2- Du miel, du pain et des ordures18.

De même que celui qui mange le corps du Seigneur et boit son sang
indignement, mange et boit sa propre condamnation, de même celui qui prend de la
nourriture sans rendre grâces au Seigneur pour ce qu’il prend, mange et boit sa
propre condamnation.

L’un des pères racontait que trois choses sont précieuses aux moines et qu’il
nous faut nous y rendre avec crainte, tremblement et allégresse spirituelles, à savoir:
la participation aux saints mystères, la table des frères et le lavement des pieds. Il en
donnait la preuve en ces termes: Il y avait un illustre ancien doué de visions, il se
trouva avec plusieurs frères et, pendant qu’ils mangeaient, l’ancien, assis à table, fut
ravi en esprit et vit que certains mangeaient du miel, d’autres du pain, d’autres des
ordures. Il s’étonna et pria Dieu en disant: « Seigneur, révèle-moi ces mystères,
puisque la même nourriture est servie à tous sur la table, comme se fait-il qu’elle me
paraît transformée lorsqu’on la mange et que les uns mangent du miel, d’autres du
pain, d’autres, des ordures? » Une voix lui vint du ciel: « Ceux qui mangent du miel
sont ceux qui sont assis à table avec crainte, tremblement et allégresse spirituelles et
qui prient sans cesse; leur prière monte vers Dieu comme la fumée de l’encens; c’est
pour cela qu’ils mangent du miel; ceux qui mangent du pain sont ceux qui rendent
grâces en prenant ce que Dieu leur a donné; enfin ceux qui mangent les ordures sont
ceux qui murmurent et qui disent: Ceci est bon, cela est gâté. Il ne faut pas penser
cela, mais plutôt louer Dieu et lui adresser des cantiques pour accomplir la parole:
« Que vous mangiez, que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire
de Dieu » (1 Co 10,31).