Clagenſurt S.Veit,lndenburg,en la Stirie baſſe eſt Grats, demeure des Archiducs
d'Auſtriche,Marpurg,Caniſia,priſe par lestouche
Muripons,Pouch enſſD er1nurc.Carinthie Turcs ſur les ChreſtiensEn
du Ponent 8C du Midylaau
haute eſt
Frioul
&aux AlpesLes Archeueſques de Saltzburg 8c d'Aquilée ſont partis pour l’Ec— _
cleſiaſtique de ces contrées. L’Auſtriche-8c Vienne ſa capitale, &ile Palatinat de
_ Gorts ou GOricio,ont eſté veus cy deuant.
Le Ro aumetPI-Iôgrie a artenâſſtâ la maiſon dmuſtriche eſt artie de l’ancié'ne
PÏIZÛIIÏÆLC Danube le. trauerſe,&
1 PP a
la riuiere Teyſiaſlëibiſëînnglîarrouſe. Il a 60 lieuës
&Allemagne de longueunôc autant delargeunde figure quarrée , dont les quatre
coins recrardent
t)
ceux du monde. La hauteeſt de là le Danube , 8L ioint â la-Polo- '
gne 8c à la Tranſſyluanie. La baſſe eſtdeça le Danube , 8c les deuxïont pour
confronts du Nort le mont Carpathe, qui les ſe are de la Pologne , 8c ſ
de lcta Rùffie , du Leuant la Tranſſyluanie 8C valachie , du Midy le
Drau, du Ponent la Stirie, Auſtriche 6c Morauie. Le Turc en tient la
a
l . .
~ 4 ñ . “1 ~ ~—
ſante
il _fuſtville _de Thëbeschefidegÿÿubliguqle
_côbatuſicôtre port
lesPſſerſesÿAtbenesgLes d’Aulis.
Yilles En l’Attique
de nô,qui ſubfiſtët Marathôpù
aujourdffiuy
~ Europe. "ñ B ij ‘
. l
16 , ſi Europe.
gngpnis qu'elles ſeparent ces deux grands Eſtats de l’l_talie,comn~i_e ſcroit vne mu
Ëaille baſtie exprès., Leur nom peut _eſtre auſiibien vieux Gaulois -, ou (Ici-mani
que,comme les Grecs l'ont voulu attribuer a leur langue. Si Pomponius Mela les
a eſtenduës iuſques dans laThrace,ſi Tacite a fait mention des Alpes de Pannonie,
8c ſi Auſone &c Auleñ Gelle les ont confondues auec les Pyrenées# ſi ſans y enche
rii-,on leur peut donner cete longueur, 8c ce tour que commengants à la mer Ligu
ſtique,ou elles ſont a pellées maritimes,elles ſemblent ſe continuer par la Sauoye,
la Suiſſe,les Griſons, a Bauiere &c la Dalmatieiuſques en la Seruie , où ſe diuiſants
en deux bras &c rameaux,elles vont finiren l'un par la Thrace au Pont-Euxingzc ‘
l'autre par la Macedoine,au promontoire d’Actium , nous nïronsipas pourtant i
auant,8t parcourrons leur route 8c eſtenduë,par_les noms qui leur ont eſté baillés.
Les Alpes maritirlnes, rochaines deſla mât Liguſtiqueſierlpnt les premieîelsfuiurôt
les Cotties a Pto le
d’Antonin:baílle emCheſçſllin
e, ui ont me mes
de Milan onné
iuſques ennom à vn ceis,
Arles,par o aume
Alpes, , 8c ’ tineraire
deſquelles le
ſommet plus renommé,eſt celuy qu'on paſſe allant du Piedmont en Daufiné , ap_
, pelle communcment le mont Genebre.C’eſtK_ar où aucuns croyent qu’Hannibal
prit ſon chemipzptËËO ccie le rlnonä qſiſotäpa 1e ldvfli Suſe par Ferrette , Îlſainct De_
nis ui s'a e e Cenis,oii
nedilentleläont a e, Strada
'ou 'onRomana,
e cen en a orienne,
chemin battu d? n'on a
Francpepä e commu
Rome , eſt
auſii des Alpes Cotties-pîi paſſa Charlemagne marchant contre Didier Roy des
LombardsLes Alpes dites Graiaconduiſent iuſques au petit mont de Iàinct Ber
nard vers la Tarentaiſeôcſainct Maurice,8c là prés eſt le grand mont Cenis , par
où_l’on va auſſi de Turin à la Tarentaiſe. Suiuent les Pennines , dont le nom reçoit
diuerſes etymologiegauſquelles il ne ſe Faut point arreſtenLe commun les marque
au mont ſainctGotharcLſi ce mont ne ſont les Alpes Leponties,comme eſtime Me
rula,ou aua grand
lerus,qui traictéſainct BernardLes
d es Alpes Alpes
en vn liure ſait queCeſar
exprésmeappellqsummaagſuiuant
doiuent eſtre enſitenduës,Sims'
que
our les Alpes plus eſleuées,ou le plus haut ſommet fdïcelles. Les Alpes Rheties,
ſont de Como iuſques àVeronne, emont Adulas , que les Griſons appellent au
jourd’hu ~ Colmen
ſſduſipays es Griſonsde Olcello,en
iuſques eſt vne partie,ou
à Bellizona. le mont
Et d’Adula ſainct Bernardin,qui
eſt proche va
le mont que les
meſmes Griſons appellent Colmen del orſo.LeS Alpes Tridentines ſuiuët les Rhe.
tiès-,ôc apres viennent les Noriques,Carniques , 8C Pänoniques ou Iulies pour les
dernieres,dites auſſi Venitiennes , parce qu'elles enuironnent &c auoiſinent leurs
terres 8c SeigneuriesLe mont Taurus danSl’Eueſche' de Saltzburg en eſt vne par..
vie, ï puis que le nom luy en demeure encores auíourdhuy. Des Alpes le Po , le a P. Merula'
Rhoſiie-,la Durancqôc autres riuieres de France, le Rhin qui ſepare la France de en ſon mue;
'PAllemagnefic le Danube prennent leur ſource , comme nous auons ditailleurs.
Les Alpes engendrent auſſi pluſieurs lacs,ſontaines,cryſtaus , 8c metaus , pluſieurs
~/
arbres y naiſſengde grandeur demeſurée, 8c tres-Fermes, auec grande 'quantité de
lances conneuës,ôc inçonneuës , dont Geſnerus 8C Simlerus ont baillc' le rolle de
lzlplus- parnôcſſont auſſi exactement deſcrir les oyſeaux 8c animaux à quatre pieds,
q uiCds
s' nourri ent. que les Anciens eſcriuainspu Geographes Grecs 8C Latins ont
montagnes
ſi_ ſoigneuſement deſcrites ,ne nous ietteront pas daiis‘l’oubly,des noſtres , qui en
luſieurs Prouinces dela France,les ſeparent en haute 8c baſic partie , comme 'en
anguedoc,Auuergne,Rouergue,Et meſmes la Prouence a ſes mótagnegôc beau
coup plus le DaufinóMais particulierement certainsDioceſegmeſmes du bas Läñ
e guedoqſont clos 8c entournez de montagnes continuelles,q ui ſont tres-hautes en
certains endroitS,8c par tout bien cultiuéespomme ſont lc Viuarez, le Geuaudan,
le Puy,8c pays de Vellay,8c dans les Dioceſes de Niſmes , 8c d’Vſez les montaïnes
appellées communementles Ceuennes y ſont remarquables , comme tres- ien
Lacs. i 'peupléegôc produiſants des bons ſruicts. __
De touts les Lacs qui peuuent eſtre és diuerſes- parties 8c regions de l’El_1—'
rope,,comme l' Irlande eſt particulierement abondante en ſources d’eaux,ceux dót
la Suiſſe 8c Pltalie ſont garnies ê( pourueuësfont les plus renommez. Le Lac Le:
man,ou de Geneue excelle par deſſus touts,à trauers du uel paſſent les eaux du
_Rhoſnqſans ſe meſlerôc confondre,les Lacs de Cſtance, e Zurich,de Lucerne,de
NeufIChaſtel y ſont auſii,qui ſont ſansdoute formés des eaux,8c ſources qui cou.
lent des Alpes.L’I,talie cu eſt aufli tres-bien pourucuèyle Lac de Garde ou Ben-ie”,
Biüj
20 Europe.
celuy de Como -Ldrius de Peruſia Traſiimenus , celuy de Bracciano , Lago magix-ire,
l/erlmius ô: autres , en rendent teſmoignage. '
L'Europe eſt arrouſée de belles 8C grandes riuieres, S'il y en a au reſte du monde, Riuiereuî
le Danube , ou Iſter,Donav_v en eſt la principale, qui reçoit en ſon ſein ê( dans ſon
.cours iuſques a ſoixante riuieres , 8c ſe deſgorge en ?Ocean a ſix embouclieures,
fi grandes 8L telles , qu'en _dix lieuës d Allemagne de longueur , l'eau de la mer qui
_ſe meſle-auec le Danube en eſt renduë douce -. le Rhin , la Viſtule ou Vveyx-;l , *le
Drau,le Sau,.l_e Veſer, Viſhrgis, l’Elbe, fleuues renommez en Allemagne , 8c dans la
Sarmatie , Loire ,la Garonne , Dordogne , ê: le Rhoſne en .France1 Venant de 1a
Suiſſe, &cde Geneue ,le Po en Italie ,la Tamiſe en Angleterre , le B œtis ou Gua
dalquiuir en Eſpagne, deſquels fleuues , de leurs ſources 'Sc cours il ſera parlé en
chaqueEſtat particulier.
ſ Qualité.,
l 'Air de ?Europe ne peut eſtre que fort doux 8c tempete' , 'ſi on excepte lesſipais
Septentrionaux , bien auancez 8c par deſſus le 60. degrade latitude , à cauſe
des grands froids quiy regnent. L'Afrique eſt bruſlée des rayons du Soleil, hors
des lieux affis ſous la ligne FqumoÇtialepùleS iours ſont eſgaux aux nuictszôc quoy
quel' Aſie comme plus Orientale que 'l'Europe , qui* eſt eſloignée du cercle Equi
noctial , ſemble deuoir eſtre_ plus tempérée en gros , 8c exceptez les Eſtats du Moſ.
couitc ,ZE du 'ſartare , qui ſont Septentrionnaux : iieantmoins ſi nous conſiderons
toutes les parties 8c regions de l’Euro e,ſoit celles qui ſont plus Occidentales , 8c
tendances au Midy , comme ſont l'E pagntgl-a Francczôc l'Italie , ou tendantcs au
Nord , comme eſt toute l'Allemagne , tant haute que baſſe , 8c meſme le D5…
nemarch , laSuede 8C la Norvvege z ſoit celles quiſont plus Orientales , 8.'. tendan.
ces au Nord , comme ſont tous les habitans de l’anciennejMœſie, Pannoniqlllyrie
8c Sarmatie , qui ſont auio urd’huy les Vvalaches , Moldaues ,autres,on
Tranflyluains,Dalmates,Polonois,LiuonienslituanienS8( Bulgaresne
, Honoreg'
trouſſſiera
pays parm eux qui ne ſoithabité 8c Cultiupé. Il' eſt bien vray que _ſelon le reſinoi
pnagëme me de Sîrabofl z (P1111 Cſt pas ſuſpect_ pourl Europt-,laquelleil riſe tant,
es froidures_ ſont telles 8c_ 'ſi-tranchantes_ es regions
L Septentrionales. vers e Tan-rf;
s i. . - ,
le lac Meotide
modité , 8c habite,quoy
que l’ony le Bonſthenesque
oupar
Nieper,que c'eſtceleſte
le ſituation auec grand trauail de
des vdegrez 8C incom_
lcurlzz_
titude,eſtants ſoubsle huictieſme climat 5 il ſemble que l'air y deuroit eſtre auſii
tempete qu'à Bourges , Orleans ou Paris en France, mais les montagnes qui ſont
tres-hautes en ces quartiers-la, font que ces lieux,q ui par leur ſituation dcuroient
eſtre chauds ,à caule des ventS'de Biſe, 8c du Septentrion , qui s'y enferme… K d”
neiges , qui n'en
par à comme de partent iamais , deuiennent
erts 8c inhabitables. ſi froids 8c gelez
Les paysauoiſineſiz , qu'ils en,ſont
des Pyrenées des rendus
A lpes
8c de nos montagnes en quelques parties de la France , comme en Daufiné , L1H1.:
guedoc , Rouergue , 8C Auuergne , ne reſtent pas de .produire , cſhmgs çuſtjucz
qomme ils ſont , force bleds, vins , 8c autresfruiôts: Et pour le reſtant de la terre de
l Euro eplus Occidentalqtendante au Midv , ſçauoir, l'Eſpagne, la France &l'I
talie; iles chaleurs y ſont grandes 8c faſcheuſes, les fruicts qu'elles rapportengqui
ſont cuits des
grenades, ardents rayons
ôcmelons, du Soleil
en Eſpagne , comme
, italie, ſont les oranges
8c en Prouence, 8c bas , Lanvuedoſic
citrons , figues,
où
evoyent auffi cles palmiers produiſants comme en Afrique, auec lesboliues lqui
' >
huyle , qui-~a tantd z vtilitez,pourles
- - . _
produiſent] viandes, pour la m edecinefiâ: pour'
e lanifice , outre les beauxraiſins qui s'y voyent , entre autres les muſcats en font
ſu pp ortCſ-al'ſé ment l"incommo d'ire’ , quie
~ ſt quaſi touſiours ſuiuie
‘ ' d ’ vne ’ belle ô'.
agreable Automne , dans laquelle on ioüit des ſruicts plus delicieux. Le Soleil ar
dent qui luit ſur l'Eſpagne &ſurlfftalie , rend les habitans vn peu ba ſanez , &c
ayants les cheueux noirs creíſpez la plus grand part: les François' qui n’cn ſont
pasgeneralementſitrauaillez, ont auſſi meſlez &de poil 8c de couleur , eſhmtç
ouuentfort blonds ou roux , ainſi queles Allemans, Flamans , Anglois ,' Eſçoſ.
ſois 8C autres-Geſte chaleur rend les Italiens laſciſsnuſq n'a l'amour des garçons.
_ñ Lqs maladies ſon rendues plus frequences es pays qui ſont les plus chauds , ſub_
iects- a maux Epidemiques
' ' '
8c populaires '
, iuſqu 1 \
a la peſte , laquelle y fait. de grands
Europe. _ 21
rauages de temps en temps. Le bas Languedoc _l'a ſouſtſierte de uis quelques an.
nées , comme vn deluge general ſur toutes ſes villes 8c lieux; el_ e y eſt beaucoup
plus apprehendée , comme plus dan creuſe, qu es autres Prouinces de la France:
es Allemans,SuedoiS,~& autres(peup es Septentrionaux ſont beaucoup lus ſains, ~
vigoureux &robuſtes , cpgnoi ans beaucoup moins la Medecine , que es autres
quartiers 8c endroits del Europe. La petite verolle,qu1 a diuers noms dans le pays,
eſt comme vne peſte aux petits enſans du Languedoc. _
WM: aux animaux que l'Europe produit &c nourrit , il eſt bienvray qu'on. n'y
void point d’Elephans 8c de Chameaux , autres que ceux qu'on y a amene; 8c fai:
venir de l’AfFrique , ou de l'Aſie 5 mais la force des mulets 8c cheuauxfiui y pro
uiennent , à porter ou trainer les ſardeaux , y eſt conſiderable: l’Auuergne , le Ge..
uaudan en Languedoc , l'Allemagne , 8c autres pays voiſins produiſent ſſces ani
maux pour ceſte vtilité z mais l’Italie,l’Eſpagne,la y ardeigne , le Royaume de Na_
ples , la France 8c'. l'Angleterre en produiſent pour la bonté , beauté 8c viſteſſe,
uantité de chiens de chaíle , 8c autres pour le plaiſir, pourîla garde des maiſons &c
d S troupeaux, 8c tout ainſi que Columella les peut diſtinguer” prouiennent: en
tr autres ?Angleterrelproduit ſes Dogues , 8c l'Allemagne 8c pays voiſins en nourñ
tiſſent qui (ont capab es de deſſendre_ leur maiſtre
_ contre vn homme armé:l'Euro— -
pe ne produit point,ou fort peu,d’animaux íauuages , 8c nuiſants.
1 Les eaux chaudes, 8c minerales abondent en luſieurs endroits de l'Euro e,plu
ſieursminesfic veines metalliques s'y trouuent, es ſels y ſont tres—beaux,8c lancs,
comme celuy de Pecais en Languedoc: ſil'or,les perles, 8c pierres precieuſes, &c les
racines, ou plantes pour la Medecine,auec les lenteurs &t drogues aromatiques
n'y croiſſentpoint , elles y ſont apportées de l'Aſie 8c du dehors, comme a dit Stra
bon :-tuant nous , voulant parler lus eneralement , qu'en autre part du monde
on n'en void point vne pareille a on. ance , en ſorte qu’il ſemble que le monde
ayant eſté fait pour l'homme , 8c pour manifeſter la gloire de Dieu, l'Afie &des auñ
tres parties du monde ont eſté faites pourl'EurOpe.
~Mœurs.
L 'Europe eſthabirée de tant de peuples differentsflſans de ſidiuers langagespufl
' ' - 'ques à y auoïr vnze langues matrices , que le docte Ioſ. Scaligera deduites , 8c
~ 'dont il ſera faite vnîe ſection 8c tiltre apart , &le commerce des Europeans auec les'
autres nations a eſté 8L eſt encores ſi grandis( ſi frequent , qu’il eſt bien peu poſſi~
ble dé dire au vray les qualitez' , vertus 8c vices des anciens , 8c modernes habitans
deteſte artie du monde , 8c parce que les terres 8c Eſtats de l'Europe ont ſouffert
de gran S changemens ,lpar l'entrée 8c inuaſion des peuples eſtrangers, venus de
l'Aſie ;ou d'ailleurs , &c es diuerſes tranſmigrations des peuples dans l'Euro e: il
ne ſera point parlé à part des mœurs anciennes , veu meſmes que cy—apres,in iſtant
ſur chaque Royaume ou Eſtat,les mœurS-ôccouſtumes y ſeront deſcrites en parti
culier , ce quipourra ſatisſaireâ ce(que le "eneral en aura requis: 8c il n'en eſt pas
'cle l’Europe,comme de l'Afrique, &l'A ie,ou_ de l'Amerique , dont on a peu deſ
crire les mœurs 8L façons de faire 6c de viure en gros : car en l'Europe , non ſeule..
'ment chaque Royaume 8c Eſtat a ſes mœurs , mais la moindre Prouince ,voire les
hab-itans de chaque petit pays , 8c ville ont les leurszôc ceſte partie du monde,com—
me nous auons dit,fourmille en peuples, en pays# en belles 8c randes villes , qui
ſeront traictéesëcdeſcrites meſme en articulier. Les anciens ârecs 8c Romains
auoient leurs moeurs &humeurs ten ntes aux armes 8c aux lettres , dequoy les
monumens 8c les liures ne ſont que trop remplis 8c bien cogneusLes anciens Gau
loisont
les auoient les leurs, mais le meſlange
alteréesficlesFranſics des Romains 8c
nation ~Germanique,y desGoths
ſont leurs
ſuruenus vainqueurs
auſſi , qui ont Ã
iaſinsy ſont venus depuis, ui ont me éîleurs' mœurs 8c leur läglage dans celuy que
leîz &Romains y auoient iettegLes_ Goths &les Lombards ont c angé ,ôc corrompu
— Pltalie , où ilsontîregné les vris apres les-autres. Les anciens Germains' ont pareilz
22 Europe.
»lement ſouffernquoy qu’aue_c vne valeureuſe 8L opiniaſtre reſiſtance par leurs Ca-ſi
Pitaines, Arminius 8L autres,ſ0ubS lesEmpereurs RomainsJeurs armes 8L domina
, tion,auec le changement de leurs villes 8L Republ1ques,par diuers noms lmpoſez
,_ ar'eux,8L Palteration de leurs mœurs 8L couſtumes. Les anciens Bretons, Brit-zum',
_Eabitans de leur Albion 8L Ifles Britanniques , ont auſſi ſenty les armes Romaines
vde Ceſarôä autres Empereurs : 8L les $axons,Pictes , ou Anglois y ont ſuccedé,8L
apporté par meſine moyen 8L leur langue 8Lleurs couſtumegcomme les Normans
«ſortis de France auec Guillaume le Conquerant leurcheſ, y ont donné leurs ter
mes Franç0is,8L les loiX qui y ſont encores gardées. Parmy de ſi grandes alteratiôs
8L'viciſſitude.s , &vue Varieté fi euidente, on doit eſtre diſpenſé de diſtinguer les
mœurs anciennes' d’auec celles de ce temps , pour leſquelles , à ne ſe taire point du
tout,au moins pour ce qui regarde les nations principales 8L plus renommées de
l’Europe,on peutremarquenque les Allemans ſont patiens au trauail,peſans 8L au
cunement groffiergqui marchent lentement , ſont durs 8L rudes , mais ſimples 8L
francs en leur langage 8L actions ., quiheurlent en chantant , 8L ſont ſans façon 8L
nullement propres en leur viure ., qui vont à l’vtile en leurs entrepriſes , imperieux,
8L quelquefois inſupportables, ſuperbes 8L ambitieux en amounvindicatiſsfarou
ches 8L venaux en guerre,relig1eux,laborieux , grands ouuriers de mechanique , 8L
tres-bons artiſan 5,8L qui finalement aiment plus le vin que les femmes. Les Fran
gois ſont moderés en leur marchenagreables en leur geſte,le viſage 8L la voix plein
'de douceur,le langage aiſé,8L qui chantent communément bien , les mœurs aſſez
,modeſtesnieantmoins prompts 8L arrogans au diſcours , és 'entrepriſes 8L conſeils
peu aduiſezpar ſois , abondans 8L deſpanciers au viure , courtois 8L officieux aux
Eſtrangergtraictalzles en conuerſatiomaſſez legers 8L changeans en amour,aduan—
tagcux en menaces 8L en diſcours qui ne vont pas plus loing , ſoucîeux de leurs aſ
fairesgnais quelquesſois
,uenturiersÿc ennemis
qui precipitent du trauail
tout,les , vaillans
premiers 8L hardis
en ciuilité,8L enen guerre
zelſie , maispour
8L amour ad
des
qui Anglois 8L Hollandois,qui
nous aſiuons ſont
donné 8L attribué la puiſſans
literatureau,laquelle
trafic _., deappartient-
meſmeî queauſii
les_ Italiens,
aux Holà
landois , pratiquans eſgalement les exercices des arme-s 8L des lettres. En quoy _ſe
remarquent les aduantages de ceſte partie du monde,,qui nourritdes hommeshabi
les,inſtruits 8L exercezâ,
de CI1reſtien_,8L tougcomme
le mondeleſſttré. ſi elle ſeule
Les Anglois onteſtoit le monde vniuerſeLle
eſté autresfois, mon
plus vaillants en
l guerrqqubn ne les remarque à preſent, ſi on compare ce qu'ils oaatzfaitcy-deuant,
auec ce qui s'eſt paſſé entrïux 8L les François en nos dernieres guerregpoflîbleque
’ la Guyenne , qui 'leur eſtoit pour lors ſubiecte, leur-fourniſſoit desbons ſoldats , les
Anglois pourtant meſpriſentla mort z ſoit ſurmenoù ils ſont fort hardis , ſoit ſur
terre,8L ſe portent facilement aux hazards 8L actions pour Pencourir 8L _ſouffrir
meſmes par lazvoye du Magiſtrat , d’où vient que venans auec les, François , Alle
mans 8L Flamans,à ſe ſeruir d’vne muraille blanchiqqui eſt communément le_ pa-z'
pier des ſols,ils n'ont pas accouſtumé d’y _ peindre ce; queles François y rep reſen; _.
rnan
tent pour
ou Hollandols
marqucrleury la1ſſe,pour
humeur laſcit1e,licentieuſe,8_L.deſhordée
teſinoigner ſes inclinations, &le-Plaiſir
, ny _ce que
quï-lprëd'
le
a boireE-,maisbien
ſi tellement ſuperbesdes8Lcroix 8L des Potences. Les Anglojcs8L
orgueilleuxpresſſqiſilsſſſoient pauuresles, mais
Eſcoſſois ſont
ils ſont natu
Fort ad..
donnez aux1ettres,8.'.’onſit l’eſprit 8Lle genie puiſſantzgpurles ſciçpçazs ,— comme ,les
EpagnolS8Lles ;Italiengquí ſont pertinents ,,ſubtilsëgingenieux-Ës,[iures &grain
.-.ou
ï h
Europe. ct '
23
ctez qu'ils compoſent J8: ce pardeſſus les Allemans 8c les François , qui eſcriuent
plus -, SL des choſes plus communes. '
Langues.
N O v S auons promis de parler des langues qui ſont en vſage dans l'Europe , &le
ſes vnze matrices que’l Oſÿcal' er a remarquées,pour y auolr cours , ſçauoir,
' quatre matrices pnncipales,qu1 ont eurs rejettons, 8c ſept moindres, ou particu-ñ
lieres matrices , ſquibq ont Êuſſl bien que lesñutrës ,nul e rfeſlçemblzlinceí alliance,
ou co nation en em e,ne e ralpportants nu ement , ains ai ants, eur an acte à
parnôgc entierement ſepare. La angue Saincte ou Hebraïquedafipremiere dfrïſon
de,n‘eſt point de ces matrices del Europe , toute-Sſois nous en irons ce mot, qui
pourra ſeruir pour les autres parties du monde,q ui ſont deſia compoſées , ſçauoir,
que la ligue Hebraiqile a diuers reiettons en la ChaldaiquezSyriaque ou Syrienne,
&AſſyriennqBabylon1enne,Arab1qi1e,Samaritaine, Æthiopique,Medienne,Per
.ſique,Armenienne,Ægyptienne,P unique ou PhœnicienneJndienne. De tous ces
reiettons l’Arabique eſt le plus vniuerſel 8c le plus eſtendu , eſtant ceſte langue ſa
miliere à tous les Mahumetans,connuë 8c practiquée par _toute l'A ſie,,iuſq ues aux
lfles Molucques,ôc en l'Afrique meſinqexcepté le pays de Nubie. Pour l'Europe,
elle y eſt connuë dans la Grece,Macedoine , Thrace, Dace, partie de la Hongrie,
_ Seruie,8c Pannonie haute. Elle eſt entenduë ſans truchement des Mores, Æoy
tienS,Syriens,Perſes , Turcs, Indiens , comme les Hollandois qui yont voyagé
ſi Font reconnu. Et pour marque du ſçauoir 8c inclinatiô aux lettres des Europeans,
ceſte Princeſſe deslangues l’Hebra~1~que,8cl’Ar ique auſſi y ont eſté 8c ſont au,
iourd'huy tellement cultiuées 8c recherchéegäl n'eſt pas poſſible d'y auoir apñſi
I
24 Europe
Ceſte langue eſt grandement eſpanduëfiimiliere és Cours du grand Turc , &C du
Sultan d'ſiE<_T,y te,ôc au_ Caire,ſa principale ville, Memphis des Anciens, les Slaues ve—
ſ nus de la Scyt ie en nombre effroiablqôc plus grand qu'autre nation Se '~tentrion
nale,qui ait deſbordé dans l'Euro e,apport’erent_ceſte languqdelaquel e on trou
ue que cinquäte ou ſoixante peup es ont vſc autrefois, &Cauiourd huy ceſont ceux
de l'ancienne Mpeſie ou Pannonie baſſe 8C haute , de l’Illyric,oi1 Dalmatie , 8c Sar_
matie,en ſorte ue les reiettonsprincipaux ſontla Moſcouite , ou Rutlienique , la
Polonnoiſe,Dzilmati ue,Bohemienne ,Vvindique , &autres qui y peuuent eſtre
adiouſtéegcomme ce le des Tranſyluains , 8c autrcsîpeuples Septentrionaux , qui
peuuent auoir neantmoins quelque meſlange de la langue Allemande , ou de leurs
‘ voiſins,8c des nations ui les confinent. L'Allemande,ou Germanique a trois rc
iettons,Dialectes ouI iomes principaux , leTeuton ,le _Saxon , 8c le Danois. Le
Teuton eſt ou bas ou liaut,qui ſont marquez par des noms 8c termes Allemans. Le
Saxon a ſes reiettongſçauoinle Nord—Albing,ou de Thuringe , &le Friſon , auec
PAngIOiSz 8c du Nord-Albing l'Anglois 8c l'Eſcoſſois ſont encore des Dialectesi
Du Danois les reiettons ſont ceux qui ſont ſur la Marche, d'où vient le nom de
Dannemarckzceux qui ſont vers le Midy,qui ſont les Suedois,8t 'ceux du Norc, ap
pellez Nortñmans,ou Norvveges,deſquels s'eſt encores prouignél l ſlandois d'au
iourd'huy,dont le langage eſt entendu par les Nordvveges,comme la langue l-Iol
landoiſe eſt entenduë des Allemans,8cl’Italieniie des François. Toute la haute F(
baſſe Allemagne ſe ſert de ceſte läguqauec l’Angleterre,l'Eſcoſle,le Dannemarck,
la Suede 8c la Norvvege: les Hirlandoisffiinlandois 8C Lappons en ſont exceptez,
comme ayans vne langue particuliereLa langue Latine n'a que trois reicttôs prin.
cipaux,ſçauoir,l’ltalien,le Françoisfic l'Eſpagnol : les Goths,LombardS,Vvanda
les,Francs &autres nations barb- s,ayans vaincu les Italiens , les Gaulois 8c les
Eſpagnolgappcllerentleurs lan Romaneſques, 8c en France ſuſt faite diſtin
ction pour l'eſt-lt des perſonnes entre les Francs 8c Bourguignons 8c les Romains,
qui eſtoient pirement traictez dans leurs loix,comme en Italieles Lombards,8: en_
Eſpagne les Goths prenoient auſſi aduanta e ſur ceux qu’ils appelloient Romains, -
qui eſtoient nature sdu pays. Soubs les Ita iens ,François 8c Eſpagnols, ſont au
iourd’huy compris ſur ce ſubiet du lan gage , tous les Eſtats voiſins qui ont vn lan
gage corrompu 8c melle' des vns ou des autresſiçauoir la Sauoye, le Piedmont , les
?Griſonsda Sicile,la Sardeigne 8c autres. Les trois reiettons de la langue latine le
ſont en ſorte,qu’il n'y a preſque mot qui n'en prouienne,exceptez pour la langue
Franqoiſqquelques vieux mots GauloiS,8c quelquestermes auſſi tirez de la. lan_
gueGrecquqmeſmes en noſtre vulgaire du Languedoczëc en la langueEſpagnole,
pluſieurs termes reſtez des Mores,VvandaleS,Sarraſins ou Goths , comme ſont les
mots d'Alcayde pour Gouuerneunôc d’Alguaſil pour Sergent , ê( autres ſembLa
bles. L' italienne en peutauoir quelquesñvns auſſi des Goths 8( des Lombards,toii
tesſois ſort peu. Lalangue Grecque a diuers Dialectes 8C ldiomes és diuerſes Iſles
ſituées differemmennq ui toutes changent de langue,ſe rapportant toutesſois à la
'U*
matriceCeſte langue n'eſt pas_ du tout ſi corrompuë en la vulgaire Grecqucgqiſcſt
'la Latine en Pltaliennejrançoiſe 8c Eſpagnole , puis que l' Italienne , .ſur les lieux
meſines,où elle a eſté en vſage 8c en fieur,eſt Fort corrompuede la Latine: 8c par
tant 1e ne ſuis pas de l’aduis de Geſner en ſon Mithridate , où il traicte des' langues,
qui croid le contraire,à cauſe,dit—il,quele Grec vulgaire a pluſieurs voix barbares
meſlées,ôc qu'il ya pluſieurs lettres 8c terminaiſons changées, ce qui eſt bien auſſi,
St poſſible plus és reiettons de la langue Latin &principalement pour les lettres R
teîrminaiſons,qui ſont entierement alterées. Geſner croid 8x' a ouy dire, q ue le l'an
gage de la Morée d'aiiiourd'l_iuy, iadis Peloponnpſe ,eſt deineuïe, auec plus de puñ
rete qu'aucun autre , ce que 1e croy bien auſſi &l ay experimentc parla communi_
cation uei'ay eüe en ma ieuneſſe auec vn homme de ce pays-là,qui eſtoit Moyne
de
ſonS.Ba ile( ſequifaiſoit
Grec,ſſ& eſt le fort
ſeul bien
Ordre de Religion
entëdre à ceux connu dans
qui ne le la Grece)
ſçailoient quelequel
par lesparloit
liurdss,
dont le Grec eſt auſſi entendu par les Grecs d’auiourd'huy. Reſtent les ſept matrñi
ces moindreS,qui
irziere ſont langues
eſt l'A] banoiſe,dont particulieres,de
certain differents de
pçuple des montagnes pays
la de l'Euro
Grece e: la prix
ſe ſſiſórnſoit-en
Maoedoinqſoit en Epire: il eſt incertain ſi ce ſont gens du pays,ou s'ils y ſont ven us
d'ailleurs. La ſeconde des Coſaques, ou Tartares Precopenſes. La troiſieſme des
Hongrespu d'vne partie d’iceux,coinme eſtime Geſner, que les Huns dôt Attila
d
'fuſt'
l
Europe. 25
fuſtle Capitainefit les Auares, m-_uóiôs tresæruelles porteront de l'Aſie dans l'Euro
e, 8c de ces deux noms ſe forma celuy de Hungaria; La 4.-.eſt des FinlandOis,8c des
Lappons en Suede. La 5. eſt des Hirlandois &Eſcoſſois ſauuages,qui ont auſſi mel-I
N
mes mœurs,habits,ôc armes que les Hirlandois, dont IlS ſont voiſins , auſquels on
adiouſte auſſi les habitans de l'Iſle Mona,voiſine de PHirlande, qui ont leur langue
particuliere. La ſixieſme eſtl’ancienne Britanniquqq ue l'Angleterre a conſeruée
dans ſes montagnegôc au pays de Galles Cambria , 8C la baſſe Bretagne en France,
— où elle eſt appellée Breton bretonnant ;langage rudeâx' groſſier, 8c qui ſe parle du
ſounds du gozier, La ſeptieſme 8c derniere eſt des anciens Cantahres , que les Fran_
çois 8c Eſpagnols appellent Baſqkues ou Biſcayns , appartenans aux .vns 8c aux au
tregdeçzi 8c delà les Pyrenées,re es de l'ancienne langue Eſpagnole, q ui s'eſt coh_
ſeruéqcomme l'ancienne Britannique-,parmi ces montagnes , païs d’enuiron ſept
iournées,où eſtoient les anciens peuples, dont la ville de Tarbe a conſerué le nom.
Geſner fait auſſi mention de certains habitans d'vne Iſle qui n'eſt point diſtante de
Veniſe , que
Italiemny de deux iournées
S clauorgôc par menappellée
ont vn langage Vela ou ſ Vegla , qui ne parlent ny
particulier.
Richeſſes &forces;
ſſA richeſſe naturelle de l'Europe ne conſiſte pas en l'or-d'argent, erles,ou pierſi
res precieuſes qui s'en tirent,cornme des autres parties du mon e, ſg. en Ati-i.
que,e's mines d'or quiſe trouuent en la Guinée,Nubie,& autres lieux , de en celles
d'argent qui ſont en quelques Royaumeszen l’Amerique,en l'or,l'argent, perles 8C
eſineraudesgqul. ſe tirent des Indes Occidentales , iulques â. en faire vn reuenu au
Roy d'Eſpagne de dix ou douze millions d'or,ou d’argent:en l'Aſie,en l'or, Fargët, r
perles,pierreries,drogues,eſpiceries 8c ſoyes; mais elle côſiſtc és diuers fruits qu'el
e rapporte , plus neceſſaires àla vie de l’homme,à ſon entretenement Cx' comme:
dité,en bleds,vins,liuiles,& autres fruits qui ſe conſeruent 8e tranſportennau poiſ
.ſon qui ſe tire de ſes mers,qui ſe peut auſſi conſeruer 8c tranſporter, és mines de fer,
de charb 6,8( autres mineraux &metaux qui ſont en Frîce,en Allemagne,en Eſpa. 7
gnqôc ailleursmiais principalemët en laines de toutes ſortes,dont ſe ſont les beaux
draps de Segobie en Eſpagne,de Florence en Italie , ceux de Hollande , 8c de plu
- ſieurs lieux en France,8c les ſarges 8c cadis du bas Languedoc , les belles eſcarlates
qui ſe teienent à Paris,ôc qui viennent d’ltalie,les bayettes d'Angleterre ,les riches
eſtoſſes de ſO-ye qui ſe font en France,és villes d'Auignon,de Tours , de Paris , mais
principalement en ltalie,â Genes,Milan,Luquis, Naples,ôc autres villes, 8x' en An
gleterre,les cuirs ou marroquins de Flandres ,les peaux des vaches de Ruſſie ,les
eaux &riches fourrures de la Moſcouie , &î d'ailleurs, le beau linge, auec le riche
l
_Gt agreable trauail du point coupe' de Flandresfic pour ces _derniers les chanvres &C
lins desliez 8c tres-fins à y trauaillenles vers à ſoye,& grand' quantité de meuriers :ï
les nourrinauec l'induſtrie à en faire venir la ſoye,au bas Languedoc 8c ailleurs z les
belles impreſſions 8c grandtrafic des liureS,8c vn nombre infini d'artiſans de toutes
ſortes dans les meilleures villes de France,d’ltalie , d'Eſpagne , d’Alleinagne, des'
Pays—Bas,d’Angleterre,8cc.L'or ê: l'argent qui prouient de ce deſſus , ſoit pour ce
que les Roys,Princes,Eſtats,8C RCPUbllqUCS , en tirent de reueíiu annuel,ſoit_ pour
la richeſſe 8c commodité des particuliers habita-ns des Prouinces,qui en profitent,
ou poùrleur vſage, ou par cômerce 8c trafic,q ui les enrichit, &Z decore vn nombre x
infini depublics
edifices belles 6c8cbonnes villes eſgale
particuliers, , quiſont dans l'Europe
bien,s'1ſil , de, laſuperbes
ne ſurpaſſe _baſtimens
valeur des &c
mines d'or
8c d'argent qui ſont és autres parties du monde. î y '_
Les forces de l'Europe conſiſtent en toutes ſortes d’armes,q ui ſe font en tous les
endroits de ceſte partie du monde, ſc,, en Italie , és villes deMilan , Veniſe , Genes,
Na les,ôcc. en Allernagnqoù le fer 8c l'induſtrie ne manquent point , en Eſpagne,
en lÿrancqen Angle-terms( ailleurs , en l'artillerie de tou-tes ſortes 'dont tous les'
Eſtats dePEurope ſont tres-bien munis, &c qui manque és autres parties du mon
de,a,u nom breinfini de villes &c laces biëmuniesfix' fortifiées auec tout l'art 8c les
reglËs
ties , enqui peuuent 8Cdes
l'abondance doiuenteſtre obſeruées,ce
viures parla qui n'eſt
bonne culturede point
tous' les auſſi
coinſisſiésde_ceſte
autres par-
par
tie, au bon ordre dela guerre,la capacitéôcjnduſtrie à ſe bien ſeruir des armes pour
combattre 8c ſur terre ê( ſur mer, 8c finalement en la valeur 8c au courage des ha:
bitans deEurope.
l'EurOpe,& principalement de la Nobleſſe , 8c ſur tout au
ſ 'nom C
Chreſtië,
26 Europe.
8c au Dieu qu'ils adorennäe auquel ils ſeruent , ar Oii ſans doute , (iles pechez des
liommesify portoient obſtaclegôc que~l’vnion es Princes Chreſtiens .Fuſt bonne,
leurs armées ſeroient autant de legions ſulminantesfic leTurc qui poſſede vne grâ'.
de partie du monde,8c a le pied dans celle~ cy,non ſoulementïsïen retireroinmais les
autres Chreſiſtiens ſeroient entierement affranchis de ſerujtutle , 8c ce Tyran de
_jette de la poſſeffion 8C de PEmpire dotant de belles Prouinces,qui- le reconnoiſñ
ſent, &c ſuiuent la fauſſe religion de Mahomet.
' .Couuernemenn
N tousles Royaumes &Eſtats de l’EurOpe,oi1 peut conſiderer quatre tem s,
ou ſortes de gouuernemennqni y ont eſte,le premier eſt celuy quia preccde la
vienuë des Romainsfic de cet Empire ô( nation deſbrifiante , figuree par le ier de la
proplietie: Empire-,qnia atteint par tout,qui a paſſe' les mers,& donnêïlans l’AFri— .ſi
que 8c dans l'Aſie: le ſecond eſt celuy des Romains 8x' de leur Empire 8c dominatiô:
le troilſieſme eſt celuy3qui a ſuccedé ÊiuxdRpmains (laps lp Cllſſſlkîíltlon de leur Empi —
re ar esſnbiuguez
augient nations Bar: le ares,qui ont8c dernier
quatrieſme on u ureſteux,8c
celuy ur es E ~ tsſongé
d’apreſent, 8c eudieipuiilpluñ_
les u’ils
me"
ſ28 ' ſ Europe.
\ - Religion.
E v x raiſons nous empeſchent de traiter cet article plus exactement 8c auec
plus long diſcours,l’vrîie eſt, qtfau diſcoursvniuerſe_ ila _ eſté parlé des Reli— ſ
ſ ſ _gens auecſont
gieux,qui ordi-QS(
dans elus generalementgcomprenant
monde. auſſi lesdes
L'~autre,qu’en la deſcription diuers ordres
Eſtats de Reliñ
de l'Europe,
-il y ſera fait mention _de leur Religion ancienne auant le Chriſtianiſme , 8c de celle
que les habitans de 'chaque pa S profeſſeur_ auiourdfhuy. Pour ſuiure donc Pordre
tenu és autresîparties du mon e,or~i peut dire, ue l'Europe eſt a bon droict enten
duë ſoubs _le nom deSeigneurs
hometangquſſiſpnt Chreſtientédautant que ors du meflange
dela ville de Conſtantinoplqde des Turcs,8L
la Thrace,de Ma. .
la Greñ
\LP
ce,'8c autres pays,touty eſt ChreſtiÔÎComme auſſi l'Europe peut eſtre dite Catho— ‘
liquqôc la Religion laquelle y eſt receuë plus generalement, Catholique , ou vni.
uerſelle, puis que la plus grandepart de ſes Eſtats fait profeſſion dela Religion Ca..
tholique Romaincgôc reconnoi le Papepour chefde l'Egliſe. Les Royaumes &c
Eſhzzcs qui ſont entierementCatholiques, ont celuy d’Eſpagne,où eſt meſmes eſta
Folie lîlntquiſition auec ſa rigueur plus grande: l'Italie 8C tous ſes Eſtats , Royaumes
8C Ifles e la mer Mediterranée,qui en dependent, auec routes les terres dependä- . ~
tes de la Seigneurie deVeniſe,mais Plnquiſition n'y eſt pas ſi rigoureuſqcomine en
EſpagnezlesProuinces des Pays—Bas,qui ſe ſont côſeruées däs Pobeïſſance du Roy
d’Eſpagne,qui ſont au nombre de dix,où eſt compris le Côté de Flandres, auec ſes
belles 8c puiſſantes villes,&. leMarquiſat du S.Empire,oi‘i eſt Anuers: le Duché cle
Lorrainqceluy de Sauoyqauec la Principauté de Piedmonnle Comte' de Tirol, de
treize Cantons de Suiſſes,les neuf. uant à la Francc,elle y eſt la mieux eſtablie, 8c
. la plus puiſſante,ſoit par la plus gran e partie de ſes habitans,qui en font proſeffiô,
dans les plus grandes ou meilleures villes,ou elle eſt,où ſeule receuë 8c ſans exerci
ce d’autre,ſoit dans la ville,ſoit aux champsxôme à Toulouſe, Carcaſſonne , Nar.
bonne,Alby,Auignon,8CComté deVenayſſe, qui ſont cenſez de France,quoy que
ardez pour le Pape,Aix en ProuencqRenneS en BretagnegLimoges, 8c autres,ou
Ëien la plus ſorte,comme à Paris,Orleans,Roüen,DijOn,P oictiers, B ordeaux,Mar
ſeille,Ar.les,ôcautres,ſoitauffi par Pobcïſſance reiidüe au"Roy par luſieurs villes
afflſes en diuerſes Prouinces,dont les fortifications vieilles,comme ilela Rochelle,
8c de Montaubamôc
demoliesWant nouuelles,comme
à l’Allemagne celles
,ſpluſieurs du bas
belles Languedoqôc
8c puiſſantes villesautres' ont eſté
8c diocſieſes en
font profeſſion generalgcomme ont COlogne,Mayence , excepté la grandewille
d’ErFord,TreueS,8cc. auec les Eſtat entiers de la Bauiere,d’Auſtriche , Re. les pays
du Liege,Cle_ues,luliers , la Franche- Comté,8cc.Il y a des Royaumes &Eſtats qui
fontvne proſeflion generale de Religion contraire,ſç.çle la Religion retendüe re—
forméqôc* qui ſont dans vne meſme Communiomquoy qu’auec queſque differen
ce exterieure,regardant ou la diſcipline,ou la 'police Eccleſiaſtique ,la Hierarchie,
8c quelques 'c_eremonies,comme l’Angleterre ôcPHirlande , ou la I-Iierarchie Ec
cleſiaſtique eſt gardée,ſoubs le Roy d'Angleterre , qui ſe dir, chefde l’Egliſe,pour
l’ordre,8c la conuocation des aſſemblées Eccleſiaſtiqíies; u où en Eſcoſſe ils viuêt
ſui' lareformation receüe à Geneuqparmi les Suiſſesfic ſuiuie par les Egliſes prrel".
de Francqôc ſont appellez Puritains,ajnſi que peuuent eſtre dits ceux de Geneue,
8C de leur Seigneurie ,les quatre Cantonsdes Suiſſes non Catholiques , ſe. Berne,
Zurich,Baſle 8c Schaffiiſemôc les Prouinces vnies des Paÿsñbas, auec quelque m é
lange d’Arminiens &autres partiaux tolerez~â Amſterdä 8c ailleurs dans les-Eſtats.
Les Royaumes de Dannemarck 8C 'de Pologne &cautres Eſtats , ont receu 8C admis
la premiere'reformatiô preſchée par M.Luther,8cſon-t meſlez auec les Catholiques
R0mains,dont la Religion eſt auilï exercéefic les Eïieſques 8C autres Prelats iouïſi
ſants de leursïchargesiôc reuenuSLa Suede eſt entierement diſtiaite de l'Egliſe Ca
tlfoliqueRómaint-,depuis Guſtau Roy de Site-cle, dont le fils Charles pere de Gu
ſtau dernier Roy,fuſt’ efleu Iegitimement contre- Sîgiſmond ſon nepueu, Roy de
Pologne 8C de Suede,lequel aiant eſté nſſourry en la Religion Catholiqueſiuſt priué
de ce Royaumqdont les habitans adhererent entierementà Charles, 8c le declare
rent Roy dans les Eſtats du?pays. Les Eſtats d'Allemagne , norrCatholiques', ſont
preſque tous adherantsalla pretendüe reformation de Luther, 8c à la confeſſion
&Auſhourgfflomme la Saxe —, Ratiſbonne , dans l’Archeueſché de Saltſbourg: le '
Marquilat de Brandebou ,les Duchez de Brunſuic ê( de Vvirtemberg, l'Arche
ueſché de_Ljâagdebourguze uy de Bremegôc le Comté de Mansfeld: le Landgrauiac
- .flv -
c
l.
I ||:'|.l II..)- l\
ulII'IIJ\I\_|
'U
d - Ll! Iùïæ
. . bunk!, a
iIll ill
Europe. 29_
de Helſqôc le Comte Palatin du Rhin ſont Caluíniſteszla Sileſie,Stírie,Boheme &t
Morauieſiont diſtraites de meſme de l'Egliſe Catholique Romaine,ôc y a quantité
dflnabaptiſtes meílez. Toutesles villes Imperiales &libres , comme Straſbourg, ~
Ausbourg,Noremberg,SPire,Vvormes,Vlme,Francfort , Aix la Chapelle , 8c au.
tres,ſont Lutheriennes. Les Moſcouites ,Sc les Rujffiens ſubiects au Roy de Polo
gnepdherent aux Egliſes GrecqueS,8c ontla Liturgie en ceſte langue , comme les
ſiGrecS 8L Conſtantinopolitainsſioubs leur Patriarche , qui ne reconnoiſi: point le
Pape,à cauſe dequoy ils ſont Schiſfnatiques , 8c ſeparez ck la Communion de YE —_z -._ u
pri,Gallo,8c
Tremiti; * uisS .Pierrcgqui
encorſſes auenMidy
dependentz de meſme
du Rovaume que leslesEoliennes
de Naples , 8è ,celles de"
IfleS,ôc Royaumes de
Sicilt-,ôc de Sardaigfiqaueclesdpctites Iſles de Leuenzo,Maretimo, Fauagnana , 8c
- autres moindregquidepëdent de la1Premierezô: celles d’Aſinara,S.Teramo, S.An— ' '
tioco,Toro,Vaca,quiauoiſincnt la ’econde,auec quelques autres. Dans la Toſca
ne il poſſede
Plombin vn~eles villesgarniſon
groſſe , &portsd’Eſpagnols,tenant
d’Orbitello ,Telamone, PorBErcole
par ce moyè' (ſiuiet le, Seigneur
puis a dans
de
ceſte ville,qui Peſt auſſi de l'Iſle d’Elbe,où ce Roy tient le Port de L5 on, auec vne
bonne partie de
Lombardieil l’lfle,ledereſte
a PEſtat eſtant aulapouuoir
Milamauec du de
fortereſſe grand Duc de Toſäane.
Pontremolgqitoy queDans la. '
dans la ſi, \
Lunigianqpartie dela Toſcane,qu’on a ioint à cet Eſtatfic dans la meſm e Lombarñ -
die il tient garniſon Eſpagnole dans la ville de Correggiqquoy qu'elle ait ſon Prin
ce particulienabſolu
nes,il comme
poflede leMarquiſat de les autres FinaLauec
Finar,ou -Souuerainsdfltaliez
la ville depuis ſur la
meſme coſte de Ge
nóſimficles pla
ces dependantegq ui ſont ſOlÎbS le Gou uerneur de Milan; de meſme que celles de _
Toſcane ſoubs le Vice—Ro
de Bourgognqquïl de Naples.
auoit onn-ée en dotEtàllntſiante,
encoie Seigneur de la Franche-Comte"
ou Prinçeſſe Iſabelle , Archi j
ducheſſe d’Auſtriche-,d meſme que les PaxfsſiBagdont il ſe POULIO/lt auſii dire vraY
Maiſtrqcommeyayant outqu'elle
eſtoit ſans enfäns,qu’à cauſe pouuoir dés-ſçeu
nſi’euſt ors ,maintenir
tant Pourſes
ce pays
que l’~Archiducheſſe
ſàns Paffiſtance
d'Eſpagne:
pelloient tellement
àPentiere que ce Roy,que
poſſeffion les conditions
de ces Eſtats,apres ſon du \mariage
deceds de l' ln ſante
, ſidominoit deſia, ap
par
_ aduance leDuché de Brabangexceptez les lieux de BerghopzoormBOlduc,Graue,
SteinbergficVillomſtad,auecleurs iuriſdictiOnSJa Comté de Flandres , exceptez
P les lieux de PEcluſe, Axele, Ardenbourg, l'Iſle de Catſand , 8c autres , D1arquez au
~~ n diſcours des Prouinces vnies : le Marquiſat du S.Empire,8cla Seigneurie de Mali
_ nes:
delales Duchez
ville de Limbourg,ôc
de *Ruermondezles Luxembourgzla
Comtez partie de
d’ArtOiS,Haynaut , 8claNamur:
Gueldre,laqui dc ’Ol-
ville end ſi ‘
denzeelen la Seigneurie d’Ouer-yſſel , 8c apres de là ſur les extremitez des Pays
Bagbien qu’enVveſtfalie,la Comté de Linahen : ôéſurlïzutre extremite' le Camp
breſls. x ñ
Il eſt auſſi Comte de Charolais en France, mais non abſolufflource que c'eſt vn
Europe. C
ï
i310,
Eſta-ts du Roy d'Eſpagne.
vfiefde la Couronne de France, dontle Roy y tient vn Gouuerneui- , auec ſes offi
ciers de luſtice.
uantau diſcours de tous ces Eſtats,vous les trouuerez au rang deleurs prouin- -
ces,ou ie les ay mis,pour eſuicer la côfuſion,8c garder l'ordre req uis aux LſſlCſCſlPſlôS
des pays ſelô leur aſſieteÆcleur ſuite.Mais pour le regard de ce 'que ce Roy poſſede
_ ,, ’ . y ſ . n .
ailleurs,pource qu il n y a preſque que des pieces detachees , i'ay fait des diſcours
-. ſeparez de ſes Eſtats d'Afrique,ôcd’Aſie,à la fin de ces deux parties du m onde ,pour
les faire mieux connoitre,aprcs les deſcriptions entieres de tous les pays ; excepté
que i'ay logé le Royaume d-'Ormuz en ſon rangjàla fin de l'Arabie heureuſe, Côme ,
vne piece entiere,qui pouiioit rendre la deſcription des pays voiſins difforme , en
eſtant toutâ ſhit des-vny. uant à l'Amerique , pource que ce Prince y tient preſ
‘q ueſïpar tout quelque choſe,i ay mis toutes les Prouinces de ſuite , pour la- ſatisfa
ction des Lecteurgqui pourront Voir aiſément , auſſi bien que d'autre ſorte , voire
rneſine plus nettement,ce qu’il tient,ou qu'on luy conteſte ,_auec ce que ceux du
pays,ou les Eſtrangers poſſedent encore.
Venant à ceſte heure aux Eſtats d’Afrique,ce Prince y tiê't ſurla mer Mediterra Pays qu'il
nécgôc dans le Royaume de Fez,laville de Ceute,â la bouche du deſtroit de Gibal tient en
Afrique.
tarzôc le Peñon de Velez,dans vne petite Iſle proche de la terre-ferme , vis à vis de
Bedis,ou Velez de la Gomere-,puis les villes de Melille,& Cliaſaſa, du meſme Roy
aume z la Cité d'Oran,8c ſon Marquiſauqui s’eſtend dans les montagnes, au Roy
aume deTelenſimcompris en celu d'Alger-puce le grand Port , 8c la Cite' de Mar
zalquabir: 6c l'Iſle Pantalaréep-ffiliz, contre loRoyaume de Tunes, appartenance à
l’Afrique,q uoy que du gouuernement du Vice- R oy de Sicile.
Mais quitant la mer Mediteranée,il a ſur le deſtroit les villes d’Alcaçar,ou Cafän
Ezzzigir , 8c deT-'angenqui ſont du Royaume de Fezzpuis hors _du deſtroit ſur l'O;
' cean Atlantique,au meſme Royaume , les fortes places de l’Arache,ou l’I~Iarais,8C
de Mahmorazôctient encore tri utaires ceux de Caſar- Elabir. Allant encore plus
auant versle Midy,lelong iluyriuagefila dans le Royaume de Maroc , les lieux de
MazagamôcGartñ gueſſemôc ceux de la ville deTitli ſont ſes tributairesDeſcendät
plus bas,il tient pres de la terre .ferme du Royaume de G ualata,au païs des Negrcs,
l'Iſle ô( la fortereſſe d'-Arquin,pour tirer des eſclaues de ces païs—là,puis les troqner, ~
_ l'on
ou les emploi-Er
tire quätité au trauail
d'or,8c dedes mines.Il poſſede
Malaguette,ou encore
graine plus bas
de Paradis , lesenlieux
la Guinée , d'où 'ct ~
8c fortereſſes
de S.Philippe,d’Aziem,& deCama,auec leChaſteau deMine,ou de S.George,pres
duquel .on trouue force or. Il tient encore la ville de Loanda,ou du S .Eſprit en l'Iſle
.de Loanda,di1 Royaume de Congozôc vis à vis en la terre ferme de Congo,le B ourg
de S.Paul,villePortugais
d’ai'gent.Les peuplée dePortugais,qui s'y sôtau
luy ont encore aſſuiety eſtablis pour levoiſinage
Royaume d'Angola lades mines ſi
pluſpart
des S0bas,ou Seignſſeurs,&c l'ont rendu Maiſtre des abondantes mines d'argent de
Cambarnbegiíant pour s'en aſſeurer mieux la fortereſſe de Maſſagan , 8c quelques
autres ſans nôzoutre que pour meſme effet ils ont la fortereſſe 8c cité deTete,ſiir les
confins de Monomotapall poſſede encore le fort de Sofala,ou Cua1na,ai1 Royau
me de Sofalapl cauſe de ſes mines d'or:puis plus auät le fort de M6baze,8c les Roys
de Sofala,de la coſte de Mozäbiquqôc de celle de Melinde,ſont preſque tous ſes al
liez,ou
tence deſesmort
tributaires
coſſntre 8cluſieurs
ſuietsztelleinent que ſesGouuernreurs
de ees Princes donnent
quand ils ont failly. ' meſme ſen
Pour-le regard des I es dependätes de l'Afrique,outre celle de Pätalaréqdôt i'ay
fait mëtion,qui ſe trouue dans la mer Mediterranégil tient ſur l’OceanAtlantique
celles de Port Saint,8c de Maderqôc les Canaries,puis clis l_’Oceaii Etliiopíque cel
les du Cap Verd,du Prince,de S.Thoma 5,8( d’Anob 6,outre celle de S. Helen e,q ui
bien que deſerte,peut eſtre miſe en ce rang,tâ't pour le rafraichiſiemët que lesPor
tugais y prennëgq uepour les malades q u’ils y laiſſennôc pour ce qu'ils ſe l'appro
priërzpuisaiät double le Cap de Bone-Eſperance, il poſſede dans le Sein , ou Golfe
Barbariqueÿla renommée 8c forte Iſle de Mozambique , proche des mines d'or de
de ſii coſte,8t Sofala. ' - -
ll eſt en Aſie Maiſtre de la plus grade partie du Royaume d'Ormuz,dôtleTurc 9 Pays qu'il
. &le Soſi tiennent quelques piecegôclà pres il tientdans le Golfe de Perſe les Iſles tient cn
de KeyS,Larek,AngonqWeixomeÆcGulfahproches de la peſche des groſſes per—l^ſ‘°
I
les,outre les petitesIſles de Baxeal , Quuro , Coiar , Dome, Firror ., Gicolar, Cori,
Pheluuôc Lara,toutes dependätes du meſme RoyauméÆätâ l’ Iſle de Baharädu
meſmeGolfepù ſe ſaitla principale peſche des groſſes perle-rule Persä la luy a rauie,
Diſcours ſCeneral. 3l
8'; la tiët depuis l'an réonbiê qu'elle-ſoit des_ appartenäées du Royaume d’ÔrmuzI
Entrant apres dans les Indes Orientales,il oſſede au Royaume de ÇambayePIiI
le,8L Fortereſſe importante de D'iu,ou Diul; es villes deDaman,8L de Bazaim,l’Ifle
de Salſette de Bazainndifferëte de Salſette de Goa,auec les lieux principaux deTa.
1ia,ou Tanaa,BaiÎdora-,8L Marol;8L__en terre Ferme lesFortereſſes deManora,8Lde la
Roche d’Aſſerim;puis au pays de Dekíí la ville Chaul,8L plus auät en celuy de C5..
lt-.unla ville de DabuLGoa, principale ville des Indes Orientales ,' 8L ſejour des Vi—
ceroiS-,q ue le Roy d'Eſpagne y enuoyezles Iſles de Choran,8L Dinar; 8L les pays de
Bardes,8L de Salſette proche de Goa,ayans quelques zo lieuës Œeſtëduëzpuis pour
le trafic,8L commodité du poivre,les fortereſſes d’Onor,Barcelor,8L Mangalor,au
pays deCanarazles places de CananoizCranganor,Cochin,8L Coulan, en celuy de
Malabarz8L avant doubléle Cap de Comorin,il tient vis a vis de la coſte de' la Peſ.
cl1erie,en l'Iſle de Ze lan,oùl’0n trouue de grandes richeſſes, de meſme q 'en la
Mer voiſine ſorcerperlesJe
fortereſſe-gde_ port,8L
Gallozou Gallazle portlade
ville de Col umbo
Chilao,ou ,capitale d’vn
ſi i1ilao,0ùl’on Roya
peſche ne, la
quantité
de perles,la fortereſſe de Maluana 8L Caymehoutrela petite Ifle de Cardiua , aſſiſe
_entre QQlaoÆL Putalamſeparée de la grande Iſle ar vn bras de mer 5 puis prés de
la coſte dela Peſcherie,8L peu loin de l'Iſle de ZeyianIIfl-.Ï- de Manar renommée
pour les perles qui ſe peſchent pres de ſon riuagezôL celle des Roys qui Pauoiſine.
En la coſte de Choromandel il tientlaville de Meliaponou ſainct Thomas , 8L
'cel-le de Negapatan paſſe connue ſienne,quoy qu'elle ſe retire bien ſouucnt de ſon
obeiſianceAu Royaume de Bengala les Portugais ont vne demeure au Port dc
Gal lo,ou G olin,8L vne autre au Royaume de Chandecan,l’vn de ceux de Bengalaz
mais ſans ſortercillnlls ont au Royaume de Pegu le Port,ñ8L la Fortereſſe de Sirian:
puis plus auant la riche vill e de Malaca , lieu de grand traſiqauec le Royaume de
'méme i1ôz8cſiir la ſrôtiere de laChine 8Ldz~ís ſes côfins,la ville d'.lſi_mac-.z.0,ouM:icao.v
Ils ont pluſieurs places aux Iſles Moluquefflquelques ſortcreſſes,8L villes aux Iſ
les de Ternate,4‘SLTidoré,des Forts aux Ifles de Solar , '8L Timor , 8L de meſme en
celle d’Amboyno,aux Iſles du M0re,8L de Gilolo,pour en tirer le girofle, la canel
le.,la muſcade,8L le maciSÇe Roy tient encor la pluſpart des Ifles de Luçon,o,u Fi
lipninegdont les principales ſont Luçon,Tandaye,Zubu,ou los Pintados , Meſia
ne,B i1tuä,8L Caleghäquïl poſlcde,de meſine que les Iſles des ll0queS,8L de Coyo:
eſtant priué de celle de Ivlindanao,ouVè'denao,l’vne des lus grädes,8Lp]i1s riches.
Pays qu'il Apres auoir veu
l' Anſiieriquell ſes Eſtats
y poſſede d’Aſie,paſſons
du coſté du Nord laà ceux des Inges
Nouuellc Occidentales
Eſpagne , ou les
, embraſſànt de
tlen( cn
AUCH*
que. Prouinces de Mexique,Mechoacä,la Nouuellc GaliceJa Nouuellc Biſcaye,N Ou
nelle Grenade,Guatemala,Chiapa,Guayac,Vera P;Û.Z,H0l1(ll1l'3.S,IUCQEalÎ , Nica
ragua,Coſtarica,8L V eraguazmais ces pays ne ſont pas la pluſpart ſans meflange de
euples libresDu coſté du Sud,ou dans l’Am eriqueMcridiOnaleJl poſſede 'la Cal
ſtill e d’or,oii eſt Panama,8L nombre de Dioszle Nouueau Royaume de Grenade,
. ſans
les pays de Cartagenqde
meflange Saincte
deſibeaucoup MarthqRio
de peuples demeſme
ſräcszde la Hacha,8L
que lesVenezuelazmais non
precedëtes,8Lcelles
qui ſuiuêncommeyvous pourrez voir aux_ diſcours de ees pays,dôt il ~n’o iniatre en
~ pluſieurs endrois que les riuagesll tiët dans la meſme Amerique Meri onale vne
partie de la coſte du BraſiLoù les Portugais ſont vne incroyable quantité de ſucre,
8L poſſedent la ville de S . Sauueunou de tous lcsSaints,8L Pernambucqauec quel.
ques autres:8L de l'autre coſté le Periurenôiné pour mines d’or,8L d'argent, cô
prenantles prouinces de &François de (ÆitoÆopayanJos uixos , la Canelle 8L
Pacamoroæoutre celle des Rois qui embraſſe les pays' deLima, deCuzco,8Lcelle
“ de Charcas,qui contient celles de ſaincte Croix de la Serre,8L de Tucuman. Il poſ
ſede encor du meſine coſté,le long du riuagqle pays de Cbile,où les Arauques ont
ſi longuement trauaillé les Eſpagn óls,qui ſon t en tourez d’ennemis par terre,8L par
mer,où quelques liabítans des Ifles voiſines leur ſont con trairesgparticulierement
_ Ceux de la Moche,ou Luchengo.
. (Æujc aux Ifles que ce R.oy ticït autour de l’Amerique,il ſe dit premieremët mai-
ſtre esAntilles,qiÎi sôt en nôbre de lus de 700,011 peupléespu deſertes,qui depë
dent de la Chäbre de
loiuëtfflcôprenant les l’lſle Eſpagnole, 8Lſont
Ifles Lucayes,qui ſe nôment
en gridautremët de Sotauëtozôc
nôbre abandônées Bar
env artie,
8L partie habitéespar des Caſtillanspu des Indiens qui ont des Seigneurs. ais il
eſt_ particulierement Seigneur abſolu des principales Iſles de Barlouento, qui ſont
Cubapù l'on trouue encore force or; Iamaique, ou S.Iacques,abondante de mell
Çiíii
32' , Eſtats du Roy d'Eſpagne. 5
me en or, 8c ſucre5l’Iſle Eſpagnolepu de S .Dominique,principale,8c maiſtreſſeñde ‘
touteS,r1che en mines d’or,ou toutefois l'on ne trauaille guiere à ſaute de gens , 8c
celle de Boriquen,ou de S .Iean dePort-riche,q ui fournit de meſine grande quätité
d'onde ſucreſſ,ôc de gayacll tient auſſi pres de là, la petite I \le de Moma 5 puis par
, my les Iſles des CarſiibeSPIfle Margueritqôc celle de Cubagua, pres deſquelles on
peſche quantité de groſſes perles.
zRicheſſes.
Vaut que paſſer au denombrement des reuenus du Prince , il faut remarquer
d qu'en Eſpagne on a de couſtume de contenauſii bien ,les grzîdes ſommes q ue - î '
les moindres par marauedis , dont les 34. font le real,ou la piece de cinq ſ0l$,& les
375 le ducat de contqdifferent en valeur de celuy qui eſt en eſpece , comme ne ſe
contant que pour Il reales,8c vn' marauedis, 8c le million de marauedis fait autant
que 2673duc-1ts,8 reales,ôc 1_6 marauedis. De ſorte que leur real eſtant ſeulement
pris pour 5 ſols,leur ducat de conte _ne vaudra que 55 ols de France, ou vn ducaton
d’Italie,8c pres de z deniersMaiS le real eſtant pris pourautant que noſtre piece de
.cinq ſols,qui vaut 64. deniers,leur,ducat reuient à 58 ſols IO deniers58c le million de_
— marauedis vaut â ce prix,au conte de France 7838 liures , 19 ſols 5 deniers 5 0112612
' eſcus de 60 ſols piece,& 59 ſols,5 deniers 5 au lieu que leurreal ne paſſant que pour
cinq ſols,ou 60 deniers,le million de marauedis ne vaut ſuiuant noſtre conte , que
75 52. liures,l8 ſol~S 9 denierS5ou 24.50 eſcus,de 60 ſols piece', 'BL 58 ſols 9 deniers. Au l
reſte en coutant par marauedis,lors qu'ils viennent à dix cents mille , ils ne diſent
_pas vn million de rnaraueciisunais vn quento,c’eſt :i dire vn conte de marauedis, SC
de meſme 2 quentosaflc ainſi de'ſuite,8c le marquent en eſcriuät par Voir «"1 .Mais
s'ils content par ducats,comme ils font par fois,ils iſexpriment 'le nombre ' de dix
cent mílle,que par celuy de million,non de quento. Q3; s'il ſe trouue quelques
milliers apres les millions , ou les quentos , ils les expriment par lalettre V ou V,
mettant au deuant le nombrqcomme pour marquer deux quentos , 8C 36O mille
marauedis,ils mettentz Bou E3360 V marauedis. ?gant au diſcours entres des
monnoyes d’Eſpagne,ſa place eſt particulierement re eruée en ce Royaume , au
quel ilappartientiuſtement. - ~
ll fautauffi ſçauoir que les droits de ce Prince conſiſtent principalement en Al- Droits ~
cauales dixieſmes de la mer,tierces,'qilint,ſeruice,ou contribution, ſubſide de l'E- &ſi R0!
gliſe5Decime,Pila,Eſcuſado 8c Groiſade,qu'il eſt beſoin d'expliquer auant toute
choſe.Les Alçauales ſontles Dacesde toutes les marchîdiſegmaiſonsëc biës quels
qu'ils ſoient,toutes les fois qu'on les vend,dont il tire de dix vn-, ſi bien que -toutes
erſonnes de métier,artiſans,marchands,Bouchers,PoiſſonPiersJ-Ioſtes, 8c autres
liins exception,payentle dixieſme denier de tout ce qu'ils vendent , 8C les Rois ont
meſmeaugmente' ce droit,prenantñ encor ſur chaque liure quelques onces. Il eſt
vray qu’ordinairement la pluſpart des villes, 8c de leur reſſort, compoſent auec le
Roy à certaine ſomme,nommans cet accord Encabeçamiento , 8c chacune fait les
departemens par le lieu de ſa iuriſdictiomôc paye ſa part,_ſelô ſon traicté, ſans aucíis
frais delaces
ralemët part duRoy.MaiS
Alcauales,ôc il y a pluſieurs
toutſſesfois le tiersendroits
luy reſteou leRoy apar
touſiours, vëdu,ou dôné
reſerue libe
ſpeciale.
Le droit des dixieſines dela mer eſt,qu'on paye de dix vn,d_e toutes les marchan
diſes,qui paſſent par l'Eſpagne.
Les tierces ne ſont autre choſe que le droit de tirer le tiers de tous les reuenus des
Eccleſiaſtiques,en—ſuite de Poctroy des PapeS,obtenu par ces Rois,depuis 16g téîps,
pour auoir plus de moyen de faire la guerre aux inſideles 5 ſi bien qu’vn Prelat luy
paye plus que pluſieurs milliers de laboureurs,& d'autres. Au reſte ces tierces 'ſont
ex1gees',auecques les Alcauales,parles Receueurs du Roy,qui rendent apreslcontc
auxSurintendans de la Chambre des Comp tes. ~ v
Le quint,ou la cinquieſine,de tout ce qui ſe tire dePAmÊriqUe , 8C pareillement
deu à ce Roy,qui n'a toutesfois,à cauſe de l’affinement , que lc quart de l'or , 8c de
l'argent , dontchercher
à ceſte heure le proſiîplus
diminue
auantctgrandement tousprofondes
, dans les plus les iours entrailles
5 pource dequ'il faut z
la terre
ces metaux , qui ſe trouuoient au commencement en ſa ſurface : ſi bien qu'il
y faut_ lus de deſpence , 8c de_ peine 5 _ôc les_ Eſpagnols n'y veulen t pas trauailler,
non p us que ceux du pays , qui n'y peuuent eſtre contrains , comme ayant eſté
affranchis de toute ſeruitude par l'Empereur _ Charles V , quand ils receurent
l
\
ï', .
v——
L!
_! Iñ—ï*_LE'
5'~ñ3_LI1-‘ _n-—ſi!-_
Diſcours General. 33
la foyChreſtienne; tellement; qu'il ſaut qu’ils ſe ſement pour ce travail, d'eſ '-é'-*Tv
clauesNegres d’Afrique,ou d'autres des Indes Orientales, qu’ils achetent, &y
meinent. 1
l
.\__
' - 34 Eſtats du Roy d'Eſpagne,
Les dixieſmes de la merdes marchandiſes,qui paflent Hal' la Caſtille Vcnans de
ê( Villmaſceda
Biſca 70. quentos.qui ſe payent és peages des vi es de victoriaJ-Iorduna,
e,8cde Guipuſcoa,&
Les dixieſmes de la mer,qui viennent par le Royaume de Leon,8c paſſent par les l
villes de Sanabria,8c Villa Franca rapportent tous les ans,i. quentoÿ. _ ,
Les dixieſmes de la Mer de la Principauté des Aſturies, qui paſſe par la villed O- -
uiedo,z78. V marauedis. K _ _ _ 1
Les rentes de la Preuoſté de Bilbao,pour les marchandiſes , qui viennent de de
hors,valent annuellement au Ro ,490 V marauedis. \ )
La ville de Burgos auec \à íuriſ 'ction paye tous les ans au Roy , d Alœuflles z 5C
tierces,i7. quentos, 32.9 V marauedis. '
Le Bailliage de Burgos,appellé Bureba,paye pour les meſmes , 2.. quentos 66 Y -
' maraue dis. ‘ ‘
. Les Alcauales,& tierces du Mont d'Oca portent 34. V marauedis.
Les Alcaualegôc tierces du Bailliageſſdc Prouince de Rioja, 3- quentos, 7S7 V r
marauedis. _
Le Bailliage ou la Nerindad d’Ebro payed’Alcauales,8c tiercesg.. quentos z 54-5
V marauedis. _
Les Alcaualles,8c tierces du Bailliage de la Pointe d'Ebro,ou de la Merindad de
l'autre coſté il’Ebro rendent i.quento,4.o2. V marauedis. . _ . -
La Cité de Victoria paye annuellement au Roy 2.69 V marauedis. _
Les Alcaualesgsc tierces de la Prouince de Guipuſcoa rendent r.qu.i8i Vmar.
Le Fer de la meſme Prouince de Guipuſcoa rend au Roy I150 V marauedis. _
Les Alcaualegôc tierces,deS 7. Bailliages , ou Merindades de _la Vlellle. Caſtille,
, P a Y ent tous les ans 94 2. V marauedis.
La,'ville de Me paye 2.28 V 'marauedis. _
Les Alcaualesxzc tierces de la Prouince de Logrofio rendent 7 qu.746 V mal'
Celles dela ville de Iangas,8c ſa iuriſdiction,54.I V marauedis. , ,z
Celles de la ville de S. Domingo de la vCalçzida,4_.quentos, 812. V marauedis/
Celles du Bailliage ou dela Merindad de la ville de Diego,r. qu. 54.5 V mar.
Celles de la Merindad de Muño 4..quentos, 612V marauedis.
Celles de la Merindad de Caſtro Xeris,8.quentos , 4.85V marauedis.
Celles de la Merindad de Seriato i.quentos,968 V marauedis.
Celles de la Merindad de Monçon :quentos, 2.76 V marauedis.
Celles dela ville de Faience# de la Prouince de Campos , i6. quentos , 94.8 V,
marauedis. v
Celles de la ville de Carrion,4..quentos,94.8 V marauedis.
'Celles de la Merindad de Carrion,z. quentos , 910 V marauedis.
, Celles des lieux,ou bourgs de Pedro Aluares de Vcga,658 V marauedis. l
Celles de la Cité de Sahagun Lquentos, 12.5 V marauedis. ’
Celles de la ville de Saldaña,i.quento,i3 V marauedis. ſ
Celles de la Merindad de Pernia, 178 V marauedis. . '
Celles _de la Merindad de Campo,pays de montagnes,r.quento,73z V mar,
Celles de la valée de Miranda aux montagnes, 557 marauedis.
Celles des 4._villes dela coſte dela Mer,â ſçauoir Laredo , S. Ander , Caſtro de
-Vrdialesgäc S . Vincent,-z.quentos, 616 V marauedis. .l , rſ
- _dCelleS de la Principauté d’Aſturias,ôc la Cité d'Ouiedo,i2. quentos , 348V ma
ra euis. - ' -
Celles delavilledeLugo en Galicqauecles lieux de ſon Eueſché , 4'. quentos,
137 V marauedis. ' ' ~ '
Celles dela Cite' de Mondoñedo au mefine Royaume de Galice', i. quento ,j 732.
V marauedis; z .
Celles dela Citéd’Orectnſe,8c ſon party,ou làiuriſdiction', au meſme Royaume,
6.,quentos,5o8 Vmarauedis. ‘ . ,
Celles de la Cité de C5poſtelle,8ccles1ieux de ſon Archeueſché,i8.qu. 21': Vtmar.
Celles dela Cité de Thuy,enc0re en Galicqôcde ſon [Eueſché, 5. quentos, 82,7 \L
5 marauedis.
Celles de la ville de Pqn Ferrada,en’cor en Galice,r.quento,975 V marauedis.'
ſi Celles de la Cité de Leon,8c des lieux de ſon Eueſchiäsc de (à iuriſdictionfi. qu(
350V marauedis.(
- _ 1 ~
\
Diſcours General. “ 3ſſ~g
-nIed.”L
Lunesqiſi1entOS,4.5O.Vmarauedis.
Leung.. de la Cité (1-AſtOſgd,'&z de ſon Eueſché , 8c ſon
‘ ' reſſort, au Royaume de
Celles des víllagespu bourgs des Abbayes de Leonÿc Aſtorga,qui ſont les lieux ~
nommez de la. Canediaz,797. V marauedis. _ _ ' À
' Celles des Barriospu paroiſſes des enuirons de Salagerila Prmcipautc desAſtu—
l2lCS,23 1 . V marauedis. _
Celle dela Cité de Zamorafic ſaiuriſdictioml5.quenton,5z5.V marauedis.
- , Celles de la Cité cleTorogSc de ſon reflortgiLquentos, 112. marauedis.
La ville d’Vredña,appartenante au Duc d’Oſſ0une,paye de tierces 6 2.-.- V mar. &c
laLa
dixieſme
Val ée eſt au Duc.paye d’Alcauales,8c tierceS,2.quentoS,335. .V marauedls_
de Gareñctct
Celles dela ville de Vamcil dela Loma,valent 25g. V maraueclis.
Celles dela Cite' de Salamanque , 8C de ſon refiort 14.. quentos , zoo. V ma~
rauedis. q _
Celles dela Cité de Rodrigofic de ſon reſſort 14. quentosg 4.5l. V iriarauedls
Celles du partYpu de laiuriſdiction de Trigueros,4.i7. V marauedls.
Celles dela ville d’Olmill0 4.7. V marauedis. ,, ~ _
Celles dela VlllC de Tordeſillagôc de ſon reſſOTt,2.qùentoS,6OO. V marauedÿs. —-— —~—
V marauedis. ~
La ville d’Almagro,8c ſa Prouincqappellée El Campo de Calatraua , du reſſort '
de Calatraue,7. quentosgj. V mar.
, Les Alcauales des I1erbages,quiſe vendent en la meſine Preuoſté , rendent 3.qu.
438. V mur.
Les Alcaualesfi; tierces de Ciudad Real rendent 4.. qu. 1go. V mar.
Celles des lieux compris enlfirchidiaconat de Talauerade de la Reyne, 14. qu.
326. V marauedis . ' _
Celles de la Cité de Plaiſance,de ſa iuriſdiction', 8c des lieux de ſon Archidiacoñ
nat 18.,quent0s 4.78. V marauedis.
Celles de la Cité de Truxíllo,ôc ſa iuriſdiction 12.. quentos,zz4. V mar.
Celles de la ville de Caceres,ôc ſa iuriſcliction 7.quentos, 850. V marauedis.
Êelles dela Cité de Badaiogôc ſa Prouince 8c iuriſdiction 9 .quentos, 972.. mars.
ue S. .
Celles de la ville d’Alcantara,ſa iuriſdiction 8c Prouincc 9. quentos , 4o3. mille
marauedis. - 4 ’
Les Alcaualespu dixieſmes des herbes dela meſme contrée , où ſelon Salazar;
dc Calatrauqpour nourrir les chertaux de pris au mois de Mars,à fçauoir la veſſefiv:
l'orge verd,qu’on appelle en Eſpagne Alfalfifgôc Alcacelg. quentos, 4.81. V mai'.
LCS Alcaualegôc tierces,ou troiſieſines de laProuince de Serena,du reſſort d\Al~
cantaragendent au Roy tous les ans 7.quentos, 570. V maraueclis.
La ville de Ivleridçgkſa Iuriſdiction en la Pſſouince ctde Leon , du reſſort de ſainct
Iacques paye manuellement d’AlcaualeS,8c tierces :Lquentospz 4..V marauedis.
Celles dela ville de Fuente el Maeſtrogëc ſa iuriſdiction en la Prouince de Leon,
du reſſort de S.Iacques,rendent tous les ans 6 .quent0S,973.Vmarauedis.
Celles de la .ville de Guadalcanahôc ſa iuriſdiction rendentzqu. 305. V mar. ’
Celles
La Citédela Cité de Xcres
de Seuilleſon de Badajogôc
cartier,8c ſa iuriſdiction
ſa iuriſdiction 7.quentOS,5O. d’Alcaua-ſſ
payent annuellement V mar.
La
N
L: s'YDiſc~5Î1Ï*S— CËÎÔ-Àëſial-.gzaëſëj-“î - ſi**
. ) _ ZZ
zz, MCité dexeresdélà Frontier-SJ: ſid Ixxviſdiflzidxa .ñpzyenc-gíïAffllcauaIygzzz-,z cjerçes
zxñque11coS,x5o—mam&ue~di$._ zz. .u, ’ ,_ .-2 num»- E- r l. -~._.l;ñ-,‘.‘, 7P,, - L-.î,ñ— "FJ-P . n;
-ù ;Haz-Mille de Œhnqnaficſon.party,ouÆàiuxifflictiozzgpourlez mefinesſÆquç-ncos,
45e V marauedis. .-3 !I177 u? of» 1 [iſsíjo f'. .Î_;11L:;_:‘LÎ1M’),Q}J..\. Il
'. I) LÊËJ ,VUES Sëtafiuagp-GÛP-ÏÉSTÙÊGHÛSIÛÜOÏYÊÏÎŒWÛÂÎËHÏLXÛÎI; I I r ſi 'I
-LSÏJÛCÊCÉÀÆCÜAOŸ qumcosijoozVunjlarauddisx r_ . 1:1” 0j! u!, '. :r a ~ F; f. mai? v' ſin-z?
JÛÔIÔÃXÛÜÉAÏC COWÜQÔC ſhi] P3113' ZFÆUÊOQWÙQÛÎJV MH ſurf” _ſ- ?éſſ-Ïib
3 3 Îämfildärflfis lieuxRoyauxdecordoüegqnîílk apËeIÏentBceàIc-'n Oÿdíä-Çÿîdbüâí
' Payepourlesmeſmes,l7 quencosfizVmarauedis. — --ñ- ñrſzjjz—…,;,-_.- UP .
~.— uMÙÉÈÏÎAWûFfiCſÏIuríſCIictÎM «quentîosçírëo-M uæaxadedigz E. ,STH a … l
(ÿÿçfflçíæé dÿybedægsç (a Iuriſdiction Ir qucncïosgfiegn-Vanpäahçdisr -- nr.. m 3x12); 'z .- .‘ b
JWËÜCBQCË,R ſon parrÿzpour [CSÎIÏICÛÎICSXŸ quencos, 3E6 \Ëmämuedig .-.- 7 -
3L _ gzriIledeQge &pour lesmeſrnaesrquenco,-4.xsVmamuedis; L' LL ,ïîñ -z ,F153
HILL azlieurenanccpu Chambre
ſſqggiygsçîïŒYmmuÿâſidlſſ-Sfl_ arm-d de l’Adelancado
'-1 - ï " - .' de
~ Caçorla
Ë~ -.*:~r'}Æ:.:Î'PQur-_lzzs-mefines-G.
-rrzmnç f; i ~
,MLS _CbmcSídESJZ-flhemäzepqur,lèsmeſmesg-quexítqzzçÿÿæfdaämaæzedisz, Fg_ zz,
,_ (M, villegôc Iwrſiüctionfdeüſiïaättogdu-reſſorr, de Calzitrzlueg -pour lex-meſmes,, a
*ILWSSÊÆIÆY-.Ûtflatauedrsc ;a ,-3_;,_~:z.~î,r-;-.- ' -slcí--L- @YÎ LUF; 2:5"- ~ Îrz*** ~ 5mn_
;ËCÏ-'Çité ;dezlapnæîcſu Ÿuriſdictiæns-,dpottr les. rtîeſinesíjz- quentos ,' 9z6_ ,Mzmdmë
. ffl xí-.U ‘(- . ' . ~ ' :mais 'ſir ' î
-_- zzäëazCiró ÿde Grattadezôcde
.z Lafiçyedtx-.Rfoyoume
TQUCCÜH ſaGncnadcñſisulojpvaloinau
InriſdËctioxä-,Pouxlks
' .? WzTieſvÉTÉs-,MrqhentOsEz-»Mÿ-Y
1. 'Roy-z- auantqueñ; )\~ç'
..-E'/'o"'~*-';ſi'1:>'1 !xrina
_ ' ſizMsztiſï
Le Royaume de Nauarre luy vaut tous les ans trente cinq quentos , 80g mllle
marauedis. ' - - . - z , -r ó
Les Royaumesrde Valence,Aragpn,8c Catalogne luy valent 7j quentos, ;~ F f ‘_
Les Iſles de SardaignſiegMaiOrqueÆc Minorque , ne rendent point ,de profit' â~ce
Prxincqpource que leurs reuenu-s-ſont employez pour leur conſeruatiónz 6c meſme
il en ſaut: ſouuent adiouſtcrl- ' ' " ‘ ‘ "î ~_ ' '
Le Royaume-de
Le Royaume de Sicile
Naples luy450
vaut annuellement 375' ~ quentos;
quentos. ~' ſi ' ’ .. ‘~
L'Eſtat' de Milan zoo quentos. î "
Lesferme
\La Eſtacsdesjeux
des PaysdeCarſſte-s
[deuxSe-Bourgogne 700 quentos.
de cOutePEſpagne zo quentos _ 5 pource qu'on ~ doit:
bailler demy real pour chaqueíeu.
LesSai-ges de -Florence ï, qu'on porte en Eſpagne rendent annuellement
dix querítosfflource querchaſque piece' doit payer ſix ducats de gabelle au'
R0 . \ _ _ ~ ,_
Outes cesſommesliointes enſemble font 4932 quentos ou' miljiônsfl” Vjna
rauedisfflni-valent erexze millionspent quatre vingts huict millegñéuſcens quaran
te-neuf ducats de comptez real,8c zo marauedis z Gex-apportez à noſtre monnoye
trente fix xrullionsgroxs cens vnze mille,dcux cens quarante liurcs ;dix ñ neuf ſols
Él
ï —-—-* m* ~~ " , > —
Diſcours General. x 539
ſcptdenicrspu douzemilliongeeiit trois 1nille,ſep’tccns_ quarante-ſix eſcus, cinz'
'quantcæneiif ſols,ſcpt deniers , a prendre le real d Eſpagne, ,pour cinq ſols 'Heuliez~
mentzmais a prendre pour noſtre piece de cinq ſols _q uatredeniers , ou 64._ deniers,
ſont trente huict millions,ſix cens ſoixante-ſept mille , ſoixante-quatre liures , vif:
ſol,vnze deniergqu douze millionghuict cens quatre vingt-neuf mille, vingt 8c vn
eſcus vinwt vn 0 vnie eniers.
- Vdyla ?ous les reuenus des Couronnes de Caſtillefic d’Aragon,ſelon que Linſ
cl1ot,8c Salazar les ont tirez des Chambres des Comtes &Eſpagne Mais il lqur*
faut adjouſter
ſtat,8c ceux de la que=i’ay
ſſdenomlzrement, Couronne deau
mis Portugahdont
diſcours desLinſchot
riçhÿſiesnous a ldaillé l e
du Royaumede
Portugal. Ces reuenus montentàſon compte à deux millions , deux cens mille
ducats. ~ -
Mais ſil’autheur '
du Traicté Parenetique - Portugahcomme ie ſay ‘ 'Voir au meſ
du ‘
me lieufait valoir ces reuenus enuiron quatre millions de Cruzados de cinquante
ſols piece-,tellement que Linſchonayïant ioint ces reuenus à ceux des Couronnes
de Caſtilleÿc d’Aragon,ce Roy ſe trouueroitauoir quinze m1llions,388mille,949
ducats,ou bien a ſniure le compte du traicté Parenetique, reduiſant ſes 4. millions
de Cruzados,a 36266 66 ducats,zgo marauedis , ou~7 reales, 8:12 marauedis , nous
rrouuerons que les reuenus des trois Couronnes ioints enſemble ſont ſeize mil
lions , 815 mille, 61$ ducats, 8c quelques reales', marauedis e leſquels reduits
àS99
noſtre monnoye
eſcus,4.o ſous.font 49‘ ſ _millions,4_~57
~ mille,699 liureszou 16' millions, 485,mille:
'
Vne Relation Eſpagnole que ſay met ainſi ces reuenus en peu de mots , ſans y
com rendre le Portu al. ſi_
LjAmerique rend ſa Majeſté , vne année portant l'autre trois millions_ de
ducats. “7 '
Les Royaumes d'Aragon,Valence,&Catalogne rendent 75 quentos,ou milions
de marauedís.
Le Royaume de Nauarre 40 quentos de marauedis. y _
IÂes Royaumes de Sardagne, Maiorque , 8c Minonque 10 QICHÊOS de mara
ue 1s. .
Le Royaume de Sicile 275 comptes de marauedis.
Le Royaume de Naples 3 millions de ducats. ‘ ' ~ î ’
~__--I.c Duchéde Milan i million,ôc demi de ducats. - — _ ‘ ‘-
Les Eſtats de Flandres,ôc Bourgogne 7oo quentOS .dc lïlaſäüf-'dis
ſi Les gabelles de
La Croiſade zooSargesioo 'comptes
comptes de de marauedis:
marauedis. _ ‘ '
Les fermes du ſel ſont de 1_zo comptes de marauedis.
v Le ſubſide du Çlerge' i7o comptes de marauedis. ~
Lesjeux
Les de cartestiercesde
Alcaualesfic 60 mille ducats.
Caſtille 2 millions,ct8~ Oo mille ducatsÎ
_ _
' A ce compte les marauedisſſeſtans reduits en ducats il ſe trouue que les reuenus
des Couronnes dÏAragon,8c de Caſtille montent a 15 millions , 171 mile , 4.00 du—
cats,outre ceux de la Couronne_ dePortugaLqui ſont pour le moins de 4 millions,
tellement que le 'tout ſeroit 19 millions de ducats.v r
W111:deauceBotere
reuenus Roy. en ſes Rclatiofis vniuerſelles
ct ' il fait valoir "comme S’enſuit les. _
Les Eſtats d’Italie,& de Sicileluy rendent plus de 4 millions. *
Ceux de Portugal plus defi. millions. ‘ '
Les Indes Occidentalespu terres Nouuelles,~vne année portant l'autre enuiron
3. millions. '
Il y aoutre cela les reuenus ordinaires de Caſtille d'Aragon, 8c de Flanf
dres. ' ,
Les aides qu'il reçoit extraordinairemennôc que lÎOn peut nommer ordinaires, '
de les peuples,cornme la Croiſadqqui vautle reuenu d’vn Ro aume.
Les ſubſides du Clergé,dont il _peut entretenir continue] einent cent bonnes
galercs. ~ p , _ ‘ -
- La caducité des Eſtatgquirapporte plus qu'on ne crointant enfiſpagne , qu'au
Royaume de Naples. ‘ ~ ' ſi
i Europe. ' ' . D ij '
a' v l
"40 - '~ Eſtats du Roy d'Eſpagne;
Les dodiatifs ordinairesÿè_ extraordinaires de tous ſes peuples , comme ceux' du
Royaume de Naplesià de S_icile,vo1re meſme de Caſtille , qui accorda ces annees
paſſées â ſon Roy huict millions d’Eſcus en quatre ans, de meſme que les Royan
mes &Eſpagne luy accorderent l'an mil ſix ce-ns dix-neufivn don de feize millions
payables en _ſeize ans.Il eſt vray que tout cela ſut auſſiñ toſt vendu aux Geneuois,
qui Feuren-tabon marche, faiſant quelque auance au Roy; &î l'an mil ſix cens
vingt-quatre, les Royaumes d'Eſpagne luy accorderenc de leuer ſeptaiite-deux
millions en deux ans,qui~—ſ0nc trente- ſix millions par an, pour eſtre employez par
le Roy aux affaires importantes de ſon Eſtat. De plus il a les Commanderies des
Ordres dont il eſt grand Maiſtre,par le moyen deſquelles il peut recompenſer', qui
bon luy ſemble.
Ie remarqueray
'tion encorauecle
de la Croiſade,qui Seicneur
eſt de deux Florimond
roeals pour de Remond
chef de maiſon pour, leque .l’impOſi-~
moins ( veu
queles perſonnes de marque en donnent liuict) ſe leueen toutes les terres du
Roy d'Eſpagne , pour Pentretenement des forces qu’il a touſiours ſur pied
contre les Mores, 8L les Turcs , 8c le payemenfldes garniſons des Tours qui
_ ' gardent les Coſtes; ſi bien qu’il en tire plus de deux Ïnillions d’eſcus tous les
. ans. '
Il ſautauffi remarquer ſurle diſcours des dons extraordinaires que l'an mil ſix
cens vingt-cinqdc Roy d'Eſpagne ayanta ſaire la guerre en pluſieurs endroits , 8c
ſes moyens n'y pouuant ſufflre,tira parpmaniere de don tout ce qui Penſuit des Sei.
gneurs d’Eſpagne.LeD uc d’V ſſede donna 4o.inille ducats -, lepComte d’Oliuares
zo. le Comte d’Alcamiſes I2.. le Marquis de Montes Baros zo.le Caſtellä Rodrigo
iozle Seigneur de Monteren izzCarpiriyzGondemar zozle Preſident deCaſtille 4.0.
~ ~leſis Medecins zozle Marquis de S .Croix 4.5O.Herrera 183001. Diego de Herrera 60
millc-,le Maiſtre
mille:Dcton Pedro&Hoſtel de 1']
de Toledo zonſante
millezlegoMarquis
mille.Niera 50.leMarquis
de Velada de Marquis
IO millezle Ynojoſä de
io _
Belmonte 6 mille:l'Admiral zjvmillezles Inquiſiteurs autant: Don Diego Luxon 1.
millezle Seigneur de Buraque z millezleanHenry de Salamanque z millezloſeph de -
Sumano 8 mille:AntO1ne de Caſſa 5. millezAntoine de Mendoza autant: le Comte ‘
de Miranda i5 millezle Comte de Seſſa zi mille: le Comte d’Eſteuan 6 mille: Fran.
ois de Salay Manrique,8 inillezle Marquis d’Aytone mille: Diego Suarez de Mé'.
i äoza
&la RoynczëcPlnſante
autantzles-OfficiersNſarie baillerent
de Plnſant force ioyaux
Don Ferdinand de grand prix au
8 5 millezleConſeil Comte'
duROy zo.
d' Oliuares,afin qu’il les mit entre les mains du Roy,ôèqu’íl s’en ſeruinpouſ les frais
de la guerre. '
L'A rnbaſladeur de la Republique de Veniſqqui ſe trouuoit .prez duROy d’E ſp.1.
-gne l'an i603. rapporte que l'an r5'77. tous les reuenus du Roy montoient a l4..inil—
lions,87 mille,7i7 ducats,dontil y en auoit4. millions”. mille ,150 engagez; mais
que la Couronne de Portugal ayant eſte' depuis vnie à celle de Caſtille l'an i580,
augmenta ce reuenu d’enuiron z milliongauancez iuſq u’â 3_ millions 660 mil le du
cats par le Treſor Pol1t1que,q ui dit toutefois qu’il ne ſuffit pas pour la fconſerua_
tion de tous ces Eſtats dependans de la Couronne de Portugal z 8c pour le regard
du reſte,cet Ambaſſadeurdigque-la maiſon du Roy,les Ambaſſadeurs qu’il tient:
en diuers endroitsJes Conſeils,Chancelleries,& Audiences 'Royales , les gens de ‘
guerrefortifications,galercs,ôi flottes,&les CflſiOnS qu’il donne a diuerſes per'
ſonneslemportoient entiereinentzvoire me me en telle ſorte que la dépenſe ſur
paſſoit ce reuenu,qu’il met de i8 millions de ducats. Tellement qu’il dit que-le»
Roy Philippe 2. laiſſa la Couronne engagée de cent millionsflc qu'on payoit enoor
l'an i6O3.plus de 7 millions d’intereſt à diuers particuliers. Depu~s ce temps-lei cet
engagement s'eſt ſort augmc1ite',tant parle moyen des guerres u Pays bags( d’Aq
lemagnepù ce P rincea contribué le ſien,& celuy de ſes creanciers ~Geneuois , 8c
Ëutres,qu’â cauſe des riſes des flqptes des IndeS,8c de ce qu’il a ſalu donner a plu
ieurs,afin d'a u er on Ûrand de ein.. ' .
Ceux qui oiitſiiieux iiiſormez des reuenus de ce Roy,comme cſtoit le Secretai
re du Comte de Fuentes, luy donnent plus de vingt millionsAufli Bocalin en ſa
groteſquemiais habile Pierre de Parangonpfi il ſemelle de dire en riançla verite',
_mettantfllfis Royaumes à la balance, aſiëure que celuy d'Eſpagne ſe trouua peſer
vingtm ‘ons. '
Diſcours General. 4H
, ?ne ſi nous voulions eſplucher plus partidulierement tout ce que le
Roy 'Eſpagne tire de ſes Eſtats , nous. trouuerons que ſes reuenus paſſent
ceſte ſomme. Car en luy donnant plus de quatorze millions pour les C ouronnes
de Caſtillqôc d’Aragon,il faut mettre 5.millions, ou enuiron au lieu de 3. millions
pour le plus qu'on dit,q u’il tire du Royaume de Napleszôc de meſme aux Pays bas
quelques 18000, mille ducatsputreles dons extraordinaires qui ſe font ordinaire
ment aux occaſions preſentes,qui pour la pluſpart eſgalent l'ordinaire , ou meſine
le ſurpaſſennôc l’Eſtat de Milan luy rend d’ordinaire vn 1T1illion,78r mille , 890 du
catszôc pour le moins autant d’extraordinaire , qui le releue d'autant de deſpence;
outre que le Portugal luy rend enuiron ymillionszou peut-eſtre plus , au lieu de 3.
ou de presde quatre qu'on dit qu’il en tire , ſi bien que toutes ces -ſommes iointes
enſemble font plus de 2.0 millions.
Q1; ſi nous prenions au pied de la lettre ce que dit Ordoñez , comme Pay fait
voir en l‘Amerlque,q“ue ce Roy tire tous les ans des Indes Occidentales dix, ou '
douze millions en or,argent,perles,e1neraudes,peaux,ſi1cre,cochenílle,bois, farſiz.
pareille,8c autres choſes,ce reuenu montera beaucoup plus haut,ôc ſera d’enuiron
30 millions.Mais il faut ſçauoir que toute ceſte richeſſe dela flotte , qui eſt d’ordi—
naire de dix ou douze 1nillions,comme on voit' en celle de l’an1605,8c 1608 dans les
deux Mercures Françoisfic Gallo-Belgiqueneſt pas toute à luy , mais appartient
en partie a diuerſes perſonnes,veu qu’en celle de l'an r 608. il y auoit vnze millions,
dont les quatre eſtoient au Roy,le reſte aux marchands: Sc toutefois on la dit ſien
ne, pource qu’il peut diſpoſer du tout au beſoin , à condition toutefois de rendre
apres aux particuliers ce qu’il leura prís.Auffl ſi la choſe alloit autrement, les Eſpa
gnols n’euſſent ia manque' de coucher cet article dans l’Eſtat des reuenus tirez des
ſi Chambres des Cóptes,
ou de l'Amerique où lon
trois cens trouuede
millions ſeulement qu’il
marauedis tireſont
, qui des Indes Occidentales,
quelque peu plus de
huict cent mille ducats, 8C ceux qui ont voulu mettre-ſes reuenus au plus haut
îpoint,luy donnant trois millions-pour ce cheflſſeuſient oublie' d'en mettre dauan
~ſi tage,s’ils n’euſſent craint d’eſtre baffouez,en Peſloignalït trop de la verité.
Il eſt vraY que ce reuenu qui paſſe deſia vingt millions, ira deſormais touſiours
plus auant,pource qu'on ne penſe quîà augmenter les impoſitions , 8c toute ſorte
de chargegſinon enla pluſpart de PEſpagnepù tant les Grands , que les peuplesſe
roidiſſent a maintenir leurs franchiſegôc ne veulent accorder vn ſeul denier au de
là de la ſomme quïlsont dc couſtume de payer.
Mais aux en rois moins opihiaſtres ce Prince a ſes conſidens , qui traittent pre
mierement auec les principaux des paYs,8c des villes, pour introduire de nouuelles
chargeszpuisquand ceux-cy ſont gaignez parraiſongargent, ou promeſſes, auſſi
toſt les autres ſignent toute choſe. —
LeRoy d’Eſpagne ſe ſert auſſi des deniers des particulierspu par voye de preſhou
en vendannôc alienant,& donnant Offices à temps,ou _a perpetuiré , comme l'an
1 623d] vendit les Offices de Receueurs 24.0 mille ducats.Il ſe ſert auſſi quelquefois
de tout l'argent d es flottes.
Il auoit autrefoisla peſche des groſſes perles â Bahron,au Golfe de Perſe, mais le
Sofi l'a depoſſede' de ceſte Ifle.Il eſtyrav qu’il a d'ailleurs quelques autres peſches
moins renommées dans le meſme Golfe,& celles qu'on trouue entre l'Iſle de Zeyu
lan,8L l'Iſle de Comorinpù il tient vn Çapitainq-ſous lequel il y a quatre mille na
geurgqæli plongent pour prendre' les perleS,dOnt le ROY n'a que le cart. ll tire auffl
force belles perles de Cubaguafi( des Iſles voiſines en I’Amerique, 8c des emerau
deÎde diu ets endroits de la meſme,comme auſſi grande quantite' d'or 8c d'argent.
Mais il faut faire peu de fondement ſur les mines , de meſme que ſur les autres ri
cheſſes ;pource qu’encor que le Roy de France3( leTurc;n’en ayent que bien peu,
toutefois ils abondent en moyensaflc reuenus,au lieu que depuis ces mines lesRois
&Eſpagne ont touſiours eſté neceffiteux.
Il tire auſſi de grands deniers des eſpiceries,queles Portugais ont enleuées aux
Soudans d'Egypte , depuis la conqueſte des Indes Orientales , ource qu’auec
leurs vaiſſeaux qui ſe trouuent res des Coſtes d’Arabie,8c de Perſia , 8c du Cap de
Guadarfu,ils empeſchent le pa age des drogues au C~aire,8c conduiſent les eſpice
ries â Liſhonemon toutesfois ſans de grands hazards,8c deſtours.
Qpant à la ferme du poivre elle dure cinq ans,ſelon Linſch0t,qui dedùit l'affaire
Europe. I
D iij
42 Eſtacttſſsſſſſ du Roy &Eſpagne
'en ces tefmesLes fermiers enuoiêt tous les ans vn capital,ou fons ſuffiſant pour 30
mille quintaux de poivre,pourueu que le Roy equippe leurs nauires , 8L promette
d'en fournir 5. tous les ans-come 1l faitlls ſe chargent a'tous hazards des Nauires,
~ ‘ ï . i
ñ- “auec tout leur équipageJeur entretenement,8L leur reparation,8c des frais requis à
chargerle poivre,de
retoiſſiſſñnDauätage meſme
il faut quenourriſſent
qu’ils de celuy du
leschange
ſoldatsàſur
l'aller , 8L celuyſans
les nauires, duexiger
poivreauau
cune choſeſid’eux pour leur viure,8L doiuent auſſi receuoir tous Officiers , 8L ſerui
teurs du nauiræpuis lors qu’ils ſont venus à bon port ils liurëtle poivre au Roy à I2.
ducats le uintalzôc s'il y en a de perdu,ou gaſtéceſtleurdômage, ſans que le Roy
ſoit oblige que de le prendre quand il eſt net 8Lſec,8L le faire ſerrer en la maiſon des
Indes.Par ce moyë le Roy ne hazarde aucune choſe en ce cômerce du poivrez8L eſt 4
ſeulement priué de l'argent du loüage du nauire,s’il vient :i perir, de meſme que du
poivre qui luy deuoit eſtre liuré à certain prix,8L du profit qu’il eur tiré de la vente. ~'
Les fermiers ont auffi des loix,8L priuileges,auſquels nuln’oſe contreuenir. Il n'y a .
erſonne qu’eux,q ui puiſſe faire trafic de poivre auxlndes ſur peine de la vie.Il n’eſt
lbiſiblqpour quelque cauſe que ce ſoit de toucher à leur capital,ou le diminuer, 8L
chacun ſe doit garder de leur donner quelque empeſchemennquand ils font char- r l
ger le poivre aux nauires,veu que leViceroy meſme,8L les Officiers ſont obligez de
Les aſiiſter.
Au reſte les reuenus du Roy &Eſpagne ſont grandement augmentez , veu que
Damien Goes,au diſcours qu’il a fait de Plîſpagne ne donne :i ce Roy que 5. mil
lions d’or de reuenu,outre les exactiôgau tëps de l'Empereur Charles V,'. ui tenoit
tout,excepté le Portugalz8L les vieilles Relations nous apprennent que P ilippe 2,
vn peu apres le dcceds deCharles V ſon pere,n’auoit q ue ;millions d’or de reuenu,
en temps de paix,8L toutefois dépenſoit plus de 6 millions, tirant le reſte des impo
ſitions extraordinaireszpuis il eut 7 millions tous les anS,tant d'ordinaire, que d’ex—
traordinaire.
Les pays que ce Roy poſſede ſont grandement richegcomine ie fav voir ample- Richeſſes
ment aux diſcours particuliers des ProuincesCar pour le regard de l’Eſpagne,il y a gifs" E'
plus de mines d’or 8L d’argc't_qu’ei1 aucü pays de [Europe, outre celles de vifargèît, ſi
8L celles de fer,dont les habitans de ces pays ſont vne' infinité de quinquaillerie , 8L
dhrmeszpuis outre ſes Turquoiſes,anÎetl1iſteS,8L pierres d’Onix , ſon cryſtal, azur,
albaſtre,marbre,iaſpe,8L le coral qu’on trouue pres de ſes riuages,elle a ſes laines fi
nes,ſes beaux draps,ſes ſoyes,ſes vins excellenS,ſes ſucres,ſes confitures , 8L ſes che-
uaux Andalus-,ZL Genets qu’on recherche de tous lesendrois de l'Europe z puis en
cor ſes ports de Seuille,8L de Liſbonegreçoiilent toutes les, richeſſes du Nouueau
monde,de l'Afrique 8L des Indes OrientaleS,outre que ſes autres ports, qui ſont en
bon nombre,ont de tous coſtez vne infinite' de vaiſſeaux,qui les pratiquent , 8L le‘s
enrichiſſe~nt,8L ſa richeſſe paroiſt encor aux grands reuenus de _diuers Prelats , 8L
Seigneurgqui l’habitent.
Que ſi nous venons à ſes Eſtats d’Italie,p eut on voir-vn pays plus fertil en bleds,
vins,8L diuers fruits,q ue le MilanoiS,ny plus grand trafic , plus d'artiſans , 8L d'ou
uriers,plus d’eſtoffes,d’armes des mieux trauaillées,de riches harnois,8Ld’orfeuerie
qu'à MilanQiant au Royaume de Naples,il ſemble que la nature S'y ſoit egayée
ñ à ramaſſer toutes le s perfectiôs des autres prouinces,puis qu’outre pluſieurs mines_
d’or,d’argent,fer,plomb,azur,ver1nillô,alum,ſouffre,8L ſel,(outre celuy de la mer)
ſon cryſtahſon albaſtre,ſes diuerſes ſortes de marbre,8L ſes autres pierres rares, il a
lllzôde merueilleuſerpê' enſbfleds,vins,8c fruits exquis de toutes ſortes, huyles , ſucre,
~n,chanvre,coton,
menu o e, as,8L
betail, beufgbeÿilfle ran,anis,coriandre,8L manne
courſiers qui ſont des excellëte de meſme
plus eſtimezzolutre qu’ay?.su’en
di
uers ports,il S'y ſhit vn gräd trafic,8L les eſträgers emportët ce qui iuraboncie en ce
de bleds,de vinsplus
RoyaumeDe la Sicilqancien
puiſſäs,8L grenier
de fruits,de du peuple
ſoyes,de mines Romain,a fort grade quätitó
d’or,d’argê't,deifer,de ſoufre,
8C de ſel zd’agates, emeraudes,berils,8L iaſpesputre force coral proche de ſes bords.
Mt â ce qu’il tiët auPays bas,il eſt des plus riches,â cauſe de ſon poiſſon ſalé,ſon
beurre,8L ſes formages,pour le reſte de l'Europe-ſes belles tapiſſeries_ de Bruxelles,
Audenardqôc Gandzſes camelots d’Ypre,de l’lile,de DOuay,8L d'Arras ſes burats*
finS,barratans,8L oſtades,deValencié'nes,8L Bethunezſes tripes de velours deTour—
nay,8L ſes damas caffarszſes ſatins de Bruges,ſes toiles de Gambrayflc ſon incroya
ble trafic de toute ſorte de marchandiſes.
ſ Diſcours General. ‘ 43ſſ
-meſine
Si nous venons o_n
autrefois à ceprenoit
qu'il_ poſſede en Afrique,il
enſiſon port y a 'force
de ces huytres quiveines
portëtde
lesfera Melille,ſiës
perles.Les 8': ._
ont parle moyen du fort d’Arguin,de l’ordes eſclaues, 8c des plumes d'Autruche,
des Negres,habitans
quätité du païs voiſ1n.Les
d’or,de ciuette,d'eſclaues,ôc forts de Guinée
d'yuoire5ceux ſeruent
&Angola a tirer
pour dede
auoir ce païs-lâ
'argëlſiz
des riches mines de Gambambezceluy deTete pour s'enrichir des mines d’argët du
paſs du Monomotapa, 8c ceux de Sofala,8c de Mozambique,pour attirer l'or ui ſe
trouue en luſieurs endroits de terre ferme en fort grande quantité. 'Car ſes ets
ne ſe ſontÿerchez qu'aux lieux plus abondans en richeſſes.
Quant aux Iſles ui dependent de I"Afrique,celles de Madere 5 8c de S, Thomas
rendent vneincroya le quantite' de ſuccreszde meſme que les Canaries fourniſſent
aux autres nations leurs vins agreablesfic puiſſanszôc celles du Cap Verd vne infi
nité de ſel,8c de peaux de chevres. - -
Pourle regard de ſes Eſtats d'Aſie,on admire le grand trafic d'Ormuz renommé
par tout,celivy de Goa,le plus grand des Indes Orientaleszôc l’abord de toute ſorte
de marchands au port de_ Diu. L'on eſtime grandement le poivrequïl tire du Ma
labar par le moyen de ſes forts: la peſche des perles fines proche de Coulan : la ca—
nelle , 8C les ſafirs,auec pluſieurs autres richeſſes dont les ſiens ſont maiſtres , par le
moyen de leurs forts de l’lſle de Zeylan: les perles qu'on peſche pres de l’lfle de
Manar : le merueilleux trafic de toutes les richeſſes de Iaua 7 8c Sumatra à Malaca-ñÎ .
de meſme que de toutes ſortes de marchandiſes : la communication qu'ils ont des
richeſſes de la
ques , parle Chinede,parle
moyen moyen de Macao:
leurs fortszôctor le girofle
des Filippines u’ils cire
, Zccieur tirent desportent
qu'ils Molu
au Mexique. ë ’
Mais ſi nous conſiderons les pays qu'il tient enFAmerique, nous trouuerons que
de la nou uelle Eſpagne on porte en Eſpagne quantité d’or,8c d'argent, vn nombre
_ incroyable de cuirs dedans
1_ ſ trou-lé nouuellemët vache,force ſucre,laine,ſoye,
le Golfe deCaliforme vne 8c cochenille
peſdhede , 8c meſmey l'on
perlesNous trou'a
,ï uerons de grands Bezoars,force riuieres qui portent de l'or , butre celuy de ſes mi
~ negôcmeſme vne mine de cryſtal beril: ſorceſoye en Mechoacan , force coton , 8c
caſſe,outre la racine qui porte ſon nom : &C force ambre gris pres de ſon riuage,ou.
tre ſes mines d’or,8~C d'argent: beaucoup de mines d'argent en la nouuelle Galice,
de meſme qu'en la nouuelle Biſcaye,Culiacan, 8C rouince de Chiametla: du cry
ſtal,des turquoiſes,& des eſmeraudes en la nouue le Grenade: de fort bô baume à
Guatemela,commeauſſi del'ambre liquide, de l'anime, &du copal, pluſieurs de
ces animaux qui portentle Bezoarzdes mines d'or, &d'argent en la prouince de .
Hondurah,quantité d'or en Nicaraguafic Veragua , de meſme qu'en la Caſtille
d'or:force eſineraudes au nouueau Royaume de Grenadqôc quantite' d'or:du bau- _
me parfaitement bon pres deCartagene, forces perles au gouuernement de S.Mar
the,auſii bien que quantite' d’or,de ſafirs,eſmeraudes,caſſidoine,iaſpe,toiles de co
ton figuréegbelles plumes,êc bois de breſil: force or au pays de Rio de la Hacha,
force ſarzaparille,cuirs de beuf,8C toiles de coton enVenezuelazforce caſſe,8c ſel de
ruine en Cumanzuôc dans la mer voiſine quantité de perles.
Nous trouuerons au Braſil vne incroyable quantité de ſucre: dont les Portugais
ont des engins,qui leur portent tant de reuenu,qu’il y a de ces metairies, comme ils
les appellent de 40.51 5o.mil eſcus de rente'. 'Au meſine Braſilnous trouuerons for
ce poivre long,arbres de baume,mines d'or,8c d'argent,outre celuy qui vient par la
~ riuiere de la Plata,) maſtic,coton,petum,ou Tabaqôc bois de Braſil. v
. Le Peru foiſonne de tous coſtez en mines d'or,8c d'argent : abonde en beſte qui
portent des pierres de Bezoar: a des eſmeraudes pres de Mantarêc du Port Vieil , &c
de la canelle au pays qui porte ce nom:8c ces pays abondent encore en coton z 6C
ſucre. _ '
Le païs_ de Chile a grande abondance d’or,8c force plumes d'Autruche , qui pa
rent ſes habitans. La' Prouince dela riuiere de la P~Iata,ou de l'argent , eſt auſſi fort
eſtimée a cauſe de ſes mines d"or,8c d'argent,de fer,8c de cuivregà d'vne d'où l'on -
tire les Amethiſtes.
uant aux lfles dîpendantes de l'Amerique,8c ſſſuietes à ce Roy,l’on trouue aux_
Anti _esiq uantité de ucre, de caſſe , de gingembre, de gayac , 8c de bois d'Ebeneé
_quantite d'or, de cuivre,8c de cuirs de vache englfle de Cubazde l’or,8c du ſucre en
Iamaiqueforce mines d’or,8c d’airain en l'Iſle ſpagnole : abondance d'or , de ſu;
Du
4. 4. Eſtats du Roy dîEpagnë,
cre,& de gayac en celle de Boriquernôc quantite' de fort belles perles , pres cſſleſPIlle
‘ Margueritqôc de Cubaguaz I I
Ce qui marque encore la grande richeſſe de tous ces pays,c’eſt celle des Gouuer
neurs,q ui de vuides qu’ils y viennent,s’en retournent pleins de biens . Car on tient -
que leVice-Roy de Naples , ne ſort point de charge qu'apres auoir fait amas de p…
4oo.ou de 5oo.mil eſcus. Le Capitaine, ou Gouueriſieur d’Ormuz, a tous les ans
zoodnille ducats de rente. Le Vice-Roy de Goa emporte vn million d'or ſortant
de charge. Le Gouuerneur de Mozambique aſſemble en trois ans zoo. mille eſcus:
8c les Vice-Roys de l' Amerique ſont vn incroyable amas d’or,d-’argent , 8': d'autres
ſi richeſſesfflource que leur Roy leur donne toute liberte'.
Il ſemble à voir toutce que deſſus , que ce Roy ſe trouuant Maiſtre _de tous ces “m”
pays ſi riches le doit eſtre auffi des inoiens dont ils abondent. Mais les frais du tra
ùail des mines,ceux des flottes,les Eſtats 8c penſi6s,& les larcins ordinaires de ceux
qui gouuernent,qu’il ſupporte por empeſcher de mauuais deſſeins , ſe contentant
'vn petit profinaccompagné d’vn grand honneur, afin de ſe maintenir en reputa
tion , ſont u’il a la moindre part ;puis encore ce qui lui vient eſt auſſi toſt épuiſé
. par les gran es armées qu'il entretiengôc les intereſts, ou engagemens conſument
autre partie,tellement
d’effect,il que
eſt contraint de tous ſesaux
recourir moiens eſtansd’eſtſſre
emprunts, de grande
fait ap arencede, 8c
debiteur de peu
pluſieurs
millionsJ-Zít ſur la place de Genes qu'ailleurs-MC a touſiours peu, voulrït tout auoir.
Mais S'il bornoit ſon ambition , 8L cherchoit la paix , autant qu'il a ectionne la
guerre,ſes grandes deſpences ceſſeroient au meſme temps que ſes grands deſſeins;
8L ſes creanciers aians autant de contentement, qu'ils ont dhpprehenſion , il rein
äliroit toſt ſes coffres,à meſure qu'il vuideroit ſes pays,ôc ceux d'anti-ny dc ſes gens
e guerre.
Forces.
L ſembleleque
pecpgpai' la Nature
moàeii avoulu
delàmines armerBîſcayqGuipigiíſicoa
îleſiſſerde les ſujets de ce Prince, le mieux
, 8c Molina qu'il ſe
, de meſine
ue es trem es e Be ao,To o ette,Ca ata~ud,ôc G ice -, 8c areillement ar le ſi
;lucien des ariguriers , 8c grands magaſins dd Naples,de Bolddjqôcde Milanîlont
le dernier ſuffiroit
Chaſteau pour armer des mieux
plus de zoo.canons,lſizins toutel' Italie
y comprendre ceux ,qui
outre
ſontqu’On
däs lesvoid dans ſon
magaſins, ou
bien qu'on Fond tous les iours. Les autres places tant du Royaume de Naples,que
des autres païs ſujets à ce Prince,ſOnt auſſi des mieux armées, 8c nmnitionnóes. -
' Yam aux viures , il ſemble que la Nature les en ait auſſi voulu pour-J. o? r ."- viec
abon ance,par le moyen des bleds de Çaſtille,d’Andaluſie , du ROVLILUPC de Na
ples,de Sicile,de Sardaigne,& d'autre païs,demeſme que desvins d'Eſpagne , du
Royaume de Na les,de Sicile,des Canariesficdiuers autres endroits. .
Pour le regard es cheuaux il ales meilleures races de l’Europe,q ui s~o’r les Gencts
d’Eſpagne,les courſiers de Regnedes cheuaux de Bourgogne, 8c ceux de Flandres,
Ce Prince peut mettre en campagne vu grand nombre de gës de guerreyeu que, ^"“5°‘3
côme Surian Ambaſſadeur de Veniſe rapp0rte,il a eu quelquefois ſur pied en meſ- r
~ me të 5,8( diuers lieux,en 4.arme'es cent mille hommes , dont le moindre nombre à'
eſtoindfftalienszôc nous auôs veu n’agueres qu'il auoir en armes aux.PavS— Bas pl us
de 6o.mille hômesziſſorce troupes en Allemagnepuec l'Empereur , &c de meſme au
Milanois,tantpourla Valtelinqque le Montſerrat. A uſſi peutñil aiſémcît leuer For.
ce gens tant en Italie qu'en Allemagnezîôc ſes EſtatS-dfftalie particulierement ſont
ſi bien peuplez,qu’il en peut tirer beaucoup d'hommes ſans les laiſſer &léqarnis de
ce qui eur fait beſoin pour leur defenſe. Carle Royaume de Naples eſt peuplé de
plus de trois milliôs d’ames,c6me i’ay fait voir en ſon diſcourszla Sicile de plus tlïvn
milliomôc le Milanois l'eſt auſſi tellement , que Milan tout ſeul peut oppoſer à iſies
ennemisenenchacune
ſeulement celieu làdez4z.mille
ſes 2.7.. ortes vnze mille
hommes hommes,de ſorte
defactionPourles Pays-qu'il y peu;
Basſſils' auoir
fourmil
lent de tous coſtez en perſonnesMais quant a l’Eſpagne,quoy qu'on la tienne peu..
plée de 8.5i 9.millions d’ames,elle eſt Fort vuide en pluſieurs endroitgles Landes ou
païs deſerts,8cles guerres ordinaires queles Eſpagnols ont en pluſieurs pë-ïs eſta ns 4
cauſe de cet
\Êllement eſclairciſſemennde
affliandez parheſpoirineſme queprofit,qu’on
du grand les voyages pourra
des Jeux Indes,
dire qui lesauſſcc
iuſtement Onz
__ Mais l'an 1624.. on bâtit zo. nauires au Royaume de Naples ,-( ſelon lerapport
deſiïl-aGazette )~_ our eſtre Preſles à toutes occaſions , 8c s'aller ioindre à IParmée de
mër-ÏEÏagne-z 8c' ' uäd ce Prince voudroitilîpourroitauoir beaucoup plus de gaz
MESH( 'autres 'vai eaux,comme ayant plus 'qu'à _ſufflfànce dequîoy les' faire ,ë 8c
Ïesïarmërrîôctantôë bons hommes de marine, tels que ſont les Siciliens ,' Cala?
bijoſsgêç ceux de la PoüilleJes Sardes,Majorquins,PortugaiS,Catalans'8c Biſcayns,
'çlënrles
'des derniers ſont eſtimez
plus-aſſeurezſſpour des u'
combatre' lusmer-,
excellens
outrepour
qu'illaa nauigation , voire
force eſclaues meſme
Africains, ' .
voire_ ijneſnie pluſieurs voleurs,& gens condamnez de ſes Royaumes 'pour voguer,
&Foùrhîrles _eliburiſneæ ï - ~ -
[la (Yailleursdans
ſeauxſlontil ſes ports
ſc-peut ſeruir; de Seuille
outre , 8c de Liſhone,
qu'en Biſcaye, vn grandpeut'
8L Guipuſco-.uil nombre
auoiiſi'deautant
vai .
de' naſiuires qu'il deſirera-,puis les ports du Royaume de Naples,8c de Sicile,l’_affiſtei
ront au beſoin de pluſieurs vaiſſeaux : 8c les PayS—BaS luy en fourniront touſiours
vn allez bon nom re , auec des hommes experimentez , 8C vaillans ſur mer , entre
leſquels 'lesDonxerquois emportent le rix. ‘ __ ‘_ _ ’ ~ —?
- - Il a les galions d'El"pagne,q ui brident cs Mores d'Afrique', outre les vaiſſeau
qui ſont dans lesports qu’ily tient, qui les defendent auſſi , puis l'armée qui parc
tous les ans de Liſbone pour aller aux Indegaffirure le tout. Want à l'Aſie , il en_
trejieni: vn bon nombre de vaiſſeaux de uerre à Ormuz,où l'on void vn Arcenal à
dix-voûtespfilîon les fait',8c—les tient-,ôc e Gouuerneur s'en ſert pour ſe maintenir ~ -
comme maiſtrepliiGolfe de Perſe. Pour -le reward des Indes , il y a deux armées de
mer qui partentëde Goa tous les ans au mois 'Octobre -, chacune compoſée cle 50-.
ouóo .galiotegôc d'vne,ou deux galeres,pour aſſeurer la merzpuis celle de Liſbone
lesſeconds, leur aydant à tenir ces peuples calmes , ou les renger au deuoir S'ils re
muent: 8c pour les Indes Occidentales elles ſont aſſez pourueuës de vaiſſeaux.
Mais les Hollandois troublent maintenant de tous coſlzez le repos d_es Eſpagnols,
8C desvilles,eſinleuantl'or,
leursſſ Portuqaisxn 1’vne 8c l'autre Inde , pillant
&Pargentdeleurs 8c brulant
flottes leurs nauires
, 8c ſe rendant , prenant
ſiípuiflàns par »s
l
l
4-8 Eſtats du Roy dffiïlſipaänë,
Qiiſant aux Princespu- Republiquesplus conſiderables-qui confluent. ſes Eſtats, Ether
il y'a e Roy de France,le Pape,les Venitiens,les Hollandois ,le Roy d'Angleterre-ô; tófinzns."
leTurqôc les Rois de Maroc, 8c de _Fez_._ Pour le regard du RoyzdeLEi-anlce; Mamie
nant qu’il a calmé ſon Royaumqil a ſuiet, 8c moien _de deux-agde; à, ç Rp _ ;A1,
vſurpe
_ôc ſurluy,comme
la ſouueraineté de lale-Royaume de Nauarrqceluy
Comté de Rouſſillonputre- le de Naples ,ïêfliac e Lêgn
PaysdÏAYfflléenŒgéſſÏy-;Ôœg
pretendant toutes ces pieces par de iuſtes tiltres. Qluçſi l Eſpagnol. quizneædfliiiÿrd
guere volontiersme la che priſqtellement qu’il ſa: leèrowreaqçç v Froid,
que ſi les Françoigqui ſont en grand nombre,& ſort aguerris ,donnoieritd-u epſhç'
trouue comme dégarnie
de Languedoqou de\gens, ,ilseſtonneroient
de Guyenne de guerreiôc troublantlIEfpggaçgqtyydLle(
grandement -ylŒſpqgge U m…
dis
de tous
que le
lescœur
Eſtats
eſtdeenceviguéunpour
Prince,l’on donneroit
ce que c'eſt
eſcliec
de laquÏOn
à toutoiidpizçſſzîÿlesiſèççfflç;
lÿxçſtfiſ_ 8(
depeſche toute choſe à l’aiſe,au lieu que ſi l'on vcnoità l'attaque-ir e e pëſeroic- ſeu”.
lement I1 ſe deſendremon à garantirle reſte , qui ſe trouueroit aufli- roſt preſtâ ſe.
coiier lejougpu -Foible , pour ce qu'il ſaudroit q ue ſes meilleurs. hommes ſaccoii.
ruſſent au ſecours de leur cheEQue ſi le Roy de France paſſoit en Italie, comme il
luy ſe_roit aiſé,ce deſſein luv reuffiroit peut eſtre mieux qu'on n’eſtime,pource_qu~*fl
y rrouueroit les peuples !aſſez de leur longue domination , qu'ils ſouffrentà regret .
naturellementdepuisſilong- tem s,commcim atiens de eruitude, qu'hier) en..
nuyez de la longue apprehenſion u danger d’e re alſeruis. . ñ ,,- , .- i - .
. Si l'on dic qu'au cas que ce Prince vit attaquer ?Eſpagneſſ il encreſpjgdu,
l coſlré
ge deduſonPays-
DucBas
z il en
eſtPicardie , ou parla Saiioye.
aiſé de reſpondre, e11 Dauphiné,_s’il-
que pourſſle regardzde- laauoit lelpaſſz
Picardie, ou
tres les
ñuert parplaces Fortes
le moyen desq u’elle
Eſtatsa,qui peuucnt arreſterlbnnemygelle
des Prouinces eſt les
Vnies, qui taillenſſtſi tous comme
joursà.de
cou.,
13_
beſogneà ?Archiducheſſezôc d'ailleurs ſesſorces ne ſont pas ſi grîdegqdvne aſſez
legere armée ne luy puiſſe faire teſteyeu que ſes meilleurs hommes ſeroient obli- .
gez de courirailleurspù la neceſſite preſſeroic le plus. Quant à l'autre attaque du
coſté dela Sauoye,elle nc ſçauroit eſtre auſſi ſi ſorte, que le ſeul Gouuerneur du
Dauphiné ne les puiſſe repouſſeucommc Monſieur de Leſdiguieres , depuis Con.
neſtablqa fait aſſez paroiſtre durant les guerres paſſées , quand l'Eſpagne 8c la Sa
uoye vnies enſemble Parmquerentflc qu’il délit d’vn coſté Dom Oliuare General
des Eſpagnolsfic Neapolitains,auec plus de dix-mille hommes à Pontcharra - 8c
de l'autre à Salberttan Dom Roderic de Tolede, Colonel des Eſpagnols , qui ,de
meura ſurlalavie
tindrcnt place,auec plus de mille Eſpagnols naturels,dont
en la demandant. ~ les compaonons
ct D ob.
Pourle
qu’il Papqquoy
commande qu’il ſoitpeuples
à quelques puiſſant,qu'il
eſtimezpuiſſe faire, leuée
guerriers 8c qu’ildeait.
beaucoup de
des pre-tenſions
ſur le Royaume de Naples,ainſi qu’il proteſte tous les ans :ila S. Pierre , toucesfgjg
îzommc bon pere commun desChreſtiensJl viſera touſiours pluſtoſt à la paix qu'à
a uerre. . ñ
Ëes Venitiens ſont lus ſur la deFenſiue,8c la ſortification de leurs places, que ſur
le deſſein d'attaquer, mon qu'ils fuſſent affiſtez de quelque grand Prince,qui pour);
roit pouſſer âquelq ue p19_ forte entrepriſe ceſte Republiqueyeritablemët du tout ~
puiſſantqmais née à la paix,ôc plus deſireuſe de conſeruer , que de conquerir. ſ
033m aux HollandoisJlS attaquent ce Prince par mer , 8c par terre , meſinejuſ_
qu'aux Indes,reſiſtcnt aux Pays- Bas â tous ſes effortgdepuis ſort long- c695,- zg s'ils
perdent vne placeils en preneur deuxfflnis encore ils deſont ſes armées de mer, z;
pillent les flottegtellement quilsl epuiſent de moyens, 8c Œhommesjvoiré meſme
preſque decourage de continuer la guerre contr’eux. ‘ z
Le Royd Angleterre ne bouge POIDQÔC: ne penſe qu'a ſe defendre s’i~I eſtattaque',
comme aiant des ſuiets q ui ne veulent point qu’il porte la uerre dehorsnnais qu'il
en garantiſſez ſeulement ſon' pays : 8c d'ailleurs il y a peu «länp drence que le Ro
d'Eſpagne
ſ _prenne ayantdeuant
iamais les yeux
aucune choſe la déroute
ſur ceſte Iſle. de la grande armée de-Pan 1588. entre?
uantaiiTurqileſt
desoÙſſagnolgôc bridé duguere
n’entreprend coſtéque
de l’Aſríque
de piller, &Èarle ' ' f d ~
brûlzroâîiîlcſtîeîpîzîëszesemrÿſejî
C CHF
Diſcours Ceneſſral. X
u /
client aſſez de penſer à nuire à ce Roy,outre que ſes Forces maritimes ,' ſes ports ,côd
forts d'Afrique leur en oſtent le pouuoinauffi bien que le deſſeinll eſt vrayqſſeſtêís
affiſtez de quelques forces d'Europe ils pourroiët mettre encore en Eſpagne, convie.
' ils ont fait autrefois, force gens,pour la deſoler,8c luy rauir tout à coup le long re
pos dont elleiouyt ~, mais ce n'eſt pas choſe preſte. ..j ~" — ‘ ²
L'on pourroirencore conſiderer-les Suiſſes , proclies de l'a FranchELIÇbn1téde~
BourgogneMais outrequfils rſattaquent pas volontiers , 8c qu'ils ne ſortent pas
couſtſſumierement de leur païsen grand nombre,1ls y trouueroient de .fortes places,
contre leſquelles ils ne s’opin1afl:rent guere volontiers. "
Roy. l
Couuernement.
Ous ces Eſtats ſont gouuernez par vn Roy,qui prend en ,ſeSP-atentes les tiltres- ct /
'Diſcours General. R 31
tint des baſtonsd’ebene , bordez d’argent,ce qui ſe ſilit _quand leRoy va ſolèmnel?
lementà l’Egliſe,8c aux feſtes ôcrejouyſſances publiques , comme bals 8c choſes
fCITEblCîauzîlslerîzo
bl . major,ou\ grand
— Eſcuyendont la charge
' .
8c l’autho'rité eſt- fort
- . gta'.,
de,marche deuant le Roy auec Peſpée nuë,lors_ qifilfait ſon entrée en quelque Ci'
te',voire‘meſme
auec les Princesen toutes autresRoy
actions _ubli I ues, comme quand oniure laſeruit
paix
EſhangersLe Ph' lppe ſi.s’eſtan‘t misſur l’eſpargne,ſe
durant quelque temps de ce grand Eſcuyencoîmme de grand Maiſtre &Hoſtel; 8c
de oand Chambellandàiſſant longuement ces charges vacances. . a
Iloa ſoubs luy tantoſt 4.8L tantoſt 5.Eſcuyers , ou plus , qui ſont de maiſon illuſtre
çYEſpagnepuCaualiei-s eſtrangersfic marchentpres de Feſtrier du Roy , ſe tenans -
touſiou rs deſcouuerts lors qu’il paroiſt en public. Il y a en‘core le grand Eſcuyer de
Cordouë,auec ſon Lieutenantzpource que “deſtlâ que ſe trouue la meilleure race
de cheuaux de toute l'Eſpagnol] y a là deux eſcuyeries , en l’vne deſquelles ſont les
étalons , tant cheuaux «qu’aſnes, au nombre de zo. ou zo. en l'autre les cheuaux ,- 8;
poulains de 3.iuſqu’à 4..8c 5.ans,_qu’oi1 ne dreſſe qu’à courre,&c parerzëc à z.lieuës de
Cordouë,au delà de la riuiere , 1l y a en vn lieu quelques 800; caualles. ‘
_Le grand Treſorienôc Veedor. ~
Le grand Chambellan, ou ,Sommelier des Courtiers du Roy , comme
Combien que quel quesvns tiennent que ces charges ſoient diſtinctes 8c ils diſent' ſi
ſeparées;
toutefois dbrdinaireelles ſe retrouuent en vne ſeule perſonne,qui les exerce todtes
deux.C’eſt
fauory vne charge
du Roy.Les des plus honorables,qui
amenſſdenôt condamnationsle, plus
qu'ilsſouuent eſt donnée
appellent au lus_
de la Cham re,
ſoulſſoient eſtre ſiennes pour la plus grande partie. ’
Il y a auffiſile Sumillenou Sommeiller ducorpgqui eſt grand Seigneur.
Le grid Veneunauec ſon Lieutenänôcaides,8c es veneurs &chaſſeurs ſdäs l'eau;
Le grand Aumoſnieigôc grand Chapellam,dôt PArcheueſq ue de Slacques porte
touſioursle nomfanstoutesſois exercer la charge ,veu que le Roy luy donne vn
Lieutenannqui ſe nomme aufli grand Chapellain, eſt touſiours Eccleſiaſtiquefic a
commandement en la Capelle Ro ale ſur lesChapellains,l’redicateurs,Muſiciens;
8c toute autre choſe appartenante a ceſte Cha elle.ll a ſoubs luy zz. Chapellains de l
Caſtille,Arag0n,Portugal',~8c Italie,8c le nom re des Chapellains qu’il y doit auoir
de chaque Royaume eſt determine. ll y a encore le Confeſſeur du Roy.
Le Ko tient auſſi pres de luy deux Eccleſiaſtiques de qualité releuée , nommez
\Somme- 1ers dela
Îſi IſiſieFóui-rier Gourtinézqui
majour eſt aufli deaſſiſtent à la Chapelle Royale.
grande conſideratiompour ce qu’il peut acquerir v
beaucoup d'amis , 'parle moyen des logemens dont il diſpoſe. Il a beaucoup de'
ſourriers ſoubs luy. ‘ \
Le grand Deſpencier. ë \~
Le grand Courrier du Roy. _
Le TreſorierduyRoy.. - -‘ - _ _ _ _ D.
'\
. I
;z
'~ Eſtats cluRoyd Eſpagne,
Outre tous cîeux-cy le Roy tient pres de ſa perſonnetrois Compagnies de Gardes;
Pſſvne d’Allemans,l'autre d'Eſpagnols,8cla z.‘de Boitrguignongôc Flamans, chacu
ne de cët hommes. Les deux premieres ſont de Halebardiers,qui accolnpagnent le
Roy, les vns en vne file,les autres_ en l’autre,ôc ceux- cy ſont â-pied. ?ix/mt aux Ar. d *
chers Bourguignons, il ſontà cheual,8c portent de grands coutelas, uiuent le Roy
quand il voyage',8c vont à cheual à coſté de luy, 8c derriere. C'eſt la plus honorable
Compagnie des trois,qui porte la liurée du Roy,cappe,caſaque,8c chauffés.
Outre ces -Gardes il a les Moncagnars d’Eſpinoſa, qui ſe tiennenttouſiours pres' ,
de la perſonne du Roy,le gard ent vifiôc mort,8c ſont derrierèluy quand il mange',
’ Ils gardent encore la Royne quand elle eſt proche de Paccoucliemëc. Ceux- cy sôt -
natifs des montagnes de Burgos en la vieille Caſtilleficont-eu- ce priuilege poutre
compenſede leu-r fidelité. Ils ſont tous GentiIS-hornmes , ôÿCaualiers , au nombre
de 50. vingt deſquels ſeruent à faire la garde en-la chambae dela Royne, &c des In- -
~ ſautes: les Eſpagnols les nomment-Monteros de guarda; c eſtà dire , Chaſſeurs de
ſi gardqqui
On void vont veſtus
encore pres de
dunoir. , — dul v Cabinet,~ ou des
Roy le Secretaire ñ affaires plus parti
'culieres qui ſe paſſent ſans aduis d'aucun conſeiLOn le nôme ordinairement Secre
taire de la poitrine,ou du- coeur du Roy.Il y a auſſi les Secretaires (Pliſtat, 8L ceux de
la Chambre. Il y a 4..Medecins,qu’on appelle Medecins de la Chäbre , 6c du pouls
du Roy,ôc qui portent tiltre de premiers Medecins. Il en a 12. autres appellez Me.
, 'decins de la Maiſon,qui ſont obligez de ne bouger de la Cour z 8e de meſme il a ſes
ApoticairegChirurgiensÆc BarbiersAu reſte leslpreriliers Medecins ontleurTrid
bunal qu'ils ap pellent,ou leur Siegepù ils iugent es choſes a partenantes à la Me
decine, 8c prennent cônoiíſance des affiiires des Commeres, choſes ſemblables.
ILy a force autres menus Officiers,comme Panetiersfiómeliers , hommes de cuiſi
ne,qui ont charge des viandes,ciliſiniers,ôc leurs aides,courelliers , portiers de cui- ,
fine,plumaffiers,tapiſſiers,ſerrurier,tailleur,chauſſerier,cordonnier , orfevre , bro
' deur,pelletier,portiers du Palais,de ſale,dc chambre, 8c de cadenats; Huiſſiers de
chambre-,Maiſtre Arbaleſtrientireur d'or,gantienpaumierfourbiſleur, vn maiſtre
Muletier dela ,maiſon du Roy,grand ballieur,8c leursaides , trompettes , Fourriers,
Gouuerneur 8c Maiſtre d'eſtude des pages,vn joüeur d'inſtruments, qui leur mon- .
tre â dancerficioüer des inſtrumens,vn Maiſtre quileur montre à voltigenvn Mai
ſtre d’eſcrime,~8c pourlaChapelle du Roy,leSMaiſtres de Muſiq ue,enfäs de chœur,
i Chantres,Organiſtes,violons,joüeurs de cornetâ bouquin ,ZE Secretains 3 puis les " '
Maſliersdes Roys d'Armes, z rroſlîers du Roy,val'ets e pied,ôc laquais. '
, La Royne aauſſi ſon Grid aiſtre d’Hoſtel,ſes Maiſtresd’Hoſtel ordinaires, ſon Maï-ô de
'Grand Eſcuyer-,ſes 4.. Eſcuyers de cochè,quivôtà pied iuſques hors dela porte du l” M7” '
- lieu d'où la Royne ſortzle Lieutenant du grand EſcuyerpuCauallerizede gräd Au- .
moſiiier de la R0yne,ſon Confèſſeur,ſon-Secretaire, ſon lÿourrier, ſon Huiſſier de
viäde,~ſon Tteſorier,Maiſtre de Chambrezſa premiere Dame de Chäbrqſizs Dames
d’honneur,les Gardes majeurs des Dames,qui ſont deux Dames choiſieS,8c lesDa
mes du Palais .Maud-il y a des Infantes elles ont leur Aya,ou Gouuernante.
Au reſte chaque Dame fille de Seigneur qui entre au ſeruice de la Royne , a d'elle
en ſe mariantRoyne
auſſPalaisLa vn million de marauedis,biê'
a ſa Cour qu‘elle
ſeparée de celle n'ait pasn'a
du Roy,8c quelquefois eſtéChapel
ny garde , ny 8. iours
le,ny Medecins particuliers que par fois ,ſilbien qu'elle ſe ſert le plus ſouuent de
ceux du RoyÏQuŸmd la Royne mange en public,ce qui arriue rarement , à certains
. iours ſolemne s,1 n'y a perſonne qui puiſſe demeurer dans la ſale, iuſq.u’à ce qu'elle
eſt aſſiſe a tablqôcle meſme s’obſerue auſſi quand le Roy mange en public,& don
ne audiance. Cela ſe pratique afin q u’elle s’aſſée,& Faccommode à table à ſa fan
taiſiqauec plus de bien-ſeance , 8c de Majeſté , 8C lors qu'elle mange ainſi publi
uementles Caualiers demandent aux Dames le coſté, appellant ainſi la permiſſió Ï ſi '
de les aller entretenintandis qu'on ſert la Royne à tablezôc chacune de ces Dames
a priuilege de faire couurir deux Caualiers durant tout le temps de ceſte conuerfa
tion,8c nul d'eux ne le peut faire ſi la Dame ne le permet , 8c commande. Au reſte
ces Dames de la Royne ſont toutes de file appuyées durant le repas contre la mu- ~.
raille,ou tapiſſerie# chacune eſt au milieu de deux Caualiers. ' 1
Il y a pluſieurs Conſeils eſtablis pour la conduite de ce grand nombre de-diuers Conſeil”,
Efizats. ï . .
Le principal eſt leConſeil d’Eſtat,duquel tous les autres dependent. Il ouruoit
de Vice-Keys 8c Gouuerneurs l'italie” Siciledes Pays-Bas,les Illes,ôcC aſteaux,
1
*u
\
.Diſcours General., ~ 55-3
d' Italie,Eſpagne,8L Pays— Bas: 8L pouruoit encore a pluſieursautres choſes Pouſſr la
Conſeruation de ſes Eſtats.ll n'a point d’autre(3hef,8LſſPreſident,comme ilsïdiſenr, '
que le Roy. Quant à ſes Côſeillers ils ſont partie Cardinaux,partieÎDucs,Marquis5
Comzegpu autres hommes de marque,des plus eſtimez_ pour leur experience_ aux
affaircsfic leur iugemclntll n'y a point de nombre certaidn , veu que tantoſt ils ſon;
plus,8Ltantoſt moinsgôcdu te S du'Ro_y Phili peILle nobre de ces Çonſeillersîſut
reduità 3.ou 4..Meſm'e la plu part du temps i n a-que 4..ou 5nde CCSSCÔTQHIËÏS ui
ſoient ordinairement à laCour. Ap reſte ceux e ce Conſeil n'ont point de gages,
excepté les deux Secretaires,dont,l vn a pour ſon departemët l'Eſpagne ,8L l'italie,
&l'autre la France,l’Allemagne,l An leterre,8L la Flandre. Les. GrandS,8L Pre-hrs
de ce Conſeil,ſe diſent du Conſeil de a Maieſté. ^ — -
ll y a le Conſeil de guerrepù l'on pouruoit aux charges des Generaux dhrmééï,
Generaux des Galeres,8L leurs Capitaines,8L tout ce qui concerne la guerregouce.
fois du mouuemët du Roy._L’on y reprimande 8L chaſtie lesGeneraux,8L autres of_
ficiers,qui ſe ſont mal acquitez de leur deuoir.L’on y pouruoit_ pareillemët aux C6.
Pagnies ddhommes d’at1ne\s,deſtinees pour la garde du Royaume , de meſme qu-;i
celles des Cheuaux legers des coſtes d’Andaluzie,8L du Royaume de Grenade, Le
Roy eſt auffi le plus ſouuent ſeul Chefde ce C onſeil , qui ne marche point aux ſo;
lemnitez en forme' de Conſeihnon lus que celuy d’Eſtatî. ‘
ſi Il-y' ale Conſeil Royal,ou de Caſti _le,auec vn Preſidëniô . Oydores,ou Auditeurs, _
4. .Fiſcaux,5.Rapporteurs,6.$ecretaires,8L iz.Portiers. L’on traite en ce Conſeil du
gouuernement du Royaumezlîon y vuide les differens d’Eſtat qui ſuruiennëc entre
les Seigneurs,8L l'on y fait _luſtice ſur les griefs receus des autresAudiencesLeïPreL
ſident n'eſt point ſuietafaireviſitegmais eſt viſité de tous. ~Il peut commander î
quelque Caualier que ce ſoit du Royaume,ſans_auoir autre ordre du Roy, Il Pouy:
uoit tous les Corregidors d’Eſpagne,8L les Auditeurs 8L Iuges de Cour, 8L duCon'.
ſei] Royahdu ConËil desIndesJes Auditeurs de Contadurie, 8L les Auditeurs , 8c
Iuges desChancelleries_,8L desRoyauines deNauarre,Galice, Seuille,8L autres,n-on
toutefois ſans auoir apris la volonte du Roy , auant qu’on les publie. Au reſte les
Offices d’Auditeu_rS,8L lugesdes Cours 8L Chancelleries ſontà vie , pourueu que
les Officiers facent leur deuoirzmais S’1lS S,’en eſcartent ils ſont chaſtiez,8L priùezde
leur office. ~‘ _ _ '
Il y a le Conſeil d’Aragon,qui ſetiët pour les Royaumes d’Aragon,Catalogne,8c
Valëce,de meſme que pour ce qui regarde le gouuernemët des Ifles de Majorque,
MinorqueHLSard-aigneCeſt en ceConſeil u’on_pouruoit_aux charges desCorre—
gidors e ces paiS—lâ,8L qu’on faitiuſhce ſur es griefs dont il y a a pel des luges de
tous ces RoyaumesLe-Preſident de ceConſeil eſt nommé Vi- C ancelier , auec
lequel il ya tantoſt 4.. tantoſt 5. ou 6. Auditeurs , nominez Regents, natifs de ces
‘ Royaumes. Il y a auſi] 4..SecretaireS,l’vn pour Aragon, 8L les autres pour Valence,
Catalogne,8L Sardaigne. _
Le Cóſeil d'Italie eſt eſtably pour les affaires du Royaume de Naples,de Sicile, 8L
de l’Eſtat de Milan. Il a pour Chefvn Preſident,auec 6.Auditeurs, ou Regës, 3. Eſl
pagnols,8L z.ltaliens,vn pour chaque Eſtat:4..Secretaires,vn pour chaqueEſtat, 8L…
vn qui ſenoinme Secretaire du Roy,vn Fiſcal,deux RapporteurS,8LvnThreſoriei7.
L'on traite en ce Conſeil du gouuernement d' ltalie,l’on y accorde pluſieurs graces
8L prerogatiues aux gens de guerre qui s'y trouuent ,' l'on y pouruoit de Gouuer_
neurs,8L Iuges des Citez de_ ſes Eſtats,8L l’on y donne des tiltres aux Seigneurs , le
tout de l'aduis du Roy. '
Le Conſeil des Indes eſt le ſecond,aiiquel on paſſe des autres Conſèils,de meſine_
que_ de celui—cy au Royal,qui eſt Pardeſſus toutes les Chancelleries , 8L Audiances
des Indes.On tire encore de ceCôſeil vn autre qu’on nôme de laChäbre des Indes,
où les plus vieux Auditeurs ont accouſtumé d’entrer.(3eux-cy deliberët toutes les
choſes tant degrace,que de guerre,8L de Iuſtice,des Indes,8L pouruoiëtaux places. '
' Il a pour Chefvn Preſident,le plus eſtimé de tous , apres celuy du Conſeil Royal.
Il y a 8.Auditeurs,ouCôſeillers,vn Fiſcal,2.Rapporteurs,8L deux Secretaires. C'eſt _
en ce Conſeil qu’on pouruoit les ViceñRoys de la nouuelle Eſpagne , 8L du Peru, le
General de l'armée qu’on enuoye en Ameriqugpluſieurs Auditeurs des Audiäces
de ces Indes,8L les COrregidors.On y pouruoit encoraux ArcheueſcliezÆueſchez
. 8L Benefices.Ce Conſeil_ prëd auſii cônoiſſance des griefs de ces Audiäces ar voie
d’appel.On y nôiné auffi des Viſiteurs,pouraller en ces Indes voir ſi les C äcelle.,
ries font bonne Iuſtice, 8L chaſtier ceux qui ſe comportent mal en leurs charges.
Europe. E üj
zz;Le Conſeil
~ des Ordres
EſtaEsduRoydEſpagnë;
eſt compoſé d’vn Prelctidengôc 4.A'uditeurs,8t par fois de
ſſeinqzqui doiuent cſtre tous Cheualiers-de lfliabit de S. Iacques,Alcantare, 8c Cala..
.uaueípource qu-On yprend connoiſſance des differends des Prouinces, 8c Cheng,
-Iíerſis des Ordres,8c l'on y verifie la Nobleſſe des Cheualiersquand. le Roy leur ac
corde l'habitde quelque Ordre.On pouruoit 'en ceûonſeil pluſieurs Corregidors,
.ſugegôc Cha elaingapres toutesſois qu'on_ a ſceu la volonté du Roy. v
LeConſeil e Chambre n’auoit autrefois que z. Auditeurs ;mais depuis il en a eu
ſdesplus vieux du Conſeil Royal. En ce Conſeil on fait-grace àceux qui ſont con
damnezzon rappelle les bannis,on ſort des galeres , on donne permiffion de vendre
le droitdÎaineiſe. Les prouiſions des dons quele Roy _fait y ſont expediées z l‘on y
fait des recompenſes des offices ,~ 8c l'on y ône permifſion de cirerhors du Royan
!Fe des cheuaux,des lames d’eſ ée,8c autres choſes; dont-la traite eſt deſenduë.
Le Conſeil des Finances,qu’i
8c_6.Auditeurs.L’on appellent
y traite de bailler de Hazienda
les fermes , eſtſecs',
des Ports com aces,
oſe' d’vn .Preſidët,
gabelles , di-ſſ
xieſmes de la meigmônoyesficchoſes ſemblables,acquiter le Roy de ſes debtes,exi—
ger ce qui luy eſt deu,8c recouurer tous les droits de ſes Royaumes. _
Ilyala grand' Chambre des Finances , qu'ils appellent Contaduria maior de
Haziendapù il a 4..Auditeurs,ou Maiſtres des Comptes, &ç deux Contadors , ou
Conteurgdont e plus ancien prefide. L'on vuide en ce Conſeil les differendsqui
ſuruiennent pour raiſon des daces,8c gabelles de ces Royaumes z 8c l'on y ordonne
aux Corregidors,ce qu'il ſautpour le recouurement_des droits du Roy.
Il y a encore la grandœham bre des Comptes, qu’ils appellent Côtaduría maior
de Cuentas, compoſée de deux Côtadors maiourspu grands Maiſtres des Côptes,
8c de n. Auditeurs,ou Conteursputre leſquels 1l y en _a 20.. autres ordinaires. Ce
Conſeil void les comptes de tous les Receueurs,Fermiersſſreſoriers , Payeurs de
gens de guerres( de tous ceux qui ſont char-Ÿez de quelques droits du Roy.
RoIl y. a auſſi le Conſeil des Deſcharges , qui ert ſeulementà‘ acquiter les ſi debtes du
LeyConſeil de la Croiſade eſt compoſé d’vn Preſident,z.Auditeurs,& 3.Côteurs,
ui ne ſe meflent que de demäder par Eueſchez,& faire exiger les droits de la Croi..
Èæde. Il y a vn Commiſſaire general de la Croiſade.
Le Conſeil de Plnquiſition a pour chefvn Preſident , qui ſe nomme Inquiſiteur ~
generaheleu par le ROZ d’Eſpa9;ne,8c confirmé par le Papec C'eſt la dignité Eccle."
ſiaſtique plus eſtimée e toute l’Eſpagne.Il a ſous lui 6. lnquiſiceurs, 3. Commifläi_
resAuditeurS du Conſeil Royalïqui entrentauffi en ce Conſeihdeuxſſheologiës de
l'Ordre de S.Dominique qui l'a iſtent ordinairemënvn Fiſcal,vn Alguazil maior,
ou principahauec d'autres Alguazils,pour ſaiſir les accuſez,deux Rapporteurs, 8c
deux Secretaires. Ce Preſident pouruoit d’InquiſiteurS , Alguazils , 8c Secretaires,
toutes les Inquiſitions des Eſtats du Roy d'Eſpagne.
En cha uelnquiſitió il ya z.ou 4..Inq uiſiteurs , 8c quelquefois 5. auec leurs Mini_
ſtres,qui ont en tous les Royaumes d'Eſpagne au nôbre de zo mille,qu’ils ap ellët
Fauuiliarespu familiers,qui accuſent,8c vont prëdre 'les criminels. Les lnquiſiîeurs
prennent cognoiflànce detoutes les fèélzegôc opinions contraires à la ſoy Catholi
que.Mais auant que condamner les delinquans, qui ont fait ou dit quelque choſe
cótre' la Foy,ils enuoyenc au Preſident de l’Inquiſition,8c aux Auditeurs, afin qu'ils
deliberent ce qui s'en doit fairejls condänent les relaps au ſeu , les ſont pendre s'ils
ſe repentent,mais les ſont brûler tous vifs S'ils perſiſtent. ll y a les Penitentiaux ou ~
Repentans,dont quelques vns ſont Obligez ,pour toute leur vie,d’autres pour quel.
ques années à porter le San-Benito, ui eſt vn habit Fait de deux pieces de 'drap iau- _
ne,auec vne Croix rouge de S. Andr .Il eſt mis ſur les eſpaules , 8c vient iuſqu’â la'
x ceinture.Les femmes le portent de meſmes que les hommes ſur quelque habit que
ce ſoit afin qu'il paroiſſezôc aux Egliſes. principales de chaque lieu où Plnquifition
eſt eſtacbllie,l’on met les noms dle ceux lqui ont eſte' brulez,ôc executeLTous lesMi
niſtres e ceſte In ui ition,qu’i S appe ent le S.Office,doiuent prouuer qu'ils ſont >
,vieux Chreſtiens de race,ſont exempts de toutes gabelles, 8c iouyſſentde pluſieurs
ÈanchiſesTous les familiers de cet Office portent vne Croix blanche , 8c noire ſur
oictrine.
l Laencor en Portugal vne Inquiſition _ eneralqquinede end point de celle de '
Ca 'lle,8c par fois l' lnquiſiteur General e auſſi Vice-Roy e ce Royaume.
Outre ces Côſeils il y a celuy de Portu l côpoſé d’vn Preſidentgflc quelques C6'
ſeill_ers,vn Secretaire# vn Cofmograp e majeunou principahqui sôt tous Portu
f
Diſcours General. 55
gais. Ceux-cy ne ſi: trouuent point aux ſolënitez , 8c ceremoines publiquesgzôme
perſonnes du Conſeihpource qu’ils pretendent deuoir preceder les autres Con
eils, ui ne leur veulentpas ce er.On y traite des affaires de ce Royaume , 6c lon ‘
pren connoiſſance des griefs# ſentences des Iuges de PortugaLdont il ya appel'.
Il ya le Conſeil de Nauarrqauec vn Regent,6 Auditeurs, 8c 4. Alcaldes z maisil _
ſe tient à Pampelune,au ineſme Royaume de Nauarte , 8c prend connoiſſance de
tous les procez ciuils,8c criminelS,de toutes leS’Citez, 8c lieux de ce Royaume , 8c
de la Nobleſlell ya le Conſeil des Bois , qu’ils appellent de Boſquera , com' oſé
d’vn Preſidennôc deux Auditeurs,qui traitent du dommage que l'on fait aux oiñs _
du Roy,8c pouruoit de gardes,8c autres Officiers neceſſaires.; ſi
Il y a le Conſeil de Bureau,qu’ils appellent de Bureo , où l'on traite des affaires
dela maiſon du Roy,8c le Grand Maiſtre d’H0ſtel eſt celuy qui fait toute choſe.
Il faut adiouſterâ tous ces Conſeils celuy de Police,inuë’té par le Roy Philippes.
On y traicte des baſtinzens,ſi bien qu'à Madrid l’on‘ne peut baſtir ſans permiſſion '
de ce Conſeil,q ui ordonne en quelle ſorte on doit baſtir les maiſons, nommément
ſur les principales ruëS,8c la façade de deuant. '
Ily a encor le Conſeil de Co. 1
Tous ces Conſeils reſident ordinairement en vn meſine lieu , ſors celuy de Na
uarre,8c ne ſe ciennentiamais efloignez du Roy. _ vg _
Cours de Outre ces Conſeils il ya deux Chancelleries en Eſpagne, à @auoir celle de Val..
lïſhïï- ladolid,8c celle de Grenade.La premiere ſouloit eſtre à Medine del Campo , puis à
Valladolid,puis à Burgosfic maintenant elle eſt à Valladolid. Elle eſt compoſée
d’vn Preſidentgôc i6 Oydores,ou Auditeurs,qui iugent les procez Ciuils , 8L l'on
ï
peut appeller de leurs ſentences,en conſignant I500 doubles de 12. reals; 8c ſi la ſen
tence eſt confirmée par le Conſeil Royal,les I;Oo eſcus demeurent acquis au Roy;
En chaque Sale il a z Oydoreszpouriuger les procez,ôc ſi le fait eſt de grande con».
ſequenceils s’aſſemblent.Chacun a 800 eſcus de gages,8c le Preſident i600. Il y a
auſſi
iugentende
la la
Chancellerie
Nobleſſe.lldeux hommes
y a auſſi qu’ils nomment
deux Fiſcaus,qui Alcaldesnos
ſont comme delProcureurs
Hidalgo , ,qui
ſſ& l
Aduocats generaux,qui defendent ?intereſt du Roy. Dauantage il y a vn Iuez ma-.
joigouluge maieur de Biſcayqquiiuge tous les procez de Biſcaye en dernier tell
_ſortzôc i6 Reladores,ou
4. Alcaldes Raporteurs,qui
del Crimen,ou rapportent
Iuges criminels,en lesreſſort,
dernier procezenaux Auditeurslly
vneaſiutre Sale dea.
la ineſme Chancelerie,8c là ily a auſſi vn Fiſcal-pour le Roy.lls expedient les man
demengôc lettres pour prendre les crimine1s,ou our recouurement de debtes', ſe'
queſtrationpu vente des meubles, 8c choſes ſem lables. Au reſte ces Auditeurs
peuuent faire mettre en priſon lesAlcaldegôcnon au côtrairezôc tous les Auditeurs
enſemble peuuent conſtituer priſonnier le Corregidonqui eſt comme Seneſchal.
Qigndles Auditeurs vont viſicerles priſons le Samedy,pour faire miſericorde,8c
voir s'ils trouueront quelque ſubiet de deliurer des priſonniers , le Corregidor les
doit accompagnenſur peine de zoo eſcus d'amende. Le Lundy au ſoir tous les Auñ
diteurs aſſemblez en Acuerdoçqui eſt le nom qu'on donne à ceſte aſſemblée) con
firment les iugemens qu’ils ont faits au auant,8c le Ieud de meſme. Les Alcal
des ont de couſtume e S’aſſembler le ' ardy au ſoir,8c vi itent les priſons, tant œ
iourlâ,quele Mercredy. Les Tinientes,qui ſont Lieutenans du Corregidoniugent
tous procez,8c l'on peut appellerde leurs ſentencesles Regídors,qui_ſon-t comme
Viguiers,ont ſoin dela police dela ville,8cmettent le_ prixauxviuresOutre ſes Ros
gidorslil
pour voiryſia l'on
zo Officiers,appellez Fieles,c’eſt
vend à bon poids,ôc à dire Fideles , qui vont
bonne meſiire. l ſi par la ville,
La Chancellerie de Grenade ales meſines Officiergexcepté le luge de Biſcaye,
8c a ineſme
Chance] iuriſdiction. La plus grande'ſi partie
eries. ' d'Eſpagne a recours' à - ces deux
Outre ces Chanceleries il y a deux Audiences Royales 'SCCours ſouueraines, l’vñ
ne en Galice,l’autre a Seuille.En celle de Galice il y a vn RegenuquatreAuditeurs, —.
8C 4 ÀlcaldesCeux-cy prennent connaiſſancede toutes les cauſes tant-ciuiles que
_criminelles,8c de toutes lesappellationsdu Royaume de Galice , ayäs ineſme ouñ
uoir que lesAuditeurs des Chancelleries,excepté qu'on n* prend pas connói ante
de la Nobleſſqdont les cauſes vontàla Chancellerie deJalladolid.- - ñ ñ ' ' _
L’Audience de Seuille eſt compoſée d’vn Regent 6 Auditeursfiè 4. Alcaldes, ui
#laideur par appel tous les procezzdontlüi tdeceſte Cité—,.oyñ'lèsÃorre i5
' ' _E ü-'i
'56 ’ Eſtats du Roy d'Eſpagne…
'dors,8L Alcaldes du Rqyaume de Seuilllqqlnt dôlrlic' ſLlIIËÊIÊÈCCzZC ouge regarñ de ce
ui concerne
Îcllgelîlenä la NobleAudiences
de cäieuX e,il va droit
au àConſeil
a C ance erie
Royal e ñ rena e. conſignant
de Caſtille,en n appe er5oo
des
doubles e i2 r s. '
La Iuſtice inferieure eſt celle des Corregidors,8L LieutenanS,qui ſont pourueus,
de meſme queltous les Officiers des Chancelleries, parle Preſident du Conſeil de
CaſtilleOn appelle des ſentences des Corregidors , 8L Lieutenans à l'Aſſemblée,
qu'ils appellentAyuntamiento,qui eſt de deux ou troisCorregidors,auec le meſme
Correcteunou ſon Lieutenant,8L cela ſîobſerue aux cauſes ciuiles, veu que poui-*le
regard des criminels , le Correcteur, ou ſon Lieutenant les_ iuge , 8L fait foüeter,
.äendrqmener en galere,ou barnnit les criminels ;tellement que chaque Coîregi
ora en cecy autant d'auteur? que le Roy meſme, popruſeu que le fait ſoit bie Z115- '
ré.Ces Corre idors peuuent 'entremettre en toute c o e pource que quan ' s
'vont exercer ſturs chargeS,ilS obtiennent du Roy pluſieulîs amples commiſſions,
*pour executerle tout,commele Roy meſme pourroit faire. Ils ſont pourueus au
plus pour trois ans,8L l'on les enuoye auſſi toſt aux lieux de leurs charges; puis ainſi
qu'ils y ſont on informe de leurs deportemens,8Ll'onleur demande en fin conte de
leurs actiongpource que tout va au Conſeil Royal,qu_i chaſtie ceux qui ont abuſé
de leurs chagrges,8c pouruoit de meilleurs Correctoreriespu Corregimientos,ceux
q uiAu
ſe reſte
ſont ilien comportez.
y a en chaque Cité,8L ville,vn Corregidor, 8L de plus en chaque Cite'
de Caſtilleil y a 2.4. Corregidorgquivuident , 8L reſoluent toutes les affaires des
'lieux où ils reſident.Il y a pareillement des Regidors,auffi bien que les Corregidors
aux bonnes villes,où ils paroiſſent aux actions ſolqæmnelleî auegdes maſlliers', 8L des
robbes
pour la de velousycramoiſi.
police.Il a auſſi desMais le Correçridor
Alcaldes e pour
ou PIreu0ſtS,8L a iu ice , 8L Chaſtelains
des' AlcaydeS,ou e Regidor
Diſcours Gene-ral.. — - 57 5
ceux qui deſirent eſtre PrinceS,leſquelS ils recommandentzau Roy. Il y a auſſi les
Grands Ballifspu Gouuerneurs des pays, qiſilsfappellent Adelantados mayores,
ô( les Adelantados particuliers de quelques villes._ - -z _ -
Outre ces Officiers arreſtés aux pays,8t places qu'ils gouuernengily
ſſ- neſtables de Caſtille, 8c &Aragon ,les Admiraux de Caſtille, 8c d'Aragon ales Con
, Capi_
a taine General de la Caualerie d’Eſpagne,le General de Plnſanterie ltaliënezle Ge*
nei-aides hommes d'armes de Na leszle General des hommes d'armes de Milan;
le General de la Caualerie legere e Milanzle General de l’A'rtillerie de »Milan ñ, le n…_m…-.4_ _ . —.—_4-—u a-_A+.L
_ General de la MerOceane,8cde la coſte d’Andaluzie,le General de la-merMeditera
ranéezle Generaldes Galeres’d’Eſpagne,le General des Galeres de Naples; le Ge
. i neral
res dedes Galeres deleSicilegle
Portugal,8c General desde
GeneraldePai-mée Galeres
mer dedelaGenes
coſte ,le General5 des
d'Eſpagne Gale
outre leſ
’ _ quels il a le Generaliſſimqqui commande à tous. ~ — ſi
,Ciîîffſâh Il ya es Cheualiers de la Toiſon d’or,dont i’ay fait ample mention au diſcours
ſaiſon_ general des Ordres,qui tiennent vn grand rang pres de ce Roy , _qui communique v
‘ meſme par honneur cet ordre aux Princes eſtr angers , comme il fit au Duc de'Sa_
uoye l'an 1585,” DucflVrbin l'an 158 6,au Duc Vincent de Mantoiie l an 1588, a
Sigiſmond Battori Prince de Tranſyluanie l'an 1597,au Duc de Bauiere l'an i602.,
au Duc de Bracciano,de la maiſon des Orſins l'an 160 6,8L aux Ducs de Parmezou
tre que ceux de la maiſon* d’Auſtriche,8_c leurs alliez ont chargé cet ordre , comme
l'Empereur Rodolfe l'an 158 4,les Archiducs Matthiasast Ferdinand , depuis Ein
pereurs,l’an i593 8c 9 5,8L le Roy de Pologne Sigiſmond l'an 16o1.Au reſte ainſi que
quelquesSeigneurs d’Eſpagne'ont reçeu l’Ordre,ils ne manquët pas de ſe ourme- _
ner.ce iour là par la ville,auec POrdre ſur leurs cappes,afin d'en faire para e,8c d’e—
ſtre connus de là en auant pour Cheualiers de la Toiſon.Il y a encorp uſieurs Che
ualiers de la Toiſon aux autres Eſtats de ce Princegoù ils tiennent les premiers rägs.
@m4, ~ On fait auſſi ſur tout grand eſtat de ceux qu'on appelle Grands d’Epagne , du
d-Erpaz nombre deſquels ſont tous les Ducs d’Eſpagne,outre quelques autres , tan_t Eſpa
SM- gnols qù’eſtrangers,qui ne portent pas ceſte qualite'.Ils ſont nommez Grîíds, pour
ce que le Royles fait couurir en ſa preſencezôc qu’ils Paſſeent ſurle banc de la Cha
pel eRoyalezôcen toutes les autres actiôs publiquespù le Roy-ſe trouue,ſans cher.
cher la preſeäcezveu qu’ainſi'qu’ils arriuët ils prennët la premiere place qu'ils trouë
. uent vuide.Il eſt vray que ſi deux Grand ſeuls -ſe rencôttoient en quel ue actiô pu..
blique,hors dela preſence du Roy,côme aux entrées des Princes,aux liäcelleries,
lors qu'ils vont prendre poſſeſſion de leurs charges,aux actiós publiques de la Foy,
auec es Inquiſiteurs,8c choſes ſemblablesJe Conneſtable auroit la preſeance ſur
tous les autres Grädgâ cauſe de ſa charge,8c uis l’Admiral. Entre les autres Gräds
il n’y a oint de reeminence pour raiſon de antiquité des titres, ou grandeur , 8c
qua 1re des mai onaMais entre les Seigneurs de titre, celuy qiu eſt grand precede
les autres.L’Admiral
trant d'Aragon
au Conſeil RoyaLou a cet aduatage
enſi quelque tout ſeul pardedeſſus
autreAudiëcqſiafin les autres,qu
ſe trouuer en
au iugemët
de quelque procez,il ſe va ſeoirau coſté gauche duPreſidenuauec Peſpée au coſté,
au lielu qup tpſus lîs auti%es'G\rp.nds,8c Seigneurs de titre,quoy qu'ils prennent meſë
me ace, a1 ent eur e eeiouy
Lei: MarquigôcComtgs a a ent
orte.
auſſi ’des ptiuileges,
- 8c preeminëces des Gräds,
quand le Roy leur veut faire ceſte particuliere faueur. Surquoy il faut remarquer
ue les Marquis,ôc Comtes,qui ne ſont pas du nôbre des Grands, 8c n'ont ermiſ
ſion de ſe couurir en preſence duRoy,ne peuuent donner titre à leurs fils a ez,c6—
me ſont les Grandszpource q~u’aux actiôs publiques ils n'ont ny place , ny preſeanñ _.
ce telle qu'on la donne aux fils de Grands,côme de les faire ſeoir pres du Preſident, . ~, .z,
lors qu’il sveulent aſſiſter au jugement de quelque procez,oùñils ont intereſt , &c au ‘
ConſeiÏRpyaLou bien aux ChancelleriesJe Roy n'a pas accouſtiuné de les nômer
auec aucun titre,quoy que les autres les appellent ainſLMaisil faut ſçauoir que les
Grands ne donnent pas touſiours meſine titre à leurs aiſnez, mais le changät come
bon leurſemblezôclors qu’vn Seigneur de titre ſe rencôtre auec vn Grand,le Gräd
le precedeſtouſiourswoire meſme il y aLoy,ou pragmatique,côme ils diſent,qu’on
doit donner au.Grand le titre de voſtre Seigneuridcôbíen toutefois que ceſte loy .
ne Pobſerue pas)8c qu’il le fautnômer du titre qu’il a choiſi. Mais entre les titulez,
ou Seigneurs de titre,on donne la preſeance à celuy qui; plus ancien titre en ſa
maiſon# ſon EſtauDauantage on donne àla femme d’vn Grand le carreau poæuË
N
… V __ .. i- . , — — _ J
I..
\
a 'teſte,'luy mettät vn baillô à la bouche pour l’e_m eſcher de parlenôc ce lors qu'ils
demeurët obſtineLCeux qui ne ſont: pas voüez à a mort,mais ſeulemëc condänés
à quelqireïamädepu peine corporelle,portent au lieu des diables la croix en main,
8c ſont apres
foüenoſiu l'acte renuoyez
ſontmſiehez en priſon ,ilquelquefois
aux galereaMais à perpetuité
y en a pluſieurs , ou bienà mort,
qui ſont executez ont le
perdët eurs iës. Leurs enfäs demeurët infames &lon mer vn San Benit peinta E
gliſe,8<au deſious le nom du mort, y mettant quii] a eſtépuny pour la loy de Moyſe.
Ceux qui ont en meſme temps deux femmes ſont ſubjets cete Office, 8c lon les
meine auec la Coroça, ou mitre, en les foüetant. Cere mitre eſt large en bas_,8c entre
däs la teſte,8cva en pointe,mais eſt fort haute,8c~ lon y eintdeux pîprsónes qui ſe ma
riëLLes ſorciers sôt auffi ſujetsâ Plnquiſitiôji lô doit ruler quelqu'vn,s6 SanBenit
a des flämes eintes deſſusèſinô le fons eſt rouge des_ deux coſtez, 8L au deſſus, il ya la
Croix de S. ndré, ou deux bädes iaunes en Croix. Quand on ſclçait qu’vn hôme eſt
mort Iuif, ou More, ou heretique, on luy fait ſon procés,8c lon e condamne au feu:
lon fait ſa ſtatue' de papier pres du naturel, 8c lon met le San Benità cete ſtatue, uis
on la brule,8cſes os Sôt deterrezffluis bruleLLes Religieux sôt auffi mis à l’Inqui itiô
ou pour reuelatiô de côfeffiôpu ſi_les femmes les accuſent de les auoir ſollicitéesAu
'óÎÏÎzLZËÏÃÊËÊË-“qläîaÎÊ-ÏfäîiieSÏÊJËËÊÃÎËŸËËÃÊÎÀÎÊPÊÈËÈÏÏOÊŸËÉËÊÈËÊË'
'l d ~ ml ‘ ' '' l — ~ -iIIÎ
l
quiſitiôgle meſmeqiſen Elpagnefflinſi que vous pourrez voir aux diſcours des lieux.
äärflæâærîäwæffi &M ÆHVVÆM
N°3"- ~
ESPAGNE-
'Effizdgngappellée par ſes habitans Effidría a receu des Hebreuxïle nom de Sc- Thïſ-lins
MM
’ ’ b
Clialdeens‘ celuy de Spanxd;
‘ . ’ .
ſſbdſdd,des des anciens ſemblablemenv' celuy de_ Hcblfiœbcôme” in .
Spam-gde 4 Hiffianiznde c tffidnidzdc 5 lbei-ie, de g Celtzóerie , de l' Heffierie; 8C de ‘ Abdlam_
Damien: Hcfficric, pour la diſtinguer de l'Italie, appellée auſſi Heſpèerie; 8c pource' que :ADËZËLFP
'c'eſt le dernier pavs de la terre ferme d’EurOpe,du coſté du Couc ant.Les anciës ont m. ſ
auſſi nommé k ſes habirans Iglct”, [be-rer, Celtióercr-,ó- CeItq/èjtb” .- 8c maintenant les V-Híïï-ínlſ
Italiens appellent ce Royaume Spdgm, les Alemans Hiffianicn; ceux du Pays Bas Spo à Îfiffln…
, _ cyzzim: Sſtai .ó- Spajne : 8c les Sclauons Spam/g: Qtíbcſd. 44. .
mere. Elle eſt ſoumiſe au milieu du 4. Climat , a tout le cinquiefine , 8c a partie du 6; entre Èïſflfſ”
155 35» 3C 45 degrez de latitude: 8c les 16 , 8:31 de longitude, en 'prenant ſon commen- Step an;
'cement aux Açores. De ſorte que ſon plus grand iour &Eſtêj au Parallele Meri io- gêxägè l. .
nal, qui ſe trouue eſloigne' de PEquateur de pres de 36 degrez,8c de 14. heures, mi- 5 APPMÏ"
nutes , 8c au Parallele Septentrional , engagé dans les 4.4. degrez 8L demy , eſt de 15 lbericñ.
~ [ISU-abo lí-g:
heures, _zo minutes. mo….
confins. Elle a pour ſes bornes du Nord les Monts Pyrenées , quila ſeparer de la Fräce, par. CormJíJ.
ticulierement des Prouinces de Guyenne, 8c de Languedoc 58C la ioi nent encor vn l‘5“²"° 'U'
peu du Leuätziflcdu rneſme Nord elle eſt auſſi bordée de l'Oceä Canra rique,8c d'A
quitainqducouchät
Gibſſal tar,8èdes partiesdeſoceäoccidéſtalzdu Midy delOceäAtlätique
de la Mer Mediterranée,qu'on du détroitue:
nôme Iberique,8cBalcariq de
telles que ſont celle deCico,qui comence à la ville deChaſteamMa rin,â la ſortie d ’ f Reſccndí;
.’- la Guadianeïpaſlſie r le Royaume d’Algarue, 8c ayant dône' naiſſance à quelqu e AntLli-!o ſi
es
riuieres, qui eren ent dis la mer voyſine, va mourir ſur le bord de la Mer Occidê'. \
tale, res de la ville d'Algiazunaccompagn ée d’vn_e riuiere de meſme nom: celle de '
Rubi @que les doctes appelleît Mom Barbarie: , à cauſe des Barbariens , habitäs pres ~
du Promontoire B4ró4rium,auiourd’huy Cap de Spichel: celle de Sintri-gainſi nom
mée à cauſe dela ville,8c autrement Mont d: la Lime. qui fait le Cap renômé, que les
r Geographes 'ap ellët Grand,ou Cap de Liſbonne auiourd'huy Cap de Caſcais ,le - —
Mm luncta, ia is Tagſll!, proche du Tage, 8c de Liſbonne, où Varron a dit que les
cauales'~conceu’oi~ê't du vent, ayant ' Our voyſin celuy d'Al/zardozle .Montídramirzbd ,
iadis Herminm, qui n'eſt autre que 'ancienne montagne de Stella , tant renommée,
ſeruät dhſſiete aux villes de Portalegre, Alegret, Marouä,8c autres: la Môtagne de
com, iadis Card/dh, poſée au Dioceſe de Port0,8c celle dll/rah, quisauançant-du
Dioceſe de Coimbre vers celle de Viſeo, ſe va ioindre au Mont Muro dans celle
de Lamego ,GC n'a rien qui la rende recommandable', que ſes riuieres abondantes
en truites, aloſes, ôclamproyesl ~ .,
Les principales riuieres d'Eſpagne ſont l'Ebro, le Tage, le Duero ,le Migno
“l'm- le Guadalquiuin-Scla GuadianefEér-aíiadis I6m”, naiſtaux Aſturies de Santillana, s WWF-ï**
pres dela ville de Fôtible, ou Faentibre, alle par Logro o, Calaliorre , Tudele, “"-"’²“-"~~"~
a Saragoſlezpuisſe rend dans la mer M 'terranéqpres eTortoſe en Catalogne,
64. ë - ' Eſpagne.
C'eſt le plus grand flëuue d’Eſpagne,qui toutefois eſt rendu par pluſieurs rochers
rópaiis_ ſon cours,mal_ propre àla nauigatiôzmais eſt aſſez nauigablqpres de la mer
a Ananiamlſſ. Mediterranéellreçoit ï l'Ega,l'Arga, les deux Aragons ,le Gallego ,le Xalon ,le
?ESE r CongedoJa Cinca,ou Cinga,8L le Segre en l'eſpace de 4.60 mils,8L ſe decharge däs
g' la mer par deux bouches,auec tant de violence,en faitſant l'Iſle d'Alfaques ,Ïqubn
trouue' encor ſon eau douceâ 5~o mils de ſon embout ure. '
Le Tagegiadis Tdgzfflnommé par les Eſpagnols Taie , 8L par les Portugais Tejo , a
ſa 'ï ſource aux montagnes de-Cuengagôc de Molina,paſſe parle Rovaume deTole
Manila coſſ ïäfi( par la plailnſàaglnçæſêiflranuelouuſqu en Portugal , puis ſe mefle auec la mer
Medina y eeane au e à e i one. , .
L12? Le Duer0,nomm’é parles Portugais _Daurcgiadis Dll7iffld-,D0fli, Daria-,ó- Dgrimmajſt
d-EQJ-íz, aux montagnes d Orbion,8L particulierement en celle de Cogollo , pres de Sorie,
paſſe par Arande,8LSimancas,8L reçoit là l' Arlance,_8L l'Arlançon,venanc de Cam_
pos,8L Burgoszpiäis aylant rafralächy Tondeſillas, 8L Zamore , entre en Portugal , où
es eaux entrent ans a mera orto.
Le MËgmgeſcrit_parles Eſpagnols .Wiríoctk parles Portugais Mlabo , iadis Mini”,
q nommé par Martin Fernandez Rio Mariana _ſa ſource à lieuës au deſſus de Luïgd,
paſſe par Lugo,port Marin,Orenſe,8LTuy,villes de Gahce,dontil ramaſſe preſque
ltqllltcteiitl:Sieêlclzliichaîitla
8Lſ renddanville dsel'O
Bayîcîfſé d ſſ de T u'' ’ Pres d u l'>
Gealiclés ‘
l… de Camm'
ai a i . . .
Le Gudddlquinirfiadis Fatiha ſa _ſource aux montagnes de Segaramu plqſtoſt d'Al;
caraz,paſſe par Cordoue,8LSeuille,reçoit le Xenil ou Genil,iadis Singiligvenëít du
Royaume de Grenade,pres de Palme entre Seuille 8LCordoüe,8L les nauires venäs
de la mer iuſquïi Seuille,par l'eſpace de 1.6lieuës.IlfaitdepuisSeuilleiuſqu'à S.Lu..
car de Barramedzndeux grandes Ifles,qui le partagcten trois-,mais reuniſſant apres
Les eaqîgiclientre a8(i Luçaſr eſt) la mer,ſpar utile ſeul? bcliiiche , large (Ÿenuiron vne
euë. a e cours epuis a ource iu ques a a mer 4.' ieuës. _
La Gaudianzùiadis Aux-n'a ſa naiſſance aux montagnes de C6ſuegra,paſſe par Cia."
dad Real,& ar.M edellin,Merida,8LBadaios,villes de l'Eſtremadure,puisentre dis
o , luzie.Elle
la mer en laſe perd
ave de Lepe,pres
ſous d Ayamont,ſur
terre pres les l'eſpace
de Medellin,par cofins dedel’Algarue,8L.de
dixſilieuës , puisl’Anda
ſe fait ‘
voir de nouueau pres d’Ar amaſilla;d'oi‘i vient que les Eſpagnols diſent q n'en leur
Royaume il y a vn pont , ur lequel on voit ordinairement paiſtre dix mille beſtes,
mettans ceſte particularité entre les trois choſes remarquables d’Eſpagne,veu que
les deux autres ſont vn Pont ſur lequel l'eau coule,au lieu qu'elle paſſe ſous les au
tresjnarquans par là l' Aqueduct' de Segouie;8L vne Cité ceinte de feu,voulans dire
_-O\ualité. ' ~
Madrid,dont les [murailles ſont baſtíes de caillous. ſi -,
c11.44.
15mn_ Es anciens
ainſi ï ont eſtimé
que l'Afrique l'Eſpagne,
ſa voyſine, non pour n'eſtre,ſuj
plus qu ete aux
aux grands exceffi
vents ues chaleurs
, comme la Fran.,
‘ . . . . y . ‘
ce, mais auoir vn air ain , 8L tempere , voire meſime égal partout; 8L de tous coſtez
des vents venans de la Mer, ſe pouſians par toute la_ Prouince,8L challans l'air groſ
s ſier, 8L terreſtre,a~fin de rendre tous ſes habitansparfiaitement ſains. Les Eſpagnols
d uaríana d'âpreſent 4 ſe ſeruent de meſme diſcours ,pour rendre leur pays plus recomman-ſi
Ëîxzffiïr- dable, ajoutant qu'il iouyt comme dIVn perpetuel printemps, 8Lles autres eleur
,,',,,',,g,,,,,_ accordent meſine choſe aux lieux ou lon ne voit point de hautes montagnes, 8C
pour le regard des vents ils font principalement eſtat de ceux d'Oueſt, ſalutaires-à.
a vie humaine, quiles rafraichiſſentll eſt vray qu’ils leur font cauſer la ſechereſſe,
qui fait que l'Eſpagne a parfois faute de grains. Mais ceux qui l’ont bien con ſide
- réeF trouuent generalement ſon air ſain, à cauſe de la ſechereſſe de la ,terre ,- 8L-la re
“‘°"'°R°'- ſ …ſioie
dismgnaæpre ente
ii d urco*a c"d u N o rd, &de S PirenéeS,-tem p_er'eepres de ia Merî' o ñ
neLvnLpd. ceane,8LMediterrance , 8L ſeche par le moyen des vents ordinaires ,plus forts,8Lru—
11-1: des, que les anciens ne nous figurent. Aquoy ſajouteray que ce pays n'eſt pas tem
pere' de telle ſorte, que ceux qui ſe trouuent auancez vers le Midy ſſéprouuent de
grandes ardeurs, dont les viſages bazanez,8Lcomme brulezdepluſieurs Portugais,
~ Ancialuz, 8L Grenadins, rendent témoignage.
ſ 1-
4l'_ Elleque
quoy a peu de iiuieres,
Iuſtin luy dône 8Ldes
parmy ce petit
pluyesa nôbre
propos, en illeur
s'enſaisô,il
trouue peu
pleutderaremſiët
nauigables: 8L Em;
ſinô “en
"‘ ,Galicezôt les vcſts la deſſechët plus,d'où Viêt la petiteſſe deſes plantes. Dauantàge
* ——----— H \ .
Eſpagne. 65
(lle a peti de lacs,d'eſtâ’gs,& de marais, pource qu'eſt-Fit haute dîafflete , 8c teinte de .
riuages releuez,la mer ne ſ’y engoulie guierc auant , 8c les eaux douces ſ’y raſſem
blent rarcmennSeulement la Guadiane fait quelques lacs,êc maraiszmais elle a ſon
eau ma] fainç,8c ſes poiſſons auffi mauuais,excepte' l'an uille.
Terroir. Elle eſt pleine de montaânes fort aſpres 8c rudes, 8c es plaines ſont en pluſieurs
endroits ſeichesficſteriles, 'Où vient la petiteſſe de ſes Citez,&le petit nóbre de ſes _ _
lieux peuplezzôc l'on * la voitincillte en pluſieurs endroitsſii cauſe de ſon 'ſons pier-ñ. Êpÿcſſſfm
reus,ou de ſes lieux deſerts peu propres au labouragefic de ſes landes. En quelques b Maxi-ſin:
endroits ë il y aforce arbreszen d'autres les môtagnesfic les chäps en .ſont denuez. 'LW' *à
On n'y voit par tout guiere de fontaines 8c le gras terroir rend zo.voire zo.pour vn,
8c par fois 8o,mais il y a fort peu de ces lieux de grand raport.Le meilleur terroir eſt
pour le graimôcle reſte pourle betal. La plus grande partie du coſté du Nord eſt
pleine de lieux arides,8C ſecs 8c de grands rocherszmais ce qui ſe trouue auancé vers
e Midy produit abondamment toute choſe-,ôc ſans la ſccliereſſe de la terre,8c le de- m)
faut des pluyes en eſté,il y auroit peu de pays plus heureux. 477*
Grains, Elle porte abondamment du grain(dont toutefoisles garniſons de pluſieurs en#
fruits” droits d'Afrique conſument vne bonne partie)8c produit fort grande p uantité de
plantes, vins,dont les meilleursf ſont lesvins blancsde S.Martin, &de Matriga : de Gua- “GÛWŸÏFËŸ ,
dalcana d’Andaluzie , où l'on en cueille auſti du rouge excellentzde Ribadauia en "ſim P'
Galicezde Capareco en PortugalzdOcagne, d’Yepes, 8c d’Oli’uarez , &les rouges
de la ville d’Arenas,tenus pour les meilleurs d’Eſpagne.Il y a grande quîtite' de vin
preſque par tout le Royaume de-Toledqprincipalcment à Scalone,Madrid, Xeta—
pho,Pinto,Valdemero,Caſariiuicuôc Turrilaconazmais il eſt plutoſt loüé pour ſon
abondancqque pour ſa bOntc.On trouue encor des vins, excellens à S . Torquat, ‘
Toro,Cantalpino,Cantalapedra,8c particulieremët à Salamanque. Mais pluſieurs
eſtiment que les meilleurs vins d'Eſpagne ſe trouuent au Royaume de Valence. Il
s'y cueille 4 force huvle d’olif,bien que pour l'ordinaire les oliues ne paſſent paslcs d nou”.
‘ confins de la Nouuelle Caſtille du coſté du Nort,force fruits de toutes ſortes,d’vn ReLdi spag:
gouſt exquis, oranges,citrôs,limons,cappes,dattes,figues,quantité de ſucre, 8c de “ ffFl- VW
ſaframôc l'on y fait force ë ſoye.Les lieux ſteriles qui ne peuuent porter autre choſe Z'x,,';{;;_,,\,—.
produiſent de l’eſparte,eſpece de ionqdontils font des c0rdes,des ſouliers, des ca- Muianaii. '
bas,& de la natteOn y prend auſſi du paſtel,du lin,8c du chanvre# l'on y-recueille ;fige
dela terebentine. .Repſi'
di Spagna;
On adecouuert f-en Eſpagne plus de 500. mines d’argê_'t,dcla luſpart deſquelles, ?YY d” ,
Mines on ne tire aucune clioſe,à faute d’ouuriers,bien qu'elles ſoient es plus riches. Car E_ 4j_ Km'
au lieu qu'aux mines dePotoſi en l’Amerique on ne tire d’vn quintalEſpagnoLdeſt ct
à dire de 160.0 onces de terre,ou pierre metallique,qu’vne once 8c demie d' argent
punily a pluſieurs mines d'argent d’Eſpagne,ou chaque quintal de terre, ou pierre
metal ique,rend dix onces d’argé't,voire meſme iuſquïi i5,3o,8c 60 marcs du poids , 1l
d’Eſpagne,c’eſtàdire izo,z4_o,& 4.80 oncescveu que chaque marc eſt de 8 onces. 1,25
De faitla ſeule mine de Villa-Gutierramon guierc efloignée de Seuille,dans Ia c6— ' '
crée d'Almodoüar delCäpo,durant lcsdeux premieres années qu'ô y ſit trauailler, r. -'_' '
rantoſt l 5o,tantoſt zoo ouuriers,rendit ſouucnt par iour mille ducats d’argent,c—’eſt ’
à dire 170 marcs,_ou enuiron I360 onceSÆLiaiit aux autres Cprincipales , celle d’Al— a.
modoüar,prochc du lieu nomme la Venta del liierro,a ren u n onces d’argé’t pour
quintal,voire zo,ſelon le rapport de ceux qu'on auoit commis pour voir ce qu'elle ~ . _
rendroitLa mine de la Colline,q u'ils ap cllcnt Cerro de laCalera,pres de Guadal- — .r
canaLrëd i8.La veine d’argc~:'t de Pedroclie a rëdu zo onces our quintal,voire meſ
me,àl'eſſay d’vn Orfeure experimentég.; marcs,8c 4. onces. a mine de la Colline,
ou del Cerro d' Vrraleda,dans le reſſort de Galaroça,a rëdu 8,8L parfois i7 onces,8c rÎ-*Ë
luszêc vne autre voiſine delà en la colline d’Vrraleda arendu 9 onceS.Mais on fait
ſur tout grand eſtat de celle de Guadalcanal en Andaluzie, où toutefois on craint
d’eſtre ati-eſte' par la grande abôdance d’eau,dôt l'on a trouue' deſia de grades ſour.
ces.LorS qu'on iettoitles fondemës duCollege de S .Ermenegildqpour lesleſuites
à Seuille,on découuritvne veine d’or,qui fut meſpriſéeà cauſe des gräds frais qu'il
.yſiGrenadqvne
falloir faire,& preſque
veine en meſine temps
de plomb,auec oiitrouua
quantité d'argentpres de Mala,
nieſleſiôc au Royaume
ſes riuieres de g Fac-end,
meſines,
comme !le Tage, &le Dueco portent de l'or. Ce Royaume abonde encorh en AntiqJi. ſid: '
mines de cuiure : mais beaucou plus ſi* en mines de fer , principalement en Ÿîâïïïní- m"
Alaua , Biſcaye , 8c Guipuſcoa. I Pen trouue encor en Galice , 8c pareillement ſiefäïſſzſſîuzz
à Chïca,pres de Molina,de meſmes qu'aux montagnes de Filabre,au Royaume de ~
Europe. F u)
66 Elpagne.
Grenadeſi,prcs de BaçaÆeâTerraçonaMais celles de Checa sôt les meilleurs-,pouz
a Marianalí. ce que le ferï_qu'on en tire,deuiët plus dous que celuy des autres.Il y a plus ï de ver…
Mi. …mon qu'en ays du mondezdes l' mines de vifargent( dont celles d’Almaden ſôt
Ëïäſizſſgſſſſpzg_ les plus eſtimcesſh( quantité d'alum,& de poix.Il'ſ’y trouue ï auſſi force marbre de
ſi — cäfièruh
Mariana,li- culierement
diuerſes ſortes,ôc couleurs,de 4desragatheſigôt
des turquoiſesÿc l’albaſtre,du plaſtre,&c desdupierres
l’on eſche precieuſes,
coral dans la mer parti
voiſr..
Coſm, ne.Marinée Siciliemcommdgage pour louerl E pagne,y met des Mines de ſel aux
montagnesde Ribagorce,au _Royaume d’Aragon,ſans que les Eſpagnols meſmes
confirment ſon dire. -
e 3,,, Rd_ lement
di SP-gna-
Ses ‘ abeilles roduiſent grande quätité de miel,8c de cire,8c ſes plaines, principa- Animaux
celles dPe l'Eſtremadure,nourriſſent,de meſme que ſes montagnesforce be.
tal,dont la chair eſt parfaitement bonnqprincipalement celle de moutô,ôc de por_
ceauo Elleceux
liereinent abonde en laines,niiilets,&
d’Aridaluzie,8c cheuaus eſtimez
de GrenadoOn par inſicroiable
prend vne tout le mondqparticu”
quantité de
fort boris poiſſons dansla mer qui Pauoiſinqprincipalement en celle d’Andaluzie,
de PortugaLde Galice# de BiſcayeLa ſeule peſche des tons eſt de ſi grîde impor_
tance,quez.oi1 4.Almadraues,ouſpeſche_s de tôs,ne rëdent pas moins de 140 mille ,
;zu-dm u_ ,_ eſcuS.Les anciës ont eſcrit F qu’ils 'engraiſſent vers le deſtiſoitde Gibaltar, du gläd
g B_otc.Rc_|- quitôbe des cheſnes voiſins dans la mer.Il ſ’y fait!! auſſi principalement pres la co—
'“""P“'-""' ſte de Biſcaye,grande peſche de baleines,qui ſont ſi grandes , qu'on en tire de la '
pluſpart zoo Arrobes d’huyle,chacurie de 32. liures. .
(luantà ſes riuieres l* on y prend rincipalemëtau voyſinage de l’Ocean , force'
li Reſcndi.]
Antiqlhſz. eſturjongqui quitent la menpour uiure l'eau ClOUCQClCS muges; des meuniers , ou
tetars,des barbeaus,des an guilles d’vn gouſt exquiS,des lamproyes, aloſes , truites,
ſa umons,8t comme vne infinité d'autres poiſſons moins eſtimez.
Moeurs anciennes.
iLiuLpzcó_ l EsanciensîEſpagnols furent-ſoit agilesdegeres, k ôcſidiſpos, accouſtumez à Iſiudu
ËñË-ul m_ grimper les montagnegôc grads coureursgiyans les corps des mieux diſpoſez Un,,
Mu_ pour ſupporter la faim,& la fiatiguells ſurmôterët m les Romains en force de corps
l iuiiín.ii_.44 8c ſe plurët " à porter les cheueux longs non friſez,8c ſans artifice. Ils furent ° guer- LNH"
RVÃÇËËÜÃ* ſicſcsſô( ſeruirentcômp_ de pepiiàiegler à läiræée d'Annilſ;>al ,impatiepls3du ioug, Soi-î P °“‘ '
n yſiizzdzí_ u_ har iszaccorts, 8c 4 ru ez au po i eza e ionnez ' a e maintenir i reszamis e a
5° EPís-ïſ? ro rietéztelleinent ſſecrets en ce _qu'on leurauoit fié, qu’ils auoiët plus de ſoin de,
'm' 'm' ſi ſe relire que deviurezſi bien quepluſieurs aymerët mieux mourir parmy les tourmës ~
p Tibul 1L4. que de deſcouurir ce qu'on rec erchoit-,diſpoſez à la morgôc ſi reſolus qu'on admi.
Q3119** ra durät la guerre Punique la patience d’vn eſclauqquiayät vëgé ſon maiſtre ſe mit
r_Ptolſi,Wd, a rire aumilieu des ſuplicesÿcvamquit par ſa ioye,&ſon contentemët la cruauté de
fflhË-s __ ceux qui letourmentoientlls preferoient la guerre a la paix,cherchoient des enne.
m' ſi‘ ‘ ' mis en leur_.pays,ſi les eſtrangers leur manquoiengeſtiinoiët plus les cheuauxfic les
L d armes que leur ſang,8c aimoient' mieux inourir,que viure ſans armes. Auffi “ ſ’en
ſi_ Je" ſi' ‘* gageoient ils pour de Pargentâ groſſir de leurs troupes les armées eſtrangeres. Ils
u \Ëlilral-li.: ne ² pouuoiët viure en repos,8c cherchoiët touſiours des nouueautez; eſtoiët Ykpre- _
fifi” d°"ſi*" ſom tueux,8c väteurs d'eux meſmes à l'extremité,cruels ² 8c barbares, d’vn ï e prit
yFirmícMa. euſement
lu oſt brutal,qu’humain:épargnansfik chiches parï farouchesfic
ë pompeux,ôc deſireux de paroiſtrezmais deſſus tous autres : merueil
ſauuages, cômſie
,d QÆQŒÈ' ſe tenans lalpluſpart dis des hameauxflc vilages. Ceux qui demeuroiët pres de l'O~
li.i: _ _ cean,du co c' du Nord,viuoiê't du toutmahſemblans n’eſtre nez que pour ſuiure ſi
zïgſfgîffilz*
u. ſi ſi leur inſtinct
rieté belſtial,8c
que Pto reclèercher
emceattri ue auxlleaprs necelſſitletgmcbiili
_pagno s,i em eleurslplaiſirfîÆcqlît à la pro
que a cou ume “e ces eu—.
:Ëïääzlrî-,Ïi- glegartribuée par quelques vns 'l au generahou du moins ‘ auxCeltiberegdénÉent
5_ ' ' ſon Opinion,veu que ceux- cy non ‘ contensde lauer leurs corps auec de l’vrine,gar~
ï Çïtullñ_ dée dans quelques ciſternesfen frotoiët encor les dëts, de meſme q ue leurs fëmes.
Ëäfiffffl' Au reſte ils imiterent en fureunôc cruauté les beſteszde ſorte qu'en la guerre Can- r
ſsttabo 1L3'. tabrique,les~ meres tuerentleurs enfans,afin qu’ils ne tôbaſſent pas au pouuoir des _.
ennemis,vn
g luſtinli. vne enfant mit
femme dcſpecha à mort
ceux qui ſeſontrouuerent
pere,8c ſa pris
mereauecſielle.
, 8c ſes freres captifs , &C meſme
E** b l. Les! fëmes auoiët ſoin du logis,8c du labourage,8c les homes Poccupoiëtfa buti- ?““P²'
hïîhïnſiäſ, ner ouvoler,à ?exercer aux armes,8c faire la guerre,puiS lors qu'elles auoient enfä- ſim'
ï-_ïï té elles faiſoient coucher les hommes,pour tenir leur place,8c les ſeruoien t.
Bié' qu’ils fuſsët des plus riches,il ſe traitoiêt mal,ne mangeoient par auarice,8c Repas;
Eſpagneäſi
67
meſq—uinerie,qu'vne foiS,8Lbeuuoient touſiours de l'eau. ll eſt vray que quelques_
vns ² vſoient de biere d’orge,ou de frqment,qu'il no.mmoient Cælia , ou Ceria, ap… 'a plin. lib; ii.:
pellée par quelques-vns ë CurmLIls faiſaient auſſi ï certaine boiſſon auec le miel, Hz _
8L beuuoient du vin qu'ils achetoient des eſtrangers. I ls vſoient encore “ en ñleurs Otofiligîcxg:
feſtins ſolemnels,d’vn breuuage compoſé de cent ſortes d'herbes, qu'ils mettoient ".°î°ſ°°‘îd=
envinmiellé,le tenans pourlemeilleur, 8L plus ſain 'qu'on eut ſçeu prendre. Ils ſe 535531', ſi .
'ſer-.ioiët ë en lieu de leuain
dont ils faiſoientleur de l'eſcume
bierezd'où qui s'ainaſſoit
procedoit ſiirl'eaii,où
que leur pain trëpoit
eſtoit plus legerleur
quebled, 'ï Plin [Lis
nul :'91,ou_ l g c.
autre.IlS faiſoient auſſi *~ ar fois dllldpaln de farine de g and. Ils apprirent B des R0- 7.
'
ſStrſſaboli-;J
mains à prendre le bain d'eau chai e,apres la ſeconde guerre Puniqueziie firent au
g Iuſtin.li.44,’
cun feſtin qu'aux iours de feſte,8L ſolemuelscouurirent leurs " tables d'vne; grande h Diodor li.ſ.'
quantité de diueÿrſes chairs,ſe nourrirent ide chair humaine aux neceſſitez des ſie. i Srrabo li.4.
ges z vſerent k en lieu de moutarde de graine de roquette,8L ſeruirent 1 au deſſert du k Dioſcorid:
li.:..c.r;4..
l Plimlidtcïſ l
Repos; gland,auéc les autres fruits,meſme au temps de Pline.lls ſe couchoient m à terre de
meſine ue les Gauloiszôc les lits des ruſtiques ‘² de l’Eſpagne citerieure eſtoient de tn Scrabo li. z.
n_6.x.
Plin.lib.n.ct
Sparte, uquel ils faiſoient auſſi leurs flambleaux. ‘ _ -
Habit: Les Paſteurs eurent auſſi leurs habillemens, 8L leurs ſouliers faits de ceſte herbe,
mais les autres ° eſtoient fort ſuperbement veſtus,8L portoient P des ſayes,qui ne les o Azhcn_ …z
empeſchoient point au combat,comme 9 eſtans courts-,8L communemëtils eſtoiët ï-ï- _ '
veſtus de noirzmais ² pluſieurs eſtoient bigarrez,8L auoiët des ſayes de diuerſes cou-
leurS:8Lleursliabits fde guerre eſtoient des camiſoles de lin , brochées d'ecarlate,
ſ_:""°“"""7ñ
q ſſliiodonlùy;
fort brillante à l'œil.Mais depuis ‘ qu'ils furet-ſoumis aux Romains, les Celtib es, c.‘ ^_""*~““~
q…
x.
-.
"
8L leurs voiſins iuſquîà la mer porterent la toge,ou robe à la Romaine. Qltlânt aux ſLini Dcc.;-l?.'
femmegquelquesñvnesportoient au col des carquans de-fer, :xy-SiS certains ecs qui l»
t Stíibo li.”
ſe dreſſoient
les baiſſoientſur le ſommet
leiir.voile de la
toutes lesteſtqauançans bienſembloit
fois que bon leur fort ſur,le front,ſur
, Pour leſ uelsvi
couurirqleur el
ſ 'J
'î ï'
‘ 68 ‘ - ñ Eſpagne. r
_, ,. 8L des vaiſſeaux däirgent-.Marcel exigea de la ſeule Celtiberie vn tribut de 600. raï
“ Pli“’li‘”'"’ lens,c'eſt a dire,~9 6oOOo.liures,8L tous ï les ans la 'Galice , l’Eſturie , 8L la Luſitanie,
'ſ contribuoient aux Romains ZO-lîlille liures d’or.Ei1 la priſe de Carthage la Neuue
b L-,uL-D,c_.,_ b on porta à Scipion grande quantité d'or 8L d’argent:z7Ç.coupes dbnpreſque tou
iiií. ' ces du poids d’vnel1ure , 18300. liures d”argent monnoye , 8L fort gran nombre de
vaiſſelle d'argent. '
r, Liam”, z, Ils ° portoient des eſpées courtes,a'uec bonne pointe,pource qu'ils s'en ſeruoient Forces
li.z. plus habilement, 8Lqu’ils attaquoientlennemy pluſtoſt à_ coups d’eſtoc, que de ‘“°“ſi"’°’.'
asuaholzä_ taillells eurêt auſſi des eſcus ſemblables a ceux des Gauloisz8c porterè-'t des 4 dars,
8L des fondes,ſ’armens ſeulement a la legere,comme gens qui ne vouloiët que couñ
t uni_ me; ,_ rir,8L butiner.lls eurent auſſi c pour ſouſtenir lesſieges des Carapaltes,baliſtes,ſcorñ
1L6. ' pioi1s,8L autres armes de trait,donti’ay monſtre la façon au diſcours des forces des
fsmbo
ct li.z_--
i Romainslls mefloient
uauxà grimper leur lnſanterie
les môtagnegployer ‘ pariiiy leur
lejarret,8L Caualerie , dreſſans
sugenoüillerau leurs
beſoin, au che_
premier
cômanſidementlls auoient de couſtume d'aller deux ſur vn chenal , 8L s'il ſuruenoit
g CTF" 51° des cnnen1is,l’vn d'eux côbatoit à pied.Ils couroient! d'abord d’vne grade roideur
B‘l'c"""“" contre l’ennemy,îſans ſe ſoucier guere de garderleurs rangs, 8L combatoient eſpars '
. çà 8L là,puis s'ils ſe voyoient preſſez,ils ne tenoient pas pour choſe hôteuſe de ſe re
,, muffllfflzä_ tirer,8L quiter la_place.Les meres h ſouloient auſſi lors que leurs ieunes fils alloient â
114. la guerredeur raconter lects faits genereux de leurs peres. @Lam aux forces que les
.__ , . - Eſpagnols pouuoient mettre en campagnemous trouuons entrautres choſes ï que
lLllll. DCC.]- . d l) ~ f' l . ſ
us, Asdrubal fils de Giſgon enro a ans E pagne V terieure 50. ou elon quelques
vns 70 .mille hommes de pied,8L 4500110111111 es de chenal arinez. _
k !ufii-_UMÀ Vçyque les Hiſtorienskne cóiioiiſentlpoiiit de plus ancien Roy d'Eſpagne que G°"“°"
coſté
Gargorisfuiuy
de l’Andaluziez8L
de ſon filsqu'ils
Hzibis,8L
mettent
de ſes
les lfles
ucceſſeurs,qui
d'Eſpagne regnerent
ſous Geryon,
longuemêt
ou pluſtoſt
du
_ ÿ ſous les trois freres GeryonS-,SL que d’ailleurs .quelques— vns l facent premier Roy
'Wſiïmam' d’Eſ a ne Tubal toute ceſte hiſtoire eſt ſortincertaine . Mais c'eſt choſe m aſſeu
m StraboLe1L3.7) rée que
HiſpJi. P gles Pheniciens
_’_ s’è’parerent des meilleurs
_ lieux
. d’Eſpagne,8L d’Aſr1que,i1ielſi—
_
.me auant l'âge d’Homere:puis les Carthaginois “ eſtans venus ſecourirles Tyriens
n luſtinJiM. -
côme yſſus d’vn meſine pa~i~s,contre les Eſpagnols, ſe rendirent peu â peu Maiſtres
o Liu-LD” ,_ de toute l’Eſpagne,d’oi‘i Scipion ° les chaſſala i 4..année de la guerre Puniq ue.Mais
11.3. bien que lesRomains euſſent attaqué ce pais de terre ferme auíít toute autre,ce ſut
.le dernier qui recônut tout à fait l’Empire Romain,côme n'ayant eſté dompté que
p Iuſtilhlidl. 4. ſous Auguſtqqui P le reduiſit e11 Forme de Prouince.Lors‘l quelques païs d'Eſpagne
‘1 5®b° ſi' 3' eſtans aſſignez au Senat 8L peuple Romain,8L d'autres à l’Empereur,vne grade pan
.tie de la Bætictque fut au peuple Romain,qui y enuoyoit vn Preteunauec vn Treſo—
rier,8L vn Lieutenantzle reſte eſtoit de l’Empereur,8L l'on y enuoyoit deux Lieu te
nans,l’vi1 Pretoriein-Pautre Conſulaire,dont le premier auec vn Lieutenant rëdoit —
Iuſtice àla Luſitanieyoiſine de la Bæti ue.Le reſte faiſant la plus grande partie de
l’Eſpagi1e,obe'i~ſſoit au LieutenantConſulairqqui auoit vne armée d’enuiroi1 3.Co—
ſ hortes,8L 3. Lieutenans , dont le premier gardoit auec deus cohortes tout le pa‘i~s
a ï
~. ſ,i ſſ .t ~ _ iuſqiſaux
d’audel:‘i du Duero du coſté
Pyrenéegauec vne du NortzPaîitre
CohortezôL gouuernoit
le troiſieſme les montagnes
le dedans du païs,8Lvoiſines,
les peu
.ples
lieuxpaiſibles,8c accouſtumez auioug.
maritimesgendanti-uſtice Le Gouuerneur
:l Carthagenepu ſouloit8Lpaſſer
âTaragoneſi, durantl'hyuer aux
l'Eſte' viſi
toitlaPi-ouincgprenant garde à ce qui meritoit d’eſtre corrigé , ou reforme. ll y
auoit auffi des Procureurs de Ceſar,de l'Ordre des Cheualiers, quiſournifloiät aux
ſoldats _l'argent qui leur ſaiſoit beſoin pour viure. Mais bien que les Romains de
-a- _ meuraſſent Maiſtres de l'Eſpagne,les Mores d'Afrique la rauageoiët :l tous propos,
x Cïiïïtvſin- -~ comme on vit au tem-ps ² deMarc Antonin le Philoſophe , puis au temps de fl'En1—
î MAntonin.
Pbuoſoph_ - pereur Seuerqauquel ils ſe ruerent ſur la BætiqueApres cela * les Sueues,Alains 8c
ſ Spílttlalhsc- Vandales,appellez par Stilicon aux Gaules ſe ruerent enfin ſur l'Eſpagne , enuiron
?BFM l, ;c l'an 4O9.au temps que l'Empereur Honorius ten oit.l'Empire d’Occidët, 8L Theo
Accu., ' ' '.l doſe [Lcelu y d'0 rient . M ais' u _es
l V'ſi
i g o t s ſe rendirent enfin mai'ſti'es des autre S 8c
u lfidor-Hiſr- finalement* dominerent toute l'Eſpagne , eſtabliſſàns vn Royaume , qui demeiira
hifi. ' ' r ï \ r . ï - -
,Mnfflzzzh floriſſantiu-ſqu alan 7iz.auquel les Sarraſins ayans defait,8L tué le Roy Roderic, ſe_
Hiſp. ſaiſirent de toutel'Eſpagne,finon de partie des Aſturies ,où les Chreſtiens eſtabliñ ~^ ’
' rent le Royaume d’Ouiedo 8L des plus rudes montagnes. Mais les Chreſtiens -les
chaſſereiit peu à peu,8L finalementabolirent tout àſait leur domination en Eſpa;
_ giae l'an 14.92..ſous Ferdinand V.ROy d'AragOn,8L de Caſtille. Y! 4
\
Eſpagne.. ' î 69
Religion LesEſpagnols furent idolatres, 8c eonurentles fauxiDíettx.desanciens ,de meſme ï
ancienne
que les autres peuples qui les auo_ ſinoient , comme Dia-Peut -cognoiſtre par ï les* t5_ asmbo !i552
ples de Saturne,8Cd'Hercule, de Iſle de Gades,-par le emple de Minerue-au Roy- .
yaume \de Grenade, Bcpar celuy de Diane qu'on voyoit entre le Xucar, 8c Cartha
gene,ou elle eſtoit religieuſement adorée,de meſme qu'à EmporiesOn tenoit bien
que les Callaiques,Ou Galiciens ne ſçauoient que deſtoit des Dieux, &que les Cel_
tiberes adoroient la nuit vn Dieu ſans nom. Mais vers le Cap S. Vincent au Royau.
me d'Algarbe, au pays nommé Cuneus,ou Going, il n'eſtoit permis de ſacrifier ,ny
d'aborder de nuit certain lieu, où lon tenoit que les Dieux .Säiſſembloîerit la nuit;
’.ſ1 bien que ceux qui le -venoient voir paſſoientla nuit au village voyſin , 8c S’apro_
choient le iour , portant auec eux de l eau , dont ce lieu 'manquoit Au reſte b les SSH-abo'
’Marſeillois enſeignerêt auxEſpagnols les ceremonies de Diane,d'Epl1eſe,8cla façon 1L4. '
de ſacrifier à la Grecque. Les Eſpagnols ï eurent auſſi la ſtatue' de Mars , qu'ils ap
c Macrabi)
pelloient Necys,ceinte de rayons , Phonorerent fort religieuſement, 8L luy ſacrifie. Saeilhrcdp
rent ë des boucs, des cheuauzgôc des eſclaues, particulierement les Galiciens, Aflzu. dstrabo li.),
riens, 8c Cantabres, ou Biſcayns montagnars.
ſiEſtIt du
Moeurs dc ce Temps.
ſoſps ï ES Eſpagnols ſont generalement de moyenne taille, nerueuxſiecs, &forts;
bruns, 8c bazanez, 8c meſme en quelques endroits oliuaſlresgsc iaunaſlreszoil- '
tre quel'humeur melancholique, dontils abondent, en rend pluſieurs de couleur -
de terre, ou bien ſans couleur, peu agreables à voirſhaues , 8è tranſis,v Ils îontpeu deu
ſang, Sc ſont generalement d’vn naturel chaud , 8c ſec, 8c de membres durs; 8: leursſſ
cor s ſont
chaïeur, ê(compoſez de telle
le trauail. Les ſorteyqu'ils
femmes ſupportentbrunes;
ſont d'ordinaire ayzément la afaim
mais , 8: la ſoif,
proportion la l
plus
belles, 8c plus agreables que les hommes : outre qu'elles couurent le defaut' de leur
teint, auec le blanc, 8c le rouge, dont elles ſe ſeruent plus que femmes du monde.
Ce n'eſt pas qu’_ilne s'y trouue pluſieurs perſonnes blanches , 8c blondes , nées , ou ,
deſcenduës deſtrangers, Alemans, Flamans, ou François naturaliſez , ou des fem-À
mes de ces nations, mariéesà des Eſpagnols , ou bien autrement ſelon les bizarres
diſ oſitions de la nature; mais c'eſt choſe extraordinairqſi ce n'eſt aux pays proches
de l'a France,'portent
Eſpagnoles où lon void plus de gens
peu d'enfans, de cetedes
au regard ſorte. Au reſte
femmes on a remarqué
des auſitres que les
ays , 8c qu'elles
ont le corps fort eſtroit, 8c delié, contre la ceinture, de meſme queſeshommes, qui
ſont
Ilsd'ordinaire Iegers,ntE(courageux,
ſont generalem diſpos. enſidurans,
_ hardvs en leurs entrepriſes
- ,. accorts,
. -
Inclina 8: ruzez enſſla conduite de leurs affiairegconuoiteilx d'honneur, amlys du ſecret,ôcdu
tions.
ſilence,
non plus8èque
tellement reſolus, contre
les difficultez toute ſorte
neles peuuent de dangergque
vaincre, ouſi retirerledeten1ps,ny l'ennuy,
leurs deſſeins, &c
lon diroit que leurnarurel, ailiſté de l'art , pretend de laſſer toutes contrarietez , au
lieu d'eſtre_ las de lescombatreñ. Toutefois on les a veuz plus d'vne fois , meſine de
~puis peu de temps , ſi _conſi derez , qu'eſtant menacez de l'approche de quelque ſe
cours,qui venoit pour les forcer,ils ont uité promptement des ſieges, qu'ils auoiêſc
lon guſement opiniattreîfôc logî pcliilfſïtoſt 'eur eſpoiren la retraite,qu'en la reſiſtance.
d'Eſpagne,
Ils ont tou'
ilsſembraſſerèctt)
ours ur e gran auſſitoſt
S e celuy
eins, dela
tellement'
Monacichilé
u’a res
vniuerſellezpour
auoir chaſſé lescet
Moſes
effet
ils ſe ſont accortement ſeruis du pretexte de la religion , couurant du deſir de ſon
progres, celuy d’auanc'er leurs conqueſtes, 8C du titre ſpecieux du Conſeil de Con
ſcience, les reſolutions de leur Conſeil d’Eſtat z ſi bien~que faiſantmoncre' de com
batte
ſſle nompour Dieu,Pour
de Zele. ils ont vaincu poureux
_ce meſme meſmes
effet ils ont , 8c par
agrandy. contenté leur ambition
leur diſcours , ſous
les richeſſes
de leurs
ner, Indes_,afii1
parle de maintenir
bruit de leurs leurs
treſors, les Eſtats parcetetimides,’ou
peuplesſſlegers, grande reputationſou d' eſton
foiblesſcoirune ſi l'en
millions d'or , 8c d'argent, leur deuoient fournir auſii toſt les millions d'hommes, ou
bien afin de gagner les eſprits auares par des eſperances de grands biens, auec de pe
tites auances
plus riches, 8c: ou _pour augmenter
puiſſàns , ou maintenir
des autres pays , afin de lesleur
tenircredit;
hridezengageant au preſl
pſiar ce moyen , 8c les
les
obliger au ſoutien de la grandeur d'Eſpagne,au moins de crainte de perte, ou de m.
- baiz de profit, s'ils n'y eſtoient ,portez dinclination. Pour cet effet ils ont meſme
' épuyſé de grands treſors, pour gaigner les volontez des 'principaux de diuers pays :
ï 1
ſi . Eſpagne]
70
6c ſouuentleur ora lus auancé leurs affaires, ſans coup Fraper, que n'eut fait le Fer
&l'acier ;auec mi e~ peines. Brefils 'ont ſceu manier-ſi dextrement leurs de einsv
chërchantles plusſaÿesuflc plus aſſeîlrez moyens de les faire reuffir,qu'1l ſemb e que
leñrsgrogrés depen enrtout à fait de leurconduite ,non de la fortune. ,
y _ l_s ſont lents en leurs conſeils; _ mais cete lon ueur cauſe qu'ils ſont meurs,
&bien digerez, ayans ſeplementà craindre _le ha , 8c le malheur, non les appa
rentes humaines. ,Auſſi çauent ils reſoudre_ fort ſagement la guerre , ou la paix ſeñ
Ion qu'ils la itigent à propos pour leurauancernent, ou pour leur ſeureté.
!ls ſont vigilans en eurs affaire-s, ſCnFCntlCUX en leurs diſcours, 8c ſi diſcrets , &à
conſiderez, qu'ils repartent peu ſouuent a lajbruſque , pour tcmoigner leur reſſen..
timengôcnc laiſſent _echaper aucune aroleimpertincnte , ſinon lors qu'ils de or
geiît leurs loüalpgſes. Ils Îentrcäleſen ent# ſe mäntieſnnent grapdeililient vnizllgiorä
e eur,Pſeloüent
a s , c o tellement,
e ~ ui- es ren_qu'ils
comme inuinci es,dee noble
portent
l'autre donnent le titre auxors
plusonneur 'vn
vils d'entre
eux z ſçauent couurir dextrement leurs defaux, 8c leurs foibleſſes, n’c'pargnent au
cime choſe pour alliſter leurs ainys z ſont_ propres tout ce_ qui ſe peut,au moins en ce
ui paroiſt, ſ Iendides en lbeurs rares feſtins: grands, 8c rigoureux iuſticiers : 8c conñ
ſtans en la re igion Catholiquqen laquelle toutefois la crainte de leur rude Inquiſi
tion les amaintenus, plus qu'autre choſe :veu que par-my_ les deſordres# deborde..
mens paſſez des nouuelles opinions, peuteſtre leur _ſubti ité les eut perdus, ſi la peur
du chatiment ne les eut ſauuez : voire meſme cete rigueur n'a pas empeſché ;la naiſ
ſance de la ſecte des Alumbtados , ou Illuminez , dont ie parle au diſcours de la
reli ſion.
Igſdurle regard de la uerre,ils y rapportent plus d'art, &c d'eſprit , que de valeur
8C de force, 8c ne pour uyuent moins promptement ceux , ſur leſquels ils ont quel
que auantage, qu'ils ſuyent legerement au eſoin. Ils recherchent tous les moyens
'affoiblirleurennemyz pourpenſent ſubtilement toute ſorte deruzes de guerre, ~
6c de ſtratagemes 2 découurent à leurs Capitaines leurs inuentions: endurent libre.
ment toutes incommoditez pour parueniràleur but: fè contentent au beſoin de
‘ eu pour viure : ſont fideles à eurs Roys, 8c paſiionnez de leur grandeurd, obeiſſans
a leurs Chels, ( ſinon au cas d’vn trop long defaut de paye,qui les ſait reſoudre a mil
liers à ſe mutiner ) bons hommes de pied , toujours bien armez , 8c tenans leurs ar
mes propres: n’abandonnent pasleurs compagnons au beſOin:ne s’eny~urent point:
viuent paiſiblement, &ſans broüillerie , gardent vn bon Ordre en marchant,- ſe re..
tranchent ſoudain
bonne garde; ne ſequ'ils ſont arriuez
precipitent as enen
desquelque lieu , pour
lieux inconus, nonn’eſtre ſiirpris;
plus que ſontdan
dansctles ſort_
gers apparens ,Wabordent pas 'ennemy temerairement ; honorent, 8c rccompen
ſent ceux qui ſe ſignalent aux occaſions z ſont meilleurs pour léexecution que les
Alemans, mais non ſi fermes qu'eux contre toute attaque S cognoiſſeznt lhuantage
qu'ils ont ſurleurs ennemys , en ſont leur profit , &n'ont moins de prudence à ſça.
uoir vſer de la victoire, que de promptitude à l'obtenir, quand l'occaſion S'en Offre.
Mais ona rerpargué qu'ils ſontplus enclins , SC plus propresâſe barre en gros , que
ca a ca en ue . .
I S on?bon eſprit, mais mauuaiſe memoire z de ſorte qu'ils conçoiuent bien , mais
aprenent auec peine , 8c lors qu'ils ſont â demy ſçanansfils s'eſtimant les plus grands
Docteurs du monde, puis encor ils ſe rendent trop affdétionnez aux ruzes# vaines
ſubtilitez des Sophiſtes.
ï
Au reſte ce qui les rend conſiderez en leurs-deſſeins , lents, 8c \Traues en leurs
~ v .
actions, 8c fermes en leurs façons# en leurs entrepriſes; c'eſt l'humeur melancholi
que qui domine en eux, qui les rend ayzément capables de raiſon, enclins :l la pieté, '
ennemys du trauai] , 8c contents de peu -, quiles pouſſe à vouloir iouyr du preſent,
8c cherirlès cominoditez Cl ui ÿoffrentàeux v ui leur donne l'ambition a maisleur
fait fuyr la peine de lesacquerir, 8c pourchaſſer, d'où vient qu'ils ayment la guerre,
qui les accommode auſlïſitoſt, 8c leur donne d'abord le moyen de viure la plus-part
du temps, ſans trauail, 8c ſans ſoucy. ‘ -
Voyla toutes les loüables qualitez , qu'on remarque en eux: mai! d'ailleurs on les
blaſine de ce qu'ils ſont d'ordinaire 'inquiets , 8c que leur ambition tient preſque
toute l'Europe en trouble depuis luſieurs années ,de ce qu'ils ſont extremement
:mares, 8c viuent meſquinement c ez eux, au lieu qu'ils ſont gourmans aux dépens
d'autruy ,voire mefine ne ſepeuuent ſoulerdes plus delicates viandes ñ, ſont les plai
Eſpagneſi ' . ct
71
ſans, 8c boufons parmy les feſtins , pours’y faire deſirer 5 8c ne laiflZnt vn ſeul plat,
auquel leur œil, ou leur main, ne donne l'atteinte. ‘
lls ont vn orgueil inſuportable, qui les pouſſeau mépris des autres peuples, les
porte à les enuier, les rend odieuxà tous z de meſme qu’ils ſont ennemys du reſte du
monde; rend meſme les plus vils peu ſeruiables aux plus releuez ,~ ô( ne peut eſtre
abbatu par Pextreme auuretc', bien que coutumierement elle face flechirles cou~
ſages moins ſou les. 'lîoutefois ils ſont tellement accorts , qu'au lieu qu’ils ſe mon
trent altiers aux 'eux qui leur ſont auantageux, ils font les baſiſſets entreux où ils ſe
conoiſſent lus faibles, ou moins bien voulus. ‘
On les b aſine auſſi d’eſtre trop à eux, 8c de peu de conuerſation; tellement qu’ils
vont parle m onde ſans faire preſque aucune amitié auec les eſtrangers; voire meſ
meentveuxily en apeu de bien formés z pource qu'entre qu’ils ont retirez, 8c
reſeruent leur affection pour eux ſeuls, ils font profeſiîon de ceremonie, 8c de poin
'tiller ſur tous les diſcours , 8c complimens s choſe contraire à Peſtabliſſement
des vrayes amitiez. Mais quoy que pluſieurs ſoient de facheux abord , 8c fort
reſerucz ſur leur fumier , il s'y trouue aſſez de Caualiers pratiqués dans le
monde , 8c cſhonneſtes gens dans leurs bonnes villes , qui ne tiennent rien de
cete rudcſſe -, outre qu'on en void beaucoup hors de leur pays , de facile conuerſañ
tion, 8L ſi courtoiS,8c gentils, qu'on~d_iroit que le changement d'air a cauſé celuy de
l'humeur. , .
On dit auſſi qu’ils ſe fondent trop ſurles apparances , d'où vient qu’ils employeur
la pluſpartde leurs moyens en ha illemens, meubles ,Sc brauades. Ils reſument
auſſi grandement d'eux', meſme pres des Dames, 8c ce d'autant plus qu’ils font pa
roiſtre àPabord vne exttomemodeſtie. Ils vantent auec tant d’exces tout ce qui les
touche , qu’ils apreſtentâ rire àceux quiles oyent , au meſme temps qu’ils les im
portunent, ayment paſſionnement les femmes, meſme iuſquïi, la folie, 8c la fureur;
8c plus ils deuiennent vieux, plus ils ſont ardans , brdlans commele bois ſec , &ſe
portans en ce point, s'il eſt permis de le dire,comme leurs cheuaux, qui ſont plus ia
loux, plus fac eux, plus ils ſont âgez, ‘
On les blaſme encor d’eſtre fiateursàPextremite', comme témoionentgtant
de vains titres d'honneur qu'ils ontinuentez ; d’eſtre diſſimulez au poſſible, trop
obſtinez en leurs haynes , malinsà Pextremité , des plus cruels auxſvaincus , trop
affectionnez à tenir leur facheuſe grauiré , ſuperſtitieux par 'deſſus toutes
-les autres Nations, trop_amys du reîposſhcdela faineantiſe , 8c rudes àlaccueil
des eſtrangers.
Ils ſont auſſi tellement voluptueux, 8c pleins de toute ſorte de luxe , que Ma
riana leur Landſman, ou compatriote, les menace de quelque grand malheur pen
_chant ſur 'leurs teſtes , cant pour \ce ſujet , que pource qu'ils ont fait comme vn
amas en leurs ames des vices de toutes les autres Nations. lls ſont encor blaſ
mez d’eſtre ſi lubriques , qu'il n'y a preſque ville en Eſpagne, qui n’ayt vn Hoſ
pital
dans plein
toutesdeles
vcrolez
bonnes, de meſme
villes qu’vn bordeau
desHoſpitaux public,&
deſtinez d'autre part pourlzes
particulierement il y a reſque
ſols,
Ils ne ſont moins glorieux pour ce qui regarde le Droict des écrits tant eſtimez
de Diego Couarruuías, principal Iuriſconſulte d'Eſpagne , 6c l’vn des premiers de
noſtre Síecle : de la Pratique Eccleſiaſtique 6c Scculiere de Gonçalo Suarez de Paz,
qui ſe void en langue Eſpagnolezdes oeuures de François de Caldas Pereyra , 81 Ccta
ſtro, 6c de celles de Iean Garſiazdes Commentaires du Droict Ciuil, 6c des Conſeils
d'Alphonſe d’Azeuedo, 6c de ceux d’Arie Pinel: des Queſtions 8L Conſeils de lean
Gutieres : des ſix Tomes de la Iuſtice,& du Droict de Louys Molina: des Commu
nes Opinions ſur le Dcoict d'Emmanuel Suarez , &t de lean Baptiſte de Villalabos,
8c du Grand Traite' des Benefices de Nicolas Garſia.
Quantque
pratique auxlematieres d'Eſtat 8c eſtimentfſiort
ſimple diſcours,ils de guerre, dont ils ſemb 'Eſtat
les Regles ent affectionner
de Thomasplus
Cerla
dan ; lcsTraitez du Conſeil, 8c des Conſeillers desPrinceS de Furie Cereal; les Li-ñ
ures de~Ieroſme Oſétägæ de Mariana,des Rois, 8c de la Façon de les inſtruire, celuy
de lean de-la Cerde, de laVie Politique de tous les Eſtats des femmes ,ñ outreles
Epiſtres, 6c le Marc Aurele ,ou ?Horloge des Princes d'Anihoine de Gueuare, qui
contiennent _beaucoup de diſcours d’Eſla.t: la Theorique, 6L Pratique de guerre de
B-ernardin de Mendoze: la Diſcipline 8c le Miroir Militaire de François de Valdez:
6c le Traité del’Ariillerie de Diego Vſano. Mais Iean Huart en ſon Examen des
Eſprits,a ſurpaſſe tous les autres Autheurs Eſpagnols, en iugementôc ſubtilité,
donnant comme de parFaitesRegles d' Eſtagpour diſtinguer les eſpricgôccognoiſtre
leurs inclinations,aſin de les employer ſelon leur portée.
Pour le regard de la Medeciue,ils ont Roderic de Foſinſeque, 8c Roderie de
Vega,M-arcin de CakiaCatlaalan; François Valleſius , homme des plus doctes,
Chriſtofle de Vega, dont les Conſeilsfflc Commentaires ſur Galien, 8c_ diuerſes au
tres oeuures,
ſtofle ſont ſort
de Coſta,‘& dans l'eſtime,
Monardes Medecin8c quelques autres
Je Seuille, auec ,-leurs
outreliures
Garſie
desd'Orte,~Chſi
Drogues, 8c _ ſ
Simples des Indes. ' _
Leurs plus excell ens Autheurs és Mathematiques ,ſont Pierre Nuñez , auec ſesv
Diſcours des Crepuſcules, 8c l' Art de Nauigerzôc ſur les Thçories des Planetesſon
Algebre, ſon Arithmetique 5c'. ſa Geometrie; Pierre de Medinede l'Art de la_ Naui
gation: Salina , auec ſon excellente Muſique Theorique, 8c Melc hior Torres , auec
ſon Art de Muſiquezleroſme Giraua,auec ſa Coſmographie &Geograpliiez lean de
Seuille ,auec ſon Aſtrologie: Louys MarmoLauec ſa Deſcription generale d'Afri
que :-A nthoine de Nebriſſe, auec ſa Coſmographie, 6c ſon introduction: Dom Ie
roſme Ruys de Carella , auec ſa Deſcription du Monde, 6L du Temps: 8c Pierre de
Medinedäc Louys Nuſiez,auec leurDeſcription d’Eſpagne,ôt des choſes remarqua
bles qui s'y trouuent.
~ En ce qui concern_eleS Lettres humaines, ils n'ont que Iean Louys Viues , qui a
déployé ſur la Cité de Dieu de ſainct Auguſtinſſa plus curieuſe doctrine: Iean de la
Cerda , qui s'eſt particulierement eſtudié d'éclaircir diuers paſſages embroüillez
des bons Autheurs : Louys de la Cerda ſur Virgile: 6c Ramirez del Prado, qui s'eſt
eſſayé de donner la parfaite intelligencqde Martial, dont toutesſois Nicolas Pe
rot auoit degroſſy pluſieurs endroits. Quant aux autres, quelques vns ont voulu pa
’ roiſtre vniuerſels, meflant dans leurs Liures toute ſorte de doctrine, comme Benoiſt
Arias Montan-,ôc lean BaptiſteVillalpando, deux des plus grandes lumieres de no
ſtre âge:Martin de Roa , en ſes Singuliers; 8c Pierre de Meſſie, en ſa Foreſt de diuer
ſe leçon z ou bien ils ſe ſontamuſez à la ſeule cognoiſſance des Antiquitez de quel
que pays Gcvilegcomme Anthoine AuguſtimArcheueſque de Tarragone à la re
cherche des Antiquitez Eſpagnoles 6c Romaines: Bernard d'Aldrete, à celles d'Eſ
pagne 8c d'Afrique:~86L.Reſendius, à celles de Portugal, 6c de la vil le d'Euora; ou_
bien à quelques-Traitez particuliers , comme Pierre Ciaconius de Tolede à ceux
des Lictgôä Feſtins des Romains: de Flnſcription de la Colomne de marbre , trou-J
née à Romeſan mil cinq cens ſeptante-_quatregfc des Poids,Meſures .Sc Monnoves
des Hebreux , Grecs 6c Romains, dont [eau de Mariana a pareillement fait vn Li
ure. Deſorte que nous ne pouuons eſperer d'eux, pour les bonnes Lettres, guere
de ſccours,qu²auec vne grande peinqqui ſe trouue meſmeſouuent inutile..
Europe, G
" ï
74- Eſpagne.
Quint à leur Hiſtoire, ils ont eu ,grand ſoin de la rendre glorieuſe, 8c n'ont
épargné leur peine à la recherche des particularitez plus conſiderables: Car
Outre Oroſe , qui ſur la fin de ſes liure-s parle de Peſtabliſſement des Rois des'
Goths en Eſpagne , dés le temps de l'Empereur Honorius , Idatius Eueſque
de Galice, quiya tiſſuleur Hiſtoirqdepuis le premier Conſulat de Theodoſe, iuſ
ques à l'an de grace quatre 'cens nonante , Maximus Eueſqne de Saragoce, qui dé
crit les choſes arriuées au temps des-Goths , Suaubes &z Vandales', iuſques à ſon
temps, Luc TlldClÎſC,0l1dCTLly en Galice, qui fit la C hronique diE-ſpagne , par
commandement de la Reine Berengaire, mere du Roy Ferdinand troiſième; Ro
deric X imenez,Archeueſque deTolede, qui comprend en dix liures les affaires
d'Eſpagne, y ioignant vne briéue Hiſtoire des Oſtrogots, Suaubes,Alains 6c Van
dales,ayant outre cela ſait l'Hiſtoire des Arabes, 6e Iean Eueſque de Girone, dont
nous auons dix liures de Paralipomenes, ou choſes delai ſſées par les autres , qui con
tiennent les commencemens, les progresu les changcmens diuers d'Eſpagne , iuſ
ques an temps des Empereurs Honorius 6; Arcadius, ils ont Alphonſe deCartage..
ne ,Eueſque de Burgos,qui a fait l'A nacephaleoſe o.u Repriſe deYOrigineôL Som..
maire Hiſtoire des Rois d'Eſpagne, François Tarapha, qui a publie' vn Abregé de
toutes les' hiſtoires , &de tous les Rois d'Eſpagne,, depuis le commencement du
mondes Iean Vaſée de Burgogqui a fait la Chronique vniuerſelle d'Eſpagne,- de
meſme que Iean Mariana, depuis le temps de Tubal iuſques au uoſtre; PUIS ils ont:
encor les curieuſes Chroniques Eſpagnoles &Eſtienne de Caribay. Florian del
Campo auoit entrepris d'écrire amplement-toute l'Hiſtoire d’Eſpagne;mais la mort
cauſa que de quatre .parties quäldeſſeignolt, nous nano ns que la premiere, qui con
tient les commencemens de ce pays ,recherchez auec toute la curioſité poffible, lls
ont encor Anthoine de Nebriſſe, qui a fait deux Decade: des affaires d'Eſpagne, ‘
ſous Ferdinand 6L Iſabelle ,-65 des Rois de Nauaïre: Valla , des ſaicts de Ferdinand;
Alu-are Gomez, des ſaicts du Cardinal François Ximenez: Bernard in Gomez, de la
vie de., lacques premier . Roy d'Aragon , œ Ieroſme Blanca , des choſes d'Ara
gon, outre les eſtrangers qui ſe ſont pleus 'a baſtir leur Hiſtoire, comme Michel
Ritius Napolitain, qui a ſaitPHiſtoire de leurs Rois, depuis Gargoris iuſquïl Phi
lippe premier: Luce Matinée Sicilien , qui l'a compriſe en vingtñdeux li ures : 54 le..
roſme Coneſtagio Geneuois , à qui les Eſpagnols ſont redeuables du di ſcoursqtflil
aſ fait
lls de ſvn-ion du
s'occupent Portugal auec
grandement la Caſtille.
à leur Poëſie , qui fut groſſiere 8c raualéeiuſquesau
temps de Garcilaſſo de la Vega 6c de Boſcan, qui la rendu-ent plus delicateôc lalre
leuerent; puis furent ſuiuis de pluſieurs gentils eſprits qui ſe ſont eſſayez dela polir;
mais on; eſté heureux que Lope de Vega, qui l'a miſe à ſi haut poinct , que les Eſpa
gnols iugent
bien dans qu'il8ceſtl'eſtime
l'eſprit impoſſible de mieux
des ſiens , qu'ilécrire.
ſuffit deAuffi
dire cet Autheureſt
quſi'vne piece eſttellement
de Lope,
pour laſaire trouuer bonne. En effect,il a de ſort agreables ſaillies d'eſprit, 6c ſes
Heroïques lemblentaller à l'égal de ceux des anciens, nîeſtoit que la langue Eſpa
gne a ie ne ſçay quoy de moins doux que la Poëſie ne requierr.D'ailleurs,on trouue
eſtrange qu'il :WII ſait le Poème Heroïque de ſainct lſidro , en petits vers Lyriques;
8c quant à ſes Comedies, qui ſont en douze ou uinzegros volumes , dont i'ay veu
les vnze en vers non rimez , &libres pourla pluſpart, qui donnent de l'entretien aux
oiſifs , pluſtoſt que de la ſatisfaction aux curieuxſi,bien qu’il les ayt Faites pour con
tenter ceux de ſon pays , deſireux des choſes ſemblables , il pouuoit employer plus
vtilement ſon eſprit que de le raualer à cette façon d'écrire , ou monſtrer ſeulement
par quelque piece qu’il excelloit en ce poinct , auſſi bien qu'au reſte, ſans s'amuſer à
baſtir tant de gros volumes, dont la lecture eſt àflalongtle plus importune qu'agrea
ble ,_ &t qui ne luy peuuentiamais acquerir tant de gloire , quïlsfluy ontdonnc' de
peine. .
Quant aux autres Poètes ,comme le Pintian, auec ſon PoëmeTragique du Ro
Dom Pelayo, Alphonſe d‘Erz’illa, auec le ſien de l'Araucane, qui eſt des meilleurs;
le gentil George de Montemayor,qui,outre les vers côtenus en ſa Diane, a fait voir
vn liure particulier de ſes autres Poëſies:Ledeſina,auec ſes Conceptions ſpirituelles,
fort eſtimées de pluſieurs Eſpagnols: C eſpedes,auec ſon Poème TragíquqChrz-ſto
fle de Caſtelleios, le Ca itaine François d’Aldana , qui s'eſt acquis quelque gloi
re par ſon Phaeton, 6c es autres œuures_ z meſme le vieil Iuan deMena ,dont les_
Eſ ſi ct ſſ ~
pagnc.
ctEſpagnols Font eſtat,& beaucoup d’autres,dont nous auons les œuures,ou ſeparées,
75
ou miſes dans les ramas de leurs Cancionerosou Romanceros, c'eſt à dire , dans les
liures de leurs Chanſons , ou Romans, ils doiuent tous ceder librement le premier
rang à Lope,qui les ſurpaſſe en toute ſorte-Au reſte ,l'on trouue en Eſpagne vn
nombre commeinſiny de Poëtes qui ſe meflent de faire des Romances 8c chanſons,
ſur le ſujet des amours _, ou des brauades de quelques vaillans 86 gentils Ara
bes , ou Chreſtiens , dont leurs faux Rom‘äñs’ſont mention , ou ſur les amours
de quelques Bergers , dont ils inuentent les noms, Ils ſont auſſi des vers en
langue Valencienne , ou Cathalane , ainſi que teſmoignent les œuures de
Vincent Fernandez, 8c de Moſſen Viñoles ,- ôc la Portugaiſe a de- meſme ſes
Poètes.
Ils ſe plaiſent auſſi grandement aux diſcours en Proſe, de quelques Ber
gers ou Bergeres , auſquels ils reüſſiſſent des mieux , ſinon en ce que meſ
me les plus habiles d’entr’ eux ne gardent pas touſiours la bien-ſeance aux
propos des Bergers , qu’ils ſont parler quelques-ſois en Docteurs , ou Caua
liers. Mais il faut auouër qu’il n'y a peuple en Europe qui ayc de plus agrea
bles inuentions , tant pour ce regard que pour les Hiſtoires 8c Nouuelles Fein
tesſiaites pour la recreation des DameS,ou des hommesdegrand loiſir, 6c peu
de ſoucy.
L’vn de leurs plus gentils exercices eſt, de ſe dreſſer à cheuauclſſienæ combatre
ä la Genete, auec l'e{pée, lalance 8c la targue , ou pour s’eſſayer 6c paroiſtre parmy
les galans, ou pour attaquer 6c ſouſtenir les Arabes,& M ores d'Afrique; à raiſon de
quoy Simon de Villalobos a ſait vn liure exprès ſur ce ſujet, enſeignant à pratiquer
en bonne compagnie cette ſorte de combat , auecÎ toute la grace 6c Paddrefle qu'on
peut deſirer en oeſaict , ou ſe .ſeruir de la derniere, au beſoin ,contre Fennemy.
Mais tous ces agencemens 8c tours de ſoupleſſe, ffempeſchent pas-'les eſtrangers
de trouuer de mauuaiſe grace cette Façon d'aller à chenal , ſans ferme tenuë ,
'auec les genoux ployez &contraints , &z la pointe du talon dreſſée contre la ſelle,
ſibien qu'on #eſtonne de ſcefqu’ils,l’opiniatrent, &Ja pratiquent encor hors de
leur pays en leurs Caualcades de parade, meſme auec le bas de ſoye , ſans
r., houſſe. _ ._ '
Leurs autres plus nobles exercices , ſont la Courſe des Taureaux , 8c le ieu de
Cannes, qu'ils meflent parmy leurs ſolemnelles réjoüyſſances. La Courſe des Tau
reaux ſe fait dans vne grande place, où l'on laſche des taureaux l'vn apres l'autre.
Alors quelque Caualier demandant permiſſion au Roy, ou à celuy qui preſide pour
aller Contre lecaureau, 8c l'ayant obtenue' ils le vont attaquer par ordre, montez ſur
des cheuaux richement harnachez, auec de grandes lances ferrées , ayans à leur co
ſté des Laquais ou ſeruiteurs auec la liurée , 6c pluſieurslances pour les maiſtres; 8c
celuy qui donne plus de coups de lance au taureau , Feſquiuant habilement , eſt te
nu pour victorieux. Au reſte, les hommes de pied agaſſent ces taureauxàcoups
däiguillon -, de meſme que d'autres auec des picandeaux quïlsleur tirent, 6c don
nent tout à la ſois du plaiſir , &c de l' eſtonnement au monde , auec mille
tours de ſoupleſſe , auec leſquels ils ſe iouent du taureau , cn éuitant ſa ren
contre. _
Le ieu de Cal-mes ſe pratique ordinairement par vn bon nombre de Caualiers
veſtus de diuerſes couleurs, armez de cannes en lieu de dards,donc les Mores ſe
ſeruent c‘ontre leurs ennemis, auec des targues derriere; Gt par ſois il ſe pratique
aux places, par ſois en quelque ruë eſtroite, où les vns rompent leurs cannes contre
les targues des autres. Mais aux principales ſolemnitez, où les grands Seigneurs du
Royaumectc le Roy meſme ſont dela partie, on vſe de plus de magnificence, com
me on peufl: voir aux réjoüy ſſances qui ſe firent à Saragoce , aux nopces du Duc de
Sauoyeauec Flnſante Catherinqôc à ,Valladolid l'an mil ſix cens cinq , à la naiſſan
ce du Prince Philippe Dominique Victor, fils duRoy Philippe I I I, 5c maintenant
Roy. Car aux premieres le Roy ayant commande aux Grands de Eure vne Chaſſe,
ou Courſe de Taureauxfflcvn ieu de Cannes, ils ſe partagerent en ſix trouppes ä
dix pour chacune f, 6c dans la place de noſtre Dame del Pilar ou du Pillier, de
Saragoce. Les échaffaux eſtans dreſſez tout autour , 8c les ſeneflres parées , on
commença laCourſe des taureaux, 6c cependant les Caualiers s’allerent habiller
Pour le-ieu de Cannes S puis on vid entrer premiers douze Negrec à cheual
Europe. ‘ - G ij'
76 Eſpagne. '
veſtus de rougefioüans de leurs hauts-bois 6c flutegpuís les trompettes 8e tambours
ou; bateurs d'attabales, ou tambours à chenal , veſtus de ſatin de la couleur du Chef
de la trouppc , &c letautres entrans de meſme, ſelon l'ordre que le Roy auoi t eſtably:
toutes ces troupes ſe partageaient en deux. D eux Seigneurs entrerët premiers, cou'
rans auec la Zagayc en main, ſuiuis des autres de leur trouppe,deux à deux; puis les
autres Chefs entrerent de meſme auec leurs troupes. Il y en eut trois qui ſe mirent
lors à vn bout de la place,apres quelques carrieres, &les autres ſe rangerent de meſ
me à l'autre bout: puis tous galopans l’vn derriere l'autre , firent le tour de la place
deux ou trois fois,puis en ſorcirent pour prendre des targues &c des cannes: 5c retour
nant apres *a la place , s'eſtans rangez comme auparauant , vne trouppe commença_
d'attaquer 8c charger l'autre , en tirant des cannes,- &c le ſoir les Iuges diſtribuerent
au Palais les prix, qui furent vn liure d'or,vn rubis 8c vn diamangqui furent donnez
parles Caualiers_ à leurs maiſtreſſes. '
En l'autre de l'an mil ſix cens cinqJa grande place de Valladolid ayan t eſté tapiſ
ſée tout autour de diuers brocads &c draps d'or 5L de ſoye , auec des échaffaux au
deſſous des feneſtresJeRoy ſit premierement ſon en crée dans la place,cheuauchant
à la Genetepyant la houſſe de ſon cheual couuerte des armes de tous ſes Royaumes,
'en broderie d'or,& de perles s 8c la Reine à xſon coſté toute éclatante d'or 8L de pier~
rerie,auec des perles d'extraordinaire,ôc montée ſur vne haqueuée ſuperbemët har
hachée. Mais ces deux eſtoient deuancez detous les principaux de la Cour , auſlï
fort couuerts de diamans, 5c ſuiuis des Dames de la Cour, montées ſur des cheuaux
richement harnacliez ,les vns auec de la broderie ,les Hunts auec des clinquans ou
lames d'or 8c d’argent,parées de coques chargées de plumes &de corps,& iuppes de
diuerſes ſortes de drap d'or ou de ſatin découpé , doublé de toile d’or& d'argent,
auec de la br0derie,8c quantité de ioyaux; 6c de plus accompagnées de leursCaua
liers,auſii richement veſtus.
.Apres cela, le Comte de-la Mirande ſit ſon entrée auec le Conſeil Royal, les Al
cades de la Cour, Miniſtres 6c Officiers du Conſeil ; puis la Garde Eſpagnole. Ale..
mamie. &L Celle des ArChCmCes Gardes ayant pris leur lieu, l'on receut commande
ment de mettre dehors tous ceux qui ſeſtoient gliſſez dans la place z puis on y porta
force eau pour la rendre fraiche,& ſans pouſſiere. Lors apres la courſe des taureaux,
le Rêyzles Príncesdes Seigneurs 8c Caualiers qui eſtoiët en la place,s’allerent habil
ler à la Moreſquepour le ieu de canneszëc toutes les troupes,ou Qiadrillagcomme
ils diſengeſtans preſtes 6c aſſemblées , le Roy monta à chenal, commandant qu'on
commençaſt d'entrer dans la place,où treute- quatre trompettes 05L bateurs (l'amba
les ou tam bours à cheuaLfirent leur Premiere entrée, auec vn gräd bruit, outre qu'il
y auoi: aux quatre coins de la place pluſieurs autres trompettes, &t ioüeurs d'inſtru
mens, qui ayant ſommé 5c ioüé pendantlaçourſe des taureaux, meflerët encor leur
ſon auec celuy des derniers venus. Ces trompettes eſtoient conduits par vn home de
cheual , veſtu de ſoye, des couleurs de la Reine , de meſme qu'eux,'qui les porroient
aux banderoles de leurs trô pertes, houſſes de leurs atabales, couuertcs 8c garnitures
de leurs cheuaux,& en leurs chapeauigœ pluméaCes trom petes s'eſtans rangez aux
quatre coingspn vid entrer douze mulets l’vn apres ſautrempenez par desMuletiers
veſtus de liuréeJes mulets avans leurs harnoisñgarnis de plaques d'agent, le poitrail
d'argent, auec les franges de ſove,_des couleurs dela Reine, 6L de grands pannaches -
ſur la teſte, chacun d'eux portant deux faix de cannes , couuerts de tapis de velours
cramoiſyzauec les armes du Roy-,egi broderie d'or,d’argent &z de ſoyezdes cordes de
ſoye des meſmes couleurs , &c pour les garroter des baſtons d'argent. Ces mulets
cſtoient ſuiuis de tous les Officiers de PEſcurie du Roy , puis du cheual du Roy, 6c
d'autres vingt-cinfflmcnezen mainparlesLaquaisp/eſtus ſemblablement des cou
leurs de la Reíne,aue'c desépées argentéega des poignards de meſme. Les cheuaux
auoient leurs harnois couuerts d'or, d'argent, 6c de pierrerie.
Cela fait,la troupe du R,oy,conduite par luv,entra veſtuë à la M.oreſque de ſatin
incarnat 8c violet, enbroderie d'argent, auec force belles plumes ſur le bonnet Mo
reſque; puis autres 7 troupes firent leur entrée auec diuerſescouleursfelon'les affe
ctions des Chefs; 8c cette entrée ſe fit au galop de deux en deux , qui paroſſoient en
meſmetemps enſemble s 6c branloientleurs lances ou dards de la meilleure grace
qu'ils pouuoient. 'r
_ Apres-cete premiere carrierefaite au milieu de la place-.zils paſſerent la ſegoiideïde
Eſpagne. —
meſme [Façon …au deſſous du balcon de la Reineffluis vne autre-de l'aune coſtſié: Cela 77
fait, tous ſortirenb 'ale-meſme que le Roy , pouraller chan gerd echeuaux, 6c prendre
des cannes 8c des targues; 6c ſoudain apres leR oy eſtant à la porte, appellant les au
!regroupés auec-vitae irompetteſœ meſmelcorenuoyaqt pour cet-effect 'le M arquis
de Camaraſades
gſiuidaiïtiqeux vns 8c les autres
do ſontçoſté; vindrëtdepar
8L lePrlnce leurs portes en meſme
Piedmontçceuxzdu flen tempsnôc
, apres qu-leilsRoy
eu
rent eſcarmouché-,ſ 6e faible tout de la placèdnmntquelqiíe temps , saccordansvdes
mieux-eo deux? gſialoſgzæt ſe faiſans place les .vns !aux autresſſans-Ïembarraſſer , ils s'en
redodmerent enilooik-“placi-.s, toutes' les trauppkaæfuuiettans apart , vis. afvis les vues
dbsrhmres, puis -l exRUyalla attaquer auec ſa-tmuppe le coſtéennemygconduiſant les
ſiens, 5c pourſuiuitrlztieu-…ſans sîèmbarraſſer-,bhargeantle partygènneinyà coups de
caoîoes ,i611 Ilzíémnlrin t, de-;ſa taiiëuéldextrement, iuſquiicn qdïe: la nuict. approchant
il alla quirtei-Pltabl eMoreſqueſ ôalesa utresfiient demeſmal'. i .xi - .- ~1
'Hs footanſſidies-couru
fonodcmſiuíctí, oi-s audi
d la clarté d.’vne placesdeoutuüs
infinité ;pour&de
flambeaux quelque -réjoüÿſſancei
lumieres, 6c les'
au ſon de force
tambovuœ ùraxabalesqy 'avant deux trouppenaueo leursC hefsgCes Caualiers-ſon t
richemëiwtî veſtusidirdiuerſes çouleursffluecîtlelbr ;fort-'coubertsde plu mega tous
. 3 peu”
armez.fus
Chaque troupea
tamboursôë ſes parreins ſuperbement
atabdlesveſtus veſtus,d_esL'entrée
de ſhyeà laMoreſizſiuod couleursfiniqñvne-trouñ
deleuis trou
p” preizdiſa poſteidïvli iíoſté , 5c »l 'autre de L'autre, &les Iugesïdu- Tournoy — ä l’vn des'
bou-tx; bù ïilsdonbeutle” prix Ei-ceïux qui ont mieux fait. Ils rompent leur lances , 6c'
mbnpiullaïmain îIPEpée-.dont _ils ſe donnent quelques coups ,~ apres leſquels les par
reins lesflzparengpuis on juge qui a don-né meilleur coup. A-u reſte les coups donnez
depui-sllenpm brilen- bas ,cſÛſlſ bons i mais ceux qu'on donne plus bas ne ſont pas
comptezgæ ne ralenti-ie”. 35:11.) : r »uen ' —- . a
ñ ...fils font encor-des iouſtes auxplaces , oû l'on void ſur les échaffaux force perſon
_ nesudameſme qu'aux ſemeſtres-force Dames. L'on void premieremêt venir à la pla
ce quelques trompettes 8L atabales-,veſtus à la Moreſqugdeîdamas, 8c autre eſtoffc
de ſoye 3 puis les parrains ſuperbement veſtus de quelque belle eſtoffe de ſoye , auec'
forcent
ayans parleurs
auſſi deſſus, &c les richedientëliartmchezzi
cheuaux chapeaux de meſme eſtoffe puis &c couleur
bon nombre, auec force plumes,
dffliſtafiersſi veſtus
de ſoye,auec des épées dorées. Le Tenant richemêt armé,auec ſa deuiſe ſur ſon caf.
que , ayant ſon cheual harn aché de meſme, ôcſitiuy de quelques Pages bien veſtus, ~
quizportent
la desmet
liceſſpuis ſe lancegfait la reuerenc
au bout de eauLesA-ſſaillans
la carriere. Roy,ou‘ à celui qui preſidùen
entrent apresauecpaſſant par ſi
des trom-
pertes 6:. arabales,.leurs parreins , Eſtafiers, 8c Paîies, veſtus de diuerſes couleurs, &c
paſſant par la lice, apres auoir ſalué celuy qui pre de , prennent l'autre bout de la
carriere, puis iouten t contre le Tenannôc. ceux qui font le mieux reçoiuent quelques
prix "des Iuges , puis les donnent aux Dpmes …, pour leſquelles ils ſont entrez en
lice. ñ. . / ' .-~ -'-" .
Ils ont encor leur Encamiſada ou Camíſade, qui ſſe fait touſiours de nuict fort
tard, pour l'amour de quelque Dame. Ceux qui le ſont, vont communément veſtus
de quelque eſtoffi: de ſoye blanche , ou toile d'argent , auec des mrbans en teſte , ou
desbonnets à la Moreſque, montez ſur de beaux cheuaux richement harnachez,
auec force clochettes” menans force gens à pied bien vcſtugqui portent des flam
beaux de cire blancle allumez, tellement qu'on dirait qu'il eſt iour. Ils ne font. que
paſſer,6c chaqueCaualier porte ſa deui' ſe,ou- tous enſemble vne meſmeſieloti la fan
taſie-de celuy pour qui cette brauade ſe fait. ' \
;_ Quelquefois aux réjouyſſances du Royaume, on void ſur le ſoir quarante ou cin
quapte Caualiers veſtus à la Moreſque de diuerſes couleurs , auec vn flambeau al lu—'
mé' dn, la main, accompagne: 'd'vne infinité d'autres flambeaux portez par des Pa
ges 6c autresquelquefoisſiſe
beaux,puis perſonnes. Cesdiuiſans
Caualiers paſſent
en deux quelques
bandes, carrieres,
la moitié fait tenans leurs Ham
à la Genete,le ieu \ ’
de Garroſel , 5c les autres rompent en courant leurs lances en terre; puis on fait par
fois ſuruenir vn taureau auec quelque feu,qui met fin à la feſte.
Ils font auſſi grand eſtac d'aller deux à deux au galop égal à la Genetefflc parer en
meſme rempsſians que l’vn deuance l'autre, appellant cela courir Parejas, deſtà di
reÿareilleszchoſe qu’ils tiennent pour perfection 8c gentilleſſe de Caualierda prati:
qmnt deuant le Roy aux plus ſolemnelles réjoüyſſances.
Europe, ‘ _G iij
78 Eſpagnéïî
Ils ſephiſent encorſouuenc ‘a dancer , &leurs Rois meſmes ne' dédaignent pas
cegentil exercice. Leurs principales \lances ſont la- Pauane ,qu'ils dancent graueñ
ment aueclépée 8c la cappe; la Gaillarde, où les plus diſpos dépargnent- pas les ca
prioles: 8c PEſcarraman , qui ſe dance principalement en Catalogncgâc ~aux pays
voiſins. ' ~ "' '. …Q , —" - -lî-?a "IV- '.4' _ __
.' -_ Ils ont encor deux .ſortes, de dancespu tre cet Eſcarraman, que nousne pratiques
pas,qui ſont lc Turdion;8c5-Madamaidé~()rliens,0u Madame d‘Orleans. lis ont auſi]
des Canaries ou Cuſcos, où ſouuent ils ont des ſcouettes, dançans chacun à pam-Sc
ſe relayansót ſoulageans l’vn l'autre; Lqmssarabandes , où mille mouuememfola
tres ne manquentiamaigauec vn- grand bmit de doigts à la Mureſque; &z les bals
ſoletnoclsfiniſſezac lbuuent parle branle de la T0rche,-ou Hachaz '. ,.… .
z _ ,Ils sîoccupentauffipimſouuent au ieu des Eſchecs , auquel ils reüffiſſcnttelle
ment que ce ſont les pluszemellens ioüeursde toutel'Europe, Go ſerendent ,ce \eu ſi
Btmilier ;que ſans voirljfiſchiqnier, ÛY-floudærlctes pieces, lors qu'on leur a dxct_ ou
eeluiſquiâouë contreux en a mis qnelqtfvne, ils marquent anfflñ rofl: de loin_ 'ou oc
derriere. lataPiflerie, le carreau où ils veulent qu'on loge vne des leurs, pour rompre
le, deſſcinde l'autre , 6c donnent échec &t mat, la pluſpart du temps , en ioüant 'de
cctteſorte. - ~ M ' . - " " ’
Ils ne mangent pas tatudbrdinalte que les Alemands 8c les François, ſinon qu'ils nez-us;
ſhientconuiez, ou voyagent: vcuquaux feſtins ou à table d'Hoſte. ils mangent 6c
bniuent-des rnieusgainſi que Pay-veu. Mais eſtans chez euxà leurs dépens ils ſe con
tentent ſouuent de pain,de quelque appreſt d’herbes,de ſalade,d’oliues,8c de quel
que Fruict.; Quant à leur vin,pource qu'il eſt pour la pluſpart trop puiſſangles hom
mes y mettent force eau,6c les femmes n'en boiuent pas volontiers; mais hors de
leur pavs, ils aualent les vins eſirangers tous purs à grands traits . de meſme que les
autresPour le regard de leurs feſtins, qui ſont maintenant rares au poflible en Eſpa
gnejls ſontmagnifiques 6c- ſuperbes, mais ſur tout abondans en diuerſes confitures,
des plus excellentes 6c pieces faites de ſucre, de pluſieurs façons. On vſe auffi par
toute l' Eſpagne de certaine eau , qu'ils nomment Aqua d‘Aloja, qui ſe fait auec du
ſucre, du miel, de la canelle , 8L des clou: de girofle , 8c deuient merueilleuſement ' ‘
’ ,regblez ſi bien que les plus aiſez la mettent raffraiſchirauec dela neige, puis en boi
uenthuec delicc. . .~ ~ l ~
z Qiant aux Hoſtelleriesjl y en a peu,& celles qu’0n'y void ne ſont guere bonnes;
de ſorte qu'vn eſtranger y eſt mal receu , comme eſtans contraint ordinairement
d'aller chercher par les ruës 8c les places ce qu'il Èluy faut,tant pour luy que pour ſon
cheuaLſans eſire ſoulage' pour ce regard par quelque valet ou chambriere; 6L !Haſta
fournit ſeulement du ſel . de l'huile 6c du vinaigre , encor à peinezoutre qu'il faut le
plus ſouuent appreſter ſa viande, a cuiſiner; 6c toutes-fois lelogis , 6c ces miſerables
cômodzteucouſtët biê chenlls ont encor enCaſtille quelques pa~ís deſerts,qu’ô fait - -
deux ou trois iournées ſans trouuer ny ville, ny village; mais ſeulement au bout de
la iournéci-,ôc quelquefois au cnilieu,de miſerables logis, qu'ils appellent Vantas, oû
lon eſt traicté de meſmeà la fourc he.n’y trouuant que bien peu pour repaiſireputre
qu'on
villes &cy couche
villages,duſtout mal;
ſont dela œ les Hoſtes
Compagnie qu'ilsdeappellent
ces Veritas de meſme que
H ermandadpu ceux des
Confſirerie,
tellement que s'ils ontaduis de quelques voleurs,qui tiennent les chemins, ils mon
tent auſſi-toſt à chenal auec leurs armes# les cherchët pour les prendre; d'où vient
que-les chemins ſontſaſſeurez en tout temps par toute l’Eſpagne,excepté ſur la fron
tiereſaux monts Pyrenées. Mais nonobſtant leur ſeureté, la ſeule incommodité des
logemens ,bt la cherté qu'on y trouue, fait que les Eſpagnols ſe plaiſent moins i
voyager par leur pays.
Pour le regard des habitsfi ls ne ſont pas touſiours de meſme façon z veu que nous'
les auons veus auec des chapeaux fort hauts , ä fort petitbord , faits en pot à beurre,
'puis ils les ont pris bas,6c~â grand bord.De rneſmeils ont porté longuemencle man
teau COUrLGL depuis trainant iuſques en \Cſſfliſellement qu'ils s’ernpc':trent bien ſou
uent dans Féperon, 6c le bout de leurs écharpes s'en va batant la chenille, 8L par foB
la terreau lieu qu’autrefois ils les portaient aſſez courtes. Mais la façon de leurs au
tres habits ne laiſſe d’eſtre de longue durée; ſi bien que quand ils en ont quelqu’vn
fort riche, ils s'en peuuent parer longuemengcomme en embuſcade dans leurs frai
zes bleuës, fort goderonnécs,
f
Eſpagne.
Leurs Dames qui ſont naturellemenuſuiperbegy vont d'ordinaire richement ve 79
ſtuſiés, 8L des mieuxëſzriſées,poutfidonner plus apparence dtnbonpoint; &l'on n'y void
pas desgorges Dune-ries, 8L, destecoiis
debaſſedécouuergcommeeiïcelles de Francepu
taliç. Lesyoyageurs , &autres eſtoffe, yîportenſſt volontiers des ſouliersd'1.
de
cordegœ d'eſpace, ſorte de jonc , qu'ils appellent Alpargates. Aureſte en leurs bra
uagle; ils vſent ſort de broderie d'or, Relax-gent, Ïenſeignäs 'de pierrerie, plumes , 8c
cordpnsdeperlesôLdepierrei-ie. . — --ï-vi_ F- v' _~ ï' ' - v ,
…gm ſi Les Eſpagnols* ayant longuement vſé de la langue -Latine , Zlepuis que les RÛJ ſ
maigsdeseurent aſſujçtis, la- cortotnpirent apréà 'ſous les Guts; puis encore plus ſons de Agde, y
_les , lorsqirils-ſe rendirentmaiſtres &Eſpagnm-Œ .le-"Roy Don Alfonſe le Say
ge qliicpinmença de gagner. en Caſtille Famzſzjſiut le prctnier qui ordonna qu'on eſ- ~ ~
4,
criuit des loix en langue Caſtillane , commandantauffi qu'on expediaſten laïmeſme _ .y _
toute ſortel deprquiſipns,
,en patentes du R oy , 8c actes puhlicëgquiëeſtoieni aupamuant
ue ſi-lalanguçfiſpagnolenbutcſtôpremiercifletit-Latine,elleifeut " ' ’ -' 'î. -ſ.I _~’ſſiÎ. i
peü..-.:-
parpçnit à ’eſta_t,, .auquelello eſt auioùrdfhuy-j veu que nous' voyons vrieſi 'grande ~'~ 'î
co _ pgmiçè decesdeux langues, tant en pluſieurs-parole!, qu'aux-terminaiſons ~, cas', _ .m,
pe: qniiegóitautteschoſes, de laGrammaíre Latine, qu'on diroit preſque parfois de
. lfiflſpagnol,eſt
Fateitoſtſſre que c'eſt vray
deteſte Latia-;corrompu
ſorte , . :-.51ſeulementen
vii. Î rquelques
* ‘ endroits.
~ ñ Leur-
- Padre, nueſtro. qœeſtas en lqsfiielos, ſanctificado ſea tu-'nombre ,~ vengaſanos tu
\ Reyno ,l-Iagaſe tu voluntad , affi en la tierraï, 'como en elCielo. El' pan hueſtro de'
cada di-.rda nos lo oy z y perdoiia-nos nueſtras deudas ,affi comos nos otros perdoria-ñ
mos a nueſtros deudores s y noms dexes caer en tentacion 5 mas libra' nos del
Omni-Amen. '_ H 1 ' -î- ' - ' .u-.vó--ſ ,
,Ceſſſtelangue preſque commune à tousles Eſpagnols , appellée communément ‘ l, _
vulwrſie, 8L par quelques vns-Eſpagnole, pource qu'elle eſt entenduë preſqueî par ' ſi ’… J
toute l' Eſpagne,
ſieursſila Eaſt-commune
nommericaſitlffi patin-y
Caflillane, les honneſtes
pource gens de tous
quelesCaſtillans la cesRoyaumes. Plu'.
maintiennent en ſa
pureté,- bien qu'elle _ſoit auſſi communeauxfioyaumes de Leon, Arraÿon , Murcie,
' A iiiliſiluſie, à \ſigne bonne partie de Pqtugahôz mofine aux Aſturias; Les-autres Pap.
pelleïtit Romance ,oulangage Roman ,. 8L diſcorde ceux qüi_ parlent Eſpagnol ,en
lieu Latin,qu-ilsparlentñRomancqpourceépie ceſte langue \ſrîent de la Romaine,
Îz laquelle meſme elle eſt conforme. Mais ellèä pluſieursmoſits des Gots, Arabes, 8c
l ñ _Mores , 8L plus des derniers que des autres'. ‘. . .~- .zrr * p b. - i _ i_ .WM-Huis ‘
Ellea pluſieurs dialectes , de meſme que la-langue' Françoiſe; mais le patois plus ~,,,- ‘,
groſſier, ſelon mon ſoibleaduiseſtceluy de Galice. Celuy des Andaluz , 8L Grena- ~ d( -
dins , selloigne aſſez dela pureté du Caſtillan, 8L celuy des -A ſturies a pluſieurs paro- " ',~ ,"7 "~_ 'f'
' les particulieres. Quaiitaux Portugais , bien qu’il ſemble que ce ſoit vne des diale- e
&es de l'Eſpagnol , toutesſois les Eſpagnols meſmes " le tiennent p’our vne langue l' “"““* **ë
parciculiere, compoſée de la Françoiſe, 8L de Hîſpagnole, 8L vpour ce ſujet agreable." rer. Hiſpdi II_ _
c4.
Les Valentins, 8L Cathalans. ont im langage approchant de celuy du Languedoc; _
dont ils ſont voiſinsztellement que ë quelques Eſpagnols appellent leur langue Fran- c Mciulaccif
çoiſe. On parloir encor Arabe , ou Moreſque aux Alpujarres , de meſme qu'en plu- “WS- ’
ſieurs endroits des Royaumes de Grenade , de Valence , dïllrragon , 8L d'Andaluſie.
Mais depuis qiſonachaſſé les Grenadins , 8L Moriſques , ce langage s'en va du tout
aboly. z ‘
z On y parle encor Biſcain . qu'ils nomment Vaſcuence, en Biſcaye, Guipuſcoa, 8L
la pluſpart du Royaume de Nauarre , 8L ceſte langue eſt l'ancienne de vces peuples,
qui l'ont conſeruée, nonobſtantles conqueſtesdes Romains , à cauſe de la rudeſſe
e leur pays', où les vainqueurs ne ſe ſoucierentdæſtablir leur ſejour, 'comme le trou
i 11ans deſagreable; puis ce peuple courageux 4 ne peuſtviurog-uere longuement ſujet,
. 8L ſecoüa promptement, lejoug , ou ne le fut uieſme iatnais tout Zi fait , de ſorte qu'il gllfîîffl" '37
conſerua brauementſa languqauec ſa liberté. Mais quant à ce que quelques vns eſtiî- c Êzzzizczog;
1118M- queceſte langue fut autresfois communeà toute l'Eſpagne, Strabon les deſó n,
mem. *loſs qu'il dit. qu'il y auoit pluſieurs langues differentes. Aureſte les Biſcains ï CMS_ '
ont' meſlé par-my leur langage pluſieurs… mots des autres peuples , principalement des glynaníl Fa
W
Caſtillans,
. _.
8L ï Bretons , 8L pareillement des_ Gaſcons
_
, 8c François , par le moyen du mu.
“°"'°' "'54"
voiſinage ..ôccom met-ce. Qynt aux particularitez de toutes ces langues, vous les h Aſſouan-eg:
pourrez voir aux diiïzours de lëeursProuin ces. - .ñ ~' , d.
me. Ils ont vſé longuement de YÆref d'Auguſte , noinmée- auttqmentäiedſ: Ceſar 553,555 513.,
’ W1
80 * Eſpsgne.. _- ï
Eſpagnole; qui commeníça. -Irentc-_Huiäkans . _ac -vniourl, ou rreizee mille huict èens
quamÿyjngx jours auanc\leſus~ClÎr1ſt~,.la hmctieſmeannce apres la reformation _du
Calendrieríſnſſc ſpatiales-Eafit. Le Sarrazin ſans' nom lag n0ri1~mel'Ere.de FErain,
.H b” de ou de-paſgençquéil fallen donnexàſE-mpereur; mais ?Hébreu ſims ndm *l'appelle
I C I ‘
Eris. Ere de l' Ete,- c'eſt à dire FETE: dffîſpagnerenommé. Ccfut doncde ceſie Ere, j" _ou de
\zwei-na c; commengeznent decompte d'années, ;que lesgEſpagnols vſerent ,_depu:is_'{e_(‘IOn—
l""““' ſulàt de Dômice Caluimäc ſſAſinius Pollio , aprés que les Triumurrs eurent: ~ Ëó
ffltfeuztlÏlÇmpireRomain,BLquetoutel'Eſpagneſuneſdheuëàfluguſte. "eîſ rte " .M l..
,: ' "MU-fl
,_ ,bu que la premiere annéezde Grace, ,ou de-PE-re Cthreſtienne ,Tut là trenÏe-neuſieſtfièſſde A
ſ 'ſi :--4.4 ljfipezdukuguſte; dont les ÏEſpagnols ſvſerenc , rant aux choſes Ecblbſiaſtiqfíesf
ſ -' ï* Ô' î"- '\ ² leurseſcritures prophæïeäenlÿellrs prQÇcZ-Eôä meſinèenleurspèniptës pariïtfulièlſäſiflä
d-iſiſcpursctàuïiliers. 'ſnoïuſó :ſu .Î:;‘.!..:'1ſſ"._tr-i.“i"-'» ſt.» « - , _ q; “:7'_‘l“ſi'~ſ
‘ ' - ,"":‘il.— .-' ‘~
cNoni Mat- 3;._\A_z1.reſtele;1)omd’- razqui *_ ſigïnfioztzaríctennemehc du noffibrèuut
T” .og-mo eswdeſtàdire- eur-valeur t-ſiïiltaétt-“cdursîenÿutre ſens: &ïpris pôùrl-'E ſſochc
de Cortcctiu
dScpubucdag-m- ~~ y ’* ' "”‘ ", ’ - .. ‘ -~ . l ’ _ . "
COIÏÎÏÎÏCÏ-Ïcemept dfflanwsfflde, Efpagnu ü Pomeque Noraſſesfi &ËGÏVŒQFËË
deſA-mh _ qui faiſoientzleurzsactezsezn Latin,zvoulänsatbregerlesmots,aulïeudîeœrireatuffôngâ
J mſiſſggrexempjgrzyſjnfflyſs-Erat dggqfli 7—o,:,_111etto1ent ſeuîemen tîA. 70 ;_ſi' *du
lggignqggnzzoigmrent aptes pes… trois-mom, 8T en 'firent cells-d uÿîra. Mais Îçfloompte
de ceſte Ære ſit: aboÏy en Caſtille l'an i383. aux_ Eſtats desegèùiepar le R6 \Îgäfi
premier, quècoflvfiafldaæqufoneonífflónçaſt lé-cdiltpte des-aſ-nsîdepttis latNgti ite de
Le(us -Chçîſtzimirant enîcelaPierrel V: Roy dwrràgofnzqui en àüoít interdiclſv ſega
attx Eſtats tenus à Valençelhnj3ſ8dplïl$ lean premier Roy de Portugal dèfltndit le
q ;npſmefflprósla priſe deÇeuteenAfriqucgenturoubín
e “dmc 73,_ ſ Les lieuës d'Eſpagne, 1415;" -"- de
‘ comme dépendantes deſopinion, j-- Teſtinæëflés
' ' . \ ” HH-i
cſ1- :MST
Antibſidc _Aſh Ples, ſontplzqs grandes, Qupius courtes eh quelques Contréesfclejèſilëſm-e qu, n.; ſiäznflix.
ZEſpanall-l. Pç, nwobſtanz qu' Alfonſe le Sage, Roy de Caflzlle ,ñayt declare \que la lienëcvntej ,
'7' l MÏQtrQÎsmÏIS, ou Mig-gros', Sommeil du, autrement; crois mílîeÿäs; lſauoitàupàraq
ſan: eſtabzly; que le< Pasdemit auoir-cituq pieds ÆhommeſſÎffldÿíci-'xg &Zehgfſſqud Pied
quinze-doigts
legales de Frau-em;
gzſſnfiſpa netdómh Mais-ces
Cour hours &etr-ais mille paè ,ſont'
vſe pourſespfluileges Ecllesqu-bfi
BËèelles-rfŸ ,n
cſizoſſntíe -
~ oÛFÂ-Ëſinf
qu’il y a Mçdrid à Alcala. C'eſt la… !rené-dont le Cotíœil_ vſe‘ en mati ere: vde
;gçeffl &bornes; 6L Egg nomme coflse lieux? Legale gîla- lieuâduïCordëauaeÎ Court;
;Anis lfflordinairelieuë dcscheminseſtde qlmtre mille pas , ou Vingt mille piedsſiï Les
unzodLNe- doctes Eſpagnols ‘ ſoumettent à chaque degré Celeſte dix-ſept lieuës, demie de
bïſſcfflffl- leur paye-Mais quelquesyns, I' mettent ceſte difference aux lieues deTolede , que la
ct petgtejieue contlentjroiszmille pas de Tolcde, ôcktgrande quatre mille , qui n en
Ictuallorum- font que trois mille Pariſiens. ñ -Want au pied commundiſpagne , h le
, h Yilalpand. Romain le
‘,
r0m-z-P.s.li,,_
Cqfltient entier, auec vnedouzieſme d’iccl\uy , 8c le pied Romain a meſme_ prdpoctr-ſſ
94,.; -..-‘::aÎ-. c: tion à PEſppgnoLque lenombre de treize a celuy de douze. LePalmoptt 'la Paume,
' 'il-H f; ou [Epan _des Eſpagnolgcontient _les trois quarts du pied,8c la Vara,ou Verge d'Eſ._’
~' gagne, dont quelques vns expriment le nom par celuy d'Anne; eſt de trois pieds. A u
i .GUN-laps, reſte les Eſpagnols ‘ ont encore le nom de Iornadaffluîoumée z qui contient huict
*u* “ÎËWÏH lieues, aqſquelles ils l'ont limitée. ' '
- France. ~.
M4- _ ’ _,Lesenterrcmensífflcfunerailles s'y ſont de meſme qu'en_ Mais tout ce,
jourlàlfon tſallutîne point de feuau Logis du mort. Les parens,& amis y enuoyent des
viandes , &c y vont manger , hommes , «SL femmes à part. Durant neuf iours on fait
_le meſme officegauec les parens, ôcamis, 6c habits de deüil, &le moins qu'on y puiſſe»
porter,.ç'eſt_vne cappe de deüil. V î ; ~' ‘ _ _ _ t
. Les Funerailles de leursRois ſe ſont à peu prés dela ſorte qu'on pratiqua à celles du f‘"‘°‘*“² '
Roy Philippe troiſieſme, le 2.. de May 162.1. L'Egliſe de ſainct Hieroſme eſtoitſſ :rené u'
duë de noir, 6c le chœur de damas , y ayantau deſſus vn lez de veloux noir , ſemé des
.-.1 x -lr Î-“î " armoiries, d' Eſpagne, 6c tout autour dePEgliſe en haut quantité de cierges. .Il y auoit
_.ſi' ñ_;_' jvne grandeRoy.
ct Latine-du Chappelle ardente,
Au haut auec'
de ceſte pluſieurs
machine inſcriptions
onvoyoit Latines, &TEpítaphe
vne pyramidecouronnée, 8c ~
.Tui
q ſi i_"i". aux quatre coings quatre chandeliers, …comme herſes, parrains
Cierges. — ſi
chacunffcinq_ cens
f' 'Îñ' " " ~ - z
‘ Au pied de l'Epitæphe_, ſur des formes on voyoit la Cotte d'armes ,la Couronne,
,q *A Peſpée, 8c le collier de l'ordre de la Toiſon d'or. Aux coings des Archi traues eſtoient'
_ '1' 'z' quatre bannieres carrçîegatleclesarmes desayeuls du Roy, düäuſtricheſflongrie, -
ïq ’j r l " Caſtille, &p _Portugal-ſu qu dettant les armes du Roy, le heaumc, ſeſcu delaToiſon, '* *ſi*
.I
I.
Eſpagne. ' 81
la Banniere Royale, Pkîſtendard general, 6c deux bannieres, rouge, ôtxblanche , des
couleurs du deſunt , puis au milieu de tout cela labanniere de ſa deuiſe .
Ceux du Conſeil, veſtus de deüil à leur mode, furent ce meſme iour à ſai nct Hie
roſme baiſer les mains au nouueau Roy, 8c luy iurer obeyſſance. Cela Fai t le Roy alla
ouyr l'office des Morts. Paſſant par le Cloiſtre, tous ſes officiers marchoient deuant,
de meſme que les Cheualiers de la Toiſon , &c dix-neuſgrands d'Eſpagne , ayans les
colliers de leurs Ordres ſur leurs chappes de deüil z les Maſſiers , &c Rois d'armes,
auec leurs cottes d'armes. Le Comte d'OliuareS portoit la queuë du deüil du Roy,
lequel eſiant à l'Egliſe ,le Cardinal S pinola prit place à coſté de luy; les Ambaſſa
deurs eurent leur banc à part , de meſme que les Eueſques , dont l’vn fit l'office , auec
ñ la muſique de la C happelle du Roy.
Le lendemain matin le Roy ſut au meſme ordre que le iour precedent au ſeruice
funcbre à ſainct Hieroſme, où vn Eueſque dit la premiere Meſſe du ſainct Eſprit; vn
autre la ſeconde de noſtre-Dame, ôt vn autre la troiſieſme de Requiem. Le R oy fin
tout ſeul àlvffrande, 6L l'on recitaFOraiſon ſunebre. L'on fit encorle huictieſme
May vn ſeul ſeruice funebre en l'Egliſe de ſainct Dominique le Royal z oû le corps'
de la ville de Madrid fut en deüil, ſelon la couſtume.
La Chappel le ardente, ou Maquina, c'eſt à dire Machine , comme ils Pappellenr,
eſtoit en carré, de la hauteur de l'Egliſe. Dans ceſte Chappelle eſtoit la repreſenta
tion du cercueil, couuerte de toile d'or , auec de ſemblables en ſeígnes qu'à celle de
ſainctHieroſmefic autour de la Chappclle ſurIes colonnes de chaque coſté il y auoit
vne grande banniere noire,auec les armes d'Eſpagne; 8c en tout le haut de ceſte ma—
chine eſtoit comme vne montagne de cierges. Toute l'Egliſe eſtoit tenduë de drap
noir, auec ſorce armoiries du Roy deſunt. Meffieurs de la ville eſtans venus en .corps
ächeual, auec leursſotanes, 8L capixotes, ou chaperons de deuil à leur mode, auec
leurs Maſiiers , 6c Officiers deuant eux , 6c quatre Rois d'armes , auec leurs coctes
Royales ,vn Eueſque dit la Meſſe ,le Prouincial des lacobins fit ?Oraiſon Funebre,
le Gouuerneur de Madrid offrir vn cierge,auec vne medaille d'or, 8c l'on donna des
cierges à la pluſpart des aſíiſtans. ‘ ‘
c i' i)
Richeſſes.
Mônoye. IL y a trois ſortes de monnoye en Eſpagne , à ſçauoir d'airain’ , ou de cuíure , .d'ar-ſi
gent , 8L d'or. L’airain monnoyé s'appelle en Eſpagne Moneda de vellon , c'eſt à
dire monnoye de billon, de meſme que l'argent , aueclequel on meſle la quatrieſme,
ou cinquieſme partie de cuiure. Les eſpeces d’airain ſont la Blanca , qui vaut deux
Cornados, voire trois en quelques endroits , qui eſt la plus baſſe de toutes; le Mara
uedis, qui vaut deux Blancas; le Dinero,‘ou denier , qui vaut trois Blancas; l’Ardite
qui vaut crois Marauedis; l'O chauo, ou huictieſme, ainſi nommé pource que c'eſt la
huictieſrne partie du demy- R eal,& dit autrement Ochauillopu Medio Quarto', ou
demy- Quart
uedis, ou huict, valant deuxMarauedis
Blancas. ſ i 8c le Quarto, qui vaut, 8c peſe quatre
*‘ Maraj
_ La moindre eſpece d'argent eſt celle qu'ils nommentQrartillmqui eſt de fort bas
argent, 6c vaut dix- ſept Blancas, ou huict Marauedisnsc ſidemy, qui ſont la quatrieſ
me partie du Real. Les autres eſpeces de bon argent ſóínrle demy Real, vallant dix
!d ſept Marauedis , puis
Marauedis,donr le Real
on bat , _ſurnommé
ſoixante- S~'en_zillo_,~~ë~oſ_ufimple
ſept dïſſvkſmarc , vallant trente
d'argent; Ceſtſidëlkeal -quatre
qui eſt à peu
prés dela valeur de noſtre piece de cinq' ſols, 6c qui ſe prend dbrdiñaire pour meſme
prix. Ils ont encor battu en Caſtille des Reals , qui peſent huict de ces ſimples', d'au
tres qui, en peſent quatre , 6c d'autres deux”, qu'ils nomment Reales de a ocbo, de a
quatro ,Bcdeadom
.Want ' ‘ durant
aux eſpeces d'or, ils eurent ‘ ~' vn tempsicellſies
-²_²;~~ ~ qu'on
~ nomma
- premie-
_ \
rementexcellentes, puis Ducados,c’eſt à dire ducatsjpxiſées au temps du R oy Ferdi-ñ _ z
nand ſurnommé le Catholique, trois cens ſoixante 5c quinze Marauedis, c'eſt à dire
vnze Reals, 6c vn Marauedis , y en _ayant ſoixante-cinq en _vn marc , ou huict onces, ’
puis elles ceſſerent deſire en cours ,~ mais lè nom dedueaç reſta ,auec ſa valeur, donc
les Eſpagnols ſe ſeruent en leurs comptes, les emplóyaîntſſafin dhlſſîctrégeï. au 15W de!
Marauedis. Le double de ce ducat,qu’ilsnommoienltDoublón dîeſia dosjvalloitvingt
deux Reals, 8c deux Marauedis. Mais quoy que ſanèichñe valèrir des ducats :ſoie
__..…_....L .Où-z ...—.. 4.. . . ...ñïl
S
/
82 . ſi ‘ Eſpagne'.
changée , zz qu'on ſe ſertie de ceuxlà ſeulement aux comptes , toutesſois ils ont leur
duçat , qui vaut treize reals , ou treize reals, 6c demyl, peſant ſixrztomiſis , 6L vn grain,
5c demy , &c maintenant en France quatre liures cinq ſols, leur double ducat, ou D0
blon de a des vallant en Eſpagne vingt-ſix, ou vingt- ſept reals,& en France ceſte an
née 162.8. huict liures dix ſols , puis le Doblon dea quarto , que nous appellons Du -
caſſe, vallant deux fois autant.
Le Roy P hilippe ſecond fit auſſi barre des eſcus,ou couronnes( Eſcudos,& Coro
nas") peſans cinq tomins , dix grains , 8c demy , 8c deux cinquieſme, ayant ordonné
qu'on en fit ſoixante-huict de huict onces d'or . 6c arreſté leur prix à quatre cens \na
rauedis, ou vnze reals,& vingt-ſix marauedis. Nous auons nommé longuement cet
te piece piſtolet , ou eſcu d'Eſpagne , ô.: maintenant elle paſſe ſous le nom de demy
piſtole, ou prix de trois liures quinze ſols, eſtant ſur le point d'aller à trois liures dix
ſept ou bien plus auant. Ils ont encor la piſtole,que nous auonsappellée longuement
doublon, &C qu'ils nomment Doblon Nueuo, ou doublon nouueau, dontle prix ſur
atteſté au double de l'eſcu, c'eſt à dire 'a huict cens marauedis, ou vingt-trois reals ,'85
dix-huict marauedis, 6c le doblon de a quatro , ou la quatruple , ou piece de quatre.
Ils ont encor entr'eux la piece qu'ils appellent Dobla Zaena , dont quelques vns de
leurs hiſtoriens font mention , qui vaut quatre cens cinquante marauedis , ou treize
reals, 6c huict marauedis. Want aux pieces d'or qu'ils appellent Caſtellanos , c'eſt à
dire Caſtillans, dont on en batoit autresfois cinquante d' vn marc , ou de huict onces
d'or, .ceſte eſpece n'eſt plus maintenant en cours,& l'on a ſeulement retenu ſon nom
pour ſignifierle poids de ceſte piece, qui eſt en vſage. Toutesfois ceux qui ſe trou
~î1ent ſont priſez cinq cens quarante- quatre marauedis, ou ſeize reals.
Au reſte .ils diuiſent la bonté de l'or en vingt- quatre degrez,qu'ils nomment Qui
lates, comme nous Garats, qui ne marquent pas le poids; mais ſeulement la pureté,
8c bonté de l'or. Want à l'argent, les orfevres diuiſent ſa perfection , 6c pureté en
douze parties, qu'ils appellent DineroHou deniers; de ſorte qu'ils appel lent l'argent
pur, ſans tneſlange, Plata de douze dineros, ou argent de douze deniers, 6c celuy qui
a ſa douzieſme partie d'airain meflé,argent d'vnze deniers,& ainſi des autres, 3c c'eſt
cét argent dont on fait de la monnoye. . -
En Arragon ils ont la Miaja,ou maille, qui n'eſt point en effet: mais ſe compte en
marchandiſe , 6c vaut la moitié d'vn denier. Le Dinero , ou denier, dont les douze
vallent ſix blancs de France, 6L les vingt-quatre le real, le Sueldo, ou Medio real, ou
' demy real, qui vaut ſix blancs, 6c ils vſent de l'eſcu en compte , 6c nonîen piece , val
lantAuſſ
dixRoyaume
reals. de Valanceils ont auſſi leur Dinero , qui vaut vn denier de France.
moins vn ſixieſme, 6c deux Miajas, ou mailles d'Eſpagne, le marauedis , qui vaut vne
maille, 6c enuiron vn tiers de France ,les trente-quatre faiſans le real , 6c le Sueldo
qui vautle demy real, de meſme qu'en Arragon. Ils ont encor leur monnoye en Por
tugal ; mais elle eſt au diſcours de ce Royaume. ~
Quant à leur façon de compter elle eſt telle entre les Caſtillans , qu'ils reduiſent
les petites ſommes, 8L parfois les groſſes, àmarauedis , comptant depuis mille mara
uedís iuſquîi cent mille par marauedis du genre maſculin , comme Qulnjentos , ou
Nouecientos marauedis, voulans dire cinq cens,ou neufcens.Mais lors que le nom
bre paſſe cent mille, ils ſont les marauedis _feminins , diſaus quinientas mil , 8c noueë
cientas mil marauedis; puis quand ils ſont arriuez ä dix cens mille ,ils ne diſent pas
vn million de marauedis, mais vn quento , ou vn compte de mamuedis», qu’ils expri
menten eſcriuant pa; Q', ou ï,ôcs'il yaplus d'vn million par ces deux lettres Qi',
mettant pour cinq millions V eſs. Car ils ſe ſement en leur chifre de celle des R0.
mains, 6c Latins. Mais lors qu'ils comptent parducats , ils ne diſent pas pour dix
cens mille ducats vn Cuento , comme aux marauedis 5 mais vn million , dosmillo-î
nes de ducadosficcxomptantainſi par millions. Ils ont auſſi de couſtume de mettre
pour mille vn V,ainſi marqué V,marquans par ceſte figure que tout le nombre qu'on
met deuant edle vaut autant de milliers , qu'tu tel nombre' contient d'vnitez , com
me ſi. vous voyez eſcrit douze V, cela marque douze mille , d'autant que le nombre
mis deuant ceſte figure eſt douze. Mais s'il ne ſe trouue pont de nombre auant cét
V, il ne vaut aucune choſe. Dauantage fi l'on voit parmy leur chifre vn O ſur vne
ligne_ , ou ſur vne M , en ceſte ſorte 9 »Z , cela ſignifie Medio , ou demy, 8c s'il y a vn
A, elle ſignifie Media, ou demie. Dauantage les Caſtillans ont de couſtume de met
_crc en leur chifre vn point_ deceſte ſorte . _qui ſert en leur compte de meſme clioſg
-L
Eſpagne. 83
que le Zero , ou l'O en noſtre chifre. -
Poids. Le plus grand poids d' Eſpagne eſt le Qijntal , contenant cent liures d'Eſpagne.
Il eſt diuiſé en quatre Arrouas ,ou Arrobas, dont chacune eſt de vingt cinq liures
d'Eſpagne. La liure d'E ſpagne eſt de ſeize onces ,la demie liure de huict ,— 8L ce der
nier poids eſt appellé marc par les orfevres. L’once eſt diuiſée en demie once , quart,
8L huictieſmc-,qtfilsappellent abſolument Ochau-aſous entendans del'once, 8L leur
once contient ſeize Adaramespu ſix cens grainsÆinalc-ment ils diuiſent leur Ocha
ua , ou huicſtieſme en deux Adaramess de ſorte que I'Adarame, ou PAdarme, eſt la
moitié de lahuictieſme, le quart dela quatre, la huictieſme de la demie once, 8L la
ſeizieſme deîſonce. L'Adarame eſt diuiſé en deux parties , au del-Ii deſquelles les
marchands orfe-Jres, 8L autres , qui ſe meſlent du traffic, 8L trauail de l'or , 8L de l'ar
gent, n’ont aucune diuiſion de poids. Au reſte le quintal vaut ſeize cens onces, 8L
ving_t- cinq mille ſix cens Adarames , de meſme que cent liures , ou quatre Arroues.
L’Arrobe de vingt-cinq liures vaut quatre cens onces, ou ſix mille quatre cens _Ada
rames:
Adarames la liure de grains
ſix cens ſeize onces, deux cens
, 8L ?Adarame cinquante-ſix
trente-ſept Adarames,
grains, 8L demy- l’once de ſeize ſ
Mais l'Arrobe
des choſes groſſes eſt de trente—deux liures en diuers endroits..
Le marc, oula demie liure d' Eſpagne, de huict onces , ſe diuiſe en Eſpagne autre
ment pour l'or , que pour l'argent; car on y diuiſe le marc d'or en cinquante Caſtil
lans , de mcſme qu'en quatre cens Toniines ,le Caſtillan en huict Tomines , ou 96
grains , 8L le Tomin en douze grains. ~
_Want au marc d'argent, on le diuiſe en huict onces, ſoixante quatre ocliauaspu
huictieſmes, 8L quatre mille huict cens grains. L’once contient huict huictieſmes , 8L
ſſſix cens grains,8L la huictieſme ſoixante 8L quinze grains.
Quelques vns diuiſent les poids d'autre ſorte; veu qu'ils donnent au marc huiél;
onces, 8L à l'O ce quatre quartes , 8L font qu'vne quatre vaut quatre Arienços , 8L vn
Arienço tren - deux grains.
Or ces poids ſont communs , tantä l'or , qu'à l'argent , excepté qu'en l'argent on
n’vſe pas du compte du CaſtillamAu reſte vn marc d'or de vingt-quatre quilates, ou
carats, vaut vingt-cinq millehuict cens marauedis, ou ſept cens reals ſimples ,le Ca
ſtillan d u meſme or cinq cens ſeize marauedis,vnTomin ſoixante-quatre marauedis,
8L demy, vn carat vingt-vn marauedis, 8L demy, 8L le grain cinq marauedis , 8L ;'- de
maraued is.Le Caſtillan d'or de vingt-deux carats vaut quatre cens ſoixante 8L treize
maraueJisJetomin cinquante-neufmarauedis, 8c f, &le grain quatre marauedis,
&c . …
ll y a en vn marc deux cens quatre- vingt-huit grains d'argent ſin de douze deniers
deloy, commeils diſent, 8L d'argent d’vnze deniers, 8L quatre grains, deux cens ſoi
xante-huict de loy, qui eſt le meſme que vnze deniers, 8L quatre grains, 8L deux mille
deux cens dix marauedis.
_ ,Il faut encore ſçauoir qu'en Eſpagne vn Peſo veut dire liure de marc , qui vaut
quatorze onces de marc,8L qu'on fait difference de ce poids de marc à i2. pour cët au
poids ordinaire. ll ſaut auſſi remarquer que de meſme que l'Arrobe de Portugal, 8L
de quel ques autres lieux eſt de trente-deux liures, la ſine de Valance eſt de trente , 8L
les quatre ſont le Quinral, qui vaut cent vingt liures.Mais l'Arrobe groſſe dont ils ſe
ſeruent au poids de leurs laines,eſt de trente- ſix liures,8LleQuintal de cent quarante
quatre. Au reſte les trois Arrobes groſſes de Valance fontle Quinta] de Lyon , ou
Marſeille, 8L les_ quatre fines,font de cent dix à cent douzeliures de Lyon.
Meſures. Venant maintenant â leurs meſures ,ils ont pour leur moindre meſure de vinle
Quartillo , ainſi nommé pource que c'eſt la quatrieſine partie de celle qu'ils appel
lent AÃumbi-e, qui peſe vne liure d'Eſpagne , &demeſme que c'eſt la quatrieſme
partie e l'A çumbre, auſſi c'eſt la trente-deuxieſme partie dc l'Arrobe; de ſorte qu'à
ïecompte l'Arrobe des choſes liquides ſeroit de trente-deux liures. Ceſte Arrobe
nommé en quelques endroits d'Eſpagne Cantara, contient huíct Açumbres, 8L c'eſt
lacouſtume d'Eſpagne de meſurer par arrobes quelque quantité de vin que ce ſoit.
Quant. aux grains ,ils ont pour meſures le Cahiz ,la Faneca, ou Fanega, le C ele
min,le demy Celemin, 8L le OmartilloLe Cahiz n'eſt pas de meſme contenu en tou
tes les Prouinces d'Eſpagne; mais en Andaluzie , de meſme qu'au Royaume de To
lede, ceſte meſure contient douze Fanecas. ll eſt vray qu'on n'y voit point de parciñ
culiere meſure qui s'appelle Cahiz; mais c'eſt ſeulement vn certain nombre de meſu
res , dont ils ſe ſeruent au grand commerce du grain. La Fanzega eſt vne meſures
8 4. — Eſpagne.
dont non ſeulemët le nom eſt commun par toute l'Eſpagne,- inais encorla grandeur
eſt certaine, 6L arreſtée par la loy ; ſi bien queſtant pleine du froment d'Andaluſie e-l
le 'peſe preſque vn quintal, ou cent liures d'Eſpagne. Ceſte Fanega contient douze
C elemins , ô.: l'on meſure ſeulement le bled en pluſieurs pays, auec la demie Fanega.
Want au Celemin , il eſt diuiſé en deux demis Celemins , 6c le demy Celemin plein
d'eau peſe ſept liures; ſi bien qu'on luy donne communément ce poids. Quant à la,
Vara Caſtellana , ou aulne d'Eſpagne, elle eſt plus grande d’vne cinquieſme partie
que l'an] ne d'A nuers, dont il en faut vingt pour douze de Lyon. Ils meſurent auffi
par cannes de huict pans , 8c par pans , en pluſieurs endroits d'Eſpagne, de mſſeſme
qu'en Languedoc.
lls enuoyent aux autres pays grande quantité de leurs gan ds, 8: peaux d'Eſpagne, Tüfflcê
paſtilles, gazzoletes , ſoyes, laines , draps (le toutes ſortes , ſel, ſucre, miel, cire , ci
tro ns, oranges, grenades, oliues,capres, raiſins ſecs, ou paſſerille, qui eſt excellente,
figues ſeiches, pruneaux, amendes, chataignes, huiles, regliſſqaniz, cumin, corian
dre, riz, ſafran, alum, ſauon, vermillon, graineà ~teindre l’eſcarlate , gale , tantpout
lautre, que pour eſpaiffir les cuirs , graine de laurier, confitures de fruits de diuer
l ſes ſortes, albaſtre, corail, or, argent, Fer, acier, eſtaing , cuyure , plomb , vifargent,
ci'aye,gaude,oi1geneſtdEſpagne, qui ſert aux teintures des draps à laine, pour fai*
re l a couleuriaune, la rendant fort bonne deluy meſme ſans moyen , coton , tonine,
ha rancs, baleines ſalces, cuirs, peleteries, 5c parcheminsNoire meſme des eſpiceries,
8c P ierres
_ P recieuſes ï ui leurviennent d'ailleurs.
. . Au . reſtela
. eſche des tons eſt defi
grande importance, qnele Duc de Medina _Sidonia en tire tous les ans quatre-vingt
dix mille ducats detente, &c celuy d’Arcos vingt, &c parfois on prend en la Coſte de
i ca 'e e 1 ran es a eines, n'on entire d eux censarrobdll
Bſydſgdbl es ~iui e.
Ils enuoyent encor en Italie, Alemagne, 8c France, force coucons de galere, ou
. Pelotons,où meurtle ver à ſoye, qui faitla graine, &cela ſe fileàÿnes, en Ale
magne, ôlailleurs. Ils vendent encor force graine de ſoye aux autr pays , poux-ce
qu'on n'en trouue point de meilleure que celle d'Eſpagne. Ils leur fourniſſent quan
tité de ſoude , 6c barille , pour faire ſauons , qui vient de certaine racine qui naiſt eu
Alicant , de meſme que prés de Carthagene , 8c en quelques» autresiendroits , qu'on
bruſte en ſa ſaiſon , puis de la cendreil s'en fait des maſſes , qu'on nomme ſoudes , 6c
barille. On tire encor d'eux force couuertes de Catalogne , auec quelques autres
marchandiſes. 5
Au reſte il y a grande quantité de ſucre aux Royaumes de Valance , &c de Grena
de; demeſme que force bled en Arragon , &c Caſtille la vieille , 6c la Mancha qui eſt
entre Tolede, 8c Murciea du bled pour toute l'Eſpagne. Mais les Indes emportent
le bled d'Eſpagne, ſi bien qu'elle a beſoin de celuy de France.
En eſchange de leurs marchandiſes , ils reçoiuent de France grande quantité de
bleds, qui ne ſont pas preſque pluſtoſt aux greniers , qu'ils ſont enleuez; force chairs
ſalées, chataignes blanches, huyles d’oliue , 8c meſme pourceaux qu'on y meine de
Perigort , 6c Guyenne. Surquoy l’on doit remarquer qu'on ſort l'argent franc des
marchandiſes de gueule; mais des autres non. On y porte auſſi du paſtel de Lan
guedoc , des futaines de Lyon , 6c force toiles cruës , ô( blanches, dont il n'eſt pas
permis demporterargent , ſinon en courant fortune; ſi bien qu'il faut emporter au
lieu de cela des marchandiſes d'Eſpagne. Au reſte la toile crue , le cuiure, l'acier , la
fcèntc, la poud re, 8c toute ſorte de munitions de guerre , ſont de contrebande pour
l' ſpa ne. ,
Ils grant du pays -Bas des camelots, Mezeianes,ſarges d'A rſcogligatures de ſoye,
coton, 6c ]aine,qui eſt vne eſtoffe comme de brocat,dont on fait les chaſubles,& for- '
ce toilesde Gand, Hollande, Baptiſte. &c Cambray.
Ils ont d'Italie force Gros de Naples, diuers draps de ſoye,d’or, 6c d'argent,
force camelots ondez, miroirs , 8L choſesſemblables de Veniſe , force couuertes de
lit,oulodiers, qui viennent de Naples, 8c s'appellent en Eſpagne Colchas, force
cercles, 8c bois pourfaire tonneaux , qui viennent de Caſtelſa mare, prés de Na
ples , force paſtel du Milanois , du lin de toute l'italie , du Piemont des toiles Mar -
quiſanes du Marquiſat de Saluſſes , &c quelques futaines de Quícrs , Ou Car
magnole, -
lls ont des Indes Occidentales, ou de_ ?Amerique pluſieurs riches marchandi
ſes qui vont premierement à Seuille ,comme grande quantité d'or , 6c d'argent, de
I layaiſſelle d'or , 8L d'argent des mieux trauaillées , des perles , diamans , ſiturquoiſes,
emeraudes,
' ‘ ‘
.Eſpagntx 85 '
turquoiſes, &toute ſorte de pierrerie, de la caſſe, du bois de Gajac, &des dattes, &c
,- mnt delà, que des Canaries, 6c autres lieux, des ſucres, des cuirs de bœuſ, .Sc de bouc,
ï des perroquets, ſinges, habillemens de plumes d'oyſeaux , ſaits d’vn merueilleux ar
tifice. 8c beaucoup d'autres choſes rares.
Ilvicnt auſli tous les ans en Portugal du pays des Negres dix , ou douze mil..
le eſclaues, outre d'autres qu'on y conduit de Barbarie, des Indes , &c du Braſil,
dont on vendcommunément vn ſeul dix, vingt ,‘ quarante, ou cinquante du
catsſi Dauantage on y porte' force Or, du pays des N egres, .SL de la Guinée; de
_ meſme que force coton, yuoire, vaſes, 5L figures d'yu0irc , ébene , tnalaguette,
ou graine de paradis , cuirs de bœuf, 8c de bouc , draps ſaits d’vn merueilleux
artifice, de feuilles de palmier, 8c de coton , poivre long, riz , dattes ,Sc ciuez..
tes z du Braſil force bois de braſil, des habits Faits de plumes dbyſeaſiux; des lits
de coton faits en forme de filez , qu'ils pendent en l'air , &de fort bons ſucre-z,
des Indes Orientales grande quantité de poivre. gingembre, noix muſcades, 6c
maciz, canelle , girofle, rhubarbe, mirobolansde toutes ſortes ,- tamarins; bois
d'aides, ſandal blapc, 6c rouge, lacque, ébene, perles , pierreríes de toute ſor
te, vaiſſelledor &id-argent, faite d'vne .merueilleuſe induſtrie , ſoye, draps de
ſoye, 5L d'or, toiles de coton , ſtorax , ambrcgris, muſc, noix dïndeznvaiſſellede
porcelaine, 8c quelques Elephant. On y porte encor du Braſil , 8c 'du pays des
Ncg es force perroquets , 8c ſinges , de meſme que des Iſles de Madere, du cap
Verd, du Prince, de ſainct Thomas, grande quantité de ſucre, de paſtel, de co.
ton. Mais ils vont querir toutes ces choſes auec mille, 6L mille incommoditez,
8c diuerſes maladies, dont ils ſont trauaillez , particulierement de celle de Louen
de , que les Portugais nommentBerber , 8c les Hollandois Scurbut , dont i'ay
Faict ample mention' ailleurs , qui vient à ceux qui ſont le voyage des In- l
des , 8L paſſent ſous la ligne z. ſi bien quepluſieurs y finiſſent leurs iours , ou
tre "que l'argent qu'ils en apportent , ou tirent, s’en va pour la pluſpart aux
Pays Bas, en Italie , &t en France , d'où leur viennent les choſes plus neceſſai
res pour la vie z tellement qu’il ne leur reſte que la petite part de toutes ces ri
cheſſes. . ſ ,
Richeſſes On fait eſtat que les Archeueſques d'Eſpagne ont enuiron ſept cens ſoixante
fflîslí: mille ducats de rente, y compris ceux de Portugal; veu qu'on donne communément
à ?Archeueſque de Tolede deux cens ſoixante mille ducats de rente , ä celuy de Se
uille cent mille , àceluy de ſainct laques , ou Compoſtelle ſoixante 8c dix , àceluy de
Sarragoce ſoixante mille, &autant à celuy de Valance, à celuy de Grenade trente
mille, à celuy
vcheueſque de de Burgos atrente-ſix
Liſbonne mille,mille
ſoixante-deux à celuy de Tarragone
ducars ſeize mille
de rente,celuy , puistrente,
de Braga l'A r
' nn-
ſl
86 - Eſpagne. -i 2
riclie,comme ſiirpaſſant en moyens pluſieurs Ducs, 8c jouyſſant de plus delcent
vingt mille eſcus de rente , peuuent auoir enuiron autant de reuenu que les
Marquis.
" — i ~ , Forces.
L ne ſaut point croire que l'Eſpagne puiſſe manquer d'armes , voire des meilleu- Armes;
res qu'on puiſſeauoir; v~eu qu'il s'en ſaict autant en Biſcaye, qu'en aucun autre
pays d'Europe , Gt tant au -Guipuſcoa , qu'en quelques Archiues d'Eſpagne on le
nomme pour ce ſuject la defenſe de Caſtille , &k de Leon z' puis ellea les armes qui ſe
ſont en Galice ,où l'on trouue le meilleur ſer de toutle Royaume, 8c l'eau qui a la
vertu de renforcer le meſtail 5 ſi bien que ſes habitans ne tiennent aucunes armes
pour bonnes
ont dans queArſenal
le ſeul cellesqui ont receu, ſelon
deſſLiſbone la \rampe
Goezdans
. desleurs eaux.
armes pour Dauantage
quarante milils
le hommes de pied, 6c trois milleſiclieuaux , outre force mortierg-pierriers, Faucon
neaux , Sc gros canons , auec quantite de poudre , 8c de bales s puis ils ont en
cor dans leurs ports-force vaiſſeaux bien garnis de canon', 8c leurs fortereſſes ſont
des mieux munies d'artillerie , 8c de toute ſorte d'armes , peut-eſtre mieux que
d'hommes. -, ~
L'on ſaict communément eſlat , qu'ily peut auoir de huict à neuf millions d'a- Ames, t:
mes; mais les guerres d’Alemagne , &L des pays-zBas , eſclairciſſent fort tous les iours 5°” d°
3'43"'.
ce nombre, outre ceux qubnenuoye en ltalie , & diuerſes _llles, ou qui vont aux
Indes , ſi bienque toutes ces leuéesPaffoibliſſe-nt grandement , auec tant de naui
~ gations efloignées , qui la rendent deſpeupléefii cauſes de hommes qui farreſtent
aux Indes , 6c ailleurs , ou ſe perdent allant , 6c venant , 5c ceux qui reſtent s'appel
troniſſent la pluſpart dans la faineantiſe , pour la longueur de la paix , ou les
Ëommoditez qu’ils en rapportent , ou reçoiuent , auſquelles ils ſe fient tout à
alt.
Dauantage l'on n'y pratique que bien peu les exercices militaires, 6c l'on n'y
void point de Milice ordinaire, 62 perpetuelle , ſinon quelque caualerie ; tel
lement qu'il pourroit arriuer des occaſions , auſquelles l'Eſpagne ne ſçauroit
eſtre ſecouruëdecomme
de beaucoup il ſaut
perſonnes, desſont
elles ſienseſſſpanduës
tous ſeuls;
parpource qu'enc0r
vn grand qu'on
, 6c vaſte paysface
, &ceſtat
mal
aguerries, _n'y ayant parfois que ceux des garniſons , qui ſont en fort petit nombre,
qui ſoient propres pour combattre , 6c ceux-cy meſme eſtans parfois enuoyez ail
leurs , laiſſansïçn leur place des Biſognes, &c nouueaux ſoldats, 6c employez en diuer
ſes guerres , auec tous les autres capables de reſiflance , ſelon que l'ambition , ou ne
ceffité du Princele preſſe.
' Ce qui peut donner plus de cognoiſſance de ce point , c'eſt le Portugal ,d'où
' l'on ne ſçauroit ſortir , ſelon le diſcours du treſor Politique , ſans le dégarnir
trop , ſix mille bons hommes de guerre , ê( où l'on ne trouua , faiſant le. dé
nombrement de la moytié de ce puiſſant Royaume l'an mil cinq cens quatre
vingt , que dix-huict mille hommes de dix-huict ans iuſquîä cinquante , capa
bles de porter les armes , au lieu quautresſois il fourmilloit de ſoldats, qui fai
ſoient teſte 'aux Rois d'Eſpagne , 8c couroient les Mers , aſſujetiſſant les peu
ples barbarcs- Ce qui marque auſſi le manquement de gens , c'eſt qu’on vit
en l'année mil cinq cens quatre vingt huict , au grand appareil de guerre
que le R07 d'Eſpagne dreſſa contre l'Angleterre ,7 que pour mettre enſemble
vingncinq mille Eſpagnols , il en fallut tirer ;àceqwon dit , cinq mille date*- '
gimens d'Italie, &t enuiron ſix mille_ des Carnaries , des Indes , 8c des garniſons
e Portugal. Auſſi l'on void ordinairement en leurs armées , que le__s Eſpagnols
y ſont en petit nombre. _Mais la diſcipline, 8c l'exercice militaire ſaict eſtimer
cepeu qu’on en void , plus que force grandes trouppes mal exercées , 8c diſci
Pllfläes. C'eſt auſſi parce moyen que ceſte nation a ſaict iuſquïcy tant de 6h11
'qUC CS. _ .d 1 j z
Want aux gens de guerre entretenus, outre les gardes du Roy , donc Pay .ſaíct
mention au diſcours general, il y peut auoir enuiron ſept ou huict mille hommes
* Eſpagne. l ſ ſi _
87
y de pied dans les garniſonsdeNauarre , Guipuſcoa , Catalogne , Portugal, Gſena..
de, Andaluzie, ê: autres endroits ,outre ceux des Iſles,où il y a garniſon , com
meà Maon en Minorque , o_ù l'on entretient quelques quatre cens ſoldats , en l'Iſle
d'Euice plus de trois cens, &r ailleurs. . — ' ' '
. De plus, il y a la caualerie &Ylîſpagneauec ſon Capitaine general, 8c le Lieutenant
de ce Capitaine. La principale eſt celle qu'on appelle les gardes de Caſtille la Vieil
le , compoſées de quinze Compagnies d'hommes d'armes , qu'ils appellent groſſes
lances, de ſoixante lances chacune, 6c de celle des cent Continus; ſi bien qu'ils font
tous enſemble millegroſſes lances, outre leſquellesily a des meſmes gardes cinq
compagnies de cheuaux leger: , de quatre -vingt lances chacune , entre leſquelles eſt
* celle du Conneſtable de Nauarre , 8c de plus, vne compagnie de ſoixante arquebu.
ziers à chenal ,des gardes du Capitaine generaldelacaualerie, outre vne autre de
ſoixante arquebuziers à cheual , &c quarantelances de cheuaux legers , conduite par
vn ſeul Capitaine; tellement que toutes ces gardes enſemble font quinze cens ſoi
xante cheuaux entretenus , 6c payez , des ordonnances du ſeul Royaume de Caſtille
la Vieille. Mais il faut remarquer qu'on enùoye au Royaume de Nauarre vne partie
qu'on change de deux en deux ans. ,
Outre ces gardes de Caſtille , il y a la caualerie des coſtez de Grenade , 8L d'An
daluzie ordonnée pourles garder, àcauſedu voiſinage de la Barbarie , 8c quelques
autres cheuaux legers des autres endroits du Royaume , comme de Catalogne, où
il y en a quelques_ deux cens , qui font auec les gardes de Caſtille le nombre de
trois mille cheuaux entretenus ordinairement. On y void encor les caualiers, qu'ils
appellent de Quantia , ç'eſt à dire de quantité , qu'on a veu quelquesfois venir
aux mbntres au, nombre de cinq mille ſept cens. Au reſte ceſte caualerie eſt pour
la pluſpart montée à l'aduantage, à cauſe des bons_cheuaux qui naiſſent en ce
Royaume. - *
Forces Pour le regard de leurs forces mar' imes , ils ont dix a ou douze galeres en-ñ
"ffliïi- tnetenus , 8c douze galions qui coure les mers d'Afrique z mais on void ou
'ſiſiſſ' tre cela dans leurs ports , principalement en ceux de Seuille , 8c de Liſhone,
force bons vaiſſeaux , dont ils ſe peuuent ſeruir , outre qu'en Biſcaye, œ Gui
puſcoaPon peut auoir beaucoup de nauires; veu qu'on tient qu'il y en a plus qu'en
tout le reſte de l'Eſpagne , 8c d'ailleurs les Biſcayns ſont fort bons hommes de mer,
. de meſme que les Portugais, 8c Cathalans.
Portcrcſ- Si nous venons maintenant à leurs fortereſſesſians parlerde celles de leurs co
ſh' a ſtes , qui ſont meſme aſſeurées par le moyen deleurs forces maritimes , ils oppo V
ſent à la France, qui les confine toute ſeule du coſté dela terre ferme,leurs monts
Pyrenées , auec leurs paſſages eſtroits , 8c faſcheux ; puis encore du coſté de
Guyenne ils ont principalement l'importante fortereſſe de Fontarabie , Pam- '
pelone, auec ſes deux forts Chaſteaux, 8c de groſſes garniſon: par tout s puis du
coſté du Languedoc les deux places fortes de Perpignan , &c de Salſes , dont
la derniere eſt tenuë comme imprenable , outre pluſieurs autres Forts , aſſis
ſur toute la frontiere de France , 6c dans les montagnes , ou vallées de Biſ.
caye , ôcGuipuſcoa, qui ſont moins conſiderables, &ceux des Alpujarres, 6c du
Royaume de Grenade, où il y abon nombre de places fortes , depuis le temps des
Mares. l
— '
Couuernement.
1…: Ous auez peu voir au diſcours general le 'pouuoir du Roy d'Eſpagne , tant en
gggſîils- ce Royaume,qu’en tousſes autres Eſtats, les Conſeils qui diſpoſent de tout
Wang,, ſous ſon bon plaiſir, &conduiſent ces pays, les Cours ſouueraines , qui portent le
a Gou- nom de Chancelleries, ou d'Audiences,& les Vicerois, Gouuerneuis , Corregidors,
"°‘“‘““' 6L autres, qui gouuernent ce Royaume. -
Nobleſſe_ Maintenantil faut venir à la Nobleſſe, dont vn Eſpagnol., qui a commenté les
regles de la Chancellerie a fait ſix degrez , la diuiſant en petite , plus petite , 5c
moindre , grande , plus grande , 6c tres- grande. La petiteeſt de ceux qui n'ont point
de dignité: mais ſeulement de Iuriſdiction; la plus petite de ceux qui n'ont point
Europe. H ij
88 E ſpagn e.
de luriſdiction : mais ſont ſeulement de race noble , 5c la moindre de ceux qui n’e-ſi
ſlant pas nobles de race viuent toutesſois noblement de leurs reuenus; VÊU C1UCCCUX~
ey ont le nom de_ nobles en Eſpagne, ſoit qu’ils demeurent danslcs villes , &c y aYent 1
des moyens qui les eſleuent par dCſſlU les autres , auec quelque charge , 8c conduite
des affaires de leurlieu , ſoit qu'ils ſe tiennentaux champs, viuant du reuenu de leurs
fonds, la grande des Barons, la plus grande des Ducs, Marqui‘s,& Comtesſh; la tres
g rande
Maisdulaiſſant
Roy. les premiers
. , &Z venant aux Seigneurs, il ſaut premierement remar- &fgncnn
quer, que tous ſont tellement priuilegiez, qu'ils ne ſont obligez à aucunechoſe,
qu'à ſeruir le Roy' durant la guerre à leurs deſpens , ſeulement pour la defenſe d'Eſ—‘
a Mula… pagne, 8c d'ailleurs ï qu ils ne peuuentaprés le decez de leurs Peres , prendre le nom
RcrHi-“P-li-S- de la Principauté, non plus quele titre de Duc , Marquis , ou Comte, qu'après que
°“' le Roy le leur a permis, excepté quelques familles priuilegiées , qui le peuuerit faire
flmsſnouuelle permiſſion ,~ comme en ayans des Roisvne ancienne quki les en diſ
pen e.
Les principaux Seigneurs d'Eſpagne ſont par quelques vns diſtinguez par les
noms de leurs maiſons , ſi bien qu’ils mettent enſemble tous ceux qui ſont de meſ
me nom , ainſi qu’:1 fait Salazar en ſon inuentaire. Les autres les diuiſent par Pro
uinces,-mettantles Ducs à part, puis les Marquis, &c l'es Comtes au lieu de meſler
tous ces titres enſemble, comme Salazar , conſiderans queles noms deleurs mai-.
ſans ſont aſſez cognus, eſtant exprimezauec leurs titres.le me ſeruiray donc de ceſte
derniere ſaçón en faiſant ce dénombre-ment , comme de celle qui eſt moins confuſe,
employant neantmoins ce que Salazar nous a laiſſé de remarquable ,tant pour les ar
HÎUÏÎÎCS ,donttoutesſois quelques vnes ſont mal miſes , que pour les lignſiées , &è ſup -
plcant au defaut de ce dont il n'a ſait nulle mention , particulierement des Seigneurs
de Portugal. ' ~
ï
Ducs de Ëaſtille. -
Le Duc de Frias , Marquis de Verlanga, Comte de Haro , Infant de Lara, a ſa
maiſon à Burgos, 8c ſon Eſtat aux Monts de Biſcaye , Gt au territoire de Sorie.
Il eſt chef de la maiſon de Velaſco , d'où ſont ſortis les Conneſtables de Laſtilñ
le , SL ſes armoiries ſont ſept carreaux d'eſchiquiers d'azur en champ d'argent,
ſut lyons de gueules en meſme champ , ‘ôc ſix Chaſteaux.. d'or en champjde
gueules. l _
Le Duc deMedina de Rio Seco, Comte de Malgar , 6c de Modica en Sici
le , Vicomte d’Eſterlin , a ſa maiſon à Valladolid , 8c ſon Eſtat en la Prouin
ce de Campos , en Catalogne , 8c en Sicile. Il eſt chef de la maiſon des Enriñ
quez, dont les deſcendans ſont yſſus d’vn maiſtre de ſainct Iaques , frere du Roy
Don Pedre le Cruel, 8c d'vne fille de France. Ce Don Enriques mic à more
Don Pedro le Cruel ſon frere, puis ſe fit Roy. Ses armoiries ſont my-parties;
dg deux Chaſteaux en. champ de gueules , 8c d’vn lyon rempant en meſme
c amp. .
Le Duc d'Alue, &z de Hueſcar, Marquis de Coria,Comte de Saluatierra, ou Sau—
ueterre, Vicomte de Sal ize; , Seigneur du Val de Corneja, a ſa maiſon dans Alue,ou
ſelon quelques vns 'a Salamanque , 6c ſon Eſtac en la Vieille Caſtille» &H95 Cfflfflns
de Portugal ,œ au Royaume de Grenade. Ils eſt chefde la maiſon de vTolecle , qui_
a pour ſes armes quinze carreaux d’eſchiquier d'azur, 6c d'argent, 6c neuf bannieres
pourtrophéeautour dePeſcu. ' ſi
Le DUC de Najera, Comte de Treuiño, 8c de Valance, a ſon Hoſtel à Nage
'ra , &C ſ0." Eſtat en la Prouince de Rioja. Il eſt chef de la maiſon des Mſſaiñiri—
que , ſortie du Comte Fer-nan Gonçales de Caſtille. Ses armes ſont deux chaudie
, res de ſable , auec quatre teſtes de ſerpent à chaque' coſté , en champ de
gueules. - ~'.~ - . ~ ~~ -
Le Duc'd’Albuquerque , Marquis de Cuellanôc Bicelma, Comte de Ledeſma, a - ~‘
ſon Hoſtelà Cuellar, ou ſelon quelques vns, à Albuquerquefflcſon Eſtat en l’Eſtre
madure, 8c Caſtille la Vieille. Il eſt chefde la maiſon des Cueiías , qùi a P0111”- ſes al'
mes vn eſcu myñ party des armes dflrragon, 6c d'vn’e grotte , d'où ſort vn ſenpent, ou
dragon. ' ‘ ~
_ Eſpagne. 89
. Le Duc de Benjar, ou VcjanMarqt-.is de Gibraleon, Comte de Benalcaçana ſon
Hoſtel à Bejar,8L a Seuille, 8L ſon Eſtarau Royaume deSeuille. Il eſt chefdez Cu
nigas, 8L de la lignée de Soto Mayor , yſſuë dvnelnſante de Nauarre , 8L ce Duo eſt
grand Commandeur en Caſtille. Ses armesſont vn eicu auec vne bande de ſable tra
uerſante en champ d'argent, bordé des chaines des armes de Nauarre. On tient que
ceſte maiſon a ce priuilege, que l'habillement que le Roy d'Eſpagne porte leioùr
de noſtre-Dame de Septembre,appar_tient à Ce Duc. quoy qu'il ne ſoit pas à la
Cour. ' . ~ .
Le Duc de Plnſantado ou InſantazgAMarquis de Cenere,8L Santillana,Comte
de Saldaña, Seigneur dulieu Royal de Mançanares , aſon Hoſtel ä Guadalajara , &
ſon Eſtat en Caſtille la Vieille, aux Monts, au Royaume de Tolede,8L en la Prouin.
ce d’Alaua. Il eſt chefde la lignée des Mendoces , ſortie de Don Curia , Seigneur de
Biſcaye, 8L a pour ſes armes vne bande trauerſante de gueules , 8L des barres de gueu
les en champ de ſmople , qui ſont armes fauſſes , 8L aux deux coſtez ces paroles: Ane_
gratin ple-mt.
Le Duc d’Eſcalona, Marquis de Villena. 8L do Moya,Comte de S.Eſtienne, a ſon l
Hoſtel ‘a Tolede , 8L ſon Eſtat en la Mancha, 8L au Royaume de Murcie. Il eſt chef
des Pachecos yſſus de Portugahdontl es armes ſont vn eſcu,auec deux chaudieres de
gueules, 8L au bout de deux ances deux teſtes de ſerpent en champ d'argent, 8L l’eſcu
bordé de huict petits eſcus, auec les eſcuſſons de Portugal. (
Le Duc de Medina Celi, Marquis de Cogollude, Comte du port de ſaincte Ma
rie, a ſon Hoſtel à Medina Celi , 8L ſon E' ſtat au Royaume de Tolede , 8L en Andalu.
fie. ll eſt chefde la maiſon de la Cerda,ſortie de deux maiſons Royales de Caſtille,8ä'
de France. Ses armes ſont eſcartelées de Caſtille, 8L de France.
Le Duc de Maqueda, Marquis d’Elches, 8L Torixos, a ſa maiſon à Tolede, 8L ſon
Eſtat au meſme Royaume. Il eſt chefdes Cardonagyſſus, comme on tient, de l'lllu
fire maiſon d'Anjou de France, 8L leurs armes anciennes furent trois fleurs-de-lys,
auec vne charruë. Mais elles furent aprés changéesen trois chardons vers, en champ
de Le
gueules, quiPaſtrane.
D uc de ſont armes fauſſes.
8L d'Eſtremadure,Prince d’Eboli,Marquis d’Argoſilla,a ſon l
Hoſtel à Madrid, 8L à Paſtrane, 8L ſon Eſtat en Alcan-ia. Il eſt chefde la maiſon des
Siluas , yſſus de Portugal, qui portent eu leurs armes vn lyon rempant couronné, en
champ d'argent. '
Le Duc de Francauilla Prince de Molite,de la maiſon des Mandozes,a ſa maiſon,
8L ſon Eſtat äTplede, 8L au Royaume de Naples.
Eſpagne;
Le Marquis de Poza,C hcſde la lignée des Rojas, portant les noms de Rojas , 8c _ 91
Sarmiento a ſa maiſon à Pozzi; 6c Valladolid, 6c ſon Eſta: en Caſtille,au pays de Bu
; reba.]
Le Marquis de Fremiſta,de la maiſon des Benauldes, a ſon Hoſtel à Fremiſtefflôc
ſon Eſta: en la Prouince de Cam pos,& Caſtille la Vieille. k
, Le Marquis d’Alcarï1zes,de la Maiſon des Enriquez,a ſon Hoſtel à Alcarîizes#
ſon Eſtat en la meſme contrée.
Le Marquis de Touara ou Tabora, du nom de Pimentel , a ſa maiſon à Valado
lid,&: ſonEſtat en Caſtille la Vieille.
Le Marquis de Mirabel, de Iamaiſon des Zunigas.
Le Marquis de Verlanga, de la maiſonde Touar.
Le Marquis de Mondejar Comte de Tendilla , de la Maiſon de Mendoze, a ſon
Hoſt el à- Mon dejar, 8c ſon Eſtat en la Prouince dŸAlcarrÎa. ~ '
Le Marquislde Montes Claros de la meſme maiſon des Mendozes, a ſon H oſtel
à Guadalajara,& ſon Eſtac en la Prouince d’Alcarria.
Le Marquis de Cañete , de la meſme maiſon des Mendozes , a ſamaiſon à Cuen
ça, 6L ſon Hoſtel aux enuirons.
Le Marquis de Ladrada, de la maiſon des Cueuas , a ſon Eſtat au Royaume de
Toledc. '
Le Marquis d’Almenara,du nom de Mendoze, a ſa maiſon en Valladolid, 8c ſon
Eſta: en Caſtille.
Le Marquis de Montemayoneſt de la maiſon des Siluas.
*Le Marquis d‘Oñon ,Seigneur de Valdemoro,de la maiſon des Herreraga ſa²mai~ñ
ſon àMadridſiè-c ſon Eſtat en Alcarrie. ~ ~‘
Le Marquis de Moya eſt de la maiſon de Pacheco , &porteauffi le nom de Ca*
.brera,
Le Marquis de Medrada,de la maiſon de Luna. _
Le Marquis de la M0ta,de la lignée des Vlloas en Galice. '3
Eſp agn c. -
Le Comte de Paredes, de la :maiſon des Manrictques de Laraótlïon Eſtat en la Pro—
93 ſ .'
UÎHCC de Campos. ~ . . ~
~ Le Comte de Fuentes ,de Val de pero , du nom LPEnriques &c d'Azeue_J0 , a ſon
Hoſtel à Salamanque, 8c ſon Eſta: en Caſtille la Vieille. ,~ -
Le Comte deVilIenſeuue deCañeteeſt dela maiſon des Fonſecas
Le Comte Nieua, de la maiſon de Velaſco, a ſon Hoſtel à Nieua, 6c ſon Eſtat en
la Rioia. .
Le Comte de Monterrey,de la maiſon de Zuniga , &L Cheffleï AZÊUÊCÏOS a a ſon
- Hoſtel äsalamanque, &ſon Eſtat en Galice. ï
Le Comte de Fuenzaldañznde la maiſon
ſonEſtacenCaſtillela Vieille. ,
deî Riberaga ſa demeure ä Vallad0lid,&
ct
Le Comte d'O ſorio,Cheſde la lignée des Oſoriogôæſſde la maiſon deMonrique,
a ſon Hoſtel en Valladolid# ſon Eſtat en Caſtille la Vieille
Le C omre de Slaluacierrapu Sauuecerre, du nom d’Ayala,a ſa demeure à Sauue
terre,& ſon Eſta: enla Prouince de Campos. ' -
Le Comte d'Alcamira,de la maiſon de Moſcoſo,a ſa demeure à Altamira, 6c ſon
Eſtac en Galice.
Le Comte de Pliego, de la maiſon des Carrillas , 6c Mendoça tient ſon Hoſtel à
Guadalajara. '
Le Comte d’Oropeſa,de la maiſon de Toledqa ſa maiſon à Talauerqôc ſon Eſtac
au nœſme Royaume. _ —
l_c Comte de Ciſuentes , de la maiſon des Siluas, a ſa maiſon àTolede, 8c ſon
Eilat eſt en Alcarrieg-SL au Royaume deTolede.
Le Comte de Corruña de Campogde la maiſon de Mendozcgdcmctlre à Ciuda
lajara.
Le Comte de Fuenſalida, Chef de la maiſon des Ayalagdemeure au Royaume -
deTolede. _ _
Le Comte de Chinchon,du nom de Bobadillaæc Cabrera,a ſa maiſon ä Madrid,
6L ſon eſtat au Royaume deTolede.
Le Com-ce d’Orgas, de la maiſon de Mendoze, aſſon Eſtat au Royaume de
Tolede. -r- -
Le Comte de la Puebla,de Montalbanſidela mai-ſon_ de Cardenas» a ſa demeure ?ï
Puebla,& ſon Eſtac en Eſtremadurqæ au Royaume de Cordo iie
Le Comte de Barajas , de la maiſon des Capacas , a ſon Hoſtel à Madrid , 6L ſon
-Eſtat au R oyaume de 'Iſolede. ' -
Le Comte de Puño en Ro‘ſtro,C hefde la maiſon d'Arias,& Bobadillaffl ſon Ho
ſtel à Madrid,6c ſon Eſtar au Royaume de Tolede. ſi '
Le Comte
Comte d’Aranda,de
de Saſtagqdelalamaiſon
maiſonded'A
Vorça. - à Sàragoce: _ l
Le ragomdemetſiiran: ~
Le Comte de_ Bçlchirqdela maiſon dſYjai- 38g îlſéſagtÿlÿ; ;f ~ - ~' . ‘
W ' ~ ..
ï
94 Eſpagne.
Le Comze de Matata de la maiſon de Luna,a ſa demeure à Saragoce.
LeComte de Fuentegdu nom d'Heredia, a ſon Hoſtel à Saragoce.
Le Comte de Lodoſſa, du nom d'Aragon. -
gLe Comte de Conſentaina,du nom de Correllaga ſon Eſtat au Royaume de Va
lence. a .
Il y a encor en Eſpagne pluſieurs Comtegcommeceluy d'Elda, de la maiſon des
Colomnes ;celuy de Chelua,d" Aluayda, de Caſtro Xer1s,du nom de Sandoual, de
Combrade, du nom de Mendoze , de Leñares, de Mayalde , de Villamediana , de
I Viualengzgde Villa Verde,de Caſaruuios, d’Ayala,de Salazar, le Comte de Lode
ſe, au Royaume de Nauarre , de la maiſon de Mendoze, 8c quelques autres , au-ſ.
quels Tajouſteray les Seigneurs du tiltre de Portugal. _—
Seigneurs de Portugal.
Le Duc de Bragance 8c de Barcellos,qui a trois Marquiſarsſiept Cotntez,&: plu
ſieurs autres Seigneuries , auec plus de cinquante villes 6L chaſteaux , 8L deux cens
mille
Leſubjets.Il eſt ſorry de la MaiſonqRoyale delaPortugal.
Duc d’Auero, deſcendu des baſtſiards de meſme maiſon z* mais portans les
noms de Lancaſtre ou Alencaſtroſhc de Baſoncelos.
Le Duc de Villareal, du nom de Meneſes.
Le-Marquis de Ferreira, du nom de Melo.
Le Marquis deCaſtel Rodrigo,du nom de Mora. .
Le Marquis de VillaVizoſa,riltre de Paiſné de la maiſon de Brayance.
Le Marquis de Terranoua,tiltre de l'aiſné du Duc d’Auero.
Le Comte de Fereas, du nom de Perea.
Le Comte
Le Comte d’Odomira,du
d'Orodondo,dunom nomdedeNoroña.ſſ
Cotiño.
!I
_ Eſpagne. i
95
des (Luiiadas , des Vergas , des Vegas , des Sandos , des Carauajals', des Vernudos,
des Auendaños, Porras , Ineſtroias, CliaueMQu-ſadas, Craſſos , Cuandos, 6L
Tellos. , ~ - ,- _
Succeſ Au reſte,entre les Nobles, le fils aiſné prend par preciput les terres qui luy
ſions.
viennent par droict dhiſneſſe , qu'ils appellent Mayorazgo, &L Vinculo, c'eſt à dire.
Lien, qui ſe ſziiten_ cette ſorte.Vn Caualier va trouuer le Roy, 5L luy demande per
miffion dattacher, ou Vincular, comme ils diſent , telle partie de ſon bien , en telle
façon , qu'elle né puiſſe pas eſtrealienee, mais vienne à ſon fils aiſne, puis apres luy
aux aiſnez de ſes deſcendanszſiôL ſelon la condition accordee ,les femmes n’heritent
pas,ou ſucceden t,6L l’lieritiereſt obligé de nourrir ſes &eregqui n'ont point d'eſtat,
ou ne ſont pas mariez. .
Mais entre ceux d'autre qualité,celuy qui meurt ayät des enſansme peut dôner par
ſon teſtament plus dela cinquième partie , tant pour ſon ame qu'à ſes ſeruiteurs ,GL
autres perſonnes eſtrangerês. Maisil peut auantager vn ſien fils du tiers,ou de la cin
quiéme de ſon bien; 61 ce qui reſte ſe partage également entre _les autres, 8L luy eſt
obligé aux fraiz d es ſuneraillesÆL autres œuures pies.
Eſtats. lls ont en Eſpagne .les Eſtats du Monçon ² appellez Cortes . ou Courts. qnele a Salazar
Roy fait aſſembler, 8c Où ſe doiuent trouuerlesDepucez _des Royaumes de Leon, Aimoiicder;
Tolede, Grenada( ordoüe, SeuilleÆp/l_urcie,'laei1;& des Citez de Burgos, Salaman
’ que,Segouie,Sntie.Auila,Cuenca, oro.Zamora,GuadalajaraNalladolid,SL Ma
drid. Ces Deputez y vienneni,afiii de pouruoir aux affaires importantes du Royau
me Le Roy s'y trouue en propre perſonne, 6L pareillement, outre les Deputez,
pluſieurs autres _grands Seigneurs y viennent pour donner leur voix. Ce qui S'y paſſe
ſe conuertit en loix, qui ſont Ubſeruées comme inuiolables S 8L bien qu'on ne les aſ
- ſemble que peu à peu, elles nelaiſſent pourtant d'eſtre ſuiuiesmy plus, ny moins que
lesConcilegen ce quiregarrlele ſpirituel. ï ~‘ ñ . -
Le Roy fait encor aſſembler les Cours à Monçon , pourreceuoir le ſerment de
fidelité iles'Royaumes
Pripkcp ſon ilAragon;
ſils,ôL ſucſſceſleunll tientValence,
encor des&cEſtats
Catalogne,
parfoisou pourle
aux ſaire preſter
principales villes au
de
Ca i le. ~ ,
Au reſte, tout l' le diſcours des Eſtats d’l².ſpagne,au Roy, ſe fait auec de grandes LV345" ReP:
ſoubiniffions 8L paroles de ſubjetion. obeyſſance ô( ſeruice, comme on void au diſ- ſi "'
cours des Eſtats tenus à Toleje l'an mil cinq cens trois , 6L par les reſponſes du Roy
auxhumbles requeſtes 8L ſupplications du peuple en ces mots , Nous voulons, ou '
bieifflNous auons ordonne', &L autres ſemblables réponſes,qui portent refus ou con
lentement du Prince. D’ailleurs,les Eſtats ne ſont iamais aſſemblez que par Lettres
'Patentes , 8L Mandemens expres .lu Roy z ce qui monſtre aſſez que les Eſtats n'ont
pouuoir d'ordon nei', ou reſoudre aucune choſe , puis qu'ils ne peuuent meſme s'aſ
ſembler ſans mandement. ,~ '
Díffcrcn En Eſpagne î ,ils font grande difference entre les Citez »SL les villes: veu que les eTrIité Pa:
ce des
Citez ſont proprement celles où il y a des siegesñdîEueſques ou Archeueſquegoutre “W ~‘l‘ 9°"
Citez 8L
ëcvillcs.
leſquelles il y a quelques villes qui portent te nom de Citez, bien qu elles ne ſoient Ëizſſzuliim.
pas Eueſchez. … __
Or il y a grande difference de Cité à ville,tant en authorité qu'en prerogatiue: ~
Car aux Citez il v a ſici-iiiiniinéinent de Corregidors; 6L chaque Cité a pluſieurs
villes , peuplesôcvillages qui dépendent d'elle, tant- au ſpirituel qu'au temporel; ſi
bien que les Citez ſont les Cheſs, 6L les Villes les membres , c'eſt pourquoy, quand
il ſuruient quelque affiaií-e ou reuolte en Eïpagne, les villes ſuiuent preſque tou
ſiours le partYde laCitcſiile laqueî le elles dépeiidenLAureſtqpour faire d’vne Ville
vne Cité, lTantiquiîte' y eſt Pîctuirequlſe que lagrandeur, pource qu’il y a beaucoup - . L
de petites Citez,_& pluſieursVilles fort grandes..Car Madrid , Medina del Campo, '
8L Caceres , ſont 'fort grandes villes, de meſme que Santaren, Abrantes , Setuual 6c
0151160621, &L d'ailleurs,Orig.uela,Alicanteæ Sainte Foy,ſont petites citez. _
Les Villes ont dans leurs limites pluſieurs villages, maiſons 8L hameaux-,mais leur
Iuriſdiction eſt ſuhjette aux Citez. ll eſt vray que quelques villes ſont Cheſs de
Bailliages 6L Gouucrnemens , comme en Portugal la ville 'de Santaren , 6L To
mar. _ ~ ' ' ~ ñ
Herman
aides. ÏÎS Cümmcnciëreni d'a~u0ír‘_‘ des Hermandades ou Confreries,depuis le temps du d Mayerne
Hiſt. d'Eſp li.
RÔY Dom Henry de Caſtille , dit de la Merced , qui ordonna l'an mille trois cens 16.131,14# t),
ſeptante-quatre ces aſſembléesde Communautezpn la Prouitice de Guipuſçÿÿ;
n
96 ~ Eſpagn e.
afin de pouruoir à la ſeureté *du pays, puis l'an mille quatre cens ſoixante ſix, du re
gne
leriesdequiſe
Henry quatriémqRoy
commettoient par de Caſtilleſiſmommé
toute Hmpuiſſant,
l'Eſpagne, contraignirent les excezde
les habitans 5.: Ca-ſſ
vo
Æë ſtille des' villes,,de fiiire des Hermädades ou Conſreriegpour sbppoſeraux Pillards_
62 pour cet effet le ROY les authoriſangcleurent de lieux pour ſaire leur aſſemblées I1
certainsiours , 8L eſtablirent des Capitaine-s ô( Cheſs pour les gouuerner: puis l'an
mil quatre cens ſoixante- neuf ils éſtablirent en chaque reſſort des gens de bien,qui
\ alloient bien accompagnez,remedians aux excez le mieux qu'ils pouuoient, 5c cha
fiians les mal-ſaicteurspïls les attrappoient.
Apres cela,, les Rois Ferdinand , 8c iſabelle, voyans vne infinité de maux qui ſe
commettoient, à cauſe que les guerres auoient mis tout en deſordre , renouuellerent
B6 authoriſerent ces _Hermandades , ê: Compagnies des Citez , aux Preuoſts .Sc Iu
ges deſquelles il donna pouuoir de iuger en dernier reſſort, en cas de meurtre , d’aſ.
\iſſinat œ de vol, en lieux éloignez d'habitation# des meſmes crimes commis aux
villegbourgs Gt villages, ſi le criminel s’êſuyoit,~de bris de portegrupturede murail
les.échellement de maiſons, ſeu mis à deſſein, forcement de femmes 8c filles , &c re
bellion àla luſtice; &c de plus ils ordonnerent qu'on impoſeroit ſur le peuple-pour
Pcntretenement des Archers ô: Officiers de ces luſtices,ſur vingt Feux la ſolde d’vn
hommedeeheual; ſibien que par là l'on dreſſa deux mille cheuaux, pour tenir la
main ala luſticefflc n'ettoyerle pays de méchans 8L de voleurs.
Le Roy Ferdinand eſtablit encorles meſmes Conſreres en Aragon , 'a la mode de
Caſtille l'an l48ſ. ſi
Maintenant c'eſt vn vray remede contre les voleurs , &t gens perdus , 5c ceux qui
~ i n Flor. do !Kenſuyent î, pource que ces Confreries les pourſuiuent meſme hors d'Eſpagne , en
uoyant des hommes ex prés pour lesramener par ruze ou par Force; Gt dans l'Eſpagne
RcmJi. y.
ils ſont tous leurs efforts pour les attraper: puis afin &executer plus promptement ce
à quoy elles ſont ordonnéegtoutes les villes, bourgs 8c villages d'Eſpagne, où quel
que grand attentat ſe commet,ſ0nt oblige: de ſonner la cloche pour auertir chacun
de s'informer du ſaictſi, &t de faire quelque diligence , ſ1 l'on peut ſçauoir celuy qui
fuit; &c ceux de la Hermandad ſont ſoudain en queſte: Car en certaines villes &c vil
lages il y a nombre d’hommes,nommez Quadrilleros, qui ont charge de faire cete
ourſuite, 8c ne ceſſent iuſques à ce qu'ils ayent attrappé le criminel, ou ſont hors
d'eſpoir de Fauoirztellement qu'on n'y void guere de meurtres, voleries 6c ſembla
bles crimes, ou ſi l'on les y commet, ils~ſont tous punis.
Religion.
Catho
,
Es habitans d'Eſpagne.ſont tous pourle moins en apparence Catholiques R o liqucs
mains, depuis qu'on a chaſſé les Iuiſs 8c les Mori(ques. ll eſt vray~qii’ils prairi Romains
quent à leur mode le Samedy l'abſtinence des viandes; ſe diſpenſant de manger de
la chair,ou du moins ce qu ils appellent Morzillas, qui ſontles tripes, qu'on remplit
du ſang des beſtes qu'on tuë , auec des eſpices : Ils comprennent auſſi ſous ce
nom la‘teſte ,les pieds, le col , la queuë, &duziarret en-bas, 8L pourabreger , touñ_
tes les ext remitez 8c inteſtinszMais cela ſe pratique ſeulement aux deux Caſtilles,en
Andaluzie, ê: au Royaume de Grenade; mais non-pas en Aragon, Catalogne, Por—
tugaLGalice, ny en toutes les autres Prouinces d'Eſpagne. ~
ls LucMarin. i Quand les Arabes b ſe rendirent' maiſtreside l'Eſpagne , les Chreſtiens qui vi
ſiEHiitHiſP. uoient entreux s’appellerent Muzarabes,c'eſt à dire,'meſlez auec les Arabesfiiraiſon Office
ii... dequoy l'Office Eccleſiaſtique inſtitué-par ſainct Leandre 8c ſainct lſidore , dontils Maſara
vſoient lors , voire meſme dont toute l'Eſpagne vſa iuſques 'au temps du Roy Al be .
phonſe ſixième , auquel, de Pauthorité du Pape Gregoire ſeptieſime , on vint à le
changer , fiit nommé Moſarabe ou Mozambique, comme on l'appelle encor main
tenant. Mais nonobſtant le_ changement fait par le Pape, on garde encor auiour
d’huy à-Tolede en ſix Parroiſſegôt en l'Egliſe Cathedralqdans l'a Ç Iii-apelle du Car
dinal François Ximenez, Archeueſque de Tolede, l’vſage de cet» O ffice s de mcſme Atchè…
utl- hciſſ '
qu'à_ Salam anqueä certains iours ,en la Chapelle duDocteur Talauera , qui eſt au
8s' Futſ
clMyrmPolo
Cloiſtre de la grande Egliſe. ñ ñ: '- ‘ ~ ’ . chez.
IccLli.t.c.t7.
Il y a dans-ftoutelïîſpagne, en y-comprenant le Portugal, vnze Arclicueſqties,
, qui
l
. Tolede,Bt1rgos.C0m
qui ſont celles de Eſpagne. ~ z
poſtelle, SeuillaGrenade,Saragoct-,Tarra
97
gonc-,Valenca Braga. Llffæ-ÔÜÊ-&í EUOFÊ
L'Archeueſque deTolede, Pri mat des Eſpagnes , aſous luy les Eueſques de C or
doüe,Se ouie, Cuencafiiguença, Iaen,Cartagene,ou Murcie, Oſma, «Sc Vallado—
lid , qui \gut honorée du tiltre d'Eueſché par le Pape Clement huictiéme ,l'an mil
cinq cens nonante-cinq. _ ~
L‘Archeueſque de Burgos , eſtably par,le Pape Gregoire , a poursuffragans les
Eueſques de Pampclone , Calahorre 6c Palencia, dont_ l'Eueſque ſepomme Comte
de Pernia. '
L'Archeueſque deCompoſtellqeſta-bly parle Pape Calikte deuxiéme,l'an 1 r2. 4
a pour dépendans les Eueſques de SalamanqueAuila, Plazencia ou Plaiſance, Lu
go, AfiorgaZamora, Orenſe, Tuy, Badajos, Mondoñedo, Coria, Ciudad Rodri
go,Leon 8L Ouiedo,qui fut autrefois Metropolitaine.
L’Archeuel'que de Seuille , a ſous luy les Eueſques deñGuadix , de Cadiz, 8c des
Iſles Canaries. ~
I-'Archeueſqueaqe Grenäidcl. inſtitué par le Pape Alexandre ſixième , a ſous luy
les Eueſques de M aga ê( 'A meria. .
L’Archeueſque de Saragoce, creé par le Pape Iean víxflgt-deuxiëmea pour Suf
ſragans les Eueſques de Hueſca, laca, BarbaſtrATarazona, Teruel , 8c Albarazin. t
L'Archeuelque _de Tarragone, a pour Suffragans les Eueſques de Tortoſe , Le~
reda, BarceloneNich, Girone, Elue, Solſone, 8c Perpignan.
L’Archeueſquede Valencqcreé par Innocent huictiémqa ſous luy les Eueſques
de Segorue, d'Orihuela 6c de Majorque. ,
L'Archeueſque de Braga en Portugal, a ſous luy les Eueſques de Porto , Viſeo,
Guardialamego, Mirandaasz Leyra, dont les deux derniers furentinſtituez par le
Pape Paul troiſième. _
L’Archeueſque de Liſbonqeſlably par Boniface huictiéme, a ſous luy les Eueſ
ques de Coymbreÿortalegre, CeuteenBarbariqFunchal en l'Iſle de Madere,An—
'gra en 1'] lle de Tercere desAçores, di Congo en Afrique, du Cap Verd, en l'Iſle 6c
Filleäle ſpin? lacquÊs dſelſainct Thomas , en l'Iſle 6:. ville de ſainct Thomas , 6c de
ain Sa ua or, au ra 1 .
ct ſousFinalement l'Archeueſque
luy les Eueſques de Silues d'Euora,
ou Faro encreé parle Pape
Algarbqôc Paul troiſiémefan
d'Eluas,8c 1540
de Tabger en , a.
Bai'.
barie,qui a eſté depuis vny auec Ceute. - i , ~
-Au reſte, le Pape Adrian ï fixiémeſſan 152.3, donna pouuoir aux Rois d'Eſpagne ² “m” ’
d'élire# preſenterles Eueſques qui eſioiènt auparauant eſtablis parles Papes à leur J Hifſil”
priere. ñ I
\
I l diſpoſe 'auffi des Commanderies des trois Ordres Militaires de Sainct Iacques,
d'A lcantara; az de' Calatraua, lors qu'elles viennentà vaquer, comme en eſtant Ad
miniſtrateurperpetuehou grand Maiſtre , depuis Poctroy que le Pape Innocent hui
ctiéme en, fit au ROY Ferdinand l'an 1489,tant pour luy que ſes ſucceſſeurs.de ſorte
que Garſia de Padilla, grand M aiſtre de Calatraue eſtant mort,le Roy Ferdinand ſe
ſaiſit de la Maiſtriſe , ſans aucune voix de Cbeualiers, puis deuint grand Maiſtre de
Slacques l'an 1493 ,au decés d'Al phôſe de Cardenas, 6c l'année apres il eut laMai—
&riſe d'Alcantare à la mort du grand Maiſtre Iean deStunica.
Ordre: _ L'Ordre de S. lacques b poſſede en la Prouince de Caſtille la grande Com man- ñb 5111m Mé
Ëfdfflf' derie de Caſtille', de quatorze mille ducats de rente z puis celles d'Ocaña , Montale- "mm"
HiËÏÎÏËË gerezMonreal dedeux Varies,deVillaruuia,Viſſoria,ViedmaJQrcajoÆozorauio,~
Mirabel, Villamay or, ,El Campo de Cri ptana, VillafflîÊſcuſa de Haro ,l Socalle
nios , Corral, d’Almaquer , Saincte Croix de la Czſrça , des baſtimens de la Pro
uince de Caſtille,du baſtiment du Champ de Montiel , d’Aledo, ôtTotana, de Ca
rauaca, Cieça, kicoteçSocobog-Moratal la, Mon ti zon, 8c Chiclana,To1-res, 3c Ca
ñamaregMontiel &-l'Oſſa,Carríeoſa,Villa Hermoſa,Mambra,& la Solanafiegura
de la ~S_ierra,Veas,Y_ell:e, A bauches,& Viedmar, Villeneuſue de la Fuente, Merida,
Alhangeærlcueſta, Ornachos, Palamos, 8c Oluia ;ſidont pluſieurs poſſedées par des
Ducs , Comtes 6( autres grands, Seigneurs, \bot de quatre , cinq,ſix, neuf, voi-re dix
’ mille ducats de rente,& la moindre de mille.
En lapuis_
rente; Prouincede, Leon-fil aiolamille
cellctedÎApuzagle… grideducats:
Cômanderí ededeLeon,
5c celles de n. mille
Guadalcanal ducats de
la Puebla de
_Sícho Perez,d_e laReingdela F115cc,des Saintade Yilleſrächefiiä VenidauVſagre,
Europeñ_ ff ;H
98 , Eſpagne. -
Ribera, Hinojoſit, des baſtimens de la Prouince de Leon, appartenance aux Maças,
des maiſons dc Cordonqappartenantc aux Benauides,’de laBarca auxBermudez,d u
Chaſtcau Tor-aſc
partenant , au Comte
aux Mendozes; de B-eneuent,
deTriane du Chaſteau Verd,de
aux Porteſſ-Carreros, Peña Vſentegap
de Montaluan aux Viñez,
d'Orchenta aux Men doces; de MuſerogaurCardenas; de Zagra 6c Cenete,à ceux
de Tolede ; d’Auellino , en Sicile; de Fradel ,ap partenante aux Baçanes; de Sainct
Coloireà Naples,aux Spinolas, d’Eſtepa, de Paracuellos ,appartenance aux Cuel
loneszde M 0utijo,de Mohernaudo aux LaſſossdOroia, aux Valdcz; de Lolon, aux
’ Acuñas; de Mora,aux Pimentels; d’Eſtreuiera,aux Lunass-cſk-Iuelamo; de Mures 6c
Venaçuqa, aux Gucuares; du C haſteau Verd, aux Guzmans-,dflAlmendralcjo ,aux
Cuñi gas; de M ontemolin, aux Toledos; de Medina, delas Torres, aux Padillagdu
Monaſtere , de Calçadilla , appartenance aux Moncadas- &t d’Aquilarejo,aux Çu
nigas. _
- Les Gouuernemens du meſme ordre de ſainct lacques , ſont ceux de Quintanar,
de Villeneuue, d’Alcaudete, de la More, des Velez, de Bienuenida, dela Hiquera,
de la Porte, de la Reine , de Cqntalgallo . de Fuente el Maeſtro , &de Menton
ches. ~ '
L'Ordre de Calatraue , a la grande Commanderie de Calatraucde x0500 ducars
de rente; puis la Commanderie de l’Ordre,de neufmille ducats; »Sc celles de Caſtel
lan 0s; d’Almagro,
. Manriquez deſiLaraappartenance
, Almuradielaux Luna:
,aux 5:. Mendoccs,
Velaſques Mudela,
, Carrion, Caſtelleras,
Tbroba, aux
appartenant:
aux Siluas,Val de Peñas aux PadillaszMontaucheloganx Pimentels: Fuente el Mo
ral,aux Cordoüas,& Ponces de Leon : Moral aux Enriquez 8c Riberas , Corral de
SaragueLauX Padil las: Port plein, aux Moſes: Alcolea,aux OrtizcszVal leſteros, PO
zuela, aux Acuñas: Almoduar del Campogux Cuñigas ét Cordoüas: Herrera, aux
Manriquez dc Larafiwançanaregdont le Marquis de Pliego eſt Gouuerneunôc qui
vaut enuiron ſept mille ducats: Viueros,l~’eñ.1 de MartosNclmqsoritapppartenan
te aux Sandouales, Vallega, la maiſon de Tolede , la maiſon de Talauere, la maiſon
de Plaiſancqappartenante aux Oſorios, la maiſon de Seuille; 6c N iebla, Cañaueral a. .
Eſpagne. 9g
dont lſſe Prince” ~Philibert Emmanuel de Sauoye ioüyſſóit : leſſ Prieuré de Va
,efifœqui 153553 dix milleduçats tous les ans, celuydAragon , qui ~s’afferme ſix
mille" ducats ;î 'de 'meſme que celuy de Catalogne quinze,- l'Admirauté de Va
lence de …dix-huict mille ducats _de rente; 8L laConneſtablerie de Nauarre , vingt
milië.. -~ ~ ’P ' . , ,
" ſſlctſils Ontſſſiencor *l'OrdredesClieualiers dela Mercedfou de ſaincteMarie du ra- -Silucflio
che; des Eſçlauegjnſlitué parle Roy lacques d'A rragoníôc iadisſſils ont eu celuy des T”
Ciheuîaliers l' ~de iïrBande, qui-frit inſtitué _par Alphonſe vnziéme, Roy de Caſtille, lutte lcollclli-z
8: @gruy dela Colombepu du ſainäl Eſprit ,inſtitué par' lean premier Roy 'de Ca- ;zik-Tnt _
ſffllè hdcmeſme que çeluy de la Rai ſon. Ils ont encor eu 'l'Ordre des C heualiers du :Präêîäâfllkjîi:
.Lis au Royauirïéî de Nan-arte', inſtitué par :le Roy Garcie ſixième; 5c ceiuy du Yneſ.. c…. v ſi
me nom_ au Royaume d'Aragon,inſtitué par le Roy Ferdinand l'an mil quatre een! ;Îî:'g:ſl"*.
trois. L'Ordre de ſainct Saluadonou SauneurdeMonreaLeſtably l'an m.” cent dix- T' ~ "ë
huict par Alphonſe qui ſe fit nommer Empereur des Eſpagnolgqui_ donna Force re-'
uenus des Templiers à ces Cheualiers , a eſté_ en grande eſtime au temps de
cekoy- .~ . ~.
' ~ Pour le regard des Ordres Eccleſiaſtiques particuliers :l l'Eſpagne, ils ont = celuy, c Silu. Marulî
de ſainct Ieroſme , fondé l'an mil trois cens ſoixante , ayant 'pour ClieFd'Or-dre vn Ëèfflſîſi**
General,qui ſe tient à Sainct Barthelemy de Lupiana, 8c pour principal Conuent le ſi
Monaſtere de Sainct Laurens le Royal, en l'Eſcurial. [ls onflauffi l'Ordre des Reli
gieuſes delà Conception 4 inſtitue' à Tolede par vne des Dames de la Reine lſa- dMayex-nc'
. belle, ſeconde femme du Roy lean [Lnommée Beatrix de Sylua Portugaiſe atcon- Ëffl-*Ÿïſrz
ſſ~\-* ſirméeparlePapeluleslan Iſll. '- ~ - ' ‘ “"
Quant aux pariicularitez de tous ces-Ordres, vous les pouuez voir amplement
aux diſcours que i'ay fait de chacun
.redire, ~ , oû ie . vous renuoye
‘ , afin
ſi 'de n’vſer pas de
Sïctcÿäïs Ils ont eu n'a gue-re la S 'ecte des Alumbrados, c’eſt’ä dire, Illuminez, qui ſe nom- .
pbm*** moíentauffi Dejados ou Parfaits, dont il reſte encor vn grand nombre en Eſpagne,
ainſi qu'on
portoit ſoupçonnela
, que Dom AndréRelation
Pacheco que i’eui:l,'Eſpagnel'an
, Inquiſiteur general enmil ſix lesRoyaumes
tous cejns vingt- trois,
ſiôc
Eſtarsdu Roy d'Eſpagne, auoi' t découuert 8c cbaſtié quelques vns de .cette ſecte , 8c' '
qu'il aduertiſſoittous les habitansde ces Royaumesſipecialement ceux de l'Arche
ueſchc' de Seuille, &t Eueſchéde Cadiz, de prendre garde à eux, pour n'eſtre pas in
ſectez de cette mauuaiſe doctrine,dont les principaux articles ſont. -
QueVOraiſon mentale eſt commandée de Dieu, 8c qu'auec elle on accomplit
tout 1e reſte des commandemens ,~ &t que l'Oraiſon vocale , ou de bouche ,importe
ſort peu. ~ i'
Que les
corporels.
ſeruiteurs de Dieu ne doiuent pas trauailler
ct
,ny s'occuper aux exercices
Qu'on ne doit Obeyr aux_ Prelats , Peres , ny ct Superieur: , s'ils commandent
z Ils tiennent auſſi, que les parſaits n'ont pas beſoin de faire des œuures vertueuſes.
Qu'on peut voir, 8L qu'on void en cette vie l'Eſſence Diuine , 6c les myſteres de
~laTrihité,quand on arriueà certain poinct de perſectiomœqwau temps de l’Efleua
tion du ſainct Sacrement, l'on doit par cerenaonieneceſſaire fermer les yeux.
Ils tiennentencor , qu'ayant atcaint certain poinct de la perfection , ils ne peu
uentvoir des images des Saincts , ny oüyrles Sermons , 6L la parole de Dieu , 6c que
leursmaiſtres 'commandent generalement que tous leurs diſciples faſſent vœu de
ne ſe marier point, leur perſuadant auſſi de n’_entrer pas en Religion.
Quhu temps qu’ils rcçoiuent le ſainct Sacrement, ils reçoiuent pluſieurs formes
enſemble, 6c qu'on6cpeut
_ Que l’Oraiſon communier
Pabſtinence ne auec du painconſeruectr
ſe peuuent cuit. …_longuement enſemble,
ſinon par miracle; pource quel l'Oraiſon 8c l'amour de Dieu conſumſſent grande- r I
ment , de ſorte qu'il eſt beſoin de manger bien , 8c de bonnes viandes; 6c qu’ils ſont
mieuxpdiſpoſez
Europe.pour roraiſon,lors qu’ils ſe nourriſſent mieux. i 'ST-I i) “
J». ..
100 Eſpagne.
«Qifeſtant en l'amour de Dieu, 8L en l'0raiſon mentale,ils ſe peuuent paſſerdbüyr
Meſſe, meſmeauxjours de Feſte , 8c que pour demeureren priere ouäſEgliſe, ils
ne doiuent ſe ſoucier de s'acquitter du deuoir qu'ils ont à leur maiſon, ou leur
eſtat. ,
'ſi Ils rendent ſſobey-ffancc aux femmes, qu'ils tiennent pour maiſtreſſes de doctri
nç 8L d'eſprit; 8c obligent les filles à ne faire point voeu de chaſteté, ny de reli
'FIOIÎS ſſ
o Ils obligent auffl leurs filles de Confeſſion àfaire vœu de ne ſe confeſſer qu'à eux,
-ôcàleurclonner des gages d'or 8L d'argent, pour aſſeurance de cette reſolution,
ou bien à faute de ce ils les font iurer.
Ilsdu
uoir perſuadent
mariage. aux femmes de n'obeyr - pas ?i leurs maris
ſ , 8L de
- leur refuſer le de
Les Confeſſeurs reuel ent les vns aux autres les Confeſſions de ceux qui leur ont
promis obeyilïmcgdiſant, que c'eſt choſe permiſe.
* lls nom ment Pere celuy à qui ils rendent obeyſſance , qui leur fait des comman
dement 8; des Cenſures,8L d'ailleurs ils ne reçoiuent aucune choſe ſans ſa licence.
_l ls tiennent auffi, qu'vne perſonne peut tellement aimer Dieu , qu'il luy ſera per
mis de communicnbien qu'il ne ſoit pas à ieun.
Ils bauent dans la bouche de leurs filles de Confeſſion , apres qu'el_les ſont com
rnuniées, leur diſant,qu'el les reçoiuent l'amour deDieu;
Ils diſent , qu'on ne peut pas acquerir la perfection dans les Conuens, à cauſe des
occupations des Offices, ' '
Qxvne perſonne peut arriuer ‘a tel poinct de perfection , qu'elle n'a pas beſoin de
Pinterceſlſiion des Saincts.
i Qu'il y a des malades de l'amour de Dieu , qui doiuent manger de la chair aux
iours ddfendus par l'Egliſe.
Q1: les actions
ſi ble. ,. ſont plus
‘ ct ſi meritoires , quand il y a moins
_ de deuotion ſen ‘
‘ L' Inquiſiteurſigeneral marque auſſi que certain homme embraſſant 8L baifànt la
ſçiuement vne_ fille,‘a laquelle ll auoit dit, que Dieu deuoiſit faire vne vnion deluy 8c
d'elle,luy dit,que deſtoit Fvnion, dont il luy auoit parlé. .
Ils diſent aufli”, que c'eſt Dieu qui les pouſſe , &conduit aux attouchemens deſ
lionneſtes,qu'ils pratiquent auec les femmes.
Quembraſſant les femmes,ils leur communiquentle ſainct Eſprit.
Que cerca- ne perſonne auoit la grace de guet-ir toute ſorte de maux en mettant la
main ſur la partie malade , 8L qu'ayant touché certaine partie ſecrette d'vne lem
me, en ayant quelque ſcrupule, ainſi qu'il vouloit communier, Noſtre Seigneur luy
dict,qu'ilne fiſt pas conte de cela , pource qu'il iſeſtoit pas comme les autres hom
mes. -
Ils diſent àleurs filles de Confeſſion , qu'ils pratiquent des-honneſtement , que
Dieu les a donné à elles pour moyen de leur ſalut; 8L que quand Dieu fait ſvnion
des Saincts,c’eſt par le moyen de ſes mouuemens des-honneſtes.
Les hommes 8L femmes de cette ſecte, s'aſſemb lent en des maiſons particulier”,
où ils mangent 8L boiuent, puis saccouplent charnellement, diſant , qu'ils ne pe
chent point en ce faiſant. ‘
' Ils diſent qu'en leurs extaſcs 8c rauiſſemens', ils voyent Dieu clairement en _cette
vie.com me on le void en la gloire z 8L que depuis qu'vn homme a 'deu Dieu vne fois
\ il le void toutes les fois qu'il le deſire.
POÆÎÃËLLUÃË lfeuijdoctrine, ſeront exempts du Purgatoire( Ie le croy)
ſi Que certaines perſonne n er.
a les playes de noſtre Seigneur Ieſus-Chriſt imprimées,
ſuë le ſang, 8L ſe ſuſtanteauec le ſainct Sacrement , 8L que Dieu le Pere parle
à luy.
Que Dieu n'entend pas auec efficace les pecheurs,en telle ſorte qu'ils obtiennent
ce qu'ils demandent. ’ '
_lls ont encor leur croyance pleine de pluſieurs autres méchancetez 8L foliessmaís
a Mariana voila preſque les principaux articles.
Re: Hiſp.
Mayenne l Quant aux Mores , qui ſe laifirent ² de la plus-part de l'Eſpagne dés l'an de grace Moriſ:
Hiſtd-Erp; ſept cens treize,~&7t4, ils furent peu à peu depoſſedez des-pays conquis corn ques ,_ e
-c/
ſi” Eſ 5 ſſe* '
P gn - '
me vous pouuez viſſíîr enla Genealogie des R0is~de Caſtille 8L d'Eſpagne , Aragon,
101
Nauarre , Portugal 8L Grenade; mais leur _finale perte arriua l'an mil quatre cens
quatre vingt douze,en la perte de Grenade, dont les Rois auoient oppoſé aux R ois
Chreſtiens deux cens mille hommes de pied , 8L cinq mille cheuaux. Mais en étei
gnant le nom des Rois de Grenadczon prornitaux Mores,qui ſe rendirent volontai
rement, liberte de conſcience,en payant tribuLTouEefois apres cela l'an mil quatre
cens quatre vingt dix-ncufJe Roy Ferdinand la Reine Yſaldelle ſa fem mepnzre
prindrent la conuerſiou des Mores ou volontaire, ou forcce , 8L meſme firent reco
.
gnoiſtre leſus-Chriſt . ae quelques vns des principaux
. . , en les tenant longuement en
?ZÏJÊËZQTÀLËLÆÊÎTZÉLÎÎſÏQî25:25:Ë…ÎEÉÎÎEJLÎE‘E‘?ë
z _ ,
“lëîë
priſonll y eut dela reuolte aux .îtlpujarresfï ailleurs; ſi bien qu’il falutaller contp
ne, 8L que leurs Meſquites ſeroient _conuerties en lîgliſesgpuis ainſi qu'on ſuſi; entre'
en quelque doute , ſi les Mores eſtoient bien baptiſez , puis qu'ils l'auoient eſté par
force,il fut dict,que les Mores baptiſez eſtoient obligez de garderla Foy Chreſtien
ne; 8L deſlors les non baptiſez habiterent 8L conuerſerent auec les nouueaux bapti
ſez,qui les gaſtoient. Charles cinquième traitta des chaſſerles non baptiſez, à quoy
le Pape Clement ſeptième Fexhortoit; tellement qu'il leur Commanda de ſe faire
baptiſei-,ou vuider l'Eſpagne. Mais eux voyans cette reſolution , furent inſtruits, 8L
ſe firent baptiſer. . y _
Meſme tous les Mores du RoyaumedeValence furent baptiſez , for; quelques
vns de Benaguazihvillage du meſme Royaumqqui ſe mirent en armes, puis ſe ren
dirent par famine , 8L eurent la vie ſauue , en promettant qu'ils ſe feraient bapciſeſ,
Ceux dela montagne de S padun ſe reuolterentauffi; 'mais ils furent vaincus, 8c il y
eut enuiron mille Mores priſonniers,qu'on veudit parle Royaume de Valence: puis
il y en eut quelques vns qui ſe fortifierent aux montagnes de Bernia, au meſme
Royaume; mais ils furent defaits,8L promirent de ſe faire Chreſtiens, retenan t tou
ï
tefois qu on leur _laiſſeroit parler leur langueJeurs habits accouſtumez,8L façons de
faire. Le Roy Philippe _deuxiemeſioq ſucceſſeur rechercha, auſti tous les moyens
deles faire bons Chreſtiengayant leuc , puis remis, l’Inquiſition Cſtroite.
k Mais aulieu des ieuſnes des Chreſtiens,8L duCareſmejls faiſaient leur Romadan
V55 171m² enflÿïesfle mangeant que le ſoitynon durant le iour, veu que s'eſtant cou
ChCZ 11S ſËÎ 161101611! encor pour manger. Les plus zelez au Mahometiſme, ieuſnoient
deux mois ou deux Lunes auant celle du RomadanJe Lundy 8L le leudy, comme ſe
preparans au grand leuſne , 8L nommoient la Premiere de ces Lunes Xabien z la ſe
ï°nd²> Arſäjaflÿ 1j! \ſ01 ſicmQRomadan. A la fin de ce Careſme,ils celebroient auec
grande ſolemmtcleur Paſqua , nommans la premiere Hiſſaguel, c'eſt à dire , la plus
y priſee Paſqunqui duroit trois iours, 8L le remieriour auant le Soleil leué les Chefs
des maiſons offroient vne aumoſne a l_ A] _aqui ; la ſeconde, ſe nommoit Hetquibir,
_c eſt a dire,la grande Paſquqqui duroit 4 iours,leſquels ils paſſaient en réjouïſſance,
Europe. Q1 55)'
102 Eſpagne: -
6c tuoient,& éaorchoient lors àla MahometaneJes moutons nourrispour cet effet.
Mais tandis que cette ceremonie ſe ſaiſoit , ils liſoient des pieces de l' A lcoran, 5c les
Alſaquis les bcniſſoiexit @x couronnoient de diuerſes fleurs , puis les mettant en pie
CÈS Cn donnoient vnc grande partie aux pauures de leur nation. Durant ces iours ils
mettoient hors pour adorer vn portraict de la main de Mahomenquils nommoienc
Ampſcnôc ſe baiſant les bras qu'ils auoient croiſez,luy ſaiſoient honneunLa troiſie
me Paſqua, nommée Hethaſora, venoit quarante iours apres la plus grande , 5c
duroit deux iours; ê( ils en celebroient vn autre apres la troiſième, nom m ée Authë.
ſia, de trois iours. Outre ces ieuſnes, ils en obſeruoientcncor trois l'année. Le pre
miendettx iours auant celuy de la Feſte de ſainct Iean , pour memoire de ce meſſage
de l'Auätcoureur de la venuêf de Ieſus-Chriſhque Mahomet s'eſt attribué, 8c nom
moient cette Paſque Alahemara: Le ſecond ieuſne, eſtoit de trois iours , commens
çant le neuſiéme de la Lune d'.Aouſt,& ſe nômoit Halagghet, que Mahomet com
manda en memoire du belier d'Abraham , 6c lors ils ne mangeoient que chevreaux_
6c moutons. lls celebroient la Paſque du troiſième ieuſneJe iour de laCirconciſion,
ê; nommoicnt cette ſolemnité Yanayr, &en faiſaient ſeulement la Vigile , en la
quelleſiils mangeoient des viandes de peu de gouſt, nommées par eux $orda,_ôt Caſ
qucttas.
‘, Les Ceremonies generales de leurs Feſtegeſtoiennque les moindres viſitoient les
plusgrands delcurs parens, bien qu'ils ſe tinſſent en deslieux ſort eloignez ñ, don
noient Paumoſne aux pauures _deleur ſcctezôc tous tſhabilloient le mieux qu'ils pou_
uoient.
Ils ne mettoient la mainà aucune œuure ſeruile, particulierement en leur Feſte
d'A ouſt,qu'ils Obſcruoient inuiolablemët. En leurs iours de ieuſneJls ne mangcoiêt
ny du ſang, ny d’vn animal, ſuffoqué ou trouué mort s ou mordu dvne autre beſte,
bien que deuſt eſté vne perdrix ſuffoquée d’vn laz , ou bien vn lievre mordu par vn
Ievrier, pource que lnfilcoran defend ces viandes; 8L ſur tout ils abhorroient la chair
de porceau, en eſtant meſme offenſez de la veuë. lls tenoient, que dans le ſepulchre
les ames eſtans enſemble auec les corps , ſont tourmentées par deux Diables noirs,
nommez Nagudo &c Nacair , au cas qu'elles _neuſſent bien obſerué laloy de Ma
homet. ñ
_ Ils ſolemniſoient le Vcndredypomme nous Faiſons le Dimancheâ l'honneur de
laDeeſſe Venus,pource qu'ils diſent que Mahomet ſut fait Roy ſous la domination
de Peſtoile de Venus. Ils ſe purgeoiêt de la ma-uuaiſe obſcruation de l‘Alcoran,auec
des lauemens Exterieurs; vſoientde la Circonciſion , Sc diſoient,que quand on les
pendroit ils mourroient Mahometans S mais on puniſſoitÿarle ſeu les obſtinez. Les
nouuelles épouſécs n’alloient pas aufour iuſques à ce qu'elles euſſent acheué cer- '
taines ccremonies Mahometanesqui duroient par Fois vn an. Ils auoient en tous les
villages, outre lesAlfſi-.tquis des Alcaides, qui puniſſoient ceux qui ne gardoient pas
leur loy.
Au reſte, bien qu'on nommaſt ces gens Mores d’vn nom general par toute l'Eſ
pagne, tOuECſOlS ceux qui ſurent baptiſez aux deux Caſtilles', Slappelloient Mudeja
res en leurlangue,è'eſt à dire,Conuertis,~óc ceux d'Aragon 6c Catalogne, Tagarins,
qui eſt vn nom corrompu de Tarragonois; &t ceux de Grenade 8c de Valence, gar
doient le nom de Mores , combien toutefois qu'on nommaſt communément ceux
de Grenade, Grenadingôc ceux de Valence tous ſeuls Mores.
:Boteto Rcl.~ Ces Mores ï qui ſe ,trouuoient en grand nombrqprincipalementau Royaume de
di Spagna.
Valencaalloient à la Meſſe,pour ne ſortir pas du pays en ſuite des Edicts,& ſaiſoiëc
baptiſer leur Cnſansí mais ils leur ſrottoieut apres le front , pour effacer , ſelon leur
eſtime le Sacremengäc donnoient vn autre nom 'a la creacure. Ils eſtoient des mieux
entendus en l'agriculture, à raiſon dequoy les Eſpagnols diſoienlg-Qiientiene Mo
ro tiene Oro, que, Qui auoit vn More auoit de l'or. Ils ne beuuoient point de vinaôc
tout l'or 8c l'argent quileur tombait entre les mains , ne voyoit plus le Soleil qui
Fextremitélls eſtoient épars par la Caſtille 8c luàragon, 6c le Royaume de Murcie…
mais il y en auoit ſur tout grande quantité aux Royaumes de Grenade GC de
Valence. / '
Orle Roy d'Eſpagne Philippe troiſiémqayant recognu leurobſtination- 5L ſ96"
d'ailleurs qu'ils seſtoient' pourueus de force armes , 8c force riz , qu'ils auolent plus
de douze mille cheuaux dreſſcz à tout, qu'ils pouuoient ſe fortifier dans des monta
IÜÊS ſ01*ſ ſUdes- Où quelques vns d'entr’eux s’eſtoient eleuez,qu’ils pouuoient auolr
o;
Eſpagne. l 103
ſecours ayſémenr, &ne manquoient point de cheſs , outre qu’i l s'en trouuoit entre
eux de ſort riches , 6c 'qu'ils conuioient les Mores d'Aſriqueâ paſſer en Eſpzzgne , re
ſoliit de remedier à ce danger. ‘ _ _ _ _
Pour cét effet le Roy d'Eſpagne fit tenir preſtes treize galeres d'Eſpagne , d ix- ſept
de Naples, neufſide Sicile , quinze de Gennes , quatre de Portugal , 8c quatre de Bai:
celone, &c quatorze Galions , auec l'Admiral de la Mer, 8L tous ces vaiſſeaux garnis
de Force ſoldats Eſpagnols, Milanois, Napolitains, 5c autres, prenaient port aux en
uirons de Valence. D'autre-part on fit preſque en meſme temps venir Valence les
hommes d'armes de Caſtille ,auec le General de la caualerie , 8c les compagnies de
cheuaux legers de lacoſte du Royaume. On donna ordre de garder ſoigneuſement
laville de Valence, qui eſt diuiſée en ſix cartiers, de meſme que ſes habitans en ſix re
gitxíens, ſous ſix ldaiſtres de camp, qui logerent leurs regimens d'vne porte à l'autre.
On vſa là principalement de ceſte ClIlÎgClÎCQÔC grande garde,-pource qu'il y auoit au
Royaume de Valence en exceptant la Cité capitalqquatre cens cinquante-trois Ci
tez, villes , bourgs , ou vilages , de nouueaux Chreſtiens , &- trois cens trois de vieux,
8c vingt-deux mille,_ôz ſoixante 8c douze maiſons de nouueaux Chreſtiengentrſſe leſ
quels il yen auoit cinquante mille propres à prendre les armes.
Enfin on publia FEdict , dattê du 2.7.. de Septembre i609. par lequel il ſuc com
mande à tous les Mores de partir dans troisiours de tous leurs lieux, auec ce qu'ils
pourroient porterauec eux , 8c \embarquer dans les galeres. L’Edict' portoit qu'ils
pouuoient eſtre pris, 8c deualiſez, 3c meſme tuez, s'ils reſiſtoient, eſtant trouuez hors
de leur villages, ou autres par chemin, iuſquî ce que le premier embarquement fut
fait. Qu’aucun
tendiſſentſi les C More ne ſortit_ de
ômiſlſiairegqui lesſon vilage faire
deuoient , pour allerà vn autre:
embarquer. maisMorqquí
(L16 tout que tous C11
at
Genealogie.
b Î-'i-.Tarapha Velques vns l' commencent la Genealogie des Rois d'Eſpagne par ATH Añ'
HiſpBeg. NARIC ſecond Roy des Goths, ſucceſſeur ‘ de FRITIGERNE premier
origo 8L ſuce.
MachaëLRiti, Roy des -meſmes, diuiſez en Oſtrogots, deſtà dire Gots Orientaux, 8L Vviſigotspti
de Regib. Vveſtgots, autrement Gots Occidentaux , qui maiſtriſerent l'Eſpagne, au lieu que
Hiſp.
c Sigebcrt
les premieres dominerent l'Italie. Cét Athanaric commença de regner, ſelon Sigc -
Chronic. bert l'an 383. 8L ne commanda qtſenuiron vn an; veu qu'ayant fait 4 alliance auec
d Otoſi li.,7, l'Empereur Tl1eodoſe, qui le conuia d'aller à Conſtantinople , il y mourut le quin
cao.
Sigcbflrt zieſme iouraprés ſon arriuée, ſans auoir eſtably \bn ſiege en Eſpagne l'an 343. 8L re
gné treize ans -, ainſi que le marque Ritius , qu'Oraſect, qui viuoit enuiron ce temps, a_
Chronic.
demcnty. Aprés ſon decez les Vviſigots dcmeurerent ſans Roy l'eſpace de quatorze
ans, eſtans ſujets aux Romains; puis efleurent ſur eux A LARIC , de la race des Bal
thes l'an 398. C'eſt celuy qui prit , 8L pilla Rome l'an de grace 412.. puis mourut peu
.Eſpagne.
dexemps aprés à Coſence, ainſïquïlſiſe prepai-Oitpour paſſer en Sicile ,ſiſſiahsauêlf 105
dozniiie iion plus _en Eſpagne, bien quëkitius le ſace de meſme mîaiſire dſvne grande
partie , le fai ſant regncr vingt ?trois ans auec quelques autres” \' _ \ ama…
Lazius de
Send_
Cependant l'Empereur b Honorius ayant octroyé les Gaules au Roy Alarm.. 6c a i. jo. '
ſes Vzviligotlis pour demeure l'an de grace 4.1 i . &c les Vandales ayans rauagé lesGau- äitiíïsflï
les ſous leur RoyCroſcus en ce meſme tempSJes derniers furent déſaits par les Fran- , “'
çois , _auec leur Godegiſille , nommé par Sigebert Modegiſille, 8c poſſible fuſſent _
tous peris, ſi Reſplendial, R~oy des Alains, ne les eut ſecourus l'an 4i z. Toutesſois lls
abandonnerentles Gaules en la meſme année de crainte des Goths , ſe laiſirent de
pluſieurs pa-ys d’E ſpagne, aſſiſtez des Alains, &c des Suaubes, 6c furent commandez
par Gunlderic, fils deGodegiſille. '
ATH A V LP H E au langage-des Goths Eitlvvolff, ſelo_n Lazius, ſucceſſeur d A' ,
lai-ic, ayant, eſpouſé l'an 4i4. Placidie ſoeur d’Ho_norius , priſe à Rome , 8L ‘ U115 ſon c Oioiilîal
ſiege à Narbonne , en ſut chaſſé l'an de Rome 1 i6 8. ou de grace4i6. par le Comte Ê"
Conſtaſintius, demeurant en la ville d'Arles, ſe retira du touten Eſpagne , où il tenoit _
deſia quelques pays, ſut tué par les ſiens à Barcelone en Catalognqen 4 la meſme an- Èäëïÿjgjïd;
née 4i6. ou 4i7. ſelon Garibay, 8c perdit en meſme temps , auec la vie , ſix fils qu'il Gzxibayiu,
auoit com me on a peu voir, en Finſcription de ſon tombeau', dont il reſte encor vne
partie à Barcelonne. ’ -_ . J' _
‘ SlG ERIC,au langage des Gotlis S igreich, c_’eſt à dire victorieux, ayant eſté mis
en ſa place, ne re na qu’vn an, à la fin duquel il fut auſſi tué parles ſiens. _
VVALLIA ut cfleu ſon ſucceffeur,ſitl’an 418. la paix auec Honorius, en luy
rendant ſa ſœur Placidie, 8c luy donnant des oſtages, à condition qu'il ſeroit la guer
re aux Vandales, Alains, 6c Suaubes, acquerant à l'E mpire Romain ce qu'il leur en ~
leueroigôc ne retenant-pourluy que ce que lesGoths poſſedoient deſia,tant en Fran
ce, qu'en Eſpagne. Ildéſit en telle ſorte les Alains , faiſant meſme mourir leur Rqy
Attace, que ceux qui ſe ſauuerent, quitans la Luſitanie, s’enfuyrent en Galice , où e
meſlans auec les Suaubes , ils perdirent à la Fois le nom de leur Nation , 6.' de leur
Royaume. Les Vandales, 8c Suaubes prenans exemple à leurs compagnons , ſe ſouſ:
mirent aux R omaingretenans les pays qu'ils poſſedoientzpuís Vvallia ayant dompto
cous ces peuples , 6c rendu PEſpagne paiſible mourut à Tolouſe l an 4.19. ſelon Ma
riana,- mais ſelon
43 9.THEO
Garibay DORE les autres,
met ſa D.
² (qui le ſont regner vingt-deux
fouTheodoric,
mort en l'an 4 37. en langage Gothique
.
ans,Dietrich
, au lieu de trois)
, c’eſ’c
ſi
l'an eTdmn
5. dire sigeizeit[i._z:_
Riche , ſuccedant äVvallia, ſe trouua reduit à _de faſcheux termes , d'autant que les gM²FL"'”ſ.l"-F*
Suaubes troubloient-lors l'Eſpagne, 8c la poſſedoieiit preſque toute; ſi bien que l’E- ſi" '7 ſſ' '
ſtat des Gotlis en Eſpagne eſtoit dans les bornes de la/Catalogne , au lieu qu'en Fran
ce il elltoit de grande eſtenduë. ll flU-'Dlc _ſix fils, à ſçauoírToriſmond, TheodoriqFri
deric , Euric , ou Enric , Riccimer, Himeric, 8c deux filles , dontſvneauoit eſpouſê
Hunneric , fils de Genſeric , Roy des Vandales , l'autre Reccíaire , Roy des Suaubes
en Eſpagne. Finalementil mourut en France en la bataille contre Attile Roy des
/ Huns, ayantauec luy ſes fils TOriſinon-.LôcTheodoric,l’an de grace 451. &de ſon
regne le trente deux , ſelon Caffiodore , ô: Mariana , au lieu queRoderic de Toledo
le fait regner ſeulement treize ans , mettant ſa mort en la meſme année 45x. Cepen
dant Recciaire Roy des Suaubes enleua aux Romains Saragoce, l’Andaluſie, la Lu
fitanie, 8c la Galice. aſpirant à la domination de toute l'Eſpagne.
TO RISMO ND ſucceſſeurau Royaume de ſon pere , ſut à cauſe de ſa cruauté,
a; de ſon orgueil hay de ſes Freres Theodoric , &c Frideric, qui le firent tuer l'an qua
tre cens cinquante-quatre.
TH EODO RIC ſecond prit ſa place, .Sc eut eſté misau rang des meilleurs Prin
ces, 8c s'il n'euſt embraſſé l’Arrianiſme, 6c ne ſe fut ſoüillé du ſang de ſon ſrere. C'eſt
de CCThCOdOTÎC, non de celuy dîltalie , que Sidoine Apollinaire parle coſi bons ter.
mes dans ſes Epiſtres. Il délit Recciaire R oyîdes Sueues , ou Suaubes , 6c le fit mourir
l'an 456. dompta les Suaubes en Galice,en leur permettant toutesſois deſlire vnR-Oy
de leur nation, donna ſa fille a leur Roy Rerniſmond , aſſujetti: la Bœtique, ou l'An
daluzie , &c Grenade , puis fut tué àTolouſe par la conſpiration de ſon frere Euric, - .g
l'an de grace 467. _
f EV R l C , ou Henry, luy ſucceda ſans conteſte. De ſon temps l'Eſpagne eſtoit
ainſi diuiſée. La Galice, 6c partie de la Luſitanieobeyſſoient aux Suaubes- .La Bæti
que ,_ô.’. la Catalogne aux Gotlis , &les Romains poſſedoieiit le Ro yaumc dcTolez
_ -ï
s
106 ~ Eſpagne.
de ,oule pays des Carpetains , l'a contrée cle Cartagene , 8c preſque routes les autres
Prouinceadfflîſpagne, Mais Henry dépoſſeda tous les Romains entieremengôc ren
- dit les GotlÎS maiſtres de toute l' Eſpagne, excepté de la Galice, qui recognoiſſoit les
, ' Suaubes, puisayant regné dix-ſept ans mourut en la ville d'Arles ,où il auoit eſtably
ſonſiege Royal, l'an 48;.
ALA RIC ſecond , ſon ſils , deuint Roy des Goths , puis mourut en vne bataille
contre C louis, 'R oy des François, l'an de grace 506. ô: les Goths per-dirent lors preſ
_que tout cc qu'ils poſſedoient en France. Il laiſſa deux ſils,l’vn né de ſa femmeTheu—
- dicode, nommé Amalaric, l'autre Genſalaric d’vne concubine.
ſi GENS A LARlC, ou Geſſalaric, comme capable de regner, ſut preferé à Ama
… ilaric, ſeulement âgé de cinq ans. Mais ce Roy ſutauaqué par Ilba,enuoyé pax-Theo.
doric,, Roy. des O ſtrogoths en Italie ,ayeul maternel d’Amalaric , qui le contraignit
,de s'enſuyr en
l —. 'Traſimond Afrique.
Roy Toucesſois
des Vandales, qui ne1l Pempeſcha
reuint apréspas
en deſire
Eſpagne , aſſiſté
vaincu par'du ſecours
Ilba , puisde
il
_mourut de maladie l'an 51 o .
A M ALARIC ,aſſiſté de Theodoric ſon_ayeul qui gouuernoit toute choſe ,- 6c ſe -
7 -pouuoit dire Roy des Vviſigorhs, auffi bien que des Oſtrogorhs, ſur declaró Roy.
Mais en effet Theude, Eſcuyer de Theodoric, deuint Regent du Royaume , à cauſe
du bas âge d'Amalaric , qui fut enfin tué par vn ſoldat de Çhildebert , fils de Clouis,
comme il s’enſuyoit de Barcelonneſelon quelques vns,ou de Narbonnefelon d'au
tres,en voyant la ville priſe' l'an 531. Lors tous les pays de Gaules,qui recognoiſſoient
les Goths leur furent oſl:ez , SL l'Eſpagne eſtantrauagée par les François , Childebert
eut les treſors d'A malaric, qui mourut la cinquieſmp annéeaprés qu’il eutcomman- ñ
cé; de gouuerner ſon Royaume , 6c vingt ans aprés le decez de Geſſelaric , ſans laiſſer
aucuns enſans; ſi bien que la race des Rois Vviſigoths vint à manquer.
TË-IEVDE Oſtrogoth , qui du viuantd'Amalaric auoit gouuerné le Royaume,
ſut creé Roy, pour ſes merites recognus delongue main , puis ayant regné dix-ſept
ans,THE
&z cinq
VD mois, ſur tué
l SE LE, par 'vn qui contreſaiſoit
ou Theudegiſile , parent deleTheude
ſol, l'an, de grace
6L ſilſis 54.8.
d’vne ſœur deTo—
_tile Roy des Oſtrogoths en Italie, ſugä' cauſe de ſes paillardiſes, tué parles ſiens ainſi
qu'il diſnoit, aprés qu’il eut regnê vn an, 6L demy, 8c treize iours. _
AGI
. heurs LA fut efleu
concinuels; veuſon ſucceſſeur , 8c regna
qtrAthanagilde cinqcontre
sefleuant ans , 6cluy
trois mois , des
, aſſiſtſié auecforces
des mal
des
Romains, le vainquit-premierement, puisil fut tué par les principauxdu party con
traire à Merida, l'an de grace 554K ~_
AT H ANA Gl LD E regna ſoudain en ſa place,& ſut occupé toute ſa vie à chaſſer
d’Eſpagneles Romains, qui fieſtoicnt rendus maiſtres de pluſieurs de ſes pays. Il eut
deux fils de ſa ſcmme Goſuinde, regna quinze ans, 6c ſix mois,8c mourut de maladie
l'an 567.
L1 V V A , ou LVIBA , ſur efleu Roy des Goths en Eſpagne , aprés vn interregne
de' cinq mois, que Luc de Tuy eſtend à ſept ans , &cinq mois , pource que les grands
"eſtoient partagez en factions. Mais ce nouueauRoy ne ſe rendit ſignalé par aucune
action, ſinon par ce que la ſeconde année de ſon regne, il prit pour compagnon, auec
pouuoireſgal, ſon frere LEVVlGlLD E, qui enleua pluſieurs pays aux Romains, USC
cependant Liuua mourut l'an de grace 572.. ,ñ-CependantTheodomir, puis ſon fils
Myron ,ou Aryamir regnerent ſur les Suaubes, 8c le dernier auoit regné deux ans
quand Luyba mourut'. '
LEV V IGIL D E continuant de regnera prés le decez de ſon frere,cha\ſſa les Ro
mains de toute la Bætique , emporta-la ville de Leon , rauagea la Biſcaye , 8L accreut
grandement ſon Eſtat. Il eut deux ſils, Ermenigilde , 8c Recarede, qu'il s'aſſocia au
gouuernement du Royaume; aſin d’oſter aux Goths la couſtume d'eflire des Rois.
Ainſi leur Eſtat ſut partagé en trois ſi 5L Leuuigilde eſtablit ſa demeure à Tolede,
qui fut delà en auant le ſiege Royal des Goths ,au lieu qu’il eſtoiíauparauant à Sé
uille. ERM ENlGlLD E eſpoulſia Ingunde, fille de Sigebert , Roy de Mets l'an 579
8; REC AR ED E Bade, dont la maiſon eſt incertaine, bien que quelques vns la fa
cent, fille d'Amis, Roy dela grande Bretagne. Mais Ermenigilde ſe ſit Catholique,
&Hprit le nom de [EAN, côme l'Egliſele praciquoítalors,quand les Arriens eſtoient
baptiſez.. 6c Leuuigilde ſon pere, eſtant Arrien, dëmeſme que les alÎtſCS ROÎS Goths
Peſtoient, le prit, 8L l’cnuoya priſonnier à Seuille , où par ordonnance de ſon pere vn
bourreauluy trenchalateſte, à cauſe de la Religion ;. ſi bien qu'il eſt mis entre les
Martyrs, &t ſa ſeſte ſe ſait le r4. d'AEſpagne. 107
uril, 6c ſa mort arriua l'an 586. Quant à Leuuigilſi
de, apres qu'il eut grandement affligé les Catholiques , par mort , par exil , ou en au
tre ſorte, ayant vaincu Andeca dernier Roy des Suaubes , qui auoit priué du Royau
me Eboric, fils de Myron, ou Aryamir , en le rendant Moyne , à raiſon dequoy‘Leu—
uigilde le ſit tondrcñde meſme,le conſinant à BadajosJl eſteignit en Eſpagne l'an 586.
la domination des Suaubes, dont leregne auoit duré 174.. ans, puis mourut la meſme
année, dix-huict ans aprés qu'il eut commencé de regner auec ſon ſrere. Pour le re
gard de R ECAR ED, aprés qu'il ſe fut declaré publiquement Catholique , il eut de
grands troubles, puis ï mourut l'an de grace 60:. aprés auoit regné quinze ans, vn ËMBÏWÃ
mois, &Z dix iours. ’ — m"
LIVVA ſecond ſon fils ſut ſon ſucceſſeur, 8c par laſitrahiſon de Vvitteric mourut
l'an 6O z. aprés auoit regné deux ans. ſi
V V [TTER [C ſe ſaiſiſſant de la Royauté regna ſix ans, &c dix mois , ‘a la fin deſ
quels le peuple entrant dans ſon Palais, ainſi qu'il diſnoit, le tua, puis le traiſna par les
ruës l'an de grace 6 i o. ' - _
GV N D EM A R ſon ſucceſſeur défit les Vaſcons , ou Nauarrois reuoltez , 8c les
Capitaines de la limite Romaine, l'an de ſalut 61 z. puis mourut de maladie à Tolede
en la meſme année, ayant regné vn an, dix mois, treize iours , ſans laiſſerlignée de ſa
femme Hilduare.
_SISEBVTH, homme Fort prudent, 8c courageux , eſleu Roy parles principaux
des Goths , enleua pluſieurs villes aux Romains , .Sc les affoiblit tellement qu'ils
auoient à peine en Eſpagne vn lieu daſſeurance. ll chaſſales luiſs de ſes Eſtats , rete
nant ſeulement ceux qui voulurent croire en Ieſus-Chriſt ,ñ puis il ,mourut l'an de
grace 62.1. ayantregné huict ans, ſix mois, &c ſeizeiours. ñ *
R ECA R ED ſecond ſon fils , encor en bas âge , regna apres luy ſeulement trois
mois.
SVINTHILA, ſſſils de Recaredpremier, des plus aduiſez , vaillant , &liberal au
poſſible, ayant eſté creé Roy parles plusGrands du Royaume , chaſſa tout à fait les
Romains d'Eſpagne , &c declara ſon compagnon de la Royauté RECH [M ER ſon
fils encor enfant, choſe qui le fit hayr, pource qu’il rendoit parce moyen le Royau'—
me hereditairefa
auec ſa femme, 8craiſondequoy les principaux
ſon ſilsz-ſan deſſnoſtre des6z
Seigneur Goths le chaſſerent
i. le dixieſme duregne.
de ſon Royaume,
SIS ENAND fut mis en ſon ſiege', qui regna trois ans , vnze mois , 8c ſeize iours,
6L mourut à Toledeſan de Ieſus-Chriſt 63$. ~ _
CHlNTl LA ſon ſucceſſeur, eſleu parles Grands , 8c les Prelats du Royaume, '
regna trois .ans, huict mois, Çczpeuſ iours, puis deceda l'an 639.
TV LG A, efleu Roy de meſme, saffic en ſonſſſiege , encor ieune d'âge; mais plein
de prudence, de pieté, de Iuſtice, 8c grand de courage , nonobſtant leſquelles vertus
il ne rêgna que deux ans, 6c quatre mois, 6c mourut à Tolede l'an 64 r.
FLAVE CHINDASVINTHE s'empare. du Royaume auec ſon armée, puis
gouuerna ſagement auec luſtice le Royaume qu’il auoit acquis auec tyrannie , 8c ſe
VOYRŒ Vieil Sſiâſſücia ſon fils F LAVE RECCEN SVlNTH E. l'an 64.8. ayant re#
gné ſeul ſix ans, huict mois,_& vingt iours, outre leſquels il" veſquit trois ans , quatre
mois, 6c vnze iours, qu'on donne au regnede ſon fils , pour ce que la trop grande aſ
fection qu'il luy-portait, luy laiſſoit tout gouüernerä ſa Fantaiſie. Finalement Chi nî
daſuintheapres auoit dom pré les Vaſcons,o’ü Nauarrois, corrigé les loix desGoths,
6c regnê ſeul vingt &tt-vn an, vnze mois , mourut demalàdie , ou ſelon quelques vns',
- de poiſ0n,au lieu deVvambaâi huict milsdeVal ladolid,l’an de grace 67 &ſans laiſſer
aucuns enſans, 6c ſon frere Theodeſred ſut meſpriſé pour Fimbecillité de ſon âge. c
. ,5 'VÎVAM BA, nommé par quelques hiſtoriens Bamba, fut pour cesconſiderations
eſicu Roy des Goths en Eſpagne, 6c pource qu'il refuſoit le- ſceptre, i'm des Grands
mettaflîla main 'a lieſpéele menaça de mort s'ils ne l’acceptoit. Finalement il y con— 0 g
IſſèDtÎ-"ñ s dêœpîalſœîNauai-rois , 6c pluſieurs autres rebelles', fit quelques loix , prit , ou
bruſh. deux cens_ ſoixante 8c douze vaiſſeaux' des Sarrazins venans d'A frique , puis
fui empoiſonné
malade de cor-ps,par;Eruige
6c d’eſ rit,,ifils~d’Ardebaſt
parle moyen du, parent
poiſon,deſeretira
Receſuinthe
dans_ vn, 6L ſe trouuant
Monaſteſſrepù
il mourut l'an de grace 6 o.apres auoirregné huictansffln* mois,& quatorze ÎOUFS
5.7l IÏLÀYE ERNIGE ſe ſaiſit- de la Royauté de ſon viuant, apres 'qu'il ſe ſut fait
Vvambaſp
laiſſa de perſiſter portantdemieux
audeſſein le lendemain
ſa cetmíte guerit peu~ä
damzle-'Mànaüere ,oupeu
_il tout à ſait;
ſiveſquit maisſept
encor ne
*ce j*: :i ſ N, ~ ñ
108 ' ſi Eſpagne.
ans, 6c trois mois. Cependant Eruige gouuerna des mieux le R oyaume qu'il auoit
acquis
mourutpardemauuaiſe voyc, puis ayant
maladieàToledeF-an corrigé
ſix cens quelques loix
quatre-vingt trop
ſept, ſeueres
apres auoirderegné
Vvamba,
ſept .ſſ
ans, &c vingt-cinq iours.
EGlCA ſon gendre , q'u'il auoic nommé ſon ſucceſſeur en mourant , regna apres
luy, puis ayantregné tout ſeul dix ans , prit pour compagnon VVTIZA ſon fils , 8c
mourut de maladie à Tolede, l'an de orace 701.
VVlTl-ZA, cruel aſiu poſſible, 6c des plus impies , permit aux Iuiſs de retourner,
6c demeurer en Eſpagne. Oril y auoit encor en vie deux fils de Chindaſuinth, 8c ſte
re de Recceſuinth, nommez Theodoſrede, 8c Fauila, ou Faſila, dont le dernier , qui
fut pere du Roy Pelaye, qui commença de remettre l'Eſpagne , apres le déborde
ment des Moſes , fut tué d’vn coup de baſton parVvitiza , deſireux de jouyr de ſa
femme auec plus de liberté. Ce Fauile eſtoit Colonel des gardes du Roy, 6L Theo- —
dofred aueuglé depuis parVvitizaÆc pere du Roy RoderiqeſtoitCapitaine,ouGou—
uerneur de Cordouë. Le Comte Iulien , mary d’vne ſœur de Vvitiza , eut de luy la
charge de Theodofred , 6c ſon fils Roderic s'enſuyt, 6c ſe ſauua. Pelaye , fils de Faui
la,ne peuſt non plus eſtre pris. quelque ſoin qu'on y apportaſt ,pource que premiere
ment les Biſcayns, pres deſquels il ſe retira, luy furent fidele: , puis ſous pretexte de
pieté, ilauoit entrepris le voyage de la Terre Saincteſſelon la commune creancezafin
d'euiterla fureur du Roy VVitiza. qui mourut l'an de grace 7”. ledixieſme de ſon
regneJaiſſant deux fils, nommez Lba, 8c Siſebuth , qui cauſerent dc grandes miſere:
à l'Eſpagne, à cauſe des deux partis qui les ſouſtenoient.
RO DERlQfils de Theodoſredfut efleu Roy parles principaux des Goths,mé
z priſans les enſans du cruel Vvitize. Il ſit Colonel de ſes gardes ſon couſin Pelaye, qui
~ deuint par ce moyen la ſeconde perſonne du Royaume, 8c matra tellement les fils de
Vvitize,qu'ils ſe retirer-ent en Afrique, en la partie de Barbarie que leSGoths y poſſe
doient autour de Tanger. Le Comte Requila gouuernoit ceſte Prouince , comme
… deſtroit
Lieutenant du Comted’où
de Gibaltat, Iulien,
il y aGouuerneur
vſſn petit trajetdeiuſqu'en
ceſte partie d’Eſpagne,qui auoiſine
AſriqueLeComte le
auoit vne
fille appellee C aue, à la ſuitte d’Egi1one Femme du Roy Roderiqqui la ſorça tandis
que Iulien e\l:oit en Ambaſſade en A ſri ue, d'où eſtant de retour il apprit le tort que
le Roy luy auoit ſait; tellement qu'il reſolu: de s'en venger. Pour céteffect s'en re
tournant en A ſrique,il incita pluſieurs contre Roderic , particulierement les Arabes
5 kodak,, vſurpateurs :le l'Afrique; tellement que la quatrieſme année ï de la principauté du
Talend-Main. Califſie Vlit Muza Abennocayr, ou fils de Nocayr , General de ſes armées enuoya
^"'°""' Tharic Abenzarca, auec vne puiſſante armée en Eſpagne, où il déſir Roderic, ſe ren - ſi
b !Elm-cin dant par ce moyen maiſtre d’vne gran de partie. Les hiſtoriens Arabes ë rapportent
ËËÏJM” ce débordement des leurs en Eſpagneà l'an 9z.de l’Heg'ire,qtſi CôlnCnçcI le i9.Octo -
ſi bre de l'an de grace 7 r r . auquel ils diſent que Tharic pritTolede,ſubiuga l' Eſpagne,
8c porta delà au Caliſe V Valid, ou Vlit,la table de Salomonfaite d’or, 8c d’argent,&
c Roder-Tol- ayant trois bords de perles. Mais les autres ï qui mettent la priſe d' Eſpa ne la qua
fflfflmb' trieſine année duCaliſat d’Vlit,& par conſequent deux ans pluſtoſt qu' E macin,qui
ſaffigne à la ſixieſme année de ſon Caliſat, nous rapportent qu'apres que Tharic
Abenzarca eut défait Roderic , 6c dompté l'Eſpagne, Muce, ou Muza Aben nocayr
y vint auec plus de gens, ſe rendit maiſtre de pluſieurs Citez,& fit amas d’vne infinité
de richeſſes
vpieds , toute,d’vne
en trepiece
leſquelles
auec ſut vne table
ſes pieds , quide
futpierre de couleur
trouuée verte , nommé
pres dumontî longue dezóſ
Gibel
ſſZuleman , proche du bourg de ſainct luſt , &c que Tharic la 'donna , auec pluſieurs
autres choſes de grand prix äMuze,qui s'en retournoit enSyrie,par commandement
d’V lit, auec Tharik, 6L Mogeygapres auoirrauagé l'Eſpagne , y laiſſa ſon' fils Abd!!
lazis , qui eſtablit ſon ſiege à Seuille , 6c prit à femme Egilone , jadis veſue du Roy
, Roderic. “- ñ 1
'l Mïïïiév* Les autres 4 -qui donnent le nom de Gebal-Tarif, au mont de Calpc , au lieu de
Èïflſſl” celuy de Gebal ,Lou Sibel-Tharic, diſent que-Tarif venantdflfflqüc P31? me? ſe
ſaiſit premierement des enuirons de ce mont de Calpe, rauageales pays &Anda
luzie, 8c de Portugal, prenant pluſieurs villes , ventre leſquelles ſut celle de Se
uille , 8c que ceſte premiere deſolation arriua l'an degrace 7x3'. ï~ -' 3'_
Ils diſent qu'apres cela Tarif, &c Iulien s'en retourner-ent en Afrique, ayant- laiſſé
p…. pres de Muce le Comte Requila; afin de faire acheminer en Eſpagne plus degerñns',
cant de pied , que de chenal
' , qui peuſſent
ſi combattre
ſ cent mille
r ~ hommes
' , leuezRçaar
le °Y
l …
.
\.
—— ————r.~——— -- **î
- ‘
\
- Eſpagne… 115la
entre ſes .criſanndonnaapres ſa mort le Royan me de NQUQITCÀ Garcia ſon aiſne;
_
mai… ayant donné
FE. RNſſ bataille
A ND l'an i038,
ou Ferdinandfut par ce dſſecés Roy deÈaſtilleJL de LeQn. lnefifï
Rai! de
ſonIlſfſſilcceſſeugEluire,
eut de ſa femme Sanchùpremierement vne filleappelléeVrraque:
mariée au Camſſtede CabrezAlphonle puisRoy
qui fut apres Sancho
, 8L
’ Gai' ia. . — ~ ‘
ll partagea par ſon teſtament ſes Eſtats ‘a ſes trois fils en cette ſcrte.Sanche ſon aiſù
nêæutla Caſtille borné: dela Piſuîerga, 8L del'Ebr0. Alphonſe eut le Royaume de ~
Leotula partie des A ſturiegproche de la riuiere deDeuæqui paſſe Zi OuiedoÆL quelñ
ques_ _villes de Galice: 8c .Garſiale plus ieune , eut lereſteîdelaſiGalice , auec la partie
d U. P0311831 C1136 les Chreſtiens poſſedoient, 8L tous trois furent nommez Roiix
Quentin ſes filles, Vrraca eut Zamora; 8L Eluire,Toro ,~ leſquelles villes on- appellé.
Unfantazgo. Finalement il mourut l'an io65,apres auoirîfegné vingt-“huict ans ſli
maisdo-uzeiouzfinyzn Leon; 8L douze ansñ en Caſtille , partie du viuaot deñſon peſte,
.ñPsxxêëñarre-ſosclssrez wc?Saïncholëoy
_ ;ÃANGHQ ſon fils,R~oy çlefiaſtillgattaqûa '- ' :ï de Navarre
' ñ.-ſon aouſití,
' a
ï
-flâflzäzlfl Yêllÿquit auec l'aſſiſtance de SmchaRoy d'Aragon ;BL ces deux- luy enleuas
'rentalarsR07
’ -SËPÜIQ toutd.6coque Ferdinid
Caſtille-Leur auffi'auoiiznôquis-,tít
guerre auec' ſes au pays de Ëiruieſoa
&crazy-ir Alphonſequ'en la' Riot/H.
Roy deËl-ſſeſſoflt ild nti'. :il d
,ir
16-5! _Foudre ,_ 8L‘le mit dans vn Monaſtere, puis-ſe' ïendlt-'Kâaiſtre de ſon- Royaume.
_Mais Sanche Roy de Leon , ſortit apres du Contient , &s'enfuit vers les Mares. - M g
PTT-PCPT ſfflïſſäläïÿſiarcla
SAW-ho Vil!! ä lctoüyr cie-tous, les
GL-le-détlmtfipriſannier iuſqùzàſa.
Eſtats deſon pere :puis mort.
amſiëquü - Parauſſi
voulut c~e moyen
priuër ‘
ſes ſœxlrë- d'6 ce, ,que leurperçi leur auoir lai, il (ut cned Zamore P2101073 : apres
3.15791! \figue ſix ansfibuict mais” zvingg-cinqiours; ..r :i *f <4. r i ïï" , . Z
. …ALPHONSE ſixíÔWCzſUrUOmméle-VAILLANT, partit ſoudainapresle de"
FFÊZ de ſh" ſſexe_$ÿ_tſtèho,-de’l'qlede,où il -eſtñirprés du Royï More qui la poſſedoit:
&Te rendant prés des ſiens ſut recèu pour Roy de Caſtille-,8t'de’l.eon. ‘Apres le do
FËZ &Ê Sancho Roy .de Nauarre-,tué par ſonifntre RaymoncL-il ſe ſaiſit de la Bureua,
.55 R. ?ÙÏÊUYOÇÎ-ÈÏ Üuäeſcaæ dol-Ji Riîojezdè Calaboiïæacdetoute-la Biſe-ayez prit
:r, ,ſtîäë ſUrléSM ſan: lflsifnïkſc fit Hints-flamme:Rzoyldoîlïoledejfaiſânt con
Èffl? ËÊPËMËFÊÀSVÛÂ-Ëhænquä-leresognoiſſaiifgenäotttaſeureté;Payant aupara
_Ã?-
ÎIÆŸÛH
.ÿqlîlë, F,ſ jî-.l,îſ - 9.4lffllêsiliILÊËHËTHÂ-Ûuflmfianſuogmflarägëkvlädrid,Berlägm
TIFF. Mfflêiiäêz-Çpsdcltegqui Yättäquoiario. ?Il pritlenconles ville;
Buy.
.
.z <3 . ë °Ms4ËfflFÎ3sLitGqniaM>puaëiùMreepuÎs~tuſeeabeniTesfirude la fa»
ñ _ . ffl_ NŸËHŒWBBD ?Afriqupzsbzyanoamdyé en Eſpagne [A !L'ABB
â lg _ ttzglgt ;vutgdejreflrqtlc Pan i094, fiefflnómitlant Miramamolm d'El?
1 I
- ſiÏËÆFÆRWEPSBOÏIÏÎEPQWLEJïailpomanegäpräeswàoirïvaincu le Roy Maî
. _ſſVF-Ëïéäæblîfleâ# mlägyfllàlſiotfloüe-;lekoy-Alphonſe fut défait plu—_
Hz Ë , Ieäſinqvlrfl.äpTesluy-meſmeetl-Eſpagne,auecvnefort
n w .ïſiilfièhWſſé.dïlîcſpagmz; par*- Alplibnſe; afli ſtïédîautres Chi-e- ~ .
… . »ŸËËÏ-MÊÜÎ
I
l ense ' ngergentrelelquelsilſichtxifit-Heïibbkïç' . nacommencemët aux
’~ KQMÊÊPÆËWÏSÆLÜULëffiîÿflnſäíflleffihereſe:de -mefiie-qifEluireà Remond
QS ËFÏË SPMJŸËMÏÎÔÜÏÏÛEÏIDQÜIÏÀICBOWOBUŒJ*‘ - - '
.'- ñ~,— ÃËÆEGËJËÏXMËFËÊŸBÜÛÔEŒWÜWŒ du MaiiianËci-D RYiYDl AS- ſon vaſſal.
'FZ-tnt renŸommé dans-l'Hiſtoire, 8L les Romans: 8L de Diego Rodrigues de Biuar
QU z 115x”. .Lz ; -'— "cri-d'xp iz-Ô^i*!‘;~-?ſii Îisi.- JUMP/Jul 53-' dr- -
-.- _ JÎËDPHÏÎPPËÎÏÏÎÉXWÊAgrwëouïnæëPdisC-ÛnfflaâœäüäëlïäueêläílUPMC:
’ . . ' ’ y N iiij
ſ
116 ~ ~ñÎl:7.ſp:ñigne.v
R ACÀJÎGŸÎLÎEŒ de ſes Eſtampuisconſtanceeſtant motteſſapres la priſe de Tolede,
il pricZayde , appellée depuis Marie , fille de Benabet Roy More de Seuille , de la
quelleil eut Sancho,qui futtué parles More: à la guerre. Sa quatrième femme fut
Berre de Toſcane-Ja cictnquiémeflîlizabeth Françoiſe; 6c la ſixiéme,Beatrix,dont on
‘ ignore le pays. ll eut &Elizabeth deux filles, Sanche femme du Comte Roderic, 6c
Eluire mariée à Roger Roy de Sicile. Il eut encor de Ximene ſa concubine Eluire,
6c ThereſqEluire épouſa Raimond Comte dCThOIOUſCzGC Thereſe Henry de Lor
raine,tige des Rois dePortugal.Mais ſa fille Vrraque fut mariée au Comte Raimôd,
frere du Comte de Bourgogne; .Sc de ce mariage naſquit premierement vne fille ap
pellée sanchezpuisAlphonſe qui ſe fit nommer Empereuncomme Seigneur de plu
ſieurs Royaumes.
. Cid Ruy Dias, prit auflï pour luy l'an i089 la ville de Valence. Mais l'ayant laiſ
ſée ſans aucune garniſomelle retomba bien-toſt au pouuoir des Mores.Apres toutes
ces conqueſtes , ce braue Roy mourut à Tolede l'an 1109 , âgé de ſeptante ans z
ayant regné depuis la mort de ſon pere, tant en Leon qu'en Caſtille , quarante
trois ans.
- A LPHONSE ſeptième , mary d'V,R R ACA fille d'Alphonſe ſixième , à qui la
ſucceſſion du Royaume appartenait de droict , fut encor enfant recognu pour Roy
de Caſtille; 8c quant à ſa mere, l'on neſçait pas combien elle veſcut apres ſon pere.
a Mariangli. Mais ſon fils deuenu * grand voyant apres la mort du Roy d'Aragon ſeſtabliſſemët
1°- des deux Rois de Nauarreſhc d'Aragon. Garſie 6c Ramir, mépriſant la faibleſſe de
l’vn,ôc la vieilleſſe de l’autre,publioit que ces deuxRoyaumesluy appartenaient par
droict de ſucceſſion , reprenant ſes droicts depuis Sancho Roy de Nauarre ſon bi
ſayeul. Il prit auffi-toſt pluſieurs villes 6c chaſteauxen la R ioje, &c la Prouince d’A
laua; puisauffl coſt il entra dans ?Aragon , qui eſt au delà de l'Ebro :ſi bien qu'aux
Lſtats tenus ap resà_ Leon,il fut publié Roy de Nauarre,d'A ragon 6c' de Catalogne,
a: nommé parles ſiens Empereur. Mais en fin il tomba d'accord auec Garſia Roy_ de
Nauarrqqifil luy rendrait:,ſes Eſtats , à condition q~u'il recognoiſtroit pour Sóuue
tains lesRois de Caſtille , &c ioindroit ſes armes à celles d'A~lphonſe,contre Ramil
_ Roy d'Aragon. Il eut de ſa. femme Berenguela Sancho, qui fut _Roy deCaſtille,
Î]M"*‘“"l" ,Cc-Eerdinand Roy de Leon_ 6c _de Galice.- puis " mourut de maladie l'an degrace
. - l, 157;, âgé de cinquante; mans cinq mois 5c vingt ioursgayant regné enuiy-'qp-çjêehteſî.
l. :cinq - .z ~,'ſils,
ans.CHO deuxiémezſon
rz" S AN _. 'l IÏTÃU-
ſucceda auRoyaume ñ
de - ï
Caſtilleſſſiôtpayctsîdëëpſſſëfií
Îdangen ſuite de la volonté de ſon pererócſi Ferdinand de méſmeeut le Rbyàiſſimeîcle
,Leonz &E let-Galice. MOÀÎÏ LEROY Sancho ne regna qllë-vlïſanôc vnzè iours, 8c niüurſſut
l'an x 158 , aufli-toſt apres Blanche ſa &mme laiſſant-vn fils, iiomméjklplionſçgâgé
de' quatre anfiſous le gouuernensentí éle Gutîierrez Fernand R uv: de Caſtroſiuſfquà
.ce qu'il cuſt lÎâge de quinze ans.: é; ordonnant qiieî les Gouuerneiirs des placer]
tinfîent iuſques-à ce tempsñlà. f) _. . .. _- g
.' 3.1l _ ._ N il_ __ y
_S .- ALPHO NS E hulctléſfieb lcgitimeſiicceſſeur de ſdtrpere , «vid aiifflFtOſt Feriliſ'
mand- ſononcle paternel,,- qui-tnoubla ſa offeffidn -, 8L ſe rendit-preſque maigre dé
_toutes- ſes places. Maislîanmi lcentfoixa e-fizntſómäíeíl-fuçplïts gſiapdzles
paux le conuierent. à viſiter ſhn-Royäumgfialors toutes les villesîlu ouurirentſles
, d'où
portes# Paſiiſterent
Ferdinand dîargcntôc
futconttadm .ded-'autreschoſesg &linalemèntiPZ-:HËP
s'enfuir! puis ainſi ä_~ nsdéſquiríiè
.qu'il’et_iſſ~t~ 'atfaint l'âge Tôlerie'.
'_ ans.; on luy rendit
d'Angleterre, toute choſen
de laquelle Hépouſa EléêſljoÏ-,Ëfille-Täîtïct
ilentBlanchesmei-bïilirlïdoÿ de Herirÿ-'dêuëiërfleſi'
Louÿîdſe rail_ ' é_ 'Zſ
xz í-'enguela ,femme dfAlphonſe neuſiéme, Ro-YdeLeon”, VrêacäCfflqg-iiîfflflï e- de
ï , !Portugahmariéeà.AlphonſezleuxiétnegſurnommélîeëGrosgLeôilô z ſi Î
me, ou Iacques premier de ce nom ;Rioÿ-dïllragänigfët' ſinbÿleiijeñkſilffirfflſ
ceſſeur aux Royaumes de Caſtille, &de Tolede Y outrequélqueslglîſtrë gdiſhdjiiïd
ffîfflîm-l” rent ieunes. -Il mourut cnffihiſan de_ gmnei' ziſihaÿaiflt-veſcu cinquzínſſ
' regnécinquantotroisansläà _Vjnſſgî-'déllbdlbllſï. " -ï '-’~ 'ïï 'ffl"‘²-'~‘~’Ÿ‘7" _. ,,
-flENRYſonſilg-luy fidccedaâgé ſeulemenódfirnæeänguſafiicièïätja !Lligÿfíée
dufRoyaume- Mais il mourut-ieune ïèlelachente Ï-'ïſinéïuflëï 'comme ilioüoit iieè_
_quelques-itunes SeigneursàPalencelhn mil-deuffilëſiäs dizégſ 'ptläyäntüîègfiè' ux
‘ 'ansatneufmoia ;l > ſi; '. ' . óziig,.'zi..o,'i.~)l :c) ,vîlf-T . .L223 ~__j:-_r, .z 9-,3-?311113
/~ .me,FERDIN
ôcfemme-,dänlÿlxonſiækpyldelùçony
AND deuxiémqſils de Berenguelafeconde
ÿíafaréa Un 'tïiëſeïsï-lôiitîklu
fille dŸAlphonſe Roîíffiiff , à
. ï l
Eſpagne; ' 117
- Blanche ſaſœuraiſnée, mariée äLouys fils dePhilippe AugſuſtqRoydeFrance. Il
épouſa Beatrix-ſil-le de Philippe Empereur d'Alemagne l'an mil deux cens vingtÿ-Sc
de ce mariage naſquirent ſept fils, Alphonſe ſucceſſeur és Royaumes de Caſtille 8c
de Leon; Frideric, FerdinandJ-Ienry, Philippe, Sancho a Emmapuel. ll attaqua
l'Andaluzie,ôz prit pluſieurs places ſurles Mores,- puis parle_ deces de ſon pere Al
phonſe,Roy de Leon,il eut le Royaume de Leon l'an mil deux cens trentesombien
"que ſon pere qui le hayſſoit l'en euſl: priué par ſon te ſtament,ayant ſait ſes filles San
che,& Douce heritiereszCar ſes ſœurs luy cederent leur droict, moyënant vne pen
ſion annuelle de trente 'mil le écus. Il enleua encor auJrMores Cordoüe , l'an i z z 6;
outre pluſieurs autres places.En ſecondes nopcesil-épouſa Iean ne de Ponthieu .ſille Mïïíïnï]
du Comte Simon,de laquelleil eut Ferdinandſiurnommc' de Ponthieu, Eleanor 8c U" ſ
Louys. y
En ce temps, ALHAMAR Roy More ,ioignit ‘a ſes Eſtats la ville de Grena de;
8c donna Commenœmët au Royaume de Grenadezmais Murcie ſut rangée au pou
uoir de Ferdinand,qui pritauffi Seuille l'an mil deux cens quarante- huict,en faiſant
ſortir cent mille Mores, dont vne partie paſſa en Afrique# l'autre s’épandit en di- -
uers endroits d'Eſpagne; puis toutes les villes 8.: places dépendantes de Seuille, \è
rendirennexceptê ſainct Lucar,A znar, Farache 8c N iebla,qui reſterent aux M ores.
Mais il aſſujetit apres Medina Sidonia,Betelle,Alpechine, 8L Aznarſarache; ſi bien
que les Mores eurent peu de lieux de reſteffiinalement il mourut de maladie à Seuil
IcFaïÎ I 152-. comme _il faiſait deſſein de paſſerenèAfrique ;apres auoir regné trente
q nacre-ans vnze mois Vingt-trois iours en Caſtille, ê: enuiron vingt-deux ans en
Leon. ñ
ALP HON SE neufiém e ſon fils, luy ſucceda, comme nommé par ſon pere heri
tier du Royaume. C'eſt celuy qui fut nommé SAGE , 8L quſeſtant eſleué dans les
armées, deuint des plus ſçauans aux Hiſtoires, en Aſtrologie ê; Philoſophie. Il eut
de Yiolangfille de [ayme Roy d'Aragon,Ferdinnad,ſurnommê de la Cerdaà cau
ſe d'vn grand poil qu'il auoit au dos , quand il naſquit, mais mourut auant ſon pere.
Sancho, Pierre, lean, lacques , Iſabelle, 8c Eleanor; 6c d’vne femme incogneuë,
Alphonſe Fernandez. ll ſut éleu Empereur d'Alemagne par quelques Electeurs.
Mais les longs delays de ſon voyageluy firent perdres ſes amis , 6c l'Empire. -Finale
mentbil mourut l'an de grace mille deux cens quatre vingt quatre, ayant par ſon té- b Mariano:
flzament nommé ſes ſucceſſeurs au Royaume, Alphonſe 6c Ferdinand ſes petits fils, 11-14
fils de Ferdinand de laCerde mort auparauannles ſubſtituant l’vn ä l’autre,ôz à tous
deux,s'ils venoient à deceder ſans enſansfflhilíppe Roy deFrance,yſſu du coſte' ma
ternel des Rois de Caſtille, ſans faire aucune mention de ſes freres, ny de ſes enſans,
pour la haine qu'il portoit à Sancho ſon aiſné , qui Pauoit preſque depoſſedé du
Royaume. Toutefois il donna ſur la ſin' Seuille 6c Badajos a Iean; 6c Murcie à lacs
ques, chacune auec tiltre Royal, mais ſous la Souueraineté de Caſtille. Quant aux
Inſans, Alphonſe 8c Ferdinand de la Cerde, ils eſtoient détenus priſonniers au cha
ſieau de Xatiua par le Roy d'Aragon,ä la ſollicitation de Sancho.
SANCHO, ſurnommé le VAILLANT, ſuc Roy ſans conteſte , nonobſtant la
contraire diſpoſition de ſon pere: &ſaſillelſabelle ſut recognuë pour heritiere du
Royaume, au defaut d'autres enſans. Mais ayant apres eu ſur la ſin de l'an mil
. deux cens quatre vingt cinq,vn fils nommé Ferdinand ne à Seuille-il le "Oœflïâ ſ0"
ſucceſſeunpuis il deceda l'an de grace mil deux cês quatre Vſſlhgt quinzqapres auoit
regné vnze ans 8c quatre iours,ayant eu de ſa femme &c couſineMarie, outre Ferdi
nand.Alphonſe,Henry,Pierre Iſabelle 6c Beatrix. ,
FERD IN AN D troiſiéme-,ſils deSancho le Vaillant, luy ſucceda en bas âge,qui
cauſa beaucoup de troubles au Royaume, 8c mourut ï l'an mil vtrois cens douze, âgé c Mariam,
de vingt-quatre ans 8c neuſmois,apres auoirregné dix-ſept ans quatre mois 8c dix- 11.”.
neüſioüſszayant eu de Conſtance de Portugal, Alphonſe heritier de ſes Royaumes,
8L Leonor qui ſut R eine d'Aragon. ' -
ALP HONS E dixième ſon fils, luy ſucceda, ſeulement âge' d'vn 'an 6c vingt-ſix
iêlíflzſi bien que le Royaume ſut gouuerné parla Reine Marie ſon ayeule,qüí mou
rut à Valladolid l'an mil trois cen_s vingt-deuxzpuis ſon petit fils âgé de trente-huict
ans,deceda l'an mil trois cens cinquante-ayant eu de Marie ſille d'Alphonſe Roy de
P ortugahPien-e ſon ſucceſſeur en ſesRoyaumeszzc de Leonor Guzmä ſa maiſtreſſe,
Henry qui ſut Roy deCaſti l le,Federio,qui ſur Maiſtre de ?Ordre S.Iacqi.1es,l²erdi
Dand, 5c Tello,qui fut Seigneur de Biſcaye par-lemoyen de ſa-femme lane de Lara,
~ſ
118 i Eſpagne;
ËÛÏXÀHÆMËHÀHÀSMŸMJÊ-&Mæzaaæóçiaasñaùæxæ-Êæaſizæiæ:
PJ
Îzñ ~_ C I L L E?
p3_- A C A S'TI L E, appellée en Eſpagnol Caſtillæqui recent-ce Nom!,
'Z _— nom d'Un Chaſteamen Eſpagnol Caſtillo,baſty par_ le Roy Dom
in». f . Pelaye , pourarreſter les Mores apres qu'il leur eut enleue' Leon,
iiſſe l" ct z a pour ſes limites du Nord la Biſcaye &c les Aſturies,auec la Pro- Confins'.
.
Mctcatoí. x« ; _ uince d’Alaua:du Coucñhant, le Portugalzdu Midy , l’Eſtrema—
l. _ñ-i--zr-ñz-_e-.äl .ü dure , l Andaluzie 6c les Royaumes de Grenade 6c de Murcie: 8c
du LeuantJes Royaumes de Valence, A ragon 6c Nauarre.
.Elle eſt diuiſàe en V l EILLEi &RNOV VEdL lí-Lqueſles Eſpiagnqkls appellent Viejzgqzzuzgon;
y-_N uettaficçomprend encor e oyaume e eon, eparé u re es bien quaffis du
coſtéde laVicille, qui ſe trouue _au Nord S au lieu que celuy deTolede ,ſe confond
auec laNouuelle Caſtille.
bBotcnRcl. L' :Ces deux l' Prouinces ſont diuiſées pär vne longue chaiſne dre MontagneLqui
di Spagna
6c commencent aux confins du Royaume e Nauarre , puis trauer ent preſque toute
l'Eſpagne. 6c l-'on paſſe de l‘vne à ſautre à Guadarame , dont on nomme l'ex-uſée- ou
PÎſſL-'LlgClPUBÏEOÊ c'eſt à dire,Port, de meſme qu'on fait ailleurs en Eſpagne,_en ſem
b_
z… ab
_CesesdeuÏgCaſtilles
ieuxe _ toits. ſontſipreſque ſemblables, excepte'
_ que la Nouuellea meilleur.
air- Ôc meil eur terroir que a Vieille , qui n'a pas auſli tant de ſortes de fruicts, veu
Q2315#
_qulentf autres choſes elle porte quantité d’oliues parfaitement bonnes, dont? la
Yieille man que communément. Il eſt vray que la partie de la Vieille, qu'on appelle
Tierra de Campos , eſt vn des meilleurs endroits d'Eſpagne: maisleijeſte eſt [raba
crtehtvni p. tFux--ôz rude: 8c le terroireſt du toutleger. La Nouueile a plus de plainec que la
ï-'M- Vieille , 6c meſme eſt plus chaude , comme plus auancée vers le _Midy z 6c de meſme
que laNouuelle eſt plus abondante en grainsfflc l'autre l'eſt plus en beſtaiLLa Vieil
le eſt arrouſée du Tage , 8c de pluſieurs autres riuieres quila groffiſſentä' &E la N ou
uelle dui-Ducrsnqui senfle tellement par le moyen de pluſieurs eaux qui s'y rendent,
qu'il deuient en ſin le plus gros fleuue d'Eſpagne. ll eſt vray,que ſon cours rapide, 8c
ſon lict étroit, font, qu'il eſt beaucoup moins commode à la nauigation , Gt meſme
aide moins ä la production des fruictgque l'Ebre, le Guadalquibir &t le Tage.
4 Mïóſhſfl_ .B Les ſtillzlans, au rappoſrt ff des Eſpagnols, (ongle bonfiiäe Îoulleunfbien diſpoſe? Mann_
man cz Sum ons, L' e onde conuer ation, guerriers, verita es 8L e es. es emmes "me -
Jëâſſïlgſſſht_ mes y ſont fort robuſtes , de grand trauail , 8c du tout hommaſſes : tellement qu'en
Spo-c: quelques endroits de Caſtille , elles ont toute la peinedes champs que les hommes
N°410' 7 .ont de couſtuine de porcerailleurUCar elles coupent les bleds,les batent 6c ventent
Mſiſſi' ou vanent , ſement le lin BL le chanvre , &c ſupportent en Eſté les plus grandes-cha
leurs. M eſme en pluſieurs lieux, elles vont tous les iours à pied aux marchez des vil
ÎS, éloignées bien ſouuent :fle deux ou trois lieuëgy conduiſant des beſtes chargées
e viures,combien que par ois la neige a le froid les en deuſſent détourner. ,
f Mariana de Le Roy ‘ Dom Pelaye, ayant conquis Leon ſur les M ores, ſit baſtir, pour leur reſt. Gfflmcëſi*
äÿéîïŸc-hri_ ſter yn C haſteau, dont les Gouuerneurs furent_ appellezComtes de Caſtille , reco- "‘”‘"'-‘
bÊIYCÔpJ-liſt, gnoiſſans les Rois de* Leon pourleurs Souuerains,iuſqu‘a Ordogne deuxiéme, Roy
j: Êgffl- des A ſturies 8c de I..-eon,qui ſous pretexte dentreueuë a de conferencqayant attiré
' ces ComtesJe-ur ſit laſchement trencherla teſte : ſi bien que les Caſtillans irritez de
ce méchant acte , ſecoüans le ioug des Rois de Leon , éleurent deux luges de
leur corps , äjſçauoir , Nuño Raſura , .Sc Laino Caluo , dont l’vn eutſſintendance
de la luſtice ; l'autre , la conduite de la guerre. Mais leurs ſucceſſeurs ſe nom
merent Comtes de Caſtille , iuſques à Sancho le grand Roy de Nauarre , le
quel ayant enleué aux Mores Cordfloüe, &c Tolede, les chaſſa de Nauarrc, Ara
..ï
Caffille. ſi 12j'
gon , Caſtille-Mean; Portugal , 6c autreslieux d'Eſpagne-z puis ayant eſpouñ
ſſſé Eluira , fille de Sancho , Comte de Caſtille, 8c ſon heritiere,ne ſe nom—
ma plus Comte, mais Roy de Caſtille, 6c laiſſa ce Royaume Biſon fils Ferdinand,
auſſi Roy de Leon , par le moyen de ſa femme Sanche , enuiron l'an mille
ſeize. -
*Quant aux Eſtats de Caſtillo, il y a dix-huict citez ou villes, qui s'y doiucnt
trouuer, äſqauoir, delaVieille Caſtille, Burgos , Sorie, Scgouie , Auile , 8c Val
ladolid -, de la Neuueles Deputez deTolede, Cuenca, Gtmdalaiarct, 8c Madrid:
dtrRoyaume de Leon ,ceuxldes citez de Leon , Salamanque , Zamoreôc Toro ; 6c
pour l'An:laluzic, 6c les Royaumes deGrcnadeJc de Murcie, ceux de Seuille, - -
_ A_.— s_
Coiæloüe , Grenade, Murcie 8L Iaen. Entre ces villes , Burgos, Leon,- Grenade,
$euille,Cordoüe,Murcieflaenflc Tolede, commejcapitales de Rvyaumegont
la preſeance aux Eſtats , la prerogatiue de dire premieres leurs opinions , ſelonleur
rang, 8c certains ſieges qui leur ſont deſtinez; mais les autres prennent place pelle
mefie, ſelon que leurs Deputez arriuent en la ſale des Eſtats, a parlent commeils ſe
trouuent aſſis. ~ - - _
llsonç* vn liurede Statuts, ou Loixde Caſtillc,appellé .vulgairement Les ſept a yzyemç;
Partiegcommencé parle commandement du RoyvFerdinand, puis acheué pance- d'El?
luy du Roy Alphonſe, 6c depuis encor accreu de pluſieursOrdonnances par les ‘ ~
Rois ſuiuans , reueu par Pero Lopes Alcocer ,le Docteur Eſcudero , 5c PeroLopes
Arrietñrusc finalement par Barthelemy d'A”ençaJuriſconſulces. Ce liure contient
le dro-.Clgpar lequel ſont gouuernezles Royaumes de Caſtille 6c Leon,auec le ſtyle
- &la pratique de la Iuſtice.
CASTlLLE LA NEVVE.
19°”- çñ; «.- . - ASTÏL L E L A NEVV E , demeure'preſque ordinaire
î' A55.) des Rois , nommée par îpluſieurs modernes l' ROYAVME blxmbride'
z _m
. 3 DE TOLEDE, euc pour ſes acienvhabitans les CARPI- Ægfkſi-Rd?
z -d l 'à;ASA , TAINS
»JP ,ou CARPETAINS
pays deſquels , de Ptolemée sz Strabon
ſont les villes deToledQMadËid &Alcala,Tau
de .Coſm--P-ï-l-'ſſ
…îâzg
.-‘
,l - ſ- Yîïz. t Henares -, les CONSABVRENSES de Pline, d'auteur de
,Z fflWñÏÈï ſi_ Conſuegra; les L A MINITAINS du meſme logez prés de la
**LEP-Î- MY' ' ' ſource dela Guadiane , 8c vers le pays appellé Campo de Mon
tie] ; les QRETAINS de Ptolemée &c Strabon , autour du lieu qu'on appelle encor
Oreto; bien que quelques vns prennent Calatraue pour le Vieil Oreium; 6c les
ICEDITAINS, 6c LANCIENSES de Pline, compris dans l'ancienne Luſitanie,
dont vne partie eſtmaintenant encloſe dans la Vieille &Nouuelle Caſtille , du co
Dmiñon ſté du Couchangſur le voiſinage du Portugal.
' Midy,
Ellea pour ſeslimites
?Eſiſtremadure du Nord la Vieille
8c l’Andaluzie, Caſtille;
auec les du Couchanr
Royaumes ,le 6c
de Grenade Portugal; du
de Murcie:
&c du Leuant , les Royaumes de Valence. 8c d'Aragon. Elleſicommenceÿ* à Sierra dsalazai-Mm:
Morena , 6c ÿeſtcnd depuis ces monts du coflé du Midy, iuſquî ceux du Nord,ap- Ãi$l>²8°ïe ‘
pellez de Tomas Vacas. — A _ '
Quelques vns ‘partagent le Royaume de Tolede en SIERRA, ou Montagne; t R l.
A LGARRlA, 8c M ANCH A, faiſant Cuenca capitale dela premiere, G uadaJa- ÆËËËÊ., ,ſi ë
ſara de l'autre: 6c Ciudad Real de la troiſième; Ceuxwy ſont eſten dre la 'Sierre vers
[Aragon, qui n'en-eſt gucre- eloignc' , puis diuiſant l’A’l_garrie de la Man che, par le …
moyen du Tage ,Gt la faiſant-trauerſeràlaTàjune , donnent paſſage au Tage _à tra
uerslaManche. — _ _’ ñ ' ,-1 ' — -_ ' '_ l
Lieux. _ ÿ Mais lztville… capitale de toute-cette Prouince eſt TO LEDO , nommée par les- .
anciens TO LETV M_ , aſſiſe ſur vn pendant , par lequel on monte 6c de
ſcend touſiours. Elle a quelques quatre' milsde tour , ſes ruës eſtroites , ſes
maiſons épaiſſes', 6c plus belles dedans que dehors , dix-ſept places , 6c vne Egliſe
Metropolitaine, qui a quatorze dignitez, quarante Chanoines ordinaires 6c vingt.
vn extraordinaires; x 94. Chapelains, go Prebendaires_ qu'ils appellent Racíoneros,
Europe, ‘ ~ _ ~ L ij '
du; ~ \
I
\
~ Caſtille.
(iuarante places
nombre; mais quideClercs, cent quarante
n'eſt déternæinéſi. Elle il oùuriers gagezſtcauec
des-plus gr-.mdes, des Cbantres
vn chœuren_
desgrand
plus
a diddpoa riches , de meſme que n grande Chapelle, U, ſa Sacriſtie, Les belles ï vitres
iſp. _ qui lîentourent, peintes de diuerſescouleurs ,auec la repreíencationde_ pluſieurs
léliſtoires , la rendent comme admirable. L'vn de ſes plus remarquables baſti—
_mens,c’eſt le Palaisffläc ſort Alcaçar des RoiSMores, ſepare' parCharles cinquième,
8c grandement embclly par le meſme, où l'on void le merueilleux artifice d’vne
machine hydraulique , qui tire en haut l'eau du Tage, pourla départir apres par di—
tiers canaux à toute la ville , tant pour arrouſer pluſieurs beaux iardins, que pour
Pvſage des Eſtuucgdes Foulons-,ôc durefle du euple. Le 'Iſage la ceint de trois co— p
ï b Mariah
ſtez, en Façon de ſer de chenal; ayant vn 'pont admirable d’vne ſeule arche, 8; ſer
Cuſhnp, z. , _uant
Tours.de foſſé
Hors 'àdes
la ville , qui eſt
murailles deſenduë
d’vn du coſté
autre coſté du Nordvoid
du Nord,on de encor
cent cin uantefortes
laiiorme, 6c les
'Medio-ty
ncis,
"reſtes
Maisd’vn
MADgrand
RſſlTheatrefort
ſ), pris pour ruiné,
MANTVA 6c comme
des eſplané.
Carpetains de Ptolemée ( bien que
ce- ſoit proprement VILLAMANTA , proche de MA-DRlD )deuance Tale-e
de en reputation , à cauſe du ſejour des Rois , qui la fait eſtimer à toute l'Eu
,ropc , 6c tenir vulgaireinent comme pour capitale d'Eſpagne. (e nom de Ma
'ririd , que les Mores luy donnent, ſignifie en leur langage, Lieu de bonsvents , ou
bon air. Il_ eſt à douze lieuës deTolede,à ſon Nord,ceint d’vne vieille muraille
ruineſie en quelques endroits,auec cent vingt-huict Tours , .Sc peuple de pluſieurs
Princes, SeigneurHCaualiers, …Officiers 5c gens-d'affaires. Lademeurepu l'abſence
cBoLRcLdi du Royf, le rend plus ou moins habité, ſi bien qu'il s'eſt veuc durant vn temps de —
‘P“.5°²' vinnt mille feux z uis la Cour s’eſtant retirée ä Valladolid , on le vid reduit à
d Hicton. …D . P .
Concſhdç mille cinq cens feux; Il eſt 4 dans la Dioceſe de Tolede, ſur vne colline aſſez
PUF! ËC-ſt- haute, expoſée pour la pluſpart au Nord, au pied de laquelle coule la petite ri
"ſiffl" ' uiere de Guadarama , qui naiſt aſſez prés de Madrid , où l'on la paſſe ſur vn pont dc
ç 3mm Rd_ pierrespuis elle ſe déchargedans le Tage. Ce qui s'y voidc dre plus remarquablepeſt
le Palais du Roy, auoiſiné d’vne ſale d'armes, pleine de pluſieurs belles armes,parti
culierement de celles de diuers E mpereurs 8c Princes,& de beaucoup d’au tres, con
_; '. -'. *quiſes ſur les Rois des Indes, les Turcs 6c les Mores, outre pluſieurs bardes 8c beaux
harnais de cheuaux. ._ _
[Salazar Almſi' A vn î \rank d'arc du Palaisdu Roy , l'on void ſes Eſcuríes , auec enuíron trois
g-Dorn luan. cens cheuaux' de prix 5 8.'. non loinS du meſme Palais ,il fait bon Voir la maiſon du.,
dc Perſia Rg.
latines. Roy, nommée CASA-DEL CA MPO , qui n'en eſt ſeparée que de lalargeur d’vn
grand plant d'arbres, 3c la riuiere. 1l eſt vray, que la maiſon priſe toute ſeule,
n'eſt _guere coiiſiderable ; 8e ce qu'on y void de plus beau , c'eſt vne fontaine,
, compoſée de quatre baſſins demarbre, l’vn ſur l'autre , auec l'Aigle Imperiale au
pus haut : mais.
çulier. ſi ſes iardins,
— z eſtangs
a 6c fœitaines,
_ meriteroient vn diſcours parti~
i h Botero
ncdinſſa Re).
mice-x . ~ A prés de h trois lieuës de Madrid, on trouuela Maiſon du Roy, nommée EL
PAR DO, d'excellente architecture, prés dela riuiere deHçnares , auec des bois
pleins de cerfè , dains a: conils z 8c depuis Madrid iuſques au Pardo , il y a ſi grand
nombre de conils, que les chemins en ſont tous couuerts. Les cerfs de celvoiſinagç
_ qui ſont en Fort grande quantité, n'eſtant point pourſuiuis par les chaſſeurs, ſe ren
dentſifamiliers, qu'ils neſuyentpointles paſſans. - -
'On trouue encor vne Maiſon de plaiſir du Roy d'Eſpagne, nommée ARAN-ñ'
íuiæidc Pet- IVEZ, proche des riuieres deXarama a: Tajo,auec tanti deiardins , bois, eſtangs,
5* R” - ,arbres 6c ſruicts; tant de chaſſqgroſſe 8c petiteitant de diuers animaux: &L d'oiſeaux
portez des Indes, queïcëſt comme vne merueille du monde 5 8c ſi la maiſon eſtois '
paracheuée elle auroit peu de pareilles en Europe. On void ſen ce lieu pluſieurs
bel les 6c longues routes fort droites; pluſieurs fontaines pleines desmille artifices à
[Italiennes de beaux grands iardins,où il y adix-huict Iardiniers ordinaires, 6L tant
dtſiſruiälí. qitfilîÿafferme toutes les années, Pvne portant Fauſſe, &Ouf-Ê mille (WW-TSO
Outreillatire]es
d'où prouiſion de la Maiſon
plus beaux cheuaudſſtdu
deRoy,- qui a ſesharas
ſes Eſcuries. — ſ _ prés du lieu d'Aranjuez,ñ
_ r>
i. lï-Tïlſfflïe; Mais ſEfiuridLelogné
richeſſe &t magnificëce,d’êuirô 6 lieuës
côme celui* quideMadriixhſurpaſfe tous ces
couſte i 2. milliôs décos; lieux
bien queenquelques
beaute,
“'- Ÿ°Î‘²‘7* vns en mettent zo,8c Botereſeulemët &x8 demyzce baſtimêt cñpoſé-cfvn Mana
' ſſïe. i
l
Caſtille) ſ ~' ſi 12g
~ ſtereauec ſon Egliſedvn Collegſie 8c d’vn Palais Royal , a dix-ſept Cloiſtresyingt.
deux Cours , vnze mille ſeneſtres, plus de huict cens colomnes, 6c vn nombre in
croyab le de chambres 6L ſales. ~ ct.
Il y a par tout des peintures des Peintres modernes plus renommez: 6c l'on
. y void vne Librairie de cent mille volumes , entre leſquels il y a Pluſieurs ori
ginaux en lettre de main , de beaucoup de S-.lincts DoÇteurs. On y void
_ auſſi dans l'Egliſe _vne Sacriſtïe, qu'on tient la plus riche de l'Europe ,auec force lia
bits &c ornemens tous couuerts 6c brodez d'or z de perles 8c de pierrerie , des calices
d'or, des vaſes, des chandeliers , 6c autres meubles , pour le ſeruice de l'Egliſe , tous
d'argent.ll y a quarante chapelles, 8c' autant d’Autel s, où l'on met toussles ans qua
rante diuers paremensQuantau grand Aurel, le deuant eſt compoſé de quatre Or- 3
dres de colomnes deiaſpe , 8c l’Autel eſt éleuc' de dix-ſept marches de pbrfire , par
deſſus le paué dePEgliſe. Pour Ieregard du Sanrîlzuaireſtl eſt enrichi de pluſieurs -4
-~pc
d;u~. .'_
126 ~ Caſtille.
ï Dclícihpod ALBVQVERQVE ï , portant tiltre deDuchéÏALCACAR ſi, Ville du Prieu
ffiſïçflo Rd_ ré de Çaſti. le: A L MAGROæapitale de la contréqappellée Champ de Calarraueä
-rliFîffl”
Spagna
YY"- AyLM Ô N E CI
de tres-bons D .l'vneALATR
eſpriſſtszc de_s plusagreables
AVA,ſur demeures d'Eſpagne:B BLMON
la Guadianqrenommée T,pays
à cauſe de l'Or
5,Î,z,Ï~A-_,~,,Î,[ dre des Cheualiers , qui parte ſon nom ’: CIFVENTES_ , à qui la multitude de ſes
Modan ſuc- fontaines à cauſé ce notmCIVDAD REAL, ou Cite' R0ya‘e,'affiſe_ auſſi non gue—.
PN… d° re loin de la Guadiane,8L tenuë pour capitale dela Manchqcomme i’ay dit cy-deſ
Mercator,
ſus: CONSVEGRA , ville des anciens ÇÔNSABVREN SES: CA MPILLO,
de ſix à ſept cens ſeux:8L CVENCA, où l'on achete les bonnes laines , ville des an
ciens CAV CENS ES de Pline, priſe parpluſieurs pour Valeria'.
GVA D AL AXA RA ou Guadalajara, capitale de l'A lgarie , dont le nom ſigní-'ñ'
fie Riuiere des pierres , ville de plus de cinq cens feux , ornee du ſuperbe Palais des
Ducs de llnſantazga, 8L d’vne belle ſale d'armes, 8L ſeruant de demeure aux Men
daces. ‘
HIPES, ou HIEPES, lieu renommé pour ſes habitaëis, des mieux entendus en
l'agriculture; H VETE, portant tiltre de Cité , pleine de Conuens 8L &Eccleſiaſti
ques,a-uec vn terroir plus abondät en ſafran que nul ;autre d'Eſpagne: [LLE S C AS,
preſque
d’vne autantquielaignée
Duché porte ſondenom,
Madrid queplus
ayant deſſalede:
de quatre MEDINACELLcapitale
vingt villages deſiſa luriſdi—
&ion; MA LAGON àquatorzelieuës deTalede: OCAN A , que nous appellons
OcagneJenom mée pourles bons gäds qui s'y font: O R G AZ,entre laquellei 8L Ma
lagon,an trouue la plainqappellée Marança, c'eſt à dire, Tucrie, oû lesMores déſi
rent les ÇhreſtiensEPVEB L .MRICHEN A,-ville agreable ſurles côfins du Royau
me de Valence: SANTA CRVZpu Saincte Croix DE LA SA RZA:S i GVEN
C A , Cité noinm ée S EG VNTI A par Atonin , miſe par quelques vns enxla Vieille
Caſtille, v ille &enuiron ſept cens feux,auec vne Eueſché des plus riches d'Eſpagne,
8L vne aſſez bônc-Vniuerſiteſiœ de plus avant en ſon Diaceſe la ville de MOLINA',
qui faïf quelques huict cens feux , 8e plus de quatre vingt villages: TALA VE RA,
~ íadis ÆB VRA,a(iiſ-e en fort bon air-ſurle Tage; VELEZ , place capitale de l'Or~
dre de ſainct leraſme :-VI LLANVEVA DE LOS INFANTES ,lou Vílleneuue'
des Infans:VILL AM AN R l Ÿſflpartant tiltre de Marquiſat : VTIEL, ville fort
peuplée,8L fort agreable: 8L VILENAJadis BIG ERRA, capitale d'vn Marquiſat,
qui porte ſon nom , 8L' comprend les villes dUH-BACETE , CHlNCHlLLA,
RVBDAÆÆLEMENTJLVILLAR. '
Au reſte,l'Algarrie côtient le Marquiſat de M ON DEIAR :la Duché de PAS
TR A N E, 8L celle de _UINFANTAZGÔ , auquel on donne les Villes d'A LCO
CE R . VA LDÏOLIVAS , 8L SALMERON: 8L la Manche comprend le Mar
quiſat de VILLENA , 8c le PRIEVRE' DE CASTILLE . GTi-menant a 0U
tre Alcaçar 8L Conſuegra , dom i’ay parlé cy-deſſus , la ville de TEMBLE*
QV E.
Les Riuieres de cette Prouince ſont le Tage au Tajo, GuadianaJ-lenares, Talu
qſaíäíarama, Guadarama, 8L Xucaniadis Sucre, qui paſſe apres par le Royaume de' moines]
a ence. — ‘- ï . .
äfâïífflàffïl- L'air de ce ‘pays eſt des meilleurs; maisil pleut bien rarement au terroir de Tole- Wide.]
l' 5° de,où les fontaines 8L ruiſſeaux aſſez rares ont leur cours de fort petite eſtenduë. Les
_ eauärde la Taj une aident fort à la digeſtion , 8L celles ,du Tage ſantdes meilleures:
J 34,5,, mais Ciudad Real a de fort mauuaiſes eauxToutefdis cette 3 Prouince ainſi ſeche,
Aimoindc eſt en cerrainsendroits Fort bonne 8L fertile,com me en ' la Valée, par laquelle court
Rd_ leTage, qui eſt de fort grand rapport, mais eſtroit, &tout î autour de Madrid, dont
di Spagna, on nouime la richecampagne Lamb” MdtricianMais à parler generalemengtout !ce
ËŸFKÏ!! pay-'s eſt abondant en grains, vinsſtmile, fruicts, chanvre, ſafran 8L__rnie'l. dll y a des
g z…‘,_,_,,_ Mines de ſel &Mengranílle , où l'on deſcend ſous terre , par enuiron deux cens des
greë dan s vne caue ſouſtenuë d'vn pillier de ſel criſtalimextrémement gros 8L haut;
h Säldur puispurïe les ſalins de Mengranillepn trouueen ce pays ceux d'1nſeſte. Gere l* Pra-.
ReL-uínce nourrit auflî grande quantite' de beſtail ,- &la campagne" de Calatraue eſt
- \ ._ pleine de pi-ez Sc paſturages, de mande qùecelle d’Alc~ocer‘8L de Montiel. On rond ‘
' ‘ auxdrnotitagnes de Cuenca lès brebis qui 'viennent ſur le mais de May 'de l'Eſt”
ma ure. — ~
Quanît-au poiſſon,la finies-ede'Guadlaneeb porte de grands; mais mauuais,8L don't
l'on ne mange point.
'ë Caſtille. 127
Moeurs: La Cité de ï Tolede eſt pleine de force Nobleſſe,&ſſ de gentils caualiers, 8L ſes ha- a Mczulncoiz
bitans ſontinduſtrieux ,affectionnez à toute ſorte d'eſtude, pour lequel ilsſi ont vne *n°5*
bonne Vniuerſitêcenuës
coiiimunement , &E fort
paradonnez aux arts
les Eſpagnols mecaniques.
pour Les Dames
belles, &t diſcretes. Aude ce on
reſte lieuditſont
en ſ
~&annwaaæ-&ñaænnſiæaañan&Mazda-imane
CASTILLE L A VIEILLE.
-~ f A VIEILLE CASTlLLE ‘ futle pays des anciens VAC- *l Mïïíïïïïſſl*
cEiaNszdes-CARHETES
de de Pline,deſſl’vn,
Ptolemée , &ct des PELENDONS des MVRBOGES
œ de l'autre. Æfgïggÿz_
mogr. '
__ Elle a pour 5 limites du Nord la Biſcaye, 6c les Aſturies, du fllf***
l; Leuant le Royaume de Leon, ſepare de ce pays par la Piſuer- ' ‘
ga., 6c le Carrion , du Midy! Caſtille la Neuue, 5c du Leuant E Läffll'
, l'A rragon, 6c la Nauarre. c° V"
\J "’ "“ ’ ſiſſſſëë " Sa viliecapitale eſt BVRGOS , portant titre duärcheueſ
ché, priſeſi pour B R AVM, ou Brauum de Ptolemée , ville des plus anciennes , 6c des _
Pſemlfifês d'EſPâgne, aſſez bien l' baſtie, excepté,qu'outre que ſes maiſons ſont tou- l' "m" **l'
tes de terre , forsſiquelqucs vnes des principaux caualiers, qui ſont de pierre iuſqu'au
premier eſtage, ſes ruës font eſtroitegôcobſcures. Elle eſt auſſi tellement couuerte
des montagnes d'Oca, qu'elles luy retardent le Soleil au matin , 6c le luy rauiſſent le
ſoir de trop bone' beure,d’où vient que l'air y eſt froid.Ce qu'il y a plus de remarqua
ble, c'eſt ſon Egliſe Metropolitaine , faite auec tant d'artifice , qu'en meſÎ-ne temps
'ony chante l'office en cinq Chapelles, ſans que les vns empeſchent les autres. Les
, Eccleſiaſtiqíies, quiont place au chœur de ceſte Egliſe, ſurpaſſent le nombre de trois
cens quarante perſonnes. En l'Egliſe des Auguſtins il _y a vn Crucifix , qu'on tient
auoir eſtélafait
ces dans parNicodeme,
Chapelle. 6c quarante
On voit encor l horsgrandes lampes d'argent
la ville l'Abbaye de L A touſiours arden ~ inzuzhod;
S HV E LGſſAS,
dont PAbbeſſea ſous elle cent cinquante Religieuſes, toutes filles de Princes,_de Sei- Hiſlmï- ſi
-gneurs, ou de Gentilshommes releîuez, 6c dixñſept autres G' onuens , outre qu'elle eſt
Dame de quatorze bonnes villes , 6c de cinquante autres lieux moindres , 8c qu'elle
-conſere pluſieurs beneiîces , diſpoſe de douze Commanderies , en faueur des hom
mes , 6c donne à ſes ſujets des Magiſtrats , 6c des Gouuerneurs. On y void encor ² k BW" W?
PHOÏPÎËQÎ Royal, Pour les Pelerins, renté de vingt-ſept mille eſcus. i i
Mais la Cité de VAL LADOLID, jadis ſi' PINTIA, ſeruant quelquesfois de de- 'Mffllî Gfſ*
.meure aux Rois d'Eſpagne, ſemble auoir beaucoup dauantage ſur ſa capitale , com- mſſgſſ' -
me eſtant tenuë pour vne des plus belles ,ct 6c plus agreables villes de toute l'Europe. ,
-Elle ell: allie ſur le plaiſant bord de la Piſuerga, 6c ſam grandeur ſurpaſſe celle de tou ~ m Muínsiti
**P5165 autres Villes d'Eſpagne. On y voit entre autres choſes vne fort belle place, li-Îz ſi
ayant de tour quelques ſept cens pas , 8L tout autour trois cens trente portes , 6c trois *l*
.mille feneſtres. Entre ſes rues, qui ſont belles,& larges, bordées de magnifiques Pa: , ?ſi
l: ?iii
128 _ _ Caſtille.
lais, on admire celle dle Pſſflärgenterie, où ſe tiennent les orfévres, qui eſt commejoin
te àde
ou la Ëemmesî
rande lace. I y aEgliſes
ſoixante ans ceſte ville quatre-vin
de Parroiſſe, t- dix Monaſteres
douze lg-loſpitaux, , d'hommes.
trois grands d’Eſpa
~ gne, dix-ſept Seigneurs de titre, plus de quatorze cens Cheualiers de ſainct lacques,
aBotcro Rel. 5c quatorze mille maiſons,reduites par quelques vns * à vnze mille. LaPiſuerga groſ
ſe riuiere paſſe à coſté de_la ville , &t la S gueue , petite , ayant fort rnauuaiſe eau, deſa
greable meſme aux p0iſſons,la~ trauerſe. Entre pluſieurs ſuperbes Palais qui l'embel.
liſſent, on donne le prix à celuy du Comte de Benauente.
b p. Medina Les autres qui portent le titre de Citez ſont AV I L A , nommée " par Ptolemée
ËÇPÎÀŸ; ABV L A , d’enuiron trois mille feux , aſſiſe ſur vne colline , au milieu d’vne plaine,
lo. Mariana ceinte d'autres montagneux trauerſée de la riuiere d'A] gerbe. OSM A, qui n'eſt au
gïäb-ffiſſï- tre que PVXAMA de Pline , 5c de Ptolemée , ne faiſant au plus que trois cens feux,
. CſU 3
coſmogn 8c toutesfois ayant vne Academie aſſez eſtimée , 6c SEGOVIE , ou Segouia , el Se
Boteto Rei. gobiafii [Eſpagnole, l’vne des meilleuresvilles d'Eſpagne , nomméepar Pline , 8L
Bîlff- ^P°‘l' Antonimde meſme qu'à preſent,8c par Ptolemée SEG VB lA.Ellea quatre choſes °
i P. . _ . . _ _ -
c Donluan de remarquables, dont la premiere eſt l Alcaçatgôc Palais des Rois d Eſpagneſionde ſur
?"53 Rd** le roc taillé ,auec vn foſſé fort profond , &t vne riuiere aſſez groſſe , qui le rend plus
fort :la ſeconde eſt ſon Pont,ou pluſtoſt ſon Aqueduct,tout baſty de pierre de taille,
ſans mortier, ny ciment,par le haut duquel vient toute l'eau dont ceſte ville a beſoin,
ayant plus de deux cens Arches, hautes de plus de deux piques en quelques endroits:
l'autre eſt la maiſon de la Monnoye, où l'on bat pluſieurs eſpeces d'or, d'argent,ôc de
cuyure , ſans y mettre la main , ſeulement par le moyen de l'eau qui paſſe au Cha
ſteau
ment :dela
6c la Fueſſnziflazquiala
quatrieſme l'Hermitage , auec vne Image de noſtre-
face merueilleuſementdeuote; 6c Dame , qu'ils
beaucoup denom
lam
pes autour d'elle. On fait auſſi grand eſtat des ſarges , 8c draps quis'y font. A deux —
lieuës de Segouie on voit vne maiſon de plaiſir des Rois d'Eſpagne, appellée B A L
S AIM , faire pours'y recreer en Hyuer, &c ceinte de grandes montagnes , couuertes' _
de pins; mais tenuë pour vn petit Paradis terreſtre , parmy la rudeſſe du pays. On y
oter o R6l- trouue 4 vn bois plein de cerfs, 6c de dains, 8c pres du Palais vne petite riuiere pleine
de truites. .
ï 91511:! Ai' S O R I A , qui ï porte auſſi titre de Cité, quoy que ſans Eueſque eſt proche' du
?ÂJÏŒL M,, lieu de l'ancienne MVMANC E , qu'on tient auoir eſté pres du pont de Garray , ä
tiguedadcs vne lieuë, 6c demie de Sorie, 8c cinq de la ſource du Duero.
kſigſſäc, Les autres principales villes de ceſte Prouince ſont A LMA SA N proche duDue*
Morales ii.s. ro, pri ſe par quelques vns I pour la meſme NVMAN C E. , l’vne des pl us renommées
°-"= ,villes des Celtiberes, AGREDA , h AGVILAR , ARANDA DE DV ERO,
'A REV ALO S ville de cinq cens feux , qui ſemble à M erule garder la memoire des
li-t- anciens Areuaceens , de Ptolemée , de meſme qu’A REVACA. Ï
Ïcfflïïÿhî BARLANGA , auec Vn Chaſteau,Palais, &fort beau iardin: BIRBlESCA,
P. Metula BORGO D’OSMA,voiſin du Duero;CORVNAſurnornmée DEL CONDE,
ou du Comte, pourla diſtinguer de celle de Galice, 8c priſe pour l'ancienne CLV
no…. gd_ NlA de Ptolemée , ville des Areuaceens , 5c ſin des Celtiberes de Pline z., F RI A S,
Pïlïï- AP- GVAD ARA MA, aſſiſe encre les montagnes, aux confins des deux Caſtilles, 6c fort.
*MF* abondante en formages: LARA, ſur l'Arlance,qui cauſa le-nom des Infans de Lara,
renommez dans les hiſtoires , 8c Romances des Eſpagnols: LE RMA ſur l'Arlance,
portant le titre de Duché; mais affiſe en vn pays raboteux,ôc deſagreable: MARTI
, MVNOS , MIRANDA', MEDINA DEL CAMPO, donnéeparquelques vns
au Royaume de Leon, commeeſtant ſur ſa frontiere, ville riche , GL de grand traffic,
à cauſe de ſes longues foires d' Hyuer , 8L d' E ſté, franche de toutes. impoſitions , to
_ tellement priuilegiée, que le Roy d'Eſpagne n'a pouuoir d'y creer des officiers, ny lc
Pape d'y conferer les beneſices, d'autant que ce droit appartient aux habitans, qui ſe
battent bien ſouuent pour Peſtection des Preſtres , 6c des Magiſtrats : O LM ED O,
PENAFIEL , auec vn Chaſteau ſur le haut d’vne montagne , 8c au bas vn magnifi
que Palais du Duc d'Oſſoune: RO A, dont le nom a cours parmy les curieuxfii cau
ſe du liure des Singularitez de Martin de Roa: SANT EST EVAN , ouS. Eſtien
ne , DE GORM AS, villerenommée dans les Hiſtoires d'Eſpagne , auec vn Cha
ſteau fort haut, autresfois fort eſtimé: S EPVLVEDA , jadis SEGOBRIG A , ſc
,, ‘ lon
D EMariana, ville de
SlLOS. vctille forte d'aſſiette
la maiſon ſur le Duraton:
deVelaſque,de S. DO
meſme MFriasasc
que IN 60.011 Dominique,
Birbieſca:S. PE
., . DRO, ou ſainctPicrt-e ,IŸARLANSA ,auccle Monaſteremù eſt_ la ſepulture de_
Caſtille. -
Dſſon Fernand Gonçales, Comte de Caſtille, 6c àcinq lieu~e‘s delà SÃVAN D'OR
119'
TEG A ,de meſme qu'à troisliîeuës le Monaſtere de S. PIER R E DE CA R_D EN A,
~ des Religieux de ſainct Benoiſt, en l'Egliſe deſquels eſt enterré le vaillant C lD Ruy
D IAS] ayant à trois lieuës delà le magnifique Conuent des Chartreux-,nomm é l;
R AFLOR ES, efloigné ſeulement d’vne lieuë de Segouie , ayant dans ſon Egliſe le
tombeau d.e Don lean Roy de Caſtille. Quelques vns mettent en ceſte Caſtille Si.
gueiiça , combien qdelleappartienne à la Neuue, comme ſe trouuant au delà des
monts, qui ſeparent ces deux Prouinces. -_
'Riuiïïïï- Ses riuieres principales ſontle Duero , 6: l'Ebro , dont l’vne prend le chemin du
couchant, l'autre du Leuant, 8c les autres ſont l’Arlança, le Relanzonfia Sgueuagflc
PAIgerbez ‘ i ~ 'ſi y
_œalité- La Vieille ï Caſtille n'a pas ſi bon air que la Neuue: mais l* ellea quelque peu :Ï-Vrärzfsl:
plus d'eau que le reſte de l'Eſpagne , qui luy vient , tant de l'air , que de la terrc- A 11 hui',
reſte ï à quelques vingt mils de Burgos, tirant au Leuant, il y a vn village aſiis au deſ- clŸclicApoJ.
ſouſſs d’vn rocher fo_rt haut , d'où vne petite fontaine deſcëd vers ce village en la plai- *MP*
ne, puis entre dans deux lacs, auſquels elle communique-tant de vertu , que leur eau
guerit promptement ceux qui s'en lauengeſtant trauaillez de flux de ſang. Le terroir l_
de 4 ce pays eſt fertil en bleds, 6c bons vins , 8c propre pour la nourriture du beſtial: ?learn-an
mais il ne porte des oliues qu’en bien peu d'endroits. Sur tout ‘ la contrée qu'on ap- :Soyez, m_
pelleTerre de Cam pos,eſt vn des meilleurs endroits &Eſpagnezmais le reſte eſt preſ
que tout montueux 8c Fort leger. ll eſt vray que la legereté du pays voiſin de Burgos
cauſe que les alimens y ſont de plus facile digeſtion,, qu'en autre part de Caſtille.
Quant à Segouie, ſon terroir ne produit pas beaucoup de grain,pour eſt re 'triop leger,
&c maigre, ny guere de vin, à cauſe de ſa froideur: mais il s'y nourrit quantite de me
nu beſtial; ſi bien que le lieu de Villacaſtimqui en deſpend, fait trente mille teſtes de'
brebis, 6c toute la Vieil le Caſtilleabonde en beſtial, gros,_& menu. ~ _ _
Mecs Les Vacceens î habitans de ce pays partageoient entre eux tous les ans au ſort Diode-XM
‘-“°“"°°’ leurs terres , 8c cultiuoient celles qui leur eſtoſiient eſcheuës , communiquant apres *'5'
aux autres leurs fruits, 6c donnant ſa portion àſſ' chacun. Que ſi quelqu’vn eſtei t ſi har
dy que de prendre quelque choſe à vn laboureur, il eſtoix auſſi toſt puny (le mort. ~
v Quant aux Celtiberes , habitans d'vne partie de ce pays , leurs mœurs ſont au diſ
cours de l‘Arragon. ' — ' _ _ _ _
Mœurs Ceux S de ce pays ſont fort ſains, 8c d’vn viſage agreable , d’vn doux, 6c bon nauk fifi***
“MFP-rei , d’vn grand eſprigôccapables de ſupporter toute ſorte de trauail. Les habitanj ſi' ſi ſi '
du 'î pays de Burgos ſont autant doux , 6c delicats , que ceux de la Terre de Campos ñ _
ſont fermes, &c durs; tellement qu'ils ſont tenus pour les plus forts , 8L gaillars hom- l' PW” *'7'*
mes d'Eſpagne,
ct lement biennon
en ce point, queplus
ceuxque
de les
Ffiſtremadure, 8L d’Andaluſie,
Baſques, 6c Guipuſcoans. Lene leur cedent
peuple nul
de Segouie
eſtinduſtrieuxſhcdiligentà merueille, 6c les habitans d'Auile font profeſſion fort
particuliere de nobleſſe, 8c de toutes choſes ſean tes aux caualiers, montrant en leurs
entrepriſes vn courage reſolu, _d'où vient qu'ils reüſſiſſent des mieux à la guerre.
Quantîi ceux de Burgos , ilsi ne ſont nullement oyſiſs , ny faincans; mais tous , tant zſhfimsz,,
hommes , que femmes , trauaillent pour gagner quelque choſe , 8c viure honneſte- li-s.
ment. Lſſes vns exercent les arts mecanique: ,les autres s'adonnent aux arts liberaux,
6c s'occupent aux_ lettres; Les marchands , qui rendent la ville riche , ſont francs , fi
delegæ,puis
-munes, deuots,6c lesMagiſtrats
les Caualiers, pouruoient nombre,&
qui ſoníeſſngrand ſoigneuſement aux commoditez
puiſſans, defendent decom tout
leur pſiouuoirles priuileges de leur ville. Les habitans l* de ce lieu ſont auſſi tenus pour I: Dcli.^pod.’
du tout fideles à leurs Princes, 8c courtois aux eſtrangers. “WW”
1 Gender. LaVieille Caſtilſeleſt diuiſée en ſept Merindades , qui ſont comme Bailliages. 1 Montln ſu:
_ nement.
y a- dans Valladolid' vne-Chancellerie , comme i'ay fait voir au diſcours general uäämäf*
d'Eſpagne, vn Corïegidor, qui eſt comme Seneſchal , 8c vn luge majeur de Biſcaye. '
Le Cortegidoradeux Timentes, ouLieutenans", qui iugent tous procez,& l'on peut
appellerîleleurs Sentences. Les Regidors, qui ſont comme Viguiers, ont ſoin dela
police de la vilk, 6L mettent le prſiixaux viures. Outre les Regidors , il y a :rente au
trs offioiergappellez Fieles, c'eſt à dire Fideles, qui vont par la ville , pour voir ſi l'on
vend ſibon poids, 8c bonne meſure.
4 A
130 Royaume deLeon.
a-i-ñffl,ii.axa~ñ.ñ~ië.—iëei=ñ-'aaëaaainiañ-,aaeaiaatñiiñæaaa-tñæi-rz
,ROYAVME D E LEON.
l MerulaCoſ- ca E Royaume de LE ON ainſi ï nommé de ſa ville capitale, ſut Noms
'n°3'- i anciennement la demeuredcs V ETTONES de Strabon. ll Confinïi
ſi a pourlimites du Nord les A ſturies , du Couchant la Galice,
l, 3…", Rd_ 6L le Portu al, du Midy la Caſtille Neuue, 6L_du Leuantla
di Splgna. Vieille, de laquelle elle eſt l' ſeparée par vne-ligne tirée par
' imagination de l'Ocean entre LLanes , æColumbres, àla
_ _ſource de la Piſuerga , 6L qui accompagnent la meſme riuiere
v »- WÊY- ~..- iuſqu’au Ducro, 6L delà paſſant entre Salamanque, 6L Auila,
~ puis au deſſus de Corie, 6L Plaiſance, s’aduabce iuſqiſaux confins du Portugal , que
ce Royaume comprenait autresſois , de meſme que la Galice , les _Aſturies -, 6L la
Vieille Caſtille, iuſqu‘au'Carrion,à l'E-ieu, 6L au Regamon , qui ſe rendent tous
_ . dans le Ducro. _
c Mfluhcoç_ Il a pour ſa ville capitale LEON,_nommée‘ par Antonin LEGIO GEMINA, Lieu;
mogr- ' 6L par Ptolemée LÈG l O GER MANI _ A ;voire meſme par ſes 4 anciens habitans
Jafnb" M°' S V B L AN C I—A,_dont le nom a laiſſé que ue reſte de memoire au lieu qu’on appelî
le SOLLANCOÀdemielicuëde Leon. ‘
@Deiiupod C'eſt vne grande ville, ë dont l'Egliſe principale ſurpaſſe en beauté toutes les au
*WP- tres d'Eſpagne , de meſme que celle de Tolede les deuance en richeſſe , celle de Se
ë lvlariana dc uille en grandeur, 6L celle de Salamanque en fortereſſe , 6L l'on y voit les ſepultures
Nb-HiſPlí-î- de trente-ſept Rois , 6L d’vn Empereur d'Eſpagne. Cc ſut en ce lieu que î les Rois,
_ qui ſqtenoient auparauant en Ouiedo , eſtablirent leur demeure , apres l'auoir con
quis ſurles Mores , 6L le premier qui s'y tintſut Ordoño ſecond.. C'eſt le lieu! dc la
cin Summn naiſſance de Cid Ruy Dias,,6L du Comte Fernan Gonçales , Comte de Caſtille ,re
ïlï GWS" . nommez pourleur extreme vaillance. , _
g, 3…… m, Les autres Citez de ce Royaume ſont “ ASTO RG Ajadis ASTVRICA,autre
Salez-ä Ai- fois des Aſturies, petite ville, mais ſorte d'aſliette ,ayant dans ſon territoire lariuiere
ïſêäaſſp_ de Torto,6L pour voiſin le Lac de Senabria , long d’vne lieuë , 6L large de pres de de
Meiuia Coſñ mie , fait par la riuiere dc Tera, qui y entre , 6L en ſort -, comme vne petite mer pleine'
WS" . d'orage. Le Lac appartient aux Moynes de ſiaincte Marie de Caſtañedas mais le
Dtlic Hiſp. z . . . . .
Madinina. Comte de Benauente a ſur ſon milieu vne belle mailon ſur vn rocher. CA MO R A,
ou Zamora.
pour priſe par
SEMTICA quelques
; mais vns pourparlesArabes,qui
ainſinommée SA RABRIS de Ptolemée , 6L par
Pappelloient d'autres ſ
MEDINA
ZAMORRATHI , à cauſe de Force Turquoiſes , qui s'y trouuent. Il y en a qui la
prennent poui‘l'ancicnneSiſi1poradePtolemée: mais mala propos. C'eſt vne an—
cienne , 6L belle ville , aſſiſe ſur le Ducro , auec vn ſuperbe pont , 6L grand nombre
de nobleſſe.
grand DansViriat
Capitaine ſon Dioceſe
naſquit.onSALAMANCA
voit le pays de SAGIAGO , oùl'on tient que
,jadis SAſſLMANTICA , rele
nommée pour ſon Vniuerſité, la plus floriſſante d'Eſpagne , peuplée d-'vn grand .
nombre
pays fort decaualiers , 6L d'hommes
fertil , abondante ,ſçauans,
en toute choſe, aſſiſe ſur la riuiere
6L accommodéeſſ^ deTormemen
de plus vn
dT-Ioſpitaux,
- 6L d'Egliſcs, à proportion qu'aucune ville, tant dela' Vieil-le, que de la Nouuellc Cañ -
flille. PA LE N C I A , Cité fortancienne, nommée par lesanciens PAL A N
T I A , 6L Pallantia , afliſe ſur la riuiere de Cai-.tion , renommée autresfois pour ſon
Vniuerſité ,qui ſut apres tranſportée a Salamanque, 6L maintenant en reputation
pour ſon Eueſché des plus riches d'Eſpagne , agreable pour ſa ruë qui seſtend .d'vnc« " ‘
porte à l'autre , auec de beaux , 6L larges portiques _des deux coſtez , 6c pleine de di
uers artiſans , qui ſont entre autres choſes force couuertes de laine, C I V DA D
RO D RIGO ,jadis MIRO BRIGA , baſtie par Don Ferrand R07- de Leon -, pour
arreſtcrles Portugais: TORO Cité ſans Eueſque., dpntles femmes ont la taille , 6c
le viſage des Romaines, &renommée àcauſe de ſes bſions vins, 6L les grains, 6L fruits,
dont ſon terroirabonde.' _
O utre ces Citez ,les autres principales villes de ce Royaume ſont A LVA , dont
les Ducs d'Alue prennent le nom , ayans auſſi ſous eux dans les monts de Leon la
_VA LEE DE VATvEÿAHcognuë ſeulement depuis quelques années# n'ayant
Royaume de Leon. …[31
eſté découuerte, depuis le débordement des -Mores , que de noſtre temps ,auquel on .
a trquué ce peuple , qui n’auoit oſé ſortir de ſa valée, 6c \ſadoroit qtſvncyſ. roix, a: le
Sol ly, ſelon les, relations modernes d'Eſpagne. BETAN COZ , B ENAVEN TE, …I'M 1,1' d
capitale d'vne riche comté , embellie d’vn magnifique Palais. C A CſA B EL O S,
CARRlON vDE LOS CONDES , ou-des Comtes, ſur la riuiere d'a _Çarrionz
D VENAS, LEDESM A, jadis B LETlS A,ſi ſur-le Tormegforte d‘affiette,&_ pleine
db nobleſſe, &c d’honneſt_cs gens, avant ſous elle 380 villages, qui peuuent faire ſeize …
milleentre
Feux:lesMANSILLA, MEDINA DE RPONFERRADA
I O SECO, villedegrand zraffiqaſ
ſiſe riuieres de Piſuerga , &ſſ d'Efla: , capitale du pays
nomméVIERZO,
le miſe
Prouerbe Eſpagnol, quipar
dit,Botere en ce pays;
G ALIZIA mais par
es la huerca , yd'autres en Ga
Ponſerrada lice , ſuiuazit
la puſicrta , c'eſt ſi
à dire Galice eſt le lardin, 8c Ponſerrada la porte , pource~qu'elle eſt aux ſr-mtiers de
Leon ,XSL dela Galice: SEMANCAS , appellée par Antonin SEPT] M ANÇA,
SALD ANA , TORD E SILLAS ,oùſon voit vne Abbaye de quatre-vingt R eli
gieuſes
LASON,& , auec douze mille eſcus de rente
VlLLALPANDOſſ. ſ , 6c vn Palais Royal fort magnifiyue
ë. , Vl L
Riuicrts- Ses riuieres principales ſont leD uero,la PiſuergaJe CarrionJeTormes, leTorto,
la Tera, I'Eſla, 6c FOrbegO, ſur la frontiere de Gal ice. y
Qnlité- , A quelques ï huict mils de Salamanque il part d'vne montagne certaine eau , qui a Dſlic. Apï
paſſe par des veines de ſouffre; d'où vient qu'elle eſt ſi chaude , que_ tout ce que peut HW'
faire la main, 8c le corps, c'eſt &Pendurer ſa chaleur. Elle eſt cle ſi grande vertu, qu’vn
Moreappellé Cepha l'ayant eſſayée, ſit clorre le lieu où elle ſort, 6c le fit couurir d’vn
toit de pierre; afin que les malades en peuſſent vſerplus commodément , &è s'y plon
geaſſent-à l'aiſe. Elle guerit de pluſieurs maux , principalement de la gale. Le-pays _. _
deVícrzo l' eſt des plus abondans en toute ſortede viures , 6c commoditez , d_e meſ- b 59m0 Rd;
_me que le territoire de Ledeſme , qui teſmoigne ſa fertilité par le grand nombre de
ſes villages, 6c Ie pays des ènuirons de Torto abonde en vins excellens,blancs,& rou
ges ,dont il pouruoit meſme les lieux voiſins. Au territoire de Zamora l'on trouue '
eaucoup de curquoiſes. La riuiere-deTorto foiſonne en fort bonnes truices,& le Lac
de Senabía en truites, 8l barbeaux. —
Mœutt. Au Dioceſe de Zamore, au pays de Sagiago , il n'y a que gens ruſtiques , groffiersſi;
&c ſans aucune ciuilité, ny gentilleſſe, tant en leurs façons , qu'en leur parler , 8c leurs
habits. Au reſte le prouerbe Eſpagnol a marqué ſuffiíamment Phumeurde ceux de
Salamanque , 6c le peu
dres, ni buen amigo daſſeurancec'eſt
Salamanques, de leur amitié , n'y
à dire,ſiqu'il diſant
a ny, bon
Ni buen çapato
ſoulier de Val
à Valdrespy
bon amy i Salamanque. ſ ~
ffiffiffiädæiæffiäfflfflæläffiffiffiiææffiffióffirflíffiwffiffiffiffiffiffiïÿeffiffi
‘ G A L I .C E. _
9 .l- A —GALlCE,quelesEſpagnols appellent GALIZlA,de meſmequeïPli-*ï-li **ſi
Noms. ſes habitans GALLEGOSfut nommée par lesanciens ï G A L L E- Êſiiïïizzug ,z
- "7
" ClA, 6c 4 CALLÆCIA, &c ſes peuples furent dits cGALLECI , &F luſtin- lin
' CALLAlCl,comprenansAMPHlLOCI-IIdeluſtin,lesCELTI- Ë,fi‘;g’f,'j:;_.
Cl de Mele , 8c dePtolemée ,les CELTI de Sti-abon , ſe tenans vers le c PlinJiJ .c.;:
Promontoire
RICES 18L lesCeltique
ARTABRES, ou Nerium
, 5c les LVCENSII
, auiourdſhuy de
CapPtolcmée,
de Fini: Ter”
ou LVCEŸNTES
,les TA M A- äſïſblſ_
p.01_ Gcoè.
- ' _
de Pline li.: c.6. RCI.
g Botcm
pour… ÎamerOceanegSclariuïered‘Auia,lePortugal,&le
Ce… Royaume,s quiÿeſtendoitautresfoís bien loin,eſt auiourcPhuy compris entre, cſ5
RoyaumedeLeon;ſibíenquïl. - l Pig n.
i
a pourlimites, tant duNord, que du Couchant la mer Oceane , du Midy le Portu
gal, 6c du Leuant le Royaume dé Leon, &c les Aſturies.
Lim!- On compte l* en ceſte Prouince cinq Citez, cinquante autres villesſſceintes de hBotcro 11:1.
murailles, 8c ſur le riuage de ſa mcr,.plein de Golfes, tant grand-s, que petits, enuiron
quarante ports, dont les plus capables ſont ceux de Coruña, &z de Ferrol. -
Sa villecapitale eſt ÇOMPOSTELLA, ‘ nommée autrement SANTlAGO, iMMfflïï-n ſur
ou SJACQVESÀ cauſe du corps de ceSainct qui y repoſqôt qui la rend renommée °'“‘°‘²
par toute lſEurope Chrcſtienne , plus que ſon Vniuerſité , qui eſt en quelqueeſtimù_
l
_J
132 '- Galice.
Elle eſt priſe par pluſieurs pour FLAVIVM BRIG A NTIVM de Ptolémée, qui
,. ſemble pluſtoſt ſerappqrterà Betancosſſelon Mariantgou à Corugne,ſe|on Gomez:
a Botcto Kel. -ôc ſe ï trouue aſſiſe entre le Sar, 8c la Sarîele ,fait quelques deux mille feux, 8c n'a rien
-de remarquable, que l'Egliſe de ſainct lacques, ê; ſl-'Ioſpltal Roval,
d
id ont” Syn. Les autres Citez ſont LVG O,priſe par les mieux entendus b pour LVGVS AV
~GV STI -âe Ptolemcgaffiſe ſur ï le Miño,renômée pour ſes gros naueaux,dont quel
Mctcntor. ques “vns peſent cinquante liures,6c jadis fort groſſe villæzcomme le témoigne le tour
de ſes murailles , ſur leſquelles deux 'charretes peuuent aller de front , outre qu'elles
c Mzuç-cnb' ſont defenduës d’vn grand nombre de groſſes tours: ORENSEmom mée 4 par Pto
Summï- lernée EAVX CHAVDES , pource qu'elle en a fort ‘ grande abondance , d( aſiiſe
ſur le Miño.TVY,nomméeanciennement î TYDE, &f TVDE , aſſiſe h ſur le Mi
mcn. gDO-Ên b0!! âïrzœ bon pa~is,&MONDON EDO,priſeï pour l'ancien GL AN DO-í
LZÊÏÃ^P°d' MORVM de Ptoleméc, 8c n'ayant rien qui l'a ſignale p us que la memoire de l'ha
f p1…_[j',4_ bile,u ſubtil Gueuare, pour auoir eſté ſon Eueſque, 5c auoir pris ce titre.
HLA u, Les autres principales villes ſont ï BAYONA , ou VAYONA , l'vne des. forte
! Anmgfiſ ' reſſes de ce_pays,a.ffiſe pres de la mer,ôc de l'embouchure du Migno, nômé par quel
ltin. ques vns Rio Marino. BETANC OS,ou‘ Bctanzos,ſur l e Maitdete, BIV ERO, ou
Viuero,où ï la Lambrone ſe rend dis la mer: C ORV NA “ l’vne des fortereſſes ma
mdgr. ritimes de ceſte Prouinceaflc le ' meilleur port d'Eſpagne, ayant outre la Cité leCha
ſteau de ſainct Antoine,le Fort de ſaincte Croix, &vne tour qu'ils appellent del Eſ
mhgſſunſſſm… pejo , ou du Miroir , de laquelle ils diſent merueilles , aſſeurant qu'elle futbaſtie par
l homo Rd. Hercule: CAMA R l NA S, 6L CEA , proches de la mer: FINIS TERRME , proche
ſi" du cap qui porte ſon nom, &z nommée autrement P SAINCTE MA R IE D E FI
n Boteto xd. NtBt/s TERRz/E : FER RO LJ! dont le port eſt grandement eſtimé: MON G IA, ‘
Ëu’:‘n“;‘a‘}’°"" port renommé , qui cauſe le nom du cap voiſin appellé par quelques vns Mon ſia:
p Maman ſur MON TEREI, ſauec vne fertile vallée, longue de trois lieuës , 8c large d’vne: MVÎ
Mïfflmïk l ROS proche de la mer,de meſme que NOYAJadiS NOV IVM,où‘la riuiere deTa~
BKÏÎJËHÂJ mar encre cn la mer: EL PADRONfflriſe pour [RIA FLAVlA,oùlariuiered'Vl.'
\Botem Rcl- laacruë de pluſieurs ruiſſeaux commence *a ſe décharger dans le golfe voiſin , puis
LŸ;“““ ſi" dans la mer,apres auoir comme ſalué les trois petites Iſles d’AROCA,G RAVE, 6c
u Boteto nei. SALACORAJL où l'on vit" autresfois le ſiege Metropolitain de Galice, tranſpor
x M…. R… té depuis a S.lacques,de meſme ² que le corps de ce Sainct que ſes diſciples tranſpor
summa'. ' terenrde Ieruſalem , dans vn coffre de pierre: PONTEVEDRA , ville Ïenuironfi
Y 50m0 Rel- 2.50 o feux, aſſiſe prés d’vn golfe, 6c de l'embouchure de la riuiere de Leriz: PVEN
TED EOVM E, jardin de Galice:Rl BADEO,proche de la mcr,& de l'embouchu
re de la Mirandepu de l' Eu: RlBADAVl A,aſliſe pres de l'aſſemblage de l’Auia, 8c
du Miño, 8c renommée pour ſes vins excellens : SARRIA , SMARTE , proche de
Êfkinïſcälklgts ËXIAÈÏIGOËR VLLLAſlſVAâuſquell-&Ëiuelquesàriiï ajouſtëtPONç
' ‘ °
ſfigïïagäflffly Ce pays eſt,ou onte-
arroſé crra ſoixantgriuieres,
d'enuiron a, mi e ar oteredontil
au o ;en
aume e eon.
a vingt- cinq aſſez gran Riuiïeï;
des 5 mais les principales ſont le Miño, l’Auia, le Sil, la Cilima , où l'on trouue quel
que peu d'or, l'Vlla , 8L la Tambra, ou le Tamar, nommé par PtolemécTamara , 8c
al Botcto re!, PmÆeäa-llijézaſdii air =² temperëmais vn peu froid le long du riuage,& fort humide. WWE
di SPRL”- On void courir vne infinité de ruiſſeaux par ſes vallées , outre les riuieres qui l'arro
ſent,8c les pluyes y regnent fort en pluſieurs endroits , principalement a Compoſtel
le, où il pleut neufmois de l'année. A Lugo il y a quantité de ſources d'eau chaude,
*Ëfct-Alwä ou pluſtoſt bouillante: mais Orenſe en a beaucoup plus qui bl' ſont propres à la gue
P' riſon de pluſieurs maux. Les plus preſſez,qui ne peuuent attendre que »le feu ſoit fait,
6L les pauures yfont cuire leurs viandes, 8c l'on s'en ſert auſſi pour oſter le poil des
'.2 veaux,dont ce pays abonde , veu qu’auſſi toſt tout le poil s'en va , 6c les cuirs demeu
EC Bottto ul: iäent nets. Mais de meſme que *ï la chaleur de tant d'eaux chaudes tempete la froi
eurLedeterroir
FH uer, elle
de ce rend
pays eſtd’autre— art l'E ſtémontueux.
pour laipluſpart mal ſain. Il y a bien entre Orenſe, 6L
Monterei vne campagne d'aſſez grande eſtenduë ; mais ailleurs on nevoit que mon
tagnes,ou vallées fort eſtroites, &c le meilleur pays de tous eſt celuy d’Orenſe. Ses ha
ddMnLFctn. bitans 4d recueillent du bled ſuffiſammentasc quantité de vins exccllens,dont ïï ceux
5““‘““ d” de Ribadauie, 8c d'Orenſe, emportent le prix ſur tous ceux d'Eſpagne , 6L ſe rendent
Geo . _
mis, ſur mer. Le pays ff d'auteur de Ribadeo
. ,
ce Bât-cron!, encor meilleurgeſtant , Biuero , Corti
f? gna, &c Mongia , produit auſſi quantité de fort bon Yin , de meſme que de pom mes,
' poires,
i Galice. y - i3; x
poiresmhatagnegôc autres fruits, 6L du coſté du capde Fini: Term, l'on recueille for
ce petits vins delicats,6L force chatagnes; mais on y porte d'ailleurs quantité de fro
ment. Quant Z1 l'oliuieril n'y peut viure , pource qu'il a beſoin d'vne chaleur conti
DUë,K\lQm3.l$ il ne fait en ce pays de grandes chaleurs , ſi bien qu'il ſemble preſque
jouyr d'vn perpetuel Printemps. Maisil y a force ï bois pour baſtir des vaiſſeaux, 6L a M. Fernand
des maiſons,que ſes habitans menent-en diuers endroits. - “mm”
Ce pays abonde encor 5 en cuivre, plomb , 6L vermillon , dont la couleur a donné bSalaxarAlm:
le nom à la riuiere de Miño , à la Latine, 6L le fer y eſt meilleur qu'en nul autre Pro- î "
uince ; outre que l'eaua ceſte vertu de renforcer le metail. Auſſi ne tiennent-ils au
cunes armes pour bonnes , que celles qui ont receu la trempe dans l'eau du Miño, ou
d'vnelesautre riuiere appellée
dit queCaliz. Il y a des mines d'orenenlabourant
diuers endroits: tellement
que anciens ë ont ſes habitansſicoupoient des mortes d'or. eluſtimliçäl
On trouue 4 auſſi quelque peu d'or en la riuiere de Cilima , de meſme que dexcel- 4 3m… Rd;
lent airein àMonterei.
.Ce pays nourrit ë auſſi grande quantité de beſtes ſauuages , 6L n’abonde moins en ïsMffl- "m"
beſtial gros, 6L menu : mais principalement ë en mulets, 6L s cheuaux, qui-ſont ſi vi- g Rd;
ſtes , que les anciens ont dit , qu'ils eſtoient conceus du vent , de meſme que ceux de g Iuſtên-li-di:
Portugal. Ses habitans h prennent auſſi force poiſſon dans toute la mer voiſine, prin- ägſſſlfflkfu' '
cipalem ent à Cam badoS,Ville-neuue, Villagurzia, 6L Puebla. Ils peſchent pareille- g Botcro Rei;
ment des huytres, 6L en chargent des vaiſſeaux à Caril , âRiajo , 6L ailleurs , 6L pren fi"
nent des baleines à Malpique, Caion , Bates, 6L ſainct Cyprien. Il s'y trouue auſſi l ilâaî: Mſg.
force ſaumons,congres,6L certaine ſorte de poiſſons , qu'ils nomment Peſcadas. ou- Sil- "QWE
tre pluſieurs autres qu'on ſale: pour enuoyer en diuers endroits d'Eſpagne. Ils pren- "i
nent encor en Nouembre,6L Decembre vne infinité de ces poiſſons,qu’ils nomment
Beſugos, qui peſent enuiron deux liures piece. ~ v
MW,, Les Galiciens k ſe meſloient ſeulement des armes , 6L de butiner quelque cho- k 5"²l’°li*3i
Iuclcn- ſe ,leurs femmes auoient ſoin du logis , 6L de la culture de leurs terres. Ils auoient
m' Vn Mont ſacré , qu'on n’oſoit toucher auec le ſer, ſinon lorsque la foudre auoit fait
quelqueouuerture, veu qu'alors il eſtoit permis damaſſer l'or , comme vn don de
Dieu. Ils l ſe tenoient aux montagnes , 6L pour ceſte cauſe eſtoient guerriers-au poſ- lfflí- lïäliïl.
ſible , 6L fort malaiſez à dompter , 6L leurs mœurs eſtoient ſemblables à celles des ""~ _
A ſturiens , 6L des Cantabres. lls m ſe mefloient de predire Paduenir par le vol des oy- TSWlWÜ-!Ï
ſeaux .la conſideration des entrailles des animaux , 6L la remarque des eſclairs , fou_
dres
leurs, petits
6L tonnerres.
boucliers Ils
ä ladançoient
cadence. aux chanſons
Aureſte au langage
n on tenoit qu'ils du
ne pays , faiſans
croyaient bruire
point de " "WL F”. i i
- ., bliotheca.
Dieux' A. lÎ-iogen. ~
Quant aux Artabres habitans auſſi de ce pays , ils ne ſe ſoucioient point de l’a~ \Ë-credibil
griculture; mais eſcumoient la mer , ou sentrefaiſoient la guerre , ou paſſant le Ta- m**
ge , alloient attaquer leurs voiſins , iuſqu’à ce que les Romains leurapprirent à viure
plus doucement. Toutesfois quelques anciens ° ont eſcrit , que chez les Artabres les ° FWM** ,
femmes faiſoienä la guerre, 6L les hommes ſe mefloient de garder le logis , 6L de tou-y sſimmſi'
te ?occupation es femmes. '
Mœurs _Auiourrſhuy les Çaliciens ſont de bonne diſpoſition , d'humeur guerriere, en -
*W517* clins à larcins, voleries, 6L debats, 6L farouches. Les P hommes s'occupent encor aux l, Salam AL' '
exercices de la guerre, 6L les femmes ont ſoin du logis , 6L de cultiuer la terre. Au re- G47
ſtefl ou pour la grande humidité de l'air,ou pource qu'ils ont tout ce qui leur fait be- <1 FW” P**
ſoin, ou pource qu'ils ſe contentent de peu, ils ne ſe ſoucient guere de trafficmy d'in
duſſtrie,ny d'arts manuels,ny de voyager. Leurs luges ſont taxez d'aymer les preſens,
ſuiuant le Prouerbe EſpagnOLqui dit, A juezes Galizianos con los pies en las manos,
c'eſt à dire , qu'il ſe faut preſenter , Aux luges de Galice ,auec les pieds en la main,
à ſçauoir quelque chaſſe, ou gibier, qu'on leur porte. Quant à leur lan gage , c'eſt vn
fort groſſier barragoin de l'Eſpagnol , comme vous pouuez voir en ces Prouerbes de
leur pays , Nem de ſabuguero bon vencello , nem de cuñado bon conſello, c'eſt à di-î
re, Ny de ſureau bon lien, ny de beau- frere bon conſeil; ce que l' Eſpagnol ex primed
roit en ces termes, Ni de ſauco, ou ſabugo buen atadero, ni de cuñado buen conſejo: ,
6L celuy-cy, O peixe de Nayo,aquen chopedir dallo; au lieu que l'Eſpagnol (limit.
?Il \pece delà/Laye, a quien tel0, pidiere dallo , cîeſt à dire, Le poiſſon de May donne
Richeſſes. e aqui
_CeſteteÊrouince
e eman fera.n'a beſoin des autres , _airſiis leur faict
> part. doſes vins , line, r Botere !Sci
urope. M ñ '
134 Galice.
chanvres,mulets,bœufs,ôc d’vne grande quantité de poiſſon frais,& ſalégparticulie
'rement debaleineszdont ils ſalent la chair, faiſans de la graiſſe de l’huy le,qui ſert aux
teintures des draps, 6L à touteautre choſe, ſinon à manger , 6c Faut que la baleine ſoit
bien petite, ſ1 elle nerend deux mille liures de graiſſe.
Ontient que l’Archeueſque de Compoſtellea ſoixante -dix mille eſcus de rente,
6c le Chapitre preſque autant. '
,l .1 Mariana de La Galice ' acquit le tiltre de Royaumqenuiron l'an de grace X o 6o; lors que Fer- Gouw;
reb. Hiſp. dinand le grand Roy de Caſtille ayant vny les Royaumes de Caſtillo-Sc Leon, en eſ. "‘""“"
MctulsCoſm.
pouſant Sancheſiœur, 6c heritiere d'Alfonſe cinquieſme, Roy de Leon, partagea ſes
p.1. Eſtats par ſon teſtament à ſes trois fils , ordonnant Sancho Roy de Caſtille , Alſonſe
Roy de Leon , 8L des Aſturies, 8c Garſia Roy de Galice( qui n’eſtoit auparauant que
Comté) 8c de Portugal. Sancho mécontant de ce partage chaſſa de ſon Royaume
Alſonſqôc fit mourir Garſie.Mais Sancho ayant au bout de ſix ans eſté ſUſſÇ , Alfonſe
qui s'eſtoit retiré pres du Roy More de Tolede , non ſeulement recouura ſon R oyau -
me cle Leon; mais encor eut en ſon pouuoir ceux de Caſtille , Galice , 6c Portugal.
Ce dernier eut d'Iſabelle de France vne fille appellée Sanche, de Zay de, fille du Roy
More de Seuille vn filsrrommé Sancho , 8L de Conſtance ſa troiſieſme femme vne
fille nommée Vrraca , qui par le decez de ſon frere , 6c de ſa ſœur , ſans enfans , de
meurant ſeule heritiere , apres la mort de Raymond Comte de Tolouſe, ſon premier
mary,eſpouſa Alſonſe Roy d'Arragon,& laiſſa pour ſucceſſeur de ſes Eſtats Alfonſe
VII. le plus puiſſant Roy de tous ceux qui Fauoient deuancé; tellement qu’il acquit
le nom d'Empereur d'Eſpagne. Depuis ce temps la Galice a touſiours eu melme
Roy que la Caſtille, &L le Royaume de Leon. ‘
Il y a en Galice vne Audience, 8c Cour Souueraine, compoſée d’vn Regent,
quatre Auditeurs, 8c quatre Alcaldes, 6c ce pays eſt gouuerné par vu qu'on appelle
Capitaine general de Galice, qui eſt auſſi Preſident de l'Audience.
ASTVRÏES
ſſ‘ [Salazar Ali
-_ E pays que les Eſpagnols appellent LAS ASTVRIAS , ou " Noms:
mon. PRINCÏPADO DE ASTVRIAS, luy donnanttitredePrin- ‘
z Ptol. Geo g.
ÜOLLG. , cipauté, ſutappellé ‘ ASTVRIAS , parles anciens , qui nomme- C°°E°"
Plm.li4. :.10, 1 ct
_ R' rent ſes ‘ habitans A S TËVRE S , 8c ASTYRES. Ceſte Pro
I( Lt.
dstraboljſig. : 'F . uince ‘ a du Nord la mer, oul'Ocean Cantabrique, du Cou
Flor hiſt. li._4, " s" chantla Galice, du Midy le Royaume de Leon , 5c du Leuantla
Plin.li.1.c.;. Biſcaye. Ces Aſturies ſont ë diuiſées en celles ÏGVIEDO, 6c de SANTI LLA NA, Diviſion_
e MctuLCoſ:
fsalazatMm. dontles! premieres s’eſtendent depuis Caſtropol iuſqu’à LLanes , &les autres de
Cdt. LLanes, juſqu'à S.Ander, ou S.André, 8c Caſtro de Ordiales.
On leur donnoit *‘ autresfoispour ville capitaleAſturica, que nous appellons Lieux
hll-'liin li.3.c.z. Aſtorga , compriſe à preſentau Royaume de Leon , 8L maintenant la principale vil
le des premieres ,c'eſt l O V l E D O , arroſée dela Deue, 8c nommée k autrement
i Mariana L9.
k Salazar Al. ClV D AD RE A L , c'eſt à dire Cité Royale , depuis que les Goths , reſtans apres la
furieuſe entrée , de conqueſte des Arabes , y eſtablirent l'e ſiege de leurs Rois , 8c dite
lRodetic To auſſi' CITE' _DES EVESQVESfflource que pluſieurs Eueſques s'y retirerent en
Iet. de reb.
meſme temps. Les autres principales villes ſont AVILES , VILLA ,VXCIOSAL
F11:
RIBADESELLA ,GL GYON.
Les A ſturies de SANTI LLANA, qui ſontau Leuant, comprennent auſſi la Ci
m Botcro tel. té*** deSANTILLANA ,GL les villesn de LLANES , 6c S. ANDER , ou Ande
nSalaz. Alta.
o Boteto tel.
ro, jadis °- lV LIOBRIGA , qui ſut autresfois de la Biſcaye; mais eſt maintenant
dispagna. des Aſturies. Elle eſt P aſſiſe ſur leriuage de la mer Cantabriquqauec vn Mole nom
pDelimApod.
ſiHſiiſp. mé Muelo vejo, en leur langue, qui fait vn grand port , 8c au bout du Mole les habi
tans ont dreſſé vne gruë , pour charger , 6c déchargerles vaiſſeauit. Les habitans ſe
ventent que Noé fit baſtirleur ville, tant elle eſt ancienne. Elle eſt accommodée de
ſut belles fontaines, dedans ,ou dehors , pres des murailles , de ſix portes , 6c de plu
ſieurs baſtimens fort efleuez. Sa principale Egliſe s'appelle Delos cuerpos ſantos,
c'eſt
mandeà dire,
nonDes corps ſainctsll
ſeulement àla ville,y mais
aauſſià vers
tout lale mer vn fort ancienC
golfe. ſ haſteau,qui com-
.Biſcayep - "izï
0311-52 ‘~ C'eſt vn pays ~ montueux, ayant preſque meſmes quaſitez que la Galice, excepté a Sunn-Mm:
qu'il eſt plus rudtzôc moinshabitél.: pays voiſin ’ de ſainctAndré porte quantité de f à?
bleds,ôc
uerſes de fruits,&
couleurs en cemeſme
pays, oſiùeſtlestout chargé
anciens de vignes.
4 ont Il yy aauoit
tenu qu'il des ‘ plus
mines d'or#
grande de di- ïlPlin-lí-i
quanti- …ogg &-4
té d'or, qu'en Galice, 8c Luſitanie; combien que ces Prouinces en abondaſſent. Les
anciens ont auſſi ſait grand eſtat' des cheuaux des Aſturies , comme plus forts que ï Plînïli-ï
ceux de la Betique , ou d'Andaluzie, 6L bons cheuaux d’amble , que les Romains ap~ Êſſ_‘ſ,,1,,_.
pellerent Aſturcons generalement,pource que _les meilleurs venoient _de ce pays , 8c ii.z.
de Galice ſa voiſine. _
Manu Les A ſtures ë furent vaillans au poffible , non precipitez en leurs attaques S mais kſi-'lonksiſtg
ancien .l
nes.
conſiderez, 8c ne marchans contre Dennemy qu'apres l'auoir deliberé meurement. "'4'
Au reſte ils eurent meſmes mœurs que les Cantabres , principalement ceux qui ſe
tinrent aux montagnes.
Mtruts “Auiourdſſiuy s les habitans de ce pays ſont fort courageux , 8c du port de S . An- ;à Brodé
dré l’on porte ailleurs preſque toutes les laines qui ſortent de Caſtilleſi
Gouucr- Ce fut h en ce pays que les Chreſtiens s’eſleuerent premierement contre les M0- h Mïfflïm 4°
ſlCmCllf. res, creans vn Prince, qui. fut Don Pelaye , nommeñ deſlors Roy d , Ouledo . ’ 35 “î b.H~ſl? .|'.'7 .
n'ayant pris le nom de Roy de Leon , ainſi qu'il eut pris ceſte ville; tellement que ſes
ſucceſſeurs ſe qualificrent touſiours Rois d'Ouíedo , iuſqu'à Ordogne ſecond , qui
prit le titre de Roy de Leon, 6L laiſſa celuy d'Ouiedo. &c des Aſturies , combien
qu'il les poſſedaſt , ou ſelon quelques vns sïntitula tout enſemble Roy d’Ouie- i M-Yfrnè
do, 8c de Leon. _ FZ** HP'
Mandat-Martens.:danns-anM-rñæiñañæaæa-&MM
BISCAYE-‘
~p.2' ""P, ‘J
?P
d, A BISC AYE, nommée “ parles Eſpagnols VISCAYA, fut k M-Feriiïnô
\z
-*ſi‘ ñ- -ñ 'OV-N
p pa au mont Pyrenees , puis s eſtendit bien auant,
u,,- comme le teſmoigne. , .
[ancienne . de Cantabrige,
ville . qu'on ,iml' .i3m .
'Îîfl
croit auoir eu ſon aſſiette au delà de Logrogno , 8c de Viane, Suä-Çnlhïà
\ ſur le bord dePEbro , en vne colline aſſez haute , qui s'appelle Il"b 3H30]
Hiſw LC
v* \VFF r” encor auiourd’huy Cantabrie. Tellement qu'elle occupdit ' c. 4'. _'
alors, outreila Biſcaye, le pays de Guipuſcoa, 6c la Nauarre, au lieu que maintenant? :Afflſiffſèflſ
' on ne comprend dans la Cantabrie que la Biſcaye, le Guipuſcoa, FA-laua, 82 le pays P ſizzſſſſùznzſi “ſi
des Montagnars, qu'ils appellentſiq Montaneſes, confondus communément auec les lí-ï-ï-s
autres peuples. Ëuÿſflïſffläfffl'
Confins. La Biſcaye joint du Nord l’Ocean , du Couchant les Aſturies , du Midy la Geogr
Eſtcnduë
' Vieille Caſtille , en y comprenant l'Alaua, 8c du Leuant le pays de Gui puſcoa. Elle LŸŸÃËËPË_
s'eſtend ‘ ſur la mer depuis Laredo iuſqu'à Hondarroa , par ſ l'eſpace d’vn ze lieues, gne Iii.
en ayant autant de largeur. , ' ‘ ſ &WW R**
Lieux; On y_ compte vingt &t vne villes ceintes de murailles auec quantité de villages. Iiicfiïizgcîïnzz,
Autresſois = l_VLlOB RIGA , conuertie maintenant en VAL D E VlECE , fut ſa Gcos-li---ï-Îlî
capitale. Mais auiourd’huy ſa" principale ville eſt BILBAOJadis ï FLAVlOB Rl- LÊËÃËQJŸ' '
G A, eſloignce de deux milsde la mer, dans vne plaine , de quatorze lieuës 7 de ſainct x Aurigar:
Andſïs &L dÊ-Vingt-cinqde Fontarabie. ' ‘ *PLU Fm_
~Quelques vns diſenoquelle ſut fondée l'an 1zoo.par DonDiego Lopes de Haro, Ëummj, '
Seigneur de Biſcaye, ſi bien que cela combatroit l'opinion de ceux qui la prennent
pour l ancienne Flauiobriga. Mais il eſt certain que ceſte ville, aſſiſe ſur la riuiere nô
mce en Biſcayn Ybay -çabal, c'eſt a dire grande riuiere,qui n'eſt autre que le Neruio,
~ fort nauigable, qui sembouche là dans la mer, eſt' deuenuë depuis trente ans , des ï ²°W° ?Wl
meilleures, non ſeulement de Biſcaye; mais d'Eſpagne , tant à cauſe de la fertilité de
ſon terroir, aydé de ſariuiere , que du grand traffic qui s'y fait. Son air ï* eſt des plus “Pïll-APQÂS
(MP5 a 6C plus temperez , &c du coſté de la terre elle eſt ceintſſe de grandes montagnes, “"7” '
’ qui ſont qu'elle n'eſt pas ſujete à de grandesfroideurs, non plus qu'à des chaleurs ex
ceffiues, 8c d’autre—part vn grand bras de mer y vient de Portogalete danslaville,
Europe. y M jj
l
I. . - . . .._
'D x , .
ii Biſcaye. _
136
-- 'a porte 'a ſes habitans toute ſorte ſide commoditez . leur ſeruantauffi de moyen de
communiquer lesleurs aux autres. Elle abonde tellement en toute ſorte de viures, …
qu'il n'y aguere de villes en Eſpagne qui lïeſgalent pour ce regard. Ils ont en leur
place vne machine , ou grue' , propre à mettre les tonneaux , \Sc-baies de marcliandi
ſes dans les nauires , 6c lesen ſortirauſſi , 6c c'eſt là qu'on voit tout leiour vn admira- 1
ble fiux,~ôc reflux du monde qui negocie. On ne voit auſſi preſque par toute la ville
que des magaſins, 6L boutique( pleines de marchandiſes . 6c l'on fait ta‘nt dans ceſte
ville, qu'aux enuirous force beaux nauires.
a 34,7cm Ce pays ſembleauoir eu ,ï longuement pour ville com me capitale celle de G VER
Hifl-&ETP- … N—IC A , où , ſelon les anciens priuileges les Bilcaios raſſembloient , &cefliſoient vn
“'5' y Seigneur, GZ Mayerne met I! ERMEOpu Vermeo,pour ville principale de Biſcaye,
proche de la mer. Les autres principales villes ſont DVRA NGO , LAREDO,
auec vn bon port demcr , HONDARROA , LEQVEITIO , 8c VALENZIA,
proches de la mer, de meſme que PORTOG ALET E , petite ville , aſſiſe ſurl'em
bouchure dela riuiere de Bilbao , où l'on conduit delà pluſieurs marchandiſes , n'y~ l
b Marciac.) ayant b. que deux lieuës de l’vne ‘a l'autre,& dans le pais ORDOGNOJes Seigneu
'“‘“'““P' ries deLODIO,HOROSCOÆCHELORIO. _
c Merula cor. L'air de ce ‘ pays eſt plus temperé qu'au reſte de l'Eſpagne, pource que ſes monta- Wëhî."
d zumdzcſn_ gnes empeſchent l'excez du froid , 6c du chaud; car çe pays 4 eſt, tout raboteux, de ſ
summa- meſme que celuy de Guipuſcoa, 6L ſſabonde pas en bled , ny vin; mais en bois , dont ~ -
ils ſont force nauires, comme auſſi quantité de piques, lances, 8c fleſches. Il eſt vray
qu'ils ont grande abondance de fruits ſauuages , 6c comme vne infinité de pommes,
dont ils font, en les preſſant, leur breuuage nommé Sidra,d’où nous auons tiré noſtre
.' mot de ſidre, 6c force millet, dont ils font leur pain, qu'ils appellent Horona , au lieu \
:DJËAPOL qu'ils nomment le pain generalementOguia , 8L le vin Ardoa ,dont ils ont ‘ aſſez en
Hiſp. quelqueslieux , particulierementaBilbao , où l'on a remarque , qu'entre le vin de
pays, dont il abonde, il s'y trouue plus de vingt ſortes de vins eſtrangers des plus ex
cellens. 8c quant aux pommes ._ elles y ſont à ſi grand marché, que pour dix maraue
. dis, qui font enuiron dix-huict de nos deniers ,l'on en peut auoirla charge d’vn mu- ~. Û
f Merrill-COQ let. On y recueille *auſſi grande quantité de noix, 8c de chatagnes.
ll y a .Force reſine, &tantde mines de fer, &c o acier , 6c meſme I de plomb , que ce
59cc, ſeul pays en peut fournirà pluſieurs Royaumes, &t le meſme eſt au pays de Gui puſ
coa; tellement qu'on fait eſtat qu'en ces deux Prouinces il y a trois cens martinets,
en ehacundeſquelson trauaille du moins tousles ans mille quintaux de ſer , 8c d’a—
cierzde ces trois cens mille quintaux , enuiron le tiers eſt employé aux vaiſſeaux, .
l'autre tiei.: eſt pour toute ſorte d'armes, cloux, 8c inſtrumens de ſer, quon por_
te aux eſtrangers , &c ie reſte eſt mis en guiſes, dont ils fourniſſent auſſiles autres
P375* ^ . . *
z, Mmſ pm_ A u reſte h il s'y fait autant d'armes, 6c de harpoii, qu'en aucun pays d'Europe. ,r
Çummï- _ _La lsjſcay-e î abonde encor en toute ſorte de beſtes domeſtiques , &- ſauuages,
de meſme qu'en oyſeaux, 8L ſa mer la pouruoit de poiſſon plus qu'à ſuffiſance. ll
Coſm.
' s'y trouue meſme des coquilles , ou huytres , ſ qui portent des perles ;. mais des
moindres.
Filet-Hifi. Les l* Cantabres , de meſme que les Aſtures furent fort vaillans; mais les pre
1.4 miersauoientlecœurnon ſeulement plus eſleué: mais encor plus_ obſtiné; de ſor
te que ne ſe contentans de defendre leur liberté ,ils penſoient à commander à leurs
voiſins. Ils eſtoient ſi furieux , que ſe voyans reduits aux extremitez, ils aduan
_
\Scrabbl-z- çoient leur
deslfs. Enmort , au milieu
ſemblables des feſtins
accidens l les , meres
auec letuoient
feu, le fer, 8c le poiſon,
parfois qu'ils1 de
leurs enfſians tiroient
P6111'
' qu'ils
qui tuatombaſſent
ſon pere, 6centre les mainsdes
ſa mere, vaincailptifs
8c ſes freres ueursasc
z afinl'on
de [lesvit quelquesfois
deliurer vn enfant
de la ſeruitudeſtäc
quelques v~ns ſe ietterentmeſine danslefeu. Leurs femmes cultiuoient la terre, 8c
lors qu'elles auoientenfantê, faiſoient mettre enleur placeleurs iríaris au lit , en ſa
- — çon d’acouchc’es, 6c les ſeruoient, 6c bien ſouuent au milieu de leur trauai l- ordinaire
elles [auoient leurs enfans enquelque ruiſſeau, puis les emmaillotoient. On mettoit
7U' entre leurs folies, celles de quelques vns ,î qui chantoient des Pæans', ou Hymnesde
~ rejouyſſancgœ de victOireÀ l'honneur d~'Apollon,ainſi qu'on les attachoit en croix.
Le mary portoit dot~a
I
lafemme , 6L les filles eſtoient inſtituées heritieres , puis ma*
rioientleursfreresz_ Î ~. 4- ñ .ñ,
.4 'ein
R*
Biſcaye. i137
lls viuoient deipeu , de meſme que les Kſtures , Galiciensï; 8L autres habitans des'
montagnes iuſqu’au pays des Vaſcons, ou Nauarroigäz monts Pyrenéegqtli ſe gou- __, ’
uernoient en tout de meſme qu'eux. Ils beuuoientde-lïeau; 'cïtbuchoient terre , por- ~ î‘ ‘ ‘
toient les cheueux abatus , &longs , ainſi que les femmes , &ſſ comlbattoientauec des ſi
mitres, ou bonnets de femme ſur la teſte. -Ils mangeoient principalemen-tde la
-chair de bouc , 6c ſacrifioient à Mars des boucs ,- des-' chëiíaîxx , des' prilbiuniers , 8c ~
meſme Ordonnoient , à la Greqüe , tous les ans ,des Hecatombés, ou centaines 'de
victimes. Ils vſoient encor des combats hymniques , ou à corps nud , *ôcdettsm bats
à cheual ,sexerçant à ?eſcrime-des coups de poing , à la courſe, 'aucombat a'. la le: - .ir *
gere, 6c aux combats par cohortes. Les Montagnarswiuoleritde glandfijdeux temps ï' ‘ '
de l'année,
auſſi le beuuoient
de biere; faiſant ſecher, puis feſtins
en leurs le pilant, 8c faiſant
, auec du pain
leurs amis deſa
, le 'peu defarine'. **Ils vſoieñt “ "
vin- ſitfflſilsſrecueilſi'
lOient~, 5c mangeoient affis , ayans pour cét effet des ſieges contre les paroîsde leurs
chambres. Les ſieges plus honorables eſtoient 'pour les plus âgez , &plus eſieuez en
dignité ,66 tout en beuuan_t ils ſe mettoientä dancerau ſon de la-fluſtedc delaîtromï
pettſſe. lls eſtoient tous veſtus de noir, 6c portoient la pluſpart des ſayes, dans leſ
quels ils dormoient ſur des lits dherbe, 8L les femmes auoient leurs babillemens fleu
ris. Ils vſoient de troc, ou deſchange, enlieu d'argent monnoyé, ou portans des
lames
tiquentd'argent , en coul SOient
auiourdffiuy. ſelonle prix
precipitoient du des
hautchoſes , comme
des rochers les qufflsſicopndam
ceux Chinois-le pra?
_ liberté
qu'à ce' ,qu’ils
reſiſtans ~a tous
furent les efforts
domptez des Romains,
par Auguſte , apresſans pouuoir
quoy eſtre aſſeruis;
toutesfois íuſ- Lîzïdgä;
ils ne laiſſe- ſ ' '’
rent de continuer plus que iamais leurs voleries , qu’ils auoient
exercées. —
.dertout
-ñ . ñ
temps'- 5…_ -l ſi Ÿ
\
Moeurs Les Biſcayns, ° 8L Gulpuſcoans ſont affables, d humeur gaye , 8c propres , fortf
' ï I u' M ſ
“ëffllîî- oolcres, prompts , iriſtes , ;Y diſpos , courageux , &t les meilleurs hommes du monde d Man. Fern
ſur mer , de robuſte ë complexion, francgfidelegreſolucts, contens de ce que la nature Rd_
requiert, autant braues ſur terre que ſur mer, 8c pro pres pour reüſlir ‘a la Cour, 'auffi d] spagna.
bien que pour viure comme il faut dans leur pays. Toutesfols l' quelques Eſpagnols ſMffl-fflï d*
. c1u1hſez,que
les repreſentent plus rudes, 6c moins . . . tous les autres peuples d , Eſpagne. , b.H‘ſ.l~..
*P -' L_ —
Mais leur pratique m'a fait cognoiſtre au contraire, qu’ils ſont habileS,& courtois, _œ ~ ' *ï
que la conuerſation des gens de condition de ce pays là ſera touſiours plus agreable ‘_ _ j
aux François que 'celle de la pluſpart du reſte dePEſpagne, où l'on vit auec plusde
reſerue. Ils ſont auffi de fort grand trauail. ‘~
Ils font s certaine ſorte de pain , bon par excellence , qu'ils ne cuiſent gDclícJlpZ
pas au four , &c lc nomment au langage du pays Arregoriaga , ou bien a l'Eſ- Ïäçÿèañgspc_
pagnole , Pan del fuego , qui recompenſe bien le peu de valeur de leur Horo
'na , ou pain de millet : 6c quant au vin , quoy que leur pays h'en porte peu, Ëïzffl-“ffl
_ meſme qui ſoit bon: toutesfois ils en ont, par le moyen de la mer , tant de toutes P '
-ſortes,queles ai ſez boiuent d'ordinaire de meilleur vin ,que ceux qui en ont chez* _
eux abondamment. Aureſtel les filles y vont teſte nue , 8L tonduës , pource que ,ſe- iDeli.^pod._
lon la. couſtume du paÿs , les vierges ne doiuentauoir longs cheueux , ny eſtre voi- PSV”- ſ
lêes , 8L toutesfois ceſte façon ne leur meffied pas , 8L ſemble leur donner de la gra
ce. Mais lors qu'elles ſont mariées , elles couurent leur teſte d’vne toile iaune , qu'el
lesentortillent en façon de cabaſſet : toutesfois en telle ſorte qu'elle fait au deſſus
du front commevnecorne , qui sſefleue en pointe, &ſemble que cét f ha- kMuignpLu
Europe. ‘ g _ M ii)
138 .Biſcayc,
hillſſement_ cle teſte approche fort deſceluy-de quelques anciens Eſpagnols , 8L Mon
- nsP-LFern-nd tagnars.
_ - ſ Ils ont‘_ vne
A langue ï particuliertgque-les
- Eſpagnols appel lent Vaſcuencepu " Viz -
umma. çayna, quelques autres ï Baſcongade ,' 6c les François .Baſque, qui n'eſt plus en vſa
b Gaſpar.
Vaſcr. ad Mi_- gedu collé des Aſturies , au delà de Bilbao. C'eſt 4 ſelon la creance deipluſieurs, l'an.
Ë:‘:}Αΰ‘“ffl cienne Cantabrique ñ, dont on vſe', non ſeulement en-Biſcaye, 6c Alaua; mais en
c Miyetnc coran pays de Guipuſcoa. voire meſme qu'on pratique au Royaume de Nauarre.
Iÿltíïñrêlp- Pluſieurs tiennent que c'eſt l'ancienne -blpagnole, qui deuint premierement R0
23m, viſu manelqueſtsc ſecorrompitauec les conqueſtes . 8L peuplades detkomains; puis re
ad MiLGeſ- peut diuerſes mélangez, par le moyen des Goths ., Vandales, 8L Suaubes, Bt finale- '
'Wi Wfflm- ;nent des Africains , 8c Arabes: mais demeura pure en ceſte' rude Prouince, qui ne
fut iamaistellement
gage. ll eſtvray quedom ptée, ouſſdes
la pratique peuplée d'autres
François , 8c desnations, qu'elle
Gaſtillans ne rerint
, y afait ſonquel.
gliſſer lan
ques paroles_ de ces peuplades vn peu deguiſées, comme onpeut apperceuoir en leur
Paztenflſtre ſuiuante. ' \
:<3
Gun .ſn-s, ſerie f4# !jim-zu No-ſtre Pere qui eſt és Cieux:
JMÜËſiFKÙF-dí bi" ÏWM' ,Sanctifié ſoit ton nom:
EFI/or. Inde' .biſe Relnmu.- Vienne nous ton Royaume
.Eqïifl Leds' Iii” 'vorifldlſllz cari-Pt» 54414, Soit faire ta volonté , auſii bien au
3,_ Iurrçgzszçrz: Ciel comme eu terre: _
.Gare Egan” Oguja figue :gum: Noſtre quotidien pain donne nous
-- - - ~ - auiourtzſhuy; .
E” ?ſite jeta-agua gare comic; nal; gllftſf Et quitte nous nos debtes , comme
.z gardant] quizz-cru» bditrardçgu. \ nous quitons à nos debteurs.
.EM e:- gnxtz-ald /dr ma' tmtationttlll: Et ne nous induy point en tentation:
:Baia-e dtäüfd_gain” gaie/z toxic. _ Mais deliure nous du mal.
.5- ,
_l.’
-²²_ſſ‘_F l'y-remarque auſſi quelques mots tirez 'de PHebt-eu , comme entre autres celuy
g.»
~‘ d'El-e , Ceſta dure terre , tiré de H-lebrieu Eretz3 6c peut-eſtre :lu Çhaldaique Area,
e Metulaboſ- quelques 'vns * tiennent que ceſte langue eſt ſortie de laChaldaiquqvoiſine de l'He
FP°$‘*X"' 'bi-aigue. .
eux marchands
ſ ct ct An lois,ſſ de ce pays ont
desforce bons, ports,
pays-Bas oû ils, principalement
6c autres ſont 'grand traffic en auec lesfines
laines François,
, dont Richeſſes:
fncliMpod. il; aïzondeot; tellement ï qu'au ſeul lieu de Bilbao l'on charge tousles ans cinquante
_Riſk < nauires , qui portent plus de cinquante mille ſacs. D'autre-part ils reçoiuent en ces
‘ _ ports vne bonne partie de ce que la France , l'Angleterre , 6c les Pays—Bas enuoyenc
ailleurs , 6c de ce que l'Eſpagne communique aux autres pays. Leur ſer, leur acier,
leurs armes, inſtrumens, 8L quinquaillerie ,leur portent auſſi de grandes commodi
‘ 1 _tez , dehabitant
y a tel meſme que les vaiſſeaux.
de Bilbao, 8c faire
qui fera nauires quideſpens
, à ſes s'y ſont, en grand
trois nombre;
oſiu quatre veuen
nauires qu'il
vn
l ~ M. Fernand
W***- an, choſeatqui
ſi Biſcaye, teſmoigneaſſez
Guipuſcoa. qu'en leurricheſſe: 8cſpagne.
tout lereſte d'IE l'on tient! qu'il y a plus
-ñ de nauires en
h Mnyemc Les Rois h d'Ouiedo,' œ de Leon, enuoyerent des Comtes , ou Gouuerneurs en Gouuerî_
zz” Er** Biſcayc,iuſqu'enuiron l'an huict cens cinquante-neufiauquel les Biſcayns ſe voyans nement,
ſans Gouuerneur, lors queZeno, qui Peſtoit, fut emmené priſonnier, mirent tout
en trouble , 6c s’aſſemblans pour reſiſteràbon Ordogno , fils du Roy Alſonſe croi
ſieſme , efleurent pour chefDon Suria, deſcendant du ſang Royal d'Ecoſſe , de par
ſa mére, ôt gendre de Zeno leur Gouuerneur, puis Don Suriaayant défait Don Orñ
dogno l'an 870. les Biſcayns Peflurent pour leur Seigneur , 8c ſa poſterité, qui porta
depuis le nom de Harqdomina de meſme en ce pays z car il eut vn fils nommé Man
ſo Lopes,qui fut apres luy Seigneur de Biſcaye,8c pere de lnigo Eſguerra,c’eſt à 'dire
ſourd , qui luy ſucceda. Ses ſucceſſeurs l’vn apresPautre de pere en fils furent Lope
Diaz,& Don Sancho Lopes,qui laiſſa deux enfans ſi petits,que les Biſcayns deſir-ans
vn hôme qui les gouuernaſt, efleurent pour leur Seigneur Inigo Eſguerrafecond du
nomfrere de Sancho Lopes: mais baſtardfic pere de Lope Diaz I|.ſon ſucceſſeur en
la Seigneurie de BiſcaYeJaquelle il laiſſa ~a ſon fils Diego Lopegſurnommé le Blanc,
auquel ſucceda ſon fils Lope Qiaz III. qui ayant baſty la ville de Haro en la Rioje,
r_.__. . . . . , _,_
a Biſcaye. _ - I_39 y , /
ñ.~…ALAVa'
A Prouince d’ALAVA‘, partie de l'ancienne CANTABRIE, f player-u; y
«, ‘ 8c l’vne des trois Merindades de Biſcaye,aſliſe au Midy, a du Nord ſiffljhdfflſP
"-, la Biſcaye, du couchant, la meſme ; du Midy , partie de la Vieille "
ſi î ñ ~ Caſtille,de
puſcoa. Ellelaeſts
Rioje 8c dede
longue la vinguhuict
Nauarre; 56mils,
du Lçuanglepays
ou ſept lieuës de Gui- g Magma,,
d'Eſpa- .
&aa-M-aaaæaamaaaaaaasaanm=nawn= ct
GVIPVSCOAWW
äMSFernân , E pavs de GVIPVSCOA , nommé parquelquesiEſpagnolsî Nm”
“a "“'² ° _ , ' ‘~ LEPVZCVA, mais A mal à propos fut l'ancien 'ſejourdes Can
Ïçs ét…. ‘; ’, ſabres, auffi bien que la Biſcaye. Ses peuples particuliersflnoirí- ,
gäfiä-ŸZÊ- — ,ÇA . agi mez paſirPtolemée, MeleôcPline, furentlesOREGEVlſſONES,
î. AV TRIGON ES a VAR DV LES. ,
giſiagdidg. 7j. 5:» Ce pays auoiſine du Nord l'Oceans du Couchannla Biſcayeôc CUM"
Alaua,du MidyJaNaUarre; & du Leuant, le meſme Royaume, 6c le pays des
Mcrcator. Baſques
Mm" C°‘ſi- qui Françoisdans
'rembouche , ſeparez parpres
la Mer la riuiere deVidoſo,œque
de Fontarabie, nous
d‘vne appellons
partie Vidouze,
des monts Py
ïI
renees. ' ,
ÈXÏËÏÊFËÏFH. Ce pays! felſtend lîlgng de lal met,de Mange; ä Fontapabliizcomprenant tous les Efflnfflïïi
Monun u! d ÜSËË l'ireiliiécapietaſeuſieſt
,GL ~t 'ÊËIÏËËSPIÏËOËUÛËË
l LOeSc te- ix ieîuës.
à ?Eſpagnole , nommée par l-iïïïï-I
OrtclLThcat. quelques vns k TOLOSETA , aſſiſe ſurl les riuieres de Duarzigëc d’Oria: 64: ce qui
fçſlffàflk, ſemble marquer qu'elle eſt capitale de Guipuſcoa, c'eſt m que les Deputez de toutes
ozrkoſzc- ' les autres villes,ont eu dés long~temps couſtume de s'y aſſembler, ‘
2° MP4? 5l- Toutefois il y en a qui “ tiennent pour ſa capitale, S. SEBASTIEN, comme °
ifæſiſiſſſſb' la plus grandelôtla plus belle de toutes celleſſs de ce pays , la plus marchande 6L la
Orrcl-Thcar- mieux baſtie. Elle s’appella premierement HlCCVRV,puis DON-BA STIA,c’eſt
'" Mfflm" ä dire , ſainct Sebaſtien , pource que Don ſignifie Sainct en Biſcayn. Mais ſes habi
HRÏÏIQMÜJ. tans Pappellent VRVM EA ,du nom de la riuiere,ſur Pembouc hure de laquelle elle
o EſtiG-Lldí eſtaffiſezou DONASTIAÆL DONASTIEN,par corruptionÆlle eſt accommo
;a déc P d’vn grand port des plus affeurezast plus marchandsgpratique' par la nature, Cs:
Mfflflï Col'- non fait parart,auquel on ſe rend entre deux chaſteaux,dont l'vn eſt aſtis au Leuant
ſur vne haute montagne ,- 66 l'autre plus bas eſt du coſté du C ouchant, ſur vn
rocher. . ,
~
fn;‘_'*ſſ““'5“' Vne autre
Eſpagnols de ſes plus importantes places eſt FONTARABIE
'ÎFVENTERABlA,ouFuenterauia,priſe ‘ pourl' O E, nommée
A S O de par les
Ptole- _q~‘
z çkxùmd.] mée; ville ſorte, aſſiſe ſur la frontiere deyFrance pres de la mer, dansvn petit Golfe
C-mrqñ ayant ä ſon coſtê la riuiere de Vidouſe , qui paſſant le long du chaſteau, ſe rend dans
ËÎÏËÎËPŸ' ſon porn-BL non loin fle gros bourg d'IRVN VRANCV,auec le VA L UCI-AR_
DelitJ-liſp- CVN,el0igné ſeulement de deux lieuës, 6L compris dans ſon reſſort,depuis l'an mil
ſM²7°"“²- deux cens deux,& mil deuxcens trois,quand le Roy Alphonſe de Caſtillqaugmen
'ſſmctfliùſi' taſa luriſdiction, dans laquel [c'eſt encor le chaſteau de VE LOAGAſſur Ia-ſrontíe
:Salazar
re de Franceiou de Guyenne. Les' Eſpagnols tiennent
_
cette place de Fontarabie,
A1,,, c_ 4_ pour clefde leur Royaume de ce coſte-là. '
qElhGaribo' Les autresprincipales villes ſont BEYCAMA,priſeflpourÿançienne S EGlSA
""",__ŸI MA des Cantabres d’Oroſe,qui ſemble eſtrela meſme que la Segeſama de Strabon,
ſi ;bien que logée parluy-au pays des_ Vacceensfflc malmiſe parquelques modernes en . ...
Culpulſicoa. - 14-1 . .
la Vieille Caſtille: DEVIAH ELGOYBAR-,autrement vvILLA MAYOR **W-ë **li
Rolac. Mûd- .
DE MAjLQVlNO: GVETARI A , lieux de la naiſſance du fameux Pilote Iean b Mayemc,
ſiHifi.d'Eſp.
Sebaſtien Cano ,qui fic le tour du monde partner , au temps de l'Empereur Charles
EſtGarib.
Comp hlÃ, i
cinquzéme: place fortifiée de bonnes tours &c murailles, honorée de pluſieurs priui
_leges par le ROY Alphonſe de Caſtille l'an mil deux ceus : 5c accommodée d’vn ha
vre aſſez aſſeuré , par le moyen d’vne petite lfle :Dppolée qui. le couure: M EN D A-ñ
RÛflêmmuniquantſon nom îrvne Valée:MIR_ANDA DYRAVRGVI , dite
AZCOETÏA:MONDRAGONmomméeauparauantArtaſate,proçheduVal ÿ \ ~
de Leniz. ville de grand trafic ,à cauſe des forges de ſer 5c d'acier des enuirons , 6c
forte d'art 8c daſfiete aux frontieres de Biſcaye: M ONRE A L' alliſe ſurlariuierc de
Deua: MOTRICO , auffi iouyſſante de pluſieurs priuileges , depuisle Roy AI
phonſe qui la fortifiade bonnes tours 6c murailles: ORENDAIN ‘ , ORESA 6c cd Mexx-Lear(
m
ORlO, aſſiſe ſur l'embouchure dela riuiere d'Or”, &c gardant la memoire du nom hdLÃ-ciiä'
des Oregeuionxauffi bien que les deux preoedentes: O G N ATE ‘, ayant auſſi tiltre ï Monïïn- ſur
de villezP LAZENCIApu PLAIS ANCE e, ſur la Deua , où ſe tiennent pluſieurs Ëâïëîäkct_
Marchands 6c Forgerons: PASSAGEÎIe meilleur port detout ce pays: R ENTE- FM. Fernand.
RlA,S qui fut premieretñentbouſg ouuert ,puis villefſſermée de murailles l'an mil “ſifîgſie
crois cens vingt: 8c nommée VILLEN EVVſſE D'ctOl ARCVN ,lors que cette en- la. cſflp:
ceinte ſur octroyée à ſes habitant par le Roy Alphonſe , qui luy donna le tiltre de ê" 9"***
~ville, 8c les droicts de la ville de, ſainct Sebaſtien , d'où elle n'eſt éloignée que d’vne _ WP'
_lieuez SA LVATl ER RA; ou Sauueterre , dite AZ PEYTIA; SEGV
.- RASALINAS
DE ſi SV M AYA ,SARAVSÆVMAYA,nomméeautrement VILLA
à laqueîle le Roy de Caſtille donna l'an mil trois cens GRANA
quarante
huict, :Edroſſlct de ſiiinct Sebaſtiemoù les appellations vontnäc delà à la Cour z Vl L
LAFRANCA, ouVilleFrancbe: 8c VERGARAfflyant en ſa Iuriſdictionla mon
tagne d’H ELOSVA.diteautremcnt A RIZN_O A.
Riui cfcs. Cet-e Prouince a troishgrandes riuieres qui la trauerſcnt de ſon long,du Midy au
1L”,
Nordzôz vingt ſix autres, qui ſe rendent en partie dans ces troisfflc partieauffi ſe dc'
chargent dans la mer. Lesl trois principales ſont la DEVAJVRROCl'Eſtaugua,la
A, qui reçoit ſi
l’Ozimb~elz,l’Arr0na.& Aliolara: 8el'ORIA,quireçoitl‘Ydicabal,
l LicarabraJSc le Duarzo du coſté du Leuantéôc la Darririafia Bezaba,&îl’Aquizeba
du Couchant. LlVRVME A:,ou Gurumeamriſe pour le MO N A SCVS de Pline,
oula MENOSCA de Pcoleméc, ſe rend auffi dans !a mer pres de lainct Sebaſtien,
qui reçoit le meſme nom de ſes habitans: le DO ARRONwa rendre auffi ſon tribut
prés de Paſſagczôc le Vidoſo, ou la Vidouſe, qu’on appelleautrement Vidorſo, V-i
daſo,Alduida,Huria,8c,Beoyuia,paſſe parlelieu d'Yrun, àraiſon dequoy quèl ues
Hiſtoriens François l’ont nomme' la riuiere d'Yron ,Gt ſeparant l'Eſpagne ge la
Franceſſe va rendre dans la merà Fontarabie; '. l
Q-Lalíté. ,Cette l²roùince eſt î de meſme qualite' que la Biſcaye: 8c quant à “ ſon fer 8c ſon LFËWÂÛ
acier, il entire tant en ce pays , qu’il en fait toutesles années quatre vingt mille du- kſiîfïfſlëoſ_
cats: 8c ſes habirans en ſont tant d'armes, qu'en 'quelques Archiues du pays, on le l Botcr Kel.
nomme le Fort 8c la defenſe de Caſtille 8c de Leon. Ses riuiercs ‘ portent force
truite-s ô( ſaumons. _ K
Mauſs. IIËÃ-Gïſſhï
Les Guipuſcoans ont meſme: mœurs queles Biſcayns, vſent de meſme langage; 11.15.
&- les voiſins dela mer “gsbccupent àla nauigarion 8c peſche dei Bacalaos_ ,ou mo Ortel Then.”
ruës,& des baleines. . ’ __ Botcr kel.
nnayerne;
Gouuer
La 'l Seigneurie de Gui puſcoa ſut vnie de tout temps à la Couronnekle Nauarre. hiſtA-gſpiz
nement. Mais l'an mil deux cens ° ,les Deputez de cete Prouince vindrent offrir leur pays au _ 8c
R oy deCaſtillqcoxnme deſireux dés long temps de s'vnir à cette Prouincefii cauſe ° a
des ſurcharges que leur i m poſoient les Rois d eNauarrePzfi bienÎ que leur offre eſtant P
acceptêeJls remirent
L'an mil trois au Rov leurs chaſteaux 8L
cens ſepcante-quatreJectctRoy* villes.
Dom ' Caſtille, ordonna les _
Henry-de"
Hermandades ou Conſreriesqui l'ont aſſemblées de Commuhaſſutez, en la Prouin
ce de Guipuſcoa_,oùl’on traite des affaires concernans le ſeruice de leurs Princes, 6c '
la cqnſeruation 6c ſem-eté de leur pays. ~ ~
.,1 ,'
i42 Roÿaumeſſde Nauarre;
....\-_ñ
Nuvi*&MJDffiffifldffiffiäæfliffldffisäïMMÆXÆMÆMMÊWVHÆ-Væ'
ROYAV ME DE NAVARRE.
A NAVARRE, tirant ſon nom *du mot Eſpagnol Nauas, qui N°“"P
ÊÎÏIËÏTËXP ‘ ‘ 'ſii' _. veut dire Plaine, 6c du Biſcayn Erria, ſignifiant Terre, comme ſi
Lis-W*- ct ' ce Royaume s’appelloitNaua Erria, ſut en partie le pays des an
MË' Ëſzſi] z y ~ - ciens VASCONS,quiſeb tranſporterent apres en France; 6c ſes ‘
Mcmli-Coſ -,'…-—_ autres peuples furent 'appellez BERON E , dont le nom ſemble
1-ffl\*umw:Ém‘
s’eſtre comme conſeruc' au lieu de Briones; les SVESITAINS de
Liue , dont la ville de Sangueſſe ſemble garder encor la memoire, 6e les CARIS
_TlENS
Il a dude Ptolemée.
Nordle ’ d'Alaua,ſiauec les Pyrenées, Confins)
Guipuſcoa, Gt partie de la Prouince
le Bearn,& le pays des Baſques François: du Couchannencor vne partie de Guipuſ
coa,de Rioja , 8e de la Vieille Caſtille: du Midy,l'Aragon , GL partie-encor de Ca
ſtillezäc du Leuant,le meſme Aragomêe les Pyrenéegdont ſes montagnes 6c valées,
qui ſe iettent au dedans de l'Eſpagne par Roneeuaugpar le Val de Salazar, 6c celuy
e Roncal,iuſqu’ä Yſaua,en occupentla pluſpart.
Elle eſt diuiſé en Haute 8c Baſſe Nauarre z Gt ces deux enſemble ſont encor par- Ûïuifionſi
…_ tagées en cinq Merindades, qui ſont comme Bailliages ou Gouuernemens , dont la
ſ²°'°‘-R°‘- Hautec en embraſſe cinq , qui ont pour leurs yilles capitales Pampelone, Eſtelle,
l Hſigſiſſ' Tudele,Olite, 8L Sangueffezæ la Baſſe,vne ſeule, ayant pour ſon Cheſ ſainct lean
' de Pied de Porc , 8c reſtée ſeule aux heritiers de la Maiſon d'Albret, depuis
l’vſurpation du Roy Ferdinand d'Aragon, 8c maintenant vnie à la Couronne de
France. … _ ~
4 La ville capitale de toutle Royaume eſt PAMPELONE en Eſpagnol Pempa- Lieu:
FPcoÎ-Gevs- lonamommée parles anciens dPOMPELON , œ ſelon quelques vns, PAM
;àïbyzfl PEIO PO LIS ,grande ‘ 6c belle ville , ceinte de bonnes murailles , ayant deux cha
cCluuer-lnt- ſteaux,dédont
coſte' l’vn fut
la ville', l'ancienne
parles demeure s'en
Eſpagnols,ſiqui des Rois; 8c l'autre
rendirent a eſte' baſty
Maiſtresſan de l'autre
mil cinq cens
fBoterRel. douze; puis en furent depoſſedezflſan mil cinq cens vingt-vn , par le ,Seigneur
R°—‘²‘-"“°°‘- d’Aſperraut, frere d'O det de Fois, Seigneur de Lautrec; 6c finalement le recouure
M rent la meſmeannée. ‘ ~
h 11.9. La ſeconde eſt STELLſhou l' E STELLA, ville 8c chaſteau ſur la riuiere d' Eg
ba, ayant dans ſa Merindad la Principauté de Viane; la troiſième eſt lTVD ELA,
l”. _ aſliſefſur l’Ebro,entre Saragoſſe d'Aragon 6c Calahorra; 8L priſe par quelques mo
ſiîäfſàäläf' dernesl pour l'ancienne CA NTA B RlE,ou Cantabri ge; la quatriéme,O L [T E,qui
…Ez…g...,d.1n'arien qui la ſignale: œ la cinquéme, SAN GVESSA, iadism SV ESSA,ſelon'les
C-mim-hiſt- Archiues publics : mais priſe par les doctes, pour “ PITVRISA de Ptolemée. _g
'Mmhcct' 6c de Mele, afliſe ſur la riuiere d'Aragon, auec ſes deux bourgs , Vieil 6c Nou
UCAU.
o Huang, Les autres principales villes de lai-laure Nauarre * , ſont ALFA RO, proche de
Matianghiſt. l'EBRO,oû quelques vns ont creu,qu’eſt0it l'ancienne VA RIA, bien que d'autres |
—.—-4.*_
lnfllJlclcL
5P”- _' , la 1$
ſelon Strabonzôc Calagurrinaſielon , e on ſurl'EbrO,
Ptoleméqaffiſe . lue , 6cntonin,
miſe par aplugſieurs
a r! ,
quelquefois ſeulement Rois de Pam pelone, comme fit le Roy Dom Pierre premier hiſLdÎſp.
dix-ſeptième Roy de Nauarre, &troiſième d'Aragon, qui ſe nom ma Royde Pam
pelone &c d‘Aragon.Mais en fin Ferdinand cinquième Roy d'Arag~on 8L de Caſh[
le,ſurvn -lnterditdu Pape Iule, eſtant aſſiſté dela faction de' Beaumont, s'en rendit
Maiſtre l'an mil cinq cens douze, 6c l’vriít_le vingocinquéme de luillet , iour de
(àinct lacques à la Couronne de Caſtille, quatre censſoixaiittjhuiſt ansfflpres qu'il '
;144 Royaume' de Nauarre.
\
.en auoiteſté ſepare parla mort de Dom Sancho le Grand.
~ Lors que ces Rois deuoient prendre poſſeſſion du Royaume ,ils montoient à che
. nal, faiſant porter l’ñeſtendard de auarre par vn Cheualier , 6L marcher deuant
;eux vn Heraut , ve-ſtu de ſa cotte d'armes de Nauarre, qui crioigNauarre , Nauarre,
‘ pour vn tel, 6L faiſoient pluſieurs tours par la ville , ou par le camp au ſon des trom
petteszluec grande ſuite,6L ſe_ mettaient de cette ſorte en poſſeſſion.
La ceremonie de leur Sacre6L couronnement ſe faiſait en cette ſorte. Le Roy
faiſait aſſembler à Pam pelo-ne les Eſtats de ſon Royaume; 6s leurs Deputez eſtans
-aſſemblez en la grande Chapelle de l'Egliſe Cathedrale , l'Eueſque de Pampelone
;diſoitau Roy,qu’auät qu'il fuſt oin ct,il falloir qu'il preſtaſt à ſon peuple deNauarre
:le ſerment accouſtumé, 6L lors on luy preſentoit vneCroix auec le hiure des Euan—
gilesſiur lequel mettant la main, il iuroit de garderôc maintenir à tous leurs droicts,
loíx,vz,couſtum‘es,libertez. 6L priuilegeszpuis les Deputez du Royaume lui iuroicnt
de garder,6L defendre ſidelement ſa perſonne 6L ſon pays,6L luy aider à maintenir 6L
defendre 'leurs loix de tout leur pouuoir. Ces ſermens preſtez de part 6c dautre,
horſmis par le Clergé qui neiuroit point, le Roy ſe retiroit en laChapelle ſainct
l
Eſtiennne de la-meſme Egliſepù dépoüillant ſes habits ordinairesjl prenoir vne ſo..
be de ſoyeblanche: 6L lors eſtoitramené par deux Eueſques à la grande Chapelle,
où PEU-eſque de Pampelone, Poignoit d'huile, auec les prieres accouſtumées. Sou
dain le Roy quittant ſa robe blanche, eſtoit reueſtu d'autres habits Royaux,6L s'ap
-prochant du grand Autel , où eſtoit vne eſpée , la Couronne Royale , couuerte de
pierreries,& le Sceptre Royalfiil ceignoit luy-meſme l’eſpc'e, 6c la tirant hors du
fourreau ,_ la leuoit en haut en ſigne de Iuſtice , puis la remettoit, 6L prenant apres la
Couronne , ſe la mettoit ſur la teſte, puis prenait le Sceptre en main ñ, cependant les
Prelats continuoient leurs prieres. Cela fait , le Roy montoit ſur vn pauois ou écu,
oùeſtoientpeintesles armes deNauarreJequel eſtoit 'ſouſtenu parles Deputez de la
Nobleſſe , 6L des citez 6L villes du Royaume , auec cris de ioye ; 6L le Roy porté de
cete ſorte,iettoit des pieces de monnoye pourlargeſſe au peuple; puis les Prelats l'o
flant de la le menaient ſeoirl au ſiege Royal haut éleuc' 6L fort magnifique, conti
'nuans touſiours leurs prieres, qui finiſſoient par vn Tc Drum ldſldlmlff. Finalement
?Eueſquede Pampelone diſoit la Meſſe , où le Roy offroit de Peſcarlate , de l'or 6c
de l'argent. _ ’
Le Roy Dom García Sanches ſixiéme du nom , inſtitua vn Ordre des Cheualiers
du Lis l'an mil quatre cens quatre,6L de cet Ordre furent les enfans des Rois,6L plu
ſieurs ScigneursJant Nauarrois qu'eſtrangers.Et le Roy Alphonſe premier inſtitua
celuy de ſainct Sauueur à Montreahcontre les Mores.
Aujourdhuy le Roy d'Eſpagne gouuerne ce Royaume par vn Viceroy , qui ſe
nomme auſſi Capitaine Generalde Nauarre 6L de Guipuſcoa , a ſix mille ducats
d'Eſtat , pouruoit aux gouuernemens des chaſteaux 6L fortereſſes de ce pays , 6L le
tient garny des gens de guerre,qui luy font beſoin.
w lli tient auſſi dans Pampelone le Conſeil de Nauarre, compoſé de ſix Auditeurs,
vn RegentGL quatre Alcades. Ce Conſeil prend. Qognoiſſance de tous les procez,
tant ciuils que criminelsjde tous les lieux du Royaume 6L dela Nobleſſe. Au reſte,
en ?Audience de ce Royaume, on iuge diffinitiuement tous les procez de quelque
- _ qualité qu'ils ſoientJſiansqu-'il ſoit permis d'en appeller au Conſeil du Roy,moyen—
nantle dêpoſt
diences de mille cinq
RoyalſſesToutes cens ducatsceux
les ſepmaines , comme aux autres
de ce Conſeil Chanccllcries
conſultent &'- Au
les cauſes,qui
s'offrent auec le Viceroy,qui leur-ordonne ce qu'ils doiuent faire.
a Mariana, Apres ² la funeſte entrée 6L conqueſte des Mores en Eſpagne, quelques .vns des Geneai
hiſt.d'Eſp. logic.
Mayer-ne, Chreſtiens reſtans
Leon; les autres , retirez aux
ſe ſaiſirent Aſturias, fonderentdes
des montsPyrenées.6L leRoyaume d‘Ouiedo
lieux tant deGſſui ,puis de
puſcoa,6L de
bill. dir,,
Nauârrgque de ceux où l'on void maintenant Ribagorcqsobrarbre, Vrgel &Cer
dagnc; 8L ces derniers ZEP-exemple des Aſturiengqui auoient eſleu pour RoyPelaye,
eſleurent._pourleurChefGARCIA XIMENESJorsSeigneur&Ameſcuaâcdfi
batſuſa.l.es Autheurs ſont partagez en diuerſes opiniongtouchant le temps de cete
électiomrapportée par quelques vns à l'an de graceſept censſeizepu ſep-t cens. 'cl ix'
huict, 6L s'accordent auſſi peu pour le regard du nom. Car les vns eſtiment qu'il fut
appelle'
apres Roy
quſil eutde Nauarrelieu
enleuéle z les autresouRoy
d’lnſa de Sobrarbreä(
d’Ainlcta, qui aux
de Sobrarbre ſe trouue
Mores.enIl'Aragom
épouſa
~ vnc _IDÊÀIILËFYiLluÇËrp_raceſiappellée Iniga, de laquelle il eut; vn fils, nomme_ Gargia
y Inigo;
-~ Roÿaumeide.Nailct~arſireï 34,
Iſſnigo; vid retirer de ſon obey ſſance les Nauarroislir-rité de ce qu'il auoitſipris le tiltre
de Roy de Sobrarbre, 6c ioin ts pour cette-cauſe au Roy d'Ouiedo : puis deceda l'an
ſept censcinquante-huict: ' ' . - ' ñ~
GA RCIA lN l GO ſon fils , dompra les Nauarrois , 8c les rendit obeyſſans , em#
porta Pam pelone ſur les Mores ,fit la guerre au pays dèAlaua , 8c mourut l'an huict
cens deuigayant regné quaranrequatre ans. ~ ~ ~
FORTV N G ARCIA ou Garces ſon fils , 8L ſon ſucceſſeur,dccedal’an 8x4, 8c
gift à ſainct [can de la Peña.
SAN CHO GARCIA, ou GarcesJils de Fortun 8c deTheudeſiille deGaleindo
‘ Comte d'Aragon , qui _recognoiſſoir pourſsouuerains les Rois de N auarre , déſir les
_ Mores l'an huict cens vinguvn a Ochauere; puis mouruuſelon quelques vns,en vne
rencontre de Mores conduits par M uça Aben Cacin , 'Roit-elec de Saragoce , l'an
’ huictzcenstrente-deux,ouſeIonMarianal’an 85;.
XIMEN GARCIA , ſelon Mariana , ou Ximen Inigo, ſelon Mayerne ,fils de
Sancho Garciaſucceda au Royaume de Nauarre &c de Sobrarbre , ſans que les Au
theurs rapportent aucun de ſes Faits; ny -le temps certain de ſon decez , apres lequel
cette famille Royale eſtant eſteinte , il y eut vn lnterregene de qua-cream. C'eſt
lors que les Nauarrois voulans empeſcher les Rois d'abuſer de leur pouuoir , firent
des loix , qu'ils appellent ie For ou Fuero de Sobrarbre , par leſquelles ils ordonneñ.
rent que le Roy qu'ils auraient ne pourroit reſoudre aucune choſe , ſans Yaduis de
douze principaux Seigneurs qui ſeraient éleus : qu'il ne retrancheroit aucun poinct —‘
de leurs libertez; 6c partageroit de bonne ſoy auec les Seigneurs ce qu'on prendroic
ſur les Mores. ~ v .
-Ces choſes
ARISTA, eſtablies
à cauſe de ſa, viteſſe,
INIGO futSANCHO
parles voix Comte
de trois de Bigorreſſurnommé”
cens des principaux &uſi
Royaume, appellé
gliſe de Sainct pour eſtre
Victorien Roy: puis, ſe
à Pampſielone ayant
mir preſtéôz
à regner.receu le ſerment
Il épouſa en l'E-
Iniga fille du‘
1 . l z~ ~
1 F
GARCIA INIGVES, ou ,IniËo ſon fils , luy ſucceda en Page de dix-ſept ans. ‘
Il épouſaVrraca, fille de Fortun, ernier (Dmc: d'Aragon , 8L par ſon 'moyen vnit *
la Comté d'Aragon auec la Nauarre , euc d'elle Forum 8c Sancho Abarca : 8c vnel
fille appellée Sandia ou Sanchia , qui fut mariée au Roy Ordog-'no rleuxiîéme Roy "
de Leon; deſir bien ſouuent les Mores : puis mourut en combarant comr* eux l'an_
de grace 905. . _ — z_ ‘
FO RTV N deuxiéme ſucceda t'aura ſon pere au noyaume de Nauarre, qu'à ſa ~
ligieuxenla
mere au Monaſtere de Sainct
Comte' d'Aragon _Saluador
: puis de Lyre
ayant regné , 6c 'laiſſa
'quelques annéesſesſeEſtats
rendità Reſi"
ſon ~
frere. .
SANCHO ABARCA,ainſi nommé d’vne ſorredeohauſſure dont il vſoir;
em; de ſa femme Theude vn fils nommé Garcia Sanchez : puis Ramir Gen-r
gal, 8c Ferdinand, q: cinq filles, dont l'ai-IMS fut Vrracaſcmme d'Alphonſe qua
trième Roy d'Ouiedo ,Sc Leon; 6c les autres Tereſa , mariée à Ramir Roy d'O-ï'
uiedo: Marieſiemme de Senoſrid, Comte de Barcelone :Sanchag ſeconde fem-J*
me de Fernand de GonçalegComte de Caſtille# 'Blanche-Ce Roy conquic ſur les
pcrpetuelle
Mores tout guerre auec
ce qu'ils les Mores
auoienr pris , regnans eh Alauaysäſſuïetrit
6c tenoient en Ribagorze 6c tous les peuples
Sobrarbre; euc"'
depuis les confins iuſques aux monts d’Oca, 6c d’vn cóſté G5 d'autre de FEbrÔ, iuſ
ques à Tudele, e: Hueſca z voire meſme iuſques à Saragoſſe: puis mourut en vne-i
4
bacaille contre Fernand Gonçales , Comte de Caſtille, l'an 9 z. 6 , apres auoirregné "
\un tans. . d ~~ ï ~
.ñ ÊARCIA SANCHES ſon fils , 8c ſucceſſeur au xoyaume de Nauarfc, 6c
Comté d'Aragon, regna quarante ans. Il fut pris l'an neuf cens ciuquante-neufilí
par le Comte Ferdinand de Caſtille-,quïl-auoit attaqué: puis au bouc de treize moin) x
il fut deliuré. ll eut de Thereſe ſa femme Sancho. Garcia-GL Ramir z 6c :rois filleägv 4')
MVY-~f7.~-rN.—-d. _. ….—-
Pampclone, mais
Saragocqpres du qui
Royfurdépouilluâde tout; fi biendecedazau
Moœqui lâſi. päſſedoigôcy qu'il fut contraint de ſe retirerà.
lieu que leſſRoy Sancho x
ſerenditauffiñ toflmniſtre dela plus grande partie du Royaume. dont le Roy AlFon-T
&de Caſtille empieta' quelques_ pieces, comme Birbieſca, la Rioye , Anagar', Calaa
hÿljſez-GAÆ tout leGuipuzcoa-.Il eut de-ſafemme Felicie , Don Pedro , ouPierrqqtti'
- 12W ſüôÿeda caſes RoyaumegAlf-'onſxgqui regna apres ſon frere, &c Ramir, qui ſe~
ïîëdit reIigieuxSpuiDSn-incho fut. tuézlëan I o94zzau ſiege aPHueſca.
ñ PIERRE; qui fucfait œoyëde. Sobrarbre ,‘ &è de Ribagorce du v-iuant de! ſon pere,
apres lequefflfuc Roy de' ?Nanarrc , 6c d'Aragon, emporta la ville d*H ſiueſca ſur les_
MpresUeu-tdcſa-femmc. Berthe vnfils :iomtnélïierre comme luy ,lequel il perdit
l'an rlo4,auquel leRoy Pierre ſucceda. - , Y . -*
3;_ ALzi-'ONSE ſOſLfſCſfi luy-ſuccedant .mit comme~~en~' in tous leszlïoy
aumes Ghrcſtiens d'Eſpagne Ilan - 'mille !cent huit-L, par la ſucceffion de Leon ,
Caſülle , Tolede,ſeptieſme
eſhcbmptépour &autres «Tconqueſtesæ-'eſ
du nomzRoy " heus-ä ſa femme
Leon', premierVrraca; tel-lement
de Nauſiarre qu'il_
, 6c d'Ara-_,
gen , ê: deuxieſme de Caſtille' Il eur le ſurnom de Bataillanc , à cauſe qu'il comba
_tí-l Vingt. neuffôis cnbacafllnmngée-…z principalement contre les Mores, atuſquels
U1 _ - ~- _ ’
.ï 'l
. \ ,. _ —-— Pa_
- l'an 12.53.
TH IBAVD deuxíeſme du-npnuſuccedaä ſon pere, ayant ſeulement atteint l'âge
de quinze ans. ll ſemaintint par laſifaueur u Roy S . Louis les Comte: de Cham
pagne, qu'on luy debatoit. épouſa la Prince e Iſabelde France , fille du Roy , 8c
Femmena en Nauarre; maisnen eut aucuns enFans z puis fit le voyage dela Terre
Saincte auec Saint Louis ,, 6L mourut à ſon retourà Trapani en Sicile l'an' mille
deuxcensſeptante.; , - _<5 x … - - - 1:- ~ ---='-'ñ '
H E N R Y, ſurnommé le G RO S ,frere du defunt, qui gouuernoit le Roy
aumeen ſon abſencefiuyſucceda. Il eut de Ieanne fille de Robert , Comte-d'Ar
tois ,frere du Roys. Louis, Thibaud , que ſa nourrice laiſſa tomber d'vne galerie ,
8c n'eut autre fils; ſi bien quela-.ligne maſculine de ces Comtes de Champagne,
floys de Nauarre. manqua-;ôc me fille ,appellée Ieanne ,hnifilt heritiere du Roy-J
annie de Nauarrœatdes Comte: de Champagne ,ac de Brie', puis il mourut l'an.
mille deux cens ſepxicc quatre, ayant ſeulement regnétroisangſept moigôtdixſepc
jours, laiſſant ſa fille curage _æÿenuironltrois ans, quiſurlestroublesdu Rgyaumqæ
pretentions des Roys de Caſtſiille , 6c d'Aragon,fut_emmen6ecn rance Rar-ſa mere;
/ ’l .
148.- ~ Royaume de Nauarreiñi
Cependant les Eſtats deNauarre promettent la Princeſſe à Dom Peſidrofils du Roy
d'Aragon. Mais ſa mere ayant mis ſon Royaume ſous la protection de Philippe
Royſde FranceJa fit épouſer l'an mil deux cens quatre vingt trois à ſon fils Philippe
le.Bel,quifut apres Roy de France , 8c le Roy Philippe enuoya des Vicerois en
Navarre pour la gouuerner.
...PHILIPPE LE B EL, Roy de France 6c de Nauarre , eut de ſa femme IBAN.
NEſI-.Duys Hutin, Philippe le Long, 6L Charles le Bel, qui furent tous trois ſvn
apres l'autre , Rois de France 6c de Nauarre, &t Iſabel , femme d'Edouard deuxiê
me. Roy dÎAngleterre. La Reine [canne, qui fit haſtir la ville du' Pont de la Rjeine
enNauarre, &île College de Nauarreä Paris, y mourut l'an mil trois cens cinq',
ayanuleſizu en France , ſans iamais retourner en Nauarre Peſpacé denuiron trente
8L vn an. ~ , - — "
: LOVYS HVTIN, ſoudain apres le decez de ſa mere,luy ſuceeda _au Royaume,
GC ſe fit couronner à Pampelone; puis pres le decez de ſon pere, fut Roy de France,
comm-aide Nauarre. Il épouſa Margueritqſille de Robert Duc de Bourgongnezïde
laquelle il eut Ieanne , qui fut Reine de Nauarre, &femme de Philippe Comite
dffinreux , \ils de Louys de .France : puis Marguerite eſtant morte en priſon ,apres
auoir @ne conuaincuë d'adulte” : puis il épouſa Clemence fille de Charles deuxié
me-Róy de Naples, zz mourut l'an mil trois cens quinze. au Bois de Vincennes ,en'
l'âge de .vingt-quatreans , laiſſant ſa ſeconde femme groſſe d'vn fils qui ne,, veſquit
P_ïlflÿñ ’ .
PHILIPPE ' ' '
LE LONGfrere du defunct ,fut Roy de France 6c deNauari-'e
apres luy : êcpriua 'dela- ſucceſſion Ieanne fille de Louys Hutin. ll tint des Viceróis
en Nauarre, 6e mourut ſans hoirs malles l'an mil trois censvingt-vn. -' ,
CHARLES LE BEL ſon frere , luy ſucceda aux Royaumes de France, au
pxcíudicede Ieanne heritiere légitime: 5c mourut l'an miltrois cens Yingtdhuift,
ſans auoir veu la Nauarre, non plus que ſon frere Philippe le Long; laiſſant la Reine
Ieanne ſa femme enceinte d’vne fille, qui fut appellée Ieanne, 8c mariée à Philippe
Duc dDi-'leansLoi-s le Royaume vaqua quatre m0is,& finalement l] futadiugé par
les, Eſtarsä Ieanne , fille de Louys Hutin , femme de Philippe Çomte d'Eu
ſcux. __ ,5 - — l- .{' ' 131?..
~ Royaume de Nauarre.
ne,mariée au Comte de Candale; 5c Leonot-,promiſe au Duc de Medina Celi, mais
morte ſanseflrezyïzcſiriée : ce ſa mere Leonor deceda l'an mil quatre cens ſeptante
neulflquinzemurs apres ſon couronnement. ‘ ë
FRANCO lS P HF. BV S,petit fils de Leonoi-,âgé ſeulement de douze ans, ſuc
'ceda au Royaume de Nauarre; 8e' tóutesfſiois demeura trois ans en' ſa Comte' de
Foix, 6L dei neurie de Bearn , auec Magdelene ſa mere, ſans _sîacheminer en Na
uarreà (fau e des troubles ſuſcireë. par ceux de Beaumont 5c de Grammcnt , qui te
noient les meilleures places. ll s'y rendit apresfut receu par la Nobleſſectc les villes
ſans aucune reſiſtance, l'an mil quatre cens octanie deux , G( ſut couronné i
Pampelone. Mais il mourut au commencement de l'an mil quatre cens quatre
vingt trois, au (Îhaſteau de Pau en Bearn , n'ayant que ſeize ans accomplis. Il ſut,
ä-cauſe de ſa grande beauté, nommé Phoebus. ' ‘ _ ~ ~
CATHERINE DE FOIX , ſoeur de François Phœbusctierita de la Couronne
de Nauarre: zz tandis qu'elle eſtoit en Franceattendant d'eſl:r’e mari éeà lean d’Al—
bregfils du Comte Alain, &L que ſon mary vint gouuerner en perſonne le Roxaume,
ſa mere Magdelene y enuoya le 'Seigneur dhflbenas , frere du SeigneurcÿAlbret,
pour Yiceroy. Apres cela ;l'an mil quatre cens quatre vingt UCIZC , I EAN D’A L
BR ET , 6c CATHERIN E ſa femme , allans en Nauarre , ſurenc courQnnez à
’ Pampelone. Mais la perte de ce Royaume fut cauſée par la ſaute de lean, &c de Ca
therinqqui ſe banderent l’vn contre l'autre', le Roy tenant le party de Beaumontóc
la Reine celuy de Grammont. Toutefois ils entrent bon nombre d'enſans, à ſçauoír,
lean &c Andre' Phœbus, qui moururent ieunes; Henry,qui leur ſucceda aux Eſtats
de Foix 5c de Bearn,dc meſme quau tiitre de Nauarre: Charles , nommé par quel
ques vns François; qui mourutau voyage du Seigneur de Lautrec à Naples; Ca
therine , Anne, Quiterie, Magçlelene, 6c quelques autres dont on 'n'a mis les noms
pource qu'ils decederent ieunes. Le Roy 8c l'a Re? ne chaſſe-rent apres la Faction de
Beaumont, &ñÿvnzſſans ne penſerentqdà remettre leur Eſtate” ſon entier. Mais _
pource qu'ils ne voulurent donner paſſage au Roy Ferdinand, qui vouloir aller en
Guyenne Faire la »guerreau R oy Louvs douzième ,lors hay du Pape Iules ,il trouua
moyen dc des faire declarer à ce Pape Schiſmatiques 6c heretiques,c_lécheus auec
leur poſterité de tous droicts au Royaume d'e- Nauarre,}dont le meſme Pape tranſ
porta le droict au Roy Ferdinand, qui par le moyen d’vne armée, conduite par
le Duc d'Alue , aſſiſté de la Faction de Beaumont , ſe rendit Maiſtre de ce
Royaume , que Iean â: Catherine auoient tenu dixhuict ans 6c demy enſem
ble , &c la Reine ſeule prés de dix ans apres la mort de ſon frereztcllemenr que Fer
dinand vnit ce Royaume à la Couronne de Caſtille le vingt-cinquième iour
du mois de luillet l'an mil cinq cens douze, 6c depuis les Rois d'Eſpagne en'
ayans preſque eſté depoſſedez, ſe le raſſeurerent. ~ ~ ~ '~
Au reſte-Je Roy lean d’Albret mourut l'an mil cinq censdíx-ſept, GL fut enterré
ä Leſcar en Bearn,cinq ans neuſmois 8c vingt iours apres qu'il ſut dépouillé de ſon
Royaume, &z la Reine Catherine ne luy ſurueſquit qu’enuiron huict mois, laiſ
ſant apres elle ſon fils H EN RY D’A LBRET, âge' de quatorze ans qui _sïntitula
Roy de Nauarre, 8L épouſa Marguerite deValois, ſœur du Roy François, 8c mere
de leznne heritiere du Royaume de Nauarre , Femme d’AN THOINE DE
BO VR BON , Duc de Vendoſme, 6c par ſon moven Roy de Nauarre, pere de
HENRY LE GRAND Roy de France6: de Nauarre , duquel eſtiſſu LO VYS
LE IVSTE, 6c le victorieux aufli Roy de France &c de Nauarre.
RIO~IA.
A Prouince de RlOlAgou Rioxa,aínſi nommée pource qu'elle eſt affiſe
aBotet. Rel- i autour de la riuiere d’Oja qu'ils appellent RIO OIA , qui ſe rend dans Nom:
Ê' ,Ïfafiïâg l' Ebro,prés la _ville deHaro,eſt *vne des anciennes dépendances du Royan
de tcb. Hiſp. me de Nauarre, mais** retrenchée en diuers temps parles Comtes .Sc Rois de Caſh]
. cdi Boler
Som”. llcl. le. qui s'en ſont approprié pluſieurspieces.
d Mariana , Elle a du Nord l'Alaua.du Couchanuôc du Midy Caſtille la Vieille ,- &ſido Le
li-D: uant,la Nauarre. Elle eſt ï poſée à coſté du Mont Idubeda; 8c l’vne È de ſes parties continu'
a pproche de la riuiere d' O)_a, l'autre non.
ſ . . 'T ’ H
-&ananaaaaaæ-&SSarzeiaaſaarñçiañaaaaaaana
YAVME DARAGON
Noms.
4- z Epaysd’ARAGON,ainſi - nommé, a cauſe de la riuiere ° Ÿfflîfffl*
~ l - d'Aragon , dont la ſource eſt en ce Royaume, ſut en partie le
d Eſp'
,
' j,, Sejour des fanciens CE LTl BERES, qui tinrent en ce pays la martial. ll:
’ ' ville de Bilbilis , auiourd'l1uy Calatajub ,F de meſme que Sa— ËP'1';"“"“{
l K 7 ragpce, &h Tarſiraſſone ,Borgia , 6L Alagon , 6L -poſſederent gpïfldbo !i447
' au! I partie dela Caſtille , ainſi que font foy lesîvilles d’ln- ?PPL GWS
' cercattie. 6L " Numance, la plus fameuſe ville des Celtiberes, JËÎÃÊL 1,4_
ſ ' eſpandus encor1 en beaucoup d'endroits d'Eſpagne, comme :ï Plin- li-ï
ayans _comm unique-leur nom aux peuples qui les auoiſinoient. Les [ACG ETANS, ,Ludo …z
dont la ville de Iacca garde encor auiourd'huy la memoire, furent auſſi dans ce pays.
Au reſte m le nom d'Arragon,qui nefutau commencement qu’vne Comté, englou- m Mïvfïnï
tit
uintceluy du Royaume' de SO BR' ARBR
Royaume. ' E,qui le comprenoitauec
: Ribagorzqôc cle.- ÏQLŸ,
dISpIgnÊI.
ties du monde, des murailles fortes, auec quantité de tours, force bel les ru~c's, places,
8L maiſons,grand nombre de Caualiers,de marchands# d’arti ſans,8L le p]aiſir,auec
lâcomlqitdſdité de pluſieurs iardins, 5c beaux vergers , chargez de diuers frufiæts. Il y a
laeux
maicſqin
o appellécâxkliapharia?
es remar uables,à ſ auoir
prochel'Hoſ
de lg ital,
villedes lus champ
, ençjvn riches de
("oitrlaagreable
Chre ienté , &L
, &Lfſon au l
çsqwñfflmz
cent lieuësſäc du mont Idubeda, honorée du nom dd FI-lícé parle Pape Gregoire 113-."
?Outre ces Citez, ſieges d'Eueſque , on y voit IVIONSQN, 'ſijaffiſe ſilr le Ching-a,
We' ‘-""ct ſi 'où ſe-.ciennent les Eſtatsgenerailx. , qu'ils appelleutCortes, &les aſſemblée-Sd”
Royaumes d'Aragon, ê; Valenceffleîz l'a Principauté de Catalogne. r: d, -
McrulaCoſm- _ Lcsaucres principales villes ſont-ALAGO N ,jadis ATTACVM, A L MYDE
ΟÈBÏÃÈÏ-Ïſiſi' VAR» BORIA,
Bou-Mortal. &abondent dont lesenuirons
principalement en tres ſont
-bcauſercilgpar le-moyen de deaxpetites
lin. .CALAT-AIVD riniexes, i
, priſe pourlançien-
ne BlLBlLlS, lieu dela naiſſance du Poëte Martial , dont les ruinesſont eſloignêes
de demie lieuë- deCalat-ajub, ſur la colline appelléczvulgairement-Bambols,, ouBau-ñ
bola, ceinte preſque entierement du ficuue Salon. DA ROCA , ville degrand cour:
mais de peu d‘habitans,ayant la riuiere X iloca; ixtrcryl ſongerrqirabondantçiæſftljc
bons Fruits. EX EA, proche dePEbro , ſur les de Naularre. FRAGÀ friſe
pour l'ancienne F L AV l A G A L L l C A de Ptolemêqaſiſſe ſürlaCinga, 8c des
ñ' . long-tctnpscneſtime , comme cclleou Iean Rny d'Aragon ., œ_dz;lÿauarre,âſitî.gſù
. '. ‘ ſembler
le marchélesdes
Eſtats d’Arragon.
Gaulois GV Rqui
d'Antonin, REA priſe pour FO RVMfiG-AËLLORVÏÆÏOU
la metentre-Saragoce, @les Pyrenées. ſſA-z
. uni' RlZAvjlleForc agreablqſur la frontiere deCaſtille. MON l'AR-ACCU, proche
. _ _, W,..- y: ~d'vnell_C-lilçÔ_-jl'HUCſCa.-,flUCC ſon Monaſtere de Içl-ÏiSdpNaZArÔJË-IPJ-MONTRE AL,
_, f,, 'y — " RVES-IE, S,ADAVA,SOS,TAVST
l .Q SA ſur-la nomméepm?quelquesËŸiîsThiauſte-Ê,
frontiere du Royaume deValenGe,, ô; VNCASTILLO‘~,nOÃ tirée_
i .a .dſſziÎ-;iz Palmqueñlques-vnsonocaſtillo.
I…
~
nl I
. -P-——
vne valée abondante en toute lotte dcbiens , 8c le pays de -Borja produit particu
lierement du vin exceîlent. Mais ſi les brebis paiſſent l'herbe du mont de Mon
çaychauant que le Soleil ſoit leué, elles meurent. Au reſte Martial 4 fait grand eſta: &Mirti-LUS
de l'or, .Y du ſer, qui ſe rrouuoit à Calatajud , 8c de la bonne trempe qui donnoit au Êfflyn” "
_ p.” ïtlid.
fer l'eau lieu.
meſme du Salon , _de meſme que des cheuaux
L_ _ſi , cerfs
. ,dains , cheureuls, 8c lievrcs du Egizió,
Mœvn
Iutlfil'
queLes
'les Celtiberes,
plus cruels furent 'les plus
8c fſſarouches, vaillans
iuſqua hommes eſté
ce qu'ayant de toulclTſpagne, de meſme feFlox-biíl-l-s.:
domptez par les Romains, Smïoli-i
nts.
ils receurent leurs mœurs. leur l .zgage, &leurs habits , eſtant pour ce ſujet appelle:
Togez, de meſme que pluſieurs autres peuples d'Eſpagne,qui s'eſtoient rendus COU? _ _
me toutà fait Romains. ll eſt vray qu auparauant ï ils eſtoient ſeulement cruels aux fi ”‘°‘*5“'
meſchans, 8L aux ennemis, 8c ſe monſtroient doux, 8c courtois aux eſtiangergcn tel- 'l'
le ſorte qu'ils leur offroient leurs logis à Penny les vns desautres , de quelque lieu
qu'ils vinſſennAulſi ces peuples faiſaient grand eſtat de ceux-qu'ils voyaient accom
pagnez d'eſtrange_rs, 8c les eſtimoient agreablesaüx Dieux. lls viuoient de diuerſes
chairs bien appreſtées, &leurbreuuage eſtoit de vin miellé, pource qu'ils auoient
quantité de miel, outre qu'ils achetoient auffi du vin des marchands qui venoi.enten
leur pavs.I lslauoient leurs corps auec de l'vrine,comme Iescantabrespëen frotoient
de meſme les dents, 82 ſe l' reſiouyſſoient, allans au combat., äiënſi que les timbres: l' C'ſiſ‘,“,~T“ſ‘*
mais ſe plaignoient deuenant malades. - ~ z i. qu' 'm'
Ils auoient grandequantité d'argent ,ï combien que leur pays ſGmbÏaſt aſſez in- i Sinbo 1L5”
commode; tellement que Marcel exigea de ce pays ſix cens taliensAiGracque ruina
troisçens 4616W? Villes, qui marquoient le grand nombrede ce-pcupleyrœ ſa ri
cheſſe, . -- _ _ . çauitrî- . ..
lls auoient des gens de “ cheual des plus vaillans , 8c desgens de pied meſme pro- kDEod.$io.
d'entre
pres-li ſuporterla
614x $'arm_oi_en't
fatigue.
de .lls
legers
portaient
eſcus à laGauloi
des ſayes-(E.le:
noirsautres
tous de
velus
rondelles
, 8L quelques
dela gran-
vns “J-~ ~ , ~
ï -’.
1,
~ deur du bouclier, &portoient auſſi des bottesſiiitesde poiL-_tlſſu cnſemblegies bourñ_ - “î - ‘ ²~'
.La
guignoçes,, ou des motions d'airain , auecdcszcreſtesde couleur deipourpreæ; .des eſ
PCCS a ttendlaiu, des meilleures, 8s despoignars ,ayansvpreqçlſxsa .Modelo _long
ſi ï
gueur ,dontilsfe ſeruoient dans la preſſe. Au reſte ils laiſſaient dans terre des laine*
de fer, iuſqu'ä ce que le plus foible dece fer eſtant mangé par la roüille, il ne demeu —
roit que le plus forc,puis en faiſoiët des eſpées,8Ld’autr‘es armes,qui coupoient telle- ~
ment tout ce qu'elles rencontroient , qu'il n'y auoit bouclieizny ſalademy os qui leur
puſt reſiſter, 8L pource qu’ils auoient touſiours deux eſpées . ſoudain quîlsauoient
vaincu au combat 'a cheual , il ſautoient a terre , 8L combattoient brauenient mellez
fl-fflppm,, parmy les rangs des gens de pied. llsauoient de 'ï couſtume en leurs côbats de courir
!LP-ac enſemble, 8L choquer les ennemis auec ‘ la pointe de leur bataillon fait 'en triangle,
ËËJË" 8L faiſoient ordinairement vn \Ègrand effort auec ceſte ſorte de combat , qu'il eſtoi t
c Dcc.z.li.;;* impoſſible de les ſouſtenir. Au iles' Romains ÿenſeruoicnt ſouuent en leurs guer
res, comme on vit lors que Marcel afſiegea Syracuſe cn Sicile, auquel temps ils firent '
armer trente mille hommes de 'ceſte nation.
d 8min li.” Quant à la religion *l des Celtiberes , 8L leurs voiſins du coſté du Nord, ils adoä
toient certain Dieu la nuit , autemps de la pleine Lune , danſant au deuant de leurs
portes auec toutes leurs familles , 8L faiſant grande feſte, &reſiouyſſance toute la
nuit. , _
;ÊËÏËËÈ Les Aragonois, * ſont courageux defenſeurs de leurs libertez, plus Freſolus,8L plus Miro”
154,4_ . arreſtez, 8L fermes en leurs deſſeins que les Catalan” mais moins vifs , 8L moins ‘l‘“F‘l”'
f _Homo Bïl- prompts de la main. Ils comptoient î leurs ans depuis PÆrc d'Auguſte,- mais l'an
Èfilſyïſſ; i350. le Roy Pierre d'Aragon abolit l'vſage de ceſte Ære , ſuiuant laquelle ils da
l_—liſt.d'Eſp. toient les inſtrumens,lettres,8L contrats en Aragonſa Panciennefaçon d'Eſpagne,8L
*U* voulut qu'on prit delà en auant le commencement du compte des apnées , depuis la
Natiuité de leſus-Chriſt.
5 …gang Le Roy l* d'Eſpagne-reçoit bien peu du Royaume d'Aragon', 8L des pays qui en Richeſſe*
dépendent , voire meſme ce reuenu s’aliene en partie , 8L ce qui reſte au Roy ne luy
ſuffit pas pour l'entretien des officiers du Royaume; tellement qu'il eſt contraint
d'enuoyer argent de Caſtille pour les garniſons , 8c les baſtimens , ou fortifications.
Toutesſois tous l'es trois ans les Royaumes d'Aragon , de Valence , 8c la Catalogne,
ont accouſtumé de faire preſent au Roy de ſix cens mille~ducats , à ſçauoir Aragon
de deux cens mille , Valence de cent , 8L la Catalogne de trois cens , ſi bien qu'on
peut direque leRoy d'Eſpagne reçoit tous les ans de ces trois pa'i's deux cens mille du
í _loterolReL cats.Au reſte î il n'y a partie d’Eſpa ne,oû les biens ſoient mieux partagez qu'en cel ~
457%”- le-cy z veu qu'exceptant l'Archeue ché de Saragoce, qui a pres de ſoixante mille ef- —
cus de rente, les autres Eueſchez n'ont point de reuenu remarquable, 8L l'on n'y voit ~
auffi point de benefices d'autre ſorte, qu'on puiſſe dire fort riches. ~
. . k , , , , z
Î-?Ê-'ñi-'Î-'ñ äï ..ËPÎEÊÉËHÀJÎSËÉËSIÏEÊLÏÊÎYSËÀTËÎz,E?;Tage:ËËLÎÎÊÀÎJËÊEËËËÊEÊÎË 55:31-
- donna les pays de Sobrarbre , 8L Ribagorce , aujourtſhuy compris dans l'Aragon , a
ſon fils Gonçalo_ , auec titre de Royaume , 8L la Comté d'Aragon , auec meſme titre
Royal a Ramir ſondfils bakſtard , qui jouyt bien toſt apres de Sobrarbre , 8L de Riba
gorce, par le decez e ſon rere Gonçalo. - .
Lnlqdin Îlepr- Autresfoisl le grand Magiſtrat, qu'ils appellent Iuſticc major d'Aragon , diſoit
' ' "' au Roy ces paroleUNos que valemos tanto como vos , vos elegimos Re con eſtas,,
y eſtas conditiones , entre vos y nos , vn que manda mas que vos , c’eſt à dire , Nous'
qui valons autant que vous, vous efliſons pour Roy, auec telles , 8L telles conditions,
8L en pre vous,8L nous vn qui commande,plus que vous.Mais cela ne ſe pratique plus,
8L meſme ceux qui ont eſcrit que les Rois eſtoient lors eflus, ſe ſont abuſez; veu qu'il
eſtſes
8L certain que Sancho
deſcendans le Grand
, malles., conquit
8L femelles ontſur les du
jſiouy Mores vne grande
Royaume eſtenduë
, par droit de pays,
ſucceſſif, de
proche en proche, ſi bien que les Aragonois n'ont ce droit d'unité vn Roy, ſinon lors
que la ligne des Rois vient 'a défaillir; car quant à ce que nous liſons en quelques re
lations, que la Royne Iſabelle ſouhaitait que l'Aragon ſe reuoltaſt S afin que le Roy
Ferdinand ſon mary donnaſt à cepays la loy que bon luy ſemblerait , ce n’eſtoit pas
tant Ïauſä de ſelection , comme les Relations marquent , qu": raiſon de leurs trop
.-..ñ. :c _‘ gran s li ei-_tez qu'on a depuis aſſez retranchées.
ËËŸËË; Ces Rois eſtoient couronnez à Saragoce, par vn Archeueſque en' la grande Egli
[m, _ ſe, apres auoir eſté premierement armez Cheualiers, puis oings , 8L’ſacrez. Leurs fils
ï', ſim*** aiſnez “ prirent le nom de Ducs de Girona dés le temps que leRoy lean premier don
Mugfl… 1M_ na Girona Biſon fils lean , auec titre de Duché , puis ils ſe nommerent Princes de G i
k \ï- rongdcpttisletempsdiflloy Ferdinädpiiemiei-,qui donna cetitre i ſon fils Alfonſc.
... Ô..., .... .7
entr’eux , 6c luy , qui,ſe bommaſt luſtice d'Aragon z *ſi bien que delà en auant il y a "ſum C0111
touſiours eu dans ce Royaume vn tel Magiſtrat , qui prend cognoiſſauce de tout ce m°“”“
qui concerne leleRoy,
meſmeÎtempS tantdu
pouuoir enRoy
demandant
auec cesqu'en deſendant.
conditions: Que Au reſte6cilsſesbriderent
ſiſſ luy', en
ſucceſſeurs
ne gouuernoient le Royaume ſelon leurs loix ,ôc Fors ,ils pourraient eſlire vn Roy,
meſme Payen; dequoy il octroya priuilege aux Aragonoigqui ſut cancellé au temps
de la derniere vnion.
Les Barons, c'eſt à dire les Eueſques, 6c grands Seigneurs , qu'ils appellent Ricos
Omes,ouriches hommes,affiſtoient aux iugemens de la luſtice mayord’Aragon,
dont la vraye charge eſt de temperer tellement le pouuoir du Roy , 8c la liberté du
peuple, qu'il yait touſiours vn bon accord , 8c principalement d’auoir vn ſoin fort
particulier de bien maintenir-les loix, 8c les expliquer s'il y ſuruient quelque doute,
puis ayant eſclaircy, 6c reſolu quelque choſe , chacun la doit ſuiure, pource que les
loix luy donnent l'autorité de lesexpliquer. Meſme les Rois doutans s'ils peuuent
faire quelque choſe, ſelon le For d'Aragon , ont de couſtume de conſulter ſur ce
point la luſtice d'Aragon, qui doit auſſi declarer ſi les lettres du Roy , ou de ſon fils
aiſné adreſſées à ſes officiers , ſont contre les Fors , ou libertez du Royaume , s'il leur
fautobeyr, ou non, &C en vertu d'icelles procederà l'execution, ou la ſurſoir. ~
, Ony pratique auſſi , que ſans aucune cognoiſſance , 6c declaration precedente,
quoy qu'on n’ayt point preſenté requeſte au Roy , ou ſon fils aiſné, pour reuoquerce _
qui contreuient aux Fors, la luſtice d'Aragon y pouruoit par voye d'appel , 6c deſend
auſſi toſtdeproceder, 6c ſi l'on a procedé d’executer, &reçoit entre ſes mainsles
biensà l'execution deſquels on veut proceder, 8c la perſonne , ſi elle eſt en priſon , ou
ſil'on la conduit auſuplice, les mettant par ce moyen en ſeurté, puis cognoiſt ſi le ſ
. procez eſt ſelon,ou contre les Fors,qu’ils appellent Afforadcgou Deſafforadqqui eſt
vne des plus grandes
regulierement libertez
dctſſenduë des Aragonois
. de meſme , auſſi
que les en bien 8L
ueſtes, queinformations
celle que la torture
, que les yC3.
eſt
ſtillans appellent Peſquiſas , 8c rien iies'y doit aire qu'à l'inſtance de celuy qui a le
principal intereſt.Au reſte ce Magiſtrat eſt luge particulier en ce qui touche le ROY;
tellement qu'il peut defendre , cant au fils du Roy , ou Gouuerneur de la Prouince,
qu'à ſon Lieutenant, 6c tous autres luges ordinaires ,ou par commiffion , de ne ſe
meflerpointfdu ſait du Roy. ll eſt vray qu'ilvſe de ceſte moderation en interdiſant,
qu'il le fait touſioursde par le Roy; î-
L'officier, ou luge, ne peut eſtre accuſé que par deuant la luſtice d'Aragon. Les
Rois, leurs ſilsaiſnez, 6c leurs Lieutenans ſont auſſi obligez de iurerâ Saragoce , en la
Seu , ou en l'Egliſe Cathedrale , 8c Metropolitai ne de S.Saluador , deuantle grand
Autel, publiquement en preſence du luſtice Maj cui-d'Aragon , de quatre Deputez
du Royaumefln de chaque Bras,& trois lurezpu Iurados de Saragoce, qu'ils main -
tiendront les loix, 6c priuileges du Royaume. '
Le Iuſticier d'Aragon eſt auſſi luge entre le Fiſc,& les particulierxœ Pour CC que
k5 Offlcíctí» &C Miniſtres Royauxîeſtoient quelquesſois trop ſujets à ſe laiſſer empoi#
cer *a-leur paffions ; afin d’adoucir leur courrouigóc moderer leur pouuoigOn aſſ trouué
dèux recours, dont l’vn s'appellelurisſirînafautre Manifeſtation. La Iurſiisfirma n'eſt
qu’vne ferme dominatiô du droitzôc des loix côtte-lesiniuſtes 6c violens mouuemës,
tant des Rob, que_ des luges Rbyagmejóc” des" Oril y a pluſieurs_ ſor;
W
Z56 Royaume cYAragOiÏſſſiÇ 'i
trs deces îurisfinnesyeu que ier *etres ſont commnnegôc commeils diſentvxilgaire
- :nent Boäanderagou volantes , lesautrescaf-ſiueiles , 8c de ces dernieres , !eg v-nes ſont
pzîmlegreesfles autres nou, les vues contre les luge: Ecclefiaſtiques , les autres con
tre les. Seozsiiers , 6L h ſin de toutes eſt de recourir au luſtici-er (TA ragon ,ſur le ſer.
ment quïis preſtenc deuanr lu y :ſobeyr aux loixsaiin-q-ue ſa ds-ſenſe interuenanr , les
'biens desvus 5c des autres ne ſoient pas ſujets äctſiniuſtíce des Iu es Royaux.
I.: Líauilïeſtarion a ſemblable vertu , combien qu'elle ne oil: pas rant eſtnblie
pour &defenſe desbiens , que des perſonne-ASL le pouuoir de ceſteManifeſtation eſt
fi fort, ëzprompc, qufellerecourc vu homme au ſu pplicqſur le point de la mort s car,
par ſim moyenlhom me condamné, ſelon que les loix le permettent, peut- cſtre ſou
' dain arraché de la ora-in des luges, comme pourrecbcrcher vn vray iugementflïæc con
duiteu la priſon qu'ils appellent de los Manifeſtados, c'eſt à dire des Maniſeſtez, où ii
demeure iuſqæfäcequbn ait iugè ſi l‘ona-bien,ou mal procede contre luy. Au reſte il
eſt defendu princípalemêt aux luge-s ſouuerains, d'entrer dis ces priſons. Que G l'on
a procede contre les loix en' ce Humour eſt reuoquez ſi ſelon les loix on [eue la deſc”
ſe , ou ſince-rdir dela Mani ſeſtarion ,le criminel eſt puny. On ſe ſerrauffi dcce droit
de Manifeſtation pour la cauſer-nation des biens, lors qu'on craint qu’il y ajc quelque
_O0 fraude aux ietrres , 8c lors les Miniſtres de c-e Magiſtrac ont le ſoin de faire tranſpor
terreur-es 'les eſcrirures, 3c les conſiderer attentiuementñ.
Au 'ſixrplus la puiſſance de ce Magiſtraraeſté tranſportée à ſes Lieutenans , pour
ce que ceux qui le poſſedant ne ſont pas hommes de lettres; car e-ncorqwil ſoit or
donné par la loy, qu'aucun ne ſoit appellé â ce Magíſtrac , qui ne ſoit Cbeualier, &r
homme de guerre, toutesfois il s'en eſt crouué pluſieurs bien vecſezen droit qui l'ont
exercé. Mais il ya fort long-tem ps que ceſte cl1arge eſt donnée i des hommes illi—rc—
irez, qui peuuent auoir deux Lieutenans. ‘
Les principaux priui leges d*Aragon,oucre ceque l'en ay dir cy- deſſugſonr; Qu'on
ne peut donner la queſtion à perſonne, qu'à ceux qui ſont accuſe: d’eſtre faux Mon
noyeurs : Que le Roy ne peut faire aucune noudelle impoſition , finon du conſente
ment de tou: le Royaume: Que nul ne peut eſtre contraint de bai ller caution hors du
RoyaumezW nul ne doireſtre conduit priſonnier en autres pays, ſur peine de la vie
- à ceux quiſencreprendronnQxu-'on ne peut chíger le prix des monnoyes qu'après vne
loy publique: Que nul eſträgeræe peut auoir le gouuernement des placxs: Quaucun
ne peut eſtre gardé dans des priſons particulier-es; mais doit eſtre côduit auffi coſt aux
publiques: We la puiſſance de la luſtice d'Aragon ne pourra pas eſtre empeſchée
parle Roy : Qſii ne ſera iamais loiſible Ëaucun de violer les loix, 8c liberrez: Er qu'il
ſera permis de defendre les loix,8c liberte-T., aueçles loix meſmes , ſans pouuoir eſtre
accuſé de rebellion, ou reſiſtance. _
La Nobleſſe &Aragona auſſi ce priuilege , qu'on ne peut punir corporellement
vnGenrilhomme pour quelque crime. Toutesfois le Roy le peut faire prendre , &c lc
tenir à ſa mercy, cant que boniuy ſemble. ñ
Venant à ceſte heure aux Eſtars du Royaume , on les tient 'pour ſecourirles Rois,
lors que la necefficé les preſſe, 6c que les finances ſont eſpuí ées. Mais anciennement
on les conuoquoic pour ſecourir les Rois, non ſeulement d argent: mais de genLOn
les aſſemble encorlors que quelque Roy vient 'a ſucceder de nouueau; afin de rece
Ïioir de luy leſierment , 6c le luy preſter, pource qu'il n'eſt pas permis aux Rois de ſe
ñ dire tels en ce Royaume, iuſqu'à ce que les Eſtars ſe ciennenizque le Roy,& ſes ſujets
ayent preſté ſerment, &c; qu'il Yayt des loix eſtablies ſelon le temps ,leſquelles com.
mencent ainſi,- Le Seigneur-Roy de la volonté de la Cour ordonne , ôcc. Au reſteil
apparcientau Roy ſeul de mander les Eſtats. ~ . î
CesEſtacs eſtoienrautresfois côpoſez ſeulemêt de crois Ordres de perſonncgquîls
appellent Bras ,à ſçauoir de l'ordre des Barons , qu'ils appelloient aulſi riches hom
.mes, qui ſe nomme ſeulement auiourd’huy le bras dela Nobleſſe, ou des Nobles,
auſquels les Rois ont permis, auſſi bien quele Royaume , de pouuoir alliſter par Pro
cureurs aux Eſtars. Le ſecond eſt des Cheualiers, qui ne peuuenr enuoyer des Procu
reurs ; mais s'y trouuent, ſi bon leur ſemble ; afin de remarquer ce qui s'y fait. Le tiers
Ordre eſt celuy des Communaurez, qu'ils appellent E] braço de Vniuerſidades , de
Çiudades, villas , y villeros de Aragon. Le Bras des Vniuerſitez . ou Communaurez,
des Citez, villes, 6L habirans des villes d'Aragon. ll eſt vray que toutes les villes du
Royaume n'y ontpas ſeance, veu qu'on a reſolu celles qui s'y doiuent trouuer , 6c
le rang que chacune l v«doit
A tenir
q' ,.-ſſ tan: à prendre place , qu'à donner
l ſa A
voix:
CCC
Royaume dÏAragOnL 1s7
A_ ces trois bras, on ajouſta enuiron l'an 1'300. [Œccleſiaſtique, ou celuy du Cler
gé , compoſé de l'Archeueſque de Sat-agace,- des Eueſques du Royaume , des Cha
pitres
des des Egliſes
Ordres Cathedrales,
dc Cheualiers, 6L ces6L quatre
Collegialcs,
Ordresaſont
des Maiſtres
appelle: des
les Commanderies
quatrectbras du
Royaume.
On communiquoit ï autresſois à Monçon les Eſtats d'Aragon, &L de Catalogne, àfgzÿgçï
ſans leſquels il n'eſtoit lors permis aux Rois d'Aragon' d'entreprendre aucune choſe ML' P'
de conſequence. Mais à preſent V on tientà Monçon les Eſtats genetaux d'Eſpagne, b Salazar Al-j
comme vous auez peu voirau diſcours general. _ ‘ſ “‘°"“"
*l
Le Roy ï tient en ce pays vn Viceroy, qui ſe tient à Saragoce , auec ſon Conſeil', c Gonzalo de
outre lequel' le Iuſticier d'Aragon a le ſien . ll y a dans Saragoce cinq lurez ,ou Con- Caîſll-Wälcëàîà
ſuis , efleus de certain nombre de Citoyens. Ils po-rtent de meſme que les .Miniſtres Ëzuſigdnz,,
qui les accompagnent, 6C ſe ſeruentderobbes longues aux actions publiques, 8L ont ~
leurs Maſliers, qu'ils appellent Andadores, auecleurs habits,, 6L marques particulie
res. Au reſte il n'y a perſonne qui deuancele principal Iuré , qu'ils appellent Iurado
in cap, ny qui marche auepluy du pair aux actions publiquegcom me entrées duRoy
ou d'autres Princes, 8L la droiteluy eſt touſiours deuë en ces occaſions.
. ll y a quatre 4 lnquiſiteurs, &dix-ſept hommes , comme Cenſenrs , eſtablis pour d **fl-VMW
que les enqueſteurs
iuger-des actions , 6Lpreparent le ſait,ôL
des iugetnens les dix-Iuſticier
du grand ſept hommes prononcent
d'Aragon s maisenlaSentence.
telle ſorte, ~ '
i .Royaume d'Aragon.
158
857. &ſes ſucceſſeurs Rois de Nauarre poſſederentPAragon auec meſme titre iuſ-ñ ñ
qu'à Don SANCHO LE GRAND, Roy de Nauarrequi mourut l'an 1054.65 par -
teſtament partagea ſes Eſtats äſes enſans , laiſſant a Garcia le Royaume de N :marre,
à Fernand celuy de Caſtille, auparauant Comté, à Gonçalo les plays de S obrarbrqôz
Ribagorce, erigez en Royaume# à Ramir tenu pour baſtard, l'Aragon auec meſme
titre Rojal. ’— ~ -"— ' ’ ' '
RA MI-R , premier Roy d'Aragon , enuiron 2.50 ans apres que ce pays auoit com.
mencé d’eſtre tenu en titre decomtésutla confirmation de ce titre du PapeBenoiſt
IX.pu~rs bien toſt apres Ramir s'em para du Royaume de Sobrarbreæ Ribagorcegsc
ſon frere Gonçalo eſtant decedé ſans enfans , il eut d’Ermiſende, fille d~u Comte de
Bigorre,
:ſi _ _de lacca : Sancho
Sanche, Ramir-es
Comteſſeſon ſucceſſeur
de Tolouſe au Royaume
:Thereſe, d'Aragon
Comteſſe , Garcia Eueſque
de Prouencqfemme de ñ
Guillen Berrrand,8t mourut l'an ro67.de 51 le ſon regne. .
filleSA
duNCHO R AMIRI-.S , ſuccedant
Comte d’Vrg~el,.Pic1-ſe, Alfſionſe,&àRamirzqui
ſon pere enregnerent
Page de i8apres
ans eut
luy.de Felicia,
Il futauffi
appellé parles Nauarroigpoureſtre leur Roy l'an i076 .apres que Sancho eut eſté tué
par ſon frere Raymond , &que ſes ſiJs s'en furent ſuys en Caſtille , 6c parce moyen
reünit les deux Royaumes de Nauarrensc d'Arragon, gagna quelques batailles con
tre les Mores, leur enleuaArguedas, 6c Monçon, puis fut tué au ſiege de Hueſca Fan
10 9 4.. - ‘ _ ’
PIERR B,ſon fils aiſne luy ſucceda aux Royaumes deNauarre, 8c d'Aragon, prit
Hueſca aux Mores, puis Pertuſafiarbaſtro, az pluſieurs autres fortereſſes, puis mou -
rut l'an I 104. ſans laiſſer desenſans apres luy .
A LFONS E ſon ſrereluy ſuccedaaux eyaumes de Nauarreôc d’Aragon,& par
le moyen
ces de ſa Femme
Royaumes Vrracafut
furent vſſnis commeauſſi
en .vnRoy de l'an
corps Caſtille,&
i108. llde Leonztellemêt
enleua queMo
Saragoceſſaux tous-
lille nommée Violant comme ſa mere, mariéeau Duc Louis' d'Anjou , fils de Loüis, ‘. o'. 1
qui mourut en Italie poutſuiuant, lg droit duë Royaume de Naples , puisle- Roy
Europe, ~ ~~ O ij
160 ~ Royaume d’Aragon. l
Iean clecedaPan 139E. 8c lors Mathieu Comte dc Foix , mary de ſa fille aiſnée , pre
tendanc ſelon la couſtume d‘Eſpagne,que la Couronne appartenait à ſa femme , fic
tous ſes efforts pour l'obtenir. Mais les Aragonois ne le voulans reçeuoir , efleurent
pour leur Roy . _
MA RT IN ,frere du defungqui ſe trouuoit lors en Sicile,&Vint en Aragon pren
dre poſſeffion du Royaumqllaiſſant en Sicile Martin ſon fils, Roy de ceſte Iſle , qui
mourut bien toſt apres , ſans enfans legitimes , ſi bien que la Sicile fut deflors vnie à
la -Couronne d'Aragon. .Il eſpouſa ſur ſes vieux iours Ieanne de Prades , de ſang
Royal, cauſede
FERDIN ANbeaucoup de troubles
D, lnfantctde Caſtille,enfils
Aragompuis mourut ſans en ſans
de Leonord'Aragon,ſœur l'an I4
de deux io.
Rois
precedens, fut efleu par les Aragonois pour Royſſ d'Aragon , 6c par meſme moyen de
CatalognqValence, Sicile, Sardagnc, Majorque, .SL Minorque. Auant ſon aduene
ment à la Couronne il eut de la Comteſſe d'Albuquerque,Alfonſe ſon ſucceſſeur,
nommé Prince de Girone par ſon pere, puis lean,qui ſut Roy de Nauarre, 6c depuis
d' Aragomôc de Sicile,par le decez de ſon frereaiſné: HenrygMaiſtre de Perdre de S.
Iacques: Sancho, Mai ſire d’Alcantara,& Pierre qui mourut d'vn coup de canon aux
guerres de Naples. Il eut auſſi Marieſiemme de lean Il. Roy de Caſtille, 6c Lconor,
femme d' Edoüard, Roy de Portugal, a mourut l'an 14.16. <
A LFON SE ſon fils,cinqui_eſme du nom, ſurnommé le Magnanimeſiſut ſon ſuc
ceſſeurflt longuement la guerreau Royaume de Naples , meſmement contre Loüis,
5c René d'Anjou, ſut pris par les Geneuois en vn combat ſur mer, puis deliuré parle
Duc de Milan , n'eut aucuns enfans de Marie de Caſtille ſa premiere Femme s mais
d'autres Femmes il eut Ferdinand qui luy ſucceda , au Royaume de Naples , Marie
d'Aragon, mariée au Marquis de Ferrara, Gt Lconor, Princeſſe de Roſſano , femme
p de Martin Marſan. Mourant l'an I 456. il laiſſa heritier en ſes Royaumes d'Aragon,
Valence, Catalognqsardagne, Sicile, Maiorque, 6L Minorque , ſon frere Iean Roy
de Nauarre. '
[EAN ſecond, Roy d'Aragon# de Nauarre , cut beaucoup de troubles en Ca
talogne, eſpouſa Blanche heritiere de Nauarre , de laquelle il eut Charles , Prince de
Vianqpuis en ſecondes nopces [canne Hcnriqucs , fille de l'Ad-miral de Caſtillqde
laquelle il eut Ferdinand, ſon ſucceſſeugôc mourut l'an i479-aprcs auoir veu ſon fils
Ferdi nandmarié auec la Princeſſe Iſabel, heritiere de Caſtille.- 6c' de Leon.
F ER DIN AND ,Roy d'Aragon,Valence,Catalogne, Maioxque, Minorque, Si.
cile,ôt Sardagne parle decez de ſon pere , 8c Roy de CaſtillqdeLeon , &z de Galice, Ë
' par le m oyen de ſa femme Iſabel vnic tous ces R oyaumes comme en vn corps, 8c leur ‘
aiouſtadçpuis le Royaume de Nauarre, dont il priua ſes vrais heritiers, puis la poſte—.
rité deœ Roy a jouy iuſqufflà preſent de tous ccs Eſtats.
NXÆHÆMMMMMÜXÆMÆ&ÛHMMÆMMMMÆMVHÆMÆXÆHÆ ~
OATA L~O
. ctActCATALOGNE, nomméeG
par lesN E c ATA LV- m.:
Eſpagnols
a Mcrula cor. ſſ- - GN &par ï corruption du mot Latin GOTHALAN I&c'eſt à dire
Èvfflïïlïf ._ 3, Î, demeuredes Goths, 6L des Alaingtous deux " peuples de Gothic,
c L,, L… .y ' ’ . qui. ſe vinrent perche! enſembleà ce pays , Eur. le ſejour' des an
Mïïflïffl- a …E GASTELLANS de Ptolemée,qui-tcnoientla Duché de
ñ“““‘°"'® Y — ñ - — Cardone, des !NDIGETES du meſme., des ILERGETES,
des_ LA-.LETANS , des CERR ETANS , dont la memoire. ſemble' paroiſtre aux
lieux de Csmeíra , Puygcerda . 6c Comté de Cerdagne , les AYSTETANS , 8c les
ILERCA ONS, ayans pour ville Tortoſe. ' ‘ J. ~
. .ë- Elleadu Nord les monts Pyrenées ,auec le Gominges ,Fois , Dioceſe d’Alet, 6c confins;
Narbonois , Prouinces de France , du Couchant le Royaume d'Aragon, Ge celuy de
Valencefeparé par_ lariuiere de-Cenia,du Midy,& du Leuant la mer Mediterranée.
Elle sÎe &end depuis Salſesiuſquîi lamegôt depuis la mer du Leuant juſqu'à la ri; Encinias."
îfflfflffl" ſi" uiere de,Çingm Welquesvns 4 lafont longue de deux cens :cinquante mils,ou 8 2.
e mo" M3055» de Salſe; iuſquätux confins- déValencc., 8c large de9‘4 mils , ou pres de vingt
e Bol… Re, quatre lieuës_ , depuis le Val cle-Caroll , proche des Pyrenées iuſqu'au riuage de
dispagua. Barcelona Leur-litres :-la ſont Longue .L 6c t large de pces de- trois igurnées,
v
A fi
‘ Catalognë. l( A î… [Êiï
' qu'elle ſurpaſſe toutesfois de beaucoup en ſa longueur;~ veu qu'il Y a de Lerída pro
che de 6clade
lieuës, frontiere d'Aragon
Perpignan iuſqu'à
à ſiSalſe trois, Perpignan
ſi bien paſſant
que letout_ parGirone, trente-neuf
fait quarante-deux lieu-ès.
Lieux; i Elle contient ciiiquantefixCitez, ou villes ,peintes demurailles, auec vn fort
grandnombrede bourgs, ou vilages. - x, ; . ), il ~ ë
_ Sa ville capitale eſt BA RCE LONE , ou à la catalane_ Barcelona , nommée par ‘
Ptolemée BARCINON, &c parlornande BAR-CILON A ,avant 'Vnbeau .Mole.
Ses ï vieilles murailles paroiſſentcncor entieres, auec quatre' portesſeulement, au a l-lienpanlg.
lieu qu'à ceſte heure elle en a neufs carla nouuellſe ville embraſſe la vieille , auec ſes “V”
faux- bourgs , 8c toutela ville enſemble eſt en forme de demy cercle , dont les deux'
extremitezeſt
ſ leſquelles aboutiſſent à la mer.
celle de ſainct Dans
Michel, la ville
qu'on on voit pluſieurs
tient-auoir belles Egliſes'.
eſté le Temple entre.
d’Eſculape ,à
cauſe des ſerpens qui paraiſſent au paué. Lesmurail les, 8c les maiſons ſont baſtiesdc '
la pierre qui renaiſt touſiours en la montagne de Monjuy , que les doctes expliquent ~
mont de lupiter, proche de la ville du coſté du Couehantſhc couuerte d'arbres,& de
.
vignes. Le Lobregat ſe rend dans la mer, à quelques ſept mils_, ou deux lieues de la*
ville, du Çouchant , 8c le Betule plus petit: mais plus proche, u_ plus v-tile arroſe ſa
pleine par des branches qu'on en tire, qui ſont auſſi tourneródes moulins , 6c dans la
ville il y aforce puys de fort bonne eau,ôc quelques fontaines. Son toureſt d'environ
deux mils. Le paué l' de ſes rues eſt de pierres larges: tellement que les ruës-deuien- b Olfflſf- ffl
nent ſort nettes toutes les ſois qu'il pleut , 6c la ville eſt des plusrichezs, parle moyen ""
delamenôcdugrand
Les autres Citez detraffic. ~ TA- RR-A~
ceſte Prouince ſont TARR AG ON A, jadis CO, " l_ , "ſiſi.
ſſôc Tarracon capitale de l'Eſpagne Tarraconenſe, ville ſort ancienne : mais petitede' ‘
noſtre temps , bien que ſiege d'vn Archeueſque, ayant encor de grandes marques
d’antiquité , particulierement ſes murailles preſque toutes baſties de pierres pleines
cPEpitapheS Romaines , bien que miſes à rebours parles ouuriersignorans; veu qug n,
c'eſtdu
vne
meilleure
che œuure a nouuelle,
pourle
riuage, lachanvre, 6cque
riuiere de teſte ville,
pour la *'vie
Francolin, quihumaine.
ne paſſe
efloignée pasTORTOSA
cinqdſivn
ſeulement çensmil
feux , -eſtant
,qui
dontn'eſt pro-
eſt c“.5!²$“‘~
autre
l'eau _notera Kelj
que l'ancienne D E RTO S A de Strabon, 8c Ptolemée, aſſiſe* ſur l’Ebro',‘a cinquan- dl Ballan; ‘.
ce mils deTarragone, 6c fortifiée d'vn Chaſteau , poſé ſur vne colline , auec-de bonmfflſ
foſſez , 6L remparts. LERIDA ,jadis lLERDA , ville des llergetes ,aſſiſe aux from.
tieres de l’Aragon,ſur la riuiere dezSegrqrenômée au temps de Ceſar: qui y défit les
trou es‘dePompée,M.Varron, A ſranius,& Petrejugscfort eſtimée pour ſon ancien
ne Æcademie, 6c pour ſon Egliſe Gathedrale, dont le Cloiſtre eſt des plus beaux qui
ſe voyent. GIRON E, ou Girona ' ſur le Ter, capitale de PAMPVRDAN , 6c d'v- =_3°ïï'° R*
ne f Principauté, dont les fils aiſnez des_ Rois d'Aragon porterent le titre , nommée 'ËQJÇËÎÂL
par Ptolemêe G ERV N D A, 6c miſeau pays des A utlietains. VIC H , jadis A V S A, Hindi-Eſp.
ou bien EAVX CHAVD ES miſe de meſme par Ptoleméeau pays des Authetains, “"5
ayant ſes habitant nommez AQVICA LDEN SES par Pline. VRG EL , nommée
dans nos cartes àla mode du pïy~s LA ~SEV DVRGEL , commevoulant dire la
Cité ,ou la Cathedrale d’Vrgel , appellée par Aymon en ſon hiſtoire O R G E L
LV M , 6c priſe par quelques vns pour ville des llergetes , aſſiſe S entre les ſources de g Botcto kai;
IÎAitOne, 8c dela Cinga, Gt les Pyrenées. ELNA ſur leTech, &c SOLS ONA', ou
Salſona, faiceÎCité de nouueau.
Il fautaiouteräces Citez celle de PERPIGNAN , nommée parles habitans du
paysPERPINYA , par Ptolemée , 8c Strabon- RVSCINON , 8c par Pline RVS
ClNO, ayanth les reſtes de l'ancienne ville pres d'elle, 8c de la Tour, qui retient ſon ETS”
nom , eſtant appellcſie TO VR D E ROSSILLON. C'eſt la capitale de la Comté '
de Roffillomaffiſeſi* ſur la riuiere de Later, jadis Ruſcino,ſur laquelle on voit vn pont Winch,,
de pierre, long de mille pas. Elle eſt efloignée de deux lieuës de la mer , de trois de seunizzſ
Salſes , 8c autant des Pyrenées , bien baſtionnée, 6c defenduë encor d'vn Chaſteau "îäfflnäcï"
cres-fort,où l'on tient ordinairement garniſon de cent cinquante ſoldats. Elle eſt 'RJ55 JM_ -\~
pleine d'artiſans qui trauaillent en laine, des plus agreables d'Eſpagne , la plus grarñh .coni
de, 8c plus belle de toutesles villes de Catalogne, apres Barcelone , 8L poſée en vn _
pays abondant en bled, vin, 6c huyle; mais expoſée aux grands vents, de meſme ffipflſ:
que tout Ie Narbonois. Elle ſut ² faite Cité par le Pape Paul cinquièſmeau l lieu l iciuerfflszſiz ct
qu'elle eſtoit auparauant du Dioccſe d'Elne ſa voiſine, 8c peut auoir quatre mille- "îsïe
feux. d”
… ~ .
Europe, O iij
\
162 ſ (Iatalogne. ſ 3/…
La COMTE' DB ROSSlLLON , que ceux du pays nomment ROSSEL
a Roſario LON,6L les Eſpagnols RVYSELLON , s’eſtend ï entre deux bras des Pyrenées, _v
M°“"° 5'** dont l’vn paſſe vers Salſes ,6L l'autre ſi Colibre. Ceſte Comté contient' outre Perpi
gnan, les villes de BO LO,ou de VO LO, 6L le long dela frontiere de Läguedoc cel
les de FILLE , qui eſt ville de negoce , 6L riche, ayant vn Seneſchal; PRAD E S , 6c
CON F L EN T, ou Confiens , ville de garde, frontiere des monts Pyrenées: le Cha
ſteau de TAVTAV EL, auec garniſon, à trois lieues de celuy d OPO LS , aſſis ſur vn
hautrocher,ayant arniſoii de meſme, adeux lieuës de la renommé fortereſſe de
«î SALSES, ou SalſasaPEſ agnole, dontlelieu fut nommé par Antonin SALSV-t
, l. Æ, de meſme que ſa fontaine, dont Mele parle, qui ſe nomme encor auiouro
d'huy vulgairement Font, ou Fuente de Salſas. Ceſte fortereſſe, auec ſon bourg
prochecle la frontiere de France , 6L voiſine de Leucate. ou Laucate du Narbonois,
eſt aſſiſeau delà , 6L comme à coſté du lac deSalſes , à trois lieuës de Perpignan , 6C…
ſept de Narbone , iuſqu'où Antonin compte trente mils, qui reſpondent à ces ſept
lieuës. Ceſte fortereſſe où l'on tient d'ordinaire deux cens cin qualite ſoldats en gar.
niſonaforce baſtions, diſpoſez auec tel art , qu’il ſemble que ce ſoit , non pas vn
ſeul fort,mais pluſieurs; d'autant que ſes pieces, 6L fortifications, ſont tellement
deſtachées, puis iointes par des ponts leuis , qu'en ayant pris vne , les autres demeu
rent en defenſe, 6L ne s’en reſſentent point. Mais l'air eſt peſtilent en Eſté , à cauſe des
' 'mareſts voiſins. Y
y Quant à COLIBRE, ou Coplire, comme ceux du pays d ſent , nominée par Pli
nc,6L Ptolernée l L LIBER l $,elle eſt ï affiſe ſur le bord de la merdelmncienne Gau
b Dzlisdiiſp.
le,.6L
la plus conſider-able
multitude pour-ſon port, 6L ſon
de ſon peuple. ſi antiquité , que pour ſa beauté , ny pour'
Les autres principales villes, ou placesde Catalogne ſont A M P O S TA , ſur
l'Ebro, accompagnée de deux forts Chaſteaux, tenus comme imprenables, 6L dou
d..." 3.1_ ble foſſé, où ?Ebro manque, qui en teint' enuiron les deux tiers , ayant ï ſur ſon em
dnoſâcc. bouchure Occidentale le Port d'A LPAQV ES , 6L ſon ‘ Iſle bien ſonnent retraite_
fíoïä; ul_ des Corſaires. AM POLLA, porr, ‘ ſurle bord oriental de l'Ebro. BLANES , port
de mer , nommé BLA NDA par Ptoiemée. 6L Melc. B A L A GV E R ſur la Segrc,
CAR DONA , capitale d'vne fameuſe Duché; CERVERA , CASTELLON,
lieu de l'Empur:lan ſur le Lamugo. EM PVRIAS , appellée par Ptolemé” EMPO
RIÆ, \G V ALADA, fort bonne ville, aſſez proche du M ontferrat. M ANR ES A,
priſe par quelques vns pour PATHANAGIA de Tite-Line. MARTOREL auſſi
onne ville. PALAMOS ville du riuage , auec bonne place. PE RA LADA ville
proche de Caſtellon, 6L d~vn bras des Pyrenées. PV CERDA capitale de la Comté
de CER DAGNE trauerſée de la Segre. PEN ISCOLA , fortereſſe ſur vn rocher.
bien quïnutile, ceinte preſque entierement de la mer, renommée pour la retraité!, 6L
le ſejour &lu Pape Benoiſt treizieſmeà cauſi: du Schiſme,au temps de l'Empereur Si
' ‘ giſmond. ROSAS , ou RO S E S , ſur la mer, nommée par Tite-Line RHODA,
RHODO PE par Strabon, 6L RHO DOPO LIS par Ptolemée. SIG ES,jadis SV
BVR, &ETOR ROELLA ſurlariuierede Ter. ,
Il y a deux lieuës de dcuotion fort renômez,dont ſvn eſt l'Abbaye de POBLET,
de l'Ordre de Ciſteaux , eſtimée pour ſa grandericheſſe , 6L pour auoir eſté le lieu de
ſisflixgï-@Ûffl- la
_ , d ſepultureeſtimé
S . Benoiſt, des Rois d'Aragon,
pourſa 6L le Monaſtere
deuotiomSa de MONSERRAT,
' montagnea de l'Ordre
quatre lieuës d'Eſpagne de
de tour,
Mm” 6L quoy qu'elle ſoit ceinte de pluſieursrochers,elle les ſurpaſſe tous: tellement qu'el
“ ~' le reſſemble de loin vn Chaſteau aſſis ſur vn mont. ll s'y trouue peu de valées , &for
ce rochers fort hauts,6L lors qu'on croit eſtre au ſômet du rocher,l’on en trouue auſſi
toſt vn autre plus haut, où lors qu'on a monté par des d rez de bois, il ſemble que la
hauteur du rocher vientä croiſtre. Mais bien que ces roîzîers ſemblent effroyable: de
loimtoutesfoisil s'y trouue grande quantité d'arbres verdoyant , 6L d'ailleurs côbien
que ces lieux ſemblët inacceſtiblegtoutesfois l'induſtrie humaine y a trouue de l'ac
cezpttachät des degre: de bois contre lerocher en ces lieux faſcheux, couuerts d'ar
~bres,6L de branehes,qui donnent vne ombre agreableaux paſſans. Lors que le temps
eſt ſerain l'on peut voir les Iſles deMajorque,6L Minorque de ceſte môtagnqau pied
de laqueile coulela riuiere de Lobre at. uantauMonaſtere il eſt aſſis au milieu du
mont,au deſſous d’vn rocherinjacce ble, ont vne partie tôba de noſtre tëps ſur l'[ nn'
firmeriepu Hoſpital# accabla pluſieurs malades. L'Egliſe eſt petite,6L obſcure pa.
tée de pluſieurs tableaux attache: parvœmde 9 o lípcscſargët qui pêdennde l'image I
'L ‘
ſſi
- Catalogne. T165
de la Vierge, qui-eſt decoul eur brune, &c rauít les yeux des regardans de ſa lvlaïeſië.
8c d’vn autel Gt tableau, qui couſta au RoyPhilippe deuxiéme vingt-trois mille
cſcus. : '- -\
Il y a ſur ces rochers pluſieurs Oratoires 8c Cellules dŒ-Iermites, qui ſemblent m,
dcuoir tomber au premieroragezoù' toutefois l'on void-en vn Hermitage vne cham- r r
bre âprendre ſon repas,vne autre pour le repogvn cabinet,- vnOratDire, vne cour 5c - _ <_
ſ vn jardin, le tout bien baſty; ce qui ne ſe peut ſaire en ce lieu ſans grands Frais.Quel-’- a Them
ques vns-ont eu la curioſité-d'en mettre les noms de ſuite,qui ſont ſainct Hleffllfflfz Coſ. L1H4;
la Magdeleine, SainctOnofre; ſainct Iean, ſaincte Catherine, ſzæinctlacquçs, ſamct ,
MicheLprés duquel eſt l'Egliſe cíediêc àla Vierge Mariqdont i'ay parlé cyñ-deſſus; _
puiszlàſirnct Anthoinegſainct Saluador, ſainct Benoiſt, ſaincte Anne, 5c laTrinicé, le
plus plaiſantlieude-tous , à cauſe des iardinages; 8c le dernier eſt celuy du bon lar- ‘
retunomméDiſmagoù ſe tient le.Rcformatcur-desautresl-lermirages.' b ſ
Rinicrcs. Il y a cinquante* riuieres grandes ou petitetgpleincsdepoiſſon,dont les princi- MŸÆÈËLÛ
pales ſont FEbro, la Segrqiadis Sicoris, qu'on appelle auffi dans le pays Aguanaual;
la Cinga ou Cincañ. qui luy ſert de borne ſeulement contre PA-ragon en ſes extremi
ltez, prés du lieu où elle ſerend dans le Segre; la Noguera Ribagorzana,qui ſert auffi
de. limite contre FAMËÔD: la Noguera Pallarcſia, qui vient dela Comté de Pallars, _ p_
la Cima', qui la ſepare du Royaume de Valence-Sc le Lobregagiadis Rubricatumï, Ëïîäf ?Iſſu
ainſi nommé, à cauſe de ſon eau rouge couleur quïlacquiert du ſablon parle- &Em coni.
quel il paſſede Later, qui paſſe à Perpignan 8c le Ter, qui raffraiſchit Girone. _
Qualité. - Ce pays Houytpartout &mah-agreable en Eſté a mais en Hyuer il eſt temperé l"
aux lieux voiſins de la mer, au lieu qu'en ceux qui ſon plus aduancez vers le N ord,il M um...,
fait aſſez froiddst meſme on y void de la neige. '
Au plus hautſommet de la montagne de Canigo,en la Comté_ de Roſiillon, on
trouue certain grand lac, extremement profond, abondant en tortures , poiſſons de
‘ rnerueilleuſe
qu'vn y iettcgrandeur,
vſſne pierre,d'où l’0n voidqui
des vapeurs ſortir auec vn en
s’eſleuent grand bruit,
haut, 8c ſeſoudain que quel.
conuertiffent en
-nuësnsc-produiſent vne horrible tem ſte ,auec éclairs , tonnerres 6c greſles. Au
territoire de Balnef, on void vne ſontaiiie qui fait paroiſtre de couleur d'or tout ce
qu’on y iette. Il 'y a aufli cn cette Prouince vne fontaine , dont l'eau priſe ſou
,ucnt , ôccn grande abondance, non ſeulement ne charge point l'eſtomac, mais en
' - cor guerit de pluſieurs maux. ,
Vis à vis de la petitcvílle d'^ulor, il y a quelques douze Fontaines qui pouſ
ſent dehors,tanc en Eſte qu'en Hyuer, vn air ſubtil , chaud en Hyuer: mais en E ſté
ſi froid qu'on ne-le peut ſupporter gucre de temps , qu'au-tc peine , 8c l'eau des cru
ches miſes par les habitans à deſſein en quelques cauernes , deuicnt froide au poſii
ble, ſeruant de breuuage delicat contre la chaleur dc l'eſtomac.
— ll s'y trouue auſſi pluſieurs fontainesdeau chaude , qui gueriſſent diuers maux. _
Au pays ‘ dc Valles, du Barcelonois ,il y a pareillement des eaux chaudcs,dont ZÏLÏLŸÜ*
' lesAnciens ont fait mention. On void ë à Cardone vne fontaine , dont l'eau ſem- ſ30… gd_
ble du vin clairct. A Salſcs, des fontaines qui partent d’vne merueilleuſe raideur **WP-s
_ ’ des montagnes, puis y ſont _vne Petiteïriuiere pluslſalée que la mer. Mais à parler
generalement , ce pays eſt arrouſé d’vne bonne quantité de fontaincsguiſſeaux , 6c
nuieres.
*Ce pays eſt! pour la pluſpart montueuxga de belles prairies,de bons paſturages, g Mo…. r…
8e des Valons agreables, 6c generalement il produit du froment 6c d'autres grains à ÊAFË-“lïïi _
ſuffiſance, quantité de vins, huile ,lſruicts de toute forte, lin 6c chanvre en grande mſiïgíäfflí" -
\
abondance: 8c pour abrcger, il porte tout ce que lereſte de l'E(pagne produit, exce- ~
_ pré du ſucre,ôc cette eſpece de geneſt, ou pluſtoſt dejonc, qu'ils nomment Eſparto,
particulier ‘a Plîſpagnendont lespour'
Eſpagnols ſontmaiſons
la nate que
,des les
cabas,8c meſme des ſou
liersll s'y trouue Force boistít baſtſiír les nauiresforce chaſtai
gnicrs 6c lieges,grande quantité dehcete herbe qu’on apelleEſcorzonerqexcellen- hc,,d,,,;4,,, i
\C 00m1? le Vefllſifl- 8c le mal des yeux, qui ſe trouue en grande abondance aux mon. Varicnlisæ.
;agnes proches de Grenoble en Dauphiné, ~ ñ “'
A Cardone i il y a' vne montagne deſel , en partie blanc comme neige , 8L partie iMontaſuc
~ cryſtallin , bleu, verd, orangé, rouge .Sc d'autres couleurcts,deuenant toutesfois tout :ïrïïäïïl- ä
blanc lors qu’il eſt pilé.Ce ſel croiſt continuellement# combien qu'il ſoit des plus GFJËËÛÎ '
ſalez, 8c que les lieux où le ſel ſetrouuc ſoient d'ordinaire ſterilegtouteſoisil y a ~
pluſieurs pins en celuy-cy ,voire meſme des vignobles- Au reſte, le Duc de Car;
Oſ Üíj
z
164; . - Catalogne: -
d-onercçoit vn grand reuenulde ce ſel. On void encor*: Cardone vne montagne de
terre,qui ſemble farine, 8c dans l' Eueſchc' de Girone, du coſté du Midy vne colline
de ſablon blanc , quiſe meut comme celuy de Lybie, auec grand danger des voya
ul' g eurs.
Il y a dans “leläarcelonoís au mont de Senie ,- des mines d'or 8c d'argent , 8c des
b Maman. ſur carrieres de beau marbre. Il ſe' trouue encorb ailleurs dans cette Prouince des mi
“°“_‘“'
"ſi nes
dantd'or 8c d'argent,
deslieux que la riuiere
parleſquels de Segrell8cyquelques
elles coulent. autres
a quantité enleuent,en
de mines de fer ,ſededébor
l'alun
&du vitriolzmais l'airain,l’eſtain 8c le plomb,ne s'y rencontre pas en ſi grande abon
dancc. - ,1 - ñ " --—
‘ FW*** t On a troùué depuis peu, prés de Signimont, vneveine depierre précieuſe tranſ
paraznteîviolette , qui s'eſt acquiſe le nom d'Amethyſte ; 8c l'on-trouue ‘ des Ametí
ſtes en beaucoup delieux, demeſme que des marbres fort ſins,du~iaſpe.de Falbatre;
Interim* ſu' 6e particulierement de l'azur à Montalegre. On y trouue 4 auſſi la pierre d'Onyst,8c
“m” ‘ des pierresHemathites,qui atteſtent le ſangparticulierement prés la ſource du Lo
bregat.ll y a du cry ſtal aux montagnes de-N uria; 8c de fort bon corail, prés du ri
uage qui s'eſtend du coſté du Leuant. . ,
On y void par toutgrande quantité de beſtail , tant gros que menu s toute ſorte
dejchaſſe, 8L force poiſſon dans ſes riuieres. . ' ' Manos
eBotet. xd. @Les Catalans ï ſont plus vifs 8c plus prom-pts ä la main que les Aragonois; mais
di 5P²S“²- moins reſolus &fermes Ils ſont d’vn naturel boüillantôecapricieux, comme on
peut voir en leurs actiongchants 8c bals,tous pleins de certaine rudeſſe 8c vehemen
ce. L'amour dela liberté leur hauſſe le courage,& la haine du trauail en fait paſl
ſer pluſieurs au meſtier aiſé, mais dangereux; tellement que ce pays ne manque pas
de voleurs ny de bandoliers, Leur humeur altiere fait qu'ils tiennent l'agriculture,
la vie paſtorale,8c lesarts mecaniquegpour choſes viles , à raiſon dequoy l'on y void
tant de François qui s'y perchent. Auſſufy azil pays en Eſpagne, où l'on trouue de
meilleurs artiſans, ny en plus grand nombre. Pourle regard de la langue Catalane,
elle approche fort de celle de Languedoc, ſa yoiſinqainſi qu'on peut remarqueren
ces prouerbes, La Dona que pren,ſon cos ven :c'eſt à dire, la femme qui prend, ſon
corps vend:Los errres del Mege la terra los Cobre: les fautes du MedecinJa terreles
,couurerMes val pa exut ab amor,\que gallines ab remor :- Mieux vaut pain ſec auec
amour, que poules auec rumeur. ols conocer al Catala , bixa y pixara: Veux- tu *
cognoiſtre le Catalan, piſſe, 8c il piſſera : 8c pluſieurs autres qui monſtrent la grande
f R0ſ21_ Mſin conformité de ces deux langues. _ . _
g 5…_ 9…): Venant maintenant aux particularitez, ona remarqué îqueles villageois du païs
Barcin- de Vic 8c de Girone, ſont fortrudes, ſauuages Bi'. pleins (l'ignorance. Quant aux!
-e ~ Barcelonois , labeauté deleurs femmes,8c la bonne_mine 8c majeſté de celles de _…
condition,rendent leur ville plus agreable, qui, ſelon les Aſtrologues , ſe trouue
ſoubmiſe au Sagitaite,l’vne des maiſons de Iupiter. Leshommes y ſont graues, fort 1
eſtimez pourleuriugemengôc des plus addonnez à l'étude du droict. Le menu peu- l
ple , gardant encor quelque reſte de ſon ancienne ſuperſtition , le vingt-quatrième
iour du mois de Iuin, auquel les Romains faiſaient la F eſte de la Forte fortune , s'a
chemíne vers vne fontainelproche de la ville, ſur le bruit qui court de certaines
530mo Rd_ Ny mphes qu'on y void couronnées de verueine 8c de fougere..
_di _Sp-goal Il ſe h fait à Barcelone force beaux vaſes de verre de diuerſes couleurs, quantité Richcſg'
affiänfſiî” * de chapeaux , de cuirs, de couſteaux , ſoit pour l ſeruir ä table, ſoit pour les Chirur- ‘°‘~
k 39m, [m, giës 8c Barbiers,ou pour autre choſe. On y fait auſſi force delicates couuertes,qu'on
—, tranſporte ,tant en Italie qu'en d'autres pays. 'Ceux de k Perpignan font des draps
l qui portent ſon nom: ceux de Lerida,des gans : ceux d’Alcauar , des ſarges de plu
' ſieurs couleurs : ceux de Rens , desſargettes: 8c l'on y fait en diuers endroits des
couuertes ;qu'on nomme de Catalogne, ô: des drapsde laine , qu'on enuoye en Si
cile,Sardaigne 8c ailleurs. ,ſi . _
Ce pays contient enuiron ſix cens milleames, en-treleſquelles on tient qu'il y a PW”
cent mille Fran çois.Ses Fortereſſes de Salſes 8c Perpignamdu co ſté de France,ſont
des plus conſiderables de toute l'Eſpagne.
iEÏſſCÏ-ËF” ' Apresl que les M Orcs ſe furent ſaiſis preſque de toute l'E ſpagne , les Çhreſtiens connu:
' P' de ce pays ſollicitereut Charles Martel, qui gouuernoit lors la Francede les alliſter, “°“""“
' ſi bien qu'Otto ou Oger, Gouuerneur d'Aquitaine , dont Martel s’eſtoit ſaiſi apres
la mort du Comte Eude , y fut enuoyc' auec quelques trouppcs &Alemands 6c de
-’ S
..~ Catalogneſi _ Z155
Françoigleſquels ſe ioignans auec ceux du payæquiſe troùuoientprdprespourpêſ
terles armexprirent quelques places: puis Pepin aſſrſta les Catalans en .leurs guerrüs
contre les Mores: 5c depuis vn More Gouuerneur de BarcelonemomméZato, ſe ſi:
tributaire de l‘EmpereurCharlemagne. Mais apres-ia mort du More, Bernard-ſut
Fait Comte ou Gouuerneur de Barcclonqpritauffi le tiltre de Comte, Duc Sc M at
. quis
vingtd~Eſpagne,
ſeize,auecgouuerna ce pays
la Prouence 8c le pour les François
Languedoc ,ôc Furenuiron l'an Cheualier
affilié d~vn ſep.: cens quatre
hlſipa
gnohſelonlesvns. Alemandſielonlesaurres, nommé Geofroy-,mary d'vne Dame î' _ '- *ñ
Françoiſe, nommée Almira, dont il eut G eoffroy le Velu, qui ſuccecla au Gouuer
nement,ou à la Comté de Barcelone', apres Bernard Ez, qui S'en eſtoit emparízcom
me rebelle,mais qui ſut apres remis en grace; 8c apres ſon pere Geoffroy.
Finalement enuiron Fanſhuict cens quatre vingt quatre le Roy Charles le Gros
donna à perpetuité à Geoffroy le Velu , pour les bons ſeruices qu'il, luy auoir rendu
contreles Normands , &c ce tant pourluy que ſes deſcendans ,la Co mté de Barce
lone en propriete ,reſeruant ſeulement la Souueçaineté aux Rois de France , choſe
qui eut lieu iuſquau regne du Roy ſainctLouysMais cependant Raymond Beren
geryComte de Barcelonqayant épouſéſan mil cent trente- ſept Petroml le lÎCſllîlCſÊ
d'Aragon , dont il deuoir eſtre Roy , vnit pour iamais la Catalogne, auec l'Arago n,
deux cens cinquante- trois ans depuis qu'il y auoir en Catalogne des Comtes '
proprietaireLApres celaleRoy Alphonſe d'Aragon,nommé aupamuant Raimond,
enuiron l'an mille cent quatre vingt deux,ayant fait tenir vn Concile Proui ncial en,
Catalognqen la viile de Tarragone, fit vn decret entr' autregque les Notaires de là
en auanc ne mettroienr plus le nombre desannées, du regne des Rois de Francqaux
Contractgqui
mais ſeulementſel'an
ſeraient enCatalognqcomme
dellncarnatioi] ilsauoient
de noſtre Seigneur accouſtume',
leſus- iuſqrfalors;
Chriſt; comme Pſſêuf
monſtrer qu'ils ne vouloient plus recognoiſtre la Souuerainetê de France , dont la ‘
Catalogne ô.: la Comté de Barcelone ſe mouuoient.~ Ce qui affranchir tout à ſ-ai t ces
Princes de la Souueraineté des Rois de France, ce ſut le mariage d'lſabel,' filledu
Roy Iacques d’Aragon, auec Philippe le Hardy-,fils du Roy ſainct Louys,au moyen'
duquel les ROË d'Aragon obtindrent,ſelon les Hiſtoires d'Eſpagne, ſentieraffran
chiſlemenc de la Principauté de Catalogne, 8L Comté de Barcelone, pour en iouyr
de là en auant , ſans pluseſtre vaſſaux des Rois de France , 8c les recog noiflre pour
Souuerainszchoſe qui fut faire àClermont enAuuergne l'an mil deux c ens ſoixante;
en recompenſe dequoy_ le Roy d'Aragon quitta les droicts de Souueraineté , qu'il
pretendoit à Carcaſſone, Rhodez, BeziergLaucatqAlby, Niſmcs, Sainct Gilles &c
autres terres du coſté de France,qu'il affigna en dotà ſa fille,auec la Seigneurie vrile X
de Çarcaſſone 6c Beziers; 8c de plus quiuatoutle droict qu'il pouuoit preteu d re _és
Comtez de Prouence, Folquarquier, Arles, Auignon 6c Marſeille , en ſaueur de la
Reine Marguerite
Quant de France.
ä la Comté de Roffillon r.: ï, le Comte Gerard eſtant decedé ſans enſans
~ _ d*
² M²"²"²
reb-Hilp Lu.
l'an mil cent ſeptante. huict , el le ſut acquiſe au Roy Alphonſe d'Aragon , qui S'ap
pelloit auparauant Raimond. Depuis b, le Roy I~ean d'Aragon , ſe voyant comme ?MNH-ï
accable" par les troubles de la Catalogne , &c ſans argent , emprunta de Louys vn- ""°‘
ñ ziéme Roy de France,trois mille eſcus d'or,pour'leſquels il luy engagea les Comtez
de Roffillô &c de Cerdagne: 8( de plus,en tira ſecours de deux mille cinq cens hom
mes de Cheual, où eſtoient ſept cens lances fournies, Mais _Charles huictiéme ï de- c Pdndolf_
firant paſſerâla conqueſte de Naples ,quitta enuiron l'an mil quatre cens quatre Êfgfſÿfiïdl'
vingt quatre, à Ferdinand Rſioy d'Aragon , Perpignan , 6L la Comte de Roſſillon , à m7. P ’
condition qu'il tfaffiſteroit point ſes parens de la maiſon d'Aragon , poſſeſſeurs du
Royaume de Napleszî quoy toutefois il contreuint apres en toutes ſortes. _ſ
Aureſte, la “Catalogne a vn Duc , qui eſt celuy de CardoneJrois Marquiſifflnze 330… Rd_
Comtes 6c pluſieurs Barons 5c Seigneurs ,auec puiſſance comme abſoluë ſur teur _dd 532g.
ſubiets. _ y ſ
Le gouuernement du pays paſſe auec beaucoup de libettégveu que la Iuſtice ell:
entre lc: mains du Roy, mais auec diuerſes conditions; 5c dlailleurs ſi tous ne s'ac
cordent aux Eſtats ou Cours,à donner auRoy ce qu'il demande, il #obtient ÎWCUP-C
choſe. _ . , — l
Quant aux habitans de Barcelone, ils ſe ïgouuernent ſo/us eſpece de liberté,auec c Roſaccîo
certainsäriuîlegcs z 6c ne recognoiſſentle Roy qu’auec des conditionsJls iugent 8 ~"²“°4° 5l”
'TQIOIL le_ Oict Cíuikôc quelques _ſtatutä 6c couſiumes du pays. Il y a des loix pour
i .
ï
:Ïï-;ComË-b äiigation d'vn ioulr càu. [dieſîleân15:: les autres 4 de cent vin gt mils de la terre ferme ,- &c
î' ‘“²* ² ' ecinquante mis e ’ e ' ui a. . ' _
’ del mundo
u x. Toutes ces' deux lfles ſont mgntueuſes; &rudes prés de leurs riuages :mais au 93"***
52E” *W* reſte elles ont des collines plaines,8c valées fcrtilegabdndites en foreſts,bleds,vins,
' huiles,& pluſieurs autres ſruictszbien que Volaterran les priue d'huile. Cete fertilité
du payls eſt accompagnéefd'vne gracieuſetfé de la narkure, en ce qu'il n'y naiſt aucun j
ſPlin.l.ï.c 3;.
anima
gens de venimeux
tellementguerre
que les ny nuicontre
äAuguſte
habitansible. lllaeſt
de ces vray
multitude
lfles u'autres ois lesdeconils
decontraints
fiireqnt ces animaux. s' multi lierent
Ellesmourriſſent
demanyder auſſi
ſecgurs de \ l
t Nigcteo.).
gfhfflſè u” toute ſqlrte de beſtes, principalement de mulets: 6c les" paſturages y ſont bons à
' ' ' meruei e. ' "' '
:Dio-LSÎC-l-i_ Les habitans *de cesIſles eſtoient amoureux des femmes à Pextremité ; 8L les Mm…
eſtimoient tant,que ſi quelques vnes priſes par les Corſairegabord oient leur Ifleſils *Mii-Wi j
les rachetoient,en donnant quatre hommes pour vne, Ils ſe tenoient dangdes caueró- 1
nes 6c rochers creuſés; n'vſoient d'aucune eſpece de monnoye d'or ny d'argent, '
voire n1eſme il eſtoit defendu d'y porteraucune de ces choſes; pourcqdiſoient-ils,
qu*Hercule ſit la guerrea Chryſaor fils de Geryon , à cauſe qu'il auoit abondance
d'or 6L d’ar ent. '
Auſſi, engſuite de cette Ordonnance, lors qu'ils portoient les armes pour les Car
' thaginois, ils ne ſe chargeoient point de leur ſolde à leur retour , maisetnployoíent
_ cet argent à ſe fournir de vi n 6c de femmes. _ _ _ — —' -
75“‘l’°*l"3' lls? couuroient leur teſte de frondes de ce ionc , dont on fait les cordes , ou de
creinspu bien de nerfs; 8c furent les premiers qui porterent-des iupes auec des bang
des larges. _ ~ '
\
. Babbu noſtru qui ſes in ſos qÜËlO$,ſ3lſiÎtÎfiCadu ſiut ſu nomme tuo. Aduengia ÔLÛOHXCGI
ſu Rennu tuo s fiat fſiatra \a voiontale tua comence in ſu quelu , gaſi in ſa terra* WS
Su pſiane noſtru de ogni die da nos lu hoc; 6c perdóna nos ſos deppidos noſtrqs,
gazſi comence pérdonam us ſos deppidores noſtros; 8c non nos laſſes ruer in ſa ten
tationezmas libera nos de male. Gaſi fiat; … — .
Richeſſes Ces Iſles m fourniſſentà preſent d'huile les Pays- Bas, 6c l'Italie: 8L la plus grande i" TMP-fl"
_ richeſſe de leurs habitans conſiſte en beſtailfidont ils ſont de fort bons ſormages, des 'Mſi'
plus eſtimezaant en Eſpagne qu'à Rome. lls ſontauffi grand trafic de bonnes Iaines
6c de draps , leſquelgquoy, que non trop fins,on ne laiſſe de porterſibien loin,& d'en
_fairegrandedepeſche en Sicile. 3 - ~
On en mene auffi quelques mules 8c mulets,qui ſont en Eſpagne-,quoy qu'elle en ,
abondeen quelques endr0its,& que la France fourniſſe le reſtelîlles ï cnuoyent du l? STI” FF*
formageiuſquen Alger: &l'on tire * deces lfles pour Veniſe du íàſran, dela cirefic óſiszzſſcoiïde
de Phuile-,des amandes GC des dates. On y fait encor emploite de laines de ces Iſles, gſſfïäriff*
de cuirs de bœuf', de plomb 6c d'étain. PÏ-[Îÿflne
forces. Au temps que les Mores tenoient cesIflesP , en y 'comprenant celle d’Euice,ils hiRdſEſpJÏxz
mirent en armes contre le Roy d'A ragon , qui les attaquoit , plus de quarante mille
Mor sä pied , 6c cinquante millehommes de chenal. Mais auiourdhuy 4 les habi- ?Poteaolſold
cam de Majorque ſeule,paſſent le nombre de trente mille.
TOUR!! Ces Ifles ‘ ayanteſtélonguement poſſedées parles Romaingdepuis Metelleipuis ;Àîſÿíffÿlïl- K
nement. Pa! lesplſanssâärdepulsparlec
- . Mores,leur furent enleuces
, auec celles d , Euice,F0r-
ñ Mumu
.Î a, "J
.ï
mentera 8L Cabrera , par le Roy Iacques d'Aragon ,l'an mil deux cens vingtñhuict, !Mariana 1.x;
ou mil deux cens trente: puis ‘ elles furent données
, auec tiltre Royal à lacques d'A-, Ïijſémc l u
ragon , frere du Roy Pierre,auec la Comté de Roffillomôc la Principauté de Mont- &ë u. , ,— , x,,
pelier. Mais le Roy-_Pierre les luy rauit; 8c le vnit pour iamais à la Couronne
d'Aragon.
\ I ~
M AIO R Q VE] /
a Anzin”.
Nivenfiurop. " _, --j z, .- -. .d ,z (Iſle MAIORQVE ,a,ſelon les vns‘ ,deux ccns,ou deux 7°"
coŸx…. — " ( cens quarante mils de tout", 8L ſelon les autresi., trois cens Land,,
ïſgf“"d"' - ~ - mils,ou ‘ quatre cens quatre vingt: ou bien “ſelon la meſure
c Fcitcti Dip. ~ 7".” ,É du pays, enuiron ſoixante lieues. On luyzdonne enuiron
nou-8- ' ' 'ſi ñ. H Il" cent mils delongueur. _
iii-drac: ſi Elle contient trente-trois bonsffieux de trois cens ſoixante “Wi
Coſm. 'l ſ ~_~ ñ _M4 feux l'vn. Sa villecapitalceſt MŸJQRQVEmommée park'
gpäîfflîffl ' ’~‘ v—'>^~'~'ñ.\*_!- ' *Yaë- les Eſpagnols MALLORCA ,radis PA LM A , ſeule Eueſ
cfcgLŸc-r
Pinet cm.
d ne. ché de CathedraleJegardant
Egliſe cette Iſle. C'eſt vne Cité grande
la Mer, ,GL eſtſiprochcte,
qui en ſort peuplée,queles
auec vnMariniers
beau portpeuuent
, 8L ſon
Iſol." ' c ouvr la Meſſe de leurs nauires. On voidauſli dans cette Cite pluſieurs ſoſſezJSL
g Oli": î" canaux ſous terre. Il y a certaine fontaine dehors.dont l'eau claire,& dquce au poſ
M"""“"'7~ ſibleyient couler par toute la ville: prés laquelle on void ſur vn mont vn C haſteau,
nommé BE L-V ERF-eſt à dire, Beauuoir des plus forts, GL plus agi-cables. C'eſt en
cette Cité h que ſe tient le Gouuerneur , nommé par quelques vns* Viceroy, tant de
Hiſpdidz c.” cette Ille que de ſes voiſineszôL c eſt la qu'on lict 6L expliqueles Liures de Raimond
fg-[Ÿgſgſé Lulle,natif'de cette lfle.de meſme qu'à Barcelone.
Mci.ii.-.'c.7. Les autresplaces plus conſiderables * ſontALCVDlA (lqu'Ananie a mal pris
pour l'ancienne Polence: ARTA,HINGVE,M ANACOR, SO LLE R.8L POL
LENClA ,gardant ſon nom ancien, qu'Oliuier, qui a ſoigneuſement remarqué ,
. cette lfle,prend pour ſes principales 6L plus grandes villes, apres Majorque.
1 Pine! CII!!! l f - h ~ l_ f - l l d Richeſſe'
n, 0…… z,, Cette lfle eſt ortric een deniersJL on y _au pre que toutes es rca es,& ou- Form
MIEL-li.” bles reales , qui ont cours parle monde. Ses habitans ſont en Fort grand nombre; 6L -
ËPÏLÜ" 'm' (Ppuiſſans qu'ils reſsſtent brauement aux M ores qui les attaquent ſouuent,de meſ.
ſi me que les Turcs , &L les places de cette Iſle ſont pour la plus-part bien for
, tifiées.
ouïyïiïï-l-'l L'Iſle ° ayant eſté _enleuée aux Mores par le Roy d'Aragon ,'elle ſur ſoubmiſe, &click-ë
quant au ſpirituel, ä ?Eueſque de Barcelone, en ſorte toutesſois qu'elle auroit ſon
propre Eucſqugque le Roy nomma pourlors auec cette reſerue. qwaudecezde cet
- ſ Eueſque, la nomination appartiendra” a] Eueſqueât au Chapitre de Barcelone,
foïſſffiffäſ qui diſoient ce droict leur appartenir de toute anciennetàîoutesfois? ſon Eueſque
;al-ruin- eſt auiourdhuy Suffragan de ſfiùrcheueſque de Valence.
ayetne ‘
Gcog. Eccl. - r
_—————._.
MINO REVE(
qPotcacJſo. -ſ-__j i' l'
Pin-Ecard, , i ſ' _ 'Ille de MINORQVEpu
que Majorque MENORCAMŒſEplUSaU
, ouà ſon Nord-Eſt,a Leuant :attendue:
de tout 4 cent cinquante 7"" '
f _ . mils ; ou ſelon quelques vnst , cent _Vingtr 6L de ſlongueurſoi
ſPinetCartts , \ … :ante milszou bien* douze lieuës de long, 6L preſqueautant de
Porcaclſol. ~'- huge ‘ ñ
~cAERERA,
J, Iſles de Majórqueæztſſ-MÏ-inorque. 1-69
CABRERÀ,BEÃCÔNERA,
8c FORMENTERA.
…m5 8c Vtour- dePIfle de Majorque ,ze prêsdícelle 'on void deux ZÏËÎÆ”
Afflffl petites Ifles, dont l’vne bien proche,aſiiſe au ouchant, eſt
nommée par les modernes DRAGONERA :l'autre,au Midy
' - de MaiorquesappelleCABRERA , qui n'eſt autre que l’an- b m. l. c z
ñ' . cienne CAPRARlA b. Quant à l'autre, qu'on nomme Dra- .ñ, IËLJLÏ
’ gonera ,elle eſt priſe par quelquesEſpagnols, pourlancienne lí-Î- - ,
r* __. «ËÎA __ _— COLVBRARIA , quefles Grecs* ont nommée QPHIV
SA, c'eſt a dirqserpentiere. Mais Faffiete queles anciens donnente äcetteOphiuſe Strabo,li.;.
ou Qglguuraikeja Faiſant vne des Pithuſes,& voiſine d’Euice,cauſe queëpluſieurs la :Ëîzääſÿſſfp
prennent pour celleñ' de FORMEN TE RA ,éloignée ſeulement de deux mils d'E— ~ '
uice , du coſté du Su. Mais les anciens ſe peuuent eſtre abuſez en la iſiaíſant ſi proche
d’Euice, ou pourauoir parlé d’vn lieu éloigné , ou pource que les premiers qui ont
failly, ont eſté ſuiuisà cauſe de leur authorité,par les autresToutefois :on tient que Mim" dd"
Tou! lt here
Bſimd" la Formentaire eſt ſi le
ſemble garder pleine
nom de ſerpens,qu’ellc
deſiſancienne en eſt deſrtée;
Ophiuſe. Au reſte,6c celle
d'ailleurs la Drago-a l' P°"°l~"²°-__
de Cabrerah '
quinze mils de tour; 8c à l'Oueſt Nord-Oueſt , que les ltaliensnomment Maeſtro, ſi
vn Port, qui portele nom de lïlfzle', auec vne Fortereſſe 6c garniſon. Quant à For
menterai, elle a ſon eſtenduë droit du Leuant au Ponant , &t peut auoir trente- iPinetCartcs
mils de long; 6c ſeptante k mils de tour, eſtant éloignée d’Euice dedix, 8L de la terre Ëâqnzgîî- 5""
ferme de quatre vingt. Elle eſt pleine d'aſnes ſauuages , qui ſont ſi pareſſeux , qu'e— 'd'
ſtan: portez d’vn lieuä l'autre ,ils ne veulent trauailler en ſorte que ce ſoit, mais ſe
couchent.- Il y a force petits bois 6c forts dans cette Iſle.
f ,
v1cAg
,mi ,
'Iſle d'Yvíça, ou dſſîuiça, ſut vne des PITYVSES , nommée
… :~ parles ancienuEEvsvSou-EBVSOS, ouvEizYSSoS ;Gt Lpÿjh_
~- -parquelques
Cap Martin, vnsiadismeſme* PITYVSA.
Dianium, Elle
qui n'eſt pas deeſtPaffiſe visàcomme
Catalogne, vis du "Srrabo.
“fflëffl-ſi' ſſ~
. Pinenmais
dit . . du Royaume
_ .
de Valencqceinte _ coſtez de Ïmzïſi…
de tous Pl .s ſi -
i . ., _ s' rochers_,8c d’vn abord maldaiſéJinon du coſté du Su,où elle avn P Pipctczrres
Eſp" k port. Elle eſt éloignée de la terre ferme de cinquante mils, ſelon quelques vos <1 ; zz :ſ:'_‘°²-“~‘*
“d” ſelon les autres gde cent. Son tour eſt de plus rde cent mils,ſelon les vns; 8c ſelon les q Niger. Eur.
autresdeïquattevingt, Gt de“ quatre vingt dix. Sa longueur du Grecï, ou de l'Eſt a' L".
Norſid-«eſtzä-Pûüeſtgeſt enuiron de quarante mils'. ‘ \Ngsufflcchg
Lieux… Il a pluſieurs? portaauecyne ville nommée EVlCA,ou² lEVlZA,de meſme ² 3°ffl° *U*
quelſſilegiinſi ëqi-ſancien' nement elle s'appelloit EBVSVS, ſi äſfiljgniwd_
03H26. :-Cette Ifle eſt merueilleuſement fertile en toute ſortede fruicts 8L de grains, prin- x PinerCnrtcs
cipalement en-fromènt s y,ſole
Boxer. delle x.
infinité de;ôtnepeur
conils,quiſouffrirdes
mangent beſtes
duriuage-vne nuiſibles.lesll bleds
bien ſouuent y a toutefois
de cette pre'
lfle. smbſſoJi ;.'."
Mais ce qu’il y ade “ principal en cette Ifle c'eſt le ſel, qui s'y fait en merueilleuſe ²N'S-'C°-'--(
abondance; de ſorte qu'elle en pouruoit non ſeulement ?Eſpagne ,mais encor vne_’,‘,Î,Î:,Î,ſiſ~zÏ1jJ’
partie deiltalie , ôtſquelques_ autres pays. Meſme on a veu le Duc de Sauoye s'y lſol- -
fournir de ſelgpourñle Piedmontiôä cete Iſle bi' enuoye dïu ſel en_ Barbariqen la ville
“d’A_rgel ou d'Alger. ' ,
:1- f3" .i ~ ' ï'- -’²
Európeë' — ‘ - . P.
iſo -Ïñ Royiumtede Valehcèñxï'
C 0.N PL L' EſſR—~E.~ a
*(55, Quelques ïhuid* mils d'Etude, à l'Eſt Nord-Eſt , ou pluſtoſt" au Nord- *fflffl
;ËËÙJÏZÆ _’ i **il Oüeſt , on trouue pluſieurs *petites lfles ,dont l'vne ſenommeCON 1L
. - .rſi LERAfacauſe des conils dentelle :bonde, z'
_ ..aMM-asñeiñ-aaartñaæſaæaa&MDÆMM-fflaa-Täaan
ROYAVME DE VA LENC-EJ
_ . — - . f E Royaume deVALENCE ,tirant ſon nom de ſa ville ca_- NW”
Ùabzï pitale , fut autrefois en partie le ſejour des CELT! BERES,
—. '- -— _î g qui tindrentc Segobriga ou Segóruqde meſme que fBelgi
‘. Pffll-ÛWSÊ '-" da; des HED ET A IN S de Ptolemèe , qui tindrent Liria, &c
- — " î' ſiſi" '-2 ~í Moruedremu Sagunte, 6L des CONTESTAINS, du meſ
- ſi l me qui poſſederent Valence, 6L qui ſemblent auoirlaiſſe' la
H . 1 ‘ memoire de leuttnomen la ville de Contentayoa ou Con
- ‘ ’-\ 'r‘ ~ ' tayna. ;î
Ce pays eſt borné du Nord,de ?Aragon z du Couchant, des deux Caſtilles; du CM5** -
Mi dy,du Royaume de Murcie; 8L du Leuannde la Caralognqſeparée parla riuiere
de Cenia,6L de la mer. ~ ~ ~"'_
a Boknkd_ ' ll #eſtendfldepuis la riuiere de Ceni-.diuſques à celle de Segura , voire plus auant, Blind”. y
di spctlgna. ayant ſoixante lieues de lon ,6L dix- ſept delarge en ſa plus grande eſtenduë. _ _
l l contient quatre citez, oixante villes ceintes de murailles , 6L prés de mille au- “WT
tres lieux,l’^rcheueſche' deValence,6L les Eueſchez. de Segorue 6L d’Orihuela,auſ.
- quelles on fait eſtar dÎadiouſter Xatiua; les Duchez de Gandia, Segorbe, 6L Villa..
H ermoſazles terres des Ordres oumaiſtriſegquils appellent Maeſtrazgns de Mon..
teſaÆL de ſainct Georgezdeux Galfes, nommez par lesanciens Sucronenſe 6L Iñl-lizei.
cain , 6L quatre ports principaux , qui ſont ceux cfæilicante., Xabia, Denis .66 Vlr'.
nei-os. — "1, -- - —- j(
Sa ville capitale eſt VALENCE , nommée par les anciens" ,YALENTlA-'Eâcſ -
h _min m_ maintenant par les Eſpagnols VA LENCIA, éloignée de t*trois mils de la mena
15,_ _' ſuiure Pline,eomme fait Marinéeamais en veritéſielon qu'elle _eſtaiourdffiuygfeufle- .
. m… M ment d'vn_ quartde líeuë , aſliſeä' au dedans du GolfeSucronenſe .ſur la. riviere de'
ſg 5mn; ' .Guadalauiar, qui la borde du Leuant _, _ auec ſix pontnahtdelä deſquels qnvqjdzyd
~ fort beau faux-bourgauec vn magnifique Palais Royal, des bocages d'oranger-rs, de
_beaux reſet-noirs pleins de poiſſoruôc des iardins agreablos, contreñleläqzuelsil 'y-czx an_
pluſieurs autres , particulierement celuy dqlbxrcheueſque , pleindeſſffllamcsramzsœ~z
de diuerſes eaux , accompagnée d'vn logis des mieux accommodozñ ?Cette Ville-FAN
quelques treize mille feux5 6L le pays des enuirons,ſept mille. Ses maiſons ſont fort
épaiſſes, 6L pleines , 6L ſes ruës eſtroites , fort poudreuſes_ en Eſte , ét. boùeuſes en
l
Hyuer, 6L ſoudain qu'il pleut; choſe qui procede, de ce que cette ville eſt ſans
paué, 6L toute ſur des canaux, leſquels onſdécouure quelquesfois pour les reparer.
,J
;Royaume de Valenccteïñ — 'x71 , ‘ ~ l
l
Auſſileshabitanrïyſèruent
mille. »lil n'y appoint de port
ſort
procher;
de caroſſes
mais, ſeulement
don? ils peuuent
vne Fort,
auoir
mauuaiſe
enuironplage.
deux' ~ . _\
'Aœtemps que lacques *Roy d'Aragon la conquitîſur les Mores , elle eſiroit preſque ² 5445W 3ſ
roifdekuoinſſieulement mille pas de tout. &c quatre PONCSÀ ſçauoirfla BoatellaneJa Pſſiſi' ‘
B21B”, IaTemplaire ,ou la porte des Templiers , _BL la Xareane. Mais depuis on
?agrandie de beaucoup la faiſant carrée , &maintenant il y a douze portes, trois
contre cbaquepartie du Ciel, dont les principales ſont celles du Real , des Iuifs , de
R uſaſe, des lnnocens, de los Tintes,ôc de los Sarran-os. Il y ab dix mille puys d'eau b Modem:
Vine; le5—maiſons'deſes-Faux— bou Gt iardiſſns, égalent preſque celles dela ville en fi" Meunier,
nombre. On Faitëgrand eſiat d onVniuerfité , &c les Eſpagnols *en commun jiË°:°î_-l‘:°‘
prouerbe la nommant Belle , de me ſmc que Barcelone Riche ,- BL Saragoſſe, , P 5 '
Seule. ' Ii" ' '11 I '~ —‘---' -
>- — La Cité d'O R-IËHV ELA , qu'on prononce communément Origuela , priſe pour d 0…… .m
l'O-RCE LIS .de-Ptolemée, au pays des Baſtitainsfut *l Faite Eueſché , à l'inſtance M,1_1,_,,~c ;,
du Roy Philippe deuxiémqqui retrencha vne partie du Dioceſe deCartagene, pour -, ,
. luy donner. Elle eſt aſſiſe ſur la riuiere de Segure. La Cité de SEGORV F. , -
ou Segorbe , iadis SEGOBRIGA ,eſt aſſiſe en vne valée plaiſante au poſſible; 8c
quant à XATlVEA , priſe pourſancienne SÆTABIS des Conteſtains de Ptole
mée,quoy qu'elle ne ſoit pas encor Siege d'vn Eueſque, elle pretend toutefois tiltre
de Cité. De ſaine-lle tientle ſecond lieu apres Valence , comme celle qui contient ' ~ i
enuiron trois mille feum-&c ſon territoire qu'on appelle Huerta,ou Iardin deXatiua,
eſt tenu des [meilleurs dela Prouince. ' ‘
Les autres villes principales ſont ALICANTILpriſe par quelques vns,maís mal;
ſelon mon aduis , pour l'ancienne Illice , 8:. bienpar d'autres ‘ pour ALON, groſſe <= 30m0 Rd
ville.proche de la megane: bon port; A LB Al D [A T, ALZ [RA , aſiiſeen la valée Ëfffiëſiïÿfÿÿgſ,
de Xucar , entre deux bras de .cette riuiere, qui Panilent , &L tenuë pour clef du ,
Royaume de ce coſté —là,tätà cauſe de S5 affiete,que de ſes ſortestours 8( murailles, l
. &de ſon Chaſteau. BENlFAlQBELGEIDAÀadis BELGIDÆBENICAR- _ l
LO, BIARbonne ville, oppoſée à celle de_ Villena de Caſtillela neuue,ſur la fron- l
tiere de laquelle elleeſt aſſiſcBORRI ANA: C ASTELLONÆARCASS ENS,
poſée dans la valée de Xucar : CONTENTAYNA ou CONTAYNA, du pays
des Conteſtains: .D ENlAmommée paíPline DI ANIVM , ville d'enuiron quatre
‘cens cinquante ſeuigauec ,vn bon Chaſteauzdeux ports,l'vn ?t l'Eſt,l’autre à l'Oueſt,
pêu éloigne: ſvn de l’autre,& fort pratiquez des marchands, 6c le tiltre de Marqui
ſat des Ducs de Lerme de la maiſon de Sandoual; ELCHE , priſe iuſtement pour
PILLlCE de Mele,ou Fllicias de Ptolemée:G ANDlAï ,portant tiltre de Duché, g 05,… i,,
ô; renommée pour ſon Acadet-niefondée par ſon Duc qui fut apres leſuite. LI RIA Mcl-li- t c-ë
ou L E R l A , retenant encor le nom ancien que luy donne Ptolemée. , qui luy ioint _
auſſi celuy d H ED ET E, au pays des Hedetains : MC RV ED R E h, c'eſt à d ire, Mur hÎoſcLRd_
vieil , en langage Valcncien , appellée anciennementSAGVNTV M ,renommée di 5P²S"²-‘
dans les Hiſtoiregpour ſon extreme fidelité enuers les Romainnautrefois puiſſante, ,
8c maintenant petite ville , éloignée de la mer de deux ou trois mille pas, ayant plus
ſieurs belles reſtes dantiquité, comme vn A mphitheatre ,les tombeaux de tous les
Sergiens ,des pierres deſquelles on_ a baſty le Monaſtere des Freres de la Trinité , a;
pareillement à la porte qui regarde la plaine, l'idole de Diane , du Temple de la
quellePlinea fait mention ,- puis encor le TemplqleVcnus , mais tout renuerſé, a.:
par toutes les ruës,& preſque en chaque Front de maiſon desEpitaphes en belle letre
Romaine; outre
touſiours dans ſesles piecesMONT
terres: de monnoye d’or &z d'argent
ESA ſihchoiſie pour ledes Romains,
Chef qui ſedetrouue
d'vn Ordre Che
ſ ualiers, qui portent ce nom . O L [VA k, aſſiſe preſque à l'embouchure de la riuiere, i ucrula Coſ.
k Battr- Rcl.
prés la _ſource de laquelle eſl: la ville de Contayna : SAlNCT MATTH l EV,
'bonne ville,proche de la frontiere deCatalognqpar laquelle on paſſe allant deTor— K
toſe à Valence: VlLLARE A L,auffi bonne ville ſur le meſmc-cheminzVlLLAR l, lnmhcoſ_
Vl NE ROS,bon port de mer. proche de la Catalogne : XAB-l A bon port de mer:
X ELVA , que quelques vns” écriuent Chelua , priſe par PIN D l Bl LIS de Fron- n, gum, M_
tin , ou l' IN CIBILIS de Tite Liue: puis encor “ XE R l. C A , 6c 'XI- nÿorcr-Relñ
XON A. / **Si-aw- ,
Riuiezes- Les principales ri uieres de cette Prouince ſont * le GVADALABIARPU Gua- o ~
_ , , . ~ ~ _ , _ uontan. ſur
dalabjar, c eſt a dire, Eau pure, nom qui luy ſut donne par les Mores : au heu .man
Europe. ~ P ij
172 Royaume de Valence.
' quelesanciens ?appellent DVRIA 8c TVRlA-fqui porte de grandes' commodi
tez par où elle-paſſe; 6c de plus, a ſes riuages touſiours-verdoyant”. 6c bordebi de-iouë
tes ſortes de fleurs,de bois 6c foTeſts-,ſauin planegpïnsa ſemblables arbres qmrſidtfts
portansÏſucilles, depuis ſa ſourceiuſquà ſon emboucliure: ÎCXVCAR', diadis-"SV
Ègäzä-Ïſ( CRO,cauſant le nom du Golfe voiſin:ieMORVEDRE.pris² pour leÎLVÆcVE-IS
’ ' de Ptolemce: la SEGV RA, priſe pour le SERABIS de Meir: z &ñ le l' Ml LI-JAS ou
M I L LAR S. Les curieux y comptent ,en tout trdnte- cinq riuieres, grandes ou
° M°“‘²"' ſi” P etit s. de ce pays eſt doux 8L temperé,& pluſſ5.- ~ reable quîetíïaiicun
L':ir< ,::.-.:~.:~. endroit'
' ' W' WH”
d_-'Eſ—
Mercxtor. . , . , . . _ _ _
P BOŒLRÜ_ pagne; ſi bien qu'en toute ſaiſon,& meſme a No _ _Sc au mois delanuierJes habitas
di Spagna, ont les mains pleines de fleurs. ll y a pluſieurs driuierres 6c fontaines qui le raffraiſ.
chiſſent; 6c pourleregard de ſon terroir,il ſemble que la mdeſſe y ſoit meflée' auec
le plaiſir, pource qu'au dedans du pays on ne void que môtagnes pleines de rochers;
8L ſterileszmais prés des valées 8c des plaines agreabies. La contrée qui s'eſtëd depuis
la Catalogneiuſqiſà
dance Millares,eſtlepour
en vin,huile,meuriers,par la pluſpart
moyen raboteuſe,
ſides fueilles GZ ils
deſquels toutefois allez
ſont force abô
ſoye,ôc
meſme en beſtail; outre qu'ellea vne plaine ſort ſertieCelle qui s'eſtend de Milla_
res à Moruedre , contientvne plaine cein te de montagnes , ſinon vers la mer ,~ 8c ces
monts ontquantite' de fontainegruiſſeaux 6c canaux ; St la troiſiémeſde M oſuedz-e
au Molinello , contient
bles. ſi pluſieurs fertiles valées , 6c beaucoup de plaines agrea
ll eſt vray que ce pays n'eſt pas riche en bleds , à raiſon dequoyſes habitant en ti
rent de la Sicile. Mais en recompenſe ils recueillët tant de ſucre, de vins 8c de fruicts
de toute ſorte , tant de riz 8c d'huile , ô: ſont ſi grande quantite' de ſoye excellente,
que ce qu'ils fourniſſent aux autres, ſurpaſſe de beaucoup ce qu’il en reçoiuent, E n
Ikaväée de Xucar, ils ont abondance de ſucre,riz , chanvre', lin, ſoye , 8c diva-s
rui s. - … ‘
Les enuirons de Gardia 6L d’Oliua. ſont nommez pour ?ineſtimable fertilité de
leur terromabondant tout ce qui ſe peut en ſucres, oliues,riz, vin, ſoye, lin &à carro..
bes, dont ils donnent le fruict aux mules enlieu d'auoine, afin de leur-augmenter la
force 6c Phalene. ll y a quantité deſert bonnes figuegde paſſerilleóc damandiers,
qui fleuriſſent en lanuiemde meſme qu'en ce pays au mois de Mars ou d'Auril. La
principale richeſſe
abondance. L' e mieldeeſtBiar.,
blancconſiſte en miel
, 8L ſi dur qu’ilexcellent,
ſe rompt, dont ſes habitans
6c ſe met ontde
en poudre, grande
meſ-ſſ
me que le ſucre: &c ne perd pas ſa dureté auec la chaleur , ny changeant de pays , ny
c Konrad. ſur d'air. Il v a* deux montagnes , nommées Mariola, &Peña goloſa,oùñl'on trouue
Mctcator.
quantite' deſimples fort rares., propres à la Medecine: d'où vient qu'il y a grand
abord~d’Arboriſtes 6c de Medecins. - —
f Mariana de Quant au pays d'auteur de Valence ‘. il aſon air agreable 3c delicat, ?Hyuer ſans
**b-HFP 15-"- glace, &t l'Eſte temperó par les vents qui viennent de la mer, toute ſorte d'arbres
_ c-U.
fruictiers# de beaux vergers, iardins, abondans principalement en citrons , d'où
vient que tout y paroiſt verd, tant en Hyuer qu'en Eſté; outre qizraîutour de Valen
ce on void des iardins auec force beaux parterre: , deſtolieres curieuſes , 6c preſque
P _ toutes les delices qu'on peut rechercher; ſi bien qu'on diroit qu'on eſt aux champs
ſi ſi ct ' ‘.' ne
Elyvoid
ſiensque
de l'antiquité;
gœnadiers 6c 6c citronniers.
de 8 Valence On
à Moruedre, parPeſpace
fait auſliforce de quatre
confitures lieues'exon
des fruicts
cellens qu'ils recueillent en ce pays.
h llontanfut Il y a dans ce pays l* des mines d'argent, principalement à Buriel; 8c l'on y trouue
ſ auſſi des pierres marquetées de veines 6c lignes dorées , au lieu d'Ajoder. Prés* du
gym… zzdſ Cap de Finiſtranil y a des mines de Fer; &ailleurs on trouue de lalbaſtre, de l'a—_
Lunſ, la du plaſtre. L'eau de la mer leur fournit auſi] fort grande abondance
e e. ” -
Au reſte, ces peuples n'ont guere de chairs;d'où vient qujils en tirent de Caſtille,
combien que le urpremiere contrée, depuis la Catalogne iuſques a Millaregſoit aſ
ſezriche en beſtaiLMais dansla mer voiſine,ils prennët grande quantité de tons. En
tre le Guadalauiar 6c le Xucar, on trouue la renommée Albufere, longue de trois
lieuës, &large d'vne,pleine de roſeauiqſejour agreable des poiſſons,principalement
des
a dealoſes 8c des
ſeptante anguilles, mais
ſortes. ' beaucoup plus des oiſeaux de riuieres,ſ dont il y en
— Royaume cle Valencïeî ſ —__-ſis73
Ceux de Valence. ſont d’vn eſprit agreable , magnifiques aux choſes publiquesd
ſdelicieux en leur particulienreligieux 8c deuots,comme onrecognoiſt par la multi
- tude des Monafieres ,le nombre 6c la pompe du Clergé, la richeſſe 6c quantité des
'ornemens des Egliſes. Ils ſe plaiſent fort aux eſtudes curieux 8c plus agreables : d'où
vient qu'on y void fleurir ordinairement ?Aſtrologiçæ les Lettres humaines. lls
aimentà paſſer le temps,& trauailler peuzcom me conuiez à cete moleſſe parla gen
tilleſſe de leur air, 6c leur pays plaiſant au poſſible : d'où vient que les eſtrangers,
principalement les François 5c les italiens , exercent la pluſpart des _arts 6c negoces
dela ville. ' " '
llsont * de couſtume chaque Feſte de ſainct Matthieu, apres les deuotions,de ſe "'~M“5“*“‘5
tranſporter ſous le gibet; leuer les corps pendus ou 'tombez , 6c ramaſſer leurs pſſe
mens( puis les ayant mis dans des biere; , les porter enſeuelii' honorablement au
commun
ſ Quantſepulchre _des habitangauec
au langage les,prieres
des Valenciens 6c ceremonies
i] eſt 'ſort accouſtuméesJ
approchant *du Catalan', ñ ou
plufioſt c'eſt comme meſme langue , ainſi ,qu'on peut voir-en leur Prouerbe,
qui dit , Quen ten cors bel , nol cal mante] ,- c'eſt à dire, Qui a corps beau
ne luy ſaut manteau; 8c comme on peut remarquer plus amplement aux oeuures
de Vincent Ferradis , 8c de Moſſen Viñoles, qui ſont en langue Valencienne , au
Cancionero general.. ' ‘ ~ ' ²
Richeſſes Il ſe ſait-Nm grand trafic ~a Valence; veu qu'on emporte delà pour les pays eſtran
gers , des velours &autres draps de ſoye , preſque de toutes couleurs , ſorce ſoye , de
fort bons draps fins , qu'ils nomment Contracts, qu'on tranſporte aux Iſles de Ma
jorque 5c Minorque, Sicile Gt Sardaigne, quantité de riz , deſucre ſort blanc; 6c de
fruictsconfits au ſucre , force paſſerille , 8c figues , de l'huile ſort douce , 6c ſiîclaire
qu'on diroit que c'eſt' eau de fontaine; 8c des cuirs de toutes couleurs , qui ſont "des B d.
mieux habillez. Les Valenciens ‘ tirentauſſi force argent de leur_belle vaiſſelle de VI:
terre, qu'ils nomment de Porcelaine. 'La ſeule *graine des vers à ſoye , quon en_ Inch! Angi
tire pour l'Italie, ne leur rend
on donnecommunément pas moins
ſeptante de cinquante
milleécus detente mille écus l'année.
à l' Archeueſque de Au reſte, Îfilſifæ]
Valence) ſi '-_
8L encorplus au Chapitre ou à la Fabrique; &c la-Maiſtreſſe de. Monteſa, fondée des*
biens desTempliers, a dix- huict mille écus detente; de ſous elle' treize Commande-J
ries , qui ont vingt mille écus de reuenu. 'ñ ñ
ſortes.
On ſaiſoit eſtat au temps quedes Mbres ;ou Moriſquesñ; eſtoient encor'En Eſpa- 'Wlfàä'
;ne , qu'il y auoit en ce Royaume ſans compter Valence 1.1.07: maiſonfde nou- “m ' '
ueaux Chreſtiens ou Mares , qui faiſaient ſemblant de Peſtrc… 6c d’entr"eu‘at cin#
quante mille, propres iprendre les armes . 8c 6 38 zz. maiſons de vieux Chreſtiensï: ſi
bien que depuisleur départ ce Royaume paroiſt beaucoup moine peuplé -quïaupa- — '- — *ñ ñ- -
rauant. ll y a cinq compagnies de cheuaux legers, pqur garder lä coſte du Royan-ï _,,,,,m y
me;& vn Regiment du Gouuerneur. La ville de Valence eſt diuiſſze en ſix quartiers; f ſix 1, ~
8c ſes habitans propres à porter les armes ſont ſous ſix 'Maiſtres de Camp. lfEmpeñ d? ſi
:eur fCharles cinquième fic faire le long dela coſte de ce Royaume , aux lieux ne- 3),. ;7 - _
oeffaires',
R vn hommeenuiron vingt-ſeptTourgt-_n
de chenal. chacune
Que ſi l'on découure deſquelles
quelques ontient
voiles deux ſoldats,'_
de CorſairesJeſſsſiyſhl-'ſſ ' g
dats ſont des feux ,ou des fumées , &donnent d'autres ſignals; par le moyen def.
~' ':2 r: ~'
*ï - ſont
quelsfflreſque
ſemblant 'en
demoinsdïrne heureterre
vouloir: prendre , toute lacoſte eſtdecheual-va
, .l'item-Jde aduertie: 6cà ſi\grande
les Corſaires
courſe ſſ a l
donnerffladuis aux cheuaux leger: , qui ſont preſts par trouppes , chacune (le=
“VW 'r T" -' r-“rrſi-ſi. HCS. '. . . .- L! "z" ñ- ï ñ z '
Les Mares!
chaſſa ayant
finalement tenuZahel
le Rmy ce Royaume
ouZaen,longuement, Iacque’s.
l'an mildeux Roy d'Aragon
censtrente-huict; , en !Mirko-JJ
ayant ſſſſ;{ſ“‘°'h‘ſi‘
pris Valence-duel: toutes-les villesœ tous les chaſteaux, eſtansau-_deçà du Xuear, 8c " ‘ ' ë ë"
lors il y eut cinquante mille Moregqui furentcontraints de ſortir de Valencesrpuisſi*
on commanda *a tous let Mares de ſortirdu pays de Valencefflellement qu'il en par- ſi "ſſ_‘ "’î~""… ~
tit ſoixante mille hommes en armes-;qui répand-item par. lesRoyau-mes deMurcie,
8c de Grenade , 8c la .Manche d'Aragon. Toutefoisil en' demeura pluſieurs ſous?
l'apparence de deuenit-Chreſtienszainſi qu'on vid l'an mil fix cens dix ,- lors queî
les MoriſquesſortirentcYEſpagne.‘ ' . . , ._ .m, l- É..’~.~i.\ IÀ" 'Nl-WOW c '
Gouuet ,ñ LeRo ,d'Eſpagne tienthen ce pays .vnVicempqui faitrùdemeut-erà-“Valen- had-Mm?
nement. ce , 8c doit eſtre triennal.: AValence, ils ont des Eſcheuiqs -î, qui-changent
Europe. P iij ._ .
1-74. ñ .Royaumcde Mure-ie;
tous les tire
fanten ans;quatre:
stpounles élire,on
&ceux dontmet
les le namſont
noms dedouze ettdesbales
dans les de CÎÏG; .Elſiçbeuins.
baies, demeurent puis vn en
ï Pfflï-Rïl- Au reſte ï-,les Valentins defendent hardiment les priuileges de leur Cité. qui ſe gou.
“ 5?*** uernepreſque enferme de Republiqueſious l'ombre duRo .d‘E,ſpagne.CeRoz/au
me dépend de la Couronne-d'Aragon; dexnejſme que. de la atalogue.
MMMÆMMMMMMMMMMMÆHŸKÆNHÆM-ŸHM
ROYAVME DE MVRClE.
x z ñ_ 3511i' E Royaume de M V RCIE, tirant ſon nom de ſa ville capitale fut i. N°"‘:ſſ'
" -~ en partie ;le ſejour des anciens BA îTlTAINS de Ptolemêe, 8c COM'.
_ ’-‘~ des BELLlTAlNÎS# DEI-TAINS de PlineJl apour confins du -
' ,… î Ÿ Nord le Royaume de Valence, &- laN-ouuelle Caſtille,- du Cott
' ' “ " - ſi~*"ctî~ iL1_' chaiſhle Royaume de Grenadc-,du Leuant a du Midy,__la
diterranée. - mer Me
4…… M_ 5a ville _capitale eſt MV RCIA , priſe par quelques vns pour l'ancienne MVR- Lieux]
diîpaan-z CIS : au lieu que d'autres tiennent que c'eſt Muxacra. Elle eſt ° affiſe ſur la Segure,
à neuf d lieuës de la mer# quatre lduhkgóyaume dc Valence; nde tour vnelieuë 6c
emie, 6c contient enuiron dix mil e a itans. !ct
Son aſiîete eſt en vne plaine. ſans aucun pendant. L'Egliſe Catlïedrale portant le
nom de Saincte Marie, eſt ſuperbement baſtie. ll y a plus de quatre cens Chapel
les, 8c vn clocher fort haut,& large, ayant ſa montée faiteen telle forte, que les cha
zo” _attelez auec des boeufs , ou des cheuaux , y peuuent monter iuſques au
.1
minet.
_j Rl Son autre Cité ,. eſt CARTAGENA_ ,_ appelles*: par Strabon CARTHAGE
:-à ' NOVVELLILpOurIa diſtinguer dela Vieille. Mais Murcie* a Cartagene ont vn
î ‘ ' Eueſque commun,qui ſe tient à Murcie, 8L prend le tiltre d' Eueſque de Cartagene.
Elle ſut autrefois fort eſtimée-mais à preſent elle n'eſt ny grandemy belleïoutefois
elle a quatre choſes remarquables, dont la premiere eſt ſon port , eſtimé l'y” des
meilleurs de la mer Mediterraneo!, pour eſtre grand, profond 6c fort aſſeuré : outre,
dz ._~z- -'- — -qtfil a quantite' d'eau douce: la ſeconde , eſt lnpeſche des maquereaux , qui ſe fait
‘ ~' ~' vers l'lſie,qui eſt yisà vis du port: latroiiſiétne, eſtzlabondance de cejoäic ,qu'ils
nomment
precieuſes.Eſparto, qui y naiſt;. 6c l'on
ñ- ñ inet
:T, 'ur la quatriéme—. ſes mines e p ierres
F',
[Muc/tlm, On y void encor laville de LORCA , pottanütiltre de" Çité, quoy que ſans
Eueſque ,_Bl miſe pour-vn des porcs de ce pays .- quoy qu'elle ſoit vn peu éloignée en
ï“ſ’“‘° Fd' dedang-&t poſée s ſur le Gualentimou pluſtoſt Guadalentin.
b ; " 'Mm Les autres principales villes de cette petite Prouince, ſontla Fortereſſe &PALMA
uzgïäd_ ' C ARRON, éloignée de ſix lieuës de Gartagene: puis v CALASPARRA , CA-Y
RAVACA-,C l ECAJJonne ville. 8L VARDAMAR flauſquelles Botero adxouſte
_ PORT( LL A , V ERA, 6c MVXACRA: bien qu'elles ſemblent aſſiſes? dans les
*mr-m* \ Ce Royaume
confins eſt trauqrſc'
du Royaume_ de deux
de .ſure-nad e. riuieres, dontrvneeſt la SEGVRA
.~ , eſtablic*
- mai-rei;
*m".aſe~l"' Panlmil trois cens trois , pour borne de Murcia , ac. de Valence a ?autre ,— le (BVA-f ï
_ ’ . -‘ ‘ r . ~ _Al ſi." ſi b ſi
15.1.… A1,.; L'air Z de Murcia eſt Fort ſain. 8c ſi cela rſeſtoit l'on y mourroit fort; pource que DEFM;
‘-ï- lors qu-'onfilela ſoyeJcsliâs qu’on tire des paniers ſont iettez en plaineruàauec
les vers mortsîôc corrompuæqui pourraient cauſer pluſieurs nti-ladies.. Au territoire
'“ 'W'- Rïl- dqMui-cie” eſt arrouſc des eaux qu'on y conduit parcanaux; mais en la contrée de
Caecagene il y tombe de grandes roſéeszmais il y pleut mremetu. 3--- r .
ï “WWW Tout le pays* affis entre Murcie , 8c Cartagena, eſt preſque deſert 8c dépeu ple',
pource que ce nefont que montagnesſ: 5c quelquefois and; trouue paſen Eſté vne
goute ñd'eau,pour boire le long du cheminzmais le pays du coſté de Lorca eſt bon,6c~
fort peuplé. A Murcie il y a les. meilleurs iardins de l'Europe-z pource qu'ils s'ar
rottſent tout de l'eau dela riuiere. A deux lieuës \le laCitê,:l'on cueille du riz en
-: ..- grandeabondance. Il paieillemencdes lentilles z pois chiches, acautreslegumages.
Quancaubled, la-plus grande pans-ie &cudlleäwtesrítoire ÜRLOICZ. ' T .. -
i —- A
.., ;aw 'z
\
Royaume de Mureizeſ ' , L7-Ê
Ce pays porte quantité d'oranges , limons , 8c citrons , .quelquesyflsz ſont_ zgfo!
comme la teſte d’vn homme , Force can nes de ſucre , 6c duçvinquïon tient des meil- _
leurs d'Eſpagne, de meſme que l’huyle qui s'y ſai t. ll y a force meuriers_ pour' les vers. ,
i'ſoye,d'où vient que ſes babitans ſont grande quantité de ſoye qui eſt des plus fines, '.
force amendiergquantité de ruches, d'où_l'on tire le meilleurmiel d'Eſpagne,force ï s Beure Roi.
craye, ou terre blanche, dont ils ſont quantité de belle vaiſſelle, 8c grande abondan
ce d’eſparto, tout autour de Cartagene, par l'eſpace de huict lieuës, ll s'y trouue tant' .
d’alum, que le Duc d'Eſcalone, 8c le Marquis de Velas , en tirent vn profit incrçoya- .
ble, 8c tout autour de Cartagene des mines damethiſtes, caflidoines , 6c autres pier
res precieuſes.
Mauſs L_es femmes 5 des Baſtítains dançoient en prenant leur repas , au ſonde la fiuſte, b $®Ÿ° "-53
²"‘²“"‘°‘ 6Lq de la trompette,s’entretenant
CeſiRoyaume parlaMores
‘ eſtant tenu parles main., ſe rendit tributaire
, . - de Caſtille ſi ?rem
du Roy
Gouïcr- l'an 124i. 6c la Fortereſſe de Murcie ſut miſe entre les mains de Plnſant Don Alfon- '
“‘"‘“‘" ſe , fils du Roy Ferdinand , apres auoir eſté cinq cens vingt-ſept ans_ au pouuoir des
Mores,qui Ëemparerent de ceROyaUme l'an de grace ſept cens quinze. Finalement 4 !fare-ne
ce Royaume, auec ſon Roy More fut tout à fait au pouuoix du- Roy de Caſtille l'an 'ſi '
12.6 y. i --
Il,y a dans ‘ Murcie vn Gouuerneur qui eſt comme Vñiceroyxommandant' *a tout e Salazar Al
le pays, vn Lieutenantgeneral criminel,&c vn ciuil,douze Conſeillers, vingt- quatre ‘“°““'
Greffiers, douze Procureurs, de force A duocats. Lors qu'on ſonne le tocſain autour
du port de Murcieſle Gouuerneur eſt obligé d'y aller auec ſes gens , 6L Facheminer à
Cartagene; afin de defendre la coſte des M ores , qui y font ſouuent des courſes. A
Lorcail y a vn Lieutenant ciuil, 6c à Cartagene vn autre , a pour le regard des crimi
nels ils peuuent appeller de leurs iugemens à Murcie, puis à Grenade, où l'on iuge en
dernier reſſort. Lors qu'on mene vn criminel au ſupplice, il eſt monté ſur vn aſne , d;
la trompette publie ſon méſait i_ haute voix.
Quant a la police on vend_ à la liure_ les pommes , poires , grenades , abricos , peſ
chzesz_ auberges, figues ,raiſins , dattes, la chair, 8c le pain , qu'on peſe pour ſçauoir (ï
l'on le vend au prix du bled. Celuy- qui ſachet: ap prend combienil vaut parvn plaz,
card attaché à vn pilier par la propre main de la Iuſtice, «,35 nul nepeut vendre \bn
gain , ſans qu'il ayt premierement eſté viſité. Weſi uelqu'vn manque, on le com _
craint d'aller parles ruës, monté ſur vn aſne, 6c l'on le oüette par derriere , la Iuſtice
le ſuiuant à cheual, deuant laquelle marche vn trompette, qui ,dit hautement , C'eſt
la punition que ſa Majeſté, ou ſa Iuſtice en ſon nom, commande eſtre faite de cét
homme , ou ceſte femme , pour tel mefait , pour lequel il eſt condamné à tant de
coups de foüet.
> leſgüÿtte Q1; ſi le bourreau donne plus de coups que
luy meſme. i la Sentence
ſ ne porte, on
ſſÀLËMMMMÆMMMM:MMMW-H-&Hz-&Mææffl-æiævz-Û-æL Z _
.RÛYAVME DE GRENADE Ÿ'
Noms. ï» ,3 E ' Royaume de GRENADE, qui prend le nom deſc ville Capitalesſt -
, “ſii vne partie deläncicnne BÆTIQVE, habitéeautsesfais ‘ des SEXI- f Mctuhcoc
cons…. ) " TAINS, BASTVLES, 6c POENES., n a pourlimitcs du Nord la
l ‘ L - Manuelle Caſtillqdu CouchantPAndaluz-ie, du Midy la mer,qui bor
.Eicndue, de l'Afrique, 8c du Leuantle Royaume deMurcie. Snlongueur I eſt gl-.Mïrinficz
dïnuimn deux censmils,ſa largeur de pres de cent,& ſon tour de ſept cens,ou bien l' Kazuo m_
la Premiereeſtdeſoixantelieuës, la ſeconde de vingt-cinq , &la derniere _de deux dispngnl. ~
cens trente. _. ~ , ~
lieux; :-. :An temps que les Manos y regnoient , on y comptoir quatorze Citez_ . Gt quatre
vingt-dix-ſept villes ceintes de murailles. Sa ville capitale eſt G EN A DE, nom
mée par les Eſpagnols GRANADA , priſe ï pour l'ancienne IL l BE R IS de Pto- z …bulb
lemée, qui fut en la colline appellée maintenant Eluira , où l'on voyoitautresſois la Lïlïï- _
VIII? d'Eruira ; 8c- toutesfois quelques vnsfont d'llliberis la ;ille d'Almeric,& logent SËËJŸÏ'
Grenade au lieu de la GRANDE IL LIPVLA de Ptolemée. Ceſt: ville , qui " ſe Del-c. Apïdâ_
nommaitainſi commeon croit, pource qu'elle eſt pleine de maiſons eſpaiſſes , &c ſer- H21??A,,
1'565. de meſme quÎme grenade de grains , embraſſedeux collines, ,ou montagnes magny, ‘
g iii]
ſl
176 Royaume de Grenade. l~
hautes, ſéparées par leDarro , qui coule parja 'valée eſtantau milieu , 8L toute la ville
eſtdiuiſée en quatre carnets, dont celuy qui &coupe le bas de la ville eſt nommé par
' ticulierement Grenade,
del-e Soleil le~uantſſ les Sierra
s'appelle autres del
deuxSolſont
, ouaux deux collines
montagne , dont8Lcelle
du Soleil, qui regar
ſoncartier Al
hambra en Moreſque, c'eſt à dire Rouge, à cauſe dela terre rouge qui ſe voit en ſes
baſtimens , l'autre qui luy eſt oppoſée , ſe nomme au langage des Mores Alcaçaua,
c'eſt àdire lieu fort , pource qu’ils nomment vn Chaſteau A lcaçar , 8c ſon cartier ſe
nomme Albayzin, 6L le quatrieſme quartier qui s'eſt joint au premier par ſucceffion
de temps,
pelle à cauſe de, peut-eſtre
Antiqueruela la grande multitude duceſte
à cauſe que monde qui ſe vint
peuplade tenirä
s'y cran Grenadesap
ſporta principale-ſſ
'ment de la ville d'Antiquera. Le premier cartier appellé Grenade comme moins pe..
nible, &L plus plein, eſt peuplé d'Eccleſiaſtiques, de Seigneurs, 8L Gentilhom mes, 8c
des lus riches marchands, tous logez dans des maiſons magnifiques, accompagnées
de fgrt beaux jardinsq En ce meſme cartier on voit la grande Egliſe ſuperbement ba
ſtie, auec la bel le, 8c riche Chapelle où repoſent les corps du Roy Ferdinand# de la
Royne Iſabelle, qui enleuerent ceſte ville aux Mores, 6c pres delà vn ancien Temple
des Mores appellé Mezquite en leur langue. O n y voit auſſi le Palais de la Chancelle
rie, auec vn portail fort haut d’vn ouurage _merueilleux , &au dedans la ſale, ou le
Tribunal des Oydors, ou Auditeurs, parée de ſoye,d'or,& d'argent.Ceſte Chancel
lerie eſt au Marché neuf, d'où l'on va par le Zacatin plein de toutes ſortes de mar-î
chandiſes bien rengées à la place de Biuarambla , faite en berlong , longue de quatre
dens pas, &L large de deuxcens , ayant vne bel le Fontaine . 8L tout autour des maiſons
toutes blanchies , 6L quantité de ſemeſtres. On ycourt les taureaux , 8L fait pluſieurs
reſiouyſſances.
Le cartier de l’Alhambreaffis au haut de la colline , contient l'ancien Palais des
Rois Mores, qui ſemble vne grande ville, comme eſtant ceinte de muraillegôc flan
quée de trente tours,pouuan t tenir aiſement quarante mille hômes pour ſa defenſe.
Le dedans de ce Palais eſt de porfire, de jaſpe, a de marbre,l~es parois ſont dorées, de
meſme que les ſoliueaux,& les planchers# l'on y voit force moſaïquectt lettres A ra).
biqucs, qui ſont curieuſement conſeruées. A l'entrée on voit la renommée fontaine.
dont le grand baflin de marbre blanc eſt ſouſtenu par douze lyons , chacun deſquels"
eſt auffi gros qu’vn maſtimpuis laſontaine eſtant au milieujette ſort haut ſon eau qui"
_retombe dans le meſme baffin, 6L deläseſcoule par trois cens ſoixante cinq canaux, j
8c ſait des reſeruoirs, où les Rois de Grenade paſſoient les plus ſortes chaleurs auec .
les Roynes en ſe jouant, ô: baignant. De ce Palais, ou-Chaſteaufon voit preſque ’
toute la ville de Grenade , auec ſa campagne , ou Vega , &c les montagnes touſiours
couucrtes de neige , qu'ils appellent Sierra Neuada , 6L dans ce meſme lieu l'on trou
ue vn parc plein de toute ſorte de beſtegprincipalement des cerſadaingôcehevrettx.
On voit encor en ce meſme cartier le nouueau Palais baſty par leRoy cl'EſpagnePhi
lippe ſecond, de pierre bleuë,ayant vne court ſort grand e',trois enceintes, ſouſtefiñäñ
de colonnes de marbre ,-65 pluſieurs belles chambres fort enrichies : 'tellement que
quelques
Au delàvns
derengent ce baſtiment
l'Alhambre entrevnlespeu
en montant merueillesdu monde."
l'on voit le beau PalaisL'
de - Generaliſe, " l
que la nature, l'art, 6L l'aſſiette, rendent propre pourla recreation de l'homme; car
ce lieu qui 'jouyt touſiours d’vn air ſeraimeſt accommodé de pluſieurs ſontainegdont
l’vne iette l'eau merueilleuſement haut,de la groſſeur du bras,de bocages pleins d'ar
bres Fruitiers, de beaux jardins, 6L cl'v n parc remply de beſtes ſauuagegauec vneclo
ſture en façon de filé, ou à lozanges. En la meſme montagne on voit vne ciſterne-_puv
blique, nommée en Moreſque Algibe, faire parles Romains, comme on croit ,pour
receuoirla pluye, dont l'eau ne ſe corrompt point; mais a la vertu dmrreſter le flux de
ventre. A coſté de ce Mont il y a vne ancienne Chappelle appel lee LasM-Urtſrespu les
Martyrs,
fort où l'on
eſtroites, 8L levoit des puys,
dedans 8c cauernes,
plus large, taillées
qui ſont dans le rocher,
les priſonspu auec leurs~'entrées’
M aſizmoraspû les Mores
tenaient leurs eſclauesChreſticns. ï ñ- - _ _ -
Le cartier de l'Albay in embraſſe deux collines Foítpleinesde maiſons ;où les
Mores ſe tenoient tous ſîuls autresfois , Faiſan: comme vne ville' particuiiere , diſtſe- *
rente de langage, 6L de mœurs. C'eſt en ce cartier qu'eſt la porte? par! laquelle ſortit-le
,Roy Chico , ou Petit ,lors qu'il rendit la ville _de Grenade , 6L PMhambre au R oy'
Ferdinand , lequel il pria,pour eternelleimemoirede la perte de ce Royaumqde fai;
re boucher ceſteportepouriamais, apres qu'il -ſcroit ſorry , ce qui: luy-fut accordé ;ſi
1L “ ' o ~ ’ x
\ I
l
Royaume de Grenade. ~ 177
bien-que_ depuis elle eſttouſiom-s demeuréefcrmée, 8c de plus; afin qu'on ne Pouurit
ianæaÿgpnfir contre-ceſte porte vn baſtion. . .ï . ' ' - * -í
j; _ójlzc-Ëçzuat-rieſmcaeticr d-Antiqueruelaeſt ctiiiieu plain auec vn grand nombre de
maiſons, où l'on fait .des .drapszdeſoye de touteſorte. ſi ſ ~ l
Ceſte ville portant titre ÏA-rcheueſché , a douze mille pas-de tour , mille trente
tours, ou baſtiongôcdouze poigtesjdont celles qui ſont du Couchant ontſides ſorties,
&campagnes agreablſies ,aulieiſque ceileîsîdu Leuant ſont- fa-ſchcuſes zac malaiſees.
Elle aplus de quarantemîiileñfèuäé; ſans y comprendre ?Alba-m bre, 6c l'Albay_zin, &e
plus dedeux mille-fontaines dïirau-fortfraiche. Preſque _chaque nïai ſon a ſon* eau
parziculiere , qui luy vient du Dam', puis à quatre lieuës delà , il-y a vnreſeruoir de
neige pourſlEſté, &des gensïpî) gagnent leur vie à la porter-à' Grenade, dans des pa*
niersenueloppez _de paille, où elle ſeconſeruſie aux grandes chaleurs. ë' ' ~ ~
A pres de mille pas_ de la ville on voit vne maiſon nommée Alixares , auf-ICS?
fois fortzbelle-,ñoù lCSKOSÎS Mores Ïalloientrecreer, &l'on frouuéauſi-ïlſia 'bſielleVe- ’ ~’ ‘
ga,ou plaine deûrqsiiadc, ayant-plus dehuict lieues deîlongueurï, ſans qu'ony
voye vn ſeularbrgcentdi-x mils, ou vingt-ſeptlieuës de tout, 6c trente-ſis( ſources _ , " -
de fontaine-,en moins' de_ vingt-ſept mils. Voilatous l'es lieux où le Roman ä de#
my fabuleux des gueres Ciuiles de Grenade', fait voir 'tant de diuerſes aédions des -*~~ ~
MOICÊS* ' . ’ ſi s) - ſi. - '. ' i i
Les autres Citez, ſieges d’Eueſques, ſont AL-MER TA , ?priſe par quelques vns ï a Clin-F. il
pour VIRGI de Mele, aſſiſe 5 ſur la mer, enleuée aux Mores l'an n47. G VADIX' M” 'u'
nommée-ainſi parles Moreszmais par Ptolemée ACCLaſſiſe ‘ en vne plaine ſpa-ï c.6. b Delicfiiſp.”
cieuſe, ombragée d'arbres, 8c ceinte de tous coſtez de rudes montagnes , 6L M A LA- ë "°‘°‘° 5"'
GA, qui n'eſt autre queMALACA de Ptolemée , 6c Strabon, ville* merueilleuſez gbïf'jfgë°— _
ment forteqafflſe en vne plaine, ſur le bord dela mer, qui bat ſes muraillegflanquées 1…,
- de fortes 'tours , 6c fortifiée de deux Chaſteaux releîuez ſur vn cotau, l’vn au deſſus de 5°fi=ï° M- j
l'autre, dont-le plus haut-eſt appellé Gibralfar , 6c l'autre Al caçaua. Le Roy d’EſpaÎ ~"""ſi ~'
gne Y tient vn Arcenal, auec quantité d'armes &z munitions de guerre , zz de bouche;
force moulins à poudre , 6c beaucoup 'de fours pour le biſcuit; tellementqûbutre _
quedeſt * comme, vn baſtion qu'il oppoſe auitAfricaingil tire delà les munitions nef s 931W- Riſk!
ceſſaires pour les places qu'il tient-en Afrique. 'ſ _ ſi ~ ſi ‘ "ſii _
' Les autres qui ‘ portent titre db Cité, ſans auoit Eueſqueſont ALHAMA , pri- 5 ill-z” Al'.
ſe pour! ARTlGlS de Ptoluméê , bien que quelques-vns l* tiennentÿué les Mores ;oïſiſnÿnzl
ont baſty ceſte villqefloignée de ſept lieuës de Grenade,ſi plaiſangque les Rois Mo- h' Êclic-Hiſr
res s'y retirerent ſouuent.pour ſe recrëcir, 8c renommée pour les excellens bains d'eau m'
chaude qui Pauoiſinent. B A C A , jadisl B A STA ,capitale des Baſti tains , " fortifiée k Botyto ne!,
de bonnes murailles, 6c d'vn fort Chaſteau, ê: faiſant quatre mille feux. LOXA ,ri- ~ —_ _- x
Che en chan Vrcs . 8c ſil bien poſée, qu'elle eſt tenuë pourſſlejardin , 8c Tergfffide Gre- l°‘*“"fflW
_nade, comme ayant grande quantité dherbages, de ſieursóc de fruits, outre qu'il s'y' ~
trouue vn nOmbreincroyabled-elievregôclapinsfiilapriſedeſquelslesliabitanssbc# ’ ſi' _ '
cupent ſouuent, 6c nourrit quantité de beſtes à laine , dont on fait à Grenade force
draps, qui ſont tranſportez, tant en Italie, qu'aux pays-Bas. VE LEZ M ALA GA,
eſtoignée de cinq mils de Malagadflc de demie lieuë dela mer,6c poſée en vn pays qui
produit toute ſortede bons fruits. RONDA , qui n'eſt autre que l'A RVN DA de
Ptolemée , 6c de Pline , aſſiſe pres la frontieredePAndaluzie , ſur vn montm ceint, mlïïïïïïkïl
pour la plus grande partie d'vne riuiere, qui deſcend dans vn lieu creux par quatre
cens degrez, ouurage des Mores, 8c defenduë d'vn Cbaſteau , 6c ï SAN TA F_li , ou "1 5&7" “ï -'
ſaincte Foy, fort petite Cité, proche de Grenade. Ï ~ mſiſiſidſi ’
Les autres principales places de ceſte Prouince ſont * A R DA , jadis A B D E RA , 9 Mïkin-Fíï
Ville nlaritime: ALO RA, ALMVGNECARQ pris pour MENO RA de Pline , ou Hi,
MANOB A, de Ptolémée, où les Rois Mores tenoient leurs treſors. ANTEQVE- *layer-ne in:
RA, ville forte ,accompagnée d'vn Chaſteau , nommé A lcaçalia , ayant toutes ſefdîſPffl' ,
POÎÊÊS de FCI' ,Où l'on garde encor pluſieurs armes des Mores , comme leurs coins de :Ïzſſzÿfl 221Z
mailles-Zagayes , eſpées , boucliers' fais de cuyr, 8L renommée pourles vaiſſeaux de
terre qu'on fait en ce lieu, nommezpar les Eſpagnols Tinajas propres pour y conſer—
uer toute ſorte deliqueurs, du vin, de l'eau , de l‘huyle , des oliues , 6c choſes ſembla
bles, 8c ſi'grandS, qu'vn ſeul ſuffit pour vn an à vne famille' entiere. C A M B l L,
CONlL, l'vne des places forces de ce pays. CO YN, ville grande, mais de difficile
garde: tellement que le Roy Ferdinand ſit eſtat de la raſer. C ARTAM A,ſſefloignée
de deux lieues de Malaga, 6c poſéeauec ſon Chaſteau,_.ſu: vn mont qui s’cſtend iuſ~
..a
178 i il Royaume de Grenade'.
' qu'à la mer Mediterranée. G A LERA, affi ſe ſur vn rocher , principale fortereſſe des
Mores,au temps de leurs rebellions.H V ESC A RJLORAJE MOC LlN,auſli_for.
tes placegproches de Grenadqdont les Mores nommoient la premiere l'œil droinôc
l'autre eſcu de Grenade. M A R B E L L A , aſſiſe ſur la menauec-vn bon port. MON
D A,jad'ís M VN D A ,oùCeſar défie les fils dePompéQdiſtante de-cinq lieuës de Ma
laga. MOTRIL, priſe pour l'ancienne S EX de Ptolemée, capinœ des Sexi-tains, 8:;
renommée pour la grande quantité de ſucre qui sîwfait. ORG l N A,'l'vne des places
fortes de ce pays ; que Porſena affiegea. SALO B R EGNA' proche de la mer ,aoû
les Rois tenoient leurs fils , 6c proches parens, 'comme en priſons SETTENIL ," re
commandée auffi pour ſafortereſſeN E Rl iſhque-Ptoleméenomme BAR IA,&Pli—
ne BMeaNELEZ le BLA NC-,ôl VEL-EZ le ROVX , 8c ZAHARA ſur la fron- -
tiere &Andaluzie , où quelques Cartes la logent, au lieu que Botero l'a miſe dans ce
Pays. g - . . .“ . ~
ï 51L*** U' _ Les ALPVX AR R A S,o_u -Alpujaras , qui ſont de grades montagnes fort rudes,
ËniÏin-cycme:
da; de ce Royaume , proches de la ville
. de Guadnt,
. ont auſh. quelques villes
_ , l' 6c places
149-_ _ fortencommeCOMARESIvnedesmeilleuregôclesautresprincipalesſontAN
KÏ;'_°'s'°' DARAXALBELVDVY,ALVXAR,BELIA,DARIA,FELIX,FILABRES,
Gene: Perez FERREIRA, YNOX, OGIIA R, ORGIBA, SVGNEHALVM , TEXORA,
VARlS,V ER E HVL,XIROGNO,XOB ELES, 6c quelques autres. Au reſte on
GranadJLz, y fait eſtat ‘ particulierement du pas deTA B LA DO,lieu important pour le paſſage,
ï_ Mar-W d'autant qu’il eſt entre deux monts, auec vn pont ſur vne profonde vallée, lequel
1'”~ cſtantrompupu gard é,l'on nc peut paſſer de l*vn à l'autre coſté , ſans faire vn tour de
quatre grandes lieuës,par des chemins fort faſcheux. Ce fiat en ces montagnes que ſe
retirerent
'ſi défaitgauecl'anAben-Humeya
i568. les Moresleur
rebelles
Roy. du Royaume de Grenade
- - , qui furent— apres
- ñ
_ - Les montagnes de ce pays ſont ces Alpujarres , qui ſont comme branches de la Mât-Sn**
cl uuinsic, S IE R RA NEVA DAS principale montagne de ce paygefloignée d‘vnze mils dela
""°‘ ville de Grenade, entrelaquelle, 8e la mer ceſtemôtagne eſt poſéeæyant toujours ſes
ſommets couuerts de neige, quinze lieuës de tour, 8c quelque peu plus de 40 mils de
lôgueunäc de largeur. C'eſt elle qui diuiſe le Royaume de Grenade d'auec celuy de
*WWF F”- Murciqœ l'on la tient * pourPvne des plus hautesde taire l'Eſpagne.
I: ' Çeſte montagnäproduit vingt-ſix riuieres, dontïle XENlL , &leDARRO Riuieiesí_
f Botero Rel- l'or
fuſſîîfîîFëſid' ſont, les
‘fut_principales.
nommé parlesLe Xenil ,autrement
anciens nommé!
S IN GILIS , reçoitGuadalxenil , oû l'ondutrouue
pres l* de Grenade, de
coſté du
h Mai-iſisíèſi ſourſſce
ll-W- couchant-le Darro ,dequi
eſt eÏlOionée part dumils.
dix-ſept ſommet Œvniïæongau
Les Eſpagnols deſſus deauſſi
l nomment Grenade , dont
ce dernier ſa
Rio
l Mei-ola Coſ ,- , "-7, . . , ,. ,
L “cdi” Eſp_ de Oro,_c eſt a dire, riuicre d or, pource qu il porte de l'or commel autre.
McruÎa coſa. Ce pays k_eſt des plus ſains , 6c plus temperez d'Eſpagne: tellement qu'il n'eſt ny Qualité.
bruſle' parles grandes chaleurs,ny trauaillé d’vn froid exceſſif, 8c ſes habitansjouyſ- _
LPŒUO Rïl- ſent d’vn perpetuel temperament , quoy l qu'il ſoit au quatrieſme climat, .Sc des
nſiäſâfëſiſè_ plus aduancez vers le Midy. On y trouue preſque à chaque pas des ſources d'eau , 6c
.dcsriuicregôc ruiſſeaux qui courans deçà deläsentrecroiſent, 6L repreſentent des la
birynthes agreablectgeſtant de tous coſtez reueſtugôc bordez de fleurgôc de verdure.
La Sierra N euada eſt pleine deriuieres, 6c de ſources de diuerſes fontaines. A vne ſ
licuë,& demie deGrenade on trouue les bains d’Alhama,& à quatre lieuës ceux d’A
— licun , donrles premiers ſont propres pour la gueriſon des maladies , qui procedent
m “zfimfiçj d'humeur froideJes autres pour celles de l'humeur ſanguine.L'eau du Darro ffl a cet
Ii zo. = te vertu,que tous les animaux qui en boiuent, ayant ſoif, gueriſſent de toute ſorte de
_ maux , à raiſon dequoy l'on appelle ſon eau le bain ſalutaire des brebis. Pres d'Alha -_
n Delic- Hiſp- mad* où ſont les bainsles plus eſtimez d’Eſpagne,il y a des rochers,& precipices,d’óù
coule vn ruiſſeau,venant de la Sierra Neuada,qui eſt tellertænt froid,que pour ce ſu
jet les Eſpagnols l’appellent Rio frio, c'eſt à dire riuiere froide, qui coule le long des
murailles des bains,& reçoit leur eau chaude. Pres d'Antequera il y a vnc fontaine,
dont l'eau guerit de la grauelle !tellement que l'on la nomme Pierre, à cauſe de celle
qu'elle met dehors auec l'vrine.
0 N-“Xlï Coſ- Du coſté ° qu'il regarde le Midy il a d’vne -part de grandes plainesóc des champs
fiäſïſfïaï fertilgôc de l'autre il aides montagnes fort rudes. Mais bien qu’il P ſoit plein de monts
tandczas de 6c de rochergil abonde en toute ſorte de biens qui luy font beſoimsc meſmeipour en
ſPÛ- fournir à d'autres Royaumes. ll a ſon terroir naturellement ſi frais,& ſi fertil,qu'il n'a
'n m" x ſii:‘ guerc beſoin. de culture,6c
- del,.induſtrie
. humaineAu
. tcps
. que les Mores le tenoient, .
Royaume de Grenade. 179
on ne pouuoir voir aucun pays mieux 'peuplé , ny plus plein de biens. Les collines
eſtoient couuertes de vignes,6L d'arbres fruitiers , les plaines 6L vallées de bled , 6L de
viardins,6L par tout on voyoit des vi i les,6L vilages ,auec quantité de gens, 6L de viures.
Mais à preſent ce pays n'eſt pas de beaucoup ſi peuplé , ny ſi riche , pource que lagriſi
culture eſt venuë à manquer auec les perſonnes. Toutesfois il rapporte* autant que
pays d'Eſpagne , principalement l'endroit par où paſſe le Xenil , 6L le Darro; telle
ment queles Mores diſaient quele Paradis eſtoit en l'endroit du Ciel qui eſt au deſ
ſus de Grenade. ſ
Il produit bonne quantité de grains, vins puiſſans, huiles, ſucres , melons excel
lensglin, 6L chanvre, nourrit meſme des palmiers, qui portent Fruit , 6L ſes monts . 6l'
ſes campagnes portent quantite d'herbes odoreuſes . bonnes à manger, 6L propres
, pour la-medeclnerll. abonde en diuers fruits *excel lensæomme grenadegoran ges,ci_ aIedina
Dclic. Hiſpÿ
Eſp.
_ trous, llmousfflllues .cappes, 6L figues , 6L l'on tire de ſes fruits force excellentes li
' queurs,,6c ſyrops.l—l porte vn grand nombre d'amendiers,6L tout y fourmille' de meu_
tiers, par lemoyon deſquels ſeshabitans, qui ont la meilleure «gr-aline d'Eſpagne, font
vne incroyable quantité de ſoye ſine. Il y a Force bois pleins de gland,6L de gaies, qui
ſement à fairïſancre, 6L épaiſſir les cuyrs, 6L meſme aux medecineïs. ll s'y cueille en
cor voutre le vin , force paſſerlllet , ou raiſins de paſſe , ou panſe , comme nous diſons
Far corruption, dont les vns ſont nommez par les habitans Paſſas del Sol , c'eſt à dive
raiſins ſecs du Soleil ,—ou conſis , 6L cuis au Soleil, qui ſont bleue' ,les autres Paſſas de
Lexia, c'eſt à dlreraiſins ſecs du Soleil, ou conſis , 6L cuis au Soleil. 'Ilsfont la pre- .
miere paſſerille en ceſte ſorte: Quand le raiſin deſtipé pour cét effet meurit, 'ils cou- ’
peut la queue' du raiſin à moitiézaſin que Phumeurradicale ne le puiſſe plus penetrer,
&que touteñfois il demeure pendant. Lors le raiſin ſe ſeche par la chaleur du Soleil,
6L quand il eſt ſuffiſamment ſec, ils le cucil lent, 6L ſerrent. L'autre ſorte ſe fait ainſi:
Lors qu'on taille la vigne , ils font des faiſſeaux du ſerment qu'on coupe , 6L les gar~
dent iuſqtſau temps dela vendange ;auquel ils les font braſſer, puis font auec ces
cendres de la leſſiue en vn grand ſaiffeau, où ils plongent cliaquerai ſin à part, puis les
mettent enuiron midy ſur vne aire bien dure ,I6L nette , preparée en la vigne pour cót
effets afin que les _rayons du Soleil operent ſurces raiſins ainſi 'trem pez 'dans la leſſi
ue , 6L lors qu'ils ſont ſecs , 6L cuis à ſuffiſante , ils les mettent dans des cabas. lls font
. . , de meſme des figues-de cabas-delaleſſiue desbranches de figſſuier coupées , 6L ſeiches.
ſu'
ï*s
L'onIlsont
y prend auffiquantité
auſſi grande quantité-
d'herbe dedeSumac,
'miel 6L decirc. ’ o Summagre, dont les ſi ſi'
qu'ils nomment 'II
'T
' .r_
feuilles ſont propres pourappreſter, &Leſpaiſſir les cordoäans, ou peaux des boucs,
6L des chevres, 6L ſeruent encor àceux qui ne ſe peuuent voir de poils,blancs,pource.
queladecoction de ces feuilles lg' teint en noir. ' _ p,
Aux montagnes voiſines d’Antequere, il y a pluſieurs endroits oû le ſel ſe fait,
.n°11 Päîlfl \n°7511 du ſel-li mais par l'ai-deux' du Soleil,qui vientà ſaire eſpaiſſir,6L con
- uertit apres en -bon ſel z, _ l'eau de la pluve , 6L celle des fontaines , raſſemblés en cer
tains lieux bas, ſi bien que ſes habitant en font telle quantité , qu'il ſhffit à la pluſpart
detouscespays. - y - - … _ z.<,~-. ' ‘… . ſi .
- on 51701M641! Cl!! montagnes force-belle pierre, pour les plus ſuperbes haſtîmens,
86 quantité de Ceſſäíflfipícrte blanche appellée Yeffo, qui reſſemble au plaſtrepſtant
,miſe en muure, &Yemploye pour enduire,6L blanchir, de trieſníè .que pour Faille Cel'
'taine colle, queleurs Architectes nomment Tarras , qui fortifie les murailles, 6L bai
ſtimens, . ,Ils vſent de ce meſme plaſtre pour boucher les vaiſſeaux de terre , 6L de bois
qu'ils auoientaux lndes , &ailleurs pleins de diuerſes liqueurs. 1l ſe “- trouue 'aiíflî b Medina Eſp.
/
-flïaîbffiffi-ËTÆ-æffiffidäffi-Ûæffi FŸÎÆŸÜIÏËÆIÆΟÆÆIÆ
-T -ANDA\LVZ~I~E~
..OM-L .m . 'AN DALVZIE, partie deſancienne BÆTI QŸE, ayant ï eu ce nom Noms;
mai…. par corruption de celuy de VAN DA LV-SI E,qu| Huy fut donr, é parles
Vandales, fut auparauant le ſepour des TVR DV LES, (entre-leſqueîs,
6c les TVRDITA lN_S . Strabon ne trouuoit' nulle difference de ſ01'.
b Stlabb li.z. temps) des BASTVLES , 6c des JTARTESSIENS ,habitans ë de la
TA RTESSIDE, qui fut apres la demeure des Turdules.
Elle a du Nord la Nouuelle Caſtille , 6c Hîxtremadure , 8c_ ſurſes extremitez la Cïïnñns;
Sierra Morena,du couchant l'A lgarbùôc le PortugaLauec l'embouchure de laGua—
diane, du Midy la mer Atlantiquqôc Gaàitaine, ou de Cadizaûec le deîſtroit de Gi- .
baltar, é: du Leuant le Royaume de Grenade. -
Elle côtienvdeux cens lieux ceins de n1urailles,& ſa ville capitale eſiſt SEVILLA, “W3
‘ſſä,"Ë‘:ſ,‘;Γ' jadis-HisPAi 1S, priſeauſli 'pour HBYLLA d'
lîſtiennie, ville deTarteffie, au
d 0 in" in lieu de laquelle on a dit Sibille,ou Seuille. El le eſtſaſſiſe ſur lariuiere de Guadilqui
Èffgmœoſ_ uir, qui ſe trouue là ſort profonde , Gt capable de grands vaiſſeaux , 8c parce moyen
ſMaIiflnaLl). propre au commerce des deux_ mers. Ceſte riuiere_ la ſepare de ſon beau faux- *
;zik m( bourg de Triana,attaché, par maniere de dire ,à la ville, par vn pont de boisçlong de
Botero Réf. tour,
di $P~²E°²- trois cens
qu'onpas, 6c defen
nomme d'or,u àpar vn fort
cauſe Chaſteau.Mais
de ſaſibeauté. Sur le bord
dans la de la on
ville riuiere on la
admire voit vne
ſuper
Mm" ect' be tour de brique de la grande Egliſe. large de ſoixante braſſes, 6c haute de quarante,
auec vne autre tourau deſſus, outre qu'au dedans on peut monter à chenal par ſa vis
en caracol, 6c par dehors elle eſt tellement enrichie de diuerſes peintures , puis parée'
au ſommet d'vne ſtatnë de bronze dela Foy, de la grandeur d'vn homme , qui tour
ne , 6c marque le vent qui court, qu'elle rauit ceux qui la regardent. La grande Egli
ſe Metropolitaine de ſaincte Marie, qu'ils appellent l'Aſeu , de meſme qu àTolede,
ſurpaſſe en grandeur , &E magnificence toutes les autres d'Eſpagne , comme celle où
l'on employé tous les ans trente mille eſcus pour ſa fabrique , ou ſes baflimens. Le
PalaisRoyal des anciens Rois eſtauſli des mieux baſtis ~, 6c plus agreables , puis on y
voit encor pluſieurs autres ſuperbes Palais de grands Seigneurs, 6è quantité de bel les
maiſons de ſes Citoyens , accompagnées dïtgreablcs jardins , 8l fontaines. Ses plus
belles maiſons publiques ſont la Caſa de la Contractation de las Indias , ou la mai
ſon de la Négociation des Indes ,la maiſon dela monnoye , la loge des marchands,
8c les deux Doüanes Oo y voit auſſi force anciengôc nouueauxAqueductgentre leſ- 1
quels on priſe le plus l'eau qui vient de Carmone pïkſcſſiſïace de ſix lieuës , d'où vient
qu'on l'appelle Caños de Carmona , 8c qui fait que ceſte villea pluſieurs fontaines.
Ses plus beaux faux- bourgs ſont ceux de Tablado, 6c deTrianc. La riuiere de Guaë
dalquiuir. qui luy ſert de porto, a la, marée, qui montedeux lieuës au deſſus de la Ci
té donnent aux Eſpagnols le moyen denuoyer aux eſirangers pluſieurs choſes , &c la
receuoir. Auſſi ceſte ville aſſemble des treſots du Leuant, 6c du Ponent , ayant vn
merueilleux abord de marchandiſes, ,ae pwticuliercmcnc des richeſſes de l'Ame
rique. .Ellen fix mils de tour; douze portes , vingt-»quatrom-ille familles d'habi
èGonç-nlo de tans , di-,uiſez en vingt-huict tribus, ou parties , 5c dans ï _ſon enceinte , ou ſes faux
ëſPëdë' " bourgs, dont quelques vns ſont peuple; de cinq mille habitans, plus de trois cens
parade hiſL
Pçſgsſjngs, mai ſons. de deuotion , en comptant les Egliſes de Parroiſſe, 8c autres, les Con uens,
Hoſpitaux, 6c Chapelle-s ſeparóes. Somme que les Eſpagnols diſent en commun
prouerbe , Quien no ha viſto Seuilla , no ha viſto marauilla , c'eſt à dire, Vi n'a veu
:1 M-Fïrnand Seuille , n'a pas veu merueille. Ceſte ville fut enleuée h aux Mores par le Roy de Ca
ndi_ ſtille Ferdinand troiſieſme l'an 12.4.8. ' .
i Mcmhpoſ. Pres de la ville on voit vne grande maiſon, *appellée El Matadero , oû l'on tuë les
beſtes dont on vend la chair aux habitans; afin de n'empuantir la ville auec leurs or
dures , ôcventrailles, 6c pres de ceſte maiſon on a le plaiſir enraze campagne de la -
chaſſe des taureaux, dont on engraiſſe les plus forts en ceſte maiſon, ſe fumant de do
gues, ou matins pour les attaquer.
A vne lieuë de Seuille , du coſté du Couchant on voit vn lieu ruiné , qu'ils appel
l
_A4
Andaluzic. ñ ſ ~ 185
lent SEVILLA LA VlElA , ou Seuille la Vieille , auec les reſtes d'vn ancien thea
tre, ſi bien que pluſieurs la prennent pour HTAL l C A de Ptolemée , 8c d’Antonin,
d'où
Arme
ſortirent
au territoire
les Empereurs
de Seuille,qui
Trajan, Adrian,
eſt de grandeeſtenduë,
6c Theodoſe. il ï eſt diuiſé en Axa- aÿptcro Rd;
raſe ,campagne , 8c montagne. [JAXARAFE eſt vn pays , qui peut auoir de tout d* 5P²Ë.'_Î"
enuiron vingt lieuës , 8c s'eſtend de Triane vers la mer , eſtant tout plein de maiſons
de plaiſir , 8c de villages , ayant comme en ſon centre la Comté d'O LIVARES. ,
L'autre principale ville d'Andaluzie, eſt CORDOVB, en Eſpagnol Cordoua, b Oliuar. in
jadis* C ORDV BA , renommée ï pour les beaux eſprits , 8c lesvaillans hommes, ſh:
qui s'y ſont efleuez, tels qu'ont eſté Seneque, 8c Lucain, Auicenne, bien que du M_ F……,d
pays d’Vzbek , comme i’ay di t ailleurs , 6c Auernruys , ou Auerroês , Ièan de Mena, ſſälfiîÿ
Poëte Eſpagnol, 6c ſur tout le grand Capitaine Gonçalo Fernandes. Elle eſt ëaffiſe ,LHÏCÏÏJÏ '
ſur le Guadalquiuirau pays des anciens Turdulexaqpied des montagnes , qu’ils ap- AmbroſMo-ſi
pellent Sierra Morena, de Forme carrée: mais plus large, 8c eſtenduë le long de la ri- "LF-ſi-“îîfflbîï
uicre. Elle auoit autresfois cinq portes; maisàpreſentil y en a ſept, &de grands
ñ faux-bourgs , qui ſemblent vne bonne ville , principalement celuy d’Axarchia,
qu'on voit au Lcuant ſurle bord de la riuiere ,joint mai ntenît à la ville par le moyen
d’vne muraille. Le Palais Royahaſſis du coſté du Couchannaauffi ſ1 muraillelpar
ticuliere, La riuiere eſt accommodée d'vn beau pont, poſé vis à vis de la gran- ,
de Egliſe. Ceſte ' Egl' eſut premierement la plus grande Mezquite que les Mores e Gonsalo de
euſſent-,apres celle de a M eke. Mais apresque les Chreſtiens eurent pris C ordouë, P' " df
_qui ſut Fl'an mil deux "cens trente-ſix, ils la conuertirent en Egliſe Cathedrale! E1- FMÎXiInILUI
le sa vingt-quatreportes, eſt h longue de ſix cens vingt pieds , &c large de quatre cens En ^“
quarante, en y comprenant Pcſpaiſſeurde la muraille , 8c n'a point d'autre baſtiment i, Emu.; Rd,
qui la touchqeſtant par ce moyen toute en lfle. Elle contient en ſa longueur vingt- di 5P²%"ï
_neuſnefs, 6c en ſa largeur dix-neuf,- mais aſſez baſſes , ſouſtenuës de huict cens cin- ~
quante colonnes, pour la pluſpart de Iaſpe,d’vn pied, &E demy de diametre la chacu
— ne, &de la hauteur de huict à douze diametres. Ses quatre murailles ſont toutes de
forme differente. Le couuert eſt de Larix,peint, 6c trauaillé ſort richement, ayant au
milieu-vn canal de plomb , de Feſpaiſſenr d'vn doigt , par lequel deux hommes peu
uentîaller de ſronupuis on voit encor la merueille ñde ceſte Egliſe , en la Chapelle de
~ ſainct Pierre,des~ Comtes d’Alcaudete. Ceſteville ſut autresfois capitale du Royan
me des Morcs,~qui y ſonderent vne renommée Vniuerſité. Elle a peu de maiſons, à
proportion de ſa grandeur, à cauſe de la multitude de ſesjardins. On voit contre î la i Sïlfflï M1'
grande Egliſe, à vn trait d’arbale_te loin, ou enuiron, la grande Eſcurie du Roy , où il m°"°d"
y a d'ordinaire cinq cens cheuaux bien tenus. _ .
Auxmontagnes “ voiſines, à quatre mils de Cordouë , on voit les reſtes de l’an~ ?Mari-na
cienneCO RDVBA, pres d'vn Monaſtere de ſainct Ieroſme z tellement qu'on croit, l""'""7‘
_ qu'à cauſe de ſon tnauuaisair , ſes 'habitans ſurent cranſportez , où l'on voit mainte
nant la nou-delle. ' '
Son territorefl qui contient pluſieurs villages, ſaiſans deux,voire trois mille feux, ”°‘°‘° Rd'
eſt diniſé en campagne, 6c montagne. La plaine eſt longue dedouzelieuës , 6c preſ
_que large d'autant. *' .- . ,
Les autres Citez de ceſte Prouince, ſo_nt IA EN , affiſe ſurla pante d'vn-mont , à
'vne lieuë du Guadilbelon , &r trois du Giladalquiuir, 6c renommée pour la deuotion
dela Veronique, ayant pour voiſine la campagne que les Eſpagnols appellent NA
VAS
k ſ65 DE TOLOSA
, &CADſſlZ , où le, toutes
, ou CALlZ Roy Alfonſe huictieſme
deux ſieges défie, dont
&Eueſques vne infinité de Mo
la dernierea ſon ‘
' diſcours 5. part , au bout de ceſte Prouince , puis ï" AN DVXA R , ayant titrede Ci- msalazar Alñj
ze ſans Eueſque, demeſme que BA ESA , ECllA ,jadis - AsTYGiS , ° prochedu ffl°®d²~
. . . . . . Olimin
Xenil , qui ſe va rendre bien toſt apres dansle Guadalquiuir ,' 6e P qui donne accez à iidel.
laville par vn beau pont de pierre qui le couure. GIBRALTAR, 9 cauſant lenom ° “m” ^“ _
' ‘ 1 * ~ ï 1 d r d -
du deſtroit,ſnr lequel elle eſt affiſc-,lurl vne des trois pointes qui s aduancenôz poſce ÇËLïkÎHzſ,,
ſurla pante Occidentale de la montagne de Calpe. VB ED A, **GL X EREZ -DE LA <1 50W” “<1
_FRONTERA , ou de lafrontiere , priſeſipour ASTA, eſloignéeſ de deux lieuës du :n-säfſjjfflſi:
port de ſaiîncte Marie,& conſiderable pour ſa grandeur, les illuſtres familles qui l’ha - ſ Dclic. Hirp,
bitent, &c le bon pays qui l'auoiſine,& luy fournit toute ſorte de commodctitez, parti
culierement force vins excellens, dont elle pouruoit pluſieurs nations efloignées , 8c
quantitéde Genets. 4 7 _ l _ ñ _ , ,_. 1,… ç,…—.,.z,
' Les autres principales villes ſont* AGVILAR, ALCALA DE LOS GAZY» ' “WéWé
Eur-Ayez - - _ ñ~<~ - —— ññ- tcl.$pcc.
ſ , i84- i' Andaluzie.
Menil: Coſ. :LES, A LCA RAZ, dontla montagne voiſine proud le nom. A LM A D EN,lieu de
BËËÊWHŸŸË: l'ordre &Alcantlæäraci dans le Dioceäe de Cordoue ,renommé pour \ſes mines. AL'
, .ſi a d 'G-EZIRA, ro lamegôcd ſt ~t. ARCHIDONA, ’ ſ l r d
chemin de Sëuiſleîi (Ërenade, ayaiit aeu dgiſus vne montagne,auefîncfieliſcîifſtäu
des Mores, don-t la garniſon fit autresſois quantité de maux en Eſpagne. ARC OS,
ville des Ducs dc la maiſon de Ponce de Leon. AYAMONT b , proche du Royan
me d Algaruegsc renommee pour ſes vins excellens. BARRATE , aſſiſe ſur vne des
-pointegqui regardët le deſtroit. BO RNO S ,aſſiſe en vne cípagne pleine de prairies,
'huilegôc bleds,ayant pour voiſines des montagnes rudesùflc ſteriles. C A BS A S ,aſſiſe
à l'entrée des monts qui s'attendent au midy, ayant des ruines qui marquent que ce
fut autresfois vne grande ville, &c vn nom , ſignifiant en Eſpagnol Tetes , que donne
ſujet à ſesiiabitans de dire en raillant,Qu'il ne ſe fait rien auConſeil duRoy ſans Ca
-beças, ou Tetes. CAB RA , CÏÃRlVlONA , appellée par les anciens ÇA RMON,
CHARMON IA, œ CARMO, l vne des bonnes villes de ceſte Prouincc,, aſſiſe en
vne large campagne,abondante en grains; CHIPIONA , appellée par Strabon
TOVR DE CAPlONCONlL ville du Duc de Medine , proche de la mer, àſiit
lieu? de CÊdÎLdU coſté du Su, reqplmmée pour laËeſähe des Tons qui s'y fait. ES
TE A ric een grains. ESCALO A,GlBRAL-. O ,GlBRALTARAuicauſe
le nom du deſtroit voiſin. HARD A LES , aſſis dans l'Axaraſe de Seuille, lieu des
plus ſertils,ſur le chemin deXerez àMalagauôz accôpagnée d’vn ſort beau Chaſteau.
*PEB RlXA,nommée par pluſieqrLNelîlgxaJadLs NEBRISS A, bſelle ville, auec vn
f, Ort ancien Chaſteaufflicheà cau e eſes onnes uyles,qu'on tran porte meſme aux
T Indes. LORA , ſur lariue droite du Guadalquiuir, entre Seuille 6c CordouëlÿLV
-CHENA , MARCHENA , qu'on nommajadis COLONIA MARTIA, belle
ville\des Ducs d'Arcos,auec leur ſuperbe Palais , proche d’vn Contient de Religieg
ſe, ou les veſues de ces Ducs s enferment par fois, 6c vn beau faux-bourg , plus grand
que la ville , où l'on voit vne fontaine , qui jette ſi grande abondance d'eau , qu'elle
ſñ… ſuffit tant aux habitangquſà leurs beſtesctc renommée pour ſes Genets. MARÏOS.
auec vn Chaſteau ſur vnrocher. EDINA SIDO NIA,capi_tale d vne Duche,prl-_
ſe pour ASINDVM de Ptolemce. MONTEM AYOR, )adisVLlA , chez Ptole-_
méQhMÎlRQNJaÆS CgSlèripIlLeÂlefi-omengmaisayít PCUONNÏËB
proc e e a riuiere e into. , que nous prononçons , vi e
ancienne, nômée par Appian ORSON A ,par PlineV RSO, par Strabon V RSON,
6c par Ceſar , ou pluſtoſt Hirtius, VRSAO . capitale (l'vne Duché de la maiſon des
Giroäîgiyít de quatre à cinq mille feuffläuäc vne ſanpcudſe V nlUCÊftéP A-LAC [OS
icin ieuës de Seuille,auec vn ancien C a eau, voi in es mare , qu'ils nomment
Mariſma, qui seſtendent par l'eſpace cinq lieux. PALM A, où le Xenil entre dans le
Guadilquiuir. PEGN ALO R, où l'on voit les reſtes d’vn fort beau port. PA LOS,
. _ auec vn port raiſonnable , d'où partit Chriſtelle Colomb , pour aller deſcouurir le
Nouueau Monde,le PO RT D E S. MARIE, aſſis au dedans dela Biſcaye de Caliz,
où la riuiere de Guadaletea ſon embouchure, lieu renômé pourla bataille où ſe per
ditleRoyRoderiqqui perdit [Tiſpagncſhcpriſep lePORT DE M ENESTHEE
de PtoleméePV ERTOREAL,ou PORT R YAL, aſſiſe entre Caliz,6c le Port
de ſaincte Marie. S. LVG AR DE BARRAM EDA , ville de la maiſon des Guz
mans nommée parStrabon Phoſphoton hieron,ou Temple de LVCIFE R ,Ge LVX
DVBlApuLVMIERE douteuſexfloiguée de cinq lieuës du port de ſaincteMarie,
óqpoſée ſur l'embouchure du Guadalquiuir, par lequel les vaiſſeaux entrent# vont
iu qu'à Seuille, par l'eſpace de ſeize lieuës, 8c où ils Sarreſtent pour attendre les vëts;
afin de ſe mettre en mer, ou le flux , pour s'en aller à Seuille. TAR l-FFA , priſe pour
l'ancienne CARTEIA , ou TARTESSVS , au pays des Tarteſiens , 6c poſée ſur le
deſtroit de GibraltanVA ENA, iadis MYRTI LlS,VEG EL, petite ville,mais con
fiderable, à cauſe de ſon aſliette ſur vne colline, au milieu d’vne plaine , 6c de ſes ba
ſicimens. VTR ERA , 0ûl’on fait du pain bon par excellence, &c ZA RA , prochedu
deſtroit de Gibaltar.
ï Salazar Al- Ce pays comprend * du coſté du Nord, la lus grande partie de la montagne, Montag
*WM* nommée parles Eſpagnols SIERRA MOREKIA , &c par les anciens MONTS 5""
MARlANS , 6c quelque branche de la SIERRA D'A LCARAZ , ou de l'ancien
mont ÏOROS PEDA , du Leuant , puis ſur Peittremité de ?Andaluzie , 8c de l'Eſ
èpotçzo Kcl- pagne . plus aduancée vers le Mid la montagne de C A LPE, -ï l'vne des Colonnes
Ÿ SPP"- dT-Icrëulgſclonles compteurs de ablegcſtant toute cn l'Iſle, ſors vne petite langue
. Andaluzic. 18$
,, nx-antvis à vis du coſté d'Afrique leMONT DES SINGES , ou DE' LAS .MO-
NA S , nommé par les anciens A Bl-LA . GL ſur le deſtroit on voit les villes de Barba-r
ce, Tariffa,
iſiont A 1 gegir, 6c Gibaltagoppoſées à celles' de Tanger, Alcaſansc Tangegqu-i
en Barbarie. .
Riuiſſcres. Ses riuieres principales le GVADALŒHVIR, jadis B-ÆTIS, qui cauſa le‘
nom de la Bætique , par laquelle il paſſe, le GVADA SSO,-qui rrauerſe la plaine de
Cordouë , 8c naiſſant aux montagnes , qui ſont entre laen , 8c Alcaudece, reçoit au
deſſous de Locobin deux petites riuieres , dont l’vne a ſon eau ſalée , é.: paſſe par le
territoire de C aſtroelrio, 6c de Baena,ou Vaena, puis entre dans le Guadalquiuir vne
lieuë, &t demie au deſſous de Cordoue, le GVA D I LB ELON, qui paſſe à vne lieuë _
de laen, le XENlL-iadis ï Singilis, le G VA DA LETE, ou B EDALACJadis LE- ‘ Mfflfla cd'
THE ,qui sembouche dans la m‘er,ou port de ſaincte Marie-,ôc naiſſent l' pres de Za- b Botcro Rel
bara, deuient ſi gros en peu d'eſpace,qu'il eſt nauigable, depuis Xerez , iuſqu’au port
de ſaincte Marie, le? TINT—O_, ou RioTintqautrement R I O D'A Z ECH E,nom- ° ‘J““l²c°ſ*
mé par Pline LVX l AS,ctvoire meſme par les autœs anciens IB ERVS,de meſme que À
Hîbro, ſelon Florian del Campo, 8c l’ODI ER , appellé par PlineVRIVM , &c mis
_entre le Guadalquiuir,
ſi L'air *ï de ce pays eſt&c agreable
la Guadiane. ~ qu’il n'y ait de
, doux , 8c temperé , non coutesſois
Wlitè. d Montan ſu!
Metcator.
grandes chaleurs , comme on peut apprendre du Prouerbe Eſpagnol, qui dit, Alien Ortel. Theat
ſucre al Andaluzia Ande la noche , y duerma el dia . c'eſt :l dire , Qui ſera en And-a
luzie , Aille de n-:tit, 8c doi-me le iou-r. Mais elles ſont tem perées preſque par tout, de
meſme qu'à Cordoue , ² deſcriee pour ſes chaleurs exceffiues , par le moyen de cer— e Gonçalo de
Ceſpedcshiſt.
'tains
ſincnc.petits
. vents-' doux- , 6c ſains , qui la_ ſi raſraicliiſſent,~ , auec
. les eaux qui ~l’auoi—
ſ Pcregtinas.
*
Les eaux du Guadílquiuir, pures—,-8c delicates, Font î grandement eſtimer ceſte ri f Boteto Rel.
uicrqtant pour leur bonté, quepour eſtre propres pour la. teinture des draps , 8c pour , _ _
embellir les perſonnes. Celle du Xenil f eſt des meilleures pour nettoyerlalaine, 8c g Dmc' "ſſl"
guerirles maladies du menu betail. ñ Le pays d'amour h de Seuille abonde en fontai- l) Mariana
nes,, &Ëruiſſeauzgdont il eſt arroſé de.tous coſtez , 8c le meſme l arriue au pays voiſin àfäom.
deÇordouë : mais "ceux des enuirons' de Marchene, bien qu'en vn pays du tout ſer- Cordoba. ' ‘ 9'
tikſontdépourueus de fontaines,- ruiſſeauznôc canauxpu conduits d’eau,dont ſes la-
botſreurs manquent biſſen ſouuenï, a raiſon deqſſuoy la moiſſon eſtmoindre, &l'eau - -
k Ddiï-Híſlï-Ï
,
prochel de Moron ſent levinaigré: ' - . ._ lBotcto kel;
. Il n'y a partie d'Eſpagne, qui abonde plus en grains, &t fruits, ſi bien qu’on le peut
nommer le grenier ,le fruitier , 6c la cauecFEſpagne. Le pays dépendait); de Seuille
produit iuſqu’à Pexcez toute ſorte de grains , vins , 8c fruits , &- particulierement de
Phuyle, Enttëautres choſes il y a vn bois d’oliu~iers, de fort grande eſtenduë, 8c quand
Ferdinandfurnommé le Grand, prit Seuillepn comptoir en ſon territoire cent mil
. le moulins à huyle, dont le nombre eſt beaucoup amoin dry. L'Axarafe de Seuille eſt
tout plein debois d'oliuiers, vignobles, 8c iardins, ac l'on fait particulierement eſta:
qu’il s'y-recueille tous lesans plus de ſoixante mille quintaux d'huylc , outre &ne 'in
finiezquautité, d'oliues -, eſtimées- par_ toutpour leur groſſeſſe. .Le territoire de C-orñ
_dpuë-eſtauſſi des plus fertils , 6c plus abondans en vins , huyles , 8c_ grains. Sa mon
Preſque coute_ pleinectzdeqardjrls, vergers, &lieux _Cle plaiſir, vignes , oliuiers,
figuiers, grenadíers , orengers , limonniers , citronniers , chataigniers , 6c pins. Sur
coçltlesïï* citrons yiabondent' tellement 5.81; ſont "a ſi_ vil. 'prix , de !meſme que tous les m Ambnuol
ral. Cordoba!
autres fruits. , _quel s; eſtrangers ,en demeurent; çſton nez z 8c_ les fleurs de ces-arbres
donylavillèxzèc ,les .aux,- hourgs, .ès lzzëlicux-vçiſinëabpndenr . rendent vne ſ1 dou .._,,*.
Les 'Turdetains ou Turdeles, eſtoient eſtimez les plus ſçauans de tous les Eſpa— c Sud-bal”.
gnols; auoient vne Grammairqpiuſieurs écrits de leurs antiquitenœ pluſieurs poë
mes,& ſe ventoient que leurs loix écrites en vers, eſtoient Faites depuis ſix mille ans.
Ils eſtoient de douce humeur, 6c ciuiliſez; 8c iors qu’ils furent ſous la domination
des Romains , ils prirent tout à faitleurs mœurs , voire meſme oublierent le langage d ?lit-Ji z.c.t
de leur pays, tant ils affectionnent celuy des Romains. En fin leuHProuince ſurpaſ
ſoit les autres , tant en richeſſe 6c pro prieté d'habits , qu'en honneſtetc' ê: religion. .
Entrec les Tarteffiens, il n’eſtoit pas dermis à vn mineur de porter témoigna contre j .
vn majeur. E… c,... ‘
Les Turdctains î furent auffi plus riches, comme ils témoignerenr parles crèches f Scudo.” ,.
ac les tonneaux d'or,qu'ilsauoient. On portoit de leur pays ailleurs grande quadri -
té de ſromengde vin 6c d'huile, force pois,nct1iel,cire 6c vermillon,& meſme on em
porroit de là à Rome quantité dhabits , 6c des meilleures, 5c plus fines laines qu'on
peuſt trouuer. . -
, Les Romains auoient en la Bœtique vn Pretemçauec vn Queſteur ou Threſorier, P , l_ _
êcvnjlcgat pu Lieutenant; æ dans ce pays sil y auoir quatre ſieges de luſhce, oû 5 1"** '5-"1
l'on auoir recours; à ſçauoir, Caliz, Cordoue, Ecije 8c Seuille. On y comptait en ~
tout-cent ſeptante-cinq villes, dont il y enſauoit huict qui portaient le tiltre de
Cite', 8c Colonie,viuant toutesfois ſelon les loix des Romains-z autres huict qui vi
noient ſelon leurs couſtumes particulierement ,- huict qui de tout tem ps iouyſſoien t
dg meſmes priuileges que la Campagne-de Rome , 6c ſix qui furent affran
c les.
Les “ Andaluz ſont de bonne diſpoſitiongæ d’vn fier couragqarrogans. î ialoux 6c Ëffffiîjgfffl
ſou-pçonneux-,deſireux d'en auoirà quelque prix que ce ſoit, de grande oſtentation, P°
Mæuxs de belle apparence , pompeux 8c plus addroits, que ſorts à 1a guerre , .conïme leurs
4° <6 r5?? cheuaux. Les Cordoüois ont l'eſprit gentil , &curieux ,R leur Nobleſſe œüffit des
mieux,tant aux lettres qu'aux armes. Quant au peuple, il eſt pluſtoſt ruſé qu’ac0rt
enſa negociation 6c crafiùPour ieregard ' de Seuille; ſes * habitant ſont enclins,tant i oueLTbu. '
à la pieté qu'aux ſciences; d’vn eſprit ſh-btil, ciuils au poffiblfiéä affectionne: à tou
tes ſortes d'exercices nobles. Aureſtepn dit en Eſpagnqpour marquer que ceux de
c?? P375 ſ6 ſçaueut ſeruir de la -rnain, Del Andaluz guarda tu-ca-puz, c'eſt à dire z qu'il
fautgarderſa cappe ouſon manceaude ceux d' Andaluzie.
Le Roy 'ÎPEſpagnecire de Seuille toute ſeule vn million 6c demydkzr , toutes les
années, dont la plus grande partie vient des gabelles. Il eſt auſſi certain que les mi
'Richeſſes nes de vif-argent d’Almaden~,luy valent tous les ans trois-millions. Les Seigneurs
Foucres d'ADſh0Ukg ,lauſquels ce Prince-efl redeuable d’vne 'grande ſomme , tiepn
nenc cesminesäferme , à condition qu'ils ne peuuent vendre vn ſeul grain _de viſ
argent qu'au Roy qui lîenuoyetout aux Indes, pour affiner l'argent des mmfïs de
cespays-làfflui ſeraient comme inutiles, ſansce vif. argent . qui y vaut le prix de
l'argent meſme; Il eſt auffi defendu ſur peine de la vie de le tranſporter ldÀlma*
denblanqdon
.du , ſors à quelques vns , ſe&qui
les femmes ie Roy en vend,pour la neceffité-de lamcdcclflïz
ſeruent. ct 55
LſArchcueſque def Seuille a plus de cent mille eſcus de reuenu 5 la Fabrique de k Delic- Hill.
Q iii]
1887 Anclaluzie.
la' grande Egliſe , plus de trente mille; 8L le Chapitre de la meſine Egliſe , enuiron
centyingtmillqqui ſont diſtribuez à quarante Chanoines, vnze Preſtres qui y ont
des dignitez,dont le Doyen, premierapres l'Eueſque, en a cinq mille; vingt Pre
- bcndairesmommés Portionaires ou Racionerosſhc autant de SouprebendaireLOu
~ L' *tre ceux- cy ~, il y a vingt Preſtres chantans l'Office, qui ont plus de 100 écus cha
ſ cunœ &deux cens autres Preſtres qui iouyſſent d'vn honneſte reuenu de pluſieurs
Chapelles. De plus,il y a par tout le Dioceſe de Seuille prés de ſix cens bons 6L gros
benefices , entre leſquels il y en a pluſieurs de deux mille eſcus de reuenu; outre
deux mille-autres petits ,' qu'ils nomment Chapelainies. Il y a dans le meſmeDio
ceſe vn nombre incroyable de Monaſteres d'hommes GL de femmes, don't pluſieurs
ſont tentez de ſix mille efcus : 6L le ſeul Conuent des Chartreux , affis prés du Gua
dalquiuirſîi la veuë de Seuille, 8L baſty ſuperbementjſeſt deiplus de vingt-cinq
mille. Il ſautadjouſter acelales Hoſpitaux de ce pays,dont'i>ly en a dans la ſeule
ville deSeuille plus de ſix vingt , 8L pluſieurs tentez de huict miile eſcus,voíre mel?
me quelques vns de quinze. ~L’Eueſque de C0rdoüe,a quelques quarante mille
eſcus de reuenu. ~
Quant aux richeſſes de la ville de Seuille , elles ſont ineſtimables; veu qu'elle en
reçoit vne infinité du Nouueau Monde, qu'elle vientapres a épandre par l'Europe,
l'Aſie &l'Afrique; 8L c'eſt choſe ,certaine qu'en la ſeule Maiſon dela Contracta
Î Bvïïlîfflïl- tion, on fait comte tous les ans de plus de cent millions d'or. L'Eſpagne ï enuoye
'par ſon port, ſes vins, huiles 8L fruicts de coute ſorte, tant en Amerique qu'aux pays
Septentrionaux; 6c l'on'dit , que quand il n'entre pas à Seuille quatre mille arrobes
de vin pariour, il faut que celuy qui afferme les Gabelles faſſe banqueroute. C'eſt
ení ce lieu qu'on décharge l'or Gt l'argent de la Nouuelle Eſpagne , 6L du Peru 5 les
perles de Cubagualesémeraudes de Saincte Marthe; la cochenille de MexiqucJes
\ ſucres 6L cuirs de l' Iſle Eſpagnolefic les autres richeſſes de FAmerÎqUe; 8c c'eſt de la
qu'on les va communiquerä toute l'Europe; tellement que cette villeeſtant comme
le magazin de tant de threſors,vaut au Roy d'Eſpagne vn Royaume.
On tire de grands deniers du ſauon blanc de Trianc , dont on peut cognoiſtre la
quantité en ce que pour le faire( ſans parler dela chaux, du bois Gt de la cendre) on
conſume tous les ans plus de cinquante mille arrobes d'huile; GL ce ſauon eſt char
gé pour l'Amerique, &L tout le pays du Nord. Ceux de Cordoüe font quantité de
draps,cuirs,étriers,ſelles 5L autres hariiois de cheuaLde grand prix. On charge auſſi
au port de ſaincte Marie force ſel blanc, qui s'y fait,tant pour l'Angleterre que pour
d'autres pays; 5L ſes habitans vont peſchet iuſques au Cap d'Aç.zuero,d'où ils rappor
tent vne grande quantité de ſort bon poiſſon. On tient que Xerez de la Frontiere,
_ b Ûïllc- HFP* enuoye ailleurs quarante mille tonneaux de vimqubn bporte en France,A lemagne,
Angleterre, Eſcoſſe, Hollande, 8L autres pays d'Europe , voire meſme aux Indes. ,z
Ceux de ce lieu enuoyent encor dehors tous lesans deux mille cheuaux , 6c tousles
iours fort grande quantite" de pain cuiLLa peſche des tons porte encorä ſes habitans
des com moditez ſignalées.
c Mariana de Lesc Sarrazins ou Mores , Ïeſtant rendus Maiſtres preſque de toute l'Eſpagne, Gonna-Y_
“blfflP- partagerent entr' eux diuerſement ſes pays , eſtabliſſant leur premier Royaume-à' "°"'°"'²
Cordoue, l'autre à Seuille , 8L s'y maintindrent iuſquîä ccte que Ferdinand troiſième
'‘ les ayant chaſſez de ces lieux, ils ſe retirerent a Grenadqdont Ferdinand cinquiéme
s'empara depuis; . . . * - -
ë “l” “fflë Il v a dans Seuille vn Gouuerneur, qu'on nomme Aſſiſtante ou Aſſiſtant; trois 4
G l de .- . . .
de~la, Hermadad
. ..
ÊJÃÏÃÏ: Audiences ou Conſeils; vn Prouincial ou Çonfrerie,pour la pour
-Bxfl-Pucsrs ſuite des voleurs 6L méchans,& pluſieurs Tinientes ou Lieutenäs,& Alcaldeszoutre
l'Adminiſtrateur General de Almojarifazgogdeſt à dire,Receptes des Impoſition:
8c GÃbÊllÊS
ont de Seuilleôc
vn Corregidor d'Andaluzie,
à Cordouë, qui eſt touſiours
6c de meſmeà Baſieça, 8c quelque grand
auxauttes Seigneur.
principales Ils
citez.
Quant à l'Audience Royale de Seuille , elle eſt compoſée d'vn Regent , ſix Audi
teurs , 6L quatre Alcaldes , qui prennent cognoiſſance des cau-ſesjctiminelles, que
l'A (ſi ſtant de_ Seuille,_ou les Corregidors , 6c Alcaldes du Royaume deSeuille, ont
iugées. Mais ce qui regarde la Nobleſſeya ſans moyen à la Chancellerie-de Grena-.í
de. Pourla Maiſon de Contractation, il. y a vn Gouuerneurs: douze Conſuls. .'
"Î
"ſu" .r-:il .
...,4
. J.: I'5.' - - .-"--- '
Andaluzie. ſi
n- u_
i229
viſis? ſi * *Ã ' 'Iſle JUCADIZ, mal nommée par quelques Eſpagnols a Oliinrjn
.ſ r f' d_ CA U7- » &i'- Parlflles Mariniers des Pays-Bas CA LIS MA- |',“"'ſi""*7'ſſ
' L15 ñ Fur appellée par_ les anciens s GADIS, ERYTHE; MÏÊZËLÛZ ""
_p p, lA , APHRODISIAS , COTINVSA; par ſes habitans *PW-l-ï--îffl
ISLE DE IVNON: parles Romain-HARTESSOS: de'
parles Poenes ou CartliaginoiHG AD I R. qui ſignifie Haye
en leurlangue: 8c pource qu'elle eſtoit 4 lors accompagnée d Serabofiiqſi
\c d’vne petite I (le voiſine , on les appella tous deux enſemble CTV! W- ct
multitude. Quelques vn ctindrent , que les Geryons furent ec ſi
habitans de cette Iſle, 6c qu'Hercule emmena d’icy ſesſſbœufs 5 zz 13 ſpl-ſtem auſſi 6.1:. ' ſi"
pour vn bout du mondes d'où vint! que certain ancien y laiſſa cette Epitaphe: Ie ESmŸQËf'
Hellodore Fol Carthaginois,ay commandé qu'on menterraſt en cete extremjzé du ctiptiomêz
monde, afin de voirſi quclqu'vn plus ſol que moy viendroitiuſqden celieu pour 9"” ^“‘°'—
me voir. Auffi les_ h Mariniers Flamands nomment à preſent la Pointe de ſain'ct Se- :gſtizlſſhe '
baſtien de cete [fle, Het ende der Vverelt,c'eſt à dire la ſin du monde.Ce fut de cete Nl"- M°‘-5;:
Iſle que le Deſtroit voiſimque nous appellons de Gibraltar,prit le nom deGaditain, 'ſi
Afflflc_ Au reſte, on ne ,void plus la petite Iſle qui l'auoiſinoit. ’ ſi ñ i
Elle eſt ſeparee dela terre lferme par vn bras de mer, 8c comme par vne riuierc de i Montan. ſuc
gagna… P911 d eſpace s que les anciens* ont fait de ſept cens pieds , ou deux cens trente- trois JSP'.
paszmais à preſent' elle eſt iointe par vn pont à la terre ferme. Sa longueur eſt d'en- s 1.. 'nſihſi' c'
uiron douze mils , ou ſelon quelques vns m, de quarante: Sa largeur " de trois , ôc en lÎ"“'í²"'²l\'=i'-'
quelques *lieux ſeulement d’vn ſtade,ou de la huictiéme partie d’vn mil. :ÏEËÀÏËLÊÃÏL
Lieux;
Elle n'a qu'vne ville? portant tiltre de Cicé,nommée auiourd’huy ii C A DIZ_ de n Plinli ,.
meſme quel’lfle:8c parlesanciens ',GADES,&: rGADIRASGL ‘ IVLIA GADI- ;Êſ,‘;':°*l{î*{_3
- elle eſt beaucoup? moindre
TAN A AVGVSÏA. Mais . qu ,anciennement#
. o e
peut q. Montanſuk
eſtre pluſtoſt rangee entre les villes maritimes de grand trafic qu'ils nommêt Echel- "m"
Ies,qu’entre les magnifiques CiteLIl reſteïencor en cete Iſle quelques parties d’vne Ëzctfctu" l: ,
murailltzqui ſeparoit la Cité de Gades du reſte de l'l fle,& lui ſeruoit côme de rem- lí-Ï-'kí' cm'
part. ete muraille fut baſtie des ruines d’vn anciëTheatrqoù l'on trouua vne belle 'P‘—°"G.‘°""
flame de marbre de Cupidon , qui fut poſée au deuant du Palais de la ville) On y u nozſicz-Ïiſitd
trouue de meſmele tronc d’vne ſtatué d'Hercule, auſſi de marbrede la grandeur l Dcllſſnfliſp;
37?" GEM!, qui fut mis en vn coin de l'Egliſe de la Miſericorde. On void encor les
*Pme* dëlſſancleüne Cité-dont les grands fondemens, les ciſternesJes voûtes, &c les
pierres de grandeur extraordinaire , œ meſmes les portes d’airin paraiſſent dans la
:ŸÛF-Ëfflïïæe diſent les plongeurs rêicxcauſent ſouuent que les filets des peſcheurs
em 3"? e-“f 55 ſe x~°‘“Pcnt..‘\.u milieuY de l'Iſle, il y adeux Tours, qu'on appelle youcL-zhd_
encor aujourd lllly les TO VRS ITHERCVLE 3 &c au langage du pays‘ Toſſe; de Gcogr.
I_ ’ Hercoles.] -
WE uc. L-herbage 6c pâturages de cette me ’ eſt ſi bon ’ que [c zaza des beſtes qui y Paſ. z PinetCattu
ſem ne ſe peut prendre, ny cailler, tant il eſt gras, quelque preſſi re qu'on y mette C°'"'°5"
&[1011 qu'on y melle de l'eau. Meſme les beſtes y deuiennent ſi grólſſes , qu'il les faut' ct,'
ſcigner preſque de mois en mois,_ pource quhutrement l'abondance du ſang les
Mc… ecsoufferoit. Il y a_ Force bonnes Wgnes_
antiëncs _CS hâbiiaiiœffîaiſoientautresſois de grands voyages par menoù pluſieurs demeu- *a Straboiiisí
\Ÿïfflï Wdlnaíſemëti l'on en trouuoit bien peuqui ſe tinſſent au logis,ou qui pra
"Ëluaſſfflï RUN-SQ Ville fut ſi grande 6c ſi magnifique, qu'on y côpta pour vnc fois
cm? cens Cheuallf-'Fs S Choſe qui ne ſe trouua iadis en aucune ville dc l'Empire R0
main, hors celle de Rome,qu'à Padoüells furent bb eſtimez laſcifs; 6c leurs filles ‘° 5.5 Mfflïäl
Ëlärellètdfäce mpuuemensfztropilibreseq leurs dancesfills eurent dans leur vil leM vn :lcctiilsäſſêzſ:
P v ,VRP QOUWC-_C arayant veu] effigied Alexadrqcomença de ſouſpirèr de R li-Mcpdo.
ce qu il n auoit encor rien fait en l'âge oû ce Monarqueauoit ſoubmis à ſes loix la dfssfflïlffi-lſ-s
pluſpart du monde. On y voyoiffîauffi des Autels dcdiez à la Vieilleſſe, à l'Art ou Ê 7. 'me' '
l Iflduſtriqôt
, à la Pauureté
_,- de meſme q u~aux deux Her ce,gyp
ul s E tien 8c Th cain….
b ' - ff Phílffllrlt
6c ſes habitans chantoient des Hymnes à l'honneur de la Mort. On diſait, qu'ils “ſi Y*** 49°!
eſtoicnc Grecsfinſtruits à la façon des Grecs , leſquels ils honoroient fort, principæ_ "ſſîx
l
.ñ Ft-vf
' ,19 o' , El3r1'eniadure.~
'lement les Atheniensä raiſonldequoy ils ſacrifioient à MneſthéeſſAtbenienÆc dreſ.
ſercnt la ſtatué de ,bronze deThemiſtocle, de laquelle ils s’approchoient comme
~d’vn Oracle. Mais ils dauoient aucunes ſtatues de leurs Hercules, ains ſeulement
des Aucelsfic les trauaux aH-lercule taillez en pierre. On y voyoit auſſi le baudrier
astralxli.).
d'or de Teucer Telamonien. ll y auoit ² encorà vn bout de l'Iſle le Temple de Sa
b Monſanw turne,dont le li eu s'appelle aujourdhuy la Pointe de ſainct Sebaſtien. '
ſſMcicnt. LaŸprincipalericheſſede ceux. de cette lſle conſiſte au ſel,qu'ils ſont; 8c en la priſe Richeſſe»
ë Olfflr” l" des tons. Le Roy d'Eſpagne en tire ï beaucoup, pource que les vaiſſeaux du Leuant ſ
M°1’iſi"'ſi'7~ ne peuuent voyager du Nord au Leuant, ſans aborder cette Ille , 6c y prendre toute
ſorte de raffraiſchiſſement. Mais le prouerbe Eſpagnol apprend qu'il ſe faut garder
des gens de cette Iſle en negociant , pource qu'ils ſont auffi peu fideles que les luifl;
veu _qu'il dit, que De Caliz à Iudea nos es meneſter marea : deſtà dire, de Cali: en
-Iudee, il n'eſt beſoin de marée. . g
\
ESTREMADV-RE..
‘ E pays appellé par les Eſpagnols ESTREMADVRA ,eſt pris "WF i
-îſi ſi- î pour 4 l'ancienne B ETV R I E, 8c quelques vnsſſc diſent, que defi:
d Hicro. C0
Zëääeffpjäſ z_ .~ , le pays aſlis au deçà du Duero, qui fut ainſi nômé par ceux, qui ſe
c Hmzſz_ ñ ~ i . .. : tenoicnt au delà , par corruption des mots Latins , Extra Duridm;
?icf-œ Rc- ,. 445%.; . &que le Duero coulant prés d'Aranda de ce coſté-là , ceux qui
tants. ſi '
, …—,_.-.ñ— _ paſſentle pont entrent en Eſtremadure; äraiſon dequoy l’on dit
à ommunément
Eſtremadura,yoteen Eſpagne,
lleuare enAnda nroço anda
mi mulazdeſt àſſdde Burgos
lre,va à A randa
garçomva de zBurgos
que de àAranda
Aran
ñ de: Car d’Arandeàl'Eſtremadure, ie re porteray ſur ma mule.
533,5… Rd_ Ce paysîÿeſtenddepuisles confins de Villereale iuſquesàBadaios, 6C depuis la Conlinsſi
di Spagnz. montagne qu'ils appellent Sierra Morena,iuſqu'aux extremitez du territoire de
Corie &de Plaiſance; tellement qu'il ioint duNord le Royaume *de Leon, &ç la
Caſtille , qu'il a pareillement du Leuant; du Coucbant ,le Portugal; GL du Midy
l'Andaluzie. , '
Lieux.
Autrefois ſafville capitale ſur M ERID A, dont la muraille eſiolt épaiſſe de dix
ſept coudées,& haute de quarante cinq,auec mille cinq cens tours# quaräte- cinq
portCSJx ſes habitäsrnetoient en campagne dix mille cheuaujgôcquatre vingt mille
hommes de pied; bien que lors que les Arabes la prirent , elle ne fit pas plus de huict
mi lle Feux. Mais cette ville eſtant ſous les Mores , le Pape Caliſte tranſporta le Siege
ï~ Archiepiſcopal à Compoſtelle l'an mil cent vingt- quatrezLes anciens Pappellereît 8
…Hugh EMERlTA; .Sc pareillement “ AVGVTA EMERſſlTfizôc ceux l du pays,Merida
Meur». la grande: mais auiourd‘l1uy ce n'eſt qu’vnc petite ville,où l'on void des ruines admi
_ _ tables des Romaingdes Colloſſegcolomnes 6c obeliſques,mais le tout preſque per
du &r aneanty. Elle eſt “ aſſiſe ſur le bord de la Guadiaue , à vne lieuë des confins de
,r ' Portugal.
I 'aan-ro Rei. A pre-ſentl il ſemble que cette Prouinceayt pour ſa ville capitalela Cité de BA
Ïïſffizoſ_ D AIOS ,appellée parPline PAX , parStrabon PAX AVGVSTA 5 3c par” 1C3
nDclicLl-liſp_ Mores anciennement BAXOGVS,affiſe“_aux confins du Portugal ſur la Gua
dianc. _ ‘
030M.” Rcl- Outre cette Cité ,ce pays comprend encor° celle dePLAISANCEJwmméC
-PMCM- Coſ- parles Eſpagnols PLAZENCIA , iadis? PLACENTIA, miſe par pluſieurs en la
J Vieille Caſtillqayant <1 ſon terroir eſti mé pour l'abondance de ſes citrons,de ſesſdi
ſFnTaripha uers fruictgôä de ſon pain blanc comme neige: 6L celle de E CORIA , Marquiſat de .
fÿîäfäcl. la Maiſon deTolede, miſe auſſi par Merule en la Vieille Caſtille, qui ne paſſe pas ſix
u i… r… cens Feux, 6c n'a rie-n de remarquable que ſon Egliſe Cathedrale. Hors la ville il yſia
îlèqïh_ d l vn pont ſans riuiere,& vneriuicre ſans ponnpource qu'elle a changé de lict.
cafiſſſgſiîſi' ſi Les autres principales villes de cette Prouince ſont A LCANTARA , ſurle Ta
' yAfflbr-MO- geJadiSFNORBA CÆSAREAſſelon Ptolemée,& NORBENSIS COLO
'ſſidcdinay N lA de Pline,miſe par Merule cnla Nouuelle Caſtille,&renomméecomme capi- .
Maud. las tale de l'Ordre cles Cheualiers , qui portent ce nom ,- C ACERES ‘, priſe par quel
Ëffïîïîä' - ques vns “ pour l'ancienne G EkÆApourïsEGEDAzô-c pour? @ASTRA CÆ
-li spzgnzí CILIAmu SERVILIAſ: puis: CANNYERAL, GVAAl-_Jjenom
‘ . .' .çſiſirt ‘ ,
Eſtremadurca.; 1.9i
mée pourTa veine d'argent : M ED EſſLlN, voiſine du Tage ;lieu de la naiſſance de
ce grand Capitaine Fernand CorteLfqui conqùir la Nouuelle Eſpagne: OR OP B
SA:IR V Gl L LO, où naſquit François-Pizarro, ſous‘qui ſe fit la conqueſtedu Pc
ruzVlLAkTA. &X EREZ 'DE BADAIOS »d'où fut Vaſco N uñez dîczYalboaz
qui découuritla mer du Zur ou Sud. _ * - ' .
r: Mais l'vn des lieux plus renommez de cette Prouince, voire meſme d'Eſpagne,
c'eſt G VAD A LVPE. où lon void vne Egliſe Fort deuotemuec l'image dela Viel"
ge M arie,qui 'eſt en auſlî grande reputation .que celle de Momſen-ac en Catalogne; 5;
vn ſuperbe Monaſtere de Religieux del'Ordre de ſainct Ieroſme, riche tourte qui
ſe peut, tant d 'aumoſnes 6c preſens qu'on y ,faigque de reuenus certains, ayant en
tr'autres choſes cinquante mille teſtes de menu beſtail; tellement que les Eſpagnols a defini-é,
diſent en commun- prouerbe” Quien e: Conde y quiekeſerDuque, meta ſe ſrayle dc] comm:
en Guadalîupe; c'eſt à dire,qui Eſt C omte,& 'veuiïeflre Duc, ſe mette-Moine à Guä- Ëfrffſi-zh Nu.
dalup. Il y a b là dedans vne grande ſale , où plus de ſept cens petſonncſſkmangent Hex.; ſ ſſ
tous les iours en diuerſes tables. - v LAŸÃÎ??
Oiïliïë- C'eſt le ‘ pays le plus découuert de 'toute l'Eſpagne ;Le 'de meſme qwen Italie, le c âoïffſifgl;
beſtail paſſe en Hyuer de lïæbruzze en la campagne de la Poüille; de meſme en Eſ- di Spagnäi.
pagneil paſſe enuiron la Sainct MiclſeLdes parties plus auancées vers le Nord,prin- “ R** Vn”
cipalement de Sorie 6c de Cuenca en ?Eſtremad ure , où tous lesſilieux Voiſins dela
'Guadiane abondent en bons paſinrages. S'il y pleut,-le beſtail y fait vn 'profit in
croyable* ſi l'année eſt ſecbe,il_n’auancerien; ſi bien qu'à parler generalement, la
montagne eſt plus alieurée pour la fraiſcheur que la plaine; _ -
Laxiuiere de Guadiane , qui trauerſe de pays,ſe cache ſous terre Ët-'my chemin , &c
coule ainſi par l'eſpace de quinze lieuës , iuſqu'à tant qu’il reflort de nouveau i. 8c
dans cet eſpace , auquel cette riuiere va ſous terre, il y a d'excellens pâtizs-ſi bien
qu'on a de couſtume de dire d’Eſpagneentr’autres merueillegquïl y a- 'vne riuiere
'ſur laquelle le beſiail paiſt. ll y a aufli le pays d'A lcuida, aſſis entre Sierra Moreùa,
&c le lieu de Reſta , où l'on trouue
pratiquentfſiort. . z deñ bons
. pafiurages
. , d'où vient
- que les Paſteur: ;le ,
A Guadalcanal, il y a vne mine dhrgenqcdbù l'on tirenrdinairementpariour
M lavaleurde ſix cens eſcus. … 4 ~ z' u' - '
CUS.
Les habitans de l 'Eſtremadure ſont Forts 8c diſpos,'d'vn courage reſolu,de grande'
hardieſſe, 6c capables de plnfieursentrepriſesſcommele témoignent ces Conque
rans, dont Fay fait mention.]
M-&ñ-Mæñæ-&MMM-æzææ-&aſiznMMÆÆMMMMMMMM
ROYAVME DE PORTVC-AUL.
N cms. -7 -'-ſi-:.. E PO RTVG AL', pris communément pour l'a LVS ITANIE-Jïbäpieâiſſil. Inîq:
]‘ ſſ~
_ \
ñ. ._ U ſi." comprend que les deux tiers de cette ancienne Prouince», que Pto- 'Li-ſmo
i_.ÔÊÏ 5':’ d'… ;kW/l ,î iemée borne du
a Guadiane. coſté
Mais du Norddelalaperte
ll reccim_pen._ſe riuiere de Duero
del’a_utre , 6c du Su de ÏXÀ-Ëâçſenqæ.
tiersſempietant.
J~ſi - f Hull,
i.) y r.
.
"A
VETTONS i outre qu’il enjambe' encor ,ſur la Bætique , au- pays des CE LT[ SÎ:
QVES. pluſieurs bonnes places. De ſorte , qu'en y comprenant le Royaume d'Al
garbe, il embraſſe les TVRDETAINS, Feſtcndans entre la Guadiane, 6c l Otean:
iuſquï Badaj0s,& tenans l'A LGAR V E, 8c ce qu'ils appellët CA M P O DE OV
RIQVE;
prement 6cpays du Portugal ſur
particulierement les confins de lmlganue,
LVSITAINS, ceuxlescddnfinsdu
qui touchent qui-ſunt nomNord
mel pro—_
des_ "j"
_ tant au té' orel qu'au ſpirituel: ô( premiere ville de toutes les Metro olitaines d'El:
pagne,
B Ê AGenAN euée
S A,aux Mores
nômée parle R oy Alſonſqſurnommé
fanciennement BRIGANTIA ,ſſca le Catho ique,
itale des l'an 74.0., ſcluuej.,
Galleciens
8c maintenant! d'vne grande Duché, ſſeſtant pas ville Ect ifêlbpalqmais ioiiyſſan re ſ."“f"‘*ſi’°°3'
du priuilege de Cité : BEI A, ou Bexa, “ nommée par Pto emée , 8c Antonin PAX —‘Ë;,.'.’;…i
IV LlA,où lon voit pluſieurs Epitaphes des Romainsyne teſte de la Statuë de Veil '51 593%”. _
Paſiamdix-teſtes de taureaux,trois portes de ville d'architecture Romaine , 8c quel— h “m” 4""
ques autres antiquiteLCOIMB RA,prſiiſe pourſanciëne COIM B RICA,de Pline, , _' . ſ ‘
ô( d-'Antoniryaffl ſe i«ſur la riuiere de Môdegœauec v~n pont qui ioint les deux parties _ ’ mhſiſii P'
de la. ville, &renômée pour ſon Vniuerſitéfondëe par le Roy Iean 3. EVORA,ia- ~ ' '
disk EBORAÆBVR-Môc LlBERALITAS IVLI A,ayantvne Vniuerſitc' fondée '-53 ' ſ
-k ReſtsÎdJl-nt'
parle R oy Henry ,' ſucceſſeur de Sebaſtien ,- vne Egliſe de S. Antoine, magnifique- 5…,
ment baſtiebâtis,
pcrbernent ſur la la
gräde lace,~_4
plu part auecConuens de Religieuxfic
des fontaines de Religieuſesfort
enrichies de marbreſiblanc ſu; m.
, IO por: Mhehui. Ï
**‘ct-”"‘*5*b°“
ces,vr_i ſeulîſauxbourgmais vneinſinite' de maiſons de plaiſir de tous coſtez , 'preſ-ñ- " ,ziſſ . _
que par l'eſpace deſix mils,8ë:ſi ſon tour de 34.51. paS.-'ELVAS',al?n'<-:lenne ville baſtie par' '~ TY_ '
les Helues ou Heluiës, peuples de Gaule,pris pour ceux de Vîuarezxenômée ,our î ' l]- f5_
la hôte'. de ſon huylqerigée en Eueſcho' ſous le Roy Sebaſtièjzt deſenduëævn _ ct ha; _' _
r
, EPST” Rôl- affiſe Een vn Golfe-long de ,zo mils, 8c large de trOis,auec vn port excellëtzSERPA î
îſſifſzfïïnp qui garde-ſon' nom ancien, pres de l' A ndaluzie; S INIS, ville proche de la mer , peu
_ . diſtante de _l'Algarue, 8c profitable au pays vqyſin, pour la peſchequi s'y faitôc ayät
Lläfflg-AÏÂP- ï 4;_.villes,o_.u"groſſes bourgades,dependantes e ſa iuriſdíctionIOM A R groſſe vil.
le ſſ“ _nommée parles anciens NEOB ANTI A , auec vne belle Egliſe , &c Maiſon des i
A CheualiersſſdeiChflſtffluparauant des Templiers TORRESVEDRAS efloignée
~—. — _— —- —
—
_- _ de 6_O inils de Liſbone, :mecvn Chaſteau ſi ſort, que zo hommes,ayans les munitiôs .
’ DM' "ſſl" neceſſàiresde deſendroient-contre cent mille: VIANA, autre que celle de Galicef
-y TLF-uen
Rclſſcndnànt. bonne vil le maritime :Sc V-lLLA V IZO SA, 7 l’vne desprincipales, 8c plus belles
villes de P tdrtugal, demeure ordinaire des Ducs de Bragance qui en ſont Seigneurs.
zm'Rcſcnd.A_nt. z
“œ” “l MlN-HO, Les riuieres de ce pays
iadis Minius ² ſontle-TAGE
: le DOVROA, ,iadis Tagus,
iadiſſs Daurins, que qu'ils appellentappellent
les Eſpagnols Tejo: le
_Ani Rſſcſ.
.. . . :Duerozla GVAD l AN-Adädis Anas; 'l-eMONDEGOJadis Tanacàzle SAD AM,
j ,iadis Calllppusz-la LIMAJadls Limia,ou Leche : la COA —, iadis (Buda,- le_SO R iadisï
z-»A. ‘-~_ :Subur: le SOVRO,anCiennement
11A GVEDA Anciæs:
,-riuiere,- ô( ville , iadiſis LA SEIRE,
Æminiume riuierqêc
NEIVA villeSeville,
, riuiere , iadís_ Séilia:
iadis
ſ Næbis : GREFQNES' ,‘ _autrefois Gelandus z RIO CAVADO ,iadis Cadaëíius :
MA RATECA ,riuiere , 8c ville , anciennementſſMalceca : AGVALVA ,ou Agua"
de. Montag, iadis Ceciliana: 8c' leNADAN,ſiqui paſſeâ' Tomar. _ ’ 'v ‘*
n M5,,, ſu, ’ .zz-lfAir-.Ÿde ce pays eſt dons, ſereiñ,~8e temperc, quoy que chaud naturellement àſſ
Mere-roti" “ſicauſe de ſon_ affiete, 8E ſi ſain, l' bparticulierement à Lzi-\bone , oùlon-ne ſent , 'ny ſides
ËOËQËLËSË-,Ïiypexs rudes, ,ny des cha-leurs exceffiiíegque pluſieursÿy ſontretirez de diuers' 'en-i'
canoe-eo nbdrois, allèchez par cete douceur desſaiſons. ll eſt. ïârafi-aichy des flusgôc reflus , 'qui
gäëgîaäſaîr-Àl_ ſont forçgſands enæcete côte de mer-plaine de goſſes :. outre” 'qu'elle a ſes' riuieres
z
monedà.
ecDclic-Hiſh- nflllígflblçÿyjjqlll
dres -quizlÿarroſentrendent-leur riuage A-Beja
dei/tous coſtez. .de fort “V
grand
il y ara eux
port, 8c d'autres
batirïsde moin.
_diuerſeſina-Ë
turegbiëquepeu efloignez: dontlîvn aſbn eau chaude, Pautreïfroide ,- ſi bië' - qiflvne ‘
deces_ eauXſqulage-,grmdemenc ceux quiſ-.vyïâuentgôcſlîautre ceux- qui en boiuent.
' == **F-C qæzzvoit-_epcoraflſezipnesde làarxvlſiao, qui porte certains poiſſons noiraílíresf' z
"-2 ;Liſt-tn
~ -' …- _'-.~.=,:.ññ Jim! -..>..‘ ,,'1'-
- :_...ñ
.- - ~, ~': 4-179
< (l**— "'7'
~ ~ dñ z. ſi'- ~, liſt' r" “J
1'* "
c . n .~'i
— d , ~ 3
. **"" '***~*ï- "' -P-r —.
. Royaume de Portugal. 195.
excellengappſiellezTurtures; 8c preſäge
qui s'y fait, pareil au meuglemenr la pluye,qu’en
d‘vn taureau, 8e la tempèſte
entend apourvu grand
18 mils delà. *a M ,
l Son terroir* eſt our la lus- art môtueux &ſterilez ſi bien b ueſiſesſi habítäsviuët 5… OIIIIII: ~
1 <1 Mctcnt.
le plus ſouuent du Froment quileur vient d'ailleurs. Toutefois ï il ne laiſſe de porter b_ Mariana ‘’
tout ce qu'on peut deſirer; 8C meſme les terres ſferües, landes,8cbruyeres, ſe peuuët Ïäïfäfézlba, ‘
appeller fructueuſes: pource qu'elles ſcruent â nourrit gtjädie quätité de beſtial: ou- tznetiq,
tre que toutle pays d'entre ï le D-uero, 8c leMigno produinſorce' biës; 8c le terroir' HPV'
des enuirons de Liſbone eſt des plus ſertils : &pour ce ſujet des mieux peuplez , 8c z $55”,
pleins de maiſons de plaiſirrnagnifiquegiuſquhu nombrede plus 'de 6.00. … r . ï > -OliflE- _
Au reſte ce pays f roduit grande quantité de vins , oliueſis' ,zhuylles ,-' oranges, ci.- ËAËLÏËIU!
trons,amandes , 8c_p uſieurs autres ſortes de fruits , bons par èxce _ encei Il' s'y fait» P .
1
auſſi force S ſoye , qui ;eſt des meilleures , principalement au pays de . Bragance' 3 8C i: 30km- . ' _ ſ
quantité de fort bon ſelh n'on tire d’Auero. ñ , . ~- .- - - ~ H ~ - - ~ fifa,, a
Il 's'y trouuei desMines ’or, 8C de plomb au Mont d’AramEhſſaſi,îadis'Herminius: -spec, g
8c le Tage roule de l'ordans ſes ſablons. Ce pays ne manque ë auſſi de mines d’arñ î **Wall
gent, 8e d’alum, non plus que de marbre blanc , 8c de iaſpe,partie blanc, auec des ÎÊËÃËQ…
veines rouges, 8c partie de toutes couleurs. . -- íkcl.
Ses abeilles' fontgrande quantité de miel, 8c de cire; 8c tout ce paysm nourrit-Qlffgſiëſiïſ"
grande quantité de benſs, poroeaux, clievres,8t. beſtes à laine,dont vne grande par- 'm Tnicéiíaxg
depaſſe en Caſtille: dc ſorte uel’an i589, quand le Roy Antoine fit le voyagæÿdd
~ .Eortulgalauec les Anglais, il trouua en ſon armée à deux lieues-de Liſbone , plus ~ _ “
'de mi l ebeuſs,8c quelques quatreFaille_ moutongque les ſoldats Portugais auoient
' pris en paſſant,
chemin. ſans S aréter
Il s'y nourrit '* auſſi de demye
force lieuëñdelj-armée
cheuaux', , enplus
qui ſont des moins
vitesde: neuf
ſi bienlieuës de ï'- MW*** F".
que les ſ ſ.
anciens ° eſtimoiët que leurs caualcs conceuoient 'clu vent.]lsîy trouue P auffl, prin‘—)ä:},°—f,ſ_‘ï'; l
cipalement
. Il y a de *laux
ſortenuirons
grandes peſchegprincipalement
de Braga, grande quantite'
de de
tonszôe
perdris,
ſa mer
8c delievres..
nourrit vn poilîÆvfi-li-lz.
. . LZVatrO-delle.
cd, , ' g
ſon fort delicat, qu'ils ap ellent Aceuia ,qui ne ſe trouue en nul autre endroit 'de' ÊzïſiÊſſſſ ſi î
PJOcean. Quant aux poi ons _de riuiere ‘ ,on eſtime fort pour leur groſſeurceux dei! Wïmlëïl. ‘
la Guadiane, où lon trouue quançité d'alozes,8c de lamproyesde meſme qu'au Saxſiïfſlnd" -
din des muges, rneuniers, barbeqpinôcianguillesñ, d’vn gouſtexquis. Le Tage Foi- — -ſi
ſonne en poiſſons particulierement en huytres, 8c fort bonnes alozes, &cle Duero ;TT
6cLes
le Mondego,
Luſitains ‘portent
eſtoientdes
fortalozesgruiges, 8c lainproyes,
diſpots, &c ſouples, en grande_
vites au poſſible, &ſi abondance.
grands faiſeursx 'ñſsmlmſhfi
_
(Pembuſcades. Ilsvſoient d’vn petit. Ils portaient des boucliers creux en; dehors,
p endus auec des courroyes, ayans leur diametre de deux pieds": 8C vn oignard î,-ou
vne eſpée. Pluſieurs portoient des pourpoins de toile à œilletse mais ien peu des ~
cQttes de maille, 8c des morrions à trois crétes. Le reſte vſoit de boucliers? faits de .
nerfs, propres à reſiſter aux coupsrôc leurs gens de pied portoient des bottes, auffi' '
bien que ceux de chenal. Chacun “auoit pluſieursdardnôc' iauelots : 8c quelques vns'
ſe ſeruojent dela pique,auec la ointe d’airein.Yglques vns des enuirons du Due.. .
:o, viuoient à la Laconique,ſe rotans d’onguens eux fois le jour, sechauſans auec? ?.
des pierres ardantes,ſe baignans dans l'eau froide: 8c viuans d’vne ſeule ſorte de víäñ,
de. Ils deuinoient en immolant, regardant ſeulement les entrailles non ouuertes,ou _
coupées, 6c les veines des coſtez : 18e meſme prediſoient Pauenir en les. touchant. lls ~
deuinoient auffi par les entrailles des captifszôc coupoient les mains de leurs priſon 'XÏ'
_ . . Europe. .< 4 _ ‘— . -
-—$ſſ,... H
l
- i - " ſſ
. ~' ‘ .' x
l
@.6 l - -î-Rloïyauctme —de'P~0rtu-gíl. l,
fl dement d'eux,
c'eſt à dire, Zc diſent
qu'ils d’ordinaîre,q,u?il's
ſe pouſſent plus ſelonſſce Yiuent‘
qu’ils e lus ſelon eſtre
penſent l'opinion, que laÿeiité;
,Ãque ſelon ce qu’ils
'~ ~ ~. .Îſioht en effet. Ils ſont des plus experimentez du fait de la marine ,jôc ?ſorcïreriommez
'ſi àcauſe deleurs grandes nauigations 8c voyages aux terres inconuës. Au reſte ils
' ‘ s'occuper-it fortau trafic , àcauſe de.- a commodité. qu’ils ont' Be negocier de_ _tous
:c ñ- poſtez. Iia bonne o inion
gui dit ,Aprendizdze qu’ilsNoſabeſi
Portugal, ont d'eux meſmesparoiſt
coſe-r en ce&eſt
, y quiere cortäf, prouerbe
à _direEſpagnol
A rantif
_ſ — e Portugal, ne ſçait pas coudre , &veut couper, Ils ont auſii quelques vns _eleurs
q… [lieux decriez pour la friponnerie de leurs habitans,comme_ceux de-POrtalegrqdelÎ-i
" 'y
, vzrzuzct î quels on dit eu’ils
Conciencia ontſi bonne
Portalegre, con ſcience,
Qgevende gato qu'ils- vendent
et* lebñe; vn chat pour vn lievl-e;
lls ï YſerentŸ-longuemenët îdù~
Çhronäiſiïſÿ- compte-clel-îziîre, cle meſme que les autres ſpagnols. Maislè' Roy lean emier,
l*** _ n ;_~ ~ Pabolit enuiron l'an i415 , commandant qu'on; contät delà-en auant de a Naçi.
ct~ :-uitédeNoſtreSeîgnèùrJ’ " ' - -*'—’ -Uu- -’ -ïïï-i 'ññ'
-~=-‘>n>"-“_' - Ilsontvnélangue oommeparticuliere, qui-ſemble meſtre- qu'vne‘ ?dialecte de
.nfflfſj ;l'Eſpagnol-Aout George de Montemayor admire la douceuren-ſa Diane. Leur
_ ?T .Patenoſtre eſt telle.
Padre
c ,ñ Ê_ .z ct »ñreyno :’ Seianoſſo
ſerraque
à tuaſtas nos Ceosalſi
volontade, , ſantificado ſeja o teunanome;
nos ceos, comme terra. OVenhaa nosdeca
ao noſſo o teu Richeſſe!
dadia dano lo oie ſſeſtodia. E perdoa nos-Sëhor as oſlàs d1uida~s',a 1 como nos per.
doaîmosa os no ſſos diuidoresE nao nos dexes cali' in tëtaçao,mas libra no.do mal.
zlgîyzêh” - L-'ordiuaire façonhíè compter en Portugal c'eſt de reduire toute' ſorte de ſommes'
encertaine eſpece de petite monnoye , qu’ils appellent Reyſosſi, dontlesróoctſont ‘
quatre reales d’argent;8cles mille z5'reales. Ils ont ï auffi la ſaiçon de compter' par ' ~
:ÎZÏÀÏËJÎÏ _Cruzados ,- ouCroiſas-ſ de 5o ſolz iece, bien qu'ils vaillent auiourd’hny 4.o‘o ma
' rauedis,.qui monter-aient plus de 55 ols, 8c pres de u. reals.LaVentene, qui vautdeſi'
ct *my realEſcusau
_denos d'argentSoleil-z
d'Eſpagne. Ils ont leurs
.maisdécrieî Eſcus,ou
parles derniersDucats
Edits;àla petite Croix
Iesdoubles , 8c du
ſimpois
,les
ſi '- -'- FJ" *ï Ducarsde Portugal, nommez-communement Millerets ,dont le nom eſt deu rm.
“ë "' j: plement aux Doubles; valans mille Keys, ou Reyſos, c'eſt à dire zçreales , qui ſont
deeñez, Gc ne ſevoyent
me: parabus, y paſſentguiere en France,poufl
communement au lieu que les
autant qxíeſimplesMillerets , ainſi
les Eſcusſol; voire ns.
meſmeſi
_ _ _M que les Sequins, lls ont encor leurs reſtons 'dp poids ,82 dela valeur-des noſtres; 8c
and, ,m - leurs Portugaloiſes,
de 1615,33 qnipeſent
zxliſiutes ro ſols,'ôc depuismaintenantvne oncgeſtixriée
ſont montées, auec la valeur depar'
l'or.l‘Edit Roy _
Voyage°°"°' exprimez
“i” ~ - Pourleregard
en peu dedes reuenus
mots, queque
diſant, le Roy d'Eſpagne
les rentes en tire 8c
ordinaires, ,quelques
annuellesvns 4 les ont
de laſiCouñ
nzſiËmÎLÏÃz,
.d P . ronne de Portugal ſontd, vn million
. . d’or, ¢ .. mille
. ducats; les reuenus de la
_AL-. L-ñ.
Maitriſe
res, des Croiſez,
de Madere, dont
du Cap le Roy eſt
Verd,deſſS. Chefiôc&c
Thomas, auſquels appartiennent
du 'Princgmontent les Ifles
paran zooAçoñ
_mil ‘
le ducats: ceux de la Mine, appartenans â la Maíſtriſe des CroilëzgrſiommezsCbeuañ
liers de~l’ctOrdre de Chriſt', montentannuellement cent mille ducats :ceuxdu B raſil
r5o~mille ducats; &c ceux des gabelles _des ecpiceriegôcmarchandiſes des Indes Crie'
tales qui viennent enPortugal, 6oomille ucats : ſi bien queles reuenus de la Con
nonne de Portugaſiôc de ſon domaine 'rhontentannutllement milliongôcpres
ah" n de deux cens mille ducats. Le curieux Preſident de Thou ï ditſommairement , que
HSM” lc reuenu de toutle Royaume paſſe à peine deux millions de dîucâts , en y compreñ'
nant ce qui ſe tire des
pays desenuirons Iſles de lade
du Chaſteau Mer Atlantique,
Mine, du Braſil,
en Afrique, 8c de ladeCôtede
’l‘1'll'~e_S.Guinóeſſë
Thon-ras', di:
mais
que la depence
toient de la Cour,les
Ie plus ſouuent plus quegamiſongôc les autres
cete ſ0mme,8c que cechar
qui eestiroir
du Royaume
ldes Indes_em 0c-
Ouen-ſiſi
tales,montät enuiron vn million de ducas, ÿemployoit à la depence d’vne ſi longue
nauigation , de mefine qu'à Pentretien de pluſieurs garniſon” tellement’q't~_1’vil n'y
*auoit dujprofit, pour les-particuliers marchäds, 8c Facteurszôc 'general du Royaume.
fTraité P13 Les autres F ont eſtendu 'plus au long, 8c mieux eclaircy ces reuenus, en cete ſorte.
Kaotique
Tout leRoyaumqe-xcepté Liſbone,portoit de' reucnu auRoy l'an \:569 vn milliô de
‘ Cruzados: 8c cevns
que quelques reuenu s7eſt beaucoup
ont voulu acru depuis
dire ,' quïlvaut le reps du4.00
vn million,6c Roymille
Sebaſtië; de ſorte
Cruzaddsfôſſc
' lesQuant
autre plus; î '
âliſbone, lalCaſe , ou Maiſon '" '~
d’lnde , ou ſecpayentlesdroits des 'ſiclou‘ de
"ë
:-Royaume~dc—l’ortugal. .’ ſ97
aurîcsmzrrcliandíſès quiviemuent desTndes Orientales;'z/Zízraiíæïïiïſlçfiienç qiigzzy, ñ
z7zstr~rliccruzædoë.onàljſhbnëíl yîa' äiuerêkhijaîſçíxdgcïfz ión page Pímf _ donde:
diuerſes chéíſesñ-;ScgtoureäporÿëntîilëjŸíínîiê Maiſonï; ÎE-îſdi-nómîde la' ifiarîcfflhanë;
&liſeg-.nodmdraifi .uisÏyPaŸé-g-Cóffiffiè\CàſédçflffeÇſi 'ſi' aêqïflïdïſſlÿdfflilêfilfflcaſéégè
ſſ [[15,LDÏLOTX-.z-_;~-ï1!I‘.~\"Î '
Efüiwêcifcmbkab *ELP-TM rr-'z- -T²:>"í-"-."'~'
~ _o 71km: au HroibdwrqÎivl-äſdèntlekîdÿYiiîliî/ËÆZËÏJÔHÔIÆÃXÔ'ïËrëſerïiéJlärvènreè
&la ùſhibùcidxz-gpar.- 'mgífiïqëſesO-fficiérsïſhélëÿaffläfif aëlâsçgæzaç-çpzfidægjleä
gm, , eau_ - î ue isp'u,e _q quïen u _ur ous, qua
IÇWÎŒSÆI'IndËUquiſhncÜÿv-Ûyäge- tous _les ans ~; au' norÿbflzde *cinq ;î-outre Ie gar.:
lion de Malaca, arriuenta Liíb one, ou Periſſent en chemin ,~ chacun de cesjnduircs
-Jñibligéde charger-Iioæírietorhptc düRoy_ _cinq-millëiïqíäîritaux de poivre ,
çhgquequhzcal deuzïiuíes; queles marchands ſóntóbiigîèïſpar conſtract dîembar.
guçæl-,Ëhuic éduzsóldquinralzîohrefoísâ-cotnmunes Qſtñëëglmzjjfrolfllîë que cerë_
traite Ou uoir valoir 600 mille écus: ourc_e uand ileñîſrſi-ieliffièaiicîÿu "Hräuf ' '_u:'
P _, P . q . _ _ . , l . Pe
&AWG ilkcnvfencpeu ilyauubeaucoup; - r: :- -.- h 1x1* "ſ- a-:íva -. ~ ~ -c c ~ ue- 1
. [es Marchandiſes qui viennentdes_ Indes OrienÎalës-ÿëlïíënîrde droit eñla Caſë
qçlngieqqæuærtuÿ-.Yi-ntenchou leÿin . ~e'me,â ſgauoir vn dé_ _qéuîzirregôcdèce quireſteſn
Lg_ z_o,~:ñ_c_d9inme~,cic8b_~, :Ozôc-crois '60' qcrircñſbejn-e'aux miiiîàhänds,'qíii‘nelaiſſent de q
ri re: Yi:- gfílnd- profit i Ïveu- que de 35, ou 40;' 'qu'ils hazſiæuîdeht ;ils "tirent du moins óló
du prO-fiçyoire
ſorier dela CaſedauîrageAu reſtzxla
, vn Treſorier :Caſe d'indePortier,vn
de l’Eſpicerie,vn entrétîëtvn 'Poiiruóÿeurffln
luge de la Balähcêſi,Tre;
des
Grcfficrs, des Gardes, 8c vn Preuoſt, tOus-gens'de marquëïïebiiëhez ſuiëſifefcäfſîe la'
Mai-ſon du Roy, qui les pouruoicde ces chargêïÿour _leurs kzêäſéruiceglliÿakänïîor
,vn luge_ de l' i nde', Mina, 8c Guinée, qui iugeies can-ſes dépendantes delcesGafÏeszffl
- ñ ÀlJ-y-añ encor à Ljſbone la Caſe ePAlFOndiga ,ſou dſAílſandega , proPrcſiíiencÆ
Douane,
_des qui rendait
Cincosæoù lesjdraau-tempspaſſe 350 mille
S de ronresrfortſſes Gruzados:
venans du meſmeenzy comprenanela
Royaume Cafe
dePortugal :P ' ‘
Liibone, payent àzrai on decinq [Your cent'. En--cete Maiſhnbn page diſme' 8c redillî
ine. ou la dizieſme, 8c redizieſme des marchandiſes qurvrennent edehórs duRqyÀ
auïnçâ zo Pourioo. Autrefois , au temps des' ROY? de Portugal cèÿmärchandi es
Pçiyoientvnpçurzeenrz pourla
de laſolde
Mer.deMais
ceuxdequi ſe le
trouuoíÊc-auxvaiſſeäux de guerä'
re, deſrinez pour le ſeruice uctis, Roy Philippe 'deuxieſme aug—
ments. cet im poſhnon ſeulement
cent d’cr.rrée,ó‘xatitant deſortie en
= 8ccete (Baſé): mais'
cetſiimpoſt entoiites-les
eſtabl pour le 'autresà trois pour
meſme ſſubiet des'
gardes vaut-mainten 1c vne grande ſomme de deniers. I y a encor q uelq ues iinpoſts
;xffignez pour les Officiers
des ſeaux,Auditeur-,q ui eſtde cetedes
luge Caſeà ſçauoir
affaires vn PouruoÿeurſſhreſorienGarde
côeernäs cete Caſe,&vn Prſieuoſt qu'on”
appelle Merino 'd’A1Fondiga
craradores,c’eſt : deux-G ardes
îrdirc des Fermiers,qui ſontMajeurs, l’vn du aſioçiez
rſſos marchäds, R OY, l'autre
auec des Con;
quelques
Gcntils-hommes,ôcseigneurs : &:4 Gar es moindres, n du Roy, 8C n. des Fer
_ſſmierg qui ſont commädez parles Majeurs.An chaque nauire qui arriue au porc on
commetmarchandiſe
aucune deux gardes,l’vn
ſansdu Roy,l’autre
payer desdevprſiendre
Ie droit f8: fermiers -, afin
auſſide~ garde
voir qu'on
's'il y a'_ifenleue
dans ces
_navires quelque marchandiſe defenduë, comme liures 58: choſes ſemblables. Il y a
aufii deux Facteurs,l’vn du Roy, Pautredes fermiers. W11( *au Preuoſtîil a cFÀarge
de prendre priſonniers ceux qui ſraudëc les droits , ou ſont quelque choſe côtlrc les
Ioîx, &au preiudicc de cete Caſe. Le Preuoſt de celle d'lnde a meſme Obligation. ſi ñ
lI Y a trois Caſes des Eſclaues compriſes en vne, 8c pour cé nommées les trois Ca
ſes: à ſqauoír Celle des Eſclaues Negres pris de bonne guerre, 8c non Chreſtienspù
, lonPaye le quargôccelleſides
Pie, 8c d'ailleurs: vingtainPnopriecez
des eſclaues
: 8cvenans de Pois
celle du Guin;Où
éc-,ôclon
despaye
"car-tiers &Ethio
les droits du
miclghuyle,reſinczgommesz-Scſemblables marchandiſes. Elle rend tous lesans
80 inille Çruzados : 8c entretient vn Almoiariſe , ou Intendant des affaires de cete
Caſe : vn Threſorier,vi1 Greffieigôc autres Officiers. '
, _ Il y a la Caſe des Chairs, qui ne ſe peuuent eſtaler , nv. vendre , qu'en cefrain "lieu
limité Farlesveadorespu EſcheuinsÆlle rëd paran , de certain impofl: quëon paye ~
pour c mque beur, porcearignouton , ou autre beſte , 80 mille Cruzados": &en;
_rretienr vn Almojarife , Threſorier, ,G reffier , 8c Fœl dela Balance , qui eſt comme
'çontretoleur de tout ce quisachcce, 8c ſcyend au poidsc … -z ._- ï -' ï
' Europe. ' R
\
,98 i 'Royaumede Portugal. '
\
_ La Caſe del'impoſition des vins eſtablieſpar ceux de Liíbone, Fait dffine meſiire
de vin qui tient 1a pots 14.; don't les deux de urcroit ſont pour le ROY, 8c ſont payez
parceux qui acheteur le vin en detaLCel-a ſut accordé par le' peuple au Rovà côdi- -
tion qu'il ne put loger par billets ,aucune perſonne dansla ville,8tles Fauxbourg
ſauf'en payant logis ,Gt tout ce qiſonluy fourniroit z 6c meſme il Faut que la priere
-du Roy Y interuienneEn ceteCaſe qui rëd par an 7g mille Cruzados,il v a "vnlklmo
jarifeflireffier-,Sœreuoſtzôc cete impoſition ſe paye en peu de villesdu Royaume_
En la Caſe de Madere , c'eſt à dire de Futaye, qui s'appelle Paco, on paye certain
droit du bois qui vient de dehors , du liege , des nois , des chataignes , 8c de tous
fruits à coque , ou écorce. Elle rend "par an trente mille Cruzados , 8c a ſon Al.
, majariſe.
En la Caſe du Rediſme de laPoiſſonnei-ie, on paye de dix oíſſons vn; car le diſme
apartient au Duc de BraganceElle rend tous les ans 25 mil e Cruzadogôc a ſon Al.
mojariFe. La Caſe CluFäit , ou lon paye certain droit , porte tous les an; r; mille
Cruzados; 8c a meſmes flîciers.
La Caſe du Portage tire qertaineim poſition de tout ce qui entre dans I-.iibone, 8c
rend tous les ans dix mille Cruzados.
dd
Les Chanceleries renddnt encor vne grande ſomme de deniers 5 d'autant qu'on
Ye la dizieſme des. ,offices que le Roy donne i 8c ~la dizieſme des ſentences.
2U S ce reuenu eſt toutïfait deſtiné pour le payement des Officiers de Iuſtice.
Toutes .ces .ſommes enſemble montent trois millions , 8c quarante mille
Cruzaſidos.
_ Maiscesreuenus ſont bien augmentez depuisce tempslâiveitquc comme ?apn s
l'an 162.0 d’vn Portugais de mes amys, homme de conſideratiomôc des mieux inſor.
mez,que la ſeule
million , 8C Caſe ducats,
800 mille de PlndeouOrientale des Portugais
pres de deux millions , vaut
8c lesaudroits
Roy d'Eſpagne
Rovſiaux devn
la
Douanede Liſhone, appellé-e Alſandega, où lon paye les droits de tout-ce qui vient
l
de tous coſtez par inet , valent au Roy tous les ans enuiron 350 Cuentos de Mara
uedis; q ui ſont res d’vn million a 8c ce que deſſus , auec tous les Almojarifados,
vautau Ro dÈFpagne enuiron cinq millions.
j'te; pas”. Hors u ï Portugal, 8c del Europe, cete Couronne a pluſieurs Eſtars d'où elle
tire de grands reuenus. Cc qu'elle tient en l'Inde Orientale luyrcnd tous les ans ſur,
le lieu denx millions , ouplus,ſelon les vns , 8c moins ſelon les autres. Mais ces deux
millio s ſont employez
beſoínſdenuoyer ſur meralaForce
conſervation deguerre.
vaiſſeaux de ſes terreszpource
Au reſte lesqu'il eſt bien
diſmes de ceſouuent
pavs là
apartiennent au Roy comme Grand Maiſtre de l'Ordre de Chriſt, comme auſſi ce
luy de toutes les Iſles , 8c dela terre Ferme qu'il domine hors de l'Europe. Pour ce
ſujet il eſt obligé de donner penſion à tous les Eccleſiaſtiques, tant Eueſques , que
L'Iſle dePrieurs,
Chânoines, Madere8cluy vaut. tous les ans cent cinquante mille Cruzados , du ſi
autres
'quintdes ſucres ;dont ceux qui le cultiuent payent de cinq vn ,auec les douanes,
läſdizieſme de tous les biens meubles , &immeubles qui ſe vendent, &t autres
oits. . -
Les Iſles
Celles duAçores rendent tous les ans plus
Cap Verd,6td'Annebon de 180
portent 6cmille
milleCruzados.
Cruzados, en-y compte-ſi
nant le trait de Rio grande, Cantorgôc Serra Lioa, ou Serre Lionne.
L'lllede S. Thomas, &les terres du Royaume de Congo rendaient autrefois
chaque année cent mille Cruzados : maisà preſent , à cauſe des mines d'argent
que les Portugais ont decouuertes au pays &Angola , 8c des Negres qu'ils en.
uoyent delà aux lndes Occidentales, ce reuenu s'eſt grandement augmenté.
L'or des enuirons du Chaſteau de Mina, ren-l no mille Cruzad os, en payant les
Fermiers,le$ enſions de tous les Officiers ,les ſraiz des galeres , 8c nauires de guet.
tel: 8C toutes es autres dépenſes qu'il ſaut .faire pour la conſeruation de cete
ace.
?Les droits du ſucre ,St bois dn Braſil ,auec lesautres marchandiſes qui en vien—
nent,valent paran zoo mille Cruzados. uant aux villes de Barbarie, comme
Ceute, Tanger , Mazagan , 8C autres ,le Roy d'Eſpagne y met beaucoup plus qu'il
n'en tire.
Outre ces droits, 8c profits que ce Roy tire de tous Ces paysdesWccrois des Indes
Orientales, les Gouucrneurs, Candle-hommes, 8c Officiers dela Couronne, tirent
i.
u.
4 ._____-—.__. ñ————— LIP…- .-1 -i _'l.!--—
Royaume de Portugal- . 1-9 9 .
de profit de leurs char ~ es toutes les' années plus d'im- mil-lion_de Cruzados. Le peu
pledelſſprtugal tire e profit du commerce des Indes Orientales, vne année por:
tant' l'autre, plus de trois millions_ de Cruzados. Là meſine-les Gentilï-hommes;
ſoldats , 8c marchands s'enrichiſſent
moyensdelelctaireñ _ ñ , -
infiniment
4..
pource-Qu'ils,
-
y ont- pluſieurs '
t., -
Wintàla depenſe ordinaire* , qui eonſurne vne bonne_ aktie de ces reuenus; ;í~‘îſ"’°*
les gages des Officiers, 8c Miniſtres e Iuſticqſont de cenumi leducats par an: l'en. 7 g'
tretien desſortereflès _d’A'fri que couſte tous les ans go mille ducats; celuy de cin
galeres 50 mille; l'année qui conuoye annuellement les nauires deîslndes, tant a
l'aller qu'au retour, ;,90 mille: les Moradies , qui ſont penſions que le, Roy donne
pour lfentretenement des Gentils-hommesdu pays ,le titre de Seruiteurs de la
Chambre du_Roy
d'honneur , monte, annuellement
Motos de Camara,, \Caualeros
80 mille ducats : lafidalcros
deptenſc, 8crequiſe
Force'au
autres titres
ſeruice de
la Chambre, 8c Maiſon dtíîRoy de Portugal, eſt d'ordinaire de zoo-mille dueats par
an, qui ſouloit eſtre baillée à Ferme , comme elle eſt encór, auec celle du Gouuer
neur. L'entretien des fortereſſes du Royaume de Portugal coute zoomille du cats.
Les Iuros qui ſevendent, qui ſont rentes perpetuelles,qui s'acheter” des domaines, …
gabelles, &droits du_
tent annuellement 150Roy,
milleſans qu'elles
ducats. Les puiſſent eſtreTencasſſ,
reuenus des amorties_
quiaux
ſontheritiers mon
dons , ou priñ
uileges comme fieſs . ntle Roy gratifie certaines perſonnes comme rentes à vie,
qui reuiennent au Roy . pres le decez de ceux qui en ont iouy,~montent tous les ans
zoo mille ducats. Finale ent la ſomme totale de cete depenſe reuient 'paran :X1680
mille ducats. z
Les Roîys ‘ de Portugal, peuuent aulli donner en moins d'vn cart d'heure à leurs bhænàn_
ſujetsda valeur de dix ,W6C 1-_0 lnillions en papier, conſiſtans en depeſches de G ou_
uernemens, Capitaineries, Receptes, 8c autres charges a 8L con é de faire des voy-a. .
ges de mer à Banda , Maluco , la Chine , &c autres endroits e l’Inde Orientale,
,ar le moyen deſquelles depeſchegceux qui les obtiennent trouuent ſoudain de
argent. ' . . . '~— montent
- Militaires ï ~. . .
Les ‘ reuenus des Ordres en ce Royaume à pres d'vn million ° “W” “l _
d'écuz. Le Duc de Bragance le plus puiſſant Prince de tout le Royaume, iouvt de d' ſilſſgſil”
zogmiläz écuz de rente, auec vne ſomme excelliue en deux Capitaineries , offices,
8c ene ces.
Wantau general des habitans du pays ,il s'y Fait force ſoyes pour les autres Pro
vinces; 8c la ville de Liſbone vaut preſque tout le reſte du Royaume; pource que
toute la marchandiſe, 8c tout le trafic de l'Ethiopie, du Braſil, de Madflſe , a( dïzmr
tres Iſles, 8c de tout le Nord, y aborde. C'eſt la que les fiotes 8è les armées de mer'
ſe fourniſſengôcpouruoyent. On en tire “ pour Veniſe des ſiictes de Madere, des-d Bum”
laines de Portugal, des vins excellens, des amandes , 8c des cappesOn en ï mene "²“T‘“ſ"“
, pour les Indes des vins
. de Candle,
. draps de ſoye , 8c de
. laine,
_ 8c autres menués
_ mein 9Pcſ
Tlcſoro
.
ceries. On enuoye à la Chine , 8c àla Mine en Guinée, quelques gros, 8c grandsau- PW*** 1- '
neaux de lecon, venans des Pays. Bas, où chacun S’achete vn real, puis ils ſont ven- ‘
dus aux Negres, à raiſon de trois pour vn ducat. On enuoye delà au Braſil des draps
de laine , &pluſieurs habillemens Faits de toutes ſortes ,pource qu'il n'y a aucun
art en ces pays la z 8c ces choſes ne ſement pas pour ceux qui ſont' natifs du pays:
veu qu'ils ont accouſtume' d'aller nuds; mais pourles Portugais meſmes , 8c autres
marchands , habitans de ces contrées. On e'nuo e en Angleterre du vin, de l‘huyle,
du ſucre,des épiceries de toutes ſortes: 8c en landre ſes meſmes choſes,Sc ſort
grande quantité de ſel , qui ſe fait en Portugal.
La Coſte
d'huyl'es, 'de Portugal
8c d’oliues, fournittirent
8c les meſmes aux autres paysſelquantité
force bon de vins,
d’Aueiro:8c d'oranges,
l’vn de ſes nieil- “m5,”
s9ec.° ſ
leurs portsdelà
c'eſtdePorto. Mais la côteque
de plus
toutgrand trafic eſt
deſtde uis les commerce,
Barlingues
iuſqu'au Yueszpource çe cartier de ſiPgrand
u’il n'a pas ſon pareil en Europe. Car on y trouue abondance de toute ſorte
épiceries, de ſucre, or ,argent,vin , ſel, huyle, yuoire, cochenille ñ, bois de Bra
ſil, 8c autres marchandiſes des Indes. On en .tire aulſi Force perles, pierreriegôc con
fitures. ~ ~ .
, On porte sâ Lilbone de Candie , des maluoiſies, qui ſont apres enuoyées
Indes Orientales, où parle moyen de lalon ue nauigation elles arriuent bonnes aux ŸÃŸ"
ſi
par excellence, 8c ſe vendent 90, voire cent ecus la pippe. Il y vient de Barbarie pa:
R. iiij
x 1
I
200 -Ëlä-.oyauïctſſírfleèddflî-Ôrtçûäaſſl.
\lâ- cie-Ceute', ſiôëitlëTa'n'g"er~,'bèài_íſſcfóiïp~ déciiiiis ſcie" pîerrëffeſî', ta' Stan;
-f-tes dieſes, mais dóÿxënzfigranue äliohdancequedecótêſtuiiäeîïi” hgïèëëæ &plus
;ſietirS-vaiſſeaux-chaPgêz-'de marchandiſes, pzlrticiîlierem
«les tdi-les ;DE autres mer-axes raaefflës, puttiïëñäibzïërziux Iéldësïædë-æîzïqù' e ç à' b-
ment ,- de Biſca e des armes 5 des Indes Occidentales quan tite; deTBi-Îí ÊÏÙÏÏÎËŸŒ
'fort-grandsïde îffleſÿſpägnbledeîlacàiſſe, 8t‘du<ib'cre-,'8Cqùel&ſi‘iéâ' ‘ ~
, gent, din-Braſil grenïquantiré dëfiicres, dïaîirlärègrís, 8c xd' Erich;
getaway, .
_redit tousles iours ,T 'de P-Ifle _de Madere; pour le moins óóoïéa' ' l Yes*- eïùei* ‘,’ dîq j?
»k
liures lïviieí ISC-du ſang derdragon z de 'cellede S. Thomas pllîéWeüxpmilleïzſrrbffes'
*de ſucre, 2.80 'eſclauesNegresJóc Foëëocoton; des Pataneä fôíäefflfiîois-,ſfi ‘ 'fins ‘
queue ,ïôcípenïóquetsbleus :de l* I-fle du Prince, deêſuçreësï ,des &Wax;
Nègresæ
de desIfles
thevrèsgiris, du huYle,
cite', Cap Verd meſmep uantité
8c ſur-tout de ſucrenoirsfflësſfiîçores
uſieurs eſélaues , BÜdÈ/botbnlſcniffl;
Foreëfia '
que_ pour que-lq ûemauuals temps, ou autre cauſe le gitime :ils fuſſent contrains de
prendrez-terre ailleurlsz, ſoit aux terres d'Eſpagne, ou non ; &y payer les droits en
dechargeantleur marChandiſeJls nelaiſſent toutefois de payer encor les droits en
Portugal : pource que les fermiers des Doüanes l'ont obtenu de laſorte.
Weil: ne veulent pas retourner droit en Portugal : mais Faire plus long voyage,
ils _vendent là vne partie de leur marchandiſe, dont ils voyent la vente meilleure , 8G
rechargent leur nauire de Farine de Mendoc, auec l'autre partie dela marchandiſe,
dontil _eſtoit deja chargéuflcprennentleur route delà vers le Royaume d’Angola:où -
ceux qui veulent s'en retourner droit en Portugaiſe chargent d’eſclaueszmais ceux … _._.
qui deſirent_ ſaire pluslon, -voyage,les vont vendre à laR-'ruiere de la Plata en’Ame- s .
} ziquejcÿou ils raporÿxæérce argent, mais ſecretemengpource q ue le Roy d Eſpa
. e a defendu letra c de qq qoſtc' u, à cauſe qu'on le fruſtre de ſes droits : 8C tout ñ*
Ÿg-gqnt quiſe tire ar cete voye, s’enleue ſi finement ,’ u’on ne le peut decouurir : î
pource quulyva ela vie. De ſorte-que pourle tirer i s attachant des ſacs' pleins
d'argent aux ancresz-puisquand les Officiers ſe ſontr tirez, en l-euantlesancres, ils
leznettent dedans: Apresils s'en vont de cete Riuie e encor au Braſil,, ſe recharger;
. de ſiicres, 8c de confitures, 8c delà en Portugal. 'Les autres vont droit d’AngOla au
Braſil, pour y vendre leurs eſclaueszpourcequîl. en ſaut là fort grand nombre,pou_r
ſeruírà leurs angmsâſucre: &t-leîplus ſouuent il-svont de l'autre coſté de l'Ameri
que, où ils les vandent ſort cher : ne raportant delà que de l'or, ou de l'argent,8c des
perles fines, ou de
LesPortugais la encor
ont cochenille.
vn autre trafic en la Guinée , oùſiils prennent de Fyuoire, _
qu'ils nomment' Morſie, qui s'y trouuent en grande abondance,du coton ,_ 8c du 'N
poivre long, appellé Mani uete.lls ſont encor trafic de gingembre,ſucres,coton,8c
eſçlaue-s, aux Iſles de S. T omas. du Prince , 8c &Anobon : &c ſont à Mina grand
trafic-diſons( d’eſclaues auec ceux du pays. Ils ſont aufli trafic cfeſclaues aux Iſles du
Cap Verd, en les troquantâ du fer, 8c autres metaux de bas prix , 8c quinquaillerie,
comme ils ſontpar toute la Coſte d'Afrique, autant deça que delà le Cap la plus
grande richeſſe eſt d’eſclaues : tellement que c'eſt choſe merueilleuſe de voir le
grandnombre qui ſc-tire delà tous les ans , 8c qu'ils ſont paſſer en Amerique, 8c
Portugahſans compter ceuxzqui demeurent ſurle pays àſeruir les Portugais , 8c
Ies Roys de cete côte. Caril n'y a en tous ces pays eſtrangers , Portugais , ſi pauure - ~ñ
ſoit-ildiomme on fem-ine,
leurmaiſtre, à qui quin-'ayt
ils doiuent vn- tant deux 'zouiours
tous les trois, outrequïils
eſclaues quiſegaignent la vieà
doiuent nourrir ſ ~"_ ~ .
de leur gain. Auſſiil ſeroitimpoílible que les Portugais , 8c 'Eſpagnols puſſent faire' "
valoir toutes les terres qu'ils poſſedent, ſi ce n'eſtoit parlaforce, 8c le ſeruice de ces
eſclaues, tant l'Eſpagne eſt petite, 8c peupeuplée, 8c ce qu'ils: poſſedant ailleurs de
fort grande
_ Les eſtanduë;
Portugais ſ , . trafic d’Anil,
'a ſont auſſi grand . -
ou d' Indigo ſi, qu'ils_ eſtiment plus Ÿ/ÏP-fflîl”
_
que les clous de girofle. Le Roy' d'Eſpagne baille à ferme l' Anil , 6c n'y a que les ſer-_z J 434,"
_ miers -qui le puiſſent acheter aux Indes , ou eînuoyer en Portugal non plus que le 3 ‘9
P oivre. .
Qäant au gingembre', 1'.- que la~' traite
quoy ' ~ ' Orientales
de celuy des [ndes ' ~- ~ , en~ ſoit~"
deſert uë, à cauſe du poivre, alnſi que ſay dit , toutefois le Roy permet à quelques
canonniers des nauires des Indes d'en charger quelques_ quintauxffſans impoſt.
202 ſſ Royaume de Portugal;
D'ailleurs lon en porte peu des 'Indes Orientales enPortugal, pource u'il payea
cine les fraiz çle la voiture z &c pour le regard de 'celuy dont on vſë en E pagne', on
ſ \. Faporte pour,la 8c
S. Dominique, pluſpart du CalpeVerd,
dela Nouue de l'Ioù
Eſpagne, \lelon
de Se~n. Thomas , du Braſil, de_l'lſle y de
trouctue grande
' 'quantite' z d'où
vient qirorrlaiiſe
du voyagegôc des celuy
ſraiz. de Leuant,
‘ ſ quoy qu'il ſoit meilleur
- - , Jà cauſe
- ‘_ e la longueur
Au reſte rien ne ſe charge en aucun nauire aux Indes Orientales,- qui ne ſoit' cou
ché au Regiſtre de Cochin , meſme iuſqu'aux èſclaueszôc ce qui ne s'y trouue point
ÎB°'°'°R°" marqué-lors qu'on
Le s Portugal arriue
eſtoit en Portugal,
autrefois eſt conſiſqué.
des mieux ’ ' ~ , &lointaines
euplez: mais les Ûraſindes 7-" ~ Ffflïä
GAISPISIII. , _ , . . CF f* z
entrepriſes du Braſil, del Ethiopie, des ln es Orientales ,des Moluques , 8c _de plu
ſieurs autres Iſles., ê: les nauigations ordinaires,'ont fort eclaire-Sy' -' tant de monde:
. bîctowæol' tellement que ce Royaume eſt demeuré ſoible Âcombien que' Diego d'Aſie
degno metre cinqmille lieux peuplez. Le Roy d Eſpagne enuoye tous* les 'ans
auxlncles 'Orientales mille Portugais( leTraité Parenetique dit ſix mille en‘l’ln.
de Orientale,en la Côte,ôc aux Ifles d'Afrique , &au Braſil) voire dauantage,
our les garniſons des fortereſſes , 8c les nourrit iuſquäi tant qu'ils arriuent aux
Pieux deffinez. Mais ils ne s'en peuuent retourner ſans congez z à raiſon de-ñ
quoy pluſieurs s'y marient , 8c s'enrichiſſent auec quelquepeu de marchandi
ſe ,aymant ces pays eſloignez , autant que le lieu de leur naiſſance. Toutefois
on aſſeure qu'en toutes les Indes Orientales on ne trouue pas ſix mille Portu
gais , choſe qui procede de la longueur du _voyage , 8c dela diuerſitó de Pairzôc
c-zñnzppze_ lon croît que de chaquec voyage il ne reuienc pas 'en Portugal le tiers des hom
netiq. mes. ' *
Wlques vns tiennent qu’il s'y pourroit leuſſer au beſoin plus de cent mille
hommes ,de l'âge de vingt cinqâ quarante ans. Au» temps u Roy Sebaſtien',
qui indiana-l'an mille cinq cens ſ tante huit ,. il y' auoit par tout le Royaume
douze cens Compagnies des gens epied , où lon rſauoit enrolé que les' gens
du plat pays, les ouuriers , ôcartiſans, meſme non tous. Les Seigneurs , Gen
tilsñhommes , Officiers de iuſtice, 8c du gouuernernent des Citez, 8c villes, 6c_ U
les gens de lettres, auec les Eccleſiaſtiques , auec leurs ſeruîteurs , 8c pluſieurs
- autres ſortes d'hommes eſtoient excuſez de cet enrollement: 8c la plus-part de ces
compagnies eſtoient de trois cens , ou quatre cens hommes. Or n'en mettant que
deux cens en chacune , on trouuera que toutes enſemble feront deux cens quaran
te mille hommes. - _
d Tcſoro »L'an mille cinq cens octante d, comme on eut ſaitle denombrement dela moytié
Poli! li-ï- du Royaume, lus peu lée, des hommes de dix—huit ans iuſquſi'â cinquante ,on
en trouua dix- uit mil e , ſans les Gentils—hommes , qui ſont obligez d'aller à
la guerre. De ſorte qwon voit qu'on peut faire yne bonne armée pour defendre
le pays : mais non pourmener hors du Royaume :pource qu’il demeureroit du tout
depeupléficle plus qu'on pourrait faire ſans incommodité du Royaume ſeroit d'en
ſortir ſix, ou—ſelzegers,
mille cheuaux tmilleouhommes
autres. de guerre, Æantàla
' Caualerie,
’ ilpeut fairel ~ dix k
elnſiin lí.44~—_entreCe
ÏŸLffPDÏ-Ë- lespays ayant
ſmains des eſté = ſous des Roysle,tindrentiuſqtfà
Carthaginoigqui de meſme 'que letaht-qtfiisfurent
reſte de‘~l’Eſpagnè,vint
vaincus ‘
ſjogïjſzpkj parles Romains qui le poſſederent depuis, non ſans pluſieuès-reuoltes, ôcguerres,
huhu-n.. rincipalement contre e grand Capitaine Viriat, quifut enfin tirépar les ſiens: tel.
èflfjcfh 7 fement qu’il fut encor beſoin que D.lunius la domptaLLes s AlaiñnsNädalesÿ Sue
6.39. ' ſi ' ues, 6c Goths,s’eſtans apres empareídelffiſpagne ,au temps de l'Empereur Ho
norius,Vallia_Roy des Goths obtint de luy pouuoir de chaſſer lesautres nations :fi
gMagiîqaſ bienh quïlartaquales Alain: qui ?eſtoient particulierement. ſàiſisde 'ce pays., ê;
Rîfjflàullf" les contraignrt de ſe retirer en Galice. Finalement les Mores_ ra-uirent tout aux
Lus-ii,... '- Roys Goths,aleur abord en Eſpagne ; puis Alſonſè , ſurnommcele Catholi_ ue,
_ Roy de_Leon, &d’Ouiedo ,leur enleua pluſieurs places, de irieſme qÏAIſon eſle
- .— Grand._Apres, Alſonſe le Fort, ou le Vaillangdonnant ſa fi_lle Thereſe en mariage :î
Henry de Lorraine, luy remit tout ce qu’il tenoit en ce pa S ,_ en luy ermettaiït de
conquerir ſur les Mores tout ce_qu'il pourroit. En ſuyte dzquov .ſes ucceîſſeurs les
_chaſſerent en fin tout à fait de ce pays, quÎ-ils ont poiſedé ſans 'cohtëſte iuſqu'au de- ~
cés du Roy _Sçbaſtien_, auenu l'an mille cinq cens ſep tante huit' ,Tauquel Philippe
I
Royaume de' Portugal. 'zo-z
LlCUXlCſÎÎC Roy dIEſpagne, pre-tendant qu'il l uy eſtoitlegitimement echeu, com;
mença de s'en ouurir; puis laiſſant rerrner le Cardinal Henry , qui mourut en Ian
uier mille cinq cens Octantqdiſputa ſän droit auec les armes contre Don Antoine ,
8C tous autres retendanszôcÿen rendant maiſtrqacquit à ſes ſucceſſeurs ce Royan
me, auec tousles pays dependans de cete Couronne, tant en Afrique, qu'en Aſie,ôc
Amerique.
N
Le Roy d'Eſpagne_ tient en_ ce pays vn Gouuemeur, ou Viceroy , auec meſme ‘
autorité que les autres: 8c vn-Regidor, chefde la Iuſtice , repreſentant la perſonne _
du Roy, tant aux affaires ciuiles, que criminelles-,tellement qu'il decide diffinitiuc- ' -
ment les proces, ſansſquïl ſoit be oin d’aller en Eſpagne. Il a ſous luy douze Sena
teurs, nommez Deſembargadores, c'eſt dire Dechargeurs, hommes de lettres, 8c
de robelongue z 8c izautres Genrils-hommegportans Peſpée. Le ſiege oùil preſi
de s'appelle Relation, pource ue tout ſe raporte là : 8c Deſembargo Real , pource _
que tout S’_y iuge en dernier re orc. y
Il y a vnsiege,
ou graceffluſiec vn qu’ils appellent
preſident ſiqui ſe Tribunal de la Mercedmajor.
nomme Chancelier , c'eſt Ilà dire
a ſousdeluy
la Mercy,
douze
Senateurs , hom mesæle lettres , 8c douze d’eſpée. La derniere reſolution en
- cas de grace, ou defenſe d'Office Eccleſiaſtique, ou Seculier, depend de ce Preſi
dent : mais l'affaire va par conſulte à Madrid , par deuant le Roy : 8c ne peut auoir
effet ſans la confirmation du Roy. Auſſi lon appelle ce Tribunal . Deſembargo _
de aſſo. ‘ , . i
direilyaencor vn Tribunal
Dechargeoir, ap ellé
ou Siege della Deſemba-rgo
table de laoùmeſa
de conſcience, de conciencia
lon decide tout ce :qui
deſtâ
re- î
garde la conſcience du Roy, voyant s'il eſt debteur,ou non en vne cauſe. Le Chefſe
nomme Preſident de la table de Conſcience, ayant ſous luy huit Senatetlts , quatre ~‘~ ’ ' .
letrez, ô( quatre GentilS-hommes portans Peſpée, qui ſont nommez Deſembarga
dores,
ct Lede meſme que
Reſidora auffilesſous
precedens.
luy quatre lug-es du Ciuil , 8c quatre du Criminel: 5c
quatre Corregidors, ou Correcteurs du CiuiLôC autant du Criminel. Tous les pro
cés ciuils commencent parles luges ciuils , 8c de meſme les criminels arles crimi
nels : puis delà vont par appel aux Corregidors; 8c de ces derniers par euantle De
ſembargo Real. 1 y
Il y a encor vn Tribunal , appelle' la Camara , deſtâ dire la Chambre , dont le
Chefeſt nommé Preſident de la Chambre ,ayant ſous luy dix Meſteres , ou Maj..
ſtres , qu’ils expliquent parle nom de Tribuns du peuple , &des Cheſs de chaque
métier, qui ſont comme compagnons des dix,ôc Senateurs de ceTribunal.Ceux cy
reſoluent les affaires de Liſbonqôc le taux de toute choſe. Il y a dans ce meſme Sie
ge cinquante Almutaces , deſtâdire Officiers deluſtice,qui prennent garde aux
goidgmeſurcs, 8C taux; 8c chacun d'eux a quatre Sbírres, ou ſergens , auec halbar
es.
Il y a encor cinquante Almutaces de la Nettete' , ui vont par toute, la viHe, 8c»
ſont payer_ l'amende aux habitans , deuant la maiſon deſquels on trouue quelque '
ordure; ceux—cy, qui ſont encor du Siege de la Chambrepnt chacun quatre Sbírres
auec eux. — -
Dauantageil yacinquante Alcaldes dont chacun adix Sbírres ;ñôc leur charge
eſt d’aller voir par toute la ville,'s’il y a quelque rumeur,ou debarècmenerenſſpriſon
'les quereleus, ou ceux qui portent armes defendſiuës, ou qui vont vétuz autrement
que l’Edit du Roy ne rte : veu que le Roy d’Eſpagnea reglé les habits de ceux de
chaque condition, 8c' es armes qu'.On peut porter. Ces Alcaldes ſont ſous les luges _ñ _ñ ——
Ciuils,
‘ ll y aou
vn criminels. ~ ~ del Re z c’eſt à diredes biens ,_ ou
autre Tribunal de laFazenda . \Reuenus --~ _ j ' ñ .ſi x’ ..
du Roy, dont le Chefqui s'appelle en Portugais Veador de la_ Fazenda _del Re, c'eſt _ _ ſ
à dire Voyeur des finances duRoz-,afous luy pluſieurs Almojariſes ,ouſi Receueurs ~ '
de tous les reuentts' duRoy,qu’ils remettent entre les mains desThreſQriers du Rſiqy,
ôcduRoyaume. Ç/J,.k:;: .i . ::.':.~ Taj ~ ' - l' '
y Ilñy a encor vn autre Veador dela vFazenda real des Indeszjôt de tout cdqui vient
"—-,—.—Ï~,—_ ._T—v — «— ' En' md', ayant
_ Fazenda realſousluy pluſieurs
d'A Frique, Aimojariſes,
pour receuoir &Threſoriers;
leſſs reuenus de ces 8eys
vnlà»-
autre Veador deà, ~ _ ~
ôc pſſoſſuruoir
tous les lieux d'Afrique , 8c de &entiere; 8c ade meſmeſës' A mojafifes , ou Rece
ucuxsïôäſes Treſoriersz ' -~
/ … ._
/ .
204 Royaume de Portugal.
T.; ſiTouslesPàktugais ſont diuiſez en ſix Ordres , ou Eſtats de~pcrſonnes,à a.
~ uéîrñen Eccleſiaſtiques, ou Clergé: Seigneurs de-titre z ctFidalgos qui ſiſont~ en E a.
_ gne nomme: Caualleros, ou Cheualiers ~, Eſenderospu Ecuyers, qu'on appelleen
Elpagne Hidalgos, Ceſtàdire notées, ou ſils de quelqiſvn ,qui ſont pris pour la ‘
-I v*”.
----
,pluſpart par lcSPOi-tugais poux-ceux que les italiens nomment Citadini, ou bout
eois; Mecanicosz deſtàdire Artiſans, 8c gens de métier ,Sc Gents dela nacion
_ , Ëíebrea ñäeſtàdire Gensderace Iuiſue, conuertis depuis long temps, qui s‘exer.
gäſîgjî »cent-è eſtre _Aduocats,Marcliand.s, Medecins, ô( Apoticaîires. Au reſte ï nul de
Young, ces deſoendans des Iuifs, que les Portugais appellent Criſtianos Nueuos, ô: les '
*Caſtillans Conuerſos , Ceſta dire Conuertis, n'eſt capable d'aucune charge , ou di- ,
-ñgnité enlarepubliqueJiceÏeſt que par priuilege ſp ~ e Roy Phabilite z ce qui ~ ſi
-neÿobtientquepour des ſeruices ſignalez faisà 'la Cou onne: voire meſme ceux
qui ſont yſſus des Iuiſs ne peuuent eſtre Eccleſiaſtiques, ny Reguliers , ſpecia_
f...
l
ñ- lement en l'Ordre de S. Dominique. Ceux auſſi qui ſont ſortis des Iuiſs naturels
de-Ïîortugal ne peuuent ſortir du Royaume ſans permiſſion du Roy , &ne peuuent
alleraux \rides Orientales, bien que ce ſoit pays des Portugais , ſans expreſſe licen.
cedumeſme. Si les Nouueaux Chreſtiens achetent des ſons en Portugal, _ils ne
peuuent les reuendre -ſims permiſlion du Roy, qui leur fait payer plus gros tribut
-qtraux vieux Chreſtiens, 8c exige d'eux des em runs extraordinaires. Car tous
.ſontenrolqôcnommezde laNation. Le Roy Phi ippe deuxieſme , cinq ans apres
qu'il ſe fut rendu maiſtre 8c paiſible oſièſſe-ur du Royaume de Portugal z de
mandaâla Nation quatre cens mille ucats , à condition de les laiſſer viure en li.
bercé, 8c auſſi que leursbiens ne -ſeroient pas conſiſiluez de dix ans i 6c il en obtint
crois cens mille.
Lepliægraedëcplus puiſſant ſeigneur de. ce Royaume eſtle
- Duc de Braganceſi
&de Barcellos,qui eſttrois Fois Marquis, ſept ſois Comte , 6c pluſieurs Fois Sei_
gneut, 8L Baron. Son dernier titre eſt celuy de Seigneur de Villa Vizoſa , Pvnedes
principales villes de Portugal. Ïl aſous luy, outrela Cité de Brangance, plus de
-dnquante villes ,Sc Chaſteaux z 8c deux cens mille vaſſaux, ou ſujets; Outre ces
Ducsſortis de la Maiſon Royale de Portugal , dont ils portent le nom , il y a celuy
dffliuerqdeſcendudes baſtars de la meſme maiſon :îmais portant le nom de Lanca
ſtre;deleDemira,
,, BMW-Rd_ tes Duc de 8c
Villareal : le Marquis
de Vimioſo, de Ferreira,
ſont cadets Comte deTentugal
deſi cetemaiſonOn compte ‘z &c
enles
ce Com
Roy;
däspngnc. .aume dix-huit Comtés, &vn Vicomte. - " ,- - z _ _ _
Outre les vrays Catholiquesil y a dans ce pays, au lieu dès Mores, l'es deſcenñ FÉV"
ï Dïfflíïÿï dans deces Iuifs qui ſe conuertirent feinteinentâla ſoy Chreflienneſlly a dansc
ſſle Portugal ,oulîAlgarue, l'Ordre des _Cheualiers de Chriſt , dontle Roy d’Eſpañ “
lewsyagm pagneſe reſeruelaMaiſiriſqà-cauſe de ſes grands reuenus: pource que toutes les
-conqueſtes d'Afrique , d'Aſie, des Indes Orientales, du Braſil "ôc detoutes les
Iſtes,luy appartiennent: 8c enuiron cent quarante Com/mandeſies, riches pour ’
la pluſpart ,en dependent : celuy de Sainct Iean , ou. de Malte , qui a dix-neuf
Commanderies , 8L deuxlBailliages : 8c ceux de Sainct lacques de Portugal,
àTâÎ-?doäe &id’Auis , qui ont aufli _pluſieurs bonnes *Commanderies , 8c gros re
o c roydes
l'origine c uenus' _ à ' l u]
Roys do Pou. HENRY ‘ de la Maiſon Royale e France , fils de Henry de Bourgogne,l’vn des GF" "
Ëcfifigfffl* fils de Robert,Ducde Bourgognqſils de Robert Roy de France, 5c petit fils de 8"'
554.… Hugues Capet: (non Comte de ‘ Lorraine, ou ' portant le nom de Lorraine , ou
ËlïſeMí-Mt- fils! du Duc delLorraine, ou” Comte de Limbourcr , &è fils de Guillaume, Sei
Ÿfiuhn, de neur de -lanuille, Gouuerneur de LorraineŸPabÊncc de Godefroy de Bouilq
ceinHifpJiJ. on ſon frere ) eſtant alle' ſecouriidAlſonſe ſixTe mqſurnomméle Fort,ou Vaillant,
gäſfflî” épouſh ſa fille Thereſe , qui luyporta en dot toutesleñs terres 'de Portugal, que ce
mig 4.9.… Roy ou ſes predeccſſeurs auoient enleuées aux Mores , auec titre de Comté.
iÏ-_ſïïïſÿí- Il eut de ſa femme Thereſe , Alfonſe ſon ſucceſſeur , 8c mourut l'an mil cent
Il? pl. . ‘ ' f . ' ‘
Hifi dim; d°u²ë~
nníchozvoy. ' ,L ,
ALFONSEpremierluſſy ſuccçdant fitla guerre aux. Mores
_ … , 8c- deuant_. l'an mil_
fflfjíf" cent trente neuf combatre cinq Roys aux Champsdouriqueſſfur ſalué Roy par
Haim" u,, les-Portugais , puis ayant. _vaincu les Mores pritpour ſes armesvn eſcu 'd'argent
:fading Hifi a cinq écuſſons d'azur ., chacun chargé de trente pieces d'argent2 autantque 'noſtre
L P W' fieigneurfut
y
vendtuqçiiſurent_
_
depuis changces
\
en cinq bezansd argent en Sautoir:
> Lriuíſiſ'. "ſſÿfæpuis
., l'—
\
Royaume de Portugal. zo; 7L5
6.: depuis on adj ouſta la bordure de gueules chargée de ſept chaſteaux d'or; Il conñ'
quitſurles Mores Liſhonne, Leiria,Santaren,Euora, Eluas,Beja, 8c pluſieurs autres
placeszépouſa Mahaudfille d’Amc‘ ſecond Duc de Sauoye,de laquelle il eut biche
ſon ſucceſſeurzV-rraqueffiemme de Ferdinâd Roy de Leon 6c de GalicezôcThereſe,
Comteſſe de Flandres , puis mourut à Coymbre ,l'an 1185, ayant regné 4.6 ans.
SANCHO premier ſon fils , nc' l'an r x54, conquit la ville de Silues en Algarue
ſur les Mores,auec l'aſſiſtance des Françoigqui s'en alloient en la Terre ſaincteæuec
Philippe Auguſte Roy de Francexut d’Aldonce, fille de Raimond BerangegPrin
ce d'.‘\ragon,& Comte deBarcelone, Al phonſepſecondfon ſucceſſeur: Ferdinand,
Comte de Flandres, ôc Pierre Roy de Majorque , auec pluſieurs autres enfanslegi
, times, ou barbares,ou baſtards; puis deceda ä Coymbre l'an 1 2.12..
ALPHONSE ſecond,ſon filsfurnommé le Gras, pritſur les More: la ville d'Al
-caçanôc pluſieurs autres; eut deſa femme Vrraque. fille d'Al phonfe neufiéme, Roy
de Caſtille , Sanche 6c Alphonſe, ſes ſucceſſeurs; 6L Ferdinand, dit Plnfant de la
Serpe; outre Leonor, mariée au Roy de Danemark ,Qc mourut l'an mil deux cens
vingt- trois. .
S AN C HO ſecond ſon fils , dit Cape] , fut Roy à ſeize ans ,cauſa pluſieurs trou
bles au Royaume , pource qu'il laiſſoit tout gouuerner à ſa femme Mentia ,fille de
Diego Lopez de Hartyseigneur de Biſcaye,Princeſſe inſolentqde laquelleil n'eut
aucuns enfangôc mourut à Tolede l’an1z.4.7.
-A LPHONSE troiſieme ſon frerei, auoit épouſé Mathilde ou Mahaud ,fille aiſ
née deRenaud Comtede Dampmartimôc d’Ide,CQmteſſe deBolognezſi bien qu’il
eut en dotà cauſe de ſa femme,la Comté de Bologne, à raiſon de laquelle il ſe tint”
longuement en France à la ſuitte dela Cour du Roy ſainct Louys; puis il fut reco
gnu Roy de PortugaLapres le decez de ſon frere; 8c repudia Mathilde , de laquelle ~
ilauoit vn fils nommé Robert , pour épouſer Beatrix , fille naturelle d'Alphonſe _le
SagqRoy de Caſtil le,delaquelle il eut Denys ſon ſucceſſeunôc Alphons,Seigneur
de Portalegre. Le Pape Alexandre quatrième Fexcômuniamais il en fit peu d’eſtat,
&c cet interdict dura douze ans, au bout deſquels Mathilde mourut ,laiſſant heritier
ſon fils RobcrgComte de Bologne, ſur qui Denys vſurpa la Couronne; ſi bien que
les ſucceſſeurs de Robert, dont la Reine Catherine de Medicis, Comteſſe de Bolo
logne, eſtoit deſcenduë, eurent droict apres le decez du Roy Henry de conteſter ce
Royaume. Finalement Alphonſe mourut à Liſbonneſan iz79,_ayant eu en dot de
Beatriz: le pays d’Algarue , 5. raiſon duquel ces Rois säppellerengdepuis Rois dc
Portugal 8c d’Algarue.
D ENYS ſons fils illegitimement ne' , durantlïnterdiction, mais habilité depuis
parle Pape Clement quatriéinqapres le decez de Mathilde, ayant vſurpé par force
la Couronne, inſtitual'Ordre de Ieſus-Chriſt l'an mil trois censdix-huictfonda
l'Vniuerſité deŸCoymbre , eutde ſa femmelſabe lle , fille de Pierre troiſième , Roy
d’Aragon,Al phon ſe ſon ſucceſſeurzdzConſtancgqui fut Reine de CaſtilleJ-cmou
rut à Santaren l'an 132. 5. -
A LPHON S E quatrième ſon fils , ſurnommé le Braue 6c le Fier, épouſa Beatriz:
fille de Sancho quatriéme,Roy de Caſtille,en eut Pierre ſon ſucceſſeun-Mariefem
me d'Alphonſe vnziéme , Rov de Caſtille, 8L Leonor ,mariée à Pierre quatrième,
Roy d’Arag6,puis mourut à Liíbone l'an 1357, ayantcôquis Saladô ſur lesMores.
PIERR E, ſurnomme' le Iuſticier, épouſa premierement Blanche , fille du Roy
Pierre de Caſtille; puis la quittaJa voyant paralytique : &c depuis épouſa Conſtance
de Caſtillqfille de Plnſant lean Emanuel, petit fils de Ferdinand troiſième, Roy de .
Caſtille, en eut Ferdinand ſon ſucceſſeur, 6L Marie, femme de Ferdinand Infant
d’Aragon,fils du Roy Alphonſe: 8c finalement il épouſaYnes ou Agnes de Caſtro,
'qu'il auoit entretenue auparauanr,en ayant eu lean &t Denys; puis -mourutlan
mil trois cens ſoixante-ſept , en la ville &Eſtremos ,laiſſant vn fils baſtard ,nommé
. Ieamde Thereſe Galeyña.
FER D l N AND, ſon fils , épouſa Leonor Telles dc Meneſes . ſa ſubi ete , femme
de Laurens Vaſques d'Acugna, en la rauiſſantä ſon mary, qu'il bannir de Portugal; ‘
cn eut Beatrix, femme de lean-premier, Roy de Caſtille, 6c deux autres enfaus , qui
moururent ieunegôæ deceda à Liíbonne,l’an i 385. ‘
IEÀN', fils naturel du Roy Pierre, Maiſtre deÎOrdre d'Amis, ſut apres lu
ſieurs irreſolutions 6c guerres , faites par lean de Caſtille : 6c Beatrix ſa em
'I .
me , heritiere
Europe.preſomptiue de Portugalg
~ . éleu
~ _Roy pary lesſi Portugais,
S l'an mil
,.51
206 .Royaume de Portugal.
trois cens cens quatre vingt-cinq; déſir les Caſtillans , gagna la renommée bataille
d’Aiubarote, 8c maintint courageuſement ſon R oyaume,qui luy demeura en fin
longuement paiſiblezſe rendit tnaiſtre de Ceute en Barbarie , abolit le Comte de
Î’Are,épouſa Philippe de Lanclaſtre, fille de lean Duc de Lanclaſtrefils d'Edouard
troiſiñéme,Roy d'Angleterre; en eut Edouard ſon ſucceſſeunPierre Duc de Coym
bre , 8c Seigneur de Montmaieſiur, 6c d’Auero~; Plnſant Henry Duc de Viſeo , 5;
maiſtre de l'Ordre de Criſtus, qui découurit Plflefde Madere, l'an mil quatre cens
dix-neufilſabel mariée à Philippe Duc dcBourgognezlean grädMaiſtre de l'Ordre
de ſainct Iacques, 8c Conneſtable de PortugaLmary d’Iſabel, fille d'Alphonſe Duc
de Bragancqſon frere baſtard; &Ferdinand grand Maiſtre de l’Ordrc d’Auis : puis
le Roy lean mourut au chaſteau de Liſbonne l’an i433. g ~
’ EDOVARD ſon fils, épouſa Leonor, fille de Ferdinand premier, Roy d'in-a
gno; en eut Alphonſe ſon ſucceſſeur, Ferdinand, DucdeViſeo,pere deLeonor,
femme delean ſecond', Roy de Portugal : 6c d’Emanuël , qui ſut apres Roy de
PortugaLen eut encor Leonor mariéee à l'Empereur Frideric troiſième: Catherine
qui mourutfillqayant eſte' fiancée à Charles Prince de Viane, heritier de Nauarre,
puis à Edouard_ quatrième du nom, Roy d'Angleterre,lans les épouſer :, 8c lean ne,
femme deHcnry
cens treute- huict.quatriémQRoy de Caſtille: puis mourut
ſ à Tomar l’an mil-quatre.
ALP HON S E cinquième ſon fils,luy ſucceda _en l'âge d'enuiron ſix ans, à raiſon
dequoy ſon oncle Pierre eut la Regence iuſqu'à l'an mil quatre cens quarätehuict
Il épouſa Iſabel , fille de ſon oncle Pierre. qu'il déſir 8c tua depuis: en eut lean ſon.
ſucceſſeur, né l’an 14s5 ,ſit
Portugais découurjrent dedes
ſonCruzados
temps: pritoul'an
Croizats
i458 endeBarbarie
l'or de la
la Guinée, que les
ville d'Alcctaç.1r,
--diſtante de Ceute de ſix lieuëszpuisſan i47o,Arzille&Tangerſépouſa en ſecondes
nopces Ieanne de Caſtille ſa niepce,ſille de Henry quatriémqRoy deCaſtillq-ôc de
ſa ſœur Ieanne par diſpenſe" duPapc Sixte quatrième: qui diſant apres, quïlauoit
eſté (urprisJa contraignit de ſe retirer en vn Monaſtere, &c le Roy mourut bien-coſi:
apres de regret,l’an 14.81.
I ean ſecond ſon fîls,épouſa Leonor de Portugal ſa coufinefllle de Ferdinäd,Duo
de \îiſeufon oncle,dc laquelle il eut Alphonſe,qui mourut à Santaren le iour de ſes
nopces,l’an r 49o,de la cheute d’vn cheualzſit trencher la teſte publiquement à Fer
nand Duc de Bragance, en la ville d*Euora, l'an i485 : tua de ſa propre main d'vn
coup de poignard Dominique Duc de Beja, frere de ſafe-mme Leonor, &t donna la
Duché à ſon frere Emanuel , qu'il ordonna ſon ſucceſſeur par ſon teſtament: vprit
premierletiltre
. 'de de Seigneur
ſainct Gcorgefit deles
découurir la Guinée, où il fitbaſtirle
pays d'Afrique Chaſteau
6c d'Aſie,8: de tant
les Indes, la Mine, ou
Orien-ſſ
tales qu’Occidentales,& mourutl’an i495. - .
EM ANVEL, Duc de Viſeo, fils de Ferdinand Duc de Viſeo, 8c de Beatrix ſa
' couſine, fille de ſon onclelean de Portugal, grand Maiſttede l'Ordre de ſainct Iac
ques,ſut proclamé Roy le vingt-ſeptième Octobre x49 5: ſit baptiſerſan i499,tous
les Iuifsà de
bitans ſes Eſtatsſiurpeine
Liſbonne:conquit les de la perte
villes de leurs biens,&
8L fortereſſes chaſſa
d'Azafi 6c tous lesenAfrique,
d’Azamorct Mores,ha
cnuoya en Leuant Vaſco Gama, Capitaine Portugais , qui découurit les coſtes de
Melinde 8c d'Ethiopie,Calicut, auec ſon trafic d'éſpicerie; puis Aluares Cabral,qui
découurit Cochin 6c Cananor, auec leur trafic de poivre; puis encor l’an I ſ0!, 6c
1502., Amerie Veſpuce Florentin 8c Vaſco de Gama; 8c depuis pluſieurs autres, qui,
l uy aſſeurerent le trafic du poivre: rendit le Roy de Congo ſon vaſſal , épouſa pre
mierement lſabelle,fille aiſnée de Ferdinand 8c d'Iſabelle, Roy 6c Reine d'Aragon -
8c de Caſtille: quis l'ayant perduë l’an mil quatre cens quatre vingt diit- huict,pri t en.
ſecondes nopces Marie ſa ſœur. auec diſpenſqde laquelle il eut lean ſon ſucceſſeur:
Iſabellefemme de l'Empereur Charles cinquième; Louvs Duc-de Beja , -iere d’An
thoine Roy de Portugal; Ferdinand, qui mourut ſans enfant; Henry Cardinal, puis
Roy de Portugal:AlphonſqCardinal: Edouard, mary d’lſabel,fille duDuc lean de
Bragancczscpere d’Edouard,& de Marie, mariée à Alexädre Farneſe, Duc de Par
me,à raiſon dequoy ſon fils Rainuccio pretendit droict en ceſte Couronne, 8c Bea
trix , femme de Charles troiſieme , Duc de Sauoye. En troiſiémes nopces ,
Emanuel épouſa Leonor , lnſante de] Caſtille , ſœur de l'Empereur Charles
cinquième: de laquelle il eut Charles , qui mourut itune; 8c Marie, qui ne
voulut viure vierge , 6c mourut âgée de cinquante-ſept ans, 6c le Roy deceda
..._d *W ~- -u —— A m_ .,
' HENRY,-ſon grand oncle, Cardinal du 'tiltre des quatre Saincts Couronnezgfizt
~ apres luy recognu pour Roy. Mais pource que les Portugais virent ſa grande vieil
leſſe, Gt qu’il y Îauoit pluſieurs pretendans ,outre Philippe ſecond Rov d'Eſpagne,
ils ordonnerent vne chambre Royale, où ces pretendansæadiournez deuoient porter
leurs tiltres,$t les alleguenafin qu'on…leur fiſt raiſon. Ceux- cy eſtoienr Catherine de
Médicis Reine mere
raiſons cyëdeuant de France,
alleguées: 6c Rainilcce
Anthoine FarneſqDuc
Prieur de Parme,
de Crato, fils fonde:
de Flnſantſſ ſur, fils
Louys les - -
~MANO ;qu'on veut prendre pour le Port &Hannibal , l’vn &CSF trois meilleurs
ports de ce Royaume. - - _ _- _ _ _ .. . z.. _ ,
h Salzzanfl_ C e Royaume * abonde en figueswſins *Mnnbuile …Gt liege; 6L l on prend dans la Hit-É ~
c- 4- mer voiſiuqgrande quantité de poiſſon,qu'on tranſporte parlaDeſtroit de Gibral- *
tar, preſque en toutes les villes. On ñy fait * auffi trafic de diuers endroits d'Eſpagne,
Mtrcat. ſur la Guadiane , de toutes ſortes de vins , qu'on tranſporte apres par mer , tant en
France qu'aux Pays-Bagôt ailleurs. _ a —
l Mïrïfn-bíſt- ' Ce pays* ſur donné à Alphonſe troiſième , par AlphonſeleSage, Roy deCaſtil~ 59"”.
“MP 1…' le , pour dot de ſa fille Beatrix; ſi bien que Denys ſon fils prit le tiltre de Roy de Po:- ſimſiſiq
cugal, 6c d’^lgame. \ -
ffi-Ÿiæ-Ûæïxvæ-&Æëffim NMMMMMMNHÆDMMMMÆMMMMÆMÆ
î LESACORES,
,-5 p d' ,73 , E Roy dſlîſpagnctíent-aulîidansPOcean AtlantiqueJisNoz-_gg 1
- k 7 C» 5. vis du Portugal, les Ifles Açores ou Azores ,nommées
tnBótero Rei;
' ~ ,ſ partoutes;
de quelques
&cvns"
par *TERCERES, du nom
ceux du Pays-Bas, dela principale
VLAEMSCHE
nOrtcLthed. " _l _
~ . EYLANDEN .c'eſiädlrc,ñlflesFLAMANDEs,
ſi pource qubntient quïelles furent prtmierement décou
w '- '="²' ï uertes parles Flamands , qui peuplerent tous premiers
_ ~*‘"“'î‘-""ñ'ñ"~’~ ‘~ Plfle de Fayal. 'Quant au nom des Açores, elles l'ont
1 receu des Eſpagnols , à cauſe des Autour: qu'on y voyoit au commencement
“ZWD” °' en grand nombre. Quelques vns * prennent ces Iſles pour les CATTITERI
PMMLMÜ_ DES de Ptolemée,ou les P CASSITERIDES de Pline , qui les loge vis à vis
specñ des Celtiberes ; bien que d'autres *l tiennent tout à fait que les Caffiterides', 6c
q _C²“"l"'* les Sorlingues ne ſont qu’vne choſe. Quoy que c'en ſoit , leur longitude 5a la
' títude , chez Ptolemée, ne répondent aucunement ä celles des Açores , dautant
qu'il les fait plus Orientales que les Canaries contre la verité , 6c plus auan
cées versle Nord, qu'elles une ſont,combien que le dernier poinct ne me met
' croit g-uere en peine; puis que l'on void auffi que le meſme s'eſt abuſé , _touchant la
hauteur du Pole des CanariesJeſquelles il enferme entre les dix 5c les ſeize degrez. 'S
Mais quittons cette diſpute des noms pour venir au nombre . d'où la recherche eſt
.Lima, n°1' plus neceſſairaEllcs commencerentf d’eſtre peuplées l'an mil quatre cens quaran
te-neuf.
Ptolemée met les Cattiterides au nombre de dix , les modernes content ſcule- "WMP-I
ment neuf Iſles Açores. Mais ſi l'on y veut adjouſter les petites Iſles qui ſont pro
ches de quelques vnes,comme L'ISLE 'D F. LA Rl L LA,p_roche de Hfle de ſaincte
Marie; celle qui auoiſine la Tercere du Midy,celles DE LOS H01 ADOS, 6c de
LA P LAlA , qui flanquent la Gracieuſe du Nord 8c du Sud , 8c quelques autres x
nous en trouuerons bien dauantage. Il ſuffitjde conſiderercelles qui ſont remar
quables.
Leur nom, ſelon leur diſpoſition.” fauançant vers l'Europe,ſont ceux qui s'en- Noms;
ſuiuentÆLORES CVERVO , FAYAL, PICO, SAINCT GEORGE, GRA
ClOSſhTERCERA, SAINCTE MARIE ,zz SAINCT MICHEL. Les Iſles
- .x de F LORES 8c de CVERVOJfentroieiſt point autrefois en ce compte, mais elles
- y ſont maintenantcompriſetz. ,
Iſles Açores. zo9
Afflffl- Elles ſont' aſſiſes del’Eſt àPOüeſt, depuis les trois cens cinquante- trois degrcz
quaran ce minutes, íuſques à trois cens ſoixantefflt du Sud au Nord, d'enuiron les 38
degrezJuſques à quarante 5L quclquepeu dauantage. ,.
WW Ceux qui partent de ces pays pouraller vers l'A merique , trouuent , que dés qu’ils
î v qui
ont paſſé ces Ifles,ils ſont ſoudain deliurez des poux,puces,ôè ſemblables vermines* 2097Z??- "°Y.
meurent 8c periſſengainſi qu’ils trauerſent ces Iſles. Le vin de ces Iſles eſt beau- 'ſi' ſi ſi
coup moindre que celuy des Canaries, 6c d'Eſpagne ,~ &c quant au froment, il ne s'y
' peut conſeruer long. temps, qu'auec grande difficulté. ñ
SATNCT MICHEL.
Aſtictc. ñ _ . ._—……_~..,,ñ,,, "Ille de ſainct MICHEL, premier pqjnct de longitude ,poſé par u,,
l-Iues , à trente-neuf
~' ſi', ,affiſeàvingtñſept degrezhuictlieuësdela
ou vingt trente minutes de hauteuraudeSud—Eſt.
Tercere Pole, 6c ñ
Tſiſiſſ' q_ _. Elle a ſon tour d'enuiron cent mils oſſu trente- tñroisbde nos lieuës,
Lëgucur 'J de la longitudede l'Eſt à l'Oueſt, d'enuiron quarante mils ou da
ſ²‘5‘“" uantage ,- mais la largeur n'eſt pas de plus de douze mils ou quatre_
_ lieuës. —
[lclll- La partie qui gi ſt au Midy,commençant ä l'Eſt, 8c au Cap nommé Elmoro, a iu_ſ
ques l'Oueſt pluſieurs-villes 5c bourgades, dont la premiere eſt VILLA FRAN
CA ,ſſou Ville Franche , éloignée du Çapgde Morro d'enuiron vingt- cinq mils , qui
contient cinq cens maiſons; puis AQVA DE PALO , puis VlLLA D E LAG V
N A , toutes deux aſſez mal peuplées. La quatriétneplace eſt PVNTÆDEL GA
_bûgptinicipaleëvillqde cete [HAR plus grande que toutes les villes ſuſm entiônées,
ayant vn petit çhaſteauſiducoſté dePOüeſt. De ce riuagqil y a quelques Caps qui
s'arranger-it
Punta en mer,
de Garla; dont le ,premiqrgiron
leſecond trouue
ſi ſenomme Punta allantà5 Ville-Franche,
de Galerſia ſe nomme
&leurre la Laguma , 6c la
__Giteyqgiçſtvne-autreimporta_ replace _de une; il y a deux autres Caps; mais
moindres , à ſçauoir, celuy de unete _dc Koſtro déCan. On compte encor LA
—YILLA' DE S .ANTON , entre ces lieux de plus de conſequence.
ñ ~ ~ſi;Æzégßs-a.uM-rzaynaÃgi-aæèrïuæ-ÛÃÀIÛ-Mfflñaræaaa.
‘ ESS
ſi ~-
TATS ~~~D;V,z'ROY D-E S P A c N E.
.- i l r_- A coſte deceteſſIlle-qui îeſt au Midy,eſt plus fertile que les autresiz..
Ÿiſi-'Cär en tirant vers le Nord,excepté vn ſeul village, qu'ils nom
' . 'ment Riuieratgrandegllſle eſt preſque deſerte.
_ _ ſzzfilleiqxryrdfivnfair tout pareilàceluy de_ la Tercerq-dontnous cLinſçfflzï_
.;' parlerons plus bas, 6c a ſescommoditez toutes ſemblables. Elle _
'~ ,z y ahondeenpaſtelgôcenfromengdent ellepouruoitlesautresIfies, ‘
auqqoçcaſionsquisen offient-z.zz…‘;—..; ~z : YL' z : . z5~
Mtrursï
'fflhfflſſë' . -Lfisxmarchandsanglois,
,Ellcih pour ſes habitans les-Portugais,dontlçsniœurs ſont
Eſcoſſois, 6c François ,- y ,vont aſſezdu
querir cognuës.
paſtel, dont ils
emportcntlplus-de deux cens mille quent-aux toutes les annees. Elle a bien verita
blementcette inîçom-modité, qu'il ,n'y ahnuj--havre pour aſſeurer les vaiſſeaux; 5c
qu'ils ſont contraints de MQEÏLCŒ plaine mer, our éuiter le danger qui les \ne
nacjz. Mais pource-queçelntzdtlzlïplydelaſlîerçgre lie permettent pas meſme choſe,
Forces.
les marchands abordent plus volontiers l'Iſle ſainct Michel,, p,,
de Le Roy d'Eſpagne
ſoldatgpotírla tientdeenlaplace.,
ſeureté garniſonſi au chaſteau de la Delgade vne compagnie
i
T i: 'Ïëïuuſſlè 7er,' '-ſ?,."-‘ -.‘. 4121]," 0l- :- ïirrn r..’~z H :-z Ln,L..'.ſſ— -~ ~ <- 5-… _ a ,,_.
[210 Eſtats du d'Eſpagne. i
~TERcERE
.ç _g ~ A capitale de ces Iſles , nommée* l'Iſle de IESVS-GHR-IST AES-Te! -
'î z - F# D E TARCEREFR éloignée du premieiàpoint de longitude de
__ , . 358 degrez vingt minutes de l’Equateur, e crente-neufdegrez,
i _. ñî_ ' ſelon Hueszyac ſelon Œoneſtagio ‘, dequarante.
*ï ſi ~_ _ — Son tour eſt de quarante mils, ſelon Coneſtagio, &t ſelon LiníI-ſi Tou;
~ .Hn-.~—-.~~z,vññ-. choc, de quinzeou ſeize lieues'. '~ ' ,
El 'ie .s’cſtend en longueur de Pfiſtàloüeſi: : mais ſalargeur ell: äpeincde douze Lógucuz.)
mils ou de quatre lieu~c's.
La Ville
8c ced'AN GRA,capitale de langage
la Tercere, eſtaulſi Metropolitaine de toutes ce: Lieux_ct '
Iſles; mot d'A ngra_ ſignifie au de ces habitangvn GolfeCette ville,ſe—.
lon Ortelius, eſt baſtie ſur deux beaux torrens , dont l’vn coulant dans la mer , fait
trauailler huict moulins; ô: l'autre ſert aux habitans our leur vſage ordinaire;
Elle eſtaccompagnéecivn chaſteau,commencé depuis ſe temps du Roy Sebaſtienſi
ac moyennement fortifié , afin de defendre ſon port. A trois líeuës de cetteville,
au Nordñ Eſt, on-void vne autre ville appelléeVllLA DE PRAYA,c'c(l: à dire,
Ville dCPlâ-lgqou de riuagqpource qu'elle eſt aſſiſe ſur le bord de la mer, de meſme
quïdmgra l'eſt au bord d'vn petit Golfe; Cetteville eſt proche du Cap, qu'ils _nem
ment P V N TA DE LA S-lERRA , qui ,eſt 'ledennier Cap du coſttïctclu Le.
uant. , ‘ …~ ' '
.Ce ſont là les deux principales villes decette [Heat-Les autres ſont lapetite ville de
ſamct S EB A STI EN , à ſix mils ou deux lieuës dflingra ,ñ tirant du Ponant au Le
\
uant; 6c à Gx mils ou vnelieuë de la Praz-a 3 du collé du Nord , laville ŒAGVÀ
LVA , à ſix mils de Praya'. Aurelie, ce collé Septentrional, combien quhabité, íie
contient aucun lieu conſiderable , &n'a que des hameaux de Laboureurspu depe
\lœï CÎÎÛUËÎÎ-ints eſparſes d'vn coſtéœifautre. Seulement prés du. Cap qui eſt â
l'Oüeſ-‘.~,on trouue vne petite ville,qu'on nomme ALTARES; - - ’ ! <4
_, Il y' a encor les lieux de \Ziincte BARBE ,ae DEHVÎLLA NOVA , qui ſont
Ôtquelqueconſequence( ' ñ -iï-v' ,-1 -"ſ _ñ -
i' ~, - r 1h
— ' ”'-'-ſ_)_~~.; ~ --_l
. ct z \
ï "SLI ,J J. I ,'i_. . _‘i' , ‘
ë' .
l
d Linſc. Vo).
c.9 7 . 0nd.
them. - "Air “ de la Tercere, quoy qu'aſſez bon, eſt grandement humide, &c les vents y Ait
Goth Arms ſont ſi ſurieuxiquïls conſument le fer 6c les pTcU-'ts des maiſons, ainſi que Linſ- ſ
HiliJmLOIi.
FSE _choc témoigneauoirtemarqué en la mailſſm des lmpoſts du Roy ,baſtióſculcment
Eſtats du Roy d D Eſpagne.. zll
ſix ans auparauant, où il vit de gros barreaux de fer "de la groſſeur du bras deuenus de
Celle d~ſivn ſelctlu, 8c les pierres toutes mangées. C'eſt ce qui conuie les habitat”
à mettre *en dehors les ſacades des maiſons des pierres pierres qu'ils trouuent ſous
l'eau, au bord duriuage, qui reſiſtent mieux à la malice de l'air, &c vehemence du.
vent. Mais combien que l’ai~r de ce pays , &c le vent tangent ainſi les choſes inſenſi
bles, ils ne ſont guere nuiſiblesaux hommes, qui ſont trauail_lcz de Fort peu de ma
ladies. Il y regne toutesfois quelques maux particuliers, prooedant d’vne ſpeciale
conſtitution de l'air,comme celuy qu'ils appellent Oax , ſorte de paralyſie qui rend
l'homme perclus de tout ſon corps , ou d’vne partie , ou de quelque membre: &c ce
luy qu'ils nomment Oſangue qui eſt vne ſuffuſion de ſang au viſage , autour de
l'œil, ou bien en quelque autre partie du corps.
Em_ ~ _ ll y a dans ceſte Iſle quelques Fontaines , où l’on feroit aiſement cuire des œufïſi
A trois lieuës de la ville d’AN GRA on void vne fontaine qui a la vertu dœndurcir,
auec le temps, toute ſorte de bois qu'on y jette. -
Terroir. Le terroir de l’Ifle eſt creux, comme on peut iuger par le bruit , 8c raiſonnement ñ
qu'il rend quand on marche, ſemblable à celuy des cauernes. De ſait, il eſt ſujetà di
uers tremblemens de terre, 8c meſme il y a du ſeu au dedans qui a ſes yſſuës ; car on y~
trouue de meſme qu'en l'Iſle de ſainct Michel quelques endroits d'où ſortent conti
' nueliement des ſuméegautour deſquelles la terre eſt toute ſecheôc brufldéeLEllc man
que de terre propre pour ſaire de la vaiſſelle de terre pour ſon vſage. ‘ .
Graingsc Toute l'Iſle delaTercere produit grande quantité de froment, 6c nhbonde -pas
fruits.
moins en vimtoutesſois le vin eſt foibleſhc ne peuteſtre gardé longuementzny tranſ
porté guere loin,& pour ceſte cauſe il n'eſt deſtiné qu'à ſvſage du menu peuple,&c les
plus riches vſent ordinairement des vins de Madere , ou de Canarie.
' Il y a quantité de chair, de poiſſons, 6c d'autres choſes autant qu’il en fait beſoin ä
Plfle. Quant à l'huile on l'y porte de Portugal, pource qu'elle en manque , de meſme'
ue' de ſel qui luy vient d'ailleurs. E lle abonde en fruits, ſpecialement en peſchcs de
Ëiuerſes ſortes: mais il n'y croiſt guere de ceriſes', de prunes ,' de noix , 8c de chatai
ges. L_es pommes, poires, limons, oranges , melons ,ec ſemblables fruits s'y trouuent
culaſſe: bonne quantité. Le principal 'ſruittle ceſte lfle croiſt dans la terre ainſi que
les raues. La plante que porte ce fruit s’eſtend le iong de la ten*: , eſtant ſemblable à
la vigne: mais ayant ſes feuilles d'autre ſorte. On nomme ces fruits BATATAS qui
ſont du poids d’vne liure,& ſe laiſſent “a vil prix. C'eſt le plus delicat manger du peu
ple. Ils ſont beaucoup eſtimez en Portugal : maislhbondance en amoindrit l'eſtime.
On y voit vn autre fruit ſemé comme du froment qui croiſt en forme ronde preſque
comme vn pois. On l'appelle lunſſe. Cc ſri-iſt 'a-ëvn ouſt agreable : mais ſon eſtorce
eſt plus 'dure quecelle des pois; Les autres pays erifgont grand eſtatz- mais en ceſte Iſle
on lejette aux pourceaux. ſ -Il ſe -trouueauffi dans-la meſme l_ile- communément vne
plaine de la haureurcP-_vn homme qui ne porte aucun Fruit, &Inc rend autre profinſi.
non que_la racinetendïreſhc iaune,eſt’tirée par menus fils com-me la ibye* par les habi
tans , qui enrempliſſentleursmaeras, &,5 couuertes au lieu de laine , 6c dc' plume. Le
payseſt veritablement moatueux, ayant des rochers de pluſieurs coſtez qui s’ad uanñ
centcdmme en pointedediamangen telle ſorte qtfiliſéouperoientaiſement la plan
te des-piedsëceux
uertsëdeſeüilles dequientrepiieiidroicnt Œy-paflier.-
vignſieſide' ſorteîque c'eſt Mais ces rochers que
choſefmerueilleuſedeÿoir ſontceſte
tous planñ-
cou.. _
te y 'aitſipris racine. Et' c'eſt choſe ordinaire en ceſte Iſtequeïia ctvigneneicroiſt pas
aux campagnes, ou lieux plains: mais des: pendansî, 'ôèſquant ä 'la 'plai-DMI eabondd
en froment, 8c paſtel, princäpalement pres de _laville de' Praÿan rMaís le Froment z ?ny
l'es autreſisctſruits ne ſontpas' e longue gardqôc"durent à peine' viiea-ntíéeen leur bdini- ,
té. Il y a fi grand ndmbre de cedres qu’on~s~'en \ſertpour faire des-vaiſſeaux - &üÿſſmê
pour brufler,& faire du feu. Ils ontencor vneſdrtc de" boisſiquîils nomment Sanëguln,
qui eſt de couleur de ſang , 8c beau à merueillè. “lls ont' auſſi du bois blanc z a: iaune
'dont les couleurs ſont fort viues. Le pays y eſt aureſte fort plein de foreſts , de d'ar
bres , où il ne ~fait guere bon marchera cauſe des pointes, 6c des bois touſus qu'on
trouue. Il y a des raues , des choux , 6: toutes ſortes d'herbes en leur ſaiſon . Il n'y a
n_ulle venaiſon
Animnuxîiquable : mais, c'eſt
qu'ils ayent ſeulement des conils
leur beuf', qui enen petit nombre.
grandeur L'animal
, en taille; le plus
œ beauté: remarſick_
ſurpaſſe
beaucoup tous ceuxi de l' Euro pe. Ces boeufs ont tous leurs-propres nomgpar !eſque-li
le maiſtre les appellent , ils viennentïä luy ;Bt leshabitahs-antitcnt de-trcs-.bons ſexe '
_ S iii]
.
\
s
. - 1 >
ziz Eſtats- du Roy d Eſpagne. ,
uices. Le grand nombre de ces bœuſs teſmoigne aſſez qu'il ya de grandes prairies, &C '
force paſtnrages. l-l s'y voit bien peu d'oyſeaux ſauuages , ſi ce n'eſt de ceux qui ſont
nommez Canarins, qui s'y treuuentcn grand nombre , auſſi bien que Force oyſeleurs .
qui les prennent, 5c s'occupent à les vendre. ll y a beaucoup de cailles , de coqs, 8c de
po-ulesdlntle. En Eſté l'on prend grande quantité de poiſſons. Mais en Hyuer la mer
nepermet pas qu'on y peſche, veu qu'en Ian uier, Feurier, Mars , Aux-i] , œ meſme en_
Septembre elle n'eſt preſque iamais ſans orage. ~
Moeurs'.
LES habitans dela Tercere ſont , ou Portugais , ou Eſpagnols , qui viuent à la-ſa- [action-j
' "çón de leurs pays. lls ont ceſte particularité qu'ils ne s'adonnent nullement àſila "°"“
p chaſſe. Ils ſont toutesfois laborieux , &affectionnez acultiuer la terre. Tellement 9x91…
qu ils font meſme tenir la vigne ſur des rochers , qui ne ſemblent nullement propres nous,
à cét' vſagegreſſemblans en cela ceux de Ragouſe,qui ont tous leurs rochers couuers ’
'de vignobles. lls ſont auſſi bons meſnagers , ou par nature , ou par neceſſite , comme
on peut .voir en la garde de leurs grains , qui naturellement ſe. corrompent dans l'an~
née; car afin de le garentir de ceſte corruption ,ils ont l'induſtrie, 8c le ſoin de les ca
cher ſous terre l'eſpace de quatre ou cinq mois ,Je tous les habitans dela ville de
~ PRÊA-IA ont chacun en ſdn particulier, vn grand creux_ dans terre, GL comme vne
foſſe, où vne perſonne peut entrer , &au deſſus vn couuert, auec la marque de ſon
maiſtre. Chacun met en ſa foſſe ſon froment apres la moiſſon quiſe fait au mois de
Iuillet, &c le laiſſe ainſi couuert iuſqu": Noël. Lorstous les habitans le retirent ſain 8c
ſans corruption; combien que quelques _vns n'en prennent qu'à meſure qu'ils en ont
beſoin, &laiſſent dans_ leur_ creux tout le reſte , GL lors qu'il a demeuré u dedans du.
rant le temps quei'ay dit, il ſe cqnſerue apres aiſement dans des coffres, ſans qu'il ſoit
beſoin de le remuer. ll y a beaucoupdartiſans par tout qui s'adonnent à faire mille
gentils ouurages du bois qui s'y trouue: mais non ſi proprement que ceux de Nurem
erg en Allemagne. Les laboureurs femployengprincipalemqnt i_ faire venirdu pg
ſtel, pour le profit qu'ils en tirent'. z .- _ ,ñ — _ _. z z- - i
\
s-
i u):
'=,_-;-
i.
-
ſſ
~
l 'I zâ.‘.i.:ii‘-".'J
i
x _lc e cs.
LE plus ſignalé profit que ceſte ,il fly: tiredeseſtrangſiers ,i luy vient parleiriioyen du Tïïfflffl l
l
paſteLdont
ſi par eſchange les Anglais,
de leurs draps , 6LEſcoſſgigëz François fontemploitefflu
autres marchandiſes. auec
Les habzitansſont auſſiargengou
quelque i
argent des oyſeaux de C narie , qu'ils vendent ordinairement .en grand nombre à
pluſieurs _marchands qui S viennentçurieuſement chercher des autres pays.lls font
auſſi gros traffic de leurs beaux boeufs qu'ils vendenffltcherementäceux de noſtre Eu-_
rope.dellsbois,
ges tirent
queauſſi de bonnesſommescïargent
les Eſpagnolsnqnans de lgur-menuiſerieſôc
des_ lndesQccidegtales de leur
prennent ou _p .
en paſlätnt,
Couucrncmcnt.
- A capitale ville dela Tercere, de meſme que de toutes ces Ifles c'eſt ANG R A;
où le Gouuerneur Eſpagnol fait ſa demeure. Le ſiege de laiuſtice y eſt pareille
ment eſtably. qui a autorité ſur tout le reſte. Il y a defenſe tres-expreſſe aux eſtran
gers de fairele tout de l'Iſle , 8c meſme autresfois on aſſignoit aux marchands eſtran
gers 'vne ruë dans la \lille d'ANGRA pour y vendre leurs marchandiſes , ſans qu’il
leur ſut permis d'en ſortir , ſinon lors qu'ils voulaient entierement trouſſerbagage.
Mais aujourd-buy ces rigueurs ſe ſont adoucies , 8c la liberté eſt paſſée iuſques n
qu'ils ſe peuuent promener par toute la ville , voire meſme aller aux champs : mais
non faire le tour de lacoſte.
… Religion.
I Ls ſont Catholiques Romains en ceſte Ifle, de meſme qu'aux autres , ſans meflan-ct
ge d'hereſie,ou de Mahometiſme. Angre eſt ï la ville Epiſcopale de ceſte Iflgaínſi Zffllfflî WL
que des autres, 61: eſt ſoumiſeaPAi-cheueſque de Liſbonne. CC a
* LA GRAciEVSE.
. Eſſſte Iflea trois cens cinquante-ſept de rez de longitudefic ſe trouueaffiſe '* b Linſchot
au Nordſi Nord-Ouëſt de la_ Tercere , «font elle eſt efloignée de ſept ou huict C 97
~‘ ‘ — lieu'e's. HirïſIGlobI
SALNCT GEORGIE).~
Huict ou neuf li euës de la Tertere au Nord-Oueſt , on trouue Anime."
‘ Flflede SAINCT G EORGE dont lalongueur eſtde douze L58"‘“’-'
lieuës, la largeur de deux ou trois. _ Lctffl"
— , Sesprincipales habitations ſont la VILLE DE SAINCT “W2
\ GEORGE du coſté d'Eſt FAXAN, de S. [EAN, &quel
ques autres. ~~
_ Elle eſt pleine de montagnes, 6c de foreſts , &adu paſtel aſ- Oli-lité:
" ſez abondämenngríde quätité de fruits, 8c force beaux cedres. Mœur-,ac
Les habitans ſont principalementadonnez à l'agriculture, 6c ſont quelque ar- “WF”
gent de leurs fruits qu’ils vendent en la Tercere, où leurs cedres (ont auſſi portez l
Pour les ouuragesde menuiſerie.
PICO.
, Eſte Iſle qui a pris 'ſon nom de PIC O , Ou dela pointe de montagne,a Affittœè l
trois cens cinquante- ſix degrez quarante minutes de longitude , ou ſi
pour mieux dire le prenantde proche en proche,el le eſt efloignée en œ
culant du, de
minutes premier Meridien
l'E-Equateur pris à ſainct
trente-huict Michel
degrez vingtde trois degrez
minutes vingt
, de laTier-ñ
ſia _L/ieEeLSpUc. cere ï douze lieuës à l’Ou'c~ſt Sud- Ouëſt , 8c de ſainct George quatre lieuës au_ Sud;
…ſ""°"7' Ouëſt. Sa longueur eſt de quinze lieu-Es. '
—
I
Elle eſt renommée ‘a cauſe de la montagne qu'elle-a, qui paſſe les nuës, 8c eſt d’v- Mont-i
ne hauteur incroyable; tellement qu'on la peut voir a l'aiſe de l'lfleTercer_e en temps gë”
ſerain, 6c ſa hauteur abuſe en telle ſorte la veuë qu'on ne la iugeroit diſtante delà que
d’vne lieu!, quoy que du lieu où elle eſt on en compte vingt-cinq. pource qu'elle eſt
du coſté de Fayal. -\
Les principaux lieux de ceſte lfle ſont SAINCTE CROIX, LAS LA GOAS, Lim?
SSEBASTIEN, 8L quelques autres.
Ceſte Iſle eſt abondante en bois de cedre, 6c de plus, elle a grande quantité de ce ?Piwi
bois de grand prix qu’ils nomment Teixo , 8L nous If, bois veritablement royal , 6c o' "
des plus beaux qui ſe voyent. Auſſi par Edict du Roy d'Eſpagne, il eſt deſendu d'y
mettre la main ſans la permiffion des officiers , qui ont pouuoir-tous ſeuls de couper
ces arbres. Ce bois eſt dur au poſſible, de couleur rougeau dedans , 6c tellement on
dé qu'il eſt merveilleuſement agreable; &t de plus, au lieu que le temps fieſtrit la~
beauté desautres choſes, ilaiägmente celle de ce bois. ll y a de plus tant d'autres ar
bres, ôc ſi grande abondance e bois, qu'on y fait pluſieurs nauires. Elleadu vinplus
que pour ſon vſage , 6c des fruits exquis en fort grande quantité , entre leſquels on Fm**
priſe grandement ſes oranges , qui ont le gouſt ſi delicieux qu'elles ſontſſ ordinaire- ſiſi'
. ment dcſirées des Portugais, 8L de ceux de la Tercere.
La montagne, dont nous auons cy-deuant parlé, eſt toute pleine de concauitez, EauxÎ
8c de cauerneg-SL jette quelquesſois bien loin des flammes, ainſi que le Mongibel de
Sicile. Au pied du monpívers l'Orient
quqllqueäfſſois commâv/ñ torent,auec v3, coursimpetueumôſc
on voit vne Fontainepouſſe
d'eau d?
douce , qui
eaux vient
chaäides
memer
la ées parpdeslieux
e ierres ar penchans
enter, auec
, 6ctant e violence,
ces rauages (T633 u'elle evont ren
ont emmené re iuſ ue ans
ſi grandeäuantité
de ces pierres, qu'ils’enſſ eſt formée vne petite montagne nommée vulgairement M i -
ſteriosxliſtante d'vnze mille pas de ceſte fontaine. ‘
L._.E_ _
Eſtatſis du Roykflîſpägnſie.
zi;
~ _.———
FAYAL
-îz > ’lſledeFAYAL eſt efloignée du premier Meridien en le prenant à
' óſſ, rebours ( commeil eſt plus à propos decompter vne longue diſtan
ce de trois cens cinquante ſix degrez depuis le premier point ) de
ſ2 q tre degrez, delaligne Equinoctiale de trente-trois degrez qua
,. Nx; …i.v.\c,'~_',~_ë3*_“
‘ …- zſ' minutes,
Ouëſt, del'I(]e
6c de trois ſainct
lieues George,
de celle de ſept
de PICO. SonlleuësàlOuëſt
tour ï eſt de dix-Sud
ſept b "ſſfflſth"
. . . .. . . . - c97
ou dix-huict l|eues,bien que Boteren en mette que douze , 8c c eſt veritablementla Mcmpspzzg
plus grande Iſle de toutes les Açores, apres la Tercere 6c ſain-St Michel. orb;
Ville! La principale ville eſt celle qu'ils appellent_ VILLA DORTA , où par faute de
_ havre les vaiſſeaux ſont expoſezà la mer. ~
Qualité. Elle abonde en toutes choſes neceſſaires à la vie , 6c meſme propres aux delices.
PWM** Elle a tant de poiſſon, 6c de beſtial qu'elle en fournit meſme la Tercere. Le paſtel ne
_luy manque non plus qu'à quelques vnes de ſes voiſinçs , 6c pbur ceſte cauſe, elle eſt
Fort pratiquée des Anglois qui y vont faire leur emploite. '
Mcrurs. Il y a pluſieurs de ſes habitans " qui ſont deſcendus des remiers Flamant qui s'y ' borteLThcal
vinrent percher; mais la conuerſation des Portugais leur a fgit changer le langage du
lieu d'où leur colonie eſt venuë, à celuy qui eſt plus ordinaire en ceſte Iſle. Mais cela
ffempeſche pas qu'ils ne ſoient touſiours affectionnez aux Flamans , 6c meſmeil ya
encor des maiſons qui portent les noms de Bruyn Vtrecht, 845c. _
FOÏÔÔU
Le Chaſteau de DO RTA î n'eſt guere ſort, 8c pour ſa defenſe le Roy d'Eſpagne c Linſchot
y tient vne aſſez bonne garniſon. Les habitans s'en eſtoient bien déſaits vne ſois, s'e V°7E
ſtant plains de la grandeur des frais que Ventretenement de ces ſoldats leur apportait,
6c de l’ennuy qu'ils en receuoient ordinairement , ſe diſans aſſez capables de garder
eux meſmes leurlfle. Mais apres que le M ilord Comerland Anglais ſe fut jetté dans
ceſte [ſie, eut ruiné le Chaſteau, jettê le canon dans la mer, &z emmené quelques ca
rauelles. lc Roy d'Eſpagne ayant chaſtié quelques vns des habitans , y fit enuoyer
vne nouuelle garniſon de la Tercere. '
~]‘FLOREs
Aſſiette 'Ifle de F LO RES eſt efloignée du premier Meridien en reculant de ſix de
grez vingt minutes, del’Equinoctial de trente-ncuFdegrez vingt minutes,
" 'é- ôc de la Tercere tirant de l'Eſt i l'Oueſt de ſoixante 5c dixlieuës. _
7°". On luy donne ſept lieuës de tour. Elle ne produit rien de ſingulier, 'que du paſtel:
Value.
mais~ elle abonde en beſtial,
.
8c paſturages. ,
~
I mm Elle eſt ouuerte à tous venans , ſans que ceux de l'Iſle ſoient capables de repouſſer
ceux qui les attaquent , qui ſont principalement les Anglois eſcumeurs de mer qui.
courent, 8c qui ſaccagent tous ces lieux ſans reſiſtance. ~
C V E R V O.
. 'Iſle deCVERVO, ou du Courbeau, plus Septentrionale que celle de FloI
res, en eſt efloignée d’vne lieuë,& a deux ou trois lieuës de tour. Les nauires
'r' " - ñ . . .
.r, Anglois ſe tiennent ordinairement entre ces deux Iſles, &aux enuirons , eſ.
H b_ ' plans leretour des flottes qui viennent des Indes Orientales, d'où vient que les habi
ï *un* .ñtans y viuent miſerablement, eſtans continuellement expo ſez au pillage de ces Cor—
faires. Ceſte Iſle, 6c celle de Flores ſont habitées de Portugais , de meſme que'
les autres des Açores. '
- C
‘ de** l'
1T1 r?? Vaſiiſſî-*Ïlií
Mææaæñ-.Êsææsæñvææ-&Xñæ .
—
11 E- ~~A GRANDE_
BRETAGNE.”
' A GRANDE BRETAGNE , que les Anglois appellent Nom;
GREAT BRITAINE, comprenant l'Angleterre,6cl’Eſ- '
,. ' coſſe,ſut nommée * parles ancienshabitans de PIÛÔPRY
DA-IN , dont le nom vient de la parole Pryd, qui ſignifie
' Beauté , au vieil langage du paygconſerué iuſqu? prent dans
‘* ' la Cambrie, ou le pays de Galles, voire meſme aux vieilles hi
Ô*
~ ſtoires eſcrites en la meſme languaôt Genealogie: anciennes,
" - -' ' queceux du pays gardent curieuſement , elle a le nom d'Y
NlS BRYDAIN . ou P H RY DA l N , c’eſtà dire, Iſlede Bretagne. Mais les
du” ſi P. eſtrangersadouciſſans quelque peu le mot la nommerent ë BRÎTANNIA , A: ‘
u. BRfiTTA-NlAæsomme auſſi dBRETTANICEÆL ' PRETANlG E, &quelques
IËinſ-li-Ë- î-!s- vns de noſtre temps ont creu, ‘ que ce nom de Britannia venoit du mot de Brith , ſi.
Camif_
œ at ï . gniſiant
~ en leur vieille langue tout ce qui eſt peint, ou couloré, pource qſiueles l an
cllaci-in L1- ciens habitans de l'Iſle peignoient tous leurs corps. Et pource que c'eſt la principale
fſÿzräggïi_ 4_ de toutes cel les qui l’auoi ſincn t,el l'es furent l' auec leur capitale ap pelléesB R l TA N
c Stcphathdc NIÆ,& pareillement* BRITANN l QVES,& “ BRETANI DES.Mais ceſte Iſle
;léaïädcn ſut particulierement nomméel ALBION , ou bien ffl [SEE DES ALBIONÏI , 6c
3mm_ pareillement" ALOYlON en Grec, pour lequel les interpretes mettent Albion,
g CæſanBel- peut-eſtreà cauſe d'Albion , ° fils imaginé de Neptune , ou P de ſes rochers qui pa
raiſſent blancs, quelque reſte 4 de ce nom eſtant demeurée à l'Eſcoſſe , veu qu'elle
h Plin. 11.4. s'appelle encor en langue Cambrique Albaniqôt les Eſcoſſois ſenomment eux \rieſ
. Êſifgun cac mes, ſelon quelques vns, ï Albinichócleur pays Albin. Finalementil y enaqui tien
5915.1.9, nent, ſque les anciens habitans de ceſte Ifleont tiré leur origine de nos plus vieux
iMiſtffl-“Ãdc Gaulois Gomeritexyſſus de Gomer, fils de Iaphet , ſelon loſephe, 6c Zonare , s’ap- -
Fäſſiîſiÿfi de puyans ſiir ce qu'en Ieurancienne langue, ils s'appellent encor auiourdffiuy C YM -
Situ Orb. RO,& CVMERLôcnOmmentvne Femme de leur lſie Kumaraes, 8c leur vieille
iîlſîëli*** langue Cambriquc, ou Britannique Kumeracg. a q
Ariflot, de Ceſtel (le eſt aſſiſe ſous le huictieſme climat , entrele dix-huict , 8L le vingt-ſixieſ- Linden.
M ?c'ſt-MMM
m d. me2
,
Paralle l e , a ſon plus grand nour
' ' ' huict
de dix ‘ heures , vingt
' _ cinq
' '
minutes , 8c s ' e _ fins_couz
o,, mumu_ ſtend depuis cinquante degrez, dix minutes iuſqu": cinquante-neufdegreqquaran
rgProlñ Gcog- ce minutes , &depuis ſeize degrez cinquante minutes iuſqtſîi vingtñvn degrez de
E533; C0,_
’nua. longitude.
_ Ioient _. Elle ‘ eſtauoiſinée
Ca-leclonienne; du Nord de la6cmer
ou Due Calctedonienne, _desdffîſcoſſe , que ,les
lfles Orcades duanciens appel
Couchant de
P M°"‘²"-"‘ la mer d' Iſirlande, nommée à preſent Therish Sea, 8c par les anciens Vergiuie, 8l P1115
au delä de l'Irlande meſme,& des Iſles lſſ-lebridegdu Midy,de l'Ocean Britannique,
'Î LUN** Fïïs- qu'ils appellent British Sea, 8c plus auant de la terre ferme de Bretagne,Normandie, ~
r Bacmar.
m_ 8c Picardie, Prouinces de France , 8c du Leuant de l'Ocean Germanique , des Pays
ſCamdën- _ Bas,-du Danemarck, 6L dela Norue e. - ‘
fÿäîggêed Elle eſt de figure preſque “ apprächante de celle de Sicile, ayant trois pointes» FWM"
Theatr. Mag ou caps principaux qui s'aduancent vers trois parties du Monde. Le premier qui re
Ùcïï- d gardele Couchant eſt celuy de Bellerie , nommé par les Anglais The Cap OſCom
ËÛJÏ_ 'ſi' vval , c'eſt à dire , Cap de Cornouaille. Le ſecond qui ſe pouſſe au Leuant , eſt celuy
Monsanin _ 'de Cantie , ou de Kengautrementde Nortfortland . duquel tout le pays de Kent a
^"‘"“ ſi pris ſon nomſi: Et le troiſieſme, qui s'eſtend du coſté du Nordmommé parles anciens
Orcas,& Taruiſe, ou Taruede,eſt maintenant appellé par quelques vns Dunghum
behead,
QuantouauDunſhiead, 8c Iſle,
tour de ceſte par d'autres Houuburne.
que les anciens ont meſure' diuſierſement, il eſt de mil- TOM,
le huict cens trente-ſix mils; veu que depuis le Cap deTai-uiſe, prenant du Cou
chantiuſqua celuy de Bellerie on compte enuiron huict cens douze mils , 6L delà
iuſqu'au Cap de Kent trois censvingt mils , puis de ce Cap le long dela mer Germa
‘ nique
'ct ' ‘ ’ d a_ Botcrſi Rd.]
,- ~~ " _ - - b _ComcLdc
' ‘ ' '. lùdzSpcc. ‘
T.
_, _ ù_ ~ *— _. - , .
Z c Humfr.”
._ ~ .no, - , ' ç Luyd l-'ſagſi
~ . î k_ . Brindcſc, )
0 .. F'. . '. . x d” ‘ _
lu . - . . l - l 1
A _/ .‘ l ‘
1 CS* hSmJKIFJ .
.
… . ñ
, -
f ~ Breui.
. . ~ Î '
-
. .._ - . . _ nLxbcrNotaÿ
. ~ _ / ‘ , ;jar Amml.
ñ ' arc.li.sí.'
F_ ~ . \ ‘ —. \x
- ï - _ . - , …z zamdcn.'
k
) ï
i. ï .'
j
I
e' i
3
."r- I l
.ï f.)
i f
\æ î
ï .
r 'æ
l
* ’ - ſit
l g ï ï \ ' v.
TW _ l
f'
d *ſi l r
|
,_-
. “z l
d. .l *"
_ a Humb. _
ſi , .LuycL Ftagm.
Brſimôclcr, ‘ x
, ſi - ,g
j l liz.
bMcla . . e ſt ra “ . l l '
z c*‘ï . .
Plin.li.4..c.r5. vns . ‘
_ Cœſat Bal. - -
2 Gal.li.5. gf" — _ _ , K _ p
cllacidn L7- c131] _p ~ — - ‘ ,
cophton. ‘ -' — .-_
,. dîttabo 1L4. Nl.
c Stcphamdc det' - _ , _ -
l ſ ' l ſi*
ÎÆantà la. diuiiion de ceſte Iſle Faite par les e &rangers , pluſieurs ſçauans hom -
mestiennent
.. , P Our P lusanciennecelledePtolemée 1,4l
'l ui ſembleiadiuiſeren
. ~ 3 ſan-dpzolçi-[LAP.
de, petite Bretagne, parlant des Paralleles. Mais ceux * qui conſidereſint mieux ſon mÊS-liî ï-ï
A
~ ÆMÆ-ËæffiffiffiffifficÿdſhHRÆEÆMÊÏËMÆXWŒÆMMMÎMMÆ
»ANULETERRE~
i ' i ll '_ ,~;. 'ANGLETERRE nommée ce
les Allemands Engellandzeut parnom
ſes habitans
au tempsEËÏGLANDJLPÀY
- d’ſiEgbert Roy des Nm;
Tn l: dem? _ k ,r l Saxons Occidentaux ,qui #eſtant rendu maiſtre des ſept Royaumes
C²ffl~““~5“‘- ~ , des Saxons ordonna_ qu'on appelleroit ſon Royaume Englelond,
,u _ _ñf l _p c'eſt_ àvdireterre_ des Anglais , qui deſia- depuis long~ temps eſtoient
"'~ſſ~*""""""~î'~“‘ NnommÊz ccm; lellèr langue ElÏlG LA-TI-\ZEO D , AIÃICÎLEYNNË,
on a c _ ENGLEYN E, 8c N L HMON , eurnom e ant venu" c a petitcPro
uince d'Angleterre, l*qui ſe trouue en la Duché de Sleſvvick au pays de Saxëſijentrc
le luthland, 6c la Holſace, 6c ſe nomme ANGEL , ou Angelen , conuerty parles
r. "“ Anglais
- —
eh ANG L E,d'où .
vient -
qu'ils appellent vn de leurs ſept anciens Royaumes
c Luyd Frag. Eaſt-Angle. Toutesfois ceux ï du pays de Galles nomment en -lhnciennelangue de
l'Iſle tous les Anglois S A I S S O N , 6L leur langue Saiſſonaeg , ignorant le nom
&An lois; Sc d'Angleterre. ~’ 'îî' ' ~ _ .
_ ſidi-li ſia ' ct ~El e eſt diuiſée ‘ 'de Flîſcoſſe par "la riuiere de Tvvede lesmonts de Cheuiothe c m.;
d lo. Speed. œ la riuiere de Sulvva ducoſté du Nord 6c bordée dejtouslesautres coſte de d o
ThcILMIg. “ ’ñ ſi . y" -ï ' l , - l
c Cluuer. ln- mer.
Brit. Sa longueur
'- a° priſe----²-~t
du cap -—~"
de VVaymouth
- -1 ,' pres de
. Dofceſtre ;iuſqtfä
ñ la ville* ' 8è Eſicnlnl.
ſi“:ëc-.Î;_‘$-_ ‘, Fortereſſe de Baruicqpſiailiſeauit frontieres de ?Eſcoffe ;eſt de quatre-vingt lieuës d”A— l
' .- — --Iemagne , ou dcuxſconsyquatre-vin t-treize, vn tiers d'Angleterre, 8c ſalargſieur de
j* ' puis la villede oſiudeux
d'Allemagne. ſainct Qauid, iuſqu
,censſſvingt ?celle d’Yarmouth,
d'Angleterre; d'enuiron
mais meſurant le plusſoixante
bas ,du lieuës
coſlé
_ du Midyçelleîſeradentriron ſoixante 8c dix lieuës d'Allemagne; ou deux cens cin
5-?Ê '=²’-ï-'-‘~ ?ËäxzzfsïñëzsäſëxäxëîgËËÎÀÏÏÎ
.ë
~ d s eg e
î
u e,comp ans eme me a on
*Êffllî î*
gueur pour ſa largeutyà Cauſe' des degrez de latitudqla ſont longue de deux cens qua
' tre-vingt-'treize lieuës d'Angleterre, 6c large de trois cens vingt. ñ
gzuyd_ mg; b Elle ſut autrelîfoisl diuiſèçen deuil! partiesl, dontl'vne fill: la Cambric, ou' Cam- Dinifion;
rocçmfe-dbtit. gleterre.
ray, quiMais le Roy
s’appe l* Alfred larepartit
e maintenant VVal es, enComËez , acc] uices
6c L 10e rie, Copmtte:
com ri l ei:
r f-ï(cïerîtainÿs,
d l'A —
Thuffſ_ qu [ls appellent Hundreds, 8c Dizalnes, qu'ils nomment Titings, ten ſignifie dix , a
tcnth dlxleſmc, comme boox the tenth ſignifielle dixieſme liure, commandant à
'tousCes
ſesſujets
Conítezde ſe mettre
, ou en quelque
Contreées Centainqou
appellées Dizainc.
S hires, ui n’eſtoient au comm ſ -' .' c'
que trenteadiouſtées
deux, s’accreurcnt
aux treizeitiſqrfau nôbre de trcdntc-neuſ, quilereſte auiâäíâîſiſrÿ,
leſquelles de la Principauté de Galles , ſont nombre* de' cin- fifa"
l
qualite-deux, qui ſe nomment Midlleſex , _où eſt Londres,, capitale du Royaume, l ſi
KW!-Cornuaille,
Suſſcx, Surrei, Hantshire, ,VVilshire,
Dorſetshyre,Barléshíre
Deuonshireſi Cornvval,
à
- ſons Soznerſetsſihire , Eſſex, Snffolkque nous di
, Ndi-folk "l
Cambridgshire, Hartfordshire, Bedfordshire, Buckingham, Oxfordshire, Gloce: l
ſtefshire , Herefordshire , VVorceſtershirqVvan-vick , Northamtonshíre, Him
tington, Rutlandshire, Leiceſter, Lincolne , Nottingham , Darbieshire', Stafford
Shropshire, C heſter, Lancaſtre, Durham,Yorlcshire,V Veſlmorlandfiumberltind'
, Northumberland, 6c cel les de Galles ſont PembrokshirqCaermarden,Glamorgan:
ll.
Monmouth, Breknoke,
Flint,_Caernarvon, Radnor, Cardigan , Montgomery
6c Angleſey. ~ , Merionetb , Denbigh i
…L
Il y adans ceſte Iſle vingt—ſept\Citez,qui'ſont ſieges_ d’Archeueſques , ou d'Eueſ.
_r ques,6 41 villes,ou gros bourgspu le marche ſe tien t.] 86Chaſteauxffl 2_.8 5 Parroiffes,
H
v __ _ È_ \ _I
Angleterre. l 219
cinq cens cinquante-cinq riuiere: , grandes, ou petites, 9 5.6 ponts', treize bains d'eau , 4
chaude, ſoixante- huict ſoreſts, 8c ſept cens quatre-vingçvn parcs, peuple: de beſtes '
ſauuageszmais le plus celebre eſt celuy deTibolſa dix mils de Londresde tour duquel
eſt de douze mils d'Angleterre, le feu Roy lacques l'ayant ſaint enſermeiyäc mis dej
dans plus de cinq milleccrſs, &autant de dainjs pour le moins. N' ~ ‘ ſ
liuiercs. Ses principales riuiere: ſont la Tamiſe ,la Seuerne, 6c VHUmbre. La TA M I S E
nommée par Ceſar , 8L Or0ſeTameſis , parPcolemée Iatniſlä, &parles habitans_ de
Hfle Thames , qu'ils prononcent Thems , quoy qu'ils Peſcriuent autrement , eſt en
grande reputatiompource qu'elle paſſe à Londres.Son neweſt compoſéæle ceux des
riuieres d’Es,ou lſis,& de Thame,qui raſſemblent au deſſous de_ Dorcheſtreóc vom: --m
grand flux ,qui vient encor plus grand au trois fois ſept , ſi bien que l'eau inondant d Heat-meil
Hodop.
grandement la terre, 8c venant apres à croupir, donne la peſte , dont les lieux mariti e Leflndc
-mes ſont principalement inſectez. Au reſte 'l les foudresy ſont rares , œ les vents ' 0rig.Scot.
y ſont fort fiequens , 6c menent grand bruit , 8c combien que Yl-'Iyuer y ſoit peu ri f Hetodiani
llJ.
goureux : toutesfois il eſt bien long , 6c les neiges y ñ ſont fort rares , 8c en petite g Montsnjn
quantité. , . _ \a ','
d . ^tlan.Metci
h Botcro Reid'
Il s'y fait* beaucoup d’eſtangs, 6c de mareſcages par les frequences inondations de Pol iLVit s .
lidíliſt.
[Ocean, qui a vn ſi grand flux, ï 6c ſi ſort, qu'il fait retourner à mont les riuieres , 8c.
Hentzmer ‘
incommode ſouuent les animaux. Mais ſi l'eau ſurabonde en ces endroits , elle man
Hodop.
que * en pluſieurs montagnes, de collines. Toutesfois 1 il y a pluſieurs belles riuieres isanſouino
Corte dëlnc,
qui abbreuuent tout le pays, 8c l'on rapporte, vne choſe merueilleuſe: mais veritable, hiltern.
que la Tamiſe , Yl-Iumbre , 6c quelques autres ne croiſſent iamais pour les pluyes, Pansgyr.
pource que la terre qui eſt ſablonneuſe boit l'eau. Conſt-nti”,
Terroir. Ce pays qui n'eſt que bien peu ſujet au trembleterre , a pluſieurs agreables, 8c ſers. |diû.
Ming-rg' 'Î
Stains,
fruits. 5' tiles collines, qu'on ne diſtingue point de loin des campagnes, 6c ſon terroir ² eſt Spec; ' i ïñ
loüé d'vne Fertilité merueilleuſe : tellement ' qu'il produit quantité de grains, m Speed.
The-arr.
8c de toutes choſes neceſſaires à -la vie. -Il eſt vray que*** ſes plainesabondent .en n Lcſlz de
froment : mais n_ les montagnes , 8c lieux- efleuez , portent pluſtoſt du ſeigle, Orig u”,
Europe. , T ij_
’ azo Angleterre.. - ,~
i8: delſauóírie, delaquelle on 'Fait du pain, 'dont ceux- du pays des Gal-les ;Baies-Air
glois S-eptenttlonaux vſent-cotnmunement, de meſme que les -Eſooſſoisct Ce pays
ípiioduitauiſi
*niais ſi Forte, de l'orgelesdepluſieurs
qu'elle ſortes dont
ſſenyure aiſemenu. ils Font-
Aureſte leur-biere,
leursbleds qui eſt
ſortent debon
toſt gouſt:
, 8c menti(
-ſent tard, à cauſe
-ſhanqüéi ſesde içi-grande
habithiiſis humidité
ehont 'de la
des plus terre, 6c des
excellent' de l'air.Quant au vin ce paysLes
Prouinces ellrangeres. en
«reps
mich!)des vigne” ſont pluſtoſt
profitqueleurs maiſtrespour parade aux
en -reçoiuent maiſons,
, veu 6c dans
qifencor les jardins,
qu'ils que quſſel
.produiſent pour
.qiiesrai-ſnisÃi-ls-mouriffem rarement
gersâçaulreſibarlfires' des regions commeilſeroit
plus-chaudes nes'yr neceſſaire. Les oliuiergorañ-
peuuentefleuer, 6c l'on yctvoit' -
meſmepéirdedoix: maisforce pommes excectllentegôz peu de poires ;mais quantitp '
ziuvvſſiq.: delaurñiergïltderèſmarintouſioursverd. ññ--i- ñ -
peniLCoſrn. —- Ïpluſieursideſezs collines l' ſont deiiuées d'arbres , 8c deſpourueuësdeau; mais en Animaux;
f,~'p'zc,,,,,,,,,.. -recompenfe 'couuertes-dherbe deñliée, "ôzîcourte :-mais qui ſuffit au menu beſtial,
-Hod Polyd. *qu'on y meine paiſtre : lequel , ſoit à cauſe du doux air, ou de la bonté !le la terregala
IfflË-"ffl 'ilaineplus longue, 8c plus delicate qu'aucune qu'on voye. On yxtrouue en cor, outre
ces trouppeaux _comme inſinis , dont les montaqnes &collines ſonttouuertes de
tout &ide Tíuigauili 'Quant
dzPoiy-Lvixg- muletsſigct-desnſnes. bien-que lesloups,‘
aux vallées,dont
toute orte d'autres
l'Angleterre animauxſſſmoh
en manque des
, ce defaut,
…ë :ou pluſtoflscc bien , ne vient pas de l'air, ou du climat: mais du ſoin que les habitans ‘
*oi-it autresFois eu- d'en exterminer la race; car la Nobleſſe eut pour i'vn de ſes princi
;paux exercices de les chaſſer, &les Rois furent lors contrains de demander vn tri
-but-de teſtesde loups , voire meſme pour en defaite du tout le pays on conuertit les
. peines de mort , &banniſſement , en celle de tuer certain nombre de loups z ſi bien
-, que les criminels enîrapportoient pluſieurs langues, ou teſtes , 8c finalement il y en
'ffl-r_z
,cut ſi pen qu’vn qui n’eſtoit condamné qu'à dix, ou douze teſtes n'y 'pouuoit ſatisFai
~
z_ 1re. Maiscombien que l'Angleterre ſoit ſans loups, l'Eſcoſſe en eſt aſſez peuplée, 6c
T ' 7*' 'ſans-les gardes' qui ſe tiennent aux paſſages ,il y a deſia long-temps que l'Angleterre
. .— ,.'.'..ſſ,[_ -enauroit bon nombre. 'Cela Fait quele beſtial va de tous coſtez en liberté ſans qu'au-
—: i' _ -ſi-â-'ï 'cm1 le gandeÿpource qu'on eſt -affizanchy de ceſte crainte , 8c l'on y voit de iour , &de
‘ ‘ 3 nuit-Force bœuſs, cheuamgôcbrebis qui puiſſent. .5,- s- ,
dïerabo 1L4! peuſſent
c ſiHennm-r rrzozll. &ty-trouuoit 4 au temps*ildey aStrabon
Voir; 6c maintenant desdes
de meſme pluschiens
excellens chiens de chaſſe
de chaſſe,&c_des qui ſe
plus beaux,
ËJÊËO n( ñcſfurieuxtlogues qui ſoient 'on Europe. Quant aux cheuaux, ils ſont en grand
p ,-.,‘z nombre, &cceuxpqubn appelle_ Guilledins, qui ſont chaſtrez. ſont des plus viſtes,
' ;"0 &c vont certain amble , auec lequel ilsaduancent merveilleuſement; mais les autres
î' qui' ſont entiers ſontlourds , Gt ne courent pas. .i
fLeflà: de ~. ll S'y rrouuefiiuffi quantité de Fort grands cerfs, 8L comme vne infinité de dains,
921B"[Æf-Ëîffl- âcchévreuls, 8c ſemblablesbeſtes. La chair! de bœuf , &de pourceau y eſt de meil
Ëo… 41kg_ leur gouſt-;qiſaucune qu'on mange en Eurppe. ll sîy trouue auſſi plus de conils qu'en
Ext: Reel; pays du monde 5 de meſme qu’vn nombre infiny d oyſeaux , tant priuez , que ſauna»
Cóſhpclzl', ges. Leschapons de Kent ſont fort grands , comme ceux de Poluerare _au terroir dc
_ .‘ Padouë,ou ceux du Mans. Les oyſonsy ſont Fort delipïats , auant qu'ils aycnt inné:
~ .,.~ . ~. _z :i mais
— "Il yeſtant deuenus
a quantité rands, ils
de [Ëetdriz, ne ſont
Faiſans ueredïm
, cagiles, merleä,ou agreable.
griues , alloüettes, 8c les dernie
,—_:-,.— _,-..,;..
fix', ;zi, ras qu'on prend enii grand nombre que toutes
Il y,les tables *en ſont preſque connectes,
;’_"-ſi' sengraiiſent merueilleuſement en Hyuer. a des Cygne: parles lacs, 8c riuieros. '
' 'l' ,'_'.' '-' .'5' Pluſt defendu de tueraucuncygne :car ſi quelqu'vn~ en tue vn , il faut que le cygne
~’ . - -_ ſoit pendu parle bout du becq , de ſorte que le bout des ongles des pieds touche î
' ‘ " " ; __, terre, 8c celuy qui l'a tué eſtobligé de le couurir tout de Froment en lieu plein , 8c où
' le Froment puiſſe couler à l'aiſe, ſans eſtre retenu: tellement qu'il Faut plus de vingt
charges de bled., iuſqtÿà ce que le boutdu becq ſoit counters , 6c celuy qui n'a
- pas moyen de Fournir toute ceſte quantité de bled doit auoir le Foiiet parla main ~
du bourreau , &c l'on y oyt crier tous les iours de grand matin les corbeaux. ~
izPoizcLvirg. oc corneilles , 8c pluſieurs ï tiennent qu'il n'y a pays au monde où l'on trouue
!l'l-Wſt- tant de corneilles , qui ſe nourriſſent des ſſvers naiſſans-'en ceſte Iſle en tres-granz
q_ de abondance! , 'a cauſe de l'humidité dexla terre. Mais elles portent 'beauf
- — coup de dommage , mangeant non ſeulement les bleds meurs :- mais encor
-~ tirant la ſcmencede la terre auec le bec , ſoudain qu'il commence à paroiſtrc:
À
_ Angleterre. 221
de ſorte qu'il ſaut que les laboureuts mettent en ce temps là par les champs des gar
çons auec desarcs pour les chaſſer , pource que l es ſeuls cris ne les mettent pas en Fui
te. Et pour ce que ces oyſeaux ſont ſi nuiſans , 6c ſaſcheux , il ſut vne ſois atteſté au
Conſeil des Seigneurs , qu'on chercheroit tous les _moyens d'en défaire le pays , don
nant quelque recompenſe à ceux qui les tueroient. Les rochers , &c les eſtangs ſont P.
choſe merueilleuſe : mais veritable, -dont on voit tous les iours lfexperience en la coreeduaz'
poiſſonnerie de Londres , veu que ce poiſſon s’engraiſſe au poſſible hors des eſtangs, BW*: . ,
lors qu'il eſt mis dans des reſeruoirs , en mangeant le menu poiſſon , 8c les anguilles,
puis lors qu'on Pexpoſe en vente on l’ouure auec vn couſteau, pour faire V011' ſa graiſ
ſe, 6c fi par fortune le peſcheur ne peut le vendre ,il ne meurt pas -toutesſoi/s par ceſte_
ouuerture 3_ mais en le couſant , 6c le mettant dans le reſeruoir parmy les tanches , la»
playa eſt bien coſt rejointe, parlemoyen dela gluante humeuñrde cepſſoiſſon, qu'ils
approchent. Les huitres y ſont auſſi en plus grande abondance, 6c plusdeliqates
s
qu'en tout autre lieu. ~ .
Mint”. Il y a grande " abondancede mines de cuyure, de plomb,de ſer,d’aymant,decriæ bhspzc;
fial, de marbre, dïtlbaſtre, &ſſde jayeg-outre celles du charbon de pierre , dont ils ac Ptatfas.
commodent
le pierre. les eſtrangers, 6c ſe ſeruent , &pluſieurs carrieresſi de’ fort
.q bonne ,,85 bel,
On y trouue auſſi des ï mines d'argent , de meſme que d'or en Eſcoffe. Mais ſur c Left” de
x tout onfait eſtat d’vne grande quantité de fin eſteing , qui ſe trouue au pays de origsco t.
d Autigar.
Cornvval , ou Cornouaille , &c ſe ſait deſirer à toute l'Europe. (Want à ſon ſer 4 Spccul.
il eſlzvçles meilleurs , 8c l'on en fait des canons beaucoup plus forts que ceux de Sue
Il ſaut auffiæmarquer” qu'aux Bords de la riuiere _d'ſiAuon , qui paſſe ä. e Loïc” kel]
de.
Briſtol ,ſi on trou p
l uſieurs diamans , qui! tromperoient les lapidaires s'ils eſtoient
durs. ' .
Pour le regard des Perles, ſ pour leſquelles on a dit que Ceſar entreprit le voyage f Sutton.- Cz;
&[36.45
d'Angleterre , que les balançant quelquesfois dans la main l’vne auec l'autre il de g ?lim-ſidi
uinoit à peu pres ce qu'elles pouuoieîntzgſer, 6c qu'il voulut! qu'on ſceut que la bro c. zz'.
derie du corſelet qu'il offrità la ſiatuëde Venus Genitrice , en eſtoitfaite , ils'en l* h Calhÿlïnï
Britg
trouue pres la coſte de la Comté de Caernaruon, quoy que Vigenere ayt dit, qu'il en
auoit ſeulement
guet-e mieux quededespetites
yeuxſſpres lacoſte d’Eſcoſſe, 6c des Orcades , qui ne paroiſſenl:
de merlans.
~Moeurs anciennes.
i
Eſiat du ~ ,Es anciens i habitans de ce pays eſtoíent plus hauts que les Gaulois : mais non i Strabo !L47
corps.
ſi blonds , ny ſi forts, 6c ſurpaſſoientdWn demy pied les Eomains , auoient la
langue begayante , 6c les traits de viſage peuagreables. Quant aux Silures, “ anciens k Tacinvita
habitans de la Comté de Monmouth, ils auoient pour la pluſpart le viſage rouge , 6c luli Aztisol;
les ÿheueux friſez: mais ceux qui ſe ttouuoient voiſins des Gaulnis , leur eſtoienc
preſque ſemblables. ‘
lntling. Ils 'auoient auſſi preſque meſme humeur , 6c meſme courage à s'expoſer aux dan
tions.
gers,& ſemblable craintelors qu'ils s'y trouuoient enuelopez , 6c ſe ’ monflroient l Diodor.
li f. Sie)ct
cruels aux guerres de meſme qu'eux. Mais leurs mœurs eſtoient ſimples, ôcnaïues, m Cyæſar Bellſi
Gïl.ll.)',
ſort efloignées de la ruſe,& malice des autres nations de leur temps. Ceux qui ſe te
noient au pays de Cornuaillq-SL au voifinagczreceuoientamiablemët les eſträgergôc ndyl-u. AuſonLEi.ſi
paroiſlſoient plus ciuiliſez, à ,cauſe de l’abord,& pratique des marchandnde meſme m o HoraLCu;
que eſiſtoient
tres ceux du tenus
pays de Kent,qui
pour rudes , ne
8c differoient
ſaroucbes *guere des Gauloisà ceux
naturellement en moeurs. “ au li.z.Odc 4.
Les pays.
des autres p Hcrodian:
li.).
Aureſte fils eſtoient des plus guerriers , &z deſireux de reſpandrele ſang d_e leurs en q SoLPolih;
nemis,dont *l ils ſrottoient meſme leurs viſagegôc ce leureſtoit choſeindifferente de c.”
r luuenal.
bien, ou mal faire. De plus ils ‘ eſtoient eloquens , &c ſſupportoientaiſement la faim, Sat ë.
le froid , ô: la peine, demeurans quelquesfois plongez iuſqu’à la teſte dans leurs ſXiphilinÂ
EpiLDion.
eſtans, où ils ſe tenaient ſans manger durant pluſieurs iours, 8c gliſſoient parlà ſur les Stuck, ‘
ennemis à Fimpourueuëi A
Europe: T iij l
222 , Angletcrirc.
:Sm-ido iipëî ._ lls eſtoient tellementoyfifs, ï ou bien ignorans , qu'encor que' quelques vns d'en- Occupzà
tr'eux euſſent abondance delaict ,ils n'en faiſoient du fromage , 6c ne eultiuoient "W2 ſi
b Xiphilin. ny leurs jardins , ny leurs 'terres ,~ choſe que Dion l* attribue à tous g ſi bien
Ëfſ“"'°‘°"' qu'ils ne ſe mefloient guere de la chaſſe , 8.: de [faire quelque butin , dont ils vi
uoient. ~ JU — . . _ .
lls ſe nourriſſoient auſſi des fruits des arbregdſiedaignans le poiſſomdont i-habon- Rez…
'doienn Da_ns les foreſts ils viuoientdecorccs , racines d'arbres', &L faiſaient certai.
ne ſorte de viandqqui les empeſchoitd‘auoir aim , 6c ſoif, s'ils en prenoient ſeule
e. Car-nde). mentle gros d’vne fcve. Ils neſtimoient pas ï qu'il leur fuſt loiſible de manger du
(Ëïl-lí-í- " lievre', non plus que de l’oye 6c dela poule,8c toutesfois ils en-nourriſſoient pour leur
' r plaiſir. Ceux du dedans du pays-ne ſe mefloient point pour la pluſpart de ſemerdu
‘Dï°‘l°‘-5î‘- bledTmais viuoient de laict , ét_ de chair. Velques vns d’entr'eux , 4 qui ſe
v li.”
moient du bled ,le moiffonnoient en telle ſorte ,qu'ils mettaient dans des greniers
ſous terre les_ eſpis ſepare: du chaume , puis en ſortoieut les plus vieux eſpis , qui leur
'deuoient ſuffire pour vn iour,ôz ayant pilé leur grain,en appreſtoient dequoy ſe nour
rir. .Au-ſurplus ils ſe' contentoient de viure ſimplementſians rechcrcherles delices, 6c
c pſiſhliJo, le plus * friand morceau qu'ils euſſent deſtoit la Sarcelle. llsauoient ‘ pour leur boiſ-ñ
:Ez- ſmä ſon ordinaire
. ..
de. la biere. I .
_
| , _ _ ‘ _
Riff” Ils imprimoientî auec le fer chaud ſurles corps des enfans di-uerſes figures d ’ani- Haim_
g solimPol- maux , qui venaient a croiſire auec eux. lls demeuroient ë dans leurstentes, nuds, .Sc
Ëfguu_ APM_ ſans ſouliers , 8L ſe teignoien t auec du paſtel , qui les ren doit de couleur perſe , 6L les
Betodinmliſip faiſait' paroiflre plus horribles , quandils venoient au combat . Ils portoient auſſi ſes
Èäîglffléïÿffl cheueux fort loníggayans toutes les parties du corps raſegexcepté la teſte,& les mou
pgaodizfi_ _ (lachez: Toutes ois ſe couuroient de peaux , combien que quelques vns* aſlſieurent,
li-iñ, qu ils n'auoient aucune cognoiſſance de Pvſage des habits , leſquels ils rejettoient
ËŸWHW' our ne cacher pas la peinture , 6L les figures de leurs corps , 8c qu'ils ceignoient ſcu
‘ ement par parade leur col, &z leur ventre de fer. Leurs femmes * allaient aulſi tout le
1 .ÎolinJLI-;I corps teint de paſtel , 6c meſme elloient toutes nuës en quelques ſacrifices. Ceux fi
qui ähîrchoipnt dedpardcnſtreäzar deſſus lqpautâes marquetpicnêl, ou paäpientles gar
es e curs e pces es ents es gros poi ons e mer, qui em aient yuoire, auec
_ _œ leur blancheur, veu que la principale gloire 3s hommes confiſioit en la beauté de'
m Plinſiidg. leurs armes. lls portoient auſſi leurs bagues ffl au doigt du milieu; ‘ ~ _
:-Binder Sie Outre qu'ils " faiſaient_ leur demeure dans des tentes, ils auoient des maiſons baſ- Damn?
1L5_ . ' ſes ,F faites pour 'la pluſpart de bois , 6L de chaume, qu , ſelon Ceſar ,° _ilsauoient des langage;
"î" l
o Cæſnr-Bell- maiſons en fort grand nombre, preſque ſemblables a celles des Gaulois , de meſmclj
pcïlàlggſvik_ que leur langage eſtoit _approchant de celuy des meſmës.,
iuugric. Pluſieurs dentreux 4 n'auoient qu’vne femme x mais ï generalement de dix en Mariage]
. grîUſïË-ug: dix, Qc de douze en douze ,ils auoient leurs femmes communes ,principalement les
;Lsïſg g' freres auec les freres, 6c les percs auec leurs enfans : mais s'il y auoit lignée, elle eſtoit
r Crſ-t- Bsll- àjceluy qui auoit eu le pucelage de la mere; Qi; ſi quelque femme î' venoit à faire vn
L45_ malle, elle mettoit Œpremiere viande ſurla pointe de Feſpëe de ſon mary, puis la luy
p portoit doucement a la bouchqen luy ſouhaitant qu'il ne mourulít qu'à la uerre, 6c
c Didnseuet. entre les armes. Dion * fait toutes leurs femmes communes , 8c dit qu'ils eîleuoienc
en commun tous les enfans qu'elles leur portoient.
uCîzſanBcll.
"4- ' Ilsleur
qui vſoient de“ piece
ſeruoient de cuyure,ou~dc
de monnoye. petits
Ils eſtoient anneaux
fort de beſiail
riches en fenajuſtez à certainparles
, de chargez poids,² î‘““""”Ÿ
Richeſſe* ſ
x Scribe li. 4.
Romains de grandes gabelles , tant pourleregard de ce qu'ils portoient en France, 4
~ que de ce qu'ils en tiroient , 8c cesmarchandiſes eſtoient des vaſes d'yuoire ,des ci- ,
. . _ft-aux, des carquans, des choſes faites d'ambre, des vaiſſeaux de verre, 6c choſesſem
y cim. Épm. blables.
Mais quelques vns 7 ont tenu~ , comme pouſſr
ç - , qu'il nÎy
choſe bien recognuë . auoit
*d ^“"ſſ"'l"‘* en ceſte Iſleaucun ar ~ d' ſ ~ d' f ~ b ~ ſ d' ſl
_ gent, ny point e poir y aire utin, inon e c aues,8c tant
z Mei: li. z. plus' ils eſioient efloignez de la terre-ferme ,tant moins ils auoient cogneiſſanee des
“f richeſſes eſtrangeres, les leurs conſiſtant ſeulement en leur beſtia|,& en Fcſtendué de
a: Scrabo 1L4. leurs terres. Au reſte les -1- Romains leurimpoſerentà tous également vn tribut,qu’ils
_ f" payoient librement, 6c ſans difficulté.
älïfïstodl-n- Ils eurent **b pour leurs armes la lance, l’eſcu , 8c Peſpée pendante du baudrier ſur For” n
cgóionescu_ leurs corps nucl, la ï* pique forte courte, au bout de laquelle ils attachoientvne pom- "Mn" -
me de cuyure s afin qu'en la branlant ils effroyaſſent ſennemy par ſon retentiſſement
qu'elle rendoit._ i -
.ï - I *
Angleterre. 223 à. l-llerodilſlql_
\
ſance.
Religion Ils auoient meſmes? ſacrifices qÎe les Gaulois , auec ineſmes ſuperſtitions ; ado- äſilſiîîfflvk
gric. r'
*“‘°‘“‘° roient 1 les Deeſſes Andateufeſtâ dire Victoirqôc Andraſte; 6c tenaient ï, que Mi.. qXiphiLEpſſiix'
nerue preſidoit aux fontaines d'eau chaude; 6L l'on remarquoit que les feux perpe— Difflï- ,
tuels qu'on entretenoit en ſon Temple, ne ſe redui-ſoient pasiiamais en cendre; mais l$°h"'~°'"'
qu'elle ſe conuertiſſoit en boules ou maſſes pierreuſes. Ils rren dirent des honneurs ſſſiTſiacinAnnt_
diuins à l'Empereur Claude , luy dreſſant vn Temple , &t luy dédiant des Preſires. 1"** ~
La Magie y ſut *ſi ceremonieuſement obſeruée , que pluſieurs creux-ent que les Ma- z PIÎILIJOJJ
ges de Perſe y auoient appris leur ſcience; 6c d'ailleurs ;On temoin” que la Religion “'C².ſ²‘-“²l:
des Druydes Gaulois, fuſt premierement en Angleterre , puis ſut tranſportée de [là ULM'
en Gaule; pource qu'au temps meſme de Ceſar ceux qui voulaient eſtreïpſiruits
plus i plein en leur ſcience, voyagedicnt ſouuent en Angleterre pour l'apprendre.
_.4
\ J'
Moeurs dc ce temps. .
R.
l .
!Rat du
Corps. LES Anglais ont pour lapluſpart le poil blond, tirant” peu ſur le roux , 8c les
autres noir, chaſtain ou roumſeldh la rencontre de la naeure. De donner à tous
generalement les yeux bleus , comme quelquesuvns onc fait; c'eſt vn abus , pource'
qu'il s'en trouue entr' eux de toutes couleurs , de meſme quePŒËIYMÏFS Alemans. ~ '_ '
_ ‘ lu]
ñ- r\:*k>.. ~
M4. ‘ ,Angletcrra ñ ~~
Il ſuffit de dire auec verité , qu’ils ſont ordinairement beaux hommes , grands 8c
fortgmerueilleuſemenr ſouples ,Cc propres à tous eſſavs de diſpoſition 8c d'adreſſe,
81'. à toute ſorte d'exercices., quoy qu'ils ſoient volontier; plus gros de corps que les
FrançoiHMais Hentzner oppoſe à fautes ces qualitez,qu’il y a parmy cette nation
quantité de ladres blancs, à cauſe qu'ils mangent force poiſſon, 6L ce n'eſt pas pro
prement ladreriqmais abondàſſce de phlegme qui leur engendre des vlceres aux iam
"bes,comme aux Bas-Brctons,qui y ſont encor plus ſujets que les Anglais; 6c quand
ils viennent vieux, vne eſpece de mal appelle' Pſara, qui eſt comme d u ſon qui s'en
g-:ndre ſur le cuirparſabandance du phlegme deſſeché par l'âge. Quant aux Fem
mes,c'eſt paſſera l'excez des ſouhaits,que de deſirer d'en voirde plus belles. _
Ceux de cette nation n'ont pas tant de barbarie 6c de rudeſſe, que beaucoup de zfſgëÜ
gens sïmaginent ;mais ſont maintenant ciuiliſez 6c polis. Pour le mains c'eſt choſe ~
aſſeurée que les Gentils hommes-ſant pleins de gentillêffefic de courtoiſie , 6L que
ceux des autres nations n’emportent guere dauantageſur eux pour le regard de ces
qualitez; combien que la vaÿé des vnes ou des autres,les pippe 6c flate en telle ſar
te, qu'elles ſe perſuadent q on ne peut trouuer rien de poly , ny bien auenant en
toutes choſes chez ellesſaduoüe bien que les hommes de bas lieu y ſont plus bar
bares &rudes qu'ailleurs: mais quant à ceuxñcy, leur condition les excuſe , 8c pour
les rëdre d'autre humeur,il leur Fallait vn autre naiſſancaAu reſte,quoy qu'ils ſem
blent peſans 6c tardifs , 6c moins ſubtils de beaucoup que .les nations qui -les auaiſi—
nent du Midy , ä cauſe dela grande humidité de leur air , dont les effects ordinaires
ſont de bouſcher le chemin à la ſubtilité , par les rabais de cette clualeur, qui cauſe
nos plus belles actions; toutefois il eſt certain qu’ils ont l'eſprit ſubtil, 6c capable de
toutes ſciences , 6c des conceptions delicates , comme on peut apperceuoir en plu
ſieurs de leurs œuures. Il eſt vray que la viuacité de pluſieurs de ces eſprits vient de
leurs voyages, 8c de l'air eſtranger, qui caniume ces humides ſuperfluitcz, donnant
place à cette chaleur tant eſtiméqqui les rend capables des choſes plusreleuées. De
ſorte que la Reine Elizabeth, parlant de ceux qui auoient pratique' les paysOriêtaux
aux Anglais, où l'air eſt plus ſec,comme pourrait eſtre l'Italie, diſaigquïm Anglais
Italianiſé eſtait vn Diableincarné. Et faut noter que le moindre Gentil-homme
n-oſerait faire voyage hors de l'Iſle, ſans vne permiffion du Conſeil, en laquelle eſt
ſpecifié le temps qu'il doit reuenir, ſous peine de crime de leze Majeſté.
Les perſonnes de condition,ant la Façon agreablensc certainegrattitcî-,meſlée auec
l la douceur mille ſols plus .ſeance que 'la ,legereté de pluſieurs, à qui quelques vns
donnent le nom dela gentilleſſe ou na1ſuetc',ſans contramtelît certes ie ne voy pas
t que leurs actions ſoient forcées; veu qu’ils ſemblent auairreceu cette grace de la
nature,au lieu de la tenir de Partifice.
Ils ſont parfaits archers, 6c communément fort courageux. Mais on iuge que la
plus grande partie de cette nation, ſe porte pluſtoſt dans les dangers par vn bruſque
mouuement delaſavraye
8L qui parte de nature, que par Quay
vaillance. vne reſolution
que c'enpleine de que
ſait,'àcc cognoiſſance
i'enſi 'ay veuduquelque_
hazard,
fois dans les armées, où ceux de cette nation eſtoient employez, ils ſemblent igno
rcr la crainte 6L la ſuite,ſinon qu’vne force extraordinaire les repouſſeſht Ïauoirau- î
tre deſſein que de vaincre: de ſorte qu'ils ont ſeuiemêt beſoin d’eſtre bien conduits,
nan d’eſtre animez. Il eſt vray qu’ils ne ſupportent pas aiſément lesincommaditez
dela guerre,&c ſont pleins d'impatié'ce,& déſireux de venirauſſi. toſt aux mains auec
l'ennemy,ôc le vaincreJou ſe perdre. Ils ſontaſſez ſideles entr' eux à la guerre, telle
ment qu'on les void mourir ſort ſouuent enſem ble. Mais ils n'y pratiquent pas cette
ſid elité pourle regard du larcin ', veu qu’ils dérobent auffi bien leurs compatriotes,
' que les autres. Mais ?ay remarqué qu’ils ſont des mieux vnis tant dans les armées.
qu’aux garniſons, où lesautres nations ſont meflées auec eux , 8c taſchent de main—
tenirtouſiours la leur dans l'eſtime; puis encor ils s'attachent ſoigneuſement; hors
de leur pays à la diſcipline militaire, mais ilspeüfliſſent mieux à pied qu'à cheual.
Quant aux entrepriſes 8L combats de mer ,ils ſont en reputation d' vne grande va
leur &L experience. Auſſi c'eſt principalement des forces de mer, que leur Royaume
affis dans la mer,doitattendre ſa defenſe. C'eſt cette inclination courageuſe qui les
pouſſe à tant de voyages,qui leur a ouuert le trafic de Moſcouie,de Conſtantinople,
d'Egypte 6c de Surie; voire meſme de quelques Royaumes des lndes Orientales, &c
qui fit entreprendre à Iean Hauxins l'an mil cinq cens ſoixante-ſept, celuy de
la Guinéeäc de lJAmerique; _à François Dracx premierement l'an mil cinq cens
. a p q* g 'n ...l
Angleterre. 22;
ſeptante-deux , celuy des meſmes Indes Occidentales , où il ſe ſit ;redouter ‘a ceuîx
qui les occupaient; puis l'an mil cinq cens_ ſeptaſſnte-'ſept , le paiſagedu Deſtroit de
Magellan , 8c le tour du monde en trois ans-z puis encor l'an mil cinq censquatre \
vingt cinq l'attaque des Canaries, des Iſles du Cap Verd,& des Indes Occidentales,
où il ruina les villes de Rio de la Hacha , Saincte Marthe, &Nombre de Dios; i
Gautier de Raleigpeluy de laVirgine à Thomas Candish,l‘an mil_ cinq cens quatre
vingt ſix: celuy de Guinee 6c de [Amerique, auec le paſſage duDeſtroit dee-Magel
lan; lecoſtoyement de tout le riuage Occidental de FAmeÎiqUe, «Sc la veuë des Phi'
lippines, Moluquesœ laues-z &t finalement-â' Martin Fſſorbisher, celuy du Deſt-roit
qui ſe trouue du coſté du Nord de l'Amerique,afin de voir ſi l'on pourrait aller au
Cathay parcetteroute. Il_ y aeu apres Draq, vnautre nommé Candish,qui ſitauſiî —
le tour du mondqayant paſſe' parle Deſtroit de Magellan', 6c reuenu parle Cap de
Bonne Eſperance; ſa 'route 8c celle de Draq , ſont marquées par petits poincts aux
Globes modernes deHondius 6c d'autres. l j
Quant aux lettres, ilsy reüſliſſenèſi heureuſement, qu'on a veu touſiours en A'n—
gleterre quelque illuſtre perſonnage , qui s'eſt ſignale' par la parfaite acquiſition de
pluſieurs ſciences; &c leurs œuures témoignent aſſez qu'ils ſont auſſi profonds en
doctrine, que ſubtils en leurs conceptions. Les femmes meſmes Font voir combien
leurs eſprits ſont capables de tout , veu que la Reine Elizabeth entendoit parfaite
ment le Latinie Françoislltalien 8c l'Eſpagnol, 6c parloir Fort bien toutes ces lan~
gues ; outre qu'elle auoit auſſi cognoiſſance de la langue Grecque 6c de l’Hebra~1'
quegnonobſtantle ſoin dugouuernemenfiauquel elle s'occupait, auec autant de
bon-beur que de prudenctxôc ſcierícede bien regnerz 6c [canne Grayefille du Duc
deSuffolqmariéeà Guilſord Dudlei,fils du Duc de Northumberlandfit declarée ſi'
'Reine d'Angleterre ,l'an mil cinq cens cinquante-trois; eut la langue Grecque 5.
commandement , 8c ſut excellente en Poeſie, 8c toute ſorte de doctrine. Auſſi les
femmes A ngloiſes ſont plus curieuſes que cel les des autres nations: principalement
pour le regard des langues, Latine, Françoiſe ,Italienne 8c Eſpagnole,- tellement
giron' n'y trouue guere de Dames qui ne-lesſſçachent preſque toutes en perfe
~ ion. *
~ Ilsſont enclins au' -trafic
. '-1
laborieux, dſſêfflordenlíraremeni: deleurs premieres pen?
ſées,ſont grands ſauteurabaladinsfiót Muſiciens, hazardent tout ce qui leur vient en_
l'eſprit,comme ſi l'on pouuoitexecutelſitoute choſe auec autant de facilité qu'on ſiſe
?imagine z &- les Femmes y ont des courage: d'hommes, pourcommander; mais f_
auec ce defaut , qu'elles l'ont auſſi pour pourſuiure leur hayne iuſques à .la
mort ' '
Les Nobles y reçoiuent ſort courtoiſement l'es eſtrangers, œ les ſeſtinent , auec
autant de magnificence que de Franchiſe; 8c les Damesmeſmegqui y ont vn grand
pouuoinſont des plus courtoiſes ,- de ſorte qu’vn homme bien né , qui recherche les
bons lieux,pour eſtre cognu,s’y liſſe aiſément, 8c ne peut ſe repentir de la curioſité
de ſon voyage .non plus que de a nouuelle cognoiſſance; ſinon qu’il ſe rauale trop
en ſescomplimens , prés de quelques vns qui ſe priſent trop,8t meſeſtiment ce ra
bais- à noſtre
. mode , q ui ſe fait P ar excez de courtoiſie
, ï non _P ar defaut
. de cou ï
rage. '
Mais ſi toutes ces Ioüables qualitez ſont eſtimer cette nation , en voſſicy d'autres
qui la noirciſſent. Le peuple eſt ſans courtoiſitzenuieux-&t cruel ennemy des eſtran
gers, contreleſquelsildécharge bien ſouuent la fougade de ſon vin , qui neſe peut —
I
atteſter que par vne douce plainte 6c priere.& non par la reſiſtance; puis eſt grieſue
ment punie parles Magiſtrats , autant deſireux de ſauoriſer les eſtrangers en iuſtice,
que les autres le ſont de leur nuire. ’ _
Les Anglais ſont generalement altiers Gt ſi pleins d’orgüeil,qu'ils ne cedent point
à l'Eſpagnol en ce poinéhou peut-eſtre le ſurpaſſent; 6c ſi l'on en excepte quelques
vns bien nez 8c nourris , on trouuera leurhumeur fiere , tout à fait inſupportable à
ceux qui ont quelque ſentiment ôcſicourage. Toutesſois ſi on cede ä vn Anglais ,ils
mettent bas tout orgueil ,Sc ſe Familiariſent ſort, 8c ſont bons amis; mais illeur faut
cederñ. C'eſt cette humeur qui les pouſſe à deſirer qu'on leur rende des honneurs ex
traordinaires ,GC qui' fait qu'ils contraignant leurs domeſtiques à de gran-desv ſou
millions, meſme entre marchands 8c 'gens de meſtier; veu qu'il' n'eſt permisä aucun
domeſtiquefolt enfant dela maiſon, ou eſtrangerj &auoir la teſte couuerteaulogis
_tluMaiſtre 5 6c pour le regard de ceux des Seigneurs, de quelque condition qu'ils
\
2-2-5 Angleterre. ſiſi
_ſoiennil n'y ariguettr deTI-Iyuer qui lcurpuiſſe permettre de ſe couurir en la charn
bre de leurs_ maiſtres. _Les Comtes 6c les Comteſſes s'y font ſeriiir à genoux z &c
leurs Eſtaffiers , Carroffiersj, Pallefreniers Gt autres ſem iteurs defemblable eſtoffe,
'pe ſçauroient vſer en vingt a s vn chapeau à leur ſeruice. LesCôteſſeS eſtans veſues ,
ſielles épouſent vn- homme peingarderont touſiours le tiltre d.: rangde Comteſ
ſes,au contraire des François. Cette meſme humeur les rend graues, 6c leur fait en
ïtretenir-leurspenſées _ſur l'eſtime deleur nation , &c fait qu'en leurs lettresac leurs
complirnens,ils ne laſchent point de proteſtationde ſeruicqcomme leurs voiſins;
'ſinon qu'ils lesâyent pratiquez. De là vient encor que le peuple aiſe' mépriſe par fois
la Nobleſſe, voulant preſque aller du pair auec elle; que ceux de cette nation mé
-priſent tous-les autres peuples: 6c que s'ils apperçoiuent quelque eſtrangexzde viſage
.35
6c de façon agreable, ils diſent,~.qu'ils regrettent de ce qu’il n'eſt pas Angloiszque les
Gentilsñhotnmes quoyqſſextremement pauures, vantent exceſſiuement leur No
bleſſe, voire meſme ſe diſent yſſus de race Royale; 6c qu'outre qu'ils ſont pompeux
au paiſible en leurs habits, ils ne marchent point ſans vne grande ſuite de ſeruiteurs,
-ayans des écuz d'argent au bras gauche; de ſorte que pluſieurs eſtiment, qu'à cauſe
tie cette lon gue file de gens qui vont apres eux, on a dit queles Anglais auoient
des queues. .- _
_ Au reſte, ils mentent volontiers, &c ne peuuent-demeurer en paix, 6c ſans brouil
_leriez qui ne ſe paſſe guere ſans ſang,& ſans meurtre, nô plus que leurs émeutes 8c ſe
ditiôs aſſez frequences: maisleurs troubles paſſent d'ordinaire dans huit iours,&ſont
auffi-toſt étonffez qwéclos. lls ſont ruſez _de trompeurs, gourmands, 8c trop gran ds
_mangeurs dechair, addonnez à leurs plaiſirs( excepté que le tabac 6L le b_0ire,leur
fait moins deſirer celuy de l'amour, 8c les rend moins agreablesà leurs femmes) ob
ſtinez en leurs croyance 6c reſolutions,cruels , farouches 6c ſeditieumcomme ſoub
'misau Belier a: à Plîſtoile de Margtellement qu'ils ne peuuent pas bien ſouuent ſup
.porterleurs Roigdont pluſieurs ont eſté tuez par la faction du peuplesflc de plus ,ils
portertflbnguementleurbaine. \
On les taxe de perfidie 6c de manquement de parole , de ſaineantiſe , que la lon
gue paix a introduite;de peu d'amitié entfeuxsde donner trop de croyance aux pre
dictiôs,& Scaligermeſme en ſa PoTêtique legnommeinſenſez 8c ſols, combien qu'il
ayt peu d’apparence,&qu’il ſemble que ce iugement ſoit plutoſt party de ſa médid
;ſance ordinaire, 6c de ſon méprispu bien de ſa paſfiornque de la vraye cognoiſſancc
de leur naturel; _ . ,. .
Ils on~t encor en la guerre ces defauts , que s'ils ne ſont traitez i Faccouſtumée ,ils
tombentauſii-toſt en delongues maladies, ou perdent leur viue ardeur à combatre,
6c ſupportent mal-ai ſement la peine : que le vin eſtranger leur donne des fiévres ar
dentegpource qu'ils ſont accouſtumez à la biemôc qu'ils ſe rempliſſent trop de vin,
de meſme que de viandes; tellement que quelques vns ont dit à propos,que les An
glois ne ſe peuuent maintenir nan d-trois B leur manquentà ſ auoirJa Biere(qu'ils
appellent toutefois Ale) le BiË, qui eſt la chair des ieunes bœufsctc le Beddezqui eſt
ie lict. _ _
Et certainement ils boiuent du vin au delà de ce qui leur peut ſuffire; puis l'ors
!qu'ils ont fait quelques excezà boire,ils ſe ſeruent du tabac,qui les décharge en peu
de temps; ſi bien qu'ils peuuentreprendre le verrqcommeau arauant, 8L ſe remet
tre en débauche. Et quant aux femmes, on ne \neue point les emmes d’honneurau
cabaret , vous les menez promener en careſſe ou par baſteau hors la ville dans
quelque bourgade voiſinepû vous leur donnez la collation dans vne tauerne ä vin,
8L non dans vn cabaret; Gt cette collation eſt modeſte, où elles boiuent fort Peu z 6c
faut qu’il y aye de la creſme.auec des fraiſes ou des côfitures ſechegque vous appor
tez: les honneſtcs femmes ſont fort retenues pour la boiſſon du vin, quand ce ne ſe.
roi t que de peur de gaſter leur beau teint: mais les garces vont par tout, tant dans la
ville qu'aux champgôcſont en vn mot,garces,comme àPariszôt débauchéeszde tou
tes ſaçons : mais les honneſtes femmes 6c filles , ne vont iamais à. la tauerne dans la
ville qu’auec leurs peres ou maris. _ .
lls ont auffi cette bizarrerie contraire àſhumeur de toutes les autres nations,qu'ils
aimentletintamarre 3c le gros bruit, comme du canon 8c du ſon des cloches. de
ſorte qu'à Londres pluſieurs ſortans de bien boire,montent ſur les tours &E clochers_
a; demeurent 1a deux ou trois heuresâ ſonnerôc carillôner ſans ceſſe, pour leur ſeul
contentemêt: voire meſme ils gagent quelquefois_ à qui farreſtera plus long-tem pg
f
Angleterre. 227
par-my ce bruindont le cran-ail en a mis des plusrobuſtesbien forment ſur la litíere,‘
ou par rupîtion de veine, ou par pleureſiepu par pareils autres accidens, de ſorte que
les meſmes cloches quiont ſeruy n'a guere de paſſe- temps à ces deſeſperez, ſeruent
cncorpour faire entendre leur mort ſimplement à la Paroiſſe; mais en telle ſorte,
qu'on diroit en cette action toute languiiſantc , que les Anglais ſont ſansbras, au
lieu ’que chacun ſemblçen auoir cent en l'autre.
l” Ils ſontauffi tellement nezaularcin, qu'enc0r que vous ſoyez attentif à la con
ſeruationde ce que vous auez ,au lieu où il y a des Anglais, ils vous font cognoíë
ſtre ven vous tiranè tóuſiours inſenfiblement quelque plume , qu'ils ſont plus habiles
à vous enleuer quelque choſe,que vous n'eſtes à vous garentir de leurs ruſes; de ſor
te qu'on pend tous les ansà Londres plus de cinq cens de ces attrapeurs. Et ce deſir
:Pomporter le bien d'a-army à quelque prixvn
que ce ſoit , lesdefait bien paſſer ſi auant,
que les (ſioldats venus de bas lieu,pourauoir ſeul teſton leur compagnomquîls
ne peuuent abuſer; d'autant qu’il ſçait auſſi les tours de Villon , luy couperont bien
ſouuent la gorge ,s'ils peuucnt , comme on peut voir aux armées où cette nation ſe
trouue. Auſſi iay veu dans celles desEſtats de Hollande, qu’on accuſoit touſiours
les Anglais de tous les larcins qui s'y com mettaient. Et pour le regard de leur pays,
il s'y trouue force voleurs, qui ſe rueroient àtous propos ſurles eſtrangers , ou paſ
ſans mal accompagnezmeſtoit l'or-ire qu'ona mlsde faire aſſembler les villages, ſi
toii: qu'on ſe plaint d’vn volſait pendant que le Soleil eſt ſur H-loriſon, ainſi que la
Hermandad saſſemble en Eſpagne. Quant aux villes, on eſt aſſeuré qu’vne choſe
tant ſoit peut égaréqſe trouue auſſi-coſt perduëz, Gt ſi l'on y marche de nuict malac
compagnéſtîon eſt en däger de ne voiriamais plus le iour, ou pour le moins ce qu'on
porte. Mais ces
uais deſſeins , ſe gensnayans
mettent ſurlapas ſiir, afin
mer l_a terre aſſez de
d~’c'cumer demoyen d'effectuer
tous coſtez ce qu'ilsleurs mau
ſipeuuenti
tellement qu'on n’oit que des plaintes des vaiſſeaux Anglais , qui rauiſſent tout
'ce qui n'eſt-pas capable de leur reſiſter. A uſſi pluſieurs Anglais vend Er tout ce qu’ils
ongpour ?employer ou ſeuls,ou cle compagnie, a l'armement d’vn vaiſſeaufur l'eſ
poir 'de s'enrichir par leurs courſes, non par leurtrafic: veuquïls ne porter bien ſou
uent desmarchandiſegqivaſin de couurirleurieu: mais ſont bien fournis de canons
8c d'autres armes, 'de poudre 8c de Balesrſi, bien qu'on rencontre en eux le commun
ProuerbaMoitié
d'ordinaire guerre,
aux faibles la moitié
vie auecmarclíctfdiſe, Mais au lieu
les biens: lesſſvoleurs que ces
de terre Corſaires
ſoüillent oſtcnt
rarement
leurs mains du ſang des paſſans , & l'eur donnent ſeulement quelque coup de leurs»
longs baſtons ferrez_ ſur' les reinspdlechignon du col,pour les eſtourdir, 6c les met
tre hors de defenſeuÿ! par ce moyen ils prennent ſans reſiſtance' la bourſe,& laiſſent
la vié , puis leur aidentàlemonter Zi cheual , s'ils en ont , auec certaine froideur , a:
comme eſpece de courtoiſie,qui leur eſt commune.
Occupa Les GentiIs-hommes Anglois, qui tiennent à des honneur le ſejourdes villes, 5c
110M.
sbpiniaſtrent z celuy des champs, s'occupent ordinairement à toute ſorte de chaſſe,
ou bien
ceux quiàiugent
faire valoir leurs domaines:
plus Nobles enttëeux 5c faiſans
ceux grand
qui ſont eſtat dela ménagerie,
plusctrichesme com
dédaigntnt me
point.
le trafic de la laine 6c du beſtail , 6c rſeſtiment point que cete action les rende moins
Noblessaddonnentàl'agriculture,
autres , bien qu'elle leur ſoit commune auec
ou bien àlales payſans
garde 6c gens combien
du beſtailſi: mécaniques.
qu'ilLes
s'y
trouue beaucoup plus de bergers ou gardeursde troupeaux GL belles de toute ſorte,
que de laboureurs. ’
Les autres rrafiquent ou voyagent , ou pour lahegociarion , o_u pour écumer , ou
par
des curioſitépu ſuiuent les guerres
armesgnonteràcheual eſtrangerespu s'occupent
, 6c dancenmeſmeenctltalie, auxà exercices
ou bien celuy des de faire
lettres,
pour leſquelles ils ont les deux fameuſes Vniuerſitez d’Oxf,ord 6c Cam brige , outre
les Eſtudes de Londres. Les Nobles Cadets n'ont que la vie chez leurs aiſnez,com
me en noſtre Baſſe Bretag ne , tellement que cela oblige ces puiſnez de grand
maiſon d’eſtre valets de chambre de leurs proches parens qui ont des Offices à la
Cour, pour par leur _faueur obtenir quelque gratification du Roy, eſperant plus de
leurs parens que de leurs frereszëeſtpourquoyquafi tous les valets de chambre ſont
Gentils-hommes de tres-bon lieu. ' ' î’
Rep”. Ils feſtinent magnifiquement; mangent beaucoup, 8c principalement force chain»
8L peu depaimôc lzrviande qu’ils eſtiment plus,c'eſt la chair de bœuflqui y eſt tres
bonne. Ils prennent leurrcpas ioyeuſcment, parmy quantité de viures ,' ôcrecher:
r \
228 Angleterre;
Clîelfft que tout y ſoi-t net 3c propre. Mais aux cabarets on ne void de tous coſtez que
fumé S du tabac qu'ils prennent,afin de ſe diſpoſer à mieux boire. Ils boivent force
biereictaite d'orge ou de bled,que les Anglois nomment Ale. L’Aleou Ele , eſt faite '
comme la biere ſans houblon, 8c c'eſt la ceruoiſi* des anciens ,‘l'on boit Fort peu de
cettte Elîe en-Angleterte , mais beaucoup en Eſcoſſe , où ils n'ont_ pas tant de fleur de
houblon; mais ils boiuent force biere en Angleterre, 8c c'eſt la boiſſon Ordinaire de
cete lfle,& la boiuêt par delicateſſe: car elle pique plus la langue”. n'eſt pas ſi forte
~ que la biere,ny aucunemêt amere. Ceux du pays de GallesJa nôment en leur vieille
langueBritänique Kvvrvv,qui eſt,côme on croit,le nom que Dioſcoride luy deuoit
donner,au lieu de celuy de KurmLLeur biere eſt preſque ſemblable à cel le de Saxe-î
mais ils en ſont vne plus puiſſante 8c fumeuſe, qu'ils nomment communémët 13°11
ble biere,qu’ils ont accouſtumé de porteraux nauigations plus lointainegptincipa
ſilement du coſté du Nord: pource que c'eſt vn breuuage ſortagreable aux Moſco-ñ.
uites,RuffieiÎs 8c autres nations voiſines. lls en portent meſme beaucoup en Hol
lande, où cette ſorte de biere eſt Fort recherchée , quoy que. celle du pays ſoit des…
meilleures 6c plus agreables, l y , l ñ _
Quant au vin, il n'en _croiſt point en toute l'Iſle, où l'on void ſeulement des treil
lages 8c ceps mis' par curioſité comme aux Pays - Has-zz: de pluswnevigne de quinze
ou vingt hommes, ou iournaux , que la Reine Elizabeth ctfit planter à Grenuich, où
. les raiſins ne ſçauroient à la fin d'Octobre auoiracquís la maturité que les noſtres
ont au commencement d’Aouſt, 6c ne meuriſſent iamais parfaitement, ayant man
que de chaleur._ ~
!Ils ne laiſſent toutefois d'y boire de plus de douze ſortes devins,dont les plus puiſ
ſans ſont ceux de Candie &c de Canarie,& de Malaga au Royaume de Valence, qui
eſt le plus
ſ ne,& ſaut delicieux,
dire Pedroc'eſt celuy que eſt
Ximenes,qui nous appellons
le nom parqui
de celuy motporta
corrompu Parochime
le premier duplant
de Candie : les autres ſont vins de Re', vins d'Eſpagne, 6c vins de France, qui vient
preſque tout de Bordeaux, 8L y eſt le plus commun, Sc à meilleur marche'. Ils vſent
auſſi de vin bruflé , tant eſtimé des eſtrangers , 6c tant aime' des Dames Angloiſes.
Celuy-cy ſe fait auec de bon vin, où l'on iette quantité de ſucre,de canelleſht d'au
tres eſpiceries; puis on y met le Feu , lequel eſtanteſteint on le boit tout chaud , ou
pour le moins tiede: 8L c'eſt auec celuy-làque les hoſteſſes remettent les eſtomacs
de
nesceux
à vinque
.Sc àlabiere:
violence
maisd'vne
cellestempeſte a deſtraquez. Il y par
âvin ſe fontſſrecognoiſtre a dans
vne la bille des
grande cauer
enſeigne.
qui va pendre ſur le milieu de la ruë; ce qu'on ne pratique pas aux autres. C'eſt là
_ que les Femmes 8c les filles vont librement boire auec les hommes', veu que c'eſt
courtoiſie meſme aux eſtrangers de les conuier , quoy qwaucc peu d e cognoiſſance;
R l'on n'eſtimera pas vn ieune homme du commun , ſi lors qu'il aime vne ſille , 8c la
rencontre par la ruë,il ne luy preſente la collation en quelque cabaret, où elle ne re
fuſera pas d’entrer,& le pere de la fille le ſ achant, en aimera beaucoup plus le ieune
_ homme-ellesn'
> vont u’en com P a 8 nie de leurs pereS,meres ou maris.
Nonobſtant
coup cettepour
plus dſieliberté couſtume de boirequ'en
les eſtrangers a l'Alemande iuſqu":toutefois
Alemagndoù l’excez les
,il honneſtes
y a beau
gens qui ont voyagé ſe monſtrent diſcrets aueoles François) veu qu'on y fait iouër
rarement les couteaux 6c les poignardgpour ſatisfaire ‘a la brutalité de ceux qui rui
nent leur ſante',pour boire à celle des autres.
Touteſoisles Carous , qui ſe ſont à la ſanté des Princes 8c des Seigneurs , y ſont
ſoigneuſement pratiquez auec force honneur ,le genou] à terre , 6c le chapeau ä la
main; Gt l'on ne ſçauroit mieux ſatisfaire ivn de ces Meſſieurs , que ſi ,lors qu'il a
aualévne taſſe de vin d'Eſpagne ou de Canarie, à la ſante' d’vn Prince, quelque bon
compagnon le recharge de deux à ſa ſante'. Ce que les Grands ſont le plus ſouuent,
auec le plus puiſſant vin,ou bruilé,ouautre,le menu peuple le fait auec la biere, 6l ſi
rudement , qu'il en faut porter la moitié au lid: , tandis que 'les autres cherchent vn
lieu propre par les ruës,pour digerer leur boire. Au reſte il ne faut pas s'y preſenter à
table ſans couſteau , ſur peine de maſcher- à vuide , 8L de ſeruir de ioüet aux autres ~.
ſinon qu'on ait l'eſprit de reparer auecÎle verre la perte qu'on ſaità ſaute de couteau;
veu qu'on y trouue perſonne qui ſe vueille deſſaiſiè du ſien , pour accommoder vn
autre.
Ledeſſerteſt auſiî ſplendide &abondant qu'en France , ſelon les conditions des
Perſonnes. Mais on y porte_ de plus vnc pippe de tabac pourteſte., afin de _réueillcr
' [appetit,
<w‘ r' —- ,-v
' "TJ s _. _
ñ Angleterred. 229
Par-petit; de ſorteſſqubn y fait vn grand degaſt de petrin: oh tabac; quoy que
le dernier Roy Iacques ayr dict ſouuent, que s'il-falloir… ſeſtiner vn Dia--.
ble il le voudrait receuoir auec vn plat deimoruë- ~,² :65 auſſi vne pippe de;
tabac. ' - . ~ ,
Halal”. — (Lnanr à leursfi-habits , il, qu'ils
y a long-temps' qu'ils
ceux des François gentille l'ont preſque toutont' 'trouue
-àfaict la façon
ſuivie, de
ezçceptêîſi,
que leur pom-point eſt plus court , 5c ſoudain qu'il y aóenFrance quelque nou'
uelle façon , les Anglois la tranſportent en leur pays, oc ſe Papproprienc ,ñ ſans
Yauoirtoutesfois entiere, 5c du ïtout_ ſemblable 3 ou pour l'inſuffiſance-de leurs _
ÙillcÜrS , ou peut eſtre pource qu'ils ſuyenr d'eſtre eſtimez ſans inuention, 6c
d'emprunter" cetteïgentilleſſe; éctproprieté, ou pour -mieux dire bizarreriehdesñ
autresJëñ-ñ -,‘~'s'd‘_.;..|~," l.
Les Seigneurs . ._—
ñâcſi-Gentils-hommes' )‘ M. - ~ en-leurs
-ne ſont pas moins inconſtans - ha-ſſ .
bits qu'à la Courde France, d'8ùils tirent le modelle, ſelon que les François le leur
tracent; 6c l'ordinaire des honneſtes gens , eſt d'aller-confiants botte', meſmepar',
la villel, ſoit à cauſe desbouëgſoit pour marquerquïls ſont gens-de condition;
8c dans les armées ils-portent auffi touſiours la petite bone,, quoy que parmy. _les gens'
de pied, a ſans charge, 6c, entrent ainſi en garde , afin …deſire diſtinguez des
autres; - .' - rd c=~ l 'ó — ſiÎ . . , …
*J Lesfemmesy ſont leſtes scpompeuſes., plus qu'en nul autre pay-s , auec leurs
veſtes à Fltalienne , de ñſacin , velous , ou autre riche eſtoffe , auec des paſſe-e
mens', ou de broderies d'or, d'argent, deſoye-,voire meſme de perles,ſelon lacon
ditionzpuis ſur leur coiffure nonchalantqellesrporrent le chapeau de caſtor à grandsw
bordgauec la plume couchée. ‘ . .. ' . ' '
Les Dam oilelles à marier ſont en-iuppepâc portent la veſte 6c la plume de meſme .
queles autres; 8c lors qu'elles vont 'par la ville,il y a touſiours vn iedune homme qui
marchentdeuant elles. _ ‘ - . .c 1
Les femmes de moyenne qualité portent des robes auec le corps , 8c pour la pluſ-ë;
'parc des chapeaux. :-~:, … , … ’ --
Les -bourgeoiſes portent le chapeau de cbſtor noir, ou de velous pliſſé , qui leurf
releue fort leur
en cheueuxſſ ſurlebeauté:
moule,omis les Dames
ſauf'quand elles6cvont
Damoiſelles
aux chamſont coiffées
ps,elles àla Françoiſe,
portentle chapeau
deæcouleur auëc la plume &- broderie d'or ou d'argent : Elles portent auſſi , tant
Bourgeoiſes que Damoiſelles , des plumes noires dauſtruche enchaſſées en vn man
chedargent enla rnaimcomme vn éuentail ouuert , tant Pl-Iyuer que l'Eſte', le ſatin
blanc; ê( laparure ordinaire des ſuiuansôc des ſuiuantes, leſquels d'ordinaire-poſa
tent des robes de ſatin-blanc, que leurs Maiſtreſſes leur donnent z @Sc les Seigneurs 6c
Dames ſont Ûeſtus de draps dîor ou deſoye couuerte de broderie d'or ou d'argent:
car cellede ſoyeneſt p~as eſtimée. . r' , - ;
Mais tous ÿaleſtiſſentæ ſe parent lemieux qu'il leur eſt poſſible , leiour de ſaínfli
George, pour plaireau Roy, qui fait ce iour-là des dépenſes extraordinaires. On
void lors parmy les Dames leschaiſnesdediamans com munes,de meſme que celles
de perles, 6c la broderie d'or, ou celles deperles ſur vn Fond d'or. On. void auſli ſu.
perbement veſtus leurs maris, qui ſont ſuiuis d’vn grand nombre d'Eſtaffiers, 6c pa
roiſſent apres le diſner du Royan champ afflgné pour la Feſte, où les plus bel
les Damesdumondelesregardent,&iugent deleurscoups 3 veu que toutelhpreſ
dinée ſe paſſe à rompre lances , _parmy les fanſares des trompettes ,. iuſques à
ce que le Roy y met fin , allant rendre l'action de graces en la Chapelle de_
\Vit-hale. . - - -
Au reſte , il faut remarquer , que les Seigneurs Anglais ſe plaiſent grande
ment-à auoir des Laquais , 'Gt des cheuaux qui courent bien , 8c gagent ,les vns
contre les autres , meſme de fort grandes ſommes , ſur-le” diſpoſwion ; pour
voir quel de leurs Laquais , ou cheuaux , aura pluſtoſt fait huict ,' dix ou dou
ze _lieuës 5 œ gageront quelquesſois ſur la courſe de Laquais à Laquais, che
.ualà .chenal ,… Laquaís contre chenal., 6c chenal contre-LaquaYs-'Gc l'on a
veu~du temps du dernier Roy Iacques , vn de ſes Laquais Irlandais de na
tion, qui auoi! gaigné à la courſe de douze lieuës tous-les meilleurs cheuaux
d'Angleterre. _ -
Quant à la populace, elle y garde religieuſeinentſancienhc mode, couchant les K
Europe. V\
.\
230 . Angleterre. . '
chapeaux aſonds de cuve, &les chauſſes àla matelote. lls portent auffi des cha;
peaux velusîi petit bord; 8c c'eſt delà que nous ſont venus les Tapebors, qu'ils ont
pris ſur les monteras ou habille mens de teſte , pour la chaſſe des Eſpagnols , qu'ils
ont apres_ diuerſiſiez. ' .
On- parlè deux 'differentes langues en ce Royaume , dontPvne eſtPAngloiſe; Lingua.
fautreflhncienne Britanniq-uqdont les habitansde l’l \le vſoient auant que les An- '
glois Saxons la poſſedaſſent. L'A ngloiſe,qui ríentplus de l'Alemande , de particu
lierement cle-la SaxOnne,'que de nulle autre , eſt mel] ce , à cauſe, duregne des Nor
mands , d'vne infinité de mots-François vn peu diuerſiſiez, 6c pareillement de La
tins,Ital‘iens,‘& autresnaturalizez parles Angloisç pourſembeliſſement de leurlan
gue-,qu-'ilsmettent à ſon plus haut poinct, par ce choix des motszqui-la peuuent ren
dre plus delicate,outre qu'il s'eſt trouue' de gentils eſprits entfèuigqui l'ont autant
addbucie par cette meflange , que raffinée par l'agencement des plus propres ter.
mes,& meſme en on t fait deſirer l'intelligence pariÊurs beaux diſcours moraux,par
leurs Paſtorale:
leur lan , 6cleur
gageauec Poéſies,
eſprit.dont
Il eſt les
vrayconceptions
que le triaſſgehautes à: gentilles
des paroles , font eſtimer
cſtrangeresfait que
le vulgaire a bien ſouuent beſoin dînterpretſie, aux plus beaux diſcours qu'il lit, ou
qu'il oyt , comme rîfentendant pas beaucoup de mots ,non plus que pluſieurs belles
penſées ,- 3c ie voy qu'encor tous lesíours ils changent ,adjouſtent ou retranchent _
quelques mots, dont l’vſage leur ſemble de meilleuregrace, ou deſagreable; Voicy
leur Patenoſtreordínaire.
ſi-—' Our father» \viche arte_ in hiauen. Halowed be thy name. Thy
_ Kyngdome
come.Thy \wyll be done euen in carte, as it is in heauen. Giue us thys day our
dayly bread, And ſorgiue us our dettes, as We alſo forgiue our detters. And lea
de us not in to tentation; But delyuer us from euyll. ~
Quantä l'ancienne Britannique , elle eſt ſeulement en vſage au pays de \Val-à
les(ou Galles , à noſtre mode) 8L de Cornuaille , 6L ſe nomme autrement Cam
brique, pourcequïls nomment leur pays Cambray, au lieu que les Alemands
8c Saxons les ont appellez Wallons , c'eſt à dire , Gaulois , ou eſtrangers , 6c
leur pays _Wallex Voicy comme ils-diſentÏOraiſon que noſtre Seigneur a en
DCC.
gEyn taad rluvn yn y nefoedd :- Santeiddier i yr
i~ - .
heneW tan*: deued y dyrnas
dau: gwneler dyvollys , ar yddayar megis agyn y niſi. Eyn bara beunyd
dawl' dyro inniheddiw: a madden yimi eyn deledion, megis agi maddewn
in deÀedWr ninau. Ag nathowy ni in brofedigareth : namyn gwarcdni thag
dru . .
q élu reſte ,les Anglois prononcent le Latin d'vne ſi eſtrange ſorte , que m'en
tretenant -auec quelques vns qui ne ſçauoient pas parler François , ie ne
pouuoy pas les entendre au commencement , 8c fus longuement en cette
päine , iuſques' à ce que 'Peucompris leur façon , qui ſemble à l'abord du tout
e ranoe. ' - -- ' ,
Lfbn ſuit en Angleterre le Vieil Calendrier, non le Reformé Grego- ^“‘*' ‘
rieni 8c l'on ycompte encor ce iourd’huy le commencement de l’annc'ele premier
de Mars. : r
Pour le regard de leurs funerailles, ils cenuientpremierementceuxquidoi- EWT
uent accompag nerle corps, 8c auant que le ſortir , vn chacun des conuiez fait î
collation dans la maiſon du defunct; meſme ils donnent ſouuent des gands
aux plus proches , 6c d'ordinaire à ceux qui enſeueliſſent le corps , lequel ils ~
entourent tout de laurier 6c romarin, auant que le mettre dans la bierezêutre
ce , chacun des conuiez porte vne branche de laurier ou romarin S 6c le mort
eſt porté- dans l'Egliſe de ſa Parroiffe, ſans bruit. Lors qu'il eſt arriuc' au lieu
de ſa ſepulture , oïdeuale le' corps dans la foſſe , 6c chacun iette ſur luy ſa
branche de laurier ou romarin. Apres cela , le plus proche parent du de
funct iette le premier de la terre deſſus , &c le Miniſtrefaitvne exhortation , puis
on- rhccompagne les parens du defiinct àſon logis, 8c n l'on ſert premieremcnt
des dragées 8c des confitures , puis on couure l'es tables de viandes 5 6c. les-ca
roux n'y ſont pas épargnez 'a l'ame du defunct; duquel ils prcſchent les~ loüan
ges , diſant entr' autres choſes , que c'eſtoit le meilleur enfant , le plus rude
beuueur , &le plus brauc tireur de ſtecks , que' l'Angleterre ayt iamais pro
. ', ‘.
'
_ - l
-—~—*
Angleterre. _ 231
duit. Pdrmy ces loüang-es les pots' ſe vuidenc, le feſtin .prend 612,85 chacun ſc
ç retire. . _ ~ .- ñ .. '
Quantaux StCCK-G, donc i’ay parlé , c'eſt vne eſpece de fieurets de.'bois~,~pa~rez de ‘
grandes coquilles de paille , pour conſeruer les mains, dont-les Anglais. eſsriment
parles ruéSJeS Dimanches Sc les Feſſes, principalertiœit apres le ſeruicc, le ieu com- _
mcnçant par deumdont le plus fſioible fait place à quel que aurre,qui attaque le vai n
queur, 6c touſiours le vaincu mec bas lesarmes, qu’vn autre prend , 8L ce combat
séchauffe
bes, ſibientellement queporter
qu'il en ctfaut les teſtes ~n'v ſontvnsépargne-c'es
quelques nonceplus
au liELVoila qui que les 0S
ſe peut desdesiam
dire fu
neraillles de la populace. '_ - .
les Aux enterremens
ilsobſeruent celle-des
cy ,Grands il y conduire
qu'ils ſon: a beaucoup
lesplus de àceremoniesï
morts -ln ſepulcſſilreencre
dans leſquel
des ca
roſſes, en la nuict la plus obſcure qu'ils peuuenc choiſir; la rendant toucesfſiois pour
noire q~u’elle ſoir , auſſi claire que les plus ben-ux iouvs dÏEſté , par vne merueilleuſe
quantite' de flambeaux 8:. de cierges. ' - _, q» \
La Reine d'Angleterre, Anne de Dannemarcſſk , eſtant morte l'an mil ſix cens
dix-neuf; lesDoyens 8c lesautres Eccleſiaſtiques àleurmodægporrerenr ſurplis 8c
chappes à ſon enterrement , ô: apres pluſieurs Seigneurs , Çhanoines , Muſiciens 6c
Officiersſiuiuoit le corps 5c l'effigie ſur vn chariot , tiré par ſix cheuaux harnachez
de velours noir, fourré dhermines. Les Cochers eſtoient hïbillez de velours noir,
&E lon voyoit pluſieurs-banderoles ſui-les cheuaux,& ſur le daiz de velours noigpor
té par ſix Seigneurs; On voyoit apres l'effigie pluſieurs Seigneurs; puis les principa
les Dames de la Cour, auec vn voile blanc R noir , 6c la haquenée hamachée de ve
leurs bleu,en broderie cſargengmenóe par les Eſcuyers; puis vingt-cinq rangs dc
Dames de meſmes 5c trente-fix rangs de filles , habillées de noir, &voilées de
blanc. __ _
. v r" -.—
\ .«. - \,ñ_ A . . . ~
..ÎATUIJ .., ~‘
M5"°7‘Ï~ _ Es Anglaisv ont pourlwr-monnoye deseſpeſices decuivre, d'argent Z: d’o,r. 11$ -ſi -‘-²'- ~ ſi ‘ſ'ſ,.‘_ .H ,.' . ..
\
232 Angleterre.
-' Quant au poids d'Angleterre, il eſt tel que centcinq liures de Londres en ſçnt Poids l;
cent ſeize de Paris, cent vingt de Roüen, 6: cent de Lyon, 6c pourleregard des aul mïſlltcs.
nages, la Ya-rcLVe-rge 'eſt leur commune meſure , qui ſe rapporte en telle façon aux
-noſtres,
Venitiensqueont
les recogneu
cinq verges, que
de Londres
la vergeſont trois aulnes
ſide Londres de Pariscinq
conti-ent ou de Lyon;
quarts de&cleur
les
braffî_ -, tellement que cent verges de Londres ſont cent vingpcinq braſſes de
Veni e.
:Vaincr Le reuenu des Rois d'Angleterre ſur au temps du Roy \Henry ſeptième de Reucni”
du Roy,
(ieognliJ 97667 liures ſterling: , “valans neuf cens ſeptante-ſix mille ſix cens ſeptante de_ 6c Ritheſ;
bBn-'teio Rei;
nos liures. Mais au temps dub Roy Henry hui&iéme,auant qu'il ſe ſeparaſt de ſes.
p.1, li t. _
Teſoto Pol”. l'Egliſe, l'ordinaire reuenu de la Couronne d'Angleterre montoità cent cinquante
p.1. mille liures ſterling ou mille cinq cens de nos liures toutes les années ; puis ce
reuenu doublaauec ſvſurpatlon des biens du Clergé,ôt des Cheualiers de Rhodes,
c Eoſaccio
outre que ce Roy ï prit des meubles de l'Egliſe en or ou argent, 5c pierrerie des re
Mufflî” I516' liquairescroix., calices,images,cuivre, veſtemensprnemens, 6c choſes ſemblables,
metnnre.
Relaz-.M S. iuſques à la valeur de cinq millionsdor z &c quelques ltaliens curieux, qui ont éplu-ñ
ché plus particulierement (ès actionspnt remarqué qu’il fit trencher la teſte pour la
Religion à cent ſoixante hommes qualifiez, 6c tira de leurs biens enuiron trois mil
iions. Il tira de ſon peuple vn ſubſide de quatre millions 5c demy, payable en
trois ans à vn million 6c demy par an; impola vnehuictiéme ſur tout le Royaume,
qui monta deux millions, puis vne Bien-vueillance, qui reuintà vn inillion,ſix
cens mille écus g 6c vne contribution qui montait vn million, &t huict cens quarante
mille écus,outre qu'on tient qu'il vendit des biens d'Egliſe,iuſqu'à la valeur de trois
millions; ſi bien qu~il tira en tout plus de vingt tnillions,8c parce moyen eut la plus
grande partie ,de l'or &c l'argent de tout ce RoyaumaMais de meſme qu'il l'eutil le
dépença en pluſieurs Fortereffes , armées de mer, leuées pour appaiſer les trou
bles , 8c aux guerres contre les François , principalement au ſiege de Bo~_
logne. -
dHiſtonEecl Mais lesd Anglois qui ont recherché la verite' , touchant les biens del'Egliſe,'
Anglican.
nous ont rapporté, que tous les reuenus de ces biens Eccleſiaſtiques, tant en Anglez
terre qu'au pays de Galles, auant que Henry huictiémechangeaſt de religiommon
toient à 32.0180 liures ſterling , 6c dix ſhilling ;c'eſtdire', ſelon noſtre compte; a
trois millions deux cens vn mil le huictcens cinq liures,'dont il-en conuertit à vſages _
~ --ñproplianes ióiiooliures ſterling, neuF ſhilling, &t ſeptvpenſes o.u deniers, reuenan:
au compte de France à vn million ſix cens vnze millequatre liures quinze ſols dix
deniers. ' — —’ - — ~ ’ ' - .-2 -‘ .
' Maintenantle Roy' dela grande Bretagne tire du Royaumedükngletcrre ſes ref
e 30m0 m_ uenus tant 0rdinairesqſſextraordinaires,des chefs qui s’enſ_uiucnt‘. ' .
Psolit. Il y-a premierementle reuenu desſondgou le Domaine dela Couronne, ap-î
ſſpellé le Vieil Reuenu , qui rend auec la Duché de Lancaſtre 6c de Cornouaille, .qui
luy eſt vnie, quatre vingt dix mille liures ſterling ou neuf cens mille de nos liures,
ſelon le-Threſor Politique, qui dit, qu'en oſtant diuerſes aflignations , qui ſe don
_nent ſur cette naturede deniers, la rente ſera beaucoup diminuée; mais ſelonvne
Relation plus aſſeurêezcent
ſicens cinquante mi-lleliures vingt. cinq millel-iures
de France» Que ſi le Royſterlingfaiſans vnmillioxxdeux
vouloitñaffermer ſes terres,
pourcequfil en pourroit-auoir raiſonnablementſüienccircroiërirois fois pluäs-veu
que depuis trois censans les Rois n'ont guereaugnæhté leurs anciennes fermes.; 5c
'de plus , quand le Roy veut gratifier quelqiſvn des ſiens,g il luy donne quelqu'un:
de ces poſſeflions , au prix de l'ancienne Ferme ,- 8.: ccluy7cy-'en. faiſant-nou
ueauî Bail à d'autres, en tire trois , &t quatre fois plus que ce qu'il en donne au
Roy. ' - — A > i , '.ï'!'”,),L . ;'
Il' y a le droict de la Garde Gt Tutelle-des pupils ,îpartidulicr 'à ée' Royaume.
qui eſt tel , que tous ceux qui demeurent en bas âge .ñ aptes la mort delleur pe:
re , ſoient mafles_ ou femelles, ſuccedans ſeuls aux biens , comme !riques ,- où
aiſne: , qui ſe trouuent auoir quelque terre, ou quelque membre pour petit qu’il
ſoit; rcleuantdela Couronnecomme Ficf, quoy que larecognoiſſanceſoit petite,
comme par,exemple d’vne paire de gands ou d’eſperons, demeurent iuſques à-lïâge
de vingtïvn an, ſous la garde 8c tutelle du Roy, quſiouyt de tous leurs reucmis du
rant tout ce temps, ſe contentant de leur-donner vn faible entretiens puis les pupils
A
- r** ñ ~ -z ,— ~
Angleterre; 233
ayansſiatteintläge deſiuſiaigpayêt au Roy certaine ſomme pourrentrer en leurs biës.
' Il ſaut comprendre encor en ce Chef des tutelles, les mariagegnon ſeulement des
pupils, mais auſſi de tous ceuxqui font hommage au Roy, pour quelque bien qu'ils
ont,quoy qu'ils ſoient majeurs 5 veu que nul d'eux eſiant en âge de ſe marier, ne le
peut ſaire,s'il n'a premierement compoſé auec le Roy, Maiſtre des mariagegpour le
regard de la dot.Ces deux droicts ioints rendoientau commencement dix ou douze
milleliures ſterlingzmais depuisfa cauſe des biens Eccleſiaſtiques vnis aux Laics , les
reuenus des particuliers eſtans d'autant plus accreus, il en tire nonobſtant toutes
graces plus de trente mille liures ſterling , qui font trois cens mille de nos
liures. î j
Ce droict des pupils fut introduit parGuillaume Duc de Normandiqqui ſe rendit
Maiſtre, non ſeulement de l'Angleterre , mais encor des fonds de ceux qui luy reſiñ
ſterent,qu'il donna,tant à ceux qui le ſuiuoient,qu'à pluſieurs du Royaumeïqui l'a
uoient recognu librement, à condition toutefois que les laiſſant a leur decez , à qui
bon leur ſembleroitfi leurs lieritiers eſtoientau deſſus de vingt- vn an,tous leurs re
uenus ſeroient au Roy, iuſquà ce qu'ils auraient attaint cet âge. Depuis ce temps ce
droict des pupils a touſiours eſte baillé à ferme. Mais vn grand deſordre s'yeſtant
gliſſé , a donné aux Anglais grand ſujet de plainte, _chacun ?eſſayant de ſe défaire
des fonds de cette ſorte , pource que l'auarice de ceux qui ont eu pour vn temps cete
ferme , qui ont tuuiiours eſté les plus grands Seigneurs du Royaume , afin de s'en
richir dauantage. a peu à peu introduit, que ſi quelqu'vn a deux fonds de cete ſor
te , 8c cent d'autre nature ,les deux ont pouuoir de ſoumettre les cent ~a meſme
charge. De la vient, qu'il y en a peu ou point , qui ne ſoient ſubjects à cela ,- de
ſorte, que ſi le pere vient àmourir , 6c laiſſe vn pupil , comme il arriue ſouuent , ſes
debtes ne ſont pas pavées; mais tous les reuen us eſlzans de la Couronne ou du Fer
m ier , le fils venu en âge, trouue les debtes du pere qu'il cuſt pû payer du reuenu. Il
faut adjouſier à cecy , qu'apres le decez 'des peres , pluſieurs vaddreſſent à ceux
qui ioüyſſent de cette ferme , 8c demandent la tutelle des pupils , offrant de
leur donner tant; &z ces tuteurs, s'ils ne ſont parens, comme il arriue ſouuent, rui
nent les biens des pupils. Que s'ils ſont riches 6c qualifie: , pource qu'il eſt au pou
uoirdes tuteurs de les marier , ils leur offrent leurs filles , auec la dot quebon leur
ſe m blezôt (iles pupils les refuſengpource qu'elles ne ſont de leur condition,ou pour
autre cauſe, ils ſont ob' igez de donner à leurs tuteurs autant d'argent , qufempor
te la dot des filles qu'on leur a offertes pour femmes. Le Parlement a ſouuent
taſché-de remedier a ces deſordres , 6c de faire ceſſer cette charge , les ſubjects
ayant offert au Roy de luy donner beaucoup plus qu'il n'en tire, &c de plus pour vne
fois vn don de 12.000 liures ſterling, ou r zoo mille liures de France. Mais les Mai
l-'tres des pupils des plus grands du _Royaume ,ont touſiours rejetté ces offres , pour
le .profit qu'ils en tirent. ' _
Outre ce que deſſus, il y a vne ſorte de reuenu , qu'ils appellent la Liutée
des Reuenus, c'eſt à ſçauoir, d’vne année , que payent nommément tous ceux qui
recognoiſſent tenii-_quel que choſe de la Couronne , lors qu'ils paruiennent &quel
que ſucceſſion des biens francs; 6c vne autre qu'ils nomment Relief,qui conſiſte
en la cognoiſlànce des Fiefs, qui ſont en fi grand nombre, &è de tant de ſortes , que
ſeulement ceux qu'on appelle Militaires , ſurpaſſent le nombre de ſoixante
mille, auec …plus grand 6c moindre profit du Roy ,ſelon l'importance 5c' qualité_
des Fiefs. , Ã , l
Mais ſur tout , il y a le reuenu de la Gabelle, qu'ils appellent la Couſtumqeſta
blie ſeulement ſur toutes les marchandiſes quiÿentrent &L ſortent, non ſur les auſi
tres,&ce droict qui eſt le plus grand reuenu duRoy, eſt paye', tant par les eſtrangers
que parles habitans du pays; maisles eſtrangers ſont chargez en quelques choſes
quatre foisïautant que les Anglais , 6c en quelques autres ſans proportion : 5c au
contraire l’on a veu l'an mil cinq cens cinquante-cinq* les François contraints aBodiidReſipI
de payer vn eſcu pour chaque tonneau de vin arriuant au port ; 6c les ſubjects lï-'Mi
huict eſcus, ,Gt huict gros pour Plmpoſl: , ſans auoir égard au Traité du Com~
merce; puis l'an ſuiuant, la Reine d'Angleterre hauſſa l'impoſition foraine d’vn
tiers , 8c mit vn lm poſt de deux eſcus ſol trois gros 6c vn denier ſur chaque piece de
drap. Ce reuenu monte tous lesſians ,. ſelon. vne Relation approuuée, enuiron
ſept cens mille eſcus, qui ſont deux cens dix mille liures ſterling. Mais ie _croy ë
Europe. iij
z 3 4. ſ ,Angleterre
qu'il les ſurpaſſe, veu qu'on a veu ſſaguere vn Fermiergqui paya \ine fois pour
l'entrée du vin quatre cens mille liures Sterlings , qui font _quatre millions de nos
liures ,Sc l'on a veu rendre à la ſeule gabelle cin-tabac cent cinquante mille eſcus
par' an.
a T=ſ°ï°lP°~ Dauantage, il y a le" profit &S reuenu des Mines de fer , de plomb 8c d'e
Ëäflo m_ ſtain , principalement de celuy de Cornuaille, qu'on tranſporte par toute l'Eu
xope.
Il y a le reuenu des Eueſchez 6c des Abbayes vacances, 6c la nomination des
Eueſchez , de meſme que des Abbayes appartient au Roy , qui faccommode des
-fruicts plus ou moins longuemengſelon l'importance des pieces qui vaquent,en de
la yLeRoyY
ant d' l;ouruoir. - pecuniaíres
la confiſcation des biens des rebelles , outre les amendes
qu'il tire de pluſieurs Sieges, mais principalement de celuy de Starre Chamber, ou
de la Chambre de ?Eſtoile , où ſe traitent les cauſes criminelles. Lon en fait payer
ñ' tant aux Nobles 6c Eccleſiafiiques inſolcns, qu'aux Officiers publics, pour deslar
-cinsTous
8c concuffions u'ils commettent.
ces reuenuqsnant ordinaires quextraordinaires, montoient au temps du
ſchiſme de Henry huictiéme, vne année portant l'autre à la ſomme de cent cin
quante mille liures ſterling, c'eſt à dire , de quinze cens mille liures de France. Mais
depuis lesRois d'Angleterre ontltiré les diſmes de tous les biens d'Egliſe, ſuiuan;
l'ordonnance du meſme Roy Henry , 8c les AnnatesÏauſi-i de tous les benefices, 6c
de routes les Parçpiſſegleur ſont acquiſeszôc pour ce ſujet on eſtablit la Cour de l'an..
gmentarionſde meſme que celle des premices a des decimes. De ſorce,qu‘auec cet
accroiſſement la Couronne d'Angleterre fut eſtimée richeŸde plus de trois cens dix
mille liures ſterling de rente , c'eſt à dire, de trois millions , cent mille liures de
France. ~
Il y a de plus le Quint ou la Cinquième, que la Couronne tire des Corſairegœ de
ceux qui ont permiſfion d'aller écumer ſur les mers de ceux qui n'ont aucune allian
ce auec les Anglais, choſe que les Rois de Tunes faiſaient anciennement, 6c qui eſt
encor pratiquée par les Rois ou Vicerois d'Alger , qui donnent retraite aux Corſai-z
res , àcondition qu'ils leur feront part de leur butin,6c de leurs eſclaues. ~\
l] y a «de plus le Sub ſide extraordinaire , quieſt de deux ſortes; veu qu'aucune;
fois on le tire errsommun du Royaume , 6c pour cet effect on aſſemble les Eſtats
qu'il appellent le Parlement, où l'on reſoult ce'qui eſt neceſſaire , auec la façon de
laquelle on doit proceder: 6c par fois auſſi le Roy demande aux particuliers vn Sub
ſide,qu'ils appellent Blenwueuillance, 8c lors vn chacun s'efforce de paroiſtre affe
\ &ionné à ſon Prince; ,Sc ce Subſide n'eſt autre qu'vne eſpece d'emprunt à iamais ren
dre,que la Reine Elizabeth a prattiquéJde meſme que le Roy Iacques,ſur des pro
meſſes. Mais quant au premier Subſfide commutà” , il eſt impoſe' par teſte, à propor:
b Camden; tion des moyens. Maisil ne s’impo e iamais que u con entement des Eſtats auPar~
lement z non plus que la Quinziéme ou Dixiéme , impoſée dés long-temps ſur cha
' ' que citémlle 8c bourg du Royaume,non par teſte, mais generalement à proportion
de la quinzième partie de tous les reuenus de ces lieux. _
Au reſtqcertaine Relation dit , que l'impoſition du Subſide n'a iamais paſſé en
uiron ſix mille écus par an.Mais Michel Surian, Ambaſſadeur de Veniſe, qui nous
—
apprend que lesSubſides ſont tantoſt plus grands,tantoſt moindres” que les biens _
des particuliers ſont chargez ſelon la fantaiſie de ceuxqui ont ceteCommiſſiomdit.
quelan mil cinq cens feptante-cinqda ſomme de ce Subſide fut d’vn million 8c de
c “me m_ my, qui futc'eſt
nairement exigévndans deux mois, ſans aucun bruitſ; 6c le moins qu'onſi ‘ en tire ordi
million.
Tcſoro Polit. (Luantà ce qui, s'eſt dit des Eſtats ou du Parlement , c'eſt choſe aſſeurée , qu’il a
beaucoup relaſché de ſa premiere puiſſance , de ſorte qu'il s'aſſembleauiourd’huy
plus pour authoriſer 8c coulorer la volonté desRois,que pour la regler: 8c que toute
-Pauthorité eſt maintenant entre les mains duConſeil Priué du Roy,qui decide tou
tes les matieres d'importance. ‘
ll faut adjouſter encor à ces reuenus,que la Reine Elizabeth impoſa ſur les Catboj
liques vingt liures ſterling tous les ans par teſte, afin qu’il leur fuſt permis de n'affi
ſter pas aux Preſches dela Religion d'Angleterre. On lesap pelle Recuſans , a; de
puis la trahiſon de LondresJe Roy prend le tiersdeiéur reuenu. ~
Angleterre; - ſi 23j
Pour concluſion des richeſſes de ces Rois ïadiouſteray qu'on tient que leur rene-ſi
'nu ordinaire ne paſſe guere maintenangpour le regard de l'Angleterre,huict mil lions
de liures , 6L que s'ils doiuent peu, ils ont auſſi peuſſargent de reſte, à cauſe des gran
des deſpenœs , 8L de plus que la Royne Elizabeth , qui regna long-temps , ne laiſſa
que bien peu , à cauſe des guerres d'Irlande, 6L d'Eſpagne , 6L le Roy lacques ſan'
ſucceſſeur s'eſpuyſa par de grands dans a ſon aduenement à la Couronne , tant pour
recognoiſſance des ſeruices paſſez , que pour acquerir diuerſes perſonnes. Mais ce
Roy a des joyaux, de la vaiſſelle d'or, 6L d'argent, 6L autres choſes de prix, autant que
Prince qui ſoit au mondes de ſorte qu'on tient que tous ces meubles vallent plus de
trois millions.
Dtſpenſti Quant à la deſpence de ce Roy , lors qu'il ï poſſedoit ſeulement l'Angleterre, -Volïïsïffl
6L l'Irlande ,il deffrayoit mil le perſonnes , qui ſeîdiſoient de ſa maiſon, 6L ſa deſpen-z G‘°‘5'"""
ce eſtait de dix mille liures ſterling , ou cent mille de nosliures par an.Mais au temps
de la Royne Elizabeth l' la ſeule deſpenſe de bouche de ſa maiſon montait à ſoixan- b TeſoroPoË
te mille liures ſterling l'année , c'eſt ‘a dire à ſix cens mille de nos liures; 6L toutesfois ſh'.
elle ne faiſait pas le quart de la deſpenſe qui ſe faiſait au temps des Rois Henry,
6L Edoüard ſes predeceſſeurs. Mais ceſte deſpenſe ſerait bien plus grande , ſi les
Prouinces , 6L villages n'eſtoient obligez à leur tour , de fournir à la maiſon 'du
Ray les viures qui luy ſont neceſſaires au taux eſtably , choſe qui rend la deſ
penſe moindre , 6c que Botere , 6L le Treſor Politique ont oubliée'. Or ce
taux eſt à ſi bas prix,que de ce qui vaut dix ſols , il ne s'en paye que deux, cho
ſe qui foule fort les ſujets , outre queles Officiers ne ſe contentent pas de ce qui
fait beſoin pour la Cour : mais par ~èx~emple , pour vingt chapans, ils en pren
nerli: cent , qu'ils vendent apres au prix ordinaire , 6L par ce moyen deuiennent tres
ric es.
Au reſte ce Roy entretient tous les iours ſoixante , ou ſoixante 6L dix longues ta
bles bien garnies , 6L l'on tient que ſon pere, qui en deffrayaitautanndeſpenäoit tous
les ans en cela ſeul cinq cens mille eſcus. Ses cinquante Gentilshommes or inaires,
qu'on nomme Penſionaires, ſes ’Gardbs, ſes Officiers, 6L autres de ſa maiſon ,' ſon Eſ
curie, ſa Fauconnerie, 6L Venerie , les nauirés qu'il tient ordinairement armez ,' 6L les
garniſons qu'il tient aux fortereſſes des portsë, luÿſicouſtent , pour leurs eſtats , gages,
6c entretenement plus de cinqcens mille eſcus; de ſorte qu'on tient que ce Roy
peut deſpenſer plus d'vn million d'or tous les ans , ſi bien-que ne faiſant point de deſ
penſes extraordinaires ,comme il arriue ſouuent, _il pourrait eſpargner vne bonne
ſomme ; mais au ces deſpenſes , ou les dans faits aux fauoris , ou les voleries des offi
ciers conſomment ordinairement preſque que tout le reſte. ,,
Kiſſes Pour le regard des richeſſes du pays 6L des particuliers,elles conſiſtent principalel
,dfjgſb ment en leurs laines , draps cariſez , 6L bayette , au reueſche , qu'on eſtime grandeñ
riculicrs. ment en Allemagne , Pologne, Danemarck , Suede , 6Lautres pays du Nord , voire
meſme ailleurs : tellement qu'on tient qu’ils tirent des eſtranoers enuiron deux mil
lions d'or tous les ans , ſeulement de ces choſes. Ils tirent auſſide grandes ſommes de
leurargengeſtain , plomb , fer, cire,cuirs , chair, charbon de pierre , ſafran , qui eſt
des meilleurs , 6L par fais de leur froment , 6L de toute ſorte de grains , de meſme que
de leur biere, qu'on eſtime grandementauÎtPays-Baäsgæ _de leurs chairs,6L ſalures,du .
_ merlus , du poiſſon de Noruege, 6L de la moruë , qu'ils vont peſcher, des harancs ‘ c Magal_ M45
qu'ils prennent vis à vis de la Comté d'Yarcic en fort grande quantité , 6L des 4 Sar- ſſäîfffir.
des, qui viennent de lacoſte Septentrionale d'Angleterre. Les Flamahdsqui ſe ſont 51,… g '
retirezäNortvvyc ſont auſſi cauſe du grand commerce de ce lieu, tant par le moyen ~
des tripesdeveloux , grograins,_burats , 6c ſemblables eſtoffes qui s'y font,que de
leurs intelligences, 6L traffic. ~ - ſ u_
Il_s portent * en Alger diuers metaux , du ſalpeſtre , dela poudre àcanon , 6L des cGi-amnyï_
draps, 6L les habitans' de Londres traffiquent par tout , 6L ſont des plus riches , tant à ÊÎÏŸMl-*LVÏ
cauſe de leurs intelligence: par tout , que de pluſieurs priuileges dont les habitans E-L-.fzw po:
jouyſſent. De ſorte qu'aux deux Compagnies &Aduenturiers , qui ſont ceux qui 11.!». , ~ R
roit de beaucoup ſes forcegpource que ce ſont ſoldats pleins d'experience, &qui _fo nt.
lc nombre de huict , ou dixènillqhqmmes , outre beaucoup d'autres eſpars en diuers
endroits parles armées, ou ien ur amer.. _ _ _
Pour le regard de la Caualerie,—on tient que ce R oyaume peu-t faire' vin gt mille Camlffi-t
hommes de chenal: mais ils n'ont pas des cheuau-x guere propres pour la guerre, ſauf
quelques haras de la Nobleſſe qui ſont auſſi beaux que les barbes au prix de ceux des
Pays-Bagôc d'Allemagne;car outre que la bonté du pays gras ne le porte pëis,ils ne ſe_
ſoucient guere de les rendre bonszles cheuaux ambient tout nattſrellemsctïhôc eſt auſſi
. rare de voir vn cheual troter de ſa nature,qu‘icy d'aller l'amble,8t les bas Bretons ont
encor conſerué la race de ces cheuaux parmy eux , comme ayant eſté autresfois ſous'
les Rois d'Angleterre, 8L encor leur languceſt intell igible à ceux deWalegon Gal
les qui parlent vieil Saxon,8L fort different de l'Anglais , comme le baſque du Fran
- . _ çois. Quant aux grands cheuaux pro pres pour des gens d'armes , il n'y en a qu'en
- uelques lieux de C ornüaille , 8L du pays de Galles , 8L quelques races qui ont la
Êouronnell eſt vray qu'à cauſe qu'on a cognu de iour en iourle beſoin que l'on en a,
'ë pource que chaque Seigneur 8L Prelat en doit tenir certain nombre, tous ceux qui
ont la commodité taſchent maintenant d'en auoir de la race de la Couronnefflu en
font venir de forts du Pays-Bas , depuis que la Royne Elizabeth ordonna qu'on s’en
_pouruoiroit ſuiuant ſêſîiigatlân que quelqueſs vns (put d'en tenir pour le ſeruice du
- ' Ro ils
aumegaſiu
choiſiſſeriltue ce ccou'
pour hommesume
de ne vintàceux
cheual e per
quire.
ſont. de moyenne taille , pour
ueu qu'ils ſoient adroits , 8L diſpoſts. Ces hommes de chenal ſont de deux ſortes,
-veu que quelques vns ſont armez de toutes pieces , 8L pour la pluſpart Gentilshom
mes ,SL les autres ſont armez à la legere. Mais encor qu'ils puiſſent mettre enuiron
deux mille hommes d'armes en campagne,8L grand nombre de cheuaux legers: tou- _
tesfoisonpa pps f\ſeu quela Caualerie Angloiſc ſe ſoit ſignalée en aucun combat,
comme a ait ’ n anterie.
Mais pour fzflre voip_ce que peut vn Roy &Anglätarreſ il faut conäiderer l'effort Armÿïïj
du Roy
.vne Henry
armée diuiſéeuictie me,parties
en trois lors qu'il fit l'entrepriſe
, ſuiuant e Bo ogne.
laſicouſtume. Il paenaPauantgarde
ll y auoit la mer auec
douze mille homme de pied, 8L cinq cens de cheual, _armez à la legere, 8L encor mille
hommes de chenal ſeulement armez de maille, &gde taſſettes , que le Roy auoit tous
veſtus de bleu, bordé de rouge. Barriere-garde (_car il; paſſeren: en cét ordre) eſtoit
conduitte parle Duc de Nortfolk , 8L compoſée de ſemblable nombre de gens de
/ pied , 8L de chenal, veſtus de bleu comme; lqs_ premiers. Entre ceux-cy il y auoit
mille Irlandois , couuerts d’vne chemiſe de toile longue , 8L eſtroite , 8L d’vn man
teau par deſſus auec la !Je nu'c' , 8L les cheueux longs ,~8L ceux» cy eſtoient arm-ez de
trois dards, 8L d’vne lon ue eſpée , 8L auoient en la main gauche vrigantelet defer,
ñ , qui ÿaduançoit iuſquau coude. Le corps de la bataille, où le Roy eſtoit , fut de vingt
mille hommes de pied, 8L deux mille hommes de chenal Anglois, tous veſtus dc rou .
ge, bordé de iaune. Ils menoient apres eux bent gros canons , outre les petites pie
ces. lls auoientencor ſur. des chariots cent moulins , dont chacun tournoit auec vn
_chenal , 8L venoit à moudre le bled , puisencor ſurles chariotsils auoient des fours,
où le pain ſe cuiſoit. Le nombre des chariots eſtoit ſi grand qu'ils en entouroieſſn t,
8L fermoient toultle l'armée en façon de barricades, ou tranchées, 8c pour tirer ces
, chariots, 8L l’arti crie,
uiron vingt-cinq mille8Lcheuaux,
conduire-le badgutgre
puis a e ,les
il auoit
viuresfait paſſer en
de tputes terre, ferme
ſortes enui
il fiſtmeixer
quinze mille bœufs, auec vn nombre infiny d'autres beſtes. Ce ſeroit vn trop long
, diſcours de vouloir ſpecifier par le menu la grande quantité des eſchelles, ponts , ba
les , poudres , munitions, bois , 6L autres choſes neceſſaires à ceſte armée, qui en ſur
abondamment fournie., ' , - - .
dWantaux forces de mer, les Rois Henry ſcpticſme , 8L huictícſme entretenoient Forrcïï 4°
_ or inairement plus de cent nauires tous armez,8L preſts, auec les officiers continuel-. 'm '
, lement payez; afin de pouuoir partir promptementa toutes occaſions.Mais ce no,m-.
bre eſt beaucoup diminué ,ſſvoirç meſme ce qui reſte eſt mal entretenu , ſous Eliza
beth on entretenoit trente-ſix nauires de guerre , 8L deux galeres qui eſtoient à RO
Cheſter: mais à preſent cela n'eſt pas entretenu depuis que le Roy lacques fit la paix
4 auec l' Eſpagnol ;carceſtoit ä ce deſſein que ceſte flotte eſtoi t entretenue pour. courrc
" la coſte d'Eſpagne. Toutesfois pour ce que ce Royaume a tant de. ports , 8L telle -
- ment frequentez des marchands de toutes parts , que lcsènglois _diſent que les. \l'as
T gleſſterreî 23,9"
*aires qui les pratiquent ordinairement paſſent le nombre de deux mille, &les plus
modeſtes' de quatre cens , 6c que pluſieurs des ſujets de ce Prince en ont de particu~
llfſszdontleRoy ſeſertau beſoin , de meſme que de ceux des eſtrangers: c’eſt'.c~ho- _ l. rit-rr'
ſe aſſeurée qu'il en peut mettre enſemble vn bon nombre,, qui ſerpit non ſeulement
capable de deffendre le Royaume: mais encore dbſſenſer ſes ennemis. Eneffect f:
Edouard troiſieſme , 8c depuis Henry huictieſme paſſerentſvn à l'entrepriſe de Ca#
lais , l'autre au ſiege de Bologne , auec mille vaiſſeaux de toute ſorte; Tellement que
ce
de ſeroit vn deſſein
yaiſſeaux auſſi grand, que
qui sîoppoſeroient aux malaiſé,d'attaquer
aſſaillans , que de laceſte]
valeurfle, 8c
, tant à cauſe dede
l'experience tam:
cſie
peuple ſur la mer, veu qu’ils ſont des plus hardis , 6c pluspromprs à ,combattu-Slug
l'eau. Ce ſont ceux qui courent la mer Oc_eane , tant en Hyuer qu’en²Eſté~, auec dei
vaiſſeaux extremement legers, 6c des mieux armez. lls vont iuſquenMoſconic, en?
Alexandrie , à Conſtantinople
paſſer aux Indes_ ,en Liuonie
Orientales, tantoſt , Barbarie,
du coſté R-Gbynée.
d'Occident Ils ont-eſſayé
,coſtoyant -de
le nouueaiſii
Monde , tantoſt d; celuy, du Leuant, coſtoyant la Moſcouie, 6L le Cathay”. 'Ils _ont v
attaqué les Ifles, &r coſtes de ?Amerique , poſſedées par les Eſpagnols, &c meſme ont
trauaillé bien ſouuentles Ifles A çores , celles du cap Verd , 6c le Braſil ,tenu par les
Portugais. Enſinils ſeroient dignes de loüange pour ceregard , S'ils dem-ployoicnt
leur valeur, 8L leur induſtrie, à voler tous les vaiſſeaux plus foibles , 8c porter de
grand dommages i pluſieurs marchands Chreſtiens qu'ils rencontrent , lestraittant
à Feſgal des inſidelles,&leurreputarion ſeroit maintenant en ſon plus_ haut point,
ſi ayant fait, tant en l'Iſle de Ré , qu'au deuant de la Rochelle ,leurs plus grands ef
forts pour maintenirles François rebelles contre leur Roy , ils ne ſe fuſſent perdus,
&ffeuſſent porté la-iuſte peine de leuriniuſteattaque. ; -_
Abſfflïíï Ce qui peut aſſeurerauffi l'Angleterre, c'eſt qu'elle eſt mieux aſſiſe que nul au'
tre Royaume ,ayant parexcellenceles deux proprietez qu’Ariſtote requiert en l’aſ~ _—_ñ_ -- y-ñ i
ſiette d’vne ville , dont l'vne eſt, que les ennemis n'y peuuent entr.er que malaiſe
ment , 6cPautreqwelleaſesyſſuës fort aiſées pour toute ſorte d’entrepriſes_;.car la -. ñ
- merrïlrlandc qu'elle a du coſté du Ponenr, eſt ſi baſſe, 8c pleine d'eſcueils; 8c de ~ 'î ſi
.dangersjqiſon n'y peut voyager auec de grands vaiſſeaux , 6c la nier Britannique
qu'elle adu Midy ,aſon flux. ôcreflux, auec creuë , 8c rabays, de douze â quinze
de hauteur ordinaire , auec vne ſi grande vehemence , que c'eſt choſe eſpouuen
cable. Tellement que pouraborderles ports on a beſoin d’vne marée ,- &c d’vn vent
fauorable; mais beaucoup plus du flux , que du vent , 8c la coſte de ceſte Iſle eſt de
tous coſtez
Bam-ic, ſort aſpre , ſors qu'en
Douurq-Dermouth, peu deFalſimouth,Milſord
Plimouth, lieux , qui ſont bien fortiſiez8c ,quelques
, Briſtow, comme
autres. Ce qui fait qu'on peut dire,- que touteHfle n'eſt preſque autre choſe qu'vne
grande ſortereſſeToutesFois le dernier Roy Iacques ſit abbattre la pluſpart des ſorts
d'Angleterre, 8c d’Eſcoſſe, commençant par ſes propres Chaſteaux; mais il y a force
artillerie ſur la marine ~
Quant aux fortereſſes principales que l'Angleterre peut oppoſerä l'Eſcoſſe, au
cas queces deux Royaumes fuſſent deſunis , 8L recognuſſent deux Rois , comme ils
ont fait cy-deuant, il y a la place royale de Bam-ic, fortifiée des mieux à la mo»
&eme z où la Royne Elizabeth tenoit d'ordinaire garniſon de quinze cens hom
mes. Ceſte place aſſiſe au riuage du Leuant , ſur la frontiere, deffend l'entrée
aux eſtrangers de ce coſté là par la voye dela mer, de meſme qu'aux Eſcoſſois par
terre , puis du Couchant elle a la forte ville de Carlile , auffi proche du riuage, 6c
entre ces deux places le Chaſteau de Warke, de moindre importance. Quant à
la ville de Durham . place des plus fortes, au Midy du Northumberland , elle 'eſt
capable d’vne grande reſiſtance 5 mais plus efloignéc de la frontiere, que les
precedentes.
Couuerncmcnt.
l l :Thosmitbî
, _ de Rcp.^n~ ſi
ÿuvcrcſiſ_ LEsAnglOis-ſont ſuyetsävn Roy, nommé par lesanciens Saxons leurs prede- glonlid- _ _
59._ _ Ceſſeürs Konmg . 8c Kyning , 6L maintenant par abregéïKyng. Ceſte l* dignité
sacquiert par ſucceſſion , &c;vient commedroit hereditaire aux plus proches , 8c preñ co… .y1,31,,
151,0 Angleterre:
miers Princes duſang, 8c lors que les maſles manquent ,les Femmes ſuccedent , con
tre la couſtume de la loy Salique de France.
ï Smithlid. Ce Roy ne deſpend, au dire des ſiens .- ny de l'Empereur, ny du Pape, ny d'aucun souueñ'
Prince, pourle regard de l'Angleterre, &c toutestois ï depuis l'an 11.12.. le Roy lean “ſifflfflë
CandeaMBrit.
b Bodin Re
pud.li.i.c.do. du conſentement de tous lesComtes, Barons, ô: .Seigneurs ,ſe rendit vaſſal du Pape,
3c de l'Egliſe Romaine,8c'aduoüa de teniren ſoy 6c hommage de l'Egliſe les R-oyau.
mes d'Angleterre, 8c d'Irlande , àla charge de payer cens , 6c renteannuelle , 6c per- ,
petuelle de mille marcs ſterling , au iour ſainct Michel, outre le denier S. Pierre,~ou le
don annuel-d’vn denier ſterling pour Feu promis anciennement_ par-lnas R‘oy d’An
gletetrelan 7.40. &augmenté par Etelphe. Cét hommage fiat rendu par lean au
Legat du Pape Innocent troiſieſme, l'an I 2.15. en preſencedu Chancelier d’An'gle—
terregle-[Ÿ-Archeueſque de Canturbery,de quatre Eueſquegde ſix Comtes,6c de plu
fieursautres Seigneurs, Et combien que Thomas le More , Chancelier d'Angleterre
fuſt le premierqui nia ceſte dépendance: toutesſois 'de ſon temps meſure' , &juſqu'à
ce que le Roy-'Henryhuictieſme ſe banda contre lea-Pape l'an i5 z 4.- le cens , 8L tribut
annuel ſut toufiours payé. - - _- ' 'V _ ~ -
Il eſt-vray qu'autre que les Rois d'Angleterre ſe ſont affranchís de Pauthoritô
temporelle, &ſpirituelle du Pape, quiine 'penſe pasmeſme' à leur 'conteſter endroit,
cStnithli r. voyant ce deſſein hors d'apparence , les Anglais ï oppoſent ä tous ces hommages,
ëî" ~' qu’encor que le Roy lean, abbatu parlaconſpiration de ſes ſujets, a reduit*: l'entree
mité,ayant
nuiſoit recognu que
grandementà lePape ,,qui
ſes affaires firſt «diſpoſait desliurer
contraintſſde a-m-esſon
, ScSçeptrc-'au
des volonte: des ſiens,
Legat Pan
dolſe, &le receuoirapres deſa main] comme le tenant du' Pape , auquel~il promit
certaine
le penſion
eu le-,non annuelle:
plus toutesſois
qu’ap rouuée ceſte ſouſmiffion
au Parlement ar les ne ſut iamais confirmée
troisctOrdres; tellement par
ue
Ê Smſcâizſi _ ceîhoïrrmage de lean ne gouuoit obliger, ny luyFny ſes ſucceſſeur-SAU *reſte ilsſdnt
hiïfä, 3- olngts, &ſacrez , comme les Rois de France, 8c _couronnez ſolennellement , com-_ñ
c Mcrcnal- me onapeu voir * l'an 162.6. en la Perſonne duRoy Charles , regnant a preſent , qu:
ËÏËVdÊW-Ï" fit le pzremieriour deFeurier quatre —vingtCheualiers de la laretiere(ce nombre ſem
ble hors l'ordre deſdits Cheualiers, qui ne peuuent eſtre que vingt-quatre, ſelonîila
Vieilleinſtitutiomſelon mon aduis , ce qu'on peut verifier par l'inſtitut de l'Ordre )' 8;
le lendemain partantles
du principales
Palais de Withal , ou
grands du Royaume marques deSale blanche, , àmit
la Royauté entre les
ſçauoir mains des
la Couronſine,
Royale, le Sceptre , la Croix d'or , Flîſpée ,la Pomme d'or, 6c les Eſperons , pour les
porter a Weſtmunſtenoû il alla ſurvn baſteau peint, 8L_ ſort enrichy, puis ayant mis
pied àterre ,il entra dans le Temple, accompagné des quatre-vingt Cheualiers , 6c
des Officiers , &c Seigneurs du Royaume , eſtant ſous vn daiz , porté par douze Sei
gneurs. Mais ainſi qu'il ſut à la porte, apres qu'on eut commandé de faire ſilencepn
demanda quatre ſois au peuple à haute voix , enſe tournant vers les 'quatre par»
ties du monde, s'ils recognoiſſoient pour leur Roy le Prince Charles , 8c leñ-vou
loient tel oingt , 8c couronné. Surquoy le peuple ayant teſmoigné par ſes -cris
ſa volonté , chacun entra, 6c l'on dit le preſche , apres lequel PÀrcbeueſque -de
manda an Roy ( liſant auparauant dans vn liure ce qu'il deuoit promettre auec
ſerment ) s'il ne vouloit pas deffendre l'Egliſe ,- ſelon la forme ordonnée 'ai-I
temps díîdoüard ſixieſme , 8c s'il vouloit rendre iuſtice , &L maintenirlçs -loix
"du Royaume , 8c choſes ſemblables. Lors le Roy ayant promis ſur chaque de
mande , fut conduit ‘a l’Autel -, où il quitta les habillemens qu'il portoit ,— 5c
.marchant vers leſiege Royal où le Roy Edouard ſixieſine ſuc couronné ,' yfut
oiiigt par ?Archeueſque de Canterbury , qui luy donna les habits' de ce* Roy-î,
6c luv, ceignit l'eſpée , puis luy mit vne bague au ſecond doigt , qu'on' 'appel—
le indice , le ſceptre en la main, 6c la couronne ſur la teſte, en diſant à chaque
action quelques prieres en Anglais. Apres cela le Roy baiſa en la jouë gauche
chacun des Eueſques affiſtans , pour marque de bien-veillance. Finalement en
trant dans la C happelle , il quitta les habillemens Royaux , 6c prit lesordinaí
res, puis ſortit duTemple, &ſe-retira en ſon Palais, au meſme Ordre qu'il eſtoit
' " venu. . f' 4
I
Angleterre: - 243
qui ont Ëllllÿ; ſion les punir &autre ſorte; 85 prend \encor ce-ſſ~n'i_eſme_ pquuoir hors la
guerrc-,aux reuoltes qui ſutuiennent? Il donc prix a la monnoye qui porte ſon 1101m,
, ſon effigie, 8c ſa forme, ſon poids, 8c ſa melange dependent de luyë mais l'es_ meſures
l des choſes liquidespu ſeic esseſtabliſſent ou changent par deliberation du Par. \I
lement. Il modere la rigueur des loixaux cas ſauorables: fait grace des amendes qui
luy appartiennent: diſpoſe des principales charges du Royaume ,tant d Eſtat , que __ -
de Iuſtice, 8L Eccleſiaſhques :prend les diſmes 8C les premieres annees des reuenus
des Eccleſiaſtiques , en exceptant quelques Amjdemies 8c .Colleges , 8c tous les ñ
mandcmens , toutes les' patentes , 8c les execu tions des ſentences _ſq font ſous ſon
nom. Bref, comme diſentles Anglais , la vie, &les membres des ſujets appartienñ' i, ~
nentau Roy ſeulsqui peut auſſi ſeul donner grace aux criminels; combien~ qu'au.
treſois
les quelques_
Seigneurs de laComtes Palatins,comme
frontiere ceuxpris
de Galles , euſſent de Ceſtre, de Durham, \eſt
cette authoritcgqui d-Ely , à_
tout
fait euanouve.
ſi LaTutel-lſſeſſdèspupils 8c desypupilles , luy appartient. Ceux qui' tiennent' en’_ fief
quelques fonds dela Couronne, neſe peuuentmarier ſans ſon congé. Dauan tage
les idiots Cx' inſenſez ſont ſous ſa garde. Aucun ne parle a luy qu'en ſe mettan t a ge.
m0us,ôc ceux qui le ſeruent à table le ſont preſque auec vne eſpece dïzdorationzvoi.
re meſine en la Chambre qu’ils appellent de IŸreſence, où lon met ſa chaire , il n'y a
perſonne qui S’oſe promener, ou demeurenbien _quelle Roy ſoit abſent, autrement x -
que teſte nuaprincipalement s'il eſt du Royaume-,veu que quant aux eſtrangers on ’
. les excuſe aiſément. - i , 4 , i ‘
_Want à ſon Conſeil,il eſt com oſe de Nobles,Barons, Cheualiers, 8C Eſcuyers ,
qu'il choiſit commebonluy ſem le, &quiÿaſſemblent tous les iours, ou toutes ‘ .Ã
les ſois que .la neceffité le requiert, ſur l'occurrence des_ plus importantes affaires
du Royaume , afin de donner vn bon aduis au 'Prince , 8c le ſoulager. Il propoſe à
'to us , ou bien ſeulementà quelques vns àſa volonté ,les principaux cheſs des Am
baſſades des Princes eſtran gers ;leur communique les lettres qu'on luy ~a,eſcrites,
ou bienà ſes Secretaires , ou ne- leur en découureqdvne partie , tenant le reſte
ſecret; quoy que tous ces Conſeillers ſoient obligez par ſerment de n'en eſuenter ' ,ñ
aucune choſe. Mais ² en effet ces Conſeillers qui ſïyuent le Roy par tout, 8c ayans *Theſe Wu;
' toujours
eſt logiszôc en
la plusgrſſande bouche aCOUr
deſpenſe , c'eſt
, carils pourquoy
nouriſſent 2.9 laSeigneurs
cuiſine des
deRovs
leur d’Angle~
Conſeil terre
auec ~
leur ſuite, auſſi n'ont ils point de penſion en argent, le deliurentde la peine du gou. -
uernement, &cſontcomme ſes oreilles , ê: ſa propre perſonne , ayans tout pou.
uoir, commandans aux ,Officiers _auec toute autlîolſlîé , 8c reſoluans eequi ſe pre.
ſente , comme ſi le Roy S y treuuoit. En cette :-iſſemblce , ou Conſeil du Roy , ſont
admis couſtumierement trois ou quatre principaux Officiers du R,0vaume,âſça
noir le Chancelier ,le Grand Threſorier, le Garde-ſeau du R o_y,8c l AdmiraLoutre
les principaux Officiers de la Cour , 8c Maiſon du Roy.On traite en ce Conſeil non
ſeulement des choſes d’Eſtat , mais encor de celles des particuliers ,des princi- _
pales impofitions , 8c gabelles , des graces , ô: punitions , 8c preſque de toutes _
' choſes. -' ' -l r, — '"
Maiſon. Pour le regard defi Maiſon, il y a premierement cinquante Gentilshomiffies ordi;
naires dela Chambre du Roygquon nomme Penſionaires, .à q ui le Roy donne tous -
'les ans jo liures ſterling , qui ſont 5oo de nos liures ;~ 8c là deſſus il faut qu’ils nour;
tiſſent vn cheual de ſeruice. Lcſdits Gentilshommes ſont tous freres ou couſins
de Comtes 8c Baronsfcar on n'en y admet point _de moindre condition : Ils portent
-_ le
ſact bec de corbin deuant
Cour. . le Roy
' …lors_ qu'il vaà .l'Egliſe
r, ou dans la ruë
î ou voiſinage
i de…
_ Il y a quatre qu’ils nomment Shu-aires, ou faiſeurs d’eflZiy, qui vont à lacuiſine,~
eſſayent les viandes , &les ſont porterzmarchent deuant les Gardes , quiles--por- r
'tentiuſques
, re lſiïellîiy aux àGentilshommes
la_porte dela Chambre; puisDe
ordinaires. eſtantdeuant
ceux-cy il y_leenRoy en fontvn
a touſiours encor-fail
qui ſeiËE
“ſon cartier. WlqUCSFOÎS ils ſont en plus grand nombre z mais l'ordinaire eſt de_ ,_
uatre. ‘ ‘ ' . "
;a ,Il y a la ſale des Gardegau nombre de 4.oo.ſelon Sanſouin z mais veritablemcnt
‘ zoo. ô: il y en a 150. ou ſelon aucuns 260. quiiſeruentneſtus d’—eſcarlate, auec les ar;
rnoiries &Angleterre
ämſi ſereleuent deuant
de garde 8c derriere
de quatre , deſquels
en quatre iours.il y en a jo de garde
. - -r par
ë iour , 86ct
Europe. ~ ' ~ '
— 'i-ſ “ L42 Angleterre. ,
' Il y a la Chambre de Preſence , où eſt le da S ; ô: où la tableeſt touſiours couuez;
te, comme ſi le Ro y eſtoir,qui ymange quelquefois, lors qu'il traite les eſtrangers,
Orn y ſaitl eſſay 8c es comphmens comme deuantleRoy,puis il y a laChain bre ſi_
ucſe og le Roy rpaäge; 8c pkeu de gens le _voyent manger. La_ chambre du lict eſt .ou
t re(pee ep, car ed oy yei âinä,aucun Seigneur _n yentre S iln eſt appellc,mais Il y
a es ga eries au euant e a ite Chambre ou ils ſe promenent attendant que le
~ Roy _ſorte , ſſyayant queles quatre Gentils-hommes de la Chambre , deux deſ.
quels couchent touſiours par tourſians ladite Chambre ſur des matelas ſans chalit,
. g. x ô( Illes valets de Chambre
a les-quatre Huiſſiersou
deOfficiers quiyont
la Chambre chardämt
du R oyſſ, e. 'chacun ſert ſon quartier_
“
I SieXr
en ſ10,- elnois
y adjoutarrt ſon nomres, comme
Duke remiera celu deSire Pierre ,fSiräThomasLe
Prince,ne tiltre deS àDuc
ut onné de lonor-tem er- Dm, ſi'
ſonne parles RoysPNormanIds &Angÿleterre , pource qu'ils eſtoient Èuffi nez de
Normandiqiuſqwà ce quT-douard IILcrea ſon fils Edouard Duc deCornuaillqen
luy mettant
la main. vn bouquet
Le meſme Roy ſur
crealaau
teſte ', -vn anneau
Parlement au doigt
ſes fils , 8c
Leone] vneIeſian
, 8c verge d'argent
, Ducs en
de C la
_ rencc,ôc de Lancaſtre, enîleur cſſeignant l’eſpée,leur_ mettant ſur lateſte vctn bon
l,
ſ /\‘
.. J \ñ **d :I u
Angleterre; - . >24;
' net Fou rre', auec vn_ cſiercle d'or , 8c de perles ,' 8c en la main 'les 'lettres de leur crea."
tion. Depuis cé temps on crea \pluſieurs Ducs. hereditairesz auec ces paroles en ,
leurs lettres z Nous donnons 8c octroyons le nom, titre, eſtatfisyle, lieu, ſiege, pre',
eminence, honneur, autorité z dignité _de Duc , à vn tel z' 8c _l'en inueſtiſſons reelle'
ment parPeſpée que nous luy eeignons , laîcappe , 8c le cercle d'or que nous luy
mettons ſur a teſte, 8C par la verge d’or que nous luy donnons. Au reſte le fils ai()
né du Duc prend le nom de Comte du viuant de ſonpere z de meſme que le fils d’vn —
Comte celuy
Marquis, deaiſne'
&C fils Vicomte, ou de Baron
d’vn Comte z Sc les enfans
ſi, ſont appelle-z d’vn Duc,auffi
Seigneursſiou bienAque
Milords. d’vn
preſent
il n'y a plus de Ducs que les fils des Roys z depuis les factions de Lan claſtre &C
d’York, que
ſiWalles, 8c l'ordre de la nomination
les François des fils desGalles.
diſent par Corruption Rovs , 8C
Leque Paiſné
ſecond eſt Prince
, Duc de
d’York.
Le troiſieſme, Duc deſiLancaſter, quonous diſons Lanclaſtre. Le 4.. “Duclde Cla
rance. Le 5. Duc de Sommerſet. Etle 6. Duc de Cornouaille. On a outrepaſſé cet:
ordre au Duc de Bouquingham. . ~ ' z
Marquis. Le nom de Marquis, quiſuytenhonneur le Duc, nefut octroyé â perſonne en ‘
Angleterre auant Richard II. qui donna le titre de Marquis de Dublin âRobert
Vere, Comte d’OxFord , &ce futvn nom d‘honneur ſimplement ; veu que ceux
qui commandoient auparauant aux marches oulimites , eſtoient appellez Lord
.Marchers , 8C non ,pas Marqueſſes , ou Marquis, comme on les nomme â preſent,
Le Roy
nant leslettres.
leurs cree tels en leur ceignant
ſi Peſpée,
v leur .mettant
. la tappe
' , 5c leur don
Toucher.
' Borough Borough.
Barkley Barkley; de Panciëne famille desRoys
Burghley Cecil. [de Danemark. _
Broodwater Camoys.
Botterwic Sheffield.
Beaudeſert Paget.
Blemesho, ou Bletſo S. Iean.
Caendiff ' Herbert)
Cobham Brrooke. .
Clopton Carew.
Chic * Darcy.
Cromwel
Danteſey Danuers;
Denbigh Dudley.
Eſſendon Cecil.
Exton Harringtonſi
Elleſmez- ~ Egerton.
Groby Grey. —
Hun etford Hungerford. -
Hat \Vic Cavendish,ou Candishſi
Heal e Audl .
Hun don Gary.”
Kindertorſ Venables.
La-Ware Weſt.
~Lumley Lumley,
- lMontjoY
- Marley ſ Parcker.
.Blunt,
Wottoſhſſ—
~Morlay
Mordanr
'Marnehill Howard.
Mont-Eagle, ou Mont-Ai
gle Stanley.
Pcns-hurſt Sidney.
Ricot Norris.
Rotherfeld Knolles.
Stourton Stourton;
Shurland Herbert'.
Say 8c Sele Fienes, ou Fenis.
ZH'.
_Europe N
/
2 46 An gie-terre.
Seigneuries. Familles.
\Y/altham D6117- .
\Vrittle , 5T5
\Vormeleigton SPÊHCÊÎÏ
Warthon
iWillongby,
Beake Erſhy ôeBercy.
, '
,Wilſon Gray
[Windſor \Y/indſor.
*Wentworth ſſY/entworth.
[Vaux ÎVŒHX. .
. Zouch iZouch, Sagneur de Heringwort.
Au reſte les plus illuſtres familles d'Angleterre, outre celles queïay desja miles
au denombrement des Seigneuríes , ſont celles de Arundell , Alington , Aſteley,
Aſton.
Bapthorp, Barr, Baſingh, Beauchamp, Beaumont, Biron, Bohun, Brakembury,
Brereton, Brockett. Baſſet, .
Carvil, Cteſhey, Caue, Chamberlan,Champernoun,Chauinoiid, Chidley, Cla
pham, Clare, Claxton, Cler, Clifton,Cokain,Cokſey, Compton,Corbett, Cor..
-nwall, Cotton, Courteney, Curwen , Davenport, Dawn , Delves ,Digbey, Di.
ñ-mock, Dingley, Dutton, Edgcomb, Egerton, Everes, Fairefax , Fitzavarin, Fitz
Williams , Flemingh , Gerard, Giffard, Giffard, Granvil, GranvenonGrevil, Gri
phiinl-Iarduric , Heidon , Hayward qui eſtoit grand Chamhellan ſous le Roy Iac
ques, Heveningham, Hobey , I-“Iocham , Hodleſton , Holand, Holeroſt , lermin,
Kigeley, Killegrew, Kingſmill, Knevett, Knightley, Lacy, Letton, Malliver, Ma
nexv-'aring , Maunſell, Medcaliſi, Merbur, Metham, Midleton , Mildemay , Mohun,
'Mor,Mortimer,Needham,Nothingham qui eſtoit grand Admiral lous le Roy lac.
.- ues 1 Ne\X'ton,O\t'en s Petit 1 Pier aunt 1 Pomer a Poulten 1 Ridle Y» ROTerHSamñ
D
poll , Sandes, Suideford, S. George, Savage, Savill, Shelton, Shirley , Siwardi, Slin—
geſbev, Smith ,Stanh0p, Stradling, Strell, Sautron, Thinn , Thirlvtrall , Trokmorñ
Walſingham , \Y/'asliborn
ton,Tichlzorn,Tilne_y , \Weſton
,TirWlttli, , Winningtan
Tuberwil , Vorthiiey.
, Valuaſor,Verna ,Welk , Wallop,
Les moindres Nobles ſontles Cheualiers ,les Eſcuyers , 6L ceux qu’ils a pellent Mokh
Gentilsñhommes. LesdeCheualiers
gage de Galles, ſont nommez
quatre ſortes, Knigts
mais les en Anglais, ſont
plus honoraſſbles &Margog au lan- Noble”
les Cheualiers Çhffl: '
de la lartiere; les ſeconds les Banerets ,les troiſieſines ceux du Bain, 6L les derniers 1m"- '
\ceux qu'on nomme ſimplement Knights , ou Cheualiers, â quoyv quelques vns ad
ioutent de l’Eſperon doré. - , 9/ . _ '
Want auxflheualiers de la lartiere , qui ſont du plus grauzdſOrdre , i’en
amplement au diſcours general des Religions,6L des OrdresLesſſBanerets ontparle
leur
nom de la Baniere, pource qu'il leur eſtoit ermis de porter vne Enſeigne carre’e,de
meſme qu'aux Barons.At1 reſte celuy qui oit eſtre fait Cheualierportant vne ,lon-v
gue enſeigne, Où ſont ſes armes , &marchant entre deux viæux Cheualiers , ayant
deuant luy des trompettes , 8L des -lfferauts, ſe va preſenter. ,deuant le Roy , qui
luy ayant dict quelques paroles ſolennell-es , en zluy _ſouhaitant tout beur, com
mande qu'on coupe le bout de lſenſeigne, afin que de longue qu'elle eſt elle deuien
--ne?gant
carrce.aux Clieualiers du Bainſirqùctiſifaiſoient
—. —-' , i
autresfois profeſſion de chaſteté, 6L
qui ont plus nobles que les anciens Cheualiers de l’Eip_eron doré, i’en fay ample
-mention au diſcours des Ordres. ' ' g y . ,,,_ z. '
Pour le regard des Cheualiers de Plîſperon doré , 'ſimplement _appellez Knights,
derniers en rang, mais premiers en inſtitution, 8c plus anciens ,i’en mets le diſcours
au meſiqçälieu. ' ' ² ’- .
a
\- ,ï-Wys…
- Angleterre.] i e47
Ie diray ſettlement icy que les Cheualiers de quelque Ordre que ce ſoit, ont ce:
auantage, queleurs femmes portentle nom de Ladie, ou Lady, c'eſt à dire Dame,
de meſme que celles des Barons; mais les mañrysne iouyfleut pas du titre des Ba.
rons, ains ſeulement de celuv de Sir, ou Sieunauquel on ;trliouſte leur nom , com
me Sir Thomas , Sieur Guillaume; ll fautauſſi que pour eſtre Cheualier il'S puiiŸ.
ſent deſpcncer 4,0 liures Sterling tous les ans , ſelon leurs anciennes loix , 8x'. ſelon le
cours de ce temps 120 ;Au reſte aux ceremonies du C ourannement, aux nopces
d’vne fille du Roy, ou lors quïvn des fils eſt fait Cheualier , Ouen quelque Occaſion
importante, le Roy ordonne par Edict que tels , 8L tels ſoient Cheualiers , 8L s'ils le
refuſent ils payent l'amende de 4.0 liures S terling.
Lſçnycrs. Les Eſcuyers, dont chaque Cheualicr en auoit deux pour le ſeruirâ la guerre, 8L_
porter leur 1eaume,8L leur eſcu,choſe qui ne ſe pratique plus,ont le nom dffiſcuier,
ou vulgairement Squire z 8L ſont de cinq ſortes maintenant. Les premiers , 8L prin
cipaux ſont ceux qui ſont choyſis pourle corps du Prince. Les ſeconds ſont les fils
aiſn
Les ez des Cheualiers
tctroiſieſmes deaiſnez
ſont les l’Eſper0n doré
des fils 8L ſucceſſiuement
puiſnez lesautres
des Barons , 8L fils aiſnez de ceux—cy.
Grands; - mais _
lors que les aiſnez malles manquengc-e titre vient à deffliillir auec eux. Lan met au_
quatrieſme rang ceux à qui le Roy donne auec ce titre des armes , 8L q u’il crée Eſó
cuyers,en leur mettît au col vn collier auec des Saints d'argent, 8L eur donnant des
eſperons blancs, 8L argentez, pour les diſtinguer des Cheualiers de l’Eſperon doré,
Lan donne le cinquieſme rang à ceux qui ont quelque charge releuée , ou ſont au
ſeruice du Prince, en quelque honneſte condition. Au reſte le nom d’Eſcuyer , qui
ne marquoitautresfois que l'office, ou la charge de porter l-'Eſcu , deuint titre de cli
gnité premierement ſous le regne de Richard deuxieſine, ~
Rum,, Les GentilS-hommes, qu'ils nomment Gentlemen ſont, ceux qui ſont de race
hommrs- noble, ou q ui par leurs merites,ou parle moyen de la fortune ſe ſont eſleuez au deſñ
ſus du peuple. Ces derniers ſont ayzément ennoblis ; veu que la creation des D ucs,
COmteS,Vicomtes,8LBarons,appartientau Roy 5 mais pourle regard des autres
nobles, ils ſont fais tels pour peu de choſe. Car tous ceux qui s'adonnent :i l'eſtude
des loix du pays, ou demeurent aux Vniuerſitez pour apprendre les arts liberauxfic
ne viuent point du trauail de leurs mains, ou par le moyen de quelq ue art , pourueu
qu'ils puiſſent faire meſme deſpence, 8L tenir autant de train queles GentilS-hom
mes,ſont eſtimez tels, 8L honorez du nom de Maiſtre , ainſi que les GentilS-hom
mes, 8L les Eſcuyers, 8L leur femme s'appellera Damoyſelle, ou Maiſtreſſe , 8L Gen.
tille femme
vmesleur vend,en
lesAngloisMaiſtris , 8L GentleVſ/omau
armoiries qu'ils doiuent porter , 8L qui; doiuent
voire meſmele Roy d'Aix.
eſtre hereditaires
en leur maiſon. . .
Bour- Les Citoyens , ou Bourgeois, qu'ils appellent Citizens, ou Burgheſſes, ſont ceux
F” qui non ſeulemen-t ſont employé: aux charges publiques de leurs lieux ,- mais encor
quilepeuuent eſtre, &qui ſont: eſtimez , pource qu'on les depute pour aſſiſter au,
Parlement; veu queles plus anciennes villes en enuoyent quatre , 8L les autres , ou
les bourgades deux,auec pouuoir de donner leurs voix au nom du lieu qui les a deñ
leguez. ' ’ .
ſ°i>dlïi~ Les hommes du Commun ,- ou du Peuple ,nommez par les Anglais Yeomen ,
GI
8L parleurs
tous les ans loix Hommes-Legaux
de leurs , ſont4.0
fonds pouſſr le moins ceux
ſolsqui eſtans nezſontceux
ſterlingCe libres , peuuent tirer'
qui reconoiſl
ſentveritablement qu'ils ne ſont pas nobles; 8Ltoutesfois iontpreferez aux ou_
uriers, 8L artiſans,entretiennent leur famille, ſont bien ſouuent riches, 8L trauaillët
tous les iours pour acquerir dauantage de moyens, eſtans fermiers,8L metayers des ,
nobles, gens de trafic pratiquans les marchez, 8L faiſans trauailler ſous eux des va-ñ
lets, tellement que quelquefois íls acheptent les biens des Gentil s—hommes debau..
chez, 8L mauuais ménagers-,voire meſme enuoyent leurs fils aux Vniuerſitez,8L leur
*laiſſant dequoy viure ſans mecaniſenleur donnent-le moyen d'auoir letitre de No
bles. A ceux—cy lon donne le nom de Goodman, c'eſt à dire bon homme.- tellemët
qu'aux diſcours ordinaires, ſi par exemple queiqu'vn s'appelle lean , ou Pierre, on
met auec ſon nom celuy de Bonhomme : mais. aux affaires clümporrance , 8L de
iuſtice, on met apres le nom 8L ſurnom la qualité de la perſonne , comme Iean N.
_ Cheualier z Iean NtEſcuyerz Iean N. Yeoman,ou Homme du peuple. .
âîäſſm” La-quatrieſmeïſome dc 'perſonnes eſt celle des ouuriers, &Lzdes Artiſans, qui n'ont
,,,,',',~_ point de voix,8Lſout en moindre eſtime que tous, combien- qitiaux v1)ll(eS,8L bourgs,
. in; ‘
248 ‘ Angleterre.
‘ a faute d'hommes 'Iegaux les enqueſtes des Douze hommes ſoient compoſées de
telles cens que ſont aux villa esles Marguilliers , ê( ont charge de faire eſſay dela
bontc de labiere, 8c ſont meigne par fois Conneſtables, qui ſont comme à Paris les
Commiſſaires du quartier, 8c ont le meſine pouuoigôt en chaqueÆaroiſſe y en a vn
auec vn ſou-Conneſtable ou Lieutenant, auiourddiuy dans Lon es il y a plus de
izo paroiſſes. ' '
Les grands 8c principaux Officiers du Royaume ſont le grand Admiral, ui eſt &ï
le preinier,le grand Chancelier, le grand Threſorier ,le Preſident du Con eil du gmzóſ,
Roy ,le grand Chambclan d'Angleterre, le Conneſtablqôc le Mareſchal, dont les &cim
deux derniers ne ſont guiere en eſtreqtfen temps de guerrqſelon Sanſouin , ou bien
au temps de quelque couronnement de_ Roy,ou ſemblable ceremonie; combien
qu’il ſoit veritable , que Peſtat de Conneſtable eſtoit hereditaire en la famille des
Ducs de Buckingham , dont le Baron de Stafford ſe dit heritier; 8c que Robert
d'Eureux, Comte d'Eſſex , fut creé Mareſchal hereditaire d'Angleterre ,l'an i598.
Peſtat de grand Chambclan d'Angleterre , autre que celuy de grand Chambelan
de la maiſon du Roy, eſt auſſi hereditaire en la maiſon d'Oxfort.
Mais pour reuenir au Conneſtabledl a preſque meſme authorité que celuy de
Francczſi ce n'eſt qu'en Angleterre, â cauſe q ue la force du Royaume conſiſte en ar.
inées nauales,l’Admiral ſoit touſiours plus côſideçable', mais d'ailleurs il y a en cha
_ que Prouince vn grand ConneſtablQqui eſt comme grand Preuoſt,8c le Procureur
d'office
blects auxdes villes Il
villages. eſty nommé petit
a auſſi par foisConneſtable , voire meſine
outre le Chancelier il y ades
vn Garde desConneſta_
ſeaùx z Le
grand Admiral a auſſi ſon vice Admiral. Il ,y a auſſi vn Secretaire d’Eſtat, qui ſigne
les patentes; 6c vn qui garde Plîſpée, 8c la Couronne d'Angleterre: âladueneinent
du Roy Iacques il n'y auoit que le Milord Cecil Comte de Sarilbury. Cet eſtat qui
eſt hereditaire en la maiſon des Comtes Darby, a ce priuilegqque celuy qui lqpoſ
ſe de peut porter s'il veut vne courone de plomb. G n ,y
En chaque Comté lon met côme pour Gouuemeur vn Vicomte,qu'ils nommët ncîzxrft:
en leur langue Shiriffe, c’eſtâ dire grand Preuoſt, au lieu que le Vicomte iouyſſant i
d’vne dignité, non d’vne charge, s'ap elle Vicount. Ces Vicomtes sôt eleuz d'entre
les ſimples n.obles de la Comté,dont es habitans enuo ent le nom de trois au Roy,
qui fait choix de l’vn d'entre eux , tel que bon luy ſem le z &c leur charge ne dure
qu’vn an. Ceux cv peuuent eſtre iuſtement nommez Threſoriers, d'autant que leur
charge porte &aſſembler les deniers publics de leur Prouince, 8c d'exiger les aman
des , meſme par vente de gages. lls doiuent auffi affiſterproinptementles Douze
hommegexecuter leurs commandemensfic les aſſemblenôt les Iu ges prennët con
noiſſance du fait des cauſegôcles rapportent auxDouze hommes,afin qu'ils donna:
.leur ſentence ſelon le droinCes Douze hommes qu'on appelle Welfe men , iugct .
les criminelsficnon pas les Iuges,qui ne font que leur rqpporterles informations,8c
preuues; &c ces douze hommes ſont choiſis de douze 'ucrs meſtiers, leſquels ne
ſçachcnt ſouuent nylire ny eſcrire; c'eſt pour maintenir aucunement le pouuoir
democratie. ñ ~
Ils doiuent auffi conduire Ies condamnez au ſupplicqôc rennët cognoiſſance des
moindres procéaCes Vicomtes ont leurs Lieutenangôc p u ſieurs Sergägpour exe
cuter lcurs mandemens. Mais en temps de guerre , 6c lors qu'on apprehende quel
que danger , le Roy enuoye en chaque Comté vn Gouuerneur , qu'ils appellent
Lieutenannaſin d'y maintenir toute choſe en bon eſtaLCet eſtabliſſement vient du
Roy Alfred , qui mit en chaqueComté des hommes , qu'il appella Gardiens du
Royaume, 8c qui furent reſtablys parle Roy Henry troiſieſme, qui les nomma Ca
P itames.
Il y aaufſ des Gouuerneurs des places , dont le plus eſtimé eſt celuy des cinq
Ports, qui ſont ceux de Haſtings,Dover,que nous diſons Douure, Hith, Rumney,
8c Santwich, auſquels on adiouſte Winchelſey, 8c Ric , comme principaux mem
bresfôc quelques moindres lieux.Chaque cite' a auſſi ſon Maire , de meſme que ſon
Eue que.
Les plus ,importantes affaires du Royaume ſe vuydent 8c reſoluent aux Eſtats KŸËÏÛ'
,. J . _ :ts
Generaux, qu llS appellent Parlement,ou Parliament, 8c que les Anglois Saxons Generali:
leurs predeceſſeurs nommerent \Y/ittenægemoth , c'eſt à dire A ſièmſiblée des Sa
ges, 8c Ge—raednis, deſtâ dire Aſſeinbléefic MiciLSynod, deſtà dire gräde Aſſem_
blée. C'eſt en ce Parlement qu'on abroge les vieilles loîx, &qu'on en introduit de
I
ï
Angleterre. 249
nouùelles -, qu'on eſſſtablit vn ordre pour les choſes à venir,8c preſentes, qu'on chair-ſi
e-les droits, 8c poſſeffions des particuliers', de meſme que les poids , 8c les meſures;
'qu'on fait des Ordonnances pour le ſeruice diuin ; qu'on lcgirime les baſtards 5
n'on preſcrit le droit de la ſucceſſion du Royaume,, qiſonvtlyde les cauſes dont le
:iroit eſt incertain, quandla loy n'en a rien ordonne, qu on_ fait toute ſorte dïmpo.
ſitions ',86des
mesſaits qu'on donne
leurs. grace des
Ces Eſtats ontcrimes., qu'on
puiſſance releue
de vie les familles ceux
&cdectmortſur ab batuës
que leparROY
les \
demande qifonjuge; 8c pourabreger, ils diſpoſent de toutesſi_ les choſes 'de conſe_ k
quence. Le Parlementſe conuoque tous les trois ans. . _
Le Roy mande par lettres patentes auxîpucs, Marquis, Barons, 8c autres Sél
gneurs tant ſeculiers quÏ-Ëccleſiaſtiques, qui ont ſeance 8c voix aux Eſtats ,' de S'
trouuerâiour nommeſileur donnant enuiron 40 iours de terme. Il enuoye auſſia
chaque Vicomte de faire élire en l'aſſemblée de leur Prouince deux Cheualiersë,
pour s'y trouuer au nom de leur Comté,, 8c les villes qui ſouloient anciennement y
_ cnuoyer des DeputezJeS eliſent pour cet effeéh_ _
Le Roy 8c les. Seigneurs ÿaſſemblent Ie premier iour apres le ſeruice diuín , en la
ſale haute des Eſtats, la baſſe eſtant pour les autres; &lors on eſcrit_ les noms des
preſents. W ſi quelqu’vn a legitime excuſe de ne S'Y trouuer ,il choiſit pour ro,
cureur
voit au vn des aH-iſtants.
milieu le ſiege duLe lieu8cdeplus
Roy, cetebas
Aſſemblée
celuy du eſt ſuperbement
Chancelier, qui tapiſſé, 8c on la
ſait entendre
volonté du Roy. Les Archeùeſques , 8C Eueſques ſonta main droite du Roy; les
DucsfiëBarons à la gauchezſiêæcles ſieges des Iugesfont au milieu de ces deux rangs;
Les Secretaires du Roy,rôcceux des Archiuesdu Chîcelier, ſont pareillemët affis au
milieu ſui"lettres
des ſacs deles
laine , fin que s’il ſutuient quelque differantde droict, ou tou-’
chant les que Princes s'entr’eſcriuent, ils puiſſent reſpondre à ſſpropos ſur
ce ſiljeuôc lors qu’il eſt queſtion de reſoudre quelque affiiiragchacun ditôc exprime
ſon ſentiment par ces mots. Il me plaiſt. Il ne *me plaiſt pas. …
Cependantles Cheualiers, 8c autres Deputez , qui ſont enuiron le nombre de
500, ou 4.00, s’aſſemblent en vne autre Sale, qu'on appelle Baſſe , 8c lon leur com.
irlande de choyſir vn homme, qui parle pour eux deuant le ROY, auquel cet homme
eſleu ſe va preſenter, le priant de laiſſer iouyr la Sale baſſe de ſes priuileges , 8c de
permettre à ceuxqui s'y trouuent de dire librement leur aduis, ſans s'en offencer; à
quoy le Chancelier
determine reſpondgſelon
de touſit-;car elle represeïtequÎil le luge à propos. C'eſt
le Tiers-Eſtageſtant cetedeSale
cópoſée baſſe qui -'
leursDeputc's
ſeulementzôcquoy que la chambrehaute octroye aux voix, il ne paſſe pas ſi la cham
bre baſſe n’y conſent; à quoy il y a bien de la difficulté ſi c'eſt àla foule du peuple.
. Au reſté toutce qui doit eſtre mis en delibçration eſt par eſcrit , 8c lors que quel
_que choſe eſt approuuée par pluralité de voix,celuy qui lit les billets,eſcrit en Fran
a çois au bas de celuyùqui côtiët Paffiiire qu'on traite,S O IT BAILLE' AVX C OM
MVNS, 8c lors on commande à quelques vns de ceux qui ſont aſſis ſur des ſacs de
laine,de porter ces billets à ceux de la Sale baſſe,afin qu'ils confirment la reſolution .
qu'on a priſe enla haute; 8L ſi ceux-ty Papprouuengils mettent au bas LES COM-
MVNS ONTASSENTE 'S,c’eſt à dire conſenty; 8c ſila Sale baſſe enuoye quel…
que billetâla Sale haute, on y-met en Papprouuant , LES SEIGNEVRS ONT
ASSENTBS. 4 ñ ~..- — ' " ' .
Ainſi ſienne ſe reſoutaux Eſtats que du conſentement des deux Sales z voire meſ
'me il n'y a rien d’arreſté,iuſqu’â.jce que le dernier iour des Eſtats lecture eſtant Faite
de chaque articlc,8c y ayantau commencement de chaque Chef-, Ila eſte' ordonné, ~
le Roy meſme ou la Reyne le confirme auec ces paroles Françoiſes , LE ROY , ou
LA ROYNE LE VEVT -, ê( lors on tient pour arreſtées ces ordonnances du Par'
lemennqui ſontauſſi toſtirnprimées , ſinon que ce ſoient quelques priuileges par.
ticuliers, qui ſont ſeulement eſcrits 8c ſeellez du ſeau du Parle-ment. Q1; ſi le Roy
deſapprouue quelque choſe , il dict ſeulement LE ROY ÊADVISERAÆE-deſlors
x on tientla choſe du toutabolie; . , z _
Au reſte il n'y a pointde tempscertaineſtably ourla tenuë ordinaire des Eſtats;
mais laconuocation depend de la ſeule volonté_ u Roy, qui les aſſemble toutes les
fois queles affaires le requierent, 8c fait ordinairementpaſſer-par les reſolutions de
ce Parlement , ce qu'il_a reſolu premièrement en luy meſme, ou auec ſofxConſeil.
Cete Aſſemblée ſe tient Ordinairementà Weſtminſter. Cete conuocation _ſe fait
Jeplus ſouuët de trois en trois ans,ſi quelque affaire importätexfen abrege ,le textile'.
d
2go ~ _ Angletſierſſſſrſſel ſi
'Kant aux Cours de ce Royaume, il y eut au commen cement du regne des Nor- C5,…
'man s , 8c quelque temps auparauant la Cour du Roy , qui ſe tenoit où la Cour CM4!
-eſtoit , ôcſuyuoitle Roy partout. Car_ il y auoità la Cour vn lieu pour le Chance- M7'
lier, 8Lles Secretaires, 8c pareillement pourles [tiges q ui vuydoient les cauſes de la
Couronne, 8c les differents des particuliers. On y voyoit auſſi l’Eſchiquier , auec le
grand Threſorier, &les Maiſtres des Ôomptes ,qui auoient ſoin des finances du
Roy. Tous ceux—cy, qu'on tenoitîde la Maiſon du ROY , eſtoient veſtus , &c nourris -
à ſes deſpens. Mais ils auoient par deſſus eux pour rendre droit , vn qu'on appelloit
Iuſticepu Iuſticier d'Angleterre,ou blé' Premiere Iuſticefiduſticier Capital d’An
, gleterre, auec penſion annuelle do mille Marcs. Mais tout cela n'eſt plus en vſage. 5
Les Cours, ou Sieges dhpreſentſont le Banc ROyaLle BancCômumPEſchiquier,
la Chäbre de l’Eſtoile,la Cour des WardesJa C our des Erreurs à corriger; la Cour
de PAdmital, la Chancelerie, la Cour des Requeſtes , 6c' les Cours Eccleſiaſtiques.
_ Le Banc Royal, ainſi nominé, pource que les Roy; y preſidoientanciennement, Ëïïp
prend conoiſſance de ce_ qui regarde la Couronne, 8c le bien public,& pareillement '
des erreurs du Banc Commun. Les luges de cete Cour ſont, outre le Roy, quand il
'Ylon
veut
quealliſter,
le RoyleleIuſticier
trouue àCapital
propos)d'Angleterre, 8c quatre autres, ouſ dauantage, ſe
Le Banc Commun eſt ainſi nomme', pource qu'on y plaide les differens de leur 3…
Droit Commun, qui ſuriiiennententre les ſujets. Il apout luge; le luſticdiez- Capi- comm…
tal du Banc Commun , 8c quatre Allſieſſeurs , ou plus -, 8c pour Officiers le Gardien
des Briefs, &trois Protonotaires. , *
-lonL’Eſ_chiquîer
V traite toutes les cauſes fiſcales 8C du Domaine du Roy. ſſll aeſtoient
a_eu ce nom de la table autour de laquelle les Iuges aſiis,8c
pour Iuges Eſclii
le ‘l“ſi‘“'
Threſorier d'Angleterre, le Chancelier dſie l’Eſchiquier ,le Baron Capital, 8c trois
ou quatre autres Barons: 8c pour moindres Officiers le_ Miniſtre dela Memoire du
Roy; le Miniſtre dela Memoire du Threſorier, de quelques autres.L’aiÎtre partie de
PEſchiq-.iiera pour Officiers deux Chambriers, le Vi-Threſoriegle Clerc des Tail
les, les Officiers des diſines, 8c premices, 8c quelques autres, qui furent eſtablis lors
que Henry huitieſme ſe ſepar~a de l'Egliſe. ~ ‘ ~ __ _
Dauätage le Roy Henry deuxieſme choyſit entre' ces Iugesficles autres quelques Ëfffffl
geurgôc
vns vulgairemerit
quïlenuoyoit tous en
les Anglois luſtices
ans en chaque lh Eyre qui-iugeoient
Comté,ſiqi'1’on appelloittantles differents
Iuſticiers Voya; geuſiiszſi
dela Couronne, que les Communs entre ces Corfltez. Çet eſtabliſſement ceſſa d’e.
ſtre ſuiuy ſous Edoüard lIl. mais_ il futlremis erſquelque ſorte par l'an torité des
Parlemens. Car les Comt-ez eſtans diuiſées en certains Tours, qu'ils appellent Cir
cuits, il y adeux luſticiersdu Roy qui font deux fois l'année le tour de leurs Cir
cuits,
dequoy afin
londelesiugcr-les priſonniers
nôſſme luſticiers de laquideliurance
s'y _trouuent
de la, Geole
&cvuyder
, oules priſons
Priſon. Ils ,à raiſon
ſont en_
cor eſtablis , pour rſſeconoiſtre les Aſſiſes, à cauſe de uoy lon les nôme Iuſticiers des
Affiſes ; 8C pour expedier aux trois Cours Royales Cluſm entionnées les principaux
laids
lſion les con teſtez,
nomme par _le moyen
Iuſticiers de leurs
de Sinon Pairs ſuyuant la couſfuine
qwauparauangpource ,à raiſon
que ces mots dequoy
ſont 'mis aux
Briefs', ennoyez aux
ſi La Chambre Vicomtes.
de PEſtOile, ~
appellée en leurlangue _ - Chamber
Starre . ~‘ cim…
, où lon craſice
les cauſescriininclles,a receu-ce nom d’vne Chambre qui-a ſon plächer coiiuert d’e— deVlî-floi.:
~ ſtoiles à Weſtminſter, où ce Conſeil fut eſtablyÆlle a pour lug-es le Chancelieigôc k*
le Threfidrieſir d’Angleſſtei-re,le Preſident du Conſeil du Roy; leGarde du ſeau Paz-zi.”
culier, tous les Conſeillers d’Eſtat, tant Eccleſiaſtiques , quèlaysſiäæ des 'Barons cſu
Parlement-ceuxque
l-eur le Roy
abſence deux autres v appelle,
-luſticiers. Aulesreſte
deuxlesIuſticiers Capitaux
cauſes *r1"ſiy desjugées
'ſont 'pasv Bancs, ou' l'es
en ſi
Pairs, ſelon la loyjuge.
Chanïſſbrequbn d'Angleterre,- mais
les ſeditieux, 8c ſelon la formalitéy du dro’it
rebelles. ſi" î" ciuíl.
ſi C'eſt
' , en cete
La Cour des \Vards, ou Pupils ,a ce nom des Pupils , dontoſin y traite les-ſi cauſes. Cour du
Elle futinſtituée preiriieremët par' Henry IIX_ , qui oſta 'cete' conoiffiin ce à la Cliä- "wlm
celeriq-Lcà l'Eſchiquier, quien-conoiſſoient auparauant. Ellea' pour Preſident 8c ſi" m" ſi
luge le Maiſtre Generalçou le Gardes des Pu ils, &Z des Emancipationgôc les O ffi_
ciers font-le Procureur des Pupils, Aſſeſſeur iiſiMaiſtre , qui deffend les droits du
'~ Roy; lo Gui-atout qui confirme les emancipationsëlë MaîſtrèdesſiC omptes,q ui pre_
ſide aux Comptes qu'il faut faire; le Threſorier,” Receueugdes deniers du R o 51,3;
Angleterre. i ,agi
le Secretaire, ou Greffier de la Cour..On traite en cete Cour des tuteles , mariages,
aydes, 6c entretenemens des pupilszou pupilles., 8c de tout qe qui les cqncerne. l
com Les deux Cours des Erreurs qu il ſauſit corriger, ont eſte eſtablies,'l vne pourlesñ
du lir- Erreurs de Hîſcluqurer , l'autre our-celles du Èanc RoyaLLa premierea pour ſes
**WF 5 Iuges le Chancelier, 8c leThrelgrier d'Angleterre, auec quelques Aſſeſſetlrs qu'ils
wmgſſſſ' choyſiſſoient entre les Iuſticiers du Royz &c l’autrcles Iuſticiers du Banc Commun,
8c les
EnBarons dedel'Eſchiq
la Cour uier.'ou l’Admirauté,
l’Admiral, ~ ’y
on traite desaſſaires qui ſuruiennenſſt
Religion.
P“"‘î.‘“ A premiere ï cognoiflance de Ieſus-Chriſtfſiut ortée en Anoleterreau tem s a cuaz, z 1,
tognoiſ- , _ _ T' , _ _ _ P .
i… de de l'Empereur Tybere , parIoſeph d Arimathie , venu de l udce; qui ſe retira **ï :Izid
fflſï auec ſes compagnons a Glaſtonbury, en la Comté de Somerſet, à raiſon dequoy les 25,3,, vhs;
anciens nômerent cette contréeÿremiere 'terre de DieuzPremiere terre des Saincts hin. Anghli
en Angleterre; Tombeau des Saincts, 8c Mere des Saincts. Et non ſeulement l' ce- Èamdm.
luy-cy porta cette diuine lumiere en Angleterre; mais encor Simon Zelotes s'y ren- 5… ‘ /
dit pour meſme effect. Il eſt vray ‘ que ces commencemens furent ſoiblesfic la R e- Flíïñ-*hnäïï*
~ ' IC ÊC_ II
ligion Chreſtienne ne S’cſtendit guiere auant iuſq u’au 4 temps du Pape Eleuthere, ſchiſ_ “nb -
qui ſur la priere du Roy Lucius, émeu parles miracles arriuez entreles -Chreſtiens , b_ Nici-ph.
enuoya à ce Prince Fugatius , &t Damian , perſonnages doctes &c deuots , pour le ffflgfflî" l-"l
baptiſegauelclcï ſiens. Ceux-cy furent eurelux quïls-lacqduirelràt :il Ieſiis-Chriſt Léna., .PX,
tout ce eu e, edierent a Dieu 8c a es aincts es Tem cs es O es -, &t a ant de_ **cid
lors 28 Iilaniines des Dieux, Sc trois Archiflaminegcomriiie Metropolitainsils Zſta- JÏËJË; Hm_
blirent au lieu des Archiflamines des Arjeueſquegde meſme qu'en celuy des Fla- li. x. c...
mines des Eueſques. , gîgſſjë" .
LU-Ïngletecïre ſelmainpiînt depuis EnÊette CÏCQIÏCÏIſqlÏaUÂCÛÎ ps ë dg Päîm ereur e cddſiſſ; .gi,
Dioc etian, ont a er ecution t eaucou de ~ art rs urant r S e ix an_ 4°_ ïxïid- I
nées. Mais ce mal eſtant ceſſé_ ſoiis Plîmpereul: Chreſtieii Conſtantibmatiſ de cet- Ëïäïſizjiſt [z,
te Ifle,'ils perſiſterent en l'vnion de l'Egliſe , ſauf que quelques 'vns furent inſectez I c. 7. ſi
de l'hereſie Arrienne 8c Pelagienne. Mais F ſainct Germain Eueſque d'Auxerre , 8C ſfälggſcſſ
_ ſainct Loup deTreues,entreprirent&affranchir ces peuples de leurs erreurs. Apres ' ' ' "ſi '
celaJes Saxons 8c les Anglois s’eſt1nt rendus maiſttes de la pluſpart du Royaume, ï g Bed: Hi it
ſainct Gregoire Pa e enuoya à leur Roy Ethelbert, Auguſtin 8c Melitus , 8c autres 'fſfù a.
Religieux de l'or re ſainct Benoiſt , pour le conuertir auec ſon peu le ; 8c leur midi; The-teſt'
' voyage ayant heureuſement rcüſii ,les Anglois perſiſterent en la vraye Æy iuſqu'a li Wfflzïffl
* tem S du Roy Henry V Tll. excepté que quelques vns , mais en petit nombre , ſe
laiilctxrent abuſer àIean Wicleff, qui viuant enuiron l'an l' mil trois cens cinquante facdu ïëhiſ.
pu_
-deux, ſou ſtint par ſes eſcrits pluſieurs articles damnables , tant contre Dieu , 8c le 2H5*: Eëël-ſi
fàinct Sacrement, que contre le Pape &l'Egliſe Romaine, auec ſes ceremonies. c; .izſſi p…
Mais ſes Fauſſetez furent de peu de durée en Angleterre ;tellement que la Religion 'wl
‘ Catholique y fut en ſon luſtre , nonobſtant ce leger fieſtriſſement , juſqu'à ce î que m"
\.
Henry VIII. ſe ſepara de l’Egliſe, 8c de ſa legitime femme, pour s'vnir auec vne au- i Nic-Sädetà
com… tre,Artus
ccm… en cette
ſonſorte. . du Roy Henry VILdéS l'an igoi. auoit ectſ ouſc' Catheñ ÊŸÆËLŸFÎ
frere, fils aiſne Paſſy-zu Ang'
Ëkhſſ- rine fille du Roy Ferdinand,& d'Iſabelle Reyne de Caſtille , 8C tante clic l'Empereur Ml** “Wi
tombeau cinq mois apres ,le pere empeſcha ceieune Prince de ſe contenter auec 1
ſon eſpouſe,parle moyen d'vne ſage Femme qu'il fit coucher dans leur chambraDe
ſorte qu'il mourut marié , mais ſans auoir eſté iouyſſant. -
f'
Apres S5 decez,pourle bié'de la paix entre PEſ agne &t l'An IeterreJ-Ienry IIX.
ſon freremoururent
fils qiſſii eſpouſa ſaieunesaflc
veſue vierge,par
dcte deuxdiſ enſe
fil es, du vne
dont apeſeule
Iulenômée
2.8( a rëdit
Mariemere de trois
demeura en
yie. Mais pource que 'Catherine esſtoitſans affcterie , 8c toute religieuſe, au lieu que
Europe,,
ï_
l
~ r..
:-.254 Angleterrcà ‘;
. 1c Roy Henry ,plusieune de cinq ans qu‘clle , eſtoit plein de Feu , 8c cherchant la
iouyſiance de ce quïltrouuoit agreable , aymoit auec paffion Anne de Bolen ,
Damoyſelle de la Reyne , nourrie auparauant en la Cour de France , il commença
de mépriſer Catherine au bout dei7. ans , acyant d’vn coſtc l'amour qui le pouſſoir:
,à ce deſdain , 8c del'autrel’artifice du Car inalThomas Wolſey. ſon Chancelier,
piqué contre l'Empereur Charles g. de ce qu'apres luy auoir promis qu’il Paffiſte- '
roit poureſtre Pape, apres Leon io. qui tenoit le ſiege , il auoit brigué pour ſon'
,ſucceſſeur Adrian. - ‘
Pour ſevengerdonc del'Empereur, nepueu de Catherine, il commence à pro
poſerau Roy que ſon mariage n’eſtoit qu’vn inceſte , ſcandaleux aux hommes, 8c
dés-agreableâ Dieu,,Cpour ce qu'il auoit epouſe la Femme de ſon frere_ , 8c qu’il en
deuoit pourſuiurele iuorce : ſi bien que ce Prince voyant ce chemin ouuert àl’ac-_
compliſſementdeſes deſirs, qu’Anne ne luy promettoit de contenter que par le
moyen du mariagqreſolut de demander cette diſſolution au Pape Clement 7.
Cependantla volonte' du Roy, qui faiſoit taſter le poux aux plus beaux eſprits
&c plus capables , tantde ſon _Royaume , que d'ailleurs, tpucliant cette ſeparation,
eſtant publiéeæplôièſliêurs (Êfcrlèllîîetlëê ?SL CÊJËIËEJCS vns a ſon auantage eſtant ga.
gnez parargen_ , sau es o . . _
Là deſſus il deſpeſche au Pape Clement 7. Eſtienne Gardine ſon Secretaire
d’Eſtat,ôcFrançoisBrian,à d'obtenir ce qu’il recherchoit. Le Pape en remet
le iugement à certains Cardmaux , Theologiens , qui deſapprouuerent cette
pourſuite, 8c conclurent qu'elle eſtoit äutant IIÎIUPÎ , que_ lle mariage legitime.
MaislesDeleguez n'ayant peu trouuer ans ces re o utions e contentement de
leur Prince , obtindrenr en fin pourluges les Cardinaux Campege, 8c Wolſey , qui
deuoient vuider cette cauſe en_ Angleterre. Mais_ apres qu'on eut plaidé longue
ment pour l vne 8c l autre partie ,la Reyne appellîa au Pape, tant pour ce .que le lieu
eſtoit ſuſpect , puis que le Roy , qui y auoit tout pouuoir,'eſtoit ſa partie ,_ qu'à cauſe
qu’il tferioiit Caiäicqegzce: OËllgCPËICIFÎOYCD qe llliîupíchlpape SagièſlpluryrÊ dqrilt il läy
auoit ait on ,1 e ar ina o ey par ce uy e c ge , es ue c iez e
\Vincheſtre , 8c d'York , outre pluſieurssicches Abbay es.
Cet appel conuia le Pape à deffendre a Cardinaux de paſſer plus outre en cette
. cauſe z ô( à ordonner que Paul CapizucchLDovëde la Rote de Rome,luy en ſeroit
le rap ort; Le Roy voyant la grande difficulté de l'affaire , 8c le peu d'eſpoir d’vn
bon uccés, tourna ſon dédain contre Wolſey ,le demit de I’Eſtat de Chancelier,
le priua de PEueſché de Wincheſtre , &d’vn ſuperbe Palais qu'il auoitfait baſtir
à Londres,ôc le confina dans vn vilagez puis cn ſon Egliſe d'York. Mais ayant apres
ordonné qu'on le menaſt priſonnier à Londres , la mort; qui le ſurprit en chemin ,
Paffranchit de la priſon. ' ' l
Il ſe reſout d'enuoyer encor au Pape Thomas Crarnmer , u’il auoit ſait Arche
ueſque de Canterbury , à condition que ſile Pape declaroit on mariage valable il
prononceroit au contraire en faueur du Roy. Mais il ſut apres puny de ſon impicté
'du temps de la Reyne Marie , qui le fit bruſler tout vif'. z
Il ſit accuſer les Eccleſiaſtiques d’auoir recognu Pauthorité des Legats eſtrangers
contreyneloy d’Angleterre,&cdeclara que tous leurs biens eſtoient conſiſquez;
tellement quele Clergé delaiſſé par ſes Archeueſques , &cdenué de toute aſſiſtance
des Barons , fut contraint dele ſupplier de ſe contenterde quatre cens mille eſchs,
leur quittant le reſte. ,
Apres ce coup il ſoulaPauthorité du Pape aux pieds , 8c prit le titre de ſouuerain
ChefdePEgliſe &Angleterrezpuis ayant fait Anne de Bolen Marquiſe dexPemñ
brok, il l’eſpouſa ſecrettement, aſſeurantvn Preſtre nommé Roland,auquel il don
nadepuisPEueſclic' de LiechFeldJ qu’il auoit ſa permiffion' du Pape, nonobſtant
qu'une fuſt encor ſeparé paraucuneſentence,'de Catherine, qui fut auſſi toſt con
finéé au vilage de Cimeralton dela prouince de Bedford ,auec trois Damoiſelles
ſeulementſhc ſortpeu de ſeruiteurs domeſtiques. Auſſi toſt la Cour ſut leine de
flateursÃc
Ies d’ailleurs
ctmouuemens les Lutheriens
d'Anne, qui n’oſoient
qui ſuyuoitleur Opinion auparauant ſe declarer
, commencerent , çachans
àſe mocquer du
Pape, des Preſtres, &des Sacrements dePEgIiſE, dont ils rauiſſoient les biens tous
les iours auec toute liberté. \ <
.Il fit Thomas Cromwel Lutherien, affidé tout àſait à Anne de Bolen, grand
Chambellan du Royaume 8c Garde des ſeaux , puis ſon Vicaire General aux cau- ~
Angleterre; '. 2 g;
ſeigle l'Egliſe -, fit que les Eſt-.ætsdu -Rojzpume, 8c les Eccleſiaſli nes le reeognurerrtſi —
pour chelſide l'Egliſe, R iurerent de luy oheyr , tant aux choſes pirituellesque tem_
Porellesgpuis Crammer Archeueiquc de Canturbery, prononça ſentence e _tliuor
ce
pard'entre le R‘oy,8C‘la
le moyen du nouueauReyne, commereſtcau
qu ilauoit abſſous Roy,ôc
du ſerment qu’i~l auoitle,Ent
bien toſtapres Rovaueiſipou7
Pape
'Y
\ r
256 Angleterre; l
BC cômanda qu'en tous deux on regardait quelle formede Religion &leruice dîuin
on tiendroit de n en auant en Angleterre , 6c voulut que Thomas Cromwel eſtant
ſon Vicaire generahpreſidaſt à toutes les Aſſemblées des Prelats, de meſme qu'aux
ſeculieres; Puis apres pluſieurs diſputes on fit en fin imprimer ſous l'autorité publi
quçïîx'
mandoit le nom ducreuſtla
qſiiſiiÎon Roy,vnTranſliibſtantiation
liure qui "ut appelle'au
@les-ſix Alrtiëclegdont
S. Sacrement le premier com.
de l'Euchariſtie'a le
ſecond qu'vne ſeule eſpece eſtoſiit ſuffiſante pour le ſalutau Sacrement de Plîuchari
ſtie ;letroiſiéme defendoit le mariage 'aux Preſtres ï lequatriéme ordonnoit qu'on
accompliſt les voeux de chaſteté 8c viduité, faits legitimement z le cinquième pors_
toit quela Meſſedire
ſſnecellïiire,‘d'en eſtoit
auxconformeà la loy:diuine,
maiſons priuées 8c qu'il
le ſixième eſtoit bon
,commandoít de , Continuer
voire meſme
les
confeſſions auriculaires. La concluſion de ce liure eſtoit, que quiconque enſeigne
toit, ou croiroit autrement que le Roy n’auoit ordonné de l’aduis 5c du conſente
ment des Eccleſiaſtíques, 8c Nobles, ſeroit griefuement punyapres le i2 de lai-mier
de l'an 1536] Mais cela ifempeſcha pas quelpluſieurs des principaux de la Cour , 8c
du Clergc"
toutes ne fuſſent
cſies choſes heretiqucs
contre ;voire meLutheriens,
les Zuingliengôc me encor que ce Prince
il tenoit euſtpoincts
pluſieurs ordonnéde
leur crean ce, tant pour le regard ſide Pauthorité du Papq, que du nombre des Sacre;
ments; ll changea pluſieurs choſesau Canon de la Melle , &c ſit mettre ſon nom au
lieu de celuy du Pape. ll nioit que leſus- Chriſt euſt inſtitué la Confsffion , 8c rejet.
toitla ſatisfaction z com mandoit qu'on priaſt pour les morts , ê; toutesfois nioit' le
' Purgaroire .- deffendoit le mariage aux Preſtres, 8c toutesfois permettoit aux Moy.
nes qui ſſeſtoient Preſtres, de prendre femmezvouloit que ceux qui auoient fait L
vœu de chaſteté 8c de continence, le gardaſſent inuiolablement: 8è toutesfojs il
contraígnoit les Religieux d'au deſſous de vingt-cinq ans, de ſortir de leurs Con..
uents, 8c permettoit aux plus âges cle faire le meſme. Il faiſait ſizmblant d'honorer.
- ' les Saincts , 8C pilloit leurs Chaſſes &c Reliq naires.
Les habitans de Lincolne, Northumberland , Cambridge , Durham , zelez Ca.
tholiques, prirent les armes au nombre de cinquante mille hommes , portans en
leurs eſtendards pour deuiſe les cinq Playes de noſtre Ÿeigneur , vn Calice auec vne
Hoſtie, 8c le nom de IeſuS-Chriſt , afin de teſmoigner qu'ils S'eſtoicnt elleuez pour
la deffen ſe de la foy Catholiq uerMais la paix ſe fit ſoudain , le Roy leur ayant pro
mis de ſuiure leurs volontez , ſans permettre plus aucun ſcandale pour le fait de la.
Religion. M1is il manqua depuis de parole, faiſant mourir auec les auteurs d'vne
nouuelle eſmeute, ceux de la premiere; entreleſquels eſtoient pluſieurs Barons,
Cheualiers, Gentilshommes, Abbez,Prieurs,Preſtres,ôc Religieux. D'ailleurs il fit
bruller tous vifs, ou mourir d'autres ſupplices , pluſieurs Zuingliens 8c Proteſtans, .
&en meſine temps il fit oſter toutes les images des Sainâcs , ô( pilla le reſte des plus
riches chaſſesgSc cercueils,entre leſquels furent celles du RoyEdmondÆc de ſainct
. Thomas Archeueſq ue de Canterbury, dont la derniere eſtoit ſi richqqueccluy qui
eſtoit lors Threſorier du R oy ,confeſſa depuis,que l'on auoit tiré telle quantité d'or ñ
'ôc' d'argent, de pierrerie, 8c d'autres ornemens , que vingt-ſix charettes pouuoient à
peine porter ces richeſſes. Mais non content de cet acte , pour couurir ſa mauuaiſe
intention, pource que ce Sainct auoit enduré _la mort ſous Henry II. pour meſme
ſujet que celuy qui s'offroit, ille fit citer en iugement , quoy que mort depuis plus
de
comme4.00 ans; &mis au
criminelîde nombre
leze Majeſté des, deffendit
Saincts, ſitdeplaider ſa cauſe
le mettre de là, 8c
enl'ayant condamné
avant_ au nombre .
des Saincts, 8C de celebrer leſſ iour de ſa feſte , 8c commanda qu'on rayaſt ſon nom du
Calendrier, 8c des Litcmies. Si bien que le Pape Paul III. informé de tout publia
contre luy la ſentence Œexcommunicarion. '
' Apres il chalïa quatre Ordres de Freres Mendians de leurs Maiſons, dont il ſe ſai
ſit,puisil fit re oudre au Parlement que tous les Monaſteres qui reſtoient del'vn , 8c
- l'autre ſexe a ſeroientmisenſon ouuoir 1 &lu Y ſeroient confiſ uez; choſe ui ſue
-aulïi toſtexccutée, 8c quelques vns qui arlerent librement urle ſujet dès Reli
gieuſes chaſſées de quatre Conuents de ïondrcs , furent empriſonnez , puis pen
dus, &c pluſieurs
ſtat Religieux Religieux
eſtoit qui ànelavoulurent
contraire liberté deſigner
l'ame,vn8ceſcrit,
qu'ilsqui ortoit 8c
cedpoient, quequit.
Ye.
toicnt au Roy ſans contrainte, tous leurs Monaſteres, 8c leur reuenus , endure.
rentle martyre en diuers endroits du Royaume. Il obtintl’an i538. cette confiſca
tion des Monaſtcres , dont il prit quelques reuenus pour luy, diſtribuant le
»A
- ,~ ,Angleterreſiſ ., ~ l — - 2775
reſte à pluſieurs Gentilslæommes”, afin de les rendre intereſſez enſi ce fait z 8L lon tient
que le no-,nbre des Egliſes ruinées fut de dix mille. ll fut encor ordonné qu'on abo.
liroitcn Angleterre l'Ordre des Cheualiers de Rhodes , 8L que leurs reuenus ſe;
roient appliquez au Fiſc, 8LprofitduRay. Mais en fin Croinwel autheur de tous
c'es deſordres fut hay du Roy ,qui le fit condamner; aux Eſtats du Royaume d’he
reſie , de trahiſon, de ſelonnie,qui comprend ſelon les Angloisles larcins, meurtres,
8L ſemblables crimes, 6L ~d’auoir dérobc' les deniers du Roy , tellement que ce
Vicaire General eut la teſte tranchée. i
Depuis il ſit mourir d'vn coſté pluſieurs heretiq ues Zuingliens , 8L Proteſtans , 8L
de l'autre des Catholiques zelez , qui ne le vouloientrecognoiſtre pour Chefde'
Pfigliſezpuis taſcha par le moyen de l'Empereur de ſe reeancilier auec le Pape. . .
Mais pour ce qu'il ne vouloir confeſſer publiquement ſe faute , ny reſtituer aux
Egliſes ce qu'il auoit pris , 8L voulait rentrer en la Communioin de l'Egliſe , _ſans
toutes ces ſatisfactions
gloireàcelle , tout
de Dieu : de' ſorteſonqu'il
deſſein ne reullitlapoint
renouuella , pourcecontre
perſccutioſin qu’il preferoit
les Cathoſa
liques , quinioient ſa Superiorité. _
D'autre part nonobſtant tous les threſors qu'il auoit pillez,toutes les Croix d'or
6L d'argent tous les vaiſſeaux ſacrez, tous les ornemens des autels ,tous les meubles
de mille Monaſteres , Dreſque toutes leurs terres, leurs fruits , 8L leurs droits , les
Annates , 8L decimes de tous les benefices , 8L nonobſtant meſine qu'il eut vendu
iuſquïi u lomb , bois ,GL pierres des Monaſteres ,il deuint ſi neceſſiteux l'an i544.
preſque liir la fin de ſes iours, qu'il fut contraint dïnuenter encor Force exactions,
&moyens de tirer argent de on peuple , 6L s'emparer meſme pour concluſion des
Eſt-…irgde toutes les Fondations d’Hoſpitaux , Seminaires , College-s , Chapelles , 8L
Meſſes , ſans toutesfais en iouyr,à cauſe de la mort qui luy ſuruintlhn i546. A pres
toutesfois q u’il eut receu le S. Sacrement à genous, quoy que griefuement malade,
comme luy ayant tousiours porte' grand honneur; il ordonna que Marie fille de
Catherine ſuccederoit à Edouard , qifilauoit eu de Ieanne \ Seymer , 6L ſerait' preſes
mon". rée à Elizabeth.
,_ Edouard de neuſſfâ _ dixans, ſucceda à ſon pere Henry , ſuyuant ſa derniere diſpoſiñ
‘
‘
° tion,par laquelle 1l luy ordonna ſeize tuteurs, ou curateurs (quelques vns diſent i3.)
auec egale puiſſance, 8L la pluſpart Catholiquegcomvnandant auſſi que ſon fils fuſt
nourry en la fo Catholique, excepté qu'il voulut' qu'il retint le tiltre de Primat, ou
a Chefde l'Egli e, afin de purger le Royaume d'hereſies.
Mais quelques vns des ſeize furent forclos dela charge, ou s'en abſtindrent de
eur d’eſtre inal menoz, ou furent meſine emoriſonnez pour eſtre Catholiques z 8L ~
lits autres éleurent pour ſeul gouuernettr du Roy , 6L du Royaume , Edouard Sey..
mer,Duc de Somerſet, oncle de ce ieune Prince , Zuinglien de religion ,-8L le nom
merent Protecteur. Auſſi toſt ce ieune R ay eut des Precepteurs heretiques, qui luy
mirent dans l'ame leurs erreurs. Auili toſt les loix de Henry VIII. furent abrogées,
_ our en introduire de nouuelles; 6L celle des ſix Articles fut rejettée, n'y ayant que
lis ordonnances contre l'an thorite' du Pape, qui ſubſiſtaſſent, Tellein ent que l’he
relie Zuinglienne, haye de Henry VIII. ſur toutes les autres , comme enncmye de
la realité du corps de naſtre Seigneur, fut la plus autoriſée. .-0.
bout à Paîitre de mot à mot , ôclon recint le ſigne de la Croix ,qui ſeroit fait par la
main du Preſtrepuis oſtant toutes ces ceremonies, auec tout le Canon dela Meſſe ,
on mit en auant vnenouuelle forme de Religion.
Lors on &liſcontinuale Sacrifice de laMeſſe , auec les autres Offices ,' en public ,4 ~ ï ,
de meſme
tesfois que l’vſag;e des Sacremens
MarielſiœurſſcYEdoüard à la Catholique,par
ſe maintint ſi conſtamment;tout le Royaume,
qu'elle ne fermaoù tous
iamais
POratoire qu'elle auoit en ſa maiſon, &ſit tousjours celebrer la Meſſe , combien
que par toutailleurs on ruinaſt les Autels, 8c lon brulaſt tous les Meſſels , ê( les
liures anciens qui contenoient l'Office diuin. Ils deſendirent les Proceffi ons , eſſa
cerent Finuocarion des Saints des Litanies , commanderent qu’on neëfiſl: plus l'eau
benite, firent
ueſques marierEuefqueſſs
&pluſieurs pluſieurs 8c
Preſtres 8c Religieux
Doyens des Egliſes,àl’exemple
Cathcdralesdes, les
deux Arche—
declarant
àfaute de ce mal affizctionnez enuers le Roy; &c lſſes Euefſiques qui ne le voulurent
faire , comme Eſtienne Eueſque de Winch-eſtre , 8c le docte Cutbert Toriſtal
'Eueſque de Durham , furent empriſonnez.
Mais ces Defonnareurs ne iouyrent gueres du contentement qu'ils receuoient
par le moyen du Roy , 8C du Protecteur , veu que peu de temps apres , le Protecteur
fit tuer ſon frere Thomas Seymeri 8c Dudley Comte deWarwic fit mourir le Pro
tecteur, puis Edouard mourut. Mais auparauantil arriua que pluſieurs autres he
reſies que-celles de Zuingle , de Luther, 8c des Anaba tiſtes,_ſurent ſemées par
PAngIeterrE-,comme
nerent , que d’oresen entre-autres cellesdes
auant leſis enfans d* Preſtres
Arrius 8cſeroient
de Valentin ,Sc leslegitimes
declarez Eſtats ordon
: 8L de
plus on priua de leurs Eueſchez quelques Eueſq nes ſermesen leur ſoy , faits priſO11
niers , 8c pluſieurs allerentvolontairement en exil, pour n’eſtre contraíns en_ leurs
conſciences. Outre cela les Threſoriers du' Roy , &autres Commiſiaircs, empor
terent tous les ornemens , meubles', 8C threſors des Egliſes , laiſſa-ns vfl ſeul Calice
en chaque Egliſe , pour 'faire la communion , 6C vne ſeule ſſchappe de Prcſtre
pourcelebrer lediuin_ ſeruice 5 de laquelle toutesfois les :Caluinifles reſuſeren t,
apres de ſe ſeruir.
Edouard eſtät decedéla-XG année de ſon âge, bien que lane fille_~ du D ucſide Sſiufiſiólci*
v
FT
ſ WAngleteireÎ ‘ _ ' '-739
Îutdcclafóe Re 'ne par les artifices, &l'autorité des ſiens, toutesfizisv-Marie ſœùr
ſicPEdoü-ard, Fur bien roll: reconuë pour telle par toute l'Angleterre» Auffi toſi: 'elle
ſi rejcrra
Duc (leleNorſolk,
titre cieCheF de l'Egliſe, remit en leurs dignitez les Eueiquesz, &t Thomas
ô( Edoüard de Courteney, Marquis &Exceſteigcondamnez à te—
'nir priſon pcrpetuelle 5 puis fit trencher la teſte au Duc de Suffolk ,qui pratiquoit
de nouueaux eueneinens, eſpouſa Philippefils de l'Empereur Charles cinquieſinó,
qui Futapres Roy d'Eſpagne . ſit bruler Crammer Archeueſque de Cantorbury,
comme criminel de leze Maieſtcſiôc heretiqiîie, ô.: fit auſſi bruſler , ou mourir autre
mcnt,pluſieurs MiniſheSficPreicheiuS (Phereſiesfixäquantité de Lutheriengôt Calñ
uiniſtes. Elle ordonna-que tous les eſtrangers, qui n’eſtoient employezaux charges
publiques, ou mis au nombre des citoyens, euſſent à vuider le Royaume dans cer—
tain iour, ſous de griefues peines -, tel ement qu'on dit qu'en vertu de cete ordon
nanceilſortitd’Angleterre plus de trente mille heretiques de diuerſes nations 8c
ſectesde, lleureté
lieu ui ?eſtoient tous_8C
pour eux; auletemps
corpsd'Edouard retirez
du p Miniſtre en Angleterre,
Bucer, comme
peu au parauant en vn
enterréâ_
Cantbrige, Fut deterré , &C bruſlé , auec celuyde Phagée; 8c les os dela Femme
de Pierre. Martyr furent oſtez du Cemetiere_ d’OxFord , 8c iettez emmy les
cham
EllePreſt-ablit
s. la Meſſe , 8c, l'exercice dela
., Religion Catholique -, 8c lonnevit
' ‘ plus I
en chaire que des Docteursflí Predicateurs Catholiques' , deffen ſe 'ayant eſté &une
' aux autres de preſcher ; 8c partie par ſon commandement', partie par-Fautorirédes
Eſtaçs, elle fit caſſer les ordonnances de ſon Frerc contre la Religion Catholique,
puis obtintdu Pape pour Legat en Angleterre le Cardinal Polus, yſſu lie la maiſon
Royale d'Angleterre, quireceutPan i553 la -nouuelle ſoumiſſion de la Reyne &c de
ſon peuple au Pape, vingt ans a res le commencement du Schiſme. 'Mais afin cl’obë
tenir le conſentement vniuerſe pour ce regard,il ſalut que le Legat diſpenſaflî tous
ceux quidetenoient les biens de l'Egliſe, deles tenir delà. en auant, en les ab ſoluant
à perpetuité de toutes cenſures Canoniques pour ce Fait ,les ad uertiſſant toutefois
de redouter la fin, dont les paſſages de l’Eſcriture les menaçoient, ll donna pareil-ä
lement diſpenſe aux Preſtres qui seſtoientdmariez, de tenirleurs Femmes, declai
rant le mariage bon, 8c leurs enfans legitimes, confirma les Eueſques creez du_
rantleſchiſme, 8E urgea les Colleges d’hereſies~\, 8c fit reparer au-pluſlzoſt quäl
peuſtles Autels,
ans_ , quatre 8C es EgliſesMais
mois,paſſaſſ ,cete Reyne deuote
de cete vieàl’autre,au grand.ayant ſeulement
déplaiſir des Carecgné cinq
10lÎqU8S\
l'an i558. - - -_ . ſi ‘ - ſ - '-1
Nffl…. Marie,
Religion. _ Elizabeth_,ſillexi’Anne deBolenſappelléez-ila
parla derniere diſpoſition de Henry-liíitieſineſucceffion du Royaume
,s'en ſit declarer a res
auſſi-toſiſi au
Parlement Reyne legitime. Mais craignant qu'on luſſy conteſtafl: cete qualité,â
cauſedu mariage duquel 'elle eſtoit ſortiQ-condamné par ſentence du Pape-Pau-Ë
ff troiſieſme
la Forme, 8c, elie reſolut de nedeſel'Egliſe.
les ceremonies ſoumettre pointau âPape,8c'de
TouteSFois changeràlalaReligion;
ſon adueriemeſſſit Couron." ~
ne elledela
ſenſe iura Foy
ſelon la Formqôtcouſtume
Catholique, ancienne
8c de maintenir des -Roys-de
les libertez prendre encleslïſigliſes;
8c priuileges main la deñ_
K de peur qu'on miſt en difficulté, ſi elle auoitpris, autrement qu'il ne fiilloit, poſſeſñ
ſion du Royaume. -. . — 'PI
~~ "çëſirz ï"'-‘-"“= î “Î-'Î
' Pour ce meſme ſujet elle permit d’eſtte oſimte d’huyie , non ſans morquèiie, 8( reñl
et.Mais d'ailleurs elle permit-auſiitoſt que les heretiques bannis reuinſſeffit en An- 'ñ
_eterre, Fermala-bouche aux Predicateurs Catholiques , &deFenditàdn Eueſquèl
qui celebroit la Meſſe deuant , elle d’eſleuer
ſacrée. ’ la Sainte Hoſtie
î *ï apres— l’auoir
' con-p'
ſi i*
ï
desElle ſe nomma
choſes ſpititueſpludain Souueraine
es ſuyuant-le dePEgIiſe
decretdu de ſes Royaume-EZ(
Parlement Gbüuernanfiç
qui la publia- auffi DeFſſende-î
reſſe 8c Protectrice della Foy; 8C contraignit vn chacuilade la reconoiſtie telle' auec)
ſerment, exceptez les plus Grands de ſonſſ Rovaume,'quiſſeſtoientÿlayzx‘ Mais elle ne? y
voulut pas prendre le titre de Chef de l'Egliſe ', pource que Caluin l’auoit desap—
prouué en ſon pere Henry. Les "Eccleſiaſhques qui reFuſoiçrit delay preſter ceſerlïï
— ment, eſtoient pourla premiere Fois priuez de leurs biens', ëcbſſenefices, dont elle ap-"~
pliquoit la ſixieſme partie à ſon .profit particulieſinôc de plus côdamnez à-priſoi-ieperïï
petuelle -, &c ſi la ſeconde_ Fois ils _témoignoíent meſme reſolution ,~ ilséſtoierÿt eſte-J'
Çutezpà mort, .commocriminels deleze Majeſté; de ſortëqule pluſieurs moumrentî
' ſ. , , Y iiij
a6oſſ' Angleterre.
depuis en priſon, &les autres en grid nôbre de peut d'eſtre mal traitez ÿenfuyrent.
Elle s'attriblua toultes les Annapcgôc decimes des reuenus Efpcleſiaſtiques, prit les
. terres de tous
Lieutcſinans , ouesVicaiëes
Re i ieux, que a ſpirituelles;
és choſes œur auoit au pupisarauant
deliberaredeituées;
changerordonna
la formedes
de
l'ancienne Religion.MaiS,ſelon Camdemelle ne parla iamais de la Croix, dela bien
heureuſe Vierge, 6C des Saincts , qwauec beaucoup de reſpect , 8c témoigna du reſ-~
ſentiment toutes les fois qu'elle en ouyt parler quelqivvn auec irreuerence.
Täutêslfois eâle introduiſit :luffi-'toſt danñles Egliſes lla .Liäurgie ep langue vulgaí.
re, t a atre es lmagesſhc mit des Prote ans en la ace ~ es Eue — ues mortsſtlé
mis, ou fugitifs. Au reſte la Religion fut changée peii à peu z veu quîElizabeth laiſ
\ ſa
quidurant
mourutvnenmois la Catholique
Nouembre, au de
8c le 1.7 meſme eſtat qu'elle
Decembre_ eſtoit d'avoir
on permit au tempslesdeEpiſtres
Marie,,i
EuangilegCommandemens de Dieu, l'OraiſOn Dominicale,le Symbole des Apo.
' ſtres, 8c les Litanies en langue vulgaire 5 puis le u. Mars i559. le Parlement ayantre.
uoq ue' la loy d'Edoüard, permit l'entier vſage de ?Euchariſtie ou de la Cene , com
me ils diſent, ſous les deux eſpeces. Le 14min elle abolit par Edictde Sacrifice de la - x
gion d' Angleterre, quoy que ſa mere fuſt morte bonne Catholique. Il contraignit cain-beige ‘; _
les Catholiques de payer non ſeulement tous les ans,mais tous les moisyingt liures
l
ſterling, pour rfaſiiſter pas aux preſches des autres. De ſorte que quelques vns , qu!
ne conſideroient pas combien la perſonne des Roys eſt ſacrée , combien de maux'
ſuyuent leurs-morts violentes 8c qu'il leur faut obeyr, quoy qu'ils ſoient de contrai.__
-re Religion, ou meſchans, conſpirerent l'an-mil ſix cens cinq d’enleuer ce Roy auec
tous ſes Conſeillers , 8C les .principaux du Róyaumedans la Sale des Eſtats, par le'
' moyen d’vne grande quantite' de poudre, de ſouffre , 8c de bois_, qu'ils auoientmis
au deſſous. Mais leur conſ iration eſtant découverte, le Roy qui trouua que tous
ces criminels eſtoient Cat cliques, augmenta' ſa hayne contre les autres de meſme
Religion, 8c ayant fait punir les coulpables ,bannit d'Angleterre pluſieurs Preſtres,
6c autres Eccleſiaſtiques puis l’an mil (ix cens vingt quatre commanda aux leſuites,
ê( autres Eccleſiaſtiques , 'dc ſortir de ſon Royaume: Son fils Charles qui regneà
rl* ;L52 Angleterre;
preſent, ſu tmeſmectkeligiolénauec vne affeélzion nqmparæille , czommcilatémoi
gne' enaffiilantmeſme les Calumiſtes. _ ñ - _ -_ l l _ ,-
, Il eſPvraY qu'on croit que ſon mariage auec vne Princeſſe_ (i1 zelee Catholique
adoucira les rizueurs paſſées. ' _‘ ñ _ _ _ſ- ‘
Maintenant ?Angleterre eſt partagée en diuerſes Religions ,on ſectes, dont celle ?ſtat pre.”
u’on nomme d'Angleterre, ou des Proteſtans, eſt laælus nombreuſe, 8c plus' puiſ
, ,umond ?ante Cete Religion ï n'eſt ny Lutherienne , ny Hu ice ,ny Zumglienne, ny Cal- d'A-gie;
NMſſM-cc des uiniſte; 8L toutefois elle retient quelque couleur de chacune ,- cie-meſme qu’elle WW'
.Hemma Prend les ceremonies des Catholiques. ' fl ' >.
b Conſeffio \ Ces Proteſtans , comme marque l' certain liure Fait par les Caluiniſtes Anglois
. FW* ^"8‘°" retirez aux Pays Bas l'an mil cinq cens nonante huit, ont leurs _Archeueſques ,'Pri
quorumdam
Auguſtin… mats, Eueſques, Suffragans, Doyen S, Chanoines, Archidiacres, Souſdiacres , Pre
ïſtres, Diacres, Curez , &Vicaires , 8c tout POrdre de la Hierarchie Eccleſiaſtique
c amd Rclat. delŸEgliſe Catholique. Ils ont ‘ l'impoſition Epiſcopaledes mains en la creation
de Canad-ñ _des Preſtres, 8C aux moindres Ordres, de meſme qu’en_la Confirmation des enfans;
' _
mais le toutſe fait enAngloisJe Greſme , les ceremonies &le ſigne de la Croix; 'Ils
ſalmodiennôc font le ſeruicſſe ordinaire, les Fe-ſtes ordonnées des Saintsfic Saintes,
es Vigiles, les Ieuſnes, le Careſzne, Pabſtinence des viandes au Vendredy,8c Same
_dy 5 les habits des Preſtres, 8( vaiſſeaux ſacrez: ‘ _ ‘ j '
a Conſefflo _ Les 4 Prelats ont pouuoir de faire des Inionctions aleur volonté; de creer, 5c
MEL/Anglet. _demetrreles Miniſtres ,Œexcommunier les Preſtres, &cle peuplezvoire mefine de
‘l"°“‘md““' un inempriſonner, 6c pourſuyureiuſqn'a lamorc ceuxqui les oſeroient-contrarier.
îes Preſtres , Curez, 8c Vicairesfont obligez de reciter au peuÆle le liure des prie
res', &C ceremonies ,eſpouſer _ceux qui ſe veulent marier,aſſi eràlaſepulture des ,
morts_, adminiſtrer les Sacremens aux malades , &les a dre de tous leurs pe
chez. (Lue ſi leurs Cures, ou benefices, paſſent certaine ſo e , marquée aux Ar
chiues du R oy, ils ſontpbligcz de preſcher, ou faire preſcher quatre fois Pannée en
ctleurs Egliſes.Au' reſte ils ont tiré leur Rituel,ou Cerca-monial# leur liure de prieres,
J du Meſſel Romain, tradui ſans de Latin en Anglois les prieres,'Litanies , Collectes,
6c choſes ſemblables, en ayant toutesfois oſté uelques choſes particulieres à l'E- --T
gliſe Romaine; 8c retiennent encor l'ancienne rme cles Pſalmes , Epiſires , Euanñ'
giles, Verſets, Reſpons; 8c pareillemenflle Te Dram , Benedictw , Magniſicat , Namc
dimittis , Eater rio/Ier, [tj-n'a eleiſon , Damian: Mobiſud” , Domi” Iabia mea aperin;
' _ Gloria i” exec/ſi: , Surſhm corda , Vcuite, exalmml: Domino . Gloria Parra', _Qgimmqnc
' -wllt, ée.
Leurs Preſtres cecitent toutes ces choſes le ſoir , ou le matin, toutle long de Paul
~ née, en portant leurs ſurplis,chappes 8c chaſubles: 8c en liſant vne partie_,& chantäc
l'autre , ayans auſſi dans leurs Temples des ênſans de Chœur, des Chantres, 8c des
orguegcôme les Catholiqueslon voit en leurliure quelles prieres il ſaut lire!ſur les
morts, lors qu'on les enterre, 8c quelles ſur les biens de la terre , en certains temps
de l'année. Il marque auſſiles iours de Feſtes dediez à la Vierge , aux Sainctgaux
i Anges# aux Apoſtres, auxVigiles deſquelsil leur eſt commandé de ieuſner , de
meſine qu'en leurCareſme, outre Pabſtinence des Vendredys , 8c Samedys.
Ce liure enſeigne encor àleurs Preſtres, comme ils doiuent eſpouſer les erſonl
nes , auec l'anneau nuptial , 8c autres ceremonigs: ba tiſer les enfans ſur es Fons
conſacrez auec le ſigne dela Groix, auec l'aſſiſtance (fes parrains 8c des marraiflïs,
en demandantàPenſant, comme entre les Catholiques , S’il ne renonce pas au Dia
ble , 8c à ſes œuures , 8c choſes ſemblables: 8c adminiſtrer le ſainct Sacrement au
clement! peupleeſtant àgenoux,auec des paroles tirées du MeſſelñRomain. De “meſme
4° que les Preſtres , &autres Eccleſiaſtiques portent des robbes longues, 8c ſmplisJes
Eueſques ont leur roquet. Ils ont des Images 6c des Croix dans les Egliſes , &lieux
' ubliçs , prient pour les morts , ſe ſervant de cierges 8C ſontle ſigne dela Croix ſur
e front. En leur Cene le Miniſtre leur baille le Pain, 8c vn autrele vin. Ils enterrent
auec ceremonie , chantent les Pſalmes , portent le deüil. Les Eueſques ſont or
donnez, 8c conſacrez par trois Eueſques , qui ſont mariez de meſme que les Pre.
ſtres. Mais les perſonnes de qualité Font difficulté delogerleurs filles auec des Mi.
_' niſtres, 8c des Preſtres, voire meſme auec_ des Archeueſquegpource que leursfem
mes ne tiennent nul rang.
_' , Il Faut_ adjouter au diſcours de Remond , que leurs Preſhes Proteſtans, diſent
_lflntroicjlela Meflèfles Oraiſons ordinaires, ?Epiſtresc PEuangile , 8c conſacrent;
\
\
f' _~ - , Angleterre.;
le tout en Anglois, auec la chaſuble deuànt le Roy,8c ain-Egliſes Cathedraleszmaik
Us; rv
aux moindres auec le ſurplisTIls_ croyent que le corps de Noſtre Seigneur y eſtÿauec
le pain conſubſtantiellement, Ils ſont des procefflons, diſent Veſpres en Anglois ,
Marines, 8c
uocarion deautres
Saints.heures,8c
Ils ont enchantent les Litanies
leur Calendrier à laleLutherienne,
, ſelon vieil Style, lesſans aucune
nomſis in
de tous
les Saints, 8c des Feſtes. lls gardent les Feſtes de Noel, de Paſques , de l’Annoncia
tion, Purification, 8Ce. de la Vierge , 8c celles des Apoſtres , 8c des Euanqeliſtes. Le
‘ Roy tenu par eux pour Cheſde l'Egliſe nomme les Archeueſques,ôcEueſquesÆc ils
.luy payentPannate z mais ils ont troisans pour le payer. Tout benefice , &toute
parroiſſe, paye l'annexe , 8c le Roy leue auſſi la diſrne de tous les' benefices , y ayant
des Collecteurs pour cela. ñ
Les Miniſtres Anglois, 8c Flamans qu-i ſont à Londres , preſchent teſte nuë dans
\vne chaire tapiſſée, ſelon la couſtume, ê( ont vn oreiller de taffetas verd, ſur lequel
ils shpuyent.. Chaque Dimanche on preſche au Cemetiere S. -Paul ,où il ya vne
grande chaire, enuironnée d’vn coſte' de galeries, 8c dans cete place on range force
bancs le iour que lon doit preſcher. Il y a deux Miniſtres_ qui preſchcnt en François
quatre iours de laSemaine,â teſte couuerte,auec la robe longuqôc ceux-cyontleur
Temple :l part, de m eſme que les Flamans,& Allemans, pour l'exercice de leur Re:
ligion. Want aux Miniſtres Anglois ,lors qu'ils vont preſcher ,ils portent la plus
part vne robe doublée de velous noir , faire à grandes manches larges, 8c portent
ordinairement des manteaux longs, doublez de velous.
Au reſte le Roy laques ſixieſine fit dreſſer vn liure de Conſtitutions Eccleſiaſti
ques, qui monſtre aſſez quelle eſt la Religion d'Angleterre; 8c pour cete cauſe i’en
ay mis icy les principaux articles. ' _
Premierementil eſt dit, que le Roy d'Angleterre ſera re Ognu en tous ſes Eſtats
pour Chefde l'Egliſe Anglicancgôcque celuy qui en dOUſClÎâ. ſoit tenu pour excom
munie' , de meſme que celuy qui dira que laforme de la Litur ie eſtablie en l'Egliſe
d'Angleterre, &c com priſe au Liure des prieres publiq ues,8c e l'adminiſtration des
Sacremens
conſiq ue dira, eſt
quevnquelqu’vn
office corrompu, ſuperſtitieux
des 39 articles arrcſtez, au
&illicite
Synode58Ctenu
pareillement ui
à Londres (l'an
156v. eſt ſuperſtítieux, ou erronee en quelque ſorte; comme auſſi celuy qui blaſme-ſſ.. .
tales ceremonies d’bngleterre,l’ordre des Archeueſques , Eueſques, Doyens,,6c .v-**y.
'x
@Z74 ſ . x
Angleterre;
feſtes ſolennelles 2 ceux qui ſont publiquement reconus attaints de quelque peclié l i
qui leur eſt ordinaire, ſeront rejetez de a Cene , 8c que tous la feronten leurs Par.
roiſſes. , ~ ~
Queles peres ne pourront eſtredparrains de leurs enfans , ny les enfans incapa.
bles de la Cene: qu'on fera le ſigne e la Croix _ſurlesenfans en les baptizant , ſans
aduoüer toutesfois que ce ſigne ſoit de l'eſſence du bapteſme, croyant q ue l'enfant
eſt fait Chreſtien ſans ce ſigne, auſſi-toſt qu'on a dit, Ie ce baptizeau nom du Pere ,
8C du Fils, 8c du S. Eſprit.
_ Qiequand onvoudra ordonner des Miniſtresfll faudra enjoindre vn ieuſne, 8c
qu'vn Eueſ ue ne fera pas en meſineiour ,Sc toutàlafois, vn homme Diacre, 8c
Preſtre; 8c e plus qu'aucun ne pourra eſtre fait Diacre, ny Preſtre, S'il n'a quelque '
lieu arreſté pour exercer le Diaconat, oul 1 Preſtriſe en quelque Egliſe Cathedrale,
ou Collegiale, ou s'il ne fait apparoir qu'il eſt deſigne' Chapelain en quelque Colle.
ge de Cam bridoe, ou (Foxford, ou bien qu'il eſt Maiſtre aux Arts depuis cinq ans_
Qi; fi vn Eueſque reçoit q)uelqu'vn ſans aucun de ces titres , il ſera obligé de luy
. foumir
W s'iltout ce de
refuſe quiceluy ſera ſera
faire,il eſoin , iuſqu'àpour
ſuſpendu ce qu'il
vn anſoit
parpourueu en quelque
l'A rcheùeſq Egliſe.
ue,'aſliſtéſſd’vn
Eueſque, du pouuoir d'ordonner des Diacres , 8c des Preſtres. Won ne receura
perſonne ſans Pexaminer: qi1’on ne donnera les ordresà aucun, ſi premieremeut il
n'accorde ces trois articles , que le Roy eſt ſouuerain en Angleterre, tant poiirle
regard du ſpirituel, que du temporel: que le liure de la publique Liturgie ne contiët
_ rien de contraireàla, parole de Dieu , 6c qu'il ſuyura cete forme aux prieres publi
ques , de meſme qu'en l'adminiſtration des Sacremens : &en troiſieſmelieu qu'il
approuuerale liure des Articles de la Religion arreſtez au Synode tenu :l Londres
l'an iſóyWe 'ceux ui auront receu les Ordres ne ſeront admis aux benefices,ſans
bons teſmoignages de ſuffiſance, 8c de bonne vie ~, 8c que ceux qui deuront eſtre ad
mis aiix benefices iureront que leur fait eſt ſans .Simonie, 8c qu'on diſpenſera rare.
mentde tenir pluſieurs benefices. '
VC les D oyens des Egliſes Cathedrales ſeront obligez à y faire reſidence; com
me les Prebeudaires Beneficiez en leurs benefices, &que les Doyens, &les Pre
bendaires , reſidans aux Effliſes Cathedrales, ſont obligez de preſcher. Qie les be
neficiez legitimement abſents de leurs benefices,ſont obligeddy tenir vn Curé qui
preſche. Qigles Miniſtres ne ſeront admis pour Curez ſi ce n'eſt par l'approbation
de;l’Eueſque. Oxue les Gloſes , 8c les Paraphraſes ſont defenduës en la lecture
ublique des Eſcritures, aux Miniſtres qui ne ſont pas admis àla predication. ue
l'a forme de la priere ſera ſuyuie des Predicateurs, au _commencement de leurs
ſermons. ' —
‘ ue la lecture des prieres publiques , 8c l'adminiſtration des Sacremens deux
fois l'année , eſt eniointe aux Miniſtres purement Predicateurs S, 8c que les Mi—
niſtres purement non Predicateurs , adminiſtreront les Sacremens auec
efficace. _ -
ue la Confirmation ſera celebrée en la viſite que les Eueſques feront de leurs
Dioceſes , de trois en trois. ans. Qifir/e les Catechumenes ſeront offerts à l’Eueſque
~ eſtant en viſite , pour eſtre con rmez. Qîuç les Miniſtres Ïeſpouſeront au
cun , ſans qu'il y ayt eu des bans , ou que es eſpoux ayent eſté legitimement
îdiſpenſez. W les Curez , Vicaires , 8C Recteurs aduertiront aux iours de Di
manche le peuple , s'il y a quelques fcſtes ou vigiles en la ſemaine ſuy
uante.
We_ to_ut Miniſtre quiaura permiſiion de preſcher, ÿefiayera de reduire les Ça
tholiques refuſiins, qui eront dans ſa paroiſſe , àla Religion d'Angleterre. ue les
Miniſtres ne refuſerontâ perſonne le bapteſme, &la ſepulture, \léon que ede
ſunct ſoit. mort cxcommunié P our q ue q ue g rand
, crime. _ ue
_ Miniſtre ne _
pourra differer le bapteſme en Pextreme neceffite : &c queles Miniſtres ſeront obli
gez de garder vu regiſtre de ceux qui ſeront baptizez,qui ſe marieront, &qui feront
.cntecreL , . -
W: lon ne pourra preſcher, ny faire la Cene aux maiſons particulieres; 8c
que les Miniſtres ne pourront auſſi celebrer de leur mouuement particulier les
ieuſncs publics , 8c les _propheties appcllées exorciſmes z 8c ne pourront
-llênplus faire des aſſemblées particulieres. Que celuy qui ſera vne fois Dia
ïœ ,-011 Preſtre, ne pourra apres \è rendre lay, 8c quiter ſes Ordres. Won n’enſei—
p gnera
ï i
Angieterre." ' i W _ 25;
gnera, ny publiquemengny en particulier. ſans congé dePOrdinaire. Que les Cu
rez, habiles ſeront preferez aux autres par l'ordinaire. Qu’il’ÿ aura dans les Egliſes t
des Liures de prieres publiques ,aux deſpens des Parrojffiens, comme auſſi des Bi
auraen
bles desgrand
fondsvolume, &t des Liures
de Baptelſime, 6c des d’Homelies,approuuez_eïi
tables pour la Cene dans Angleterre. Qu'il y
les Egliſes, _comme
auſſi des chaires pour la Predication, 6c des troncs pour les abmoſnes.
Qu'on viſiteroit les Egliſes de trois en trois ans , &qu'on ſignifie-Toit les choſes
dont ellesauront beſoimaux Commiſſaires eſtablis pourle Roy ſur ce faict. (Lion
ferôrt des inuentaires des fonds 6c biens des Egliſes , 8L qu'ils ſeroient 'gardez aux
Archiues des Eueſques. Que lesOeconomes ou Inquiſiteurs desEgliſespu les Affi
ſtans ne permettroient pas qu'on ioüaſt des Comedie: ,Qu'on feſt-inaſt , qu'on tinſt 4
la Courſeculiere, qu'on fiſt la monſtre des ſoldats. ou telle choſe prophane aux
Egliſes , Chapelles , ou _Cimetieres , ou qu'on ſon'naſt ſuperſtitieuſemcnt les
cloches aux Feſtes qui ſont ſupprimées par le Liure de la_ Liturgie publi
ue. le Mariage contracté dans les degrez
qQue — defendus, ſera nul. Que ceux~ qui n'au
ront attaint lfâge de vingt- v-n an , ne pourront contracter mariage ſans le conſente
ment de leurs parens. Qie les vefſiues ne ſeront pas obligées d’auoir le conſente
ment de leurs parens, lors qu'elles ſe voudront remarier. Qu'il ne faut pas ouyr la
ſimple confeſſion des parties pour défaire le Mariage. (lue les Sentences de di..
uorce, 6c de ſeparation ſne ſe donneront qu'aux Sieges de luſtice, 6c que de ceux
qui ſeroneainſi ſeparez , l'vn ne ſe pourra marier ailleurs , tandis que l'autre
—,viura. — ñ — ,
Qu'on clécouurira aux Cours ceux qui apres auoirattaint l'âge de quatorze ans,
ne communieront pas la l-'eſte de Paſquess 8L pareillement ceux qui troublerontles
prieres, 8c ſe porterontinſolemmenc aux Egliſes. Qu'il Faut denoncer aux Mini
ſtres les peche: notoires ñ, mais qu'il eſt,defendu de découurir ceux qui auront eſté
confeſſez en particulier.
ſontrefſiuſans de ſuiure leurW les Oeconornes
Religion. ſeront obligezde
Que l'es Semences deſerer ceuxqui
qui co ncerneronc les Mi
niſtres, pourpar
prononcées le regard de les priuer de leurs
lüärcheueſque. , 'charges ou benefices , ſeront
ſi ſeulement
-
Voila â peu prés les poincts principaux deces Conſtitutions Eccleſiaſtiques, fai; ñ
— tes àpleur fantaiſie , Gt contraires en beaucoup deliemt a celles des Caluiniſtes , qui
rejettent toutes les ceremonies obſeruées en Angleterre. '
Quint a Camdenîlæ
terre ~ deuxà Archeueſques,
la Police &c luriſdiction Eccleſiaſtique
qui_ ſont celuy , il y aPrimat
de Canterbury, maintenant
_
enl'Angle-
de toute Angle Br'
Tlitcato.
.I S'p c
lhqne. terre ,au celuy d'York; 6c ces deux ont ſous eux vingt-cinq Eueſques, dſſont il y en
a vingt-deux ſous ?Archeueſque de Canterbury# trois ſous celuy d’York.’Entre
les Eueſques , celuy de Londres tient le ptemierlieu 5 celuy de Durham, le ſecond; \
&celuy deWincheſtre, le troiſiémeÿ 6c quant aux autres ,ils ont la preſence ſelon
le
dutem-ps
Roy, de
il aleur conſecration.
droict Mais_ quelquärndes
de tenir le quatrième rang. autres Eueſques
ſi eſt Secretaire \ _
Les Eueſques ſoumis à l’Archeueſque de Canterbury, ſont ceux de Londres,
Wincheſtre-zCovencrey, 8c Licbfield, vnis , Sariſhury, Bache &Wellegvnis;
Lincolne, Exccſter, Hereſord,
Landafſi,Norwick;
&ceux deEiy, Rocheſter, Chicheſter, Worche6:
ſter,S. Dauids, Bangor, Oxfordfliloceſter,Petreborrough,
Briſtozxzqui furent inſtituez par le Roy Henry huictiéme. . _
Les Eueſques Suffragans de Pilrcheueſque d'York, ſont ceux de Durham',
Cheſter, Œarlile ; &L celuy de Ruffin, ou Caſtletowne , en l'Iſle de Mau', inſti
tué ar le Pape Gregoire quatrième, 8c nommé par les Latins Eueſque Soda
ren e. - -
Dauantage , il y avïngt-ſix Doyennez; dont Henry huictiéme en inſtitua
'treize aux grandes Egliſes , apres auoir chaſſe" les Moines 6c Religieux. Il Y _ l
a ſoixante Archidiaconats , 6c cinq --cens quarante-quatre Dig nitez 6c Pre-ñ ' .\
bendes. " " - , - ' 1*'
Au reſte, l'on compte neuf"mille deux ceng 'oäkante- quatre Egliſes Parocliiales;
ſous les Eueſquegdont il ÿ en a trois mille huit cens quaräte-cinq Appropriéegdeſt
à direynies, annexées 8c incorporées à perpetuíté aux Monaſtere-s,~ Eueſchez, Col- _
loges a: Hoſpitaux peu rentcz , à certaines conditions', par authorité du Pape, 6c du' -
"1 p Europe. ‘ - ñZ
- x
v
256 . - Angleterre.
conſentement tant du Roy que de-PEuectſque diiDeoct-ſe. Mais ces Egliſes Appro
priées, apres la ruine des Monaſtcres, furent faites Fieſs Laics , au grand deſauan
tage deſligliſe. . _
Il v eut auffi du regne de Henry huictiéme ,ſix cens quarante-cinq Monaſtercs
ou Abbayesôc Prieurez, dont quarante ayant eſté ſupprimées par permiffion du
ſi Pape Clement ſeptième, en ſaueur du Cardinal Wolſcv, l'on Vld FUÎDCF ílüffl-!Oſt
les autregauſſecleursbeaux baſtirhens. Tellement quel’an milcinq cens trente-ſix,
toutes les Maiſons Religieuſes,~qui auoient deux cens liures ou moins de rente an—
nuelle,& eſtoient au nombre de trois cens ſeptante- ſſxſiurent octroyées au Roy par
le Parlement, qui mitl'an ſuiuant â la diſpoſition du meſme,ſous le pretexte ſpe
cieux d'en oſter la ſuperſtitiomtoutesles autresſauec lesColleges,CliapellesôcHoſñ
- pitaux. Et en ce temps-là le dénombrementſut fait de ſix cens cinq Maiſons Reli
gieuſes reſtantes de quatre vingt ſeize Colleges aux Academies, de cent dix Hoſpi
taux , 8c de deux mille trois cens ſeptante- quatre Chantreries , 5c Chapelles
libres.
Outre ces Proteſtans d’Anglererre , qui ſont la plus grande partie du Royaume, &WET
il y a bon nombre de Catholiques, auſquels il eſt permis de ſe dire tels,en payant le W"
tiers de leurs reuenusau Roy. Mais il leur eſt deſendu de faire aucun exercice de
leur Religion. Ceux qui ſont trouuez oyans la Meſſe , payent centliurés ſterling,
ou mille des noſtres i _Ceux dans les maiſons deſquels elle ſe dict,ſont priſonnîersfl:
payent de ſort groſſes amendes, &c les Preſtres ſont en priſon perpetuellepu bannis;
ſideurs
bienCatholiques
.queles Catholiques
,ou dans ſont contraints
quelques d'aller
maiſons ouyr Meſſe
ſecrettes. chez illess'eſt
Toutesfois Ambaſſa-
trouué i "i
quelques Grands qui ont obtenu du Roy l-acques permiſſion de faire dire la Meſſe
chez eux. Au reſte,pour n'aſliſter point aux preſches de la Religion d'Angleterre, il
' i .zg,…,,z; fautIlpayer vingt
y a des liures ſterlincr.
Herctiques ï qui ſuiuent veritablement le Caluiuiſme; mais pour ſe
Pnrltaini
Nïiſidïïhïfî croire plus reformez que les Caluiniſtes, ſe ſont fait nommer Puritains, On les ap— î
pelle autremenr-Carteuorites &Conſiſtoriaux , pource qu'ils_ veulent que tdut ſe…
""°'ʲ"“- rapporte aux Reglemens des Conſiſtoires. Ceux~cy b ſont de l'opinion de ceux de
—Ëodopot.
Geneue , rejettent de leul-s Temples toutes ceremonies , Orgues 8c Epitaphes, a;
l'inégalité des charges entre les Eccleſiaſtiques, comme ſont les Eueſchez, Ab—
bayes, 8c choſes ſemblables. Ceux-ty furent longuement hays de lâ Reine Eliza..
betli , comme ennemis du fnom qu'elle prit de Souueraine 6c Gouuernante de
l'Egliſe d'Angleterre z mais qui les laiſſa viure apres en paix, comme ennemis des
_cv-dix di Catholiques, 6c pour rrémcjuoir plus de trouble z 8c les Nobles ‘ au contraire les
ſ‘°‘x‘ſà“l°l'm aiment depuis que le Roy Iacques ſixiéme augmenta les penſions aux Eueſques,
“ voire meſme reſtitua les Eueſchez entieres à l'Egliſe,, qui eſtoient poſlſiedées autres
fois par des Seculiers z &c donna vne prouiſion competante aux Ecclêſiaſtiqucs,
pource que lesreuenus de ces Nobles conſiſtans en berieſices 6c terres del'Egliſe.
ils craignent que le Clergéles retire, s'il y a vne fois vnion ôrconcorde, 5c fo..
mentent l'es diuifions des ſectes pour ce ſujet; affcctionnant auffile party des Pu;
ritains , pource qu'ils ne recherchent pas tous les benefices , 6c ſe contentent
d*eſtre nourris de contributions, collectes , 8c autres gratuitez volontaires , qui
viennent de leurs Seigneurs 6c Superieurs. Mais pource qu'on met ordinairement
certaine diſtinction entre les Caluiniſtes 6c les Puritains , i’ay creu, qu’il eſtoit à
propos pour la ſatisfaction des curieux,de mettre i cy leurs principaux articles,qu'on
d Putitaniſ- a particulierement recueillis dans vnliureflafin que vous voyez s'il y a quelque diſ
W” Ansiic. ference. ~ _ - _ -,
Ils ſouſtiennent que la parole de Dieu , des Prophetes 8L des Apoſtres , com;
priſe par écrit ,leſtant parfaicte, 8c donnée par noſtre Seigneur Ieſus-Chriſt pour_
Vniqlerecours des choſes qui concernent. la Religion , tout ce qui s'y fait
.pour le regard ,du culte 6c de l'adminiſtration, eſt illicite , s'il n'eſt appuyé
de
cuncette;
acte parole. Tellement
de Religion , dontqu'il
l'on eſt
ne mal
peutfait d_e contraindre
ouuſſertemeſint tirervn
la C hreſtieu
raiſon de àl'Eſ
au
CHIUIC
Que toutes les actions Éccleſiaſtiques ſſinueritées ctpar les_ hommes, doiuentñ..
eſtre tout a faict rejettées de l'exercice de la' Religion ;_ princiſpalemeut _cei
les qui ſont des' myſteres de la Religion ldolatre_ , _Sc _dont l'ob eruatian rend
ſa_
Angleterre. l 2;7
_ non
des; plus que de faire le ſeruice, ou Pinterdire, ou donner ce pouuoir à d'au
Seulement ils_ 'veſiæilent-Ïgqdil ayt-'èelpouuoirſaſin d’auancer 6c main
tenir la Ë®°PÊÏ
verité' ſon l*pouuoir - 'ac authorité ,‘ dîoſter
- toute ſorte
Z ild'arret-it's,v
258 A Angleterre.
â 6c culte contraires , 8c de prendre garde que l'E gliſe ne reçoiue aucun domſiſi
maflîinzilement
e. ils diſent que le Pape eſt Piſinte-Chriſt; — 8c qu'entreles. Eccleſia
\tiques il n'en ſautéleueraucun ſi haut ,qu'il ne puiſſe eſtre aiſément repris par le
moindre Magiſtrat, S'il vient à faillit.
Au reſte, ceux de la Religion d'Angleterre, nommentces Puritains heretiques,
a Camden de meſme que ceux de Hollandeà qui CamdenïProteſtant Angloigdonne le nom
“m” P"-" de Prouince peuplée crheretiques.
_ ll s'y trouue pluſieurs Caluiniſtes de Geneue, deFrance 8c d'ailleurs, quii ont
leur Temple à parc dans Londres, 6c leurs Miniſtres qui preſchent en François.
Auſſi l'on: appelle cela l'Egliſe Françoiſe. Mais au lieu que les Anglois reçoiñ
uent la Cene à genoux. ceux-cy ſont aſſis à table , où chacunfprend le pain 6c
le vin, qui y ſont preſentes , de meſme que les Caluiniſtes ont en France s
6c nul n'eſt admis à la Cene , qui n’ayt vn billet d’vn des Diacres , lequel!
il faict rendre en rapprochant. lls ont auffi leur Conſiſtoire, 8c ſont leurs
cenſures de meſme qu'ailleurs. ll s'y trouue aufli grand nombre de Luthe- Fffllïï"
NCIS.
riens- ,. , _ _ _ nzrtrouig
ſilfffflſfflä- Il y a des Barrouiſtes l' , qui ont pris le nom du Pere de leur croyance , qui Res
Icfil”,
I . ſis 'ſi - s'appelle”
. Barro. Ceux-cy crient - contre les Puritains
~ ~ , les appellant Nou
ueaux prodiges d'Angleterrrei, 6c Nouueaux Saincts Martiniſtes , à cauſe d’vn
Martin Martelat. Meſme vn Vittegiſtus a écrit contre les Puritains vn Li
ure , où il leur monſtre que l'Angleterre eſt ſi bien reformée , qu'elle n'a pas
beſoin de recourir à Geneue; 6c toutefois leur croyance approche ſort de celle
de Caluin.
La quatrième Secte s'appelle Famille d'Amour, &t ſes ſuiuans prennent auſſi le Fâmfflï
nom deque
diſent, Prophetes.
c'eſt en vain
Qielques
qu'onvns
ſe trauaille
mettent äfaire
entre ces
bienSectes
ou mal,
cellede
5. cauſe
certains
de la Pre-
, qui pli-gg:
‘ 32Mo Rïl- deſtinationzœ 'cfautresïy mettent vne Secte de Politiqueghom mes ſans ame 6c ſans "m"
"’²"²‘² Dieu , qui ne ſe ſoucient point de Religion , mais ſeulement de l'Eſt”. lls y lo- que"
gent auſſi desAdamites ,qui ſont de nuict leurs Aſſemblées ſecrettes; leur Secte “Wii
conſiſtant en ce vers Latin., Illſxgſſcfiflfl, ó-ſiwetnmprodæré mlgdeſt à dire,lure,par- u"
ihre, 5c ne découure point le ſecret.
Genealogie. ~
Esflrnnalcs d des Bretons ou habitans de la grande Bretagne ,rapportent leur ËŸIÏÈ”
medida…. origine a certain Brutus ſuppoſe , de meſme que les Rois du Faux Beroſe ,
forgé par Aïnniut de Viterbe. Elles ſont ce B R VTV S fils de Syluius , ſorry
d’Aſcaniu,s fils d'Enée;‘& diſcngque cet homme ayant cauſé la .mort de ſa mere
à-ſa naiſſance , 6L tué depuis par mal-beur ſon pere d’vn coup de fleche qu'il [zi-z _
roità vn cerf, s'en alla en Grece, auec quelques vns qu'il choiſit pour compaq
gnons de ſon voyage, 8c y trouua des reſtes des Troyens , 6c de la race ciÎI-Ielenus'
fils de Priam ,‘ſubjettes au Roy Pandraſe, qu'il vainquit , dc pritï ,çſtant affifié
cTAlIÎ-ñiracus 6c de quelquestrouppes de ces. Troyens.; Mais il mit eiſii liberté c;
ROY z recevant de luy pour femme 'ſa fille -Ignoge, 8c de plus-de l'or ôczdç
.l'argent , trois cens vingt-quatre vaiſſeaux, 8c auflî quantité des viurcs, Auea
tout cet appareil, il paruint en Plfle ;de la Grande Bretagne , alors, deſçrç
tée ,oû il eut de ſa femme trois fils , à ſçauoir , Locrin, Cambre , Albçzza-z
('.
&e , eſtablit vne forme de Royaume' "i, puis mourut. aya!" RSUËr-ÿinsfl-.quî- ,
PK tre ans. ~'- ., ,Lhr-.d, z.
li' LOCRlN , CAM BRE Gt ALBANACIE , ſe partagera-rit .toute l'Iſle apres
'le decez de leur pere: Locrin, eut la moité de l'Ifle,qui fut depuis appçllée Loçgríe;
. Cambre eut le pays de Galles , qui ſut appellé Çambrie ,_&—All_>‘a,rpatfleeutl'1_\lha;
._ nie , ou PEſcoſſe. Mais Albanacte de Cambre :ſtatic morts, Lucrin demeure. R93
dctoutePIfle. - T, z . î. .JL .W2 ‘ 7,,,
Il eut pour ſucceſſeurs -de ſuitte Madan.. Mempñcd,,_Ebranq,Æti-it ..Îleisuçg
Hurdíbras, Baldud grandMagicien , Lcirus .ſecond-z-pqre_ de trois-fil es,_Gego, ~
* -' .ML
A
Angleterre. a 59 h
leurs Aſſociez. Mais cette Reine ſe voyant apres vaincuë par Suetone Paulin,s’e~ m
poiſonna pour finir ſes ioursaiiec ſes ennuys. ~
Les Brigantes auoient en meſme temps vne Reine nommée CA RTISMAN
DVA , œ les Iugantes vn Roy nommé VENVS l VS , qui épouſa la Reine Cartiſ
tnancle. Mais cette Princeſſe inconſtante mépriſant apres ſon mary ,le quitta pour
épouſer ſon EſcuYerVELLOCATVS, qlrellefic parce moyen Roy. -
Les Silures eurent encor pour Roy CAR ACTACVS le plus puiſſant de tous
les Rois de Bretagne , qui sfaſſeurant de la Foy de Cartiſmand_e , - ‘ſ1]ſ liuré laſ
cliement par elle aux Romains. Mais l'Empereur Claude-luy pardonna de.
puis. \ ñ
f Tacihvihſſ Veſpaſian fenuoya depuis en cette Ille Petilius Cerealis qui dompta la pluſ
W-'æsflc- part des Brigantcs , puis Iule Frontin y Fur enuoyc' , qui aſſiibjettit la nation des
SllUſCSîÎCâOuS l'EinpereurTite, Iule Agrico-la dompta preſque :pus les Orddui
ces , 6c e' t les Bretons,auec leur. lusvaillantCheFGALGAC ous Domitian.
Au reſte,les Romains mirent Force garniſon: par tous les pays qu'ils auoient domp-_
tez..aſin dempeſclier de là en auant laxeuolte de ſes habitans.
g SË-_Îtïanſi L'Empereur Adrian 8 ſut encor en cettqlfle , où il corrigea pluſieurs choſes; 8.'.
H* "‘°' dreſſapremiervne muraille de quatre vingt mille pas de long , diuiſant par ſon
moyen les Romains des Barbares, c'eſt à dire, des Pictes , qui semparerent lors ppc.
h Hcroſidian. ,miere ment
Mais de la—“partie
Seuere ayantSeptentrionale de l'Iſle.
fait mourir A/lbin .
, qui commandant aux armées Britanni
5-** _ ques, 6c à l' Iſle de Bretagne-,depuis l'Empereur Cômodqauoit pris l etiltre d' Empe
i S …im reur, ce Prince ordonna tout ce qui appartenait à laBretagneÆ-c partages. l'authori
5,3"_ ~ î tc de cect-Nation en dell! Principautez ou Gouuernemensſſortiſia l la frontiere des
N
Romains auec vne muraille qu'il tira d'vn bord de la merâ l'autre à trauers de l'Iſle,
IËA-Ïäclèfif; puis mourut en la ville d’York, laiſſant paiſible ce que les Romains tenoient en cete
c î ‘² ‘ -î Illez puis au k temps de Diocletian Carauſius, ſe ſaiſit de la Bretagne , 8c s en rendit
r ſ . * . . . . .
l
Angleterre. , _ ~ 2:61'- ~
comme Roy. Mais il fut tué ſix ansapres par Alectus, qui ſe ſit auffi Roy de Plfle , 8E
m Ourut eſtant défait par Aſclepiodotus, Maiſtre deCamp des gardes de l' Empereur,
enuoyé deuant par Conſtantius Chlorus Ceſar, choiſi par Diocletian , 8c Matimian
pour recouurerla Bretagne. , ~-~
_Ce Con ſtantius ſut-pere de l'Empereur Conſtantin, qui ï naſquit en Bretagne , 6L ² Pffljÿzizicí \
s'y elleua. Apres cela ſous b l'Empereur GratiamMaximus ſut fait limpereur en Bre- ÊË"““…“°
tagne parceſte
natifſide lestyranniſa
qui diſſtqu’il
ſoldats
IflekſſutRomains,
fait puis
Empereur,
tellement
ſut
outué
Roy
le; Bretons
par ?Empereur
ſeulement
qu'ils de Theodoſe , puis Sigebert,
ſon Finalement
le tuerent. pays ,ſelon °certain
Giatian'4 bc OſgſiJË
Proſper. 7]
Conſtantin, ſimple ſoldat, ſelon Proſper, s*efleua en Bretagne , en ſe nommant Em- ©18
pereunôcdepuisles
— Romains
— ayant beaucoup d , affaires
. ailleurs
. n , eurent guere de s‘
(JËÎOÏËÃ,
b .cddi
ſoucyî de conſeruerla Bretagne. _ ñ Chronic.
Mais voyons maintenant la ſuitte dela ſucceffion des Rois de ceſte Iſle, ſelon
que les hiſtoriens Anglois la nous repreſentent, depuis le temps de Ceſar.
Apres ï la mort de CaffiuellaumTEN A N CIVS ſut 'Roy de ceſte lfle, puis ſon fils e Gïlfrid-Aïi
CV NOBEL] N, ou Kendelne, au temps duquel ils diſent que Noſtre Seigneur prit “m” "
naiſſance, puis GV!DERIVS,puis ſon frere ARVIRAGVS , pubs ſon fils MA
RlVS .ou Melrius , que Vitus Anglais prend pour le Cogidune deTacite, &c du
temps duquel le Roy des Pictcs rauagea l'Albanie. Ce Marius eut pour ſucceſſeur
ſon fils CO l L , ou Coel , qui ſut ſelon eux nourry à Rome , 6c Fort affectionne des
Empereurs. Apres luy les habitans de ceſte lſle eurent pourlcur Roy ſon fils LV
CIVS , à qui le Pape Eleuthere enuoya Fugatius, Sc Damian , pour le conuertiræiuec
ſon peuple. Mais apres le decez de ce premier Roy Chreſtien , mort ſans hoirs , les
principaux du R oyaume demeurerent longuement en conteſte à qui luy ſuccederoit
au Royaume, .Sc cependant lîEmpereurSeuere vint en Bretagne.
Enfin CA REN Tl VS , ou Carauſius qui n'eſtoit de race guere illuſtre , fut Roy,
6L celiiy-cy
ctceſte doit
lfle, puis eſtreAL
il eut ceCarauſius , qui dunous
ECTVS duquel temps de Maximian
auons parlé, pourſeſucceſſeur,
rendit maiſtre de
6c apres
ſa mort les Bretons efleurent pour Roy ASCLEPIODÔTE Duc de Cornüaille,
qui l'aurait faiemourir. CO1 L ſon neueu, pere d'Helene, mere de Conſtantin le tua,
puis s'empara du Royaume. Là deſſus CONSTANTIV S Ceſar, qui eut pour dé
partement ceſte lſie,auec les Gaules, s'y vint eſtablir , &ayant eſpouſé Helene ,fille
., deCoil,renditl'lflepaiſibleauxRomaingacyregnaſeul. CONSTANTlN LB
GRAND ſon fils qui fut Empereur , natifde ceſte Iſle , en ſut auſſi Roy , 8c donna:
aux Rois ſes ſucceſſeurs priuilege de porter la Couronne Imperiale. Mais ainſi qu’il
commença detenirPEmpireà Rome, vn certain Duc OCTAVIVS s’empara du ñ
Royaume de BretagnefaiſantmourirTRAHER oncle d'Helene,ſait Roy de ceſte
Iſle par Conſtantin. Cét Octauius reg-na heureuſement juſqu'au temps des Empe
reurs Gratian, 8c Valentinian, auquel M AXIMVS, gendre dOctauius, 8c oncle du'
grand Conſtantin ,du moins ‘ ſon proche parent , ſe rendit Roy de ceſte Ifle, puis f sigebezc;
comme parent de Conſtantin voulut vſurper l'Empire. Mais premierement S le Cèffiïſyd m.
Royagme luy ſut conteſté par CODAN , fils &Octauius , commeiuſte ſucceſſeur, g z ~ ë'
puis ils saccorderent- de. partager entre-ux le Royaume , 6L s’vniſſans allerent auec ,~ '
leurarmée en Gaule, Où Maximus ſut recognu pour Empereur , h 8c fit mourir Gra- h ËÏBÛÜB
tian. De ſon temps lesPictes , 8c les Huns rauagërentla Bretagne, dépourueuë de c '°"'
chef, &c de ſes plus-vaillans hommes que Maximusïauoit emmenez. Mais Maximus
ayant appris ce mal-beur de ſon Royaume y enuoya auec deux legions , Gratian na
tif de l’lſie, qui chaſſales ennemis , 8c les fitretirèt en Irlande , puis Maximus fut tué
par l’Empereur;Theodoſe en Aquileiqou ſelon quelques vns àRome par les amis de
Gratian l'an 39-6. - . ~ . -
G R AT I A N, ayant ſceu la môrt de Maximusſie fit recognoiſtre pour Roy , 6c'
traittaſi tyranniquementſes ſujets qu'ils letuerent la meſme année. ñ
Apres ſon decez GRAV] VS,'&: M ELGO Capitaines Bretons î s'eſtant em pa- ;Gdſüdyuz
rez du Royaume demanderent ſecours contre les Eſcoſſois aux Romains , &z ne
l'ayant pas receu abbatirent par dépit, la muraille de Seuereï; puis les chaſſerent de
l'Iſle. ' ‘
Rois luz Depuis les Bretons ſervoyans l* eſpuiſez de forces; 8c du tout incapables de reſiſterî kChîffl"
sígeberc; n
"fflſiffl" àtanſit d'attaques desennemis qui vetioicnt deîfóus coſtez , demanderent ſecours
Aldroyen Royfdes Bretons de l'Armorique, ( appéllée autrement petite Bretagne”
qui leur donna ſon frere C ONSTANTIN auec ynebonne armée. Ce Conſtantin _
' Z iiig
26a i Angleterrel
fut fait Roy delfffleÆtregn-adix ans ,apres leſquels il mourut, laiſſant trois fils, à
ſçauoirConſtant , qui fut confiné dans vn Monaſtere , Aurele Ambroiſe , &Vther
pandrwgon. ~ _ ‘
Le Moyne C ONSTANT, co~mme aiſné, fit cant de menées qu'il fut Roy, meſ
me du côſentement
ronne, de Vortigerne,Chef,ou
8c qui le fit mourirapres l'an 432.. Roy desGerſeens,qiii aſpiroit à la Cou
'ſ
WORTIGERN E ſe fitâ ſa mort Roy del'lfle ſans conteſte, pource que les deux
a Bedflſſl-Ïiſi. freres de Conſtant eſtoient encor en bas âge. Cependant ² les A nglois Saxons vin
ii.-.& Hm
tzngdonlſihl. rent d'A lemagne en ceſte Ille dans trois grands nauires,ſous la conduite d'Hengiſte,
Galfnd li.i. &L d'Horſe freres, fils de Wetgiſt, qui eut pour ſon pere Vecta , fils de \Yſoden , qui
fut fils de Fredulf, fils de Fin , fils de Flocwald , fils delete ,lequel ils eſtimerent fils
d’vn Dieu. \Vortigerne les receut amiablement ,à leurarriuèe en la coſte de Kent,
8L leur aſſigna demeure , à condition qu'ils aſſiſteroient les Bretons contre les Eſcoſ
ſois, 8c les Pictes, qui les trauailloient : ce qu'ils firent ſi vaillamment que le Roy de
meura victorieux. Hengiſte ayant recognu la faibleſſe, 8c l'affection' du Roy-,enuoya
.querirencor vn grand nombre de Saxons, auec ſa fille Ronice parfaitement belle:
mais Payenne, que \Vortigerne prit pour ſa femme, donnant à I-Iengiſte la Prouin -
ce de Kent. Finalement du conſentement de Wortigerne, Hengiſte fitvenirdükleñ
magne Octa ſon frere , auec pluſieurs de ſes parens , 8c trois cens nauirſſes pleins de
gens de guerre, ſous pretexte de ſe retſiidre plus puiſſant contre les Eſcoſſois.
Les Bretons vovans le mal que les eſtrangers leur deuoient porter, voyans \Vor
tigerne ob ſtiné en ſes affections, efleurent pour Roy ſon fils GVORTIMERE , ou
Wortimere, qui combattit vaillamment contre les Saxons , &leur ſit laſcher la plus
grande partie de ce qu'ils tenoient: mais mourut ſelon les vns en ceſte guerre; mais
b Sigtbclt. ſelon d'autres 5 de poiſon, que ſa maraſtre Ronice luy fit donner.
Chton.
Ainſi \VORTIGERN E fut reſtably,puis permit aux Saxons abbatus d’enuoyer
querir des forces, qui furent ſi grandes , qu'ils ſe déſirent des .principaux du Royau
me , 8c lians le Roy le forcerent de iurer tout ce qu'ils voulurent . puis \Vortigcrne
s'eſtant retiré en Cambrie, ils ſe ſaiſirent des places. En meſme temps vn ieune hom
me nommé Merlin, luy predit qu'Aurele Ambroiſe le deuoit faire bruſler , 8c vain
cre Hengiſte, puis regner. î '
AVR E L E AMBROlSE ſecond fils de Conſtant s’e{leue contre VI/ortigerne,
6c le fait bruiler, puis défait les Saxons , prend , 8c fait mourir Hengiſte, puis ayant
pris a mercy ſon fils Oſcus,ou Eyſe,luy donna vne partie du Royaumtxôc finalement
.-14
ce Roy mourut empoiſonné par les menées d’vn- des fils de Wortigerne.
VTHERfrere d’Aureleapresledecez de ſon frere deuint Roy de l’lfle,& pource
qu'il fit faire deux dragons d'or, dont il offrir l'vn &l'Egliſe , 6c porta l'autre ordinaij
rement
Occa, ou aux combatsdes
Octa,l'vn , on
filslpy donna le 8L
dl-Iengiſte, nompard’Vcherpandragon.
ce moyen abbatit laſi Ce Roy vainquit
puiſſance des Sa-î
xons.l[ ayma la femme d’vn de ſes Capitaines, de laquelle il eutlerenômé Artur , &a
vne fille appellée Anne. Mais eſtant grieſuement malade, 0cta,& Coſa, Princes des
SaxOns,qu’il auoit pris, ſe ſauuerent, 6c ramenerent d'Alemagne vne grade multitu
de de gens de guerre, contre leſquels le gendre du Roy malade combatit: mais laſ
UP'. cliement que les Saxons eſtoient preſque ouuertement victorieux, ſi le Roy mou
rant, 8c comme aux abbois ne ſe fuſt fait porterau lieu de la bataille, ou il donna tant
de courage aux ſiens qu'ils déſirent les ennemis, 6c tuerent Octa,& Coſa,Princes des ſ
Saxons.
A RTV R, 6c non Artus,ſils dVtherpandragom-duquel on a dit tant de fables, de
meſme que des Cheualiers de laTable Rondegegna ſur lesBretons,apres le decez de
ſon peteenuiron l’an494.vainquit lesSaxons,puis lesPicteHaz leslîſcoſſoigauſquels
il pardonna,
la repara
Gotlande,ſſlcs les Egliſes
Orcades, deſtruites parles
la Noruege,& Saxons Payens
le Dannemarck# , ſubiugua l'Irlande,
ſe rendit,ſelon leurs hi
ſtoires faites à plaiſir, mai ſtre de Paris, 6c de partie de la France, quoy que nos hiſtoi
res n’en facentaucune mention non plus que d’vn homme de paille , 6c que nos Rois
fiſſentlors trembler tous leurs voiſins. Finalement il mourut l’an 542. . en vne batail ñ
le, ou il fut défait par ſon neueu Modred. *
Il eut pour ſucceſſeur C O N S TA N TIN ſon couſin, qui fut (ſſuiuy \PAV
ſſſſkELE CONAN, puis deWORTIPOR, MALGO, CATHE—
R l C -z- allſiÿelnps duquel les Bretons furent diſperſez , :Bt ſans Roy pluſieurs
annees. — _v
\ ï
AngleterreÎ 253
Cependant les Saxons , 6c les Anglais auoienc eſtably leurs ſept Royaumes , non
ï
tout à la ſois: mais peu à peu en ceſte ſorte. _
N__—__________'_____l
ROIS SAXONS DE KENT.
‘l‘ 'ALD
l” ENG IST, fils de Wetgiſt, commença de ï regrier au pays de Kent z p.174), Ÿjſz_
ñ .'~ 'J'JPL-ï: - l'an 449. ou ſelon quelques vns l'an 456. ayant mené premier les Sa- Hiſt-li-z-ïc 4:
Tip"
.TTR
t'ſ
_P . xons en Bretagne, puis Ambroiſe Aurele le prit , 6c le fit mourir l'an
,il 4.74.. 8c le vingt-cinquieſme de ſon regne.
f OSC , ou Oiſc , &c ſelon pluſieurs EISE , ou Riſing [d'où vient .
~ que leSRois deKent furent dits EiſingienspuOſcingiengregna dix
huict ans apres luy , 6c ayant défait Vtherpandragon ſe ſaiſit de la partie de l‘lſle,qui
eſt bordée de ?Ocean Germanique, puis mourut l'an 49 7..
OCTE , ou Otham vainquit les Eſcoſſois , 8c les Pictes , 6c ſur vaincu parle Roy ‘
Artur,
E Rou, ſelon Sigebert,
M ERIC, auparauant
ou H irmeric , reuintpar Vtherpandragon
apres la mort du Roymourant.
Arthur , 6c recouura lcſi
Royaumewainquant le Roy Conſtantimpuis mourut l'an 569. ‘
ETHE L BE R T ſon ſucceſſeur ſut le premier des A nglois- Saxons qui receut la
ſoy de leſus-Chriſt l'an 596. 8L le premier qui eur uerre ciuile auec ceux de ſa na
tion. Il regna cinquante-ſix ans , eſpouſa Berre , lle du Roy de France , 5c mourut
l'an 616. ..
ED BA LD luy ayant ſuccedé ſe remit dansles erreurs du Paganiſme, puis reſta
blit la Religion Chreſtienne, regna vingt-cinq ans, 8L mourut l'an 640.
ERC O M B E RT luy ſucceda, Roy fort Chreſtien , 8c deuot , qui regna vingt
fix ans, 8; mourut l'an 666. ‘
EG-BERT qui le ſuiuit tua mal-heureuſement ſes couſins, regna neuf ans , 6c
mourutſan 67 5. î
_ LOTH Al RE vint apres , qui mourut en combarant contre les Saxons Orien
taux ,le dixieſme de ſonzregne, Yan de grace 685. >
EDRIC regna deux ans, 6L mourut l'an 687.
Celuy-cy eut de ſuitte pourſucceſſeursWl T H R E D, qui regna zi an , E D
BERT, ETHELBERT, ALRIC, EDBERTpu EdelbergCVTH R ED,BAL~
DRED, ê; finalement ETHELWOLF , qui fut pris par Egbert Roy des Saxons
Occidentaux, qui s'em para du Royaume de Kent l'an de grace 8 I 2..
Rois SÀXÔNS MEIUDiONAVÊſſE,
. - ou Southſhxons.
L, LL A ï premier Roy ſerendirpeuä peu maiſtre de la partie Mcrîdíoe b_ Polydor,
ſſ, nale de Flfle , tandis que les Bretons eſtoient trauaillez de diuerſes !me
'ſi, î guerres, &s'y eſtabliſſan 48i.,enuiron crenrcecvn an apres la pre
l _z miere venuë des Anglois-Saxons, ou ſelon quelques vns lan 478,_
t ñ ~ fn eut-pour ſucceſſeär ÇIËSÊ, ,ADIl-\VACI-Igÿièléíxhelèívflïh-qïÿ"
.. ï' "ë u_t le remier Roy' eîcc e rouince, quireceut apte me ï PP”
ſ BRE«a
du Royaume., 8c de'là‘v_ie.
ROISJſiŸDEſſS-Î-.ANGLOlSryplïlEiNîAVxct .ſ‘.
4B...
n
. l
_ſ _ »à E,premier‘R.oy deVEaſt AptglepudelÏÃngleterreOrientalqqüíCompfc* ;Pdräïfl
- noitlespäys deSufi-'OMNO olc',atCambridgefutVFFA,dontles'ſuc- *'4'
ñ' "- ceſſcurs furent dits Vffingiensz Il commença de regnerenulron l'enclos; '
censquarance-fix.- ENS": . ñ 13' ' . -²"**’ " ~‘
1-6 4 Angleterre.
Ses ſucceſſeurs ſurentTITl L , ou Titelſ RED VA LU , qui F11! Thïêfflefl d Pulï
reprit le PaganiſſſmeEORPWVA LD,qui \ſe fitChreſtienzmais permit que les meſ
m Autels ſeruiſſent au Sſſ. Sacrement, 8L aux ſacrifices des demons. Sl G E B ERT
qu uſaluccroiſſement de l'a Religion Chreſtienne, 8c Fonda , ſelon quelques vns,
l'Academie de Cambridge l'an 6zo. EGRIC , tué par, Penda , Roy des Merciens:
-ANNBtué par lemeſme. ETH ELER, ou Edelher, qui mourut en la guerre contre
OſW-“n , Rev de Northumberland z A D E LV L Dñ, ou Edclvald , BEORNE,
ET LR E D, qui ſut tué mal-heureuſement par Offa,R0y cles,Merciens,qui l'a- .
' uoit fait venir ſur l'eſpoir de luy ſaire eſpouſer ſa fille. Apres que ceRoyaume ſut poſ
ſedé tantoſt par les Rois des Merciens, tantoſt parles Saxons Occidentaux , 8c quel
quesfois par les Rois de Kent. ED MVN D Roy cres-Sainct. qui paruint à la Cou
ronne l'an 85 5. fut tué par les Danois l'an ſeizieſme de ſon regne , puis GV THO R
ME Danois ſe ſaiſit du Royaume, 8c apres luy ERlC , demeſme nat! _ que le pre
cedent. Mais il ſutv tué par les Anglais , puis les orientaux trauaillez eWartie parles
Danois,& partie par les Saxons Occidentauxſie mirent enfin aupouuoir d'Edouard
Roy des Saxons Occidentaux.
\
~ Ses ſucceſſeurs furent SLED ,puis ſon fils SEB ERT, fait Chre
_- -‘ ï-j" —_- ſtien par Melite Eueſque de Londres. SEXED , que uelques vns
~' ~' nomment SerredgszſonifrerefiEW-\RD , qui cha erent Melite
deleur pays. S l G E B E RT qui embraſſala Religion Chreſtienne , &fut tué ſe
crettement par les ſiens. Son frere SWITELME , SIGHE R , qui redeuint Payen.
SlGNA R D, 8c SENFRED, OFFA, qui moururent en pelerinage à Romus-E L
RED, ou Sudred, priué du Royaume par Egbert , Roy des Saxons Occidentaux ; ce,
que quelques vns diſent eſtre arriué àzSWlTl-IED, 'qu'ils ſont ſucceder à Selred.
de ce. ſRoyaume,
i ſ
l'an de grace S70. ' .
ROIS DE NQRTHVMÉERLAND.
E premier ï .Roy Saxon de Ndrthumberläd fut IDA enuiron ?Pèlydbîâ
l'an 508. bien que quelques Anglois mettent le commence- "*' ’
j ment' de ſon regnelan 582.. Il vainquitLotli Roy des Pictes,
î GZ Conran Roy des Eſcoſſois, regna douze ans, œ mourut
Ufl ſſ ~*-‘—-"ſſ'ct -ñ ,Jîſſ _lſan 52.0. . -
‘ ~ ~- ſ Ses ſucceſſeurs furent ADDASMU Clappas, nommé pàr
'
. / ; quelques vns Aella- TH EODVLFEÆR EDVLFE,_qui ſe
'-~-— ,s-n-ë-‘>‘L\W‘-':
_ "PN-T
~añ gnerent trentedeuxans. EDELRIC,oulîthelriqquicom- ‘
- mença de regner l'an ſ52. R mourut l'an 582.. ETHELFRlD,qui combattit contre -
les
\l'anBretons
616. E Dz &les
VIN,Eſcoſſois, &fut tué
qui parla faueur par Reduald,
de Reduald retinc Roy des Anglais
le Royſiäume orientaux
, 8c “receut la Re_
ligion Chreſlzienne , guis ſut tué par Cadauallon ,ſôc ſes Bretons l'an 633. OSR‘I_C
Roy de Deire partiedu Norcumberland,mis à mort parle Breton Cedualdgæu com
ymencement de ſon règne, &ElDFRID Roy de Bcrnicie auſſi tué par Ceduald là.
premiere année de ſon regne. OSVIN Roy de Deire, lequel fut tué par Hunibald,
ſi bien qu'on donna ſon Royaume àO ſvald Roy de Bernicie,qui fit mourir Cedual d,
"puis mis à mort par Penda Roy des Merciens l'an 643. Lors leRoyaume fut encor
diuiſé en deux ſous Oſvin Roy de Deire, qui fut tué l'an 651. ôLOſvin Roy de Ber
nicie qui reünit les Royaumes,apres le decez de ſon oncle,rendir les MerciensChre—
fiiens; 8c mourut Fan 6 70.11 eut pour ſucceſſeurEGFRl D,qui fut tué parles Pictes
l'an 685. ALFRl D Roy ſçauant qui deceda l'an 704. OSRED, tué parles ſiens l'an
7x4. CEN RED, 0U Chunred,qui mourut l'an 717. de meſme qÏOSRIC l'an 72.8.
CE DVO LF,à
Monaſtere l’an'7qui
5 5.Bede dedia ſon
-EGBERT quihiſtoireficcleſiaſtique, 8c qui, ſe confine
fit la-guerre aux PictegvitſiAlcuin le plus dans vn
ſçauant
parlesſifiens la ſeconde ’
homme de ſon âgefiôc ſe rendit enfin Moyne. OS VLFE tué’
année de ſon regne. ALRED, qui ſe démit du Royaume la. dixieſme année , àcauſe
des guerres_ ciuiles. E DEL-BA LD, ou Ethelbert, chaſſé du Royaume. AS VA LD,, f
ou Celwold tué par des ſeditieux. O S R E D , qui ſe démicvolqntairement , 6c
ATI-I ELRED, ou Edelbert, tué par les ſiens, apres lequel il y eut vn interregne de
trente ans, pource que perſonne n’oſoit entreprendre d'y regner, à cauſe des courſes,
8L rauages des Danois, qui s'en ſaiſirent. Mais Egbert Roy des Saxons Occidentaux
les ayant apres vaincus vnità ſon Royaume celuy de Nortumberland , ſim de grace I
l
.huiâ cens vingt-ſept. -
ſ
~
y 266_ 4 Angleterre.
'~ 'bataille contre Eduin Toy de Northumberland. ClNEGlST; qui ſe fit Chreſtien.
KENVA LC H, qui ut chaſſé du Royaume par Penda Roy des Merciens , pour
s'eſtre ſepare de ſa femme, puis sieſtant rendu Çhreſtien , fut remis au Royaume , 6c
reprit ſa femme S EX B V RG E , *aîaquelle il laiſſa le gouuernement du Royaume.
ES CVIN, 6c C ENTVlN, ou ſelon quelques vns Genuin, freres, dont l’vn délit les
Merciens, l'autre les Bretons. CEDWALLA qui fit la guerrqaux Saxons Meri—
dionaux, 8c aux Rois de Kent, fut baptiſé à Rome par le Pape Sergius, ôt prit le nom
de Pierre; -
INAS , qui ſe rendit maiſtre du R oyaume des Saxons Meridionaux, 8( rendit le
lien tributaireaux Papes l’an'ſix cens quatre-vingt-dix-huict . puis _mourut dans vn
Monaſtere à Rome.
EDHELARD ſon ſucceſſeur qui mourut l'an 74x. CVTHRED qui vainquit
_ les Merciensſau commencement de ſo regne. S I G E B E RT qui fut tué en exil'.
CEN VLFE , ou ClN EVO LFE , qui fut tué par Cineard , frere de Sigebert , qu'il
auoit chaſſé , 8c BRITRIC , qui redoutent Egbert de race Royale , luy commanda
de quitter la Bretagne, &c ſe retirer en France, eſpouſa Edburge fille d'Offa, Roy des
Merciens, &z mourut l'an de grace 8 o o. ñ'
/
ELF RED frere dffîthelred, dompta les Merciens , fonda l’Vniuerſicê d'Oxford,
' diuiſale Royaume par centaines, 6c dizaines, vainquit les Danois, 6c donna le gou
uernement de Northumberland à leur Roy Gomorne, conuerty à la foy de Ieſus
Chriſt, regna vingt-huict ans, 8c mourut l'an 900. d,
EDO VA RD premier ſe rendit maiſtre du Royaume des Anglois Orientaux, en
ayant chaſſé Eric_ Roy des Danois , dom pta les Merciens , 8c ſu: Roy de toute l’lſlc,
' ſorsAdeDPEſcOſſe,
EL S TAN puis, mourut
ou Athelſtan , fils baſtard d'Edouard
l'an 92.4. , , recouura' le Northum-
' l
berland ;vainquit Conſtantin Roy des Eſcoſſois, :Sc Ludxxral Prince des Gal
les , chaſſa les Danois , regna ſeize ans , &c mourut l'an de grace neuf cens qua
l'anſe. ED M V ND premier ſon frere do mpta ceux de Northumberland qui ſeſtoient x
rcuoltez, donna _la Prouince de Cumberland, qu'il auoit grandementrauagée , 6c
' _dépeuplétz
l
Angleçe-rrc; i 2657 l
.dèpeùplée ,à Malcolme
terre, que par .Roy-Îles
mer; puis fut Eſcoſſois,
tué parvn aſſaffiixàl'an
conditioçz ;qlq-Lil
neuf-ſiccns Faſſifieiloicle'-, 'tant
quarantaſix”, par
fixieſine
'de ſon-regne. -j-…z . - :q-,L- ~:_r mr.- .- , --i
,_ EDRED ,ou-Eldred ſon frere luy ſuccedant, pour celquçſes filYÉduin, ô( Edñ
gare eſtoient encor en bas âge, fut-Re] igieuxgägplein degouragaäz drxperienceà la
guerre , gouuerna ſagement le Royaume,- ôt-lemaintinlîlaillammentñ,,regna neuf
l ans, 6L mourut l'an 955. , ~ "" _p ‘ . g,
E D VIN ſon nepueu Fabandonna àroute ſorte de ſaletez», 8c pour ce ſujet fut chaſ-~
ſé du Royaume, ou du moins d’vne partie , 6c mourucñlaîquacrixzæſme année de ſon re
gne,l’an 459. _ ñ . - ,
_- EDG
vii-tant A R, frere d'Eduin
deſonfrergſut apres ,ſaſait ROYRoy
mort par de
les touteTAngleterre,
Mïrciens ,SC Northumberlandois du ſi
fit contenir dans
_ l-eurcleuoirlesEſcoſſois,impoſa à Ludwal , Prince de Galles vn tribut annuel de
l trente loups , ſubiuga partie de l'Irlande , auec la ville de Dublin , regna ſeize ans , 8c
mourutlän 975. - _ - .’ z-.v- ~
ED OVA
d’Alſrede R D ſecond,ſ0n
ſa maraſtre, fils,tenu
qui fit apres pour Sainctgæ
vne longue, 8c rude Martyrfut tué parles
penitence ,l'an menées
de grace 97 8, ſ
&le troiſieſme de ſon regne.
' — ETH E LRE D , ſqn frere de pere, fils de ſa maraſtre Àlſrede , qui fit ſes ordures
dans les fonts de bapſteſmefut mis en ſa place. Mais il fut ſi laſche,qu'il paya premie
rement tribut aux Danois, puis Swan , ou Sueno Roy des Danois l'ayant vaincu , le p,
-- 'Eonztraignit de ſe retirer auec ſes fils Edmondflîdoüardfic Alfrede, pres de Richard,
Duc de Normandie , duquelil auoit eſpeuſé la ſœur. Ainſi toute l'Angleterre de—
l meura ſujete aux Danois, l'an i014. le trente-ſixiefme du regne dïîthelred. ~ ‘'
10j: D1- SV ENO Roy de Danemarclgayant chaſſé de l'Iſle Ethelred, poſſedaleROyau
. :EL-Elf: me d'Angleterre. enuiron vn an, 6c mourut, laiſſant Canut ſon ſucceſſeur.
ſi ſi ETH EL RE D aduerty de ſa-mort repaſſa promptement-en Angleterrqauec vne
ſi- .gxqſſe _armée , chaſſa Canut., qui reuintauec Harald , Gt troiszcens quarante nauires,
l au grand regret d’Ethelrede, qui mourut de déplaiſirſan rpls. ayant en tout regné
crente-huictans. — ' ’ - ' . < "' ' — .
- -EDMO N D ſecond , ſurnommé Coſté de fer, fils d' Ethelred ,apres vnelongue
guerre contre-Canut, partagea le Royaume auec luy , puis ſut tué pax-,lauzhiſon du
Cheualier Edric, l'an 1017. —- - - -- .t ’
CANVT Roy de Danemarck , 8c- de Norvege , fils de Suenonz- ſeï fitïcouronæo
ner_ Roy d'Angleterre, apres le decez d’Edmond,ayant premierement enuoyé les fils
de ce ROY defunct en Hongrie. Il ſut ſacré , comme Chreſtien qu'il eſtoit , par l'Ar
cheueſque de Canterbury, fit punir les meurtriers &Edmond , eſpouſa, pour ſe ren
dre les Normands amis, Anne, ou EmmeNefue &Ethelredeſiœur duDuc Richard.
Il allaä Rome pour accomplir ſon vœu, ſous le' Pape Iean XX. 6c mourut-plein dé
ſaincteté l'an r o 37. le vingtieſme de ſon regne. — …* ', v
HAR ALD , ſon fils baſtard ,ſut apres luyRoy d'Angleterre , auſſi bien que de
Danemarck , 8c fut ſurnommé Harefote , à cauſe de la vifleſſe deſes pieds. Il mou
rut l’an l 040. le quatrieſme de ſon regne.- --~- = r, FE, U'. ~ rſ- ‘.
ſondecez \rſiint en Angleterre , où tous les Anglais le recourent pour Roy;,' aduerty
,CAN V T ſecond ſon frere, qui tenait le Royaume deDanemarck _Maisil futde
empoiſonné la ſeconde' année de ſon règne ,l'an io 42.. Lors les Anglais chaſſer-ent
tousles Danois de l'l (le, ſaiſaus publier par. Edict , qu'on ne breeroit plus Roy aucun
Danois. lls rappellerent Alfred, fils d' Ethelred, pour leur commanderzmaiscomme l
il venait de Normandie en Angleterre, _il futtuëcn chemin par Godwin, Comte-der
Kengfi-bien. que ſon frere Edoüard fut receu pour Roy ?du conſentement de
COLIS-L rl 'z _ ' — :Tr,- ,1- *-~ xr …Mz ~ ſtp-LUZ" 21'151
,- EDQVA RD troiſieſhiefiïeoy Sainct , 6c canoniſé , regna fort paiſiblement llefl
pacedgères de vingt-ñ qualite ans,- 6c montana-l'an r O66. nomma pour ſon heritienœ
' ſucceſſeur, Guillaume Duc de Normandieÿz :… g, u'. J i: ,Earóz-:ñ-îl - W \i S-b; . :à
HA R A L D ſecond, fils de Godwin Comtectde Kent, ſefifitauffi tofïduzlloyauè
me. Mais il fut défait, &rnisànäortpar Guillaume Duc débhírmandiqrïayaîif pas
encœrdgnélannénentiere.*MD-. , "THI :Z . - ,;.'_! J--z .z--WH …mm
Roîïflgf- ; GV [LL AV MfizDucde Normandíeſurnommé le CONQVTERÆAN T, ffls &>44
mande. &zx-ddl Duc Rohergfut.» par-lqdecez defflrfld ?Kôykÿa ngî eterre-î l-l défi: encor
Carunilêy de Dandmatch; venu pour conqneſteîrfAnglçtukq hun: @animaux-ei
' urope, Aa
L)
26$ Angleterre.
donna desloi: aux Anglais,- en langage François , ou Normand ,contraignit le Roy
d‘EſcOſſe de luy preſter ſerment de fidelité ,regna vingt ans , vnze mois , dequatre_
iours, &t mourut le ro.Septembre X088. laiſiant de ſa femme Mathildepu Mahault,
Robert ſon aiſné,auquel -il donna ſeulement la Duché de Normandiefi. cauſe de ſes
deſobcyſſanccs, 6c rebellions, Guillaume auquel il laiſſa le Royaume d'Angleterre,
Henry qui eut par ſon teſtament ſes meubles , joyaui , 8L finances , 6c Ade femme
&Eſtienne Comte de Blois. . .
r GVILLAVME ſecond, ſurnommé le Roux ,ſur attaqué par ſon frere Robert,
ñ qui depuis ſur le bruit dela guerre Saincte , fit la paix auec ſon frere. luy engageant la
Normandie pour dix mille liures d'or , qu'il emprunta pour faire ce voyage. Il ban
nir d'Angleterre AnhelmeArcheïeſque de Cantorbery , pource qu'il le reprenait,
&prit le reuenu des Egliſes ſans neceffi-té , diſant que le pain de leſus-Chrift ellzoit _
gras , 8c fourniſſait des delices aux Rois , puis eſtant à la chaſſe en vne foreſt , ſuc , ou
par hazard , ou de propos deliberé ,tué par vn de ſes ſoldats d’vn coup de flèche , le
deuxieſme iour d'Aoull: de l'an no r . l'an quarante-troiſieſme de ſon âge, apres auoir
.regné douzeans, dirt moisæ, 8c huict iours. '
a lean Berñ' H EN RY premier , ſurnommé BEAVCLERC * fils de Guillaume le Conque
nald Gencal. ranc , .Sc de Mahault, fille de Baudoin Comte cle Flandres , ſur couronné àWeſtñ
des Rois
d'An”. min ſter par l' Eueſque de Londres , déſir ſon frere Robert Duc de Normandie ,pour
PolydNirg. ce qu'il luy vouloir conteſte-rie Royaume contre leur accord , 8c l'ayant pris le mena
lidl. Re.
Georg. Lili. en Angleterre , Où il luy fic creuer les yeux au Chaſteau de Caerdiſen Galles , '85 par
Brit.Chron. ce moyen vnic la Normandie à l'Angleterre. li eut guerre contre Loüis le Gros Roy
RegBl-it.
de France, eſpouſa Mathilde, ſœur du Roy d’Eſcoſſe , de laquelle il eut Guillaume,
Richard, 6c ‘Marie,qui ſe noyerent en repaſſant de Normandie en Angleterrqët letu
ſœur nom mée Mahault eſpouſa premierement l'Empereur Henry quatrieſme , puis
_ en ſecondes nopcesGcoſroyPlantagenet,Comte d'An jou,& du Maine,& leur pere
mourut d’vne cheute de chenal , vn an apres qu'il eut fait creuer _les yeux à ſon fiere,
le croiſieſme iour de Dïcembre mil cent trente-cinq , apres auoit regné trente-qua
tre ans,—quatre mois, deu: iours. ' - _ _ '
ESTIENN E Comte de Chartres, Blois , 8c Champagne, vſurpa leRoyaume
ar le droit de ſa femme Ade , fille de Guillaume le Conquemnt , contre le ſerment
'ici Henry-de garder la Couronne-à ſa couſineMahaulc , àraiſon dequoy il eur ſur
les bras de ſort groſſes guerres, &fiat enfin pris l'an n41- puís renuoyé par eſchange
de Robert, Comte de Giooeſtrqauffi. priſonnier, puis mourut le 2.6. Octobre n54.
apres auoi-r regné dix-huict ans, dixçmoís , douze iours , ſans laiſſerdes enſansle
g itunes.
H EN RY lLfils aiſné. de Mahaunsz-de Geofroy Plantagenec , Comte d'An'ou,
8c du Mainqfiitſucceſſeur dT-lſtienne, œ le premier qui ſuc recognu Seigneur 'lr
Iande, laquelle il vnit à l'A ngleterre , de meſme que les Ifles Orcades , dompta ceux
de Galles reuoltez,querela la Duché de Guyenne,& les Comtez d'A njou,& de Poi
tou, :i cauſe de ſa femme Alienonfille vnique deGuillaumeDuc de Guyenne,Com—
ce d'A nj ou, &zde Poitou, repudiée par Loüis le ieune , Roy de France, 8c du coſté de
ſa mere Mahaut , heritiere de Henry premier ,la Duché de Normandie , qu'il vnit i
(a Couronne auec laGuyen ne,puis mourut le ;Juillet H8 9.apres auoir regné trente
qidatre ans, huict mois, douze iours. <’ - r' .
RlCH AR D premier, ſurnommé COEVR DE LYON, fils du Roy Henry Il.
8c ſon ſucceſſeur, ſe qualiſia Duc de Normandie par ſon pere, 8c Duc de Guyon-ne,
Clïmteæhfflniou , du Maine , Touraine , 8c Poitou , de par-Alienor ſa mereſi Il fit le
voyage dela Terre Saincte, prit J'me deCypre, 8c s'en fit Roy , puis eſchangea ce
Royaume à celuy de-Ieruſalemæontre Guy-de Luſignan,6c quitta finalement la Sy
rie pour reuenir en Angleterreàcauſefdes troubles, 6c mourut au ſiege de Chains en
Limoſin ie 7.5. Mars 1199 .apres auoirregné huict ans ,huict mois ,- 6L dix-ſept iours,
ſans laiſſer aucuns enfitns de ſes deurfemmegBerengairegfille du Roy de Nauärrqôc
Alix fille du Roy de France, ſi bien qu'il nomma pour ſon ſucceſſeur Artus Duc' de
Brecagnegfils deGeofroyſi ó ~ ‘ -~ J ' .' - ~ - ?.14
~ I E A'N,.Comte deMnritomfrexe de Richard, #emparadelacouronnejalſanc
~mourir Artus Duc de Bretagne ſon neueu , fils de Geoffroy; Comte d’York", 'âcëſeë
fut
condnommé
frere de'Ilearn:
E A ïIl.
NHS AxñNmum-ir
fic auſii -S ?TE-K !LX-E ſa,lpourxeque-Phifippé
Yſabel any dû
niecel patéinolle , 6e finalement 4.
o
g
France fempam-de ſes -pays delà. la :ner, à muſe de ſqrzlxebeflions , 6c les Anglais
a
Angleterre. _ 269
nommerent pour leurRoy Loüis, fils de Philippe Roy de France [qui fut apres laiſ
ſé parles
voir grands
en cét eſtat ,du
8c Royaume , pourſeHenry
de poiſon qu'il fils deleIean
fit donner , qui mourut
dix-neſſufieſine de regret
Octobre mil de ſe
deux
cens ſeize. troiſieſme, fils aiſnérdelean,‘ fut nommé
HENRY ‘ 'Roy par l'es principaux du ,
Royaume en Pâgede neufans. ll s'aſſujettit tout à fait la principauté de Galles , eut
guerre contre les Barons , 6c fut pris par Simon de Montfort , Comte de Leiceſtre,
mary &Alienor ſa troiſieſme ſœur, laiſſa par traitté au Roy Loüis de France la Nor
mandiqauec ?Anjou 6c le Mayneaîc retint la Guyennczbornée du Nord de Iariuie
re deCharantegSc duMidy des monts-Pyrenéegpuis mourut le i9.Nouembre 1 2.7 2.
ayantregné cinquante-ſix ans,& vn moi-s,& laiſſa de ſa Femme Alienor fillede Ray—
mond Comte de Prouence deux fils, Edoüard Prince de Galles, 8L Edmond Comte
ou Duc de Lancaſtre, d'où vinrent apres les factions de la Roſe Blanche , 6c la Roſe
Rouge, qu'ils eurent pour armes.
-EDOVARD, nommé par pluſieurs premier , comme premier de ce nom des
Rois Normands, mais quatrieſme de tous les Roisſiut preferé, quoy que plus ieune,
5. ſon frereEdmond,laid,& boſſu,choſe qui cauſa les guerres mortelles d'entre Hen
ry IV. fils de Iean de Gand , Duc de Lancaſtre , 8L Richard ſecond. ll déſir ceux du
pays des Galles, 6c mità mort Lewelin qui s'en diſoit Prince, 6c qui auoit eſpouſé la
ſœurbaſtarde du Roy lean, dompra tellement les Eſcoiſſois , qu'il commanda ſur ſa
fin, qu'on fiſt apres ſon decez bouillir ſon corps iuſqu’à ſeparation des os , qu'on miſt
ſa chair en terre, 6c que l'on gardaſt ſes os, 6c qu'on ne manquaſt pas de les porter àla
guerrqauffi toſt que les Eſcoſſois remueroient, veu quece ſeroit le vray moyen pour '
les repouſſer Bordeaux , ê: la plus grande partie de la Guyenne ſe retirerent del’o
beyſſance des Anglais. Mais il fit apres la paix auec Philippe Roy de France qui luy
rendit la Guyenne , 8c lors il eſpouſa Marguerite ſœur de Philippe le Bel, duquel
' Edoüard Princede Galles eſpouſa apres la fille, nommée Iſabel, cauſe de tant de
malheurs. Finalement ce Roy mourut ſur les frontieres d’E_ſcoſſe le i5. luillet izo 7.
ayantregnétrente-quatreans, ſept mois .-, vingtdours, &laiſſé de ſes deux femmes
Eleanor ſœur d'Alfonſe Roy de Caſtille , 6c Marguerite ſoeur de Philippe le Bel ſix
fils, 6c cinq filles. Les trois premiers fils decederent ieunes , 8c le quatrieſme qui fut
Edoüard regna. ſſ ~
*futEcouronné
DOVARD ſecondſiurnommé
ä Weſtminſtetaſiuec de CAERN
ſa femme ARVAN
Iſabelle. dufort
ll eut de lieu de ſa naiſſance,
groſſes guerres
auec ſes ſujets,pour lëamitié qu'il portoic à Pierre Gaueſton,qui corrompoitſes bon
nes mœurs, 8c qui fut punyëſelon ſes merites. Il fit porter les os de ſon pere en la
guerre contre les Eſcoſſois; mais il eut du pireau lieu d'Eſterlin , 'pres la ri uiere de
Bàunokeſbourne, où vnze mille Angloisfurent tuez, ou noycz , ou priſonniers. Les
Princesfirentbannirauſſi d'Angleterre Hues le Deſpencier, 8L ſon fils, qui luy don
naient de mauuais conſeils , 8c qui furent apres remis comme auparauant. Enfin à
cauſe des differendsdentreùluy &les grands du Royaume , ſa femme meſme vint en
Angleterre auec Edouard ſon fils , aſſiſtée de Iean Comte de Haynaut , fit executer
lcsædeuiç Deſpenciers , 6c prit ſon mary , qui futmeurtry par Roger. Mortimer dans
la 'priſoix le ſixieſmeMars mil trois cens vingt-ſiigayant regné-dix- huict ans,ſix mois
quinze iours. . - . ~
EDOVARD troiſieſme ſon' filgeſpouſa Philippineſiille de Iean Comte de Hay
Haut. Il fut défait par Robert Roy d'Eſcoſſe , &fut contraint de luy ren dre tous les
titres parleſquelsies Rois d’Eſcoſſe ſeſtoientauparauant ſouſinis aux Rois d'Angle
_Ieri-e. Il querela le droit de la Couronne &France , d'où vient la funeſte bataille de
Crecy,6c ſon fils Edouard Prince de Galles , qui mourut auant ſon pere , eut l'hon
neur de prendrele Roy Ieartlllëinſtituaſêrdre de la larretiere l'an i 350. prit Calais
.IŸani-zgjnprit premierle titrezdc les armes de France, »regnacinquante 6c vn an, trois
.mois quinze iours, 8c mourut l'an I 377. ' '
ñ î* RICHARDſecond, ſurnommé DE BÔRDEA-VX ,lieu deſanaiiſanceJils
d'Edouard Prince de Galles, mort auparauant , &de la fille &Edmond Comte de
Kentvfiitcouronné Roy en l'âge ,dîvnze ans à Weſtminſter , 6c ſes oncles les Ducs .
de' Lancaſtre , 6c &York , furenenommez Gouuerneurs , ou Regens du Royaume.
De ſon tempsrle Parlement declaraRoger 'MortimenComte de Merckdsc deGalles,
ſucceſſeur du Royaume , au cas que le Roy mouiut ſans enfans , pource qu’il auoit
eſpouſé Philippe,- fille vniquo de Leonel ,ïDilc 'de Clarence fils d'Edouard IlI.
. Europe, . - ' Aa ij
.
\
2 70_ Angletcrrci
*Lil ſucceffionde ce Roger eſcheut depuis à 'la maiſon d’YOrk , 6L donna-droit au _. — ña_ü___—_
—-ñ.__— __
Angleterre» ~ ~ 271
Elizabeth fille d'Edouard quatrieſmc , aſſoupittous les debats des maiſons de Lan;
caſlre, &t d'York. l] eſtoit fils d'Edmund, Comte de Ricläefirſſôntj &ÛTCMÏzK-guerite
fille vnique de Iean premier Duc -de Somerſet; 8c Edmund ſut fils d’O\x'en , ou
Owden Teuther, du pays de Galles , 6; de Catherine fille' de Charles fixieſme, 'Roy
de France , veſue du Roy Henry cinquieſme ,ï 8c meredu ;Roy _Henr-Ÿſiſioiieſme. H'
fut au commencement troublé par Marguerite-ſieur aiſneeëdes R ois Edoïíſiïard qua—
trieſme , 8L Richard troiſieſme; mais il vitlaëfinîde tous-ees *troubles a" ſon_ 'adiíanta
ge. ll eut de ſa femme Elizabeth Artus Prince de Gall'es','qui eſpouſa Catherine,
ſil lede Ferdinand Roy d'Eſpagne , 6c mourut auaînt ſon pere ſans' hoits , Henrÿ qui
'luy ſnccedazMarguerite mariéeà lacques quatrieſme Roy d'El'coſſe, don tſſèvrtit Iad- .
ques cinquieſme, pere de Marie Stuart, Royne d’Eſcoſſe, püisi Aïbhimbauctbonſi
glas Comte d'A ugtſits, duquel mariage ſortit Marguerite , Femme du Coiîfflëde _Len
noät, pere du Seigneur d’Arley, ſecond mary dëM-arie Roynſie-dffiîſcoſſe. ‘Il‘eu't encor
Marie , mariée premierement à Louis douſiziel me Roy de France , puis à 'Charles
Brandon Duc de Suffolck; 8c Catherine, qui mourut ſans eſtre mariée; Finalement
ce Prince mourut à Richemont le 2.3. Auril XŸOP. apres auoif regné vingt ,trois ans,
ôcneuſmois. ‘ _ _ - p ' ~ ’' ~
H-EN RY [Îuictieſme ſuccedant *aſan pere , eſpouſa Catherine , ï fille de Ferdi- ² cmdffl? .
nand Roy d'Eſpagne , veſue de ſon frere Artus; de laquelle il eut vne fille nom mêle ÊßIÏÏÊJÀÏ,
*Maria qui ſutapres Royne, puisil voulut repudier Catherine, pour eſpouſerAnne p-Î-ïu- . .
deBolen , 8c ne pouuant obtenir ceſte ſeparation du Pape , il ne le recognut plus , &t Ÿffiïfjlÿyïfi?
ſe Faiſant chefde Pſigliſc d'Angleterre rrenuerFa. toute la Religion , &z fit approſiuuer saindcysſischiſñ
ce diuorce à des Prelats Faits à ſa FantaiſieF-De ſorte 'qu'il eſpouſa Anne de Bolen, fille m* "MEN-
deThomas_ Bolen, 6c &Elizabeth ſilleüe Thomas Howard ~, Comte de~S urrey; puis
Duc de Norfolck, Gt en eut Elizabeth, qui ſut apres Royne. Cependant la Royne
Catherine mourut en Angleterrefeparée de ſon mary l'an mil cinq cens trente-cinq, _
'l'an cinquantieſme de ſon âge, 8L trente—trois apres qu'elle eſtoit arriuée en Angle
~’terre. Mais le Roy ayant pende temgsſ apres accuſéAnne dädultere , la 'fit condamï
’ ner par les Pairs à auoiſſr l'a teſte trenchEe , 8c la fit executer , puis fit declarer au Parle
ment les mariages de Catherine ;œ dëAnnenuls , &leurs filles illégitime: , &z deſ
> cbeuësdelaſiiccèffibn du-Royaumelleſpouſaapres
faiſant Edoüard ſixieſme eanneSeymex-,quimouruten
ſon ſucceſſeur , lequel il fa lut tireſirdu ventre de ſa mere. ' ct .
;Sa quatrieſme femme ſut Anne de Cleues, ſœur deGuillaume Duc de Cleues', qu'il
Tpneſpriſa ſoudain comme laide, &indigne de tenirle rang deRoyne , prenant pour
-pretexte qu'elle auoit eſté promiſe au fils du Duc de. Lorraine; tellement qu'il la
quitta poureſpouſer Catherine Howardfille &Edmund Howardſhc niece de Tho
Tn 1s Howard, Duc de Norfolk, à laquelle il fit trencher la teſte, en _la meſme année,
'en
therine
Paccuſantdäldultere
Parre vefue du Baron
, 6L faiſant
_de Latimer,
mourirſœur
auecdu
elle
Comte
ſes paillards
d’E-ſſex,, Apresjl
puis eſpouſa
propoſa
'cañ
'aux Eſiats que ſi luy , 6c ſon fils Edouard mouroíetit ſans lignée , Marie ſuccedaſt
?premierement , 6c s'il arriuoir qu‘el le móuruſt ſans enfans, qu’Elizabeth fiïſt deëlaï
-~re'~e3Roync. Finalement apres ~auoir 'perdu Bologne, ruiné' PAngl-eterre, pillé ſes
î' Egliſes, abbatude
grand nombre ſesProteſtans
Monaſteres , fait
, SL mourir force
ſe voÿſſant Nobleſſe
embroüilfé da—nsz beaucoup
la guerre-de-Prelats
dïſcoſſe ,; 8c
ſii]
' mourut le 2.6. lanuier :547. ,de trop de graiſſe, apres auoirveſhu ſoixantectizſanä , U;
regnê trente-ſept ans, neufmois, 6c trois fours. 'à _ ^ _ " ²
EDOVA RD ſixieſme , nhyant pas encor dix ans accomplis luy ſucceda , ſous le
gouuernement de ſon oncle Edouard Seymer, Duc de Somerſet, creê Protecteur
-du Royaume, ſous-qui les Anglais vainquirent les Eſcoſſois à Muſelburg', deman
' dans la Royne Marie', promiſe àjleur Roy , qui 'mourut ſansëſiremariée le 6.- de luil- _
let 1513. âgé de ſéízeans , apres auoir empiré l’eſ‘tat de-Religión en Angleterreffl
' A peine Edoüardeſtoit decedé, que Dudley, Ducde Nortumberlarïd , qui 'vou
loir _faire Royne I-EANNE GR E~Y , fille du' Duc de Suffollÿz-&de Françoiſe ,ſilk
Yde Marie, ſœur puiſnée du Roy I-'Pénry huiaiefme -, penſee' qu'il läuoîſfflèariêſeä
ſon filsïGilfbrd ſur' ceſte eſperance; enuoyaüire à Elizabeth-fille de Henry' hui
&ieſme , qu'elle cedaſt le droieqtfelle prerendoít au Royaume , moyennant vne
bonkíäſomme-(Pargënt , 8c desltërres qu'on-luy doñneroitï; 'A “quóy elſe reſpon
dit ,ï qu'il falloir premierement-tranſigef 'ſauce Marie ſa ſœur aiſnée' , pendant ñ_
la vie de laquelle elle n’auoit 'aucun droit:- Auffl coſi. le Décor-Northumberland ,
Europe. , Aa ii)
417,2 Angleterre. ,
\qui gouuernoît tout , SÎaIIZ-.urantiiu peuple , 6c ayant tiré les ſeingsñ, 6c ſermens de la
Nobleſſe, fitrpublier Rayne d'Angleterre leanne Grey , comme fille d’vne fille dela
_ſet-ur de Henry hqictieûne, fondant ſon droit ſur ce que Marie, 8c Elizabethauoient
eſté declarées illegititnes., par decret du Parlement , qui ne pouuoir iamais eſtre caſſé
auec luſtice , combien que le Roy leur pere les euſt fait appeller ä la ſucceffion parſſ vn
autredecrgt du meſme Parlement ,au cas qu’Edoüard mouruſl ſans lignée , &c que
ces-ſtatuts ,ſelonledroit ciuildes Anglais , ne-pouuoient ſuccedcr par droit heredi
taire à Edouard ,. pource qu'elles deſtoientpas ſœursſgermaines g mais ſeulement,
comme diſentlçurs Iuniſconſulter., de derny ſang. ll di oit auſſi quT-Ienry huictieſ
_nieauoitpar ſon dernier teſtamentappellé leanneÇray 5. la ſucceffion du Royau
mcçfic remonſtrpit combien c’el’toit choſe dangereuſe, ſi Marie, ou Elizabeth ſe
rnaräioicntàdes Pringes eſtrangers , qui recognuſlent le Pape. Et_ pour mieux forti
fier ſa
ſon pretention
dCCCZ) ſignées, ilparfait voir desgrands
pluſieurs lettresScteigneurgfiueſquegêc
Patentes d'Edouard ſixieſme
Iuges. , vn peuauant
Mais nonob.
_flanc toutes ces raiſons, l'affection des grands , 6c du peuple , entiers les filles de Hen
ry huictieſme , diſſipateur ce deſſein dans vingt iours; car chacun accourut de telle
'ſorteà Marie , qu'en moins de dix iours , elle eutauec elle plus de trente mille hom
,rnes arrnez, &le Ducde Northumberland eſtant ſort de Londresauec ſon armée.
ë -les habitans mirent auſſi roll; en_ priſonle Duc de Suffo k , 6c ſa filleleanne Grey, de
_claréye auparauant
'rie , annullant toutRoyne , &c recognurent
ctce qui auoit pour leur vraye,8c
eſté fait auparauant. Le Duc legitime Princeſſe Ma.
de Northumberland
voyant ce debris ſe ſouſmitàlaRoynetlixjours apres qu'ileut fait declarer leannc
celle , &c ſur condamné d’auoir ,la teſte trqnchée. Le Duc de Suffolk' fut auffi trait.
té de meſme , pource qu'il auOit-vtdulu remuerapres auoir obtenu pardon , 8c pareil
lement ſon fils Gilſord, ?dc leanne Grey ~ſurent execute: au mois de Fourier mil cinq
cens cinquante-quatre. —
M A RI E, née l'an mil cinq cens quinze , eſtant declarêe Rayne , fit caſſer au pre'
miêr Parlement tout cequbn auoit decreté_ çontrepaçherine ,reſtablit la Religion
vCatholique, recognut le Pape , eſpouſa Pbjlíppeflls de l'Empereur Charles cin
quieſmqqui ſut apres Roy diſpagneflſecqnd decç nom ,, abbatitles efforts de Tho
mas \Vyat , 8c des rebelles, ôt vit erigerſlrlapde en Royaume par le Pape, tant en ſa
_faueur, quîen celle de ſon mary, combien que les Eflats d'1rlande euſſent de leur au
torité deſeré tous ces-honneurs* d Henry huictieſme , 8c que _la Royne Marie meſme
:en jouyſtauparauant. Elle vit enleuer par les François aux Anglois Calais , le Riſ
banck , Mere, Oye , Harnmes , .Sandgate , 6c la ville . 6L le Chaſteau de Guynes,
ſi bien que-ceſte Princeſſe, outrée principalement de déplaiſir de la perte de Calais,
ue les Anglñois auoient tenu deuxcens ans , mourut d’vne fièvre de ſix mois , le dix
_ſeptieſme iour du mois de Nouembre mil cinq cens cinquante-huict, ſans laiſſer aug
-cuns enfans, - _ '
'ELIZABETH ſa ſœur ,née le- ſeptielzinc jour du mois de Septembre , l'an mil
einqcenscinquante-trois , ſu; apres_ le çlecez deMarie recognuë Royne en l'âge de
vingt-cinqans. Elleauoit vne ſi heureuſe memoire, quauant l'âge de dix—ſept ans
_ al le auoit,parfaite cogn oiſſange de la langueLatine , de meſme que de la Françoiſe,
:a: italienne , 6c n'allait pas ignorante de la langue-Grecque, Elle ſçauoit tellement
manierſes actions , que ſon frere Edouard lſappelloit ordinairement ſadouœ ,ſœur
Temperance. Elle changea la Religiqn-dkfin leterre , 8c la mit enleſtat qu'elle eſt
.auiourdfiuy , ne voulut iatnais ſezfflarier, ,ac itquïl luy ſuffiſait quſvne pierre de
marbre declaraſt , quÎxnc Rayne apres auoír regné longuement eſtoit dccedée vier
gæëzap pailàzpluſieyurp_ (editions, tant en Angleterre, qu'en Irlande, fitexecuterà :nor:
lan gzjlcínqcens quaçrez-_wingvſept la belle 6c vertueuſe Princeſſe Marie Royne
d’EſcoflÛ:-, bien qtfabſoluë', &ſouueraine ,apres Pauoir tenuë en priſon Yçſpaçe de
pluſieurs années, vitdiſſiper les vents , &c par ſes gens ,l'an _mil cin cens quatre
.vingt-hQíËË-»lâ ÿuiíſanxtarméexlcmerquclekoyæïläſpazncauoir refféëmffifiz î
@Puiſſêffiſffiflſiilfii HOÜÔPËPÏÃ çontre les Eſpagnol.: . eut de ſon .temps deux Sieſta ſu
. jets Fragçoig Dtak , @L Thomas Candish , qui firent le tour du monde', fit executer
le 'capte dzſiflexfflotffluedeſgbe-yſſampptes läuoir grandemqntaffectionnégnain
.tint _ WŒLÇPQÇL couragquſement ſon regna quarante -cinqant, veſ
-cut ſoiztantçztzeufans, \ix moisfflc vingt-ſeptiourt , 8c mourutà Richemont l'an mil
zfix :cens trait-le WÃBZKTŒWÜCWHÏPŸÈSÏ* Mat-s. ſelon le Calendrier-d'Angleterre.
Angleterre. . ' 273
8c"le vieil Style; ou le troiſième d'Auril , ſelon le nouueanſi. Elle declara ë Iacques ' Th"""'"'ct‘-' ct
. _ _ liJëJt io),
\ Roy d'Eſcoſſe ſon ſucceſſcutzdu conſentement des principauxdu Royaumqcom
me yſſu de Margueritefœurde Henry huictiémqmariéei lacques quatriéme,pe
re de lacques cinquiémefflere de Marie Stuart Reine d'Eſcoſſe, 8c mere de ce Roy
Iacques , _qu'elle ,choiſit pour ſucceſſeur , combien qu'elle euſt fait mourir ſa
mere.
IA C QVES premier de ce nom,Rctoy d'Angleterre ,~ mais Roy d'Eſcoſſe ſixième
de ce nom , né le dix-neuſiéme Iuin de l'an mil cinq cens ſoixante ſix, voit les
_Royaumes d'Angleterre-Sc d'Eſcoſſe, auec leurs dépendances , 6c prit le tiltre de _
Roy dela Grande Bretagne. Il auoit épouſé dés l’an mil .cinq cens quatre vingt:
neuf, Aime fille de F1'ldeſlc ſBCQnd, Roy de Danemark” ſœur de C hriſtierne qua»
_ triéme; de laquelle il eucpremierement l’an mil cinq cens quatre vingt quatorze.
Henry Frideric, qui mourut l'an mil ſix cens douze z puis Elizabeth, femme de Frid
deric cinquiémefiomte Palatin
ledixſi-.neuſiémezdîAqlzſtz du Rhin,
6L Çharlesà née Roy,
preſent l’an mil
né cinq cens quatre vingt
le dix-neufiéme ſeize,
Nouembre
~ mil ſix cens: vingtñſixiémede
re decſieda-le Leur mere Aime mourut Panini]
Mars,ſelon ſix cens
le vieil dix-neuf;
Style,0u &ç lacques
cinquième leur pe
d'Auril,ſe'lon
_le nouueau l’anr6z5— ,g,_ , . _ , -
.
..WI ï'
“MN *
"_~.. .,
MÎBDLESEX —V’
E donne le premier rang entre les' Comtez ou Prouincefsk gedce
_- Ro aume, äcelle de MIDD LES EX; tant pource que c’e e
,ſjg merite ordinaire des Rois , qu'à cauſe que :a veille caispitale
~ſi~ 'ſi “ R0 aume s'y trouue com riſe, 6c les rincipa es ~ ours ouuerai du
‘ ct ~ , TES
nesyy de Ceſar,
ſont ou desCe
eſtablies. TRINOANTES de Pcolemée, &Tacitçz Thu*:
fupt le ſejour b?des ancienSTRlNOBAN—
qui peuplerent auſſi le pays &Eſſex 5 &c le nom de Midleſſex luy fut donné pour rai
ſon de ſon affi ete , moitoyenne entre ceux qu'on appelloit Mcſcœns , 6L les 5 3x00*
du Leuant , du Couchant 8c du Midy; 8c cette Prouince auec celle &Eſſex , 6c de
Hartford , faiſait autrefois la portion de lT-Ieptarchie, dont les Saxons Orientaux
firent leur Royaume. - .. , ~* ,
confins. Ce pays a pour ſes limitesdu coſté duNord ,celuy de Hartford S du Couÿhänt.
celuy de Buckingham , dont il eſt diuiſé par la riuiere de Col ; du Mldyç lc
pays de Kent . auec la,Tamiiez 6c du Leuant, la Comté d*Eſſex,6c la riuiere
de Lée- ï ?il i ſi
Eſtendue 'rant
_ Saaulongueur priſe dedeStrasford
Couchanneſt dix-neuf, au Leuant
mils iuſques
Anglais: à More-ball
Sa largeur , ſur la-Colne',
priſe depuis South-m!
ï.”
Middleſcx. - ~' Z75
,chesmarchandiſes :-la Maiſon de la Compagnel-Ianſiatique; leſiPalais des Sema ’~ -v r.
“tcuijsuziufllvſaiſqn deVille ,quïlsappellent GazlzílzalLbaſtie parTliomas Knowles; ' ' ' "
les Greniers publicsmommez Leadenhalhla maiſon de Britieïel, auiourcſhuy ;Mai
ſon de Correction ,baſtieautresſois dans ſix ſepmaines, pour honorer l'Empereur
Charles cinquième, la Maiſon de l’Al‘iall , baſtie aurresfois par vn Cordonnier, Sc'
donnée à la Republique de Londres,oi‘i l'on expoſe en vente trois Fois toutes les ſep
maines du bl ed, de _la laine , des draps , &c pluſieurs autres choſes; «Se quinze Colle
?s magnifiquementbaſtis.aeccmpagnez de beaux iardins,dont ceux de Gresham,
empeLGraíes Innes,5c Lincolnes ſont lesprincipaux.
\Hors
iour-s la ville
quelque , on voidoucinq
Comedie Theatres
Tragedie, , oùbalesſſndes
deux Comediens
vn iour , Angloisioüent tous les
&t trois l'autre; mais les
meilleurs ſont lesiſioüët
enſans de Chœur de ſainct PauLleſquels
lesCoctmediësàont
Fyſſqë de Veſpres,vont
ſur leTheatreÆ-c admirablemêtbiemæ de couſtume de finir
par çliuersſautsſhcpar vneagreable Muſique. Il y a encor 'vn autrelipu en Formen
deTheatre , deſtiné pour la chaſſe des ours &- des taureaux, au Faux. bourg de Souz _. ſſ_
thwarsk; -SL leur combat auec de gros dogues d'Angleterre. ~
-ll y a encor hors la ville vn lieu où l'O ninene tous les mois vne ſois ceux qui ſont
condamixez àeſtre pendus, qu'on mene ſur des chariots iuſques ſous le gibet ,nom -
mé Tibornà demy lieuë de la ville; puis y ayant attaché la corde qu'ils ont au col,
le Bourreau fait paſſer outre ſon chariot, 6c les laiſſe u pendus. S'il'y a des parens
ou amis, ils les tirent par les pieds; puis au bout d’vn demy quart d'heure, le Bour-ñ
reau leur baille du poing ſur la poictrine : car- ils laiſſent la corde ſi longue qu'ils y
peuuentattaindre de la terre en hors. ' ~ -
Au reſte, Camden donne àcette villevingt-trois' degre: vingtÎcinq minutes de
longitude , &c cinquante-vn degrez trente-quatre minutes de latirudei Nlais lean
Speed aſſeure qu'elle eſt éloignée du premier Meridien devingt degrez trente-neuf'
minutes (le compte eſtant different, ſelon qu'ils le commencent parles Açores, ou
les Canariesſhc de [Equateur de cinquante-vn degré quaranteñcinq minutes. L'E
ſtoileſde la Fidicule,de la nature de Venusfic de Mercure,raze ſon horiſon; mais ne
compte iamais au deſſus: 6c les Aſtrologueà tiennent, que la teſte du Dragon luy eſt
verticale. On y compte enuiron trois cens mille ames. y
Les autres villes de cette ï Prouince ſont STANES, ſur la Tamiſegauec vn pont a Camden:
deſbois: VXBRIDGE , ſur le Colne , 6c RE D~~C,I..lFF_l'î_, ſur _la T-a- BW- ſi '
m] C _ - i , . ,ſ- — — z __
Lesautres lieux plus conſiderables,ſontHANWORTI-I, Maiſon Rovale', où r -
ÇOVRT,
le ſuperbe
Roy Henry Maiſombaſtiepar
huictiéme le CardinalWolſey
ſe- retiroit poury 5 puis ſaiſie
prendre ſes plaiſirs. par le Roy
HAMPTON '* l
x
?z76 ~. éncttîſſſſ-I
a Hcntzner.
,eſte ï , le Maire de Londres , qui tient table 6c maiſon oùuerte tout lellong de ſon
Hodopot. année , a de couſtume de s'aller promener le iour de ſninct Barthelemy , auquel on
tient la foire en vn champ proche de la ville ,portant vnerobe rouge, auec vne gran
de chaine d'or, 6c l'Ordre de la Iartiere; &c lors qu'il ſort dela ville,on porte deuant
ſu), ,me 59553,,, ſcepzſc zz vnhonner. ll eſt ſuiuy des principaux Senateurs , tous à
cheuaLde meſme que le Maire,auec des robes rouges, 6c des chaiſnes d'or: puis lors
qu'ils ſont arriuez au lieu deſtine”, 6c à la tente dreſſée pour eux , ils voyent luiter
quelques vns du peuple, a; donnent le prix aux-vainqueurs. Apres cela ,l'on laſcbe
parmy le peuple 8c la ſoule des conilgque les-enfans pourſuiuentauec grands cris,&
lors la Feſt-e eſt finie. Mais en l'élection du Maire qui leur ſert de luge Gt .de Roy, la
vi lle eſt toute pleine dktllegreſſe , de ſorte qu'à Pauenement d’vn nouueau Roy ,la
Tamiſe ne ſçauroit eſtre chargée de plus de pompe , 6c l'on ne ſçauroit voir par les
-ruës 6c les carfours plus de triomphe 8c de mouſqueterie. .
b Fanchct des
Les Chefs des Parroiſſes de Londres b ſont appellez Conneſtables , &les eſtran
Magiſtl'. _ gers ont ccet auantagqpar octroy du Roy Richard , qu'ayant demeuré dix ans dans
c Bodin. Rſilſiîſſ la ville, ils ioüyſſent des priuileges de bourgeois.
!LLC 6l
Padiouſteray, à ce que deſſus,vn trait de police plus remarquable. C'eſt que cha
que ſepmaine on fait à Londres vne liſtede ceux qui ſont nez , 8c pareillement de
ceuxqui ſqmzmoſts pendant ce temps; puis on la porte au Maire,ôc par fois au Roy:
&ſi le nombre des morts durant la ſepmaine paſſe cent , on tient cela comme pour
P eſte.
On 'met dans cette liſte ſpecialement ceux qui ſont morts de peſte, 8c y a ces
propres mots , Of the plag ue. l. de la peſte, chaque bon bourgeois moyennant dix
ſols des leurs, qui ſont cent; des noſttes, a ce billet tous les Samedi!, 8c le iourde
Noël ,on fait le grand billet,qu’i comprend tous lesautregpour le nombre des morts
&c baptiſez.
Kent. U i . }-_~_‘²77
deCealïer, Ggdffldnzanxæiëirizæógzgedei-ide,Gheäiiléäùîi-“nlzhsrtâÿfi îoiíisë z,,
ÇŸJAMSTER;
au temps de Bede.
maintenantl par abregé Rocheſter,
‘ ' j 6: parles
' _y ë
BRIS, 8c pardelesDOVER,que
, La ville Saxons DOF R A , appellons
nous eſt renommée pourlaiäommoditÿÿeſſon port..
Douuregſſndmmeepar"Aiifpiiih
E??
nant Idle-nom dewantctſumegat parla niietſſgæiqhêlÿques ſo " ï.
Then'. 'kent auí Normands' ph ce . maispaiÿ-açcord faitauec eux. llsſiſontauſli des plus
r or
* Auris *PW_courtois
‘~ ll ſe fait *I'en'liſe-Wiſe lfle,d_'_e_ meſinede
ce pay' grandequantitê
- l
qu'au
bonstem
nfl
ps deCeſaqqui
draps, leurvendre.
qu'on en porte
l ,I4 î ,
donne-PN
. \ÜJ
ces ?cheſ . ſi. ñ 'J'
t ſ c_ N _
ſGeſar-lc P" c E”
peu: »Tri-KIA _- hnf..,par
die ſſlſent ï fizgâëtzgouuernez
f!
’ ,
quatre
...l
l
Rois au temps deCeſarë puis' &jſp
et.
GNU-r#
Bel.Gal.l~i.ſ._(" . llciflïfll.
g cdi-ide... 'mL-rein
3'**
reiitſop premiere
. . … _Bretagnesôz
. . poux-le
. pays maricimequîlanoxir.;
l s a l nuage Síxoniquezil y eut depuis Diocletiamvn Gouuerneuxgquifdegpflit
;bmp-rec ezppelſçlptegles courſes des Barbare: , principalement dçsSagconsi Mais iesfigmains
aſſaut qiiitt il__y eutenceîpaſſsſóusſſ_Wortigernqqui commandoitpr-,Çqueà
écoute ſilaſi ÿijeî ‘gn"e , tinäÿiſſtſſäçroy' nommÇGuorongue _, nonobſtant lequel Wottigcrè
fjeeqdonna
;Mais il s'en ſit'egouuerneirxêïtau Saxonfiengiſtepourl'amour
ROY Sansapíes-,ſipuis de ſa fille navïnnë.
l'es Saxons furEt vaincus parWprtimeiénfltconfip
ſuggeſt. _cle TanetÀecettcÔ-Prpmncqyll eſt vray que les Saxons S'en re-ndirqnc en
j_n_ Maiſires 3 ç; y eſtablirenpt leur Royaume, qui ſubſiſta l'eſpace de trois cens”
.jſſïſitlsctiſilûlſſqlikiîíce quſlîgbertiljjoy des Saxpiç Occidentaux, l'ayant conquisJÏvnje ‘
t . ;s,’_~ p :qifrvdlp , '_ _l _ ‘ñ - . .Ÿ-‘I‘t;.f;
- “ËMÈEQÃJLËEŸſEËZuË des Nqi-inandgceuxde ce_ pays ſe rendirent ä Guillaume_ le Conj
uerant on ,ition garder leurs couſtumeaparticulierement pellesqu- ilsappeb
,ſ._ ,fi . .. . ..,
;greg-ange &in d, ſzlljuílnt q quelle les_ terres qui iouyffent de ce droict , ſont diuiſces
E, 'ſiltëmeſnt eqtr-ejes malles, oubien entreſles femelles; au defaut des malles.: 6c ſui
’ uantla meſme, ils ſe mettent en poſſeſſion delſheritage, lors qu'ils ontattaint lïâgè
Ëefliäinfie :Ln:_ ans
q eſil _sſifer ,Iógpeuuent aliener
uccedèncttien ces.ces biens,
fonds (ans le_ conſentement
àñxpereg-qui du Seigneur
ſont condamnez ;jou
pounquelë
e
ΟËlÏFËÏ-ÛŸ l* .' .'- a', - ; ' J*: .W -
~' "‘_ _Ku ,reſteJÇuiIlaume ſe Conqueraſinteflant
lſï- -* - ijleuenu_ Maiſtre de Kent, eſtablilflafin
'Ïeîle' ~c“óii‘ſe’riiè'r‘,‘i~zn~Connëſt~able au 'chaſteau deDouure, le faiſant auffiGouuei-neur.,
3U, ç? mçílsídíſoiçngÿardienïcies; Cinq _Ports , qui ioüyſſent de pluſieurs priuile -
iíïſſäêlfe obliæinonäuïlsonäde \jetgtäirgreſlzs ppurllîpgucneîq Terÿvtäme',
ríPfitſiigleteffeäu
qxres* …iran-sioclirdèleur
ui ont, onorefflitn ,in e3e ontzeiour-là
Couronnerlielit, aro s ou iennent e_ _ay
leur table es; _ais
dreſſée-Zi la ~
' ÊŸËËÏËPÏBPP-îîîî-ŸllctÊÏŸWÛFPÏÎFË*
main drgigeçluläoyz Quantau Gouem ...zîl-“lîfïl
;des Clim =P-.ſ²lï²ï4ïcti?ïë"ñ<ï°ï°°4uïï==
Ports, qui eflztouſiours vn des
'l
oi
_l ſ .p'
ſi?? Z ..‘ _ l...,""
ſ. . ’ ;ZZ-J
Êſïſſïſſï aËüïllïällmslïldfflÿlÿîîÿfiï ' '~-_,~'
‘ - 1-7,
. ‘rt-i ~-- . , .dq
Prcm-crfifflrrſſe
'_ ,. Klflltſçn
Ï 1 '-— frecesodon.
' .-.…~,.'-_n~,.p
ñ;.
deux Prouinces, eſt d'enuiron' ſoixante milszſa largeur d’vn peu plus de vingtsôcſim
tour d'enuiron cent cinquante. , ' ':3
Diniſion. Il eſt diuiſé en fix principales parties, qu'ils appellent Rapes,, dont chacune a ſa
riuiere,
le Rape 6cdeſon chaſteauen
Chiclieſtre : 6ca ſept:
de plus en cinquante
celuy dſſ' .Arctiinctdel ſix Hundredes
cinq : 'celuy deou Centeines,
Brember, dix :donc
ſi - ,
Lim; V'esgreizezlîevenſeyffllix-ſept
Ilcontienr. dix chaſteaux; dix-6chuict
Haſtings,treize. ‘ ‘~
villes", où l'on tientſifoire -
8c marché, 6c; tpoís
.H ,
cens
Sadouze Parroiſſes.
principale ſi ' ñ ~ ' ,_ nomméeau
ville , eſt CHICHESTER - ' ñ ñſ vieil
~ 'langage
'ſiſ - "PdetPlctlle
5
CA ERCE LEZ par les Saxons .CIS *T A-NCWÏASTER. 'C'eſt vne aſſezvgrande ville
ceinte de muraillegbaſtie par 'ÊÃË-iſſa, ſecond Roy de cette Prouince.] honorée du Sicël
geEpiſcopaLqui eſtoitauparadzinr à Selſey. Elle eſt raſraiſchie de la *pſſetſii te riuiefêſiſííſicté'
‘ Lauant , 8c apquatre portes qu' regardent les quatre parties _du mondqauec des 'riiës
droites qui degrez'
cinquante en partent , Ez vne placeminutes
cinquante-cinq au milieu. Elle a 'viñgt degrez‘ de
delatitude. -‘ - longitudeſw
- - ~— 'fj ſi
L ſeconde ville de ce pays , c'eſt LEWES , quiſemlsle debatreîä l'autre la príñlë
maûtégant
Les autrespour
villesſaſont
grandeunque pour ſes
ARVN DELL baſtimensfic
, plus le nombre que
grande de reputation deſtin peuplel
d’effect,-bo'-ſix
dorée du tiltre de Comté , iadis de la maiſon de Montgommery, 8c des Fitz-alainsîſſ*
8c maintenantîde la maiſon des Hovrardsz BATLLE ou BATTZEL ,T-BRIGH-Î
TELES( le lieu renommé de BOSSH A ËYE ou Basham, ceint de foreſtsficde la ſſmerſx
oùle Roy Harold s’eſtant embarqué pour plaiſir, ſu: porté par vne tourmente en
Normandie, où le Duc Guillaume luy ſit iurer qu’il Feſtabliroit au Siege Royal
d'Angleterre, apres lela Conquerant
le Duc Guillaume mort du ſainctvint
Royauec
Edouard : mais ayant
ſon armé-ej manqué
Peuenſey, 6c deparole,
vangea leſſ —
manquement de ce pariure: puis DICHELINGJEBOVRN, GRIN ,HAS
TINGS , l’vn des cinq Ports principaux d'Angleterre: HAYLSHAM , HOR
SHAM,MIDHVRST, PETWORTH, dela maiſon de Percy: RYE ou Rhie,
bon port, où le Rocher ou Richer; ſe décharge dans-la mer: le nouueau SHOP
REHAMSTENlNGSJieu de grand cOmmerce:TERP.ING,&W INCHEL
LEY,
On port de mer.
y void '
auſſi lelieu dOffington, maiſon des-Barons de- laWaſſre, du nom' de
’ ~
…j@~sVKRET
\I1«\
~H~AN~TSHiRE-.~ "
E HANTSHIRE, o -ula Comté de SOVTHANTON, gÇ-ffldfflï —
- nommée par les anciens Saxons HANTESCHYR, eut sgſiſcdprheâ;
' pour ſes anciens habitans prés duriuage les REGNES , 6c ſi
dans le pays des B ELGE S.
Ce pays a du Nord le Barkshire; du Couchant ,le Dor
ſetshire , A.: le \Y/ilshire; du Midy, ?Ocean Britannique, 8c
l'Iſle deWi th; 8c du Leuant le Suſſex ê: Surrey. Salon
-. gueur priſe Ëepuis Blackewater du coſté duNord vers le
Surrey , iuſqiſà Baſcomb; du coſte du Midy vers le riuagc, de cinquante-quatre
mils Anglois-:Sa longueur depuis Pecersfeld du Leuant,iuſqu’à Tidworth du Cou
chant , 6c aux confins duWilshire eſt d’enuiron trenteſhc ſon tour de cent cin
qUIlllſC cinq. _
Díuiſioil. On le diuiſe en trente- ſept Centaines ou Hundredes, qui contiennent deux cens
cinquante-trois Paroiſſespsc dix-huict villes marchandes.
lieux. La principale
quemoſimmé par ville de 'cette
Ptolemée Prouince , eſt \Y/INTCH
8c AntonimVENTA ESTE R, Siege
BELGARVMMSL d’vn Eueſ
par lecommun
des LatinsVlNTONIA z par les.anciens Saxons WlNIANCESTER; a au
vieil langage de l'Iſle. CAERGWENT. Elle eſt affiſe ſur la riuiere d'Alre , à dix
neuf degrez trois minutes du premier poinçïtñçle POccidengôt cinquante- im degrez
dix minutes de ?Equateur-t _ _ y _
Le tourde ſes murailles eſt &enuiron deux mils Anglais, 8c preciſement de 1880
r
‘pas,combien quefelon aucuns,il ne ſoit que de i500. ll y- a ſix portes, 8c'. de grands ‘ *
faux. bourgs de tous coſtezl On void preſque au milieu delzrvillelï-;gliſe Epiſcopa , ._ _.
:"-~^-
z: le,-
du &là prés legrand
Midyzvn Palaisfondé
beau College, des Eueſques, nomme'.
par lïäueſque Wolveſey
Guillaume z puis au faux—bourg
Witkham; _oùſiPon en
tretient ſeptante EſC0liCrS,& ceux qui ont charge du College. _ .
L’ou
mêe voyoit autresfois
au langage en ce
desBretons, pays Vhabitans
anciens l N DONVM , ville des Segontiaques,
de l’llle,CAF.'lŸ._5 nom~
EG YNTJ: rmin- î i t.
— _ISſſliſiEñ DE,VVICHT.
ſi.————~——_....—‘——— _._—,__. _ _.—.
2|. Plinſ A Prouínce de Hanthire , comprend- auſli l’IlÎe nommée par les NW?
b Ptolem. . ‘ anciens *VECTIS , comme auffib VICTESIS , 8L ‘ VECT A:
Èfâſizſigïïſſu; ſ par les Angloix-Saxom , WITL AN D, 8c \VITTH- EA : par
âligimd n ' feux dulpays dedGalles .- ?lu äieäläpäaääde Pl(le, GVYD: 5c par
m_ ° '_ _ ~. 3-. _ es An ois mo ernes, I e e ñ . '
lao. Speed_ “îïd -ñ -SA Elleäſt aſiiſe entre le Leuant 8c le Couchannôä auancée VCTS le Amet-ace
ghbflïä-Fſ M [dy dans l’Ocean Britannique. Sa figure eſt preſque oualezſalongueuxgde vingt 60'151":
'5' mils:
El leſacomprend
largeugdetrente-
douzezôc ſon tour,d'enuiron
ſizſvilles, ſoixante.
bourgs ou cbaſteaux,auecautant , Sc Lien”
de Parroiſſesſſ,
trois villes deſſtraficſisa principale ville eſt NEW/PO RT,autrefoisMdAï*-‘Ën 8c Neuf- ~
*bourg de Meden; à raiſon dequ y toute l'Iſle eſt diuiſée en Meden Oriental 8c Oc
cidental. Le Roy Iacques octto a à ſes habitans lalibre eflection d'vn Mairequi les .
gouuernqaffi ſté de ſesConſreres. Les autres lieux principaux ſont YA RMO VTH,
CAERESBROK
6c enuoyent leurs , bourgeois
BRADING au -Parlement
8c NEWTONz GO ,ſſDqui
S - ont
H l Ltous
L . leurs Maires .
Où Wcrſiey
I
l
\
\'
..o DORSETSHÏRE
- …dz EDORSETHLRE-,donc leshabitans ſontnommezparacamden' :p
.s ï o _ - 3d
a'- .—. *g ‘ iDVRVGWEIRMuiÆiſinedu
tolemce. DVROT IGES; IÎIcoEdieSomerſetshIii-eficle*
ar les Gallois retons ?fiäïſid
*
,,
. I
—
~
I
…d DËNSH-IIŸE - . -.
_ .
‘
.
b ï L17_
' ï
,' ' . : l .i d_ _ '~
__ _ ' '- maintenanrparabregéDENSHlRkgancienſejpuz-deceuk
E pays-nommé par les Angloísfiaxons DEYENSCHIREJÊue NOM_
' ſi
' PtolcmécappellezDAMMoNll, eſt au vieilſſlafigagejdei' fle
~ - des Bretons de Cornouaille, nommé DEVNAN , par ceuxdu
j 'ſ paysdeyGallesllYFNí-ZINT, U ² ' ~ ' ‘
l” . ._ . Il a pourlimites du Nord le deſtroit de Sauerneælu Couchät, ',
la riuiere dectTamare 6c la Cornouaille: duMidy , l’0cean Britannique: &c du Le- C°'fi"' l
uant, les, paysde Darceflre, 6c de Somerſet. Sa longueur eſt de; 5 mils: ſa largeur ERM,,
de ſ4. «S6 ſontour dænuironizoo. -i_ . .‘- . -: .- ~ ~>~ -
_Il eſt dluiſé en trente-trois Hundredcs, ôctroiscensquatrc vingt quatorze Par;
Diuiſion:
_r0iſſes,_& l'on y compte trente-ſept villes marchandes. _~ '-4 "- ‘
Sa principale
i, PISCA ville eſt EXQESTER
\les DÔMMQNIENS- , qui n'eſtnommée
ódflàntonin, autre que
parNSC-A de Ptolomééóc
le) vulgaire des Latin: Lieuxj_
»-1
j.
_ Denshi-rc)
EXO-NIA-;péir les Aríglois-Sastons E XA NCE A STERJGL MÔNſiKEÏTÔNſſ, 8L par
2'85
les Bretons ſi reſte dels anciens :habit-ans de l-'lſle CAER-\VYSK ,ou Caer-lsk , 8c'
u PEN CAERÃ-Illexfl aſſiſe ſur-la riuiere d'l5lE,0i1 d‘Ex,à cinquante degrezquaranted
cinq minutes d—u premierMETi-diemôzſeize dt-grezvingt-,cinq minutes dePEquateur.
Elleeſl: ceinte de 'ſortes murailles , 6c de bons Foſſez', auec Force tours qui les Flan-~
quent, &z d_e plus a quinze cens pas de tour, de grands-Faux - bourgs, ê( quinze Egliſes
de Parroi ſſe, auec vn Chaſtcau nommé RVG EM O N T, qui n'eſt recommandable
que par ſon antiquité. .r ~ ' -- ‘ '
~ ’ AX AMINSTER ſurlariuiere d'A-x; BAMPTON , BA RN STA» B LE , ou Bar-i ~ ñ
r Lesautres villes principales', 6c lieu: de traffic ſont ASHB ERTON , AVTRE,
ſtaple, ſurlſſeTaWe, ville renommée s BOWE , BRADINVGH , BRENT,
CHEGFORIXCHIDLEIG , COLVÏMBTON , CVLLlTON , CREDI
TON , DARMOVTH , l'vn des meilleurs_ ports de ceſte Prouinces H AR TON, l.
,z .USA
ï
Cornvvall. . 287
líereme_nt en huitres, &Pilchards , petits poiſſons , quishſſemblent en merueilleux
nombre pres deſesriuages, 8c ſont tranſportez en France', Italie, &c Eſpagnthde'
meſme queſon bled eſt porté bien ſouuent en Eſpagne, Ce pays nourrit auſſi Force
brebis, 6L des ï plus beaux bœufs qu'on voye , qui ont les cornes Fort longues. On y a Aurigu.
voit auſſi certains 'oyſeaux que les Anglais appellent Corneilles d'Angleterre, qui 5P“'
ſ ſontLes
noirs, ont lesdepieds
liabitans_ iaunes,
ce pays ont 6c
vnelelangue
bec long, 8c pointu., qu'on tient eſtre---Yancienne
particuliere
Motors.
de l'Iſle. Ils different en mœurs, 8E façons défaire des autres A nglois, &c peuples voi
fins. Ils ſont francs , 8L ſimples , peu entendus aux arts liberaux , 6c ſans grande co.
gnoiſſance des choſes politiques. Ils ne ſe ſoucient, point des façons des habits _des
' eſtrangers, ny des pompes, comme ſontles autres Anglais ,ôc ſont Fort affectionnez
au trauail , ſelon la condition de leur pays. D'ailleurs l* ils' ſont courtois au poſſible, b camden;
de m_eſme quanciennement, courageux, 8c forts, dïtſſezbelle taille , 8c des plus ex- gŸ-fi, Tm'
cellens lutteurs du monde. ~ \ _x ñ - P ' '
Gouuer Guillaume' le Conquerant fit premierComte de Cornuaille, Robert Moritton
nement. ſon frere vterin_ , né de Herlotte ſa mere. Celuy-cy eut pour ſucceſſeur ſon fils Gili]
laume, puis le Roy Henry ſecond en fic Comte Regnaud, fils ldaſtgzrçl de Henry
premier, lequel eſt-ant mort ſans malles legitimes , Henry ſecond retint ceſte Com
té pour ſon fils lean , lors âgé de neufans , à qui ſon frere Richard premier la don
na apresauec d'autres Comtez. Mais lean ayanreſté Roy , Richard ſon ſecond, fils,
qui fut eſleu Roy des Romains , receſiùtceſte Comte du Roy Henry troiſieſme ſon
fi-ere. Mais Edmond ſon ſecond fils , 8c ſucceſſeur en ceſtſie Comté eſtant mort ſans
cnfans ,le Roy Edoüard premier , comme plus proche, ſur ſon heritier ,ſi bien que œ
la Cornüaillereuintau domaine. Mais Edouard ſecond fit encor don de ceſte Com
téä Pierre GaueſtonGaſcon Jqui corrompoit ſa ieuneſſe, puis lors que ce vicieux
cuſt cu la teſte trenchée, lean dlîltham le plus ieune fils d'Edouard ſecond luy ſuc
ceda , lequeleſtant mort ſans lignée, Edoüard troiſieſme erigea en Duché laCor~
niiaille, Gl en fit Duc ſon fils Edoüard l'an mil trois cens trente-ſix. Depuis ce temps
là. les fils aiſnez des Rois d'Angleterre ſont tenus pour Ducs de Cornüaille, &le
Prince Charles , auiourd’huy Roy , a porté ce titre auec celuy de Prince de
Galles.
SODMMERSETSHLRE.
_ A Comté de SOMMERS ET, nommée ï par ceux du pays de zuumfzzd;
~ - Galles GVLADYRHAF, 8c parles Anglois SOMMERSETS- Lhuîd-Pïïsi
_.- HIRE, a receu 4 ce nom de Sommerton, autresſois principale d Camden.
.i 'li ville de ce pays , qui ſeruit en partie deſejouraux anciens BEL- 3'" ,Theatl
,3 Speed
… Ac, G E.Ceſte
S. Prouince aboutit du Nord auDeſtroitſſ-'âè Säuerne, du—
tieau paystau
de Gloceſtre. — au Dorſetshire,
Denshire, du Midy . . . y 6c dEïLeuanc
-’ au— Vilshire , &c r, ‘*
Encndne. Salongueur depuis Brakley iuſquä Oure eſt de cinquante. cinq mils ,‘ ſa largeur
du CQP &EPCIE5119! du coſté du Nord, iuſqu’ä Chard , dwnpeu plus de quarante, _GL
_ ſon tour denuiron deux cens quatre. - u.. 'F '— - ñ T . 1:1: ., "ä
Dinan..., k _ï 4 Elle eſt diuiſée .en quarantesdeux H undredes ou' Celiïfaînes , oùſſlïdſin ,Voir francé
FÏQÎS lieux de. .traffic . quatre. Chaſtcaux ,ct-äc trois cîerisïqiíàtreèvingt _cinq Par- _
ſoiſſes, . ~_ i - , _ . 1(“….l‘-\'~~X!l’ . - ' r .._ r
lieux. Elles. trois principales villes , ou Citezz-dont- la premiere' eſt B ATHj, où Batiſt
nommée par Ptolemée EAVX C HAVD-ES , à cauſe de- ſes bains renornnièz #gc
par Antonin EA VX DV SOLEIL , par Eſtienne BWDIZA ,~ parleŒaxons B A
THA NCESTER , par les Bretons CAERBADON , 6c par levulgäire des
BATHO NIA, qui a ſes Comtes de la maiſon des Bourchiers. i
Latin:
|—_
2-8ë8 Sommcriſictshire,
peutïdire qu'elle n'eſt del'vn ny de l'autre , veu que c’eſt vn Comté ſeparée ,qui a ſiis
Magiſtrats _particuliersx La riuiere d’Auon paſſe parle milieu , &L ſes baſtimens , tant
publics, que particuliersſiont du tout agreabl es,0utre qu'elle eſt forte, 6L de ſi grand
- . traffic , qu'on la tient pour la premiere ville d'Angleterre , apres Londres , 5L
- ' ' ſYork. -
La troiſieſme Cité eſt \Y/ELLS petite ville Epiſcopalez mais" agreable , 8L ſort
peupïée, aſſiſe à dix-ſept degrez, trois minutes du dernier point d'O ccident_ , 6L cin
y quante 8L vn degrez vingt minutes de l’Equateur. Les cſcriuains Laſitins appellent ce .
_ſiegel Egliſe Fontanen ſe, à cauſe de pluſieurs fontaines, qui y ontleur ſource.
.Les autreslieux principaux ſont AXBRIDGE, BRIDGFÀVATER portant
titre de Comté, affis ſurle Pedred. BRV TON , ou Briuton , ſurla riuiere de Briu.
C A MM EL, C AN ES HAM ,ou Cainsham, avant ce nom d’vne Fort ſaincte Vierge
. deteſte lfleappellée Keine. CHARDE,CROKETHORN E,DVLVERTON,
DVNSTER, EVILL, ou Euell ſurſluell. FROME, HVNTSPILL ,ILCHES
ſi ÎIJE,R,ou luelceſter , nommé par Ptolemée ISCHALIS , ILMlSTER , LANG
PORT, LlDDlARD ,MORTOCKE , MILVERTON , MYNHEAD ,PEù
ÆHEKÏONJÏU Pedderthon, ſurle Pedred PEDERFOR D, PHlLlPSNOR
q ON,SH EPTON, SOMMERTON ſurle Pedred. TAVNTON ſurla riuiere
,deTlion ,belle ville, poſée en vneagre-ablc affiette. WATCHET proche du de
ſtroit de Sauſſcrne. \VELLINGTON ſurle Thon. \VESTON , \VINCAVN
ÎTON., RWIVESCOME. _
g ,L'on voitauſſi dans ce pays la rude montagne de CA M A LET, ou ſommet dela
_quellc on monſtre lcs reſtes du Cliaſteau de CAER MALET, ou CAMA LET,
qu'on dit auoir eſté le Palais du Roy Artus , renommé dans les Romans des Chena
.liers de la 'lſable Ronde, en quelques vns deſquels on lit CAMA LOT.
Il s'y trouue quelques lfles faites par des riuieres , comme celle d’AVALLON.~, lflesÃ
nommée autrement IN IS \V I T R I- N en Breton , c'eſt à dire lſle de Verre , 8L
_G L ASTN EY,ſignifiant meſme_choſe,en Latin GLASCONI/Lfiiite par lariuiere de
Briu,& ayant le lieu de G L A STENBVRYJeiour de Ioſeph d’Arimathie,lors qu'il
\zinc en ceſte
xſſsaincts, 6L deIſle,
plus8chonoré
nomméde la
la premiere
ſepultureterre de Diem-SL.
du Roy Artus. des Sainctgle tombeau des
.
' On y vo~it encorl'lfled'ATl~lE LNEY, ſaire par le Tlion,l'ors qu'il ſe rend dans Nüicffl-Ï
le Redñredñ-ñ-ññ- - '
,Les principales riuieres de ce pays ſont l‘IVELL, ou Eiiell , FAVON, le PE- Wlizéí
DREDJCTHOMJC BR~IV,5LleFR'OME. ,
Ce pays 'eſt raſraichy d’vn vent agreable] 6L doux , qui rend ſes Eſte: temperez,
mais ſeshyuers importuns , à cauſe qu'il rend ce pays plein de boue ,BL d'eau, telle;
. i
m… 9131611! queles voyageurs ne peuuent ſortir des chemins qu'auec grande peine. Mais
. _-. .«. "-' ;H _z _les bains d'eau chaude de Bache ſont fort eſtimez pour eſtre propres ,à la guer-iſ_on de
,Ohm 5 pluſieursmaux. . '
,me _ _j ,Lqprouerbe qui dit,bo_nne terre mauuais chemimſe verifie en ce pays, veu que ſi
pr* .'
- 5²²°Î² les chemins ſont boüeux, les champs ſont gras, 8L fſiertils, 8L l'on y voit de tous coſtez
,fgrce bonspaiſturagesçôçbelles prairie-o. Les-montagnes deMendippe abon dent ,en
dçplombſtsc l'on trouue en quelques rochers ,comme en celuy de ſainct-Viri
cent Force diamans
,guſlſiiquançſittéde , qui' ne cedent qu'en
beſtial-äzlaine., dureté
' z ,,._=«’_'. ' r à ceux des
~ Indes.
- - y~ ' Ce pays
~ f nourrit
'
- 4 Ducs,
'âe paysdont
@fill_(1.135 ,Seigneurs
le premier qui ont
fut lean, porté
fils deſſ leanpremièrement le titre de” Comtes',
cie-Beaufort z baſtardjdu Duc de Lan ~ nent-m.
Goiiuetè
,caſtpq pgiçpzçleMargueritgmçre de Henry ſeptieſme ', qui-fut honoré ide ce titre* par ~
_ _Henry cjnquiçſtriqÿçl; dernier Duc defiommerſſietsde- ceſte Famille fut Edmond.
Apres celaleisflenryhuictieſmelcdQotiaHenr
lien-toſt. Roy Henry ſeptieſme honora de ce titre ſon filsſotifilsſihaturelîlädiais
'FitzURo Edmond , qui mo_urut ce ' ſi
…_ elÏitſi
ſſgêçrniçr lili decedéſi_,ſa;_i,s enfansqle Roy Edouard
Y Y» eninueſtit
ſixieſme . ſon oncle
douar/d __ ſainct Maixiïfflui-fut apres priué d'honneur, 8L dt-'viſie' ,pour dcſs- ctimäs
zîiiiîenluyäiiæiíoſa; - _ .; 2.-."- ~z -— »nd ñ- - î-’;î~_-’“'~~î.'
- ct 21') Tl’."’.' ,- ', r ulï: :-'-".:i'::-~~ 1'? #ur f' 3'* 1'111'
. ;"{'-.1'ÎÏ - —- 'moin-L HFP' ‘ -‘ ...'²'-~.-;!z.~
>
'L ' ~ "ï--l
. p
YVXLSHÏRË: I
fils du Duc de Buckingam,dontle 615,6: ſucceſſeur mourut ſans enſans. Henry hui
ctieſme en pourueut apres Henry Stafford, lequel eſtant mort ſans lignée ,le meſme
Roy honora de ce titre Thomas de Bolen, pere d'Anne ſa Femme , qui mourut ſans
hoirs mafles , puis Edoüard ſixieſme fut Marquis de Wilshire Guillaume Powlct,
grand Treſorier d'Angleterre,'en la maiſon duquel cét honneur eſtdemeuré.
Quant à la Comté de Sariſbury,apres auoir eſté poſſed ée par les principales famil
les d'Angleterre,& ſouffert diuerslchangemengelle eſl: tombée en la nmiſon' des Cc- ï -'-"~'_ _ '
cils depuisſan 160g. quele Roy Jacques en donna le titre 5.- Robert Cecil ſecond
- fils de Guillaume Cecil. . — ñ, _ ,.
…IZAP-z_ ' ffl T i*
Barksihiregſſ
BAKKSHERE
i ?z .,~ E * BARKSHIRE, nommé_ par les Anglais-Saxons B E R R 0C- Noms.
COd4TÉ1>ËSsEX…
'r ~- _ pays (PESSEX, l' qui fut en particle ſejour des anciens TRlNO BAN- Nom,,
. _g TESfflommécnAnglois-Saxon EAST-SEAXAÆCEASTÆEX-SCI
] RE,auoiſineduNordlesComtezdeSuffolk,œdèCañibridgeïdùCowconfizs; l
chant les paysde Hertford, 6c de Midlelſiex, du Midy la Tamiſqqui le ſepare du païs
de Kent, BL du Leuant [Ocean Germanique. -
Sa longueur depuis Plfle de Horſey iuſqu'ä Haidon eſt de quarante mi ls , ſa Iar- gagna….
gen: depuis Ëaſtham
ſſ ſſſiſſ ſ
ſurla Tamiſqiuſqu":l Stan-mere ſur —le Scout, eſt de trente-R
cipq,
0D.
**ï l*
ï
Norfolk. 29x
8c ſon tour de 146. ll eſt diuiſé en iofflHundredes -, 8c 4.05 Paroiſſes , où lon trouue
2.1. villes de trafic, cinq Chaſteaumcinq Ports, &c deux demeures R Oyales.
pmu-w,, Sa principale ville eſt C O-LCI-_I E STE Rctnaſtie ſelon leurs hiſtoriens parle Roy
Lioux- Coil, l'an de gracëiu, affiſe ſur lariuiere _dëColnQ à zz!, degrez yo nuances du* re.; _
111ier Meridien, 8c jxdegrez-iq_ minutesyde lfjiquatour. Elleadans _ſon enceinte mit
belles.
au vieilEgliſesfitclehors
langage delſſfle deux autres; 'Elle eſt;
CAERCOLIN, nom méep BLE-CB
ôlctxiſſmíSaxon~ ,AntoninACSTI:
O LOR. N I A,
ſi ſi
Les autres lieux de trafic ſont DARK !N Ç ,l ou Bçrlçjng; Bl [JLE R E K AY!
BRAINTRI E; 'B RENTWOOD; C HELMESIÏOKD” ou Çhelmerlſiord , vul_
qairement C HÊNSFO RDF, aſſez grande ville ſurle 'Chelmerz C l SHALL,
ſſſſDVN MOW ,~ EPP lN GST R-ETE- ; HA [LW IÇçHu-S 30R Harewich ; ,H.Ã;T_Ÿ;—,
F-EI<LD,H—AVLFTEED;HEMYN GH
DON, nommé parles anciens CAM-A A‘M,ou Heningliam
LDVNVM ſurMALEDVNE;
,‘ ôcſſen Saxon leC olne;MA]_ſi.-, '
8c M E ALDVN E , l'vne des plus grandes., 8c; plus riches_ _Yſſrilles de lÏEſſeX; M
NlN GTRE-E, HIG
ROMFORDLT HONGER
HAXTED, z~RAlLlGE,'
ſurle ou RALEGffletite
Chelmſier: WALDEN, ville agreable;
quiſportele nom de
S AFFRONAVALD EN, à cauſe de la grande quantite', _de ſafran, qui ſe cueille
en ſon voyſinage z 8c \VALTH AM ſur le Ley , portant titre de Baronnie. - _
W"- . Il Faut adiouſter à ees villes celle de LEIIO N , des Piusancîennes ,, appellée par
Antonin DVR O LITVM, 8c l_’Iſle de CANVEY, nommée par Ptolemée COVS
N OS: où lon voitla iolie ville de LE EG,peuplc'e Æexcellens mariniers: 8c plus de
Riuiercs quatremillebrebis…
Ses Riuieres ſontlaTA
ñ MISE
_ ñ , qui recoitle
_ LEY ,' &le _Rz..O-~DING
E t :-l-e- STOR
p ,
. Ie CHELM ER, le F ROFHWE LL,&cle COLN,qui ièxendent dansla Mer.- .
Qualité. L' Air de ce pays eſtaſſezagreable, 8c temperé, excepté qu'il cauſe des fieures en
la contrée qui eſt plus voyſine des eaux. Son terroir eſt gras , 8c fertil en partie , 8c
partie ſablonneuxfic ſterile. Mais il ya vne contrée où le terroir eſt ſi bon, qu'apres
auoirporte' du ſafran durant trois ans; il produit apres ,abondamment durant direz
huit ans de l'orge,- ſans fumier, ny marne. Lon y cueille du ſafran en grande ñabpn_
dance : 8c lon ytrouue des brebis ſans nombre, &force vaches ,du lait deſquelles
les habitans ſont des ſormages d’vne grandeur extraordinaire , qu'on tranſporte
meſine aux pays eſtranges. lls abondent encor en poiſſons,entreleſquels on eſtime
fortleurs huitres. Mais ils ſont 'par ſois ſujets aux rats , qui _vindrent en nombre in.
-croyable l'an 158L' en la Hundrede de Dengey_ pres de Southminſter , :&- non ſeule
ment mangerent
auec leurs toute l'herbe
dents venimeuſes, queiu‘ſqu’â la racinezmaisepcor
les brebis lünſecterent
qui s'y miſſrent-apresâ paiſtretellement
y prirent d
vne maladie contagieuſe… , _ - - > ~
Richer”. Outre leurs formages, dont ils tirent quantité d'argent, 8c leurs lainegdontzils
-ont grande abondance , ils s'enrichiſſent , prin cipalementt à Colcheſtre , par le
' , moyen
ſorte. de leurs. draps , qu'ils nomment Bayes
, ,ſi 8c Sayes , 8c autres
..de ſemblable'
Cnam_ Depuis la venuë des Normands ,la Reyne Mahaud' crea Geoffroy. de Mandeñ
nement. nillepremier Comte d’Eſſex, à qui ſes enfans ſuccederent. MaÃS-eſtant morts ſims
ſlignée, le Roy
esctenfans Iean en fit Comte
luy ſuccederent, Pierre de Ludgershall,
mais moururent Iuſtitier
ſans hoirsp: uis d'Angleterre,-
les Bohuns , 8c '
eurent cet
_
ŸSV Fil-TO hic ~ :~
. ſ -_ 5E ‘ pays-de- -SVFFOLKÎ, nommé en SaxonSVTHFOLQdeſtà
a Camd, Brit;
. ſ - dire Peuple du Midy, au regard de Norfolk , fut en particle ſejour Confins,
Nomr;
' i de ceux que Tacite a pelleſſlCENl. Du coſté du Nord il auoyſine
Êifl,',/ſſl,; le Norfolk, duquel 'i eſt ſepare par les riuieres d’Ouſe , 8c de Wa_ ,
le_ tout fut ruine' par les Danois l'an gouToutesfois elle n'a laiſſé de reprendre ſon
luſtre, eſtant grande , fort peuplée , &c marchande, ê( comprenant zo parroifliss.
5a ſecondeville eſt celle de S. Edmond, nommée prcmierement S. EDMVNDS
~ BVRY, c’_eſt à dire Bourg
plementBVRÏCſiou deparles
Biirye, S. Edmond
Saxonsà B
cauſe cle ſa ſepulturc
ED ERlCS-GV , 8c par abrege'
EORDzôc ſim_ _
par Anto-
_ HinVILLAFAVFTINl. ' ~
Les autres lieux principaux ſont ALDBVRG, ou Aldeburghe ,retraite commoñ,
dedes mariniers , 8c peſcheurs;
i rouſtſurlariuiererde BECKLES ,Bunzey
Blith: BONGEY‘,ou BLIGHBORVGHE ,ouBOTYS_
ſur le \Yſalleneyz Blithho
DALLBRAND ONFER RIE; CLARE ſur le Stounqui cauſa le nom des Ducs
de, Clarence g DEBENHAM , ſur le Deben , ouThrodlingz DVNWICH , en
Sactxon DVNMOC ,qui fut autresfois 'ſiege Epiſcopal; FRAMLINGHAM ſur
l'embouchure del'Or dans la Mer z H ADLEIGH, ou Hadley , 8c en Saxon H E
ADLEGEpù Gormon Danois, contraint par le R OY Elfred de receuoirle bapteſ
the, ſur enterré: HAL ESWORTH, HAVERIL,.LAVENHAM,LESTOFF E,
'MENDLESHAM, proche de la ſource du Deben: MILDENHALL , NEED
HAM , NEW/M ARK ET: ORFO RD , ou Ort-ford , ſurFOr: SAXMOND—
HA M z SOVTHOVLD, ouSoutlnY-old: STOW, ſurle Gipping : SVDBVRY
ſur le_ Stour_ : WOOLBRIDGE, ou WOODBRlG ſur le Deben : &LW/OCL
'PITT,
~ Lon you \VVLPETÏŸ
voit encor le lieu proche de la ſource
d'lſiXNING, du Gipping.
ou Exninge, autresſois plus renommé qu'à
preſent, où naſquit SainwEthclrede , dont le nom a eſté donné à l’vne des trois ar
ties de ce pays i 6C REN DLISHAM , où REDWALD , premier Roy Chreſtien
desSesctRiuieres
Saxons Orientaux, eſtalälit ſon
ſont le STOVR, ſiege,
le BRETON qui s'y deſcharge; L’O RWELL , Riiiitttï
ſouÇe
GIPPINGÎIO
pays a ſon airDEBEN,ouTRODLING;L’OR,le
agreable', 8L ſain, 8C ſon terroir fertil enBLITH;
bleds. llWAVENEY.
y a force paſtu Qigliié.
ſucceſſeur ſon fils Iean, qui eſpouſa la ſœiir d' Edoüard lV. 8e en eut Iean Comte de
Líricolne, lequel
cqſihtſſénſſir ſon ayant :eſté
ambition maisdéclaré heritier
ſe bandant du Royaume
contre parfutRichard
HenryV ll. dcffait, III.
ô( ſencperdit
peut
Ïiſſüèc vtoute ſafamillc. '~ ſi
. Marie;
, Le Roy Henry V lſucceſſeurs
qictii~eiit~~pñour l l. fit :ipresDuc de fils,
ſes deux S uffolk Charles Brandon,
qui moururènt marvdc ſa ſiœur
ſans enfansſTellement
qu' Edoüard V .donna ce' :fn-e à Henry Grey, Marquis de Dorceſtre , qui auoit ell.
poulie la ſoeur de ces Brandon S. Mais celuyñcy fut execute ſous la Reyne Marie,
\
pour auoir voulu faire Reyne ſa filleyleanneſi bien que ce titre demeura vacant iuſ.
qu'au Roy lacques,q ui donna celuy de Comte de Suffolk àThomas Howardfia.
ron de Walden, ſecond fils de Thomas Howard, Duc de Norfolk.
Wc à la ville d'1pſwicluprincipale du pays,clle eſt gouuernée par 2. Bal lifs; &lx o .
\
féëNorfolkñ.- 193'
Bourgeois ;qifilappelleiſiirz .Port-mans ,. ,tous veflus dïeſtarlate; -aſlïſtez dectîvingt: -
-quatre duConſcilCommun.- ' ~- ' _ .T.'-',‘î, ~ :'::
l ...a ,M -
N O R F . ï ‘ -íſlliz."l.l’ſſ .'
- . ‘_ '.-. T' . "l :î "T Juli-o', .i .":.~’ "iii
29 4. Cambridge-Shiro. _
ſi des perſonnes, qui ſçauent ſainenaiſtre desprocés, enpdincillant ſur le-droit com.”
mun, Mais ceux de la ville d'Yermouth ſont des plus courtois ; tellement ue s'ils ,
voyenc vn aſh-ange: de quelque a parencqils ne manquent à le conuier, 8c e feſti- ~
nent le mieux qu'il leur eſtpoffib e. y ._ . , ,_ I _
Guillaume
~ Royaume le Conquer-ati:
des Anglois fi ſtatic
Orientaux, ou rendu maiſtreOrientale,
l'Angleterre de .ce Royaume , eſtablic
comprenant ſur le nement.
leſiNor- Goom;
couſine,
folk, le Suffoîlk,
qui en fut
8c là
chaffié
(ïotſſntërieCambñdgeÿfin
, pource u’il cherchaitcertain
'de‘remuer.
Raoul(Quelques
mary d’vne
ans apreiLï-E_
ſous le Roy Eſtienne, Hugues Bigo -ſutfídt Comte 'de _Norſollgôc ſa race en iouyt '
longætemps: puis-Thomas de -Bruthertonſïlsdu-Roy-Edoüard premier, le poſſeda; ~
8c pour ce qu'il 'mourut ſans lignée, Edoüarddeuxieſme fit Comte de Norfolk ſon _1
frereThomas de 'Brutherton-z 62S ſa fille Mlzirgùedtie, Ducheſſe-deNoi-Folksen meſñſ
mazccmrps creaDuc de Norfolk ,ï tam' pour luy que pdurïfès heritiersñ', Thornas- ï
Mewbray, Comte dc Nottingham, fils deiœfilie deMarguerite.Maië>ſon-fils '_I'ho- _'
mas eutla teſte trenchée ſous Henry IV. Puis ſon frere fut declare 'Ddcde *Nbr-v ’ ~
folk par autorité du Parlement'ſous Henry VI,- &c ſesſucceſſeurs en iouyrent iuſl
qu'à Annefille vnique de Iean; qui ſe mari ?it à Richard Duc d'Yeu: fils d'Edouard ' -
IV. tranſportaàſon mary tous ſes titres. Mais tous deux eſtant morts ieunes, Ri
chard_ l ll. fit Duc' de Norſolklean Howard, arent d'Anne, en la maiſon duquelſï
A.
cete dignité demeura
lezezMajeſté-Pan I 572..iuſqœâçTbomasflui
ſi ' ' eutla teſte trenchée comme criminel de"
~ 1 .
. _ l, , _ . _,
r 5
-.
.r
-a cmd Bric:
CA—M B ID C E-SH I R E.
A Corſinſſté de ï CAMBRJDGEffln-Anglois CAMBRIDGESHIRE , 8C Non,,
Speedîheatr.
en SaxonÇR-ENÃÆRJGLSCYRE', qui ſut-ainſi le ſejour des anciens cons-is:
_ lCENESzaboptit uzNordà laComté-de Lincolnqdu Couchanc à celles g‘.‘*.'k‘“®
de Bedford, 3c d.: Huntigdbnidu-Midy aux pays-de Hazzïórdgsc d'Eſſex, 8c du Lé- ““ “
uaiîtâ ceux de Norfolk , 8c Suffolkz.. Sa longueur eſt de 35 mils; ſa plus grande lar
-geur de pres de zo 3 8c ſon tour- de 128,. Elle eſt diuiſée en i7 Hundredes, 8c 163 Par.
roiſſes; où lon voithuit villeſmarchandes. Sa ville capitale eſt c: AMBRIDGE, .
priſe pour l'ancienne CAMflORITVM-ÆAntonin , dont-elle peut eſtre partieſ
veu qu’on tient queleville,
delCambridgaCcſicſſe vraynommée
Camboritmn
par les_eſtSaxonsî
le petitG-RANTB
bourg de Granceaſter,
RIDGE , eſtproche
affiſe. '
ſurla riuiere de Grant ,ctouctcaniſitzodegrez , 50 minutes du premier -Meridien , 8C
jzfclcgrez, ib minutes. ſide PEquatſſeur: 8c partagée en deux, par (à riuiere., couuerte
d'vn-pont. Elleeſt des-plus renomméesà cauſe de ſon Vniuerfité , don't elle eutle-ñ
titre -au temps d'Edouard I z 8C de ſes 16 beaux :Colleges , ou Sales Publiques. Le *
plus
ſi Maiſonancien
de S.dePieriÿeſiondé
ces Collegesl'an
eſt celuy qu'ilsautres
IZSOIÔClCS appellent
ſontS.laPeters
Sale deHouſe , c‘eſt, àqu'ils
Peſſmbrok dire .zz
appellent Pembrolieël-Lallſi: la Sale de la _Trinité : le College du Pçoy :la Sa e de
Sainte Çatheri_
manuel: la Sale~' y ſ;eClaIreſi-,le
leÇoÎlege de Chriſt,
College le College
de Corpus de Magdeleine,
Chriſti leCollege
,ou du C orps' de Chriſtd’E—
: le
Colle
Pres eſicle GOnuileScCaiusâc
Cambridge on voit desceux de la Reyne,de
montagnes, leſus,
que ceux dede
ce S.~
lieuIan-,ôcde
nomment la Trinité.
GOG
i MAÇŸQGH ILS,, a1) ſommet deſquelles on voit de 'beaux reſtes de rampargctôc for
tificarſdtís des Romains, ou des Danois'. . . . …
La ſeconde ville de_ ce pays cjeſtîLY, en Saxon ELl G, aſſiſe dans vne grande Iſle
qui porte ſon nom, Faite parles riuieres d'O uſe, de Cain, 8c quelques 'autres : ê: de
uenuë Eueſché ſous Henry_ I. Aug-eſte elle eſt belle 8c grande , 8c ſon Egliſe Cathe
\drale de meſine,dont Ion dit qu'il y a quatre choſes remarquables, à-ſçauoir la Lanñ
terne, la ,Cha pelle Noſtre Dame, le Moulin , «Sc vne Vigne qui rend du vin. .
Le__S autres ieux principaux ſont LITTLEP ORT , LYNTON , NEW/MAR
KETJIECHE:ROYSTONŒCWISBICI-I. ñ ſi ' '
FIS-nin_
Ses principales Riuieres ſont le GRADpu CAM, IJORSEJE NÈNJC \VEL- Rllllflïïc'
LAND, le GLENJcleW/ITHAM. r. _
. _ L’A_ir _de ce ſays n'eſt guiere agreable, ny ſain, à cauſe des eſtangs, 8c marais qu'il 99"***
a du coſtëdu 130ml, (Lil/ant à ſon terroinarroſé de beaucoup d’eaux,il produit quä.
titcſde bleds,
…aborſſide Principe.
en mortes ement&certaines
de terre, du coſtc' duſortes
Midy.dellionc_
portepropres
auſſi “Force
pourbon ſafran
lefeu. 8c
Ilya.
4
Hcrtſoiÿdſi-'Shiiel I "2 9*;
, quelques foreſts, &des paſturages uileur portent grand profit. 'Xilam aux lieux
.mafeſcageux, apres queles eaux ſe" ontretirées, on y voit croiſtre orcehezbeïÿç
du foin greffier, qu ils appellent L-id, en ſi grande abondance , qu en avant auc ic
.pour leur proiuſion_~,-ils mettent le ſeu au reſte au mois dc Nouembre -, afin qu’il en
Mœurs. vienne dauantage, Iſles
, Les habitansſides ' ' ~ que' ſont les riuieres du coſté du Nord , appellez au temps ‘
des Saxons Giruicſins, c'eſt à dire babitans des maraiz, ſont rudes au poſſible, 8c inci
uils, Sc portent enuie aux autres, qu'ils nomment VPlZILÎLlCIDCDJÛOIÎÊ ſurdes eſchaſ
- ſi ſes, reſſcmblansàdes Geants ,MSC s'occupent apres le beſtial , a la peſche , &Lala
chaſſe. ñ ' ' ~
—îÊERTFORDSHIRE,_
- i . Mig' A Comte' de * HERTFORD , ou HARFORD , demeure ancienne de zcmzinzíz:
ſdf-ï ceux que Ptolemée appelle CATTlEV CHLANES , ou C ATTICLV- 59W Thun.
*i DANESÆC Dion CATTVELLANES, qui ſontles CASSIENS de Ce~.
ſai', dont Caffiuellaune eſtoit Seigneur , auovſine du Nord les pays de Bedtſiord ,'85
Cambridge; du Couchant ceux de Bedford, ſſôc de Buckingham; du Midy le Mid'
lcſex, 8c du LeiiantPEſſex. ~
Êitenduë. Sa longueur eſt de 27 mils, ſalargeur de 2.8, 8c ſon tour de quelques 130. Elle eſt
DÏÜÃWË diuiſée enbuir Hundredes , &c no Parroiſſcs , où lon voit i8 villes marchandes ,ou
lieux à marchez, 8x' Foires. _ y
Sci' ville capitale eſt HERTFORD , ou H A RTFORD; nommée _par Bede
lieux. HERVDFOR D, efloignée du premier Meridien de zo degrez , 2.9 minutes , 6C de
YEquateur de 5: degrez, cinq minutes .' 8c aſſiſe ſur la Lee.
La ſeconde ville eſtcellcxle S. A LB AN , baſtie par Offa, Roy des Merciens vi S à
-î vis deb-ancienne villes de V l? RVLA MIVM de Tacite, ou de V EROLAN IVM
" de Ptoleméqaffiſe en PI-Iundrede de Caisho , demeure des Caffiens de Ceſar, 8C
nominée parles Saxons \VATLlNGACESTER , &c maintenant V ERVLAM,
toute ruinée, au lieu que celle de S. Alban eſt belle , 8c grande, ayant pres d'elle la
!ſuperbe niaiſonde Nicolas Bacon, Garde des Seaux, pſiuis Chäcelier &Angleterre;
J
" , Les autres lieux principaux ſont BALDOC K, BARKHAMSTFD , ſur la Léo:
BARKVI/AY ; H l GHBERNET z BVNTINGFORD a BISHOPS HATz
FIFLD, HEMSTEED ſurla Lee z HITEHÊNG; HODDESDON ; PVCKEL
RIDGFpu Pukerich,auſſi ſurla Lee, RIFK MANSWORTHS ROISTON ,
BISHOPS STO RFORD,TRING, \VARE,&W~ATFORD.
L_ Lon fait encor eſtat en ce pays du lieu de LANGLEY, ou K l NG S' .LANGLEY,
c'eſt à dire Langley du Royaautresſois Maiſon Royale, d'où Edmund dc Langley,
fils du Roy Edouard troiſieſme, Duc d’York, recent ſon ſurnom. Elle a preſque vis
àvisvn autre L’ANGLEY,Iequel on appelle ABBſſOTS LANGLEY, pource
qu’il appartenoit aux Alzbez de S. Alban. C'eſt' le lieu-de la naiſſance de Nicolas
Breakſperezqui ſur. Papemommé Hadrian quatrieſirie ,à qui l'Empereur Frideric
premier; tint Peſtrier comme ildeſcendoit de chenal , 8c qui erdit la 'reſpiration
_ .. à la vic par le moyen d’vne mouche qui luy entra dans la bOUCÏXC. ’
Qffllllë- Ce pays iouytd’vn airagreable, ſain , 8( tempete' z ſon Climat meſme ſſeſtant
' ny trop chaud,
pluſieurs petitesnyriuieres;
trop ſroid. Son terroir
Il produit eſt agreable,
du bled gragôc, eſt
abondamſimcnt fertil, eſtant
garny arroſe' de
de_ pluſieurs
äergtesbforeſtgôc accommodé de prairiesyôt_ de-paſturages,, où lon nourrit quantité
il ~ e re 1S.
ËÎ)"F~ORD—S~H~i~R~E~..
.
o. ñſi
-‘ "' ' - '
t'
-296 \l
Bucltibzgham. I
eſt BEDFORD, en Saxon BED ANFO RD, diuiſée par l’Ouſe en deux parties,
attachées par vn pont de pierre. On Pappelleau vieil langage Breton delIfle LET
TIDVR. Elle eſt éloignéede Pexfremité de l'Occident de vingt degrez ,' ſeize mi
nutes; 8c de l’Equateur de ;Ldegrez zxrninutes. Mais elle n'a queſon antiquité qui
la rende conſiderable, commeſſeſtant ny grande ny belle , quoy qu'elle ait cinq -
Egliſes.- Les autres lieuxprincipaux- ſont ANTI-HL, BIGG LESWADE, DVN
’. STABLE, qui eſt l'ancien MAGINTVM d’Antonin, LEIGHTÛN, LVTON,
POTTON,SHEFFORD,&TVDDINGTON. ' ſ '
L'air de ca pays eſt tcmperé, 8c pour le regard de ſon terroir ,il eſt plus ſerti] du WM,
coſté du Nort, &je plein de Foreſts, mais du Midy Fort leger, produiſant toutesſois de
l'orge en abondance; 8c du Leuant il a peu d'arbres &L d'eau. _
Il_ y. eut premierement
, _
des_ Barons
.
de Bedford, de la Maiſon de Beau-Champfflui Gouuetâ
.. .
eſtolent Aumoſniers heredltalres des Rovs d'Angleterre au iour de leurCourOnneñ nement.
ment: puis Edouard 3. crea premier Comte de Bedford Enguerrand de Coucy C6
_ ,_ i i ſ 'z te
ſutdevnSoiſſons enfils
troiſieme Frice; 8c Henry
de Henry yerigeaà Roüen:
4.. enterré Bedford en Duchc,dout
le ſecond le premier
George de NevilDuc
fils
de lean Marquis de Montagu, depoſſedé par Edouard q.. 8c le troiſieme Iaſper de
ſſHatfield Comte de Pembrok , qui fut honore' de ce tiltre par Henry 7: ſon nep_
ueu,ô: deceda ſans enſans. Long temps apres Edoüafid 6. luy remit le tiltre de Com
té, en faiſant Comte Iean Ruſſel, la mai on duque en iouyt encore. ’
COMTE DE BVCKINCHAM.
~ - - ñ, A Comtéde*
demeure BVCKINGHAM,en
anciënedes Anglois Buekinghamshire,
CATTIEVCHLANF-Sſhbotitit du Nort Ëfflï-ſi,,
. ,.æ ~ ’ aux pays de BedſordfidcNorthampioindu Couchätàceltly d’Ox- "ſi ſi'
',‘ " , ’- *ſſl. ſord,I~lertford,ôLMidIeſex.
ford,du Midy à laTamiſe auecle Barkshire, &du Leuantà
… Bed
il Saenlongueureſi
' .138, Elle eſt diuiſée de39 mils
huict Hüdrcdezgôc 185.Anglois, lälargeur
pareilles, de 18. &ſon
Oùilon trouue vnze tout
rin ETF-fit":
“Il
Lieux.
cipaux lieux de trafic. Sa ville capitale eſt BVC KINGHAM, afliſe ſur l’Ou e, ſur
lequel il y a trois beaux ponts de pierre. Elle eſt eloignée de Fextremitc' de l’ Occi
dent de 19. degrez 33. minutes, 8c del'Equateur de 52. degrez r8. minutes.
Les autres lieux principaux ſont AGMQNDSH AM , autrement AMERS.
HAM, ſur le Col: AYLESBVRY, qui ſur vne demeure Royale au temps de Guil
laumepremier:BEACONFIELD,COLBROCKEſurleCohpres ulieuoflil ‘
ſe rend dans la Tamiſe, lieu pris pour celuy de PONTES, :i cauſe de ſes quatre pôts
qu'en voit ſur les branchesd u Col : lVlNGOE, NEWPORTſur l’O'uſe:OVL
NEY ſurle mcſine: STONYSTRAFORD, ville ſort ancienne ſur le meſine, 8x'.
nommée anciennement ſelon Speed LECTOD ORVM; HIG HW/I CKI-I A M,
belleêc grade ville, affiſe ſur vne petite riuiere qui ſe rend dans la Tamiſe: 8C \VIN_
SIÏOV-(fſ E. Ses principales Riuieres ſont 1aTamiſe, qui y reçoit le Col ,la Tame,
8c 'OU e: ' Riuieres;
Son air eſt des meilleurs,des plus tempérez,8~c plus agreablegmaintenant le COIÏS Qnzhg,
hin, &l'eſprit gay. Quant à ſon terroir ,il eſt diuiſé en deux parties , dont celle u
Leuant, &t du Midy , qu'on nomme Chilterne , eſt toute pleine de collines : 8è celle
duN Ort eſt app elléeThe Vale,c’eſt à dire,Vale'e. A u reſte ce pays gras ô( ſerti] pro
duit quantite
paſtſſurages de bledzmais
8c prairies, auec eſt
vn denué
nombredeincro
foreſts, en recom
able penſe
de brebis, deſquelles
dont Ia laine ildouce
a Force
8c
deliée tout ce q~u1 ſe peut, eſt meſme recherc ée des Turcs , 8C des habitans d’A ſi e.
Gautier de Gifford fut premier Comte de Buckingham , auquel vn autre Gau- G ouutrë
tier ſon fils ſuyzcedagpuis ce tiltre demeura vacätiuſqifzl l’an 1z77.auquel Richard z. nement,
en honoraſon oncle Thomas de \Voodſtolke S de la fille duquel naquit Humfred
l_ ct' Comte de Stafford , qui ſut creé Duc de Buckingham par Henry 7. &laiſſa pour
’ ſi~ ſucceſſeur I-Ienrv ſon petit fils , execute' par commandement de Richard z. puiſis,
'Edouard fils de Henry reſtably par Henry 7. eut la teſte trenchée ſous Henry 8.
comme criminel de leze Majeſté z ſibien que depuis il n'eſt reſté à ceux de cette
ÏÀLÛÎÜIC, que Ie tiltre de Barons ;de Staffor . y
I
.Oxſſſordlshirté, ' 229:7
~OXFOi{'D—SH_-li<E,Ï';ñſſ
' l
. AComté ï D’OXFO RD , en vulgaire Anglois OXFO RD-SH l R-E, en SPC-dun….
« 'ſi; SaxonOXENFORD-SCHYRE,demenrcanciennetlcsDOHVNES, a Came. Bric.
i " i" aboutit du Norraux pays de Northampton, &L de Waruicct-Ïnd u C ouchant
Eſicnduc
à celuy de Gloceſtre ; du Midy au lîarkshire -ñ- duquel il eſt ieparé par l' l ſis S 8( du
Leuant à celuy dc Buckingham. Sa longueur eſt d’enuiron 40. mils z (a largeur de
biufflon_ pres de zo -, 8c ſon tour d'enuir0n 130. Elleeſtditlisée en 14. Hundredes , 8c zoo par
roiſſcs, oùlon trouue dix principales villes, ou lieux à marchez , 8c foires.
Savillecapitale eſt OXFORD , en Saxon OXENFORD ,GL communement ' \
Lieux. en Latin OXON lA,aſiiſe ſurle Cherwell, pres du lieu Où il S’embouchc dans' l’l ſis5
à r9. degrez zo. minutes delextremité de l'Occident 5 8C 52. degrez I. min. de PE
quatenr Ce qui luy donne plus de reputation c'eſt ſon Vniuerſité , ſoudée l'an 872.
ou ſelon Camden l'an 889. par lc Roy Elſrede , apres que les troubles 8c rauages
des Danois furent appaiſez en quelque ſorte; tellement renommée anciennement
qu’on yaveu iuſqwazo. mille eſcoliers au temps de Henry 3 S 8c de noſtre temps
quelislus
des fameuſe, à cauſe
IanCaſus,qui nous ade ſesvoir
ſait excellens Profeſſeurs enl'eſtime
ſaphiloſophiqmerite toutes ſciences ,entre
du mode-A loſ- -
u reſte,
C c iiij
a:_,_
_--z98 ſi ’ Clocectſtcr-Shirſſts. .
GLOCESTERñSHIRE.
-aSpced
Camiflric. :—‘ ;ï A Comté ï de G LO CE STR Emommée vulgairement en Ansçloisç
Thcar. , 'ſv-
ſi
GLOCESTER-SI-IIRE , principale demeure des DOBVNËS, Noms.
8c partie de celle des SlLV RES, en langage Saxon GLE AVC ESſſí C°"ſi“"
j" TE R-SHI RE z confine du Nortau pays de \Yſorceſtre3 du (jou
" ‘_ ‘ ſ ~ chantàceux
Sommerſet zde Monmouth
&du Leuantà ,ceux
8c ded’OXford
Hereford, 8c z' du Midy au Pays
Vſſilshire. _ de
_ . :
Sa longueur eſt de quelques 4.8. mils,- ſa largeur de 2.8 ; &c ſon tpur denuiron 13s _ſi Eng-dana
Elle eſt diuiſée en, quatre principales parties, qui ſont ſouS-diuiſeesen trente H un- D““ſi°°'
, dſedCS , ou Centaines ,- 8C deux cens quatre-vingts paroiſſes , _oul’on trouue_ vingt- ſ
-cinq villes marchandes, ou lieux principauxde marchez 8c foires.
Sa ville capitale eſt GLOCESTE R, que nous appellons _Gloceſti-e, nommée _
au vieillangage Breton de cette Iſle C A E R GLOW l , en Saxon G LEAVCES- L‘°““
~TER , parle vulgaire des Latins GLOVERNIA, ê( CLAVDIOCESTR I A , &c
**par Antonin COLONlA GLEWM. Elle eſt aſſiſe ſur la Sauerne, ou le Hat'.
fren z T118. degrez cinq minutes du dernier Occident, 8c ſLClCËrCZ i4, minutes de
.ñ 1’Equateur: 8c fut autresfois toute ceinte de murailles , ſinon u coſté de la riuiere, .
_comme on voit parles ruines, 8c ce quireſte monſtreaſſez_ combien elles eſtoit-nr
fortes. Les hiſtoriens Anglois aſicteurent que le corps cle Lucxus premier Roy Clim
ſſſtien eſtenterré en cette ville.
\ .
_ _- -
- Qäelques vns logent auſſi dansce pays la bonne Ville de BRlSTOW/s pource
-qwe e eſt moitié dans cette Prouince , ô( moitie dans Celle de 'Sommerfct , OùYen
ay faitaſſez ample mention. ~ ~
' Les autres lieux principaux ſont B A RK LEY ,en Saxon BEOR KENLÀV, qui
a vn Maire, &t pour Seigneurs les Barons de Barkley, derace fort illuſtre; 8c qui fut
renommée parle decez d'Edouard 2. qui y mourut par Ie moyé' d'vne broche de' fer
ardante qu'on luy mit dans le fondemenLC AMPDEMwulgairemët C AMD EN,
CHELTONH
Ptolemée C O RAM , "HIPPING
lN lVMct, SODBVRY;
par Antonin C-IRCESTER, 8c
DV R OCORNOVIVM , nommé par
par les An
'gloiS-Saxons Cl RENC ENSTER ;dont les murailles eurent anciennement deux.
ïnils de tour:D
LETCHL AD;EANE GRE A-T,ou le;' gräd
M ARÛSHFEI-LD MINDeanezDVRS LEYJ-*IORWO
CHIN HAMPTONſſ; N EW/OD,
NE
HAM a NFÀVENT s NORTHLEA CH du nom de fa riuiere i_ STROVD ;
- -STQWONTHE WOVLD, TETBVRY,TE\VEKESBVRY belle 8c grä
de ville, qu'on aborde par trois ponts aſſis ſur tſſroís riuieres, 8c renommée tant pour
les draps qui S'y font, que pour ſa fine mouſtarde; TORNBVJLY, \Y/ICHV
V-'A RRE, \VINCH ELCOMBE, qui eſtoiten grande reputation au temps que
?la Religion Catholique fieuriſſoit en ce Royaumqà cauſe des reliques de ſainct Ke_
nelme,
Martyr:enfant de ſept ans, tué
\VlTCOMBE par ſa ſœur\Y/OTTON.
GREATSÔC , qui vouloit eſtre_ heritiere
' y , 8c tenuî'pou:
ſi -
“Il ſautadiouſter à ceslieux l’lfled’ALNEY, ou ŒOLENEAG, maintenant an…
' elléeTH E EIGT ,faire parles branches de la Sabrine , toute proche de Gloc.eñ
Fire , 8c renommée pour le duel &Edmond Roy des Anglois, 8c Canut Roy d-eSDa.
nois,qui S’accorderent d'y finir leurs differents cap à cap, ſans faire tuer plus d'hô
mes,8c quele victorieux demeureroitmaiſtre de toutzpuis terminerent leu-r long
combat par vne paix , ſuiuant laquelle ils partagerent entr' eux le Royaume] _
Les Riuieres de ce pays ſont la SABRINE ,oil ‘$ AVERNE , -nomméeau vieil ~___ ' ſi'
*langage de l'Iſle, 8c de ceux de Galles HAFFR E_N-, L’—JX_VÛ'N’,& \VYEÆC 'quel- “m”
.qucsaùtres, - ~ ñ- 5*' - ~ W371; ~ _ _ _ ſi- _ ſt
Capays à ſon airagreable, ô: doux, 8c ſon terroir qui produit Force bleds, &ç force QPΟÎVŸ
~pommes.
u'ila tantll eauoit
lieux autresſois des vignes quimais
nommezW/ineyards, produi oient d'aſſez-bon
auiourd’huy l'on n’y vin, d’ot‘i’vi6c
enſi voit plus.
il y a quantité de bois , principalement au delà de la Sauerne , en la partie plus Oe
cidentale. Lon y trouue auffi de beaux 8c bons paſturages , auec vn grand nom
bre de brebis , dont la laine eſt fort eſtimée, 8c des mines de fer prés de Dcteane.
, 'Guillaume le Conquerant donna ce pays à Robert fils d'Aymon, duquel Robert, Gouzztt
p,emcnn
ñHCFÈFOÏCl-Ÿslllrcſi ’ - 2-99
fils baſtardſſde HenryIfiſeſpouſäntlaîfille fut-fait premier îCbmtect-de @bee-ſire Mod
filsſſsc ſucceſſeur Guilläumen’eufi ?d’vne fille", ſſui ſut maiiëe à ïR-ibhafd Clare',
Comte de Hertford,, qui eut trois ucceſſeurstle' a- Maiſon', mais le 'dernier eſtant
mort
eut' ſans
eſte' enfans, Hue&Andeley
pEdu,Hugues le Depenſier deuint
receu: Comte de Gloceſtre.
de ,tibreïdſſidoüard Or a resllîlPel.
-l ljI :epuis 'Ricxlnaî-d ù-“l
rigea en Duché , enfaifant premierDucî Thomas de _oodſtoke ,- _Çomte ſide -
Buckingham, le plus ieune fi SÜMOÜardII-_Dapresle deceskiuquellerneſme Roy
donna le titre de ComtedeGloceſtre à' Thomas le-Deſ *encrer 5 qurgfuiï executé
bientoſt apres ſous Henry IV. puis Henry V! crea ſecon Duc de GloceſtrofÎ-Ium.
fred ſon ſrereÿelîroiſieſmqôcffiiÿmîer DËÈffitÏacI-hläitd; frere du Roy Ed_puard IV'.
_ q uiQuant'
S’empara u Oyaumefflc
àlaville -tnomm
de' Gloceſtreelle _ i_c _r - ar. vii
eſt gouuernée '-1' Maire
-l ,‘ deux Vicomtes ,
ÆÆÆ$WmMÆËMMË®e®®®®
o , s. p ~ -- > -
Au reſte ceux de ce pays ont cepriuilegequele' Roy neiouyt des biens des con'.
damnez que durant vnan, 8c vrriour; apres' leſquels tout le bien retourne aux
'plus rochesdlïritiersêſcontre la couſtume quisbbſerue en toute l?Angleterre I,
pour eregar es con cations. _
I
ñ~ HEREËÔ RDsHfiRE…q
Noms. J \ À A Comté de ï HE REF OR D,compriſe autrefois dans les limites' du pays cm rien Bric,
- l_ 4M de \Yſallespu Galles,8c nômée au vieil langage de l’l fle E REINVC, fut 59°” T***
'~ l'ancienne demeure _de ceux que Ptolemée &Tacitea pellent _SI LV RE_S',
qui ſurentvaillans , impatiens de ſeruitude , 8c fermes , ou plu ot obſtinez 'ehî lghrd
teſolutions , en quoy leurs ſucceſſeurs, habitans de ce payS,les imitent. _î --i \ 1
com., Elle confine du Nord au pa S de Shro shire 6c de Worceſtre ,- duſiCbubhant au
Brechnochshire, 8c Radnors ire î du F/lidy au Mononguthshire : 6c du Levant
artie au pays de Worceſtre , 8: à celuy de Gloceſtre , duquel elle eſt ſeparée par'
es montagnes qu’ils appellent Maluern Hills. , _ l ' _ '
Eliendne. Le tout de cette Prouince eſt de 1'02. mils. Elle eſt diuisée en onze Hundredes , 8c_
ill-Ji” 76. Parroiſſes , où Ion voit 8. villes ,~ ou lieux principaux de marchez , 6C foires. Sa
ville capitale eſt HEREFORD , baſtie des ruines de l'ancienne ville D’A R I CO
N [VM , aujourdhuy
. eſloignée au Leuant deKencheſter'
quelques5.,mils
ruinée par de
d'Italie vn l'ancien
tremblement de terre;
Ariſiconium Elle eſt
: du 'dernier
point d'Occident de I7. degrez zo. minutes, 8c de .PEqUateUr de 52.. degrez 2.27. min.
&s'eſt conſeruée l'ancienne enceinte de ſes murailles , qui ont I500. as de tour , 6._
portes , 8:15. tours. Elle eſt entourée de' belles prairies , de champs Fortjſertils , 8C
preſ ue de tous coſtez de riuieres , entre autres dela \Vye , qui vient du pays de
Wa les. Cette
contraígrut les ville fut autresfois
Seigneurs voyſins ſipuiſtante qu'au
de payer tous les temps
ans vndutribut
Roy Athelſta elle
de quelqques
oyſeaux , 8cvilles,8c
Les autres chiens de chaſſe:
lieux &de ontBRAMYARDzKYN
de trafic lus zo. marcs_ d'or , ôczoo.ETON:
d'argent;
LE SMTERſſ
ſur le \Vymommée par ceux du pays de GallesLîHANñ Ll E NT , à cauſe du beau K _‘~
lin qui y croiſt : mais renomméeprincipalement â cauſe delà laine , qui eſt des lus
fines , LYD BVRY , nommée par_ que ques \ins LEDBVRGÂ affiſe ſurle Lid en: -ct~—n‘_
‘m5…”_
____d
r:zg..'~ _4
PEMBRIDGE; ROSSErenomſimée à cauſede ſes forgerons -, 6c \V EBLEYË -
Riuitres. Les riuieres de ce pays ſont le Wyñ, ou la WYE 5 le LV G' , le MVN OW , 8c le j
LlDDEN. ſ ' ’_ _
Æzlité,
L’Air de ce pa seſt ſain ,Sctemperé , au regard deſon affiette. Il a ſes champs
fertils en bleds, ont ſes habitans font vn painexcellent: force belles prairies , auec
quantité de brebis qui s'y nourriſſent z pſufieurs riuieres qui Parroſent, 8c Pengraiſ
ſent z 8c vne fontaine , appellée Bone-Well , pres de' Richards-caſtle , oû lon trouue
cousjours de petits 0s de poiſſons, combien qu'on les en ſorte, 8c qu'il ne s'y voye
aucun poiſſon. En fin ce pays eſt des meilleurs de l'Iſle , où lon Yoit meſme vne_ Val- _
lée , nommée par ceux de Galles D IFF RINDORE, 8c parles Anglois The ilden
' Vale c'eſt à dire Valée d'or , ou Valoire , comme on appelle , en Daufine' -ceïle où
ï. ſ \ e
_ _ _ ‘~ 0- y
.ç_
1"* i ‘
ſ VVotceſter-Shirel
x …geo _
jddemeugeyquia ſes collines des enuirons reueſtuës de foreſts: puis au deſſous des
champs ſerti sau poſſible, de bellesrprairies , 8c vneriuiere fort- claire qui court au
milieu. !WI-fon trouue' auſſi du ma re-non gueresñzloin de là prés du Chaſteau de.
Snothil. . ' * l, ſi:. ~ -ſ-ſ_ - ,Mv
' *Ce pays fut compris entre ceuxde Valles ,auant la venuë de Guillaume le COW"
_Conquetang 8c fortifié contre les courſes des Anglois;ptiis_.eílzant mis entre leSPro... “““°“‘~
nin-ces d'Angleterre, fut fortifié de Qhaſteaux-cohtre ceuxde Valles. Il fut lon;
Q uement ſoumis aux Bohuns , qui enfurent-Comtes; puis_ Henry de Lancaſtrqqui
?ut apres Roy, en fut fait Duc. ,Apres cela les StafljordS-Ducs de Buckingham Por;
,terent le tiltre de Comtes de HereFord : 8c de noſtre temps le .Roy Edouard V l". ho
~ nora du tiltre deVicomte de Hereſord Gautietudîííóuteux, deſcendu des Bohuns
par les Bourchiers*:
&Eſſex- l a 6c la Reyne _Elizabeth
ſ ,:- creaäuflîzdepuis
î l-ixfi, . l ſon
r petit fils-Comte
UV_ g_
Want àla ſſville de Hereſord , elle eſtgouuernéelpar vn Magiſtrat annueLqui-.eſt ,
_vn Maire, pris du nombre de trente &vn Citoyen-s @qu'on appelle communement
_PEleOçiOn z 8e touſiours depuis cognu par lenom cPAlderman , &Lveſtu de-pourpre.
_Ilya quatre Anciens de ces trente ôevn, qui ſont Iuſticiers_ Royaux de z
che dela maiſon Royale de TIGHN E-LL , ou_ TIIÇENHAILL , que He . - VII. z
baſtit
Warpepour
:D RleAPrince
ITW IArtus
CH-E ſon
, oufils: BRQMGRQWLquBrqmeſztaue
Droitwjch ſur* a Sal- .
ſur lalmeſiſine riuiere: EſſVESHOl-.ME,
nommée par -Camden E O V E S H A M , ſurPAuon ,JKIDDERA MINSTER, .
artagé
STON, en STVRB
deux parRID
la petite
GE riuiere de Stoure
ſurla Sſitoure, : PARSHOR,
8C V_PTON ou Pershore',
ſur la Seuerne. » ñ SH l
pays; le Ritter”.
Ses Riuieres ſont la SEVE RN E, ou Sabaine , qui paſſe par le milieu du
TEM, la SALWARPEM la STOVRE. ’ _ñ i " . . , ~ d,,
L’Air eſt agreable 8c ſain, 8c le terroir ſi fertiI, qu’il ne cede à nul autre de cette V
Ifle, eſtant abbreuué de pluſieurs riuieres qui lengraiflent , 8c luy. ſont produire
quantité de bled. Il ya des fontaines \d'eau ſalée en_ luſieurs ' lieux , paruculiere-ä
ment trois prés de Droitwich, dont lon faitz enlacuilgntgdu ſel extremement bläc,
CC pays eſt-auffi reueſttt de belles foreſts , principalement de celles de Wyre ,’ Focñ
kènhafiLNorton, 8c Maluerne. L'on yvoit de touscoſtez despoitiers, du fruict -
- -ñ-rv* "\
COMTE' DE VVARXÎVICH_
7,; — A Comte' de ï \YÏARWICK en Anglois WARW/“IÇH-SHIRE , qui ËÈÏJW-ſi
ſut auſſi le ſejour des CORNAVIENS , aboutit du Nord_ au pays de .P ſſ '
»Als-any
…v D… a _
Stafford , du Couchant à celuy de \Vorceſtre 3 du Midy à ceux d’Oxford,
. 8L Gloceſtre; 8c du Leuantà ceux de Leiceſtrc , 8c de Northampton. '
roma..., Sa longueur du Nord au Sud eſt de 33-. mils 5 ſa largeur de l'Eſt à I 'Oueſt de 2.55 8c
Dïïïſiïïn- ſon tourentier d’cnuiron'i35. Elle eſt diuiſée en 9. Hundredes , 8c 158 Parroiſſes , où
lon voit 1g. principaux lieux de trafic. On la diuiſe encor en deux parties, qu'ils ap
pelèent FELDON , &CWOODLAND , c'eſt :l dire Pays champeſtre z 8c Pays
Lieux.
- de SaoiS. . , . ,
principale ville , bien qu’ouu~erte, 8C ſims murailles , eſt WARWICKE ,ſi
nommée en Saxon \VARRYNGWYC , 8c au vieil langage de l’lfle CAER'
GV ARVIC , 8c CAER LEON s aſſiſe ſur l’Auon , à 18. deîgrez , 45. *minutes du
premier Meridien, M52. degrez 45. min de l’Equateur. ‘ ‘ _ _
La ſeconde ville de ce paygtenuë par quelques vns pour la premierqeſl:
TREE, ou COVENTREY , nommée aux decrets des Papes , ôcſiaux hiſtoires COV IEN
i o
ſel, 8c reſtreint auec le ſuccre ,- Ze conuertit Ie bois en pierre. Son terroir eſt des
meilleurs, 8c des plus fertils en bleds; R ce pays a Force foreſts 8c quantité :le belles
rairies , dont l'herbe nourrit vne infinite' de brebis. Il y a pluſieurs mines de fer. au
gays des bois; 8c lon trouue la pierre Aſlroitczl Shuigbury. _ ’ —’
l Coiincr- Depuis la venuë des Normansla Comté de Warwick ſut ſoumiſe à la maiſon
"ëîîëffl- de Beaumont, qui en porta longuement le titre ; uis Alix heritiere de cette Comté
en portalc titre en la maiſon de Beaumont, où el e ſut mariée. Il y eut de cette race
6. Côtes , 8c vn Duc, à ſçauoir Henr , créetel par Henry Vl . 8c finalement ce titre
ayant demeure' quelque tëps vacant epuis Henry VII. le Ro Edouard VI.en ho
nora lanDudley ,deſcendu dela maiſonde Beauchamp ,qui ut execute pourſon
ambition ſous la Reyne
ſon fils Ambroiſe, Marieſans
qui deſſceda z puis la Reyne Elizabeth rcſlrablit
enfans. ‘ eh cette ~ dignité
!O2 , Northamptſion~—Shírc.
(Lanta _la 'ville de Warwick, elle eſt goùuernée parſivn Baillifeleu tous les ans,
par 12.. Confreres ; 8c 2.4, Bourgeois , quÎon appelle le Conſeil Commun. Pour (le
YCgflſſJl de Couentrygelle obtint de Henry VLde ſe dire Comté particulierqſeparée
de celle de Warwich ,- tellement que ce Roy eſtablit au 'lieu de deux Baillifs des
Vicomtes,
r...
,ſſNORTHAMPTON-SHIRE.
,Là-ez A Comté ² deſi NORTHAMPTON ,en Saxon 'N O RT H A- Noms.
ſi* " ' ’ſſ FEN DON SCYRE, &NORTHANTONSCYREæn vul
H ~ , gaire_
de ceuxAnglois NORTHAMPTON-SHIRE,demeureancienne
que Ptoleméeapſipelle CORlTANI; quirindrentſiauffi les
.‘ ’ ‘-'~’—=-"" '
‘ ays de Leiceſtre, Rutland,LincolnqNottinghamfldcDerbi,c0n- Confinëi
“ ' ſi² ~ſi hpne du Nord au pays de Lincolnc; du Couchant à- celuy de War_
‘ ï wick, dontil eſt ſeparé par le chemin militaire des Romains , nommé Walling
ſtréenôc parles riuieres du petit Auon , 8( de Welland z du Midy aux pays de Biſe_
lçingham., 8c &Oxford ; 8C du Leuantâ ceux de Bedford , 8C de Huntingdon. *
Sſſa longueur eſt de 4.6. mils; ſa largeur de pres de zo. ô( ſon tour de 119. Elleſſcſt Efimduc;
diuisée en zo-l-lundredes , &c316 Parroiictles , où l’on voit dix villes marchandes. Diniſiou,
'Saville capitale eſt NORTHAMPTON ,aſſiſe ſurle Nen ,kâ I9. degrez , 4.0, Lieux.
min. du premier Meridien, ê( 52, deg. 36. min. de Pñquateur: ſon tour c'eſt de zlzo,
pas , 6c ſes maiſons ſont belles -, 8c des mieux baſties. ſ
La ſeconde, que pluſieurs ticnnentpour premiere , eſt P ET E R BV R G H , ou
Peterborougafliſe auffi ſurloNempresdu lieu où ſut la ville de Medeſwellhamſted,
ou Medeshamſted , auec le .lac de Medeſwell d’incro able profondeur. —_ ’
Les autres lieux principaux ſont B R AC K LEY, vil e autresſois des plus' renom..
mées pour ſàricheſſe, 8c ſon grand trafic de laine; DAVENTR E E z HlGI-IAM
FER-YES ,ou F ERRER S , ville iadis des Forgerons , affiſe ſur le Nen z KETTER ,
OYNDLE- , ville agreable auffi ſurle N en ;TH R APSTON , ou Torceſter, priſe *
pour TRlPONTlVM &Antonin : &c \VE LL ING BOROVGHS auffi ſur la ri;
uicre
i? deNcn. ~ —
ldevcâſÃräLAVFONlàvulgairement -
N EN , FOVSE 5 le Petit mains; ſyi
, a ſon
Ce pays e air ſain, 8c temperé
. — ; ſon terroir fertil en bleds_ , des fſioreſts , des
. . prez' …ké .
8c des paſtiz , auec vneinffnitc' de brebis , 8c force venaiſon S principalement en. la Q' i
foreſt de Sacy. ñ - v ' y
ll ya eu 8. Familles illuſtres honorées du titre de Comtes de Northampton. Mais l
. . , . \ _ G n c3,
en fin cette digmtc eſtdemeurée en la maiſon des Howards ,. Want a la VlllC ncïeäæ.
f a ~ -
de Northampton elle eſt gouuemee par vn Ma1re,ôcdeux Ballllſs,flfflſtcz de zz,
Anciens. .
I* ſi --~—-—-——-——-—ñ~ññ—_.._
HVNTINÇDON-SHÎRE.
j ſiſſzg, A Comté deb HVNTINGDON, en Saxon' HVNTEDVNSCYRE, .
1,5 demeureancienne de partie des [CEN ES , a pour ſes confins du Nord le ‘
'ELÏËÎIÛ-,ſpays de Northampton, qui Pauoyſineauffi du Couchant : du Midy celuy
ſi deElle
Bedeſt0rd : 8c duenLeuant
diuiſée celuy de Cambridge.
4.Hundredes,ôc - où lon trouue DM , *Î
ſousdiuiſée en 79. Parroiſlſies,
cinq lieux principaux ,auec priuilege de foire, 8c marche' , outre la ville capitale ſi w
,- de HVNTINGDON
l'ſiQuſe , oubeau
, ſurlequcl ilyavn Hunctington —, en Saxon
ont de pierre. HVNTANTON
Mais cette ville a ſouffcſc,affiſe
tant ſur
dc
ruines ,ſiqu’il n’y reſte que 415g iſes de 1 5. qu'elle en auoit.
_KVTLAND-SIÎIIlIEſ
No… ſ E RVTLANDæen Saxon ROTELAN D,qui ſur vne partie du pays z 34m4..
confia'. des anciens CO-RITAIN S,8cqui eſt auiourffhuy la plus petite coſi.- Speed. ſi
-té düflngleterre, ioínt du Nord celle de Lincolne , du Couchant celle
dea Leiceſtre
p-tonpar ; 8c dude
la riuiere coſté de l'Eſt, …8Cſ du Sud eſt ſeparée du N Orrhamz
Welland.
ganz..., Il eſt de forme circulaire, 8c ſon tourde 4.0 mils eſt tel,'qu’vn homme _de cheual
bien monté
milgôcſa le peut
largeur de faire
l’Oüeſtenvn iour.deSa
âFEſt londgeueur
prés neuf]du Nord au Sud eſt de' prés
^ ' de — r2. _
p;..~..*...._ l-l eſt diuiſé en cinq Hundredes; 8c ſous diuiſe en 4.8 Parroiſſesà où lon ne trouue
que deux lieux de trafic, 8c de marché, qui ſont OCKHAM agreable ville 6c gran…
de qui fut autresfois Vniuerſité , voire la premiere de cete Ifle: ayant ſon affiete
efloignée de 19
ſept mifiiuutes de degrez 4.6 minutes
?Equateur de Fextremitc'
, 8c VPPIN de l'Occident;
G H AM , qui 8c de 53 degre:
n’aſſrien de conſiderable que,'
ſontra c. — —- ~ ~ . V-'ñ . _ :Hz:
iíukm_ Sesriuieres ſontleV/ELLANDJC CHATERzôc IEWASH, ou Guashz ſi--î-Ï - i?
Vaud_ L'air de ce pays eſt agreable, &c ſain, peu chargé de brouillards eſpais, 8c peu fiÎjetf -
au chaud., ou Froid exceffif. Sonterroir eſt gras 8c ſertilſien bleds, autant 'quëauèurf
autre d’An
“grand nom leterre, 8c arroſe' de pluſieurs ruiſſeaux.
re de bœufſisſhcdebrebis. u* ' l 'tlly
. … a: force
,ç e , foreſts', 8c p~aſtis ,ôc
- . :j
Gonuer- ï Le premier Comte de Rutland fut Edoüard 'fils alfiré d* Edmond" de Langlëÿ
"°”“““' DucdYork, creé par Richard dcuxieſmeîſpuisſi' DuèïÏ-Yorkapres le-decésîdeſon
pere-Long temps apres 'Edoüard fils de Ric ard Duc' d’York enſi fuñlauffi Comte.
Einalementle Roy -Herpnyïhuitieſme fit Comte de Rat-land Mâfflïâutïsſſî;
en la maiſon duquel cet honneur eſt demeuré. ſi ñ' ſi
ë .nr- , —. _ ,,_,,.,,-.,_.. ., ,__ r i ſi' 'UP
îî. …W . ,,_.;…._5,.,.
\ . REsmais en vulgaireAnglois LIE-ICE5TE’R‘—SH'LRE,Îqui²ſiltiinèſidäs SPGÛTNW
â-7- VProuince des -CORITAINS, iointdu Nord' laî Comte' de Nottingham!
de Rutlandzrôc Lincolnc.
du-Coucha-nrlcelle ſ ~ í du Midy
de Wat-Mc, 'v' 1e
.-’_ UNornhamñpmn
.Î a ñ. ï :-ZI .Y, 'ZE
3.'du ÊLeuant
:E, - ï: ..v1.11
les-~ î 'PU
Díufflofi_ '~ Sa longueur de"l’~îEſt à l'Oueſt eſt deg() mils 5 ſa Iſiargedndé LÔÛISË ſon [Îaurdfenuſſlÿ
Lieux. ron. 190.' Elle eſt diuiſée elflfixlflundrëdeà ſi,‘ ôtioo Paroiſſes ,oùlónïvóic
pnncipauxlieux-de trafic, &dcmarché; ~ .îlï ~‘- '.. . rc. z Fi' é). l. I \ï 3 z- i. il» 3-.: *'5'
Europe. I — Dd
l
&(3,74 ComtédeDarbyſi; '
Sa ville capitaleeſt LEICESTE R, nômée chez les antheurs LEG ELESTRIA,
LEOG O RA ê( LEG EOC ESTER , affiſe 'ſur la riuiere de Soar; efloignée de 19
degrez vin gt-deux minutes du premier M eridien , 8c de PEquareur dc cinquante
trois degrez, quatre minutes, -autrefois ceinte de fortes murailles, comme leurs rui
hcsle teſmoignengmaisâpreſent toute ouuerte , &toutestois auſſi belle , qu'elle
roiſt ancienne. Au reſte les plus ſçauans la prennent pour celle qrfAntonin nom.
me RATÏÆ, ê( Ptolcmée RAGÆ. _ _ v
Les autres villes, 8c lieux principaux ſont ASH BYE , BOSWO CTH , DVN
NINGTON, HAL LATON, H AVERBVR G, nommée_ vulgaircment HAR
' B.O RÔWMliſe ſur le Welland, LlTTERWORTl-Lou Lurterworth, où \VL
clefeut charge de l'Egliſe, 8c ſema ſes erreurs z LONGB OROW , cn Saxon Lei
zanburge, ville marchand e, tenant le premier rang apres' Leiceſtre_1 8c roche du
lieu oùle Soar ſe rend dans laTrente 5 MELTON zMOTSOREL ſur e Sozír , 8c
WALTH AM. _ _
Ses riuieres ſont le petit AVON, le \V E LLAND, le SO AR, 8C la TRENTE. Rffimfi
Ce paysioujxr d'vn air doux, \Erin 6c têpcré,qui rend ſes habitans de longue vie,_& 'Qgahióſ
ſon terroir reduit aſſez bonne quantité de bled. ll s' trouue force charbon de
pierre à Co covertonzôc
ctLutterworth il. y a vne àfontaine
Barrowſilon tire de
froide la terreôc
qu'elle e Fortdans
conucrtit bônne chaux.
peu Prés de
de temps le
bois en pierre. Au reſte ce pays abonde en brebis, de meſme que les autres.
@eux de la maiſon furent premiers' Comtes de Leiceſtre , depuis le temps des comm;
Normands, enuiron l'an no: ; puis ceux de Montfort , puis cet: honneur paguinc à ncmcntſi
la maiſon de Lancaſtre, 8c finalement de noſtre temps âcelle de Dudley ,ſous la '
Rcyne Elizabeth. - -
COMTE' DE LINCOLNE
a Camd. Brit; ſiA Comte' de ï LINCO LNE nommée en. ſſSaxOn LINCOLLSCYRE, 8c N m ,
Speed That. '.~ par l'es Normans, à leur premiere entrée NICO LSI-LIRE , vulgairement cïngiſſſig
. LlNCOLNñsl-IIRE , ioint du Nord le bras de mer de PHu-mbre; du &WMI
Çpuchant lepaYS de Nottingham z du Midy le Northampton , 8c du Leuanc l'O
çcan Germaniqiie.. ' ' . '
.~ .Sa longueur priſe du Nord au Sud--eſt de 55 mils Anglois , ſa largeur de 35, 8c ſonPiniüï-nê
tour d’enuiron 180. Elle eſt diuiſée en trois parties, dont1'vne appelle-Ie LIN DSEY
‘ ſe ſousdiuiſeem17Hundredes,l’autre nommée KESTEVEN en onze , &c la troi
fiefine,
tiennentnommée HO LLAND,
630 Parroiſiſiegoù ou HOIL
lon trouue AND
zo villes en rroigôc toutes enſemble con
marchandes.
_ Sa ville capitale eſt LIN CO LN ,nommée par Ptolemée , 8L Antonin LIN Lieux;
' DVM,par Bede LINDECOLLIN A, parles Saxons LINDOCOLLYNE , 8C
par les Normans N ICHOL,ville fort ancienne , mais autresfois plus magnifi ue
qaïàlpreſçnpcomme _celle qui de cinquante Egliſes-qu'elle comprenoit, n'en a plus
. ne eize. Elle-eſt affiſe ſur. la- riuiere de \Vitham , à. vingt degrciz , dix minutes
3m -premier Meridien z 8c .cinquante mois degrez , cinquante 'minutes de _l-E
quarcur. - -
' TON,Lesoùilya
autres villes, 8c lieux principaux de cete Prouincc ſont A LFORD , BAR
vn traectſort rſſenômé àla Prouince d’Yorck; BECKINGHÀM; î
BOSTON, ſur l_’em_ ouchurc du William, ſurlequel il ya Yu pont de bois , belle
ville, fort niſiafchande', «Sc-renommée particulierement pour_ la hauteur extraordi—
naire dela cour de ſon Egliſe, BOVRNE ,bu BVRN E , BVLLINGHBRO OK,
BVRTON, C ROW LAND, bonne ville, bien que parmy les eſtangs , 8c appro
ſ éd..) ,z .chante deïîlïſffletteîde DAVDERBY; DEPPING ; DVNXNGTON;
ë‘ =~"²ſ”"'.'~ **il ñ-.EOL KINGHAM, delamaiſon des Clintons : ou Gaineſborrow ſur le Tren:
ÃLPSNFO-Rlxou GlïſordbrigezGRANTl-IAM ſurle \Virhnmz- GRIMSBY;
furie Bam; KIRKTDN… auec vnc rrjes belle Egliſe: LOVTHË,‘OU Louth, proçhe
de la riuiere de LudzLYM BERGHÆAVN TON ſurle Within, ancienne ville,
priſe [boude-AD PONTEM dUÃ-nvónſhs QÎLAPLÛÜEÛ MARKET RASÏN 7
chedelaſhurcedÙAni-:am: S A LTFLEET; _SLEFORD , SPALDING ſur le
elland 5 SPILLSBY_ z STAMFORD- ou Stanford , auſſi ſin* le Welland s
d'
q”
396' Comté de Darb
rowg, ſurle Trentzpriſe pour.L’ A P ELOXV M , ou SEGELOCVM d’Antonin;ſſ
MAVNSFIELD ., Ou Mansfeld ;NEW A RKE , ſur leTrent; REDFORD;
SC R OBY petireville de ?Archeueſquc d’York,aſſîſe ſur la FrOnrierq-SOVTHV_
V ELL, proche de la meſme riuiere deTrencz 8C WORKS OP renommée pour la.
regliſſe qui croiſt dans ſon territoire.
SÎes Riuicres ſontleTRENT, le LIN,Ie S-NITHF-,z LîlDLE , 5c I’ER\VASH, Riuicrcs.
qui ſe rendent toutes dans le Trent.
L'air de ce pays eſt aſſez doux, a greable,
_ 8C ſain,8c ſon terroir, partie ſablonneux, 031M.
partie argílleuzgeſt riche en bled, herbage, 8c foreſts. Il y croiſt grande quantité de
regliſſe ,ôc lon y trouue force charbon de pierre , 8c de Palbaſtre , tendres. Ilya
force claims, 8c cerfs dans ſes foreſts ,SC comme vne infinité de poiſſons dans ſes
riuieres;
Ilyeut premierement des Seigneurs de Nottingham ſous les Roys Normans; Gouuer;
puis des Comtes , meſme delamaiſon Royale, &finalementPan mil cinq cens “WMV
nonante ſepgla Reyne Elizabeth honora de ce titre CharlesHoW-ardgrand Admi_
ral d'Angleterre.
(Yann à la ville de Nottin_ am, elle eſt gouuernée par vn Maire, fix Aldermans,
ou enateurs, 8c deux Bailli
Z |
Vi Îfflrfl ï' ~- 'Rue11
1*! .Oſí -~ . u
~ x _ Comté de_ Stïfford. ~3ſſ~o'7:~
ÏLDIJŸÎW ..' \'.'Ël~';(:‘*' "‘
i .-'.z:;c 'Li' ‘, ‘ —
_. CO _MTEſſ DE ?ST-AFFORD , MAINTENANT BÊARÛ-NNIEI ~
9…,...
leDU, coſté du Nord il y a des montagnes., qui commencent enïce pays , 8c vont par
gm. milieu de l’Angl~eterre,-iulctqu’en— Eſcoſſe , changeant de nom en diuers endroits;
Caren ce pays ſioſſîn les nomme MORELAND, puis PEAKE , puis-BLOCIËSTO;
NEDGE ,puisCRAVEN,STANMORE,ôcfinalemencCHEVlOT. ' ‘
Il ya luſieurs riuieres qui-partent des montagnes de ceï pays , mais les principal
liuiercs.
les ſont aDOVE, la HANSB ,le OHVRNET ,le TEYN , &c le BLITH ,outre
le TRENT, qui les reçoit cout-es.
ôcdelaPENKE... il Co‘.pays ”eſt encor
- arroſé
' dela
~' TA ME,du
- ſ 50W,' .
Qualité.
L'airy eſt ſain, mais ſubtil, 8c Froiden ces montagnes , où les nei es durent lon
guemenLLe terroir de ces montagnes eſt ſterilezôc celu du milieu u-pays couuert
de foreſts 5 mais le coſte' du Midy eſt entierement ſerti en bled , 8c plein de bons
paſturagespii
de Palbaſtre, duleshabitans nourriſſent
Fer, du charbon force
de pierre brebis. Lonpoiſſon
, 8c quantitéſide trouue dans
encorcn ce pays
ſes riuieres,
principalement dans le Trent. _ _ ~
Gouuerd- ' ~ Cepays eut premierement des Seigneurs, qui porterencle titre de
²"““‘- de Comtes , tous dela maiſon de Stafford,de ms Guillaume le Conqùeranigfic Barons; puis ct
î R obert de Stafford; premier Baron de ce pays. Blais ils ont repris le titre de Baron,
eſtans decheus de leurs grands moyens , apres auoir meſme eſté Ducs de Buc- v…
kingham. . ' ſi; '
Laville de Stafford eſt gouuemée par deux Bailliſs annuels , 8c par le Conſeil
commun de n. Affiſtanspu Aſſeſſeurs. Lonytient auſſila Cour du Record, où
lon iuge les procésſians limitation d’aucune ſommaPour Ie re ard de Lich-feild,,il
ña deux Baillifs , 8c vn Vicomte , elleus tous les ans du nom re de vingt-quatre
Bourgeois. ' \ _ ~‘
K—
SHRÔPSHIRE
E SHROP-SHIRE l' , nommé ſipar les Anglais SaXonsS CI RYPS~ ‘ çffldë":
ſi'wëflï
WIP_
2535:5, CYRE , 8c SH R OBBESCYRE , 8c par les Latins COMITATVS "Ê"
Eſtendnë S ALOPI EN SIS, ancié'ſejour de partie des CORN AVIENSzabOU;
tit du Nord à la Comtc' de Cheſter; du Couchant à celles de Montgo
mery, 8L Denbigh; du Midy à celles de Hereford, \Yſorceſtrefic Rad
norz 6c du Leuant au pays de Stafford. _ ' — .
’ Europe. D d _iij
I
…o-..çïr 'd' 4*'
.308, ~ Shropshuïsñ. ï Y- ~ ~
- Sa longueur priſé du Sud au Nord eſt de 34. mils Angloisñ, ſa largeur de 24; 8c tout Diam,,
ſdn tour de 134.. Il eſt diulſé en r5 Hundredes, 8c 176 Parroiſſespù lon voit 14. villes '
marchandes, _ . . . . ., . . . _ . .
~ Sa-capitaleeſt SHROWESBV RY', nommée parles Latins SALOPIA ,par Lzffl,
ceux du pays de \Valles autresſois PENGWERNE, c'eſt â dire Gheſctvne Aul- _
: _ ' . ñ: ñ W5; ;ñ_ &z maintenant ,YMYlTl-"IIG z; 8c par les Normands SCROPESBËZRY,
"~ ñ' 'Ti' SLQBP 55h11; RY, 55S_ AL_ OP.,nee des ruines de l'ancienne VRICONIV Elle
~ @finiſſe ſur lajseuerne ,à zo degrez , 37 minutes du premier M eridien z «Sc 53 degrez,
, . :Qminutes de,lŒquateur ,ceinte de murailles aſſez fortes , dont. le tour eſt de 1700
. Pas;- 5c des plus marchandes , comme celle qui reçoit toutes les commoditez du'
pzyzde alles-s- eſtaat-peuplée d'Anglois, 8c,deWallons, qui _ſe ſeruent des deux
american..., U “ - … — 4 "
LËS autres principales ſont BRIDG ENO RTH ſur la Seuerne,auec des ſóſſez 6c
des; murailles ,BlSHQRSCASTLE z ſiege au-tresſois' des Eueſques de Hereford ,
CLVN [url-e Clun,, demeſme quelaprecedente, DRAYTONËLVDLOW ;au
Iäÿge du pays de Galles DINAN,pr0che de l'aſſemblage du Coruë, ô( du Ternd:
çenomméeàcauſe du Conſeil des Marches, que le' Roy Henryó-y eſtablit: NEW
PORP: , :OSWER BVRY s OSWESTRE Y ,au langage' du pays de Galles
C ROIX OSWALDE, petite ville ceinte de murailles, 8c foſſez, &cfde grand tra
fic,, principalement des draps du pays de Galles; PREESÆ HYPTQN; TON GE; '
WELLINGTON ; \Y/ENLO CK, renommée ſous Richard deuxieſme pour ſa
mine (Parrain, 8c maintenant pour ſa chaux, 8c W HITCHVRCH. '
- ; *Ses Riuieres ſont la SEVE RN E,, principale de toutes ; leTEMD , nommé par moines;
çeux du pays de Galles TEFIDIAVE: le CLVN , nomme' parles meſmes C O…
'LV-MWY :le CO RVEJa RE A,laTERNE, &le ROD EN.
- --Cc pays iouyt d’vn air agreable, 8c ſain.. Son terroir eſt rouge , 8c fertil en bled, 8e Lainé.
arroſé depluſieurs eaux. Il a Force prez, 8C paſtis :beaucoup de ſoreſts, des mines de
, ’ ‘ ſi fcnôcdtxcharboiide pierre.
< Guillaume le Conquerant fit premier Comte dece pays Roger de Beleſme , ou c……,,;.._
Montgornmery, qui laiſſa ce titre longuementà ſesſncceſſeurs 2 uis Henry ſixícſ---Wïï‘a'
mole-n'ait dans la maiſon de Ta-lbott, qui en iouyt erícor auiourd* ny. '
,‘ -Le Roy Henry ſeptieſme eſtablit, à Ludlougàxcauſe du voyſinaqc du pays 'de
Galles, vn Conſeil des Marches, compoſé 'd’vn Preſident, d'autant de Conſeillers
. qu'il plaiſt au Roy,d'vn Secretaire, d’vn Attotnc' ,Chin Solliciteur , 8c de quatre lu.
fiiciers des-Comte: de Galles, ou Valles. L
-ÏCOMTE- DE cſiſiiÏiEsTE R.
_ A Comté
mée de* CHESTER
en Saxon demeure departie
CESTRE-SCYRE, des CO
8c en vulgaire R NAVT
Aſſnglois ENS, no'-
c HESî-SHL ËZËL.
1"' ;= R E, p( The County Palatine ofCheſter , c'eſt a dire la Comte' Palatine de
pource que ſes Comtes auoient -autresſois les droits des Palatins: auoyſi
ne du Nord la Comté de LancaſtregluC-ouchant celles de Denbighgôc de Flintzdu -
Midy le Schropshire: 8c du Leuant les pays de Stafford, 8c de Darby.
_ ſon
Satour
longueur-de l’Eſtà
d’enuiron 14.1. l'Oüeſt eſt de 4.7
Elle eſt diuiſée enmils: ſa largeur du, 8C
ſept Hundredes Sud au Nord deoù
86ParroiſIes, 26,lon
Gt °‘“ſſ“‘°“'
Meudon)
nomfiiéëpär ceux pays de Valles I-I ELLATHWEN; Ceſta_ dire Salin blanc,
à cauſe -ëuïſeiqui sîy-'fait , ôèîpar--les Latins- VICV? MALE ANVS z' NOR;
_ THW PCI-Lnomfnéë par ceux- dîeWalles HELLATH DV-,äeſtà dire SalinNoir,
aſliſèîſſiiirla meſmeïduiëxedëvçïeùſex; SONDBACHE z' _STOPFO-RD 56C TER
VINMUTErUenL' ~² ' 3" ~ î ' ~
xiuieres- _J LeslKiüÎCTCÈ de æfe Prouinceſónt le \VEVER ,le MERSEYJa D EE; le DAN, . l
lezBQlîLlN ,leCRQCÆcle-Peuer.
quel-e _ de hauteur de pole, ſoit vn peuct
climat 'de ce *pays , quia 54. degree
Qualité.
froid ;toutefois la tiedeur de a Mer dffrlandey fait pluſtoſt fondre la neige , 8c la
glace, qu'en d'autres pays qui en ſont plus eſloicnez. Il ſy trouue des fontaines , 8C
puys d'eau ſalée ,dont 11s. ſont du ſel , principalement a Nantwich , Nortuſichz
' Son terroir eſt gm S, &c Fe-rtil z abondant en prairies , 8c paſturages , ou les habitans
nourriſſent quantite' de va ches, du laict deſ uelles ils ſont desv meilleurs formages
d'Europe. Il a force brebis; quantité dſoy eaux, abondance de poiſſon dans ſes ri
uieres, 8c ſes acs z 8c des mines de_ diuers metaux. ~
Main-t. Ses' habitans ſont des plus ſains, des mieux proportionnel, 8c d’vn viſage autant
ouuert quhgreable. Ils ſont genereux tout ce qui ſe peut, de fort bon naturel, 8c de
pencil eſprit z 8c lonëaſremar ue' qu'il n'y a Prouince en _Angleterre,d’où lon ayt veu
ortir autresfois
lqlſtres familles. 'tant
Want de No leſſe poux-aller
auitïſemmes àla guerre,
elles ſont des plusnybeclles
ui ſe.qu'on
ſoit veuë
voyetant d'il
en cete
'
Ieſi
Gonuer- Cete Comté fut tenuë ſuccefliuement par pluſieurs depuis le tem s de Guillau
ndnïnr- mele Conquerant, puis elle Fur vnie au Domaine de ces Roys ſous enry II l, ar
le decés ſans enſans, de lean, fils de Dauíd Comte de Huntingdon : 8c de no re
temps Henry fils aiſné du Roy lacques adjouta à ſes titres de Prince de Galles -, 8c
Duc de' Cornouaille, cel uy de Comte de CheſtenAu reſte cete Comté a de noſtre
~ tîxmps Iuriſdixcîtion Palatine, elxercée par vn luge particulier , deux Barons de l'Eſ
c i uier, vn icom te, &C ue ques autres.
(Ïant à la ville de Cheſtïr, faite Comté ſeparée par Henry VII, elle eſt gouuer
né par vn Maire
l 1 maſſuëſhc annuel, au deuantSenafeurs.
parz4Aldermans,‘ou duquel on porte par honneur vne eſpée , 8è vne
'.1
Co MT FËDE LANCASTRE.
:-z-fë._, tionmommée
A Comté de* aLANCASTRE a Cïind. Brie;
preſent au langa,aiitresfois
e communDuché de FortLANCA-SH
duſi Royaume grande reputa-l
l, Speed Tha-ng
_~. , ,’ RE s 8c The County Palatine of ancaſter , c'eſt à dire Comte' Palatineîde
Lancaſtre,en Saxon LON CASTER-SCYRE , ôcvulgairement au langage du
pays LON CLSH] RE: l’vn des pays des BRIGANTES , a pour ſes confins du
Nord la Prouince diYork ,leWe morland ,ôcle Cumberland , du Couchant la
H d __ Mer d'Irlande: du Midy la Comté de Cheſter , auec la riuiere de Merſey, qui l'en
DÀÈJÂ' &pare : 8c du Leuant en artie la meſme Prouince d’York,8Lcelle de Darby. Sa
longueurdu Nord au Su eſt de 57 mils : ſa largeur de zi : 8c ſon ,tour &enuiron 163.
Elle eſt diuiſée en ſixI-Iundredes, outre le pays de montagnes , &derochers , qu'ils
nomment Forneſſe Felles,ñôc les Libertez de Lancaſtre qui' ſont du coſté d u Nord.
Lon y!comte ſeulementzé Egliſes deParroiſſeputre les Clïappellészôcñij villes mar
chan es. ' 'î ' ’
l Lieux.
Sa capitale eſt
ſi anciennement LANCASTER , nommée
LONGOVICVM,aſſiſe par ſes
ſurle Lon habitans LONCASTER,
,à vingtçiegrez' , qparante huit
l
, , .
',
' l
. ' D m] ,
k
T'
r - _ſ _ '_ -4
l
3Mo c' Gom~t-ede Lancaſtra.
minutes du 'premiei-“Meridien : 8c 54. -degrez , 48 minutes. de-.PEÇPJ ateur, n'ayant .
rien de conſiderable que ſon Egliſqſon Chaſteau , ſon_ beairpont, urle Lonſhcies, ñ .
longues ruësä - - —_ . - , . _
La ſecondeville eſt MANCH ESTE R , appellee M AN CVN I-'VM par Antonin,
roche de Paſſemblagede-Fl rck, 8c de lÏIrwel , remarquable pour-ſa belle Egliſe,
'FO n College, ſon marché, 8c ſes ouuriers en laine, -_ r .j - _ , :jp,- ,
- Les autres ſont BLACKBVRNE. , ſurle Derwen ;BOVLŸQN z. BVR515,d ou.
:Bury ſur Plrwel ; COLNE; GAÎRSTRIŸNGE LLERPQQLE ,en Sa au_
SE R P OO LE , ſur Pembouchure du -Merley dansda mer ,d'où lpn- trajçç; zyzé_
_ment en Irlande-, ORMESC HV R C H ._, ouêmjçsjsîrke , aſſez _ñproclne du; ſida e
de la Mer;
&belle PR
ville E ST ON,-
, proche nommé communçrnenzjixeſtoning
dëÏâRible: ,Ariderne-(Iè,
ROCHED AL ſur la riuiereñde Rochegçizí e',
,ſi-VL.
_ VERSTON
PfflVlesu gWARRlNGTON
' . ſi eîñſî-'YV'
ſurle M - ï!" &FWÏGÂHÔLÏ;
'.---'Î'-"- ſm',ï1.5- Ÿíliifire
XLÏF- de— ,
a_ ~Ses Rziuieſſres ſont le MERSEY , L’IRWEL,.Ia.ROCHE,,zLËALT æ Le R13_ _ _ _
BLEz le D ERW EN,, le COCKAR, UIRCK, le LCN, ou-LVNE , le Dov- “‘““"‘²
a
LVLEH ôcleDVDDEN. . ., . . .p ., _'
R L'Air y eſt ſubtil , 8c- enetrant, ſans aucunes vapeurs eſpaiſſes, d'où vient que les Valide.
habitans ſont ſains, 6c e longue vie. Le terroirn’y. eſt pas par .tout-propre po…- le,
bleds; &toutefois ce ays porte aſſez de bled,de meſme que de lin ,ét d'herbe,
.outre qu'il a quantité e charbon deäzicrre , 8c des mottes de terre, qui ſeruent de
bois 8L bruflent, comme les courbes e Hollande, qu’ils a pellent Torffs. Car les
—Nobles y conſcruent
leurs maiſons. Pres ducurieuſement leurs yſoreſts
riuage de la Meril , comme
a de grands IE princi
amasde al ornement
:faible de
, ſur leſquelk
.ils verſent cle l'eau ,iuſqiva ce qu'elle deuienne ſalée, puis ils en ſont' du ſel ſort
blanc, enle Faiſant cuire. Mais ce qui fait articulieremcnt eſtimer 7 ce pays, c’eſtla
-grande quantitéde ſes beaux 8c grands eufs âlonŸues cornesgôpcbabondançe de
toute ſorte d_e chairs, de gibier , 8c de poiſſons, entre eſquels on fait grand eſta: des
_Salimons du Derwen. ' .
- — — ~- - î ’1-*- -
’ ' , \ -d ~, l
Ce pays eſt renommé dans les hiſtoiresà cauſe _de s longues guerres des Maiſons Gautier.
~ Royales
batailles,deqwily
Lancaſtre, 8c d’Yorck
mourut : auſquelles
trois Roys onaremarque,
d'Angleterre .,. vn .Princequ'on donna, trente
de Galles doſiuze 'Emme'
Ducs, vn M arquis,dix neuf'Comtes , 8c vinÛt-trois, Barons , outre pluſieurs autres
d'illuſtre famille. Mais en ſin parle mariacrc de Henry Vll , heritier lus proche de
la Maiſonde Lancaſtre, auec Elizabeth, fille, 8c heritiere du Ro E oüard IV , de
la Maiſon d’York,la Roſe Blanche ,ôcla Rouge s’vnirent: 6c orsle meſme Roy
luy donna ſes Officiers ſeparez,qui ſont vn Chancelier ,En Attorne' , vnkeceueuz,
vn Clerc dela Cour: ſix Aſſeſſeurs: deuxAuditeursyingt-trois Receueurs, 8c croi;
Suruoyeurs' ‘ .
(Liam à la ville de Lancaſtre, elle eſt gouuernée , ſelon Peſtabliſſement d' E
doüard troifieſine, par vn Maire, 8C deux Bailliſs, efleus du nombre de douze An;
ciens Bourgeois, quïlsnomment Confreres: auſquels on donne pour AſtI-:ſlſieurs
vingt-quatre Bourgeois. -- — '
‘
_. lc OM T~E²~ D’Y Oli/K.
ct. Camd. Brit) jéjÿîzg A Comté d’YORK,autresſois Duch c'ónommépcten Saxon EŸEÉRIC- Noms), …
Speed Their. a
SCYRE, EFFROC-SCYRE, &ED RA-SCYRE, 8c envûlgaire A4. conan-S:
9'” " glois YORILSH IRE, demeure ancienne de partie des BRIGANTE S ,
8C la am,
Dur lus grande Prouince
dont elle d’Anglete
eſt ſeparée rre ,apour
par la riuiere ſes confins
de Tees: du Nord
du Couchant les l'Eueſché de
paſſys de Lanñ
caſtre , 6c de Weſtmbrlan : du Midy ceux de Cheſtre , Darby ,, Nottingham ,Sc
Lincolne : 8c du Leuant l’Ocean Germanique. . ' ‘
Sa longueur , priſe du Mid au Nord eſt de prés de ſeptante mils Anglois z ſa, lar- Eſtendueſi
geurde octante, &ſon tour etrois cens huit. Elleeſt diuiſée en trois parties MP- Diviſion
Pellces WEST-RIDING, EAST-RIDÎNGJSE NORTHRIPIN G,ſelon leur -
I
COmtedYOÎk-Ë ſi ſi .
311
affiete â l’Oiieſt, :i l' Eſt, 8( au Nord. Le \V EïTñRl DIN G", ou la partie Occiden
tale a pour ſa borne en partie la riuiere d’Ouſe ,le pays de Lancnſtre , 8C les confins
du Midy de eq pays: UEAST RIDING , Où Ptolemée a logé lcs P AR] S] ENS,
eſt du coſte' du Leuant enclos entre l’Ocean, 8c la riuiere de Derwent, ê: le NO R
THRIDING, où la partie Septentrionale eſt comme enfermée par les _riuieres de
Tees, 8( de Denvent, 8C le long cours dc l’Ouſe , 8x' c’eſt en cete partie qu’eſt
la Comté de Richmond, en Anglois R IC H MOND- SH l RE. -CeteProuince
eſt encor ſousdiuiſée en 563 Parroiſſes , oùlon- trouue quarante
principaux. ' ſixſi villes,
_. ou lieux
Lieux.
\Saville capitale eſtYORK, ou Y ORKE ,nômmée ar les amiens Romains
EBOR
'EFFROC;A CVM,par Ptolemée
8L en Saxon BRlG A Elle
EVORRIC. NTlVM,auvieil ancragedix-neuf
eſt aſſiſe ſurlOuſcgſirl de l?) fle CA ER
degez,
trente cinq minutes du premier Meridien ; 6c cinquante quatre degrez , dix minu .....W
‘ l
ſiſiſſſſiſi
ÙEVESCHEſ DE DVRHAM.
Nom_ ’EV_ESCHE'DEDVRHAM ,appellée par lſies Moynes enleurs ell ;ÎZÏÜÃË
cripts,‘le PAYS, oulaTERRE DE S. CVTHBERT, ouſon PA- P ’
TRIMO IN E, ſejour de partiedes BRIGANT ES , contenant tout
ce qui s’eſtend entreles riuie-'res de Tees, 8c de Dem-ent , 8c le long de
l'Oc_ean Germanique, qu’elle a du Leuant , ioint du Nord le pa s de
Northumberland, ſeparé
&Weſtrſinorland z 8è par lariuiere
du Midy de Derwent: du Couchant le Cumber and,
le pays d’York.
M…_ſi ques
Ce pays
trenteeſtmils
fait Anglois;
en triangle,
ſa qui a preſqueles
largeur coſtezleégaux
de vin ttrois ; ſalalongueur
long de de quel
mer , ô( ſon tour
' &enuiron cent' trois. Il eſt diuiſé en cent dix- uit Parroiſſespù lon ttouue ſix villes
marchandes. _ ~
Lim.
Sa capitale eſt DVR HAM, ou DVRESM E, nommée par les Latins DVNELñ
MVM, affiſe ſur le Were, qui la ceint de tous coſtez, fi ce n'eſt du Nord; ôepetite,
mais Forte , tant parle moyen dela riuiere , que de ſes murailles , 8c de ſon Cha
ſteau , ſans lequelon la pourroit trouuer preſque ſemblableàlaville de Berne en
Suiſſe , poſée ſur l'Ar_. Dans ſon Egliſe' Cathedrale on voit le tombeau de mar
bre du Vènerable Bede natif de IARROW' lieu de ce, pays , nommé auparauant
GlRW/Y. v _ _ - '
Les autres ſont AV KLAN D, ou BISH OPS AVKLAND', Ueſtâ dire Aukland
de l' Eueſque, â cauſe de la maiſon qu’il y a , proche de -Paſlèmblage de la Were , 8c
de la etite riuiere' de Gaunleſſe; BARNARDCASTLE ,ou Chaſteau de Ber
nard, urle Tees: DARLINGTON proche de la meſine riuiere, H AR TL EP 0
O LE, ſur le riuage de la mer ,. ſeruant de retraite aſſeurée aux vaiſſeaux; 8c STA
YNDROPpu Stainthorpe, à cinq mils de Bernard Caſtle , vn peu loing du Tées.
Fiuims. Ses Riuieres ſont le TEES q ui ſe rend dans la mer z la WERE qui S‘y dcſcharge .
03ml' de meſme,ayant receu la GAVN LES SE , 8c quelques autres: 8c le D ERWEN,
qui paſſe pardnutres Prouinces. Cîeſſ pays a ſon air froid , 6c penetranthqui le ſeroit
encor plus ſans les vapeurs dela mer voyfine ,qui aydentàfondre la neige, &la
glace, «Sc le charbon de pierre, dont le feu eſchauſe les cor s, 8c chaſſe le ſroid,outre -
qu'il rend vn _grand profit aux habitans, qui le portent :Lili)eurs. Son terroir eſt diffe
rent
tueux5 veu
,Sc que du Leuantil
du coſté eſt fertiltſſout
du Couchant , principalement la campagne
pierreux, denuc' ;du
de grain , &c Midy .mon
d'herbe ; mais
abondant en charbon de pierre. Lon trouue auffi dansce pays_des mines de fer , GC
prés de Darlington trois puys merueilleuſement profonds, nommez , par les habi
_ 3'14 i x ~ 'VVeſtmorland.
tans FíellLKeſitels, Ceſt à dire Chaudieres d'Enfer; pource que Peau SÎy rend chan..
de, tant plusil fait froid. ſi ‘ _ ' l_ — -
Les Roys, 8c 'les grands Seiçneurs de ce Royaume firent don de pluſieurs terres 50...…
6C priuileges ceteEueſcheË ,a cauſe de la pieté de FEueſque Cuthbert, mis entre Mmgur.
les Saints , ê( Canoniſé ,îôz ce Dioceſe firt mis au nombre des Comtez Palatine-s ,
dés le temps duRoy Guillaume Ie Conquerant. Meſme quelques vns de les Eueſ.
ques mirent enleur ſeau comme Comtes Palatins, vn homme arme' de toutes pie
~ ces, monté ſur vn cheual bardé, tenant d'vne main vne eſpégôè de l'autre les armes
de l' Eueſchc'. '
-. Ces Eueſques eurent auſſi leurs droits Royaux; tellement que les biens des
condamnez leur eſtoient acquis,ôç confiſquez , &non pas au Roy. Les habitans
meſmes furët ſi audacieux, _à cauſe de leurs priuilegegôcfranchiſegqu'ils refuſerent
d'aller â la guerre auec ſon Roy, contre celuy dÏEſcoſſe, diſant , qu'ils eſtoient ſeu— -
Iementobli ez de defendre le corps de S. Cuthbert, &ne deuoient pas ſortir de
leur Dioceictë pour le Roy, ny our l' EueſqueMais le-Roy Edoüard premier retran- -
’ chañces libertez. Toutesfois 'Eoliſe recouura depuis ſes droits , qu'elle maintint
\ſ — *iuſquïi Edoüard lors
de cete Eueſché, fixieſine , à quiſe
qu'elle Parlement
ſut aneantie. Maisaccorda toutes
bien roſt apresles rentes
la Re , &libertez
neMarie ren- _ _
dit parauiourd’huy.
encor la meſme autorité du Parlement
ct , tous ſes droitsâ cete Egli e ,qui-en iouyr L; 'i
uant aux Eueſq ues de Durham eſtablis depuis Pan neuſcens nonante cinq ,
les plus renommez ſont Hugues dePudſey , ou Puteaco , qui aclieta pour luy , 8C
ſes ſucceſſeurs, des
ld-ertTunſtal la Comté de Northumberlanddu
pluseſtimez de ſonſiecle, 8c du Roy Richard
noſtre, pourilziremier; 8c Cuth-
rare doctrine , 8: ‘
ſa piece'. . . — v ~ ~
A . V!
. .Y '
| h _ï .
I c
y H
Ivii.,
*F
~ VV E S I: M,—o~RL~A'~i\i~D; ..,
U4:
._.__.;.
a Camel. Brit. - E WESTMORLAND , "qlti ſut auſii le ſejour de partie des BRI- Nom.
. Speed Thau'. I. GANTESMuoyſine duNord, &du Couchant le Cumberland : duMidy consſi.:
'È "ÏVŸ l_e pays deïLancaſtre , ôcſdu Leuant celuy dYork , &iEueſché de
Durham. -_ ~- '- ^ .ſi ſi ’ ſi _ ~ c ' i'
Sa longueur
tour de cent du Midylleſtdiuiſé
douze. au Nord eſtendevingt
trenteſixmils; ſa largeur
Parroſſſeſis de vingt quatre,
, &contient quatre8cvilles
ſon Eneduæ'.
Díïfflïïni
ſ marchandes.
Sa ca itale~ eſt KANDALEMLÏ
' * Kendale,
' — _ " 'ou
_ KI RK-'BYK A ND ALE , c'eſt a -LW"
dire Egli e en la Valée du Can : pource qu'elle eſt affiſe ſur le bord de la riuiere de
Can, à dix-ſept degrez-trente minutes du premier Meridien , &c cinquante 'cinq de
r_ greg-quinze minutes de l' Eq Liateur-.Èlle eſt renommée à cauſe de ſes habitans , qui
fontdes meilleurs
ſe vante d’auoir eudraps de Comtes
pourſeſſs- laine de ce Royaume
Iean Duc' de en Fort grande
Bedford, quantiteſiôc
honoré de ce titredepar
plus
le
Roy Henry cinquieſme 'ſon frere , Iean Duc de Sommerſet, 8c Iean de Foix , &C de
Candalqqui auoit ſuiuy en Francele party de Henry_ ſixieſine. _ . ~
_ Lies autres ſont APPEL BY aſſiſe ſur l’Ede_n-', \Sc nommée' par les 'anciens
~- ABALLABA- , qui maintient encor ſon nom" entier , 6c ſa reputation _,_ parle
— moyen des Afflſes qui s'y tiennent. KI RKBY, LANDA LL,_o1ſi1LONSDALE,ſur
' -la riuiere de Lon, ou Lune, ô:- KIRK BY STEVEN,
ſid’Eden. - ou Stephen-,affiſe
. ſur la riuiere 'A - …
.e î_ Ses Riûíeres ſont le KAN , ou Ken; le LOñN , ou le LVNE z L'EDEN, que Riuieres
- -Pëolemée appelle lTVNA.; IÏEIMOT , le LODER ,le SPVT, &IeBVR
ŒBEK.
4 ïct' ?L'air-y eſt ſubtil, penſſetrant , 8c deſiſcharge des broüillars , vapeurs groſiîeres, Qfflfflë
d'où vient que ſes habitans' ſont ſains, ôc-de lôgue vie. La terre y eſt pour lſia pluſpart
ſterile, &e ſe peut malaſiyzement rendre bonne par Pinduſtrie de ſes habitans. Auſſi le -
**nom de Wcſtworelandſiignifie Pays du couchant ínculte. Il eſt vray que du coſte;
L r7 . ‘:‘.~.# . ~ ’~“ . l Mid‘,,
- —. -,r~ '.1
, , Cumberland. ~ gig x
du Midy, entre le Lou-SSL \Vinander-meer elle eſt moins ſterile, mais aux valées;
où eſtla
vne Baronnie
fontaine qui a de Kandale,
pluſieurs foiselle eſt deſon
le iour plus
fluiſicgrand rapport.
, &reflux Il y acelle
, comme présdedeHaute.
Shape
CVMBſſER LAND;- - ,
E CVMBERLAND, nommé par les Latins C M B Riſ A, dej a czmzhz; \ ñ
"e- ces habitans ,qui shppellerent eux meſmes KVM B RI, SCKAM.
c fi s -" BRL' Ils confine du Nord à PEſcoſſe, deñ laquelle il eſt' diuiſé èn
ñ partie par la riuiere de Kirſop ',~ puis ayant paſſé l’Eſc , par certaine
ſſ, d" -'<-LL'\I.!.\ïçf,-_—-uq“ .
_ contrée par Solo-Moſſe , iuſqu’à ce qu'on vient au bras de mer de ,
SOlWay. Il a dai Leuant le Northumberland , 8c le Weſtmorland; 8c du() ouchant
6c Midîy la mer d'Irlande.
Üíuîffl- Il n'eſt point diuiſé_ en Hundredegpource qu'il eſt exempt de ſubſides Z mais ſeu;
lement en cinquante huict Paroiſſes , où lon trouue neufvilles marchandes.
“WH Sa _capitale eſt CARLI LE , nommée par les anciens Romains 8c Bretons habiñ'
tans de l'Iſle LVGV-VALLVM , 6c LVGVëBALLlVM , par Ptolemée, LEVñ
CÏOPIBIA ,ſelon Speed; parlesSaxons , ſelon Bede LVELL: parles Latins mo..
dernes -CARLEOLVM, Elle eſt affiſe prés des riuieres &Eden , 8c de Peterell, 8c
de Caude,
chant. ſiSondont ellea la premiere
éloignementdu du Nordd'Occident
dernierpoint , 8c les autres
eſt du Leuant,&
de dix-ſept du Cou
degrez deux
minutes: 8c celuy de l' Equateur de cinquante quatre degrez cinquante fix mi
nutesElle eſt fortifiée de bonnes-murailles
ſtiepatHenryVIII; ‘ ë ' ' _ , d'vnſi Chaſteau
~ v ~',BC d’vne
' Citadelle
- 5 ba
Les autres ſo 'ſſt BRAMPTO-N Ê COKERMOVTH , ou Gokarmouth , ville
fort marchande , ſur l'aſſemblage des riuieres-de Derxven , 6c Cokar: EGſſREñ
MOND, ou Egremont, peu éloi née du nuage de la mere IERBY anciennement
ARBETA , proche de la ſource e l’Elen z KESWICK cognuë pour ſes recher
cheurs de metaux; E N R E T H,'ou Pënrith non guere éloignée dekaſſcmblagc
de PEÎmOt-,ôc du Luder ,- où eſt le rempart rond , que les habitans nomment la TA
BLE RONDE DV ROY AR-THVS: RAVENGLAS ſur le bord de [amer,
ayant d'vn coſté la petite riuiere 'Eſck , 8c de l'autre celle d’lrt,qui ne ſont propre
ment que ruiſſeaux; 8c VER INTON , proche de Pembouchure du Derwen '
danslamer d'Irlande. - . . — , ñ_ z l _ ~ , .- ~ ,
Ce pays_ contienſtahfli la plusggrande partie du M V R .P LC T I W157, eſtably
pour borne parles Romains contre les Barbares , 8c nomme' par eux V A L L V M
BARBA
dore, RICVM,
&quelques PRÆTENTYRA
autres ,_ 8L C AVSVRA
VA LLVM, ou Rampa t , par Bede ;. par Antonin:
pa; les 'Caſſie
rîetſſons_
anciens habitanslde_ l'ÏflC,.GVAL-SEVE R , 8c M VR- SÈŸER ſi; par. les Eſçſſoſſois
SOTTIHW
\VAL , c’eſt a dire Mur'8Cdes
parles Anglois
Èictes; TH E,ôc habitans
KEPE des,- enuirons
ſſ i AL cſéſt à direTHEÆICTISY,
Mur de gai-de; _
~8C par excellençeTHE WALLJl _fut fait premiere rſent çlegazon , _ôçdiebdisqaar
l' Empereur Hadrian puisconduit dſvne mer à l'autre par l'Empereur Setíéxîcſiôcrëſiſi
du lus fortzſſ &finalement ſurléſſ déclin de l'Empire Romain il fut fait depietÿre \Yeſ
pai eur de piſiçédsgôctle hauteur de douzeſſgdepuis Blateburgpu Boubneſſegpréí f
oiſepar
,conduit d’Eden du' Couchant,
des montagnes', iuſqwà l'embouchure
deſisrochers 8c precipices ,du
parTin 3U_de
'prés Lflíäñtfiyaflf
\ent mille eſté
ſſPſiÛ-S
'ï
Europe; EC -
,f
' ~' 7316 Cumberland.
'delong , auec pluſieurstours , éloignées de mille pas l’vnſie de l'autre, 6C gardées pal'
les ſoldats des Romains , comme on peut V011' par ſes reſtes, qui ſont encot preſque
entieres en quelquesendroits. f _
Lon voit encore .en ce pays vne contrée appellee BATABLE GROVND,c'eſt
à dire Pays litigieux', pource que lesÀnglois 8C lCS~.EſCOſſOlS en ſont en conteſte , 8c
dans
uerſéeledleays vneautre
diuers contrée
torrensſi appellée
Le pays la Baronme
du collé du Midy de GIL L ES
sîappelle LANLAND
COPE , toute tra
, 6c
COP LAND , pource qu'il eſt plein de pointes de montagnes , queles Bretons ap
pellentau vieil langage del’lfle KOPA. ’
Ses Riuieres ſont PEden, qui cauſe le nom d'vn Golfe; le Dudden ;le Derwent, R. .m
'qui reçoitle Coker; la Tyne,Beimot,le Luder, le Peterell,la Caude, I’IRT,&'._ quel— m ’~
ques autres moindres. _ , __ _ _ _ ' _ _
Ce pays a ſon air penetrant, 6C des plus ſubtils , qui ſeroit encor plus froid , ſans Win64. ~
les hautes montagnesîqui le garantiſſent des rudes halenées duvent du Nord, &c
des orages, 8c glaces qui luy pourroient arriuerde ce. collé là. La partie du Midy
qu’on appelle Kopland, pleine de montagnes , eſt ſort ſterile ; celle du milieu plus
leine , plus peuplée , rapporte ſuffiſamment dequoy nourrir ſes habitans ; mais cel
ledu Nord eſt deſertetoutâ fait, 8c montueuſe, connue le Kopland. Cette Prouin—
ce ne laiſſe to utesſois d’eſhze riche -, veu que les montagnes ,bien que rudes , y ſont
couuertes dîe brebis , &c d’autre beſtail , 8c ſont entrelaſſées ;del vallées qui portent
aſſez
8c de bleds
d'argent 8c d'herbe.
, outre la terreDauantage il y a des
metallique,dure mines de cuyure
8c luylànte, ,voire meſme
quïlsappellent d'or, _ ſi'
Blaklead, l
deſtà dire Plomb Noir, propreâmarquer, ôcctayonner, dont il y a ſortgrande ſi
abondance( Lon y trouue ſur la terre quantité dëoyſeaux, 8c de gibier; &dans
la mer voiſine, Outre vne infinité de poiſſons', particulierement de ſaumons, dont
on fait grande peſche prés de Werkinton , force perles , prés de [Temboucſlmc
de l’Irt. , . a
Ge pays , quoy que rauagé parles Eſcoſſois 8c les Pictes , ſur le declin des R0- 5…….
mains en cette Iſle , ſe main tint auec les Bretons ſes anciens habitans, aſſez longue. nement
ment, êc fut ſoumis bien tard aux Saxons; puis lors que les Saxons furent abbatus
parles guerres des Danois, ſes habitans eurent iuſqu'âl’an neuf cens quarante ſix
des Princes particuliers qui ſe nommerent Roys de Cumberland. Mais apres ce
temps-là leRoy Edmond feſtantrendu maiſtre de ce pays, le remit à Ma colme
Roy d’Eſcoſſe, à condition dele tenir deluy 5 ſibien que depuis cela les fils aiſnez
des Roys d' Eſcoſſe furent durant quelque temps nommez Gouuerneurs de Cum_
berland. Mais quand les NOrmans dominerent l'Angleterre,- ce pays vint entre
' leurs mains , auec le reſte ; 8c eſcheutà Raoul de Meſchines. ~ll eſt vray quele Roy
Eſtienne
re. le rendit
Mais Henry Il,auxEſcoſſois, à condition
ayant veu combien de le tenirnuiſoiſſtau
.cette libcralité en fiefdes Royaumſſe
Roys d’Angleter.
, receut
des Eſcoſſois le Cumberland,Weſtmorland, &Northumberland Au reſte il n'y
eut point de Comtes de Cumberland auant le temps du Roy Henry Vlll. qui
en crea premier Comte Henry de Clifford, en la maiſon duquel cethonneur eſt de
meure. -x ‘ - -
c' . .
- ~N0~R~T~HV;MBER,LAND—
? ct - [NV-
,>35 E ²NORTHVMÉERLAND5
BERLAND ,enSaxonNORDANI-IVM-
, comme aſſis du coſtéctdu Nord au delà de l'Hum Nom_
. bre,~demeure ancienne de _partiedes OT TA D I N S de \Ptole
nfl
k g méſe , auoyſine du NordPEſcoſſqdLxCouchant la meſme,8c par- c E .
A , tie du Cumberland du Midyzſlîueſché de Durham z 8c du Le- °ſi ſi"
>40.- WLBA
Sa longueur uantPOcean
de PER Sud-Eſt àGermanique; Ileſt ſaiten
l’Oüeſt Sud-Oüſſeſt , eſt deforme
prés de
dc triangle.
quarante'mils;- gſzznz…
8c de làdela
riuage tirant au Faiſant
mer, Nort vers la pointeeſt
ſalargeur, du,de
triangle de ſoixante ; puis
quarante-cinq-milsſſ; 8claſon
.baſele
tourlong du
.d’enui—
ron cent quarante cinq. ll eſt diuiſé en quatre cens ſoixante Paroiſſes, ou lon trouue 93W 0l?
1"
n.
-—
' ~ Northumberland.. -. 317
_ _
'cinq villes marchandes ,ouprincipaux lieux de trafic. . _
Sa principale ville eſt NEWCAST LE , c'eſt à dire Neuſ-Chaſteau; aſſiſe ſur la
Lieux. Tine, qui fait vn beau port ,oû les grands natures peuuent entrer, 8c demeurer en
grande ſeurtcíElle eſt eſloign ée de [Equateur de cinquîte quatre degrez, cinquan
te ſept minutes, 'ceinte de ſortes murailles,auec ſept portesfiîx: Force tours, &a
quatre Egliſes. 'Qpſlques vns la prennent pour l'ancienne GABROSENTVM.
L'autre ville renommée de ce pays 8c' la derniere , 8c plus ſorte d 'Angleterre eſt
. BARVI/IC, ou Berwic, preſque toute entourée de la Mer,8c de la Twedqſur l'em
bouehurc de laquelle elle eſt aſſiſe, à cinquante cinq degrez quarante huict minutes
de Plîquateur, 8c prés de la frontiere d’Eſcoſſe. _
Les autres ſont ALN EWICK , autremët Alanwigôc A nwick , affiſe ſur PAIOW,
8C renommée pour la victoire des A nglois , &c la priſe de Guillaume Roy d’Eſcoſſe,
ſous Henry II Roy d'Angleterre ; HEV AM, ou Hexhammômée par Bede MAN
GVLSTA D , en Saxon HEXTOLDESHAM ,ſpriſe pour celle qui ſut appellée
~ AXELODVNVM au temps des Romainsfflſſiſe urla Tinezôc MORPETHpu -
Morpit ſur la meſme riuiere. _ —
_ C'eſt auſſi dans ce pays qu'on trouue E Ml L D O N, lieu de la naiſſance de lean
Duns,qu’on nomme communement SCOT ,ôc Docteur Subtil -, lelieu dange;
reux de BVS I G APP, touſiours remply de voleurs. Lon voit auffi prés de ſon riua
ge l'Iſle Sacrée,
la frontiere qu'ils appellent HOLY ILAN D, peu éloignée de Barrwickfic de
d’Eſcoſlſiſſe.
liuicres.
Les Riuieres
l’AlO\Y’, de_ ce pays ſont
8c leſi Read. ~ ſi la Twede ,la Tine ,le Till, le Coquet , le Tripall,
L'airfaſcheux,
" cor plus yeſt ſubtil,
ſans8clefroid; 8L ſujet [Ocean
voiſinageſſde aux ventsviolents du Nord:
Germanique,qui ſaitmais il ſeroit
fondre en
de meil
leure heure la neige 8c la glacqſans le charbon de pierre, ar le moyen duquel ils eſ
chauſent 8c l'air &leurs corps. Le terroir eſt auſſi de peu «fe rapport, n’eſtant propre
pourproduire Force bled, ny pournourrir du beſtial; ſinon du coſté où la riuiere
de Tine approchela mer,- veu qu'en cette contrée les laboureurs rendent auec
leur trauail la terre fertile , ê( luy ſont produire du bled. Mais quoy ~ ue le pays
ſoit tel ,on
d' Aouſt nelaiſſe
, force de voiraux
lîpmmesſi qui ſe montagnes ,depuis
tienlnenlt dans le mois d'Auril
des maiſonnettes , ou iu qu'au écar
cêbâneis mois
tées , u'i
tesfoi? Sa pe ent richfeſſe
la pluggrande Sheales,de8c ce
S iea
paysin Ëonſiſäe
S ,85 ardent uantité
au chaqrbon de de e ,iaou. Tou
pierre Sea
coales, dont il abonde. ll y a auſſi des mines d'Aix-ain prés &Alten-more; 6c la
'peſclie des ſaumons prés de Biwell porte des commoditez conſiderables à ce
pays. .
Gouuer Ce pays eut ſes Roys particuliers ; puisE bert Roy des Saxons orientaux l’v
dtmcnt. nit aſesautres terres, eſteignant le nom Roya -. Il y eut apres treize Comtes qui le
gouuernerent. Mais de noſtre temps la maiſon 'de Percy iouyt du tiltre' de cette
Com te' , dont elle fut honorée dés le 'temps de Richard Il. Au reſte le Gouuerneur
de Barurick commande à toute la frontiere d’Eſcoſſc qui eſt au Leuant .Le pays aſí
ſis à l’Oüeſt Sud-Oüeſt d’Y0rk
, 8C nommé Hexam-sliire,,
Seigneur l'Archeueſque : 8c iouy des _droitsſſ deaComté
longuement recognu
Palatine; Pou:
Mais en fin
par autorité du Parlement , &c par eſchange ſait auec l' Archeueſque , cette contrée
ſur vnie à la Comté de Northumberland; ſi bien que depuis elle recognoiſt la Iuſti-ë
ce du Vicomte, &eſt gouuernée comme le reſte du pays.- ’
ï
' I* ſſï ""7 ſ l* ~' V l ‘ \p-1 l_
*z -les
nuds,courtiſans, quele
contre des genspeuple, ôcleslaboureurs.
bien armez, &àpied contre Ils:les
combatoient bienſeſiſouuent
gens de cheual, rendanttous
vi- ' -
ctorieirx parleur ſeule diſpoſition 8L courage." lls Weſtoienfpoînt adſionnez àl'yuro- - v
zgnerie, &la gourmandiſe
âſe pouruoit , non' plus
d'armes, de cheuaux , 8cqu'aux ſomptuoſitez.:
'de harnois 'mais penſoient-
, pour defendre ſeulemët
leur pays. ll neiſſſe -._ _
trou oit entr' eux aucun mendiant ,pource que les maiſons -eſtoient communes à
tous, 8c chacun entroit aſſeurement dans chaque logis , comme au ſien propre. 'Au
reſte
moinsauqzue
lieu gens
que les
duIrlandois
monde; eſtoient ialoux
Ils auoient vne àRhetorctique
Pextremité,naturellegeſtoient
ceux de ce paysïeſtoient
propres ‘ - ’p
Pour le arr-eau, ôc-nez aux inuentions Poëtiques,8c aux rithmes, ſi bien qu’on trou
\uoit touſiours parmy cette nation pluſieurs Poëtes,qu’ils appellent Bardesæſtoient
de ſubtil eſprit ;des plus hardis , 8c plus aſſeurez à parler 8c auoient touſiours quel-
ques mots nouueaux, &rencontres -_ " ' '
v z Il y auoit parmY ce peuple certains hommes , qu’ils ,nommoient Awendhÿon, ' ~
deſtà dire eg-arez Œentendement , que les' autres conſultoient ſur quelque doute,
8c lors ces hommes tremblans ſoudainement eſtoient comme tranſportez , 8c hors
d'eux
roientmeſmesz
ſçauoir s 8c neparlongs
mais reſoluoient pas promptement
dcſtoursſi, entre diuers' les curieux
propos 'dequi
vains ce qu’ils defi:
leur eſcha- _ "
~'LK
x
r_ ’~ ’ .i ' ~ r”
n, d .J
oint _de ſi pauure,qui n'enuoye ſes enfans à Peſcole; 8C ſi quelques vns y profitent,
5s les mettent aux Vniuerſitez, 8Lles font eſtudier la plus-part en Droit ; deſorte
qu’il eſt arriué , que les Profeſſeurs en Droit ſont pour la plus-part de cette nation.
x Il s'en trouue meſme peu parmy la lie du peuple , qui ne ſçachent lire , 8c écrire leur
langue, 8c ioüet de quelque inſtrument ,* 6c maintenant la Bible , &c les priere:
Eccleſiaſtiques ſoiitimprimées en cette langue. ~ ~ x
Ce pays fut ſoumis premieremenç à vn Roy , depuis l'entrée des Saxons en \
5Then
Speed
i. z.: l. de pluſieurs. luis
Angleterre; eutâdiuers
" apres Roys;
a
8C vint
des Princes apresleſſdernier
,dont au pouuoit tantoſtfils
fut Leolin d’vn
de ſeul,
Griffin tantoſt
, ou G°"'"*
, ï Cïffläïm ,Griffitlnôc ſurnommé *î A Grvffith, qui fut tue' auſſtemps d'Edouard premier,:‘1 qui '""'*°"
Brit. . , . . , . .
~ ſon pere HenryIlLatlou onnc cette principautc , qu’il vmt 'au Royaume d'An
gleterre la douzieſhie année de ſon regne, tellement que toute la Prouince com
-mença dobeyrâſonfils
Gales. Mais Edouard
cet EdouardILne de Caernarvon
donna pas ce tiltre ,âllſion
iſilauoit declare.IlPrince
fils Edouard. de
eſt vray
.qifEdoüard lII. Pottroya à ſon fils aiſné Edouard ſurnommé le Noir z Puis â ſon
' _ v \
ñ——i'_,^.~_4_].~_.—.k..'—-.,.._A_
COMTE' DE PEMBROK.
j'—_-;'.- AComtc' de*PEMBROIÇnOmméeanciennementpar Ptolemſſée íl-"H-yâz'
_'_ Ï- le pays des DEMETES , par les habirans de Gales DYNET 5' 3c IŸÈËÜÎÏW
J; par les Anglois WESTWALES_ , ou le pays Occidental 'des Spcedîhczz
r ‘ Valles z mais ,âprcſent PEMBROK-SHIRE , _a du 'Nord' les W: -
~ .A~ ſiv "ſi"'ſ ~ſiſi~ſiſ ſi‘ ~ Couchant, 8c du Midy-jla Mer d'Irlande; 8c du Leuantle pays
_"_ - . riuieres de Tyuyÿôc Keath , qui vle ſeparent du Cardigan ;- d); ï
Co fi de Caermarden. “î ’ , l _ _ '
mſijï; Sa longueur priſe du Midy au Nord eſt de 2.6. mils ; ſa_ largeur de PEſtÀPO-;ieſt
Diviſion. dezo ,ôcſon tourde9z. Elle eſt diuisée en ſept Hundredes , 8c 14.5. Parroiſſcs, où
Yu , ' / i
lonSaville
trouuecapitale
cinq ville
eſtm’\ŒMBROK
chaudes , &principaux lieux de trafic.-
, ou commePHuyd '
la met,Bſſer_r~ibi-ok', p_ _
nom
Lieu.
mée par les Galois PENBRO , baſtie par Arnoul de Montgomery ſous le Roy
Henry premier ſur vn golfe Fort auancé du port de Milſord â,14.. degrez, 5g,
minutes du dernier point d'Occident , 8c 52.. degrez 'de Plîquateur, ſelon le conte
de Mercator. . _ '. _ … _
uantau port de Milſord, que les Anglois appellent MlLFORD-HAVEN,
c'eſt cplus beau Ort, 8c le plus aſſeurc' de toute l'Europe ,auec vn grand nombre
cèerlektraitegqui eruent d'autant de ports , 8c ont chacune leur _nom dans ſdi")
o e. . ‘.
Les autres villes principales ſont S. DAVIDS nommée ar ceux du pays
DEVl/Yceſt à dire Maiſon deDeui,à cauſe du Saint Eue que Debi,qui_tranſporta
' _ a ſſ '
leſiege Archiepiſcopal de Caer-leon en ce lieu ,. qui s'appelloijt auparauanfl
MENEW', lieu de _la naillance de S. Patrice,Apoſtre d'Irlande, fils deÃCalphurnius²
Preſtre , 6c de Couche , ſoeur de S. Martin de Tours : FISHGARD , nommée au
langage du pays ABERGWAYN , c'eſt àdire Bouche de la riuiere Gewayſſ,
aſſiſe ſurvn rocher: HAVERFO BD , ou HARFORD WEST , nommée au
langage deoccidentale
ſur la plus Gales HVLPHORD , belleduville
des deux riuieres port, 8cd‘Aberdugledhau‘,
fort peuplée, 6c marchande,
c'eſt adire aſſiſe
port ſi
de deux Glaiucæpour ce que_les Galois nomment ces deux riuieres Gledàwh ,
deſtâdire GlaiueszôcTYNBY, ou TENBY , belle ville , 8c Forte, affiſe ſur le
riuagede la Mei- , &renommée pourl’abondance du poiſſon qui s'y rend , àraiſorl
dequo les Galois IaiiommentTENBY Y PISCOlDſelon Cam en.: mais ſelon
l’l-luy ,quieſtdupays DYBEGHYSTORffluiveuc direlemeſmeLes Riuierestlc
u _ ñ ce pays ſont les deux GLED AWH, que les _Anglais nomment DOYGLEDEYS_
"Œfj le CLETHY : ôcleNl-LVERNE. ‘ E _
. a _ e iii)
'zctzz _ Comté de Caernſſiardenſſi .
_,_1
_ Son air eſt bien temperé, 8c_ ſqn- terroir fertilen bleds, 8c iadis abondant en bons Qvlirë:
v_vii‘1s. Ce pays eſt auſſtriche_ en beſta~il, poiſſons , 8c Oyſeaux de mer, 8c nou_rrit en ſes
rochers des Faucons Peregrins des plus; excellens. , ' _
_ . .Le Roy Eſtienne fit premier Comte de Pembrok Gilbert de Strongow, puis vne Bounce;
-heritiere de cette maiſon mit ce titre dans celle' de Guillaume MareſchaLen Peſpou. °"“°“
ſans." Apresque cette Famille en- eut iouy quelque tcîps,celle de Haſtings la polie-da;
puisceteCôtéeſcheut à. laCourône l'an _l37z.par le deceds ſansenſans du dernier de
, ſ ~ , cette tnaiſon.
&E quelque Apres
temps cela-François
apres Iean-Duc deAit-Court
Bedford,fut
puisfait SeigneurDduuclieu
Humſred de Pembrok, -
de Gloceſtreſon
- y frere, fils du Roy Henry zlVz. eurent meſmetitre z puis Guillaume de la Pole fut fait
Marc] uis de Pembrok; &c Henry Vl. en fit apres Comte ſon frereñvterixi Gaſpard de
_Hatfielch aqui- Edouard IV.- Poſta, pour» le _onnerâ GuillaumeÆ-_I erbert , en la mai.
ſonduquelcetitreperſiſte, ’ -. r_ ' " ï.; . ' — ‘
p.
COMTEÎMÎCAERMARDEN
Ette * Comté, que les Anglois nomment C AE R M A R- ËŸJŸ_
DENzSHlRE, ſejouranciende partie des DIMETES, a du ° ſi"
Leuant le pays de Cardigan; du Couchant ,celuy de Pem
brok , du Midy le Golfe de la mer Britannique , 8C' du Leuant
‘ _ ñ ~ les Comtez de Breknokqäc de Glamorp an. ~' .
Luz_ _ Salongueur eſtde trente cinq mils , à largeurde vingt# Eſter-due.
—- . ſon tour detoz. ~Elle eſt diuiſée en ſix Hundredesôc 87 Parñ D""ſi°"'
_ roiſſes, où lon trouue ſix villes marchandes.
’ _. .ñ-La capitalede ce pays eſt CAERMAR DEN, nommée par Ptolemée MARI- Lieu.
_DVN-VM , par Antonin MVRlD lNVM @par ceux de Galles CAERFYR
u. .DHYNJieu de la naiſſance de leur PropheteMet-lin , que les Galois nomment
,M-erdhyn. Cette ville aſſiſe ſur le Touy a 52.. degrez 1,5. min. de l’Equateur ſut tant
eſtimée que les Princes de Gales fils aiſiaez des Roys d'Angleterre, y cſtablirent
ieurChancellcrie , 8c leur E, ſchiquier , pourle Southvtrales.
ſi. Lesautres ſont KIDWELLEYE , ort de mer ſur l'embouchure du Towy;
LſiLANDI LO , ou LLctandiloware , ſurËe Towy; LLANELTHlE ,port de mer;
.ſiELA
~ CeNpays
G AD OK E;de
eſtarrose' ÔCLLANYMTHEFRY, aſſiſe entre
2.8.riuieres, petites , pdgrandes le Brunnôc
, dont le Tou' ont
les principales .
CLAMORGAN,
r_ —.—. -ſiE-pays nommé" arles Angloís GLAMORGANSHIRE; 8L par_ Iesaouucc;
\PMS :ÎÏ ?GaloisMORGA s VC—,GLATMORGAN, ôcGADORGAN,c’èſtâ°=m“"~
Nomïo
’ v ,dire Pays delvſorgan, qui fucvn de ſes Princes ,ſutvne des prouinces des cons.,
²LV ESſi iiconfinedu Nord au pays de Breknoke,du Couchant à celuy deCaer
Clamorgan. l / i 323
mai-den z du Midy I.’ Ocean Britannique , 8c du Leuant-les Comte' de Monmouth.
5“°_“"“°' Salongueur eſt d’enuiron 4.O.milS ; ſalargeur cle prés dc 2.0 z 8C ſon tour de niſi
Bſſxſifîſiſi' Il eſt diuiſé en 10. Hundredes ,Sc 118. Parroiſſts , où il yafixvilles marchandes.
La ca itale de ce pays eſt CAERD [FF, nommée parles Galois CAERDYD, la.
plus belle ville de toutle Southwalegaſſiſe ſur leTaſpuThawe, :l 5l. deg. 49Jmin1
de l’Equateur,8c ayant vn havre pour receuoir les vaiſſeauxgcomme eſtant peu eloi
gnée dela Mer-,ôcaydée de ſa riuiere. ' _ "
Les autres ſont ABERAVON ſur l'embouchure de l’AuOn zBRlDGENDz
COWBRIDGE , nommée par les Galois PONTFAIN ſur le petit Thawe;
NEATH , ſur la riuiere de meſme nom , nommé par Antonin_ NIDVM ; 8C
SWANZEY,OU Sweynſeymommé arles Galois ABERTAVI/,à cauſe de la
riuiere deTaW ,ouTaWe, quiypaſſe: Onvoit encor en ce pays LANDAF ,d ou
LA NDTAF , petite ville non marchande , mais Epiſcopale, ayant vne ſort belle
Link” Egliſe Cathedrale,'&154.
Ses Riuieres ſOntleTA Fparroiſſes
,ou THAWE ſous elle. '
:l'O GMOR , PAVON , ICNEATH; ſſ
lc REMNEY : EK le LOGHOR.
Qualité. [fairy eſt temperé : mais le pays eſt plein de montagnes ſort hautes , qui s'abñ'
baiſſent toutesſois du coſté~duNord,ôc s’éclairciſſent.Prés de la Mer le pays eſt plus
plain, 8c ſerti] en blez: 8c pour cetteîcauſe ſort peuplé. Le reſte de ce pays qui eſt
montueux eſt lein de beſtail gros,& menu : &a lon vo_it parmy ſes rochers plu
ſieurs ſources ’eau , qui court aux valées. Il ya prés de la riuiere d’OgmOr , 8C du
lieu de Newthon , à quelques cent pas du riuage , vne fontaine , ou vn puy , ou lon
ne peut preſque auoir de l'eau lors que la marée arriue : mais lors qu'elle ſe retire,
l'eau y vient en abondance. y y , l"
conn", ' Apres que les Haimons, Clares, Deſpenſiérsfic ceux des maiſons de Beauchamp;
nement.
~ 8c
ſondeNeuileurent
Oncle Gaſpardeſté Seigneurs, lequel
de Bedford de cette contrée
eſtant mort, leſans
Roy Henry Roy
eſſnſans,le VlI.lalareprit,
donna8Cà
y laifſaâſon fils Henry VIII. puis Edoüard VI. vendit la plus grande partiede ce
paysâGuillaume
Caerdiſ. Herbert,
Want à cette qu'il auoit
ville capitale , ellecreé Comte deparvn
eſt gouuernéſſe Pembrok
Maire, ,8LduBaron de
nombre
de douze A ldetmans , ayant pour adjoints douze autres Bourgeois.
ï
M.o.NM~oV
" . _ ‘ſ í’;~ A Comté deÎIvIONMOVTl-I , nommée en vulgaire Anglois ,Lz,,,7g_
Couſin _
ËÏÏLËÀS” l i .y~ MONMOVTH-SHIRÊ:&íadiSWENTSET,&C WENTSŸ
LAND ,Sc arceux de Gales GWENT , demeure ancienne Camdcui
de SVM'
à n
’BREKNoKE
a lfllſſ-Iuyl; _ E pays de ï BREſiKNOKE , nommé par les' Anglois BREKNOK- Nom_
Camden_
— i
Speed, SHIRE,par ceux dEGaIeSBRECI-ÎINCAVCÆËpar les LatinsBRE- cons….
í CHlNlA , ſejour ancien des SILVRES, a du Nord le Clarwen , 8c
la Wſye , qui le ſeparent du pays de-Radnor , du Couchant le Cardigan , 8c
Caermarden : du Midy le Glamorgan: 8c du Leuant les pays de Monmouth , 8c de
I'
Radnor.
.Sa longueur eſt de 2.8. mils Anglois: ſa largeur de 2.0. 8c ſon tour d'enuiron 102. Il Eſter-due."
eſt- “diuisé en 6. Hundredes , 6c 60x. Parroiſſes , où lon trouue trois villes mar- gïÿîffl"
ſichaudes.
Sa capitale eſt BREKNÔK ,nommée ‘parceux de Gales ABERHODNHaſiiſe ’
ſur l'embouchure dela riuiere de Hodni ou HouthydanslVskqâ ſl. degrez, 2.1.
min.del’Equateur: &n'ayant que 64.0. pas de tour en l'enceinte de ſes murailles ,
auec z. portes,&c dix tours. Les autres ſont BEALT, nommée auparauant BVELT,
6c ar Ptolemée BVl.EVM SILVRVM,afl~iſe ſurla Wye 2 8c HAY , nommée
au angage de Gales TREKETLE, oſée auſſi ſurlaV/ys.
Lonyvoit
ſ ſi Bruyant, auſſi leAnglois
&c parles Lac renommé e LLYNSAVATHAN,
Brecknake mere, qui a deux mils deappellé
lOng,&cpar Girald
autant de
-large,ôc reçoit la riuiere de Leveny,où lon croit que fut l'ancienne ville de LOVE N-
TI VM de Ptoleiriée, principalement que les chemins de ce pays conduiſent de tous
coſtez à ce Lac. - ~ ,
Il ya auſſi dans ce pays vne haute montagne , appellée au langage de Galcs
MOVNCHDENNI , ou CADIERARTHVR , c'eſt à dire Chaire d’Artus ,
.Wrvïlj
du ſommet de laquelle lon a ietté bien ſouuent des baſtons, des chapeaux, &autres
choſes , ſans qwaucune ſoit tombée en bas : d'autant qu'elle eſtoit repouſſée en
haut par la force du vent.
Les PrincipalesRiuieres de ce pays ſontl' VSKEJaWYEJes deux TAW ESS.: le Ride…)
NEATfflzôclesautres sôtle CANLAS,CLARTHY:CLARWEN, HEPSEY,
LLEVENY,MELT,TRANGARTH, TRAVSNANTMSCYRVON. _
Ce pays adu 'coſté du Nord de fort hautes montagnes , qui rendent ſon air beau- Qualité;
*coup plus froid, &le defendent auſſi des trop grandes ardeurs du Soleil: de ſorte
qu'elles rendent ſon air grandement ſain , 8c temperé , 8c du Lenant les montagnes
de Talgagôcdffîurias font le meſme office. Parmy ces montagnes il y a tant de
ſources d'eau, que coulant en bas elles rendent les valées extremement fertiles tant
en grains , qu'en aſturages. Ilya beaucoup de foreſts :SL ſes riuieres, principale
ment l'VSke,
traites 8c a \V
, 8c d'vinbres e , fourniſſent
: 8L eLaſiic vne incroyable
de Linſyuarhan quantité
abonde en perchesde, ſaumons
anguilles ,, de
8c
tanches. _ . , ‘ . 5mn…. y
_ Bernard de Newmarck Normand, attaqua ce pays , &l'emporte au temps du nement.
Roy Guillaume le Roux, puis en fut paiſible poſièſſeur, en eſpouſant Neſte fille du
Prince Gruffin:puis Milon Comte deHereford iouyt de ce pays en eſpouſant Sybile
**'1r Radnor. 3-2; .
'ſoeurfilsdeGuillaume
ſſion Neſte_. Apres cela Bethe
de Breos, ui fille
fut de Milon ,Peut
Seigneur pour ſon ,partage,
de Breknoke 8c leſeditieux
8C _comme laiſſa â
mourut en France, Où il S'en e oit fuy. Son fils GílleS,Eueſq~ue de Hereſord Pobtirit
apres du Roy lean , ô( le laiſſaà ſon frere Renaud , pere de Guillaume; que Lcolin.,
_ Prince de Gales fit pendre , l'ayant ſurpris en a dulrere auec !ſa femme. Les Bohuiïs
letindrent apres, parleinoyen du mariagede la fille de Guillaume auec-l'vn deux;
puis les Staſords leur ſuccederent ; 8c finalement Edoüard de Stafford , Duc de
Buckingham s’eſtant trouué criminel, les reuenus de ce pays furent confiſquez
au Roy. -
RADNOR.
-— r? E RADNOR-SI-IÎRE , = nommé au langage de Gales ïl-buyïî
SÏREMAISIFOD , ou MAiSEVETH l’vn des pays des Ëlÿgäf**
L. , ' SILVRESJoint du Nord la Comte' de Montgomery; du ‘
' ~_. Couchant le Cardigan; du Midy le Breknok, &du Leuant
r le Schropshire , 8c la Comté de Hereſord.
-"‘_Î, Il eſt fait en forme de triangle , 8c a d’eſtenduë du Cou
_ chant au Nord zo. mils; 8C de Iii au Midy zz. puis 'encor de
-~‘~N"?*-" ‘ “~ là au Couchant 24;. tellement que tout ſon tour eſt de quel
qkillfls Z0. m' .ll eſt diuisé en 6. Hundredes , 8c 52. Parroiſſes , où il ya4.. villes mar.
Lieux. c anSaes.capitaléſieſt
- ' RADNOR" -, nommée par Antonin MAGNOS, . ~:' 8c arles-
Galois MAISIFOD , ou MAISEVETH ,aſſiſe prés du Soniegill , 8c loin e l'E
quateur de 52. deg. 4,5. minutesï Les autres ſont KNlGHTON ,nommée ar les
GaloiSTREHVCLOMulieu deTrefyclandh, à cauſe du grand Foſſé 'Offa ,
qu’il nomment Claudh-Offa , qui eſt au deſſous ; PRE STAINE S, ou Preſteigne,
nommée par lesWalois LHANAND RE ,~c’eſt àdire S. André, belle ville, &de
grand trafic 5 8c R AIHAD ERG_ OW Y, c’eſt à dire les Cataractes de la \Vyqpres
. laquelle elle eſt aſſiſe, ayant particulierement ſon marchéle- Dimanche. - ‘
Riuiercs. Les Riuieres de ce pays ſont le TEMD , le LVG , que les \Valois nomment
LHYGWY 5 l’ITHON , le CLOWDOCK , DV_LAS , COMÃRTON,
SOMEGILL , GWITHEL', ARRO, EZWAY, HAWY , ELAND i, &C
C LARWEN. ~
Walid.
L'air de ce pays eſt ſubtil, &froid ’, commeil eſt preſque par tout le Wales ., à
cauſe des neiges qui demeurent_ longuement' à fondre en ſes montagnes. Son ter.
ſoir n'eſt guiere bon , 8c tou tesſois n'eſt pas tout à fait inſertil. Ce qui ſe trouue au
Leuant,8~cai1 Midy ,vaut mieux quele reſte. Les autres parties ſont rudes , 8c' ne
peuuent pas contenter lelaboureurztellement que le plus grand bien des habitans ë
conſiſte au beſtailz_ g ~ > - _ct ſi ' ; ſ '" ſi j
Gouuer
IÛŒCDË
Les M ortemers Normans conquirent premiers vne partie de ce pays: 8c' finaleſi
ment EdOüardIILlaan 132.8. crea Comte de cette Marche de *Wales ,— Roger-I de
Mortemer,dontles ſucceſſeurs iouyrent longuement de ce titre , iuſquffâ Anne ,
fille &Edmond , qui eſpouſa' Richard de Plantagenet , Comte de Cambridge , dont
les ſiiçceſſèursioyuyſſans de meſme droitgobtindrent enfin le Ro aurnezât… Edoüard
IV. faiſant ſon fils aiſne' Prince de Galleñs-,ñ Duc' de- Carnaval ;Btcxle 'crea auſſi.
Comtedela Marche. _ , ' . ſiſi ſi - ſi ' - ..- -
) r…. 11;' l . ,/. q p _i _ _ ï — _ ' _.0
…‘.'.,,.l-. ſi J.)
' '.:ct-ſi'
_ l. .RJ 4, _ .ſii-aſioſſ-IË.
151c A~N~."
., Epays Pñnmmé parles Anglois C ARDIGAN-SHIRE , parfles Gſialoisb Carnac”
~
. V()
. . c? ERËÎÏIG] OſiNſſ,8c SlRE-ABERËTIVI, 8c parñGirald en Latin CERE
Sid-cd.. ~'
, TIQA ,Pvnedes demeures deSDIMETES , confine du Nord le pays de
Merioneth ,du Couchant la Mer d'Irlande , du Midy la Comté de Gaermardcn, 8c
/
q4a . ..
., ~
ſi '#3716 ſi
l. ., l 4 ' q; —- _
Comte de Montgomery.
*duLeuant celles de Breknok ,' 8c Montgomery. .
Sa longueur eſt de 32.. milssſa largeur de r5. 8c ſon tour dÇIOLſiIlCſt diuiſé en ~
'Linq Hundredes., 8c 64.. Parroiſſes , USC contient quatre ville marchandes. 53,,, me_
Sa capitale eſt CARDIG AN, nommée parles Galois AB ER.—TIVY,c'eſtà dire Dimſíou. ‘
'Bouche du Tiuy,qu’elle a du coſté du Sud, elle eſt éloignée de l’Equateur de 52.
degrez 33. minutes ,Sc ſes murailles n'ont que 6S0. pas de tour, auec trois portes.
'Les autresdela
bouchure ſont riuiere
ABER-YSTW YTH
d’ctY—ſtu'ytl1 ,la plus riche ville
: LLANBEDER du le
, ſur pays , proche de l’em_
TiuyzôcTkfîGAñ
RON ſur l'aſſemblage duBrenningÆc duTiuy. ſi . _ _ _~ ,
Ses principales
L'air ſontleTYVY
de ce pays eſt :le Toyz/Y
froid', 8c penetrant , 8c ſon : terroir
1-Y—STW1TH , ôc-le RYDAL.
rude , ê( monrueux, comme
71e reſte du pays de Gales. Toutesſois le pays eſt plus plain du coſté de la Mer, ,
qu'ailleurs. Car, outre la haute montagne de Plinlimon-lon voit de tous coſtez
eſleuer de moindres collines , dont les valççs ont de ſort bons paſturages , &c de ſon;
grandslacs,qui ſegroffiſſeiitcpar le moyen de pluſieurs ruiſſeaux dcſcendans des
'montagnes,puis engraiſſent eleurs eaux les lieux .proches de la- Mer. Il y a des
mines de plomb prés de la ſource de l' Yſtuſith : 8c la riuiere de Tiuy ab Onde en ſau
mons , voire meſme elle a eu le bruit d’auoir des CaſtorsÏ - -.
COMTE' D E MONTGOMERY.
lLhu d. -~ .Ad ſ- A ï Comte' que les Anglois appellent M O N T G O M E- Nom.,
Cam en, ‘_', n. _fffl kY-sHlkEzôcceux dupays de Gales SIRE-TRE-FAL- CP-Ëfinrl
Speed. _ . ~ 5' DWſlN ,demeure de partie des ORDEVICES, ou Ordo- D“"ſi°"*
P __ 'r ’ſi r ' ~ſ " uices de Ptolemée,ioint
Couchant du Nord leMid
celuy de Merionethzdu pays ceux
de Denbigh : du '
'de Radnor, .
, '__ __.1 en
&de7. Cardi, anzôtdutLeuantleshrop-s
Hunſſredes , &t 4.7. Parroiſſſies : 8c ire. Elle eſtſixdiuiſée
contient villes
~“ “ — -ñ ë ~- l marchandes. - . * y
Sa capitaleeſt M O N T G O M E RY_, nommée par ceux du pays de Gales
TREBALDWIN ,c'eſt/à dire ville de Baudorun , autresfois Gouuerneur des
Marches de ces pays z eloignéc de 53. deg-rez de l’Equateur. '
Les autresſont LLANFILLYN : LLANIDLOS , 8c NEWTOVNE ſur la
Seuernezde meſme que TRELLIN , nommée par les Anglois \VELSHE- _
:POOLEÆC MACHENLLETH
droit volontiers pour M AGLONA_ ,’ou MACHLENETH
des Romains,qui que
y tinclrent Camden
garniſon pren-
au temps .ſ .
dePEmpereur Honorius. … È
* -Les principale riuieres de ce pays c'eſt la SEVERNE ,pnommëe par les anciens RMN"
«SABRINA ,Sc parles Galois HAFREN , quiaſa ſource au Mont de Plinlimon;
&les autres ſont la WYEJe WVRWſAYJe WVRNVEY , l’ANGELL,le _b
BIG., le BRVGHANJe DVLAS, le DVNGVMJe HAVS , le KERIG ,le l
LLEDlNG,LLEVENANT,LLOYD,MVLLE,RIADER,RVE,TANOT, y
,TARAMON:TO\VYNMYN,ôCTVRGI-l. — ’ i
Ge pays a pluſieurs hautes montagnes, qui ſont toutesſois tellement abondan- 03213:6,
'tes en paſturages, qu'elles nourriſſent vneinfiniréde brebis , 8c de cheuaux qui
ſont eſtimez ourleur force , ôtleurviſteſſe. Ila pareillement des valées fertilesen
grains, &en erbe. ñ _
N Ce pays n'auoit eu perſonne quiportaſt le titre de Comte,iuſqu'a l'an i695. ncmznte
Gouuet;
ue le Roy Iaques I.en honora Philippe HerbertJe lusieune fils de H_enr . Comte
de Pembrok ,le faiſant en meſme temps Baron de n hurland; 8c Comte' gie Mçmz
gomery. p _. p. *- -ï n.
î '_ ÏMERIÇNETH-Sſil-ÏIRË.
î i Merioneth-Shire.
327
MERIONET-SHIRE.
._~ - A Comté **queles Anglois appellent MERIONETHSHIRLceux du Ëîfflfldî":
,
Îſſí..'{'~‘ pays deWales
Prouinces SIRE-VERIONETI-I,
des anciens ORDOVICESË,enauoiſine\du
Latin MERVINIA
Nord les,rvne
pays des
v'de " '
Confins.
Caernarvomœ Denbighz du Couchant,la mer d'Irlande: du Midy,le Cardiganzäc
du Leuant, la Comté de Montgommery.
9m35… Elle eſt~diuiſée en ſix HundredesÆL trente-ſept Parroiſſesóc contient ſeulement
trois villes marchandes. ’
La principale eſt H ARLECH, iadis CAERCOLVN, proche de la mer , en la
bm' contréeldlïlrdudvuy ,àcinquante-deux degre: vingt-neuf minutes de I'Equateur;
6L les autres ſont BALA ,ſur Fyſſuë de la Déedu lac de Lhin-Tegid; RDOL
GELLE ou DO LOGETHLE, ſur l’Auon. .
Riuíms. Les principales riuieres de ce pays, ſont la DEEJe DOV Y; l'AV ON, 8L le DE
SVNNY. _
_ Ce pays a ſon air froid 8L defagreable , â cauſe des rudes vents qui y ſoufflent:
AM5' 8L le terroireſt des pires de toute l'Angleterre, pource qu'il n’y a par tout que mon
tagneSJíu-leſquelles on void vn no mbre incroyable de breb1s,ſans crainte d'aucuns
loups, 6c auec force Paſteurs, qui ne viuent que de laictagegôc ſont beaux ho mmes
"35 bien proportionnez; mais décriez pourleurlaſciueté.
W--- ..- ._
DENBIGH- S-HIRE. î
_ A Comté de " DENBIGH , nommée par ceux de Gales SIRE DEN- b Card-lcd;
BlG H, l’vne des demeures des ORDOVICES , aboutit du Nord partie “m”
' ‘ à la mer., partieau pays de F lint; du Couchant , à ceux de Caernarvon!, 8L
Merioneth : du Midy, à la Comte' de Montgommery : 8L du Leuant ,aux Comtez
m du_ de CheſSbireÆL Shropshire. ,
Duiinſion. 53 lOngueur eſt de trente-vn mils; ſa largeur de dix-ſept: 8L ſon tour de cent qua
torze. Elle eſt diuiſee en douzeHundredegæ cinquante ſept Parroiſſesſhc Contient
ſeu lement trois villes marchandes.
lieux. Sa principale ville eſt D ENB l G H,la plusbelle de tout le Norchtvales, appellée
parles Gallois ÇLED FRIN IN ROS, aſſiſe ſurle pendant d'vn rocherà cin
quanre- trois degrez quarante-neufminutes de Plîquateur. Les autres ſont RY
TH IN ,au langage de Galles RVTHVN , affiſe ſurle Cluyd 5 5L \Y/REXHAM,
en saxonWRlTTLESHÿMſſurle Gwenurow.
&idem-i Les principales riuieres de ce pays ſont la DEE,nomme'e parlÈcolemée D EVAÔL
par les Gallois DYFY; le C LV YD 8L PALEN.
Qualité.
L'air de ce pays eſt agreable 6L ſain; mais il eſt expoſé de tous coſtez aux vents; 8L'
a beaucoup de montagnes , qui ſontlonguement couuertes de nei e 6L de glace.
Son terroir eſt ſterile du Couchant : mais le milieu du pays eſt tres- ertile en ſa va
lée: mais le coſté du Leuant apres la valée,ne vaut guere , eſtant toutefois de grand
rapport prés de la Dée. Il y a des mines de plomb en la contrée de Bromfield, \que
les Gallois appellent Maylor Gymraig, non loin de \Yſrexham ~. 8c quant aux mon- .
tagnes,elles ſont pleines de brebis,de boeufs &de chevres; puis leurs valées portent
quantité de grain en pluſieurs endroits.
Gouuer- ñ Cette Prouince ne fut pas erigée en Comté auant Henry huictîémc , qui donna
“W”- auffi ce tiltre aux pays de Radnor 6c de Brcxnok.
.l
Europe. _ _ z i _ ſ i _ Ff
f*
329 Cacr-narvon-shire. ñ -
FLINT-SHIRE.
a CamdcnI ' dz( E FLINT-SHIRE ². ou la Comté de FLINTJ' vn des pays des Noms…
ſi~ , ~ - ’~ **i-ï anciens ORDOVlCEHadu Nord la mer d'lrlande,ou pluſtoſt
Speed.
. '- le bras de mer de la Déc: du Couchant ,le pays de Denbigh.: du Confins:
H Midy, le Shrop-shíre: 8c du Leuant , la Comté de Cheſtre. Il eſt Dinüiogg
‘ . diuiſé en cinq Hundredcs, 6c vingt-huict Parroiſſes, 6c contient
.....
cAEañNAavoNsHiaEſ
i, Camden. Etre Comté nomméeb parceux du pays de Cales SIRE CAER-AR- Noms;
$PfflL VON , l'vne des Prouinces des ORDOVICES , portant le nom de
. SNOWDEN FOREST , auant qu'on diuiſaſt en Comtez lc pays de conan;
ë’ ' \Valegaboutit du Nord 8L du Couchantà la mer d'Irlande: du Midy,
_ au pays de Meríoneth: 8c du Leuant, :l celuy de Denbigh,dontil eſt ſe
paré par la riuiere de Conwy. _
Sa longueur eſt de quarante mils : ſa largeur de vingt: 8c ſon tour de cent dix. Efifffllïï'
Elle eſt diuiſée en ſoixante ñ huict Parroiſſes , 8c contient' cinq villes mar- °ſſ“"5°“*
chaudes.
Sa'capitale eſt C AE R-NARVON , baſtie des ruines de l'ancienne ville de SE- Liu…
GV NTlVM &Antonin , vis à vis de l’lfle dmngleſey , ſur l'embouchure de la ri
uiere de Saint dans la mer. Les Princes' de Galles y ont eu autresſois leur
Chancellerie , 8c leur »Eſchiquier ', auec vn luſticier , pour tout le North
wales. Elle eſt éloignée de ?Equateur de cinquante-trois degrez , cinquante
minutes.
Les autres ſont A BE RC CNW/Y , c'eſt a dite , la bouche de Conxvy , pource
qu'elle eſtaffiſe ſur l'embouchure de cete riuiere dans la merzBANG ER ou BAN
GORpu BANCHORJurle Deſtroit de l’lfle d’^ngleſey , ayant l'honneur d’e
ſtre Siege d'vn Eueſque, qui gouuerne quatre vingt ſeize Parroiſſes : NEWIN. ſur
le blgrd de la Mer d'Irlande: 6c PVLL-HELY , c'eſt à dire, Lac ſalé , prés du
Go e. ~ ~
'Iſle d’Angleſey. ſi ct~ct
329
RW***- Ses principales riuieres ſont le CONWY ,ſur lequel fut la ville de CONO~
VIV M d'Antonin,donc les reſtes qui conſiſtent en vn méchant village,s’ap.pellent
CAER NEAN: ſi bien qu'à cauſe de ce Conouicum , les Latins ont nommé ce
fleuueCONOVIVSÆtleSAINT. p . f - - .
Aude. L'air de ce pays eſt froid 8e penetrant au poſſible , Gt cejqùi le rend plus rude 6c
faſcheux,c’eſt la neigqqui ne bouge iamais de ſes monragnes,qui ſont des plus bau
tes,appellées par ceux du pays Craig Eriri, &par les Anglqis-Snowd on, c'eſt à dire,
en toutes les deux langues, hlontsñcouuerts de neige, .Mais ce nonobſtant ils ont
tant de bons paſturages, que le ,Galois diſent , qu'ils peuueqtſſuffire à tout le beſtail
du pays de Wales. Maisce qui eſt proche dedla nier eſtlalſez fertil. Au re
ſte , on tient que la riuiere de Conwy nourrit desshuitres_ qui portent les
perles. , , 'ſ y ..
Leolin Prince deWales, ayant eſté contraint de tenir en fiefce pays , auec l'Iſle
' d'Angleſey, &Edoüard remierzÿc de luy_ payerpourcela mille mares tous les ans; _
puis ne voulant pas ſarisſgireâ ſes promeſſes, 6c ayant pris les armes , ſut cauſe de la ~. -ſſl
fin-de la domination des Bretons, auec celle de ſa vie..
ÎSÎÎEÎÎÏïïíagtfflzzî
Nïinsï ' .~ 'Iſle que TaciteïappelleMONA, differente de celle _à qui Ceſarb donne aTacit. Ann: ï
T, meſme nom , a receu premieremenff des Anglois Saxons celuy de MO- 'Êfffîäë Rd*
z c NEG; puis des Angloislors qu'ils la'poſſederent,celuy ÏANGLES-EA; c Camden;
6L GANG L ES EY,'c'eſtE‘i dire,Isle des Anglois. Mais ceux du_ pays deWales l'ap— Bffl-d ,rh
Pelänſ au !ieil langage de l'lsle_ MO N , 6c TI R M O N, c'eſt à dire, terre SP" ~ 'ſi'
'Aline de_Cette
on. Iſle qui
_ tient rangſientre les' Comtez duſſpaysde
’ ‘-
\Wales ‘
, en eſt diuiſée par
. H le petitDeſtroic
coſtez , qu'ils appellentla
dela merdTrlande. ' _ _ Riuiere
ſi ct ' de
' Menais 6c ceinte de tous les autres
mundo.; Sa longueurdg l'Eſt à l'Oüe_ſt,depuis Beau-Maricbiuſques au Cap ſacré , nom
mé par les Anglois Holy head,'eſt de vingt mils Anglois: Sa largeur du Nord
au Sud, depuis LLambaderik , iuſques àla bouche du Menai , de dix—ſept : &ſon
Diuifion; tour entier denuiron ſeprante. Elle eſt diuiſée en ſix Hundredes , 6d contient deux
villes marchandes, 6c ſeptante-quatre Parroiſſes. _
Lieux. Les Rois de Nortwales cleſtablirent en cettelſte leur Siege Royal au lieu d’A— Ëfflfflgfſclſſgîä' .N
BERFRAV, ſi bien qu'on les nommoit communément Rois d'Aberſrau. Mais ‘ce c Speed. Tſihe;
lieu a perdu tout ſon luſtre, n’eſtant plus qu'vn fort petit bourg. Maintenant la Cïffldïn-Bïiî
principale ville de cette Iſle eſt BRAVMARll-ëhbaſtie en lieux marécageux du co
ſté du Leuant; 8c fortifiée par Edoüard premier d'vn chaſteau. Elle eſt éloignée du ,
'dernier poinct: d'Occidentdegrez.
teur de cinquante-quatre dequinze degrez quarante-cinq
î minutes
- . 8c de l’Equa- _\ ſi -
, «L'autre ville eſt NEWBVRGH ,nommée au langage de \Wales RO SSVR,
__ éloignée de dix mils de Beau-Marish, du Couchant.
*WWW Les 'riuieres de cette Ifle ſont ALOWſBRANT, DVLAS, GWEGER,
GYNTJÇEVENYE, LLINON , MAELTRAETH, MATHHANAN 8L
MENA] ,la principale de toutes, qui la ſepare comme vn bras de mer dela terre
_ferme de Wales. .i '
Qualíié. L'air de cette Iſle eſt moyennement agréable 8L ſain,ayant ſeulement ce mal,que
les habitans ſont par ſois ſubiets aux fiévres. à cauſe des broüillards &c vapeurs épaiſ
'ſes qui S’éleuent de la mer d’lrlande.Q1ant au terroir,quoy qu'il ſemble ſec 8c pier
reux, voire meſme peu agreable à voir, 8c de ſemblable qualité que-pluſieurs en
droits du pays de \Vales , qui ſont de peu de rapport; toutesfois il eſt plusſertil en
grains , qu'aucune partie du meſme pays; de ſorte qu'on dit communément au lan—
gage deWales, Mon Mam Cymbry,c'eſt à dire, Mone eſt la mere de Cambrie ou
deWales 5 pource qu'encor que cette Principauté ſoit ſans ble-JS ,cette Iſle ſeule
peut nourrir tous ſes peuples. Auſſi cette lſle_ pour plus de commodité a
forèe pierre , dont on faitles meules ,tant pour moudrele bled , que pour émou
Europe. FF
I
3zo Ifle d'Angleſeÿ.
dre les couteaux , 8c autres inſtrumens de fer. Elle nourri: auſſi grande quantité de
beſtail 5 6c de plus, elle a certaine terre alumincuſe , dont quelques vns ont tire de
l'alu”.
² TW AM* Au temps de l'Empereur'a Neron , lors que Paulin Suetone commandant pour Maur:
hctct" les Romains en la grande Bretagne , atcaqua cette Ifle de Mone ,ſes habitans paru- :gſm:
rent en grand nom bre en bataille le long du riuagek 6c l'on voyou: courir parnxy ces *
troupes des femmes en façon de Furies , auec des habillemens de dueil , les cheueux
pendansÀc des flambeaux en la niaimLesDruydes eſtahs pareillemët autour d'eux,
prioyent les Dieux en( leuant les mains auCiel; ſi bien que ces nouueautez eſton-ñ.
noient les ſoldats Romaingqui tuerent apres ceux qu'ils rencontrerent deuant eux,
mirent garniſon en leurs bourgs , 8c bruſlerent leurs bocages pleins de ſuperſtition ,
où ils auoient de couſtume Ïépandre le ſang des priſonniers ſur les Autels , 6c de
conſulter les Dieux par le moyen des' entrailles des hommes.
b Ma g i.Gco.
Les habitans decetteb Iſle ſont forts 6c robuſtes , 6c parlentf meſme langage Mami
Ëïcetípj
*ÏHÛNFÜS- que ceux du pays de Wales.
~ 1
-————I—_—
ISLES .APPART-.ENËANTES
A LANGLETERRB
Noms' '
Vtour ‘ de l'Iſle &Angleſeÿ , l'on en void trois autres pe
~ _' cites peu éloignées , dont l'vne s'appelloit aurresſois au lan~
gage de \Wales YN~l S ADAR , c'eſt à dire , Ifle des oiſeaux,
‘ &c maintenant eſt nommée au mémelangage YNIS MO YL
ſ RON [AID, c'eſt à dire, l \le des Veanx marins,- &c en Anglais
~- ' YSTERlSD : Pautreeſt YNlsLYDODpïeſtàdireJfle des
a " -’ Ô Rats; 8c la troiſième, SElRlAL;enAngloigPRESTHOL.
_ - " ME, c'eſt à dire,Isle des Preſtres.
“RM n” Les habiransdiſent 4, qu’il y a fi grande multitude d’oiſeaux,quiviennene ni_ WWE
cher, 6c faire leursœufs en la derniere de ces lsles, que leur rapport ſurpaſſe la com_ ’
mune croyance. _ ,
(N.
ISLE DE MAN.
ñ 'Iſle que ceſdë appelle MONA, Ptolemée MONOEDA , Pline M0- “U”
z. NA BIA , Oroſe M ENAVIAU, Bede MENAVIE SECONDE; Gilde
I"- Ïſiäí Hiſtorien Anglais EVBONIA 6c MENOW , eſt nommée par les mol
e Camden.
Brit. dernes Eſcriuains Latins MANNIA , pare ſes habitans MANNING'. &par les
Anglais THE ILE OF MAN,c’eſt à dire, l'Isle de Man, qui a porte' tiltre de
noyaume. ’ _
Elle eſt au Nord de l'Ile dïængleſey, qu'elle a par conſequent du Midy; de meſ- :ÆËÏHŸ
me que ?Eſcoffe du coſté du Nordsôc regarde du Couchant l'Irlande, 5L du Leuant '
partie de la Prouince de Lancaſtre. Sa longueur eſt de vingt-neuf rnils ,~ ſa largeur Eſtendue]
de neuf; 'R ſon tour d'enuiron quatre vingt-deux. Elle eſt diuiſée en deux parties,
l'vne Septentrionale , l'autre Meridionale; 6c contient deux chaſteaux , cinq villes
marchandes, dix~ſeptî Parroiſſes, 6c pluſieurs bourgs 8c villages. ~ nu!,
Ses villes 6c lieux de trafiqſont DOVG LAS, ayant vn bon port,oùles François l '
&les 'autres nations portent du ſel,6c chargent des cuirs,de la lainqôq u bœufſalè:
LAXlTOWNEÆVSHINAŒOn tient pour ſa principale ville, apäléeà cauſe
de ſon cbaſteau CASTLETOWN E , où le Pape Gregoire eſtablit lè' iege Epiſ
copal de cette Ifle,dontl’Eueſque nommé$O DOREN SE,demeure làpluſpart du
temäsdä BALAGVRI ou BALALOVGHKIRK : puis encor il y a PEEL &c
RA
Î-'âlſſïSEY-
de cette Iſle eſt froid zz faſcheux,~pource qu'elle eſt fort auancéc vers le Qualité.
- z
"ï l Ifle de Manl
331
Nord, &n'a quels-mer qui la defende du froid. 'Elle manque de bois 6c ſoreſtsmais
les habitans ont en recompenſe des mortes de terre ou courbes , de meſme qu'aux
Pays- Bas_ , qui bruflent , Gt leur tiennent lieu de bois. Elle eſt moyennement fertile;
mais ſi ſes habitans ont quantité de grain ,ï principalement d'orge «Sè auoinqcette
abondance vient pluſtoſt de leurindullrie que de la bonté de la terre , qui produit
auffi beaucoup de lin 6c de chan vre.L’on y voit par tout la terre couuerte de beſtail,
qui eſt toutefois plus petit qu'en Angleterrqdemeſme qu'en_ lrlandeza: la mer voi
ſineleurfournit force poiilon. Aurelie, ſurle milieu de Ville-il y a ſorce- monta
gnes, de -la plus haute deſquelles, appellée Sceafell ,l'on peuçyoir en temps ſei-ein
l'A ngleterre, l 'Eſcoſſe 6L l' Irlande. '. - ~ ñ ~ _ ñ, ñ .
Mœuts. Les habitans de cette Iſle ſont grandement deuots ä leurmode. Ceuxd-qui ſont
plus aiſez, imitent les mœurs de ceux de la Comte' de Lancaſtrqauec leur façon de
viure plusſplendidement , _Gt traiterles eſtifiangers_ Mais _le menu peuple approche
de mœurs des Irland ois , tenant vn peu toutefois de l'humeur de ceux de Norvege:
6c pour le regard dufangage, ceux-qui demeurent du coſté du Nord , ont le leur ap
prochant de l’l'Eſco'ſſoi~s,& ceux-du_ Midy de Plrlan de. Au reſte,les femmes ne ſor
tent point-dualqgis, ſans porter autour_ d'elles' lelínceul _auquel on les doit en
ſenelir. r" 1.3.'. . ' - y
60mm- Cc peuple eſt exempt de tant de formalitczJongueurs deprocez 8c conſultations_
PWM- ÙAduocatgqDi ſe pratiquent-meſme en Angleterre: tellement quii] ne deſpenſe pas
- vn denier en toutes ces cliicanes : pource que les liabitans éliſent des luges ._ñ qu’ils
nomment Deemſters; qui VUljlfnt-\OUS leursdifferents ſans deſpens_ R fans ctécritu
… fes, Si quelqufimſe plaint de quelqueinjure, leMagiſtrat leue me pierre,ſſ& y mec
tant ſa marque, la baille à celuy qui ſe plaint, afin qſſauœ :-lie il donne aſſignation
parideuant les-Iuges ,tant à partie aduerle qu'aux témoins. _S'il y a quelque affaireſſ
quùmerite deſttebien conſiderée ,l'on en remctleiugement aux Douze hommes,
qu’ils appellentles Clefs de -Flſlçcll eſt, iiefendu d'y mendier, &c chacun y vit en
toutefiſoureté, ſans crainte deslarrcnsœ des-voleurs., qui n'y ſont point ſuppoſ
cezznon plus que les ſaineans-…Quaptaux femmes condamnées 'a la mort, ſelon leur
.loy, elles ſont cou-ſuësdans ,vnyſacy puis on les iette_ dans la_mer du haut d’vn rocher. ._
Ils ontdes .Magiſtrats ,_ qu'ils, _appellent App,, qui . exercent la charge des Vi.
comtes.. ,._— ï z…. _, w_ ,.,.. _
l
Religion , Lesjiabitans deeetteñlfläſuiucnt la Relígiond Angleterre, Leurlîueſquc Soda-z
nenſeauoi; autrefois lzuriſdiflion ſpirituelle ſur toutes-les Ifles Hebrides; 8: main-ſi
tenant, il lffexerce ,ſeulement ſuijçette [ile, eſtant ſóutnisàlmrcheueſque'dîYoſk, ~
Mais il n'a pas ſeance ny _Yoixaux Eſtalts generaux , opuPar-lemen? dhängle_
terre. — ~
Genealo- L'an mil ſoixante-cinq* , GODRED fils de Syrric, regnant en cette I \le de ² 31m3- T119?
P" Man,d~e~c~eda. ' ‘ ‘ 'î ' - - ñ - - . ,
CÏO D RED CROVANJils del-Iarald le Noir cſtant venuſan mil ſoixante ſix en
-cctœ I fle, pour s'en rendre Maiſtre, fut défaitpaiflles habitat”, puis en ſin -en deui nt
Roy , 6c mourut ayant regnc' ſeize ans, &laiſſé trois fils , Langman, Harald , &c
"‘î"0lê.V.-fl-'
,ſi LA _GM AN_~ ſonfils_aiſni'~,_,rçgnaſii
-~ ~ 1-… ſept ans,priua des yeux Bilder
. genitoiresſſon
. ſrë.
ÜI-llſi-Jctï ſe Harald rebelle ,~ - .puis - par ypenitence ſit le voyage de la_ Terre ſaincte , où il … ~_
_ mourut: "
L'an mil ſeptante-cinfflceux de. l'Iſle ayant
j ſceu'
. z la mbrfdſelîagſiinaig~prier~ent
._ , v' ~
Mu-î ‘
'ſſ“ct ‘ retard OJBriem .Roy çl'liſlande,_deleurdor~ine_r uelque braüëperſonnagede racer
noyale; ,4 pour eſtre !leurRoy , iuſques ,à 'ce q'u' lave ſutſgrand. . Il leur' "enuoya '
"" î DÏO _lÈ NAIL , fils de Tad, qui les tyranniſa, chaſſé àuſbqut Île'
_ troisans. _ . .
-‘ ' _-*ñ blement'
' OLAVE commença
-7 ſi ſ deregnerPan
. mil cent vnze, 8c regnà 'quarante
ï ‘ an:
" paiſi-
" '
ñ GODRED ſon fils demeura Roydes
l'anIfles
1144], regna trente ans;_DVLGA-L),
vid éleuer contre?
luyjThorſin fils d'O_ter , qui ſit Roy SVMMERLſſED-'ſſ auec »
lequel il fit en fin la paix l'an mil cent cinquante ſix 5 tellement qu'ils partagerent
‘ entr' eux le Royaume des Ifles: puis l'an mil cent cinquante- huict , Sum merled '
chaſſa de l’Ifle de Man Godred,quí s'enfuit en Noruregez mais Summerlcd fiit tué
bien-coſt apres,attaquant l’Eſcoſſe. . ~
Europe. _ F f iij
3'37. - Iflede Manſſñſi' i "
REG [N ALD 011 REG NAV D,frere baſtard de Godred, commença de regner
quatre iours apres. Mais Godred venant de Norvege , auec groſſe armée ,le prit 6c
priua de la veuë , puis 'mourut l'an mil cent quatre vingt ſept , laiſſant Regnaud
Olave 8c Yvar, 6c nomma O lave ſon ſucceſſeur. Mais pource qu'il n’auoit quedix
ans , ceux de l'Iſle de Man recognurent pour leur Roy Regnaud ſon ai-ſné , 6c de la
vint vneäongue guerre qui dura trente-huict ans , 6c finit par la défaite 6c mort de
Re nau . J ñ,,
_ l de Man,5t
Ëïm milpartageantauec
deux cens trentezê
luy leLAVE vint des
auecIſles,
Godredfils de Regnaud,
cete Ille z en l’lfle
Royaume eut à ſa part 8c GO
dred s'en allant pour commander aux autres lfles, fut tué en celle de Lodhus i ſi
bien qu'O laue demeura ſeul Roy de toutes les lfles, puis mourut l'an mil deux cena
trente-ſept. - -p
vHARALD ſon fils fut ſon ſucceſſeur en l'âge de quatorzeans , ac regna douze
ans. L'an mil deuxeens trente- neuf, il alla trouuerle ROY de Norvege, qui deux
ans apres , confirma tant à_ luy qu'à ſes ſucceſſeurs , toutes les Ille: ueſes predeceſ
ſeurs auoient poſſedées : puis Harald eſtant de retour à Man,l'an m' deux cens qua
ran te-deux, fut en paix auec les ROÎS d'Angleterre ôcdlïſcoſſe. Depuis il épouſa la
fille
auecduelleizoy
l'andeizſi4
Norwege , «Scriuage
z ,prés du reuenant en ſes pays auec ſa femme , ſe perdit en mer
de nadland.
RE GNA VD,ſils d'Olaue, ô: frere dT-Iarald, luy ſucceda, a: ſut tué trente iour
apresyjjſ vn ſoldagnomméYuar. . 4-; ,L5,
\ M AGN- Çf fils d'Olaue,vint en cette Iſle l'an 12.52., 6c fut Roy: puis alla demcui
ſe, Vn a… prés dukçy de Norvege, 6c mourut eſtant de retour, à Ruſshim l'an mil
deux ceiis ſoixante cinqſi. ſi ~ -5 l jj'
'
L'an mil deux cens ſoixantÛſix D le R°Y²um_F-' J55 mes ſu? ſſänl-POTFC'. PORTO:
quffiilexantlre Roy d’Eſcoſſe eſtoit Ôeueffll mainte' des Illes d’O<_:ci'dfnt-,- 6c ouaip
rangé ſous ſa puiſſance l'llle de Mamctcomſfœ 5919W' "Ombœ- ²—“-² - 'il -- EH": '
Mais l'an mil trois cens quarante. Guillaumâfle IŸOÜËÊQU i' Comte de Sarilburyz
arracha cette Iſle par force aux Eſcoſſois , 6c l'an- mirttflolj cens quatre vingt-treize;
~ la veiiditäſGuillaurne
ayant Sctoop
eu la-tefle trenchée, , aueccriminel
comme ſa Couronne
de lſiezc8cMajeſtéfes
ſon dróifïitoyal. Mais Sci-do
biens furent “oënſi ;‘
qüez
-la , 6L cette lfledevint
ſſdonnaſizlſſHenry auec le reſtedeNorthumberland.
PcrcyſſzComte _entre les mains du Roy Henry
Mais_ quatriémez-quê
'ce dernier ayant en- ‘ "
cor eſté conuairicu de leze Majeſté , le meſme Roy enuoya prendre poſſeffiozſ de
cette Ifle, &du chaſteau à lean Stanley , Poctroyant tantâ luy qifàſes ſucceſſeurs,
qui ont îeu'le tiltre de Comtes de Derby# Rois de Man. - ~' - '
',"'. L.~.Z- r 0,- _ _ - — -.
5"* ""1 ' f ñ. 'ï~ '.' ’., _. ' ‘ ’
Nom..
ISLIÉJ~D’À LDERNEY,
, .- _ 'Iſle d'ALDERNEY,²nomtſſnctée dans les-Archiues du Roy d’An— ;Pn-deal
. Ë gletcſre AV RNEYfiL AVRIGNEYhſeml-zle eſtre cel le qu’An- séxïdflnat_
' ~. _tonin appelle-ARICA , la mettantentre les lſies de la mer Bri
mum 1 . tannique. ff: , .' —_ K —, _p ñ. ~
Eùznduz_ _ l -Elle eſt dans le Canal delamer d'Angleterre., a quelques ſept
LÎ-“ïz 'Ïñ -Ë-.---~—-—~-—<ñ‘3*. mils du_ cap de_ la Hogue de N orman die; 6c pres .de quatre lieuës
Q"““' de l'Iſle delerſey. Elle a enuiron ,huict mille pas de tour,_vne Egliſe, quatre-vingt
maiſons, auec vn terroir ſertilen bleds, &c riçhe_ en paſturages. —_ l ~ .
Bugue_ Elle eſt longue de dix mils, 8c large de ſix, 6c ſon tour eſtde trente-huíct, 8c cons
Lieux.
tient douze Parroiſſegôcquatre Ghaſteartx. Du coſté _duLeuant elleeſt fortifiée
d’vn Chaſteau nommé MONT-ORGVEIL , 'aſſis ſur vn roc eſcarpé , ſejour du
ï Gouuerneur de l’lflc, qui y tient-touſiours bonne garniſon.- Elle a encor la petite
ville de ſainctl-IILAIRE. ‘ ç q. ‘
W155_ rit force
C'eſtbeſtail,
vne lſleprincipalement
du tout agreable, 6c ſaine, qui produit quantité de graingôc nour
des brebis, dont pluſieurſibont quatre cornes. es ha
bitîs-font de leur laine les bas de chauſſe, quîonappelle en Anglois Ierſey ſtockings,
qu'ils vendent en Angleterre, en tirant vn grand profit. _llsont grande faute de bois,
au lieu duquel ils ſe ſeruent delalgue de la mer , qu'il: appellent Vraic , laquelle ils
font ſeicherau
(eruent Soleil,
auffi pour meſmepuiseffet
brufler, 6c de ſadecendre
de fougere, ils ſorte
qercaine engraiſſent leurs6cterres.
çleſſgeneſt, Ils, 6c
de paille ſe
meſme-onc d'ailleurs du charbon de pierre. -Il y a des vallées arroſées de diuers ruiſ.
ſeaux, auec force arbres fruictiers , &L particulierement des poiriers, donc ils font vne
eſpece devin. Au reſte ſes habitans trouuent en la mervoiſme abondance de poilj
[on I principalement de congres, 8c de langouſtes , fort graſſes. î _F f_ Ill]
3S4- Iflc de Carnſeÿ.. l' i
Ceux de ceſte lfle viuent fort joyeuſement# continuentä parler François, quoy Moeurs;
qu'ils ayent toujours eſté ſujets aux Rois d' Angleterrqdepuis la mort deRobercDuc
de Normandie, fils aiſne de Guillaume le Conquerant.
Le Roy d'Angleterre y tient vn Gouuerneur, qui eſtablit vn Bailliſ, ayant .pour Gouuer
_Aflſſeſſeurr douze Iurez aux cauſes ciuiles, &c cinq aux criminelles. Ces douze Iurez ſiſſmſiſi"
ſont efletis des douze Parroiſſes de ,l'l fle, vn de chacune; tellement que perſonne ne
peut recourir qu'à ſon Iuré aux cauſes ordinaires. Mais les procez plus difficiles , 6c
plusCeſte
im portans
Iſle eſt ſe vuident
toute en [Audience
proche publique,
de_ deux autres &c generale
ſort petitegqui deuant
portent leſſ lenom
Bailliſ.
de ſainct Autre:
ALBAN, 6c de ſainct HI LAlRE,qui ſont comme dans vn golfe de cellede larſay, m":
du coſte du Midy, auec garniſon. ~
'——ñ~—d——4'*—————-——-4——n——~‘—~>——— ....
DEGARNSEK
'Iſle de GARN SEY, nommée par Antonin S ARNIAAffiſe Nom; -
.1 dans le meſme canal, eſt efloignée de quelques vingt mi-ls -de Atrium'
cel le de larſay , _du coſté de l'Oueſt , 6c plus aduancée vers
l'A ngleterre. ' .
i Elle eſt longue de treize mils, &large de neuſ,& en a tren- Enendue:
. _ ‘ '_4 ſi_ vaiſſeaux,
te-ſix de tour. L'on
auec la y voit
petite villevn
de port
ſainctcapable de beaucoup
Pl ER RE. pleine _d'apde Lieux,
‘-" **à 7'” *L* pareil de guerre, 8c deux Chaſteauxxn l’vn deſquelgappellé,
CO RNET, le G ouuerneur de l'Iſle demeure , auec vne bonne garniſon de ſoldats,
qui n'y laiſſent point entrer ny les François, ny les Femmes.
Ceſtelſle eſt agreable, 8c ſaine , autant que celle de larſay , 8c de plus a ceſte par- Azütêz
ticularité , qu'elle ne' nourrir aucuns crapaux , ſerpents , ny couleuures …au lieu que
l'autre en produit grand nombre. Elle eſt entourée pour la pluſpart 'de rochers; entre
leſquels on trouue la pierre d’eſmeril, dont les orſevres ſe ſeruent pour rendre la
pierreriemette, 6c les verriers pour fendre le verre. Son terroir produit abondamment
ide l'herbe, tant pour les brebis, que pour l'autre beſtial , 8c ſes champsſont couuercs
en Eſtédediuerſes fleurs. Ses habitans l'ont garnie depuis quelque temps de toute
ſorte d'arbres, principalement de Force pommiers ,- dont ils ſont grande quantite -de
ſidre, de meſme que du peré de leur poires.
Les habitans de ceſte lfle parlent François , de meſme que ceux de l’lfle de larſay, Maursi
6c toutesſois ne veulent pas qu'on les nomme François, mais Anglais. Ils ne s’occu— '
pent pas tant à l'agriculture que ceux de l’lfle de Iarſay z mais semployent au traffic,
8c à voyager_par mer , pour s'enrichir. _
Ceſte Ille, de meſme que celle delarſay ,lôcautres voiſines , a touſiours eſté ſous Gouuerä_
Pobeyſſance desRois d'Angleterre, depuis Guillaume le Conquerant. . - "WW"
El lea recognu lOng-tetnps la Iuriſdiction ſpirituelle de ?Eueſque de Conſtance Rïlisſié”
en Normandie,
zabetſih juſqu'au
l'a ſouſmiſe changement
à ?Eueſque de Religion
de Winceſtre 'en Angleterre,
en Angleterre, 8c la pour
Fannexant Roynqälîli.
iatnſſais
auec les autres à ſon Dioceſe , quoy que les habitans ſoient Caluiniſtes , 6c ſuiuent la
doctrine_ que les Miniſtres de France y ont introduite.
)
._.. .
AVTREs1SLES,
' ‘_ ' Ntreles deux Iſles' delerſey, 8c Garnſey ,l'on trouuecelle deSER
" ~/“" -~ ‘ KEgtouce ceinte derocherspùlean des. Owen de Ierſey-par per
" ~ miffion de la Reyne Elizabeth, 8c pour ſa commodité conduiſit vne
peupladqpour ce qu'elle eſtoit auparauant ſans habitans. r
_H Il y_ a _l’lfle dfe lETkèltOäY/,quà ſert au Gouueäneur deſlſle Île
~ ‘ Gatn e pour aire ai re es bre .is , &comme e arc , 0m' CS
dains, conils, &ſaiſans äui s'y iiourrillſient , &celle ÏARNE , entre Sîrk , &i; Garn
Èy , plus grande que Iethow, qui ſeruir auttesfois de demeure aux Religieux de
inct François. '
f _._—__.._.—.. _…._
335
p* v y- . Es lfles nommées parlés A'n‘g"loís SIL LY, 8c par les mariniers des
~ ‘- f. Pays-Bas SORLINGS , 'priſes parfipluſieurs pour celles que les
._, anciens ont appelliſiÿes HESPEÃRIDESÆZ CASSlTctER lD ES,auſ
lieu des Açores, 8L veritable-ment poutilſies SIG D _E [ËES d'A nto-ſ T_
— nin, les S l LVRFSde Solitnôc les OESTRYMN l DES de Feſte
> Auienqſont elloigiiées du plus aduancé cap deCornWal de liuict
ï"°“‘l"°' lieues, 8c \ont au nombre de cent quarante-cin
q , dont_ ily en adixprincipales , dont
les noms ſont ſaincteMARl E, la plus grande de toutes, ayant vn Chaſteaiiiauec gar
Noms.
niſhn. ANNOÎmGNES, 'SAMPSON ,,s1i.LY,'izRE FAR… .ILLVS-.Co ,ou
TRES CAV, ſaiîncte HELEN E , ſainctM A R-TlN , 6c ARTH VR' ,auſquelles
on en adiouſte deuſix autres moindres, nommées à cauſe de leurs mines , _MlNANê
WiTHAM,
' Ces douze ôc-MlNVlSlSAſſN D; _ (Yeſtactín
lflesoñt toutesdes mines ~—— , 6c' ~les "aucttreis
, . ,ſont_ couuertesdher
'
Lime. be , ou de mouſſe verte, outrſſe Force eſçueilt, BZ-rochers. Æelſiques vns ſont aſſez fer;
tileten bleds 5 mais toutes ontgtände abondance de conils, gruës, cygnes, lierons,ôc
oyſeaux marins. î ‘ ſi
de ce Royaume furent toutä ſait déſaits par Kennet Roy des Eſcoſſois, qui donna 3…'
fin , tant à leur nom, qu _ à leurregne , eſtabliſſant
_ _
en leurlieu celuy d , Eſcoſſel , 6c des gPÇlaudia.
S ccd Thcacſi
de
Eſcoſſois. - a
(Ze ſutauffi la demeure desSCOTS,que nous nommons Eſcoſſoiavrais Scythes 7 ~
a i^m.Mai~c
qui paſſerent en l'Iſle de Bretagne de celle d' Irlande , qu'ils auoient premierement li.l7- _.
1
abordée :tellement queceux du pays de Galles appellent au vieil langage de l’lfle, “M74 m5'
les vrais Scots, ou Eſcoſſois, &L les lrlandois, du meſme nom deGVYDHYL. Auſſi
ont—ils meſme langue. lls ont auſſi nommé , tant les Scythcs , que_les Scots , du meſ- p
me nom de Y-SCOT, comme on voit en leurs anciens eſcriuainsnflc le Roy Alſredl Lfiſffldffl*
traduiſant il y a -plus de ſept cens ans l'hiſtoire d’Oroſe en Anglois , amis au lieu du ‘
nom Latin de Scots, celuy deSCY TTAN,voi~re meſme les Anglêl! VOÎÛÛS de Hîſ- .
coſſe,ne les appellent pas Scots, ou Eſcoſſois; mais SCYTTES , 8c SCETTS , qui …Chui de,
furent ffl eſtimez parles anciens , vrais Irlandois , quoy qu'ils fuſſent venus des pays …Honoz
ſides Scythes en Irlande. Au reſte ces Scots eurent pour voiſins , ou compaonons “ les Cfflïffl- 55
. .
ATTA C O T S _, eſtimez .
des plus vaillans, . originaires
&c tenus ° pour vrais l” ñ - P
deszſiſſſiäl' . ſi d ,
]']fl@_ n Marcellin:
. î, u. .ac .
Maintenant ce pays que nous appellons Eſcoſſe , eſt nomme communement par o &Majin;
ſes habitans SCOTLAN D : mais les vrais Eſcoſſois? ignorans le nom… _de Scots , ou li.:..c0n.lo
Eſcoſſois, 6c d'EſiſcOſſe, donnent à leur Royaume celuyſiCYALBIN , 52E leur nation "Zäèhanau,
d' A L B I NIGH , &c ceuxq du pays de Galles appellent auſſi l’Eſcoſſe A L— Ïuscoiii .I
BA N l E. . ‘ ~ ~ / ~ APHUiÃFE-z
336 Eſcoſſe.
a Speed Thu' C; Royaume *aboutit du Nord à la mer Deucalidonienne , ayant du meſme c0- connu;
ſté les Orcades pour voiſines, &t joint du Couchant la mer d'Irlande , de meſme que
du Leuant ?Ocean Germanique, 6c du Midy la riuiere de Twede, les montagnes de
Cheuiote,
Sa partie8L Meridionale
la riuiere, ou de
le golfe de Solvay,
Galloway, quidulebras
proche ſeparent de l'Angleterre.
de meigougolſe de SolWaY, EMdW-ſſn
a cinquantc- ſix degrez de latitude, d'où ce Royaume reſtend apres iuſqu’à ſoixante
degrez, dix-neufminutes de hauteur de pole , ê: pour le regard de ſa longitude elle
_ eſt en ce meſme endroit entre les treize', 6c les dix-neuſdegrez.Mais où il vient ä s’e
ſtrecir du coſté du Nord, il approche tellement_ du Pole,qu'il eſt droitement ſouſmis
y bccrnſi de aux dernieres eſtoiles de lagrande OUrſeWAUreſte "la longueur de ce Royaume eſt
ludnspcc. eſtimée de deux cens cinquante-
vin tdix. "ct ,~ .
ſept mils Anglais
‘
, 6c ſa largeur de cent quatre 1
c Camden. à pres que les Pictes ï diuiſei en Deucalidons , 8c Vecturions , eurent eſté déſaits Diniſionîll
Brit. parles Eſcoſſois, ces derniers partagerent tout le pays en _ſept Principautez , dont l'a v
remiere contenoit Enegus, 6c Maern, la ſeconde Atheodlfflc Goverimla troiſieſme 'l
gtradeern, auec Meneted, l'a quatrieſme' Forthevenla-cinquieſme Marc,&c Buchen,
la fixieſme Murſſ,~& Roll', la ſeptieſme Cathanes ,_d_iz1iſé. par le milieu parla monta
gne de Mund, qui s’eſtend de la mer Occidentale ?reelle de Leuant.
Ils diuiſerent apres tout _le Royaume en _ſeptTerritoires, dont le premier com
prit depuis Fryth ,ou Scottwade iaſqwà la riuiere de 'ſay , le_ ſecond depuis Hilef
iuſqunu mont d' Athran ,le troiſieſme d’l~lileſ iuſquffà- la Dee ,— le quatrieſme depuis
.ïa Dee juſqu'à la riuiere de Spey, le cinquieſníe depuis le Spey iuſqtfà la montagne'
de Brunalban ,le ſixieſme Murcs 6L R os ,le ſeptieſmele Royaume dX/Ãrgathel.
Ses habitans ſont auſſi partagez enzHifghland -men,& LeWlaod-memdeſtà dire,
hauts. 8c ba—s.& en Borderers, ou genszde routiere: ~ ' ,
Mais ce Royaume eſt diuiſé , principalement ſelonſaffiette des lieux, en deux
parties, à ſçauoir en Meridionaleafi deçà du Tae , ouTay, 6c Septentrionale au delà,
outre vn ſort grand nombre d'I\les qui Penuironnentles principaux pays dela par
tie du Midy ſont Lauden,Teiſidale,Merch, LiddeſdaleÆ-skedalevfl nnandall-AN id?
deſdale , Galloway, Carrick , Kyle , Cunningham , Arran , Cluydeſdale; Lennox, .
Stirling, Fiſe, Strathern, Mentetth, Argile, Cantyre, Lorn. Ceux de la partie du
Nord ſont Loquaber, Braid Albin ,Perth , Athol, Anguish, Mern, Mar, Bpquhan, ‘
.Murray, Roſſ, Surtherland, Cathancs, 8c Strathnavern. . _'
' L'on partage encor ce pays en Shiriffdomes ,ou Comtez , 8c Gouuernemens , en _
Stewarties, ou Seneſchaucées, &c Bailleries, ou Bailliages. Les Comtez ſont Edena- '
burg, Lv nthyquo, Selkirk, Rozburgh, Peblis, Berwick , Lanarlz, Renfrew , Dun- _
fſ6lS,\Vlgl'1\0n, Aire, Bute, Argyle, 6c Terbet, Dumbarton , Perth, Clakmannan,
Kinrus,Tiffe, Kincardinſſurſair', Aberdone, Bamff, Elgin , Fortes , Narne , I nuer-~
nes, Cromartie, Orknay, 6c Shetland. Ses Sencſchaucées ſont Meotetthfitrarhern,
Kircudbrícht, Annandal. Ses Bailliages Kile, Carick, Cunningham, 6c Hadding
ton Conneſtablerie. .' _
Sa plus granderiuiere eſt celle de TAY , nommée parTacite TAV S , qui com- Ricaud
munique ſon nom augolfe voiſin , 8c les autres principales ſont le SOVTH-ES K,
priſe par quelques vns pour le Taus de Tacite, la TWEDEſiqui reçoit la belle riuie
re deT EVIOT, 8c ſe rend dans la mer au deſſous de Barvick , le SPEY, la DE E,
nommée par Ptolemée DIVA, le DON,ou DON E, qui doiteſtre le DONVS de
Ptolemée ,le LOSS , quele meſme appelle LOZ A , le CLYD , ou CLVYD ,le
TEITH, ouTAICH ,le NYIŸ , nommé par Ptolemée NOBlVS , au lieu de N0
dius, ou Nidius, le FO RTHx-h Firtb, 8c les riuieres d‘EVS,d'ESK,& (YANNAN,
qui donnent leurs nomsä des vallées. e
Les principaux lacs de ce Royaume ſont celuy de MOMVND ,long de vingt Lien"
mils, «Sc large de huictaueſſc plus de trentelfles , celuy de NESS long de vingt-trois
mils
Loch,, celuy de FIN
ou Loſſ, , qui nourrit vne merueilleuſe
6c d'Aber. ſ quantité de harancs , 6c ceux de
w
Ses principales montagnes ſont celles de CHEV IOTE , qui ſeparenc cc Royau- Monu
me de l'Angleterre, 6c le mont de CRAM PAN, nommé en vieil langage Eſcoſſois Sn":
d BoctLhiſt, - GRANZEBANJL parTacite G RAMPIVS, jadis *l borne des Eſcoſſ0is,&: des Pi
' ctcs, donnant ſource ä pluſieurs riuieres, 5c ſe partageant en diuerſcs branches. l
F" Eſcoſſe. 337
(baliſé.
m. l 'Air de ce ï Royaume eſt à peu pres ſemblable âcſieluy d'Angleterre, excepté " a Leſiz de.
quïleſt plus fr0id,comme plus aduancé vers le Nord. Au reſte en Eſcoſſe preſ- “b"‘°°'
que durant l'eſpace de deux mois l'on voit les rayons du Soleil toute la nuit , particu
lierementaux Orcades , &aux pays de Cathnes , 8L Roſſ, ſi bien que parleur moyen
on peut alors eſcrire, 8L lire aiſemenr. ’ .
111-. Il y a pluſieurs riuieres, lacs , 8L fontaines , 8L particulierement en Buquan vne,
dont l'eau diſtillant goute i gpute ſe conuercit en pierres de forme pyramidale , 8L
lon en trouue vne autre pres d Edinburg , ſur laquelle on voit nager le bitume ll s y
trouue auſſi deux lacs remarquables , appellez de Lon-_iund , 8L Lo1l‘,_ dont le premier
eſt ſuzet a de grands 8L dangereux orages, quand le Ciel eſt plus ſerem,8L le vent plus
calme, 8L de plus a des poiſſons ſans areſtes , 8L vne [lle flottante qui ſe meut ſelon
que le vent pouſſe ſon corps ſpongieux l'autre ne ſe-geleiamais quelque froid qu'il
face. L'on y trouue encor ë au Chaſteab de Faſt vne pierre creuſe , 8L ſemblable par c_ CaFJ-ni 4
dehors 'a quelque eſponge a Par laquelle l'eau de la mer eſtant coulée deuient ſoudai- " ë" ""'°"7'
, _ ‘ _ dHcctjoetii
nement douce, 8L l on voit vn lac en Galloway , dont vne partie gele en Hyuer, 8L Hiſt.
l'autre ne gele iamais.
7min Son terroir du coſté ° du Midy eſtaſſez fertil; mais celuy qui saduance plus au *Llſgî- d”
Nord, comme plein de rudes montagnes , 8L de mareſcages , ne produit pas à Feſgal 'ſi ~ m'
de l'autre , combien toutesfois que ceſte derniere partie ayt quelques contrées , qui
rapportent autant que celles du Midy. Mais en ces endroits Septentrionaux les pays
de montagne portent plus abondamment, 8L plus volontiers de l’auoine, du ſeigle,8c
de l'orge , que du froment. De l*auoine ils font du pain de plus agreable gouſt que
pluſieurs deſtiment , 8L de l'orge _ils font pluſieurs fois l’année de fort bonne biere;
mais celle de Mars eſt la meilleure , 8L ſe garde bien ſouuent ſept ans , ſi bien qu'elle
deuienttelleauecle temps , que les-eſtrangers la prennent pour maluoiſie , tantà la ,
couleur, qu'au gouſt. Mais ce pays a cela de Fremarquablqqwen la contrée d'Athol, f CardanÛ _
. la terre produit de l'orge, ſans qu'on l'y ſeme ,- 8L toutesfois le froment s'y change en V“-"-‘e°~‘°i’
&ig le, pource que le pays n'eſt pas propre pource grain. - p
Mines. ll y a dans S ce pays pluſieurs mines de fer, 8L de plomb , 8c l' quelques vues de s ïgfflüä*
ſouffre, 8L d'azur, voire l meſme d'or, 8L l'a-n * i609. l'on trouua à dix mils d'E dim- ífggnffjpd;
_palm burg , pres du village de Litſchou , vne mine d'argent des plus riches. Dauantage _Em-vol :Ji- z
l'on y trouue l au pays de Cluydeſdale des turquoiſes ,des diamans , 8L des eſcarbou- L”
cles, 8L dans m la mer voiſine de ce Royaume des perles blanches, rondes, 8L luſtrées, k Metc.Gal-_
comme les Orientales: mais beaucoup plus petites, 8c de moindre luſtre. Ÿëſſlà v"
ihimuxſi, Ce Royaume " abonde en brebis, bœufs,8L beſtes ſauuages, cant parle moyen de ].,,,@,.'5,zzſi
ſes paſturages , que de ſes bois , &c montagnes. Quant aux' bœufs,ils ſont petits de m 11-71-1117#
corps : mais en fort grand nombre,8L pour le regard de ceurde la foreſt Caledonien- EÎÃLBW '
ne, P ils ſont blancs aupoffible, 8L ſemblables aux domeſtiques, ſinon en ce qu'ils ont n Botero kel;
vne longuecriniere comme les lyons : mais ils ſont cruels, 8L furieux , 8L bayſſent tel* ;'i’,F:‘°"T"“'
lement les hommes, qu'ils abhorrent durant pluſieurs iours les plantes que les hom- ,, ſiczzdyzz,
mes ont touchées. lls ne sapriuoiſent iamais eſtans pris: mais meurent de triſteſſe. “JW-i'
Leur chair eſt de tres-bon gouſt 5 mais il en reſte bien peu,8L l'on tient qu'il s'en trou— ~ ‘
ue ſeulement en vne partie de ceſte foreſt qui s'appelle Com mirwald. Au reſte ils 9 ggſffldë"
meſpriſent les dogues,lorsqu’ils les attaquent,bien que les Romains ayent tenu pour ſi '
~ Les
li furieux
bœufsles*ſi dela
chiens d’Eſcoſſe,
Prouince qu'ils les
deCaricte onttranſportoient à Rome dans
auffi ceſte particularité des cages
qu'entre deſont
qu'ils fer. ‘ 3°” *M*
_
fort grands, 8L ont la chair agreable, 8c tendre , leur graiſſe demeure touſiours liqui -
de. Pourle regard des brebis ſ celles d'vne montagne , proche de Dundor , au pays LSÏËXŒ'
d'Athol ont la chair, la laine, 8c les dents jaunes , 8L de couleur d'or, 8L pres de Dur- ſi
ſie en Niddiſdal elles ont la laine deliée , 8L blanche au poffible , ſi bien que les habi
tans en font des draps, qui ſont tranſportez en A ngleterre, 8c en France. _
L'on voit auſſi pluſieurs loups cruels en E ſcoſſe.8L ſi le* paſſage d'Angleterre n'e- ſiPl°LYiÈ~V"B-‘
ſtoit bien gardé par des hommes, 8L fourny de dogues,l'on en verroit bien toſt l'An- ſi ſi '
gleterre repeupléc. Mais ils ont cela “ de particulier en vne vallée dela Prouince îîcïffl-Vïſ
d'A nguish,aſſez proche dlîdimburg , qu'ils ifattaquent point les brebis , 8L ſe paiſ-l "7“""²
ſent ſeulement de la chair des beſtes ſauuages.
358 ' Eſcoſſeï
n tcflzus de Il y a des chiens de chaſſe ï excellens , dont la premiere ſorteſurpaſſant en gran
î“’*“5‘°‘ct‘" deur vn veau d'vi1 an, ſert ſeulement pour pourſuiure les cerfs , ou défaire les loups:
la ſeconde eſt de ceux qui ſont vn peu plus petits; mais merueilleuſement viſtes , 6L
hardis , non ſeulement contreles beſtes ſauuages; mais encore contre les hommes'
meſrnesqifils cognoiſſent, par vn naturel inſtinct ,vouloir faire tort Zi leurs mai~
ſtres , ou conducteurs , ſi bien que les ennemis , ou les voleurs les redoutent plus
que des vaillans ſoldats. L'autre eſt des chien queſtans,dont les vns ſont plus grands_
que les autres , qui ſont de ſi haut nez , qu’i 's ont non ,ſeulement le vent des beſtes
ſauuages , mais des oyſeaux meſmes , des animaux afnphiuies , comme des Teſñ
ſons , 6L des poiſſons cachez entre des cailloux. Il y a encor vne autre ſorte de
chiens fauues , auec des taches noirès , ou au contraire , qui ont ſi bon nez,
qu'ils ſuiuent tout droit les voleurs ſans prendre le change,6L tant de courage que les
ayant attaints, ils les attaquent auſſi toſt ,ſoit aux champs,ou dans les maiſons , où ils
deſchiren-t à coups de dent celuy dontleur conducteurleur a monſtre la piſte, bien
qu'il ſoit en tre pluſieurs autres.
Ily a grande quantité de perdrix en quelques Prouinces 3 mais par tout vn nom
bre
Maisincroyable d’aloüettes
on yvoit fort : tellement, faiſans
peu de cygognes qu'on en a la douzaine
, tcſſiurterelles, pour vn6Lſol
tourdres, de France.
roffigiiols, 6L
moins de cygnes qu'en Angleterre , au lieu deſquels oyſeaux il y a beaucoup de he
rons, 6L de grues.
L'on y _voit dans le .golfe de Firth , ou Forth vn grand nombre de certaine ſor
te doyſeaux , nommez Soland Geeſe', qui ſont leurs nids en la ſeule lfle de Baſſ
contrele rocher. Ces Oyſeaux ſont des oyes de mer,qiii viennent en celieii ſur le
commencement du Printemps , y portent du bois pour leurs nids , 6L ne deflogenc
point pour les coups d’arquebuſe , lors qu’ils les ont commencez. lls nourriſſent
leurs petits des poiſſons plus delicats , qu'ils prennent au fonds de la mer, en s'y plon
geanticarils ſontſipenibles, &de ſi grand vol ,queles mariniers les trouueut par
fois à deux cens mils dela poury faire priſe. Ils ſont auſſi tellement auides , que s'ils
.apperçoiuent pres d'vn eſcueil quelque poiſſon delicat ,ils quittent ſoudain la proye
qu'ils tiennent , qu'ils ont quelquesfois apportée de loin , 6L fondent ſurlautre , puis
le portent à leurs petits , 6L ſi les hommes le leur oſtent, comme il arriue ſouuent , ils
en portent touſiours de nouueaux, iuſqu’à ce que les tenebres les em peſchent de peſñ
cher. Tellement que le Gouuerneur du Chaſteauaffis ſur ceroc tire vn grand profit
de ces oyſeaux , tant parle moyen du bois qu’ils y portent , que des poiſſons, de leurs
petits ;qu'on porte meſme vendre aux villes voiſines , à cauſe de leur agreable gouſt,
de leurs plumes , 8L de leur graiſſe , qu'on inet a haut prix pour ſes vernis , pource
qu'elle ſert , entfiautres choſes, de remede contre la goute. Il y a tant de ces oy ſeaux,
qu'au matin , auant qu'ils partent de ce lieu , il ſemble à ceux qui paſſent par mer
pres de ce rocher,noir
volent,ils ſur ſon pendant,qu’il
obſcurciſſentl'airdeleur deuient entierement
multitude. ſi blanc,6c lors qu’ils
ſi
Au reſte la mer eſt ſi naturelleà ces oyſeaux, qu: ſi par quelque tempeſte , ou
quelque autreaccident ,ils ſont portez 6c s'arreſtent à quelque lieu ſur terre , d'où ils
ne voyent pas la mer ,leurs ailles deuiennent ſi faibles , 6L peſantes, qu'ils ne ſe peu
iient leuer en haut.
Entre pluſieurs autres oyſeaux qui ſont leurs nids en ce lieu , il y en a particuliere~
ment vn nommé Scout, qui n'eſt guere plus haut qu*vn canard: mais a le corps long,
— 6L fait des œufs plus grands que les oyes. Les delicieux en font grand eſtat , à raiſon
dequoy le Gouuerneur-du lieu ne les fait pas vendre; mais en fait preſent , tant à ſes
&mis ,qu’aux Seigneurs , 6L Gentilshommes voiſins. Ces oyſeaux ont la chair fer
rne tout ce qui ſe peut , lors qu'ils ſont rotis , 6L ſe gardent longuement ſans ſe cor
rompre.
WPffllThffl- Quant aux poiſſons , 5 il y en a ſi grande abondance , qu'en quelques lieux les ha
bitans montans ä cheual pour ſe recreer, chaſſent aux ſaumons auec des jauelots,
_ ou ſemblables armes , au lieu de peſcher, 6c dans les riuieres de Dee, 6L de Don , ou
- _ tre vne merueilleuſe quantité de ſaumons , on trouue vne ſorte d'huitres , qu'ils ap
Q_ ' pellent Cheualines , où s'engendrent des perles , recherchées des Medecins , à cauſe
de leur grande vertu,6Lparfois ſibelles , 6L luſtrêes, qu'elles ne cedent point aux
qäîäîfliät. Orientales. La mer voiſine "- fourmille en huitres,harancgcongregcoquilles 4 de di
nucoc_ ° uerſesſortes , outre celles des riuieres , turbots? ſoles, &autres poiſſons plus eſtimez.
Dans
\
d*- ï . --—‘
Eſcoſſc. … 339
Dans la Deea-iuiere d’Aberdon,l'on prend ſouuentît la Fois plus de trois cens grands
ſaumons, de
Ijſcoſſois, meſme
qu'ils qu'entant
trouuent cellededeſaumons
Speye , 8L quelques
, c'eſt quecſſeautres. Ceſequi-fait,
poiſſon déplaiſtauaux
dire'eaux
des
limoneuſes , 8L troubles , 8L cherche les claires ,auec leſiſablon; Au reſte pource que
les ſaumons frayent en Automne ,il eſt defendu. ſur peine de la vie , dele: prendre en
ce tem pslà, 8L lors qu'ils ont fait leurs petits , ils ſont ſi maigres ,qu'ils 'en ſont preſ
que mécognoiſſables. ' , ’ « r;
Ambre; L'on peſche auſſi bien _ſouuent de ?ambre aux riuages &Eſcoffe , &de no:
'_ ſtre 'temps en celuy de Buquhan ,l'on en a trouue-vne maſſe', plusŸgrzrrde qu'tu: '~
cheual. - ' ' ' 'r -:~:. .
'Mœurs anciennes. ...I-d,
".~.jñz',‘I-~
- - ï p - - . . -ſir i íh D] ſi
lncïin- - - Es ,Eſcoſſſiois "ï furent anciennement portez deleur naturel tellememñala ven~ ï Lfflï” 4*
"°"" geance, que leur haine eſtoitimmortelle, 8L meſme paſſoit desîperes aux fils; ""'S°°"
comme par droit hereditaire. Ils mépriſerent grandement la molleſſe, 8c les delices;
'ï &furent l' ſimples, 8c francs. ~ _ p b Bou. Hifi;
Occupi- Ils ÿexerçoient en temps de paix 'ä la lutte, 8L a la chaſſe, 8L dreſſoient leurs enfans
'Îïïflï-…d à bien tirerdelarc, à lancerle dard , 8L ätirerraiſon d'vn chenal. Quelques vns ont .~ . - .:. :Qd
eſcritquïls s'occuppoient aux ſciences des Egyptiens , 8L vſoientdelettreſſîs ſacrées; -
8L Hieroglyphiques , auec d es figures d'animaux, comme eux- , ainſi qu'on a peu voir ſi
aux anciennes Epitaphes. ô: toute la cognoiſſance des-Druydes eut ſon commen
cement chez les Eſcoſſois s mais les plus habiles deſapprouuent ces diſcours à leſgal
des ſables. ‘ ~ _ ' ~ ~ l
lïrïï- Ils ‘ viuoíent au commencement de chair humaine, ?8L bien qu'ils trouuaſſent ïP-HÎïNHÃ_
dans leurs foreſts force troupeaux de brebis , de bœufs , 8c de pourceaux : toutesfois ',:}ſ"°°“"°“"
ils coupoient les feſſes des paſteurs , 8L les mammelles des femmes ;‘ pour les manger,
comme les tenant pour les plus exquiſes viandes. Mais apres ils ï* #accouſtumerent à Ãffislffäf"
'me autre ſorte de vie, ſans toutesfois ſe ſoucier des delices, ny du vin ,viuans de tout ~ ’
ce qui s'offroit ä eux, 8L appaiſans leur ſoifauec l'eau , ſi le lait , ou la biere leur man
' quoit. Ils vſoicnt de pain d'auoine, ou de legumages, 8L ſe plaiſoie-nt ſur tout à man
ger de
ſuc, 8L ladechair de bœuf,
ſubſtance ou ſe
Ils ne demettoient
veau , bienpas
ſouuent ſanglante
à tableau , comme
pointſidu iour , nyplus pleine
meſme amide
dy ;mais ſeulement ſur le ſoir, 8L parce moyen eſtoient peu ſouuent malades; Quel
ques vns ‘ eſcriuent qu'ils viuoient auſſi de chaſſe , 8L' quant z la chair de bœuf, ils en
vſoient autrement que les autres nations , pource qu'ils ſe nourriſſoient de veaux , oû c noce. Hm;
les chaſtroient pour s’en ſeruir au kibourage , 8L tuoient les vaches quand elles P‘²“‘*—
eſtoient pleines z afin d'en manger, pource qu'elles eſtoient lors plus graſſes.
Le poiſſon leur ſeruoit auffi quelquesfois de nourriture , meſme ſeché au Soleil,
s'ils ne trouuoient autre choſe. Ils auoient auſſi pour breuuage certaine eau comp0
ſée de thim, de mente, d’aniz p, 8L d'autres herbes de bonne odeur. Ceux-cy meſme:
diſent qu'ils demeuroient ſans manger iuſiqifau ſoir , 8L faiſaient lors bonne chere,
n'ayans
apres vn toutesfois plus d'vn metsduenmatin.
ſimſſple, 8L legerdéjeuner leur repas;
® mais qu'ils attendoient
, ce temps .
91W**- Les Pictes' fmarquerent leurs corps de díuerſes ſortes de figures , 8c les Eſcoſſois s f Clsudiz .ia-d
auoient touſiours la teſte nuë , 8L le poil coupé , ſaufque ſur le front ils laiſſaient vn "Ëàîffâgfli
petit toupet de poil. Ils allaient bien ſouuent pieds nuds, póur sendurcir-à toute ſor- g '. ' "
te dïncdmmoditez, meſme au plus fort de PHyuer. S'ils ſe chauſſoient ,leur bas de
chauſſe ne paſſoit pas le genoüil , 8L le haut eſtoitde toile. .Ils portoient en Eſté des
manteaux d'vn drap "leger, 8L en Hyuer de laine double,8L groſſiere. Ils auoient l* des &Lïflïuï de
camiſoles , ou courtes caſaques de laine , 8L des chemiſes de lin fort amples ,-que les ""'$‘°"
plus riches teignoient auec du ſafran, 8L les autres les frotoient auec certaine graiſſe,
pour les garantir de toute ordure. Les femmes eſtoient veſtuës plus pompeuſement,
8L portaient des robes, qui alloient iuſqtfau talons , la pluſpart auecde la broderie.
Dfflmif- Ils auoient auſſi des couuertes veluës, tant pour le voyage, que pourleur ſeruir au lit,
8L ne couuroient nullement leur teſte la nuit, quoy que vieillars , &Lcaducs a mais
l'ayant toute nuë dormoient ſur la terre, ou s'eſtendo_ient ſur le jonc tout verd , ou
bien ſur quelque gros ſac. ~ ‘ - ~ y
Hung.. Les Eſcoſſoísl nîauoientau commencement point- de femme particuliere; mais_ í :mie-on:
contentoient nature où bon leur ſemblait, . Mais apres ils en .eurent de legiciz lieïzœïeliïïè
Europe. Gg s
p40_ ' I
7*'
ñ Y- ~
EſcO-ſſe. a ‘ ‘ . 'Y/ ' '
mes , dont des eni-ſſans .ztiezdeuoient eſſre nourris que de' leurñlaït, 8c ſi quel;
'ques vnes mectoient les ëleurs à nourrice , elles eſtoient ſoupqopnées dadul- '
'feſt , pource qu'on iugeioic; que le defaut. de lait ne partait que_.de leur lubricité.
\Si quelqu-'óvn ,eſtoit atcaintſdu haut mai., ou ladre, ou auoit l'eſprit _eſgaré , l'on lè
faiſait chaſtteiz; afin-que ccumal ne demeuraſt en ſa race , 8c les Femmes qui le ſouf
floient ,Où ſcîtrouuoient ladreſſes , eſtoient chaſſóes de coute compagnie Æhommes,
puis ſi elles venoient à conceuoir on les enterroit toutes viues ;auec leur fruict au
vent-re. - - _ . …
m .lls plantoient autant dëobeliſquesſur les tombeaux des nobles, qu’il y auoit en Füncuilj
_ dennemistuſſez au combat ſous leur charge. _ñi "î"
4 un,, ,k Ils ï eſtoient preſque-tous les iours aux mains auec leurs voiſins , 6c ſe ſeruoiíent de **meme
rei-Scot. la lance, del'arc, de l’eſpée,que les gens de pied portoient longue , ceux de chenal rctmbw"
tourte , 8c tous deux large , 6c du corſelet , ou jaque de maille ,qu’ils_ mettaient au l
z'.- ſſ~"
z-.z‘~' *~zi :deſſustſvzn colet decuirbien fort.. Bref ils eſtoient tous armez ä lalegere; afin de
"pouuoir courir plus viſiement , comme ceux qui faiſaient eſta: dedeuancer les chê
*z
n'
tout à ſait de lſſrlandois ſauuage , eſtans pleins de rudeſſe, 8c comme barbares; mais
l ceux du Midy ſont plus polis,- 8c pleins de ciuilité; De ſorte qu'on les diuiſe ordinaiz
rement 4 en~Ciuils, ôchsauuages… Ces derniers ‘ retiennent encor la façon de viure, Êffiäfläëäqçk_
'Sc des habits desanciens Eſcoſſois , dont ils ſont yſſus, voire meſme auec tant d’ob4 Colmog
(fication , que ſi leurs Seigneurs reuenans de la Cour , où ils ſe ſont veſtus à la mode, î L-ïsîlîï" &ï
ne quittent ſoudain leurs habits de parade, pour prendre les ordinaires du pays , ils ſi ‘ ſi ſi'
ſont hays desleursëtlextretniréſi Ces Sauuages ſont auſſi plus diſpoſezäga s’eſmou~
uoir, a fauoriſet Ies factions. en prenant les armes , ſi leurs Seigneurs le deſirent,
qu'à labourer la terre , ou s'occuper àquelque art mecanique , aymans mieux , quoy
qu'ils ſoient gueux
bpureurs,ou riches ,artiſans.
eſtre eſtimez“ Nobles,
ſi ou du moins vaillans
- ſoldats, que~ bons la
Ceux-cy l ont ppurleur demeure la partie Occidentale del’Eſcoſſe, proche de F Çœmdsn
l'Irlande auec les Iſles voiſines. Mais les autres plus ciuiliſez qcctlpent la partie 3"" D'
- Orientale. Quelques auteurs , qui fontla diſtinction de ces deux peuples, ne ſont ~- ~
pas d'accord touchant leurs noms , non plus que pour le regard de leur ſejour , veu.
,fi que Camden nomme ces Sauuages Highland.-men,c’eſt à dire , hommes du haut
pays, «Sc les autres Lewland-men, c'eſt àdire, habitans du bas. Mais les autres Snom- gli _Maior
_ Hifi.
t
ment ces Sauuages habitans du bas pays, 6L quant à l'aſſiette de leurs lieux, ils logent McccLspcc;
ces Sauuages du coſté du Nord , 8c les Ciuils au Mi.dy , au lieu que Camden met les
premiers au Couchant , 5'54: les autres au Leuant. Il eſt vray qu'on peut les accorder,
en diſant que les Sauuages occupent le Couchangôc le NOrd,& les Ciuils le Leuant,
s: le Midy, , — » ñ ‘
Il y a encor les gens l* de frontiere, voiſins de l'Angleterre , qui ne font meſtier que l' ffllœuî de
de voller, bien que ſans effuſion de ſang , ſinon que le hazard leur offre quelqu’vn, “lſisœm
duquel ils deſirent ſe venger, 8c les Gentilshommes , ê: Seigneurs de leur pays , qui
ne ſont pas d'humeur de chercher proye , leur laiſſent pratiquer ce qu'ils deſapprou
uentëafin des'en ſeruirau beſoin. We ſi'les grands deſireux d’exterminetces gens* ’
aſſernblent des trouppes par permiſſion du Roy, pourles attaquer, ces galansleur _ \
eſchappent auſſi toſt , _ſe ſauuans dans les foreſts eſpaiſſes , 6L delà dans des monta
gnes comme inacceſſibles , puis encor s'ils ſont pourſuiuis , dans des niarez., où ils
accouſtument leurs cheuaux d'aller , eſtans preſque tous hommes de cheual , 6c te
nans pour choſe baſſe d’allerà pied; de ſorte qu'ayant des cheuaux fort viſtes , 8c des
~ habits de parade , tant pour eux , que pour leurs femmes , ils ſe ſoucient bien peu des
autres meubles. Au reſte ils eſtiment tellement qu'il leur eſt permis de butiner de lav
ſorte., queleurMuſique, à laquelle ils ſe plaiſent fort, conſiſtent en des chanſons
rimées_ , qu'ils ſont des beaux faitskleurs ayeuls , ou des plus ſubtils ſtratage
mes , .dont ils ſe-ſont ſeruis pour voler, 8c iamais ils ne prient Dieu de meilleur
cœur , que lors qu'ils vont chercher fortune à quarante ,- ou cinquante mils de
leur lieu. Mais s'ils ont engagé leur parole , meſme à leurs ennemis , ils la
tiennent. ~ _
33?-- _ Les Eſcoſfoísi de bas lieu s'occupent grandement a l'entretien , 8c gardedtt be i M. Quad .
'l ~ _ſtlal ,_de meſme que les Anglois,.d'ou vient qu'ils deuiennent riches par le moyen EaſciùGeogrJ _
des lames. Mais les Noblesfôcgens de condition , outre l'occupation des armes, k 5PïïdThïz'
‘ ſiquibien
leureſt comme
que non naturelle,
ſeulement, ils ont celle desleurtrois
pratiquent lettres , qu'ils affectionnent
Vniuerſitez deſainctauAndré,
poſſible,
de ſ z , x
Glaſqu0,& &Edimbourgzmais encorles eſtrangeres, afin de ſe rendre _touſiours plus
capables. La chaſſe eſt auſſi l l’vn des principaux , 8L plus ordinaires exercices dela lſ-fflœüs &ï
Nobleſſe, principalement des grands , äcauſe dela bonté deleurs chiens , &c de la "bÆœ"
î
multitude des cerfs qu'on trouue aux montagnes , veu qu'il y a buelqttesfois eu des
aſſemblées de chaſſe, principalement-en preſence du Prince, oùlonafait mourir
tantoſt cinq cens, tantoſt
Europe. ' mi-llczſou quinze cens
_ cerfs. r l Ggij' ,
342 Eſcoſſe. .ſ
Les fituuages
lu diémordre viuent-à
, 8L les leur ancienne
gens zzlefſirunticre , _Stmode, à Vlr-landaiſe,
de rapine n'en ayant
, principalement iamais
de chair , devouñ
lai Repas.
cages , 8c d'orge cuit , n'v ſans que bien peu de pair , non plus que de biere , .Sc encore
moins de vin. Mais les autres viucnt comme les Anglois , Sc à l'ordinaire. lls ont vne
façon de cuiſiner extraordinaire en cas de necetlité. C'eſt qu'ils prennent legras
boyau dvnbœuf, .Sc le tournent , puis le lauent ,le rempliſſent partie d’eau , partie
de chair , _GL Pattachantà vne perche le laiſſent pendre en Façon de chauderon , puis
mettant le feu deſſous y fidnt cuire la chair aiſement , 6c de plus ont en ceſte façon de
cuiſiner ce profil: que la graiſſe du boyau n'ayant pas eſté leuée ,le boüillon de leur
chair deuient des meilleurs auec peu de peine , ſi bien qu’ils font peu d’eſÆat du meil
leur
bledvin
ſans, le
6cbattre
de toute autre
plus boiſſon, auqu’on
promptement reſpect
nede celle-là.
ſçctauroit _Ils font
croire., auffi du
veu qu'ils pain ſe
le font du
cher dans Feſpy, Feſtendant par terre , auec le tuyau , ô: la paille, 6c les conſommqu
auec le feu, puis ils le rendent net,& Payantnettoyé, lebriſent, ou meulent dans vne
meule à bras,_& finalement le criblennpuis en font ſoudain du pain,en le mettant ſur
quelque fer, ou le faiſant cuire ſur la pierre de Faſtre.
aBotcro Re] . Au reſte pource '* qu'ils n'ont pas en beaucoup d'endroits guere de bois, ils ſe
ſeruent pour faire feu , de charbon de pierre,’dont ils abondent , &c de certai
nes mottes de terre qui bruſlent desmieuxſtzcſont comme les Tourbes, ouTorfs
dcHollande.
b Mctelîpcc Ils ſont communement veſtus à la façon des Anglois , 8L preſque à la Fran. Habits
Auxiganspcc. çoiſe 5 mais les Sauuages ²’ ont preſque retenu les habits des Irlandois , por
tant vn ſaye , auec vne chemiſe teinte auec du ſafran , &è vont la jambe nuë
c leflæ. de
iuſqu’au genoüil. Les ë autres femmes y ſont pompeuſes , 6c chargées de
xebócot. joyaux. —
Les gens de frontiere ont pourleurs maiſons des cahuettcs , &c chaumines , de ſi Dcmmj
peu de prix, 6c de dépenſe, qu'ils ſſapprehendent guerequbn y mette le feu.Mais les
'plus puiſſans baſtiſſent en forme pyramidale des tours qu’ils appellent Pailes, de ter
re ſeule, qui ne craignent point le feu, &c ne peuuent eſtre abbaiuëgque par vn grand
effort, &c grand nombre de ſoldats. Au reſte du pays , il y a pluſieurs miſerables mai
ſons, 8c logettes ; mais les Gentilshommes , 6c Seigneurs , ont aux champs , non des
Palais, mais des Chaſteaux forts, où ils entretiennent d'ordinaire quantité de gens,
ou pour la defenſe du Royaume , à laquelle ils ſont obligez , ou à cauſe des inimitiez
qu'ils ontauec leurs voiſins. ~ ''
d Camden. * Les Sauuages Eſcoſſois ‘ parlent Irlandais , ayant ‘ retenu ceſte langue pu- Lmgueſ
Brit. re , 6c ſans corruptiomdeſia plus dedeux mille ans , 6L les autres î parlent An
Aurig. Spec. glois , toutesfois auec quelque difference de dialecte , &c l'on a remarqué ï que
e Lcſlz dc
rebScot. la langue Eſcoſſoiſe a moins de mots François que PADgIOiſe. Voicy leur Pate—
f Camden. noſtre: ~ ’
Brit.
Autigfipcc. Our fadenvhilk ar in heviiuhallovit be thy name: thy ,Kingdom cum : Thy
gG=ſnïÎ.Mi—
sſihxidatcd. vil be doin in erth, as it is in hevín. Gif vs yijſday our dayly bred z and forgif
vs Our ſynnis aganis vs; 8c led vs not in tentation ; bot delyver vs from evil,
Amen.
h Buchamter; Anciennement l* les Seigneurs auoient pouuoit de coucher la premiere nuit auec Mariages
Scot. li,7. la nouueUe mariée; mais à preſent les eſpoux payent demy marc d'argent au Sei
gneur pour ce droit , ſuiuant l'ordonnance du Roy Milcolumbe, &c'eſt ce_ droit
qu'on y nomme les Marquettes des femmes.
Richeſſes.
i*: Botcro Re!, Q Velques vns î diſent que le Roy ne tire de ce Royaume que cent mille eſcus, Richeſſes
8c c'eſt l'opinion plus commune , 8L plus approchante de la verité , les autres du R012
ſi fonde
z ſur quelques Relations trop aduantageuſes luy donnent vn million d’or de
rcnECi mais les rapports plus modeſtes font ce reuenu de pres de cent mille liures ſter- h ſſ
Jing, ou d’vn million de nos liures. Ric e c:
du pay!, _
l: Botero Rcl. Les richeſſes " de ce pays conſiſtent en poiſſons , beſtial domeſtique , beſtes ſauua- m… P…
l^“‘î3-$P“-‘ ges, demines. _Lfon tire de ſes ports f force draps &Eſcoſſe groſſiers , des Cariſeztiïflliffls
Eſcoſſe. i 343;
de plus bas prix , des ſri ſſſes , ou bayettes , du charbon de pierre, 8l quelque peu d’or
ge. De Glaſquo ï on tranſporte aux pays du Leuant des vaches ſort graſſes , quan ti- :Leſlæus de
téde harans, 8c deſaumons, des cuirs de bœuf', 8c force fromage, &c aux pays du “l"5‘°'~
Couchantgzc pourla commodité du riuagqil y a plus de peupleputre d'autres mar
chandiſes toute ſorte de bled. L’on tranſporte auffi delàattî- pays d’Argile ,aux lfles
Hebridesfit en Irlande de la biere, 6c du vin eſtrangenôc pareillement certaine boiſ
ſon compoſée de biere, de miel, d’aneth , 6c de quelques autres drogues , appellée en
'vulgaire Brogat , dontles pays _S eptcntrionaux ſont grand eſtat , 8c de l'eau de vie,
dont on vſe au lieti de vin en ces pavs là. ñ
Ils trouuent au pays de C l ydiſdal dans les torrans , 6c ruiſſeaux qui coulent vers
Crauſurd , du ſable plein d'or, que les pat-tures amaſſent , puis baillent pour quelque
ſomme d'argent à ceux qui ſont Intendans de 'ces mines.
L’on y, &c
gethland tire auſſi
l'on de Pazur
y trouue ſanscomme
encor, aucunei’ay
peine. Il la
dit en y aqualité
encor vne
, deſſsmine d'ord'argent,
mines en Me
deſer, &de plomb. î ~
LÎon trouue auffi dansla Prouincede Lauden,ou Lothien , &c en quelques au
tres pays d'Eſcoſſe,.des turquoiſe-s, 6c rubis , des diamans, 8c meſme des perles.
Mais les turquoiſes , 8c rubis y ſont fort rares. Want aux diamans ils en ont gran
de abondance , 6L à vil prix , 8L pour le regard des perles, elles ſont ſort cheres,
quoy qu'il y en ait grandeguantitó, qui ſont! vn peu moins luſtrées que celles d'O
rient , 8c naiſſent non ſeulement dans les huitres de mer , mais encor dans celles des
riuieres.
Forces.
Es Eſcoſſois
les Sauuages ſe
ontſeruent communement
pour leurs de meſmes
armes des arcs armes que
, 8c des flèches, lesAnglOiH-mais
Feſpée fœtlarge , &c‘ b muuzfflczſi
le poignard, qui ne trenche que d’vn coflé , qu'ils portent d'ordinaire ſous leurv
ceinture. _
fumées. Quant aux Forces qu'ils peuuent mettre en campagne , l'on ne voit point en leurs Y"
Híſtoriens, que leursRois ayent iamais aſſemblé de trop grandesärméeszmais en ont
ſouuent vaincu de ſort redoutables auec de petites Forces. î Leur plus grand effort,
hors du temps pl us ancien, ne ſe trouue que de vingt , ou pour le plus de trente mille
hommes. On lit bien ï que Donald cinquieſme , enuiron l'an huict cens cinquan— c Lcflzus de
te-trois ſut défait par les Pictes , 8c Saxons , auec perte de vingt mille hommes , qui ffbfflff"
moururentau champde bataille , 6c ce nombre de morts marque qu'il auoit auec ſſiſſ
luy vn grand nombre d'hommes. Mais apres l'on ne voit ſous le Roy Conſtantin ï
quatrieſme, lors qu'il attaqüa Malcolme, Prince de Cumberland, qu'vne armée
de vingt mille hommes , puis vne ‘ de trente mille conduitte par le Roy Robert, de d Lï.7: _ ‘
Brus , qui laiſſa cinquante mille Anglois eſlzendus ſur le champ , n'ayant perdu que B“‘h‘“'l""
quatre mille des ſiens , &preſque de noſtre temps ° la guerre fel-laut eſmeuë entre les c Leflzuslis:
Eſcoſſois
quarante ,&c&t vn
les Anglois , ſous
, Huſſntley le Roy Iacques
conduiſit cinquieſme
ſur la frontiere dix , mille
en l'année mil cinq
_hommes pour-cens
ar
reſter Pennemy , qui ne puſt gagner , quoy que des plus forts , rien que deux
mille de pays au delà de la riuiere de Tuede , 6c cependant le Roy lacques aſ
ſembla vne armée de trente mille hommes que l’Hiſtorien Eſcoſſois appelle tres
g rande. ‘ ~
Que ſi [Eſcoſſe eſtoit ſeparée de l'Angleterre, comme elle luyeſt maintenant
vnie,ſon Roy fſe trouueroit ſoible,pout attaquer les autres dans leur pays, à cauſe de WWW Mi
ſes petits reuenus , pource qu'on ne peut entreprendre , ny continuer ſes entrepriſes,
'ſans beaucoup d'argent. Mais pour la defenſe du pays , il n'aurait beſoin d'aucun ſe—
cours eſtranger, pour ce que ſes feudataires , qui ſont en grand nombre, le doi
uent ſeruir à leurs deſpens, auec tant de gens de pied , &c de chenal , ſelon leurs
moyens. Dauantage, S outre les Nobles, tous ceux du Royaume , ſans en ex- gï-eflæuïdï
cepter vn ſeul, ſontobligez , lors que la necefflté le requiert, d'aller à la guerrcà “b's‘°"“
leurs deſpenszmais en recompenſeils ſont francs de toutes charges qui ſont impo-y
- ſées ſtu' les autres peuples.
.Illlurope, -' G g iij i ~
- 344 'Er ſſ C0 C.
Les pays de Merck, 8c _de Teifidale, abondent en gens de clieuaLqui onteſté tou
joſurs eſtimez des plus vaillans., pource que leurs habitans 'tfayans ny riuiere fſiaſ.
cheuſe , ny montagne comme inacceſſible , 5c trop rude , qui les ſepare des Anglais,
auecleſquels ils eſtoient bien ſouuent aux mains , ils ſe trouuoient pleins d'expe
rience aux armes , 6c preſts à toutes occaſions; tellement qu'en vingt-quatre heures
l’ona leué par fois dix mille cheuaux en cespays là. Ceux deNidiſdale ſont auſſi
bons hommes de cheual. A u reſte les cheuaux d'Eſcoſſe ſont petits , mais viſtes' au
poſſible , 6c les Eſcoſſois n’eſtiment pas tant vn_ cheual puiſſant qui porte vn hom- _
me armé de toutes pieces,qu’vn de moyenne traque, pourueu qu'il ſoit beau cheual, _
6c viſte. '
a 80m0 Rïï- Pour le regard des autres ſeuretez du pays , ï il eſt fi Fort , tant à cauſe de la mer (Fmflcſf
. qui le borde de tous coſtez , que des_ precipices, montagnes , a: bois , dont le dedans ſi"
. du pays eſt plein , qu'on l'eſtime pour ceſte cauſe du tout inuincible, 6c d'ailleurs il
eſt ſi pauure que Fennemy ne s'y ſçauroit maintenir guere longuement. Quant à la
frontiere d'Angleterre ſon' faiſoit autresfois eſtat du Chaſteau de Dumbritton , &c
d e quelques autres, mais àſpreſent ils ne ſont plus ncceſſaireapuis que.ces Royaumes
î ſont vnis. , ‘ ‘ .
_p Les forces maritimes de ce Royaume pourraient eſtre grandes , ſi les moyens du :WPF _
. pays le portaient , ou ſes habitans eſtoient diſpoſez auliazard dela marine. Mais on
ne lit point dans leurs hiſtoires qu’ils ſe ſoientiamais veus guiſſans ſur mer, 8c qiioy
b Lcfi: de' que” lacques quairieſme enuoyaſt l'an mil cinq cens treize vne armée de mer en
ÏŸÃÏŸ” h' 3' France, contre les Anglais , qui tenoient Teroane affiegée; toutesfois on ne lit point
'ſi' qu'elle ſe ſignalaſt par aucun effect , «Sc d'ailleurs on voit quele Roy François pre
mier enuoya ſecours de quelques nauircs à lacques cinquieſme en l'année mil cinq ‘_
cens vingt-trois. "
. ſi Gouucrnemcnt.
'\
.zguzhmnu, 'Eſcoſſea touſiours ï eu des Rois , depuis Fergus , qui s'en rendit maiſtre , 8c fit Mii?
y Scot li.4.ë_9. que les Eſcoſſois luy confirmansle Royaume, preſterent ſerment de recognoi- Êäuſ:
R”. *
Lent_ de ſtre pour Rois apresluy ceux de ſa famille , ſi bien que deflors le Royaume ſut decla
xcbscoc. ré ſucccſſif. Mais à ſon decez , ſes fils eſtans encor en bas âge , 6c du tout incapables
‘ de regner, il ſut ordonné, que celuy deleurs proches, qui ſeroit iugé plus propre
pour gouuerne, regneroit, puis à ſa mort les fils de Fergus ſucce-Jeroient au Royau
me. Ceſte loy s’obſerua par l'eſpace de pres de mil vingt-cinqt ans , iuſqiſau
Roy. Kenneth-troiſieme, qui fit publier vne loy , par' laquelle il eſtoit porté que
de meſme que le fils aiſné du Roy deuoit-regner apres luy , auſſi ce fils eſtant
mortayeul.
ſon auant ſon pere, le filsdu defunct, ou petit fils duſi Roy viuant , ſuccederoit à
ll fic encor ordonner, quelors que le nouueau Roy ſe trouuer-oit au deſſous de “VV”
quatorze ans , on efliroit cependant vn tuteur , nommé Gardien du Roy , _qui tien
,jlroit ſa place , 8c gouuerneroit le Royaume en (on nom , puis quandil auroit attaint
cét âge , il pourrait luy meſme S'eflire des curateurs , 8c ceſte loy fut confirmée ſous
Malcome, fils de ce Kenneth. Mais au lieu qiſauparauant l'on choifiſſoit, pour
gouuernerle Royaume , celuy qu'on' iugeoit le plus capable , Kenneth voulant em
peſcher les jalouſies , ordonna quele plus proche du Roy defunt gouuerneroit , puis
on reſolut, quele Roy eſtant en enfance on efliroit non le plus proche parent; mais
celuy d'entre les Grands du Royaume, qui ſeroit plus habile, 6c plus puiſſant en
moyens, pour gouuerneriuſquïä tant que le Roy ſuſi: plus âgé. \
dgotälo kel. Uautorité _du Roy “ veſt fort reſtreinte , pource qu'il ne peut reſoudre au.. go-Ëroit
ſi 9l" "m" cune choſe qurconcerne le general du Royaume , ſans les Eſtats , ou le Par- &E3;
fizuzhzm,, lement , ny faire grace des choſes particulieres ,, s'il y a partie. Il ne ‘ peut
Pîïl-,dïíllïï tout ſeul ſaire ny tréue , ny paix , ny la confirmer , ſans le conſentement des
ÊÎÏÛLJPW* Eſtats , 8c le iour de ſon couronnement, ' il doit iurer deuant tout le peuple, qu'il
fäog-Schorn, obſeruera les loix, &couſtumes de ſes predeceſſeurs, 6c n'vſera que du droit qu'il a
ſi_ _"‘_P°"" receu d'eux. Au reſte ſous ï Malcolme ll. on fit vne loy, qui poi-te, qu'au decez d’vn
z Lcllzus 1L5. Baron,ou autreseigneunfcs fils au deſſous de 21 an ,ôzſes filles au deſſous de quatorze,
ſſ.
\
\
Eſcoſſe. 341
demeurer-ont ſous la tutelle du Roy , qui doit receuoir toutle reuenu du bien qu'ils
appellent Varde ou Droict de garde, durant ce temps~là z 6L de plus-encor le reuenu
du
pasbien
eſté d'vn an,_qu’ils
mariée nomment
du viuant du pere,Relief, auec vientà
lors qu'elle toute laheriterſſ.
dot d~e Fheritiere
” , qui n'aura
Princes. Le fils aiſne du Roy 2S4: plus proche ſucceſſeurdu Royaume, eſt appellé par pre a Lcflx liaſ
rogatiue Prince d'E ſcoſſe, ſoudain apres ſa naiſſance; &t de plus Duc de Rothayſe, Buclumlií.
Camdcmfitifl.
Gt Seneſchal d’Eſc'oſſe. Mais les autres fils du Roy ſont ſimplement nommez fl i
Princes. -
Ordres Le Royaume eſt i, compoſé de trois Ordres, ä ſçauoir, de la Nobleſſe du Clergé, b L:ſlz.li.r.
Camden-Brit;
des œ du Tiers Eſtat. Le Roy tient le premier rang entre les Nobles, eſtant, comme ils
perſon;
'DCI
diſengSeigneur direct de toutes les terregœ ayant authorité Royalqôc luriſdictió, .,F....’:
tant ſurles Laics,que ſur les Eccleſiaſtiques. Ses ſilslegitimes le ſuiuent, St deuan
cent tous lesautres. Les plus honorez entre les Nobles, ancienneinët eſtoient nom'
mez Thans, cîeſtâ dire , Miniſtres ou Officiers noyaux , dont les plus éleuez en di
gnité s'appelloient Abthanes, &les plus bas Vndetthanes. Mais ces noms ſe ſont
perdus peu à pemdepuis le temps que Malcolme troiſieme dôna les tiltres de Com
te ô: de Baron, receus des Normands aux Gentils-hommes plus meritans; &depuis
il.s'eſt gliſſé en Eſcoſſe ,auſſi bien qu'en Angleterre ,des Ducs, des Marquis , des
Comtes , Vicomtes 6c Barons. Le premier qui introduiſit le tiltre de Duc , fut Ro
bert troiſième , enuiron l'an mil quatre cens, de meſme que le Roy lacques ſixième
y a introduit les tiltres honoraires de Marquis 8c de Vicomte. Ceux-cy ſont tenus
des plus releuez de la Nobleſſe; ont place &c voix aux Eſtats , 8c ſont appellez My
lords, de meſme que les Eueſques. …
\ Entreles autres Nobles , on met au premier rang les Cheualiers de l'Eſpero
doré , qui prêtent ſerment auec grande ſolemnité 5 8c les Barons ſimples , nommez
en Eſcoſſois Lardris,parmy leſquels on ne doit loger perſonne, dont les terres ne re
leuent ſans moyen du Roy , 6c qui n’ayt luſtice haute , moyenne ô: baſſe. Les der
niers ſontles ſimples Gentils-hom mes , nommez en Eſcoſſois Gentilmen, qui ſont
yſſus de noble race. Au reſte, tous les pui [nez des Nobles nbntaucune part en la
ſuccellion de leurs peres , qui demeure toute acquiſe aux aiſnez , pour maintenir les
familles en leur luſtre.
Tous les autres,commehourgeois,marchands,attiſans , &gens de ſemblable
ſorte, ſont de l'Ordre duſipeuple, 6c du tiers Eſtat. Toutefois le peuple appelle preſ.
que ordinairement Gentils-hommes tousceux qui ſont richespu qui tiennent mai
ſon ouuerte. Or outre que le peuple eſt exempt de toutes impoſitionsnl a cet auan
tage,qu’à chaque Parlement ,chaque cité peut enuoyer deux ou trois Deputez,
pour debatre leurs intereſts , 8c donner leur voix ſur leíaffaires qu'on met en
auant.
Pfflïfflëïê ’ QuantauParlement, qui eſt l'aſſemblée des Eſtats du \royaume , compoſée de
Seigneurs ſpirituels , comme Eueſques &c autres ; de Seigneurs temporels , comme
Ducs, Marquis, Comtes, Vicomtes 5c Barons; 6c des Deputez des bourgs 6c de$
villes,& n'a guere que deux Deputez de chaque Comté,il a vne authorité fort ab
. ſoluë. Le Roy ordonne le temps auquel ces Eſtats doiuent :aſſembler, puis le fait
publier; 6L lors qu'ils ſontaſſemblez ,le Chancelier en ayant declaré la cauſe, les
Seigneurs ſpirituels éliſentſeparément huict des Seigneurs temporels: 6c les Sei
gneurs temporels autant de ſpirituelszôc tous ceuxñ cy enſemble nomment huict des
Deputez des Comtez , 6c autant de ceux ,des bourg: , faiſans par ce moyen le nom
bre de trente-deux: 6c auec le Chancelier, ThreſorienGarde du petit Seau, Secre
taire du Royaflc autres,ad mettent ou rejettent ce qui doit eſtre rapporté aux Eſtats,
_ ' . apresſauoirpremierement monſtre au Roy. ,
:il E_ Les choſesadmiſes ſont ſoigneuſement épulchées par tous les Eſtats; 8c ce que
f. la pluralité de vois approuue, eſt preſenré au Roy , qui declareauffi-toſt _ſi la choſe
_ luy plaiſt: ô( ſi quelque propoſition luy deſagrée, elle eſt effacée.
à!, Mind_ Pour le regard des principaux Officiers du Royaume, le premiereſt celuy qu'on
pain: Oſ- nomme ,Gouuerneurd'Eſcoſſe, pource qu'il gouuerne tout au decez du ROLOU eſt
E” 'î' ſon abſence: ou lors que ſon ſucceſſeur ſe trouue en bas âge. Il a tant d'authoritc',
que ſi quelqu’vn luy-deſobeygil eſt auſſi. toſt declare' criminel de leze Majeſté. Ce
luy qui tient le ſecond rang, eſt le Chancelier, Chef de la lkuſtice, 6c comme Int-CR*
dant
neurſſ.dell toutes les affaires
y a le grand de la Republique,
Iuſticier, qui preſide à laaudeciſion_des
temps que lecauſes
Roy agit ſans GOLÎIÔCF'
criminelles: PAdÏ',
G g iiij
346 Eſcoſſe.
miral qui a Ÿintendancede la mer : le Mareſchal qui ordonne l'aſſiette du camp , 8c
diſpoſeuidu logement des armées
ceux ſontaccuſezdè nel ueſſ:F85 le Conneyicëlqlecqui
actuteſſcommí C'- a -Ourpreſide aux iugemens de
\ Lecsiautres Officiers, ſocit decla Cour . ſoit de c_haque Prouince ,ont preſque meſ
me Forme que ceux des autres nations. Car il y a des Threſoriers , des Secretaires.
des Chambellans , des Maiſtres de Garderobefiâc autre-aqui ſont tous Fort honorez,
8c des principaux de la Nobleſſe.
_Chaque Prouince a ſon Vicomte hereditaire , qui iuge les cauſes ciuiles 5c cri luſlicc;
minelles. Les villes ont auſiſſileurs Bailliſs &ſemblables Magiſtrats, pour la vuidan
g edes rocez.
Auapnt -
le regne de Iacques cinquième', il y auoit quelques vns éleus par les Or..
dres du Royaume , quialloient par les villes rendre iuſtice, 6L interpreter lesloix.
Mais ce Roy choiſit certain nombre d'hommes , des plus capables, 6c eſtablit vn
Parlement arreſte' a Edimburgpùil eſt touſiours demeuré depuis l'an mil trois cens
trentedeux. Ce Senag-nomméTl/:Seſſion, ſut à ſon premiereſtabliſſement com
poſe' d’vn Preſident# quatorze Conſeillers,ſept Eccleſiaſtiquegôc ſept Laics(auſ
-quels …on -a depuis :ldjouſté le Chancelier, qui tient le premierrang , lors qu’il s'y
trouue, &c cinq autres Conſeillers) trois Greffiers principaux; 8c autant d’Aduocats
qu’il ſemble bon à Meſſieurs du Parlement.
La Cour ſe tient tous les iours , excepté le Dimanche &le Lundy, depuis le pre- ,
mier de Nouem bre iuſques au quinzième dc Mars , 86 depuis la Trinité iuſquesau
premier d’Aouſt. Le reſteſécoule en vacations.” lls iugent ſelon les Ordonnances
&loix municipales du Royaume, qu-i ſont partie en Latin ,partie en Eſcoſſois: 8c
lors qu'on ne peut vuider vne cauſe par ces loix , on a recours au Droict Ciuil , ou
Romain. ..
Il y a d'autres Cours , qu'ils appellent 'ſhe commiſſliridt, dontla Souueraine eſt
Edimburg
ces , où l'on ,les
Eccleſiaſtiques plaide deuant
diſmes, les quatre Iuges
diuorces , touchant les
, 6c ſemblables teſtamens
choſes , dont ,les beneſi -
la cognſſoiſj
ſance appartient dedroict Zi l'Egliſe. ' ~
Qiantaux
Siege choſes
5 Edimbutg ; &tcriminelles ,le principaldeux
ceſſs luges commettent luge Royal
ou troisou grand Iuſticier
luriſconſultet, , a co
pour ſon
gnoiſtre des choſes où il s'agit de la perte de la vie,ou de quelque membre,ou de
confiſcation de tous les biens de quelqu'vn. Il eſt permis en cette Cour au criminel,
meſme accuſé du crimede leze Majeſté ,de prendre vn Aduocat pour deFendre ſa
cauſe. Bien ſouuent auſſile Roy commet des luges pour cognoiſtre particuliere
ment de quelque crime. Les Vicomtes pareillement, &L les Magiſtrats dans les
bourgs ,cognoiſſent d’vn meurtre , &t peuuent ſaire mourir le meurtrier, pourueu
qu'il \oit pris dans vingt-quatre heures ; mais apres ce iemps la cognoiſſance en ap
Paríícnt au luge Royal, ou à ceux qui ſont commis en cette partie. Quelques N0- '
.bles ont meſme priuilege contre les voleurs , qui ſont pris dans leurs Iuriſdictions.
aBuch-n. rcr- Au reſte* , dés lefcommencementñdu regne des Eſcoſſois , ils firent vne Loy , qui
Scotilid. s’obſerue encore,par laquelle les biens de ceux qui ſont condamnez parluſticqſont
acquis 6c confiſquez au Roy , ſans que les Femmes ny les enſans y puiſſent auoir au
cune part. ‘
Les plus illuſtres Familles b d’Eſcoſſe ,ſont celles de Aberneth , Baclug,de Scot, 171mm"
Bord ,Borthwic , Cambell, CartcartlnColuilhCunningham,Dromand,Donglas, illuſtres;
Dunbar de Camnoc , Elphingſton , Ereskin , FlemingÆorbois , Fraſer, Gordon,
Graham, Grey, Hay, Hamilton, Hum~e,Kerr, Ketth, Leuingſton,Lindeſay,l.iiid—
ſey, Lion,Liſlé,Max\vell,Metellan de Thirleſtan,MontgomerLOlyphangRam
ſey, SeinclenSempillaSi-:ton,Stewartÿſſemmisctægnt aux principaux Seigneurs
de tiltre, vous les verrez cn chaque Prouince.
Religion. ,
' b Lefizdſilo
'Eſcoſſe recent" premierement l’Euangile 5c la Foy de Ieſus—Chriſt l'an de 95mm:
tcbScotic. ' grace deux cens trois, ſous le Roy Donald cinquième , qui receut du Pape Vi- cement '
&or premiergdes gens pour Pinſtruire auec ſes ſubjects ;Sc Fut le premier des Rois *gf*
\l'Eſcoſſe , qui marqua du ſigne de la Croix vn collé de ſa monnoye :puis au temps,
du Roy Ci-;athlinte Yldolatrie fut entierement extexminée de ce: pays,_enuiron l'an \
a
Eſcoſſe. 347
trois cens treize# les Druydes furent chaſſez de l'Iſle de MoneÀc-.le Pape Celeſtín
premier y enuoya Palladius pour en chaſſer Phereſie Pelagiennqſous le-ROyEugt-ne
deuxiéme, qui mourut l'an mil quatre cens ſoixante.
Depuis ce tépace Royaume STeſtOit toujours maintenu en la pureté de laReligion
Chreſticnne, iuſques au regne de lacques cinquiémqdurant lequel ſhereſie s'y gliſ.
ſa par le moyen du Voiſinage deFAngleterreMc s'y futplusauancée ſans le ſoin-de ce
Roy , qui fic punir pluſieurs' conuaincus d'hereſie , meſme quelques Çei gneurs
de tiltre. ‘ . . _ ’
Mais ſa mort eſtantarriuée l'an mil cinq cens—quarante;vn,‘ſa veſue qui luy auoit
enſanté cinq iours auant ſon decez vne fille , qui ſur appellée-Marie', ayant pris en
main la conduite du Royaume , ſuiuant ſa derniere volonté ,le Comte d’Arran flic _
fait par les Eſtats Gouuerneur d'Eſcoſſe , 5c declare tuteur de' la ieune Reine. Ce ~
Comte ſut gagne par Henry huictiéme Roy d'Angleterre, pour faire le mariage de
Plnſante Marie,auec ſon filsEdoüardz 8c pource qu'il craignoitque le Cardinal de
Sainct André sbppoſaſt ace mariage,il le mit en priſon; 6c lors le ſeruice Diuin, ſe
lon ſvſage de l'Egliſe
uerneurfaiſoit Catholique-ceſſa
preſcherſhereſie. Lors ilpreſque entierement
commença en deux
à 'y auoir Eſcoſſe,o‘ù le Gou
ſactionglvne "ſ ' '
ce auec
pour ſa fille,
le Roy qui fut apres mariée
d'Angleterre,l’aut_re à. François
pourla Daulphin
Reine veſue de France;
qui paſſa &ayant
cependant veu
en Fran..
le Roy Henry-ſecond , 6c ſes parens de la Maiſon de Guiſe, dont- elle 'eſtciit yſſuë,
comme t-ſtant fille de Claude Duc de Guiſe', s'en retourna bien-toſt en Eſcoſſe,
auec le tiltre 8c Pauthorité de Regente. ' ñ -’
Mais pource qu'elle preſeroit les François aux autres , auxcharges du Royaume,
8L ſefioit plus en eux , elle fournit vn grand pretexte démouuoir des troubles aux
ſeditieux,qui firent venir des Miniſtres d‘Alemagne, 8c raualerent par leur moyen la
Religion Catholique. Cependant lacques , baſtard du Roy deſunct , Prieur de S.
André., ſe déplaiſant de viurg en homme d'Egliſe , pria la Reine de luy donner la
Comté de Mourray, 8c ne la pouuant auoit, emeut vn grand trouble , qui cauſa
Tauancement de l'hereſie. . ‘
En fin la Reine Mere vint à mourir, 8c depuis la Reine Marie, mere du Roy Iac
qu es ſixième, bonne Catholique. 8L deſireuſe d’exterminer l'hereſie deſon paysfut
détenuë longuement priſonniere par la Reine Eliſabeth d'Angleterre, quila fit en '
fin executer, commechacun ſçait. . _
' Cependant toute Fſilîſcoſſe fut donnée en proye aux Heretiques , qui raſcherent ~ v
d'éteindre de tous coſtez la vraye lumiere; ét pour comble de cqmal-heur, le ieune. ,a ſil
Roy laeques ſut inſtruit par des perſonnes Heretiques, qui luy donnereït à Pabord v' i
de mauuaiſes impreffions , 6c luy firent conceuoiryne telle horreur de la Religion
Catholique , que depuis il ne l'a iamais embraſſée. De fait, il y a eſtably l‘obſerua~'
tion des Ordonnances Eccleſiaſtiques, dont i’ay ſait mention au diſcours de la Re- , , '
,ligion d'Angleterre , 6c s'eſt eſſayé par tous moyens d'en bannir la ſoy de ſes precie
ceſſeurs.
Mais à parler ï vniuerſellement ,la partie Meridionale de ce Royaume, 5 cauſe :Botcro M_
du commerce de France, de ?Alemagne 6c des Pays- Bas,eſt plus infectée d'hereſie P44”
que la Septentrionale, 8c les villes y ſont plus corrompuës que les villages: Mais ce
qui eſt plus conſiderable,c’eſt qu'vne grande partie de la Nobleſſe s'y eſt maintenuë
nette d’hereſie, 8c'. qu'il y reſte encor pluſieurs Catholiques.
Il n'y a point d’Egliſesl’ entieres, ny d'im_ages,ny d’Autels, &c la Religion a eſté gfäſfiäë
dés ſon changement à la forme de Geneue .excepté que les E-ueſques ont retenu ce Naiſ, de un;
nom contre la Regie du Galuiniſme ,e85 ioüy longuement de leurs Eueſchez, 6c re- lí-‘
uenus- Mais les Miniſtres mal partagezseſtimans égaux ä ces Eueſques en dignité,
demanderent égalité de reuenu. A quoy le Roy Iacques ſixième soppoſa , pour
maintenir quelque luſtre en l'Egliſe Eſcoſſoiſe. Mais en fin les Miniſtres opiniâ
trans cette pourſuite , obtindrent ce qu'ils deſiroient , 6c renuerſerent les mitres des
Eueſques. .
Toutefois l'an mil ſix cens quatre ° le Roy laeques rendit les Egliſes d'Eſcoſſe cSetLCïlui)
ſemblables en ceremonies ä celles d 'Angleterrqôt leur donna des Eueſques malgré CW”
lesíll' heologiens 8c Miniſtres Eſcoſſois. ÏQËÎÊÎOÊËJ;
Police y a en Eſcoſſêddeux Archeueſquegà ſçauoirde ſainct André , 8c de Glaſquo: MY** ?Olit
Eccleſiïæ' Eccl.li.|.c.5t.
Rique. Celuy
ou de
. ſainct André a ſous
. luyles … Eueſques_ de Dunckeld .‘Aberdin, Mourray s Pſſ'd.Th ſi'.
ElgifflDumblam,BrechnzuRoſſeouCauaxieflathnesnuDunrodemautrcmcnt
,
!iii
348 y Eſcoſſe.
Dornok : prenans de meſme que les pays , auſquels ils commandent pourleſiregard
.du lſipirituel-,jle nom desſſlieux de leurjreſidencezôc celuy des Ifles dſiOrcknay ou Or?
cades,qui s'appelle auſſi Euelſique de MaynelandeÆc de K-irK-Vïaa ,pource qu'il fait
ſa demeure en l'Iſle de Mayneland, en la ville de Kir-kwaa. — ’ . "'
L' Archeueſque de Glafquo a ſous luy les Eueſques de Gallowray ou Withory;
nom dela ville de ſa reſidence,que les Latinsappellët CAÎÎdidaCa/dgdeſt à dire Blan.
ç-he Maiſon; de Liſmor, en. la Prouince dklrgile; ôc.d'.lllis,oi1 Colmkil, autrement
des-Ifles Hebridegou des Ifles affiſes au Couchant , &c nommé auſii Sodorenſefaid
ſan; ſon ſejour Ordinaire en l'l (le, &E au Monaſterede Sainct Colomb. Au reſteſl es
Eſcoſſois
deleſus, on; _vn
- ….beau College à Romeſious la direction des Peres
' ' de laCompagnie
*' ' ct ſi
.ſiGcnealOgi_c. ~ .~ ſi Ï
A .
ï Lea-tdi:
EIÏGVS *fils de Ferquhard Roy dffrlandqappellé par les Eſcoſſois qui auoiEt l
leb_ Scotic. _. paſſe' de ſinn lfleenlîſcoſſe , fut leur premier Roy, enuiron &rois cens trente ans
\ Buch-an. rct. auant [aſus-Chriſt , 8c shccordantauec les Pictes quiſitenoient partie de ce Royau- '
Scotia.
me. vainquit Coil Roy des Bretons au pavs de Coil, 6c tira ſerment des Eſcoſſois,
qu’-ils
l'an recognoiſtroient
vingt-cinq pour, trois
de ſouregne leursRois ſes enfans
cens cinq 8L ceux
ans auant Ieſus-deChriſt
ſa race;
;aupuis' mourut
temps ſſque
Chruthne' Camelon eſtoit Roy des Pictegôc Eſdad Roy des Bretons. ~
FERITA~RE ſon Frereaegna apres luy ſur les Eſcoſſois en l'Iſle de Bretagne; ?
pource que Ferleg, filsaiſne' de Fergus ,eſtoit en bas âge. Mais Ferleg deuenu plus
grand ,ayant demande' ſa démiſſion à ſowoncle, qui la luy accorda, le peuple refuſa
de le recog-nOiſt-re; en haine dequoy il fit mourir Ferithare , la quinzième année de
-ſonregne, 6c pour éuiter la peine de ſon crime , s'enfuit, &paſſa le reſte de ſes
iſours. 'honteuſement , ayant eſté condamné par jugement public des Eſcoſà
ois. -
MAINE ſon frere puiſné,ſucceda parce moyen àFeritbare ſon oncle, &ayiant 5'
regné vingt-neufans, deceda deux cens ſoixante-vn an auant rioſtre Seigneur
IeſuS-Chriſt, -î , ' '
DORNADILLEÎfils de Maine , 8c ſon ſucceſſeur , fit les Ordonnances de la 4
Chaffe. ſtgha paiſiblement l'eſpace de vingt . huict ans, 6c mourut deux cens trcnte- -3
tîpis ans auant noſtre Seigneur Ieſus-Chriſt , laiſſant en bas âge ſon fils Ren'
l C1'. ï - ' — \
NOTHAT ſrere de DornadilleJui ayant ſuccedéÀ cauſe de l'cnFa nce de Reu— S'
cherNdlzlcs
des ,ſur pour ſa cens
deux tyrannie
treizetué
anspar Doua]
auant Prince de Galloway, du conſentement
leſus-Chriſt. i
RE VTl-l ER oulesREVDEfelon
Ïaccordantauſiec Pictes venus desBede, fils , de
Orades où Dornadille, ſucceda
ils auoient eſté à Nothar,
chaſſez a; 6 ’
, vainquit
les Bretons ou anciens habitans de l, lſie, auec leur Roy Siſil; puis mourut la vingt
ſixiéme année de ſon regue cent quatre vingt ſeptans auant lelſiuS-Chriſt, laiſſant
vn fils, nomme' Therée, en bas âge. p
'REVTHA couſin de Reuther, regna apres luy , â cauſe de l'incapacité de The- 7
rêe , eſtablit premier
ayantregne' enrre les Eſcoſſois
au _contſſentement de tous, Pvſage de lafſiaueur
ſe démitcn Medecine 6c Chirurgie
de ſon nepueu, laz qua
puis
ËLziÈme année de ſon regne, cent ſeptante-trois ans lauant noſire Seigneurleſus
‘~ ri . \‘ .
TH E RE E fils de Reuthergſe monſtra bon Prince &z vertueux,durant ſix anszpuis 8
ſi: laiſſant emporter à toute ſorte de vices, &c craignant d'offre tué par les ſiens, s'en
fuit vers les Bretons à York , oû il paſſa le reſte de ſes iours ſans gloiref, 8c mourut
la
C ldouzième
iriſt. année de ſon regne, cent ſoixante-vn ans auant noſtre
i Seigneur Ieſus—
Pendantſon exil,
. l
qu'ils ne vouloient pasC-ONAN
prendre vnſut declaré
autre Roy,duEntre-Roy
viuant de par les Nobles
TherËesôc , pource
gouuernafſiort
?ag-Rhone le Royaume , iuſques ſai-la mort de Therée , apres laquelle Ioſine ſon frere
ut oy.- ~ -
_ IOSINEv frere de Therée, demeura toute ſa vie en paix auec les Bretons &les 9
1L
Ijxctesfflcgna vingt-quatre ans, 6c mourut cent trente-ſept ans auant lcſus-Chriſt.
. .p
l ‘° , , *_, Eſcoſſe.
FIN N AN ſils de loſine, 6L ſon ſucceſſeur, regna trente ans, 6L mourut CEM ſCPÊ 349
i ‘ ans auant leſus-Chriſt. - l x
ſ l' DVRST fils de Finnan , épouſa Agaſie, fille du Roy des Bretons , qu'il repudia
' depuis, bien que du toutchaſte 6L ſage , fut ſi vicieux qu'il ſit mourir pluſieurs No
l bles , qui taſchoient de sffloppoſeril ſes méchancetez z 6L finalement fut défait 6L tué '
en bataille par la Nobleſſe irritée , quatre vingt dix-huict ans auant leſus Chriſt.”
apres auoirregnéneufans. r l ’ ’ '
_ u' , . EVEN E ſon cdiiſin,prudent 6L granîd guerrierJuy ſucceda, ordonna les exerci
ſ '- ces militaires à la ieiineſſe , regna dix~neuf ans , 6L mourut ſept-ante- neuf-_ansauant
' leſus-Chriſt. , -’ î î - ‘ ſi
'F GIL LE ſon baſtard , ayant fait mourir les fils dïtuene , s'em para parſer-rc du _
xoyaume; 6L fut ſi cruel que les Nobles éleurent vn Entre- KOY , 6L le pourſuiuirent "
ſi viuement. que ce miſerable-seii eſtant fuy en Irlande, y fut défait 6L tué , ſeptané
te-ſept ans auant Ieſus-Chriſt, n'ayant pas du tout regné trois ans.
'4 EVENE ſecond fils de Douald , frere de Finnan , ſur creé Roy apres la mort de _
d'Bder,épouſa
Gille, la fille du Roy
fils de Dochamfils de des Pictes;
Durſt, puis parle
échappé ſe démit volontairement
moyen , en faueur
de ſa nourricqſoixanſſte
l! ans ED
auant leſus
ER, - Chriſt,
futau temps6Ldelalule
dix-ſeptième annéel'de
Ceſar, attaqua l fleſon
deregne.
Bretagne, regna quarante- ſi
huict ans , 6L mourut douze ans-auant la Naiſſance de noſtre Seigneur Ieſus
Chriſt; ’ '~ ‘ ’
. i6 vilainies
EVENE l l deteſtables-de
6L loix l. troiſieme Elslad’Eder, luydesſſfemmes,6L
pluralité ſucceda, fut des plusdeſordonnez
de Pouuoir abuſer desen ſes_
filles
² ' ' des ſubiets , 6L fut mis pour ſes vices en priſon ~, où l'on le ſit mourir-la ſeptième an
' ſ l7 néeMETE
de ſon regne,
LLANcinqans auant la
ſils de Caran, Natiuité
frere defut
d'la der, noſtre
mis Seigneur Ieſus-Chriſt.
en ſon lieu; fut, ſelon les Hi
È ſtoriens Eſcoſſois, grand amy d'Auguſte', regna trente-neuf ans , 6L mourut l'an de
‘ grace zz, ſans laiſſer aucuns enfans. ' ‘
_x8 CARACTAC fils d’vne ſoeur de Metellan 6L de Candallan .vaillant Capitai- ‘
"F '- ne-,eut guerre contre les Romains par l'eſpace de neufans, 6L fut en fin liuré par '
ï' Cartumandue ſa maiâtre , au Capitaine Romain Oſtorius , qui Penuoya à hampe
' reur laude. Mais Claude le renuoya honorablement en ſon noyaumqquîlaflſiran
chit aulli bien que ſa femme 6L ſes enfans; puis Caractac ayant regné deux ans apres
ſon retour en Eſcoſſqdeceda la vin gt-vniéme année de ſon regne,l'an de grace cinq
l quante-quatre. - _
'9 CORBRE D ſon frere ,fut declarê Roy apres ſon decez ,- 6L durant ſon temps,
les Pictes aſſiſtez des Eſcoſſois , déſirent Oſtorius , quimourut apres d’vne bleſſure
i: g receuë au combat. C orbred défit auffi Catus Romain,6L le chaſſa de l'Iſle; puis de
ceda l'an de grace ſeptante-vn, le dix-huictiéme de ſon regne. —
&ï .zo DARDAN le G_r_os, petit fils de Metellan, ſucceſſeur de Corbred, fut au com
: mencement bou Prince , puisvicieux à Fextremité; d'où vint qu'il fut tué par les
1- z fienspourſa tyrannie, &pource qu'il taſchoit de faire mourir les enfans de_ Cor
bred, l'an de grace ſeptante-cinq, la quatrième année de ſon regne.
l a] GORBRED ſecond, ſurnommé-communément GA LDE, nommé GAL
HL GAC parTacite, _comme leurs Hiſtoriens eſtiment,braue fils de la Vaillante Voa
9- ' de, 6L de Corbred premier ,~ ſut défait par les Romains ſous Petilius Cerealis ſous
z. l Neron,ſ6L par lule Agricola , Lieutenant de_Domitian; puis vainquit les ROŒRÎDS.
5- l, 6L les contraignit de faire vne' paix honteuſe z 6L mourut l'an de grace cent trois,
l aprſiesauoir regné trenteans.
ſ55" ²ï²~ LVCTAC ſon fils, auſlihlamable en ſa vie, que ſon pere fut glorieux, fut en ſin
ñ. mis ämort par lesîGrands du Royaume , qui punirent les complices de ſes crimes
' auec luy,l’an de grace cent ſix,6t la troiſiémeannée de ſon regne. ‘ \_
23 MOGAL ou MOGA LD , fils d’vne ſoeur de Galde , vainquit lesRomains au
' temps dfidriah; puis eſtant deuenu tyran , fut tué par la conſpiration des ſiens,
irritez principalement de la loy qu'il auoit fait receuoir, que les biens des con
damnez ſeraient confilquez au Roy , ſans que les femmes ny les enfans y euſ
líîent part; 6L mourut l'an de grace cent quarante-huict , ayant regné trente
ix ans. -
²-4 CONAR , qui auoit eu part au deſſein du meurtre de ſon pere, fut ſon ſuc~
3S0 .Eſc0ſſe.
ceſſeùr; mais plein de vices -5 ſi bien queles Grands le mirent en priſon , ſaiſansſViñ
ceroy Argad Prince d'Argile s Puis Conar mourut l'an de noſtre Seigneur) le
ſus-ÇIÎL-iſt cent ſoixante-deux., quatorze ans apres _le commencement de_ſon
2)* re.gETHODIE,
ne. - fils d’vne ſoeur_de MOGAL , apres la mort-de
~ . Coma!, - futñ / re—
cognu
ſiſe ſentitRoy (Pvncommun
ſi Fort conſentement,
oblige' , qu'il l'honora de lameſme
chargedudeViceroy Argad, auquel
grand Iuſticier, il
dont les
Comtes &Argile ÎOÜYſſCIÎE encore; puis ce Roy ayant dom pte' les rebelles des Iſles .di-J
Hebîridçs ,ſut tué de nuict par vn ioüeur de flute de ces Iſles, qu'il auoitlaiſſé
dans ſa chambre, 6c mourut l'an de grace cent quatre vingt quatorze, le trentiéme
de ſon regne. r -
2.6 S ATRA HEL ſon fi-ere , luy ſuccedant , taſcha de faire mourir tous les amis de
ſon frere, aſinde ſe défaire plus Facilement de ſon fils encor enfant: ſi bien qu'il fut
tué pour ſa tyrannie par ſes domeſtiques la quatrième année de ſon regne ,l'an de
noflzre ſalut cent quatre vingt dix-ſept. _
:7 D O N A LD premier ,autre frere d'Ethodie, ſuecedant à Satrahel , ſuc vertueux
Prince, &c le premier Roy des Eſcoſſois , qui receut la Foy Chreſtienne ; 6c _dcceda
l'an de grace deux cens ſeize, le vingt-vn de ſon regne. ' ~~
2.8 l ETHODIE ſecond , fils du premier , homme ſtupide 8c languifſangayant ſuc
cedeſſfut recognuſoudainincapable de regner, BL des plus auares. Toutesfoisles
Grands lui donnerent des gardesfic mettant en chaqueProuince des hommes ca a
.bles pour la gouuerner , luy laiſſerent le nom de Roy. Mais il fut tué par ſes gar es
la ſeiziémeannée de ſon regneſhande grace 2.31.
2.9 ATHIRCON ſon fils , ſut apres luy recognu Roy du conſentement desEſtats,
premierement vertueux , puis homme de tauerne, 6c bordelier, apres auoir abu
ſé de 'deux filles de ;Natholoc , ſur pris par les Nobles , conjurez auec Na
zholoè A 6L ſe tua luy - meſme , pour ne mourir pas honteuſemeot , l'an de
naitre Seigneur leſus-Chriſt deux cens quarante-deux, apres auoir regné doug
ze ans. ~
3° cruel
, --NA-THO LO f! ,ayant fait bannir les fils d’^thircon , fut crcé noy , ſe monſtre
.66 tyran, &c fut tué par Moraue ſon ictmhime,qui ſe ſauna promptement en .At
gile vers les conjurez, l'an de grace deux cens cinquante. trois, Fvnziéme de ſon re
gne: 5c ſoudain Moraue fit reuenir' les trois fils dmthircon.
3! FlNDOCH filsaiſné dſiAthircoh, ſucceſſeur de Natholoe, homme de doux '
naturelfut tué par deux aſſaffi ns à la chaſſeà la ſuſcitation de Donald,puiíſant Sci
— gne-ur des Iſles Hebrides: 6c mourut l'an de grace deux cens ſoixante-trois , le di
xième de ſon regne.
32-. DONALD ſecond , frere de Findoch, fut ſon ſucceſſeur : 8c \coulant van
ger ſa mort , fut défait par DONALD des Ifles Hebrides , 8c mourut trois
jours apres , l'an de ſalut deux cens ſoixante-quatre , n'ayant pas regné vn
an CHUCK'
3; DON A LD troiſièmqdes Iſles Hebrides, ayant défait Donald ſeconds: gran
de partie de la Nobleſſe auec luy , äempara par force du noyaume; fit mourir plu—
ſieurs Gentils-hommes ſous diuers pretextes: 8c finalement ſut tué auec toute ſa fa
mille , &ſesadherangpar la valeur &conduite de Cratblinthe, fils du Roy Fin
doch, l'an de noſtre Seigneur Ieſus-Chriſl: deux cens ſeptante-ſept, le douzième
de ſon rcgne. î
3 4- ſiſonCRoyaume
RA TH L&des
[NTE, creé
!iles Roy du conſentement
voiſineszpuis de tous, extermina
mourut paiſiblement Pidolatrie
l'an de grace de
trois cens
-vnze, le trente-quatrième de ſon regne:
3$ ' Fl NCO RN AC H couſin germain de Crathlinthe, luy ſucceda, defendit Octa
ue Roy de Bretagne
cinquante. contre les Romains,de
huict ,le quarante-ſeptième 8c ſon
mourut
regſſnel'an de leſut-Chriſt
,laiſſant trois
deux fils en bas cens
âge,
nommez Ethodie, 8L Eugene.
35 ROMAC fils d'vn frere de Crathlinthqſe ſaiſit par force du Royaum e, con
traignant ſes couſinsAnguſian , 6L Fetelmach , fils de deux autres freres de Crath
linthe,de s'enfuir aux Iſles Hebrides; puisfut tué pour ſa tyrannie l'an de grace trois
cens ſoixante vn, le troiſième de ſon regne. z
37 ANGYSIAN declaré ſon ſucceſſeur , cut gtlerre contre Nectar] Roy deä lzjctes,
. e ireux_
Eſcoſſe. 351
deſireux de vanger la mort de Romac ſon allié , 8c mourut en vne bataille', où Nc.
ctan , dcmcura pareillement l’-.1n de grace trois cens ſoixante trois , la ſeconde an
née de ſon regne. _ v
38 FETELM AC regna apresluy , déſir pluſieurs Fois les Pictes. bñleſſa mortelle
ment leur R ov Nectanfrere de l'autre Nectan, puis fut tué par des Pictes qui ſe ſei
gnoient Eſcoſſois, quT-Tergcſte , nouueau Roy des Pictes , auoit enuoyez pour cet
effect, l'an de noſtre SeigneurIeſus-Chriſi: trois cens ſoixante-neuf, le ſeptième ſi
deſon regne. ~ r
39 EVGENEOU EVENE-premierdece nom,filsdeFincormac,ſutapresledecés
dcFetelmacfflppellé parles Eſc-oſſois poureſtreleur Roy. Il ſut attaqué parMa
ximus , qui auec, larmée des Romains tenoit vne grande partie de [Iſle de
Bretagne _ &c le déſitlors qu'il sïëſtimoit victorieux , puisdl_ ſut déſait par le
meſme Maximus
Chriſt trois. , &t mourut enle ladixième
cens ſeptante-neufſi, batailledel'anſondereg-ne:
noſtre8cSeigneur
ſon frere Ieſus
Echo
diusy_ fut auſſi trouue fort bleſſé, puis guerit parle ſoin de Maximus , &c ſe retira en
Danemark. _ .
Lors les Eſcoſſois eurent commandement de ſe retirer de l'Ifle de Bretagne;
tellementque les vns s'en allerentaux Hebrides ,les autres aux Orcades, en lrlan-T
de, Noruege de Danemark. Toutesſois Maximus permit à Cart-amande , veſue
d’E_.ugene , de demeurer auec ſes ſeruiteurs dans Hſle, 6c luy donna des terres
pour s'entretenir , nonobſtant les cris des Pictes , qui auoient aidé les Ro..
mains. Apres cela , les Romains firent choix de la iCUflCſſC des Pictes , pour
en remplir leurs iegions: ê( Victorin enuoyé par l'Empereur Theodoſe en
cette Ifle , apres la mort de Maximus , ayant ſceu le decez &Hex-geſte Roy
des -Pictes ,leur deſendit d'élire plus aucun Roy. Mais ils creérent, en dépit de
luy , Durſt, ſecond fils dffilergeſte . qui ſur pris par Victorin , 8c enuoyé a
Roma ' ' -
Les principaux des Pictes, autheurs de cette élection , furentauſſi executez, 8c
les autres reduits en ſeruitude. .
Cependant Ethodie ſrere d’Eugene, qui Eeſtoitretiré en Danemark , eut de ſa
femme vn .fils ,nommé Arthus ,, qui épouſa apres le decez de ſon pere, Ro..
the fille. de Rorich , Roy de Danemark , de laquelleïl eut vn fils nommé
Fergus , qui reſtablit le rogne des Eſcoſſois_ en l’lfle de Bretagne. Mais auant
qu'il paruínſt à cet honneur , \il y eut vn _Intcrregne de quarante?- qua
tre ans.
.‘o .FERGVS ſecond , appellé parles Pictes , oppreſſez par les Romains , aſſem
bla les Eſcoſſois eſpars en diuers endroits, &venant en Argile y fut couronné 8c
resognu pour Roy, eſtant aſſis ſur Pancien &c fatal ſiege de marbre de ſes ayeuls,l’an
de noſtre Seigneurleſus-Chriſt quatre censvingt-deux. Sous luy, les Eſcoſſois 6c
les Pictes ,' reprirent- les pays que les Romains leurauoient enleuez ; puis déſirent
Placidus Lieutenant de l'Empereur Honoriugat le contraignirent àfaire la paix,& _
les laiſſer dansleurs anciennes bornes. Mais depuis, Maximian enuoyé par Ætius,
Capitaine Romain
quiſimoururent , vainquit
en cette défaite,Fergus &Durſt Seigneur
l'an dejnoſtre , Rois desleſus-Chriſt
Eſcoſſois &des Pictes,
quatre cens
trente, la neufiéme annee du regnc de Fergus, qui laiſſa trois fils, qu'il auoit eus en
Danemark, de la fille de Graham , à ſçauoiiç-Eugene ou Euene , Dongar 6c Con
,ſtantim ſi . 4. i , .
ſ EVWGENE ou E VſſE N E ſecond, ſucceſſeur de (ſon pere,rauagea les terres
4r
desRomains, dénuées de ſoldats, qui auoient ſuiuy Maximian aux Gaules; a:
les Pictes furent compagnons des Eſcoſſois en cette guerre, qui finit par la de'
faite des Bretons, qui eurent la paix auec les Pictes 6c les lrîſcoſſois , en leur
promettant de ne receuoir plus de Romains ,- qui perdirent ce qu'ils te..
noi-enten
Ïſiſiie.- cette Iſle
ſi Finalement _l'an deayant
e Eugene noſtrezseigneur
auancé fortIeſus-
loing Chriſt quatred’Eſcoſſe
les bornes cens trente
iuſ
quota_ ?Humbreſſ-g, mourut lfan quatre' cens ſoixante , le trentiême de ſon
IC DOML.. - nſſ- , j' '7' _
gDfflÏON G ARD ſoin frere , vſur Roy du conſentement de tous, 6c mourut en vne
42'…bacttäille 'contreles Bretons ,l'an de ſalut quatre ;cens ſoixante-cinq, le cinquième
_de ſon regime. . ) ~ _ - _ ſi A ‘
i.) ſi*
’ ' Europe. Hh
zÿz! - Eſcoſſcî
43 CONSTANTIN premier , ſon frere, fut, ſon ſucceſſeur, 8c mourut eſt-ran?
glé par vn homme des lſles Hebrides,duquel il auoit forcé la fille ,l’an de noſtre
Seigneur IeſuS-Chriſt quatre cens quatre vingt deux , le dix-ſeptième de ſon
ſegCONGA
ne. LL fils de Dongardfrere de Conſtanſſtinfut receu pour R oy; comba
tit ſouuent contre Vortigerne Roy des Bretons , &c Hengiſteauec ſes Saxons-z puis
aſſiſta \Vortimer fils de Vortigerne ſon patent , à chaſſer les Saxons de l'Iſle: Gt_ fi
- nalementdecedala vingtiémeannéede ſon regne,l'an cinq cens vn. ~ 'K'
4-5 CONRAN ſon frereôz ſon ſucceſſeur, nommé par Buchanan CORAN, &t
par Leſté , frere de Dongard, fut fait Roy,â cauſe de l'enfance des fils de Congalle,
aſſi ſta Vterpandragon 6L Artus Roy de Bretagngcontre les Saxons z puis à cauſe de
ſa grande
cens iuſtice,le
treneñcinq futtreníe-quatriémede
tué par ſes ſubjects ſon
l’anregne.
de noſtre Seigneur
ſi leſus-Chriſt cinqſ
45 EV GENE troiſième, fils de Congal , déſitauec les Pictes le vaillantRoY Artus
. de Bretagne , duquel on dict tant de fables: qui mourut aueçpluſieurs des ſiens_ en
bataille, prés de ſſ-Iumbre: puis Eugene glorieux d’vne victoire ſi ſignalée, dcceda
l'an de grace cinq cens ſoixante- huict, le trente-- troiſième de ſon regne.
47 CONVALL frere dffîugene, Prince vertueux , ioüvt apres luy duRoyaume,
auec toute ſorte de bon-beur , ordonna premier qu'on payeroit les diſmes aux gens
d'Egliſe: 6c mourut ſans enfans le dixième de ſon regne ,l'an de noſtre Seigneur Ie
ſ ſusñchriſt cinq cens ſeptante-huict, ayant eu de ſon temps en Eſcoſſe ſaincte Brigi
de, née de maiſon illuſtre. ~ ~
48 KINN ATILL frere a ſucceſſeur de Conua] ,ayant pris pourcompagnon Ai
dan ſon nepueu , qu’il adopta, mourut quinze mois apres le commencement de ſon
regne,l’an de grace cinq cens ſeptante-neuf,
49 Al DAN fils de Conran ou Goran', vainquit les Saxons «St les Pictes : puis mou
rut l'a” de grace ſix cens ſix,apres auoirregné vingt ſept ans,& eſté touſiours aſſiſté
de S. Colombe-,qui deceda peu de ioursapresluy. - ‘ î
KENN 12TH K EY R fils de ConuaLayant ſuccedé,deceda quatre mois 'apres ſon
ſ0 aduenementä la Couronne; ' — ſi ë ‘ ~ ’ '
E V G E N E quatrième , fils d'Aidan, nourry pans. Colombe , fut Prince foſſŸt
ſl
vertueux~,eut
dont le derniertrois fils-pleins
ſe rendant de ſainctetëàſçauoir,
Hermite FerquhardDonuald
en France , y mourut, Sc Fiacre:
6c ſut tenu pour Sainctſſ,
6c ce Roy deceda lande noſtre Seigneur leſus-Chriſt ſix cens vingt ,le quinzième
ſa. deFERQV
ſon regne.HARD fils aiſné dlEugeneÆc ſon ſucceſſeunPrince des plusvicieſtuxzæc,
meſme ſuiuant les erreurs de Pelagius, 8c d'autres heretiques, fut mis d’vn com mu n
conſentement en priſon, où il ſe tua luy-meſme, l'an de graceſix cens 'trente deux,
-lè douzième de ſon regne. . , ,
ſ5 DONEVALDMU DONALD quatriémqſils &Eugene troiſiémefuccedantà
Fetquhard au, Royaume
thumberland , le remit
qui fut toutesfoſſis en bon
_depuis mis eſtat.
à mortIlpar
aſiiſta Oſuald
Penda RoyMerciens:
Roy des de Norñ
puis ayant regné paiſiblement quinze ans, il ſe noya dans vii lac en peſchant, l’an de
grace ſix cens quarante-ſix. _ ,
54 FERQVHARD ſecond,ſils de Ferquhard premier, fut méchant apres qu‘i l ſe
vid ioüyſfant du ROYAUME, au lieu qwauparauant il jfaiſoit parade de pluſieurs ver
-tus. Mais Dieu le punit ſuiuant latnenace duſainctfflEueſque C olman; veu quëvn
loup-lïlyät mordu à la chaſſe,il lui prit vne enflure de ventrexomme h vd ropiqueJ-_ſ 'ï ſ ſ
ſes parties bonteuſes deuindrent pleines de versfſoutefois 'ayant demeuré deux ans
en cet eſtat, il ſe repentit,eutrecours à ſainct Colman, receut les Sacremens de l'E
- gliſe, qui-luy eſtoient interdits, &c mourut apres l’anſide Ieſus—Chriſt ſix cens ſoixan
te-quatreJe dix-huictiéme deTon regne. i .ſi , ' ,
S3 ſes voiſins
MALD , 8cV la
I Nmaintint
fils de Doneuald ou Donald
inuiolablement. ſ Maisquatrième , ſit»dela ſon
ſur' ſa' 'fin paixrſſegne,
auec tous
les
Saxons,& les Pictes le trauaillerent grandement; puis~il les déſir ,ïflcäpres ſur leïſou
pçon qu’il entretenoit certaine femme , il fut eſtranglé de nuict_ parla ſienne , qui_
futſle len demain brliſlée par ſes complices. Sa mort artiua l'an de grace ſix', cetigqua
tre vingt quatre', le vingtième de"ſon regne. , i( ~‘
S5 E. VG ENE cinquième , fils du 'frere de Malduin , défit _Eg-Frid Roy
_ ſ - Eſcoſſe. _
353
de Northumberland ,~ qui demeura ſur le champ auec 'vingt mille Saxon: :
puis il deceda l'an de grace ſix cens quatre vingt huict,apres auoir regné qua
tre ans.
E V GzE N E ſixième, fils de Ferquhard , eut continuelle guerre auec les Pi
57 ctes , 8c mourut l'an de grace ſix cens quatre vingt dix-ſept, apres auoir regné
dix ans. . '
58 AMBIRKELETH fils &Eugene cinquième, des piusgenziiësz pi… vertueux
auant que regner; puis abandonné àtoute ſortedevices, eutguerrecontreles Pi
&es ; 5c fut tué ſur lanuict en ſon camp d’vn coup de fleche à la teſte , ſans qu’on
ſceuſt qui l’auoit tiré. Sa mort arriual’an de grace ſix cens quatre vingt dix-neuf,
la ſeconde année de ſon regne. ‘
EV GEN E ſeptième ſon frere , fit la paix auec Garnard Roy des Pictes , épou
59
ſant ſa fille Spontane, laquelle eſtant enceinte, fut tuée au lict au lieu du Roy,
par deux freres , qu’on fit déchirer tous vifs aux chiens. ll fit chercher par tout
les plus ſçauans hommes , pour écrire l'Hiſtoire d’Eſcoſſe&de tout le monde ,
puis mourut la dix - ſeptième année de ſon regne , l'an de grace ſept cens
ſeize. '
Go M O R D A C fils d’Ambirkeleth, ſe maintint touſiours en paix , ſept
da la ſeizième année de ſon regne, l'an de noſtreSeigueuſſr leſus-Chriſt 6c dece
cens
trenteñvn. ’
Gt ETH FIN fils &Eugene ſeptième, Prince vertueux,.ennemy des méchans , re
gua trenteans, 6c mo-irut l'an de noſtre Seigneur Ieſus-Chriſt ſept cens ſoixante
deux.
f). EVG ENE huictième, fils de Mordac , fit punir les Gouuerneurs des Prouinces,
qui ſen eſtoient rendus comme maiſtres-,puis deuint vicieux à Fextremitégäc fut tué
par les Nobles à coups de poignard,l’an de grace ſept cens ſoixante-cinqfflpres qu’il
eurregné trois ans.
63 F ERGVS troiſième, fiisdEtfin, Prince débordé, futeſtrangle' par ſa femme,
ainſi-qu'il dormoit, l'an de grace ſept cens ſoixante-huict , le troiſième de ſon
:64 regne.,
SOLVATH [E, fils &Eugene huictième, Prince geneſſreux',m i .ſub~ect à la
goute, vainquit Baue , yſſu des Seigneursdes Ifles Hebrides, qui v loic aire re..
uol (et les habitans, Gt ne fut attaqué par les Saxopsmy les Pictes; mais mourut pai
ſible
de ſonl'an de noſtre Seigneur Ieſus-Cbriſt ſept cens quatre vingt huictJe
regne. ſi vingtième
65 ſi‘ges,&
AClesHAIE fils d’Etfin,
contraignità Prince
ſe tenir deuot &z prudent, chaſſales
en paixzfitallianceauec Irlandais
Charlemagne de ſes
contre lesriua
And'
glois; luy enuoya Rahan 8c Alcuiu, les deux plus doctes hommes de leur âge, aſſiſta
Hung Roy des Pictes, contre Athelſtan Roy des Saxons Occidentaux , qui fut dé
fait: puis ilmourut apres trente-deux ansde regne , lſan de grace huict cens dix
neuf. ' '
[56, CON GAL ou CONVA L fils de Fergus troiſième , ain-ia grandement Hung
'Roy des Pictes, du decez duquel il fafiqligea tellement que le regret le tua l'an de
grace huict cens vingt quatre, le cinquième de ſon regne.
DONGALL fils de Soluathie, chaſtia les rebelles qui auoient èleu Roy Alpin,
‘7 filsld'AclÎaie , qui fuyantla Royauté de cette ſorte , ſe retira près de Dongal , qui
Paffectionna depuis 'alextremitéî Cependant Doſtolarg fils de Hung,deuenu Roy
des Pictes, fut tue' par ſon frere Egan , deſir-eux de regner. Mais Egan ayant pris à
femme par force Breme vefuede ſon frere , elle le tua la nuict : ſi bien qu'Alpin fils
de Ferguſie fille de Hung, demanda le noyaume qui luy écheoit de droictaMais les
Pictes fuyans dbbeyr ä vn Eſcoſſois , èleurent pour leur Roy Feredech :ôc Don gal
reſolut d’affiſter Alpin , avant mis ſur pied vne grande armée , ſe noya en paſſant la
riuiere de Spey,l'an de grace huict cens trente, le ſixième de ſon regne.
68 A LP [N fils dfichaie, ſucceſſeur de DOngaLfit mourir Feredech en vne batail
le: puis Brude ſon fils 6c ſucceſſeur', ,fut tué par les ſiens , &apres luy Kenneth ſon
frermauffi Roy. Mais vn autre Brude eſtant deuenu Roy des Pictegaffiſtè d'Ed~
mond Roy des Angloígdéſit les Eſcoſſois, 6c prit le Roy Alpin,qu'il ſit mourirban
de noſtre Seigneur Ieſus-Cliriſt huict cens trente-quatre, le quatrième de ſon
zregne.
Europe. _ r Hh ij
3; 4.v Eſcoſſc. l
59 KEN N E TH fils &Alpin , ſit mourir en vne bataille tant de Pictes,
auec leur Roy Dunſtren , 6c les pourſuiuit depuis ,tellement qu'il eſteignit preſ
que tout à ſaict leur nom; 6c ceux qui reſterent ienſ-uirent cn Danemark
zz Norvege 5 ou bien en Northumberland. Ainſi la nation des Pictes ſut de—
ſtruite 1100 apres ſon arriuée 'enſlfle de BretagneſhcKenncth auança les bornes
du Royaume des Eſcoſſois, iuſques à Pfſíirte; partageant entre les ſiens les pays
que poſſedoient les Pièœs. Cela fait, il fit tranſporterà Scone la chaire de marbre
qui eſtoit en Argile, puis deceda l'an de grace huict cens cinquante-cmqde vingtié
me de ſon regnc.
79
DON A LD cinquième, ſon frere , homme laſche 'ac voluprueux, cauſa par ſes
débordemens , que les Pictes cachez au Northumberland 8c pays voiſins, aſ
ſiſtez des Saxons 6c des Bretons . attaquerent PEſcOſſe. Mais il les comba
tit 6c mit en fuitte. Il eſt vray que ce Roy viuant auec trop .dhſſeurance
apres la victoire ,vid défaire vingt mille des ſiens yures œ endormis, &t ſuc pris
auec pluſieurs Nobles , puis il fut mis en liberté , donnant aux Saxons, a;
Bretons , tout le pays aſſis entre Striueling ', 6: la riuiere de Cluyd z 3c
reſtant apres déreglé plus que iamais , ſut mis par les ſiens en priſon , oû il
ſe tua luy - meſme , l'an de grace huict cens ſoixante , le lutiéme de ſon
rc ne.
7l gCONSTANTIN ſecond,ſils de Kenneth , publia pluſieurs loix vtilegdéfit
Hubbe~ le Danois, frere de Cadan Roy de Danemarx , venu en Fiſe pour reſtablir
les Pictes; puis ayant perdu pluſieurs des ſiens, ſut pris par HubbeJ R tué parſon
commandement, l'an de grace huict cens ſeptante- quatre , apres auoir regné
i treize ans.
71- E T H E frere de CONSTANTIN ſecond , ſurnommé Pied- ailé , à cau
ſe de ſa vitefleſtleuenu laſche &c vicieux, eſtant Roy , puis mis par les Nobles
Fu priſon, où il mourut~~l'an de grace huict cens ſeptante_— ſix lc deuxiéme de
on re ne. ' -
75 C- FÏEGOIRE ., fils de Congal ſecond , Prince prudent 8e grand Iuſticier, chaſſe.
les Danois a les Pictes de Fiſe, &de Lauden ’, matra les Irlandais qui luy ratta
geoient auparauant ſes pay szpuis deceda l'an de ſalut huict cens quatre ving t treize,
apres auoirregné dix-huict ans. l,
74_ D O N A L D ſixième, fils deC O N S 'l' AN,T.I N ſecond [apres auoir aps
paiſé quelques (editions , 8c regné douze ans , mourut l'an de grace neuf cens
x trois.
7g CONSTANTIN troiſième, fils d'Bth,attaqué par les Anglais qui deman
' doient le Northumberland, 8c Cumberlandfflerditces pays auec la bataille de Bro
my ſeild z puis ſe fit Moine l'an neufcens quarante-trois ,. apres auoir regnc' quaran
te ans.
75 MALCOLME ou Milcolumbe, fils de Donald ſixième, recognu pour Roy
bien toſt apres la démiſſtonÎde Conſtantin fit la paix auec Athelſtan Roy des An
glois,luy laiſſant le NortumberlandJc retenant pourluy le Cumberland 6c \Veſt
morland; ſut tué par les ſiens, l'an neuf cens cinquante-neuf, apres auoir regné
77 quinze ans. _
INDVLFE , couſin de Conſtantin, conſtant en la loy promiſe aux Anglais;
auec leſquels les Danois deſiroient qu'il rompiſt , l-déſit aûêc les meſmes An,
gloís Analaſſe Roy des Danois 5 puis encor Hagon , 6c Henry Danois y, arri
uez-cinq ans apres en ſes pays auec groſſe armée. Mais pourſuiuant apres la
victoire quelques ennemis qui eſtoient en embuſcade, il fut bleſſé à la teſte,
6c mourut apres auoir veu petit tous] les ennemis , l'an de noſtre Seigneur le
ſus- Chriſt neuſcens ſoixante-huict , apres auoir regné neuf ans , 8c trois
mois.
78 DVFſ-ÏE, fils de Malcome, ou Milcolumbe', ne peuſt endurer les fai
neans > œ gens de mauuaiſe vie z à raiſon dequoy l'on conjure contre luy , 6c
l'on
prés ſeduſert de certaines
feu, (Orcieres,
l'ayant miſe ui firentdevne
en vneqbroche image
bois , 6c de cire, qu'ellesde
la ſurſondant faiſaient rotir
certaine li
qucur; enlors
iour. Mais prononçant
qu'on eut quelques
ſurpris cesparoles;
ſorcicrsjlſi guet-it;
bien quepuislefut
Roytué ſechoit de iourſepen
l'an neufſicens
tantewleux, apresauoirrcgné quatre ans &t ſix mois.
i 7 Eſcoſſc. ~ 35;
79 CVLEN fils dffndulſe , creé Roy parles Eſtats; deuint yurongne 5c bordelier, '
6c ſut trauaillc' de la Gonorrhée,c’cſtà dire, flux ouperte de ſemencenon volon
taire; puis les principaux du~Royaume ne faiſans plus eſta: de luy , reſolurent
~ d'elire vn autre Roy, saſſemblans pour cet ,effect à Scene; 6c comme il y vez
noir pour empeſchor cette aſſemblée . Cadhard , de qui il auoir force' la
fille , le tua l'an de grace neuf cens ſeptante-_fix , le cinquième de ſon.
re gKENNETH
ne. . frere
troiſième; -. -. de
- Uuffefcreé ſucceſſeur
\
— de Culen, vainquitles
80
Danois, fitvncnouuel-leloy touchantla creation des Rois; puis ſuc tué par !a …ſe _
çleFenellmtnere de Crathîlinte,eitecutéparcdmmandçznent de ceRoy, comme
autheur d’vne reuol te , 8c mourut percé desifleches, cachées ſous la tapiſſerie d’vne
tounbaſtie par Fcrielle, &diſppſées en telle ſorte-,ñ que çpuchantla pomme_ dïzlrëque
ten ptit vne ſtatuëzdhirain ,miſe dansla chambre , elle-szſe décochoient d-[elles- m cſ-—_ il;
mes contre celuy qui la touchait., IlË-mourutzaizæſi perce-de tous coſtezJÏan de graz-;î
ceaoqo, a de,:ſonſregnelevingt-cinquièmeg .Femelle ſe ſauna dans la ſorpſt, ._
m" ine. ;Spas-vn huis dérobê ;pô-ç deçlàñailïleursz, ſur; «Un cheual~.…d'extreme vizzñ,
81 te_ ..ñ :i--z ‘ :. , 'î 7.-- -- -ù-'iïó . . ' 1' . un
,Ã
CONSTANTIN quatrième. fils de Ciilen',ſuccedant à Kennetl1,vid éleuer.
contre lui vn 'autre Kenneîtbdſifere Baſtard du defiiuctzâuilètuæen duel# délit ſon
ékfiléclſan looz-,lecttroiſiémedeſbn regne. ~: , z jlff,.l.,ſ_*_'.' - 'a . .z, ,.
l E
-
9; vertueux
D -AVPrince',
[D premier, fiere d'Alexandre , regna
fondſſſplitſieursMonaſteres apres les
, inſtitua luylîueſchez
paiſiblement, fut
dé ÏKoſs,
Dunkeld , Brechin , 6c' Dumblain, 8c tranſporta le Siege de Murthlacî Aber;
d'O-n , eut guerre auec 'Eſtienne Roy &Angleterre , puis ſit_ la paix auec luy.;
aux conditions , que
Northumberland, Henry fils de7, Dauid
6c d‘Hundinton . ioüyroir parà demèureroit
&c le Cumberland- droict maternel du I
àſilÿa-
uid , comme luy appartenant de droict 'ancien ~,‘: en faiſant toutesfois homÃ-v
mage de tous ces pays au Roy d'Angleterre , &finalement il mourut en paiſx ,~’
&r grandement repentantde ſes pechez,l’an de Ieſus-“Chriſt milcent cinquante?
9;. trois. ’
ſ MALCOLME ’ — - ' qu'il ne toucha ia~
quatriémefurnomméVlERGE(pource
mais femme)ſut filsde Henry , fils deDauid, ſon predeceſſeur. Il fut trauaillé
de pluſieurs ſeditions, dont il punir touſiours les autheurs , 6c mom-ur en fin
'paiſible 8c vierge, l'an de ſalut mil cent ſoixante-cinq , le douzième de ſon
regne. .
93 WILHELM , ou GVILLAVME ſon frere, ſurnommé LlONſiut vaincu
par les Anglais, ainſi qu'il tlſchoit de recouurer les pays qu'on lui détenoitsk ayant
eſté pris de
Comte , paya de rançon cent mille
BeaumongAlexandre, ét liures
mourut ſterling.
l'an mil Il 'eutcens
deux &Ermengarde , ſille re-
quatorze, ayant du ſ
ROBERT
97 êcforça BRVIS
de .ïrenfſiuyr eſtantHebrides
aux lfles couronné,
, oùfut attaquémiſerablement
iſveſcut par l'Anglois ,, qui le vainquic
ſe cachant par ç
les montagnes , 8c dans les foreſts, auec peu de gens. Sa femme fut priſe par G uillau
" me
troisCumen,
freres yComte de Roſſ,
eſtans auſſi 6c menée
menez eurentenlaAngleterre , où l'onMaisil
teſte trenchée. la mit en priſon , 6L ſes
ſortitdectmiſere,
efiantaffiſté par vn de l’lfle , d'hommes. .Sc d'armes , ſi bien qu'il déſit les Anglois , 8c
pillaleur camp, puis eut de nouueaux ſecours, vainquit les Eſcoſſois partiſans. de
l'Anglais, recouura pluſieurs fortereſſes qu’il tenoit , fit encor mourir-cinquante
mille Anglois en vne bataille , paſſa en irlande pour ſecourir ſon frere eſieu Roy par
les lrlandois , impatiens du joug de l'Anglais , rauagea l'Angleterre iuſqu'à York,
renouuella l'alliance auec le Roy de France , fit la paix auec les Anglois , en faiſant
eſpouſerà fils Ieanne ſille d' doüard troiſieſme , puis deceda plein de gloire l'an de
Ieſus-Chriſt 132.9. le ving uaarieſme deſſon regne.
93- D AVI D ſecond, ſon ſils,fut ſon ſucceſſeur. Mais pource qu‘il eſtoíten bas
âge l'on fit Gouuerneur du Royaume Thomas Ranulph-e , pin's a ſon decezdeux au
tres Góuuerneurs. Cependant Edoüard Balliol venu de France en Angleterre , paſa
ſa delà en Eſcoſſe auec quelques milliers d'Anglais; afin de ſe faire Roy , 8L déſir les
Eſcoſſois à Dublin , puis ſe ſit couronner par force, 6c ‘a tort, ſi bien qu’il n'eſt pas
mis par les Eſcoſſois entre leurs Rois', puis il fut défait. Mais le Roy d'Angleterre
leuant vne grande armée attaqua derecheflîſcoſſe auec Balliol z de ſorte que Daz
Hh iiij
x
.J
Eſcoſſe. i l ct:
358
uidencor enfant paſſa en France , puis les Eſcoſſois deſirent les Anglais , &t Balliol,
qui ſe retira en Angleterre, 6L Dauid reuint en Eſcoſſe, puis ſut pris par les Anglois ~
l'an mil trois cens quarante-huict , «SL deliuré moyennant cent mille marcs ſterling
qu'il promit
auoit payer, puis mourut paiſible l'an miltrois_ cens
regné trente-neufans. ſi ſoixaaitelôc dix, apres
ROB ERT ſecond , du ſurnom de ST V A RT,, fils de \V/alter Stuart, 6c de Ma- 99
riorie,
ſon de fille
Brus,de8cRobert
donna Brus, fut creé Roy
cômencement d'Eſcoſſe
au regne , à ſaute d"hoirs
des Stuarts,en maſlesdela [nai
l'âge .cleſicinquaute-ſept
ans , ayant eſté couronné l'an mil trois cens ſeptante &è vn. Il-_eut de ſa femme Eu
phemie, fille du Comte de Roſſ, Dauid; 8c Gualter, ou Gautier, Maisileut aupara
uant &Elizabeth fill-e d'Adam Mur', qu'il auoit aymée: mais ſans mariage, auant
qu'il eſpouſaſt Euphemie, trois-fils , dont [Îaiſné , nommé lean ,puis Robert lll. ſut
declaré ,ſon heritier du conſentement des Eſtats, 8c lesplus
autres furent Robert , &L Ale
xandre leſquels il fitdeclarſſer par'les Eſtats , comme âgez que les fils d’Euphe
. mie, plus proches ſucceſſeurs* de la_ Couronne, quoy qu'ils fuſſent nez hors de maria
ge, les tenant pour _lçgit-imes , pource qu'il auoit- eſpouſézleut mere apres la mort
dîîuphenie. Il fut attaqué par Richard Roy d'Angleterre : mais il le vainquit à Ot
triburnc' , l'an 'de grace mil trois cens quatre- vingt-dix _, apres auoit _regné dix
neufans. _ ' - — - ‘ .25, z
RO BERT troiſieſme , ainſi nommé par ordonnance des Eſtats , au lieu de lean, zoo',
dont ils eſti merent le nom mal- heureux aux Rois. Mais .iljeiitjioudain ce malheur,
que tombant de chcual il ſe briſa tout _, 6c ne peut delà en_ auantendurer lapeine , 5c
les ſaſchcries du gouuernement du Royaume; tellement qu'il ſur contraint d'en re-a
mettre le ſoin &ſon frere Robert. [ll donna à Dauid ſon fils_ aiſnélenitre de Duc de e.
Roth ſa y, 8c à Robert ſon ſrerqauquel ilauoit donné ſon gouuernement du Royan;
me , celuz/_de Duc d'Albanie , ces deux ayant eſté .les premiers honorez de ces, titres
en Eſcoſte. Il fit mettre Dauid ſon fils aiſné ,pour ſes exceffiſsdébordemens, en
priſonlpùlfonlelaiſſamouigir de Faim. Sous luy 'les Eſcoſſois furent déſaits par led
_Anglais à Neſbeth , puis il deceda l'an de grace [406 .le ſeizieſme de ſonrcgqqayant
ſon filsjacques encor priſonnieren Angleterre. , _z -, í ~, - -, . fl-rdï.; -ñ, 373-3, ~
- De ſorte qu'à cauſe de la detention de Iacques, les Eſcoſſois- continueront Ro.:
bert en ſa_ chargeÆc apres ſon decez arriué l'an 14 io. efleurenr pour ſon ſucceſſeur
ſon fils Mordac , qui fit_ enfinmettre en liberté le Roy Iacques l'an 142. 3. moyennant
cent mille marcs ſterling , 6c le mariage dece Prince auec Ieantiez filledu Comte de
Sommerſet. _ ‘ ,- - z,, î - ~ '- - Ti_ -~i'
!ACQVES premier ,fils de Robert troiſieſme, fut comonnéauec ſa femme, fit Ier.
executer pour leurs concu (lions Walter Stuart , ſon frere Alexandre , puis leur pere
Mordac chaſtiales ſactieux &c rebelles , fit faire luſtice de ceuxqui 'auoient commis
quelques crimes durant ſon abſence , ſe deſguiſa ſouuent pour ſe mefler parmy les
marchands; aſin d'apprendre par leurs diſcours les deſordres 'auſqueſs il falloit re
medier, vainquit les Anglais à Piperdan , puis ſut-tué par la conſpiration de ſon un
cle, ſilsaiſiié d'Euphemic, à Perth , au commencement de l'an i437. apres -auoitrel
gnétreizeans. . a _l ñ_ * .r- - 1 …
l ACQVES ſecond, fils vnique de Iacques premienôc frere de Margueriteſièm- 1°”
me de Lous Dauphin ,puis Roy de France, filsde Charles ſeptieſme ;ſur eriïlîâage de
ſix ans couronné au Monaſtere de ſaincte Croix d'Edinburg :,- puis à cauſe de ſon: Has
aage l’on efleutzpour Gouuerncur d'Eſcoſſe Alexandre Leuingſton ,Bale ſoin de
nourrir , 6c garder le Roy dans le Chaſteau d'Edinburg fut laiſſé au Chancelier
Crichton. Apres cela la-Royne mere eſpouſa Iacques Stuart , dit le Cheualien-Noir,
puis G uillaume Comte de Douglasnutheur de toutes les ſed-itions du Royäumqeut
la .teſte trenchée ,auec quelques autres, puis le Roy prit le gouuernement du Royau
mel'an mil quatre cens quarante-quatre. Il eſpouſa la fille du Duc deGueldre,
ſecouruc Charles ſeptieſme Roy de France en ſes guerres contre les Anglbis' , rendit
ceux des Iſles obeyſſans, puis mourut de l’eſclat d' vne piece de canon creuée au ſiege,
_ de Roxbourg, le vingt-quatrieſme deſon regne. .
IA CV ES troiſieſme , fils du deſunt , fut couronné en l'ange de ſept ans -, 8è la Wi'
Reyne mere ſe mit àgouuerner le Royaume , puis ſuiuant la reſolution des Eſtats el- —
le eur ſeulementlacharge de nourrir, 6c garderie Roy ſon fils , enſemble ſes freres
Alexandre Duc d’Albanie, &clean Comte de lviar, 6c ſes deux ſœurs, &la conduite
' ~- 7 -.
Eſcoſſeſi ' ſi i
359
du Royaume fut miſe entre les mains de ſix Gouuerueurs. Il eſpouſa l'an mil quatre
cens ſoixante-huict Marguerite, fille de C hriſtiernſie premier Roy de Danemark luy
quitta tout le droit qu’il auoit ſur les Ifles Orcades , lesShetlandes , 6c quelques au*
ttes qui ſont entre deux. I! ſit empriſonner ſon frere Alexandre Duc d’Albanie , qui
trouua moyen deſcliapper , 8L ſe retira en France , pres du Roy Loüis vnzieſme , fit
mourirſon frere Iean, Comte de Mar , conuaincu d’auoir conſpiré contre luy , luy
faiſant couper la veine S afin qu’il seſcoulaſt de ſang. Enfin pluſieurs des principaux
rfaſſemblent , reprochant ſa vieau Roy, ſont pendre ſes mauuais conſeillers, le met—'
tent en priſon dans le Chaſteau d’Edimburg, ſont Gouuerneurdu RoyaumîczouVi-j
ceroy le Duc d’Albanie ſon frere , venu auec l'armée Angloiſe, 8c traittent la paix
auec l'Anglais à qui l'onliure Beruic. Le Duc d'Albanie mit le Roy en liberté, puis
ſe retira en France pres du Roy Charles huictieſme , _ſur quelques deſſeins contre ſa
perſonne, &c mourutà Paris ,laiſſant vn fils nommé Iean qui ſut Gouuerneur d'Eſ
coſſeÀz efleua lacques cinquieſme en ſon enſancele Roy deuint enfin auare à l'ex
j tremité; tellement que tous les Nobles hayſſans ceſte humeur meſquine , leuerent
des trouppes pour le deliurer de tant de meſchans qui le gouuernoient , 8c firent leur
chef Iacques ſon fils, âgé de ſeize ans. Il s'eſſaya de les appaiſer: mais ce ſut en vain,
ſi bien que ſans attendre le ſecours qui luy venoit de tous coſtez,il voulut combattre
les rebelles , 6c mourut en la bataille pres de Bannoxburne , à deux mils de Sterling,
l'an degrace mil quatre cens quatre- vingthuictfie vnzieſme luin,& le vingt-neufieſ? _
me de ſon regne. x
[04, IACQVES quatrieſme , couronné Roy apres le decez de ſon pere , fut ſi repen
ſi cant de s’eſtre trouué parmy ceux qui le tuerent, qu’il ſe' ceignit d’vne chaiſne de Fer .
tout lereſte de ſa vie. ll ſut rigoureux iuſticier, obligeales Grands , 8c gouuerna le
Royaume , auec vne extrême prudence, déflt le Comte de Lennox , 8c les autres qui
feſtoient elleuez contreluy , eſpouſa Marguerite, fille aiſnée de Henry ſeptieſme'
Roy d'Angleterre , &eut d'elle vn fils nommé Iacques , qui mourut l'an mil cinq
cens huict, puis vn autre Iaques qui luy ſucceda, 6c finalement ce Roy mourut en
vne bataille contre les Anglois , pres du mont Floudon l'an de grace 1513. le vingt
cinquieſme de ſon rogne, ſans qu'on puſt iamais trouuerſon corps.
x05] IAC QVES cinquieſmeſion fils fut couronné, n'ayant qu’vn an,cinq mois,8c dix
iours” la Royne mere,eut du cóſentement des Eſtatgle ouuernement du R oyau
me, à condition de ne ſaireaucune choſe d'importance , ſgns ?aduis de Iacques B6- ~
ton Archeueſque de Glaſquo, 8L Chancelier , de Huntlé, 6c des Comtes d’AnguSh,
&z d'Arran , 8c d'ailleurs le party contraire appella de France par vn heraut le Duc r
d'Albanie, que les Eſtats nommerent Gouuerneur d’Eſcoſſe,& la Royne mere s'en
fuyt en Angleterre, auec le Comte d'Angus ſon nouueau mary, puis le Duc d'Alba
nie ſut declaré par les Eſtats le plus proche ſucceſſeur du Royaume apres le decez du'
Roy. Ge Roy vit les dangereuſes factions du Comte &Angus , mary dela Royne,
qui efioit reuenuë en Eſcoſſe, 6c du Comte d'Arran. Il voulut auoir , quoy que fort
ieune,le gouuernement du Royaume e_n main auec la Royne ſa mere Mais le Comte
&Angus ſe rendit maiſtre du Roy qu’il retint , 6L voulut tout gouuerner, puis il y eut '
ſentence de diuorce entre ce Comte, à: la Royne, qui eſpouſa bien coſi apres Henry
Stuart, Seigneur d' Auendale , 6c pluſieurs combats pour la liberté du Roy. En meſ
me temps on punit Hamiltonmeueu du Comte d'Art-an. Le Roy ſe défait du Com
ce d’Angus en Paage de dix-ſept ans , &c commence à vou-loir eſtre obeys tellement
que ce Comte s'enfuyt en AngleterreJl eſpouſal'an mil cinq cens trente-ſept Mag
deleine, fille de François premier , Roy de France, qui mourut la meſme année en
Iuillet
fillï de zClaude
de ſorteDuc
qu’ilde
prit en ſecondes
Guyſe nopces
, de laquelle l'anIacques
il eut mil cinq, 6c
cens trente-huict
Artus Marie, ct
, qui moururent
icones, 8L Marie née le vnzieſme de Decembre mil cinq cens quarante 8c vn. Il fit?
apres punir pluſieurs attains d'hereſie , puis à cauſe que les ſiens, Feſtoient rendus ſans
coup frapperaux Anglais , 6c que toute la Nobleſſe ſemblait auoir conſpiré de ren
uerſer ſon Eſta: , il mourut de ſaſcherie à Falkland , l'an de grace r y 42.. le trente
deuxieſme de ſon regne , ſeptjours apres la naiſſance de ſa fille qu’il nomma ſon he—
Ñ IO 5- ritiere.
Marie, fille vnique
- l du Roy Iacques cinquieſme , commença , de regner auſſi toflct;
apres le decez de ſon pere , 6c le Comte d'Arras: ſon parent ſut declare ſon tuteur , 6c
Gotiùcrneur du Royaume. Elle eſpouſa François , Dauphin de France , puis Roy,
l
rr*** I
360 Eſcoſſe.
fils de Henry ſecond ,'6L apres ſon decez Henry Stuart fils du Comte de Lennoxſi
nommé-le Milord Darley, pere du Roy lacques ſixieſme, tué l'an mil cinq cens ſoi
xante-cinq parles menées de Iacques Comte de Moùrray , frere baſtard de la Roy
\ ne , qui renuerſa l’eſtat de la Religionen Eſcoſſe,6L‘larendit auec ſes adherans, preſ
que tout à fait heretique-. Elle eſpouſa encor Botwel , eſtant ſurpriſe par luy , 6L for- .
cée à ce mariage, dont il luy monſtrale contract ſigné parles plus grands du Roy-Lau
me. Mais il ne j Ouyt guere de cét honneur , ayant eſté cqntrainct de senfuyr en Da.
nemark, pour eſuiterla mort, dontil eſtoit_ menacé parles plus grands. Enfin ceſte
rniſerable Royne seſtant-miſe entre les mains de ſes ſujets , fut menée priſonniere au
Chaſteaude Lochleuin ;où elle figna l'acte de ſa demiſſion du Royaume , en faueur
du Prince_ſon fils. Elle ſe ſauua depuis de ce Chaſteau; mais ceux qui l'accompa
gnoient ayant eſté défaits parles gens de Mourray , elle ſe retira auec deux cornettes
decaualerie en Angleterre, 6L s'y arreſta ſur l'aſſeurance de l'amitié que la Royne
Elizabeth luy auoit promiſe , par vn gage qwelle luy auoit enuoyé. Mais ſe jettant
entre ſes bras., on luy donne des gardes , en la detenant priſonniere, puis elle eut la
teſte trenchée par le commandement de la meſme Royneau Chaſteau de Fodring
hay, au mois de Feurier I 587. le quarante-quatrieſmean-de ſon aagqapres dix-huict
ans de priſon en Angleterre.
IACQV ES ſixieſme ſon fils , né le dix-neufieſme luin mil cinq cens ſoixante- 1° P,
fix , fut apres l'acte de la démiſſion de ſa mere couronné , 6L recognu Roy d’Eſcoſſe,
le vingrneuſieſme de luillet mil cinq cens ſoixante-ſept , quarantecinq iours apres
la captiuité de la Royne à Lochleuin , 6L le vingt quatrieſme d'A ouſt de la meſme
année le Comte de M ourray fut declaré Regent. Aux Eſtats où ce Roy fut couronné
l'on reſolut que la Religion Catholique , 6L l'autorité du Pape ſeroit aneantie, que
-le Caluiniſme ſeroit receu,6L qu'on puniroit ceux qui ne Pembraſſeroiennll fut apres
couronné Roy d'Angleterre le vingt-cinquieſme iour de luillet mil ſix cens trois,
apres le decez de la Royne Elizabeth, 6L mourut le vingt-ſixieſme de Mars,
ſſvieil ſtylcPan 162.5. ~ \
ſelon le
C H A R L E S pre-mier ſon fils , qui vit à preſent , luy a ſuccedé aux Royaumes
d'Eſcoſſe , 6L d'Angleterre.
_ &Mamans-Wanna-Maanæ-&a-aaaxm-añæm
PROVINCES DV' ROYAVM E. _
LODEN, ou LOVTHIEN.
a Cnmdffl_ E pays de ï LOVTHlEN , ou L AV D E N , nomméjadis P I C T- Noinsi_
Bric., L A N D , pource que c'eſtoit le' pays des Pictes demeure des anciens
-
bnuçhanaq; LA DENI
nom de Ptolemée,&des
de LODENEIVM, ou GADENl , a receu
autres l* ceux de quelquesALatins
de LſiOTHlAN le
, 6L ‘ de
:ŸLËÏËÃË: - L _AV D O N l A , qui merite le premier rang, pource qu'il contient'
dcſcr. le ſiege des Rois.
dnuchdid. Il aboutit du coſté 4 de PEſtNord-Eſt au golfe de Forth,6L de l’Oüeſt S ud-Oüeſt ConñÏ!
' au païsdeCluydiſdaleayant duLeuät celuy de Merck,6L duMidy celuy deTuedal e.
La ville capitale , tant de ce pays , quede 'tout le Royaume 'eſt ED INBVR G, 13W"
~*mſi'
Cïmïlïn- i ou' EDEN BV RG,‘nommée vulgairementE DEN BORROW/ſſôcpar lesSaiiu es
Eſcoſſois DVN E A D E N ,c'eſt â dire ,ville d' Eaden , qui eſt~veritablement~ lle
~ que Ptoleméeappel le STRATOPETON PTE ROTON , c'eſt i dire , Chaſteau
fAurigÆpeez Allé. Elle eſt î ſeulement efloignée de la mer,ou du golfe de Forth , d'vn mil d'Ita
fäſſdïïä-Bêiï- lie, 6L a du Leuant le Palais-Royal, auec le Monaſtere de ſaincte Croix, vn parc plein
"ſi ſi u' de beſtes ſauuages , de conils , 6L de lievres , 6L deux montagnes , dont l'vne tirant au
Midy s'appelle la Chaire d’Arthus , l'autre tendant au Nord Euerlberch. Du Cou
chant il y a vn rocherfort haut , 6L comme eſcarpé , auec vn Chaſteau , ayant au deſ—
ſous vne profonde vallée, ſinon du coſté qu'il regarde la ville , à raiſon dequoy _, 6L de
ſes tours , 6L defenſes l'on tient ce Chaſteau comme imprenable , qui eſt nommé par
les Eſcoſſois le Chaſteau des Pucelles , pource que les Pictes y tenoient les vierges
'ï
ï
L f. 4Ln_- .___—__.—-,
P"’--~~ _ .
_Eſcoſiſſc. ' ~
361
Royales, iuſqdä ce qu'elles ſe mariaſſent , 8c parles Bretons du pays de Gales Caſile
MynedAgned.
beaucoup Il ya
de belles dans laElle
ſontainctes. ville quantité
a_ de de vn
longueur tours
mil,aux
du maiſons
LeuantaudesNobles , &â
Coſſuchangôc ~
demy mil de largeur, eſt ceinte de Forces murailles, 6c ſert de ſejour aux luffices ſou
ueraines, de meſme qu'à vne grande multitude de peuple.
auecAvn
.vnbeau
mil port,
delà du coſté
8c des du Nord , l'on trouue la villede
pluîscommodes. ' LElTH - , ou LIETH,
. M7' .s'y, :.
, r - Les autres lieux principauxde ceſteProuince ſont ï HADINGTONNiIleaÏLi- LCP-m *Di
ſe en vne grande plaine, ſorti liée-parles A nglcris de Foſſez fort larges, 8c profonds, &c LL,, deſct"
de quatre baſtions. LINLITHQQÏO ',‘ &communement Ll THïQVO , ancienne
ville, nommée par Ptolemée LlNDVM , embelliedvn Palais Royal, 6c d'vn beau ‘
Temple , &c de plus accompagnée d'vn lac abondant en poiſſons, &L DVMBAR, v
deſenduë autrefois d'vn Chaſteau des mieux fortifiez,qui ſeruoit de ſiege aux Corn
tes deMerck, nomîmez pour ce ſujet Comtes de Dumbar, mais raſé par ordonnanî- Z.
ce des Eſtats l'an mil cinq cens ſoixante-ſep; ,afin qu’iſil ne ſeruinpas de rçtraitte aux
ſeditieux. y _ , ſ î ' -
L'on y voit encor ABER BORN, proche dugolſe , oû il y eut dutempsde Bedè
vn renommé Monaſtere , autresſois ſejouragreable des Comtes de Mortan. MVS*
SELBOR ROV, 0.u Muffiibourg, BL) RTHWIC, 6c N EVBOTLE, tous quatre
aſſis ſur la riuiere ŒESK,, SETON proche de la mer,d'où il ſerqblequela noble
famille des Setonsa tiré ſon-nom , ZEISTE P_ , pres delajſource de la petite riuiere -
de Tin, le (íhaſteau de TANTA LLON ſuctriembouchure du Tin. NORTBER- -- 'ſi z' *ſi*
\Y/lCK, 6c DYRLTON ſur leriuage. Finalement l' ily aautour d’E.dinbu—rg plus b- M153"
de cent Chaſteaux, dans l'eſpace dkmelieuëïdÿxlemagne. l ñ “ſa
mes:ſi n'eſtL'on voitauffi
preſque qu’vnleroc
long de ceſte Prouince
eſcarpízauec , à-mille
vn Fort pas du riuage_,l’l_l,le
imprenable, où l'on monte de BAÇ,
auec 'qui
des ~
cordes, &c des eſchel les, que tendent çeux de dedans, 8c toutesfois il ya_ dupaſturage
pour quelque nombre de munitions ,~ 6c au ſommet du rochervne-Fontainecſeau
douce, 6c les ſoldats ſont au nombre de cent, ont outre la chair, 6c le poiſſon dont on
les fournit, du bois que leur portent _les oy ſeaux nominez Soland Geeſtzdont ſay-fait
mention en la qualité, voire meſme ils trouuentgvne matiere bitumineuſe propre .- :’ -- ' I
~ ' pour le ſeu, qu'ils appellent Moffe. L'on voit encor dans ce golfe les-Iſles de MAY, î ’
S.COLVMBE,DES CHEVAVXſiS-EGERVE'. . ñ L, F'
Rinicrcs. Ce ° pays eſt arroſé de cinq riuieres qui partent d s montagnes ,æſerendentdush 3mn?
dans le golfe du Fort, Zi ſçauoir du Tv n, des deux Esks, u Leith, 5L de l’ſſAlmon. 11.1.
Acute. Ceſte Prouince ſurpaſſe de beauçoup toutes les autres ed abondance de choſes ne
ceſſajresà la vie. Elle a 'l ſon terroir des plus fertils , Force agreables ruiſſeaux , 8c prai- d Auris-r?
ries, ſſôc bon nombre de petites foreſtsgsc de lacs,qui foiſonnent en ²_poiſſons,de meſ
“ſm
me que ſes riuieres, &L la mer voiſinegA deux mils d’Edinburg ,l'on trouue vne ſon
tai n e, ſur laquelle on voit nager de grandes goutes d’huylez mais en telle ſorte,qu’en—
cor qu’on en enleue pluſieurs, il n‘y‘enpapas moins, ny plus, quoy qu'on n'en oſte au
cune. ll ſe trouue auſſi dans ceſteîProuince , de meſme qu’en quelques autres, des
diamans, des rubis, &des turquoiſe: , &dans ſes riuieres , 6c ſa mer des huytres à
erles. ' - - .î . - ‘ ~ . -
;ments
com…. Pde LeRoy
Newbotle. ll y aîdansle
F lacques ſixieſmemeſme
donna pays la Comté
le titre d'Aborcorn,
de _Comte de Lothiendont le titre Baron
à Morcker, a. 'eſté 3m*
FCË-mÿïfl?
donné par
meſme Roylehonora
Roy lacques ſixielmeä
Alexandre Iacques Hamilton
Lcuſilngſton. , 6c celleledetitre
Lé meſme donna Litquo , dont'de
de Comte ſe
Dumbarä George Humé, qu'il auoit auparauantcreé Baron de Berwick , celuy' de
Vicomte de Hadington à Iean R anſey , qui l'auoit~ dignement ſeruy en la conſpira- —
tion de Gouri , a de läaron de Dyrlton à Thomas Ereskimauffi Vicomte de FElton.
Il y a auſſi les Barons de Borthvic, 6c de NeWbotle.
I.,
I _ . '
. .. .
' M.ERCH,4OuſſMÈR~SſiE~.~
z ’: ñ ï*- ~-’ È pays de ï MËRCH , ou E R . S, ſejour .ties anciens LA _ MAR
ES,… NT1"
3 l _nomme, par les Eſcoſſois. l' vulgairement MERSEſiparzlesLatms
Ëiicciilzîzſiiiczſctſi ‘ GHIA-MSF parles Anglais THE MARCHES, c'eſt ädiredes Marches,- C°"5“‘-"
~ ' l ' —" oufſirontieres , eſt bornceau Nord , &au Leuant du golfe de Forth, 6c
f L dela mei: Germanique , au Couchant du pays de Lothien , &c au Midy
dela riuiere de Tuede,
, I.] comprenait 8c de la
autresfois l'Angleterre.
forte ville de Berwickſſ,_ poſſedêe ä preſent par les An- WW
c 33,54km- glois, 8c miſe parmy les lieux d'Angleterre. Maintenant ilaï CO LDING-HAM,
Btil. _poinrnéc par Bede V RBS CO L DANA, c'eſt ä dire z ville Coldane , GL C ÔLVDI
VR
'C BS ,OGl ville
QLAN de Colude_
A ; mais ſur tout, renommée
&r priſe pardepuis
pluſieurs
fortpour celle que
long-ſitemps Ptolemée
pour appelle
ſon Monaſtere
de Religieuſes , pource que leur Abbeſſe Ebbe, 6c elles, aymerent mieux ſe couperle
nez, 8c les levres , pour conſeruerleur virginité , que paroiſtre belles pour plaire aux
Danois , qui les bruflerent auec leur Conuent. Les autres lieux principaux de ce
pays ſontdelesHumſſé.
dLcflzxlcſcx. _maiſon Cliaſtcaux
l) VdeNHVM
S* , 4 E , 6cde FA
lieu S TCASTLE,
la naiſſance appartenans
de lean Duns , dità Scot
ceux ,dela
ap
pellé Docteur ſubtil. D V N G A S (ayant vne belle Egliſe Collegiale , 8C
L AN G TO N. ..' ' . '
»Ce pays eſt des”plus fertils en bleds, Mais il a peu de bois , Gt d'autre inatierepro- Wii??
prç àentrçteni":
u. ,Cçuitzde le ſeu',
çepays ſontſi vgillans
bien que, lesliabitans bruflent en
a plus experiincntez leur
à la lieu du
guerre chaume.
, que les autres , à Mfflffl-ſſ
_pauſe du yoiſſipage des A nglois qu~i lesa Fort longuement agucrris.- Mais les Nobles
Qmççſte paſziffllarité, qu'encor qu'ils ſoient gens de frontiere, ils aymeiitla Iuſticc,
:flſç plaiſent àlviure politiquement. _ ' zñ_
e Camden; .H3 aeu clés long- temps ‘ des Comtes dela Marche, ou de Merſe, comme on peut Gounetïl
Brie. (Loi-r chezlesHiſtoriens. Mai-s ce' titre a eſté reſtablyde noſtre temps en la perſon- "““““‘-Ï
ne dc__Robert , troiſieſme frere de Mathieu Comte d_e Lennox. Il y a auſſi dans__ce
1; - . ~~ ,’- ñpayslesGQmtes de Hume
titre par lc Roy Iacques , 'auparauant premiers Barons d Eſcoſſc , honorez de ce
ſixielſime.
. I
…Çſiiſiſictïſizrîct-z.":37TEIFIDALËÎÏIÏÏRÆDALE;i'
_i -5,. -
I
_ -
~
Europe. ſi
î—~‘ —W_
TW…
”—~ —~
364- , Eſcoſle. ~
I
'\
GALLOVVAŸ:
. ’ E paysdvGALLOVVAYmommé parles Eſcriuaiiu La Noms;
_ " tins GA LLOVI DIA, ou à cauſe deslrlandois qui S'en ſaiſi.~
'- ' ~ rentiadis , 6c qui ſe_ nomment Gael en leur langut-,ou 'ba cau
v ſ ,pj-~, ſe
desdes Gaulois,
Eſcoſſois pource
ſignifie vn que Gallouid
Gaulois; en l'ancienne
eſtauffi langue
nommé parqiiel
~PL°Û²~d²ſ“' ï_' ; "i245 ques autheurs Latins ë _GALDIAySC fut appellee autresfois &Wi
Ë,Ë_““‘““ ñ ,1 BRIGANTIA,demeuredes danciens N OVANTES. De
' '- " WW- meſine queles pays deËïaripk , Kyclieîôlc Cäinÿingham. …ü _
IladuNordle a S de Caricke, du Couc ant amer ’ r an e, u lvlidy le Gol- ‘ ""
fe de Solway 3 8c dii IYeuant le Nytheſdale. f .
e rca-deſc.- On le diuiſe *en deux parties, dont celle qui S'eſtendant depuis la riuiere de
Creegegardc le Nidiſdale,S’appelle le Bas Galloway, &l'autre le Haut. _
f Camiatû_ ' Ses principauxlieux î ſont \Y/lTH-HORNE , ville Epiſcopale, nommée par “Wi
Ltfla. dcſcr. Bede CAND l DA CASA, c'eſt à dire blanche maiſon, 8c par Ptolomée LEVC O_
PAD l A , nom corrompu par leslibraires, 8c mis au lieu de LEVÇOIK lA , deſtâ
dire Blanche maiſon ; puis KIRCOVBRIGHT ſur la Dée, port des plus corn
modes de tout ce riuage; &d’vne des Seneſchauſſécs d'EſcoſI'e, appartenance aux
Maxwels ; 8C W l GTON, auec vn port ayant ſon entrée eſtroite entre les riuieres
_ de Blaidno 8c de Crée. Lon voit encoreS en ce pays ſur vn rocher fort haut présde
5 cmd' 3…' la petite riuiere de Fleetle Fort des CARDINES. .
. .
ÈBuÏŸ-Î; le IËEÊXËÎËSÊ de ce pays h ſontl , VR,la D EEJe KENN,la CREE ,la LVSSE , 5c WWW"
.. …
i ;zh- lir-ic. _ Ce pays n'a~‘guere de montagnes, mais ſeulement force collines, qui ſont plus W5**
* L'fl"‘l‘ſ°'ſi ropres pour la nourriture du bétail, que pour le bled. ToutesfoiS ilnelaiſſc " d'a
bonder en bleds auſſi bien qu'en bons paſturages. La laine de ſes brebis eſt des plus
blanches 8c deliécs. 'll s'y trouue force bons cheuaux d’amble,qui ſont petits , mais
ſi viſtes , qu’ils deuancent toute ſorte d'autres cheuaux de pluſieurs iournées. ll
y a pluſieurs lacs d'eau douce , leins de pluſieurs ſorte de poiſſon , dont les princí
paux ſont ceux de Mirtou, Sal et 6c Neutran; 8C ,deux Golfes de mer qu’ils nom
ment auſii communement Lacs, dont l'vn appelle Lochres eſt long de ſix mille pas;
l'autre Loch,long d’enuiron trente mils,& preſque large d'autant, 8c tous deux
abondent en harans,huytres,ôc autre? poiſſons. Witt aux lacs d’eau‘ douce on y
113M,, z, ,_ trouue :un: premieres pluyes auantl Equinoxe d Automne,grande quantite d'au
~ guiclilesſd vn goulſt efxtlremement agreable ,que IES habitans prennent auec des nail
es Ce'o ier, puis es a ent, 8cſes
enPrincesſſ8c
tirent gran
a S eutm autresfois Seipro t. dont le remier ~' u'0n liſe dans G°“""‘~_
neurs
Ëſiimdtni Phiſtoiicifſiut Fergus, au temps de Henry I. Rgoy &Aiigleterrrlrî Mais dcizpuis le tiltre "mank
de Seigneurs de Galloway eſt aſſé à la famille des Douglas. Il y a dans ce pays des
Comtes-de-Wigton, du nom e Fleming , faits tels par le Roy Iacques V I.
K
C A R R I K E.
n Buch.li.i_.~ le. ~ f Î-“Ÿ-"ïfg- A Prouince de CARRlKl-ſique les "‘ Latins appellent CARIC- NOT-È!! ,
ÊËËÃÜÎÃÏ" ñ ,4 ’ TA , 81° CARRICTA ,eſt bomèe du Golfe de Dumbritainqpar- 9°" n"
,- tie dela mer d'Irlande , du Galloway , ê( du pays de Kyle , duquel?
ſ ñ il eſt ſe aré parla riuiere de Dun. l
q Clmd-Itït; i -î ‘ Ptoleméey loge 9 la ville de B E R! G O N I VM, priſe pourle Lim_ l
ſi' " moderne B ARG EN Y appartenant àla maiſon des Kenneds. ,
Qäelques vns î diſent que le pays a pris ſon nom d’vne ancienne &t grande ville ap
r Leflgdcſcr.,
pe ée CARICTONIE. Il a dans ce pays pluſieurs Chaſteaux des nobles , 8c
grand nombre de villages. [l'eſt baigné des riuieres de Stinſiar, 8c Greuan, qui ſont Riders)
toutes deux ceintes de pluſieurs agreables maiſons champeſtres.
-Eſcpgíſc- ſ‘
365
WM_ Ce pays eſt fertil cn grains, principalement en_ orge 8c aueyne qu'il produit en
plus grande abondance-ô: perfection qu on ne Volt ailleurs 5_ ,SC quant au vfſſrorſlertt 1l
en porteroit de meſme ſi ceux du pays en prenoient la peine. Il abonde en paſturañ
ges, d'où vient qu'il sÎy trouue-grande quantitçíſtlebeurrp ?x de fromagell y a beau
coup de miel: 8c lesriuieres &Clics ont force poiſſon de meſine que la mer _voyſine.
Mais les bois-y ſont rares” l _ _ y
Goom_ Ix titre ² de Comte de Cart-tige fut donne aux puiſnez xgalſçn deyflrufls ,, ,_ ï Clmä- Br
nïmcnt. ſil
Bruls z puis ſut
, Choiſide laiſſe aux- Princes
la maiſon-des d’EſcOſIî3.
Kenneds, Il y aBaillifſiheredimirejle
qui eſt auſſi dans ce pays le (Ïomte de C" .
çettdPrd I
o
uince. l
1' .. , ‘
..ſe .- _1 , 2
ardt-W;
.l '
KYLE ÎCQP
' A Prouince de l' K Y L E,yo'u pluſtoſt C O I L E,ainſi nom-ſi
b Leſtdeſcrl
‘ mée à cauſe de Oil Roy des Bretons qui y fut tue', auoyſi
ne ë leslpays de Kyle,de Gallowygde Cluydiſdalczôc de Cun- ‘ Büïh- lí-ï-I
iſ ningham
ſté du Nord;, duquel— il eſt ſepare' parla riuiere
ſ d‘IruÎn
y , du co _
Sa principale ville eſt AIRE,qui peut eſtre laVIDOGA-ſſ
R A de Ptolemée, lieu marchandfic port renommé, aflis ſur
appellée
- S.— I"E 'A N.
~—~ Lon voit auſii
la riuiere ° dansmeſme
qui porte ce paysnom-.
ſurla riuiere de Ccteſnock
Cette ville le Cha~ J
4 eſtautrement ' ~'~
*Mm* ~
ſteau deVEH I LTRE , demeure des Stuars, de a maiſon Royale.
ui ſe decharge dans la mer aſſez prés de la ville d'Ai— \ML deſir;
Ses riuieres ſont î le DVN q
BuchJJ.
re: PAIRE, quis partage preſque ce ,ays en deux; 8c les deux petites l' riuieres de
LONGARMCESNOCK. P ‘ m'.cïmËïnâ
Qdzzlizé_ - A parler* generalement decette Prouince , elle
Mfflu" mes forts 8c vaillans , qu'elle ne produit des bleds, porte plus volontiers des hom- i BncbJgtE
R ne nourrit de brebiszveu quïel
_Ie a tout ſon terroir de ſable ; choſe qui aiguiſe l'induſtrie des hommes; 8c d'ail.
leurs le viure molns delicat-,ſortifie la vigueur rant du corps , que du courage,
Gouucr- La ville d'Air_e " eſt vne Vicomté, 8c les Cambels de Louden ſont Bailliſs heredi- k c,
. "WW" taires de cette Prouince. md. Br)
ñJ
.…. CVNNLNGHAM.
. - E payslde CVNNINGI-'IAM atire ſonnom des Danois,au langaj l a b_ l ,
Cïnfiffl- F ' s 5J ,p,_ 4p,.- ‘ - nots
ge deſquels
l'ont quelquesſois
il ſignifie demeure
poflèdéll
des eſt
Roys
au Nord,8c
,ce qui marque
Leuantmdu
que Pays
les Da.
de "c
icLJDÉsuALE,>
z A ProuincedeſiCLlDESDALl-Z, ou* CLVYD SDſſALE , u….
ainſſnommée de la riuiere de Clid, ou Cluid quila baigne, ËŸËËM'
ſcruitanciennement de ſejour à ceux que Ptoleméeap- …ſi °ſi'ſſ
" —z_—; pelleDAMNll.
. - ' Elle a pour ſes bornes du Nord les pays de Lennox , &c de
~" ' Striueling ;du Cpuchantle Cunning am; R du Leuant le
- ~‘ î — V4074:ſi. Louthien. Elle eſt " diuiſée en Haute# Baſſe, qu'on nom
bLcfiLdcſcr.
- ‘ _ ..T me la BARONNlE DERElNFRAW.
Les principaux lieux de la Haute ſont G L A S C O W, ou G L A S G VO , . ,
maintenantjlrcheueſché, accompagnée d’vne Vniuerſité renommée , R ville des LW"
plusmarchandesrſaffiſe ſurle Clid; L A N R l C, ou LVNRIC, HAMILTON,
. _~^
RVGLEN
beaux ;BOTHWELL,
Cbaſtcaux. R. ' ſi ~ R DIŸAFFEN; _ outre leſquelles
‘ " il y a Pluſieurs .
c amd… ~' La Baſſe contientlaville de lÇElNFRAV/,ou Reinfſirow', riſe par pluſieurs‘
Irit. pour ,celle que Ptolemce aopellee _R A N D VA R A, aſſiſe ſur_ ariuiere de Car-th
d Lcflectlclſic: cargayant priuilege de lpeſc 1er les ſaumons au Clid; P_AS LAY ſur la meſme riuie_
re,agreable pourle voyſſinage de ſes collines , R de fesſoreſts , R _accommodée
e Cirad-Brit.
d’vn pont ſur la riuiere. CRV l KSTON ‘ autrefois demeure des Seigneurs de Dar
ley ; d'où ſortit Henry nomme' Milord de Darley , pere du Roy Iäcques fixieſmc,
H AL K E des Barons de Ros , R SEMPILLportant tiltre de Baronnie.
Ses riuieres outre le CLVYD, Ou Clid, 'qui o. ſa ſource en ce pays; R qui ſe diui. aidez;
ſLdLM_ ſe en deux parties», ſontË L’AVENN , R lc D O V G L A S , qui communique ſon
1 nom à la valée , par laquelle il coulemommóe D OV GLASDALE; R de meſme
' au Chaſteau de DOVG LAS qui y eſtaſſis , R qui a cauſe' le nom de l'ancienne ſa;
mille de Douglas.. Il y a encor dans le meſme pays vn autre AVEN N , qui ſepare Valeu
L le pays de Louthien de celuy de Sterlingſyelques vns y logent auffi les valcſſcs ou
~ 'petlijts pays deÇVALCOPDALE, R DRISDA LE, tirans leur nom des riuieres qui
'les ai exit. ~ .
Augiir de Glaſguo on voit quantité Œherbagcs, de iardins, R d'arbres fruictiers: Qnlitéſi
Richtffe:
Rlcs pays des enuirons à quelques quatre ou cinq mils de cette Cité appartient
preſque tout âl’Archeueſque. Mais ces terres ont cette particularité , que leurre
uenu n'eſt point augmenté depuis plus de mille ans ,par ceux qui les cu tiuent; R
que les enfans , R plus roches parens de ces laboureurs , lors qu’ils decedent-,vicm -
nent comme par droit ereditaire àleur ſucceder .en cette culture. Il y a beaucoup
de bois , R ſoreſts en ce pays,- R à Crauford vne _mine d’or trouuée au temps de
Iacques [V.dont i'ay fait mention en la qualité generale de ce RoyaumcOn y trou.
ue auſſi de l’azur en grande abondance auec peu de peine.
A deux mils de RenFrouJl y a vn fort grand bourg renommé par_ tout le Royan.. …
me pour l'excellente biere qui s'y fait. Le grand nombre de ſaumons qui s'y trou. i
uent dans le Clid, auec la liberté de les prendre , fait que les habitans de Renfrew
s’occupent tellementàles peſcher, qu’ony voitbien ſouuent ſoixante barquesde
peſcbeurs , toutle Printemps R PI-Zſté. Quant à Glaſgow' c'eſt vn des lieux plus
marchands qu'on puiſſe voir z veu qu'il venuoye du coſté du Leuant ſes vaches graſ
fès , des cuirs de bœuf, des harans, R des ſaumons , de lalaine , des eaux, du beur_
re, R du formage: R du coſté du Couchant toute ſorte de grains , (ſe meſme qu’en
Argile, aux lfles l~lebrides,R meſme en lrlande de la biere,R certaine boiſſon qu’ils
nomment_ Brogat compoſée de biere, de miel, d’aneth,R de quelques epiceriegou
tre bonne quantité d'eau de vie. ~
* Le tiltre de Baron de Reinſraw a touſiours appartenu par droit particulier , au Goauerâ
Prince dffïſcoſſe. Les Hamiltons ſont Vicomtes hercditaires de Lanric; R le ROY "WW"
Iacques VI. fit Marquis de Haïmilton lean Douglas de la famille des Hamiltons. ll
y aauffi dans ce ays les Barons de Carthcart, de Paſlaypu Pallet, de la maiſon des
Hamiltons, R e Sempill.
_" ' ^_“'_ ' z, _….‘-Î-î fiſh *par* HI m_ ñ. .d,
' v ~ I ' 'rd ‘- ï ' ‘
l , _ p) l, _ _ ,_… U ,v y- . _l i coſa . 4-:
_ v d p . .k …- ç . _ ' a ~_^‘
' Z .5 'l .- .' ' " N511 . '...-…'TTU()
. .
,. .,:.- 'Fo' ']I‘I—:ÀI‘[II-I !l . - ' ,' _rw
\
- .
- ct z ’ A' Prouince ² de~LE,IſiS_I_ſil,&[OX’,dein”Cure ancienne des D A ſiM- à Çamden:
'E _ ~ NIENS , appellée parlés Latins L E V l_N l A, de la riuiere fïàcha ſi l,
‘ i de Leuin qui a baigne, eſt au Nord de Cl1deſdale,_eſtant b ſe-ñ ~ ' '
ſi ' ‘ _, parée
mentdede Glaſgou
la Baroniearñle
de Reinfraupar le Clid,queppar
Keluin; &meſme 8c du gouuerne
des mon
tagnes du Sterlir) ſi qu'elle a aœLeuaut. ’ xÀ
ſims-xx Son lieu principal = eſt DVMBRITON, deſtâ direViL c cana-Brit: ~
Lim- ' ‘ - - 'le .des Bretonsſiè( pâi' tïëdilſpoſitión DVMBARTON, dont L°ſi"dct"²
le pays voiſin s’ap elloitautresfois ALC LVID. Cette ville eſt aſſiſeſurle Leuin, ~
&C accompagnée
&eau 'vn,port
de meTmſieſi njom desplusaſſeurez.
eſiimélëe plus fort ,de Maisâ prés d'vn mil
'toute ,l’Eſcoſſe, delà ill'aſſemblage
affisiſiur y. a vn Cha_- . ~
. des_ riuieres de Clid, 8c de_ Leuin' ,ſi au milieu d'vne plaine , ſur vn rocher à deux pon*
‘tes',~' baigne' d'vn 'coſhí du Clid ,Sc de: l'autre du Leuin , ayant au milieu_vn eſtanſiîg
duezſudouce; ce Chaſteau ayant vne ſeuleauenuë forteſtroiteſpar des degrez-rails_
‘ lei dans le rocher,
au poſſible, àcauſeOùvn homme
du flux ſeulqui
de la mer peutalpeine montefflôc
la coÿuictire Ëoute. p - a plainebourbcuſe
y '
Rida” La Riuiere de LEVlNmommée par Ptolémée l; E [JA V ONIVS, qui ſe rend
Le”. “dans le Cluyd,
de~huict,ôc ſort du Lac
comprenant dffeau
*ſi* plus de' douce de LOMVND,,
'vin tñquatre lfles. " longſi de 24.,. mils , &largeſi. d Buchandij.,
Qualité
Ce d'vn
Pollac, Lac porte vne particuliere
gouſtagreable, orte deautres
_oſiutre pluſieurs poiſſon,q_ue ceux du
fort delicieux, pays
entre nomment
leſquels ſont g 1…,, azra;
les ' ſaumons, dontil abonde: 8c de plus a cela de particulier , qu’on y voit ſouuent ſi ſi
de grandes vagues, ſans aucune halenée de ven t. .
comm; Quant aux Comtes de Lennox , 11S ſont de la maiſon de Stuart, ou Stewart, del 1
..mmn uis Alain Stuart, qui eſpouſavne des filles' de Duncan Comte de Lennox ;depuis
Fequel tem psils en ont iouy. Henry Stuard Mylord de Darlay, pere du Roy lac; _
ques ſixième
Charles Comte, futdefils d'vn de ces Comtes
Lennoigapres le decezſi, nommé
duquel leMathieu , qui fut
Roy Iacques auſſi perede
çlonna a Eſmé l
Stuart fils de Iean Seigneur d'A ubigny , frere de Mathieu, le tiltre de Duc _de Len
nox,dont ſes ſucceſſeurs iouyſſent. Au reſte les Comtes de Lennox naiſſent Vi
comtes de Dunbarton.
ï
. - îÎ~~"~ST'îI~R-L~1~Nc,
A Prouincedelſi STI R-LIN ſiG,Ou STERLING, nommée auſſi ſcamd. Bric; -_
…'- ſi par quelques vns 8 STRIYELIN G ,eſt ſeparée l* du coſté du Mi~ ä üF
- dy du Lothien par la riuiere d’Auenn , 8c du Leuant parle Golfe de ſi ~ '
F, ‘ Forth; 8c ioint du Couchant le pays de Lennox , de meſme que
~ i ' ' du Ixlhord 8c Nord-Oüeſt celuy de Menteth , ſeparé parla riuiere de
~ ~ ' ~ For . .
un… Sa principale ville eſt STERLINGJ nommée communement STRIVELIN, i_ Caxhdæxizl
&c S TERLI N BO R R OW, auec vn Chaſteau Royal fort 8E magnifique accru de
nouueaux baſtiments par Iacques Vl. _GC gouuerné longuement ar les Seigneurs
d’Ereskin, comme Chaſtelains , a ans char e de garder ſoigneu ement les Princes
d’Eſcoſſe eſtans en bas âge. Ce C aſteau* ut autrefois appellé M O NT DOV- k Lcíhdoſctl
LOREVXſhcdepuis SNAVDVN' . .
I..on voit auſſi dans ce* pays C A LLENDAR appartenant aux Barons de Le'- !cſimſiunſi
piggſton, CVMBERNALD des Barons de _Fleming :' 8c ELPHINGSTON aſiuſñ
1 aronnie. , , _ ,
niuiucs Ce pays n'a qu’vneriuiere dicrne deſire nommée , qui eſt celle de C A R R O N,- Full:
outre le Forth, ſur le riuage duquel il eſt en partie afiis.- _
Europe. 1j . " ,
T”
~
368 . ~ z . ï ~ r , l l' 'ï
e Camden. vns ÃTAICHIA,, dela riuiere de Taich, nommée auſiî Teith , enfin'.
' Îſ s’eſtend * iuſqiſauxayanſtſiau
Lac de-Lomund; montagnesSud,qui ferment.
&Sudeſt le coſte'
lepays Oriental du
de Sterling, du
* l
sTRATHERN;
. ' _ ñ a .,-:; E a sde* STRATHERN, ui tire ſon nom de la riuiere d'Erne, "m"
- -.Î ct~ſi'ſi~ *zj Î- ôcäulinot de Strat , ſignifiant 6?! vieil langage Eſcoſſois vn pays pro- com")
L‘ſi"d°ſ“' ,_ ‘~ . '- -chedezquelque riuiere‘,a duMidy celuy de Menteth,du Leuant ce
', ’ ‘ ² ;ſi J_'À luy Ses
de Fife, 8c du Nord
Principaux lieuxceluy
ſont de
A BPerth.
ERN ET H~k ſurleTaygancien ma…
. p * ‘ ’ ſiege des Roys des Pictes, 6c ville fort euplée,que Nectan Roy '
des Pictes ,' comme on voit en vn ancien Fragment, onna à Diu iuſqu’au iour
du
glasiugement
Comtes ,d’Anguis:
auec Peſtenduë
D R IdeME
ſonNterritoire z mais
, Chaſteaſiu desqui depuis
Barons deeſcheut aux Dou
Dromand. TV
« — L I B A R D IN ,iadis Baronnie,mais portant auiourd’huy tiltre de Comte' cle
' la maiſon de Murray : D V P L I N demeure .des Barons d’Olyphant; 8c INVER
ËIET H, aſſez cognu par le moyen de ſes Seigneurs les Stuarts , de la famille de
- orn. -e
Les Baronsde Dromond ſont Seneſchaux hereditaires de ce pays z de meſme que cou-mè,
cleceluy de Menteth. - ‘ "fflfflh
Fï-Ïïfl-I-"îïï _,,.,.…j_,r,~…îſſ ſi - r K z'- r »J l _.
f'.
'I
d ' ->. ñ.. I1 ‘.--. Hſ) ,rſ-i_' 'z i_
, , u . A ~ l' ' . H. ~
,.
- ~ l l l... .'. -,.—. 4.,
ñ-À 1
..- :-ſ-.d-Ï
.:n ,ï. I
' '. .' g'.. , . .— r n;-4 r»
A] 1
ï
l ï
PÊRCTH z~S~T—1zÏ~~À~T N Dà
?r — -fflG-'OVREIATHOLÎ
— :ñ-.îſx- A prouince de PERTl-Ãaſiiſc au Nort _de Stratherne ; corltienrïl la ville ÈÏÃÏIÃLŸZÉÊ
pmb' de PERTl-Lmaintenantappellée S.IAN , ou S. IOHNS TOWNE, ma, ‘
-1 î. aſſiſe ſur leTay, ſur lequel ilyavn des plus beau); pontsdTſcoſſe, &celle
de DVNKELDENJiege d’vn Eueſque, qu'on tient auoir eſié la ville des Caledo
szmh. niens , comme ſon nom le ſemble marquer. _
and… Ce pays a ſon terroir ſerti] , mais plein de bois en quelques endroits , qui ſont des
reſtes de la foreſt Caledonienne , qui paroiſl: de meſme en Atholie. 'Au reſte le RO
Iacques Vlerigea Perth en Comtézen donnät le titre à lacques Baron de Dromücz
Le _STRATHMVND aſſe ſous le nom du pays de Perthſious lequel il eſt du
'coſte' du Nord. ll abon e en blez,8c bons paflcurages. _ '
a… _ . Le pays de GOVRE aſſis au Leuant de l'Atholie contient( SCONE ,íadis
Abbaye renommée pour le Couronnement des Rois d'Eſcoſſe: 8c quelques vns y
‘ mettent encorARROL
herediraires d'Eſcoſſe. ſurle Tae , demeure des Comtes d'Arrol ſi,__C onneſiables
, e
Alhol.- Lepays d’ATHOL auoyſine celuy de Srrathmund du coſte' du Nord. Il n'eſt pas
conſider-able pouraucuns lieux de remarque ,- mais ſeulement pour eſtre aſſez ſerti!
Ii iii]
'Ïſii
zſiÿo' …Eùſcoſſeſi
s; ur_ ſesboís J reſtes des Caledoniens; Au reſte ſon terroir eſt telTen quelques
'en rois ,que s'il eſt_ bien cultiué,’ſans~qu'onl'enſemence( comme on a reconu à
Luduic )i produit de l'orge deluyrqeſme. Toutefois en d'autres lieux ſillon ſeme
ſ -dufrpmerrtfil ſe conuertit .en ſeigle. Les ſemmes d_.e ce ays ſont decriées comme
ſorcieres. Au reſte les Comtes d Athol _ſont de la mai on Royale des Stuarts de
~ Corne. ' ' v o - _ -
..—,.. ,— 4. .‘A—_
*"
’
\lîlpaysïdKARCillſiEg-aſſinſi_noflîilflé-vulgairement, maisſiinièuzſſtNo-'ï
1 Çundcn. ~ ſ ‘ \,’- &cplus roprement-ARGTHEL, 8C AR-GVI/ŸŸTHELXÏCÏÆÃÂ
Int.
' dire, ſelonleks irlandais , Bord d'Irlande ,- ſa -voyſine ,ñ dontles_
‘ *"- l . — ' . . i
habitans ſont nOmmezauvial langage Breton ,de ceux de Gales
. WËÎË_ GWITH l L,ôt GaotheLeſt appellé parles Latins ARGAD [A,
b humm; * ‘ -- " __ “ 8c ARGATHELIA deuant ë plutotauoir le nom Ergatlieha.
:Camden Il adu Nord le pays de Bragd Albin ,ôcceluy de Lorne , du, Lfillant ë leipflys Couſin”
Pffl- dc Lennox , 8c du Midy le Golfe de Clyd , ou de Duabritaine. - . ,, ~
dLeflanDeſcZj Il eſtdont
FNLÜ-Ïie-L Lacs, comme coupé
le lus en pluſieurs
grand, parties par
8c plus renommé eſtſept Golfes
celuy de Merfilqu
de FYN, 'ils aplpellent
long e 5o.mi S ſelon
'Leflé , 8c de plus de 60 . ſelon Buchanan; ô( large par tout pour le moins de quatre.
Il a de tous *çoſtez ſur ſon riuage pluſieurs ſorts-Chaſteauinde meſme que le pays
&Argile , &pluſieurs puiſſans Barons. Il y a encor -le Lac de LOCHOV, qui eſt
preſque auſſi grand que celuy de Louumd du pays de Lennox. ll contient douze Iſis
,ôc deux bourgs , 8c Chaſteaux ſorts , nommez E N C O N E L z ô: GLENVR
ART. ‘ ' ‘ ,
e Lesladesï Au delà du Lac Fyn e vers celuy de Lochou , eſt le KNAPDALE , auec le flac lfnïiiaê
f Bach*- lí-ï d’AW’E,auquel on voit vne petite Ifle , 8c vn Cliaſteau ſort. ſi'
s Lak_ m,, Du coſte' S que ce pays cegarde la Mer, iuſqu’au ;lac de Fyn , lon ne voit que des V111*
rochers Fort hauts , &C des montagnes noiratres : toutefois il eſt ropre en cet en
droit pour la nourriture des bœufs,6c des Cerfs ;mais du tout ma propre pour por
ter du bled , ſinon en quelques petites valées, principalement prés du riuage. Il ya
dans les montagnes de ce pays force Cerfs, 8c des vaches ſauuagegqui ne ſe retirent
iamais ſous le couuert pour grand Froid qu'il face , 8c fuyent l'approche des hom
mes. Leur chair eſt merueilleuſement tendre , 8c delicate , 8c lors qu'elle eſt cuite,ſa
O graiſſe ne ſe prend point comme l'autre eſtant froide; mais demeure liquide durant . r
quelquesiours , en Forme d’huyle. Les bergers gardent ſeulement leurs genifles z l
8c quant â leurs veaux ( pource qu’ils~y labourent auec des cheuaux ) il n'en gardent y
qu’vn pour chaque troupeau de vaches. Sur Phyuer ,lors qu'elles ſont plus graſſes ,
on les
ſale enuoyepartoutle
leur chair pour l'Eſté.Royaume
Les Lacs pourles vendredez 8c
oſint quantité lors qu'on
ſaumons les a tuées
, 8c celuy' lon
de FYN
force harans. Pour le regard de la Knapdolie elleaſon terroir fertil à produire du
bled, 8c force bon paſturages. -
hzmdnu 'Le Roy hIacques IV. du conſentement des Eſtats , ordonna qu'on l'endroit Goma?
Brit. iuſticeà ceux de cette ProuinceàPerth , par des luſticiers deambulatoiresJMais “°“‘°““'
les Comtes &Argile ont en quelques choſes des droits Royaux. Ils ſont des plus
anciens Seigneurs ,quiont tire' leur ſurnom de leur Chaſteau de Cambell , &ſont
.PLI ‘
obligez du titre de Comte au Roy Iacques lI. Il y a auſii déja long temps ue par
race ſpeciale des Roys ils ont eſte' luſticiers Generaux &Eſcoſſe , 8C Gran s Mai7
res d’Hoſtel du Roy. ~ '.
4') .
cANTYRE{
ïnſi°h'“'li"' - E pays deîGAN-TYRE,auoyſine à l'EſtñNord’Eſtla Knapdolie,s’auance ’~' L
du coſtéde l'Oueſt Sud-Oueſt vers Irlande,dont il eſt ſepare par vn petit Lzmîm_
détroit de mer. Son nom de CantyreſiignifieTeſte de laterre , ou du pays. '
k Lffl' 44°*- ll y a dans ce " pays pluſieurs fortereſſes 8c Chaſteaux, entre leſquels on ſiiit prin
FH' E~ſcqſſe.ſſ zz;
Quizz, cipadement eſtat de celuy de DVNÇVERJT , qui eſtdes plus forts, 6c peu eloigntf
du Cap proche del’Irlande , appelle, 'ſhe mule OfCantyr , Ceſta dire ?Angle , ou
la pointe de Cantyr , d'où il n'y a qu'vn- trajet de 1.6. ,mils pour paſſer en. irlande,
mais il eſt dangereux à cauſe des golfes qui reſiſtent l’vn a l'autre. —, . l
Gonna_ Ce pa s eſt pour la plus. part plain,6L abondantgant en grains,qu'en paſturages; a' Camdqiſili
nement. Ileſtï ha itc parla famille de Mac Conell , qui commande en cette contrée, tou'. nm.
tefois ſous l'autorité du Comte d’Argile. -ñ ~
l
—..—
LORNEq~’
' i. ~"~ Mſi_'- de
A rouince de Lorne ‘ , autrefois partie del'Argil'e,eſt au Nord z, [Anzddzz
aKnapdolieflelongdu-riuage de la Mer , 6L diuisée par le ſi
- c k_ l , ’ k i , d . 2
Lieux y_ , \Ëñflë :CÂLÏIÆËÏ-ſdlä, S eſttndant 4 iuſqu au pays de Loquha- âgâfflh î"
……~
~ſſ_~ſſ . ~, 7 , lieux principaux
Ses U ï'- ſont DVNSTAFA
‘ G_ , ou Dunſtauage , ë WK'
Buc .Lil
“ſa
0311M l r!! . c'eſt à dire Mont S. Eſtienne ; iadis EVONIVM, ſelon Lellé, c” m' m
d emeure ancien ne des Roys , 6L place tres-forte , qui ſe peut vanter d’vne viande “
antiquité-:TARBAR en LOGKINKERAN , où, de l'autorité du Parlênient
Iacques IV.eſtablit vn luſticier,6L Vicomte, pouriqger les cauſes des habitans des
G°“““' Iſles du Midy s 6L B E R OGOM, où fut autrefois vn_ iege de Iuſtice. _
"um" Ce pays F eſt plain , 6L8 des plus agreables , 6L fertils d’Eſcoſſe. Les Stewarts l", ou “Mb-ll ‘-ſſ
Stuarts , ont cy-deuant eſté Seigneurs de Lorne , mais à preſent ;e pays appartient ËËJËÊÃJ”
aux Comtes d Argile. “ * - Brin ~
L~OQVHABER.~
,, Ouäle paysſiï quſiÿapalncedveiä le Couchſintfiäi dleilld dcÈÈ riuiereäle N m,
‘ … Ne eſhcauoyineeac 'A er,s’appe e Q/VA R,c’e à ° '
dire Embouchure ,ou Bouche des Lacs, 8c celuy qui s’eſtend vers le Confins.
Nord ſe nomme ROſſflQllClqUCS écriuains latins l' le nomment ſim..
ſi ' plementABRylA, c'eſt à dire Port , ou plage aulangage du pays.
Il ioint du Midy le paysde Lorne, du N ord celuy de Roſle , du Couchantla mer ,
l? 3'55"***- où ſontles Hebrides, 8c du Leuant le pays de Murray. Il auoit ëautreſois ſur la um' ~
l” . bouche du Lac de Louthevne riche Cité , nommée 'INVERLOTHE , ſorte au
poſſible , oùles marchans François, Eſpagnols , 8c autres venoienr ſouuent trafi
quer. Mais elle
oincdepuis fut tellement
reparéc-…Ses ruinée par
principaux lesſontſiceuxdA
Lacs Danois , 8c BER,
NÇWÏÎCDS , qu'on-meſa
e LOV THE , &c
de S ELL ; 8c ſes ‘ principales la LOVTHE
e Leila-del'. -
, &la
.
SHANE.
. - .
95,5cm,
Camden. C'eſt vn ² pays abondant en paſturages, en bois , ruiſſeaux , 8c fontaines ; voire “îfiz
?tif-fl d ſ meſine en bled ſelon Buchanan ; bien que quelques vns faſſeurent qu'il n'en pro- Amd'
C Z O CI
.3…h,,,_]5,, duicpas grande quantité. Il abonde encor en fer z 8c ſes riuieres de Louthe, 8c de
ſl-cslzDcſci Spane, fourniſſent outre la mer voyſine ôclLacsg/n nombre incroyable de ſaumons,
&d'autres poiſſonsàſes habitans , qui ne veulent pas permettre â d'autres qu'à
ceux du pays,de peſcher chez euxide peur que découurant leur richeſſe,ils viennent
à receuoir quelque ennuy des eſtrangers.
RO~SSE, 8c ARDMANOC H.
gBuchaiLliJ. Aprouince defl ROSSEadu Nord , 8c du Leuant les mers des Confinïí
_ ,Ÿ- Hebrides , ôCGermanique; du Nord lepays de Stralmauerne , 8c m_
h Camd. Bric. . —;-~-, - l;. du Midy
M AN celuyplein
OCH, de Lo huaber.
dechautes Ellehcomprend le pays d'ARD— Licui.
montagnegordinairementcouuertes .
_ ‘ '_ ‘ſ- : île neige;mais dont les ſeconds fils des Roys d’Eſcoſſe ont porté
' ~~ ‘ ecitre.
Ses principaux lieux ſont, CHA NONRV , ſiege de l'Eueſque de Roſſe , proche
dela mer_Germanique, 8C du bon port de C ROMARTY, ſi grand, 8c ſiaſſeuré ,
queles Marinicrs, 8c les Geographes, Pappellent PORT DE SALVT,d’oùvient
iLeflLdcſ. qu'il communiquelſon nom au Golſe voyſin ; TAYN , qu’on appelle en Latin 0331M;
TANA ,ayant aucresſois vneEgliſeC ollegiale ,où lon honoroit les reliques de S.
Duthac Eueſque; DIN GWA L , Cbaſteau Royal, de meſme que celu de RED, z
c'eſt àdire Rouge; 8c LOV ET, portant titre de Baronnie , de la maiſon es Fraſers. l
Mais la plusancienne ville de ce pays eſt ROSMARKY , peu eloignée de Cha—
nourry,ôcrenomliéeautresfois pour les reliques de S. Boniface , 8c lesjanciens
tombeaux de ſes parens. .
Ce pays-du coſté des Hebrides, à cauſe de ſes bois, 8c montagnes , ſert pluſtot de
retraite aux beſtes qu'aux liommes;mais du coſté de la mer Germanique, il pro
duit du bled ,meſme du froment en quelques endrois. Toutefois il eſt plus prqpre
pour la nourriture de toute ſorte de betai .Il eſt renommé pour ſes vaches , qui ont
des plus graſſes; abonde en cerfs , daims, cheureuls , 8c lon yvoit pluſieurslaires
d' aigles, de Faucons , d’eſperuiers , 8c ſemblables Oyſeaux de leurre, ou de poing. Il
ne manque auſſi de ſapins , ſur leſquels ſe' branche volontiers certain oyſeau
nommé Capercalze, deſtà dire Cheual ſauuage , moindre qu’vn corbeau , qui vit
__ des extremitcz des branches du ſapin , 8c eſt d'vn' gouſt du tout agreable. Lon y
Eſcoſſe. --373
nommé Capercalze ,Ceſta dire Chenal ſauuage , moindre qivvn' corbecltjiï , qliii yit
des extremitez des branches du ſapin , &c eſt d'vn gouſt du tout agrea e. onÿ
trouue encor grande quantite' de certains oyſeaux , moindres que ceux-cy, qui ,ont
les pieds velus , 8c les paupieres rouges , qu'ils a pellent Caqs de bocage, 8c d au
tres moindres que Faiſanss mais approchans de eur penage , voire 'meſme de leur
gouſt. _ 'p _ _
Entre les lacs , ou Golſesde mer du pays de R oſſe , tous ſoiſonnans en poiſſons,
le plus renommé eſt celuy de L OVB R_VN, ou lon a pnsquelquesſOiS yne merueils
leuſe quantité de harans -, &prés de Dingyvalhau Golfe , ou Lac qui l QUOYſiDCL
il ſe trouue des ſaumons en grandeabondance. p _ '_: ,‘ ,, . a Cuba-K'
Gouver- Le pays de ² Roſſe a iadis eu quelques Comtes de ſon nom : mais, le Roy Iacques 3…_
““²‘-‘““ lIl. de l'autorité des Eſtats vnit tellement ce pays à la Couronne l'an i476.qu’il'n'a ~
depuis eſté permisà ſes ſuccefleursdhliener cette Comte ,ny artie dicelle , non
plus
d'oùque
vintde la donneràaucun
quele , ſinon aux
Prince Charles,Duc ſeconds
d'York, filsRoy,
puis des Rfils
Oys,
du egitiinement
Roy Iacquesnez;
VIi i . . .ſi
en iouyt du viuant de ſon pere. - ' '
STRATHNAVERNE—
, N A STRATl-INAVERNEfdârniereProiiince de äoute l'Iſle cle bczmaîzzz;
' 3 Bretavne du coſté du Nord , emeure ancienne es ceux que 3'"- ,
'g PtoIeiiiéeappelleCORNABll ,aduNord,ôc du Couchantla 8“‘ſſ"'"'~"
_
ſiP
mer Deuca edoniennUdu-Miäy IC Pa S de Roſſe, &C du L6'
. -_7 … uant ceux de Cathnes ; 8c de Suther and elle a le -Cap de
. ~' H OW BVRN,qui eſt celuy de TA R V EDRVM de Ptolemée.
Qualite. ~ Ce pays ° eſt peuheureuxâporter du bledzôc eu cultiué,a cauſe de ſon extreme c Camden. i
fi-Oideur; d'où _vient qu’il eſt grandement trauai lé d’vne infinité de loups, qui acta- 3*":
quentſicruellementles hommes, &les beſtes , non ſeulement en ce pays , mais
encor en pluſieurs autres endrois d’Eſcoſſe,que les Eſtats ont enjoint auxVicomtes,
8c hahitans de chaq ueComte' d'aller trois fois l'année à la chaſſe des loups,à fin (Pen
deffaire le Royaume. ' '
u.
x~ cATHNEs
ygzrañæ: E 4 pays de _CATH NES a du Nordla mer Caledoníenne: du Couchantla d BUÜNÜ-li-'Ï _
___; Strathnauerne, du Midy le Sutherland ,Sc du Leuant la mer Germanique.
_ , 'Ÿ Il a deux Caps renominez, dont l’vn eſt celuy de H OY, l'autre de DV N
I'm' NES BE'. Bſiiichanan prend le premier pour le Prdmontoire VI R VEDRVM de
Ptolemée: 8c le ſecond pour celuy qu’il nommeBE RV B l VM,ou Veruuium. Mais a ,
quelques autres e prennent Beriibium pour le Cap d'Vrdel:iead, prés du village de 'ËÏJT "" ~
Bern \Vale , ô( Viruedriim pour celuy de_D uoneſheL_ p _
Sa principale fville eſt W1 K,où lefl Roy lacques 1V. ordonnale' ſiege du Vicomte f Lrflr- Mél
Quzljzë_ de ce pays : Gt les anti-res lieux principaux ſont GlRN EGO ,- 'deineure preſque Ëffämd”
ordinaire des Comtes de Cathnîes , de la maiſon de Seincler, qùeBuchanan a elle'
G ERN lC_O:ſes habitans viuent, 8c tirent grand profit du beſtail qu'ils nourriſſent;
8c du poiſſon qu'ils prennent.
Confins.
SVTHERLAND.
~ E S VTHERLAND a pour ſes coniſiins 'ï du Nord, le ~ ays de Cathnes , du i, ,M515 ,;'
\
o; Couchant la Strathnauerne : du Midyle pays de Ro c,& du Leuant la mer
EM Germani ue.
um_ ll contient' le ſiege de î l’Eueſque de Carl-mes, qui eſtau lieu de BO RNO, proche z .ſisyſi, diſc;
de la mer: 6c DVN R OB lN Chaſteaule plus " renommé de ce pays: 8c principale x C-md- Brit
demeure des anciens Comtes de Sutherland ,don't les Cordons de la &mille des
Comtes de Huntley, ſontheritiers.
—
—-—
.-
574? Eſcoſſe. ~ ~ T
Ce pays eſt plus propreſipour la nourriture du beſtail que pour porter du bled.
*Il y a des montagnes de marbre , choſe merueilleuſe en vn pays ſi froid z mais on ne Walid.
's’en ſert que ſort rarement. ll S'y trouue auſſi grande quantité de ccrſs.
MVRRAY , BADZENOTH.
ſCamden. 5. ,d, _> E pays de * MVRRAYpu Muray, nômé par les autheurs Latins MORA< Ïſxæz,
. b
Brit.
auchan-n_ ..Tlglíſngſis V! A., demeure ancienne des VAC OMAGES appellée anciennement d ~ .
ñ-ſi. r. 5 VARAR , ſelon l'opinion de quelquesvns , s’auance du No~rd iuſqiflà la
'mer , du Couchant vers le pays de Roſſc, du Midy vers l’Athol , 8c du Leuant vcrs
*celuy de Marr,& quelquesautres petits pays,comme l’Ainzie,&comprendla petite
, contrée dc B ADZ EN OTH S 8C celle de STR ATHSPEY.
314113.44: Ses principaux lieux ï ſont ELGIN ſur le Loſs , belle ville ſiege d’vn Eueſq ue, où “W
Cëïïdïrx- le Vicomte hereditaire de la maiſon de Dumbar de Cumnoc, de la race des Comtes
3…' -de Murray , rend iuſtice , de meſme qu’en celle de FO RRES ſa voyſine , qui n'eſt
pas magnifique commeYautre , mais ſort agreable: INVE RN ESS , ville , 8c Cha- _
ſteau Royal ſur l'embouchure du Neſs , 6c lieu des plus renommez anciennement ſi
our la" eſchcrie du haran : ROTHES ſur le Spey , 'où la Famille des Lesley a tiré
fe titre d)e Comte: SPINY Chaſteau , 8c Palais magnifique , iadis des Eueſques de
Murray, mais à preſent des Lindſey, quien ſont Barons; K [NLOS Abbaye autres
fois renomméefflroche de Spine , mais auiourd’huy Baronnie de ceux de Brus.
NA RDIN , Vicomté hereditaire des Cambels de Lorne; le Chaſteau de BEAN,
pris pour le lieu de B ANATIA de Ptolemée, où lon trouua l’an 14.60. dans vn vaſe
. de marbre force vieilles medailles des Romains; puis ſur le riua e du Neſs l'ancien
Chaſteau Royal ŒVRÆHART 58C celuy de TORNWA , aſſez proche dela \
mer , qui ſert de demeure principale aux Comtes deÎMurray.
Il y a cinq principales riuieres qui ſe rendent dans la mer Germanique , à ſçauoir
le NARDlN ,le FIND HORN, le NESS , lac, &riuiere; &le SPEY. nant au
lac de Neſs ,il a 7.3. mils de longueur. _ ñ
.5 ;Mad-ſm Ce pays eſt 4 tenu pourle plus agreable de toute PEſcoflſie , commeffeſtant point Rîui: res.
ſi maréca eux ny plein de montagnes ; mais plain , peuple' de pluſieurs foreſtgabon “gui
dant en ierbes de bonne, odeur , en Froment, 8c toute ſorte de bled de meſme qu’en (ſi ſi '
arbres fruitiers , 8c voyſin du bord de la mer. Lair y eſt ſort ſain , 8c les broüillars , 8C
les pluſyesy ſont plus rares , que par tout ailleurs. Toutes ſes riuieres nourriſſent
force aumons, principalementle Spey, ſurlequel on voit d’vn , 8c d'autre coſté ,
a tantà cauſe de la fertilité du terroir voyſin , que de la douceur de ſon air , pluſieurs
Chaſteaux des Comtes de Huntley,Rothes , Atol , &Murray , 8c de quelques Ba
rons. Le Baron de Granth , auec ceux de ſa race , qui ſont en grand nombre, ſe tient
en la contrée de Strathſpey , c'eſt à dire Valée de Speys 8C les Glancartens , auec le
Chefde leur n1aiſon,qu’ils appellent Makantosheypn Badgenothfic autres petites
contréeSLon voit encor dans le Murray le lac de Sp ned’eau doucqauec quantité
de Cygnes. Au reſte le lac , 8c la riuiere e Neſs ſont e telle nature , u’ils ne gelent
Ÿamäis , pour grand froid qu'il face; 8c ſi lon y porte de laglace el eefl: auſſi-toſt
on uc.
scamd, Brit. -Apres diuers Comtes de Murray ° ,le frere du ROY Iacques V. eſlzably par luy Gouuer.
Gouuerneur
honneur duilRoyaume
( dont , vſa
fut du tout de ce) titre,
ingrat 8c le filsMarie
de la Reyne baſtard de lacques
ſa ſœur; V.fille
Puis ſa recent cet “°‘“°°"
vnique ſi
porta ce titre à lacques Stuart de Down ſon mary, qui Palaiſſé à ſes ſucceſſeurs.
AINZIEſſBOENE,STRATBOLCY. 'ſi
‘ſſ5“F*““*“"' ;:-~ ï, V LeuanrdufMurray loxuroilue les petites contrées ŒAINZIE , 8c de cëëſim
d îjfiz_ B OEN E,proches de la riuiere de Spey, qui les ſepare du Murrayæc ayîs au
:MK1 Leuangôc Midyle Buquhanzdemefme que du Nord la mer Germanique., _
3Ÿ°‘l²"1‘ſ? Lon y voit ſur! la riuiere de Douuerne la ville de BAM F,auec vn ancien Chaſteau LW"
&vn Palais neuſmagniſiquement baſty, qui n'eſt guiere elogné du Chaſteau de
BOEN. Mais lon en voit vn autre tres-ſort, 8c comme imprenable , appellé FIN
ñ -\ LATER
Ifles d’Eſcoſſe.l 37j
M A R.
_a Buc… . ,i . x - i Epays de* MAR atoutes ces petites Prouinces , auec le _Buquhan ,au confins:
Nord,-demeſine uele BadZCIàOIh dulCpuchant,lñMeſînisàapâcla ;Keri
, z_ c , llotſſleſtluſqîllçäſllalèälcÿèînàllï,
gà°s²“ill~ſ.‘~r G 7 _ _J d euant ; 8c udeMi
par l'eſpace 'Anguis
ſoixzinte mils. s’e en _ e l'E a" _ y
CUMŒBM' ſi Sa principale place eſt ABERDQNE , _Üeſtâ dire Bouche de la Done , ſur la- Lun'
quelle elleeſt -, mais diuiſde en deux villes, Vieille, Nouuelle, par vn ,petit eſpace
_clexerre -, veu que celle qui eſt plus roche de la riuiere de Dee,q oignczç cſenuíz-'On
vn mil dela Dpne,, 6c qui contient e ſiege de PEueſque, auecl Egliſe Cathedrale,
a; lVniuerſite , S a pellela Nouueller, iouNEW ABERDON ,- 8C l'autre plus
ratiquée des marc iands, St renommee pour la peſche de? Saumons , ſe nomme la
eteflzdicſ. Ï/icillece pays ' eſt abondant en paſturageade meſme qu en gros , &menu beſtail,
ſiŸcteïäctïiËiiÏctîïïzdctuÏâ-ÛJËÉÏÈËÎ>Î-'Ë>°ÀËiiiÏ‘~iÎ>Î>ſipËiÏ>‘d ÃÏIÏÆÊŸÏHËËÏOËÈŸÎÏËÃÏ* ffl"
au . i — °““ ‘~.
3 CW" "l" don, plus de trois cÿns gros ſaumons en la Dee. Les. Ereskins *ſont auiourdliuy “°"'“"²
Comteſſe; de' Mar. ſi l
.._,—
A N C V I S.
'ï Cfflnd Bïïï A Prouince h D'ANGVlS, nommée Par-les Latins ANGVSIA, 8c parles Noms.
i nuchtha_ vrays 6c naturels Eſcoſſois AAN EIA , iadisl HORESTI E , ſelon l’opi— confins:
nion de quelques vns,ou ſelon la dialecte des Anolois FO RESTI E, a Mei!
t nis au Nord, Goure au Midy, &la mer Germanique au euant,
kun,, 3,5 Ses principaux lieux ſontk DVND EE, nommée en Latin par Boece DONVM Liv"
_Camdnnstit D EI, c'eſt à dire Don de Dieu 5 &iadis ALECTVM , 8c TAODVNVM z bonne
ville, riche, ô( de grand trafiqafflſe ſur le bord du Tay , auec vn bon port', renômee
_pourles draps de laine qui s'y ſont,8~c_a ant ſon Conneſtable, qui par vn droit par.
_ticulier porte ?Enſeigne des Roys d’E coſſe à la guerre. BRECHIN,ville Epiſco_
ale,aſſiſe ſurla meſme riuiere; &t la ville deMONTROSE , deſtà dire Mont de
Roſes, appellée anciennement CO LVREA, aſſiſe ſurl’embouchure de L’ES K du
Midy, 8c maintenät Comte' de lamaiſon des ,GrahamsMais la plus anciëne ville de
_ ce pays eſtFORFAILmajntenät reduit en petit bourg,eſtît toutefois reſeruée aux
Barôs de Grey, Vicôtes heroditaires de ce pays, pour y rèſdre iuſtice. Lon y voit en
cor A BER BR OTH, &c par abrogé AR BROTH , iadis l’vne des plus riches Ab~
bayes &Eizoſſe; le Chaſteau de G LA M YS. Baronic, &t Chaſteau, de la Famille des
Lions , 8c res del’ESk Meridional FYNNEVIM , nommé par ſes habitans des,
Comtes d - Crauſord. L'A bbaye de CVPA R y a eſte' auffi grandement renommée.
Il y'a trois principales riuieres qui Parroſent qui ſont l’Esk du Midy , ou 3mm,,
I
SOVTHESK S L’ESK_dt1
- Nord;
» I - IilesdEſcÔſſe;
ïRlOTAY, la plus
l belle
, riuiere îcPEſcoſſe , qui
377
ſort-ciëvn Lac de' meſme nórn ,longue de-vingt quatre mils ,VR iètïend~enfin~ dans la'
1 merîGei-manique , eſtantlarge (Yenuironïîeuxzirflils, U** '- ~ -; ñ . .
WF* i* 'Le terroirde ce paysporte abondance 'deFrorneÎitgôc-de tou-'te ſorte de bled-S R
ó
G°““"’ lonvvoit force lacs,
-î ILſſeS Douglas "ontbois, a~ſtiirages,&pfalriesl""
eſté [Êîſaîiîtes ï‘ ~ :ñ- 'de-_Kolíefi
d’An ui-s désſile temps ' ‘ “ ' ".ïrroifieſmèzïR
' ' ‘ a Camdéjxîtl
Ilïmïdt. dîepuis que George Douglas eſpouſa la ſi 'le du Roy, ils furent-tenus pour-premiers*
Barons d’Eſcoſſe,auſquëlsil appartiéntîie-'porter deuarit les-Roysî ia couronneffluxſi
Eſtats generaux du Royaume. Le fixieſmo Comte d’An is-de &tête-race ſut Archi
bîaiiîchquiépouſa Marguerite, fille du R” Henry ſepſh me Roy &Angleterre z R
mere delacques cinq uiefineRoy d’Eſco e, de-laquſeileifilÿut' Mîrgueriteqſemme
de Mathieu Stnargou SteWargComtede Leuoägquiïëedâ-le droit qu'elle anoit ſur
cete C omté à Dauid Douglas de Pefeinzlreich fils deïſon_ oncle ;du conſentement
de ſon mary,Rde ſes fils,afin d'obliger cete fanutiqvoyahthue Henry filsdu Com.;
'- auidement
faiſant ſortirle ſang.feſtins
'en leurs Ils ontdupour breùuage
petit le boüillon'
ſilait , qu’ils de laquelques
ont-gardé chair; R années,
boiuent
gîïïësïizëzzïdszñëï
I Sont pourleursarm ,b
°“°Y““'*”P*»~=Wï-Îer-&leur*mea
'ſſ ſi * ~ - - . ,
qui leur va le plus ſouuenÿiſiſiſſiqſiu: :ÏHËÏLÏÏÃ Porc”.
- dteqtpa;
Norwegc-,afinquul le ſecourutJ
*ce moyen 1,60 esce
ans, juſqu'à Roysde Dannematk
qu'ayant eſté deſaits&de Norve e ’ l cs???
par Alexandï '
înggilêles aiEndonn-erent. Leurs ſſhabitans ont quelquefois eſſayé de ſe rxîptcſiſicîſieſièz; l
des Rovs d'Eſcoſſe Irlſiand GC !YIM mm Rom eaux ſi auec les ſinſcrſiptſions
Iſles les habitans ſont \äuuaêcſis 6c :rſiikdîagrîtresſiſiilçerſil: me qſiſieſiſilſiâles mes de ces
- - re ognox ent aucun Sci
Venant maintenantaudiſcours’ articulier dece Ifl
gneur. ſi
ddqſſilî de M3" zlêgée par quelquſies_vns * entre le: :Eiſiltſlſieçvôſiſiêcſiiſiſidſiäiîäé Êlſiiſiſi"
apres quelqu-csmaisa
,lesd Eſcoſſe- Petites artenantd
…es Peu czzlilîäg-ÏÊËÏCS
l l unieſc
ſ I esà.] * ;Arà%leterre, on trouue "’
Féline êſGalloway, 1'] fle D’ALISE ou DËÎlSÊ-Ëſinſiqiſiï qſiilcrcdael: Ãſiſirî
oitgôccomme ſ
appellſprvn Ecueuſi, ÃÏÏÃË dlÊêŸËlſſlïÏ-Ïectri'
\Ê ſ ' v ’ - ~
ËÏËÎÃÏSËËLËÏÊÏÏHÏÏ.
ÃÃſizſiÎËEcteſſſiΟaÏËÃſiſiË
Llrîà ;Ëffiäakgîgkîîçflä sqhaſſem !Le fçprce barfpues de peſclieurs , pour pêſ,
marins riſinci al ſi d e ce Pcſſ-UP e :ne m …té de œmlîvæ d'°)’ſ°²UX
JP r Penement
garde preſque eceteſortedoyeaquilsappellent
pareillediſtance Soland
la Prouince de CariÇte à l'Eſt SudGeeſe
Eſt l’IE”le î
1*-- _ñ- ’ ,_ - Dranc
ddëÎÏïÎÎÊË-ÏÈË
ou ducluvcLq
ÎÏ-ËÏÎÏ'PPÎËiË…”Ë‘ct°dC-“"~’Ê°’ſi$°"î“ Ned-Oueſt» eſta-Tr afflre
t um riton ry y ;Gt es Latines Golfedela Glotte,
ï .
ñ_ — AnNoÎ-(ÎÜNA
,ſ… ÎLE-T;z… qzgſqzë::ëësz-;z-:JzïëëzæzïËËËJÆPÀÏZÏÎËÎ
'1 ctd-Aſſ - a - . . . , . , _
Array;
...,'_.
. .. . _ , Y_ . g r
Iſles &Eſcoſſe; ~ 348i
.Gnnneà ceſſaires plus que toutes les autres Ifles', comme en bled, betail, poiſſon, &æzyſiaaux
Collm- marins, 8-: ayant vn Lac d'eau douce , auec vn vieil Chaſteau , outre qu'elle' eſta-ç.
ſiſlſſſer_ commodée d’vn bon port. A deux mils delà lon voit celle de G VN N E ;puis àîiéiiie
m. mils de cell e-cy COLL EN ,longue de-douze mils , largede deux , 8c grandement
lſflïfulëſ' fertile; &non loin delà CALFE,preſque~ît_oute couuerte de foreſts; ê( apres les
riiÃ-uës. deux IS LES VERTESÆC deux autres de meſme ſurnom , contre le Cap de Mule;
Arden Il y a p ,es delà deux autres lfles nommées GLESSES, c'eſt à dire Bleues: puis A R
Ÿſfàï, DA RI Dl R, deſtâdirelllle Haute du Cheualier ; L’IS LE DES LOVPS , 8c la
Loups. GRAN D E ISLE , KVM , qui s’eſtend de PEſtà l'Oueſt, eſtant longue de ſeize
Ëſcflîfifi_ mils ,large de ſix, pleine de foreſts, 8c de 1nontagnes‘ fort hautes, dbyíeaux marins,
lfltdes &particulierement de ces Oves qu’ils appellent Solandes, &peu habitée; puis à_
Chevffl- quatre milsdelâ, àPEſt Sud—Eſt L'ISLE DES CHEVAVX , &Cà 500 pas de celle
LÊŸÎÏÎU, cy l' [ ſle des P O R CE AV-Xpbondante en toutes choſes neceſſaires àla vie,8(ayant
CannlY. beaucoup d'aireS de Faucons; CANNAY ,K EGGE ſes voyſines , petites ,mais
385F-
Soabre-
aſſez fertiles, 8c SOABRETILL
_
E, plus commode pour la chaſſe , que pour autre
tille. choſe. '
Ëkicñ Delàlon monte du Midy au Nord vers Il] ſle de SKI-E , priſe ï pour [JE BVDE ' C²“““ ?W3
lus Orientale de Ptolemée; 8c la l' plus grande de toutes celles qui ſont 'autour de b Bſichſih”
lZEſcoſſe, comme celle dont la longueur eſt de_4.z mils ., 8.-'. la largeur en quelques
endroits de I2., en d'autres de huiLElle a beaucoup de montagnes, de foreſts, de pa
ſturages, de terres
cinq grandes fertiles
riuieres en bled
pleines a 8c outre,ôſic
de Sauiſinons lespluſieurs
brebis, force troupeaux
moindres de ont
qui en caualles',
auſſi;
vn Lac d'eau douce; 8c cin Chaſteaux. On l'appelle en vieil langage Eſcoſſois
Skianachhceſtà dire Aiiée, cauſe de ſes 'Caps entre leſquels la mer paſſa , qui s'a
uancent'
Skie. comme des ailles : mais lvſageaemporté qu'on la… nomme ſimplement
' 'ſ ‘
Main-v l Elle eſt comme ceinte de quelques petites Ifles , à ſçauoir D’O R ANS AY,abonñ
"ffl-fflffl dance en grain , &t bet-ail; la CON l LLERB , en bois , 8c conils; PABE ;decriée
our les-Nord-Oueſt,
'Oueſt voleríes qui ſenourríſiant
ſont dans ſes foreſts:
entre autresSCALPE eſloignée
choſes ſi, force de huit milsà,
cerfs. 'CRVUNG
BA ARSE s deux mils de Scal e au Norddongue de ſept mils,large de deuX,& peu
plée en ſes foreſts de force cer S : RONE à quelques 500 pas delà , couuerte de_ fo
reſts, 8C debruyeres , auec vn port propre pour couurir les Corſaires; 8c àla bouche
du Golfe de Gerlocb vne Iſle de meſme nom; FLADE à ſix mils de Rone,en tirant
au Nord: TVlLM ENE à deux mils de Flade z CRANS AY au Midy de Skie -, 6C
f**
àbles,
vn mil delà laI-Spetite_
8c apres BVYE,
E fertile puisAskerme,
en bled, la grande 8c
;puis cinq petites
Lindille Iflesaoctante
,.- ſſLINGE non conſidera
mils de
M ñ- .l 'a - Au Nord de ces Ifles on voit celle D-'EVST,- nommée en Latin par Buchanan
' VI STVS',
Sàcauſe longue
du fl'ux delade34
mermils
qui-y, paſſe
8c large
en de 'presendroits,
deux de ſept, ayant apparence
puis laiſſeſſſoii de troisſſfles
ſiſablon 'çieçſiîou
Îuert en ſeretirant. Elle apluſieurs lacs d'eau douce mais vn principal-Jon dd 'trois
:mils, Oùlon prendvn poiſſon ſemblable au 'Saumon , îſinon en_ ce qu’il ventre
.blangôcle
Baird-er. SY dosdelà
-A deux-mils noirítirantau
T- Leuant"on
“' 'voit'
" HELS’ CHER
' desVctIElLLES 'L' &d'inſ
Effſ' nommé pource qu'il appartenoitauxRſſeligieuſes de lorie: puis vn peu plus loin au
' Nord H AŸV ES K F. R E, _où les veauxmſſarins ſe rendenteri fortîigrand nombre à cer
tſſains temps de l'année, 8c ſont ſi ris; ,y , ct ſ ſiſi ſig ſi '~ _ ' _ _
Hymn. A quelques 60 mils 'delà ', tirſiàiltà' l'Oueſt Nord-Queſtion' trouue l'Iſle _de
HY RH, abondante en grains, 8c bctetſſzzſſtil ;principjalementen brebis, qui y ſont plus
grandes qu'en toutes les autres Ifles. _Elle n'eſt longue que d’vn'mil , 8c large d'en
uiron autant. Mais à cauſe de la violèndèdu flux deſila meril y a peu de gens qui lîa- …
l
‘ , xi: iiij_ i
ſi x
38-2 . ſ Iſles clEſcoſſeÎ
bordent. Ses habitans ignorent preſque tous les ans , ôcimeſmeitoute ſorte de reli
ion', Toutesfois le Seigneur de l'Iſle y enuoye tous les ans, apres le Solſtice d' Eſte',
_ſon procureur Hour exiger ſes droits , 6: auec luy vn Preſtre, où peut eſtre main
tenant vn Mini re , pour baptizer les enfans nez durant l'année , 6L ſi perſonne n'y
vient, chacun baptiſe les ſiens. Ils payent tous les ans :l leur Seigneur certain nom
brc de veaux marins, de moutons durciz au Soleil , 6Ld’oyſeaux marins.
Mais reuenant :i l' l lle d' Euſt, on trouue à ſonÎNord celle de Valaye , large d'vn Autre!
mil, K longue de deux; puis entre le Cap du Nord de l'Iſle d' Euſt , 6L celle de Ha_ petite!
recy, les petites Iſles de Soe, Strome, Pabay, Barneray,Grie, Linge,Gilinſay, Hee,
Hoy, Ferelay, Iſie,les deux Seunes , Taranſay , Slegane ,Tuemen , 6Lau deſſus de
Harée Scarpe , puis à cinquante mils de l'Iſle de Lewes , tirant à l'O üeſt il y a ſept ‘
Iſles, que lesvns appellent Flauanes, les autres Sacrées, ou Azyles,plein es de mon
tagnes abondantes en herbe, mais peuplces ſeulement de brebis lauuages , queles
chaſſeurs preneur, ſans toutefois qu'on en mange; pource qu'elles n'ont que dela
graiſſe en ieu de chair, ou ſi lon y trouue quelque chair , elle eſt d'vn gouſt ſi dela
greable, qu'on n-y couche oirit, ſinon en vmextreme danger de mourir de faim ;
puis plus auantvers le Not Garuellan , c eſtadire Ille rude; Lamb-e , Flade , Kel
laſiiy, la grande, 6L petite Bernere, 1’(itte,le‘s deux\B uyes , grande, 6L petite: Vexay,
Pabay 1-, la grange Sigrame íîäpällcï) Coniſllere , a eau? de lal fecqqdite de pes ani_
maux, a petite igrame,6L e es ygmeegauec vn enip e, ou es peiip es voy
fins croyent que_ les Pygmees furent iadis enterrez , veu qu'on_ y trouue encor
ſo u_S terre de petites teſtes rondes , 6L de petis os des autres parties du corps hu
main.
A l'Eſt Sud— Eſt de l'Iſle de Lewes, on voitl'Ille de Fabille, 6L celles d'Adam , des
.Agneau, Hulmene, Viccoille, Hauerere, Laxe, Ere, l-Ifle de Columb , Tore , Iſ.
furte, Scqlphe, Flade, 6L Sçute. Au coſte Oriental de cete Ille il ya vn chemin ſous
terre, voute par deſſus, de la longueur d'vn trait de fleche, ſous lequelles-petis vaiſ
ſeſluiääofltà voyleà ou rame , pu ſan!!! la VIOICIDCC dels: flux , qu'on éprouue auec
lprñs k u ?ap voy _in. ais ärpnàp usau euant onutiàouue Ille ap..
_ pe' e iei ’ ia eau, orte par nature, y u y animent pourueuc e grains , 6L de
poiſſon, d œufí des oyſeaux marins qui y mchent, pournourrir ſes habitans. Du
coſte du nuage ou le Golfe de Btienne s’auance , on voit l'Iſle d’Eu , preſque toute
couuerte de foreſts, 6L ſeulement propre pour les voleurs, qui guettent les paſſans,
de meſme que Gruinorte, plus auancee vers le Nord. Du meſine coſté lon trouue
l' Ille des Preſtregabondante en paſturages,6Lei1 œufs d’oyſeaux marinsfflrant 'pour
voy ſine celles d’Afulle, Habrerela petite, des Cheuaux,6L Mertaike. Ces huit der.
_meres ſont aſſiſes au deuant du Golfe , qu'on nomme coinmunemenc Lac de
Btienne.
De ces Iſles on mon_te vers celles'cle Haray, 6L LEWES , qui s'étendent vers le m…
Nord, ayan't 60 mils de longueur, 6L i6 de largeur, ou ſelon Lelctlé zo. Mais ces deux
parties ne ſont qu’vne Iſle z veu qu'elles ne ſont ſeparéesparaucun bras denier , ou
Golfe: mais ſeulement par des limites des terres, 6L des Seigneurs. Au reſte la partie
du L/_lidy eſt communement nommée HarayCamden prend pour L' EBVDEPlUS
Occidentale de Ptolemée , cet Ifle de LCWCS. La partie de Haray a de bons âtiz,
potirla nourriture des brebis , dont il s'y en voit de fort vieilles , 6L ce qui ren leur
nombre plus grand, c'eſt qu'on ny voit aucun loup, renard, ny ſerpent; bien qu'en.
tre cete partie, 6L celle de Lewes, il yyayt de grandes foreſts pleines de-Cerfs , ordi
nairement pet1tS,6L du meſme coſtc ll y avne riuiere qui porte des Saumons.- ',
Du :Coſte du Nord eſt la partie de Leu-es ,aſſez peuplce le long du nuage, Il yz_
quatre Parroiſſes, vn Chaſteau, ſept aſſez grandes riuieres, 6L douze moindres , qui
Ëpuiäliſſent tfoutes qlesſaumons ; puis la Mer s’auan ant dans l' [lle en beaucoup
Cn 01s , y ait plu ieurs Golfes , tous abondans en arans. Il y adans cete partie
force brebisfiqqi pailgenbt dans les boäs, oulesſtLandes. Là pèus gralnde partie de la
.Campagne e p eine e ruyeres, où a terre e noire ppr e us, de aliauteur d'en
uiron vn pied, tant dela mouſſe qui la Gouure, que du ois pourry depuis pluſieurs
ſiecles. Cete terre coupee en mottes longues , peu epaiſſes, puis ſechee au Soleil,
ſert pour. mettre au feu ,6L brusler en lieu de bois. L annee ſiiyuanre _lon engraiſſe
auec del algue de la mer la terre nuë , puis ony ſeme de Forge. Lori prend en cete
_ Iſle vn grand nombre de baleines , 6L dans la meſme il y a vne grande cauerne , où
_ _l eauídemeure haute de deux toiſes,lor_s que la marce ſe retirtyôcleſtdequatrequäd
\
h
ñ
Ir ~‘ _ ſ x
Iſles d’Eſcoſſe. "p, y ñ Z83,
elle reniënt.
ſitter-ſes ſortesLà
vnelesgrande
babi tans de tout de
multitude âge,8c des deux
poiſſons. Lesſexes, s’occup<~:'t
Seigneurs de ceteà prendre en du
lſſeſi* ſont di
íiirnoin de MaoCluvd, L _ ou Cloyd, c’_eſt à dire fils de Claude. Mai-s ceux—cy qui ſont i Lsfl: def.
auſſi Seigneurs de 1'] ſle d’Euſt, S’ap ~ ellent l' Mac-Cluyd de Le\vis,'ou Lcwes , afin *bcamdiäflritg
d’eſtre diſtinguez des Mac—Cluyd e Harich , autres Seigneurs de ces Iſles , où les
fiamilles de Mac-Conell , 8c Mac-Alen dominent auſſi. Mais la plus puiſſante eſt
celle des Mac- Conels, qui ſe dit de la race de ce Donald, qui du temps du Roy lac
ques troiſieſme ſe noinma Roy de ces Iſles , 6c fit mille cruautez 8c rauages en Eſ- -
coſſe. Au
LEVIS reſte Buchanan
sAzſiôc Leflé,ôc lesl'appelle
Cartes nomment enlangue
en la meſme Latin cete Iſle de Lewespu Lewis,
LEOVGVS.
ROMË
A 60 mils cde Lewes,en tirantâPEſt Nord- Eſt ,lon trouuela petitelfle de cfluchiliſ;
5 RONA, baſſe, 8c plaine, mais aſſez peupléeSes habitans ſont grolſiers, 8c preſque .q,
ISLES ORCADES. , a
' Es lfles nommées par les anciens ë ORCADES ,ou ë ÔRCHA- APIPlïSI-lí-*Ë-ñ
‘ ' DES, 8c maintenant ' ORKN AY, ou Orkney ,ſont aſſiſes à l'Eſt :_Î""'*"'*'
yſ À- Nord-Eſt
coſſqpartiedes
endernieres Iſles Hebrides , 8c au couchant
la Mer Deucaledoniennqpartie S deFEſ-
en la' Germanique. Oto-ÛJLT
n" c "ſi,
' We ques vns des anciens b' mettent zo iOrcades; les autres 4.0: izâujuzſidîſſſit'
mais les modernes en “ coinptentzz; dont il y en a r3 peuplées, les f Camâé-!äritl
autres deſertes,ôc laiſſées
' pour la nourriture
' du beſtailzl
~ pource qu o elles !ont baſſes, F_ ,Ëfoëlhſil
l. l.j .ï.
les cultiueroientzles
8C tellement eſtroites,autres n'ont
qu'elles ne que des rochers
pourroient tousque
nourrir nuds,ou couuerts
deux ou ſide mouſſe. “’“"-“-ſi4
trois ſamilleaqui Melali
L'air eſt ï** ſubdlôt ſain , 6c la terre n'y peut ſouffrir aucun ſerpent, ny autre beſte Lſſſſizzzzz.:
WM
nuyſib qôcvenimeuſe. Leur terroir n'eſt propre qu'à porter de l’or<;e,8cde Pauoine; Pfflï "-6- l_
bc
meilleurmarché,
preſque toutes qu'en
ſont ſans
lieuarbres
oùlon, 8c
puiſſe
ſansaller
bois.-, tellement
TouteSFoisq u’on
² on ne
y a laiſſe
veu laiſſer
d'y viure
centâ m Speed ſi
deux, voire
œuſs de trois
poule agneauxfic
pour pard'vn
moins que là lonſolpeut cognoiſtre
de France. combien
Leurs brebisleportent
reſte multiplie.
ſouuent ' '
Leurs cheuaux ſont fort petits, 8c ne ſurpaſſent guiere en grandeur les aſnes S mais
ils ſont de grand trauail , 6c comme inuinciblesſll ya grand * nombre de bœîifs, &c 03mg,, i,, ,;
de chevres, grande quantité P d'oyſeaux domeſtiques, 8c ſauuages, 8c force poiſſon eC-rdaà-Yul
"ſi3ans leurs mers, qui ſont grandement orageuſes, tantà cauſe des vents violens que_ """'*'
es marées.
I
m' - combien
‘ Les habitans de ces Iſles
qu'il” boiuent ſont blancs
des mieux , Ony ,voit
robuſtes , 8c vifs,
toutesſois peutout ce qtii ſi: yures
d'hommes peut,58C
8c ïlſ-fflï-dsſïz.
N
U
- , 7 -
,z .384, J
Iſles d Eſcoſſe.
lon tient pour vne
*paruiennentà choſe aſſeuréequïl
extreme vieilleſſeneſans
S'y eſtre
trouue aucun, tellement
malades ſol , ou inſenſe'.
que cePluſieur;
n'eſt pâſis
vn gibier à Medecins , qui mqurroient de ſaun dans ces I (les , tant leurs corps ſong.
a Bnthangiiil-ſoldufies, 8c bien compoſez z a quoy le peu d exces qu ils ſont enleur ² manger leur
.ayde grandement, de meſme qu'à leur taille qui ſurpaſſe la moyenne. .
_ LÏOrge, 8( Pauoineîquïls recueillent ,leur fourniſſent du pain , 8c de la biere ‘
pour boiſſon de meſinâque lleurs brebis, leu? vachesâôc lFurs chevres , du :lait , du
_ eurre, 8c ſi
dulesormage, onti S viuent; du
e me
ſon. Mais marchands yconduiſent vinme
,ilsque 'Oy eauxmarins
en boiuentauec , 8c auildite.
grande e oiſ;
Ils ont vne ancienne coupe, qu'ils diſent auoir eſté 'de S. Magnus , qui leur preſchz_ -Ïj
tout premier l'Euangile. Auec ce vaiſſeau, qui ſur aſſe en grandeur tous les-verras z
communs, ils eſſayent leurs Eueſques à leur abor ,SC ſi quelqu'vn le boit tout plein
_d’vne haleine,- choſe qui arriue ſort raremët, ils luy donnent mille loüangesſhc pre.
-ſagent par là, comme par vn auguredes plus aſſeurez, que les années ſuyuancesñleuz
' .ſeront heureuſes, 8c de grand raport. Mais ces exçés à boire ſont-preſque ſeulemenz
parniyles nobles z veu quele menu peuple retient encor vne grande gai-tie de ſon
ancienne ſobrieré. Ils ont vne langue differente de l'Angloiſe, 8c de l' ſcoſſoîiſei &c
fort approchante de la Gotthique. ' , _ . _. l '
Leurs principales richeſſes viennent de leurs draps grôſliers qu'ils vendentà Richeſſe
_ceux de Norwegqde Pliuyle qu'ils ſont des inteſtins des poiſſons 'S de leur beurre,
a( du poiſſon qu'ils prennent, dontils ſaluent vne partie , &c ſont ſeicher l'autre au
~ vent. llsils
quelles tirent
ſontde la vente de ces choſes de l'argent, dontils
ſuſiets.. ~ payent
: - les charges
_ ' auſ y
1, Speed Donald Bann qui vſurpa le Royaume d' Eſcoſſc- ,~fit don de ceslfles- auî-Roy de. Soul?? Ï
ThïM-lï -J-ſſ Norvege, afiâî qu'i leſecopruä; ſi bien ue de uis ce ?aiſté ces-Roys lesonizpoſſe- "m-m ‘
. _dées
couural’eſcluacc e i6O
temps duans,
RoyíuMagnus,
qu' ce qu' exan de
q uatrieſme re croi ie me
ce nom Ro d’Eſcoſie
, [Jcirtieypar Iespar.
Force , 8c re
cie par traité; 8c depuis Haquin Roy de Norvege en confirma la poſſeffion à Ro- -
bert Bruis..Apres cela Chriſtieme premier Roy de Norvege , 8c de Danemark,
_ donnant ſa filleâ lacques troiſieſme- Roy d’Eſcoſſe , quitta tout le droit qu'il pre..
tendoitſur ces líles,8cle tranſportaàſon gendre, choſe qui ſut confirmée parle
c 3mm Rd_ papgſſoutesſois ï par accord ſait l'an mil cinq cens cinquante quatreJe Roy d'Eſ
P-l-Vd-ï- li-i- coſſe recognoiſt les tenir de celuy de Norvege , auquel il paye pour recognoif.
iïince dix mares d'or , quand il paruient à la Couronne. Les Stuarts deſcendus
d'vn fils baſtard de Iacques cinquieſine ont aiiioutd'huy le titre de Comtes des
_ Orcades. , 4 ‘
d L""î*"°ſi La plus grande** ,Sc principale d e ces Iſles eſt celle de MAYN LAN D,priſe pour En' fg'
osolimc l g. celle que les anciens‘ont appellée POMON A,ôc nommée communement par les pomme
ñfflfflhï-"Ÿ" _ôcmodernes eſcriuains ï Latins
“ſiſidſiſctë aſſez peuplée, comme ayantPomona , 8C Pomonia.
deux Paroiſſesaux Elle eſt, longue
Champs 8c vne de'
Will:l 'entei mils,
nommée
_ par les Danois , lors qu'ils en eſtoient poſſeſſeurs, Cracouiaca z ê( maintenant i'
- _>' les Eſcoſſois KIRCVA , ou KIURKWALE , ſiege d’vn- -Eueſque, qui yavn CE.
ſteau,ôc le Roy vn autre. Entre ces deux Chaſteaux il ya vn Temple aſſez magnifi
que: entre lequel, 8c chaque Chaſteau, lon voit Force maiſons, que les habitans' ap
-" pellent deux villes, l’vneJRoyale,l'autre Epiſcopalell y aen ſix endroits de cete Iſle
_des mines de plomb 8c d’eſtain , auſſi fin que celuy de Cornouaille. Au reſte cete
Ille eſt eſloignéesdenuiron vingt quatre mils du riuagede la Prouince de Cathnes,
le détroit de Pinthland eſtant entredeux. - — î Strong;
Ilyadans ce détroit pluſieurs Iſles eparſes , dont l’vne appellée STROME,
aſſez fertile, eſtſeulementlefloignée de quatre mils du pays de Cathnes. Mais elle
n'eſt pas miſe_ au nombre des Orcades, tant pour ce qu'elle eſt ſi voyſine de l'Iſle de
Ronaldb
Bretagne, qu'à cauſe que les Comtes de Cathnes l'ont toujours poſſedée. ~
A u Nord de cete Iſle on trouue premierement celle de R ONALDS E, ou Ra
- ualſe, longue de cinq mils, auec le port de S. Marguerite, aſſez commode. Vn peu 'àffllfflï
pour
au le bcſtial
Leuant qu'on y on
de ceteIfle ſaiten
paiſtreLes
voitdeuxvoyſins
petites les nomment
incultes, qui HOLMES, c'eſt à ire
ne ſont deſtinées ue Flu*
. -n
Plaines herbuës proches des eaux: puisau Nord l'Iſle de BVRRE , ayantâſon 3
Couchant les trois Iſles de SOVNE , PLATE ,GL FAR E z 8C plus au delà celle de v-ilis.
-HOY, ÔLVALIS, dont les vns ſont vn Iſle, les autres deux ; pource qifenuiron les
i! a ë :tEquinoxes ,lors que les marées ſont plus grandes): flux en ſe retirant laiſſe le ſable
Iſle-s d'Eſcoſſe,' ~ 38s ~ ~s
dtſſîcouuert , & fait vne-Ille defdeux, qui paroiſſent quand le ſiux reuient. Cete Iſle à
les plus _ randes montagnes de toutes les Orcades ; a didi mils de-long , &eſt eflolxſſ <4?
gnée deſiuit mils de Ronaldſe,_& de plus de vinſrt de Cathnes. A u Nord on tſirſſouue ,
Guinlſſï l'Iſle de GRAlNSEMffiſe en vn détroit grandement eſtroit; 8C toutes ces Iſles 'Ï-"'*-'*
ſont poſées entre l'Iſle de Maynland , &le pays- dect-Gafhnes , dans le détroit; Le '
Couchant eſt ſans Iſles, ô; ſans écueils, Mais _du coſté du Nord de l’Ifle de -M ayn
5054,_ land
shaPtnſïa il ymils
àdeux a celle deville
de la COBES E55 H AP]NS
de Kirkwal, E, ÿanançant
8( longue de ſix_-mils. vn peu vers
R OPE- le Leuant,-
au Nord- Oüeſt affiſë
de ‘ ‘~~_ ſi'
Ëfffſ-c
viÿyaict Maynland, longue
commun bruit, de ſix nails
S. Magnus eſt ;enterré,
& la pres8ctirant au Leuant EG
à ſon MidyWYE R LE
queS Buchananrzodlñ
RY , o1‘1,ſelon’le
G“‘ſſ°_7- me verazGERsOY, G E R È O L, &c non guiere loinWESTREmômée parLeflé
ËÇÎËŸ,, Pappaweſtre _z efloignée deso mils 3 del'l \le de Hethland , ou Shetland 5'PA'PPE"~
Pape. STRONZE , diſtante de Hethland de 80 milsepreſqœau milieu de_ cete route gif …- '
f“°"²°'
EÎIÎJ.. Plfle
land. de FAIRE,
Elleaſes c’eſtà dire
habitans Bellepauures
du tout Iſle,qui ;eſt véuë de
à cauſe desceux des Orcades,&
peſcheſſurs Anglois,de Hech.
Hollan
Hexäxru dois, & autres, qui en emportent tout ce qui leur plaiſt. , ' a Camel! Brïf'
KJ Lon metencor ² entre les Orcades ETHe~,ou " HETH Y, priſe ;Jour [ÏOC ETIS a Lcflæalèſ. ſi
de Ptolemée: & ë SAN DE S, KOBVN SE, BIRZE, OVISKBLLE, NORTH- bïïmdëñïliü'
< i c. -ïd
RON CH E, & quelques autres.
ISLESDESHEILAND,
. ESÏÛCSAHETHLANÜÎYËEJOU'SHETHLÀNDÏV/ſi/Ês, dBUch-n-liñi
', - 'fſi 'ſ. ainſi nomméesà caiſſe de l 'l' e de Hethland, ou Shetland, 8c par
93.15.55, ._ _ . uelſiques vnsîSCYTl-ÏILANDI VES,c’eſtâdire terresdes Scy- gspcedliq.
nëhcſſe- ~ ‘ t es, ſont aſſiſesíſi au Nord des Orca es, dont ellesh ſont eſloignées h l-“lffldëffli
ï de quelques cent mils; &oppoſées au riuage de-Norwrege. Elles
~ n'ont guiere de bled , ſinon de celu quileur eſt ortc' d'ailleurs z ſi
bien que toute leur richeſſe conſiſte en poiſſons ſec ez au ſoleil, uyle de baleines,
&autres poiſſons , & peaux de diuerſes beſtes: par lemoyen deſquelles choſes ils
attirent
' qui les Hollandois,
leur fait beſoin pour&viure.
autres_ nations voyſinesàleur
_ ſ porter du. bled
. , &tout ce~
Maur!, Toutefois ils viuentrheureuſemengde meſme que les Norwegeois leurs voy ſins,
ſans aucune maladie , iuſqu’à vne extreme vieilleſſe , qui eſt pour le moins de cent i Buchmlctlzſ
ans; veu qu'il y en a pluſieurs entr' eux, qui ſont du tout vigoureux , &robuſtes, &
paſſent de beaucoup cet âge. lls ſont grands , beaux, & ſorts, &viuent commei
'ceux desſiOrcades, excepté qu'à cauſe de moins de moyens ils ſont moindre chere.
Ils s'habiller” à l’Alemande aſſez honneſtcmengſelon leurs commoditez. Ils s'oc—~- ñ
cupentâ peſcher, & ſalent partie du poiſſon qu'ils prenent,& ſontſecher l'autre au
, vent 5 puis de l'argent qu'ils en'tirent,ils payent leurs charges, les axccommodent de
maiſons, de viures, & e meubles , queles plus propres enrichiſſent d’vn peu d’ar
gent. Ils vient des meſures, poids, &_ Façon de compter d’Alemagne’-, & leur langue
eſt Alemande, ou dutout vieille Gothique. Ils ne ſçauent que _c'eſt de ÿenyurer z
mais ſe conuient ſeulement' tous les mois, 5C paſſent ces iours là ſimplement , 8( i0'
yeuſementſſansbroüillerle,sufiemblans
ſiauffi ainſilonguement.
cete tranquilité d'eſprit qui les ſait viure pour s’entreteni~r en amitie', C'eſt
ſans incommodltc' 'z &c ’
qui cauſa qu‘ſivn d'entr’ eux 'appellé Laurens, S'eſtant mariéau delà de cent ans,
alloit peſcher dans ſa barquette, au milieu de la mer orageuſe , en Page de 140 ans-z
puis mourut d’extremevieilleſſe, & du ſeul defaut de nature ,- ſans aucun mal qui le l
violentaſt, ou fit plaindre. . _ r k Peucende
5m15A' La plus grade de toutes ces Iſles eſt celle de H ETHLANDpu k SH ETL A ND, îlîsïîïrïaïïoîjïî-y
ouThnle priſe pour l'ancienne ‘ THVLE, derniere des lfles conuës du coſté du Nord, nom- Mch_l_,_c‘_‘:
mée par quelques vns des anciens TI LE' ê( "‘ THYLE , & par les mariniers F Ale— VirgiL_
mans de ce temps THYL lNSEL; âraiſon dequoy Peuccra toujours écrit THY
Le, nonThule. Ceux qui la prennent pour Thule ap ortent pour prenne , outre 1L,, Mſi_"ont,*
l'aſſiette que luy donne Ptolemée de 63 degrezſde attitude, qui _s'y trouue _toute Pïucfr-de
pareille , 'Saxon le Grammairien , qui l'a logée entre PEſcoſſe , 8C la Norwege, m** m' -
6L Solin qui la fait eſloignée du promontoire, ou Cap de Caledonie', dela nauiga
~ _ _ſ ſi H
'EN.
386 Ifles d’Eſcoſſe.~ '
tion de deux iours : Tacite qui dit, ifelle fut veuë deloin ar les Romains ,voy-ai
'c2 .
qeans autour des Orcades , &c Me e quila loge visàvis e la \alle de Berghe de -
NOrV-ege, Elle eſtau Nord-Eſt des Orcades, eſloignée de Pextremité de PEſcOſſe,
,IBULÏIÆILIÃ de la nauigation de troisiours; longue-de 60 mils, &ſarge en quelques endrols
'de ſeize. Ce qui ſe trouue proche de la mer eſt preſque tout habité z mais le dedans
'de l'Iſle n'eſt pratiqué que par des OYÇÊQLÏX, La mer offre de tous coſtez à ſes habid
55“‘l’°lî-4' u.tansLes
vneaäciens
rande"qhabitans
uantitc dede,diuers
cete [Iſleoi viuoient
ons. de miller, d'herbes, de fruits, 8c de
ſi racines, &t faiſaient leur boiſſon auec du miel,ou du bled,aux lieux où ils_ en auoiët.
c Souadi… ..Au commencement du Printemps* ils viuoyent d'herbe parmy leur beſhal; puis de
ç z,, lait-pac gardoient leurs fruits qourſhyuerñ. Leurs femmes eſtoient communes, 8c
'd Buebajij. nul
-An'en _auoit aucune
dix mi-ls-de articu
3 cete Ipſie, iere, ou certaine.
en tirautau-Nord, on trouue celle de ZEAL ,longue de
Z9114'
vingt mils, 8c large de huit; mais de telle nature , qu'elle ne ſouffre aucun animal
,qui n'y ſolitné. Il ya (lâsſmaläïliands Alemalms qui SZLtÎſi-.nnent , &c fourniſſentâſes
habitans es marc
' “Entre cete Iſle, ian
8c la iterre
es_e fermé?
ran eres _ui eur
de Nqoru ege ilont e oin., moindres. Iſles , com- Yung;
y a pluſieurs
mejljinge, Orne , Bigge, Sainct fer; ôcafquelques neuf mils dela derniere”, plus
auant au Nord , on trouue \V STE ,longue de plus de Vingt mils , 8c large de ſite
aſſez agreableâ voir: mais ceinte d’vne mer dangereuſe. Entre cete Iſle , ê( celle de
Zeal on voit Vie ,Vre, Linge, 8L hors delà les deux Skenies , 8c Burre la regardent
du C Ouchant: R au Leuant Halte, Honnegeffiotlare longue de ſept milgefloignée
d'autant de Vuſte, 8( de huit de Zeal :-Sc oppoſée au Detroit qui ſepare Vuſte de
Zeal. Ily a encor pluſieurs Ifles de peu d'importance , qui seſtendent vis à vis du
coſté du Leuant de la terre ferme , comme Mecle , trois Skenies Orientales ,
Chualſe, Noſhinde, Braſe,8c Muſe: 8c du coſte' du C ouchant il y a les Skenies Oc
cidentales , Rottiiæ, les deux Pappes , Vonnede , Valle , Trondre, Burre,les deux
Havres, 8c les Ho mes entre deux.
MÆMÆXÆMÛ-NHÆ-ÆMMMÆUVWÆÆMMÆ-ÉH-TMÆM&Ha-Vd
e Àtiſtohdc
m…~
Cldudiamdc
ERF-ï"-
IRLANDE ‘
'IRLANDE areceu des anciës' les n65 de IERNEÆL 'IWERN A , çôme Noms."
ſ;,‘;,;_,_,_c_,_ zumdesivEkNiA ,v OVERNIA, BERNIA ,scdeï HIBERNIAÆE*
Iuucn-LSXU.. HYBERNIA. Quelques vns ‘ Pontappallée IRlSJes autresm ISLE SA
CREEmommant ſes habitansHlERNES:d'autres“OGYGIE,&° BRETA
h Ruſtathijn GN E OCCIDENTA LE :ôc pareillement aux âges moins reculez P [BE RNl A, -
Piwi( 8c S—COTlA,_ou Eſcoſſe : pource qu’elleeſtoit habitée par les Scots , ou Eſcoſſois.
1 Ceſay de Bel..
Gmiçhd_ Maintenant ſes habitans q l'appelle-nt ERIN, commeils ont fait de tout temps,
k Piin-li-O- 8c ſe nomment eux meſmes ERlNACH. Les Bardes, ou Poètes Irlandois luy don
fſfiàdohſijÿ nent en leurs vers les noms de TlRVO LAC, TOTIDANAN, ô( BANNO.
nir-nus Auîë. Ceux du pays de \Valles Pappellent au vieil langage de l' Iſle de Bretagne YV ER
ZÇÏUŸÏÏÏÎÃLŸQDON :de meſme que ſes liabitans GWIDHlIÎL: &les Anglois IRELAND.
5…… ,and _Mais les Eſcoſſois habitans d'Irlande nomment le pays oû ils ſe tiennent ALBAN,
de la l-"nï- 'ôc
Ëyſizîjfſon_ ſi 'ALBIN
Cete lfle, qui
8è les _lrlandois
s’eſtend meſimeS
du Midy au l'appelle
Nord a du ALLABANlI.
Leuant l'Angleterre ;dont elle eſt
p_ illdonoxig ſeparée par la mer Orageuſe d'Irlande; du Midy la mer Verginie; du Couchantla
"-‘4-°-‘- grande mer Occidentale , d’eſtenduë comme infinie: 8c du Nord la mer Deucale
Camdlxir. _ ~ .
Ÿmd 7h54_
Ml.l".-.ſi donienne. ' ' *
FPÜ: Quelques vns des anciens ï la font preſque egale en grandeur-al Iſle de Bretagne;
,cd-u dad_ les autres rla font auſſi large -, mais moins longue de zoo mils: ou' moindre de la
Çalldiíg. ’ moytié. Mais Girald “ , qui viuoit enuiron Panſide grace n70. aſſeureſique cete Iſle à
Ëfäſiÿreàfl 320 mils-d'Irlande
Top: .Held Tlioracli de longueur
, 8c 160 mils de lſiar eur, depuis
de uisles Monts
la—ville Rendaniques
de Dublin , iuſqu’au
iuſ [faux Cap
collines dede
S.
fl . g P q
IÆÊËLÏYÊÛ*
.
Patrice , &la merde Connachty.
C n ~ ‘
Oreſt il 'ï que les mils d'Irlande
ſi ~
ſont plus grands ñ ſ
"me", ,_ que ceux d'A ngleterre : tel lement qu’on tient ſa grandeur egale à celle de l’l-ſingle?
yſíimd Brit. terre goute ſeule, ſans PEſCOſſe: bien queles plus curieux? , 8: ſçauans Anglois de
:rEdflËſ-lffi ce temps ne facentlonguecete Iſle que de 400 mils, &largede zoo , &autres ² lon
Geoglhzacdſ_ gus de 60 lieuës d’Alemagne, 8x'. large de zo. ñ
z - ~ ' ’ ’ Elle eſt
ñ. ~ ~Irlande. ~ ' 3X7'
Elle eſt communement* diuiſée en cinq parties , à ſ auoii-'en Mom0nie,ou a Cnmd. 11:32 _
Dmlhn; dtanihut-Lrg
MounſtegLagenie ou Leinſter; Connachtie ou Connac tv ,Vltonie ou Vlſter,
8c Medie, nommée aulangage du pays Mearh ou Meth : 8c ces cinq parties ſont
encor diuiiées pour le regarddu gouuerneiuent ciuil en Comtez ; veu que Moun
ſtercomprend les Com tez de Kerry,Deſinond , Corhwarerſord, Limírickſſip.
perary auec Saincte Croix: Leinſter celles-de Kilkenny , Caterloug , (lueenes, .
County ou Comté de la Reyne,Kings,County ou Comté du Roy; KildareAY/eish. ‘
Ford, 8x' DublinëMeth celles d’Eaſt MeatlnôcWeſt Mearlgdeſtà dire Medie Orien- ‘
tale 8c Occidentale, 6L Longford: Connachty celles deTwomund ou Clare , Gal
lŸiUay,Maio,Slego,Letrim,Roſcomanz8cVlſter
Monagan, celles deLouth,Cavon,Fermanagh,
Armach, Doun, Antrim, _COlram,Tir-Oen,Tir—conell ſſou Donegall. '.
a Elle eſt encordiuiſée â cauſe des ë mœurs de ſes habitans en deux parties, veu que b CamiBrË
. ceux qui refuſent de ſe ſoumettre aux loix , 8C viuent moins ciuilement, ſontmom—
1912Z Irishrie, &Cvulgairement \Vilde Irish, c'eſt à dire SauuageS-Irlandois, Mais les ol
autres plus ciuils , qui obeiſiſent aux loix s'appellent Anglois-Irlandois a 6è le pays
qu'ils poſſedent Tl” Engliſh Paie , deſtà dire La Cloſture Angloiſe ; pource que les
premiers Anglois qui ſe vindrentloger_ _en cette l fle, ÿeſtablirent certaines limites
en ſa partie Orientale, la plus fertile de toutes. I. a plus grande ï partie du leinſter,
&du Meth ou Mſſeatlnôc la portion de l’Vlſter qui SZÎppeIFeYrÎliL-,ſont compriſes en c Stanihuffl
li I.
aProuince Anglaiſe z [hais la principale partie de Leinſter ;qu'on appelle Fingall,
voiſine (lE-Dublin
tienctt-le-ſecnnd du ceſte' du Nord - -eſt la plus conſiderablc
rang. - contrées 8c le Meath
- ;Au reſt", Outre les Comtez que chacune des cinq parties embraſſe , il y a quel.v
ï
Aix. p “Ïälffllhqüel-&ÎÏŸJC ccpays ne ſoitguere propre pour fiaîiremeurîrce que lon yſe- e Gil-ALL'
Ü _. (ée, toutefois il ,eſt tellemëët doux-ô; tepereſique la chaleur extreme de l' Eſte' n'y ?éfflŸäíLE-r
.-1
~ aîiçpascpgrchär Pombrf., fly Iſa rigueur-der äiyuer le ſîu. Il eſt vrayſqtfil y ſaitſpoid W' ’
- e toute oxte \e vents
1ſſ(itÎ~'r_s__—v~erdS,ëc , maisn'a-beſoin
le beſtail ans excèz: 1' _i’en
quÎon ue ſoiii
cougele e_S rez 6L ildnourrituiey,
pour a urages on:
non
_ que-clÏ-'ſtaldle ,pour s'y paiſtrcttzôciäe-poſerâ couuertÿ Les haläitans ont auffiſpeu
de, ;eſqinctde Medecins , veu qu'on y trouue ſort peu cle malades; ſinon ceux qui ont
i*
ñ _extreirîiitezſaril n'y a preſque aucun milieu entrela' ſanté 'eontinuíeſſôc la mort.
t. mſſidirié deÿäitëä dela terre.- âſiqîio ftoutesſoisils remedient par le moyen de leur ?Cim-i 84L_
*z-M-,XÃS lésffleſtmngc rs y ſont ſujetsà de gräds cathares ê( flux de ventrqâ cauſe de l’l1u-
eau de vie qifilsflappellentſiV-skellvdlx; qui eſt des meilleures ,GC eſchauffe moins , ôc- ſi'
Jdêſſeiclide plusfiuq cctellegi-Azigleter-re. Dauantages preſque tout lc long qe l'année ctg Ciralddz
'Lct c :nſr e vache ouïde œuf rofitc âceux ~uila mangemgau lieu ue ce Ie de or Top.
' *ëezäuſſizſt _nuyſiUeÎ-De plusonä remarqué qÃI-e ceux quiſſſont nez en (Ïgtte Iſle, &c; ?i’en - ' >
ïſoîÿfiamais ſortis,_ſo'nt ſubjets â la ſeule fievre aiguëpncoi' rarement, non aux autres
ſortes de fievre-s.tctourtjſiskçhoſſſesÿ
-fqrtqdorxſſompu llTeIÎÏŸrä-sï qtfeñcor que le cours
Il-y-a tantde pluyesde, clelabroüillars
nature y ſut tel';nUéCS,
, ê( de le tempsa
qu'à
peÿppeñy] Voir on trois iours continuellement ſereins , meſmes en Eſté: 8c toutefois
Onznîap' ei-Çôit point qu'aucune intemperic del’air,ou du temps,attriſteles per-._ l
\ ſoqícges ainesÿç-gayesçoiltroubielès cerneaux plus delicatszvoiremeſmeils dors d r
\ nic-tnt âxlécouuert; 8c ſur la pierre nuë ,ſans crainte de prendre aucun mal. En hffüfllulffl
ç Pluſieurs endroits. de l'Iſle on ne voit preſque aucune glace de tout Phyuer s df 'ſi' \
L Europe' /ñ
" ‘ Ll f' - .
\‘ .
-t . ~ . - i; .
r. - - - ~ ä
v l . , N * r
Z88 Irlande, ë ~
i_ ciHfffuäf_
d' d' ſorte que Claudmn
- ï aeu tort &appeller
- cette Iſle' glaciale. ' Au reſteb les vents Y
-ññ«—- — —_—_—_ .| Conſul, regnent preſque d'ordinaire; principalement l'Oueſt Sud-Oüeſhplus oragcux que
bffflld- 7°- les autres; R l'O üeſt Nord-Oueſt renuerſe tous les arbres plante? .en lieu haut du
P 5' coſte du Couchant , ou du moins les fait pancher du coſtc oppoſe. L'on y Oſilt pas
_ le tonnerre vne fois l'année. — y
c Bow” Ru_ l ll-y a ° force eſtangs R marecages 5 pluſieurs bonnes riuieres , dont la principa, m_
le eſt le Sinnene , tant pour la longueur de ſon cours , que pour la multitude deſc;
ag ,h ſt poiſſons , R beaucouſp de lacs , ont le principal' eſt l’Erne-. (Liam à l'eau &de la
m.t:m u r , gluye
. ‘ , bien
~ v .
qulelàe - abondante, toutefois
y oit ~ on nevoit
' - pas qus elle porte guere de
L
n ommage aux ia itans. . v
a ï I
,M4, ſi”, Leterroir de cettelſle "porte grande quantite de bonne herbe que le beſtail ſfflozſ_
. 57 ſonic-en y Raiſläntvne bien petite eſpace ddu iour; R ſi lon nele retire de bonne pui-Mz
ç gznldg-QP_ heure , 1l eſt ſujeta creiier.Il nyaiamais de trcble-terre , R tant plus on approche "MP5
* du l.euant , tant plus la terre eſt graſſe , R fertile. Le pays eſtinegal , R montucux,
marécageuigR plein de forcſts ,Rlon y voit beaucoup d'eau ſur les montagnes,
p ſi R
lesſur les ſommets
plaines desſemblent
; mais qui collines des lacs Rcauſe
petitesà des eſtangs. Toutesfois,
de ſes grandes foreſts.il yAu
a de foi-t
reſte la bel.
tee.,
re :eſt fort baſſe de tous coſtez , R le long de ſes riuages. Mais au dedans il y abèzd_
coup de montagnes Rcollines: Rlon y trouue d'ordinaire plus de ſable, queſi de
pierre ou de rocher. Toutefois le ,terroir ne laiſſe 'pas d'eſtre fertil; IICllEmQnſ (Lue
a campagne y produitabondamment du bled. Il e vray qiſictly a plus de paſtuêz'.
lges que de Fruits, R plus d'herbe que de grain. Le bled y _romet beaucoup en her
e , R plus en épy qu'en grain. Carles grains de bledy ont menus , R ſe reiirgignt
malayzément
Staniburſi. la netslaauec
rſiecolte durant le ~van.D'ailleurs
moiſſon.L’on tients lalacontrée
pluye empeſche
de Finga _reſque ordinairement
R le Meätſilyou la Me.
ÏJ- die , pourles greniers de toutelflrlande, pource qu'elles fourniſſent -degrain \Siſſi-g
les autres pays de l'Irlande; bien qu'on ſeme quantite' de bled , tant en la Prouiiſiiœ
de Mounſter , qu'aux autres. ſi* ñ ". ï* ' .
b-Camdzſilrit. ,Wnt au vin , il ya~des ceps de h vigne, plus pourbrnerñençffque _pouxzſzmz
qu’ils portent. Car lors que le Soleil entre au ſigne de larViergec, _il yaçiëz veffig
ſi-oids qui ſouflent; Rla chaleur du Midy uſa pagaflez de forcëpmirj faire zäE-'uriz
jGig-zldſſop_ les raiſins. Toutefois ï ils en ont de' meilleurs dbutre-mer parle moyen du commen
ce , R donnent en eſchange aux eſtrangers des cui-rs R' eaux _de leurs bqſtesx Cette
l: Ànlnla Fab. Ifle produitauſii " grande, quantité de ſafran , donte le* fait part aux autrcsîNa
del Mondo tions ſi - î ï _ l l'
ſi _ 3°,…
tract, i.
m_ Lesmontagnes' y ſont couuertes de brebis ;les foreſts abondent en beſtes Riu.
lHibern.
Gxr-'d Top. uagesll y a grande
ſi” quantité de cerfs,maispetit_s,fo‘rce
ſi ſangliersnnais petitsfuyrards
'
. - - y , 1
Camd. Brit.
R peu courageux ,beaucoup de martresÿtpluſieurs teſſons Rbeletteszmais on_a'y
trouue pointde ſerpens , ny debeſtes venimeuſes. Il eſt vray 'queles ,loups quifôfic
en grand nombre,font de grands dommages; Ils y tendent les brebis deux foi S Lÿul
née , R font de leurlainegrofliere_ des mantes , ſayes , R couuertes qu'on portçäux
-, autres pays. lls ont de fort bons cheuaux que es Anglois appellent Holîies-Îquî y
vont le hobin, R ont tres- bonne amble. Au reſte tous les animaux de cette_ Ifle î' a l
-
plus petits que ceux &Angleterre , excepteE! les chiens
' - *
de (halle, .
queles Anglpzgap- y
pellent Groyhounds. ~ " , _ --. ſi '~ ~ '- ,
Il y a tant de mouches àmiel , qu'on en _trouue meſme vne infinité ,dansilpslflimanxj
;- î troncs des arbres, R les creux R cauernes de la terre. Lon y voit force oyſgäctuxfle
yproye, R partiäulierement de vrays faucons , mondes laniers- ny gerfaux _, dontcette
Iſle manque ,- de meſme que de faiſiins, erdrixë,.piesñ,‘roffignols , R diuerſes-Textes
de petits oyſeaux. Il y a grande abondgnſice d’aigles,- de gruës, R debernaÈÂ-ct, ou' _
_ par
bernacles,
la mer 5oyſeaux
puis fontdeparoiſiſtrecleur
maraiz ui naiſſent
bec, puiscomme dellaRgomme
les plumes des ſapinsïporteî'
tout lecorps, RtomËeïit ' '
toutà coup dans l'eau , ou volent en l.’air , Rviuentdu ſuc dü bois Rdçlamêr. CC '
n'eſt pas par accouplement que les oeufs ſe 'font-,R nul oyſeauſrieíles cou,ue.,.~…Si -
bien u’en quelques endroits d’lrlande‘, les ReligieuxR gens d'Egliſe @nca-Ecrin
"mon-Jrſſſſn- ſtum
?de viure de ces oyſeaux, comme non nez dela chair. Il S'y c-Êoiiuêfigrande
auantitcſſ de plongeons, des martinets,moindres"que des merles-,forcé gygi-ies-duſiço
-' e' du Nord , des cigognes, force comcilles z mais rarement noires ,ainsîoutes de
I
diuerſescouleurs. _ , _i . ï'. T' .
, _
Irlande. ~ / 389
La mer voy ſine, les riuieres ;Sc les lacs abondent en diuers poiſſons, principa-_'
lement en ſaumons , truites, anguilles , aloſcs ſort graſſes , 8c lamproyes du Sinne—_
ne. Mais les brothers, perches, barbeaux ,gougeons , meuniers , ou tetars , &vez
rons y manquent; &les loches y ſont rares. Au reſte les eſtangs de cette lfle ont
trois ſortes de poiſſons qui ne ſe trouuent point ailleurs, à ſçauoir des truites , qu'ils
nomment Solaires, qui ſont lus longues 8c plus rondes que les autres, ont la chair
blanche, ſerrée Sc courte, 8c 'vn gouſt agreable; des Vmbres fort ſemblables à ce_
Oiſſon , mais ayans la teſte plus groſſe; 8C d'autres poiſſons du tout approchans du
ſiaran, tant en couleur qu'en gouſt , Forme , 6c qualite'. lls appellent es premiers
Glaſiàns : les ſeconds Cakes: 8c les troiſièmes Brities. Ces trois ſortes de poiſſon ne
ſe voyent qu'en Eſté. Mais en Medie prés de Fuere, il y_a trois lacs proches' l’vn
de l'autre , dont chacun a particulierement vne de ces eſpeces de poiſſon , qui
ne ſe meflent oint, bien qu'ils puiſſent paſſer del’vn àl’autre 5 parle moyen de 13_
riuiere qui couſe entre ces lacs; We ſi quelque poiſſon eſt porte au lac de l'autre , a Botere
Perles.
Mines.
ou il meurt, Où il retourne \à ſon premier lieu._ Il ſe trouue *en la mer voyſine des Rcl.
perles, mais de couleur de plomb, 8c b lon a remarque' que cette Iſle abonde en vci. b Cagtd. Br:
nes de diuers metaux.
Moeurs anciennes.
Es habitans ï de cette Iſlefurent anciennement du tout inciuiIs, 8c deſordon; tſi: Mela l. Lei_
lntlina.
ÎXODS.
nez; 8c plus ignorans de toute vertu queles autres peuples : toutefois ſgauans ï.
d Stnbo l.”
en quelque ſorte; mais çiépourueus toutàſait de piece. Ils eſtoient 4 plus ſauna..
ges queles habitans de l’lfle de Bretaîne, ſe paiſſoient de chair humaine , eſtoient
grands mangeurs, ôctenoient pour c oſe honneſte de manger les corps de leurs
peres 8c meres apres leur decez ,ôc de couchernon ſeulement auecles autres Fem
iînes: mais encorauecleurs ſoeurs, 6c leurs meres. Lors ‘ qu'ils eſtoient victorieux _e Sglínz EPL
ils auoientde couſtume de ſe ſrotterle viſage du ſang de leurs ennemys morts ,du
combat,apres en auoirhumé. Le droit &c Piniuſtice leur eſtoient choſes indiffe
rentes. Wild vne Femme auoit fait vn fils , elle mettoit ſes premieres viandes ſur '
Peſpée de ſon mary , 8c pouſſoir
te, le commencement doucement dans
de ſaſinourriture,luy la boucheendemeſme
ſouhaitant Penſantauec la poin—
temps qu'il ne
mourut qu'au combat , 8c parmy les armest Ceux qui ſe vouloient parer, garniſ
ſoient les gardes de leurseſpées- deqdents de _quelques grands poiſſons qu'on
trouue le long des riuages de cette Iſle, pource que ces dents ont la blancheur
de Pyuoire , 8c leur principale-gloire 6è'. parade -, conſiſtoit aux plus belles ar
m95- , . . ' .
Mœuts Mais îquittant cette ancienne barbarie, ſi nous cohſiderons les mœurs des ſiecles f' Gîrald
du moyé Tops .
âge, moyens, nous verrons les Irlandois ſorts &C robuſtes , hardis , d'vn eſprit viſ, 8C d'vn Speed Th?
courage guerrier, agilegprodêgues deleur vie z &cprompts àrepartir aux
Ils eſtoient auffi grandement pſierſtitieuxl, comme ils teſmoignoient en ce qu'ilsoffenſes. L 4-_
u
permcttoient au ba teſme de leurs enfans qu'on_ leur moüillaſtle bras droit, afin
que leurs corps fu ent-plus mortels, 8L incurables , qu'ils ne donnoient pas les
noms des peres aux fiËs , tandis quïlsviuoient enſemble, 8c que' le fils prenoit ſeu-ë
lementle nom du pere apres ſon decez; Æils tenoient pour prefag-“e- de malheur
de donner le premier iour de May du ſeu à leurs voyſins qui en demandoient, ê( que;
les 'cheuaux
ſiœuſs eſtoient
en nombre menacez
impair. d'vne mortde
Ils auoientauſii ſoudaine
couſtumeſi les maiſtresduzſcl
d’enuoyer mangeoient des
aux champs
auant qu'on les enſemençaſt.. Ils pendoientles coques- des œufs au toict , afin que,
le milan ne prit leurs poulets, 8c croyaient que pour faire venir quantite' de lzuſic 'aux
beſtes, il ſallbit
toutes vertes demettre auarbre.
quelque moys de May contre
llsztenoient les pour
aſiuffi portesſouuerainzrenïede
des maiſons des,contre
branches
les
charmes nuyſànsñau beſtail , de luy cracher contre. C'eſt0it choſe blâmable aux
meres dfallaiterleurs enfans. 1.--- --z .- ~. - . . -z ~ - _ …, - _ñ_
'lls rendoient des honneurs diuinsà la Lune ,- depuis la conionction z enñflechill…
ſant les genoux, 8c marmotant' quelques prieres; puis ſur la fin luy ciiſoient à
haute voix , qwelleïles-laiſſaſt auſſi 'ſains quîelle. les auoit trouuez,, Ilsprçñſ -
Europe. I.] ij
ï— ‘P"-
—-'.—~.
. I '
390 Irlande.
noient pour leurs par-reins des loups, les appellant CharLChriſt z 8c' tenant parce
mqyen, qu'ils n'en receuroient aucune oſ-'fen ſe. l ls tindrent auſſi pour ſacrée la cor
ne u pied de leurs cheuaux , &c pendirent au col de leurs en fans , contre toute ſorte
de dangers 8c de malheurs ,le commencement de PEUangile de S. Iean , ou vn clou
tortu du fer d’vn cheual , ou quelque parcelle de la peau d’vn loup: 8c pOur-maſſue
Êffet les ngurtices ôcdles enfans porterent des ceintures de cheueux de femme tif.
uës auec eaucou 'art. .
. Les hommes âortoient des chemiſes de toile fort amples , 8c longues,â larges _
mapches_ , iaunies auec du ſafranzôc des ſayes eſtrois courts, ayans leurs franges 8c
bords pliſſez fort menu S le haut de chauſſe fort eſtroit , le poignard court pendanz
par deuant, 8c le manteau bien ſouuent ſur la teſte. Les femmes auoient vn extre
z, me ſoin, comme elles ont encore,d'agencer le plus proprement qu'elles pouuoient,
leurs cheueux pendans ſurleuqdos , ſurleurs eſpaules : ayans cependant leur te
ſte enuelo ce de diuers tours d vne toile fort dellee , qui ſeruoit pluſtoſt de charge
à celle qui es pOftOlt ,que de contentement aceux qui la regardaient; pource que
cette couuerture eſtoitmeſſeante, au lieu que le reſte eſtoit de bonne grace. E !les
chargerent
ſieurs tours;leurs cols de chaines
&c porterent 8c deportent
comme elles carquans, 8c leurs
encore, bras delongues
des robbes braſſeletsâ lu
quille…
batíoient lels talons; ayans par deſſus des mantes veluës ,auec vn bord bigarré de' di
uer es cou enrs. . (
Ils eurent pluſieurs femmes , â cauſe des diuorces ordinaires , 8c frequens en. "
tr' eux : 8c leurs filles qui ſe marioient âïâge de douze ans,eurent de couſtume d'en- z'
uoyer à ceux qui les rceherchoient en mariage , des braſſelets faits de leurs che
UCUX. l
J Moeurs de ce Temps.
Es lrlandois ï ſont eneralement beaux hommes , 8L bien proportionnel , ont “l” 4'
I Camd. Brit, la chair morueilleu ement molle 8c delicate , ſont forts 8c des plus agiles , voi- WP"
lv Roſ-cci re en telle ſorte l', qu'ils deuancent leurs Houbins , quoy que des lus viſtes , à la
"ëſmP" 4"" courſe. Ils ſont gtandsôcſecsffic d’vn terribleregard, blonds ôçb ancs, &ont or
Europalia _ _ _
Anania mr. dinaitementles yeux bleus, ou gris.
âïdfffmffl' i ,Ilsa ment tellement la liberte' ,qu'ils ayment mieux mourir que ſeruir, ſont < !Farſi-ï
, cm4_ 3…, de gran courage , s expoſent librementa tous hazards, ſupportent ayzément tou- "°““
‘ te ſorte de trauail, le froid 8c la faim,8ctoutes autres incommoditez. Ils ſont du
tout enclins à Ppmbqur ,~ cqurtois-en l'endroit des eſtrangers , con ſtans en leurs ami.,
tiez, irreconci ia esſouffrir
en eursqu'on
hainesles
,deoffegnſe,
le ere creance, deſireux
loüangezne peuuent ny de fait, ny de d.parole
honneur
; &c &de
ſont
extremes en toutes leurs paſſions , de ſorte que ceux qui ſont mauuais ne ſçauroient
eſtre pires, ny les bons meilleurs. lls ayment la faineantiſe 8è Poyſiuetcſiar tien
- nent pour grande richeſſe de demeurer ſans rien faire. lls aſſectionnent la Muſi.
que, 8c les inſtruments. Si quelques vns ſe-“rendent religieux ils viuent auec vne
grandeauſterité ,veillant, priant, &marrant leur chair auec pluſieurs ieuſnes; de
orte qu’il ne faut pas s'eſtonnerde ce qu'on eſcrit de leurs anciens Moynes. Les
1 femmes meſmes 8c lesfilles Catholiques ,ieuſnent tous les Mcrcredys , 6c Samedvs
de l'année. Mais celles qui ſont adonnécs à mal faire ſont plus meſchantes qu'on
ne ſçauroit croire. - ' -._
Ils ſont grandement enclins aularein , qui ne rend pas les perſonnes infames,
quoy- qu'ils _Pexercent auec vne grande cruauté. Au- reſteils diſent, qu'ils-ſuiuent
en cela _la façtîndeïfaire de leurs tleuanciers , 8c que celeurſeroit vne grande honte
deviure du-'cla-iiailytie leurs mains. Lorsquſils-marchent pourvoler ils remarquent
le premier qtfilsvencontrent en cliemimôc ſi leur voyage reuſiinils taſchent? de faire
quele meſme homrneviennotous les iours à leur rencontre , 8c au contraire; Ils
prient Qieu lors qu'ils_ vont volenaſin 'qu'il leur offre quelque mye, Sc ſep erſuadët
que la violence, la rapine, ny le meurtre ne déplaiſent point à' ieu , alleguans. pour
leur talſonzqiſil n'a-leur offriroitpas cetteoccaſion' ſi deſtoirpeclie' , &c qu'ils pe
' eheroiçnt- pluſtoſt s'ils la meſpriſoient; '- lls diſontzzuffi que c'eſt vne marque d’vn
laſclzie courage dezbormir~coute la nuít,ôodcn’aller bien loin-voler quelque choſqen
h Irlande. i
391
?expoſant àtoute ſorte de dangers; puis ils ne pardonnentpasmeſmes aux lieux
ſacrez, ains Ies pillent entierement, tuentles perſonnes qui s'y trouuengôcmeſ
me_ y mettent le feu. Ils ſuiuent auſſi fort obſtinement pluſieurs ſuperſtitions
de leurs predeceſſeurs, dont ?en ay mis cy-deuant quelques vnes auxmœurs
anciennes. - _ t ‘ l ' . _
Ils ne peuuent endurer la moindre raillerie , ſont ï liberaux au poſſible , &c ſi a H …b f_ .
courtois, qu'ils ſe ſentent Obligez à Pextremité, lors qu'on 'pratique librement !Lann m '
'leurs maiſons, ou qu'on ſe conuie à feſtiner chez eux. Lon ne les voit que bien
rarement abbatus aux malheurs qui leur arriuent. Ils ayment leurs nourrices
_tout ce .qui ſe peut , 8C les cheriſſent auec tendreſſe tſſoute leur vie' comme leurs
propres meres , voire meſmeils affectionnent leurs fils qu'ils appellent leurs
freres de lait, plus que-leurs propres freres , &C leur fiant toute choſe s’aſſeurent
en eux, &c en eſperent toute ſorte de ſecours &d'aſſiſtance ~ Leurs freres de lait
ï les ayment auffi paſſionnément, 6c leur ſont du tout affidez. Ils ne ſont point
enuieux entr' eux, ny perfides, ny trompeur-s; 8c meſme ils ſont preſts à s'expo
ſer à tous perilsôc-dqngers pour la conſeruation de leurs freres de lait, de _ſor.
ce qu'il n’y. a tourment qui les puiſſe retirer de cette fidelité qu'il leur ont
voüée. _ ~ ,
Les Irlandois ſontauſfipourla pluſpart du tout affectionnezâ la religion qu'ils
ont embraſſée , 6c honorent grandementleurs Preſtres. Ils portent auffi beaucoup
d'honneur à leurs Poëtes ou Bardes , aux eſprits deſquels Îeur reputation eſt ſujete;
tellement qu'en temps de guerre ils ne touchent point :l leurs biens , non plus qu'à
ceux des Preſtres. Car ils ſe laiſſent chatoüiller à leurs _Ioüan es , quiles conten
tent àſextremitéſ,&d'ailleurs ce leureſt comme vneinort de e voir blâme: dans
leurs vers. Ils font auſſi grand eſtit des homme-s' de lettres -, mais ils ont cette parti'.
cularité qu'ils ne les appellent pas ſçauans , ou doctes , mais bons fils de la
doctrine. ñ ‘ _ . _
p Ils ſont vindicatifs, mais en telle ſorte que ſe voy-ans vaineusiIS ne menacent
point,mais ſont tous leurs appareils pour ſe vengenô: c'eſt rarement quele temp;
appaiſe leurs haynes , principalement ſi quelqu’vn de leurs courtiſans eſt mort au
combat. Car bien qu'eſtans mis d'accord, 8c liez parleurs traittez, ils couurent
voile d'amitié leur haine,ils attendent toutefois le temſps de ſe vengerzcroyans
qu'on ne peut reparer la perte du ſang, que par le ſang me me: ô: non ſeulement ils
exercent leur hayne_ contre Pautheur de la mort de leur amy i mais encor contre ſes
parents &alliez, 7
IISb ſontaufli grand-s; blaſphemareurs,
_ ’ ~ .
tellementque_ y preſqueàchaque
_
paro-y bc'ſi' d -' m”"
le ils iurent par la Trinité , par Dieu, les Saincts, leur Bapteſme ,leur Foy , l'Egliſe, '
lauſi’vn
mainles
duaduertit
Compere, ê( celle
qu'ils de leur voyſin;
ſe daninent, &combien
ils crient auſſi toſtqu'ils
que. ſeDieu
parjurent- ſi quel ,
eſt miſericor:
:iieux , 8C ne permettra pas que ſon ſang ſoit répanduenvain. Mais afin de fai
re qu'ils ne_ manquent pas_ à leur deuoirôc parole, il les faut premierement fai
re iurer prés de l'autel , leur faiſant toucher le liure ouuert , &c le mettdnt_ ſur
leur teſte. Il leur faut auſii .faire _prendre ziteſmoin_ quel ue Sainct , en leur'
faiſant toucher , 8c baiſer ſon baſton recourbé, ou ſa clocîie z' 8c finalement il
les faut faire iurer par la main de leur Comte, ou Seigneur , ou de quelque
autre perſonnage de grande reputation. Car S'ils ſont_ conuaincus de parju
re en eurs deux premiers ſermen_ts , ils demeurent auec honte ê( infamie; mais
s'ils viennent à ſe parjurer a res le dernier ſerment , ils ſont contrains de _bail
_Ier à ce Seigneur , par lequeſilsont iuré , vne grande ſomme d'argent, 8c forge
vaches , pour reparer la grande Offenſe qu'il pretend auoir eſté faire à ſon
nom. ' ‘ _ _
Occupa Les nobles es'occupent ordinairement à la chaſſe , à la Muſiqutgôë par foisâ c Anand
tions. la guerre : &les autres àvoler tout ce qu'ils peuuent. Ils ne s'amuſent_“:, guiere à dd mood-i
cu tiuer leurs terres, quoy qu'elles ſoient bonnes , 8c ſe plaiſent ſeulement "àj JEU_ Mc_
garder 8c maintenir *leur beſtail. Mais cteſt choſe merueilleuſe ,. qu'au lieu que e Roſ-ccio
Ët faineantiſe 8c _Poiſiueté ramoliſlent tous les autres- euples _, cette nation "j".
s'eſt grandement endurcie à la guerre par leur moyen. 'ils n'exerce-nt pas. auſ; fnaſciïtidſii
ſi les arts ou meſtiers , commecraignans de ſoüiller par ce trauail leur no- Aníms-ïe
bleſſe , dont ils ſc vantent ſi fort 5 &c touresfois fuyans tout trauail , ils ſont
Europe. Ll -iij
39.2 Irlande.
aſpres a la curée ,Sc rennent beaucoup de peine à voler, 6c 'rauir quelque proye, i
Peſtimans ſeulement igne d'eux, pource qifelleimite en quelque ſorte la chaſſell
eſt vra qu'il y'a pluſieurs Seigneurs dénucz de tous ces vices,ôc pleins de vertus'di—
nes cleleur rang, 8c les habitans. des villes fuyent auſſi cette occupationindigne
Ëvn homme d'honneur.. Ils ont ï aufli l'occupation des_ lettres, auſquelles pluſieurs
* 5“““““ſ~ reuſſiſſennlls ont l' leurs Hiſtoriens,Mcdecins,ôc Poëtes,qu'il-S appellent Bardegſſac
x
lib-mourir.
ï Sïïnïhïïſt- leursIls
loueurs d'inſtruments.
ont ï de couſtumc de diſner en H uer auant u'il ſoitiour, 8.'. en Effſſé./enui.
'm' run ſe theures du matin ,ppuis s'ils ne ſont
Y obligez de
q faire la guerre à/lſéſſurs
, cime Rep”.
mis , i S voiít s’egayer aux champs auecleur ſuite, s'ils ſont du ,grand rang, _ou ſe
rendentaux aſſemblées qui ſe font aux montagnes àcertaiñrrsiours, &Fils voyent'
apres diuerſes conteſtes de pluſieurs le Soleil prefl: à ſe coucher ils‘retournent au \_
logis z puis que chacun d'eux conuie à ſou er plus ou moins d'hommes, ſelon
qu'ils. plus ou moins de moyens 8c d'autoritc. _Ils grande abondance de viandes, *
non pas delicates ny ,exquiſes, mais communes , comme de chair de bœuf, de por..
…NI ceau , 8c autres viandes, ſelon que le temps le requiert. Ils ayment grandement le
porceau gras,8c ne viuent pas e chair cruë, comme quelques vns ont dit, mais
auſſi Ils
ils ne l’ayment
vſſient pas quete
pour boiſſon cuite,
d'eau ny trop
de vie, roſtie. nulle aiitreliqueiir,pource
ſansymefler —
que ſa chaleur fait que la viande ſe cuit promptement en l'eſtomac. lls achetent
grande quantite' de vin aux villes voiſines, principalement de celuy d'Eſpagne,
qu'ils appellent en riantle fils du Roy d'Eſpagne, 6C s’enyurent bien ſouuent auec
ces deux breuuages. Ils ſe mettent à table en leurs feſtins ſur de petis lits, 8c la
premiere place eſt pour la maiſtreſſe du logis, qui ne s'entretient point auec ſon
mary deuant le monde , pendant le repas , toute leur familiar-ire n’e{‘tant qu'en
particulier dans lachambre. Bien ſouuentdurantlere~ as ils ont quelque ioüeur
d'inſtruments pourles réjouyr; mais les cordes ſont de fi d'airain , ou de fer , non de
nerfs. Ils ont auffi leurs ioüeurs de veze ou cornemuſqdont ils ſe ſeruent à la guet.
te en lieu de trompette. ~ ~ -
3 Camden_ ' y Ils viuent 4 volontiers d'herbes ,de racines ,de potirons, de beurre melle' auec
Brie. de la' farine d’aueyne, de lait, de bouillon de bœuf, &c de chair, bien ſouuent ſans
pain: veu qu'ils gardent ordinairementleur bled pour leurs cheuaux, dont ilsonc
vn ſoin extreme. Oiiîgd ily a long temps qu'ils n'ont mange' 8c quela faim les
preſſe , ils deuorent la c ir toute cruë, 6c pour la digerer ils aualent de grands trais
d'eau de vie. —Ils tirentauffi du ſang des vaches , 8c quandil eſt caille' le mettent ſur
c Barclai Ico.
le beurre ,ôcle mangent. Ils viuent 'auſſi bien ſouuent de venaiſon , mais à demy
Animer. cruë.
Ilsvont 'touſiours teſte nuë , ſinon _ quand ils_ la couurent
~ de feſſr our allerâ R***
F L'Ami-W*- la guerre
ueux , 8c les
s'ils ſont femmes
blonds; de meſme
&les portantque' les ,hommesſiontgrand
longs eſtat
crepez 8c annellez, les eleurs
laiſſent che.
pendre
en cette ſorte. lls teignent leurs habits noirs des écorces des arbres queles 'An
glois nomment Aldres. lls font auſſi des branches de l'écorce, 6c des feuilles du
peuplier leurs chemiſesiaunes ,quineſontpreſque hors d’vſage; 8c lors qu'ils les
teignent, ils ne les font pas boüillir longuement , mais plongent ces chemiſes
dans Pvrine froide .des hommes durant quelques iours , afin que la couleur !bic
plus iaunc. Ces chemiſes ſont de toile delin , des plus amples , qui leur vontiiill
ues aux genoux , auec la manche fort large. lls portent auſlî des camiſoles
e laine' fort courtes , des hauts de chauſſe fort eſtroits ,ôc ſim les , 8c par deſſus
ils ont de longs manteaux veluz , auec le bord à long poil , igarré fort ioli
ment , dans leſquels s'enueloppant ils ſe couchent 8c dprment doucement la
nuict ſur la terre. Les femmes portent auſii de ces manteaux ſur leurs robbes;
~“
8c chargentleurs teſtes de beaucoup d’aulnes de toile, dont elles ſont pluſieurs
p peurs 5 puis de meſme leur col de coliers &c de chaines, &leurs bras de braſſe
cts.
Mm", ~ _ Pour le _regard du langage de cette _I ſle, _il eſt de deuxſortes; »ſeu que: c-eïix Luz…
a_ l_ ' quiſont habitans dela Prouince Angloiſe , different en façon de viure , habille
- ment , ôc parler des purs Irlandois , comme retenant tout àfait les anciennes
moeurs 8L façons defaite des Anglois. Ils parlent naturellement Anglois, 8c n'v—
__r ſent point ordinairement d'autre langage. Mais ils ne (I: ſeruent que de l'an
..N
-Irlancctlect, " _Ëzÿg
tienne langue Anglaiſe ," denuée de tant de diuers agencemens des langues
cſtrangeres que les modernes plus curieuxy ont _aportó-_Les femmes n'y parlent
guiere delicatement, &les ruſltiquegôc gens de village ont vne façon deparler deſir
greable. Mais pluſieurs Ïentendent , ny ne parlent Irlandois- A uſſi ceux-ty qu'on
appelle Anglois lrlandois, abhorrent tellement leS-vrays Irlandoís ,que le plus
pauure payſan de la prouince Angloiſe ne voudroit pas donner ſa fille en mariage
auplusnoble , 8c plus puiſſant des lrlandois. De ſorte qu’ils ont fait entr' eux tant
de mariages depuis fort long temps , qu'ils ſont preſque tous parens , 8c alliez. Les
habitans des villes, 8c des bourgs, viuentâlaÿfaçon des Anglois , 6c parlent An
glois , ôclrlandois, â cauſede _l'a 'pratique iournaliere , 8c du commerce_ Ordinaire
qu’ils ont auec les Irlandais, bien qu’ils les rejettent rudement lors 951'415 rocher.
chent leurs filles. ~ ’ ' . ñ ,/ ,
D’autrepartles Seigneurs, Gentilshommes Irlandois , ſſent , _de meſme'
que le peuplîk, la langue Anlgloiſe ; &cn eſtiment que l Irlandoi _e , dont vous_ pou
ne; Vſêæll” vlrî e cliantillon en Oraiſon que Noſtre Seigneur enſeigna a ſes diſciples ,
quie‘tee. _ ~ ' __ ___ _
Ilir nathir ataigh air nin 3 nabzfar hanimti ; Tigiuh da riariarhe E deanmz
dahoilamhicoilairni-mh agis air thalamhi. ~_ Ilir _naran laidhthuil tabhair dhuin à
niomh :agis math duin dair fhiaca ammnil agis mathum Vid dar feuthunuim : agis
na trilaic aſtoch Sin anauſeu : ac far ſino Ole. '
Les Irlandois ï ne ſe marient que fort rarement hors des villes , encor c'eſt par a Çnmdqjxii.
Mariage.
paroles dôfiltuſ non de preſent , à raiſon dcquoy ils ſe ſeparent legerement , ô: le
mai-Y va trouuer vneiautre femme”, 8c la \femme vn autre homme; ſi bien qu'on ne
peut ſçauoir la verite du mariagqiuſqu a ce qu ils meurct. Delaîviennentles debats
touchant les oſſeſſions; les rauages , les meurtres ,' &les haines mortelles; Les
femmes chaſſees conſultentdes ſorciers , qu on eſtime capables de rendre ſtcrile la
nouuelle femme , oiideluy donner desmaladies dangereuſes. Ils donnent 'à leurs
enfians au Bapteſme des noms profanes , ajoutant toujours au nom 'quelque mo:
gris de Peueneinent, ou dela' couleur , comme de quelque maladie , ou 'choſe ſem-- — c «
lable , ou roux , blangnoir; meſme-leur donnent des noms iniurieux jœmffle z.- ë .
04-.-
' de galeux , ou de ſuperbe , 8C combien qu'ils ſoufrent malayzcment les 'outrages ,
äuteſh lcs principaux dſeſnträîux quioiëlaſlettreo deuant leurs noms', ne de_
ignent pas ces noms qui em ent es o en er. x l ' _ - I:
Il n'eſt permis de donner le' nom du pere , ou‘de quel u’vn_ dela famille, yilëſt en
vie, pource qu’ils eſtiment que telle c. oſerauanceroit eur mort :Maïsj quand le
pere decede ,le fils prend ſon nom ,afin qu il ne ſe perde; -ôc ſi quelqifvn de leurs
anceſtresa eu meſme nom, lon attend quelque choſe de grand de celuy qui le po_rte. .
Cette opinion eſt augmentee parles Poctes , qui ont mis par eſcrit les' faits de ces
_ anciengyajoutant pluſieurs Fables, 8c acquerant beaucoup de moyens par cette
voye. Carles nouuelles mariées, 8c cellesqui acouchentseſtiment infamcs , ſi elles
— ne donnent leurs meilleurs habits à ces donneurs de loüan ge. _Les femmes ſe remet_
tent auec leurs marys ſix iours apresleur enfantemennSoudain qu’vne pamoiſellc
s-eſt acouchce pluſieurs femmes la viennent trouuer pour _gaigner ce point de nour- _,_
tir cet enfant, qu ellespreferentauic_ leurs propres , 8c combien qu'ils ſoient en tozit _
ce pays fort adonnez _a l'amour , tiennent a honte de donner la vmarnmelle à leurs p
propres enfans,toutefois le mar-y, 8c la femme S abſhennenc volontiers de Lou,
. cher enſemble ,_ poprlamour de celuy que la femme entreprend ëdeïnourrir.
W ſi le contraire arnue , elle_ met a ſes deſpenswne aut-re nourrice ſa place.
ſi l'enfant ſe porte mal. la nourriçele frote de vieille vrine ;*‘ 8c 'contre' ;l'es de aſtres
gui luy pourroient arriuer, onluy pend au col' noîn ſeulement le commencement
e l’Euangile de Saint Iean z mais encor vnclou tortud vn fer, de L cheuälf Pour ce
meſme effet les nourrices , 8c les enfans portentſdes ceintures faites de_ cheueux de'
femmes. Les femmes donnent auſſi a leurs mans des :brafſelgzîſsdeleurpoilçÿand
les meres tancent leurs enfans , ils ont recoursà leursperes-nourrieiers, "qui «les ’
animent bien ſouuent contre leurs propresperesë; 8e les :reſident meſchçihs; 3 ;ac 'les
nourrices aprennent demeſme à leurs nourriſſons -millefàletezg Qgeîfiquèlqiîfvn
de-ces enfans tombe maladeJa nourrice Y à gſéfldéſihäg-ÏËQRŸUÜË: q ſell;
aprend la nouuelle ,_ EÛCOILqlPÊll-Ç en-'ſoit _fort p-eloignée.- ' -Aii rclPe-îls çmk tous
merueilleuſement ſujets à l mceſte , 8c lon voit ſouuent enti' eux des diuórces,
LI
Irlande] '
ſous pretexte de conſcience. Les Sauuages lrlandois marient ordinairement leurs
filles , lors qu'elles ont atteint l'âge de dix , ou douze ans. '
'vn ï eſt aux aboys ,ils loüent des. femmes ,qui luy vont deman- "Wëîïïlï
a
-Speerl-
ThentLli-h
~ de,QP”
ourquoy
q” l,,i veut mourir.
. lls ne ë parlent. point_
. . au malade de Dlcu
. , ny lct .
ËË,‘”“°“' du alut de ſon ame , ou de faire teſtament; mais_ ſeulement de taſcher de
uerir; ôc le tiennent pour perdu s'il parle -de rece oir le Saint_ Sacrement.
ïstànihllſſt. S'il vient à mourir ï , principalement s'il eſt_ 'en e ime parmy le peuple ,
on voit auſſi toſt courir par les champs, 8c les villages, force femmes, qui rem
li.t. _
Camdenbtit. liſſcnt l'air de tant de cris , 8c_ font tellement les deſeſperces auec mille batte.
Speed li. q. e mains 8c eſtes eſtran es , n'on diroit ue tout le monde eſt erdu.
mens
Mais lors z
qu'elles g au Temple ou, lon le veut enterrer,, ellesle rempliſſent
entrent _
de cris , 6c de plaintes , quitent leur coiffure , arrachent leurs cheueux , ſe
frappent le front , ouurent les mains , 8c les eleuent au Ciel , rompent la cou
uerture de la biere , embraſſent , 8c baiſent le mortzôc ne permettent pas prcſ.
que qu'on l’enterre. ‘Au reſte ils eſtimenp que les ames des morts S'en vont parmy
celles des perſonnes illuſtres de ce pays la,dontils ont les chanſons, 8c les fables,
,comme des Geans Fin Mac Hoyle , Osker Mac Oſbin ,ôcſemblablcs , leſquels ils
'aſſeurent qu'ils voyent ſouuent par illuſion.
Richeſſes.
Es commoditez quele Roy dela grande Bretagne tirede cette Iſle ſont fort Rirhrſſcs
peu conſiderables , à cauſe des grandes garniſons qu'il y entretient pour ““"°l
f? ' tenir en bride les originaireszôcſeroient encore moindres , S'il ne tiroit tribut de
ceux quiveulent eſtre conus oui-Catholiques s ſanstouteſfois qu'il leur ſoit permis
x de faire aucun exercice de re igion.
.
, . .. ._. . . ,.
uant aux *habitans , 1. S enuoyent‘ auxautres ays quantite
' ‘ - r
de beurre , de Richeſſes
f d. cuirs , 8c de ſafran. Leur plus grande 'richeſſe con iſte en leurs brebis qui ſont d" 9""
a” en ſigrand n,ombre,qu'en la ſeule Comté de Letrim , quoy que fort petite , on a
conté quelquefois cent mille beſtesàlaine, deſquelles ils tirent force argent , de
meſme que des mantes , 8c eſpece deeouuertes , qu'ils font de lçur groffiere,
dont i_ls aſſortiſſentles eſtrangers. Les vaches auſſi ont ils abondent, les accom
modeſint de l'argent des eſtrangers, par le mo en des cuirs qu'ils leur vendent ,
outrelacbair qu'ils profitent. es marchanse gers pratiquent fortle port de
Galwey , &ſes habitans trafiquent de tous coſtez ,de meſme que ceux de Water- ‘
ford; 8c de quelques autres lieux maritimes. ,
Forces. -
ñ A Milice des ‘ irlandais eſt compoſée de gens de chenal , 8c de pied de quatre ^rm=s,&
ii. x ' ' ſortes. Les premiers ont des dards peſans, qu'ils lancent/à leurs ennemys “mé”
Czmdexxaîtit- en les empoignant par le milieu, 8c leurs cheuaux ſont tellement dreſſez :i leur
~ volonté , qu'ils ſautent ayzément deſſus ſans mettre le… ied à Peſtrier , dont ils
ne ſe ſeruent que fort rarement, non plus que ,de ſelle, les ayantmonté durant
fort long-temps tous nuds, 6c ne 'leur mettant preſquea preſent que de ſimples
bardelles., Il eſt vrav-que lors qu'ils .veulent monter ils ſe tiennent au crein 'du ,
chenal, qui luy paſſe ſur le front , ou' prennent de la main gauche ſon oreille; 6c
les cheuauxſe laiſſent _ainſi monter ſans-peine en baiſſant la teſte , quoy que les
Caualiers ſoientchar ezîde.- cotte de maille , ou- de leurs ſayes , _tant les vns ont
de ſoupleſſe , 6c d'a reſſeà Ïaccommoder-à ceux, qui les montent, 8c les-autres
dediſpoſition ; âquoy les _Irlandais ſont tellement accouſtumez , que c'eſt choſe
' honteuſe de-chercher plus \Pauantagei Ils montent ſhri- rarement des hongres ,
äpoy qu'ils ambient doucement; _ _nant aux caualles ils ne les' nourriſſent qœà
vqitelltæysz,faiç-_ziitdezs poulainszôcçfe choſe vilaine âivnCaualienôc-ſujetteàmoc- l
_qucried-'ènMODEEYELUSlqMÎPYiÎc.;:ta-z ~ U…. . . _
ſ__
_Idande. “39ï
Le ſecond rang eſt des gens de pied , qu'ils. appellent Galloglaſſes , qui portent
.
vne eſpece de haches , dela longueur _d, vn_ pied , plus tranchantes quq des,raſolrs
au boutde leurs longs bois; &c ceux-cy ſont la force de leurs armees ; pource
que ce ſont hommes_ choyſis, grands, 8c membrusjſîäc renforcez extraordinaire—
ment ,tous gens de langñ,'&de meurtre , 8c (Ïanspltie. Au reſte auant que quel
qu'vn ſoit receu parmy leur trouppe, il iure ſolennellement , de ne fuyr iamais au
combat z de ſorte que ces gens, lors qu'on vient aux mains, meurent toſt,ou deffont
toſtles ennemys. - - .
Le troiſieme ordre eſt d'autres gens deñ pied nommez par les Irlandois- Karni ,
armez d'eſpèces , 8L de dards,~'qu’ils lancent rudement, comme auffi de petites
targues, ou de manches de fer,, ê; legerement veſtus. Ils ſont auſſi des plus adrois
à tirer des pierres ; &mettent la main bien—toſt àïl'eſpc'e, ſans ſçauoir toutefois
aucune eſcrime. llsſdonnent plus volontiers des eſtamaſſons que des eſtocades ,
8c prennent ſur tout garde que leurs eſpées ne ſe roüillent point , &L ſoient bien
fourbies. lls ſe ſont enfin acouſtumez aux arquebuſes, ê( mouſquets s 8L ſont eux
meſmes de la poudre à canon. S'ils tuent quelqu'vn , ils le plongent encor pluſieurs
fois apres ſa mort , afin de ne S'abuſer pas; 8c s'en aſſeurent ſeulement lors quïlsluy
ont tranché la teſte. Y
,Le quatrième ofidre eſtldesdCoui-Ãurs, nomnàezſparles Irlandois Daltiqs , que
nous ouuons
parfois_ ap äla
des dards e er Va ets eaiixieentîemis
villageoiſe , ui vont e armez,—8c
, ſeruent neantmoins
lesſſgens de ancent
chenal, 8c comme
palefreniers panſentleurs
'ſi Toute Flnſanterie , 8c cheuaux.
Caualerie crie’ egalement , :l perte de poitrine , Pharro ,
Pharro à,‘ lors
meſme quïlfaut
chacun qui ſortvenir
pouraux mains -, V;
combatre. 8c meſine on a demanque
ſi quelqu'vn couſtume de crierle
à reſpondſire à ſ
ces criz, ils tiennentſon ſilence de mauuais preſage; 8c qu'il eſt emporte par l'air
en certaine valée de Kerry , hors de la veuë des hommes. Au reſte tous les hom
mes de guerre vſent de corncmuſes, en lieu de trompettes. Ceux qui ſe retirent
du combat ſans-bleſſure ſont raporter. leurs compagnons bleſſez ſur quelque
brancard : 8c ſoudain ils ſont viſitez par des Chirurgiens à leurmode , qui taſchent
de gilerir leurs playes , en y appliquant quelques herbes. Mais ils ſont ígnorans de
.la Chirurgie , 8c deuiennent Medecins par ſucceſſion , non par ſcience.
Want aux Forces que les Irlandois peuuent mettre en campagne aux Oc
caſions ce n'eſt pas choſe auerée; mais on tient aſſeurément' que les ſeuls Comtes
dcTiron , 8c Tirconel
huit, eſtoient , qui ÿeleuerent
ſi puiſſans, que chacuncontre
d'euxlepouuoir
Roy d'Angleterre
mettre ſur l'an
pieſſdmil ſix cens
comme en
vn moment douze ,Tou quinzemille hommes f &du temps de Munſter, Onel Seiñ a Munſtcrî
gneur de Connachty , qu’il appelle Conatie Honel , mit en bataille quatre mille Coſmdi. a.
_hommes de cheual iz.mille de pied contre Hauard Anglois ;'- puis Thomas Girald
_ mit ſur pied 40,. mille hommes tant à pied qwà chenal. Sibien qu'on les pourroit
tenir inuincibles s'ils eſtoient vnis , de meſiîlequïlsſont en grand nombre , 8c cou
rageux. Maisils ont eſté preſque tou~ours diuiſez, 8c contraires les vns aux autres, î z
_ôcpar ce moyen _ils ont donne' priſe ur etui., Bt entrée au Roys d'Angleterre;
Fortereſ a Reynè _Elizabeth l' y maintint dix ſortereſſes , auec garniſon de gens de pied b Thcſoro;
l** *ï 34.f- ,zz de chenal , iuſqu'au nombre 'de douzemèlléhommesçpri-ncipalement depuis les Polinlid.,
diſons.
;entre riſes du Pape Gregoire. !JJ-pills la merde ce «canal ell-dangereuſe', &c terrible,
à cau e des riuieres qui tombent dedans ,-de pluſieurs endrois contraires, tellement
qu'elles engendrent vn boüillon d'eaux confus , 8c- courant de diuers coſtez , qui
le rend ma ayzéàceux qui voyagent. Pour. le regard des pays dîVlſter Ï°_ de Cón_
c Boterſikclaii
nacht , 8C de Mounſter , obeiſſans à diuers Seigneurs ,ils ſqnt aſſeurez parle moyen
des eſtangs , maraiz ,lacs , 8c bois , qui leur ſeruentde Chaſteaux , foſſez , 8c terre_
pleins. Mais ils le ſont encor plus par leur pauureté , d'autant qu'il n'y a rien \à
gagner. Ils ſont encor plus aſſeurez en Eſté,qu'en hy uer , pource que les eaux qui ſe
glacent en hyuer , couurentles campagnes en Eſte'. . ~ ~
Les Seigneurs Irlandois A', qui-font les demyRoys , ont des Chaſteaux bâti: de dsranihuxfl:
couuertes lcbien
pierrezafll-z_ plusſort-iſieniointsñà
ſouuent de chaume des non
ſalesde
aſſez grandes
tuyle. C'eſtba-ſties
en cesde boüq-&c
ſales Æaÿgile,
, où ſſmai onîs —, 11.1: ‘
qu'ils ont de couſtume de nnnger, auec ceux de leur ſuyte. Mais ils ne couchent
guiere ſouuent qu'en leurs Chaſteaux 3 pource ..que les ennemys peuuent brûle);
t
3 9-6 ñ Irlande.
'ces frailes Palais. Au reſte ils tiennent forte garniſon, & ſont 'bonne garde , afin
'de n'eſtre pas ſurpris , ou forcez de nuit. Pour-cet effetils ont au -pÏus hautde
'leur Chaſteau des ſentinelles, qui crient ſouuent, &~ paſſent la plus grande partie
'de la nuitauec ces cris, afin que les voleurs, &voyageurs aprennent quelemaiſtre
ne dort pas en telle ſorte, qu'i ne puiſſe eſtre bienñtoſt éueillé ar ſes gardes, “pour
'ſortir ſur les ennemys. lls ont auffi des cours ceintes de foſſgz , & de ram ars,
'auec des hayes de buiſſons , & d’arbriſſeaux tout autour 3 où ils chaſſent eurs
troupeaux de beſtes ,lors qu'ils ſont preſſez. ' - ’
Pour concluſion ,le Roy de la grande Bretagne n'a pas grand ſiii et de craindre
que les Princes eſtrangers ſe rendent maiſtres de l'Irlande, tant à cauſe de ſon
:aſſiette, que des fortereſſes qu'il y a, & des gens qu'il y entretient; voire meſine de
'pluſieurs du pays qui luy ſont fideles. Deſorte qu'il‘pourroit ſeulementcourre for
tune par vne reuolte generale de l’Iſle; qui ſeroit ,extremement malayzée , à cauſe
.des garniſons qui la brident. i* ' ~ "
-du
Couuernement.
I Ginlrl.
Cambt, To ES fables des lrlandois , plutoſt que leurs hiſtoires nous aprennent ï, que Stiyrodu
pog Hibcrn. LCeſare , petite fille de Noé ~, ayant ouy que le deluge approchoit , fit nement. Gnuuer
deſſein de ſe retirer aux Iſles Occidentales, pour le fuyr; 8c vint aborder ;mec
ËßÎÏÎHËËÊËÏÎÂÎËË ÎÏÙÏÎÏÃÏ.qäſi-ËÎÏÊÊÈÂÎËÈËÎËË ÀÊIÏ-…Ïïſääïäÿhfeffl-ËÏÃ:
beau de Ceſare. "Mais elle ſe perdit auec le reſte du monde. Or trois cens
ans apres le deluge, Bartholan fils' de Sere , de la race de laphet , fils de Noe' ,
y vint aborder par hazard , ou par deſſein, auec ſes trois fils, Lanquin , Sallan,
Ruturug , & leurs femmes , qui multiplierent tellement , de meſme que leurs
fiicceſſeuts , qu'en trois cens ans il y eut neuf mille hommes de cette race. En
fm Bartholan ayant vaincu les Geans , mourut de peſte auec tous les ſiens ,
excepté vn ſeul nomme' Ruan , qui véquitiuſqtvau temps de Sainct Patrice, & luŸ'
raconta toute l'hiſtoire. . ~ '
Apres 'cela Nemeth, ou Nemed , fils d'Agn0min , Scythe de nation,aborda
cette Iſle auec ſes quatre ffls , Starius , Getbanelſſ, Annin , & Fergus. Mais ſa.
poſterité ayant tellement multiplié qu'elle peupla preſque routel'lfle, fut eſtein
te en regne.
auoir partiedeux
par cens
les Geans
quinze, ans
& le reſtel'Iſle
,puis s'enfuyt en vuyde
demeura Grece læſpuceſſde
, 8c Scvthie , apres
deux cens
ans. ' - '
Les fils_ de Dele de la race de Nemed , retirée en Grece , vindrent apres en
Irlande , où Slanius ,-l’vn des cinq freres , d-euint “Monarque de toute l’lfl'e ,*
tellement qu'on le nomme premier Roy. Il y eut de cette race neuf Roys-,quî
regnerent enuiron trente ans. î
Cette
'leſius nation eſtant
vindrent d'Eſ grandement affoiblie,
ſſagne en cette Hebere,
Ifle auec 8C Herimonfils
ſoixante nauires; 8L du Roy Mi
finalement
Herimon demeura !En Roy ,ſon frère a anteſtc' tué en vne bataille,- "uis ur
' guntius Roy des Bretons,affiſtales Baloleiiſes, venus auec vne armée dBEſpÃne;
& leur donna le moyen d'habiter 'cette Iſle preſque deſerte s 6C de uis Heri.
mon iuſqu'à Sainct Patricc,lon conte centtrentevn Roys de cette me me nation
Eſpagnols. Or 'Sainct Patrice vint en Irlande, au temps du Roy Laegir, fils de
Nelle Grand, enuiron l’an de grace quatre cens cinquanteDepuis lavenuë de S .
Ïaräiceliufſqdaiätemps de Fedlimid, il yeut trente trois Roys qui regnerent en lrñ
an e, e ace e4oo.ans.
Mais aii temps de Fedlimid , les Norwegeois vindrent en Irlande , auec vne
grande armée de mer , conduite par Turgeſie , qui ſubiuga toute l'Iſle , puis'
mourut par laruze de la fille &Omachlachlin Roy de Media _, partie' de cette
Ifle , & deſes compagnons. Mais ccsNorWegeois-regnîerent ſeulement trente
ans en Irlande ;ſſpuis les Ooſtmans , venans dix meſine Royaume de NOrwege,
8c des Iſles du Nord, conduis par trois freres , Amelan , ctSitarac , & luor , 'ſe
rendu-ent maiſtres de Plrlainde; où il y eut17. Roys depuis le decez deTurgeſie,
Idandeſ ſi . ,
397
iqſqäſa Rotheric läjoyddqdCorlinaählîie ,dqqi ſe nomïna Roy elle \Êutä Päräinde g
cde alPembrock
a Dermicie , ſeS voulant
z 8c e .l urc rendre
iar oJoye de
.agenie, veau ere
toute Pllleç: c ic ar
combatit omtc
contre les
autres Roys , 6c cauſa qu'apres que le Comte de Pembrock eut ſubi-ugué partie
de l'Iſle, Henryl Il. Ãppegq pardeulx s'en refndit maiſtre l'an ſmil cânt ſeptante a fi
. deux. Car tous es E ats ' r an c uy ïtran porterent toute orte e pouuoir , ï Çam c .î
&c d'autorité , par les Patentes qu’ils luy baillerent , ô( qui furent enuoyées à 3""
Rome.. Henry Il. mit apres entre ſes mains de ſon _fils Iean la Seigneurie d'ir
lande ; choſe qui futconſirmée parle Pape Vrbain , qui luy enuoya pour marque
de confirmation v/ne Couronne d’or auec des plumes de Paon. Mais ſelon queles
Irlandois eſcriuent, Iean eſtant deuenu Roy, reconnut tenir en fief de l'Egliſe Roſi
maine ,l'Irlande auecPAngleterre,obligeant ſes ſucceſſeursâ payer au Pape zoo.
mares d'argè't. Toutefois le Chancelier d'Angleterre ayant raporté en pleins Eſtats, _
autemps du Roy Edouard III. que le Pape demandoit au Roy l'hommage , le ,
tribut pourPAngleterre, 8C l'Irlande , 'auquel le Roy Iean auoit oblige ſes ſuc'.
ceſſeurs , il fut reſolu que le Roy Iean,ne pouuoit impoſer telle ſeruitude au R oy
aume,ſans le conſentement des Eſtats,ou du Parlement, ce qui n'auoit pas eſté
obſerué , 5c que le Roy Iean l'avoir fait contre le ſerment preſte' ‘â ſon couron
nement. . ~ ,
Or depuis celeanJesRoys &Angleterredonptoäijours eſtpocs' Seígneluië dffrlaqde,
iuſ n'apourſiceyque
l'Iſle,- Henr VIII. ui fut
leſiom declare Ro
de Seigneur ’lr’anà quelques
ſClËIblOÎt e aux E ſeditieux
ats qu’i moins
t tenirvene
ans
rable, &ſaint Ce titre de Royaume d'Irlande fut apres_ confirmé parle Pape Paul
IVÎ l’ani555.l~orsquela Reyne Marie promit toute obeiſſance au Saint Siege , au
nom du Royaume d'Angleterre. , _ ~ ~' '
"“°"°"²-1a'ÊËEËÃËÏÃËÏÏÏSÏËÎÊÃſiÊÎÊÊËÎËËLÏÃËÎÂÆEÎËFÃÈÏÃÏLËLÈÏ-XOÊÎÈÊÊÏÆZÊSPŸËÃ —
" Câriieruatours d'Irlande; puis Iuſhciers , Lieutenans , 8L' Deputez ,par lesſiPatCn
Û
)
e Irlande.
neceſſaire, pour brider,, 'ou p unir Pinſolence des ſoldats,ou des rebelles. Ce , Marcſ.
chal a vn Lieutenant , qu 'ils appellent Preuoſt Mareſcall; &t quelquesfois plu
ſieurs ,ſelon le tem psôcles occaſions. … … p p
a Stanih'. li .t. W11!! aux lrlandois ² ſauuages , qui neyeulent pas obeyr aux lOIX, ils ont des Gouucr.
LÇamdcnÈBxit. Seicrneurs ou 'lutoſt tvrans, ui ne reco noiſſentleRo d'An Ieterre ue ;u- fflfflmï
contrainfe;
t) ſſ, Ces Seigneurs
J ont d'ordinaire vn - au commencement de leurs noms,
, äſſcîſi'
_ou bien _la parole Mac s comme par exemple,, O—Nell , ou O—Neal, O-Rork , iuîndoig;
O-MOr ,-C_)_Camnor , O-Donell , ou Mac-Donel, 6c ccuxñcy ont leur droit parti_ _
culier, parle
cable, 8c moyendesduquel
diſpoſent biens ils
de viuent auec aleurïvolonte'
leurs ſujets yne domination ô.: autorité
, leut inſuppor 3
impoſiſantdesſſtriſi-
bus, 8C les foulant
ou Karnes d'vne infinité
,- Sc des hommes &exactions
de cheual, , parſont
qu'ils leut' le moyen
meſmedes ſoldatsCes
nourrir, Galloglaſſes,
S - iſſgneurs
.Ont leurs Iuges qu'ils nomment Brahans , ou Brehons, du tout ignorans , ' tonte_
'Fois ils rendent iu~ſtíce aux voyſins :î certains iours ſuflquelque montagne fort:
haute. Si ceux qui ſontaccuſez de quelquelarcin , ou volerie, 8c choſe ſemblable ,
peuuentnier,ils eſchapentayzément; &S'ils ſont ſurpris en manifeſte larcin , on
les condamneſſâla reſtitution, 8c quelquefoisàkamende. lls ont auſſi ſous eux des
capitaines , obligez de les venir ſeruir en cas de guerre auec certain nombre d'hom- ~
mes, 8c s'ils manquentà leur deuoir, ces Seigneurs les chaſſeur, ôcpriuent de tous
leursbiens. Ces Seiqnettts ont auſſi leurs Hiſtoriens qui, décriuent les exploîs de
..leurs guerres ,leurs Medecins , leurs Po ëtes qu'ils appellent Bardesficleufs ioüetirs
dïnſtſſrumens, chQyſis de certaines familles. lls ſe forment donc vne -Principauté
de'telle ſorte, , &e~n-c veulent pas viure ſous la do111in;}tionſdes Anglois , ſinon
tandis qwilsrauagentleur pays. Car alors ils ſe retirent de _crainte ,dans des' lacs,
ou des bois' ; au
chansuſertlir_ outempsmieux
ſe tangent feintement
que gens duà la volonté
monde. du .vainqueur,
Mais comme
ſoudain quexles ſça
Angſſlois
,ſi ne ſont plus en armes, &les ont miſesbas , ces tyrans reprennent leur façon de do
lminer. ,
'Qîqant au droit de ſucceffion ,ces Grands ne Fobſeruent pas ;inaisceltiy qui Succeſ
e bonne maiſon ſe trouue plus fort , 8c plus hardy , chaſſe, tous es HW*
eſtant , 8C_ proches parens du defunt, 8c par vne barbare cerernonie, eſt mig
ſienfans
en vn ſiege de pierre , à découuert , ſur quelque haute montagne. ' Wlque-ſi_
.fois en ce temps meſme , par vne loy nomm e Thanx/fly ,~ lon deſigne vn ſhe_
ceſſeur , qui eſt nommé Than/î , peut eſtre du mot Tbane deDanemar-k g figni,
fiant noble. _ , . 'ï
"Pour le regard des particuliers, les femmes ne ſe ſoucient pas que leurs mar ,sſ
facent
tiers desteſtament,
biens,- 8c lepource quediſtribuéſipar
reſte eſt ſuyuantileuregale
couſtume,
portionelles cioiuent’~em,porteräé~
entrſieles enfansœſi ſinon . d..
que ?heritage ſoit au plus fort ,~ veu que lon void pratiquer .bien ſouuentlbh
cle , oùle neueu , plus puiſſans, s'empare de Fheritage 5 &en forcloſt les enfansdu
mort.
Les l' — plus illuſtres. familles d’lrlande ,tant des purs lrlandois, que des Angictoîs
L '
Irlandois ſont celles d’Alimer , Autiley , Bagnall , Bard-mor, Barnwell, 'Bath
Bellew ; Birmingham *- Blackney , Blanchfeld , Boiſel , Bourk , Brandon, Browsf! , . 1
Burnell, Butler, Çadell, Cadley, Cauenag, Chacey, Chamberlan , Chelärie ,Eli-inf -
' Donell , ſſClanñRikard : Clinton , Colbay , Comerford ,' Cordes, Çuûk , Dalton F,
Darcy Dcvreux , Dillon , Dogberr , Dou-dal] , Driland : Finglaiſſs; ,Eitz-Antóine,
Fin-Euſtache , FitzñGíraldz Fitz-Gu-illaume , ,Fitz-Henry , Fleming.: Foreſter.:
ForlongÆoX
Hidey : Garnen: H0reS,ſſH
, Holy-Wood ,GarbygGouldingz Grat, Hadſord,Leyceſtre,Lqvelſſl
urley : IOy,.I0rdan,Lacey, Hay, Hal ſeyJñ-Ierbert,
,iLut- — .
terell, Mac—Alen , Mac-Arti, Mac-Brian; Mac-Carry, Mac-Cloyd , MaççCo--æz
glam *. Mac-'Conellz Mac-Dermot, Mac-Dervis, Mac-Donagh ,Mac-Gil-Pa-ttic,
Mac-Ginnys, Mac-Glanchieszñ Mac-Granelles , Mac-Gwin, Mac-Henry , Mac- -
Lochleims; Mac-Mahong, Mac-Nemors , Mac-Ol-iigans , Mac-Rxvyny , Mac
Shées,MacñS-\WynLMac-Teg, Macñvadus, Mayler , Montag , Montgarret,
Mor, Nangle , Nettervill, Nogent: O Birn , O Brian , 0 Caban , O Caroll , Ô
Coneros,O ConOr,O Demps,O Don,O DOnell,O Flairtes',O GhanO Pla-Lam() _. ï
- Hanlon,O Haris,O KelleiS,O Kellyzo L0ghcOn,O MahOmO Mailuogxlÿcälalglin, ~
, . n ' ï- 4 I Q1
...Oadonÿ
ï*
Irlande. , ſi
399
O Maiden, O Mores', O Murreies , O Neal, O Pbaroll , O Revlev , O Rork,
O Tol , OugamPeppard,Petit,Plumi<ert,POurcell, Prendergeſt, Preſton : R0- ,
î ches, Ruſſel, Sainct Laurens, Sapell , Sarfeld, Shore] , Sinott. Siafford , .Sut
ton: Talbott,Tac,TireJl,Tut, Verdon,Vſ-bery,\Valshy , Warenneſtlſſhit,
Wottoo.
Religion. î .
r
I
ílzzſiſilîfſi Velques vns - ont écrit, que ſainct Iacques l'Apo ſite preſclia premier l’Euan- aVïncenti: li
&pro- gile en irlande: d'autres , qu'vn” Dame du ſang des Pictes , qui auoir rec:u Ëſfigſ, Med_ *
s”- la Foy Chreſtienne, seſtant introduite en la maiſon de la/Reine, l uy apprit à crc -re l'ip-Hiſt
en noſtre Seigneur Ieſus-Chriſt: puis la Reine enſeigna cette meſme doctrine au
Roy , qui la fit apres receuoir-ä ſes ſubjects , enuiron l'an de grace tro.s cens cin- _ __
quante-huiét. Mais l'opinion plusreceuëeſt, queffes .Scots ou Eſcoſſe-is furentles ſazçlïh-\äïlu
premiers quiembraſſerent en lrlandeglavraye Religion , lors que ſainct Paſta-ixus ~ ' ….
enuoye' par le Pape Celeſtin premier en l'lfle de Bretagne ,leur ordonna vn Eueſ»
que qui les conuertit. Il eſt vray que cette million fut ſans effect , à cauſe du decez
de Palladius.
Calpbur, Carſoeur
R d’vne les plus approuuez
de ſainct Hiſtoriens
Martin ,ennuyé dpar
tiennent,
Celeſtinque S. Patrice.
premier fils de Topo-gr. Ëîaſi
en Irlande,
y conuertit tout premier a la Foy ce peuple idolatre , au temps du Roy Laeg ir , fils ?ZZ-d _ſhut
de Nell' le Grand; R ayant acquisioute l'Iſle à noſtre Seigneur leſus-Chriſt, éleumif,, ' _'
ſon Siegea Armach ; Reſtablit des Eueſques aux lieux propres: puis decedaFan Câmdcnñflflt-Ï
quatre cens cinquante. huictJaiſſant la Religion en tel poinct, qu'on nommoit l’Ir- ~
lahdele pays des Saincts . .
Les lrlandoisveſquirent depuis en cette meſme Religion, íuſques au temps de
Henry huictiémqRoy d'Angleterre,ſous lequel on commença d'y ſemer Phereſie ,
donc Ie venim Ïaugmenta depuis ſous la ReineElizabeth. Apres cela, les Comtes
de Tir-OemR Tir-Conel, Catholiquegayans pris les armes pour remettre en cſtat c
la Religion,qu'ils ne pouuoient voir eſteinte, ou du moins s’eſtans ſeruis de ce beau
pretexte', qui ſe trouue ſouuent plein d'abus, eurent ſi mal-heureux ſuccez l'an mil
ſix cens huict, qu'ils furent contraints de ſe retirer en la Cour des Archiducs , puis à
Religion R pmepù
l ſituent le Pape
que les recent liberalement;
les Catholiques, mais leurs terres
quoy que découuerts, furent
n'oſent faireconfiſquéesſſel~
aucun exercice
1345Z” ublíc z 6c pour ne ſe trouuer pas aux aſſemblées de cette Secte, ils ſont encor
mhz…. condamnez à de fort groſſes R griéues amendes , qui emportent preſque tous
*i'm- leurs moyens; R les Preſtres ſont confinez en priſon perpetuelle , ou punis plus
griêuement. l
Meſme au mois delanuier de l'an mil fix cens vingtñquatre, le Viceroy R Con- . x
ſeil d'Irlande, firent publieri Dublin , ville capitale ,de cette Ifle , vn Edict contre'
tous les Eccleſiaſtiques Catholiques, par lequel on les bannir de l'Iſle ,leur com
mandant de ſortir pour le plus tard da ns quarante iours,ſur de griéues peines, &aux
autres de les receuoir, pratiquer ou receler ſur les meſmes. Mais aux montagnes R
lieux ſauuages R faſcheux , où les Catholiques ne ſont tout à fait aſſubjettis , ils vi
ueut en liberté de conſcience. _ \ _
Police L'Iſlande demeurab ſans Archeueſques íuſques au temps de lean Papiron , Pre- grfllfîſid' C5'
Ectlcſia ~ ſtreCardinal, enuoyé par le Pape Eugene,’auec le Legat d'Irlande, qui y fonda Hibeſiznÿpgſſ'
Nique.;
quatre Sieges Mettopolitains ä ArmachDublimCashil R Toam , l'an'mil cent iïlïnihäïrſt;
quarante-huict , ou mil cent cinquante-deux,, au lieu quäuparauant les Eueſques ,Jëÿzggjh
ſe conſacroieut les vns les autres.
Le î premier Archeueſquefflrimat de toute l'Irlande , auoir ſous luy neuf Eueſ-z ſCamdenBti.]
qſiues: le ſecond,cinq: le troiſiémffldouze: R le quatrième, vnze. Mais auiourdhuy
les choſes ſont changéesfi - ,
Celuy ÏArmach E , a ſous luy les Eueſques de Downe , Conner , Derfyſ SAFI-Mir??
Meth, Colcher, Ardache, Kilmore : Rapho, Dromoore, Kiloon, Dondalck, Ï"“;5“"""
que les Latins appellent Düflrkfllaütnſi!, de meſme queceluy de_ Kiloom Clua- ~ ‘
nenſist
Europe. _ Mm'
4ooſi _ ſi Irlande.
pour toutes maladies, 6c diſent touſiours auant 6c apres ces charmes, la Patenoſtre,
:-J-If
&z I'ma' fſldrid. ll ſemble auſſi qu'ils adorent la Lune ,lors qu'apres auoir recité la
Patenoſtre, ils luy diſent, qu'elle les laiſſe auſſi ſains, qu'elle les a trouuez en ſa con
jonctiomauec le Soleil. —
lls ſont auſſi grandement ſuperſticieux en cequ'ils prennentles loups pour par
rains, afin qu'ils ne leur nuiſent pas; que lors que quelqu'un paruient à quel
que charge en vne ville , les femmes 6c les filles iettent ſur eux ,n85 ſur ceux
qui les-ſuiuent , du bled, 6c du ſel , 6c qu'ils pratiquent pluſieurs autres niai
ſeries.
PROVINCE DE LEINSTER.
.- .HD ,- -A Prouinceb nommée par les Latin! LAG ENIA ,dans les Nfflffli
*î- anciennes Vies des Saincts L A G _EAN , par les Anglais
LEINSTER , par ceux du pays deGalles au vieil langage
de l'Iſle de Bretagne LElN , &par ſes habitans LEIGH
, NIGH ,fut l'ancienne demeure de ceux qui ſont appellez
par Ptoleméc BRIGANTES, MANAPII , CAVCI, 8c
, . - ' BLANI.
R*** ' \ ~ ' :ËZEllea du Leuantla mer d’lrlande,&au delàlhängleter- Cfflfflïâ
re S du couchant, la Prouince de Connachty ,' du Nord, celle d'Vlſter, 6c du Su, Baud,,
celle de Mounſter. Sa longueur priſe de l'Eſt Sud ñ-Eſt à l'Oueſt; 6c ſemblablement
le longdeux
uiron de lacensſeptante.
mer, eſt de quatre vingt
_ mils; ſa largeur de ſeptante, &t ſon tour d'en-_ſi
ſi qui Ceuicqui
ſont cellesluy
de ſont embraſſer
Dublin, la Medine , la diuiſent
CaterloghAY/eisſord en pluſieurs
, Kilkenny, Kings, Comtez
.Sc Wee , Díïïiſifflï?
nes. deſtà dire, du Roy 8c de la Reine , 6c Kildare, outre celles deWicklo 5c
Pernes, qu'on y a adjouſtées; 8: celles d'Eaſt Meath ,ou Medie OrientaleAVeſl:
Meathmu Medie Occidentale, 6c Lougford, faiſans toutes trois enſemble la partie
de Meth, ou Medie, ſelon quelques vns. Elle contient auſii quinze villes mar
chaudes.
Ses principales riuieres ſontle SEWER ou Suir ,' le NVRE, le BARROW. Mim**
nommé BlRGVS parPtolemée, 6c le BOYNE.
L'air de cette Prouince eſt pur , doux 8c tem peré , ſans excès de froid , ny de 0331M; f
chaleurzôc quant au terroir, il. eſt ſertil,& aſſez abondant en bleds: 5L le ſeroit beau
coup
ſé plus , ſi l'induſtrie
de pluſieurs riuieres , 6cdes habitans
couuert aidoit
de bois œàfſioreſts,
la bontépour
naturelle. Ce pay:partie,
la plus grande eſtarrou—
ſauf
la Comté de Dublin, qui en manque. Il eſt riche en bcſtail, laict, beurre 6c Forma
ge,
qui oiſeaux de mer Bt poiſſons. Il s'y' _engendre 8c nourrit ſorce cheuaux Hobbies,
vont Patnblſic.
î * z Irlande.- i
401
-_.——.-..__——————.__.
COMTE' DE DVBLlN,
_ A Medie,
la Comtédont
de FD
elleVB LlN,ſejqur
eſt ſeparée parñle ancien
ruiſſeaudes Blancs, auoiſine
de Nanny du Nord
:du Couchant ,la ‘8…'
?mds-fii
blin.
Quand.: Ce pays eſt abondant en grains œ paſturages, de meſme qu'en chaſſe œ gibier,
mais il manque pourla pluſpart tellement de bois , qui] eſt contraint de ſe ſeruir de
courbes ou de charbon de pierre,porté d'A ngleterre. Le coſté du Midy eſt plus ru
de 8c moins cultiué quele reſte,œ .toutefois aſſez garny de bois. Mais le pays de
Fingal eſt des mieux cultiuez, œ produit ſi grande quantité de froment, qu'on le
tient commele grenier de ce Royaume. ñ
“WW Les habitans del" la Çomté de Dublin ,auſſi bien que leurs voiſins, approchent bspeedfrhenl_
de la ciuilité des Anglois, œ ſe conforment ‘a leur façon d'obeir , au lieu qu'aux pays 1L4
plugéloignez ils ſoni beaucoup-plus remuans,œ pleins de factions œ haines mortel
_ les; tellement qu'on y void entr'eux quantité de meurtres, s; de maux-qu'ils ſe font
comm_ les vns aux aut res.; , _ p , _ z . - _ . .
pement. ~' Ceux de Dublin auoient autresfois pour ſouuerain Mag! ſtrat, vn Preuoſt. Mais _
l'an mil quatre cens neuf', le Roy Henry quatrième leur donna pouuoir d'élire tous
les ans vn Maire œ deux Baillifs , œ qu'on v,portaſt à perpetuité deuant le Maire vnc
eſpée doréezpuis Edoüard ſixième changea les Bail lifs enVicomtegpour plus grand p‘
honneur. Au reſte c , il y a par cette Comté pluſieurs illuſtres familles Anglaiſes, Èfiymdcn-Ê
äſçauoir celles de Plunlçett, Barnewuell, Ruſſel,Talbot,Dillon,NetterW'ill, H0- _. '
liwood, Luttell, BurnelLFitz-Williams, Gouldingh, Vsher, CadlËFinglasÆar:
feld, Blackné, Bath, u., ~ î ’
Europe. l M m ij
4.91 Idande;
ë_..__.
CO MTE' DE CrâTERL~OGH.
A Compé de CAT ERLOGH . 8c par abrege' Carlogh, a du Cffllîffl?
‘ i 'ſſ- Nord celle de Dublin , du Couchant, le Kilkenny z du Midy ,le .
Weisſord; «Sc du Leuant laîmer d'Irlande , 6c giſt preſque toute
'En-ï encre les riuieres de Barrow &c de Slane. Li l_
Ses lieux principaux ſont CATE LOGH , ville ceinte de mu- " '
railles ſur le Barrownauec vn chaſteau! LElGHTlN, honorée au
freſois d’vn ſiege Epiſcopal , vny maincenanc à celuy de Fernes , 6c ayant garniſon
auec vn Conneſtable qui y commande , de meſme que Çaterlogh: la Baronnie
._ ÏYDRVN, &TV LO , honorée de tilcre de Vicomcé par le Roy lacques ſixième;
“Puſirh” outreleſquels lieux ï on void AREKLO ou Arklo
"—~‘I—. Η1r— . .,_w
Ce pavs a ſon terroir ſei-cil, 6c ne manque pas de bois qui le couurent. 2911W
b Camden. Les Cauanaghsb yſſus de Duwemld fils puiſné , ou ballard de Dermicie der- näïäſf
Brie, -
nier Roy de Lagenie , ſont eſpars de cous collez par ce pays , seſtanr grandement
multiplie-z , gens guerriers ô; courageux . 8c qui parmy leur pauureré ſont eſta: de
leur ancienne Nobleſſe; mais qui ſe défonttous les iours , à cauſe de quelques meur
tresqui ont cauſé entr‘eux des haines mortelles. LesAnglois aŸans donné à quelques
vns de ceux-cy leurs terresä gouuemer ,ils vſurperent le pavs :tu temps d'Edouard
ſecond , &c prenans le nom de Omore,&è pouraſſociez les Tales 84'. Brenues, chaſſe
* 1.-. rent peu à peu les Anglais de la contrée affiſe encre Cacerlogh, 5c la mer d'ln
lande.
COMTE' DE VVElS-FORD.
A Comté de WEISFORD , ouancienne
\Vexſord
ſi .' '_ COVNTYREOGH, demeure des, MANAPlENS
nommée par les ou
Irlandais
Mena NW!
' piens de-Pcolemée, a ſon affiece du coſté du Leuanc ,au deçà de la riuiere *fflffli
de Barrow; 6c au deſſous 6c deſſus du lieu où lesariuieres de Sewer , de Nure 8c de
Barrowgſe rendent dans la Mer. um:
- Sa ville capitale eſtW EISFORD, qui ſuc la premiere qui ſe rendit aux Anglais; '
d'où vientquïl v a par cour ce pays quantité d'Anglois,qui Vont veſtus ‘a la vieille
Anglaiſe, 6c parlencle vieil langage Anglais; maisyen celle ſorte , que c'eſt vn An
glois Irlandois.
La grande ville de RO SS ſur le Barr-OW autrefois marchandqôc peuplée au poſ- y
_ ſible, fut autrefois floriſſantc en ce pays ~, mais elle eſt preſque anean cie par le moyen
des diſſenſions encre les Religieux 6c ſes citoyens, depuis long-tem ps.
Ses autres lieux principaux ſont DVNCANON, chaſteau ſur le BarroW , auec
’ garniſon , qui peut em peſcher les vaiſſeaux d'aller à Weisſord œ Roſs 5 puis TIN
TERN, proche du Promonroire ſacré de Prolemée; 6c FERN ES, ſeulcmentcon
fiderable pour eſtre le ſiege d’vn Eueſque. C'eſt en ce pays que Prolemée a logé la —-,.
riuiere de MODON E, 6c la ville de MENAPIE', donc les noms ſe ſont tou: à fai:
perdus.
Prés de Fernes , au delà dela Slane ,ſe ciennencles Cauanaghs , Donels, Mon- Gfflïlïrî
taggsſſ, &t O Moors Irlandoisforc curbulenïz â: parmy eux les Sinocs,les Rochegêc ſimſſſiſſî
les Peppards Anglais. Au deçà dela Slane , on trouue les renommez Vicomres de
Mont-gamer,- les d'Eureux,Scaſſords, Chevers, Whites. Forlonghs, Firzñ Harris,
Browns, HoregHayes, Cordes, 6c Maylers, d'origine Anglaiſe.
-o
Irlande' ſi ctſi ſ i" ?
\
403
-A-_—_—
&Sd
îſſèœæ* logh.
Sa place principale eſt KILKENNY, ſur laïNeure . diui'.'.. ’
COMTE' DE LA REYNEÎ
NEW? ~’ …J E petit pays que les Irlandoisſſ nomment LEA SE 56L les Anglais
couſin” ’, QVEENES COVNTY , c'eſt àdire , Comté de la Reine, eſt au
a Nord de Kirxenny, au Nord Nordñoüeſl: de Caterlogluôt au
'~ ‘ z: Midy dela Comtédu Roy.
lieu! _z ~‘ñ _ſ‘ [y Sa principale ville eſt MARYBVRG ou WEP-NES TOW
Gouuw . -- ‘-—'ÛÏ'²”'-'~IL!='.-.\\ -' NE, ſelon Speed, c'eſt à dire, ville de la Reine , où le Seneſchal ſe
nan… tient, auec ſes ſoldats, qui ſe defendent auec peine contre les Irlandais O Moores,
M :ic-Gil-Parric , Dempſies 6c autres , qui font tousleurs efforts pour ſe défaire des
Anglais, &ſecouer le ioug de leurs loix.
COMTE' DV ROY.
;' i E ?meſme que l'autre Comté fut nommée dela Reine , à l'honneur
NW" ~ 4 de la Reine Marie, qui Pinſtitua, de meſme le pays qui Pauoiſine du
confins _ ‘_ coſtéduNord, eut le nom de COMTE' DV ROY ,ou KINGS
-; . C O VNTlE , à l'honneur de Philippe ſon mary, Roy d'Eſ
1.1.…-" Îïſſ, ~ñ pagsçſprincipale
ne. ‘
place eſt PHILlPS-TOWNE, c'eſt à dire,-Vil.‘
1 hffipe ou KING S-TOWNE , ville du Roy, ſelonSpeed , ou le Senef
cha] ſe tient, auec forte garniſon , 6c pluſieurs Gentilshommes des maiſons de '
com…. Wan-en , Herbert, Calbey, Mor, Leiceſter. Majsentré les lrlandois, ceux des
"mm- maiſons de~O conor, à qui ce pays a pourla pluſpart appartenu', ceuxdeMac
(joghlam, 0 Maily , Foz,&autres, conſeruent genereuſement les terres acqui
ſes parleurs deuanciers. H _ ñ ~ ' ’
_.',..~.,>
— = ï i -ziùirfiiz -— . 'îr'
_ _ r ' 1., . ñ a
zlſſlip J» - -Lë lI,. -
'_- p' , - . '. l] .t ._ _'
COMTE-ï-DE--~.L®-N:ÇF~ÔBïD>' ,. f A'-BordtédeLONDFOÜzïnom-nréeauparaugntAVALE,
qui .ſemble mile-pdt Speed en laaP-.tTouin-ce deConnacht. bien
. -_ quele-meſme la place entre 'IÈSCOIÏIÏCZ- de la; Prouince de
'~~’ Leinſter; &que Camden lañjoigneiàcelle de Mghzpource
_ _. . -~‘‘ Ï] quelleeſtmoitoyennegauoifimduMidy
Nord la Prouinceïdïctvtſter-,ôc laGolTicé de le-WeſtñMeth, du
Lech-Ende la Con x
'PROVINCE D E MOVNSTER..~
. i .
~'.—*²*'-;~___
² *ſi _- ñ Y MOVN,& WOVN, a: parles Anglais MOVNSTERÀdu Nord 5H47***
ñ _ A Prouince' nommée parlesLatins MOMONIA, parles Irlandais
- ~ ' ?Ocean
la Connachtie ,ac partie
Occidental. de la Prouince
du Midy de Leinſter,
la mer d'Irlande, du Couchanc
oujſçrginie, &du ſ ~
m” “ſi ~ *- — ~Î — ‘ Leuant le pays rleLemſter. Salargeur eſt d enuiron quatre-vingt dix
mils. Sa longueur de cent, 8c ſon tour pris ſelon ſes golfes , 6c ſes caps, enuiron cinq
CCIÎS.
Diviſion; Elle eſt auiourcſhuy premierement diuiſée en Occidentale, 6c Meridionalqdopt
la premiere ſeruit de demeure à ceux qui ſont appellez par Oroſe LVC ENl , 6c de
meſmeaux VTE RVODÎES,
NES, 6c VbLA BR ES de Ptoleméensc l'autreElleeſt
ſurfancien ſejour
desOVDIESpu 3L CORIONDES de Ptolemée. encordiuſil
ſée en ſept Çomtez, qui ſont celles de Kerry, Deſmond, Corke, Limeriche, Tippc
rarz-,ôc Holtcroſſe. ou ſamcte Cr0ix,& \Y/aterford. Il y aauffi cinq forts Chaſteaux,
8c ſix villes marchandes.
(M34, L'air de ceſte Prouince eſt doux, 8c tempeſé, ſans excez de froid , ny de chaleur.
Il y a quelques montagnes, 5c collines couuertes de foreſts; mais ſes vallées ſont Fer
tiles. ilSes
reſte n'ycommoditaz conſiſtent
a point de lieu en bled,'bois,
ſi renommé laine, &cdu
pourla peſcherie poiſſons , dont-ſil
haramque abonde.
leſicap Au
dſEraugll
‘ aflis entre les goſſes de Banrro , 6c Ballatimer , où l'on voit arriuer tous les ans enui
ron leäsolſlice EPI-Lyne: ,les flottes des Eſpagnols , 6c des Portugais , pour y peſcher .,
auſſi u merlus. . . , '
Gonner- Ceſte Prouince eſt gouuernéc par vn Preſident, accompagné d'vn Aſſeſſeumlcux
"mm" luriſconſultes , .Sc vn Secretaire. La Comté de Corke a jadis eſté Royaume , eſtant
jointe à celle de Deſmond. Celle de Waterford donnée pàr Henry ſixieſmeà Iean
Talbot , a depuis eſté reünie à la Couronne, 8L celle defaihcte Croix demeure com
priſe dans celle de Tipperary , àraiſon dequoy l'on l'appelle la Comté de ſamâc
Croix en Tipperary.
'M m iiij_
"ſ\_--l
i —-~
,Irlande
ſſiÎiÎicctE R R d...,
*l
a Camdenà ſi ' , . \.9 Synene, &saduançant delà dans la mer Occidentale en forme de
‘ ct l _ — r1, langue, apour feslieux
ville marchande. principaux
ARDART, ſiegeDI-N
d'vnGLE; portFort
Eueſque commode, 6c
p-.iuure , 8c
.F ‘ pa_ la petite vil-le de TRAYLEY, maintenant comme deſolée _lalliſc ñ
v i…. ..ſiffle-CZK au territoire de CLAN HMORYS. '
pays a des montagnes-nomme inacceffiblegentrelaſſées de profondes vallées, 031M;
de terres lahourables, 5c de foreſts eſpai ſſesenñ quelques endroits. _ Ã
L'on tient .ceſte Comté pour Palatine . R les Comtes de Deſmond y ont eu les Gfflïï-l
droits, 5c la dignité de Comte de Palacio, ar la liberalité du Roy Edouard HT. Mais "°‘“‘°‘²
’ ce paysa depuisſeruy deretraiteaux meſc ans ,ac ſeditieux, par la malice de .ceux
qui n'ont pas-moulu, ny ſiceu vſer _de la liberté'. 1
ſ .
COMÎE-DEDESMOND.
b Speed The] A Comté de DESMOND , nommée par les Irlandois DESWO- Nom;
WN, n'a point de lieux fort conſiderablegôc ceux qu'elle comprend *
ſont Ardey, Artenay, Arthully,Bautrey,Bayle,Beere hauen,c’eſtàdire “W
havre de Beere, Carienes, Carybres, City, Cloghen, Combut, Done
may, Donoghan, Douaila, EraghÆorreſtrandÆar/nis,Ghedagh, He
lonhen, Kellone , Kilmore , Knochone , Knochnur, Loughan, Mahund, Molloch;
deere , Mollogashe, Moore , &Owin Oſwiliant , Pollydragh , Pollyre , Roſhrenon,
Salmon lap, Tagnelath.
ï
~ COMTE' DE VVATERFORD.
~.- A Comté de \VAT E R FO R D , aſſiſe aulLeuant de celle deſſCorke, 8c confins:
._.
._. ï
ayant au Nord celle de Tipperary, de meſme que la mer du-Midy , a pour
-'- T. ſa principale ville \VATERFO RD, nommée par les Irlandois PORTH- tient..
LARGY, accommodée d'vn bon port ſur le Scwer, riche, 6c fort peuplée , 6c tenue' '
pourla ſeconde ville d'Irlande. Les autres lieux principaux ſont LISMOR ,ſiege
Epiſcopal . vny à l'Eueſché de Waterford, œ D V N GARVAN , proche dela mer,
fortifié d'vn Chaſteau. v , .…
Irlande: J
407
COMTE' DE LIMERICH.
E pays a du Midy la Comté de Corke, 6c du Leuant celle de ſi )
Cſiſiäſi" Tipperary. Sa viliecapitaieſſeſt LIMERIGH , ſur le Synene”,
Lieux. nommée parles Anglais Limrich , & parles Irlandais-LGV?
Q, MEAGH, ſiege d’vn Eueſque, &r lieu de traffic fort _renom
mé. L'on voitencorplusau LeuantCLAN-WILLIAM-&f
. __ du coſté du Midy KILL-M-A-LLO , ceintede murailles, qui
‘ ~ ë- 5 i' tient en ce paysle premierrang apres Limriclgpuis ADARE,
petite ville autresfois force, voiſine de CLAN~GIBBON,
place plus remarquable. 6c renommée. En ce pays on voit outre les familles des
Bout-ks, 8L des Fi tz-Girarlds, celles des Laceys, BroWns,Hurieys,C haceygsapells,
ôcPourcels, tous deraceAnglOiſe, 6c les Mac-Shees, Mac~Brian, 6c O-Brian,&c.
lrlandois. ~
~ Ô
COMTEZ DE TIPPER A RY,
E T DE SAINCTE CROIX.
Coafim_ ï* A Comté-de TIPPERARY a du Nord lſſe pays de la famille de O
_, . ' Caroll IrlandoiſmduCouchantle Limrich , 6c lariuiere de Shanon,
lieux. du Midy le Cork, &Waterfoi-d, 6c du Leuant le Kilkenny.
, __ Ses principaux lieux ſont EM ELY, ou AVI/N , ſiege d’vn Eueſ—
w. _ ffl. ’ que, ſur le Sewer, ville anciennement fort peuplée. SAINCTE
CROIX, en Anglais HOLICROSSE , ayantjadis vn Monaſtere des plus reñ,
'nommezjcauſe du bois de la ſaincte Croix; tellement que ie pays voiſin eſt com
munement nommé LA COMTE' DE SAINCTE CROIX EN TlPI-'ERA
RY, CASHEL ſurle Sewer, ſiege d’vn Archeueſque. CLOMELL aſſez bon lieu
de traffic, &E C A R l C H- MAC-G I F FIN, ſurvn-rocher , demeure des “Comtes
&Ormond , puis du coſté du Nord ORMOND en Anglais, ORWOWN en
Irlandais , & par corruption de pluſieurs WORMEWOO D, qui n'a rien de con
.ſiderabie que ſes Comtes.
PROVINCE D E CONACHTYE.
Nm; A Prouince appelléc ï par Girarlcl CONNACHTIA , 8c CONA- .' 59"” Th'
CI A , par les Anglais CONNAVGHT, 6L par les Irlandois C O
Cïïnflïï- NAVGHTY, adu Leuant partie du paysdeLeinſter, du Nord partie
!Rum de l'Viſter, du Midy partie du Munſtenôc du CoucbantlOcean Occi
dental. Sa longueur eſt de cent vingt-ſix mils'. Sa largeur dſenuirou
quatreñvingt, 6c ſon tour de plus de quatre cens. , -
Diuison: ÎElie fut habitée anciennement par ceux que Ptolemée appelle AVTERl , NAT
GN ATÆ, 8c GANG A Ni,—ou CONC ANI , qui ſont ceux que Strabon nomme
CONIAC-I, & CONlSCl, 8l. maintenant au lieu de ces peuples , elle eſt diuiſée en
pluſieurs Comtez , qui ſont celles de Clare , ou Twomond , Galway, Maio , Slego,
Letrim, 6c Roſcomen. Il y a dans ceſte Prouince quatorze Chaſteauxforts , 8c neuf
lieux de marché. _ ~
0413km, Lîair de ceſte Prouince n'eſt pas ſi pur qu'aux autres pays d'Irlande , à cauſe de_
quelques lieux mareſcageux, mais her-bus, nommez Boghes, qui ſont dangereuxfflc
pleins de broüillars, &c de vapeurs. Quant à ſon terroir il eſt diuers,ſelon ſes Prouin
ces. La Comté de Clare eſt ſi bien aſſiſe, que la mer, 6c la terre luy fourniſſent toute
choſe, moyennant l'induſtrie de ſes habitans. Le pays de Maio eſt agreable, fertil, a.: _
40x Irlande:
riche en beſtial , dains ,oyſeaux de proye , 6c miel. Celuy de Slego eſt- abondant en
beſtial, 8c paſturages. Ceux de Letrim cout heriſſé de montagnesga de l‘herbe,& des
….."'-:i
_. ,. 03""
paſtis excellent en abondance, 6c celuy _de Roſcomen eſt plain, 6e ſerti! , nourrit
beaucoup de troupeaux de beſtes, &c produit quantité de grain.
a3****
Camden. golf-ESG( canaux:
Le riuage de lamais
mer, les habitans
ï oſiù ſoncſirendre
l'on ſe peut ſameans, qu'ils ayment
ayſemelnt mieux de
, parle moyen mendicr de wunu_
pluſieurs
Poſte en perce, que chaſſer la pauureté par vn honneſte trauail. Il y a v-n ë Gouuer
5 53x47” neur enceſte_ Prouince,de meſme qu"aux autres.
TVVOM ON D, ou COMTE'
DE C L A R E'. '
e Camden ’ E pays de ‘T\VOMOND , nOËnmé par GiraldTl-IVET- Nl°m‘²
Exil. MANIA,& parles lrlandois TOWOVN ,c'eſt à dire pays
_ Septentrional de Moun, ou Mounſter, pource qu'enc0r qu'il c°°ſi“"
’ ſoirau delà de la riuierede Synene. il futautresſois tenu pour
fi.-- ~‘ 'ſſ ,_ ". du
partie du pays
Midy-,du de Moun
cours , eſt borné
ſerpentant du Leuanr,
du Synenqou de meſme que ~
Shanon,duCou—
z' chant del’Ocean Occidental, 8c du Nord dela Comté de
COMTE' DE CA LVVAY.
x _ E paysjoint du Nord la Comté de Maſo , du Couchant ?Ocean Oc_cΗ TV5")
dental, du Midy la Comté de Claré, 8c du Leuanc le ShanonÏSa prin- um;
cipale ville eſt GALLW AY , nommée en Irlandais GALLIVE . te- '
nu'c' pourla troiſieſme ville d'Irlande , renommée pour ſon ſiege Epiſ
« . ~ - copal , 8c pour ſon traffic. Les autres lieux plus conſiderables ſont
ATHERlTI-Lcommunement ATHEVRY,qui ſemble garder la memoire des
Auteres, 8c KIN GS TOWNE, miſe par Speed entre les villes marchandes de ceſte
Comté, où l'on loge auſſi le ſiege Archiepiſcopal de TOAM ,les Eueſchez de KH.:
MA R OV G H, 8c C LAN S ERN E, &les quatre lfles qui font laBaronme
ŒARRAN. " _ .
Les plus
Maldon, illuſtreslignées
O -Flairtes, lrlandoiſes de
Mac-Dervig-Scc. ceſte Comtéc'eſt
Clan-Rikard, ſontà celles defils,_01'1
dire,les O-Kellciszoſ
la ïgnce
de Richard, ou terre des fils de Richard, eſt auſſi de ceſte Comté, ayant urc ſon nom
de la famille Anglaiſe de Burg , de laquelle Henry huictieſmc crea Comte de Clan
Rikard Vlick de Bourg.
_- Irlande. ſi '403
lez z
:du T . , — . ñ
Mn ._ COMT
ÿ
'DEMAIO.
. .
'confins ' . ſi' \ -_ A Comté de MAIO a du Nord,du Leuangæ du Midy lesCom
. ' . - 7 cez deSlego, Roſcoman, 6c Galway. &du Couchant [Ocean
Lim — - Occidental. Ellea pris ſonnom delapetite ville de MAIO , ſiege
- ’ "(51 ’ l d’vn Eueſque. ' _ ~ ’
~ \J Au reſte ce pays eſt moins cognu par ſes villes, que par ſeshabiñ'
\F Ëzzz-.W-ŸIÛÃ
' 6c Mac-Vadſſus , outans , qui Eſcoſſoiſe
de race ſont ou de race
venuëIrlandaiſe, commeles 6L
des lfles Hebrides, O~MailieS, luies,
de la lignée des
Donelles, d'où vient que tous les Galloglaſſappellez autresfois en ce pays par les ſe
ditieux ſont nommezClan-Donelles , ou de race Angloiſe , comme les Burksf, les
Iordans, les Nanghles, de Caſtlonglyles Prendergeſt de Clan-M eris, Bic.
lT-ï' '
m ~
'COMTE' DE S-LECO.
i* confins: 5. ,__. &Comté de SLEGO 'eſt ſeparée du Leuant de la Prouince d'Vlſter,~
' ‘ 'ſi par la riuiere de Tre’os,qui part du lac d'Erne,ôc desComtez de Letrim,
il* !Jeux 'ſi' 8c Roſcoman, par les rudes montagnes de Curlew. Sa principale place
,“'~ '
eſt S LEG O , auec vn Chaſteau ſeruant de demeure à la famille de O
Çonor , qui prenctd delà le nom de Slego , puis les plus renommez de ce
[ſcſi pays ſont !es O-Coueros, O-Don, O-I-Iaris, O-Ghar, 8c Mac-Donagh. ï" ~
-~ COMTE' DE LETRIM…
z, -;_; A Comté de LETRIM cire ſon nom de ſa ville principale, &comprend
—-.- auffi l'Eueſcl1é_ ŒATHONRY. Ses principales familles ſont celles des q_
, O~Rork, O-Murreies, Mac-Lochleims, Mac-Glanchies, 6c Mac-Gta*:
nelles, tous purs lrlandois. ‘
Neil-È; '
14W
ffiî F{5ViNcE ÙVLSTEK
_
5'. “ífſſâÿyſi A Prouince * nommée parles Latins VLTONIzLparlL-rs- AngloisVLSTER, . 51m3 1-1,,,
P916611! du pays de \Vailes VLEW, 8c par les Irlandais CVI-GVILLY,
' 'î demeure ancienne de ceux qui ſont appellez par Ptolemée VOLVNTII,
DARNI, ROBOGDILÔC ERDlNLa pour ſes confins du Nord le deſtroit qui la
E ſepare de l' Eſcoſſe , du Couchant [Ocean Occidental, du Midy les Prouince-s de
"*“"*“²' Connaglit, 8c Lemſter , 6c du Leuant la mer dîrlande. Sa longueur .eſt de plus
:tio IrlandeÎ ï l I
cle
vin cent
t. "ſi trente mils. _Sa' largeur de .Cent , 6c ſon tout de plus de quatre cens ſ
Ëlleeſt-âiſifiiſée en pluſieurs Comtez , qui ſont celles de Louth , Cavbn. Ferma- Druiſiod:
nagh , Monaghan , Armach, DOWN, ATRIM , COLRAM ,TIR- OEN, R
Donegall , ou Tir-Cornell , 5c contient neuf villes marchandes, 8c cinquante-fix
Chaſteaux; 6c Forts, faits pour contenir les habitans dans leur deuoir.
Ce pays a preſque touſiours ſon air tem-peſé ,- pource que les vents ne manquent WM.
de raſraiſchir les exceffiues ardeurs de l’Eſté , 6c les pluyes adouciſſent les rigueurs de
l' Hyuer. Les nuées y ſont agreables , 6c les broüillars plus impurs n'y ſont ny mal
ſains, ny de longue durée , ä cauſe des vents qui les agitent. Celle temperature de
l'air cauſe que la terre y produit abondamment des arbres de diuerſe ſorte , tant frui
tiers, que propres à baſtir. Le payseſtabondant en herbe 5c paſturages , en gros , &z
menu beſtiaLôc en cheuauxles riuieres Fourniſſeur par leur profondeur le moyen de
la nauigation
a plus, aux habitans,
de ſaumons quantité
eſin quelques dede
riuieres diuers
ceſtepoiſſons
Prouince, 8c, qu'en
autresnuls
commoditez.
autres de l'EIluy
rope. Brefcombien que ce pavs ſoit vn peu ſterile en quelques endroits , 6c em baraſ
ſé deſtangs, de lacs , 6c de bois : toutesſois il abonde par tout en beſtial , &c paſtura
ges,Lesſſhabitans
ê( reſiouyt touſiours ceux qui auoient
:le ceſte Prouince le cultiuent par vne heureuſe
de couſtume , commerecolte de ont
pluſieurs grains.
enco ñ MTM!
re, de iurer en tous leurs differengôc proteſtations ſolennelles, par le baſton de ſainct ;Ëſuîl
Patrice, ce ſerm ent eſtant tenu plus inuiolable que celuy des ſaincts Euangeliſtes. ‘
Lors qu~il shgiſſoit de creer vn Roy-.ou le recognoiſtre, il falloir que celuy qui le de
uoiteſtreauaſt luy meſme vne vache b anche, priſe auparauant, puis la mit cuire en
tiere dans l'eau , @Sc ſe mlſ apres tout nu l dans la meſme eau , com me dans vn bain.
Lors eſtant dans la chaudiere , entouré de tous coſtez de ſes ſujets , il mangeait auec
eux de la_ chair , 8c humpit du bouillon de ceſte vache, ſans ayde de verre , dc plat , ny
de main. . —
a Camden: lean Perrot Viceroy ï d'Irlande, ſut celuy qui diſpoſa tellement les Seigneurs de WIP??
P*** ceſte Prouince, qu'ils permirent qu'on diuiſaſt leurs Eſtats , 6c Seigneuries en Comg “m”
:ez, 5c qu'on eſtablit des Vicomtes pour les gouuerner.
COMTE' DE LOVTHJ
. ~ ., A Comté de LOVTH, nommée en Irlandais IRIEL ,~ouVRIEL, Nomsffl
— 'ñ - bouchuredu
eſt oppoſée à Bovné;
la mer d’lrlande,au delà duvoit
pres de laquelleon paysladeville
Meth , 5c de l’em&c
marchande, ſi
1-' richedeDROGHDAGI-Lnommée par les Anglois TREDAH.
- - , ~ L'on voitencordansce paysles villes marchandesdARDETl-í, de
DVNPALK ,auecvn bon port, &c deCARLINGFORD , auec vn port aſſez re
nomme.
Les plus illuſtres Familles de ce pays,de race Angloíſe.- ſont Cellci de Vfrdonſlſiſat, Gïflïfi
Clinton, Bellew, ou Belleau, Dowdall, Garnon, HadſonWotton, BrandomMor, 'WMV
Warren, Chamberlan,6clcs lrlandoiſes ſont celle de Mac-Mahon, 8c quelques
autres. '
a
~. - COMTE' DFE-XEON., -
E pays de CAVON,n0mmé anciennement BREANY ORIENTAL, "Wifi,
demeure des O-Reiley , qui ſe diſent yſſus de la maiſon Anglaiſe des Rid- ÊÏUËEÎË;
' ~ ley, bien queſelonleur façon de viureils ſoient purs lrlandois , eſt au Cou- ath-ux,
chant de Louth , 6c diuiſé par la prudence de Henry Sidney en ſept Baronnies . que'
les Seigneurs de ceſte famille recognoiſſent tenir ſans moyen de la Couronne d'An~
glcterre. lls n’habitent pas en des villes , mais dans de petits bourggôä Chaſteaux eſ—
994T» 55 Ont leur Eueſquepauure, qui tient ſon ſiege à KI LM ORE.
FERMANAGH.
î ~ ſi -ſi Irlande: ſi '41-1
ſiſiſiſiiïſiſiËſiſiſiií M AN Ac H.
MONOCHAN, ou MONACHAN.
_-<_ E pays eſt diuíſéen cinq Baronnics,qui ſontcelles deIRlELDARTRE,
’ FERNEY, LOGHTY, ôzlepetitpaysdeDONEMAlN. Il n'y a dans
i e,. .IE1 dont
HAN, V! ce pays aucuneville
toute qui lelerende
laCom-téapris nom. remar q uable ,ct que ce ll e d e MONAG
ARMACH; ~
E principal lieu de ceſte Comté eſt A R M A G H, ou Armach , ſiege Az
clſiiiepiſcopal , 8c Metropolitain de toute l'Iſle, pres lariuiere d( Kalin, L'on
- -* . voi 'auſſi dans ce pays la petite contrée' de FEWES , appartenance à Mac
Henry , del Famille de O -Neal , &L ORRY, dénuée de bois , où ſe tient O-Hau
l
DOVZN~
p_ ES lieux rinci auxde ce avsſontNEVſiI/RY ville marchandeſurlari
Lstux, . 753?", P P P . i
uiere de meſme nom, DOWN ſiege Epiſcopal , renommé par le tombeau
d(- ſainct Patricqſaincte Brigídqôz ſainct ColumbeARGLASfflroche de
la mer, &E STRANGFORD , port aſſeurépîſ la riuiere de Coyn ſe rend dans la
mer. C'eſt icy que les RuſſelsJes A udleys,8c les \Vhits de race Angloiſqdeffendent
courageuſemcnt les conqueſtes deleurs peres_, entreles ſarouches lrlandois. L'on
voit auſli dans ce pays pres d'vn lac l’Eueſché de COVER , la contrée ÏEAVGH,
appartenance à la ſamillede Mac-Gynnis, &ayant ſon ſiege Epiſcopal a DRO
'MOREŸ &t celles de KlLWLT-O, &è KYLVIËARNY, outre celle de LECAL, la
meilleure de toute l'Irlande, 6c CLANCBOY, c'eſt à dire, Gent blonde , ou lignée
de Hugues
lalignée de leBlond,
Neale. quiseſtend
p* ſi iuſqu’au golfe
‘ de
'_ Knoc-Fergus , 6c eſt occupée par~^
A--TëR IſiM.
ſi
\ſi ~
Lieux. R, A Comtéd'ATRlM,ou d’ANTRIM _, tire ſon nom d'vne petite ville peu
a' s - . conſiderable,comme beaucoup moindre que KNOC-FERGVS ,nom
mée par les Irlandais CARIGH FERGVS, c'eſtadire,Eſcueil de Fergus,
äilîe marchande aſſiſe ſur le golfe de Knoc-Fergus nommé par Ptolemée Ven
erxus. ’ . ~ '
. Europe. ſi ſi _ Nn
412 ' ~ Irlande: ~
COLRAN'
~ E pays de KRIN E , nommé maintenant COLRAN , a ſa principale ville Nïfflïï
. .
de meſme nom , aſſiſe entre la riuiere .
de han, la lus abondance de toutes l.“u
celles d'Europe en ſaumons , a; Lough-faile. La amille des Cahans ell: la
plus puiſſante de ce pays.
COMTEINZDONEGALL
OV TIR-CONELL.
—- —-~.—w -
Pays-Bas. 413
Mſrtartæaaſiaëóæñæ-&M:MMM-Wæ-&M-&aſtñæïñæ-&UMMÆ
~ P A Y S -B A S
N EID eſt
. ' i - affiette ERLANDT,& NEERLANDTfflource
baſſe ,85 non efleuée, que *ſon EZZËFÀ,
eſt vne partie de l'ancienne :Gaiden-d
y. "j GAVLE BELGIQVE , cncloſe 'î entrele Rhin ,la Marne, Bel Gall. l_í.r:
' .'- " j.; q la Seine, 6L la mer Oceane, ou bien ‘ bornée du Nord de la :P‘°l"“"‘=&
y ſ merBæitannique, du Leuantdu Rhin,du Couchant de la "ſi
. ' *à Ganleiyonnoiſe, 6L du Midy de la Narbonnoiſe, juſqu'à la
, cornmunelimite des Alpes,& du mont Adule. Ceſar donne
auffi le nom de B E L G 1 V' M à partie de ces pays , non à vne ville, comme quelques
vns ont eſcrit , ainſi qu'on peut découurir par Ceſar meſme, 6c quant à ce que plu
ſieurs Latins nom ment indifferemmenl ces pays BUËgi/àm, ô: baſſe Allemagne, ils s’a
buſent au 6c
poſſible, pour ce queàles Bel eſon
_es , peuples Gaulois , habitent en la gauche
du Rhin, les bas Allemaſſnds coſté bord droit, 6c ceux qui nomment ſim
plement ce pays BASSE ALLEMAGN E , ſans autrediſtixiction , ſont auſſi dans
le meſme abus, pource que la baſſe Allemagne embraſſe non ſeulement partie du
Pays-Bas : mais encore ceux de Weſtſalie , haute ôt baſſe Saxe , Heſſen , partie de la
Franconie, Gt pluſieurs autres Prouinces, comme vous pouuez voiraudiſcours de
l'Allemagne. Quelques vns luy donnentauſſi ſimplement , mais mal à propos, le
nom de Flandres , äcauſede l'ancienne reputation de ceſte Prouince par deſſus les
autres. ~
Ce paysa pour 4 ſes limites du Nord la mer Oceane, du Couchant la Picardíe,& d Güiïïïïïäin
Confins.
la meſme mer, au delà de laquelle il a l' Angleterre pour voiſine , où l’on ſe peut ren— Ë:Ÿ,~:Ë;"}y
dreen peu d'heures , du Midy la Lorraine ,la Champagne , 8c la Picardie, 8c du Le- mrc:2 '
uantîla Weſtſalîe, 8L la Friſe Orientale. _ _ _ . q
Ellendnë. Son tour eſt de trois cens quarante lieuës Plamandes, dont chacune contient trois
mils d'Italie, de meſme que celles de ce pays), 6c Pvſage 'de _ces lieuës eſt en Flandre l
Flamingant , preſque partout le Brabant, en partie e Rolande; 8c deZelande , 8c
pareillement aux pays de Liege', 6L de Namur. Elles ſont plus grandes au pays de
Luxembourg , 6c plus encor “enplîælſieurs endroits de Gueldre , &c du tout grandes en
Friſe , de meſme que les grandes d'Allemagne; 'Mais en v_Iîlariſitíſire Gallícant , en Ar
tois,-
deux 86 la d'Italie;
mils pluſpartapprochant
deI-Iaynautparce
\zyelles- ſont des
moyen petitesgſæjne contiennent
lieues Françaiſes. iíenuirou
Aujreclie ce pays
s’eſten~d
cect degrezentre vingr—deux²degre'_z,
de latitude &cquatre
, 8c cinquante; demykleklongitude-;ÔL trente,&
;ïœï contient; tousÏles entre cinquan.
paralleles qui: ſont
entreleſeize,ôcleWingt-vn._ .ä-;ſ - .z-T la ' ~~ ~. ':. ~ -
Diviſion, f" - "ï -Il eſt diuiſé-cómmunêmentën dix-ſept Prouince-s, dont celles de Brabant , Lim
k pays. burg , Lutzenbur ,>86 Gueldrë ſont Ducl-fezï, 'celles de Flandres , Haynaut; Artois,
Namur, Hollan &Zelande; &Zutphen,,-Com~tez z celles de Friſe Occidentale;
Malines, Väflcſihtfzñ Ouer-yſſel ,Zcë Gronitighle-,ſseigneuries , &c le Marquiſat du_
ſaiînct Empirdî-_fait \la dix-zſeptieſgrie. Ces' pays _ſont encordiuiſezeh deux Eſtats',
dont l’vn obeyt au²Roy²d'Eſpagtrç,ou-'à’l’lnſante Archiduelïeſſepsc lïaittre auxEfiatä
Ûbisl' ;Il y a dans-tous ces pays plüsdèëdeux cens villes' cèin tes dcmuraillès”, biencent;
cha-quinte_
!ages ;ëdontplaces
touteſſfbîs
.- qui ont-'prlffleſſge
quelques vns deont?ville',
ſté ruiner
6è beaucoſiu
pen ant
ſiplusîdefiit
la longueur
millË des
s'il a pris ſa naiſſanceder eaux du Leck, epuis le canal fait par ceux d’Vtrecht , d'où
il- ſort , ſe partageant apres en trois branches , dont l’vne paſſant pres des murs de
Schoonhovempuisä Crimpetyy
cipale branche,non guerſie loin derend ſes eaux
Goudæôc la au Leck,l’autrerincipalegade
troiſieſmqóc ſe va j oindre à la prin
Vianen
à Iſelſteimpuisà Motforqoudevatenôc Coude# dela ſe ?charge dans la Meuſe,
lamys chemin ,de Crimperuâc Roterdamwis à vis d'lſelmond qui porte ſon nom.
_ Mais HSSEL Œaudelà du Rhin . bien differentde l'autre , a ſa ſource en \Veſte
falie , ſur les limites de Çleues, piges du bourg de Rasfeldè deux heures de chemin de
Boerkonyôc trois de Ranſdorp , paſſe, premierement par le Chaſteau de Rhynberg
en Cſeues , puis, rentrant en \Weſtphalie va rafraiſchirW/eer , ec delà coule parle
pays de Zut_phen par lſclburg , Anhqlt , a; le Chaſteau d'Vlf~t , qù il, reçoit la riuiere
- d' Aa. puis arroſe Burg, Doetecomñ, &c lÿpeſburg., d'où auant Druſe Neron , laiſſant
le Rhin à main gauche , il Sacheminqit droit aux lacs du Nord , non guere loin de la
bouche du Rhin , qubnappelloit Fleuume Mais depuis que Druſe eut fai; vn canal,
ou foſſé, nommé Drufieinä cauſe de luy, depuis Docſhurg , 86 Uſſel iuſqiſau Rhin,
lllſſel. ſegroflit d'vne .rande quantité d'eau du Rhin., deuenantzauffi grand que Le
Wah!, a; continuant on cours ancien paſſe de Doeſhurg à Bronçhorſt , puis àZuc.
phen , oùil reçoit la riuierede Berkel, puis 5. Deuenter , 6c Hattem , ê: delà iſlam.
pen , pres de laquelle il va dans les anciens grands lacs' du Nord , qu'on nomme au.
jourÇPhuy Zuy derzée, ou-mer du Midz-,ſe déphargeant delà dans lames-z Gemgni.
que, à l'embouchure nommée_ parles anciens Fleunm,, #c parles modernes habigans
upaysTulie, _ _ ' _ ‘ ,pſy L; _ .
La M EVS E,nommée'parles Allemands Maſzſhc parlesFlamandsMaeHa ſa Lourd'
. ce au m5;dſſ'Andelo_t,6c
leRoyuSc deVogqſur ladesfrôtiere dude_
ſources pair;de Li eMarne.
Spnſſegac res, nçn loin
'Elledeçllieux
Côfflçnçe deſeulçmenz
Moi-item.;
.. ,
, Walice.
m_ L'Air de ce pays,bien qu'humide 6c groffierzeſt ſain, 6c propre pour la digeſtion ,
' voiremeſine pour la generation; 8c de noſtre temps il ſemble plus doux 8c ſain
qffanciennement ,~ tellemët que ſi ſes habitans viuoient ſans excés,ils pourraient vi
ure longuement.” lieu qu'il y en a peu qui vieilliſſent. UEſté de ce pays eſt agrea
ble, pource qu’il n'eſt pas ſubiet à des chaleurs exceffiuesſhc les mou ſches 6c couſins
' y _toutmentent fort peu les perſon nes, ſinon en Zelande.
' Les tonnerres ,les éclairs 6c les foudres, y ſont rares , auſſi bien que les terre
trembles. Mais FHyuer y eſt communément longwenteuxfroid 8c rude , ſur tout
quand le vent de bize ſouffle; mais les autres vents addoucifleut le temps,& cauſent
E… des pluyes. - —
Ce pays n'eſt guere abondant en ſource d'eau viue, ſi ce n'eſt en quelques ren- -
droits montueux: mais il y a quantite' delacs , eſtangs 8: marais , outre les riuieres
qui ſeruent non ſeulement à rafraiſchir 6c fournir de l'eau &t du poiſlon: mais encor
E1 fortifier le pays , qu'on void auffi tout plein de foſſez 6L canaux ,faits par ſes habi
tans aux lieux plus propres , afin de pouuoir voyager par eau de tous coſtez , ô: con
duire auec moins de frais, a plusâ l’aiſe,leurs denrées &L marchandiſes. Quant à la
mer, elle eſt dangereuſe en ce pays , pource qu’elle noye 6c rauage bien ſouuent
pluſieurs contrées , à quoy les habitans remedient le mieux qu’il ſe peut, auec force
digues
dommageGL leuées. Les vents
à ce pays, ſont lequi Pémeuuent l'Oueſt,
Nord—Oüeſt, dauantagefit cauſentpar, conſequent
&le Sud-Oueſt du
6c la Nouuelleſſ
Lune donne aufli plus de furie 8c de vehemence à ſes vagues, de meſme que la ren
contre des deux flux ou marées, l’vne d'Angleterre &c de Normandie, l'autre de
Norvege. - '
Terroir; Le terroir eſt preſque tout plain, et l'on y void peu de collines 8c moins de mon
tagnesflnon aux pais de Lutzenburg 8c deNamunóc en quelques endroits de Hay
naut. ll y a pluſieurs lieux pleins de ſablc-,ôz toutefois la terre y eſt bonne &t fertile;
grains. voire meſme en pluſieurs endroits produit quantité de froment# d'autres grains, à
,ſçſîſm ſçauoindu ſeigle,de l'eſpeaute, de l'orge,de l’auoine,des pois,feb ves,veſſes,faſeuls,
8c certaine eſpece de pois. chiche,de figure triangulairemommé Boeckweyt, qu'ils
donnent aux beſtes. Il produit auſſi des poires,pommes,prunes,ceriſes,ineuresgpeſ.
ct ches,abricots,coins,noix,noiſettes, nefles,fruicts
mais les figuegles amandes, &c ſemblables 6c des chaſtaignes en quelques
, qui demandent endroits;
la chaleuncroiſ
ſent difficilement en ce pays. On y void bien quelques treillesyôcraiſins, tant aux
villes qu'aux villages 5 mais non pas aux champs , ſauf aux enuirons de Louvain U: '
de Namur, 6L pareillement au pays de Luxemburg, où l'on culti-ueaſſez‘ bien les vi- '
gncsſans toutefois pouuoir em peſcher le vin d'eſtre aſpre 8c verd,pource que le rai
in n'y peut bien meurir. Ce pays produit auffi du chanvre, du lin, des melons , des
cocombregdu paſteLquantité de garance, propre aux teinturiers. 'll porte auſſi des
cheſnes fort hauts, des freſnes, des plans, des Peupliers , des tilleuls , des ifs, 8c plu
ſieurs autres arbres 5 mais non des lauriers, ſi ce n'eſt par gran de rareté , ny des pins,
ny des ſapins. Ils ont encor vne autre ſorte d'arbre particulier, qu'ils nomment
_ Abee,len,qui ſemble vne eſpece de peuplier blanc, dont le Brabant abonde ſur tout,
ïſſ' 6c meſme on s'en ſert en beaucoup dbuurages à Bruxelles. ll y a quantité d'herbes
potageres, 8c racines bonnes à manger; 6c l'on y void toute ſorte de citrouilles , 6c
ï
Wffl- force
_ artichaux,
te ſorte de fleurs.cardons, aſpergegô(
Il s'y-prenne auſſiautres delices
quelques des iardins,
mines dcſſ fer , aulſi bien' que
de plomb , 6ctoudc
cuivre. ~ _ ſ ſi ſi
Animaux Sesbelles prairies,& ſes paſturages cauſent que ſes habitans nourriſſent vne infi
‘ nité de bœufs 8c de vaches , 8c ces beſtcs ſont des plus grandes :apple en_ friſe qu'en
n ui)
418 . Pays-Bas.
Hollande; ſi bien qu'on en voidſouuent-qui peſeht plus de mille ſixcensliuſſres, T! ,
ſeize onces pour liure, 8L meſme quelques vns ont peſé deux mille cinq cens vingt-i”
huict liures. Les moutons v ſont auſſi fort grandsdsc- la chair-tant du mouton que du
boeuf, eſt fort delicate, auffi bien que celle des chevreaux. lQiant à la fecondité de
ces beſtes, en Hollande 8L Friſe', 8L quelques endroits de Flandres , les brebis ſont
trois &quatre agneaux d’vneÎportée,-8L les vaches-bien ſouuent deux veaux à la fois,
8L toutes ces beſtes rendent du beurre &du formage excellent en grande abondan
ce. Ces pays,princlpalement la HollandeJa Friſe,la Gueldre 8L la Flandremourriſ
ſent vn grand nombre de cheuaux fort beaux , 8L de grande force; mais peſans pour '
la pluſpart à la main , 8L peu mamans, excepté ceux de la pluſpart de Flandres. Au
reſte , les laines y ſont volontiers groſſieres, à cauſe de l'humidité de ſes paſturages,
tro Figue
ras.-S'y void,au
. moins aux contrées plus froides,point d’aſpics,coleuvres 8L vi
peres,ou autres ſerpens: non plus que des lezards ou ſcorpions', ſinon que la chaleur
ſoit cxtraOrdinaire,8L de longue duréeweu qu'alors il en paroiſt.MaiS en Hollande,
Zelande 8L autres lieux, où l'on tire des courbes; 8L dans les grandes foreſt; on nou
ue vne eſpece de coleuvre ſemblable à l’aſpic‘, nommé Adderen , qui eſt de plus
venimeux 8L meſchans, 8L l'on y. trouue aufii decrapaux 8L des lezards veni
meux. -
Ses foreſts abondent en cerfs,dains,ſichevreulx,ſanglierg liéures,conils,8L les ceſ
ſons de toute ſorte n'y manquegt point,n'on plus que les heriſſons. Il y a des loups,
des renards 8L des fouynes, 8L d'autre part toute ſorte de chiens de chaſſe. On trou
ue auſſi dans ce pays des martes, des loutres, 8L force putois , coguus par toute l'Eu
rope pour leurs peaux; _force perdrix, becaſſes, faiſansuourtereiles, caillegtourdre:
outours, mauuiz,alloüettegpans, cygueglierongcigoignes.oves, caues 8L canards,
poules communes,8L coqs d'Inde, pigeons 8L oiſeaux de riuiere,de toutes ſortes, ai
gles, autours, fauconséperulers émerillons, _ ,
_r La mer la pouruóit dvneinſimté de poiſſons, &fournit meſme à ſes riuieres des
eſturgpeongſaumons, truites ſaumonées, groſſes lamproyegcongres, turbos, aloſes,
hui_tres.muges,viues, de pluſieurs ſortegſoles 8L chicas de mex-,de fort bon gouſt; 8L
les meſmesriuieres nourriſſent auſſi quantité de tanches , 8L de groſſes carpes , an
guilles,brochers,barbeaut,gouionîs,eſcreuiſſes, 8L pluſieurslautres. Mais lesprincí
paux poiſſons de m_er,_qui l entlchiſſengſont les harans, les moines ou moruès, 8L les
ſaumons que les habitans ſalent , 8L vendent par toute l'Europe , 8L meſme en
ſſAſie. _
ñ ‘ _ ſi Moeurs anciennes,
.j Voy que le nom des Belges comprenne auſſi bien le Picard , 8L partie des [nella-g
Champenoís 8L .Normands, que les habitans du Pays— Bas, toutesfois pource “°“"
que_zle]_,d_e,rniers portent aiiiourdſhuy principalement le nom de Belges, i'ay creu,
qu'il eſtoitplusâproposdaſſoir icy leurs moeurs anciennes , que de les reſeruer aux
autres païs puis meſme u'il ſeroitauſſi impolſible de diſtinguer en ce poinct les vns
aCzfär. de ;des autres, Les Belges ‘ furent donc eſtimez le plus vaillans de tous les GauloisJant
,BcLGaLliM *a cauſe que les marchands ne pratiquoiêt guere leur pai~s,8Lne leur portoiët les cho
ſes quiwplouuoient ramollir leurs corps 8L leurs courages; qu’auſſi pource qu'ils
_eſtoientproches de Alemands habitans au dela du Rhin ,auec leſquels ils auoient
b $trab.ii.4. ,guerreſans ceſſe._Mais les plus vaillansb eſtoient ceux de Bauuais,puis ceux de Soiſ
ſons. lls eſtoient ſimples 8L _naïfs,farouches, eſtourdis, arrogans, 8L deſireux de pa
roiſtre bien veſtus &parez , 8L inſolens en leurs victoires , du tout abbatus en leurs
défaites, querelleux 8L ſubjets aux ſales recherches des maſles. ‘
Ils viuoient pour la pluſpart de laict, 8L de toute ſorte de chaínprincipalement de “'1'”
porceaufrais 8L falé,8L prenoient leur repas-le plus ſouuent allis ſurleur lict,eſtend u ï
— ar.llsportoient
terre. deshautſis dc chauſſcs ou brayes bouffantes..tout
. autour , des ſayes BFM":
manche, qui leur aſilloient iuſques aux feſſes. Leurs ſayes eſtoient de laine groſſiere
8L rude: mais quelques vns d'en tr"eux portoient ſides habits de couleunvoirçpieſme
rayez d'or,& pareillement des chaiſnes d'or,8L des braſlelets,
— d.
‘
Ils portoient vnclongue eſpée au coſté droitnn longécu, 8; vne lance propor- FMR#
Pays-Bas: 1 _ 419
tionzsc quelques vnsauoient des arcs 8c des ſondegauec des dards à lancer ,ñóc pou- '~
uoient mettre' en campagne trente mille hommes.
Gouuer- Si quelqtvvn murmuroit en leurs Aſſemblées, ou faiſait du bruit tandis qu'vn
"“““‘" autre parloinauiſi-toſt le Bourreau shpprochoit auec vn couſteau. en le menaçant,
8! luy commandant de ſe taire; 8L s'il continuait ,il _luy coupoit vne ſi grande piece
de ſon ſave, qnelereſte ne pouuoit ſeruir. . .
R=líSí°"- Quelques vns ï ont recogneu par des pierres . 6c inſcriptions anciennes , ŸÆËÏMË”
qu'ils adoroient particulierement Arduenne , quideuoit eſtre la Dſeſſe des Ar
ennes.
Moeurs de ce temps.
Ella: dſiu
Es b habitans du Pays-Bas, ſont communément beaux , Forts &t bien propor- ,ËÎÏÎÃÏJÏM
corps_
tionnésfic particulieremët tant les hommes que les ſem mes,ont les jambes des Kes-LG”.
mieux faites. lls ſont volontiers de belle caillcnsc meſme pluſieurs d’entr'eux ſurpaſ. “'5'
ſent la hauteur ordinaire, principalement en Hollande , Gt encore plus en Friſe. Ils
ont la couleur Fort vi.ue 6L vermeille; mais i'ay remarque' , que les Femmes qui ſont
d'ordinaire belles; mais non à l'égal des Angloiſes , deuiennent tellement auec le
temps hautes en couleur , de couperoſées , à cauſe de l'excès du boire , que
leur beauté s'efface bien-coſt: de ſorte qu'apres vingt-cinq ans elles ſont moins
agreable" ' - l - - Elan de Glen)
lntlinl- Ils ſont ï deſireux de fenrichinépargnans de legere croyance, ſubjets à eſtre pip— Habits des
riïnï- pez; mais dangereux, ſe voyans deceus . cuſirieux, grands beuueurs &- mangeurs, m- 'ffllfflîî- . ,
duſtrieux 6c ſubtils &fort addonnez aux arts &c manufactures; diſpoſez d à toute Ê cſiſiiſilffl'
ynoptx.
ſorte d’euenemens,ſans trop s'e'leuer aux proſperitez, ny demeurer abatus aux con
traires accidenssglorieux, mais non exceffiuement ambitieux., enuieux , ny colere”
traitablegouuerts, d'humeur gave. 8l ſacetieux , quelquefois auares, merueilleuſe
menc deſireux de nouueautez, 6c affectionne: à la bonne chere, de aux feſtins, quoy
que meilleurs ménagers que pluſieurs de leurs voiſins. Ils ſont auſſi fort courtois à
l'endroit des eſtrangers. principalement ceux qui ont voyagé ,qui n'ont leurs pareils _ _
en ce poinà. lls ;maintiennent le plus qu’il ſe peut leur eſprit calme, &t pluſieurs ſe ËIGJÏËŸW'
voyans aiſez apres auoir trauaillé durant quelque temps , cherchent le repos , faiſant direz-Zur.
place aux autres. lls ſont beaucoup affectlonnez aux baſtimensjau trafic &c à la con
ſeruation de leurslibertez 8c priuileges 6c prompts à toute ſorte d'entrepriſes , bien
que d'humeur froide, 8c peu ſubjete à l'amour,ſoupçonneux 6c grands parleurs ,ou- z.
blient coſt les plaiſirs receus , 6c ne ſe ſouuiennent guere longuement des déplaiſirs.
Mais quoy qu’ils "naiſſent d'aſſez bon eſprit , le vin Vappeſantit 6c Poffuſque bien
ſouuentauec ſes vapeurs_ .Sc ſuméesgcombien toutesſois que la nature leur aide à les
diſſipper bien—toſt,ſi bien qu'ils n'en deuiennent pas plus faineanszmais au contraire
trauaillent ‘a toute ſorte d'arts, 6c meſme quelques vns reüffi ſſent des mieux aux let#
tres, commeleurs liures le témoignent, 6c deuiennent capables du maniement des
plus importantes affaires des Princes 6c des Repululiques. Auffi la conduite de cel le
des Bſtats des Prouínces vniegnous peut ſaireaſtez cognoiſtre la prudenceôc leſbon
entendement de ce peuple, puis qu’il a trouue le moyen d'vn'ir ſi eſtroitement ita”
de diuerſes Prouinces , puis maintenu ſagement cette vnion; 8c que cette Republi
que a_ fait
toutes de ſi merueilleux
les autres; progrès
bien qu'elle en ſi peueudexempgayant
ayt touſiours once
pour ennemy 11m despoinct ſurpaſſe
pluspuiſſanfiſi
J'
\
420 i 'i ' ‘Pay's~Bas.
cenfiderationpu parnature, afin de manier plus aiſément les humeurs de tant de
peuples obſtincE-ila defenſe de leur liberté , &t ſemblent fuirlhpparencede toutes
ces vanitègque les autres cherchent.
Quant auxfemmeselles ſont gentillespropres au poſſible, voire meſme iuſques
à l'excès en leurs maiſons , auffi bien qu'en leurs habits, libres, familieres 6c de belle
,od
humeur,- mais parfaites ménageregôc des mieux entenduës au trafic, tellement que
leurs maris ne ſe meſlent gut-re que des affaires éloignées , 8c leur laiſſent volontiers
la charge tant de leurs maiſons que de leurs boutiques; voire meſme pluſieurs d'el
les vont pour le trafic en pluſieurs endroits , u le manient auec vne dexterité mer
ueilleuſe; mais leur mal conſiſte en ce qu'elles aiment *a boire autant que les hom
mes, 6c que les ieunes filles meſmes s'en meſlenc, 6L toutefois on n'y void pas quan
cité de fc mmes débauchées , principalement au pavs des Eſtats ,- mais elles ſont
’ ſtop im perieuſes à l'endroit de leurs marigauſquels elles voudraient toufiours com—
dvd” ‘
man dcr. -
.m- . Les hommes s'occupent au trafic, ou à diuers arts , dont ils abondent, 6c meſme QWPS
aux lettres, ou bien à la guerre , 6: les plus bas à l'agriculture 6c garde du beſtail. "ſin"
Mais ſay remarqué, qu à cauſe du gain que le trafic leur rapportqils ſe mocquent la
pluſpart de ceux d'entr' eux qui portent les armes comme des faineans, qui ne ſça
nent pas s'enrichir comme les autres. Ils voyagent aux pays plus éloignez , 6c font
de xrrcment toute ſorte de vaiſſeaux; inuententauec beaucoup d'heur, 6L font auec -I
ñ—ñPLL_
———~——_
vne grande dextcrité , toute ſorte dînſtrumens, qui peuuent accommodez les mai
ſons &les villes,& épargner beaucoup de peinezontinuenté la façon d'imprimer les
I 5. couleurs aux vitres auec le feuJes Horloges, 8c Plmprimeriqôz s'occupent fort tant
à la peinture qu'à la M uſiquqauſquelles ils excellent.
Les femmes n'y peuuent demeurer oiſiues; mais soccupentà filer le lin-Gt la lai- R' ſſi
'ſſ nqacheter ou vendre, oc tenir liure de raiſon , ou blanchir des toiles, ou bien aux
villages à faire le beurre 6c le formagqôt preſque tous hayſſent
œ faineans. ' ſ grandement lesoififi
_
lls ne ſe trainent d'ordinaire guere delicatement , mais bien ſoutient de pain de
ſeigle, &c de chairlaléc 6c fumée , dont ils ſont grande rouiſion , de poiſſon ſalé,
de beurre &c de formagqquils ſeruent meſme-à l'entrée u repas. ll eſt vray qu'ils ſe
ñ' 'A t'eſt-ment bien ſouuent comme gens de roſſe viqaimans la bonne chere, 6L deſircux i.
."1 "“.*-)
" hffl de s'entretenir en amitié. La biere eſt eur boiſſon ordinaire; maisle vin leur plaiſt '
l v tellement
ſcroit que Mais
beſoin. les aiſez ne paſſent
comme guere
ils ſont repas
à detny ſans en prendre
Alemands ,ils ne ,boiſiuent
meſme plus
pointqu'il
ſans ne
le
’ porter à quelqu'un &je ne vy iamais gens qui s'enyuraſſent auec plus de courtoiſe,
6c de témoignage d'affection, ny meſme auec plus de grauité que ceux. cy , en bai
ſanc la main autant de fois qu'ils donnent le verre 5 la ſerrant &c branlant la pluſpart
du tem ps à ceux auſquels ils boiuëc, ôc la tenant bien ſoutient autant de tempgpout
marquer leuramitic' , 6c proteſtant que c'eſt du bon du cœur qu'ils le portent, voire
meſme mettant la main ſur l'endroit du cœur pour plus dätſſeurance. Mais ils ne
tiennent pas otdinairemët ſilongue table que les Alemands, 6c ſur ce qu'ils boiuent
tranrilsscxcuſent ſur l'humidité de leuraitôlïde leur pays,pour la pluſpartmaréca
geux: à raiſon dequoyils prennent volontiers touslcs matins du Brandvin , ou vin
bcuflé, c'eſt à dire, de l'eau de vie, qu'il tirent par fois auffiforte de 'la lie de labicre,
queduvin. ..--;.
r. ~Ils~vont proprement — m tous le ſont à la Françolſt-…zprincipalſſement
veſtusctc preſque ' _ ffl ' _ ~
WW?
Les perſonnes de condition , tant hommes que femmes, qui ſont 'au pays des Eſtats,
excepte' que les femmes portent la huque noire pliſſée ſur leurs habits , &t certaine
ſorte de capeline;
&5 portent mais ceux
auſſid-iuerſes dede
ſortes baſſequalité
chapeaux Gtapproché: moinsde
bonnets veluſis la façon dtr-temps,
dercouleurpu noirs, U'
quelques vns des chauſſes à la matelote; 8c les femmes moinsqualifiées ,-o’nt -aſſullî
lzcurliabillcment particulieri la mode. du pars. Mais comporte-nt d-“ordinaireleurï
rabas empeſez de bleu , de meſmeque leurs Fraizes, qui ſont la pluſpart fort gode'
ron nées. Vaut à ceux qui ſuiuent la Cour à Bruxelles, quelques vns sëacconïmo;
dent au cours dutemps.- de meſme qu'à Naples , 6c taſchent de ſe conformeſſrle plus
qu'il ſe peut aux façons d'Eſpagne ,~ mais les autres ſont ñveſtus à' la ’ Flamand
a P m' de de , 6c meſme pluſieurs de ceux qui pratiquent la Cour y vont habillez 'î' laFrätT-ſ
a i. e i. Foſſe' ' l . . i' ~‘
~v
Îniigiiii _ Ceux-du Pays-Puy ont peu de reſte_ de leur ancien langage, qui du temps de Langue)
_ Pa); Bas. r -
Ceſar eſlbit en quelques endroits pur_ Alemand, 421
en d'autres mefle' däilemand 8L de
Richeſſes.
Mônoye. E: eſpeces eſtrangeres, tant de France que d'Eſpagne, d'Angleterre 8e d'Ale
magne, ont cours par ces pays , outre celles qui ſe batent aux deux Eſtats , que
vous verrez aux diſcours particuliers. ' ë
Trafic; Ceux de ces pays ï ont le voiſinage dela mer, qui leur porte des commoditez de Lfjfœffl
tous les endroits du monde:ſi bien que ſans elle,ces païs merueil !euſement peuplez, adam-ze.]
quoy qu’aſſez Fertils,ne ſçauroient fournira leurs habitans aſſez dequoy viure 5 non 3*'
_plus que leurinduſtrielesautres choſes qui leur ſont beſoin. Maislabord dvnein;
finité de marchans de tous coſtez,ſait de ce pays comme vn Marché commumdont
le traficlenrichit au delà de toute eſtime. Dauantage . ſes habitans voyagent pa:
mer de toutes parts ,œ chargent pour les autres pays des camelots , cuirs, filz de
ſoye-d’or 6c d'argent,perles 8c maluoiſies, du ſouphre, de la rhubarbqmumiqcaſſo
ac tucie, du coton, du ſel,des vins blancs 6c rouges, de l'huile, du plomb, de ſeſtain_
du miel, de la cire, du Fromengdu ſalpétre,du verre,des peaux 8c fourruregdu bai;
à baſtir 6c fairevaiſſeaunœ Pluſieurs autres choſes. lls font 6c vendent aux autre;
des draps de laine 8c de ſoyegdes oſtadeslat demy oſtadegbougran, burat, camclot;
\ **J
\1
a
i-^\
422 . î Pays-Bas'. ‘
dzYpx-e «le l’lfle'. St autres; futaines de toute ſorte', toiles Fortes 8c fines tapiſſeries,
peintures. liures, cartes 5c vaiſſeaux; 'lls tirent auſſi de Fort grands deniers de leurs
_. î
_, l cheuaux, boeufs, beurre, For-ipage, graine de raue Sc delin , GL de la multiplication
incroyable, Gcblanclnlſement du gros ſel noirâtrede France &d'Eſpagne Mais
lwrplus grand gain conſiſte en la peſche des harans , qui ſe trouue dans la mer des
Pays- Bas , mais non en ſi grande abondance que-prés de la coſted Angleterre -Sc
dîEſcoffe… où les flottes de Hollande &c Zelande , Friſe 6c Flandre, vont peſcherau
nombre denuiron ſept cens barques grandes ou petites , qui rapportent du haran
pour plus de deux millions: puis en fourniſſent vne grande partie de l'Europe, 6c
meſme quelques lieux de l'Aſie. Ils ſont auffi plus de cinq cens mil‘e eſcus des
moruësquïls pren nennprincipalement en la mer deFriſepù lon en trouue du poids
deciſſnquante liures, qu'on ſale pour vendre; 6c du ſaumon -, plus grand que Êa - mo
ruë.qui ſe trouue en tout temps prés de Holan de 5è Zelande 5 tellement que tout ce
poiſſon leur porte tous les ans prés de trois millions d'or. ‘ "
<. , Forces.
E pays eſt tellement' peuplé d'hommes courageux , 6c defendu d'vn Ggrand
nombre de places Fortes , marécages , eaux «Sc foſſez , qu'il eſt capable d'vne
grande reſiſtance-Muni] que les longues guerrespù toute l'Euro pe a contribué quel
que efforgont fait cognoiſtre; 5c quant à ſes forces maritimes , lors qu'elles ſcroient
vmes, ie les iugerois preſque inuincibles humaincmen t.
'x 1
a Couuernemenc.
Ëfiÿíïläílſl, L'Empereur ‘ C harles cinquiéme. ayant eſté Seigneur Souueraíti 6c paiſible de ſ
Dzza-…Muzſ - tous-les PavS-Basil auint ſous le Roy Philippe ſecôd ſon fils,l'an mil cinq cens _" .
‘-P-Î- ſoixantexinq. que Marguerite d’Auſtriche, Gouuernante des Pays- Bagayant pro
poſe ſexeaation de l'ordonnance du Roy d'Eſpagne, touchant Hnquifition 6c la
reception du Concile de Trente, ceux qui ſuiuoient la nouuelle doctrine de Caluin
6c-Luther, firent que le S' de Btederode, 6c quelques quatre censxGentils-bom mes, -
ſupplierent cette Dame de ne les troubler pas en leur Religion, &c de leur permettre
liberté
Gueux deparconſcience: choſe
ceux du party qui ne leur
contraire, ſut pas refſiuſez
ſe vovans accordée. Ces Snppliansd'abatre
commencerent , nommez
les
' images 6c ſtatues , tant en la ville d’^nuers qu'en pluſieurs autres lieux, puis l'an ;mil
cinq cens ſoixante- ſept, le Roy d Eſpagne enuoya pour Gouuerneur aux Pays- Bas
le Duc d'Alue , qui abolit l'exercice de la Nouuelle Religion , tant à Anuers; qu'au .
reſte du paysxluſſa tous les Miniſtres, déſir Guillaume Prince d'Orange,éleu Chef
de ce party; lors qu'il ſe voulut oppoſer à ſes deſſeinsauec les armes, fit executer l'an
mil cinq cens ſoixante huict les Comtes d'Egmond,ôc de Homes à Bruxelles,con—
ctaignit le Prince d'Orange de ſe retirer en France , prés du Prince de Condé; de'
manda la dixième de-tous les meubles, 8L la vingtième de tous les immeubles ,au
Lieu dequoy-Fon luv donna pour vne fois deux millions d'or,fic pub] ier auec vn par- l
don general de toutle paſſé, vn Edict qui commandoit à~ tous-de reprendre lſian
ciene croyance; puis l'an mil cinq cens ſeptantc-deuxffloulut encor demander meſ
a.:
; __ _::22: d me ſomme
rentſide quïauparauant;
skætïijanchir de ſorte que ,les
de cete domination &c Eſtats ſevoyans
conduits ainſi ma] Prince
par Guillaume traitez,d'Oran
reſolu
"ſſ ...z ctge , 6c Louys ſon frere, ſe ſaiſirent de pluſieurs places, Gt particulierement de Ra
xnelçensſiôc Fleffingue, en l’lfle de \Valckeren de Zelan de, 6c de quelques autres en
Hollande( J, x —
. Le Duc d’Alues eut pour ſucceſſeur l'an mil cinqceos ſeptanteñtroisſDom
Louys ile Rte ueſens grand Commandeur de Caſtille ,85 l'an mt! cinq cens ſeptan
ée. quatrezle rince d'Orange prit encorMidelbourg en Zelandeſ: puis Req ueſens
cſtant mçzrgDomleandAnſtriaç-u
çensſeptſianîctte-ſept, 6L fit auffltoſt lad-'Auſtrichezfutmis en ſa" place
paix , qui ne duragueresxôí l'ancinq
l'an mil mil cinq
cens
ſeptſianteñphuiläyle party _des Malcontans, qui ne ſuiuoient cel uy du Roydfiſpagne,
Èÿÿlÿgínt às’él_cqeæt_,ôt tandis que Domqlean dîAuſtrice caſche de !le ruiner,
- ” ' i mourut
F, , T,
Eſtats du Roy cPEſpagI aux Pays-Bas. 423
il mourut de la peſte au Camp deuantNamunPan mil cinq cens ſeptante-huict.
Cependant lePrince d'Orange faſſeure de la Holande,Zelande,&c quelques autres
lieux , voire meſme ſur receu Gouuerneurà Anuers 6c Bruxelles : puis Alexandre
Duc deParmeNint aux Pays- Bas pour les gouuernenau meſme temps que l' Archi
duc Matthiagappellé par lesEſtatsy vinc,puis ſeretira ſans s'eſtre ſignalé paraucuoe
action. Le Duc de Parme ſe rendit Maiſtre de pluſieurs places, 6L declara criminel
deleze Majeſté le Princed’Orange, qui fit en telle ſorte que le vingt-vniémc de
luillet l'an rnil cinq cens octante-'vn , les Eſtats vnis declarerent tout à fait qu'ils
ne recognoiſſoient plus pour leur Prince le Roy d'Eſpagne; ſi bien que depuis ce
temps les Pays-Bas ont eſte' diuiſez en deux Eſtats, dont vous verrez les particulariz
tez plus auant. v
" Religion.
Catlioli- LA Police Eccleſiaſtique des Pays-Bas eſt telle :'L’Archeueſque de Malines a
quel: _ pour Suffragans les Eueſques d'Anuers , de Bruges , de Gand , d'Ypre , Ruer
Ëeîſlm" monde 6c Bolduc. L'Archeueſque de Cambray a ſous luy les Eueſques d'Arras,
Lulhcllct. Tournay,S. Orneiyôc Namur: Et l'Archeueſque d'Vtrecht,qui n'a que le tiltre ſans
Ôſbî? effect , a ſous luy lei Eueſques de Dcuenter, Groningue, Harlem 5c Lewarden , fic
:JEL Middelbourg, qui ne ſont auffi que titulaires 5 veu qu'on ne recognoiſt nullement
1'551» leur luriſdiction au Pavs des Eſtats vnis , auquel on ne permet point d'exercices aux
Catholiques , bien qu'ils y ſoient en grand nombre, d'autant que les Caluiniſtes y
ſont plus puiſſans, &L dans le meſme pays il y a des LutheriengAnabaptiſtes, Armi
niengôc autres ſeäegumeſme desIuifLMais aux païs l'ubjets à ?Archiducbeſſepu
au Roy d'E ſpagnemn permetle ſeul exercice dela Religion Catholique, bien qu'en
quelques vnes des meilleures villesil y ay tdes Lutheriens 6c des C aluiniſtes.
ir
4 z 4 Eſtars du Roy d’Eſpàctg. auXŸPays-Bas.
Leurs pieces d'or ſontPAlbert , valant cinq liures' ou cinq flori-ns a huict ſols z le
dcmy,deux liures quatorze
lant quatre florios ouliures; ſols; le goolde
les ſouuera nengroomou l’eſcude
ou ſouctuerains d'onde leurs Alteſſesma.
leurs Alteſſes,de la va
leur de douze flot-ins ou liures: le demy 6c le quart, à proportion: le double ducat dc
leurs Alteſſes , valant huict florins deux ſols : 6L le ſimple ducat , quatre florins vn
ſol. Au reſte ,ils comptent en ce pay-s par liures de gros , dont chacune _vaut ſix
liures.
Outre le poiſſon ſalé, dont ce pays pouruoit les' plus éloigne: , 8c le beurre 8c les
formages, il fournit au reſte de ?Eutopeles plus belles &riches tapiſſeries qu'on y
voye, qui ſefont principalement-à Bruxelles,Audenarde 6c Gand.. Ypre enuoye ſes
beaux camelotspc ſa ſarge-ôc l'Iſle ſes camelots à deux filz, &L ſes camelots houffis i
quatre: toute ſortejd e camelots de toutes couleurgdont ſes habitans fourniſſent tou
tes les villes maritimes, toute l'Alemagne, Boheme, Pologne, Italie, France, Suiſſe
8c Sauo e.
L-Iſlli- a auſli le change ſur Anuers 8c ſur Francſornpour ceux qui veulent remet
tre de l'argent,dont elle tire vn grand profit.Il ſe Fait àValencienne grande quantité
de toutes ſortes de burats ſins de deux couleurs enſemble,de burat noir bazin,que
nous appellons Croyzc', Bt burat liz. On y fait auſſi les barracans, dont on ſe ſert en
France contre la pluyez les fines oſtades dont les Alemands ſe ſeruent pour bander
des robbesäc des cottes , 6; dont on ne dcbite gucre plus qu'en Alemagne 6L Suiſſe,
&c toutesſortes-de toile BaptiſteOn fait àMons les gros grains ou camelotgqui ſon;
plus ſins que ceux dc-Hflefic force ſayes de couleur,qui ſont ſarges fines au poffible ,
qui ſe debitent en Alemagne. _ .
l ls ſont à Tournay les tripes de velousztripes cle lin,qui ſont ſort douces: tripes au
poil,qui ſont auffi de lim-M encor plus fineszle damas caffars, plumettes, qui eſt vne
eſtoffe barrée pour des lictgqui ſe debite en Alemagnqnon en F ranct-,toutes ſortes
de rubans larges de laine', qui ſe vendent en Alemagne z 6c toute ſorte de bas d'effa
me fins ô: moyens. On enuoye de l‘a des laines teintes , pour ſaireſranges fines 6c
moyennes, &c toute ſorte :le tapiſſeries, 8c tapis pour tables. On tire de Douay force
camelots ſins de laine , qui ſont enuoyez blancs en Alemagne; az l'on en dépeſche
auiſi grande quantite' pour l' Italie. Anuers a les changes qui ſe remettent pour tout
lc monde íuſquï Conſtantinople , &c meſme plus loin , auec grand profit. Bethune
fournit aux autres pays Force oſtades , qu'on appellé Bethunoiſes , qui ſont ſort lui
ſantegpource qu'elles ſont calandrées; pource que la calandrqchoſe peſante, paſſe
deſſus. Cambray pouruoit tout le monde de ſes belles toiles. Arras enuoye dehors
force gros grains, &c camelo ts tous fins: Et Bruges a Vabord des laines d'Eſpſiagneſi,6c
pouruoit pluſieurs pays de ſatins baſtardaqui portent ſon no m. î
Le Prince tire tous les ans de tous ces pays,ſelon l'eſtime des' mieux inſormez en
uiron dix-huict cens mille eſcus , ou cinq millions quatre cens mille liures , tant de
la Doüane des marchandiſes,de l'lmpoſt du vin, tant vieil que nouueau , des Conñ
ſiſcations, bois, traites. 8c autres choſes, que du ſubſide extraordinaire, qu'on _luy
donne pour Pentretenement des garniſons 8c ſoldats , Gouuerneurs, Officiers: 6c
fortereſſes. Ce qui peut allez témoigner combien ce Prince tire de ſon peuple aux
occaſions , c'eſt le ſiege d'Oſtende , pendant lequel le pays de Flandres contribua
pour le payement des garniſons , neufmille flotins par mois , outre leſquels il paya
quinze cens mille fiorins , outre quatorze mille fini-ins par mois , payez au com
mencemengqui monterent apresà vingt. deux mille florins par mois.Mais tout l'or.
dínaire peut à peine ſuffire pour l'entretien de la ſuperbeCour de la Princeſſe,6cl'ex
traordinaire eſt peu de choſe, au reſpect des grandes deſpenſes qu'il faut faire, pour
y maintenir durant la guerre touſiours des armées, qui emportent meſme vne bon
ne partie de l'argent des flottes qui viennent des [ndes,
gxezLGet. Toutes ï les grandes villes de ce pays , principalement celles des frontieres ſont louer;
loſer.
deâmieux pourueuës 'de canons &c de toute ſorte d'armes 8e munitions de guerre,
auſſi bien que les chaſteaux 6c fortereſſes, 6c le principal Arſenal eſt à Malines, ville
preſque affiſe au milieu de ces pays,d'où l'on tire l'artillerie, 5c les autres appareils de
guerre , pour les tranſporter ailleurs. Les trois mille cheuaux . nommez De
Benden van Ordonantie î, ou les Bandes d'ordonnance , qu'on entretenoit au
ñtresſois , meſme en temps de paix , ſubſiſtent comme auparauant; et quant
:I Flnſanterie , le Prince men entretint iamais d'ordinaire. Mais à preſent ,
a cauſe des guerres , il faut auſſi augmenter la Caualerie , 6c pour le regard
Eſtats dd Roy d’EſpagÎauX Pays-Bias;
425
desgens de pied ,le moins qu'on en entretiennqordinairement paſſe le nombre de
vingt mille, 8c ces années paíſéespn a veu dans cefpays iuſqu'à ſoixante mille hom
nies,ou plus p0 ur le Roy d'Eſpagne. Quant aux orces maritimes , elles ne ſont pas
conſiderables; veu qu'en cor que les Dunkerkois &t quelques autres ſe portentſorc
ûillamment ſur mer,ils flechiſſent auſſi coſt ſous les grandes forces desHollandoiſis
qui les tiennent la pluſpart du temps comme affiegezauec leurs vaiſſeaux. ‘
Gouuer
ICŒCIL
Ces pays ayans eſté longuement ſous des Gouuerneurs, enudyez par le Roy
d'Eſpagne, Philippe ſecond en donna la Souueraineté de meſme que dela Franche
Comté de Bourgogne , de de la Comté de Charolais , l'an mil cinq cens nonante
huict , à Plnfante Iſabelle, Claire Eugenie ſa fille, à FArchid uc Albert d’Auſtriche
ſon maryaant pour eux que pour leurs enfahs maflespu femelles,â condition de re
' tour à faute d‘enſans,zc auec defenſe eſalienation. De ſorte que leurs Alteſſes eſtís
vcnuës l'an 159 _9 , prendre poſſeſſion deleur: Eſtats , il n'a plus eſte' beſoin d'y tenir
vn Gouuerneur
chiduc general,
eſt mort ſans au,defaut
enfans de la preſencehors
ô: l' Archiducheſſe du Prince.
d'eſpoirMais
d'en pource
auoir , àque l'Ar
cauſe de l
l'âge, quoy qu'elle ſe remariaſt ,ces Eſtats ſont comme acquis dés maintenant au
Roy d'Eſpagne. ,fl
Cependant cette Princeſſe gouuerne comme Souueraine, 8c diſpoſe de toutes les
principales charges', tant deguerre que d'Eſtat 5c de Iuſtice , eſtablit les Gouuer
neurs , tant des Prouinces que des villes 6c contrées, les Chanceliers, Preſidens œ
Conſeillers de tous les Conſeils 6c dc toutes les Cours 6c Chancelleries, les Offi
ciers des financenôt Maiilres des Comptes,l’Adiniral des grandsVeneurszles Droſ
ſai-s 6c Schultheys ,les Echeuins &E Senateurs . voire HÎCſIÎÎÙlCS Bourguemaiſtres, 6c
,Conſuls en quelques vllles,& nomme les Eueſqucs ô: Abbez,qui ſont apres confir
mez parle Pape.
Elle a ſon Conſeil d‘Eſtat, qui n'a pasvn nombre aſſeuré .de Conſeillers, pource
qu'il dépend de la volonté de cete Princeſſe, eſt compoſé de diuers Gouuern eurs
des Pays- Bas . de quelques principaux Officiers 6c perſonnages renômez pourleut
_ doctrine , a: des Cheualiers de la Toiſon , auec vn Chef du Conſeil, qu'on appelle
PreſidennCe Conſeil delibere des affaires d’importâce,qui concernentPEſtat. Elle
a ſonConſeil Priuàcompoſé de dix ou douze ConſeillergGentils-hommes ou Do
cteursjc d’vn Preſident qui garde le grand Seauníz ceux-cy ont comme Pintendan
ce de la luſtice 6c de la Policeſht ſur tous les autres Conſeils des Prouinces.Ce Con-ë
ſeil a Pauthorité doctroyer des priuilegeggraces 5c pal-doing; faire des 19ix,Edja;
8c Ordonnances; 6: prend cognoiſſance des differents des limites des Prouinces, &c
des droicts des Seigneurs 8c du Prince.
Elle a vn Conſeil des Finances , compoſé de trois Surintendans, vn Threſorier,
vn Receueur generaLtrois hom mes bien entendus aux Financegappellvés Com miſ
ſairegdeux Greffiers &autres Officiers. Ge Conſeil a Pintendance du Domaine du
Prince, 6è authorité tan tſur les Subſides tant ordinaires qwextraordinaires, que ſur
les autres Officiers qui manient les deniers du Prince. C'eſt ce Conſeil qui baille à
ferme les biens du Prince,de Paduis de la Chambre des CompteHMais au temps de
la guerre, leurs Alteſſes ont eu touſiours, outre ceConſeiP, vn autre Conſeil des Fi
nances, nommé en Eſpagnol Conſijo d: la Haziendd; compoſé ſeulement d'Eſpa
gnols, à cauſe de l'argent qui venoit d'E ſpagncpour ſouſtenir la guerrqqui n’eſtoit
manie' par nuls autres que par ces Conſeillers, qui auoient comme laſurintendance —
de toutes choſes. Elles ont. encor eu touſiours au temps de la guerre, vn Conſeil de
guerre, tout compoſé &Eſpagnols; 8c tous les Conſeils \ty-deſſus ſont obligez à la
ſuite de la Cour , où qu'elle aille, de meſme que le grand Preuoſt, ou Preiioſt de la
Cour,qu'on appel le la verge rougqpource qu'il fait porter vne verge longue 8L rou
ge,pour marque de Iiiſtice. Mais outre qu'il ſert ‘a la Cour, il peut auſſi ſeruir en l'ab . 'zik
l
""1
426 Eſtats du Roy dëEſpagſiſi. aux Pays-Bas. i
de quelques Maiſtræes des Comtes , par deuant leſquels tous les Officiers, manians
î les finances du Princetant en la Duché de Brabant 6L païs de ſa contribution,qu’en
la Duché de Luxemburg , viennent rendre compte , puis retirent deuxleurs quit
tances. Outrecete Chambre de Bruxelles, il y a celle de l'Iſle en Flandres; 6c quant
à celles de la Haye en Hollande , 8L d'Arnhem en Gueldre, elles ne dépendent plus
du Roy d'Eſpagne. _
Dauantage cette Princeſſe a ſon grand Conſeil ou Parlement à Malines, où l'on
va par appel en dernierreſſort, 8c preſque en chaque Prouince vn Parlement ou
Conſeil Prouincialx, qu'on appelle en quelques lieux Chancellerie, où l'on ſuit le
Droict Ciuil,&c
a.: Priuileges du Canomſans
pays. toutefois prejudicieraux
ſi Edicts du Prince, Couſtumes
c K .Zelande 6L Friſt-;BLAinſ
é de Luxembourg. l’an144z, iYEliz-.ibcth
Philippele veFue de ſonlesonclefinthoine,
Bon, poſſeda-ſeul la Du l
Prouinces cle Brabant,
Limburg, Lutzenburg , Flandres , Artois, Haynaut, Hollande, Zelande, Namur,
Friſe, lvlalines , 8L le Marquiſat du S; Empire. ll épouſa l'an mil quatre cens cin
quante lſabeau deyPortugzil , dſſCctlJqUCl le il eut vn ſils nommé Charles , inſtitua la
. meſme année de ſon marlageà BrugesPOrdre de la Toiſon,6L mourut en la meſme'
villePan mil quatre cens ſnixante-ſepnâgé de ſeptante-deux ans. ~~
CH A RL Es' heritier de tous ſet Eſtats , en l'âge de trente-quatre ans, ſut du vi-'
'nant &le ſon pere nommé Comte de Charolais ,puis ſurnommé le Terrible &L le
Guerrienpource qu'il veſquit toujours en guerre. llacheta de Regnaud dſſîëmond
'la Duché de Gueldre; 8L la Comté de Zutphen, puis le meſme Arnaut ou enaud,
\- I”
con ſirma laven te par ſon teſtamentfaiſant le Duc Charles ſon heritienzL des—heri
tant ſon fils Adolſc qui s’eſtoit reuolté contreluyAinſi Charles prit poſſeſſion dela
Duché de Gue'dre l’an mil quatre cens ſeptante-trois, puis mourut deuant Nancy
1e cinquième --le-lanuier, l an lñllll quatre cens ſeptante-ſept , n'ayant laiſſé qu'vne
fille nominée Marié.” '
M AR l Eâgèe dix -huict ansépouſa le dix-huictiéme d'Aouſt del’an mil qua#
tre cens ſeptante. ſept, Max z miFl-x-n d'Auſtriche, ſils de l'Empereur Frideric troiſié~
me, «SL depuis Empereur. en eut Philippe premier , &L Marguerite, qui ſur Gouuer
Dante des Pays Bos, 1S: mourutdvne cheute decheual ,eſtant à la chaſſe le deuxié
me Mars milquarre cens quatre_ vingt deuxct; puis Maximilian gouuerna ces pays
durant quelque temps,au nom de ſon fils Philippe.
PHlLlPP E premier, ſutrecognu pour Prince des Pays. Bas lan mil quatre cens
quatre vingt douze , épouſa l’an mil quatre cens quatre vingt ſeize, Ieanne fille de
Ferdinand Roy d'Aragon , &Z däílizabeth Reine de Caſtille , 8L par ſon moyen de
uintſapres Roy d'Eſpagne, 6L mourut à Grenade le vingt-cinquième Septembre
milCHARLES
cinq cens ſix,laiſſant Charles
qui ſut apres 8L Ferdinand.
Eſſmpereur , 8x'. cinquième de ce nom, poſſeda tous ſes ' - t
Eſtatsfit mourutlhn mil cinq cens cinquante huict. \ ’
PHILIPPE ſecond ſon fils, ayant gouuerué durant quelques temps tous les
Pays-Bas, les vid des-vnir depuis l’an mil cinqcens ſoixante cinq,mais principale
ment l’an mil cinq cens quatre vingt vn z puis l'an mil cinq cens quatre vingt dix
huict,auqu‘el il mourut , remit les Eſtatsides Pays-Bas à Flnſante ISABELLE
CLA] R E EV G l? N l E ſa fille.en la mariant auec Albert d'Autriche.
A LBERT Archiduc d’Autriche,fils de l'Empereur Maximilian ſecond, &L pre
mierementCardinal 6L Viceroy de Portugal, épouſa la Princeſſe d'Eſpagne le r;
de N ouembre mil cinq cens quatre vingt diabhuict ,fit le neuſié me Auril ;mil ſix
Europe. - O o iij
428 Eſtats duy _ Roy d , Eſpag..- aux
_, …
Pays-Bas.
cens neuf,trefue pourdouze ans,auec les Eſtats Generaux des Prouinces vnies , 5c
les recognut pour Eſtats libres,traittant auec eux comme Souuerainswici rompre la
trefſſue l'an mil ſix cens vingtñvn _ &x mourut le treizième de luillet mil ſix cens
vinUt-deuxJaiſſant ſeule maiſtreſſe des Pays- Bas l'Archiducheſſe ſa vefueficdepuis
goiîuernéepar le C ardinal infant qui y reſide au]ourd’huy.
a Giucciatd.
Pays-Bas.
Pi Du Mont. . __
Illuſttaci.
Lauricrs de - Saville capitale eſt LINGHEN,affiſe à vn quart delieuë de la Vfflï-ï
Naſſavv.]
- ~ ſi . ., … \*î riuiere d'Embs, fortifiée
bons baſtiongäc de doubles rempars
de plusaccompagnée ë: foſſez
d'vn chaſteau , auec de
quiaquatre
em_ent que c'eſt vne place frontiere des plus importantes. La Comté
comprend ſeulement, outre cette ville,quatre villages.
L' Empereur Charles cinquiémc l'vſurpa par confiſcation l'an mil cinq cens qua- Goal-cr?
tante» ſix, auec la Comté de Teckelenbourg, 8c la Seigneurie deóReyden, qu'il oſta “‘"'°""
au Comte Conrad de Teckelenbourg. De uis, cette ville ſurpriſe par Maurice
Prince d'Orange, General de l'armée des E atsl’an mil cinq cens nonante-ſept,
6L finalement le Marquis Ambroiſe de Spinola, s'en rendit maiſtreſan mil ſix cens
cinq, pour le Roy d'Eſpagne, quila tient encore.
- . - ſi ceux
Cedepays
Peland,
eſt affis entrela Meuſe, ?Eſcaud ,la Sambre 8c la confine
ñ - Denre, ô: ne paſſe en aucun endroit ces riuieres; mais ne
rauance pas par tout iuſqu"a leurs bords :comme on peut voir en ce que l'Eueſché
du Liege s'eſtend bien au int au deçà de la Meuſe. ll a pout limites du Nord la Hol
lande 6c la Gueldradu CouchancJa Flandrqauec lariuiere de ?Eſcaudz du Mid y,
Ie Hayriaut 6L Namur; du Leuant le pays du Liege.
Sa plus grande lon gueugpriſe quatre lieues au deſſous de Bruxelles,depuis le vil- &WWW
lage de Stritten 6c Goit ke, iuſqwa la Seigneurie de Keſſel , &L la Meuſe de l’Oüeſtâ
l'Eſt , eſt de trentelieuës de Brabant, qu'y” homme de pied bien diſpoſt peut faire
en trente ſix heures ,- 5c ſa largeur priſe du Midy au Nord, depuis le village de Hot
temont ou Rom pant , iuſqwaux limites de Boleduc, prés de la Meuſe , eſt d'enuiron
Vlflgt- vne lieu'e~,ou vingt-cinq heures de chemin.
Cette Duché comprend le MARQVlSAT DV S. EMPIRE,dont Anuerseſt PWM'
le Chefzle Marquiſat de BERGE ſurſfiſcaudsla Duché d-ÀRScHoTz la Comté Pîî"
de HOCHSTR AT, cellede MEGHEN ZLWAELHEIM.
Ses riuieregoutre celles qui luy ſeruent de borne , ſont la Dommele, qui vient de RiuictcîÏ
la contrée de Lon au pays du Liege, paſſe par la. ville d'Endoyen, puis ayant receu
PAade 8c la Runneſe rend dans la Meuſe, prés de Boleduc; le Dungen , qui fait le
meſmeà Gertruydenberghe; 8c le Merck, à Zuenberge. Quantä la Demere,Gete,
gran de 5c petite Nethe. Senne 8L autres, elles ſont compriſes au diſcours general.
:Guiecizt lin,
n s-Bas.
Elle Cmbſaſſe Ÿauſſi les foreſts de Soenien, Sauenterlooſiiroeten. tout, Groeten- Ffflſt"
P 1
Heiſt , 8c Meerdal, vingt-ſix_ villes _teintes de murailles ,dix-huict ouuertes, qui
J
r-~—-~—*———.
Brabant' i '
429
' jouy-ſſenc des meſmes prîuileges que les villes cloſes, 8e ſept cens bourgs, ou villageszſſ
ï
moii'elles de qu! tre racegqui orale-ur habitblancfourré d'hier-mines, ou d'autre' pe-ñ '
Ieterie blancheallantàPE-gliſe , puis au logis ſont veſtuës comme lesautres Damoi
’ ſelles du moîndepsc ont pour cheFv ne Abbeſſqqui eſt Dame temporelle de Niuelle,
8c de toute ſa Iuriſdictiomeſtant efleue par les C hanoineſſes.du côſentemét du Prin
oeficconfirmée par le Pape: Maeſtricht ſur la Meuſe , eſioignée du Liege de quatre
lieuèsfiz ſujecteen partie au _Roy dîſpagnexomme Duc de Brabangäc partie “a l’E~
ueſque du Liege. Lire, en Flamand Liere ,où il y a de beaux marchez de bœuFHVil
vordxnGemblours, loudoigngen Allemand Geldenacken, Hannut, Landed, Ha
nini
~
lem,Herental,Eindoven,en Kempelandfic Helmont. A RSCHOT ſur la Demere
atroislieuës d’vne Duché , appartenante à la maiſon de Crouy. BERGHEN OP
ZOO M.ou Bergue ſur le Zoom, qui ſe rend dans l’Eſcaut i demie lieuë deccſtcvil
le, qui porte le titre de Marquiſat, »SL eſt ſi voiſine de la mer , qu'on la met auec raiſon
entre les maritimes. Auſſi ellea vn aſſez bon port. Elle n'eſt éloignée d'A nuers que de
ſix l ieuësnse de Middelbourg de Zelande de huit. MEGH E.N,capitale d’vneCom
cé. B R E D Aſſur le Mercknrille Forte au poſſible, accompagnée d’vn ſuperbe Palais,
&L capitale d’vne Baronnze, appartenante au Prince d'Orenge, de meſme que les óil
les de Steenberghc, D l E ST,portít titre de Baronnie. G RAV E,en Flamand GraeF,
capitale du pays de Guyck , des plus Fortes du Brabant , conteſtée par ceux de Guel
dre,ôc Sicheuen. Le Prince d’Orenge eſt auſſi Seigneur par moitié de la Baronnie de
Grimberghen , auec ceux da: la maiſon de Glimes', qui portent le nom de Grimber
ghen; La Seigneurie, :SL ville de RAVESTE l N , appartenance aux Ducs de Cleues,
affiſe ſurla hdi-ruſe entre Graue, 8c Meghen , eſt auſſi miſe en ce pays, combien que
ceux de Giteldre ſelînpproprient. … ~
gïoanſihuent. (Maman M ARQV IS AT DV S. EMP] R &compté pour vne des 17 Prouinces,
lnſhïoioll. $ il ſut inſtitué, ſelon quelques vns; par Theodoric Roy de Francqqui mit pOurGou
uerneur de la Marche,& limite d’Anuers,Vtile Frere deTheodon Prince de Bauiere,
s P-tulÆmil. ou ſelon d'autres l' enuiron l'an de grace 975. pat-Him pereur Othſon Il. qui Faſſigna
lu pour le doüaire de ſa tante la Royne Gerberie, 8c mere de Lothaire Roy de France5 y
\
I mettant les villes deNiucl le, Louuàin,Bruxelles,&Anuersxapitale de toutes.Quel-_
ques autres le nomment auſſi Marquiſat de RH] EN , luy donnant les villes Annex-s,
Lire, Breda, Herendat, 6c Berghe. Mais parmy toutes ces opinionscontratires , au
moins-tous s'accordent en ce point qu'Anuers en eſtoit le che-F.
Ce paîis comprend auſſi la Comte dT-IOOCHSTRAT auec ſa principale place
de meſme nom -, ſans enceinte de muraille , dix-hujct villes non cloſesquîls nom
’ ment Vriheden, qui jouylſentde ſemblables priuileges quelesautregqui ſe diſent
franches, &s'appellent Ooſterwyck , Oitſchot , Tournhout, Duff-el , portant ti tre
deBaronnie,\Vaelem,Merchcen,AſchqWeren,auec titre deVicomté, D uiſbourg
autre que celle du Duc de Cleues, Oueriibhe, Hulpen, Wavre, Breine Aleu,Gena
pe , C hele Arendonck , 8c Dormal. ‘
Dauantage il y a pluſieurs gros villagegou bourgsfflortans quel que titre,comme
ceux de Bochſtel, Gaeſheeck , Reves , LeeFdal ,Weſemale , Perves , Roſſelaer , qui
portent tous le titre de Baronnie, 8c le bourgdc Waſh-tim , voiſin d'vne lieuë de
Semblours, qui porte titre de Comté. _
e Guicciatd. La ville,& Seigneurie de MALIN ES, ï nommée en Flamand MECHELEN,
Pnyszbn.
en Allemand MacheLqui ſait vn Eſtat à patt,& l’vne des dix- ſept Prctïuinces du País
Bas, eſtauſli compriſe dans le Brabant , au milieu duquel elle eſt entre Anuers , Lou
uain , &z Bruxelles. C'eſt vne ville Archicpiſcopale , affiſe ſurla riuiere de Dele , qui
s'enfie du flux de la mer, qui paſſe vne lieuë plus outre 5 de ſorte que la riuiere ſe par
tageant en pluſieurs bras, comme canaux ,' Fait diuerſes Ifles dansla ville , jointes par
des ponts. ll y a ſept Parroiſſes , dont la principale eſt celle de S. Rombaut, vn grand
Arcenal , oû l'on garde les canons ,. 6c munitions de guerre du Prince , auec pluſieurs
barques,ponts,& chariots, 6L toute autre ſorte d'attirail, 6c l'on y void auſſi le lieu où
saflemble le grand Conſeil du Prince. loignant ceſte ville on voidle grand Mo
naſtere de S. Alexis, auec quinze cens, ou ſeize cens Rcligieuſeggouuernées par qua
tre Dames, choiſies entre elles meſmes, qui peuuent non ſeulement aller dehors;
mais encor ſe marier quand bon leur ſemble. Au reſte laville de Malines a ſous elle
les villages de Heuer , Muyſen , Hombâte , Leeſt , &L Heffene , auec les territoires,
nommez en leurlangue Buytenien,comme NeckerpoeLNieulandfflc autresauec le
village
auſſi de Heiſt.
pluſieurs Quant à la Franchiſe
villages. x de Malines,
ſi diuiſée dela ville , elle’* embraſſe
\
Q ~ Pour le regard des Abbayes on voit à troiſislieuës de Bruxelles celle dflkfflíghem,
dont l'Ales
bant,'& bbéautres
tientprincipales
le prcmierſont
rangcelles
entrede
lesTongerlomGemblourgôc
douze Abbez du pays aux Grunendal.
E ſtats de Bra ſi
Bizzz_ L'air de ce pays eſt des meilleurs,& plus ſains , 6c diuerſes eaux Parroſent de tous
coſtez.” eſt pourueu d'aſſez grande quantité de bois, 6c pour la pluſpart fertil, exce
pté la contrée de Kempelandmaturellement ſterilezmais qui ſe rend bonne, 6c graſſe
par le ſoin de ſes habitans, qui nourriſſent force bcſtial. Il y a ï dans ce pays vn arbre a Keen GcrË
particuliennommé par ſes habitans Aabelen, eſpece de peuplier blanc, qui ſert à di- “f”
uers vſagesfflrincipalement à Bruxelles. Au reſte l'on tient que les brebis de Brabant '
ont la chair plus delicate que les autres, 6c la laine plus douce, 6c plus déliée.
BUNNY . Les Brabançons ſont attendaus auant le danger , mais furieux, 8c ſans peur s'y -
voyans plongez , 8c fort aſſeurez, parmy le trouble , entreprenant beaucoup pourla
gloirqôt la liberté,ſont prompcs a donner c'onſeil,nez à toute ſorte d'arts,& de ſcien.
ce3,de gaye,0u pluſtoſtlde bouffonne humeur iuſqu’à l’excez,ôc de Fort bou eſprigôc
iugementlls ſont aullî "courtois,laborieux,accorts,éueillez “en leur ieuneſſe,& peu l' Cïſti-Fpïœl
' chagrins, 8c peſans en leur vieil âge, auec lequel on dit qu’ils deuiennen t de plus bel- ÏIÃËPÃLËL,
le humeur. lls eſtoientrondsay fran cs en leurs affaires , 5c le ſont encor aſſez main- Habits des î
tenant; mais depuis qu'ils ont pratiqué les eſtrangers , ils ont vn peu perdu de ceſte N…
franchiſe , ſe ſont adonnez à pluſieurs delices incognuës à leurs enceſtres , 6L les fem
mes, tant nobles, qu'autres, ont beaucoup rabattu de ceſte franchiſe. Elles ſont des \
plus agreables , 8c gentilles , 6c les ieunes filles ſe laiſſent pratiquer librement a ceux
qui les recherchentseſgayengôc promenent, joüent,& courent enſemble en H yuer
ſur la glace, 5c viuent auec grande priuauté, ſans aucun ſcrupule. i
[Ils s'adonnent 4 au traffic,de meſme qu'à diuers arcs,& mel-'tiergdont il y en a dans Êcuîîgîffl*
Bruxelles ci nquante-deuigentre leſquels on eſtime grandement les armuriers, 8c ta- ctyſſ ſi'
piſiiers,qui ſont quantité de tapiſſerie de haute lice,de ſoye,d’Or,& d'argent. On ad
mire auſſi les excellens orſévres , peintres, ſculpteurs , 8L graueurs d'A nuers , comme
'auſſi les trois Conſreries,qu’on nomme de Rhetoriqugqui ſont celles de la Violiere,
de Goubloe, 8c d’Olijftack,qui ne ſeruent qu'à reſiouyr le peuple en certaines occa
ſions , &ſaiſons , en leurs ſales publiques, en y joüant des ComediegTragedies , &t
choſes ſemblables. ~
Ceux/de ce pays parlent communément Flamand , ſinon cn la contrée où ſont
principalement affiſes les villes de Niue: le, 6c de Genape, qu'on nomme en François
pays Romain, où l'on parle d'ordinaire Walou , ou Françoisvn peu corrompu , que
ceux du pays nomment Romain. Mais bien qu'au reſte du Brabant on parle ordinai
rement Flamand; toutesfois toutes les perſonnes de qualité,tant hommes,que ſem
mes y parlent François,& pluſieurs AllemandJSc Anglois-.voire meſme Eſpagnohôc
Italien,& quant a la langue Flamande , ceux de Brabant ont leur dialecte particulie
re, 6c ceux d'Anuers vn langage plus pur, 6c plus douxque les autres.
Riçhgſſc, ' Ceux de ce pays ſe maintiennent riches parle moyen de leur grand trafficles foi -
res d’Anuers, où l'on vient de tous coſtez , la vente d'vne infinité de cheuaux de tous
pays,celle de toute ſorte de cuirs,roiles—,tapiſſeriesfutainegarmes, teintures, peintu
resprfévrerieyerrerie à la Vcnicien neæaſſemens d'or, d'argent, de ſoye, de ſil, 6c dc
laine,draps de laine,& de ſoye qui s'y ſont, outre l'affinemenc des metaux, de la cire, -
&c du ſucreJ-endent ceſte ville Fort richezmais le grand abord des marchands eſt fort
retranché, depuis qu’Amſterdam s'eſt renduë comme maiſtreſſe du traffic , en ayant'
priué ceſte ville. Les armes , &c la tapiſſerie de Bruxelles [enrichiſſent auſſi grande~
'mennzc les draps,toiles,couſteaux,& fines eſpingles de Bolduc luy portent des com-l'
moditez ſort conſiderables; de meſme que les draps de Louuain , oùlîon a veu qua
tre mille tiſſerans , luy portent grande quantité d'argent, 6c le traffic des autres villes
leu-end d'ordinaire fort aiſées.
fort”. Ils ont toute ſorte d'armes,8c munitions de guerre,vn nombre incroyable d’hom - '
mes courageux,aguerris par le voiſinage des Eſtats du Pays- Bas, qu'ils ont à leur por
te, &leurs villes tellement fortiſiées , qu'il eſt impofiible d'en emporter la pluſpart, I J
qu’auec vne extreme deſpenſe, 8c perte de gens. ~
Gfflïfflï? La Duché ² du bas Lotreich,qu’on nomme aujourdhuy Brabant,s'efleua du de- «Hcuzpndgg
ſiſimÎſi" brís,ôc démembrement du Royaume d' raſie, ou Lotreich,ain‘ſi nommé par L0- vll-ïï-"o
thairefils de l'Empereur LothaireJors que les Rois de Fran ce,de la race de Hue Ca
pegabolirenc lc nom Royal; car lors il y eut de nouueaux _Seigneurs eſtablis par lali
beralité de ces Roispu des Empereur-s d'Allemagne, qui ſerendirent maiſtres d'vne*
43L - ſi Bſflbabt; ’ *
partie. Les Comtes de Louuain furent de ce nombre, qui S’el~tans eſtendusparmy ce?
nouueautez, quitterent le nom de Comtes de Louuain, pour prendre premierement
le titre de Ducs de Lotreich, puis de Brabant.
_ Ce pays eſt gouuerné par vn Prince , tel que nous auons veu ?Archiduc d'Auſtri—
'I
a
che,apres le decez. duquel ?Archiducheſſe a pris en main le gouuernementpu par vn
Lieutenant general du Roy d'Eſpagne, qui ſe tient en laville de Bruxellespû ï reſide
p I Guiccîard.
Pnys- Bas. auffila Chancelerie de Brabant compoſée d’vn Chancelier,d’vn nombre deConſeil
lets, d’vn Aduocat Fiſcal, vn Procureur Genera deux Greffiers, vn Audiencier, 8c
pluſieurs Secretaires . tant ordinaires, qu’extraor inaires. Le C hancelier, en ce qui
concerne la Iuſtice , tient le lieu de Gouuerneur de Brabant, &de Lieutenant du.
Duc. La Duché de Lembourgctc les Eſtats de Valkembourg, Dalem, 6c autres Sci
gneuries daudelà de la Meuſe, ſont auſſi ſujetes à la Souueraineté de la Chancelerie
def Brabant# vont reſſortir à Bruxellegoù ſe tient auffi laCour Feudale# Seigneu
'rſiiale du meſme pays de Brabant.
I
L' Eſtat politique eſt compoſe de trois ordres,ou meriibregdont les AbbezſhcPre
lats Font le premierJes Duos,Comtes,Barons, 8L plus grands Seigneurs le ſecond, 6c '
les quatre villes principales de Louuain , Bruxelle , Anuers , 8c Bolduc le troiſieſme.
Toutes les vil les de ce pa~is,tant grandes,que petites,ôc meſmela pluſpart des villages
ont communément luſticeôc droits Seigneuriaux,tant au criminel.qu'au ciuilsmais
les petites vont reſſortir aux grandes, 8c toutes a la Chancelerie de Brabant.
Il y a dans ce pays deux Officiers generaux pour le criminel, l’vn nommé le Droſ
flart _de Brabant, qui peut faire ſes captures par tout le pays de Brabant , où l'on parle
Flamand, l'autre le grand Baillifdu pays Romain de Brabant , où l'on parle Walou,
zz ces officiers doiuent iuger les criminels , äſçauoir le Droſſart deuant le conſeil de
Brabant, ou Commiſſaires deputcz par iceluy, 8c le grand Baillif deuant la Cour
Feudale de Genape.
Tous les Eſtats ſujets à la Souueraineté dat-Brabant ont pluſieurs grands priuileges;
que leur Duc lean obtint de l'Empereur Charles IV.l'an 134 9. 6c qui ont depuis eſté
confirmez par ſes ſucceſſeurs,dont le principal eſt: Q1; nul Braban çon ne peut eſtre
arreſté ensucun des Eſtats de l'Empire , ny eſtre tiré en inſtance , 6c l'on ne luy peut
non plus ſaiſir ſes biens.LeursPrinces leur ont auſſi accordé pluſieurs priuilegegdont
les principaux ſontzQue le Prince ne peut impoſer ny taille , ny dace, ny innouerau
cune choſe,ſans le conſentement des Eſtat: du pays,ne peut donner aucun office, ny
charge aux eſtrangersſauſqu'en laChancelerie deBrabantil peut mettre deuxCo n
h ſeillers eſtrangers , pourueu qu'ils ſoient de la langue Flamande , 6c donner la charge
dcChancelierà vn qui ne ſera pas de Brabangpourueu qu'il y ayt eu quelqueſoisD o -
maine,ou SeigneuricQue ceux deBrabant peuuent diſpoſer de leurs biens,tant ſeu
daux quîttutres, ſoit pour les vendre, ou en teſter , ſans licence du Prince , ny d'autre:
Que le Prince ne les peut obliger de ſe trouueraux Eſtats qui ſe tiennent hors de leur
pays, 8c que ſi le Prince vouloir abolir les priuileges,apres toutes deuës proteſtations,
ils ſontabſous du ſerment de fidelité qu’ils ont preſte, 8c peuuent prendre tel party
que bon leur ſemblera.
Quant à la ville d'Anuers,elle eſt non ſeulement lmperialemais capitale du Mar- ,
quiſat du S. Empirqa d’vn des cartiers de Brabant , où ſont compriſes les villes de
Berge, Breda, Lire,Herentalsfiteenbergheſhc autresvillesJevillageLEllea ſes Bour
guemaiſtresJ-IſcheuinsJLTreſoriers qui gouuernent la ville,vingt-ſixCapitaines des
Citoyens des 13 cartiers de la ville,6c vn Lieutenant crimineLnômé Scultec,qui por
te encor le titre de MarcgrauepuMarquis de Rhiemôc ceux d'Anuers recognoiſſent
leDuc de BrabanncômeMarquis du S.Empire,& luy preſtët ſermët en ceſte qualité.
Pour le regard de la Seigneurieſhc ville deMalineS,c'eſt la demeure du grid Con
ſeil du Prince inſtitué par Charles Duc de nourgogne l'an 1473. où vont reſſortir par
appehtous les païs deFlandres,Artois,Namur, Luxembourgyalenciennes, 6c autres
petites villes,qu'on nomme Litigieuſes, qui ſont ſur les limites du Haynaut, 6c de la
Flandre. Les procez des Cheualiers de la Toiſon d’or vont encor en premiere inſtíce
-<'r- — —-_—
i ce Conſeil,où l'on plaide ordinairement en langueFrançoiſeCeſte Seigneurie ſait
vn pays à part, quoy qu'elle ſoit dans le nrabant , 6c ſes habitans ſont francs par tous
n
ces pays de toutes daces,qu'ils appellent'l~ es. Elle fut vendue l'an i333. parPEueſ
que du Liege, 8c le Comte de Gueldre Con eigneurs , à Loüis de Neucrs, Comte de
Flandre , 6L finalement Philippe le non , Duc de nourgogne , deuenu maiſtre de ces
Eſtats ſepara Malines de _toutes les autres Seigneurits , 8c voulutquelle fit vn Eſtat
i . i ñ Brabant'
433
'. particulier. Au reſteles villes de Berg op Zoom , 8L Steenberghe ſont encorau pou- \ ,
uoirdu PrincedOrenge, 8L des Eſtats de Hollande.
Rdſgion_ On n'y permet en tous ces pays autre exercice que dela Religion Catholique;
combien qu'il ſoit aſſeuré qu'en quelques vnes des plus grandes villes il y ayt bon
cci-.cglo- nombre de Caluiniſtes.
A N SlGctIS E *Marquis du S .F,mpire,ayant épouſé Begguefille de Pcpin l'ancien, ‘ ^.“.“,"*Hlfflv
%“* obtint de Dagobert , Roy de France, l'an 657.131 Duché de Brabant , à laquelle fut :Jffnjjcſfl
vny leMarquiſat du S.Empire.Cét Anſigiſe ſut pere dePepin lLditHeriſtehqui ſut Btab _
Nlaire
de Brabant,
du Palais
Comte
d_e France,
de Namur,
8L mourut
8L Maire
l'andu714,.
Palais,
Charles
6c mourut
Martell'an
ſon741.
fils ſutauffi
Pepin ſon
Duc
fils mai,
W qui deuint Roy cle-France fut ſon ſucceſſeur,& ſa poſterité commanda conſuſement
5. ce pays iuſqu'à Charles frere de Lothaire , Roy de France, creé premier Duc des
deux pays de Lotreich ,l'an 981. Cc Charles eut pour ſucceſſeur ſon fils Oton , qui
mourut ſansenſans malles, 6e ſa ſœur Gerbcrge en eſtant ſorcloſavnc nouuelle diui
fion de la baſſe Lorraine ſut faite par Lambert , fils de Ragnier Longcol , Comte de
Mongqui retint la Comté de Louuain auec vne grade partie du Brabangoù eſtoient
compriſes les villes de Bruxelle , Niuelle , 6L autres , au nom de ſa femme Gerberge,
bien que lŸEmPerOUrI-lenry Il. e'ut donné enuiron l'an 100)'. aGodeſroyfils deGo
deſroy Comte d'Ardennele reſte deceſte Duché , forsla Comté de Louuain. Hcn
ty ſucccdaàſon pere Lambert, tanten la Comté de Lounain , qu'au Marquiſat de
Rhien, dont Anuers eſtoit ville capitale , puis Othon ſon fils, 6L Lambert ſecond ſon
frere, puis Henry, fils de Lambert l l. puis trois Henris ſuccederent de pere en fils, œ
furentſuiuis de Godefroy le Barbufrere du dernierHenry,qui obtint de l'Empereur
Henry V.la Duché de la baſic Lorraine, qui ſut depuis appellée Brabant, par Henry
lll. Duc de Lorraine , 8L de BrabantjGodeſroy l l. puis Godefroy lll. ſuccederent,
puis Henry LILÔL III. tous de pere en fils,puis lean l.fils de Henry llLqui acquit la
Duché de Limburg , lean ll. qui acheta la moitié de la Seigneurie de Malines , puis
lean IIl.fils de lean ILqui laiſſa Ieanne ſon heritiere, mariée à Guillaume Comte de'
Hollandqpuis à Wenceflaw Roy de Boheme, 6L morte ſans enſans , 6L Marguerite
femme de Loüis Malan Com cede Flandres,&c mere de Margueritqheritierc de Bra
bangmariée à Philippe le Hardy Duc de Bourgogne-,auquel ſucceda ſon fils Antoi
ne aux Duchez de BrabantaSL de Limburg,puis lean lV.fils d’Antoine,puisPhilippe
Comte de S. Paul frere de lean qui mourut l'an i450. puis Philippe le Bon Duc dc
Bourgogneſiils de lean ſans Peur,apres la mort de ſes oncles# depuis laBourgogne,
8L le Brabant demeurerent ſous vn Prince Charles le Hardy', oule Terrible , fils dc
Philippe luy ſucceda , 6L 'aiſſaheritiere de ſes Eſtats Marie ſa fille vniqueſiemme de ~
Philippe Archiduc d’Auſtriche , pere de Charles V. Empereur, 5L Roy d'Eſpagne,
qui a laiſſé ce pays à ſes ſucceſſeurs. r/ ' -
COMTE' DE FLANDRE.
Noms.
, L A FLAND
Flandren ) ſutR l'ancienne
E ,nomméeen Flamand
demeure VLAEN
des ſiMorins, DEREN
»SL partie (Cluuerc me!!
des Menapiens , 6L
confins. . . îſ NeruiengGordunesaflLGrudiensElle * s’cſtend en partie du coſté duNord b Guiccíatd,
juſqu'à la mer Oceane,& partie iuſqu'au bras de l’Eſcaut,que ceux du pays appellent P‘7"B"'
Hont, quidula Leuant
ſſnaut,puis ſepare dela
de l'Zelande , a dule Midy
Eſcaunauec la Comté
Brabannêc d'Artois,
partie 6L le payss’aduance
du Haynaugôc de Hay~
prend le titre de Prince de Gavre; 8( les villes de TENR EMONDE ſur la DQÛEÇM
MONTGHERAR D- ôc B ORH EM,puis le gräd village 8c Chaſteaude RVPEL- ñ
MONDE ,— honoré-de la naiſſançedtl grand Coſmographe Gerard Mercator… p .,
Want aux villages de toutela F landrefflon en conte 1154.. dont pluſieurs ſont:v
grands,
Pourriches , 8c peuplez
le regard de ſes ,riuieres,
autant qu'en pays qui ſoit
les principales enI’Eſcau,t
ſont Europe., le ~~
Lis quinaiſtefi .il '
Riuieres.
A rtois , &ſe rend dans ?Eſcaut ,de meſ ue la Tente ,— qui_ vient de Haynaut; la
Scarpe qui naiſtſen- Artois,la Durme qui, t de Winckelaôc la SualmeLe Lieve ſe
rend dans-letis, 8; la Cale dans île Lieve. La Colme deſcendant de \Vatene s'em
bouchesen la mer à_ Çmuelinglicgôt auſſi prés deDP-,nkerkezle Denle _de
Europe'. l'Iſle tombe_
_À Pp
1
.d 'i436 ‘ ~ i Flandres;
dans le Lis , l'En1eſſle venant de S. Omer-entre dansv la merà Grauelinguqde meſine
que l’Yperle de Bruges a Nieuport. L’Yſere, ou Fleterre,venant de Poperingbe va
groſſir l’Yperle. LaMoëre partant de Moerbeke ?aſſembleauffi à Gand, le Mandre
—, / venant de Rouſſelaer ſe decharge dans le Do~c~le , ô: la Marche entre dans la Tente. ~
L’air de vce pays eſt preſque par tout born-Gt ſainzmais plus du coſté du Midy que WWE.
de nul autre. Le pays arroſe' de pluſieursnu1eres,eſt preſque tout planôc n'a que bien '
eu de coraux 8c de montagnes. Il eſt gras 8c ſertil, ſur tout où il auoyſine la mer, ou
la France. ll a pluſieurs bois 8x', foreſts , dontles principales ſont celles de Niepe , 'Sc
Nonnemôc nourrit grande quantité de beſtail ;mais ſur tout de plus beaux clieuaux .ñ
qu’aucune contrée des Pays-Bas, tellement qu'on-les prendroit pourv baſtards d’EfI
pagne, Aufli les Flamans ont de couſtumede tirer pluſieurs ieunes poulains des pays
y voyſins ; qui deuiennent beaux 8c grandgpour petits‘qu’ils ſoient, à cauſe du bon
airôcde l'herbe delicate qu'ils rencontrent -, 8c ce qui rend ce pays meilleur, c'eſt
ue I’Ocean ſupleÏc-à tous ſes defauts. .
La Flandre Flaminganteiſeſt guere fertile en Froment, mais abonde en ſeigle, MWWÏÎ
auoyne,feves,pois,veil'es, lin, LY chanvre , de meſme qu'en ſort bons fruits de diuer
ſes ſortes , &la Flandre Gallicante produit grande quantité de froment, de tres_
bonne garancefic du paſtel excellent, outre qu'elle a de grands 8c bons paſturages,
1 , oùle beſtail profite grandement.
Les Flamans ſont de belle taille, 8c d'vne viue couleur, 6c leurs Femmes belles.IlS
ſont aujourd’huy ciuilsôc courtois , propres pourla paix ,86 pour la guerre, mai'.
chauds ſort accorts, ê: du tou tinduſtrieux, 8c penibles artiſans. Les Dame-s de Bru
ges ſont bellesflgracieuſeggentilles ſobres,autant que femmes de tout ce pays. Ils
parlent par tout Flamandſſinon _en la Flandre Gallicante , dont le langage eſt Fran
çois ou \Yſalon : mais afin dſauoirâ commandement les deux langues ,ils enuoyenc
leurs enfiins en France, ou bien en Flandre Gallicante,8c ſe rendent le François ſa
imlier par ce moyen. Le langage Flamand a cours entre le Lis 8c PEſcaut , 8c de là le
Lis depuis le Menin en deſcendant, 8c le Valor] depuis le Menin en montant.
’ …ÏEÏËËÎÏÎÊÏÎÊÎZÃIŸÏÏËÀÎÈÏSËÎËÎÊÀÎΟÎÏÏ-ÏÏEÏÏŸÃÏÎÊÏäïälïîîîïſctæîäï ÏÊÃÏÎÊÏ' *îëëëîëî
&tapiſſeries Oſſiſſi yprepare aiiſſi vne mſſeruſieilleuſe quantité de gl' ’ I Ps
\ _ , l pour einp oyer
a diuerſes eſtoffes. Leurs cheuaux ,leurs beurres ,leur garance , 6c leur poiſſon ſalé,
leur portent auſſi de grandes commodirez. Au reſte la villede Bruges eſtoit autre..
foisſi floriſſante, que Philippe le Bel Roy de France8( la Reyne ſa Femme oſtans en
cette ville l an 130i. S eſtonnerent grandement de ſa magnificenflce , 8c la Reyne PIT-i.
nans gai-de aux _ioyaux 8c pompes des Dames de Bruges, ſe l'achat de cet excez,ne le
put tenir de dire,qu'elle ppnſoiteſtredſeule Reyne, mais qu'elle en trouuoitâ centai
nes Iein cette ville.On, fait a D,ouay grad trafic de grains qu on j: porte de diuers pays.
- a Flandre eſt capabled vne glrande reſiſtence a cauſe de grand nombre d’hom— Forces;
æñSeÎ-;èllîêlgeujî drëiſt elle eſt pieqpſee -, läs gilles 18C VËlaÊCS s- en trctoucliant preſque,
y ’ y qu? es _ pabno S .e a uite e _ ar es . irent en voyant ce pays ,que
ce n eſtoit qu vne ville. Ce qui peut teſinoigner ſuffiſammct la multitude de gens de
guerre qu'on y peuttrouuer, c'eſt qu'au temps de Louys de MalePan 1380. la ſeule
v ville de Gand fit monſtre de 80 mille hommes ropres pourla guerre, depuis l'âge
de I ;iuſquàà
mais 60 ans. bridcz,
ils ſoiitſouuent Ceux deDunkerke
ou repouſſez ſe
parren
les entparfois
Ho andoís.redoutables ſui-la
- ct ' mer,
CeſousdesComtegauſ
uis pays fut premierementuelsſous des Foreſtiers
ſuccederent , c'eſtdeâ Bourcrocſirne
les Ducs dire Seigneurs des foreſts
de meſme da, comm'.
Pceux—c
~ l'A
e_s_ rc h~d
1 ucs diäiſtîh
’ u ric e ôclR es ,0 s dEſ
’ a ne uiëiî” e 0 ?rd
e enzencoſq _
Ileſt gdluuerné parle Conſeil , ou la Cour _deila PÏOËÎËCC ,Cinſtitulî-Ëe l'an i409. pzîr
Iean Duc de Bour 'Owctne ui eſtablitvn Preſident douze. Conſeillers
;luttes Officiersleï alppdlllatizns de toute la Comtdde Flandres S’y Vuicîênqtîäëqlizfliî
y a encorappel de cette-Cour au grand C ôſeil Royal de Malinesll y a ſous le Com
tede Flapdres vn Conneſtable ,l deux Mareſcliauigvn Chancelienvn (3h:ii*r1l)ellan_l
_ V11 grancr _Yeneuig douze Pairgquatre _Receueursflóc autres Officiers du Prince , qui
ont_ pour raiſon de
p/aysèorſiiſiſteïen leursEſtats,
quatre Eſtats qui
des ſont
Seigneuries
cïc deshereddtaires en Flandres.
-Eccleſiaſtiques Tout
, des Nobles le
, des
illes,îôc~ des Cliaſtelenies-,ôc toutesſois les villes de Gîíd,Bru es,& Ypre,ſont auec
le Frangles 4. mäbres du 'corps de PEſtagpource qu'elles ont a princi ale autorité.
Win au ſiege du Franc_ , quia pris ce_ nom pource qu’il ëaffrane it dela ſuje—
'b
Flandresſſéä* (4333
tion dc la ville de Bruges , tellement que c'eſt vne Cour qui fait le quatrieſme mem; _ ’
brede Flandres, le
nombrablegpar 8c Comte
futottroyéeaux villagtes
Philippe d’ Alſaceſu_'ets
, bienâayſe
cetted'abatre
ville , qui ſont preſquein-
Porgueilct des BruÎ. '
geois, en les priuant de la Iurildiction de ces lieux, qui dreſſerent auffiſſtoſt vne Cour
, compoſée de vingt-ſept Eſcheuins, créez du corps de leur Nobleſſe, qui deuoieuu
eſtre en charge toute leur vie,Sc ordonnerët qu’i y auroit' tous les ans quatreBourg
maitreSJes trois du corps duSenanou Eſcheuinagqôt le 4. du peuple , mais de leur
luriſdictiomôc
tant auec
la iuſticeLe euxa autorité
ſiege vn Baillif,ſur
qui ſeroit
ſept comme
lieuës vn Preuoſt,
de paysés enuironsexerçant &execu
deſiB ruges , mais
tant eux que les Brugeoi s, vontreſſortir parappel au Conſeil Prouincial 'de Gand.
Ceux d’Ypre ont auſſi vn Siege nommé la Sale d’Ypre , qui a ſous ſa Iuriſdiction
ſept Chaſtelenies,dont vne ſeulequi eſt CaſſeLa 2.4. ſieges qui en dependen t.
En la Flandre Flamingante il y a douze Cours Fiſcales du Prince-,mais en la Gal
licante il n'y en a que deux. Prés de la ?ale d’Y re il y a quatre principales Banieres
&hautes Iuſticcs, 8c grand nombre de fiefs.- …n la Comté d' A loſt il y a vne Cour
du Prince,où vont reſſortir cinq B anieres , 8c pluſieurs grands Fieſs, 8c hautes Iuſti;
ces. En la Cour de Terremonde, de Waesfic quatre Cartiers; mais les couſtumes
des Coursqui
deſſluſtice Fiſcales different la
Ïaſſembloitâ enrequiſition
pluſieurs choſes. Autrefois
des arties, il y auoitouvne
où le Comte ſonChambre
Lieute» s'
nant rendoit Iuſtice auec cel nombre de Conſgillers qu'il ordonnoit, &c lon memoir
au milieu de cette Chambre ſur vn lit de parchemin vne eſpée nue-deuant le Com
te en ſigne de Souueraineté. ‘
On ſuit en ce pays les loix MunicipaleSÆc Couſt-umes particul ieres de chaque vil
le ou Chaſtelenie, comme auſii le Droit Ciuil ou Romain. Nuls eſtrangers n'y peu-ñ
uent eſtre admis aux offices; mais ils peuuent recueillir les heritages,
Au reſte les Prouinces vnies y tiennent encor auiourd’huy les villes de l' EcIuſe,8C.
düärdenbourg, le Fort d'Yſendyck , Coxie , S. Catherine, Ooſtbourg , &pluſieurs .
redou tes , qui bordent les trois canaux par leſquels on va de Zelande , &c de Fleſſin
gueà l'Ecluſe, auec les lſles de Catſand.
n'eſtOn
auxneplaces
voit tenuës
en toutpar
ce ljesaysEſtats
autreVnis,
exercice
qui yque dela Religion
ontintroduit celuyCatholique, ſi ce
de leur creance.
Religion. Le premier Seigneur ‘ qui porta le titre de ce pays futîLideric Comte de Harle
.Gmîenloñ b eck, Admiral eſtablv pour Earderla coſte de Flandres , à qui Charlemagne donna aG.,z,,,,,4_Mere] ſpïïl
l“~ l'an 792.. le pays 6c la Foreſt de Flädres, afin de ſeruir de bîride aux Saxonsſſ domptez, P-“ëys-Bas- _
s'ils
d vouloient
e foreſts, on leencor remuer;
nornma 8c pource
Foreſtier que ce &laiſſa
de Flandres, pays eſtoit pourà la
ce titre ſespluſpart couuert
ſucceſſeurs , qui ' "
,
ÊÎËËÉPËΓYäâëëkäzzíízäznizïëä”YËÀSÏÛÎÏÎÀÀËÏE
ñ z , no , _ _ -
ThierrydAlíſiace, fils de Gertrudeſiœur de Guillaume ,luy ſucceda , fit quatre
d*
äogages en la :círc Scſiiliute cgcntre les Ipfidelläê , eſpouſa Sybillc fille de Foulques
” niou Roy e eru a em, mourut 'an x1 .
Philippe d’Alſ-ace_ſon fils , ſurnomméle Grand , ſit la guerre en Aſie contre les
Mahometans , eſpoula ,premierement Iſabelle fille de RudolfComte de Verman_
dois, puis Mathilde fille d’All'ſio’nſc Royde Portugal, &c mourutſan x 19x. au ſiege de
Prolcmaïdeſtip res auoir ſe :irc l'Artois du corps de la Flandre. ,
‘ ſ MargiÊrite ſa âſſœg, &c on làeritiere tÎſtamentaire, luy ſucceda, auec Baudoin
on mary omte e aynaut, ’ mourut an n94.. _
Baudoinleur filsſiurnommé de Conſtantinople , fut fait EmpereurÆOrient par
les Seigneurs François , l’an mp4,. 8c mourut príſpnnier au meſme pays l'an 1205.
n &yaíätenul Emiiilre qu enuirlonkvln an, 8c ayanî eFullergent laiſſe deux filles Iean
nefic arguente. auoir tenu e a naut auec a an re. '
Ieanne Dame dela Flandre, eſpou
&c mourut ſans enfans l’an 124,4.. a Ferdinand fils de Sanchez ROY de Portugal ſi
_Maräueritäcde Conſtîntinoplc ſa ſoeur luy ſucceda , eut de Guillaume de Dam
pierre uy , mourut 'an 12.79.
d Ciruÿ de Daiäxpiäre Comtî de Flandres , eſpouſa Mathilde Dame de Bethune 8c
e erremon e , mourut ’an_13o4..
Robert de Bethune ſon fils 8c ſon ſucceſſeur, mary de Catherine fille de Charles
ROZ' de Slällîäpulsd Yoäaräí Cſiçlïàtleſíecllä: Igeuers, &Tourutſhn i322. _ .
‘ Peleïldrſtgîkoçïlîſlÿgähc: mrguzut 15'211?13:6 erſflnary e Märgue-…ëvfiue de Pbm?
ſi Lou S de Male ſon fils,ainfi nommé du lieu defa naiſſance 8c ma de Z
Y _ _ l 1 YY arguen
ce, lili le vnzique de Iean IlLDuc de Brabangvnit le Brabant auec la Flandrqôc mon;
rut an 13 z. r .
Marguerite de Male fille vnique de Louys de Malqeſpouſa Philippe leI-[ardy Duc
de Bourgognc-,fils-de lean Roy de France5( mourutl. ;m 1404255 f… ſuyuie de [Un
ſans Peur ſon fils , puis de Philippe le Bon ſon peut fils , 8c finazemenede Charles Ie
Guerrier ou ,le Terrible,dern_1cr_I_) uc de _Bourgognqôc pere de Marie,q ui porta, tous
ÊîseîſëîfſîâèelîilälpôrêurMaxlmlllaild AUſtſl/Che ſon mary, auquel les Roysd’Eſpa—
d .
x
DVCHE' DE a LIMBOVRC.
3mm,, z' ,A Duché de ï LIMBVRG aduLeuant celle de Iuliers z du CouchantPE- C°°5“ï
B*1gi.1.z.c.ro ueſché du Liege-,du Midyla Duché de Lutzenbourg; 8c du Nordle Brabät,
"ë ñ"';‘ '-' 8c partie du LiegeSa lógueur priſe de l’Eſt à l’Oüeſt,eſt de prés de dix lieuës PRV***
de Brabangôc ſa largeur du Nord au Midy de huict. '
b Guicciatdin . Sa ville capitale l' eſt LIMBVRG, ailiſe ſurla Weſt , ou le \Y/eſdogi trois licuës Víllïïç
Pïrï-?ïï- d'Aix la Chappellqôc quatre du Liege. Elle eſt petite, mais forte, &accompagnée
d'vn Chaſteau fondé ſurle roc ,oùlon ne peutmonter que malaizement. On void
‘ auſſi prés dezLimbourg le Chaſteau de Hendc , baſty ſurla roche viue , 8c tellement
fort, que ſix Toldats pourueus de munitions de guerre 8c de bouche ,le peuuent de
_fendre contre vne armée. .
Ce pays embraſſe encor la ville de VALCK EN BVRG ,nommée en François
F-auquemonnôccellesde D A L EM,8c ODE LE DVC , ou Hertzenrayd;
auec .eurs Chaſteaux. Le village de C A E N, aſiîs entre Iuliers 8c Cologne , à
dfîuxlleuëç du Rhimégalant en grandeur vne ville, &ayant \me Egliſe Colle
glale, droict de Foire , &de Marché, 8c vn Fort Chaſteau, eſt auffi de ſes ap
F" ſ
E ~ , _
Dîh’d
parrcnancesll y -«a dans tout L"be
UCï ce Û
pays beaucoup
C Imde villages,
OUlſig. 8c de ſort gräcls bourgs. P Krïri Gai;
439
Cet eſtat eſt non ſeulement arroſe' dela Meuſe, ô: de \Veſe r mais encor du Be - 'ſi'
Riuicres.
nin, qui paſſe à Dalem ; de la Geucle, qui coule par Valckenburg, ô( de la Worme,
qui baigne Rode le Duc.
Tout ce pays eſtïdes plus agreables en Eſté; mais E-iſcheuigôc mal(plaiſantcn Hy.
Walid.
Ucnpource qu’il y fait grand Froid: tellement qu'il eſt tout coiiuert e glacqôc meſ
me la neige y demeure en pluſieurs endroits la plus grande partie de PEſte', à cauſe
de ſ1 hauteur. Toutefois, excepte le vin, il produit abondamment routes choſes ne
ceſſaires, comme toute ſorte de grains,& particulierement du ſromenrxlont ils ſont
du pain extremement blanc, 8c de l'orge dont ë ils ſont quantité de biere , à cauſe d‘e bMctcl ſpeëf
la chertédu vin . Il abonde en prez 8c paſturages,qui nourriſſent grande quantité de
beſtaiLen herbes potageres , &propres pour la medecine , en ſouſre , ſer , eſtain , &c
plomb. A fdemye lieuë de la vi le on trouue vne_mine de pierrczou terre Eriſegnom- ._- 591.5133."
moe par Pline Cadmie, qui s’vnit tellement auec le lecon parla Force du ſeu , eſtant Pîîïjffl*
pre_parée,qu’ellePaugmente d'vn tiers. Elle eſt encor bonne pour diuerſes opera- SEQ-WG”
tions de medecine, 8C particulierement poin-les yeux malades. On trouueauffi en ce '
_pays quantité de marbre iaſpé, dont le Chaſteau de Limbourg eſt pour la pluſpart
_aſty. Les eaux de Spa du pays de Liege , ſont proches de _cette ville d’enui~ron vne
~ lieuë. ‘ .
Les riuieres de ce pays portent auſſi Force truitesſziumonées , 8c écreuíces , princii
palementIaW/eſe. .
Richeſſe' _ Ceux de Isimburg ſont tous les ans grande quantité de draps qu'ils vendent en
diuers endroits des Pays-Bas, …t auſſi quelques commoditez. du ſer de leurs
conan_ mines, au uel ils trauaillenr. -
8C cognuë auantles acmîſiſſſiſſ'
H- ' ‘
La Duc é de Limbourg ff eſt rresñanciennqôc ſut renommée “'
MMM_ noms cle_ Brabant , Holande ,Zelandq Flandre 8c Namur. Ses Ducs poſſederent Mcrd- ſim;
premierement vn pays de grande eſtenduë: mais auecle temps leurs filles mariées ,
aux Ducs 8c Comtes voyſins,en emporterent tant de pieces,qu’elle ſut reſtreinte en
ſort peu d'eſpace z 8c finalement Henry dernier Duc de Limbourg venant àmourir,
.lean premier de ce nom Duc de Brabant , qui l’auoir acheté d’Adolſ Comte de
Mont, plus proche ſucceſſeur , &C Reinold Duc de Gueldre mary &Ermengarde
fille de Henry, morte auantſon pere, entrerenten differend touchant ſa ſucceffion,
&c ſe donnerent pour ce ſujet bataille, en laquelle le Duc cle Gueldre ſut priſonnier
l'an i293. puis contraint: de laiſſer Limburg, Valkenburg, Rode le *Duc , ê( Dalem
au Duc de Brabanndont
. .
les-ſucceſſeurs poſſedent
_
encor toutes. ces
,
terres.
.
. .
elec-ui Get;
Ce pays *qui va reſſortir à la Chancelcrie de Brabant eſt diuiſc en
qu'ils appellentBanquegſiqui ſont Herivqspreniont,Balen,Walh0rme,8c Moritz, cinq membres, inſu_
ſſ ‘
u' Les autres villes ſont Arlon ,Rodemarck , Thionvilc ſurla Moſelle , nommée en
Flamand _DiedenhovebGravemackren,&Conickmachreknaffiſesauffl ſurla Moſelî- '
'ſſ lç-;Dickrík ſur la Sure ;Vianden portant Ütre de Comté; Baſtomack, voyfine de la -
Foreſt d’A_rdenne";ndi~rim~e'e comnëiiinement Paris eñArEleñne, ,à cauſe du grand
.marché debeſtail, 8c deg-rain qui s'y 'tient ; Mommedy , au 'bas de laquelle paſſe' ;le
ChieruNëufchaſtel és Ardennes.- Danvilliers, ville tres» forte 8c belle, nonobz_
Europe. p
x
l
ées. ~ . ..
. Les ,habitans de ce pays ſont Catholiques.
5 31m1_ ſpa; r ?Le ë premier Con-ice de Lutzenburg fgt Sigeſrid, fils de Ricuin Duc de Moſelle, gie.
enſaucur duquel Brunon Archeueſque de Cologne , Archiduc de Lorraine, fit ba
Ilîifle Ckaſteau de Lutzenburg 159.119.1.0. Il eut pour ſucceſſeur-en cette Comté
(l.
._-_x
Comté de Namur. x 441
ſon fils Giflebert , ou Gilbert, dont les fils nommez Frideríc, Conrad, ê( Godefroy
furent tous nommez Comtes de L uxembourgfrideric ſurueſquit à ſes Freres apres
l'an i050. &toutefois Conrad Il. ſon neueu , puis Conrad lII. qui fut auffi nom
me' Guillaume , 8c Henry ſon frere S'en firent auffi nommer Comtes , quoy que la
poſterité de Frideric Æeſſayaſt de Pempeſcherfrideric n’euſt qu’vne fille nommée
Hermenfide , mariée à Godefroy Comte de Namur, qui fut par ſon moyen Comte
de Luxembourg , 8c laiſſa pour ſucceſſeur Henry PAueugle Comte de Luxem
bourgak de Namur, qui n'eut qu’vne fille nommée Hermenſide, mariéeàThibaud
Comte de Bar , 6c priuée de la ſucceſſion de Luxembourg , dont Conrad III.
mary d'Iſabelle ſoeur de Henry , iouyt par l'autorité de l'Empereur Frideric
Barberouſſe. ñ- .
Ce Conrad lII. eut Henr _Comte de Luxembourg , confirmé par l'Empereur
Henry VLfils de Barberouflèflenry l l. eut pour ſucceſſeur Henry Ill. qui mourut? î
l'an n89. &laiſſa HenrylV. qui fut Empereur l'an i308. 8c nomme" Henry VII.
qui _eut de Marguerite fille de Iean Duc de Brabant Iean l. Roy de B oheme,& Côte
de Luxembourg, peredeFEmpereur Charles IV. 8L de Wenceflaus , qui eut de
ſon pere Ia Comté de Luxembourgfic de ſa Femme Ieane,fille de Iean l [Lla Duché
de Brabant. Ce \Venceflavr erigea premier en Duché Luxembourg l'an 1353. puis
eſtant mort ſans enſans , laiſſa la Duche' de Luxembourgà \Venceflaw , 8c Sigiſ.
mond , fils de Charles IV. tous deux Empereurs. Mais Sigiſmond le dernier ſe
voyant ſans en ſans malles donna par engagement pour ſa dot à Elizabeth , fille de
a I ean Duc de Morauie ſon frere, la Duché de Luxembourg pour 12.0. mille florins.
Cette Elizabeth ſeconde Femme d'Antoine Duc de Bourgogne , n'eut nuls en ſans
de luy,ſi bien qu'elle vendit apres laDu'chc' de Luxembourg :i Philippe le BOn.Mais
pour ce que l'Empereur Sigiſmond eut de ſa ſeconde Femme vne fille nommée
Elizabeth , mariée â Albert d'A utriche Empereur Il. de ce nom , 8c mere de Ladisñ
las Roy de Boheme , qui mourut ſans enſans , d'Anne mariée à Guillaume Duc de
Brunſuic , 8c d’Elizabeth, ſème de Caſimir R oy de Pologne, Philippe le Bon acheta
le droit d'Anne , Charles le Hardy , dernier Duc de Bourgogne; ce uy dl-Llizabeth,
puis cette Duels é echeut à Marie femme de PEmpereur Maximilian, filles/nique de
Charles , mere de Philippe d'Autriche , pere de l'Empereur Charles Vdmtles ſuc
ceſſeurs iouyſſent encor auiourd’huy de 'cet Eſtat. ñ '
rt J ‘
l c O__MTE' DE NA-MV-IÃ.
A Comté-de NAMVR , ancien ſejour des Aduatiqucs , 6c des LËËΑË_’;,-_—
. Eburons ,apour ſes limitee du Nord le Brabant, du Couchant le' ſi ſ
Haynautidu Midyla_Forefld'Ai-denne,ôcle< Luxembourg; a( du
, ~, ‘ LeuantPEueſchédu LiegezSalongueur priſe de l'Eſt àPOüeſt de.
,ï
- _ :n
—/. puisPAbbayedeSorille itjÎſquÎà la riuiere de Pieton, qui ſepare :le ſi‘
Namur du Haynaut , eſt de .douäpetiteslieuës de Brabantgsc ſa largeur du Migy
au Nlord , depuis l'Abbaye de W _ors ,iuſquîàcelle de Bonef, eſt dedix *des m
mes ieuës. 1 ' -' ~ i
»WW Elleab pour ſayille-capitaleNAMVR , en' Flamand NAMEN , qui luy com. ycuizzm:
on nom , aſſiſe ſurle bord gauche de la Meuſe.,…ôc~ traucrséecpar le milieu di" ?WS-BNP i
muníque
P du Mont
_de la Sambre , ui s'y mefle auec la Meuſe: elle eſt accompagnée vn tres-fort ſm…. ;au
ChafieauJcſe-flement éloignée de huit lieuës de Louuaín ,- douze du Liege, &c Gcrm-_lnſ
aurant de Bruxelles. Ceſt auſſi le Siege d’vn Eueſque ,dont L'Egliſe Cathedrale âh°‘;““5:ſſ;b.‘
portele nom de S. Aubin, de meſme ue la ville le titre de Comte'. , c' " n"
Viſhsïï- _ Ses autres villes ſontBOVINES , urla Meuſe; CHARLEMONT, baſtie ar
_L'Empereur CharleSV. à troislieuës de Mariembourg l'an 1555. 8c des mieux or.
tifiées ,WALCOVRT ,ou VALENCOVRTÀ ſe tlieuësëdeNamur. ’
Riviera. llyadans ce pays cent octan-tedeux villages , dont 'vn des plus renommeè eîlt' '
Forem.
eeluy &Andenne , .où lon voit vn Fort ancien College,.qu'0n appelle 'Preuoſté , de
Ehanoineſſes Damoiſelles; de meſmffiſorte que celles de Niuelle ; «Sc-celuy de
Monſtierſur la Sambre, à deuxlieuës de Namur-,où Ion voit d'autres ChanoineflÊs.
Seâprincipales riuieres ſembla-Meuſe ,MR la Sambre S qui portent à ce pays de
PP ii*:
'tea
442 - . . 'I .
Comte f]
de Namur.
'grandes commoditeîz. Sa principaleforeſtshppelle Marlaigne. p _ , . _
L'air de ce pays eſt dous , ſain , 8c tem ere' ,Sè on y voit vne infinité de ruiſſeaugôc Wilde.
d‘e Fontaines. Les terres ſont tres-ſerti es au plat pays, 8c produiſent quantité de
rain , 8c pourle regard des cotaus , &des montagnes , dont ce pays eſt plain ,il y a.
Force bois épais , 8c de rand profit: des mines de fer , 8C de plomb , œ comme vne
infinité de carrieres de elle pierreâ baſtir, voire meſme grande quantité de marbre
noiratre , de couleur de meure , &d'autre rougeatre , mélé de blanc , qu'on appelle
Iaſpemutre vne autreſorte qui eſt entre grisficazuré, méle' d’vn beau blanc , 8c
lon ytrouueauſſi du charbon de pierre , de meſme qu'en Haynaut , &t lon y fait
auſli force ſalpétre. Ses ſoreſts nourriſſent _toute ſorte de chaſſe, &t …de gibier, Sc ſes
riuieres vn nombre infiny Œexcellens poiſſons. ' _ . r M
Les habitans de ce pays ſont bons , liberaux, gens de bonne chere, 8c fideles àleur m"
Prince , pro res
dats.CeuxdDe àtouteſont
Namur choſe , 8C ,affables,ôcinduſtrieiix,
ciuils particulierement enclins 8c
alatous
guerre , 8cdebons
ceux (bl.
ce pays
parlent Valon , ou François corrompu. , . -
Ce pays aſon Gouuerneur , de meſme que les autres Prouinces des Pays-Bas ffflfflïſñ
ſiijetes au Roy d'Eſpagne; Le Conſeil Royal eſtâ Namur, mais parappel on va au ſi…
Parlementde
compoſez des Malines. Les Eſtats
Eccleſiaſtiques, de ladeNob
ce eſſe,
ays qui ſe Chefs
8c des tiennent auſſi à Namur
desctbonnes , ſont
villes. Outre
le Gouuerneur du Pays ilyale Grand Baillif , qui a pour aſſiſtans dix, ou douze Religion,
Pairs , qui ſont des principaux Seigneurs du Pays.
Les habitansſonttous Catholiques. . …ñ
a Mm… Ce pays 'ï ſut premierement ſousdes Marquis , dont la ſuyte eſt ignorée_ 5 1puis à Guido_
Spgtul, des Comtes , dontles noms ſom: incertains iuſqu au Comte Albert , quie pouſa 19%,,,
"Ermen arde fille de Charles Duc de Lorraine enuiron l'an 1005. On trouue apres
dans la enealogie des Ducs de Lorraine enuironl’an i044.. vn Albert Comte de
Namur,fils du premier,ôc pere d'Albert llI. qui ſut ſuiu de ſon fils Godefroy
Comte de Namur, &par le moyen de ſa Femme Hermenſi e, Comte de Luxem
bourg,quimourutenuironl’ani115. Henry ſon fils fut apres luy Comte de Na
mur,ôtde Luxembourg , 8c pource qu’il_ſe voyoit ſans enſans conuint auec‘Bau—
— doin Comte de Haynaut ſon neueu , que moyennant certaine ſomme que Bau
doin luy donneroit, il iouyroit apresluy de cetteComttLpour-le droit _que les ſœurs
de Henryy pourroient pretendre. Ainſi Baudoin fut Comte de _Namur, apres le
- decés de Henry , &laiſſa par teſtament Philippe ſon fils , ſon ſucceſſeur en
cette Comté , à condition qu'il la tiendroit de ſon frere Baudoin , &t ſon frere
i Baudoin dePEmpereur
eſtant mort auec vn fils Henry VI. Ainſi
encor enfant Philippe
, Namur ſe dit Marquis de
eſcſſheucttâYoland, Namur
ſœur , puis,
de Henry
_ Empereur de Conſtantinople, femme de Pierre d'Auxerre Empereur ; 8L meredc
~'--R0bert , &de 'Philippe ,dontle premier fut Empereur d'Orient , l'autre Colïnte
de Namur. . ‘ , 'î ‘ ~ ..
Apres le decés de Philippe Henry de Luxembourg; S’empara de cette Comte' ,
. au hom de ſa mere, ou ſelon quelques-vns, de ſa femme Marguerite , fille de Gerard
'de-Luxembourg Com-te de Bar, 8c de Sybille ſoeur des, Empereurs_ Baudoin , 8c
v Henry. Mais cinq ans apres , l'Empereur Baudoin fils _de Robert , dernier de cette
~ race, reuenant de Grece , recouura ſon pays de Namur ,auec ?aſſiſtance deÿLouis
. ‘. Roy
de de France.
Sauoye Maislaſſmortde
,quiapres bien toſt apresil fut en Portugal
Ferſidinandde conteſte ,Comte
par le moyen de Thomas
de Flandres , auoir
-- ' - eſpouſé leanne deÎConſtantinople ſa veſue ; apresle 'decez delaquelle, Guillaume
' - Comte de Hollande , 8c Roy des Romains,irrité contre les Flamans , priua_ Mar
' guerite des terres de l'Empire , 8c donna Namur à lean &Aueneslfflan izjifMais
l'année däpresJEmpei-“eur Baudoin reduit en grande neceſſité vendit la Comté de
Namur-à
par la Reyne Blanche
pitiéàMarthe ,femmedemere de Louis
Baudoin, Roy
fille de France',
deſilean' Roy qui en fit auffiNeuf
de Ieruſalem. toſt don
ans
apres HenryComtede Luxembourg, ayeul de l'Empereur Henry VII. s’empara
deNamur. Mais Marguerite de Conſtantinoplqqui y auoir plus de droit, affiegeala
,ville auec Henry , puis ſoudain ce debat Shppaiſa par le mariage de Guy de Dam
pierre_ fils de Marguerite, 8c &Yläbeau fille de Henry ;— tellement que Guy demeure.
Comte_ , çu-Marq uis de Namur; puiseutpout ſucceſſeur lean ſon fils , qui ſut ſiliIËIctſſY
de Robemyàñquiſucceda G.uillauine..Finalement-la Comté de Nam-ur eſtant
écheuëpai-_droit heredicttaire à Marie-ſentait de Guy 'ſi dernier Comte de Bloisfiean ,
I
d
Cambreſis. _ 443
ou Thierry- ſon' heritier , la vendit :i Philippe le Bon Duc de Bourgogne s’eñ~'
reſernaſint le reuenu durant ſa vies puis des Ducs deflourgogne elle vint .entre les
mains dc la Maiſon d'Au triche. r ,
z CAMBRESIS.
3 ,i ,,lſ ECAMBRESIS,
Roy d'Eſpagnequiioint
tient encor aux&cextremitez
du Nord du Haynaut;
du Leuant,le PaysL Basdu
le
. CouchantPArtoisz 8c du Midy la Picardie. ’
Sa capitale eſtCAMBRAY , nominée en Flamand CAME
RIIK ,ôc par les Latins Came-radar”, derniere-villedes Pays-Bas *Gîîlîſſëîffl-ſi —'
' '-‘ — . , . Pa 1B -
..—_,U,Ë...-> du coſté de Francc-,priſepar quelqueS-vnspourla Samarobrine p 7g,, JL….
. de~Ceſar ,aſſiſe ſur l Eſcaut,qui paſſe parle milieu , à ſept lieuës de Valenciennes. ^“"°_‘²‘~_
- ~ ‘ -ñ - ~ ~ -
Elleade tort bellesrucs, belles maiſons , tant publiques que particulieres , &c des Kezri
,nfl - Get..
Egliſes reinarquables,dontla principale eſt la Cathedrale de Noſtre Dame , où
loſſnvoit entre autres choſes vnehorloge , qui marque les heures , auec vn globe
repreſentant le cours de la Lune ,ôzquandſhorloge vient à ſonner vous voyez de
’ petits perſonnages de bronze , repreſentans vne partiede la Paflion de Noſtre_
Seigneur, qui parle moyen de certains reſſors marc ent l vn apres l'autre , ô.: paſ
ſantdeuantlacloche,chacun d'eux Frappe ſur elle
cou S qu'il doit ſonſiner d’heures.La Citadelle quidle'accompagne
ſon petit maätetîu autant
a ie par de
l'Em
Perekhr Charles V. lors qu'il saſſura de cette ville, eſt affiſe àl’vn :le ſes bouts, ayant
_ vne belle grande place au deuant, de grands ſoſſez a ſons de cuue pleins d'eau,êc des
baſtions 8c rem pars , qui la rendent des plus fortes. _
ct L'autre place d'importance de ce pays eſt le Chaſteau-tle CAMBRESY,ÜOÎEQÔ
ë 'ſſde ſixlieuës dela cite,0ù la paix ſut Cuncluë entre _les Roys de France ,Îôc diEſ- Î-~L~'-.~=.
Pagne l'an i559; 8c le reſte conſiſte en zz. villages.
Ming,, ſiIl ſe Fait tous les ans :l Cambray plus de 6O.mille pieces de cette toile qui porte le
- nom de laàville
montent ,leſquelles
la ſomme eſtimées
deſideux Pvïie
milions portant
400. l'autreÆelques
mille liures. à quarante liures
vnes la piece,
de ces toiles
ſont ſi fines , qu'il s'en trouue de pieces qui ne tirent que zz. aiilnes , du poids de ſix,
ſept , ou huict onces la piece , qui valent pour le moins cent liures.
F°“°‘- e Roy d'Eſpagne tient ordinairement groſſe garniſon à Cambray , dontla Cirad
delle eſt garnie de force canons , outre que ſes fortifications la rendent comme
imprenable! _ _- ‘
Goiiuet- Cette cité ſut conquiſe la premiere par Clodion Ie Chenelu, Roy des Francs,
""“‘“" lors qu’il paſſa en la Gaule Belgique l'an 4.45. Elle Futalpres compriſe en la Comté
de Haynaut z mais depuis, les Empereurs Aleinans la eparans de cette Comte' la
xendirent In-.prriale , 8c libre. Elle ſur encor priſe par Baudoin le Debonnairc
Comte de Flandres, en la guerre qu'il eut auec Gode roy Duc de Lorraine, contre
Pfimpereur Henry lll. auquel touteſoisil la rendit apres leur accord. Henry V. la ,
mit apres ſous la garde 8c protection de Robert , ſurnommé de leruſalem, Comte
de Flandres,comme Prince d’Aloſt_,tant pour luy , que pour les ſiens, 8c depui-S .
cette autorité ſut confirméeaux Comtes de Flandres par ?Empereur Frideric,
au tempsdu Comte/Thierry d’Alſace,l’anI164.Mais nonobſtant tous ces clons,les
Rois de _France ont toujours pretendu droit ſur cet Eſtat , 8c s'en ſont rendus
maiſtres luſieurs fois,puis l'ont vaillammentdeſendu, comme il anim: au temps du
Roy Philip edeValoisJOrS quePEinpereur Louys de Bauiere , 8c Edouard III. _
cer-ct, auec tous leurs efforts. Ces guerres continueront longuemenflentre les _ ' r
Roy d' AngFeterreliguez contre les François ,l'aſſiegerent, ſans la pouuoir emporñ
trouua depuis moyen de s'en ſaiſir , de meſme que de la Citadelle , 8Lla tint durant
les mouuemens de la Liguqſe faiſant appeller Prirxæ deCamld-reſigôc ne recognoiſ. ,
ſant qu'à ſa fantaiſie le Roy de France, quipour c tte cauſe ne ſe ſoucia- guere' de
le maintenir. Mais levComte de Fuentes , General de Parmee Eſpagnole , &yang
auparauant à deſſein ſait acheter à ſort haut prix tout le bled de la ville , 8c du
Chaſteauſhtſe ſcruant dela mauuaiſe 'volonté des habitans mutinez ,à cauſe de
Pluſieurs ſurcharges, ſe rendit maiſtre de laville, <°.\’. ſurprit le ſieur de Balagnydé…
pourueu, qui ſut auſſi toſt contraint de quitter la Citadelle l’an_1595. &depuisles
' Eſpagnols ont toujours poſſede cette place. L’Eucſque en eſt Seigneuntcmporel ,
‘ ôcſ irituel, orte le titre de Duc , eſt Prince de l'Empire z 8L la Iurildiction _eſt
’ ſi d'aſſez
'Ses habitans
gran e eſtenduë.
ſont tous Catholiques. .
ÎNLÎHËÎË' ' ce qu'elle eſt aſliſe ihr vne petite montagne , 8L trauerſée dela riuiere de Trulle , ou
Aimez, ~ Troüille,qui entre dansla Haine. Ceſtvne forte place, tant à cauſe qu'elle peut
fïfflí-Gïſ- eſtre enuironnée d’ar-inde tous coſtez, qu'à raiſon de ſon aſſiette naturelle-z de… ſes
ſi "'- murailles,_8Lîde trois larges , 8L profonds ſoſſez. Elle a pluſieurs belles fontaines
d'eau viue , 8L ce qui la rend fort renommée c'eſt ſon Abbaye de Chanoineſſes tou
O
tes Damoiſelles', qui chantent tous les iours les Heures Canoniales, shabillent le
matin de blanc comme Religieuſes , 8L Yapreſdinée_ comme Damoiſeles , eſtfant à
leur choix de ſe marier. . ~
La ſeconde ville du pays eſt VALANC l ENE, qu'ils appellent en leurWalon
VALENCHIENE,aſſiſe en vn plaiſant valon ſur l'Eſcat1t , qui paſſe par cette
place ,de meſme que lapetite riuiere de Rouelle , tellement que toutes “deux font
' ,pluſieurs petites Iſles dans la ville , 8L paſſent preſque par deſſous toutes les maiſons
pour la commodité de chacun en particulier. Au reſte elle eſt fortifiée de bons bou
euars,de murailles ſort épaiſſes , 8L de [Nes ſoſſez. Ce qui merite particuliere
ment d'eſtre veu, c'eſt l'ancien grand Palais , qu'on appelle maintenant la Sale du
Comte , au lieu qu'on l'appelloit autrefois la Sale Imperialc-,oîi les Comtes de Hai
r
naut', 8L Seigneurs [de Valanciene ſe tenoient ordinairement; 8L l'Hoſtel public
qu'on nommcla Hale,oùlon voit vne belle Horloge ,qui marque , 8L ſonne les
heuregmonſtre le cours de la Lune, 8L des autres Planetes, 8L pluſieurs autres choſes
dignes d'eſtre conſiderées; puis au deſſous de l’Horloge,le Marché du grain couñ
uert,au deſſus lelieu oû lon vend leslaines', 8L plus auant le leu de Pcſcrime , 8x' des
autre exercices guerrierszon y voit auſſi le lieu où ſe vendent lcs draps ,- puis les logis,
&Lcartiers des Officiers publics , 8L Magiſtrats ,~ la Geole 8L priſon publique', 8L
autres logis. ljl-liſtorien Iean Froiſſart naſquit en cette ville, à vne lieuëdelaquelle .
on voitla belle , &riche Abbaye de Vicogne , auec vne rare Bibliotheque.
Lesautres villes de ce pays ſont B O V C H A l N ſur Plîſcaut , V' E N' O Y ,
‘ COND E', LANDRECY, au Duc &Aiſchot ſur la Sambre, ville ſorte, 8L renom
mée pourles ſieges qu'elle aſouſtenus , AVENES , ſur PHepre , portant titre de
Comté zCHlMAY , ſurlaBl-anchc ,Principauté du Duc d’Arſchot -, donnée par
Comter de Haynaut.
‘ . ”" . . ñ .r,
44;
~ quelquesvns au Comté de Namur , MARIEMBOVRG , ainſi nommée à cauſe
de Marie Reine de Hongrie, ſœur de l'Empereur Charles V. qui la fit baſtir, entre
la Blanche , 8c la Nere , ou Noire , petites ríuieres, 8c fortifier de quatre grands
baſtionæPHlLIPPlËVlLE, ou PHlLIPSSTADTſhaſty l'an 1s”. par Philippe
Roy dſſîſpagneâ demye lieuë de Mariembourg ; BEAVMONT , portant titre
de Comte', a attenante au -Duc d’Arſchot z MAVBEVGE ſur ,la Sambre , auec
vne Abbaye eChanoineſſes, Dames dela ville , 8c de ſon reſſort ; B A V A l S _
Valonne,priſe mal à propos par quelques-vns pour l'ancienne Belgium z B l N S,
ou BlNCHEſurvne ranche dela Haine,- REVX, Çomré; SOIGNY , proche
dela foreſt de Soigny; BREINE LE CONTE _ſur la Seine , baſtie , ſelon ceux
du pays, par Brenne, Capitaine Gaulois ; ENGHIEN , où lon fait quantite' de
belles tapiſſeries, portant titre de Principauté, appartenanteà la Maiſon de Bourj.
bon; HALLE , ſur la petite riuiere de Seine , à trois lieuës de Bruxelles, renommée
pour ſon Egliſe de Noſtre Dame, où ſe ſont ordinairement pluſieurs miracles , 8C
l îpelerinagesde diuers endrois; LE SSlN E ſurla DENR E ,où ſe fait grande quan
~ rité cle toiles; CHEVRE , ſur vn ruiſſeau nommé Hunel s ATH ſur Îla Denre,
*renommée auſſi pour ſes toiles: S. GVILElN , auec ſon- Abbaye , ſur la Haine,
LEVSE , 8L FONTElNE UEVESB' E, ſur les limites du Hainaut , 8c du
' [Liegeà raiſon dequoyleComte de Playnaugôc l'E ueſque du Liege ſont-en different
l
pour la Souuerameté… … . ‘ ,
' On voit encor ence pays pluſieursbourgs, villages , 8c Chaſteaux de marque ,
&çpriuilegiezfflomme Lalin, portant titre de, Comté, Montigny en Oſteruant
Baronnie, Antoing ,demeure ordinaire des Rrinces CPEpinoy, Lignes Comté , de
.méſmefque le_ Chaſteau de Boſſu, l’vn
ſiGlaion Baronnies,Eſchochinn‘e auecdesdeux
plus Chaſteaux
beaux du Pays—Bas , Barlernont
, où ſe 'tirent , 8c
les pierres
griſes propres â baſtir; Sor, village le plus important de Haynaut auec vn beau
"Cbaſteau , fort ,ôcanciemôtBrabançon Baronnie. On conte en tous ce pays 950.
Villages. villages) , . . . _
Riuieres. Ses Riuieres ſontPEſcaut ,la Sambre,la Tenre, la Haine, quinaiſt pres du village
Ffflffl- de Haenuire ,vne lieuë au deſſus de Binche , puis ayant receu pluſieurs riuieres, ,
randes &c etites , entreleſquelles eſt la Trulle ,qui paſſeâ Mons, ſe decharge en
n dans l'E caut , pres de la ville de Condé ~, la Seine ,la Blanche, la Noire , 8c que)
ques autres. Ses principales ſoreſts ſont celles de Monnaut, 6c de S. Amand. __ A
Ce pays-a ſon air doux, 8c ſerein , quantité de lacs , riuieres , eſèangs , 8c fontaines ,
Validé; pluſieurs agreables foreſits ,W5C bocages ,des prez , 8c des paſturages pour toute ſorte
de beſtail
bons , &vn
Fruits. ll s'yterroir
trouueFertil, qui produit
en pluſieurs abondance
endroits desſimines de
de froment, 8c quantité
Fer,ôc de plomb de p
, de tres-
belles carrieres de(pierre blanche comme marbre , _qui ſe peut ſcier , ſert tant au
baſtiments, qu'à 'uers Ouurages de ſculpture ,' &É pource qu'elle eſt tendre , eſt
fortifiée contre les vents,les eaux, 8c gelées, auec de l'huyle ,du verniz , Sc autres
choſes , qui la garantiſſengde la pierrede _touche , ou de parangon , quantité de
chaux viue excellente , dont il peut _Fournir les pays voyſins , &des mines ſort:
profondes dé pierre noire , propre à faire du feu ,l ſemblab e à celle. du Liege, qu'on
nomme Charbon. _ , _ . ' ‘ — _ ' , _ '
\ï ’ Pluſieurs de 'ce pays s'adonnent aux lettres, d'autres à l'agriculture ', ou bien
Mœnrx. au trafic , &à diuers artganſquels ils reuflſiiſſent, parle moyen de la gentilleſſeffeſileuí*
eſprit. Les gens plus qualifiez ſont' ciuils , affables , 8c courtois, mais le menu peuple
a pour la pluſpart des inclinationsſort mauuaiſes_ , 8C des humeurs facheuſes. Ils
arlent ordinairement François , mais groſſier &c corrompu , qu'ils nomment
gffalon; mais la Nobleſſe s-'eſtudieà bien parler François , ê( la pluſpart deal-Ian
h_ nuyers , aprenent auſſi comme voyſins la langue Flamande, '
Ceux ,de M0 ns tirent Force argent de leuis ſarges de diuerſes ſortes , de maſi? .l
luclreſſes'que de leurs bellesvitres , plus eſtimées que celles de tous les autres pays , 8c
toute ſorte de verrerie. Ce 1x' de \Valancienne s'enrichiſſent parle moyenſide la*
drapperie,
u’ils Font,dedes
leurs toiles au
oſſſſſtades 'SC ſfines queſorte
de' toute cellesdeïmercerie.
cle Gambray,Ceux
des taffetas changeanae
de Maubeu e-…dé
leurs fils de laine , dont on ſait les ſarges , ô( demyſioſiades; ceux dïlînghiende lefírs
' belles tapiſſeries, ceux de Halflde Leſline,ôc d'A th,d_e leurs toiles; principalement
lfflés derniers, qui envendent pour plus de zo' o. mille eſcus l'année. ' î “
446-. ,
~ ”* ~ r .
Comte .
de Haynaut. '
Ilya quantité de braue Nobleſſepence pays , bon nombre d'autres hommes Forcer;
propresâ combatre tantà cheual qu a pied._Ses villes comme voyſines de la ſron
tiere, ſont auſſi des mieux ſortifiees, prinoipalementMons , 8x' Valanciennqqui
peuuentmeſine inonder toute la campagne qui les enuironne 5 5c Pliilippeuile,
&Mariemlnourgffloutre quelques autres villes , 8c
tenus des plus ſorts. a pluſieurs i*Chaſteaux~ , qui- ſont
La Comté de Haynauta ſous elle vne Principauté , dix Comtez , douze Pairies, GW”
a1. Baronnies,z6. Abbayes; 8C pour ſes grands Officiers yn Gouuerneur general, ſicmſiſil'
vn Bailliſ , vn Mareſchal, vn Seneſchal , vn Grand Veneur, vn Chambellan, 8c
autres O fficiergdont les charges ſont hereditaires, &appartiennent-aux principaux
ñ , Seigneurs dela Prouince,dontles Eſtas conſiſtent en cinq Membres , le premier
ſi 'deſquels eſt celuy des douze Pairs z le ſecond des Prelats , 8c Colleges, ou Cha.
pitres du Clergé z le troiſième de la Nobleſſe ,- le quatrienie des Officiers ordinai.
res 3 &le cinquième des villes. , .
. Le Conſeil Royal reſide à Mons , Où vont reſſortir toutes les appellations du
Havnaiit,ſii1on de la Seigneurie de Valancienne , ſans qu'on puiſſe appeller des
Arreſts de ce Conſeil à celuy de Malines: Mais on ne peut-prononcer aucun Arrefl:
diffinitiſ, ſansla preſence du Bailliſ de Haynaut , qui eſt Lieutenant du Prince,
tant au cíuil , qu‘au criminel.
Spccul_
I Merci). l Les
ALB habitans
ERIC ,deyſſu
ce pays
*de laſont
racetous
desCatholiques. Religion:
Roys de France , ayant eſté chaſſé de ſon pays , °,“‘“‘°'
*WW Härÿ- auec ſes freres , Brunulphe , Hidulphe , 8c Glomeric, par Dagobert Roy de France, 5K1
'm' Cm" lors qu'il eut tué leur pere Brunulſe, Seigneur de Haynaut, fut reſtably par Sige_
RC3.
._ bert Ro d’Auſtraſie,ôcmourut l'an 694. - I
!lſut
pour uiuv de ſon
ſucceſſeur ſonfilsValter,
fils Yaſſer qui
Il. mourut l'anHaynaut
Comte de ſept cens, qui
quarante
ſſiuyuithuit;
Pepinlaiſſant
en ſes
guerres, 8c mourut l'an 779. puis Yalter IIl. ſon fils , combarant contre les Sa
xons pour Charlemagne , ſut tue' l'an huit cens ,_ laiſſant Malbor ſa fille mariée
i Albon , dernier des fils de-Loher Duc de la Moſellane ,qui fut par ſon moyen
Comte de Hayiiaut , du conſentement de Charlemagne , 8c mourut l'an huit
' cens trente quatre . r ~ ~ — — _
fils Albondeuxiéme ſonlaiſſant
, qui decedaſanpig. fils, ôcſucceſſeur, fut ſuiuypremier
en ſa place Ragnicr de Manaſſe, ouManaſſer
, qui fſiauoriſa ſon
toujours
Louis IV. 8c l. otaire Rois de France contre les Empereurs d'Alemagne. '
'Ragnier II.ſOn fils épouſa Alis fille de Hue CapenôcmourutPan loozayant pour
ſucceſſeur Ragnierlll. ſon premierementàHerman
nommée Riclſſiildmmariée fils , qui deceda l'an 102.9. n’ayantdelaiſſe'
Marquis qu’vnepuis
Turinge, fille,à
Baudoin Comte de Flandres , pere d'Arnulphe tué par Robert ,Sc de Baudoin
Comte de Hayna-ut , 8C morte l'an i086. ~
deBaudoin
Buillon ,,l'an
ſiirnommé
1126.' de Mons, mourut en
~. laſ Terre Sainte au temps dc- Godefroy
Baudoin Il. ſon fils,mourut l'an n33. laiſſant en ſa place ſon fils Baudoin Ill,
mary d’AlisComteſſe de Namunmort l'an 117i. -
Baudoin lV. ſon fils , ayant épouſe' Marguerite , inſtituée heritiere de Flandres
par ſon frere Philip e , deuint Comtede Flandres , 6c de Haynaut , 6c mourut l'an
3195114? reſte eſt en a Genealogie des Comtes de Flandres.
‘ o
\
~ ~,,,C~o MT E* DÏARTOÏ S.
7 E pays d’ARTOIS , " demeure des anciens ATREBATES , a du Noms: _
~— Leuantla Comté de Haynaut , la Flandres , 8C le Cambreſis ,- du .c°“fi““
Couchant les Comtez de Vimeus , Ponthieu , & Boulonois de
Picardie; du Midy la plus grande partie de la Picardie , 8c du Nord
… ’ - l'autre partie de la Flandres , le priſe
'~~‘ſſ' ' ;GuinesdePicardieſisalongueur pays entre
de Calais , 8c ,la8cComté
l'Orient de Efiznduë
le Midy,
prés des villages de Gouſancournläc Meſſencouture iuſqu’:‘i trois licëuës au deſſus
ſi ‘ , d'Ardres
— ———vv -—-'.———,—— ñ.
&Manan-MM aaaaææ-&Mæaææz-Û-æ-&MMMM-M
ESTAIS DES PROVINCES
VNIES DV PAYS-BAS.
. _ Es Eſtats des ProuincesVnies poſſedent auiourdhuy toute la Hol
Pays, 8c ' ~ ~-;__ſ -Î- lande, Zelande , &Friſe Occidencale,auec le pays de Groningue,
lieux.
- - l’Over-Yſſel, excepté la ville d'Oldenzeel, qui recognoiſt l’Archi…
ducheſſe , ou le Roy d’Eſpa ne, deux parties de la Gueldre , 8c la
‘ '~ *ſi “‘ - Comté
Cartier ,de Zut ant
depen liende, Ruermonde
qui Ëit la troiſieſme , outre
qu'il poſſede le uatrieſine
auſſi. es Eſtats
iouyſſent auſſi de tout le pays d'Vtrecht, 6c tiennent en Brabant les villes de Berg
Opzoom , Graue, Steenbergue , 8c Villcmſtad ,auecleurs iuriſdíctionss de meſme
qu'en la Coïnté de Flandres les villes de l’Ecluſe, Axele, 8c Ardenburg, Ooſtburg,
l’lfle de Çatſand, le Fort d'lſendij ck, ceux de Coxie, S. Catherin e,ôc quelques au
tres moindres, qui bordent les trois canaux, parleſquels on va de Zelande , 8c Fleſ
ſingue à l'Ecluſe.Mais outre ces lieux ils en tiennent pluſieurs auxlndes Orientales,
qui ſont compris au diſcours des richeſſes.
qglité. Tous ces pays enſemble n'ont aſſez de bled pour eux , quoyque quelques vns
ſoientbien ſertils , ſi-bien qu'il leur vient de Danrîick , Righe , 8x', autres lieufl Ils
ont abondance de noix, pommes, 6c poires ;îmaisils ſont _ſans vi es. lls abondent:
encor en beſtial, 6L la Hollande, la Gueldre, 8c la Friſe , nourri ent ordinairement
pluſieurs bons cheuaux; mais les Priſons ſont plus beaux , plus puiſſans , 8c en plus
grand nombre.
Menu”.
Les habitans de ces pays ſont pourla pluſpart andement affectionne: à la.
libertéſiort entreprenans, aſſez accueillans , &de Emme humeur, hardis voya
geurs , 8C du tout amys du commerce. Ils ſont peu laborieux , ſi ce n'eſt aux appa
rances du gain , 8c leurs troubles ordinaires ſont y u'il~s n’ayment pas ardemment
îleslettres; combien qu'il s'y trouuedes hommes ort ſçauans , &qu'on les eſtime
- nandemcnt; mais ils ſont en petit nombre. On enſeigneà Leyden la Theologie
a leur mode, la Philoſophie,leS Lettres humaines,le Droit,la Medecine, les Matbe. —
matiques,8t les Languegôc de meſme à Franckerzôc Groningue ne manque auſſi de
ſort doctes Proſeſſeurs.
Ceux de Hardervyck ont aufli vn College où lon enſeigne ſa Theologíe , Phi."
loſophie, Humanité, &Iuriſprudence; mais on n'y alle pas des Docteurs. On y
vit familieremengôc paſſe le temps auec les fillegpreiäue auec plus de liberte' qu'en
France -, mais on n'entretient guiere les Femmes mariées , ſi ce n'eſt par rencontre,
en faiſant voyage \cpu autrement, 8c lors ellesviuent librement, comme n'eſtans '
as volontiers me nclioliques. Au reſte quoy que les habitans de ce pays viuent à
a Caluiniſtqon nesÎabſtieDt pas de dancer, comme à Geneue , 8c en quelques au
ueslieux,quiveulenïxparoiſtre zelez a'. Pextremité; mais on ydance d'ordinaire
aux nopces , &quelque-autrefois , mais rarementſôc leur bal eſt de meſme qu'en
France. On y permet quelquefois les Comedies , 8c ſemblables ſpectacles
publics ;mais en telle ſorte, qu'ainſi que celuy qui reçoit l'argent pourles Come
diens exige d'vn coſtc',vn autre en reçoit de l'autre de ceux qui veulent eſtre ſpecta
teurs, au nom de la Republique pour les pauures, 8c par ce moyen on contente les
curieux , en profitant aux autres. Ils ontauffi pluſieurs Hoſpitaux pourles malades,
les pauures ,ôcles vieillarsſhcdes maiſons qui ſeruent de riſon aux hommes , 6c
femmes qui ne veulent rien valoir, afin de taſcher de les re uirez veu qu'en ces pays
ils ne peuuent ſouſrir des gueux, ny des faineans. r
x Europe. , oav' y
~ ‘. ŸIÏ_ ~ . ' ,
v.
'
\
.’
.w-.n- ~
rîñ: ~- 'T' ſi
l
l
\I
ſition-,montant enuiron cent mille florins l’annc'e,outre d'autres deniers qu'elle !Fr-Amncbdl
foumitau beſoin, qui ſont inconus,tellementqu'on croit que les Eſtats en tirent k
plus Ëlc de toutes es villes de Holande.
de pui peultíauffl donner ‘ cſognoiſiàlnce dle lqrigiefle des Eſtats, c'eſtl’impo— i, x5454.
ſition e 'an mi ix cens uatre, u uant a ue -le a olande la Zelande, le a' s lvbïlïq
cPVtrecht, de Groninduä d'Oueryylſel, de Ëinghen, 8c de Veclde, la Friſe, la Gkiiellñ
dre,ôcle pa s de Zutpliemdeuoient payer tous les mois de l'année mil ſix cens cinq,
j9szíihflll e eſclqs, Ouäre les charges oſi-dinaíres,
uen t e tmi ions ’or,ôci8oz3ze eus. ,
de ſorte qu'en douze
î
mois cela re
Les Eilat: aſſemblezàla Hayel'an mil ſix cens'vingt—qi~iatr‘e,reſolureiïic auſſi
j d-aiägmenter lesirnpoſitions eſtablies ſur les maiſons, 5c les ſons, en telle ſorte, que
i ces eux ſeuls articles fourniſſenta la leue’e, 8c à Pentreteneméît de ſeize mille hom
j mes. Brpſ leurs reupnilis ſont iſneſtimalâles; tellement qu'on tient' queles Veni- i\‘*²î'*."“!\'
,' ,_ tiensfrais
les ne Ê auroient eu ement
ny les efforts u rterguerres
de tanltwde urant ,trois
queans
lestant'
Eſtftsar'vtiis
terreOclllt
ue ouſtcnu
~ ar mer - '
par no_ ſoldats, pour ſe faciliter le trafic de ce pays, 8L les deux villes de Negapatan,
8L h/Iuſſelipatan, tiennentleur party, leur donnant libre commerce; ſi bien que ſe; _
Holandois leur ont preſté des pieces d'artillerie-fic munitions à leur req ueſte,8L il y
avn de.; leurs gulilaladdirectâon principale de tout le trafic de ces cartiers , eſtant
outre ce a Con ei er es ln es. , v
_ A lacatra place de Plfle de la grande Iaue, ils ont vn Fort grand logis, où eſt le
principal magaſin tant des viures,8L munitions de guerre, que de Pequipage des na,
uires _,- le tout dependant du Contoír de Bantam 5 cete place eſtant auffi bienmu—
nie de ſoldats , d'artillerie , 8L d'autre choſe , qu'aucune autre. Ils ont auſſi-le com
merce du poivre libre en Sumatra,8L en la ville de Iambi prés le Détroit de Malaca,
çnvne des Ifles de Sumatra, vne eſtape de poivre , de grand profit ſur toutes le au- 'ſ
tres, où ſe tient ordinairement vn Chefdes marchands. Au Royaume de Borneo ils
ontlibre commerce de diamans , 8L pierres de Bezoar,ſous la conduite d’vn mar
chandloHolandois.
p ſieurs Auſorte
is de tovſte Rovaume du grand
ſſdeſſ commerce Macarans,en
, dont la grande
le principal laue ,ils
eſt enlapata , oùont lu
ils ont
fournis vne grande quantité de viures, comme de ris, bœuſs , moutons , chevres,
pois,feves ,poiſſon ſec, 8L choſes ſemblables , quileur ſeruent pour pouruoit les
. Moluques,l’lfle de Banda, &autres endroits. Mais entre tous les Roys barbares;
il n'y cria point. qui affectionne plus les Holandois , quele Roy de Iorzvoyfin de
Ma aca. lls ont encor en la ville de Bantan en Plſle de Iaua, gouuernée par le Panſi
‘ goran, qui tient meſme-le
. lſſoy en
. ſa ſujetion,le
. principal logis,8Lcomme1-ce de cou
, en ce port que tous les
- tes les Indes, mais le tout ala diſcretion du Pangoran. Ceſt
nauires ſe chargent, 8L déchargent, receuant les ordres d’vn Holandois, qui eſt c6
me Preſident ,8LDirecteur general de toutle trafic,8L c'eſt entre ſes mainsqubn
doit rendre tous lesliures, 8L comptes de toutes les Indes , qui ſont mis en vn liure
- generahauquel on peut voirà toute heure Pcſtat , 8L progrès de toutes les affaires
es l-lolandois aux Indes ,d'où ils reuiennent chargez de clous de girofle , muſ—
çades, ſoyes tant en œuure qu’écrues~, canelle, pierreries ,8Lautres choſes dc
PFXX.- , ~ ~ _
Lesmouuelles
- auoient pris ſeptdeIfles
l'andes
milManillespuſiPhilipines,8cs’eſtoient
ſix cens vingt quatre portoient auffi queles
rendus parHolandois
ce moyen
plus voy ſins de la Chine , 8L du Iapon , 8L l'accés plus ayzc' pour le trafic des
Oyes. y '
Wind la treue ſe fit l'an i608 ,le Roy d'Eſpagne deſiroit que les Holandois , 8L
Zelandois quitaſſent les voyages des Indes.Mais les Eſtats repartirent,qu'ils auoiëc
pour lors aux Indes Orientales plus de quarante vaiſſeaux , dont le capital qu’on
Cſperoir, montóit à plus de zoo tonneaux d'ou-outre les autres qu'ils auoyent en di
.uers lieux pourleur cómerce : qu'il y auoit plus de huit mille Mariniers,qui voya
geoient ordinairement
riſſoient 8L lus de deux mille
par le moyen dd cespnauigations; fi bielnerſonnes ui viuoient
qu'on necleſolutla pailx8L
quîngdldr.
.r ' -
l
Eſtats des Prouinces Vnies du Pays-Bas. 453
' tiuec les' Eſpagnolsfit Portugais, aprit à ceux d'Amſterdam cete nauigatioinôè leur
donna cognoiſſzince des Princes , pays , 8x' havres , auſquels ils ſe deuoient adreſſer,
ê( des amysſi, 8c ennemys du Roy d'Eſpagne, de ſorte queles Holandois ont depuis
bienfiiit leurproſit de ceteinſtructi on tantauantagenſexCeluy “quileur donna co.
gnojſſance del’Amerique ſut lean de Fleffingue, natiſdîAnuersî, qui leur enſeignas
'par le moyen du liureqiflil ſit, les peuples ennemys-des Eſpagnols , le profit de ces#
voyages, &l'ordre qu'ils deuoient tenir en les Faiſànts' ‘ - ' ~' ’ -"_-'~*
~ ‘ ' -~ ~Cſ_e~s auis cauſerent premierement la Compagnie 'de ïlïEſtñ Inde, ou des Indes
Orientalegau moyen de la uelle ils firent des profits-inc-royables,puisrl'an 'l Cancel-j 2
le deW/eſt-Indepu des Indes Occidentales , quiem ortaſPan i624… en lein 'iour
Faîville, 8c les Forts de S( Sauueur, en la Baye de tous esiſaints au Bſäffi,~‘ó "les Hoñ_
lzinîdois. trouuerefit entre autres richeſſes quatre nſiiillecinq cens failli-s de ſucre;
outredelegrand
uoir crucifix
baſtir des d'or deseſtablir
Fortereſſes, Ieſuites.C~et~e Cornpagnieſaiteioottrzzſ;
des Gôſiuuerneiſr-s- ſiſÿc Faiffedes” ans, a pou)
" -îèeägauec
…JesPrincegôË peuples des Indes,&les Eſtaſſtsctqſiui la doiuentalli-ſlfer 'au beſoin* dîhoniſi
mes, 8c d'argent, ont auſſi quelque part en ſes progrésſſíî 4*_ " '-7 ſi",""ſi ,‘ 'ſi ' ſſî ſi j
Mais quant aux richeſſes du pays, 8c des particuliers”, *outre 'ſicelldsîqiië ceshauià
gations
ſoye leurfontenſort
qu'ils acquierent,grande
elles conſiſtent
quantité, en_
en leurs belles: toiles',
aſſortiſſant draps dexlaine , 8C dé
preſqueëtouteſilctſAlemagnez
vaiſſeaux des mieux faits,
à beaucoupmeilleur qu'ilsqu'aucune
marché vendent adiuers Princes', Seignèursffic marchands,
autre natio~fi~,~li~ures‘,’ôtſipêínt~ures exquiſesg
mais principalement en leur peſche, tant de haran que d'autre poiſſon, quülsîſour-“ñ
niſſentmeſme âPAngleterre , quoy que ceinte de la mer, .tirant tous les ans-de ce ~
ſeul trafic pourle moins cinq millions de florins,ou liures". Âii-fiîſëulemënt presde_ ï l "r, a ..
_ la ville d’Enchuyſen ,ils prennent ſi grande quantité _de haraicti,qu’ils enpouruſſoyent 59,4, g M
PAIemagHe, la Boheme, 8c la Hongrie, 8c meſme la petite Aſie,donjt les habitans le ct
tangent entre leurs delices. lls tirent aufli res de deu": millions de leurs beurresi,
foi-mages, 8c bieres. Somme , cete Repu lique eſt' bien riche d'autre ſorte que
celle des Suiſſes, qui ne trafiquent point hors de leur paysjôc n'ont pas d'ailleurs de
grandes commoditez , 8c quandil ſeroit beſoin de fairevn effort d'argent , ie croy
qu'il n'y aPrince en Chreſtientéqui le pâtñfaîire ſi grand queferoient tous cesEſtars,
-cſtans, comme ils ſont en Fort bonne intelligence. _
Mais le nouueau canal du Rhin , commencé parle Marquis de Spinóla l'an I613.
Pour faire que les vaiſſeaux des ſujets du Roy d'Eſpagne ne ſoient pas Eontrains de
paſſer parles pays
du dommage despour
paran Eſtats
ſix, millions
les incommode
d'or. tellement,qu’on
' ſi tient
_ qu
’ 'illeur
" ~ porte'î "N
3…… Les Eſtats ont tant de Canons, 8c d’Artillerie, qu'ils eſgalent,ou peut cſtre ſur-î
' paſſent en ce point les plus grands Princes "z 6c quant aux autres armes , &t muni
tions de guerre, ils en ont des mieux pourueuz. Ils ont quantité d’affi1s, outils , in
ſtrumens, ſer, bois,8c harnois neceſſaires pour l'artillerie par prouiſion, outre ceux
qui ſeruent &c les chariots qui portent le tout ſont ordinairement enuiron au' nom
bre de deux cens dans leurs armées, tant pour la poudre', que pour les balles de ca- ‘
non, 8c autres choſes neceſſaires d l’artillerie,outre les petardgôcce qui ſert pour les i
artifices à feu. .
lls ont d'ordinaire plus de quarante chariots pour les Officiers de [Artillerie, plus
de cent pour les munitions de guerre, quelques 1go pourles viures,pl us de zoo pour
. Plnſanterie, &c pluſieurs pour la Caualerie. Somme que le nombre des chariots eſt
de pres de mille,dont chaqueVoermanpu Chartier tire vn eſcu par iour des Eſtats.
Qi/elques vns des Colonels ont chacun ſix Chariots ,d'autres quatre , les' Lieute
nans Colonels deux,leS Sergens M aj ors vn; les Capitaines chacun vn, les Preuoſts,
8c Chirugien d’vn Regimentvn, les uartier-Maiſtres , ou Commiſſaires chacun
vn,les Miniſtres
la Cavalerie chacun
vn, les vn, le Comräſaire
Lieutenants desvn.
, dt Cornette Chariots
~ vn;
- , chaquei Colonel
’ i de
La, ê(
nauires commodité
vaiſſeaux de
quileurs riuieres,
ſement 8c canaux , fait qubrdinairement
grandementàleurs ils ont des
armées. Il yen aſid'ordina‘ire -Ã l
vingt pour le Generahôcenuiron aſſurant tant pour les autres principaux Seigneurs,
que pour le Sergent Major General qu'ils appellent, qui eſt e Sergent de bataille;
le (Æartier- Maiſtre General, le Preuoſt General,auec ſes Sergens, l'A duocar Fiſñ -
cal,auecle Greffier du Conſeil de guerreJe Commis de l'argent, le General des
i, _ ‘ 2
'z '. d'
ï
4S4 Eſtats des Prouinces vnies du Pays-Ëasl
chariots , auec
L' Infanterie ſes conducteurs,
a quelques &L les deux
vingt nauires,la Cliirurgiens
Caualerie douze,dulesCamp, 8c PAÏpoticaii-e.
O fflciers de 'lÏArtille— , ſi I'd I
' 1.
rie en ont huit; les munitions de l'Artillerie vingt; les munitions de guerre queL_
ques vingt; &les viures plus de ſoixante. lls ont outre cela pluſieurs Pontons , tant
ur lespieces d'artillerie, que pour paſſerles riuieres, 8c tous ces vaiſſeaux paſſent
e nombre de 2o0,dont chacun reçoit des Eſtats neufliures pariour, puis il ya d’or.
dinaire force barques , 8c etits baſteaux qui ſuyuent le Camp z ſi bien que l'année
~I-—n
1606. que l'armée eſtoit orc petite,ie trouuay qu’il v auoir enuiron octante vaiſ.
ſeaux , ou baſteaux tant grands , que petis, pres de Weſel, apres le ſiege de Rhyn
berck. _ _
Ils portentauffi
les grands fofiſiez, desſur des chariots
traineaux pourdes Pontons,
paſſerles &c des
marais ponts,
, des pour,les
Moulins &c riuieres , ou
autres cho_
ſes' neceflàires àleur armée, où tout abonde ordinairement.
' _ Æantà
iugentà leursz veu
propos armées, ellesi606.
que l'an ſont tantoſt grandes
ils n’auoient en ,leur
tantoſt Petiucs,
Camp ſelon
pres de u’ils
\Veciſiel quele
d'0nze , à douze m~ille hommes, Outre les quatre mille qu'ils auoient dans Rhin
berck, pour ſouſtenir le ſſege, mais quelques années auparauantils s'eſtoient veus
vingt cinq mille hommes , 8C meſme depuis ils en ont eu pour le moins autant , ou
dauantage.Mais les ſeize mille hommes qu’ils mirent en garniſon dans la ſeule ville
d' Embden l'an 162.3. témoignentaſſez quel effortils peuuent faire au beſoin , puis
qu'en meſme temps ils auoient pluſieurs groſſes garniſons dans leurs places , 8c ſe
deuoient tenir preſts pour repouſſer les attaques qui leur pouuoient arriuer d'ail
leurs. . ,
‘ Celqui teſmoigneauffiſſ qu'ils ſe ſentent aſſez Forts pour reſiſter â leurs ennemys,
cOrientëiles
eſt a ermiffion u'ils donnentâ
qdoccildentales, ceux
où ils ont du a S zo
quelqpueys d'aller
millevo a er aux
hdimgmes , 8c Indes tant
ce qui' nous
peut aſſeurer du meſme, c'eſt qu'au milieu des plus Furieuſes attaques des Eſpa
gnols, ils ne laiſſer-ent Œenuoyer contre eux ſecours à la France , troublée des de
-ſordres,
ſe ſeruent6cguere
factions
en dela
leursLigue,
armées&de
des gaigner paysqui
Holandois, cependant. [leſt vray
ſont employſiez aux qu’ils ne
voyages
des Indes, ou bien à la garde des places plus importantes z ſi bien que leur armée eſt
pourla pluſpart compoſée de François, Anglois, Eſcoſſois, Valons,Alemans , 8C
Priſons. Mais quop que s'en ſoit,ils entretiennent d'ordinaire 2.5, ou zo_ mille hómes
de guerre depuis p us de ;o ans , 6c maintennent des appareils qui epuiſeroient des
Monarêues. Leurs Regimens de gens de pied ne ſont pas égaux , mais les vns ont
‘ dats,de
plus ompagnies,
auſquels 6c les autres
ilſſs nïäpargnent non.moins,
plus la&les Compagnies
poudre, plus , &c
que ſi ce n’eſtoit quemoins de ſol
pouffiere.
Quand la Caualerie , ils la diſtinguent volontiers_ par Regimens , chacun de
trois , ou quatre Gornettes , dont cliacunea d'ordinaire ſeptante clieuaux, mais
quelques vnes en ont lus de octante ,les autres cent , les autres cent cinquante , 8c
les autres paſſent que quefois deux cens. Chaque maiſtre eſt armé de 'toutes pie
ces, auec deux piſtolets â Parçon de la ſelle z 6c depuis quelque temps les cheuaux,
qui n'ontnepas
l'autre, la hauteur
ſont deparles
pas receus ſeize mains, dont chacune eſt de dix doigts mis l’vn ſurct
Commiſſaires.
lls ont auſſi les habitans de leurs villes , que l'amour de la liberté rend du tout
reſolus à la defenſe. Ceux-cy, principalement ſur la frontiere, ſont le plus ſouuent
tient enâfairegarde,
oblige: garni on. Mais
ou ?lesenuoyer
Anabaptiſtes achetent
dautres en leurl'exemption
lieu , outre de
leslaſoldats
garde,pour
qu'onne
y
porterpas les armes, contre l'ordonnance de _leur religion. Il eſt vray qu'on les met
en que ques lieux en ſentinelle, mais ſans armes. -
Ils ont mis au plus haut point la diſcipline, &c Foi-dre militaire , 8e trouué la perl
ſection des, ou
ennemys formes, &des
les laſſer mouuemens
par vne des bataillons,afin
longue defenſe! de çeſipays
Auſſi c'eſt en mieux attaquer les*
que la No..
bleſſe va d'ordinaire pouraprendreſon meſtier, tant poin-ce que les delices , 8c dé
bauches ne la detournentpoint delhpprentiſſage, qu'à cauſe qu'elle eſt ordinaire-g
ment dans les effl-ts, 6c S'Y trouue preſque en continue] exercice.
lls ont inuentc' pour les ſieges la façon_ de mener les galeries couuertes , afin de
- percer la cqntreſcarpe, puis aller ſaper, 8c ininerle pan du baſtion 5 raffiné la Façon
z.-
>_*.
de tirer les tranchées , de les accompagner de Forts , d'eiileuer les flancs hauts , de
\
V
a.
Eſtats des Prouinceſis Vnies du Pays-Baſis. 4s;
bas, 8c de dreſſer des plateformes; auec celle des grenades , 8c autres feux d'artifi
ce, tant pour les affltillans que les aſſiegez; reduit en art , auec demonſtrations
Mathematiques , la façon de fortifier les places , 8c particulierement inuenté
de nouueau la Fortification .par Ecluſes, pour leurs lieux maritimes , &pleins
d'eau. .
_Wantàleur Façon de camper,elle eſt des plus parfaites de ce temps. Ils ſça
uentde longue main l’eſ ace qu'il fautpourles huttes de chaque compagnie , ſe;
lon le nombre de ces ſol ats,quiont ordinairement en chaque Comcpa nie deux
fils au rangs de huttes , auec vne ruë au milieu, visâvis des portes e Feurs hut.
tes 5 ſi bien qu’ils ne ſe peuuent mefler en cas d'alarme , ou d'autre occaſion. Le
Capitaine, le Lieutenant, 8c l’Enſeigne , ont leurs huttesâ la teſte, 8c les Sergens à
la queuë z 8c les ſoldats ſortans de leurs huttes ſont comme en bataille. Les viuan...
diers ont auſſi leurs huttes derriereles Compagniesfic les Regimens, tant de Caua
kriczque dſſnfæmteriegoù lon voit auffi des MarchandsÆourbiſſeurS,Selliers,Eſpe_
ronnicrS,MareſchauX,Boulangers,Bouchers,Tailleurs,Cordonniers,&autres gens
de meſtier, dont quelques vnslſiuvuent certains Regimensfic d'autres choyſiſſentle
.Marché, choſe qui eſtlibre à chaſſcun.
Chaque C ornette de Caualerie a de meſine ſes deux fils ou rangs de huttes , auec
les places des cheuaux, dont chacun a la teſte vers la hutte de ſon Reytre, ou hom
me de chenal, y, avant entre les cheuaux,ôc les huttes vne ruelle large de cinq pieds,
où les huttes Ontleurs portes, ou yſſuess &c entre les deux rangs de cheuaux ' vne ruë
large de vingt pieds. ~ '
Le Generalaſon cartier, où ſont ſes tantes, auec des creneaux de toile pour
les ſignaler, 8c celles de ſes GentiIs-hommes , ſes Gardes , Chariots ,— Ecuyefies, 8c
Officiers,dont quelques vns ont deshuttes. Ce cartier eſt deſendu par quelques
R egimens logez toutautour, 8c a vne grande place , où ſe proumenent , 8c s'exer
cent ceux dela M aiſon
Le General du General, ou
del‘Artillerieade qui ont
meſme ſonaffaire à luv.
cartier dſſe certaine grandeur, tant
Pourluy que pour ſon Lieutenant,le Magaſin de l’Artillerie , auec ſon Commis ,
Controlleur, 8c Conducteur.: le Magaſin des Munitions de guerre ,auec ſes Com
mis , Controlleurs , &C Conducteurs , les Ingenieurs, Canonniers , Maiſtres des
Feux artificiels , Petardiers, Maiſtres des Batteries , Charpenciers , faiſieurs de
Chariots, Mareſchaux, Pionniers, Mineurs, ôc autres , auec le Preuoſt de ?Artille
rie, Ily
8c ſes Sergens.Cartier particulier, pour les Officiersdu Camp qui logent en;
aauffiſſvn
ſemble , qui ſont le General de la Caualerie ,le General de ?Infanterie -, le Lieute.
nant du General de la Caualerie.,'le Warner-Maiſtre, 8c Commiſſaire dela Ca
ualerie; le Preſident, le Fiſcal, &le Greffier du Conſeil de guerre, le Sergent de
bataille , le Preuoſt General , le uartierëMaiſtre General , 6c le Commis de
Tai-gent,- les Commiſſaires des monſtres , les Miniſtres ,le Medecin , 8C le Chirurñ
gien de la Cour. '
Ces deux Cartiers ſont proches de celuy de ſon Excellence ou du General, 8c
bordez de quelques Regimens.
Les Seigneurs , 6c les Magaſins des Viures, ont auffi leurs Cartiers ſcparez de.
meſme que les Chariots Ontleurs meſures ,auec les huttes des Viuandiers , qui les
ſuyuent, aux quatre coſtez de leur cartier. Le cartier du Marché comprend les
Marchands de draps de ſoye , ô( de laine , 8c d'autres marchandiſes de prix, qui s'y'
trouuentauffi bien , non en auffi grande quantité, que dans vne bonne vil ezles
Graiſſiers,
blables ; lesouBouchers,
Vendeurs8cd'huyle , de graiſſe , de beurre, chandelles , 8c choſes ſem
les Tauerniſſers.
Mais on ſait diſtinction des Tauernes, ordonnant les logis honneſtes les vns prés
des autres, ê( les Bordeliers prés de leurs ſemblablesÿau Veneſtraendeſt à dire en la
Ruë de Venus. Bref, on v trouue toutes choſes comme en vne ville ,à laquelle ce
Camp reſſemble, eſtant diſtingué par places , 8C ruës: 8c les propres , 8c curieux Y
rencontrent meſme dequoy ſe contenter, ſoit aux eſtoffes chez les marchands, ſoit
pour le regard du linge , que les femmes y blanchiſſenr , 8c empeſent auffl Pſ0???
ment qu'aux meilleures villes., ' _ ' _
Au reſte tous ces cartiers ſont ceins comme vne ville de grands retranchemens,
fortifiez de pluſieurs Redoutespu prochespu auancées du coſté de l'ennemy,auec
I - ’
Ÿempeſchez api-es leur canon ,lors qu'ils tirent,ou rechargent, ſans qubnpapper.
çoiue en eux vne peine extraordinaire. Mais vne des principales comrnoditez des
Hollandois conſiſte en ce qu'à cauſe de la legerete' de eurs vaiſſeaux, ils prennent
d'ordinaire en plaine mer le deſſus du vent , de ,ſorte qu'ils peuuent attaquer l'E_ſ—
pagnol quand il leur plaiſt ,au lieuquïl ne peut en vſer de meſme en leur endroit; .
ſi bien que les Hollandois 'voyans leur point, attaquent ſoudain de tous coſtezPar.
mée enriemye, tirant de chaque nauire en vn moment trente ,ou quarante coups
de canon, cpntre la \Ëtte qfui Cſtltoute enſemble, &t qui ne peutleur nuire à regal,
IP. Mei-u). P ource
Les ue eurs
ſtats vai ï,eaux
Vnis ont ccartez.
ſe retirerent toutâ Fait de Pobeiflſiance du Roy &Eſpagnele
Or-däkïr- ,vingt vn de luillet mil *cinq cens octante vn, à cauſe des mauuais, ou pluſtoſt, cruels
:Ÿſäfflſſeffiſi traitemens de leurs Gouuerneurs , 6c de Penfrainte deleurs priuileges , &c franchi.
Preſs: lib- ſes, apres auoir veu plus de dix-huit mlllC,& ſix cens perſonnes de l’vn,ou de l'autre
»
ËÎid“ËÎ.";, ſexe , qu'on auoit ſait mouriren peu d'années , ou ſecrettement , ou ouuertement.
“uſing-EMI Ariſtocratiqiie
36's- Depuis ce temps ils ſormerent
, pource vneces
que tous ſorte
paysdeſont
Republique, dont leConſeil,
conduits parle gouuernement eſt' _
ou les SeLſſ
ËÎËËLG” gneurs des Eſtats , &routeſoís iltient en quelque façon dela Monprcliie , à cauſe
. . . . General de la volonte duquel depend a peu
, pres, tou.
ÎLIC pui: du Gouuerneunôt Capitaine
WW" *'7' te la conduite de la guerre tant par terre,.que par mer z 8c meſme il ſemble qu'il y a
quelque mélange de Democratic , ou de gouuemement populaire ,à cauſe d es vil
les,ſansl'auis deſquelles on ne reſout pointles plus importantes affiiíres. _Mais-la
ſouueraíneté demeure touiours aux Seigneurs des Eſtats, dont le Conſeil eſt com
poſé ilîiutantde D ?Dutez , tant de_ la Nobleſſe, que des M isziſtrats , 8c principaux
des villes, qu’il plai ſtâ chaque Prouince d'en enuoyer. Il eſt vray que tous les De.
putez d'vne Prouince n'ont enſemble qu'vne voix , tellement que ceux qui ſont en
moindre nombre ſe trouuent auoir 'autant d'auantage. Ce Conſeil delibere dela.
aix, 8c de la guerre , enuoye des A mbaſſadeurs , reçoit ceux des Rois , Princes , 5e
Republiques ,les eſcoute , 8c leur reſpond,a pouuoit de faire des alliances auec les
eſh-angers, d'accommoder les diffirens qui ſuruiennent entreleurs pays , (ſeſtablir
des _impoſitions —, de regler le cours des Monnoves , 8c pour abregendiſpoſe abſo.
lumentde toutes les affiires uiconcernentla Re nbli lie. La Gueldre, &Zur;
lien ontla premiere voix , 8c eance ; Hollande la ecnn ezlelande la troiſieſme;
trecht la quatrieſme, Friſe la cinquieſme, Oueryſſ-l la ſixieſme, 8c Groningu e, 8c
les Oñnmelandes la ſeptieſme; &leurs Deputez preſi .lent toura tour l’eſpace d'vne
ſemaine. Voyla ce qui eſt de la Souuerainete' generale des Prouinces Vnies 8c pour.
le regard du particulier de ces Prouinces , toutes ont vn pouuoit égal , chacune s'e
ſtant reſeruée l'autorité Souueraine , tant aux choſes dela police , que dela iuſtice,
auec tous ees droits, franchiſes, priuileges, ô: couſtumesi 6c pour ce ſujeta ſes Offi
tiers ordinaires, de meſme - quäinciennement.
,‘ Outre ce Conſeil des Seigneurs des Eſtats, dont la reſi lence ala Have 8c le
Conſeil'd'Eſtat qui s'y tient auſſi , ils y ont eſtibly depuis l'an i582 , au lieu du
- grand Raed,
oglien Conſeiloùdevont
Malines vn Conſeil
reſiſi-Ortír Souuerain
les appellatíons de luſtice,de
desſentences qu'ils appellent
la Cour Ho
prouincialc
de Hollande, Zelande, 8c Weſt-Friſe ,ôcde ce Conſeil on ne peut appeller ail
leurs z mais ſeulement demander reuiſion de ſes ſentences, 8c propoſer erreur. En
ce cas les Eſtats de ces pays donnent à ce Conſeil pour Adjoins quelques Iuriſcon
ſultes , afin de reuoirle procés , 6c ſelon leuriugement chacun ſe regle , ſans paſſer
plus outre. . _
Ils ont encorâla Have lc Conſeil de Brabant, pour les pays a: lieux qui ſom:
ſous la domination des Eſtats en Brabant. En ce Conſeil toutes les affaires ſe rmi..
l tent par commiſſion, &c par l'inſtruction des Seigneurs des Eſtats Generaux ,
ſelon l'ancienne couſtume du Conſeil , de la Chancellerie , 8c Cour Fiſcale dc
Brabant , afin qu'vn chacun puiſſe eſtre gouuerné ,iäç-iugé ſelon ſes droits , 8c.
priuileges., ‘~ l _ _ v
lls ont encorà la H1yc,lc Conſeil de guerre ,le Conſeil de PAdmÎraUté pour
lesafFiii-esde la mendiſtiugué en pluſieurs moindres Conſeils ,comme membres
de ce corps auecvn grand Admiral, outre que chaque Compagnie de nauires a le
‘ ſien*: &la Chambre des Finances pour toutes les Prouinces'. Les autre; Prouin ces
Ont
i
r…
Eſtats-des Prouinces Vniesiclu Pays-Bas. 43-9.
ont chacune leur Rent-meeſtei-,ou Receueunôcleur Chambre des Comptctegauflſſîz -
bien
la queaulaContoir
Haye Hollande. Toutefois elles
du Rent-meeſter ſont-_zóbligées
General des Eſtats de
, 8cporter leur leargent
de meſine Receñà ct
n'eut de 'compter pardeuant le Threſorier Generalde la Chambre des Finan
ces. - -
lls onta
Flandres 38eMiddelbottrgle
quant aux vil_les.Conſeil de Flandres
de chaque pourleslieux
pays elles qu’ils
ſe gouvernent tiennent
ſelon en ~' ſ
leurs pti-
uileges, 8c couſtumes, &les principalesónt leur Senat , leurs Bourgmaiſtregôcç
Echeuins,voire meſmeles
taux que 'particuliers , 6c lescontrées , 8c villages
Dijck_ rave-s, ont leurspourſſles
8; Heimrades Magiſtrats tant, geneë;
digues Zcle- z l ,ï
nées. Bank aux choſes criminel es ,ils ont des Baílliſs , Schultheÿs , ôcScheîd_
penen —, ou Echeuins. Il y a pluſieurs villages qui, ont leurs-Seigneurs parti
culiers ,auec haute , moyenne , 8c baſſe Iuſtice , mais les Eſtats en ſont-ſou
uerams. - ffl - 4,- ~ ’
Ils ſont alliez auec la France , l'Angleterre, Danemarck , Suede , B randebourg,
les villes Hanſeatiqiïes, la Republique de Veniſe,8c les Suiſſes, 8c ont des Age-ns en '
France, Angleterre, Danemarkfiuæde , Brandebourgóaôc pareillementâVeniſe,
8L Conſtantinople.
Keligion- 'Les pays des Eſtats ſont auſſi bien pleins d'Anabaptiſtes, que _de Calüiniſtes. '
Les Arminiens s'y ſont eſtablis, principalement
' en Ho l andtxW/eſtſriſe, Vtrecht',
8c Over-Yſſel , Où pluſieurs des Magiſtrats meſmes ont embraſſé cete opi..
- nion. Ceux-cy tiennent enrfautres oints qu'on doit artribueràla grace diùine
toutes les bonnes œuures, bien que a façon dela reduire en effet ne ſoitpas for
cée , pource qu'en diuers endroits de Pliſeritureil eſt parlé de pluſieurs qui ont
reſiſte' au Saint Eſprit; tellement qu’ils ſemblent auoüer parlâle franc arbitre.
Ils croyent auſſi que Ieſusñ Chriſt, parſon Saint Eſprit , &ſa grace , afliſte en tou
tes les tentations ceux qui parla ſoy ont eſté vnis en "luy, pourueu' quïls-imploñ_
rent ſa grace , 8c facent leur poſſible ,(8e les maintient toufiours Fermes. lls eſtoient
au commëcem ec en gtandnombrq-tellement qu’ils ont preſque mis en branle tout
k
le pays des Eſtats , 5c penſé cauſer Ieur ruine. Mais à preſent pluſieurs d’entr'eux ſe
ſont Catholiques , ou Caluiniſtesſi - r
Il s'y trouue auſſi bon nombre de Lutheriengprincipalement aux villes de coml
merce, 6c maritimes; ô: comme auſii de luiſs à Amſterdam , GC ailleurs; veu qu’i]
me ſouuient d'en auoir veu meſme en Z lande,
Want aux Catholiques, il s'y en trodueenaſſez grand nombre principalement.
— liques.
àVtrecht, 8c Amſterdam
Carles , oùpeuuent
Catholiques meſme pluſieurs Caluiniſtes
diſire librement qu’ils ont
ſontdes,
telsemmes Catho. ~.\'
, quoy quel’e.—
xercice leur' ſoit interdit «ſur de groſſes peines z 6c meſine il y a encor des Reli-d
gienſes à Vtrechr , &Amſterdam z mais on n'en reçoit point de nouñ
uelles.
Mæñfflaeæææ-&Mææñæ-MMM-&aa-M &Mr-M
HO LL AND E
\ 7 .. ((31 r.ſ A ï H O LL A N D E , embraſſe vne partie de l'Iſle des ,gcmnfflz ‘ du
b HŒRLÏ-ſi $3), longueurpriſe du Midy au Nord, depuis la ville de Zeuenberge, iuſqufià l’lfle
c.). de -Vlielant , eſtde trente quatre lieuës de Brabant, qu’vn homme de pied pour-
roit faire-en quarante heures, ſi la mer , lesriuieres, 8c les marécages ne l'en empelI.
choíîent "z- ôc-ſalaírgeut de P-Eſtà l’O~iieſt,depiiis_la ville de Heuſden-iu-ſques àla mer,
r &au villagede Scalduynen, aſſezprochede Graueſandeme ſurpaſſe pas quinze des
'c Had ti! (uni. meſmeslieuës; mais en quelques lieux” eſtantau milieu du pays, on en peut ſortir
[It-mia, dans trois heureszvoire meſmeilyadesendroitsfflù de ce milieu lon n'a pas vne '
ljeuë iuſclîuîà l’()cean, ou_ bien-à ſon Golfe. - -
t!" Elle eſt dommunement-diiiiſóe en Zuyd-Holland , ou Hollande Meridionale , Diuifionl
Nord- Hîollande, Kennemcrlandſilſſaterland, ô: Goèyland. ~
Ses ſix principales villes qui ont ſeance aux Eſtats ,ſont Dordrecht , Harlem, vai,,
Delft; Leyden , Amſterdam , &G Dude. Mais celle qui tient le remier rang c'eſt
DORDRECHT, nommée aufficommunemcnt Dort-,Pvne es plus agreables
villes que Ÿaveveu, faite en Forme de galere ,auec deux maiſtreſſes ruës , belles , 6c
nettes aupoſſible , qui ÿeſtendent de l’vneàl’autre de ſes extremitez. Elle fut ar
rachéeàia terre ferme l'an mil quatre cens vingt vn', lors qu’vn debordemcnt .'
noya la plus grande panie de ſon territoire , pres de ccntmille ames , ſeptantedeux
villagesÆC luſieurs Chaſteaux .~ ſi bien qu'elle eſt maintenant affiſe d'vn coſté
d FrJe Petit.
fort pres de a terre, &t de l'autre à dix mille pas , dans le 4 canal de la Meruve , com
Nidulandifl poſé, de \VahaL de la Meuſe, dela Linghe, &de la Meruve-, tellement qu’on dit,
kepublike. qu'elle eſt bâtie ſur quatre riuieres. Ses maiſons ſont des plus belles , principale.
Guiccinrd.
Pays-Bas. ment en la ruë-de Langhen Dyck z à: ſa principale Egliſe dediée à Noſtra..
PDU Mont. Dame merite -auffi _d'eſtre veuë. Ce qui la rend auffi Fort con ſiderable , '
Illuſirat.
JXezti Gctſn.
c'eſt qu'ona mis en ce lieu l'étape des marchandiſes , qui ſont tranſportées en
Inſufi dîners pays, &qu'elles ſeule droit de battre monnoye,entre toutes les 'villes 'de
Hollande. ' . '
HARLEM Futautreſoislaplus puiſſante ville deHolIande, auant qXÏAmſter
dameut attiré le trafic, 8c la plus agreable, tant à cauſe de ſes baſtimens , que de ſon
air,ayant-la plus belle Egliſe de Hollande , vne riuiere nommée Sparen , qui
vient de ſon lac, paſſe par le milieu dela ville, 8c ſe decharge dans le canal de Tye;
8c la gloire dauoir donné naiſſance aux vrays premiers inuenteurs de l' Art
d'imprimerie , qui furent Laurent Ianſon , 8c ſon gendre Thomas Pie.
terſen , auſqucls Iean Fauſte , vn de leurs ſerviteurs , déroba les inſtruinens
.de l'art
;DELFT, qu'ii auoit apris d'eux
eſt trauerſée , puis
parle en alla
milieu dudonner
ruiſſeaul'honneur
de Delf,àquille
Ma ence.
melle auec la
Meuſe
fait, entre
pour ſes Rotor-dam, &t Schiedam,
ſuperbes baſtimens, dont renommée
celuy qu'onpour la braſſerie
nomme de,biere,
le Belfort qui s’v
ou PI-Ioſtectl
de Ville, la Maiſon des Safbouts baſtie ſur l'eau,ôc celle deHenter, tiennent le pre..
mier rang, auec deux Egliſes. - _ x
LEYDEN ,ſſſinommée par Ptolemée Lqgadínum , "ou ſelon Velſer Lingala.
mgr” Bdtayomm , eſt capitalede Rliinland , où elleade ſon _reſſort quarante neuf
bourgs 0u~ villages ,affiſe en plat pays , à vne lieuë de la mer, auec pluſieurs canaux
pleins d'eau, 8c trente vn Iſles, où lon va par bateau de l’vne"â l'autre ,~ _outre dix.
neufautres , auſquelles on va par des ponts , dont elle en a cent quatre-de pierre , St
quarante vn de bois. _Les Eſtats des Prouinces vnies y fonderent l'an i575-..vne Vni.
, uerſite', qui s'eſt renduëla
ment qouuernée par Ioſephplus floriſſante
dePEſcale, oudetoute
Scaligerl', Europe, avant
la morueillſſe eſtéſiecle,
de ſon longue8c
Pvn~ desornemens
AMSTERDAM de Gaſcogne.
, ou AMSTELREDAM , eſt 'affiſectiſiurle Golfe de Ty-e,
. . duquel on conduit pluſieurs canaux dans la ville , preſque toute baſtie ſur des pi
lotisgfiôt ſur lai-riuiere &Amſtel ,qui du coſté du Midy entre dans la ville,
;Hollandef i : 4&1
court droit iuſquäï Peduſe de Dam , &trouuant ſon paſſage hors du principal ca;
nal, nommé Ammeraz: , du coſté du Nord , ſediuiſe encor par la Grimmeneſſe', 8c
FOſſefſiiys en quatre grands canaux qui ſe meſlent auec le Tye par les deux gran
des ecl~uſes de Haerlen 8c du Colck. Ainſi PAmſtel trauerſe la villepar le milieu,
d'où vient que la partie Occidentale de la ville s'appelle le Nouueau Coſte' z 8c celle
qui eſt au Leuant le-Vñieil; 6c du coſte' du Midyde l'ecluſe du Dam, l’Amſtel~ s'appel—
le vulgairement t'Rockin, de meſme que du- coſtc' du Nord l’Ammerac.’ Les prin
cipalcs rues du Vieil 'coſté ſont la Warmoeſtraet, le Nes, le Zeaiyckaflc laruë de‘-S.
Anthoine, ou Breeſtrate. De l'autre coſtc' la Calverſtraet, 8c le Nieuwendyck, Les
'autres ſont ou marchez, ou ruës trauerſantes ,ou BurgW/yallen-&c-rempars ,leſquels
ſcparez parles eaux courantes font diiierſes Iſles, 8c par tout il Ya pluſieurs ponts de
bois ou de pierre , au nombre de plus de deux cens. Ses plus beaux baſtiments ſont
le Vieil Tem le, où il y auoit trente trois autels,l'e Nouueau ou l'on en voyoit trenL
. ze quatre-,le ieu Saint dela ruë de Caluerſtraet; le Temple de ſainct Iacques à la
nouuelle Digue, &la Chappelle de ſainct Olae,au bout de laruë de Waermoe_
ſtrat;
nant lamais le plus ancien
Boucherie. 8c principaLçſtoit
— Il y auoit autrefois
encor outre les celuv de hommes
Monaſteresſſdes ſainct Pierre, mainte;
, dix.'ſept de '
femmes. ‘ Les autresbaſtiments publics qui meritent d’eſtre veuz, ſont ?Hoſtel de .a
' Ville , la Court du Prince , l'Arcenal ,la Balance, les Ecluſes bien baſties, les Hof'.
pitaux dbrſelins , ladres &autres ,la Maiſon des lnnocens ,ôtſemblablesi les Eſ.
coles publi
Maiſon ues-,la Maiſon
descliommes vieux, qu'on
baſtie nomme Het,auec
à la Royale oudedeux
Mannen huys
iardins ,c'eſt à, de
delicíeux dire
bella
les galeries , 8c des logis ſeparez pour les hommes 8c les femmes d'âge ,juſqu'au
nombre de celnt cinquante : La Maiſon nommée Het Zuchthuys, deſtà dire , Mai:
ſon de Diſci ine , 8C celle qu'on aqpelle Het Spinhuys , c'eſt à dire ,Maiſon à filer, "
toutes deuxbaſties en ſorme de pri ons , en la premiere deſquelles on détient tous
lesmendians, ſayneans, débordcz, 8c mauuais arçons, tant ieunes qwägez, les em?
ployant âtoute ſorte de manufacture &cles ſai ant travailler à toute reſte; ôc lon y \
met meſmeles enſans deſobeiſſans aux peres z ſi bien 'que ce lieu' ſait bien ſouuent
- des miracles ,faiſans guerir, 8c bien trauaillerdiuers mendians, boiteux, paralyti
ques , vlcerez, muets, lunatiques, ôcdemoniaques; en l'autre on détient 8c fait
'trauailler les Femmes 8c filles dereglées, ou qui ne veulent' faire bon ménage: 8c la,
Bourſe dela ville auec vne voûte au milieu, par laquelle les nauires vont du Tye en
?Amſtel i, 8c au contraire z a vingt ſix boutiques au deſſous , 8c plus de cent eſtaux au
«deſſus , le tout ſonde' ſur des pilotis, au fonds limoneux de l’Amſtel. Cette ville
!eſt de demeure, non ſeulemen taux peuples voyſins, Flamans , Braban ons , 8c au..
tres des Pays-Bas qui y ſont en Fort grandînombre ,Françoin Anglois , ſcoſſois 8c
Alemans ; mais encor aux Danois , Êuedois , Noruegiens , Liuoniens , Moſcouites,
Italiens , Portugais , voire meſme aux Turcs, Moresffartares , IuiſsJndiens Orien.
taux , Americairis 8c autreſſs , preſque de tous les endroits du monde; des marchands
ſ* ritez
auffi riches quede
de l'Aſie, des Princes,ôc
l'Afrique, toute ſortede marchandiſes,
&dePAmei-ñique, auec toutes
queles plus curieux les ſingula
pourroient deſi
rer en leurs cabinetsztellement que c'eſt preſque abus de chercher ailleurs ce qui ne
ne ſe peut trouuericy, où l'on ſe peut aſſortir de toutes les raretez 8c gentilleſſes du
' monde. Au reſte elle peut eſtre nommée vne autre _Veniſe, poureſtre baſtie ſur
l'eau , dont on la peut entourer de tous coſtez , 8c a de fort bonnes fortifications de
terre. ,
GOVDE, ou TER GOEDE,ville ſorte &riche auec de bons ſoſſezôcrem
Pars, eſt aſiiſe ſur la riuiere d’Iſſel, autre que ceſte d’Ouer—Yſſel , ſur celle de GOV',
qui cauſeſon
derriere ſonauenuë
nomſhccouleàtrauers la ville.8c Chaque
d'eau courante, bonſine nette, qui'maiſon
vient aua retour
par deuant ou par
de chaque'
maree.. _ _ ,
Voyla les ſix principales villes de Hollande , qui ont ſeance 8c voix aux'
Eſtats. Les autres ſont E N E H VY S E N aſſiſe ſur le Golfe de Zuyderzée: J
H O O RN ſur le meſme Golſe 5 A L C K M A E R a trois lieuës_ de Hor
me: P V R M E R E N D E, auparauant bourg , 8c maintenant ville ſorte cein
Ec de murailles , affiſè au milieu des marets ‘: M E D E M B L Y C K ſur la mer'
aux extremitez de la Nord-Hollande , auec vn Chaſteau tres-ſort : E D A M
présde Zuyderzée à trois lieuës d'Amſterdam , renommée &'1' cauſe des nauires
qu'on y baſtit tous les iours en nombre incroyable : M O N I C _K E D A M
Europe. q Rr ij
:462 iHollande. "l
à vne lieuëdEdam: WESOP â deux liecrësrPÀmſterdann-prés la riuiere dectVeghr, A
renommée pour ſes braſſeurs de biere: MVYDEN auec ſon Cl-iaſteau: N A Ê R
D EN, principale ville de Goeylandz \VO E RDEN belle VlllC , auec vn Chaſteau
tres-ſort, où l’on metle lus ſouuentlcs priſonniers de l'armée Eſpagnole: OVD EE
VASTER ſur l’Yſſel , e meſme que Goude: SCHOONHQVEN ſur le Leckñ,
oùl’on prend force ſaumonszl SS ELSTEIN vil-lebien fortifiee, auec ſon Cbàſteauz
VIAN EN
Maiſon ſur le Leck,aux
de Naſſaw: Seigneurs deôt-
H EVCKELOMſi, Brederode
ASPEREN: LE ERD AN
auffi ſur la ſurla
Linge:Linge , à la
H EVS_
DEN proche du Brabät ſur la Meuſqauec vn Cbaſteau des plus ſorts: G ORCVM,
l'vne des villes plus nettes-quefaye -ñveuës en Hollande, aſſiſe ſur le riuage droit du'
ct- Walma!, où ſe va rendrele Linghen, qui paſſe par le milieu de cette ville bien ſorti_
.fiée, 8c renommée pour ſa haute Tour, d'où l’on-voit en tem S ſerein vingt deux vil
les : \Y/ORCVM aux frontieres du Brabant,de l'autre coſte duWahaLpreſque' vis
à vis de GorcumzROîſT ERD AM grande ville &c- riche, aſſiſe ſur la Meuſe, 6c ſurln
bouche du canal dit Rocttter, lieu de la naiſſance du docte ôcrlaborleux Eraſme, dont
l'effigie eſt ſur le pont voûte de la Meuſe, qui ſert de marche: S CH l EDAM proche
dela Meuſe, &c de lariuiere de Schie. S .' GEERT RVYDENB E R G ſur la Mex-u.
we, à la Maiſon de NaſſaWgvill-e renommée à cauſede la peſche des aloſes , dont il y
.a ſi grande abondance, qu'on en aveu quelquefois en ſon marche dix-huict mille,óc
SEV EN-BERGHEN, ſur la meſme riuiere de Meruwe , à trois lieuës de Geertruy.
denberg, &autant de Breda; 4 - —. ſ
On metauffi parmy ſes villes VLA ERDING HEN , GOERE ,les deux CAT
WYCK ,dont le nom eſt venu ſelon quelques vns-des peuples Cartes , NORD
\VYC K, lieu de la naiſſance du renôme' lean Douza,Gentil bôme,dontla doctrine
eſtadmirée de-toute l'Europe: OOSTE RWYCK, N AELDWYCK, au Comte
d’Aré'berg:RVS\Yſ IC K,proche de la Haye: B LEYSWlC K aux Barôs de Brôck.
horſtzBARDW/YC K, NIEVPO RT ſurle Leck,vis âvis de ScboonhOvemSC A
GEN, aux Barons de Bucliorn, &c leur plus ordinaire demeure; &C G R A VES AN
DE,autrefſiois ſur la Meuſe,mais à preſent eloignée de cette riuiere de trois mille pas.
Au reſte ces dernieres villes , quoy que. iouyſſantes des priuileges des autres, ſont
pour la pluſpart ouuertes. _ ._
— Les Eſtats ont auffi baſty tout aupres de Seuenbergheſurle RuicbenhiLpour aſ.
ſeuranceñde la nauigation la ville neuſue , 8c ſorte, de \VI LLEM STADT , c'eſt :î
dire Cité de Guillaume, à l'honneur de la memoire du Prince d'Orange Guillaume
de Naſſaw leur General.. , . ’
;Outre les villes il y a pluſieurs grands villages ou bourgs,dont le principal eſt L A
HAYEmommé par ceux du pays SGRAVEN-H AG HE,c’eſt àdire la Haye des
Comtes, pource que les Comtes de Hollande s'y ſouloient tenir. Mais ce bourg ou
village ſurpaſſe en grandeur &c beauté pluſieurs villes, 8;( ſe peut dire Cheſ detou tes
celles de Hollandell eſt ſeulemët éloigné de deux mille pas de la mer du Nord,ioi
gnät vn bois du tout agreable, 8c contient plus de deux mille grandes 8c belles mai
ſons, dontla plus ſu erbe eſt celle qu'on nomme T’HOF van Hollande ,la Cour de
Holläde, ancien Palais de ſes Comtes , baſty parle Comte Guillaume Roy des Ro.
mains, prés d’vn bel eſtang d'eau douce , 8c tout entouré de ſoſſez , ayant vne gran
de ſale baſtie de certain bois d'Irlande , où les vers ne ëengendrent point , non plus_
queles araignées ne s'y attachant iamais. Cette ſale eſt ordinairement ceinte de
diuerſes boutiques, fournies principalement de toute ſorte de liures curieux en tou
tes langues , 8c d'excellentes peintures ,ôc l'on y voit auſſi les cottes d'armes d'ar
gent , les trompettes , &c drappeaux au nombre de plus de cent trente gagnez ſur les
epnemys, &c pendus au haut de la ſale. C'eſt en celieu que ſe tient la Cour du Prin—
ce d'Orange, Gouuerneur de Hollande , Zelande , à: autres pays , 8c General des
armées des Eſtats Vnis. Outre la Cour Royale il y a pluſieurs autres maiſons ma
gnifiquement baſties , auec de ſort beaux iardins, tant par quelques Seigneurs, que
par des bourgeois. On y voit outrele Temple , embelly des armoiries de pluſieurs
rands Seigneurs , auec leurs epitaphes, l'Hoſtel de Ville baſty par le Magiſtrat de
a Haye: puis les plus beaux proumenoirs de toute la Hollande , 6c tout aupres de
l'eſtang vne coline verte , nommée Viuerſberg , qui s’eſtend iuſques à l'orée du
bois ,qui a quinze cens pas de longueur depuis les maiſons ,mais moins de lar
geur, de beaux grands cheſhes , ſrénes ,aunes ,tils, 8c autres arbres, où pluſieurs
petits oyſeaux font vn agreable concert de leurs delicates voix , pour réjoüyr
ï
\
Hollande; .463
mènent les Seigneurs , Conſeillers, Aduocats, 8L autres, qui s'y pnoineîſent, ſans.
crainte d’eſtre déehirez des beſtes ſauuages , pource qu'on n'y trouue que des cerfs,
biches, lievres, conils , 8L ſemblables beſtes , à la chaſſe deſquelles laNobleſſe ſe re
crée vers les Dunes , qui ſeruent comme' de rempars contre les vagues de la mer.
Oceane z 8L finalement ce lieu ſe trouue aſſis en lieu Fort commode , ayant d’vn co
ſté de belles 8L bonnes terres labourables; de l'autre de bons paſturages ,auec les
veines deTourbeS, 8L du poiſſon de la mer , 8L de lañMeuſe. Mais ce qui le rend
plus conſiderable ,Ceſt la demeure ordinaire de la Co uP, l'Aſſemblée des Eſtats _
Generaux des Prouinces Vnies qui s'y tient 5 celle du Conſeil d'Eſtat , hors de cam,
pa_ ne, des Deputez Conſeillers ordinaires,du Prcſident,8L des gens du grand Con-z
ſei ,de ceux du Conſeil Prouincial , de la Chambre des' Com tes, 8L de pluſieurs
Ambaſſadeurs de diuers Royaumes 8L pays 5 à raiſon dequoy l)on y voit ordinaire- _
ment vn grand abord de perſonnes. ,
A demye lieuë de la Haye on voyoit autrefois l'Abbaye de Laoſdunen , dont l'E.,
gliſe reſte ſeulement, où lon voit le tombeau de Marguerite Comteſſe de Holande,
fille vnique du Comte Florent, qui fit l'an i276. d’vne ſeule couche trois cens ſol
'xante quatre enfans tous vifs 8L petits comme pouſſins ; tous baptiſez par G uy Suf
fragant de l’Eueſque , duquel les fils receurent le nom de Iean,8L les filles celuy d’E,
lſizalàîth , puis moururent tous , 8L leur _mere apres eux , 8L furent enterrez en
em e. — … '
On voitauflî dans ce ays le village d’Eghmont, honoré du titre de Comté,
aſſis prés de la mer ,à vne ſieuë 8L demye d’Alemaer; prés de laquelle ville eſt auſſi
le Chaſteau d' Aſſenburg , demeure des Barons dffiſſendelff, qui ſont auſſi maiſtres
du Chaſteau de Hoeningen prés de Rotterdam. Riuiere prés de Schiedam eſt aux
Seigneurs de Mareneſſe; Kenenberg au Seigneur &Eghmond S Mereburg aux Sei
gneurs de Lochorſt; Duynen prés du Seuenhuſen aux Seigneurs de Spraengem
Binchorſt Chaſteau proche de la Haye-'Loweſtein Chaſteau tres» fort entre la Meu
ſe SLW/ahal, prés la ville de Woreum , où les Eſtars tiennent garniſon , celuy des
Seigneurs de Brederode, 8L pluſieurs autres. ~ -
La Hollande embraſſe encor dans ſa iuriſdiction les Iſles de Voorn, Gocrede,So.
Ifles , 8: merſdyek, qui ſe nomme auſſi Vorn, Coren dijck, Pierſehille , poſées entre la_ Me
Villes. ruve , 8L la bouche de la Mexſe , 8LTexel , Vlielanîdt , Vieringen , Grinſe , Vrck 8c
Ens, qui ſont au Nord. _ \ -
VOORN eſt diuiſée en \Veſt-\r-oorn, 8L Ooſt-woorn. L'Ooſt-voorn, a pour n
ville capitale BRIEL , que nous appellonsla Brile , compriſe communement dans
la Holande, 8L renommce pour auoir eſté la Æremiere place occupée l'an I 572.. par
ceux qui S’eſtoient retirez en Angleterre , yant le 'mauuais traitement du Due
d'Alue Gouuerneur du Pays , 8L dans la meſme Iſle on voit auſſi la ville de GERV
LIT, 8L pluſieurs villages.
L'Iſle de \VE ST—VOORN , c'eſt à dire Voorn du couchant, n'eſt autre que le .
pays de GOER EDE, de l'autre coſté de Sehowenz, 8L vis à vis de Browershauenñ, '
petite Iſle qui comprend la ville de G 0ERE, à deux lieuës de Brick-qui ſouloit eſtre'
de la iuriſdiction de Zelande. , L - "r
L'Iſle de SOME RDYC K, nommée auſſi Voorn ,pource qu'elle eſt aſſiſe au de;
uant dela Holande, a pluſieurs villages, dont le principal eſt SomerdyekJadis ville
ſiſiCOREN 8LDYCK,&PlERSCHlLLE
renommée, de grand trafic. . ſontpetiteslfleggarniesdequelquesvil:
'
la Qxgnt
es 1 auecaux
bonlſles
terroir8L g ras esaſtura Z es a 8Laſſiſes
toutes
Holandoi du Nſiord, auſontnomméés le Pa, vs de
Golfe de Zuyderzees, Voorn,
elles ſont .
. deuenuës telles par les rauages de la mer , qui a eouuert les prairi~es,bois 8L ſoreſts de
la terre ferme, depuis enuiron 45o.anS , auant leſquels on pouuoit aller par terre de.
Texel à Vieringen , au lieu qu’il y a maintenant trois lieuës de mer entre deux. ,
~ “A uiourd’huy TEXE Lmômée en Latin par Inuit” Tlnffiilidneſtla plusgrande de ees
Ifles, munie en partie de grandes Dunes contre les efforts de la mer,_8L partie de Di
gues 8L leuées. Mais elle eſt ſans ville ceinte de murailles , 8L n'a q‘u’vn beau. bourg;
quiiouyt du droit de ville, ayant. ſes Officiers 8L Magiſtrats -, 8L quelques villages;
auec vn Fort, oùles Eſtats tiennent garniſon. _ ñ? _-.
VLIELAND
eſchent. ,ou Flielandt, eſt ſeulement
ſi renommée
. pour les moules qui s'y
. -.
P ‘ Europe. . ' Ri"
\
lls ontauffi de foi-t bons cheuaux, beaux, puifläns , 6c propres pour la guerre,
maisnon de ſi grande force que quelques Friſonssveu que i'ay veu dans l'armée
des Eſtats,‘en
griſes l’Ecuyerie
, &autant duextraordinairement
de bayects, Comte Guillaume hautes,
de Naſſaw, huitparoiſſoicnt
ê( qui Cauales Friſonnes
preſque
autant par deſſus les autres cheuaux , que les Geans par deſſus_ les petits hommes. Il
eſt vray que la Friſe dengendre pas toujours de ſemblables animaux , 6c que c’eſtoit
peut eſtre l'élite de toutle pays; mais quoy qu'il en ſoit,les Friſons ſont ordinaire
ment plus torts que ceux de lïſolande; qui ſont toutefois plus beaux _, &c Courſiers
pour quelque homme arme que ce ſoit. Auſſi pluſieurs Holandois_ ont eu des
Genets d Eſ agne , 8c des plus nobles Andelus , &autres cheuaux de prix des autres
paygdontilésontfait race. _ _ l — _ _ _
Il ſe prend dans ſes ſables vne infinite de lapins , qui produiſent en ſi nde abon
dance, qu’vne ſeule femelle fera dans vn an 70. petits. Les lievres y foi onnent auſſi,
princi alement aux lieux plus eleuez ; les Cerſs , 6c les Daims , depuis la Haye
iuſqu'a Egmond ,ôclesC eureuls au bois de la Haye, où lon les voit pajſtre par
troupes. On y rend auſſi grande quantite' d'oyſeaux , principalement de riuiere,
8c force beca es, &ſurle grauiermeſme on trouue vneinfinité-de bons œufs que
les oy ſeaux y ondennlſi bien qu'ils font part tant des oyſeaux que des œuſsgi diuers
pays, oùlon es enuoye cruz,ôc~cuits , entiers, 8c ſalez pareau, auec vn ſi grand
f'e profit , quïlyapluſieurs Gentilsliommes , dont le principal reuenu conſiſte en ce.
gibier,_ôc ces oeufs. p ‘ y .y
On tire auſſi
appellent de ce paysen
Torf,que grande
nous auons abondance
conuerty des mottesqui
en Tourbes, de tiennent
terre a faire
lieufeudelboís,
, u’ils
dont ce pays manque , 6c font vn feu clair. lls appellent leurs Tourbieres Venen ,
d’oùlon tire cesTourbes hors de la terre, ou ſous l'eau,iuſqu’a la profondeur de
plus de zo . pieds , auec des reſts, propres à tirer les bourbes des mareſts,ou par deſſus
'eau , en les tirant auec des houës.
La merôcles riuieres leur fourniſſent vne incroyable quantité de poiſſons de
toutes ſortesztellementqivau ſeul lieu de Gertruydenberge on a quelquefois pris
en vn ſeul iour 18. mille aloſes dans la Meruuec, 8C de meſme des eſturgeons , &c
ſaumons , qu’ils enuoyent en diuers endrois , ou fraiz , ou ſalez. v
L'Iſle de Voon , où eſtla Brile , produit quantité de grains , 8c de plus abonde en
cetteherbe quïlsappellent Hellem, qui eſtant ſemblable au Genet a de grandes
racines,par emoyen deſquelles on maintient en leur force les digues ê: leuées,
_pour ce qu'elles empeſchent les vents de les rompre, &C tranſporter hors de la.
L'Iſle de Texel nourrit vn grand nombre de beſtail qui rend vne incroyable
quantité delait , dont les habitans font les .meilleurs formages de Holande, verds,
8c blancs , qui portent la marque de l'Iſle. Le ſable des Dunes de cette Iſle eſt auſſi
fort eſtimé en Holande, :l cauſe de ſa grande blancheur, qui fait qu'on en charge
pluſieurs nauires pour le ſemer par les chambres, 8c maiſons de Hollande , aſin
deles tenir nettes, 6c que la bouë , ô: Potdure des ſouliers des ſuruenans ne s'y
puiſſe pas attacher. On y voit encor ordinairement vne multitude innombrable
d’oyſeaux, quiy fontleurs œufs, 8c leurs petits; à raiſon depuoy l’vn des coins de
l'Iſle s'appelle-le Pays des oeufs , que les habitans battent en emble , puis les ayant
ſalez les gardent dans des tonneaux , dont ils ſont certaine eſpece de tourteaux
ourles imriniers. y t _ ~
Les moules qu'on peſche en l'lſle de Flielandt ,ſont auſſi fort eſtimez , _de meſme
que ceux deZelande , 8c de Petten ,quand ils ſont fraiz , 8c pris en leur ſaiſon ,- ſur
tous' les petits , qui-ſe vendent :l vil prix z le Gernaert, poiſſon de mer de la lon
gueur d’vn petit doigt , ayant pluſieurs pieds 'qui ſe prend encor en cette Iſle,eſt mis
'entreles
L'Iſle morceaux plus eſt
de Wieringen delicats. N
du tout fertile ,ôc renommée à cauſe du grand nombre
de moutons qu'elle engraiſſe , de ſorte que toutes les villes voyſines s'en pour
uoyent , pource qu’ils .ſont d’vn gouſt agreable. Elle nourrit auſſi quantite' de
beaux cheuaux, que les marchans de la foire de Valkenbourg choyſiſſentparmy
tous les autres, pour les tranſporter,8cvendre ailleurs. Les plus vieux eſtans ven
dus ,zleshabitans de l'Iſle achetent encor force itunes poulains our les nourrir,
dann _ils tirent vn grand profit , de meſme que des :Oyes “ſauuageñs , qu’ils
nomment Rotganſen, qui s'y viennent rcndreen grand nombr-.k, 6c ſontpriſſiee
~ r in)
4 66 r ‘ ‘_ Hollande.
r. , _, .
“ ,
parles habitains”.v ll croſiiſt aux enuirons de cette lfle , au Fonds delſi’eau, vne ſorte
d'herbe , no_mmee \Viet , auec laquelle ils Fortifient leurs digues contre la mer,
les affermiffiint tellement parſon moyen ,de meſme que les cartiers voyſins , qu'à
'peine les pourroit on abbatre auec des marteaux. - ‘ ' '
_ _ Les Bataues ï furent eſtimez groffiersfibien u'vn Poëte voulant exprimer vn Mm…
‘ WW" eſprit peſant,l’-.1 nomme oreille BataUeÆIlS Furent excellens nageurs ; ſi bien qu'ils ancien,
Epig. «a . . . . , . , .
äfſacihàn- ſe plaiſoientàfiaire parade de leurart , meſme parmy les armees. Mais ſur tout ils”
ffl-lî ;c- eſtoientdesëplus vaillans; de ſorte que les Romains tenoient comme la victoire
, . . . .
‘Hiſt°ſi_ſi_l_ aſſeurce , lors qifils les auoient auec eux , 8c les apprehendoient grandement
8c 4- *quand ils eſtoient du party contraire. Auſii ceux qui recognoiſſoientles Romains
.d D, Je” eſtoient Francs de tous tributs,ôc 4 reſeruez ſeulement pour la guerre,qu'ils faiſoient
Germanor. tant à pied qu'à chenal; mais ° on eſtimait ſur toutleur Caualerie, 8C les Empereursf
;Tïëüí Vi” meſmes les choyſirent pour eſtre de leurs gardes. ~
çäſicſiſig_ Les! Hollandois ſont ordinairement grands , Forts , bien Formez, d'vn viſage
alig-c- 4;- agreableÆCde bonne diſpoſition , ô: les Femmes pour la pluſpart aſſez grandes, Mœursdc
Ÿffjſifſrffl" belles ,blanches , &ſans Fard z mais on n'y trouue pasà tous momens tant de rares ‘° “"1”
z Hadrian. beautez qu'on ſe figure ſans les auoir pratiquées. Il eſt vray qu'en la Nort-Hollande
‘“"Ê‘3“ſſ²“í~ il y aplus communement qu'au reſte du pays, des viſages diones d'eſtre veuz; mais
'ſi ' i’ay remar ué queſexcés du boire les Fait pour la~pluſpart utes en couleur, 8c
rend leurs eautez comme fleſtries , ô( Fort peu charmantes ,apres l'âge devingt
cinq ans. _ ~
Quoyque
trop quelques
naiFS, pource qu'ilsvns
ſontles repreſententpar
naturellement leurs
pleins railleries,
d'vne Franchiſe ſimples
, qui les, expoſoit
ſots , 1
.àla pipperie , non des plus habiles , mais des plus malicieux , toutefois la pratique
du monde , ê: le cours du ſiecle les a tellement dreſſez à ne parler plus tant à
cœur ouuert , qu'ils ſont plutoſt capables de ſupprendre les autres,que d'eſtre
‘ duppez.Mais ils vſent ſeulement de leur eſprit pour e garentir des ruzes des autres,
non our abuſer de leur bonté. y
I s'y trouue de Fort bons eſprits , comme les ceuures d'Eraſme , de lean Second,
de lean Douza , &Adrian le Ieune, de Daniel Heinſiusdelices dela Poëſie Latine,
8C Flamande de noſtre temps, ô( de pluſieurs autres le témoignent. Pluſieurs d'entre
eux ſont aufli Fort excellens Peintres, 8c preſque tous ſont induſtrieux , hardis
entrepreneurs , grands artiſans,
fort acorts, laborieux voyageurs , vaillaus
doux , principalement
8c modeſtes ſur mer, marchands
en leur conuerſation , courtois,
Les peaux de leurs conils , qui ſont en nombre comme infiny , leur portent
i encor vn profit ineſtimable par le moyen de Pechange qu'ils en ſont aux pays
Septentrionaux , tant de Moſcouiq , que d'ailleurs , où les Hollandois ont: en
echange des peaux de renards , loups , mai-tres zibellines , 6c autres. Ils tirent
\ - auſii force argent des draps qu'ils ſont des laines d'Angleterre, d'Eſcoſſe, d'El'.
pagne , 8c de Brabant , de leurs friſes , ou Vryzéerthaken , des ſarges de Sci.
_ eur fines , &autres de Leyden, des bombazins fins de Leyden ,qu'on appelle
ïägmbflzins de Bruges, 8c des fins bombazins, nommeä Ôderkläfllè; des ſutaí nes
mouc créesrubans
-camiſoles, de Harlem
'ſins ,pour
dont les
on filles
vſe en, de
France ourde escor
filet ,Pac ſoye l: s oue treſſes
emmes,dedefilet
ſes
tout pur ,dôc q: ſesbbombazins, &dmy-ſoyâs figprîçcs auäc des feuillagesſ, ge mel'.
me
cena? ue es om azins moy ens e Gou e, a a a ç on e Bru g eS_,non
de Leyden. _ xi ns q ue
Mais leur principal profit conſiſte en la peſche , principalement des harans,
dont ils enuoyent de tous coſtez grande quantite' de blancs ,GC de ſors; tellement
qu I'il ſemble que le bien
- ‘
:le pluſieurs ~
villes r
depend ſeulement de ce trafic , dont
les villageois meſme viuent , 8C s'enrichiſſent , ou du moins ſe maintiennent de
meſmedque les Ëlutres. Car iclieſt certain que les ptincipalles richeſſes qe Roterÿan,
\Voer en , Sc ~edam, Ou ewater , la Briele 8c ue ues autres ieux ne ont
prouenuës que de là , 8c que le menu peuple ,eſt gccugé toute l'année à faire
des filets pour la peſche -, 8c lors que la peſche eſt bonne , les viures ſont en
ce pays à bas prix , au lieu qu'il augmente toujours quand elle n'a pas bien
reuſſy.
L'autre principale richeſſe conſiſte au grand nombre de nauiresſi qu'ils ont ,auec
leſquels ils vont ramaſſer de tous coſtez ce qui leur peut rendre plus de profit.
Car bien que la Hollande manque de bois propre à faire des nauires , toutefois
elle Cn a tant de Noruege , 8c d’Oſterland ,— 8c des bois de Weſtfalic, qu'on Y
trouue plus de nauires qu'en pluſieurs Royaumes de l'Europe, -quoy quïlsaflem
blent leurs flottes , ôc tirent en ligne de compte leurs galeres ,veu 'qu'outre les
barques
là , 8c moindres ,leur
leurs marchandiſes vaiſſeaux , dont
biere, ils ont
6c toute vne
ſorte de;infinité
viures ,iljsour
ontporter deqa de
ordinairement
-Hollanclrz ſſ4 6 9
'millt-,ou du_ moins huit cens nauires de charge qui font voile en tout temps partout
le monde.en'Oxuelques
prendre vns épiceries,
Eſpagſſnedes vont charger l’huyle,_du
en France duvinvin, de
, 5cPalum
du el ,, du
d'autres
ſel , 8cvont
du
ſucre z' les autres en Liuonie-,Pruſſeuk Dantzick, Polognefic Dannemarck pour en
raporterdu ſeigle, ou bien en Iſlande ,ou Berghe en Noruege, pour-y charger du
poiſſon' ſeche au vent, ou des mas ,ôcautres bois, pour baſtir des vaiſſeaux, ou des
mailoiäs. ~ _ ' ~ ' ~ï .
' Mais la ſeuleîviſſlle d'Amſterdam témoigne aſſez' combien ce pavsfurpaſſe
pourle regard du commerce tous les 'autresi Car il _y-“yient par mer de _Danneg
marck', 8c, des
Pologne “pays qu'ils appellent
8c _autres Ooeſterland,
Septentrionaux, grandedequantité
Liuonie de
, Norvege, Suede;
ſeigle, 8c_ 'cle ſſfro-z
ment, leton , cuivre’~,’ſalpeſtre, guede, garance,couperoſe, chanvre, lin', miel,
cire, pois, peauigfoulrrures, &cuirs de toute' ſorte, ſoliſte, cendres ,ambre,‘ &c
bois , 8c particulierement de celuy qui s'appelle Wageschot, qui eſt ondé , 8c da:
maſquiné. On aporte auſſi de ces pays quantité de chairs ſalées , 8c de poiſſon ſalé,
8c ſeichéâ
ſi pagne, la fumée,
d'Italie, au ſoleil
de France , auvent ', pays
, &d'autres voire,tant
ineſine au froid.
efloignez que!lyvoiſins
vient auſſi d'Eſ
, pluſieurs
autres choſes. Carles marchands de ce lieu enuoyent leurs nauires par tous les
havres 8C ports des Indes Orientales, 8c Occidentales, Aſie, Afrique, &c Europe.
Au reſteil y vient iournellement de' tous les endroits du monde tant de nauires ,
qiſon en voit fouuentà la rade deuantla ville", cinq cens, ou ſix cens , qui chargent,
ou déchargent toute ſorte de danrées , Sc de marchandiſes z tellement qu'on diroit
de loin que deſtquelque petit _bois -. voire meſme on y voit ſouuent arriuer en vne «d»
ſemaine du ſeul Nord plu sde trois cens nauires bien chargez; à raiſon dequoy cete
ville peut eſtreâ bon droit nommée le Magazin de viures , 8c Grenier ,non ſeule
ment du Pays-Bas, mais encor d’ltalie, d'Eſpagne, 8c d’autres pays. Ses habi
tans ſont pour la \pluſpart gens de trafic , 8c leurs femmes meſmes s'en meflent ,
'tellement ;qu'elles tiennent boutique, acheteur, &vendent librementſians deſi
endre de leurs marys , &c ſont obligées de tenir parole, commeſi le 'mary meſine
Fauoit donnée. Les vefues demeurent apres le decés de leurs marys , en la Com.
agnie en laquelle ils eſtoient entrez ,Sc ont_ part au droit des nauires. Les ga.;
gelles 8c impoſitions qui s'y leuenttantau profitde la ville que detoute la Pro
uince
Exciſeſont
, quifort grandesde; veu
s’afferme que latous
nouueau ſeulegabelle de la ville
les ans, monte , q1_1'i'ls nomment
quelquefois à plus de ſ
quarante trois mille huit cens florins, ou liures de France; 8c celle de la Prouin
ce, qu'ils appellent Impoſt,ou Impoſition, qu’on deliure au plus offrant de ſix
en ſix mois, monte ſouuent cinquante mille florins pour les ſix mois d’Eſté , ô:
quelques quarante huit mille trois cens pourles ſix d’I~Iyuer. Pour concluſion,
cete ville
comme eſtinformé,
bien ſi riche qu’il
que feu Monſieur
y auoit le Conneſtable
dans Amſterdam des Diguieres
dix marchands diſoit
,ſidont chacun
eſtoit Ceux
riche de
dedix millions.
Harlem tirent vn grand profit de leurs belles toiles,, ' pareſſilñ
‘ ſ
lement de leurs friſes , 8c draps, dont ils fontſi tous-les ans quelques douze mille
Pieces. La villede Delft eſtdeuenuë richepar lemoyen dela braſſeriede _ſes bie
res', dont ſes habitans pouruoyent les pays de Flandres , Zelande , Oueryſſtîl',
Friſe, 8c Nord-Hollande, 6c ce métierycauſe vn grand trafic de froment, ſei le',
.orge, auoyne , houblon , 8c bois, 8c rend le métier des Tonneliers de granÿſä
port. La Biere porte auſſi de grandes commoditez à Dordrecht, outre l’Etape
du vin du Rhin , &C des grains qui viennent de Gueldre,, Cleues , Iuliers , 8c autres
pays de terre ferme,de meſme que du bois, charbon , fer, plomb, 8c autres me
taux qui viennent par le Rhin,6cla Meuſe. Leyden' fournit pour le moins aux'
autres pays douze mille pieces de ſon drap. La biere de Goude , tant renommée,
qu'on appelle Goudſche Keute , luy porte auſſi de orandes commoditez z de meſ- ._
- me que la peſche des harans , 8c letra cdu EnCËuvf-erj_ ,
ï
d. _ La ville de Roterdam tire de grands auantageg des Hoax-ques , Barques
Buſſes ,Sc autres vaiſſeaux qu’elleſſfait , auffi bien. que de ſes 'nauigations , 1
bien qu'elle eſt des plus riches de Hollande , 8c ie_ me ſouuien qu’vn marchand de
ce lieu eſtant ſur le havre l'an mil ſix cens deux , ſe vantoit , voyant vn nauire , que
“K
k
47:0 x Hollande.
ſi ſon argent eſilloit deſſus ille ſeroit allerà ſondszCelle de Hoorn ?enriíehit par le
moyen de ſa Foirede May , où lon porte vne incroyable quantite' de beurre, &cde
fai-nuage », qui va meſme en Eſpagne z 8c Portugal , 8c les foires de cheuaux de
Valckenbourg, de Score), 8c d'autres lieùxpùlesmarchands viennentde pluſieurs
endroits, portent à toute laHollande cle-grandes coinmoditeiz..v l
âfladruïnni. Chaque yille -dece paysa ſes habitans plus qualifie; diuiſez en certaines trou- Ffflffl-Ï
W pegqu on peutnoinmerlesnerſsxäles vForces dela Republique. Ils les appellent
coin mun ementschuttenje , c'eſt a dire Archers , bien que mamtcnafltfls portent
des mouſquets, ê: des arquebuzes , au lieu des arcs anciens , 8c des arbalétes,
Ils auoient autreçäêvníäiabillement particulier de deux "couleurs, auec lfecuſſon
d'argent a-flnd e di in-guez du menu euple. Mais ils ont quitte' l'habit 5c]
livrée preſque ar touteskles 'villes , &que ques vnesont ſeulement retenu [reculé
ſOnHËC SÀíl ?ſt eläin IÎÏQÊRÎCÏIÊÊE.diapäfilſerſtqllçlqùe ſedition , ou d’arreſter les
cour pce enäe nyäi S eaío eric au;1 i—to armez pour ces ~deux efiſets; outre
Ëpe s l e qule 119 e ren e qiâehque iqqneur au Prince qui vient, 11570… au
nant ,puis uy 'eruentœmmep Onora z es gardesOutre_ ceshabitans des villes
?in doiuentteiÿilir pié-îeſtspour routes occaſions, les Eſtats tienne": garniſon en cel- .
lzîÿFqultlolíl-Ëenäj.) us u: foſſläſlfi] dI:ſite attaqäces ,1 de ilqeſipe qu’aux Chaſteaux
ortere.fortiſiéesæî
tellement es 1m or ance ſont
qu'elles e acapables
roiunce— . _ reeſiſtîiitcäoläiädî
divriiillznegiiie] î ~IËLÏÈÏÃ
.dïlîq:vierbIaHo-llanaacie ſeule peut ?cire teſte aulir plus puiſſantes armées _de merde
"Sia zïî-.îèînîâ“ënîà°”ëëëîî’iîîëë‘îí“‘îë c* '
?CÛCC qi-ſiiie les ehnernys deËLEIſtats doiuentyeinplcîye:IÎÎXTÎSÃÆOÏÊSÏLLÏÎÈÎZËÊ;
auoir affoiblis, 5c denuez du reſte.
?Mz-ML Fm Ce paysflfut:cpdÃllſedé par les Ëonliairès iiliſqàrâlce que Meroüêe Roy des 601m²,
“Z“‘²"P“‘“
a-s- s'en lil: maiſtre
.nois aanl'an quatiZaËens
'eonee-n quaraanurveenÿiſ Foliczzdſidife
' iiellmpſſe
’ ' Roma…
-'' il…
il ſur ſujet aux rauages des Danois, &des Normans», maisqau tälhîaíäéfläscâjgrî:
Bref il ſif-ut tout âſait remis ſous Yobeiſſance des Fran ~ - '
_
ue_ Roy de France , erigea ſ
ce pays en Comtc,l'an çols puisſoixante
huitdens Charlestrois
le Cheaſily.
COMTE' DE ZELANDE.
Noms. ,,37 A ZELANDEmomméeç-_ar ſes habitans ZEELAN DT, ſeruit
'u' lé., 'anciennement de demeure à partie des Mattiaces, ſelon quelques a adjudi
, , vns ²,0u,ſelon d'autres 5,2l partiedes Morinsñ, puis les Danois ‘dé- Batauix i4.
' ~
couurans ce pays parmy leurs courſes, luy nonnerent le nom de bOIteLSyH.
Hcurcnseî,
B a!
#$74
ſi ,raz-di Zeeland ,ſignifiant
meſme qu’àleur lſlePays de mer ,l'an
principalgoù huict cens trente-ſept , de gi ll,l.(' 9.
eſt Coppenhaven.
y, c Guictiardin-Ï
Pays-Bas.
Confins. C e pays6cqui
ſi ?Eſcaud de deſk qu’vna du
la Meuſe. amas de pluſieurs
Nord Iſlesf,du
la Hollande; aſſiſes entre lesmer
Couchangla emboucbures
5 du Midy,de
la xœzçzzgng
ſcr '
Flandres; 8c du de
La longueur LeuantJe
ces lflesBrabant. y depuis .le lieu de \Y/'eſtrapelle li.:
d, priſes de l'Eſt à l'Oueſt, a Heu”
U. ſi mgſſ.
Eſtendue
ISLE DE VVALCKEREN.
z 3;. 'Iſle deW/'ALCKE REN, que nos François partans de Calais, pour aller
en Hollande, nomment ſimplement ZELANDE , y en ayant peu qui la
'-’ recognoiſſent ſous ſon vray nom , eſt la principale , plus riche. plus puiſ
ſante 8c plus renommée de toutes les Iſles qui forment cette Comté. Elle a du Mi
dy la Flandres. dont elle eſt Fort proche,- 6c des autres coſtez , la Mer large, ou les
autres Iſles. Elle a quelques ° dix lieuës de cour, 5c quatre villes, qui ſont MiddeL ;WÜNNÎ
burg, Vliffingen, Armuyden ôcCampveer. . XËLLMRJ”.
Sa capitale eſt M IDDELB VRG , dont les habitaÿisont fait l’vn des plus beaux Fcrz _ _‘
8c plus commodes ports qu'on voye, quoy que leurville ſe trouue vn peu auanc ée Ë,“Q_‘“‘P'7‘
dans le pays , 6L o~nt augmenté dans quatorze ou quinze aus leur ville de plus de la P.Du Mont.)
moitié, par le moyen des richeſſes qui leur viennentdu grand abord de toute ſorte …Wffl- '
de nauires, tant du Leuantque du Ponant. Elle a de ſort belles rues, deux encein
tes,dont la premiere eſt deFenduë de grands baſtions non reuétunôc d’vn foſſé plein
d'eau ; ô: l'autre entre laquelle, 8c la premiere, il y avn grand eſpace vuide, eſt l'an
cienne_ muraille, auec vn large Foſſe plein d'eau. -
Sa belle Abbaye de S. Nicolas eſt maintenant le ſejour des Eſtats de Zelande, de
meſme que de la Mon noye de Zelande. Son Arſenal eſt ſuperbe, de meſme que ſon
Palais, ſon Horloge, 8:. ſa grande Ecluſe dite Sas, qui a couſté vne incroyable
ſomme dargenteſt auſſi ſort remarquableiœ pour abregeigdeſt la premiere 6L prin
cipale ville de Zelande.
VLISSIN GEN ou Fliffinguen, que nous appellons Fleſſingue, eſt renommée à
cauſe de ſon port, de ſa fortereſſe , Èenuë pour des meilleures de tous ces pays , de ſa
de paſſermaiſon
ſuperbe depremieraſſbord
par l‘a,du ville, de ſon grand trafiqde
de ceux la neceſſite
qui partent quepluſieurs
de FÏGDCQÔC nauires
du tiltre ont
de Mar
quiſat qu'elle porte. recognoiſſant pour Seigneur le Prince d'Orange. Elle. eſt ſeu
lement éloignée d'vne lieuëde Middelbourg. ' '
ARN EM VYD EN ou A-RMVYDEN , que nos Françoisappellent ARMVE,
éloignée auſſi d'vne lieuë de Mid delbourg, agſon port aufli pratique', pource qu'on
prend volontiers de là le canal qui conduit âDordrecht .
VERRE ou CAMPVEER E. queles François nomment Campſerfieſt auſſi pro
che de la mer,& laprcmiere, dont les habitans voyagerët aux Iſles Canariesſhe em
_tnenererit
ſi l'an [S08 vn nauire. chargé de ſucre. L'Admirauté
'Europa ſ duSPays-Bas
ſ iij y ſu:
L___‘.I!_' ._ _
476 y Zelande.
‘ autrefois eſſſtablie parle Roy d'Eſpagne, auec vn grand A rien-al. Elle porte tiltre de
Marquiſaſſt, &c recognoiſt pour Seigneur le Prince d'Orange. ,
Les autres bons lieux de cette Iſle,mais oui1erts,& toutefois iouyſſans du priuile- ;
ſi ge des villes, ſont Weſtcapelle, Domburg &c Souteian d, à deux lieues de Middel
bourg, 6c autant de Fleffingue.
On y void encor le fort chaſteau carré de Rammeken, proche de la mer, 'entre
Middelbourg 8c Fleffingue. _
Cette Ille eſt, à mon gréJa plus belle de toutes celles du Paysñ Bas,de plus grand Q5 Iliié:
rapport, ô; plus agreable. Le terroir eſt des plus gras, tant pourlebled que pour les
paſturages 6c prairies, &pareillement propre pourles arbres fruictiers,qu'on _'y void
en aſſez grand nombreÀc l'on diroit preſque que toute cette lſle n'eſt qu'vn iardin
ou verger. diſtinguépar quelques hay-es. ~
Ses habitans ſont u tout induſtrieux, grands mariniers, fort addonnezau trafic,- Meur-l
mais grands beuueursſtk les femmes meſmes ſe meſlent tellemët de cet excés.qu’el— '
les ſurpaſlent en ce poinct les hommes; voire meſme de fort ieunes filles n'ont pas
honte d'aualer de ſuite a ieun pluſieurs verres de vin , en preſence de leurs meres, 5c -
des eſtrangers
de ville , dequoy
en ville,ſur ie ſuis ou
des coches ſideletémoin. Au reſte
chariots touuerts. , c'eſt
garnis devn grand
leurs plaiſirou
oreillers d'aller
cſiar- ,
reaux- de tapiſſerie , qui attendent les paſſans aux portes des villes , pource quqd'
bien ſouuent on y rencontre bonne compagnie d'hommes 6c de femmes, d’vn en
tretien fort gentil 6c libre.
Cette Iſle eſt Fort riche,pource que d’vn coſté FEtape des vins d'Eſpagne,de Pôr- Richeſſe:
tugal .Sc de France,
Compagnie eſt àMiddelbourg;
deslndeszôcdhilleursla de meſme
commodité du que
port ladeFlellingueſiſi-ait
ſeconde Chambre quede la
preſ
que tous les nauires venant. du Leuaut,du Ponant 6c du M idy, y paſlengèt ſes habi
tans s'enrichiſſent auſſi grandement par le moyen de la peſche des harans,& la
ville d' Armuyden tire de grands deniers du ſel qu'elle cuit. y
Les lieux de cette Iſle ſont ſi bien fortiſiez en toutes ſortes, 6c ſi bien munis de rome:
canons 6c de gens de guerre,qu'ils~ſont capables d’vne grande reſiſtance.
La demeure des Seigneurs des Eſtats de Zelande eſt à lfliddelbourg, où eſt auſſi °°“““*l,
la Chambre des Comptes, 6c le Siege de Plkdmirauté , de meſme qu'vn des Re…- "mm"
meeſters,qui iuge les cauſes criminellegtant en la ville de lvliddelbourg,qu'au pays.
de Ter- goes.
,ISLE 1
DE SCHOVVEN.
i V
- Î ct Ï 4-
zſ-_iç-j- ' Iſle de SCHOWEN ou SCOVWEN, nommée en Latin NW -
'- ë ' , " scdlgſiægâcauſe del'Eſcaud,ou Scaldzhqueles Flamands appellent '
. Schel, “eſtoitautresfois fort grande; maisla mer en aicouuert la
tf3, plus grande partie, 6c toutefois ſon tout eſt encore de ſept du huit Tour:
' lieuës,outre les Poldres.
’ - . ~ Sa villecapitale eſt ZIRICZEE, honoré-e dela naiſſance du Ville]
doct Levin Lennius z 6L l'autre eſt B ROWERSHAVEN.
C'eſt vne Iſle fertile au paiſible :Ses habitant ſont induſtrieux, affectionnez au Adi,,
trafic, courtois 6L libres. Mœuu'
Leur trafic conſiſte en grains , ſel blanc au poſſible, garan ce , poiſſon ſalé, vaches
6c brebis, dont ils tiren~t de grands deniers.
Le Gouuerneur ou Rentmeeſter du Beooſter Scheld , qui a meſme luriſdiction Richeſſes
que celuy du Beweſter Scheld,ſe tient ordinairement à Ziriczéqqui a pluſieurs pri- G°"““'
uileges , ſuiuant leſquels vn habitant de la ville, conuaincu d’vn crime digne de “me”
mort,ne peut eſtre condamné qu": ſoixante fiorins d'amende, s'il s'enfuit; 6c ſi l'on
le fait mourir , on ne peut prendre ſur ſon bien que la meſme ſomnîe. Dauantage.
les Magiſtrats de la ville ont Iuriſdiction ſur toute l'Iſle. Les 'principaux ſont les
deux Burgemeſters, 6c le s Heimrads.
"ſi ct.
ISLE DE ZYYDBEVELiAN.DT~.
l'om. z _, ,— ~ ’ 'Iſle de ZVYDBEVELANDT , ainſi nommée , pource
-. , qu'elle eſt aduancée verSleZuyd, ou Midy , &ſujet-e aux
- ñ_ @ENI i tremblemens de terre, a jadis eu de tour vilzgtâtroislieuës.
Mais elle eſt diminuée de pres dela moitié , principalement
_ - î îÛSVYJgÏ-ÿ depuis l'inondation de l'an r 5 zo. par laquelle les villages de
ſi' 'ñ '~ . Schoude , Couwerue , Duyvenóe, Lodyke , le *Brouck , la
~' \(_.—, Creeke, Steenoliet,EuartFWaergOuwaerdingue,Rillandr,
—— ~ Cravendiick, Moere , &c Nieuland demeurerent perdus ,66
noyez, &L de ce quartier d'Orient il n'y reſta que_la ville de Romerſwael.
Villes.
Sa vil le principale eſt GO ES , ou TE RGOES , fortifiée de bons baſtions, rem
pars, 8L Foſſez, ſur vneembouchure deſEſcaut , qu'on appelle Sehenge. Quant à la
ville deB O R S V E , la mer la noya l'an i550. 6c pour le regard de celle de RO
MER SVI/ABI., qui Fut au meſme temps ſeparée de ceſte Iſle , dont elle eſtoit capi~
tale,elle ſe maintientencor le mieux qu'elle peunôc combat contre la mer qui la me
nace ſſeſtant efloignce que d'vne licue de Berg op Zoom, Adrien Banandius qui a
fait les Chroniques de Brabant . naſquit en ceſte Iſle , au village de Barlandt.
Wine_ Ceſte lſie eſt m'erueilleuſement Fertile, 8c produit du Froment en telle abondans
ce. que ſes habitans en accommodent leurs voiſins. Elle jouyt d'vn air doux , 6c ſain,
a quelques Forſeſts , â: de beaux jardins, 8c vergers, 8c depuis le Printemps on y voit
Murs, - eſgElle
ayernourritauffi
toute orte Force
'oyſeaux
beſtial par le moyen de ſes belles prairies. -
L*** Les habitans de Goes ſont Fort ciuils, 8c courtois. La _richeſſe de ces lieux conſiſte
501,…. tant en la negotiation du ſel, qu'en la vente de leurs bleds.
Mme-z, La ville de Goes a ſon Senat, 8c celle de Romerſwal de meſme. ~
N ORTBEVEL AN D.
Lieux; 'Iſle de NORffiEVELANDJiinfi nommée , pource qu'elle eſt aſó'
=_ ñ ſile du coſté du Nord fut autresfois ſi fertile, 8c tellement agreable,
- - v ,,5 qu'on la nommoit les delices de Zelande. On y voyoit la ville de
~ ' ï_ CORTCHEENE, aſſez renommée,vis à vis preſque de celle de
ñ ’ Campver, de l’lfle de Walckeren, 8c pluſieurs villages. Mais la mer
la couurit toute l'an l 53 z. Il eſt vray qu'on s'eſt mis à recouurer quelque peu de ter
res, depuis quelques années,ayant ceint dedigues ce pays regagné , où ſont les villa
ges de Colinſplat, 6c Catſ~hoeck. Elle eſt ſujete au Prince d'Orange.
i ſi ï
.P
478 r Zelande: i
VVQLFAſſRSDIICK.
'me de W LF A R S D ll C K , aſſiſe entre Nortbeuelant, 8c Zud- Lieux.
beuelant, eſt la moindre de celles de Zelande , 8L contient ſeulement les
, villages deWolfarſdyck , Sabingle, 8c Hogeerdyck. Ses habitans ſont
913m1; pluſpart peſcheurs.
l
DVVELAlŸD. '
.
H '-4%' 'lfle de DVV EL AN D,aitiſi nomméeà cauſe du grand nombre de pigeons NW?
u_ qu’ellea , eſt aſſiſe pres de celle de Schovcn , &peut auoir enuiron quatre _
‘ " mille pas de tour. Il n'y a que des bourgs, 6c des villages, 6c la principale par- 7°"
tie de ceſte Ille, à ſçauoir celle qu'on nomme Vier Bannen ,_ c'eſt ‘a dire quatre cours, u",
et qui comprend les villages de Neukerck, Ouclekerclt, Vianqôc Çapel, appartient î
maintenant par achet à la ville de Zirizée, dont le Magiſtrats. depuis quelque temps
joint ceſte lſle à celle de Schóuwen par le moyen d’vne digue,
TOLEN.
_ f, _Z un) OLEN ,ouTER-TOLIËN ,toute proche du Brabant, a deux villes, Mim]
4,373 ML; donc la principale nommce TO L11 N , ou Ter-Tolen , de meſme que VW":
ſ Vivi_- VS# l’lfle ,icauſe du Toll ,ou dela Gabelle, que tous les nauires y payent
ſiſiſ . aux Eſtats des Prouinces vnies, eſt des mieux Fortifiées , 6c l'autre nom
~ " ct ſ mée &MAERTEN SDYCK eſt petite,mais forte, 6c ſujete à la mai*
ſon de-Naſſau, de meſme que le village de ſainct Anne-lande , affis pres d’vne petite
Iſle, nommée PhiiipSJaDde. p
Ceſte Iſle, comme proche du Brabant , 8c des ennemis des Zelanclois , a de bons …gd
rempars , 5c petits Forts qui la rendent aſſeurée, 6L ſes villes ont de ſors baſtions, 6c
bons foſſez, 6c rempars qui les defenden t. _
ll y aquelques autrerlfles en ceſte mer ;mais les habitans des autres' :Zen ſement
ſeulement pour y faire paiſtre leur bcfiial.
ï
-~
dîvn co ſté la riuiere d' Yſſel. C'eſt vne grande ville, belle, marchande , bien fortifiée,
u_ quia d’vn,coſté le foſſé le plus profond, 8c plus beau que ie vy iamais, tout reueſtu
de pierrede taille. Elle- commande au pays nommêV/ELAW, OUVELVWE
ZOOM . aſſiſe entre Zutphen , ôcWagheninghen, &ſert de demeure au Conſeil
Prouinciahÿc de. plus elle eſt particulieremëtſous ell cles* villes deHattemNVaghe -
iggghenJ-íarderuryckfic Elburg. HATTEM eſt aſſiſe ſur le riuage gauche de l’Y_ſ—
y ſ91., auec _vn Çhaſteau qui eſt des-plus forts. \VAG H-ENIN GH EN, nommée par
Tagite Vada, a; par d'autres Vaganum, eſt ancienne, 8c petite ,. mais force, eſloignéc
d’vn-trait d'arc du Rhin, de deux lieuës d’Amhem,&‘ dîautantde-Nyrnegue. HAR
D-EBVI( YC Keſt affiſe ſurleZuyderzéqauec vn bon port# bienquîelle ſe bruſlaſt
truite l'an; 693, elle.. eſt. plus-_belle que jamais,, outre qu'elle a vne bonne Vniuerſité,
ſlÇY, a eſtably la Maiſon delaMonnoyed-:Gueldreſtsc de Zutplzen. E LBVR G
çflgſiſîc ſur leZuy-,derzée : mais ſans port, à deux lieuëszde Hard 'tÎrur-yrk. . z.
. Ê _lñfla capitale dela, ſeconde. partie de ceſte-Prouince eſtNñY M EG H E N,vill e fran
che de l'Empire, portant titre de Vicomté, affiſe ſur le bord?gauche du \Vahal , auec
‘ : - vtr-ancien Chaſteau, nommé Walken-hof', voulant autant dire quçLWallich-Hol-ſi,
Qqug des Gaulois, L'an i608. ceux d’Arnhem—, 6L deN imegue , firent faire à leurs
dcſgens de Nimegue iuſqu’à Amhem , entre le Wahal -, &c le Rhin , yn grand cana-l
profond de neuf pieds, 6c large de trente-deux, paſſant par les villages de LengElſt,
@c Biden 5 afin de pouuoir conduire par eau les marchandiſes d’vne ville Wautre,
principalement en Hyuer.Ceſte ville a ſous ſa Iutiſdiction celles deTyel,& de Bom
_'. rnelhauec leurs dépendances, outre celle de Cranenburg , le Betav , ou la Haute , 6c
Baſſe Betuwe,c'eſt à dire Batauie,auec le Burgrauiat qui s'eſtend entre le Wahal, &c
la Meuſe. La ville de TYEL, principale de toutle TY ELSCHEN WEERTH,
eſt_ forte au poſſible, 8c toute entourée de la Meuſe-,ôz duWahal. E lle appartient à la
maiſon de Vyghe, 8c le Seigneur , qui l'eſt auſſi de Soelen , ſe nomme Amptman de
Tyel z mais la ſouueraineté eſt aux Eſtats. BOM MEL , capitale de l’I_ſle , ou pays de
Bofflrnelſchen-Waergou Bommyelerwaert eſt ceiute du Rhin,& du \Xſahahæ ford
çifiée de beaux baſtions, a deux grandes ruë-s trauerſantes eſin croix, vne belle place,ôc
ſous ſa Iuriſdiction pluſieurs bons villages , dont les principaux ſont Roſſem , Puy
droyen, Heetwarden, Heel, 8c quelques autres, outre les Chaſteaux, dont le princi
pal eſt le FO RT D E S. AN D R E' , qu'ils appellent Sant/lucide! in Domme-ſemana”,
pris ſur l’Archiduc Albert par Maurice Prince d'Orange , 5c les Eſtars l'an 160G.
ayant d’vn coſté la Meuſe, deſautre \Vahal , cinq baſtions de moyenne grandeur,
ſes rem pars, 8c parapet fort bons , ſon foſſé plein d'eau , 6c vn peu au deuant du foſſé
*vn retranchement qui fait entrer de l'eau du Wahal dans la Meuſe. Quelquesfois
l'eau des deux riuieres proches croiſt de telle ſorte , qu'elle noye toute la campagne,
qui fait qu'il n'y a point daſſeufance pour les affiegeans , pource que les cruës ſur
uiennent en tout temps. A coſté du Tyelſchen \Vaerdpu deſſus de ſainct AndréJes
E ſtats ont encore au coin d’vne petite Ifle nommée \Voorn , l'importante fortereſſe
de NASSAW, preſque vis à vis de Herwarden, proche du C haſteau de ſainct An
dré- A deux lieu~e~s de Nymegue, entre le \Y/ahal, 8L la Meuſe on voit la petite ville
de C RANEN BVRG, honorée de la naiſſance du docte Theodore Pulman.
Toutes ces villes, 8c places ſont aujourdhuy poſſedées parles Eſtats des Prouin
ces Vnies, qui tiennent auſſi la Comté, 8c ville de B VREN , fiefde l'Empire , 6c Sei
gneurie particuliere, aſſiſe ſur la petite riuiere de Linghen, à vne lieuë de Tyel. Ceſte
ville n'eſt pas grande; mais elle eſt accompagnée d’vn Chaſteau tres-fort, &c tres
important, où les Eſtats tiennent ordinairement bonne garniſon. La luriſdiction de
Nymeghen côprend auſſi Pimportäte fortereſſe de S CH EN CKEN -S C HAN TS,
ou de S'G RAVEN *WE ERTmommée par quelques vns le Fort de Skinckfflc par _
d’autresleTol’huys , affis dans la Betuwe, ou Butaw en la petite Ifle de Graveu
\v cert, où le Rhin ſe partage en deux bras , dont l'vn retient le nom du Rhin , &c l'au
tre prend celuy deleWahal.
D'autre-part Roy d'Eſpagne , ou ?Archiducheſſe tient laiville , 6c Comté de
CV LENBVRG , auec ſon Chaſteau, qui eſt des plus forts , ſurle bord gauche du '
-Leck , à vne lieuë de Buren. Quant aiBATTEN BV RG villeruinée ſur la Meuſe,
ayant ſes Seigneurs particuliers, elle n'a plus que ſon Chaſteau, renommé pour la
groſſe gabelle que tous les baſteaux y payent. * ñ
Le Roy d'Eſpagne poſſede auſſi le troiſieſme quartier du pays de Gueldre , dont
RV ERMONDE eſt la capitale, ainſi _nommée pour eſtre afliſc ſur l'embouchure de
480 ~GtieldreI
la riuiere dejkuer dans la Meuſe, pource que Mund en leur langage ſignifie bouche.
Elleeſt
te ell oignée
de foſſez de Maeſtrick,
, de fortes murailles , ville
8c dedu Brabant,& duSa
bonsrempars. Liege de trois s'eſtend
luriſdiction lieuës, 8cſur
cein
les- yv
villes de GueldrqVenloÏxSträlcnNl/achtendonck, &L Erckelen. ,
La ville de GH ELDREmu G E LD ER, qui cauſe le nom de tout le paygcſtaſſ
ſe en lieu mareſcageux, &accompagnée d’vn Chaſteau preſque imprenable) raiſon'
de ſon-aſſiette. V BN LOO -, belle ville, &c forte , aſſiſe ſur la Meuſe, eſt eſloignée de
trois lieuësde Ruremonde, &d'vne de-Stralen. STR AE LEN, ville forte, eſt efloi
~ gnée dwne-lieuëz &c demie de \Vachtendonck , 8c pourueuë ordinairement 'd'vne
forte garniſon. .WACHTENDONCK eſt affiſe ſur la riuierede Niers, à deux
lieuês de Gueldre: 6L la ville, ÏERCK EL EN , nommée par Ammian Marcellin
!Icrcalù Cdt/ira, ſelon quelques vns , eſt aſſiſe ſur la' frontiere de -luliers , à quatre
lieuës de Ruremonde. ll a quelquesautres bons lieux-,mais ouuerts, qui ſont du
'meſme reſſort, &ſous me me Prince,dont les principaux ſont Montfort, Eucht,
- Nieſtadt, Keſel, 8c Middeler.
Les principalesriuieres de ce' pays ſont la Meuſe,
- 8c le -Leclc ,le Wahal , 8L I’Yſſeſil, Rider-z;
trois branches du Rhin , qui ſe decharge dans la-mer Germanique ,- ou~dans le golfe
&le Zuyderzée , enfermant d’vn coſté laVeluwe , &c de l'autre les Ifles de Betauw,,
Bommel , 8c Tyel , &t la preſqdlfle aſſiſe entre la Meuſe, 6c leWahal. Ses autres
moindres riuieresſont le Ruer, le Wormde SualmJe vieil YſſejJe Berkel, le Niers,
&c l'Aa. ‘
a KcœrLGen_ - - L'air ï de ce pays eſt pur , ſain , 6c doux , 6c les eaux qui Parroſent de tous coſtez le WF**
lnfcri.
rendent gras, 5c fertil g tellement qu’il eſt autant propre pour produire quantité de ’
grains, que pour les prairies, où l'on -rnene meſme force troupeaux de Dannemarck,
pour les engraiſſer, princi palementpres du cours du Rhin, de l’Oual,6t de la Meuſe.
Toutesfois ſon terroir n'eſt pas ſemblable par tout , veu qu'en quelques endroits,
comme en la VeluWeJl y a des ſablonnieres ,landes , 6c colines moins fertiles, 6c des
terres plus propres pour tirer-des tourbes,que pour y ſemer du grain. Mais pour la
pluſpart la terre y eſt plaine, 6c baſſe,auec fort peu de montagnes,qui ſontcouuertës
b Fr le Petit de bois, &c de foreſts. On y nourrit vneinſinite de beſtial de toutes ſortes , 6c ſes fo
Ncdcrl Rep.
reſts abondent en venaiſon. , - __
Tous les habitans de Gueldre, principalement les Gentilshom mes , ſont vaill ans, “W
c CeſtiÆpit-ſ 6c fort enclins à la guerre; mais des plus ſuperbes. Il eſt vray ï que le peuple,quoy que
Synop . guerrier de tous tem ps, s’eſtant adoucy , s'adonne plus maintenant aux arts mecani
’ ques, au traffic, 8c à l'agriculture, qu'à la guerre. Leur langage differe aſſez de celuy
d Mcgiſſct du reſte du Pays-Bas, comme on peut voir en leur Patenoſtre, qui eſt telle;d
Sptcim-ço.
Linguar. Onſe Vayer, die ghey ſeit in den Hemel z Geheyjicht ſey mwen naem : \vu reyck
ons toecoem z mvenwill geſchieh vp erden ,als in den hemel. Geefft ons heuyen ons
daghelichs brootzendc vergeefft ons Onſe ſculdt, als Wey vergeven Onſe ſculdenf
gers ; ende enleyt ont niet in becooringhe , ſondern verloeſt ons van allen quaden,
Amen.
e Heutcr. Apres ï que les Romains, les FrancsJesWiltesJes Danois,& les Normands eu- GWWIŸ
Bclg.lí.:..c.ë. rent eſté chaſſez de ce pays, les Empereurs d'Allemagne s'en rendirent maiſtres , 6c ſimſſſi'
donnerent premierement à la ville de Gueldre, &aux lieux voiſins ,vn Preſident,
nommé par ceux du pays Voocht van Gelder, c'eſt à dire Tuteur, 8c Gouuerr-ieur du
pays( choſe que Guicciardin dit eſtre arriuée ſous Charles le Chauue, Empereur , 8c
Roy de France. Depuis, ceſte dignité, qui eſtoit ä vie , fut renduë hereditaire parles
Em pereurs,qui retinrent ſeulemêt l'autorité de ſouuerains, de Seigneurs du fief. Ces
Tuteurs prirentapres le nom deCôte,puis celuy de DucÆc finalement le pays eſtant
eſcheuâ la maiſon d'Auſtriche ,les Gouuerneurs enuoyez par le Roy d'Eſpagne au
Pays-Bas, firent en traittant rudement ces peuples , qu'vne partie de ce pays s'vnit
'auec les autres
tellement Prouinces
que le des Eſtats
Roy d'Eſpagne , ou, 6c le reſte eſt deuenu
lfArchiducheſſe leur par la force
Iſabelleſſffytient des armes;
à preſent que
fKezri Get.
laſer. le quartier de Ruermonde , ' ayant ſon gouuernement de meſme qu’autrefois , com
me ſujet au meſme Prince, Ruermonde pour capitale , des Deputez de ſes autres vil
les qui ſe trouuerent aux Eſtats particuliers , les gouuernemens de Keſſel , Geldre,
Montfort, Krieckenbeeck, StralemWachtendonck , Erckelens ,Sc Middelaer , 8c
dix-ſept Seigneuriegauec Haute Iuſtice. Mais pour le regard des autres quartiers
ſouſmis aux Eſtats Vnis du Pays-Bas, Zutphen, dont ie parleray, fait vn Eſtat à part,
&c les deux autres diuiſe; cn_ çliuers gouucrnemens_ ç; rerritoiregtiennenc leurs E (tats
'Q
.
Cucldre. 481
particuliers-en preſence _du Senat de leur ville principale , 6L enuoyent leurs Depurez
aux Eſtats generaux de la Prouince, lors qu'ils ſont mandez, où ceux de Nymcgue
ont la' premiere voix. _ ,
- p Ceſte ville jouyt aufli de ce priuilege,qu’elle peut battre de la monnoye d'or 6a
d'argent, 6c qu'on-n'appelle point de ſes ſentences ‘a la C hancelerie de Gueldrezmais
à Aix la Chapelle, ſans toucesfois qu'elle recognoiſſe l'Empire , ſinon que ſuiuant la.
couſtume, elle cnuoye tous les ans à Aix parhomme expres vn gand plein de poivre.
SesGouuernemens ſont ceux &Ouer-Betuve,Neder-BetuWe,Thielre.&Bommel
reWeertJe païs qui s’eſtend entre la Meuſqóc leWahaLnommé vulgairementTuſſ—
cheri Maes,,ende\Yſae_el, Beeſd, ækency, outre leſquels il ya vingt-ſept Scigneu
ries, auec haute Iuſtice. _ _ ï-
. La Iuriſdiction d'A-tube” comprend en premier lieu ſesvilles , puis deux grands
Gouuernemens qui ſont ceux de Veluve, 8c VeluWen-Zoom, 8c quatre petits , qui
ſont ceux de Hattem, Old ebrouck, Niebroiick, 8c Wageninghen, puis encor deux
Seigneuries auec haute luſtice , qui ſont celles de Dorenweert , 8L de Roſendael , œ
deux auec
ſ C'eſt baſſe.
egpce lieu- Æ-Arqlzem
. c:
quezz ſe- tient la Chan
, - la Prouince de Gueldre,
celerie de
5c dela Comté de-Zutñphen,, eſtablie par l’Empereur Charles ci nquieſme ~l'an i 5 43 .
_œ compoſéealors d'vn Chancelier, 6L dix Conſeillers , dont quatre deuoient eſtre
quatre des plus grands Seigneurs du pays , 6c ſix Iuriſconſultes , auſquels on adiou.
ſte PAduocat Fiſcal , a le Procureur General 3 'mais ce nombre eſt depuis aug-j
mente. .
Les Eſtats de ceſteDuchó ſontcompoſez des Barons,& N0bles,&'des quatre vil
les capitales, qui s’aſſemble~nt par l'ordonnance d u Gouuerneur de G ueldre , 8c de la
Chancelerie, ou du Conſeil de la Prouince, pour deliberer des affaires du pays , ſui
uanc les propoſitions du Conſeil. On ellit en ces meſmes Eſtats le Gouuerneur , &L le
Chancelier , 6L pour le regard des autres principales charges qui viennent à vacquer, æ-n
on en nomme deux aux Eſtats; afin quele Conſeil eſliſe celuy qui luy plaira.
Il y a eu diuers iugemens, 3c ſieges eſtablis , ſelon la diuerſité des cauſes , comme'
Yficcleſiaſtiquglc Prouincial , &les ordinaires des villes , Gt villages. Mais depuis le
changement de Relxgion, routes les cauſes, tant Eccleſiaſtiques quautres , ſontren
noyées pardeuantle Conſeil Prouincial , ou la Chancelerie , ou le Gouuerneur du
pays , &c le Chancelier pteſide. Ce Conſeil cognoiſt aulſi des appellations dela_
Comté de Zucphen , 6c donne abolition , ou grace des crimes commis par toute la
Prouince. ,
l' Meuſe,
Outre6cles Iuriſdictions ordinaires , il y a dans la Haute œ Baſſe Betuiitfe , entre la
l’Oual, aux Iſles de ſiBommel, 6c de Tyel , ſur la frontiere dela Veluwc, 6c
ailleurs des Diickgraues, de des Heimrads , qui ont ſoin des digues , &impoſent des
amandes aux nonchalans.
Chaque bonne ville a ſon Senat .86 les autres ont leurs Eſcheuins, &è pour le re
gard des reuenus, cant Eccleſiaſtiques, qu'autres, ils ont des Rentmeèſters, ou Rece
ueurs, 6c des depucez.
Quant à leurs loix , 8c ſtatuts ,les enfans au delà de vingt-cinq ans , peuuent ven
dre, .Sc donner ſans conſentement de leurs parents. Il y a pluſieurs ſortes de Main(
mort es, qui enrichiſſent ſouuent leurs Seigneurs apres leur decez. On ne peut logici
mer les enfans hors de mariage. Les adoptions, atrogations , 6L emancipationï du
droit Romain , n'y ſont pointreccuës. Les mariez ont leurs biens communs , ſinon
que le contract de mariage porte le contraire: de ſorte que chacun d'eux a part aux
eſcheutes , 6L ſucceſſions , acqueſts , 6c conqueſts de l'autre. Le droit des docs nîy a
point de lieu.La femme eſt chargée des debres de ſon mary-,auſli bienque ſi elle meſ
me s’eſtoit obligée, 8l lors qu'elle ÿobligeaucc ſon mary, el le n'eſt point releuée .par
le S enatuſconſul ce Velleien, 6c n'a point d’hypotheque ſur les biens de ſon maryLes
mari ez ne ſe peuuent donneraucune choſe entre vifs l’vn a l'autre 3 mais ouy bien en
quelques lieux àcauſe du mort , pourueu que cela ſe facereciproquement. Quant
aux autres , ils ne peuuent donner ſinon entre vifs , 6c irreuocablemen t, veu qu'on ne
peut tranſporter les fonds , ou les herirages entiers par Fideicommisſſeſtamens , ou
Legs-i Mais les ſuccefli ons des biens peuuenc eſtre tranſportées parles paches de ma
riage, de meſme que ſans teſter , 8c l’vn des mariez n'y peut rien changer ſans le con
ſen tement de l'autre. On y iuge ſelon les couſtumcs , 6c ordonnances faites par lc:
Princes en chaque gouuernement, du conſentement des ſujets.
4-8 2, ~CueldreſſÎ "l
En tous les pays ſujets aux Eſtats on n'y fait exercice public qu'a la Caluiniſte, ny Religion:
a Guictiard.
qu'à la Catholique aux terres du Roy dÏE ſpagnc, qui recognoi C nt ï pour le regard
Pays- Bds, du ſpirituel l Eueſque de Ruremonde. Quantau quartier de Nimegue , il eſt ſujetîi
YArcheueſque deCOlDgnE, &celuy d' Arnhem à l’Eueſq‘ued’Vtrechts mais les vns
8c les autres eſtans Caluiniſtcs mépri ſent ceſte iuriſdiction Spirituelle. ' Il s’y trouue
b auſſi quelques Arminiens , 6c Anabaptiſtes.
b Hcniic. Le gouuernement deceſte Prouince " donna commencementà ceſte Principau~ “FMA-i
Aqufflíîïlîî* té ;caries Seigneurs du Pont, qui eſt vn village en la Haute Gueldre , ayans ſuccedé E"
z? aux Preſidens eſtablis en ce pays par Charlemagnqô; ſes ſucceſſeursgflc ſe diſansTu—
Ôbffflïaïíïffl: teurs', ou Gouuerneur-s du pays , rendirent ceſte charge hereditaireí' \VIC HARD
gſyffſſſffflrède Pont , fils d’Othon , ſur le premier Gouuerneur , enuiron l'an 878.' au temps des
Menus-pee. Eſſm pereurs Charles le Chauue , 6L Arnoul , &ſon ſrereLupold baſtit le Chaſteau de
Gueldre, puis \Vichard mourant Panyio. laiſſa le gouuernement à Gerlac premier
ſon fils, qui mourut l’an 957. 6c ſut ſuiuy de ſon fils Godefroy , qui mourut l’an 958.
laiſſant pour ſucceſſeur_Wichard ſecond , ſon fils , qui eſpouſa la fille du Comte de
Zutphen, 8c mourut l'an 97 5. Mengoſe ſon fils, nommé parquelques vns Comte de
G ueldre , 6c de Zutphen, luy ſucceda, puis mourut l'an [doi :-ou ſelondäiutres r dſiri,
Wibinge, ouW/ikinge , ſon fils , «St ſucceſſeurmourutlanlrtÿz-g. ou ſelorî quelques
vns l'an i055. laiſſant en ſa place Wichard troiſieſme , qui deccda l’an ioór. n'ayant
laiſſé qu'vne fille nommée Adelheide. - ' _
Adheleide recognuë par ceux du pays,apres le decek de ſon pere,eſpouſa Othon,
Çomœ de Naſſaxv, qui ſut Gouuerneur dix~huict ans, puis fut ſait Comte deGuel
dre par Henry troiſieſme l’an i079. eut &Adheleide Gerard ſonſucceſſeur, puis elle
eſtant-morte eſpouſa Sofie, fille deV/ichmamcomte de Zutphemdelaquelle il eut
Gerlac, qui ſut apres ſon ayeul Comte de Zutphen , 6c mourant ſans en ans laiſſa la
Comté de Zutphen aux Comtes deGueldre, qui la retinrentſtbiiſiours depuis , 6c
pour le regard d'Othon, il mourut l’an 1107. î
~ Gerard de N aſſaut' , premier de ce nom , herita de la Comté de Zutphen , au dei
cez de ſon frere Gerlac, 6c mourut l’an Hz i . ayant eu de la fille de Florent Comte de
Hollande, Henry de Naſſaut, Comte de ,Gueldre, &c de Zutphen, qui eut de ſa fem
me Seynarde, ſille de Godeſroy,Duc de Brabant,la plus grande partie dela Veluwe,
6c mourut l'an i162.) Gerard ſecond ſon fils, ê( ſucceſſeur, mourut ſans enfans l’an
n80. laiſſant en ſa place ſon frere Othon ſecond,qui mourut l'an 12.02.. de laiſſa pour
ſucceſſeur
ſurnomméſon fils Gerard
lev Boiteux troiſieſme,qui
ceignit mourut
de murailles l'an 12.29
Arnhem .Othon troiſieſme
, Ruermonde, ſon fils,
Herdervyck,
Bommel, 6L Wagheninghe, qui n’eſtoient lors que villages , acheta vingt-vn mille
mares dargent Nimegue ville Im periale au temps de Guillaumqcomte de Hollan
de, Empereur, 6c l’vnit à la Comté de Gueldre ,auec la plus grande partie de la Be
tuwe , 8c mourut l’an 12.71. Reinaud premier , ſon fils', herita de la Duché de Lim
burg , par la mort de Herman dernier Duc , mort ſans enfans , puis eſtant pris par le
Duc de Brabant la perdit, 6.: mourut l'an i z 2.6.
Reinaud ſecond, ſon fils, ſurnommé le R0ux,& ſucceſſeurfut fait Duc de G uel
dre par l'~EmpereurLoüis de Bauiere , quatrieſme du nom ,l'an i339. aux Eſtats de
Francfort , &mourut l’an [34z. Reinaud le Gras , ſon fils , fut ſecond Duc de Guel
dre, 6c mourut l'an 137x. Edouard ſon fils, troiſieſme Duc de Gueldrefut tué par vn
de ſes Gentilshomîmes l'an i 57r.apres auoir défait les Braban ons,auec Wenceflaw
leur Duc. Il mourut ſans enfans, ſi bien que Reinaud troiſielçme , ſon frere, lors pri
ſonnier, ſut mis hors de priſon pour gouuerner cét Eſtat qu'il ne poſſeda que quatre
mois, ayant eſté le dernier Duc dela maiſon de Naſſaw.
Guillaume premier , Duc de Iuliers, petit ſils de Reinauchpremier Duc de G uel
dre, 8c fils de Marie de Gueldrqſucceda à ceſte Duché , de meſme qu'a la Comté de
Zutphen 8c
ſucceda, l’anmourut
371.64:ſans
mourut l’an
enfans i4oz.Reinaud
l’an l 423. ſi quatrieſmefrere de GuillaumeJuy
Arnold Comte d’Egmond, arriere-neueu de Reinaut quatrieſmefut ſon ſucceſ
ſeur,tint laDuché quarante- huict ans,en y comprenant les cinq ans,durant leſquels
il fut detenu priſonnier par ſon fils Adolf, vendit les droits qu'il auoit ſur la Duché
de Gueldre , 6c la Comté de Zutphen , à Charles Duc de Bourgogne , l'an 147 2.. &z
mourut l’an i 474. Adolſd'E mond,ayant pris ſon pere l’an 14.6 5. ſerendit maiſtre
de l'Eſtat , qu'il gouuerna l'e pace de cinq ans , eut de Catherine de Bourbon Char
les, Gt Philippe, puis mourut auant ſon pereläin 1473. -
l
Charlot
Comte de Zutphen. p ' ~ 'I
Charles premier, ſon fils, ſucceda à ſon ayeſiul Arnold , promít-'ſes Prouincesâ la
483 Î ñ* on
maiſon de Bourgogne l'an 15:47.8: l'an i536. au cas qu'il decedaſt ſans enſans-;puís — 'î ~'~‘
remit ſes Eſtats, auant que mourir, du conſentement des Gueldroisà Guillaume ‘
Duc delulierHCleueszæMons l’an15z8.auquelil mourut. - l ~ . -
Guillaume ſecond, Duc de Cleuegôc Iuliemgouuerna laGueldre ſixanspuis ſur
contraint de la quittera Ffmpercur Charles V. comme ayant droit des Ducs de.
Bourgognelan 154.4.
‘ d’Auſtriche,iuſqu'à ce 6c
quedepuis ce temps
les Eſtats ce en
vnisctlluy pays
onteſtarraché
demeuré paiſible a la
la plusgſirande maiſon q
partie.'_
~COMTEÏN?zvTPſſEM
rie-LEF- T..) . A Comté de * ZVTPHEN, pays des anciens Vſipetes, a pourſes , H… 5,13;
~ î' ’ :ell, limites du Nord Pouer-yſſel, du Couchant la Gueldre, du Midy- li.t.c.ſi—_ y
z le pays de Cleues, _GL du Leuant la Weſtſalie. Sa longueur eſt dect ctſi' ſi
‘ - ‘ ſept lieuës de Brabant, 6c ſa largeur de ſix. - î ~
~~ _ Sa ville capitale eſt ZVTP-l-l EN , affiſe ſur le bord 'droit de
ñ . …Dz-x À l’Y ſſeLôt trauerſée parle milieu de la riuiere de Berkel,qui ſerend
dans l'Yſſel. Elle eſt eſloignée d’Arnhem de quatre lieuëgôc de Nimegue de ſix. P
- ,Ses autres villes " ſont D O E S B V R G aſſiſe pres de la Foſſe Dru-ſienne , ou de l* FTÏPÃÜ'.
YYſſeI-Ort, ville ſorte,& bien peuplée. D O ETECOM , ſur l'Yſſel-, à vne lieué_ de N* ?ſi …Ο-ŸT
Doeſhurg, forte au "poſſible ,auec deux enceintes de muraille. LOC HEM , petite -'
ville, mais Forte, à deux lieuës de Zutphenzôt GROLLE des mieux fortifiées- , priſe
. parle Marquis de Spinolaſan i605. &ſeule de ceſte Comté poſſedée parles Eſpa-e ~ -- ï
gnols, iuſqu’à l'an 162.7. auquel le PrincedOrange, General des Eſtats la prit. - .z
Quant a la ville de W ONCHORST, aſſiſe ſur l’Yſl~el, ‘a vne lieuë de Zutphenz
6c ſujete a ſon Comte particulier, ellea eſté ruinée pendant les guerres , 8c n'a plus de
reſte qu’vn Chaſteau tres-fort.- On trouue encor en ce pays la ville de B R E D E
VOR D, petite, mais forte, auec ſon Chaſteau, dans vn lieu mareſcageux. &HEE
REMBERGHE ,auec ſotxChaſteau , portant titre _de Comté, MTer-Burg, ou
Burg, ſur la riuiere d’Yſſel. - - 1-1- ~. 1 - ’ ~
comm; Ce pays ‘ eſt erigé en Comté, dont le Roy d'Eſpagne prend le titre , Gt diuiſé 4 eq c cuieeina:
nement( :ſont
quatre Gouuernemens
celuy de Zutphen ,, ou
ê; autant
de ſon de Baronnies.
territoire, Sesnomment
qu'ils gouuernemens de campagne
Het Droſt-ampt ËËÏLŸFË
van hfecfl_ ſi' ſi ſi'ſi
PRISE
y A PRISE S futlg ſejour des anciens Friſons , Chances, 8c Saxons, dont le: gVbbo Ein-ii;
‘ j FRISON S ſe tinrent pres de l’Ems. 8L du golfe de Zuyderzée, les CHAVî- ÏW-Èfflſiffls
. . .'_"'Ï<' C E S depuis l’Ems iuſqu'a l'Elb, eſtans diuiſez en grands , 6c petits pîar le ſiïſſ'
Weſer, 6c ces derniers furent défaits ,ac chaſſez des lieux qu'ils pofiedoient , parles
Saxons. Maintenant ce païs l* s'appelle au langage de ſes habitans FRIES LAN DT, h Heutctl
c'eſt a dire, Pays d'hommes gaillards, 6c robuſtes, 8c s’eſcritenFlamand VRIES- 5“~S"î*‘~‘~‘3
… LANDT - _y
Confins. ll a du Nord l'Ocean , î du Couchant la Hollande , du Midy en partie le Zuy- Lcffgäîë'
derzée, 8c pattieauffi le pays _d’Ouer-yſſel , 6L la \Veſtſalie , 8c du Leuant le meſme. "7 ~‘
pays de Weſtſalie. ‘ . ‘
Europe. ,_ . g
458213 , *:.~Friſc. -.
aïeetLGcra ,' Il eſt diuiœ communément ï en trois parties , qui ſont la Friſe-Occidentale , l'O- Díflíſiou]
:néC-:Wi mr rientale, &c le pays de Groningue, outre pluſieurs Iſles.. ~ g
li.z.e,6. ſ ' ' Ses riuieres principales " ſont l'EmS,,le.-Lauuers,& leWeſerj quoy quelques vnsc Riuieres,
f": adiouſtent le Fleve, ou F lie, conuercy maintenant en golfe de Zuyderzée,de meſme
ñ ' ' ' 'que le Dullaernôt lalade, autres deux golf-es. .du - - - ,
Toute la Friſe eſt pleine, deſnuée de bois , 3c pteſquebaſſe par tout , limonneuſe 031M.
pres desriuages, 6c plaine de ſable, ou mareſcageuſqäc pleine d'eaux plus auant dans
le pays.. Sa baſſeſſe contraint ſes habirans à dreſſer de grandes , 6c fortes digues , a;
leuees contre le flux , 6c l'effort de la mer, dont el le n'eſt ,pas du tout aſſeurée, à cauſe
de la violence des vagues pouſſées par les vents deNord ,ôcdeNord-Ouëſhqui rom
pentztoutezs ces deffenſe ~' ,zz couurent d'eau bien ſouuent ſes terres,auec grande perte
d'hommes, 6c de beſtes , ſi bien 'qu’il nÎv a que les lieux plus eſleuez qui s’en garen
tiſſent. gras
.ſi3_'.'_..,z. roîreſt Auſſi,Sc
ſans cela ce
propre ſeroit
pour vn des, 8L
lesbleds plus
l'esheureux
prairies,- pays de l'Europe
car quant , tant
à l'herbe ſonprez,
deſes rei-
ſi y *d .. ' ou paſturages,
beſtes ellel'orge
autant que eſt tel,az
lemenrabondante , &meſtéed
lauoine , 6L lefoin coupé de emeſme
trefle,, qu'elle
qu'on aengraiſſe
recognules
ſi
plein de ſuc gras, 6c gluant, que ſi l’on' ne le fait ſecherau SoleiLauant qu'on le preſſe
en le ſerrant, il s'enfiâme deluy meſme , outre que les abeilles , qui ſont fort eſpaiſics
en ce pays ſuçant la fleur de ce trefle , font apres vn miel eſpais , ô; blanc au poſſible,
6c doux comme ſucre , 8c quant aux terreslabourables , ellesrendent aux moyennes
années autant que le laboureur plus auare ſçauroit deſirer , 6c iurmontent meſme
Jlecnyi-!Li- quelquesfois ſon eſperance', car *clics rendent ſouuent deux cens, 8c quelquesfois
*J* trois cens pour vn 1 pource que chaque grain de froment pouſſe deux , ou trois eſpis,
voire meſme dauantagtzäc les-tuyaux ſont tellement eſpais que les cheuaux n'y peu
ï 'Wii-lib nent pas paſſer àiſement, ny les cailles s'enuoîer : tellement que le dedans d u pays a '
nou ſeulement du grain pour ſa prouiſion 5 mais en peut encor accommoder ſes
voiſins. ‘ ., .
..w
.
Il y, qui
ſtéauſiät a comme
coulentvne infinité
de tous de ,petites
coſtez ſi bienriuieres
qu'il y capables
a peu de de porterqui
villages den'en
petitsſoient
ba;
pourueus , &t par ce moven , outre qu'on les conduit par de grands cauaux , auec des
dol uſes 'aux lieux neceſſaires , qui s'ouurent, 6c ſe ferment au flot, 6L reflot dela mer.
ſelon le beſoin qu’en ale pays , elles ſement aux habitans pour ſe rendre par eau aux
f. . d 'T .. ports, villes; 8c villages qu'ils deſirent, de conduire par tout routes leurs denrées.
'_~ .~ _ *ñr On y prend grande quantité de tourbes,ou mortes de terre à kctasre feu, dont ce
pays fait part à ſes voiſins, qui n'ont en quelques lieux pour ſe chauffer que de la ſian
_ te ſeche de leurs beſtes. Elle a quelques bois en certains endroits; mais en d'autres
elle en eſt preſque deſnuée. Elle produit auſſi des pommes, poires,ceriſes,prunes, 6c
noix , qui meuriſſent pour la pluſpart ſur la ſin d' Aouſt; mais le vin y manque , ſinon
qu’il vienne d'ailleurs. Au reſteles arbres de Friſe, qui ſont ducoſté du Su ſont d’v
ne rueruejlleuſe hauteur. Quant ä l'huile, les Priſons en tirent de la graine du lin,
8c
.ſſ-í'des
Ceraues, combien
pays nourrit les qu'ils-n'en man orts
plus gran ds,& ent cheuaux
pas, à cauſe del'abon
qu'on puiſſe dance
voir, ſidu beurre.
bien que par
foisils ſontadmirez pour leur hauteurcomme prodigieuſqôc reÆhercbez des grands
pour ce ſujet; Leurs grands , 6c gras bœufs , qui rempliſſent deſtonnement ceux qui
les regardengpouruoient
pays non
voiſins, 6c leurs vaches ſeulement
rendent vne ſilagrande
Friſe d’vne delicatedechair:
abondance mais encorles
lait , qu'on en porte ſi
vneincroyable quantité de beurre , 6c de formage meſme aux pays efloignez , outre
que ces vaches ſont bien ſouuent deux veaux d’vne portée, 8c les brebis dont ils
ont auffi grande quantité , ont pour la pluſpart des cornes , 8c la laine longue, 8c
;ñ .-1 .~ doncùquilsltondent deux' fois l'année, 6c font le plus ſouuent trois agneaux àîla
..'.-... . fait y
fEmmiJLiI Il n'y a î ny loups ,ny ſangliers, ny ours; mais ſeulement quelques cerfs , claims,
8c clieureulgäc grande quantité de lievres. ll s'y trouue des oyſeaux de riuiere,'& au
-' " tres, en nombre incroyable, principalement des Cygnes ſur les eſtangs, 8L riuieregôc
pareillement d'oyes, 6c canars, tant domeſtiques que ſauuagegdeplongeons, poules
d'eau,becaſſes,perdrix,pigeons,pans,gruës,tourdres,eſtourneauxô( pluſieurs autres
J eſpece-Leurre leſquelles ſont les aloüertes qu'on y voit côme vn nombre inſiny. Mais
‘ les ſouris ,s'y ſont tellement multipliées , qu'elles ſont de gräds dommagesaux bleds,
rôgeantleurs racinesſhcmígeant le graimôc certainsvers lôgs de ſépaiſſeurdu pouce,
Friſe.
qui prennent enfin des ailes , y mangent auſſi bien ſouuent le bled en herbe. 485
Quant au poiſſonJa mer voiſine, les riuieres, 6c les eſiangs, leur en fourniſſent en
gran de abondance,principalement du haran,des meuniergmerlus, congres, turbos,
plyegſolegmaquereaux, loups,
mons. En l'Iſle de 'Schelling on perches, brochets,
prend grande tanches,
quantité goujons,
de chiens carpes, 6c
marins,auec desſau- _
fi- ſnÎc°:“'Gſſ"3
lets tendus ſur le riuage, lors que s'y eſtans repoſez ils veulent rentrer dans la mer. b Tatiana-î
Les anciens** Friſons témoignerenſit aſſez leur generoſité, lors que ſe voyans char- "ïl-lí-s- ï. ſſ
Mau”
ancien gez d’vn tribut,ils ſe reuolterentleurs
contre les Romains ſous l'Empereur Tibere,voyans
puis * ‘ LW*
n”, ſousNeron Verrite,&Malorix cſihefs,& A mbaſſadeurs eſtís à RomeÆc
au Theatre de Pompée, aux ſieges des Senateurs, des Ambaſſadeurs eſtrangers, auſ
quels lesRomains diſaient qu’ils auoient accordé cét honneur,tant pourleur valeur,
que pour leuraffection enuers eux , s’eſcrierent qu'il n'y auoit nation plus vaillante,
ny plus fidele queſAllemande, &f prirentauffl coſt placeentre les Senateurs , choſe
qui pouſſa Neron à les faire Citoyens Romains.
Les Chances 4 qui tinrent auſſi partie de la Friſe, viuoient miſerablement ſur des <1 Plîn-.líflfï
lieux hauts, ou ſur des leuées qu'ils faiſaient pour ſe defendre des inondations de la “î
I
mer , y faiſant leurs cabanes , Je petites maiſons , &pourſuiuans les petits poiſſons
qui ſe retiroient auec la mer, qui les empeſchoit d'auoir du beſlial , ou de ſe nourrir
de lait, comme leurs voiſins, ou chaſſeraux beſtes ſauuages , n'y ayant vn ſeul arbriſ_
ſeau en leur contrée. Ilsfaiſoient
poiſſon, 6L prenansdes mottesſide des joncs
limon, de maraiſts
qu'ils , des
ſechpient cordesau
pluſtoſt , 6cvent
des rets pour
qu'au Sole
l-eil, ils cuiſoient auec ceſiëe terre ſeche leurs viandes,& eſchauflſioient leurs membres,
n'ayant
trées de autre
leurs boiſſon
maiſons.que l'eau de ſi la pluye , qu'ils gardoient dans des grottes
g aux en
Les ‘ Friſons eſtoient merueilleuſement deuots,& liberaux enuers les E gliſes,d’où ſïbbflfflffl-ſi
vient la grande richeſſe des Abbaves, 6c chapelles, 8c le rand hôneur queleurs loix u'
ardonnerent aux gens d’EgI iſe.lls eſtoient ſrancs,8c naï s,amis de la luſtice,& de l'e
.quitéſtiómes de parole,& peuſuiets l'amour,d’où procedoit qu_'ils ne iugeoient pas
temerairement des autres, ſi bien qu’ils viuoient cntreuxauec plus d'amitié, 6c de li
berté que pluſieurs autres nations. Ils tenoient auſſi le nom de bon lâboureur pour
_ honorable, ce qui cauſa~qu’ils baſtirent peu de villes,& shffectionnerent à la demeu
xe des champs. Ils fuyoient non ſeulement de Palier des eſtrangers parmariages;
mais encor[Etsratiquoient
mettoient fort en
aux eſtrangers peuquelques
.leurs-voiſins, ê: meſme
endroits durant
de paſſer vn auecpeux
la nuit tem s ils, ne er
6c Fou;
tesfois ils ſut-ent touſiours courtois , 8e liberaux à l'endroit des hoſtes qui leur ſurue
noient. Ils eſtoient auffi tellement vaillants, qu'ils deffendirent courageuſement
leur liberté l'eſpace de ſix cens ansſlæt preſerant à toute ſorte de commoditezgsc meſ
me i la vie. ~ ~~
Ils viuoient de lait, de beurre , 8c de chair, dontils abondoient , 5L par ce moyen -
deuenoient ſi grandgôz pui-ſſans,qu'ils ſe ſaiſoient admirer “aleurs voiſins,& leur for
ce procedoit encore de ce qu’ils ne ſe marioient que bien tard. Mais combien qu'ils
euſſent tant de Force, &t de courage , toutesfois ils n’alloient guere ſouuent porter la
,guerre aux autres pays: mais ſe con ten toient de cultiuer leurs terres , 8c de ſe defen
dre eſtantattaquez. La chaſſe , &c lapeſche eſtoient permiſes indifferemment à tous,
6c les villageois
poi-toit de l'or, 8cefioient preſque
ſide l'argent, autant ſemblables,
8c choſes pare: que les
nonhabitans des eſtbit
ſelon qu'il villes de
, 8crace
chacun
plus
noble : mais ſelon ſes moyens. '
Les hommes portaient des caſaques à manchesfit pluſieurs gros plis,depuis la cein
ture, quiïleuralloient iuſqu’au jarret , 5c des chauſſes fort eſtroites ajuſtées à la cuiſ
ſe. Ils auoient ſur la teſte vn voile qui leur pendoit par derriere , ou bien des bonnets
qui leur couuroient ſeulement le ſommet de la teſte , 6c ÿaduançoient en pointe ſur
le front. Les avſez enrichi ſſoient tous ces 'habits d'or, 6c d'argent” pluſieurs ſa
çons,voire meſme attachoient leurs ſouliers auec des boucles dorées. Les plus gríds,
ou plus riches chamarroient leurs caſaques de tous coſtez de haut en bas delames
d'argent dorées,& les manches de meſme. Lesautres ne chamarroient que le d euant
de la poitrinefflc de l'eſtomac,8c la pluſpart n'y mettait point d'or. .Mais tous auoient
des ceintures d’or 6c d'argent pour porter Peſpée. Les Femmes auoient ſimplement
ſur la teſte vn voile , de portaient vne robbe-rouge ſans façon , qui leur alloit iuſ
qu’au pied-s , 6c la faiſoient pliſſer en la ceignant au deſſous des reins. Mais
aux iours de feſte, ou de feſtin , les plus .honorables la couuroient-de lames d’or,
Europe. _T t ij
\
48 5 Friſe.
ou d'argent doïiâdchaiít en bas, 'Sc portoient outre cela vn baudriér fort peſant d 'dr
zzgcnc maſlifſiac des braceletgboucles, &crochetsdor , auec vnegran-de ſiole d'or pur
ſſur la poictrine, 6c des chaines d'or , pendantes du c-ol , tout autour de la fiole; telle
men't qu'elles eſtoientpreſquetoùtes couuertes d'or , a rauiſſoient les eſtrígers auec
ï tous ces ornemeiis. ÏElles auoient ſur la teſte vnecoeſſureenîrichie d'or, &c de pierre
' ſi rie,ou bien vne bande couverte depetiees lameg-ſelbn-leurs moyenszmais 'toutes laiſñ
ſoient pendre par derriere leurs chcueux annelez ,auſquelselles at tachoient tout du
.- lang des boutonspu desglans d'or,ou dïarg-ëmôzchoſes ſëmblablegqui les faiſaient
paroiſtre ad mirablegäc les moindres auoient quelques vns deces joyaux de parade.
@Aux maiſons Nobles on gardait 'ce ſte couſtume,que la vefue ac-côpagnoit le corps
deſiſon mary defungauec les meſmes habits, ôcornemens qu'elle porroit à ſes nopces,
ayant ſeulemër par deſſus pour marque de dueil .vn voile noiiydepuis le ſommet de la
teſteiuſqwaux talons-Mais ſoudain qu'elle eſtoit_ de retourau logi's,elle quittait tous
ces omemensfiz ne les pouuoit reprendre qu'en ſe remaflant. Want à celles qui n'e
ſtoient pas nobles , pource qu'elles uſvſoient pas du voileynoir, elles oſtoient ſeule
ment l'or,6c l'argent de leurs ~i'ob'be$,poural ler au conuoy de leurs maris.
, xmpifij_ Les Friſons ï 'ſont beaux hommes, grands , * forts , courageux, amis 'dela liberté, a… _
b Sabell .Enn- bt peu deſireux de donner. lls ‘ pratiquent 'tard Famourgà-railîon dequoy les hom mes “WWW
:îü- *.- ü . s'y maintiennennôc les enfans naiſſent plus robuſtes. _ll s'y trouuepeu de jaloux, auſſi
WP" 'ſi bien que peu dhdïulteres ,85 les hommes aymeroiengmieux mourir que d’endurer
d'eſtre deshonorez parleurs femmes, qui ſont ordinairement fort chaſtes, de meſme
que ſans fard , «Sc des plus ſecondes. Ils eëndurentaiſement la faim , lefroid , 8c les
autres incommoditez de la guerre, ſont doux, paiſibles, modeſtes , 8c ſe mettent tard
en colere: mgis ſont apres du tout furieux. _
Ils ne parlent guere : mais ont pluſtoſt l'effet que le diſcours , ſont naïfs , non diſ
ſimuler, amis des eſtrangers, 8L d'aſſez facile creance. Toutesfois ils ont l'eſprit fort
vif# reüffiſſent randement aux lettregcomme Rodolfe AgiicblaGemme Priſon,
6c ſon fils Cornei le, 6c pluſieursautresle teſmoignent. Ils honor-ent plus particulie
rement les erſonnes d'âge que peuple du monde. Les femmes y ſont fort ciuiles,
6c courtoiſzs , tant en leurs diſcours , qu'en leur actions , tendent librement la main
aux ſuruenans, 6c meſme permettent qu'on les baiſe ‘a l’abord : mais quiconque veut
paſſer plus outre court fortune dela via-par' le-moyen des maris, qui .ſoutient en ſont
aduertis, &L tous, tant hommes, que femmes, donnent de grandes aumoſnes , 6c ſont
affectnonnez tout ce qui ſe peutaleurliberté. _ ~'
dGujccjzi-d_ lls ſont 4 des plus ad onnez,tant au traffic qu'à la nauigatiomau lieu qu'ils ne penó
15753"- ſoientjadis qu'à la guerre: mais ' la Nobleſſe fuyt le' commerce , 6c_ toute ſorte d'art,
~ fflkcmpilid;
R de trauail de [nain , comme choſe mécanique , de meſme que d'eſpouſer vne ro
turiere, ou ſe tenir dans les villes, dont elle hay: volontiers les habitans , ſe tenant
.aux champsd-ans-ſes Chaſteaux. Quelques vns sättachentà la ſuitte de diuers Prin
.ces,ou des armée-SAE les autres viuent dans leurs maiſons de leurs reuenus.
Lors qu'ils ſont chez eux,ils ont force chiensfic la chaſſe eſt leur occupation ordi
maire, Les_ femmes ne demeurent point oyſiues au logis , mais ſilent, ou cauſent, ou
font leur ménage , 5c cuiſinent, ou font cuire la biere , &c cel les des cham s font des
_formages ſi gros que deux hommes fort puiſſans n'en ſçauroient porter ix ou ſept,
,que fort_ peu de tem ps , 6c rie-veulent permettre que les hommes y aſſiſtent pour voir
;leur maiſtriſemiais les hommes-s'y meflcnt d'ailleurs de l'agriculture,ou de voyager,
8c traffiquer. Les pauures s'occupent a peſcher, ou chaſſer aux oyſeaux , 8c gibboyer:
mais la chaſſe des cheureuls eſt defenduë au peuple. _ ries .4 l
Les villageoisont pour leurs meilleures viandes de la chair ſalée# fumée” des
potages ſort eſpais d'orge,d'auoine.ou de ſeiglepu bien de legumesauec du pain bis
de ſclglcpudbrgc. lls mangent auſi] forcelardformage, 6c beurre ſalé , quantité de'
cygnesJie-vres,tourdres,pei:d.rix,oyes,8c nanars, auſſi bien que les Gentilshommes, à
cauſe de let-grande abondance qu'ils en ont', &c force poiſſon , 8c pour leurpoiſſon, ils
ont dela biere,du .lait.ou.depetitlait. Mais les autres qui ſont plus aiſcz ont du pain
_. _tres-blanc de pur froment, à: font cuire aux iours de feſte, 6c pri ncipaiem ent les D i
ñ .- zmancheszdeq uoy ſe traiter tomela ſemaine, 6c nomment cela l' Ecuclle Fri ſonne, où
-il y a r4 ſortes de viandes. Ilsauoient deîcoiiſtume de mon ſtrer la porte aux conuiez,
_à meſure qu'ils entroient: afin deleur-faire entendre qu'il ne falloitpublier dehors
zzaupune choſe: maisä reſentilsontzfiirleurstablqs desroſes peintes, pour marquer
\lu 1l faut laiſſer la eſſons tout ceqifon a fait , ſans l'aller eſuenrer ailleurs.
.._ 'i
Friſe. i, _ 487
Ils boiuent ordinairement de la biere; mais les marchandseſtrangers y portent fi
grande quantité devin , qu'ils paſſent bien ſouuent le iour 6c la nuit à en boire; de
ibrte que bien ſouuent ils deuiennent hydropiques , ou ſont trauaillez de _la dyſente
rie, qu'ils appel lent Scoerbuch.Leur biere enyure auſi] bien,vo1re plus puiſſamment,
que le vin, &z8cles
ſiHamburo, dehabitans des u’à
Breme, iuſ riuages de la mer, «Sc des riuieres , boiuent de celle
Pexcez. ç de
Celuyaqui refuſe ſans legiÎrin-ie excuſe de boire lors qu'il eſt conuié , eſt leur enne
my. lls ontde grandes cornes garnie: de lames , ou cercles d'argent aux deux bouts,
5c au milieu , ddnt ils vſent au lieu de verres en leurs feſtins , 6L toutes les ſois qu’ils
boiuentà‘quelqu’vn, 8c luy preſentent la taſſe, 6c la corne, ils luy tendent la main, de
quelque eſtat, ou ſexe que ſoitla perſonne, 8L la baiſent. Ces baiſers ſont auſli prati
quez hors des fſieſtins,lorsqu'vn amy,voiſin,ou autrede cognoiſſice arriue nouuelle
ment en quelque lieu,de meſme qu'enFrance: mais auec desembraſſemês de col,des
preſſemens de main, 6c des teſmoignages d’ardcur,qui ne nous ſont pas commungôc ‘~‘
les eſtrangers y reçoiuent meſmes careſſes. QuantauxGeutilshommesJls ſe rraittent
ſplendiciement, de meſme qu’ils ſont richement veſtus,& bien ſuiuis,& ne vont gue
re loin qu'à cheual, ou en cartoſſe. Au reſte les coups ne manquent point à ceux du
tiers Eſtat, qui leur
AujourcPhuy diſent
tous, tantquel ue parolefemmes,
homqmegque qui leurtaſchent
deſagrée.d'imiter en leurs
~ habits !a
façon de France, &E les vieilles femmes y ſont tellement chargées d’or‘& d'argent
aux iours ſolennels,qu’on ne voit point enEurope de perſonnes de meſme condition
ſ1 richement parées z caron y voit meſme rarement des payſanes aller à l'Egliſe , ſans
de groſſes ceintures d'argent doré, 6c des bagues , 6c des bracelets d'or; mais les Da.
moiſelles portent, tant ſur la teſte qu'ailleurs,de la pierrerie.Elles ont auſſi leurs rob
bes fort ouuertes par deuant; de ſorte qu'elles ſont belle monſtre de leur ſein. Mais
' les iours de feſte, tant les Damoiſelles , que les autres , portent vne grandehuque qui
, les couure depuis la teſte j uſqu'aux pieds, 6c leurlaiſſe ſeulement le viſage libre. Aux p_
autres iours chacun y va veſtu aſſez ſimplement; *
Les Friſons bien que proches des Allemands, 6c Flamands, ont toutesfois vn lan
gage particulier, que peu d'Al] emands entendent , 6c meſme en chaque contrée, ou
Zelande, ils ont vn jargon ſi differend qu'vn homme qui ne les a toutes pratiquées ne
le peut parfois entendreEn la Friſe Occidentale,ils ont vn langage plus doux, 6L po
ly qu'ailleurs , en l'orientale les payſans ignorent preſque aujourd’huy l'ancien Fri#
ſon a mais en toutes les deux Friſes les habitans des villes parlent Allemand , 6c bien _ _
;Heu Friſon, dont la Patcnoſtre eſt telle.- ² “FGF”
WS haita duu derſtu buſte yne hymil, Dyn name wird heíligt; dyn ryck to Kom- ÎËÎÃLT-'Ïſiſi
me. Dyn Wille moet ſchoen, opt yrtryck as ynehymil. WS deilix bnæ jovws jvved. @WWW-WW
In veriovvvgws ſchylden as wy vejatws ſchyldnirs. In lied WS nact in verſieking. Dſimſiſſ'
Din ſry \vs vin it- quæd, Amen.
fereAu reſte ceſtede
graſſndement langue a quelque8cmeſlange
l’Allemande, meſme ‘ de mots Allemands
pluſieurs , 8c toutesfois
noms d'hommes diſ bVbbo Emu.;
_, 6e de ſem-
mes, luy ſont tout à fait particuliers; car il n'y a point d'autres pays où les noms de *liſt-li*
Haijon,Boijon,Vbbon,Vdon,Foccon,Vcon,S'iccon,Sition,Feijon,Pibonfiiemet,
Vlbet, Aijold, Dicon,'Onnon,Sirc, Edon, EddonJ-Iaicon, Aggon,Sibet, Mellon,
Tiarchon, Tiadon, Poppon, Tammon, Tannon, Icon ,Willem SÀbon,,Remkon,' g
Luerd,Amſon,Benon,Mannon,Folkercl,Hiccon,& Wiardſioient communément ſi
impoſez aux hom mes, non plus que ceux d'Ette,Tette,Dedde,lde,FrouwezMode
reJ-Iouwe, LÎUEQC-yWereNI/itie,Sitie,Gele,Dode,Tede,Hitne, Hiſſe, Hiſe,Eije,
.AwqEiſe, lcce,Tiace. Aſſe, Eſſe, 6c Liave, aux femmes. . 5;.»
Ils ne ~‘ cherchaient pas autresfois aux mariages les moyens,ou Palliancegmais ſeu-ï c zcmpiſh;
lement vne fille bellefic Yertueuſe,de condition eſgale: de ſo-rte que bien ſouuent vn ct
Gentilhomme, ou hôme riche épouſoic vne fille,bellñe, 8c pauure-.mais à preſent on y
recherche auffi bien qu'ailleurs,premierement la richeſſe, puis le reſte. L’eſpouſe va
couronnée âPEgliſe , ayant deuant elle vne longue file de filles , puis on feſtine. Les
conuiez ne donnent guere ſouuent de L'argent à Peſpouſée: mais les parentgamis, 8e
alliez ſeulement luy ſont des preſens , dont l'eſpoux tient memoires On dance auſſi
ce iour-làcouuerts
cheueux au ſon ded’vn
diuers inſtrumens,
voile, 8c lelendemain
preſente aux la nouuelle
conuiez vn verre dſpouſe
pleinſidn , ayant
meilleur ſes
vin,ou
d'autre liqueur, pour marquer qu'elle eſt deuenue mere defamille.
Les ſêmes quinont point denfans ſe retirent apres le decez de leurs maris au logis
Europe. :IJ t ii]
48s Friſe. . ' ‘ '
de leurs parens , auec leur augment , ou doüaire: mais a condition de ne ſe remariei*
qu'apres l'an du dueil. Les parens ſont veſtus de noir durant trente iours au decez des
leurs en quelques endroits; mais aux autres,ils vont couuerts toute l'année d'vn long
manteau noir, qui leur vaiuſquaux talons , 8c les plus aiſcz Feſtñinent la compagnie
aP res
L esl'enterrement.
habitans de ce pays tirent de grands deniers de leurs cheuaux, boeuFs,beurres, Rickard;
5c Formages , de meſme que de leurs courbes , dontils chargent des nauires, qui vont
en Hol landeputrè qu'ils Font en quel ques lieux de Friſe de Fort bon ſel de leurs cen.
dres. Ils portent encor vn nombre incroyable d’oye, tant 'a Coevorde,qu‘en dlautres
pays, 8c les payſans y ſont ſi riches, que pluſieur-- nourriſſent en H yuer vingt-quatre,
ou trente vachesputre qu'ils engraiſtent Force bœuFs, pour les menerapres aux villes
voiſines. . \
aVbbo Emm. La Friſe 'eſt naturellement ſi Forte. qu'elle ſemble capable de reſilier à tous ceux Forces;
l*** qui luy voudraient nuyre 5 caries lieux mareſtageux qui ſont bas , ou ceux où l'on a
conduit des eaux,ne donnent paſſage à perſonne, ſinon au plus Fort du l'E ſté,lors que
la chaleur les a ſecheznSt-auantaux autres,il eſt malaiſe que les hommes,tant de pied,
que de chenal y paſſent. Mais, à parler generalement, tout le pays de Friſe , qui a' des
prairies,a tant de Foſſezputre 'es canaux des riuieres,pour marquer les bornes des pa
ſturages , auec des chemins eſtroits, où le beſoin lerequierc,'qu'il eſt malaiſe' d'y con
duire vne armée, 8c la caualerie y ſeroit preſque du tout inutileEnHyuer les chemins
y ſont tellemët rompus,qu'vn hômede pied bien diſp0ſt,ou vn de cheual bien môté,
n'en ſgauroit ſortir qu auec grande peine,veu qu'il y a pluſieurs lieux,dont l'eau n'eſt
jamais gelée à Fondgôt qui ne peuuent porter vn hommeà pied pour leger qu'il ſoit,
ſans que la glace rompe; tellement qu'on ne peut entreprendre aucune choſe con tre
ce pays
mité duqu'au plus Fortimportune
Froid eſtſitrop deYI-Iyuerà ,ceux
lors que la glace
qui ne eſtFer,
ſont de plusnyendurcie , &c lors l'extra
de bronze.
b Pond-lent. Apres que les" Romains eurent longuement dominé la Friſe,non ſans vne infinité council
3F'3"î"-"** de reuoltes, les Friſons ſe voyans puiſſans, au meſme temps que les François ſecoüe- “WWW
rent le joug de l'Empire Romainsemparerent d'vne grande partie de l'ancienne Ba- ~
tauie. 6c la tinrentiuſqſſà tant que les Normandgôc Danois les en chaſſerent, ſi bien
qu’eſtans confinez dans leurs anciennes bornes au delà du Rhin , ilsles pouſſerent
plus auant du coſté de l'Eſt , en paſſant la riuiere dÿEms , ſi bien que deſlors ia Friſe
diui ſée autreSFois en Grande, 8c Petite, le Fut en Orientale, 6c Occidentale ,la riuie
e suffrid de re Ils
d'Ems Faiſantprerijiierement
obeyrent ſe aration desï àſept
deux.Princes,puis à ſept Ducs,puis à neuFRois,d0nt
?figé “W- Staueren eſtoiſit le ſiege, 6c ceux-cy ſe nommoient Monarques de la Friſe Orientale,
ziäſſſplſſnconi_ tandis qu'en [Occidentale il y eut auffi des Rois,& des Ducs,qui tenoient leur Cour
Priſm à MedemblicleMais leurs Rois ayans eſté contraints de ceder aux efforts de C harle- -
magne, ils Furent gouuernez à la mode d'Italie par des Poteſtats, qui Furent au nom
d Emmi-IÎJ. bre de ſeize , efleus 4 par les libres voix du peuple , 6c tantoſt annuels , tantoſt à plu
ſieurs an nées, 8c par Fois perpetuels.
Outre ceuxñ cy l'Empereur enuoyoit en Friſe vn Comte , ou Gouuerneur de 4 en
4 ans,pour vuider les differends de plus grande conſequence, principalement depuis
que la puiſſance des Poteſtats Fut eſteinte. Dauirage il y auoit quelques Familles no
bles,& riches,dont l'ambition cauſa bien ſouuent que laFriſe Fut diuiſée en factions;
tellement que ce deſordre cauſa finalement la perte de leur liberté. Aureſte les no
blesgles bourgeois , &les laboureurs eſtoient eſgaux en Franchiſe , ſans qu'il y eut ny
desſieſs , ny des Seigneurs ,ſi bien que tous recognoiſſt-ient ſeulement l'Empereur
pour ſouuerain, «Sc Faffiſtoient en ſes guerres,lors quil auoit beſoin èeuxzmais ils n'e~_
ſtóient pas chargez des tributs de l'Empire comme leurs voiſins.
Leurs loix nbrdonnoient guere la mort qu'aux traiſtres, criminels de leze-Maie-ſſct
ſté,voleñurs, boutefeuigcc parricides, Bt quant aux meurtres, ou coups, il vauoit cer
taines amendes limitéesÀ proportion du mah-Sc ſi quelqu'vn les payait ſoudain apres
le méFait, il Ïeſtoit plus ſujet à la luſtice; mais deuoit ſeulement craindre les parens
du mort íuſqu'à ce qu'il Fut d'accord auec eux , pource qu'il leur-eſtoit permis de
bruſler,8c ruiner la maiſon du meurtrier en quelque ſorte que ce Futfans crainte d e
ſtre repris. Mais depuis, lesloix ont bridé ceſte violence , ordonnant le dernier ſup
plice aux meurtriers. ~ ' —
Le peuple a touſiours ſuiuy, outre ſes anciennesîcouſtuñmes , les loix écrites , re
ceuës en partie de Charlemagne, ou confirmées par cét Empereur,apres auoir eſté
~ d
Friſci 489
conceu 'és par les principaux; ä raiſon dequoy ils les nomment Eilectiom , par leſ
quelles on a' pourueu à la libertâdu peuple,- ou données par le Pape Leon, en ce qui
concerne les choſes ſacrées , ou bien approuuées par le peuple aux Eſtats generaux,
6L nommées Prouinciales. Le lieu des Eſtats generaux eſtoitñpres d' Auric, en la Fri
ſe Orientale , au champ nommé Vpſtalbon, où les Principaux 3L Deputez du pays
ëaſſembloient de deux en deux , ou detrois en trois ans , ſelon le beſoin , &L par ſois
toutes les années. r ,
Quant à la deciſion des procés , auant la perte de la liberte' publique ,on y proce
doit ainſhEnWeſtergOugO ſtergow 8c autres pays de la Friſeoccidentalqquelque
temps auant Paſques , ceux aulquels l'élection des lugesappartenoit, en éliſoient
tous les ans quelques vns , entre leſquels il y auoit des Preſtres en chaque Gouuer
nemennCeux-cy iugeoient promptement les procés auec leurs Aſſeſſeurapuis exe
cutoient leurs Semences : mais aux cauſes plus importantes, le luge prenait l'Abbé
plus vOiſimôL quel ques Preſtres des plus ſçauans,pour les iugerzêc ſi quelqu’vn vſoit
de cäontumace , on appelloit au ſecours les voiſins , ſuiuant la reſolution de tous les
Or res. .
Mais l'ambition de quelques vnsaffoiblit peu à peu ce Reglement, qui ſut en fin
méprilé en pluſieurs endroitsJellement que les familles Nobles vſiirperent, 6( ren
dirent
guerres,hcreditaire Pauthorité
que lesde iugerd eſtans
, d'où maiſtres,abrogerent
naſquirent apres tant
le de factions 8L de
iuſques à tant Saxſſon Droict de Friſe,
introduiſantle Romain, 6L meſme eſtablirent à Leuwarden vne Cour Souuerainc
de Doiize hommes, auec vn Preſident: choſe qui fut maintenue par les Ducs de
Bourgogne, 6L qui dure encore. Mais entre le Laver a l'Ems , le pays tut diuiſé cn
diuers Gouuernemens , où les Seigneurs des fonds nobles auoient luriidictio-n an
nuelle à leur tour,&: iugeoient en perſonne ou en celle de leurs Lieutenansſſelon les
Loix du pays,auec quelques Aſſeſſeurs, auſquels il donnoit quelque part des amen
des,ayant puiſſance de vie 6L de mort.
Aujourd'hui] les affaires ſont en tel eſtat , que la Friſe Occidentale obeyt aux
Eſtats generaux des Prouinces vnies , avant toutesſois ſon Conſeil 6L Gouuerne
ment particulier, commeauffi le pays de Groninguey. Mais l'orientale a ſes Coin
tes qui ſe diſent membres de l'Empire; combien qu'à preſent Embde ſe ſoit comme
vnie aux E ſtatsgiyant receu d'eux groſſe garniſon aux occaſions preffantes.
Religion. Il y a par toute la Friſe ſorcecaluiniſtes, qui ſont les plus ſorts, 6L beaucoup de
ſectes d'A nabaptiſtes. Il s'y trouue auſſi dans FOrientale des Catholiques; mais les
autres ſontles plus puiſſans, principalement à Embde, dont les habitans ſe ſont op
poſez à leur Seigneur depuis pluſieurs années,tant à cauſe de la liberté,que dela Re-J
li gPermettons
ion. aux Friſons,auffi bien qu'à pluſieurs autres peuples, de sabuſer, ou
G :nea
logic. du moins de ſe flater , au rapport de l'origine de leurs Princes , 8L leur accordons ce
poinct par courtoiſie, plus que parlegereté, non comme certain, mais pour le moins
comme vray-ſemblable. ' ’ ~
Ils ſe fondent ſur ce qu'au temps ï d'Alexandre le Grand; il y eut vn Roy de Pha :Æurtlg
ſaſie, qu'ils conuertiſſent en Phreſie aux Indesmommé Agrammqfils d’vn Barbier.
qui ?eſtoit ſait Roy par lemoyen de la Reine qui Paimoit, 8L du meurtre commis b Hamconil
en la perſonne du Roy legitime. d uquel il fit mourirlet enſansz' 6L diſengqueléF RI Friſ.
SON l’vn des fils de ce Roy, nommé A del, apres le decés d'Alexandre , qu_’il auoit S uffrid. dc
ſuiuy, vint d'Aſie en Alemagne,auec vingt quatre nauircs, 6L Saxon 8L Brunon ſes Otig. Erifior]
freres, trois cens dix ans auít la Natiuité de noſtre Seigneunentra dans le F lie,bou
che du Rhimbaſtit la ville de Staueremqui Fut apres capitale du RoyaumeÆL mou
rut apres auoir commandé ſoixante-huict ans ‘a la Friſe, ayantau de Hille fille d'A
gatocle Roy \deThracefou ſa ſoeur, ſept fils 8L vne fille., qui donnerent leur nom à
pluſieurs contrées. Adel ſon fils aiſnéJuy ſucceda en la Principauté deux cens qua
rante-cinq ansauant-Ieſus. Chriſt , &L ſut ſuiuy cent cinquante- vn an auant Ieſus
Chriſt de ſon fils Vbbon', qui mourut ſeptante-vn an auant la Natiuité de noſtre
Seigneur , 6L laiſſa pour ſucceſſeur l'an de grace vnze, Diocare Segou', qui mourut
l'an de grace quarante ſix ,Gt fut ſuiuy de ſon fils Dibbald Segon ,auquel ſucceda
lan de grace quatre vingt cinq,Tabbon,qui mourut l'an cent trente.
— Aprescela, la Friſe ſut gouuernée par des Ducs, dont le premier ſut ASCON
fils de Tabbon,qui
boldſſite mourut l'an centſeptante-trois;
BoiocaLVbbomHaron Vbbomodilbaldfflc puis eut pour ſucceſſeurs Adel
VldofſiH-aron.
' T t iiij
490 Friſe. I ,
L'an trois cens nonante deux, ils donneront le nom de Roy à RICHOLD VF
F0 N_ mary d’()dilbald,ſœur d*VdolF Haron, qui mourut l'an quatre cens trente
cínq,de nueſme qu'Odilbald ſon fils,ô< ſucceſſeur l'an quatre cens ſeptantqRichold
ſerond,l'an cinq cens trente-trois# Beroald l'an cinq cens nonantc,en vne bataille
contre Dagobert Roy de Francqqui dompta les FriſonLAldegilde fut eflably Roy
des deux Friſe; par Clotaire
cens ſeptanto-deux. /
Roy de France
,
, fils de Dagobert
ſi
, 6c mourut l'an ſix
Radbod ſon filsmommé par quelques vns Roboald , viuantau temps de Charles
Martel, eſtant ſur le poinct d'eſtrc baptiſé par S. Wulfran,_retira ſes pieds des fonds
du BapteſmeJors qu'on luy dict que ſes predeceſleurs eſtoient en Enfſegrépondant,
qu'il aimoit mieux allerauec eux, qu'aue_c vne porgnéc de Chreſtiens incognus en
Paradis, Gt mourut PayenPan ſept cens Vingt-trois: mais ſes quatre fils embraſſerent
la Foy de Ieſus- Chriſt ,de meſme que ſa fille Teudoſuindefemme de .Grimoald fils
de Papin, Adgilde ou Adegilde ſecond, ſon fils , mourut l'an ſept cens trente-ſept:
Gondobald ſon fils , ſuiuit Charlemagne enEſpagne , auec huict mille Friſons , 8c
mourut l'an ſept cens quarante-neuflôc Radbod ſon ſrerqdernier Roy de Friſe,ſut
chaſſé de ſon Royctaurne par Charlemagne , pource qu'il tourmentoit les Cbreſtiens
de ſon Royaume, robſtinant en ſon idolatrie ; puis eſtant reuenu de Danemark,_où
il s'en elloit fuy,ſe fit Chreſlien, 8L mourut à Egmond, laiſſant deux fils, dont l'aiſ
némommé Gondobaldpbtintddes Rois de France quelques terres en Hollandqôc
eut de ſon fils TheodoriqGerolEpere de Theodoric, premier Comte de Hollande,
Gr. le plus ieune nommé Gerbrand , n'eut que la Seigneurie d’Egmond , &mourut
l'an lmict cens quarante — cinqJaiſſant vn filsmommé Wolbrand, duquel ſont yſſus
les Comtes dffîgmond. v
A pres la défaite de RadbodjCharlemagnereduiſit la Friſe en Prouince l'an ſept
cens ſeptante-cinq , y tenant deux Gouuerneurs l'eſpace de vingt-ſept ans , puis
voulut qu'elle fuſt gouuernée par desPoteſtatgdont le premier fut S.MagnusForte—
mffleſtably l'an huict cens deux,qui ſut ſuiuy de Tacon LudigmanmA delbric Ade
len, Heſſe] Hermana, lgon Galema, Goſſon Ludigman. Sacon Reinalda, Regne:
Cammenga, I. H.Martenna, qui chaſſa Guillaume troiſiémqComte de Hollande,
qui ſe vouloit emparer de la Friſe Orientale l'an mil trois cens neuf, apresſque ſon
pere eut d u tout aſſubjetty l’Occidentale,l'an mil trois cens trois. Apres ſon deces,
la Friſe ſut gouuernée durant quel que temps par des luges , ſous leſquels Guillau
me quatricſſmc, Comte de Hollande , attaquant la Friſe , ſut défait Gt tué l'an mil
trois cens quarante-cinq. lls eurent apres pour Chef Ivon Iuuinga, ſous qui Albert
Comte de Hollande, attaqua la Friſe,l’an mil trois cens nonante-ſix , puis ſe rendit
maiſtre de tout le pays qui s'eſtend iuſques au Lauwergmais il' n'en iouyt guere lon.
guemEnCe Poteſtat ſut ſuiuy deGalonHama,SixteDekema,&Odon -Botnya,quí
donnerent beaucoup de peineaux Capitaines d'Albert: puis de Suffrid \Viaerda &c
Haring Harinxma,qui deliurerent de la ſujetion des Comtes de Hollande, la. Friſe
ſi Occidentale” la remirent en liberté,qui fut confirmée par l'Empereur Sigiſmond
l'an mil quatre cens dix- ſept, puis par Frideric troiſième', l'an mil quatre cens qua
rante—ſept.
Mais pour le' regard de la Friſe Oſirientaleſapres pluſieurs guerres 8c diſputes en
tre les plus grands Seigneurs pour la Primautc' , finalement Vlric Sircſena, de Pvne
desprincipales maiſons, obtint ce pays en fiefde Frideric troiſième, l'an mil quatre
cens ſoixante-quatre, auquel il receut le tiltre de Comte.
l, deL'an
Friſe,mil
futquatre cens nonante-quatrqlule
éleu ſolemnellement , puis ceux Dekcma ſeiziéme,&
de la lfſiaction dernier Poteſtat
des Vetroperans reſuſcz
rent de luy obeyr, pource que ſa Femme eſtoit de la Famille des Schyringes '- ſi bien
que l'Empereur Maximilian voyant qu'il ne pouuoit appaiſer leurs broüilleriesg
donna pour Gouuerneur perpetuel ila Friſe, l'an mil quatrecens nonante- huict,
Albert Duc de Saxqqui ayant pris Leuwardenfflhaſſa ceux de Groningue d'Ofier
306,8( vainquit ceux de Seuenwoldempuis fut receu auechonneur par ceux d'OG
ſtergow 6c \Veſtergow , pour Archigouuerneur de Friſe , l'an mil quatre cens no
nante— neuf; mais il mourut bien coſt apres l'an mil cinq cens. George ſon fils, luy.
ſucceda, Gt tranſporta la Cour de Franicker à Leuwarden : mais il ne. peuſt iamais'
perſuader aux Gentils-hommes de tenir leurs fieſs de luy.ll aflîegea Groningumqui
prit pour ſon protecteur le Comte Edſard,qui la remit en libertízapres y auoir bally.
vn chaſteamæais _Charles Duc dc Gueldre, y ſut apresrecognu pour Seigneur lïalzî
Friſe. 491
'mil cinq cens quatorze , 3c conti-aigu” George de leucr le ſiege qu'il auoit mis d e
uant Groninguëhpuis ſe rendit maiſtre d'vne bonne partie dela Friſe , tellement
que George eſtant hors d'eſpoir de iouyr paiſiblement de la Friſe, cran ſporta tout le
droict quïiauoit ſutce pays , iCharlcs dkïiuſtriche fils de Philippe, 6c petit fils de
L'Empereur Maximiiian , qui _ "fut 'apres nommé Charles-cinquième , Empereur,
du conſentement des-Eſtats de Friſe -, 6c ſe retira en Saxe l'an mil cinq cens
q uinze. '
Charles cinquième ayant eu du commencement beaucoup de peine àÿeſtablir,
pourſuiuit tellement le Duc de Gueldre durant quatre ans , apres qu'il eut eſté éleu
Empereur l'an mil cinq cens dix-neuf, qu'il le chaflà tout à fait de cette Prouince,
laquelle il gouuerna depuis par ſes Lieutenant.
Philippe ſecondÿſon Els, luy ſuccedaau gouuernement de cet Eſtat l'an 'mil cinq
cens cinquante. Mais la Religion cauſa l'an mil cinq cens ſoixante-ſix, vne grande
émeute, puis vne longue guerre. Car Louys de Naſſaw, frere de G uillaum e Prince
d'Orange, déſir, 5c tua l'an mil cinq cens ſoixanteñhuict, lean Comte d'Arenberg,
Gouuerneur de Friſe, pour le Roy d'Eſpagne, puis fut défait par le Duc d'Aide, 5c
les Gueux ou Ligueursprirent l'an mil cinq cens ſeptante-deuxsneke, Bolſverd 6c
Franksei; qu'ils fiirent toutesfois contraints de quitter bien-roſt apres , &t la paix
Seſtant depuis faite a Gand l'an mil cinq cens ſeptante- ſix, ne demeura gſiere en—
tiere. Car l'an milcinq cens quatre vingt, l'Eſta~t Gt Gouuernement, tant temporel
qiſEceleſiaſtiqite de Friſe, fut changé ,lors que le Prince d Orange fut éleu pour
Chef par les Eſtats vnis , qui declarerent le Roy d'Eſpagne leur ennemy ,l'an mil
cinqccns quatre vingt vn, ſe retirant de ſon obey ſſance.
E OCCIDENTALE.
_ ñ, A PRISE OCCIDENTALE, oula \VEST~FRÏSE,QU lan
' '*, gage du pays Weſt-Freílant, a pour ſes *confinsdu Nord la mer ,gukdmhnz
' Oceane; du Couchant, la meſme,auec la Hollande; du Midy, le Pny-~Il”. '
, -, Golfe de Zuydetzée , 6L Fouer-Yſſel: 6c du Leuant , la Friſe
'ï ,5 Orientale. ,
. .. ,… ' ſi Sa longueur iíeſt priſe de ,l'Eſt à l'Oueſt , depuis le village de b Heuœtu:
:.8,
ou Roeden, dépendant de Groningue iuſques :ila ville de Staueren , aſ
fiſe au bord de la mer, eſt de dix-huict petites lieuës de Friſe , qui ſont vn peu plus
'grandes que celles de Brabant: Et ſa plus grande largeur du M idy au N Ord- depuis
la. mer 8L le village de Werum, 'vne lieuë au deſſus de Doccum, iuſques à la fin de
ſD1455…. Seuenwolden, au village
Elle eſt diuiſée de Bleeſdijc,
ë en trois parties , eſt de neufdes
nommées meſmes lieuës.
OOSTERG OE , VESTE R- êlîlſ"‘î‘°î‘n
GO 5,6L SEVENWOLDEN. BOOSTER .GOE,ou le pays deLeuant eſt encor ,ŸËÎ 5mm,,
diuîleen vnze Gouuernemensfflppellés Gretenies,d0nt le premier nommé Leuwar- Huit. Renífîï_
deradel , comprend quatorze bourgs ou villages: Feruarderadel , vnzevillages 8d: ad***
trois Abbäyes: Col-lumerland, ſix villages 8c deux Abbayes: ldarderadel, huict vil
lagesgsmallengerland , huict villages &E vne Abbaye: Dongerdel diſCouchant,
douze-villageszïhíeczerkeradel,treizevillages 8c trois Abbayes: Danrumadchlrele
2e villages 8c vne AbbayeaAchtkeſpel ,huict villages 6c deux Abbaycs: Rauwarde
rah-Em', ſix villages 8c vne Abbaye: 6c DongerdeLde Leuanndouze villages 6c deux
Abbaye” &ſcout ce pa~ys contient en tout cent douze villages 6c vingtñvne Ab
bayes. ,Il comprend auſſi deux villes,dont l’vne eſt L EVWAR D EN, capitale non
ſeuleinent de ?Ooſtergovqmais-encor de toute la Friſe Occidentaleda plus grande
fic plus magnifique de tou-temyant quantite' de beaux baſtimens publics 6L particu
__ lîersſacrez 6c' prophanesfflrincipalement des Palais des Gentils-hommes, 6c cles ca
"î baux profonds au milieu de ſes ru'c's , outre que c'eſt le Siege du Senat de Friſe ,fic
qu'elle eſt aſſiſe en lieu ſi commode, qu'on y peut venir par eau de 'tous les endroits
dela Friſe,& qu'elle eſt des mieux fortifiée :l'autre eſt DOCCV M . accommodée
d’vn port 8c d’vn canal, qui ſe rend dans le flux de Làwers, 6c fortifiée de bons ba#
&ions de terre, 6c de' larges foſſez. ~ _ r
La \VESTERG OE,_c'eſt à dire,le pays du Couchant, eſt diuiſée en neufGou
ï
49.1 _
uernemens ou Gretenies, qui ſont \Yſymbritſeradel , auec vîngt-huict bourg:
c… villages , .SL ſix Abbayes :v Baarderadcl , auec quinze villages 6c vne Abbaye:
Heu nalderadel , auec douze villages : Franekeradel , auec vnze villages 8c
vne Abbaye : 'Bilthie , ?auec trois villages z \Yſonſeradel , auec vingt ~—_ ſept
villages ,Ge deux Abbayes : Hemeleraldferd , auec neuf villages .Sc vne Abbaye:
Mennaldumadel , auec douze villages 8c vne Abbaye :ac Barradel , auec ſep;
villages 8c deux Abbayes: 8c tout le_ \Yſeſtergow contient cent vin t - quatre
bourgs ou villagesflk vingt. deux AbbayesJl embraſſe auſſi huict villes, ont la plus
ancienneeſt STAVEREN. l'vne des villes Hanſiatiques, autreſois Siege des Rois,
mais à preſent fort décheuë : mais la principale, plus belle 6c plus riche , eſt FRA
N E CK ER,qu'on tient pour la plus agreable ville deFriſe-,ayît vne riuiere ou vn ca
nal nauigablqde tres- bonnes fortifications de terre, 5c ſur tout vne floriſſante Vni
uerſité, à qui les écrits d'Adrien Metiusÿroſeſſeur des Mathematiques, ont acquis
vne grande reputatiorMLes autres ſont BO LWARDNilleI-Ianſiatiquqafliſe dans
le paygôt des mieux fortifiées: H ARLINGHENAffiſe ſurle riuage de ldmerauec
vn chaſteauzW/ORCV M,HlN DLLO PEN,ILST,ville ſans muraillcs,maisauec
foſſe; 6L S N E CI K ,auſſi ſans murailles‘maisauec foſſez 8c rempars.
Le pays de SEVENWOLDENSÏIÏ à dire, Sept Foreſtgeſt diuiſc' en dix Gre
tenies ou Gouuernemems,qui ſont Donieumrſtahauec treize villages: Geeſterland,
auec ſepczVoſterîaiiiLauec douze: VtengeradeLauec ſix, Gt deux Abbayes: Stellenz
cwarue du Leuannauec dix villageszStellencwarue du Couchant, auec 2.O.Lem p
ſierlandguec cinq: Haſſæberlandauec ſix,& vne AbbayezSchoterlandffluec quin
ze,& vne Abbaye: 5c Ænwardffluec quatre,& vne Abbayezíâc tout le pays contient
a Emmi.li.i. nonanreñ huict bourgs ou villages, 6c cinq Abbayes , outre vne villenommée SLO - Oiïïlirïë
TEN, voiſine du goſſe deZuyderzée 8c de Staueren,d’vnelieuë 8c demie.
Ce pays a beaucoup de ï belles prairies ô: gras paſturages du coſté du Nord, &z
du riuage de la mer 3 mais force ſable, marécages _Sc bois, du coſté du Leuant 6c du
M idy. Le Seuenwolden; ſurtout a beaucoup de ſable &c de marécages , quelques
foreſts, qui ont cauſe ſon nom , 8c de lacs ſort abondans en poiſſon , principalement
du coſté de \Veſtergowzœ ſes terres labourables produiſent aſſez grande quantité
de bled, mais il eſt peu propre au paſturage: en recompenſe dequoy il abonde telle
ment en tourbes,qu'il en vend beaucoup à ſes voiſins.
Toute laW/eſtergoeôc partie de Pooſtcrgoeabonde au delà de toute croyance, MW;
en Qrainsfflheuaux,bœuſgvaches,brebispiſeaux 8c poiſſons.
Les habitans du pays de Seuenwolden, ſont mieux diſpoſez,tant de corps que_ de
courage, pour la gum-re, que les autres ,qui ſe ſont ramolis parmy les delices, que Gonna;
l'abondance de tous biens leur cauſe. "WW
Le Conſeil ou Parlement de la Friſe Occidentale,ſe tient à Leuwardemoù vont
b Fnle Petit
Nederlantſch reſſortir par appel tous les peuples habitans entre le Zuyderzée 6c le Lauœrs, tant
Republycke au ciuil qu'au criminel. Cette ville ſert auſſi de demeure b au Conſeil des Deputez
des Eſtats vnis, eſtably pour toute la Prouince, compoſez de deux membres , à ſça
uoir,'de la Nobleſſe 6c des Citoyens. Ceux~ cy gouuernent la ville, autant en ce qui
regarde la police , que les finances , 6c diſpoſe auec les voix des Gretenies , tant de
tous Officiers de Iuflice, de financez/BL du Domaine , que des Chaſtelenies , Capió
taineries, 6L autres choſes. Les Eſtats ont encor eſtably dans cette ville ,la Maiſon
où l'on bat la Monnoye d'or 8c d'argent, ſelon que ?ordonnent les Deputez,qui ne
ſont ſubiets pour ce regard au General des Monnoyes des Prouinces vnies. Le
Siege a Conſeil de lïfflidmirgutc' de toute la Friſe , eſt en la ville de Doccum, com
me plus voiſine dela mer de ce coſté. Chaque ville efl gouuernêe par ſon Barge..
e KezLGcr. meeſter bt ſes Schepenen ou Eſcheuíns , auec leurs Secretaires. Il n'y a point de
lnfcr. Comtes, mais beaucoup de ſort anciennes familles. " ,._, . _y
Toute la ‘ Friſe Occidentale , de meſmeque l'E ſtat de Groningue, eſt ſous
la Iuriſdiction ſpirituelle de l'Eueſque d’Vtrecht , qui toutesfois n'ya plus au
cun pouuoit , 10D plus que les Catholiques n'y ont aucun exercice ,de leur _
Religion. Au reſte , il y a plus d 'Anabaptiſtcs qu'en aucune Prouince du 'WJSWÈ
Pays-Bas, .
'
‘
‘ ' ï 'Il
ISLES DE SCHELLINC
ôc D'AMELANT.
«DE A Friſe* Occidentale,comprend auſſi pluſieurslflegaſſ- -Kïfflrili-ï-ſiê
ſſ-ſſ Ï ſes du coſté du Nord , dont les principales ſont celles de "'°"‘
_a ~ _ IJ); SCHELLING 6c JAMELZANT, éloignées de la terre
.H 'fermedenuiron trois bonnes lieues d’A_lemagn~_e, qu’vn 1'191.
I
.ñ, uireſ aide d vn vent fauorable, peut faire en deux ou trois
, heures , ce garnie: de pluſieurs bons villages bien peü- t
plez. -
Malice. On ne trouue en ces Iſles aucun animal nuiſible, ſinon
vneinſinité de conils , qui font pluſieurs grands dommages, 8c s'y ſont tellement
multipliez que les habits ns ne leur peuuent reſiſter, 6c n'ont ſceu trouuer autre re
mede contre ce_s animaux , que de nourrir des furets, qu'ils appellent Erectes , 6.: les 'î
faire entrer dans leurs clapiors , afin de les en tirer dehors , ou les con craindre de ſor
tir par l'autre trou,pour tomber entre les mains des chaſſeurs. Elles ſont fort fertiles
du caſte' du Midy , mais pleines de ſable , montueuſes 6L ſteriles , duNord; outre
qu'elles ſont perperuellement expoſées aux courſes des Eſcumeurs de mer. Mais
lesb habitans prennent force chiens de m er ſur le riuage , ê( eſtans déguiſez en be b Guieeiardin
Pays-Bas',
ſtes de diuerſes ſortes , 6c dançans pour les attirer bien auant en terre dans-leurs
filets, puis en font de l'huile. \
MW
1SLE DE SÇHYRMONCKOCE. x
~ ’Ooſtergoe a ſeulement vne ſſlſie °, nommée SCHYRMONCKO- *Kïflïrîzlízſiïz
GEaſſiſe du coflc' du Nor-.Lmoindre que les autres,auec vn ſeul villa- "“ ſ
Æalitéï ge :Sc vne Egliſe. Elle eſt plus ſteriieque les autres,ôc a des montagnes ' '
de ſable prés de la mer, qui y iette bien ſouuent des baleines d’vne
merueilleuſe grandeur. On prend auſſi dans le Golfqenrre la terre fer
me 6c cette lfleforce coquilles de mer. Dauantage,l'air de cette lfle,de meſme que
des autres,eſt ſi tem pere qu'on y peut garder vne année entiere du poiſſon non ſalé,
mais ſeulement ſeche' au vent Gt au ſoleil. Cette Ifle eſt auſſi remplie d’vne infinite'
de conils. ~
Meurs.
Les habitans viuent pou r la pluſpart de leur peſche, ayans beaucoup de peine a ſe
‘ garentir des Corſaires.
ſ
PAYS DE GRONINCVE,
, ET LES OMMELANDES.
Confins, _, ,zz-ji E Pays deAGROENINGHENOU Groeningherlaugauecſon dFi-.lePetit
_ " ~ ’ Zeſſort, qu'ils appellent OMM ELANDEN , deſtàdire, pays Ëïâſſgîyſ-hï
j -' \qX Lawcrs
’alentour, faiſant arciedudela
6L ?Emgayijant FriſelaOccidentale.eſt
ï Nord Mer Occane; duaſſis entre e
C ouchant, vf,,
e Fr-lîmſi"
Petit!"
ſi " le reſte de la Friſe Occidentale, ou l'Ooſt_ergoe; du Midy, le pays N‘d'R°P'
_Eſhndue ‘ T4;
_ 'ñ' 'ffl-'ctſm
A_ ſi I' de Drent,& l'Ouer Yſſeliflç du Leuant ,le Golfe du Dullarnôcla
q _ Friſe Orientale. Son eſtenduë eſt preſque moindre de la moitié que celle de la Friſe
Pfflſiü- Occidentale z 6c ſa plus grande longueur de vingt-ſix mille pas. Ses Ommelandes
.ſont diuiſéesëen trois contrées principales , qu'ils appellent Feuelingo, Hunſingo, ſPecicNedd
&Weſt-Quartier, ou Weſterva-ld; 8c comprennent auſſi les peuples de Lango- R9?
L WAIÛLFredOWOldJ-Iummers a Medaeh.
494. , Friſe. 'i' l'
a Petit Ned - Sa ville capitale eſt ï GROEËUNGHEN , aſſiſe Prés des riuieres de Himeſo 8c Vin”
Rep. d’Aha, qui coulent autour de la ville, shſſemblent en vn de leurs ſauxñbourgs, Il
y a deux grandes places,l'vne nommcc BredemarcktJongue de cent trente-huict
pas , &large de ſeptante-vn; l'autre, nommcc Viſchmarcltt, ou Poiſſonnerie, en a
deux cens cinq de lon g, 6L trente- quatre de large. Ellea hulct portes, quatre grands _ ._ …H_. —_ I—L
faux-bourgs beaux 6c bien baſtis -, en l’vn deſquels eſt le Havre, où tous les nauires
abordennôc vn College. . ~
Ses ſoſſezgempars 6c baſtions, la rendemcommeimprenable; 6c ſon tour eſt de
~mille neufcens quatre vingt huict pas. \ _ .
A deux lieuës de Groningue, on voitſla ville de DAM ,aſſiſe _ſur la riuiere de
Dam, _à deux mille pas de l’Ems, autrefois ceinte de murailles, puis démantelée, de ._.\_
_Idſiorcc qutelle eſt maintenant ouuertennais ne laiſſeiouyr des droicts 6c priuileges *TZ -‘
C VlllC- , -, j,
Mais la place plus importante apre: Groningue eſtDE LFZY EL,qui donna naiſ
'ſance à Rodolfe-A griçola, fortifiée par les Eſtats pour brider ceux de Groningue,
_îpourlors encor affection nez au Roy d'Eſpagne, &reduire en forme de ville,a‘t cauſe
de ſon affietteôc deſon port. .
E ,EPWJÏzl-&ſſ- ~ Outreces lieux, il y a b dans ce pays quelques cent ſoixante bourggauec leurs Pa Bourg]
roiſſes, dont les principaux ſont Warſum, Bedum, WinſumNthuſemNorthorn,
VisfletNſſinſcot, Loppershem, Berum, Farmſum, 6c vingt-cinq A bbayes. _ _
Le terroir de ce pays eſt preſque par tout fertil, 6c propre tant pour les bleds que V***
pout-les prairies. Toutefois du ,coſté duGolfe de Dullardôz de ?Oſtergov ,il eſt
marécageux &plein dc foreſts, 6c ſablonneux du coſté du pays de Drent.
Les habitans de Groningue ſont de douce humeur,courtois,accorts,induſtrieux Monts.
-l
6c capables des ſciences, mais altiers,6c par conſequent magnifiques en leur viure 6c
veſtemens, deſireux de commander, 6c des plus obſtinez ‘a defendre leur droict , 6c
leur liberte'. _ ,‘ —
e PotitNed. La ville ‘ de Groninguea tous les rempars garnis d'artillerie# ſon Arſenal plein FWM-I'
Rep. de toute .ſorte d'armes,oi1tre qu'elle
Delſzye,dont les Eſtats ont ſiſait vnee_ſt en vn parfait
fortereſſe eſtat de defenſe; de meſme que
des' pluxgimportantes.
d Guieeœsys ñ
C'eſt vne Seigneurie d, dont les Princes du Pays-Bas prenaient autresfois le tiltre Gonna:
Bas. auec les autreszmais à preſente elle tient le huitſtiéme rang entre les Prouinces vnies, nement;
e Petit Ncdſi depuis l'an mil cinq cens nonante—quatre,faiſant comme vn Eſtat ſeparéfflc dormi;
Rep.
des Gouuerneurs 6c Magiſtrats aux pays qui luy ſont ſubjetsl.
Elle a de longue main de grands priuileges obtenus des Empereurs , 6c particu
lierement que ſes habitans ne peuuent eſtre tirez en inſtance par aucun Prince, Sei
gneur, citoyen ou autre , ailleurs que par deuant le Magi ſtrat ordinaire de Gronin
pue , ny arreſtez en aucun lieu, 6L qu'on ne peut appeller ailleurs des Semences de
on Senat , compoſé de quatre Burgemeeſters 6c douze autres Senateurs , nommez
Raetfluyden, qui ſont ,en tout le nombre de ſeize. Ce Senat prend cognoiſſance
de tout ce qui concerne la ville , a Tauthorité d'élire 6c d’eſtablir des Capitaines du
plat pays,ou Bailliſs &t autres Magiſtratgenuoyer des Ambaſſadeurspù la neceſſite!
le requiert, 6c generalement diſpoſer d. c toutes les affaires de la Republiquqcomme
il le trouue plus à propos : comme auſſi a iuger en dernier reſſort les procés ciuils 6c
criminels. Mais on oſte tous les ans deux Bourgs-maiſtres ou Conſuls, 6c ſix Con
.ſeillers , en éliſant autant de nouueaux en leur place. lls ont en cor vn autre Conſeil
de vingt-quatre, qu'ils nomment Geſwoorene Raden , ou Senateurs lurez , qui ne
peut toutefois reſoudre aucune choſe d'1' mportancefans l'autre; 6c dans ce dernier,
il _v a trois hommes principaux qui preſident. ll y a encor dans cette ville d'autres
- Officiers, comme les Maiſtres des Gardes , ou \Vacht-rneeſters, les Commiſſaires
,.
des Quartiers ou Quaertier-Meeſters 5 les Colonnels , Capitaines , 6c Pluſieurs
autres.
'í-Xctnphlidîi Les habitans F 6: ceux des villages,ſont obligez de porter vendre à Groningue ce
qu'ils ont de leurbeſtailou de leurs terres, apres leur prouiſion; 6c les marchands
eſtrangers ne peuuent
bœufſisnachesſhc choſesacheter des payſans
ſemblablesſians du beurreeſté
qtfilsfayent , des formages ,'descheuaux,
premierement à trois mar
chez deGroningueſhc ayent payé Hmpoſition eſtabliqſur peine de confiſcation de
l la marchandiſe, ou d'amende.
..ï
Cette ville a droict de batte la monnoye, qui a cours tant en la Friſe Occidentale
qu'Orie_utale. a , ’
, 1-_ Au reſte,
\
T~ —
~ .
, Friſe. 49g…
A u reſle.au lieu que les autres Priſons vſent du Droiâ CiuiLelle a toute ſeule ſes
cnuſtumes a loix particulier-es. ' -
Il y a dans cepays force Gentils-hommes 8c Seigneurgquiontaulſileurs Iuriſ.: ' . .
drctions particulieres. v\ "
v
F ISſſE OMENTÀŸLE. v
F_- ~. .ñ
~ ^ . ' ,5l
Vlric Sircſcne, l'vn des principaux du pays 8c .les plus puiſſans ,le receut en FieFde
l'Empereur Frideric troiſième, &c ſut nommé Comte (Poſt-Friſe: de ſorte qu'au
,. grand bien de l'a Prouince, toutle differend ſutaſſoupy peu à peu , Gt les diuerſes ſa
'MM' &ions ceſſerent, 6c depuis ce temps ce pays a touſiours eu ſes Comtes. ll eſt ï diuiſé
en diuers Gouuernemens, où ſe tiennent des Gouuerneurs eſtablis par le Comte, ou'
d'autres Seigneurs. Le Comte a deux Gouuernemens au pays d'Embden, l'vn au
Reiderland-,Pautte au Eemflandë celuÿ de Greth en Eſmſland , celuy d'Orth partie
‘en Moermerlandfit partie en Reiderland,ôc Averledengerlaiid: celuy de Stickhu
ſen,en Mormerlanrl , Anerledingerland 6c' Lengland : celuy de Norden , ſans cha
ſteau: 8c celuy de Berum,en leurs contrées: celuy d'Aurick en Broecmerland , auec
les villages :l'amour: celuy de Friburg , en Oſtringen: 6c_ celuy de Peuſum entre
ceux 'd’Embdesz de Grethe, auec quatre bourgs. Quant aux autres aſiignez àcettc
Comtéparl' Empereur, ils en ont eſt démem brez depuis long-tempncomme celuy
d'Eſens,poi-tant tiltre de Comté; 6L Witmundæn Harlingeland :celuy de Iever ,
portant auffi tiltre de Comtéen oſtringenzWangerlan-d ô( Ru ſtringeland,au deçà
deila Iade,dont les Comtes doldenbourg iouyſſent auec dix-huict Parroiſſes, 6c
celuy de Butiade , ou d'au dela de la lade , qui eſt ’ auffl poſſede par les meſme:
Comtes. ’ ,
_ . Quantàla ville &Embden , oû ces Comtes ſouloieht enuoyer vn Lieutenant ou
‘ Gouuerneur , qui ſe tenoit au chaſteau , quoy qu'il y cuſt eu quelque accord l'an
,., Utpil ſix cens neuf , entre les habitans Gt le Comte , elle' eſt retirée tout à fait de..
..—;.
ï
;Friſec ſi "
497
, fon' 'obeÿſſancè , 8c' miſe ſous la protection des ' Eſtats des Prouinces vn ies z à
raiſon dequoy ce Comte . qui ſe tient dans la ville d'Aurick , s'attache au party
d’EſpaËoe, d'où' il? reçoit meſme penſion , 6c tient les Hollandais pour ennemis
moi-tels, çommeceux qui luy ont rauy la plus importante piece de ſon E ſtat. Cette
ville eſt gonuernée par ſes 'Bourgmaiſhes 6c Senateursfl autrefois éleus à la' volon
têdëïComtes. ~' -
MSX… - Ce pays eſt meflé' de CatholiquenLutheriens 8c Caluiniſtes; 6c meſme quelques
a TÏIIÏJJW;
vns * y mettent des Flacciens,ainſi nom mez de Matthias Flaccus. Ceux de la Mai
ſon' dedcóm pres' ſon ten partie Catholiques# partie Lutheriens; 8c pour le regard
deleurë ſubjétsä 'tabt noblesqueroturiers','ilszſuiuent la doctrine de Luther au de
dans du pays; &t _celle-de Caluin aux lieux maritimes ,de meſme que ſalt la ville “_
(Hîmbde. Au reſte,'on y trouue preſque en chaque village pluſieurs Temples ou
'lieux ä’oraiſon;pourcc queles Gentils.hommes eſians ordinairement en débat pou”
les preſeances, reſolutent en fin entr' eux pour le bien de paix., que chacun baſli~
toit vn Temple ou vne Egliſe pourluy , où il tiendrait la premiere place , ſans
conteſte. - ñ- ë - - -ñ -
Genn
logic
Les C6cOmtes
pitaine delade—G
Seigneur Friſe
retOtíentaled tirent d'Vlríc
ouGreètzil-pere leur origine d’vn Edſard
Seigneur Sircſene,mou-
deGreetziLqui Ca Hactmconigſſ ‘
rut l'an mil trois cens ſeprante- trois 5 8c &Ennon Capitaine de Broick 8c Norden, FW*:
mourut l'an mil quatre cens ſix. Son fils Ennon, qui luy ſucceda ,mourutl'an mil
quatre cens cinquante, ayant eu deux fils, nommez Ed ſard , 6c Vlric z d ont Edſard
Gouuerneut d’vne~'partie dela Friſe Orientale, mourut ſans enfansauant ſon pere,
l'an 144.” ’- : ~ V
Vlric vaillant hommqseigneur de Gret, ayant épouſéfſhedeDame de Leve 8c
(Têldershem , petite fille de Fockon Ve ene 5 ſut éleu Gouuerneur de la Friſe, au
delà d'Ems,par les Eſtats du payszpuis obtint de l'Empereur Frideric troiſième, l'an
milquatte censcinquan-te-quatre, le Fief de la Friſe Orientale, auec le tiltre de
Comte de l' EmpireJenant toutefois ce don ſecret, 6c taſchant de gagner chacun en
diuerſes ſortes , iuſqiÿà ce qu'ayant obtenu nouuelles Patentes de l'Empereur, l'an_
mil quatre cens ſoixante-quatreJl fut declare Comte à Emde le iour de ſainctTbo
mas, par-vn Heraut enuoye' parFEmpereur, 8c mis en poſſeflion du Fieſ, par la tra-z
dition de l'épée 8c de l'enſeigne; puis mourut deux ansaprexàEmbden ,laiſſant
Ennon Gt Edſard,auec vne fille nommée Almethe.
Ennon premier,n’auoit que~ſept an: au temps du decés de ſon pere,~f~ut ſous la tu
telle de ſa mere, qui gouuerna ſeulement la Comté; puis avant vingt-neuf' ans, fic le
voyaFede la Terre Saincte, pendantlequel Engelman GentílïhommeWeſtfale
:nuit a ſœurAlmethqprés vWxuriqôc lemmena deFredoburgpù Heron Maurice,
par commandement delaComteſſexint le ſiegefliuſquï-tant qu' Ennon eſtant de re
tour l'an mil quatre cens nonante- vn , fit .venir au camp ,ſur a parole Enghelman,
qui ſe doutent
dansſon de quelque
chaſteau, ſut ſuiuyſurpriſe, 6c fenfuyant
parle Comte, ſoudainrloyé
qui demeura par dans
la glace
\ſim pqur
foſſé,_ſexetirer
dqnt la ï.
glace ne put porter la peſanteur de ſes armes; puis, Enghelman reſtant ſaunéla nuit,
le Chaſteau ſut rendu auec Almethe. '
Edſard premier, frere d'Ennon~, mort ſans enfans , apres Pauoir fait enterrer i
Norden , fit auſii le voyage de la terre Saincte l'an mil quatre cens nonante-vnHpuis
' eſtant de retour accorda l'an mil quatre cens nonante trois,le vieildifferend que les
'Comtes auoientauec ceux de Hamburgæouchant Embde œ Orthzôt ſa mere The
de,qui gouuernoit le payseſtant m orte l'an mil quatre cens nonante- neu flfut reco
g neu pour Comte d’Ooſt-Friſe, 8c mourut apres l'an milcinq cens vingt-huict,
ayant eu &Elizabeth ſœur du Comte deRitbergNlricJean 8c Ennon ſecond,dont
Vlric mourut auant ſon pere.en la Cour de l'Empereur.
Ennon ſecond, changea Peſtat 8c l'exercice de la Religion aneiennqenleua tout
i l'or 8c l'argent, 6c tous les plus precieux ornemens de PFgliſe ,épouſa Anne ſoeur
&Anthoine Comte (Poldenburg z prit ſur Baltaſar Seigneur d'Eſens, la ville, donc
il portait le nom, auec Witrim unde, puis perdit la premiere, 8c quitta l'autre pour
Grece, quele Duc de Gueldre luy détenait, 6c mourut l'an mil cinq cens quarante.
Quant à ſon frere lean , il épouſaDorothée fille baſtarde de l'Empereur Maximi
lian, 6c fut ſait Cbeualier de la Toiſon d'or, 6c Comte de Durbuy en Ardenne. Les
fils d’Enn0n ſecond, furent Edſard, Chriſtofie 8c lean.
Edſard ſecondælemcutaſous la tutelle de ſa mere, auec ſes Freres , iuſqwà ce qu'il_ 5
Europe. V u ij
I l
5,-7'
_ 3,98 ,Friſe.
eſiuſtattaínt Page d'homme, 6e dur-it ſon temps il yſieut degrands ;roubles en cepaïr,
à cauſede la R eligion', pource queles vns ſouſtenoient qu'il falloir embraſſer la-d o.
&rinede LutherJes autres .celle de Zuin glqdepuis-vnie 'a celledç Calvin, &queldz
ques vns dſiiſoient, qu'il ne falloir pas rejetter tout à fait lazCatholiqne. principale
ment pource que lean frere du Comte defunct , la recdmmandqilt, à la _v-efue Gou
uernante dela part del Empereur 6c de pluſieurs Princes de l'Empiré._Ai_nſi' l'ex-zz',
_ ,. _ @ice cie-pluſieurs Religions s'y maintint, ſans qu'on S'en' peuſtaccordei-,Cependant
Edſaſird épouſa lfan mil cinq cens cinquante-ſix ,Catherine fille de GuſtgW-Roy de
Su- z 15,55, ccdck-dlme, où lean ſon ieune frere courut fortune de_ laæiepourauoireſts
trouue-la nuict. dans 1a chambrede la-ſmur de Catherine ,pû il_ eſtoit nzoare par VM_
ôthellè, &le Comte tdſard ayant eu cinq enfans deſa femmcgœourutſanzmil cinq
… cens noname neuF'apres auoir beauconpaugmenté la villedlÿmbdemdoffljles ha
bitanï -ſe reuolteresit apres control uv ,abatansîlesz -rem ~,~ 'ars dit-ſim ezbaſteau , 6c pre.
nansvne garniſon _eſtran gere , puis ſe remirent bien. auec. luyzpaió; l'entremiſe des
Eſtars des PYOUÎHCBSſVNlÇS- Quant-à (Ïhriſtdfiez frere _duzComte, il mourut en,la
3_ :u, __ n .guerre dql-Iongrieſan mil cinq censſoixanteſix , GL lean l'an mil cinq Ç-_ens no.
Je…. ...-nante—Vn-’--“' 7 " ~'-" — -' -Ã-:EÎ-.z 'P' ñ _ '
.- _..~d.- Ennoſî troiſième, fils d'Edſard ſecond.: épouſxduviuant de ſon pere \Vaiburgq
~"'ſſ ſi‘ fille du Comte de Ritberg,qui ſur nonleulement hericier de cette Cnintédnais en.
dor delnSeigneurie d Eſens,auec toutes ſes dcpendaoces : mais elle mourut empoi
ſonnée en fortieuneîgeauec vn ſien fils,& ne laiſſa que deux filles. I eut en ſecon
des nopdes Anne ſoeur du Uuc de Holſace, de laquelle il eui Edſard Adolfl-an mg]
cinq cens nonante- neuf. 6L depuis pluſieurs autres enfans, tant malles que Femelles,
don-tqiielques vnsónt ſu~rueſcu à leur mere. Ce Comte a eu longue conteſte and;
eeuxïdï Èmbden de les Eſtats des Prouinces vnies , auec leſquels toutesfois il/_fiç la
paix l'a-n i609, rec-want d'eux la ville d'Aurick -, &c quelques chaſleaux_ Son frere
Guſtav _mourut en Friſe l'an mil ſi: cens QUICK, l'autre nommé Charles Oton en
H-Ongi-.zzóz les autres deux viuent encore, dont le plus âgé nomme lean, Comte d;
Richer-g,- a ſeruy l' Empereur &c le R oy de Pologne ſon couſin ,en leurs guerreg-&c le
pïiiësíeune nommé Chrlſtoflè.porte encor les armes pourle Roy dïäſpagnefic PAL-s
chiducheſſc. q -' l . .- '- .. . ,. ..dj "
1 - . _-. _~ .., 7_ v
- q. _ ,.
:Tenter i...
ÎÎ_;A~Y~s D* VTRÊCHTJ E pays d'VT_RECHT, ancienne ï demeure de partie des NW'
z, g_ ..L @.._ Mattiaces, Marſaces 6c_ Friſons,a pour ſes confinsfflu Nord, quam;
IGTLſ-Cçffld_ , dlu ouêhapdt b: du Midy-Ja Hollande# du Leuant laDu
P", 5"_ l c 1e e q ue re. _ . ñ
êââhcnln. Sa villecapitale eſt VTRÿCHTffli-iſe poux-quelque; qu…
d P 15m._ -vns‘ pour l Vmceſiam d’Ammian Marcellin, ou d pour Tn'
nzig, - . :Him du meſme, 8c pour celle que Peolemée nomme Le
ZŸQÏÏ-Ùno; , . _ . gta Trire/ímd 749i!! , ou z pout; Trail-ETE” &Antonin . dont z
ſzhflugzcn_ quelques 'autres' rapportent le nom à Mafirichtrcffeſt ï \me belle 6: grande ville,
kgs!!! od- affiſe ſur l ancien bord du Rhin, qui paſſoir- autresfois par là,auantqu'il ſeſuſt ren- ~
KcznGei-.lnſ, d" dan?? 6C dde là s'alloit càéchargerdans ia mer, d'où vientque ſes habitat):
culcïilPlyï. ayansa cm c gran equantité eau, qu'ils ontcherchée curieuſement de couz
Bu. coſtez,l'ont fait venir dans leur ville par diuers canaux,qui portent le nom de Rhin,
&ſont conduitesAu de là a, ces
\Voerden
canaux 6c Leyden, par tellement
les autres lieux, oû le Rhin
ſoitautreſois. reſte accſiommodent les habitans , quepaſ.
les
gran des barques vont décharger à. leur porte en pluſieurs endroits toutes leurs ne
ceffi tez , 6L paſſent auec 'eurs arbres ou mas droits _ en leuan: les ponts de bois , qui
donnent paſſage d vn bord à l'autre. Ceux de cete ville ont encor cette commodité,
qu'ils output-Sur d'eux cinquante villes , en chacune deſquelles ils ſe peuuen:
rendre en"vn iour.: 6! vingt lix,où ils peuuent aller àleuraiſe,puis y faire bonne
chere, a de là s'en retourner chez eux. Son Egliſe Cathedrale, qui' porte le nom de
ſamct-Marnrueſt des p u be; les,—~ôc les autresprmcipales ſont celles de S.Pierre,deS.
]ean,6< noſtre Dame. Dauaiztage, ll y adeux belles Commanderies auec leurs Eg-li
fes, l vne de Malïfl , l'ancre des Çheualiersîeutoniquegôc auec pluſieurs Abbay es
ï
. D .. . v
r
Pays d Vtrccht
de Damoiſel les &z Chanoineſſes Religieuſegdont quelques vnes y keſtoient499
encore
n'a
queguere. Somtiennentauiourdhuſiy;
les Eſtats mezqueie la tiens pour6cvne deîplus
pour grandespgreables
le regard â: riches
de ſa fortſſification, villes
elle eſt en
aſſez bon eſtat de defenſe. .'\,
Les autres
tauodurym villes de, ville
de Tacite ce pays ſontWYCK
forte TEſurDVERSTE
8c riche ,aſſiſe DE.priſe
le Leek , auec pour leſ ;‘ ſer-
vn chafiſſeau B4 '
uantautresfois de demeure aux Eueíques d’Vtrecht; AMERSFORT, ſuiſſ-ŸEEÀ
trois lieuës d’Vtrecht , fortifiée de ſoſſezzt baſtions : lieu de la naiſſance &Older;
Batneuelt , qui a gouuerne' durant-vn temps tout le Conſeil de Hollande: lÏH-E
' NEN, ſur le Rhin , à quatre lieuësdVtrebht,
forte, aſſiſe ſur8clîYſſel,
\ſold d'Arnhem:
à vne lieuëide6EWoeſſrden,,
MONT
FORT, ſur YſſeLpetite ville, mais
Oudcvater Gt lſſelſtein. l -- - plus ſerti! «, 6c plusſſpropre
Qualité. Ce pays ÎOHŸECÊFVD air do :t, 6c d'vn_j:erí'oir d'autant
\
pour le bled que la Holland' , qu'il eſt beaucoup plus ſee.
Mains. Les habitans de ce paYsſont-couragcux 8c guerrierszä( ceux d'Vtrecl1t, parti-calice
rement ſont courtois 6c pleins d'eſprit,& d’induſtrie.Le Pape Adrian ſixiémahom
pme, tres-ſçauant , deuoit ſa naiſſance ice lieu. Les habitans dflàmersfort, ſont v0
lontiers doctes , eloquens 6c amoureux de la Muſique; tellement qu'ils saſſem-Ÿ
blent à certains iours deſtinez ,afin de s’e'gayer auec vneparſaite Muſique de voix
.zz dïnſtrumens z &c i’ay remarqué particulierement que les Damoiſelles zi' Vtrechc
ſc plaiſentgrandement d'eſtre veſtuës à la Françoiſe , auſſi bien qu'en beaucoup de
lieux de Hollande. -
Guimet L'Eſt” de Fläueſque d’Vtrechc _ſut autrefoisji ſpuiſſant que ce Prince pouuoir
nement. mettre ſur pied quarante mille hommes armez de es ſubjetsçſi bien qu'il reſiſta ‘
touſiours viuementaux Hollandóis, Priſons Ez Gueldrois, qui Fattaquoient. Mais
Charles dernier Duc de Gueldre, ayant reduit aux extremitez les Eucſques d'V—
trecht, a: particulierementHenry de Bauiere, auquel il enleua la plus grande partie
de ſon Eſtatſht ceuzcdVtrecht dcuenus orgueilleuxà cauſe de leur puiſſancqayans
refuſe' l'entrée de leur ville à cet Eueſque leur Seigneur, 6c receu le General de l'ai-z
mée du Duc de Giœldre , auec vn bon nombre de ſoldats', ?Eueſque-ſe ietta finale
ment entre 'le bras de l'Empereur Charles cinquiéme , luy cran ſp ortala Seigneurie
ccm porellqtant du pays d'Vtrecht que celuy d’Ouer-yſſel l'an mil cinq cens vingt
ſept , 8L ſe reſerua ſeulement la luriſdiction ſpirituelle auec le reuenu , puis l'an mi]
cinq censvingt-huict, la paix eſtant faire auec le Duc de Gueldre, le Comte de
Hoochſtraet , comme Gouuerneuride Hollande , prit poſſeſſion de' tout cet Eſtat,
receuant le ſerment de ceux dVtrecht, Amersſort , Rhenen a Wvckte-Durſtede.
Mais depuis ce temps ce pays s'eſt ioint, ou volontairement ou par ſorceſaux autres
Prouince: vnies; entreleſquelles elle tient le quatrième rang. Il y a dans 'Vcreche
vn Conſeil Prouincial ou Parlemenuçompoſé d'vn Preſident , de neuf Conſeil
lers , vn Aduocat Fiſcal, a vn Procureur general, oû vont reſſortir les appellations
de laOn
i ñcés. Prouincàôc delàcette
a auſſi dans l'on Prouince
peut aller auConſeil de la Hayapbur
quatre Officiers !areuiſion
quîlsappellent du pro
Marſchalck
ou M arcſchaux, qui ſe ſaiſiſſent des vagabons 6c mauuais armement , 6c les meneur
pſiriſonnicrsä Ia ville plus voiſinepù ils ſont punis ſeÎoi: leurs méfaits. .
Religion. On rie ſouffre plus aujourd'huy dans Vtrecht , non plus qu'aux autres lieux de ce
pays aucun exercice public de Religion , qu'à la Caluiniſte 6c Anabaptiſte. Il y a
toutesfois dans Vtrecht enuiron letters du peuple qui eſt Catholique, tellement ~
qu'on mäſſeuralors que Peſtois par delà, qu'il s'y diſoit tous les iours plus de qua..
rance Meſſes, 8c l'onv fit payerau meſme temps vne amende denuiron ſix mille liures
àlcertain bourgeois ,au logis duquel on auoit trouue vn Preflre reueſlu , diſant la
Meſſtuaffiſté de pluſieurs perſonnes. Il y a peu de Lutheriens 8c dſſknabaptiſteæ, ac '
toutesfois il y a trois ſortes de predications des Anabaptiſtes ,les Dimanches. Les
'Arminiens y prelchent, mais non publiquemennôz ont peu de liberté. Ils faiſoient
autresſois vn tiers de la ville; mais ils couirnencent à changeiyôc deuiennent Cathd-_z
liques ou Caluiniſtes. -
Vu iij b ë_
Europe. '
r).
\
_Ouet-Yſſei_ _ſſ ſſ - «
yoo_ U
i. ñ.
.d- q-’_.~ñ~
iſii. )’
ſ ſſ*
z E… @W- ÆOVËR -Y SSÊL, qu' æauctzieiadei-Yſſel , ſut du- Noms
fifi-Z'.
ïHeiitcÎBelgi.
li m3. _ ‘K l - rant' quelque temps la. demeure des François, nommez
² SALIENS. de lariuiere de SALÀ preſent Yſſel,8t meſme
x que tout ce pays ſut autresfois nommé Sallant , au lieu qu’il
' _ ’ n'y 'en a maintenant qu'vne partie, qui porte ce nom., Il CM1"
aboutit du Nord_ à la Friſe Occidentale, ou pluſtoſt “a la
._… - ñ ~ _ ... . —
' Seigneurie de Groningue, qui en eſt .vne partie; duCou
' _çhantfflu Golfe de_ Zuyderzeſexdu Midy,à la Comté de Zut- ſi-_--;- f'
phen : 8L dſiu Leuant , à laW/eſtſalie. ll eſt diullſſïſſ: en trois particsmommées -S-Añ Dfflfflfflî
L-ANLTW EN I' 6L D R EN T , donc la Pſfmïerc-ſcruit de demeure ,aux Saliens,
\ l’autr_eauxTubantes,8c>la troiſième aux Tenôteres. - ., … . ñ.
.Lajprinçipale ville de .cette .Prou- nce eſt DEV FNTER, l’vne des Hanſiatiques, Villes:
belle, grande, peuplée de pluſieursriches. marchands qui. trafiquent tant par mer
qiren \Veſtſalie-Stailleurs. . . . ' ~ .' .
'Eileœſt aſſiſe ſurl'Yſſel,à deux lie-nié; de Zurpbcjhô( cinq de Zwol, fortifiée de
double, muraille , ſoſſez &rempars , 6c honoxce «lu ſejour du Droſſard, ou Gouuer
neur de Sallant , de meſme que d’vn grand nombre de Nobleſſe , 8c du pouuoir de
k batte toute ſorte d_e monnoye. Les deux autres principales ſont CAMPEN , l’vne
des Hanſiatiquegaſſiſe ſurl'Yſſel, prés de la mer , du coſté de Gueldre , forte 6L ac
commodée dÏ vn poiit,au delàduquel il y a -æle belles prairies,dont le tour dure qua.
tre lieues: 8L SWO L L,grande ville , auſſi Hanſiatique, aſſiſe ſur vne petite riuiere
qui ſe meſle_ auec- la Vidre; 6L éloignee d’vne lieuë de Campen. Les autres ſont
HASSELTfurlaVidi-&GELMVYDECOEVOERDENÀ cin-q lieuës deLin
ghgngaz autant de Linghefflaffiſe entreles marets, où l'on ne peut paſſer qu'aux plus
grandes ſeclierereſſes* de l’Eſté , ou ſortes gelces , fortifiées de cinq grands baſtions,
&priſe parle Brjnce Maurice, General de l'armée des Eſtats, l'an mil cinq cens no
nantedeuxzSTE ENWYClQaſſiſe ſur la petiteriuiere d'Aa , qui ſe rend prés de
Blocziehdanſis le ZuyderzétzOTM ARSV \A . ſur la Vidre, à vne lieuë d'Oldenſeel:
OLD ENZE EL, meſme ville d'im portance. renommée pour ſes belles toiles,priſe
parle Prince Maurice l'an mil cinq cens nonante. ſept, &repriſe l'an mil ſix cens
cinq, par leMatquis de Spinola', pourle Roy d'Eſpagne, qui la tient encore : VOL
l-,ENHOV EN, bonnevilie accompagnée d’vn chaſteau, prés de Zuyderzée:
GEELMVYDEN, 6c ENSC H ED li, vi lle forte 6L marchande, à vne lieuë d'Ol
denzeel , 8L deux lieuës d’Otmarſen , renduë au Prince Maurice l'an mil cinq oens
nonante- ſept.- Quant aux autres places, elles ſont peu conſiderables, ou ruinées par
Iesguerres , bien qu'elles portent encor le nom de ville , 8L en ayentles priuilegesz
\
bK‘²‘î-G*'Ÿ maisSeslesriuieres
ſuſnommces ſont toutes
b-ſont Yſſelſſ, ſortes., la Rogge, 6L Tſvtartevtïatter, ou l’Eau- RW….
la Vidre
l ſi f. Ÿ Noire.
.
'- Ce pays eſt plain, 8L bas, mais tres-ſertil; ſi bien qu’il produit non ſeulement du Adi*:
froment en abondance, mais encor a quantité de belles prairies 8L gras paſturages,
Ê Cefil-Erin - où ' l'on mene meme ſorcebeſtail de Danemarkafin qu'il sengraiſſe: 8L les monta
7° P* -
O .
ges qu il a, qui ſont en ſort petit nombre , ſont toutes couuertes de bois 6L
1' - - -
eſts. ~ . g Gouuer
gfſfſzïd- Ce pays ?appartenait autrefhis aux Eueſques d'Vtrecht, mais l'an_ mil cinq cens nm….
7 ' vingt. ſept, Henry dBBJUÎCICJÏAICſQUC d'Vt.recht,_en ceda la Seigneurie temporelle,
\
de me ſmc que d'Vtrecht, a l'Empereur Charlescinquiéme; puis l'an_ milcinqcens
quarante-neuf,- ſon fils Philippe fut receu Prince de ce paygdontil prit le tiltre auec
lesaurres du Pays-Bas. Mais toutes ces places ont eſté depuis conquiſes par les
_ Eſtats des Prouinces vnies, où ſe ſont iointes à euxzſi bien que le Roy d'Eſpagne n'y
:ËÊŒWÏ- tient plpgſilnlon Oldenzeehpriſpau meſme temps que Linghen ſa voiſine.Ce paysf
Kung… tient e epticme rang entre es rouinces vnies.
lnſïr- ' Les Eſt-acs de cette Prouince ſont compoſez de la Nobleſſe , à laquelle on ajouſte
les Gouuerneurs particuliers , 6c les Principaux Officiers, 6L des trois villes Hanſia
ques,qui font le ſecondmemhre de l’Eſtat. Ceux-ay determinent toutes choſes, 6L
'Q .y y .
MMM-MMMMMMëMMMW-ËÆM;&Strada-EMM )
' ‘ ' 'ſſ' 'ſſ ~".'ſi.ſſ..i-.J,_.-Î.'~ÃÏlſſſi'-. ſſ' p. dſſii J" l. ’ ’ Ã-- …ù -»‘x. i * “'
i Ars ~
NWF
y_ E VA .LAIS , on Valay, nommépar les, ï- Allemands, 6c Suiſſes
.
,Quzdrruzz
. .
~ Wallis, ou Walliſſerland-,póurce qu'ils appellent ſes habitans N--n- Hïïhïo.
' \Y/alliſſer, en !ñuitte deſice-quéle Liuret désProuinces lesnoma "‘°'
me ,VâllCÛſ-**Ssſut la demeure anciennedes Sedunois, dz Veragres,
com” -_ “dont (ï eſar **tait-mention; p .- .. .. ,_ z, Czſax, d.
l" E-,v-vſi-.YY-Yñ-…ñû - Ce paÎíS a5 pour-ſes limitesdu Nord le canton de Bernaauquel ,iBel.
.Je
Gallic.
il _aboutit encor en partie du Couchant , oùleÇ hablais luy \ertauffi de couſin , du c Gnmiud_
Midy la Val d'Aoſte , &l Iralie,1&_du'Leuant le pays des Griſons , &clermont de la ſlſ_‘“““~4' -…
R Fourche,qui le ſepare de la vallée de Liwin, ou Leuontine, pays des Lepontiensfflpë Soudain-l.
ë partenant au canton d Vri. ñ A __ - - 2 Ts ?ſi-m
Wine.; Sa longueur eſt 'l &Penuironquatre-vingt ſeize mils d'ltalie, ou trente-deux hem- c°Î,,…__í-qz
' - res,depui» la ſource du Rhoſneiulquâ ſainct Maurice. Want à ſa ‘ largeur, elle eſt Ceſ-rz_ _
fort eſtroite, excepté qu'elle sſouure dauantage pres de Martinach, 8c de Sion ;t-elleñſi ÃJŸŸJŸJÏQÆ;
'mentqubn trouue par là beaucoup de prairies, 6c de terres labourablegpuisîen :Munſter 13.'
cerltains endroit-s quelques ouuertures entre les montagnes , de quatre à huict lieuës êzſſiëë““*ſ“‘
de ong. ñ ñ ‘ ~ ſi '
Ceux ï du pays le diuiſent en Haut, &z Bas Valais, dont le Haut eſt le pays des an- .2 Mvnflerlñzä
Diuifion.
ciens Sedunois,
ÿeſteiæd depuis leamont
le Basdeceluy des Veragres.
la Fourçhqoù Le haut
le Rhoſne comprenantriuiere
naiſtâuſqdäla le paysdedeSion,
Morſe, Guillim, 11.4.!
qui ſe meſle auec le Rhoſne au deſſous de Sion, 8c le Bas depuis la Morſe iuſquä
um_ ſain ct Maurice. Le H-aut Valais eſt encor diuiſé en ſept luriſdictions qu'ils nomment
Dizaines, 8c en Allemand Zenden, dont les ncQns ſont Sion, Goms , Brig , compre
nant NatcrsNiſp, Rarenpu Raton, Leuck,& Siders,& ces ſept communautez ſont
trente Parroiſſes. La ville de SIGN , nommée en AllemandSitten , en Latin Sedo-z'
nm”, ſiege d’vn Eueſque, eſt capitale tant du Haut,quc du Bas pays,belle,8c bien ba
ſtie, pres d’vne montagne, qui sîeſleue peu à peu au milieu d’vne' plaine, entre les hau*
tes montagnes dont ceſte vallée eſt ceintqôc ſe fourche en deux collines ſort hautes,
dont l’vne nommée Valerie eſt em bellie de l'Egliſe Cathedrale , ô: d’vn Chaſteau,
qui ſert de demeure aux Chanoines , combien que la vraye ancienne Egliſe Epiſco-ñ_
pale ſoit däs lavi \le pres la porte deGundegôc ceſte collinea leRhoſne au deſſous dis
la vallée: l'autre à la gauche de la ville-,plus haute de beaucoup que la premierqayanï'
vne ſort rude montée, 6c des precipices à ſes coſtez , Fenorgueillit d’vn agreable, 8c
fort Chaſteau, nommé Tyrbile, où ?Eueſque ſe tient en Eſté , pour eſuiter les cha
leurs du bas Chaſteau ,nommé Maierm , baſty ſur vn roc , efleué par deſſus les autres
maiſons de la ville,oû cePrince paſſe d'ordinaire lereſte del'année.Quam à Brig,Si
der, Leuck, Naters, Viſp, 6L Raton, on les prend pour villes, pource quece ſont des'
bo urgs bien baſtis; mais ils ne ſont pas ceins de murailles . pource que les Valaiſans
tiennent
mont comme
de la pour
, Fourche vnequ'elle
, puis ville toute
a desleur vallée
rochers , 6c. depuis ſainct Maurice
des montagnes , qu'oniuſqu’au
ne Peutct
forcer , qui luy ſeruent de murailles , auec vne porte qui ſe ferme à ſainct' Mau'
nce. ‘ ~ ' ~ *
Le bas pays_ de_ Valais eſtdiuiſé en ſix Communaute: que ceux du pays nomment
" _V u -iiij
f
'\J
q . g _ ,
Qualité.
.
' 'Air de ce pays eſt aſſez temperé; mais ſui- tout ſain, a: ſi ſubtil preſque par tout, K32 ſi
qu'il eſueille [appetit aux plus deſgouſtez, 8c plus ſoibles eſtomacs- Il y a par
3 FWM# tout beaucoup de 4 fontaines d'eau douce, quantité de'lacs,&c de riuieres, 6L meſme,
C'"°"'P"' en quelques lieux, comme 'a Bade, des bains d'eau chaude , propres à la gueriſon dëzu;
pluſieurs maux. Le lac de Pilate proche de Lucerne eſt rnerueilleux en ce que ſi l'on ~
iette
Pays des Suiſſes'. . 507
jette' dedans à deſſein quelque choſe,on voit ſoudain émouuoir de ſi grandes tem pe
ſtes, qu'elles menaſſent tout le pays de ruine, 8c en certaine montagne d'A ppenzeLil
yïa vneouuerture, d'où viennent deſtranges tempeſtes , ſi lîon y jette quelquechoſe.
ll y a dans la vallée de Haſel , au mont d'Enghien , aſſez pres dela ſource de l'Aar,
vne fontaine qui ne coule qu'aux mois de luin , \de Iuillet , ô: &Aouſt , lorsque les
troupeaux y paiſſent, 6c coule meſme ſeulement a certaines heures , lors qu on me
ne boire le beſtial , apres qu’il a peu , voire meſmeaceſte particularité , que ſi l'on y
jette quelque choſe de ſale elle s’arreſte , puis reprend ſon cours dans quel ques ioursz ,
Au Canton de Glaris, en la montagne de Wepch, il y a certaineeauñtres-ſroide, qui
guerit de pluſieurs maux, ſi l'on s'y plonge dedans par trois Fois, 6c ſert principalemët '
a rendre la veuë plus ſubtile , 8c faire recouurerl'ouye aux vieillars. On y voit auſſi
dans les Alpes , ou montagnes quantité de glaces qifilsappellentGletſcher ſi fort
endurcies, qu'elles ne fondent point, meſme au plus fort de PEſté. -
-ſmohſ Ce pays eſt aujourdhuy ſi ſoigneuſement cultiué , qu’il produif-abondamment
cuir-gar toutes choſes neceſſaires, 6L bien ï qu’il y ait pluſieurs montagnes , dont les ſommets a Clare-n:
““"" de blanchiſſans
loin la rencontre
ſont touſiours
de quelques
couuers
rochers:
de neigetoutesfois
, 8c d'autres
il s'enqui
trouue
promettent
quelquesſeulement
vnes , au cofflmznz" l
íommet deſquelles il y a de tres-bonnes prairies,où l'on voit paiſtreau bon temps ſi
vne infinité de beſtes. Le pays de Berne,non celuy qui eſt proche dela ville , qui n'eſt
guere grande ceux de Fribourg, Soleurre , Argow, 8c Turgow portent vne merueil
leuſe quantite de ſromengôc les colines de Schaphuſe , Morat , Auanche , Biele , 6c
Baden abondent en vin , &les pays de Zurich , 8c de Baſle portent tous les deux en
moyenne quantité. l l y a encor beaucoup d'autres lieux, qui ne manquent de l'vn,ny
de l'autre: mais en ſont beaucoup moins pourueus , 8c c'eſt choſe aſſeurée , ë que de- 5 _Gnſſïïë
puis enuiron trente ans pluſieurs lieux qui demeuroient incultes , ont eſté ſi bien dé- 'une'
frichez, 6c cultiuez qu'on y voit aujourd'huy force bon vignoble. Les pommes , 6c
poires de toute ſorte, 6c pluſieurs autres fruits qu’on y porte des pays cſtrangers trou
uent ce terroir tant ä leur gré, que tout y croiſt , 6c vient à maturité , auec vn gouſt
agreable , voire meſme les herbagîes , 8c fruits d'Italie y reüffiſſent des mieux , parle
ſoin de ſes habitans, qui les ſont venir en grandeabondance. i ‘
Mm… Il y a ‘ des mines d'acier , 6c de ſer, 'voiremeſmeil s'en eſt trouué quelques vnes csuizerl__
dargentaux montagnes de Glaris , 6c pareillementaux autres qui les auoiſinent. La GhWWPÎ-'Ÿ
riuiere meſme de Ruſſporte de l'or dans ſes ſablongcomme fait auſſi la petiteEmme
qui ſe rend dedans , ce qui Fait iuger que les montagnes où il a ſa ſource ont des vei
nes d'or. Mais les Suiſſes ne ſe ſoucient guere que du ſer, 8c comme plus adonnez à la
guerre, quentendus aux metaux , en mépriſentla recherche , 8c ne permettent aux
eſtrangers de ſoüiller leurs mines, 8c de s'en ſeruir,de peur que leurs bois taillis ſoient
employez a faire du charbon pour fondre les metaux , que le paſtis de leurs beſtes diù
minuë, 8c que leur pays ſe rem pliſſedeſtrangers. '
Anim-u; - ~ Les montagnes 4 nourriſſenten Eſté,durant 3 mois,tant de vaches,que les habitís d Glareanſi;
ſont vn ineſtimable profit de leurs beurres,6c ſormagegqui ſont des meilleurs , 6c s'y "film of'.
ſont en ſi grande quantité , que ſes habitans en fourniſſent la Suaube, les pays d'au '
dela du mont lura, l' Italie, 8c pluſieurs autres, outre la nourriture qu’ils tirent du lai
tageen diuerſes ſortes. Le meſme beſtiaLaulſi bien que le menuf qui s'y voit en fort ï :VRP-ſi
grand nombre, les pouruoit- de quantite
- z de chair.
- Il s . y trouue auſſi î force venaiſon,
. c;55LZÎ,PRZP3
. .a -
~ chaſſe, volaille, gibier, pourceaux, cheuaux, oyes ,canars , ôzautres. Ses lacs s foi-. des guiſſesqſ
ſonnent encor merueilleuſement en oiſſons ſort delicats 6c de toutes ſortes 8c la 35"’“'Pffd‘=5
P d s
grande abondance de miel qui s'y trouue n'eſt pas moins conſiderable.
I
1
Moeurs anciennes.
, ' ſi
..
n..
'a
$08 . Pays cles Suiſſes.
peſantes eſpées, ils s'en ſeruent encor à preſent. Pour leregard de l'effort qu'ils pouí
a Sendo lis.. uoient faire, ï quatre cens mille hommes de ceſte nation qui perircnt en la guerre
contre Ceſar , teſmoigncntaſſez qu'ils eſtoient des plus puiſſans , s'ils euſſent eu au
tant de conduite, que de valeur , ou ſi leur fortune n'eut deu fléchir ſous celle des
Romains, de meſme que cel le des autres peuples.
b czſ,, _ſi ,_ lls ſe gouuernoîent l' en forme de Republique' , comme on peut iugei- parles ter- comm;
de Bel. G-ll. mes expres de Ccſai-,qui nomme 'toute l’H eluece Cité,la diſtinguant apres en quatre “Wfflzſſ
contrées. Mais ils elliſoicnt aux occaſions vn chef, 6c s'il eſtoit ſoupçonné &aſpirer
à ſe rendre Roy, ou Princeabſolu, ils s'en ſaiſiſſoient , &t le contraiguoient de ſe inſti
v fier en pleine aſſemblée, puis s'il eſtoit conuaincu le feu luy ſeruoit de ſupplice; telle
ment qu~Orgetorix z afin d’éuiter ceſte peine ſe tua luy meſme , ſe ſentant coupable,
a Güîllím-lí-'IÃ 6c ſe voyant pourſuluy de tous coſicz. Depuis* eſtans tombez ſous la domination des
"‘ “ Romains ,ils furent au commencement ſous des Preceurs,puis ſous des Preſidcngôc
finalement ſous des Lieutenans Generaux des Empereur.; qu'on nommait Prefects,
ou Gouuerneurs du Pretoire des Gaules.
d Li.t.e.t4. Ils adorerent Mercure, ‘ ou Teutates, Mars, ou Hæſus , &Tharamis , ou Pallas, W,,
ainſi qu'on a recognu par les inſcriptions qu'on a trouuées, ou par les lieux qui gardée
'encore leurs noms. On a trouue à Payerne vnc pierre d'vne dedicace faite à lupiter,
œ vneautre faiteau Dieu inuaincu , comme auffi vne d' Apollon à Auanche. Want
à Mercure , outre ſa ſtatue entiere qu'on peut voirà Vindiſch , on remarque encor
hors de Soleurre, du coſté de la porte d'Occident, vn lieu qui ſe nomme Hermelbuñ
chcll , comme qui diroit Colline de Mercure. L'inſcription d'vne pierre trouuée à
Vettinge teſmoigneauſſi qu'ils honoroient lſis. La ſtatué d Hercule trouuéeà Rei
chenaw, lle, 5e Abbaye du lac dc Conſtance , s'eſt auſſi faite admirer longuement,
iuſqu"a ce que Maximilian premier la ſii: tranſporter à Ynſpruck l an i510. La Deeſſe
Auentia fut auſſi particulierement honorée des Hclueticns , ſi bien que non ſeule
ment ceux de la contrée Auenticenſe y venoient rendre leurs vœux : mais encor les
Tiguriens, ainſi qu'on apprend des inſcriptions qui reſtent.
Moeurs de cc temps.
i Es Suiſſes ſont pour la pluſpartaſſez beaux hommes, de belle taille, forts, 6l r0- :nad
buſtes, principalement ceux de Zurich, 6c quant aux femmes celles de Baſic, a: WP:
de Zurich ont vne beauté plus parfaite que les autres. lls eſtoient autresfois tenus
pour guerriers: mais le trop d’aiſe en abaſtardit pluſieurs , 6c quant à la fidelité qu'on
ventoit en eux, le deſir d’auoir l'a fort corrompuë , ſi bien qu'il s'en trouue quelques
vns qui prennent l'argent des deux parties tout enſemblc,puis diſent à leurs eſcus qui
ſont dans vne bource,qu'ils s'accordent s'ils veulent. lls ſont iudicieux : mais lens en
leurs apprehenſionsme craignent point leurs ennemis par aduanccjc parreputation:
mais attendent
parfois, d'en
8c moins voiries
aymer effets
l'aiſe, , &s'ils
auquel vne pouuoient
longue paixquitter leurs excez
les aſiplongczJls de bouche
ſeraient Capa.
bles de ſe remettre par leur valeur dans l'eſtime,que la faineantiſe leur a comme à dc
my rauie. Ils different ſi fort des autres Alemands en humeutgœ façon de viure,qu'ils
ne peuuent eſtre bien enſemble guere longuement, principalement lors qu'ils ſe ren- .
'contrent chez les eſlrangers. La bonne opinion qu'ils ont d'eux meſmes , pour auoir
acquis ſi brauement, 6c maintenu ſi long-tem ps leur liberté ,les pouſſe au meſpris de
tous les autres; tellement que quoy qu'on die du meritedes autres Nations', ils ſe
"vententaufli toſt qu'ils ſont Eydgnoſſen , ou Aliez , comme ſi ce nom ſuffiſoit pour
les efleuer au deſſus du reſte. Ils.parlent peu la pluſpart; mais on ne peut iuger aiſe
ment ſi c'eſt par prudence , ou ſi cela vient d’vn naturel dédaigneux , ou bien
mutin , 8c reueſche , 6c par fois groffier. Ils ont entreux quantité de mendians,
qui teſmoigneneaſſez l'humeur faineante de pluſieurs de ce pays , qui choiſi -
ſent pluſtoſt d'aller coquinant , que de trauailler , veu que ie ne vy iamais tant de
gucux enſemble, tant jeunes garçons. que grandes , 8c petites filles , principalement
.aux portes qui ſeruent de barriere contre le beſtial à leurs fonds enſemencezpù l'on
'en voit à tous momens vn grand nombre , qui ouurent par aduance aux gens deche
“ ualzafin qu'ils gagnent pais ſans s'amuſer# demandent la paſſade en recom penſcCe
êgiïiïïïë , - qui maintient ceſte ſorte de gens en ce pays c'eſt ' la ,liberalité de leurs concitoyens,
'°"‘P"' qui les aſliſtent, 8c ie me ſuis ſouuent eſlonné comme en des Republiques bien poli-z
Pays des Suiſſes. S09
"cées, comme ſont celles des Suiſſes, on ſouffre tant dc petits piliers de ?Hoſtel Dieu,
qui pourraient eſtre employez äquelque choſe de bon , ayant principalement re
marqué dans le pays des Eſtats. de Hollande , que ie n'y vy iamais homme deman
dant l'aumoſne,tant les Magiſtrats ont ſoin que chacun ?occupe , ordonnant d'ail..
leurs l'entretien des enfans, vieillars , eſtropiez , 6L malades. Au reſte ils ont cela de
louable, qu'ils ſſentreprennent aucune guerre ſans iuſte cauſe , ſecourent les faibles,
&L ifendurent pas que les plus puiſſans les outragent , accueillent ſauorablement les
eſtr-.ingers, qui ont apparence d'eſtre quelque choſe , 6L ſur tout affection nent gran
dement laluſtice , araiſon dequoy ie croy que Dieu les aſſiſte particulierement , 6L
fait qu'ils ſubſiſtent. En ceſte conſideration ils ont l'œil autant qu'il leur eſt poſſible 'a
la ſeureté des chemins , 6L bien que par Fois il s'y trouue de grandes trouppes de vo
leurs . que les bois , 6Lles paſſages eſtroits ſauoriſent , ils ſont toutesfois bien toſt dé
pechez,ain_ſi qu'il aduint ces dernieres années quel-Ãeflieurs de Berne en firent eſten
dre plus d'v ne vingtaine enſeänblqſupla roue' en meſnäe tëps pres de Lozanne , outre h m
‘ ?iluel ues vns
enqiands leuciui urent gommunement
donnent en us. S ontlevnnom
* peu ru es en leur tireurs
deGardeurs,6L conuerſation , 6L les ï'mm'
de vaches,ou _C îfflï- ° Z
viennent aux mains auec eux , 6L viuent or inairement auec plus de licence que cela
les des autres nations , &t toutesſois il y a fort peu de femmes mariées qui ſe débauñ
chent: mais en recompenſe on y troupe quanpté ie filles de courtoiſie, principale
ment aux hoſtelleries, qui pourla plu part en ont ien pourueuës.
Occnpa- z Les moins aiſez ontïſioin du beſtail , 6c deſagriculture , les autres s'appliquent au
"W" traffic,principaleinent ceux de Bale, S. Gal , 6L Schaphuſe , ou s'occupent 'a Feſtude
en telle ſorte , qu'on a veu ſortir de ce pays pèuſieurphommes trjels-ſçauants , comme
entrhutres de Zurich Conrad Geſner , qui ut me me loüé pu iquement parlEm
pereur Ferdinand , Gualter, Lauater, Stuck , Stumpff, 6L pluſieurs autres, deBaſle
.Amerbach qui ſur ſollicité meſme par des Rois pour eſtre leur Chancelier, Grynée,
Zuinger, O porin, 6L quelques autres., Vadian Conſulflde S.Gal, Medecin, Poète, 6L
Geographe excellengHenry Glareamott deGlaris grad MathematiciemôLGeogr-'a
phe,6L pluſieurs autres. Meſme on aveu touſiours en l Abbaye de S. Gal des Moynes
fort_ doctes , 6L maintenant on en voit encor pluſieurs qui ſont renommez pour leur 'ce
doctrine, com meà Bafle le ſieur Graſſerus , à Berne le ſieur Steckius, 6L d'autres ail
leurs, Eraſmc de Rotterdam prefera Balle à toutesles villes de l'Europe , à cauſe du
grand nombrcde ſes hommes doctes , 6L pour meſmeſujet Hottoman s'y ren'dit de
France, 6L pluſieurs autres grands perſonnages d'Italie , d'Angleterre, de Pologne,
8L d'ailleurs, ainſi que leurs epitaphes le teſmoignent. L'Vniuerſité de Balle eſt en
cor tres-floriſſante, 6L ceux qu'on y paſſe Docteurs ſont mieux receus aux Cours , 6L
. Conſeils des Princes,_6L
tres fſiameuſſſcs Chancelleriqvoire
Vniuerſitez meſme
poury prendre leurs pluſieurs
degrez. y ſontqu'on
Deli vient enuoyez despour
y voit au
re,lutter,eſcrimer,6L faire de route ſorte d’armes,y ayant des prix publics tous les ans desjsuiſſes, '
pour les pouſſer à mieux faire." y aauffi des prix Ordónez pour ceux qui tirent mieux
de Pharquebuſe, 6L l'on n'y voit paſſer guere de Dimanches ſans cét exercice, tant
aux villes, qu'aux villages plus peuplez. Ils ne ÿaſſemblêt iamais aux iours ſolennels,
comme aux dedicaces des Egliſes,nopces,6L ſemblables, ſans des täbours, ce c'eſt vn
grid hôneui' a l'eſpoux s'il s'y trouue Force hômes armez,qui ſans eſtre priez aillët au
deuät de l'épouſée,ou viennët honorer lafeſteLes enſís de io ahs,6L quelques autres
Europe. . — X x ij
. l "W .
J
Pays des" Suiſſes. . <5” _
de robbe de drap,_,p1iſſée, 6L fort írnportune, 8L peſante. En quelques endroits,
comme au canton de Ball-e les femmes , 6L filles portent des chapeaux pointus ſans
bord , tousitelus, faits enpain de ſucre, de la hauteur dſvn pied 6L demy,8L lesmoins
qualifiées .ont des bonnets platscomme ceux de Mante , qui ne couurent qu'vne par..
tie de la teſte , 6L cellesde Friburg., 6L de Soleurre ont des bonnets qui ne couurent
pas la teſte; mais ,ſont fort- eſtroits en bas , 8L larges en haut , ne pouuant ſe tenir ſans
eſtre actachez,_6L quelques vnes portent à Soleurre vne eſpece de grandes rondelles
attachées ſurla teſte ( à peu pres comme ces ronds qu'on peint ſur la teſte des Apo
ſtres, 8L des Saincts , couuertes de taffetas , ſatin ou veloux, auec des bandes de pelu
che, ou de parie, ou bien de la broderie comme ä S traſhourg. Elles ont auſſi preſque
’ par tout de petits pourpoints aſſez ajuſtez _au corps, 8L des cotillons à diuers gros plis ñ i
auec quelques bandes,6L quant à la gorge elle n'eſt point expoſée à laveuëzmais cou
uerte du corſet , 8L du bout qui accompagne leur petit colet pliſſé , ou la fraize , que
quelques vnes ont à la Françoiſe àlämitation de leurmaris. ' l
Qgel ques vnes , comme celles de_ berne, 6L Lucerne , couurent leur teſte de bon
nets de veloux, ou de quelque autre eſtoſſe de ſoye,garnis aux bords de quelque bel
le Fourrure , qui donne de la grace à leur viſage; mais d'autres ont comme de »petits '
bonnets de Mante, .dont elles retrouſſent en arriere la moitiéxommeä deſſein d'ap
preſterà rire aux eſtrangers. Au reſte par tout ce pays les filles.6L Femmes y partagent
leurs cheueux en deux cordons , liez par fois auec du ruban de pluſieurs couleurs , 6L
quelquesfois non , qui leur pendentpar derriere preſque iuſqu’à la ceinture , 6L ne
ſont point meſſeans, mais de bonne grace.
Qqaht aux h0mmes,qui ne vont point veſtus à la Françoiſe , ils ont leur hal
billemcnt tel qu'on le voit à pluſieurs qui viennent en France , bigarré de paſ
ſemens , auec la brayetce qui les fait recognoiſtre parmy les autres , 6L leur ſert
comme de marque , 8L ſymbole de liberté , ſi bien qu'ils n'ont garde de l'oublier,
non plus que leur longue eſpée à deux mains , qu'ils ne quittent iamais qu'en sallanc
coucher. _ ,_ ñ . ~
huge; ~ I l_ y a deux *langages en ce pays , l’vn Alemand , dont ils ſe ſeruent depuis les ex- ï 5'51") , ,
tremitez du pays du Vaut du coſté de ?Alemagne , iuſqu’à Bale, en Suaube, 6L au C"‘°"'P"’
ays des Griſons ,l'autre François corrompu, Sauoyard' ou Roman, dont vſent ceux
des pays du Vaut , partie de ceux del/palais , ceux de la Principauté de Neufchatel,
ales_ ſujets de l' Eueſque de Balle. _Maisles marchands, 8L les hommes de condition
y parlent communement aſſez bonFrançois, combien qu'auec quelque accent ba
fiard , voire meſme les hoſtes , les hoſteſſes, 6L chambrieresdes logis s'en mefientle
plus ſouuent , 6L les autres cachent meſme de le faire apprendre aux enfant. Meſme
à Berne , Balle, 6L autres villes , où leurlangage eſt pur Alemand , on trouue quanti
, té d'hommes , voire meſme quelques femmes , qui parlent aſſez bon François; tel
lement qu'il ſemble quelquesfois qu'on ſoit au milieu de la France. Quant au lan
gage _Alemand des Suiſſes il eſt lent , 6L rude , 8L differe de celuy des autres Ale
rnands, tant en la prononciation, qu'aux façons de parler, 6L arrengemenc de paro- u
les; car ils ſurment preſque le ſon de leurs mots au goſier comme les Florentins:mais
auec moins de grace, 8L prononcent par de ſimples voyelles ceux que les Alemands
proferent auecdes diphthongucaQuam_ à Farrengement des paroles,il eſt tel que les -i
liures faits ſelon la façon de parler des Suiſſes ſement de riſée aux autres Alemands,
tant elle eſt rude, 6L peu elegante, de meſme que leur Poeſie, qui ne different pas
ſeulement de la Françoiſe , mais encor de l’Alemande , uoy que fort peu douce, 6L
n'a que la rime , 8L la cadence des vers , qui tombe meſme aſſez peſamment, quoy
, qu'ils ſe meſient de faire force vers , 6L Comedie: , 6L qu'ils ayenc des chanſons en.
leur langage pour chanter en leurs nopces, 8L feſtins, qu'ils eſtiment meſme plus que
la Poëſie, Italienne# Françoiſe. Ce qui vous pourra tant ſoit peu faire iuger de leur
langue, c'eſt leur Patenoſtre, qui eſt telle. …
-Vatter vnſer , der du biſt in himmelen , Geheyligt verd dyn namen : Zu
chomm vns dyn rych : Dyn Will geſchæh , vf erden , Wie im himmel. Gib vns _
hüt ünſer cæglich brot , vnd vergib üns ünſre Scholdt , als Wir vergebend ünſ- -S
ren Scholdneren_ 5 vnd führ üns nit in verſucgnuſz; Sondererlœſe üns vom vbel, y î'
Lie-aïe? ſ Amen.
lls appellent Meyl , de meſme que l' les Alemands , leurs lieues , qui ſont ſi gran- l' ïïïmiiffllsſis;
des, qu'elles contiennent huict mils d'Italie; tellementquil faut deux heures, 6L de
ſi " mie à vnEurope;
homme de pied . ou deux à _vn homme de _chenal pour X xen iijfaire vne, '
S”. Pays des Suiſſes.
&dans leurs paysraboteùx on employe bienſouuentquatreſſheures en vn deleur:
mils. Mais i 'ay reiriarqué que le vulgairea peu de cognoiſſance de ce côpte de -lieuës,
c… neſt-amuſe pointzmais ditordinairement qui] y a vn ſtand, ou vne-heure , ou
deux ſtunden ,ou trois de tel à tel lieu. Mais ils mettent encor ceſte difference qu'ils
nomment ſimplement ſtunden les heures qui raccorddnt WBC IE8 Ordinairegœ gutt
ſtuden, ou bonnes heures, les diſtances qui ſont &enuiron deux heures.
ñ? Richeſſes. ’i
Ls comptent par bats, florins, 6c reich ſthaler, de mel'me que les autres Alemands, Mônoyti
I8.: prennent nos deux ſezains pour vn fiorin, 6c les trois pour vn reichſthaler: mais
les noms, 6c lesvaleurs des petites eſpeces i~ont parfois bien differentes de celles d'A
lemagne, voire meſme entr’eux, 6c ie les ay veus de ſi mauuais accord pour le re
gard des monnoyes, qu'ils refuſaient 'dereceuoirles bats , dont les ſeize font vn flo
rin, les autres eſpeces les vns des autres , 6c les fai ſoient deſcrier en leurs cantons. lls
ont auſſileurs reſtons qui valent moins vne dixieſme partie que ceux de France.
Les reuenus ordinaires des Cantons ſont ſi bien ordonnez,que Vauarice desOffi- Revenus
eſtablies
ciers, aux paſſages
6c Miniſtres des montagnes
de [Eſtat, , Gtaugmenter
ne les peut des ponts , ny
ne amoindrirg
ſe donnent Carles
volontiers à leuer
impoſition;
qiſä ceux qui ſont particulierement cognus fortv hommes de bien , 6c d'ailleurs n'y
ayaní aucunes im poſitions extraordinaires ,les Magiſtrats , 6c Gouuerneurs ne peu
uent tirer des habitans autre choſe que quelquesamendes. Mais les impoſts, 8c pea- .
ges y ſont aſſez gros pour les paſſans, 8L les penſions des Princes groſſiſſent leur bour
ce , de meſme que les reuenus des benefices , 8c biens d' Egliſe , dont les Calui
piges ſe ſont ſaiſis , outre ceux de pluſieurs familles nobles eſteintes qu'ils poſ
e ent. - ‘ '
Les Magiſtrats , Gouuerneurs , 6c Chefs , ceux qui ſont dans quelque employ, a: älîïbïſfï
ſſles-Jprincipaux
'tk traffic; 6c dedes lieuxIl'n'y
trauail. ſont riches : maisdeleZurich
a que ceux peuple ,eſt ordinairement
Bale, Schaphulenpauure à faute
, 6c ſainct Gal, '
L Es armes ordinaires des Suiſſes, qui ne font eſtat que des gens de pied , comme Ama;
eſtans en vn pays raboteux, bien qu'il leur fourniſſe d'aſſez bons cheuaux , ſont
Pharquebuſe , ou le mouſquet ,la pique fort longue , ou la halebarde, Feſpée ä deux
mains,auec le poignard derriere , dont ils ?accompagnent touſiou rs , le mo_rion , le
corſelet, les caſſettes, 6c les braſſals pour les piquiers,& toutes ces armes ſont ſi leſtes,
8c ſi bien tenuës, qu'elles font honte aux ſoldats plus curieux de toutes les autres Na
tions,outre qu'ils s 'en armennôc ſement ſi bien, qu'ils ſemblent nez auec elles. Il n’y
'a homme pour raualé qu'il ſoit,tant aux villages,qu'aux villes,qui n'ayt commande
"ment de ſe tenir fourny d'armes , 6c chaque cantonîa ſon Arcenal des mieux garnis,
tant de toute ſorte de canons, cada-mes, 'que de maintiens de guerre.
l
Pays cles Suiſſes. 513
Quelques vns tiennent ï, qu'ils peuuent leuer cent vingt mille hommes, pour la ,ŸÎWW-P-Z!
defenſe du paysmonſiderät qu'ils en ont enuoyé par fois dehors plus de trente mille. "
_ Maisvoyant quele ſeul Canton de Berne a' dix-huict mille hommes de ſes Electiôs
ou.de ſa Milice,, il eſt aiſé de iuger que tous enſemble peuuent faire vn plus grand
çffornAu-reſteſtl ſemble que la nature les ait créez pour la guerrqtant ils ſont robu
flesffluiszkexercice ordinairedes armes auquel on leséleue, les aguerritgrandemen t,
&les monſtres generales qui S'y 'fontenarrnes aſſez ſouuent,_les pouſſent à deſirer de
paroiſtreauſſi braues 6c guerriers, que les mieux dreſſez 6c plus exercez d~entr' eux. _
Lors qu’il eſt queſtion de defendre le b pays , tous ceux qui peu uent porter les armes :jgfflfê-ÛRPI
ſont oblige: ſoudain de les pren dre,pour aller repouſſer .les aſſaillans- Suizcîicelîio'
, Il eſt vray que chaque Canton a certainsCdlonnels , capitaines, Enſeignes 8c PJ, ~ '
gens choiſis , qui doiuent eſtre preſts à toutes-occaſions. Mais quand il faut ſortir du
paygpourceque--tous ne ſont propres à marcher, 8c ne doiuent en eſtre tirez hors,de
peurque le pays dénué degens de guerre, demeure en proche à ſennemy, vn voiſin
e-,hoifit-P-autreſpour compagnon ou cambrade , en quelques Cantons: mais en ceux
qui ſont diſtinguezñpar tribus ouZunſtpuautremengon enrole premierement ceux
qui n'ont encore porté les armes pourleur pays. juſqu'à ce que le nombre qu'ils de
firent ſoit complet. En quelques tribus on en prend vn de quatre , de cinq ou de ſix,
ſelon la neceffité , &ï chacun ſe tient fort honoré deſtre des choiſis S Puis lors qu’il-s
ſont-aſſemblezilsviuent tous fort paiſiblement , 6c meſme renoncent alors à leurs
-querelles particulieres. Il eſt defendu ſur peine de-la vie de quitter ſon rang, pour ſe
mettre à butiner ,iuſques à ce que les Capitaines en ayent donné la permiſſion : 8c
lors tout eſt également partagé entre les Cantons, quoy que quelques vns ayent'
fourny trois ou quatre fois plus de gens que lesautres. Les chaſteaux 8c pays con
quis,, &T les reuenus ſont auffl partagez entr' eux par égale portion; mais ſi quelque
ſoldat s'eſt ſignalé par deſſus ſes compagnons , il a des recornpenſes particulíeres,
_de meſme que les Cantons qui ſe ſont employez plus que les autres. Quant ;aux .
broüilleries qui ſuruiennent entre ſes ſoldats, ceux qui ſont preſens lors qu'elles ~
naiſſennſont obligez &l'en chercher lhccommodcment _àſheure meſme, 6c celuy
des querellans qui refuſe de ſuiure le iugement de la compagnie, eſt apres griéuez
ment puny. . . ï
Ils ont en chaque Compagnie yn Hauptmann ou Capitaine , vn Lieutenant, vn '
Banerherr ou Enſeigne , que les Alemands nomment Fendriz , qui a priuilege aux
ſ, reueuës de les
faire marchera coſte' d;braue
luy ſaſoldat.
garce, qui doit receuoir
leurautant de paye du
Prince qui employe,que le plus lls nomment SergentWacht
meiſter ,le Caporal Rottmeiſter, 8c lîEſquade Rott. Ils ont pluſieurs piquiers non
armez, 8c beaucoup de halebardiers , &c volontiers en vne Compagnie de trois cens
hommes , il n'y a pas quatre vingt mouſquetaires. Au reſte, ils ne s’accordent guere
bien a la guerre , auec les autres gens de pied Aleman ds , qu'ils nomment Landsk~
necht ou Valets du pays,au lieu qu'ils s'appellent ſeulement EydtgnoſſemPluſieurs
d’entr' eux prennent de l'argent du Roy de France, de celuy d'Eſpagne, 6c par fois
du Pape 6c des Ducs de Sauoye 8c de Lorraine: ſi bien qu'il ſe trouue bien ſouuent
des Capital nes qui tirent penſion en meſme temps de quatre coſtez. l'en ay veu
meſme quelques troupes dans l'armée des Eſtats de Hollande. _
~ Quand vn Princ e eſt tombé d'accord auec quelques Cantons, d'en pouuoit ti
rer des ſol dats,le Senat de -rhacun de ces Cantons permet à quelquesCapitaines d'en
faire leuée. Mais il ſautauparauant que ces Capitaines donnët caution pour la paye
des ſoldats,ſoit que le Prince, pour lequel ils-doiuent marcheizles paye ou non.Que ,,
fi les biens des capitaines a: des cautions ne montent pas iuſques à cette ſomme ,il
ne leur eſt pas permis de ſortir les ſoldats du pays. Au reſteJeur paye commence dés
le iour qu'on porte l'enſeigne hors du logis du Capitaine, juſqu'à ce qu'on l'y rap- ,
porte. Mais encor que la guerre ou leur voyagqdure moins de trois mois,ils doiuent
eſtre payez pour autant parleurs Capitaines.
_Qiant à leurs bataillons carrez heriſſez de piques, qu'on eſtime meſme capables
de reſiſteràla Caualerie en raze campagne , ils ſont tres-bien ordonnez, 11133 n°3
tels qu’il s'y faille entierement aſſeurer, comme quelques experiences nous ont fait
cognoiſtre 5 quoy que pluſieurs Princes tiennent qu'ils doiuent ſeruir aux champs
comme d'vne forte muraille pour arreſterſennemy.
Au reſte , ce qui rend aujourd'huy les Suiſſes foibles,c'eſt la des-vnion qui ſe
trouue_ entrj eux , qui procede principalement de la diner-ſite' dis relligions , 8c de
x ii3
QI». '
S14, Pays des Suiſſes.
quelques differents qu'ils ont pour les terres communes. Ceux de Zurich. Berne.
Baſic 6c Schaffhauſen, ne s'accordent guere bien auec les Cantons Catholiques. i
cauſe que ceux de Zurich Gt leurs compagnons qui ſont Caluiniſtes ,ont voulu in
troduire le Caluiniſme aux Gouuernemens communs, ſans le conſentement des
Catholiques# meſmeles Bernois empeſchent de tout leur pouuoir l'exercice de la
Religion Catholique en quelques lieux qu'ils ont communs auec Fribourg. Aux
Bailliages d'ltalie,principalement à Locarnqpluſieurs s'eſtans faits Caluiniſtespnt
eſté chaſſez par lesCatholiquesJors qu'ils attendaient l'aſſiſtance de ceux deZurich
œ lesautres. Ceux de Friburg ont preſque tousles iours broüillerie auec ceux de
Berne pour leurs Gouuerneinens communs 5 8c durançles derniers mouuemens des
Griſons , les Catholiques ont ſuiuy comme ouuertement le party des Eſpagnols, 6c
pluſieurs ont porté les armes pour eux contre les Griſons ,aſſiſtezdes Cantons Cal
uiniſtes; ſi bien que le bruit de leur vnion eſt beaucoup plus grand queleffect , 6c
cette mauuaiſe intelligence eſt capable_ de les ruiner; au lieu qu’eſtans bien vnis ie
les iuge humainement inuinciblegconſiderät les rudes attaques de la Maiſon d'Au
ſh-iebc, qu’ils ont ſouſtenuës , comme ils arreſterent les furieux deſſeins A'. puiſſans
efforts du Duc de Bourgogne, auquel ils: oſterent enuironttente millleteſtes, pour
les loger len vnc C hapelle proche de Murat , ou l'on les peut voir encore, le grand
nombre d'hommes qu'ils ont,leurs paſſages difficiles, œ leurs alliíces, outre les for
tifications, dont ils ſe couurent depuis peu d'années. Ce qui les menace dauantage,
&c qu'ils ont 'a craindre plus que tout le reſte, c'eſt la Maiſon d'Auſtriche, à laquelle
:ils ont arraché pluſieurs plumes, qui les auoiſine de pluſieur-s coſtez, ayant comme à
leur porte le Tyrol 6L le Milan ois; la Comté de Bregentz,les villes de Conſtance 8c
Ratolf-Cclhle Landgrauiat de NellenburgJaComté de Rhinfe[den,auec ſes qua
tre villes proches de Balle, partie de l'Alſace, 6c maintenir Hiueſché de Strafburg,
la Comté de Ferrette,de Sunggounôc la Francheñ Comte' de Bourgogne. Quant i
la France -, ſes Rois ont porté depuis lon g-temps vne affection tres-particuliere ?d
cette nation,leur alliée; 8c les François meſmes les aiment naturellement: Gt pour le
regard du Duc de Sauoye, il n'a que les pretenſions du pays de Vaux qui le puiſſent
animer: mais il ſe mettra mal-aiſément en campagne pourle rauoir, ſinon qu'il viſt
éleuer contr'eux quelqu' autre puiſſe ce.
Couuernem ent.
ï$“ï²"~ Ch" A Suiſſe' ayant eſtélonguement ſous les Romains ,les Bourguígnons ſortant :mai:
ÈiiſſiiiimJ-iei. riorius,de
li... ſ de leur
la paygſerendirent maiſtre:
Prouince Sequanoiſe l'an quatre cens
des Gaulegdâns ſix,pendant
laquelle l'Empirelad'H0—
eſtoit compriſe Fran
aIcÎ-’Ôî.ñ-cZ-<z.K-—Ê
E
:E
;gr
Eg-Ëäî
—.—x:-arñ-zLgg
me que luges 6c Aduocats de tout le Turgow. _ _
Mais apres la mort de Bettold cinquiémqdernier Duc de Zeringemles affaires de
ce pays eſtoient en tel eſtat au temps de l'Empereur Frideric ſecond ,enuiron l'an
mil deux cens ſoixanse-quatre, que les Ducs de Suaube ſſauoient plusaucun pou
uoir en la SuiſſeOrientale; mais la ville de Zurich capitale d'vn Canton , eſtoit ſub
jette aux Colleges des Chanoine: 6c Religieuſes, vſant toutefois de quelques priuí—
leges des Rois 8c des Empereurs , 6c vne bonne partie du pays obeyfibit aux Com
tes de Kyburg, dont le dernier mourant en meſme temps, fit ſon heritier Ro
dolſe Comte de Habſburg, fils de ſa ſoeur , qui ſut apres Empereur. Les Comtes de
_ Toggenburg efioient auſſi Fort puiſſans en ces quartiers-là,_de meſme que les Ab
bez de ſainct Gal, qui commandent à ceux d’Appenzel , 8L à vne bonne partie du
pays de Turgow. Il y auoit auſſi des Comtes de Rapperſuil, 8c les Comtes de
Habſburg tenoientZug
Preſque tout , auecles
le pays:d’Vri villes
obeyflſoictt auxvoiſinesſhc
Religieuſespartie de la contrée
de Zurich , ou biendeauSuitz.
Mo
naſtere de Vettingen. Ceux de l'Abbaye de Mubac poſſedoient Lucerne, auec
-la pluſpart du pays voiſin: Sc l'Ober& Vnderwalden,appartenoitau College des
Chanoines de Lucerne. Les Comtes de Habſbtlrg y poſſedoient auec la Comté,
dont ils portoientle nom , celles de Baden 8c de Lentzburg. Les Barons de Volhu
ſen 6c dEſchenbach, eſtoientauffl ſort puiſſansæ les Comtes de Kyburg, qui ſe te
noient àBurgdoffitenoient le reſte depuis Arberg,Nidow,Buochs ê; Falckenſiein.
Berne 8c Friburg , baſties quelque temps auparauantpar les Ducs de Zeringen,
r=# .T-'eſtoient données volontairement; l’vne. aux Comtes de Sauoye; l'autre, à ceux de
Kyburg, Soleurre eſtoit au College des Chanoines de S-Ourrz; 6c les Comtes de Sa
' uoye , de Gruyere 6c de Neuſ-Chaſtel, poſſedoieiit Pvchland &t les pays auancez
vers le Mont-Inra , où les Barons de Granſon 6c quelques autres auoient part , auec
PEUeſqUe de Bafle, à qui la ville de Bafle eſtoitauffi ſubjettele pays de Vaux reco
gnoiſſoitauffileComte de Sauoye, ou Híueſque de Lauſanne : 8c la ville de Schaf
fhuſe eſtoit ſubjette au Monaſtere de Tous les Saincts.
Il y auoir lors tant de Nobleſſe en Suiſſe,qu'outre les Comtes 6c Barons cy-deſſus
nommezpn y comptoir plus de cinquante de race deComtegcent ſoixante Barons,
6c plus de mille deux cens Gentils-l1ommes. Want aux Monaſteres 6c Colleges
des Chanoines, ils ne recognoiſſoient la pluſpart que l'Empereur.
cinMais apres
quanteñ la démiffion
cinqſſ dede
,au Concile PE-npereur Frideric ſecond
Lyon, ?Alemagne , faite
eſtant en l’an ,mil
trouble auſſideux
biencens_
que
l' Italie, la Suiſſe n'en fut pas exempte, principalement aux villes ſubiettes à l'Egliſe,
où les vns eſtoient du party de l’Empereur,les autres ſuiuoient les defenſes du Pape:
a; pource que ceux quideſendoient lëEmpereur obtenoient de luytout ce qu'ils
vouloient ,ils vſurperent aiſément toute la Iuriſdiction des Eccleſiaſtiques. Ainſi
ceux de Zurich, de Soleurre 6c de Schaffhuſe, ſe rendirent maiſtres de la creation
d'vn Senat Gt de leurs Bourgmaiſtregäc autres Magiflratgdu conſentement de Fri
deriqennemy des Ecoleſiaſtiquesfic les troiSCantons d’Vri,St1itz ôcVnderwalden,
ob Mais
tindrent de ne releuer que de l'Empire, 6c d’el’tre libres.
apres le decés de Frideric , pendant les troubles dſſe Plnterregne iuſques ä
Rodolfe de Habſburg , ces trois Cantons eurent recours àRodolfe ,contre quel—
ques vns qui les vouloient aſſubj ettir, offrant de payer ſes ſoldats,& le .prenans pour
leur Chefz puis lors quïlfut Empereur , il conſirma leurs priuileges 8c libertez l’an
mil deux cens nonante-vnfiependant ils prenoient touſiours poux-Chef 6c ſouue
rain MagiſtragquelqueGentil-hommqtantsen ſaut qu'ils taſchaſſent de s'en dé
ſairegveu qu'en meſme temps ceux d'Vri auoient pourleur premier MagiſtratW/er
ner Baron d'Atthinguſen,& ceux de Suitz Arnold Stauffachegyffu Œvneancienne
famille noble du pays. ' - ï
_R odolſe eſtant mort , et l’Alemag'ne eſtant diuiſiſée , pourice'qu'encor qu'Adolf
de Nafläv cuſt eſié éleu legitimementiEmpereur, Albert d’Auſtrichc ſauoriſé \ſe
quelques vns, luy copteſtoit cette dignité, ces trois Gommunautezguec l' Abbé de
S.- GaLZurich &c Soieurre, recognurent Adolfſijaulieu que toute la Nobleſſe d'Ar
gow 6c de Turgow; S’eſtoit attachée au party d'Albert,qui ayîít fait mourir. Adolf;
puis eflant demeuré ſeul Empereur, déja les Comte: de Kyburg, Habib utg,'Baden
ï
gió' Pays des Suiſſes.
8c Lentſhurg, outre qu'il auoitau voiſinage le ſſLandgrauíat d'Alſace; tellemët qu'il
PÏ-;Iriqua Prcmctlcſſlÿemët les Eueſques de Bafle,Straſhurg.pCôſt-.ïce 6c Coire,lesAbbez
8c Colleges de S -GaLMUſhûÇihZÊſiCiÎ ô( autres,afin qu'ils luy vendiſſent les droicts
qu'ils auoienc ſur ce pays,ou receuſſent tant luy que les ſiens pour Aduocacs 8c Pro
recteurs perpecuels. ll vſact de tneſmc artifice pourgagner les Comteſis cle Viliſow &c
de Rotcnburg , BL Ies Barons de Regenſherg, Eſchibach, Arburg, Volhuſèn &au
tres: ſi bien qu'il cmporta lapluſpart de ce qu'il deſiroit, excepté de ceux de S.Gal-,
_Je de Zurich. Finalement pour auoir lestrois Communautez d'Vri, Suitz à Vn.
derwald,qui auoient ſauoriſé Adolfjtl ſe fit remettre les droicts que l'Abbé de Vet
tingemôc le Preuoſt, 6c College de Lucerne, 8c autres , auoientſurelles, donnantä
ſes fils des Fieſs voiſins , écheusâ l'Empire, 8c sacquerant tout lepays voiſin , afin
_deles enueloper de tous coflez. Cela fait, il leurfit propoſeäfi-de ſe donnera luy;
leur remonſtranc comme tout le reſte s'e’ſtoit ſoubmis ; mais elles répondirent
qu'elles eûoient membres de l'Empire, dont-ils le recognoiſloient pour Chef,
8c ne pouuoient eſtre aſſubjetties à la Maiſon d’Auſiriche, en particulier,mais
que s'ils eſtoient chargés de quelques rentes &deuoirs enuers laMaiſon d’Auſtri'che,
ils eſtoient' preſls à s'en acquitter. Sur ce reſus, Albert leurenuoya au nom de l’Em
pire deux Gouuerneurs, qui tenoicnt les chaſteaux voiſins, 6c ſe mirentà les traitter
tyranniquemengles empriſonnant pour le moindre ſujet,les chargeant de pluſieurs ^
impoſitions , emmenant leur beſt-ail, commentant les hommes &z rauiſſant les ſem—
mÊSíÔË l’vn d'eux nommé Geſlenayant baſty vn chaſteau au deſſous du grid bourg
d'Altorff', appartenant à ceux d'Vri ,le nommantleur long, fit mettre vn chapeau
au bout d’vne perche en vn lieu public,ôc commanda qu'on rendiſt meſme honneur
5. ce chapeau qu'à l'Empereur (x à luy-meſme, y mettant des gens pour prendre
gardeaux deſobeïſſans. Sur ces inſolences, Valter Furſt-cl'Vri,VernerStauffaclÎer
‘ de Suitz 6c Arnold de Melchtal EPVH-:letwalden, ſe trouuans enſemble , firent pre
mier deſſein de mettre leur pays en liberté , l'an mil trois cens ſept , Gt reſolurent de
?executer le premier-iour de l'an , auquel on ouuroit les portes du chaſteau, pour re
ceuoir les eſtreines. Quelques Gentils-hommes &autres hommes de moyens 6c
d’authorité ,qui voulaient maintenirleurs priuilcges -, 6c ne pouuoient pas ſouffrir
d'cſi:re démembrez de l'Empire, eſtoient auffi nommez ruſtiques 6c vilains, 8c traitz
tez fort rudemenc par ces meſmes Gouuerneurs; ſi bien que le Baron CPAIÛCÎÛghUï
ſen,lors Landtman duCanton d’Vri,s’écria tout haut,qu’il eſtoic impoſiible de plus
endurertous ces outragesLà deſſus,vn nôméGuillaume Tell BtirghemduCanton
d'Vri, fut pris pour auoir paſſé deuît le chapeau ſans luy rëdre hôneurzpuis le Gou
uerneur Geſler luy donna le choix,ou d’abatre auec vne fleche vne pomme miſe ſur
ſur la teſte de ſon fils,ou de reueler les menées. llfit choix du premienôtabatit [apô
me ſans
~ quis bleſſer
dſiuſiſuſij ſon fils; 8cque
et, il conſeſſa pource qu'il
c'eſtoit auoit
pour vne
tuer le autre fleche toutecuſt
Gouuerneuræil preſtqeſtant en
bleſſé ſon fils'.
ſi bien qu’il ſut encor pris &mis ſur leLac,aſin deſire conduit en priſon perpetuelle,
pource qu'on luyauoic promis la vie. Mais vne tempeſte miraculeuſe reſtant éle
uc'e, il trouua moyen de ſe ſauuer', puis la nuict qui deuance le premier iourſde l'an
mil trois cens_ huict , vingt hommes ſe ſaiſirent de Rozenberg , l’vn des chaſteaux
d’VnderWalden , 8L le lendemain matin 'iour des eſtreines, cinquante ieunes hom
mes ſe rendirent maiſtres de l'autre. Ceux &Vriruinerent auffi le Fort qu'on auoit
baſty pour le brider, 8c ceux de Suicz firent le meſme de celuv qu'on auoit baſty au
milieu du Lac 5 puis le Dimanche ſuiuannccs trois Cantons firent ligue offenſiue 6c
deſenſiue, pourdixansj, 8c commencer-ent dés-lors äfortifierleurs frontieres :ipuis
ainſi qu’Albert entreprit de leur faire la guerre ,il fut tué. 6c ?Empereur Henry
ſeptiémqqui luy filcceda,
de Friderſſic ſecond., confirma les priuileges que les~trois Cantons auoient eus
&t qu'Adolfauoitjapprouuez.
Mais les _enſans d'Albert voulans \ranger la mort de leur pere, en trerent en Suiſſe
âimain armée l'an mil trois cens neuf, ruinerent pluſieurs villes 8c chaſteaux , firent
mourirgrande quantité de Nobleſſqsæ particulierement en vn iour firent tranches
la teſte au chaſteau de Faruangen à ſoixante-trois Gentils-hommes de maiſon re
leuée: ſi bien que la plus gran de partie dela Nobleſſe de Suiſſe petit en cette guerre:
puis l'an mil trois cens quinie , ceux de Suitz en ſort petit nombre , défirentſarmée
deLeopold d'Auſtriche,compoſée de vingt mille hommegprés de Morgarten ,d'où
vient que toutes les nations de cette grande armée n'oyans parler que de Suitz,don—
ncrcnt ä ceux de cette ligue le nom de Suiſſegqui eſt demeure' à tous: «St-ceux d'vn
deſirwaldlst de Snitz; mirent encor en(ICS
-'. Päyï route-SUÎſſCSB
'celle du Comte de Stralbergiquí leſs517
venoit attaquer d’vn autre coſte pour le meſme Leopold; puis les trois Cantons ſe
vo yans victorieux, changeront leurligue dîe dix ans en alliance perpetuelltzñle len.
demainduiourdeſainctNicolas. ,' v _.-, ñ v :ſi _ I,
Tandis que ces trois Cantons eſtoientempeſchez à ſe defendre-peux de Zurich.
Schaffhuſe, ſainct Gal 8c Conſtance ,s'allierent enſemble l'an mil trois cens douze.
Apres cela,l’an mil trois cens vingt-vn, ?Eueſqſiue 6c la villede Baſle, ſirentalliancc
auec ceux de Zurich: puis l’an mu trois cens trente- deux ~, ſivne conſpiration ſecreîtc
faire contre ceux de Lucerne, ctfit qu'ils entrerent en la Ligue de ceux d'Vri, Suitz 8c
Vnderwald ct: 8c ceux de Zurich firent le meſme l'an mil trois censsínquafltC-Vns
ayans toutefois retenu le premierrang en leur alliance: puis ceux de Zug &c deſſilaj
R??
ris ſe ioignirent à eux l'an mil trois cens cinquante-deux; 8c les Bernois ſe ren dircnç
de la meſme ligue l’an mil 'trois cens cinquante-trois , ſe 'reſcruansPhonneur d'y te
nir le ſecond rang; &t la meſme année ces huict vieilles Citez ou vieux Cantons ,ſi
rent vne ligue perpetuellqApres cela,ceux de Friburg 8c Soleurre , furentreçeus au
nombre des Cantons l’an mil quatre cens quatre vingt-vn :puis ceux de Balle 8c de
Schaffhuſen, l'an milcinq cens vn, 6c finalement ceux d'Appenzel l'an mil cinq
cens treize. zip-f _
Quantaux Aſſociez des _treize Cantons, l'A bbe' de ſainct Gal fit alliance perpe
tuelle auec les Cantons de Zurich, Lucerne,Suitz &t Glaris,l'an mil quatre cens cin
quante-vnzôc la ville de ſainct GaLauec Zurich,Berne.Lucerne,Suitz,Zug oc Gia-z _ -
ris, l'an mil quatre cens cinquante- quatre: les Griſons firent *alliance perpetuelle ÈÊËLËïÛ-äïï?
aueceux au mois de Decembre mil quatre cens quatre vingt dix.huíct:& polir ]ere— ' î
gard des Valaiſans, quelques vns firent premieremen.: alliance auec les Bernois l'an
mil deux cens cinquante-Gt l’an mil quatre cens dix-ſepgauec Lucerne, Vri &t Vn
derwald :puis l'an mil quatre cens ſeptanteñ cinq ,’ auec Berne , confirmée l’an mil
cinq cens ſeptante-cinq ;- Gt l'an mil cinq cens trente- trois , l'Eueſque de Sion auec
ſept dixaines de Valaiſans , firent alliance auec les Cantons Catholiques de Lucer
ne,Vri,Suitz,VnderWald,Zug, Friburg 6c Soleurrekotvil fit alliance perpetuelle
auec 'tous les Cantons , l’an mil cinq cens dix—neuf: 8c Mulhuſen de meſme le dix
neuſiéme Ianuier mil cinq cens quinze. Bienne ſeulement auec Berne,l’an mil trois
cens trois, mil trois cens cinquante-deux, 6c mil trois cens ſoixante-ſept : les Com
tes ou Princes de Neuf-chaſtel, auec ceux de Berne, ſeulement depuis l'an mil cinq
cens vingt-neuf, puis firent la paix auec eux : 8c Geneue s’allia auſſi eſtroitement à
perpetuité auec Berne, l'an mil cinq cens trente-ſix. ſ
Sorte de Quelques vns onceſtime' , qu'on pouuoit comprendre tous les Cantons ſous leſſ
gouuct
nement. nom d’vne ſeule Republiqueuflc pluſieurs ont creu qu'ils eſtoient tous même choſe.
à cauſe du meſme deſſein de maintenir leur liberte, de pluſieurs choſes qui leur ſont
communesfic de leur Conſeil general. Mais les treize Cantons ont non ſeulement
leurs bornes qui les diviſent,- mais encor diuerſes loix &î couſtumes,& diuerſe façon _ —_ ,
de gouucrnemenr.; de meſme que les b villes de Hermione, Epidaure,Ægine,Athe— ‘ï"ſi"l’°-lí-ïs‘
'nes,Praſie, Nauplie 8c Orchomen, qui compoſoient l'Aſſemblée des Ainphictyons dz_ ,f
ne faiſaient pas vne ſeule Republique; non plus que ‘ les douze villes loníques : à: '
non plus que les Republiques de Veniſe 6c de Gennes , n'en feraient pas vne ſeule,
quoy qu'elles ſiſſentenſemble vne alliance perpetuelle.
Tellement qiſilfautconclurre que les treize d Cantons ſont autant de Republi
ques. qui ne ſontattachées l'vne ‘a l'autre que volontairemët , Gt ne dépendent nul- Simlenllcfi;
lement l'vne del'autre, chacune ayant ſa Iuriſdictioh particuliere , 8c n’eſtant obli- 4” Fïíſſsï] i '
gee aaucunechoſe au mandement del ,autre que de ſon bon gre.i Il eſt vray que tou- l'-5
. .Gt 'ë
_'55 ‘l°“‘²“² e" ſulœ de leurLigue ſe bander pour les autres contre la violence &c l’in- -
jure : non point que chaque Canton ſoit allié de tous , ou puiſſe demander ſecoursa î
tous contre toute ſorte d'ennemis: mais ſeulemëtà ceux, auec leſquels il a fait pre
mierementalliance 3 comme ſi ceux de Lucerne ſont attaquez, ils peuuent deman
fltſ ſecoursaux Cantons d’Vri,Suitz,Vnder\x'ald, Zug 6c Zurich: ceux de Zurich,
a tous ces Cantons, voire meſme a Berne,& celuy de Glaris, qui doitauoir recours i
Zuïlchzvſ!, ?Lutz 8c Vnderwald :de meſme que les Bernois aux troisderniers , 8c
meſme a Zurich,en ſuite de la derniere ligueœeux d'Vri,Suitz 6L Vnderwdldè tous
les autres_ Cantonga ainſi des autres.
Toutefois,com bien que tous n’ayent pas meſme droict, toutefois il y en a quel
que: vns qui ne peuuent eſperer ſecours deleurs alliez, qu'apres que tous lesC antons
SiS ' Pays .des Suiſſes..
feſant
liberté aſſemblezxat l'ont,ſi trouué
de toute la Suiſſe chacunbon. Mais
ſe doit ſi laguerre
auſſi eſt iugée
coſt mettre iuſtede
en deuoit , 8Ldonner
regardeſel'a
cours à ſessagiſt
Que s'il deſpens au ville
d’vne Canton qui en
5c d’vn cſſhaabeloîn-,lænuoyant a proportionaux
ſteau de quelque Cantoh,c’eſt dedeſpens
ſes forces.
de
'ce lieu qu'on le ſecqttrnprinci paiement pour le regard des frais du canonſôc des mu
nitions. Voila preſque en quoy conſiſte le mutuel ſecours de leurs Alliancenqui ont
auſſi leurs Ordonnances 8c Loix ,tant pour letemps de paix que dela guerre , leurs
differens publics 6L' particuliers: la ſolde de ceux qui vont au ſecours ,les munitions,
limites 8c ſujets,debtes,exceptions, droict Diuin Gt. humain# pluſieurs autres cho
ſes. Au reſte,le gouuernement de quelques vnes de ces' Republiques eſt Democra
tique ou populairqcomme celuy des Cantons d'Vri,Suitz,Vnderu'ald.Glaris,A ps
penzel 6L Zug;
ple. Mais celuy pource que toutes choſes s'y font par Soleurre
de Zuſirich,Betne,Lucerne,Friburg, l'aduis a8c
deliberation
Schaffhuſe,du peu
ſemble
Ariſtocratique , pource que tous ces Cantons ſont gouuernez par des Magiſtrats &c
principauigqubnnomme Seigncurssôc toutefois il eſt meſlé de Democratiqpour
'ce qu’ils ſont éleus par le peuple, à qui la Souueraíneté ſemble appartenir par ce
moyen.
Tous ces Cantons
Ammangcomme Wi,ont pou Souuerains Magiſtrats
Suitzÿndervaldlug, Glaris 8L
6c Chefs du Conſeil,
Appenzel, ou des ct' "
qui ſe gouuer-
nent populairement', de ſorte que les aſſares de plus grande importance', ſont deci
dées par l'aduis du peuple, qui a la Souueraineté ,- ou des Auoyers, qu'ils appellent
Schultheígqui gouuernent auec quelques Conſeillers, choiſis par élection libre du
no mbrzÿde tous les citoyens , 8c maintiennent vne forme d'Ariſtocratie , comme
Berne. Lucerncffiriburg 5L Soleurre, ou des Burgermeiſter ou Bourg maiſtres,com—
me à Zurich, Bafle, Schaffouſe. Les principaux Officiers , apres les Schultheys ou
Auoyers, ſont les Panderets, puis les Threſoriers ou Bourſiers ,les Secretaires &c les
Huiſſiers: mais apres les Bourgmaiſtres, ce ſont les Zunfftmeiſter, c'eſt à dire, Mai
ſtres des Communautez, compagnies ou meſtiers , que pluſieurs nomment Tribus,
de meſme que ceux de Zurich appellent leurs Intendans Oberiſterñmeiſter: puis les
Seckelmeiſterceſt à dire.Bourſiers ou Threſoriersmommez en quelques lieux di
uerſement zipuis les Voyers, nommez en Alemand Bawherren, Gt par ceux de Balle
Lonhcrren, qui ont charge des chemins, portes, tours, rempars , ponts, fontaines 8c
baſtimens publics, 6c iugentauec quelques Seigneurs du Conſeil, qui leur ſo nc ad
joints,des differens qui ſuruiennent pour des gouttieres,veu'c's 6L choſes ſemblables.
L'Eſtat de Secretaire y eſt auſſi honorable Gt de gran cl traſic,ſi bien queles Gentils
hommes taſchent d'en eſtre pourueumAuſſi ce ſont eux qui ſçauent les loix,couſtu—
megpriuileges 6c ſecrets des Republiques. lls ont auſſi les Intendans des viures, les
Patrons des vefues 6c orfelins, les Aumoſiriers ê( Viſiteurs des poids 8c meſures: les
Deputez pour donner la queſtionzles Controlleurs des biens Eccleſiaſtiques , 6C les
Viſiteurs des Eſcoles. .
En chaque ville principale il y a des Conſeils publics, a ſçauoir, le Grand,com- conſeils;
poſé d’vn bon nombre de Conſeillers, qui ÿaſſemblent au nom de tout le peuple,
aux affaires de plus grande importance, 6c qui regardent toute la Republique: 6c le
. Petit qui s'aſſemble tous les iours. tant pour les affaires de la Republique, que pour
vuider les differens qui ſuruiennent entre les citoyens. Ces Conſeillers ſontchoiſis,
ou des Compagnies des nobles 6c bourgeoigqui ne font aucun traſic,ou des Zunfft,
c'eſt à dire, Tribus ou Compagnies de meſtiers , comme marchands 6c artiſans , qui
ont leurs poiles 6c aſſemblées particulieres: puis ſe trouuent enſemble,pour donner
leurs voix , 6c élire de chacune de ces Compagnies , autant de l’vne que de l'autre,
quelques perſonnages nommez Zunfftmaiſtres , pour eſtre Chefs du Conſeil :puis
outre ces Conſeils, il y a des Conſiſtoirendet Cantons Caluiniſtes, qui vuident les
cauſes Eccleſiaſtiques.
Outre ces Conſeils de chaque Canton', il y a l'Aſſemblée generale , ou Conſeil conten.
general des Suiſſes, nommez en Suiſſe Landtag, c'eſt à dire , Diete ou Iournée du 5""“"
pays,qui n'eſt pas touſiours égale en nombrqpource que par fois.outre lesCantons,
les ?autres Alliez , ſpecialement les Ambaſſadeurs de ſainct Gal , des Griſons 6c de
Mulhuſen,s'y trouuent,& lors c'eſt le plus grand Conſeil qui ne s’aſſemble que ra
rement, pour traitter de paix ou de guerre, ou d'autres affaires, qui touchent égale
ment tous les Alliez. Mais le pus ſouuent il n'y a que les Ambaſſadeurs des treize
Cantons qui #aſſembleur , pour_ reſoudre les affaires comuiunes. Chacun a égale
' \BCDI
~PayS des Suiſſes. -ñ 519*
'mentvoiii deliberatiue; de ſorte qu'encor qu’vn Canton enuoye deux Ambaſſaz
;lents , ils n'ont qu'vne voix , pource qu'on recueille les aduis ſelon-le nombre des
Cantons, &c non des Ambaſſadeurs. Toutefois les Ambaſſadeurs de tous les Can
t-ons ne ſe trouuent pas touſiours enſemble à _ces iournees, mais shſſemblent ſelon
qu'ils" y ſont intereſſer; comme quand ilÿagiſt des Bailliages ouuerncz-parles ſept
ou huict premiers Cantons,0u-d'autres choſes qui en dépen ent. Il n'y a que les
ſept ou huict Ambaſſadeurs qui s aſſembleur', &ont voix deliberatiue; 8e le meſme
ſi; prattique pour le regard des Bailliages d italie , appartenans aux treize Can-_~
tons. -
Quant à ce qui regarde le bien des treize Cantons, leurs Ambaſſadeurs s’aſ..
ſemblent tous , 6c font vn corps de Conſeil parfait. î ' _
Mais depuis les differcns des Religions, on a fait des Aſſemblées particulieres;
;ellement que Zurich,Berne, Baſic &Schaffhauſcnflaffcmblcnt parfois à part, 6c_ .
les Cantons Catholiques de meſme. _
Uauthorité &aſſembler le Conſeil general, 8c luy demander aduis, appartient
detout temps au Canton deZurich ,comme a'. celuy qui par vn priuilege ſortan
cien tient le premier rang de cette Ligue , bien que celuy de Berne ſoit le plus puiſ
ſant : ſi bien que lors qu'il eſt beſoin de Paſſembler , les Seigneurs de Zu..
rich aduertiſſent les autres Cantons du temps 6e du lieu de cette Aſſem
blée. ' ~ '
Les Ambaſſadeurs des Rois-Gt Princes eſtrangcrs , demandent auſſi pcrmiflîon
au Canton de Zurich de ſe cÃouueraux iournées, 6c par fois requierent qu'on en
zienne pour eux vne extract maire. Mais aux Iournées ou Aſſemblées particulic
resſlurich le ſignifie aux quatre villes Caluiniſteszôc Luceí-ne,aux ſeptCantons Gad
tholiques. ll y a auſſi des A ſſcîmblees particulieres desŸCantons alliez auec le Roy de
France,dont l' Ambaſſadeur reſident à Soleurrqfait aſſembler les Deputez aux deſ
pens duRoy. , _ _ _‘ I
Les anciens Suiſſes n'aiment point de lieu certain &t perpetuel pour ees iour#
nées; mais de noſtre temps la couſtume porte, ſans toutefois qu'il y en ayt aucune
ordonnance, de les tenir en la Maiſon de ville de Baden , à 'cauſe que les Cantons
plus éloignez s'y peuuent rendre preſque enîmeſme temps, 8c qu'elle appartient:
aux huictpremiers Cantons. Quant aux Aſſemblées particuliercs, celles des quatre
villes Caluiniſtes ſe tiennent le plus ſoutient en la ville' d'Araw, du Canton de Ber
ne 5 8L les Catholiques shſſemblent a Lucerne, 6c quelquesfois àBeckenriedt au
Canton d'Vri , ou a Brunnen au _Canton de Snitz. Mais quand l'Ambaſſadeur du
Roy deFrance demandequelquc leuéc de Suiſſes,la Iournéſeſc tient le plusſonnent
à Soleurre. _ ’
Tous les ans on tientlounéeà Baden, enuiron la my-luin , 8c lors les Baillifs ou
Gouuerneurs des paysappartenant aux Cantons ,rendent raiſon de leur-charge aix
Co nſeilſhe l'on vaque a la vuidan ge des procez des Prouinces. Cc Conſeil ſetienc
ou par l'ordonnance des Cantons , ou pour vuider les affaires qu'on n'a pû dépeſ.
cher/en la iournée precedente , pource qu'on renuoye ainſi de l'vne z l'autre les cauù
ſes d'importance, afin que les Ambaſſadeurs en demandent cependant aduis â leur
- Canton; Or cgrnbien quele Conſeil ſoitaſſemblé ſeulement pour les affaires pu
bliques,toutesfois apres qu'on les a reſoluës, ſi quelques particuliers des Prouince:
y veulent plaider leurs cauſes,on leur donne audience. ' ~
Tous les Ambaſſadeurs ont ſeance en ce Conſeil , ſelon l'ordre des Cantons,tel—~ '
lement que celuy de Zurich eſt au lieu plus honorable, puis .ceux de Berne,Luccrne
8c autres. L'Ambaſſadeur de Zurich harangue le premienœ propoſe apres ce dont
les Seigneurs l'ont chargé; puis les autres font lemeſmeàleur rang, 6c le Baillif ou
Gouuerneur de Bad-gde quelque Canton qu'il ſoigdemandc apres par ordre à cha
que Ambaſſadeur ſon aduis ſur les choſes propoſees z puis compte les voix ſelon le
nombre des Cantons _, non des Ambaſſadeurs. Les delibcrations qui s'y pren
nent , ſont touchant la paix ou la guerre, ſur les plaintes de fourrage, ou du
tort fait Zi quelque Canton, ſui'- quoy l'on delibere ſi l'on aſi iuſtc cauſe de fairela
guerre, l'ayant reſoluë on conſulte des moyens. On y reſoultauſſi la paix 8c les Al
liances , leſquelles on laiſſe àla liberté de 'chaque Canton, lors qu'il' Uagiſt d’vn
Prince eſtranger. *— '- _
Europe. ~ \ñ y
u..
_ ;zo _ Pays des Suiſſes.
LesOrdonnances publiques &communesſſont auſſi faitegconſirmées &reuoquéeç
en cete aſſemblée, qui delibere auſſi s'il ſaut enuoyer quelque Ambaſſade au nom de
tous les Cantons, ou de quelques vns ſeulement, pour appointer quelque differend,
contracter alliançeſie riÇ-'iouyr d’vn bonheur auec quelque Prince, denoncer la guer
re &a chqſes ſemblables, ou negocierauec quelque Canton, ou ville.On a pareille
ment remis à la diſcretion des DeputezÎdes Cantons , de reſoudre ce qu'il faut ne.
ocier ou répondre aux Ambaſſadeurs des Princes eſtrangers , 6c desautres _Repſh
li ues., 4 .
' lginalement le Conſeil aduiſcä pouruoir aux Prouinces appartenantes aux Can
çqngafin qu'elles ſoient gouuernées comme il fautsde ſorte qu'à cauſeque quelques'
charges ſont de grand profit , comme celles de Secretaire, Commiſſaire , Officier,
Tſuchqman_,Landman 6c Landweibehau pays de Turgow ( dont le premier ,à ſça
uçjr, le Landman, ell'. luge criminel, au nom des dix premiers Cantons , l'autre eſt_
comme Procureur Fiſcal )_le Conſeil commet ces Eſiars à certains perſonnages, qui ‘
n; peuuenecependant choiſir dès Officiers ſous eux à leur fantaiſie.. Dauancage, 5'11 “Wii
ſuzgien; quelque procez difficile en vne Prouince , 6c les Gouuerneurs 5c Baillifs
n'en veulent iuger ,— il eſt rapporté au Conſeil; ou ſi la Sentence des Bail
lifsſembleiniufie à l’vne des parties , elle en peut appeller au Conſeil geñ
ixeral. .
Want aux cauſes des Bailliagegqui ſont delà les montsJes Ambaſſadeurs qu'on
epuoyc tousles ans en luin , en cognoiſſent , 8c les vuident. Pourle regard des au
tres procez de deçà lesmontsfle Conſeil de Bade les iuge, pource qu'il a plus gran.
de authoritézôc l'on peut appellera ce Conſeil des Sentences des Ambaſſadeurgen
uoyez delà les montsLes _Baillifs 6c Gouuerneurgſont auffi tenus derendre compce
au Conſeil des peages , reuenus 6c amendes, pource que les reuenus annuels des
Bailliagcs communs, ſont diſtribue: par égale portion entre les Cantons, auſquels
ils appartiennent. Il y a auſſi en ces Bailliages des Abbayes, dont la protectionóc
gouuernemengpour leregard du temporeLappartient à quelques Cantons. Brefile
Çonſeil cognoiſt de tout ce qui concerne l'adminiſtration JCS pays communs aux
Cantons , fait rendre compte aux Gouuerneurs , donne audience à quiconque les
\eut accuſer,& les punit,s,'ils l'ont meritéſſoit en les priuant de leur charge,ou com
_q mandant-aux Cantons qui les auoient eſtablis , d'en enuoyer vn autre en leur
lieu. . ‘
Ceux qui ont des cauſes à plaider en telles iournées , demandent premic;
rement audience à l'Ambaſſadeur de Zurich, qui leur donne iour , 8c met leurs
'noms au rolle; puis quand il faut comparoir deuant le Conſeil, les parties plaident
quelquefois leurscauſes , ou bien ont des Procureurs ou Parliers , nommez enleur
langue Fiilirſpreeh,qu’ils menent de leur Canton,ou choiſiſſent d'entre ceux qui ſe
trouuent lors à Bade, où pluſieurs de telles genssaſſemblent. Au reſte, ils debatent
leurs cauſes,non ſelon le Droict Ciuilgou Paduis des Iuríſoonſultegmais ſelon leurs
lpix 6c couſtumes. Outre ceiugement des particulier, il y a celuy des differens pu
blics, ſuruenus entre deux, ou pluſieurs Cantons , ou entre quelques particuliers, 6c
vn Canton , Ça les Alliez des Cantons ſont traittez de meſme qu'eux. Ainſi pour la i
deciſion de tels<differens , chacune des parties choiſit deux Iuges qui ſont ab
ſous du ſerment- qu'ils doiuent îileiir Canton , &c promettent de iuger ſelon l'equi
té , 6c taſcher ou de ?accorder amiablement , ou de le vuider iuridiquement.
- Suiuant les anciennes Alliances , il y a certains lieux affignez pour la vuidan
ge de tels procez. Les _ſept premiers Cantons enuoyent leurs Ambaſſadeurs 6c
Arbitres en l’Abbaye_de l'Hermitage , pour y vuider les procez ui ſuruien
nent entr' eux. Si ceux de Glaris ont quelques procez auec ceux 'Vri , l'aſ
ſemblée ſe.doit faire à Merch : Si contre le Canton de Suitz , les Arbitres ſe
doiuent croquer-à Bergeraz 6c i Brunnen , ſi c'eſt contre ceux &Vnderualdz 8c
loi-s les autres Cantons ayans eu cognoiſſance de cauſe doiuent prononcer la Sen
IÇÛGC- ï _ j, 1
Les Bernois &z les crois Cantons d'Vri', Snitz 8: Vnderwald, ÿaſſemblent à
Kíenholtz. Ceux de Zurich 8c de Berne', à Zoffinge. Ceux de Fribourg 8c
Soleurre . ayans vn procez en demandant contre les huict premiers Cantons,
piſi l’vn d'eux,enuoyent leurs Iuges à Zoffinges e; s'ils ſont defendeurs, äWi- -
i ow. x
ſv— î** ~ ' ' ‘ TTY” ”———'î "~ "— '\
. ' *i _
Pays des Suiſſes. '
Quanſſt aux cauſes de ceux de Balle, Schaffhouſe 6c Appenzel, elles ſe plaident à 521
Ende, de meſme que cellesſſque ſesCantonsontaucc ceux de Rotwil 3x. Mulhuſen:
mais les differens de ceux de ſainct Gal ſe terminent en l'A bbaye de ?Hermitagezôc
ceux des Griſons à Wallenſtadfflui eſt vne ville au bout du Lac de Riuqau Baillia—_
»gc de Sargans. ~ - _ ' .
Mii-vc" Q1311( aux Alliances de ces Cantons 'auec quelques PrincegLouys vnziéme,
!ScÛSlWË-V Roy de Erance , en fit premierement auec eux vne dc dix ans , l'an mil quatre cens
~ ſeptante-ſix ,apres qu'ils eurent déſaità_ Mora: Charles le Terrible, dernier Duc de
Bourgogne. Charles huictiéme , fils de Louys , renouuella cette alliance l'an mil
quatre cens quatre vingt crois z &t Louys douzième , ſon ſucceſſeur ñ, l'an mil quatre.
cens nonante-neuſ; puisy ayant eu quelques guerres entrc~les François 8c les Suiſ
ï ſes,le Roy Françoispremienſit vne paix perpetuelleauec eux 8c leurs aſſociezJfA b
'bé dc ſainct GaLGi-iſons. Valaiſäns 5c autres, auec vne alliance pour certain temps,
Panmil cinq cens ſeize; 8c les Lettres qui _portent les conditions cle cette AllianceJ
le ſecours mutuel, le nombre des ſoldats, la ſoldersz choſes ſemblables, furent Faites
à Lucerne l'an mil cinq cens vingt-vn. Henry ſecond vint :i confirmer depuis ce
Traité,de meſme que Charlesneufiémeflzlenry troiſiémefflc Henry quatriémqqui
ont tenu leurs Ambaſſadeurs à Soleurrqainſi que fait encor Louys treizié rne,à pre-z
ïſieutregnant. — v
‘ Les Suiſſes firentauffi alliance auec Sigiſmond, fils de Frideric, Archidïic d'Au
ſtriche, à la perſuaſion de Louys vnziéme Roy de France , ennemy iurc' du Duc de
Bourgogne; pùis elle ſut renouuellêc à Baule l'an mil cinq cens vnze,par l'Empereur
- tit fils, qſiuiëfſſutpremientant
Maximiliàn à ſon nom,
apres Empeteunœ quefirma,
la con de Charles, lorsque
de meſme Prince d'Eſpagne,ſon
Ferdinand; pe
y compre
nant touts les treize Cantons , Gt la ville , &l'Abbaye de ſainct Gal ,- -Sc lors on pro
mitſſà chaque Canton certaine penſion,au nom de la Comte' de Bourgogne. .
D’autre— part,les Cantons deLucemqZurich,Berne,Vri,SuitsNnderWaldZug
8c Glaris , firent alliance auec Galeas Marie Sſorce Duc de Milan , l'an mil quatre
cens ſeize , ou pluſtoſt renouuellerent les anciens Traitez de paix 6L d'amitié. Cette
alliance ſut depuis renouuellée Fort ſouuentfflcfinalementcharles cinquiémqcom
me Duc de Milan ,la confirma Pan mil cinq cens cinquante-deux , y comprenant'
les treize
ſiauvec Cantons.
les ſix CantonsPhilippe ſecond,
Catholiques de Roy d'Eſpagne,
Lucerne 8c Duc
,Vri, Snitz, de Milan ,Zug
Vnderwald, fit alliance_
8( Fri
bourg, l'an mil cinq cens octante- ſept_,qui fut ſolemnellement confirmée en PEglÎMJ
ſe Cathedrale de Milan, l'an mil cinq cens octante-huict : 8c l'an mil cinq cens no.]
Dante-ſept ,les Catholiques d'A ppenzel cntrerent en cette alliance , à raiſon de la
quelle le Roy d'Eſpagne tient ordinairement vn AmbaſſadeuräLucernezmais ceux
"de Soleurre,bien que Catholiqucsſiont hors de cette alliance. ' —
,_ Les Ducs
auec de Sauoye ont fait autrefois alliance
fut auec quelques
"ſſlement Berne 5L Fribourg'. Le premier Edoüard , lorsCantongprincipa
Comte defùauoye,
qui ayant mis les Bernois en liberté, les aima mieux auoir pour alliez que pour ſub
jects, 6c cette alliance Fut bien ſouuent confirmée: puis Philibert ſit alliance_ perpe-J
ruelle auec Berne 5c Fribourg,l’an mil quatre cens nonante-huict: &Charles troiſiè
me, Frere de Philibert, la renouuella l'an mil cinq cens. neuf, puis la fità Bade, auec
tous les
bert Cantons
s'vnit , pourvingt-cinq
apres auec ansde
les ſix Cantons ,l'an mil cinq
Lucerne, cens
Vri, douze.
Suitz, Emanuel'Zug
Vnderwald, Phili6c ſ ' _
Fribourg, tant durant ſa vie que celle de ſon ſils,& quatre ans apres au delà, l'an mil
cinq cens ſeptante ſept: 8c Charles Emanuel la confirma apres le decés de ſon peres'
l'an mil cinq cens octantc. vn : 8c ccs Ducs tiennent le plus ſouuent vn Ambaſſa
deurà Fribourg. _
Les Siliſſespnt eu beahcoup d'autres alliances auec les Papes, Empereurs, Rois
d'Angleterre 8c de Hongrie, Ducs deWirtenbergjilorence, Bourgognejîueſ
ques 6c Citez de C0' (lance, Straſbourg ;Baſle 6c autres : mais celuy de l'Eueſque
gel Baſle , auec les ept Cantons Catholiques , eſt en vigueur encor aujour—
' my. _ .
Nobleſſe, Quant ‘a la Nobleſſe, c'eſt vn abus d'efl'i mer que les Suiſſes l'ayant toute chaſſéeſi*
r, Car il eſt bien vray qu'ils ont Fait mourir ou chaſſe' les Gentils-hommes quileur
faiſoientEurope.
lagucrre; mais il y en auoit en bon__n_ombre
ct qui affiſtoient
Yy ij en temps
52-2 ,Pays-dies Suiſſes. ~
de guerre les Cantons , qui s'en ſont *fort bien trouuer.. Uanîmoſité des Ducs
d’Auſtri_che en fit beaucoup perir l'an i309, commeihy dit cy—deſſus,6Llesguer
'res ſuiuantes en_ pmporterent la plus grande partie. Mais cela n'empeſche -pas
qu’il n'y ayt encor pluſieuîrs anciennes familles nobles , qui poſſedent en partie des
BaronniesJôc d'autres terres,6L ſiefs,6L partieauſlſii lan guiſſent abbatuës de pauureté,
bien que de race fortilluſtre. ll y en a plus au _Canton de Berne, qu'en nul autre, 6c
ſi'y en ay cognu qui ſentaient bien leurs vrays anciens Gentils- hommes. Mais entre
‘ceux.cyŸ,les~_plus anciennesfatnilles,6LpluS ſignalées de ce Cantonſibnt celles d'Er
lac, Dieſhac, Bonſtetten, Luternaw. Vatteuille 6L Mylinen, q‘ui ont cette proroga
"tiue au Senat de Berne, de marcher immediatement apres les premiers Officiers de'
cet Eſtauqui ſont les Auoyersffreſoriers 8L Banneretszmaisils ſont auſſi bien iuridi
çiablesæſubjets aux loix dela ville,q ue les autres bourgeoigquoy qu'ils ayent hau
17688 baſſe-Iuſtice en leurs terres. A Zurich ,on void encor ceux des anciennes fa
milles d’Eiicher,Sch_tnid,Stuck 6L autres: a Lucerne, ceux de la maiſon de Sonnen
bergÆleckinſtein, , Ze- Rhein--SL quelques autres z 8L àFriburg , quelques vns des
maiſons d'Erlacl1 6L Dieibach, qui 'partirent deBerne, lors qu'on en chaſſa l'exerci—_
ce de laReligion Cathoïique. y
On void à SchaffhuſePancienne illuſtre famille des Seigneurs de Thurn, qui flo
rit encor,6L eſt employée au Gouuernement dela Republique: 8L SoleurreSuitz 6L
les autres Cantons ont auilîquelques anciennes families, auſquelles ou donne les
premieres charges. Mais à Balle il n'y a point d'anciens Gentilsñhommes , pource
“que tous quitterent la ville,6Lceux qui ſe diſent tels ſe ſont nouuellement éleués par
le moyen des armes, des lettres ou des-richeſſegque le trafic a mis en leurs maiſons.
vLe Pape .SL lesRois en font pluſieurs,6L meſme desCheualiersfut tout à Lucerne 6L'
Fribourgpù toutefois il y a des maiſons anciennes.De ces Gentils-hommegquel
ques vns demeurent hors des villes en leurs Seigneuries ou Chaſteaux ,GL iouyſſenc
_de leur luriſdiction 8L priuileges, ſans toutesfois qlon leur permette de tyranniſer
les hommes de leurs terrespuyde faire la guerre de leur rnouuement; veu qu'au con
traire ils ſont obligez -lerépondre aux accuſations 6L plaintes de qui que ce ſoit, 6L
de ſe ſoubmettre au iugement du Canton , où ils habitent. Les autres ſe tiennent
dans les villes, 8c ceux-cy ſont employez au Gouuernement de la Republique, ſont
ſouuent faits Baillifs ou Gouuerneurs 6L Colonnels ou capitaines: ou exercent
d'autres char es honorables. Mais à bien .lire, ils doiuent ſe rendre familiers 6L po
populaírega n de pouuoir entrer au Senat,6L auoir des Gouuernemenspource que
s'ils vouloient tenir leur rang,ils ſe ren droient OdlCüX,&ſC feraient meſme ſoupçon
ner: 8L toutefois encor qu'ils ſe monſtrent po pulaires, ils ne laiſſent d’eſtre reſpectez
'par deſſus les autres, poutueu qu'ils ſoient vertueux.
r ï
Religion.
L. y a deux Religions en ce paysaveu que les Cantons de LucernqVrí, Snitz, 'UHF'
Vnderxtraldlug, Friburg 6L Soleurre,ſont Catholiques: Berne,Zurich
8L de ,Caluini-
Balle 6L Res.
ÈÏÎ….ſ
Scliaffhouſe,CaluiniſtesiAppenzel 6L Glaris,meſlez de Catholiques
[Siiizetælti ſtes,a raiſon dequoy le Magiſtrat eſt auſſi mellé. Vlric *Zuinglexommcnça de preſ
c-her 6L d'écrire à Zurich contre le Pape 6L l'Egliſe Romaine, l'an-r 519, 8L l'an 152.3,
cete ville receu-t ſa nouuelle opinion. lean Oecolampade commença de preſcher à
Balle ſa doctrine condamnée l'an iszi , 6L ceux de Berne abolirent en leur ville la
Religion Catholique, l'an içzs ; puis forcerent les habitans de la valée de l-Iaſel 8L
de Grindelualdfii faire de meſme. En la meſme année, on chaſſa la Meſſe du pays de
Turgow; 8L l'an i5z9,des villes de Baſſe &de Schaffhouſe; puis l'an i530, quelques
I' bourgades du Canton de Glaris, recourent la doctrine deZuingle, que tous ces
Cantons ont depuis accordée auec celle de Caluin. Au reſte, la pluſpart de ces
Cantons ont laiſſé les reuenus delEglíſeaux Miniſtres ,ôcquelques vns leur don
nent ſeulement certaine penſion.
'_ Pays des Suiſſes. ‘ ſi
523
~- uEPvBLicLvE DE ZVRIÇÆL_
Noms ' y zzſiÿ_ F. pays du 'Canton de Zurichfflartie de l'ancienne contrée desTió
' 54-1'- gurins, 8c maintenant du pays de Turgow, s'appelle ZVRIŒH
fi , GOV/ceſt à dire', pays de Zurichfa vil le capitale. … ‘
Con ns . ., ' [La du Nord les pays de Hegow 6c de Klecgow de Suaube,
, *q* ._— auec le Canton 'de Schaffhauſen; du Couchant, YAÎ-gow; du Miñ
. 1,' …ax-ISA dy , les Cantons deZug 8c de Lucerne; 6c du Leuant , le teſte de -
G°“““' Turgow. On ï y 'compte neufſſgrands Bailliages ou Gouucrnemensfflc vingt-deux ² Simlïî-WBPV
tlcsSuiſscsg ſ l
'mm' petitspu Chaſtelenies. Les grands ſont la Comté de Kyburg, Grœningen,_And el.
fiugen, Griffenſée, Egliſoyz/,la Prouince Libre, Regenſpurg, Vadeuille 8c Latíſen.
Want aux petits, il y en a qui ontautant dœſtendue de pays , 5c auſſi grand nom
bre dſſibmmes, que quelques vns des grands Bailliages . b DRE":
_vjllcsz Sa ville capitale eſt Zy RICH b, iadis TËgururmaffiſe â Pextremité Septentrio- Gcr-Vjbſ '
, nale du_ Lac de Zuriclgôc partagée par la riuiere de LimmatlLen deux villes, grande i.
6L petite,qui ſontattachées par trois ponts. Maisëpourleregard du pont leuis, pro- ÎËËWWRËL
che de la tour de Wiellcnberg, qui ſert de priſon publique à l'entrée du Lim math; '
,il eſt défendu d'y paſſera cheual, ſur peine de le perdre. Les auïres villes de ce Can
ton 4 ſon Griffen ſée , aſſiſe ſur vn Lac de meſme non ,Winterthun Egliſoyfflauec dSimlctukepl_
vn pont ſur l'Aar; Laufen, ſur le Rhin, de meſmcque Stein, dont ° le chaſteau voi- J” Suiſſes_
ſin s‘appelleſiKlingen’: puis Gruningen 5c Regenſperg. Quant à Kyburg ë, l'Empe- ſilſiäâÿuſſl"
teur S igiſmond vendit à ceux de Zurich cette Comté ,l'an mil quatre cens vin gt'- fsuizetzchzó;
quatre, à Budeeu Hongrie; puis ils en firent don l'an mil quatre cens quaräte-deux 9"'
5 l'Empereur Frideric troiſième, qui la leurremit l'an mil quatre cens cinquante
trois, pour la deſpenſe que ſa Caualerie auoit faite à Zurich. Ils acheterent auſſi de
Sigiſmond du
d’Egliſ0W düäuſtrichc
Comte de\Vinterthur
TengenctPan l'an'
mil mil quatre
quatre censcensſoixante trois 8c
cinquante-cinq, , 5LStein
la ville
ſe
donna à eux l'an [48 4.. Pour le regard de la ville de Bulach', aſliſe dans leur Canton,
Je ſeu s'y mit premierement l'an 1506 ,85 brufla tout, forsvne maiſon; puis le feu
tomban t du Ciel,la brufla encor l'an 1535. Quant àla Prouince Libre, aſſiſe au delà
de Cſſe
l’Alpe.l’Empereur Sigiſmond
Cantons tient encor commel'ayant priſe
a ſaute la leurladonna
d’hoirs, en Fieſperpetuel.
Seigneurie de' Sait ou Hoben- (caler),
Sax, qui s’eſtend depuis la Comté de Werdenbergpntre le Rhin œ les montagnes Rhfflia
'juſqu'à la luriſdiction de Rheineck,en RhinthaLayans quelques fort bons villages, .
auec le chaſteau Forſteckaffis ſur vn roc,qui n'eſt commandé d'aucun coſtéctc ſon
pays abondant en vin GL fromennyquoy que rude en apparence. _
Qualité.- Le pays l* d'auteur 'de Zurich produit quantité 'de bleds 6c de vins; 8c ſon Lac l' V'3°“*’°²
Manu_ p _ . . - ._ - p , , . Annohſut
@bonde en poiſſon. Le peuple y eſt beau par excellence, de meſme1 qu au reſte du Ceſu_ _
pays de_ Turgow , où~ les femmes ſont d'autant plus belles , que lc pays elt plus. i lo-Stuffllïffl
z _a __ rude; , d l _ ‘ . ‘ li.8.c.x.
SEK* Cette ville k ſur autrefois au pouuoir des Roi S de France , 8c des Empercth-s dÏA- k Dreſſer-Gen'
- le magncfiôz
- - i- durant quelques trois- cens
fut gouuernee , ans,par. des Aduocats ou ' Pre-P
’ v bes.
fidensde PEmpireg-iuſques à l'an mildeux cens diictt-huict , qu'elle ſut miſe ſous la' siſiücunffl;
protection
qui des Empereurs.
furent démis 5c chaſſez , Elle ſutlonguement
à cauſe gouuernëe
de leurs concuſiflîons par douze
&z inſolences, Senatcurs;
l'an mil trois
cens trente-cinq. Lors ils diuiſerent leur ville en treize tribus, ou Çompagniegdont
. u , 'les
êäsnoblesen
,quiîſontſont vne, &toutes enſemble
en chargeſeſpace de ſix moiséliſentles Bur ermeiſterou
z «Sc leszunlätmeiſter Bourgmai-
ou Maiſires des ſi — . …e r.
REPVBLIQYE DE BERNE.
’ ' ' E païs appartenant aux_ Bernoigconſine du Nord àſſ la Com- “F”
té de Rhinfelden desArchiducs d'Auſtriche;du Couchant,
au Canton de SOleurre,d'Aar,& pay) de !Eueſquezde Baſle
_ __. _ 8c de Neuſñchaſtel S du Midy , au Lac de-Geneuc; 8c du Le
.__ , uangaux Comtez de Baden ê( Bremgarren# aux Cantons
ſſ~"l‘ de Lucerne 6e d’Vnderwald. Sa longueur eſt d'enuiron Eaenhï
cinq iournées , en prenant depuis le Bailliage de Sghenken
" _ - ñ ñ- -ï "' berg, 6c deux heures au deſſous de Bruckjuſques a Geneue.
Cet Eſtar_ corn prend la plus grande partiedu pays dzärgow 8c du pays de Vaut: où m, ,55
ceuxlde Fribourg ont quelques terres , 6c lon eſtime qu'il tient preſque la moitie de pml
1:!, qu y compte quaranteœrois Landvogtheys ou Ballliages , ô; plus de qua
r ev e .
Sa yille capitaleieſl BERNE , en Alemand Bern, qui a tiré ſon nom d’vn ours. v'llel
a Guillimli ;ſi
'nommé Ber,au langage du pays , qu'on y trouua en chaſſant. Auſfi pour’ce ſujet 45"'.
les Bernois nourriſſent ordinairement vn ours 6c vne ourſe en vn lieu , qu'ils appel- 5°…
l
'l 1 .lent Berengrub, c'eſt à dire ,la foſſe aux ours , qui eſt prés des foſſez du ſecond ag
grandiſſement de cette ville , où l'on les peut voir dans cette Foſſe qui eſt fort haute.
. 'çarrée 6c ouuerte par deſIus , pauée de pierres platre: , 6c murée de pierre de taille , fi
bienmiſeGeneneue
meſmeà œuure,
des que aes ourslan'y
aiglegmaís peuuent grimpeiæon
couſtumeen eſl: peſirduë. nourriſſoit autresfois
Cete ville ſu: de
baſtic l'an
x x 4.0. ar Ben htold cinquiémezdernier D uc de ZeringenÆlle a l’vne des plus bel
les _ôc p us admirables aſſiettes qu'on puiſſe voi! , dautant que l'Aar qui la ceint du
MidyJ-euantóc Nord,ne laiſſant, que Pauenuë du Couchäga ſon canal ſi profond,
_ e, D) y
d’Yuerdon
toui,ours par6cbaſteau
de Geneuexlleacquerroic
deGeneue iuſqu’à Solvbeurre,ſſ8c
Threſorineſtimablqpoutce qu'on iroit
delàau Rläinl Elle ya trouué des z
difficultez; mais vne bône reſolſſution les pourroit ſurmontenôc lereuenu ſurpaſſeroit
de beaucoup la dé pëſe. lls ont vn Threſorier qui eſt des vingt- quatre,& ramaſſe tout
l'argent du pays
Republique de Vaut,
neſiprend desFaiſant
ſujetsrendre
aucunecompte aux Chaſtelains
impoſition: qui Pontreceu.
mais ſeulementles diſmes -La-z
qui
ſont d’vnze vn, 6c les cens, ou rentes. ‘ _ . T ’ — ~ .
Le peuple eſt pauure, d'autant que Foyſiuetê , les tauernes , les procez, 8c les que
relles,boiuent ſa ſubſtancqſi bien que les payſans enrichiſſent les Bailliſsfic les Cha'
ſtelains, qui leficondamnent , &t les ſeuls Gouuuerneurs , 8L Magiſtrats' ſont riches.
Ceux d'Yuerdun ont de belles Foires , «Sc tous les Mardis vn marché , ou les Contois
viennent auec du ſel, 6c les circonuoiſins auec force denrées. On vend à Veuay les
bons formages
qu'on de Gruyere
meine touſites , ceux
les ſemaines ſurdedes
Morges ontà G
barques vn-beau
eneue ,marché
&z ceuxdedebled , 8cvn
N yon demar
ſer,
che
pourſort renom
le bois, &ſit mé, àcauſe des Geneuois, Sauoyards
le charbon. - , &t~ Bourguignons
. , qui y vont
roms. _ Les Bernois auoient auant les derniers mouuemens dufilemagne vne Milice lor
'clinairc' ,de douze mille hommes , qu'ils appellent des Elections , pource que ce ſont
des hommes choiſis , 6L depuis ils en ont adiouſté ſix mille; tellement que leur Mili
ce eſt en tout de dix-huict mille hommes. Mais quant ‘ l'effort qu’ils peuuent. faire
ſoudainement eſtans aſſaillis , on tient pour aſſeurê , qiſêſaiſant certain ſignal de feu
d'vn mont proche de Berne ,ils aſſembleront en vingt-quatre heures quarante mille
hommes armez de leur Canton ſeul, puis auec le tem ps en auront beaucoup plus , 8c
qu'ils peuuent enuoyer dehors quelques vingt mille hommes , ſans que le pays de
meure dégarny d'vn nombre ſuffiſant de gens de defenſe. Aquoy j'adiouſteray le
'vieil Prouerbe,
noicts, GZ l'on peutqui dit, du
iuger que Berne,&
reſte par le les
ſeulBernois peut
BailliagC autant
d’A|lle que Milan,
, dont 6c les
les quatre Mila
mande
mens ſont ſeptmille hommes. Quant aux fortereſſes , ils les ont méprilées iuſquî
ces dernieres
murailles Œhgmoüerres
mes d'Alema ne, eſtimans uedeflroitaſſez
côme lesgLacedemonieqns , 8L les oppoſerdeà faire
leurs des rem pars
ennemis. , 6c .
Mais ._
depuis ils ont recognu qu'elles leur eſtoient neceſſaires , ſi bien qu'ils commencerent
l'an 1 613x16 fortifier des mieux leur ville capitale.&: continuerent l'an! 62.4..La meil
leurefortereſſe qu'ils ayentſur le lac deGeneue contre la Sauoye,c’eſtChilon,& cel'
les qu'ils ont contre la Comté de Bourgogne ſont Yuerdon,S.Fourgos,ô<S“Croix.‘
Gouuer- Berthol V. ï dernier Duc de ZeringenaScRecteur deBourgogneAyantbaſty Ber- a Guiuímäiä;
“WW- nc l'an n 40. puis l'ayant peuplée de pluſieurs Familles nobles , la remit à l'Empereur ?F "b-Hïl:
O thon lV; Mais Fridcric l l. donna depuis de grands priuileges aux Bernois , y eſta- U'
bliſſant vnGouuerneur de l’Empire,puis lesaffranchit de gouuernemenLAinſi ceſte ’
vil le demeura paiſible au temps de Frideric 3 mais apres il y eut quelques Comtes qui
,conſpirerent contre el le, comme le Comte de Kyburg , 6c ceux d’Arbeg, Nidow, 6c
S traſherg , auec quantité de Nobleſſe, ſi blen que ſes habitans ſe voyans trop ſoibles
' pour reſiſter a tant d’cnnemis,ôc ne pouuans eſperer du ſecours de l'Empire diuiſé, ſe
donnerent l'an 1 2.66. àPierre Comte de Sauoye ,qui défit , 6c chaſſa les ennemis , 6c
agrandir la villeiuſquïï la foſſe des ours. Depuis ils obeyrent aux Comtes de Sauoye
l juſqu’àEdoüard,fils d'A_mé I-V.qui ayantguerre auec le Dauſimôc lesGeneuoisJeur
pro mit de leur octroyer tout ce qu'ils demanderoient , pourueu'qu'ilSleſecouruſſent
puiſſammenhcomme ils firent, ſi bien qu'ils obtinrent !eur ancienne libertígcomme _ ___’
ils ſouhaittoient , en faiſant alliance perpetuelle auec'ce Comte. Ils acheterent " la Ëfſàäëîël.
'y ville , 8c le Chaſteau de Thun du Comte de Kyburg , l'an i310. la Comté d’Aſ~rberg ſſP' ’
l'an 13del'Empger_eur
ment 5 l . Bur dorffladuville
Cqmte de K but
de Laupeh l'an laéu84.
, ènîgagée 8c racheterent
Seigneur du con
de (Branſon l'an ente
!za-h
1
f a1_
523 _ P~ayS des Suiſſes;
«Sc quant ais-t'elle du pays ils l'ont acquis de meſme à prix d'argent , ou conquis auec
les armes, où les habitans ſe ſontdonnez volontairement à eux. lls furent receus au
nombre des Cantons vnis, ou Liguez, l’an izszzauecreſerue de l'honneur du ſecond
rail?ltiiäqnäspgîîqlîiglezſiqiäicor, quoy qu ils ſoient beaucoup plus puiſſans que
cc ' , . . _
z_ gm,, R4., . Il ya * deux Conſeils publics à Berne, Pvdgrand de dgux cens , lſautre petit Scor
dcs Suiſſes. dinaire de vingtzſix , efleus par le granda Le premier , 5c ſouuerain Magiſtrat eſt
~ l'Auoyer,nommc par les Suiſſes Schultheis eſleu parle grand, &c petit Conſeil àvoix
communes. Aux guerres du lvlilanois on luy donnoit le titre de Duc des Bernois. ll
eſt comme chefdu Conſeil , a la charge de receuoir les Ambaſſades , ouyr les parties
qui ont affaire au Conſeil, &ceſcrire auec dela craye ſur vne ardoiſe; qui eſt ordinai
rement ſurlatable du Conſeil, çeux qui doiuent eſtre ouys ce iour là. Il aſſemble
auſſi le (Conſeil, ?tarde ſeawdsacmaiſoty eſt Ëuuerte à tqps venans depuis les cinq
heures u matin iu qu a _Îeure u on ei , 6c epuis vne eure apres Midy iuſqu a
cinq heures du ſoir. Les principaux apres l Auoyerſiont les quatre Banderets,qui ſont
comme ConſeruateurgôèTribuns du peuplefont reueuë des armes de tous les bour
geoisfic pouruoyent aux affaires de la guerre, demeuransen charge quatre ans. Ceux
qui les ſuiuent _en dignitc ſont les deux Bourſiers, ou Threſoriers, dont l’vn reçoit les
reuenus de la vl' le, .Sc du pays Alemand, l'autre du pays Roman, ou du Vaur. Or les'
Auoyers , Banderets , 6L Bourſiers , auec _vn Conſeiller des deux cens ſontÏa Berne le
Conſeil ſecret , auquel on rapporte premierement les choſes ſecrettes de conſequen
.ſe, au ſquelles toute la Republiquea de Pintereſt. Au reſte quand les Magiſtrats ſuſ
nommer. ont eſte elleus, 5c con rmez par le grand é.: petit Conſeil, on demande les)
.aduis touc banc les autres offices, publics , 6c les Bernois ont cela de particulier en 'l'é
lection des Conſeillergquïls ne reçoiuent perſonneau petitConſeil s’il n'eſt né dans
la ville de Berne. Il eſt vray que quand quelques Conſeillers ſont abſens pour le bien
publrqôc pour gouuerner quelque Bailliage,s’ils ont des enſans dehors, ils ſont tenus
côme nez dans Berne. Pour le grid Conſeil on en eflit bien ſouuent deceux qui ſont
nez hors de Berne, pourueu qu'ils ayent maiſon dans la ville , 6c ſoient nez en Suiſſe,
ou bien au pais des Alliez desCantonsJ-c quant aux baſtars ils ſont forclos duCôſeil.
Il y a trois Cours de luſtice à Bcrne,dont tous les Iuges ſont eſleus par les Bande
; rets,&_z Bourſiers, puis confirmez par le petit Conſeil. La premiere s'appel le Das Vſ
ſergricht , ou l'Auoyer preſide -, mais le premier Huiſſier, qu'ils appellent Der Groſ
landwreibehtient preſque touſiours ſa place,& a douze affiſtans, ou Aſſeſſeurs, \fea
-uoirle dernier eſleu des quatre Banderetgvn desSeigneursdu petitCot-iſeihôc dix du
grandgtuecvn Secre-taircxôffdeux officiers. Ils ont cognoiſſance des debtes, des inju
res,& bateries cle moindre conſequence. On peut appeller deleursSentences au petit
Conſeihôc de ce dernierà celuy de ſoixante-,compoſé des _Seigneurs du petitConſeil,
6L de trente-ſix Conſeillers du grand Conſeil,
lCq/rſiäſieidl generalàllses lugdes s’aſſetlnblent tous lespuis despour
iours ſoixante
vuideronlespeut appeller
cauſes, au
excepté
e fia [ſecändeläſtlcc
r y qui e eiouriuge ulesmarc e.
appellations du païsRomamôc pour ceſte cauſe on Pap-ſi
'Ÿpe e a lnſtice es appellations eſtrangeregdasVeltſch appellats grichLLe Bourſier,
l, . äüThſfïl-OFÎÊ-'lède CÊShPS-YS Y preſidefflyant pourAffiſtanspuAſſeſſeurs deux Seigneurs
u petit Con eil,& uict du grancLaucc vn Secretaire 6c vn officier. Ils vuid ent tou
î** ~ tes les appellations du pays de Vaut, 8c tous ceux de ce; pays y viennent plaider ,ſors
ceux de Lauſannepù ceBourſier va vuider les cauſes d’appel,aucc quelques Aſſiſtís.
La troiſieſme Cour qui eſt leConſiſtoire,eſt côpoſée de deux du petit ConſeiLquí
' preſident tour i tour de deux en deux mois , de deux Miniſtres de leur Egliſe 6L de
quatre du grand Côſeihauec vn Secretaire, 8c vn officienôc prend cognoiſſande non
ſeulement des cauſes matri m oniales :mais encor des choſes qui concernent leur Re -
ligion. Au reſte ces Iuges , 6c les premiers ſont changez de ſix en ſix mois.
\ Quant auxfcrimesdignesdde mortâl n'ya point de luges ordonnez particuliere
ment pource aitzmais quan il s'agit ela vie de quelqu’vn le grand 8c le petitCon~
ſei] en prennent cägnoiſiancefic lesAuoyers preſidengôc demandent,les aduis.A pres
que laSentence
vn carrefour e ville
de la reſoluë àBerne,l'A
enuironné uoyer ſede
des officiers valzſSeigneuriqôcglors
ſeoiren ſon ſie e de le
luſtice poſé en
Secretaire lit
îi haute voix la conſeffion du criminel,& la Sentence dónée contre luy,puis l'Auoyer
enjoint au bourreau dexecuter ſa Sentence 6c cômande qu'on luy liure le condäné.
.En tous ſes Bailliages de Berneil y a vnc Cour de Iuſtice particulierqquïlsappel:
I
Pays des Suiſſes. l $29
lent Landgericht ,ſion les luges de tout le Bailliage ſont appelle: , 8c diſent leuraduis
en preſence du BailliFqui preſide. ll eſt vray que le' Conſeil de Berne peut confirmer,
ou changer leur Sentence. Pour le regard de- ces Bailliages, les Bernois en ont zi , qui
ſont Alemands,dont il y en a 4 dépendans dela ville, 6c Côme ſes Faux -bourgs, donc
les 4 Banderets ſont Baillífs , 6c s'il faut alleríla guerre, ces Bailliages marchent ſous,
- les enſeignes des 4. Banderetgäc quant aux 2.7 reſtangceluy de la vallée deHaſel a vn
Amîman du corps de ſes habiranstmaisefleu par le Conſeil de Berne,où il rend côpte
de ſa charge, celuy dW/.nderſée a un Auoyergzqubn y enuoye de Berne, ceux des val
_ lées de Simme appellent leursdBaillifs Schlachtlandgdeflrà-flire Chaſtelains, Frutin—
%en,Sane,Alen nommentleurs Baillifs GouuerneutszLaupemôcThun,Butgdorfiæ
yrneſticBrandis
Baillifſis. ſont comme
reçoitVnderſeeSignaugTrachſelwaldſh; laVal
ſon Baillifdu Seigneur du lieu, quiv eſt d'Emmades
du nombre ontbout#
leurs
geois de Berne. Lan dhout,Arberg,NidOW,Erlach,Bipp,\Xſa-ngen, Aaruangen, Bi*
berſtein,& Schenckenberg ont leurs Baillifs, ä quoy Simleradjouſte Lentzburg, di
ſant qu'il y a trois villes franches au pays d' Ergow , ou Argow ſous la Seigneurie de
Berne, à ſçauoir Zofflngen , Araw , &c Bruck ,- mais il eſt certain que Lentzburg n'a
point de Baillif non plus que les autres, ô: que toutes quatre ſe gouuernent par de:
Auoyers : mais les appellations vont à Berne. -
Want au païsRomanJess Bailliages d' Auanche,Moudon ,YuerdumLauſanneJ
Mor es,Nyon,Orbe,Aille,6c Veuaypnt leurs Bailliſszmais celuy de Lauſanne s'ap
pelleäe Prince, 8x'. il y a en premiereinſtance le luge , en ſeconde les 2.0, en troiſieſme
les 60 , &c ſi l'on appelle, Meffieurs de Berne viennent ſurle lieu. Pourle regard des
Bailliages de Moragschwartzenburg, Granſon, &c Chalanſée , qu'ils ont communs
- lement
auec ceux
quedeſi Friburgjls
le Baillifſieſtyde
enuoyent lucceffiuemêc
Berne , les appellationsvn
deBaillg de cinq envont
ſes entences cinqreſſortir
ans; telä
i ſi, uernemens
Fribourgmùdes
lesAbbayes
raiſons duBailly ſont examinées. Il yſixaencor
au pays Alemand,dontles neuſPreuoſtezpuGou
ont luriſdiction ciuiledflc trois
au pays Roman. Au reſte quelques Baillifs ont des gages , quelques autres des fonds-,
d’où ils tirent du bled, 6:: leurs gagesputre les amendes,d’autres les ſeules amêdegôc
quand quelqu’vn meurt lls choiſiſſent le meilleur cheuaLbœufiou autre animal, que
le mort ayt laiſſdíCeux de Payerne ont leur Auoyexgôc Bourſier, de meſme qu'àBer~_
ne,dont ils ſe diſent conbourgeoiLQuät aux Gentilshômegils ont parîtaux côfiſcao'
tions de leurs ſu]ets,& ne payët 'rien pour leurs Iuriſdictions; mais leurs meſtayerspu' /
fermiers payent pourles biens qu’ils tiennët. . Il y a grid nóbre de Nobleſſe Fräçoiſe
de lígagefit Sauoyardedbrigine au païs deYauLq ui eſt pourla pluſpartfortabbatuë.
Religion. Tous les habitans des pays ſujets au Canton de Berqe ſontC-aluiniûegôc n’ontau—
cun exercice de la Religion Catholique. Quantà * FEUeſqUe de Lcuſanneil ſe tient a Myræ! .
maintenät àFriburg,qui eſt de sôDioceſqôc leDuc deSaUOye en fait la nomination. G‘°3'²E“u
REPVBLIŒE DE LVCERNE.
E -Çanton de Lucerne eſt affis entre ceux de Berne,de Zug, 8L d' Vnderval-ſi _
Villes, ' . , _, rî"-LX den.
*a
plaineSaceinteà
ville capitaleeſt-b
main gauche,&
LVCpar
ERN derriere
E,qu'ils
demontagnes,qui
appellët Lucermaffiſe
ſouſtiennent
en vne inigzax..., ‘
\äk
ſes murailles,6c ſes cours, fort hautes, bordée par deuant du lac qui porte ſon nom ,'65 acl-act;
ayant à droite des foſſez pleins d’eau,auec vne plaine,8c regardant de ces deux coſtez
des montagnes qui ſemblent toucher les nuës. C'eſt en ce lieu que la riuiere de Ruſſ
ſortant du lac ä l'entrée de la ville, la partage en deux , eſtanctt couuerte de trois ponts.
Elle a tout ‘ aupres le mont dePilate,qu’ils appellent d’vn mot tiré duLatin Fflcſflfctllf, e Quay.”
ou Mont rompu , au ſommet duquel on trouue vn lac , ou pluſtoſt vn eſtang ort Gerry-mis
eſtroit ,auquel ſi l'on jette à deſſein quelque choſe , on voit ſoudain efleuer de gran- dÎflËml
des tempeſtes, au lieu que ſi quelquechoſe y tombe par hazard , il ne reſmeut point.
Les autres villes de ce Canton ſont 4 Sempach, Surſee. &Williſour; - Êsîflÿëffl
yens. Ceux de Lucerne ſont des plus courtois' aux eût-angers, qu'ils traittent comme s'ils u: F'
eſtoient de leur nationztel lemët qu’il n'y aCanton de Suiſſepû l'on trouue plus d'ac- ſi
cueil, 6c de ſupport. Ils ° ſe ſeruent à la guerre de cors , ou trompettes d’airain , qu'ils
Richeſſes; diſent
La leurauoir
Republiqueeſtépoſſede
donnezlespar Charlemagnqapres
biensïde l'auoir
pluſieurs maiſons aſſiſtéeſteintcs,qui
Nobles en ſes guerres.
gctroſ;
ï
’ 530' i ~ 'Pays des Suiſſes;
'i
c Gnillimanl _ ,_ Eux d'VRl,° qui furent du nombre desTauriſques,de meſme qu'vne partie Nom
li. z . ' du Canton de Zurich,ont receu particulierement ce nom ,pource qu'ils ont
—l~
_ pour leurs armesvne teſte de taureau ſauuage,qu‘ils appellencVri,de meſme
queleurs voiſins de la vallée de Haſel , Frutingen, 6c autres lieux , 6c ſe ſeruent encor ï'
à la guerre d’vn cornet fait de la corne d’vn de ces taureaux.
.x Ils ï
' ' Pays des~SuiſIſſesſiÎ* ſi "
531
altS 133k clzdentlvnclſalfiï qljl' n² eſt gülfflſe
~ grande, ï qui adu
- 'Leuant le Mon: Criſ. a 031ml:
p1 Il ,il ſſ eque ons ac ’ emine Rhimêc au- pays
todfins;
Ellendoï. au premier des Griſons; du cou_ TeutsNatiJ
Litur
c mnt e Mont de la Fourcne, du Nord le Lac de Lucerne L( du Mid l_ S Hctliganu.
G Othard. Leur pavs eſt lonrr d'enuiron ſeptlieuës de Suifle) y L mom *
E ~ ſſ " .
eurlieu principal eſt ALTDOKFF, dont le nom ſignifie Vieil village proche
dela riuiere de Ruſſ, auec …de ſi belles maiſons, «Sc ruës bien pauées qu'il ſenible v e ëoſctuſilſi,
n ‘ - - i , ' J I] 0mm.
Effoclſiïÿälllläï;
1 ñ Êÿktäläîeou
lespmqntäignes,
ar a anffereudeſſorte qu'on n'y
emontavn d peut
, ' aller ,ſinon— difficile. Cal-imminent;
ct
l. Cantoſiî n'eſt qt? vn ainas de villavesxî
Les richeſſes de cete Re ~ bi' ~
'
ſi
D e e S Gothardſilſſc reſte de ce
- - '
Richeſſes porte d i ltêlie
_ aux pays du Nord;
pu ôÿpareillement
i ue conſiſtent au;
au ' Pîärligſiïrisrnar-Çlïÿndſſèsfflu
. * - , °n.
es ans du ape, &des Rois de France, ôcd’Eſpasz'ne Lies articuîiu e e r? o); tou?
ayſez viuent deleurs biens , qui conſiſtent princíſſpalemenſ; en prezerêc (Zlïllaont pl”
ture des bœuſs, &des vaches. Les autres habitans detout ce a ’ - . ſtnourſi'
puis le Lac de \Valdſtetteniuſquhu delà du Mont S Gotharä ys , q… s‘e ?nd db
marcha d~ſ ſ l ‘ 'o- ' 'gagnema P°TW1~ les
n i esautres
mCſtlCLlLCS ur eurs
ſontbeſtes,tellement
hoſtes,q ui logent qu
tousilyena
les iouFi-slus
vnde zoo ' '
grandongäldlrlgärxlerſtîzäî
ZFTSEÔC Cs plus
grs. Les plus riches,trauaillent
pauures voire meſmeles
pour lesSenateurs- ne meſpriſent
riches :i mener paiſtre i651'oint d tenu'~‘ l o '
beſtiael
perdubois aux montaignes , puis le ſcier pour Faire des aiz. Ils exercent 2l: 3'" cul'.
(11165 mſíſhersmais pour la pluſpart ſeulement ceux qui ſont necefläires 1 “imc ~
'vns ſe meflentauffi du trafic, portant des marchandiſes d’ltaiiee Al ' W ques
'èontrairqôcleurs diuerſes occupations ſont qu'on' voit moin î emâîgneï &fm ‘ "
reſte dg la Suiſſe. Les marchandiſes qu'on y porte ſobt du ſromeîitecitnex'1 uäns qu au .
de 13m²» 55 (135 \OÎÏCS 1 6C toute ſorte de manuſactures ource îiiiilu Vm, es draps l'
tout cela z mais en recompenſeils ont abondancede ,giſſo bq f? manquentde
mage, beurre# laitagqdontils viuent la pluſpart du tim Snrhaœ: sflafhcs' For*
mage que de pain ; &vendent aux autres des bois detoutre ÏOHÊDÃÎÏSP “Slide ?on ſi
doules, dont on couureles maiſons des ſormaoes excelle… ſp ’ — au? CF an"
plus que ceux de Holande, &c Fort grande quarſſſtité de beur-r" 6E 1T”. E”d?luſieu”
es plus pauures oncles ſeneſtres de leurs maiſons vitrées vîoeireliflîſm e' 'Alucrff
EBE! 1°" n e" v°iî P°Ïntd² ſi miſeſäblc quin’a 'trous ſeslitsd l ~ Plc Pennes" "œ
porter les armes pourles eſtrangers, ſevoydns chargez dæâiäsſſíähe u Ends vont
yens &c ſans aucun art ê( la - ' _ ~ —’ 'c Peu e mo"
“els ues _trou _ p i, v ce meſmecauſe qu'on en voit pluſieurs Fort âgez dans
ï] A presïquecepeuppeeuteſté
q pes. I _ ſousles
_ ſſRo “ "‘ ſi' Ÿ ', .. . . .
Gouuen
hcoicm. .
:demeſme que le reſte des Suiſſes, il obeyt Ïieëſdcsnd AIËTZ pe' "GŒWÏ-Ïa d
_d iflion,
. ., ;z ., ilauoit
a _ (l ſur euxſſoutleur
eco Canton l
&Seigneurie qu *î aacheterenc
seſt diuiſe'toute
~ d’ la ‘ luriſdi.
î' ~ l
l
'qu ils-appellent Gnoſſamen , deſtadire
'tous auÏc pâturages biens honneurs zz. h ‘ particiſnatioipasy
- ' Pou-pce - — lx.
~ q… S aÏFŸGPŸn Palme? &Wii-ZI
'm' '
ſeulemenilils ſontappellei! pour ſciîgólctllfcſaäf-ËJÏÏÆTËËÏÊÊ;â( Hſuîfdçfes pans
'Orafin dechovſirles Sei ' ‘ ' ct - ' ' ~ - m e on tous es ans*
-ſeize
_ ans, sïtſſemhlentâſiBetzelinoe
_ \meurs du C îliſilgi
ſ l ?ËÊÈËCÃLÎËÂL-!fiayÿdâplîlsfluatoæfflu
~ ~ '~ - - -- . ’
mierenäentils e-fliſerſt I"Ai~nman, qfiuſdem eäre deuxeëznzeîn eo Azcttorff; oû Pre" < i'
de quelque village que cè-ſoitdu meſme Canton On eflit auſtrçſe, L-Pcut eſt” PI”
nomment StatthalterJes Threſotiers qu’ilsa 'ell' 'n S l on' !euŸcïſÏätquflis
cretaires, 8c Baillifs, qui oouuerſinehſitles Bailligëzs En Fcaïmc mseciſlçelſ ,Pulls leSlSî
'Canton a part, auecles aïitres Canto ’ ' n' ~ ceux au uc s c
Dauantageles
. Edits ſont leus 81E co ns; &de meſmeles
' ’ autr “charg” Pu ' b que”
'
.ſoude Peuple comme ceux dès ieuxd nfirmez 1 ou caſſez
_ tousles
_ an s par
~ l es' "voixde
'
du marché des viures-,ôc choſes ſembläbîgcsäcsſiîíäiîläîkclîîëï, geſi1y"'°$“.î’}°’
-“m”
- quelque
. ²ſſ²ÏF²
‘ .. qu*.. 5911537” *OUT Pîjſtanon
.. ' tient Conſeil
e extîîdjrîitiiliaiïäñ
e ' '_
,Lurope Z z'
. . l p , y p
\
552. - Pays des Suiſſes. -
Quantaux Bailliagesyils eînuoyent en la Valée de Liuin dela les Mons vn Baillif,
qui aſioourLie tenant Vn de la Valée meſme, comme auffi des Aſſeſſeurs ,auec leſ.
quelsil iuge les cauſes_ ciuiles ê( criminelles, 8c demeure en charge trois ans. Les
habitans du Mont S. Gothard ſont auſſi ſujets au Canton d’Vri, 8c toutefois ils ont
leur Conſeil, ê( leur Amtnan , qui eſt confirmé par ceux d’Vri , 8c quand ll va deg
procés criminels, deux du Conſeil d'Vri s'y trouuent. Aux Aſſemblées publiques,
&diſtributions des char_ es honotables, celuy qui eſt mis en élection eſt preſent, &c
ſes freres, fils, 8c parens ,îuy peuuent donner leur voix z ce u'ils font en leuant la -
maimôc toujours il y a des gens en lieu éleué qui les côptent a peu pres,& lors qu'ils
ſont en doutqëzconttaires, il ya deux hommes auec des halebardes qui ſe tpïchenc
parla pointe ,ſous leſquelles paſſent ceux qui donnentxleurs voix, 8c deuſx autres
comptent ceux qui paſſennLes eſtrangers qui ont eſtéreceus habitans n'y peuuent
acheter qu’vne maiſon , auec vn petit iardin potager. Si quelqu'vn s*eſtant enyurc'
commet quelque ſcandale , outre qu'on le tient en priſon durant quelque temps ,
onluy defend de boire du vin durantcertain temps, iuſquäi ce que_le Conſeil gene..
ralLeshabítans
luy ayt pardonné. '
de ce Canton ſonttous Catholiques. À ~ —
REPVBLIQYE, DESVITZ.
a Guillimdiq. l
Fs habitans-de ce Canton furent autrefois Tauriſques, ainſi que ceux Nou”
' ' 'I ' ' ., ' COIN
î
.,. _ ,,'_ quelques
d Vri ,puisles reſtes dLSclfflbſCS dcſaits s .Îrreſterenten cete contrce, 8c .
vns " tiennent que ce fut la demeure de quelqpes Suedois, quiſſs’y Elia,
ï
b Wan] -vindrent tenir quitans leur pays, 6: luy donnerent le nom deSc ſſWitZ, ou S uitzœô- Mïïïïë
T c' [s NAIL
/
HCIIISJJ n. muni uéâtous les Suiſſes. Ce Canton eſt aſſis entre ceux de Zurich , (àlaris ,Vn
… e Simlerlid..
derwa d,6t Lucerne. A u reſte Suirz n'eſt pas vne ville,mai's vne contréc-,diuiléct-en
d Off Mol. ſix parties, 8c compoſée de 4 pluſieurs bourgades, 8c villages, ceins de môta ques de
Çr-llÎ-n. meſme qtvVri. Le pays eſt moins raboteux , &t plus agreable que celuy d'Vri , a.:
| Vuze-der. 1
ſur Celu 'lïaçcés en eſt beaucoup plus ayzé. Ses habitans ' ſont aiſibles , 8c de bonne affaire,
de u gui l' _fm-çvaillanis,
;oui efois qu'ilê(YEra
aytnds
peuchaſſeurs, 8c ſoigneux de lacquantité
de terres labouſſrablesmais turc deleurs terres,à cauſe
de prairies. combien
dc
_du Gaules.
quov pluſieurs s'occupent â la nourriture du beſtial n'y avant que des tailleurs, cor.
\ h
donniers, charpentiers, SL mareſchauxmon d'autres meſtiers —~ ſi bien qu'il S’v trou
ue beaucoup de perſonnes oyſiues. Au r-Ÿſte les hommes ſe meflent de faire les for. liëhtſïſiï
mages, non les femmes,- de ſorte que s'ils vendent leur beurre , &leurs formages à
’ Str-Ûïbourçz, ils font entendre tout haut que les femmes n'y ont pas touchéJafin
qu'on lee acläepe plus librement. Ils ne ſeſoucient guere du tra fic , 8c lon porte peu
e marchan
vrzv i es ar eur a s, d'autant (ihr
oue les voyageurgôclîslinarchands u’elles vont arle
de couſturrile Lacà depuis
de paſſer Lucerne. I eſt
levillaze
l r
A REPVBLIQXÎLÊ; o-vNDERVVAL-DL”
Ûoníîns . E Canton
d ſi- le dVnderwald
pa ÃËAYFOW nommé par
, 'abpiulcätíceux les latins
de Lucerne Sjlaanid
, 8c , aſiis
dLYkri ,au Lacdans
qe
3' j : \Va
diſiuiſe enett c'e,ôcau
Haut, e
6c Bas pays, ce LacâSuitLL-i
nommé Deſſous , 8cFor Ide Kern*
deſſusle Bois , 8ce n Simlerliga]
' . par les Suiſſes Vnder vnd Oberdem Kern Waldt. Mais on le
nomme communement Vnclerwalden , c'eſt à dire ſous .le bois, . _ —²
pource qu'au commencement le ouuernement de tous les deux dependoit de ~
STANTZ, principal bourg d’vn erwalden ,qui gardon: le_ Seau. Uêbcrwalden
— a pourſon qíincipal bourg, ou village S ARN EN , 8C tout ce pays eſt garny d’vn 5 gſm;
: grand nom Je de villages, mais ſans villes. _ ‘ you-com;
äfiïſſæ_ Il yoù
Mart: rs . Eſté, a *Tra cle quantite
es habitans de .bellesvnprairies,
nourriſſent de bois, qui
nombre incroyable deſont du tout
beſhal. agreables
lls ſont en
vaillans, ~
“dfflſ” 8c uerriers au poffible, comm-e ils ont témoigné en pluſieurs occaſions. Ils viuent
de eur beſtial, 6c ne ſe meflentguiere de trafiquer, ny de tenir logis , pource qu’il
n'y a point de paſſage de' marchands par leurs' pays. Mais il y a lufieurs payſans qui
ont trente, ourquarantc vaches tant en hyuer qu'en eſté , 6c on tient que ceux de
moyenne condition tirent tous les ans tant de leurs bœufs , &c vaches , ue de leur
beurre, &cſormageçglus de 690, m1800' thalers , par le moyen deſquelsi s ſe pour
uqyerrt de tout ce qui leur-eſt neceſſaire, pource qu'ils n'ont en leur pays ny. fromät
-ny vin, ny des dra s de laine, ny des toiles. Les habitans desvillagrescproches du Lac
'tirent
mehant deſur
nobles
leursſglnmes
barquestant deleurpeſche, que
à Lucerne. ſi des marchandiſes e leur Pays, les
Gouuer
ſi Autrefois les ° habitans de tousles deux pavs suppelloient les hommes dela
nement. Valée deíÈtanshautqôc baſſe, ainſiſi que portait leur ſeau commun, ſi bien que tous e GuiflîmJLË
nîauoient qu’vn ſean commun, u’vne Communauté , qu’vn meſme gouuerne
ment , -ôc qu'vne Aſſemblée, quiſe tenoit tous les ans au lieu deViſerlon. Mais ces
deuxpays eſtans' entrez en diſpute , à cauſe des contributions , pource p que ceux
&Vnderwald croyoient de n'en deuoir payer que le tiers , ils diuiſerent [eur pays,
faiſant ſeruir de limite la Foreſt de Kern , à raiſon dequoy lon nommal’vn a'u del;
ſus du bois , 8c l’autre au deſſous. Ceux du Haut pays eſtablirent leur Conſeil, 8C
leur Republiqueà Sermen ,y portant Peſtendard , 6c le ſeau de tout le Canton ,
ource qu'ils eſtoient en plus grand nombre; 6c ceux du Bas retindrent leurs droits
a Stans; 6a toutefois pluſieurs nomment encor tous le pays Vhderwalden ,com
meſitous les deux ne faiſoient qu'vne Communauté , comme autrefois! Meſme
aux Aſſemblées generales des Cantons , quoy que ceux du haut pavs enuovent
leurs Ambaſſadeurs ſeparément , 8c ceux du-bas de meſme, ils n'ont toutefois tous -.
enſemble qu'vne voix, 8c ce qui ſe reſoutainfi par voix commune eſt confirme' auec
_ . l’ancien,ôc premier ſeau de deux clefs. Mais aux autres choſes chacun a ſon ſeau
particulier. ' ', -
Les Rois de France ayans côpriscttout ce pays en vne Comté qu'ils nômerët Svriſi
gouë à cauſe dela riuiere desurinqappellée maintenir àPAlemande Aachxiônerä*
au Monaſtere de Lucerne qu'ils auoiët ba’ſty,tous les droitgêcreuenus qu'ils auoiëï
_ en ce pays, s'en reſeruäs ſeulemët la ſouuerainetc'. Deſlors les Moines v eſtablirelï: ,
leurs MÜ-respu Majeurs, comme à Stan S, â Buochs, à Sarnen, à Saxlen, 8c ailleurs. — c'
Les Moynes de Beron , 6c de Muren eurent auſſi quelques droits ſur cc pays; mais ‘ _ ~
Europe. 'Z z i1
5.34 Pays des Suiſſes.
les habitans-acheterent touts les droits de ces Monaſteres , puis snffranchirent
auec les armes_ dela tyrannie des Gouuerneurs de l'Empire. _ , . -
_ On choiſit. des deux parties en nombre égal 60 liommespour le Conſeil du
Cannon, Maischaque partiea ſon Amman,ſon Lieutenant, ſes Bourſiers, 8c ſes au.
tres 'O fficiers', uíſont élus ainſi qÏâVri, 8c Snitz, &toutes choſes s'y font, 6c gou.
uernentde me mm …i3 . ' -
_ Ceux-deceſiCanton ſont tous _Çarholiquesz ’_,- Religion)
4:'
,RE-P Vſiſſſiiſizi. i ~QV~E 'DE Z VC.
~ ſſl :v
1
_',..",, p un!
V'
.
IÏŸÎXÏÏ-äſit.
Hcrlís-c-ü EZVG,
Canton
, l, .— 'treſiceux de de
aſiiſe Zu 1Lac,
Zuric
ſurle nommé
,de qui par lesſon
Lucerne,
porte 8cLatins
denom Taz-giant
Suitz. vl ,ieſt
38CSaceux enclos
eïcapitale
de ce en:
eſt OP***
Canton
l
bsimk… L " — poſſedant” encorvne… autre petite-ville nommée Cham, qui eſt ŸÃŸÏ;
'
roche de leur Lac. Ils ſont encor maiſtres de quelques bons nement.
z vigeiisu: bourgs, 8c villages.~ Ce pays a pluſieurs ‘ terres labourables , &ne
.Scſ- “ manque pas de bled comme les precedens. Ses habitans ſont vaillans, 8c endurcis
au trauailçmais
. dougôccourtois aux paſſans.. .
dpuíumud; rent Les 4 Seigneurs de Cham furent premierement Seigneurs ,.ils ſepare.
z puis cſieux de Vellenberg en deuindrent maiſti-ESJSE apresdeeux
Zug, qude
ceux Haluyl,
8c finalement ceux de Habſbiirgfies habitans combatirent long tempspour ceux
, de la maiſon au
' - le receurent d’Auſtrichc-, contre les
nôbſire des Cantôs Cantons
liguez vnis,qui
le vingt Palſiegerengst
ſeptieſme prirent
Iuin mil trois cens-, puis
cin.
e simlet li.1.‘__ ~ quantedeuxflr bien-que Zugïſoitſſvne bône ville,toutefois,la ſouueraineté apac
ſi ſi ' tient auſſi bien aux autres habitans des terres du Canton, qu’àla ville , 8c tous ſont
également Seigneurs. Tout le Canton eſt partage' en trois Communautez qu'on
' nomme la Montagne , la Val d'Egery , 8c Bar , arroiſſe ſort roche de Zug , &la
ville eſt comptée pour deux.De ces parties on choiſit en nom re égal 45 liommœ,
àſçauoir neufde chaque Communaute', pour le Conſeil du Cantom Ils ſont élus
par tous ceux du pays aſſemblez à Zug.L Amman eſt c'lu de chaque Communauté
par ordre. 'Ceux qui ſont élus des Communautez de dehors demeurent dans Zug
pendaiätles deux ans qu'ils exercer la charge d' Amman. On élit auffi le Lieutenant
de l’A~mmàn , ou StatthalterJes Threſoriers , Secretaires, Bailliſs; 6C autres Oſiffi
i, ciersgôc Conſeillers. Mais cela ne ſe ſait pas par toute l'Aſſemblée, veu 'que chacun
d’eux eſt élu par l'A ſſemblée de la Communauté où il habite. S'il ſuruient 'des
affaires _en quelque autre temps,on tient le Conſeil extraordinaireOutre lc Conſeil
general, la ville de Zug a le ſien à part , de meſme que ſa _iuſtice , vn Lieutenant
d' Amman, vn Threſorier, vn Vover, ê( autres, qui iugent les cauſes des bôurgeois ,
8L mani-ent les affaires du publicJ La luſtice criminelle s-*expediîe comme à Suirz ,
Vri, &Vnderwald en lieu public au découuertct; Ceux de ce Canton enuoyentauſſi
leurs Baillifsâ Cham, à Sainct Andre',l~luneberg,Walchewil,Steinhuſemôcsainct
Wolffga ng. ~ ‘
Ceux de, ce Canton ſont tous Catholiques. Religion;
REPVBLKUE DE CLARIS.
f Quand; _ I E Canton de GLARIS , 'nommé parles Latins Glarmd , eſtenclos entre confia.
äffllïfi ïîîïï- ~ les Hauts, Griſons , 6c les montagnes d'Vrner , 8E les Cantons de Suirz , 6C “î”
°' '5' ' " d’Vri. Il prendle nom de ſaville cap1tale,ou groſſe bourgade' des mieux Quai…
baſties, 8c plus agrîeables, ceinte de tous coſtez de fort hautes montagnes. Ce Can. Manu:
g du" _M _ton comprend encor la Comté de Wſerdenberg , auec ſa ville de meſme nom, 8c
Sufçl' .nai-l'ip, les! principaux lieux de Seuelen, Reuis, Buchs, Graps, 8c Gambs. Mais lelieu des**
!Y Guülim-li-sñ Aſſemblées generales eſt appelle' SwandenLa contrécteſt petite, mais fort agrea
‘{:;'Ÿ.ſ'e"ſ°" ble oui- ſes prairies, accompagnées de force petites riuieres abôdantes en poiſſon.
i: Ol Mdi.- Ses abitans ſont grands, 8c robuſtes, courtois, paiſibles , charitables , adonnez au
WW”- trafic; ſans tromperie, ny mauuaiſe ſoy, 8c def tres bon eſprit.
\. .
— x
. _ Q. .
Pays des Suiſſes. ‘ 5.3i'
ſſCſſ-louis premier , Roy ï de France ayant donnéſile pays de Glaris :l Ours,- ôc Lan
Gounetí a cumin-Jazz;
nement. dulfe freres, ils le remirent apres à S. Fridolin venu d? l rlande en ce pays làFan 4.9i;
puis ce Saint affranchir tous les habitans auparauant Serſs , Royaux , 8c »Fiſcaling
excep rez ceux qui viendraient d’ailleurs,8~crein1t les reuenus, &c deuoirs à l'Abbaye
des Religieuſes de Secon , commandantà ceux de Glaris de les leur payer, 8c les -
recognoiſtre. t;D
De ſorte que comme hommes libres de cete Abbaye ils eflurent leurs Magí- '
ſtrats, 8c ſe gouuetnerent d'eux meſmes 3 puis l'Empereur Frideric Barberouſſe au
milieu des guerres ciuiles, donna ſon fils Othon pour Aduocat , 8C Protecteur cane.
aux Religieuſes de Secon ,qu'à ceux de Glaris. Albert d’Auſtriche premier, prit
apres premierement
tuel deſſl'A l'Abbaye
beſſe,contre de des
le vouloir Secon ſous ſa protection,
habitans, 8c en donna8c Glarisà ſes
meſme en fief
fils lepet-pe.
gou; y v
uernement per etuel. Mais ſes fils voyans Ie peu de profit u'ils tiroient de ce fief,
de de cete iuriſ 'ctionz »pource queles reuenus eſtoient à l'A baye , 8c que Ia Repu
blique de Glaris eſtoit gouuernée par vn_Amman , 6c douze hommes de la ville,
LeopolddAuſtriche, &ſes freres contraignireni: Herman de qluiter ſa charge de
Maire,ou Maieunôc leur donnetentvn Procureunqui ne ſe me oit guiere au com#
mencemenr que de la charge de Maire, puis entreprit de ſaire tout ce qui eſtoitdc'
la charge de ?Amman , dont l'Office eſtant apres eſteint tou-t à fait, Albert 8C
Othon dflkſuſtä-íchey mireililt vn Gouuerneuîiſan 1132.9 ,ſluy donnant vn Chaſteau
voiſin our
-sîvnireliit a les
auec emeure ; ce Cantonîliguez
premiers ement ue ceuxl'ane mil
G aris
troisecenè
vo ans tro malvntraitez
cinqufnte , ſans
reFu ſer toutefois leurs droits 8c deuoirs rant à l'Abbaye de Secon , qu'à l' Empire,
qu'ils racheterentapres l'an mil troi_S cens nonante cinq.
Religion.
/ La * ſoituerainete' appartientâ tout le peuple, ôCàPAſſc lée generale quiſe b Siinlet H53]
cient à Swanden, où lon eſlit l’Amman , 8e les autres , de_ me me qu'aux precedeiis
Cantons. _Tout le pays eſt diuiſé en quinze parties, qpïls appellent Tagwan , ou
Iournaux de terre. Chacune de ces parties repare les c emins en ſon cartier , 6c de
toutes on choyſit en nombre égal ſoixante hommes pour le Conſeil. Il y a deux Iuñ
ſtices,l’vne de neuf,enuoyent
ô: ceux de Glaris l'autre dedecinq Iuges,
trois queans
en trois le Conſeil general
vn Bailliſifà eflit tous les
Werdenberg ans ; \
dontils
acheterent la Comte' l’aſſn i517; puis auec ceux de Suitz à Vznac, &c Gaſtal. Aureſte
pource qu’il y a dans ce Canton des Catholiques , _ôc des Caluiniſtes , le Magiſtrac
eſt auſſi meflé. ' '
RÉPVBLIŒE DAKPPENZEL. ~
- E Canton &Appenzel auoyfine S. Gal., la Corrſſité de \Yſerdenberg 8c le
Confins. c 0413114!)
Lieux. pays des Griſons. Sa principale bourgade eſt ‘ APPENZEL, dont le nom ToutsNnl
Hetligdanl
i, ſignifie la Celle , ou Cellule d’vn Abbé , pource que les Abbez de S. Gal cumin-Jah;
baſtirent premierement ce beau bourg , puis tout aupres vn Cinſteau fort nommé
Clanx, de ſorte que tout le pays voy ſin prit le nom de la Bourgade. .
031m2. Ce pays a cles 4 montagnes agi-cables, auec de Fort grands pâturages. Leur bétail' d Siinlet liſïj
Mœurs . eſt Petit.; mais fort abondant en laitage. Les habitans Fſont des plus vajllans. lls vi Esſii-TſiiſizxiÏ-Ïſiï]
c u d. ‘
Richeſſes
Gouuer
uent du reuenu de leurs beſtes , 25C du lin qu'ils ſilent , 8c' portent toutes leurs mard
nement. chandiſes en la ville de S . Gal, d'où ils raportent grande quantité d'argent. '
Sigebert! RoyFd’ AuſtrÊſiî, 8c d’Alemagne , auoit donné les hoínmes qece Can;
con , comme Ser s, &E Fi ca ins Royaux , aux Moines de S. Gal 'an mi cent cin ;minimum
quante vn; pource que tous les peuples de ces cartiers là eſtoient ſujets aux Rois,
ou àla Nobleſſe-,qui donna tout ce qu'elle auoit en ce ays aux Abbez; ſi bien qu'à
cauſe des diuers Seigneurgceſipays ſe trouua diuiſe' en iuerſes iuriſdictiós, 8c Com*:
rſnunaptez, qltll nqq ſeulement auoielnt leärs ſteäubliques, eſtendars
'fferenn Ainſi ceux, armoiries , 8C
dflíkppenzeli,
eaux en ar icu i r , mais encor eur roit
Alſtetien l,, TrogÏ, Hunduill , Hetiſow ,, &c _autres lieux eſtoient ſeparez , _Sc n’a
'uoient rien de commun que-le Seigneur. Mais d'autant que les Abbez enuoyoient
ſouuent pour les gouuerner quelques GentilS-hommes , qui ſaiſoient mille inſoJ
.lepcesau meſpris de leurs priuileges,ils comlgatirent pluſieurs fois contre quelques
vns. , puis toutes les Communautez svnirent' enſemble , 8c né firent qu'vne
~ ~ ï
Zz
x
ſ .
;ſ36 1 Pays des Suiſſes. ſi
a Siu…. _ Republique l'an 1403,, chaſſerent ï la Nobleſſe qui les tourmentoit , 6C sſvnlrent
°l“°"~P-'- auec les Cantons de Zurich, Lucerne , Vri, Suitz, 8c Vndernvalci.
Wma,, Ce pays eſt diuiſé maintenant” en douze parties , qu’ils appellent Roden , dont
, les ſix iointes au bourg d'Appenzel, ſont nommées les Ordres de dedans, autrefois
ſujets à l' Abbé de S. Gal, 8L les autres ſix Ordres de dehors, qui n'eſtoient point de
la Seigneurie de l’Abbé.LeConſeil d’Appenzel eſt de 14.4, hômegdouze de chaque
-Ôrdre, 8L S'il ſaut deliberer de quelque affaire de grande importancephaqtte Con
ſeiller prend vn , ou deux hommes, 6c le Conſeil ſe double, ou triple ſelon que le
cas le requierLTous ceux du pays ſe trouuent à Pelection de l'Ain marnôc des autres
Magiſtrats 8c Officiers , pareils âceux des Cantons precedents. Ils ont deux iuſti
ces,ñdont la premiere ſe tient en vn carrefour public, à raiſon dequoy ils l'appel
lent Das Gaſſengericht,
Pctl-luiſiier 6c il y a vingt quatre IugesIls
du Canton, oulandureibehquipreſide. , deux de chaque l’amande
condamnentà 'Ordre ,auec
, 5c
chaſtient ceux qui ſont quelque outrage. 'autre compoſéede douze Iuges s’ap
pelle Das Geſchwerengericht , ou Iuſtice _du ſerment, pource que les l uges yvuy_
dent les procés, en dcſerant le ſerment :i l'vne des parties. Outre ce, lon choiſit vnſiſi
Conſeiller de chaque Ordre, 8c pluſieurs des Ordres qui ſont lus grandsIÎeux- cy
prennent gardeâ ceux qui e qſraignentles ordonnances pub iques, 6c deliberent,
des choſes qu'on doit propo erau Conſeil general; ſi bien qu’ils ſont comme gar
diens des loix, 8c premiers-Conſeillers, appellez en ce Canton Landthælich, &leur
fx charge eſt perpetuelle. Le Conſeil ublic , qui double , ou triple quelquefois,
vuyde les procés criminels en lieu pu lic, 8c l’Amman ,ou ſon Lieutenant, y preſi- 5.155,95;
de. Au reſte pource qu *il y a dans ce Canton des Catholiques , 8c des Caluiniſtesz
le Magiſtrat eſt auſſi meflé.
REPVBLIQVE DE BASLÊL
‘ Q;- E' Canton de Baſle‘eſt contenu dans le pays des anciens RAVRAÂ
;gríïï-I- ig_ ~ (HY/ES ,affis prés du Mont Inra , 8c s’eſtendant depuis le Rhin Nm'
5,4L', chu,, 35,7.- > "<3 iu qu’aux confins dela Franche Comté de Bourgogne, &depuis
nic. , "~ ‘ Pierrepertus iuſqu’â \Valdshut proche du Rhin par l'eſpace de
Bafilisd. l “ëz dix grandes lieuësſhtdepuis Baſic iuſqu'àla riuiere d’Aar parl’eſñ
"î" ~ pace de quatre, comprenant par ce moyenles contrées de Saltz
gow, SlSgO\Y’,_BL1ÇhZgO\Y’,ÔC Frickgou', dix vi les,6c 'x50 grands bout s,dontlaiu
riſdiction ſpirituelle appartient entierement âPEueſque de Balle, 8c a temporelle
' du coſté du Couchant , 8c de la Bourgogne au meſme Eueſque,prés du Rhin
pux Archiducs dZA-uſtricfic , 8x'. le milieu auxjCantons de Baſlc,Beme , 8c So- '
~ a eurre.
Mais le Canton de Baſic ioint de tous coſtez aux Arcliiducs, en exceptant quel- Confins-ſi
ques terres de l'Eueſquc de Baſle , qui le touchent du Couchant, &le Canton de 5“°“""‘Ÿ
Soleurrc, qui confine auecluy du Midy' entre Balliſtal ,Sc \Vallenburg La lon
äueur ce Canton eſt de huit heäresïôä ſa largleur de ſept. On' y compte ſiquarante
- eux vi a es, &vingt trois aroi es Ort eu ées.
Villes.
~ ~ Sa villé cîpitale eſt BASLIË, nommée paii' CCÏIX du pays BAS EL , parles anciens
a Amwmccl_ auteurs 4 Baſiſſ/zſſæt, ê( par les modernes Latins BAſÎIM , voire meſme Aigu/Za Ran”
lLzo. raz-um, par quelquesvns, qui ne.peuuent donner ce nom iuſtement 'qu'au village
‘ 'V‘-"“‘ſ' D’AVG ST appartenantà cecantoffiefloigné de deux heures deBafle,d’oùl’EueC.
Chto c8.
ñ ſGtaſletJtin. ché y ſur tranſportée, apres que la ville eut eſté ruinée. Want à Baſle, elle eſt affiſe
äïïâfflmïï- ſur le Rhin, qui la partage_ en grande, &pctite, yreceuant du coſté de ſon bord
° œP' Gaulois ,ou gaucheJa petitenulere de Blrs, de meſme que' du coſté dela petite x
Bafle celle de \Vies La grande eſt partie en pente aſſez impot-tune , dontle haut eſt
plai-n, ê: agreable; 8c partie en laine, où ſont les principaux marchands. La petite
eſt toute plaine, dutout agreab e, &t iointe â la grande par vn pont de bois qui couñ
c l ſi ure le Rhin,àl’vi1
contre la muraille des
delabouts duquel ducouronnée
porte ~\rnettcéſte coſté dela qui
grande il y ala pres
regarde petit-fedeBafle,
l'horloge
8c tire,
lalangue contre ellecomme par moquerie. Les maiſons de cete ville contentent
;la yeuë au poſiible, tant parles peintures dontla face _de deuant- eſt embellir: , que
~ l
, ï
rich; celle quieſtau deſſus du Siſgovë' ſe nomme Schaffmatt ; 'celle qui eſt versle
Chaſteau de Hohnbergpù eſt le chemin de Lucerne, s'appelle Niderhawenſtein ,
celle de la \Yſallenbnrg Ober-Haurenſtein, où eſt le chemin de Soleurre 5 du coſté
du Couchant
brünnen, Waflerſall,
où lon 8c Beinweclerberg
paſſe au pays d’Auanche parenvnlachemin
valée deFortſſ
S .Gregoire vers dans
eſtroit taillé Gensle
roc, qu'on nomme Pierrepertus , qui eſt comme vne porte de la hauteur de ſix toi
ſes, &c de la longueur de quarante ſix pieds.
Mule. La ville de ‘ Baſlç iouyt d'vn air aſſez doux, &C temperéyeu qu’encor qu'elle ſoit' b Graſſerçltin)
~ voyſine du Mont lura dn Conchant, du Midy , 8c du Leuant de la Foreſt' Noire , 8c
des branches de PHercynie ,toutefois pource que ces montagnes en ſont pourle
moins efloignées de demyelieuë,&quele coſté du Nord eſt libre , elleaſon air
auſii ſain, 8C temperé que ville d’Alemagne. ll y a quantité de belles Fontaines , ou
tre ſes trois riuieres. Le pays des enuirons eſt tres Fertil , produit quantité de bleds,
&de Fort bons vinsauec diuers Fruits,ôcn’eſt moins accommodé de bonnes prairies
c Neueletl;
qui boiueut , 8c ſont raFraichiès autant qu'il leur Fait beſoin,- puis ſes riuieresluy ° Doichij.
fourniſſent du poiſſon de diuerſes ſortes: Baſilet.
_lriœnrs-ct - Seshabitans ſont pourla pluſpart grands, beaux, 8c Forts, &les Femmes des plus Ecphtaſifl
belles, 8c charmantes, tant à Bafle, qu'aux autres lieux du Canton. Il s'y trouue de
fort bons eſ rits, &pluſieurs de ſes habitans ſont d'vn naturel Fort douxôc courtois,
accueillant es eſtrangers à coeur ouuert, comme j'en ay Fait Peſſày , ſont d'humeur
gaye, 8c touteFois arreſtée, 8c modeſte, 8c viuentenſemble doucement, 6c ſans
broüillerie, Ils ſe traitent volontiers. entr’eux, 6C pour le regard de Peſtranger ils ne
le forcent pas brutalement; mais le conuient gracieuſementà boire , pour le re'
iouyr, non pour Paccabler. La Façon de viure de pluſieurs qui ont voyavé eſt toute
Françoiſe, ou pourle moins en aproche grandement, ſi bien que i'ay ouuent cru
d’_e,ſtre au milieu de la France , dans vne douce conuerſation , qnandſy ratiquoz'
quelques compagnies; mais les habitans des autres lieux de ce Canton ont gro —
ſiers , ë( _rudes , ennemys des eſtrangers, 8c ſuperbes à Pextremité. Les ieunes gens
de condition,
veſtus 8c quelques
tout à Fait autresmais
à la Françoiſe-z d'âgelesplus ment,
autres q uiqui ont roulé
tiennent quellqaruelerang
monde ſont
y ſont la
plus grand part-veſtus denoir, comme on s'~habilloit autrefois en France,mais por
tent vn Fort haut chapeau velu, finiſſant en pointe, auec vn petit bord retrouſſé z 6C
,pluſieursfemrneg 8c filles ſe chargent encor de cete Forme de grand pain de ſucre,
Z z iiij
I
ï
deuxieſme des orſeures, ſondeurs, 6c potiers d’eſtain ,la troiſieſme des marchands
de vin, qui ont pour ajoins les Notairesgôcles maiſtres des Hoſpitauxäx'. Maladeries;
la quatrieſmë celle des marchands de ſoye, 8X' des Facteurs de tous eſtats,& cete der
niere eſt la plus grande. Les autres onze_ ſont de toute ſorte d'artiſans, &de métiers.
Toutefois il aduieni: ſouuent que diuers métiers ſontioints, 8c ne ſont qu’vnc comd
pagnie.
niers Elles ontleurs
, celledes poilesô(ſeparez
Cordonniers, , comme
tanneurs de cuirsla,les
Zunſſt des peſcheurs,
tailleurs, peletiers , ô!,8cautres;
mais_ aux choſes qui concſſernentla Republique , où tous ſe doiuent trouuer , pour
élire les Seigneurs du Conſei'l,ou les Zunfftmaiſtres, qui ſe doiuent auſſi trouuer au
Conſeil, chacun y donne ſa voix. _
;- On choyſit de chacune de ces Compagnies , autant de l’vne que de l'autre, quel;
- J -qucsperſonnages pour eſtre Seigneurs du Conſeil. Il y a deux Conſeils publics ,
a ſçauoirle grand, compoſé de deux cens quarante hommes , douze de chaque tríñ
bu , de deux Bourgmaiſtres , 6.'. de_ deux Zunfftmaiſtres , qui ſont Cheſs du
Conſeil, Faiſans en tout le nombre de deux cens quarante , quatre qui saſſern
blent au 410m de tout le uplſie auxaffaires de grande importance -, 8c le pe
tit compoſé de ſoixante , (Farm de chaque compagnie , faiſant auec les quatre
'Cheſs du Conſeil ſoixante quatre , qui raſſemblent tous les iours pour les affaires
:dela Republique, &vuydent les differens des Citoyens. Le grand, 5c petit Conſeil
ſont diuiſez cnVieil, 8c Nouueau, pource_ qu’il y en a la moytie_ qui ne demeure en
charge que ſix mois , ê( combien qu'on les appelle quand le Conſeil ſe tient ., toii
teſois ce n'eſt pas toujours , ê( meſine_ il y a beaucoup d'affaires ,qui paſſent ſeule
ment parle Nouueau Conſeil. Les premiers en dignité ' ſontles Bourgmaiſtres, ô:
les ſeconds les Zunfftmaiſtres , 5c ceux cy ſont nommez les quatre Chefs , ot. prin.
\
ï _AAA-Ã
REPvBLiME DÉ --F…RIBVRG.~
Confins. .
E Canton de Friburg affis dans le pays D’V,_CHTL AN D., eſt enuelopé lſia/
Villes.
_'ï T** de tous coſtez
BVRG, des terres'
ï ou Fæeyſſburg ,du Canton
, deſtà de Berne.
dire Libre bourg ,Sa ville capitale
grande , 8c ſort eſt F RI- n anim” ,m,
peuplée,
baſtie par Bertold quatrieſine, Duc de Zeringen , ſur Paſſeinblage des riuieres de ’ 'i
Sane ,Sc de Galtern', partieſur vn mont , 8c partie envne valée ceinte de mon
ca g nes.
es autres placesprincipales ' ſont Illingen
‘ .
,Sc - ,
Corbers, quiſont ſur-la Sade;
\V pping,Tal1ernach,Plaffey, Boll, 8è Borru. Il poſſede auſſi REMONT, ou Ro.
mont, capitale &Vne Comté , qui leur " ſur donnéepar-«ceux de Berne , lors qu'ils 5 Sunn:
Peur-ent enleuéePan 1536 pendant les guerres quïlsauoientauec les Ducs de Sa— Chxoirpd: ~
uove.Il tient auſſi GRYERS , ou GRVYE-&E Z ſur la Sane ,auec-ſa Comté,, qui ï Munfluufl
eſtau Midy des autres terres de Fributg, en tirant vers le Valais ,BL s’eſtend iuſqtfâ ſi ~
Veuaygztau lac de Geneue,ôcc'cſt delà quejiennençleS Bons ſormages qui .ortent
ce nom. Les Balliages "de M orat ,Granſon , Schwartzemburg 5 8c Chalon ée , luy
d Sinik: EJ]
ſont communs auec le Canton de Berne, dans les terres duquel il y a_ quelques vil
lages fort mélez, au pays de Vaut; . _ … _
Minute. On parle Roman, ou François corrompu errbeaucoup de lieux de ce Canton,
Gouuer- voire meſmes!
Laville Ftiburg
de Friburg , ondeparle
' eut autant'
grands Roman
priuileſigges de qu'Alemand. _
Berthold quattieſme Duc ~ Zed-ſi
de _‘. _ _ _
"°”‘“‘* ringen qui Pauoit baſtie, 6c mourut l'an 118 5; uiS_ſon fils Berthold la rendit libre,8c ° G““““"“²ŸŸ
' Friſideric deuxieſme la mit ſous la protection de l'Empire ,- à raiſon dequoy pluſieurs
GentilS-hommies voyſins s'y logerent. Mais la Suiſſe eſtant apres en grand trouble,
depuis qu’lnnocent quatrieſine eut demis Frideric deuxieſnie , ceux de Friburg ſe
mirent entre les mains des Comtes de Kyburg; demeuransà Burgdorff, qui con
firmerent leurs priuileges 5 puis Anne de Kyburg fille vnique de _Hermen ayant
épouſe' Eberard deHabſburgÆeigneur de Lauffenberg, neueu de_ l'Em ereur R0- ’
dolſe, ceux de Friburg tomberent entreles mains des Comtes de Ha ſburg , 8c
Rodolfe eſtant Empereur prit en ſa protection , 8c celle de l'Empire ceux de Fri'. -
burg, &crenouuella leurspriuileges l’an riî74..Mais voyant apres que Friburg 'eſtoit
vne aſſez bonne Fortereſſe contre les Comtes de Sauoye, auſquels ceux de Berne
_s’e\’coientdonnez, il acheta tous les droits de ſon neueu Eberard l’an n77,confir—
~ *zu
loit gamiräe Palais pour receuoir ſon maiſtre. Lors ſe trouuans épuiſez , 8c deceuz,
' ilsſe mirent entre les mains de Louys Duc de Sauoye, auec reſcrue deleur liberte' ,…
&de leurs priuileges , puis refirent alliance perpctuelle auec les Bernois l'an i350.
Ils obeirent depuis aux Princes de Sauoye , iuſquäl l’an 14.77 , &c la fin de la guerre
de Bourgogne. Car alors Yoland de Fräce tutticedu Duc Philippe ſon fils,leur re
mit tout ſon droit pour de l'argent qu'il leur deuoit, n'ayant deqnoy les payer. Lors
eſtans deuenus libres tout à Fait ils demanderent dleſtre receus au nombre des Can.
tous liguez, &L le furent l'an 14.8 r.
aSimlenl. h
Maintenant ï la ville de Friburg eſt diuiſée en quatre parties , dont la premiere
ſe nomme le Bourg, la ſeconde l’lfle , ou le pré z la troiſieſme la Villeneufiie , 6c la
quatrieſme l'Hoſpital. On chbyſit de ces cartiers les Conſeillers de la Republique.
Le grand Conſeil
ſiL'Auoyer, eſt de zoo, 6c
ou Schultheis le petit
preſide aude 24.. &petit Conſeil. Ils ont aufii quatre
grand,
Banderets, comme à Berne , 8c bien qu'ils ne ſoient du nombre …ordinaire des Sei
zneurs du petit Conſeil, toutefois ils y aſiiſtent au nom de tout le peuple , &c don-
nent leurs voix, ſinon aux appellations. ñ , .
Il y aauffi le Threſorier, qui manie les reuenus de la-…ville , 6c d'autres Officiers
comme à Berne. Le petit Conſeil gouuetneles affaires, &c vuyde les cauſes d'ape_"l ,
excepté des Bailliages de Sauoye conquis. Mais le Conſeil de deux cens prend c6-
gnoiſſance des affaires plus importantes, 6c qui concernent PEſtat. '
La luſtice de la ville, nommée Das Stattgericht , qui eſt vne aſſemblée particu
liere de certains Iuges, vuydeles differens des habitans ,interroge les priſonniers ,
les Fait appliqueràla queſtion , puis raporte tout 'au petit Conſeil. L'autre Cour
s'appelle Landgericht, 8c iuge les cauſes de ceux du ays. En chacune de ces Inriſ
dictions ilya deux Seigneursydu petit Conſeil, 8c ux du Grand , &lon peuta —~
peller de leurs ſentences au petit Conſeil. Danantage il ya douze luges choyſis u
grandôc petit Conſeil , pourles appellations des Bailliages conquis aux dernieres
guerres contre les Ducs de Sauoye. Ils sfaſſemblent vne-fois le moys, &L lon ne peut:
appeller de leurs ſentences. - , î
Il y añcinq Bailliages proches de Fribur , qui ſont gounernez par certains Sei-ſſ
gneurs du Conſeil qui demeurent dans la vi le , &vont au Conſeil -, aux autres qui
ſont au nombre de quatorze, les Baillifs demeuren ſur. les lieux , de meſme qu'aux
quatre, qui leur ſontcommuns auec les Bernois. &fes Baillifs ſont élus par le grand
ê: etit Conſeihôcdemeurent en Ëharge cinq-anæmais rendent tous les ans compte
de eurs charges au petit ' oníïeil: "~.., 7 " ~ 4, _
Si quelqdvnmanque à payer ce qu'il doit â iour nomme', ſon Creancier enuoye
vn, deux, ou pluſieurs ſeruitenrs à chenal en quelque hoſtelerie, dontle debteur eſt
contraint de payer la depenſe , iuſqu'a‘1 ce qu'.il a atisFait au creancier; choſe qu'ils
appellent Troſtungen, ou LeíſtungenrAu reſte-Friburg demande ſouuent de venir
à partage auec Berne pour leurs terres communes , en partie deſquelles il n'y a nul
exercice de laReligion Catholique, pource que les autres ſont en pl us grand nom
bre; mais Berne refuſe de le Faire, _
b Myrz. Ce Canton eſt Catholique , 6c ſous ‘ la iuriſdiction ſpirituelle de l'Eueſque de R cligiïnï
GcogtJ-Zctl. Lauſanne , qui demeure dans la ville de Friburg , pour ne pouuoir ſe tenir en ſon
Siege,d’où lesBernois ont chaſſé toute ſorte d~excercice de laReligionCatholique.
REPVBLICLVE DE SOLEVRRE.
E Canton de Soleurre a du Nord le Canton de Balle,- du Leuannôc du M i Confins.
dy cel uv de Berne; &c du Couchant les terres de Plîueſque de Balle. Sa ville Villes.
REPVBLIŒE DE SCHAFFHOVSE.
i .“. 4…z ‘Suaube,a
E Cantondu
deNordle
Schaffhouſc aſfisSuau
reſte dela au pÊys de Couchant
e; du KleCkgêWl e, pays
membre' de
que les
~ Archiducs d’Auſtriche ont en Kleckgow_ z 8c du Midy le Canton de
Zuriclyqui le ioint aufli quelque peu du Leuant. _
_ . Sa ville capitale eſt SCHAEFHQVS E, ï affiſe ſur le Rhin , 6c iointe v.- Hex-num
'par vn pont ala_ Suiſſc-,ayant à vn cart de lieuë loin vne furieuſe cataractqou ch eure Ëfefflfjfèfl)
du Rhin, qui fait que les baſteaux venans du Lac de Conſtance y deſchargent leurs vid,
marchandiſes. Sa principale Egliſe eſt ſouſtenuë par douze colonnes de pierre , qui
porteritle nom des ApoſtregCe Çanton:tient encorauec ſa ville vne bonlne partie f cuillimJiJ-Y
älu palys dâîíleckgovr, &les Archiducs d Auſtrichepu les Comtes de Sintz poflè_
ent e re e. ‘ .
Ogame. Le pays d'auteurs de cete ville produit toutes choſes neceſſaires à Ia vie , qui goſuald;
abondent à Schaffhouiſie , où lon voit ſur tout lepjus beau marché de poiſſon de ces “ÛWCWŸ
_. , dd
'cartiers là, de meſme qu’vne~ grande quantite de elles fontaines. p 0*…
Twzzjæxzz]
Mehd,, Ce qpi _rend ceteville riche , c'eſt que les marchands ſont conti-aims d'y decharger Hcxügæzz.)
leurs aſteaux
paſſer plus qui viennent~_ du
outre. ' Laczde"ſi Conſtance-,pource
_ … qu ils ne peuuent
p pas .
Au reſte les marchands de Schaffhouſe " trafiquent par la France -, ê( les autres Lgnſçzfflffl
pays, en toiles, acier, cuirs,ôç toute ſorte de metaux, 8c de marchandiſegôc les prin
'zfflm cipaux marchands
Schaffliouſe ‘ eſtſont les Beyers; d’vne forterſſeſſeimportantqdbù lon peut ayzé- i… ..z-ma
accompagnée
ment defendre toute la ville. _ ,f — "NTF
cozw; Les k Comtes de Nellenburg Seigneurs du pays de Schaffliouſe, y baſtirent vne k Guiuimlia?
'fflfflï- Abbaye en l'honneur de tous les Saints , au temps de l'Empereur Henry deuxieſme, 'Jſſſſhîÿë
6C la ſoumirent àl'Abbé. v ,
L'Abbaye fut cauſe qu’on y baſtit vne ville,qui_ fut Imperiale aufli bien que l'Ab
baYe.L’ _Empereur Louys quatricſme de Bauiere Fengagea auxPrinces d'A uſtriche,
puis Sigiſmond la remit ſous l'Em ~ ire, ô( luy donna priuilege l'an 14.15. de ne pou
uoir iamais eſtre alienée. Toute _ois Friderictroiſieſme affectionnant ceux de ſa
maiſon , Paſſuierit à Sigiſmond d’Auſtriche. Mais ceux qui venoient en prendre
poſſeſſion en ſon nom , furent renuoyez honteuſement , ſans qu'on les voulut
aiſſer entrer , pource que cela contreueiioitàleurs priuileges. ~ -
D'autre part elle s'vnit pour vingt cinq ans auec ceux de Zurich, Berne, Lucerne,
Snitz, Zug, 5c Glaris, 8c finalement fic perpetuelle alliance auec eux l'an mil cinq
cens dix. ñ .
Maintenant cete ville eſt diuiſée en onze Zun fft, ou Compagnies , dont la No: lëímlïï-l-fil
\
\
N
rſi- _ l
54.2 Pays des Suiſſes.
bleſſe en Eiitvne, ayant our principales familles ſort anciennes celles de Thurn,
'86 de Stad. On choiſite galementde ces compagnies quelques perſonnages pou;
eſtre Seigneurs du* Conſeil. Le grand Conſeil eſt de octanxe ſur perſonnesfit le peti;
de vingt ſix, 6C les Conſuls, ou ourgmaiſtres ſont Cheſs , «Sc preſidens du Conſeil.
ll y a dans Schaffhuſe deux luſtices,l’vnc des debtesnëiommée Schuldgerichr, dont
la cognoiſſance ne va pas au delà de ioo écus,celle du plus ap artenantau Conſeil;
l'autre Vogtgericht, ou Paſſengericht, Ceſta dire la_ luſtice es Amendes , pource
i v _ *que le Preuoſt
*l'amende z maisdelesl'Empire
iniures ,de
ouluge
grandedes cauſes criminelles
importance y preſide
ſont au iu ement, 8c
ducon
petitanneâ
Con
ſeil. Qgjlnt' aux crimes dignes de mort ,le N ouueau Con eil les iuge , 8c le Rey.
chsvogt, ou Preuoſt de l'Empire y preſide. z,
Il y aauſii des Seckelmeiſter, o'u Bourſiers , 6c autres Officiers de meſme qu'à
Balle. Gere ville enuoye auſſi des Bailliſs par le pays de Kleckgow , aux bourgs 8c
villages qui en dependent. r
ſes habitans de ce‘ Canton ſont tous Caluiniſtes. d:
Rïligisdl
Manama-uma. &MMÆ-æ-Ûæ-Ûdæsæ-Û-&æræ-Væ-Û-MMÆM:
BAiLLlAGi-:S, OV GOVVERNEMENS cOMMVNS.
BADEN.
‘ _- E' A Comté de Bade eſt encloſe entre le Rhin , 8c les Cantons de Ber- c M
i ,y …zac de Zurich. Sa ville capitale eſt BAD EN , nommée commu- vida'
\Wanda
nement ï Obär BBaclien, oEiïnltlaàltqſBſ-Ûcze , polur la diænguer de celle
Teuts N. ti
Heiligctng. ' ſ _ ' ‘ Zurich,
des Marquis
6c n'eſte Ras
a grande,
en. ee maisa ſort
i c agreable.
ur e q imma —, quiarlicienge.
Il yauoit aſſe ar
Henizncr.
Hodœp. . ' ‘- ment deux Cha eaux, dontl vn qui s'appelloit Steinzu Baden eſt
ruiné 5 l'autre ſert de demeure au Gouuerneur que les Cantons y eniioyent. Au deſ
VWWÃ" "-5- ſous de la ville ‘ il y a vn fort beau bourg auec force ,bons logis pour la commodité
.de ceux qui ſebaÎgDent. _ _ __ _ _ l -
c Siinlerlidſi La Comté de Bade? embraſſe auſſi les petites villes de KÊYSERSTVL , 8c
1— <
KLINGEN AW, dont la remiere eſt aſſiſe ſur le Rhin , 6c l'autre ſur l’Aar, ayant
~.\
dansſon reſſort le grand vil age du ZVRZAC H, proche du Rhin,ôc peuplé com
d Guilliman. _me vne ville, renommée à ‘ cauſe des deux foires qui s'y tiennent tous les ans , où
lLl.c.4. lon voit vn grand abord de marchands de Suiſſe, S uaube, Brisgow, Bourgogne , 8:.
autres pays. q _
e Munſter-li.; ll y a ' plus de zo bains d'eau chaude, ou publics, ou particuliers au deſſous de Ba- 09m,
de, tant deça que delà la riuiere de Limmath, voire meſme on voit quelques bouil
lons de cete eau dans la riuiere. Il s'y rend tous les ans plus de mille perſonnes des
deux ſexes pour ſe _baigner ,- pource que cete eau ineflée de ſouffre , 8L d’vn peu d'a
lum, gu erit les maladies Froides, humides, 8c ſteriles, pour les ſaire dcuenir encein
tes; mais elle nuiſt aux hommes qui ſont de complexion chaude , Cx' ſeiche. Autour
de Badeil y a pluſieurs iardins, 6c force vignes, mais le vin eſt ſort petit. _
isimizæi. i: La ville de Bade î ,où les Suiſſes tiennent leurs Aſſemblées gencralespu lournées, 5°“":"
eſt gouuernée parles Cantons de Zurich, Balle Lucerne Vri , Suitz , Vnderwald , "e" '
Zug, 8c Glaris,8c toutefois elle a ſes Magiſtrats particuliers, ſon petit Conſeil com
poſe' de douze hommes, 8c le grand de 40,, en y comprenät les n. du petit, vn Schul..
theis Chefdu Conſeil, 8c des Threſoriers, Voyers,ôc autres. Le port appartient à la
ville de Baden, mais le peage des marchandiſes appartient aux Cantons. Au reſte le
petit Conſeil de la ville pouruoit non ſeulement aux affaires de la ville ;mais encor
vuydeles procés tant ciuils que criminels. De ſorte que le Bailliſde Bade n'a nulle
autorité ſur la ville, mais ſur la Comté, diuiſée en pluſieurs villagesôc iurifflictions,
où il a ſes Officiers &t Lieutenans , qui tiennentla Cour, auec les Iuges des villages,
au nom du Bailliſ, exigent les amendes, ô( en rendent compte au BailliF, qui s'y
trouue meſime quelqueſoisMais quand il s'agit de côdamner vn homme â la mort,
il v a vingt-quatre Iuges de toute laCÎomte' de Ba-dqeſleus pour vne ſois ar le Bail
liſ , A'. demeuraiis en charge toute leur vie , qui s'aſſemblent , 8c e iugent ;
mais le Bailliſpeut modercr la ſentence. ' Au reſte ce Bailliſ enuoyé tour à.
tour par les Cantons aſſiſte _toujours aux Aſſemblées , ou Dietes Generales
de tous
4
. , —., …
Pays des Suiſſes. 543
de tous les Cantongdemande les aduis par ordre, 8c ſcelle ſouuent de ſon cachet ce *'Ldgr—*'ñ_Mïr~
ce qui eſt écritau nôm de tout le Conſeil; voire, meſme ſi les voix ſont égales, il rend
ſorte par la ſienne la partie qui luy plaiſt,8_c vuide par ce moyen le differend. L’Eſtac
de Secretaire de la Prouince eſt le principal apres celuy du Baillif, pource qu'autre:
l'honneur il a du proſit,à cauſe que les Cantons s'en ſeruent, quand ils tiennentlà
leurs iournées; mais le Lieutenant eſt le premier de tous les Officiers d u Baillif.
Quant aux villes de Keyſerſtul 8L Klingenow , l'Eueſque de Conſtance y en:
uoye des Baillifs, 5c celuy de Bade y a ſeulement cognoiſſance des cauſes criminel
les : mais les citoyens de ces lieux ſont compris auec les autres de la Comté de Bade, ÿ
lors qu'ils vont à la guerre pour les Suiſſes. Le grand villa edeZurzach , quoy que
dépendant du Bailliage de Clingenav , eſt ſubjet àFEue que de Conſtance , qui y
enuoye vn Baillifzmais il ne condamne point à plus groſſe amende que de dix liures:
8L ſi au tem-ps des foires le crime ſemble cleuoir eſtre puny plus rigoureuſement,
l'O fficier du Baillif, de Bade execute la ſentence , & chaſtie le coulpable. Mais hors
des foires,les criminels ſont examinez premierement a Clin enavi/,puis eſtans cons
uaincus 8.: trouuez dignes de mort , ſont mis entre les mains du Baillif de Bade. Au
temps des foires,toute la luriſdiction appartient au BailLifde Bade, qui a ſeul pou-J _
uoir de commander &è defendre durant ce temps, et celle de l'Eueſque ceſſe. '
Mgr…. La ville eſt Catholiquqôz la Comté meflée de Catholiques 6c Caluíniſtes.
BREMCARTEN.
— , A ville de* BREMGARTENeſtaffiſeſurlariuiere de Ruſz, vne grande * Mg-“râ
, ._ lieuë d'Alemagne au deſſous de Lucerne. Elle eſt du tout agreable , &c ſes - ‘
‘ſi habitans s'occupent à diuers arts 5c meſtíers, ou bien au traffic. _
Gouzfet- E113 eſt ccimmandeeb par les huict premiers Cantons, de meſme que Baden , a b- "M
ſiſſmm' ſon petit Conſeil de douze hommes , le grand de quarante, 6c le Sohultheis pour
Preſident , éleu parles Cantons. Elle commande dailleurs ‘a quelques villages pro
ches de la ville , qu'ils nom-nent le Bailliage de Cellei mais la Iuriſdiction de ce:
lieux appartient à ceux de Zurich , auec, la punitiondes mal-faicteursJCeux de ce '
Bail ! iage appellent premierement ä Bremgartempuis àZurlch; 5c quant aux procés
meuz à Bremgartemils vont parappel par deuant les huict premiers Cantons.
—~‘-~ñz
ſſl
DAELLINGÊÆL
MRM_ - EL l N G E N b eſt vne petite ville ſur la meſme riuiere de Rufï, del esïmldilliſÿ
nou…- -mie lieué d'Alemagne ,au deſſous de Bremgarten; Elle eſtoit ſous lado- ËߌV .
nement E . t minulon/des Comtes de Habſhourg; mais elle fut priſe parles Suiſſes, ~' ‘
W auec Bremgartemau temps dela guerre, qu'ils firent au nom deFEmpire:
‘ puis l'Empereur Sigiſinond lès engagea aux huict premiers Cantons ,leurs priuilej ï-ï.
ges ſaufs 5 6c depuis_ les huict Cantons y commandent. '
~ d'3.
RAPERSYVLb’- V
'WW' 4,5, ñ_ ÀPERSWlL eſt vne ville~affiſe ſur le Lac de Zurichl, à quatre oſſi? N
cinq heures de Zurich, où il y a vn pont de bois long de mille cinq
5……. " ~"‘ cens pas,qui trauerſele Lac.
Mmcnt- _ _ Elle fut ï priſe par ceux d'Vry , Suitz,Vnd‘erWald 8L Glaris, l'an "SÙŒÛÜ
. LIL", mil quatre
guerre cens
*a ceux decinquante-hum: , lors
Conſtance, a». lors ilsqu'ils reuenoientlesdehabitans
contraignirent faire la Ëiſiiffluz;
~~~~ ~ſſ~
de leur preſter ſerment de Ïfidelité ,leur laiſſant toutesfois la meſme liberté qu'ils
Rcfigion_ auoient ſous les Ducs &Auſtricheffliuſquels ils obeyſſoient aſſuparauanti Ses habitait!
_ſont Catholiques. ‘ ~
Europe. . ‘ AAz
$44- Pays des Suiſſes. ſ ~
FRAVVENFELD.
ſi RAW/BNF ELD principale ville du pays deTurgoW, eſt aflîſe prés de
f ~ la riuiere de Murg. Lesſept premiers Cantons s'en rendirent maiſtres l'an “Mé
. ſif- mil quatre cens ſoixante , au temps de la guerre qu'ils eurent contre Sigiſ- Gaui-e?
,, 5z…z,,_“_,_ mond Duc d’Auſtriche. Toutefois outrepſon ï Conſeil particulier, ellle_ a douze lu- "mm
ges qui vuideht l_es procez de ceux de la ville 6c des villages qui en dependent: mais
la cognoiſſance des crimes 8c des heritages, appartient au Conſeil. On peut appel- l
ler des Sentences des Ïuges aux ſept Cantonsmais nonde celles du Conſeil. L'Am
man du pais,eſt(jlieſdes luges qui condamnent à morgpource que les ſeptCant0ns l
0m' laiſſé cettevilie en ſes anciens priuileges. L'Abbaye de Reichenow au Lac de
Conſtance, a quelques drei-Ets en cette ville. -
_ . _ .
)
LES PlXOVINCES LIBRES.
Es Proulncesa Libreaqpi ſont au' long dela riuiere de Ruſſ(differentes de &S19E53
l äçfliæ la Prouince Libre,au dela du mont Alpflonhêeà ceux deZurich parPEm
‘ î-'^-"f~ perem' Sigiſmond ) comprennent certains villages, qui ſont au dcſſusôc au
deſſous de Bremgzærtæemf Filles ont peut-eſtre ce nom , pource que les _troisyillages
de lſſleyembergfilchenſce 8c Ergow? auOientanciennem-ent leurs Iurlſdlctions ſe
parces,& Magiſtrats particuliers 5 ſi bien que deſtoient comme trois peticesſProuin.
ces, qui ſont maintenant iointes en vne ,ôc fappelloient autresſois la Comté de
G_ Rbre. C'eſt vnedes plus fertiles Prouince: de toute la' Suiſſe.
MÊËÏÏ' Ceux de Lucerne conqueſterent ce pays ſur les Ducs &Auſtriche , par leeom.:
1 manclement de l'Empereur Sigiſmond , 8c du Concile de Conſtance; puis les 'Can
tons de Zurich,Vri. Suitz. Vnderwrald. Zug 6c Glarisgen ſont demeurez Seigneurs
auec eux. Le Baillif de quelque Canton qu'il ſoit , n'y demeure pas, pource-que le
pays n'eſt pas grand ; mais y vient vne fois l'année iugerles procez s 6c loge lors le
plus ſouuent en l'Abbaye-jc Murcia. ~_ _' _ ..
P.
N m' .
SARNCANS ‘*
E~ pavs' d_ec.,anciens
- ‘ . 5’ i'Sarunetesſnommc
ï , par ſes habltans
. _ SARNGANT
— .
bÆgid: _“
S ER L AN D, a tire ſon nom _de la riuiere de Sax-D,qui l'arrouſe,& de Gans, Jſäkffl-fflfflîî
Confins' mairies.
p y qui Ce veut
pays ‘direyvneoye-,que les habitas
èômence à la petite dela
riuiere de vil le deſort
Sarn,qui Sarngans ont enleurs
des môtagnes présar-
de .guxmxhzçgñ
l'une ſi
Europe. ' A Aa ij ~ ‘
_
FF_____
S46 . 'Pay~s, des Suiſſes.
,
Rqnzætzfx-Viltergpuis ayant paſſé par la ville de Sarnganzſe rend dans leRhin,& ſe
_
fourche en deux valées, dont la premiere de main droite seſtend prés du Rhin iuſ
qu'à la Conte de Werdenberg, contre Forſteckñ, mais en telle ſorte qu'elle ne paſſe
point le Rhin , &demeure encloſe entre cette riuiere &c les montagnes 3 l'autre
s-cſtemy au delà-dg Waſhenſtae, a, ſon Lac nommé Walhenſée , par Gaſtern ,iuſ
uiſſeau de Stein, œ tout ce pays aboutit prés duRhin à des rochers effroya
ques au r du village de \Yïartaw , voiſin d’vn grand
bles ,qui sîauancent vers le Rhin .1 PWS
nombre d'autres. l _ y ñ vu…
La principale ville de ce pays eſt SARNGANSÆUCC ſ01** Ghaſteau, ſurleSarn; _
zz l'aune eſt WALHEN STAT ,aſſiſe ſur le Lac de Walheuſée , long de deux
lieuës &Alemagne , 5c ceint de tous coſtez_ de montagnes, qui reçoit prés de cette
ville la riuiere de Seetz
ac d'Alemagne.Au , &tcerenommée
bas de à cauſe
Lac on void du pays
le petit_ paſſage des marchandiſes
de Gûſtcſſhborné d'Italie
de laſſriuie
;re de Seetz, de quelques montagnes Gt de la riuiere de Stçin; 8l garny de quelques
l ~ villages , comme de Gueſche, en Alemand Weſen ,ou le Seetz entre dans le Lim
h..haut pays de Sargans comprend auſſi la renommée Abbaye de Pfævers, affiſe
malîe
au mont de Maſtriſelberg. _ _ i , u n?
Ce pays produit aux endroits plus chauds quantite de vin 6c de froment , 8c ſes 5L3' '
montagnes abondent en prez, paſturages 6c mines de ſer. _ Guam_
Îzsimler. liJ. ~ ll bappartenoic autrefois aux Comtes de \Verdenberg , qui_ ſe-nomment auſſi ncmctiït_
az. Comtes de Sargans; puis ils le vendirent [ſan i483 aux ſept premiers Cantons,qui y
enuoyent chacun ?i ſon tour vn Baillif qui opmmande à tout le pays, 8L ſe tient au
chaſteau »le Sargans, où les Comtes louloient demeurer. WD! à la ville deSar
gangencor qu'elle ſoit ſubiette aux SUÎſlCSJOl-IICSFOB elle ſe maintient en ſes priui- :-'5
leges, 5c crée ſes Magiſtrats, qui rendent iuſtice , 8c vuident les procez ciuils. Il eſt
vray que les Cantons eſtabliſſent l'Auoyer auecle Cqnſeil , de meſmequïi Wa..
lhenſtat, n'y ayant que la baſſe luſtice qui appartienne a ceux de Sargans. ,3
Les principaux villages ont auſſi leur Cout-,ôt l'on iuge à Sargans les appellations 4,);
criminelles. '
_.._._…——._...-—À—~
i R H I N T H A L.
‘_ Es habitans ſide ce pays ° ſont nommez par Ptolemée Rhe Nomſ
cGniliman. ~ - \
Helu.li,4 c.z. " guſces, par Pline Rliuguſces, 8c Rhingoewer ou Rhintaler
Tſïhllduklſld par ceux du pays, qui ſe nomme auiourdliuy RHINTAL
G15# 34 ou Valée du Rhin, ayant autresfois eu le nom de Rhingov
ou pays du Rhin. Il' auoiſine du Couchant le pays de Tur Confins.
gow, du Leuant les Comtez de Bregentz 8L Feldkirch; &z
. ' . s’eſt_end du Midy au Nord depuis la Comté de \Verden
‘ '- — - bergct , iuſquesfä l'endroit où le Rhin entre cians le Lac de ,
~" \v-_W- EMU..
dcuhghzz_ Conſtance ou Bodenſégsa ville'd capitale eſt RHlNECK , dont laluriſdictionvmſiſſl
ll-H- s’auance du Couchant iuſqu’au Canton d’Appenzel; 8c du Leuant, iuſqu'au Rhin.
C'eſt le lieu de la demeure du Gouucrneur ou Blaillif. L'autre ville eſt A LSTET
T EN ,outre laquelle il a quantite' de villages 6c pluſieurs chaſteaungdont les prin
cipaux ſont ceux de GrunenſteinJ-Iuſen 8c Roſenberg.
c Simlthlix. Ce paysèa de bonnes terres qui portent du bled Sc quantité de vignoble; Ses ha
8C1.. bitans s'occupent principalement à cultiuer les vignes, 8c filer du lin, qu'ils vendent
bien à S.Gal,& par ce moyen viuentâ leur aiſe. Gpuuet-ſi
Il appartenait autrefois à ceux dela Maiſon d'Auſtriche,qui Pengagerent aux Sei EGDCDL
- gneurs de lon: puis le ComtedeTogge auoüé de l'Empereur Sigiſmond , s'en ſaiſit
au temps du Concile de Conſtance, 6c lengagea apres aux Beierer, dont le dernier,
nommé Iacques, vendit ſes droicts à ceux d'A-.ppenzel , auſquels les îautres Suiſſes
Yoſterent. apres auoirſecourucontrñ' eux l'Abbé de S. Gal; ſi bien qu’il écheut aux
j. ' Cantons de Zurich, Lucerne-,Suitz-GLGlarígquien firent part à ceux d’Vri,Vndez_
'—'-î~ Twald 5c Zug , 8c pareillement à ceux d'A ppenzel ſes anciens Seigneurs.. De ſorte
z., ,,_‘, "qiſauiourdffmyces huict Cantons yhenuoyentſvn apres l'autre vn Baillif, qui de
~- ï - meutçà Rhineck. ' e' ' -' ï -
- 'ïùC ’ . — ~ 1c
Pays des Suiſſes. A ;p47
Tout le Bailliage eſt diuiſé en certaines portions. qu'ils appellent_ Hœf', dont leS
nomsſont AlſtegMarpach, BernangqTaal, d'où Rhineckjépend, Gt Oberriede'.
Chacune a ſa luridiction ſeparée', 6L deux Amrnans ,dont l’vn eſt eſtably par le
Bailly des Cantons, ét. l'autre par l'Abbé de ſai nct Gal. La moitie' des amendes ap
partient aux Cantons, 8c l'autre à ?Abbézmais a Alſtet le tiers appartient aux habi.
tans. Quelques vns diſent, que la haute 6c baſſe luſtice de-ce lieu appartient àla
Maiſon d’Auſtriche.Les,Comtes d’Amiſe ont la haute 8c baſſe Iuſtice du village de
Lùſtnaw_ La cognoillance des cauſes criminelles appartient aux Cantons , 6L leur
Bailly ſait executer lesSentences aux ,lieux oùles crimes ont eſté cornmigayans pour
luges des Ammans. ’ ' î _
ſiBAILLIAGEY-SſDJTÀLIE.
_ LES Bailliages ï que les Suiſſes poſſedent en ItctalieJſone au pays des anciens Le? a Galet:
Noms
p0 ntie ns,autreſois entierement lubjets aux Ducs de Milan. Leurs
\ nomsſont b l I.. z
LuganALocari-iAMendris, Val de Madia, &c Beliiizone. &Iq
l
LVG-A N~O.
Aline. E premier Bailliage eſt celuy de LV GANO , nommé par les Allemands
E', Lowetzpzille aſſiſe ſur le Lac,qui porte ſon nom,ayant du Couchant le Lac
‘ Majoundans lequel il s'écoule; 6c du Leuangceluy de Come. -
comm_ Ce Bailliage ſut donné aux Suiſſes l'an mil cinq cens_ treize , de meſme que ceux
gym_ de Locarne, Mendris 6c Val de Madie, par Maximilian Sſorcîe , Duc de Milan, lors —
‘ qu-i ls ?eurent ſecouru puiſſammët contre leRoy François premierzqui ayant 'vaincu
trois ans apres les Suiſſes a Marignanfflhaſſé le Duc, 8c reüny laDuché de Milan iſa
Courônqconfirma le don de Sforce. Depuis ce temps,tou's lesÇantdctns yëenuoyent
des Bailliſs à leur tour, excepté ceux d'Appenzel, qui n’eſtoient pas lors au nombre
des Cantons, maisy furent ſeulementreceus vn anapres. Le Baillif ſe nomme Ca
pitaine , 6c commande ätous les quatre-Bailliages , ſi la guerre ſuruient ‘al'impour~5
neue. Le Gouuernement eſt ſemblable à celuy de Locame,que yous allez voir. ſi ſi
z k
a
'x
‘ LOCARNQL'_i
E Bailliage de LOCARNO tire ſon nom dela ville capitale , queles Aleëſ-ſi
, mands appellent Luggaris. Cette victlleeſt afliſeſſen vne plaíneyentre le pied
- . ‘ d' vnequÏaucune
tils hommes haute môtagneaflele bord duſzai:
de ce quartier-là. Makounôc
Läſſſſville deBÿtlSpeuplée
AC, affideſe plus de Gens
ſur lemeſme
Lac du coſté
NE,ſonc auſlidu
deNord.. au bout du
ce Bailliage,qui pays
coin quÏ-iientlentles
prenſidplùs de _vingtSuiſſes , 6c celle
Paiëoiſſesnsc de SCO*
pareillement
la valée de VA RZA S C A,portaiit le nom de lariuiere qui s'y rend dans le Lac_Ma~-_
_ , jour,
Tm” 6c GdeAMB
.— L'air A—RON,affiâ
ce pays ſur leïMidy du meſme
eſt ſain au poffiblqdtſidſſuxæ Lac.
temperéë Les montagnes affoibliſſent
les vents du Midy, &t les meſmes qui couurent laſivillê, ſont que ceux du Nord ſont
aſſez doux. Il n‘y 'a pointdeſtangs, ny de marais, qui pouſſe de mauvaiſes vapeurs.
Les terres que les laboureurs engraiſſent &t cultiuent ſoigneuſement, rendent ſou
uent vingt grains pour vn s mais le mal conſiſte en ce que le pays eſt eſtroit, 6c qu’il y'
a peu de terres labourables. Ils recueillent le Froment &r le ſeigle au mois de Iuin, 8c
le mil , panic-ô( legumes en 'Octobre ,les ayant ſemez au Printemps. Les coſtaux 5c
les bas des montagnes ſont couuerts de vignesquïls lient haut,tellement que le foin ,
croiſt deſſous; 6c celles de' l'a plaine ſont éleuees ſurdes ormeaux &t hautins , 6c par
foisils
croyableſement du bled
rapport# ou des
portent legumes
de fort entre ces arbres.ſi Ces vignes ſontId’vn in
bon vin.
Europe. _ A A a iii_
zs4ga~ l ſi Pays des Suiſſes.
.Cc pzſís produit auſſi diuerſes ſortes de pommes ſort douces 6L fort bonnes figues;
des peſches,poires,ceriſes,prunes de pluſieurs ſortes,grenades,citrons, oranges, oli—
ues , 8d: quantité de chaſtaigtxes, qu'ils mangent cuites ou cruës s outre qu'ils en ſont
de la farine 6L du pain: ſi bien que lors qu'il y a bonne ſaiſon de chaſtaigqes , la
cherté des autres viures n'y eſtguere grande. Du coſté du Leuant , contre les terres
de Belinzone il -y a vne grande plaine, trauerſee du Theſin , qui porte du foin en
abondance# par conſequent leur donne moyen de nourrir force beſtail, auſſi bien
que les montagnes 5c valées , où Fontrouue ſurtout quantité de cbevres, force per_
drixfaiſangalouettesJiéures &L chevreulx. Le Lac eſt abondant en poiſſomprinei.
paiement en truites , que les habitans portent iuſquesà Milan ,pour les vendre. Ses
montagnes ſont auſſi de meſme que ſes volées pleines de pins, qui portent de bon
agaric,& de ſapins proprespour les baſtimens.
, . . Les habitans tirent vn fort grand profit de ſes grandsarbres, qu'ils ſcient 6c mec. xícheſſa
tent en pieces , pour les traiſner plus commodément par les deſtroits des valées , .Sc
par les torrens, ſur le Lac Majeur., d'où ils les menenr ſur des baſh-aux par le Theſin
. à Milan 6L à Paule , de meſme qtrvne grande quantité de charbon. Ils deſcendent
‘ encor de Pauie dans le Po, qui reçoit le Theſinauſqdà P laiſancqCremone 6c Fer
rare , 8c vont meſme iuſqu'à Veniſe. Les troncs des arbres ont leur iuſte épaiſſeur 5c
longueunauec la marque des marchands. Ceux de la valêe de Verzaſque, de la Val
de Madie,& autres prochaines , en ſont auſſi deſcendre grande quantité,quand les
torrens ëenfient plus quefdde couſtume. Tousles Ieudis il y a vn grand marché à
Locarne , où l’on void art-tuer les baſteaux de toutes les villes du Lac Majeur ,auec
force Marchands, qui viennent plus pouracheter que pour vendre. Il en vient auſſi
de diuers endroits de la Duché de Milan,de Lugano &t Belizonefic des autres lieux
voiſins. C'eſt en ſomme vn des plus beaux marchez de ces quartiers-lîgpour la com..
modité
du Lac. ſi'duquel_ les marchands dreſſent des tentes
~ en- vne
, grande place proche
~~—VÀLDEiuADiA
A vallée de MADlA , appellée en Alemand MAYNTHAL, ouval
lée duMayn,tire ſon nom de lariuiere de Madiamommée en Alemand
May-n , aux deux coſtez de laquelle elle eſt aſſiſe , au Nord de Locarne,
6c à l'Eſt dela Val de Verſazca- =
Salongueur eſt de ſept lieues d'Alemagne , 8L ſes principaux villa
ges le long du bord gauche de ceſte riuiere ſont Fuſio , Sornico , Brolio , Manzono, _
riuieres. Brontal, Lauſera, Mogeno, Zumano, Cono, Cordaneofic VegnioÆc le long du ri
/’ nage droit, où elle reçoit la riuiere de Rowane, ceux de Cerentino, Ruſco, Campo,
i 8L Bugnaſco, puis au deſſous de la RoWanqVerizzino ,Gt Madia, ou Maggia, outre
pluſieurs autres qu'il y en a d’vn 8c d'autre coſté. La riuiere de Mayn _. ou de Madia
naiſt au mont de la Fourche , pres de celuy de ſainct Gothard , entre les ſources _du
Theſin , &dela Toſe , reçoit la riuiere de Rowaue , puis celle de Doglia , qui-vient
d'vne vallée de meſme nom , par laquelle on sachemine à celle de Liuin ,pc s'eſtanc
- 'groſſie des eaux de ces deux ſe decharge dans le lac Majour pres de Locarne.
Genet'- Ce Bailliageîeſt gouuemé de meſme que les autres deux.
HENRI; -I
~
f
MENDRis
AMM; E Bailliage de MEND S eſt affis à la gauche du lac de Lugano, 6c les douze
Gouuct- ï Cantons y enuoyent vn Bailly tourà tour.
IÊŒÇDI
I
BELLiNZ’NE
Afii
vfflſſz_tte .T deux montagnes fort hautes , entre la riuiere
44A . . . . . , &e le Theſin , qui 1L”.
de Vltigio
Diviſion n'en eſt eſloi ne que du chemin d'vne heure , 6c demie. Elle eſt accompa
dſiffl" gnée e quelques Chaſteaux ,'86 fortereſſes a 5c d’vn " pays qui en dépend , pource 5 ;MERY
qu'elle eſt capitale d’vn Bailliage, qui a pour voiſins ceux de la VALB RVNE , 8c de
RlVlERE.- _ ‘~ '
Gouuet- d. Les Comtes de Miſauk,ou.Maſok ayans vendu ce pays aux Cantons d'Vri,Suitz,'
“WW” 8c Vnderwald ,le Duc de Milan l'eſt! auii Suiſſes enuiron l'an mil quatre cens vingt—
deux. Mais l'an mil cinq cens trois ceuxctde Bellinzone ſe voulans mettre en paix,au
milieu des guerres du Duc de Milan , 8c des François , ſe rendirent ä ceux d'Vri , puis
au meſme temps que ce Duc donna les autres quatre_ Bailliages aux douze Cantons,
~ iljconſirma en .la poſleffion de ce pays ceux d'Vri, Suiti, 6c Vnderwald , qui gouuer
nent tellement tour a tour *ces trois Bailliages , que touſiours chacun d'eux en a vn,
comme ſi Vri eſtablit vn Bailly à Bellinzone, Suitz en met vn à la Val Brune , 5c Vn
derWald à Riuiei-e, puis Vri à Riuiere , Vnderwald à la Val Bruñeyôc Suitz à Bellizo;
ne, &t ainſi de ſuitte.
'. s
. .ï 1
Si_- _ .
Aa: iiij ,
;go ſi Aliiez des Suiſſes.
~ - i &Md.xvñäzsæñæñaëæa-&MM-&Ëæ-.MMM-&ñæ-.MMMMMMTWX
‘L’ABBE’ DE SAINCT CAL.
‘_ 'Abbaye de S. GA L eſt aſſiſe dans le Turgow, aſſez pres du lac de Ama…
aSimlex lin.. __ "ſi 'ä ſ - Conſtance ayant
5c le Bailliage de auec ſon pays
Rhintal. pour voiſins
Ses Abbez ï ſontleSeigneurs
Canton dcauZurich, -
pays de Lieux.
.p :-MM TurgoWdelavilledeWllfiôcdelaxcontréedontles habitans ſont
z ſ _ . nommez Die Gottshuſañlungdeſt a dire,les ſujets de la maiſon de
ï jr,,- . ..VW/ZIK Dieu,ayans leur pays diuiſé en *certaines parties,dont les noms
H ſont-Roſas, Thumbach, Gold, Vndereg, MorſWil , Tablate , GozowNſſaldkilcb,
Romiſzhorn, Summery, Mule , I-'Iociſchwil , Bernatſzel, Lumiſwil, BergſtYſizcen
bach, RodtmongStrubenzel, Geiſerwald,HelfenchWiLBergknecht, Zuzwil, Zi
berwangen, 8L Wiger. .
La Comté de TO GGENBVRG eſt auſſi ſujette aux Abbez de ſainctGalAuoy Form:
bvigencrcſur que ſes habitans ſoient bourgeois de Suitz, &t Glaris. Cét Abbé peut ï faire ſur ſes
c*** terres quinze mille hommes. ‘ ' '
lic Gumzmm_
4. Sainct
à cauſe Gal qui
du mal ° diſciple de ſainctColumban n'ayant
le iaiſigbaſtitſipremiçrement peu ſuiure
vne cellule ſon
eſtant maiſtre
remis en Italie, °‘““““
en ſanté,puis Gouucr;
avan-t fait pluſieurs miracles ,donna ſujſſet au Roy Sigebert de luy faire force preſens,
- &de commander à Gun-Ton, Duc ou Gouuerneur d’Alemagne , de luy fournir tout
ce qui ſeroit neceſſaire pour le baſlziment qu'il encreprenoit , ſi bien qu'il agrandi: ſa
'~ \. demeurczst prit douze com pagnonsA pres ſon decez ceſte Abbaye receuc de grands
dons, 6c priuileges de Charles Martel, Gt ſon fils Pepin, ä cauſe des miracles de ſainct
Gal, &t ſon premier Abbé fut Othmar, Gentil-homme de Çoire , à qui Pepin aſſer
uit quelques hommes du pays 5 aſin qu’ils crauaillaſſent aux baſtimens neceſſaires , 6c
fourniſſent à ſes Moynes ce.qu’ils deuoient payer au Roy tous les ans. Dauantage
Pepin mic ce Monaſtere ſous la protection du Roy ſeul, 6c finalement il deuint ſiri
che, que ſon Abbé deuint Prince de l'Empire , 6c ne dépend que du Pape. L'Abb6
Gaſpar de la Noble famille de Breitenlandenberg ſit alliance perpetuelle , tant pour
luy que ſes ſucceſſeurs , auec ceux de Zurich , Lucerne, Suitz , &t Glaris ,les prenant
pourarbitres ,ôtprotecteursban 1469.6.5 l'Abbé Vlric ayant acheté la Comté de
Toggenburg, demanda l'an 1479. à ceux de Zurich, Lucerne , Suitz, 6L Glaris ,vn
de leurs Senaceurs pour eſtre Capitaine General du pays de ſainct GaLóc le defendre.
3 fflmlfflî-'i Maintenant ë l'Abbé de ſainct Gal enuoye par les PreuoſtezJcChaſtelenies de Tur-_
gow, qui dépendent de luy, des Preuoſts, 8l a ſes Ammans, 8c officiers, qui ont baſſe
Iuſtice en pluſieurs endroits. Il y a vne haute Iuſtice, où vont reſſortir les appella
tions, &c les cauſes d'importance ſe vuident. Dauantage on luyrend en ceslieux-li
tous les deuoirs qui ſont ordinairement eſtablis pour les Princes, 8L quant à la Com
té de Toggenburg , il y tientvn Gouuerneur. '
Le pays ſujet à cél: Abbé eſt tout Catholique, de meſme que luy. , Religion; '_
ROTVVILL.
IE ne ſeray point icy le diſcours deRotwilLpource qu'il eſt auec la Suaubqcommc
vne de ſes villes Imperiales.
MVLHVSEN.
imedia; A ville ï Im periale de MVLHAVL EN, ou Mulhuſen eſtlffiſe au païs c_ Manila] ï.
' de
ſes Sunggow
trois ſoſſez., partie dela haute
Les villages Alſace,
d’ltzig, 6c de ſurla riuiereen
Moncheiin d'il] , qui remplit ſſugſificflzefll
dépendent.
Gouuer- Elle eſt diuiſée en ſix Zunffc , ou tribus , 8c gouuernée par vn Bourg- Çfflïflehfilæ'
“ïmïïï- maíſtre, auec le grand 6c _petit Senat, ou Conſeil. Le grand eſt compo- "l"
ſé de vingt- quatre liommesjele petit de dix-huictZPour laluſtice ellea laCourdela
Cité, ou le S tattgericht , où preſide le Bourgmaiſtre , affilié de deux Senateurs ,trois
Zunſſtmaiſter, 8c trois autres hommes du peuple, &c ceux-ay n'ont cognoiſſance que
des cauſes ciuiles; mais legrand Conſeil iuge les criminelles. ‘ —
Les habitans 'ï de ceſte ville I-mperiale firent premierement alliance pour quinze dsîmlçxligi;
ans aſiuec ceux de Berne, Friburg, ê: Soleurre l 'an i 46 4. ſur ce que les Gentilsñhom
mesctvoiſins les trauailloient, &L tachoient de ſe ſaiſir de leur ville , puis à la ſollicita
‘3
'tion des Bernois les autres ſept Cantons la prirent en leur protection, 5c finalement,
r.
&V5M- l’anLes
i5 ihabitans
5. ils firentdeallianceauec tous les treize Cantons. -
ce lieuſiſont Caluiniſtes.
B~17E'Î.,~O YFE ~1 N E. i* ’
h
. ,HF-Mz A villede BIEL, ï ouBl EÏŸN E, eſt-afliſe ſur l-e lac qui porte ſon nom , en c Sînlctſſliÿ
I Àſſœttc.
l Lieux. ~ AlemanſſdBielerſee dans le_ païs de l’Eueſque deBaſiqauquel elleappartient. " "
l .. Wëſ ù Ses habitans _ſont Seigneurs de la vallée de S AIN CTſſ IMMER, qu'on ap~_
pelle auffi la Seigneurie d’Ærgue.
Gonucr- Quoy qu'elle ſoit ſous la domination temporelle de l’E~ueſque de' Balle, elle a ſon
"‘“"“‘~ gouuernement à part, ſes loix , franchiſes , 6c priuileges , qui luv furent octroyeîz par
PEUCſque Immer Ram ſtein l’an i383. lfEueſque eſtablit le ſouuerain Magiſtrat,
qu'ils nomment le Maire,- maisil le choiſit du nombre des Conſeillers dela ville , 8c
. _ ce Maire preſte ſerment au Conſeil ,'83 le Conſeil Zvluy. ll cognoill: auec le Conſeil_
'i
q_ J z
",' Ÿçgz — l Pays des Suiſſes.
.PRINCIPAVTEVDE NEvrcHîſiAsTEL.
Ë' Comté
bourg , de
presBourgogne, du6c
de Granſon, Midy les terres
du Leuant le de
lacBerne , 8L de Fri
de Neufſichaſtel;
, _ . ,Lau delà duquel ſont les terres de ceux de Berne, auec quelques
Angus_ vnes de Fribourg. !La longueur de cét Eſtat , priſe depuis pres de la bonne ville iuſ
qu’aux terres de -Granſon , eſt' -dœmſron neuf heures , 6c ſa largeur , depuis
Neufchaſtel juſqu'à la Franche-Comte par des montagnes, eſt @quelques cinq
heures. _
un,, La ville capitale de tout ce pays, 6è particulierement de la Comté 'qui porte meſñ'
_me nom , eſt NEVFCHASTE L ,nommée parles Alemands Newburg , 6c parles
Latins Neocoîium.,
nom,& Elle
ſut autrèsfſiois eſt affiſeplus
beaucoup ſur grande,
le bord ainſi
du lac,
queauquel elle communique
pluſieursruines ſon
teſmoignenc. ñ* " '
Meſine ſon antiquité peut eſtre ctcognuë par 'vhe grande tour, route baſtie , comme
on croit par Ceſar, de grandes pieces de rocher , qui ſe trouue au milieu dela ville-,
par le moyen de laquelle Ceſar pouuoir tenir le paſſage de tout ce pays , tant par eau,
que par terre,à cauſe des rochers qui ſe trouuent le long du bord du lac,8c de la colli-
'ne de la riuiere de Seyon, qui paſſe' par le milieu de la ville , 6L ſe viennent joindre au
pied de ceſte cour , n'y ayant aucun paſſage que par ce deſtroit , ſi l'on oſte le pont de
de Vaus-Seon, qui eſt vn peu au deſſus de laville du coſté du Couchant. Ellea pour
ſon
plusprincipal ornement
grand,plus le Chaſteau
commode, 6c mieuxqui ſertqui
bally deſoit
demeure a ſes
à quatre Princes
iournées ä la,lerondſſe,&
plus beau,
tel
qu'il commande à la ville , 6L le Dongeon à tout ce qui eſt aux enuirons. Sa princi'
'pale Egliſqbaſtie par la Royne Berre de Bourgogne, ſes belles maiſongôc fontaines,
. 6L ſes d'eux places la rendent auffi remarquable.
Les autres villes de cét Eſtar ſont L A N D E RO N , affiſe dans vn marez , ſur la
Tielle, 8c BO VD RY, ou Baudry , capitale d’vne Baronnic , auec 'vn fort beau Cbäz;
l
S54- Pays des Suiſſesï'
ſteaufflippartenantau Prince ,demeſme qu'vne tres-belle maiſonv de plaiſance , bas
ſtie au bord du lac, à vne lieuë de ceſte ville, Sc accompagnée de jardins,bois,& praia
ries. La Comté de Neuſchaſtel comprend encore 'pluſieurs Mairie-Mât Çhaſtelenies,
comme celles du pont de Thielle, de la Coſte , Colombier , Cortailloud , Beuais,
Gorgier, 6c Vaux marcus , qui ſont aſiiſes au pied du mont lura,le long du riuage du
lac de Neuſchaſtel , 6c les autres membres de ceſte Comté ſont aſſis en partie ſur .
les branches du montlura , 6c dans ſes vallées, comme Lignieres , ô( vne partie des
villages dépendans de la Chaſtelenie du Landeron , Voing , l'Abbaye de Fontai
ne , André ,la Chaſtelenie de Rochefort , Baronnie tres -ancienne , le Chaſtcau , 6c
la Chaſtelenie du Vau Trauers, Trauers, les Verrieres, 6c Chaux d'Italieres.
La Comté de VA LLAN G l N ,autre Souuerainetéjointeä Neuſchaſtel conſiſte
en cinq grandes vallées , aſſiſe prés de la Comté de Neufchaſtel , dans le mont Iura,
&ſeparée du coſté du Nord , de la Comté de Bourgogne, parla riuiere du Doux.
Leurs noms ſont le Val du Rus, le Loſcle ,~ la Saigne ,les Breneſts , 6c Chauxdeſond.
Le principal lieu de ceſte Comté c'eſt le bourg , 6c Chaſteau de Vallangin , outre le -
quel il y a trente-cinq, ou quarante bourgs qui en dépend-ent.
Quant au lac de Neuſchaſtel, ſa longueur eſt de ſept heures,& ſa largeur de trois, Lac_
8c du coſté du Nord- Eſt,il en ſort vne riuiere, qui ſe melle apres auec l'Aar au deſſus
de Buren, parlaquelle ceux de Neuſchaſtel ſont porter leur vin , &leurs autres mar
chandiſes, pour les conduire apres iuſqu’au Rhin par l'Aar.
L'air des enuirons du lac eſt doux , 3c temperé; mais tres- ſroid contre la monta- Wlilé
gne, Le pays eſt aſſez fertil tout' le long du riuage du lac ,- &c produit aſſez grande
quantité de grains, principalement d'orge, d'auoine, ô: legumes. ll y croiſt auffi de
bons vins blancs, 6( clairets , tant pour l'entretien des habitans ,que pour en Fournir
les circonuoiſins de l’Eueſché de Baſic, terres de Berne, Fribourg, 8c Soleurre,& ces
vins ſont ſorts , à cauſe des rochers , 8c du grauier. Il s'y trouue auſſi force mines de
fer GL d'acier. Du coſté dela Bourgogne, 6L de ?Eueſché de Baſle ,il y a de fort bons
prez, &J paſturſages, 5c dans ſes montagnesôc vallées grande quantité de beſtial, gif
ier, 8L venai on.
Son lac nourrit vne infinité de bons poiſſons; mais ſur tout des truite: , du poids MMS;
de trente , BL quarante liures , qui ſe jetter): de ce lac dans la riuiere d'Ai~\euſe, qui .
paſſe entre Baudrynäz Colombier. Tout aupres du bord il y a vne peſche, ou les truit
tes ſe prennent ſans peine, d'où le Prince tire vn grand reuenu. Il ſe prend auſſi dans
‘ ce lac force petites perches, qu'on porte ſalées iuſqiſä Straſbourg, &c pluſieurs autres
lieux ſur le Rhin. v _ _ l, y
Ceux de ce pays ſont vaillans au poffiblqde grand trauail, 8L du tout ingenieux en Rislieſſtsl
coute ſorte d'arts, ſi bien qu’il y a des pay ſans qui ſont deux-meſmes , ſans aucun ap
prentiſſage des canons, à pluſieurs autres choſes, &les femmesyſont graues,& mo
deſtesLeurlangage eſt pour la pluſpartRomamduBrançoiScorroſſmpuzmais les hon
neſtes gens pat-Et vray François,a pluſieurs ſe ſçauent auſſi ſeruir de' l'A lemand,ou
Suiſſe. [ls ont couſtume de porter par la-ruë , a la veuë d’vn chacun le trouſſel de
Peſpouſée, qui ſont les meubles donnez outre la dot.
Le Prince tire tous les ans de ſes deux Co mtez quarante mille liures. ll y 'a ſurle Forces;
lac deux peages de grand reuenu qui luy appartiennent,& le peuple qui eſt riche,tire
ſes principales commoditez de ſes vins, de ſon beſtial. du poiſſon de ſon lac,du ſer,8c
de l'acier dont il a bonne quantite', 6c de drapperie , pource qu’il y a Porcelaine, 6c s'y
cn fait grand traffic à Bafle , 6c Bezançon , 6c pareillement en Lorraine , voire meſ
me en Alemagne. p
Ce Prince peut mettre ſur 'pied huict mille hommes de guerre dans ſon Eſtat , 82
en ſortir trois ſans l'incommoder. Le pays eſt obligé de luy fournir quinze censſihom
mes quand il les demandera , pourueu qu'il les paye. lls ſont preſque tous grands
&c ſorts, 8L tres-bons ſoldats , qui vont à la guerre par toute l'Europe , auec les autres
Suiſſes
diſent5 mais quand ilsdeſont trouppes à, 8c
part, ils ne
au ſe rengentplus
point ſous la Suiſſe, ains
ſe Auanturiers Neufſichaſtel vont combat liazardeuſement , 8c
auec vn autre ordre que lesSuiſſes. Cét Eſtat eſt comme vne des clefs de la Suiſſe , a
cauſe de cinq , ou ſix paſſages qu'il y a, où dix hommes en peuuent empeſcher cent
mille de paſſer. Au ſortir de la Franche-Comté on rencontre vn bourg ouuert nom
mé les Verriers , dans vne plaine entre deux valons , qui contiennent trois heures , 8c
qui peut en vn inſtant mettre ſur pied cinq , ou ſix cens bons ſoldats. Au bout de
"N
ceſte
"r-i ó ' o - I _>_.. …
Pay-s des-Suiſſes.. ;gg
ce ſte plaineon deſcend en vn tres-dangereuxpaſſage entre deux rochers, qui n'a pas*
plus de quatre à cinq pieds de large,& ſe ferme auecvne chaiiie de ſega vn cadenas,
ſi bien que deux hommes de garde-y: peuuentarïeſter vne armée. A vin-gr pas delà il y
auoit vne grande tour ancienne ,qui ſcmoir de fort à tout FEſtaE : mais elle ſutrui
née parles Suiſſes, lors qu'ils ſe reudirentymaiſtresldu pays. 1l y a plus bas vneautre
place Forte, _nommée Moutier , quieſt dans lesíVauſtrauers ſur la crſſoupe dviieñmon
t-agntxgarnie de canons,& (ſarqucbuzes à croqpuis au pied vngran d …Sc beau bourg,
qui peut ſaire quatre ou cinq cens bons hommes. ll y auoir à Rochefort vn Chaſteau
tenu pourimprenable; mais il ſut ruiné,pource qu'il ſeruoit de retraitte aux voleurs.
Toutesſois l'aſſiette eſt t’elle,que dix hommesy peuuent em peſcher toutes les armées
del’Europe d'y paſſer , pourueu qu'ils ayent .des munitioñns ..dt des viures. Du coſté
de Berne ce pays ale Chaſteau deTielle affls ſur le borddd la riuiere qui-porte meſme
nom, &C flanquè de quatre tours, qui garde le pont , 5c paſſage de la riuiere , pour ala -_
ler de l’Eſtat de N eufchaſtel à- celuy de Berne , 6c lzſville de:Luderoii~ affileidans vn
maretz , tenuëpourimprenable, tant à raiſon de ſon' affiette ñ, que des hommes dont'
ellîceſtpeuplée; . .lu-h,- -
î .y ‘ . .
. . .
-v 'a '
La principauté de N eufchaſtel eſt ſouueraine , &Tíeîreleue .maintenant d'aucun,
Gouuer
nement.
bien que ce ſut anciennement-vn-fieſde l'Empire, duquel il S’eſt démembſirê de meſ.
me que le reſte de la Suiſſe. Ce pays , ſelon quelques Chroniques de -Neufchaſtel en
lettre deBourgogne
main , ayant, comme
eſté ſujet-l'effigie
aux Romains ,- obeyt apresfemme
diuers changemens
Rois de dezla ROyne--Berte, dſſe Roul Royaux.
de*
Bourgogne, miſe au grand portaii de lÎEgliie-de N eufchaſtel 'le teſmoignepuis il eut
ſes Princes_ particuliers enuiron l'an '8 i 5. que Memphezfils d’Ottobert,deſcendu des
Rois de Bourgogne eut pour ſazpart tout le pays depuis Pontarlier en la Franche
Comté, le long du montlura , iuſque pres de Soleurrezçcomprenant les Comtez de
Neuſchaſtel, Vallangin, Arguel, Arberg, &z Nidouzquoy que d'autres Chroniques
tiennent que Memphe eut la Comté de Neufchaſtel deGundioch. premier Roy de
Bourgogne l'an 414. ſuiuant _la reſolution d.es Eſtats tenus-en .la ville dŸA-'rles , à ſon
cflcction : mais enfin les guerres desC-antons vnisſÿc celles des Comtes de Sauoye ne
laiſſerent aux ſucceſſeurs de-Memph-e ‘, -que les Comtez. de' Neufcha-ſtel-óz de Vala
langin. . y -Loüis,. qui
— mourut
'~ ’î l'an
; -')')i 373- ,,..i -7r_
Le dernier de ceſte maiſon fut n'ayant laiſſé queſſdeuxſi
fillesnomhiées lſabeLôcFrene. Iſabel mourut ſans hoii-ſſsgôt-fic COnïradIlLComte de
Fribourgfils de ſa (tr-di.- Frene ſon heritier _en toutes les terres qu'elle auoigtant en la
haute que-baſſe Bourgogne. Ce Conrad qui ſe nommoitComte de Fribourg ,Gt de
Neuſchaſtel, Seigneur de Badenvïiler, 6L de “Champlitqreſpouſa Marin de Vergy, de
laquelle
d'Orange,il eut vn ſeulſans
mourut fils enſans
nommél'an
Iean,qui ayantauoir
ſſi458. apres eſpouſé Marieſon
inſtitué de C halon, vniuerſel
'heritier Princeſſe -
,SQ-bou p,
PAYS DES GRJSONS E pays des G R IS O N S n'eſt ſiautrſie que l'ancienne R l-*IÆ- N°111#
3,_ ,_ ſi- TlE de Scrabon , ï ou partiedecelle dePtolemée, l' qui fai;
ltîlirplicjcogrz ſi~ ;ſ embraſſer ,à la ſienne vnebonnepartiedelasuaube, auec le
"Aïſymgeſ, _p pays dontie trame, au lieu queStrabon la place entierement
Germ. - dansles Alpes, a raiſon dequoy pluſieurs nomment ï la der
&lffll-Rlffl* . nière, Rhætievraye, 8c lnAlpine, ou poſée danslesAlpes,
__ . hſiz commeauſſi Premiere, pour la diſtinguerdela Seconde, en.
:ï::_'"~‘“‘l" ë - - 'ſi ſuitte de la diuiſion ‘ ſaiteau temps des Empereurs Romains.
P.Diacon.l.s. Il eſt vray qu'on 'aretranché de ceſteanciennc Rhætie, qui saduançoit iuſqſſaulac
::àldi…mfln' de Conſtaiäce, leslComtſez dcpgrergenktlz, Veîdkäch , Bliâdeä , oufBludänä , \líaL
H 4,31_ 4 _._~_l Ëerg,
oxv , Sargansfiaſtern,Verdenbergflt
ven uës a .a mai on ' u ric e Rhintal,
par es omtes e les
_vendus par ontmeſmes
Ort , Comtes
e er aux
en
Suiſſes . puis Vadutz , 6c Eſtnerberg cles Comtes de Sultz , Ems tenu par les Comtes
qui portent cenom, 6c Sax poſſede par les Barons de Sax; tellement que les Gri
ſons , nommez encor aujourd'hui' par les Latins Rhzti , n'ont aucun pouuoir en tous
fflnzzubwg, ces lieux. Ce pays ' comprend encor celuyqdAmmian a nommé Camp' Caniæii , ou
W ſelon la correction de quelques vns , Cam, c eſt a dire Champsphenus z ou Griſons,
Selma_ ' qui eſt le nom ?que ceux du pays ſe donnent en leurlangue , s appellans GRISONI,
hztia le meſme h s’eſtant gliſſé parmy les autres nations, à cauſe du drap gris, dont ces
';’P“"‘“'ñ gens eſtoientautresſois veſtus,d'oû vient auſſi que les* Alemands les nomment Gra
lllas khan** , . . . . y
qui... Wen# ² Grawhiindtneiaceſt a dire Griſons# Griſons Liguemdemeſme queleufl_
lifïuîllïfflïï- pays Grawbundtou Graurpundgu les François les Ligues Griſegpeut-*eſtre ‘a cau
Ëféœchu_ ſe que ceux Êela premiere, &ſhaute Liglue, 'appellée particfulierement Griſe _, ſui
li.z. - renttous vea du
Cc pays us "‘de[Êord
ris ô: eaudeerent
ceux ue es autres eurent meRhintahôc
Waclgoundfſtnerbergdc me nom. Sarngans-,du
' Cïníflïl
m syiIsſihii Couchant la Comté deBellinzoneä les montagnes de S.Barnabé,ou Luckmanierſ
“zï- branches dumont Adule, CriſpalteNepca, 8c Mzrcha , qui le~s ſeparent des Suiſſes,
du Midy lſielac de Come, 6c le Milanois, auec le Bergamaſc , 6c la Val Camonique
des Venitiens, &c du Leuant la Comté de Tirol, 8L ſes dépendances. -
x Salopgueur priſe du Nord au Midy eſt de quinzelieuës Gri ſonnes , dont chacu-
ne contient huict mils d'Italie, 6c ne ſe peut faire par vn homme de pied bien diſpoſt Eli-zidane:ſi
qu'en deux bonnes heures . voire quelquelpeu dauantage , ſi bien qufelle eſt de ;eng
vin t milsdltalie,
Coiichanſit ou de lileuës
eſt de treize uarante lieuës ece
Griſonnes, ou pays
cent,quatre
8c a largeur, pri e duou
mils d'Italie, Leuant
pres au
de
_ crente-cinq lieuësde
ll eſt diuiſé en troisceLigues
pays. Libres, &z deux pays ſujets.
ñ La plus ancienne de ces ſiLi- Díllífion_
ues,qui communique ſon nom aux deux autres,s'appelleGrilſie,en Alemand Grau'
Ëundt , a le plus ſouuent Qberbund , c'eſt à dite-haute Ligue , pource que cſeſt_ la
premiere.
s
...-0
- _ ,Pays des Griſons; ;gp
La-ſeconde eſt celle de la maiſon de Dieu, que ceux du pays nomment Ca de
Dé , &les Alemands Gottshuſzbundt ,'56 la troiſieſme celle des dix Iurilſidictions,
quîlsappellentle Dritture, 6c les Alemands DieZ-.ehen Geriht. Chacune de ces
Ligues eſt encor diuiſée en plulieurs Communautez, qui ſont vn corps toutes en..
ſemble. Les pays ſujets ſont laValTeline, la Comte deCiauenne, qui deſpen- .
dent de toutesles crois Ligues , &la ville de Meicnfeld, 6c Malans, auec quelques
villages voiſins. ' -
Monn- _ Ses montagnes plus renommées ï ſont celles que lesanclſicns nommoient lug-c ischud: ,
SW* Rba-tird-,queles Alemands appellent aujourdjhuy-\V urmſſer l ocli,pource qu'ils ſont khîFi-ëffl??
du coſte': de \Y/uſirms, ou Bormio , 6c ceuxdu pavs mouc Brailio: le mom: Rlzzrico du
~ coſte': du Nord, renommé pour 5 ſa hauteur, 6c ícauſantle nom dela vallée de Præt-î Ïÿctdiffll
tigoW, ſavoiſine : le mont Adule , qu'on nomme à preſent, ſelon ſes diuers en- cſisſichuddiax:
chie, proches
diction
droits, Vogel,‘-d'Engadin,
de Stallen, 8L Bregell
&au mont
&c Luckmannier Adule:du lecoſté
,les Alpes montd’ltaliez‘&
Iuliés , les plusseſteiidans
Settmer. *îque deſiiuſquîz
les Latins-
hautes ?a
la luriſ-
nomment
toutſſe c
Rlie- f". l_ ,
Septimm, leur voiſin ,au haut duquel eſt le village de Stalla , 6è le m0!" de sPlügffliſi bäilnunffl
preſque le plus haut de tous ceux des Griſons , qui le nomment Colmen del Orſo, ſi
dſie meſme que les Alemands Vrſfler, l'vn des bras de l'A dule,qui eſt preſque ordinai
rement couuert de neige , 6c ſe trouueaffis du coſte': du Nord vers ?Alemagne ,non
'guere loin de la ſource du Rhin. ' ’ g _ -\
Riuieres: Les riuieres donc la ſource eſt en ce pays , ſont le Rhin , dont j'ai; ſaitmention Ên
AlemagneÆXAadaJ nommée par les anciens Aduas,ou Abduas,qui vient des mon- gtd-ua;
tagnes deWurmHpuis ayant raFraichy la Valteline ſe va rendre dans le lac de Come, 5"":
6c delà dans le Po. L’Ynn,qui vient du haut Engadimpaſſe par le Tirohpuis ſe melle
auec le Danube à Paſſaw. La Maire qui vient des montagnes de Bregell , puis ſe va'
\
rendre dans le lac de Clauenne, apres auoir receu la Lyre, le Lanquart, jadis Langa- _,
rus, qui naiſt au Prettigow, puis entre dans le Rhin au deſſous de lvſeienſeld, &ç Ma- .
lans, 8L leh Pleſſur, qui 'vient du mont de Strcle, paſſe par la valléedeSchanfick,puis ÎËÎPWËLGŸË
I ſia Coire, 5c delà ſe vajoindre au Rhin. - '~ “"
'WW- Combien que cc paysi ſemble tout hydeus , à cauſe' de ſes montagnes , 'il ne laiſſe ï Saddam.; z
toutesſois de porter de ſort bons vins à leur pied , 8c dans les vallées , principalement
en la Val Teline, à Clauen, Chur , Meienſeld , Tumleſch , 8c quelques autres lieux_
Les anciens meſmes k ont cognu la bonté des vins Rhretiques, les loüant comme des k- smbo 11.42
meilleurs d'Italie, 6c meſme l l'Empereur Auguſte en trouua le gouſt du routagrea- l Sutton.
_ ble.'ll s'y ffl trouue auſſi de tres—bon nes eaux,ôt des bains propres pourla gueriſon de ^“8‘²È*-°-77Ë.
pluſieurs maladies , .Sc pareillement du criſtal, &c des mines d'argent , de cuiure , de ÎÎÏÊÏWU”
plomb, 8c de ſer. Ils ont quantité de beſtial, &c dans leurs montagnes les meſmes ani- \E1 Sprcchcrz
maux quele Valais. _ _ _ _ "c, à;
Mugurs Les anciens Rhcetes “ furent vaillans au poſſible , «St firent ſort peu d'eſt-at de leur rcuuiiifflz. _
‘“‘"“‘_"î vie.Le ' peu de rapport de leur pays deſert,, 5c la neceſſite des viures , les obligerent à “L” l***
_ pvoler.
gnies; Ilafin
eſtd'a-noir
vray qu'ils pardonnoieut
quelques quelquesſois
vns qui les ä ceux
pourucuſſent qui ſe tenoient
, auſquels aux camps-Ê,
ils donnaient en eſ-ſſ Sziſiſio 1,4;ct
change dela poix, reſine,cire,miel, 8c formage, dont ils abondoient. Leur? ieuneſſe Eïeékefflſti
ſexerçoit aux armes àla Façon des Romains , qui les ay moient 'grandement pour ce l”
ſujet, ou bienſa cauſe de leurorigine de Toſcane, 6c de ſapprochëde leur langue , ou
pourcequïls aſſeuroient qu'ils eſtoient Romains, commeilsſhnt encore.
äſäîyäps Aujourdîhuy les Griſons , quoy qu'aſſez groſſiers , ruſtiques , ſontîſi_ ſiiperbes,
v. 'qu'ils meſpriſent preſque tout le monde . voire meſme bien ſouuent l'amitié de_ quel'
ques grands Princes , qu'ils ſçauent toutesfois rechercherapres au beſoin. De ſorte
qu'vn Ambaſſadeur ayant veu ce pays,6c pratiqué ſes habitans ne ſe peut tenir de sÎéñ
crier.; 0 veillée; de mrſcrcgó- montagnes q' 'orgue-ik Biais . heureux ceux quine l"ontpas m”, d' q Schùd s'a-l' ’
l'hiver”. lls parlenten *i pluſieurs lieux Alemandmn d'autres Griſon, ou Italiencor-ñ " “
rompu, que les Alemarids appellençC-hurvcïælſch , c'eſt à dire langagede Chunlta
lien, que les î Griſons appèllent Romain , 8L les Engadins- Ladin, au lieu de Latin. r Sijrechcr,
r Leur Parenoſtreeſt de ceſte ſorte. _ ~ . - ::- “"1
Bab nos, quel cu iſt in ſchii ,ſanctifichio ſajailg tes num: ilg tesariginam vigne rei:
nus: la thia voeglia d’vainta in terra , ſco la ſoin ſchil- Do a nus nos paun bouts ,ñät
in miinchiadi :-Parduna a nus nos dbits , ſco nus ſain a nosdbitadíuors-;N-un
mener in mel aprouamaint: Dim pcrſcmaing ſpendra nus da tuots mels‘,—A'men. . è .:=~
Europe. , ~ Bb b iii .
560 Pays des Griſons.
llsſiont vne dance! particulière , nommée parles Alemand~s Churwælliſch, qu'on
:Cnil: 11.54 croit eſtre venſiuë de Toſcane, pour laquelle ils saſſemblent maſquez ,Sc couuerts de
toute ſorte d'armes, auec des baſton: en main , 8L vont ainſi de trouppe d’vn village î
.l'autre, ſautant, Cx' dançant, aber: des façons, poſtures, 8c mouuemens admirablegôc
jurent qu'apres auoir quitfé leurs armes, ils ne ſçauroient faire de ſi grandsxſauts, que
lors qu'ils les portent. lls s'attaquent auſſi ſurieuſement les vns les autres a coups de
'ces perches, ou ballons qu'ils portent, 8e ſont tout cela pour auoit plus grande abon
dance de bled, retenans encor _ce point du Paganiſme. .~
Au reſte "il y a plulieursGentils hommes ſi miſerables en quelques endroits,qu'ils
KC). ſont contraints .le ſe meitreà toute ſorte de trauail,de meſhie que les pay ſans,& tou
i cesſois
diſant,neſtiment pas de leraualer
queleursanèeſtres vinrent par ce pays
en ces mo) en
là,-z eſtarischaſſez
mais ventent de
leurReine,
ancienne
bienrace,
que
veritablement ils ſoient yſſus deToſcane. Nlais quoy qu ils tirent leur gloire de
leurs predeceſſeurgis ſemblent touresſoispluſtoſt ruſtiques 8e payſans,queGcntils
hommes. Mais d'ailleurs il s'en trouue 'En aſſez bon nombre d'autres qui ſentent leur
ÿmye Nobleſſe, &ſont ſortpuiſſans enleur pays. _ ~ ‘
Le Threſnr public des Griſons eſt petit, ou nul , à cauſe dela Pauureté du pays, 8c Richeſſes;
cequïls tirent de leurs ſujets, ou de quelques Prince, eſt diſtribué premierement par
les bourgs , 6c vil !ages , puis par teſtes , apres auoir fait bonne chere , ſi bien que tous
“ces deniers ſont pluſtoſt conſumez que diuiſez. Les plus riches viuent de leurbeſtial
par le moven des paſturages. ll y a ſort peu d'artiſans , _ſors dexceux qui ſont ucceſſai»
' \res tous les iOurs.Les plus honorablez ſe meflent de tenir logisæ de receuoir les mar
. 'chauds qui paſſent par leur pays en grand nombre,& ceux qui ſont meſme em ployez
aux charges publiques ſe meflent de ce meſtier. -
Les autres portent ſur leurs cheuaux , &c mulets les marchandiſes des vns , 8c des
autres au delà des Alpes, 8c au contraire , pour ce que c'eſt le plus court paſſage d'A
ſ ſi la guerreen, ou
,lemagne Italie en partant
quelque autredu lacfait
ſujet de Conſtance , pour
ceſſer le traffic ,il yvenir
en a au lac de Come.
pluſieurs qui ſontMais
à la
faim , pourceqileles richeſſes publiques conſiſtent principalement aux gabellcs, 8L
-’ peages des marchandiſes , &c celles des particuliers au paſſage , &logement des mar
chauds. Leur beurre ,Sr fiirmages qu'ils portent aux paix-s voiſins d’i talie , 6c d'A le.
magne, 6c le beſtial qu'ils y rnenent ,leur rapportent quelques commoditez ; mais ils
ne peuuent pas aiſément ſe défaire de ces marchandiſes , ny acheter ce qui 'eur fait
beſoin, s'ilsſeulement
lls ont ont la guerre auec ou
quatre, la maiſon d' A uſtriche,
cinqtanons a Caire,qui
toutleslejoint
reſtede
dutrois
payscqſtez.
en eſtant !ſſorcui
dépourueu ;car-ls n'ont aucun Arcenal plein d'armes, 8L munitions de guerre , ny
‘ des greniers publics, a magaſins de viures, comme les Suiſſes leurs voiſins , qui ſont
accommodez dqtoutes ces choſes. Toutesfois chacun à chez luy des armes ſem bla
bles à celles des Suiſſes, à ſçauO-r vne grande eſpée, vne pique. &quelque mouſquet,
dont ils ne ſe ſçauent guere bien ſeruir à la guerre: mais depuis lîcxercice qu'ils ſont
_preſque toutes les ſeſtes les a rendu ma' ſtres. Leurs drapeaux ſont auec laCroix blan
che droite,- comme ceux des Suiſſes , 6c meſme ils vſent de fiffres . &c de tambouctrs de
rneime qu'eux , &les bat tent de meſme Façon , les imitans en-:or en la forme de leurs
bataillons,ſi la commodité dulieu le permet. Leur mal-beur eſt que le public a ſi
peu dai-gent , qu’il n'a pas moyen d'acheter des armes , 6L l'autre mal eſt , qu’ilsne
ſçauroient demeurerhuict iours enſemble , ſoit pour ſe defendre, ou pourauaqucr,
s'ils ne ſont aſſiſte: des grains de la Suaube , du Milanois ,oc du Tirol, pource qu'ils
n'ont que du ſoi-mage , du lait , de [a chair , &x vn peu de vin., excepté ce que l'abon
dance de la Valteiine leur peut fournir, 8c s ils perdent ceſte vallée , 8c ſa voiſine ,ils
ſontà demy perdus. lls n'ont en tout leur pavs que leurs paſſages eſtroits quileur ſer-i
uent de fortereſſes. 8c les aſſiettes dequelqites lieux ,ſine la nature ſembleauoirrcn
dusimprenables. ll y a ſeu'ement quatre paſſa es parleſquels on peut entrer en ce
ñ av S ; le premier eſt du coſté d'Italie par le lac e Come ,' 6c Clauenne; le ſecond par
t'as-H'._ laVal Camonique qui eſt du Breſſamappartenant aux Veniciensſhc def à parla VaL
=î ~ celine; le troiſielme de la Comté de Tirol, 8c des terres dela maiſon d’Auſtriche par
ia vallée d-'lnn au Chaſteau de Finſternuzë 6c le quatrieſme-de la Sſiuiſſe , ac S uaube à
Caire par le pont du Rhin-z Ces paſſages ſont tellemEr eſtroitsgôk Forts,que zo (Eildats
_ſuffiroiët pour les deſëdreœ pour empeſcher l'entrée,& Fyſſuë de qui que ce ſur. Au
i reſte les maiſons des villagegôt des villes meſmes ſamia pluſpartdc boiszôc de terres
I- l
, .
i _ … ,
_ Pays des Griſons. 56E
tellement qu'on pourrait aiſément bruflet ouÎruint-r tous les baſtimens de ce pays ä
la moindre courſe qu'on y ſeroit. D'ailleurs ;leuërs valées ſont tellement ſeparées
par des montagnes ſort hautes, queñſvne ne ſçauroit ſecourir l'autre qu'apres vn
long-temps, 6c auec vne grande incommodité , de ſorte qu’on‘les peut rauager Ii_
l'aiſe, auant que les voiſins en ayent la nouuelle. W11! aux gens de guerre que tout
ce pays peut faire , vousen verrez le dénombremeut au diſcours de chaque Ligue
.\
55 P475- , . y
Les ï Romains ayans reduit ce pays en Prouince , y enuoyerent des Procureursfi Tacitjiifi;
pour Rliſſæîique.
mice le gouuerner: puis " les Empereurs y mirent des Ducs ou Capitaines de .la li- b Vopiſc-in fi
- . . 1 l .' .
Les ° Alernands
ſtance,eii actaquerent apres
chiaſſant lesRomainsÆc les paysles
confinant d'auteur
Rhætesdu Rhin
dans 6c du Lac de Con-
les montagnegen telle H,,’.,_|i,4,,_";;
S ptéſchcr.
ſorte toutefois qu’ils les tenoient com me ſubjets: puis lors que les Goths ſe furent Pallas _Rhæçig
rendus comme maiſtre: de l'Italie, ſousTheodoric ,ils donnerent à ce pays vn Duc
ou Capitainqcomme on peut voir-en Calſiodore, lors qu'il parle de Seruan,Duc de
Rhæcie. Mais d'autre-part les François ayant vaincu les Alemand-S, ſubjuguerent
auflî c‘e pay-SHS: y, enuoyerenr des Gouuerneurs ou Preſidensi ôt les Rois de France
diuiſerent toute la Prouince en Comtez Gt Seigneuries. ‘
__Gouuerneurs
!Jlíueſque ſeul,qui auoit commandé auec les PÏCÛÔCÛS, retint les marques
, «St le pays de Chut ou dela Maiſon de Dieu . nſiſion toutesſois deque
ſans ces
l'Abbé de Diſſectntnis ſe fiſt maiſtre d’vne partie. Finalement Charlemagne fit Con
I
j . ñ
r i Pays des (iIriſonsſi '$63
i lVlais on peutäppeller de toutes les Sentences au Conſeil des SeigneursGriſons- ñ_ , ’
ou aux Commiſſaires qu'ils enuoyent pour iuger, ou finalement au Conſeil dés
Communautez, qui ont ſouueraine puiſſance. En l'élection des Bailliſs, on ſuiſ
Perdre des Ligues &z Communautezfflommcte par exemple, ſi la Ligue Griſe eſtabllt
. vn Gouuerneurà Sondrie pour deux ans, la Ligue de la Maiſon de Dieu en met vn'
pourles deux ans ſuiuans,au bout deſquels la Ligue des dix luriſdictions en enuoye .
P our autres deuxans.
L' Eueſque de ² Coire 8L ceux de la Maiſon de Dieu . de ' meſme que ceux de la Li- Î,Ÿ‘P‘°ſ‘h‘²l\
gue Griſe, eurent de longue main alliance auec quelques Cantons des Suiſſes leurs ’
voiſins,de meſme que la Ligue des Dix- Iuriſdictions, auec ceux de Sarn ans. Mais
l'an mil quatre cens nonante-ſept . la Ligue Griſe ſit alliance perpétuel 6 9413C ÎÊS
Cantons de Zurich , Lucerne, Vri, Suitï, Vnclerwald .Zug 8c Glaris : 6c l'an mil
quatre cens nonanteñhuict, la Ligue de la-Maiſon de Dieu s'allia perpetuellement
auec les meſmes ſept Cantons: puisſan mil cinq cens nonantefla Ligue des dix Iu
riſdictions rit alliance perpetuelle auec ceux de Zurich &2 Glaris: 6c l'an mil ſix cens,
les crois Ligues sàallierent pour iamaisauec les Valaiſans; puis l'an mil ſix cens deux.
auec le Canton e Bern-e. -—
Qiant aux Alliances que ces Ligues ont 'auec quelques Princes, ils la firent î
Cremone, auec Louys douzième Roi' de France, le vingt-quatriémeluin mil cinq
_cens huict: puis l'an milcinq cens vingt-vn, la Ligue Griſe ſit alliance auec le ROY
François premiende meſme que les autres Suiſſes ,excepté ceux de Zurich; 8c le
cinquième Feurier l'an mil cinq cens vingt. trois , les-Ligues de la Maiſon de Diet!
ez des dix luriſdictions , entrerent dans la meſme alliance , qui ſut renouuellée pa r
Henry ſecond ,l’an mil cinq cens quarante-neuf: puis l’an milcinq cens ſoixante
quatre, par le Roy Charles neuſieme ; l’an mil cinq cens octante-deux, par Henry
'troiſieme z &t l'an mil ſix cens deux, par Henry le Grand, qui voulut y comprendre
Monſeigneurle Dauphimſonſifils 6c ſucceſieunà preſent noſtre Roy Louys le luſte,
" qui les a puiſſammentaffiſté contre les vſiirpateurs de la Valteline, &c de leurs au
tres pays , les ayant remis en leur priſtin eſtat, ſous la conduite de M‘ le Marquis de
Cœuure.
La Maiſon dïäuſtriche, s'eſt de meſme vnie auec les Griſons à diuerſes ſois. Car
l'Empereur Maximilian ſit alliance hereditaire pour vingt' ans , auec Paul Eueſque
deCoire , 6c les trois Ligues pour vingt ans: puis perpetuelle le quinzième Decem
bre mil cinq cens dix huict tant pour !a Comté de Tirol, que pourles Seigneurie: i '
de Veldkirch, Bregentz 5L Pludens, qui tient encore.
Les Poſſeſſeurs de llîllat de Milan. …ic auffi depuis long-temps ſait quelques
Traiſtez, càuillsappetllent Capiculations,auec quelques Communautelz d; la Ligue
Gri e,8c e aMai on de Dieu, qui sallierent remierement auec es icomtesi
'puis_l’an mil quatre cens ſoixante-ſix ~, auec le Dſic Galeas , Marie Sforſe: puis auec
ſonLes
'fils Griſons
Iean Galeas Marie,
ont eu auſſi 5c ſes ſucceſſeurs
touſiours de la famille ,des
bonne intelligence 6c Sſorces.
certaines cſionuentions
auec la Republique de Veniſe leur voiſine , pour laquelle ils ont quelquesfois porté
les armes : 6c l'an mil ſix cens trois, aux Eſtats de Taſaas les Venitiens firent alliance
perpetuelle pour dix ans: puis renouuellerent ce Traite' l’an mil ſix cens ſeizqauec
des_ conditions plus amples.
Mgîon_ Ils ſont diuiſez en deux Religions, les vns eſtans Catholiques 5c les autres Caluîñ'
\ riiſtes. Mais ils ne permettent-pas entre leurs ſubjets des diſputes publiques entre les
vns &c les autres, ſinon que les Eſtats generaux l’accordent par occaſion : 8c les Cal
uiniſteskpepeuuentacqueriraucun droict ſur les Egliſes, ou les biens Eccleſiaſtigues
des Cac oliques, nv au contraire ſans la reſolution des Eſtats. Les Caluiniſtes ub
iets,ne peuuentauſſi dreſſer vne nouuelle Egliſe en quelque villageſſans l'Arreſt des
trois LiguesJ-c le plus grand nombre ne lÎem porte pas ſur le moindreztellement que
les plus forts ne peuuent contraindre , ny chaſſer les autres, àcauſe de la Religionſi
_ Mais les Griſons Libres peuuent changer de Religion àleur volonté, dreſſer des
Temples ou Egliſes, &t contraindre le plus petit nombre d'obeyr au plus grand , aux
choſes qui concernent la Religion, ſans chercherle conſentcmsnt, ou lareſolution
des Eſtats. Au reſte b, l’an i6 rzqaux Eſtats de Coire, il ſut reſolu que les leſuiſtes qui ?Siïrïïhfll
ſe vouloient eſtablir en la" Valteline 6c Comté de Clauen, en ſeraient forclos à per- l" ‘²
petuitéſſans toutefois alterer aucune choſe en la Religion2 . , - ſiſi ,z
.il ñ .r.i”
.
ſ64 Pays des Griſons: 17'
LICVE (IRISE
_’ A Ligue GRISE tient la partie duipays des Griſons , qui Ame-je;
..r/ſt
-f 7° l
-
ï
.f , 'g -Ï—|. .-
d
s'eſtend
Galancadu
8L Midy au Nord
de Maſox , depuis
iuſqu’au Belinzone
Rhin, 6L les val-t'es
iuſquhuipont nommé de
~ ~ 1
r, ~* p m., _
La ſixième, celle de Rætzans', en Latin Rlzdtiam, tirant' ſon nom du Chaſteau qui
ſert de demeure à ſon Seigneur, aſſis à la gauche du Rhin, ſurles extremitez dela
'valée deTumbeſch, tenu maintenant en gage de la Maiſon d'Auſtriche par les no
blesdc Planta, 6c comprenant ſous luy Bonaduts, Ober-Ems, ou le Haut-E ms , 6l
Vellltſherg.
La ſeptième , eſt celle d'Ober-Sax,ou Haut-Sax, de la Haute Ligue , prochedu e*
Mont qui Fauance vers la ville d’Ylants.
La huiâiéme, celle de Lax, aſſiſe à la gauche du Rhin, dont les habitans ſe diſent
x libres, pource qu'ils ſe ſont rachetez de la ſubjetion de ſes Comtes par argennauant
les autres Communautez. On adjouſte à celle-cy Sauien. —
La neufiéme, eſt celle de._Rhinvrald,dont le principal bourg s'appelle Splugen'
proche de la montagne de Colmo del Orſo, &c grand paſſage de ceux qui s’achemi-'
nent de Coire en Italie par cette montagne.
La dixième , eſt celle de Schans , aſſiſe entre Spelugue 8c Tuffis ouToſ-anna , «Sc
nommée dans les anciennes écritures de ceux deCoirqsexamnia ou _S exannis.
L’onziéme, eſt celle de Tuſiis ou Toſanne, village aſſis prés du torrent de Nolle ,
au commencement de la valée de Tumles ou Tomeliaſca, auec Kaats, 8c quelques
autres lieux. . g v
La douzième ,'eſt cel le de Heintzenberg , qu'on appelle autrement luriſdictíon
dela Montagne,affiſe au commencement de la valée deTumleſch, &tirant ſon
uom d'vn ancien chaſteauruiné, ſouslequel ſont compris les lieux de Durmein,
Flerden,Purtein,Saren ôzautres. ’
La treizième, eſtrelle de Schlœwïys , auec le chaſteau de Lewenberg , où le Sei
gneur de cette Communauté demeure. -
_ La quatorzième, eſt celle du Haut ou Hohen Trumbs,dont les habitans qui n'ai
uoient queles deux tiers de la Seigneurie . acheterent l'autre tiers ſept mille eſcus,
l’an 1616. Quant au chaſteau de Hohen-Trumgil eſt ruiné.
La quinzième eſt celle deTaninmszdffoù l'on va parle mont ;le Gongcl à Pfeuers
cn la Comté de Sarngans.
—-.ñ_M_z—ic—*
Pays des Criſonsd 56;
q La ſeizième .jeſt celle de Vals ou Fais, nommée autrement la Valée de S . Pierres
comprenantlesñlieux de Faleieiſeræautres. ‘
La dix— ſeptième, celle de Safie~n,au~tre‘f~ois Stu ſſaui-qaffiſe derriere cel le de Scho
pin__e,ayant ſes maiſons eſcartées-,dónt on nomme les lieux Comanne,Salerne,G um
6c Sal Penne. y , ‘
La dix—huictie'me,ce‘lle de Schopinqaffiſe en vn lieu ſolitaire au deſſus de Toſan
ne, 6c ayant ſes maiſons eſcartees. ſſ _ , ct
en La
lieudix-neufiéme
ſort eſtroit. , celle
1 de\ TennelítiTliiirínen,
ct qui eſt en vne haute
r montagne,
_ _
La vingtième 'eſt 'celle de la grande Valée de Maſox ou M iſauca, proche de Bel
linzone 6c d' Italie, arrouſſſóe de là. riuiere de Mueſe,qu~i ſe 'rend apres dans le Teſin,
\
Prés de BÊÎÜDZOÎÏÎC des Suiſſes. Elle a pris ſon nom du chaſteaû de Maſox , qui fut
ruiné parles Griſons l’an i626. _ a
_v La vingt-vniémefeſt celle de la valée de Galanckafflar laquelle paſſé 'vne riuiere
demeſme nom, quiſerend dans la Mueſe.
La vingt-deuxiémqeſt
Comtes de Maſſſox auoient celle de Ruffléemommée
vn ſuperbe Palaisembel lyparles Latins
par Iean Ragàretxmpù
lacques Triuulce.les
Wine. Le pays de cette Ligue eſt fort rude, Ge peu cultiué, 6L ne Fournir a ſes habitans
que du laict 8c de la. chair, excepté qu'en quelques villages proches du Rhin, il pro
duit deneſſ
_ qu'on l'orge 6c des
le peut pommegvoire
boire meſme leſquels
de troisans , durant en quelques endroits
il meurit dansdulestonneaux
vimmais fiverd
, de y g
meſme qu’en_Suiſſe. La con ttée ‘ de Tumleſch eſt auſſi Fort agreable, 6c porte aſſez íciiiliinügdçz_
bonne quantité
purg certaine deſiſiFroment
eau Froide , &de
qu-'onvin.
n'y Ilſçauroit
y a i, dans la Communauté
demeurer de Valtenſ- u°' 3'
dedans la ſoixanſitiémc b Sprcchés; .
.7
partie d’vne heure,ôc quelques vns nepeuuent meſme ſupporter d'y entrer: mais on
tient qu'elle ſert de remede àceux qui ſont ſourds &c chaſſieux. A Baden , en la 'va
lée delaLugnitz,
dans il y a_ des
valée de ſainct bains propresdepour
Pierre,d'autres ceuxvertu.
meſme qui ſont srauaillez
La valée dela fiéure;
de Maſoxſſc 8c cctèuiuimdgz; i
eſtauſſi
des plus fertiles en quelques lieux,où elle produit quantité de vin 8c de bons frùicts, " 3
eſtant toutesfois ſterile_ en d'autres :mais celle de Galanke eſt ſauuage , 6c ne produit
que bien peu de bon bled En la valée_ de “ Tauetſch , on trouue grande quantité de d syreoIHfizÎj
cryſtal z de meſme quen la foreſt de Seiſa dans la meſme valée, quelques. marques
de
'gentſel8caux
de pierres
cuivre :ſqui ſe cuiſent
6: dans facilement.
laval ée de Ferrare Prés
en lade Trums, il y adedes
Communauté mines-, ild’ar
Schans ya
de Fort riches mines d'argent, deeuivre 5c de plomb, qui ſont au Libre Baron 'd'IE-Lh
ÏiE rmgels,
de er. Seigneurie de Halden ſtein,& ' non guere loin delà vers Splugen, desſ mines
iiièemz. #LesCommunautezcdôberſax, Rhinwald,Safien,Thaennen,SchodineêcſiVals, Ÿesÿhu-ſilſrthæz_ ~.
_parlent Alemand , 6c toutes les autres Griſon ou Romain; excepté la valée de Ma- Ëàäàuàfiv
fox. qui parleltalien corrompmde meſme que celle de Galànke. Les fliaibitaus de c; ,.__ __ '_ ‘
la Ÿäléç de ?Balanced ſe mel] ent preſque tous Ïaccommoder laïeſine pour la vendre, Syrah-IEEE
, ou' e gueu er &c vagabonderdeçà delà ſans vouloir trauailler pouraucun.
,FWM d. Il ylpeät auoir en toute 'cette Ligue, enuiron cinquante mille ames ,dont il y a
ix mi e ommes enrollez pour la guerre , y _ .
Gender. Les habitans de 'ce païs firent enſemble!) Trumgau mois-de Mars de l'an mil qua
deymznz. Ë-e celns vingtſquatre , à l'exemple des Suiſſes leurs voiſins , vne Ligue perperuelle,
ont esprincipaux articles furent 5 qu'ils fentre. ſecoureroient les vns es autres,_8c
auraient lib-re 'commercqtiendroient les chemins aſſeurendefendroiät leurs droicts
&priuilegesgæe receuroientaucun en leurLigue que de Paduis cômunspartagereict \
eſgalement le butin 8: le lieu de leurs Aſſemblées ordinaires ~, ſeroit TrumF- ÜCNX
qui voulurent eſtre com pris dans cette Ligue , furentPAbbé de Diſentiſs, auec le!
Communautez de Diſentis &t deſſVorce , ou Valtenſburg : les Seigneurs de Khamſ
zuns ,auec leurs Iuríſdictions de Rætzuns , Oberſax ,Saffien ô; Tennen: leComœ
Iean_ de Sac de M aſox ce ſes Iuriſdictionæa ſçauoir, la ville &Ylans 6c toute la Vóp- -.
e , la valée de Lugnitz ,la valée de _ſainct Pierre &t Flems: le Comte de Vetdenſi
erg 8c ſes Iuriſdictions de Hohen-Trums, Tannins, Lewenberg 8c Schlorïs-LCÊ
Seigneurs de LaxJes Com munautez de Rhinwaldfichans, Tolänneſhlenienberg
6c Schopine,_t_ous tant pour eux que leurs ſucceſſeurs. —L'Abbê reſerua les Cantons
d’Vri,Suitz,Vnderwald; les Seigneurs de Rætzuns œ le Comte de Maſox, reſerue-H
rent lesSelgneurs de Milan 8c les ſertnens qu'ils auoient preſtez auant deſc Liz”
i' ‘ Pays des Criſonsſi
ſſGeorge Comte de Verdenberg , vendit à l'Eueſquc de Coire les droicts qu'il
auoir ſur Toſane, Heintzenbergóchopine , Schans, 5L le Haut-Vals, quittcà lean
lacques Triuulce Rhinwald Bt Saſien, 6c ne retient qu'Ortenſtein. .
Or cette Ligue , d’vn commun conſentement, eſtablie apres certaine forme de'
ÃGouuernement, compriſe en quelques articles , ſuiuant leſquels( ils éliſentle Land-I
tichter ou luge Prouincial, Chef decette Ligue , toutes les anhéesà Troms, leionr
de ſainctdeDiſentiſsJe
1‘Abbé George, enuoyant pourdecetRlſiiætzunsfic
Seigneur effect trente-deux Deputez( côparoiſt
le Cliefélemqui en y comprenant
au nom
des Communautez, ſubjettes aux Comtes de Maſox ,au temps de Peſtabliſſement
de cette Ligue)auec le luge Prouincial de la precedente année. La premiere année,
l'Abbé de Diſentiſs en nomme trois de la Communauté de Diſentiſs; l'année ſui.
uante,le Seigneur deRætzuns en nomme autät des luriſdictions deRhætzungVor
ce a Oberſax :GL la troiſième année ,les Communaute: de Lugnitz ,la Voppa 6c
Flemgen éliſent vn , qui doit nommer quelqu'vn de ces Iuriſdictions , au lieu des
Comtes de Maſox, au ſquels llîueſque de Coire auoitſuccedtädiſquel toutesſois ils
ſe racheterent. Au reſte , on ne peut élire vn luge Prouincial que deces trois Sei
gneuries. Lors donc que ces hommes ont eſte' nommez, le Iugede l'année prece
dente recueille les voix des Deputez, 8c qui en a plus eſt luge Prouinciahmais ſi les
voix ſont égales, le Chefs: Preſident de la Ligueconclud leſlection.- Les meſmes
Deputez éliſent le Chancelier 6c PHUÎŒCP de la Ligue , iugent les appellations de
tout le pays, 6c vuident les differens-iyui ſe preſentent. ñ ~ -
L‘Abbe' de Diſentiſs retient ſes priuileges en l'élection du IugeProuinciaLde mé
me 'qu'aux luriſdictious de Diſentiſs 8c de Vorce. outre qu'il a droict de barre mon
noye. Le Senat de Diſentils eſt compoſe' de quarante hommes , 8c d’vn Amman ou
Miniſtral , qui éliſent auec ceux de leur Aſlemblée 1‘Abbc’ de ce lieu , 6c iugent les
cauſes criminelles. Qiinze de eeuxñcy iugent les cauſesciuiles 6L matrimoniales:
côbien toutefois qu'aux derniers il ne ſe fait aucun jugement que de Paduis de leurs
Eccleſia ſtiques ; ainſi que le pratiquent les autres Griſons. LſſA bbé prend la moitié
des autres amendes, 6L la Communauté l'autre , ſuiuant le droict acquis de Hugon
_Comte de Verdenberg; approuué par l'Empereur Rupert l'an mil quatre cens huit.
en deduiſanttouſiours toutesfois les deſpens du pro cez. Le meſme A bbêpropoſe à
Vorce en leſlection d’vn Miniſtral quatre hommes , dont le peuple en eflit vn , 8c
: prend toutes lesamendes. ll y a vingt-cinq hommes pourle iugement des cauſes
criminelles,& treize pour les ciuiles 6c matrimoniales-En la Communauté _d'0 ber
ſax,leSeigneur deRhætzuns eſlit pourAmman ouM iniſtraLvii des trois que le peu
ple
de lapropoſefic prendde
Communauté leslaamendes.
Voppa, ſeLes Aſſemblées
tiennent le plusde la Ligue-Griſdzde
ſouuët meſmedont
en la ville dſi’Ylans, que
RIA. C'eſt vnc ville Epiſcopale, aſſiſe fi-Îr lariuiere de Pleſſur, qui ſe va rendre dans
~ le Rhin , à ï deux mils delà. On la prend pour Fëóadnmm de Ptolemée; ôcceuxjde: Guillim.l.43
. z.
_ Coire diſent, qu'elle ſutautresfois nomméelmburg. C'eſt la ville capitale de cette
Ligue. L'Egliſe Cathedrale Ïauec le logis de l'Eueſque,& les maiſons des Chanoi d Munſterl. 'j
e Sptecldlis;
nes, eſt bien dans l'enceinte de la ville, mais plus haute que le reſte. La demeure-de Guillimqgg, l
l'E uèſquegsſſappelle leChaſteau de Marſoila, qui ſignifie Mars aux-yeuxſhc eſt pro
che des ruines de Spinoilaou Epine aux yeux,où les Preſidens de Rhœtie ſe te
noient, de meſme qu'en lîäutre, qui eſt aujourdhuy fort magnifique. Ce fut où
S. Lucius endura martyre ſous ces Preſiiensù Les lieux de Maſſans, Lurtibald &z
Eraſcafonr des dépendances de cette vil
La ſeconde,eſt celle des quatre villages, que les Alemands appellent Verdoerffrz
qui ſont Zizers,Igis,Trimmis &c Vnderuatz.
La troiſiémexſt celle d’Ortenſtein,en la valée de Tumleſch du Tomeliaſcagffiſe
prés alu dernier Rhingiuec lesſſParoiſſes deTomiltz, Snheid, Baſhels 8L autres, 6L de
cette valée on en tre_ en la Communauté du Haut Vatz, parlvn paſſage fort eſtroit 6C
dangereux. î \
La quatrième , eſt celle qui prend le nom du village 8c chaſteau de Furſtnow, 8c
comprendles lieux de SeharangSils, Almemæ le chaſteau de Rietberg.
La cinquième , eſt celle d’Oheruatz ou du Haut Vatz , auec les lieux &Almera;
Lain, Muldain 5c Dal, Sturris 6c la Motte.
_ La ſixiémqeſt celle de Gryphenſteimproche de lariuiere d’Albel~,qui ſe rend dans
le Rhin, en la valée de Trumleſch. '
La ſeptiémqcelle de Bergan, d'où il part de la montagne d'Albel, qui touche le
Haut Engadeh , ,vne riuiere de meſm e nom. qui ſe mefleauec le dernier Rhin-aſſez
prés du Chaſteau de Baldenſtein. On y iont celle de Feliſur, quoy qu'elle ayc vn Mi
niſtral, 8c que ſon tcrroirappartienne aux dix Iuriſdictions.
La 8. eſt celle d'Oberſax ou Reambs, nommée autrefois en Latin Mini/rhin” in
Impediruà, pource qu'elle eſtoit comme au plus bas du pied des Alpes. Elle côprend
Tintzen,en l. atin Tinitiarzum, dont Antonin parle en ſon itineraire , 6c qui eſt nom:
mé parles Griſons Tinnezon; puis Sauogninfialuqôc quelques autres lieux.
' Europe. x C cr.;
56 8 _ Pays.: des Griſons; l
'La neufiéme, eſt celle de Tiffen-Caſten ,lieu nommé par Antonin 1mm». C43
ſtmmfflroc he de la riuiere d’Altbel,qui part de la montagne de meſme nom.
La dixième eſt celle de Stalla ou Beuio , c'eſt ~a dire, Eſtable , ou deux chemins;
'pource qu'en ce bourg le chemin des montagnes ſe fourche en deux , dont l’vn me
ne par la montagne de Settimer, à Bregell ,GL à la Comte' deClauenne-“t l'autre,
par le mont Moloie, auſſi blanche des Alpes, Iulies Rhætiques , au haut En
gadin. ' celle d'Auers , aſſiſe en lieu rude , de meſme que Stalla ,compre
L’vnziéme, eſt
nant Madris,& quelques autres voiſinages. ſ
La douziémqeſtîcelle de Prœgel ou Bregel , nommée en Latin Prægallia, aſſiſe
ſur les bords de laGaule,que les Italiens nomment Ciſalpine,en tirant vers Clauen
-ne,&c diuiſée en deux Iuriſdictions ciuiles, nommées en Alemand Oberport 6c Vn
derport. Son bourg principal eſt Veſpran.
La treizième, eſt celle du Haut Engadin, dont Zutz eſtle principal lieu, comme
z celuy qui ſert de demeureau Miniſtral de tout le pays , 6c de long-temps à la noble
famille des Plantes, dont vne tour porte enoor le nom. Elle comprend aufii la Iuriſ
diction de Sumaada.
La quatorzième , eſt celle de Sumaada , dans le Haut Engadin , proche du
TYnn. -
la La quinziémqcelle de Poſtlaffiancien nement PtſCſdtlillm, bourg aſiis au delà de
montagne de Bermine , vis à vis de la Valteline , &ſi tel qu'il y a Impri
merie.
La ſeiziéme,celle de Steinſiſperg, au Bas Engadin. _ y
La dix-ſeptiémqcel le de Schul tz,afliſe encorau Bas Engadinſi, où les Atchiducs
düäuſtriche, Comtesde Tirol, tiennent le chaſteau de Taraſp. y _
La dix-huictiéme , Remuſs, iadis Hctcmuſhëm , comprenant Crieuſch , Mnau 5c
quelques autres lieux. ñ
La dix-neufiêmqeſt Munſtertahou la valée de MunſterthaLau pays d'E tſchland.
L? vingtième , celle de Mak , au deſſous de Galſen, en \Vinſtgow , 'prés de
t PEE ch. .
* La vingt-vniémexſtla valée deSammin.
Wine à celle de Schants [en \Vinſtgow , oû quelques vns de la Maiſon de Dieu
auoient Iuriſdiction ciuile,auec vn Iugemommé Richter; elle a eſté peu à peu ar
-rachée. .
.Schuaæthz, Le ï chaſteau de Churberg , en Winſtgow , prés de l'Etſch , eſt auſſi vn fief de
'LV' PEueſché de Coire, comme auffi celuy de Furſtenberg , prés de l'Etſch , au meſme
pays,au deſſus de Glurentz. '
Le pays de cette Ligue eſt tout montueux ôcrude, excepté la valée de ſaincte WWF
Marie , proche de la ſource de l'Ecſch ou Atheſis , Gt la valée de Tomeliaſque, auec
le pays d'auteur de Coire, proche du Rhin, où l'on void preſque de tous fruicts , ex
yspxcchcx, cepte' des oranges 8c des oliues. Il y a dans le Bas Engadin, en b la Com munauté de
11-" Rhemuſs, au deſſous du village de meſme nom , vne fontaine qui vient dela valée
de Taſſa , d’vn lieu naturellement voûté, qui tarit à certaines heures du iour , 6c re
uient vne heure apres auec grande quantité d'eau. Au meſme Bas Engadin il y a des
mines d'argent 8c de fer,en la valée de Scarla, où les -Archiducs d'Auſtriche, Com
tesde Tirol, tiennentleurluge des Mines. .
Les habitans de la ville de Coire ,ceux des Communautés des quatre villages, Mœun;
d’Oberuatz 6c d'Auers , 6c du lieu de la Motte, parlent Alemand ; »Sc toutes les au
tres Communautez
'langue Griſon6c,Peſtlafflapprocſihe
de ceux de Pregell que les Engadins grandement
appellent Ladin. Il eſt vray que
de l’Italienne.Au la
reſte,
ceux de cette Ligue ſont d’vn eſprit beaucoup plus vif que ceux de~la Ligue Griſe,
hai-dis Gt ſuperbes au poſſiblqprincipalement dans leur paygmais quand ils en ſont
dehors ils ſe raualentaux plus vils ſeruices. ..
On tient qu~il y a dans cete Li gue pour le moins trente-cinq mille habitangdont
‘ on en peut enroller pour la guerre enuiron ſept mille.
c !Puch li-s- Enuiron l'an mil quatre cens ï, quelques C ommunautez de cette Ligue s'vnirent Gouw*
enſembleepuisſan mil quatre cens dix-neufivoyäs l’eſprit inquiet de ?Eueſque Na- "‘”‘"“
ſon,ils ſe liguerët ſous certaines côditions, pour defendre contre toute ſorte d'in
jure ô: dbpprefflon 5 puis eſtans encouragées par la LigueGriſe , s’vnirent en ſemble
q plus eſtroitemcnt, comme vous auez pû voir-au diſcours general. Cete Ligue a ſon
\‘
Pays des Griſons": ‘.
*Cliſieffflqiii sëappelleiBourgmaiſtre-Ou Conſul de Coire, &c chaque Communauté
569
a ſonAmrpan ou Míniſtrahôä Podeſtanauec ſes loix &t couſtumcs. z
ſ IJEueſque de Coire a ſes Officiers, qui iugent les cauſes ciuiles 8c criminelles,
autour de Coire. Il met au chaſteau de Furſtenburg enlVinſtgowr, vn Gpuuemeuſ
qui maintient auffiſes droicts en la valée de Munſter. Il a quelque part aux amen
des criminelles du Bas Engadin.
Le chaſteau de Remuſs e-ſt vn de ſes fieſs. ll tient au chaſteau de Furſtnou , en la
valée deTumleſch, vn Gouuerneur qui maintiët les droicts de IŸEUWſichéaLÎXCOm
'munautez de Toſane,Heinzenbergfichopinaqui,ſont de la Ligue Griſe; 8c en celle
d’Oberuatz. Dauantage, il a beaucoup de beaux fieſs, !Ht droicts horsdupays des
_ Griſonsmon ſeulementautourde ſon Eueſché; mais encoren Alſace. llreqoitauffi
certaine ſomme d'argent de deux en deux ans,de's reuenus de la Valtelinqdu peage
de Clauenne; 6c a droict de barre monnoye,comme Prince de l'Empire.
Qlälntà la ville de Coire , dont le Conſul eſt Preſident de toute la Ligue,, elie a ce
priuilege, que l'es íiſſemblees de la Ligue s'y tiennent, de meſme que les Eſtats ge
neraux des trois Ligues ,Sc les autres qu'ils appellent Bytag. Elle a pareillement
pouuoir de barre monnoye, auec vne entiere libertézvLa forme de ſon Gouuerne—
ment, approuué parYEmpereur Frideric troiſième, eſt aujourdTÎuy telle. Tous les
habitans ſont diuiſez en cinq tribus ou compagnies, qui _ſont celles des Tailleurs,
Cordonniers, Marchands, Boulengers -Sr, Vignerons. ChaqueTribu a deux princi
paux Chefs ou Ober-Zunffcmeiſter, qui exercent cette charge tour à tour d'année
-en année. lls ont auſſi d'autres moindres Cheſs, qu’ils nomment Vndeër Zunſſt
meiſter, qui comman dent tout atout chacun vneann-ée. On prend quatorze hom
tmes de chaque tribu pour le grandConſeil com poſé de ſeptante , en y comprenant
les Tribuns ou Zunfftmeiſter; puis on crée les autres MagiſtrateLe petit Conſeil eſt
com poſé de quinze hommes , troisde chaque tribu , qui ,ſont nommez: Senateurs',
gouuernent les choſes plus ſecrettes de laRepublique, ê( prennent meſme cognoiſ
ſance des cauſes
en charge tour àdes mariages.
tout. On élit Ce Conſeil
auſſi quinzeaautres
pour Preſidens deux
Senateurs, troisConſuls , quitribu,
de chaque ſon: ſi
pour les cauſes criminelles, 6c ceux-cy ont pour Cheſs deux Gouuerneurs de la vil
Je, nommez S tattvogt,q~ui preſident 'tout â tour chacun ſon année.
Les luge: des cauſes ciuiles ſont au nombre de quinze, dont il y en a dix du
,Conſeil
ou luge des
delatrenteôc cinqZunfftmeiſtenauec
ville, &z de leur Preſident,
ceux-cy l'on peut appelſileraupetit nommé
Conſeil. Ils Statrichter,
ont auffl vn
Iuge, nommé Præſeûrichter, qui vuide auec fix Aſſeſſeurs les procés desſeruitudes
de la ville, 6c ruſtiques. Ils oncle Miniſtral de la ville , ou Statt- Amman, qui a ſoin
des viures 5 8c leur Port' enſeigne ou Banerhernleur ThreſorienVoyer, Cnancelier
5c Secretaire des choſes ciuiles, auec* leurs_ Huiſſiers. Ils éliſent leurs Magiſtrats au
mois de Nouemhre,enuiron Fa ſainct Martin .
Qdantà la Maiſon d'Auſtriche , qui tient vn Chaſtelain ou Gouuerneur au cha
ſteau de Taraſp ,au nom du Comte de Tirol , il eſt engagé aux Mohrs de Liechte
negg, 6c quoy que Taraſp ne ſoit compris dans cette Ligue , toutesfois il obeyt à la
Iuriſdiction de Schultz en toutiugement ciuil, matrimonial 5c criminel. ll y a qua- ,
tre Miniſtraux ciuils en cette luriſdiction z l’vn de la Ligue 5 l'autre de la Seigneurie,
comme ils diſent,c'eſt à dire,de la Maiſon d'Auſtriche, en l'élection duquel le Gou
uerneur de Taraſpadeux voix,& preſte ſerment: le troiſiémqde l'Abbaye du mont
de ſaincte Marieusc le quatriéme,de l'Abbaye desReligieuſes de MunſterthaLGeux
,dela Maiſon d'Auſtriche , ont auſſi ſur les confins du pays de Tirol au paſſage
eſtroit de Finſtermuntz , vn chaſteau, auec vn peage de grand reuenu. Il y a li
deux Miniſtraux pourles cauſes ciuiles, l’vn de la Ligue de la Maiſon’dejDieu.
qui iuge auec trois Aſſeſſeurs _: l'autre de la Seigneurie , ou Maiſon d'Air
ſtrice.
Il y a auſſi dans la Comte' de Tirol diuerschaſteaux 8c fieſs de I'Eueſché de
Coire,comme Rotund,Schroffenſtein, Rychenſtein, RychenbergJ-Ielfmir-Gott.
nommé par quelques vns en Latin Dem me' ddixmcgceſt à dire, Dieu m'aide, qui eſt
laſignificarion du nom Alemand. -
lung…) Toute la vil lc de Coire eſt Caluiniſtetellement quelœxercice de la Religion Ca
tholique eſt dcſendu tout à fait aux habitansiôc toutefois il eſt permis dans l'Egliſe
_Cälthcdſaië ,‘&l'Eueſcl1é,où les eſta-angers &t paſſans peuuent aller ouyr 8c dire la_
Europe.
‘L _ j O v C c ic
f ~ f
59-0 Pays des Griſons.
Meſſe, Tous lesvillages d'auteur dela ville ſont Catholiques, 6c de mefine toute le.
-contrée proche des bords du Rhin , iuſques à Speluge. Au chaſteau que la Maiſon
d'AuflſlCbC‘pOſſCdC au has Engadin ,elle tient touſiours vn Gouuerneur Catholi—
que_ qui maintient l'exercice dela Religion Carlïolíqüfflaüîfl" chîfſtîffll (luſialï Vil" ,
!age qui en dépend. Il reſte encor en cette Ligue deux. Abbayes, l vne de Moines,
l'autre de Nonnainssmais toutes deux mal reglées. Breflle nombre des Moines, n
Chanoines, Curez .Sc Preſtres Catholiques, eſt bien égal à celuy des Miniſtres Cal
mniſtcs; mais les derniers ont cer auantagqque les plus riches ô: puiſſans de cete Li
gue ſon; de leur croyance; au lieu qu'il n'y a que deux ou trois hommes d’authorité
1 .
.parmy les Catholiques , 6c meſme encre les ſept mille qu , on peut enrollerpour la
guerre” cure Li guepn n'en trouuera pas mille cinq cens Catholiques; ſi bien que
les autres 'y ſont les plus forts.
~LiGVEDEsDix~
-IVRISDICTIONS,
~ , AlLigue des dix Iuriſdictions ouCommunautégeſt affiſe auNord Anim;
ñ , " ſi" t. &Couchant de celle de laMaiſon dcDieU , 6L_ Îau Midy du pays
- des Suiſſes du coſté deRhintaLSa longueur eſt ſeulement de qua- Eſtcnänï
._ _ rance-mils d’Iralie,ou cinq lieuës Griſonnes: 6c ſa largeur du Le
‘ſi- ~ nant au Couchant parles montagnes comme inacceſſibles, eſt à
ñ - .…. z -ſſ peine de quinze mils.
ï Spreqh li.” Elle embraſſe dix Communaute”, dont la premiere 8c capitale de toutes les au. Commi_
GfllllimJ. 4.
tres , eſt celle que les Griſons nomment Davos , 6c les Alemands Tafſiaas , ou "FW".
dBgF²ïDd$_Pſ°ſi\$_í_-',VK0m18 , 0,1! _Bos-mio , par lemoyen des bojs qu'elle y conduit, 6L_
des moulins à ſcier bois qu'elle ſait tourner. ~ _ ‘_,_. j) p, . .'
LÏAMÊ Part auſſi &P Pays deîworms z Paflîerar la Valteline s Puis avanssffleurê
lelac deyÇomç durant trois ,. ou_ uatre mi ls-, le quitte pour paſſer à. Lode ,fñóç-delgiſe',
rcncldênz le. PP-.Çinq-míls au de 115d*: Crenzonc-zz . '-. . —.--. .' .. 2.-. .
Liam Mais pourve-_niraux lieuät dçceſte .vallée, ſa premiere partie ,z qui eſt celleçleT \Y-z .
~ KAN. eſt. diwëœÊFP Vn ze Com-Fis-!xïautez ;dans la premiere.-Pourraiſonólèlïaflîcxréz
eſt celle de Sondel, ou Sondal o, village aſſis ſur letiuage droit defAddez-ayant ſous)
s.
ſ9** Teſſin c311! !Je b? P-reſe, Frontal, Bolador,Ter_on,8c la_ vallée de Tantmer,$am—
Tyran; maLa ſeconde prend ſony nom
colOgniA-ôgviont. . di;
_. .rgrand
3' _ villagede
; 5_ , ſ3 — Groſizaffis
.7 . p_ _ au Bord (irait-dt
. .3, , l'A
._ -d."
'~ _A
__:|.
m La voiſine luriſdiâinn de TELL., affizſe entre la premiere ,86 -moyenne _pàrtíe de'
ceſte vallée, fait _comme #ne contrée, part-iculiere , don_t le lieu- :pxincipalîeſt-le bourg'
de Tell ſur l’Adde,' où l'on voyait autresſoisvne belle Fortereſſe. don't les ;ruines P8_
roiſſent encore. Les Aleman ds rappellent Tell,8c les ltaliens-Teglioÿœcquklqüeſêlï
Teio.,Çe_-bourg aſous luy pres del Açlde les villagesde Boaltioñ, AllaTreſendaſiainct
Iacques,.& Nigola,._ôc dans ſa luriſdiction les Nobles famille-s de Beſta,Piatti,Guic
ciardi, Gatti, .Sc autre-s. . , ,, ' ~ - ,— ñ
e_ De l'autre coſté de _PA-dde auiMidyäris à visde Tell , on trouue le village d’Auri
ga, puis plusau Midy ſainct PierrqAE-deſt 1a qu'on trouue legrand chemin de la Val
Camoniqueaäc dltalicmommé ,Li Zappelli d’Auriga , pres duquel village on trouue
au Couchant ſur la monta ne le village de Carona._qui finit ceſte luriſdiction.
La ſeconde partie de ce ejvallée , aſſiſe preside la luriſdiction de Tell, eſt celle de
Soudxio. SONDRlO, qui contient dix-Ahuiçl: Communautez , dont la premiere, pourle-re
gard du voiſinage de Tell,eſt celle de Chiuro, ,lieu ſort anciemhabitê par les familles
Nobles des Quadrîi, Brandameni.- &c Vicomte: , de 'comprenant ſous elle les villages
.l du haut Caſtiono,8tGera,auec Caſtello dell' Acqua.La deuxieſme proche de-Chiu
' ro , 6c des_ montagnes, eſt .celle du village renomméde Ponte , demeure de pluſieurs
Gentils- hommes. La troiſieſme eſt celle deTreſino,place autresfois capitale de ceſte
vallée, &c ſejour ancien des Gouuerneurs du pays , qui ſe tenaient dans vn Çhaſteau,
aſſis ſur le roc entre le village# PAddeS mais à preſent ruiné. La quatrieſme dl celle
C c c iiij
'I
;9-4 Pays des Cri-ſons. -
de Montagna' ,principal village , ayahtſousſi luy l~ëe bourg nommé-ſli doſſo della Ro
gfiazoù ctſeſitienſitſila Noble famille de &Benedettoſpuis les lieuës de Santa Maria,P_ra=
da, S.Giouanni, 6c Marecchia. _ ~‘ ~ î ſ ſſ _
?Ï-La cinquieſme eſt celle de SONDRIO . tirant-ſon nom de la ville capitale de
toute la -vallée appellée Sonders par-les Alemands; demeure des Gouuerneurs de
ceſte Prouince, aſſiſe _ſur la petite riuiere de Maleruqui vient dela vallée de Malenco,
- 8c paſſant par ceſte place eſt couuerte' d’vn pont de pierre , Gt fait tourner pluſieurs
martinets-à ſer-en la vallée de Gomber.- Les autres villages de ceſte Communau
téſont Co-lumbera, Cadolo,Triangia, ôzTriaſſo. ' .
“ —- ïLaſi ſixieſme eſt la vallée de Malengojyant pres dela riuiere~"de Malek
~’
les villages “
d'Arquino, LaTorre, Chiappanigo, a La Gieſa, &c quelques autres ailleurs. ' -
ſ ~ la ſeptieſmeeſt celle du bourg. nommé Montedi Sdndrio. r'
— ſi La huictieſme celle de Caſtiono ;village comprenant ſous luy Mangíaldo , 8c le
bourg de Ligée, 8c pres de Caſtiono äu deſſu-Éde la vallée on voitle mont', nômé des
Griſons, renômé par toute l' Italie Bt PAlemagne pou? levin excellent qu'il produit»
' La neufieſme eſt celle du grand village de Poſtalëſíægqui fait tout ſeul vne Comg
munautc. . - ' ' ’ - "
La diitieſme eſt celle du bourg de Berben, nommé par les Alemands_ Auffdem
ſtein . d'où dépendent le long village de Polagia', &z les voiſina es de la Marogia , 8c
fainct Pierre, qui ne ſont que mai ſons eſcartéegôc le dernier vil age de ceſte deuxieſz
me partie, aſſis ſur le riuage droit de PAdde , eſt Pedemonte.- ~ ’ ‘ '
Au bord gauche de FAdde, tirant au Midy , on trouue ſvnzieſme Communauté;
'nommée Buffetto , la plus proche de celle de Chiuro, puis la douzieſme nommée
Piatteda, tenant comme attachée la vallée d’Ambria
La treizieſme ſe nomme Faed ,la quatorzieſme Albaſagia , oû la Noble famille
de
où Paribelli faitlesſaNobles
ſe tiennent demeure en vn C
familles dehaſteau
Sale, 6cfortancien.
Liueri. La
ſi quinzieſme de Cajuolo,
La ſeizieſme eſt celle de Cidraſcogrſſillageaſiis au pied du mont Aſpria,au‘ec leVal
de Madre, par lequel on va au pays des Venitiensctc z Bergame. La dixſſeptieſrneeſt
Fuſina, 6c la derniere Colorina, '- ’ ' ~' .' '
. La troiſicſme partie de la Valteline, aſſiſe au bord gauche dePAdde , s'appelle au
langage du païs Squadra de M O RB ENG O,ou Morbegnmen Alemand Morbenn,
qui contient douze Communautez , dont la plus proche de Colorina eſt celle deTa
lamona, pres la vallée de Tartanmqui ſe diuiſe apres comme en deux valléegpar leſ
quelles on va en Eſté fortaiſement à Bergame. Le principal lieu de coſte vallée eſt le
bourg de Campo,aſiis ſur le ruiſſeau deTartano. Mais le grand village de Talamona,
affis ſur le ruiſſeau de Roncajola, ô: demeure des Nobles familles de Mazzon, 6c
Camoccij, eſt chef de ſa Communauté , ayant en la montagne les villages de Don
don, Premiana, 6c Fai. ‘ -
La Communauté qui ſuit eſt celle de MORBENGO , capitale ville de ceſte Around;
Squadre, aſſiſe ſur le bord droit de la riuiereñde Bitter , ou Bito, ayant des caues, auſ- 5°
quelles on deſcend par quarante, ou cinquante degrez , 6L ſbus ſa luriſdiction les vil
lages de Cam oderbolo ;Valle , 6c Arſio , qui donnent tous des Syndics à la Com
munautê de orbengo. — _ _
-5 - On trouue apres entre des montagnes fort hautes la grande vallée de Bito , qui
. prend le nom de ſa riuiere , 8c contient ſix Communal-irez. A demie heure dſie Mor
bengo tirant vers ceſte vallée on trouue à la droite de lariuiere de Bito la Commu
nauté 'd'Albaredo, vis à vis de laquellefur le bord gauche de la meſme riuiere eſt cel
le de Sacco , où ſe tient la Noble-famille de Belo: , puis la Communauté de Raſura,
6c celle de Pedeſina, parlaquelle on va à la vallée de Saſina,puis le village de Gerolo,
qui a douze voiſinages, 6c pluſieurs Familles Nobles. - l
Mais reprenant le chemin de Morbengo vers le lac de Come,on trouue le renom
mé village de Coſio' chef d'vne Communauté, où les Gouuerneurs .ſouloient de
meurer, ayant au deſſus en vn lieu fort haut le Çhaſteau de la Noble famille des Vi-ñ
cedornini. Iean Guler eſtant Gouuerneur du pays l'an i608. fit dreſſer en la meſme
année quelques Forts au deſſous de Coſio, depuis le roc juſqu'à l'Adde.
' On trouue apres la Communauté de Dalebio, bourg fort renomméſauec le villa- .l
ge de Rovolo,puis laCommuiÎautéflePlantedio,quis'eſtend iuſqu’au lieu dela Sca
Ileta , ainſi nommé pource qu'on va delà au lac de Come par des degre; taille: dans
c roc. ï . . . _m -
ï
Pays des CriſonsÎ 59$'
Vn peu plus bas vers le lac on voyoit autresſois la Fortereſſe d'Olonia. Mais Pier
re Henry d’Azeuedo,Comte
l'embouchure del'Adde, presdedu
Fuentes,GouuerneurdeMilamy baſtitlan
lacſiïſur la colline de Montocchio, i6oſ.ſur
vn Fort, de: ſi?
mieux entendus, que les Eſpagnols ont gardé ſoigneuſement, quoy que cela contre
uienneaux conuentions paſſées entre les Ducs de Milan, &les Griſons. -
Tllhôll. Air_ reſte la Squadre de Morbengo finit vn peu au deſſous du Fort de Fuentes,
ayant au Midy la Comté de Colico, ſiefEſpagnol , appartenant aux Comtes de Al
bertis de Worms. ë —
Au Nord de l’Adde,ontrouueIaSqUadrCdÊTRAI-ION,dontle premierbourg - - l
eſt Vilipenta, proche de'Pedemont , dernier village de la ſeconde Partie, au deſſous l- "
de la vallée de Rancho, ſuiuie de Bugliopù eſt la Noble famille des Parauicins, puis
au pied dela montagne on voit levillage d'Arden , ſouuent accablé des neiges qui.
tôbent des môtagnes, 8c pres dela l'embouchure de la riuiere de Maſena dis l'Adde…
Ceſteriuiere communique ſon nom à la vallée de Maſena, nommée parles Ale
mands Maſnerthal, dont vne partie s'aduance vers la vallée de Malen go, l'autre vers
celle de Bregell. On y voit le village de S. Martin,hors duquel,à main droite,pres du
bourg de Remeno,l’on trouue vn grand Coloſſe de pierrdeſtendu par terre, long de
trente cinq aulnes,large de dix,& haut de quinze. On voit auſſi dans ceſte vallée les
lieux de Felonera,S.Pierre,Tajeggio,Cornolo,S.Antoine, S“ CQEhCIlDCUÔL Ciuo;
Mais retournant à la vraye Valtelinqceſte Squadre de Trahon s'eſtend à la droite
de lariuierſie de Maſena iuſquau lac, contenanttant en la plaine, qu'en la montagne,
les villages de Bedoglio,Caſpan,la Ca del Pico, la Ca del Saſſo, Dario, Pelaſca, pres
~ du mont Pelaſco,qui s’aduance iuſqu'â l'A ldde,puis Deſco,Torchi,CategnqCamñ
pouico, Ganda, Cermeledo, 6c autres, lcſſi pluſpart ſort riches iuſqu’au nombre de i9.
Want à' la ville de TR A H ON , capitale de ceſte Squadre, 5L demeure du Gou
uerneur ,.ou Podeſtatíelleeſt aſſiſeau pied des Alpes du Nord , vn peu plus loin de
l'Adde pres du Iac,bien baſtie,& peuplée de pluſieurs Gentils—hommes.CeſteSqua—
dre embraſſe ençor au deſſous de Trahon vnze villages , dont le dernier eſt S. lulien,
où laValteline eſt ſeparée de la Comté de Clauenne.
iioimio. Quant à BORM lO, ou \VORMS , qui eſt la plus haute partie de la Valteline,
a; fait comme vne Prouin ce ſeparée , elle eſt' ceinte toute autour de hautes monta
j—..-~
gnes, en telle forte qu'il y reſte ſeulement vn petit eſpace , par lequel la riuiere d'Ad
dchentſſtellement
e entre dans lequ'on
reſte yde la Valceline
trouue , auquel
?i peine chemin lieupaſſer
pour les montagnes s'entr'appro
au coſté gauche de l'Ad
~ de ,entre les' precipices des rochers. Au deſtroit deces montagnes , qu'on nomme
maintenant S.Britio,il y auoit d'ancienneté vn Fort,auec vne muraille,qui attachoit
'les deux montagnespù l'on peut boucherie chemin auec vne porte: tellement qu’on
n'a point d'autre chemin aiſé , ſinon par des montagnes ſort hautes , où l'on ne peut
paſſer en Hyuer àcauſe des neigegôc' ces chemins ſont auſſi pourueus de Forts,ſi bien
qu'il n'y a pays au monde, qui ſoit mieux fortifié, tai-it par art que par nature.
Cc pays a du Leuant le Vinſtgow , 8c Hítſchland , pays des Archiducs d'Auſtri
che , 8L la Val de Sarcha , du Midy la Val Camonique , 6c le reſte de la Valteline ,du
Couchant Peſclaff, Bernin, 6c Engadimóc du Nord Buſſalor, 6c partiede Mun
ſfſſerthal.
Il contient cinq CommunautcLdontla premiere eſt BO RM l O,nommé parles
Alemands Wqrms, auec ſon territoireJa ſeconde la vallée de Forben n,qui s'aduan~
ce vers le Leuant ,la troiſieſme la vallée interieure , qui s'eſtend de Bormio au Coua
ſtede lalaValtelinqctôc
chant', quatrieſme la
la cinquieſme
baſſe Valléexſtenduë
la vallée dedes deux aſſiſe
Luvin, coſtezvers
de l'Adde,iuſqu’aure-l~
l‘Engadin. ñ "a _
, ſ On le diuiſe encor en ſix Parroiſſes, dont la principaleieſt celle de Bormio , à. la
quelle on a joint les villages de Piatten, Platzen,Ogcn,8t FumarogenQuant à Bor
mio, principal bourg de ceſte Prouince, reſſemblant ſa bonne ville, tant pour la.
grandeur , que ſes baſtimens ,il eſt aſſis au Midy , vn peu loin de l'A dde, fortifié en
quelques endroits, &t peuplé de ſorce- habitans , entre leſquels il y a pluſieurs familles
Nobles, dont les principales ſont celles des Alberti , qu'on trouue cncoràVeniſe, ~
Milan, a Florence, de Foliane, Mariolen, Sermonde, Florende, CaſularqCaldera
re, 6c de Zenoni. ,
La ſeconde eſt celle de ſairict Nicolas , en la vallée de Forben , à laquelle appar
tiennent lesvillages de S.Antoine,Tregua,S.Gothard, 8c S . Roch. C'eſt en celle-cy
qu'eſt affisle mont Alfurno,d'où part le Minctgôc leFrodolfe. De ceſte vallée_ deFor: ’ .
l
. ‘ *\ ‘
mettent ſur le preſſeoir, pour en tirer du vin, qui ſurpaſſe en douceur , 6c bonté tous
ceux d'Italie, .SL l'on en vſe principalement en medecine , pour deſſeicher les deflu- . u»
xions. Ceſtoit du vin de ce pays quDctauian Auguſte ſaiſoit tant d'eſtat , 8L qui fut
nom mé Rliætique par les anciens-. Meſme de noſtre temps l'Empereur Rodolfe ſe- _
cond en ſaiſoit acheter pour ſa bouche toutes_ les années.
Au reſte ce vin ſe peut garder plus de cent ans , 6L lerouge de ce pays change tous
les ans de couleur, veu que tant plus il vieillit , tant plus il approche du blanc , 6L de
uient puiſſant comme eau de vie. Ce qui cauſe la bonté deces vins , c'eſt , que ceſte
vallélsqeſtend du Leuant au Couchant, ſi bien que le Soleil ſe leuant d'vn coſté ver!
Bormio, 6c ſe couchant vers le lac d.e Come, le chauffe par ce moyen tout le iour fort
puiſſamment, 6c donne plus de force au raiſin par ceſte chaleur.
Ce pays produit auſſi grande quantité de bois , propre pour baſtir des vaiſſeaux;
tellement que les Venitiens y en ont eſté quelquefois chercher pour cét effetlls ont
auſſi quantité de ſort bons prez,& paſturagegprincipalement aux montagnegôcval
likes, d'où vient qu'ils nourriſſen/t vn grand nombre de bocufsasc de vachegoutre vne
5
ï
,
B orinio.
5……. Ce pays *ayant eſté longuement ſujet aux Romainsfut apres ſouſmis auxGoths, -Sptîcehcrï
“fflïffl- puis aux Lombards, 8L depuis aux François qui les auoientdomptez , 8L le maintin Pall. Rhistlcï
1.10, '
rent en paix. Les factions des Guelfes ,8L Gibellins le tinrent apres en trouble, de
meſine que les guerres des Turrians, 8L V~icomtes , dont les derniers en furent finale
ment paiſibles poſſeſſeurs, puis apres eux les Sforces Ducs de Milan, ſous leſquels les
appellations des Sentences de leurs Magiſtrats alloient pardeuant le Senat de Milan,
8L ſi quelques vns des ſujets ſe plaignoient de leur gouuernement , on y enuoyoit des
Cenſeurs, 8L S ndics de ſix en ſix mois.
Mais cepen ant Maſti n dernier fils duVicomte Barnabé-deMilan S’eſtant retiré a
Coire,quan~d ſon pere fut mis en priſon par leanGaleas fils deGaleas [Mit l’an i404.
don de la Valteline, du pays de Bormio, de Peſclaff, 8L de la Comté de C lauenne,8L
de Plursji
l’an?Eueſché deCoire,comme ayantdemeurerët
eu de ſon pere Barnabé
tempſisces pa~i~s
enpour ſon
partage l 379 .vil eſt vray que lesGriſons long- ſans pouuoir
jouyr, à cauſe de la puiſſance de lean Galeas,8L ſes ſucceſſeurs. Mais ils gagnerent les
pays de Bormio , Clauenne , 8L Plurs l'an mil ,quatre cens quatre-vingtñſix , 8L raua
gerent la Valteline, puis l'an !ſl 2.. s'en rendirent maiſtres tout à fait, 8L l'an i5iz.Ma
ximilian Sforce, fils de Loüis le More, leur quitta l'an t5iz.les droits que les Ducs de
Milan auoient en tous ces pays , en conſideration de l'aſſiſtance qu'il auoiteuë d'eux
contre le Roy François,qui faiſant la paix auec eux,8L- les Suiſſes l’an i; i 6. leur quitta
toutes ſes pretentions pour ce regard. g ,
Maintenant ceſte vallée eſt diuiſée en trois Terciers , a ſçauoir le haut , où le ſiege
du Podeſtat eſt à Tyran, (puis il y a Teglio, qui n'eſt compris en aucun Tercier: mai:
a ſon Podeſtat particulier) le moyen ſiege du Gouuerneur, ou Capitaine de Ia-vallée,
qui ſe tient auec ſon Lieutenant à Sondrio , &le bas qui a deux Podeſtats , dont' l'y”
ſe tient à Morbeg~ne,l’autre à Trahomchacun d'eux ayant ſon Lieutenannſes C han
celiers, 8L ſes officiers , 8L ſes gardes de la Chambre , 8L dela Vallée. Les Magiſtrats
demeurent en charge deux ans. Chacun iuge en ſa luriſdiction les cauſes ciuiles , 8L
l.
\\
598
l
qui ſont deſtinez pour Pelection y mettent la main, 6c quiconque tire premieremeut
vne fève noire, peut eflire pour la charge,à Peflection de laquelle on procede, tel que
bon luy ſembleEn ceſte ſorte ils eſliſent de quatre en quatre mois,deux Conſuls,qui
ſont les principaux Magiſtrats , ſeize Senateurs , dix de la ville de Bormio , ac ſix des
vallées voiſines, qui iugent les cauſes criminelles, 6c treize Conſeillers, qui ſont tous
dela ville, 8c iugent les procſſez ciuils. Mais ils ont pour Preſident le Podeſtat eſtably
par les Griſons, auec ſon Chancelier, 8c les appellations, tant de ce pays, que de tou~
ce la
EnValteline, vont pard uant les Eſtats des trois Ligues.
tous les principauxil .-3
ieux de la Valteline excepté Bormio , comme à S ondrio, Rcligionl
Tiran , Teglio, Morbegno , &c Trahone, il y ades Miniſtres Caluíniſtes; mais aux
meſmes il y a plus de Preſtres CatholiquesCeſte vallée obeyt pour le regard du Spi*
rituel à Hîueſque de Come , de meſme que la Comté de Clauenne ,combien tou;
tesfois que cét Eueſque ne puiſſe exercer ſa luriſdiction ſpirituelle ſinon auec la perñ'
million des Griſons. Les Catholiques ont ce bien en ceſte vallée , de meſme qu'en la
Comté de Clauenne , qu'il ne s'y trouue aucun lieu qui ſoit entierement peuplé
de Caluiniſtes , au lieu qu’il y a pluſieurs villages où l'on n’en trouue pas ſeulement
vn. De ſorte qu’on tient que de vingt-cinq mille habitans de ceſte vallée ,il n'y en a
pas la dixieſme partie qui ſoit Caluiniſte , 8c parmy quatre mille hommes qu'on y
peut choiſir pour porter les armes ,il n'y ſçauroit auoir huict cens Caluiniſtes. Il eſt
vray que les principaux, 8L les plus riches ſont preſque toute de ceſte creanee.
çoMTH
COMTE' DEOLAVENNE, '
x
“prenoit de la pierre 'pour les îlqaüeizi , ou pots de cuiſine, èſtant 'tombée deſſusPan
iuil ſix cens didi-huit, a du tout accablé ce lieu , &fait vn Lac auec'- lariuiorgtello;
ment
petitequ'on
Ville', n'y
oſſù voit plus queforce
lon voyoit pluſieurspierre,-8L~de Peauau
maiſons riches l"eſpace d’vncomme
poſiiblef mil. C’eſtoi~t
celles vne
des
Verteinangdes Frànchi, des Boſchetti, 8c quelques autres; 8L pluſieurs des habi
tans, dont quelquesvns eſtoient banqueroutiers fugitifs meublez en Princes, and?
les landiers d'argent, 8c la vaiſſelle à proportion z outre 'Force magnifiques maiſons,
beauiriardins ;GL-lieux de delices, qui furent couuerts en vn moment, auec leurs
poſſeſſeurs. Les 'autres lieuîîzä principaux de 'cîeteluriſdictídn de Plursaliuiſée de celle
de Clauen par vnepetite riuiere, nommée par quelques vns-Piuuia, ſont la Villa ,
où lon commenœdevoi-rides- vignes cle-ce coſté là , S. Goebia , oùla. valée cſt-fort s
eſtroite, Sauong, où lon trouue vn chemin fort court ouraller en Alemagnq-qui
111,? peut toutefois ſe fai/re qu'à' pied, Crana , 8c Rongaçia, où finitla Iuriſdiction de
urs. .
On voit encor en cete Comté au pied du mont de Spelu ue la Valée de Sa'
Iaques , aueclon principal village de meſme noms puis Compo ulcino, uidonnÿ
Europe. _ D d
\
-~ \_- :r ~--—_~~~- -~
- - I
\
val e. ~i ~ — ‘
'Toutela Comté deClauennqexcepté la vallée de S.Iaques,eſt fertilqäcbien cul— W414_
tiuée. Mais il ya plusdevin que de froment; ſi bien que les payſans font ſeruir leurs
chatagnes de pain, L'air 'y eſt ſain au poſſible, tellement qu'on y voit rarement la z
' peſte. lleſtvray qtfilyvient du Lac de Come vn vent qui mene quelquefois vn
air plus corrompu'. Les riuieres de Meire , 6c de Lyre qui l arroſent , portent toute
ſi forte de commodite-z àleurs habitan S. Car outre qu'elles font tourner des moulins
de toute ſorte, elles nourriſſent vne infinité de poiſſon exquis. ‘
’ - , Dauantageil a force gros beſtial qui trouue abondance de prez , ou cle ſipätu
_rages,tant en lap aine qifauxinontagnes , &leurfoumit grande quantité de lait,
beurre, 8c formage, qu’ils portent au Milanois ,ôcdans l'Eſt-at des Venitiens. On
trouue pres de Plurs dans a montagnefla pierre dontles Italiens font leurs La.
uezzi, ou Laueggi, qui ſont des pots a mettre 'cuire la chair, qu_1 ſe font au tour , 8c
ne peuuentſouffriraucune ſorte de venin; ſi bien qu on en ?ſe fort par toute l'Ita
lie,- ôc lon croit que la principale cauſe de la ruine de Plurs fut la recherche de cete
pierre, qui fit u'on creuſa tellement la montagne voiſine , que les vents enclos de
[ÊÈËÏËFÊÎÏEÊdÎËÎÎÏËEŸËÏÃËëîziÏèîîiïzſſîſiïîèîſieÏÎËÏSËÏÎÆÈËËÎ q” “mffl”
Les habitans de la \Elle deſſiClauíerfine \iont desCpläls acorltds , s'occupent tant aux Mm…
arts iberaux,
Griſons , que?u’au
que tra c , 8c ont iſureux,
commaräans ami ierss'y, 8cſonte retirez
ouce 5 umeur,
de meſnileueqiieluſieurs
beau ‘
'cou d'ltalie_ns,qui penſent us ſçauoir que les autres, ayans quité~la religion
Cat olique l'ont choiſy pour leur retraite, comme vn azyle, ou lieu de ſeurté.
Il y @à pluſieurs Gentils-hommes; mais ,ils ſe meflent preſque tous de la mar. ,
than iſe. ~
Les Griſons impoſent quelques tailles ſur ce pays, 8c ſont maiſtres des amandes, “íïhffl”
&t zaho] les. Dinant aux habitat-is, leurs beurres, formages , 8c chairs , dontils four…
niſſent l'Italie, les rendent riches z à quoyil faut ajouſter la voiture des marchandi'.
ſes qui vont d'Italie en Alemagne , au ſortir du Lac de Come _, pour laquelle ils en
tretiennnent vn grand nombre de beſtes de charge. ~ -
' Ceux de ce pays ontleurs Capitaines ordinaires , &leurs autres Officiers ,ſous
.Ieſquelsils doiuent allerà la guerre. l] y peut auoir enuiron cinq mille hommes, Portal
parmy leſquels on en trouuera mille propres pour eſtre enrollez, 8c porter les ‘~
armes.
' Les Unis Ligues donnent à cete Comté deux Gouueſſrneurs , dont. l’vn eſt connu:
,le Commiſſaire de Clauenne , l'autre le Podeſtat de Plurs, qui ſont changez de nïmïfflÃ
deux en deux ans, 6c iugent tant les cauſes criminelles que ciuiles, _Cäugnt aux
'criminelles, les ſentences en ſont ſans a pel; mais pourle regard du ciui on peut
recourir aux Aſſemblées generales es trois Ligues. Outre ces Officiers ceux
de Clauenne eſliſent tous les ans , non de viue voix, mais auec les balottes,vn Con
ſul,vn Vice-Conſul,qui exerce la charge de Threſoriergdeuxûonfuls de Iuſticqqiii
-ſhn t- en charge deux ans z deux Syndics , pour defendre leurs priuileges , deux Pro
uiſlion-naires, qui exercent auſſi durant qeux anszvn homme de Conſëihôc vn Chan.
ce ierz-auſ
lqu-qlî uels-on ad~oute
ſontqAdjoinS; uatre desoiit us
&i ces Quatorze le anciens n'on a(iicii.ellel’
gouueriicément '
affaiiâsgiijiilztſiÿtîärd:
vi e. . ñ
Cete Cortttécontient quinze parroiflës, où il y a par tout des Curez , 8c Preſtres Rellgionl
Catholiques, combien qu'en quelques vnes, comme â Clauenne , Plurs , Pontilée,
&ailleurgilyayt des Miniſtres Œaluiniſtes , tous Italiens. Entre les cinq mille
hommes qu'on compte, on n'y ſçauroit trouuer plus de huit cens Caluiniſtes , ny
. parmy les mille- mmes propres à porterles armes, plus de cent , qui ſuyuent cete j
~ creance. 'T z .
--.-1, .z , v _l
‘ v (Qin ~.. ' , _ g
‘ Republique de 'Cenſſcſſ-Juſſeîë' 6er_ ſi
I
S
ÊÎÏÆHNHÆ-Ÿläzrffiffifflffi ffiæffirflaffiffiffiäiffiffiffiffiuÿdffiffiffirflffirſt l
_ i1 EPVBLICLVE_ DE GENEVE.
ſſ"°“‘" ñ--d _E A ville de G ENEVE, nommée parIules' Ceſar* Gaara-epuis anero-meat;
Caſa-inde
pont couuert baſty ſur cete riuiere auant qu'elle entre dans le Rhoſne , ayant pour
ouſtien de groſſes colonnes de pierre. Du coſté de la porte de Riue on voit encor
vn autre baſtiment fait de nouueau pourle ieu de l'arc , en vn lieu proche du L_ac , '
dit le pré l'Eueſque. "1
'Cete ville auoit autrefois de belles murailles de bois ;mais elles ont depuis eſté
transformées en bonnes murailles de pierre , accompa nées de bon, foſſez , rem- "~
ars, ê: baſtie-ns, dont les principaux ſont le bouleuard e l’Oye,proche de la porte
Nenfue, ceux de S. Antoine, de S .Laurens, de S. Leger, &du Pin ,le Bouleuart
Neufproche du Lac , ayant vne tour forte qu'ils appellent la tour Maitreſſe , qui
defend le coſté du Lac, 8c la fortification faite de nouueau , du coſte de la porte de
Corneuin ſur S. Iean, outre uelques autres bouleuarts du meſme coſté. uantà
. la maiſon de l‘Eueſché, elle PCYUQUÎOUYCTIÎUY de Conciergerie pour loger les priſon-c
niers, qui ſont ſous la charge d’vn Concierge qu'ils nomment Soudan.
Pour concluſion cete ville eſt des mieux affiſes , comme ayant du coſté dela
Sauoye vn beau vignoble, Sc des montagnes d'où viennent les bons blez z du coſte'
du pays de Vaut, 8c du Bailliage de Gex, des vignes, 6c de belles prairies, d'où vient
qu'elle en ade bons formages z d’vn autre coſté le Lac , 6c du Midy vne veuë bor
née d’vne enceinte de monta S , d’vne riuiere , 8c de beaux iardins , outre le
vignoble, 6c les prairies. Au deïäs de chaque porte il y a de belles campaones , où ‘
lon ſe va proumener tantâ pied qu'à chenal; puis outre ces commoditez elle a celle
de ſqauoir 'tous les Mardys des nouuelles de France, Alemagne, An leterre, 8C
Italie,à cauſe de la communication queles gens de lettres , 8c marchan S ont auec
les eſtrangerss de ſorte qu'ils ſont aduertis dans peu de iours de trait ce qui ſe
*paſſe en la plus grande partie de l'Europe. Cete Republique commande en
cor à pluſieurs lieux , comme du coſté de la porte de Corneuin au village,
‘ , —.—- —— ,'...i.._ ~ .a
Republique de Ceneue: fiez
8c mandementde Seligny, efloigne' de trois licuës de Geneueſſiäc aſſis dans le pays
de Vaut,entre Nyon &Copper; Saconnay le petit , 8c Gentou,‘le long du Lac
pres dc Verſoy/,ôc du meſme coſte' pluſieurs autres villagegdonrles principaux ſont
_ Peney, Satigny, Dardagny , &Z Burdigny ,enclos dans les terres du Roy; du oſté
î dela porte Neuue, Chancy àtrois grandes lieuës de la ville ,_Buſſey , Onnex , an
gy ,Sc quelques autres, enclos dansla Sauoye S 6c du coſté de 'la Porte de Ri-ue la
moitié de Chene, l'autre eſtant au Duc , Vendœuure ,la Cuyſine , Cologny qu'ils ,ä
appellent en Latin Coïonid Allah-agar” , à vn-e petite demye lieuë_ dela ville, 8C ~
quelques autres. _ q_ / À r q _
W- Pourle regard deſon_ Lac, que les La ins ont nomme LEMANVS , ila ſon
"commencement
du coſté du payspres du Valays,
de Vaut, pource8c que
du Bai
ſonliag d'Aille,
riu ge eſt long
ſe courbe en arcde dix ſedpouze
, &de t lieuës'
du
y coſté de Sauoye , où ſon bord eſt plus droit; 8c n'eſt large au plus ue de 'fix lieuës
vis
Lesàvis de Rolle
Alemans, , &deThonnon;
8c Suiſſes-le no menteſtant_ lus eſtroit entre
ſiGen erſée,c’eſtſſâ Cone
dire Lac 1e, 8c Morges.
de Geneue, 8c ceux
' deVeuay,
des enuirons tantoſt
ſelon Lac dede cesſſærilles
l'endroit orges, tantoſt de Lauſanne
, qui ſont , deſon
Ielong _de Thonon, d’Euian,
bord. Il 8C
porte de
. .grandes commoditez à Geneue, tant, par le moyen du commerce , qu’à cauſe qu'il
defend lavilledu coſté dela porte de Riue. 1l_a_des ports , 8c deſcentes ayſées au. ~
nombre de ſeize,
8C la Fſiuſterie. dont
A vne il y endea mouſquet
portée trois dans la
duville,
portàde
ſçauoir Longemale
la Fuſterie ,lel'Iſle
, on voit Moulard,
où la
_ Seigneurie tient que ques Faleregôe les moulins pour battre la poudre., 8c pres delà
le reſeruoir àpoiſſon, qu’i S nomment la Serue ,où les peſcheurs gardent du poiſ
2_ ſon, a~fin que s'il ſuruíent quelque perſonne de marque on la uiſſe traiter honora
blementparle moyen de ces truites. Au milieu du Lac, vis a vis des eaux viués il
E a vne groſſe pierre eſleilée par deſſus l'eau , nommée la pierre de Neyton , iadis de
Neptune,~auqucl On ſacrifioit autrefois ſelon quelques vns,0u portîantſelon quel.
l ques autres, le nom u traiſtre' Neyton , ou Nyton,qni pretendant de faire rendre
v la ville parle Lac , eut la teſte rrenchée ſiir cete pierre. Au reſte ce Lac Clîſl pro- ~
| fond en quelques endroits, qu'on n'a pu trouuer en ces lieux 1a le fond auec 500
braſſes de corde z 8c de lus il a cete particularité , qu'il s’enfie fort au mois de Iuil
let, de meſme que le R oſnegqui eſt auſſi bien quele Lac basen hyuer, au contraire
des autres riuieres 3 choſe qu'on dit procederdes neiges des montagnes voiſines
qui fondent alors. p ' ~ ~ ï
RMN,, Want au Rhoſne quíſe rend dans ce Lacentrele Valaygôcle Baillia e d’AiIIe, il
coule par deſſus ſans 'confondre ſon eau rapide auec la dormante de ce c , 8c re
_prend le nom de Rhoſne pres qe lllfle , dû eſt le pois du bled , ſepare la grande ville p
de S. Geruais, puis reçoit vers a Coloureniere la riuiere d’Aruë,qui vient des mon
tagnes de Faucigny.; mais apres, vne partie du Rlioſne ſe perd fous terre dans vne
cauern-e fort profonde-i PEſcIUſe, a quelques cinq mils *de GCDCUC ,puisnon guie.
te loin delà ſe rejoint au reſte. ‘ -_ '
W114_ ' L'air de Geneue eſt fort ſain ,principalement âcauſe du vent de~bize ,qui eſt -
l vchemeñt du coſté du Lac ,ôcrendla ville plus ſiijetc au Froid; mais en recomzñ,
ç penſe purgePair, 6c emporte toutes ſes infections. Les eaux rendent auſſi la ville
ſi fort
plusnette, outre le qu'en
ſupportable ſoin ordinaire qu'on a la
Alemagnè,\ôc d'effet POndure-des
chaleur ruës.importune
y eſt moins Il y fait vn_qu'en
froid
France. Ils ontauſſi de fort bonnes eaux pour ſe rafraichir, demefine ue force
' bois 6c charbon pour ſe chauſer, &pres de Geneue, au village de C0 ognyily
ll ( ' avne ſource
vlceres tant d'eau tiede, qui
des hommes paſſe
que desparle
beſtes.ſoufre, &Palum
Le pays ,qui guerit
circonuoíſinſi, la gale,
dont &c les
vne partíë
r'\ſ
_ - obeitâceuxde Geneue ,porte de tres bon froment en aſſez grande 'quantité ,de
i' meſme que toute ſorte de legumes , &de fort bon vin blanc', &c rouge, nom
-H . mc' Seruagnin ,qui eſt du plantde Beaune. ll abonde encor en foin , 6C reduit
j quantité de nois, ceriſegprunegpommes,poiregprincipalement de bon c ‘ retien
' 'hyuer, &C d’ Eté, des capendus, ou courpendus, amandes, figues , 8c grenades. On
y a bien des Oliuiers 'par rareté, mais ils neportent aucun fruit. Il s'y nourrit beau:
coup de beſtial , dont la chair eſt parfaitement bonne , 8c ſur tout on fait eſtat de
leurs chapons gras, qui ſont du meilleur gouſt du monde, de meſme que ceux de
Nyon au pays de Vaut,8c beaucoup plus agreable que celuy des chapons du Mans,
. Europe. ~ _ _ D- d d iii
ë
A_ l
' 'I' ~ ~
n
do nt on faitſi 'grand eſtatâ Paris z de ſorte qu'on enuoye de ces chnpons de Genetic
en France , 8L en Alemagne , iuſqufi Francfort. Ils ont dans le Lac des poiſſons de
diuerſes eſ ces ,comme bro-chers , perches , beſoules , qui ſont comme Lauarets,
6c truites ont quelques vnes peſent octante , voire cent liures , &t ſont enuoyéesâ
Lyon, Grenoble,8t Chamberymais celles du Rhoſne ſont meilleures que celles du
Lac. On y trouue auſſi des Loutres , qui ſe prennent rinci alenient ors qu’il ya
ñ gros
p orage,lpource
’ que les ondes les iettent au bord. ais i S tiennent pour la er.
dris du Lac c P oiſſon
epingle ordinaire, q u'ils nomment
tellement
Milecanton, ,q uineſt P,
qu'on enîpeut manger cin
as P luslon g q u vnc(
uante en vn morceau, mais
_on ne ſçait ue c'eſt ailleurs, pource
vendeque cete eſpece
à Lyonnevnee peut tranſporter comme
legros poiſigomcombien_ qu'on parfois ſorte de petit poiſſon fort
delicat ,venant vezle 'Genetic , ſous le meſme nom de Milecanton , 8c que pluſieurs
tiennentà vGrenoble que celuy qu'on y porte ſous le nom d’Aueyne ſoit meſme
choſe. .
_ actuxLzes
artsGeneuois. ſont courageux,Ils
modeſtes
ayment, la
francs , 8cplus
de bon
que eſprit, Stmonde
reuſiiſſent MSIE: *E
\
auſquels ils s’employent. liberté gens du , 8c
choyſiroient toujours pluſtoſt de mourir que de la perdrells ſont du tout gracieux,
ë( courtois aux eſtrangers, de quelque religion qu'ils ſoient, 6è tellement reſ e611
euxâ l'endroit de ceux qui 'ont tant ſoit eu d'apparence, qu‘encorqu’ils ne les co
naiſſent as ,ilsles ſalüent, 8c leur ren ent force honneunen les rencontrant par
Fes ruës. I s ont vne grande bonté ,non niaiſe , mais loüable , qui ne les empeſche
pas d 'eſtre fort accorts en leurs affaires 6c negociarions , dangereux lors qu'ils ſont
irritez , 8c des plus auiſez au gouuernement de leur R epublique, ſi bien que cete
\ ualité, iointe à leur courage , a maintenu leur ville libre parmy mille attaques_ 11s
‘ ont auſſi dili gens, 8c laborieux, mais fort meffians , voire meſme entfieuxé pource
qu'ils ſe perſuadent que c'eſt humaincment vn des moäens de leur ſubſiſtance , de
ne ſe fier les vns aux autres; tant ils ont de peur d’eſtre a eruis. Ils eſtoient ancien
nement fort groſſiers, tant en langage qu'en mœurs; mais ils ſont à preſent 'plus ci
uiliſez par la frequentation des au tres pays S veu que dés u'ils ſont en l'âge de
douze , ou q uinze ans ,ils voyagent par tout le monde , 6c s'y açonnent, puis à leur
retour dreſſent boutique,
. ſſIls s'occupent au trafic,où ſont employez
à diuersſiarts aux charges
&t meſtiers publi
, ou bien ues. , 5c leur Vniñ'
à Peclïude ~
uerſiré abondfe en _eſcaliers tant dela ville qweſtrangers, comme Alemans ,Suiſſesz
/ .k ~ Danois , ôcautres, qui s'y vont tenir pour apprendre la langue Françoiſe auec les
ſciences. Car outre les Regens des lettres humaines , 8c les Profeſſeurs de la langue
-
I
I Grecque, 8c de l’Hebraique, il yen a deux en Philoſophie , vn en Droit , 8( trois en
Theolo 'e à leur mode z 6c l’vne des trÿis plus remarquables 6c plus agreables
actions e leur ville, c'eſt celle des promotions des Eſcoliets , qui ſe font le premier
Lundy de May dans l'Egliſe S. Pierre , où la Seigneurie eſt d’vn coſté , &c les Pa
ſieurs, &c Profeſſeurs ſont de l'autre , 6c lors on donne des prix aux deux plus capa
bles de chaque claſſe, 6c les peres 6c meres courent pourvoir paſſer de uis le Col
_lege iuſquhuTemple,
bel ordre leurs de
iuſqu’au nombre enfans veſtus
8oo,ou 6c parez
mille. Pourlelemieux
regar u'il leur eexereices,ſſils
de leurs poſſible en
ont des proumenoirs agreablesJe ieu du mail,de la paume# du balon, la liberté de
, peſcheizôc sœgayer ſur le Lac , &la chaſſe qui eſt permiſesl chacun. Ils s'exercent
l
dehors à tirer e arquebuze, de l'arc , 8c delurbaleſte, 6c propoſent des rix pour
ñles plus adroits, 6c meſme ſont des Rois, qui ſont accompagnez,& recon uit; da…
la ville auec l'enſeigne deployée iuſquäl leur logis , 6c le Roy de Parquebnſe eſt
exempt durant ſon année de toute gabelle , 8c de toutes autres charges de la ville ,
outre que la Seigneurie luy fait quelque preſent; mais les priuileges des autres Rois
ſont moins avantageux. La ieurieſſe pratique encor vne fois la ſemaine les exercices
militaires dans vn bouleuard , afin de s'en ſeruirau beſoin. Au dedans dela ville,
outre les ieux de paume couuerts pour ſe recreeigilyavne Academie où lon ap
prend à monter à cheual , courir la bague , voltiger , 8c manier toute ſorte
armes.
Le meſme peuple parle Sauoyard 3 mais les perſonnes de qualité parlent
pur François , voire meſme la lu part entendent l’Alemand , 8c l'italien , 8c
e parlent , de rmeſme que
Polonois. ' que ques vns ont cognoiſſance
i de l'Anglais , 8c du 4
Les_ habitsgant des hommes que des femmes”ſontfort modeſtesfitles Seigneurs
_'\
l lbzpublique de Ceneue; - 6o;
meſihes, qui gouuernent leur Republique, ſont ſeulement veſtus la pluſpart -de
bonne de
eſtoffe ſarge
ſoye, entr'eux
chantant ,qu'ils
quoy ne ſe plaiſent
qu'ils pasbeaucou
en ſacenti de voir le, pourles
velous, ſatin
vendre, ouaux
autre*
auñ -
tres. Les hommes y ſont habillez à la Françoiſe, &la plu part portent en hyu er des
robbes ſourréegprincipalement les MiniſtresÔcmarchandsLes Seigneurs portent
ſi des manteauxpu
moiſelles portent robbes, auecde
le chaperon quelque
velous,riche FourruteC
ou bien vn autre elles qui ſe nomment
habillement deteſte ,Da
qui
eſt de velous, qu’ils appellent le pointal_ , que pluſieurs du tiers eſtac portent auſſi; …Aï- i
de meſme qu’vn autre de taffetas ,qu'elles appellent taffetas , ou ſcoffion. W1
_ quesvieilles Damoiſelles portent auſſi des manteaux doublez de belles ſouri-tires.
' Les Femmes des artiſans ont des coiffes de ſoye', auec des cornettes de velous noir,
&quelques vnes la ſim le coiffe auec vn chapeau.
Wlques ieunes [les, qui ſe diſent Damoiſelles portent le pointal de taffetas
noir , ou de couleur ſaità peu prés comme les ailles des Chauueſouris , ou le
ſcoffion comme celles du tiers eſtat. En Eſte' elles vont en poil auec vne ſimple
coiffefaits
ſoye de ſoye blanche,&. d'autres
en roſe. ' ſans coiffizporrant
ct, quelques
_ nœuds,ou rubans de.
' ctQuant :i leurs mariages, lors cſſſue les parties ſontîdkzccord , on les ſait fiancer par
vn Miniſtre, 6c lon a de ccfliſtume de donner lors à boire ſeparement à l'époux , 6c à.
Pepouſée, puis celuy qui donne à boire prend les deux verres, 8c melle le vin de l’vn
auec l'autre, puis donne le verre de l'époux à l'épouſe , 8c au contraire; apres quo
ſalut
l'époux
quedonne
leur Miniſtre
quelque
publie
bagueâ
au Tem
ſa fiancée.
le la promeſſe
Mais auant
de leur
qu'ils
maria
puiſſent
e trois
épouſer
Diman,
que les ſezains, ou cars d'étude France. Leur moindre monnoye eſt.d’vn denier, &r
demy de France, 8c s'appelle vn cart; celle qui la ſuyt eſt la piece de deux cars , ou
de trois deniers, nommée autrement ParpailIole_, dont les quatre ſont vn ſol de
France; puis le creutzer ,oula piece de trois cars, les quatre cars ſont leur ſol, qui
vaut ſix deniers de France. lls ontauſſi des barzqui valent trois ſols de leur mon
gaoye, 5c des demys batz de la valeur de ſix carts. I S ont mis pour leur deuiſe depuis
l'an [ſ3 5,qu‘il s changerent de religion Poſitweórulaxgu lieu qu'ils mettoient aupa
La Reriÿublique
rauant S cro Inter”.eſt des
‘ moins riches,bien qu'elle eiyt des' diſmes, cenſes , 8c rentes,
_ du peuple, ou mis entre les mains du bourreau. Ceux quileur donnent de bons
aduis, ou leur ont rendu quelque ſeruice ſignalé , s’en peuuent preualoir pour eux
1 x_ &les leurs, s'ils Font leur condition; mais ils ne pardonnent pas aux affronteurs qui
leur comptentdes bourdes. .
Les fortifications de cete ville ſont telles , qu'elle ſe rend l'vne des meilleures pla:
ces de l'Europe; pource que tous les grands Ingenieurs 6c Fortificateurs de leur re_
ligiony contribuent leurs aduis -, de meſme que luſieurs grands Seigneurs la dé
, nſe,
tiriisſi&le peuple
preſque en ſa peine,&ſon
parfait affection-,tel Emeric qu'en peu
eſtatde defenſe. _ de temps ils ſe
[ls ontauſſi ſur le Rhoſne pres des chaiſnes de la ville , 6c de l' l fle , deux ou trois
zaleres, bien armées , afin dc rembarrer ceux qui les voudroient attaquer de ce co
7' Ïtc' là, &meſme aller en courſe au beſoin. _ p
.find-w M. _ L’Eueſque_- de Genetic futPrmce temporel de cete ville, apres que la do mina. 30,53;
simler Rep. tion des Romains eutceſſe, maisle Çomte de Geneuois , bien que tenant ſon fief lement,
:f &WS de l' Eueſque, en conteſtoit auec luy la Seigneurie , commev teſmoigne vn_ traité de
'ſi' paix fait l’an mil cent vingt quatre par vn Archeueſquede Vienne entre l’Eueſque
_Humbem ô; le Comte Aymon. Mais le ſucceſſeur d’lmbert obtint de l'Empereur
_Frideric d’eſtre ſeul Prince de Geneue, 6c de ne 'recognoiſtre que l'Empereur our
le regard du temporel. Les Comtes ne laiſſerent toutefois de leur donner de l'en
nuy, iuſquffil_ Guillaume, qui pour ſon opiniaſtreté ſut mis au ban de l'Empire , 8c
priué du_ heſ qu’il tenoitde PEueſque. Mais vne longue guerre qui ſuyuit apres ,
ayant eſpuiſé de forces PEUeſque, 6c laville, les contraignitdhppellerâ leurs ſe
cours le Comte de Maurienne, qui fut apres Comte de Sauoye, 8c leur fit meſmela
guerre depuis, demandant les frais de la guerre , ê( gaignant pluſieurs places pro
ches de Geneue our ſe recompenſer , quoy qu'il eut eu pour cet effet le fief de
Hîueſque; 8c finaſementceux de Geneue craignans que le Comte de Sauoye trai
t-aſt à leur preiudice auec le Comte de Geneuoisleur ennem commun, luy accor
_ t (lCſCnEſſ ardroit d'engagement _tousles droits que le Comte e Geneuois auoit en
leur vil e. Mais ſoudain qu’il y ſut entré, il traita leshabitans ſortrudement; ſi bien
que quelques Chanoines con ſpirans auec les citoyens , rappellerent !eur Comte ,
’ qui ſut vaincu par celuy de_ Sauoye; tellement que les Sauoyars firent apres mou
' rir les conſpirateurs, Cete diſſenſion dura iuſquïi tant queles Comtes de Geneuois
eſtans venusà defaillir, ceux de Sauoye deuindrent 'maiſtres de leur Eilat. Mais en
fin le Comte Ame', ou Amedée , sennuyant d’eſtre ſous l’Eueſque, obtint de l'Em
pereur Charlesquatrieſme _leVicariat de l'Empire par tous _ſes pays , 8c voulut par
le moyen dece titre -tenirl’Eueſque, 8c tout ſon Eſlat ſiliet; â quoy PEueſque reſi_
ſta ſi bienauec les Geneuois , qu’il maintint_ ſon autorité entiere , de meſme que le
peuple ſa liberté. Car quoy que PEueſque Fux Seigneur temporel de cete ville z les
habitansauoient toutefoisleurs libertez ,ôc priuileges , 8c eonſeruereht toujours
curieuſementlestraitez faits auec leurs Eueſques. L'an mil quatre cens vingt Amé
premier Duc de Sauoye, obtint du Pa e Martin laiuriſdiction tëporellc de Gene.
ue. Mais l'Eueſque-, nommé lean de lyierreſizqacorda tant pourluy que ſes ſucñ
'ceſſeurs aux citoyens, qu’il ne conſentiroitiamais à Palienatlon de leur liberteäper.
L mettant qu'on tint pour traiſtre 8c pour ennemy , celuy de ſes ſucceſſeurs qui con
treuiendroitàcetefpromeſſe. Certain temps_ apres l'Empereur Maximilian ayant
declare Filibert Duc de Sauoye Vicaire del’Empire en ces cartierslà, ce Prince,
&ſon frere Charles , feſſayerent d’aſſujetir Geneue, ſous titre de nouueau droit,
bien que l'Empereur Charles quatrieſme donnantle Vicariatau Comte Amé , luy
cuſt oſté toute ſortede puiſſance ,ôciuriſdicïion tant ſurla Cité de Geneue, que
ſur ſon territoire. Mais ceux de Geneue ſe maintindrent ſoigneuſement en l'ami
tic' des Suiſſes, 8c firent quelquefois alliance auec ceux de Berne , &de Fribourg
pour quelques années 3 puis alliance, 8c combourgeoiſie perpetuelle auec les Bef.
nois, qu'ils confirmerent plus eſtroitement l’an_ mil cinq cens trente ſix, apres auoir
changé de religion, ſermans depuis ce temps la porte à eur Eueſque qui leur faiſait
la guerre auecle Duc de Sauoye , 6c conſeruans leur liberte' contre l’vn 8c l'autre.
Ils ſont maintenant alliez en Suiſſe auec les quatre Cantons de Zurich, Berne,
Balle, 6c Schaffliuſe. ſi
Auiourdhuy cete Republique eſt gouuernée Ariſtocratiquement auec quel
que meſlange de Democratic. Çar elleavingt cinq Senateurs , qu’ils nomment
q _T ,……:_ffl… ~ ï \lg
- “ _~ RepubliquſſedeCeneueſiſſ &op
l
Seigneurs
Simſſrlics ou Meſiieurgdont
, oùsyndiques; les Cheſs,
comme compris
ils diſent , qui dans ce nombre
gouuernent , ſont
toutſie les ,qiiatre
'choſe 8c ces
vingt cinq ſont preſque tous de trois,.~ou quatre familles ſeulement, 8c doiuent
eſtrſie nez à Geneue, 5c fils de bourgeois. Tous les ans les vingt cinq efliſent, ou pour
mieux dire; remettent en leur ordre huit Syndics, quatre npuueaux , 6c ~ uatre an
ciens, qui ont eſté en la meſme charge quatre ans auparauan t', 6c les pre entent au
Conſeil
jette de le
;ſi puis deux cens leDimanche
premier dernier Vendredy dePannée,
de l'année ils ſont afin qu’il lesauapprouue,
preſentez ou re»
peuple , qui en
choyſit quatre,
ueaux eilſſeuâ 8c donneſavoix
préſiſtent ſerment deenconſeruer
paſſant deuant le Secretaire.
la religíomla liberté deCes quatre nou»
la ville,ôcdel'E—
ſtat, ôclesloix , &de rendre bonne iuſtice , puis reçoivent des quatre qui ſortent /
de chargeJes
Ils portſient cesbaſtons
baſtonsSyndicaux , qui ſont
en cas d'alarme noirs, mom-ez
, ô( quand d'argent
on prononce aux deuxaux
la ſentence bouts.
cri
minels .- pource que ce ſont les marques de puiſſance de vie , 8c de mort.- Oſſuand i]
manque quelqu’vn 'des vingt cinq ils en efliſent deux-,ôzles deux cens en choyſiſſem
vn. Les vingt cinq efliſentauſii deux hommes pourla charge de Lieutenant, 6c le
peuple en prend vn. ~ . _ '7 _
, Le premier
,l'es affaires tantSyndic a la que
de dedans charge generale
dehors la' villedesſſäidreſſentâ
l’Eſtat-, dontluy.il eſt
Le leſecond
Chef,a ê( toute!
la charge
dela Chambre des Comptes, deſtà dire de tous les droits, 8c reuenus publics , pou:
en voirles comptes auec trois Conſeillers, dont la Chambre eſt compoſéele troi- ~ ‘ _ i
ſieſmeaffiſteàPa-ſſemblée qui ſe tient toutes-les ſemaines le MercredyÔLlt-Diman; - . ' _i
che danSPHoſpitaLoù ſe trouueencor vn Conſeiller des vingt cinq ,vn Miniſtre, ,- ï
ou Paſteur, auec quafre ou cinq du Conſeil des deux cens , vn Secretaire , 8C Rece
ueur, pour donner ordre à Faffiſtancedes pauures , auſquels les Seigneurs bailleur:
tous les ans 1201p cpupeslílle bled. \de quatrſieſme àla charge de la gakrde , de payer
les ont
en ſoldats
auſſidulest clefs.
re orEpn
" u casic,qui e entre
d'alarme es mains,
le premier y enSYÏÎdÎCS
de ces a ät toute
eſt ois 'autres
obligé ui
dhllÿrà @.3 1.
la Maiſon de ville, 8c s'y tenir 5 les autres deux deça delà par la ville, 8c le quatrieſme_
au lieu du danger, de meſme quele Lieutenant. ~
Le Lieutenant eſt auffi des vingtñcinq, 8c le cinquieſme en dignité. Sa charge eſt
de rendre la iuſtice ſubalrerne I1 la ville, 8c meſmei iuge diffinitiuementiuſquïî dix;
ou quinze florins, auec_ ſix Auditeurs, qui ne ſont pas des vingt-cinq. Il aauſii deux
'Secretaireg ê( douze Officiers ,ou Sel-gens, portans desbaſtons, polir eſtre diſtin
guez desQfficiers-de Meffieurs qui n'en portent point. ll cloit faire executerleslon:
Publiquesflefiaruts, qu'ils nomment Edits,8c pourſuit contre les-criminels; ll peu”
eſtre homme de robbe courte. ~ ſ ’ ' ‘ ~ ²' ' ' î
Le Threſorier
honorable, eſt le ſixieſmetout
pourſſcequïireçdt en honneur, 5c non pas, 8C
l'argent dupublic en paye
rang;toutes-
mais ſales
chargé eſt
charges
publiques hors lagarniſon, auſſi quelle choſe il doit donner au Sandi: qui_
paye les ſoldats, &quand il n a pas de l'argent , on a recours a celuyde l epargne,
_ -— qui eſt entreles mains du quatrieſme Syndic. d q' ' J l'
"‘ ._ Le Conſeil de vingt-cinq, ui a deux Secretaires, 8C vn Huiſſier, qu’ils nomment
Sautier pour appellerles eau es,s’aſſemble 'tous les iours dela Semaine , ſors le leu
dmôtle Dimanchell eſt vray qu’ils ?aſſembleurſouuent'extraordinairement pour
affaires d'Eſtat durant ces iours là. . _
Il y a vn Procureur General, dont la charge eſt de maintenir les droits du peuple(
Il eſt du Conſeil des deux cens, 8c change de trois en trois ans. \l'y a pluſieurs autres
offices,comme celuy de _Contrerolleur , quia charge des baſtimens publics , 6C
des places , 8c de prendre garde qu'vn chacun conſerue ſa maiſon ſans daînz ~ - ‘
ger. _ - - _ …,
_placeLedeConſeil de deux
ceux qui cens efleus
viennenſitâ par les eſt
manquer, vingt-cinq,qui
compoſé' 'cleen mettentſi, &bourgeois
citoyens d’a'i_itres~en la ~ …
choyfis qui iugent des eau-ſes d‘Eſtat , 'mais ſe meflèntpeu de laiuſtice, Gt dela C9- '
~ gnoiſſance des criiñesde leurs compatriotes , pour ne heurter Ÿceiíx du connu.
. Mais ces deux cens 'ont pouuoir de faire grace aux crimes-qui lepeuuent per- - - t_ _
~ mettre. _ ' ~ î" ‘ ~- - “_- - ' -“ '
Ils ont encor le Conſeil GeneraLcom poſé 'de tous les peres de ſainctillqboutgcojsſi
8L Citoyens, pour eflire les .Syndicgôc certains Officiers de Iiſſictſtice." l” ‘ ‘ ’
“ſi .i ~ i ' — ~ ~\~’\~~.'~'1
»rj . -
ſi:.T; llpont auſſi toutes les ſeiriainesâ certain iour vne Aſſemblée de tous les Pa…
(teurs, ô( Profeſſeurs de la ville_, 8L des champs, pour répondre aux lettres qu'ils re
çoiuent , ô: aduiſer entr'eux tout ce qui regarde leur religion , doélrine_s meſme
leur faire des remonſtrances aux Seigneurs ſur des affaires quileur ont eſté con
fiées par le peuple, donner des aduis , ê( pouruoit à l'entretien d'vne bonne vriioii
entfeux. . k -
t. Ils en ont vne autre qu'ils ap ellent Confiſtoire , où affiſtent douze Paſteurs , ô:
douzehommes anciens de qua ité , qui ſont publiez deuant le peuple , y en ayant
meſme deux du nombre des Seigneurs , qui toutefois n'y affiſtent qu'en qualité
dtbínciës. C'eſt là que _ſe reporte tout ce qui ſe fait aux maiſons, tant àla ville qu'aux
champg-contre leur religiOkn--ſoit en parole, ſoit en action i_ 5c les accuſez ſont con
trainsde re' fiiplainte
meſpriſent ndre deuanteuigéç
en eſt ſaiteauſouſrir les cenſures
M agiſtrat, qui leurC'eſt
qui les cliaſtie. ſont cete
faites , 8c s'ils les
compagnie,
qui eſt' l'œil , 8c l'oreille dela ville ,— pource qu'elle oyt , 8c voit tout ce qui ſe fait ſide
ïſ ' uais, eſtant comme la premiere cauſe de la punition des malfacteurs , &c du dé
'couiirement des trahiſons. - - y _ l - ï
Chaque ruë a ſon Dizenier, qui prend garde à ceux qui s'y logent , &c nul ne peu;
receuoir vn autre pour plus de trois iours ſans ſon conge', ny de huit ſans le demanñ*
:der au Seigneur du Conſeil,quia charge ence cartier lâ.~Au reſte Peſtranger n'eſt
point recherche' pour ſa religion, tandis qu'il ſejourne auec permiſiion. En temps
de guerre tous quittentPeſpee , &c le piſtoleta la porte,- mais ils en diſpenſent les
françois, pourrie ſe méfier pas d'eux. Les Capitaines s'y doiuent ouuerner prui ï
eldemment , pource qu'vne çeillade à vn paſſant , ou vne parole ſu pecte neleur eſt
_ as ayzément pardonnée. Ils ne veulent aucun Chef:General , 8c quandils ap c1.
. ent àleur ſecours quelqueseigneur eítranger , Ceſta condition que [autoriſe de.
.ſngurera aux Seigneurs, qui apresl auoir ouy, luy oiædonnent ce qu’ils iugent plu;
,apro eurs
Îauec os _pour leur" ſeuretc.
ennemys Sur tout
z 6c ſi quelqu’vn eſtils ,veillentace-
decouuert il n'yqua parentage
aucun n’aye
quiintelligence
Pempſieſchz
&Yëſtre roüc', 8c mis en carticrs. -
Ils ont pluſieurs Chaſtclains, quiſont comme Iuges en premiere inſtance aux
éÿillätgcsdcleur reſlſort, ayans meſme poäuoirdquä; Lieutenantâla ville? 8c des
Guriauinqui ſont es Secretaires ou Gre crs es aſtelains.
c 1 ' ‘ . d .
:u: . On appelle du Lieutenantpar deuantles Seigneurs des Ap ellations, qui ſont
sæygdic,, ôcſept, ou huit pris tant des vingt-cinq, que des eux cenS',qui ſont
. . _ . ,
_
:ailleur-annuellement DesSeigneui-s des_ Appellations,on appel ;e par dguant 155
zzzmgæjceinq :QQIÏJDCZ-«Sllpljçlfles 5 mais ſculementdeuant .ceux qui neſont pas
rrouuez aux iiîgemens d? SÎIÏDCLIFS des Appellatiodnls. On ſy ſuit les Statuts , Ôc
,loix Municina es ,BC par ois e toit_ Romain , quan es clio es ne ſont decidées
:parles Edits. , . _ ~ l 4 ‘
;z-'z- Win aux qrimîesnls ont dkſtrançzes tourmens pour tirer la verité des accuſez;
Käpaätliflläſfiſkîfifllî les ganteleäs de Fer afrdans, 6c le lëourlrieër , qui eſt comme vne
gran e 0 e p us aute quï vn omme, Ort pointue
- ñ.
par c as,ou\ lon metle cri.
zzminel, la remuantÈpres -ii rudement qu on le fait deſcendre au Fond , où il eſt com_
me_ entre deuxpre es, tandisqu on remuë toujourslezbqumer-,ï qui eſt vn des plus
ñgçandstolurmpnsvquïzn homme puiſſe endurer ſansmourir. Le Lieutenant eſtin
ſtant , comme ils diſent , en toutes les cauſes criminelles , c'eſt à dire tſi-.iit tou
,ççzlsz les procedures , informations , 6c ,pourſuites contre le criminel. Le pro,
eſtant inſttuitëſtes vingtñcinq le condamnentàlg mort, qui luy-eſt “denonçée
;desle grand ,matin par quelques !Miniſtres 1qui demeurent deux -, ou trois heures
'r _auecluy
prononcée ppui: Iediſpoſer , par
publiquement 8L l'accompagnent au Syndics
le Secretaire , les ſupplice. eſtans
Laſentence
eileuez lui"
ſiiſſi- eſt
vn
l...'ſiçgeætapiſlſſçíñau-deuant
a .. ,4 delà ._.maiſonde
- vil
, een , pleineruë
_. 1 ayans leursb a ſt onseii ~
zmannñfiïzéïuaniasux
.-élS1_.²ſ,1ſ~ !ïS-:BËQFPQÛCCTla-ÿxble
— J ,
ouucrœ lit
la-fſienrcnccóon-
- k
»que
2
l Hffiſſwr-
le proces
«i _ ,~_ï'5~.'-, ou
,les Saucier'
_
tient.duM-iiz;
coriſeifions ' cri ~
611
k ~dema~ndent pour faire des leçons dufinatomie, ceux des ti-aiſtres qui ſont mis en
quatre quartiers prés les portes de la ville, &c; ceux des ſorciers &c ſodomites qui ſont
'bm-flou _ - .
Les* adulteresztänt hommes que femmes,y ſont giíéuement punis. On trenche la
teſte aux hommes_ mariez,de quelque condition qu'ils ſoientz-Sc les femmes mariées
ſont menées dansvn baſteau ſur le Rhoſne, oû l'on les plonge auec vne corde ſous
les aiſſelles, Gt vne pierre pourles faire allerà fonds : 8c lors qu'elles ſont-ſuffoquées
on les retire, pourles enterreizzSi c'eſt vn garçon qui ayt 'iouy d’vne femme ma
riéefflubienvne femmelibre, qui ſe ſoit couplée auec vn homme marié: celuy
qui eſt marié eſt condamné à mourir , 6c l'autre à quelque plus leger chaſti- ' *ñ ,
ment. _
nziigíon; Les habitans de Geneuctayans eſté Catholiques, changerent de Religion l'an .no-find, .
1s3k, à la perſuaſion de Guillaume Fare] c puis y furent confirm ez l'an .l 536 par Iean RcinJi-T- ct
(Ialuimduquel ils ont touſiours depuis ſuiuy la doctrine, à laquelle ils ſont tellemëc
affectionnez, que ieiuge les moyens humainstrop foibles pour leurjarracher cette
croyance. Ils ne permettent autre Religion que laleur en aucun de leurs villages,
oû ils tiennent ordinairement quelques Miniſtres. Les eſtrangers de leur Religion \Ê
s'y retirent
libi/ſſe' volontiergtantpource
exercice qu'ils,
, ô( n'y font pas grande y ſont, pource
depènſe bien venus
que ,les
qu'à cauſetanten
excez qu'ils habits
y ont
qu'en toute autre choſe , y ſont defcndus. On n'y fait aucun déplaiſir aux Cathoë
liques , pourueu qu'ils n'y dogmariſent point, au contraire pluſieurs y reçoiuent
toute ſorte de courtoiſie,meſme des plus apparens. Les Religieux y peuuent paſſer
librement , voire, meſme y ſejourner autant que leurs affaires le requierent; mais
pour empeſcher que la nouueauté de leurs habits m'attire les enfans apres eux,0n
leur donne des ſoldats pour les accompagner parla ville. Leurs Miniſtres preſchenl:
tous les iours en François z 6c les Nations Italienne 6c Alemande, ont chacune vn
iour de la ſepmaine, auquel on leur preſche en leurlangue.
naaasæssaaaaæaatnaaanaaafflnæn
ALEMAGNE V
Noms; - *A LEM AGN Efut nomméegänt parles Grecs" que parles l' 5“'*"="‘Ï7l
‘ Romains Gcrmdmſia; 3c les meſmes appellerent ſes habitans
y Gcrmam', pource qu'ils ſembloiîent freres des François, ou
' Germains, tant ils approchoient de la forme de leur corps &c ,_ . _
‘ de leurs façons , oupluſtoſtïeux-meſmes ſe donnerent ce °T“"*a° ſi
. g 4- riom,qui. vient
. .
ïldeGerôcde Man,dontle premiermot , M
ſigni- ~.G .'
JAÏLÏMÏÎÏGEŸS
ſie entierement, 8c le dernier, Homme 5 6c tous deux, Tout
— . hommczveu queles anciens Alemands diſoient Ger, au lieu
que ceux d'à preſent prononcent Gar. Quant au nom d'Alemands,qu'ils ont receu
ſi depuis de quelques autheurs ï, il eſt auſſi du creu du pays, compoſé d'Al 6L de Man,
l , comme ſi l'on diſoit ‘Alemand , c'eſt à dire,tous hommesou gens ramaſſez de di; erhuïzvopiq
E iierſes nations , ou bien d'A delmanB abrogé,, qui_ ſignifie
, Noble homme.
, , Les_ He- AP'°°“"
zzideiieſiiig
breux h les nomment encor tant en leurs ordinaires diſcours , qu en leursecrits Aſ- GÏei-ie [m,
kenazimdzommc voulans dire qu'ils ſont yſſus d'Aſcenez ou dflàskenezlfils de f^“*““"G°'²
G amér- , glîbrpſſcnGcg
Aujourcfhuy ſes habitans l-appellentTcutſchlandtk; les Polonois ſes voiſins, hPéflcl-iï
Níemieczka, ou N iemicczka-Zernia,
Turcs,Ninccte-Meleket,& les Grecs quiles Hongrois
vi uent parmyNemes ou Nemet-Orſzag
les Turcs,Elama<rs,~& : les !Vagotíde
Zonare Ïäêëgâm,'
meſmel nommeles Alemands Nemetzimom qui doit eſtre venu des emetes, an- g-ÏÛFËÎÊ;
ciens habitans d'auteur de S pire. _ n°351,_ 5_ 'a
Confins'. Lesaiiciens **ont borne' ce pays du Couchant du Rhin, du Nord de ?Ocean l²°"²‘>*°-ië
Germanique, du Midy du Danube , 6c du Leuant de la diſtance qu'il y a depuis lc mProlcmJîëä
contour du Danube iuſqu’aux montagnefdes Sarmates. ""*
Mais les confins de ce temps, en y comprenantles Suiſſes œ les Griſons, pource n Alarm")
qu'ils parlent Alemand, de meſme que l'es habitans desPays-Bas, ſontfflſidu Nord FFB
Europe. . d ~î - ' Lee_ ~~ ~'
612 Alemagneſi… ñ
*Txi
. r
deuroient pas toutefois eſtre compris , des Comtes Palatins, Ducs des deux Ponts,
5e Princes de Simmeren , des Landgraues de Heſſen , des Comtes de \Valde,ck,
“Naſſamde Sarwarden,Sarbruckffialckenſtein, Haut,Iſenburg,Leinxngen, 5,11m,
Hanaw' , Lichtenberg 6L Konigſtein , 8c Barons de Rappolftein; des Maillres de
l'Ordre deMalteenAlemagnezdesAbbés de Fulde,HirſchfekLMurbachJÈfrimbe
Ir. Kauffungen , œ des villes Imperial” de Keyſerſberg, Munſter en la. vallée
il_ Alemagne.
de ſainct George z Turckheim , Oberehenhcim , Colmar, Straſbourg, Rosheim,
613
J
Schletſtad, Hagenaw-AY/iſenburg ſur le Rhin , Lanclav', SpireNl/ormes. Franc
fort ſur le M ein, Fridberg, \Yſetzlar 6c Bezançon, à quoy l'on adjouſtoitautresfois
Geneue, Bafleäc Loſanne , Metz , Toul 6c Verdun , qui ne ſont plus membres de
l'ED*: ire. ~ . ſi
Lgſixiéme , nommé Cercle E LECTORAL DV RHIN , contient les-Eſtats
des Eſlecteurs Archeueſques de Maya-ncqTreves 6L Cologne,de l Eflectcur Palatin
du
de R hin,de
Beil l'Abbé
ſtein,des de S. Maximimprés
Seigneurs de Rineck 8cde
duTreves,du PreuoſtdedeZeltó-,des
bas Iſenburſſgnsc Comtes
la ville lmperiale de
Gelnhauſemà quoy quelques vns adiouſtent laBohemQMorauiqSílefi-e 6c Luſace,
combien qu'elles appartiennent pluſtoſt au Cercle dNAuſtriche.
Le ſeptième Cercle eſt celu y de W ESTPHALIE,qui comprend les Eſtats des
Eueſques de Paderborne, Munſter,Ofi1abrug,Minden, LiegeLambray 8c Were!,
des Ducs de luliers.Cleues 6c Mons,des Comtes de Friſe Orientale, la Marek, Ra
uenſpurgſhlaſſaw de Carzenclbogen,Dillenburgyianden,Dietz, Seynemrronf
berg,Manderſclied, Mors ou MeurgBrunckhorſt,Grunfeld, Ben-theimfiteinfurc,
Teckelnburggoldenburg, Delmenborſt, Ho , Diepholt, Schaumberg > Spichele
berg, Lipp ô( Simmern ; des Barons de Rodenlch ,Winnenberg , Peilſtein , Arnſ
berg, Bolandt 6c Horn, &c les villes Imperiales de Cologne, A ix, bas Veſel, Dever,
Dortmund, Soeſt, Drosberg, Cambray, Hervordfirackel, \Y/artenberg, Landau”
6c- Verd.
Le liuictiémemommé le Haut Cercle de ſſS AXExmbraſſe l'Electorat, 8L' l'a DuJ
clic" de Saxeauec le Lahdgrauiat de Turingefic le Marquiſat de Miſne; lîleïtorars
6c le Marquiſat de Brand-ebourg ,les Eueſchez de Miſne , Meerſpurg,Numburg,
Brandebourg,Havelburg,Lebus 6c Camimles Abbayes de SalſeldNI/alchëriodt,
Quedlinburg- 8l Geringrod ,la Duché de Poineren , la Principauté d’Anhalt; les
Comtez de Scbwartzburg, Mansfeld , Stolberg, Hoeinſtein,BeuchlingemRap-in,
Barby,Muhlingen,Gleich 8c Leinſnickdes Baronnies de Gebren,Graitz,Kranich-_
feld,WildenfelgSchoenb-urg,Lautenberg &Brandſtimôc les villes libres deDant-Â
zinck 8c Elbing , quiſont de Pruſſe ,au Roy de Pologne, 8c ne ſont plus de ?Em-j
pire.
Le neuſiémexſt le bas Cercle cle vSA X &comprenant les Archeueſchez de M2153,
debourg 6c de Breme,les Eueſchez de Hildeshei mJ-Ialberſtad, L ubeck, Schwenn
a: RaczeburgzlAbbaye de Ritterhuſen; les Duchez deSleſWick,Holſace,Storma~
regDitmarſeAY/agrie,Laweríburg, Brunſuic,Luneburg, Grubenhagen 8L Mekcl
burg ;les Comtez de Reinſtein &c Winſdorf, 6c les villes Imperiales de Lubeck,
Hamburg,MulhuſemNorthauſen a Goflar.
Le dixiémeæſt le Cercle de BOVRGOGNE-,qui comprendla Franche-Comté
de Bourgogne , tous les Pays-bas , les-Comtes &Egmond 5c de Horn , &ceux de
Naſſaw de Breda,& la ville Imperiale d'Anuers,auec pluſieurs autres. _
Monta Les monts Principaux d'Alemagne, ſont ceux ï qui ſeruentcornme de rem parti *Alïïm-.Gïïffl
goes.
la Bohememommez Sudetes parles anciês, œ maintenant Bœhaymiſch-gebirgdes
Abnobiens 8; le Meliboc, affis au pays des Cartes ou de Heſſe” ,Sc nommez Das
Heffiſch-gebirg , logez auffi par quelques vns au pays des Ducs de \Y/irtenberg 6c
de Brunſuiczles monts Hertiquegcôfond us auec la Foreſt del-lardzwaldzles monts
de Carpathe, du!Alemagne
nitzſieparans coſté de l’Alemagne , nommez
de la Hongrie'. par les ſſmaintenantVogeJſiepat-ant
le Voſage, habitans Cremnitz &c Sem
Air] - l Es anciens* nous ont figuré l’Alemagne, ou heriſſée de grandes Foreſt: ,ou ſale :iïaclt, de
pour ſes mareſcages,plus humide du coſté qui regardait la Gaule,plus ven teuſe M°“°~G“”Ÿ
du coſté du Noric, 6L de la Pânoniqaſſez ſertilqmais incapable de nourrir des arbres
fruitiers, comme au contraire grande nourriciere d'animaux domeſtiques , qu'ils re'— ~
preſentent petits. Mais elle eſt à preſent en tel eſtat , qu'elle n'a guere ſujet d’enuier
les autres pays, d'autant que premierement , outre qu'elle jouyt d’vn air ſi bon 8c ſi
ſain , qu'on y voitrarement la peſte, 8c pluſieur-Sy deuiennent fort vieux ,.85 outre l* b Qnïä?
!me infinité de riuieres qui Farrofent , 6L Fengraiſſent , elle a pluſieurs eaux propres à m?
guerir force maladies , &nommement a- Baden , ville capitale »des Marquis de ce ~
nomzctdes eaux qui paſſent parleſouffrele ſel,& l'-alum,en la ville de Wildbadà trois
~ lieuës delà d'autres eaux qui paſſent parle cuivre , l’alum , 8c le ſouffre, 6.' non guere
loin de Pforczheiin, en la ville de Cell, vne-autre eau preſque ſemblable; mais qu'on
cſchaùffe auec le ſeu-,pluſieurseaux ou chaudes,ou aigrettes en S uaubqcomme vous
.pourrez voir aux deſcriptions particulieresdautre en Alſace à Geberſweilenoù l'on
trouue de l'alum . du fer , &du nitre , ou ſalpeſtre , celles d'5 mbſbadt prés du lac de
Conſtance pleines d’alum , 5L de nitre , 8c celles de \Viſbaden , qui -ſontçfloignées
d’vne lieue deMayance, 8L meflêes de ſalpeſtre, d’alum, de de ſouffre, outre celles de
Bauiere, Boheme, ô( quelquesautres Prouinces.
'ääifflsiïà ~ S on terroirc eſt ſerti] aupoîlíible en pluſieurs endroits, 6c ſes terres labourablesde c~^ltbamet
GËI m!
ſum:ſi ' ſort
!vientgrand rapp-qrt,
du Froment deſeiglt,
, du meſmedeque ſes prez',
l'orge 8c ſes gras, 8c
, 'des legumes paſtis,
touteabondent en herbe.-
ſorte de grains Il y
en Fort
grande quan tité,les vergers pleins d'arbres-finitiers,n’yñmanquentauffi,non plus que
.le Yineu beaucoup de lieux, principalement le long du Rhin- juſqu'à Cologne, com- \
mençant au bord du lac de Conſtance,puis à Bafle-,où l on ne trouue pour la pluſpart
que des vins blancs de moyenne bonté , 6c delà Teſcartant vn peu Vers le pays _de
Sunggou, des vins qui ſont auſſi blancs: mais meilleurs. En quelques endroits d’Al— ſi " "ñ
ſace, comme
palement à Reichenweiler,
ceux GL Keiſerſperg
qui ſe ſont de leurs ils fenetres-bons,
raiſins muſcats 8c puiſſans
, qu'ils appel-lent mſiuſcatels, princi
, dont
ils ont grande abondance, de ce que ?admire plus, c'eſt qu'en ces cartiers,~les vignes y
ſont hautes,& toutesſois le meilleur,& plus delicat vin blanc d'Alſace eſt â Reicheſi
felden. Il ne ſe trouue guere de vin rouge tout le long du Rhin ſinon-en Alſace , au
tour de Straſhourg, Ober-Eben beim, Molsheim, 5c Rosheim. (Maori Straíbourg,
pour le regard du vin rouge,on y fait grand eſtat de celuy de Tieffthahqui eſt clairet,
&Melon mon gouſt,des plus delicats,& plus agreables qu'on puiſſe boire.Au deſſous '
de Molsheim en la baſſe Alſace,& pays de Waſgow, autour deWeiſſenburg , il y a
grande" quantité de vin : mais moyen, 8c par ſois bien verd, bien qu’ils y fſiacencles vi
gnes comme en ce pays. Mais il y a de bons vins blancs à Landau' , 6c pour le regard
, du Palatinat ,il y a par tout de fort bons vins blancs , 8c l’on n'en trouue des rouges
qu'à Deitersheim , Où l’on boit le meilleur de ceſte Prouince. qu'on appelle Cenſ
fueſſerwein, pource que les ſeüilles de ces vignes reſſemblent à vn pied d’oye , 6c ce
vin eſt clairet. Les ceps n'ont en ceſte contrée plus de trois pieds de hauteur, &c ne
ſont ſouſtenus d'aucuns eſchalas. Mais le vin de Rhin le plus excellent eſt celuy du
pays de Ringow, principalement celuy de Baccharac, qu'on porte en pluſieurs pays,
&i qui eſt tant eſtimé des Alemands ,que quelques vns de leurs 'beaux eſprits nom
ÿ - ment en Latin ce lieu Barr/at 4m, c'eſt_ à dire Aurel de Bacchus. Le pays dautourdu
Rhin, qui s’eſtend apres iuſqu"a Coblentz, 6L Cologne, porte du vin, qui eſt toutes
fois bien petit 8c verdelet en ces çartiers lſicomme Peſſayay lors que i'eſtois dans l’ar- _ . ’ ,
mée des Eſtats conduite par le Pſirince d'Orange , à dix lieuës pres de Cologne , où ſi
ſoudain que ie mettois del'eau dans ce vin , ilſſ irauoit plus de gouſt , ny de force ;ac
faiſoit plus de mal au ventre, qu'à la teſte , bien que tous iugeaſſent qu’il y auoit de la
chaux , cau quelqueautre choſe pourle renforcer. Mais tous ces vins blancs ont au
moins ceſte vertu qu'ils nettoient premierement , puiſſe engraiflÎent , en rendant
l'homme plus leger, 5c diſpoſt. Les vins qui viennent le long du Neckaneſtimez par
quelques vns, ne peuuent toutesſois eſtre comparez à ceux du Rhin. Auſii n'en ſait
on pas tel eſtat qu'on les tranſporte guereloin. l '
,Il croiſt auſſi force vin autour du Mein ,comme en Fmnconie , à Wirrzbourg , où
E e e iiij
Ni
n .
I
l
6 i8 , Alemagne.
il y afort grande abondance de tres -bon vin ,- mais le plus excellent de ces cartier-s ii,
c'eſt celuy de Klingenbergfflui eſt im des meilleurs de toute l'Alemagne. Il ſe trouue
auſſi d'aſſez bons vins blancs à Francfort ſur le Mein , où l'on fait ſur tout eſtat d’vn
ſiPetterWein , ou vin de pierre , qui vient pres dela ville en vn clos ſeparé , garny d’vn
plantextraordinaire, dont le vin eſt auili fait d’vne façon particuliere qu'on ignore,
6c tellement eſtimé qu'il y eſt preſque aufli cher que le vin d'Eſpagne. Mais quoy que
les Alemands le vement, i'ay trouué,de meſme que les autres François,qu'il eſt d’vn
gouſt moins exquis qu'ils ne le font. i -
Les enuirons du Danube portent auſſi du vin en pluſieurs endroits , commeaui
tour d'Vlm, en Suaube,6L en Auſtriche; mais le meilleur vin deces cartiers lîneſtce
luy de Calenberg. Il yabien du vin en quelques endroits le longi de ?Elba mais il
n'eſt guere eſtimé , 6L celuy qui vient à Francfort ſur l'Odre eſt pour les valets , œ
Propre i ſeruir de verius, ou bien a remplir-les vinaigriers.
. Lauren…. _, Il y vientauffi quantité de \àffran en Auſtriche, de regliſſc en ï Franconie, de ga*
ſiÛZlWï-&ï-Pîiïv-mnce-en Sileſie, 6L de guede, ou de paſtel en Turinge. _ .
ÜQËML_ Les mines d'argent du 5 pays d'Eyfel, de-Leberthalæh Alſace, de Saxe, de Miſne, Midi-ali
TeuzſehLN-tde Boheme, de Bauiere , 6L d'autres endroits , rendent ce pays fort conſiderîable ,de
*ffllisk- me(me que celles de cuivre deSchv-artzwaldpcpres des montagnes de Hongrie; cel
-les deſtain-de Miſne, Adelberg,6L Imberſdorff, 6c de Schlackveld-en Boheme ,cel
-les de plomb de Ramelberg pres de Goflar,6L de Lebetthal pres de $chleſtad,6L cel
les de fer qu’on y voit de tous coſtez; mais ſur tout l'or qu'on trouue à Corbach , au
’ pays du Land graue de Heſſen,enWeſtphalieàGoldemaclnen Franconie,6t Stein
heid pres de NurenbergfiiGoldbergÆ-c Riſegrund en Bohemqen Bauiere à Guſtein,
8 Rauris, œ au pays de Tirol , 6L meſme au Rhin , principalement pres de la ville de
Seltz à ſix lieuës de Straſbourg , où l'on amaſſe dans le ſable tout l'or dont on fait les
Goldgulden , ou florins d'or , y ayant force gens qui trauaillent ‘a cela continuelle
-ment,6L de me.ſme on en trouue dans les ſablons de la riuiere d'Eder en Heſſen pret
«de la ville de Frauckenberg , 6L en quelquesautres. p _ l
c hltifiónſſſ. Il-s'y ‘ trouue auſſi force ſalins, com me à Lunebourgjíal en SaxeJ-Ial en Tirol, 5'”
&Wädr- Hal en S-uaube, Hal en Bauiere, Saltzboiirg, Hal en Auſtriche,6L ailleurs. _
Il y a par tout grande quantité de boeufs , de brebis, 6L' de pourceaux; mais ſur W
tout des derniers enV/eſtfaliqdoù viennent les beaux jambons que nousnommons
de Mayancqbien que ceſte ville ſoit hors de la Weſtfalie , 6L la Bauiere fournit en
cor aux autres pays des pourceaux en grande abondance. Mais on fait principale
-ment eſtat des beaux cheuaux d’Alemagne , dont les Friſons* ſont les plus forts , &a
ceux de Pomeren, Karſt, Heſſen, Boheme , 6.' pays voiſins les meilleurs.
Moeurs anciennes.
d Tatil. de L Es 4 anciens Alemands eſtoient grands , 6L Foi-cs , auoient tous le poil blond , les J***
Mäîi-Gtîtäm- yeux bleux, 6L le regard furieux, 6L menaçant. lls ' endurciſſoient leurs corps, '
fucäfglcſ_ en les plongeant dans l'eau froide, tant du Rhin, que des autres riuieres , rendant par
li, l. ce moyen la peau plus forte, comme font ordinairement les coureurs Bohemiens, ou
Sarrazins; mais la chaleur eſtant quelquesfois vain cu'c' par la froideur de l'eau, les en
t Mel: 1.5.”. fans eſtoient ſiijets à mourir. Mais au lieu que Mele ë dit,que leurs corps eſtoient en
durcis au trauail, 6L qu'au gros du froid ils alloient tous nuds, ceux qui les ont mieuit
conſiderez s aſſeurent qu'ils ne pouuoient guere ſupporter la peine , non plus que la
l, Suede L7. faim , &Ya ſoif, le chaud , 6L le froid. Aureſteils differoient ~" fort peu des Gaulois,
.tant en grandeur de corps, 6L couleur de poil, qu'en mœurs, 6L façons de viure, à rai
ſon dequoy les Romains les appellerëtGerm-ainsſielon Strabon (centre l'opinion de
Tacite) pour monſtner qu'ils eſtoient freres des François. Quant aux cheueux ,les
‘ . iMed ,M0
Ciment. hommes l de franche condition les portoient longs , de meſme que la barbe , 6L meſ
1;,,M,, me ils auoient des loix faites au temps du Roy Clotaire.qui condamnoient à l'amen
de ceux qui tondoient le poil, ou faiioieut razer la barbe d’vn autre.
l* LïfflPiid. Ils l* aymoient tellement l'or, 6L l’argent,qu'ils ne faiſaient iamais la paix auec les \nïlíiï
Al
l d.s. Romains,
MJ", . qu'a…*condition
.. d'en receuoir. . lls‘ eſtoient
. enclins .,a nager,6L pareil. lement “ſi”
'a
m ^mm.Mu- à voler , dont ils #auoient pas honte , 6L deſtoientbons qu'à leurs hoſtes , 6L pitoya
~ ‘°""’*"'?* bles à Pendroit de ceux ui ſe ſouſmettoientâ eux. lls m a moierit à boii'e,de meſme
nHcrodian. _ , q _ , i'
im, que_ maintenant , eſtoient j hardis , 6c furieux au commencement du combrac , 6L pa;
w .
i .Alemagneï ‘ \\ ' ſſſſóigſſzſſ
/
reillement ï altiers, 8c magnanimes, aymoient '* les preſens des peuples voiſins, prin- a Plutarq.
cipalcment
ſez d'armes , defranchement
i mais découuroient cheuaux , &c de harnois
toutes leursdepenſées,
cheual ,puis
n'eſtoient ny ſins
ſi quelque , nyleur
choſe ru- i,ÊZËÏ°‘~^P°'Ë
Talciír. de
eſtoit moins aduantageuſe ,il Ê dédiſoient , deliberoienr ce qu'ils ne pouuoient diſ— MM» Gïfflïe
ſimuler, 8L reſoluoientlors qu'ils ne pouuoient faillit. Leurs femmes eſtoientauffl
reſoluës que les hommes, les-accompagnoient aux armées, voy-oient leurs b! eſſeures,
les ſuçoient ſans verſer des larmeè , &c les exhortoient à bien faire au milieu des com—
bats. Auſſi croyoient-ils qu'il y auoit quelque choſe de ſainct, &c de diuin en leurs
femmes , 6c faiſaient grand eſtat de leurs aduis , 8c predictions , voire meſmecn te-'
noient quelques irnes comme Deeſſes , «Sc les adoroient. Ils donnoient , 6c deman
doient librement , 6c ne ſe tenoient pas pour redeuables lors qu'ils receuoient, non
plus qu'ils ne faiſaient eſta: d'obliger lors qu'ils donnoient, 8c leurs inimitiez n'e
ſtoient pas irreconciliables. _ , - ~
occupe; lls exerçoient ‘ leurs corps au trauail,& leurs courages aux combats# lors‘l qu'ils ï Mïlïlî-!ä
tions, eſtoient ſans guerre ,ils s'occiipoient à la chaſſe , ou paſſaient les iours à manger , 6c äŸz-,czz d,
ï dormir, voire meſme les plus vaillans eſtoient les plus faineans aulogis , 6c' tous laiſ- Mot Gcrm:
ſoient de
guere le ſoin de leurs maiſons
l'agriculture. aux femmes
Les' meres , vieillards,
nourriſſoient 6c feiblegôc
leurs enfans, nedonnoient
8c ne les ° ſe ſoucioient Èâfäfflfl"ſi
pas' li.6.
à des nourrices. Le maiſtre n'eſtoit non plus efleué delicarement que le ſerf, veu que 574W- d*
MonGermf '
tous demeuroient eſgalement parmy les troupeaux , 6c dormoient ſur la meſme ter
i'_e, ſi bien qu'il n'y auoit que l'âge, 8c la valeur qui les diſtinguaſſent, l
,Demeuz l ls G baſtiſſoient leurs maiſons de pieces de bois miſes les vnes ſurles autres,8c cha— gi-Ierodian;
m; cun h auoit ſa maiſon ſeparée de celle de ſon compagnon, voire meſme ils ignoroient ',1 ça… de
Pvſage du ciment, 6C des tuiles. Il eſt vray qu'ils enduiſoient quelques endroits d'vne Mozezſizm;
terre ſi pure,& ſi luiſante, qſſelleimitoit la peinture. Quelques vns faiſoient auſſi des
cauernes ſous terre, ô: les couuroient de force fumier , tant poureſuiter la rigueur de
Fl-Iyuer, que pour y cacher leurs grains , &leurs fruits au temps de la guerre z mais ils
eurenti enfin leurs maiſons baſties à la Romaineen pluſieurs endroits. i Mareellíng
RïPſiïï-ï Ils ſe feſtinîoient bien ſouuennôctraittoient tous les eſtrangers qui les alloient trou. “J72
,uer , tenans pour vn tres- grand crime de refuſer leur logis, 8c leur table aux ſurue- î
11ans. Soudain qu'ils eſtoient leuez , ils lauoient les mains , le plus ſouuent auec de
l'eau chaude, comme ayans vn long Hyuer, puis prenoient leur repas , chacun ayant
ſa table, ô( ſon ſiege, ô: dalloientguere ſans armes aux feſtins, non plus qu'aux lieux
où ii falloir rraitter quelque affaireCe n’eſtoit pas choſe honteuſe entfieux de paſſer
les iours entiers , 6c les nuits ä-boire , 6L lors ils auoient pluſieurs querelles , qui ne ſe
paſſaient guere ſans meurtre, ou bleſſeures; mais preſque touſiours ſans iniures.
lls parlaient auſſi bien ſouuent en leurs feſtins , de remettre bien enſemble
quelques ennemis, de faire des alliances, de s'vnir auec quelques Princegde la guer
re,& de la paix,comme s'ils n'euſſent peu trouuer vn temps plus propre pour les fran
ches penſées, ou les grands deſſeins. Les fruits nouueaux,la venaiſon fraiſcheJe for
mage , 8c le lait caill é leur ſeruoient de viande , ſans qu'ils cherchaſſent autres aſſai
ſonnemens, ou delicateſſegôc la biere faire d'orge,ou de froment eſtoit leur boiſſon:
mais les voiſins des riuages achetoient du vin. Enk leurs .feſtins ils sentflembraſſoient k Aihcnñlii:
ôcshuuroient l’vn à l'autre vne veine du front,& receuoient le ſang qui en ſortoit dis °"""
leur coupe, le meſlans auec le breuuage , comme pour teſmoignage d'vne extreme \
amitié, puis ſe frottoient la teſte de quelque onguent, principalement de celuy qu'ils v
faiſoient de roſes,ou d huile mielée 5 afin que la vapeur du vin ne leur nuiſit pas: mais
lLî.4;
ils' ne mettoientiamais debeau _dans leur vin , Gt la chair qu'ils mangeoient eſtoit m c472
Mel-M
rotie, GL ï" quelquesfois toute cruë : 6c l’auoine cuite 'leur ſeruoit auſſi de boulie. c, '
Habits. Ils auoient " pour leurs habits des ſayes, qu'ils faiſaient joindre auec des agraphes, n Plílli-lï
ou des eſpines, 6L le reſte du corps eſtoit nud, pource que le plus ſoutient ils paſſaient :Ÿſíçdndc
les iours entiers pres du feu , &z les plus riches portoient leur habits eſtroits, 6L bien MoLGetm.
ajuſtez au corps. lls eſtoient auſſi couuerts de peaux de beſtes ſauuages, les vns plus
nonchaiam ment , les autres auec plus de ſoin , 8L de façon ,en y adiouſtant quelques
fourrures eſtrangeres, mouchetées de diuers poils. Les femmess' habilloient de meſ
me que les hommes, excepté qu'elles ſe couuroient plus ſouuent de toile de lin ,auec
quelque meſiange de pourpre,- 6L !eur ſaye eſtoit ſans manches; tellement qu'elles
mon ſtroient les bras nuds, de meſme que les eſpaules , &c la partie de la gorge qui en
eſt voiſine, combien qu'ils fuſſent des plus ſeueres en leurs mariages. '
lcux: lls Wauoient qu'vne ſorte de ſpectacle en leurs aſſemblées , qui\ireſtoit autre que
5-20 Alemagneſi
de voir quelquesieiines hommes ſautans entre les eſpées, 8c jauelines, non pour tirer
'de l'argent de leur diſpoſition ;mais pour donner leulement du plaiſir aux autres Ils
'joüoient auffi aux dez, 6c autres jeux de hazard, auec tant d’ardeur,meſme lors qu'ils
Cſtÿlïflſ ÏOÔTCS. qu apres auoir tout perdu , ils hazardoient leur corps , 6c leur liberté,
Fo? I6 perdant, quoy que plus ieune , 6c plus fort , ſe laiſſait lier,& emmener comm;
er .
o Leur année eſtoit ſeulement diuiſée en Hyuer, Printemps, 6L Eſtéqdhucanc qu'ils Ans , a
\l ignoroient le nom de l'_A uton ne , 6c leur *an eſtoit Lunaire , comme celuy des Gau-ñ im"
a Czſande
bel Gall.li.‘. äoisî _v cärq mIeſme 5 ils îuoient ceſte ſuperſtition , qu'ils ne combazzoien; jamai; au
b FtonlinJJ..
c, Tnit. de
“Sc in e a une, 8c ne faiſaient pas leur compte par iours , mais par lc nombre de;
MoLGcrm. cs]
Ils Ïeſpouſoient pas des femmes d'autre nation que de la leur , pour ſe maintenir Mariages)
toufiours de meſme ſorte , 6L chacun ſe contentoit volontiers d’vne , excepté quel
ques vns qui en prenoient pluſieurs,n0n pour ſatisfaire à leur ardeugmais par vanité,
pour particuliere marque de Nobleſſe. La femme ne portoit aucune dot au mary, ſi
non quelques armes : mais receuoit de luy des preſens , eſiant alſiſtée de ſes parents,
Rurales appipouuoient , bien qu ils ne conſiſtaſiſient .qu'en quelques bœufs , vn cheual
_ſ1 c. VE Cdfü- VHC eſpce, ôfflvnqjaueline, qui eſtoientle plus grand lien de leur ma
r riage 5 a n apprendre parla qu elle deuoitauoir part aux dangers 6c peines de ſon
mary. Au reſte il s y trouuoit peu d adulteres , 6c ſi l'on 'en découuroit ,le mary meſ
me en faiſoit iuſtice , coupant les cheueux à ſa femme deuant ſes parents la chaffan:
hors de ſa maiſon , la foüettant par tout 'le village. M ais ilsauoient cela de bon',
qu ils ne marioient iamais leurs filles trop ieunes, &t les ieunes hommes ne practi
quoient auſſi l amour que bien tard, 6c par ce moyen les enfans qui procedoienc de
deux perſonnes de meſme age, 6c de meſme grandeur 6c force , eſtoient auſſi grands,
puiſpſans, 8L robuſtes.
’ Lpilirs fpnerailles eſioient ſans aucune pom pezinais ils auoíent ceſte particulari- run-mig
tc,qu l S re eruoient certains bois pour brufler les corps de leurs plus illuſtres perſon- l":
nageszlls ne chargement pas le bucher de bonnes odeurs , ny d’habillemens: mais y
mettaient ſeulemct les armes du mort, 6c quelquesfois le cheual, puis toute la gloire
ges ſepiächres conſiſtoit en des mortes de terre , pour ce qu'ils meſpriſoient les com.
eaêuxä_ euez auec beaucoup de couſlt, de pcine,commeimportuns, 8c peſansaux
“È Pa_ Clé_ Les plaintes 8c les pleurs eſtoient de courte duree entre les hommes , 8c le
dcplaiſir Ort long , pource qu ils tenoient pour choſe honneſte, 6c bienſeante aux
femmes de pleurerzi cauſe des morts, 8c aux hommes de s'en ſouuenir.
Les mines dont l Alemagne abqnde n'eſtans pas encor deſcouuertes , les anciens *WLM*
creuſent qu elle en manquait tout a fait. -Mais nonobſtant ce defaut ,ils ne laiſſaient ~
pas d auoir des vaſes d argent, qu on auoit donnez à leurs Ambaſſadeurs , ou bien à
leurs chefs. l_.es plus voiſins des Romains faiſoient grand eſtat de l'or, œ de I'm-gene_
6c cognoiſiſioient quelques eſpeces de monnoyc des Romains Pa; le moyen du com
mereezrnais ceux qui ſe trouuoieut plus auant dans le pays n'vſoient que deſchange.
fils faiſoienäauffi pllus d'eſt.” del argent, qlue de l'or , pource ſeulement que les pieces
APEC!!! C 016M P us propres 8c comme es pour acheter des choſes communes 8è:
de petit prix. Ils ne ſçauoient que c’eſtoit de donnerleurargentä vſure, 6c leurs h-,ſa
glflſâtss_ 6C cheſs Partageoient tous les ans les terres, ſelon le nombre de ceux qui s-aſ.
ſemblaient en vn lieu pour les cultluer. puis ceux-là changeoient de pays au bout
d vn an, 6c failſoient placez quelques autres , qu'on traittoit de meſme ſorte que les
Ad Çzſar. de RYWNËYS. de PEU!" que quelques vns s eſtans eſtablis , 6c rendus puiſians en quelque
bcLGalLli-ë. lieu, n accablaſſent les plus pauures , 5c faibles auec le temps , 8L cauſaſſent quelques
factions. '
e Mcldſizſi Ils faiſaient * la guerre à leurs voiſins par fantaiſie,8c non pour aucun deſir de com* FW"
e.). mandera pluſieurs, oude pouſſer_ plus auant leurs bornes, veu que meſme ils culti
uolenſ aſſez ma] ce qu ils poſſedoient s mais aſin dmuoirautour d'eux vn grand pays
f Tacit. de deſole, qui teſmoignaſl leur valeur. ll s en ftrouuoit peu qui ponzſſcnz des eſpèces;
Moribficlm.
de longues lances: mais pluſieurs auoient des jauelines ,dontle fer eſtoiteſtroit, 6::
court, &propre pour combattre de pres , &c deloin. L'homme de cheual ſe conten
toit de lajaueline, 6c de l eſcu , &t les gefins de pied lanqoient auffi quantité de petits
dars.& jauelotgeſtans nuds,ou ſeulemct couuerts deleurs ſayes. Leurs eſcus eſtoient
ſeulement diuerſiſiez de quelques couleurs , ſans autre parade , 6c l'on en voyoit peu
qui portaſſent lciaque de maille, dc la ſalade. Leurs cheuaux ſſeſtoient ny beaux, ny
J
l
ſi ï
l
\
lAlemagſſne. i "ſi62l
villes, ny dreſſez aux voltes, ou paſſades z afin de ſaire aiſement le Caracol ‘: mais al#
loient ſeulement tout droit, ô: ſe tenoíent ſort ſerrez. Mais ?Infanterie eſtoit la plus
ſorte, ſi bien qu'ils la mettoient a la teſte de l'armée , choiſiſſans les plus diſpos ieunes
.hommes pour cét effet, 8L centde chaque village. Pour le regard de leurs combats,
ilstenoient quexeculer premieremengpuis ſoudain preſſer Fennemlfflpartoi t de pru- … ,'
l dence,de craintqemportoient les corps de leurs creſpaſſez,meſme aux batailles dou
rcuſes,& tenoient pour choſe inſame d'au0ir laiſſé ſon eſcu,pource que deflors on ne
pouuoit plus affiſteraux ſacrifices , ny auoir entrée aux aſſemblées , ſi bien que plu
ſieurs ſe pe-ndoient de honte. Leurs troupes eſtoient diſtinguées par famil les , 8L pa
rantages, &leurs enfans , 8c leurs ſemmeseſtoient proches d'eux , 6c ſeruoient com )
me de teſmoins de leur valeur , ſi bienfquïls pouuoient ouyr les plaintes des vnes , 6c
les cris des autres. _ ‘ __
Leurs ï femmes ſe menaient de predire auant le combat le ſuccez qu'on en deuoit ËÃÏIËQLË'
eſperer , &L s'il eſtoità propos de donner bataille. Quant aux ë hommes , ainſi qu'ils 1m. _
alloient combattre , ils chantoientcertains vers, au champ deſquels ils animoient Ëkſirîfflîäcffl…
les plus iaſches , &c lors qu'ils venoient aux mains , de meſme que deſtoit choſe hon- ° l ' “
teuſe au chefſide ſe laiſſer vaincre, c”eſtoit auſſi peu d'honneur à ceux qui le ſuiuoient ſſ
de n’imiter ſa valeur, 8c s'il y mouroit de le ſuiure , d'autant que le cheſcombat
toit pour la victoire , 8c les ſoldats pour le chef. lls auoientauſſi de couſtume au com- -
mencementde _leurs guerres , de ſe ſaiſir de quelque ſorte que ce fut d'vn priſonnier
du pays descehnemis , puis le ſaire battre contre-vn de leurs hommes dellites afin de
juger par ce combat des euenemens de toute la guerre , a: leurs ieunes hommes ,lors
que-leur pays eſioit en paix, alloient chercher la guerre chez les eſtrangeis.
Sonnet-g _lls eſliibient leurs Rois pour leur _race illuſtre, 8c les chefs de leurs troupes
“m” pour leur_ valeur. Mais les Rois n’auoient pas" puiſſance abſoluë , 6c les chefs pouq
uoient plus parleur exemple, en ſe ſignalantaux combats , que par leur comman
_ clement. Au reſte il n’eſtoit permis de punir, lier ou battreles coupablegquaux Pre-Ã
.ñ ' fires ’, non pas comme par commandement du chef: mais du Dieu de laguerre. Les
principaux conſultoient enſemble les choſes de moindre ,conſequences mais tous
eſtoient appellez
toit au Conſeil aux
des reſolutions
principaux ce des
qui plus importantes,en
dépendait ſortedu
de la volonté toutesſois
peuple. qu'on trait
Ils saſſemd-îv
bloient ordinairement à certains jours, à la nouuelle, ou pleine Lune, qu'ils tenoien:
ſi l heureuſe , ſinon qu'il ſuruint quelque accident à lïmpourueu. Mais ils ne venoienc
pas tous enſemble au iour affigné,'ſi bien qu'il Fallait le plus ſouuentretarderſaſſemg
bléeiuſquhu ſecond ou troiſieſmeiour, &lors ils s'y trouuoient tous auec leursar
mes,p}1is les Preſtres aya-ns commandé que chacun ſe teut , le Roy , ou les princi
paux , ou plus vaillans ,ou plus eloquens, eſtoientouys, non pour aucun pouuoir
qu'ils euſſent de commander , mais ſeulement de .perſuader , 6c ſi leui' diſcours deſa
greoit à Paffiſiance ,le grand bruit con ſus en teſmoignoit le meſpris, com meau con
traire le branlement des jauelines en marquoit vne honorableapprobation. Il eſtoit
auſſi permis d'accuſer en ces aſſemblées , où l'on condamnoit les traiſtres àeſtre pen~
dus à _des arbres , les laſches, 8c coüars à eſtre noy ez dans quelque mareü vbottrbeuxſi
GUÊC \me Claye par dêſſus, 6C quëït aux ſautes legeres,on en eſtoit quitte pour Pamen- ~'
de de certain nombre de cheuaux, ou de brebis,applicable en partie au Roy , 8c par'
tieà la Communauté , de meſme qu'à celuy qui demandait raiſon , ou à ſes ' parensï
On efliſoit encor en ces aſſemblées les I uges des bourgs, 6c villages.; dont cha
-’ cun auoit cent Aſſeſſeurs pris du peuple. Au reſte *ils ſuiuoient preſque au gou- cAg-:ldjigifg
uern ement de leurs Republiques , 6c choix de leursMagiſtrats ,la.police', 6c les loix
des François. - _ -
Religiond_ ſe forgerent
lls adoroient
encor4 des ſoreſts,
pluſieurs quelques
autres Dieuxeaux , certains
, auſquels oy ſeaux, &c diuerſes
ils ſacrifioient, beſtes, 8c‘ dcrcgór!
principalement “‘:"‘~H“"'ſſ
Tibilen, ou Tuffel , qui ſſeſtoit autre que le diable , Dieu des Noriques ‘, outre Mer- c Ÿſiexſſclxilſſüang
cure, F Hercule , Mars , 6c Tuiſcon , qu'ils diſaient eſtre né 'de la terre, luy donnant ^P°lz_ ,
lr! ~ pour ſils Man,
adoroient encorqui veut
Iſis; direnul
mais homme, pere deny
d'eux n’auoit pluſieurs
Temples autres Dieux ,;poulette-qu'ils
, ny ſtatues 6c les Sueues ~ ~“
l tenaient qu'il ne fallait pas enclorrc les Dieux dan: des murailles. ~. ſi ''
,ï d e.: —- - l
.P ' l —
_ _“ ..
d
~ ' ,.,a l '~
| .. ‘ . . ó.
., . _ . ,. . . I - ñ _ . . L,,_ _ ſt ;.
_4,...…..
p _ , I. .
\ .
l
ſſ6 zz . Àlemagncï
&aw ~ l
Mœms de ce temps." , .
Es Alemands ne ſont pas tous blonds, 8c n_’ont pas "tous les yeux bleus , comme “l” 3*'
Tacite aremarqué z mais les-vns oncle poil blond,& le: autres noirzchatain, ou m”
roux, de meſme qu'en France, 8c quant aux yeux il y en a quantité de noirs', qui ne
-laiſſent d’eſtre parfaitement beaux , 6L les bruns y ſont encor en auſſi grand nom
bre-que les bleux, &c le: gris, mai: *il ſemble quant au poil, que les blonds ſui-paſſent
leçnombre des autres. Pour leregard de la taille, les hommes y ſont pour la plus gran
de partie grands 8c forts, voire meſme ras, à cauſe de la biere qui les rafraichir, 5c les
engraiſſe, ou du vin blanc pri: en gran e quantité , qui n'eſtant fumeur , ny mal-ſal
, ſant, le: purge, 6c les nourrit de meſme que la biere, ou bien à cauſe des deux en- ‘
ſemble , &c la couleur viue, 6c vermeille, que les Italiens nomment Bel ſangue, ou
Beau ſang , accompagne ordinairement auſſi leur viſage , de meſme que celuy des
François. Pourle regard des femmes elles ſont pour la pluſpart de fort belle taille,
qui porte auec elle quelque majeſté, 6c quoy qu'on vente la beauté de: Elamandes,
— ou Femmes du Pays-Bas , ie n’en ay pas veu coutesfois tant enſemble dans les villes,
qu'il s'en trouue à tous momen: à Balle , 6e S traſbourg , où l'on voit communément
des beautez qui ne ſont pas communes , 6c qui ſont capables de charmer les plus ſau
vages. Ce n'eſt pas qu'il ne s'y rencontre des laideur: à donner pluſtoſt de l'horreur
~ que de l'amour S mais cela n’arriue guere en ces deux villes , au lieu que les autres ſont
fort meflées, voire meſme quelques vnes ſont du tout décriées , pour n'auoir que de
faſcheux objets, particulierement à Nuremberg. Au reſte toutes les femmes d'Ale
magne ont ceſte vertuñ qu'elles ne- ſe fardent point, comme celles
tions. - des autres
ſi nañ
' lls ſqnt ordinairement bons chantres, &e du tout enclins à la muſique, ſubtils in- !iicii-ai ‘
uenteurs de pluſieurs choſes , induſirieux , 6c des plu: habiles en diuers ouurages , fi- “W9 ‘
x . deles, de bon
quoy que naturel,
les hoſtes francs,
ſoient courtois
des plus auaresà, de
beaucoupdeſtrangers , &aſſezyliberaux,
meſme qu'ailleurs. Pluſieurs ſont tel- ~ ſi ‘
lement affectionne: aux lettres , que nous ſommes redeuables de beaucoup deliures, î
de de beaux enſeignemens , tant 5. leur ſçauoir , qu'à leur ſoin , 6L leur trauail. Quel- _
a Chytr Del. ques vns *~ des leurs les font vaillans , ſimples, 6c bien~ faiſans, ou liberaux , leur don- 'y
lrin- l . nent vn viſage effronté, vn_e voix de bœuf, vn diſcours rude, l'habillement mal-pro
pre, &c déchiré, les font diſſolus en leÀur manger, imperieux, 8c inſupportable: parmy
les dèbauches, peu courtois aux eſtrangers , ambitieux en l'eur: amours, laborieux en
leurs affaires, cruels à la guerre z mais preſtsà marc her pour de Fargentaindicatif: en
leurs haines, fermes en la religion, ou creance qu'ils embraſſent , vtile: en leur: con
. ſeils, d’vn cœur ouuert, 6c d’vn eſprit arreſté; à quoy l'on adiouſte qu'ils ont vne infi
b Scaliger ' nité d'inuen~tions mecaniques , &c ſont " vaillans , vrais amis , 6c ennemis ouuerts.
P°°‘î‘-“-*~ Mais ils~ſont ‘ auſſi blâmez de ce qu'ils mangent deſordonnémengôc boiuent iuſquî
:"7,~,,d_ l*excez plus que gens du monde. Quant aux femmes, il eſt vray qu'elles cachent dc
Teurſcherj . ſauuer les apparencegôc qu'il ſemble à leurs actions exterieure: que la vertu n'a point
E? "WF-RS de retraitte pluszaſſeurée, pource qu'elles ſçauent aſſez combien les Aleman ds hayſ.
_ſent les femmes débauchées: tellement que s'il s'en rencontre q~uelqu'vne en vne
— maiſon.,clle deshonore toute la famille.D'ailleurs lesîadulteresy ſont griefuemët pu
ſ ~-'- ~ . nis,
bien&il
quel'on
ſondécouure
paillard ,qu'vne
a quantfemme mariéea
aux garces perdu l'honneur,
communes, elle ſont
lors qu'elles perdla vie, auſſi
recognuës,
Alemagneà ‘ ‘ 623
Bauiere ſomptueux , grands Faiſeurs de feſtins , 5c inſolents : les Suaubes volaj
’ ges, grands parleursfi &glorieux; ceux de Miſne magni-ſiäpäes , riches, &r beaux)
ceux deceux
iſilſires-,ôc Turin e mé cercle
dfhaut ans, auares,
du Rhin6c ilncnagerspuuertgôl
uerelleux; les Saxonsdesi plus
imulez , finsà ,opinia
enclins receuoir
les eſtrangers. ' .
Occupa- -ñ- Outre l'occupation des lettres com munes auxGentilshommes,de meſme qu'aux
“°“‘* roturieræmais plus aux derniers,qu’aux autres,& le trafflqauec les diuers arts,& me*
ïl ſtiers du peuple ,les Nobles s'exercent principalement à la chaſſe , à laquelleils ſont:
1 des plus affectionne: , ou paſſent les iours , 8c les nuit-s à boire enſemble , qui eſt leur
bi?
plus ordinaire
langues entretien. les
eſtrangeres,que Ilsmoeurs
s'amuſent
des aulli fortplus
peuples à voyager , tant aſin dapprendrelez
ciuiliſez,auſqſiuelles ils ſe confor
ment, comme auſſi de monterà cheual, BC faire des armes. __ _
Quant aux artiſans,
de Nuremberg. de meſme ï les
queorfévres &Augſhourg
les fondeurs , lesleshorlogiers
de canons, ſaiſeurs de, ſutaine
5c quinquaillers
dVlme', ~"~
m" en imprimerapres les figures, dont on tient pourauteurcertain berger nommé B0- Nanijgrllgkj
cholt, de la Comté de Berghe. lls ont encor inuenté la façon de fonda-cles canons,
tant grands, que petits , 8c de s'en ſeruir, 8c celuy qui Fenſeigna le premierPan L554..
fut vn maiſtre M0-yne, nommé Berthold Schwartz, qui trouua le moyen de tuer
dhuantage d’hom mes , au lieu de chercher celuy de les ſauuer. _Mais nous ſommes
ſur tout redeuables à Feſpritde Iean de Gutenberg,Gentil — homme de Mayancqqui
trouualïnuention d-eſlmprimerie .l'an 1440. bien que pluſieurs tiennent qu'il l'a
uoit appriſe de quelque eſtran ger , qui auoit pratiqué desChinois , au pays deſquels
l'imprimerie eſt en vſage depuis plus de deux mille ans.
Maſcus. Les maiſonsJant des villes que des champs , ſont pour lapluſpart debois propres'
ment entrelaſſez , 8c rangez, auec de la terre , ou dela brique entre les chevrons , qui
ſont ordinairement peints derouge , rayez de diuerſes couleurs. Les b0is,’& f0 , ~,—; l
reſts qu'ils ont en grand nombre, meſme preſque en chaque village , leur fourniſſent
quantité de ceſte matiere , &c leurs charpentiers ſont ſi bons maiſtres , qu'ils parfonc
le plus ſouuent dis deux mois vne maiſon de quatre ou cinq eſtages des mieux agen:
cées , 8c les autres moindres en ſi peu de temps , qu'ils ſe ſont admirer 'aux eſtrangers;
zz: ſurpaſſent de beaucoup nos meilleurs ouuriers en ce point. Les entredeux des ches
urons ſont enduits dechaux; tellement qu'ils ſemblent de muraille , 8c le plus ſou-ſi
uent ſont peints , meſme aux villages. Ces maiſons ſont percées de pluſieurs ſemeſtres
vitrées, qui leur donnent du tout bonne grace , 6c les plus pauures nwſfflc .point de
chaſſis detoileſny de papier, commes en tenans deshonorez , ſi bienque ce long
z-angde vitres bien entretenuesparoiſt grandement , 5c rend leurs maiſons du tout:
agi-cables, auec la peinture du dehors , ou les riches employent bien ſouuent vne
. bonne ſomme d'argent,- de ſorte que leurs logis ſemblentparfois à Pabord , pluſtoſt:
des Palais, que de ſimples maiſons de particuliers,, combien toutesſois ſique le dedans
ne reſponde pas à la face exterieure 'z pource qu'il n'y a que les grands Seigneurs qui
ayent leurs maiſons tapiſſees.ll eſt vray que les planchersJz-les entredeux des cham
bres,dont il y en a beaucoup en chaque maiſomſont faits de beaux aiz luyſansJe plus
ſouuent ‘a lambrigôc verniſſezÆc quel quesfois la façon en eſt preſqueauffi chere que
_ 19, tapiſſerie. Tous oeux du logis, ont vneîchambre commune, qu'ils appellent Stub,
c'eſt à dire poile , oû ils en-ont' vn-l embelly d'ordinaire de diuerſes figures, â: peine
d’vn -irerdſortiuiſalilrtz quälf- eſchauffelntcn Hyuer tout le iou_r_,-tantoſt plus , 8c tan
toſt moins, ſelon l' eure uîrepas, ou' acompagnie. ~
C'eſt entze-lieuquflils diſdene,ñ_,ôc-ſouppcnt tous , &Laque le maiſtre-du logis ſe tien! ‘ 51+* -
la luſ art du iour,, , d'autant H uîils. uíonc- .- uere e couſtume d'eſtre dans les ' "' ſi
chZmbï-es oùi izls- .couchent , \iiion lors qiſilg- veulent .dormir , GL l'on voit encor
d'autres poilesîîenñpluſieurs. chambres. Aux Cpllîeges-mcſme cha ue Claſſe a ſon
poile,qu’on Îſchauffe pendanſt lalâçoplsafiqkpueles enlfans ſeÊT-Ëiniiennäntchaiæſds.
6c lemeſme e pratique aux ,ales . .f5, -zzniue uicz... Où; :SPE e eurs pu lics en ei:
gncnclçDi-.oiétzla
Europe. Mcdeeíiæez
ſi ou la ThCÏSQSiÇ-F- u; »- t..-—. 2~~=..-_.- . 3- 2s--
Fff2- .— ~ . p z .
\J
624. Alemagne.
‘lls"n'ont d'ordinaire autre cheminée que celle de la cuiſinaefleuée de trois pieds. ~
3c ſort propre pour appreſter la viande, comme en pluſieurs endroits d'Italie; mais
ils ne s'ydechauffent
baſties point
pierre ,elles , pource
ſont que les
fort belles; ipoiles leur
tellement qu'àſuffiſent. 'Quant
Munichſſen aux maiſons
en Bauiere, Augſ
bourg, 8c Nuremberg les maiſons ,tant des Patriciens , ou bourgeois , que des mar
chands , 8c des artiſans, ſont 'a l'italienne, a ne cedent point en magniſicence de ba
ſtimens a celles des Gentils- hommes d'Italie. En pluſieurs endroits d'Auſtriche , &c
de Bolieme , ils 6cnedemy
couurent pas leurs maiſons de tuile : maisSchindel
de pieces, de
gues d'vnſſpied , &larges de demy , qu'ils appellent 5c bois
ceuxlon
des
“montagnes de Dauſiné, 6c de Viuarez Sandoules , à raiſon dequoy quand le feu s'y
met, il bruſle ſouuent plus de cent maiſons à la fois. ,
Leurs
.l 'doré, meubles
faitesà pointeconſiſtent premierement
de diamant, en pluſieurs
ou bien ciſelées à figurescoupes d'argent
de bas relief, la pluſpart
faites la pluſ MW***
part comme des calices , dont ils ſe ſeruent , tant en leurs repas , que quand ils con
uient *a boire les eſtrangers qui les viennent voir, 8c c'eſt de la multitude de ces cou
pes qu'ils ſont parade, auſſi bien que les orfévres de la foire de Francfort , qui en ont
- eurs boutiques pleines. Mais quant à d'autre vaiſſelle d'argent , comme plats , aſſiet
tes, ſalieres, &c choſes ſemblables , les plus riches meſmes n'en vſent guere, n'y ayant
que les Barons ,les Comtes , 8c ceux qui ſont au deſſus qui s'en ſeruent , voire meſ..
me en quel ques Cours de ces Princes, la vaiſſelle qu'on met deuant la. Nobleſſe n'eſt:
que d’eſtai n , dont le peuple meſme a ordinairement grande quantité , pour en parer
les parois de leurs maiſons , 'meſme que les plus pauures y ſont parade de leurs eſ
cuclles , œ plats de bois. Leurs tables ſont touſiours nettes , az 'nuiſances , pource
qu'ils les ſont lauer toutes les ſemaines , de coirime auffi les planchers ſur leſquels ils
marchent , 8L leurs meubles de bois s cant ils ay ment la propriete , de meſme que'
ceux du Pavs-Bas , 8c quelques vns ont des ſieges autour de leurs chambres , 6c ta
bles , qui ſont garnis de crein , &c preſtent , 6c s’abaiſſent , lors qu'on säffled , puis ſe
rehauſſent ,- afin qu'on ſoit affis mollement. Leurs chalis ſont de beaux aix de menui
ſerie , 6c le plus ſouuent à pieces de rapport , dont le ciel du lit, 8c le doſſier eſt auſſi
compoſé le plus ſouuent ;de ces chalis ſont par ſois bien chers. Mais depuis qu'on a
paſſé Berneen venant de France , il ne ſe parle plus de pantes de lit, ny derideaux, ſi
non encre les plus riches qui ont meſinepratiquc les autres pays , 6E par tout il n'y a
que des coettes , non ?es matelats , voire meſme au lieu de couuertes ,ils vſentde
coettes u'ils mettent ur eux. ‘
Les (gentils hommes plus releuez ont des lits a la mode d'Italie: mais tous ſont
enſeuelis dansla plume. Qiiant à des ſeruiettes, il n'y en a que de bien petites en plu
ſieurs hqſtelepesÆzdmÊſi-ne lquelques vnes en man quent tout à ſaitzmais aux honne
ſtes mai onsi s ont e eau inge. ñ
Leurs repas durent ordinairement trois ou quatre heures , principalement ceux Rïrïïï
de la nuit ,où l'on fait preſque touſiours le ſaut perilleux de la table au lit. Leurs
viandes ne ſont guere bien lardées: mais le plus ſouuent enueloppées de lard cou
uert de papier, auec lequel elles ſe rotiſſent, 6c deuiennent tendres, où bien elles ſont
ſurſonduës auec dulard, ou _du beurre. Ils ſont de leurs gros choux pommez , cou
pez parlpetites liſtes , puis mis dans des tonneaux bien bouchez , auec du ſel, 6c du
poivre , ſans aucun vinaigre , certaine eſpece de ſalade, 6c de potage, aigrelenôc d’vn
agreable gouſt, qu'ils nomment Saurkraut, c'eſt à dire, herbe aigrette , en les faiſant
dîns le bouillon gras, 6c le mettent dans le plat en forme de pyramide, pour eſ
nei lls
er onîpauffi
a' etit. , tant en Auſtriche,
— qu'en Bauiere, grande quantité d'herbes , œ de
taues, qu'ils coupent menu, puis en ſont auec du ſel,6c certaines herbes vne ſorte de
compote, qu'ils appellent Compaſt; Kraugqui deuient tellement ai gre,que fi l'on ne
la laue auparauantelle a force du vinaigre. (Liam aux ſalades,il n'y a que les plus de
licats , œ plus ciuiliſez qui en vſent, 6c pour le regard dela patiſſerie,ils n'en onc
gucre de bons mâllhlc! ,_ qui ne ſe trouucnt meſme qu'aux plus grandes villes. ll leur
faut grande quantite de chair, 6c ce qui ſuffirait à dix François, eſt l'ordinaire de.
quatre Alemands: Le menu peuple vſe de force potages de poids, 6c deîchoux z mais
de peu dp_ chair, alcauſe de? ſeruiteuiÿs , qu’il faut nourrir , 6c les Gentilsñ-hommcg
ayment ur tout a venai on s mais venée , 8c comme con-om uë : tellement
que leurs delices ſont de manger de la chair à demy pourrie ,~ äuîls appelleng
d
Alemagne. ſi
625
Ivlunckelen , 6E preſque par toute l'A lemagne on ſia tous les' iours de la chair , R
du poiſſon aux hoſteileries, ô: ſouuent dela venaiſon. Aux bonnes villes on a des
ſauciſſes toutes fraiches, 6c de la chairde pourceau de meſme en toute ſaiſon. lls boi
uent plus de vin que de biere aux endroits où il abonde : mais aux autres pays la bie
re eſt plus en vſage, à cauſe de la cherté du vin. La meilleure ſe fait à Roſtoch,Ham
burg, Brunſuic, Zerbſt,Torgavi', Einbeck, BreſlaviHPaderbor _e, ct en pluſieursau
tres lieux. lls vſent encor en quelqueslicux du Medon , ou de eau miellée , autre
trement H ydromel , qui paſte en douceur la maluoiſie. Quant à leurs vins 5 afin de
les conſeruerils les oſtent de deſſus la lie, 6c les mettenten d'autres tonneaux ,apres
les auoir premierement pírfumez en ceſte ſorte. lls fon trchauffer, 6c fondre du ſoufñ_
fre , puis plongent dedans vn linge long d’enuiron vn pied ,'65 large de trois doigts,
6c l'ayant tout couuett, 8c rem ply de ſouffre , le retirent , le mettans en meſmeremps
dans deseſpices
appellent pilées, ſort
Einſchlach puismenus afin qu'elles
ils l’a|lument s'attachent
parle bout à- ceſiôclinge
d'enhaut-. ſouffrézquïl:
le pendent dans le
tonneau vuide, le bouchant apres; tellement que toute lor-fumée du ſouffre, &de
~ -Ïeſpicereſtant au tonneau ,le preſerue de corruption , auſſi bien que le vin qu'on y
met apres. - ' ñ-* ñ ' ~‘ ~
Pourleregard des hoſtelleries qui ne raualent pas la qualité d'vn homm -en ce
pays-là, où c'eſt choſe honorable de tenir logis; tellement que les riches Citoyens,
,Sc 'de bonne eſtime ne dédaignent-pas d’eſtre hoſtes , tiennent leur reputation autant
que les autres , 8c -meſme ſont le plus ſouuent receus au Senat des villes, ilñyarou
jours vne grande ſale, qu’ils appellent Siub , à cauſedu poilequi y eſt, où tous les
_ſuruenans , tant pauures que riches, saſſemblenrauec leurs hardes , ſinon qu'il y en:
. quelquechoſe de grand prix qu'on donne à garder aux hoſtes, deſquels il ne fa
craindre aucun mauuais tour pour ce regard. _ - ñ ~:ñ=
Il y a dans ceſte ſale pluſieurs tables rondes, ou carrées; dont chacune eſt capable
de dix, ou douze hommes, voire quelquefoisde plus , où l'on s'allier ſelon qu'on ſe
rencontre, ou bien auec ceux qui ſont venus de compagnie. 'Chien-n'a ſon 'verre
plein pres de luy dés le commencement du repas . 8c ſoudain qu'il cſtvüidc, le valet
qui ſert,a le ſoin d e le rëplir ſans qu'on le demande. Aurelie ce n'eſt pas la couſtume
de boire ſans le porter à quelqifvn, ny de refuſerle verre 'd'vn autrqquia beu à vous.
6c l'a fait remplir apres auoir ben. Ce n'eſt pas auſſi la couſtume de donnera chaque_
hoſte ſa chambre, comme en France, 6c en Italie , veu qu'il faut touſiours demeurer
_ _ dans ce poile commun, iuſqu’à ce.qu'on veuille mon terà cheual, ou 'vallèrcoucherſg'
.,3 j,, 6L lors on vous meine en de grandes chambres où pluſieurs lits \ont dreſſe” afin d'y
~ ‘ dormirauec beaucoup d'autres. ll 'eſt vray qu’aux grandes villes, &t bonnes hoſtelle
:rics, il y a des chambres particulieres pour les honncſtes gens , de meſme qu'en Fran
ce, príncipalementquand vous deſſeignez d-'y faire ſejour, GL quant au linge dela-i
ble , 8c du lit de ces bonnes hoſtelleries, il eſt aſſez propre, voire meſme vousy faites
aſſez bonne chere , tant de chair, que de poiſſon , à leur mode, mais ce que le Fran- ‘
gois trouueimportun, c'eſt lalongueur du repas, combien toutesfois 'qu'on ſerue
touſiours de temps en temps quelque choſe/de nouueau pour deſennuyer les hoſtes,
8L les contenter. x ' '-3
Quant à ceux qui vont loger chez leurs amis , auſſi toſt qu'ils ſont arriue! on leuſſr
preſente la coupe de la bien— venue, qu’ils appel lent Wilkomm ; afin qu’ils boiuent:
mais en Bauiere ils preſentent d u pain ſans vin , dont les eſtrangers ſe moquent , puis
on eſt traítté fort honneſtement au repas, qui ne ſe paſſe iamais ſans bien boire. .
Mais ſi l'on va ſeulement vo:r ſamy lapreſdinèc, on vous preſente ſur vn tellci',
ou voletde bois , ou ſur vncaſſiette, du pain coupé par morceaux , comme on fait~
aux plus Grands en France à leur repas , 8L tout autour du ſel, 8c' du comin mellez,
qui ſontleurs confitures , pour y frotter ce pain apres auoir heu, 6c par ce moyen
prendre encor enuie de boire'. afin de vuider auec les amis auant que partir le pot
qu'on a porté plein. Les 'Grands reçoiuent fort honorablement ceux de leur condiñ
tion qui-paſſent parleur paysJeur vont au deuant auec force Gentils-hommenflc lo- ſſ
gent toute leur ſuictc , puis à leur pariement leur font d'ordinaire quelque beau pre
ſent, principalement de cheuaux. Que ſi quelque Grand arriuant dans la ville où
quelque autre de ſa ſorte tient ſaCour,va loger à PhOſtelerieJeSeigHeUr du lieu tient ,
cela pour vn gran d affro nt. Les Grands ont auſſi de couſtume dœnuoyeiztous le ans i
.leurs amis vn preſent de ce qu'ils ont de particulier en leur Eſtat, ou pays , comme
du_ ſel , du vin , 6c du fruit , 6c rcçoiuent &feuxquelquc autre choſe , comme fait
Europe. F ff ij
\
626 ſ ſi Alemagneſi
flîueſque de Wirtzbourg, qui enuoye tous les ans au Duc de Bauiere -quelques
qharrertes chargées du vin .de Franconie, 6c reçoit en recompenſe du Duc quel
ques charrettes chargées de ſe] blanc de Bauiere. Les Gentils-_hommes qui ſont en
voyage, paſſons deuant le Chaſteau d'vn de leur ſorte ,luy fqnt volontiers ſçauoir
-leur venue , &ſi quelquwnrefuſoit de les receuoir ,ils le tiendroient pour fort gran» ‘
de_ oſſeuſe. ‘ ñ
En toutesles villes dÎAlemagne les plus honneſtes Citoyensvont veſtus à la Fran- Hïbírs-_är
çoiſe, principalement les ieunes, qui ſemblent vrais François , ſinon en certains lieux """"'"‘
ſujets à la maiſon d'A uſtriche , où quelques vns pour plaire à leurs Princes portent
l'habit Eſpagnol. Wantaux Genius-hommes , &r Damoiſelles, c'eſt merueillede
«les voirallerautrement qu'à la Françoiſe , ſinon pourle ſujet que Fay dit , voire meſ
metons leaGenti
'meiſimeÇquUe-u Ës-homrnes
France ,excepteAlemands qpeſay par
quelques vns,qui veushumeur,ou
en italie , pour
eſtoient habillez
quelques de
con—
fiderationsalloient veſtus-,bien que raremennà l'italienne. il y a bien touſiours quel
ques bourgeois,
anciens habits de6eleur
marchands , ouilsartiſans
pays: mais 'ſont eſin, quiretiennent
petit nombre la
, 6cfaçon particuliere des
tous approchent des
vieilles façons de France. Quant aux payſans ils ont leurs habits-differens des autres,
&leur façon particulrerîe ,- comme ceux d'Alſace , qui porte vn petit chapeau noir,
çñtrforme d'vn bonnet d'enfant , vn pourpoint qui reſſembleâ vne caſaque: mais eſt
plus pliſſcädes chauſſes eſtroites, 8c courtes en E ,ſté de toile, en H yuer de drap blanc,
qui ,ſont couuertes par derriere d’vne peau noire , afin qu'ils ne les vſent ſi toſt eſtans
&HIS à *terre ,_ &t portent au lieu d’vne fraize 'a leur chemiſe vne petite bande de toile',
gliſſée fort menu ,large de deux doigts. Les Suaubes portent en Eſté des chapeaux,
fic ,en H ;nier des bonnetsîfourrez, le pourpoint fort courgët les chauſſe; depeau lon~_
-gues 5L eſtroites , auec des aiguillettes qui les attachent au pourpoint.
;,1 _ZQuant aux- Princes ,ils ſont veſtus_ comme les autres , meſme aux actes ſolennels]
gxcepççŸ-leæfilecteurs, qui lors ont leur habit particulier. Les Eueſques n'y vont pas
. veſtusgcomprneles autres Euelques Catholiques: mais portent ſeu? ement vne ſoutane
;le ſoy-e. comme Clercs , &a s'ils font voyage ils marchent auec meſme pompe que les
gutreszPrinces-,zauec force-trompettes , 6c meſme quelques vns vont louuent à *che
zial , auec ſcſpèe, 8c le piſtolet , au milieu dela Nobleſſe qui lesaccompagne. Les
ÇIËRBDÀDÇS. Nobles, portent à l'Egliſe la ſoutanqôc le ſurplis z mais eſtans de retourau
'Logis les quittent, 8c ſont veſtus de couleur comme les autres Gentils-hommes,voire
incſmesïlsmontentà cheual auec leurs gens ,ils ont la chaine d'oran col, 3L Peſpée
-dorée au coſté."
T .Pour le regard des femmencelles des' villes d'Alſace ,qui ne ſont pas Damoiſelles,
pgïtCpI-CT] Eſte' vn bonnet plat , &t large , les vnes de ſoye , les autres delaine, ſelon
IQUËCOÜÔIÆÏQD z mais en Hyuer vn bonnet dont les bords ſont de martre, 8c qui eſt —
le p-us ſouuentde veloux en broderie de jayet. Celles de Spire, de Vannes, Franc
fſiortſur le Mein . 6L pays voiſins portent auſſi meſme ſorte de bonnet , excepté qu'il
ell-beaucoup plus petit , 6c depuis Spire iuſqu’au pays de Vaut qui eſtaux Bernois,
les filles portent deux cordons de leurs cheueux pendans par derriere preſque iuſquîi
la ceinture , dont les vns ſont ent-relaſſez de rubans , 8c les autres non. Mais celles de
Balle ont de longs chapeaux pointus, faits en pain de ſucre , qui appreſtent bien ſou
uent à rire aux eſtrangergôz n'ont autre nom que de Schweitzerhundeſt à dire Cha
peau de Suiſſe. , _
Les Alemandes ont auſſi comme des pourpoints , qui le plus ſouuent ſont bor
dez de deux coſtez de quelque fourrure noire. Les filles ont auſſi cela de particulier,
qu'elles portent aux nopces de leurs compagnes des couronnes d’or,ou de fleurs,
choſe qui n'eſt permiſe aux autres. ,
Les Aleman ds n'ont d'ordinaire qu'vne ſorte de dance, qu'ils appellent Current, Paſſe- '
c'eſt 'a dire courante, en laque] le ils vont touſiours deux à deux , c'eſt à dire vn hom *WF*
me auec vne femme, GL parfois .ils ſont trente , ou quarante qui dancent de ſſſuit
te àlay fſieroient
dins fois, 6L d’vne grande
mal le-urs viteſſe,-
affaires ſi la mais auecneſi conuioit
curioſité peu de façon que les
quelques vnsmaiſtres bala
à l'apprentiſ
ſage des dances eſtrangeres. Mais outre ces bals communs ,les Grands ,. 3c Gentils
hommes pratiquent le plus ſouuent aux leurs quelques dances d'Italie ,onde Fran— '
C6- &L meſme d' eſpagne, comme des Paſſemeſes,gaillardes,courantes,volces,& pa—
lianes. Aux bals communs,, les femmes ne conuient iamais les hommes à dancer:
mais apres qu'elles ont dance auec ceux qui les ont priſes, s'en retournent à leurs
..
, Alemagne. 627;
t places. Ils joüentſila pluſpart aux dez, excepté les Seigneurs, &c les Üentils--hommesï
i'
l
qui 'jouent plus volontiers aux cartes. ' -
|
Compli On n'y baiſe point les femmes à !abord ~, ny au pal-tement comme en_ France;
m'en!! 'mais on leur baille ſeulement la main en l'ayant baiſée. Il eſt vray que les François
ſont leurs complimens quelquesfois à leur mode , auec des femmes nourries à la
Françoiſe , combien qu'Alemand es , ainſi que ie l’ay pratiqué auec quelques autres,
8L les Alemands meſme qui ſont familiers , 6L ſont ſortis de François , ou de Lor
rains, en vſetit auſſi de~la ſorte; mais autrement on ne baiſe point les femmes depuis
qu on a paſſe Loſanne au pays de Vaut. Quant aux hommes ils n vſent pas de tant
de 'reuerences , ſouſmifflpns ,oit Ïaualemensque nous: mais s-entrc donnent ſimple..
ment la main apres l auoir baiſce , puis pratiquent le meſmeau partement , 8L voila
toutes leurs ceremonies. ,
Mais ils ſont d'ailleurs trop vains , BL comme ennuyeux en la recherche des honſi
heurs, 8L titres, qu'ils pretendent_ leurs eſtre deuz; tellement q'u'ils preunentauſſi toſt
au point d'honneur ſi l'on en oublie la moindre partie, 8L ſurpaſſent meſme en ce
pointillement les ltaliensscar ce n'eſt pas 'comme en France où l'on ditaux Seigneurs
ſimplement Monſieur en parlant à eux, veu qiîfilfaut touſiours commencer ſon diſ
cours parles titres honorables. de tres-îilluſtrqhautement né Prince , 'ou bi’en né, ſe
lon la condition des perſonnes , en adiouſtant touſiourgmongratieuät, ou fauorlablè
Seigneur, puis en la ſuitte du diſcours dire, voſtre grace principale , ou de Prince, 8c
redire quelquesfois le meſme. Aus .G entils- hommes il leur faut dopner dti Noble,
ou tres-NobleÆL fauorable en adiouſtant tou)ou'i_'s,mon -gratieuxseigneuna vnD o
&eur du tres-digne, tres - doctefauorablefflher Seigneur Docteur, 8L ainſi des autres,
8L touſiours ils parlent aux gens d'honneur auec quelque titre , ouepithete releué.
Qu; ſi quelqu'vn eſtant allé voir quelque Seigneur, manque à la moindre parole , il
eſt auſſi toſt tenu pourgroſlier, ſot, &L ignorant. Want ati! lettresqtfon leur eſcrít-_z
il faut auſſi ſhigneuſement regarder de mettre au deſſus quelques titres honorables,
GL ſi c'eſt quelque Seigneur ne laiſſer en arriere vne ſeule de ſes terres dont il porte le
citri-,voire m-eſme quelques vns adiouſtent au bout de tous ces Eſtats vn , pour
marquer qu ll y en a pluſieurs autres , puis la lettre doit commen-cer parJres-illuſtre
hautement né Prince , ou tres- digne, 'ou bien né, ſelon le rang des 'perſonnes , 6L leur'
profeſſion ſeculiere , ou Iiccleſiaſtique , 6L mettre aptes voſtro hauteur , Alteſſe, oil
grandeuizvoſtre grace pri'ncipa.le,& choſes ſemblablesJoite meſme aux ſimples C11'
toy ens on eſcrit, a honorc,6c bien eſtime Seigneur, 8L a quelques vns plus releuez vn
titre ſuperlatifde tres-honoré , 8L ainſi des autres , 8L ſi l'on manque à ces honneurs;
ceux à qui les lettres s'adreſſent les rejetten t,6L refuſent bien ſouuennLesPrinceaôc
les Comtes eſcriuans à leursſemblables leur mettent voſtre amour# tous regardent
principalement de ne rendre trop , ou trop peu d'honneur' à ceux auſquelsils eſcri
uent, 8L conſiderer bien leur qualité , de peur dîeſtre blaſmez auſii bien de Pexcez
que du defaut. Au reſte leurs periodes ſont le plus ſouuent ſi longucgquœllea enſont
importunes. ~' ~- ~
langue.
Leur langue a pluſieurs paroles qui tiennent du Grec , ô: de Pl-Iebreu , 6L j'aYſi
remarqué beaucoup de leurs mbts fort approchants du François , s'ils ſont conſidcó
rez des pres ,n'y ayant ſouuent que la façon deles prononper, de les eſcrire , qui
les face paroiſtte-tous autres. Au reſte ils ont vneinſinite de dialectes , ou diuerſes
façons de parler , dont la plus agreable eſt celle de Miſne , IL meſme il y a quelques
endroits, tant du coſté du Nord , 6L de la mer Balthique , que de la Sclauonie , 6L dû,
Midy, qui parlent encor Sclauon , voire meſme l'italien a cours aux endroits du
Tirol, qui ſont plus voiſins d~e l'italie. Mais ?Alemand eſt vn peu rude cri-Poeſie.~
'Voicy leur Patenoſtre ordinaire.
Vnſer Vatter, der du' biſt im himmel , geheyligetwerde dein nahm.- Zukomm
vns dein Reich; dem-will geſchelie aufferdemwie im himmel. Vnſertæglich brodc
gib vnsheut E vnd vergib _vifs vnſer ſchuldt , als wir vergeben vn ſern Schüldigern:
vnd führ vns nicht in verſuchung ;ſonder erlœſe vns vom vbel , Aſmen.
î Quelques vns ſuivent le vieil Calendrier ,qu'on appelle lulien ,quelques autres
'caitdiier le
nouueau , ou G *eîgorienz car la reformation ayant eſté faitepar le Pape en l'an
née i582.. lesEſtats de l'Empire' furent diſpoſez à la receuoir, pourueu qu'elle fu:
ordonnée par l'Empereur, non par le Pape , dont les Lutheriens ne vouloient res
cognoiſtre l'autoritéî Mais le Pape n'ayant rien voulu -laſeheîr des pretenflonç
Europe. iij ’
-6 28< ſ ' _ Alem agne.
d_e ſon pouuoir ,v il arriua que tous ceux de la confeſſion &Augſhourg s'accorde*
'rent de ſuiure le vieil Calendrier , 8L les Catholiques le nouueau. Il eſt vray que
les ſujets aux Archiducs &Augriche , comme la lîoheltneéfléileſie , LLuſace , Au- q
ſtriche, Morauie Stirie, Carint ie , Carniole , Tiro , 8c es ats qu’i s ont , cant au
pays des Griſonszqwen Alſacqreceurent le nouueau Calendrier à cauſe de leurs Sei-_
gneurs. Le mal qu’il y a c'eſt qu’en meſme ville les vns trauaillent quand les autres
ont leurs ſeſtes , 8L que parfois à cauſe de l’aduancement des dix iours du nouueau
Calendrier, les Lutheriens ont trois ſemaines , ou vn mois plus tard que les Catholi
' ques leurs ſelles de Paſques. ' n _ ’ . _ une”
a Gryphland. Les lieues d Alemagne ï ſourde] eſtendue de quatre mils d Italie , voire meſme
de infir. :-à quelquesſois de cinq à la plus grande meſure de Saxe. Chacune des ordinaires vaut
ËÈÊËËÊIÀ. c deux lieues de France, 8L enuiron vne, 8L vn quart de celles de DauphinéÆroueiice,
8L Languedoc] ls appel lent leur lieuëlvllleihôt i'ay rsnſiarque que bien ſouiäent ills m?
*furent
‘ u’à telleslieu
diſtances deleurs
5 mais tant lieuës par
d'heures. _ cures , ne i ans pas qu'on a tant e mi s iu— - ſi -
, . Richeſſes.
xiónoye: _ 'Alemagne a tant de pays a; tant de perſonnes. qui' ont droict_ de faire battre
de la monnoye, qu'il y a grande difference aux valeurs des moindres eſpeces:
fi bien qu'on ne ſçauroit prendrevn certain pied pouraccorderleur monnoyeauec
la noſtre, que ſur les plus hautes eſpeces, qui ſont principalement le florin 6c le rei
chſtaletgôc le gold gulden ou florin d'or. î
Ce que les Alemands nomment ſimplement Floren , que nous transformed: en
Florinneſt pas maintenant vne piece particuliere,mais vn nom qui marque certain
nombre de gros
iſils prennent pourouchacun
debatz: Gt quand
deux ſezainslesouAlemands ſont leur
quarts d'eſcu compte par
de France: ces florins,
tellement que
leur floriq vaut trente-deux de nos ſols. Il vaut auffi com munément vingt gros,ſoiñ
xante creutzers 5c quinze batz : ſi bien qu'à ce compte le gros vaut dix-neufdeniers
de l-rancqôc dix 8c demY: le cteutzenſix deniers de France,
batz, vingt- cinq deniers .Sc neuf quinzémes.- 'ï
6c ſix quinziémeï:
ſi‘
6c le
Le ReicfllÎalei-,deſtà dire,Taler lmperiaLque nouinommons. Riche-Dalqpnſſe
auſſi maintenant depuis la reformation des monnoyes, pour quarante-'huict ſols de
France; de ſorte que lesAlemands qui le comptent pour vn florin 6c detny, prennêt. '
librement trois cle-nos ſezains pourvn reichſthalenäc quant au goldgul-den ou rhei-î
miſche goldguldenzdeſl: àdire, florin d’or du Rhin, ſe pdrend ſâoukrldeuxſflorins, og
ſoixante- uatrensſolsde
pour deuzilflori France,au
&c demv lieuliures
i) ou quatre que ledeſequin ou Quant
France. ucat eau ſimple
ongtie,s'y pren
chalet , ou
guldenthaler, il eſt pris ordinairement pour quarante ſols de France-,ou pour vn fio
rin &c vingt creutzetgqui ſont preſque peu _plus : &t par le Muntzordnung _ou POL'
donnance des-monnavesfaite tant en ?Archeueſchê deMayance,qu’au'D1oceſe de
Francfort 8c pays vóíiingfan mil ſix cens vingt crois z le goldgulden väut vn florin
quaríte-quatre creutäers: &z le reichſthalenvn florinæ trente creutzers. Etïpar celle
du Dioceſe de Straſhourg , du Landgrauiat d'Alſace 8c des pays voiſins, Falfï f!! lâ
mémeannéqſe goldgulden-vaut vn flotin &cinquante deux creutzerszlereichſthzd
ler,vn florin 8c trente creutzersiót le gul dentbalerzvn florinëc vingecrcuffltlës
~ Au reſteputre l'Empereur, tous les Eſtats 6c Princes de l'Empire,qui‘ne ſont ſub
jets à nul autre , ont pouuoir de batte monnoye ,comme les Electeurs. les Prince!
.Eccleſiaſtiques &c Sec uliers , les villes l mperiales &t les Côtez de Turinge. du Träœ
du Pzhin 6c de Saxe; tellement qu’on trouuera plus de_ deux cens cinlqpëtitçjmaiſonï
. iii3
650 Alemagneſi
où l'on bat mbnnoye en Alemagne: voire meſme vn Gentil-homm e Alchymiſte de
Franconie, nommé Conrad de Grumbach, obtint ce pouuoir de l'Empereur Ro
dolfe ſecond, pour trois mille chalets , &î meſme quelques Comtes de Wetteraw,
ont engagé
noyeà quelquefois'
leurcoin 'a vn marchand
pourlïntereſt de Schwinfurd, leurſ droict de barre mon
de ſon argent.
a Lanzi. Con* Quant aux reuenus de l'Empire * , qui montoient anciennement ä ſoixante ton' Revenu
ſulnde Prin de l'Im
nes d'or, ou ſoixante fois cent mille fiorins d'or ,ils ſont maintenant reduits à tel pire.
ciplt.
poinct, qu'ils ,gie ſuffiſent pas preſque pour entretenir les poſtes &t les courriers: tant
s'en faut,qu'ils ſoient capables d’entretenirl'Empereiir ô: ſa maiſon: œ s'il ne tiroit
tous les ans des Prouinces hereditaires de la Maiſon d'Auſtriche quelques millions
de thalers,il ne ſçauroit maintenir vn train d'Empereur. Auffi le Cardinal de Gran
uelle dit librement au Landgraue de Heſſen .aux Eſtats de Spire , que Charles cin
quième ne tiroit aucun profit de l'Empire. Ce mal eſt venu de ce que les Empereur:
ontengagé cy-deuant, ou donné tous les reuenus pour eſtre éleus : ſi bien que ceux
dfauiourd huy ne tirent tous les ans deYEmPire que vingt mille florins, ou ſelon
quelques vns,quini~e,qui leur ſont payez parles villes Franchegou pourleur eſpee,
ou pour leurs heaumegleurs éperonsÆc leur cheualzou tre laquelle ſomme elles ſont
obligées , ou ont de couſtume de les dèfrayer auec toute la Cour , quand ils les vont
Voir. lls tirent encor_ quelque choſe des taxes de la Chancellerie, 6c des Inueſtitures
des fiefs lmperiaux,qui ne reuiennent pas toutefois à ſomme notablestellement que
b Piel” &iPa Bocalbin * faiſant profeſſion de dire , en riant , toute choſe au vray, ne fait peſer cet
ngonc,
Empire que 'quatre cens octante liures. ll eſt vray qu'on leur accorde par fois aux
Dietes quelque ſomme pour-aller prendre la Couronne à Rome, ou pour la guerre
contre le Turc , tellement qu'ils en ont vne fois tire" par cette voye-_enuiron quatre
cens mille florins.
Pour le regard du pays, il eſt tres-richqtant à cauſe de ſes mines d'or, d'argent 8: litieſlk
autres rnetaux,que de ſon bled.ſon vin,ſon beſtail, ſes diuers ouurages, d.: ſon cotn- d" P7"
merce.Car ſes habitans portentaux Pays- Bas,Angleterre 5c Danemarckleurs vins
du Rliin,de Moſelle 6c de Franconiezde meſme que de l'eau de vie,ôt du tartre pour_
lesOn
teinturiersxant
porte auſſi de en Angleterre-qu'ailleurs.
B .iheme .
Gt de Saxe,paſir l’Elb,tant en Noi-Wege qu'en Eſpagne,
grande quantite de froment,- de Suaube , 8c des pays voiſins du Lac de Conſtance,
des toiles 6c futaines, tant en ltaliequen ſon voiſinage : de Nuremberg 6c d'Augſ—
bourg en Hongrie, voire meſme iuſques à l'embouchure duBoriſthene, pluſieurs
beaux puni-ages', principalement quantité de belle vaiſſelle d'or &d'argent On
porte de Pomeren aux eſtrangers qui ſont bien auant en terre,vne incroyable quan
tité de poiſſon ſec »Sc ſalé , comme auſii force froment à pluſieurs pays. La
BohemeJa MiſneJeTirol, fourniſſent de l'argent 6c du cuivre aux eſtrangers; telñ
lement que l'Eſpagnol auant qu'il fuſt maiſtre des Indes,prenoit de l'argent enAle
magne. Ses mineraux , comme l'alun 8c le ſouphre , ſont auffi portez en partie en
France. Les peaux de ſes chevres, cerfs œ autres beſtes des mieux habillées, auec de
la graiſſe de balene,ſont pour l'Italie. 7
Les Horloges Gt monſtres dflkugibourg , de Nuremberg 8c de Stralbourg , vont
iuſques aux pays plus éloignezmle meſme que les cofres de fer 6c d'acier de Nurem
berg à pluſieurs reſſorts , qui s’ouurent tous auec vne clef; 8c les cofres ê; cabinets
dïxlemagne de la meſme ville , outre vne infinité de quinquaillerie, cadrangpei»
gnespuurages faits de bois 6c d'os,inſtrumens de Mathematiquemeubles de lecon,
a pluſieurs autres choſes,dont elle fournit preſque toute l'Europe. On enuoyeauſſi
iuſques en Italie 6c en Eſpagne , des caſſettes 6c petits cofres de bois , qui ſe font à
Berthocſgademen Bauiere,& aux montagnes voiſinegauec vn merueilleux artifice.
WM aux choſes qui ſe font au tour, ils y ſont ſi excellens maiſtres, qdvnroùet
d'ebene, à filer le lin, faitä Auglbourg , œ donne' a la ReinedÎſpagne, fut eſtimé
deux mille ſcquins,non tant pour ſon bois,que pour ſa façon admirable, qui paroiſt
de meſme aux beaux ouurages de cry ſtal,qui ſe font en BriſgottnPluſieurs ou tirages
6c inſtrument de fer, ſont auffi portez de Stirie iuſques en Dalmace 6c Candie, 'óc
beaucoup de menuës merceries de verre,de cuir 8c de tnetail, qu'on porte à la Foire
deFrancfott , en fort grande quantité , ſe debite meſme iuſques aux Indes; à quoy
Ïajouſteray pour concluſion les beaux 6c forts cheuaux , dont ?Alemagne accom- '
mode la France at la Lombardiqôt leurs miroirs de verte_ œ d'acier.
, I .
'I
\
i Alemagne.
631
' di_
d
K
Armes. Es armes des Alemancls ſont lîeſpée, le mouſquet ou Pharquebuſeda pique, la aI-tnzhcenn
Armées. - - halebardqle piſlolet 6c la carrabine, de meſme que parmynous. Quant aux “PÜWÏPE ſi
gensde guerreque ce-pays peut mettre en campagne, quel ques vns ont dit *,qu’en
p
cor qu'il enuoyaſt dehors deux cens mille ſoldats,il ſeroit encor aſſez fort pourreſi
ſteràtoute ſorte d'ennemis : &l'on tientb que Hîmpereui' peut mettre en canipa- &HUAWEI;
got-,ce pais eſtant vny,plus de cent mille hom mes de cheuaLôL autant de pied,donc c° ſmic-Haz
ceux de Brunſuic,de Cleues 8L de Franconie, ſont des plus propres pour la Canale
rie,& ceux- deTiroLdeSuaube 6L de Weſtphaligpourl'Infanterie. Au temps dela
guerre de Charles cinquième , 6L des Proteſtans ,leurs armées eſtoient de cent cin
quante mille hommes; a: Maximilian ſecond eut_ en ſon armée contre les Turcs
cent millehommes de pied# trente-cinq mille cheuaux. Mais au commencement
’de ces dernieres guerres d’Alemagne. on y a veu preſque en meſme temps en cam.
pagne enuiron trois cens mille hommes.
Leur Caualerie eſt compoſée de Gentils-hommes, qui menent auec eux certain
nombre de-gens de cheual, qu'ils appel lent Reiſiger Knech, GL d’vn nom nouueau,
Reuſtres; mais en-telle lorte,qu'en vne compagnie de cent hommes-de cheual, on y
trouue à peine quinze maiſtres. Les autres qui iront qu'vn cheual ſont ſeruiteurs de
ces Gentils—hotnmes,-& peuuenteſtre congedicz par leurs maiſtres, 6c changez ſans
le conſentement du Capitaine. Les armes deces gens de cheual ſont pour la pluſñ
arr P lusoffêſiues ue-defenſiues *P ourceoue
1 P luſieurs
. d’entr'euxont trois iſtolets ï ~
a
tesmeſine
_pieces.vne carrabine
Ilsont en bandoliere;
certaines mais il yRetirer
loix qu'il; appellent en a peu qui ſoientñarmez
Ariſſicelſhrief, de tou;
leſquelles ils
iurent de garderÆL quiconque-y con treuient court fortune de la vie. _
_ Pour le regarddel' lnfanteriechaquelkegiment eſt d'ordinaire de dix côpagnies,
chacune de trois cens hommes,qui font en tout trois mille hommes. Chaque Com.
pagnie eſt conduite par vn Capitaine , qu'ils appellent Haubtman , vn Lieutenant,
nomme' Leutenantwn Enſeigiiqnomme Fendrich,vn Aide, 8L comme Lieutenant
de l'Enſeigne,qu’ils nomment Fiihrende méme que le Sergent de bandeÆeldweiſi
wel., lls menent auec eux quantité de femmes, qui ont auili leurs drapeaux particu
liers, ſous leſquels elles ſaſiſiemblent. ~Au reſte, l'homme de pied eſt vulgairement
nommé Landsknercht, c'eſt à dire, Valet du pays, de meſme quel homme deche
uaLReüter, que nous diſons Reitre. Si quelquvn quitte ſans congé, il eſt _auſii-tofl'.
pendu, s'il eſt attrappé z quand vn ſoldat manque au moindre poinct des loix mili
DE taires,qu’il a_ iuréde gardenil eſt pris par le Preuoſt, qu'ilsappellent Feld-Profoſs,
puis mis entre les mains d’vn Officier , qui eſt comme luge du Regiment , nommé
Regimens-Schultheis , qui lc iugeauffi-toſt , auec les capitaines 6c Enſeignes. Si
quelque Officier offenſe vn ſoldat, il eſt permisà Poffenſe' de l'appeller,ſans que
l'autre puiſſerefuſerle combank par ce moyen les Officiers ſont plus retenus,- 6L ſi
l'on découureaux reueuës qu'vn Capitaine ayt quelque Paſſeuolangon les pend le
plus ſoutient tous deux. ll y a dans chaque Compagnie vn Chirurgien ſoudoyé
par le Prince ou le General d'armée , 6L parce moyen obligé de penſer tous les bl_eſ~
ſez ſans prendreaucunechoſe d'eux. Les marchands qui portent des viures , ne les
peuuent vendre que ſelon la taxe faite par le Profoſs ou Preuoſt .qui marque alle-ï
de la craye ou du charbon ſur chaque tonneau de vin , Gt les autres viures ,là íuſte
prix , auec vn glbChGL quiconque paſſe' ce taux eſt pendu. Au reſlie,les Alenfiands
ſont plus propres pour combarre en raze campagne, où ils ſont bien leur deuoir,
.zx
que pour defendre des placçs , principalement à cauſe de tant de femmes , dont ils
gembarraſiengqui rendent auſi] leurs armées importunes,peſances GL de fort ſi grand
couſt.
(luant aux principaux Officiers des arméesJ' Empereur donne rarement le tiltre
abſolu de General ..ou Feld-Oberſter ,ainſi nommé pour le diſtinguerdes Maiſtres
de Camp, 6L Colonels , qui s'appellent ſimplement Oberſter; ſibien qu'il y a ſeu
_.F—c- r
lement le ſecond tiltre, qui eſt ceïuv de Feld-Oberſters, Leutenant ou Lieutenant
du General. Ils ont auſſi leur Colonne] de la Caualerie, qu'ils appellent Feld
MarſchalcA: leur Sergent de bataille , qu'ils nomment OberſtetfeldsW/achtſ
meiſter. . . ‘, - ~ "î
-aï,
ï
632 Alemagne.
Outre les ímpoïíàntes Fortereſſe: que ?Empereur tient en Hongrie contre les FÜWË
Turcs, qui ſont lauarinou Raabfiíomore, Neiæheuſel, Caſſouie ou Caſſaw, Sacoj ſi"
marfſokayzPapa 5c Freiburg; il y a en Auſtrichecelles de Vienne 6c Neuſtad,qul
ſont des meilleureszmais il ne s'en trouue aucune conſiderablemon plus en Boheme
- '- qu'en Silefiqſinon qu'on fiſt quelquecſtat deBreflast-,qui n'eſt toutefois en vn par
fait eſtat de defenſe,& de quelques places des Princes 6c Seigneurs du pays,qul ſont
fortiſiées , mais n'appartiennent pas à l'Empereur. En Styrie , il a ſeulement la ville
ê( chaſtcau de Gretz , qui. ſont des plus fortsſſäc commeimprenables; 8L plus bas
vers la riuiere de Mur , Rackelſpur ét BettaW 1 qui ne ſont pastoutefois \authors
de priſqcombien qu’aflîſes aux con ns des TurcLEn Carniole ou Kraimil a la forte
ville de Laba-ch,en Croace Zengpu Segnaÿetrigne 6L Siſſeg; ſur la frontiere de la
Croace 6c dhW/indiſchmarck Carolſtad ou Carolovitz, &c dans le-\Vindiſchlíd
Kopranitz 6c Zagrabie ou Agram. En la Comté de Goritz ,il a cellede Gradiſque.
qui a reſiſté prés de trois ans aux Venitienszôc dans l'lſtrie,celle &CTÏÎCÛŸPÏÔS de la
. mer Adriatique. Voila toutes ces meilleures places proches de quelque routiere,
ſinon qu'on y mette Rouered ſurYEtſch au Tirol au deſſus de.Verone,& quelques
chaſteaux ſur les confins des Griſons. Mais outre ces places , il a celle de Kop ſtein
ſur les limites de la Bauierepelle de Briſach ſur le Rhin en Briſgow, qui a grande
ment ſeruy pendant ces dernieres guerres à la Maiſon d'Auſtriche , pourle paſſage
des troupes de Bourgogne 5c des Pays. Bas,qui s'en allaient en Boheme,
Il y a pluſieurs autres fortes places en Alemagnqcomme en Alſacqstraſbourg,
Benfeld 6c Hagenaw z au Palatinat, Manheim 6c Franckenthal, au pays de l‘Eueſ—
quede Spire, Vd-enheim, qu'on nomme maintenant Philipſburg -, au Landgrauiat
,de HeſſenJa ville de Gieſſenzen Weſtphaliqcelles de Soeſt, 8c PaderborngDreſ
de en Miſnc; Gothe,en Turinge; Berlin,en Brandebourggsc pluſieurs autres.
Pour le regard de l'effort que l'Alemagne peut faire par mer , il ne peut eſtre que Forces
grand , à cauſe du grand nombre de vaiſſeaux qu'ont ceux d'Embden , Hamburg, fflïflïí:
Roſtockiubeck, 6c quelques autres villes , dont quelquefois vne ſeule a fait teſte m" v
aux armées de mer des Rois de Danemarclgbien que fort puiſſantes; 8L finalement.
il ne manque aucune choſe enAlemagne , pour la rendre du tout inuincible, que
ſvnion &lnbon accord.
q Couuernemcnr.
ï OWPhlL' L'Em pire dïklemagne a pour ſon Chef l Empereur, qu'on * appelle Auguſte, Empc-Ÿ
de meſme que les Empereurs Romains, dont il ſe dit ſucceſſeur. Au commen- ““"
dphmd Re… cement ' du tranſport de l'Empire en Alemagne , il fut hereditaireen la famille de
Pmgk de R0- Charlemagne iuſques au temps de Conrad premier, qui meſme ‘ eſtoit decete mai
ſon. A pres ilîdeuint elocti f. mais en telle ſorte 4 quetous les Princes qui ſe trouuoiët
A °"}'Ph.de aux Eſtatgnommoient Empereur celuy qui leut agreoitle plus. Mais depuis on re- . l
C°“"~‘~‘.- duiſit ce rand nombre des Electeurs àcelu de ſe t au tem sd'Oton troiſième de l
eschud-.de . . 3 . . . 7 P- P
31.5.… l…. l aduis du Pape Gregoire cinquiéme,Saxon,ſon parengſelon quelques \ms ï, ou ſe-
' l
!Sè-nu h _ d lon les autres f, apres le decés de Frideric ſecond, 6c Pinterregíie devingt-trois ans,
comjjî" ° en l'élection de Rodolfe de Habſpurg. Ces! Electeurs ſont les Archeueſques de
AïFntin.An~ MavancqTreves 6L CologneJe Roy de BohemeJe Comte Palatít-Î du RhinJEle
:;ſſſ|:"â;ſ;r de 'cteur de Saxe,& le Marquis Electeur d _c Brandebourg:
Charles 4. Autrefois ll n' auoit aucun certain lieu pour !Election desEmpereursNeu qu'O - Election,
ton premier ſut eleu à Aix, Oton ſecódà \VormeszOton troiſiémefii Rome; Hen
ry premier, à MayancœConrad premienôc Henry ſecondà Aixfic quelques autres
ailleurszmais auiour-ſhuy parla Bulle dîor cette élection ſe doit faire à Francfort ſur
le Meinzquand !Empire vient à vaquenqui peut arriuer en quatre façongä ſçauoit,
par le decés de l'Empereur, par ſa démiſſion volontaire, par ſon entrée en Re. igion;
8e lors qu'il eſt demis pour des raiſonsimportantes , comme~il aduint à Adolf de
Naſſaw 6c Wenceflaw fils de lEmpereur Charles quatrième. L'vn de ces cas eſtau t_
affilié. PArChQUeſqUe de MRYQHCC z comme Doyen du College des Electeurs, «Sc
grandChäcelier de ?Empire enAlemagi-iqen doitaduertir les autres Electeurgdans
leterme d'vn mois? 6c s'il vſe de nonchalance en celà, les autres/Princes Electeurs ſe
doiuent aſſembler ſans eſtrea pellezà Francfort pour proceder à l'Election,&c tou- -
_ſieurs ils ont trois mois pour e preparer apteslhduertiſſemenr. Que ſi ſvn d'eux ne
Alemagne. 633
peut s'y trouuer, il y doit ennuyer quelqu'vn en ſon lieu. Les villes, Princes 8e Sel.
gneursæc tous ceux qui ſont obligez à cela,‘ou en ſont requis,doiuent accompagner
les Electeurs ſur leurs terres , voire meſme plus outre, s'ils le peuuent. Nul des Lle
cteurs,
cheuaux ou, entre
de leurs A mbaſſadeurs,
leſquels ne doitentrerà
il n'y en peut_ Francfortarmez.
auoir que cinquante auec plus de deux
Lelieu cens
de l’Ele— - . ſi
ctiomeſt l'Egliſe ſainctBarthelemy-,où les Electeurs s’eſtant: aſſemblez le lendemain y
de leur entréeâ Francfort , apres la Meſſe du ſainct Eſprit , iurent ſur l'Euangile de
ſainct lean , chacun ſelon ſa condition 6c la forme preſcrite en la Bulle d'or. qu'ils
éliront pour Empereur celuy qu'ils iugerontcapable de cette dignité. L’Archeueſ
que de Mayance iure le premier, puis reçoit le ſerment des au trest
Le ſerment ayant eſté preſté par les Electeurs ou leurs A mbaſſadeurs ,ils proce#
dent a ?Election en cette ſorte. L’Archcueſque de Mayance, comme Doyen, de
_ mande premierement ſa voix à ?Archeueſque de Treues , puis àlffircheueſque de
Cologne, au Roy de‘Bohe_me,au Comte Palatin,au Duc de Saxe, ê( au Marquis de
Brandebourg;puis ce: ſix demandent la Ûoix à ?Archeueſque de Mayancqqui tou
tefois en l'élection de Charles cinquième. ſelon Sleidan, la donna premier. S'il: ne
s'accordent tous,ou du moins la plus grande partie,dans trente ioursſa compter de
puis celuy du ſerment, on neleur donne que du pain 6c de l'eau , 55113 DC PÊUUCÛÛ
ſortir de Francfornque l'élection ne loic faite. Si les ſix ſont partagésJa voix du Roy
de Boheme ou de ſon Ambaſſadeur , fait pancher l'élection du coſte qu'il fauoriſez.
Si quelque Prince Electeunou ſon Ambaſſadeur arriue tard, il y peut eſtre receu ſi
l'élection n'eſt paracheuée: mais s'il n'y vient ou n'enuoye,il eſt priué pour cete fois
de ſa voix,qui ne ſe peut donner par lettres, 6c l'élection eſt valable. Car quel u'vſ\
cſtant éleſu par la p lus grande partie, eſt tenu pour éleu de tous ſan: aucune diêenld
té. Mais à dire vray, tout ce procedé n'eſt aujourd'huy que par forme, puis que ded
puis plus decent cinquíteans,l’E m pire s'eſt ren du tout à fait hereditai re en la Mai-L
ſon d'Auſtriche,dont l'authorite fait toîuſiours panther les voix du coſte qu'elle de.
ſire, tellement qu'il ſemble qu'ils tiennent l'Empire par ſucceſſion &L droict de naiſ
ſancqplus que parélectionſ A pre: que l'Empereur eſt éleu. l'on oyt vn grand bruit
de trompettes;
cette élection . 6spuis eſtantapres
ſoudain ceſſéon
, l’vn
oytdes Electeurs
encor , ou quelqu‘vn
dan: l'Egliſe pour
vn grand euxdetromſi-ſſ
bruit , publie
Strment: pertes 8c tambours. L'Empereur éleu , iure apres qu’il defendra l'Egliſe Catholia'
que Romaine , 'rendra bonne iuſtice a chacun , ne contreuiendra point à la Bulle
d'or,mais la maintiendra, de meſme que leslibertez Gt priuilegesxant des Electeurs
que des autres Eſtac: de l'Empire _ leſquels ildoit confirmer, 6L ne reſoudra rien de
ceËqui côcerne l’Empire,ſans les Electeurs. Il iure auſſi qu'il recognoiſt qu'il ne tient
pas l’Empire,comme par droict de ſucceſſionæc qu'il eſt ſeulement Adminiſtrateur;
qu'il \ſalienera point le: biens de l'Empire, ny n'en agrädira ſa maiſonzne fera 'point
de nouuelle alliancemon plus que de nouuelle impoſitiomſans Padujs des Electeurs,
&c ne denoncera non plus la guerre ſans eux, ny fera venir en Alemagne de: forces
eſtrangeres. Il iure auffi de rendre, en eſtant 'requis parle: Electeurs, ce queles ſiens
poſſedent injuſtement de l'Empire , de ne .tenir point de Diete hors des limites de
l'Empire,de d'admettre aucuns eſtrangers aux charges publiques” de ne Penſer ia
mais à rendre la dignité Imperiale hereditaire en ſa famille , mai: laiſſer ſelection
' libre. -
Sacre 8c Il doit apres eſtre oinct 8c ſacré- à Aivgpar les mains de PAi-cheueſque deCologne a outil-hc. de
CDUIOD'
nement. receuoir deluy la Couronne qu'ils diſent deuoireſtre de fer , combien qu'elle “ſoit co,,
d'or .Sc fort richqayant ſeulement au haut vne lame de fer. Toutesfois tous le: Em- ; 4.5,_ ' ’
pereurs ne ſe font pa: touſiours couronnerà A ix-,comme on a pu meſme voir de no
;ſtre temps en PEmpereUTMatthÎaS , qui fit venir la Couronne d'Aix, 8L les ornemës
Imperiaux de Nurenbergqui ſont l'epée‘ æ le globe, qui repreſente le monde œ la ï ÔMËPLÏ- 3*.
cotte d'armes,& fut couronné à Francfort. cctmſictîi"
Les anciens Empereur: auoient auſſi de cnuſtume d'aller_ receuoir la Couronne
de ferdans 11E -liſe de ſainct Ambroiſe _i Milan , ou dans celle de ſainct Iean Bapti
ſte en laRois
ville dee Lombardie”
Monza ui en ſſd'ltalie.
eſt voiſine ,des mains
comme Welques vnsde PArcheUeſqUe
A nomment de Milan,
cette Couronne d Scbneidrvï!
Comm. lnſtis
d'argent , 6c diſent, que de meſme que celle d'Aix, qu'on nommede fer, marque la
force qui doit eſtre en l'Empereur; ainſi celle d'argent ſignifie la pureté qu’il doit
auoir. Il doivapres sacbeminerä Rome , pour y eſtre couronné par le Pape dans eçnuphggs,
,l'Egliſe &efainct Pierre, de la Couronne Imperial: d'or: Mais hai-les cinquième_
~ d
~I.
634." ~ Alemagne,
la receut en la ville de Bolognexx' Maximilian premier-Ion predeceſſeur, de meſme
q-ue Ferdinand prenaier, Maximilian ſecond , Rodolfe ſecond. Matthias'. GL Ferdi
nand ſecond, ſes ſucceſſeurs, l'ont
Milan. ' mépriſée comme inutile
- , auſſi bien
ſ que celle de
acl, _ Quant au pouuoit qui ſuit l'élection &E couronnemengil eſt tel,que ï l'Empereur P°ïï°iti
schœnÏc-rnâ eſt Souuerain 3c Chefde l'Empire , de ſorte quela Iuriſdiction des Ducs , Marquis,
gz'ſ"l'ä‘fc"°' Comtes , Barons,Gentils- hommes,ôc villes Imperialegdépend de luy : qu'il fait les
c o . _ . , . ,
Erid. ab Vhr- Loix 5c les Ordonnances generales, non toutefois ſans l aduis 8c l adueu des Eſtats
æïrli-âîffſàz de l'Empire, à raiſon dequoy l'on les appelle Deſz H. Romlleichs Abſchid ou Ar
zmy_ °-°“ î-îëſ‘ “"33”ëäëëîäfî"‘:‘?‘.Î.²i:ÎJÎËSEZÎÎÎSÊËÏEË°“Ëàîë
reſts del Empire : qu il n eſt pas _ſubyet aux Loix,ſinon aux fondamentales del
—-—r.—~.———-—
ù-ñ-ñ
636 Alemagne.
, 29 &ion
Celuyeſtdeeſteinte. _
Loſanne, dom'. la Iuriſdſſi- Mais les trois_ derniers
ſans. _ ſont oubliez
ma*
A
l vAlemagne. 639 ~
pres, pource qu'elles doíyenti l'Empereur leur part des contributions ou impoſi
rions tous les anspu ſont obligées de luy payer quelquefois certaine ſomme. ‘
A ureſte, elles ſe ſont de particulieres Ordonnances , qu'ils appellent Stattrechtf
les changent 8c reforment 'a leur fſiahtaſienoire meſme chacune fait vn cctorps *de Re-'ï
ubli ue. ~ — î ' ‘ - '
Nobles. p …V oila tous ceux qui ſe peuuent dire Eſtats 8l Membres de l'Empire. Car quant
aux *ſimples Gentilîs-hommes libres,qu"ils appellent Freyevon Adel,ou Freye Rit- ï Rïhltînzkl
terſcliafft, qui ne recognoiſſentque l'Empereur, 8c ne (ont pas Landſaſſen ou Vaſd "‘ PVP-LP'
faux d'aucun Priiice,t~els que ſont quelquesNobles de' SuaubeJſſ-'ranconſe 8L du trait
du Rhin, pays de Heſſen 8L ailleurs , quoy que quelques vns lesvuelllent' ranger end' ,
, treles Eſtats de l‘Empire,8c qu'ils ayent autrefois eu le droict Œentteraux Eſtats,_ils -
n'y ont plus ſeancqny voixſians qu'on ſçache toutefois comme ils ont perdu ce pri- l
uilege. , .- . ' _ î ' ' '~ . — l . _ ,
mm ou C'eſt 'a l'Empereur à faire ſignifier la tenuë de ees ‘ Eſtatsóù Dietes cle-l'Empire, ËH-'Ëſæffii'
Dictcs,, en Alemand Reichſtagcn, du conſentement desëfilecteurs , 8c marquer le temps &R07 deals-ig; ~1
**Tr WW' le lieu, dont le premier eſt d'ordinaire de quatre mois ; 8: le ſecond, vne ville [mpe J
P °- riale ,~ ce qu’il fait parle moyen des lettres particulières , diſtribuées patPArcl-“ieueſ
\
que de Mavance., C'eſt en celieu qu'on propoſe-SL reſoult les plus importantes af
. faires de l'Empire. L'Archeueſque de Mayance,comme Archichancelier de l'Em.' l
pire, propoſe ce qui s'y doit traiter, 8L les propoſitions ouf/es ,- la Diete ou Pliſtatſe
diuiſe en trois bandegqui ſont celles des Princes ’Electeurs,celle des Princes 8L Pre
lats EccleſiaſtiqiÀgPrincegComtes 8L Barons ſeculiers,8t celle des villes Imperia
les. Lors l'Arc heueſque de Mayhnce donnel'affaire
copiedes propoſitiôs à chacun desprend'
troie
Conſeilgdont les Lieux premiers eîxaminët ſeparement. Les Electeurs z. .‘ ſ ~
comme
nent Cheſs , l’vn
la premiere des Electeurs
reſolution Eccleſiaſtiquesde
, puis l'Archeueſque , l'autre
Mayancedes Seculiers [rapportent
8L l’Elect_eurPalatin,
leur aduis à l'E mpereur 8L aux Eſtatspuis en conſerent auec le Conſeil des Princes',
Comtes
plus 'vieil8Ldes
Barons,dontl'Archeueſque
Archiducs d'^uſtr’iche , 8Ldeces
Saltzburg eſt Clie-F,
deux Cheſs auec le principal
ſont d'accord ou
de ſe dſſon
ner a-lternatiuement la precedence, qui conſiſte _à demander les voix, mais lors l'au
tre a l'honneur de publier les propoſitions. Si les deux premiers Conſeils ſont d'ac
cord', cela ſuffit pour reſoudre toute choſeJinîonils retournent conſulter,_8L l'affaire
eſtant ëreſoluë entre les deux preſimiers Conſeils, leur reſolution eſt communiquée
aux villes libres. Les voix ſont conſultatiueîsou decſiiíiues, 8L tous les trois Conſeils
les ont bien conſultatiues , mais lesdeux Princes des deux Conſeils ont chacun vne
voixdeciſiue; 8L; la voix d’vn lilecteur n'a pas plus de Fofceîffluant à la concluſion;
que celledu moíndie Prince. Les Prelats,Comtes 8L Barons, qui ſont vne partie du
ſecond Conſeil,8c’ ne ſont pas Princes, ont quatre voix deçiſiueës entr’eux tous. Les 1z
villes libres ont deux voix ſeulement pour toutesfelon les deux ordres auſquels el
les ſont diuiſées,~ä ſçauoir, au Banc du Rhin 8L de Suaube', 8L ces voix ,ſont ſeulemët
conſultatiuesmon deciſiueæqui ſeruerit ,toutefois Rites villes-en deux ſol-'ŒSLLQ pre- p
miereñ, pour bien conſentir aux deliberationsſaites pîar- les-dàJx-premiers , les faire - ‘ js
ſouuenir de quelque choſe , 8c rendre leurs reſolution-s plus parfaites; la ſeconde., ~ ' J* e ~
pourſiſeſeparer de ces reſolutions, s'ils les deſapprouuentgïa-“fin d'audit recours i
-l'Empereur, pourlesfaire reuoir 8: mieux reſoudre. - -‘> -~ -z-!ñ-r -v = ~ '- - - - :Ê _l __ .
lſhts Outre les Eſtatsîgeneraux ‘ ,il y a trois ſortes dläſtâtsqiaiiiculietgquiſontles ;ŸVËÙÏËŸ ~
Ïſfſſif” Aſſemblées des Electeurgdes Deputez',8L des' Cercles. Lfaſſemblée des Electeurs ſe ſi* t~é"‘ç'”‘ſi
tient pour élirePEmpereur, ou le denier tre , ou bien le Royales Romains , ou pour
~ clautreecauſes importantes. L’A ſſemblée des Deputez fut pmtnierement inſtituée
à Augſbourg, l'an i555. Elle eſt compoſée du Commiſſaire de l'Empereur-defi: .
;Eleâeurszde quatre Princes, .qui ſont I'M-chiant: ÏAUÃÎÎ-Clle , les Eneſques' de "'²"‘Î,‘~’,'Îî
\Vi-rtzbourg 8c de Munſter , 8L le Ducëde Bauiei-e, 8L desdeuxvilles-'lmperiales de ſ ' i ſi
-ſi îpcologne 68 de Nuremberg ,' puis l’an r; 39,0-” v .ajouſta 'leDucde lu-illiersJe Land'
graîue deHeſſenJEi-.ieſque de CónſtanceJeïDuvde Bourgogne; les Ducs de Brun
ſuic 8L de PomeremCe Conſeilvſuteſtably contre les mouàemensztñnouueaurésñde
[Em ire,qui ne peuuët sappaiñſer par leseffoiits de quelqutsœetdleaquieii aduertíſë
ſenc 'Electeiir-cle Mayäèqpuisil &dueriit lesïDeputez de ſeïédre à Francſorrpù le
Commiſſaire de #Empereur Faieentendre les pmppfitionsquïila par écrit; puis les
aſſemblezſaſevoix
ſſïhaïun-a ſeparent cadets: trouppes,
del—ibeiatiueî.'~'ï> _‘ - n -~ à'-2ſçauóir
'~ ici! ñizi, des
-— i- Eäctèoîsœ des Princes
bó. 53;.- ?Halo-quo ,ï
1- 5.3- …J
Europe. G g g ii]
ï
i(
6 40 Alemagne. (
ñ Les Aſſemblées des Cerclesiou Kreiſztage , ſe tiennent pourles affaires particu;
liers de .ces Cercles, s: pour cet effect on élit les Ducs !œ leurs Ambaſſadeurs ou
Ljeuienans 6c Conſeillergqui reſolut-nt toute choſe. Q1311! à l'Aſſemblée du Rez.
iment ouGouuernemen-t , qui ſut inſtituée par Maximilian premier , aux Eûats
'Augſhourſh l'an mille cinq cens . au lieu du Senat de l'Empire ,'65 qui ſut com
poſée devfngt perſonnes , qui auoient pouuoir de cognoiſtre de toutes les plain..
,. . ' ètes# de reſoudrela guerre contre les Turcs,elle fut caſſée au temps de Charles cin-z
c ii.;.c.zo: " quiéme. . _ . ‘
Malsafinp-de vuiderles plus grands procés œ differens qui pouuoient naiſtre en Chambre
lfEmpire ,Maximilian premier eſtablit l'an t 495. du conſentement des Eſtats tenus d‘ 5P***
äW/Ormes, la Souucraine Cour 6c Chambre lmperiale de S pirqnômêe Das Kain
mergerichtçâ laquelle tous ceux de l'Empire ſont ſubjetgexcepté quelques maisôs,
î ſſ‘~' ~ __ '~_ .pondre
'com me aux
celles d'Auſtriche,de
cauſes Saxe
de trouble 6c 6c de Brandebourg
_de rupturede , qui
paix. Cete toutefois
Chambre ne ypeut
doiuent ré
cagnoi
Ï' ſi fire des cauſes de mariages , quiïappartiennent aux Cours Eccleſiaſtiques , non plus
que du crime d herefie 5 pourceqdofi n'y reçoit l'accuſation d'aucun crime, que de
ï MW… paix troublée. Cette Chambre l' eſt oompoice d’vn luge, nommé parles Alemands
-dzùmd, Cammer- Richter, ou Recteur de la Chambre , qui doit eſtre Prince ou du moins
Comte ou Baron , ne'dans l'Empire d'A lemagne , pratíq aux loix_ 8c couſtumes du z
païs,& puiſſant en authorité ſur tous ceux de la C hambre: puis de deux ou trois Pre
fidensqui doiuent eſtre auſſi Comtes ou Barons , auſquels on doit meſme honneur,
qu'au luge# de trente- ſix Aſſeſſeurgqui ſont nommés en partie par l'Empereur, 8e.
partie par les Electeursust les Cercles qui les choiſiſſent parmy les Gentils-hommes,
.gzflac, 8c les luriſconſultes. Lors que quelques vns des ‘ Aſſeſſeurs .viennent à manquez.
din de l'Ele. leurs Princes ou Cerclçendoiuent élire d'autres,qui peuuent eſtrerefuſez par le lu
Ëä” ï** ge ou les Aſſeſſeurs , s'ils ne ſont capables; 6L ſi les meſmes ne pouruoyent dans (ix
ſi mois _la Chambre d'hommes ſufflſansJe luge 8c les Aſieſſeurs en peuuent élire dans .a
lemeſme Cercle.” dans les circonuoiſins.
Outre _ces lugesJl v a-vn Fiſcahvn Aduocat pouraiderau Fiſcal, tous deux mis
par l'Em pereur,vn Chäcel ier,d eux Protonotaires, deux NotairesouGreffiergdeux
Lecteurgdeux Secretaíregdeux Groſſoyeurgtrois Copiſtes, misñparſArcheueſque
de Mavance, vn Huiſſier qui a le ſoin de garder laporte de la Chambre,de faire
aſſemblerles Aſſeſſeursfic de publierles Sentenceszvn Maiſtre qui a ſous luy d'or
; dinairezdouze hommes à cheüaLpotir Faire executer les Senteuces, 8c vn Threſorier'
qui doitreceuoirlargent contribue' tous les ans par les Electeurs , Princes Gt Eſtats
deFEmpire, pour les gages des luges Gt Officiers de la' Chambre. Le luge a deux
mille _florins de gages; 6c dauantage s'il eſt Prince: PAſſeſſeur Comte ou Seigneur,
ſept cens florinszſAſſeſſeur Docteur, Licentiépu Gen til-homme fimplqcinq cens:
le FiſcaLcioq censzſon A duocantrois censzsc le Threſorier,dcux cens: 8L tous ceux
de la Chambre ſont exempts ‘a Spire de toutes impoſitionné; dacesd Au reſte,leurs
' Arreſts ſont ſubietsàeflre_ reueusscſyndiquez. . -
dschœnborn'. .Outre cette Chambre ‘,il ya la Cour lmperiale de Rotweil en Suaube,qu’ils ap- Gourde
Pïïl-li-S-ï-*ï-i pellent Das_ Keyſerlichpe Hoſſgericht zu Rotweil , eſtablie par Conrad Duc de &WMA
Suaube Empereur,l’an _1 147 .puis reſormée par Maximilian ſecond. Mais cete C our'
n'a ſajl uriſdiction vniuerſelle comme laChambre de S pire, mais retrainte aux Cer
.^ _-_-~~z-*~-- ClGS~de,SUa\Îhe,d'AuſtſlChC 6e du Rhin , dontles habitans y peuuent eſtre tirez en
ou**
p" " iñſtandeflnon quelquesSeigneurs qui en ſont exempts auec leurs ſubjets,par priui
lege ſpeciahcomme les Electeurs du Cercle du Rhin, &c les Comtes de Hohenzol
[CfCkL-Îífl Comte de Sultz en eſt Preſident né, 8L les Aſſeſſeursſont pris dti-Senat de
ROIWÏ Jrjſiÿ -. __- ‘ñf . '~ - -Ÿ ſi - 'ſi .
ÈŸZ”Ë"‘S"' Maistspoçurce queles ſubjetslaChamlbre
des Electeurs Ducs 6c Princegne
ſi ſi ' ' creux eg prcmiereinſtâäiceca de Sqirqpourles griefspeuuent agir
ËÏïl-s ont con- âzrclſiffffl*
receus, conten
onumeſme
de or , onné la uoy-e
ceuitqui chti.- rc es. à aquellei
ſhnt-inunediftement ſuhj ets sà.,l'Empire,
ont recoursont
en pourqluges
c , ue Cercle, 8c.. .
'en pre- ~’
.\. j] ï J"2.L'1.
and
—\\
T ‘ j
I
Conſeils
Alemagne. _ 6 4.1
Le ſouuerain íugement, &duquel on ne peut appectlſſler,cſi'eſt celuy ſi* de la Cour-ele a GeÆraud -
"°"E‘“~ Plîtnpereunappellé Das Kæyſerliche Hoffgcricht, ou Reichs Hoffrath , qui s'exer— Wi** EPŸWW
7mn" ce, tant aux Eſtats de l'Empire , qu'en la Cour meſme de l'Empereur , qui y prcſide. ',";'_'P""'7'
Ce Conſeil qui fait le meſme office que la chambre de Spire,eſt ordinairement com- Hic_c. Cänín.
poſé de Conſeillers reſidans,6L abſens,tantComtes,queBarons,Npbles,8L luriſcon
ſultes, dontcſieux qui ont eſté abſens ont meſme autorité quand ils arriuent , que les ' î
autres qui reſident ordinairement.On y traitteſont
principalement les cauſes qui requie-
rent leſeul iugement de l'Empereur , comme celles des Duchez , 6L plus grands ſi _ '
fiefs de l'Empire, 6L dans ce Conſeil, principalement aux cauſes d'importance, on ne
garde point l'ordre indiciaire, pource que l'Empereur n'eſt pas ſujet à ces ſolennite;
‘ u droit _ciuili
LfEmpereuraencqr ſon Conſeil d'Eſtat. compoſé _de Princes, &L Seigneurs, tant
refidens
nombre,qu’abſen_s,
6L jouyſſentqui ſont pourdula titre
la pluſpart pluſpart Alemands.deLes
de Conſeillers abſens ſont
l'Empereur plusenque
grand
de , ſi
l'autorité. , _ . _
ll a ſon Conſeil de Financegqui a charge de tenir compte des reuenus,6L de la deſ
- penſe de l'Empereur. ' _p .
Quant a ſon Conſeil de guerre, où l'on “reſout tout ce qui concerne ce point, il eſt
compoſé de Ducs, Comtes, 8L Barons', 8L preſque 'tous les principaux Colonnels, ou
Oberſter ſont Conſeillers de guerre à la campagne , les autres ſont Conſeillers de'
guerre pour la Cour, 6L pluſieurs autres n'en ont que le titre. p
“E” v* Les autres Cours,ou ſieges ï de Iuſtice particuliers des ElecteursÆrinces-,SL Eſtats !Mundi-dt
ai,, d,, Landtgerichte,
luttes. de l'Empire ſontiugemens
les Cantzleypu ChancelletiqHoffgericht,
du pays,& ou jugement
Stedtgerichtc-,ou iugemens de Cour,
des Citez,que clia- "'7'°'3'
ct
cun exerce en ſon Electorat , ſa Principauté, ſa Cité,- au ſon territoire ; 'car tousles
E ſtats ï de l'Empire ont meſme luriſdiction dans leurs pays , que l'Empereur en-tîout c Stlienborfl]
l'Empire; tellement qu'en leurs Edicts ils mettent \Vit von Gênes gnaden , Nous P°"“';‘"""~=
par la grace de Dieu , ont puiſſance deiuger , 8L dexecuter leurs iugemens —, tant aux
cauſes ciuiles , que criminelles , &c de punir les coupables ſelon la qualite' des crimes,
voire tneſme peuuent donner grace, 6L pardon des crimes qui mentent-la mort.
Æîgïçyyles Pour le regard de la ligue des villes Anſeatiquesmôméoen Alemid Anſebundtſi fl Rcïfflſëífläïl
AÏÈÏÜÎ" quelques vns eſtiment qu'elle commença ſeulement enuironſan i zoo. d'autres en- "' ' '
ques, uiron l'an dc grace 127. ou bien ‘ enuiron l'an 4 2,6 . Elle fut faite ſeuleme-ntpour em- _
peſclierles violences qu'on voudrait faire aux marchands ,- pour traffiquer ſous qer- je Quad:
taines loix par mer,&L par terre,pour tranſporter plus aſſcurenient toute ſor-te de mar- LËÏËËÈÈ;
chandiſes en Alemagne,& pour em peîſcher qu'on portaſt aux eſtrangers des canons, ſi
BL munitions de guerre , poutrendre leurs ennemis plus forts. Le nom de Citez An
—
ſeatiques eſt venu devl'Alemand An ſee ſtettqbeſt à dire, Citez affiſes ſur la mer,qui
ſont diuiſées en quatre parties, ſous autant de principales Citez, dont Lubeck eſt la
p-iiemiere de 'toutes , 6L comme, Chef des autres , comprenant fous elle les villes de
amburg , RoſtockNI/yſmar, Straelſunt , 6L Lunenburg , leſquelles ſix , toutes les
fois qu'il en eſt beſoin, ſignifient aux autres qu'il ſe faut aſſembler , 8L ſont nommées
_. — ,— communement \Vandeliſche , ou Vandallques ,auſquelles on adiouſte les villes de*
._
_ Pomeren,Stetin,Ancklen,Golnav',GripſWaldemÇolberg,StargardficStolpe. .
La ſeconde ville principale eſt telle de Cologne qui contient l_es villesde Weſel,
Duiſhurg , Embi-iclyWarburgNnna , 8L Ham qui ſont de Cleues, dt dela Marek,
Munſter, Oſnabruck, Dortmund, Soeſt, Herfott, Paderborn , Lcmgaw, Bileueld,
Lipp,8L Coeſueld,de Weſtfalie,Neumegen.Zutphen, RuermundArnhemNehi-i
lo,Erburg,I~Iarder\ic'yck, de Gueldre, Dauenter, Svoll,8L Campemdêucrælſſehœ
Groningen, Staueren, Bolſwerdſhc autres de Friſe.
La troifieſme ville principale eſt Brunſuic , ou Braunſchweig , ſous laquelle ſont ~
compriſes les villes Saxonlques de Ma deburg. Gellar, EÎDbCCILGOLEÎZÊD, Hildeſ
heim,Hannover.Vls,Buxtehude, Staden, BremenJ-Iammelmôc Minden. , _ _
La quatrieſme eſt Dantzik,comprîiſe auec touteln Pruſſe en ceſte ligue, &tconte- ’~ ſ
nant ſous elle les villes de Kcenigſperg,Colmar,Thorn,Elbingfirunſhergpuue cel-ï , '
les de Rig,Derpt,ôt Reuel en Lyfflandpu Liuonie,qui parlent encor Aleinand
Geſte ligue fauoitautresfois quatre principales maiſons de traffic aux payseſſtran- _
gers , à ſçauoir vneà Londres. appellée vulgairement Stalſtqff, d'où les marchands ffiéhorerí;
ont eſté chaſſez , à cauſe des diſſenſionsſdes Anglais ,qui s'en ſont ſaiſi# , &l'autre à 'MP552
Bruges enFlandre , qui fd: depuis tranſportéeà Anuers ., où toutſiésfois l: commerce
Gta iii]
- ; ~/
642 Alemagne. ,
\- a ceſſé a cauſe des guerres S la troiſieſme ä Nouogrod en R uffie , d'où les marchands
' Alemands ayans eſté chaſſez par le Moſcouite., ſe retirerent premierement à Reuel
en Liuonie , puis à Narue: 6c la quatrieſmeà Berghe en Norwege, où le traffic ell:
encore floriilant, combien que celuy des villes Anleatiques ſoit beaucoup diminué,
à cauſe des Gentils-hommes-Danois, qui ſe meflent du commerce.
3 (Liza. Les loiX-ſondanxentales deeeſte aſſociation ſont, Oglaucun ne traffiquera en leurs
Teutitheñ k villes que ceux qui ſeront de ceſtehgue: Que_ nul ſur peine de la vie 'ne quittera les
""11" g ' routes ordinaires , Gt dabordera des ports non accouſtumtæz , 6L defendus ,- afin que
par ce moyen il ne prenne occaſion d'introduire d'autres marchandiſes defenduës , ſi
bien qu'il y aura des gens eſtablis pour les viſiter , 6c dire ſi elles ſont ermiſes , ou
non :en troiſieſmelieu que le traffic ſe ſera par eſchange ,SSL non parac et , ou ven.;
- ' ce , az finalement qu'aucun ne portera aux eſtrangers du cuivre , du fer, ou d'autres
'- metaux, dont on peut ſaire des pieces d'artillerie, ondes arquebuzes. '
b_ Rcinkingk. Ceſte ‘ ligue a touſiours eſte confirmée par les Empereurs comme vtile; telle
Ï‘-'~‘-‘°- ment que toutes ces villes ont eſte maintenues en leurs libertez , 5c priuileges , ſauf
routesfois le droit des Princes ſur celles qui mobeyſſent pas immediatement ‘a l'Em
pire: mais dependent d'eux. Au reſte pour ce que les affaires d’vne ſi grande compa
gnie ne ſe peuuent bien expedier, ny reſoudre , ſans des aſſemblées, leurs Deputez
;raſſemblent tous les ans à Lubeck, comme capitale detoute lîAnſe.
Religion. _
L'Alemagne eſt aujourcſhuy diuiſée en pluſieurs Religionspu creances,dont les
. principales ſont la Catholique, celle des LutheriengCaluiniſtegAnabaptifles,
8L luiſs,& celles des Huſſitesſſaboritegôt Picars,que i'ay miſes en Boheme, à quoy
l'on adiouſte maintenant
Compagnie, les Freres
qui ne ſe propoſe de lafin
pas pour Roſe-Croinncombien
la Religion. que ce ne ſoit qu’vne
ſi
ï Les Catholiques ſont tous ſeuls en Bauiere,Stirie,Carinrhie, Carniole, Comté de V***
Goritz , ôt Tirol ; mais Pfiuſtrichc , quoy que ſujette à des Princes Catholiques, eſt qu**
plus peuplée de Lutheriens que de Catholiques. Il eſt vray que par vn Edict de l'an
x6 2.5. ?Empereura deſendu toute ſorte d'exercice deReligionen la haute Auſtriche,
&c les habitans des deux doiuent apprehender, maintenant que l'Empereur eſt puiſ
ſant, &t plus abſolu,d’eſtre viſitez auec la verge de ſer,s'ils ne changent.^uſſi doit-il
bien auoirautant de priuilege que les autres Princes Alemand; , qui ne peſmefſenſ
point que leurs ſujets ſuiuent autre creance que la leur. Want aut Dioceſes &Augſ
bourgfi pire,Hildeshe1m,6z autres, elles ſont menées de Catholiques , Gt de ceuxde
contraire creancepombien que les Archeueſques de Cologne, Treues, de Mayance,
facent leurs efforts pour n’auoir qu’vne ſoy dans leurs Eſtats. l. es Mar uis de Baden
ont auſſi rangé tous leurs ſujets à ſuiure l'Egliſe Romaine , ſur peine d'a andonner le
pays, ſans toutesſois que la part du Marquis de Durlach ſoit aſſujettie ‘a ceſte ordons
nänce,&_ le Palatinat entierement Caluiniſie , a receu maintenant la Meſſe par tout,
‘ combien que le nombre des Catholiques ſoit le plus petit. -
ſ Mais le mal de ?Alemagne eſt que pluſieurs Eueſchez ont leurs Eueſques Luthe
riengqui repreſentët toutefois la HierarchieJL la Primauté ſacrée de la vraye Egliſe,
que ie ticheray de diſtinguer en peu de paroleszafin qu'on eognoiſſe les Catholiques,
L'Archeueſquc de MAYANCE a pour ſes Suffragans les Eueſqucs de
Worms. ' -
Wirtzburg.
~~ î ' ’ Sichſtet;
Spike. - -. ' ' '
'
Straſbourg. 15.- _,
Verden, ou Ferden en Weſtfalic, proche de Breme, Lutherie”.
Chur, au pays des Griſons. . K ‘ ~z _
~ ‘Hildeshein. ' ſi” z ſſ" 'ñ- -
" ffl Paderborne. . -- -~ _l ~ L- - -
’ ~ Conſtance.
Halberſtad, Lutherien.
Augſbourg. ,
Bamberg, qui ne recognoiſt maintenant aucun Arcbeueſqupe.
ligArch-:ueſque de COLOIÇNE, a pour ſes Suffragans les Eueſgues de
ege. ï.. . z . u_
-
&(1,0)
l ‘ q
p ñ.
Pd
35454 -Alemagneſi . "
Zuingle commença auſſi de preſcher à Zurich l'an t 5x' 9. contrele: In diligences,
ct l'an i520 .le Pape Leon Xæxcommunia Luther, ac meſme eſcriuit ä Frideric Ele
cteur de Saxe de le chaſſer,ou punir, ogtle |’enuoyer à Rome, 6L de bruſier ſes eſcriu
' Mais il reſpondit qu'il Fenuoîyeroit ſi l'on luy donnoit bonne aſſeurance qu'il ne re
ceuroitaucun déplaiſinæ qu'il brufleroitſesliures s'ils eſtoient conuaincus d'erreur,
teſmoignant par ſes diſcours la bonne opinion qu'il en auoit. La deſſu: Luther publia
touslesarticlîes condamnez par- le Pape , en fortiſiant les preuues le mieux qu’il puſt,
app-ella du Pape au Concile ,momma le Pape Ame-Chriſt, 5c bruflale droit Canon
auec IaBulle duPapeJl fut 'apres aux Eſtats de Ormes ſous bonnes aſſeurancegôc
defenditharditnent ſon fait l'an l 5 zndeuant l'E_ pereur Charles V.qui l'ayant ren
.uoyéJe mitapres au bandeVEmpire, de meſme que le Pape Pexcômunia la ſeconde
_fois , &c lotszl' Electeur Frideric le mit dans le Chaſteau de \Vartpurg pres dlſenac;
afin qu'il_ s'y tint caché>iuſqu'à tant que l'Empereur fut party d’Alemagne , 6c ce fut
celieu qu'il uomma ſon lfle de Pathmoszoù S.I~ean Euangeliſte fut confiné. _
Luther-ayant deſia demeuré caché enuiron dix mois,Carloſtad s'eſueilla l'an i 52.2.
Jetta les Images hors de: Egliſes àWitéberg en Saxqabolit la C ôfeſſion auriculaire,
óiſtribua premier les deux eſpeces,mit H-loſtieentre les mainsdes laiz,ôtapprouua le
mariage des Preſtres, puis Luther ſortit de ſa cachette,fut en quelque differend auec
Çarloſtad,ôc côtinua de plus en plus de faire agreer ſes opiniós,puis ſe maria l'an 152.5
ſit le premier Sermon de ſa nouuelle doctrines-l Lipſe en Miſne , &c mourutfan l 546.
Son opinion fut receuë ä Goflar, Roſtoch, Rige en Liuonie, Reutlingen en Suau
be,Hal en Suaube,Augſhourg,Hamburg,&Trepte en Pomeren l'an i 52.2. ayant eſté -
,deſia preſchée en Kreichgow l'an 152. r .Elle fut receuë en Pruſſe l'an 1523.1 Einbeck,
en la Duché de Lunebourg, 'a Nurenberg , 8c à Breilaw l'an 151.5. au pays de Heſſen
l'an—i52.6.au Royaume de Danemarck l'an 152.7. à Aldenburgaen Miſne, Straſbourg,
Brunſuiqôc Royaume de Suede l'an igz-Sà Gottingen,Lemgowſiuneburgfiç dan:
?Electoratde Saxe l'an 1530. auquel on preſenta la confeſſion d'Augſbourgà l’Emë
l
pereur Charles V. a Munſter, 6l. Paderborne en Weſtfalie l'an15z2.. àEflingen , 6S
,Vlm l'an I 533. en la Duché de Grubenagen, Hannouer, Gt Pomcren l'an 1 ſ34. en la
Duché de \Virtemberg l'an 1535.51 Cotlius en la baſſe Luſace l'an i 537. en la C omtô
de Lippe l'an 15 3 8. en FEIectOrat de_ Brandebourg, à Breme, Hall en Saxe, Lipſig, ce
" 'aysffldeMiſnegscQuedlenburg,l'an 1539.31 Embden en la FriſeOrientaleÀ Hailbrun,
ïſſlalberſtadJ-Àagdeburgſht en Lithuanie,l'an i 3'40. au haut Palatinat , en la Duché
ville Neubourg ,à Regenſpurgfie Wiſmar l'an 1542.21 BuxtehudeJ-lildesheim,&Of
nabruck l'an i543.en !Electorat du bas Palatinat l'an 1546.61] la Duché de Meckel
burg l'alu; 5:.. au Marquiſat de Durlach, 6c de Hochberg l'an i ;SG/en la Comté de
Bentheim l'an i564.. à-.Hagenav l'an [ſ6 5. à Ratzenburg I 566, en Auſtriche , &c en
YEueſché de Ferden l'an i 568. (auquel ceſte opinion fui: receuë au bas Marquiſat de
Baden,puis rejettéelfflan i570.) 6c en toutle Dioceſe de Magdeburgſan i570.- , '
' Voila les des
Ï ſanslapctpuy progrez de ceſte
Electeurs nouuelle-doctrine
de Saxe , quitouſiours
, qui ſouſtinrent ne ſe utLuther,
iamais ſinonobſtant
bien eſtablie,
les.
menaces , 6L les forces de Charles V. Or ceſteëcreance' ,queles Alemands appellent
confeffion d'Aug\b0urg,approche
~ uiniſtes,pource plus dedu
qu'ils confeſſent la realité la corps
ReligionCatholiquqque celle desCaL
de leſus-Chriſſſt en [ŸI-Zuchariſtíe,
6c qu'ils rejettent l'opinion de Caluin touchantla predeſtinatiop.; Ils ontauſſi leurs
~- 'calices,plgatines,ôc‘petites hoſties, de meſme que les .Catholiques auec, mé eſpece de_
conſecration,qu'ils font en prononçant les parolesSacramenîtales, 6c lorsquîls vont
receuoir laC ene,le Miniſtre eſtnnt d’vn co ſté de l'Autel,proçhe_ de la-_platinepù ſont
- 1e: hoſtiegœ
YC, Plein le Diacre
de vin,ils de l'autre,proche
s'approchent ‘a leur rangd’vn grand vaſe d-'argentyou
à genoumprexmieremeut du d'autre matied_
Miniſtregſſeflè
»
' un*:f; * né d'~v'íi degré par deſſus eux, qui leur ayant auparauant remonſtré en general la diaz
-l Ã. u)
__ -gnité-decesacrement , dit apres en ſon langage ä chacun enparticulier ,_. en luy. prez
— : puif
ſentant Phoſtie, Plrerieè-,jó-
leïreceuant ſe leuc' , 6cmange-z
faiſant, cet] cſilcffçerps
le tour va de_dul'autre
Sci-pm” , quiçlexlfliſiitelt
coſté_ 4 eſhç' linrïypaur vous,.
puuer. le:
Diaciie-;îqlii luy doînne' dſu vin , en diſant , ,Pjleneäg &lacune-M clqg/Ileſgzgdí_ Sngutür;
guiſe" -Ë/Ïê ïeffianädſààär -uaqs, _ lls_ vſent' encor., au parauant d'inde eſ ece de Çopſcſi-z
fionäqaienſi
zparfois n'eſt courçsfpis_
ſe mettant _ä dire vray-,quc
?genoux deuant lecomiíiè vn examen
MinſiſtreSi. ile-leur
quelque maladeoy.-deſire
_cc qu'ils FËŸB
[Egmond
.la Çetieſllenuoyeſi chercher le Miniſtreguipbrte Phoſtie non EPHÏËCIÔÇ# lc Cônlſiôlçx
ËŸquèlques _textes delffEſeritiii-ltqvuis oyt ſaÇonfeffiÿn-aleqt _rnodeætwloxs ou tou)
Alemagnc. 64$
ſ 'tire la table d’vne nappe, ou il met le calice, &L la platine, puis ayantrecité les paroles
de l'inſtitution de [Euchariſtie, comme s'il eſtoit au Temple, s'approche du lit , &c
donne Phoſtie &z levin au malade. , x
Les Miniſtres ont des ſurplis ſur leurs robbes,quand ils vont preſchcr,ou donner
la Cene,voiſire meſme en quelques lieux, ils ont des chaſubles, 8c des chappegôc leurs
Autels bien parez. On voiten leurs Temples legrand Autel,le Crucifix, les Images,
les cierges, les orgues , dont ils ſe ſeruent , 6c beaucoup d'autres orneniens del Egliſe
Catholique- En pluſieurs de leurs Cemetieres , il y a de grandes Croix , auec le L ru
cifix . Noſtre-Dame d’vn coſte , 6L S. l'eau deſaurre. lls ont auſſi des E.ueſques , &c
Chanoines; mais ils nomment vn homme Eueſque tandis qu'il eſt garçon , ÔL lors
'qu'il
. Ilseſt mariéſhidminiſtrateur.
celebrent, outreles Dimanches , pluſieurs . des
ſiſeſtes _ Catholiques
. _ .. ,principale
ſ ment les plus ſolennelles, comme de Noël, de Palquegdes A poſtresusc quelques au»
tres , ce qui ne s'obſerue pastoutesſois par tout eſgalement , veu qu à Straſbourg , au
lieu des ſeſtes des Apoſtres, ils ont ordonné qu'on Feroic lapriere generale vne ſois le
mois, commefefloignans le plus qu'ils peuuent des cetemonies de l'E g-liſe Catholi
que. Auffi ne ſont-ils pas d'accord en toute choſe, ſi bien qué voyant eiitrîeux en plu
ſieurs endroits la diuerſité des ceremonies , on diroit qu'ils ſont de differente Reli
gion. lls liſent auſſi tou~s les Dimanches , ô( toutes les Feſtes , l‘ Euangile, GZ Pfipiſtré
du ſills
iour, ontſelon
danslacouſtumedelEgliſe
leur~ heures les meſmesCatholique. __ r_ de la
[mages de la Natiuité, _ Pallion,du
_ Cru
cifix, de l'Aſcenſion-gs( aukresgqui ſontén celles des Catholiques; mais tout y eſt en
Alemand. excepté qu'ils mettent au deſſus trois ou quatre m'ots Latins du _commenù
cement del Hymne , ou Cantique, qu'ils ont mis en rime en leur langue , beaucoup
~ lus agreab ' ement que Maroc n a fait les Pſalmes. Ils ont auſſi le texte de la Paſſion
Bien mis en rime en leur langue , ô: tres bien ſuiuy , 8c quant aux Litanies, il ya bien
Kjrirelcizämc/zri/Ze dei/organ cômeiicemengpuis en leur lan gue lunuocarion ti e Dieu
le Pere , le Fils, 6c le S.Eſpri't: mais on n'y voit apres aucun nom de la Vierge , ny des
Saincts , ſi bien que tout auſſi toſt ils paſſent aux prieres .dont la reſponſe eſt ,De-liure
nou: Seigneunâ* nom' tæpriorií aie nou; cxducer, que les Cat hol iîques diſent, Liber-c no: Do.
mine-,ôc Tc rugueux and: ms, puis ils diſent encor ?Again Dei en Alemandfic finiſſent:
par A7721- :lex/M, Cbnſte tlciſh” , commeilsauoient commencé. lls ont les Pſalmes de
Dauid plus gentils , 5c mieux expliquez en leur langue , que ceux de Maroc ne ſont
1en Françoigôc les chätent tous d'autre ſorte que les Laluiniſtes, auec leſquels touteñ_
fois ils S-'accordent a combattre de toutes les forces de leur eſprit l'autorité du Pape,
-Mais ie croy que ce qui les pouſſe plus à cela,de meſme qu'à sbbſtiner en ceſte
creance , c'eſt le profit -, «Sc le plaiſir , deux des plus pulſſans Démons qui tentent le
lnonde, pource
l'Egliſe, voyent que
bienleurs
qu'enPrinces, 6c les autres
recognoiſſant qui ſeilſont
le S.Siege. enrichis
ſifſiaudroit des dépóüilles
lâcher 'de'
priſe, 6c quit
ter les Eueſchez, 6c les riches Abbayes , qui groſliſleiit leurs reuenus , 6c leurs liueſ
ques, Miniſtres, 8L Chanoines demeureroient deſormais ſans ſemmes,ou ſans rente,
outre qu'ils ſeroient obligez à diuerſes abſtinences enjointes parPEgliſe , qu'ils ab~
horrent de leur naturel , 6c par habitu ile. _A u reſte ils ont entr'eux pluſieurs Vbiquië
ſtegqüi diſent que le corps glorifióñleſ is-Chriſt eſt en tous lieux, auec ſa diuinité
Les principaux articles qu'ils ont contraires aux Catholiques ſont premierementz'
Qwencor qu'ils aduoüent la realité du corps de leſus -Chriſt en l’Euchariſtie, ils deſ
approuuent la trauſſubſtantiation, ou changement de la ſubſtance du paimôc du vin
en celle du corps, 8:, du ſang de Noſtre Seigneur , 8c tiennen-t que les eſpeces demeu
rent en leur entier: Quils dapprouuent pas l'adoration de la laincte Hoſtie.ta1it lors
qu'on la reçnigque lors qu'on la porte en proceffiomou aux malades: Qſils rejettent
la Meſſe comme ſacrifice propitiaroire , tant pour les viuans , que pour les morts , 6c
n'en recognoiſſeait autre que celuyrde' IeſuS-Chriſt: Qu'ils trouuent mauuais de ce
qu'on oſte Fvſage du calice .aux laiz: Qu'ils nient lel-*urgatoirecomme aufli que les
prieres des viuans aydent à ceux qui ſont enPurgatoireznient Finuocarion des Saints:
tiennent que le mariage ne rend point vn homme incapable de ſe meſler des choſes
ſacréesmapprouuent pas que le ieuſne conſiſte en Pabſtihence de chamde laitage, 6c
choſes ſemblables , ny qu'il tienne lieu de merite , 8c de ſatisfaction pour les pechez
actuels , 6c les peines : rejettent le Careſme , diſent que la contrition des pechez en la
Confeſſion, ne les efface pas , mais Ieſus-Chriſt ſeul, 8c que la peniterice impoſée par
le Preſtre pour ſatisfaction des pechez eſt inutile pourmeſrneraiſon, vqite meſme ils
646 AlomagneJ
_ mettent la foy entre les parties de la penitenetzdiſent qu'en la Confeſſion il n'eſt pas
neceſſaire d’éplucher parle menu tous les pechez auec leurs circonſtances , 8c que la
115cc qu'on reçoit à les côfeſſer n'eſt pas meritoire,que la ſeuleS‘°Eſcriture doit iuger
tous les differëds de l'Egliſe,que ſalecture doit eſtre permiſeaux laiz,que ce n'eſt pas
à l' Egliſe Romine à l'interpreter: que les Apoſtres n'ont point laiſſé de traditions de
viue voix; u'il ne faut pas sarreſter aux Côciles,& Decrets des PapeszQiePEgliſe
Romaine n'eſt pas la vraye Egliſe; mais que c'eſt la leur: Que l'Egliſe Romaine peut
errer: Que leſus- Chriſt n'a pas beſoin en terre d’vn Vicaire, qui ſoit chefviſiblede
l'Egliſe: Que S. Pierre n’areceu de Ieſus-Chriſt aucune autorité ſur les Apoſtres,non
plus que ſur laeſt
foy, qu'il par
ne futiamais
la ſeule foyäR-ome,
en lelus,ê:ſans
quequ'on
les Papes ne ſontdes
pasœuures
ſes ſucceſ
ſeurs: Qu'on iuſtifié ayſſt beſoin , ny
Ïadiouſterſeſperaiice, 8c la charité : We la foy ne peut ſubſiſter auec les meſchzns
hommes: Qu'il n'y peut auoir des oeuures de ſupererogarion , &que la pauureté ne
doit eſtre miſe entre ces œuures , voire meſme que les ceuures de ſupererogation ne
peuuent ſeruiraux autres. lls rejettent auſſi le vœu de chaſteté , de meſme que celuy
dbbeyſſance des Moynes : Et finalement ils ne tiennent pour Sacremens quelcBa
pteſme, 6c la Cene, non plus que les Caluiniſtes, 6c rejettent les cinq autres.
' Les Lutheriens ſont auſſi contraires aux Caluiniſtes en pluſieurs articles ,voire
meſme tellement qu'en la pluſpart desvilles lmperiales , oû le Magiſtrat eſt Luthe
rien,toute ſorte d'exercice leur eſt interdit ,au lieu qu'on l'endure aux Catholiques,
6c ie remarquay quand l'armée des E ſtats eſtant proche du bas Weſel ville du pays
deLG-leues, nous donna moyen d'y paſſer , que nous n'y voyons que des diſcours des
Martiniſtespu Lutheriens contre les Caluiniſtes: mais non aucun qui fut fait contre
les Catholiques , voire meſme par toute l'Allemagne i’ay recognu qu'ils voyent plus
volontiers les Catholiques que les autres. Les articles qu'ils ſouſtiennent contreuic
ſontzQifon peut alleguer les paroles de l'inſtitution du &Sacrement pour fondemëc
“de la vraye,6i reelle preſence de leſusChriſt:Que ſon precieux corps,6: ſang,eſt rea~
lement en [Euchariſtie, au lieu que les Caluiniſtes tiennent qu’il y eſt ſeulement par
foy,ôc ne le reçoiuent que ſpirituellemengchoſe que les Lutheriens deſapprouuent:
Et que les hommes meſme indignes reçoiuent auſſi bien le vray corps,ôc le vray ſang
de Naſh-e Seigneur, auec le pain, 8c le vin, que les autres. lls rejettent auſſi , comme
impie, l'opinion des Caluiniſtes , qui diſent que leſus- Chriſt, entant qu'homme, n'a
pas ?entiere ſcience de tout , ôt n'a pas meſme aujourd’huy parfaite cognoiſſance de
Dieu , d'autant qu’il ne ſçait que ce dont il eſt capable , 6L tout autant que la nature
diuine luy veut reueler. lls ſouſtiennent auſſi côtr'eux la toutepreſence de la chair de
Ieſus-Chriſhpar le moyen de l'vnion perſonnellezmais nonlocalemcnnôc de meſme
qu'ils côfeſſent enleſus- Chriſt deux natures,auſſi tiennent-ils qu’il faut adorer Ieſus
Chriſt entier,auec toutes deux,au lieu que l4es Caluiniſtes diſent, qu'il ne faut adorer
leſus- Chriſt,que côme fils deDieu,qui a pris nature humaine,laquelleil ne faut nul.
lement adorer. lls nient auſſi la predeſtinatiomque les Caluiniſtes tiennent, 6c diſent
que leſus-Chriſt eſt mort auſſi bien pour les pechez des reprouuez, «Sc damnez , que
des efleus,a 'ſi u que les Caluiniſtes diſent,qu'il eſt ſeulemët mort pour les efleusfic
que Dieu~ 'a iamais voulu que ſon fils ſouffrir pour les reprouuez,” que ſon ſangſhc
ſaîmort ſeruiſſent à leurredêption , 6c contre ce que les Caluiniſtes tiennent que lors
que quelques vns ſont efleus dans l'abſolu~c',ôc ſecrette reſolution de Dieu,ils ne pîeu
uent iamais perdre ſa gragemy la foy,& leS.Eſprit.LesLutheriens diſent,qu'il y a ve
ritablement deuant Dieu certain nombre d'efleus , non point par vn decret abſolu:
mais limité, par le moyen de Ieſus~Chriſt en la foy des efleus, 6c que Dieu veut conñ
ſeruer ſes efleus iuſqu’à lafin par le moyen de ſa parole,de ſes Sacremens,& du S. Eſ
prit,ſinon que volontairement ils quittent le ſeruice de Dieu , &c rejettent la côduite
du S. Eſprit. LesCaluiniſteS diſentauſſî que la Foy,& les mouuemës du S. Eſpritfoni:
la ſeule marque des efleus,& les Lutheriens,qu’il fautjoindre l’vſage deSSacremens,
auec la vocation,la parole deDieu,l’inuocation de ſon nom,l'action de gracesſſa ſan
ctification en chariténsc la patiencqôc conſolation en la Croix, 6L aux afflictions. Les
Lutheriens nient auſſi ce que les Caluiniſtes diſent, qu'il y a double Bapteſme , l'vn
exterieur d'eau , l'autre interieur d'eſprit , 6c tiennent, auſſi contr’eux que le Bapteſ
:ne confere la grace, au lieu que les Caluiniſtes diſent qu’il en eſt ſeulement le
eau. '
Les Lutheriens ont auſſi pluſieurs differends auec les Anabaptiſtes, veu qu'ils
gignncnt contr'eux qu'il faut baptiſer les enſans en bas aage , 8c non les rebaptiſer
' ' ' lors
.I
Alcmagnc. — 64.77
lors qu'ils ont plus d-c cognoiſlanc 658C d'ailleurs queles enſans tant des ctſideles, que
desinfidelles, naiſſent
ſeul pain, ô( vin, commeendiſent
pechelesoriginel , 8c qu’enla
Anabaptiſtes Cene
, qui ſont Chriſt
encor yeſt , non le
_rembarrczſiparle-s'
Lutheriens,en
que ce qu’ils
c'eſt vne marque tiennent,quela
de Fraternité, Cene
ê( quîon ducommemorarion
y fait Seigneur n'eſt vtile, quſentant:
de Chriſt 5 que ſi ,
l'Egliſe de Chriſt en 'terre doit eſtre pure , 8c ſans hypocrites , nY-pecheurs , 8c qu'il
faut chaſſer ſoudain de l'Egliſe ceux qui ſont tombez en peche' z choſes que les Lu-..
thericns nient,de
auxTempleîs, meſme
où lon à ditque l'opinion
autrefois qu'ils Ils
la Meſſe. ont, qu'il n'eſtauſii
baffoüent pas la
permis de preſchcr
Secte des Anabaÿſi ..
ptiſtes Hutteriens , en ce qu’ils diſent, qu'il n'eſt pas permis à l'homme Chreſtien'
de poſſeder des biens de ce monde , ſa conſcience ſauue. Ils les blaſment encor de'
, ce qu’ils permettent qu'on change de femme ,lors que celle qu'on a refuſe d’eſtre"
Anabaptiſte, ou de ſuyure ſon mary lors qu'il s'en va volontairement, 'ou contraint
- parle
diſent,Magiſtragquoyqwelle ſoiteſt
quele Magiſtrat Politique fidelezôcne deſaprouuent
bien ordonné pas moins
de Dieu 5 mais celuy
qu'il ne qu’ils
eſtct
pas agreable, 8c ne doit eſtre tenu pour Chreſtien, ny membre de Chriſtzôc e qu’ils
diſent auffi, que le Magiſtrat ne doit pas faire la guerre , ny vſer d'armes 'de enſiues;
nô plus que punir les coupables. lls le mocq uët auſli de ce qu’ils diſen t,qu’vn hom
' me ne doit prendre les armes quand le Magiſtratle luy commande-,quoy que ce ſoit: _
pour vne iuſte cauſc-,ôc pour ſa deffenſe; 8C ne trouueut moins mauuais de ce qu'ils
ſoutiennent, qu'il ne ſaut preſter aucun ſermët deuant lelegitime Magiſtrat , quoy'
que ce ſoit pouriuiîer fideIitt-ſiou pour eſclaircir la verite'. De meſme ils meſeſtiment
ce qu’ils diſent, qu'il n'eſt pas permis à l'homme Chreſtien , quoy que grieſuement
oſſeuſe', dîiuoir recours au Magiſtraîc ñ, 8c' tiennent auſſi contreux, qu’vn homme
C hreſtien peut
tiennentle ſa conſcience
trafic' ue certaineſauue
ſecte tenir
d'AnahËſteleſiLie-,ou tauerne,de
a ~ ti es rejette; _ meſme qu’ils ſouñ'ſ
ſi Orles principaiiïx qui ſuyuent aujourdffiuypcete creance, qu’ils appellent Conſeil'
ſion d’Augſbourg, ſont les Rois de Suede, 6c de Danemarck,l’Electeur,ôcleS Ducs
de Saxe ,les Marquis d'Anſpach , ô( de Culembach de la Maiſon de Brandebourg;
' les Ducs de Brunſuiç, Lunebourg, Meckelbourg, Pommerei] , ê( _Lauenburg L' les
Ducs de WirtenberÎÆCComtcS e Montbeliafid de la meſme maiſon de Wii-ten.)
berg ; le Landgraue e Heſſen en Darmſtad : le Marquis de Durlach, de la maiſon(
de Baden : les Ducs cle Monſterberg en Silelie ,les Ducs de Holſace , ou Holſtein;
les-Palatins
ſi ſon de Bírkenſeld,
des Comîtes Palatins ,'àleLutzelſtcimqui ſont tous
Comte de Sarbruck , deſeuls Lutheriens,
la Maiſon de la Mai.
de Naſſawzle
Comte de Hanaw Proche de Straſbourg, les Comtes de S0lmeS,8c Pluſieurs autres
Seigneurs, que vous pouuez voiraux diſcours particuliers. u_ _
Caluiníſi
Les Caluiniſtes y viuent de meſme que ceux de France, de Suiſſe,ôc des Pays-Bas."
Le plus grand pilier de leur religion eſtoit l‘Elect~e_u~r Palatin ,de qui tous ceux de
ſon pays ſuyuoient la creäce. Mais aujourd'hui] la Meſſe ſe dit par tout le Palatinat,
quoy que bien peu_ de ſes anciens habitans en ſacent eſtat. Le Duc des deux Ponts -d
- ſuyt auſli la meſine doctrine ,â laquelle tous les Comtes Palatins ſe ſont attachez,
ſors ceux de Birkenſeldfic de LutzelſteinL' Electeur de Brandebourg eſt auſſi Cal
uiniſte; mais ſes ſujets,preſq ue tous Lutheriens, refuſent de ſuyure ſon opinion; dé
ſorte queles ayant vou u preſſer ,il a penſé receuoir du déplaiïir, 8c s'eſt veu 'con
'traint de les laiſſer viureà leur Fantaiſie. Le' Marquis de Iegerndorff dela meſme
Maiſon de Brandebourg _eſt de la creance de [Electeuncomme auſſi Maurice Landa
graue de Heſſen tenant ſa Courà Caſſel. Iean George, Chreſtien, Auguſte, (Louis,
6:. Rudolſe, Princes d' Anhalt, ſont auſſi Caluiniſtes ,de meſme que les Princes de
Lignitz en Sileſie, lejCôte Guillaume de Naſſaxv Gouuerneur de Friſe( au lieu que
celuy de Sarbruck eſt Lutherien) le Côte de HanaW proche deFräcfort ſurle Mein
(auLes
lieuAnabaptiſtes,
que le voyſin quiſe
de Straſhourg ſuyt l'opinion
ſontſipfi-incipalement de Luther)
épanduS 8C quelques
eh Sileſie,& autres. ,oſe-frer
Morauieſt
A mb:
piſtes. commencerent à ſelesfaire
ſoient rebaptizer_ cognbiſtre
enſans baptizezl'an
en1522.
bas, âge.
ayansLes
eu premiers
ce nom , autheurs
pource qu'ils fai_ gct‘"“²"'
de cete Milla-Leſs:
W53
creance
_ . . fſſurent
_ Nicolas
. , Pelargue,
, Thomas Muncer,& Carolſtadguiſoutenoient
. . . i . , Epi… Hmſ_
abLPrateoI.
enti-'auîres choſes , qu'il ne falloir pas baptizer les petis enfans , qu'il falloit ïlïidïn-ïfiliſto,
'abolir ~lès'loix politiques desEmpereurs, &ne iuger que par la loy de Moyſe, ^“‘ſſ""²“ſi' 1
ainſi que fiaiſoient les luiſs ,ou comme les Mahometans ſont ſelon l’Alc0ran. Ils ſe
ſiguroient, ou du moins ſaiſoient entëdre aux autres, ,qu-ils auoicît des reuelariôs, 6C
Europe. ñ ~ Hhh ’
9. .-.
648 Alemagne.
parloient auec Dieu, 8c les Anges, puis ils ſe partagez-ent en diuerſes iſiectesnflc fina-ſi
ement. l’an xçzziluïaſſemblerent en grand nombre à Munſter, en \Yſeſtſaliç,, ſous
la conduite de Iean de LeidentailleurJ-Ierman, StapredqBernhard, Knopperdol
ling, 8c Bernhard Rotmannzpuis l’an 1534, demetant le Senat dela ville en efleurent
vn nouueau,ôcfirent Knopperdolling C onſul, ruinerent en partie la grande Egliſe,
chaſſerent tous ceux qui daprouuoient pas leurs actions , puis creerent Roy Iean
de Leiden, eſtablirent vne nouuelle police, par laquelle chacun rit au tant de fem.
mes qu'il voulut, 8c les biens furent communsMais enfin l'Eue que, 6c les Princes
voyſinsles affiegerent, ôcprirentla villele vingt-cinquieſme de I uin de la meſme
année , puis on deſchirala chair de Iean de Leiden , de Knipperdolling , 8c des au. _
tres Chefs, auec des tenailles ardentes , 6c finalement 'on les mit lors qu'ils furent
morts,dans des cages de ſer, qu’on penditau haut d’vne tour , afin de ſeruir à iamais
d'exemple. Leurs principalâ ſectes furent celles des Adamites , Stableres , Sabba.
taires, Clanculaires, ou Secrets, Maniſeſtaires, Dernoniaques , _ayans toutes cho
ſes communes, Concubins, Pleureurs,GeorgiengDauidiques, Mennonites, Poly.
Ÿamiſtes , ou ayans pluſieurs Femmes , Munceriens , Prians , SeTaiſans , Songeans,
emblables à des en ſans, S nceres ,impeccables depuis le bapteſme , Libres , Bin..
derliens , Maderan S, Ho manniques , Circoncis , Grubenhameres , Apoſtolics ,
Nuds-pieds,Enthuſiaſtes,Adiaphorites,Pneu1natiques,Poticrs,ô( Sanguinaires.
Leurs articles publieçâ Francfort portent entr'autres choſes. n'on oſtaſt au
Clerge' toutes les decimes-, Won permit aux Moynes , 8c Religieu es de ſortir des
Monaſteres, &de ne mandier plus , 8c qu'on n'en receut plus aucun z Qu'il falloir
oſter toute ſorte dümpofitions z We les benefices Eccleſiaſtiques ſuffi-nt donnez
aux ſeuls enfans des citoyens des lieux, non aux eſträgers, 8c qu'ils n'en priſſentque
pour leurs neceſſitez,& le reſte ſut diſtribue' aux pauuresſhc que les Iays,6c dons des
teſtamens, ourles Anniuerſairegôc prieres, ſuſſenta liquez au 'Threſor public.
Ceux qui Furent ſemez à Zurich pOrtOieDQOL/e la li erté Chreſtienne requeroit
t que nous Fuſſions tous libres , &que Chriſt auoir affranchy tout le monde; ſi bien
qu'il ne falloir eſtre ſujetël nul Magiſtranny à aucunes chargespu impoſitions; ne
les Femmes eſtoient obligées de proſtituer leur corps , 8c leur honneur , pourueu
qu'elles euſſent intention de faireleur ſalut, 8c que la preuue de ce point ſe tiroit de
l' E ſcriturqq ui dit,qu'aucun ne peut eſtre ſauué s'il n’abandonne tout ce quïlaymc,
ſi bien qu'il Fallait pour l'amour de Chriſt ſouffrir Pinfamie, 8c laperte de ſa reputa..
tion: ô( pour ce que leſusñChriſt a dit , que les publicains , 6c les pecheurs deuanñ r
‘ ceroient de beaucoup les iuſtes au Ciel, que les Femmes deuoi_ent paillardericy,afin
de deuäcer les chaſtes en l'autre monde, voire meſme qu'en ce Faiſant on acompliſ
ſoit le commandement
pteſmedes enfans eſtoitde Dieu; Que toutes
inutilqôcpour choſes
cete cauſe fuſſent
qu'il communes;
les falloir Ve leuebala.
rebaptizerzct . y
ñ Sainte Eſcriture n'eſtoit pas la parole de Dieu , 8c qu'il n'y auoir autre paro e de l
Dieu que la ſubſtantielle , à ſçauoír Chriſt , lequel ayant abondamment ſatisfait l
_ pour nous, comme ces paroles,Tout eſt conſommé, nous apprenoient, on n'au0it
eſoin de ſacrifice, de loy, ny de ſacremens. ' p \
M uncer diſoit que Padultere n’eſtoit pas peche'. Les Sabbataires font le Sabbat
auec les Iuiſs ,dapprouuent point la guerre , les loix politiques , ny les iugemens.
Les
DieuAdamites
les couure vont
destous nuds,veſtemens
precieux 8c refuſentdeles
ſa habits
parole.qu'on leur preſente,
Ils affectent diſans, 8L
l'innocence quela ſ 1'
ſainctetc' d'Adam au Paradis terreſtre , 8c vagabondent par les bois , 8c lieux pleins
d'arbres, rapportans le commencement de leur ſecte à Adam 6c Eue,ôc Faiſan: gloi
re d'eſtre nommez leurs enfans. '. _
Les Stableres ne portent ny armes,ny baſton',ny ſac.Les Clanculaires,ou Secrets,
äaſſemblent clſiandeſtinement dans les iardins , 8c vergiers , diſent vne choſe , 8c
pen ſent_ l'autre, GC ſont eſtat, lors qu'ils ſont pris par les Magiſtratgquïl leureſt per.
mis pour lauuer leur vie de faire 6c dire toute choſe , pourueu que le cœur ne s'y
accorde-.Ils baptiſent les petits enfans lors qu'ils ne peuuent pas s'en dédire,puis le
rebaptizent quand ils ſont en liberté. ~
Les Maniſeſtaires diſent qu'il Faut faire librement profeffion de l' A nabaptiſme,
ou ſecond bapteſme des enfans. Les Demoniaq ues defendent l'ancienne er
reur de ceux qui croyaient que les Diables ſeraient ſauuezz à la fin du monde.
Ceux qui ſe nomment Libres Ïadmettcnt ny Loy , _ny commandement , mais
diſent que les femmes ſont communes , auec tout le reſte z 6c les concubins
I
Alemagneſ 64 9
ſóntî preſque' ſemblables en opinion , de meſme queles Grubenhaires. Ils diſent
qu’il 'ne ſaut pas_ obeirau Magiſtrar, n'y payeraucun tribut. C euX-cy ont leurs ſem
mes communes, ſous pretexte d'vn mariage ſpirituel, ſe meſlent en leurs Syna
gogues indifferemment auec toute ſorte_de Femmes , apres auoir ellzeint la lumiere.
Les Pleureurs ſont toujours apres à larmoyer , penſans d’agreer à Dieu par
'cete voye, lls diſent que ceux qui ſont baptiſez 'vne fois “ne peuuent plus pe.
cher. . .
_Ceux qu'on nomme Se taiſans, gardent vn ſort grand ſilence. Les Apoſtolics
laiſſans leurs biens, femmes ô: enſans, vagabondenr parles champs, 8c les bois, les
pieds nuds,ne~ portent ny cliahſſes ny ſouliers ,Ge ſuyentde manier de lîargent. Il
ifyarien de plus ſaint 'en apparence que les ſpirituels , qui meſpriſentle monde, 8c
toutes choſes mondaines; llsne portent aucunesarmes ,non pas meſme des cou
ſteaux. Les Enthuſiaſtes ont des viſions du Ciel, &de l’Enſer,à leur dire, &ſe
veautrent dans la bou'c‘ comme des porceaux, courbans la teſte , 6c le cor S en telle
ſorte, qu'on diroit qu'ils ont dans le-corps vne legíon de Diables. Les A iaſoriſles,
ou Indiffcrens, reçoiuent tantoſl: vne ſorte de ceremonies , tantîbſt l'autre , ſelon le
cours 'du monde.
Les Potiers Les Pneumatiques,
ne ſe plaiſent qu'à ſeſtiner,rejetent'
ô: boireleduvieil &le nouueau
meilleur, Teſtament.
ô( les vSanguinaires
boiuent du ſang dc ceux qu'on a tuez. Enfin i] ya tant de diuerſes ſecteslde ces Ana
baptiſtesyqtſon en trouue dans la ſeule_ ville &Amſterdam aux Pays_ Bas —, douze
bien conuës,qui preſchentâ leur Façon , outre pluſieurs autres qui n'oſent paroi.
ſtre. ll y enaqni ſont riches marchands , &ſont grand trafic par mer, ne portans'
toutefois aucunes armes , maispenlàns ſenlementà Fuyr sils ſont attaquez. Plu
ſieurs d’entr’eux ſont des mieux entendus en Poeconomie , 8c particulierement
âſaire valoirles biens des cliampS-,ſi bien qu'ils_ ſont recherchez de pluſieurs en Ale
magne 'pour cet effet, 8c i’ay_veu meſme des François du tout deſireux d'en
auoir, pour leur ſeruir de fermiers , &cmetayers , tantils ont reputation de bien
ménagerË bien (Pautruy commele leur propre-,Zcde rendre fort bon cornpîteâ
leurs mai res.
W" ll y a auffi des luiſs en Alemagne z mais ſeulement en quelques villes Imperiaî
leſſs, comme à Francfort, Wormes, &L Hagenav, Où ils ſont en _ſort grand nombre;
tellement ' uïaux Foires de Francfort ils ſont preſque 'ordinairement plus de fik
mille aſſem lez , 'outre ceux qui n'y viennent pas, &demeurent au logis; Mais ic
puis bien dire que ie n’ay iamais rien veu dep us ſale, 8c de plus meſquin que les
maiſons de ces Iuiſs, voire meſme des riches marchands, dont pluſieurs ontco..
gnoilïänce non ſeulement de l’Hebren,8c du langak e du pays où ils demeurengquí
eſt le leur ordinaire.- mais encor de pluſieurs autres angues , pource qu'ils ſe meſ
lent ſort de courir parle monde,& de trafiquer. lls ont leurs cartiers ſermezfic
comme de petites villes dans les grandesx-…fin de ſe garantir des maux que leur pour. ‘
roient ſaire quelques Clireſtiens, tant la nuit qu'aux iours ſolennels. Mais ils ſont
mal aſſcurez en ces villes d'où lon les a chaſſez- déja quelquefois , bien qu'apres ils
s’v ſoient' rétablis en auſſi grand nombre quhuparauant. On tient 'ï qu'à Wormes a Cilneraîl
ils nourriſſent en vn lieu ſepare' 'proche de leu-r cemetiere vn bœufde poil fauue , ou Medîthiſt i
“'42
iaunatre, 8c s'il meurt de graiſſe , ou autrementgils Penuelopent dans de, beaux lin
ceuls, 8c ſenterrentauec grand deuil , 8c cerembnie; diſans que c'eſt 'vne tradition
e -de leürsanceſtresíäuelques vns tiennent qu'ils veulent par là faire entendreâ leurs
~tnſans, qu'ils atren ent le Meffle, au temps duquelils retourneront ſacrifier en Ie.
rnſalem. l~ls ÿ nourriſſent auſſi quelques vaches. Ceux de Francfort ſur le Mein en
'nourriſſent aufli vn, qui ſelon le diſcours de leurs Rabins eſt 'vn premier né pour of—_
frit" à Dieu ſelon la Loy 5 mais ilsdiſent que nele pouuans ſacrifier , à cauſe des de..
fenſes, 8è n’oſan~s‘letu_er, nyëmanççer, ils le laiſſent finir de mort naturelle,le nourriſ
ſant- cependant-auec
brebis, 8: des ſichevresſi-“vn grand ſoin
~ ,' &c qu'ils ſont ~le meſme 'des premiers
- nez des
Freres cle Want aux Freres de la Roſe-Croix,in’en eſtät enquis curieuſèmët en Alemagne, î
la Roſe . . t . . . . , _
cm5,, de ceux qui les auoient pratiquez,meſme des Imprimeurs de leurs liures, ie n app
ſinon qu'à cauſe des guerres, &t dela recherche qu'on en auoit ſaire, ils ÿeſtoiente -
carrez comme des perdre-aux , 8c m'en marquerent ſeulement quelques vns en
bien etit nombre, uiçsfeſtoietretirez_ en uelques villes._Mais ce ue i'a pu reço
j gnoiilre dleuicxdeſt, 'ueleui' compagnie eſlpoiirlactpluſpai-Ëîcäpo ée deſlæ agkiïs,,
\—~' .ËEùroPeH-L-.ñ-A. _' .~ _ ..a l.; ....44 j:
o
6go Alcmagne.
"H
a MaicrThc* 8c cŸAlChymiſles, our le regard dela Religion ils ï proteſtent en leurs liures, qu'ils
î*** nc S'en meſlent nu_ lement, ëcffentreprennentaucune reformatiorgmais fontpeſtat
mhznzyz_ ſeulement de guerirles maladies par le moyen des remedes Chymlq ues , 8c autres ,
&c dela Ma* ie naturellqqui ourroit bien aller au delà de la naturel] eſt vray qu'ils
ont vn Cheÿ, auquel ils obeiäctent comme les Moynes , 8c qui leur impoſe_ ce qu'ils
*doiuent faire. Ils ſe vantent auſſi qu'ils s'adonnent' à bon eſcient à la pieté , s'occu
pent nuit &íouràlalecture des ſainteslettres ,donnent force aumoſnes, traitent
les malades ſans en prendre aucunechoſe, recherchent tous les ſecrets de la nature,
8L en ont vne infinité d' A ſtronomiquegÿhyſics, Mechaniquegôc Chymiq ues, par'
'le moyen deſquels ils produiſent des effets admirables. I_.eurS biens ſont communs,
8c tous. font eſtat de voyager ordinairement , ô( ſ uoir des nouuelles de tout le
monde, changeans d'habits (Selon lesjpays , oules ieux où ils ſe trouuent , 8c n'en
ſſla Sans aucun
diſent auſſiparticulier, &c meſine
que l'A utheur de leurilsSecte,
evantent qu'ils neeſt
ouConſrerie ſont aucun
mort il ya eſtat de l'or.
long temps,
qu'ils taiſent ſon nom pour vne cauſe tres importäte-,ôcq ue leursloix furët premie
'rement Faites l’an i413. leur Autheur eſtant né l’an 1378 . 8c ayant vécu \O6 ans. Les
loix furent telles z Q1115 nul deleur Compagnie allant parle monde ne ſeroit pro;
ſeſſion que de guerir es malades pour neant: Ve nul d'eux ne ſeroit contraint d'v.
ſer de certaine ſorte d'habillement , mais säiccommoder au pays où il ſeroit: W
chacun des Freres ſeroitoblige' de comparoiſtre tous les ans àcertain iour au lieu
du Saint Eſ rit, ou faire ſçauoir parlettres les Cauſes de ſon abſence: Q1; chacun
des Freres CïlOVſiſOlſ vn homme capable pour ſucceder en ſa place lors qu’il mour.
roit: @ele mot de R. C. ( qui ne ſignifie tant la ,Croix de Roſes , ou Roſée Croix'
que le nom myſtique de l'Autheur de_ leur Conſrerie ) lcur ſeruiroit de ſymbole, 8c'
de ſeau,ôc que cete Conſrerie deuoit demeurer inconuë parPeſpaèe de cent ànsAu
“reſte ils ſont ouuertement ennemy-s du Pape, 8C de ſon autorité.
, _ Ils blaſment d'autre part les Anabaptiſtes , 8: Enthuſiaſtes ,âcauſedes trou
bmnækc. bles qu'ils cauſent, choſe qui combatſopinion de pluſieurs " , qui les tiennent pour'
"°""“5"*
kmrJLC. Anabaptiſtes,
—
' Ilsnîont
'
aucun lieu atteſté ouîr leurdemeure, ne m—ettent oint leurs vra s ~
Y
'noms aux liures qu'ils ſont, mais en prennent â plaiſir. Ils dégui ent leur années,
diſans quelquefois qu'ils ont ſept cens ou huit cens anS,bien qu'ils ſoient de moyen
;Ÿge , pource qu'ils entendent desans Lunaires. lls ffarreſtent guere longuement
en vn lieu, 5c craignent les Catholiques. Ils ſonteneſtat
leurd'enſeigner
perfection la
les(Ëhymie , &la
façon de faire l'or , 6c d'auoir ce but de mettre Dictionairſſes
Hebreu-,Chaldaic , Syriac , Arabic, Latin , ltalien , Eſpagnol, François , Sclauon,
Alemand, Flamand, 8C autres, auec leurs Grammaircgcomme auſiï le Droit Ciuil,
_Sc Canon, celuy des Fiefs, la Medecine Methodique, Hermetique, &c; &la Phi
loſophie d'Ariſtote, de Ramus, 8c autres. .
Wma la Theologie ñ, ils ſe vantent qu'ils eſperent d'en' auoir la perfection
auecPaydede Dieu. lls promettentles richeſſes, la ſanté du corps, la ſcience ,ñ 8c
_ ~ , perfection de toutes choſes. Ils ne veulent as confeſſer la religion qu'ils tien nent,
~ 8c combien que quelques vns croyent qu'~ S ſont Lutheriens , pource que pluſieurs
communiquent auec eux ,toutefois ils ne le ſont pas , 6c aprochent plus du Calui
niſme, pource qu'ils ſe ſoucient peu des ceremonies. lls imitent les Anabaptiſtes ,
en ce quïlsvontlpar tout le rſnonde; pourattirer chacun à leur opinion , 8c meſme
_pratiquent plus ouuent les Anabaptiſtes que les autreslls ont de couſtume de s’a
peller Freres en Pologne, Morauie , 8c autres lieux, 8c de demeurer enſemble en
uelquesvillages. Ils deſaprouuent toute ſorte de religions, 6c ne ſçauent à_ vray
dire dclaq uelle ils ſont', mais croyent, qu'il s’en eſtablira vne generale auant la fin
'du monde. Auzreſteil y a beaucoup de ces Roſe-Croix en Boheme; ſur tout en
Pruſſe; majsie ſçay qu’vn homme de Straſbourpa depencé en les cherchant vne
bonne partie dc ſon bien,ſans toutefois que ſon oin luy ayt reuſſi. , ñ(
. , ., r
.ï'-.
' I
Genealogie.
Ource que IesEmperei/irs dflllemagne ſe diſent ſucceſſeurs des_ EmpereursRoñ
mains,quoy qu'ils neſoientpas maiſtres dcRome,i’ay creu qu'il eſtoit à_ propos
Alemagnc,
delcs rengerien ce lieu, puis en mettrela ſuyte depuis Charlemaqnegflcle parta e
6'51
de l'Empire eh celuy dſi’Orient, 8'( d'Occident , que de les confondre au diſcours e,
Rome , 8c -de Pſſlîſtat de l'Egliſe au ec la ſucceffion des Papes, rincipalemſient puis
. que i'ay logé les Empereurs d’Orient depuis Conſtantin s d’lrene —, ſous qul
l Empire
. vint à~ ſe diuiſer , au diſcours de PEſtat desTurcs , qui poſſedent auiour-
. '
d’huy tous leurs pays. ' _ _ _ ' '
C . Iules Ceſar, fils de C. Iules Ceſar Preteur ne' le douzieſme de Iuillet, ou le
quatrieſme des Ides (lqintiles, de l'an 654.. de la fondationde Rome-,fut le premier
fondateur
perpetuelñ. de la Monarchie
Il épouſa Romaine, *quoy
ï premierementen 'qu’ilCoſſutia
enfance fut ſeulement
'deſſracenommé Dictareur
de Cheualier,8c “WW-VW
tres riche, puis la repudiantprit Cornelia, fille de Cinna Conſul our la quatrſiieſme Rhfflïffiï
i fois, delaquelle il eutvne ſeule fille nommée lulia ,qui fut mari eà Pompeie; puis
apresledecés de Cornelie , il épouſa Pompei-E, fillede . Pompeie, 8c petite fille
de Sylla, qu’il repudia depuis, ſurle bruit qui courut que . Clodius l’au‘0it conuë
en habit de femme pendantles ſacrifices de la bonne Deeſſeqpuis Cal urnie fille de
L.Piſo qui le ſuruéquit. Il tint auſſi _Cleopatre ,de laquellei eut Ce ation, 8c Eu.
noë-Reyne_ de Mauritanie 3 mais ces deux ernieres ne ſont priſes que pour ſes rnaí- ~
ſtreſſes. Il futTribun Militaire, puis Qqeſteur, &t Gouuerneur de PEſpagne Vlte-ſi
rieure, où il ſoupira à Gadespu C oliz, voyant le pourttait d'Alexandre le Grand au»
Temple d’Hercule,-eſtant fachëñde ifauoir encor rien fait en l'âge auquel l'autre .
anoit déja conquis tout le monde; .puis Edileſſ, ſouuerain Pontife, _Preteur , Conſul,
8c G Ouuerneur de la Gaule Ciſalpinefix Tranſalpine durant neufans , pendant leſ
quels il redpaſſa
~ ce temps uiſi t en Prouince ,ſe
le Rubicon toute la Gaule,
rendit dompta
inaiſtre les Anglois
de Rome-,ſeſifit luy, puis au bout
meſme de
Conſul,
' Vainquit Alricanius, Petreiusñ, 8c Varron, Capitaines de Pompeie en Eſpagne, puis
Pompeie meſme enla-plaine de Pharſale, ſi bien qu’il le contraignit de s’enfuyr en
Egypte,_ot‘1 il fut tué par les gens de Ptolemée , à qui Ceſar fita res la guerre ;‘ uis
encor vainquit en Afrique, Scipion, 8c luba , les fils du gran Pompée enE pa#
gne; &cdeflors il commença de gouuerner tdute choſeàſa fantaſie , coîrrígea les
Faſtes, 8c
_ctareur le Calendrier,
perpetuel. reglant‘ Pannée
ll combſſatit ſelon
50 fois en le cours
bataille entierledu
rengêczôc Soleil ,de
nombre &ſe fit Di
ceux qui *d PlinJiIiË
furent tuez en ces guerres ciuiles, fut d’onze cens nonante deux millefinalement* Idf'.
il fut tue' àſROme au Sçnatleiour des Ides de Mars , c'eſt à direle r5 de Mars , l'an de ZÏËJÏU”
Rome47O9,apres auoir vecu 55 ans, huitmois, quatre iours, ®né trois ans, huit d EUËÎOPË!
mois,ôc quelques iours. a _ _ _ _ - q _ _
.Caius F Octauius Cepias, fils de C. Octauius de Velitre,8c dlAccie, fille d’Accius 159kb,_ ſ ,î
Balbus,ôc de lulíe, ſœur de lule Ceſar, nâquit le zz de Septëbre, l'an de Rome 691 , ::4335,
fut laiſſé pupil parſonpere Octauius,
_ _ . 8c ſe ren ea 'quand il_ fut vn peu grand PRS Aurclflíictdii
_ de Ceſar on grand oncle , 'qui eſtoit ſans fils, 8c epuisſon decés futTriumuir auec de CCM*
'
M. Antoineſôc Lepide l'an 717,- véquît dixansfflüggiours enſcet eſtat , commença-n[amandes 'de
egizsucocſ.
de commander entierement apres auoir Ûaincu Marc Antoine l'an 723.regna 6 ans onſigtzitor)
depuis leiour qu’il fut fait Conſul ,~ 55ans, huit mois , 8L 24 iours, de uis qu il fut
fait Triumuir, ô: toutſeul 4?, ans, ii mois, 8c 18 iours, vé 'uit 75 ans , dix moisſiſêc 26 7
iours, adjouta la Rhætie, ôt Plllyric à PEmpire, ferma le Ÿemple de Ïanus -, “comme
ayant la paix par tout le monde,receut des Ambaſſades des Indiens, Scythes,Ga,ra—
man tes, 8c Bactriens, comme eſtantaymé, 8c admiré de chacun, n'eut autre enfant:
qu’vne fille, nommée Iulie, decriée pour ſes adulteres,marîée premieremët à-Marc
Marcel, puis à Marc Agrippqôc finalementà l'Empereur yTbere; é ouſa premie—
rement Seruilie, fille dſſſauricus , qu’il repudia; puis Claudie fille de P. Clodius
’ ?œil
amerepudia encor
lulie , puis vierge,-
Liuie lulieen troiſieſme
, fille lieu Scribonie
de M. Druſus Claudia”fille,nommée
de Liboo lſſulie
, mereAuguſte
de l’in-'
ar teſtament d'Auguſte z &c finalement il mourut le dix-huitieſrrie &Antiſt l'an de
ome 767. l eſus-Chriſt naſquit la quarante-deuxiefine année de ſon lùnpirqtellea
mentClaude
qu’il deceda
Tyberequatorze
Neron ,ans
fils apres la natiuite'
de Liuie, du Sauueur
quatrieſme femme du Monde. , 8C /de ſſT -ſi
d'Auguſte
bere Neron Weſteur, ſſfutadoptc' par Auguſte; 8c nommé ſon ſucceſſeur , redui ic
la Cappadoce
tout petit en ſaen Prouince, fitpremieremëtVipſanie
morneſpouſa toujours le contraire Adegrippinefille
tout ce qu'il deMarc
ditgdeſiroit que
Agripdſſ
pe,delaqnelle il eutDruſe Iules Ceſanpuis layät repudiée prit lulie fille d'Auguſte,
qui luy? fit Tybere Ceſar , mort en enfance ‘,-. ô: finalëmentil mourut de poiſon .,
Europe. ' Hhh ii)
/v
,
u". ~ '
, 6p .- Alemagne. iſſ '
où bien d’vn oreiller qu'on luyietta ſiÎr la face pour Peſtoufer , I616 de Mars , Pan
de Rome 7'89. &de Gracez8. tellement que la mort du Sauueur du Monde auint
'la
ſoſin_i8âze,
année de ſon Empire, yôc la ſienne cinq ans apres ,le 2.3 de
_ ſon Empire ,(6e 79 de
~ 'Caius Céſar Caligula, fils de' Germanicus , adopté par Tybere par commande-.
ment d'Auguſte, comme fils de Druſus ſon cher beau fils , 6c fils de Liuie, qua
trieſme femme d'Auguſte, ſur ſucceſſeur de Tybere du conſentement d’vn cha
cun, gouuerna bien au commencement, puis deuenu vicieux ſut tue' parlaconſpi
ration de Caffius Clierea l'an de Rome 793. ô: de Grace 4.1.. ayant tenu l'Empire
trois ans, dix mois, 8c neuſiours, 6c vécu'z8 ans , quatre mois , 5C T? iours. Ses femñ'
mes furent [unie Claudille, fille de M. Silan , qui mourut en l'en ante-ment , Liuie
Oreſtille,
me Femme de C. Piſon, repudiée
de cſiMſſemmiusrepudiée, z Lollielaquelle
8c Cæſonie-,de Pauline,il eut
filleIulic
de M.Druſille
Lollíus,, 8c
quiſem_
ſu:
tuée auecdeluy.
8c abuſa ll entretint
nſſîieſme encorſœurs
de ſes autres Druſille ſa ſoeur ,, 6C
Agrippine comme
lulie. ſi 'elle eut eſté-là Femme,
Claude ſrere deGei-manicus , 8c oncle de Caligule , d_ont l'Angleterre abolit les
ſiiperſtitions des Druydes, 8c mourut empoiſonné auec des potirons ,le treizieſme
d'Octobre , l'anmois,
trcteizeans, huit de Rome 808.
8c vingt 8C 6c
iours, devécu
Grace cinquante
ſoixante cinq, deux
trois ans z apres auoir
mois , 8c regné
treize
iours. Il épouſa premiercment Æmilie Lepide, qu’il repudia, puis Liuie Medullinc
Camille, qui mourut cliezluy; Plautie Herculanille mere de DruſeſiPompeie Ce_
ſàr, R' de Claudie, qu’il repudia apres; Ælie Pætine, fille de Sextus Ælius , 5c mere
d'Antoni-…1 Auguſteffluffi repudice; Valerie Meſſaline A uguſte , fille de M. Mefläla
ſon couſin , qui luy fit Britannicus Ceſar , 8c Octauie Auguſte Femme de' Ncron, ê(
ſur , tuée
ſte ſille depar
ſonluy pour
ſrere ſes debordemens
Germanicus exceſſifs
, 8; mere z 8c finalement
de l'Empereur NeronAgrippine Augu
, par les menſiées
de laquelle il mourut , 6c de ſon temps on vit en Egypte vn Phenix , l'an de Rome
Boo.ſiLucius
6c la quatorzieſmeannée de ſon par
Domitius Neromadopté Em on
ire.beau pere Claude ſut ſon ſucceſſeur,
gouuerna des mieux au commencement , puis ſut des plus vicieux , fit mourir ſa
' mere, 8è ſon precepreur Seneque , épouſa premieremcnt Octauie fille de Claude
'Em ereur, 8c de Meſſaline, qu’il repudia , 8c fit mourir; puis Poppée Sabine , de Ia
queñeil eut vne fille nommée Auguſtmpuis la fit mourir; 8c finalement Stacilie
Meſſaline ,lfemme d'AtticuS Veſtin,& finalement ſe tua luy meſme de deſeſpoirâ
uatre mils de Rome, ſe vqyant pourſuiuy de tous coſtez le dixieſme de Iuin ,l'an
de Rome 821. ê: de Grace oixante neuf, apres auoir tenu l'Empire treize ans ſept
gnant &vingt
mois, huit
en ſa finla iours
race des, 6c vécu trente vn an , cinq mois
Ceſars. ſi , ô( vingt ſix iours, eſtei
~Ale1nagneŸ ‘ 653
Domitian ſoupçonne' d"auoir ſait empoiſonner ſon frere, cruel Empereur , épou
ſa Domitie Longinqfille de Courbulon, en eut Domitien Ceſar, 8c Flauie Domi;
tille, 8e ſit tenir auffi lieu de Femme à Iulie fille de ſon frere Tite, puis Fur tué comme
tyran le dix-huitieſmeseptemhre , l'an de Rome huit 'cens quarante neuf, &de
Grace nonante ſept, apres auoir coirſi_mande' quinze ans , &c ſix iours , &t vécu qua
l
rante 'uacre ans, dix mois,
NerciiaCocceiugdéja vieiilê(fut
vingt ix iours.
mis auſſi reſtau lieu deDmnitiä par ſes meurtriers-1
ado ta Tra~an , &le cho it our ſon ſucce leur, ra ella de PatmoSS. Iean PEñ ct
pangeläte ,jqui y auoàt cpînfiné, 6L nLourutà Regie le vingr- ſeptieſine Ianuier,
'an eê( neuſiczsurs,
mois, ome8 o. &C&vécurſoixante
e ri ~nonante uit, adixresauoir
cinq ans, ‘ ouuern
mois, &gdix iours. _vn an , q uatreï
Traian , fils &Vlpie-Traian Eſpagnol ,mais né en Vinbrie, eſta_nt adopté par
Nerue luy ſuccedal, docilnpta ladDacÈ auec gen RoydPepibr-.lp, contreignit Coſdroé
Rov les
tous despeuples
Perſes de u onner
habiytäs entre l' es o a es', l’lnde,ôc
Euſratâôc t trem pouſſa
er ous plus
es armes desbornes
auant les Romains
de'
l'Empire qu'aucun de ſes_ deuanciers , ayant ſubiugue' l'A ſl'yrie,Armenie, 8c Meſo
potamie, &vaincu les Iberiens , Sauromates , Agarens , Arabes ~, Boſphorans , 8C
Colchiens. Il adopta Adrian ſon parent, 8c le prit pour compagnon -d'Empire,
mais Trajan ſut
ôcmouruterſſi nommé Auguſte,
Glicelbnzíeſme 8c l'autre
d’Aouſt, l'anCeſar( choſehuit
de Rome qui cens
ſut depuis obſeruée)
ſeptante , 8c de
Chriſt cent dix huit ,apres auoir regné dixſineuſ ans ,ſix mois , 8c quinze iours , 8C
vécu ſoixante trois ans, trois mois 8c quatre i ours. _ ‘ f
Ælius Adrian ï ne' à läomefiç adopté pardTrpjan , ſur vn_ desplus gentils Princes à Dion Ciſſïldï
ue Romea t eu , ran voyageur, donna es oix aux Atheniens , prit Our com lus Spattian.
Ëagnon dTAhpire Ëucius Ælius, puis apres ſa mori: Antonin le Dehongaire , qu'il HadriæAuxcu
Victor,
adopta, puis mourut le dixieſme de Iuil_let, l’an de Rome octante neuf, &c de Chriſt
13%. apres auoir commaädde vipgt ans, dix mois, 8c vingt neufiours, 8c vécu ſeptanñ
te eux ans cin mois, ix- e t iours. , _ _
Tite Aurele Pÿntonin le Dehdhnaire , " adopteſpar Adrian, c' oula Annie Gale b Dien Cafli-.j
Îtie FauſtineFemme
debordée, ,mere de
de l’aiſne’e
l'EmpereurFauſtine
Marc, mariée
Aurele ;àde
Lamie Silan ,Fuluusſi,
T». Aurele eſt la ieune Fauſtine
6c deT. Au li.7.
lulLCïpitoL'
AufïLVictorI
rele Antonin ,morts auant leur pere,&deceda le ſeptieſme Mars l'an de Rome Pnuiptoflqâ
913. p( de Chriſt 162. apres auoir regné 'vingt deux ans, ſept mois, 8c vingt ſix iou rs,
8C vecu _ſeptante quatre ans , cinq mois , 8c dlY-ſept iours, ayant pris pour compa.
gnon &Empire Antonin le Philoſophe ſon gendre. _ _ _ cDionJiI-jr! ct
M. Aurele Antonin le Philoſophe , ï mary de Fauſtinela debordée, prit pour
compagnon &Empire ſoudain apres le deces de ſon beau pere ,ſon frere Lucius luLcípitoló
Intrepid
.
_Aurelius Verus, qui fit la guerre à Volageſe Roy des Parthes, dont il triompha auec Aurelz _Yjctoq
Antonimde meſme que desMarcomansMais L.Verus mourut d’apoſſhexie,l’an de
R orne 922. 8c de Grace 170. 8C M. Antonindeceda le dix ſeptieſme de Marsl’an de
Rome ozxôcde Chriſt 181. apres auoir regné dix neuf ans , onze iours , &vécu
58. ans , onze mois_ , vingt iours! ll épouſa premierement Ceionie fille de L.
Ælius Verus, qu’il repudia z puis Pinfame Annie Fauſtine , fille d’An~tonin le De—
bonnaire, d? laquelË ilEur L. VäruSÎquiſm-oufrïut en l'âge de ſept ans; M. Antonin,
mort en en arïce z .. ommo us on ucce eur ; Lucille Au uſte , Femme de'
ËEmFpereur L. YÆCYUS, tuée par Commode, Fadille AuguſteJuéeËar Caracalle , 8;":
auL.ine Auqu e.
ÆliusſiAurelius ~ ~
Commodus —
, incommodeâ tous ~ , 4 triompha des Alemans
—
d Dion lí 71']
non encor vaincus, voulut qu'on le tint pour le Dieu Hercule, ſut meſchant à l'ex H etodia. 1L3: ſi
ÆlLLarnpri_
tremii-.é, épouſa Criſpine, fille de Burrhe, puis la fit mourigôt ſut eſtranglé à Rome com,
1e trente vn Decembre,l’an de Rome neuf cens quarante cinq , 8c de Chriſt cent
nonante quatre ,apres auoir gouuerné PEmpire douze ans ,> huit mois , 6c quinze \
iours, &vécu trente vn an, &quatre mois. _ _
Ælius où Heluius Pertinax ‘ déja vieil ſut ſaitauſiitoſt Empereur par le Senat, e Dion ILÏÎI '
puis tue' dans ſon Palais à Rome le vingt-huitieſme Mars x94.. ayant regné ſeu-le.” Hctodhlictj
ment deux moigôc vingt cinq iours. ~ Oroſi. li.7.
e Didius lulien ;cauſe de la mort de Pertinax , ayant acheté l'Empire des ſoldats Aïêïi-Yffl!!!
Pretoriens ,fut deſait par Seuere pres du Pont Miluie , puis tue' dans ſon Palaisà
Rome par ſon commandement, l'an de Rome neufcens quarante ſix , 8c de Chriſt
Hhhiiij ~ —
ſ "MQ E***
ſictÎ
ſ6; 4, Alemagneſi .
(cent nonante quatre , ayant regné ſeulement ſix mois; a cinq iours , 8c veſcu ſoi
ſi ſi
. ‘ arreſterles courſes
eſtoit trop ſeuere , 8cdes Alemans
mourut , ilfutâ Mayance
le dix-huiticſmeſſ M ars, tue'
l'anpar ſes ſoldats,
de Rome 988. &cauſquelsil
de Chriſt —
_ 2.36, apres auoirregne treize ans , ſept mois , 6.'. dix-ſept iours , ô( vecu vingt-neuf
"ſi ans, trois mois, 5c ſept iours.
x
?ordr- i_Î,-;; ~ Sa mere ° Mammée ſut Ghreſticnne, 8L racha d’ouyr Origene, &t quantâ luv f il
“Ïſgffïgp laiſſa les Chreſhens en paix,,maintint les Iuifs en leurs priuileges, 8c tint en ſa Cha.
pelle partippliere les effigies de Ieſus- Chriſt , 8C d'Abraham , auſquels il rendoit
honneur. ais ce qui fait iuger qu'il n'eſtoit pas tout à fait Chreſtien , mais que ſa,
religion eſtoit fort meflée, c'eſt qu'il y tenoit auſſi ceux d’Orfée , d'Ap0ll0nius , 6c
des bons Em ereurs qu'on auoir mis au nombredes Dieux.On le blâma de ce qu'il
aymoit trop 'or, qu'ilinuentoit pluſieurs impoſitions , qu'il eſtoittropſoupçon_
neux, 8c trop rude aux ſoldats ; mais au reſte Rome n'a guere eſté ſous vn meilleur
Prince. ~'
5 lulLCapitol. _ C. Iul es Maximin S natifd'vn bourg de Thïace, fils de Micea Getle , 8c d'Ababa "
"fflfflïfflr Alaine, fut ſucceſſeur d'Alexandre apres l'avoir fait meurtrir avant eſté déja nom
Herodialiqy
Îotliandde mc, Aufguſte ſàal' les ſolldatèil fifi:la guerre
’ ’ -
aux AlepiaqStauec beaiiicoup d ,heur, per.
“ïzn-?ïïïïïî ſecuta Ort ru ement es re iens , mangea iu qu' oixante iures de chair, &c
'b' beur_ ſoiiuent vn tonneau de vin en vn iour, tiroir tout ſeul vn coche chargé , briſoiz
les pierres de teuf, fendoitles icuues arbres, 5c fit pluſieurs autres eſſays de ſa force,
mais ſut cruel au poſſible, 8c pour cete cauſe ſut hay dela pluſpart des ſoldats ; ſi
bien que ceux d'Afrique creerent_ Empereurs Gordian le Vieil , 8c le Ieune ſon fils.
Mais le dernier fut tue par (Bapelian , partiſan de Maximin en vne bataille ,ôc l'an
tre Ïétrangla ſçaîchantla mort de ſon fils , puis le Senat crea Maximus Clodius Pu..
pienus, 6C Clodius Balbin Empereurs , approuuez du peuple , &c des ſoldats ," qui
nommercnt auſſi Ceſarleieune petit fils du Vieil Gordian, ô( finalement Maximin
fut tué par ſes ſoldats pres d'Aquilc'e auec ſon fils le vingpſixieſme Iauuier ,l'an de
Rome neuf cens nonante ,ñôt de Chriſt deux cens trente huit, apres auoir regné
deuxans, 8c quelques mois, 8c vécu ſoixante cinq ans.
Alemagne. 6”
M. Clodins Pupienus , fait[par lſie Senat Empereur du viuant de Maximin , mari
cha contre luy auec vne gran e armee, puis quand \es loldacs l'eurent .tue auec ſon
fils enuoya eurs~ te es à, ome-_ , P uis Y_ vint_, 8c fut bien-coſta P res tué P_ar les ſoldats
'
auec ſon compagnon d Empire Balbin , l an de Rome 991. dede Chriſt 2.39. apres_
auoir renne enuiron
Gorodian vn an.
troiſieſme, , _ de Gordian
ï petit fils . derlâ ſœlll'
le Vieil 1 &C fils - y _ .,- …í Capkct_
de _Gÿſdÿïfl
le leunqregna tout ſeul apres le meurtre de Pupien, 8c Balbin, epouſii Furie Sabine Gouy-un_
Tranquilline, Fälî de Miſithsée, par le ſagqaduis duqſuel il ſeconltluiſit, fit ladguerre Ïgädlväiläläk-ÏJ
aux Perſes , dc' t eur Roy apor, puisa on retour ut ,tue par e comman ement Euuopuu' *ñ
de-Philippe, qu'il auoit pris ſurla fin pour com agnon d’Emp_ire,,8c mourut l'an de
Rome 9'96. 8c de Chriſt 2.45. apres auoir regne quelques ſix ans, &vefcu 29 ans , 8c
I
i
quelques mois.. . , _ . . _ _ _
Philippe natifd'Arabie* s’eſtant fait agréer au Senat api-es le treſpas de Gordian, h Him-cime!
prit pour compagäpn d'Empire ſon filâ Philippe, Furl? premier, Empereur Chr? d,
ſtien donna le pa e-temps des magni ques ieux ecu icrs aux Romains , a res a Regirseccçſ,
troiſieſme année deſon Empire, qui fut la milieſme de Rome, 8c finalement ut tué
parles ſoldats-à Verone , àlüncitation de Decius l'an de Rome iooz , ô: de_ Chriſt:
250. Son fils M. lule Philippe qu’il auoit ende Marcie Otacille Seuere, tinrauſii
'compagnie à ſon pere, de meſme en ſa mort qu'en ſon Empire ï, ô( tous deux regne-ñ
rentenſemble cinq ans,& quelques pmois. _ -_ p; F y _
Decius natifde Hongrie, prit ſon fils Etruſq jueDecius pour' compagnon , défii:
les Barbares en Macedoine, mit à mort Lucius Priſcus , ô( lulius Valens , reconu:
pour Empereur: l’vn en Macedoíne, l'autre :i Rome , perſecuta les Chreſtiens fort
rudement, puis mourut dans vn marais , comme il pourfuyuoit les barbares en.
Mocſie,
ſix mois.l'an de Rome
_ ct i004.. 5c de Chriſt
, 252.-., apres. auoir tenu l'Empire
‘ deux ans, 8c
‘C. Vibius Gallus Hoſtiliarius luy ſucceda en l'Empire auec ſon fils Voluſianz"
mais ils furent tuez tous deux par .Æmilian en vne bataille , apres auoir regne' vii
an, 8C ſix mois. _ _ _ ’ p
Æmilian natifde Mauritanie, Capitaine-de la_ limite Sarmatique, fut fait Empea'
'reur par les ſoldats du viuant de Gailuszôt l'ayant tue' tint ſeulement l'Empire trois
mois. _ r - _ _ ,, . , ' _ .
' Valerian elleu par les ſoldats en Rhætie, 8c Gallien par le Senatà Rome, tindrent
enſemble l' Empire, quelque temps, puis Valerian ayant tourmente les Chreſtiens
à l'cxtremité,fut pris _par Sapor Roy des Perſos l'an de Rome i013 .ôcde Grace IÔLÔC
*mourut caprif. , , v ‘ _ _ _ _ l
Licinius Gallien ſon fils apres la priſe de Valeriaii ſon pere laiſſa les Chreſtiens
*en paix, vit rauager aux Parthes la Syrie', 8c la Cilice' ; aux Aleniansjôc Alains la
~Gauie, 8c l' Eſpagne; aux Goths la Grece z 8c aux Sarmares les Pannonies , ſans s'en
îeſmouuoir,n'avanc ſoucy que du cabaregôcdu bordeau,d'où vint que pluſieurs s'eñ
leuerent, auecle nom d’Empeí'e~ur, 8: qu'il fut tué_ à Milan, ainſi qu'il eſtoit plongé
ë dansles delices,l’an de Rome-Loic. &de Chriſt 2.69] apres auoir gouuernc l'Em
pire i5 ans, à ſçauoir ſeptauec ſon pere,& huit apres fa captiuité, ôſſc eu de Cornelie
alonine Pipe, ou Pipare, fille du Roy des Marcomarſiis P. Licinius-Cornelius Salo
minus Valcrianus, ô: P. Licinius Cornelius Saloninus Gallienus _ c Trebèluïdſſ);
_ Les Tyrans ï qui s'eleuerent de ſon temps furent Poſthuirius, ou Poſthumius, 'en zoſſyranſin, .
Gaulqoù il rembarrales _ennemys qui l'actu uoienigôcſe maintint puiſiamment
par l'eſpace _de dix ans, puis ayant defini; LO l, l AN fut rue' par les ſoldats, dépitez
de ce qu'il leur refuſoit le pillage de Mayence , qui auoit fauoriſc' Lollian. MA
RIVS
rie Poſt remierement for(Eaux
ume, 8c fuſit tué eron,puis ſoldahqui
iours apres ſe fit nômervaillant
:VI CTORlN Empereurapres
Capitainela, mori:
mais
déborde'
temps apres -lesparles
à Cologqeſi femmes , creé TET
ſoldats. _Empereur par que
R ICVſiS, les Gaulois
Victoria, fit
puis tue' dans
receuoir peu
pour de
Em-_
pereur aux Legion: de Gaule, apres la mort de Victoriiſii ſon fils , luy donnant auſſi
ſon fils de meſme nom pour compagnon (l'Empire-fic ces deux iſiurentapres vaincus
'~ ar Aurelian, qui les mena en triomphe , puis les fauoriſii grandement. CYRI A
ÈES fut auffi reconu pour Empereur-enOrient quand Valerian alloit en Perſe,
puis fut tué par ſes propres ſoldats. INGENVVS Goüuerneur des Pannonies fut
auſſi nomme' Empereur par les Legion: de_ Moeſie ;ñ mais il fut vaincu par Galien,
puis ſe poignarda luy meſme. REG ILlAN Gouſierneur d'Illyrie'-, futfaitzſhudäiri
i l
_ S
656 AlemagneÎ
Empereur par les "ſoldats Mœſiens reſtez delà defaite Ïlngenuus , dont Gallien
auoit mal traité les pat-ens. ll combarit vaillamment contre les Sarinatesmiai S enfin
il ſut tué de crainte de Gallien. MACRIAN , 8c BALISTE , raſſemblerent les
reſtes de l'armée de Valerian , auſſi toſt apres ſa priſe , 8c Macrian fut nomme' Em
' ereur. En meſme temps VALENS : lors Proconſul d'A chaie, depuis tué par ſes
ſoldats, prit auſſi ce nom, de meſme QVÎAVREOLVS en Illyrie , qui vainquit, 8c
_ tua Macrian auec ſon fils, puis fut reconnu de toute leur armée, 8C tué en fin par
- ~ Claudius, qui fut apres Empereur.
~ Cependant ODEN ATERoy de Palmyrene en Syrieyoyantla longue captiuitc'
de Valerian en Perſe, entreprit de maintenirPEmpire Romain du coſte' d'Orient,
î-défit les Perſans , prit le threſor de Sapor , 6c ſes concubines , 8c fit retirer Sapor en
Perſe ſur la crainte qu’il eut tant de luy que de BaliſteOdenat inarchaa res contre
le fils qui reſtoit de Macrian, mais il fut tué par ſes propres ſoldats, qui ſx rendirenc
cousà Odenatsſi bien qu’il deuint preſque Empereur de tout l'Orient , tandis
, . 'qu' A ureolus tenoitPIllvrie, 8c que Galien eſtoit à Rome dans les plaiſirs, apres la.
- mort de Macrian, penſant qu’Odenat coinbatoit pourluy. Mais Odenat ayant:
'eſté pris par Gallien pour compagnon &Empire ,fut tué par les menées de ſon
Couſin Mæoniuaauec ſon fils Herade, qu’il auoit déja nomme' Empereur. Lors
ZE N OBIE ſa vefue ſe rendit maiſtreſſe de l'Empire, voyant Herennius , ôíTimo.
laus ſes fils encor trop ieunes,&c ſe porta vaillammengsc ſagement. Elle ſe maintint
_contre les efforts de Gallien , 8c pendant l'Empire de Claudius , puis fut vaincuë
auec beaucoup de peine, &c menée en triomphe par Valerian z ôcquancàſes fils'.
'Herennian-,ôèTimolae,quelques vns diſent qu'Aurelian les fitmourir, mais les
,autres tiennent qu’il les laiſſa viure, pource qu'on a veu depuis à Rome la poſterité'
de Zenobie,ayarit rang entre les nobles, 8c maintenant on voit encor-en italie la
famille des Zenobis,ou Zanobi. Au reſte elle fut tenue; pourla plus belle femme,
plus ſpirituelle, 8c plus courageuſe de tout l'Orient ,ôc tellement chaſte, qu'apres
auoir vne fois contente' ſon mary elle attendit le temps de ſes mois , pour cognoi
ſtre ſi elle
.dïauoir deseſtoit groſſczôc
enfiiſſns. ne leſtant
Elle fut menée pas
en luy permettait
triomphe encordedechaiſnes
chargée chercherle
d'or,moyen
8C de'
pierreries; puis Aurelian luy permit de viure comme' vne matrone Romaine , 8c
luv donna à Tibur , ou Tiuoli , quelques terres , qui porcerent le nom de Ze- '
nóbie. ' - '
s r-Æ MY LlAN ſe fitauſſi nommer Empereur parles troupes d’Egypte,puis faiſant;
' deſſein de marcher contre les Indiens , fut pris par Theodotus Capitaine de Gal_
lien, puis eſtranglé. PISON enuojſéſpar Macrian pour tuer Valens, le voyant ſur
-.- ſes gardes s'en alla en Theſſalie, oi‘i il e fit nommer Empereur, puis fut tué par Va..
> lens. SATVRNlN grand Capitaine, aymé de Valerian , fut fait Empereur ac
. l'armée q u’il conduiſait au temps de Gallien 5 mais ayant defait ſouuent les barga
ſes, il fut tue' par ſes ſoldats, ~:‘i cauſe de ſa trop grande ſeuerité. WIETVS fut fait
~ Empereur par les Africains, puis tuéle ſeptieline iour de ſon Empire, 8c laiſſe' en
prove aux chiens, &c TRES ELLIAN, tint auſſi ?Empire en _lſaurie,8c Cilice, puis
fut defait 8c tué par Cauſiſolée Egyptien -, Capitaine de Gallien.
3Tſebcl Pou- ' Claudius ſucceſſeur de Gallien ï* fit mourir Aureolus qui ſe nommoit Empereur,
c' 'mſi' Clé-fit les Goths qui rauageoient l’Illyrie , 6c la Macedoine depuis quinze ans ,
-l-AUHÎLVÛOÏ'.
Ozoſi i…. j &mo urut/Êi Sirmium l'an de Rome 102.2. 6c de~Chriſt 2.7i. n'ayant regné qu'vn ;m
lfflW-"Yl" **ë-èchuitmois. ~ '
$“~°“"' _ _' QlLl/ntlllus ſon frere , nommé parle Senat Auguſte ,ayant eſte' fait Em_
_ pereur-par ceux de l’armée,t~ut tué par ſes ſoldats à Aquilëele dix-huitieſine iour de.
_ _H ſon Empire. _ L - l
ï_î'ſ‘l’l‘pjſä’j“' , ,Marc Aurele Valere Aurelian ‘, natif de Sirmium en Honzrie, ôcfilscſvne
…~- …cczſſd Prétreſſe du Soleil, ſut ſucceſſeur de Claudius, 8c Wntillius. llfit auſſi toſt la
à' "I, _Vífwh guerre aux Marcomans, &il pluſieurs autres peuples ,prit Zenobie,- 6c la mena en
'°"""' tri0mphe,de meſme que Tetriciſs , qui seſtoit fait Empereur en Gaule , en ayant:
touteſoisapres fait beaucoup d’eſtat, auſſi bien que de ſon fils Tetricus, défiuôc tua
;Can nabas , R-oy des Gotlis , &L monta le iour de ſon triomphe ſurle chariot de ce
_ Roy tiré par quatre Cerſs , ou pluſtoſt Rangiers , menant captifs pluſieurs Goths ,
z Alains, Roxolans, Sarma-tes, VandalegSuaiÎbes, Palmyrenes i, &c Egyptiens rebeL
-legoutrelesi-Blemyes,Axomites, Arabesheureux, Indiens ,Bactriens, lberiens,
— Sarazins , 6c Pêxſes , qui luy portoient des preſens ;puis marchant contre les
o
Täsÿ…
..Alemagneï ſ '
657
. ſut tué P'ar Muca l' or entre Heraclée 8c B Y zance , l'an de Rome i017 , 8c de
Chriſt 2.76 , ayant regné cinq ans, &c quelques mois , &perſecuté- cruellement les
Chreſtiens. ~
Apres la mort d'Aurelian ,tandis quele Senat,8clſi'arme'e ,
cherchent ſoigneuſie
ment vn bon Prince,il y eut vn lnterregne de ſix mois entiers, 8c finalement Tacite
abſent , fut crée Empereur par le Senat, du conſentement des ſoldats, 8c du peuple.
Il employa tout l'argent qu'il auoit aſſemblé, au payement des ſoldats , fit mourir
tous les meurtriers d'Aurelian ,puis mourut âTarſe en Cilice l'an de Rome 102.8,
apres auoir rqgnéſeulement ſix mois. _
Florian on frere ſe porta_ pour Empereur, ſans l'autorité du Sena't, comme
ſi l'Empire
nande eut eſte' deuxmois,
, ou enuiron hereditaire;ſelon
_maisVopiſque,
il ne le tint
8cque octante
fut ſſtué huit iours
de meſme ſelon
que ſon lorà
frere
Tarſe. _
Probus natif de Pannonie fut ſoudain eſſeu par les ſoldats , apprenne par le
Senat, 8c deſire' du peuple. ll fut des plus vaillans de ſon temps , fut it Conſul par
Taciteyainquitles Marmarides en Afrique , 8c certain Aradion en duel, aſſujetit
à Aurelian l' Egypte , 8c la plus grande partie de l'Orient , fit mourir les meurtriers
d'Aurelian que Tacite auoit laiſſez , deſit les Alemans en Gaule , les chaſſa au
delà du Neccar , 8c de l'Elb , fonda des villes en Alemagne, ê: y logea des ſoldats ,
dompta ?Alemagne , 6c les Rois de diuerſts nations, deſifit les Saririates, dompta les
Blemyes , fit demander la aix aux Parthes, vainquit Saturnin qui ſe nommoit
Empereur en Orient , 6c roculus , 8c Bonoſus qui ÿeſtoient auſſi faits reco
*gnoiſtre pour tels en Gaule -, uis faiſant trauailler ſes ſoldats pres de Sirmium pour
mettre à ſec quelques marecages ,fut tue' par eux l'an de Rome i034. , 8c de
Chriſt 282. . >
ct 8c Illyriens, ſelon Vopiſquſſeſiut efleu ar les ſoldats apres leIornande,
Carus ne' à Rome, mais vſſu de parens Narbon~ois,ſelon ou Probus.
meurtre de DalmaresIl
prit beaucoup de villes de Perſe , déſir es Sarmates , nomma Ceſars Carin , 8c Nu-'
merian
gre, presſesdefils, puis mourut
Cteſifſion, Pan ded’vn
Romecoup
i035de, &c
Foudre ainſi 2.84.
de_ Chriſt qu'ils puis
eſtoitNumerian
_campe ſurfut
le Tí
tué
dans ſa litiere par Aperſon beau pere , 8c Carin le plus mechant , 8c debordé de
tous les hommes de ſon temps, ayant combatu pluſieurs fois contre Diocletian ,
fut enfin défait, 6c tue' parluy l'an de Rome mil trente ſept , 8c de Chriſt deux cens
octante cinq. . _ _
_ Diocletian, natif'de Dalmace, fut nomme' par les ſoldats Auguſte , 'apres la mort
de Nnmerian, 6c tua ſon meurtrier Aper , ainſi qu'vne Druyde Gauloiſe luy auoit:
predít à Tongres en Gaulqdan; vne tauerne,luy diſant qu'il ſeroit Em ereunquäd
il auroit tue' Aper , c’eſtâ direle Sanglier , ſi bien que dc'slo'rS il alloit Ouuent cher;
cher des ſangliers pourles tuer, 8: finalement il fit mourir celuy qu'il falloir. ll prit:
auſſi-coſt pour compagnô d’Empire Maximian ſon intime amy,q ui fut apres nom
mé Herculius,
temps quiprit
Carauſius diſſipa la d’
le titre faction des Bagaudes
Empereur ruſti ues en Fran ce. En meſme
en AngleterreîlN k
arſes Roy de Perſe épou- -
uentoit l'Orient auec ſes armes, &c Achilleus taſchoît de ſe rendre maiſtre de l'Egy
pte; ſi bien qpae Diocletian, Bt Maximian , prirent pourles aſſiſter , 8c nommerent
Ceſarsfîon, ntius, &t Galerius Maximian , dont le premier eſtoit fils de la fille de
PEmpereUrClaUde; puisafin de les mieux vnir, Diocletian voulut que Conſtantius
prit Theodore fille de la femme de Maximian Herculius; 8c Galerius Valerie fille
de Diocletian, en laiſſant tous deux leurs remieres femmesi A res cela Diocle
tian voulut eſtre addré comme Dieu mit es pierreries ſur ſes ha its, 8c ſouliers, 6c
porta le diademe , ou bandeau Ro al , au lieu que les autres Empereur-s prenaient
eulement la cotte de ourpre; per ecuta fort longuement les Chreſtiens-,puis ſe dó
mit volontairement e l'Empire, apres auoir commandé zo ans, contraignant Ma
ximian à faire de meſme, l'an de Rome i056, 5C de Chriſt 304., ſi bien qu'en vn meſs ~
me iour Diocletian quitala- pourpreà Nicomedie , at Maximian à Milan -, puis le
premier ſe retira à Salone en Dalmacè , où il paſſale reſte de ſesiours en repos , 8C
autre au pays des Lucains au Royaume de Na les z puis ce dernier voulant encor
remuer fut etranglé àMarſeille par comman ement de Conſtantin ſon gendre
l'an de Chriſt 309.
Conſtantius Chlorus, 8c Galerius ï eſtans tous ſeuls Èmpereurs , par la demiſſion . 0,95_ zz,,
de ces deux partagerent l'Empire entreux, en telle ſorte que Galerius eut pour ſon M** l- .VW ° Il'
/
O
658 Alemagne. _
Paz-cage Plllyrie, l'Aſie, 8c l'Orient, &c Conſtan tius l'italie, l'Afrique. 8L les Gaules,
puis Conſtance ſe contentant des Gaulesæc de l' Eſpagne, quita le reſte à Galerius,
qui ſit auſſi toſt deux Ceſars, dontil eſtablit l’vn nommé Maximus ou Maximin en
Orient, Pautreappelle' Seuere en Italie, reſeruant pour ſa demeure l'lllyrie. Mais
Conſtantius ſe retirant en Angleterre pour viure tranquillement, y mourut l'an) de
Romerogsfic de Chriſt zO6,ayant laiſſé Conſtantin ſon ſils,E1npereur des Gaules.
Il eutdeux ſemmes,_dont la premiere ſut Flauie Helene, mere de Conſtantin, qu'il -
repudia par ſorce,puis Theodore belle fille de Maximian de laquelle il eut Flauius
Dalmatius Anniballian, Conſtantin, Conſtantius , Conſtance femme de l'Empe
\eur Licinius, Eutropie, femme de Nepotian , 8c Anaſtaſie.
Wine à Galerius , apres que Seuere eut eſté tue' il prit pour compagnon
(l'Empire Licinius, puis mourut en Illyrie l'an de Rome mil ſoixante trois, ôLde
Chriſt trois cens onze , apres auoir tenu l'Empire ſept ans , 8c quelques cinq
mois.
Fl. Conſtantin eſtant Empereur en Gaule, les ſoldats Pretoricns eſleurêt à Rome,
Maxentius, fils de Maximian Herculius, auparauît Empereur, &c Galerius enuoya.
contre luy Seuere Ceſar, qui ſut abandonné par ſes ſoldats, 8L tue' â Rauenne , puis
Maximian ayant quite' le ſejour du pays des Lucains,pour pri uer ſon fils Maxëce de
l'Empire, ſut contraint de s'enſuyr, puis eſtant alle' trouuer Conſtantin en Gaule,
dreſſa des menées pour le ſaire mourir, mais eſtanr découuert parſa propre fille
fëme de Conſtärin, ſut pourſuiuy iuſq n'a Marſeille, où lon Péträgla l'an de Rome
106i, &de Chriſt 309. Maxence ſutdéſait, 8c tué par Conſtantin prés du pont Mil
uie, 8L ietté däs le Tibreläin de Rome 1064., 8L de Chriſtz”, apres auoir tenu l'Etu
pire ſix ans; Maximin Ceſar ſut défait par Licinius , &mourut à Tarſe; 8L Licinius
perſecutant cruellement les Chreſtiens ſut pourſuiuy par Conſtantin ſon beau fre
re,quile contraignit apres quelques combats de ſe demettre de l’Empire,l'an de
Rome 1076, 8L de Chriſt 32.4., puis le fit tuer àTheſſalonique vne année, apresAinſï
a Conſtantin fut ſeul Empereur, &L Chreſtÿen, de ſorte que l'Egliſe deuint floriſſant:
de ſon temps, 8L l’eut eſte' dauanrage ſans l'erreur d'Arrius. Il eut de Mineruine ſa.
I Said”. C oncuhine vn fils nomme' Criſpus , qu'il tua , pource qu'il eut quelque ſoupçon
" bliutclvctor. qu'il abuſiît de ſa Femme Fauſteplaquelle il fit mourir en vne étuue trop chaudeſill *i
OEoſLli 7.
lſíxlſiTripart. 'eut de ſa ſemme Flauie Maxime Fauſte Auguſte, fille de Maximian , Flauius Con
11.144 8L f. ſtantin, Conſtantius, 8L Conſtans Ceſars, Flauie Conſtantine, premierement ſem
me de Delmatius, puis de Gallus, 8L Flauie lulie Helene , femme de Iulien. il com
manda qu'on ſcrmât les Temples des idoles, 6L que tous ſe ſiſſent Chreſtiens, vain
quit les Sarinates, 8L les Goths, augmenta Byzance , la nomma Conſtantinople , &L
.voulut qu'on ſappellât Nouuelle Rome. ll nomma ſes _trois fils Ceſars, puis eſtant
âgé de 65 ans, ſe voyant malade ſortit de Conſtantinople ,puis eſtantà Nicomedie
s'y ſit ba tizenayant differc' iuſq ue la dele ſaire , 8L mourut l'an de R orne I089 ,GC
de Chri Ceſar,ayant
ct -nibalian, 337, laiſſant ſes
dejatrois
ſait filsſes
mourirſucceſſeurs 8L Delmatius
le ieune Licinius fils de
fils du vieil ſon frerede
Liciniusfic Anſt
gnct France,*s'y
Europe.acbemina ,dcfut tué prés deL-yon par AndragathiusCapitaine
Iii de -4 " ~ ~
I I.
:mundo-J-
660 Alemagne.
Maximus ,l'an de grace trois, cens oflante-trois apres auoir tenu l'Empire huict
ans, deux mois 8c viugt-huict iours auec ſon pere-,ôc ſon oncle Valens; (ix iours auec
Valengdeux ans', huict mois 6c dix neuf iours auec ſon oncle , &c ſon frere Valenti
nian le ieunequatrearrs auec ſon frere# Theodoſe; Gt ſept mois 6c dix iours auec
_
ſon ſrereſſheodoſe 6c Arcadius. œ en tout ſeize ans &dix iours. -
- Va- entinian leieuneſirere de Gratian ,eſtant maiſtre de l'Italie en ſur chaſſé par
le Tyran Maximus” fut reſtably par TheodoſeJors qu'il défi: 6c mitâ mort ceTy—
ran ,auec ſon fils Victpr; puis fut eſtrangle à Vienne en France par ſes Eunuques qui
Peſiranglerent en dormant parles menées dukrbogaſlel au de grace 3 9 @apres auoir
tenu l' Empire auec Valens 6L Gratian deux ans ,cinq mois de vingbquatîeiours;
äuec Gratianſeul , cinq mois &t huict iours z auec Gratian 5l Theodoſe , quatre ans,
auec Gratian, Theodoſe 8c Arcadius , ſept mois 6c dix iours; Gt auec Theodoſe 8c
Arcadius,8 ans.a8 mois 6e zz iours# en tout i 6 aug; mois 6c 2.4. iours.
Theodoſe Eſpagnol de nation ,fils duComreTlÎeodoſqayant eſté fait Empereur
par Gratianmainquitfort ſouuent les A lains,les H~uns &t les Gotbs, Gt alliance auec
Athanaric Roy des Gotbs , recent les Ambaſſadeurs des Per-ſes. qui ſe mocquoient
auparauant des Romainacôme les ayans vaincus; éleut ſon fils Arcadius pourcoœ.
pagnon d' Empiregeſtablitvalentinian le ieune enltalie,d*ot‘i il auoit eſté chaſſe pa;
Maximundéfir auec ArbogaſteJeTyran Eugene,qu'il auoit ſait nômer Empereur,
fit mourir Eugene# contraignit Arbogaſte de ſe tuer apres ſa défaitqſe fit baptiſer
eſiant deia vieil. ſe voyant malade en Theffaloníque. combien qu’il èuſt eſte' Chre..
ſtien des ſon enſancqchaſſa les Arriens deConſtantinoplqpuis mourut à Milan l'an
de grace 1.95 ,apres auoir regné quatre ans auec Gratian ê( Valentiniamſept mois 6c
dix iours auec les mcſimegôc ſon filsArcadius huictpngbuictmois et vingt iours,auec
Valentinian ze Arcadius, ſept mois 6L vin gr- ſept iours, auec Arcadius ſeul : 6c deux
ans 8c buict iours auec Arcadius 5c Honorius ſes fils. ll eut de ſa ſemmeÆlie Placil
te Arçadius …Y Honorius Empereurs: 6c de Galla fille du vieil Valentinian , Galle
Placidie ,femme deÇonſtantius Ceſalgôt mere de Placidius Valentinian troiſième.
Arcadius 8L Honorine fils de Theodoſe. luy ſuccederent le premier en Orient,
l'autre en Occident Mais Arcadius ayant eu de ſa tem me Eudoxie, Theodoſe le
jeune. Placille &c Pulcherie, femme de l' Empereur Martien , mourut l'an de~gfaſc î
ſi 4'08. en l'âge de zi an, ayant regné auec Gratianslvalentinian le ieune, é: ſon pere,
ſept mois 6c dix iourszauec Valentinian 8c ſon perejiuictanr-,huict mois de z.] iours;
auec ſon pere ſeul ,7 mois 6c 2,7 iours: auec ſon pere Ôc ſon frere Honorius, deux ans
6: huict iourszauec Honorius ſeul,7 anxzauec ſon frere 6.: ſon filsTheodoſeleieune,
ſix aimer-ois mois 6c ſeize iours,& en tout vingt-cinq ans,trois mois 6c ſeizeiours en
Orient. Ruffin ï qui gouuernoit toute choſeauec Arcade en Orient, taſchant de ſe
l Nmpbm_ faire Empereur, fut misà mort; 8c Stilicon beau- pene d’Hon0rius, qui cherchoit de
hiſhBccLl zz. reſtablir en Occident fut traité de meſmeauec ſon fils Euchernus.
'aug u 7_ 'p Honorius eſtant Empereur d'Occident” d de ſon'temps Alaric qui contraignit
' _ les Romains de creer Empereur Atale, lors Gouuerneur de la ville ( qui ſe rendit
apres à Honoriud) ſe fit maiſtre de Rome,& la pil la, puis mourut de maladie: &z lors -
Honorius ayant fait la paix auec les Goths qui ſuiuoient A laric, leur permit d’habi—_
ter ‘a Rorne,puis mourut à Rome d'hydropiſie,l'an de grace quatre cens vingt- trois,
ayant pris pour compagnon d’Empire Conſtantin: grand Capitaine ,auquel il don
na pour femme ſa ſœur Placidie.
Theodoſe le ieune gouuerna l'Empire d'Orient , ayant pour Curateur teſtamen.
taire lezdagii-g ou lſdigerte Roy de Perſe,qui fit tel eſtat de cette nomination,qu'il
fit auffitoſt vne paix decent ans anecles Romains. . -
Il épouſa .parla perſuaſion de ſa ſœur Pulcherie, Athenais fille du Philoſophe
Leonce Arhenien, fort ſçauante Gt ſpirituelle, 8c changea ſon nomen celuy JE…
doxiepuis il en eut F u-loxie femme de-Valentinian fils de Placidie, ócmerede Pla
cidie &c d'Eudoxie,& finalement il mourut ayant declare à ſa ſoeur Pulcherie, qu'il
falloir que Martian fuſl F.tnpereur.l’an de grace quatre cens cinquante, ayant en
tout regne quarante huictans, ſix mois 6c treizeiours,
Fl. Conſiantius pris pour compagnon d'Em pire en Occident , par Honorius qui
luv donna ſa ſœur Pla-:zidiade laquelle il eut Valentinian troiſième, mourut l'an de
INlcïphJJſ. ,
name. grace 4locflyaflſ gOUBCſUC CÛUIÎOU qœſſï 3H3
’ ZÛÎ,““‘P““"
onnp-PW-u. par
. Valentinian
l'Empereur ;,ou Placidius
v'.l~heoëloſe, puisValentinianbfils deConllantius,
par l'armée d'Occident Auzuſigâtſurſur
nommé Ceſar
tué à Rome
Alemagne; .6 61
par les menées de Maximus l'an de grace quatre cens cinquante cinq, apresauoirte*
nu l'Empire d'Occident vingt-neuſans cinq mois 6c trois iours. ll fut curieux Magij
cien, &z tenu pour grand adultere. _ .
Anicius Maximus natiſde Rqme , commença d'y regnerdésfle iour du decez de_
Valenrinian troiſiémefflz n'ayant tenu l'Empire que deux mois 8c vingt ñſept iours,
fui tué par Geníileric R oy
vndes Vandales , vingt.
l'on .dehuict
gracequatre
iours. cens cinquanteñ cinq,,
œ apres ſa mort y eut interregnede ſ
Fiauius Auitus Senateur de Rome, ſutapres nommé Empereur en Gaule , gou
uernal Occident dix mois 6c huict iourszpuistht prisà Plaiſance par Ricimer Goth j
Capitaine de la Gendarmerie Romaine; ZS: ſe démit par contrainte l’an mil quatre
cens cinquante-inné? futapres fait EueſquedePlaiſanceu
Maiorian ſut apres ſait Empereur d'Occident par Pauthorité de Ricimerlhn qua
tre cens cinquante-ſept, apres vn interregnepde dix mois 6c quinze iours, tint l'Erm
pire d'Occident' quatre ans,quatre mois 6c deux iours , puis ſut contraint par Rici
mer de s'en démettrqôc tué l'an de grace quatre cens ſoixante-vn.
Seuere
i avant eſtéſur ſucceſſeur
nommé de Maioriamapres
Empereurà vn interregne
Rauenne, commanda deans,
trois troishuict
moismois
8c ſeize iours,
5c vingt
treſcèhs ſeptante-quatre, avant nommé de ſon viuant Léonie ieune ſon petit fils, &E
ſecond fils_ de Zenon,& de ſa fille Ariadneçkimpereur:
Leon le ieune ayant eſté nommé Auguſte par Leon le Grandkan 473mm l’Em—'
pire enuiron vn angæïñÏourutliCbnſtantinopië12111174.- U: î' —T --r z
Zenon ſon pere , nommé premierement Ariëcmeſeſnatif dffiäæflieggêpoufirffilriadnç
.fille de l'Empereur' Leô ptcmienât nidurîir Ardaburiuîgauec- (entiere Aſparzpoutce
ſ Europe. I_ii ij
-O__d-d
662 , Alemagne; ſ ',
qu'ils auoient incité Baſiliſque , frere de Plmperatríce Verine au temps de Leon,
à liurer
ſiPEm pireſon armée
auec Leondeſonmetaux Vandales
fils encor ieune ,, puis
qui bruſlerent
encor aprestous
ſonles vaiſſeaux
decez; 5 tint
gouuerna
l'eſpace de dix- ſept ans deux mois ô( ſept iours,fut des plus déborde: apres les fem
mes, 3c mourut ~a Conſtantinople l'an de grace quatre cens nonante , ayant-vain
cu Baſiiiſquqqui l’auoit contraint de ſe retirer en lſaurie, e: ne l'ayant laiſſé regner
que 2.0 mois auec ſon fils Marc 5 puis les ayant laiſſé mourir de faim en exil en Cap
padoce ; 6c seſtant auffi défait de Martien fils d~Anthemius , qui luy _quereloit
l-Empireſhc luy donna bataille prés du Palais Imperial à Conſtantinople,- où ilem
porta la victoire, mais n’en ſceut vſer; tellement que les ſiens Pabandotſnerent le
lendemaimœfurent cauſe qu'il ſe ſauua tout ſeul en l'Egliſe des A poſtresgdbû il fut
retiré par force,puiS enuoye en Capadoce,& de là faitPreſtre ä Tarſe en Cilice; puis
ayant de meſme fait mourir Leontius,qui s'eſtoit nômé Empereur à Tai-ſe en Cilice.
Anaſtaſe Dicore,natifde Durasfut fait Empereur par Ariadneyefue de Zenon,
du conſentement du Senat. De ſo” temps, les Arabes Scenites firent des courſes en
Meſopotamie , 6c deſolerent l'Armenie &cles deufPhenices , ik Zaretbas Duc des
Perſesxauagea la Paleſtine auecAlamund ure C hefdes Sarrazinmll ſe défit de Lotr
gin &deTheodoſe ouAthenodore lſauriens,qui ſe diſaient Empereursspuis de Vi
talien aſſiſté des Huns, qui vint meſmeiuques prés de Conſtantinople; ſit dreller la
longue muraille de deux cens octante ſtades d’vne mer à l'autre, pour laſſeurance
de la Thrace , oſta le tribut nommé Chryſargire , qui s'impoſait _de tout temps ſur
les fem mes de courtoiſie , gouuerna l'Empire d'Orient vingt-ſept ans, trois mois 6c
trois iours,& mourut à Conſtantinople l'an de grace cinq cens dix- huict. _
Iuſtin Thracien , yſſu de bas lieu , mais deuenu Senateur &c Chef des Eſtats de la
Counfut fait Empereur ſoudain apres le dccez d' Anaſtaſe, par les Archers des gar
des du corps.dont il auoit eſté Capitaine; ſit mourirA mance GL Theocrite, qui bri
guoient l’Empire,rappella
gnitez qu'il Vitalien
luy donnaJe tiſint qu’il craignoit,
en ſa Cour,où &c par lepuis
il le fit mourir,- moven des grandes
ſe voyant di
déja vieil,
malñſain Gt mal- propre au maniement des affaires, prit pour compagnon d’Empireñ'
Iuſtinian fils de ſa ſœur , qui commandaauec luy depuis le premier d'Auril iuſques
au premier d’Aou ſt, auquel Iuſti n deceda l'an de grace cinq cen; vingt-ſept , apres
auoirtenu l'Empire neuf ans' Gt vingt-quatre iours.
Iuſtinian ayant obtenu l'Empire tout ſeul, vainquit Cabades Roy de Perſe par'
ſon Lieutenant Belliſſaire, ſit mourir parle moyen du meſme Belliſſaire 6c de Nara
ſeal-Iv parie 6c Pompée,proches parens d'A naſtaſe,qui vouloient vſurperFE m-pire,
vid triôpher de Vitiges Roy des Goths, Belliſſaire, qui recouura Rome encorapres,,
lors que Totilas lſeut vſurpée , fut auare à toute reſte , &c mourut à Conſtantinople
l'an de grace cinq cens ſoixante- cinq , ayant regné auec Iuſtin , ou tout ſeul trente
huict ans, ſept mois az treize iours; eut de ſa femme Theodore la mere-de _Iuſtin le
ieune ſon ſucceſſeur; a veu perir Iulian qui s'eſtoit éleue' en Paleſtine ,les parens de
l'E mpereur Anaſtaſe , qui Pattaquoient apres auoir eſté nommez Empereursen vne
ſeditiô
IuſtinpopulaireJes
petit fils dedeux Strozasſſsc
lſiuſtinian Gunthaire
, fut ſon en A8cfriquqôc
ſucceſſeur, leiScotiſtis
ſi auare qu'il enOriEt;
mit en vente les
charges ciui-les 5c Eccleſiaſtiques , auec les beneficcs 5 fit meurtrirſon couſin Iuſtin,
*waillant hommeà cauſe de ſa reputatiomcréaTy berelîmpereutyqui gouuerna trois
ans auec luy,8c mourut à Con ſtantinople l'an 576. _ î ;_
'ſybere ſon ſucceſſeundffrn eſprit-paiſible 8L fort liberahquitta les taillesnrdinai- ~
;es-à courſes ſubjetsmainquit ÇhoſroesRoy de Perſe par ſon Lieutenant, luſtinien',
frere de luſtinztue par l'Empereur Iuſtin, puis fit Maurice, qui luy ſucceda, General
dexſo nïari-néepíèant cetechargeà- luſtinienſht meſme prés de ſon dece-z illefiſEm
pereurenpreſence de tout le peuple…,& luy bailla ſa fille Auguſte, qu'il ſiçfflfflnmcfi
Gonſtnntineyoulant auffi que Mauricesîæippellaſt Ty bere-,fut-grand aumoſnienſe..
a GlîIgäu-ſſ looGi-cgoire de ToursH-&r trouua däs ſon Palais vn treſor de plus de centmilleliures
\Oll- l 1.5.
CJ,
d'or,d ont il fit dcgran-des aumoſnes , puis en eut vne autre ineſtimable aſſemblé par
Narſesten Italie,qui luy fut enſeigné par vn vieillard à Côſtantinople# mourut l'ait
cinq cens octante-trois , ayanten tout regné ſix ans dix mois a.; huict iours , &z laiſſé_
de ſa femme Anaſtaſie deux fillegd-'ont Paiſnée Conſtantine épouſa Mauriqcdïtutre
i Un quelque
nommé-e temps heu-ant
Charit0n,fut le decez
femme deT-ybere.- , fut faitCeſarauec Maurice# mou-z
defletmaimqui
Maurice ne' à-Rome. mais yſſu de Cappadoeenainquitdu viuant ſſdcſlîyÿïlflſi
r
A
I
ñf__~'_—fwffi—ſſſſ ſſſſ ſ «
i ~ ç i Alemagneſi- — 66';
Tamiſchoroe , 8e A daarmane , Capitaines Perſans fort vai llans , les vainquit, &ſi en
t‘riompha,fut prudepgſubtil ,grand entrepreneunót ſobreſhc preſtaloreill e aux re
queſtes d’vn chacun. ll crea Phnlippique, mary de Goride l'vne deſes ſoeurs , Gou
uerneur d'Orient; maria ſon fils Thcodoſe auec la fille de Germain Senateur, ſon
frere Pierre Gouuerneur d'Europe, fut attaque' _par Chagan Roy des Auares , qui
délit 8c prit pluſieurs des ſiens,puls les fit mourir par dépit, de ce que Maurice auoit_
refuſé delay donner deux ecus d'or de rançon pourteſtezeut de ſa femme Conſtan
tine, fille de l'E nipereurTibere, Thcodoſe Auguſteſibere, Conſtantimluſtinian,
Iuſtin, Maurice, Ga-uride ou Gordie, femme de Philippique, az la femme de Theo- _
' doſeçfils du Patrice Germain: puis Phocaséleu par l'armée de Mvſie, entra dan: - '
Conſtantinople, &t fit mourir Maurice auec ſon frere Pierre, ſa femme 6c ſes enfans,
l'an de grace' (ix cens deux , apres qu ll eutlregné dix-neuf ans, trois mois, \une
iours. .' ~
Phocas avant fait tous ces meurtre ' auſa que C hoſroe rompit les conditions de
paix auec les Romains, Gt ſit des cour \ſqwà C balcedóine , 6c d'autre coſté les
Auares ſaccagerent la Thrace, 6c déſirent leslegions Romainesz puis lepeu ple hayſ
ſant Phocas, à cauſe de ſon \ urongnerie &c de ſa cruauté , fut cauſe qu'on fic venir
Heraclius de Lybie, où il eſtoit auec ſonpere qui commandoit à l'armée. llsvien- ' u~
nent par mer 8c par terre; , combattent Phocas a le -vainquent : puis Photi- ñ
nus l’vn des principaux de Conſtantinople'. irrité contre Phocas de ce qu’il auoit 3
ioiiv de ſa femme YſC ſaiſit du Palais auecforceſoldats, &c le mit entre les mains'
dT-Ïeraclius , qui le' fit mourirauec ſes freres &c-ſesamis , pnisïbruſler ſon corps, l'an
cle-grace ſix cens' vnze , apres qu’il eut tenu Hïzirpire huictansgquatre mqigôſſc n ſieuf
iours. 4'? ' ~ ſſ ~' 'î _
…ïL-H'
. _.
Heraclius 4 fit auffi-toſt couronner ſa femmeEudox-ieyde laquelſſleil !eut le ieunè ËEÃJÏQÎÏËÃ
HCTRClÎUF-,nommè autrement Conſtantinſisz vne fille nommée Epiphanie*: Il épou- »R0 Pra-Ju. ~
ſa apres Martine fiile de ſon frere , qui luy ſifit Herîaclennas , Conſtantin*&"Dauidg3î3‘5“ï:ShïÎË
déſir 'Sarbare Satrape/de Choſrbes, par deu-ic: Foisxuina l'es villes de-Perſdzlfíèt-äíprès laſſ
paix auec Siroe qui Juv rendit la ſaincte Croix ?embraſſa l'erreur des-Mvnotheliœgï
qui ne mettaient qu'vne nature, n'on plus qu'vne volontégeínïleſuä; Chriſt é: moua" . '
rut finalement hydropique Jan ſix cens qüurante- vn zîäpiîësîaüoirte”. 'Empire - ~
trenteans ê: deux mois.Ce fut de ſon temps que Mahomet “vintau mande.. - 'ï
Heraclius Conſtantin ſon filgayantregne vingt- huict ans 8c deux mois 'auec ſot?
pere, puis tout ſeul quatre moisÿôz quelquèsiours, fut- empoiſonné parMtïtiïjez ſa
maraſtre, ayant 'eu de Gregoire AUguÛcÆlle de Nice-tas PatrieeF-lnHc-.räcfiuscnn-S_ 1, v
ſtantſnfimpereunôù Heraclius Thcodoſe. _ ~ï'_' LY" W m' U_ . :"1
Flauius Herätcleonas, autre' fils d'Heraclius &c de Martine, commença” règne?
_ auec ſa mereſioudain apres le decez de Conſtantin, 6c ſur cotttbnñé- "par ie Patriarù
che, ôc-navant tenu l'Empire que deux mois , futcontraint de le quittetyîeſtant end
uoyé en exil auec ſa mere parle5enat , qui luy fitcoupetlehez au moiIfl'O&obre_’
jïx cens quarante-vn. ._ 4 ' ' 'T1, 3 _
Heraclie Con ſtans fut fait auffi toſt Empereur parle Senat, 8L ſuiuit la ſecte de! ~ ’
Monochclites. De ſon temps , lesSarrazins cdnqueſterent pluſieurs 'Iſles â: pays
ſous leur Capitaine Muhauie. . _ _ *f* - -
Il eut de ſa femme Conſtantin, Heraclius 8c' Tibet-e, ſeretira en Sicile. ſe vàyant
hay de ceux de Conſtantinople . &t y fut tué' 'dans le bain par les menées de Mizice,
l'an fix cens ſoixante-neuf, apres auoir regné vingt- ſix ans, huict mois az quelques
tours.
ſſ Soudainapres la mort- de Con
‘ ſtans
. , les Legions qu'il auoit prés de luy éleurent … ‘
EmpereurMizice Armeniemqui lilrpaſſoit en beauté les plus belles peintures GL ſta-f - ſ
tuës. Mais Conſtantin 'Pogonatgàu Barbuflls aiſne de C ôſtans,qui auoit déja receu
de ſon pere les marques de l'E mpire, ſe rendit en Sicile auec vne grädearmée, defi:
Mizice , Gt le fit mourir. Il 'fic auſſi couperle nez ‘a deux de ſes freres , que les princi- .
. - paux d'Orient vouloient faire couronnerauec luy~,au tempsduquel lesSarrazins tra-i r ‘
;ñ._——.——-Η -—ñ
uaillerent fort les enuirons de Conſtantinople , &c certain Callimachus de Surie t*
- venant à Conſtantinople, monſtraïinuention- du feu Gregeois. ll fut Catholique, '~
8c non pas Monochelitefe vid contraint de promettre tribut aux Bulgares,eut deſa
femme Anaſtaſie Tibere Ceſar , qui mourut auant luy , 6c [Empereur-Iuſtinian le [
ieune, puis mourut 'à Conſtantfnople l'an de grace ſix cens octante-ſix ,apres auoig ,
regné ſeize ans,ſept' mais#
Europe, - quelquesl iours. — . _ .
'ï [iii A
d' /
f.
664. Alemagne.
Iuſtinian ſon fils at ſon ſucceſſeur , continuai ?Arabe Abimelee la promeſſe du
tribut faite à M uhauie, dom pta Plberie, PAlbanie &quelques autres pays , par ſon
Capitaine Leonce , 8c ne voulut pas payer tribut aux' Bulgares z puis les Sarrazins,
auec leſquels il rompit la paix, coururent par toutes les Prouinccs Romaine: , &t fi
I.
nalement Leonce ſçachant qu'il le vouloir faire~mourir, entra dans Conſtantino
pleJuy coupa le nez, 6c le confina l'an ſix cens nonante- ſix. à Cherſone au Pont , où
il demeura dix ans.
_ Leonce fut nommé ſoudain Auguſte; mais ayant tenu l'Empire .trois ans,il en fut
dépoſſede' l'an ſix cens nonantemeuf, parTybere Affimarefiquile mit en priſon au
Monaſtere de Dalmatius, apres luy auoir fait couper le nez. ,
,4 Tibere Abſimareſayant eſté nommé Empereur à Carthage en Afrique, par l'ar
méeià laquelle il com mandoit, puis ayant démis Leonce , ſut couronné par le Pa.
triarchezôc gouuerna l'Empire ſept ans,au bout deſquels Iuſtinian qu'on auoit con
' “fine au Pont auec ſon nez coupé , aſſiſté du Prince des Bul gares, entra de nuict dans
Conſtanſtinople par le moyen d’vn Aqueduct, 6L s'en rendit maiſtre, ſit trencher la
. teſte à Abſimare 6c Leonce,ôt pendre Heraclius ſon frerqauec pluſieurs autres,l’an —
de grace ſept cens ſix. -* '
luſtiniaii,au nez cou pptſieſiant reſtably-,rappella deGazaèie ſa femme Theodore;
auec ſon fils Ty here, 6c les fit couronner tous deux z puis mtnpit l'alliance faite auec
les Bu] gares ſes bien-falctîeurxqui le défirennat voulant examinerles Cherſonites,
au pays deſquels il auoiteſté confiné. ils nommerent l'Empereur Philippique Bar-i
danes, confiné iadis en Ccphalonie, 6c lors rappellé , qui fut meſme recogneu pour
Empereur-par.Farmeeqneluſtinian .avoit enuoyèe pour aſiie er C herſone : ſi bien "
que Philipique s'alla rendre maiſtre de Conſtantinople: puis es ſoldats meſmes de
-~ _ ' ~ Ïiluitinian le iinrerentaPhilippique, quiluy coupalateſteIuy-meſmela ſixiémean
~ ~' ., --ſi à'. ,inde de ſon reſt-abliffement, l'an de grace ſept censp_douze, 6c d'autres Couperent la
?gorge à ſonfiliïibere, encore fort ieune.
, Philipfflgíxc Bardanes ,ayant trouué dans le Palais vn incroyable threſor aſſem.
baie par dpaanciçgg Einpiereurs , en conſt-mia la,pl.us grande partie en bien. peu de'
temps- en çhoſesiníttilepzmais ayant regné ſeulement deux ans neufmoisœ ſept
igurgqgelqneszsenageurs qu'il auoit conniezJuy creuerent les yeux, puis on le mit'
en priſon z &ie-Senat reſſemblant , dc meſme que le peuple ,créa Empereur Arte
mpgsz-Pan de grace ſept cens quinze.
- Argentin., à qui l'on-donna le nom d'A naſtaſeÎ en le faiſant Empereur , fut du
tqutſçæmtz-,æcdesplusaccorts au_ maniement des affaires :mais ayant gouuerné
l'Empire vn an 8c trois mois ,il fut démis par TheodoſedA-:lramyte, Gt confiné â
Theſſalgdique. ayant pris-lfhabitde Moine à Nice'e, l'an de grace ſept cens ſeize.
. Theodoſc dſAdramytehôme de bien, mais peu propre à gouuernerſEmpire, fut
auſſi-teſt trauerſé. ar Leonmom mé autrement Conon, fait par Artemius Ca pitai—
rggiforienjzaffiſtg däArtabaſde ArmeniemCapitaine desArmeniens; qui s’achemi~ ~ i
kia ſoudain auec ſon armée en Nicomediefflrit le fils de Theodoſe, &c contraignit le
pere à quitter l' Empirqôz ſe rendre Moine auec ſon fils, l'an de grace ſept cens dix
ſepgapres qu'il eut regné ſept mois 8c ſix iours. ,
Léon, ayant auſſi le 'nom de Conon , fut lſaurien, mais habitant à Meſembri en
~ ſi_ Thi-ace. ll alla trouuer
ÿulgaregôtluy fit forceIuſtinian,
preſens,ſi lors qu'il obtint
biê qu'il faiſait vne
eſtatdes
deprincipales
ſe reſtablir auec l'aide des
dignitezótfuc
de ſes ilplus
merſiit intimes
deuint z puis Artemius
Empereur. Tybere Oluy donna le ſil:
nomagule, GouuernementdOrient, Gt finale
de Gregoire, sîefleua contre luy
enſiSicile ,ſe faiſant nommer Empercurä la perſuaſion du PreteurSergius z mais il
fut 'tué par Paul qui fut donné pour ſucceſſeur z SCTglUSſi. Il fit apres la guerre aux
Images ,Et abbatre toutes cel les qu'il put , 8c mourir pluſieurs de ceux qui luy *reſi
ſtoientÆt-mourirArtemius qui ſe vouluteſtablirJuy fut liuré par les Bu] gares,eut de
Marie ſañ femme Conſtantin Coprony-tne, 8c Anne femme duTyran Artabaſde,
tint l'Empire vingt-quatre ans deux mois de Vingt-cinqiourgæ mourut l'an de gra—
ce ſept cens quarante-vn. ~
Conſtantin ſixième, ſurnomme' Copronyme , pource qu'ainſi qu'on le bapti ſoit
il' fit ſon ordure dans les ſainctes fons du Bapteſmefflerſecuta les Images,s’ad donna
*a la Magie , fit vn mélange de toutes les hereſies , brufla les reliques des Sainâs , ne
’ voulut
nomtnafictplus qu'onles
ôaincts donnaſt
autres,lefittiltre
mourirdepluſieurs
Saincte àdelaceux
Vierge
quiMere de Dieu , triompha
luy reſtaient: ny qu'on
. " \,
l
.ñ . . ._ _ . _ _ -_
_ñn_:_. _.;—_.—_'.u4fl~.—z
_u4—l-I:ñL_-—
z
r… . 'y
Alem agn e. 5 6' 5
ÏArtabaſde, qui ſe nommait Emperèur, fit couronner ſon fils Leon encorieunexut
d'lrene Cazare , fille de ChaganRoy des Bulgares ſa premiere femme Leon qua
trieſme Empereur, 6c de la ſeconde', nommée E' udoxie Nicephore Ceſar, Chriſto-î
fle Ceſar, Nicetas, Antimus, &c Edidocimus, gouuerna l'Empire apres la mort de ion
pere trente-cinq ans , deux mois.) GL vingt-ſept iours , 6c mourut l'an de grace ſept
cens ſoixante 6L quinze. ~‘ - ~ ~
Leon Copronyme , fils de Conſtantin Copronyme , feignit au commencement
(Phonorerles Moynes, 8c leurdanna des Eueſchezfflc fit couronner ſon fils Confian-ñ
tin qu'ilauoit eu d'lrene Attique; mais fit apres tourmenter cruellement ceux qui
portaient honneur aux Images , tint l’Em pire depuis le decez.de ſonpere quatre ans.
Vuze mois. &C vingt-ſix iours, &c mourut à Conſtantinople l'an de grace 780.
Conſtantin ſeptieſme day-ant que dix ans au dccez de ſon pere Leon , ſe mit i
gouuerner l'Empire auec ſa merci, 6.: tous deux porterent honneur aux Images. Ce
fut de ſon temps quel'Em pire ſut partagé , 8c que Charlemagne deuint Empereur
des Romains en Occident, eſtant nommé tel, &c couronné par le Pape Leon troiſieſ
me , à cauſe dequoy ie laiſſe icy la .ſuitte des Empereurs d'Orient , que ſay miſe en
YEſtat des Turcs , depuis Conſtantin , 6c ſa mere Irene; afin de ne confondre pas
ces Empires , 8c pourſuiuray ſeulement les Empereurs d'Occident _depuis Charle~ ’
magn e. ‘ ‘ ’
CHAR LEMAGNE ï Roy de France , fils de Pepin ( qui auoir contraintPan . 313,5”, z
756. Aſtulſe Roy des Lombards de rendre à l'Egliſe Romaine ce qu'il auoit vſurpé Chroni
ſur elle,& mit au pouuoir des Papes toutes les villes que les Exarches des Empereurs ïjifiqïäz”
d'Orient poſſedoient en Italie) eſtant appellé par le Pape Adrian pour arreſter l’in— cſudctnie. ’
ſolence des Lombards,prit Didier leur Roy auec ſa ſemme,& les Princegeſteignant ?WPW
leur domination en Italie , 6c rendant tous leurs pays ſujets aux Rois de France , l’an pîzſſàîiſſſijua;
774. défit encor apres Adelgiſe fils de Didier, qui s'en eſtoit ſuy vers les Grecs, qu’il NMR'
auoit menez 1 ſon ſecours our ſe reſtablir , 8c le fit mourir l'an 78 9. confirm-a le don chmnë
que ſon pere Pepin auoir ſzit à L'Egliſe , puis quand Irene eur fait aueugler ſon fils
Leon, il ſurnommé parles Romains Empereur, 6L couronné parle Pape Leon troi
fieſme l'an 801. 6c ſon fils Pepin declaré Roy d'Italie. Il eſpoula premierement Ga—
liene , fille de Galaſtrie Roy de Tolede , puis Hermingarde , ou Theodore , fille de
Didier Roy des Lombards qu'il repudia, puis Hildegarde , fille de Hildebrand Duc
de Suaube,de laquelle il eut Charles Roy de France,& Pepin Roy d’ltalie,tous deux
mortsauantleur pere, Loüis le Debonnaire Empereur , Rothrude promiſeà Con
ſtantin fils d'lrene: mais non mariée, Berthqat G hiſelle,puis en quatrieſmes nopces
Faſtrade Germaine fille du Comte Rodolfe. qui luy fit Theodore,& Hiltrudgôt fi
nalement Lutgarde de Suaube. l] eut auſſi huict concubines , dont la premiere ſu:
Mathalgarde, mere de R othilde,la ſeconde Gerſuinde de la race de Saxqmere d'A
deltrude, la troiſieſme Regime, ou Reine , qui luy fit Drogon , Eueſque de Metz , 5c
I-lugon, la quatrieſme Adelinde , qui luy ſitTheodoric , la cinquieſme H ilmetrudc v*
'qui luy fit Pepin le Boſſu , la ſixieſme Rachilde, mere de Rothrude, la ſeptieſme…
Luitperge, 8c la huictieſme Leonigpuisſcét- Empereur comblé de toute ſorte d'hon
neùrgayantregné ſur lesFrançois depuis la mort de ſon pere quarantùcinq ans,qua~
tre mois, 8c quatre iours, 8c ſur les François# Lombards enſemble trente-neufans,
neuf mois , &z quelques iours, puis tenu l'Empire treize ans , vn mois , quatreiours,
mourut à Aix la Chapelle au mois de lanuier 8i4.
Loüis le Debonnaire ſon ſucceſſeur , tant en l'Empire , qu'au Royaume de Fran
ce,ſut nommé Auguſte par ſon pere le iour de Noël de' l'an 813. à Aix , &c couronné
à Reims par le Pape Eſtienne le 2.8. d’Octobre8i6. eſpouſa premierement Hermin
garde, fille du Comte Nigran de Saxe, delaquelle il eut l'Empereur Lothaire, Pe in
Rov d'Aquitaine, 8c_ Louis Roy d'Alemagne,puis en ſecondes nopces ludith, lle
de Welphon, premier Çomte d’Altorffen Suaube, mere de Charles le Chauue Roy
de France, 6c Empereur. ll receut de grandes contrarietez de ſes fils , premierement
de Lothaire qu'il auoit declare Empereunqui Peut contraint de ſe démettre de l’Em.
pire, ſans le ſecours de Louis ſon autre fils, puis de Lothaire , Louis . 6c Pepin bandez
contre luy, qui le contraignirent de ſe rendre à eux, puis le mirent auec ſa femme Iu
dith dans vn Monaſtere , doù toutesſois il ſortit par le moyen de Loüis ſon fils ,re
prenant cn meſme temps le gouuernement de l'Empire , puis il octroya à Lothairelc
pardon qu’il demandoit , &c mourut pres dſſngelheim l'an 840. apres auoir tenu
_l'Empire auetſi: ſon pere vn an, vn mois, 6c quatre iours,tout ſeul apres le decez de ſo”
. ~ I ii iii]
ſi' ñ 'ſi i Alemagnc. - ~ I
666 s
pere-cinq ans , dix moi-s , 6L vingt-huict iours ,auec ſon fils Lothaire vingt ans , cinq _
mois, 6L vingt-ſix iours, 6L en tout vingt-ſept ans, cinq-mois, 6L vingt-huict iours.
Lachaiſe ſon "fils, 6L ſucceſſeur en l'Empire, fut premierement nommé Auguſte I.
\ Aix lîan 82,0-. par ſon pere Loüis le Debonnaire , puiïcouronné ſi Rome par le Pape
Paſchal l'and'accord
puis tomba 82'.; .euc fort
auecgroſſe guerre
eux qu'il auec ſes ſreres,pource
retiendroit qu'il _vouloir
la dignité lmperiale , auec tout auoir,
l'Italie', &Lſſ
la Lorraine, 6L que Loüisauroit l'Alemagnc , 6L Charles la France, eut de Hermin
gardqfille du Comte Hugon, Loüis EmpereugLothaire Roy de Lorraine,6LChar~
les Roy de Prouence', puis ſe fic Moyne au Conuent de Prum , où il mourut lîan 8g;
ayant tenu l'Empire auec ſon pere vingt ans, cinq mois , 6L vingt-aſia; iours , tout ſeul
dix ans,ſix m0is,6L cinq iours,auec ſon fils Loüis,quatre anghuict mois,6L cinq iours,
6L en tout trente-cinq ans, neuſmois, 6L cinq iours. ‘ '
Loüis ſecond fils de Lothaire, creé premierement Roy d’ítalie,en chaſſa les Sar
ra/zins qui la rauageoient, fut nommé Auguſte à Aix par ſon pere l'an 850. 6L couſ
ronné par le Pape~A drian ſecond l'an 87x. eſpouſa Engilberge , mere de Hermigar
de, femme de Boſon R oy de Prouence, _6L mourut à Milan l'an 875- ayant gouuerné
P-Em pire quatre
neufans, ans6L, huict
dix mois, moisiours.
quelques , 6L cinq iours-auec ſon pere , 6L apres ſon decez dix ſi
Charlesle Chauue Roy de France 4 oncle de Loüis ſecond , fut fait Empereur
.apres ſon decez, 6L couronné à Rome par le Pape Iean huictieſme l'an 876. eſpouſa
premierement Hermendrude, delaquelle il eut Loüis troiſieſme le Begue, Empe
reur, 6L Roy de France, Charles qui mourut auant luy , 6L Carloman , aueuglé par
luy, puis prit en ſecotLdes nopces Richilde , fille de Buuin , 6L ſozur de Boſon Roy de
Prouence, qui luy fit Charles , &L Loüis morts en enfance , 6L deceda pres de Vercel
l'an 877. ayant ſeulement tenu l' Empire deux ans, deux mois, 6L quelques iours.
~ Loüis troiſieſme , ſurnommé le Begue , Roy de Francefut Empereurapres ſon
pere, 6L couronné par le Pape Iean huxctieſme au Synode de Troye en Champagne
l'an 878. eſpouſa premierement Anſgrade , de laquelle il eut Loüis, 6L Carloman
Rois de France, puis Adelheide, ou Alis . mere de Charles le Simple , Roy de Fran
ce, 6c mourutfià Troye l'an 879. n'ayant tenu l'Empire, 6L le Royaſſume de France,
qu’vn an, ſix m0is,6Lcinqiours. … '
Charles troiſieſme, ſurnommé le Gros , fils de Loüis Roy d'Alemagne , qui ſur
fils de l'Empereur Loch-aire. regna en Alemagne apres le decez de ſon pere , qui ſuc
l'an 876. deux ans, ſept mois , 6L quatorzeíours, ſut fai: Empereur apres la mort de ~
Loüis troiſieſme , 3L couronné 5. Rome par le Pape Iean huíctieſme l'an 8 81. puis
contraint de ſe dómettre l'an_88 7. apres auoir tenu l'Empire huict ans , 6L ſept mois,
6L mourut l'an 8 88.' r' '
Arnulphe, ou Arnoul , fils de Carloman , qui ſur fils de Loüis Roy d‘Alemagne,
fut mis en la place de Charles le Gros l'an 1887. 6L couronné à Aix par Liutbert Ar
cheueſque de Mayance, puisà Rome parle Pape Formoſus l'an 895. fit vne grande
défaite des Normands , eſpouſa premierement Agnes, fille de l'Empereur :leçon
ſiantinople, qui le fit pere cl'Arnulphe le Mauuais, Duc de Bauiere, 6L de Wernher,
Comte de Scheur,Loüis
luſiv fit l'Empereur puis eut en ſecondes
quatrieſme, nopces
Berthe; Liutgardefemme
6L Luitgarde autrementDcyte,
d'Othon Ducqui
de
Saxe, 6L mourut a Ratiibone ;ou Regen ſpur l'an 89 9. ayant regné depuis le decez
de Charles troiſieſme,'vn_ze .ms, dix mois, 6L ix-huictiours, 6L en tout douze ans,vn ñ
mois,6L dix-neuf iours. 'T5 -
Loüis lV.fils d’Arnulphe,nommé Roy d’Alemagne , 6L Empereur à Forcheim,
6L couronné à Aix par Hatton Archeueſque de Mayance. Cependant dés le temps
d'Arnulphe, les Princes Lombards auraient nommé Roy d'Italie Berenger Duc de
Friul l'an 8 88. 6L \Yſidon fils de Lambert Duc de Spelete , futauſſi nommé la meſ
me année Roy d‘Italie,à ſenuie de Berengegqui fut tué à Veroneñſan 91.z .ayant eſté
conſacré, 6L couronné Empereur à Rome par le Pape S ergie-troiſieſme l'an 913 .'
D'autre-part \Vidon fut auſſi couronné Empereur à Rome par le Pape Eſtienne
cinquieſme, l'an 8 9 I. 6L mourut l’an.89 y. laiſſa ſon.ſucceſſeur Lambert ſon fils, qu'il
auoit nommé Empereur 31 Pauie dés l'an 8 9z.6L qui fut conſacré,6L couronné à Ro~
me par le Pape Formoſus l'an 89 4. 6L mourut l'an 899. puis Loüis quatrieſme fils de
Boſon Roy de Prouence, fut nommé par les Princes Italiens pour eſtre Empereur
d'Iſa] ie contre Berengerfic ſur couronné Empereur ‘a Rome par lePapeBenoiſt qua
trieſme l'an 99 r. puis priué par Bercnger de la veuë , 6L de l'Empire l'an 904- de ſong
AlemagneÎ 667
que les Princes Italiens appellent Roul , ou Rodolfe, ſils de Conrad -, Roy de Bour
gogne, pour eſtre Roy d'Italie contre Berenger: mais il s'en démit volontairemené '
l'an 92.6. &quant à Loüis quatrieſme, fi.sd'Arnulplie, il mourut a Ratiſbone l'an
9” . apres auoir tenu l’Lmpire d'Alemagne douze ans.
Conrad premier, Duc de Franconie, fut eſleu Roy , ou Empereurdfiklemagnc
apres Charles quatrieſme ,l'an 91'. ô: couronné à Aix par Hatton Archeueſque dt":
‘ Mayance l'an 9x2.. regna ſept ans . 6." ſix mois, &c mourut l'an 9ſ9._ayant eu pendant
ſon Empire Berenger qui ſe diſoit Empereuren Italie. _ —
Henry premier Duc de Saxqſurnommé ?Oyſeleur fut eſleu à Friflar par les Prin
ces Alemands Empereur apres la mort de Conrad , tandis que Berenger leſtoiteu
Italie, 6c qu'Hugues Comte d'Arles en Prouence , nomme Roy d'Italie à Pauie par
les Princes Italiens contre Rodolfe Roy de Bourgogne. ll eut de Mithildei, fille dg
Theodoric Duc des Saxons Othon… l'Empereur, Henry le Quereleux Duc de Ba
uiere , &z Gerberge , femme de Loüis Roy de Franceñ,regna dix- ſept ans , 8c mourud
PahO9tzhon
6. ’
premier, ſurnommé le Grand, fut eſleu J"
Empereurëapres — 8( com..
ſon pere, .J ,'.
'men ça de regner dés le iour du decez de ſon pere,puis fut couronné à Aix par Hi? deja'
bert Archeueſque de Mayance, prit Berenger ſecond , qui ſe faiſait 'appeller Roy
(l'italie, ou il commandoùñauec ſon fils Adelbert l'an 94-4. 6c le conf-ina en Alema.
gne, ſe fit couronner Em pereur à R orne parle Pape lean d ouzieſme Fan 9 62.. eſpou
ſa premierement Edgithe. fille &Edmund R oy d' Angleterre', de laquelleil eut Lui
tolphe Duc de Saxe , puis A dhelais mere d'Othon ſecond' Empereur, 6L' delHenry
Duc de_ Saxe, regna trente ſix ans , dix mois , 8c ſix iours., ê: mourut l'an de grade
9 3. , . -ñ - .
7Othon ſecond , ſurnommé Pale mort des Sarrazins , ou Sanguinaire , frit ſucceſË
ſeur dc ſon pere,qui le prit pour compagnon d'Empire l'an 95-8. ll fuiípremieremenc
couronné à Aix ñ, puis à Rome l'an 968 eſpouſaTheophano-fl'. le de Nicephorczlîm
pereur
uerre de
en Conſtantinople,
Calabre contre lesquigens
luy de
ſit Othon troiſieſmedz
l'Empereur Hugues de'Bcäaiouriſiit-'ii
de Conſtantinople, Saxe, fit la
gtome au retour l 'an 98z.apreS 'auoir tenu ſeul l'Empire apresle decez deſon pere didi'
ans, ſept moigótdeux iours. - - ~ ' - . " Y' '
Othon iroiſ-ieſme fut preiſinierement couronné à Air-par ?Archefleſqüe cle-Ra.:
tienne, puis à Rome par Gregoire cinquieſme, l'an 996. Maisainſi qu'il ?fut de retour*
en Alemagne, Creſcentius Conſul de Rome chaſſa Gregoire cinquieſme,& fit Pañpë
certain
chemin Grec, nommé
de Rome, lean , Eueſque
prit Creſcence de Plaiſance:
qui tenoit follementAnge,
le C haſteauſiſainct quOthoin
creua'?reprit ſe
les yeui
uunotiueau Pape , 6c Peſtropia de ſes autres membres , reſtablit Gregoire, puis s'en
retournant mourut l'an iooi. apres auoir regné dixſ-ſept *ans , ſix mois-î,- 6c demi
iours. . — « - ‘ ~ -
Henry ſecond , Duc de Bauiere , yſſu de la famille d'Othon Ducîde Saxe , fut
le premier des Empereurs qui fut efleu par les Electeurs , ïſuiuant-“_l’eſtabliſſemen_c
d'Othon troiſieſme
'pluſieurs guerres , 6c du Alemagne,
en Italie Pape Gregoire cinquieſrneſi
5è Boheme, 'Il ſit?'Ardiiin
vainquſirt auec beaucoup
Marquis d’hu!!
de Mi
lan, ,cree Roy des Romains par les Lombard: l'an iooa. &ſi pareillement? Eglnhard
qui auoit<pris meſme nom en Allemagne. veſquit vierge auec ſa femme Cunig…. de,
enterrée auec luy en-lïEgliſe de Bamberg, tintPEmpire vingt- trois ans, 'cinq mois,- au
Conrad
ſeize ſecond
iours, 6c , ſurnommé
mourut l'an io t4."le Salique
f , Duc de Franconie
- , fut eſlîeu--Ÿ ſon
_ ſucceſó
"
ſeur, 6L couronné
thaireRov È AuxIT.l'an
de France, ioz. y. puis
mpereur à Rome
Henry l'an i o2.~7._euc
troiſieſmeJinctt de Ghiſele,
l'Empire fil leans,
quatorze de L0*
dix
1110M vingtñdeux iours, &mourut de mort ſoudaine pres dVtrecht l'an mil tren
te. . troiſieſmegfiitnommé
— Henry ' ~Roy .-des '-“"- ’ -:-^pere l'an 103D.
Romains par ſon ~~ fut couëſi
tonne à Aix la meſmeannêqpſiuis-i Rome apres le decez de ſon pere l'an i047'. ll prit
enjltalie Pandulfe Prince deCapouëÎ maiside ſon temps les Normands entrerenï
dans* Rnme; Sa femme Agnes lefic pereſide l'Empereur Henry quatrieſme. de Con
rad Duc
me de de BauierefdeMithilde
Leopold ſecond , Marquisfemme de, Rodolfe'
de ſiStirie Duc de Suaube,ôc
puis il mouruten Saxe l'an iſlthe fem
i056- avant
gonuerné l'Empire apres le decez de ſon pere dix-ſept ans , quatremois, &t deus!
iours, 6c fut enterré à Spire. — - . - ' ‘ - -' -‘ ‘ - '
I Y
668 Alemagne.
Henry quatrieſme n'ayant que ſix ans , au decez de ſon pere , demſſeura ſous la tu
tele, &c conduite d’Agnes ſa mere, puis deuint grand Prince, ſut en different auec le
Pape Gregoire ſeptiefine , pour le regard de l'autorité qu'il pretendoit, ſi bien que
Gregoire ſeptieſme ſit eflire vn nommé Rodolfe Duc de Suaube , Empereurà For
:beim l'an i O77. mais il ſut déſaigôz tué en Alemagne l'an i080. par Henry,qui dé
fitauffi Herman eſleu contre luy l'an i086. 8c pareillement Eggibert Marquis de
Turinge l'an 1085.. prit la ville de Rome ,ailiegea le Pape au Chaſteau ſainct Ange,
quitta l-e ſiege à Parriuée
le partydeduRobert Guiſcard,Norm-and,Roy de Sicilqafflegea Flo
rence quifuiuoſiit Pape, ſur couronné par le Pape Paſchal , eut de Berthe,
fille d'Othon Marquis d'Italie, Conrad _Roy d'Italie mortauant luy , 8L Henry cin
quieſme Empereur, tintl’Empire apresledecezde_ ſon pere quarante neuf ans, dix
~ mois, &c trois iours, 8c mourut au Liege l'an n06.
- < “Henry cinquieſme ſur couronné .ſi Romqperſecuta les Papes Paſchalfflc Gelaſe,
puizfic paix auec le dernier, en donnant permiffion aux Chapitres de creer les Eueſ
ques, gouuerna l'Empire apres le decez de ſon pere (qu’il auoit tenu priſonnier) dix
huictans , neuf mois , 8L quinze iours , mourut à Vtrecht _l'an 112.5. 6c fut enterré à
S.p ire. - - ñ' Ducde
Lothaire - - Gebhart de Supplinburg, 8c Arnſperg, fut
Sautez-fils du Comte
eſleu ſon ſucceſſeur , reſtablit le Pape Innocent ſecond , dépoſſedé par l’Antipape
Anaclet, ſe fit couronner à Rome, chaſſa de la Poüille, 6L Campagne Roger Roy de
Sicile, défi: Frideric Duc de SuaubeJc-C onrad Duc de F-ranconicggouuerna l'Em
pire treize ans, &z dix-huict iours , 8c mourut à ſon retour d'Italie entre Verone, 6c
Tmnte l’an_.”z8. Apresſa mort il y eut vn interregne de ſix mois.
Conrad troiſieſme
6'; Agnesrfiïlle de HenryDuc de Suaube
quatrieſme, de Henry
déſir la famille de Stophen
le Superbe , filsBauiere
Duc de de Frideric ,GL
;gſietfflre
de-lÏEmp-dceuDl-othaire, qui ſe diſoit Empereur, donna ſa Duché à Leopold d'Au
ſtriche-ſon frere vterin , chaſſa de Bauiere Welphe frere de Henry, fit le voyage de'
lalTerre Saincteà la perſuaſion de ſainct Bernard,auec vne groſſe armée,eut de Ger-.
írudezdcfiaälierefille duComte
\dh pere,.&~ Erideric Ducctde de Sulczpach,Henry
Suaube couronné
, tint. l'Empire douze ans , àdix
Aix,ôc
moismort auant "
, 6c quinze
iours, 5c mourut l'an 1 152.. Il y eut apres ſa mort vn interregne de dix-ſept iours.
._ Fríderic premier, ſurnouirhéBarberouſſe, dela famille de Stophen , des Ducs de
Sgiaube ,ôtſfils duïſcere de l'Empereur-Conrad troifieſme , ſut efleuEmpereurau
mois du Mean 1:52.455 couronné à Aix , puis à) Rome l'an 1x55, appaiſa les differends
, des “Guelphcgät .Gibelins , comme eſtanr yſſu des deux familles , chaſtia les rebelles
Miñlanoiszapres vn ſiege de ſept ans, aſſiegea Rome meſme, où la' peſte emporta preſ
que toute ſon arméîqfàitapres la paix auec le Pape Alexandre troiſieſmeà la perſua—
Grande-ſon fils Othon , ,pris par les Venitiens , fauoriſans le party du Pape-,en vnc-ba
taille nauale, fit leVoyage de la Terre Saincteauec vne grande armée , où il mourut
criſe baignant dans vne-riuiere l'an n90. ayant tenu l'Empire trente-quatreans,v~nze
mois, &L vingt-quatre iourgôc laiſſé de ſa femme Beatrixfille de Guillaume Comte
de Bcſançpnz-Henry ſixieſme EmpereurÆridericD uc de SuaubqOthon Comtede
BourgognezC-dnrad Ducódc Suaube, 6c Philippe Caeſar. .
L; Henry ſixieſmepu ſelon quelques vnsócinquiîeſme; ſut appellé Roy des Romains
arſOnpereFridcric, 8c couronné à Aix l'an n70. puis à Rome …w12.- rendit mai
grade laôicüe, ayant pris Tancred , eut de ſa femmeConſiance, fille de Guillau
me Roy de Sicile, l'Empereur Frideric ſecond, gouuernaFEmpire apres le decezïde.
ſon pere , huiéïans , deux mois , œ vingt-deux iours', 8L mourut à-Meffinle en Sicile
l'an' n94'. Apres' ſa mort, il y eut vn interregne de ſix moin-Gt huiâ iours. - -”- ,"!ï'_ -
Les Princes Alemands furent apres le decez de. Henry ſiâtieſmeſitliuîſez endeuic
partis , veu que les vnsefleurent Philippe Duc de Suaube, fils de Frideric premier,
6L frere de Henry ſixieſme , les autres Othon quatrieſme Duc dc Saxe filsdéflenrp
le Lion',-_ſan5 faire eſtat de Frideric ſecond ,~ fils de l-lenrziſrxieſlirne/,Ïrecewdu -viuant
de ſon pere Roy des Romains par excommunié
les Eſtats de l'Empire. »Mais-Philippe fut le plus
puiſſant en Alemagne : toutesfois pari e Pape-Innœeſihtzroiſiëeſmc; qui.
confirma Othon, 6c le couronna, puis prit pluſieurs villes enzPoüil-l-étontre la víólon-Ë.
té du Pape, qui tint pour ceſte cauſe vn Concileà Rameau ledéminpuis Othon fut
défait par Philippe pres de Cologne,- &contraint de _s'enſuyr en Angleterre, 6c fina
lement ils conuinrent par l'entremiſe du Papc,que Philippe demeureroit Empereur;
&c donnerait vnc de ſes filles à Othon , qui tiendrait l'Empire aprés luy , 6c que, Phi:
Alem ago c.
lippe_ donnerait ſon autre-fille à Richard nepueu-du Pape auec la Toſcane, 8L laDud 669
ché de Spolete, puis Philippe ſur tué à Bamberg , par Othon de Vitelſpach, Comte
Palatin l'an 12.08_- a pres auoirregné neufans, trois mois, 8L quinaeiours.
Othon quatrieſme regna dix ans,ſept mOlS,& quelques iours pendant la diuiſion
-de l'Empire, puis apres la mort dePhJlippe huict ans , (ix mois , 8L dix-huictiours, 8L
mourut en Saxelan 12.18. ~, - .Tî
Frideric ſecond. fils de Henry ſixieſme, Roy de Sicile , 8L Duc de Suaube ,fut
nommé Roy des Romains contre Othon quatrieſme excommuniê ,l'an uro cou
ſonné à Aix l'an n.” puis à Rome l'an 12:0. eut grand different auec les Papes HO
noté, 8L Gregoire. ſit le voyage de la Terre Saincteauec ſon arméqaccorda pluſieurs
choſes meſſeantes
s'y eſtant au Soudan
fait couronner , 8L ſit, eſtant
mettreentré dans leruſalem
en priſon de ſon
ſonct ſils Henry conſentement
,Spoîfirce , 8L
qu'il le ſou
pçonnoit de vouloir vſurperFEmpire. ll futlapres excommumé par le Pape Inno-z
cent quatrieſme au Concile de Lyon l'an l 2.44. 8L démis de l'Empire; tellement que
quelques Eſtats de l'Empire eſleurent Roy des Romains H enry ſeptieſme Land gra
. ue de Turinge, qui fut défait par Conrad , fils de Frideric,8L mourut l'an i246. puis
Guillaume Comte de Hollandeà l'inſtance du meſme Papqennemy de Frideric ſe
oond,fut eſleu Roy des Romains,regna neufſians,8L mourut l'an 125g. 8L Frideric ll.
deceda en Poüille où il auoit conduit vne armée l'an 12.50 .apres auoir tenu lEmpire,
parmy pluſieurs contrarietez trenteans , 8L vingtñdeux iours , dont il en paſſa douze
auec ſon fils Henry ſeptieſme qu'il auoit fait Roy des Romains , ayant eu de Con
ſtance, fille de Ferdinand Roy de Caſtille, ſa premiere femme Henry Roy des Ro»
mains, 8L Duc de Suaube, qui mourut en priſon l'an 12.55. d"Yoland la ſeconde fille
delean Roy de leruſalem , Conrad Roy des Romains, de la quatrieſme nommée
Iſabelle fille de Loüis Duc de BauierqHenry le leune Roy de Sicile,qui mourut en
fant, d’vne concubine, Encius Royde Sardaigne , d’vne autre ſille de Marchlance,
Manfred Roy de Sicile, 8L dvneautre Frideric Prince d'Antioche. '
Conrad quatrieſme, ſils de Frideric ſecond , declaré Roy des Romains dés l'an
12.36 . du viuant de ſon pere prit Naples , 8L Capouë , regna depuis le decez de Fride
ric crois ans, cinq mois, 8L dix iours , eut &Elizabeth , fille d'0 thon Duc de Bauiere,
Conradin Roy des deux Siciles, tué par le Roy Charles, 8L mourutä Naples en l'an
nce 12.54.. . ~
L’Alemagne demeura ſans Chcſ, ä cauſe de ſes diuerſes factions , depuis le decez
de Conrad quatrieſme, 8c de Guillaume Comtede Holande,iuſqu'à l'an 12.58. au
quel les Eſtats de l'Empire diuiſez en deux partis efleurent deux Rois des Romains,
oppoſcz l’vn ‘a l'autre,dont l’vn fut Richard Comte de Cornoüailleflls de lean Roy
d'Angleterre, efleu parles Archeueſques de Cologne, 8L de Mayance, 8e Loüis
Comte Palatin du Rhin ,couronné à Aix , 8L tué l'an r 263. Pautre-Alfon ſe Roy de
Caſtille, 8L de Leon, fils de Ferdinand troiſieſme Roy d'Eſpagne qui ſut efleu par
l'Archeueſque de Treues,le Roy de Boheme, leDuc de Saxe.8L le Marquis de Bran
debourg en la meſme année# s'en démit volontairement au mois d'Octobre de l'an
12.73. auquel Rodolfe de I-labſpurg fut eſleu, puis mourut bien toſt apres à Seuille
en Eſpagne. _ - ~ -
Rodolfe, Comte de Habſpurgr, 8L Landgraue d’Alſace,ſuteſleu Empereurä
Francfort d'vn commun conſentement de tous les Electeurs , le 29. de Septembre
12.73. contraignit Ottocare Roy de Boheme , a luy promettre cle quitter l’Auſtriche,
la Stiric . 8L la Carinthie , puis voyant quil manquoit deparole ,le com battit- , 8c fit
mourir l'an mildeux cens ſeptante huict, laiſſa la Boheme àWenceflaV ſils d'Ot
tocar, 8L donna la Duché cſhuſtriche a ſon fils Albert, dont les ſucceſſeurs en
jouyſſent encore, ſe rendit redoutable a tous les Princes, tint l'Empire dix—ſept
ans, vnze mois, 8L dix-neuf iours , 8L mourut àGerinershaym pres de Spire en l'an?
née mildeux cens quatre-vingt -vnze. C'eſt à luyëque la maiſon d'Auſtriche rappor
te le commencement de ſa grandeur, 8L quant à 'ſes enfans ievouſſs renuoye a la Ge
nealogie des Archiducs d'Auſtriche, où ieles ay mis , de meſme que ceux des autres
Empereurs de ceſte maiſon. -
AdolffComte de Naſſav futeſleu Empereur à Francſortçle ſixieſme de' lanuier
12.92.. 8Ld'couronné
Albert a Aixn99.apreſis
Auſtrichelun , puis tué pres
auoirde Wormes
eſté enmilëdeux
demis l'an vne bataille
censqu'il eut contre
quatre-vingt
dix-huict parles Princesaſſcmblez à Mayance, qui .nomme-rent en ſa place Albert
d'Auſtriche,' ‘ .J
ai - "‘
à
670 l ~ Alemagne~í W
' ffl - ï ñ
‘ALSACE
f ’ A LSA C E , ï pays des anciens Triboches , ou Tribotes ;qui ä n-&ñ WB?
x
~ . ï , Heil gk. der,
retinrent leur nom iuſqu'au temps deCharlemagnùeſt nom- Tmſſchm
., v; mée par les Alemands ELSASS , ou Ilſaſſ, de la riuiere d'Ill :.51,
r .A
1
~ _ qui l-arroſe, 6c meſme quelques vns l'on-t appellée Adeliäſſ,
'ï
?p c"eſt à dire Noble payÿ. _
~ Elle eſt bornée au Nord des. pays deIV/eſterreich , &de
37,7: '~-' .4 Waſgovtgau Leuant du Rhin,& des pays de MortnaWnBriſz
vw* "‘\\—.‘:~~’ gow, 6L Marquiſat de Bademau Midy du Sungow dePEueſ
ché de Baſle, 8c partie de la Suiſſe pres de Balle, 6c du Couchant de la Lorraine# du
Elltndllï. mont de Voge. eſt d'enuiron quſſinze ou ſeize lieuës, 8L ſa largeur de trois, ou de qua-ſi
Sa longueur '
tre lieuë-s,eſt vers Hagenàw decinq.- ä cauſe du Rhin, qui sîefloigne plus des monta
Viüîſion. gnes. Elle eſt diuiſée en Haute, 8c Baſſe, que les Alemands appellent 'Ober Elſaſſ, 6c
Vnder Elſaſſ, dont la Haute qui confine au Sungow contient le Landgrauiar de la
Pïiï- haute Alſace , appartenant à la maiſon d’Auſt‘riche , le pays de l'Abbé de Murbach,
ê: le Mandat de l’Eueſque de Straſbourg. — ’
vince. On y compte quarante ſix villes , 6c _cinquante Chaſteaux -, outre vn nombre infi—
ny de' villages. La principale de toutes eſt STRA S BOVR G , donc ie fais mention
particuliere. comme d’vne puiſſante Republique , qui tient 5 en ce pays la ville de l; Chrooſi uc_
Barr , auec ſa Baronnie , 8L Wasflenheim , auec ſon Chaſteau, outreque la ville de “4429- “
Wangen eſt ſuj ete à l'Abbaye de ſaincte Eſtienne de Stralbourgz . a
Europeſ Kkk
. ſ p ñ,
672 Alſace. '
a Li.7.c.z. Les autres villes Imperiales ſont * SCHLETSTATMffiſe ſur I'll] ,fortifiée de
bonnes murailles, de fortes tours, remparts, 8L foſſez fort larges, 6L profonds, ceinte
d’vn terroir des plus fertils en vin,& froment, commeauffi de foreſt, 6L de prairies, 8c
riche à cauſe des peages qu'elle tire de diuerſes marchandiſes , comme eſtant ſur le -
grand chemin de Bourgognej-Trancqôc Suiſſe, &z de ſon port ſurſlll. d'où l'on con
b Munſter i4. duit les vins d'A lſace aux autres pays. COLMAR , ‘ affi ſe au milieu dePAlſace en
lieu fertil au pollïblqſur les riuieres de Louch,Dur,lll,& Fatcht, outre pluſieurs ruiſ
ſeaux qui s'y rendent , «SL ſeulement efloig-née d’vne lieu'c' de Keiſerſperg , Ami-nerf'
weyler, Reichenweyerflc Rappoltzwiler, où croiſt le meilleur vin de l'Alſace. H A
c Dreſſer. GENAW/&ffi ſe entre les riuieres deMater,& deSorn,ceinte de murailles l'an i164.
G“'V'b‘ par FridericBarberouſſ-:gqui y baſtiſt auſſi vn Palais,où il gardoit la couronnedeſce
‘ ptre,la pomme,ou le globe, l'eſpée de Charlemagne, 8c les autres marques Imperia
les,qui furent apres enleuées par l'Eueſque de Spirc au deſceu des ha bitans l’an 12. x9.
6L miſes au Chaſteau de Trifels ſur le Qqeich , ſi riche qu'elle donna l'an 161.1. plus
de cent mille Reichtſthalers au Comte de Mansfeld , lors qu'il eſtoit en Alſace auec
ſon armée; «St pourueuë de force canons, qui ſont en ſon Arceual. O BEREH EN
d chronJuſ. HEIM, ‘ ou la haute Eheneimfflulgairement NEHEM, aſſiſe ſur l’Ergers, oû ceux
lÎ-z-ï-œ- de Straſhourg ont droit de tenir , com meils font , vn Preteur ,ou Schultes , pour les
cauſes criminelles# fi riche qu'elle donna quelques cent milleThalers auComte de
Mansfeld z afin qu'il ne rauageaſt pas ſon reſſort. ROSH El M,affi ſe entre l’Egers,&L
le Breuſch , ſur le Mage!, 8L miſe ſous la protection du gouuernement de la baſſe A1
. Mann.; ſace,qu’ils nomment Die vnder Landvogthey , GL MVNS TER , ou Munſter **en la
Fid- vallée de ſainct Gregoire, auec vne A bbaye de l'Ordre de ſainct Benoiſt, dont l'Ab
bé tient rang aux Eſtats de l'Empire , ſans auoir toutesfois aucun droit, ou pouuoir
ſur la ville. _
Quant à la ville de KEY SERSP ERG , miſe auffi parmy les Imperial” , 8L re
nommée pour ſon vin bruflé , en Alemand Gefwetten wein , que ſes habitans font
en le faiſant cuire dans de grands vaiſſeaux , auec quelque charbon allumé qu'on en
approche , ou bien tenant dans le marc les vaiſſeaux pleins de mouſt , iuſqu'à ce que
la chaleur du vin ſoit paſſée , elle eſt a preſent poſſedée parles Archiducs d’Au
ſtriche. -
Les meſmes Archiducs ont leLandgrauiat de la haute Alſace, dont la princi
pale ville eſt E N S H E l M , ou Enſisheim , où ces Princes ont leur Chancellerie,
ou Parlement, pout-leurs terres d'Alſace, de Sungow , &L de Briſgow , 8L les qua
tre villes aſſiſes ſur le Rhin , auec la Çomté de Rhinfelden. La ville de SAIN CTE
CROIX, ou Heiligen Creutz , eſt auſſi des meſmes, auec vne grande partie de
l'Alſace, outre ce que tientl'Eueſque de Stralbourg, maintenant de ceſte maiſon,
,qui diſpoſe des terres de ceſte Eueſché comme des ſiennes; de ſorte que ſi les Ale
mands parlent auiourd’l1uy de quelques villes de ceſte Eueſché , ils diſent qu'elles
' ' ſont de la maiſon d'Auſtriche.
L’Eueſque dc Straſbourg a pour ſa principale ville E LS A S S ZA BER EN ,
en François Sauerne , en Latin Tabeme Alſhtiu , oû ila ſa Chancellerie, 8L fait ſa de
fChron-Alſ- meure, &L lesautres ſont ‘ M O LT Z H E I M , auec ſon College de Ieſuites , 8c
läflfíigæpiſ_ ſon Vniuetſité. BENFELD , ville , &fortereſſe des mieux entendues, à quelques
AtgcnLc-ó. quatre lieu'c~s de Straſhourg. MA RCOLTZHEIM , DA MBACH , ERSTEIN,
gſlſffuîâà" DAC HSTEl N , ou Dagesheim , KOCHERSB ERG , auec quelquesautres, 6L la
' contrée de M VNDAT, oùſont les villes de SVLTZ , 8L de RVFACH . en Latin
' Rdfflflïfflm, outre leſquelles 8 il poſſede
KIRCÏLÔLNOEPENAW. ſi au pays de Mortnaw les villes &OBER
ŸÆZΟÏPÏŸ- - LesDucs deWirtëbergJL Mombeliard,y tiennent laComté de hHORB VRG,
ici-Edaic' &lesfvillesdeHVNAVſ/EILERJ;REICHENWEILER.
k Munflcrl-æ- Le Duc de LORRA lN E " eſt Seigneurde la ville de ſaincte HYPPOLLTE,
nommé PILT parles Alemands.
Les Barons de Rapolſtein, ou de Rubaupierrc , comme diſent les Lorrains,&L les
Alemands qui veulent parler François , y ont les :mis Chaſteaux de RAPPOLS—
TEIN,
ſont auſſiaffis ſur vne montagne,
Seigneurs auec
des villes de la ville de RAPPOLSTWEll-ER
GEMARſſſur awbas.dela
I'll] , 6L de CELLENBERG, l ls
_ï —— _ l
f
Alſa~cſicJ
674
le Saver, ou Sur qui part cles montagnes pres de Fleckenſtein , &Wogelburg , de
la fontaine de Sawrbronn , paſſe par Fiſchbach , Schonaw , Hirſtall , Lem bach,
\Voerd, Gunſtet, Bibelsheim , la foreſt de Hagenav', Kœnigíbruckefl- &L FOTÛFÊÏ*
demo( ſe plonge dans le Rhin ä BeinheimLe SELTZBACI-Lqui naiſt au mont de
Voge, paſſe par Cleburg , Seltz , 6c RatzInhauſen , 6c ſe décharge dans le Rhin pres
de Seltz , 6L c'eſt icy que Rhenan a mis la fin de l'Alſace, 6L le LAVTER , qui ſort
de la fontaine de Lauterbron . paſſe par Than , Bruchweiler, Bumtenthal , Bremel
berg , Schleltenbach, Bubenthal , ſainct Germain ,Weiſſenburg , ſainct Remig , 8C
Lauterburg. où finalement il perd ſon nom dans le Rhin.
n_ Munſter
Ce pays ï eſt tellement fertil , que non ſeulement ſes montagnes , 6c colines pro Qualité.,
4. duiſent du vin pour ſes habitangqui ſont en grand nombre: mais encor pour la Suiſ
QnadVon.
Hetligk o”.
ſe, S uaube, Bauiere, le PaysñBas, .Sc l'Angleterre, 6c ſa plaine eſt ſi abondante en fro
ment, u'e|le
entierscàe en fournitla
chatagniers, &t laSuiſſe, la ſiLorraine,
terre eſt bonne, 8c6cſilagraſſe,
Bourgogne. Il yordinairement
qu'on voit a des bois tousz
Straſhourg force choux pommez , qui peſent quarante , voire plus de cinquante li
ures, dont ils font apres leur Saur Kraut aigrelet , 8c de bon gouſt , les coupant en[pe
tites liſtes, 8c les metant dans vn tonneaubien bouché, auec du ſel, 6c du poivre, ans
aucun vinaigre, 8c les faiſant cuire tant ſoit peu dans le ,boüillon gras , pour eſueiller
l'appetit,& ſeruir de potage, Gt de ſalade. Il y a force prez, &c paſturages , principale
ment pres de Bensfeld, 6L de HagenaW-,ôc dans ſes vallées beaucoup de mines d'ar
gent ep la vallée de Leberthal, 6L dans ſes montagnes des mines de plomb, 8c de cui
vre. ll s'y nourrit du beſtial en fort grande quantité , principalement force cheuaux,
queles habitans entretiennent ſans aucune deſpenſe; tellement qu'en quelques vil
lages on voit pluſieurs payſans, dont chacun a vinggou trente cheuaux,dont la moi
tié trauaille vn iour, puis eſt enuoyéeaux prez ſur la nuit , 6c l'autre moitié ſert le len
demain, pendant que ceuxñlä ſe rafraichiſſent. ll eſt vray qu'ils ſont contraints au
fort de FH yuer de leur donner du foin .Ce pays produit auffi quantité de bon ſafran,
qu-i ſe vend en Lorraine, Bourgogne, ô; ailleurs.
Ce pays ajadis eſté ſujet aux Romains, qui aſſembloient leurs reuenus , puis aux Góuuez
Rois de France, juſqu'à ce qu’il fut partagé à diuerſes perſonnes. Maintenant les Ar- *WV*
chiducs d'Auſtriche , 6c !Eueſque de Straíbourg , en tiennent la plus grande partie,
&c le reſte obeyt à diuers Seigneurs, dont i'ay fait pour la pluſpart le denombrement,
ou bien aux A bbez, 6c villes lmperiales.
Le pays ſujet aux Archiducs d’Auſtriche a ſes habitants Catholiques , de meſme lIï-diEîW-Ï
que celuy de l’Eueſque de Stralbourg, ſinon qu’il s'y trouue quelques Gentils-hom -
mes Lutheriens. Lcsautres s'attachent 'volontiersà la creance de leurs Seigneurs , A:
quant aux villes lmperiales , Stralbourg eſt peuplée de Lutheriens, Sc Caluiniſtes,
Hagenav de Catholiques , Lutheriens , 8c Iuifs: mais le Magiſtrat eſt Catholique,
au lieu que le peuple eſt preſque tout Lutherien , &c Schletſtat de Catholiques fer
mes au poffible , ayans vn College de Ieſuites , 6L pluſieurs Conuents de Religieux,
6c Religieuſes. '
STRASBOVRC.
b Ptolem. -; ;ïz-*z- A ville deSTRASBOV RG, nômée par lesanciens autheurs ï AR- Nolnsîſ
^m.Marcell. ~ GENTORA TVM , 6c depuis ‘ plus de cinq cens ans ARGENTJN/l
Sex. Aurel.
Vict. _,_ (nom que pluſieurs eſtrangers luy donnent encore, ſignifiant ville
c Regina. p…. ï" d'Argent , en Alemand Silberſtat) eut 4 celuy de Straſburg , c'eſt à
d QuadNon.
Hetligk e44. .l _. , ſi l ' .-1 dire ville de chemins , ‘a cauſe de ſes diuers chemins plains , qui con- Amd…
ſi du iſent aux Pays-Bas, en Lorraine, en Italie, &ailleurs Elleeſt affi
ſe à vingt-quatre degrez , trente minutes du Meridien des Canaries , 8c 48 de
grez,4g minutes de [Equateur, ſur quatre riuieres, qui ſont le Rhin,l’Ill, le Breuſch,
6c le Kintzig; car I'll] ayant couru preſque toute l'Alſace , reçoit le Breuſch pres
des murailles de la ville, &c bien quele premier_ ſoit propreä la nauigation , 6c ſurpaſſe
l'autre en groſſeur , de meſme qu'en abondance de poiſſon: toutesfois il perd la ſon
nom,ëc__s'appelleBreuſchpuis ces deux riuieres enſemble ſe vont rendre dans leRhin
à vne lieuë de la ville. Du Leuant elle a le canal du Rhin, par lequel tous les baſteau!
venant par le Rhin à Straſbourg s'y ren dent facilement, puis ce bras du Rhin ſe rend
Alſace. , 673'
l dans le Breuſch au pont de ſainél Eſtienne, 8L le Kintzig venant de la Foreſt Noire ſe
rend dans le Rhin ä vn quart deliettë de la ville au _village de Keel. Quant au Rhin
entierjleſtefloigné d’vn quart de lieuë de la ville., 8L Fait comme en S. pour eſtre
plus ſerme, à cauſe de ſa longueur. Il eſt tout de bois , 8L \ſemblant , quoy que tres
aſſeuré par le ſoin de ceſte Republique qui deſpence preſque plus à le tnaintenir,
qu'elle ne tire de ceux qui paſſent deſſus, tant à la ſortie qu'à l'en tréede la ville. Ses
murailles ſont bien terraſſées; mais les courtines ſont mal ſianquées en pluſieurs en
droits. Elle eſt diuiſée en neuue , 8L vieille par vne muraille, 8L vne fauſſe braye toute
entourée d'eau, 8L toutes deux enſemble peuuent auoir pres de trois denos lieuës
de cour. ‘
Les ruës ſont pour la pluſpart larges , voire tellement en quelques
ou huict carroſſesyſi peuuent aller de front. Les maiſons , quoy lieux que
que ſeulement ſept
baſties
la pluſpart de cbarpenterie, y ſont desplus agreables, à cauſe de leurs peinturegôc de ‘
la grande quantité de vitres. ~
Ellea neuf portes , dont celle~du Couchant s'appelle Tour blanche, ou Weiſſeù
thurn , les deux du Nord Cronenburgerthor , porte de Cronenburg , 8L Stein
ſtraſſerthor , porte du chemin de pierre, ou paué, les deux du Leuant Schielſireincſ.
thor, porte de l'exercice de Parquebuſe , 8L Fiſcherthor , porte des peſcheurs , 8L les
quatre du Midy Newethor, ou. Porte-neuue, Metzgerthor, Porte des bouchers,
Spithalthor, porte de ?Hoſpital , 8L !a porte ſaincte Elizabeth. Ce qui s'y voit de
plus remarquable , c’eſt la tour merueilleuſe de Mynſter, attachéeàſEgliſe Cathe
drale de NOſtre-Dame , toute baſtie de pierre de taille, 8L taillée à iour auec diuerd
ſes figures de relief, 8c accommodée de ſix cens trente degrez par leſquels on monte
par dedans iuſqu’au plus haut , où ceux de Straſbourg tiennent touſiours vn homme
en ſentinelle , qui deſcouure plus de quatre lieuës loin tout autour de la ville. L'hor
loge plein d'artifice qui eſt dans la meſme Egliſe , où l'on voit les periodes des Pla
nettes,8L leurslieux moyensàchaque heure, les Eclipſes, leCalendrier, les Feſtes
Mobiles , vn enfant qui marque le premier quart d'heure auec vn coup de clochette,
vn ieune homme le ſecond auec deux , vn homme fait le troiſieſme, auec trois , 8L vn
Vieil lard la derniere partie de l'heure auec quatre, puis la Mort vient à ſortir , 8L ſon— l
ne l'heure auec ſa clochette, 8c Noſtre Seigneur qui va comme au deuant de chaque
fiatuë des quatre âges, les clochettes qui pſalmodient, 8c le coq qui chante à la ſin de
z chaque heure. Mais ceſte Egliſe eſt encor des plus remarquables pour ſon grand , 8c
merueilleux Frontiſpice, afigures de relief, delicates au poſſible. Ses belles, 8L hautes
vitres Et perſonnages , ſi bien conſeruées , 8L ſa chaire d’Albatre doré en quelques en
droits , auec les figures du Crucifix , des Apoſtres , 8L de la -Paffion , eſtimée enuiron
quatre mille eſcus , 8L l'vne des plus belles pieces qu'on voye. La tour du Threſor,
qu'il nomment den Pſenning churs , oùl’on garde tout l'or, 8L l'argent de la Repu
'bl ique,8L le PalaispuPfaltzaccompagné de pluſieurs belles maiſons peintes,8L plu
ſieurs belles places , dont la principale eſt celle qu'ils nomment Der Barſuſſer platz.
Il ſaitauffi bon voir la maiſon des Cheualiers de Malte, à cauſede ſa longue, 8L bel..
le ſale haute, où l'on voit au bout la peinture de la ville deleruſalem , 8L tous les
chemins de la paſſion bien exprimez; de la baſſe de ſa Biblſotlueque ancienne , ſon
Egliſe auec des orgues, 8L ſa belle veuë, 8c celle des Cheualiers Teutoniquegoù il y a
vn Commandet1rCheualier,au lieu qu'en celle de Malteil n'y a qu'vn Comman
deurPreſtre, auec quatre autres Religieux , l'Egliſe de ſainct Thomas, tenuë parles
Lutheriens , 8L celles de ſainct Pierre le ieune, 8L ſainct Pierre le vieil , queles Cha.
noines Catholiques tiennent encore auec leurs maiſons , outre leſquelles il y a deu:
Çonuents de Religieuſesſtívne de ſainäe M argueritqóc l'autre desPenitentes,qu’on
appelle Zu den Rewerinnen. L’Arcenal eſt auſſi plein de beaux , 8L bons canons , 8c
de quantité de toute ſortes d'armes , 8L munitions de guerre , &l'on voit au dehors
force balles de pierre , dont pluſieurs ſont d’vne groſſeur extraordinaire, 8L ce quiv
rend auſſi Straſbourg renommé c'eſt ſon Vniuerſité, qui meſme obtint de grands
priuileges de l~Empereurl'an 162.1.
tieirxſu- Ceux de Straſhourg ï ont auffi la Baronnie de B A R R , qui comprend vne nchronimfi
Ëffxäſfi' ville de meſme nom , auec dix villages. WA L S H E N H EIMA ville , Chad lí-.h
qu: ſteau, 8L Gouuernement auec pluſieurs villages, d'où ils reçoiuent la dixieſmedu
fi-omenLLa ville de B AL B R IN. auec ſon Gouuernement, 8L quelques villages. Le.
Chaſteau ſort de H ER-RENSTEIN , où ils tiennent garniſon. Le Gouuernemenç
&ILLKIRCH , auec cinq ou ſix villages,8L le Gouuernemzcnt de KEIL au delîulu'.
Europe. K k k iij
676 Alſace; _î
Rhin, auec pluſieurs villages , outre le droit de tenir ordinairement vn Schultes , ou
Preteur dans la ville Imperiale ŒOBEREHENHEIM , dont les Magiſtrats ne
peuuentſiiuger diffinitiuemët ſansluy les cauſes~ criminellesputre la ville de \VAN
'GEN , ſujeteä l'Abbaye de ſainct Eſtienne de Straſbourg, 6L pluſieurs villages ſujets
à diucrs Gentils-hom mes habitans dans Straſbourg , qui ſe pouruoit de froment , 8c
de vin par leur moyen.
a Munſter 1.L Ceſte ville eſt affi ſe ï au rnilleur endroit de l'Alſace;de ſorte qu'on ytrouue abon- WM:
Wd. Von. dance de toutes choſes neceſſaires à la vie ſur toutes les villes qui ſont ſur le Rhin,
Hcrllgk. c.”
quantité de bled, de vin, 8c de chair , 8c tous les iours le plus beau marché de poiſſon
qui ſoit en toute l’Alemagne.
Les hommes y ſont courtois, 8b de bon naturel pour la plus grande partiqæ- plu- MME!!
ſieurs, tant hom megquefemmes, y parlent François. Les hommes !habillent com
munément à la Françoiſe , de meſme que_ les Damoiſelles z mais les autres femmes
portent des bonnets de veloux , ou d'autre eſtoffe de ſoye , auec les bords de quelque
riche fourrure, principalement de martre» _ '
quſſi Elles
ſont ont auſſi vn petit corps fourré d'agneau , auecies bords , 6c au
paremcns
quelquesfois de peluche , ou de pane , &lors qu'elles vont Templenoirs,
elles
ortent vne longue robbe fort pliſſée; mais les Patriciennes , ou bourgeoiſes , 6c les
fem mes des Docteurs en Droict, 6L en Medecine , ſont diſtinguées des autres par vn
certain bonnet noir tout rond, fait en façon de trenchoir, ou d'aſſiette.
Les filles portent auſſi les cheueux pendants ſur le dos , partagez en deux cor
dons. ?and quelque ieune homme fait l'amour, apres auoir aſſeuré ſa maiſtreſſe
de ſon a ection par lettres , ou de quelque autre ſorte , il va ſur la minuit auec quel
ques vns de ſes amis , la muſique , 8c des flambeaux deuant le logis de celle qu'il re
cherche , 6c ſi ayant fait le meſme deux , ou trois fois , la fillene ſe met à la feneſtre,
il ſe peut aſſeurer d'auoir ſon congé; mais ſi ſa maiſtreſſe s'y preſente ,il peut parfois
ſur le ſoir ?entretenir en preſence de quelques domeſtiques. Les trompettes ſonnent
le Lundy dés le grand matin , 8c le Mardy , pour aduertir le monde qu'on fait des
nopces, qui ne ſe font qu'en ces iours 1a pour les moindregveu que celles des Nobles
durent trois iours , 6c dem y. Il y a des nopces franches , nommées Frey Gaab Hoch
zeit, où l'on ne paye point d’eſcot: mais on fait des preſens , 6c d'autres où l'on paye
ſon eſcor. Au reſte on n'y baiſe point les femmes ä l'abord , ſinon celles qui ont eſté
nourries en France, ou à la Françoiſe, de que les François vont voir: mais onleur
'donne ſeulement la main, »Sc la jointauec la leur.
Les reuenus de ceſte Republique montent , comme on tient,à trois cens mille Richelfu
thaleres,qu'ils tirent de la dixieſme des fruits des villes,& villages de' leur Eſtatputre
le copſtic qu'on paye pour cent florins,les ſix pots de trentle des hoſtes,6c trois bats de
chaque ſac de bled qu'on va moudre, &quelques autres impoſitions. Quant aux
particuliers ils tirent leurs reuenus, tant du bled , que du vin , dont ils ont ſi grande'
quantité , qwvn ſeul Gentil-homme de Straſbourg , nommé Sanſon de Landſperg
auoit l'an 162.3. vnze mille facs de bled , dela meſure de Straſhourg, dont chacun
tient ſix meſures vn peu moindres que noſtre cartal. Leur traffic conſiſte en bled,
- vin , vinaigre, eau de vie', graine d'oignons , choux pommez, chanvre, laine , ſafran,
íäuon, poudre à canon liures imprimez, 6L cheuaux.
Les Suiſſes s'y fourniſſent de fromennde vin, de laine, 6.: de chanvre, les Suaubesz'
Saxongceux deWeſtfalieA-c des Pays- Bas de vinfflinaigrqeatflde vie, ſauon,& grai.;
ne d’oignons,&de chanvre,les habitans portent à la foire de Francfort leur ſaframôc
leur poudre à canon. Leur ſafran baſtard ſert aux teinturiers , pour ce qu'ils ne peu
uent bien teíndre ſans cela Pincarnadin d'Eſpagne. On y vend auſſi force filet blanc,
que les marchands nomment Lunement pourleschandelles , force graine de nauet
te, quan-tiré de toiles, moyennes, fines, GL de toute ſorte, 6L force monſtres, 6c horlo
ges. vLes François, 6c Flamands y portent toute ſorte \Teſpiceries , les Eſpagnols , &c
les Anglais des draps de laine, 6c de Feſtain, les italiens de la ſoye, les Suiſſes, 6c ceux
du Pays-ſortede
&toute Bas du poiſſonſiſalé,de
formage,& du meſme
beurre, que
6c ceux du Pays-Bas
lesSuaubes y portét
du ſel,ceux dV encor du coton,
lme du hai-an,
Î~ 'i' .~'
aaa-MzMæ-&a-æ-&MaaaaaMaaæñaa-&Sæaa-iæiæaffl
PALA TI-NAT DV RH IN.
- l( E P A L A TIN_ AT du Rhitxnommê par les Alemands Nom:
*— ‘ Pſaltz amRhein, a tire' ſonïnom du Chaſteau de Pſaltz,
ſi' c'eſt à dire, Palais affis au milieu du Rhin , prés de la ville de
ËCŸFLËŸÃ" _ _ Caub,8c porta iadis lenom ‘ de Palas ou Cappel/atiumpu plu
,Gcrms_
Bcgkbcfl_ l_ — r ,_,_ ſtoſt il *ſut appellé
gouuernoient de cette
au nom ſorte, à cauſe
des Empereurs. Ondes
le Palatins qui le ſ
nomme autre-
q.
. fl \à ment VnterPſhltz; ou Bas Palatinat,pour le diſtinguer du
- Haut Palatinat de Nortgaw ou Bauiere, que les Aleman ds
appellent OberPſalcz, -..v”
íxägffflſ” _ Ce pays a pour ſes fbornes.du Midy l’Alſace,du Couchant la Duché deZwey- confins;
' bruk, ou des Deux Ponts, du Norden partie la riuiere du Mein , en partie la Foreſt
d'Olton,0u POttOnWald, 6L dulLeuant la Franconie, 5c la Duché de Wirtenberg.
Le R hin le diuiſe preſque en deux moitiez~, 6c le Neccar en fait encor vn autre par
g kane-Sr. ta glie. embraſſeä outre le pays voiſin du Neccagoù eſt Heidelbergœne bonne partie
- Pay-l
Ê-äânſtfljq du Greichgow Gt de ?Ottemivald , auec… la contrée de Bergſtraſs “ qui s'eſteſind‘ de
iWLDeſic: Heidelbergà Francfort, 6c quelques places du Hunſruck.
Gclm- _Sa capitale ville eſt H EIDELBERG ou Edelberg , c'eſt à dire, NobleMont, villes?
,
\
-ÊJ
ſiderables de ce lieu ſont le Challeau qui ſeruoit de demeure à l'Electeur, ſes iardms
.pd-s peuplez de diuerſes ſortes d'arbres 8c de plantes rares,8c rafraiſchis de pluſieurs bel
les eaux viueszpuis à main gauche vne Tour tres- fortemommée vulgairemct Trotz.
Keyſenqui fur faite ep vingt-quatre heures , outre vne autre tout qu'on VOÎd en vn
coin du chaſteau, dont la ſalle eſt ſi grande u’on y peut placer aiſément cent ta
bles. La Bibliotheque du Palatin eſtoit auffi l vne des plus renommées de l'Europe." -
mais_ elle fut enuoyée au Pape , apres que le Comte de Tilly eut pris cette ville le
ſixième Septembre mil ſix cens vingt-deux: On voyoit auſſi dans la caue " du chaî, ‘- bSucu
Gratuit_ J
. p. ;.lí."4_
ſteau vn tonneau dela longueurde vingtñvn pieds , 6c de la hauteur de douze a ou
- ~l'on gardoit du vin depuis l'an mil trois cens quarante- trois. L’Vniuerſité fondée' :ifífflfflffl:
par Rupert ſecond, Comte Palacio l'an mil trois cens quarante-ſix .acqueroit auſi] .-‘
' ſſ' .- l
n'auoient ny chaſteau , ny ville au pays des Comtes Palatins , auant cinq 'cens ans;
'veu que ce quilstiennent ilsſont acheté depuis de ceux qui le poſſedoient i ou l'ont
vſurpe' s tellement qu'on 'croit que les anciens Palatins eſtoient ſimples Gentils
hommes iuſques au temps d ſiOtton troiſieme , qui les fit premiers Electeurs , ne les
choiſiſſant pas des maiſons des Ducs de Bauiere , Suaube , Lorraine 6L Brun
ſuic , qui ſe trouuoient lors plus puiſſantes î combien que depuis ceux de Ba
uiere ayent taſché d'introduire en leur maiſon cette dignité , 6L portent au”
' iourd’huy le nom de Palatins _, qui fut vn tiltre de dignité , non dc Seigneu
rie de pays. Meſme le nom de .Graff, qu'on prend aujourd'huy pour Comte,
- ſignifie en langue Saxonique Inge : bien que le Pfaltz-graff eſtoit luge du
Palais , de meſme que le March-graff luge 'des Marches , ou confins, au lieu
' qu’on a fait des Comtes 6L des Marquis. Ainſi le Burggraff ſignifiait le luge
d'vn bourg ou d'vn Cbaſteau , auffi bien que, le Gouuerneur . 6L meſme en
pluſieurs lieux d’Alemagne on nomme Cent-graven les Cent luges eſtablis ſur
les choſes _criminelles z 6L aux Pays - Bas il y a des Diecht-grafen 6L Wah_
àer-grafen , qui ſont Iuges des Digue: 6L leuées ſi,~ 6L des eaux qu'il ſaut con~' ñ<
\ure. ' »
Lors que l’Electeur eſt en bas âge ,le plus proche parenteſt ſon Tuteur legitime
8L Gouuerneur de !Electorar , ſuiuant la Bulle d'or , ſi bien que le pere ne le peut
donnerpar ſon teſtament. ~ , ,.
Il y a en ce ‘ pays vn Droict nommé Geleid, queles marchands payent( auffi b àeoig;
bien depuis que les Eſpagnols le tiennent, quhuparauant) afin de contribuerâ l'en Sehœnboràï'
PWEJEÎ-F-.FS
-
tretien de ceux qui doiuenttenirles chemins aſſeurezôt libres. Mais auſſi ſi quel.
qu'vn de ces voyageurs qui ont payé ,vient à eſtre volé dans le PÛYSJCPÎÃUC? 'PY df*** /
rendre ce qu'il a perdu. Toutesfois i'ay remarqué que cela ne ſe pratique point
682 -Palatinat *du lKh-im i i i!
depuisles dernieres guerres, non plus au pays des Princes que des Repuhliques,
qui donnent auſſi le Gleid , ou Billet de paſſe-port 8c daſſeurance , 6c le font
_ payer. _ _ _ _
;S'Y!P}“~""'- Les Ifles ï du Rhin appartiennent à ?Electeur Palatin , qui a droict de faire cher
n u ,CJL , . . , ñ \
b Scbœnborr. cher del or dans le Rhin. Aux lieux d Ottenwal qui ſont: luy,la couſtume " porte,
P°“‘-l²-'-ï-6- que ceux qui ont paſſé vingt- cinq ans , ayant fait reſolutionde ne ſe marieriamais
(ce que ceux du pays nomment Hageſteltzen ) ne peuuent diſpoſer *a leur decez de
leurs biens,qui demeurent acquis au Prince,en haine de ce qu'ils ont conſumó
leur âge, ſans auoir le nom de mary,ny de pere, 6c ſans taſcher de peupler le
monde.
Les habitans du Palatinat ont changé quatre fois de Religion en moins de qua- Religion,
tre vingt ans r veu que de Catholiques ilsdeuindrent premierement Lutherie ns par
commandement de Frideric ſecond; puis bien-toſt apres Frideric troiſieme leur fit
' embraſſerlbpinion de Caluin. Louys fils de Frideric les fit encor ranger-a la Con
feffion d'Augſbourg~.*ôt finalement lean Caſimir oncle _de Frideric quatriome,.Ad-'
miniſtrateur de Flîlectoratôc du mineur, les contraignit de ſe rendre Caluiniſtes,
comme ils ſont encore, s'y trouuant fort peu de Lutheriens. Mais pourle regard de
l'exercice d'à preſent, ceux qui ,ſe ſont rendus volontairement äPEſpagnol ,ou à
l'Empereur, ou bien qui ſont en dépoſt, comme ceux de Frankentha , l'ont telle- _
ment quellement libre iuſquesà maintenant ,- mais il eſt interdit aux autres qu'on :t
forcez ou emporte-z d'autre ſorte , principalement dans Heidelherg ; tellement que
ſi les affaires ne changent de face ,ils ſeront contraints de quitter le pays, ou la
croyanceà laquelleil ſont ſi reſoluëment attachez. , _ . _
Pource que les Comtes Palatins ſont de la maiſon des Ducs de Bauiere,dont i’ay ÊEËË:
fait mention :äilleursó il me ſuffiît dde rapporteäicy leur Genealogie, depuis Rodolfe '
_ premier tige eces omtes n ‘euiterre ite. l
;Ïſfîlkſlïd- Roddlſe premier, Electedr ° Palatin du Rhin , fils de'l.ouys ſecond , 8c frere de
92.4.5… F Louys quatrième Empereur,épouſa Mechtilde,filledelÈEmpercur Adolf deNaſ—
Rïutſncï- ſaw puis eſtant chaſſe de ſon pays,mourut en Angleterre Pan mil trois cens dix
ËÏÎËJLÜÛ_ neuf. ll eut de ſa femme Rodolfe ſecond,ſurnomméPAueuglez Rupertpremier,,
AlbiziStcm- dit le Rouiqlîlecteur Palatin,ôc Adolfe qui conſerua la race,
W*- ' Adolfe premier,ſurnommc' le Simple,remit indiſcrettement l'Ele&orat aſon
frere Rqidäfe. &c mäurutläyn izz7,ayant eu de ſa femme Irmengardefille de Louys
Comte ' tingen upert econ . f ‘
Rupert ſecond,l’rince Palatin-Electeunſurnommé le Rude, épouſa Beatrix fille
de Frideric Roy de Sicile , 5c mourut l'an mil trois cens nonante-huict ,laiſſant vn
fils nomme' Rupert troiſième.
Ru ert troiſicſſme, Prince Palatin Eleâeur, fut fait Em _ reura res ladémiffion
. P. . , P? .. P . .
ignominieuſe dewenceflaw, fils de l Empereur Charles quatrieme, _cpouſaEliza-ñ
beth , fille de Frideric Burgraue de Nuremberg, 6c mourut aOppenheim le dix-hui
ctiéme May mil quatre cens dix.
ſ Rupert Pipan,qui mourut ſans enfans à Amberg l'an mil quatre cens
~ neuf. ‘ -
y Frideric mortauant ſon pere. .
Louys ſucceſſeur de ſon pete en Hîlectdragſurnommé leBarbu, puis
Ses enfans il l’Aueugle.
lean marié à Catherine , filleſidu Duc de Pomeren , de laquelle il eu:
furent. Chfriſtofle Roy de Danemarck , Suede 6c Norwege , qui mourut ſans
en ans.
l Eſtienne, tige des Princes Palatins , Ducs des Deux Ponts, 8c des
Electeurs d'à preſent.
, Otton de Moſpach , mary d'Anne fille de Henry, Duc de Bauiere à
LLandshut. -
Louys ?Aueugle , Prince Palatin Electeùr &ſucceſſeur de ſon pere Rupert troi
ſième, eut deux femmes , dont la premiere fut Blanche , fille de Henry quatrième,
qui mourut l'an mil quatre cens neuf; l'autre Mechtilde, fille de Louys Duc de Sa
, uoye', 8c mourut l'an mil quatre cens trente-fix.
î f' Louys ſon ſucceſſeur. ,
Ses enfand Frideric le Victorieux,Tuteur de Plîlecteur Philippe ſon nepueu fils
furent. _Lde Louygtige des Comtes Palatins de LOW/EN STEIN -
~ ~ Louys
1
Palatinat du Rhin: i i 683-
U
. _ ' l y
l r _ ‘ l
D~VC—DE,S,DEVX P-ONTS,
OV DE ZVVEYBRVCK.
E Duc 'des Deux Ponts-,ou de ZWEIBRVCK, aſon Eſtat dans leWe a Muo ſtetl.;
ſtcrreich 6c le WaſgowxntrePAlſace 6c lepaysdel-Archeueſque de Tre
ues. Sa ville capitale eſtZWEYBRVCKEbLdeſt à dire. Deuxſîontsñ, ‘
éloignée " de ſix lieuës de Wiſſenburg, ville Imperiale, en tirant vers la Lor- boy., v”
rame. ' ~ 'Hcziigèaicx
Pres de cette ville , on void le renommé Monaſterekle Hcirnbach , conuerty TWLF-H
maintenant en College par ces Princes. Ses autres villes ſont ï bEiâ. GZ ABE RN,
ſort proche deWiſſenburgaANW/ILER a LANDSTAL , 6c quelques autres, °“‘“.“î“-‘*ï
outre leſquelles il a pluſieurs chaſt-eaux 8L beaux bourgs , 6c ſe nomme Comte de
VELDENTZ s; SANHEIM. _
_
'*“h‘ſſſiïï ansLe
depays de ce trente
les Eſtats Prince mille
eſt dethalers.
ſi peu de-Maisle
rapport, qu'on
Duc ne tients'eſt
d'à preſent pasfort
qu’ilenrichy
tire tous les
pen
. dant la tutelle de Hîlecteur Palatin Frideric cinquiémegpource quecesAdminiſtra
teurs de lEIectOrat, font toutes les actions qui dépendent dela dignité d’Electeur,
_iouy (lent durant le gouuernement de-tous les fruictszcomme s'ils en eſtoient vrays
maiſtresfflc
On peut ne ſont obligez d'enque
cognoiſtreWeffort rendrecompte. , ce
ce Prince peut faire,en . que- le DudctW/olfgang
~ ²l
Forces.
mena au Roy de Nauarre 6c Prince de Condé7~o74 cheuaux, 7046 hommes de *fflëſſëî-MÏ**
pied,& vingt- ſix canons l'an mil cinqêens ſoixante-neuflauquel il mourut. "W"
Les Comtes de Bi-tſch vendirent a upert Prince Palatin la Seigneurie de Zwei;
Gouuer
Icmcnt. br pck, puis ce Prince ſe voyant grand nombre denfans , donna l'an mil quatre cens
xintgna l’vn d'eux,nommë Eſtienne, cette Comté ;~ puis .Eſtienne eut par le moyen
de a femme Anne,
de Spanheim. ſille vnique
Au reſte,ces Duſicsdu
ſe Comte de Veldentz
nomment les 'Comtez
Comtes lialatins de Veldentz
du Rhingôt de
Ducs deë
Bauiere, de meſme que tous les autres de cette maiſon, bien qu'ils ne poiſedent rien
en ces deux pays.. ~
'Il ſuit l'opinion de Caluimde 'meſme que l‘Electe'ur Palatin; .
Religion.
Genealo Louys flſurnommé le Noir,Comte Palatin du Rhin,ſils d’Eſt’ienne premierDuc
gie , e IacÆeuth-ſi
des Deux Ponts , commença de gouuerner cette Duché l'an mil quatre cens cin Ergehlung
quante-neufiépouſa Iearine fille d'Anthoine,Duc de Croy,& mourut l'an mi-l qua de: Fuiſieu
tre cens oct. nee-neuf. _ im Zvveyz
ſDauid, mort aîuant ſon pere. _ _ brnckend_
… Marie Elizabeth
Lburg,l”an i585, 8L ,Suſanne
mariée morte
à Emeric
l'anComte
i565. de Leiningen 'a Hartcn ct
ſean fils deW/olfgangſixiéme Duc des Deux Pontsméà Meyſenheim,l'an 1550,"
chaſſa les Catholiques qui reſtaient en ſon pays l'an l 588 , épouſa Magdelenqtroi- t;
ſiéme fille de Guillaume Duc de Cleues 8L de luliers l'an 1579 , 8L mourut le n. '
d’Aouſt 1604. i
ſLouys Guillaumemé l'an t58o,mort l'an i581. _ _ * l
~ lean Duc des Deux Ponts ſon ſucceſſeur.
Frideric Caſiminné l'an I 585, faitDiacre de ?Eueſché de Straſhourg
l'an 1791 , à la Lutherienne z marié l'an t6i6,auec Amalíe , fille de
Guillaume Prince d'Orange.
Ses enſansq lean Caſimir, né l'an 1589,~mariéà Catherine , fille de Charles Roy de
Suedefan 161i.
Marie Elizabeth , mariée à Guſtaf Palatin du Rhin , Comte de Vel-j
dens l'an i601: -’
LAmalie Iacobe, née l'an 159:.
lean ſecond, fils de lean premier, Duc des Deux Ponts, parle decez de ſon pere,
né le 26 Mars i584 , ſe nommaſoudain apres le decez de lean Guillaume, dernier
Duc de CleueHDuc de Cleues de Iuliers 8L Ber ,Comte de la Marek 8L de Raueſ
purg, 8L Baron de Rauen ſtein , ce que firent au l ſes freres, comme enfans de Mag
deleine, fille de Guillaume Duc de Cleues,8L pretendans droict ſur ſes Eſtats: épou'.
ſa le vingt-huictiéme d'Aouſt 1604, Catherine fille de Hcnrv Duc de Rohan,
qui mourut l'an 1607, en Pcnfantemengdſvne fille, nommée Marie Magdalena,
Palatmat du Rhin. 687
ſut Tuteur de Frideric cinquiémeÆlecteur Palatin,8c Pi dminiſtrateur de -|’Electo.'
rat apres le decez de Frideric quatrième ,l'an mil ſix cens , .Sc gouuerna quinze
moissspuis fut fait l'an mil ſix cens douze, apres la mort de Rodolfe ſecond,.Vicaire
de l’Empire,en tout le pays d'auteur du Rhin,Suaube 6c Franconie,épouſa Louyſe,
fille aiſnée de ?Electeur Frideric quatrième , le quatrième May mil ñſix cens douze,
R le dixiéme May de la meſmeannée aſſiſta à Francfort à leflection delïEmpereur
Mathias-…ôt depuisa eu de ce ſecond mariage Elizabeth Louyſe , née à Heidelberg
le ſeizième de I uil let mil ſix censïreize:CatherineChatlotqnée àZveybruc ken le
premier de lanuier mil ſix cens quinzesôt Frideric né à Zwcybrucken le cinquiém e
Auril mil ſix cens ſeize. t
PRINCIPAVTE'
' DE BIRC_
KENFELD.ſſ
.ñ A Principauté-de B IRKENFELDæſt aſſiſe au méme pays de Hunſruck. ‘MWL]I:.
ñ. _~ Sa principale place eſt B l RCKENF ELD, ſejour de ſes Palatins, qui paſſe-z ~
Lieux. dêt auſſi laCôté de Spanheim. Il y a beaucoup de mines d’argët en cete con
Qualité' _crée On tient toutefois que les reuen us de ce Prince ne paſſent pas cent mille tha
niëhcſſcs 1ers, tellement qu’il y a quelques Comtes d’Alemagne plus riches que luy. Ces
Princes ſont Luthe riens, quoy qu’ils ſoient entourez de tous coſtcz de Caluiniſtes.
ncügio_ y Charles 5 fils d_e Wolfgang, Duc des _Deux Ponts,& petit fils de Louys ſecond, bla: Lud; q
Gene-lo; fils d'Alexandre,C0nÎ_te de Veldentz, 8e: Spanheim né le quatrième Decembre mil liï:
sîï- cinq cens ſoixante , à Neubourg en Bauiere , eut pour ſon partage la Seigneurie de cardio?
Birckenfeld; épouſa Dorothée fille de G uillaume Duc de Brunſuic 8c Lunebourg, IſlËPlOS-Ï -
- l'an mil cinq cens quatre vingt cinq , mourut à Birckenfeld , le ſixiéme Decembre ſi "î
mil ſix cens , &c fut enterré à Meyſenhcim. Il eſtoit frere de Philippe Louys Duc de
Ncubour . 6c de lean Duc des Deux Ponts. _
Il a lai é George-Guillaume , Frideric 6c Chreſtien , Palatins de Birckenfeld
œ Sofic.
COMTE' DEÎVTZELSTELN.
c cum-Mig
Ac… q_ gaz.” 'Ancienne ‘ Comté de LVTZELSTEÎNHUÎ eſt comme la clefde la Lor- …zug ~
n… Ê. raine, eſtafliſeau pays de Weſterreich. Sa principale ville eſt LV TZELS
Î I
':~ …""Î' TEIN, accompagnée d'vn chaſteau, proche de la ville d'Alſace , nommée
~ Elſaſs Zabermmais plus voiſine de celle de Pfaltzburg de Lorraine, l'autre qui n'eſt
.pas moins importanteeſt AVRENTZHAVSEN; _
Richeſſe, Ce Prince tire vn grand reuenu du peage qui ſe leue en cette ville, 8c au paſſage j 4 fflmïfflëlffl'
de Clus entre les deſtroits du mont de Voge. ~
Ce pays eut autrefois des Comtes puiſſans, dontl'vn nommé Burchard , deſigné
fffflffl* E ueſque de Straſbourgfe voyant-dernier de ſa race,quitta la robe, 6c ſe mariant eut
ment. -
qui- denoncerent la guerre au Prince
-
deux fi ls, nom mez iacques &c G uillaume, Fri~
deric Palatin . l'an mil quatre cens cinquante-trois, 6c firent beaucoup de maux au
Palatinagſur Pappuy _qu'ils cſperoient du Duc deBourgogndMais en le Prince_
Europe. Lil iij ‘ ’ zx
f
688 , Palatinat duſſRhini
Palatin prit la viilc ~6L ie chaſteau de Lutzelſtein', ~6L les Comtes échapans de nuia
ïïïï- “"3- -moururenthors de leurpays , tellement que lePalatin en demeura maiſtœ; puis*
Beur. Etzehl. WoW-gang Duc des peu,, Pou”, apres la mort d'Otton Henry , Comte Palatin
Electeur ..donnant àRupert ſononcle la poſſeſſion des Comtez de Veldentz 6L de
Lurereckfit pceſent à Georg-e rl-ean fils de Rupergdela Comte' de Lutzelſtein,6L de
la moité dela contrée de Gutenberg. a
RupemfilsrPAleXHDdi-egpetit-filsde Louys de Noir,6L mary d’Vrſule,ſiLl_esle lead [Garder-j
Comte Rhingraue, mariéeapmes ſon decez à leanComte de Falckenſtcm ,mourut °5“*
lŸan i . < -
Gêdräe ſean ſon ſils,Comte de Lutzelſteimépouſa Anne Marie, fille deſiuſtaue
Roy de Suede,de laquelle il eut lean Auguſte Comte Palatimmort l'an mil ſix cens
vnzezLouys Philippe mort en vn tournoy Fan mil ſix cens vn:Geoi‘ge leammary de
Suſanne fille d'Otto” Henry Comte Palatin . 6: pere «Ie-George Orſon = 6C George
guſta”, mary dfilizabeth, ſille du-Duc de \Virtetiber ,6L pere d’AnneMagdele—_
ne, Ican-Frideric, Charles-Louys, 6L Soſie; 6L mourut 'an i 59:.
OQMTE'i-:TDEVVERIHAIM.
LOEVVESNTEIN_ iî
t, Mann., L, _- _ - A Comté de*l.0EWENSTElN eſt affiſe auPalatînat au pays deKreichj Aſia”
q ‘~_ gow, non guere loin de Hailbrumville Imperiale, poſéeaux cxtremitez de
Ê -' la Duché deWirtenbergÀu coſté duNord56L ſa principaieville eſt LOE
\V E N STElN. Ces C omtes poſſedent auſſi ‘ depuis quelque temps la Comté dd'
\V E R T H AI M en Franconie, pres de l'Ottenvcïald , à l'Eſt du Palatinat , l'ayant:
t… Gur_ _euë par le moyen des femmes. La 4 principale ville de cette Comté eſt VER
chñvixro TH A l M ,aſſiſe en lïEueſche' deWirtzbourgfur la rencôtre du Mein 6L duTauber.
l=°l°gïffl “F ' La Comte' de Lowenſteimzprit commencement au temps de l'Empereur Otton, GUN'.
@Mſiſiſiſiſilffl fesSeigneurs deuindrent ſi puiſſans que l’vn d'eux prit le Marquis de Baden l'an “m”
’ c cel-ſd… 1318,65 peu d'années apres les Palatins deuindrent maiſtres. Ceux qui la poſſedentf
Taken-lilo!! ſe nomment a preſent Comtes de Loewcn ſtein 6L de Werthaimfieigneurs de Ro
_ chenfort 6L Scharefenac, Brcnburg 6L pluſieurs autres places. _
~ ' deFrideriqſurnommé
f ufflkd* [Electeur Philippe ſon—nepueu,eut vnde
le Victorieuxflfils filsLouys
nommé Louys, d’vne
l' Aueuglepu femme qu'il
le Bai-buffle en- 3*'
Tuteur
Gfflch n_ tretenoit premierement, 6L qu'il épouſa depuis, 6L mourut l'an mil quatre cens ſep
Louſhſfi_ 'tante-ſixppres auoir fait ſon filiComte de LoeWenſtein,6L laiſſe' vn autre ſilslnomd_
* ~ mé Frideric.
Louys épouſa Sofie, de la Maiſon de Boclin, 6L laiſſa ſon ſucceſſeur ‘
Frideric ſon fils,mary de Sofie, dela maiſon de Konſeck, 6L pere de Louys,ſuceſ-'
ſent, \Y/olffgang, Frideric 6L Albert. .
Louys Comte de Loewenſteinî épouſa Anne fille de Louys Comte de Stolberg,
6L vnique heritiere de la Comte' de Wertheim, pource que ſes deux ſoeurs aiſnées
eſtoient ſansenfans , 6L ceux d'Anne ſontChriſtofle Louys, mary d’vne fille des'
canines de\Yſalpui-g;
Theodore Manderſcheid; Louys, Fridetic,
6L Catherine Wolffgang-Erneſt,
Elizabeth. ſi Iean-Diether, ou
lgMunſtchH
’vVESTEÏhEICH;
'-5 E pays
c'eſt nommé"
à dire, communémentW/ESTERREICH
Royaume 6L \VESTRICH-'Nomî
d'Oueſt ou d'Occident,pour le di flinguer de l’Oſter- ſ i
~~ ~‘“ rcich, ou Royaume d'Oſt ou du Leuanneſtably du coſte' d'Auſtriche par
l'Empereur Charlemagne', eſt vne grande partie de l'ancienne Auſtralie.
ll ?advance du M idy iuſques à la Duché de Lorraine,qui meſme en eſtoitautre- Confins;
fois vne partie , aboutit du Couchant au pays de Lutzenbourg ,du Nord àcell e de
Limbiurg. 6L à l'Archeueſché de Çologne'. 6L du Leuant au Palatinat, qui meſme Y
_eſt engage' cn partie.
~ P
dVVAsGÔVV.
'~ (u. ,7 E pays de " \VA SG OW, partie du Weſterrëich, eſt aſſis _entrelÎAl- Quai-Re:
’ ſace, le Hunſruck, 6c le Rhin, iuſques auquel ils'eſtend. Il embraſſe la “'3'
*A 4 ' les
Duché des deux
Chaſteaux dePontS.la Comté
Berbenſtein de Leiningenge
,Waldecfg celle deg-Bitſchaûec
Falckenſtein ,I-_Çtſiuzelhaiÿç
— Arnſperg, Freundſperg,FleckenſteimHohemberg, &z pluſieurs aitu-es,
6c les villes de,auec
\Yſigelburg Wcrd les ,Citez
Anwyler, Than deſiW/ISSENBVRG,
Imperiales , LiechtenſayënTurckheim , Lindelbrun
LANDAV , 6c
, SP[
R E , 8c WORMH S. ~ ,
@lirez ñ, (je pays eſt tout rude, &montueux du Couchantzrnais abondant en ſoreſts,
ſim" cheſnes, venaiſon, gibier-,cſtangs , 6c poiſſons. Il s'y eſt 'trouvé quelquesfois quatre
cens hommes de cheual, armei de toutes pieces. - ~* '
ſ
VVEXSSENBVRG, ô( ſa Pi4Œv_OST-Ez ‘
Aville Imperiale deWElSSI-ÏNBVRG, priſe par quelques vns 5 pour cMunſitctYei-Lz.
l î u ñ; l l ancienne
' .Fubiz/s'im-
- , miſe
' par’* qſſuelques
. vns
- en Alſace,_pource
~ qu ’ elleeſt nir,
proche de ſa frontiere , eſt aſſiſe ſur la riuiere de Lauter, qui paſſe par le ini- Tmzägzzfi_
liu; uis ſe rend à deux mils delà dans le Rhin, poſée au pied du mont de Voge. Elle
.a vn pays nommé Mundat , qui s'eſtend tout autour iuſqtſà deux lieues en quelques
r L ll iii
ï
1.'.
LANDAVW
b Munſter”. ct ' A ville ‘ lmpcriale de LAN D AWeſt aſſiſe pres du mont-de Vogej AFM!)
- . ._ l deux lieuës duRhinfurla petite riuiere de Oxueicluqui paſſe dedans, LW"
".1 ê: pres de ſes murailles. Ceſte Republique a ſous elleles villages de
“~ [-1 Dantheim, N oſdorff, Bt Queicheim, 6c tout autour d'elle quelques
trois cens cinquante bourggou villages, en deux lieuës de tour. ,
Son terroir eſt des plus fertils , ç.: porte du froment , 6c du vin en Qflïlitïl_
abondance. Les habitans de tant de lieux voiſins vont ordinairement à grandes trou- “kdl”
pes au marché de ceſte vil le , pour y vendre tout ce qu'ils ont , &c le vin de ce pays eſt
tranſporté en Suaube ,65 Bauiere, où l'on le nomme vin du Rhin. C'eſt ce qui fait _
que les habitans de Landau' s'adonnent principalement a cultiuer leurs vignes. Leur FW"
villc eſt fortifiée de bonnes murailles, touîrs,baſtions,ôt foſſez profonds. ct
H V N ~S R V C K
, R… E paysïde HVNSRVCK,dont le nom ſignifie Le Dogoulerefuge WWE
ËzÏÏÃvonJlſi, - dÊS Hum-pource que lesH uns s'y retirerent pour quelque temps,com
Hctligk e46. me en lieu de ſeureté , comme teſmoignent encor les Chaſteaux de
Hoinſtein, ou Hunolſtein, de Caſtelhun, le village de Huntzheim pro
l _ che de Caſtelhun, 6c la fontaine de Hunnenbrun pres de la ville de Sie
meren eſtaffis entreleRhinJa Moſelle, &le Nab. -
Il comprend les Principautez de SlEM ER EN, 6c BIRCKENFELDJ” Com-ñ CTF”
tez de \V ELD EN TZ, 8c S P AN H El M, vne partie de I’Eſtat dePArcheucſque de
d sciuozerl_ ,TREV ES , 8L les pays des 4 \VILDG RAVES , RAVGRAVES , 6c R H IN
HilLOtb. ES_ k
Ce pays eſt fort montueux , 8c plein de foreſts , dont les principales ſont Saen- P7" "
-Waldt, 6L .Eberwaldt, 6c toutes-fois les trois riuieres qui ?entourent luy portent de m"
SMÏ-nficr grandes commoditez , auec abondance de toutes choſes. Il eſt ' auiourdffruy des
lähdſifl_ — mieux cultiuez , 6c fort Fertil par le ſoin de ſes habitans : tellement qu’il produit du
froment en grande quantité: mais il ne s'y trouue des vignes que fort raremenr,y en
ayant ſeulement pres' de Dalberg, 6c de Gutenberg. En la Comté de Spanhein1,pres
de Trarbach , 8c du Chaſteau de Hemſtein , on trouue des mines de cuivre , 6c plu
ſieurs d'argent au pays de Birckenfeldt. ‘ ' ’ ~
l
l .
Rhingraucs: ~ ' 691
x
RHIN-GRAVES.
n… L_ f _ _ Es R H ING RAVES , ‘* ç'eſt à di~re Comtes duKſilŸhinóËoſſeIäliÎ-:t Lïähärïffl
fiouucr -4 ' - en ce pays beapcoup ÎIÇUXÏCOmmCHÏſBhÊÛD [Inès “aïgue dé blonmpclw.
nement. ,gg-î Kirburg ,Gt R ingra e ein. l Sont au i ans c. p y _ ſ (mags-tn,
!SQL-g -. y Lorraine la _Comte de SA LM, pour raiſon de laquelle ils ont ap- [mpg,
. … j l pellez en Alemand Landſaſlen , de meſme que les autres Gentil:
i'. n. …,q- > hommes d’Alemagne qui releuent de quelques Seigneuïî -Pffllr
ce qu'ils tiennent ce fiefdu Duc de Lorraine; mais pour le regard de leurs fiefs de
ſiI-lunsruck , ils ſont ſujets immediatement à l'Empire, duquel ſeul ils releuent, 8c
ſont Freye Reich: vom Adel.
R ‘ _ ~
me” -ſ À villelmperialede SPlR . ‘ nämée rles Alemands SPEYER, :ffhàïäh:
~ 3 . de meſme que la petite riuiere qui pa ededans ,futlancienne Ne_- cum_
Qumé .ñ , mmam, ſejour des NE M ETES, peuples habitans pres du Rhin. Elle
lil": eſt aſſiſe dans le Palatinat à vn quart de lieuë du riuage gauche du
~ Rhin, vis à vis~du port, 6c bourg de Rhinhauſen. Ce qui S‘y voit de ,
' plus remarquable, ‘ c'eſt ſon Egliſe Cathedrale de noſtre Dame,où ÈŸEŸN
ſont les tombeaux de beaucoup dîmpereljrs , 6c Ïlmperatrices &Alcmagkje = le
ſi mont d'Oliuet,qu'ils appellent en Alcrnandî-I-leilberg , qui eſt dans le Clólſtrc de
l'Egliſe, où l'on voit ce mont repreſente. auec ſon rocher , le tour qu'il faut faire en y
montant , 8c les perſonnages qui ſe trouuerenc à la priſe de Noſtre Seigneur tous de
pierre , de meſme que leſlie-Chriſt , &z les Apoſtres qui Faſíîſtoient: 8c l Egliſe 'de _U U_ m,
ſainct Iean,
rement au hautpuis
vn village, de laville,
Rugherqui eſt pourEueſque
Hutſman la pluſpart
du en pendant.
lieu, Ceſu:,la
ſagrandiſſant * prernie-
ceignit ;PL "'
VVORMES.
_ , ‘_~ A ville Imperîale de VOR M E83 nommée en Alemand Worms, Nomsî
Allianz.
- ~ j eſt priſepar pluſieurs pour la Bertomlgüídîc Ptolemée , au pays des
_— f Van
ſur lî ions.
Rhin,Elle eſt maintenant
de grande eſtenduëencloſe ns le Palatinat
, mais vuide, , 8e oſée
8c ſans maiſoçris en
1
pluſieurs endroits , &c fort peu peuplée, au regard de ſon enceinte,
‘ pource que les diſſenſions en onc fait retirer routes les Nobles ſa
milles , 6L les uni ſons du C lergé , qui poſſedent quatre Egliſes Collegiales , &c rien
-x Denr preſque le tiers de la ville. La ville de Pfedersheím ‘ eſt auſſi dans la Comté
à Xyñanäî
Azzaîreuer de \X7 Ormes'.
. i5. Le pays des enuirons ‘ deWormes produitgrande quantité de_ bled,& de vin du WW?
î Munſter
!L5, Rhin fort excellent , à rai ſon deqnoy ſes habitans s'adonnent pluſtoſt à la culture de
San-influent. leurs terres, vignes qu aux arcs mechaniques , ou bien au traffic,, qui n'y eſt pas
Orb. l
gŸZIÛJJPIIIÎCIPÎÎCMCRI depuis que la ville de Franckenchal , peuplce de Valons , a
mis en vigueur ecommerce. -
ſ Duff-sf.
' Ceſte ville î ſur aucresfois ſujece äceux de Treues, puisaux Romaingpuis ayant GOIKÔ —
ncmcnïj
Gcræyrh. eſté ruinée par Atrile . ſu: redreſſée par Clouis Roy de France. ll y eur apres vn Pa
lais du Roy Dagobert, 8c Conrad Duc des Vangio-ns y fit ſa demeure. Mais ce ſejour
ſur conuercy en vne rexraitce de voleurs au temps d~Otcon ſucceſſeur d’Octon le
Grand ,ſi bien quhutçmps del‘Empereur Henry ſecond, coute ceſte canaillefur
chaſſée à Bruchſel , où ces Ducs tranſporter-ent routle droit qu'ils auoient iWor
, mes, qui parce moyen ſuc affranchie, 6c miſe encre les villes de l'Empire , puis receut
g Vvcſmcf de grands priuileges de l’Empereur"Frideric Barberouſſe l’an n80. Ellealel príuile
.Symplieñ-r. ‘ v ge de premiere inſtance; mais on peut appeller des Sencences de ſon Senat à l Eueſ
MP2' que deXY/Ormes ,lequel lmperiale
touresfoisde
enSpire
ſuicce, lors
d vne tranſaction
appellans à la (ſi. hambre que les partiesrenuoye touſiours
le requierenr , 8c les
ne
prend cognoiſſzznce de leurs cauſes, ny ne les decide. Celle ville eſtoiraurresſois ſous
la protection des Electeurs Palatins. _
La ville de Wormes eſt diuiſée en Lutheriens , 6L Catholiques, outre leſquels il y Religion.
,a des Iuiſs au nombre de plus de trois mille. Mais lc Magiſtrar eſt Lucherien, sonfir
mé routesfois par l'Eueſque,
- ſi i Eueſché de VVormes.
693
EVESCHE' DE VVORMES.
Llïuxó
A
_ _ ' 'Eueſché de ï WORMES fut autresfois vne Archeueſché, qui ï Mlnſffli zi
- j' l, poſſedoit to‘ut le pays du Palatin , celuy du Landgraue de Heſſen,
ſ ſ &c tout Ce que l'Archeueſque de Mayance tient à preſent. Mais
. ’-_ 'L ceſte puiſſance eſt tellement amoindrie que ?Eueſque a ſeule
* ment de reſtela Comté de LADENBV RG, auec ſa ville de meſ
ſi' _, rw- . .zz
. &A menom , &c quelques villages de peu d'importance en la contrée
du R hin, voire meſme le Palatin a quelque droit en la ville de' iadenburg.
Gouttes-ï Tandis que le Comte Paîatin eſtoit en autorité , cét Eueſque auoit peu de pou
ncmcnr- uoir, pource qu’il eſtoit enclos dans ſes terres. Au reſte il ne peut demeurer plus de
trois iours à Wormes, à cauſe des priuileges des habitant.
Religion. c'eſtoit " autresfois vne Archeueſché : mais à cauſe du laſche meurtre d'vn Sa- b oreiller. _
xon fait par ?Arclieueſque Geruilion , le Roy Pepin tranſporte. l' Archeucſché l'an M‘UΓ‘P"P
71.9. à Mayance, d'où deſpendaujourdhuy l’Eueſchè de W/ormes.
OTTENVVALD.
_ ’O'I_~TENW_ALD, ou la FOREST (TOTTON , partie de la fo*
"W'. ~' ' --'_.".\\.i) reſt Hercyniqaboutitau Mein , &t au \Vetteraw du Nord ,au Ge- ,
"I-- raw. 5c Palatinat du Couchangau meſme Palatinagôz à la riuiere de
_ ber, ou la Franconie.
Lieux. - ' Ce pays appartient à diuers Seigneur-aveu que l'Archeueſque de
Mayance v poſſede
autres places. les villes de Mudoch, Kruten,
ſi Buchen, -Amorbach
~ , 'a quelques
Les Eſchanſons d’Erpach y poſſedent les villes dſiErpach , 8L de Michelſtat', auec
pluſieurs Chaſteaux, 6c villages.
Les Comtes de Hohenloh y tiennent la ville dUrigen, &c tout le pays aſſis pres
du Tauber.
La Comté de Lœwenſten 'eſt auſſi de ceſte Prouince.
93m5_ Ce pays eſt fort couuert de foreſts , 6c n'a guere de pins , mais beaucoup de faux,
~ 6L de cheiiies. Pres de Bergſtraſs , c'eſt à dire du chemin de la montagne qui meine
de Heidelberg à Francfort , où ce pays des montagnes vient à s'applanir ,il eſt mer
ueilleuſement fertil , 8c produit du vin que les Alemands trouuent excellent, 5c
pres duTauber , 5c de Heil brun, il croiſt du vin moyennement bon en grande abond_
dance.
ARCHEVESME DE MAYANC~
'Archeueſque de Mayance eſt vn des plus conſiderables Princesſſde-iiax 9-.
l' Empire , tant pour leregard du ſpirituel , 6c des Eueſques qui deſpen- ÿfíſë-fflîîîlî
' dent de luy , que pour ſes dignitez &Electeur , 6c de grand Chancelier gimp' L77
d' A lemagne, le pouuoir qu’il a de mander les Eſtats de l'Empire , &les ïŸAm-M-ÎÊÊÏS
terres qu'il poſſede pres du Rhin , en Franconie ,au pays Ïhisſeld , en L"{,{LL3”‘3
celuy de I-leſſen, 6c meſme en Thuringe z tellement que ſi tous ſes Eſtats eſtoient en- liît c 9. _ ~
ſemble, auec la contrée de Bergſtraſs, voiſine du Rhin , engagée au Palatin ,il ſeroit ſf~“_‘"ch‘°*‘
vn des plus puiſſans Princes düïilemagne. Aſiznpomn;
vnies Sa principale ville eſt MAYAN CE , nommée en Alemand Mainrz ,ou Meintz, S Abiïffld
d .
poch,, 6c parles ancienſis ‘ Mdgüflflſſdäüw , 8c Mogtmtiacnm ou bien ‘ Mdgamiacur 6c ‘ Moto”- C[- ~5
lſmitcLGeogó ~
uRhin, . . ’ ’ 'm' f***
&du 114mm,- mais par quelques Grecs aſſez modernes ‘ Magtflzd , 6c par les Arabes! Ma- hScrari- Mo
Wiffl iantſah. Elle eſt h affiſe Ô--VIŸDgt-lſiept degrez , trente minutes du premier Meridien, Ÿi“f‘i‘*""²
694. Archeucſquc de Mayance:
à cinquante degrez , trente minutes de Plîquateur, pres dehaſſemblage du Mein;
8l du Rhin,qui luv ſont à l'Eſt , dont le dernier eſt maintenant vn peu au deſſus du
fauxbourg de Filſhach. ll y a encor le ruiſſeau d'Ombach , jadis Cia , qui entre dans
la ville , 6c ſe rend dans le Rhin par vn canal du Çhaſteau , 8c le ruiſſeau de Lobach,
ou Gongobach, qui paſſe pres de la ville, où l'on voit dix portes,dont les trois regar
dent le Midy, le Nord, 8L 'le Couchant# les autres ſept ſont au Leuant vers le Rhin.
Son Egliſe Metropolitaine porte le nom de ſainct li/lartin , au lieu qdautresfois c'e
ſtoit lainct Eſtiennqoutre laquelle on y voit celles de ſainct Alban, ſainct Pierre,
S. Eſtienne, S . leanſiainctecroixſiaincte Marie aux degrez,S.Maurice,iScS.Gangolſ.
7 Il y a ſept Egliſes Parroiilialeffldix Conuents de Religieux , huict de Religieuſes,
a Munſter cinq Hoſpitaux, ſeize Chapelles, 8c vn College de Ieſuites. Aureſte ï il n'y a ville en
“4- Alemagne , où l’on trouue tant de reſtes de l'antiquité qu'à Mayance. Elle eſt auſli
renommée pour la premiere inuention de l'Imprimerie, enuiron l’an 14.4.0.
g Les autres villes de ceſte contrée, ſujetes a ccît Archeueſqueſiont Bingen, proche
du lieu où le Rhin reçoit le Nah , où l’on tient que Druſebeau fils d'Auguſte mou
rut,comme vne fontaine proche, nommée encor Drulelbrumle teſmoigne. L'Eueſ
b ScrſatiJiJ'. queWilligiſe premier Ezectcur l' y baſtit vn pont ſurceſteriuiere de Nah , ſur* la* —
ÎË““²“°"
d Mſtunſter quelle on voit au
voit d preſque encimilieu
ir :a ville de Nah,
du Rhin vneou Nahdt, ſujete
toui-,nommee M au meſme.
euſthur, c'eſtPres de Bingen
à dire on
la tour des
1L1. Rats, où Hatton Euçſque deMayance ſut mangé des rats par punition diuinel’an
ſ :é: 914. pource qu'en certain temps de cherté,i~l aſſembla Force pauures dans vn grenier,
Tcurch-c-ii- 6c les fit bruſier, diſant, que c'eſtoient des rats, qui ne ſeruoient qu'à ronger. ll poſſe
de encor à vne lieuë de Bingen la ville de Diekhauſen, dont le terroir produit de bon
, vin , 8c pres du lieu où la Nidde , de le Mein ÿvniſſent, la ville de Hoſt, ou Hochſt,
accompagnée d’vn fort Chaſteau , 8L conſidérable pour le peage qu'y reçoiuent les
Archeueſques, auſquels il fut octroyé par Charles quatrieſme l'an 135 2.. Ils ont en
-Sctr-r-lí-i- cor ï Aſchenburg ,ville importante ſurle Mein , trois lieuës au deſſus de Francfort;
íis-lſihääſ' auec vn pont ſur la riuiere dreſſé par l’EueſqueWi‘l’ligiſe , &c vn ſuperbe ChaſteauŸ
de pierre rouge , baſtv par le dernier Archeueſque Swicard de Cropnberg , 8L para
cheué l’anx6 11. C'eſt en ce lieu que les A rcheueſques ont choiſi leur ſejour pendant
l’Eſté, tant pour la commodité de la chaſſe , quela voiſine Foreſt de Speshart leur oi"
fre, qu'a cauſe dkrneinfinité de belles ſources d'eau viue, qui rendent ce pays agrea
ble. Il eſt vray qu ils ſe tiennent ſouuent en Hyuer en vn beau Chaſteau qu ils ont
toutaupres de Mayance. .
lls ont encor ä quelques lieuës de Mayance Gerletzon , jadis bourg ouuert : mais
fermé de gazon , depuis ces dernieres guerres 6c fortifié d’vn bras du Rhin qui l'en
ui-ronne, de meſme que ſon beau Chaſteau. ,
Ces Archeueſques ſont auſſi Seigneurs du pavs de RHlNGOW/en la Prouince Rhin;
de Heſſen , proche du riuage droit du Rhin , dont la principale ville eſt Eltfeld ,ou- 5°”.
gMunſtetl-z- tres laquelle il y a beaucoup de lieux, eſgaux à de bonnes villes , donf-le plus ſignalé
l s l_ eſt Wiſklpaqienänonèmé pjoërges qainsxclpaudsſeflſczigqé de dehuâ lieuëslde MEÀyanlÎe,
i crt.
m' i.). îæcpäsëæe u ona ere ' r ac 1, ou ont es epu tures _ c que ques rc e.
plis ont encor ſur les frontieres du pays de Heſſen , 6c dela Thuringe, la contrée !ici-IW
d’E IC HSFELD, ou Eisfeld, que ſes predeceſſeuts acheterent des Comtes de Glei
chenſtein. -
La pri ncipale villeeſt Heiligenſtad, où les leſuites ont vn College. Duderſtad en
eſt de meſme, qu'ils acheterent d'Otlion, fils de Henry de Brunſuick.
i Montamſut Au pays de Heſſen, i ils ont l'importante ville de Fritzlagproche de la riuiere d' E- Heſſcnl
Mctcat.
, der, auec quelques autres places.
ÎLMctellÃpcc. Ces Archeueſques ont encor en FR ANCONIE les " villes de Biſchopsheim, Fxicome
lMunfieLlq. Heuſt , Durn , l ou Thurn , &c autrement Waldthurn , 8c meſme on y loge Aſchen- Sm**
burg, dont i'ay fait mention, ôſit dans la Foreſt d’Otton, en Alemand OTTEN- M
ſſ WA LD, les villes de Mudoch,Kru_ten,Buchen,' Amorbachfflc quelques autres.
rnSctraLlLg. ~ La Comté de KENlGSTElN , aſli ſe au pays de Heffen leur ſut auſſi donnéem CorËtW
par l'Empereur l’an mil cinq cens quatre-vingt vn , apres le decez des deux' Comtes
de Sto? berg freres , morts ſans enſans , ſi bien que deflors la ville , 6c leChaſteaude
nsïïlïlfïſſ-hîſl- Kuenigſtein leur ſut acquis , auec toutes les autres places. La principale ville de*
od" ceſte Comté eſt Vrſellen , 6c pres du Chaſteau de Kynigſtein on voit celuy dc Cro
nenbUrg, qu'on nommait autresfois le Chaſtcau de Traian.
- La
_. …i Archeueſque de Maÿſiaiſiiſſceſſ. . 69;
cdti Je La Comte' de* REINECK , nommée autrement de LOHR ,demeſme que ſa ISÛÏ-xí-li-Si
LW* ville principale, leur eſcheut auſſi par defaut d’hoirs l'an mil cinq cens ſeptante
m,, e q uatre.
:ila-ng- La ville D’ERFVRDT enThuringe depend auſſi d'eux en certaine ſorte , com-ſi
‘ bien qu'elle ſoit lmperiale; veu que ces A rcheueſques y ont la Iuriſdiction crimi
nelle. Ils poſſedent encorpluſieurs autres lieux au meſme pays.
WW- Il ya des " eaux chaudesà Wiſhaden, où pluſieurs malades recouurentla ſainte'. BMunſtenlijE
Le Êerroir ° de Mayan ce des deux coſtez du Rhein eſt des lus fertils , 8c produit du ſä““²““'
vin excellent,
fromenten principalement
abondanceLes au Rhingow
ſoreſlts , &le, pays
de Speſſchart ‘ 'Eichfl-'eldfourniſſentauſſi
GC &Ottenwald porte auffi du dsciaxiſiisä
ſ i ſſſſ
quantité de bois pour des vaiſſeaux, 8c nourriſſent vne infinité de befles íàuuages;
' tellement que les Veneurs de PArcheueſque prennent quelquefois pour vne année ,
plus de mil e Gel-fs, 6c de 400 ſangliers.
"FLV-s Au pays ï d’Eichsfeld il y auoit anciennement ſur vne haute montagne nommée * &ïäïffliê
…ſi ſiſi ' Stuffenberg , vn idole nomme' Stuffo , qui rendoit reſponſe aux habitans de
ces cartiers comme les anciens oracles z mais Saint Boniface abatit cete
M'en”, ſtatué' . , _ _ i ~. . s- . ,
*ï
. La principaleforce de ce Prince 'conſiſte au 'grand nombre de ſes vaſlauzgquí
tiennent en fiefde luy luſieurs vilies, Chaſteaux ,' &villages ,GC-ſont obligez pour
\
ce ſujet de marcher â eurs dépens pour le ſeruice de ce Prince ,auec certain nom
bre de cheuaux en 'tem ps-de guerre.
Gouuer
nement.
L’Atclieueſque
' Europe. de Mayance eſt*' le premier 'entre les ' Electeurs, M
8c grand
m m Chan-Iſi Esemígſiÿtîÿ
'
!ï
AYChCUCſqUC de Mayanceíſ… l* .T
696
'\
— celier dïklemagne. lla ſon Mareſchal , ſon'Chancelier, &cles Aſlïzfièurs de ſon
Conſeil , qui ſuyttenr la luſpart du temps ſa Cour , 8c gouuernent tant la ville de
Mayance que tout ſon ïîſtat. Dauantage-en chacune de ſes Seigneuries il a des
Gouuerneurs, nommez au langage du pays Aſſmytmans. Les Comtez ï de Lohr , 8c
ne ſ-Ù
de Kenigſteiu, ont chacune vn Senat. .
Les Eueſques Suffragans* de l' Archeueſque de Mayance ſont ceux de Vannes, Religion]
ſu#
Spire, Straſbourg, C hurffladeborne , Halberſtad, Wirtzbourg, Eyſtat , Werder ,
Hildesheîm , Conſtance, 6c Algſbourg. L’Archeueſque ‘ lean Adam reſtablit la
religion Catholi que aux Comtez de Kenigſtem, &c Lohi-,parle moyen des predica
teurs qu'il y enuoya, éclairciflïmt par ce moyen les Lutheriës, dont Ces pays eſtoiïït
tous peu lez.Au pays d'EichSfeld il y a pluſieurs Catholiques,ma1s les plus releuez
_ſont ÏL urheriens, qui cachent de maintenir leur religion de tout leur Fouuoír. Mais
le dernier- Archeueſque Sxvicard de Crœnenburga témoigné tout à ait ſon zelle,en
priua nt de toute ſorte Œhonneurs, 8c de charges les Seigneurgôc Gentils-hommes
qui refuſent de ſe rendre Catholiques; 8c contraignant les autres qui demeurent
obſtinez, àvendre leur-s biens, 8c ſe retirerailleurs.
Quantl'an
cha-ffl-ſſz auxI433.
Iuifs qui dem euroient autrefoisà
' Mayance,
_ ~ ils_ en furent entierement
dserartkcr S. Creſcens A , ou Croiſſant, ſut ordonné premier Eueſque de MayancePan de Genus;
MogJi.z.z'.4 logic.
&ï 3
grace 80 ,' &depuis ſon tre( as juſqu'à S. Boniface , qui ſur Fait Eueſque l'an 72.0. lïuſquï
Gçorg. par le Pape Gregoire ſeconcl: qui d-émit Guillaume eſt-i bly par Charles Martel , on
Helvvitb. compte 64.0. ans,8c quarante Eueſques, qui furent S. Martin,S. C reſcence, S . Cyñ
NÛbÎLECClD
Magna-tin. riac, S. Hilaire martyr , S. Martin , S. Celſcgs. Lucius , S. Gerhard, S. So hronius,
l
SJ-Ieriger, S. Ruther, S. Auit , S. Ignace , S. DcnVS
. , 3- Rlïſhbïſſ a 5- Ad @lard , 5 l
Lucius Anneus Romain , martyrizc' parles Arriens l'an 34.3. S. Maxime qui viuoit 1
. au temÂDS de Conſtantin, Conſtance, 8c Conſtant, aptes diuerſes perſecutions
_ l'an y
378. Si eine, Sigiſmond, ou Sigmond, Lupold,Nicetius,Marian, Aureus M rtyr,, - ~ll
qui mourut l'an 4.54.. Eutrope, Adalbert, Radher, Adelbald , Landfridñ, Rut ard, _ ï
Sidoine deuxieſmerWſilebert , Ludegaſt, nomme' par uelques vns Lindegaſe, I
6c Benegaſe; Rudhelm ,ou Penzelin ,Luthwald, Leowa d, Richbert; puis Ge- î
rold,
uoya qui tintles
contre le ſiege au auec
Saſſxons tempsvne
de armée
Charles
enMartel,
Thuringe8c de Catloman
, oùil mourutſon ffls, qui
en vne l'en.
bataille,
6c Geruil, ou Gewilieil, ou Wilieb ſon fils ſut mis en ſa place par Charles Martel;
puis à cauſe qu’il auoit tué le meurtrier de ſon perëil ſut démis en vn Synode , où
Carloman, 8c Pepin aſfiſtoient, 8c ſe retira de Mayance. _
ñ S'. Boniface Angloismommé auparauantWimpſid,futlors eſtably Paſteur de Arclieî
uzſqueï;
l'Egliſe de Mayance par Carloman , 8c Pepin , qui obtindrent du Pape que cete
Egliſe fut Metro Olitaine de toute l'Alemagne ,ôc de cete ſorte S. Boniface fut.
premier Archeuegjue. Il reſolu: d’allervoirles Friſons quïlauoit conuertis; mais
:tuant qſſenrreprendre le voyage il ordonna S.Lulle ſon ſucceſſeur,du conſente
ment du Roy Pepin, 8c de tous les ,Prelats , Abbez , Chanoines , 8c Seigneurs , puis_
fut martyrizé parles Priſons l'an 755. apres auoir tenu le ſiege trente ſixans , ſu:
mois, 6C fix iours.
S. Lulle Anglais ſon ſucceſſeur mourut l'an 787. ' ) ._ I_
i. eſtablv ſon ſucceſſeur,
Ricolphe nommé au&mourut l'an 8X4..
Pape par ceux de Mayance, 6c par l'Empereur meſme,fi1t - "
Hanſtulphe luy ſucceda,qui mourut l'an 816; puis Organ', ou Odogar, qui mou
rut l'an 84.7.
Raban , ſurnommé le Maure, qui laiſſa tant de liures , 6c mourutle quatrieſme
de Feurier 856. ~ ~
Charles fut ſon ſucceſſeur, pluſtoſt del’autorité de Louis Roy de France , que
du conſentement, 6c choís du Clergé, 6c mourut l'an 863.
Lindbert, ou ludibertaffiſtanquoy qu'Archeueſque,au voyage de guerre entre;
.ï
ris contre les Sclauons , ou Windes , &c meſme Auentin raporte à ſa valeur tous t,
es beaux effets de cete entrepriſe. Il mourut Pan 889.
Sunzo , ou Sunderold ſon ſucceſſeur fut tuc' par les Normans idolatres l'an huit
cens nonante vn.
Hatton premier, ou Otton, ſurnommé le Mauuais mourutPan 91x.
Heriger l'an 92.4. z 8c Hiltibert l'an 936, ou 938.
Fndetic frere de Gilbert Duc de Lorraine mourut l'an 9,54..
_i
Archeueſque de Mayäiíce. 697
Guillaume fils dcPEinpei-eur Otton i. ſurnommé le Grand mourut l'an 968: '
_ Hatton deuxieſine mourut l'an 9 69,8L ſut mangé des tatz, commequeiqiies vnîí
de ce tëps ont aſſeuré , bien que d'autres les rembarrenfiauec des raiſons preſſànces.
Rupert. ou Roubbert mourut l'an 9“ÿ7~. - z' Ã. ñſ " ’
Electeurs " Willigiſe
mourut ſon L'an
l'an ioii. ſucceſſeur tint le iege
983 l'Empereur trente
Otton cinq ans,ſix mois
deuxſiieſmeeſtant , 8L8Lſixiours,
mort, 8c
ayant laiſ;
'ſe' ſon fils Otton trôiſieſme 'en ſort bas âge, quelques vns vindrët a deſirer pour Ein
pereur Henry Duc .de Bauiete, d'autres le petit Otton -, mais finalement tous rat.- ï
corderen t, qu'on donnerait cet enfant à-\Villigiſe pour l’eleuer-, 8L que cependant
i-l gouuerneroit l'Empire iuſqiſà tant qu'il eutacquis ,plus de ſoi-ce, 8L de prudence;
dequoy
ſix ou ſeptl' Archeueſq ue s'acquita
Prihces Alemans ſort heureuſementzpuis
Electeurs , quiprocederentenuiron l'anà_iooo.
l'an i003. on dc' '
Pelection
_ B_aſleàl?ierre.z.: - . , . . . '
.~ Gerhard, ou Gebhard d'Epſtein, mourut en Feurier i304. :_
Pierre d’Achſpalt auparauant Medecin de Henry Comte de Luxembourggnou
rut en luin mil trois cens vingt. M athias Comte de .B uchegk-,ou Buſſeilgmourut en
Sbptembre mil trois cens vingt-huit. r- ' ' ë? v — -ſi J _
ó Baudoin Comte de Luxembourg -Archeueſque de Treues , 8c frere de l'Empe
reur Henry ſeptieſme , fut apres adminiſtrateur de lhärcheueſchézde' Mayanccdu- .
rant trois ans, mais non jamais Archeîueſque', pource quele Pape' Innocent vingt
4 deuxieſme ne le vouloir pas, 8c fit Archeucſquede Mayance' ſans le conſentement
*les Chanoine ’. ' - , p ’ x _ .
’ 'z .. Henry troiſicſme de Wimberg-;qui-fut apres Feceu du Clergé l'an mil-ſtrois
* ' cens trente deux, puis déinis pource qu’il ſuyuit le party de l'Empereur Louis ex
.ï ’~ communic', &refuſa d'aller trouuer en Auígnon le Pape Clement ſixieſme. __
Gerlac de Naſſaw fut mis en ſa place en Auril înil trois cens quarante ſix,8c
toutefois Henry aſſiſte' de l' Empereur Lduis,& de Cunon Comte de Falckenſtein,
qu’il auoir ch oiſy pour Coadiuteur , tint encor le ſiege huit ans z mais \Charles
quatrieſme chaſſa finalement Henry , qui mourut l'an mil trois cens cinquante
trois, -puis Gerlac deceda l'an mil trois cens ſèptante vn. X
, Iean premier de Lutzelburg-,ou Luxembourg, Comte de S. Pol , frere de l'Em
pereur Charles quatrieſme , auparauant 'E ueſque de Straſhourg mourut en Auril '
mil- trois cens ſeptante trois. . .
Adolfpremier de Naſſaw mourut a Heiligenſtad l'an mil trois cens octante huit.
.i, Conrad deuxieſme, Comte de \Yſinſperg fit bruſler à Bin-gen trente ſix Citoyens
de Mayance, qui auoient embraſſé Phereſie des Vaudois , Sc mourut l'an i396.
- . Gotfrod Comte de Leiningen fut eſleu preſque par tout le Chapitre , mais
pource qu'il_-n’alla pas aſſez coſt à Rome , Boniface neufieſme efleuc l'an 1397 .
Iean Comte de Naſſau', qui tranſportaà Erfurdt ?Vniuerſité de Virtzburgfic
mourut en Septembre mil quatre cens dix-neuf. - ' '
_ Conrad Wiltgraue de Dunen, 8c Rhingraue de Stein mourut enluin mil quatre
cens trente quatre.
Theodoric Seigneur d'Erbach mourut l'an rnil quatre cens cinquante quatre; 6c
Diether d* lſenbeſſrgluy ſucceda, qui fut apres démis.
' ' Adolf Comte de Naſlſiaw mis en ſa-place ar Pie deuxieſme l’an mil quatre cens
ſoixante cinq,mourut l'an mil quatre cens ſképrante cinq.
Dierher dïſemberg fut encor efleu par les Chanoines , apres le decés d' Adolf, .
8d'. mourut l'an mil quatre cens octante deux en M ay.
ſi ' Albert premier z où Adelbert rtoiſieſme fils_d'Erneſt Duc de Saxe , 8c de Miſne,
Chanoine de Mayance , fit payer vne groſſe amande à ceux d'Erfurt , pource qu'ils
auoient tranſporté dans lavilleles Religieuſes du Conuent de S. Cyriac ,ſans ſa
permiſſion, 8c mourut l'an mil quatre cens octante quatre en May.
Berthold Comte de Henneberg mourut en Decembre m_il cinq cens quatre.
Iacq ues de Liebenſtein mourut en Octobre mil cinq cens huit.
Vriel de Gemmingen mourut en Feurier mil cinq cens quatorze;
Albert deuxieſme
Liens, A roheueſq ue deMarquis
Mayance,de Brandebouro, Cardinal
8c de Magdeliaourg, du titre de S. Pierre
6c Adminiſtrateur aux
de ?Eueſ
ché de Halberſtad, mourutà Mayance en Septembre mil cinq cens quarante cinq.
. ~ Sebaſtien de Heuſeſta,
Daniel Brëdel Docteur ez Droits,puis
de HOmbUrgJacheta vne partie Archeueſquqmourutlun
du pays d’Eisfeld , vnit les 145g.
Com-ſſ
tez de Renigſteinäc de Lohr à ſon Eſtanrebaſtit le Chaſteau 8c- ?Egliſe de S. Martin
que ceux de Brandebourg auoient bruſlé , 8L mourut le u. Mars 1582..
ſ. \Volffgang Camerarius ſurnommé de Dalberg , mourutle 5. d'Auril 1601.
Iean Adam de Bickend, rétablit la Religion Catholique en pluſieurs endrois, 6c
mourut Fonzieſme de-lanuier mil ſix cens quatre. -
Iean Schwickard de l'illuſtre famille de Cronberg , Doyen de l'Egliſe, fut eſleu
ſon ſucceſſeur, 8c tient encore le ſiege. ll a rledreſſé dés les foudemens le Chaſteau.
«Y-Aſchëburg, autrefois bruſlé, &ruiné toutà fait par ceux de Brädebourg, l'a rëdu
l'y!! des plus beaux d’Alema ne,a racheté pluſieurs terres alienées par ſes predeceſ
-ſeurs,s'eſt toujours môtré plein de zele àſacroiſſemët de la religiô Catholique, de
' meſme que l'Empire a eſleu auec les autres, Mathias# Ferdinäd ſecäd Empereurs.
ArcheueſquedeTrcues; ſi
699
#æäâæffiffiäñêflvfflffiffiffirffiäffiffimrîæffiffiflæffiwflóffi æflidämffiffi ct; ct
ARCHEVESQYÊ DE TREVES. ~
-— ñ —' 'Eſtac de l’Archeueſque de TREVES , eſt ² borne' dll COÛ-'é du aMercllSpec,
j , '-9'- Nord de la Comté de Naſſav', de la Duché de Mons , 6L de lſAr— Sshroffl
- d cheueſché de Cologne ;du Leuant des pays de Rhingow , 6L de “ſito”
Heffen; du Midy de partie du Weſterreich , 6Ldela Duché de
Zîwerbruck, ou des deux Pons; 6L duCouchant .dela D uché de '
--ñ-r-YAV Lutzenbourg. ’ ~.
Elitnduë. I s’eſtend de l' ſOüeſt à l'Eſt, depuis les 28 deçztezuó minutes de longitudepù eſt iſſscomdz
Schoneck , iuſqiſaux 29, 6L $3 minutes, qui eſtTaſſiette d’Ober \Veſeli 6L du Midy lud-SPW:
auNorddepuis 48 degrezgo minutes de hauteur de poleî,où eſt Sarburgfiuſqifiaux
. 50 degrez, ÔC-qUaEſſſC minutes, où eſt Andernach; tellement que ſelon les degrez de
ſ longitude du Ponant
mve d’Alemagne , 6Lauſelon
Leuant, ſondeeſtenduë
ceux latitudeeſt
dud'enuiron
Midy audix-
Nordſept, de
lieuës , 6L deñ
i8 lieuës 6L
pm_ demye. _r‘- _ _ _ _ - . _'
Riuieres. ronnies
Il comprend les Comtez de \Virnemberg , Manderſcheit ,6L Aburg ,6L les Ba
de Rictffercheit, Rulingen, 6L Rhineck, outre vne partie des pays de Html?
Monra- ruck, deVI/eſtreich, 6L dÎEyfel. _ ~ -
9"" Ses riuieres ſontle Kil, ou Gelb, le Pruim, l’Vr, le Sar, l' Ahr, le Sur , 6L pluſieurs
zmſh; autres moindres, qui ſe rendent toutes en fin dans la Moſelle.
Ses Montagnes , parties_ des anciens Mon ts Meliboces , 6L Abnobies , ont en vn a
endroitle nom d'O ſtling , en l'autre .de Hairic. Ses 'Foreſts ſe nomment en partie ‘_ ‘
_ \Yſeſteturald, 6L partie auſſi Ryder-Wald, 6L EberS-\Y/ald.
“ſi” Sa ville capitale eſt 'I' R EV ES , en Alemand TRI ER , l’vne des plus anciennes
villes du mOnde,6Lla plus eſtimée de la Vieille Gaule au temps de S .HieroſmeElle
eſt aſſiſe ſur la Moſelle ‘ à i8 degrez, i8 minutes du premier Meridien , 6L 4.9 degrez c Qu-aydn: -
50 minutes de l’Equateur. On y voit encor vn Palais baſty de brique, de meſme que Herligksdu "
les murs de [ancienne Babylone , dontlamaſſonnerie eſtſi dure qu'on ne peut la TWïï-'SÛH
rompre
Les en aucune
cintres ſorte.
villes Son Archeueſque,
de cet** Vniuerſiré eſt la plus
ſont ancienne
Pfaltz, ou led’Alemagne.
Palais ſur la Moſelle, d _ARVſil-“Î
Vitlich, Grim bOrgJ-larttenfels, 6L Stoltzenfels, Manderſcheidt , Meyen, Hildeſſi Ëjſiſſſſctſiſſ'
beim, 6L Schoneck du pays d’Eyfel; Coblentz, communement Confluance aſſiſe ï :Munſter 1L5;
ſur ?aſſemblage du Rhin, 6L de la Moſelle',- ayant pour voiſin le Chaſteau d’Ehren
brechtſtein
pour tenir enautrement Hermenſtein
bride les ſujets , renommé
mutins , comme eſtantpour
pleinſade
grande fortereſſe
canons 6L fait ſi
,~ 6L munitions
de guerre,
tenſſantâ cetSarburg ſurle Sar,
Archeueſque miſe en
, Bopard Weſtrich,
, priſe ville Imperiale,
pourlancienne mais
Bodoórzſzd ſujete
, qui fut main
enga..
-_ éeâ ces Prelats parPEmpereur Henry ſeptieſme, de meſine qu’Ober Weſel ſur
fe Rhin ,ainſi nommée pour la diſtinguer de l'autre qu'on appelle Vnder Weſel ,
ou Baſſe Weſtlaupays du Duc de Cleues, aſſiſe où la Lippe S’aſſemble auecle
Rhin 5 H unolſteinñ', Schonecken ,Daune, Kylberg,Vlmen , Cocheim, Kempeñ ?MMM-Jul
nich, Monreal , Kaiſerſeſch , Munſter, Meivelt, Ober Haminerſtein , \VelſchpiL Mm**
lichi Broich,,Bleicaſſel, S. Wendel _, Hunolſtein, Baldenaw , Berncaſtel, Cell ,66
, Baldeneck, qui ſont preſque autant de Gouuernemens.
WW- . — -L’Air y :eſt ſouuent facheux à ,cauſe des pluyes , mais le pays eſt agreable, fg???
comme eſtantdiuerſifié de montagnes , valées , riuieres, ruiſſeaux, 6Lprairies. Le ſi ' Pſiſiî
terroir
Il y a eſt
desaſſez
bainsfertil , 6L les
chauds lieux releuez
a Berttic, a demyeyportent
lieuë dedu vin.
la Moſelle; h Oka-ad vo ſi'…
des eaux l* aiſigrettes HcrLdei.
ſort ſaines, qui ontle nom de Sibenbrä au Mont de Bopparterberg, entre Boppart, TWſïh-G-ſfl
6L Coblentz, 6L d'autres de meſme nature pcti-es &Ehrenbretſtein , 6L du villa e , 6L
Monaſtere de MühlhemkEn vn Lac* proche du Monaſtere de Zum-Laicê , o n ſt Conde ſud. i
,, trouue des pierres vertes,iaunes, 6L rouges,.qui ont le luſtre des rubis , emeraudes, gpu_
6L hiacyntes. On trouue encor en ce pays pluſieurs minesdairain , d'argent , 6L de' ~
fer, 6L grande quantite' de beſtes ſauuages, 6L de poiſſons. - . .~ —
EUYOPC in m
\
*P
1
700 Archeueſque] de Treues.
:Ann-L Ceux deſſTreues *adorerent autrefois Iupiter , Mars , Apollon , Mercure, &les
Moeurs.
T‘°“"'P"*" autres Dieux des anciens , 8x'. meſme eurentvne ſtatuë de ſer fort peſante de . Mer- “"5”
cure volant , ſuſpenduë en l'air par la vertu de Payman qu'ils auoient mis tant en
'la voûte qu'au pauc' du Tem le. Ils auoient encor vne grande ſtatuë de marbre de
Iupiter, qui tenoit vne c'cuel e d’or,où mettant de l'encens,comme ſur du charbon
allumé, i rendoit vne bonne odeur, ſans ſe conſumer.
b Montamſur Les habitans " de ce pays ſont pourla luſpart ſeueres , 6c melancoliques en ap; Moeurs.
Mercat de ct !Gps
- parence. Il eſt vray que la pratique des eſg-angers adoucit vn peu leur humeur ſau
uageôc meſme leur conuerſation témoigne qu'ils ſont en effet d'aſſez douce 8c
gaye humeurà demy Françoiſe, 6c de bon eſprit. lls ſont preſque tous endurcis au
trauail , 8c ſi diſpos qu'ils vont par les precipices , 8c les lieux plus dangereux r
c s-nrfrheac comme les chamois. Ses habitans ë parlent aujourd'huy partie Alemand , partie
Yíbí- François. _ _
Ce Prelat tire de grands reuenus des impoſitions qui ſeleuent tant ſur le Rhin Richeſſes
que ſurla Moſelle ſurles marchandiſes , particulierement ſur le vin du lïhin qu'on
meine a Cologne; des mines de fer, 8c de plombdu pays d' E yFel , des diſines du vin
q ui vient aux montagnes affiſes au Nord de la Moſe le , qu'on appelle delà Moſell
Vein, 8c des ſons dontil eſt Seigneur direct , qui luyrendent grande quantite' de
froment ~, de ſorte qu'on tient qu'il aplus de ſoixante nulle chalets de rente toutes
les années. Il a droit de faire batte de la monnoye d'or , 8c d'argent , comme les au
tres Electeurs du Rhin z mais il vſe de la meſme qu'eux. Les ſujets de ce Prince Forces;
tant nobles, que roturiers ,ſont obligez dele ſeruir aux occaſions de guerre auec
certain nombre d'hommes ,tellement qu'on tient qu’il peut ſaire allez prompte
ment en vn beſoin 8000 hommes de pied , 8C 800 cheuaux. Au reſte ceux qui ont
voulu remuer en Alemagn e,ont toujours recherché d'auoir à leur commandement
ce payszpouree que ceux qui le tiennent peuuent comme Fermer le paſſage des pays
bas tant aux Eſpagnols qu'à tous autres; tellement quele Comte Palatin au temps
qui luy fut plus fauorable , fit toujours deſſein de s'en rendre maiſtre , afin d’empeſl
cher l’Archiduc de Brabant ,ôc le Duc de Lorraine de ſecourir les Catholiques
d' Alemagne z voire meſme pluſieurs tiennent que la perte du Palatinat vient de ce
deſaut.
d Auguſtſſr. - Ce Prince a pouuoir de 4 creer~dans Treues vn Schultenou Preteunêcdes Eſche- 60ml?
^""‘P 5' uins, 8c ſe dit Seigneurde la Cite', bien qu'elle ſe nomme Imperiale, s'appuyant ſur "‘”‘”'
la ſentence arbitrale de Charles quatrieſme Empereur , qui Padiuge entierement :l
, luärcheueſque, nommant meſme l'A rcheueſque Cunon Aduocat , 8c Seigneur de
la ville,ôc luy donnant la Seigneurie directe,8cvtile, auec toute ſorte de iuriſdiction,
' p( puiſſance de vie, &c de mort, ce qui a eſte' confirmé parles Empereurs ſes ſucceſ
eurs.
Toutefois les habitans opiniatrent qu'ils ſont libres, comme les autres villes Im
periales , ainſi que le teſinoigne le pouuoir qu'ils ont de creer leurs Magiſtrats , &c
' choſes ſemblables.
conſuls , 8c Eſcheuins Ils, diſent auſſiIudicielle,
vne Cour qu'ils ontdeux BourguemaiſtreaConſuls,
6c pouuoirſſde Vi_
fortifier leur ville , 8c la -
garder, 8c qu'ils recognoiflent ſeulement comme leur Protecteur leur Archeueſ
que, luy rendant pour cete cauſe meſme honneur que les autres ſujets, ſans toute
foisPauoüer ourleur Seigneur, bien qu'il le ſoit en effet. Il eſt vray qu'ils' n'ont …
'jamais iuré delité à PArcheUeſqUe , qu'apres qu'il leur a preſté ſerment de
' les laiſſer , 8c maintenir en leurs libertez , priuileges , droits , 8c couſtu
mes.
Ce Prince tient ordinairement groſſe Cour, pratiquée de force Nobleſſe , toute
fois elle n’aproche pas de celle de PArcheUeſqUe de Cologne, beaucoup plus riche
que luy.Lors q u’il voyage il a deuant luy ſes trompettesfic quelques Gentils-hom
mes,auec quelques Archers de ſes gardes à ſes coſtez , 8c derriere luy certain nom
_ bre de cheuaux legers-,Bc meſme dans ſon pays il ne marche guiere ſans eſtre acom
> pagné d'environ cent cinquante hommes de chcual. ll a ſa Chancelerie de meſme
queles autres Electeurs, auec vn Chancelier , qui dépeſche 'les affaires du pays
auecles Conſeillers. Il a ſon HoffMeiſter, ou Maiſtre de ſa Cour, 6c ſon M areſñ
' , reau,pource
chal, qui porte auxn’y
qu’il actions
a que llelus ſolennelles
Mareſchal ſon épée deuant
de Plîmpereur qui laluy, mais
porte dans
nue'. Auxle luge
four
mens on y ſuyt le Droit Romainfinon queles ſtatuts de 'Empirepu les couſtumes
_dupays portent le contraire.
u”. Archeueſquc de' Treues; l
701
z: xeügíïnî L’Arcl1cueſque ï de “Freues &pour filffragansles Eueſques de Metz , Toul, 8x'. a ?Tl-dc
Verdun. Il eſt Catholique, de meſme que la pluſpart de ſes Eſtats , combien que les l" ' P"
Lutheriens ayent eſſayé bien ſouuent-auec pluſieurs artifices de ſe rendre maiſtres
Gcnea-
deceſie -ñ e ’ ainſi uede luſieursautres,
logic.
S. EV CHARIVS enuové_
de _Romc-r" _ par S. Pierre conuertità la foy de Chriſt b A” Tm":
.Xyſ d r ‘
,à le peUpledeTreueS eſtantaffiſtc' deValerius, &de Maternus , &ſur Eueſque de ËIMMÊÏ"
a_ B UCſau” cete Cité Peſpacede vingt trois ans. W593
ſſ
ll eut pour ſucceſſeur Valerius, puis Maternus , qui ſur ſuiuy d’Auſpicius , Cel/
ſus, Felix, Manſuetus, RuſticugAutor, Fauritius,Fortunat,Caffian,Marc, Nauie,
Marcel, Metropole, Seuerin , Florentius, Martin, Maximin, 8c Valentin, vin gt ſix
F. ueſques depuis EuchaireUEueſché vaca neufans apresValentimiuſqwâ ce qLfl-z
l'inſtance d’Helene , 8c de l'Empereur Conſtantin ſon fils , le Pape Sylueſtre y en:
uoya Agritius , Patriarche dnäntioche , auec titre de Primat , 6c d'Archeueſ—
que l'an de la fondation deTreues zz84..ôcde Grace trois cens trente trois. Celui- cy
Arche; mourut l'an 34:. _
ueſqw- Maximin luy ſucceda, 8c ſur ſuiuy de Paulin , qui fut martyrizé , 8c eut la teſte
trenchée
auoit eſte' par l_e commandement
enuoyé en exil, l’an 363. de l'Empereur
'ſi Conſtantius , en Phrygie , oùil
ſ Archeueſque de Treues;
702
Brunon', Gentil-homme Francon , fils du Comte .Arnold , de la maiſon de
t Brithaim, mourut l'an i123. . _ _ _ _
Godefroy Liegeois Doyen de l'Egliſe de Treues, natif'du Liegefut eſleu, puis ſe
d"mit volontairement , diſant qu'il ne pouuoir ſupporter les mœurs diſſoluës du
Glergé , 6c qu'il eſtoit trop caduc , 8c mourut, bien toſt apres , l'an mil cent
vinEÈ ſix. ‘
Meginher Liegeois mourut l'an ii payant eſte' tue' comme il alloit à Rome , pa:
vn qu'il auoit excommunié. _ p y
Brunon neuen de l'autre Brunon, ne peut iamais eſtre receu du Pape Innocent,
8C toutefois il le ſut de tous les autres , mais il ceda volontairement ſa place à
Adelber, perſonnage de grande prudence, qui mourut l'an mil cent cinquante
huit. . -
Hillin ſon ſucceſſeur mourut l’an'ii69.
Arnold mourutPan i188. ' _
lean Chancelier de l'Empereur Frideric Barberouſſe, ſut eſteu pour appaſſer le
, different de \Volmanôc de Rodolphe, qui auoient eſte' auparauant eſleus,8c mou~
rut l'an m . ſ .
TheodOi-ic deuxieſiſme , Comte de \Velde mourut l'an mil deux cens quaran- _z
tc deux. _
Arnold fils' du Comte dſſſenburg , ceignit de murailles la ville de Confluance;
baſtit, ô( ſortiſia Killenberg, &mourut l'an 11.59. ~
Henry deuxieſme de Finſtingen baſtit Berncaſtel , 8C Meyen , acheta Mailberg,
fortiſia la ville de C oblentz , ou Confluance , 8c Meinſeld , embellitle chaſteau de
Sarburq, 5c pluſieurs autresplaces , 8( mourut l'an 12.86.
Boemond
Gerard de \Yſanſberc
d'Eppenſtein ,qui le1 ſutdeſi
efleu d’vne part,
l'autre; diſputa quelque
n1aisl'aniz88. temps
Gerard ſutſefait
ſiege auec
Arche
ueſque de Mayence, 8c Boemond demeura ſans competiteur , puis mourut l’an mil
deux cens nonante huit. ~
Diether Comte de Naſſaw , frere de l'Empereur Adolph, fit la guerre à ceux de
Coblentz, ôt mourutPan mil trois cens ſept. Baudouin de Lutzenbourg , frere de
l'Empereur Henry ſeptieſmemcquit Ober , \Veſel , Bopard, ô( Huld; eut pour de
l'argent Bacha rach en äage , racheta Stemberg,acheta Sterberg du Landgraue de
Lucheenberg, ceicznit e murailles Witlich, Meven, 8L Eſch pres de Clpthen , re
mit ceux de Coblenrz dans Pobeyſſance , 8c y baſtit vn tres ſort Chaſteau pour les
. brider, puis mourut l'an i 358. _
Boemond de Sa rhruck de la maiſon d'Edendorff, prit premierement pour Coadl
iuteur Cunon de Falckenſteimpuis luy remit ſa place, 8c mourut l'an mil trois cens
ſeptante ſept.
Cunon de Falckenſtein , ſeigneur de Minzeberg , apres auoir tenu le ſiege quel;
que-temps ſe dc'mit volontairement l'an mil trois censoctante huitmlu conſente
ment du Pape Vrbain ſixieſme, en faueur de Werner de Konigſtein fils de ſon frere
Philippe, qui mourutl'an i4.i8.
Otton Comte de Zigenheim ſon ſucceſſeur mourut l'an mil quatre cens vingt
neuf'. , ‘ ‘
v Rabaqde Helmſtadgauparauant Eueſque de Spire,&: ſort vieil,fut eſtably parle
Pape Eugene quatrieſme, ſur laconteſte de Iacques de Sirck ,ôcVlric de Man.. ' "
derſcheid, eſleus par les Chanoines, puis Vlric eſtant mort çeda ſadignitc' du con
ſentement du Chapitre , 8c moyennant vne penſion (aueclaquelleil ſe tint en ſon
Dioceſe de Spire)l'ani4…39. ' , '
Iacques Baron de Sii-ck, qui mourut en May i456, .
, Ioan fils de lacques Marquis de Baden , prit pour Goadiuteur l'an 14.97. Iacques
ſon neuen, 8c mourut en Feurier i503. ~
Iacques de Baden , centieſme Archeueſque deTreues, mourut en Auril milſcipnq
cens onze. de la noble Famille de 'Gryſeniglaw deſſ \Yſolſrats
Richard z , mourut en Mars mil
cinq cens trente vn. ’ ~ —
Iean troiſieſme , dela maiſon de Mezenhauſeh , mourut en Iuillet mil cinq cens
quarante.
Iean Louis de Hagen mourut en Mars mil cinq cens quarante ſept.
Iean Comte dîſenburg mourut l'an mil cinq cens cinquanteſixz
4)
.n
LËYFFELOV EYFALIE.
_ E pays D’EYFF EL poſſede par lſſÎArcheueſque de Treues en partie, d'vn
.' coſteſſ' la Duché de Lutzelburg , ‘ de Pautrele ſſHunſruck, &c du Leuant ë ÃMV°H²;ÎΗI
' le pays de luillers, ê; ^.s'eſtend entre ces pays, 6L le Rhein, &i la.Moſelle, HÈRËLÀHÎ"‘
lient) _ Il embraſſe les Comtcz d’Arburg, \Vinenherg , 6e Manderſcsheidt , auec les Ba- Tcuríthc-_ysí
_ ronnies de Rvffersheit ,Rulingen , 8c Rhineck. On donne ° à ce pays les villes de ë ““““""'3
Coblentz , Meyen, Monreal , Vitlich , Mandersheir, Caſtelbierg , Munſter, 8c au~ f dv
'î tres. La riuiere D’EYF…FE L î , qui_ donne ſon nom au pays l’arro'ſe , &c ſe va rendre 52x53 cg:
apres dans le Rhin entre Bonne, 8c Andernach. ’ .
üé C'eſt vn pays où!! lon trouue des bains_d'eau chaude propres pour la gueriſon des gMunÃctliqa
W ' ' malades z mais il eſt rudeçôc montueux, 8c toutefois il produitaſſez de Froment , ſi_
,A non aux m0ntagnes,,qui neportent que_ de Pauoîne. Mais _city voit en quelques
endrois bien cultiuez des irielons, cocomläres , 8c ſemblables fruits. Le terroir prq-“q
che de laMoſelleÆcdu Rhin, eſtle plus ſertil. Ilya des Mines ſprl: riches , mais
les principauxiuoyens de ſes habitans conſiſtät en la grande quantite de ſon beſtial,
* au laitage,au miel ,Seen la cire. Son Lac d’Vlm , âboſſîde auffi en ſi beaux poiſ
ſons qu'on y en a~veu dela longueur de trente pieds. ce auſſi ,dans ce pays que ſe
ſict voit le Lac
diuerſes dont Pay parléen l'E
c0ul~eurs-. ~ ſtat de lTreucs , Où, lon _trouue
~ de ſi belles
' pierres de
nem.; ,p Les habitans de ce pays ſont d’aſſez bon eſprit; “maisils meſpriſenît de le polir ,Sc
faire valoir , ne ſe ſoucians que de l'agriculture , ô( de leurs troupeaux. Au reſte ils
ſontlaborieux tout ce qui ſepeur. lily a Force chaſteaux de Gentils- hommes , qui
ont durant
quelques quelque
courſes ſur le'temps
grandeſté redoutez des voyaoeurs,
chemin. D .pource qu'ils faiſaient
connu; Ce pays” obeit en partieà l’Archeueſque de Treues, 8C partie aux Ducs de z, QWLVŒ
'WWW' Lutzenbourg, quiſontmaintcnantles Rois d'Eſpagne. _ \ _ Huugiecxyyg
d.
'_—_—_‘__ I
70 4. Marquis. de Baden:
College ,aſſiſe au pied d’vne montagne couuerte de vignes , 8c acompagnée d'vn .
gl-iaſteau tres-ſornqui ſert de demeure au Marquisles autres villes du Mar uis de *
urlach ſont Etllingen , petite ,mais belle, à deux licuës de Durlach; Müh berg,
-Munflcx-\Êñt- extremitez
ê: PFORTZ H El
dela M, ï Noire.
Foreſt aſſiſe ſur la riuiere d'Entz , en la foreſt de Hagenſchies, aug): ï i ſ
MMMMMMMMMMM-aæfflaæzuanaæ-M &MM-Ms
COMTE' DE RAVENSPVRC , 8c
SEIGNEVRIE DE RAVENSTEIN.
ſ f du
A Comté de R AVdeENSPVRG
Nord PEUeſché , ou Rauenſperg
Minden , du Leuantla Comté ,dea confia*
La ſucceſſion de ces Eſtats a mis en grand trouble tous les Pays. Bas 8L ?Alema Gender;
nement;
gne, à cauſe des diuers pretëdans. Car le dernier Duc leanGuillaumqeſtant decedê
l'an mil ſix cens neuf, ?Empereurſouſtenoit qu'il en pouuoit diſpoſencomme d’vn
fiefde l Empirezôcle Duc de Saxe fondé ſurceteaſſeurancqobtint l'an mil ſix 'cens
dix, de l'Empereur Rodolſe , tant pour luy que pour la Famille , l'inueſti~ture de ces
Eſtats,comme deuolus à l'Empire, eu meſme égard. à~ce que Sybille fille de lean
troiſieme Duc de Cleuesauoiteſté mariée à lean Frideric Electeur de Saxqdépoſ
ſedé par Charles cinquième# par conſequêt ſemblovt auoir porté le droict de cete
ſucceſſion dans la Maiſon de Saxe, en ſuite des termes du contract de mariage. qui
appel loic à cet heritage au defaut des malles Sybille 8L ceux qui nazſtroient d'e|le,ou
des ſiens. Les autres tiennent que ce n'eſt pas vn fief maſculin del’Empire, 8L par
conſequent que les femmes 8L leurs enfans d'autre famille , peuuent ſucceder à ces
Eſtatszoutre que Charles cinquième accorda lan mil cinq cens quaranteñſixfi
Guillaume Duc deCleues,qu au defaut des maſles,ſes quatre filles lui ſuccederoiêr;
8L l'Empereur Ferdinand le confirma l'an mil cinq cens cinquante-neuf', diſant touñ
tefois que ces pays demeureroienttous enſemble acquis au plus proche heritierçpuis
L'Empereur Maximilian, 8L ſon fils Rodolfe ſecond , declarerent encor que tous les
deſcendans du Duc de -lul iers,tant malles que femelleseſtoient capables de la ſuc
ceſſion. En ſuite dequov l Llecteur de Brandebourg, le Duc de Neubourg, le Duc
desDeux Ponts , '8' le Marquis de Burgaur, firent auſſi-toſt apres le decez de lean
Gui* laume dernier Duc,mort l'an milſix cens neufiéclater leurs pretenſions, pour;
ce que les côtracts des mariages des .leurs femmes portoient, qu'au cas queles freres
mouruſſent ſans enfansJes ſœurs-leur ſuccederoient. I
MMMMMMMMMææMHzæMMMMMMH-M
.DVCHFI 'DE IVLIE RS.
A Duché de ï lV LIERS fuctt la demeure ancienne des Menapiens 8c Gu- Noms.
:Mctel Spec! I , ~
M i ſi_ ‘
PontHeutet , 'p, _L gernegæ depuisa pris le nom de' ſa ville capitale. Elle eſt du tout hors dela
,Egg-M ’ " '-‘~ ~ Weſtphalie, voire meſme encloſe dans les Pays -Bas , commeoſe trouuant
Hexligk-o”. entierement au deçà du Rhin, au lieu qu'vne partie de la Duché de Gleues deſtend
au delà.duSes
Liege, limites
M'idy ſont du Nord
les Duclíez la Duché
de Limburg de C leues , du6cCouchant
&t Lutzenburgo, du LeuantPîueſché de couz…)ſi
FArch-eueſ-
ché de Cologne. Sa longueur de PEÃ àlïoueſt, el! àedouze lieuës dfllemagne: ſa mam.
largeur du Nord actu Midz-,de ſept. z ' . '
' Savrlle capitale ell; Iuliersmosnſſmóc au langage du pays 1V lz-ICK, aſſiſe ſur le ""42
'Duché de Iulievrs; 711 ‘
Ruet ou la Rure, comme nous diſons, ävingt-deux degrez, quarante-quatre mi
nutes des Canaries, 6c cinquante-vn degrez,huict minutes de l~Equateur , &t ſorti
fiée d’vn chaſteau, qui ne ſe peut ſap per nv miner. Ses autres villes ſont DNR EN,
iadis Marcodari-LUNN ICH,MI