Avant de concevoir les fondations d'un ouvrage, il est important de déterminer les propriétés mécaniques des sols d’
assisse pour que les charges qui
y seront appliquées ne provoquent ni tassement excessif ni rupture.
Dans ce chapitre, nous allons d'abord décrire les contraintes agissant sur un plan de cisaillement puis expliquer les relations qui existent entre elles.
Par la suite, nous étudierons les contraintes à la rupture, ainsi que les deux principaux paramètres de la résistance au cisaillement d'un sol à savoir la
cohésion et l'angle de frottement interne.
Enfin, nous présenterons les principaux essais effectués sur le terrain ou en laboratoire pour mesurer les paramètres de la résistance au cisaillement
des sols.
Nous avons déjà vu qu'à une certaine profondeur dans un dépôt meuble, la contrainte verticale σv appliquée à un élément unitaire de sol correspond
au poids propre du sol se trouvant au-dessus, réparti sur une unité de surface horizontale. Si on applique une surcharge à la surface d'un dépôt de sol,
dépend de l'importance de la surcharge, de la surface d'application et de la position de l'élément de sol. Nous savons aussi que la contrainte verticale
engendre une contrainte horizontale σh dans l'élément de sol.
La figure suivante illustre des contraintes verticales et horizontales en équilibre appliquées à un élément unitaire
Notons que les contraintes horizontales agissant sur les deux surfaces verticales sont exprimées à l'aide de symboles différents, σhA et σhB parce que
leurs valeurs peuvent différer suivant l'anisotropie du sol. (L'anisotropie est la qualité d'un milieu dont les propriétés varient selon la direction
considérée.)
Dans les sols, les contraintes verticales et horizontales sont généralement associées
aux contraintes principales, car la plupart du temps, il n'y a aucun risque de cisaillement le long des
surfaces sur lesquelles elles agissent.
La contrainte principale majeure σ1, la plus élevée, correspond à σv et les contraintes principales mineure σ3 et
intermédiaire σ2, correspondent σhA et à σhB.
En mécanique des sols, on considère habituellement que σ2 est égale à σ3, ce qui permet de simplifier les
problèmes en les ramenant à deux dimensions.
Cette simplification, toutefois, ne reflète pas toujours la réalité et peut conduire à des erreurs importantes
lorsque l’
anisotropie du sol est importante.
Les contraintes verticale et horizontale qui agissent sur l'élément de sol de la figure
Si on suppose que l'élément de sol a une largeur unitaire constante et que la longueur du plan de
cisaillement est égale à 1, il devient facile d'évaluer l'aire des plans horizontal et vertical auxquels s'appliquent
σ1et σ3,:
On peut alors déterminer les forces (figure 3) qui engendrent les contraintes agissant sur l'élément de sol:
Connaissant ces forces, on peut exprimer τ et σn en fonction de σ1 et σ3 à l'aide des équations de la statique.
À l'état d'équilibre, étant donné que la somme des forces horizontales est égale à 0,
on obtient:
F h 0 H T cos N sin 0
La somme des forces verticales étant aussi égale à 0, on obtient:
sin2 cos2 1
1 cos 2 2 cos 2
1 cos2 2sin2
On peut isoler τ et σn :
1 3
sin2
1 3σ1 et σ3demeurent
1 3 constantes, les contraintes τ et σn
Lorsque l'angle α varie tandis que les contraintes
issues des deux équations précédentes tracent un cercle sur le
Mohr, en l'honneur du scientifique Otto Mohr qui, à la fin du XIX siècle, fut le premier à proposer une
représentation graphique des contraintes en équilibre agissant sur un plan de cisaillement. Ce mode de
représentation n'est pas exclusif aux sols; il convient aussi bien à tout autre matériau.
La taille du cercle de Mohr et sa position sur l'axe des σn dépend uniquement des contraintes σ1 et σ3.
Si on connaît les valeurs de ces contraintes ainsi que celle de l'angle α, on peut facilement placer sur le cercle
un point T dont les coordonnées correspondent aux contraintes σn et τ à l'état d'équilibre.
Pour trouver la position du pôle P, on choisit un point du cercle correspondant à une contrainte principale,
habituellement celle qui agit sur le plan horizontal.
À partir de là, on trace une droite parallèle au plan de manière à couper le cercle en un point donné qui
désignera le pôle des plans. Lorsque la contrainte σv est plus grande que la contrainte σh et que les plans
sur lesquels elles agissent sont respectivement horizontal et vertical, le pôle se situe toujours aux coordonnées
(σ3, 0).
On peut déterminer de façon graphique ou mathématique les contraintes s'exerçant sur un plan de cisaillement.
L'approche graphique est plus facile, surtout dans les cas complexes où, par exemple, les contraintes
principales s'appliquent sur des plans ne correspondant pas à l'horizontale et à la verticale.
Lors de ses recherches, Coulomb remarqua que la résistance au cisaillement à la rupture (τrupt) était
directement proportionnelle à la contrainte normale (σrupt) : plus cette dernière augmentait, plus la résistance au
Il nota aussi que les sols cohérents manifestaient une certaine résistance au cisaillement due à leur cohésion
quand la contrainte normale était nulle. En partant de ces observations, il formula la relation suivante, connue
sous le nom d'équation
de Coulomb:
rupt C tan
où C = cohésion
Ф = angle de frottement interne
Pour les sols pulvérulents, comme la cohésion est nulle, l'équation prend la forme suivante:
La figure 5 illustre la relation décrite par l'équation de Coulomb appliquée aux sols cohérent et pulvérulent.
Figure 5 : Graphiques de l’
équation de Coulomb
La droite issue de l'équation constitue l'enveloppe de rupture, c'est-à-dire la limite linéaire où se trouve la
gamme des contraintes σrupt et τrupt agissant sur le plan de rupture.
Il ne peut y avoir aucun point au-dessus de cette droite, car au-delà de cette limite, l'équilibre des contraintes est
rompu et le sol est instable.
Un point situé sous l'enveloppe représente des contraintes en équilibre et une résistance au cisaillement
suffisante pour assurer la stabilité du sol.
Examinons le cercle de Mohr A de la figure 6 (on n'a représenté que la moitié supérieure du cercle afin
d'alléger la figure).
Ce cercle, qui exprime l'état des contraintes d'un élément de sol, se situe sous l'enveloppe de rupture. Dans un
tel cas, la résistance au cisaillement à la rupture n'est pas encore dépassée, et le sol demeure dans un état
stable. Si on augmente σ1A, le cercle se déplace vers la droite et son rayon augmente. À la rupture, le
cercle
10
tangence T correspond aux contraintes σrupt et τrupt agissant sur le plan de rupture
En combinant les cercles de Mohr à l'enveloppe de rupture comme nous l'avons fait à la figure 6, on peut établir
certaines relations entre les paramètres de la résistance au cisaillement, l'angle α et les contraintes principales.
Ainsi, le triangle formé par les Points D, T et M permet de formuler l'équation
suivante :
11
le rayon = L sinФ
Sachant que :
1 rupt 3 rupt
Rayon
2
L L A LB
L A
CA tan
1 rupt
L B
3 rupt
On obtient :
1rupt 3rupt
sin rayon 2
L C 1rupt 3rupt
tan 2
1rupt 3rupt
sin
1rupt 3rupt
On appelle enveloppe de rupture de Mohr l'enveloppe de rupture que l'on trace à l'aide des contraintes
principales à la rupture et des cercles de Mohr qu'elles sous-- tendent (figure 7).
Dans la plupart des cas, cette enveloppe n’
est pas vraiment linéaire, contrairement à ce qu’
exprime l’
équation
de Coulomb, mais elle présente une légère courbure
12
demeure l’
outil le plus facile à employer pour calculer les paramètres de la résistance au cisaillement, on
préfère remplacer l’
enveloppe de rupture de Mohr par une droite constituant une approximation acceptable en
géotechnique.
Cette nouvelle enveloppe de rupture s’
appelle enveloppe de rupture de
13
Cohésion nulle.
L'angle de frottement interne Ф dépend principalement de la compacité du sol, de sa granulométrie et de la forme
de ses particules.
La compacité du sol constitue le facteur d'influence le plus important dans les sols pulvérulents: lorsqu'elle
augmente, l'indice des vides (e) diminue et l'angle Ф augmente.
Entre deux sols de même nature et de compacité similaire, deux sables par exemple, celui qui présente une
granulométrie étalée aura un angle Ф supérieur à celui dont la granulométrie est serrée.
Plus les particules d'un sol sont angulaires, plus l'angle Ф est important;
inversement, des particules arrondies font diminuer l'angle Ф.
Le tableau 1 fournit les valeurs approximatives de l'angle de frottement interne effectif Ф’ de divers types de
sols pulvérulents selon l'état de compacité et la forme des particules.
On utilise l'angle Ф ' pour des conditions de rupture dans lesquelles il existe un bon drainage (les pressions
interstitielles n'augment pas et les charges seront reprises uniquement par les particules de sol).
Les graviers et les sables étant des sols très perméables à travers lesquels les pressions
interstitielles se dissipent rapidement, on y rencontre souvent ces
conditions et l'équation de Coulomb s’
exprime presque toujours en contraintes
effectives:
14
dans des conditions de rupture différentes. On peut observer que les diamètres des
15
deux cercles sont égaux, bien que les contraintes illustrées par le cercle B soient
plus fortes.
Lorsque le drainage est possible et que le sol est en cours de consolidation, son volume diminue; ainsi, les
particules se rapprochent et la résistance au cisaillement augmente. Si le drainage est tel qu'aucune pression
interstitielle ne se développe et que toutes les charges appliquées sont reprises par les particules de sol,
on exprimera la cohésion et l'angle Ф en contraintes effectives. L’équation de Coulomb prendra alors la forme
suivante:
La teneur en eau du sol agit elle aussi de façon importante sur la valeur des paramètres de la
résistance au cisaillement. Une augmentation de la teneur en eau d’
un sol argileux éloigne les particules les unes
des autres diminuant ainsi les forces de cohésion. Les sols argileux à teneur en eau élevée ont une consistance
molle et une résistance au cisaillement faible. Par contre, les argiles faiblement humides présentent une
consistance relativement raide et une résistance au cisaillement assez élevée.
À la figure 9, on peut estimer l'angle Ф’ au moyen de l'indice de plasticité des sols cohérents. Quant à la
cohésion C', elle est presque nulle dans les sols cohérents normalement consolidés et non cimentés. Dans des
argiles surconsolidées et non
16
valeur pourrait être inférieure à 10 kPa. Dans les sols compactés, cependant, la
fréquemment cette situation lorsque des ouvrages sont construits rapidement sur des
17
fondations reposant sur des sols argileux. Le plus souvent, la faible perméabilité des sols cohérents restreint
l'évacuation de l'eau des vides et contribue à maintenir les pressions interstitielles élevées.
Lorsque l'application des charges sur les sols cohérents est suffisamment lente pour que l'eau puisse s'évacuer
des vides du sol, on utilise C' et Ф', les paramètres de la résistance au cisaillement exprimés selon la théorie
des contraintes effectives. C'est le cas des barrages en terre érigés à un rythme relativement lent où toute
pression interstitielle se dissipe au cours de la construction.
Les cinq principaux essais de laboratoire qui servent à déterminer la valeur des paramètres de la résistance au
cisaillement des sols sont les suivants:
18
Bien qu'il convienne aux sols cohérents, l'essai de cisaillement direct est généralement exécuté
sur des sols pulvérulents. Cet essai permet de mesurer l'angle de frottement interne effectif Ф'
et la cohésion effective C'. Les essais au scissomètre de laboratoire et au pénétromètre à cône
suédois ainsi que l'essai de compression simple ne conviennent qu'aux sols cohérents; ils permettent de
déterminer la résistance au cisaillement non drainé à l'état intact Cu et à l'état remanié Cur. Avec
l'essai triaxial, il est possible de maîtriser le drainage de l'échantillon de sol et de reproduire d'une
façon assez réaliste les contraintes naturelles agissant sur cet échantillon. Lorsque l'échantillon n'est pas
drainé, on détermine la résistance au cisaillement non drainé Cu. Lorsqu'il est drainé, on peut mesurer les
paramètres de la résistance au cisaillement en contraintes totales (C et Ф) ou effectives (C'et Ф'). L'essai
triaxial s'effectue surtout sur les sols cohérents. Les quatre premiers essais sont faciles à exécuter, rapides et
économiques, tandis que l'essai triaxial est plus complexe et requiert un équipement plus coûteux. Les
résultats de tous ces essais dépendent en grande partie de la qualité des échantillons de sol et de l'habileté des
opérateurs.
L'essai de cisaillement direct est la plus vieille des cinq méthodes. Issu des expériences de Coulomb, il
s'effectue à l'aide d'une boite de cisaillement, dont la forme la plus récente a été élaborée par Arthur
Casagrande en 1932. Cette boite est constituée de deux parties se déplaçant l'une par rapport à l'autre dans un
plan horizontal.
19
L'essai consiste à placer un échantillon de sol dans une boite de cisaillement et à le soumettre à une charge
verticale N (figure 11), puis à une charge horizontale, que l'on augmente progressivement jusqu'à la rupture. La
vitesse à laquelle on augmente la charge horizontale doit être assez faible pour assurer les meilleures conditions
de drainage possibles et dissiper toutes les pressions interstitielles. Le plan de rupture se développe
progressivement le long du plan horizontal imposé par le déplacement de la partie inférieure de la boîte de
cisaillement sur sa partie supérieure. La charge horizontale maximale T enregistrée définit les conditions de
rupture. En mesurant l'aire corrigée (Ac,) sur laquelle agissent les charges N et T, on peut calculer
directement la contrainte normale effective (σ’
nrupt) et la résistance au cisaillement effective à la rupture
(τ’
nrupt).
Ces deux valeurs sont représentées par un point sur l'enveloppe de rupture (figure
12.6). Comme il faut au moins trois points pour tracer celle-ci convenablement sur le graphique de l'équation
de Coulomb, on doit procéder à deux autres essais en appliquant des charges verticales différentes. Quand
l'essai est terminé, les résultats connus et qu'on a tracé la droite représentant l'enveloppe de rupture, on peut
évaluer l'angle de frottement interne effectif et la cohésion effective du sol (Ф' et C') sur le diagramme de
Mohr-Coulomb.
L'essai de cisaillement direct est particulièrement bien adapté aux sols pulvérulents, et spécialement aux sables.
Il est en effet relativement facile de placer un sable dans la boîte de cisaillement. De plus, ce type de sol étant
plutôt perméable, les contraintes interstitielles s'y dissipent rapidement et le drainage ne pose pas de problème.
L'essai ne se réalise pas aussi facilement sur les sols cohérents, car les échantillons sont plus délicats à
manipuler et les conditions de drainage sont presque impossibles à maîtriser. En fait, on procède rarement à
cet essai sur les sols cohérents, car il ne permet pas de mesurer la pression interstitielle, et son plan de rupture
prédéterminé ne traduit pas nécessairement les conditions réelles sur le terrain. Il permet néanmoins de
déterminer les paramètres C' et Ф' dans les sols cohérents et, à la limite, la résistance au cisaillement non drainé
20
cas, il faut appliquer la charge horizontale durant une courte période, habituellement
Figure 10 : Principes de l’
essai de cisaillement direct
III.2 L’
essai au scissomètre de laboratoire
Développé en 1954 par le Road Research Laboratory d'Angleterre, l'essai au scissomètre de laboratoire
repose sur les mêmes principes que l'essai au scissomètre de chantier, élaboré par Skempton en 1948. Il est
décrit dans la norme ASTM D 4648.
Le scissomètre de laboratoire (figure 11) comprend une base qui supporte trois tiges verticales, le long
desquelles on peut déplacer le corps du scissomètre. Celui-ci soutient un croisillon relié à un ressort étalonné.
ressort.) Le croisillon est formé de quatre palettes rectangulaires très minces disposées en croix à l'extrémité
d'une tige. Afin que la rotation de ce dernier soit bien régulière, on utilise souvent un moteur fixé au corps du
21
L’
essai consiste à enfoncer le croisillon dans un échantillon de sol non remanié, habituellement contenu dans le
tube à paroi mince qui a servi à le prélever, et à appliquer au croisillon un moment de torsion que l'on
augmente progressivement jusqu'à la rupture du sol. La vitesse d'application du moment de torsion doit être
assez rapide pour qu'il ne se produise aucun drainage et assez lente pour ne pas augmenter artificiellement la
résistance du sol. On évalue le moment de torsion en mesurant l'angle de déformation du ressort
étalonné. Le moment maximum enregistré à la rupture du cylindre de sol
entourant le croisillon détermine la résistance au cisaillement non drainé (Cu) du sol. Par la suite, on
remanie le sol en faisant tourner le croisillon rapidement sur lui-même et on mesure de nouveau le moment
maximum, qui, cette fois, détermine la résistance au cisaillement non drainé à l'état remanié (Cur). Ces
deux valeurs permettent de calculer la sensibilité
du sol:
Les divers degrés de sensibilité des argiles sont présentés au tableau 2. Une argile insensible est un sol dont la
résistance au cisaillement non drainé demeure à peu près la même, que le sol soit à l'état remanié ou
non. À l'opposé, les argiles extrêmement sensibles peuvent devenir presque fluides lorsqu'elles sont remaniées
.
22
Pour calculer la résistance au cisaillement non drainé, on doit connaître la valeur du moment appliqué ainsi que
les dimensions du croisillon. On peut voir, à la figure
12, que le plan de rupture du sol se développe sur la surface cylindrique et sur les deux, surfaces circulaires
entourant le croisillon. À partir des moments résistants produits par le sol sur ces surfaces pour
contrebalancer le moment de torsion appliqué M, on peut construire la relation suivante:
23
M rupt * K r
rupt m _ m
(N.cm/°).
Cur M * K c
(KPa/N.cm)
Le tableau 3 donne les constantes correspondant aux trois croisillons généralement utilisés dans l'essai.
À cause de la fragilité des croisillons, on n'exécute l'essai au scissomètre de laboratoire que sur les sols
24
au cisaillement non drainé Cu est inférieure à 100 kPa. Dans le cas des argiles sensibles et très molles, cet
essai est le plus recommandé, parce que les sols demeurent à l'intérieur du tube de prélèvement, ce qui
réduit les risques de remaniement.
100
P2
2
P100 = moyenne des carrés des pénétrations effectuées avec le cône de 100 g
N
(mm2) ;
N = nombre de pénétrations.
25
60 g et 60° ce qui permet de calculer la résistance au cisaillement non drainé du sol à l'état remanié (Cu) avec
l'équation suivante:
9,8K 60 m60
Cur
P602
N= nombre de pénétrations
Si la pénétration du cône de 60 g et 60° est supérieure à 20 mm, on doit procéder à l'essai avec le cône de 10
g et 60° et calculer la résistance au cisaillement non drainé à l'état remanié de la manière suivante:
9,8K 60 m10
Cur
P102
Cu
St
C ur
Le pénétromètre à cône suédois (figure 13), qui, à l'origine, servait à classer les sols à grains fins par la mesure
de leur limite de liquidité, fournit des résultats dont la précision se compare avantageusement à celle des autres
essais de laboratoire.
III.4 L'essai de compression simple
L'essai de compression simple date des années 1930 et constitue l'une des méthodes les plus utilisées dans le
monde pour déterminer la résistance au cisaillement non drainé des sols cohérents.
Cet essai consiste à appliquer une charge axiale P sur un échantillon de sol et à l'augmenter progressivement
jusqu'à la rupture (figure 14). L'application de la charge doit se faire à un
rythme suffisamment rapide pour empêcher tout mouvement d'eau à
l'intérieur du sol. En mesurant la déformation verticale de l'échantillon ∆L, on peut évaluer son aire
moyenne A et ainsi calculer la contrainte
26
A
Où A 0
1
Figure 14 : Principes de l’
essai de compression simple
La plupart du temps, la rupture de l'échantillon de sol ressemble à une des trois formes illustrées à la figure 15.
La rupture fragile se caractérise par un plan de cisaillement net: l'échantillon supporte la contrainte
axiale jusqu'à une valeur maximale (Pmax/A) facilement observable ensuite il cède et se sépare le long du plan
de cisaillement.
Lorsque la rupture est plastique, l'échantillon s'aplatit et prend la forme d'un tonneau sans aucun plan de
cisaillement apparent. Il devient alors très difficile de déterminer clairement la valeur maximale de la contrainte
axiale car elle progresse jusqu'à un plateau pour ensuite devenir presque constante. En fait, on considère que la
rupture survient lorsque la déformation axiale atteint 15 %. On désigne alors la contrainte axiale
correspondante comme étant la contrainte de rupture (Pmax/A).
L'essai de compression simple peut se faire sur des sols remaniés mais comme il est plus facile de le réaliser sur
des sols à l'état intact comme c'est le cas la plupart du temps. On peut également l'effectuer sur des échantillons
compactés. Pour appliquer les charges on utilise une presse équipée de mécanismes mesurant à la fois la charge
axiale, la déformation verticale de l'échantillon et commandant la vitesse d'application de la charge. La presse
triaxiale est celle qu'on utilise le plus fréquemment. Il existe également des presses portatives que l'on peut
déplacer sur le terrain.
L'essai de compression simple est rapide et facile à réaliser mais la préparation de l'échantillon exige de
l'opérateur une certaine habileté. Les erreurs se traduisent le plus souvent par une diminution de la résistance du
sol. Il faut préciser que cet essai ne peut fournir qu'une valeur approximative de Cu.
III.5 L’
essai triaxial
Dans le but de remédier aux faiblesses que présentait l'essai de cisaillement direct on développa, au milieu
des années 1930, un essai permettant à la fois d'appliquer des contraintes axiale et latérale sur un
échantillon de sol et de maîtriser les conditions de drainage. On pouvait ainsi reproduire en laboratoire
d'une façon beaucoup plus réaliste les conditions entourant un échantillon de sol sur le terrain et, par le fait
même, mesurer plus rigoureusement les paramètres de la résistance au cisaillement. Cet essai porte aujourd'hui le
28
29
30
l'échantillon de sol est drainé à l'étape de la consolidation. Avant le cisaillement, la résistance au cisaillement a
donc augmenté en fonction de la pression cellulaire appliquée, et la pression interstitielle à l'intérieur de
l'échantillon est nulle. Durant le cisaillement, l'échantillon n'est pas drainé, et la charge axiale, qui est
principales mesurées à la rupture sont donc des contraintes totales (σ1 rupt et σ3 rupt). Si la presse triaxiale est
munie d'un mécanisme permettant de mesurer la pression interstitielle (u), une trappe à mercure ou des
cellules électriques de pression par exemple, il est possible de calculer
les contraintes principales effectives avec les équations suivantes :
'1rupt 1rupt u
'3 rupt 3 rupt u
Pour tracer les enveloppes de rupture et déterminer les paramètres C et Ф en contraintes totales et
effectives, on doit répéter l'essai à au moins trois reprises sur des échantillons semblables, en appliquant chaque
fois des pressions cellulaires différentes.
Dans l'essai triaxial consolidé drainé, ou essai CD (Consolidated-Drained),
l'échantillon de sol est drainé pendant la consolidation et le cisaillement, de sorte que la pression
interstitielle n'augmente pas. Seules les particules de sol absorbent les contraintes cellulaire et axiale. La
charge axiale doit donc être appliquée très lentement à l'étape du cisaillement. À la rupture, on obtient des
contraintes principales effectives (σ’1 rupt et σ’3 rupt). Comme dans l'essai CU, il faut cisailler au moins
trois échantillons Pour tracer l'enveloppe de rupture et évaluer les paramètres C' et Ф '.
Bien qu'ils conviennent aussi aux sables, les essais triaxiaux ont été spécialement conçus pour les sols
cohérents non remaniés. Selon l'ASTM, on peut également les utiliser avec des échantillons de sols cohérents
remaniés ou compactés. Les essais triaxiaux présentent, entre autres, les avantages suivants :
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L'essai UU est l'essai triaxial le plus facile à exécuter. Quoiqu'un peu plus complexe, il ressemble à
problèmes que l'essai UU, ils comportent des aspects difficilement maîtrisables comme la saturation du sol
et le fait que les dimensions de l'échantillon varient pendant la consolidation. De plus, ils prennent beaucoup de
temps, ce qui les rend coûteux. Par exemple, l'étape de cisaillement de l'essai CD dure au moins une semaine.
Ces essais sont surtout utilisés à l'occasion de projets d'envergure comme la construction de barrages. (On
choisit l'essai CU de préférence à l'essai CD quand on peut mesurer les pressions interstitielles durant
le cisaillement, parce qu'il fournit les mêmes résultats en beaucoup moins de temps.)
32