ESSAIS DE CRANIOMÉTRIE
A PROPOS DU
Le D'PAUL TOPINARD
Charlotte Corday avait vingt-cinq ans. Elle était née à Saint-Saturnin, près Sées
(1)
en Normandie, et fut exécutée le 17 juillet 1793.
CRANE DE CHARLOTTE CORDAY. 5
CRANE EN
TOTALITÉ.
C.C. Parisiennes.
Projection antéro-postérieure de l'occiput à la
glabelle 171mm
Largeur maximum 136 133,5
— bistéphanique 120 113,2
Largeur bitemporale, sur la crête à mi-che-
min entre la précédente et la suivante 105
. .
Largeur frontale minimum 94 93,2
— de l'ohélion 100
Les crêtes temporales ont été décrites, ce sont elles qui forment
la jonction de la face supérieure et de la face latérale du crâne. La
surface comprise entre l'une d'elles et l'arcade zygomatique est la
fosse temporale qui a verticalement de l'arcade zygomatique au
stéplianion 67 millimètres et du point sus-auriculaire au point direc-
tement au-dessus de la crête temporale 76 millimètres. Cela consti-
tue une grande surface pour le muscle temporal; mais la crête
temporale étant faible, la surface étant partout renflée, il n'y a pas
lieu de croire que le muscle fût bien puissant.
Le ptérion est curieux. Il est en H des deux côtés et ne présente
Ici se présente une grosse question. Quel est l'indice facial à don-
ner faisant Je pendant à ce qu'on appelle au crâne l'indice cépha-
lique? Nous venons de dire les largeurs entrant en compétition.
Voici la hauteur pouvant concourir à donner l'autre facteur :
CC. Parisiennes.
Hauteur ou projection verticale totale, du
vertex au point alvéolaire 13i- 133,0
Hauteur opbryo-alvéolaire 83 80,8
Hauteur naso-alvéolaire 67 (36,6
CC. Parisiennes.
Largeur des orbites 38,0 38,2
Hauteur des orbites 35,0 33,0
Indice orbitaire 92,1 88,4
Aire orbitaire 133,0 126,0
Angle naso-malaire 142° —
Cet indice orbitaire est bien celui du type normand entre autres ;
il rentre dans les mégasèmes de Broca.
Aux orbites se rattache secondairement l'os lacrymal. Il s'arrête
à distance du bord orbitaire inférieur et ne présente aucun ves-
tige de la petite apophyse dite hâmule qui s'en détache parfois pour
aller rejoindre ce bord. C'est un caractère anatomique dit supé-
rieur.
L'intervalle orbitaire si caractéristique, souvent, est ici absolu-
L'AIS-TIJROPOLOGIE. — T. I. ~
18 PAUL TOPINARD.
Le nez n'est pas saillant, son arête est ferme à l'endroit des os
propres, l'extrémité inférieure de ceux-ci se relève modérément,
l'ouverture nasale est plutôt haute, son bord inférieur est en forme
de coeur de carte à jouer retourné, c'est-à-dire que ses deux échan-
crures sont minces ou à une seule lèvre, l'épine nasale est double
et répond au n° 2 de Broca. La ligne sous-nasale au-dessous est
verticale. Voici les mesures qui y ont trait :
C.C. Parisiennes.
Hauteur nasale ou naso-spinale oO 48,4
Largeur de l'ouverture 24 22,7
Indice nasal 48 47,0
ANGLE PTÉRYGOÏDIEN
est petit avec une bonne capacité moyenne. Il a un bel angle facial
de Camper et est orthognathe. Sa voûte crânienne est très régu-
lière partout. Ses bosses frontales et surtout pariétales sont peu
marquées. L'occiput est très également arrondi, la région céré-
belleuse est peu développée.
Le bregma, le basion et le centre du trou auditif sont sensible-
ment dans le même plan et coupent le crâne total, face comprise, en
deux moitiés sensiblement égales. Le plan des axes orbitaires, le
plan de Schmidt et le plan alvéolo-condylien sont parallèles. Ces
caractères et le précédent sont ceux du crâne typique européen.
Le clivus est assez relevé, le plan du trou occipital en revanche
Test peu, l'angle sphénoïdal est dans la moyenne. Il n'y a à noter
de défectueux dans ce crâne que trois choses : son front bas, sa
voûte platycéphale et un vestige d'apophyse jugulaire.
L'AGE DU BRONZE EN EGYPTE
PAR
OSCAR MONTÉLIUS
MÉMOIRE ACCOMPAGNÉ DE 6 PLANCHES HORS TEXTE
(1) LEPSIUS, les Métaux dans les inscriptions égyptiennes, traduit de l'allemand par
AV. Bcrcnd (Paris, 1877, p. 57).
(2) SOLDI, les Arts méconnus (Paris, 1881), p. 492. — PERROT et CHIPIEZ, OUV. cit.,
I, p. 755.
(3) WILKINSON, Manners and customs of the ancient Eqyptians, lre édition vol III,
'
pp. 250 et 251.
L'AGE DU BRONZE EN EGYPTE. 29
(1) VYSE, Pyramids of Gizeh, I, pp. 275, 276 ; Transactions of ike second session of
the international Congress of OrienLalisis, held in London 1874, pp. 396-399.
(2) MASPERO, Guide du visiteur au Musée de Boidaq (Paris, 1884), p. 296.
(3) VYSE dit {Pyramids of Gizeh, I, p. 4) que l'embouchure du canal atmosphérique
en question se trouvait en partie agrandie avant qu'il y commençât son travail.
30 OSCAR MONTÉL1US.
jamais été déplacés, puis remis en place? De nos jours, ces blocs
remaniés qu'aucune atteinte ait été portée à la solidité
ont été sans
de l'édifice. Les circonstances du gisement ne suppriment pas
possibilité de leur introduction à une époque plus ou moins
toute
tardive et en l'état il ne semble pas que l'on soit autorisé à tirer de
trouvailles la conclusion que le fer était déjà connu et employé
ces
les Égyptiens 3000 ans avant J.-G. (1).
par
On en a d'autant moins le droit qu'une telle conclusion serait
contraire, comme nous allons le voir, atout ce qu'on sait d'ailleurs
l'époque où fut connu le fer, non seulement en Egypte, mais
sur
encore dans les autres pays.
Lepsius, qui suppose que le fer était usuel en Egypte dès le
quarantième siècle, est obligé d'avouer (2) que dans les tombeaux
égyptiens on a, jusqu'à présent, trouvé peu d'objets de fer et que ces
objets sont les uns d'une époque incertaine, les autres récents.
Cette déclaration d'un des connaisseurs les plus éminents de l'anti-
quité égyptienne fut faite, il est vrai, il y a douze ans; mais, plus
récemment, dans le cercle spécial des égyptologues, on a manifesté
des cloutes sur l'ancienneté du fer en Egypte(3).
Des témoignages incontestables de l'existence du fer en Egypte
avant l'époque du Nouvel Empire, c'est-à-dire avant le milieu du
deuxième millénaire avant J.-C, ne sont donc pas produits. Ayant
tenu pour évident que les Egyptiens étaient en possession du fer
à une époque bien plus reculée, on a cependant tâcbé d'expliquer
l'absence de ce métal dans les nécropoles et tombes les plus anciennes
en invoquant un préjugé religieux.
Le fer était regardé comme l'os de Typhon, l'ennemi d'Osiris,
et par cette raison jugé impur; on n'aurait pu s'en servir, même
pour les besoins les plus ordinaires de la vie, sans souiller son
âme d'une manière qui lui causerait du dommage, et sur la terre
et dans l'autre monde. Cependant M. Maspero, l'un des égypto-
logues les plus éminents, a démontré que cette explication n'est
pas satisfaisante, car, dit-il (p. 295), « l'impureté religieuse d'un
(1)Les scrupules que j'ai exprimés à l'égard de la trouvaille de fer dans la grande
pyramide ne se présentent maintenant pas pour la première fois ; cf. l'ouvrage de
RJIIND publié en 1862, Thebes, its iombs and their tenants (p. 227).
(2) LEPSIUS, les Métaux, p. 54.
(3) Dans le guide officiel, imprimé en 1879 au service des visiteurs du Musée Bri-
tannique (A Guide to the Egyptian rooms, p. 40), nous lisons : « Il est douteux si l'usage
du fer fût connu à une période bien reculée. » De la même manière, on s'exprimait
plus tard en 1884 : cf. Journal oftke Anthropological Inslitute of Great Britain and Ire-
land, la séance du 25 mars 1884. Comparez aussi PERROT et CHIPIEZ, Histoire de VArt,
t. I (imprimé en 1882), pp. 753, 754 et 830.
L'ÂGE DU BRONZE EN EGYPTE. 33
objet n'a jamais suffi à empêcher l'emploi de cet objet. Pour n'en
citer qu'un exemple, le porc, lui aussi, était consacré à Typhon et
considéré comme impur : on l'élevait pourtant en troupeaux, et le
nombre de ces animaux était assez considérable, au moins dans
certains cantons, pour permettre au bon Hérodote de raconter
qu'on les lâchait sur les champs, après les semailles, afin de pié-
tiner la terre et d'enterrer le grain. De plus, en Egypte, chaque
objet n'était pas exclusivement pur ou impur, mais tantôt l'un,
tantôt l'autre, selon les circonstances; c'est ainsi que le porc et la
truie, malgré leur caractère typhonien, étaient les animaux d'Isis,
et, par conséquent, participaient à la pureté osirienne. Le fer, que
certaines traditions nomment l'os de Typhon, est appelée commu-
nément ôonipit, la substance du ciel; il était donc pur par certains
points et impur par certains autres. »
Des scrupules religieux n'ont mis aucun obstacle à l'emploi du
fer en Egypte à l'époque où était réellement connu ce métal utile,
car on a trouvé divers instruments de fer dans les tombeaux con-
temporains. Plusieurs de ces objets sont déposés dans le musée du
Louvre; ils sont probablement tous postérieurs au xv° siècle avant
Jésus-Christ et très rapprochés de cette date. Le plus ancien
— si
nous ne considérons pas les fragments déjà mentionnés qui pro-
viennent des pyramides — qu'on connaît de l'Egypte, et dont on
a pu fixer l'âge, est une lame courbée, ressemblant à une faucille
qu'a mise au jour Belzoni sous un des sphinx, à Karnak; mais l'âge
de cette lame ne dépasse pas le septième siècle avant J.-G. (1).
Maspero, qui suppose l'usage du fer très ancien en Egypte, a
tâché, en deux circonstances, de trouver une explication de la
rareté de ce métal. Il pense d'abord que les objets de fer qui ne
pouvaient plus être employés ont été refondus.
Mais ceci ne peut nous expliquer pourquoi, dans les musées
égyptiens, des objets de fer sont bien plus rares que des objets de
bronze. La refonte des bronzes hors de service s'imposait au moins
autant.
En second lieu, M. Maspéro, et avec lui maints auteurs, ont voulu
expliquer l'absence du fer en arguant de sa destruction parla rouille.
Mais, est-il besoin de le rappeler, les tombeaux égyptiens sont si secs
(1) DAY, Prehistoric use of iron and steel, p. 14. Cf. Journal of the Anthrop. Insti-
tute, le 25 mars 1884. L'authenticité de cette trouvaille est révoquée en cloute par RHIND,
Thebes, p. 228.
— Un ciseau de fer a été trouvé sous un obélisque à Karnak, qui devrait
dater de la XVIIIe dynastie (ARCELIN, dans les Matériaux, 1869, p. 377) ; mais la déter-
mination de l'âge de ce ciseau est peut-être douteuse. E'ût-elle même juste, la trouvaille
néanmoins est postérieure au commencement du Nouvel Empire.
L'ANTHROPOLOGIE. 3
34 OSCAR MONTÉL1US.
(1)LEpsius,_tes Métaux, pp. 52 et suiv. ; il dit (p. 63) qu'on n'a trouvé
pas encore
le fer représente avec son nom. PERROT et CHIPIEZ, Histoire de l'Art, t. I p 753 CIÎABAS
Sur le nom du fer chez les anciens Égyptiens dans les Comptes rendus de l'Académie
des Inscriptions, 23 janvier 1874; BRTJGSCII, Hierogbjphisch-Demolisches Wôrterbuch,
Y, pp. 413 et suiv.
L'AGE DU BRONZE EN EGYPTE. 35
(1)La trouvaille est décrite par MARIETTE dans Notice des principaux monuments...
du Musée d'antiquités égyptiennes à Boulaq (2e édition, Alexandrie, 1868), pp. 257-267,
et par MASPERO dans Guide du visiteur au Musée de Boulaq (Paris, 1884), pp. 77-83 et
320. Cf. PERROT et CHIPIEZ, Histoire de l'Art, 1.1, p. 297, et EEIIAN, JEgypten, p. 612. —
La trouvaille est représentée dans la Revue de l'Architecture, 1860, mais je n'ai pas eu
l'occasion de voir cette publication.
(2) Sitzungsberichteder kôniçjl. Preussischen Académie der Wissenschaften zu Berlin,
1888, XXXIV, p. 770.
(3) Des bronzes avec le nom de Thoutmos III ou avec celui de Hatschopsitu sont, à
l'exception d'autres places, déposés dans le musée de Boulaq (une hache, un ciseau,
deux couteaux ou scies, etc. : MASPERO, Guide, pp. 297-299) ; le Musée Britannique
(3 haches et une couple de scies : A Guide to the Egyptian rooms, pp. 42 et 48) ; le
Musée de Leide (deux haches, un ciseau, etc. : LEE.MANS, Mon. égypt. du Musée de Leide,
pi. LXXX, fig. 3 et pi. XC, fig. 157, 159 ; CHABAS, Études sur l'antiquité historique,
pp. 76 et 79) ; la collection du duc de Northumbcrland à Alnwick Castle (une hache,
deux ciseaux, un foret, un couteau ou scie : BIRCH, Catalogue of the Collection ofEgyp-
tian anliquities at Alnvjick Castle, p. 200, pi. B.)
L'ÂGE DU BRONZE EN EGYPTE. 37
(1) BIRCH, Catalogue, p. 200. La même inscription se retrouve aussi sur des bronzes
qui n'appartiennent pas à la collection de Alnwick Castle.
(2) Le célèbre égyptologue suédois, M. Piehl, dont j'appelais l'attention sur l'im-
portance de cette question avant un de ses voyages en Egypte, a eu la bonté de
m'écrire qu'un grand nombre d'armes et d'instruments de bronze, gardés dans le musée
de Boulaq, évidemment ont été longtemps en usage, comme le démontre le fait qu'ils
ont été usés et aiguisés de nouveau.
(3) CHAMPOLLION, Monuments de l'Egypte, pi. CCLXIII-IV.
— ROSELLINI, Monumenli
civili, pi. CXXI.
— LEPSIUS, les Métaux, p. 111 et pi. II, fig. 2-7.
3s OSCAR MONTÉLIUS.
Les chants d'Homère parlent bien quelquefois de fer, mais ces chants probable-
(1)
ment n'ont^ été composés que longtemps après l'époque de la guerre de Troie, et cer-
tainement ils n'ont pas été écrits dans l'état où nous les avons de nos jours. Us ne peu-
vent donc pas être cités en témoignage de la connaissance du fer en Grèce au temps
d'Agamcmnon et d'Ulysse.
L'AGE DU BRONZE EN EGYPTE.
39
(1) Les figures qui représentent ici des objets conservés dans le musée de Boulaq
sont exécutées d'après des photographies, qui, par l'entremise bienveillante de M. Piehl
et de M. Brugsch Bey, ont été exécutées pour moi. La description des armes de luxe
dans le tombeau d'A'hhôtep est tirée du Guide du visiteur au musée de Boulaq de MAS-
PERO, pp. 79-83. Cf. ERMAN, Mgyyten, p. 612.
(2) La figure 12 est dessinée d'après la figure 564 dans le tome Ier de l'ouvr. cit. de
PERROT et CHIPIEZ, où il est inexactement indiqué qu'elle représente
une épingle.
40
OSCAR MONTÉLIUS.
(1) D'après ERMAN {Mgyplen, p. 612), le milieu de cette face est couvert « d'émail du
bleu le plus foncé ».
(2) Dans les Matériaux pour VHïst. de l'Homme, 186e), pi. XIX, fig. 3, une hache égyp-
tienne est représentée, qui, d'après p. 378, devait être à bords droits, mais les dessins
de la planche citée ne sont pas assez exacts pour qu'on puisse en tirer quelques conclu-
sions. J'ai écrit au musée de Boulaq, où la hache figurée devait être déposée, pour
savoir ce qu'il en est, mais je n'ai pas encore eu de réponse.
(3) Des formes intermédiaires entre les figures 32 et 33 sont reproduites d'après les
monuments de Thèbes, dans les Manners and customs of the ancient Egyptians par
"WILKINSON (]" édition), I, p. 325. Cf. LEPSIUS, Benkmiiler ans JEcn/pten und éthio-
pien, II, pi. 132.
L'ÂGE DU BRONZE EN EGYPTE. 4t
(1) Des lames de haches tout à fait de la même forme que la figure 33 (sans manche)
sont déposées, une au Louvre et une dans la collection de M. Greenwell à Durham. A.
ces deux, comme à l'original de la figure 33, les bords autour des deux ouvertures demi-
circulaires sont un peu en relief. Des haches pareilles à la figure 33 se voient parmi les
reproductions de la XIIe dynastie. LEPSIUS, les Métaux, II, pi. 3 32, et WILKINSON, Man-
nées and customs, I, p. 325, fig. 5 et 6.
(2) Un tel celt en bronze, dont les ailerons ne se dépassent pas autant qu'à la
ligure- 40, est déposé dans le musée de Leide. LEEMANS, Monuments égyptiens du Musée
de Leide, pi. LXXX, fig. ; CHABAS, Étude sur l'antiquité historique, p. 76.
u
(3) La partie supérieure des poignards maintenant en usage à Sudan rappellent
d'une manière incontestable la partie supérieure des manches de poignard de l'ancienne
Egypte, telle que celle de la figure 4. Un poignard de bronze très beau, de la même
forme que la figure 5, est déposé au musée de Darmstadt ; le bois de la poignée porte
une légende d'hiéroglyphes en relief.
(4) La poignée est moitié en corne, moitié
en ivoire. PRISSE D'AVENNES, Monum.
égypt., pi. XLVI ; d'après CHABAS, Études sur l'antiquité historique, p. 92. L'ouvrage
cité de Prisse d'Avennes, de même que bien d'autres livres d'importance pour ce mé-
moire, n'est pas à Stockholm.
(5) L'original de la figure 9 est déposé dans le Musée Britannique. La lame en haut
est prolongée en une soie étroite qui traverse la poignée. KEMBLE, Horse ferales, pi. VII,
fig. 3, p. 156. Là un autre poignard semblable est mentionné, déposé dans le Musée
OSCAR MONTÉLIUS.
-iZ
PLANCHE I
Poignard bronze; manche en bronze et bois (1/4) (*). Musée du Louvre.
FIG. 1. en
(LINDENSCIIMIT, Alterthùmer unserer Heidnischen
Vorzeit, 2 : XI, pi. III,
fig. 1.)
2. Poignard en bronze ; manche en bronze, bois et ivoire (1/3). Musée du Louvre.
—
(LINDENSCIIMIT, Alterthùmer, 2: XI, pi. III, fig. 2.)
3. Poignard en bronze ; manche en bronze et bois (c. 1/3). Musée du Louvre.
—
(D'après photographie.)
4. Poignard en bronze; manche en bronze et ivoire (1/4). Musée Britannique.
—
(KEMBLE, Horoe feraies, pi. VII, fig. 2.)
S. Poignard en bronze; manche en bronze et bois (1/3). Musée de Turin. (D'après
—
photographie.)
6. Sabre peint en bleu. Peinture murale du tombeau de Ramsès III à Thèbes.
— dans les ins-
(PVOSELLINT, Monumenti civili, pi. CXX1 ; LEPSIUS, les Métaux,
criptions égyptiennes, pi. II, fig. 2.)
1. Couteau en bronze (1/2). Collection de M. Greemvell à Durham, Angleterre.
-—
(D'après dessin exécuté par M. Sôderberg.)
PLANCHE II
8. Poignard en bronze; manche en bronze, corne (ou cuir de rhinocéros?) et
—
ivoire (1/4). Musée de Berlin. (BASTIAN et Voss, Die Bronzeschwerler des
Koniglichen Muséums zu Berlin, pi. XVI, fig. 31a; Cf. la fig. 3le de la
mémo planche: la gaine en cuir.)
— 9.
Poignard en bronze ; manche en bronze, ivoire et corne (1/4). Musée Britan-
nique. (KEMBLE, Horoe ferales, pi. VII, fig. 3.)
PLANCHE III
PLANCHE IV
— 26. Hache en bronze doré; le manche en bois et pierres précieuses (1/5). Cercueil
de la reine A'hhôtep. Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
— 27. L'autre côté de la même hache. (D'après photographie.)
— 28. Hache en bronze (1/2). Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
— 29. Hache en bronze, portant le nom de Thoutmos III; le manche en bois (1/4).
Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
PLANCHE V
— 30 et 31. Haches. Peintures murales de la VIe dynastie. (LEPSIUS, Denkmuler aus
JEgypten und ^Ethiopien, II, pi. CXI et CVIII.)
— 32. Hache; la lame peinte en jaune (ou rouge). Peinture murale de la Xlle dynas-
tie. (LEPSIUS, Denkmuler, II, pi. CXLI ; LEPSIUS, les Métaux, pi. II, fig. 2.)
— 33. Hache en bronze; la surface du manche en argent (I/o). Musée Britannique.
(D'après photographie.)
— 34. Hache en bronze, percée à jour; le manche en bois (1/4). Musée Britannique.
(D'après photographie.)
— 35. Hache en bronze (1/2). Musée Britannique. (D'après photographie.)
48 OSCAR MONTELIUS.
FIG. 36. Hache en bronze (c. 1/2). Muséedu Louvre. (D'après photographie.)
—
37. Hache en bronze, portant le nom de Thoutmos III ; le manche en bois.
Mémoires de la Société' royale des Antiquaires du Nord, 1873-74, p. 128,
fig. 5« et 56 (la lame vue de face).
38. Hache (?) ; la lame peinte en rouge. Peinture murale. (LEPSIUS, les Métaux,
—
pi. II, fig. 15.)
PLANCHE VI
— 39.
Ciseau en bronze (1/3) ; le manche, portant le nom de Thoutmos III, en bois.
Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
— 40. Celt en fer (c.
1/2). Musée du Louvre. (D'après photographie.) —Le Musée de
Leide possède un celt en bronze de la même forme.
— 41. Tète de lance en bronze (1/2). Musée de
Boulaq. (D'après photographie.)
— 42. Couteau en bronze (c. 1/4). Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
PLANCHE VI.
— 43. Scie en bronze (1/3) ; le manche en bois. Musée Britannique. (D'après photo-
graphie.)
— 44.
Scie peinte en rouge. Peinture murale. (LEPSIUS, les Métaux, pi. II, fig. 14.)
— 45. Hameçon en bronze (1/2). Musée de Boulaq. (D'après photographie.)
— 46. Alêne en bronze (1/4); le manche en bois. Musée Britannique. (D'après photo-
graphie.)
ALEXANDER BRUNIAS
PAR
LE Dr E.-T. HAMY
II
Les deux premières planches, qui se font pendant, se déve-
loppent en travers (33 centimètres sur 23 ou environ); elles sont
toutes deux datées du 1er février 1779 et dédiées, l'une à l'honorable
Charles O'IIara, déjà mentionné plus haut, l'autre à sir Ralph
Payne, chevalier de l'ordre du Bain.
(1) L'inscription est coupée en deux par l'écusson de la personne à laquelle est dédiée
l'estampe. Le signe | indique cette séparation; le signe || est le retour à la ligne.
(2) L'édition française A. Brunias pinx. L. C. Ruotte direx., est intitulée Danse des
nègres dans l'isle de"Saint-Dominique. On lit au-dessous de la dédicace en anglais re-
produite avec l'écusson de l'hon. Charles O'Hara, l'adresse du libraire Depeuille trans-
crite plus haut.
52
E.-T. IIAMY.
London Pubd as the Act directs July lst 1779 | by the Proprietor,
N° 1, Broad street, Soho.
WASHER-WOMAN (1)
-IV. THE WEST INDIA
This Plate is Dedicated to Sir John Frederick, Bar1
6LC « \5 LOc
L'édition française est intitulée Blanchisseuse des Indes Occidentales, The West
(1)
India ivasher-woman, même dédicace : A. Brunias prinxit... L. Ruotte direxit.
ALEXANDER BRUNIAS. — COURTE NOTICE SUR SON OEUVRE. 55
(1) Le peintre delà gravure anglaise s'est permis des variantes. Il a fait, par exemple
la culotte rouge et la veste rayée de bleu, de gris et de rose comme le bonnet.
(2) La dissertation que je cite « fut conçue, dit Camper le fils, en 1768, l'auteur l'en-
richit de plusieurs additions en 1772 et la porta, en 1786, au point de perfection où
nous la voyons aujourd'hui ».
(3) P. CAMPER, Dissertation sur les variétés naturelles qui caractérisent laphysio-
56 E.-T. HAMY.
nomie des hommes des divers climats et des différents âges, suivie de réflexions sur la
beauté, particulièrement sur celle de la tète ; avec une nouvelle manière de dessiner
toutes sortes de tètes avec la plus grande exactitude. Ouvrage posthume... traduit du
hollandais par H.-J. Jansen. On y a joint une dissertation du même auteur sur la meil-
leure forme des souliers, le tout enrichi de XI planches en taille-douce. Paris, Fran
cart, 1792, in-4.
TOMBEAU DE VÀPHIO (1)
(MORÉE)
PAR
SALOMON REINACH
on trouve des districts ayant une moyenne de 164, 165 et môme plus.
Ce mélange d'éléments grands et petits explique le fait sur lequel nous
avions déjà attiré l'attention, savoir : que certains gouvernements chan-
gent de catégorie suivant que l'on considère la proportion des réformés
ou celle des hautes tailles. De plus, la répartition par districts permet
d'approcher davantage de la réalité des faits; c'est ainsi que, de la
zone Minsk-Kazan, on voit partir des prolongements s'avançant vers le
sud jusque dans la région des hautes tailles : Podolie, Tchernigov,
Kiev, Koursk.
De même vers le nord cette zone se réunit à l'autre centre des petites
tailles par quantité de districts des gouvernements de Vilna, Vitebsk,
Pskov, Tver, Moscou, Nijni-Novgorod. Pourtant il est facile de voir que,
malgré de nombreux traits d'union, il existe, entre les deux centres des
petites tailles, une zone où la taille tend à s'élever (1636-1645), qui com-
prend certains districts des gouvernements de Nijni-Novgorod, Vladimir,
Moscou, Tver, Smolensk, et qui va rejoindre le gouvernement de Novgo-
rod : celui-ci a une moyenne de lm,65 et même lm,66, et se continue direc-
tement avec le centre de haute taille des provinces baltiques. Vers le sud-
est cette zone moyenne, séparant les deux centres des petites tailles, va
rejoindre du côté de Samara la région méridionale des moyennes éle-
vées. Celle-ci, d'autre part, à travers quelques districts des gouverne-
ments de Minsk, Grodno, Souvalki, Vilna et Vitebsk, tend à s'unir au
centre baltique.
— Nous avons exposé jusqu'à présent les résultats de la statistique
de M. Anoutchine; il nous reste à chercher avec lui les causes possibles
de cette distribution si remarquable de la taille en Russie. Et d'abord,
elle n'est nettement en rapport ni avec la répartition des mers, ni
avec celle des terres fertiles dans l'Empire ; les conditions orogra-
phiques ou climatériques n'en rendent pas compte non plus. Quant à
l'influence de la richesse ou de la pauvreté d'une population, elle est
bien difficile à établir et, de plus, ce facteur est soumis à des variations
trop rapides pour que la recherche de ses effets ne soit pas à peu près
illusoire. Nous laisserons de même de côté la densité de la population,
les proportions relatives des deux sexes; M. Anoutchine lui-même
reconnaît que l'influence de ces facteurs n'est pas démontrée.
Il est plus intéressant de comparer la répartition de la taille avec
celle des exemptions pour maladies : le nombre de ces exemptions varie
de 9,32 (gouvernement de Tomsk) à 28,87 (gouvernement de Kalich).
Il n'y a aucune relation entre leur distribution et celle de la taille : les
régions où il y a le plus de réformés pour maladie comprennent des
gouvernements à haute et à petite taille indifféremment et vice versa.
Si l'on fait la statistique des réformés pour développement insuffisant,
on arrive à un résultat plus satisfaisant : le maximum de fréquence de
ces exceptions se rencontre dans les gouvernements du nord-est (à
6S MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
4
2
3
Livonie
Esthonie
Kouban
1667
1667
1666
32 Souvalki
....... 1641
1641
Transbaïkalie
Sémipalatinsk
....
1664
1662
33 Nijni-Novgorod
34 Arkhangel
....
...... 1640
1639
Akmolinsk 1662 35 Orel 1639
5 Prov. du Don 1662 36 Vladimir 1638
Tauricle 37 Grodno
1660
...... 1638
G
1634
50 Vologda - .
1634
17 Voronèje 1646 51 Olonetz 1632
18 Kharkov 1645 52 Kostroma 1630
Iakoutsk 1645 53 Viatka 1629
19 Vilna 1644 54 Siedlec 1629
.
20 Saint-Pétershourç. 1644 55 Oufa. 1628
. . •
21 Moscou 1644 56 Lublin 1627
22 Perm 1644 57 Kazan 1626
.
23 Ter 1644 58 Radom 1623
24 Koursk. 1643 59 Plock
25 Vitebsk.
26 Saratov.
....... 1642
1642
60 Varsovie
61 Lomja
....... 1622
1621
27 Tver
28 Volhynie
29 Kovno
1642
1641
62 Kielce
63 Kalisz
........ 1621
1-620
1619
.
1641 64 Petiïkau 1617
RUSSIE. 73
(1) Les moyennes obtenues, au nombre de 61, ont été ordonnées comme dans la
liste "ci-contre, de la plus forte (1670 mm.) à la plus faible (1617); puis brutalement
partagées en quatre groupes égaux, qui représentent, par conséquent, le 1er les tailles
les plus hautes relativement, le 2e les tailles les plus basses relativement, les 3e et 4e les
tailles intermédiaires, hautes ou basses relativement. Les moyennes sans numéro
d'ordre, quoique à leur place logique dans la liste, portent sur des gouvernementsrusses,
mais étrangers à l'Europe.
74 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
LÉON LALOY.
TUNISIE. 75
Dr GOLLIGNON,
Dr R. COLLIGNON.
BRESIL.
transmis par les sauvages habitués à tendre leur arc avec le pied. Tel
est le Tapuio, c'est-à-dire l'Indien demi-civilisé auquel ses frères vivant
en liberté ont appliqué cette qualification qui
n'est, en leur bouche,
qu'un terme de mépris signifiant quelque chose comme vendu ou
asservi. Il faut bien se garder de désigner par ce nom, comme on le
fait trop souvent au Brésil même, le métis d'Indien et de Blanc, auquel
doit être réservée une autre appellation. Il n'eût pas été sans intérêt de
pouvoir comparer ce portrait du Tapuio à celui de l'Indien sauvage;
mais l'auteur effleure à peine les caractères de ce dernier.
Quant aux métis, en laissant de côté les mulâtres, les tiercerons et
les quarterons issus des croisements du Nègre et du Blanc, ils se réduisent
à trois types principaux :
1° Le Cnribôca ou métis de Blanc et d'Indien, possédant, par consé-
quent, un demi de sang blanc et un demi de sang indien;
2° Le Mameluco, métis de Blanc et de Curibôca (trois quarts de sang
blanc et un quart de sang indien) ;
3° Le Cafvz, Cafuzo ou Carafvzo, métis de Nègre et d'Indien (un
demi de sang nègre et un demi de sang indien).
Nous ne décrirons pas ces divers produits sur lesquels, à part le
Mameluco, M. Verissimo ne nous donne d'ailleurs que fort peu de ren-
seignements. Il nous suffira de dire que le Curibôca présente parfois la
peau aussi bronzée que l'Indien pur dont il conserve la plupart des
caractères, qui ne s'atténuent guère qu'après un nouveau croisement
avec le Blanc. La plupart des Mamelucos gardent encore une coloration
de cannelle claire, de gros cheveux et un front bas.
Tout en trouvant qu'Agassiz a été sévère pour les métis en question,
l'auteur ne nous en trace guère un portrait plus flatteur ; il nous les
dépeint comme des êtres dégradés, ayant emprunté aux Blancs et aux
Indiens tous leurs défauts, sans aucune de leurs qualités. Il est vrai que
l'Européen ne s'est nullement préoccupé d'améliorer le sort des Indiens
et des métis. « Sous prétexte de les instruire et de leur donner une édu-
cation morale, de les arracher à la vie errante, il attire les fils des
Indiens et fait d'eux... des esclaves ! » Au point de vue intellectuel, les
métis ont pourtant gagné, mais ils sont sans énergie, indifférents et
d'une imprévoyance qui dépasse toutes les bornes.
L'élément noir étant relativement rare sur les rives de l'Amazone, le
nombre des Gafuzos est forcément très réduit dans cette région ; aussi
l'auteur ne fait-il guère que les mentionner.
Contrairement à ce qui s'est produit dans les autres contrées, la langue
de la population primitive a eu une influence considérable dans la for-
mation de l'idiome moderne. M. Verissimo, après avoir longuement
étudié les modifications qu'a subies le portugais, donne
un catalogue
des mots guaranis les plus couramment employés dans l'Amazone.
Les croyances des Indiens et des métis renferment de nombreuses
BRESIL. 87
lations dont il parie : il est né et il a vécu dans le pays et, mieux que
personne, il pouvait en parler en connaissance de cause. C'est pour cela
même qu'on peut avoir confiance dans les renseignements qu'il nous
donne et que nous avons cru devoir faire, pour les lecteurs de cette
Revue, une analyse de son livre.
R. VERNEAU.
JOSÉ VERISSIMO. Estudos brazilieros. — Para, Tavares Cardoso et Cie, 1889,1 vol.
in-8.
R. VERNEAU.
Cette faune, que M. Forsyth Major compare avec les faunes plus an-
ciennes de Montpellier, Casino, Pikermi, etc., et avec les faunes qua-
ternaires, se retrouve, dans la partie inférieure de la vallée de TArno, au
milieu des couches marines du littoral pliocène.
MAHCELLIN BOULE.
90 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
L'auteur étudie les directions des stries dans les contrées sus-nom-
mées. La moyenne de ces directions est le N.-N.-O. pour le Lancashire et
le Cheshire etN.-N.-E. pour la partie septentrionale du pays de Galles.
Il est clair que le phénomène glaciaire n'a eu aucun rapport avec la
topographie locale. Des glaciers formés dans les vallées de la Mersey
et de la Clwyd accuseraient des directions complètement différentes.
M. Aubrey Strahan repousse également l'hypothèse d'un glacier conti-
nental. Il trouve que l'hypothèse des glaces flottantes s'accorde mieux
avec les faits observés, notamment avec la présence de coquilles ma-
rines dans les sables et graviers subordonnés au boulder-clay et parfois
remplaçant complètement l'argile glaciaire. Ces sables correspondent
à la période d'affaissement qui a suivi la formation d'un premier erra-
tique appelé basement-clay. Les stries seraient aussi contemporaines des
sables. Quant au basement-clay, ce serait la moraine profonde d'un gla-
cier terrestre. L'auteur fait remarquer que ces diverses formations
trouvent leurs analogues dans l'Est de l'Angleterre. C'est ainsi que le
basement-clay du Nord du pays de Galles représente le grand terrain
erratique des falaises de Cromer oucromer till tandis que le drift marin
étudié dans ce mémoire représente le chalky boulder-clay et les sables
interglaciaires sous-jacents des falaises du Norfolk, duLincolnshire, etc.
Ce parallèle nous paraît très rationnel. Quant à l'origine exacte des
boulder-cla}rs supérieurs, elle est encore très discutée et les raisons
invoquées par M. Aubrey Strahan, en faveur de l'hypothèse des glaces
flottantes, sans être dépourvues de force, ne nous paraissent pas abso-
lument convaincantes. M. B.
Le Trent est une rivière qui prend sa source dans le comté de Staf-
ford, coule au sud, puis à l'est, arrose les comtés de Derby et, se diri-
geant vers le nord, traverse les comtés de Nottingham et de Lincoln.
Elle se réunit ensuite à l'Ouse (1). La réunion des deux cours d'eau for-
(1) Cette rivière n'a aucun rapport avec POuse du comté de Cambridge dont il
sera question plus loin.
92 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
FIG. 1. — Diagramme montrant la succession des dépôts quaternaires dans le bassin du Trent.
/ Gravier crayeux.
Pleistocene moyen. ] Grand boulder-clay
crayeux.
( Sables de Melton.
( Second boulder-clay de la chaîne Pennine.
Pleistocene inférieur. ] Sables quartzeux.
( Premier boulder-clay de la chaîne Pennine.
Melton et les graviers crayeux soient d'origine marine. J'en excepte les
sables de Wolverhampton que l'auteur rapporte aux graviers crayeux
et qui renferment 'As tarte arctica, Cyprina islandica, etc.
c. Avec le Pleistocène supérieur, nous entrons dans une période
FIG. 1.
— Carte du Nord de l'Irlande, montrant le système glaciaire,
(D'après le professeur Hull.)
•
1. En France,on n'hésiterait pas à les comparer aux types du Mousticr. (M. B.)
102 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
HENRY HICKS. La caverne de Cae Gwyn, Galles du Nord. On the Cae Gwyn Cave,
North Wales. With a note by C. E. de Rance (Quarteriy Journal of the Geolo-
gicalSoc. of London, vol. XLIV, p. 561).
(1) Voyez Revue d'Anthropologie, 1888, t. III, 3= série, p. 284, et Matériaux, 1888.
GRANDE-BRETAGNE. : 103
Zala Apâthi est situé à l'ouest du lac Balaton, dans les environs de
la célèbre nécropole barbare de Keszthely. Les haches en jadéite qu'on
y a trouvées appartiennent à la classe des haches plates (Feinbeik), type
dont M. Virchow, en 1881, limitait l'extension vers l'est au cours de
l'Elbe ( Verh. Berl. Ges., 1881, p. 283). M. Berwerth a procédé à l'étude mi-
croscopique delà matière des haches en question ; c'est incontestable-
ment de la jadéite, à structure granulée, avec présence d'épidote, de
rutile et de titanite, peut-être aussi de zircon, comme dans la hache de
ïvarozna Lhota découverte en Moravie. Il la range dans la classe n°I
des jadéites étudiées par M. Arzruni, qui comprend les haches de la
Suisse, de l'Allemagne et d'une partie de la France. On doit souhaiter
qu'un minéralogiste français entreprenne de son côté une étude micro-
graphique sur les haches de jadéite, pour contrôler les résultats des
travaux de MM. Arzruni et Berwerth.
SALOMON REINACH.
AUTRICHE-HONGRIE. ios
(1) Jusque-là on en était réduit aux récits de quelques voyageurs ou consuls, comme
MM. Blau, Sainte-Marie, A. Evans,
ou aux renseignements sommaires fournis.par les
écrivains indigènes, MM. Nedic' et Bakula.
,• (.2) Mittheil. der anthrop. Gesellschaft in Wien, 1880, n°* 10-12. — Cf. Matériaux,
t. XVIII, p. 315.
108 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
L'ensemble des tumuli couvre une époque que M. Naue évalue à près
de dix siècles.
Les faits d'ensevelissement partiel que M. de Sacken avait signalés à
Hallstatt sont confirmés par les recherches de M. Naue. Dans les tumuli
de la période hallstattienne, il a constaté seize inhumations de ce genre,
sans qu'on puisse les expliquer par l'hypothèse d'une crémation incom-
plète. M. fleger, qui a long-temps révoqué en doute la théorie de Sacken,
se déclare aujourd'hui convaincu par les observations concordantes de
M. Naue.
SALOMON RÈINACU.
Dr J.-E. POLAK. Les métaux d'après les sources perses [Mittheil. der anthropol.
Gesellsch. in Wien, Sitzungsber., 1888, p. 6).
J. MONTANO.
H2 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
(depuis 800 ans av. J.-C.) s'étaient étendus jusque dans les plaines de
la Mésopotamie. Auparavant les Aryens n'employaient que le cuivre
pour leurs armes.
On trouve déjà dans l'Avesta des traces de la fabrication du bronze
dans l'Asie Antérieure; cet ouvrage distingue deux espèces d'étain :
aonya takhairya et aonya parô-beregya; le son complexe beregya paraît
être formé de la môme racine [bharg, éclairer, brûler) que le mot per-
san moderne biring qui signifie bronze,
Aux tribus nomades iraniennes du Nord appartiennent, outre les
Scythes et les Sarmates du Pont, les Massagètes qui ne connaissaient ni
le fer ni l'argent, mais avaient de l'or et du cuivre en abondance; ils
tiraient ces métaux de l'Altaï.
On a étudié les monuments primitifs de l'Altaï occidental et de soi;
versant nord. Jusqu'ici les archéologues inclinaient à attribuer ces
restes préhistoriques aux Finnois et aux Ougriens.Radlow les attribuait
au peuple chasseur de l'Iénisséï, mais les misérables Iénisséiens n'ont
vraisemblablement appris à fondre grossièrement le fer que par l'inter-
médiaire des Turcs. Certainement ils étaient tout à fait incapables de
fondre le cuivre et de fabriquer le bronze.
Les Finnois et Ougriens qu'Hérodote mentionne comme des peuples
chasseurs connaissaient le cuivre (finnois : tuaski; ostiak : ivohh), mais
1'étain et le bronze leur étaient primitivement inconnus. Quant à l'usage
de l'or, il est assez indiqué par les noms de ce métal (permien : zarny ;
wogoul : zarnya; magyare : arany, qui est le zend zaranya). Au con-
traire, les Scythes avaient des flèches en cuivre et en bronze, et en
outre beaucoup d'or.
Nous pouvons admettre sans hésiter la présomption qu'une partie
des Scythes habituellement appelés Massagètes se sont établis parmi
les tribus haut-asiatiques et ougriennes et qu'ils ont peut-être poussé
jusqu'au cours moyen de l'Iénisséï. A ces Scythes peuvent être attri-
bués les restes préhistoriques qui ont été découverts dans les kourganes
de l'Iénisséï à ïobolsk, et, au sud, jusques au Tshoui. Ces restes de la
plus antique métallurgie sont en cuivre, en bronze et en or; les objets
en fer font presque complètement défaut. L'arc trouvé dans un kour-
gane de Barnaul à la forme en sigma qui était usitée chez les Scythes du
Pont; la manière de tendre l'arc, le bonnet en pointe, l'habit de combat
orné de plaques d'or, sont également scythes. Remarquons que les traits
des plus anciennes figures humaines des kourganes deMinuzinsk (Aspe-
lin, nos 299-300) ne sont ni turcs ni mongol-s.
La fabrication du bronze au nord et à l'ouest de l'Altaï dérive donc
d'une source iranienne; en dernière analyse, elle provient, comme l'in-
dustrie iranienne en général, de l'industrie de la Mésopotamie. De
l'époque la plus reculée jusqu'à notre ère, l'influence chinoise sur la
métallurgie du Nord ne peut être démontrée.
L'ANTHROPOLOGIE. 8
114 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
J. MONTANO.
ALLEMAGNE. 1.15
Dr W. GORLITT (de Grafcz). Les tombes de Loibenberge près Videm sur Save,
en Styrie [Mittheil. der cmthrop. Gesellsch. in Wien, 1888, p. 202).
lithogr., 2 cartes, 60 flg. dans le texte; — t. VIII, 1887, 211 pages avec
7 pi., 2 cartes et 43 fî'g. dans le texte; — t. IX, 1887, 283 pages avec 1 pi.,
d carte et 106 fig.
E.-F. BERLIOUX. Les Çhétas sont des Scythai. Lyon, 1888. — Compte rendu par
F. JUSTI, dans la Berliner Pkilologische Wochenschrift, 1889, p.-767.
(1) Sur les anciens travaux dont les Chétas ont été l'objet, on lira avec intérêt un
article de M. P. Buchèrè dans la Revue archéologique, 1864, I, p. 333-349.
124 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
STEPHEN SoiiiiiEn. Notes de voyage (Note diviaggio). Firenze, 1889, in-8° avec plu-
sieurs planches. — (Extrait de YArchivio per VAntropologia e la Etnologia,
t. XVIII, fasc. 3, et t. XIX, fasc. 1.)
tandis que sur les bords du Volga, elles ont une espèce de bonnet qui,
maintenu par un cercle garni de monnaies, emprisonne la tête vers l'occi-
put,-ou bien elles portent une coiffure très haute (fig. 1). Comme d'autres
voyageurs, M. Sommier signale, chez les Tcheremiss, les ornements en
coquillages cauri (cypraea moneta), semblables à celles de la côte ouest
a amené le cadavre.
Les ïcheremiss sont petits de taille. La moyenne des vingt-huit
hommes (de 20 à 50 ans) mesu-
rés par l'auteur est de lm,60;
celle des huit femmes (de 20 à
45 ans), l^oO. Ces moyennes
diffèrent peu de celles que j'ai
calculées d'après les tableaux de
M. Malieff dans ses « Matériaux
pour l'anthropologie de l'est de
la Russie (1) ».
En effet, les 48 hommes tche-
(1) Travaux de la Soc. des naturalistes de Kazan, t. IV, n° 2, 187 i, in-4° (en russe).
SIBERIE. 127
pour les hommes; pour les femmes elle est un peu plus grande (23 mil-
limètres), mais on peut l'expliquer par le nombre trop restreint d'indi-
vidus dans la série de M. Sommier. Les Tcheremiss ont donc la taille
au-dessous de la moyenne, presque petite. J'ai vérifié le fait en faisant
l'ordination des deux séries : sur 76 hommes, on trouve 32 ayant la taille
au-dessous delà moyenne et 27 ayant la petite taille; les grandes tailles
ne sont représentées que par 6 individus. Sur 37 femmes, 24 ont la
taille petite ou au-dessous de la moyenne.. L'indice céphalique des
38 hommes tcheremiss mesurés par M. Sommier est de 79,40; celui
des 16 femmes, 80,17. M. Malieff a trouvé, dans sa série, d'après mes
calculs, 79 pour les hommes et 78,6 pour les femmes (78,8 pour les indi-
vidus des sexes réunis, le seul chiffre que cite M. Sommier). Comme on
voit, la différence n'est perceptible que pour les femmes (presque 1,6).
D'après les deux auteurs, on doit classer les Tcheremiss parmi les
mésocéphales. En faisant l'ordination des deux séries, on obtient sur
86 hommes : 33 mésocéphales (entre 78 et 80), 30 dolicho ou sous-doli-
chocéphales et 33 brachy ou sous-brachycéphales ; chez les 45 femmes,
les chiffres correspondants sont : 10, 14 et 21.
Ajoutons que l'indice céphalique moyen des 17 crânes tcheremiss
étudiés par Malieff est de 76,8.
La couleur de la peau est blanche ou légèrement basanée; les che-
veux sont le plus souvent blonds ou châtain clair (sur 38 hommes :
15 blonds, 10 châtain clair et 13 châtain foncé ou bruns; chez les
16 femmes-les chiffres correspondants sont : 8, 1 et 7) ; les yeux sont
clairs le plus souvent (sur 36 hommes : 10 yeux bleus, 12 gris, jaunâtre
MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
SOMMIEP.. DEN1KER.
14 crânes. 78 crânes.
Indice céphalique 83,48 82,1
—
vertical 73,01 71,8
— nasal. 50,41 48,2
— orbitaii-o 88,10 89 »
F. MAX M CILLER. Biographies of words and Ihe home of the Ayrans (Biographies de
mots et la patrie des Aryens). London, 1888. — Compte rendupar M. K. Penka,
dans les Miltheilungen der anthrop. Gellesch. in Wien, 1888.
CONGRES INTERNATIONAL
D'ANTHROPOLOGIE ET D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUES
Le souvenir de ces grandes fêtes qui nous ont laissé un vif senti-
ment de gratitude a peut-être effrayé quelques villes qui auraient voulu
nous recevoir à leur tour et où nous aurions trouvé de sérieux éléments
d'étude, mais qui, ne pouvant nous offrir qu'un accueil cordial, ont
redouté la comparaison. S'il en est ainsi, j'aimerais à les rassurer et à
coup sûr vous ne me démentirez pas. Plus de simplicité s'accorderait
mieux avec nos habitudes; et nous irons toujours avec joie partout où
nous attendent, même sous les formes les plus modestes, les satisfac-
tions de l'intelligence et du coeur.
M. de Quatrefages, après avoir indiqué pour quelles raisons la ses-
sion actuelle se tiendra sans apparat officiel et sans les magnificences
auxquelles on fut ailleurs habitué, termine en faisant l'éloge des plus
éminents collègues disparus depuis la dernière réunion. Il se réjouit
de voir dans toutes les nations de jeunes phalanges prêtes à combler
ces vides et à se signaler à leur tour par de féconds efforts. Il souhaite
la bienvenue à ceux qui des départements ou des autres pays sont
accourus dans la capitale à un moment où de si nombreux sujets
d'études y sont accumulés.
M. le Dr E. HAMY, secrétaire général, prend ensuite la parole : Il
expose la marche suivie par les promoteurs de cette Session du Con-
grès, les difficultés rencontrées par nos collègues du Portugal et aug-
mentées encore par la mort du regretté secrétaire général de la session
de Lisbonne, la tentative dont M. le baron de Baye avait pris l'initiative,
et enfin l'élan donné à de nouvelles négociations par la perspective de
notre grande exposition du Centenaire. Quelques-uns de nos plus an-
ciens collègues décidèrent qu'on provoquerait à Paris une nouvelle et
dixième réunion. On écrivit de différents côtés aux membres les plus
autorisés des anciens congrès : tous encouragèrent avec vivacité les
promoteurs. Officieusement consultés, les membres encore vivants du
Conseil permanent moins deux (et l'un de ceux-ci vient, en souscrivant
au Congrès, de se ranger à l'avis de ses collègues) adhérèrent au projet
et sur la proposition de M. Ed. Dupont, de Bruxelles, il fut décidé que
la présidence du futur Congrès appartiendrait à M. de Quatrefages, l'un
de nos vice-présidents honoraires, en vertu du 3e article additionnel
voté à Buda-Pesth, en 1876.
Le président, ainsi désigné, avait à s'entourer d'un comité d'organi-
sation. Désireux d'éviter tout reproche de partialité dans le choix de ses
collaborateurs, il dressa une liste comprenant ceux des membres fran-
çais des précédents congrès, ayant fait partie du bureau ou du conseil,
habitant Paris ou y faisant de fréquents séjours. Il s'en est trouvé seize.
Ce sont ces seize membres qui ont élu leurs collègues en les choisis-
sant dans les principaux corps savants delà capitale et notamment parmi
les fonctionnaires en exercice de la Société d'anthropologie de Paris.
La commission organisée sur ces bases constitua son bureau provi-
CONGRÈS INTERNATIONAL D'ANTHROPOLOGIE. ^
soireoù se trouvait représentée chacune des sciences dont notre Congrès
peut utiliser le concours et l'on se mit à l'oeuvre avec ardeur.
M. le Dr HAMY continue par l'exposé des efforts de la commission
.pourpréparer le congrès; on a été assez heureux pour l'intercaler entre
le Congrès anthropologique de Vienne et le Congrès des orientalistes de
Stockholm. Il fait l'éloge des anciens membres défunts, Gozzadini, Ouva-
.roff, Worsaae, Zawiza, et de plusieurs autres. Il termine par un exposé
du zèle de quelques pays en faveur de la session de Paris. Au premier
rang, il faut citer la Belgique, qui a fourni plus de cinquante adhérents,
et la Grande-Bretagne. Le Comité a réuni près de cinq cents cotisa-
tions !
Le bureau et le conseil sont ainsi composés :
Président : M. A. DE QUATREFAGES.
Vice-présidents : MM. BELLUCCI (G.), BENEDEN (J.-L. van), BERTRAND (Alex.),
BOGDANOFF, DELGADO(N.), EVANS(J.), HJLDEBRAND (H.),GAUDRY(Alb.),MASON(OUST.),
MULLER (Sopll.), SCHLJEMANN (H.), VlLANOYA.
Secrétaire général : HAMY (E.-T.).
Secrétaires: MM. BOULE (M.), CARTAILHAC (Em.), DENIKER (J.). FRAIPONT (J.),
VASCONCELLOS-ABREU, YERNEAU (Dr).
Conseil : MM. BENEDIKT, COTTEAU, GOSSE (Dr), HOVELACQUE, LUMHOLTZ, NETTO
(Ladislas), ODOBESCO, RIEDEL (J.-F.), SCHMIDT (Valdemar), SZABO (de).
MM. de Qualrefages eL les vice-présidents élus ont successivement présidé
les séances du Congrès.
Parmi les réceptions privées auxquelles ont été conviés tous les
étrangers membres du Congrès, celle du prince Roland Bonaparte a été
particulièrement remarquable.
Le Congrès a visité, au Muséum d'histoire naturelle, les galeries de
136
VARIÉTÉS.
arrivé. Le creusement des vallées est une question qui ne peut être
résolue que par l'étude directe des faits. Le plateau tertiaire de Paris au
,
commencement du miocène était horizontal et intact à 170 mètres de
haut. Il a été profondément entamé par la Seine pendant le tertiaire
supérieur, creusement colossal, devant lequel celui du quaternaire qui
n'est à Paris que de 40 mètres de hauteur n'est plus qu'un détail.
M. G. DE MORÏILLET ajoute que les mouvements du sol expliquent
parfaitement ses conclusions au sujet du comblement lent des vallées
pendant la période d'affaissement et d'affouillement pendant la période
d'exhaussement. Quant à Montreuil, c'est non une station humaine,
mais une mare où les animaux se sont noyés et qui n'a aucun rapport
avec les alluvions fluviales.
M. MOURLON, de Bruxelles, dit que les divergences de vues qu'accuse
la discussion prouvent que la solution du problème est éloignée. 11 con-
vient que chacun reprenne les études sans idées préconçues, dans son
pays. C'est ce que M. Mourlon a fait lorsqu'il a rendu au quartenaire
des couches de sables glauconifères et silexifères que Ton connaît aux
environs de Mons, à Ixelles, entre le crétacé et les cailloux à Elephûs
primigenius et que l'on avait attribués à tort au landenien (éocène). Les
silex taillés de ces couches, les plus connus, présententsurtout la forme
dite moustiérienne, ce qui est contraire aux classifications admises.
M. Mourlon rapproche ce gisement de celui d'Ixelles qui lui a livré des
ossements fossiles et qu'il est porté à faire remonter à une haute anti-
quité et aussi de celui d'Ightham récemment étudié par M. Prestwich
(voir supra p. 100).
M. MARCELLIN BOULÉ déclare qu'il a eu l'occasion d'étudier au Muséum
les ossements d'Ixelles; toutes les espèces rentrent dans la faune à
primigenius. Ce gisement ne remonte probablement pas au commence-
ment du quaternaire tel que nous le comprenons en France; en tout
cas, il ne saurait en aucune façon être rapporté au pliocène supérieur.
M. GOSSELET déclare à son tour que M. Prestwich n'a pas été aussi
affirmatif. Il a dit seulement, dans son mémoire : « ce pourrait être »
•préglaciaire.
M.MAXLOHEST: Aucun des nombreux dépôts qu'on a distingués dans
les cavernes n'est caractéristique d'une époque géologique déterminée.
La faune du mammouth et du Rhinocéros tichorhinus se rencontre
aussi bien dans l'argile rouge plastique, les cailloux roulés, les limons
stratifiés, que dans l'argile à blocaux (qui a pour origine le délitement
des parois et du plafond des cavernes). Il n'existe également aucune
relation entre la hauteur d'une grotte au-dessus de l'étiage et l'ancien-
neté de la faune des dépôts qu'elle renferme. M. Max Lohest cite des
exemples. Les vallées belges ont commencé à se dessiner antérieure-
ment à l'époque crétacée. Les limons des plateaux de l'est de la Bel-
gique qui proviennent du creusement des vallées se sont déposés proba-
140
VARIÉTÉS.
problèmes de plus près et même de les résoudre. Ces faits sont devenus
classiques et suffisent à démontrer que l'époque glaciaire a commencé
au moins à l'époque pliocène et n'a pas été localisée, comme le pro-
fessent quelques préhistoriens, à la fin du quaternaire. Les glaciers ont
successivement recouvert et abandonné de vastes régions, c'est-à-dire
que le phénomène, au lieu d'être continu, a été périodique. La question
du creusement des vallées ne peut être séparé de la question glaciaire.
Elle ne peut être résolue pour le moment d'une façon générale. Seules
des recherches locales patiemment poursuivies donneront des résultats
qui pourront varier d'un pays à l'autre. M. Boule a montré ensuite que
la date de la formation et du remplissage des cavernes est également
liée à la date du creusement des vallées. Notre Revue devant publier un
mémoire spécial de M. Boule, nous n'insisterons pas sur sa communi-
cation.
M. G. DE MORTILLET repousse les diverses conclusions en se basant
sur les travaux de Murchison et de Dumont. Le groupe nordique (des
phénomènes glaciaires) a probablement précédéle groupe alpin (Alpes,
Caucase, Carpathes, plateau central, Pyrénées, etc.). Il fallait bien que
le phénomène commençât par un bout. Pour provoquer le phénomène
alpin, il.fallait bien une cause de refroidissement. Cette cause a été
l'extension des giaces du Nord. Mais entre cette priorité d'extension et
la pluralité des époques glaciaires, il y a loin, bien loin. M. G. de Mor-
tillet n'admet dans l'intensité du phénomène que des fluctuations; ce qui
le démontre, dit-il, c'est que toutes les cartes produites par les par-
tisans de plusieurs époques enferment les phénomènes glaciaires, qu'ils
soient considérés comme anciens ou récents, dans les mêmes régions.
Enfin M. de Mortillet déclare que la paléontologie est contraire à l'idée
de plusieurs périodes glaciaires.
M. MARCELLIN BOULE répond que depuis les travaux de Murchison et
de Dumont, d'autres ouvrages ont été publiés par d'éminents géologues ;
que si les phénomènes glaciaires anciens et récents s'observent dans les
mêmes régions, rien n'est plus naturel, les massifs montagneux, points
de départ de ces glaciers, n'ayant pas changé de place. M. Boule rentre
dans quelques détails pour montrer que les périodes de recul des gla-
ciers ne sauraient être confondues avec de simples oscillations.
Les grands glaciers terrestres partis de la Scandinavie ont d'abord
atteint l'Erzgebirge. Est venue ensuite une période de recul correspon-
dant à un dégel de la mer du Nord et de la Baltique, pendant laquelle
se sont déposées des alluvions interglaciaires à faune chaude, allu-
vions que des recherches précises ont montrées dans le Brandebourg
seulement occuper une surface de deux cents milles carrés allemands.
Dans les Alpes, le gisement de plantes interglaciaires d'Innsbriick se
trouve h 1 000 mètres d'altitude, au sein même de la chaîne!
Quant à la paléontologie, M. Boule n'hésite pas à renouveler cette
144 VARIETES.
(A suivre.) E. CARTAILHAC.
(1) Nous croyons devoir donner une certaine extension à cette analyse des travaux
du Congrès parce que le compte rendu officiel sous presse se borne à fournir le
titre des communications, en attendant la publication des procès -verbaux in extenso
qui n'aura pas lieu avant plusieurs mois. Lorsque ce volume paraîtra, nous n'aurons
qu'à l'annoncer sans revenir sur les matériaux qu'il contiendra. E. C.
NOUVELLES ET CORRESPONDANCE
M. Wosinski n'a pu reconnaître que leurs fondations, les murs étaient formés
de branchages et de terre. Quant à la demeure elle-même, il est difficile de
la décrire; il est probable que c'était une butte en bois, car on n'a trouvé
aucun amoncellement de pierres ou de fragments de briques; rien ne prouve
d'ailleurs que les habitants de Lengyel connussent la fabrication des briques.
Un des cimetières renfermait cinquante sépultures, l'autre plus de quatre-
vingts. On ne trouve, et ce fait est remarquable, aucune trace de crémation. Les
cadavres étaient simplement déposés sur le sol et recouverts d'une couche de
terre. Dans l'une des nécropoles les morts étaient couchés sur le côté droit, dans
l'autre sur le côté gauche; l'orientation était également différente; mais dans
les deux, le cadavre était toujours replié sur lui-môme. Les bras remontaient
vers la tête, les jambes touchaient les coudes. C'était bien là un rite funéraire
et nous le retrouvons dans les sépultures de la Thrace, dans celles de
Mycènes, de Hanai-Tepe, de l'île d'Amorgo. Il est intéressant de le constater-
sous les mounds de l'Amérique, comme sous les tumuli de l'Europe. Par une
pensée touchante, on rapprochait la mort et la vie, le berceau et la tombe,
l'homme au sein de la terre, mère commune, et l'enfant au sein de sa propre
mère.
M. Wosinski a recueilli dans ces tombes des lames de silex, des haches,
des marteaux en pierre, des coquilles perforées deslinées à servir d'orne-
ments, des vases remplis de grains carbonisés. Auprès de chaque mort était
toujours placée une coupe à base cylindrique d'une forme très particulière et
qui n'a jamais été trouvée dans les habitations.Nous sommes là aussi en pré-
sence d'un rite funéraire très caractéristique dont le sens nous échappe.
On a enfin trouvé, dans ces tombes, un petit nombre de perles et de tubes
en cuivre. Le bronze était resté longtemps inconnu; on a recueilli cependant
quelques bijoux en bronze de petite dimension. Ils étaient fondus à Lengyel
même, à en juger par les moules et les fourneaux que les fouilles ont mis au
jour.
Dans les habitations comme dans les tombes, le nombre de pièces recueil-
lies par M. Wosinski est très considérable; il ne s'élève pas à moins de 120o6,
ainsi classés :
La céramique est surtout intéressante ; elle est représentée par des vases,
des fragments innombrables, des cuillers de forme massive, des anses, des
cornes, des anneaux plats destinés à servir de supports aux vases à base poin-
tue d'un usage si commun chez les Grecs, des fusaïoles, des poids (?) perforés
dans le sens de leur longueur.
(1) L'obsidienne a été trouvée en Hongrie dans la chaîne de Tokay-Hcgyaja.
STATION DE LENGYEL. 147
Tous ces objets sont conservés dans le musée fondé par le comte Alexandre
Apponyi; ils permettent de dater la station de Lengyel de la fin de l'époque
néolithique, des temps où la pierre était encore d'un usage général, mais
où.le bronze commençait déjà à se répandre dans la vallée danubienne. Ils
témoignent aussi du degré de civilisation à laquelle les habitants de Lengyel
étaient parvenus. Celte civilisation était certainement inférieure à celle que
les fouilles ont fait connaître à Hissarlik, à Mycènes ou à Tirynthe. A Hissar-
lik notamment, Schliemann a trouvé des objets en bronze en nombre très con-
sidérable et parmi eux, des pièces d'une véritable importance, des bijoux en
or et en argent, d'une grande valeur. On n'a rien recueilli de semblable à
Lengyel.
Les objets en bronze sont, je l'ai dit, peu nombreux et peu variés et tout
en tenant compte de la différence entre une ville opulente et une pauvre sta-
tion, je crois que l'on peut faire remonter Lengyel à une antiquité plus recu-
lée que celle des villes que je viens de nommer.
11 est bien difficile de rattacher avec quelque certitude une civilisation à
une autre civilisation ; les instruments en os, les outils en pierre présentent
constamment la même apparence, les mêmes procédés de polissage. J'ai vu
plusieurs fois mêler soit des haches simplement taillées à grands éclats, soit
des haches polies provenant des régions les plus différentes : il était impos-
sible, même aux plus experts, de dire leur origine exacte. Les outils ou les
instruments trouvés à Lengyel ne peuvent donc fournir une indication suffi-
sante et la céramique seuLe peut nous aider. Le tour du potier était inconnu,
les vases sont faits à la. main, la pâte est grossière et mêlée de nombreux
grains de silice,, la cuisson: est médiocre, tout montre un art encore peu déve-
loppé. M. Wosinski cite:un instrument qu'il croit destiné à tirer les cendres
du foyer. Il en est.de semblables recueillis à Tirynthe et dans l'île de Chypre;
je n'en connais aucun provenant de l'Europe centrale ou de l'Europe occi-
dentale. Mentionnons aussi plusieurs vases en forme d'entonnoir, portant une
anse à la partie supérieure. Dès vases, analogues ont été trouvés à Thera dans
l'île de Santorin et dans l'île de'Rhodes. D'autres sans fond, en forme de
cloche, sont percés d'un nombre infini de petits trous. M. Schliemann en a
recueilli un semblable à Hissarlik. Nous ignorons leur usage. M. Wosinski
les croit destinés à couvrir là flamme et à obtenir ainsi une lumière mitigée;
c'est une explication dont nous lui laissons la responsabilité.
Les vases sans contredit les plus intéressants sont ceux dont j'ai déjà parlé
et qui étaient constamment déposés auprès des morts. Tous présententla forme
d'une coupe très évasée sans goulot et sanç rebords, reposant comme pied sur un
cône très allongé. Nous pouvons les comparer à des vases provenant des plus
anciennes couches d'Hissarlik, à d'autres recueillies sur l'Acropole d'Athènes,
à Tirynthe, ou dans l'île de Chypre. M. Chantre en a trouvé à Samthravo,
auprès de Tiflis, qui offraient avec eux tout au moins un air de famille. Tous
ces- vases, remarquons-le, viennent du Sud-Est de l'Europe, d'une zone
limitée.par le bassin du Danube et je ne connais dans aucune autre région de
notre continent des poteries semblables. Elles témoignent donc des rapports
qui existaient entre les populations danubiennes et celles de la Grèce ou de
l'Asie Mineure.
"-' Quanta leur usage, ilest facile de dire qu'ils répondaient à un rite funé-
148 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.
raire ; mais quel était ce rite et quelle était sa signification? Voilà ce que nous
ne pouvons dire. M. Schliemann a cru y voir des lampes et M. Ch. Newton
cite une médaille d'Amphipolis où figure un vase semblable qui porte
un flambeau allumé. A cela on peut objecter que souvent l'intérieur de la
coupe et môme celle du cylindre étaient peints avec soin, ce qui assurément
eût été inutile si on les avait destinés à un mode d'éclairage. M. YVosinsid
ajoute qu'il a trouvé planté dans un d'eux l'os long d'un mammifère et que
cet os ne présentait aucune trace de combustion. Enfin il avait vu, au musée
de Roulaq, des vases semblables chargés de Heurs ou de fruits, placés au
pied des divinités. Il en avait conclu que telle était aussi la destination des
vases de Lengyel. Sans nous prononcer à cet égard, nous nous contenterons
de dire que l'usage des offrandes aux morts remonte à la plus haute antiquité
et que nous le retrouvons à foutes les époques et dans tous les pays.
Les vases recueillis à Lengyel se rapprochent de ceux trouvés en Grèce et
en Asie non seulement par la forme, mais aussi par la couleur et l'ornemen-
tation. Les couleurs employées étaient le blanc, le noir, le rouge et un brun
tirant sur le jaune. Onlesobtenait au moyen des différents ocres ou de l'oxyde
de fer. Ces mêmes couleurs dues aux mêmes procédés se voient sur les po-
teries provenant de Tirynthe, de Mycènes ou de Rhodes.
Plusieurs des vases provenant de la station sont incrustés de pâte blanche.
Ce genre d'ornementation se rencontre assez fréquemment en Hongrie; on
le voit aussi à Hissarlik. Parmi d'autres ornements, nous mentionnerons les
spirales, les méandres, les zigzags, les S renversés, souvent aussi des dessins
géométriques. Ce sont des ornements que l'on retrouve dans tous les temps et
dans tous les pays. Nous les voyons sur les poteries recueillies sous les mounds
de l'Ohio ou sur les rives du Mississipi comme sur celles provenant des
stations préhistoriques de l'Europe. Quelques-uns des vasesportentle svastika,
ce signe mystérieux encore si peu connu; à Lengyel, il n'est jamais peint sur
les vases, mais toujours incrusté en relief.
Ces faits permettent de croire que si la station que nous décrivons n'était
pas une colonie hellénique ou pélasge, ses habitants se rapprochaient singu-
lièrement de la civilisation de la Grèce et on peut les rattacher avec quelque
certitude à une des immigrations qui, dans leur passage à travers l'Asie Mi-
neure et la Grèce, avaient emprunté aux populations de ces contrées quelques-
uns de leurs arts et de leurs usages.
Si maintenant nous comparons la civilisation de Lengyel avec celle des
pays voisins, il faut constater de notables différences. Les vases recueillis
soit en Bohème, soit en Allemagne, ne rappellent en rien ceux dont nous
venons de parler. Les objets provenant de la Transylvanie, pays limitrophe
de la Hongrie, présentent bien quelque analogie avec ceux d'Hissarlik ou de
Mycènes. Des vases portent la croix gammée ou la tête de chouette, mais les
stations de la Transylvanie sont certainement postérieures à celle de Lengyel.
On y constate à la fois les deux rites de l'inhumation et de la crémation et
déjà à côté d'instruments en cuivre, le premier métal employé, nous voyons de
nombreux objets en bronze et même en fer.
En Carinthie, nous sommes à une époque encore plus rapprochée des temps
historiques. En 1883, la Société d'anthropologie de Vienne fit fouiller un ci-
metière situé à Rosegg, dans la vallée de la Drave. Cette nécropole, quis'éten-
MUSEE BROCA. 149
Musée Broca.
(1) Tous ces objets rappellent ceux trouvés dans les nécropoles de Hallstatt, de
"Watsch-, de Sanct-Margarethen, si magistralement étudiées par M,nc Sackcn, de
Hochstetter, et le docteur Luschan
150 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.
-
VAnthropopithecus troglodytes ou Troglodytes niger est le Chimpanzé com-
mun. En 1853, Duvernoy en admit une nouvelle espèce, le Tshego, qui fut
•acceptée, en 1858, par Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Le célèbre voyageur Du
Chaiilu, en 1860, assura que le Tshego n'était que le Chimpanzé ordinaire
jeune, mais prétendit avoir découvert deux espèces nouvelles véritables, le
Calvus et le Kooloo-Kamba. En 1861, le DT J.-E. Gray et le Dr Sclater décla-
raient que ces deux espèces ne sont que des variétés. La question se pose à
nouveau à propos des deux Chimpanzés actuels du Jardin Zoologique de
•Londres. Tous deux tuent et mangent des moineaux ou des pigeons, ce que
que ne fait pas le niger. Étant admis que ce sont bien des variétés, faut-il
leur conserver le nom à'Anthropopithecus calvus ou se demander s'ils ne se-
raient pas desTschego? L'examen du squelette, conclut M. Sclater, seul peut
résoudre le problème. T.
Powell d'avoir mené à bonne fin une entreprise aussi considérable, commen-
cée il y a quinze ans.
Voici le court résumé qu'il donne de ses principaux résultats dans VAme-
ricàn naluralist :
« Les Esquimaux
occupent sur cette carte la ligne des côtes septentrio-
nales, comme un liséré du Labrador à l'Alaska. Ils parlent la même langue
dans la pratique. Les Atbabascans qui occupent presque tout le territoire de
l'Amérique du nord britannique, parlent plusieurs langues, toutes distinctes
et cependant se rattachant à une même souche, montrant ainsi qu'ils ne for-
ment qu'un même peuple. Nous retrouvons cette langue éparse çà et là en
Californie, dans le Vieux et le Nouveau Mexique.
Le groupe suivant des langues, au nombre de 40 ou 50, éparpillées dans
l'est et nord-est des États-Unis et du Canada, était l'algonquin. Les Arapabaes
vers le sud jusqu'au golfe du Mexique rentrent dans ce groupe. De même les
Iroquois, appelés encore les cinq, six ou sept nations, ont un représentant
moderne dans la langue des Cherokees.
Le groupe Sioux avait son habitat entre le Mississipi et le Missouri. Le
groupe Shoshone comprend 2'6 langues différentes. Les Indiens Pueblos
avaient recours à quatre ou cinq souches de langues, mais toutes appartien-
nent au groupe Shoshone. »
Cet extrait est accompagné de réllexions. Ces langues comprennent
800 dialectes se rattachant à 73 souches, ou mieux, branches. Le major Powell
a procédé, clans ses rapprochements, avec le vocabulaire et non avec la gram-
maire. Après diverses tentatives infructueuses, j'ai été amené, dit-il, à consi-
dérer les langues comme la seule base de classification satisfaisante et pra-
tique des Indiens de l'Amérique du Nord; les caractères anthropométriques
n'ont abouti à rien.
Soit! L'anthropologie américainen'estpas assez avancée encore pour qu'on
songe à une classification d'après elle, les recherches linguistiques sont plus
avancées, la décision du major a été sage. Mais le major ne commet-il pas
une confusion entre la tribu, la nation, le peuple, comme il voudra l'appeler,
et la race ou, pour parler plus corrrectement, le type?
La tribu n'est qu'une agglomération produite par les événements, qui se
constitue, se désagrège, se reconstitue sur de nouvelles bases, au gré de ces
événements. La langue est une acquisition, comme les coutumes, le mode
de civilisation, la religion, qui dépend de ces mêmes événements; elle établit
ainsi des liens plus ou moins solides entre certaines tribus au moment où
on les considère.
La race ne relève, elle, que de l'histoire naturelle ; elle ne peut être dégagée
que par des naturalistes. C'est une notion de filiation dans le temps de cer-
tains types reconnus au préalable, filiation qui se continue à travers les dis-
locations et mélanges à nouveau, périodiques des groupes sociaux, grands et
petits, plus ou moins durables, que forment les hommes entre eux.
Distribuer des tribus d'après leurs langues et leurs dénominations, ce
n'est que constater l'état historique, les rapports réciproques de ces tribus à
un moment donné. Déterminer les filiations de sang, les types qui leur cor-
respondent et sont représentés chacun non par un ou deux caractères, mais
par un ensemble de caractères physiques, c'est faire oeuvre de naturaliste.
NOUVELLES ET CORRESPONDANCE. 153
Fouilles en Espagne.
M. Ricardo Rodriguez, avocat à Montilla (Espagne), poursuit à l'entrée des
llanos de Banda des fouilles intéressantes. Il y a trouvé enfouis, dans un dépôt
de sables rouges remaniés, un certain nombre de monuments qu'il compare
aux dolmens et dans l'un desquels un crâne humain, sous-dolichocéphale (il
aurait l'indice 75 ou 76 sur la photographie que j'ai reçue), était, en effet,
accompagné d'une cruche en terre grossière, montée à la main, d'aspect
néolithique. E. H.
Inscriptions de Tlénisséï.
On annonce la publication d'un volume in-folio, contenant 8 photogra-
phies et 50 pages de texte, sous le titre : Inscriptions de VIenisseï, recueillies et
publiées par la Société finlandaise d'archéologie. (Helsingfors, imprimerie de la So-
ciété de littérature finnoise, 1889). Ce volume est le résultat de recherches
exécutées depuis 1887 dans la vallée de l'iénisséï; on y trouve la reproduction
d'inscriptions encore indéchiffrables, gravées sur de grands blocs de pierre,
qui ont été signalées pour la première fois en 1730 par Strahlenberg. L'al-
phabet de ces textes comprend environ40 lettres, dont plusieurs rappellent les
caractères archaïques de l'alphabet grec. Quelques-unes des sculptures parais-
sent représenter des scènes de chasse; d'autres sont des figureshumaines d'as-
pect bizarre ou seulement des têtes. M. G. Stephens, qui annonce la publication
de ce volume à l'Academy, espère qu'il se trouvera des savants, en Angleterre
et ailleurs, pour tenter le déchiffrement des mystérieuses inscriptions de
1 Ienisseï. S. R.
Aryens primitifs.
M. 0. Schrader vient de publier, à Iéna, une seconde édition de son livre
bien connu : Sprachvcrgleichung und Urgeschichte (comparaison des langues et
histoire primitive). Il y traite en détail de tous les problèmes que soulèvent
la condition matérielle des Aryens primitifs et le centre de dispersion de leurs
langues. M. Schrader pense que ce point doit être cherché dans les grands
steppes de la Russie méridionale et combat la théorie Scandinave de
M. Penka. S. R.
Pour la Direction :
Le Directeur chargé de cette livraison, Le Gérant : G. MASSON.
EMILE CARTAILHAC.
PAR
LE Dr R. VERNEAU
I. LE MONUMENT.
a
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^*
FIG. 1 et 2. — Coupe verticale et plan de l'allée couverte des Mureaux. {F, foyer ; ss, silex ; pp. poteries ; oo, objets en os). os
162 R. VERNEAU
Le fond est formé par une dalle unique. J'ai dit que cette dalle
était tronquée en haut dans l'angle situé au nord-est, j'ai ajouté
que l'ouverture résultant de cette cassure pouvait livrer passage à
un homme et qu'elle avait été bouchée par une petite dalle solide-
ment enclavée entre les autres.
La hauteur est un peu plus grande vers le fond (lm,60) qu'en
avant (lm,55). Déjà, avant d'arriver au mur en pierres sèches, le
sol commence à s'élever en pente très douce.
La chambre sépulcrale est couverte par cinq dalles dont la plus
petite mesure lm,20 de largeur et la plus grande 2m,10.
Je ne dirai rien des procédés mis en oeuvre pour élever cette
a.lée couverte si merveillement conservée; je ne pourrais que ré-
péter ce qu'on trouve dans tous les ouvrages. Je ne saurais, cepen-
dant, terminer sa description sans remarquer que la roche qui a servi
à sa construction ne se rencontre pas dans le voisinage immédiat;
elle n'existe même pas, dans toute la région, sur la rive gauche
delà Seine. En revanche, elle se trouve à quelques kilomètres de là,
dans le coteau qui longe l'autre rive. Il faut donc admettre que les
hommes néolithiques ont transporté leurs dalles sur des radeaux,
pour leur faire traverser le fleuve, et qu'ils les ont ensuite traînées
sur des rouleaux jusqu'à l'endroit où ils ont élevé le monument.
Le fait n'a rien qui doive surprendre, lorsqu'on songe au chemin
immense qu'ils ont parfois fait parcourir à des blocs beaucoup plus
volumineux.
Disposition intérieure. — Au moment de sa découverte, elle
était entièrement remplie de cadavres. Je ne saurais évaluer d'une
façon sûre le nombre des sujets qui y ont été déposés, mais j'estime
que dans cette chambre de 18 mètres de superficie, on n'avait pas
inhumé moins de 60 morts.
La couche inférieure de cadavres n'avait pas été placée direc-
tement sur le sol;de petites dalles d'environ 30 centimètres de dia-
mètre et 8 à 10 centimètres d'épaisseur, offrant des formes irrégu-
lières, formaient un pavage continu. Dans plusieurs points, j'ai
constaté qu'on avait séparé diverses couches de morts par des
dalles semblables à celles qui recouvraient le sol, mais de dimen-
sions un peu plus grandes.
Un fait qui a fortement appelé mon attention et qui n'a pas
encore été signalé, que je sache, dans des sépultures de ce genre,
c'est que les enfants occupaient un emplacement spécial (voy.
fig. 2). Sur une longueur de plusieurs mètres, le long delà paroi
nord-est, je n'ai rencontré que des squelettes d'enfants de tout
L'ALLÉE COUVERTE DES MUREAUX. 103
12 poinçons;
1 bois de cerf travaillé.
4° Objets de parure.
2 perles en silex;
1 pendeloque en schiste ;
...
ment trop répandues. Quelques archéologues
continuent à prétendre que la forme seule d'un
instrument suffit pour en déterminer l'âge. Eh
bien, dans cette sépulture néolithique, les racloirs
i
,...,.
Trancliet ou
FIG. 6. —Trancliet '
flèche à tranchant et quelques pointes sont entièrement identiques
—
transversal en silex
(gr. nat.). aux objets similaires des
, premiers
. temps quater-
naires. Avec plusieurs chercheurs, j'ai déjà cité
des exemples de ce fait, et aujourd'hui les découvertes analogues
sont assez nombreuses pour qu'il ne soit plus permis de conserver
le moindre doute. A toutes les époques, certaines formes d'armes
et d'outils ont été employées, et s'il est vrai que ces formes aient été
plus abondantes à telle ou telle période, il est non moins certain
qu'elles peuvent se rencontrer à des époques séparées par un laps
considérable d'années.
Poterie*. — Les poteries de l'allée couverte des Mureaux sont
intéressantes. Trois des vases présentent cette forme si commune
dans la vallée de la Seine. Celui que représente la figure 8 mesure
22 centimètres et demi de hauteur sur 16 centimètres de largeur
à la panse; les deux autres mesurent respectivement 12 centimètres
et demi sur 12 (fig. 7) et 12 centimètres sur 41. La pâte en est très
grossière, mal cuite, remplie de petits fragments; la surface a con-
servé l'empreinte des doigts de l'ouvrier.
Il n'en est pas de même de l'autre vase (fig. 9). D'une pâte
L'ALLEE COUVERTE DES MUREAUX. 4 67
M. Braut qui me l'a offert. C'est encore une de ces pièces si com-
munes dans les stations néolithiques de la vallée de la Seine. La
plaquette d'os que j'ai mentionnée dans ma liste offre une forme
irrégulièrement elliptique; elle mesure, dans son plus grand dia-
mètre, 47 millimètres et 21 millimètres en travers, dans sa partie la
plus large. D'une épaisseur uniforme, elle porte des traces dépo-
lissage sur ses deux faces ; le pourtour en est soigneusement poli.
A.mon sens, il faut y voir une pendeloque qui n'aurait pas été ter-
minée : il lui manquerait son trou de suspension. Je F ai trouvée
sur la poitrine d'un sujet adulte.
170 R. VERNEAU.
2
3
9 3
L'ALLÉE COUVERTE DES MURE1UX. 113
L'un d'eux n'est représenté que par une face complète, sur-
montée d'un frontal également entier. L'indice facial s'élève à
76 environ; le nez est étroit (indice nasal, 46,15); les orbites bas
donnent un indice de 82,08. Le front est en même temps court et
un peu étroit. Mais, ce qui caractérise surtout cette face, ce sont
ses arcades surcilières fort saillantes de chaque côté d'une glabelle
elle-même très proéminente. Cette saillie des arcades ne se pro-
longe guère en dehors et elle disparaît à peu près totalement dans
la moitié externe. Il y a donc là un type qui se différencie bien net-
tement, par les traits de sa face, des dolichocéphales dont il a été
question.
FIG. 16 FIG. 17
FIG. 18 FIG. 19
FIG. 20 FIG. 21
FIG. 16 à 21. —^Norma verticalis, profil et vue de face d'un crâne dolichocéphale
et d'un crâne brachycéphale (1/4 gr. nat.). .
Hj R. VERNEAU.
SAntéro-postérieur maximum.
Transverse maximum
bitemporal
... 205
140
131
183
132
186
135
190
142
132
183
137
130
197
148
185
145
138?
186
148
166
149
140
188?
148
189
134
123
192
139
128
190
139
— biauriculaire » » » » »
— 110 119 >> 126 117 » 132 » 126 » 117 103
bimastoïdien 93? 110 98 112? 104 108 86
—
— frontal maximum
minimum. ... 124
100
»
109
86
»
116
98
115
93
120
99
»
115
95
120
95
127
95
»
123
98
»
129
103
114
99
116
91
—
—
—
occipit.
*
maximum .
Vertical basilo-bregmatique
t0tale
.... .
«
136
556
»
126
510
»
»
524
114
143
534
»
»
53f)
»
»
545
»
n
526
110
523
»
108?
»
501
»
130
510
107?
145
532
135
HnnVmitalfi ( préauriculaire. ...
Transverse \ * totale
sus-auriculaire . . .
288
444
326
232
410
284
»
»
»
235
442
305
245
448
316
»
»
»
245
462
314
»
>.
»
232
453
314
225
4 18
292
251
438
322
f
m
RVnntnl* cérébrale 120 83 114 11L 108 121 107 121 103 113 105 124
.Trouvai» | totale U7 112 134 13l lgi 142 12g j3g 122 UQ 124 143
n
Pariétale 142 138 » 130 131 121 134 122 116 130 135 131 o
Occipitale 118 120 » 127 » 144 » 110 94 » 127 126
g j Longueur = 100. Largeur 68,29 72,13 72,58 71,74 74,86 75,13 78,38 79,58 89,76 » 70,95 72,40 73,16
~ ( Largeur = 100. Hauteur 97,14 95,45 » 100,70 » » » » » » 97,01 104,32 97,06
FACE.
Biorbitaire externe 105 100 107 101 108 106 103 108 113 103 93
g
§ -s
/
J Interorbitaire 22 » 23 » 20 u
§2 ) Bizygomatique maximum 120?
»
130 141? 137 122? 111 104
S .s ( Bimaxillaire minimum 58 ? 58 61 67 61 57
g l Largeur 41 40 ». 43 37 36
3 I Hauteur 36 28 » 30 30? 32 a
= / ( supérieure 12 12 » 9 » 11
l Largeur des j minima. 16 9
) os nasaux ( » » » »
inférieure.. 18 17 « 23 » .. n
g \ Larg. max. de l'ouverture 23 22 » » 23 » 24
2 f Long. méd. des os nasaux 27 » » 46 » »
45
\ Long, totale du nez 50 47 » 18 «
i Sous-cérébrale du front 24 19 20 23 22 24
8S
,» 18
Intermaxillaire 25 18 » « 22
Totale de la face 97 87 89? 21 87? 82 82
— de la pommette 26 23 24 42 22 23
Orbito-alvéolaire 44 40 43 » » 39
Biangulaire » 101 80 87
si
( n »
„ ) Angulo-symphys « « 82 80 78 82
= •£ j Hauteur branche mont. » » 54 55 47 45
Jjj "5 ( symphyse » 33 » • 35 29 30
— 70,00 69,77 81,08? 88,89
( Orbitaire 87.80 »
| Nasal 46,00 46,81 50,00 53,33
1S
» «
( Facial 80,83? 66,92 » -54,23 71,31 73,87 78,85
182 R. VERNEAU.
J'ai fait allusion, dans ce mémoire, à une lettre que m'a écrite récemment
M. Braut. Après m'avoir annoncé qu'il s'est rendu acquéreur du terrain con-
tigu au sien, il m'invite à continuer les fouilles que j'avais dû interrompre par
suite des circonstances que j'ai rapportées plus haut. Il me donne en même
temps quelques renseignements sur la partie de l'édifice située au delà du
petit mur en pierres sèches où il m'avait fallu interrompre mes recherches.
Le monument, me dit-il, semble se prolonger bien plus loin ; il a pratiqué
quelques sondages et a pu se convaincre qu'il restait encore une bonne Ion-
186 R. VERNEAU.
PAR
M. GH. RABOT
(1) Sous le nom de Laponie nous désignons les trois départements (Amt) septentrio-
naux de la Norvège, en Suède le Norbottenslan et le VestcrbottenslâQ, le Nord de la
Finlande, et en Russie la presqu'île de Kola, c'est-à-dire à peu près l'ensemble des
régions habitées par les Lapons.
188 CH. RABOT.
une variété de ce
dernier fucus et pour cette raison l'évêque
Gunnerus, dans sa Flore de Norvège, lui a donné le nom de Fucus
ovinus (1). Le Fucus nodosus, très abondant sur toute la côte de
Norvège jusqu'à Hammerfest, sert à la nourriture des porcs (2).
A Elvenses, dans le Sydvaranger (3), le magistrat du district
donne l'hiver à son troupeau, en guise de fourrages, de la viande
de baleine bouillie. À Vardô, sur les chantiers où sont dépecés
ces grands cétacés, nous avons vu
des moutons brouter les poils des
fanons et chercher quelque morceau comestible au milieu des
monceaux de graisse décomposée épars sur le sol.
Au centre de la Laponie, à Karasjok, les indigènes nourrissent
en hiver leurs chevaux avec des excréments humains et les bêtes
à cornes avec le crottin des chevaux (4). Dans la partie la plus sep-
tentrionale de la Laponie suédoise, au témoignage de Zetterstedt,
le crottin remplace également en hiver le foin dans l'alimentation
du bétail. Pendant cette saison, on lui donne également du lichen
de renne [Gladonia rangiferina), séché au soleil pendant l'été et
cuit ensuite dans l'eau.
Quel que soit le régime hivernal des vaches, poisson, viande
de baleine, crottin ou lichen de renne, leur lait a toujours un
excellent goût, et, d'après Zetterstedt, les vaches nourries avec du
crottin donneraient un lait particulièrement crémeux.
II
Après les Scandinaves les Finnois sont la race la plus nom-
breuse de la Laponie. Outre les territoires dépendant du grand-
duché de Finlande, ils occupent différentes parties de la Scandinavie.
Dans les départements du nord de ]a Norvège, une dizaine de mille
sont établis comme pêcheurs et colons, et en Suède, un fort contin-
gent de population émigrée de Finlande peuple certaines parties
duNorbottenslân. Dans ces deux derniers pays, les Finnois se nour-
rissent comme les populations au milieu desquelles ils vivent; le
régime si frugal des Scandinaves est pour eux l'abondance, comparé
à celui auquel ils ont été soumis dans leur patrie. En Finlande, la
vie de l'indigène est faite tout entière de souffrances et de priva-
tions ; la faim le presse souvent, et parfois encore des disettes dé-
III
Les Lapons se divisent en trois classes d'après leur genre de
vie. Les uns sont pasteurs de rennes et nomades, les autres mènent
une existence sédentaire comme colons et pêcheurs sur les bords
de l'océan Glacial, et, entre ces deux divisions, se placent les Lapons
forestiers et pêcheurs delà Suède, qui forment la transition entre les
nomades et les sédentaires. L'alimentation de ces indigènes dépend
naturellement de leur état, et en l'étudiant nous devons suivre la
classification ethnographique.
Le Lapon nomade se nourrit presque exclusivement de la chair
et du lait de renne. Il ne mange guère cette viande que séchée à
l'air ou gelée; il déroge seulement à cette règle, lorsqu'il abat une
tête de son troupeau. Encore ne choisit-il pas pour ce repas les
morceaux de choix; le foie, les poumons, le coeur, les rognons et
les boyaux bouillis sont pour lui, ce jour-là, un régal. Pendant la
cuisson de ce ragoût, la ménagère recueille précieusement l'écume
qui se forme sur le bouillon afin de le servir à la famille.
En général, les Lapons ne boivent pas le sang des rennes
encore chaud, comme ont coutume de le faire certaines peuplades
circumpolaires pour se préserver du scorbut. Chez les Lapons de
Finlande seuls, cet usage a été observé. Dès que le renne a été
ouvert, le sang est soigneusement recueilli dans un sac en peau ;
puis, suivant la saison, on le fait sécher ou geler. Une fois qu'il a
(1) Pour l'alimentation des Lapons, nous avons fait de nombreux emprunts à l'ou-
vrage du baron VON DUBEV, Om Lappland och Lapparne 'oretriidesvis de Svenske.
DE L'ALIMENTATION CHEZ LES LAPONS. 195
et les Lapons comme les Finnois établis dans cette région, man-
gent du pain d'écorce. Cette préparation entre également dans
l'alimentation des indigènes de la presqu'île de Kola. Ceux des
Lapons de cette région qui peuvent se procurer facilement de la
farine en consomment quotidiennement. Les indigènes de Boris-
Gleb, par exemple, qui nous ont servi de bateliers sur le Pasvig,
mangeaient, à chacun de leurs repas, du pain de seigle qu'ils
avaient boulangé. A Zatcheïka, sur les bords de l'Imandra, nous
avons vu des Lapons se délecter d'une bouillie de farine de seigle
et de Riibus Chamsemorus.
Comme leurs congénères pasteurs, les pêcheurs mangeât en
quantité des baies sauvages, des tiges d'angélique et des feuilles
d'oseille sauvage. De plus, les Lapons russes sont très friands de
champignons. Ces derniers récoltent en outre YAllium schoeno-
prasam, qu'ils font bouillir avec le poisson pour lui donner du goût.
Les Lapons pêcheurs de la Suède boivent, de même que leurs
frères des montagnes, une grande quantité de café. Dans la pres-
qu'île de Kola, cet excitant est presque inconnu ; seuls les indigènes
de la vallée de la Peringa-reka en boiraient, au dire d'un guide.
Les Lapons de cette région ont appris des Russes l'usage du thé;
mais, ne pouvant s'en procurer que difficilement, ils remplacent
cette boisson par des infusions de reine-des-prés (Spirasa ulmaria).
PAR LE
Dr R. COLLIGNON
(1) En réalité, je devrais dire céphalométrique, mais le mot n'est pas encore entré
dans la langue courante il suffira donc de signaler que dans ce travail il s'agit du
:
vivant.
(2) Peut-être trouvcra-t-on
que 20 sujets par département sont insuffisants pour
trancher les questions à l'étude. Assurément l'idéal serait d'obtenir 20 sujets par can-
ton, mais quand ce chiffre pourra-t-il être atteint? En tous cas et à condition que les
202 R. COLLIGNON.
Dans l'ensemble, elle porte sur 8 707 sujets, dont environ 7 000
mesurés par moi. Le surplus a été emprunté aux travaux par-
tiels publiés sur la matière. Citons le Dr Fallût pour le littoral de la
Méditerranée, M. Debierre pour le Plateau central, M. Guibert pour
les Côtes-du-Nord, Durand de Gros pour l'Àveyron, etc. Les chiffres
donnés par ces auteurs ont été fondus avec les miens pour faire
nombre; d'ailleurs, ils concordaient en général d'une façon très
satisfaisante. L'indice général moyen (en prenant comme unité le
chiffre de chaque département, quel que soit le nombre des sujets
sur lequel il ait été obtenu) est de 83,57.
L'écart entre les moyennes départementales est très étendu et,
en laissant de côté la Corse, qui forme un monde à part, va de 78,2
dans les Pyrénées-Orientales à 88,2 dans le Jura. ^Quelque élevé
que semble ce dernier chiffre, il n'est pas isolé dans la science, car,
dans sa carte d'Italie, notre distingué confrère, le Dr Livi, signale
sujets proviennent un peu de tous les points du département, ce qui s'est fatalement
produit ici, étant donné que mes séries partielles se forment et s'accroissent journelle-
ment depuis 10 ans, la moyenne est suffisante.
A titre de renseignement sur ce sujet, j'ai eu la curiosité de rechercher sur chacun
des départements quel était, par rapport à l'indice définitif obtenu sur des séries nom-
breuses, l'indice moyen des 10 premiers sujets mesurés. Comme on peut s'en assurer,
les différences sont minimes, en général comprises dans les limites de l'unité. Prenons
par exemple les 10 départements où les séries sont les plus nombreuses.
Indice Indice définitif
des 10 premiers ^^_-~—^»- Différence.
Côtcs-du-Nord (indice des do premiers sujets). .
84,11 2 023 sujets 83,72 — 0,39
.
Manche 83,98 919 » 83,10 — 0,88
Ille-ct-Vilaine 84,87 320 »»
84,42 — 0,45
Finistère 82,36 238 » 81,98 — 0,3S
Pas-de-Calais 79,90 183 » 80,27 + 0,37
Calvados 81,82 17 4 » 81,62 —0,20
Morbihan 81,53 173 » 82,62 -f- 1,09
Nord 79,33 171 »»
80,38 + 1,03
Loire-Inférieure 83,13 160 » 83,77 + 0,64
Scine-Inféricurc 81,11 139 » 81,10 — 0,01
En somme un écart insignifiant : le plus fort qu'il m'ait été donné de constater, atteint
+ 2,35 dans la Gironde. Inversement, dans d'autres départements, l'erreur n'atteint
même pas 0,1 : Seine-lnféricurc, 81,11 — 81,10; Loire, 84,00 — 84,04; Seine,
81,58 — 81,57, etc., etc.
Pour plus de précision, sur 89 — 4, soit 85 départements l'écart entre l'indice
moyen des 10 premiers sujets et l'indice définitif est 63 fois inférieur à ±1, il dépasse
,
(1) Taille 1^,67. Indice nasal, 97,4. Ce sujet est donc aussi anormal par la face que
par le crâne : 97,4 est en effet notre maximum pour l'indice nasal.
204 R. COLLIGNON.
malgré leur altitude élevée, un indice plus faible. On peut dire que
partout où se rencontre une rivière importante et facilement remon-
table, l'indice s'abaisse et la brachycéphalie diminue.
Nous trouvons pourtant de ce côté une exception remarquable
dans les trois départements de Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne et
Gers, qui, malgré leur situation riveraine d'un grand fleuve ou de
rivières importantes, sont cependant très brachycéphales. Elle
peut, croyons-nous, s'expliquer. Refoulées vers la montagne par
l'élément blond, les populations brachycéphales ont été, à un mo-
ment donné, pour ainsi dire prises entre deux feux, car vers les
Pyrénées elles rencontraient les dolichocéphales bruns, race que
nous savons très résistante à toute assimilation soit belliqueuse,
soit pacifique. S'appuyant sur les Pyrénées et sur les Cévennes,
ceux-ci ont arrêté le mouvement de recul des brachycéphales qui,
dès lors, sont venus se masser concentriquement à eux, et là, grâce
à leur nombre, sont parvenus à conserver victorieusement leur
type primitif dans toute la région qui s'étend des Landes au Massif
central.
Nous ne pouvons également omettre parmi les particularités de
répartition les indices de 83 qui se remarquent dans le Tarn et
dans la Haute-Garonne. Si, pour celle-ci, dans sa partie méridio-
nale surtout, il y a lieu de tenir largement compte des dolichocé-
phales bruns, il faut au moins noter qu'ils comprenaient jadis le
territoire des Volces Tectosages, que nous savons avoir été de race
kymrique, c'est-à-dire dolichocéphales et blonds.
La brachycéphalie s'est, par suite, trouvée fortement abaissée
dans toute cette région qui se trouve, en outre, sur la grande ligne
de jonction des deux grands centres de population du midi de la
France.
2° Le groupe lotharingien comprend du nord au sud la Lorraine,
la Franche-Comté, la partie orientale de la Bourgogne, la Savoie et
le Dauphiné. Toute cette vaste région forme, à l'est de la France,
un véritable bloc de brachycéphalie qui se prolonge d'ailleurs vers
Testa travers l'Italie du nord, la Suisse et l'Allemagne du sud pour
donner de là la main aux Slaves en passant par l'Autriche et la
Hongrie.
Trois maxima de brachycéphalie s'y présentent ou, pour être
plus exact, il s'y dessine un véritable croissant d'ultra-brachycépha-
lie et d'indices de 88, 87 et 86, qui, partant des Vosges, s'étend en
nappe continue par le Jura jusqu'aux deux départements savoisiens
et que coupent seulement sur deux points de légers abaissements
L'INDICE CÉPHALIQUE DES POPULATIONS FRANÇAISES. 211
CARTE I
Manche, Côtes-du-Nord et arrondissementde Saint-Malo. — Répartition cantonale
de l'indice cephalique (sans réduction).
(1) Pour l'étranger les chiffres notés ont été empruntés aux travaux du Dr Houzé
(Belgique) et du Dr Livi (Italie).
L'INDICE CÉPHALIQUE DES POPULATIONS FRANÇAISES. 217
CARTE II
France. — Répartition par département de l'indice céphalique (sans réduction).
de l'ouest de notre pays où l'indice céphalique est sur le vivant in-
férieur à 83. Ce sont, en général, ceux que lesraces dolichocéphales
blondes ont le plus fortement occupés, ceux dans lesquels le type
moyen du Français moderne s'éloigne le plus du type celtiqueJbra-
chycéphale.
218 R. C0LL1GN0N.
(1) CLOUET, Invasions des Normands dans le Berry. Voir aussi Annales de Saint-
Martin, Annales de Saint-Berlin, Chroniques de Massay, etc.
(2) Sur 86 départements étudiés Broca (Savoie et Nice exclus), ils occupent
par
les rangs suivants Charente-Inférieure
: 82, Dordogne 83, Haute Vienne 86.
220 H. COLL1GNON.
.......
-
des sujets. Départements. céphahque. des sujets. Départements. céphalique.
109 Eure 81,34 52 Oise 82,60
20 Eure-et-Loir. 82,27 120 Orne 83,33
238
30 Gard.
....
Finistère..
......
. . .
82,83
83,12
183
55
.
Pas-de-Calais
Puy-de-Dôme. .
.
.
80,36
85,53
30 Haute-Garonne
.
83,43 62 Basses-Pyrénées.. 83,45
.
24 Gers 85,71 21 Hautes-Pyrénées. . 83,67
62 Gironde 82,60 35 Pyrénées-Orientales. 78,24
21 Hérault 82,50 26 Bas-Rhin 83,64
329
19
Ille-et-Vilaine..
Indre . -
84,02
82,66
26
51
Haut-Rhin.
Rhône
.... 83,80
86,01
29 Indre-et-Loire. 81,40 22 Haute-Saône.
20
24 Jura
Isère. ...... . .
85,32
88,20
41
44
Saône-et-Loire.
Sarthe
. . .
. .
87,37
87,11
20
43
Landes
Loire.
...... 84,50
84,04
191
25
Savoie
Haute-Savoie
. . .
83,84
87,39
86,25
27 Haute-Loire. 87,52 100 Seine. 81,57
. . .
160 Loire-Inférieure. 83,77 283 Seine-Inférieure. 81,10
. .
22 Loir-et-Cher. 83,30 106 Seine-et-Marne 82,86
. . . .
41 Loiret 83,08 161 Seine-et-Oise. . 81,57
. .
20 Lot 85,92 51 Somme 81,88
21 Lot-et-Garonne 86,66 22 Tarn 83,72
. .
14 Lozère 87,87 18 Tarn-et-Garonne. 85,80
.
62 Maine-et-Loire. 83,16 54 Var 82,77
. .
919 Manche 83,10 47 Vauclu.se 81,53
25 Marne 84,11 32 Vendée 84,47
20
100
Haute-Marne
Mayenne
...
.....
86,83
84,10
30
20
Vienne..
Haute-Vienne
....... .
82,94
79,70
.
50 Meurlhe 85,64 44 Vosges 86,68
62 Meuse 85,00 31 Yonne 82,51
173
41
Morbihan.
Moselle.
....
.....
82,62
83,97
237 Corse 76,93
41 Nièvre 83,14
171 Nord
....... 80,38
8707 Français.
vivants de 21
. .
à 25 ans.
83,57
MOUVEMENT SCIENTIFIQUE
EN FRANGE ET A L'ÉTRANGER
A. DE QUATREFAGES.
Histoire générale des races humaines. Introduction à cette
étude; 2e partie : Classification des races humaines. 230 gravures, 2 planches et
5 cartes, Paris, 1889 ; Hennuyer, éditeur.
temps les plus reculés par des populations isolées du reste du monde
et qui cependant ont créé une civilisation spéciale, grâce à la richesse
du pays en forêts et pâturages, en gisements de cuivre, de fer et d'or.
L'abondance de monuments archéologiques, tumuli, camps retran-
chés, canaux d'irrigation, statues en pierre, inscriptions rupestres, an-
ciennes mines, objets de toute sorte, etc., que l'on trouve dans ce coin de
la Sibérie, est réellement surprenante. Le fait n'a pas échappé à l'observa-
tion perspicace des premiers voyageurs, comme Pallas et Gmelin ; et plus
tard, Radloff, Aspelin, Popoff, Iadrintseff ont visité, étudié et décrit
plusieurs de ces monuments ; malgré tout cela, la plupart ne sont pas
encore connus du monde savant et l'on devrait pratiquer des fouilles
méthodiques au moins pendant plusieurs années pour se faire une idée
complète de la civilisation des anciens aborigènes de ce pays. Il faudrait
aussi se dépêcher, car les colons arrivant en quantité dans ces derniers
temps, détruisent tous les tumuli et rabattent les pierres levées dans
l'espoir de trouver des richesses enfouies dans le sol. Pour donner une
idée de la quantité d'objets qui sont ainsi perdus pour la science, il suf-
fira de dire qu'il existe dans le pays le métier de « chercheurs de
cachettes» ou de « fouilleurs »; que les fondeurs locaux achètent cou-
ramment les bronzes préhistoriques pour les refondre en grelots, en
RUSSIE. 231
squelette, on trouve des couteaux en cuivre et, près du cou, des épingles
du même métal en forme de clou (cela rappelle les objets analogues
trouvés par M. Morgan dans le Caucase) ; près du crâne et sur le
front, des disques coniques ou hémisphériques également en cuivre.
Pas un seul objet de fer.
2° Fosses profondes, munies de chambres en troncs d'arbre, non
équarris, renfermant des ossements brûlés d'hommes et d'animaux,
quelques poteries spéciales, des objets en cuivre, en os et des masques
en plâtre (fig. 2).
Les sépultures de Nemir sont caractérisées par la disposition de
squelettes en plusieurs étages.
Les masques dont nous venons de parler et dont Pallas fait déjà
mention dans son récit, sont très artistement faits. A côté des types
mongoloïdes, à pommettes saillantes et aux petits yeux étroits qu'ils
représentent on en rencontre d'autres avec des traits européens fort
réguliers. Tous les masques sont de grandeur naturelle peints en rouge
avec une couleur qui s'est conservée dans toute sa fraîcheur.
D'autres fouilles ont été faites dans les sépultures du type n° 11, par
M. Kouznetsoff, l'éditeur du catalogue que nous analysons. Ce sont des
sépultures très pauvres; on n'y a trouvé que quelques objets en bronze
de toilette féminine (broches, épingles, disques) et de squelettes
couchés.
En somme, on n'a fouillé méthodiquement que très peu de sépul-
tures de chaque type, et certaines (comme celles du type n° 5) n'ont ja-
mais été explorées.
A côté des tumuli et de kourganes, il faut placer par ordre d'im-
portance les « kammenya baby » (les bonnes femmes en pierre), statues
imitant grossièrement les figures humaines avec les bras croisés sur
le ventre et tenant Un vase. Jusqu'à présent on ne les connaissait que
dans le sud de la Russie; mais aujourd'hui, grâce aux recherches de
Potanin, de Radloff, de Popoff, de Klementz et autres, on peut suivre
leur aire de distribution a travers toute la Sibérie méridionale jusque
dans le nord-ouest de la Mongolie et dans la vallée de l'Ili (Kouldja).
La facture beaucoup plus grossières des « bonnes femmes » de la Sibérie,
en comparaison de celles de la Russie, fait supposer que les peuples
qui les ont construites cheminèrent de l'est à l'ouest. Les dessins des
animaux, etc., de même que les signes, sorte d'hiéroglyphes ou des
«totems» que portent certains de ces monuments n'ont pas encore été
étudiés jusqu'à présent.
Les dessins et les inscriptions sur des rochers ont eu un meilleur
sort. Plusieurs observateurs et savants, Spassky, Titoff, Savenkoff,
Popoff, etc., en ont pris des copies et les ont publiées. Une seule de ces
inscriptions rupestres, sur la rive gauche du Ienisseï, en face du village
d'Abakansk, est en caractères mongols et contient, d'après l'abbé Orlov,
23 i MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
La plupart de ces inscriptions ont été reproduites par M. Iadrintsef dans son
(1)
intéressant article « Anciens monuments et inscriptions de la Sibérie » publié dans le
Recueil littéraire de la Revue Orientale, Saint-Pétersbourg, 1885, in-8° (en russe), e
tout récemment (1889) dans le Journal de la Société finno-ougrienne d'Helsingïors,
RUSSIE. 235
remonte son existence? Les savants les plus compétents dans la matière,
Kastren, Aspelin, Radloff, ne donnent que des hypothèses à ce sujet. Les
renseignements les plus anciens sur les pays avoisinant le district de
Minoussinsk que Ton trouve dans les annales chinoises ne remontent pas
au delà du'ne siècle avant l'ère chrétienne. A cette date, le peuple Youé-tchi
occupait le pays situé à l'ouest des Hsioung-nou qui nomadisaient dans
la Mongolie actuelle. Mais déjà à cette époque reculée les annales ne font
aucune allusion aux armes ou objets de bronze et nous décrivent les
Youé-tchi connaissant l'usage du fer. Si l'on considère d'autre part que
les nécropoles scythes du sud de la Russie contenant des mélanges
d'objets en bronze et en fer sont ordinairement rapportés au ive siècle
avant J.-G., il est tout naturel d'estimer que l'âge du bronze altaïque
est au moins antérieur à cette époque. Quant aux affinités anthropolo-
giques des forgerons de l'Altaï et des Sayan, les opinions sont parta-
gées. Eichwald (£ur/es mines des Tchoud, 1856) les englobe dans sonpeuple
« Tchoud » qu'il croit appartenir, avec les Scythes, à la race finnoise.
M. Baer trouve une ressemblance entre les crânes anciens des Scythes et
des Altaïens; enfin Radloff, qui comptait d'abord les aborigènes de ce
coin de la Sibérie parmi les peuples Ougro-Samoyèdes, les considère
dans son ouvrage Aus Sibirien comme faisant partie du grand peuple
Iénisséien(larace «Sayan» de Kastren) dont quelques débris vivent en-
core de nos jours (Ostiaks du Ienisseï, Kotes,Arines,Assanes). Cette der-
nière opinion de l'éminent savant nous paraît être la plus vraisemblable.
Quoi qu'il en soit de ses origines et de ses affinités, ce peuple préhis-
torique, que l'on pourrait appeler Sayano-Ienisséien, nous apparaît,
d'après les objets qu'il a laissés, comme ayant atteint un degré assez
élevé de civilisation. Il connaissait l'ait du mineur, élevait des animaux
domestiques, était artiste, possédait une écriture, s'adonnait à la chasse
et probablement à l'agriculture. C'était un peuple pacifique : ces armes
sont destinées plutôt à la chasse qu'à la guerre. Protégé par ses mon-
tagnes, il a dû mener une vie paisible durant des siècles dans un isole-
ment qui a donné une tournure originale à son industrie, en même
temps qu'une certaine inégalité dans le développement de ses indus-
tries : ainsi, bon mineur et métallurgiste, il était mauvais potier et tis-
seur, par suite de l'absence presque complète de matériaux indigènes
pour ces genres d'industrie; ayant apprivoisé le cheval, il ne paraît pas
avoir connu les bêtes à corne : du moins n'a-t-on pas trouvé jusqu'à
présent aucune image de ces animaux, ni sur les objets ni sur les des-
sins rupestres. 11 a dû inventer lui-même l'industrie du fer, car c'est
postérieurement au développement de cette industrie que nous le trou-
vons aux prises avec des envahisseurs barbares qui connaissaient cepen-
dant ce métal.
Nous avons résumé les idées de M. Klementz, et nous y souscri-
rions volontiers s'il n'y avait
une seule difficulté à admettre un pareil
L'ANTHROPOLOGIE. 16
238 MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
jusqu'ici aucune relation avec les races supérieures. Une épaisse ban-
quise d'accès très difficile, impénétrable même au sud du cercle polaire,
les isole du reste du monde. Une seule expédition, celle dirigée en 1883
par M. Nordenskiôld, a réussi à traverser cette redoutable masse de
glaces et à atterrir dans cette région, sans réussir cependant à entrer en
relation avec les indigènes (1). L'unique route par laquelle on puisse
arriver chez les Eskimos de la côte orientale est l'étroit chenal ouvert
entre la terre et la banquise, chenal souvent tardivement débarrassé
de glace, fréquemment obstrué et généralement fermé de bonne heure.
Pendant les années 1829 et 1830, le capitaine Graah, de la marine
royale danoise, le suivit jusqu'au 65°,30 et c'est à lui que nous devons
les premiers renseignements sur ces indigènes (2). De 1883 à 1885,
le commandant Holm et le lieutenant Garde ont parcouru à leur tour
ce chenal périlleux en complétant l'oeuvre commencée par leur compa-
triote. La mission confiée à ces deux officiers comprenait le lever du
littoral, et, au point de vue qui nous intéresse, la recherche de ruines
nordiques sur la côte orientale et l'étude des Eskimos établis dans ces
parages.
Au moment du départ de celte expédition, en 1883, la question si
longtemps controversée de la position de YÔsterbygd venait d'être posée
de nouveau par M. Nordenskiôld. Le célèbre explorateur suédois assu-
rait que les ruines de l'ancien établissement oriental des Islandais au
Grônland devaient être cherchées sur la côte Est, et non pas sur le lit-
toral Ouest, comme le prétendaient les archéologues danois. Il appuyait
son opinion sur le témoignage d'indigènes affirmant l'existence de
•ruines nordiques le long de la côte orientale et sur celui du mission-
naire Brodbeck, qui déclarait avoir vu les vestiges d'une construction
Scandinave sur les rives d'un fjord de la côte Sud-Est. Contrairement
à l'opinion de M. Nordenskiôld et en dépit des plus minutieuses
recherches, le commandant Holm n'a trouvé aucune ruine nordique
sur la côte orientale, du cap Farwel au 66° de lat. N. De nombreux
Eskimos, interrogés à ce sujet, ont tous été unanimes à déclarer qu'il
n'existait aucun vestige de construction de Kablounak (3) dans leur
pays. Les seules ruines découvertes sont celles d'anciennes habitations
indigènes. Les recherches de l'expédition danoise prouvent donc d'une
manière irréfutable, semble-t-il, que YÔsterbygd'se trouvait sur la côte
occidentale, et en donnant la certitude à cette opinion que confirment
les recherches du commandant Jensen (4) et le curieux travail de géo-
Scandinaves. Dans la zone comprise entre ces deux régions les explorateurs danois
n'ont trouvé aucune ruine nordique. La description des deux colonies islandaises au
Grônland donnée par les sagas indique en termes précis que l'un de ces établissements
se trouvait à l'est de l'autre et qu'ils étaient séparés par une zone déserte. Les ruines
des environs de Godthaab sont donc le VesLerbygd et celles de Julianehaab YÔsterbijgd
{Meddelelser om Grônland, vol. VI et VIII).
(1) Par la reproduction d'anciennes cartes de Grônland, M. K. I. V. Steentrup
montre comment l'étude de la cartographie du xvn» siècle a enduit en erreur cer-
tains archéologues sur la position de YOslerbygd. Les deux plus anciennes cartes du
Grônland exécutées d'après des documents islandais placent cette colonie sur la côte
Ouest. Plus tard, entre les deux établissements, les cartographes dessinèrent deux
iles; leurs successeurs les réunirent ensuite au continent c'est ainsi que finalement
:
YOslerbygd a été placée sur la côte Est. (K. I. Y. Stccnstrup, Om Ôsterbygden. Medde-
ler om Grônland, vol. IX.)
(2) Depuis 1829, date du voyage de Graah, la population de cette région a sensi-
blement diminué.
DANEMARK. 243
Tous les objets, quel que soit leur usage, portent une figurine plus ou
moinsbien travaillée qui est censée représenter un phoque. Ces Eskimos
sculptentégalement pour l'amusement de leurs enfants des poupées en os.
Sur ces figurines les détails de la tête ne sontpoint indiquées, et les bras
manquent. Quelquefois l'artiste entreprend un travail plus compliqués;
il représente, par exemple, avec de petits morceaux de bois, une chasse à
l'ours composée de plusieurs personnages armés de lances. Ces petits
bonshommes ont la tête complètement dessinée et sont munis de bras ;
avec les scènes représentées sur les sacs dont nous avons parlé plus
haut, ce sont les représentations d'êtres humains les plus complètes
exécutées par ces Eskimos.
Les indigènes d'Angmagsalik ont même imaginé pour les enfants
un jouet dont on voit les pareils à l'étalage de nos bazars. Il se
compose de deux petits oiseaux en os, montés sur des tiges verticales
traversant deux bâtonnets jouant parallèlement l'un au-dessus de
l'autre. En imprimant un mouvement tantôt d'avant, tantôt d'arrière à
ces bâtonnets, les oiseaux s'abaissent et se relèvent successivement.
Toutes ces petites figurines comme toutes leurs armes, les Eskimos
les façonnent à l'aide de mauvais couteaux dont la lame est faite d'un
petit morceau de fer provenant des cercles des tonneaux jetés à la
côte. La génération actuelle n'emploie plus les couteaux en pierre;
mais dans les boîtes où les indigènes renferment leur mobilier, le
commandant Holm en a trouvé un certain nombre. Les pierres de ces
couteaux sont les unes brutes, les autres travaillées. Pour quelques-
uns, l'indigène s'est servi d'un caillou pointu rencontré sur la plage
et l'a enfoncé tel quel dans un manche en os. Dans d'autres cas, il a
obtenu la lame en retouchant la pierre. Deux des couteaux figurés dans
l'ouvrage offrent une grande ressemblance avec l'outil dit chelléen (1),
d'autres montrent sur la face représentée un double tranchant séparé
par une arête, ne portant trace que de deux retouches. Enfin quelques-
uns de ces instruments sont fort habilement polis. Les aiguilles avec
lesquelles les Eskimos cousent leurs vêtements et confectionnent leurs
broderies proviennent également des cercles des barils que le flot porte
à la côte. Ils détachent de ces épaves un petit fragment de fer, le fa-
çonnent avec un marteau en pierre sur un caillou, le percent ensuite
à l'aide d'une petite pointe de fer qu'ils conservent précieusement pour
cet usage et finalement l'aiguisent sur une pierre.
Les Grônlandais de l'Est ont le sentiment artistique beaucoup plus
développé que leurs congénères de la côte Ouest. Ces derniers sont loin
de savoir travailler l'os et le bois avec l'adresse dont font preuve les
naturels d'Angmagsalik. Les figurines sculptées par ces Eskimos ettoules
Il est regrettable que, faute d'une échelle, il soit impossible de se rendre compte
(1)
des dimensions de ces couteaux.
ETATS-UNIS. 245
Dr WASHINGTON MATTHEWS. — L'os des Incas et les formations analogues chez les
anciens habitants de l'Arizona (The Inca bone and kindred formations among
theancient Arizonians). (American Anthropologist, vol. F, octobre 1889.)
Os Os inca complet Os Os
inca complet. et incomplet. quadratum. triquetrum.
Arizoniens anciens 5,68 6,81 1,13 18,1
Péruviens 5,46 6,08 1,05 10,5
Américains non Péruviens
Nègres
Malais et Polynésiens
.... 1,30
1,53
3,86
2,65
0,26
2,11
5,63
1,19
1,09 1,42 0,76 0,43
Mongols 0,56 2,26 0,57 3,02
Papous 0,57
Caucasiens en général 0,46 1,19 0,18? 1,59
Caucasiens d'Asie 0,51 1,70 0,41 2,36
Européens 0,45 1,09 0,13? 1,42
Mélanésiens 1,65 0,62 2,87
Australiens et Tasmanicns
.... 0,0? 0,64? 0,64 0,64?
24Ô MOUVEMENT SCIENTIFIQUE.
ne manquaient pas à ces Indiens, pas plus que les fruits et le poisson,
qu'ils offraient gracieusement aux étrangers. Ils cultivaient le maïs, -la
canne à sucre, etc., et, dans quelques îles, ils creusaient des silos pour
conserver leurs récoltes en les mettant à l'abri des inondations. Tous
les hommes marchaient nus ; les femmes seules portaient une sorte de
ceinture en feuilles. On rencontrait, parmi ces sauvages, des ouvriers
habiles pour creuser un canot ou pour fabriquer des bijoux en or. Ils
n'avaient ni temples, ni prêtres, ni cérémonies religieuses ; pourtant
l'auteur cite des devins, qui rendaient des oracles.
Deux tribus font l'objet d'une mention spéciale : les Omaguas et les
Trapajosos. Les premiers portent une chemisette et une couverture de
coton qu'ils décorent au pinceau à l'aide de teintures végétales. Ils se
servent très habilement du javelot. Les seconds possèdent de grands
villages ; ils ont des maisons en bois travaillé et fabriquent des hamacs
en palmier qu'ils peignent de diverses couleurs. Ils se servent, dans les
combats, de flèches enduites d'un poison si subtil qu'aucun antidote ne
peut le conjurer.
Tels sont les quelques détails utiles pour l'anthropologiste que con-
tient la relation du voyage de Pedro Texeira. Au point de vue historique
et géographique, il renferme bien des renseignements du plus haut
intérêt et nous ne saurions trop féliciter D. M. Jimenez de la Espada
d'avoir mis à la portée de tous un manuscrit resté trop longtemps in-
connu.
R. VERNEAU.
VARIÉTÉS
CONGRÈS INTERNATIONAL
D'ANTHROPOLOGIE ET D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUES
(1) M. Rames a bien voulu nous écrire pour nous remercier d'avoir ainsi exposé
les faits et dégagé
sa responsabilité.
250 VARIETES.
E. CARTAILHAC.
(A suivre.)
NOUVELLES ET CORRESPONDANCE
L'Anthropologie en Espagne.
Dans une lettre que publie le journal JJ7 Globo, du 23 janvier 1890,
notre ami D. Manuel Anton fait un intéressant historique de l'anthro-
pologie en Espagne. A l'époque où fut fondé, au Muséum de Madrid, le
laboratoire d'anthropologie (1883), quelques collections existaient déjà
chez nos voisins; mais, par suite d'une « ignorance ou d'une erreur
scientifique » que déplore à juste titre notre ami, ces petites séries
avaient été divisées entre le Musée des sciences naturelles (Muséum) et
le Musée d'Archéologie. A ce premier fonds vinrent s'ajouter les col-
lections rapportées par la mission du Pacifique.
De son côté, Velasco fondait son musée anatomique et y plaçait quel-
ques pièces intéressantes pour l'histoire naturelle de l'homme. Encou-
ragé par Broca, il créa à Madrid une société d'Anthropologie qui ne
tarda pas à disparaître. A la mort de cet homme de bien, l'État a acheté
les collections anthropologiques de Velasco, elles sont allées enrichir le
Musée des sciences naturelles.
Mais, déjà, une ère nouvelle s'était ouverte et D. Manuel Anton nous
permettra de compléter son historique en consacrant quelques lignes à
cette dernière phase que sa modestie ne lui a pas permis de décrire. Il
lui était pénible de voir que les quelques travaux relatifs aux popula-
tions de l'Espagne étaient dus à des étrangers; que les érudits, parmi
ses compatriotes, se contentaient de rechercher dans Strabon ou Tite-
Live les origines du peuple espagnol ; que, pour le préhistorique, enfin,
« on s'était contenté jusqu'à ce jour de différencier une hache en pierre
taillée d'une hache en pierre polie, en cuivre ou en bronze, détermina-
tions qui, pour être à la portée du premier antiquaire venu duRastro, n'en
avaient pas moins servi à asseoir la réputation de certains savants ».
Aussi se mit-il à l'oeuvre. Il vint d'abord en France étudier nos collec-
tions et nos laboratoires anthropologiques, et, de retour à Madrid, après
avoir eu à lutter contre des difficultés sans nombre, il obtint la création
d'une section spéciale dans le Musée des sciences naturelles. Pour cette
fois, le gouvernement eut la main heureuse : il plaçaD. Manuel Anton à la
tête des collections et du laboratoire d'anthropologie. Le nouveau direc-
teur forma des élèves et les questions anthropologiques revinrent à
2o6 NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.
Squelette de Castelnedolo.
La nouvelle découverte de Castelnedolo a été reconnue par M. Issel comme
une simple sépulture.
Tous nos lecteurs se souviennent des articles soulevés par cette question
et parus dans la Revue d'Anthropologie. M. Topinard s'est toujours refusé à
voir autre chose qu'une sépulture à Castelnedolo; les nouveaux faits lui don-
nent pleinement raison.
M. BOULE.
Le colosse de Teotihuacan.
T— R. VERNEAU.
LES
RACES EXOTIQUES
A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PAR
J. DENIKER ET L. LALOY
I.
— LES
NÈGRES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE
(1) Cet individu est le plus grand (lm,83), le plus dolichocéphale (i. c. 69,5) et le
plus noir (n° 33) de tous les Ouolofs examinés par nous et par M. Verneau.
(2) Loc. cit.
(3) Pour éviter la confusion et pour exprimer mieux les nuances, nous allons nous
servir dans le courant de ce travail des termes tirés de ces deux nomenclatures, d'après
le tableau qui suit :
Indices céphaliques de 69,99 et au-dessous hypcrdolichocéphale.
— de 70 à 74,99 dolichocéphale.
— de 75 à 77,76 sous-dolichocéphale.
— de 77,77 à 79,99 mésocéphale.
— de 80 à 83,32 sous-brachycéphalc.
— de 83,33 à 84,99 brachycéphalc.
— de 85 à 89,99 hypcrbrachycéphale.
— de 90 et au-dessus ultrabracbycéphale.
LES HAGES EXOTIQUES. 265
quée par les n 03 42-43 (noir) et trois par les n 09 28, 29-37 (cou-
leur chocolat). La tête est aussi allongée que dans les deux groupes
précédents; l'indice céphalique moyen est de 78,4, mésocéphalc
sous-délichocéphale suivant les nomenclatures ; sur 7 indi-
(1) MONDIÈRE, les Nègres chez eux. (Revue d'Anthropologie, 1880, p. 626).
LES RACES EXOTIQUES. 269
dices1 les plus fréquents, on peut classer les Krous parmi les méso
ou les
sous-dolichocéphales suivant les nomenclatures.
Le nez est droit, proéminent et fin, assez large (ind. nasal, 102,3)
chez l'individu qui,nous paraît métissé; grossier, légèrement aplati,
très large (ind., 115,8) chez l'autre. En réunissant nos mesures à
celles de MM. Serrurier et Ten-Kate prises de Ja même façon, nous
obtenons, pour l'indice moyen des quatre individus, 105,9. Chez les
trois femmes, le nez est moins large (ind. nas. moy. 96,1), proé-
minent ou légèrement aplati, mais toujours grossier comme forme
générale ; chez une des femmes la pointe est aussi grosse et massive
que chez les Mélanésiens ; mais elle n'est pas inclinée en bas comme
chez ces derniers. Les lèvres sont tantôt moyennes, presque fines,
tantôt grosses et même lippues. Les variations individuelles, vu le
nombre restreint d'individus examinés, ne permettent pas de faire
une description générale. Les proportions du corps sont à peu près
les mêmes que chez les Achantis, sauf que chez les femmes Krou
le membre inférieur paraît être plus court (52 centièmes de taille)
que chez les femmes Achantis (54), malgré la taille plus élevée
des premières.
Les 40 Veï de Monrovia mesurés par M. Zintgraff ont un indice
céphalique de 75,95; la série se décompose en 16 dolicho, 15 sous-
dolicho, 5 méso et 4 sous-brachycéphales.
3. LES GABONAIS
cette disposition est d'ordinaire plus marquée d'un côté. Les lèvres
sont moins grosses et moins saillantes que chez les Okandas. Le
front est droit et bombé; dans un cas, on observe un bombement
médian du front très caractérisée. Chez quelques sujets, les muscles
FIG. 5.
— Bounha, homme Adouma.
(D'après la "photographie du prince Roland Bonaparte.)
n'est représenté sur la face que par une moustache et une barbiche
peu apparentes.
La plupart de ces caractères font penser à un mélange avec la
race noire et brachycépbale des Akkas, dont l'existence a été
4. LES ANGOLAIS
(1) La taille moyenne des Hottentots occidentaux et orientaux est de lm,62 et leur
indice céphalique de 74. Voy. DENIKER, les Hottentots
au Jardin d'Acclimatation
(fou. d'Anthropologie, 1889,
pp. 4 et suivantes).
286 J. DENIKER ET L. LALOY.
faire sur les jambes des incisions avec un rasoir et les laisser sup-
purer.
Les tatouages ornementaux sont beaucoup plus fréquents e
plus développés chez les femmes; ils occupent surtout l'abdomen
puis le thorax, le dos; dans un cas seulement le membre supériem
portait quelques groupes de scarifications disposées symétrique-
ment. Il est presque impossible de donner une description d'ensemble
de ces tatouages dont les dessins sont très variés et témoignent sou-
vent d'un goût assez développé. Ce sont des ceintures formées de
lignes brisées sur deux ou trois rangs, qui entourent Je tronc an
niveau des reins, et vont se perdre à la région pubienne; des lignes
parallèles se placent autour de l'ombilic, ou bien des rayons d'un
cercle dont l'ombilic est le centre. Il y a aussi des groupes de
scarifications formant des petits cercles qui font ceinture autour du
tronc ou sont disposés symétriquement sur le dos. Dans un cas, il y
avait autour du cou une sorte de collier de tatouages. Chez les
hommes ces ornements sont beaucoup plus simples et se rappro-
chent de ce que nous avons vu chez les Âdoumas.
CONCLUSION GÉNÉRALE.
LES PYGMÉES DE L'AFRIQUE CENTRALE.
Nous nous sommes surtout servis de chiffres fournis par M. Zintgraff dans plusieurs
(1)
articles sur les habitants du Congo, sur lesKrous,lesAreï, etc., publiés dans la Zeilschrifi
fur Ethnologie (Verhandl. Berl. Gesell. Anlhr.), en 1SS6, p. 27 (le Kacongo de
M'Boma et de Kabinda, les Mouchikongo de San-Salvador, etc.), et en 1889,p. 90; nous
avons également utilisé les chiffres de M. L. Wolff, relatifs aux Nègres du Congo
publiés dans le môme recueil, 1886, p. 76o [Verh.) et ceux de M. Mense (mémerecucil
1887, p. 624, Verh. analysée par Laloy dans la Rev. d'Anthrop., 1889, p. 235).
LES RACES EXOTIQUES 287
(1) J. SCOTT KELTIE, La délivrance cl'Emin Pacha, d'après les lettres de Stanley ; trad.
fr., Paris, 1890, p. 54 et 80.
(2) Sur les Akkas et les Baris {Zeitschr. fur Elhnol., 1806, p. 145) (en français).
(3) Voy. A. DE QUATE.EFAGES, les Pygmées, Paris, d 887, in-16, p. 253 et suiv. où Ton
trouvera des détails bibliographiques. Nous ne citons qu'un seul des sujets de M. Miani,
celui qui estmort; l'autre (Chairllah.) n'est pas un Akka comme l'avait soupçonné, encore
en 1874, M. Hamy (d'après son indice coph. de 77,5) ; il a aujourd'hui 1m,S5 de taille et
sert comme soldat dans l'armée ilalienne (voy. la lettre de M. Louzzato dans Zeitschr.
f. Elhnol. (1887, Verh.,p. 214).
(4) Zeitschr. f. Ethnol., 1886, p. 25 (Verli.).
(5) Cranta ethnica, p. 334.
(6) Zeitschr. f.Ethnol., 1877, Verh., p. 194 et pi. XII-XIV.
0) Mittheil. der Gesell.Anlhrop. Wien, 1875,p. 157 et 366.
(8) "W. H. FLOWER, Description of tivo Skeletons of Akkoa (Joum. Anlhrop. Inslitule
ofGr.Drit., t. XVIII (1888), p. 10).
LAKTHROPOLOGIIï. — T. I. 20
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1 Mondombé (Dombé) Ç. » 187 137 132 107 39 35 43,5 73,26 124,2 1469 640 330 694 260 171 765 237 43,8 22,5 47,5 17,8 H,7 52,3 16,2 »
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PAR
(1) Association française pour l'avancement des sciences, Compte rendu du Congres
de Lyon. Paris, 1874, in-8°,
p. 586.
(2) Compte rendu du Congres de Lyon,
pp. 629 et suiv.
(3) DE MORTILLRT, les Sépultures de Soiutré, dans Bull, de la Société d'Anthropo-
logie de Lyon, séances du 14 avril
et du 16 mai 1888. Réponse de M. l'abbé DUCROST,
id-, séance du S mai 1888.
CARTAILHAC, la France préhistorique. Alcan, Paris, 1889,in-S°,
p. 92.
(4) DUCROST et ARCELIN, la Stratigraphie de l'éboulis de Soiutré, dans Matériaux
pour l'hist. primit. et nat. de l'Homme, t. XI, 1876, p. 496, et Ballet. Soc. cVAnthrop.
de Paris, t. XI, 2« série,
p. 286.
300 ADRIEN ARCELIN
FIG. 2. —
Plan des fouilles du Crot-du-Charnier.
face, sur le sommet des plis et débordent tout autour des foyers
de l'âge du renne logés dans les dépressions.
Au-dessous des ossements de chevaux, il y a deux zones super-
posées de débris de cuisine, avec ossements brûlés et silex, qui ne
peuvent pas figurer dans le plan, mais qu'on voit dans les coupes
(fig. 3 à 7, nos 3 et 4). Enfin, en dehors de l'espace occupé par les
foyers de l'âge du renne, et les amas de chevaux, il existe d'autres
foyers où se révèle une industrie spéciale, qui oblige à en faire un
groupe à part, antérieur à l'âge du renne proprement dit. Nous
l'avons appelé l'âge du cheval (fig. 2; O.P.Q.R.S.).
Voici comment on a procédé à l'exploration de cette vaste sur-
face. De 1867 à 1878, les fouilles ont été limitées à la zone supé-
302 ADRIEN ARCELIN.
Coupe a Coupe b
Terre végétale 0m,o0 Terre végétale 0m,40
2 Amas de chevaux 0 60 Éboulis 1 30
Éboulis. 1 50 Foyers (âge du renne). 0 50
3 Petite zone de foyers
Éboulis ... 0 30
2
Éboulis
Amas de chevaux
. .
1
0
80
50
4 Zone inférieure de foyers 0 40 Éboulis. 1 30
.
5m,03 Petite zone de foyers
Éboulis ... 0
1
03
70
Marnes 0 00
7m,53
mais elles n'ont pas été plus bouleversées que les zones où on les
retrouve. Les sépultures en dalles brutes sont restées si bien
jointes, malgré ces légers glissements, que nous en avons fouillé
plusieurs où la terre n'avait pas pénétré. Nous mentionnons ce
fait pour montrer que, contrairement à ce qui été dit, les glisse-
ments n'ont produit aucune perturbation importante dans la partie
du sol que nous avons explorée.
Depuis 1873, nous n'avons rencontré aucune sépulture nou-
velle pouvant être attribuée à l'âge du renne. Nous n'avons
donc rien à ajouter à nos premières observations. Nous n'avons
rien non plus à changer à nos premières impressions. Sur le ter-
rain, en face des nombreuses sépultures retrouvées dans nos
fouilles, il nous a toujours semblé possible, en se plaçant dans les
conditions méthodiques d'une bonne observation, de distinguer
celles qui appartenaient réellement à l'âge du renne (1). "
Amas d'ossements de chevaux. —Les amas d'ossements de che-
vaux sont formés presque exclusivement de débris de ce solipède,
tantôt brisés, tantôt entiers. Les canons, les os du paturon, de la
couronne, du sabot, les vertèbres sont presque toujours intacts.
Les autres os longs sont généralement brisés, ainsi que les os de la
tète et du bassin. Ces débris se trouvent tantôt à l'état libre, tan-
tôt agglutinés par un ciment calcaire, de façon à former une brèche
compacte qu'on a désignée sous le nom de mayma de cheval. Le
ciment calcaire a du être formé par les os eux-mêmes, dont beau-
coup sont brûlés, écrasés et réduits à l'état d'esquilles innombrables.
D'après l'étude qui a été faite du système dentaire, ce seraient, en
général, des animaux adultes. La taille du cheval de Solutré
variait delm,36 à lm,45. M. Toussaint le rattache à la race bres-
sane, et pense qu'il devait être domestiqué. En faveur de la domes-
tication il invoque deux faits : la prédominance des animaux
(I) Sur celte importante question dos sépultures, consulter :
DE FERRY et ARCELIN, le Maçonnais préhistorique. Rcinwald, 1870, in-4°, p. 51.
L'abbé DUCROST etDr LORTET, Études sur la Station préhistorique de Solutré, dans
Archives du Muséum de Lyon, t. I, lre livraison, 1872.
A. ARCELIN, les Sépultures de l'âge du renne de Solutré, dans Revue des Questions
scientifiques, t. III, p. 349.
Ds MORTILLET, les Sépultures di Solutré, dans Ballet. de la Soc. d'Anthrop. de
Lyon, 14 avril 1888.
L'alibi DUCROST, les Sépultures de Solutré, réponse à M. de Mortillet; id., séance
du 5 mai 1888.
DE MORTILLET, les Sépultures de Solutré, réponse à M. l'abbé Ducrost; id., séance
du 7 juillet 1888.
E. CA.RTAILH.VC, la France préhistorique. Alcan, 1889, in-8°, p. 92.
S.VLOMOX REINACII, Antiquités nationales, description raisonnéc du Musée de Saint-
Germain Paris, in-8°, p. 199.
LES NOUVELLES FOUILLES DE SOLUTRÉ. 309
(1) Assoc. franc, pour l'avancement des sciences, Congrès de Lyon, 1874, p. 586.
(2) Matériaux pour L'hist. primit. et naturelle de l'Homme, t. IX, 1874, pp. 332 et
373.
(3) Matériaux, etc., t. IX, 1874, p. 341.
(4) Congres internat, d'archéologie préhistorique de Norwich (compte rendu). Lon-
don, 1869, p. 339.
(5) Études sur là Station préhistorique de Solutré, dans Archives du Muséum de
Lyon, lro livraison, 1872, p. 15.
(6) Congrès de Lyon (compte rendu), 1874, p. 595.
(7) Matériaux, etc., t. XI, p. 499.
(8) A. ARCELIN, les Fouilles de Solutré, renseignements généraux, etc. Mâcon, 1873,
in-4°, pi. II.
310 ADRIEN ARCELIN.
rement aussi que les foyers de l'âge du renne sont postérieurs aux
plissements qui ont affecté les amas de chevaux. En effet, ils se
trouvent, comme nous l'avons déjà fait remarquer, en stratification
discordante avec ces derniers : de plus, le fond de la cuvette était
déjà rempli d'une certaine quantité de terrain d'éboulis lorsque les
chasseurs de rennes vinrent s'y établir.
Enfin c'est également par suite d'une fausse interprétation des
affleurements que nous avons plus d'une fois dans nos travaux an-
térieurs comparé les amas d'ossements de chevaux à des murs en-
tourant les foyers de l'âge du renne. Cette apparence tient simple-
ment à la disposition e