Éric ROCHER
CONDITIONNEMENT
ET EMBALLAGE
CHAPITRE 1
Les emballages ne sont pas créés ex nihilo. Ils naissent d’un besoin et assurent la satisfac-
tion de ce besoin.
Les fonctions opérationnelles qui répondent aux exigences issues de ce besoin peuvent
être regroupées en 4 familles spécifiques :
Contenir le produit.
Protéger le produit.
Participer au produit.
Véhiculer un message.
Nous étudierons chacune d’entre elles dans l’ordre chronologique où elles se présentent
lors de la détermination d’un emballage. Cet ordre est indépendant de leur importance
dans les études que le concepteur sera conduit à mener. Certaines de ces fonctions paraî-
tront évidentes au moment de l’étude. Il peut décider de ne pas s’appesantir sur l’une ou
l’autre d’entre elles dont l’étude peut déjà avoir été faite et qui ne sera pas remise en cause.
Si cette démarche simplificatrice est légitime, les concepteurs doivent toujours garder pré-
© Groupe Eyrolles
sent à l’esprit qu’elle n’est qu’une partie de la démarche globale, référence obligatoire dès
que la question exige une généralisation de l’approche. Il est risqué de sauter une étape de
l’analyse si le résultat qualitatif n’est pas une certitude. Toute la partie amont d’une étude
contient les prémisses de la solution qui n’apparaîtra que bien plus tardivement.
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de plusieurs objets. L’énoncer peut sembler une évidence mais il est indispensable de
bien connaître le produit et les conditions requises pour le contenir et l’emballer.
Nous nous poserons donc plusieurs questions :
• Quelle est la nature physique du produit à contenir? gazeux, liquide, solide, un
mélange de phases?
Le contenant d’un gaz ou d’un bloc massif comme une machine n’aura pas les mêmes
caractéristiques. Ces contenus ont tous des caractéristiques physico-chimiques spécifi-
ques telles que le coefficient de dilatation ou la volatilité. Il faut en tenir compte. Les
professionnels ont toujours tendance à estimer évidentes les caractéristiques de leurs pro-
duits. Elles le sont pour eux qui connaissent bien leurs fabrications, certes, mais elles ne
le sont jamais pour les professionnels d’une autre spécialité.
Qui, hormis les spécialistes, sait que l’eau de synthèse est assez agressive pour attaquer
le verre des flacons? Cet exemple prend en compte la fonction «protéger» que nous
aborderons plus loin, mais pour la plupart des interlocuteurs la définition du produit à
contenir implique ipso facto la connaissance de toutes ses caractéristiques.
Une poudre broyée plus ou moins finement change de densité et le contenant adapté
sera différent.
La réponse n’est jamais évidente lorsqu’on doit définir une quantité précise : faut-il ven-
dre de l’eau en bouteilles de 25, 33, 50, 75 cl, 1 l, ou 1,5 l ou 5 l? Faut-il conditionner la
peinture pour professionnels en pots de 1 kg faciles à manipuler ou en pots de 5 à 25 kg
beaucoup plus économiques du point de vue logistique?
Les choix dépendent des possibilités techniques de fabrication, des besoins des utilisa-
teurs et de la stratégie commerciale adoptée. Rien n’est évident à ce stade : si les particu-
liers stockent l’or par quelques grammes dans des écrins, les banques centrales le stockent
par tonnes. C’est donc le triplé : «produit – conditions de production – conditions
d’utilisation» qui détermine la quantité à conditionner.
© Groupe Eyrolles
La quantité à contenir est souvent une unité de vente ou un multiple. Dès ce stade les
impératifs commerciaux entrent en action. La contenance sera tout autant déterminée par
des considérations techniques que par des considérations commerciales. De plus des
emballages unitaires peuvent être regroupés pour des raisons logistiques ou commerciales.
CONCEVOIR
Nous n’imaginons plus une laque pour cheveux sans son aérosol. L’aérosol n’est pas le
produit, mais il est tellement impliqué dans celui-ci qu’il fait partie intégrante du service
rendu par la laque.
Les doses de lavement Microlax doivent leur succès, en grande partie, à un emballage
pratique et d’une utilisation propre dans des circonstances qui ne le sont pas. Il est cer-
tain que si le produit n’avait pas été d’une qualité suffisante, le succès n’aurait pas été au
rendez-vous, mais par ailleurs, si un emballage bien adapté à sa fonction n’avait pas été
créé, nous en serions encore au clystère de Molière!
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Dans le cas de pièces techniques, l’emballage fait partie du processus technique. Autre-
fois les piles électriques salines type «Leclanché» coulaient en produisant un jus acide
qui empêchait de les utiliser dans les appareils électroniques. Les gaines en plastique,
apparentes ou internes ont procuré une étanchéité parfaite qui a assuré le développe-
ment des piles salines puis alcalines.
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La bobine de fil installée sur une machine (qu’il s’agisse de fil à coudre ou de fil électrique) est 7
tout à la fois un emballage qui contient le fil et un outil qui permet de l’utiliser sur la machine.
Les premières bandes magnétiques de magnétophones étaient enroulées sur des bobi-
Ces exemples montrent que l’emballage participe toujours au produit et parfois dans des
proportions très importantes. Ce concours couvre tous les domaines, bien qu’il ne soit
pas toujours apparent au premier abord.
Cette fonction est la plus difficile à faire préciser clairement. Les interlocuteurs ont par-
fois une idée précise, par expérience, de ce que l’emballage peut apporter et il suffit de le
noter. Mais il est fréquent que les interlocuteurs n’aient aucune idée préconçue et il faut
alors faire appel à leur imagination de manière informelle. Il ne peut y avoir de liste type
de questions à poser. Envisageons donc toutes les interrogations possibles. Nous les pre-
nons dans l’ordre chronologique de la vie du produit pour éviter d’en oublier :
Un outil de fabrication
Parfois le produit s’élabore dans l’emballage. Parfois, même, l’élaboration du produit dans
l’emballage est indispensable?
La crème «Chantilly» issue des aérosols est réalisée par l’emballage lui-même. La crème
contenue dans l’aérosol est éjectée par la pression d’un gaz, le protoxyde d’azote. En
traversant la valve, elle «mousse» sous l’action de ce produit. On obtient ainsi à la sor-
tie de l’aérosol un produit (de la crème moussée) qui ressemble à de la crème Chantilly.
Le susceptor
Le susceptor est une partie d’un emballage en carton ou plastique qui permet de dorer
des produits cuits au four à micro-ondes.
Un film en PET est plaqué sur la face interne de l’emballage, il est métallisé aux emplace-
ments correspondants aux parties du produit à dorer. Les ondes concentrées par le
réflecteur ainsi constitué créent une élévation de température locale qui provoque une
«réaction de Maillard» à l’origine du brunissement du produit.
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Faciliter la manutention
usines du groupe comportaient des poignées qui n’étaient plus utilisées, la manutention
se faisant à l’aide de chariots élévateurs. Très logiquement on les supprima. Or, dans un
cas particulier ces caisses étaient remplies sous une machine sans autre possibilité de les
extraire qu’à l’aide de poignées devenues inexistantes! Il est indispensable d’analyser les
cas particuliers de manutention avant de prendre une décision.
Les distributeurs
Un fabricant de détartrant pour W.-C., a créé un flacon à col orientable grâce à un souf-
flet. Ce système permet d’atteindre facilement des recoins entartrés. De ce fait le pro-
duit devient plus efficace.
La consommation unitaire
Il s’agit de permettre à l’utilisateur de prélever seulement la dose qui lui est nécessaire
dans un conditionnement de plus grand volume, les solutions sont les doseurs, les doses
unitaires, les emballages alvéolaires, les flow-packs, les sachets… contenus dans un
suremballage vendeur.
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10 lage étant par nature lié au produit mais le masquant le plus souvent, il est naturel qu’il
soit le support de l’information et du message du produit.
Cette fonction est très développée. On peut l’appréhender sous deux angles : la nature
CONCEVOIR
Contenu du message
Certaines mentions sont obligatoires : le texte, les caractères et parfois l’emplacement,
sont précisés. Il faut en faire la liste exhaustive et appliquer la loi.
À ce niveau, il ne subsiste qu’une faible latitude. Lorsqu’on veut exporter, il ne faut pas
oublier que chaque pays exige, pour des raisons évidentes de sécurité, que le message des
médicaments soit imprimé dans sa langue, voire dans ses langues si le pays est multilin-
gue. Ceci conduit à des volumes de texte importants et parfois on peut être obligé de
réaliser des emballages spécifiques portant seulement quelques langues précises.
Typographie et pictogrammes
Très souvent la typographie du message légal et les pictogrammes sont précisés dans les
textes réglementaires ou les normes. Les textes précisent presque toujours la taille mini-
male des caractères à utiliser. Cette réglementation est une contrainte importante lors de
la mise en page.
Précautions avec les couleurs
Un certain nombre de couleurs est normalisé pour des raisons de sécurité.
Attention à ne pas les utiliser dans des situations qui peuvent conduire à des quipro-
quos. Le vert n’est pas la couleur de l’écologie mais celle d’un produit dangereux!
© Groupe Eyrolles
arrière (l’adresse du fabricant, sous forme d’un code). Pour les produits périssables dans 11
des emballages sécables, la date de péremption doit être portée sur chaque unité.
Nous avons tous été confrontés à des emballages hermétiques que nous ne savions pas
comment ouvrir, le message pratique étant insuffisant. Combien de colis portent une
indication «Haut-Bas» qui n’est pas respectée, simplement parce qu’elle n’est pas assez
apparente pour permettre à des manutentionnaires pressés de la voir?
Le message doit pouvoir être reçu par tous ses destinataires. Un problème de lecture se
pose souvent pour les aveugles. De plus en plus d’emballages sont marqués en braille.
Ceci impose bien entendu de pouvoir disposer de relief.
De nombreux produits, principalement alimentaires, doivent pouvoir être suivis tout au
long de leur existence et de leurs transformations successives, c’est la traçabilité.
L’emballage est un excellent support de ce message.
À chaque fois qu’un industriel doit procéder à une opération de retrait, des indications
aisément lisibles sur les emballages se révèlent d’autant plus utiles que l’action est tou-
jours urgente.
Toutes les techniques peuvent être utilisées pour que le message pratique soit compris :
• Les formes traditionnelles de l’emballage renseignent sur la nature du produit contenu.
À contenance égale une bouteille de lait n’a pas la même forme qu’une bouteille
d’adoucissant textile!
• Le relief est de plus en plus utilisé notamment pour les caractères Braille.
• Le texte qui est évidemment un vecteur privilégié du message ancillaire.
• Une différence de typographie permet de mettre en évidence des indications particu-
lièrement importantes.
• Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours : l’illustration remplit bien ce rôle, sur-
tout pour les modes d’emploi…
• Les couleurs sont parfois choisies en fonction de règlements ou de normes : certaines
règles légales restreignent l’usage de couleurs précises à des caractéristiques particuliè-
res, le rouge signale un danger, la mention «Ne pas dépasser la dose prescrite» doit être
inscrite en réserve dans un bandeau rouge… Ces couleurs étant connues, l’utilisateur
leur attribue automatiquement la caractéristique correspondante. Par ailleurs, la cou-
leur peut être le véhicule d’un message ancillaire précis. Deux flacons du même médi-
cament, mais à des dosages différents (enfant et adulte par exemple) auront
rigoureusement le même aspect, à la couleur du bouchon près.
• La transparence donne des indications précieuses sur la quantité de produit restant. Elle
© Groupe Eyrolles
est limitée par des considérations de protection à la lumière, d’esthétique du produit con-
tenu, de coût de l’emballage, de possibilités techniques en fonction des matériaux utilisés.
Le son, lui aussi, est important.
Cf. § Le son, p. 17
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12 Le «plop» émis à l’ouverture d’une bouteille de jus de fruit indique qu’il s’agit de la pre-
mière ouverture.
CONCEVOIR
Certaines étiquettes «intelligentes» peuvent être lues par un lecteur à émission sonore;
elles ont été développées à l’usage des malvoyants.
Il renseigne sur le service rendu
Le message ancillaire donne des indications utiles sur le contenu de l’emballage : Quelle
est la quantité de produit? Quelles sont les précautions d’emploi? de manutention?
Cf. Document n° 2 du CD-Rom : Quelques pictogrammes ancillaires
Des pictogrammes peuvent être très utiles. Dans ce domaine il convient de manier
l’innovation avec beaucoup de précaution. Un industriel expédiant des produits fragiles
en Afrique, via un port dont il savait les dockers illettrés avait apposé le pictogramme
«verre» sur ses emballages. Par excès de prudence, pour être bien compris, il avait des-
siné un verre cassé. Les dockers ont compris qu’il s’agissait de verre cassé et qu’il n’y
avait donc pas de précautions à prendre. À l’arrivée il s’agissait bien de verre cassé. En
conclusion utilisons autant que faire se peut, des pictogrammes «classiques» qui ont fait
leurs preuves et n’inventons de nouveaux pictogrammes que lorsqu’il n’en existe pas,
pour signaler un problème particulier.
• L’emplacement du message de traçabilité est très important et doit être facile à porter 13
sur l’emballage une fois le conditionnement réalisé. Il doit être aisément lisible par les
utilisateurs éventuels. Il ne doit pas risquer de se mélanger à un autre message porté sur
Le message subjectif
L’image transmise par l’emballage est d’une importance extrême. C’est la raison d’être
du packaging. Dans les catégories précédentes de messages nous nous sommes appuyés
exclusivement sur des éléments objectifs, le message subjectif appartient, lui, au
© Groupe Eyrolles
domaine de la symbolique.
Face à un emballage, le premier message qui nous atteint est l’image du couple embal-
lage-produit. Objectivement nous voyons un emballage mais nous traduisons instantané-
ment cette vision en une idée subjective préétablie du produit.
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qu’un poids bien inférieur à celui du sac d’engrais qui occupe cependant un volume
moindre. Le message a évolué de l’indication objective du contenu à celle subjective du
poids vraisemblable du colis.
Cependant nous pensons naturellement qu’un message est véhiculé par un texte, éven-
tuellement par une illustration et des couleurs, c’est exact mais c’est réducteur, en réa-
lité, tous nos sens participent à la vision subjective que nous élaborons. La vue reste
naturellement le sens le plus sollicité.
La forme
La forme ou le matériau sont des éléments primordiaux du message subjectif.
Une «boîte à gâteaux» contient de la pâtisserie et l’on serait surpris d’en trouver une
au rayon bricolage… L’image d’un fromage en boîte de bois ronde est celle d’un camem-
bert, même si la réciproque est fausse et si tous les camemberts ne sont pas emballés
dans des boîtes en bois.
Les couleurs de l’emballage sont souvent assimilées à celles du produit contenu : rose
brun pour le jambon, vert pour les légumes… Du choix judicieux des couleurs du packa-
ging peut naître le succès d’un produit, un choix malencontreux peut le vouer à l’échec.
On se fonde sur quatre tendances de base avant de choisir les couleurs du packaging.
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• La mode : c’est le niveau le plus superficiel. La mode est éphémère, elle évolue cons- 15
tamment. Les couleurs «mode» seront réservées aux produits à rotation rapide.
• Les courants sociologiques : ils couvrent une dizaine d’années et évoluent avec la société.
Le choix des couleurs doit tenir compte des acheteurs. Il est important de choisir les cou-
leurs d’un packaging en tenant compte des caractéristiques physiques des acheteurs. La
vue des seniors s’altère avec l’âge et le jaunissement de la rétine. Le bleu est perçu plus
vert, le rose et le violet se fondent en un halo alors que l’orange est plus apparent et attire
particulièrement l’attention des seniors.
Cf. § Les seniors, p. 340
Le matériau et le toucher
Le choix du matériau positionne généralement le produit sur un axe tradition-haute
technologie. Un fabricant de yaourts, par exemple, peut jouer délibérément sur l’aspect
traditionnel du pot en verre, indépendamment de toute autre considération technique.
Le matériau retenu doit donc s’accorder parfaitement au message à transmettre.
Nous avons vu livrer des plaquettes de carbure de tungstène dans de petits coffrets de
bois, comme on l’aurait fait pour des bijoux fantaisie.
Il peut être utile d’avoir des états de surface dont on maîtrise parfaitement la tribologie.
© Groupe Eyrolles
Certains conditionnements doivent glisser sur une surface, pour d’autres, au contraire, la
surface doit présenter un coefficient de frottement important. Ces contraintes relèvent
parfois du message subjectif : emballage au toucher agréable.
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Le métal donne une impression de force, les étoffes de douceur. Le flocage apporte une 17
touche de luxe et de sensualité…
Pour les services marketing et relations publiques, il est toujours intéressant de mettre en
Un éditeur de musique «country» avait décidé de parfumer les boîtes de ses CD avec
des odeurs de forêt, d’herbe mouillée. Cela n’a eu aucun impact. Il avait oublié d’analy-
ser le comportement des auditeurs de musique. On prend la boîte de CD sur une éta-
gère, on l’ouvre et on en retire le CD; la boîte vide est reposée sur l’étagère; le CD est
inséré dans son lecteur et on va s’asseoir à quelque distance de l’appareil pour écouter
la musique sans triturer la boîte!). À aucun moment elle ne peut dégager ses senteurs.
Lors de l’acte d’achat c’est encore plus flagrant : les magasins enferment les CD et leur
boîte dans des coffrets afin d’éviter les vols : il est impossible de frotter et de sentir la
boîte!
Le son
La prise en compte du son est souvent réservée, à tort, aux emballages de luxe.
Le crissement délicat du bouchon d’un flacon de parfum ou le son cristallin d’une carafe
confortent un sentiment de luxe. Le bruit du bouchon de champagne qui «saute» évo-
que la fête qui commence.
Le fabricant hollandais de cigares Swedish Match a choisi une boîte métallique qui émet
un clic à l’ouverture, c’est sa signature sonore.
Le message véhiculé par le son doit être cohérent; Ludovic Germain, acousticien, remar-
que au sujet de flacons d’eau de toilette : «on fait une fixation sur le petit clic du bou-
chon (ce qui doit impliquer des frais de conception coûteux), mais que se passe-t-il
ensuite lorsque l’on pose le flacon sur l’étagère en verre de sa salle de bains? un son n’est
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18 La contenance
La contenance d’un emballage a une signification qui dépasse souvent la simple satisfac-
tion de la fonction contenir.
CONCEVOIR
Un produit de qualité doit être un produit rare et cher, il est donc conditionné dans des
emballages de petite contenance. A contrario un emballage d’une grande contenance est
économique, ce sont notamment tous les conditionnements de type «familial». Parfois le
consommateur perd de vue son besoin réel et se retrouve avec des conditionnements
entamés dont le contenu devient inutilisable (produits périmés, séchés…).
La réciproque n’en est pas moins vraie : de grands contenants ont une image de produits
de professionnels, donc de produits de qualité. Certains produits de bricolage jouent sur
cette ambiguïté : on trouve des boîtes de mastic ou des sacs de clous, chevilles… en
quantité suffisante pour des années d’activité d’un bricoleur moyen.
Par ailleurs un client doit «en avoir pour son argent» : certains suremballages de produits
traditionnellement offerts ont un volume exagéré par rapport aux besoins du produit,
c’est le cas des chocolats de luxe, des parfums… mais pas des bijoux pour lesquels un
écrin trop grand donnerait à penser qu’il s’agit de toc.
Le détournement
Certains éléments du message subjectifs peuvent être détournés de leur signification ori-
ginelle, cela se pratique beaucoup dans le luxe. Le résultat est toujours extrême : le suc-
cès ou l’échec d’un détournement de sens est toujours considérable.
Un des exemples les plus célèbres et fondateur de cette pratique est celui de Jean Paul
Gaultier qui a transformé une boîte de conserve en écrin pour son parfum.
C’est la forme qui fait l’objet des détournements les plus fréquents.
Les designers doivent également prendre garde à ne pas écorcher l’image des marques
qui se prêtent au jeu du détournement. Dans la parfumerie «de luxe», le conditionne-
ment doit surprendre mais en aucun cas dévaloriser le produit.
Une image de vin de grande classe (aspect de la bouteille et nom d’un château proche
d’un nom célèbre) pour un vin bas de gamme peut attirer le chaland une première fois,
mais les clients ne reviennent généralement pas!
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Le message «nul»
Dans certaines circonstances le message doit échapper à un utilisateur non averti.
C’est le cas de produits de sous-traitance où des emballages neutres éviteront aux don-
neurs d’ordre d’avoir à réemballer les produits.
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Il en est de même pour les produits qui ont une mauvaise image dans le public, tels que 19
des produits chimiques dangereux. Le message est alors réduit au strict message légal.
Bien entendu, le message légal et les indications de traçabilité doivent impérativement
Dans cet exemple, même si elle paraît de second ordre, cette fonction d’image a donc,
une importance cruciale. Nous retrouvons bien, dans ces deux aperçus, la permanence de
© Groupe Eyrolles
20 Analysons les fonctions opérationnelles d’une bouteille de gaz butane par ordre
d’importance décroissante :
La fonction principale est de contenir. Il est hors de question que le gaz puisse se
CONCEVOIR
Tous les contenants doivent faire l’objet de cette décomposition fonctionnelle lors de
leur étude.
L’emballage protecteur
Il est en contact avec le produit et assure essentiellement la fonction de protection, bien
que les autres fonctions, répétons-le, coexistent. Dans le cas d’une pâte dentifrice, ce sera
le tube souple. Ce tube contient et protège la pâte, mais il véhicule aussi des messages et
participe au produit en facilitant son application sur la brosse à dents.
L’emballage vendeur
Il est essentiellement le support du message commercial, dans notre exemple c’est l’étui
an carton. Les clients le voient sur le linéaire du magasin. Il aide donc à la vente. Il peut
aussi être un emballage de regroupement permettant la vente simultanée de plusieurs
© Groupe Eyrolles
L’emballage logistique 21
Les responsables de packaging ont une approche centrée essentiellement sur le marke-
ting. Pour eux, l’emballage est avant tout un assistant à la vente et dans cette optique, ils
ont défini les besoins du packaging en 7 fonctions (2 fonctions techniques et 5 fonctions
marketing). Ces fonctions répondent bien aux besoins des emballages de vente pour des
produits de grande consommation mais elles sont totalement inadaptées aux questions
d’emballages logistiques et aux emballages industriels.
Leur utilisation est absolument cruciale lors des ventes en magasin grand public : une
enquête a montré que 76 % des achats en grande surface se décident sur le point de
vente. Certes les clients ont une idée précise du produit qu’ils ont décidé d’acquérir, mais
non de la marque. Or, pour un industriel, il importe que l’on retienne sa marque!
LA FONCTION CONSERVATION
L’emballage doit permettre la conservation du produit, c’est une présentation très pro-
che de la fonction protection étudiée précédemment. Cette notion de conservation est
liée aux emballages des produits alimentaires grand public mais elle ignore, entre autres,
la nécessité de protéger le voisinage des agressions du produit.
LA FONCTION DISTRIBUTION
Le produit à vendre doit pouvoir être manutentionné et emporté facilement par le
client. C’est le rôle des packs de regroupement.
Les bouteilles de bière qui sont vendues par packs de 6,12 ou 24.
Ces regroupements doivent être manutentionnables, stables dans les rayons et ne pas
© Groupe Eyrolles
occuper une surface trop importante au détriment des autres produits. La place est rare
dans les linéaires et les gestionnaires de GMS en sont économes.
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22 LA FONCTION ALERTE
La première composante de ce message est «l’alerte» : dans un magasin nous sommes
CONCEVOIR
assaillis par la vue des nombreux produits en rayon, il nous faut pouvoir repérer instanta-
nément l’article recherché. Les spécialistes du marketing estiment qu’ils disposent de
15 secondes pour «alerter» le consommateur sur l’existence de leur produit en rayon.
L’expérience montre que dans un libre-service le client ne revient que très rarement en
arrière. Un produit qui n’aura pas su attirer l’attention instantanément sera oublié. La
volonté d’achat du client est rarement assez déterminée pour que ce dernier fasse l’effort
de rechercher précisément une marque donnée, il ne passe en moyenne que 32 secondes
dans un rayon. Il faut donc alerter le client en jouant sur l’aspect de l’emballage (cou-
leurs, formes, matériaux, graphismes, illustrations, …). L’aspect de nouveauté attire l’œil.
Il convient de faire attention à quelques écueils, notamment lorsque le produit doit être
distribué à l’étranger dans des pays dont les références culturelles sont différentes :
• Ce qui apparaît comme original ou nouveau chez nous ne l’est pas forcément ailleurs.
Par essence, l’exotisme n’est pas universel.
• Les codes couleur ne sont pas toujours les mêmes.
En Suisse une boîte en bois, décorée des couleurs nationales rouge et blanche évoquera
des chocolats de tradition, en France la même boîte évoquera des cigares!
Ces mêmes codes évoluent dans le temps, le blanc était synonyme de qualité alimen-
taire, le noir a pris la relève pour donner une image de haute qualité (la profusion des
cartes noires pour les glaces, le café, le whisky, …).
• Certaines couleurs ou certains signes sont à prohiber s’ils ont des connotations cultu-
relles particulières. L’utilisation de symboles religieux risque d’apparaître blasphéma-
toire.
La notion d’alerte, issue du marketing, se généralise à toutes les utilisations. Lors d’un
incendie, il est essentiel que des sauveteurs ne confondent pas une bouteille d’air com-
primé et une bouteille de gaz butane.
LA FONCTION ATTRIBUTION
Le consommateur classe chaque produit dans un univers particulier de référence. Il est
souhaitable que l’image que le client se fait du produit coïncide avec la stratégie com-
merciale du fabricant. C’est toute l’utilité des lignes de produit, gammes, marques
ombrelles…
L’aspect de l’emballage annonce les caractéristiques du produit.
LA FONCTION INFORMATION 23
Elle déborde le cadre du message ancillaire pour aborder l’aspect subjectif, elle aussi.
LA FONCTION POSITIONNEMENT
L’emballage, premier contact avec le consommateur, est un relais majeur entre celui-ci et
le produit. Son rôle n’est pas uniquement de supporter l’information écrite, il est aussi le
signe de reconnaissance du produit par le consommateur.
Comment perçoit-on le produit par rapport à ses concurrents : luxueux ou économique,
grand public ou professionnel…? L’image donnée par l’emballage doit être cohérente
avec la stratégie commerciale adoptée. Ce positionnement est subjectif, c’est le produit
lui-même qui en confirmera ou invalidera le bien-fondé.
Deux produits rendant le même service objectif peuvent avoir une image différente, de
luxe ou économique, de qualité ou d’usage courant. Le consommateur choisira a priori
selon ses objectifs.
Une eau de Cologne du «Mont Saint Michel» ne s’adresse pas à la même clientèle
qu’une eau de toilette de «Guerlain», le packaging est différent. Les magasins de brico-
lage vendent des outillages sous un emballage «professionnel» pour accentuer l’idée de
sérieux et de robustesse de leurs produits. Certains vins bas de gamme adoptent des
formes de bouteille et des étiquettes qui les apparentent à de grands vins, contredisant
Alfred de Musset qui écrivait : «qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse».
LA FONCTION SERVICE
La participation au produit et les annexes logistiques (manutention, prise en main par le
consommateur, rebouchage ou garantie d’inviolabilité…) sont les composants de la fonc-
tion service.
La mise en barquette, sous film, de poulets a permis de leur conférer une identité et de
© Groupe Eyrolles
Ces fonctions sont des jalons indispensables lors de l’analyse des besoins d’un emballage.
Les chapitres suivants utiliseront systématiquement cette notion. Qu’il s’agisse de déter-
miner l’emballage optimal d’un produit ou de vérifier qu’un conditionnement existant
est bien adapté aux besoins des utilisateurs, il faut d’abord définir un cahier des charges.
Ces fonctions en sont la base objective.
Si l’on veut résoudre un problème global d’emballage, on utilisera les quatre fonctions
canoniques. Si l’on se contente d’étudier un packaging dans un contexte marketing, ce
qui est un cas fréquent, les sept fonctions marketing seront plus maniables.
Pt = P0 (1 + b t) avec b 1/273
Par nature, les gaz sont très fluides et l’étanchéité doit être parfaitement maîtrisée,
notamment celle des raccords mobiles qui peuvent retenir des poussières ou d’autres
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Lors d’une augmentation de température, les parfums, constitués d’alcool presque pur,
se comportent comme des thermomètres : le liquide se dilate plus vite que le flacon de
verre et emplit la zone d’expansion.
Lorsqu’il existe un risque d’oxydation du liquide se traduisant par une perte d’arôme, on
remplace l’air par un gaz neutre (C02, N2, Ar2... ). Le cas de la dilatation de l’eau qui gèle
est délicat. Selon les formes du contenant, un glaçon peut se former et son volume étant
nettement supérieur à celui de l’eau encore liquide à 0 °C, briser le récipient sans que le
volume disponible dans la zone d’expansion ait pu être complètement utilisé.
Certains liquides ont des propriétés tensioactives qui peuvent entraîner le «stress-
cracking» des contenants en polyoléfines. Ce sont essentiellement les détergents dans des
flacons en polyéthylène. Il est donc indispensable de connaître la nature exacte du pro-
duit à conditionner. Nous reviendrons sur les problèmes posés par le stress-cracking au
paragraphe «Les modifications intempestives de l’emballage», page 240.
Les principales questions à se poser sont donc :
• Quel est le coefficient de dilatation du liquide?
• Le conditionnement doit-il comporter un gaz de conservation?
• Le liquide est-il tensioactif?
La mode veut que l’on parle maintenant de «boissons carbonatées» bien que tous les
liquides organiques puissent revendiquer cette appellation.
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C’est un granulat
Les granules sont la forme idéale pour les conditionneurs : ce sont des objets de taille
régulière, petite et facile à déplacer par aspiration ou gravité. De plus, les produits sous
forme de granules sont généralement physiquement neutres, rarement hydrophiles. On
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ces grains sont assez stables pour que l’on ait accepté pendant longtemps de baser indif- 27
féremment les échanges commerciaux sur le poids ou le volume (le boisseau de grains).
Des raccords de canalisation en Té sont des morceaux dont, à l’aide d’un logiciel, il est
toutefois possible de prévoir le plan de rangement le plus performant.
Les suremballages conditionnent toujours des morceaux. L’objet de base peut être un
emballage primaire unique comme celui du tube de pâte dentifrice conditionné dans un
étui en carton.
Le suremballage peut regrouper une quantité précise d’emballages primaires, c’est le cas
entre autres, lors du regroupement des étuis de dentifrice par 12 ou 24 dans une caisse
américaine.
Les emballages unitaires ont généralement des formes géométriques simples et constan-
tes. Ce sont presque toujours des parallélépipèdes rectangles faciles à regrouper dans un
plus grand volume de formes similaires. Les pièces de viandes conditionnées en films
plastiques sous vide sont un des rares cas industriels où les objets de base présentent des
formes complexes et des dimensions variables.
Les déménageurs emballent des collections d’objets de formes hétéroclites telles que
services à verres, tableaux… Ils ne peuvent pas concevoir d’emballages spécifiques pour
chacun. Ils sont donc amenés à pratiquer un calage avec de la mousse, des copeaux…
C’est une excellente solution dans le cas de petites séries. Cette méthode est trop sou-
vent maintenue dans le cas d’emballages répétitifs alors que des économies sensibles
pourraient être réalisées en procédant à une étude rationnelle du mode d’emballage.
Les principales questions à se poser sont donc :
• Les morceaux sont-ils réguliers? Quelle est leur forme? Quelle est leur taille?
• Un rangement est-il souhaité?
La réponse à cette dernière question dépend de deux facteurs :
• Un facteur économique. Des morceaux rangés prennent moins de place que des mor-
ceaux conditionnés en vrac dans un emballage. Ceci génère des économies d’emballage
(il est plus petit), de stockage, de transport et de manutention; mais le rangement a un
coût certain. Il convient donc de comparer les deux possibilités, au cas par cas, pour
déterminer la solution optimale.
• Un facteur de qualité. Les morceaux rangés frottent moins les uns contre les autres et
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sont ainsi mieux protégés des chocs et des rayures. Il convient de bien examiner le
besoin de protection avant de prendre une décision.
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28 C’est un bloc
La différence entre blocs et morceaux tient à leur conditionnement. Les blocs sont des
CONCEVOIR
Les questions principales à se poser sont : quel est l’emplacement du centre de gravité?
et où sera-t-il stocké?
C’est un fil
Un fil est un bloc dont l’une des dimensions est nettement plus grande que les deux autres.
Ceci crée des problèmes spécifiques de conditionnement il faut éviter impérativement que
le fil ne s’emmêle. Pour cela les fils sont conditionnés de trois façons différentes :
• Enroulés sur des bobines, mandrins, tourets.
• Lovés et attachés.
• Conditionnés dans des boîtes distributrices (c’est l’extérieur de la couronne qui est
guidé, alors que sur une bobine, c’est l’intérieur).
conservé. Rappelons qu’il existe des êtres anaérobies et que d’autres peuvent s’enkyster. Il
faut respecter les conditions de la vie et ne pas introduire de poisons, notamment au
niveau du matériau de l’emballage (le plomb et les autres métaux lourds sont à prohiber).
Dans de nombreux cas l’emballage participe alors au processus complet.
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Citons «France Turbot» qui expédie des poissons vivants de France au Japon dans des 29
emballages en PSE. Les poissons sont conservés en léthargie sous atmosphère modifiée
entre 3 °C et 4 °C.
Un plat cuisiné comprend des morceaux de viande ou de légumes ainsi que de la sauce.
Lorsqu’on transporte des anguilles vivantes on transporte des animaux certes, mais
aussi de l’eau…
Le choix du conditionnement doit donc intégrer les contraintes dues à chacune des pha-
ses.
30 pour se déchirer lors d’un heurt assez violent. N’oublions pas que, pour un transporteur,
un produit est en bon état si son enveloppe extérieure est intacte.
Lorsqu’un colis subit une chute, le heurt est d’une autre nature. Ce choc dynamique
CONCEVOIR
La manutention
Pour transporter des colis il faut pouvoir les saisir et les maintenir. Si les dimensions ou le
poids dépassent ce qu’un individu peut normalement embrasser, des accessoires de pré-
hension sont indispensables. Poignées, anneaux, sangles… doivent être adaptés au besoin.
Il ne faut pas s’étonner de voir des colis rouler sur leurs faces ou tomber si les manuten-
tionnaires n’ont pas de possibilité de les retenir! La manutention est généralement bien
équipée en France et en Europe, mais il n’en est pas de même dans les pays sous-dévelop-
pés ou la manutention est souvent manuelle. Il est important de connaître la destination
d’un emballage et les conditions de manutention à l’arrivée comme au départ avant de
faire un choix.
Un industriel livrait par avion de petites pièces de tôle parfaitement plates en Afrique.
Bien que les colis ne soient pas lourds il les avait cerclés sur une palette de façon à réa-
liser un colis d’un mètre cube environ, qui ne pouvait être manutentionné que par un
chariot élévateur. Il pensait ainsi avoir protégé son expédition des chutes. Il se trouvait
sur l’aéroport de destination prêt à prendre son avion de retour lorsqu’il assista au
déchargement de son envoi d’un avion-cargo. Il put constater que les manutentionnaires
de l’aéroport ne disposant pas de transpalette faisaient rouler le colis sur lui-même. À
chaque rotation le colis retombait sur une face en déformant les pièces plates qu’il avait
expédiées! Fort de cette observation, il modifia son emballage. Les pièces furent désor-
mais expédiées dans des caisses en carton suffisamment légères pour pouvoir être sai-
sies à la main, mais d’une forme très allongée de façon à ce qu’il fût nécessaire d’être
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deux pour pouvoir les manier. Il ne reçut plus aucune réclamation concernant des piè-
ces déformées.
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Le stockage
Lors du stockage deux types de précautions sont à observer : vérifier que les conditions
physiques de l’environnement sont correctes (température, hygiène…) et se préoccuper
des conditions mécaniques du stockage. S’il existe une position recommandée (type
«Haut-Bas» ou «Fragile») les indications doivent être apparentes et claires. L’expérience
montre que ces indications sont souvent inefficaces. Mieux vaut prévoir un emballage
dont la forme oblige un stockage correct. Par exemple, une extrémité pointue empêchera
le stockage sur cette «face», les observateurs trouveront l’emballage étrange, mais il sera
efficace. Ne pas oublier que même en France on rencontre des manutentionnaires illet-
trés. Lors du transbordement de camions en messageries, il est fréquent d’entasser les
colis dans l’ordre de sortie du camion. Ceux qui étaient dessus se retrouvent dessous, et
réciproquement. Les colis du dessous ne sont pas systématiquement les plus solides ou
les plus lourds. Il faut tenir compte de cette charge possible pour déterminer la résistance
nécessaire de l’emballage.
Les choix de base sont donc :
• Utilisera-t-on un entrepôt «normal»? :
• Utilisera-t-on un entrepôt spécialisé (température dirigée, hygiène, protection contre
l’incendie, les explosions, le vol…)?
• Stockera-t-on à l’extérieur (attention aux intempéries, à une atmosphère marine, chi-
mique, au risque de vol…)?
• Quelle sera la durée du stockage?
cf. § Contraintes de stockage, p. 68
SELON LES CONTRAINTES SPÉCIFIQUES
Certains produits présentent des caractéristiques qui induisent des contraintes spécifi-
ques. Il faut les connaître avec précision pour proposer une solution parfaitement adap-
tée. La plupart de ces caractéristiques s’appuient sur la fonction «participer au produit».
L’étanchéité
L’étanchéité de la fermeture pose souvent des problèmes particuliers. Il faut garantir une
bonne étanchéité immédiate et son maintien à terme. Sur-le-champ, il ne s’agit que d’un
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32 Une autre complication est due à la relaxation des matériaux : lorsque, sur le goulot d’un
flacon rigide, en verre par exemple, on visse avec force une capsule en plastique, ce maté-
riau subit des contraintes internes. Au fil du temps il se relâche, les côtes de l’élément
CONCEVOIR
femelle augmentent quelque peu et le serrage disparaît. Il peut se dévisser tout seul. Le
risque de perte d’étanchéité est grand. On admet empiriquement que le couple de des-
serrage est inférieur de 30 % au couple de serrage nécessaire. Il faut trouver un équilibre
délicat entre des bouchons indévissables et des flacons sans étanchéité. Ceci est essentiel-
lement un problème de tolérance du couple de serrage sur la bouchonneuse.
L’inviolabilité
L’utilisateur peut désirer un emballage dit «inviolable». En réalité il souhaite seulement
obtenir une trace définitive de la première ouverture. La tirelire est un des rares cas où
l’on veuille ne plus pouvoir ouvrir l’emballage après fermeture. Ce souhait de trace
d’ouverture peut avoir plusieurs origines : on assure ainsi que l’objet contenu n’a jamais
été utilisé et on fournit aussi la garantie que le produit n’a pas été détérioré après fabrica-
tion.
La preuve de l’intégrité de l’emballage toujours vierge peut être l’obligation d’une dété-
rioration définitive de l’emballage à l’ouverture ou plus simplement une difficulté empê-
chant son ouverture par inadvertance.
L’ouverture facile
À l’opposé, on souhaite parfois modifier les systèmes d’ouverture pour les faciliter. Sous
une douche, les mains mouillées, l’ouverture d’un flacon de gel douche peut être déli-
cate. On met au point des bouchons à ouverture facile, c’est le foisonnement des
«bouchons-service». Une chiquenaude suffit à ouvrir le bouchon.
Les anciennes boîtes de conserve nécessitaient des ouvre-boîtes, les plus modernes
s’ouvrent à la main en tirant une languette.
Les canettes de bière s’ouvraient avec un décapsuleur. On utilise maintenant des capsu-
les dévissables à la main, sans outil.
Les briques de lait nécessitaient une paire de ciseau pour être ouvertes. En essayant de
les ouvrir avec un couteau, il n’était pas rare de maculer le plan de travail. L’insertion
d’un bec verseur a supprimé le problème, c’est un grand succès commercial. Même si
elles sont rentables de telles améliorations ont un coût qui n’est pas négligeable. Les
professionnels estiment que l’adjonction d’un bec verseur a multiplié le prix de revient
de l’emballage par 1,5!
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Pour les films thermorétractables la question est plus complexe. Il est possible de for-
mer au moment de la soudure une languette qui servira de point de départ à la déchi-
rure. Il faut néanmoins utiliser des PE multicouches moins résistants à la déchirure.
Cette méthode permet d’éviter l’emploi de cutters qui rayent le conditionnement inté-
rieur.
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Les principales techniques sont les soudures déchirables, les colles pelables, les étiquettes 33
détachables (à colle définitive ou à colle repositionnable), les prédécoupes (rainures,
amorces de déchirure, points de retenue).
Le mélange «araldite + durcisseur» n’est plus fait à la main, une sorte de double serin-
gue délivre simultanément les produits conservés dans ses deux réservoirs. Pour les
médicaments lyophilisés à dissoudre dans un liquide immédiatement avant l’utilisation
(généralement pour une injection), on utilise un double réservoir : la pression exercée
par le piston de la seringue sur le liquide crève un opercule. Le liquide se répand sur le
produit lyophilisé et le dissout. Cette opération s’effectue à l’intérieur du corps de la
seringue, tout est resté parfaitement aseptique. Il ne reste plus qu’à pratiquer l’injection.
Signalons un cas de dosage particulier, les rayures sur le boudin d’une pâte dentifrice. La
partie du tube, près de la tête, constitue un réservoir contenant le produit coloré. Ce
réservoir est traversé par un conduit qui permet à la pâte conditionnée dans le reste du
tube, de s’écouler vers l’orifice. Le conduit est percé de petits trous débouchant chacun
dans une rainure longitudinale qui est aménagée à l’intérieur de celui-ci. Lorsqu’on
exerce une pression sur le tube, la pâte s’écoule au travers du conduit, par frottements
visqueux elle entraîne la matière colorée, qui forme alors des rayures longitudinales.
Cette méthode s’apparente à la coextrusion.
Les tubes dentifrices les plus modernes offrent un dosage précis mais sont bien plus com-
plexes. Une gâchette actionne un poussoir qui diminue le volume du tube, la pâte, qui
n’est pas élastique est contrainte de s’échapper par l’orifice. Lorsque l’utilisateur relâche
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la gâchette, le poussoir reprend sa place et la pâte est aspirée vers le haut : le fond mobile
poussé par la pression atmosphérique remonte. Lors de la pression suivante le fond,
ayant la forme adéquate, s’arc-boute sur la paroi du tube et ne peut redescendre : la pâte
est alors éjectée par l’orifice.
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à leurs fournisseurs de livrer leurs produits dans des emballages «prêts-à-vendre» (EPV)
qui permettent une mise en rayon rapide. Il s’agit en fait de cartons présentoirs compor-
tant des systèmes d’ouverture facile ou d’encliquetage et richement imprimés. Les arti-
cles sont mis directement en rayon et permettent des économies de main-d’œuvre.
La conservation au froid
Lorsque l’on veut transporter et stocker des produits qui doivent être conservés au froid
deux pistes d’étude se présentent :
• Emballage minimaliste + système logistique adapté
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C’est le cas de tous les stockages de produits grand public qui représentent des tonna-
ges importants et qui justifient d’une chaîne logistique stable comme les surgelés, les
produits frais. Les quantités traitées justifient d’investir dans des camions et des entre-
pôts frigorifiques. L’emballage n’aura pas, parmi ses fonctions à conserver les produits à
Livre.book Page 35 Vendredi, 19. octobre 2007 4:00 16
basse température, cette tâche est réalisée par la chaîne logistique. On choisira donc un 35
emballage minimaliste.
• Système logistique minimaliste + emballage adapté
ple) un lot pourra représenter plusieurs silos. Il se pose alors un problème de gestion
des silos : lorsque l’un d’eux ne contient plus qu’une petite partie du lot (quelques
pour cent) le dernier silo est quasiment vide. Il n’est pas question de le remplir en y
mélangeant un autre lot. Trois voies sont possibles, immobiliser un silo presque vide
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nants de moindre volume, solution qui ne paraît pas idéale au premier abord.
• Du point de vue de la manutention
Plus le volume unitaire du stockage est important plus les moyens de manutention doi-
vent être performants, par conséquent chers et souvent peu disponibles ou très spécia-
lisés.
• Pour les dosages
Il est souvent pratique d’utiliser un emballage qui correspond à une dose (ou à un sous-
multiple) afin de faciliter les opérations de fabrication.
En résumé
On éliminera les solutions d’emballage qui ne répondent pas à l’une des contraintes
d’utilisation et, parmi les solutions restantes, on fera un choix économique en prenant
en compte l’ensemble de la problématique. Ceci impose souvent d’étudier plusieurs scé-
narios logistiques.
Les grossistes
Dans chaque région il existe des grossistes en emballages. Il n’existe pas aujourd’hui de
chaîne de grossistes. Ils sont indépendants avec au plus deux ou trois succursales dans la
région.
Ces commerçants disposent d’emballages en stock. Il n’y a pas à proprement parler
d’emballages standards normalisés (à deux exceptions près les palettes et les cartons Gal-
lia, cf. page 37). Chaque grossiste dispose de stocks suivis qui sont une standardisation de
fait chez lui.
Ces emballages peuvent provenir de fabricants qui disposent d’un catalogue (de nom-
breux emballages sont ainsi importés). Les autres sont réalisés pour le grossiste qui a
investi dans des outillages spécifiques.
Le coût apparent des emballages en stock est élevé car il intègre le prix de l’emballage, le
coût de distribution en petites quantités et surtout l’amortissement des outillages.
Indépendamment des grossistes régionaux, on trouve des grossistes nationaux qui ven-
dent par correspondance.
Les grossistes sont tous plus ou moins spécialisés dans un type d’emballage : flacons de
verre, bouchons, emballages de sécurité, cartons… Certains grossistes couvrent la France
entière.
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La normalisation explicite
Il n’existe que peu d’emballages normalisés d’une façon explicite en France :
• Les palettes dont le cas est traité dans un paragraphe spécialisé.
• Les cartons Gallia : les constructeurs automobiles français ont créé des standards sous
multiples de palettes qui représentent la gamme Gallia. Ils demandent à leurs équipe-
mentiers de livrer tous leurs composants dans des cartons de cette gamme afin de faci-
liter leur gestion. Il est certain que ponctuellement ces cartons ne sont pas adaptés au
cas particulier de chaque composant, mais, globalement, l’ensemble est optimisé.
38 Les fûts de produits chimiques de 200 l ont leurs standards en acier, en PE ou en carton.
Les utilisateurs ne font que peu de différences à l’intérieur de ces familles.
Pour les petits emballages achetés à des grossistes comme les flacons de verre, il se crée
CONCEVOIR
au cours de la relation commerciale un standard qui est celui des stocks du grossiste.
Néanmoins la facilité de découpe du carton ondulé pour réaliser des caisses américaines
qui sont généralement à usage unique (compte tenu de leur faible prix et de leur résis-
tance) a empêché l’émergence de standards.
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