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UNIVERSITE VIRTUELLE

GEOMORPHOLOGIE CLIMAT

Module conçu par

Mongi BOURGOU
(professeur de géographie physique à l’Université de Tunis)

2006

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PLAN

INTRODUCTION GENERALE
Qu’est ce que la géomorphologie climatique ?
Chapitre1
LES OSCILLATIONS CLIMATIQUES ET LA
CHRONOLOGIE DU QUATAERNAIRE
Chapitre2
LES REGIONS ARIDES : DEFINITION ET PRESENTATION
I- Définition
1- expression qualitative de l’aridité
2- expression quantitative de l’aridité
II- Classification des régions arides
1- classification quantitative
2- classification géographique
3- classification morpho-climatique
III- Les causes de l’aridité et l’hydrologie des régions arides
1- les causes de l’aridité
2- l’hydrologie des régions arides
Chapitre3
LES PROCESSUS D’ATTAQUE DU MATERIEL
ROCHEUX DANS LES REGIONS ARIDES
I- L’attaque mécanique
1- la thermoclastie
2- la gélifraction
3- l’haloclastie
II- L’attaque chimique
III- Taffonis et rochers champignion
1- Les rochers champignion
2- les taffonis
Chapitre4
LE ROLE GEOMORPHOLOGIQUE DES EAUX COURANTES
DANS LES REGIONS ARIDES
I- Pédiments et glacis
1- définition
2- description
3- localisation, conditions d’existence et genèse
4- évolution

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II- Les cônes de déjection
1- présentation
2- extension géographique
3- conditions d’existence
4- dynamique de la construction définition
III- les terrasses alluviales
1- définition
2types de terrasses
3-théories explicatives de la genèse des terrasses

Chapitre5
LE ROLE GEOMORPHOLOGIQUE DU VENT DANS LES
REGIONS ARIDES
I- Les causes de l’efficacité du vent et la dynamique des
sables éoliens
1- les causes de l’efficacité
2- la dynamique des sables éoliens
3- l’accumulation éolienne
II- Les formes d’érosion éolienne
1- les formes liées à la déflation
2- les formes liées à la corrasion
III- Les formes d’accumulation éolienne
1- les formes élémentaires
2- les grands champs de dunes.

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Guide pédagogique

Introduction

Ce module porte sur la géomorphologie. Il couvre plus


spécifiquement la partie dite géomorphologie climatique. On se
concentre sur la géomorphologie des régions arides.
Le module s’adresse d’abord aux personnes titulaires d’une 1ère
année géographie. Il s’inscrit dans le programme du diplôme de
DUEL et maîtrise de géographie. L’étudiant ou l’étudiante devrait
avoir une connaissance de base en géographie physique. Il a comme
préalable le module de géomorphologie structurale.
Ce « guide d’étude » a pour objectif de vous préparer à suivre le
cours. Il définit en quelque sorte un mode d’emploi, non seulement
pour le matériel didactique du cours, mais aussi pour le cheminement
que vous devez adopter et les différentes exigences auxquelles vous
devez répondre.

Bonne lecture et bon courage.

But et objectifs du cours

Le but de ce module est de se familiariser avec la géomorphologie


climatique. Plus spécifiquement, au terme de ce module , l’étudiant
ou l’étudiante sera en mesure :
° d’expliquer le paysage géomorphologique des régions arides ;
° de discuter le comportement géomorphologique, au cours du
Quaternaire, des agents d’érosion dans ces régions ;
°d’analyser les tendances de l’évolution géomorphologique
actuelle.

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La géomorphologie, branche de la géographie étudie la genèse et
l’évolution du relief terrestre. La géomorphologie climatique qui en
fait partie, s’intéresse à l’étude des formes et dépôts, surtout d’âge
quaternaire et liés à l’action des agents climatiques.
Les régions arides, qui font l’objet de ce cours, ont subi au cours du
Quaternaire l’effet des changements climatiques. Le résultat est
l’existence, dans ces régions d’un modelé hérité spécifique.
Depuis l’époque historique, en plus de l’action des agents naturels,
l’action dégradante de l’Homme explique les tendances de l’évolution
géomorphologique récente.
Après la lecture de ce cours, l’étudiant devrait être capable de :
- dresser un catalogue et un calendrier des différents formes et
dépôts quaternaires et actuels relatifs aux régions arides,
- comprendre les modalités de morphogenèse au cours du
Quaternaire et de l’Actuel dans les régions arides.

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Contenu du cours
Le contenu du module se compose de 5 chapitres qui sont
1-introduction à l’étude de la géomorphologie climatique et
définition de l’aridité.
2-Les régions arides : définition et présentation.
3- Le processus d’attaque du matériel rocheux dans les régions
arides
4- Le rôle géomorphologique des eaux courantes dans les régions
arides.
5- Le rôle géomorphologique du vent dans les régions arides.
les chapitres sont subdivisés en 13 leçons
Chapitre Leçons Résumé
1 1 Les différentes zones morpho- climatiques du
globe.
1 2 Le Quaternaire : les oscillations climatiques et
la stratigraphie de l’ère quaternaire.
1 3 Définition de l’aridité.
2 4 Généralités sur les caractéristiques physiques
des régions arides.
2 5 Classification des régions arides.
2 6 Les causes de l’aridité.
2 7 L’hydrologie continentale des régions arides.
2 8 Les processus d’attaque du matériel rocheux
dans les régions arides.
2 9 L’action géomorphologique des eaux
courantes : le modelé d’érosion ( pédiment et
glacis).
3 10 L’action géomorphologique des eaux
courantes : le modelé d’accumulation ( terrasses
et cônes de déjection).
3 11 L’efficacité du vent dans les régions arides.
3 12 Le modelé d’érosion éolienne
3 13 Le modelé d’accumulation éolienne.

Approche pédagogique
Ce cours de géomorphologie climatique est conçu selon une
approche pédagogique propre à la formation à distance. Le matériel

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didactique et la formule utilisée vous permettent d’adopter une
démarche d’apprentissage autonome. Vous pouvez ainsi gérer votre
temps d’étude et prendre en charge votre formation.

Toutefois, cette prise en charge est soutenue par la personne


responsable de l’encadrement (le tuteur), pendant tout le semestre. Sa
tâche est de vous faciliter les conditions d’apprentissage et de vous
aider dans votre démarche, de façon à ce que vous atteigniez les
objectifs du cours. Il va de soi que le tuteur ne donne pas les réponses
des activités notées. Vous pouvez communiquer avec votre tuteur par
le courrier électronique offert sur le site du cours ou en posant vos
questions sur le forum. Votre tuteur y répondra à l’intérieur de 48
heures.

Charge de travail et calendrier


Ce module est offert à distance sur un semestre de 13 semaines. Le
volume de travail exigé pour l’étude du module et la réalisation des
évaluations est de 52 heures par semestre. En moyenne, la charge de
travail hebdomadaire est donc d’environ 4 heures. Certaines leçons
sont un peu plus longues à lire que d’autres, mais elles exigent moins
de travail sous forme d’exercices. Un calendrier pédagogique détaillé
est proposé au tableau suivant.
Calendrier pédagogique
semaine chapitre tâche Envoi de
l’évaluation
°lecture du guide pédagogique
1 1 °lecture de la leçon 1
°auto- évaluation
2 1 °lecture de la leçon 2
° auto- évaluation
3 1 ° lecture de la leçon 3
° auto- évaluation
4 2 ° lecture de la leçon 4 Travail
° auto- évaluation 1ère date
5 2 ° lecture de la leçon 5
° auto- évaluation
6 2 ° lecture de la leçon 6

7
° auto- évaluation
7 2 ° lecture de la leçon 7
° auto- évaluation
8 3 ° lecture de la leçon 8 Travail
°auto- évaluation 2ème date
9 3 ° lecture de la leçon 9
° auto- évaluation
10 3 ° lecture de la leçon 10
° auto- évaluation
11 3 ° lecture de la leçon 11
° auto- évaluation
12 3 ° lecture de la leçon 12
° auto- évaluation
13 3 ° lecture de la leçon 13
° auto- évaluation
14 1,2 et 3 ° révision
15 °examen final sous examen
surveillance

Evaluation des apprentissages


L’auto- évaluation
Cette évaluation n’est pas notée. Elle est présentée sous forme
d’activités d’intégration, de questions à répondre ou d’exercices à
effectuer. Cette auto- évaluation met l’accent sur les points les plus
importants de la matière. Le corrigé des exercices est disponible, mais
nous vous suggérons de ne le consulter qu’après avoir complété les
exercices. Ces derniers vous préparent aux évaluations notées.
Les travaux notés
Ces travaux visent à vérifier l’acquisition de vos connaissances et
votre compétence à appliquer et à transférer les notions étudiées à
des situations concrètes. Le français utilisé dans vos travaux
dévaluation doit être correct. Un travail illisible, jugé irrecevable par
votre professeur, vous devez obligatoirement réaliser et retourner aux
dates prévues (voir la fiche calendrier) les travaux notés et passer
l’examen final sous surveillance.

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Examen sous surveillance
L’examen final sous surveillance porte sur toute la matière du cours
et sera constitué de :
- série de questions qui nécessite une réponse à
développement,
ou/ et
- étude de documents (figures, cartes et courbes).
L’utilisation des notes de cours et de la calculatrice ne sera pas
autorisée.

L’ensemble des évaluations notées compte pour 100% de la note du


cours. Voici le partage et le seuil de passage

Evaluation notée pondératio Seuil de


n passage
Travail 1 30%
Travail2 30%
Examen final 40% 50%
Total 100% 60%

9
Les clichés des photos qui figurent dans le cours sont de Salah
JABEUR et Houria ABDELKAFI in Atlas des paysages de Tunisie,
DGAT, 2005

Introduction générale
La morphologie climatique s’intéresse à l’étude des formes de
reliefs commandées par le climat. Les agents climatiques sont
capables d’apporter des retouches au modelé terrestre. Leur
intervention se fait en trois étapes à savoir l’ablation, le transport et
l’accumulation.
Le modelé du relief qui subit l’effet du climat sera plus ou moins
modifié et détruit. Ainsi, si la géomorphologie structurale s’intéresse
au cadre général du relief, la géomorphologie climatique étudie les
différents processus morphogénétiques qui déterminent le modelé de
ce relief.
L’action du climat est celle d’une érosion différentielle qui tient
compte des conditions lithologiques qui constituent le relief. De fait,
une même roche ne se comporte pas de la même façon sous différents
climats : sous climat tempéré et froid les sables constitués d’éléments
grossiers retiennent mal les eaux et sont mobilisés difficilement par
les eaux de fonte ; alors que la craie à cause de sa porosité et la faible
cimentation de ses éléments, est sensible au gel et se comporte
comme roche meuble. De même les granites sous climats chauds
deviennent, sous l’effet de la dissolution, très vulnérables et
constituent des dépressions.
A toute influence et comportement climatique correspond une
morphogenèse précise et un modelé typique. On appelle climax l’état
d’un échantillon (végétation, sol, faune,…) pour qui, pendant un
nombre assez grand d’années les conditions naturelles tout autour
restent les mêmes et sont favorables à son développement.
Les processus morphogénétiques dus au climat, peuvent être soit
zonaux soit extra zonaux soit enfin azonaux :
- les processus zonaux se rapportent à une zone climatique
déterminée comme, la morphogenèse des formes et dépôts due à
la neige et la glace,

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- les processus azonaux : ils englobent les mécanismes qui ne
sont pas dus à des conditions propres à une zone climatique
déterminée, telle la morphogenèse anthropique,
- les processus extra zonaux : ils caractérisent une zone
climatique bien déterminée, mais on peut les trouver même en
dehors de cette zone climatique, comme l’action éolienne et la
formation de dunes littorales.
Les différentes zones morphoclimatiques
La répartition de la couverture végétale et des précipitations à la
surface du globe détermine le comportement des agents de la
morphogenèse. Ainsi, pour diviser le globe en zones
morphoclimatiques on doit tenir compte à la fois des critères
biogéographiques, climatiques et bien entendu morphologiques.
- les critères biogéographiques : le travail des agents d’érosion est
fortement commandé par les climats qui déterminent les
différentes formations végétales. La présence de celles-ci joue le
rôle d’écran protecteur. Son absence expose le sol à l’érosion.
Celle- ci est moins importante dans les secteurs forestiers que
dans les prairies et les steppes.

- Les critères climatiques : les températures et les précipitations


constituent la base des données climatiques qui déterminent la
classification des zones morphoclimatiques du globe. De fait,

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c’est la combinaison des données thermiques et pluviométriques
qui a été adoptée par plusieurs auteurs pour aboutir à des indices
numériques. Ainsi, l’isotherme de 10°C du mois le plus chaud
de l’année sépare les milieux froids des milieux tempérés. Celle
de 20°C du mois le plus froid caractérise les milieux chauds.
La carte des domaines morphoclimatiques (voir carte ci- dessous),
montre que la zonation n’apparaît que très peu latitudinale. Ceci
s’explique surtout par la massivité continentale de l’hémisphère
nord qui explique la disparition de la forêt à moyenne latitude dans
la partie orientale de l’Eurasie. De même les moussons suppriment
dans l’Asie du Sud Est, l’aridité sous les tropiques.

Les domaines morphoclimatiques


On distingue quatre domaines :
- les domaines froids des hautes latitudes : ici, le bilan radiatif
est déficitaire puisque cette zone existe en deçà de l’isotherme
+10°C du mois le plus chaud (marges nord du continent
eurasiatique, Groenland, Islande, pointe du continent sud américain
(terre du feu),Antarctique,… On y distingue :
* le domaine glaciaire soit 10% de la surface des terres (inlandsis
antarctique, Groenland, archipels et îles subpolaires de l’hémisphère
nord). Ces terres sont largement occupées par des calottes glaciaires,
d’où l’activité géomorphologique des glaciers,
* le domaine périglaciaire qui se trouve sur les marges du domaine
glaciaire soit sur 18% de la surface des terres. Il se développe sur les
marges des continents de l’hémisphère nord. Ici, l’activité du gel-
dégel est fréquente d’où l’importance des phénomènes cryoclastiques.
- Le domaine tempéré : on y distingue trois variantes :
* tempérée proprement dite (variante océanique, boréale,
continentale),
* subtropicale à saison sèche (variante méditerranéenne),
* et variante de mousson.
- Le domaine aride : avec ses différentes variétés
* aride,
* hyperaride,
* aride brumeux
* et semi aride.
- Le domaine chaud : avec une variante

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* chaude et humide (équatoriale sans saison sèche)
* et une variante chaude et à saison sèche (tropicale à saison sèche).

Chapitre 1

Le Quaternaire

Les oscillations climatiques et la stratigraphie

Pré requis du premier chapitre


Pour mieux comprendre le premier chapitre qui est une
introduction à l’étude de la géomorphologie climatique, il serait
souhaitable de connaître au préalable :
- les différents agents d’érosion et les processus qui en
découlent,
- L’action d’érosion sélective qui se fait en rapport avec la
nature des roches, le type de structure et la position
géographique,
Objectifs du premier chapitre
Le candidat doit:
- comprendre les différentes phases qui constituent une oscillation
climatique,
- être au courant des changements climatiques survenus au cours
du Quaternaire,
- saisir la relation entre changement climatique et type de
morphogenèse au cours du Quaternaire.

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L’ère quaternaire est une ère d’instabilité climatique, d’où la diversité
des formes et des dépôts qui lui appartiennent. Ce fait a poussé les
quaternaristes à établir une stratigraphie du Quaternaire.

Les oscillations climatiques au cours du Quaternaire

Plusieurs preuves plaident en faveur de changements climatiques au


cours du Quaternaire. En effet, les observations du terrain montrent
que dans des régions actuellement arides existent des formes et des
dépôts hérités qui peuvent être rattachés à des phases climatiques plus
humides. On peut constater l’inverse dans des régions aujourd’hui
assez arrosées. En effet, les travaux de Butzer et Rognon au Sahara,
par exemple ont montré que les conditions arides actuelles semblent
succéder à des conditions semi- arides, car on y trouve d’anciens
épandages fluviaux , des dépôts palustres et des paléosols (comme
c’est le cas au nord du Sahara, dans le sud ouest des USA et en Asie
centrale soviétique). De même certaines régions qui étaient
auparavant arides sont maintenant subarides. On peut citer à cet égard
l’exemple de la frange méridionale du Sahara africain, dans le secteur
soudanais. Ici, une morphologie de dunes anciennes laisse
aujourd’hui la place à une morphogenèse d’ambiance climatique plus
humide qui se manifeste par une phase de biostasie atténuée où des
sols, des prairies et des lacs marquent le paysage.
Il en ressort qu’au cours du Quaternaire, les périodes humides et les
périodes sèches se sont alternées plusieurs fois. De telles alternances
ont fait varier la faune et la flore, le comportement des cours d’eau et
par la même les systèmes d’érosion et les milieux écologiques.

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Schéma d’une oscillation climatique

Plusieurs auteurs parlent de phases humides et de phases sèches. Les


phases humides sont synchrones de périodes glaciaires pour la zone
tempérée et froide et de pluviaux pour la zone subtropicale et
tropicale. Ce sont des phases de régression marine où domine une
végétation ouverte et donc une situation de rhexistasie. Les phases
sèches sont synchrones d’interglaciaire et d’interpluvial pendant
lesquelles le mouvement de la mer est positif : c’est une situation de
biostasie.
Les climats révolus ou paléoclimats ont été caractérisés donc par une
exceptionnelle instabilité qui a provoqué de grandes migrations de
faunes et de flores. Ainsi, pour bien comprendre les paléoformes
quaternaires, il faut bien avoir une idée sur les changements
climatiques survenus au cours du Quaternaire. Notons que le climat
actuel n’a commencé à régner que depuis 10 000 ans. Aujourd’hui,
c’est l’érosion anthropique plus que les crises climatiques qui est
responsable des retouches apportées au modelé.

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Tableau : oscillation climatique et morphogenèse

Dans la zone tropicale et Dans la zone tempérée et polaire


subtropicale
Au cours d’une phase Au cours d’une phase glaciaire,
pluviale, on assiste à des les vallées sont envahies par la
influences du froid sur les glace et on assiste à une
versants les plus élevés dans les régularisation des pentes par
parties hautes du relief, mais apport des versants.
l’action du froid se trouve
entravée par une couverture
végétale généralisée.
Glissements et grèses
caractérisent les parties basses
des versants et les piémonts
élevés. Ils participent aussi à la
stabilisation du bas piémont par
un tapis de pavage. Vers l’aval,
la mer est à son point le plus
bas.

Au cours d’un catapluvial, la Au cours d’un cataglaciaire : les


tendance est vers l’aridité. Les climats évoluent vers une
rivières remanient leurs continentalité. Les glaciers se
alluvions et s’y encaissent. Les retirent d’où l’importance des eaux
formes et les formations de fonte. La végétation commence
connaissent une incrustation et à coloniser les versants
la mer remonte. Ainsi une abandonnés par la glace. Dans les
terrasse côtière peut apparaître basses vallées, les cours d’eau
dans les basses vallées. s’enfoncent dans leurs propres
alluvions d’où la genèse de
terrasses.

Au cours d’un interpluvial : la Au cours d’un interglaciaire : le


couverture végétale s’éclaircit. climat est presque de type actuel.
Le réseau hydrographique La plupart des versants sont

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s’estompe et la dynamique couverts de forêts. On atteint un
éolienne devient importante. certain équilibre dynamique.
C’est aussi une phase de
transgression marine.

Au cours d’un anapluvial : Au cours d’un anaglaciaire : le


l’action du ruissellement est climat devient de plus en plus
favorisée par une couverture froid. On assiste à une légère
végétale lâche, d’où augmentation des précipitations.
l’importance de l’incision. La limite des neiges persistances
descend. Les versants fournissent
des éléments de grande taille.

Remarque importante
Il ne faut pas penser qu’il existe de grandes différences entre ces
différentes phases qui constituent une même oscillation climatiques.
Celles là ne présentent que des nuances climatiques. De fait, la
différence par exemple de moyenne entre pluvial et interpluvial n’est
que de 2 à 3°C. De même, le total des pluies ne varie pas beaucoup ;
ce qui change c’est plutôt la fréquence des précipitations.

Pour plus d’information, cliquez ici : en pdf

17
LECTURE
Les climats d’hier
Extrait de Mémo Larousse, 2003
Au cours de l’interglaciation actuelle, le climat fut tantôt plus chaud, tantôt
plus froid qu’actuellement. La dernière glaciation s’est achevée il y a
environ 11 000 ans, marquant un réchauffement progressif qui atteignit son
maximum entre 8 000 et 5 000 ans ; pendant cette période, appelée le
« grand optimum climatique », les températures estivales étaient
supérieures d’environ 2 à 3°C à celles observées de nos jours. Des rivières
coulaient cependant dans le Sahara, et les premières civilisations de
cultivateurs sédentaires s’établissaient. Suivirent un millénaire plus froid et
une autre période plus chaude de 500 av. J.-C. à l’an 1250. Durant cette
dernière, appelée le « Petit Optimum climatique », les Vikings, profitant
des conditions climatiques favorables aux explorations maritimes,
implantèrent des colonies sur la côte sud-ouest du Groenland et envahirent
nombre de côtes de l’Europe du Nord. Puis ils furent victimes, entre 1400 et
1500, d’une disette due à un refroidissement climatique. Ce dernier, appelé
le « Petit Age glaciaire », s’installa sur tout l’hémisphère Nord, et
particulièrement sur l’Europe, du 15ème au 18ème s. La température était
alors, selon les régions, de 1 à 4°C plus basse qu’aujourd’hui. Les hivers
étaient plus longs et plus rigoureux, les étés plus courts et moins chauds. Les
cultures en souffraient, notamment les céréales : le prix du pain monta, la
famine sévit. Puis, à la fin du 18ème s., les températures commencèrent à
remonter et, globalement, n’ont cessé de s’élever, accompagnant l’ère de
l’essor industriel, qui pose aujourd’hui le grave problème du réchauffement
climatique dû aux activités humaines.

Références bibliographiques
Sur
Les changements climatiques au cours du Quaternaire

JAUZEIN André : les agents de la morphogenèse

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II- La stratigraphie du Quaternaire

1 – Les indices paléoclimatiques

Les paléoclimats quaternaires ont été mis en évidence grâce, d’une


part à la nature des dépôts, et d’autre part au type de faune et de flore
qu’emballent ces dépôts. Ainsi, par exemple si on trouve des dépôts
glaciaires (des moraines) ceci témoignerait qu’une phase climatique
humide a régné lors de la mise en place de ces dépôts. De même, les
dépôts éoliens sont souvent l’indice d’un interpluvial, c'est-à-dire
d’une phase sèche. Il existe aussi des faunes chaudes et d’autres
froides et une flore qui s’adapte à un milieu humide et une autre qui
persiste même lors d’une phase sèche.

2-Les moyens de datation

Il existe des moyens de datation absolues et d’autres relatives :


-Les datations absolues ou radiochronologiques permettent de
mesurer l’âge d’une roche ou d’un fossile sans comparaison avec un
autre élément terrestre connu. Elles sont fondées sur la transformation
d’éléments radioactifs.
Parmi les moyens de datation absolues on cite surtout :
* isotope 14 carbone dont les limites vont jusqu’à 30 000ans,
* Argon Potassium, dont les limites vont jusqu’à 100 000ans
- Les datations relatives permettent de reconstituer la chronologie
des évènements les uns par rapport aux autres. Elles sont fondées sur
l’étude des relations entre les terrains.
Parmi les moyens de datations relatives, on cite en particulier :
* les données morphologiques qui se basent sur la
stratigraphie et le faciès,
* les données de la préhistoire : l’homme apparu depuis le
début de l’ère quaternaire, a utilisé des outils (des industries variées)
qui jouent aujourd’hui le rôle de fossiles. En Afrique du Nord et en
Europe on compte jusqu’à 8 générations de civilisations qui ont
marqué l’histoire quaternaire de la région. Elles ont laissé des outils
dont l’existence est très chère pour l’étude stratigraphique des formes

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et des dépôts quaternaires. Du plus ancien au plus récent nous avons
les civilisations suivantes (voir tableau ci- dessous)

Tableau : civilisations et industries préhistoriques


(le cas de l’Afrique du Nord)

Civilisation Industrie Age approximatif


ans B.P.
Historique Céramique Depuis 4000
Néolithique Flèches et Pierres 6000 à 4000
polies
Capsien escargotières 10000 à 6000
Ibéromaurusien Lamelles 18000 à 12000
Atérien Pièces pédonculées 35000 à 20000
Moustérien - 80000 à 40000
Acheuléen Bifaces 900000 à 100000
Pebble culture Galets aménagés 2M à 900000

3- La chronologie quaternaire

L’étude des caractéristiques des différents dépôts (faciès, restes


préhistoriques et archéologiques, éléments de datations absolues) et
formes quaternaires a permis de dégager une chronologie qui a reçu
des noms locaux (voir tableau ci dessous).

Chronologie quaternaire européenne (glaciations) et marocaine


(pluviaux)

Glaciations Pluviaux
Flandrien Rharbien
Würm Soltanien
Riss Tensiftien
Mindel Amirien
Günz Salétien

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Danube Moulouyen
Biber Regreguien

Conclusion

La morphologie climatique est une discipline qui nous renseigne sur


la morphologie des formes et des dépôts quaternaires aussi bien
actuelle qu’héritée. C’est grâce à ces renseignements qu’il est
possible de restituer les paléo- environnements et les paléo- écologies.
Chronologiquement, c’est juste après la deuxième guerre mondiale
que la géomorphologie climatique a commencé à prendre de
l’importance. Ceci tient au fait que cette discipline s’intéresse à des
formes relativement mineures qui touchent au modelé dont l’étude
n’est rendue aisée qu’avec l’avènement des cartes topographiques,
des photos aériennes et des analyses de laboratoire. Les données
obtenues de l’étude des formes reliques (figées et stabilisées)
constituent la géomorphologie historique.

Evaluation du premier chapitre (en rouge la réponse juste)

Cocher la réponse juste


1- l’ère quaternaire est une ère
a - d’instabilité tectonique
b - d’instabilité climatique
c - la plus courte
2- la rhexistasie signifie
a - l’instabilité du niveau de la mer
b - la stabilité climatique et tectonique
c -le règne d’un équilibre entre les différentes composantes du milieu
naturel
3- l’anapluvial est une phase qui
a - précède le pluvial
b - succède au pluvial
c contemporaine du pluvial

21
4- le petit âge glaciaire date de
a - l’ère quaternaire
b - l’époque antique
c - l’époque médiévale et moderne
5- la civilisation capsienne date
a - de la fin de l’ère tertiaire
b - du début de l’ère quaternaire
c - du début de l’holocène
6- les paléosols renseignent sur un climat
a - à tendance humide
b - à tendance aride
c - d’alternance de périodes ventées et d’autres sèches

22
Chapitre 2

LES REGIONS ARIDES


Définitions et présentation

Pré requis du deuxième chapitre


Ce chapitre réservé à la présentation des caractéristiques
physiques des régions arides, suppose la connaissance préalable :
- d’une part, des changements climatiques et eustatiques
survenus au cours du Quaternaire et qui ont imprégné les régions
arides et déterminé, dans la plupart des cas, des paysages
spécifiques à ces régions.
- D’autre part, la sensibilité des régions arides en tant que
milieu naturel.
Objectifs du deuxième chapitre
Après la lecture de ce chapitre le candidat doit retenir que :
- l’aridité diffère de la sécheresse,
- les régions arides se subdivisent en trois sous régions,
- l’écoulement superficiel dans les régions arides est à la fois
spécifique et complexe.

Les régions arides constituent un ensemble morphoclimatique à


milieu ouvert où la roche est souvent à nu, car exposée aux différents
agents atmosphériques. Ce milieu est donc favorable à l’exploration
scientifique, c’est pourquoi l’Ouest aride des USA a constitué à cet
égard un terrain propice depuis la deuxième moitié du 19ème siècle.
Aujourd’hui encore, les régions arides constituent un terrain
d’expérience pour la géomorphologie appliquée notamment dans le
domaine de la défense des terres, de l’irrigation et de la
sédentarisation.

23
EL OUARAA (gouvernorat de Médenine, Tunisie)
Exemple de bas fond et de paysage désertique

I- DEFINITIONS

Un milieu aride est un milieu sec où la sécheresse est liée à la


chaleur. Un milieu sec est un milieu marqué par l’absence d’eau ;
donc tout ce qui est aride est sec mais tout ce qui est sec peut ne pas
être aride. Toutefois les régions polaires bien qu’elles soient peu
arrosées ne sont pas considérées comme régions arides.
L’aridité, c’est la sécheresse + la chaleur+ l’évaporation.
Une région est dite aride si elle présente un déficit hydrique, c'est-à-
dire lorsque l’alimentation (A= la pluie) est inférieure à la perte (P=
évaporation) d’où un milieu écologique inconfortable.
A>P
A = pluies insuffisantes qui sont souvent inférieures à 250 mm/an.
P = perte due à une rapide infiltration et une forte évaporation (au
Sahara l’évaporation est égale à 6m et à Assouan elle est égale à 4m).

1- l’expression qualitative de l’aridité

Le déficit hydrique donne aux régions arides 4 caractéristiques


• la dégradation de la vie végétale

24
La faiblesse des précipitations, la fréquence des températures
élevées (souvent supérieures à 25-30°C) et les vents secs sont à
l’origine d’une dégradation de la vie végétale.

Dans les régions arides, la végétation et souvent de type


herbacé et clairsemé

La végétation est réduite tant pour le nombre des individus que


pour le nombre d’espèces. La végétation se présente sous la forme
de touffes dispersées dans les bas- fonds et dans les lits des
oueds :c’est la biotope. Les espèces adaptées à la sécheresse sont
alors les xérophytes et les éphémérophytes.

25
Profil de certaines espèces végétales des régions arides
1,3,5,7, et 8 xérophytes
2,4 et 6 cactées

ZONE ALFATIERE DE KASSERINE (Tunisie centrale)


Paysage de steppe dégradée

• la désorganisation de l’hydrographie
le régime de l’écoulement des régions arides est rarement
exoréique, ce qui domine le plus souvent c’est l’endoréisme
(écoulement des dépressions fermées) et l’aréisme (absence totale

26
d’écoulement). La faiblesse du ruissellement due à la rareté des
pluies et à l’importance de l’évaporation fait que l’écoulement est
le plus souvent anarchique. Cependant, dans certains cas et lors des
grands orages ce sont de véritables nappes d’eau qui s’écoulent sur
les pentes.
• Un modelé spécifique
Ce qui caractérise les régions arides, c’est la fréquence et
l’extension des dépressions fermées, ainsi que l’extension des
modelés d’érosion sur les piémonts et des accumulations éoliennes
dans les plaines.

OASIS SATELLITES DU NEFZOUA (Sud- Ouest tunisien)


Dans les bas fonds dominent les dépressions fermées et les
sebkhas

• la concentration de la vie sédentaire


La concentration de la vie humaine se fait nécessairement autour
des points d’eau, en particulier dans les oasis. Les groupements
sont le plus souvent perchés sur les versants montagneux ou
accolés aux piémonts. En revanche, dans les bas fonds dominent la
vie nomade.

27
MIDESS (Sud-Ouest tunisien)
Exemple de village perché

PARCOURS DE GHRIB (sud- ouest tunisien)


Terre de nomadisme et de semi nomadisme

Cliquez pour voir les images ou les exemples (Vous pouvez faire des
liens pop up comme un album)

L’expression quantitative de l’aridité

Est dite aride toute région qui vérifie l’inéquation suivante

28
P<R+I+EV+EVP
P= précipitation, R= ruissellement, I= infiltration, EV=
évaporation, EVP= évapotranspiration.
Toutefois, ces paramètres sont difficiles à mesurer, c’est pourquoi
la notion d’aridité est complexe et difficile à évaluer. Ainsi, les
auteurs ont eu recours au calcul d’indices. L’indice le plus connu et
le plus utilisé est celui de De Martonne. Il s’écrit de la façon
suivante
P mm/an +10 (pour éviter les valeurs < à zéro)
I= ___________
T+ 10
P= hauteur annuelle des pluies exprimée en mm.
T= température moyenne annuelle exprimée en degré.
Cet indice classe les régions arides en 3 catégories :
Région hyprearide ou I<5
Région aride ou I est entre 5 et 10.
Région semi aride ou I est entre 10 et 20

Références bibliographiques
Sur
Les données de base sur la géomorphologie des régions arides

Coque Roger - Géomorphologie


Demangeot Jean- Les milieux naturels désertiques
Derruau Max- Précis de géomorphologie
Tricart Jean et Cailleux André- Le modelé des régions
sèches.
Bourgou Mongi (1994- Les régions arides : les reliefs
caractéristiques et le problème de désertification. ISEFC et
CERES Productions, 158p.

29
II- Classifications des régions arides
Il existe plusieurs classifications qui varient suivant le critère
retenu
1- Une classification quantitative
La synthèse des différents indices d’aridité a permis la
classification suivante des régions arides (voir carte ci- dessous) :

1- régions hyper-arides (en noir) 2- régions arides (en noir


clair) 3- régions semi ardes ( en pointillé) 4- régions
subhumides (en hachures).
Carte de la répartition des régions arides (source
UNESCO)

- des régions hyper arides : elles sont caractérisées par l’absence


d’une saison pluviale. Le plus souvent, les pluies
exceptionnelles sont séparées par plus d’une année de

30
sécheresse. Le paysage est saharien où domine l’aréisme. C’est
le cas du grand Sahara, du désert libyen, de la Nubie, du Roba el
Khali, du Namib, de l’Atacama, du Mohave et du Gobi.
- Des régions arides : elles se distingue par
• l’absence de saison de pluie parce que les pluies ne tombent que
pendant quelques jours.
• L’importance de l’évaporation.
• La faiblesse des précipitations qui sont toujours inférieures à
250 mm/an.
• L’existence d’une végétation éphémère localisée dans des sites
favorables.
• L’importance de la nappe phréatique profonde.
• L’impossibilité de faire des cultures sans irrigation.
Les principales régions arides (aride au sens large du terme) sont :
la partie externe du grand Sahara, du Nefoud, du Lut, du Thar, de
l’Asie centrale soviétique, du Gobi, de l’Australie, du Kalahari, du
Gela, de l’Altiplano et de la Patagonie.
- des régions semi- arides : on y distingue une saison pluvieuse
qui peut être soit l’hiver soit l’été. Dans ces régions, les pluies
tombent sous la forme d’averses provoquant un écoulement
concentré sur les collines et en nappe sur les piémonts, décapant
de grandes quantités de sol. Les principales régions semi arides
sont : les marges des grands déserts, l’Asie mineure, le centre de
l’Espagne, la côte ouest malgache, et le bas Indus.

2- Une classification géographique

Il ressort de la carte de répartition des régions arides que le 1/3 des


terres émergées, soit 33,6%, doit être considéré comme région
aride au sens large du terme.

Tableau : typologie et extension des régions arides dans le


monde

% par rapport aux terres Type de régions


émergées arides
4 Hyper aride

31
15 Aride
14,6 Semi aride

La répartition des régions arides suivant les continents est comme


suit

Superficie en % des régions continent


arides
83 Australie
64 Afrique
39 Asie
16 Amérique
1 Europe

3-Une classification morpho- climatique

Trois types de groupes sont à distinguer


- Les déserts chauds et ensoleillés : ils englobent les déserts des
régions subtropicales (Australie, Roba el Khali, grand Sahara).
Ils sont caractérisés par une forte radiation solaire et des
amplitudes thermiques journalières importantes. Dans ces
déserts les pluies sont rares mais torrentielles. Les alizés qui
soufflent régulièrement sur ces régions posent le problème
morphologique des vents.
- Les déserts côtiers (chauds et brumeux) : le meilleur exemple
est celui des déserts côtiers du Pérou et d’Atacama au Chili. Les
pluies sont rares, ainsi le rôle des eaux courantes ne devrait pas
être très important. De même vu la faiblesse des variations
thermiques, la thermoclastie doit y être peu importante.
Cependant la proximité de la côte explique le rôle
morphologique du vent et surtout l’action de l’haloclastie.
- Les déserts à hiver froid : ils caractérisent la zone tempérée et
se distinguent par des étés chauds (températures supérieures à
20 et même à 30°c) et des hivers très froids où les moyennes
thermiques sont négatives , d’où une amplitude thermique

32
annuelle considérable. Dans ce cas la gélifraction joue un rôle
très important dans la morphogenèse.

III- LES CAUSES DE L’ARIDITE ET L’HYDROLOGIE


DES REGIONS ARIDES

1- Les causes de l’aridité

Dans les régions arides les tranches annuelles de pluie sont très
variables d’une région à l’autre; et pour la même région elles sont
variables d’une année à l’autre

Tranches annuelles de Désert


pluie en mm
250 Mohave, Turkestan, Kalahari
et Australie
100 Gobi
Moins que 100 Grand Sahara
Moins que 1 Atacama

Ces moyennes sont très variables. En effet, les pourcentages


moyens de variabilité par rapport aux moyennes annuelles peuvent
atteindre 30 à 40% en Australie, 80 à 100% dans le grand Sahara.
La faiblesse des pluies est due à deux causes principales :

D’abord des causes atmosphériques, car la plupart des déserts


sont situés aux latitudes subtropicales, qui est une zone où règne
une subsidence dynamique donc de hautes pressions. En effet, à
ces latitudes, le jet stream « fleuve aérien » rapide coule soit de
l’Ouest vers l’Est (dans l’hémisphère nord) soit de l’Est vers
l’Ouest (dans l’hémisphère sud), vers 12 000m d’altitude. A droite
de ce courant, l’air froid des hautes latitudes est rabattu vers le sol,
ce qui ne favorise pas l’ascendance de l’air entre les latitudes 20 et
40°.
Par ailleurs, les alizés sont aussi une cause de l’aridité. En effet,
lorsqu’ils soufflent sur les continents ils sont secs et font
augmenter l’aridité.

33
Ensuite des causes géographiques qui sont dues à la
continentalité ou l’éloignement de la mer qui font que le cœur des
continents est le siège d’anticyclones thermiques et aussi au
phénomène d’abri qui intéresse les déserts qui se trouvent derrière
des obstacles topographiques, comme c’est le cas de la Pampa
argentine, des bassins intérieures des rocheuses et des hauts
plateaux afghans.
Les courants marins froids, qui longent les rivages de la région
subtropicale sur la façade ouest des continents causent eux aussi
l’aridité, dans la mesure où ils refroidissent les masses d’air à leur
base et rendent l’air plus stable et par là même ne favorisent pas les
précipitations, mais ils provoquent des brouillards. C’est le cas de
la côte ouest du Pérou où existe le courant froid du Pérou et du
désert du Namib à cause du courant froid de Benguela.

2- l’hydrologie des régions arides

l’hydrologie superficielle des régions arides et semi arides offre deux


types d’écoulement
- l’écoulement concentré
Il se caractérise par une discontinuité à la fois dans le temps (
puisque les oueds sont pendant une bonne partie de l’année en
période d’étiage, et ce n’est que ponctuellement qu’ils connaissent
des hautes eaux) et dans l’espace ( les crues ne peuvent affecter
qu’une partie du cours de l’oued. Au moment des crues, les oueds
deviennent très turbides puisque on compte en moyenne 40 kg de
sédiments dans 1m3 d’eau).

34
OUED ZEROUD (Tunisie centrale)
Un écoulement saisonnier et des crues lointaines et sporadiques

OUED BAIECHE (environs de Gafsa, dans le sud tunisien)


Exemple d’oued à écoulement discontinu dans le temps et
l’espace

Toutefois on peut distinguer entre deux types de crue : les crues


locales lorsque de grandes quantités de pluie n’affectent qu’un
espace peu étendu, et des crues lointaines lorsque des
précipitations abondantes et généralisées touchent tout le bassin
versant d’un oued. C’est le cas des oueds Güm et Zousfana réputés
par l’importance de leurs crues. Au moment des crues, c’est
l’érosion latérale des berges des oueds qui est plus importante que
l’érosion verticale. Ce phénomène s’explique par le fait que le
talweg est chargé de matériel en place abandonné par la crue
précédente, ce qui fait que la base de la section mouillée atteint
vite sa charge limite, alors que sur les bords l’attaque est forte.

35
Les oueds Güm et Zousfana : croquis de localisation

- L’écoulement non concentré


On l’appelle aussi écoulement en nappe. Il se réalise quand
l’écoulement n’est pas canalisé par un lit ou collecteur. Il est tout
à fait spécifique aux régions arides. Ses différentes étapes sont :
• la formation de filets d’eau anastomosés et réticulés,
• la formation de filets et de mares,
• la formation de film ou pellicule d’eau de quelques centimètres
d’épaisseur et d’une centaine de mètres de longueur.
• La formation de lame ou nappe d’eau de quelques décimètres
d’épaisseur. Il s’agit d’un écoulement turbulent qui dure
quelques 30 mn puis s’installe une évolution régressive.

36
Les différentes étapes de la formation de l’écoulement en
nappe.

Plusieurs conditions sont nécessaires pour la formation d’un


écoulement en nappe. On cite en particulier des conditions
topographiques ( existence de surfaces planes et à faibles pentes),
pluviométriques ( grosses averses en un temps réduit) et
biogéographiques (présence d’une végétation discontinue très
ouverte, c'est-à-dire de type steppique).

Aussi bien l’écoulement concentré dans les talwegs, qui agit par
érosion latérale que l’écoulement en nappe qui intéresse des
surfaces planes, contribuent tous les deux à réaliser des
aplanissements par érosion aréale.

Références bibliographiques
Sur
L’hydrologie des régions arides

GUILCHER André : précis d’hydrologie

37
Evaluation du deuxième chapitre (en rouge la réponse juste)
Cocher la réponse juste
1- Que signifie milieu aride ?
a - un milieu sec et chaud
b - un milieu sec
c - un milieu où l’eau est rare
2- les éphémérophytes représentent
a - des reliefs fortement dégradés
b - des climats du passé
c - une végétation éphémère
3- le désert d’Atacama est un désert de type
a - littoral et brumeux
b - chaud et ensoleillé
c - aride
4- dans les régions arides l’écoulement superficiel se caractérise par
a - sa brutalité
b - sa discontinuité dans le temps
c - sa discontinuité dans l’espace
5- en morphologie le mot oued signifie
a - un écoulement intermittent
b - une vallée encaissée
c - un cours d’eau nord- africain
6- le ruissellement diffus est un écoulement
a- spontané et inorganisé
b- qui ne se fait que sur les versants
c- spécifique aux régions arides
7- les badland sont
a- des reliefs liés à l’action mécanique du vent
b- un ravinement généralisé
c- des lits d’érosion verticale

EXERCICE

38
Colorez la carte de la répartition des régions arides puis portez le
nom des principaux déserts et rédiger 10 lignes pour commenter
cette répartition.

REPONSE
L’examen de la carte de la répartition des régions arides suggère
les remarques suivantes :
- l’hémisphère nord, vu sa continentalité, a la plus forte
proportion des régions arides.
- Il existe des régions arides à des latitudes où on ne les attendrait
pas comme au sud de la Patagonie et près de l’Oural.
- La présence de zones hyper arides le long des océans, surtout
sur les façades occidentales des continents, ce qui montre
l’importance de facteurs non zonaux, comme les courants
marins froids.
En gros on peut distinguer 6 grands groupes de régions arides.
• le groupe nord américain c'est-à-dire le sud ouest des USA, et le
nord et le centre du Mexique.
• Le groupe sud américain, ou la diagonale aride de l’Amérique
du Sud, c'est-à-dire de la côte nord du Pérou jusqu’à la pointe
sud de l’Amérique du Sud, y compris le désert d’Atacama.
• Le grand Sahara.
• Les déserts asiatiques (Arabie, Lut, Asie centrale, Chine
orientale).
• Les déserts sud africains, c'est-à-dire le désert du Namib et celui
du Kalahari.
• Le désert australien.

39
Chapitre 3

LES PROCESSUS D’ATTAQUE DU MATERIEL


ROCHEUX DANS LES REGIONS ARIDES

Pré requis du troisième chapitre


Le troisième chapitre réservé à l’étude des processus d’attaque des
matériaux rocheux dans les régions arides nécessite les pré requis
suivants :
- connaissance des caractéristiques physiques (précipitations,
hydrologie,végétation, agents et processus d’érosion,…) des
régions arides
- maîtrise de la notion d’aridité et de paléoclimats
quaternaires.
Objectifs du troisième chapitre
Après la lecture de ce chapitre le candidat doit retenir que dans les
régions arides :
- les processus d’attaque mécanique sont les plus importants,
- les processus d’attaque chimique ne sont pas négligeables

Le type essentiel d’attaque du matériel rocheux dans les régions


arides est la désagrégation mécanique.

I- L’ATTAQUE MECANIQUE

L’attaque mécanique suppose l’existence de variations de


température. Or à l’exception des déserts côtiers, les variations de
température sont importantes dans les régions arides.
Trois facteurs influencent les actions mécaniques :
• la faiblesse de la couverture végétale qui fait que la roche se
trouve exposée directement aux agents atmosphériques,
• la faiblesse des processus chimiques qui entrave la formation de
sols épais et par là même laisse la roche à nu,

40
• la sécheresse qui favorise l’échauffement, ce qui augmente
l’effet des températures.

1- La thermoclastie
L’échauffement des roches engendre leur dilatation, ce qui provoque
des efforts mécaniques donnant des fissures et des décollements. Ce
phénomène aboutit à l’écaillement des roches par plaques de 1 ou
plusieurs centimètres d’épaisseur. C’est la desquamation qui touche
surtout les roches microgrenues comme les roches cristallines.
La couleur de la roche intervient aussi dans la thermoclastie. Les
noires s’échauffent plus rapidement et se séparent des autres grains :
c’est la désagrégation.

2- La gélifraction
Inconnue dans les déserts côtiers, elle est surtout fréquente dans les
déserts continentaux de la zone tempérée (comme l’Asie centrale).
Ici, l’alternance de la chaleur diurne avec les nuits glaciales
engendrent l’éclatement de la roche.

3- l’haloclastie
l’air des régions désertiques côtiers surtout, contient de nombreux
cristaux de sel en suspension (le sel provient des terrains salés, des
efflorescences des cratères volcaniques, des embruns marins…). Ces
cristaux se déposent à la surface des roches et pénètrent dans les
cavités. Sous l’effet de la pluie ou de la rosée, les cristaux se
dissolvent dans l’eau puis recristallisent, d’où l’éclatement des galets
et la formation d’alvéoles, de baignoires ou gnammas. Ce cas est très
fréquent dans le centre de l’Australie.

II- L’ATTAQUE CHIMIQUE

L’attaque chimique est faible parce que l’eau manque dans les régions
arides. En effet, l’hydrolyse est très élémentaire et la dissolution est
un phénomène très limité. Cependant, dans certaines régions arides
existe un relief karstique qui indique l’existence de périodes
quaternaires plus humides que l’actuel et qui étaient responsables de
la dissolution du calcaire.

41
Le phénomène relatif à l’attaque chimique qu’il faut retenir est
l’hydratation. Celle- ci est active dans les déserts côtiers à cause des
brouillards qui sont abondants dans ces régions. Ceux- là humectent
les roches et contribuent à leur météorisation pelliculaire. Ce
phénomène, qui est plutôt mécanique, se manifeste par l’écaillement
des roches par plaques de 1 ou plusieurs centimètres d’épaisseur
chacune : c’est la desquamation qui alimente les poussières en
suspension responsables du manteau de débris qui tapissent les reliefs
des déserts côtiers et donnent aux versants leur modelé réglé ; c’est le
cas du littoral péruano- chilien.
L’humectation peut être aussi à l’origine d’un autre phénomène qui
est le vernis désertique. Celui- ci se produit lorsqu’une roche poreuse
comme le grès s’humecte par la suite et après une phase
d’évaporation, l’eau remonte à la surface de la roche et dépose ainsi
une mince couche superficielle de composition ferro- magnésique de
teinte brun noirâtre. Le vernis ou la patine désertique suppose un
climat relativement humide et il n’intéresse que la pellicule
superficielle de la roche soit 1 à 2 mm.

III- DEUX TYPES DE MEGAMANIFESTATION DE


L’ATTAQUE DU MATERIEL ROCHEUX : les
taffonis et les rochers champignon

1- les rochers champignon

Il s’agit de rochers souvent métriques, en forme de champignon. Ils


sont façonnés le plus souvent dans des roches à texture granulaire
(mais parfois aussi calcaire). Leur genèse a été longtemps attribuée à
l’action érosive du vent. Aujourd’hui, on pense plutôt qu’ils résultent
de phénomène de désagrégation granulaire lié à l’hydratation qui agit
plus fréquemment et d’une façon efficace à proximité de la surface du
sol.

42
Le rocher champignon

2- Les taffonis

Il s’agit de cavité rocheuse de quelques dizaines de centimètres de


hauteur qui affectent dans certaines régions arides, les surfaces
rocheuses.
Les taffonis se développent surtout dans les déserts côtiers, comme le
désert du Namib et celui d’Atacama. Les taffonis sont taillés de
préférence dans des roches cristallines (magmatiques et plutonites) et
ou gréseuses. Ils se distinguent par un écaillement intense qui peut
être plus ou moins important suivant la résistance de la roche.
Les taffonis ne sont pas toujours systématiquement orientés face aux
vents dominants, ce qui signifie que le vent n’est pas un agent
fondamental et décisif dans leur genèse. En effet, les taffonis se
développent de préférence dans les marges des déserts côtiers qui sont
brumeux. Des observations au chili ont montré que ces formes se
développent rapidement actuellement. Plus qu’une forme d’érosion
liée à une lithologie particulière (des roches cristallines et gréseuses),
les taffonis apparaissent comme dus à un processus purement
morphoclimatique. En effet, les recherches récentes montrent que
la formation des taffonis doit mettre en jeu deux processus
complémentaires : d’une part la désagrégation granulaire par
haloclastie et d’autre part le nettoyage du fond de la cavité par le vent.

43
Notons que l’encroûtement de la surface de la roche, suite à
l’évaporation et à la montée par capillarité des minéraux, contribue à
l’affaiblissement du cœur de la roche.
Les taffonis traduisent donc un processus purement
morphoclimatique.

Le taffoni

Evaluation du troisième chapitre (en rouge la réponse juste)


Cocher la réponse juste
1- Le taffoni se développe surtout dans
a - les déserts brumeux
b - les littoraux méditerranéens
c - le sud de la Tunisie
2- la désagrégation granulaire est liée à l’action
a - mécanique
b - chimique
c - physico- chimique
3- les taffonis
a - sont orientés face au vent dominant
b - sont toujours orientés face au vent dominant
c - tournent le dos au relief dominant
4- la thermoclastie
a - c’est la dissolution des roches sous l’effet de la chaleur

44
b - est un processus d’attaque mécanique
c - domine dans les déserts chauds
5- l’haloclastie est un processus
a - purement chimique
b - purement physique
c - physico- chimique
6- la gélifraction c’est
a- la cryoclastie
b- la fragmentation des roches sous l’effet du gel
c- la fragmentation de la roche sous l’effet des changements
thermiques

45
Chapitre 4
LE ROLE GEOMORPHOLOGIQUE DES EAUX COURANTES
DANS LES REGIONS ARIDES

Pré requis du quatrième chapitre


Le quatrième chapitre réservé à l’étude de l’action
géomorphologique des eaux courantes dans les régions arides
nécessite les pré requis suivants :
- connaissance des caractéristiques de l’écoulement superficiel
des régions arides,
- distinction entre partie amont du versant montagneux,
piémont et bas- fond.
.
Objectifs du quatrième chapitre
Après la lecture de ce chapitre le candidat doit retenir que dans les
régions arides :
- le modelé lié aux eaux courantes se rencontre surtout sur les
piémonts,
- les piémonts portent un modelé lié à l’érosion et/ ou à
l’accumulation.

Outre les formes mineures de dissection comme les ravinements et


les bad- lands qui sont dues à l’action de l’écoulement linéaire dans
les régions arides, il existe des formes majeures telles les pédiments,
les glacis et les cônes de déjection. Ces formes assurent le passage
des secteurs qui relient les hauts reliefs aux secteurs bas et occupent
donc une position de piémont. Celui- ci est un secteur de déversement
des eaux de crues d’où l’importance de la dynamique fluviatile qui
peut avoir soit une tendance à l’alluvionnement soit une dynamique
érosive.

46
LE DAHAR(sud- est tunisien)
Une région à lithologie à dominance tendre et qui est fortement
ravinée

RESERVE DE L’OUED DKOUK(sud tunisien)


Alternance de ravins et d’interfluves très surbaissés

Cliquez pour voir les images


(Vous pouvez insérer les images comme album :pop up )
I- PEDIMENT ET GLACIS

Ce qui domine dans les régions arides, c’est l’existence de vastes


surfaces remarquablement unies au pied des reliefs. L’extension de

47
ces surfaces peut atteindre quelques kilomètres et présente une
inclinaison faible (quelques degrés seulement). Ces surfaces reçoivent
le nom, suivant le cas, de pédiment ou glacis.

Les piémonts sont des secteurs où dominent le ravinement et


l’aplanissement

versant découpé en badlands


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1- DEFINITIONS

• Le pédiment est une surface proche du plan entaillée dans des


roches résistantes, cristallines, de pente concave et comprise
entre 1 et 8° et dominé par un relief élevé.

48
• Le glacis est une surface proche du plan à profil concave, de
pente comprise entre 1 et 12 ° et le plus souvent façonnée dans
des roches tendres et dominée par un relief développé dans des
roches dures.

2-DESCRIPTION

• Le pédiment est développé dans des structures faillées de type


horst et graben, constituées par des roches résistantes, le plus
souvent cristallines et où le passage du versant au pédiment est
brutal. On appelle knick, l’angle de contact entre ces deux
secteurs.
Trois sous parties peuvent être distinguées. De l’amont vers l’aval
nous avons
- le pédiment proprement dit couvert d’une couche très mince de
débris fins, c’est ce qu’on appelle arène granitique,

49
- la bajada qui est la partie basse du pédiment, là où l’épaisseur
(environ, 50 cm) des débris fins augmente.
- la playa qui est une sorte de dépression à l’aval de la bajada et
qui fonctionne comme une zone d’accumulation généralement
salée.
A l’amont du pédiment existent des reliefs saillants, à flancs raides,
de faible volume sorte de relief résiduel lié à des roches granitiques
dures de forme pyramidale qui sortent comme des îles dans la mer,
d’où l’appellation d’inselberg. Un groupe d’inselberg est dit
inselgeberg.

Le pédiment et les formes et dépôts qui lui sont associés

• Le glacis est généralement développé dans des roches meubles


sédimentaires dominées par des versants à corniche. Toutefois
la roche en question doit être moyennement dure, car si elle est
très dure elle sera sculptée en fonction de ses joints structuraux
(comme le quartzite) et ne donnera pas de glacis ; de même si la
roche est très tendre (argile) elle évoluerait en bad lands.

50
Piémont modelé en glacis d’érosion

Contrairement au pédiment, le contact avec le versant n’est pas


marqué par un knick, il s’agit au contraire d’un passage lent.

Les glacis d’érosion

Il existe différents types de glacis comme le montre le tableau


suivant.
Typologie Type
Typologie relative à la • glacis nus (couverture très
couverture des glacis mince).
• glacis d’épandage

51
(couverture de 3 à 5m).
• glacis d’ennoyage
(couverture de 5m).
Typologie en fonction du rapport • glacis de front ou
entre glacis et pendage des contraire
couches • glacis de revers ou
conforme
Typologie morphogénétique • glacis d’érosion
• glacis d’accumulation

Rapport entre position du glacis et pendage des couches

glacis- cône ou glacis couvert

3- LOCALISATION ET CONDITIONS D’EXISTENCE ET


GENESE DES PEDIMENTS ET GLACIS

52
Pédiment et glacis caractérisent les régions arides et plus
précisément les marges arides des déserts.
Les pédiments se rencontrent dans les régions semi- arides à pluie
d’été (comme l’Ouest américain, l’Afrique tropicale de l’Ouest) ;
alors que les glacis se rencontrent dans des régions semi- arides à
pluie d’hiver (c'est-à-dire le monde méditerranéen).
La genèse du pédiment exige trois conditions
• Condition lithologique : il faut des roches cristallines
résistantes.
• Condition tectonique : présence d’une structure faillée qui
dénivelle des surfaces d’aplanissement. En effet, l’élaboration
des pédiments demande une longue durée et la plupart d’entre
eux sont hérités du tertiaire et retouchés au Quaternaire.
• Condition climatique : le rôle de la météorisation est
fondamental dans la formation d’un manteau de débris et donc
de l’écaillage des roches granitiques. De même de fortes pluies
sont nécessaires pour nettoyer les produits de météorisation.

La genèse du glacis exige quatre conditions


• condition topographique : le glacis résulte de l’aménagement
d’une dénivellation initiale par les eaux courantes.
• Condition structurale : les glacis sont toujours en roches
tendres, en contrebas de relief en roches dures. L’existence
préalable de faille mettant en contact des roches de dureté et de
lithologie différentes favorise aussi la formation de glacis
• Condition végétale : il faut un secteur où dominent des
formations végétales ouvertes qui protègent mal le sol et non
des formations arborées qui gênent l’action des eaux courantes.
• Condition climatique et hydrologique : la formation de glacis
est la conséquence de 3 faits qui sont d’abord la gélifraction des
corniches, ensuite l’existence d’une couverture alluviale en
transit et enfin la présence d’un écoulement aréale et latéral.
La genèse des pédiments a fait l’objet de deux théories
• La première est une théorie tectonique et de recul des
versants : elle suppose la genèse des pédiments en 4 étapes qui
sont d’abord la mise en place d’une tectonique cassante qui
dénivelle en horst et graben des roches rigides, ensuite

53
l’intervention de la météorisation et de l’écoulement qui
engendrent la naissance d’escarpement de faille atténué et hérité
et enfin l’élaboration d’une surface d’aplanissement.

Principales étapes dans la genèse des pédiments d’après la


théorie tectonique et de recul des versants

• La deuxième est dite théorie lithologique et bioclimatique :


l’observation montre qu’il existe le plus souvent une différence
lithologique entre les roches de l’inselberg et celles du
pédiment.
Suivant cette théorie, la naissance du pédiment se fait de la façon
suivante : au cours d’une phase de biostasie se réalise sous couvert
forestier l’altération sur place du matériel rocheux. Nous savons
que l’altération progresse rapidement dans les gneiss que dans les
granites. Dans une deuxième étape et au cours d’une phase de
rhexistasie, la forêt se détruit et l’altération se trouve ralentie et
l’érosion linéaire gagne. Les altérites sont alors déblayées et le
crypto- relief devient un inselberg.

54
Principales étapes dans la genèse des pédiments d’après la
théorie lithologique et bioclimatique

La genèse des glacis a fait l’objet de nombreuses hypothèses et


discussions :
• Il y a ceux qui donnent la priorité à l’érosion latérale car ils
estiment que les rivières trop chargées au débouché des
« foums », déposent leur charge grossière et s’étalent
latéralement d’où le sapement des berges par impossibilité du
creusement linéaire.
• Il y a ceux qui sont partisans de l’écoulement aréolaire et pour
qui cet écoulement agit exclusivement sous la forme de coulées
boueuses contribuant à l’aplanissement des piémonts constitués
de roches tendres.
• Pour d’autres, les deux types d’écoulement sont
complémentaires. Cependant, l’érosion latérale domine le long
des oueds et l’érosion aréolaire domine sur les interfluves. Dans
ce cas, la coulée boueuse est un agent de fossilisation et non
d’aplanissement.

4- LEUR EVOLUTION

Dans le cas des pédiments, si une longue évolution est possible,


les pédiments peuvent finir par s’associer, se rejoindre ; on aura
alors une pédiplaine qui est une grande surface d’aplanissement

55
où dominent des playas et des îlots montagneux. Toutefois, des
pulsations tectoniques peuvent engendrer l’emboîtement des
pédiments.

Schéma d’une pédiplaine


Quant aux glacis d’érosion, on compte le plus souvent au pied du
relief des régions semi arides jusqu’à 3 à 4 générations de glacis
étagés. On distingue, dans ce cas, le glacis primitif et les glacis de
substitution. L’étagement des glacis est l’expression
morphologique des différents changements climatiques survenus
au cours du Quaternaire.

56
Jbel Mghila (hautes steppes tunisiennes) et son piémont oriental :
Croquis géomorphologique d’un mont dérivé et de glacis
quaternaires étagés
Légende de droite a gauche et de haut en bas
Point côté- pendage- crêt- barre- épigénie- axe anticlinal- faille
nivelée- glacis supérieur- glacis moyen- glacis inférieur- talus
d’érosionfluvial

Références bibliographiques
Sur
Les cônes, glacis et pédiment

BESANCON et TRICART : cône rocheux, pédiment et glacis.


Annales de Géographie, 1972.
PECHOUX : morphologie des glacis d’érosion en roche tendre sur le
versant oriental du jbel Mghilla. Bulletin de l’Association des

57
Géographes Français, 1962.
Pour plus d’information, cliquez ici : en PDF

Lecture
Sur la description et l’évolution des glacis du Sud tunisien
(environs des chotts)
« tous les piémonts du Sud tunisien se présentent comme des
complexes de glacis. C’est à proximité même des reliefs que le
dénombrement des niveaux étagés dans le meilleurs conditions…
L’existence constante de trois glacis, situés dans le prolongement des
paléo versants…Outre les variations d’amplitude présentées par les
emboîtements de glacis, il faut signaler des différences dans leur
extension relative selon les secteurs…
Depuis les versants des djebels le passage aux glacis se manifeste par
une concavité plus ou moins courte. Au-delà, la pente reste d’abord
assez élevée, de 10 à 15°, puis elle s’abaisse vite à 2 ou 3°. Si
l’extension des piémonts le permet elle devient presque insensible
bien avant les niveaux de base. Cette évolution détermine des profils
longitudinaux concaves à l’amont, puis à peu près rectilignes. Vus de
loin les reliefs semblent perchés aux faîtes de leurs piémonts…
Aux débouchés des oueds quelques particularités intéressantes
marquent parfois le contact avec la montagne. Lorsqu les foums se
réduisent à des gorges en traits de scie les glacis s’arrêtent à son pied.
S’ils s’élargissent, pour livrer passage à des oueds plus importants,
ils pénètrent en rubans de terrasses épanouis au passage des
dépressions monoclinaux…
L’ensemble des glacis de piémont de la Tunisie présaharienne se
cantonnent dans deux puissantes formations meubles de la série
lithologique : le crétacé inférieur à faciès wealdien et le complexe
continental terminal. Mais ces formations meubles offrent le plus
souvent des intercalations de roches cohérentes. Leur dégagement en
reliefs monoclinaux mineurs apporte une preuve supplémentaire de la
stricte localisation des glacis dans les précédentes.
Des recouvrements détritiques masquent les soubassements rocheux
nivelés. Les glacis leur doivent l’uniformité remarquable de leurs
profils. Sans eux ils seraient très souvent troublés par des
irrégularités de détail liées à la variabilité de la nature des formations

58
meubles.
Coque Roger
La Tunisie présaharienne
p. 247-257

II- LES CONES DE DEJECTION

Un cône de déjection est une accumulation en cône ou en éventail


de dépôt détritique grossier, brutalement déposé par un cours d’eau
au pied d’un relief.

1- PRESENTATION DES CONES DE DEJECTION

Du point de vue géométrique, les cônes présentent un profil


longitudinal légèrement concave et un profil transversal légèrement
convexe.
La pente du cône, son épaisseur et sa surface dépendent :
• de l’importance du bassin versant
• du profil longitudinal du cours d’eau
• de la lithologie du bassin versant
• des conditions climatiques locales.
Les cônes rocheux prennent naissance lorsqu’un fleuve au pied de la
montagne érode et n’accumule pas, donnant ainsi une sorte de glacis
d’ablation mais de forme conique.

59
2- EXTENSION GEOGRAPHIQUE DES CONES DE
DEJECTION

On trouve aujourd’hui les cônes de déjection dans des régions semi-


arides et périglaciaires. Dans ces régions, les cônes sont
fonctionnels alors que dans les régions arides proprement dites les
cônes sont hérités.

3- CONDITIONS D’EXISTENCE DES CONES DE


DEJECTION

Trois conditions sont nécessaires :


• Condition topographique : il faut une brusque rupture de
pente, un versant en pente forte et une étendue basale de pente
faible ( comme une falaise morte ou un talus d’érosion fluviale).
• Condition bioclimatique et hydrologique : il faut que le climat
soit contrasté, favorable aux processus d’attaque mécanique et à
la formation de débris avec un écoulement discontinue dans le
temps (contraste saisonnier) donnant des ruissellements en crue
très forts capables de transporter de grandes quantités de débris.
Le travail du ruissellement (des torrents) doit être favorisé par
une végétation faible et discontinue.

60
• Condition lithologique : il faut l’existence de roches qui
donnent des débris en abondance comme les calcaires en
plaquette, les brèches, les conglomérats et les roches fissurées.

4- DYNAMIQUE DE LA CONSTRUCTION DES CONES DE


DEJECTION

La diminution de la pente au pied du versant entraîne la diminution


de la vitesse et l’étalement des eaux et donc le dépôt. Les
divagations du torrent (tête du cône) peuvent élargir le débouché
(« le foum ») de la vallée au pied de la montagne lui donnant une
forme en trompette ou en golfe. Lorsque les cônes voisins se
touchent ils deviennent coalescents.

III- LES TERRASSES ALLUVIALES

1- DEFINITION

On définit une terrasse alluviale comme des restes d’un ancien lit
majeur perché au dessus du lit actuel. Toutefois, les terrasses
peuvent se former directement dans le matériel géologique en

61
absence totale d’alluvions. Dans ce cas on aura un niveau de
banquette ou une terrasse rocheuse ou d’érosion.

Terrasse alluviale et terrasse rocheuse

2- LES TYPES DE TERRASSES

Suivant le critère qu’on retient pour classer les terrasses, on peut


avoir plusieurs typologies :
• Typologie suivant l’âge : on aura alors une terrasse holocène,
würmienne, rissienne,…
• Typologie suivant l’origine : on aura alors une terrasse
d’origine climatique, ou tectonique et ou eustatique
• Typologie suivant la disposition des terrasses dans la vallée, on
aura alors des terrasses emboîtées, étagées et partiellement
emboîtées.

62
Des terrasses étagées

Des terrasses emboîtées

3- LES THEORIES EXPLICATIVES DE LA FORMATION


DES TERRASSES

• Les terrasses d’origine eustatique

Ces terrasses sont en rapport avec les variations du niveau de la


mer qui ont une influence directe sur le profil longitudinal des
cours d’eau, notamment dans leur partie aval. A chaque
mouvement positif de la mer (transgression) qui fait diminuer la
pente correspond une vague de remblaiement. En revanche, à

63
chaque mouvement négatif qui fait augmenter la pente
(régression) correspond une vague d’érosion régressive et donc une
incision et une formation de la terrasse. Toutefois, une régression
peut ne pas déclencher forcément une vague d’érosion. Ceci est
possible si la pente aval est faible.

• Les terrasses d’origine climatique

Ces terrasses sont le résultat de variations climatiques successives


survenues au cours du Quaternaire et qui ont perturbé le rapport
charge- débit des cours d’eau. En effet, les changements
climatiques devraient être à l’origine de la formation de
nombreuses terrasses. Généralement, les changements climatiques
engendrent les évènements morphologiques suivants : au cours
d’un pluvial on assiste à un remblaiement et au cours d’un
interpluvial on assiste à une incision et donc au dégagement de
la terrasse alluviale. Souvent, on présente le phénomène de
formation des terrasses sous la forme d’un bilan de dissection
négatif ou positif. L’établissement d’un bilan de dissection négatif
et les remblaiements qui en résultent impliquent une préparation du
matériel par la météorisation ; alors que pendant les interpluviaux,
c’est le bilan de dissection positif qui règne et c’est pendant cette
période que se dégagent les terrasses.

• Les terrasses d’origine tectonique

Dans ce cas la genèse des terrasses est engendrée par les


alternances de creusement et de remblaiement dues à des
mouvements tectoniques locaux. Un mouvement tectonique positif
a pour conséquence l’augmentation de la pente, d’où
l’augmentation de la puissance nette du cours d’eau ; ce qui
favorise la tendance au creusement. Par contre un mouvement
négatif, un affaissement, a pour conséquence la diminution de la
puissance nette et donc une tendance au remblaiement.
L’alternance de ces deux mouvements diastrophiques donne
naissance à une terrasse.

64
Mouvements diastrophiques et genèse des terrasses alluviales

• Les terrasses d’origine anthropiques

L’’intervention de l’homme dans un milieu en équilibre peut


provoquer une perturbation de la dynamique, d’où une rupture
de cet équilibre. L’exemple qu’on peut donner est celui de
l’occupation romaine en Tunisie centrale qui a eu pour
conséquence la formation de terrasses.
Au départ, c'est-à-dire avant l’occupation romaine, il y avait une
steppe de pistachier et jujubier plus dense que celle d’aujourd’hui
et qui couvre assez bien le sol.
Pendant l’installation des romains, il y a eu un défrichement
intense pour la mise en culture des sols. Par conséquence le sol
s’est trouvé à nu et exposé à l’érosion. Les matériaux fins des
collines qui ont été déplacés par le ruissellement se sont déposés
dans les bas- fonds. Il s’agit d’une période de bilan de dissection
négatif.
Vers la fin du monde antique, on a assisté à une augmentation de la
puissance nette des cours d’eau, par suite de l’arrêt de la mise en
culture du sol et l’épuisement du matériel. L’installation d’un
nouveau équilibre a vu le jour, alors que l’alfa et l’armoise se sont
épanouies, notamment avec une mise en valeur pastorale. C’était

65
une période de bilan de dissection positif qui a permis le
dégagement d’une terrasse.

Pour plus d’information, cliquez ici : en PDF

Lecture
Sur l’origine anthropique des terrasses, des ravinements et des
badlands
Le cas du territoire de Sidi Ali Ben Aoun, Hautes Steppes,
Tunisie

Le milieu naturel correspond à un environnement steppique de basses


montagnes au pied desquelles s’étendent des glacis d’ablation situés
vers 500 m d’altitude. Dans les bas- fonds remblayés par des
sédiments fins s’incisent des oueds, comme l’oued Langar, qui
élargissent leur lit par érosion latérale (et dégage une terrasse
d’origine anthropique). Le climat est de type méditerranéen, avec
un cachet bien marqué de dégradation aride. La moyenne annuelle
des précipitations est d’environ 250 mm qui tombent entre septembre
et mai. La végétation naturelle correspond à une steppe basse à alfa
(Stipa tenacissima) et à armoise (Artemisa campestris). La présence
de pistachiers (Pistacia atlantica) isolés suggère qu’à l’origine il

66
s’agissait d’une steppe arborée plus dense qu’elle ne l’est
aujourd’hui.
Pendant des siècles, le genre de vie des habitants de cette région a été
un pastoralisme semi- nomade fondé sur un élevage extensif,
principalement celui des moutons. Des cultures loteries de blé dur
étaient pratiquées dans les bas- fonds alluviaux; elles ne donnaient de
récoltes convenables que les années arrosées. La population, peu
nombreuse, aux besoins limités, demandait peu à un milieu naturel
aux ressources réduites mais auxquelles il était permis de se
renouveler. Un équilibre s’était empiriquement établi entre un
environnement fragile et les hommes qui tiraient raisonnablement
partie de ses capacités. Au total, le genre de vie était bien adapté au
milieu.
Pourtant une première phase d’appauvrissement des potentialités
offertes par le milieu naturel s’était manifestée dans l’Antiquité,
probablement vers la fin de l’époque romaine. Celle- ci avait été
caractérisée par une extension de l’agriculture dans les hautes
steppes, comme en témoignent de nombreuses ruines d’installations
rurales : villas, pressoirs, mais aussi citernes et canaux d’irrigation, ce
qui indique que le climat de la région était déjà, en ce temps- là,
marqué par une certaine aridité. Les terres cultivées étaient localisées
sur les collines où affleure aujourd’hui une croûte calcaire épaisse
qui les rend impropres à d’éventuelles cultures. Seuls y poussent
l’alfa et l’armoise. La croûte calcaire correspond à l’horizon B d’un
sol. L’horizon A , meuble, a été dispersé par le ruissellement, le
défrichement de la steppe arborée ayant provoqué une vague
d’érosion des sols. On trouve la contrepartie de cette ablation dans
les secteurs bas de la topographie qui sont colmatés par des
sédiments fins, argilo- limoneux, emballant des fragments de
poterie antique. Ainsi, une agriculture probablement trop intensive
a-t-elle déséquilibré un milieu fragile et amoindri les ressources qu’il
pouvait offrir.
Les longs siècles qui vont de la fin de l’Antiquité au début de
l’époque contemporaine ont vu le retour à un nouvel équilibre dans
un environnement appauvri. Une steppe moins dense, d’où les arbres
étaient désormais pratiquement exclus, a recolonisé les collines tandis
que des sols minces avaient le temps de se former dans les parties

67
basses où l’alluvionnement avait cessé. Les hommes qui vivaient en
ces temps-là ne demandaient pas au milieu plus qu’il ne pouvait en
fournir. L’équilibre retrouvé était respecté.
Tout a changé depuis la fin du 20ème siècle. La population s’est
sédentarisée et ses effectifs n’ont cessé de croître tout comme ses
besoins. Elle a progressivement eu accès à la machinerie agricole.
L’économie de marché s’est répandue. Cette conjoncture nouvelle a
entraîné un grand développement des cultures, céréales mais aussi
arbres fruitiers, dans les parties basses de la topographie qui ont été
défrichées, parallèlement à un accroissement des troupeaux,
désormais cantonnés essentiellement sur les collines. La végétation
naturelle a partout reculé, parfois même disparu sur de vastes
espaces. C’est maintenant au tour des parties basses de connaître une
active érosion des sols. Pendant les mois arrosés, les pluies
torrentielles provoquent des ravinements, d’où l’apparition d’un
modelé de bad-lands qui se développe inexorablement. Pendant
l’été, la déflation éolienne exacerbée par des vents turbulents, peu
freinés par des obstacles topographiques, s’exerce sur les champs
dénudés. Elle est matérialisée par de grandes nebkas (1à2m de haut,
3à 4 m de diamètre) qui portent des buissons de jujubiers (Ziziphus
lotus). La comparaison de photographies aériennes prises à
différentes époques montre que leur nombre et leur taille ne cessent
de croître. Le matériel fin qui les constitue vient directement des sols
imprudemment labourés qui perdent ainsi leur substance. A terme, si
cette évolution continue, ces sols sont condamnés à disparaître.
Roland PASKOFF
Géographie de l’environnement,1985, p.48-52

Evaluation du quatrième chapitre (en rouge la réponse juste)

Cocher la réponse juste


1- Le piémont est un secteur
a - de transition
b - qui relie la ligne de crête et le bas- fond
c - où les eaux courantes se trouvent canalisées
2- le glacis et le pédiment sont des formes

68
a - d’érosion
b - d’accumulation
c - d’érosion liée aux eaux courantes
3- le glacis se développe dans des
a - roches tendres
b - roches à dominance tendre
c - roches où alternent les calcaires et les argiles
4- les cônes peuvent être
a - étagés
b - emboîtés
c - superposés et parfois étagés
5- les cônes et les terrasses sont des formes
a - d’érosion
b - d’accumulation
c - d’accumulation liées aux eaux courantes
6- les terrasses d’origine climatique sont
a - le type de terrasses le plus fréquent
b - moins fréquentes que les terrasses d’origine eustatique
c - des formes qui se prolongent vers l’amont par des terrasses
eustatiques
7- l’inselberg caractérise
a- le glacis seulement
b- le pédiment et les cônes de déjection
c- le pédiment
8- pédiplaine
a- surface d’aplanissement généralisée constituée par des pédiments
coalescents
b- relief épargné de l’érosion
c- relief résiduel hecto- à kilométrique, à versants raides autour du
pédiment

69
Chapitre 5

LE ROLE GEOMORPHOLOGIQUE DU VENT DANS LES


REGIONS ARIDES

Pré requis du cinquième chapitre


Le cinquième chapitre réservé à l’étude de l’action
géomorphologique du vent dans les régions arides nécessite les pré
requis suivants :
- connaissance des caractéristiques physiques (topographie,
lithologie, hydrologie,couvert végétal,…) des régions arides
- maîtrise de la notion d’aridité et de paléoclimats
quaternaires.
Objectifs du cinquième chapitre
Après la lecture de ce chapitre le candidat doit retenir que dans les
régions arides :
- le vent est un agent morphogénique efficace mais pas unique,
- le modelé éolien est en grande partie le résultat d’un
remaniement de matériaux liés aux eaux courantes,
- l’erg est un modelé spécifique aux régions arides.

Contrairement à l’idée courante, le vent n’est pas l’agent unique et


fondamental dans la morphogenèse quaternaire des régions arides.
Historiquement, l’importance du rôle géomorphologique du vent
est passé par 3 étapes :
• Vers la deuxième moitié du 19ème siècle et au début de
l’exploration scientifique des régions arides, étonnés par
l’extension des ergs, les spécialistes ont donné au vent un rôle
essentiel dans l’évolution géomorphologique des régions arides.
Certains auteurs ( comme Walther, 1891) ont même attribué au
vent le pouvoir de creuser des vallées.
• Entre les deux guerres mondiales, la tendance était de réduire
considérablement le rôle du vent au profit des eaux courantes.

70
• Aujourd’hui, les différentes études considèrent le vent comme
un agent géomorphologique important et efficace des régions
arides, sans cependant minimiser le rôle des eaux courantes.

I- LES CAUSES DE L’EFFICACITE DU VENT ET LA


DYNAMIQUE DES SABLES EOLIENS

1- LES CAUSES DE L’EFFICACITE

Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est que le vent dans les régions
arides, chose paradoxale, est moins fort que dans les pays de
montagne et sur les océans. Toutefois, dans les régions arides
l’efficacité du vent s’explique par trois raisons fondamentales :
- Les régions arides sont des régions ventées à cause de
l’existence des alizés. Certes, ces vents ne sont pas puissants
mais ils sont réguliers.
- L’importance de la sécheresse qui fait que les particules des
dépôts sont très cohérentes et par la même facilement
mobilisables. La sécheresse interdit aussi le développement de
la végétation, chose nécessaire pour la fixation des sables. Il
existe plusieurs déserts sans aucune végétation. En outre, le vent
souffle le jour, alors que la nuit se sont les calmes qui
prédominent, or c’est bien aux heures chaudes que le sol est sec,
donc mobilisable.
- Dans les régions arides le vent trouve à sa disposition de
grandes quantités de matériaux fins, conséquence de
l’endoréisme qui empêche les réseaux hydrographiques
d’atteindre la mer.

2- LA DYNAMIQUE DES SABLES EOLIENS

- La mise en mouvement des sables : l’étude granulométrique


des matériaux éoliens montre la prépondérance des sables sur
les limons et les argiles. En effet, les argiles du fait de leur trop
grande cohésion sont faiblement éolisables, car lorsqu’elles sont
humides elles deviennent une sorte de pâte et lorsqu’elles sont
sèches elles deviennent compactes. Elles ne peuvent être

71
mobilisées qu’après dispersion par cristallisation du sel et sous
forme d’agrégats. En revanche, les sables sont mis en
mouvement beaucoup plus facilement. Pour qu’un vent
devienne morphologiquement efficace il a besoin d’une vitesse
de 16 Km/h, ce qui équivaut 3/ 4° de l’échelle Beaufort.
- Les mécanismes de transport éolien : Le transport éolien se
fait de 3 façons différentes :
• par suspension, pour les argiles et les limons. Cette modalité de
transport peut se faire même au-delà de 1000m au dessus du
niveau du sol.
• par saltation pour les sables à une hauteur de 30 à 100cm, c’est
le mode de transport le plus important (75%).
• Par roulage, pour les matériaux dont la taille est supérieure à
2mm.

Par ailleurs, le transport par suspension peut se faire jusqu’à 1 à 4


Km au dessus du sol, et ce à la suite de vent de poussière
tourbillonnante, c’est le « hoboob » au Soudan et les nuages de
poussières aux USA. Ce phénomène explique le fait que les
marges désertiques sont limitées par des dépôts fins. On appelle
« loess » les limons transportés et déposés par le vent comme c’est
le cas des loess de Matmata et de Palestine. Parfois, les poussières
peuvent traverser de grandes distances et même passer la mer ;

72
c’est ce qui explique en Italie les « pluies de sang » qui tombent de
temps en temps.

3- LE DEPOT

Pour que le vent dépose le matériel qu’il transporte une ou deux


des conditions suivantes sont nécessaires :
- la diminution de la vitesse du vent ou son annulation.
- La présence d’un obstacle quelconque. Dans le monde aride il
s’agit le plus souvent de touffes de végétation psammophile
comme le drinn (Aristida punges) ou le rtem (Retama reatem) et
le jujubier (Ziziphus lotus). Les sables étant les grains les mieux
éolisables, leurs caractéristiques sédimentologiques sont les
suivantes
• Sur le plan granulométrique, c'est-à-dire l’étude fréquentielle de
la taille des grains, la courbe granulométrique typique des
dépôts est la courbe d’allure sigmoïde. La courbe sigmoïde
montre la finesse du matériel, son bon classement et son
caractère homométrique. Le plus souvent, ce sont les sables qui
prédominent.

73
• Sur le plan morphoscopique, c'est-à-dire l’étude de la forme et
de l’aspect des grains (non usé, sub- émoussé luisant, émoussé
luisant, émoussé mat et rond- mat). Les grains transportés par le
vent sont généralement usés et mats parce qu’ils ont subi les
chocs de transport.
• Sur le plan stratification, le dépôt éolien présente le plus souvent
une stratification entrecroisée résultant des différentes tempêtes
de sables.

II- LES FORMES D’EROSION EOLIENNE

L’érosion éolienne se fait de deux manières différentes :


- soit par corrasion qui est l’attaque des surfaces rocheuses par le
vent des matériaux qu’il transporte. Il s’agit donc d’une action
d’usure, d’abrasion, d’attaque et de mittraillage. Selon Mainguet
au Bourkou (au Tchad) une nuit de vent de sable suffirait à
décaper une carrosserie de voiture d’une bonne partie de sa
peinture.

ONG EJJMEL
Forme énigmatique liée à la corrasion éolienne

- Soit par déflation qui est un balayage par le vent de particules


fines, c’est une sorte de tri ou ce qu’on appelle vannage.

74
GARAET SABER( Sud-Est tunisien)
Surface plane et rugueuse due à l’importance de la déflation

1- LES FORMES LIEES A LA DEFLATION

Les formes liées à la déflation éolienne ne se manifestent le plus


souvent que dans le détail de la topographie et s’exercent aux
dépens des formations meubles. Le plus souvent le déchaussement
des plantes traduit l’importance de la déflation.

Le pavage désertique
On appelle reg, une surface plane et caillouteuse. On explique ce
pavage par l’enlèvement de la pellicule superficielle meuble et fine
du sol sous l’effet de la déflation et l’aboutissement à un dallage de
cailloux roulés quelque soit leur origine.
Les regs accompagnent le plus souvent le lit des grands oueds
comme les oueds Messaoud, Igharghar et Bothna au Sahara. Ici,
les dépôts alluviaux sont triés plusieurs fois. Le vannage prolongé
aboutit à un véritable tri ; Les sables étant soufflés, il ne reste que
les éléments grossiers.

75
Les dépressions fermées
Le paysage de dépressions fermées est très fréquent dans les
régions arides. La genèse de ces dépressions est souvent complexe,
mais la déflation éolienne joue un rôle primordial dans leur
formation. On peut citer l’exemple des dépressions de la vallée de
la mort dans l’Ouest des USA.
• Les cuvettes éoliennes : leur genèse est due exclusivement à la
déflation éolienne comme celles qui séparent les yardangs au
Bourkou. Le fond de ces dépressions porte de nombreuses
traces de corrasion sous la forme de stries éoliennes. La forme
dissymétrique de ces cuvettes (une pente forte contre le vent et
une pente faible du côté d’où vient le vent), confirme leur
origine éolienne.

76
• Les dépressions hydro- éoliennes : il s’agit de cuvettes dont
l’origine est due à l’action combinée des eaux courantes et du
vent. On appelle chott l’auréole temporairement inondée autour
d’une sebkha où pousse le plus souvent une steppe halophile
servant de pâturage pour les chameaux. Alors qu’une sebkha
est un fond plat d’une cuvette fermée, temporairement inondée,
sans végétation, à dépôt fin et marquée par l’importance
d’efflorescences salines.
Les chotts du sud tunisien sont des cuvettes hydro- éoliennes. Leur
formation a fait intervenir
- de l’eau pour la destruction du matériel rocheux et ce soit par
ravinement soit par dissolution,
- du vent qui par déflation évacue les sédiments fins déposés par
les oueds lors des crues.

77
LES CHOTTS TUNISIENS
Des dépressions hydro-éoliennes

Le régime hydrologique des chotts permet d’avoir une idée sur leur
évolution. Pendant la saison humide, le fond des sebkhas est
occupé par les eaux dont l’origine revient à la remontée artésienne
des nappes peu profondes. Mais les eaux pluviales et l’apport des
crues des oueds contribuent aussi à l’inondation des sebkhas.
Pendant l’été, et sous l’effet de l’évaporation il ne reste que de
simples flaques d’eau, et peu à peu, on assiste à une extension
généralisée des revêtements de sels qui peuvent se manifester sous
la forme de vases salées (plus d’argiles que de sel), ou
d’efflorescences salines et ou de croûte de sel qui peut atteindre en
moyenne 2 à 3mm d’épaisseur.
Quant à la déflation, son action est favorisée par les phénomènes
de cristallisation qui donnent naissance à des mottes micro
polyédriques sensibles à l’ablation éolienne : c’est de cette façon
que les sebkhas continuent à être creusées.

• Les dépressions hydro- halo- éoliennes : ces dépressions sont


fréquentes dans les régions semi- arides et presque absentes
dans les régions arides ; C’est aux auteurs américains que
revient le mérite d’avoir caractérisé et expliqué les dépressions
hydro- halo- éoliennes. Le paysage est celui d’une dépression à
laquelle est associée une dune d’argile ou « lunette ».Celle- ci

78
est un bourrelet éolien en forme de croissant, à concavité
tournée vers la dépression salée d’où proviennent ses éléments.

Les lunettes se forment sous le vent, derrière de vastes zones


périodiquement inondées car soumises à des alternances
d’humidité et d’aridité. Avec la sécheresse, se forme une couche
mince de 1 cm environ d’argile et de vase imprégnée de cristaux de
sels. La dessiccation de cette croûte engendre la formation de
fentes et de polygones. La déflation engendre la pulvérisation de la
couche craquelée en agrégats (sel + argiles). Les déplacements se
font par glissement et saltation, mais une bonne partie se fait par
suspension. Les agrégats sont piégés sur le bord de la cuvette par la
végétation. Viendra par la suite la saison pluvieuse, l’eau s’infiltre
dans l’accumulation, dissout les sels qui retournent à la cuvette. Le
résultat final est un approfondissement progressif de la cuvette par
enlèvement d’argiles.

Pour plus d’information, cliquez ici : en pdf

Lecture
sur
Les lunettes

79
Exemple de bassin endoréique : l’enclave de Bou Arada- Pont de
Fahs, en Tunisie nord- orientale
L’enclave de Bou Arada- Pont du Fahs se trouve à la hauteur de la
moyenne vallée de l’oued Kébir- Miliane en Tunisie nord- orientale.
Elle s’étend sur plus de 20 Km² au milieu d’une zone réputée par son
exoréisme. Du point de vue structural, l’enclave se trouve à
l’articulation de deux axes sensiblement orthogonales : d’une part le
fossé de Bou Arada- Pont du Fahs et d’autre part l’axe synclinal Tarf
ech Chena- sebkhet Bou Chaa. Le passage des structures
monoclinales et extrusives environnantes vers le fond des
dépressions qui constituent cette enclave se fait le plus souvent par
des glacis qui se terminent par un escarpement qui auréole des garaas
et des sebkhas ourlées de bourrelets.
Les garaas (garaa de henchir ech Chena, garaa el Hamada, garaa es
Sghira et garaa el kbira,…) se présentent sous la forme de petits
bassins qui évoluent aujourd’hui en dépression semi- fermée. Quant
aux sebkhas, elles sont au nombre de trois (sebkhet el Kourzia,
sebkhet Sidi Jabeur et sebkhet bou Chaa), leur particularité est d’être
constituées d’un fond inondable et d’un chott marqué par une
végétation d’halophytes et d’hygrophytes.

80
En tirée : sebkha, en chevelu : garaa, enbistre : lunette
l’enclave semi- endoréïque de bou Arada- Pont du Fahs (Tunisie
nord- oriental)
croquis géomorphologique

A en juger par leur nature argileuse et leur forme en croissant, à


concavité tournée face aux vents actifs et dominants qui soufflent ici
du Nord Ouest, les bourrelets qui bordent les rives des dépressions de
cette enclave répondent exactement au schéma théorique des
lunettes. De toutes ces lunettes, le système de lunette qui flanque les
bordures de la garaa el Hmada et de sebkhet el Kourzia est de loin le

81
plus massif et le plus complexe. En effet, la garaa el Hmada est
bordée de tous côtés, sauf à l’Ouest, par une lunette épaisse de plus
de 20m. Elle se présente sous la forme de collines aérées et
surbaissées, vers l’extrémité desquelles vient s’adosser une lunette
construite à partir de sebkhet el Kourzia. Elle culmine à 221m, soit à
30/31m d’altitude relative par rapport au fond de la sebkha. Celle-ci
comporte aussi sur sa rive occidentale, une lunette beaucoup moins
massive (2 à 3 m de hauteur) mais sa présence témoigne tout de
même de l’existence d’un vent actif secondaire de sens opposé au
vent dominant du Nord Ouest.
Extrait de « Géomorphologie du bassin- versant de l’oued Kébir-
Miliane »
Mongi BOURGOU, 1993

2- LES FORMES LIEES A LA CORRASION

- Les ventifacts
Ce sont des cailloux éolisés. Leur évolution aboutit à la formation
de facettes polies et à arêtes finement émoussées. Un caillou à 3
facettes est un ventifact typique ou « dreïkanter ».

82
- Les yardangs
Le vent fort, dominant et chargé de sables est capable d’user des
roches meubles argileuses ou gréseuses, au point de leur donner un
modelé cannelé, en forme de butte de taille décimétrique à
plurimétrique.

Ce phénomène a été décrit pour la première fois en Asie Centrale


(au Turkestan) et connu sous le nom de yardang. Il s’agit de crêtes

83
de roche tendre carénée et mise en saillie par le vent. C’est un
modelé d’ablation éolienne typique qui prend la forme de petites
buttes au profil longitudinal dissymétrique.

Au Bourkou (au Tchad) ont été décrit des yardangs développés


dans des affleurements de grès primaire de résistance variable.
Dans cette région où le vent souffle fortement (8m/s) et
fréquemment (8mois/an), les yardangs sont séparés par des
couloirs à fond plat et sableux qui peuvent atteindre jusqu’à 20 m
de haut et 200 m de large et 1 Km de long.

- Les alignements de barres et de couloirs


Au Tchad on a décrit des alignements de barres de grès
parallèles les uns aux autres et séparés par des dépressions, des
couloirs qui sont l’œuvre de la corrasion éolienne. Les barres ont
quelques dizaines de mètres de haut et les dépressions quelques
dizaines de mètres de large. On a expliqué ce phénomène, d’une
part par l’existence d’un substratum gréseux paléozoïque
relativement tendre et d’autre part par une direction constante (du
Nord Est), probablement tout le long du Quaternaire, du vent et
enfin par l’existence de fracturation qui coïncide au sens dominant
du vent. Elle suppose aussi que les dépressions auraient pu être
empruntées par les eaux courantes pendant les époques humides du
Quaternaire.

84
Dans la partie sud est de l’Iran, on a décrit presque la même chose
ce sont les kaluts, véritables sillons inscrits en roches tendres :
argiles et limons riches en sel et en gypse. Mais sur les échines se
remarquent des traces de ruissellement venu des montagnes
avoisinantes alors que dans les couloirs se notent des étendues
d’eau salée.

III- LES FORMES D’ACCUMULATION EOLIENNE

La dune est la forme la plus banale de l’accumulation éolienne. Ce


mot désigne une accumulation de sable éolienne sous la forme de
monticule qui peut avoir divers aspects.
Cependant, les accumulations éoliennes ne prennent pas toujours
l’aspect de monticule, c'est-à-dire de dune. En effet, elles peuvent
se manifester sous la forme de tapis de sable (sand sheet), comme
c’est le cas dans le désert Sélima en Libye. C’est aussi le cas des
plaines de sables entre Biskra et Touggourt en Algérie. Ici, on
explique le phénomène par une alimentation insuffisante en sable.

85
Accumulation de sables (Sud- Ouest tunisien)

Parmi les moyens de lutte pour arrêter la marche des sables

1- LES FORMES ELEMENTAIRES


• Les dunes d’obstacle
- Le versant aspergé : lorsque un vent chargé de sables aborde un
versant, les sables éoliens s’étalent en minces nappes susceptibles
de grimper très haut. En abordant le sommet du relief, les filets
d’air tendent à s’écarter, le vent perd sa force et dépose une partie
du sable qu’il transporte encore derrière le relief. C’est un cas

86
fréquent sur le front ou le revers des crêts et sur les berges des
oueds.

- La nebka : ce mot sahraoui signifie une accumulation de sable


éolien qui s’allonge le plus souvent en forme de langue derrière un
obstacle quelconque (roche, touffe de végétation,…). On peut
distinguer deux types de nebkas :
+ La nebka flèche de sable : qui comme son nom l’indique elle
s’allonge en forme de langue derrière des touffes comme le drinn
(Aristida punges) ou le rtem (Retama reatam). La nebka peut se
former en quelques jours si le vent a une direction constante. Mais
elle peut se détruire aussi rapidement.

87
PARCOURS EL BEHAEIR (extrême Sud- Est tunisien)
Paysage de nebka

+ La nebka buissonnante (ou rebdou : c’est un mot sahraoui) : il


s’agit d’une grosse nebka de 2 à 3 m de haut, mais qui peut

88
atteindre jusqu’à 5/6 m. Elle s’exprime alors sous la forme d’une
butte elliptique ou circulaire fixée par des espèces psammophiles
comme le jujubier ( Ziziphus lotus), le ghardec (Nitraria retusa) et
le tamarix.

• Les dunes libres


- La barkhane: ce mot utilisé au Turkestan, signifie une dune
mobile d’allure dissymétrique, en forme de croissant à concavité
au vent et aux ailes incurvées vers l’intérieur. En coupe, le côté
face au vent est en pente douce, le côté sous le vent est en pente
forte et concave parce qu’il est constamment rebroussé par le
remous remontant. C’est une configuration tout à fait contraire à
la lunette.

89
Des déformations mineures dues à la faiblesse de l’alimentation en
sable ou à la présence d’une végétation et d’un vent secondaire
peuvent intervenir. Si bien qu’une aile peut s’allonger plus qu’une
autre. S’il s’agit de l’aile droite, on aura une barkhane dextre et s’il
s’agit de l’aile gauche on aura une barkhane sénestre. De même, en
coupe l’apparition de concavités secondaires aussi bien sur le
revers que sur le front de la barkhane donne un type de barkhane
en « as de trèfle ».

PARC NATIONAL JBIL (Sud-Ouest tunisien)

90
paysage de barkhane
Les barkhanes ne se trouvent pas isolées. Elles se groupent le plus
souvent en ce qu’on appelle troupeau de barkhanes. Le résultat est
une disposition « en vol de canard ».

Lorsque les barkhanes s’accolent elles déterminent des siouf


sinueux, on aura ainsi une zemla ou un draa. En outre, la barkhane
est la dune la plus mobile. En Egypte elle progresse environ de 1 à
2 m/an, au Sahara occidental elle s’avance de 3 m/an (effet des
alizés).
Parce que la barkhane n’est pas une dune d’obstacle, sa genèse et
sa persistance nécessitent :
- l’existence d’un vent fort et monodirectionnel,
- une faible quantité de sable sinon on aura une véritable dune,
- un substratum ferme où la surface est assez rugueuse, comme
c’est le cas du reg ou de la hamada.

2- LES GRANDS CHAMPS DE DUNES : LES ERGS

20% des déserts sont couverts par les ergs. L’erg est un grand
champ de dunes jointives. Il s’agit d’un massif de dunes de forme
et d’extension variable, c’est le Nefud en Arabie et le Kum ou
Koum en Russie. Les ergs sont remarquables par leur extension
spatiale. Ils représentent des volumes extraordinaires de sables.

91
Cependant, leur hauteur n’est pas formidable (100m en moyenne).
Le plus vaste erg est le Roub el Khali en Arabie
méridionale(560000Km²).

ERG ORIENTAL

Par ailleurs, l’erg surmonte d’anciennes nappes alluviales. De


même la forme générale des dunes qui constituent l’erg est
longitudinale aux alizés, mais dans le détail il existe des dunes dont
les crêtes ont des directions variables.

Références bibliographiques
Sur
Les ergs

Capot- Rey : remarques sur les ergs du Sahara. Annales de


Géographie, 1970.

• L’origine des ergs

92
L’origine des matériaux qui constituent les ergs est multiple :
- Le fait que dès le début du 20ème siècle les explorateurs ont
remarqué que les ergs reposent sur d’anciens épandages
alluviaux, donc des lits d’anciens fleuves, montre que les ergs
constituent un remaniement éolien de zones qui ont fonctionné
lors des pluviaux comme parcours de certains oueds. Les
travaux de Capot Rey dans le grand erg occidental ont montré
que les sables dorés actuels reposent sur des sables gris
alluviaux qui ont été remaniés par le vent.
- Les couches gréseuses, généralement d’âge primaire, qui
affleurent fréquemment au Sahara constituent un stock de
matériel que le vent peut mettre en mouvement pour former des
ergs. Dans les grès, les actions mécaniques interviennent pour
fournir au vent un stock non négligeable de matériel
mobilisable.
- Récemment les analyses morphométriques et stratigraphiques
ont montré que les ergs du Sahara occidental se sont édifiés lors
des transgressions marines quaternaires. Le vent a donc utilisé
les laisses marines.
- On ne doit pas aussi négliger l’apport des grands oueds qui ne
sont pas très loins des déserts comme le Niger, Le Sénégal,
l’Amou Daria, Le Syr Daria,…

• Typologie des ergs


Cette typologie tiendra compte des formes et de la disposition des
dunes qui constituent l’erg.
- Les ergs à structure transversale : il s’agit d’alignement de
cordons parallèles les uns aux autres, sans qu’il y ait du vide
entre eux.

93
Vue de l’Erg Oriental à structure transversale

Ces ergs se rencontrent dans les régions où le vent est


monodirectionnel et la fourniture en sables est importante.

- Les ergs à structure longitudinale : on les appelle aussi erg à


structure cannelée. Ils sont formés de cordons de dunes
parallèles les uns aux autres, mais séparés par des couloirs. Si
dans les couloirs existent même une mince nappe sableuse, ils
seront dits fej (mot sahraoui qui signifie couloir à fond sableux
entre des cordons de dunes). Mais si le substratum est atteint, ils

94
seront appelés gassi (mot sahraoui qui signifie rue, ou couloir à
fond dur).

Les ergs à structure longitudinale se trouve dans le centre et le


centre ouest australien, en Libye (erg Mourzouk) et à l’extrémité
ouest de la Majabet en Mauritanie.
La structure longitudinale des ergs est due à des vents mono-
directionnels, à l’importance de la déflation et à la faiblesse de
l’accumulation. Toutefois, ces ergs sont le plus souvent en cours de
démaigrissement.
- Les ergs pyramidaux ou ganglionnaires : lorsque les cordons
longitudinaux présentent un profil en dents de scie où partent
des bras de part et d’autre pour former une espèce de pyramide
qu’on appelle ghourd où les arêtes sinueuses mais parfaitement
nettes sont dites sif. Le ghourd peut atteindre jusqu’à une
centaine de mètres de haut. L’aspect ganglionnaire s’explique
par l’existence de vents secondaires qui collaborent avec une
direction principale.

95
- Les ergs à dispositif réticulé : on a affaire ici à un véritable
quadrillage où les cordons dunaires s’alignent suivant deux
directions perpendiculaires dessinant ainsi un véritable filet.
C’est le cas de l’erg Fachi- Bilma au sud du Sahara. Les dunes
sont interprétées comme résultant de vents opposés ou
changeants et ou existent des flux d’air entrecroisés et
convergents.

96
- Les ergs à dispositif compact ou de type Aklé : il s’agit de
champs de dunes très irréguliers, à relief confus, désordonné,
chevauchant mais où prédominent tout de même les éléments
transversaux au vent. Au Niger, la région dite Aklé est formée
de sables sur plus de 15 m d’épaisseur. Là- bas, le régime du
vent est très changeant et l’accumulation éolienne est
fondamentale. A certains endroits comme dans l’erg de
Mourzouk en Libye ou dans le Lut en Iran, les dunes constituent
de véritables chaînes (300m de haut). Ainsi, il apparaît que la
morphologie des ergs dépend surtout de la direction, de la force
et de la fréquence du vent. Mais ceci n’exclut pas pour autant
l’action locale du relief. De fait, le Gassi Touil de l’Erg Oriental
se trouve dans le prolongement de la vallée de l’oued Igharghar.
De même en Mauritanie les dunes de l’Ouaran s’allongent dans
le sens du Dhar de l’Adrar.

• Genèse des ergs


Le rôle fondamental du vent dans la genèse des ergs est
incontestable. Les ergs les mieux structurés sont ceux où
l’accumulation est plus importante que la déflation (ergs à
structure transversal et ergs compacts). Les uns sont dus à des
vents mono- directionnels (ergs à structure longitudinale et erg à
structure transversale), dans ce cas, le rôle des alizés est
fondamental.

97
Dans le cas des dunes en vagues comme c’est l’exemple sur la
bordure méridionale du Sahara, l’ondulation est souvent due à des
traînées de végétation qui influencent le modelé.
• L’évolution des ergs
Il parait que la morphologie des ergs ne change pas rapidement.
En effet, les guides caravaniers s’ils ne se perdent pas c’est parce
qu’ils ont toujours empruntés les mêmes couloirs interdunaires.
Cependant, l’ère quaternaire étant caractérisée par des
changements climatiques, les déserts actuels ont été donc sensibles
à des changements. Les ergs ont pu évoluer de la façon suivante :
- au cours d’une phase humide : on assiste à l’apport alluvial de
matériaux.
- Au cours d’une phase sèche : domine la déflation et on assiste à
la mise en place des ergs.
- au cours d’une nouvelle phase humide : se réalise la
stabilisation des ergs par la végétation.
- Au cours d’une nouvelle phase sèche : on assiste à la fixation
des ergs.
Suivant l’évolution d’un erg, on distingue l’erg jeune, l’erg mûr et
l’erg sénile
L’erg jeune : c’est un erg dont le modelé est déterminé à la fois
par l’accumulation, l’érosion et la présence d’une végétation. Les
dunes sont le plus souvent serrées et les couloirs étroits et barrés
par des barres de sables. Les dunes peuvent être léchées dans leur
bordure par des oueds qui descendent les massifs (cas de l’erg
occidental).
L’erg mur : c’est un erg où les traces d’accumulation et de
ruissellement sont absentes. L’action érosive et d’accumulation
s’annule, ainsi les couloirs et les crêtes dunaires prennent une
même importance (cas de l’erg oriental).
L’erg sénile : c’est un erg dont les couloirs s’agrandissent sans
cesse et des dunes isolées commencent à apparaître. Les têtes des
bras dunaires commencent à être arasées par les crues sporadiques
des oueds.

98
Références bibliographiques
Sur
La géomorphologie d’une région aride

Coque Roger (1962)- La Tunisie présaharienne

Evaluation du cinquième chapitre (en rouge la réponse juste)


Cocher la réponse juste
1- les modalités du transport éolien sont
a - le roulage, la saltation et la suspension
b - la déflation et la corrasion
c - l’arrachage, le transport et l’accumulation
2- la corrasion est un processus
a - d’aplanissement des reliefs
b - d’usure des reliefs
c - d’usure des parois rocheuses
3- le grand erg oriental se trouve
a - au nord du grand Sahara
b - au sud du désert de lut
c - au nord de la Mauritanie
4- la lunette est une forme
a - d’érosion
b - d’accumulation
c - à la fois d’érosion et d’accumulation
5- la nebka est une dune
a - d’érosion
b - d’obstacle et d’érosion
c - d’obstacle
6- le versant aspergé se rencontre
a - dans les régions arides seulement
b - dans les régions montagneuses
a - dans différentes régions géographiques

99
7- un erg sénile
a- est un erg où l’accumulation est supérieure à l’érosion
b- est un erg où domine l’érosion
c- est un erg stabilisé
8- Aklé
a- en Australie, dunes en vagues parallèles
b- champ de dunes
c- assemblage de dunes confuses
9- hamada
a- surface rugueuse constituée par la roche dénudée suite à l’action du
vent ou de ruissellement
b- butte témoin dans un plateau désertique
c- relief résiduel fossilisé par des dépôts éoliens

100
101
Exercice
Rédigez 50 lignes pour répondre au sujet suivant
Sujet : Lunette et barkhane : étude comparative

Plan détaillé du sujet


• Introduction
Le vent agent d’érosion efficace donne naissance à des formes
élémentaires comme la lunette et la barkhane.
I- Deux formes élémentaires
1- Il s’agit de dunes élémentaires en forme de croissant et d’allure
dissymétrique.
2- Deux formes éoliennes liées à l’accumulation.
3- Leur présence est étroitement liée à l’existence d’un vent
efficace et monodirectionnel.
II- Deux formes aux caractéristiques géomorphologiques
différentes
1- La barkhane est une dune libre alors que la lunette est due à une
accumulation forcée, car elle a été au début fixée par une
végétation halophile.
2- La barkhane est une dune mobile qui se déplace en moyenne de
2/ 3m par an, alors que la lunette est une dune fixée et souvent
héritée.
3- Les barkhanes se groupent par ensemble ou troupeau de
barkhane alors que la lunette est souvent isolée et parfois
emboîtée dans une autre génération de lunette, mais elle est
toujours associée à un ancien bassin endoréique.
4- La lunette n’existe que dans le domaine semi-aride, alors que la
barkhane est fréquente surtout dans le domaine aride.
• Conclusion
L’existence de ces deux modelés peut renseigner sur l’ambiance
bioclimatique qui règne ou qui a régné lors de leur mise en place : un
climat semi aride à végétation steppique pour la lunette et un climat à
tendance aride avec absence de la végétation pour la barkhane.

102
Exercice
Rédigez 50 lignes et construisez au moins 3 figures pour répondre au
sujet suivant

Sujet :
1- Expliquez brièvement les notions suivantes : corrasion,
déflation, ravinement et dissolution.
2- Les lunettes : définition, conditions d’existence et genèse.
3- Comparez les différents types d’ergs.

Réponse

Réponse relative à la troisième question

Aspect Comportement Evolution


morphologique morphologique
Des ergs à dispositif Des ergs où domine Erg jeune en
ordonné : erg à l’accumulation : erg à cours
structure verticale, structure transversale, d’exhaussement
erg à structure réticulée et ou compacte.
longitudinale et erg
à structure réticulée.
Des ergs à dispositif Des ergs où Erg mur
désordonnée : erg à l’accumulation et
structure pyramidale nettement supérieures à
et erg à structure l’érosion : erg à structure
compacte. pyramidale ou
ganglionnaire.

Des ergs où domine Erg sénile en


l’érosion : erg à structure cours de
longitudinale dégradation

103
104
Exemple de plan détaillé d’un sujet

LES PEDIMENTS
Introduction
C’est une forme de piémont dans les régions arides et qui est liée à
l’action géomorphologique des eaux courantes

I- Présentation des pédiments


1- les données topographiques : surface au pied du relief,
légèrement inclinée, parsemée de reliefs résiduels et
limitée vers l’aval par une dépression ou bajada.
2- Les données structurales : forme développée dans des
structures faillées aux dépens de roches rigides souvent
cristallines ou métamorphiques.
II- Hypothèses morphogénétiques

1- La place de la tectonique et du recul des versants


2- Le rôle de la lithologie et des données bioclimatiques
III- Age, évolution et signification paléoclimatique
1- Des formes qui datent de l’ère tertiaire et du début de l’ère
quaternaire
2- Les pédiments exigent une longue évolution et s’associent
pour donner une pédiplaine
3- Les pédiments sont des formes héritées
Conclusion
Les pédiments caractérisent les piémonts des régions arides à pluie
d’été, mais sur les piémonts des régions arides existent d’autres
formes (comme les glacis) liées à l’action des eaux courantes.

105

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